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Full text of "Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences"

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COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES  SÉANCES 
,       DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


$*.  <èùii>A~.UZ. 


— — __ 


PARIS.  —  IMPRIMERIE  DE  MALLET-BACHELIER , 
rue  du  Jardinet,  12. 


COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 

DES   SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PUBLIAS 

CONFORMÉMENT  A  UNE  DÉCISION  DE  L'ACADÉMIE 

«Lu.    date    vil    4$    vuilleb   *835 

PAR    MM.  LES    SECRÉTAIRES    PERPÉTUELS. 


TOME  QUARANTE-DEUXIEME. 

JANVIER  — JUIN  18SC. 


PARIS, 

MALLET -BACHELIER,    IMPRIMEUR -LIBRAIRE 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

Quai  des  Augustins,  n°  55. 
1856 


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COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


»-€)-©-©-< 


SÉANCE  DU  LUNDI  7  JANVIER  1856. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  BINET. 


RENOUVELLEMENT  ANNUEL  DU  BUREAU  ET  DE  LA 
COMMISSION  ADMINISTRATIVE. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Vice- 
Président  qui,  cette  année,  doit  être  pris  parmi  les  Membres  des  Sections  de 
Sciences  Naturelles. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  5i, 

M.  Isidore  Geoffroy-Saint-IIilaire  obtient.  .  29  suffrages. 

M.  de  Senarmont 20 

M.  Cordier 1 

M.  Coste 1 

M.  Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire,  ayant  réuni  la  majorité  absolue 
des  suffrages,  est  proclamé  Vice -Président  pour  l'année  i856. 

M.  Binet,  Vice-Président  pendant  l'année  i855,  passe  aux  fonctions  de 
Président. 

Conformément  au  Règlement,  le  Président  sortant  des  fonctions  doit, 
avant  de  quitter  le  Bureau,  faire  connaître  à  l'Académie  l'état  où  se  trouve 
l'impression  des  Recueils  qu'elle  publie;  M.  Regnaclt,  Président  pendant 
l'année  i855,  donne  à  cet  égard  les  renseignements  suivants  : 

Publications  de  l'Académie. 

«  Tome  XXV  des  Mémoires  de  l'académie  :  il  y  a  quatorze  feuilles  en 
épreuves,  dont  huit  bonnes  à  tirer. 

C.  R.,  i856  i«  Semestre.  (T.  XLU,  N°  1.)  I 


(  3) 

»  Tome  XXVI,  commencé  en  mars  1 855  :  il  y  a  vingt  feuilles  tirées  et 
vingt  feuilles  composées. 

»  Tome  XXVII,  l'impression  vient  d'en  être  commencée  tout  récemment. 

»  Tome  XIV  des  Savants  étrangers  :  est  à  la  feuille  quatre-vingt-treize. 

»  Comptes  rendus  :  le  second  semestre  de  i854  a  été  distribué;  le  pre- 
mier semestre  de  1 855  est  entièrement  terminé,  et  il  reste  à  publier  la  table 
du  second  semestre  de  la  même  année. 

»  Volume  de  Prix,  Supplément  aux  Comptes  rendus,  tome  Ier  :  il  y  a 
quarante- sept  feuilles  tirées  et  huit  composées;  l'imprimerie  a  reçu  la 
copie  pour  terminer  l'impression  de  ce  volume. 

Changements  arrivés  parmi  les  Membres  et  les   Correspondants   de 
V  Académie  depuis  le  \n  janvier  1 855. 

»  Membres  décédés  :  M.  Gauss,  Associé  étranger,  le  23  février; 
M.  Duvernoy,  le  Ier  mars;  M.  Magexdif.,  le  7  octobre;  M.  Sturm,  le  18  dé- 
cembre. 

»  Membres  élus  :  M.  Delaunay,  le  12  mars;  M.  Dacssy,  le  9  avril; 
M.  J.  Cloquet,  le  1 1  juin;  M.  le  Vice-Amiral  Du  Petit-Thouars,  le  6  août. 

»  associé  étranger  élu  :  Sir  John  Herschel,  le  23  juillet. 

»  Correspondants  décédés  :  M.  Fodera  (le  décès  est  de  1848,  mais  n'a 
été  annoncé  qu'en  1 855) ;  M.  Braconxot,  23  janvier  i855;  M.  IVeli.de 
Breauté,  3  février;  M.  de  la  Bêche,  i3  avril;  Sir  Edw.  Parrv,  8  juillet; 
M.  Michaux,  iZ  octobre. 

»  Correspondants  élus  :  M.  Haussmaxx,  le  19  février;  M.  Malaglti,  le 
5  mars;  M.  Boxnet,  le  a3  avril;  Delezenxe,  le  4  jiun;  M.  Marshall 
Hall,   le  3  décembre;  M.  Haidixger,  le  24  décembre. 

»  Membres  à  remplacer  :  M.  Elie  de  Beaumost,  Section  de  Minéralo- 
gie, élu  secrétaire  perpétuel  le  19  décembre  1 853  ;  M.  de  Mirbel,  Section 
de  Botanique,  décédé  le  1 2  septembre  1 854  j  M-  Magendie,  Section  de 
Médecine  et  de  Chirurgie,  décédé  le  7  octobre  1 855  ;  M.  Sturm,  Section 
de  Géométrie,  décédé  le  18  décembre  i855. 

»  Correspondants  à  remplacer  :  M.  Lejeuxe-Dirichlet,  Section  de  Géo- 
métrie, nommé  Associé  étranger  le  17  avril  i854;  M.  Lixdexau,  Section 
d'Astronomie,  décédé  le  21  mai  i854;  M.  Herschel,  Section  d'Astronomie, 
nommé  Associé  étranger  le  23  juillet  i855;M.  Nell  de  Breauté,  Section 
d'Astronomie,  décédé  le  3  février  1 855  ;  Sir  Edw.  Parrv,  Section  de  Géo- 
graphie et  Navigation,  décédé  le  8  juillet  1 855  ;  M.  Melloxi,  Section  de 
Physique  générale,  décédé  le  1 1  août  1 854  5  M-  Wallich,  Section  de  Bota- 
nique, décédé  le  3  mai   1 854;   M.  Prunelle,  Section  de  Médecine  et  de 


(3) 
Chirurgie,  décédé  le  20  août  i853;  M.  Braconnôt,  Section  de  Chimie, 
décédé  le  1 3  janvier  1 855;  M.  Michaux,  Section  d'Économie  rurale,  décédé 
le  a 3  octobre  i855.  » 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  deux 
Membres  appelés  à  faire  partie  de  la  Commission  centrale  administrative. 

MM.  Chevreul  et  Poncelet  réunissent  la  majorité  absolue  des  suffrages. 
MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

zoologie.  —  Note  sur  des  œufs  à  plusieurs  jaunes  contenus  dans  la 
même  coque;  par  M.  Valenciennes. 

«  Les  recherches  que  nous  avons  entreprises,  M.  Fremy  et  moi,  sur  les 
œufs  des  Ovipares,  nous  ont  conduit  à  en  examiner  un  très-grand  nombre, 
depuis  deux  ans.  Il  s'est  présenté  quelques  cas  extraordinaires  que  nous 
croyons  devoir  signaler  à  l'attention  de  l'Académie. 

»  Celui  qui  se  montre  le  plus  rarement  est  un  œuf  à  trois  jaunes.  Nous 
en  avons  observé  trois  exemplaires,  et  nous  les  avons  fait  dessiner  après  avoir 
durci  ces  œufs  par  la  cuisson,  et  les  avoir  ouverts.  Nous  avons  ainsi  fixé 
les  rapports  des  trois  vitellus  dans  leur  coque  unique.  On  doit  remarquer 
que  ces  jaunes  sont  petits,  et  sont  loin  d'avoir  atteint  leur  grosseur  nor- 
male. La  sphère  vitelline  n'est  pas  régulière;  ces  jaunes  sont  déformés, 
ils  ne  se  touchent  pas  entre  eux  :  des  couches  plus  ou  moins  épaisses  d'al- 
bumine les  séparent  les  uns  des  autres.  Chaque  vitellus  était  enveloppé  dans 
sa  membrane  vitelline  propre;  dans  l'un  de  ces  œufs,  une  portion  d'un  des 
jaunes  avait  quelque  peu  flué,  et  avait  formé  un  nuage  jaunâtre  dans  la 
substance  albumineuse.  Leur  grosseïir  était  celle  des  œufs  ordinaires. 
Avant  de  les  casser,  je  les  ai  fait  couver  pendant  huit  jours,  afin  de  m'as- 
surer  si  la  chaleur  de  l'incubation  développerait  les  premiers  linéaments 
du  poulet,  et  par  conséquent  ferait  naître  quelque  vaisseau  de  la  figure 
veineuse.  Je  ne  me  suis  décidé  à  les  ouvrir  qu'après  m'ètre  convaincu  par 
cette  expérience  préalable  que  ces  trois  vitellus  étaient  sans  vésicule  ger- 
minative,  ou,  en  d'autres   termes,  qu'ils  étaient  inféconds. 

»  Pour  faire  comprendre  comment  nous  avons  pu  nous  procurer  ces 
œufs  remarquables,  et  comment  nous  espérons  obtenir  ceux  qui  arriveront 
à  Paris  dans  le  même  état,  je  dois  dire  que  tous  les  œufs  qui  arrivent 
au  marché  de  la  halle  de  Paris  sont  comptés  et  mirés  par  des  hommes 
chargés  de  cette  fonction  par  les  soins  prévoyants  et  intelligents  de  la  po- 

1.. 


(4) 

lice  municipale  de  Paris.  Ces  compteurs  ont  une  telle  habitude,  qu'ils 
reconnaissent  à  l'instant  même  l'état  des  œufs.  Je  saisis  cette  occasion  de  re- 
mercier ici  publiquement  devant  l'Académie  les  différents  contrôleurs  de 
l'Administration  municipale  des  complaisances  qu'ils  ne  cessent  d'avoir  pour 
faciliter  les  recherches  que  je  fais  depuis  tant  d'années  sur  nos  marchés. 

»  Le  nombre  d'œufs  consommés  (i)  l'année  dernière  a  été  de  cent  qua- 
rante et  un  millions.  Les  compteurs  estiment  qu'ils  ne  trouvent,  dans 
l'année,  que  cinq  ou  six  œufs  contenant  trois  jaunes. 

»  La  rareté  de  ce  fait  m'a  engagé  à  le  communiquer  à  l'Académie. 

»  Le  nombre  des  œufs  renfermant  deux  vitellus  est  un  peu  plus  com- 
mun ;  cependant,  comparativement  au  grand  nombre  d'œufs  livrés  à  la 
consommation,  on  ne  tarde  pas  à  reconnaître  que  cette  duplicité  n'est  pas 
aussi  commune  qu'on  le  dit  quelquefois.  Sur  le  chiffre  de  cent  quarante  mil- 
lions, il  faut  réduire  à  deux  ou  trois  cents  au  plus  le  nombre  d'œufs  ren- 
fermant deux  jaunes  ;  on  a  remarqué  que  cette  duplicité  des  jaunes  dans 
une  même  coque  paraît  plus  fréquente  dans  les  arrivages  du  Mans,  c'est-à- 
dire  dans  les  œufs  de  poules  de  Normandie  ou  des  départements  de  l'Ouest 

»  J'ai  fait  couver  un  assez  grand  nombre  de  ces  œufs,  et  ils  n'ont  jamais 
rien  produit.  Leurs  jaunes  ne  se  touchent  pas;  je  n'ai  pas  trouvé  les 
membranes  vitellines  réunies  5  leurs  sphères  sont  toujours  déformées.  L'une 
d'elles  est  près  du  petit  bout,  et  recouverte  par  l'autre;  or,  j'ai  tou- 
jours vu  la  chambre  aérienne  de  l'œuf  se  creuser  et  s'agrandir  du  côté  du 
gros  bout.  Une  seule  des  deux  sphères  vitellines  serait  donc  placée  près  de 
l'air  que  le  fœtus  respire.  Je  n'ai  pas  trouvé  de  chalazes  pour  que  la  vésicule 
germinative  soit  nécessairement  placée  en  dessus,  et  près  du  corps  de  la 
couveuse.  Ce  sont  autant  de  causes  qui  doivent  s'opposer  au  développement 
du  petit,  ou  le  rendre  au  moins  incertain.  Si  j'entre  dans  ces  détails,  c'est 
que  j'ai  souvent  entendu  répéter  qu'en  faisant  couver  un  œuf  de  deux  jaunes,, 
on  obtient  deux  poulets.  Je  crois  que  cette  réussite  doit  être  très-rare. 

»  On  a  cherché  aussi  une  explication  pour  rendre  raison  de  la  présence 
de  deux  jaunes  dans  une  même  coque.  Je  l'ai  entendu  attribuer  au  genre  de 
nourriture,  et  surtout  à  ce  que  l'on  donnait  de  la  viande  à  manger  aux  poules. 
I^a  séparation  simultanée  de  l'ovaire  et  leur  entrée  commune  dans  l'oviducte 
sont  dues  à  d'autres  causes,  car  les  expériences  que  j'ai  faites  dans  ce  but 
n'ont  amené  aucun  résultat.  On  sait  qu'il  y  a  des  poules-qui  pondent  presque 
toujours  des  œufs  à  deux  jaunes  ;  mais  elles  sont  libres,  nourries  comme 

(1)  Voici  le  chiffre  exact  des  œufs  comptés,  mirés  et  vendus  snr  le  grand  marché  de  la 
halle  de  Paris,  relevé  sur  les  contrôles  authentiques  :  en  i852,  i35ji477°  œufs,  —  en  i853, 
142582625,  —  en  i854,  141955990. 


* 
(5) 

les  autres  volailles  :  la  chute  de  deux  vitellus,  quand  elle  est  fréquente  chez 
une  même  poule,  dépend  de  quelque  constitution  organique  que  je  n'ai  pas 
pu  apprécier. 

»  Nous  avons  trouvé  d'ailleurs,  pendant  nos  investigations  sur  les  diffé- 
rentes espèces  d'oiseaux,  dans  la  classe  entière,  des  exemples  variés  de  cette 
duplicité.  Je  l'ai  observée  dans  le  Moineau  domestique  (Fringilla  domes- 
tica ,  Lin.),  dans  l'Alouette  des  champs  (Alauda  cristata,  Lin.),  dans  le 
Pigeon  ramier  (Columba  palumbus,  Lin.),  dans  la  Tourterelle  des  bois  (Co- 
lumba  turtur,  Lin.),  dans  le  Canard  musqué  (Anas  moschata,  Lin.),  et  dans 
le  Cygne  [Anas  olor,  Lin.). 

»  Puisque  je  suis  conduit  à  donner  ces  détails  sur  les  œufs  d'oiseaux,  j'en 
extrairai  quelques  autres  de  notre  Mémoire;  ils  sont  relatifs  à  la  classe  des 
Mollusques.  Je  n'ai  jamais  observé  de  cas  de  multiplicité  de  jaunes  dans 
une  même  coque  chez  les  œufs  des  Céphalopodes,  et  j'en  ai  ouvert  un  très- 
grand  nombre. 

»  Parmi  les  Gastéropodes  pulmonés,  dont  les  œufs  sont  très-gros  dans 
quelques  espèces,  car  dans  le  Bulimus  ovatus,  ils  ont  om,oi6  dans  leur 
plus  grand  diamètre,  je  n'ai  jamais  trouvé  d'œufs  doubles.  Ces  œufs  mul- 
tiples sont  au  contraire  très-fréquents,  et  je  dirai  presque  une  condition 
normale,  chez  les  Gastéropodes  pectinibrancb.es.  Il  y  a  plus  de  quinze  ans 
que  je  montre  dans  mes  cours,  et  que  l'on  peut  voir  dans  la  collection 
du  Muséum,  des  œufs  doubles  de  Mollusques  de  genres  et  d'espèces  diffé- 
rents. Le  Fasciolaria  persica,  Lam.,  ne  contient  que  deux  jaunes  qui  se 
développent  chacun  séparément  dans  la  même  coque.  Des  capsules  d'œufs 
de  Fuseau  de  la  Nouvelle- Hollande  renferment  régulièrement  neuf  petits; 
la  grosse  Turbinelle,  Turbinella  scoljmus ,  Lam.,  contient  jusqu'à  cin- 
quante-six œufs  dans  chaque  coque. 

»  J'ai  ouvert  un  très-grand  nombre  d'œufs  de  cette  espèce,  et  j'ai  toujours 
trouvé  les  coquilles  ayant  déjà  trois  tours  de  spire  réguliers,  leurs  plis  carac- 
téristiques sur  la  columelle,  et  sans  remarquer  la  moindre  déviation  dans 
la  forme  et  dans  le  développement  de  l'animal.  Je  n'ai  jamais  observé  rien 
qui  ressemblât  aux  cas  signalés  dans  le  développement  des  Buccins  qui  ont 
aussi  des  œufs  multiples.  J'ai  ouvert  un  très-grand  nombre  de  coques 
d'œufs  de  Buccin ,  j'en  ai  vu  éclore  dans  de  grands  baquets  remplis  d'eau 
de  mer,  et  je  n'ai  pas  été  assez  heureux  pour  rencontrer  un  de  ces  cas  de 
monstruosités  si  extraordinaires.  Les  faits  que  je  viens  de  citer  ajoutent  au 
Mémoire  fort  intéressant  que  M.  Lacaze-Duthiers  a  publié  dans  la  séance 
précédente. 

»  Si  je  signale  ces  faits  avec  tant  de  détails,  c'est  que  je  crois  de  plus  en* 


(6) 
plus  utile  de  recommander  aux  jeunes  gens  pleins  d'ardeur  et  de  dévoue- 
ment pour  l'étude    de  se  mettre  en  garde  contre  la    séduction  du  mer- 
veilleux. 

p  Ces  coques  d'œufs  de  Mollusques,  dont  la  forme  est  constante  dans 
chaque  espèce,  n'ont  pas  été  assez  recherchées  par  les  voyageurs,  ni  étudiées 
par  les  naturalistes.  On  les  a  considérées  quelquefois  comme  des  productions 
d'animaux  de  classes  très-éloignées  de  celle  des  Mollusques.  Les  coques  d'un 
Fuseau  ont  été  regardées  comme  un  Eschare  (Eschara  angulosa,  Esper.) 

»  J'ajouterai  en  terminant  que  je  ne  veux  parler  dans  cette  Note  que  de 
l'inclusion  de  deux  ou  trois,  ou  même  davantage,  vitellus  isolés,  plus  ou 
moins  entourés  d'albumen,  et  renfermés  dans  une  même  coquille:  Je  me 
tais  à  dessein  sur  un  autre  cas  tératologique,  qui  a  cependant  beaucoup 
d'analogie,  celui  d'un  petit  œuf  à  coquille  dure  et  calcaire  enfermé  dans  un 
autre,  et  dont  plusieurs  anatomistes  ont  parlé,  en  intitulant  leurs  Notices 
Ovum  ovo  prœg7ians .  On  en  trouve  plusieurs  exemples  cités  dans  le  Recueil 
des  Curieux  de  la  Nature.  » 

astronomie  ET  voyages.  —   Détermination  de  la  latitude  par  les  azimuts 
extrêmes  de  deux  étoiles  circompolaires;  par  M.  Babixet. 

«  Toutes  les  étoiles  qui  n'atteignent  pas  le  zénith  d'un  lieu  présentent, 
dans  leur  azimut,  un  maximum  oriental  et  un  maximum  occidental  sus- 
ceptibles d'être  observés  avec  la  plus  grande  précision,  et  qui  constituent 
le  moyen  le  plus  exact  de  déterminer  une  latitude  quand  on  suppose  connue 
la  distance  polaire  de  l'étoile  dont  on  observe  les  excursions  extrêmes  en 
azimut.  On  est  alors  à  l'abri  des  incertitudes  de  la  réfraction,  de  celles  des 
pointés  par  des  fils  horizontaux  qui,  à  cause  de  la  dispersion  et  de  l'absor- 
ption de  l'atmosphère,  causent  de  graves  incertitudes;  enfin  la  mesure  du 
double  azimut  étant  faite  par  le  même  pointé  à  droite  et  à  gauche  sur  un 
même  point  lumineux  pris  à  la  même  hauteur,  l'erreur  personnelle  disparaît, 
comme  dans  le  pointé  du  baromètre  à  siphon  où  les  erreurs  de  pointé  en  haut 
et  en  bas  de  la  colonne  mercurielle  sont  égales  et  se  compensent.  J'ajouterai 
encore  que  les  erreurs  d'axe,  tant  pour  l'axe  horizontal  et  ses  tourillons  que 
pour  l'axe  vertical  et  ses  inclinaisons  variables,  sont  ou  nulles  dans  ce  cas, 
ou  facilement  rectifiables;  il  faut  seulement  admettre  que  les  deux  obser- 
vations d'azimuts  extrêmes  soient  faites  toutes  deux  de  jour  ou  de  nuit, 
ce  qui  est  rendu  de  plus  en  plus  indispensable  par  les  nouvelles  études 
faites  en  Angleterre  et  en  Amérique  où  les  équations  de  jour  et  de  nuit 
viennent  d'être  simultanément  indiquées. 

»  Je   m'étais,   depuis    longtemps,   arrêté    à    ce  procédé  pour  avoir  la 


(7) 
latitude  d'un  lieu,  et  j'en  avais  entretenu  divers  savants  praticiens  ;  mais, 
depuis  quelques  années,  M.  Sawitch  a  mis  en  pratique  cette  méthode  non 
indiquée  dans  l'ouvrage  de  Baily  et  en  a  tiré  le  parti  le  plus  avantageux 
possible. 

»  Quant  à  ce  qui  est  de  la  méthode  qui  fait  l'objet  de  la  présente  Note, 
nous  dirons  que  si  l'on  choisit  une  étoile  dont  la  distance  polaire  &  soit 
moindre  que  le  complément  de  la  latitude,  elle  présentera  de  part  et 
d'autre  du  méridien  deux  azimuts  extrêmes  -4-  A  et  —  A  séparés  par  une 
distance  azimutale  égale  à  a  A.  Cette  distance  étant  mesurée  et  indépendam- 
ment de  la  réfraction,  on  a 

sine?  =  cosX  sinA  , 

X  étant  la  latitude  (1). 

»  Il  ne  s'agit  point  ici  d'une  détermination  qui  puisse  prétendre  à  une 
excessive  précision.  On  veut  une  détermination  géographique  ou  de 
voyage  qui  comporte  une  exactitude  suffisante,  et  qui  puisse  s'obtenir 
en  peu  de  minutes,  sans  baromètre,  sans  thermomètre,  sans  Tables  de  réfrac- 
tion et  sans  connaissance  préalable  du  méridien. 

»  Pour  cela  on  observera. deux  étoiles  choisies  de  manière  que  pour  la 
latitude  où  l'on  se  trouve,  elles  arrivent  presque  en  même  temps  l'une  à  son 
excursion  extrême  en  azimut  du  côté  de  l'orient,  et  l'autre  à  son  amplitude 
azimutale  maximum  du  côté  de  l'occident;  et  on  mesurera  sur  le  cercle  ho- 


(1)  Si  l'on  imagine  un  triangle  sphérique  ayant  pour  sommets  le  zénith  Z,  le  pôle  P  et  l'é- 
toile E  ;  le  côté  ZP  sera  le  complément  de  la  latitude ,  ou  go°  —  X ,  le  côté  PE  sera  la  distance 
polaire  S  de  l'étoile,  l'angle  en  Z  sera  l'azimut  A  de  l'étoile,  et  si  l'on  appelle  E  l'angle  à 
l'étoile,  on  aura,  par  l'opposition  des  sinus, 

sin  E  :  sin  (go°  —  \)  :  :  sin  A  :  sin  S, 
d'où 

sin  A  ss sin  E. 

cos  A 

Pour  avoir  A  maximum,  il  faut  que  sin  E  soit  à  son  maximum,  ce  qui  donne  E  =  90°.  Alors 
pour  l'azimut  extrême  A  on  a 

sin  S  =  cos  \  sin  A  , 

comme  il  a  été  admis  dans  le  texte;  de  plus  dans  le  triangle  rectangle  ZPE ,  on  aura  l'angle 
horaire/»  de  l'étoile  par  la  formule 

cos  p  =  tang  S  tang  \ , 

tandis  que  la  distance  zénithale  z ,  au  moment  de  l'amplitude  maximum  en  azimut,  sera 
donnée  par 

sin  \  —  cos  z  cos  S. 


(8) 
rizontal  de  l'instrument  la  distance  azimutale  qui  sépare  ces  deux  excur- 
sions extrêmes  des  deux  étoiles  de  part  et  d'autre  du  méridien.  Cette  obser- 
vation seule,  cet  arc  seul  mesuré,  joint  aux  distances  polaires  à  et  c?'  des 
deux  étoiles,  donnera  la  latitude  X  du  lieu.  En  effet,  si  l'on  nomme  A  et  A' 
les  excursions  maxima  en  azimut  des  deux  étoiles  choisies,  on  aura 

sine?  =  cosXsin  A, 
sind*'=  cosXsin  A,' 

et  si  l'on  nomme  q  l'arc  mesuré  sur  le  limbe  horizontal  entre  les  deux  azi- 
muts dont  l'amplitude  est  A  et  A',  on  aura  de  plus 

A  +  A'  =  q  ; 

éliminant  A  et  A'  entre  ces  trois  équations,  on  en  tire  la  valeur  de  X.  Comme 
cet  élément  est  toujours  connu  très-approximativement  à  l'avance,  on 
pourra,  sans  faire  de  calculs  difficiles,  trouver  ce  qu'une  variation  hypothé- 
tique de  cinq  minutes,  par  exemple,  dans  la  valeur  de  X  produit  sur  la 
somme  A  -f-  A'  des  deux  azimuts,  et  voyant  de  combien  la  valeur  q  obtenue 
pour  cette  somme  diffère  de  la  valeur  trouvée  par  une  des  hypothèses  pré- 
cédentes, on  calculera  la  correction  à  faire  à  la  latitude  X  pour  que  la 
somme  A  -H  A'  soit  précisément  égale  à  q.  Quand  le  calcul  est  préparé  con- 
venablement, une  ou  deux  minutes  suffisent  pour  établir  cette  correction 
par  une  proportionnalité  (i). 

(i)  Soit  X  la  latitude  présumée  trop  petite,  et  \  +  s  une  autre  latitude  présumée  plus  grande 
que  celle  du  lieu  où  l'on  observe.  Je  calcule  A,  et  A', ,  puis  Ai  et  A',  pour  les  latitudes  1  et  À  -t-  t  : 
ce  qui  me  donne 

A,  -+-  A',  =  qt , 
A2  +  A',  =  q,. 

Ainsi  une  variation  e  dans  la  latitude  introduit  une  variation 

q,—  q, 

dans  la  somme  des  azimuts.  Si  maintenant  l'observation  donne  cette  somme  égale  à  q,  on 
trouvera  l'addition  x  à  faire  à  la  plus  petite  latitude  \  pour  avoir  la  vraie  latitude  par  la 
proportion 

*:  qi  —  q,'.'.  *  :  q  —  q,-~ 

Au  reste,  l'élimination  algébrique  a  été  faite  par  M.  Cauchy,  et  ensuite  au  moyen  de  la  for- 
mule 

tang(r  +  z) 

tang  y  -+-  tang  z  =  — ■> 

D  °  cosjcosz 

qui  sert  à  rendre  calculables  par  logarithmes  toutes  les  expressions  binômes  ou  même  tri- 
nômes, on  fera,  si  l'on  veut,  le  calcul  arithmétique  sans  supposer  aucune  approximation 
préalable. 


(9) 
»  J'ai  employé  pour  cette  détermination  avec  M.  Emile  Brunner,  qui  a 
mis  à  ma  disposition  un  petit  théodolite  de  voyage,  et  qui  a  fait  lui-même 
les  lectures  et  les  rectifications  d'instrument,  les  deux  couples  d'étoiles 
suivants  : 

S  de  Cassiopée  passant  à  son  azimut  extrême  occidental  vers 9b  26"°  du  soir. 

0  de  la  grande  Ourse,  qui  est  à  son  azimut  extrême  oriental  vers. .  .      gh  53m       » 

et  puis 

s  de  Cassiopée  dont  l'azimut  extrême  est  vers ioh  2im       » 

h  de  la  grande  Ourse,  dont  l'excursion  extrême  a  lieu  vers iob  38m       » 

le  tout  vers  l'époque  du  commencement  de  janvier  et  vers  49  degrés 
de  latitude,  de  sorte  que  dans  le  premier  cas  on  obtient  sa  latitude  par  des 
observations  qui  n'exigent  une  station  et  un  ciel  découvert  que  pendant 
vingt-sept  minutes,  et  dans  le  second  pendant  dix-sept  minutes  seulement. 
»  Comme  il  suffit  de  deux  minutes  au  plus  pour  calculer  la  latitude 
d'après  la  lecture  de  l'angle  azimutal  q  =  A  +  A',  il  est  évident  qu'on 
pourra  tout  de  suite  déterminer  l'un  des  azimuts,  A  par  exemple,  au  moyen 
de  l'équation 

,         sin  S 
sin  A  =  — -1 

cosx 

ce  qui  permettra  de  placer  la  lunette  de  l'instrument  dans  le  méridien,  et  par 
suite  d'avoir  l'heure  du  lieu  au  moyen  de  la  première  étoile  intertropicale 
connue  et  cataloguée  qui  viendra  passer  au  fil  du  milieu  de  cette  lunette. 
Ainsi  un  voyageur,  au  moyen  d'un  choix  convenable  de  couples  d'étoiles, 
pourra,  dans  chaque  saison  et  dans  chaque  pays,  obtenir  en  peu  de  mi- 
nutes la  latitude  et  l'heure  du  lieu,  et  par  suite  sa  longitude  chronométri- 
que.  Il  évitera  toutes  les  chances  de  dérangement  d'instrument,  d'incon- 
stance atmosphérique,  d'accidents  et  de  fatigue  physique  qui  accompagnent 
toutes  les  observations  faites  aux  étoiles. 

»  Il  serait  facile  de  prouver  que  l'exactitude  de  ce  procédé  peut  atteindre 
la  précision  des  déterminations  de  la  géodésie  elle-même  ;  mais  il  sera  tou- 
jours préférable,  dans  les  installations  géodésiques,  d'observer  la  même 
étoile  à  ses  deux  excursions  extrêmes  à  l'orient  et  à  l'occident.  » 

Mécanique.  —  Sur  le  calcul  des  effets  des  machines  ;  par  M.  Bukdiiv. 

«  En  181 5,  dans  le  n°  221  du  Journal  des  Mines,  le  premier  avant 
MM.  Navier,  Poncelet ,  Coriolis,  Morin,  Combes  et  autres  savants  qui  de- 
puis ont  tant  fait  pour  la  science  des  machines,  je  publiai  ce  qu'on  a  appelé 

C.  R.,  i856,  ier  Semestre.  (T.  XLI1,  N°  1.)  2 


(  io) 
assez  improprement  le  principe  des  forces  vives  appliqué  à  l'évaluation  des: 
effets  produits  parles  divers  moteurs  :  qu'il  me  soit  donc  permis  aujourd'hui 
d'ajouter  un  dernier  mot  à  ce  sujet,  bien  que  nos  principaux  mécaniciens, 
bien  que  M.  Poncelet  surtout,  si  haut  placé  parmi  eux,  aient  à  diverses  re- 
prises traité  et  presque  épuisé  cette  importante  matière. 

»  Tous  les   moteurs  J^  I  Vdp-{ -^  m,  — '-  (disais-jeen  i8i5)  dépensés 

dans  une  machine  quelconque  se  transforment  en  effets  produits  ou  en  tra- 

vaux  utiles  et  inutiles  \*    /  Qdq  +  "N   m  — 

/»  _//  y»  '      /»  //       yj 

»    Cette  équation  \      P4'+2m' ~~2    /  Qdq  —  ^  m  —  =  o, 

ayant  lieu  même  avec  les  chocs,  avec  les  extensions  ou  compressions  de 
matières  (puisque  ces  compressions  ne  sont  que  des  effets  inutiles  redevenant 
plus  ou  moins  moteurs  suivant  le  degré  d'élasticité),  cette  relation,  dit-on, 
est  peut-être  le  principe  le  plus  important,  le  plus  fécond  et  le  plus  utile 
des  mathématiques  appliquées;  en  effet,  dans  ce  moment,  il  ne  serait  plus 
'  possible  d'économiser,  d'améliorer  ou  d'étudier  avec  un  peu  de  fruit  les 
moteurs  employés  en  grand  dans  les  usines,  dans  la  navigation,  dans  les 
mines,  dans  l'agriculture,  sur  les  chemins  de  fer  et  autres,  si  l'on  ne  recou- 
rait pas  tout  de  suite  à  cette  conversion  générale  des  travaux  des  puis- 
sances en  ceux  des  résistances  que  j'aurais  dû  appeler,  en  i8i5,  le  principe 
d'égalité  entre  les  moteurs  dépensés  dans  toute  machine  possible  et  leurs 
effets  produits. 

»  Les  illustres  savants  Lagrange  et- Poisson  ont  appliqué,  avant  moi  bien 
entendu,  le  principe  de  d'Alembert  à  celui  des  vitesses  virtuelles  pour  arriver 
à  l'équation  dite  des  forces  vives,  d'après  laquelle  un  système  de  corps 
soumis  à  des  forces  X,  Y  et  Z  suivant  trois  axes  rectangulaires  (la  différen- 
tielle Xdx-i-Ydq  -j-Zdz  étant  complète  et  intégrable),  reprend  la  même 

somme  de  forces  vives  V  m  —  en  revenant  aux  mêmes  points  ;  mais  ces  grands 

géomètres  ne  pensèrent  nullement  à  cette  constante  égalité  des  moteurs  et 
des  effets,  dont  la  découverte  cependant  devait  comme  révolutionner  la 
mécanique  appliquée  en  grand,  ainsi  que  l'observa,  en  i843,  au  nom  de  sa 
Section,  feu  M.  Coriolis,  en  me  présentant  comme  Correspondant  aux  hono- 
rables suffrages  de  l'Académie. 

»  Revenant  à  l'objet  de  la  présente  Note,  j'observerai  qu'on  s'est  beau- 
coup occupé  des  moteurs  et  travaux  mécaniques,  que  notamment  les  effets 
inutiles  produits  dans  les  machines  par  suite  des  frottements,  résistances  de 


(  »,'  ) 

fluides,  compressions  de  matières,  inertie,  vibrations  et  autres  causes  ont 
été,  il  est  vrai,  étudiées  avec  soin;  mais  comme  jusqu'à  présent  aucun  savant, 
à  ma  connaissance,  n'a  cru  nécessaire  de  revoir  en  détail  ou  de  reproduire 
mes  calculs  ou  démonstrations  de  1 8 1 5 ,  bien  que  cependant  depuis  cette 
époque  les  petites  objections  suivantes  ont  semblé  jeter  quelques  doutes  sur 
la  complète  généralité  de  l'égalité  entre  les  moteurs  et  les  effets,  je  suis  doue 
aujourd'hui  forcé  de  dissiper  moi-même  ces  légers  nuages  planant  encore 
sur  une  œuvre  à  laquelle  on  voudra  bien  me  laisser  attacher  un  peu  de 
gloire,  seid  prix,  jusqu'à  ce  jour,  d'assez  grands  efforts  et  sacrifices  en  mé- 
canique. 

»  Le  célèbre  Lagrange,  son  digne  continuateur  M.  Poisson  et  bien  d'au- 
tres encore,  ont  dit  que  pour  appliquer  le  principe  de  d'Alembert  à  celui 
des  vitesses  virtuelles,  il  fallait,  bien  entendu,  que  les  liaisons  matérielles 
du  système  fussent  indépendantes  du  temps  ou  restassent  les  mêmes  avant 
et  après  chaque  instant  infiniment  petit  dt,  afin  que  la  différentielle  du  che- 
min décrit  parles  mobiles  pût  alors  être  prise  pour  leurs  vitesses  virtuelles. 

»  Maintenant  cette  indépendance  du  temps  existera-t-elle  pour  toutes  les 
machines  possibles?  A  cette  question  on  peut,  sans  hésiter  répondre  oui, 
puisque  dans  le  cas  de  pièces  extensibles  avec  le  temps,  compressibles,  dila- 
tables ou  variables  de  forme  en  exerçant  des  efforts  plus  ou  moins  grands 
dans  certains  sens,  on  n'aura  qu'à  comprendre  (comme  je  l'ai  d'ailleurs  fait 
pour  les  chocs)  parmi  les  moteurs  et  les  effets,  ces  intermédiaires  plus  ou 
moins  analogues,  dans  ces  cas,  à  des  pistons  que  pousserait  la  vapeur  ou 
qu'arrêterait  l'air  comprimé  d'un  cylindre  soufflant. 

»  Et  si,  comme  le  dit  encore  M.  Poisson  (en  généralisant  à  l'excès  ses 
suppositions  ou  abstractions),  des  mobiles  doivent  se  trouver  constamment 
sur  une  surface  elle-même  en  mouvement,  on  voit  qu'en  considérant  alors 
les  vitesses  absolues  et  non  celles  relatives,  qu'en  calculant  aussi  les  espaces 
décrits  d'une  manière  absolue,  on  n'aura  plus  à  s'inquiéter  ensuite  de 
cette  superposition  de  mouvements. 

»  Il  va  sans  dire  que  dans  ces  cas,  comme  dans  tous  ceux  où  l'on  rai- 
sonne avec  rigueur,  il  faut  faire  rémunération  complète  des  données  de  la 
question,  sans  oublier  surtout  ni  aucune  force  du  système  ni  aucun  de  ses 
effets. 

»  Sans  doute  une  machine  fonctionnant  sur  un  vaisseau  ou  sur  une  voi- 
ture en  mouvement  pourra  dans  certains  cas,  par  réaction  ou  autrement, 
communiquer  des  forces  vives  à  son  propre  véhicule,  mais  s'il  s'agit  d'un 
petit  moteur,  comme  celui  d'une  horloge,  on  négligera  cet  effet  étranger,  et 

2.. 


(     12    ) 

on  se  considérera  opérant  dans  l'espace  absolu.  Au  reste,  cela  se  fait  ainsi 
lorsque  avec  un  canon  on  convertit  le  moteur  dû  à  la  poudre  enflammée 
en  des  effets  et  forces  vives  (celles  du  boulet,  des  gaz  enflammés,  du  canon 
reculant),  sans  s'inquiéter  de  celle  due  au  globe  acquérant  dans  ce  cas 
une  vitesse  infiniment  petite  en  sens  contraire  du  boulet. 

»  Supposons,  par  exemple,  deux  poids  P  et  Q  suspendus  par  un  fil  autour 
d'une  poulie  tournant  dans  le  plan  de  ces  poids. 

»  Si  l'axe  horizontal  et  non  fixe  de  cette  poulie  est  enlevé  verticalement 
par  un  deuxième  fil  enroulé  sur  une  deuxième  poulie  à  axe  fixe  suspendant 
un  troisième  poids  R  plus  grand  que  P  +  Q,  on  sera  probablement  dans 
un  des  cas  de  M.  Poisson,  puisque  P  et  Q  se  meuvent  en  sens  contraire 
l'un  de  l'autre  dans  le  plan  vertical  d'une  poulie  qui  elle-même  est  entraînée 
de  bas  en  haut  par  le  fil  de  R. 

»  Or  notre  principe  d'égalité  entre  les  moteurs  et  les  effets  se  vérifiera 
sur  ce  double  système  comme  sur  tout  autre,  pourvu  bien  entendu  qu'on 
considère  à  la  fois  les  trois  forces  parallèles  P,  Q,  R  avec  leurs  vitesses  ab- 
solues V,  V  et  V",  et  pourvu  qu'on  appelle  dp,  dq  et  dr  les  différentielles 
des  espaces  p,  q  et  r  absolus  et  non  relatifs  décrits  de  haut  en  bas  ou  de 
bas  en  haut  par  les  trois  poids  P,  Q  et  R. 

»  En  d'autres  termes,  dp,  dq  et  dr  représentant  le  dérangement  subit  des 
mobiles  ou  leurs  vitesses  virtuelles,  auront  encore  le  même  rapport  entre 
eux  après  l'instant  dt  qu'avant. 

»  La  même  chose  aurait  lieu  si  l'on  remplaçait  les  deux  poulies  qui  pré- 
cèdent par  deux  treuils  montés  sur  les  axes  de  ces  poulies  et  autour  des- 
quels seraient  enroulés,  avec  des  rayons  différents,  les  trois  fils  suspendant 
les  trois  poids  P,  Q  et  R. 

»  Bref,  le  grand  et  fécond  principe  de  l'égalité  entre  les  moteurs  et  les 
effets  présente  une  certitude  analogue  à  celle  de  nos  théorèmes  de  géomé- 
trie ou  du  moins,  sous  ce  rapport,  il  marche  de  pair  avec  le  principe  des 
vitesses  virtuelles,  démontré,  comme  on  sait,  par  des  mathématiciens  aussi 
infaillibles  que  Laplace  et  Poisson.  » 

NOMINATIONS 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission de  cinq  Membres  qui  sera  chargée  de  proposer  le  sujet  du  grand 
prix  des  Sciences  Naturelles  pour  l'année  1857. 

MM.  Flourens,  Geoffroy-Saint-Hilaire,  Milne  Edwards,  Duméril  et 
Brongniart  réunissent  la  majorité  absolue  des  suffrages. 


(  i3) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

L'Académie  a  reçu  depuis  sa  dernière  séance,  mais  avant  l'expiration  de 
l'année  i855,  deux  Mémoires  destinés  au  concours  pour  des  prix  qui  se- 
ront décernés  en  1 856,  savoir  : 

i°.  Un  Mémoire  écrit  en  latin  et  accompagné  dé  trois  volumes  de  plan- 
ches sur  la  question  proposée  concernant  les  métamorphoses  et  la  repro- 
duction des  Infusoires  proprement  dits.  Ce  Mémoire  a  été  inscrit  sous  le 
n°  3  ; 

2°.  Un  Mémoire  écrit  en  allemand  et  accompagné  d'un  volume  de 
planches  sur  la  question  concernant  la  distribution  des  corps  organisés  fos- 
siles dans  les  terrains  de  sédiment. 

L'auteur  du  dernier  Mémoire  annonce  que,  pour  faciliter  le  travail  de  la 
Commission  à  laquelle  son  travail  doit  être  soumis,  il  enverra  prochaine- 
ment une  rédaction  française  du  texte  qui  ne  sera  d'ailleurs,  comme  on 
pourra  aisément  s'en  assurer,  que  la  reproduction  fidèle  de  ce  qui  est 
exposé  dans  le  présent  manuscrit  parvenu  en  temps  utile  à  l'Académie. 

organographie  végétale.  —  Sur  les  types  obdiplostémone  et  diplosté- 
nione  direct,  ou  de  l'existence  et  des  caractères  de  deux  types  symé- 
triques distincts  chez  les  plantes  diplostémones ;  par  M.  Ad.  Chatix. 
(Extrait  par  l'auteur.  ) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Botanique.) 

«  Le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  aujourd'hui  à  l'Académie 
des  Sciences,  a  notamment  pour  objet  :  i°  de  mettre  en  relief  un  type  floral 
(  le  type  que  je  nomme  diplostémone  direct  ou  diplostémone  proprement  dit) 
qui,  bien  qu'observé  par  MM.  Rob.  Brown,  Lindley,  Adr.  de  Jussieu,  Le 
Maout,  etc.,  sur  le  Limnanthes,  le  Floerkea  et  le  Coriaria,  n'avait  pas  été 
apprécié  dans  sa  signification  morphologique,  diamétralement  opposée  à 
celle  du  type  (obdiplostémone)  qu'on  rencontre  habituellement  chez  les 
Dicotylédones;  a°  d'établir  que  l'hypothèse  du  dédoublement  des  pétales 
pour  former  les  étamines  superposées  à  ceux-ci  dans  les  Caryophy liées,  ' 
les  Géraniacées,  etc.,  n'est  pas  fondée.  Une  planche,  relative  à  l'anatomie 
d'une  fleur  de  Géranium,  accompagne  le  présent  travail  ;  je  renvoie,  pour 
l'anatomie  de  la  fleur  des  Limnanthes,  aux  dessins  annexés  à  mon  Mémoire 
sur  les  Limnanthées  et  les  Coriariées  (  Comptes  rendus,  il\  avril  i854). 


(  >4  ) 

»  I.  Les  fleurs  à  deux  verticilles  d'étamines  de  la  grande  majorité  des 
Dicotylédones  (  Géraniacées,  Oxalacées,  etc.)  offrent,  comme  on  sait,  la 
symétrie  suivante,  avec  laquelle  s'accorde  la  loi  de  de  Candolle  sur  l'oppo- 
sition des  carpelles  aux  pétales  et  sur  laquelle  Aug.  de  Saint-Hilaire  a  cru 
pouvoir  élever  la  théorie  des  Disques  et  celle  du  Dédoublement  staminal  des 
pétales  :  un  verticille  de  sépales;  un  verticille  de  pétales;  un  verticille 
d'étamines  superposé  aux  sépales  ;  un  verticille  de  carpelles  qui,  lorsqu'il 
est  complet,  se  superpose  aux  étamines  extérieures  et  aux  pétales  dont  il 
est  séparé  par  celles-ci  ;  enfin,  souvent,  un  verticille  de  glandes  situées 
entre  les  étamines  du  rang  extérieur  et  les  sépales,  là  même  où  semblerait 
devoir  exister  une  rangée  d'étamines  qui,  plus  extérieure  que  celle  des  éta- 
mines oppositipétales  elles-mêmes,  ferait  rentrer  la  symétrie  florale  dans  la 
loi  d'alternance.  J'avais  autrefois  cru  pouvoir  distinguer  ce  type  floral  sous 
le  nom  de  type  triplostémone,  ce  qui  supposait  que  les  glandes  représentaient 
réellement  un  premier  verticille  de  l'androcée  resté  rudimentaire;  mais 
considérant,  d'une  part,  que  jamais  on  n'a  vu  ces  glandes  se  changer  en 
étamines,  que  l'organogénie  (M.  Payer,  Traité  d'Organogénie  comparée, 
et  nous-même,  Recherches  fies  lois  ou  rapports  entre  l'ordre  de  naissance 
des  étamines,  etc.)  et  l'anatomie  s'accordent  pour  établir  qu'elles  ne  sont 
qu'une  dépendance  des  étamines  oppositipétales;  d'autre  part,  que  les 
deux  verticilles  des  étamines  naissent  dans  l'ordre  centrifuge  et  non  dans 
l'ordre  centripète  qu'on  peut  regarder  comme  étant  l'expression  du  déve- 
loppement normal,  je  pense  qu'il  est  convenable  de  le  désigner  par  le  nom 
de  type  obdiplostérnone,  qui  exprime  simplement  le  fait  de  l'existence  de 
deux  verticilles  d'étamines  se  développant  de  dedans  en  dehors,  sans  rien 
préjuger  sur  la  structure  théorique  de  la  fleur. 

»  II.  Les  fleurs  des  Coriariées  et  des  Limnanthées  parmi  les  Dicotylédones^ 
colles  des  Liliacées,  des  Asparaginées,  des  Amarvllacées-,  des  Palmiers,  des 
Joncées,  etc.,  parmi  les  Monocotylédones,  présentent  au  contraire  la  struc- 
ture ci-après  indiquée,  contraire  à  la  loi  de  de  Candolle  sur  l'opposition 
des  carpelles  aux  pétales,  et  absolument  inconciliable  avec  la  théorie  d'Au- 
guste de  Saint-Hilaire  sur  le  dédoublement  des  pétales  :  un  verticille  de  sé- 
pales, un  verticille  de  pétales  alternes  aux  sépales,  un  premier  verticille 
d'étamines  alternes  aux  pétales,  un  deuxième  rang  d'étamines  alternes  à 
celles  du  rang  extérieur,  enfin  un  verticille  de  carpelles  alternes  aux  éta- 
mines de  la  rangée  intérieure.  Ajoutons  que  les  deux  verticilles  de  l'andro- 
cée naissent  ordinairement  dans  l'ordre  centripète,  et  nous  reconnaîtrons 
dans   le   type  diplostémone  direct    ou  diplostémone  proprement   dit   les 


(  '5) 
trois  caractères  suivants,  réciproquement  inverses  des  caractères  du  type 
obdiplostémone  :  i°  le  plus  extérieur  des  deux  verticilles  dé  l'androcée  al- 
terne avec  celui  des  pétales;  i°  le  verticille  des  carpelles  alterne  aussi  avec 
celui  des  pétales;  3°  l'évolution  de  l'androcée  est  centripète  et  non  centri- 
fuge. En  se  servant,  comme  critérium,  de  ces  caractères,  dont  les  deux 
premiers  ont  une  valeur  absolue,  pour  rechercher  si  d'autres  Dicotylé- 
dones que  les  Coriariacées  rentrent  dans  le  type  diplostémone  direct , 
on  reconnaît  que  l'on  peut  rattacher  à  ce  type  :  les  Papillonacées  et  les 
Cassiées  par  les  rapports  de  position  des  deux  verticilles  de  l'androcée  (ca- 
ractère de  valeur  absolue)  et  par  l'ordre  d'évolution  de  celui-ci  (caractère 
secondaire)  observés  par  M.  Schleiden,  par  M.  Payer  et  par  nous-même ; 
les  Primulacées,  chez  lesquelles  le  verticille  unique  des  étamines  qui  se  su- 
perpose aux  pétales  est  indiqué  par  l'organogénie  comme  représentant  le 
verticille  intérieur  d'un  androcée  diplostémone  dont  le  verticille  extérieur, 
dernier  né,  avorte  complètement  ou  est  représenté  par  les  languettes  du  Sa- 
molus  et  du  Soldanella  [ici  le  caractère  secondaire  tiré  de  l'évolution  est 
renversé  comme  dans  les  Commélinées  et  les  Loasées  (Payer,  Traité  d'Or- 
gariogénie  comparée)  qui  appartiennent,  les  premières  au  type  diplostémone, 
les  secondes  au  type  obdiplostémone];  les  Campanulacées  enfin,  qui  n'of- 
frent qu'un  rang  d'étamines  superposées  aux  sépales  sans  que  jamais  le 
verticille  interne  apparaisse,  mais  qui  ont  dans  celles  de  leurs  espèces 
isocarpellées  (Campamila  Médium,  etc.),  les  carpelles  superposés  aux 
carpelles.  Arrivé  à  ce  point  je  fais  remarquer  que  si  quelques  Primulacées 
et  Campanulacées  n'offraient  pas,  les  premières  l'indication  du  deuxième 
verticille  d'étamines  dans  les  premiers  âges  de  la  fleur,  les  secondes  quel- 
ques espèces  pourvues  d'un  verticille  complet  de  carpelles,  il  eût  été  impos- 
sible de  savoir  auquel  des  deux  types  elles  devaient  être  rattachées,  et  j'en 
conclus  que  le  type  diplostémone  direct  pourrait  bien  être  encore  plus 
fréquent  chez  les  plantes  Dicotylédones  que  ne  l'établissent  les  présentes 
recherches. 

»  III.  Aug.  de  Saint-Hilaire  a  formé  deux  hypothèses  sur  la  symétrie 
des  fleurs  diplostémones.  La  première,  ou  l'hypothèse  des  disques,  tend  à 
faire  admettre  dans  ces  fleurs  un  verticille  calicinal,  un  verticille  corollin, 
vin  verticille  d'étamines,  plus  deux  disques  formant  chacun  un  verticille,  et 
enfin  les  carpelles.  Mais  cette  hypothèse,  qui  conduit  souvent  à  admettre 
que  l'androcée  normal  manque  pour  être  remplacé  par  un  androcée  acci- 
dentel et  qui  n'est  aucunement-applicable  au  type  diplostémone  direct,  ne 
prenant  quelque  fondement,  en  ce  qui  touche  le  type  obdiplostémone  lui- 


(  i6) 
même,  qu'en  s!appuyant  sur  la  seconde  hypothèse,  celle  du  dédoublement 
staminal  des  pétales,  elle  ne  peut  se  soutenir  qu'avec  cette  dernière,  à 
laquelle  je  fais  les  objections  suivantes  livrées  à  l'appréciation  des  bota- 
nistes : 

»  i°.  Beaucoup  de  Caryophyllées,  etc.,  offrent,  comme  l'ont  signalé 
MM.  Dunal  et  Moquin-Tandon,  de  véritables  pétales  dédoublés;  mais  le 
limbe  interne  provenant  du  dédoublement  ne  porte  pas  d'anthères  et 
coexiste  avec  les  étamines  qu'Auguste  de  Saint-Hilaire  présume  fournies 
par  dédoublement. 

»  2°.  La  situation  extérieure  des  étamines  oppositipétales  s'explique  par 
l'évolution  centrifuge  d'un  androcée  diplostémone  ordonné  sur  le  verticille 
des  carpelles  (lequel  naît  toutefois  après  ceux  de  l'androcée). 

»  3°.  Si  l'adhérence  des  étamines  aux  pétales  (Caryophyllées)  est  un 
caractère  de  leur  formation  par  le  dédoublement  de  ceux-ci,  pourquoi  cette 
adhérence  existe-t-elle  dans  les  Corolliflores  à  étamines  alternes  aux 
pétales  (Solanacées,  etc.)? 

»  4°-  Si  l'adhérence  et  l'opposition  des  étamines  aux  appendices  floraux 
est  une  preuve  de  leur  origine  par  dédoublement,  les  Liliacées,  etc.,  chez 
lesquelles  les  deux  verticilles  des  étamines  sont  respectivement  adhérents 
et  opposés  aux  éléments  des  deux  enveloppes  florales,  manquent  donc 
d'androcée  normal  ? 

»  5°.  L'organogénie  établit  péremptoirement  que  les  étamines  super- 
posées aux  pétales  dans  les  Géraniacées,  Caryophyllées,  etc.,  naissent 
d'abord  loin  de  ceux-ci  et  ont  une  origine  aussi  indépendante  que  les 
étamines  superposées  aux  sépales. 

»  6°.  J'ai  vu  dans  le  Cucubulus  baccifer  les  pétales  n'apparaître  qu'a- 
près les  étamines,  auxquelles  ils  devraient,  dans  l'hypothèse,  donner  nais- 
sance. 

»  70.  Chez  plusieurs  Caryophyllées  et  dans  une  Géraniacée,  le  Rhjrncho- 
theca,  les  deux  verticilles  des  étamines  existent,  mais  la  corolle  manque. 
Comment  le  verticille  alternisépale  de  l'androcée  serait-il  engendré  par  ce 
qui  n'existe  pas?  » 


(  »7) 

physique.  —  Deuxième  Note  sur  les  soupapes  électriques.  Réponse  aux 
Observations  de  M.  Riess;  par  M.  J.-M.  Gaugain.  (Présentée  par 
M.  Despretz.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Becquerel,  Pouillet,  Regnault.) 

«  Le  journal  l'Institut,  dans  son  numéro  du  1 9  décembre  dernier,  rend 
compte  d'un  Mémoire  qui  a  été  présenté  par  M.  Riess  à  l'Académie  des 
Sciences  de  Berlin,  et  dans  lequel  il  est  question  de  l'appareil  que  j'ai  nommé 
soupape  électrique.  D'après  le  résumé  de  Y  Institut,  M.  Riess  a  répété,  en  les 
modifiant,  les  expériences  qui  se  trouvent  décrites  dans  la  Note  que  j'ai  eu 
l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  le  19  mars  dernier,  et  il  a  constaté 
l'exactitude  des  résultats  que  j'ai  annoncés,  mais  il  leur  attribue  une  signifi- 
cation différente  de  celle  que  je  leur  ai  assignée  ;  j'ai  regardé  comme  établi  que 
les  courants  induits  inverses  (les  courants  de  fermeture)  ne  concouraient  en 
aucune  façon  à  la  production  des  phénomènes  observés,  et  en  conséquence 
j'ai  cru  pouvoir  dire  que  l'appareil  décrit  dans  ma  Note  remplit  le  rôle  d'une 
soupape  par  rapport  aux  courants  directs  (courants  d'ouverture),  puisqu'il 
laisse  passer  ces  courants  lorsqu'ils  marchent  à  travers  l'œuf  de  la  boule 
couverte  à  la  boule  nue,  et  qu'il  cesse  de  les  transmettre  lorsqu'ils  ont  une 
direction  opposée.  M.  Riess  explique  au  contraire  les  faits  observés,  en 
disant  que  le  courant  direct  passe  seul  quand  la  boule  couverte,  est  rendue 
positive  par  ce  courant,  et  que  les  deux  courants,  direct  et  inverse,  sont 
successivement  transmis  quand  la  boule  couverte  est  négative  pour  le 
courant  direct;  je  vais  essayer  de  justifier  l'interprétation  que  j'ai  admise  et 
exposer  en  même  temps  de  nouveaux  faits. 

»  D'abord  il  serait  extrêmement  étrange  que  le  courant  inverse,  qui  ne 
peut  pas  traverser  l'air  raréfié  de  l'œuf  électrique  quand  les  deux  boules  sont 
nues,  pût  se  propager  entre  ces  deux  boules  quand  l'une  des  deux  est  presque 
complètement  recouverte  d'une  substance  isolante;  mais  voici  une  obser- 
vation qui  me  paraît  absolument  incompatible  avec  l'interprétation  propo- 
sée par  M.  Riess  :  on  sait  que  les  courants  induits  directs  que  fournit  l'ap- 
pareil de  Ruhmkorff  peuvent  traverser,  sous  forme  d'étincelles,  des  couches 
d'air  assez  épaisses  lors  même  que  l'air  est  à  la  pression  ordinaire,  tandis 
que  les  courants  inverses  ne  donnent  jamais  d'étincelles  et  ne  peuvent  pas 
franchir  la  plus  mince  couche  d'air  sous  la  pression  ordinaire;  d'après  cela, 
lorsque  le  circuit  induit  de  l'appareil  de  Ruhmkorff  présente  quelque  part 
une  solution  de  continuité  et  que  cette  solution  de  continuité  se  trouve 
plongée  dans  l'air  non  raréfié,  il  est  hors  de  doute  que  les  courants  directs 

C  R.,  i856,   ier  Semestre.  (T.  XLII,  N°  1.)  3 


(  i8) 
peuvent  seuls  la  franchir;  or,  si  après  avoir  disposé  les  appareils  de  la  manière 
que  j'ai  indiquée  dans  la  Note  citée  plus  haut  {Comptes  rendus,  tome  XL, 
p.  640),  on  ménage  quelque  part,  en  dehors  de  l'œuf  et  à  l'air  libre,  une 
solution  de  continuité  dans  le  circuit  induit,  la  marche  du  galvanomètre  est 
absolument  la  même  que  dans  le  cas  où  le  circuit  se  trouve  interrompu  à 
l'intérieur  de  l'œuf  seulement,  et  cependant,  comme  je  viens  de  le  dire,  il 
est  certain  qu'alors  les  courants  inverses  sont  exclus. 

»  L'opinion  de  M.  Riess  me  paraît  exclusivement  basée  sur  ce  fait,  que 
l'on  aperçoit  de  la  lumière  à  l'intérieur  de  l'œuf  soupape,  lors  même  que 
le  courant  direct  est  dirigé  de  la  boule  nue  à  la  boule  couverte  et  que  l'ai- 
guille du  galvanomètre  se  tient  à  zéro;  mais  cette  observation  n'est  nulle- 
ment concluante.  Si,  au  lieu  de  laisser  à  nu  une  petite  partie  de  la  surface  de 
la  boule  couverte,  on  enveloppe  complètement  cette  boule  avec  une  sub- 
stance isolante,  on  ne  cesse  pas  pour  cela  d'apercevoir  de  la  lumière,  bien 
qu'alors  les  courants  directs  aussi  bien  que  les  inverses  soient  complètement 
arrêtés  au  passage;  la  lumière  électrique  peut  donc  se  manifester  sans  qu'il 
y  ait  à  proprement  parler  de  courant  transmis. 

»  J'ai  fait  un  certain  nombre  de  recherches  sur  les  aspects  variés  que 
présente  la  lumière  électrique  à  l'intérieur  de  l'œuf  soupape;  mais  je  n'avais 
pas  cru  devoir  les  publier,  parce  que  je  me  proposais  de  faire  une  étude  plus 
approfondie  de  la  question.  Des  circonstances  indépendantes  de  ma 
volonté  m'en  ont  empêché  :  voici  toutefois  les  observations  que  j'ai  pu 
faire;  elles  sont  peu  d'accord  avec  celles  de  M.  Riess,  mais  cela  tient  sans 
doute  en  très-grande  partie  à  la  différence  des  appareils  dont  nous  avons 
fait,  usage.  M.  Riess  a  trouvé  que  la  lumière  électrique  présentait  à  peu  près 
les  mêmes  apparences,  quelle  que  fût  la  direction  du  courant  induit  ;  que 
seulement  dans  le  cas  où  il  y  avait  déviation  de  l'aiguille,  la  lumière  était 
plus  calme  et  plus  uniforme  que  dans  l'autre  cas  :  j'ai  trouvé,  au  contraire, 
que  les  apparences  lumineuses  variaient  non-seulement  avec  la  direction 
du  courant,  mais  encore  avec  la  pression  de  l'air  raréfié. 

»  Quand  le  courant  marche  à  travers  l'œuf  de  la  boule  couverte  à  la 
boule  nue,  les  apparences  lumineuses  sont  les  mêmes  que  si  les  deux  boules 
étaient  nues;  on  observe  une  gerbe  lumineuse  rouge,  plus  ou  moins 
dilatée,  qui  semble  s'échapper  du  petit  trou  de  la  boule  couverte,  une  gaine 
de  lumière  bleue  qui  enveloppe  la  boule  nue,  et  une  couche  obscure  qui 
sépare  la  lumière  rouge  de  la  lumière  bleue.  Quand  le  courant  marche  de 
la  boule  nue  à  la  boule  couverte,  la  disposition  de  la  lumière  varie  avec  la 
pression  de  l'air  contenu  dans  l'œuf,  et  les  transformations  qu'elle  subit  ont 
une  corrélation  remarquable  avec  la  marche  du  galvanomètre.  Si  l'on  fait 


(  >9) 
varier  la  pression  depuis  7  à  8  millimètres  jusqu'au  vide  le  plus  parfait 
qu'on  puisse  obtenir,  la  déviation  du  galvanomètre  va  d'abord  en  augmen- 
tant, comme  je  l'ai  précédemment  indiqué  ;  puis,  après  avoir  atteint  une 
valeur  maximum,  elle  décroît,  devient  nulle  pour  une  certaine  pression, 
et  change  de  signe  enfin  pour  une  pression  plus  faible.  Or,  pendant  que 
l'aiguille  du  galvanomètre  exécute  ces  divers  mouvements,  la  lumière  de 
l'œuf  présente  successivement  trois  aspects  différents  :  elle  affecte  d' abord 
une  certaine  disposition  qu'elle  conserve  depuis  l'instant  où  l'on  commence 
à  observer  jusqu'au  moment  où  la  déviation  du  galvanomètre  atteint  son 
maximum;  alors  une  transformation  s'opère,  et  l'on  voit  se  produire  un 
nouvel  arrangement  des  couches  lumineuses,  qui  persiste  jusqu'au  moment 
où  l'aiguille  du  galvanomètre  franchit  le  zéro  :  à  ce  moment  la  lumière  subit 
une  seconde  transformation. 

»  Pour  décrire  les  trois  aspects  différents  dont  je  viens  de  parler,  il  est 
indispensable  d'indiquer  les  dispositions  particulières  de  l'œuf  soupape  dont 
je  me  suis  servi.  Cet  œuf  était  un  œuf  électrique  ordinaire,  tel  que  les  construit 
M.  Ruhmkorff ,  seulement  la  boule  supérieure  et  sa  tige  étaient  enfermées 
dans  une  petite  cloche  de  verre  de  2  centimètres  environ  de  diamètre,  qui 
était  mastiquée  à  sa  base  avec  de  la  gomme  laque  ;  un  petit  trou  de  1  milli- 
mètre environ  de  diamètre  avait  été  foré  au  sommet  de  la  calotte  sphérique 
qui  terminait  la  cloche,  et  cette  calotte  touchait  la  boule  de  laiton. 

»  Voici  maintenant  les  trois  aspects  que  présente  successivement  la 
lumière.  Pendant  la  première  des  périodes  dont  j'ai  parlé  (depuis  le  com- 
mencement des  observations  jusqu'au  moment  où  la  déviation  du  galvano- 
mètre atteint  son  maximum),  la  disposition  des  couches  lumineuses  est  à 
peu  près  la  même  que  si  les  boules  étaient  nues;  pendant  la  deuxième 
période,  cette  disposition  devient  très-complexe  :  i°  la  boule  inférieure  et 
sa  tige  sont  enveloppées  d'une  auréole  bleue  ;  20  une  gerbe  de  lumière  rouge 
s'étend  entre  les  deux  boules  ;  3°  tout  l'espace  compris  entre  la  boide 
supérieure  et  la  cloche  qui  lui  sert  d'enveloppe  est  rempli  de  lumière 
bleue  ;  4°  la  partie  sphérique  de  la  cloche  est  extérieurement  enveloppée 
d'une  auréole  bleue;  5°enfin,la  partie  cylindrique  de  cette  même  cloche  est 
extérieurement  enveloppée  d'une  ^couche  de  lumière  rouge.  Pendant  la 
troisième  période,  les  couches  lumineuses  que  je  viens  de  décrire  sous  les 
numéros  1 ,  a  et  3  persistent,  la  calotte  bleue  n°  4  disparaît,  et  le  cy- 
lindre n°  5  devient  bleu,  de  rouge  qu'il  était;  en  même  temps  on  voit 
apparaître  un  petit  jet  de  lumière  rouge  qui  semble  s'élancer  du  trou  de  la 
cloche  de  verre. 

»  Il  me  serait  impossible  d'expliquer  dans  tous  leurs  détails  les  phénomènes 

3.. 


(»o) 
compliqués  que  je  viens  de  décrire  rapidement;  mais  l'apparition  de  la 
lumière  bleue,  qui  se  manifeste  pendant  la  deuxième  et  la  troisième  période 
sur  la  boule  positive,  me  paraît  une  raison  suffisante  de  croire  qu'il  se  pro- 
duit successivement,  à  l'intérieur  de  l'œuf,  deux  mouvements  électriques 
de  directions  opposées,  quand  le  vide  est  suffisamment  parfait  et  que  le 
courant  est  dirigé  de  la  boule  nue  à  la  boule  couverte.  Sur  ce  point  je  suis, 
comme  on  le  voit,  d'accord  avec  M.  Riess;  seulement,  au  lieu  d'admettre 
avec  ce  savant  que  les  deux  mouvements  électriques  contraires  qui  se 
succèdent  sont  dus  au  passage  des  courants  direct  et  inverse,  je  crois  que  le 
courant  direct  pénètre  seul  dans  l'œuf,  et  que,  rencontrant  là  un  obstacle 
qu'il  ne  peut  franchir,  il  éprouve  une  sorte  de  réflexion.  En  d'autres 
termes,  je  crois  que  l'œuf  soupape,  dans  les  circonstances  indiquées,  joue  le 
rôle  d'un  carreau  fulminant. 

»  En  terminant,  je  crois  devoir  indiquer  une  application  des  soupapes 
électriques  que  le  défaut  d'instruments  m'empêche  de  tenter,  et  que  je  serai 
heureux  de  voir  réaliser.  Tout  le  monde  s'accorde  à  penser  que  les  courants 
induits  d'ordres  supérieurs,  et  les  courants  induits  par  la  décharge  de  la 
bouteille  de  Leyde,  sont  formés  d'une  succession  de  courants  ayant  des 
directions  opposées  ;  mais,  bien  qu'il  n'y  ait  guère  de  doute  sur  ce  point  de 
théorie,  ;1  serait  assurément  intéressant  de  dédoubler  (si  je  peux  m'expri- 
mer  ainsi)  les  courants  dont  je  viens  de  parler.  Je  crois  qu'on  pourrait 
atteindre  ce  but  au  moyen  des  soupapes  électriques  en  procédant  de  la  ma- 
nière que  j'ai  indiquée  (  Comptes  rendus,  tome  XL,  page  641  )•  » 

arts  graphiques.  —Nouveau  procédé  de  gravure  dit  hélioplastie,  et  impres- 
sion photographique  aux  encres  grasses  sur  pierre  et  autres  surfaces  ; 
par  M.  A.  Poitevin.  (Communication  faite  par  M.  Becquerel.) 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Regnault,  Séguier.) 

«  L'action  réductrice  de  la  lumière  sur  les  sels  formés  par  l'acide  chro- 
mique  avec  les  diverses  bases,  et  principalement  sur  le  bichromate  de  po- 
tasse en  présence  des  matières  organiques,  a  été  utilisée  depuis  longtemps 
par  M.  Ponton  pour  les  positifs  sur  papier,  et  par  M.  Edmond  Becquerel 
pour  des  études  sur  l'action  chimique  de  la  lumière;  plus  récemment 
M.  Talbot  l'a  employée  pour  la  gravure  chimique  des  planches  d'acier, 
et  M.  Testud  de  Beauregard  s'en  est  servi  pour  obtenir  des  images  de  diffé- 
rentes teintes  sur  papier.  Dans  ces  diverses  applications,  l'acide  chro- 
mique  réduit  par  la  lumière  forme  le  corps  colorant  qui  doit  produire  le 
dessin,  ou  bien  il  transforme  une  matière  organique  en  vernis  impénétrable 


(■*  ) 

a  l'agent  chimique  qui  doit  creuser  l'acier  dans  les  parties  non  impres- 
sionnées. 

»  M.  Poitevin  a  fait  deux  nouvelles  applications  de  cette  action  de  la 
lumière  sur  les  mélanges  des  sels  à  acide  chromique  et  des  matières 
organiques  gélatineuses  et  gommeuses  pour  produire  immédiatement  des 
gravures  en  relief  ou  en  creux,  ou  pour  appliquer  par  leur  intermédiaire  les 
corps  gras  ou  les  encres  grasses  sur  les  parties  impressionnées  des  surfaces 
qui  en  ont  été  recouvertes. 

»  Le  procédé  de  gravure  que  M.  Poitevin  nomme  hélioplastie  repose 
sur  la  propriété  qu'a  la  gélatine  sèche  et  imprégnée  d'un  chromate  ou  bi- 
•chromate,  et  soumise  à  l'action  de  la  lumière,  de  perdre  la  propriété  de  se 
gonfler  dans  l'eau,  tandis  que  la  gélatine  ainsi  préparée  et  non  impression- 
née s'y  gonfle  d'environ  six  fois  son  volume. 

»  On  applique  une  couche  plus  ou  moins  épaisse  de  dissolution  de  géla- 
tine sur  une  surface  plane,  de  verre  par  exemple,  on  la  laisse  sécher  et  on  la 
plonge  ensuite  dans  une  dissolution  d'un  bichromate,  dont  la  base  n'ait  pas 
d'action  directe  sur  la  gélatine;  on  laisse  sécher  de  nouveau,  et  on  impres- 
sionne, soit  à  travers  un  cliché  photographique,  soit  à  travers  un  dessin  po- 
sitif, soit  même  au  foyer  de  la  chambre  noire.  Après  l'impression  qui  doit 
varier  selon  l'intensité  de  la  lumière,  on  plonge  dans  l'eau  la  couche  de  gé- 
latine ;  alors  toutes  les  parties  qui  n'ont  pas  reçu  l'action  de  la  lumière  se 
gonflent  et  forment  des  reliefs,  tandis  que  celles  qui  ont  été  impressionnées 
ne  prenant  pas  d'eau,  restent  en  creux.  On  transforme  ensuite  cette  surface 
de  gélatine  gravée  en  planches  métalliques  en  la  moulant,  ou  en  plâtre  avec 
lequel  on  obtient  par  les  procédés  connus  des  planches  métalliques,  ou  bien 
on  la  moule  directement  par  la  galvanoplastie  après  l'avoir  métallisée. 

»  Par  ce  procédé,  les  dessins  négatifs  au  trait  fournissent  des  planches- 
métalliques  en  relief  pouvant  servir  à  l'impression  typographique,  tandis 
que  les  dessins  positifs  donnent  des  planches  en  creux  pouvant  être  impri- 
mées en  taille-douce. 

»  Le  second  procédé  que  M.  Poitevin  emploie  pour  appliquer  photographi- 
quement  les  corps  gras  sur  le  papier,  la  pierre,  les  surfaces  métalliques,  etc.,. 
par  l'intermédiaire  de  l'action  de  la  lumière  sur  les  mélanges  des  sels  à  acide 
chromique  avec  les  matières  organiques  gommeuses  ou  mucilagineuses,  con- 
siste à  appliquer  une  ou  plusieurs  couches  de  ce  mélange  sur  les  surfaces, 
et,  après  dessiccation,  à  les  impressionner  à  travers  les  négatifs  des  dessins 
à  reproduire.  En  appliquant  ensuite  l'encre  grasse  au  moyen  d'un  tampon 
ou  d'un  rouleau,  elle  ne  restera  adhérente  que  sur  les  parties  qui  auront 
subi  l'action  de  la  lumière.  Il  a  également  appliqué  sur  diverses  surfaces  et 


(  M  ) 

en  se  basant  sur  le  même  principe  des  couleurs  quelconques  soit  en  pou- 
dre, soit  liquides. 

»  M.  Poitevin  prie  M.  le  Secrétaire  perpétuel  d'ouvrir  le  paquet  cacheté 
qu'il  a  déposé  dans  la  séance  du  10  décembre  i855,  et  qui  renferme  une 
Note  relative  à  ces  deux  nouveaux  procédés  et  des  épreuves  de  gravures  et 
de  lithographies  obtenues  de  cette  manière  sans  aucune  retouche.   » 

photographie.  —  Communication  d'épreuves  de  gravures  sur  pierre  obtenues 
par  M.  Poitevin ,  d'après  les  photographies  faites  au  Muséum  d Histoire 
naturelle  par  M.  L.  Rousseau,  faite  par  M.  Valencie.\nes. 

(Renvoi  à  la  Commission  de  Photographie.) 

«  A  la  suite  de  la  communication  de  M.  Becquerel,  du  procédé  de  M.  Poi- 
tevin, M.  Valenciennes  met  sous  les  yeux  de  l'Académie  des  épreuves  de 
gravures  sur  pierre,  faites  par  M.  Poitevin,  obtenues  sur  des  négatifs  dus  aux 
soins  de  M.  L.  Rousseau,  qui  a  déjà  montré  à  l'Académie  avec  quelle  persévé- 
rance il  cherche  à  appliquer  la  photographie  à  l'usage  de  l'histoire  naturelle. 
L'une  des  deux  planches  représente  le  Dobb  d'Algérie,  espèce  de  Fouette- 
Queue,  voisine  de  Y  Uromastix  spinipes ,  si  ce  n'est  le  même.  L'autre  est  la 
reproduction  du  grand  et  beau  Stylaster,  Edw.,  rapporté  de  Bourbon,  dès 
i8o3,  par  Péron,  et  que  Lamarck  a  fait  connaître  sous  le  nom  de  Oculina 
flahelliformis .  » 

mécanique  céleste.  —  Mémoire  sur  le  mouvement  de  la  Terre  autour  de 
son  centre  de  gravité  ;  par  M.  Jullien. 

(Commissaires,  MM.  Poinsot,  Cauchy,  Liouville,  Binet.) 

L'auteur,  en  adressant  de  Rome  ce  Mémoire,  y  joint  l'indication  sui- 
vante : 

«  Un  illustre  Membre  de  cette  Académie  a  montré  récemment  comment 
la  méthode  des  couples  conduit  par  une  voie  facile  à  des  formules  qui  repré- 
sentent le  mouvement  de  la  rotation  de  la  Terre,  d'une  manière  approchée, 
quant  à  ses  traits  les  plus  apparents.  Poursuivant  la  même  voie,  j'arrive, 
à  l'aide  d'une  analyse  extrêmement  simple,  non-seulement  aux  formules  du 
mouvement  de  la  Terre  données  par  Laplace,  mais  aussi  aux  formules  plus 
complètes  dues  à  Bessel,  dont  les  astronomes  se  servent  actuellement  dans 
les  recherches  qui  exigent  la  plus  grande  précision. 


(a3) 
»  Tout  le  calcul  se  réduit  à  des  compositions  de  couples  suivant  la  loi  du 
parallélogramme,  et  à  des   intégrations  immédiates   de  fonctions  circu- 
laires. » 

analyse  mathématique.— Mémoire  sur  la  décomposition  des  polynômes  de 
degré  pair  en  facteurs  rationnels  du  second  degré;  par  M.  Rouget. 

«  En  adressant  à  l'Académie,  dit  l'auteur  dans  la  Lettre  d'envoi,  la 
démonstration  d'un  théorème  énoncé  depuis  longtemps,  je  demande  la 
permission  de  faire  remarquer  que  l'emploi  des  symboles  imaginaires  se 
trouve  rigoureusement  banni  des  raisonnements  et  des  calculs  tendant  à 
établir  ce  principe  fondamental  :  peut-être  l'Académie  jugera-t-elle  qu'il  y 
aurait  lieu  de  l'introduire  dans  les  éléments  d'algèbre.  » 

(Renvoi  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Liouville,  Lamé 

et  Chasles.  ) 

L'Académie  renvoie  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  constituée 
en  Commission  spéciale  du  concours  pour  le  prix  du  legs  Bréant  : 

i°.  Un  Mémoire  adressé  de  Rome  par  M.  Sabbatlvi  ,îMr  l'efficacité  des 
bains  généraux  chauds  de  chlorure  de  calcium  dans  le  traitement  du  cho- 
léra-morhus  asiatique. 

Ce  Mémoire,  écrit  en  italien,  est  accompagné  de  deux  opuscules  sur  le 
même  sujet,  publiés  par  l'auteur,  et  d'un  opuscule  également  relatif  à  sa 
méthode  de  traitement  et  imprimé  à  Venise. 

20.  Un  Mémoire  sur  le  traitement  du  choléra,  adressé  de  Montbron 
(Charente)  par  Me  Eyssartier. 

Ce  Mémoire  est  transmis  par  la  Faculté  de  Médecine,  à  laquelle  il  avait 
été  adressé  par  erreur. 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  met  sous  les  yeux  de  l'Académie  un  certain 
nombre  de  tableaux  imprimés  et  autres  documents  relatifs  à  la  météorologie, 
publiés  par  X  Observatoire  météorologique  de  V Ecole  Polytechnique  de  Lis- 
bonne, tant  d'après  les  observations  faites  à  cet  observatoire  sous  la  direc- 
tion de  M.  Dias  Pegado  (mai  à  octobre  i855),  que  d'après  des  renseigne- 
ments authentiques  puisés  à  d'autres  sources  nationales  ou  étrangères. 

Une  Commission,  composée  de  MM.  Becquerel,  Pouillet,  Le  Verrier,  est 
invitée  à  prendre  connaissance  de  ces  documents  et  à  en  faire,  s'il  y  a  lieu, 
l'objet  d'un  Rapport  à  l'Académie. 


(  *4  ) 

M.  Haidinger  ,  nommé  récemment  à  une  place  de  Correspondant  pour 
la  Section  de  Géologie,  adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  com- 
prendre dans  le  nombre  des  candidats  pour  la  place  vacante  dans  la  Section 
de  Botanique,  et  adresse  un  exemplaire  d'une  Notice  sur  ses  travaux  bota- 
niques publiée  à  l'occasion  de  cette  candidature. 

physique  du  globe.  —  Sur  les  tremblements  de  terre  qui  ont  renversé,  en 
août  i853,  la  ville  de  Thèbes.  (Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Gaudry.) 

«  Pikermi ,   i5  décembre  i855. 

»  J'arrivai  en  Grèce  peu  de  temps  après  l'époque  où  cette  cité  célèbre 
fut  détruite,  et  je  recueillis  à  Athènes  des  récits  détaillés  sur  l'événement; 
mais  alors  je  n'eus  pas  le  temps  d'aller  jusqu'en  Béotie  vérifier  leur  exacti- 
tude et  je  m'abstins  de  les  transmettre.  Cette  année,  j'ai  pu  visiter  les 
ruines  de  Thèbes,  et  obtenu  des  renseignements  précis  que  je  vous  prie, 
Monsieur  le  Secrétaire  perpétuel,  de  vouloir  bien  communiquer  à  l'Acadé- 
mie des  Sciences. 

»  La  Grèce  et  les  îles  Ioniennes  sont  très-sujettes  aux  tremblements  de 
terre  ;  il  est  rare  d'y  voyager  longtemps  sans  ressentir  quelques  secousses  ; 
nous-même,  il  y  a  peu  de  jours  (10  décembre),  étant  à  Kalamaki,  nous 
avons  éprouvé  une  commotion  qui  dura  environ  deux  secondes.  C'est  aux 
mouvements  du  sol  qu'il  faut  attribuer  la  destruction  du  plus  grand  nombre 
des  monuments  antiques  de  la  Grèce.  L'histoire  de  la  Grèce  est  remplie  de 
récits  des  tremblements  du  sol.  Pour  ne  parler  que  de  la  Béotie,  je  rappel- 
lerai que  Strabon  signale  en  plusieurs  passages  de  sa  Géographie  des 
secousses  survenues  dans  cette  contrée.  Il  attribue  sa  séparation  d'avec 
l'île  d'Eubée  à  un  violent  tremblement  de  terre,  et  il  cite  à  ce  sujet  les  vers 
d'un  ancien  poète.  Les  peuples  de  la  Béotie  ont  conservé  la  tradition  de 
plusieurs  tremblements  :  au  temps  de  la  domination  turque,  Thèbes  fut 
complètement  renversée.  Depuis  un  grand  nombre  d'années,  cette  ville 
jouissait  d'une  tranquillité  parfaite;  seulement,  vers  l'année  1840,  elle  res- 
sentit un  très-faible  tremblement,  et  en  i85i  Delphes  éprouva  une  légère 
secousse. 

»  La  destruction  de  Thèbes  a  eu  lieu  le  18  août  1 853.  C'était  un  diman- 
che. Selon  l'usage  oriental,  les  habitants  étaient  pour  la  plupart  réunis  dans 
les  rues.  A  io^ao™  du  matin,  trois  petits  tremblements  se  font  sentir: 
le   peuple    en    émoi   s'enfuit    dans   la    campagne.    Dix    minutes    après , 


(a5) 
s'élève  un  bruit  sourd,  comparable  à  celui  que  produit  une  voiture 
courant  sur  du  pave.  Presque  en  même  temps,  une  terrible  secousse 
dirigée  de  bas  en  haut  ébranle  la  ville.  En  treize  secondes  (temps  que 
dura  le  tremblement)  Thèbes  devient  un  amas  de  ruines;  tous  les  habi- 
tants ne  s'étaient  pas  enfuis  lors  des  trois  petites  commotions  précurseurs 
du  sinistre:  dix-sept  périssent  écrasés  par  les  maisons  qui  s'écroulent; 
soixante  blessés  reslent  au  milieu  des  décombres.  Les  bestiaux  brisent  les 
cordes  qui  les  retiennent  dans  les  étables  et  courent  en  mugissant  à  travers 
les  rues  et  les  campagnes.  Les  volailles  elles-mêmes  s'envolent  effrayées. 
Contre  la  ville  s'élève  une  grande  tour  carrée  :  'un  prince  français, 
Othon  de  la  Roche,  baron  d'Athènes,  l'avait  bâtie  en  1 2o5  ;  dans  cette 
cité,  plusieurs  fois  ruinée  par  les  commotions  du  sol,  elle  était  le  débris  le 
plus  antique.  Elle  s'ébranle,  et  toute  sa  partie  supérieure  se  renverse  sur 
un  troupeau  de  brebis  qui  s'abritait  contre  ses  murailles.  Un  homme,  en 
s'enfuyant  dans  la  campagne,  tombejmort  sur  la  voie  sans  aucune  marque 
de  blessure  :  on  prétendit  qu'il  avait  péri  de  peur. 

»  Ce  n'est  pas  à  Thèbes  seulement  que  le  mouvement  s'est  fait  sentir. 
Dans  le  village  de  Syrtzi,  peu  éloigné  de  la  ville,  aucune  maison  ne  resta 
debout.  La  plupart  des  villages  de  la  Béotie  furent  gravement  endommagés  : 
un  grand  nombre  de  maisons  se  renversèrent  et  plusieurs  hommes  périrent. 
Dans  la  mer  d'Eubée,  éloignée  de  Thèbes  de  deux  heures  de  marche  envi- 
ron, les  pêcheurs  ont  vu  les  vagues  s'élancer  de  bas  en  haut.  Sur  le  lac  Co- 
païs,  les  eaux  furent  également  projetées  de  bas  en  haut.  Sur  les  montagnes, 
beaucoup  de  pierres  lurent  détachées  et  tombèrent  dans  les  vallées  (i). 
Le  tremblement  a  été  fortement  ressenti  dans  Athènes,  au  Pirée  et  dans 
l'île  de  Syra.  A  Delphes  et  aux  environs  du  Parnasse,  il  a  été  très-faible. 
Dans  l'île  d'Eubée,  un  village  voisin  de  Chalcis  a  été  fortement  endommagé. 
La  commotion  s'est  propagée  d'une  part  jusqu'au  delà  du  golfe  de  Lépante, 
à  Patras,  et  d'autre  part  jusqu'à  Brousse,  en  Asie.  Cette  direction  de  Patras 
à  Brousse  s'accorderait  assez  bien  avec  la  ligne  volcanique  que  M.  Alexan- 
dre de  Humboldt  a  signalée  en  Grèce. 

»  Les  secousses  continuent  après  la  catastrophe  du  18  août,  et  les  habi- 
tants, n'osant  point  rentrer  dans  leur  ville,  demeurent  dans  les  jardins. 
Le  29  août,  vers  les  iih3om  du  soir,  Thèbes  est  de  nouveau  ébranlée 
presque  aussi  violemment  que  le  1 8  :  mais  comme  ses  habitants  ont  quitté 

(1)  En  Grèce,  on  peut  expliquer  par  la  fréquence  des  tremblements  de  terre  la  présence 
d'un  grand  nombre  d'énormes  blocs  de  pierre  disséminés  dans  les  vallées  ou  sur  le  versant 
de  montagnes. 

C.  R„  385'6,  ie'  Semestre.  (T.  XLH,  N°  I.;  4 


(  a6) 
la  ville,  on  n'a  à  déplorer  aucune  mort  et  même  aucune  blessure.  Cepen- 
dant un  grand  nombre  de  personnes  sont  renversées  par  ta  commotion  ; 
M.  Demetrios  Calopès,  notaire  de  la  ville  de  Thèbes,  m'a  dit  que,  réfugié 
alors  dans  son  jardin,  il  avait  été  lancé  à  terre.  Le  mouvement  est  venu  de 
bas  en  haut,  comme  me  l'ont  assuré  des  témoins  dignes  de  foi,  et  comme  le 
démontre  l'inspection  des  maisons  ruinées. 

»  Des  phénomènes  singuliers  se  sont  manifestés  dans  la  destruction  de  la 
ville  :  des  murs  ont  été  renversés  dans  leur  partie  centrale,  tandis  qu'à 
droite  et  à  gauche  les^  pierres  sont  restées  en  place.  Depuis  nh3om  du  soir 
jusqu'au  point  du  jour,  les  tremblements  durèrent  avec  une  grande  vio- 
lence; en  une  heure,  on  en  a  compté  quatre-vingt-douze.  Le  soleil  en  se 
levant  révéla  aux  Thébains  que  leurs  désastres  étaient  à  leur  comble  :  le 
tremblement  du  29  avait  achevé  la  ruine  de  leur  ville  :  aucune  maison  n'é- 
tait debout. 

»  Les  commotions  durèrent  quinze  mois  environ;  elles  se  renouvelèrent 
jusqu'à  trois  fois  par  vingt-quatre  heures.  Pendant  plusieurs  mois,  les 
44oo  habitants  de  Thèbes  campèrent  dans  les  champs  ou  dans  les  jardins  , 
et  eurent  à  éprouver  de  grandes  souffrances  durant  les  pluies  d'automne 
et  d'hiver.  Peu  à  peu  les  tremblements  devinrent  plus  rares  et  moins  violents; 
on  s'y  habitua,  et  l'on  rentra  dans  la  ville  :  actuellement  toute  commotion 
a  cessé. 

»  Thèbes  a  profité  de  sa  catastrophe  ;  elle  a  été  reconstruite  sur  un  plan 
uniforme;  des  rues  tirées  au  cordeau  ont  remplacé  des  passages  tortueux;  à 
l'ancienne  cité  a  succédé  une  ville  régulière,  qui,  dans  la  suite  des  temps, 
pourra  s'embellir. 

»  Dans  Athènes,  aux  environs  de  cette  ville  et  surtout  au  Pirée,  le  second 
tremblement  de  Thèbes  a  été  ressenti  beaucoup  plus  violemment  que  le 
premier.  Il  a  duré  quatre  secondes  environ,  et  a  présenté  ce  phénomène 
fort  remarquable,  que  le  mouvement  a  été  horizontal,  tandis  qu'au  même 
moment  il  était  vertical  en  Béotie.  La  frayeur  fut  extrême  ;  des  femmes  sor- 
tirent dans  les  rues  en  criant.  Dans  Athènes,  plusieurs  maisons  furent  lézar- 
dées ;  mais  aucune  n'a  été  renversée.  Au  Pirée,  deux  ou  trois  maisons  ont 
été  détruites;  la  plupart  ont  été  crevassées,  et  dans  l'intérieur  des  habita- 
tions un  grand  nombre  de  meubles  ont  été  brisés.  Les  navires  qui  étaient 
en  rade  ont  entendu  un  bruit  sourd  dans  la  mer,  et  l'on  a  vu  des  vagues 
lancées  de  bas  en  haut.  Pendant  deux  ou  trois  mois,  les  principaux  tremble- 
ments de  Thèbes  ont  été  ressentis  à  Athènes;  ils  se  renouvelaient  en 
moyenne  une  fois  tous  les  dix  jours  ;  cependant  en  une  seule  nuit  on  en  a 
ressenti  jusqu'à  trois. 


(    27    ) 

»  Tel  est,  Monsieur  le  Secrétaire  perpétuel,  le  récit  exact  des  phénomènes 
qui  ont  si  vivement  préoccupé  la  Grèce.  C'est  par  erreur  que  des  journaux 
de  Paris  ont  annoncé  des  apparitions  de  feux  pendant  les  tremblements  de 
Thèbes.  On  n'a  vu  se  produire  ni  feux,  ni  fumée.  C'est  également  par  er- 
reur que  l'on  a  signalé  la  formation  d'un  cratère  après  la  grande  commo- 
tion :  aucun  indice  volcanique  ne  s'est  manifesté  par  des  éjections  de  ma- 
tière quelconque;  et  même  aucune  crevasse  d'une  certaine  importance, 
aucun  changement  notable  ne  se  sont  produits  dans  les  collines  si  variées 
qui  supportent  et  entourent  la  ville  de  Thèbes. 

»  Lors  de  la  dernière  éruption  du  Vésuve,  on  n'a  observé  aucune  corres- 
pondance entre  ce  volcan  et  les  divers  points  de  la  Grèce  qui  sont  sujets  à 
des  tremblements  de  terre  ou  sont  des  centres  d'actions  volcanique.  » 

M.  Dana  adresse,  de  New-Haven  (  Connecticut),  un  exemplaire  de 
l'atlas  destiné  à  accompagner  son  travail  sur  les  Crustacés  observés  dans 
le  Voyage  d'exploration  fait  par  ordre  du  gouvernement  des  États-Unis 
d'Amérique  sous  le  commandement  du  capitaine  C.  Wilkes,  dans  les  années 
i838-i842. 

Les  deux  volumes  de  texte  ont  été  depuis  longtemps  reçus  par  l'Aca- 
démie. 

M.  Dujardin  adresse  un  exemplaire  du  numéro  du  2  janvier  i856  du 
Journal  de  Lille,  qui  constate  qu'un  commencement  &  incendie  a  été  éteint 
au  moyen  de  la  vapeur,  et  assez  complètement  pour  rendre  inutiles  les 
secours  des  pompiers. 

Déjà  M.  Dujardin  a  transmis,  à  plusieurs  reprises,  des  documents  desti- 
nés à  prouver  l'efficacité  de  ce  moyen  sur  lequel  il  n'a  cessé  depuis  plu- 
sieurs années  d'appeler  l'attention. 

M.  Pernelet  adresse  une  Note  sur  un  moniteur  électrique  des  chemins 
de  fer  qu'il  désire  soumettre  au  jugement  de  l'Académie. 

11  annonce  être  prêt  à  donner  de  vive  voix,  aux  Commissaires  qui  lui 
seraient  désignés,  tous  les  renseignements  nécessaires  pour  compléter  les 
indications  succinctes  fournies  par  sa  Note. 

L'Académie  ne  pourra,  d'après  ses  usages,  renvoyer  à  l'examen  d'une 
Commission  l'invention  de  M.  Pernelet,  que  lorsqu'il  l'aura  fait  connaître 
par  une  description  suffisamment  détaillée  pour  ne  pas  exiger  de  dévelop- 
pements oraux. 


(  28  ) 
M.  Pacacd  présente  des  spécimens  de  tubes  en  fer  doublés  en  plomb  et 
de  tubes  en  plomb  doublés  de  fer;  il   y  joint  une  Note  descriptive  qui 
n'est  que  la  transcription  d'un  brevet  d'invention  pris  pour  ces  produits. 

M.  Gez,  médecin  à  Siradan  (Haute-Garonne),  s'adresse  à  l'Académie 
dans  l'espoir  d'en  obtenir  une  analyse,  des  eaux  minérales  de  Sainte-Marie 
qui  sont  situées  dans  la  commune  de  Siradan.  Cette  source  ayant  été, 
en  181 1 ,  l'objet  d'un  Rapport  fait  à  l'Académie,  il  y  a  lieu  de  croire  que  la 
pièce,  si  elle  existe  aux  archives,  doit  fournir  quelques  renseignements  sur 
la  composition  des  eaux. 

M.  Poggioli  adresse  un  exemplaire  d'un  opuscule  qu'il  a  publié  sous  le 
titre  de  «  Nouvelle  application  de  l'électricité  » ,  opuscule  annoncé  comme 
la  reproduction  d'un  Mémoire  lu  à  l'Académie  des  Sciences,  le  3i  dé- 
cembre i853,  et  sur  lequel  il  appuie  une  réclamation  de  priorité  qu'il  pré- 
sente à  l'occasion  d'un  livre  nouvellement  offert  par  M.  le  Dr  Briard. 

Les  auteurs,  en  livrant  leurs  travaux  à  l'impression,  font  appel  au  juge- 
ment du  public  et  n'ont  plus  à  réclamer  le  jugement  de  l' Académie. 

M.  P.  Meixeb  envoie  de  Bordeaux  une  Note  manuscrite  ayant  pour  titre: 
«  Proposition  relative  aux  courants  atmosphériques  et  aux  nuages  ». 
L'auteur  y  indique  la  marche  que  devrait,  selon  lui,  suivre  l'Académie 
pour  arriver  à  la  connaissance  de  certaines  lois  générales  sur  les  mouvements 
de  l'atmosphère. 

Cette  Note  n'a  pas  paru  de  nature  à  être  renvoyée  à  l'examen  d'une  Com- 
mission. 

Une  personne  qui  se  dit  en  possession  d'une  méthode  très-efficace  de 
traitement  pour  la  guérison  des  loupes,  excroissances,  etc.,  offre  de  faire 
connaître  cette  méthode,  moyennant  une  compensation  pécuniaire. 

Cette  demande  ne  peut  être  prise  en  considération. 

A  4  heures  trois  quarts,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  6  heures.  É.  D.  B. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  14  JANVIER  1856. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  BINET. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

Électricité.  —  Communication  de  M.  Becquerel. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie,  en  mon  nom  et  en  celui  de 
mon  fils  Edmond,  le  troisième  et  dernier  volume  du  Traité  a" Électricité  et 
de  Magnétisme,  et  des  applications  de  ces  sciences  à  la  Chimie,  à  la  Phy- 
siologie et  aux  Arts,  dont  la  publication  a  commencé  dans  les  premiers 
mois  de  l'année  dernière. 

»  L'électricité  est  devenue  aujourd'hui,  à  raison  de  son  importance 
scientifique,  de  ses  nombreuses  applications  et  de  ses  rapports  intimes  avec 
la  chimie,  une  des  parties  les  plus  cultivées  de  la  physique.  L'agent  dont 
elle  expose  les  propriétés,  se  présentant  à  nous,  tantôt  comme  chaleur, 
comme  lumière,  tantôt  comme  force  chimique,  comme  puissance  magné- 
tique, et  tantôt  enfin  comme  force  intervenant  dans  les  phénomènes  phy- 
siologiques, doit  naturellement  attirer  l'attention  de  toutes  les  personnes 
qui  cultivent  les  sciences  physiques  sous  le  point  de  vue  théorique  et  de 
leurs  applications. 

»  Les  rapports  qui  lient  les  forces  électriques  aux  affinités  sont  tellement 
bien  établis  aujourd'hui,  que  l'on  peut  déjà,  dans  un  grand  nombre  de  cas, 
remplacer  celles-ci  par  les  premières.  L'étude  de  ces  rapports  constitue  une 

C.  R.,  i856,  Ier  Semestre.  (T.  XLII,N°  2.)  5 


■ 

•  (  3o  y 

science  nouvelle,  l'électrochimie,  à  l'exposition  de  laquelle  nous  avons 
consacré  un  volume  entier,  le  deuxième;. le  traitement  électrochimique  des 
minerais  d'argent,  de  cuivre  et  de  plomb  en  fait  parlie.  Cette  question  a  été 
traitée  avec  des  développements  suffisants  pour  que  les  personnes  qui  vou- 
dront appliquer  ce  procédé  à  l'industrie  ne  soient.pas  arrêtées  par  desdiffi-* 
cultes  de  détails.  Nous  nous  bornons  à  dire  que  les  expériences  ont- été 
faites  sur  une  grande  échelle  avec  plus  de  5ooo  "kilogrammes  de  minerais 
venus  des  différents  points  du  globe. 

»  Le  troisième  volume  comprend  le  magnétisme,  le  magnétisme  ter- 
restre, l' électromagnétisme  et  ses  applications  à  la  télégraphie,  aux  hor- 
loges et  aux  machines  de  tous  genres  qui  peuvent  être  mises  en  mouvement 
par  les  forces  électromagnétiques. 

»  Dans  le  magnétisme,  indépendamment  des  notions  générales  sur  la 
constitution  des  aimants  et  sur  la  distribution  du  magnétisme,  ont  été  trai- 
tées les  différentes  questions  relatives  à  l'action  du  magnétisme  sur  tous  les 
corps  et  qui  ont  été  étudiées  dans  ces  dernières  années  par  divers  phy- 
siciens. 

«  Le  livre  relatif  au  magnétisme  terrestre  contient  la  description  des 
différentes  boussoles  et  des  magnétomètres  qui  servent  aux  observations  des 
composantes  de  la  force  terrestre.  Nous  avons  également  donné  le  résumé 
des  travaux  exécutés  jusqu'ici  dans  différents  lieux  du  globe,  ainsi  que  le 
tracé  des  principales  cartes  magnétiques. 

»  L'électromagnétisme  a  reçu  des  développements  suffisants  pour  que 
l'on  puisse  bien  comprendre  les  différents  effets  des  courants  par  induction, 
ainsi  que  le  jeu  des  appareils  qui  sont  fondés  sur  le  dégagement  de  l'élec- 
tricité induite. 

»  Quant  au  douzième  livre,  qui  est  le  dernier  de  l'ouvrage,  il  est  consa- 
cré uniquement  aux  principales  applications  de  l'électromagnétisme,  c'est-à- 
dire  à  la  télégraphie,  à  l'horlogerie  électrique,  à  tous  les  appareils  fondés 
sur  l'action  des  électro-aimants  et  aux  électromoteurs. 

»  L'étendue  même  de  l'ouvrage  ne  permettait  pas  que  l'on  pût  décrire 
tous  les  instruments  qui  ont  été  imaginés;  on  s'est  borné  seulement  à  la 
description  des  principaux  appareils  en  usage  dans  la  plupart  des  applica- 
tions faites  jusqu'ici  de  l'électromagnétisme.   » 

M.  Vincent  signale  une  inversion  dans  la  dernière  partie  de  son  Mémoire 
sur  la  théorie  de  la  gamme,  l'inversion  des  deux  premiers  paragraphes  de  la 
page  iai3  [Compte  rendu  de  la  séance  du  3i  décembre  i855). 


(3i  ) 


M 


astronomie.  —  Découverte  dune  38e  petite  planète,  faite  à  l Observatoire 
impérial  de  Paris  par  M.  Chacornac. 

«  M.  Le  Verrier  annonce  à  l'Académie  que  dans  la  soirée  du  la  jan- 
vier 1 856,  à  qh33m,  M.  Chacornac  a  découvert  une  nouvelle  petite  planète. 

»  Cet  astre,  situé,  comme  les  précédents,  entre  Mars  et  Jupiter,  ainsi 
qu'on  en  juge  par  son  mouvement  apparent,  est  le  38e  du  groupe.  Il  brille 
comme  une  étoile  de  o,e-roe  grandeur  et  a  été  découvert  dans  la  constel- 
lation de  l'Écrevisse,  un  peu  au  sud-est  du  groupe  Praesepe.  En  voici  les 
positions  suivant  les  observations  du  nau  i3  : 

T.  m.  de  Paris.  Asc.  droite.  Déclinaison.         Nomb.  des  comparaisons, 

fa      m       s  m      s  i        y 

i856.  Janvier  12  ii.5a.43  S*  —  2.11,9  3 

12  12.18.22  a*-+4-36,7 ...  2 

i3  9.54.32  a*  +3.46,9  4 

i3  10.21.  6  3*  —  2.37,6  '6 

i3  10   43.    4  a  *  4-  3.45,3  2 

Positions  de  l'étoile  de  comparaison  (8e  grandeur)  d'après  une  observation  méridienne  du  i3. 
a  =  8h35mi9',99  <J=-+-i7°23'53",5 


RAPPORTS. 

chimie  générale.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  Léo\  Péan  de 
Saint-Gilles  sur  l'hydrate  et  sur  l acétate  f étriqués . 

[Commissaires,  MM.  Pelouze,  Balard,  ïhenard  rapporteur  (i)]. 

«  M.  Walter-Crum,  dans  un  Mémoire  lu  en  1 853  à  la  Société  Philoso- 
phique de  Glascow,  a  signalé  l'existence  d'un  hydrate  d'alumine  qui  lui  a 
semblé  soluble  dans  l'eau  pure,  et.qu'il  avait  obtenu  de  l'acétate  d'alumine 
soumis  à  l'influence  d'une  température  voisine  de  100  degrés,  pendant  un 
espace  de  temps  assez  long. 

»  Comme  le  peroxyde  de  fer  a  de  grands  rapports  avec  l'alumine, 
M.  Léon  Péan  de  Saint-Gilles  a  voulu  savoir  si  cet  oxyde  était  susceptible 
de  présenter  les  mêmes  propriétés  de  solubilité  que  cette  base  terreuse. 
Dans  son  travail,  M.Léon  Péan  de  Saint-Gilles  est  parvenu  à  des  résultats 

(i)  Dans  l'absence  de  M.  Thenard,  qu'une  indisposition  tient  en  ce  moment  éloigné  de 
l'Académie  ,  le  Rapport  a  été  In  par  M.  Pelouze. 

5.. 


I    32    ) 

tout  nouveaux.  Vos  Commissaires  en  ont  été  frappés;  et  pour  s'éclairer,  ils 
ont  invité  quelquefois  l'auteur  à  faire  de  nouvelles  recherches,  qu'il  s'est 
toujours  empressé  d'exécuter  avec  le  plus  grand  soin  ;  c'est  même  l'une  des 
causes  pour  lesquelles  ce  Rapport  n'a  point  été  soumis  plus  tôt  à  l'Aca- 
démie. 

»  Trois  séries  d'expériences,  que  nous  allons  rapporter  successivement, 
dominent  toute  la  question  qu'il  s'agit  de  résoudre. 

»  i°.  Lorsqu'on  place  une  dissolution  d'acétate  de  peroxyde  de  fer  dans 
un  bain-marie  chauffé  à  la  température  de  l'ébullition  pendant  dix  à 
douze  heures,  la  liqueur  prend  une  couleur  d'un  rouge  brique,  conserve 
sa  transparence,  vue  par  transmission,  et  paraît,  au  contraire,  opaque,  vue 
par  réflexion  ;  elle  perd  totalement  la  saveur  métallique  des  sels  de  fer  pour 
prendre  celle  de  vinaigre  et  l'odeur  très-prononcée  de  cet  acide. 

»  Ces  propriétés  sont  déjà  très-remarquables  ;  les  suivantes  le  sont  bien 
plus  encore. 

»  Si  l'on  verse  du  cyanoferrure  de  potassium  dans  la  dissolution  d'acé- 
tate ainsi  modifié,  on  n'obtiendra  pas  de  bleu  de  Prusse,  il  ne  se  produira 
qu'un  précipité  brun  ocreux  ;  c'est  un  précipité  de  cette  couleur  qui  aura 
lieu  également  avec  le  tannin;  le  sulfocyanure  de  potassium  lui-même  ne 
décèlera  pas  la  plus  minime  quantité  de  fer. 

»  Des  traces  d'acide  sulfurique,  phosphorique  et  de  beaucoup  d'autres, 
•  et  des  traces  de  sel  à  base  de  potasse,  de  soude,  de  baryte,  de  strontiane, 
de  chaux,  suffiront  pour  précipiter  tout  le  fer  de  la  liqueur  sous  forme 
d'un  dépôt  rouge-brun,  insoluble  à  froid  dans  tous  les  acides,  même  les 
plus  concentrés.  Les  acides  chlorhydrique  et  nitrique  y  produiront  aussi  un 
précipité  rouge  et  grenu,  mais  qui  disparaîtra  par  une  addition  d'eau  dis- 
tillée. 

»  2°.  Il  était  important  de  rechercher  si  l'hydrate  ordinaire  de  peroxyde 
de  fer  pourrait  se  modifier  sous  l'influence  de  l'eau  seule  et  d'une  chaleur 
d'environ  iod  degrés.  L'auteur  s'est  convaincu  que  cet  hydrate,  placé  dans 
ces  conditions,  se  modifiait  peu  à  peu  complètement  et  donnait  ensuite,  au 
contact  de  l'acide  acétique  ou  des  acides  chlorhydrique  et  nitrique  étendus 
d'eau,  une  liqueur  trouble  par  réflexion,  limpide  par  transmission,  et  for- 
tement colorée  en  rouge  brique.  Il  a  vu  de  plus  que  cet  hydrate  possédait 
deux  propriétés  très-distinctes  :  l'une  de  ne  contenir  que  f  o  pour  ioo  d'eau, 
tandis  que  l'hydrate  ordinaire  en  contient  i5;  l'autre  de  ne  pas  présenter 
le  phénomène  d'incandescence  que  l'hydrate  ordinaire  présente  tout  à  coup 
quand  on  le  chauffe  jusqu'au  rouge  sombre. 


(33) 

»  3°.  Restait  un  dernier  point  essentiel  à  examiner.  C'était  de  rechercher 
si,  entre  l'hydrate  de  peroxyde  modifié  et  les  acides,  il  y  avait  une  combi- 
naison intime.  A  cet  effet,  l'auteur  a  précipité  tout  l'oxyde  de  fer  du  nouvel 
acétate  par  l'addition  de  quelques  gouttes  d'acide  sulfurique;  puis  il  a 
recueilli  le  précipité  sur  un  filtre,  l'a  lavé  à  grande  eau  et  l'a  analysé  : 
il  n'y  a  trouvé  aucune  trace  d'acide. 

»  Craignant  que  l'eau  n'eût  entraîné  l'acide  sulfurique,  qui  aurait  pu 
être  uni  à  l'oxyde,  il  a  fait  l'expérience  suivante  :  Après  avoir  versé  dans 
une  dissolution  d'acétate  modifié,  de  l'acide  chlorhydrique  assez  concentré 
pour  la  troubler,  et  avoir  agité  la  liqueur,  il  l'a  placée  dans  un  tube  gradué 
et  l'a  laissée  déposer.  Le  dépôt  étant  fait,  il  a  enlevé  la  partie  supérieure 
qui  était  transparente,  et  a  déterminé  comparativement  les  quantités  de 
chlore  contenu  dans  l'une  et  l'autre;  il  les  a  trouvées  à  peu  près  égales,  ou 
plutôt  l'inférieure  en  contenait  sensiblement  moins. 

»  Beaucoup  d'autres  observations,  mais  secondaires,  ont  encore  été 
laites  par  l'auteur.  Nous  ne  croyons  pas  utile  de  les  citer. 

»  Maintenant  quelles  conséquences  tirer  de  ces  faits  si  extraordinaires? 

»  Que  l'hydrate  de  peroxyde  de  fer  modifié  ait  des  propriétés  tout  autres 
que  celles  de  l'hydrade  de  peroxyde  de  fer  ordinaire  :  c'est  ce  qui  est  mis 
hors  de  doute. 

»  Mais  comment  se  fait-il  que  l'acétate  de  peroxyde  de  fer  modifié  ne 
donne  pas  de  bleu  de  Prusse  avec  le  cyanoferrure  de  potassium,  ne  forme 
pas  un  précipité  noir  avec  le  tannin,  et  ne  prenne  pas  une  teinte  rouge 
foncée  avec  les  sulfocyanures  alcalins?  C'est  que  l'hydrate  modifié  ne  joue 
pas  le  rôle  de  base  comme  l'hydrate  ordinaire  :  aussi  est-il  précipité  de  sa 
dissolution  acétique  par  des  traces  d'acides  sulfurique,  phosphorique,  etc., 
et  par  des  traces  d'un  sel  neutre  à  base  alcaline?  L'oxyde  est  là,  pour  ainsi 
dire,  comme  isolé  et  non  point  dans  le  même  état  que  le  peroxyde  de  fer 
dans  les  sels  ferriques. 

»  Enfin  l'hydrate  de  peroxyde  de  fer  modifié  constitue-t-il  avec  l'acide 
acétique  une  véritable  dissolution  ?  L'auteur  ne  le  pense  pas,  et  nous  parta- 
geons son  opinion.  Lorsque  l'eau  tient  réellement  un  sel  en  dissolution,  la 
liqueur,  placée  toujours  dans  les  mêmes  conditions,  ne  se  défait  pas.  Au 
bout  de  longtemps,  elle  contient  tout  autant  de  matières  salines  à  la  partie 
supérieure  qu'à  la  partie  inférieure.  Mais  il  n'en  est  pas  de  même  de  la  dis- 
solution de  l'acétate  de  peroxyde  de  fer  modifié;  il  s'y  forme  peu  à  peu 
un  dépôt  très-sensible,  et  la  liqueur  supérieure  prend  une  teinte  beaucoup 
moins  foncée  que  la  liqueur  inférieure. 


(  34  ) 

»  Telles  sont  les  principales  observations  qui  sont  contenues  dans  le  Mé- 
moire de  M.  Péan  de  Saint-Gilles;  mais  il  s'en  faut  de  beaucoup  que  le  sujet 
soit  épuisé.  On  devra  rechercher  s'il  n'y  a  pas  des  oxydes  de  fer  naturels 
qui  présentent  les  mêmes  propriétés  que  le  nouvel  hydrate,  et  s'il  n'est  pas 
possible  d'obtenir  de  semblables  corps  avec  quelques  autres  oxydes  métal- 
liques. 

»  Ces  recherches  sont  importantes  et  pour  la  théorie  et  pour  l'analyse, 
qui,  avant  la  connaissance  des  phénomènes  que  nous  venons  de  signaler, 
aurait  pu  méconnaître  l'existence  du  fer  dans  une  liqueur  qui  en  aurait 
contenu  des  quantités  très-notables. 

»  Toutefois,  dans  l'état  où  se  trouve  son  travail ,  l'auteur  est  très-digne 
d'encouragement.  On  aime  à  voir  en  lui  un  jeune  homme,  riche  des  dons 
de  la  fortune,  se  livrer  avec  ardeur  à  la  culture  des  sciences. 

»  Votre  Commission,  d'après  l'importance  des  faits  que  nous  a  fait 
connaître  M.  Péan  de  Saint-Gilles,  est  d'avis  que  son  Mémoire  soit  imprimé 
dans  le  Recueil  des  Savants  étrangers.  Elle  a  l'honneur  d'en  faire  la  pro- 
position à  l'Académie.  » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

physique.  —  Rapport  sur  la  combustion  spontanée  dujoin  en  balles  pressées. 
(Commissaires,  MM.  Dumas,  Boussingault ,  Morin  rapporteur.) 

«  Un  incendie  s'étant  déclaré  à  bord  du  navire  anglais  William  Mit- 
calfe,  chargé  de  foin  pour  le  compte  de  l'Administration  de  la  Guerre,  et 
stationné  en  rade  de  Bône ,  M.  le  Maréchal  Ministre  de  la  Guerre  a  soumis 
an  jugement  de  l'Académie  la  question  de  savoir  si  le  foin  en  balles  pressées, 
à  la  densité  de  280  kilogrammes  au  mètre  cube,  est  susceptible  de  com- 
bustion spontanée,  et  si  cet  accident  peut  être  causé  par  la  présence  du 
sable  mouillé. 

»  L'usage  de  presser  le  foin ,  à  l'aide  d'appareils  à  vis  ou  de  presses  hy- 
drauliques, en  balles  d'une  densité  qui  s'élève  parfois  jusqu'à  4oo  kilo- 
grammes au  mètre  cube,  pour  en  faciliter  le  transport  par  mer,  remonte 
à  une  époque  assez  éloignée,  puisque  l'armée  anglaise  approvisionnait  sa 
cavalerie,  en  Portugal,  dès  1809  et  1810,  à  l'aide  de  ce  procédé.  Les  per- 
fectionnements qui  y  ont  été  apportés  dans  ces  derniers  temps,  et  à  l'aide 
desquels  on  a  pu  augmenter  la  densité  des  balles  et  la  rapprocher  de  celle 
des  bois  de  peuplier  et  de  sapin,  datent  de  plus  de  dix  ans,  et  des  expédi- 
tions immenses  de  foin  pressé  ont  été  faites  dans  ces  dernières  années,  et 


(  35  ) 
tout  récemment  en  Orient,  sans  qu'aucun  fait  connu  de  combustion  spon- 
tanée soit  jamais  venu  donner  à  penser  que  le  foin  ainsi  préparé  fût  suscep- 
tible d'un  semblable  accident. 

»  Il  existait  encore,  il  y  a  quelques  années,  à  Paris,  chez  un  habile  mé- 
canicien ,  qui  avait  fourni  des  presses  hydrauliques  pour  l'expédition  d'Alger, 
en  i83o,  une  balle  de  foin  pressée  à  cette  époque,  et  qui  paraissait  avoir 
conservé  toutes  ses  propriétés. 

»  Dans  une  expérience  faite  à  Paris,  en  1849,  surla  combustibilité  du  foin 
comprimé,  des  balles  de  roo  kilogrammes,  pressées  à  la  densité  de  3oo  ki- 
logrammes environ,  furent  mises  en  tas  et  disposées  de  manière  à  en  faciliter 
la  combustion,  au  moyen  de  canaux  d'aérage,  et  l'on  y  mit  le  feu  avec  des 
copeaux  préparés  à  cet  effet.  L'incendie,  qui  se  propagea  rapidement  à  la 
surface  extérieure,  se  réduisit  bientôt  à  une  combustion  lente  et  sans  flam- 
mes, qu'il  fut  très-facile  d'éteindre  en  quelques  minutes.  En  ouvrant  les 
balles,  on  reconnut  que  ni  le  feu,  ni  la  fumée,  ni  même  son  odeur,  pas 
plus  que  l'eau  qui  avait  servi  à  arrêter  la  combustion,  n'avaient  pénétré 
à  l'intérieur,  dont  on  put  retirer,  en  ouvrant  les  balles,  5o  pour  100  de 
foin  que  les  chevaux,  si  difficiles  pour  l'odeur,  mangèrent  sans  répugnance. 

»  Il  est  à  la  connaissance  de  l'un  de  nous  que  des  balles  de  foin  impar- 
faitement pressées  avec  des  vis,  et  'qui  avaient  été  envoyées  en  Grèce, 
lors  de  l'expédition  de  Morée,  ayant  été  avariées  par  immersion  dans  l'eau 
de  mer,  et  par  la  fermentation  de  leur  surface  extérieure,  ont  été  rapportées 
en  France,  livrées  à  la  consommation  dans  un  régiment  de  cavalerie,  et 
purent  être  ainsi  utilisées  en  partie. 

»  On  sait  qu'en  Angleterre  et  en  Allemagne  on  forme  avec  des  foins 
qui  ne  sont  pas  encore  secs  de  grandes  meules ,  dans  lesquelles  ils  subis- 
sent une  fermentation  qui  en  altère  complètement  la  couleur  et  les  fait 
passer  à  un  état  qu'on  désigne  sous  le  nom  de  join  brun. 

»  De  l'ensemble  de  ces  faits  il  résulte  : 

»  Que  le  foin  fortement  comprimé,  dans  lequel  l'air  ne  pénètre  que 
difficilement  et  ne  peut  circuler,  ne  brûle  que  très-lentement; 

»  Que  son  immersion  dans  l'eau,  malgré  l'altération  et  la  fermentation 
qui  peuvent  en  résulter  à  l'extérieur,  ne  provoque  pas  son  inflammation 
spontanée,  même  quand  il  est  empilé  en  balles  dans  des  navires,  ainsi  qu'il 
le  fut  lors  de  l'expédition  de  Morée  ; 

»  Que  le  foin  incomplètement  séché  et  mis  en  grandes  meules  pour  la 
préparation  du  foin  brun,  subit  une  certaine  fermentation,  mais  ne  s'en- 
flamme pas  spontanément. 


(  36) 

»  Il  ne  semble  donc  pas  admissible  à  vos  Commissaires  que,  dans  les 
circonstances  relatives  au  bâtiment  William  Mitcalje,  le  feu  ait  pu  se 
déclarer  spontanément  :  ils  pensent  qu'il  convient  d'en  attribuer  l'ori- 
gine soit  à  une  imprudence,  soit  peut-être  même  au  désir  de  faire  dis- 
paraître les  traces  de  la  fraude  qui  avait  été  commise  par  l'introduction 
de  corps  étrangers  dans  l'intérieur  des  balles  de  foin. 

»  Telle  est  la  réponse  que  vos  Commissaires  vous  proposent  d'adres- 
ser à  M.  le  Maréchal  Ministre  de  la  Guerre.    » 

Ce  Rapport  est  adopté  par  l'Académie. 

chimie  appliquée.  —  Bapport  sur  un  procédé  de  l  invention  de  M.  Lâcha ve, 
pour  le  transporteur  vélin  de  l'écriture  tracée  sur  papier  ordinaire. 

(Rapporteur  M.  Seguier.) 

«  M.  Lachave  vous  a  présenté  des  procédés  de  transport  d'écriture  que 
vous  avez  renvoyés  à  notre  examen.  Nous  avons  mis  l'auteur  de  ces  pro- 
cédés à  même  d'opérer  devant  nous,  et  nous  avons  reconnu  qu'en  suivant 
exactement  la  méthode  consignée  dans  le  Mémoire  qu'il  a  déposé  sur 
votre  bureau,  on  atteignait  facilement  et  sûrement  le  but  qu'il  s'est  pro- 
posé, but  très-honorable  sans  doute,  puisque  M.  Lachave  annonce  ne 
vouloir  appliquer  ses  procédés  qu'à  la  multiplication  des  autographes  des 
personnages  augustes  et  des  hommes  célèbres. 

»  Néanmoins  l'abus  que ,  dans  une  intention  criminelle ,  on  pourrait 
faire  de  cette  méthode  dont  la  simplicité  d'exécution  est  un  des  caractères, 
nous  conseille  de  ne  pas  vous  proposer  d'en  consigner  la  description  dans 
nos  Comptes  rendus  ;  nous  pensons  que  les  faussaires  ont  déjà  assez  de 
moyens  de  commettre  des  faux  sans  leur  fournir  des  enseignements  nou- 
veaux pour  leur  criminelle  industrie.  Nous  nous  bornerons  donc  à  re- 
connaître que  M.  Lachave  a  fidèlement  exécuté  devant  nous  plusieurs 
transports  d'écritures  par  les  procédés  qu'il  vous  a  soumis,  et  qu'il  désigne 
par  le  mot  diphtérautographie. 

»  Nous  plaçons  sous  vos  yeux,  à  l'appui  de  notre  déclaration  person- 
nelle, puisque  nous  avons  été  seul  chargé  de  cette  constatation,  une  pièce 
d'écriture  par  nous  tracée  et  par  M.  Lachave  transportée  sur  peau  de  vélin 
et  sur  papier  ordinaire.  La  complète  conformité  des  trois  épreuves  suffit 
pour  attester  la  réussite  du  procédé.  Nous  vous  proposons  donc  de  re- 
mercier M.  Lachave  de  la  communication  de  la  méthode  dite  par  lui 
diphtérautographie.  » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 


137  ) 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une 
Commission  de  cinq  Membres  qui  sera  chargée  de  la  rédaction  du  pro- 
gramme pour  le  concours  concernant  le  perfectionnement  de  la  navi- 
gation. 

MM.  Dupin,  Combes,  Poncelet,  Duperrey  et  Regnault  réunissent  la 
majorité  des  suffrages. 

L'Académie  procède  également,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination 
de  la  Commission  qui  sera  chargée  de  proposer  une  question  pour  sujet  du 
prix  Bordin,  question  qui  devra  être  prise  cette  année  dans  le  domaine  des 
Sciences  naturelles. 

MM.  Flourens,  Geoffroy-Saint-Hilaire.  Milne  Edwardset  Élie  de  Beau  mont 
obtiennent  la  majorité  des  suffrages. 


MEMOIRES  LUS. 

physiologie  végétale.  —  Recherches  expérimentales  sur  la  respiration 
des  plantes  (premier  Mémoire);  par  M.  P.  Ducu autre.  (Extrait  par 
l'auteur.  ) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  botanique.! 

«  Ces  recherches  ont  été  faites  dans  le  but  d'étudier  plusieurs  questions 
d'un  haut  intérêt  que  soulève  l'histoire  physiologique  de  la  respiration  végé- 
tale. Elles  ont  porté  sur  un  grand  nombre  d'espèces,  parmi  lesquelles  l'au- 
teur en  a  choisi  quarante  qui  appartiennent  aux  différentes  catégories  des 
plantes  herbacées  annuelles,  bisannuelles  et  vivaces,  terrestres  et  aquatiques, 
à  feuilles  minces  et  charnues,  ainsi  qu'à  celles  des  végétaux  ligneux,  sous- 
arbrisseaux,  arbrisseaux  et  arbres,  soit  feuillus,  soit  résineux  ou  conifères. 
Elles  ont  été  faites  :  i°  en  variant  l'intensité  lumineuse,  et,  pour  cela,  en 
mettant  les  plantes  simultanément  les  unes  au  saleil,  d'autres  à  une  ombre 
complète,  d'autres  enfin  de  même  espèce,  et  semblables  aux  premières,  der- 
rière des  écrans  d'opacités  différentes  ;  i°  en  tenant  compte  des  températures 
dans  ces  différentes  circonstances;  3°  en  relevant  pour  chaque  espèce 
l'étendue  de  la  surface  des  feuilles,  la  répartition,  le  nombre  et  la  grandeur 

C.  R.,  i?56,  i"r  Semestre.  (T.  XLII,  N°  %.)  6 


(38) 
de  leurs  stomates;  4°  dans  quelques  cas  particuliers,  en  opérant  comparati- 
vement sur  des  feuilles  les  unes  jeunes,  les  autres  adultes;  5°  en  essayant  la 
richesse  en  oxygène  des  gaz  dégagés  ;  etc.  Les  tableaux  détaillés  qui  accom- 
pagnent le  Mémoire ,  présentent  le  résumé  de  ces  différentes  observations 
et  des  quantités  de  gaz  dégagées  dans  les  diverses  circonstances  dans  les- 
quelles les  plantes  ont  été  placées.  "Voici  un  aperçu  des  principaux  résultats 
qu'ont  donnés  ces  expériences. 

»  I.  Iîifluence  de  l'intensité  de  la  lumière  diurne  sur  la  respiration  des 
plantes.  —  Les  physiologistes  ont  généralement  admis,  jusqu'à  ce  jour,  la 
nécessité  de  la  lumière  directe  du  soleil  pour  la  décomposition  de  l'acide 
carbonique  et  le  dégagement  de  l'oxygène,  ou  du  moins  d'un  air  fortement 
oxygéné  par  les  organes  foliacés.  MM.  Ingen-Housz,  Sénebier,  Grischow, 
Unger,  etc.,  se  sont  exprimés  d'une  manière  formelle  à  ce  sujet.  Cependant 
des  laits  nombreux  rapportés  dans  son  Mémoire,  l'auteur  croit  pouvoir 
déduire  les  conclusions  suivantes  : 

»  i°.  Le  dégagement  d'un  gaz  fortement  oxygéné  par  les  feuilles  s'opère, 
pendant  le  jour,  non-seulement  à  la  lumière  directe  du  soleil,  mais  encore 
derrière  des  écrans  verticaux  formés  avec  des  tissus  plus  ou  moins  serrés, 
même  à  l'ombre  portée  par  des  murs  et  sous  un  feuillage  touffu. 

»  2°.  La  quantité  de  gaz  dégagé  est  proportionnelle  à  l'intensité  de  la 
lumière;  elle  devient  ainsi  peu  considérable  à  l'ombre. 

«  3°.  Le  gaz  dégagé  dans  cette  dernière  circonstance  est  souvent  assez 
riche  en  oxygène  pour  rallumer  et  faire  brûler  avec  une  flamme  vive 
une  allumette  simplement  rouge  de  feu  à  son  extrémité. 

»  4°-  Les  plantes  qui  croissent  habituellement  à  l'ombre  paraissent  êlré 
moins  sensibles  que  les  autres  à  la  privation  de  la  lumière  directe. 

»  5°  Les  conifères  se  trouvent  à  peu  près  dans  le  même  cas. 

»  II.  Rapport  entre  la  quantité  de  gaz  dégagée  par  les  feuilles  pendant  le 
jour  et  le  nombre  ainsi  que  la  grandeur  des  stomates.  —  Après  avoir  pensé 
pendant  longtemps  que  les  stomates  avaient  pour  destination  spéciale  de  ser- 
vir à  l'exhalation  aqueuse  ou  à  la  transpiration,  on  en  est  généralement  venu, 
de  nos  jours,  à  leur  attribuer  un  autre  rôle  et  à  les  regarder  comme  les  ou- 
vertures par  lesquelles  passent  les  matières  gazeuses  de  la  respiration  des 
plantes.  Pour  permettre  de  juger  si  cette  dernière  théorie  est  rigoureusement 
exacte,  et  si  les  stomates  sont  la  seule  voie  respiratoire  que  possèdent  les 
feuilles,  l'auteur  donne  un  tableau  dans  lequel  il  met  en  regard,  d'un  côté, 
les  quantités  de  gaz  dégagées  par  trente  espèces  de  plantes,  au  soleil,  rame- 
nées à  une  unité  de  surface  foliaire  pourvue  de  ces  petits  organes,  égale  à  un 


• 

(39) 
décimètre  carré,  et  à  un  espace  dune  heure  pris  pour  unité  de  temps;  d'un 
autre  côté,  le  nombre  de  stomates  que  portent  les  feuilles  de  ces  diverses 
plantes  ainsi  que  leur  grandeur.  La  comparaison  et  la  discussion  de  ces 
différentes  données  l'amènent  à  conclure  : 

»  i°.  Qu'il  n'existe  pas  de  relation  fixe  entre  le  nombre  ni  la  grandeur 
des  stomates  et  les  quantités  de  gaz  dégagées  au  soleil  par  les  plantes  des 
différentes  catégories; 

»  20.  Que,  dans  certains  cas,  comme  pour  les  arbres  dont  les  feuilles  ont 
un  tissu  sec  et  coriace,  il  y  a  rapport  inverse  entre  le  nombre  considérable 
des  stomates  et  la  faiblesse  du  dégagement  gazeux; 

»  3°.  Qu'outre  les  stomates,  on  doit  dès  lors  regarder  comme  interve- 
nant dans  l'accomplissement  des  phénomènes  respiratoires  les  cellules  de 
l'épiderme.  Cette  dernière  conclusion  est  directement  appuyée  par  ce  fait, 
qu'on  voit  sortir,  de  ces  cellules  sous  l'eau,  une  quantité  très-appréciable  et 
souvent  même  considérable  de  gaz,  à  la  face  supérieure  de  feuilles  qui  ne 
sont  pourvues  de  stomates  qu'à  leur  face  inférieure. 

»  III.  Influence  de  l'âge  des  jeuilles  sur  la  quantité  d'oxygène  dégagée 
à  la  lumière. — Divers  physiologistes  ont  admis  que  les  feuilles  jeunes  ne  dé- 
gagent pas  du  tout  d'oxygène  à  la  lumière  ou  n'en  produisent  qu'une  très- 
faible  quantité.  Les  expériences  de  l'auteur  lui  semblent,  au  contraire, 
établir  que,  si  cette  idée  est  applicable  aux  feuilles  formées,  même  à  l'état 
adulte,  d'un  tissu  mince  ou  herbacé,  elle  ne  l'est  pas  à  celles  qui  deviennent 
sèches  et  coriaces  à  l'état  de  développement  complet;  que  celles-ci  dégagent, 
dans  leur  jeunesse,  une  assez  forte  proportion  de  gaz  à  la  lumière  solaire; 
que,  par  conséquent,  elles  décomposent  une  quantité  proportionnellement 
considérable  d'acide  carbonique,  fait  qui,  du  reste,  semble  pouvoir  expli- 
quer la  consolidation  rapide  de  leur  tissu,  dont  il  serait  difficile  de  se  rendre 
compte  autrement. 

»  IV.  Respiration  des  feuilles  flottantes.  —  Contrairement  à  ce  qui  a  été 
professé  par  plusieurs  physiologistes,  les  feuilles  des  plantes  aquatiques  qui 
flottent  à  la  surface  de  l'eau,  dégagent  à  la  lumière  un  gaz  fortement  oxy- 
géné, non-seulement  par  leur  face  supérieure  pourvue  de  stomates  et  en 
contact  avec  l'air,  mais  encore  par  leur  face  inférieure  qui  est  habituelle- 
ment en  rapport  avec  l'eau  et  qui  se  montre  généralement  privée  de  ces 
petits  appareils.  » 

6.. 


(4o) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

anatomiE  comparée  des  végétaux.  —  Plantes  aériennes  ou  Epidendres  ; 
structure  des  racines  des  Orchidées  ;  par  M.  Ad.  Chatin.  (Extrait  par 
l'auteur.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Botanique.) 

.  «  Le  mode  de  végétation  si  singulier  des  plantes  Epidendres  donne  de 
l'intérêt  à  tout  ce  qui  se  rapporte  chez  elles  aux  phénomènes  de  la  vie, 
phénomènes  sur  lesquels  l'anatomie  jette  une  vive  lumière.  La  structure 
des  racines,  à  laquelle  est  consacré  le  présent  Mémoire,  m'a  mis  en  parti- 
culier sur  la  voie  d'observations  et  d'expériences  physiologiques  qui  tendent 
à  faire  accorder  un  rôle  spécialement  important,  pour  la  nutrition  de  la 
plante,  à  l'enveloppe  spongieuse  de  ces  organes,  habituellement  flottants 
dans  l'atmosphère. 

»  Les  racines  aériennes  des  Orchidées  offrent,  à  considérer  les  parties 
suivantes,  que  j'énumère  dans  l'ordre  de  leur  position,  en  allant  de  la  cir- 
conférence au  centre:  i°  une  enveloppe  spongieuse;  a°  une  membrane 
cpidermoïdale;  3°  un  parenchyme  vert;  4°  un  cercle  ou  étui  fibro-vascu- 
laire;  5°  enfin  un  parenchyme  central  qu'on  peut  désigner  sous  le  nom  de 
moelle. 

»  L enveloppe  spongieuse  est  formée  le  plus  souvent  par  un  assez  grand 
nombre  d'assises  d'utricules  spiralées  élastiques,  dont  l'ensemble  constitue 
une  sorte  de  feutre  épais  ou  de  peau  blanche  qui  se  détache  aisément  par  la 
dessiccation  du  tissu  sous-jacent.  Parfois  cette  enveloppe  se  réduit  à  une  seule 
rangée  de  grosses  utricules  dressées  comme  des  bornes  sur  la  membrane 
épidermoïdale  (Oncilium  intermedium,  O.  junceum,  Vanda  recurva);  plus 
rarement  elle  manque,  comme  on  le  voit  surtout  dans  le  Vanilla  plani- 
folia  et  dans  quelques  autres  plantes  à  racines  aériennes,  le  plus  souvent 
alors  fort  longues  et  avides  de  s'engager  dans  le  sol.  Les  cellules  spiralées 
de  l'enveloppe  spongieuse  se  renouvellent  du  côté  interne  de  celle-ci  en 
repoussant  au  dehors  les  utricules  plus  vieilles,  qui  finissent  souvent  par 
s'érailler  et  cesser  elles-mêmes  de  vivre,  tout  en  conservant  leurs  propriétés 
d'absorption  et  d'imbibition.  Une  grande  analogie  de  structure  et  de  pro- 
priétés existe  entre  l'enveloppe  spongieuse  des  racines  aériennes  et  le  tissu 
des  Sphagnum,  mousses  si  utilement  employées  dans  nos  serres  pour  la 


culture  des  Orchidées,  à  la  nutrition  desquelles  elles  concourent  par  leurs 
qualités  physiques. 

»  Sous-jacente  à  l'enveloppe  spongieuse  quand  celle-ci  existe,  et  super- 
ficielle dans  le  cas  contraire,  la  membrane  épidermoïdale  que  forment  des 
cellules  miuces,  vides  et  à  parois  le  plus  souvent  simples,  varie  par  le  nom- 
bre de  ses  éléments  composants.  En  règle  générale,  la  membrane  épider- 
moïdale est  formée  par  une  seule  rangée  de  cellules  quand  l'enveloppe 
spongieuse  se  compose  d'assises  multiples  'Catasetum,  Epidendrum,  etc.); 
elle  est  au  contraire  formée  de  plusieurs  assises,  lorsque  l'enveloppe  ou  peau 
spongieuse  est  constituée  par  une  couche  simple  de  cellules  ;  elle  est  for- 
mée de  plusieurs  couches,  quand  l'enveloppe  spongieuse  manque;  enfin, 
elle  se  réduit  à  une  simple  assise  chez  les  racines  de  cette  dernière 
catégorie  qui  viennent  à  s'enfoncer  dans  la  terre. 

»  Des  poils  se  produisent  soit  aux  dépens  de  la  membrane  épidermoïdale, 
soit  aux  dépens  de  l'enveloppe  spongieuse,  lorsque  les  racines  aériennes 
rencontrent  un  point  d'appui,  etc.  En  ce  cas,  si  l'enveloppe  spongieuse  se 
compose  d'une  seule  rangée  de  cellules,  celles-ci  forment  les  poils,  mais, 
par  une  sorte  de  compensation,  l'enveloppe  spongieuse  multiplie  ses  assises 
dans  le  voisinage  des  points  envahis  par  les  poils  {J^anda,  Oncidium).  L'o- 
rigine des  poils  ajoute  aux  rapports  qui  lient  la  membrane  épidermoïdale 
à  l'enveloppe  spongieuse. 

»  Le  parenchyme  externe,  qu'on  peut  aussi  nommer  le  parenchyme 
vert,  contient  ordinairement  de  la  chlorophylle  jusque  vers  sa  portion  cen- 
trale. Il  n'offre  pas  de  vraies  lacunes,  mais  souvent  de  grands  méats,  et  se 
compose  de  cellules  à  parois,  les  unes  simples,  les  autres  ponctuées,  ou 
rayées,  ou  réticulées,  ou  spiralées,  etc.  Les  ponctuations,  spirales,  etc.,  des 
cellules  commencent  tantôt  par  la  région  externe  (Liparis),  tantôt  par  la 
région  interne  (Pleurothallis  spatulata),  tantôt  enfin  par  la  région  moyenne 
(Cymbidium  sinense)  du  parenchyme. 

»  On  trouve  dans  le  parenchyme,  à  côté  de  la  matière  verte,  des  masses 
cristallines  et  les  corpuscules  de  matière  azotée  jaunissant  par  l'iode,  de- 
puis longtemps  signalés  par  M.  Payen  dans  tous  les  jeunes  tissus. 

»  Le  système  ligneux  forme  une  sorte  d'étui  placé  entre  le  parenchyme 
externe  et  la  moelle.  On  y  distingue,  en  général  :  i°  un  mince  cercle  fibreux 
périphérique;  1°  les  fibres  du  bois  proprement  dites,  ponctuées  le  plus 
souvent  comme  celles  du  cercle  externe,  mais  plus  étroites  et  à  parois 
plus  minces;  3°  de  petits  paquets  de  fibres  allongées,  minces  et  non 
ponctuées,  alternant  avec  les  lignes  des  vaisseaux  (Cataselum  lingulatum, 


i. 


(42) 

Cjmbidium  sinense);  4°  les  vaisseaux,  presque  toujours  disposés  dans  les 
fibres  du  bois  en  lignes  qui  s'irradient  du  centre  à  la  circonférence.  Les  plus 
gros  des  vaisseaux  sont  ordinairement  placés  à  l'intérieur  ;  je  n'ai  observé 
de  trachées  déroulables  que  dans  le  Vanilla. 

»  Le  parenchyme  central,  qui  mérite,  à  tous  égards,  le  nom  de  moelle, 

forme  dans  les  racines  aériennes  des  Orchidées,  comme  dans  les  tiges  des 
plantes  dicotylédones,  un  cylindre  axile.  Franchement  parenchymateuses  et 
vides  dans  le  Vanilla,  encore  parenchymateuses  et  féculifères  dans  le  Cjm- 
bidium sinense,  YEpidendrum  cochleatum  et  YE.  crassifolium,  les  cellules 
de  la  moelle  passent  insensiblement  à  l'état  prosenchymateux  dans  le  Catt- 
leja,  le  Maxillaria,  etc.  La  moelle,  enfin,  disparaît  complètement  dans  le 
Phjsosiphon  Loddigesii  et  le  Pleurothallis  spatulata. 

»  En  résumé,  les  racines  aériennes  des  Orchidées  sont  remarquables  par  les 
points  suivants  et  tout  à  fait  caractéristiques  de  cette  classe  d'organes:  pré- 
sence d'une  enveloppe  spongieuse;  matière  verte  dans  le  parenchyme 
externe  et  parfois  jusque  dans  la  moelle;  système  ligneux  formant  un  étui 
et  non  un  cylindre  ;  existence  d'une  moelle.  Comme  les  racines  terrestres, 
les  racines  aériennes  manquent  d'ailleurs  de  stomates,  se  dirigent  vers  l'axe 
de  la  terre,  etc. 

»  Des  expériences  que  je  poursuis,  et  pour  lesquelles  le  temps  est  un  élé- 
ment important,  donneront  la  mesure  de  certaines  propriétés  importantes 
des  racines  et  notamment  de  l'enveloppe  spongieuse  dont  le  pouvoir  d'im- 
bibition,  d'absorption  et  de  condensation  par  rapport  aux  vapeurs  et  aux 
gaz,  paraît  être  de  première  valeur  pour  l'alimentation  de  la  plante.  Qu'il 
me  suffise  d'indiquer  ici  que  l'enveloppe  spongieuse  contient  toujours  des 
composés  nitreux  ainsi  que  des  composés  ammoniacaux,  et  que  le  pouvoir 
d'absorber  les  liquides  est  très-différent  chez  les  racines  aériennes  et  chez 
les  racines  terrestres. 

physiologie  végétale.  —  De  la  direction  ascendante  considérée  comme 
caractère  distinctif  des  tiges;  observations  de  tiges  présentant  normale- 
ment la  direction  descendante.  Premières  observations  (Calystegia 
sepium  et  Sagittaria  sagittœfolia) ;  par  M.  Germain  de  Saint-Piebre. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Botanique.) 

«  Au  nombre  des  caractères  physiologiques  qui  distinguent  les  tiges  des 
racines,  la  direction  a  été  placée  en  première  ligne;  on  désigne  même  géné- 
ralement la  tige  sous  la  dénomination  d'axe  ascendant,  et  la  racine  sous  la 


(43) 
dénomination  d'axe  descendant.  On  sait  néanmoins  vulgairement  que  d'une 
part,  chez  un  grand  nombre  déplantes,  les  ramifications  de  la  racine  prin- 
cipale s'étendent  plus  ou  moins  horizontalement  dans  le  sol ,  que  d'autre 
part  un  grand  nombre  de  tiges  souterraines,  désignées  sous  le  nom  de 
rhizomes,  s'accroissent  ou  se  succèdent  indéfiniment  au-dessous  de  la  sur- 
face du  sol  en  conservant  une  direction  parfaitement  horizontale;  et  que 
les  tiges  aériennes  et  ascendantes  de  ces  plantes  ne  sont  que  des  rameaux 
qu'elles  émettent  à  l'aisselle  de  feuilles  rudimentaires  d'une  coloration 
spéciale  et  d'une  forme  déterminée.  La  direction  ne  fournit  donc  aucun 
caractère  distinctif  des  tiges  et  des  racines  pour  les  cas  où  ce  caractère 
serait  le  plus  utile,  ceux  où  la  tige  est  souterraine  comme  les  racines  et  pré- 
sente la  même  coloration  et  le  même  aspect.  Les  caractères  tirés  de  la  pré- 
sence des  feuilles  et  de  la  disposition  des  bourgeons  fournissent  seuls,  en 
effet,  les  différences  réellement  essentielles  entre  la  tige  et  la  racine. 

»  Chez  un  certain  nombre  d'espèces,  j'ai  observé  une  direction  normale 
franchement  descendante  chez  les  tiges  pendant  une  certaine  période  de  la 
vie  du  végétal.  Ces  tiges  pénètrent  ou  s'enfoncent  verticalement  de  haut  en 
bas  dans  le  sol  et  présentent  la  direction,  la  coloration,  et,  jusqu'à  un 
certain  point,  l'aspect  de  véritables  racines.  Pendant  une  période  suivante, 
des  rameaux ,  nés  à  l'aisselle  de  feuilles  rudimentaires  de  la  tige  descen- 
dante, sont  franchement  ascendants  et  vont  constituer  des  tiges  aériennes 
florifères.  La  période  de  direction  descendante  et  souterraine  a  pour  objet 
la  conservation  de  l'individu  et  sa  reproduction  par  bourgeons  ;  la  période 
de  direction  ascendante  et  aérienne  a  pour  objet  la  multiplication  de  l'es- 
pèce par  les  graines. 

»  Dans  une  série  d'expériences  que  j'ai  continuées  pendant  plusieurs 
saisons,  je  me  suis  assuré  que  les  tiges  qui  offrent  la  direction  descendante 
présentent  une  résistance  incessante  à  l'accroissement  dans  le  sens  ascen- 
dant, lorsque  par  le  renversement  du  vase  où  l'on  fait  végéter  la  plante, 
on  la  place  dans  une  direction  opposée  à  sa  direction  normale  ;  cette  résis- 
tance est  égale  à  celle  que  l'on  rencontre  dans  le  cas  contraire,  lorsque  l'on 
dirige  de  haut  en  bas  une  tige  qui  s'accroît  normalement  de  bas  en  haut. 

»  Un  même  axe  peut  néanmoins,  selon  l'époque  de  l'année  et  le  milieu 
où  il  se  trouve  placé,  présenter  alternativement  les  deux  directions  et  s'ac- 
croître pendant  une  première  période  comme  axe  ascendant,  pendant  une 
seconde  période  comme  axe  descendant,  pendant  une  troisième  période 
comme  axe  ascendant,  et  continuer  indéfiniment  cette  marche  alternante. 

»  Tel  est  le  cas  que  j'ai  fait  connaître  chez  le  Caljrstegia  sepium  (Lise- 


(44) 

ron  des  haies);  chez  cette  plante,  les  tiges  volubiles  chargées  de  feuilles 
vertes  et  foliacées,  après  avoir  grimpé  dans  les  buissons  et  avoir  parcouru 
les  phases  de  la  floraison  et  de  la  fructification,  continuent  à  s'allonger 
verticalement  de  bas  en  haut,  si  la  longueur  du  support  le  permet,  puis  sont 
frappées  de  mort,  à  l'air  libre,  dès  les  premières  gelées.  Mais  un  grand  nom- 
bre de  ces  tiges  manquent  d'appui,  et  en  s'allongeant  deviennent  pendantes 
vers  le  sol  :  cette  première  direction  descendante  n'est  que  le  résultat  de  la 
faiblesse  do  la  tige  ou  du  rameau:  mais,  arrivée  au  contact  du  sol,  ou  même 
seulement  au  voisinage  de  la  terre  humide,  l'extrémité  du  rameau  présente 
insensiblement  un  axe  plus  épais  et  plus  charnu,  et  les  feuilles  tendent  à 
devenir  squamiformes.  Bientôt  on  voit  ce  rameau,  ou  l'extrémité  de  cette 
tige  pendante,  s'introduire  par  son  sommet,  de  haut  eu  bas,  dans  le  sol  à 
mesure  qu'elle  s'allonge.  Cette  partie  de  la  tige,  développée  dans  le  sol,  est 
de  couleur  blanche  et  de  consistance  charnue ,  les  feuilles  qu'elle  présente 
restent  réduites  à  des  écailles,  et  l'ensemble  de  cette  extrémité  de  tige  cons- 
titue réellement  une  sorte  de  rhizome  charnu,  ou  tubercule  grêle,  simple  ou 
rameux,  à  rameaux  cylindriques.  Cette  tige  pénètre  à  une  assez  grande  pro- 
fondeur dans  le  sol,  où  elle  s'est  préparé,  en  quelque  sorte,  un  abri  contre  la 
rigueur  du  froid  ;  mais,  dès  le  printemps,  son  extrémité  et  l'extrémité  de  ses 
rameaux  axillaires  s'allongent  en  prenant  une  direction  inverse,  et  vont 
constituer  de  nouvelles  tiges  ascendantes  ou  rameaux  aériens  qui  se  com- 
porteront plus  tard,  à  leur  tour,  comme  la  tige  mère. 

»  Chez  une  plante  commune  qui  fait  l'ornement  du  bord  de  nos  étangs 
et  de  nos  rivières,  le  Sagittaria  sagittœfolia,  j'ai  observé  des  mœurs  hiver- 
nantes analogues  à  celles  du  Liseron  des  haies.  La  plante  mère  émet,  à 
l'aisselle  de  ses  feuilles  foliacées,  deux  sortes  de  rameaux;  les  uns  sont 
ascendants,  aériens,  florifères  et  fructifères  ;  les  autres  sont  de  couleur 
blanche- nacrée  et  d'aspect  radiciforme;  ils  présentent  des  feuilles  réduites 
à  des  écailles  membraneuses,  leur  longueur  dépasse  quelquefois  5  à  8  dé- 
cimètres, et  est  en  rapport  avec  la  profondeur  du  terrain  et  de  l'eau.  Ces 
rameaux  ou  rhizomes,  qui  s'enfoncent  verticalement  de  haut  en  bas  dans  le 
sol,  sont,  pendant  leur  premier  état,  cylindriques  dans  toute  leur  étendue; 
ils  se  terminent  par  une  extrémité  aiguë,  qu'une  coupe  longitudinale 
montre  constituée  par  de  jeunes  feuilles  emboîtées,  et  qui  constitue  un  bour- 
geon terminal.  L'axe  de  ce  bourgeon  se  renfle  insensiblement,  devient 
charnu  et  prend  une  forme  globuleuse;  cet  accroissement  de  volume  a  lieu 
dans  le  courant  de  l'automne.  Dès  les  premiers  froids,  la  plante  mère, 
frappée  de  mort,  disparaît  après  avoir  disséminé  ses  graines;  les  rhizomes 


(45) 
racidiformes  eux-mêmes  se  détruisent,  et  leur  bourgeon  terminal  charnu, 
enfoncé  de  haut  en  bas  dans  la  vase,  est  la  seule  partie  de  la  plante  qui 
reste  vivante.  Ces  corps  charnus,  d'aspect  bulbiforme,  reproduisent  chacun 
la  plante  au  printemps  suivant,  le  bourgeon  qui  les  termine  s'allonge  en  se 
recourbant  de  bas  en  haut,  et  s'épanouit  en  une  rosette  de  feuilles  folia- 
cées qui  émet  des  fibres  radicales  à  sa  base.  Une  nouvelle  plante  mère 
est  dès  lors  constituée,  et  joue  le  même  rôle  que  la  plante  de  l'année 
précédente.  » 

M.  Regnault  présente,  au  nom  de  M.  Bellemare,  employé  au  Ministère 
de  la  Guerre,  un  Mémoire  portant  pour  titre  :  «  Les  chocs  rendus  impos- 
sibles sur  les  chemins  de  fer,  au  moyen  de  Y  interrupteur  kilométrique,  qui 
permet  à  tout  train  de  faire  connaître,  sans  l'intervention  de  l'homme,  aux 
stations  d'avant  et  d'arrière,  la  position  qu'il  occupe  sur  la  voie.  » 

(  Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  déjà  chargée  de  prendre  connaissance 
des  diverses  communications  relatives  aux  moniteurs  électriques  des 
chemins' de  fer,  Commission  qui  se  compose  de  MM.  Poncelet,  Piobert, 
Regnault,  Morin.) 

M.  Huart  adresse  la  figure  et  la  description  de  sa  machine  pour  le  mou- 
lage des  pâtes  céramiques. 

(Renvoi  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Regnault 

et  Séguier.) 

L'Académie  renvoie  à  l'examen  de  la  Commission  compétente  une  Note 
destinée  au  concours  pour  le  grand  prix  de  Physique  à  décerner  en  i856, 
(question  concernant  le  dernier  théorème  de  Fermât). 

CORRESPONDANCE. 

«  M.  Joihard  fait  hommage  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  Ferdinand  de 
Lesseps,  d'une  Carte  spéciale  de  l'Isthme  de  Suez,  imprimée  en  lithochromo- 
graphie,  ce  qui  a  permis  de  distinguer  les  différentes  sortes  de  terrains  dont 
se  compose  cette  intéressante  localité,  en  même  temps  que  sont  exprimés 
tous  les  détails  du  parcours  du  canal  maritime,  ainsi  que  du  canal  de  jonc- 
tion dérivé  du  Nil,  servant  à  rattacher  le  canal  maritime  avec  le  Nil.   » 

C.  R.,  i856,  ier  Semestre.  (T.  XLII,  N»  2.)  7 


(46) 

physique.  —  Note  relative  au  dégagement  de  C électricité  par  frottement  ; 

par  M.  Edmond  Becquerel. 

«  J'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie,  le  i5  juin  1 855,  un  Mé- 
moire relatif  aux  effets  électriques  dus  au  contact  des  solides  et  des  liquides 
en  mouvement.  A  l'occasion  de  ce  travail,  j'ai  été  à  même  d'observer  quel- 
ques faits  relatifs  à  l'influence  de  différents  corps  en  poudre  sur  le  dévelop- 
pement de  l'électricité  statique  et  dont  je  n'avais  pas  fait  mention,  espérant 
avoir  l'occasion  de  donner  plus  de  développement  à  l'étude  de  ces  phéno- 
mènes ;  mais  n'ayant  pu  jusqu'ici  reprendre  cette  question  et  les  observa- 
tions que  j'ai  faites  me  paraissant  assez  intéressantes  pour  en  faire  l'objet 
d'une  Note,  je  vais  en  rapporter  ici  succinctement  les  résultats. 

»  Dans  les  machines  électriques  ordinaires,  on  a  reconnu  que  les  amal- 
games oxydables  donnent  lieu  à  un  plus  grand  dégagement  d'électricité 
que  les  autres  corps;  de  là  on  avait  été  conduit  à  penser  que  peut-être 
l'action  chimique  intervenait  dans  là  manifestation  du  phénomène.  Aussi 
plusieurs  physiciens  se  sont-ils  servis  d'appareils  placés  dans  le  vide  et  dans 
différents  milieux  gazeux  pour  examiner  l'influence  de  l'air  sur  le  dégage- 
ment de  l'électricité  par  frottement.  Dufay  et  Bovle  ont  observé  que  le  dé- 
gagement se  fait  aussi  bien  dans  le  vide  que  dans  l'air.  Wollaston,  au  con- 
traire, en  établissant  un  petit  appareil  dans  un  récipient  fermé  pouvant 
contenir  à  volonté  de  l'air  ou  de  l'acide  carbonique  et  en  exerçant  le  frot- 
tement entre  le  verre  et  des  amalgames  très-oxydables,  trouva  que  le  déga- 
gement d'électricité  n'était  appréciable  que  lorsque  le  frottement  avait  lieu 
dans  l'air;  il  en  tira  la  conséquence  que  l'action  chimique  exercée  par  l'air 
sur  les  corps  frottés  devait  avoir  une  influence.  Mais  comme  Gay-Lussac  et 
M.  Péclet  ont  été  conduits  à  des  conclusions  opposées  et  semblables  à  celles 
de  Dufay  et  de  Boyle,  on  peut  en  conclure,  ainsi  que  Gay-Lussac  l'avait 
montré,  que  Wollaston  avait  fait  usage  d'acide  carbonique  humide  dans  ses 
recherches. 

»  Dans  les  expériences  dont  je  vais  rapporter  les  résultats,  on  n'a  pas 
fait  varier  le  milieu  environnant  la  machine  électrique,  mais  bien  la  nature 
et  l'état  physique  des  substances  qui  donnent  lieu  au  dégagement  d'élec- 
tricité par  leur  frottement  contre  le  verre. 

»  Une  machine  électrique  permettant  de  recueillir  les  électricités  déga- 
gées sur  le  verre  et  sur  le  frottoir  a  été  disposée  de  façon  à  ce  que  sur  les 
frottoirs  on   pouvait  fixer  des  morceaux  d'étoffe  de  soie  sur  lesquels  on 


(47  ) 
faisait  adhérer  les  corps  en  poudre  qui  devaient  frotter  contre  le  verre.  Les 
corps  étaient  maintenus  sur  la  soie  à  l'aide  d'un  peu  de  graisse  ou  simplement 
par  adhérence,  suivant  leur  nature.  On  tournait  alors  la  roue  de  la  machine 
avec  une  vitesse  uniforme  d'un  tour  par  seconde  et  on  notait  l'écartement 
extrême  de  deux  boules  en  cuivre  entre  lesquelles  éclataient  les  étincelles 
électriques.  Ce  procédé  de  mesure  ne  peut  servir  qu'à  montrer  les  diffé- 
rences que  l'on  obtient  dans  les  effets  produits  par  les  divers  corps.  Le  pla- 
teau en  verre  de  la  machine  avait  65  centimètres  de  diamètre  et  les  boides 
de  cuivre  chacune  l\  centimètres. 


SUBSTANCES    EN    POUDRE 

Placées  sur  le  frottoir  et  prenant  l'électricité  négative. 

LONGUEUR    MAXIMUM    DES    ÉTINCELLES. 

Amalgames  de  zinc  et  d'étain  ;  deutosulfure  d'étain . 
Talc;  sulfure  d'antim.  ;  peroxyde  de  mang.  ;  farine. . 
Charbon  de  cornue  en  poudre  impalpable;  plombagine; 

Variable  entre  i4o  et  100  inillim  . 
Variable  entre  i  oo  et  70  millim . 

Variable  entre  5o  et  4o  millim . 
Variable  entre  4»  et  20  millim . 
Effets  assez  faibles . 

Feuilles  d'étain  ;  fleur  de  soufre 

»  Ces  résultats  montrent  que  l'état  moléculaire  des  corps  frottés  influe 
beaucoup  plus  sur  les  effets  produits  que  la  nature  même  des  corps,  puis- 
que avec  du  talc,  de  la  farine,  ou  du  charbon  de  cornue,  placés  sur  les  cous- 
sins de  la  machine,  on  obtient  des  effets  qui  se  rapprochent  de  ceux  que 
donnent  l'or  mussif  et  les  amalgames,  quoique  moins  énergiques  qu'avec  ces 
derniers. 

»  On  a  opéré  ici  le  frottement  dans  l'air  ;  il  eût  été  préférable  d'agir 
dans  un  autre  gaz,  mais  la  disposition  de  l'appareil  n'a  pas  permis  de  faire 
l'expérience. 

»  On  savait  déjà,  d'après  les  recherches  faites  par  mon  père  sur  le  déga- 
gement de  l'électricité  de  frottement,  que  plusieurs  causes  augmentent  la 
tendance  négative  des  corps:  i°  l'état  de  division  des  molécules;  20  un 
frottement  plus  grand  ;  3°  un  accroissement  de  température  ;  4°  une  sur- 
face dépolie  ou  couverte  d'aspérités  ou  bien  une  constitution  fibreuse. 
On  peut  également  ajouter  à  ces  conclusions  que  l'influence  de  l'état  phy- 
sique moléculaire  est  tel,  que  les  corps  doux  au  toucher,  comme  le  deuto- 
sulfure d'étain,  le  talc  et  la  plombagine,  donnent  des  effets  énergiques. 

7- 


(48  ) 
»  Je  mentionnerai  une  dernière  observation  qui  est  intéressante  au  point 
de  vue  de  la  physique  moléculaire  et  qui  résulte  non-seulement  de  ces  expé- 
riences, mais  encore  des  recherches  déjà  publiées  dans  le  Mémoire  cité  plus 
haut  :  c'est  qu'en  général  les  substances  comme  le  zinc ,  l'étain  ou  leurs 
combinaisons  qui  sont  oxydables  et  qui  donnent,  lors  des  actions  chimiques, 
des  effets  électriques  énergiques,  sont  aussi  celles  qui  dans  le  frottement 
présentent  les  effets  les  plus  marqués,  quoique,  dans  ce  cas,  elles  agissent 
par  une  action  toute  spéciale  et  en  dehors  des  réactions  chimiques  qui 
pourraient  s'opérer  sur  elles.   « 

chimie.    —    Sur   un   nouveau    moyen    d'obtenir  le    silicium.    (Lettre    de 

M.  Wohler  à  M.  Dumas.) 

«  Gottingue,  9  janvier  i856. 

«  Monsieur, 

»  Permettez-moi  de  vous  entretenir  un  moment  d'une  observation  qui 
m'a  fait  du  plaisir,  parce  qu'elle  est  une  des  conséquences  des  beaux  tra- 
vaux de  M.  Sainte-Claire  Deville  sur  l'aluminium  et  le  silicium.  En  faisant 
préparer  de  l'aluminium  à  l'aide  delà  kryolithe  (3NaF  -+-  Al  F3),  selon  le 
procédé  nouvellement  indiqué  par  M.  H.  Rose,  j'essayai  d'employer  des 
creusets  de  Hesse  au  lieu  des  creusets  de  fer.  Alors  j'obtins  souvent  des 
globules  d'aluminium  couverts  et  traversés  de  cristaux  hexagonaux  d'une 
matière  noire  à  l'éclat  métallique.  En  traitant  cet  aluminium  par  l'acide  hy- 
drochloriqne,  il  était  facile  d'obtenir  cette  matière  sous  forme  de  paillettes 
à  l'éclat  métallique,  très-semblable  au  graphite,  mais  avec  une  nuance 
bleuâtre  de  plomb.  C'était,  vous  le  devinez,  du  silicium  sous  cette  forme 
remarquable  qui  a  été  découverte  par  M.  Deville. 

»  En  réfléchissant  sur  le  procédé  par  lequel,  dans  ce  cas,  le  silicium  est 
réduit  sous  cette  forme,  il  m'a  paru  probable  que,  par  le  contact  du  fluorure 
alcalin  avec  la  silice  du  creuset,  il  s'est  formé  du  fluorure  double  de  silicium 
et  de  sodium,  et  que  c'est  cette  combinaison  de  laquelle  le  silicium  est  ré- 
duit par  l'aluminium.  En  effet,  cette  idée  s'est  parfaitement  confirmée,  et  à 
présent  je  suis  maître  du  procédé  par  lequel  on  obtient  à  volonté  le  silicium 
à  cet  état  cristallisé.  On  n'a  qu'à  fondre  ensemble  de  l'aluminium  avec  un 
excès  du  fluorure  double  de  silicium  et  de  potassium  (3KF  -t-  2  Si  F3)  dans 
un  creuset  ordinaire  à  la  chaleur  qui  suffit  à  peu  près  pour  fondre  de  l'ar- 
gent. Après  le  refroidissement,  en  cassant  le  creuset,  on  trouve  toujours, 
au  milieu  du  sel  fondu,  un  culot  bien  arrondi,  très-cassant,  d'une  texture 
très-cristalline  et  d'une  couleur  de  fer  foncée.  Cela  paraît  être  cette  combi- 


(  49) 
naison  de  silicium  et  d'aluminium  déjà  observée  par  M.  Deville,  contenant 
dans  ce  cas  une  très-grande  quantité  de  silicium  à  l'état  de  graphite.  Elle 
en  contient,  selon  la  durée  de  la  fusion,  de  ^5  à  80  pour  100.  On  l'obtient 
aisément  en  traitant  le  culot  cassé  par  l'acide  hydrochlorique.  Ainsi,  grâce 
à  M.  Deville,  on  est  en  état  à  présent  d'étudier  de  plus  près  les  proprié- 
tés d'un  corps,  qui  est  si  remarquable  en  ce  qu'il  est  un  des  '  éléments 
constituants  de  notre  globe.  Je  regrette  infiniment  que  moi-même,  faute 
d'aluminium,  je  ne  sois  pas  en  état  de  poursuivre  ces  recherches.  » 

«  Lorsque  cette  Lettre  m'est  parvenue,  dit  M.  Dumas  en  la  présentant 
à  l'Académie,  j'avais  entre  les  mains  une  Note  de  M.  Deville  dans  laquelle 
cet  habile  chimiste  exposait  les  résultats  de  ses  nouvelles  recherches  sur 
le  silicium,  recherches  dans  lesquelles,  comme  on  va  le  voir,  il  est  aussi 
arrivé  de  son  côté  à  la  connaissance  de  faits  plus  décisifs  encore  que  ceux 
qui  ont  été  observés  par  notre  illustre  confrère,  M.  Wôhler,  en  ce  qui 
concerne  la  préparation  du  silicium  cristallisé.  » 

chimie  minehale.  —  Du  silicium  et  du  charbon  cristallisés  :  Méthode 
générale  pour  la  production  de  quelques  corps  simples  fixes  au  moyen 
de  leurs  combinaisons  volatiles.  Préparation  et  propriétés  du  fluorure 
d'aluminium;  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  J'ai  eu  l'honneur,  dans  le  courant  de  l'année  dernière,  de  montrer  à 
l'Académie  du  silicium  cristallisé  en  pyramides  à  six  faces  courbes  et  dont 
les  formes  ressemblaient  beaucoup  à  celles  du  diamant.  Les  analogies  chi- 
miques qui  ont  fait  ranger  le  bore  et  le  silicium  à  côté  du  charbon,  m'a- 
vaient fait  penser  que  le  silicium  pouvait  avoir  son  diamant  comme  il  a 
son  graphite  :  l'analogie  cristallographique,  sur  laquelle  on  base  dans  notre 
science  les  rapprochements  les  plus  incontestables,  donnerait  ainsi  com- 
plètement raison  à  la  classification  des  métalloïdes  le  plus  généralement 
adoptée.  Mais  la  mesure  des  cristaux  à  faces  courbes  étant  impossible,  j'ai 
dû  à  cette  époque  ajourner  la  solution  définitive  de  ce  problème  de  chimie 
générale. 

»  De  nouvelles  expériences  me  permettent  aujourd'hui  de  soumettre  à 
l'examen  de  l'Académie  des  cristaux  de  silicium  complets  et  définis  par 
des  mesures  précises.  Ces  cristaux ,  en  aiguilles  longues  de  6  à  7  milli- 
mètres, sont  tantôt  des  prismes  hexagonaux  surmontés  d'une  pyramide  très- 
aiguë  à  faces  courbes  et  non  mesurables,  tantôt  des  rhomboèdres  enfilés  en 
chapelet  suivant  leur  axe  de  figure  et  dont  les  angles  aux  arêtes  culminantes 


(5o) 
sont  d'environ  690  3o'  avec  une  incertitude  de  a5  à  3o  minutes.  Ces  observa- 
tions, que  je  dois  à  l'aide  bienveillante  de  M.  deSenarmont,  ont  été  faites  sur 
des  cristaux  d'une  ténuité  telle,  que  je  n'aurais  jamais  songé  à  les  mettre 
sur  le  goniomètre.  Plus  tard,  ayant  obtenu  quelques  rhomboèdres  un  peu 
plus  gros,  j'ai  pu  mesurer  un  angle  de  690  10'  et  même  son  supplément, 
ce  qui  indique  que  le  rhomboèdre  a  de  la  tendance  à  se  compléter  dans 
chacun  des  grains  qui  forment  le  chapelet  dont  j'ai  déjà  parlé. 

;>  Le  silicium  rhomboédrique  ressemble  par  sa  couleur  au  fer  oligiste 
de  l'île  d'Elbe  avec  toutes  ses  irisations  :  il  raye  fortement  le  verre,  et  ses 
aiguilles  ont  assez  de  rigidité  pour  percer  l'épiderme  des  doigts  lorsqu'on 
les  saisit  par  leurs  pointes. 

»  Ces  cristaux  sont  d'une  pureté  absolue,  comme  j'ai  pu  le  constater  par 
plusieurs  analyses  qui  m'ont  toutes  donné  le  même  résultat;  ils  fondent 
à  une  température  peu  élevée,  intermédiaire  entre  le  point  de  fusion  de  l'or 
et  le  point  de  fusion  de  la  fonte,  et  alors  ils  prennent  avec  la  plus  grande 
facilité  la  forme  analogue  au  diamant  à  faces  courbes  qui  paraît  particulière 
au  silicium  obtenu  par  fusion.  Cette  forme  est-elle  identique  au  rhom- 
boèdre que  je  viens  de  décrire  ou  en  est-elle  différente?  C'est  ce  que  les 
propriétés  physiques  pourront  me  permettre  de  démontrer  lorsque  j'aurai  à 
ma  disposition  assez  de  silicium  pour  pouvoir  les  déterminer  avec  préci- 
sion, car  le  silicium  fondu  ne  possède  pas  de  clivages. 

»  Pour  préparer  le  silicium  rhomboédrique,  j'introduis  de  l'aluminium 
placé  sur  une  nacelle  dans  un  tube  de  porcelaine  que  traverse  un  courant 
d'hydrogène  saturé  des  vapeurs  de  chlorure  de  silicium.  Celui-ci  est  placé 
dans  un  flacon  tubulé  que  l'on  chauffe  légèrement  en  approchant  avec 
précaution  un  charbon  incandescent.  On  porte  le  tube  au  rouge-cerise  clair 
et  l'on  continue  l'opération  jusqu'à  ce  qu'en  regardant  dans  l'appareil  par 
l'extrémité  béante  d'une  allonge  qui  le  termine,  on  ne  voie  plus  de  vapeurs 
épaisses  de  chlorure  d'aluminium.  On  retire  des  nacelles  les  aiguilles  de 
silicium  que  l'on  purifie  des  impuretés  qui  peuvent  y  adhérer  en  les  trai- 
tant successivement  par  l'eau  régale,  l'acide  fluorique  bouillant  et  le  bisul- 
fate de  soude  fondu.  On  trouve  aussi,  lorsque  l'opération  n'est  pas  com- 
plète, de  petits  globules  de  siliciure  d'aluminium  dans  lesquels  il  y  a  de 
4o  à  5o  pour  100  de  silicium,  ce  qui  correspond  à  la  combinaison  Si  Al2. 

»  Voici  ce  qui  se  passe  dans  cette  opération  :  le  chlorure  de  silicium  est 
décomposé  par  l'aluminium  qui  s'empare  du  silicium  déplacé ,  d'où  résulte 
une  véritable  dissolution.  Chaque  molécule  de  chlorure  qui  survient  en 
opère  la  concentration,  et  lorsque  la  saturation  du  bain  métallique  est  com- 


(5i  ) 
plète,  le  silicium,  plus  léger,  vient  cristalliser  à  la  surface,  comme  le  ferait 
du  camphre  à  la  surface  d'une  solution  alcoolique. 

»  On  comprend  qu'un  pareil  procédé  est  susceptible,  en  se  généralisant, 
de  s'appliquer  à  la  préparation  de  tous  les  corps  simples  fixes  pouvant 
former  des  combinaisons  volatiles  et  décomposables  par  une  matière  ca- 
pable elle-même  de  les  dissoudre;  on  peut  alors  les  obtenir  cristallisés. 

»  Ainsi ,  le  bore  est  soluble  dans  l'aluminium  et  peut  être  préparé  de  la 
même  manière  que  le  silicium.  Mais  je  ne  puis  encore  rien  affirmer  sur  cette 
substance,  que  l'on  n'obtient  pure  qu'avec  des  difficultés  inouïes.  Je  n'ai 
pas  encore  analysé  les  petits  cristaux  obtenus  ainsi  au  moyen  de  chlorure 
de  bore. 

»  Le  charbon  ne  se  combine  pas  à  l'aluminium;  aussi,  lorsqu'on  dé- 
compose le  chlorure  de  carbone  (i)  par  ce  métal,  on  obtient  simplement  du 
noir  de  fumée.  Le  chlorure  de  carbone  est  décomposé  également  par  le  so- 
dium, et  on  n'obtient  encore  que  du  charbon  amorphe,  lors  même  qu'on 
a  fortement  calciné  le  produit  brut  de  la  réaction.  C'est  qu'en  effet  le  so- 
dium ne  dissout  pas  non  plus  le  charbon. 

»  Mais  si  l'on  traite  le  fer  (et  mieux  de  la  fonte  de  fer),  qui  a  la  propriété 
de  dissoudre  le  charbon,  par  le  même  chlorure  de  carbone,  on  obtient  une 
substance  cristallisée  bien  différente  par  son  aspect  du  graphite  de  la  fonte, 
lequel  se  produit  dans  des  circonstances  tout  autres. 

»  Le  charbon  cristallisé  est  en  petites  lames  ordinairement  irrégulières, 
mais  beaucoup  sont  manifestement  hexagonales  :  leur  éclat  est  complète- 
ment métallique.  Plusieurs  présentent  des  stries  ou  plutôt  des  froncements 
parallèles  qui  s'épanouissent  à  droite  et  à  gauche  d'une  nervure  rectiligne, 
à  la  manière  des  barbes  d'une  plume,  et  cette  disposition  annonce  généra- 
lement un  groupement  de  cristaux.  On  sait  que  le  graphite  naturel  est  éga- 
lement hexagonal. 

»  J'ai  fait  sur  le  titane  et  le  zirconium  des  expériences  analogues,  que  j  au- 
rai l'honneur  de  soumettre  bientôt  à  l'Académie.  La  difficulté  de  produire 
le  zirconium  parfaitement  exempt  de  titane  et  d'aluminium,  et  la  crainte  de 
décrire  ses  propriétés  d'après  des  échantillons  impurs,  m'empêchent  seuls 
d'en  parler  aujourd'hui. 

»  Lorsqu'on  remplace,  dans  la  préparation  du  silicium  rhomboédrique, 


(i)  J'obtiens  le  chlorure  de  carbone  par  l'action  du  chlore  sur  la  vapeur  du  sulfure  de 
carbone  au  rouge  et  de  la  potasse  sur  le  produit  condensé  pour  en  séparer  le  chlorure  de 
soufre. 


(5a) 
le  chlorure  de  silicium  par  le  fluorure,  on  obtient,  en  même  temps  que  le 
sicilium,  une  matière  cristallisée  en  cubes  dont  l'angle  a  été  mesuré  et  qui 
n'exercent  aucune  action  sur  la  lumière  polarisée,  transparente  et  fortement 
réfringente.  Des  cristaux  de  cette  matière,  appliqués  en  forme  de  géode  sur 
des  morceaux  d'aluminium  intacts,  ressemblent,  à  s'y  méprendre,  à  de  la 
chaux  fluatée.  Ces  cristaux  sont  inattaquables  par  l'acide  fluorique,  l'acide 
nitrofluorique,  qui  peut  servir  à  les  débarrasser  du  silicium  adhérent;  par 
l'acide  sulfurique,  même  bouillant,  qui  n'en  dégage  que  des  traces  d'acide 
fluorique  ;  enfin  ils  ne  se  volatilisent  qu'au  rouge  vif.  Cette  substance  nou- 
velle est  le  fluorure  d'aluminium  parfaitement  exempt  de  silicium,' comme 
me  l'ont  prouvé  un  grand  nombre  d'analyses  faites  par  plusieurs  méthodes 
différentes.  Elle  contient  33,3  pour  ioo  d'aluminium,  et  la  théorie  indique 
33,2  pour  ioo  pour  le  fluorure  d'aluminium  Al2  Fl3.  Toutes  ces  propriétés 
sont  contraires  àcellesqu'on  aurait  pu  présumer  par  analogie.  Bien  plus,  on 
peut  le  préparer  directement  par  un  procédé  qui,  ce  me  semble,  doit  faire  pa- 
raître moins  certaine  l'analogie  de  l'acide  chlorhydrique  et  de  l'acide  fluorique  ; 
il  suffit,  en  effet,  de  verser  sur  de  l'alumine  calcinée  de  l'acide  fluorique  pur  en 
excès,  de  sécher  fortement  le  mélange  et  de  l'introduire  dans  un  tube  de 
charbon  (i)  ou  de  platine,  qu'on  fait  traverser  par  un  courant  d'hydrogène 
et  qu'on  chauffe  au  rouge  blanc,  pour  voir  se  sublimer  du  fluorure  d'alu- 
minium, qui  vient  se  déposer  en  cristaux  ou  en  trémies  cubiques  de  plu- 
sieurs centimètres  de  longueur  sur  les  parties  froides  du  tube.  Ainsi,  le 
fluorure  d'aluminium  est  une  des  plus  belles  matières  cristallisées  de  la 
chimie  et  peut-être  la  plus  inattaquable  à  la  plupart  des  réactifs.  » 

«  M.  de  Senarmoxt  ajoute  quelques  mots  aux  détails  donnés  par 
M.  Dumas  sur  les  produits  divers  présentés  par  M.  Deville. 

t>  Depuis  longtemps  il  a  examiné  les  alliages  cristallins,  à  cassure  lamel- 
leuse,  d'aluminium  plus  ou  moins  saturé  de  silicium,  préparés  par  fusion  ; 
et  depuis  plus  de  quinze  jours  il  connaît  les  produits  purs  et  nettement 
définis  que  M.  Deville  présente  aujourd'hui  à  l'Académie  ;  il  a  même  mesuré 
les  premiers  cristaux  de  silicium  obtenus  par  la  réaction  sur  l'aluminium, 
soit  du  chlorure,  soit  du  fluorure  de  silicium;  M.  Deville  avait  bien  voulu 
les  lui  réserver,  quoiqu'il  eût  pu  lui-même,  et  tout  aussi  bien,  en  détermi- 
ner la  forme. 


(i)  On  trouvera  la  description  de  ces  nouveaux  vases  dans  un  des  prochains  cahiers  des 
Annales  de  Chimie  et  de  Physique. 


(  53  ) 

»  Ces  cristaux  en  aiguilles  très-déliées,  longues  de  6  à  7  millimètres, 
sont  tantôt  des  prismes  hexagonaux  réguliers,  surmontés  d'une  pyramide 
très-aiguë,  à  faces  courbes,  se  raccordant  insensiblement  avec  les  faces  du 
prisme,  et  non  mesurable;  tantôt  de  petits  rhomboèdres  très-aigus,  enfilés 
en  chapelet,  suivant  leur  axe  de  figure,  et  dans  une  situation  parallèle. 

»  Les  prismes  sont  striés  perpendiculairement  à  leur  longueur,  de  sorte 
que  la  flamme  d'une  bougie,  vue  par  réflexion,  est  accompagnée  latérale- 
ment de  spectres  de  diffraction,  qui  d'ailleurs  ne  nuisent  en  rien  à  l'exacti- 
tude des  mesures. 

«  Quant  aux  rhomboèdres,  leurs  angles  aux  arêtes  culminantes  sont 
d'environ  6g°,3o',  avec  une  incertitude  de  25  à  3o  minutes.  Quoiqu'on  effet 
les  faces  soient  très-réfléchissantes,  comme  elles  sont  faiblement  striées 
parallèlement  aux  arêtes  culminantes,  des  spectres  de  diffraction  allongent 
dans  le  sens  vertical  les  images  réfléchies,  et  s'opposent  à  l'exactitude 
absolue  des  coïncidences.  » 

chimie  agricole.  —  Expériences  sur  la  putréfaction  et  sur  la  formation  des 
fumiers;  par  M.  Jules  Reiset. 

«  La  décomposition  spontanée  des  matières  végétales  et  animales  privées 
de  vie,  la  fermentation,  la  putréfaction,  sont  les  moyens  puissants  que  la 
nature  met  sans  cesse  en  œuvre  pour  dégager  et  rendre  libres  les  éléments 
qui  doivent,  sous  une  nouvelle  forme,  concourir  à  la  vie  des  végétaux  et  des 
animaux.  Le  carbone,  l'hydrogène,  l'oxygène,  l'azote  ne  se  détachent  des 
êtres  désorganisés  par  la  mort,  que  jpour  rentrer  de  nouveau  dans  cet  ad- 
mirable système  de  circulation.  C'est  là  un  des  plus  grands  phénomènes 
naturels  que  la  science  moderne  a  maintenant  les  moyens  d'observer  et  de 
suivre  dans  ses  différentes  phases.  Les  fumiers,  les  terreaux,  les  houilles, 
les  lignites,  les  tourbes,  sont  les  produits  fixes  et  immédiatement  utiles  de 
ces  transformations  qui,  sous  l'influence  d'une  décomposition  lente,  s'ac- 
complissent chaque  jour  sur  de  grandes  proportions,  soit  au  contact  de 
l'air,  soit  à  l'abri  de  l'air,  au  sein  même  de  la  terre  et  des  eaux. 

»  D'un  autre  côté,  des  produits  gazeux  prennent  naissance  pendant  la 
décomposition  lente  des  matières  organisées.  L'étude  et  l'analyse  de  ces  gaz 
fourniraient  de  précieuses  indications  sur  la  marche  du  phénomène  de  la 
putréfaction.  Au  nombre  des  questions  intéressantes  que  soulève  cette  étude, 
se  place  en  première  ligne  celle  de  savoir  ce  que  devient  l'azote  des  matières 
en  voie  de  putréfaction  ou  de  décomposition  lente.  L'azote  contenu  primi- 

C.  R.,  i856,  1"  Semestre.  (T.  XLII,  N°  2.)  8 


(  54  ) 
hvement  dans  ces  matières  se  retrouve-t-il  tout  entier  sous  forme  de  sels 
ammoniacaux,  de  nitrates,  de  produits  azotés  fixes,  ou  bien  cet  élément, 
devenant  libre  et  prenant  la  forme  gazeuse,  retourne-t-il  dans  l'atmo- 
sphère ?  Les  expériences  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  aujourd'hui  au 
jugement  de  l'Académie  ont  pour  but  d'apporter  quelque  lumière  sur  cette 
question. 

»  La  méthode  expérimentale  que  nous  avons  adoptée  avec  M.  Regnault 
pour  nos  recherches  sur  la  respiration  des  animaux,  s'applique  de  tous 
points  à  l'étude  du  phénomène  de  la  putréfaction.  L'appareil,  décrit  alors 
dans  notre  Mémoire  {Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  tome  XXVI, 
3e  série),  remplit  toutes  les  conditions  convenables  pour  permettre  d'ob- 
server jour  par  jour  les  progrès  de  cette  désorganisation  qui  met  en  mouve- 
ment jusqu'aux  dernières  molécules  de  la  matière. 

»  Je  rappellerai  succinctement  que  cet  appareil  se  compose  de  trois  par- 
ties essentielles  :  i°  d'une  cloche  en  verre  dans  laquelle  on  place  la  matière 
en  voie  de  putréfaction  ;  i°  d'un  condenseur  de  l'acide  carbonique  formé  ; 
3°  d'un  appareil  qui  remplace  constamment  l'oxygène  absorbé.  Une  masse 
de  fumier  ou  de  viande  peut  ainsi  séjourner  pendant  plusieurs  semaines  dans 
un  volume  d'air  limité,  dans  des  circonstances  telles,  que  le  jeu  même  des 
appareils  tend  à  ramener  cet  air  à  la  composition  de  l'air  normal. 

»  Il  est  important  de  faire  remarquer  encore  que  les  conditions  de  tem- 
pérature et  de  pression  peuvent  être  facilement  réglées  de  manière  qu'à  la 
fin  d'une  expérience,  au  moment  de  procéder  à  la  prise  du  gaz  à  analyser, 
l'air  renfermé  dans  l'appareil  présente  rigoureusement  le  même  volume 
qu'au  commencement.  On  comprend  que  si  pendant  la  putréfaction  d'une 
matière  organique  azotée,  il  ne  s'absorbe  que  de  l'oxygène,  et  s'il  ne  se 
dégage  que  de  l'acide  carbonique,  l'air  de  la  cloche  présentera  encore  à  la 
fin  de  l'expérience  la  composition  de  l'air  normal;  si,  au  contraire,  il  y  a 
dégagement  d'azote,  on  trouvera  dans  cet  air  une  quantité  d'oxygenc 
moins  considérable;  c'est  d'ailleurs  un  fait  que  l'analyse  eudiométrique 
décidera  nettement. 

PREMIÈRE   SÉRIE   D'EXPÉRIENCES. 

Formation  des  fumiers ,  putréfaction  de  la  viande  au  contact  de  l'air. 

»  Expérience  n°  i .  —  Dans  la  grande  cloche  de  4o  litres,  on  a  introduit 
une  masse  de  fumier  pesant  environ  8  kilogrammes  et  disposée  préalablement 
sous  forme  de  pyramide  dans  un  large  vase  de  faïence.  Ce  fumier,  peu 


(  55) 
consommé,  se  composait  presque  en  totalité  de  crottin  de  cheval  mélangé 
de  débris  de  paille. 

»  On  a  interposé  plusieurs  couches  de  craie  dans  la  masse  du  fumier,  qui 
a  été  en  outre  fortement  arrosée  avec  de  l'eau.  Avant  de  commencer  l'ex- 
périence, l'appareil,  muni  de  ses  différents  tubes  et  robinets,  était  soumis  à 
des  épreuves  donnant  toute  sécurité  sur  la  solidité  des  fermetures  ;  puis  un 
courant  d'air  rapide  était  établi  dans  la  cloche  au  moyen  d'une  puissante 
machine  pneumatique. 

»  Durée  de  l'expérience,  six  jours;  volume  de  l'oxygène  fourni,  39ht,5; 
air  normal  au  début  de  l'expérience;  température,  1 4  degrés,  ioo  volumes  de 
l'air  recueilli  à  la  fin  contiennent  :  acide  carbonique,  o,54  ;  oxygène,  io,,3o; 
azote,  80, 1 6.  On  n'a  pas  trouvé  de  gaz  combustibles. 

»  L'azote  en  excès  est  de  10  pour  100. 

»  L'expérience  n°  2,  qui  est  la  continuation  et  la  suite  de  celle  qui  pré- 
cède, commence  immédiatement  après  la  prise  du  gaz,  l'air  de  la  cloche 
contenant  ^alors,  comme  nous  venons  de  le  dire,  acide  carbonique,  o,54; 
oxygène,  19, 3o;  azote,  80,16. 

»  Le  volume  de  l'oxygène  fourni  est  de  £\ç}A,5  environ;  durée  de  l'expé- 
rience, dix  jours;  température,  14  degrés.  100  volumes  de  l'air  recueilli  à  la 
fin  contiennent  :  acide  carbonique,  o,34;  oxygène,  17,91;  azote,  81,75. 
On  n'a  pas  trouvé  de  gaz  combustibles. 

»  L'azote  en  excès  est  de  i,5g  pour  100. 

»  Expérience  n°  3.  —  Même  masse  de  fumier;  aucun  changement  dans 
la  disposition  de  l'appareil  ;  air  normal  au  commencement  de  l'expérience  ; 
température,  1 2  degrés.  1 00  volumes  de  l'air  recueilli  à  la  fin  contiennent  : 
acide  carbonique,  0,10;  oxygène,  18,20;  azote,  81,70.  Durée  de  l'expé- 
rience, vingt-six  jours  ;  volume  de  l'oxygène  fourni,  io3m,4-  On  n'a  pas 
trouvé  de  gaz  combustibles. 

»  L'azote  en  excès  est  de  2,6  pour  100. 

»  Expérience  n°  4-  —  Une  nouvelle  couche  de  fumier  de  cheval  est 
disposée  dans  la  grande  cloche  de  manière  à  laisser  circuler  l'air  au  centre 
même  delà  masse.  Le  poids  du  fumier  est  de  10  kilogrammes  environ  ;  ou 
ajoute  une  certaine  quantité  de  craie  délayée  dans  l'eau.  Durée  de  l'expé- 
rience, vingt  et  un  jours;  volume  de  l'oxygène  fourni,  i  54  litres;  air  normal 
au  commencement;  température,  !  1  degrés.  100  volumes  de  l'air  recueilli  à 
la  fin  contiennent:  acide  carbonique,  0,72;  oxygène,  17, 38;  azote,  81,90. 
On  n'a  pas  trouvé  de  gaz  combustibles. 

»   L'azote  en  excès  est  de  2,8  pour  100. 

8.. 


(56) 

Expérience  n°  5.  —  Même  masse  de  fumier;  aucun  changement  dans 
l'appareil;  air  normal  au  commencement  de  l'expérience;  tempéra- 
ture, 22  degrés,  ioo  volumes  de  l'air  recueilli  à  la  fin  contiennent  :  acide  car- 
bonique, o,23;  oxygène,  i8,85;  azote,  80,92.  On  n'a  pas  trouvé  de  gaz 
combustibles.  Durée  de  l'expérience,  seize  jours;  volume  de  l'oxygène 
fourni,  5iUt,4°- 

»  L'azote  en  excès  est  de  1,8  pour  100. 

»  Expérience  n°  6.  —  Dans  le  grand  appareil  transporté  à  la  campagne 
et  monté  à  nouveau,  on  a  disposé  une  couche  de  10  kilogrammes  environ 
d'un  bon  fumier  de  ferme  mélangé  de  fumier  de  cheval  et  de  mouton  ;  l'air 
pouvait  circuler  de  toutes  parts;  on  avait  ajouté,  dans  la  masse  du  fumier, 
de  la  marne  en  petits  morceaux.  Durée  de  l'expérience,  vingt-trois  jours; 
volume  de  l'oxygène  fourni,  environ  104  litres;  air  normal  au  commence- 
ment de  l'expérience;  température,  24degrés.  100  volumes  de  l'air  recueilli 
à  la  fin  contiennent  :  acide  carbonique,  0,39;  oxygène,  i8,83;  azote,  80,78. 
On  n'a  pas  trouvé  de  gaz  combustibles. 

»  L'azote  en  excès  est  de  1,7  pour  100. 

»  Expérience  n°  7.  —  Dans  une  cloche  de  8  litres  environ  de  capacité 
sont  placées,  sur  un  petit  bâtis  en  bois,  des  tranches  de  viande  de  bœuf; 
entre  ces  tranches  on  a  interposé  d'assez  gros  morceaux  de  craie.  Le  poids 
de  la  viande  est  de  1 5oo  grammes.  Durée  de  l'expérience,  trente-trois  jours  ; 
volume  de  l'oxygène  fourni,  27"', 6;  air  normal  au  commencement  de  l'expé- 
rience; température,  1 5  degrés.  100  volumes  de  l'air  recueilli  à  la  fin  con- 
tiennent :  acide  carbonique,  0,37;  oxygène,  12,37;  azote,  87,26.  On  n'a 
pas  trouvé  de  gaz  combustibles. 

»  L'azote  en  excès  est  de  8,1  pour  100. 

»  La  viande  était  dans  un  état  de  putréfaction  bien  caractérisé;  une 
coloration  d'un  vert  livide  s'étendait  sur  une  grande  partie  de  la  masse 
devenue  gluante;  son  odeur  était  infecte. 

»  Expérience  n°  8.  —  Pendant  un  mois  après  l'expérience  n°  7,  cette 
même  viande  déjà  putréfiée  a  été  abandonnée  dans  la  cloche  qui  est  restée 
mastiquée  dans  sa  rainure.  On  a  alors  de  nouveau  monté  l'appareil  pour 
étudier  les  produits  gazeux  formés  pendant  cette  période  de  putréfaction 
avancée. 

»  Au  moyen  d'une  forte  pompe  aspirante  et  foulante  on  a  fait  circuler 
dans  la  choche  plus  de  i5o  litres  d'air.  La  masse  de  viande  putréfiée  se 
trouvait  donc  dans  l'air  normal  au  commencement  de  l'expérience. 

»  La  température  maintenue  à  23  degrés.  100  volumes  de  l'air  recueilli  à 


(57  ) 
la  fin  contiennent  :  acide  carbonique,  1,10;  oxygène,  i6,83;  azote,  $£,{17. 
On  n'a  pas  trouvé  de  gaz  combustibles. 

«  Durée  de  l'expérience,  dix-sept  jours;  volume  de  l'oxygène  fourni, 
8  litres  environ. 

»  L'azote  en  excès  est  de  2,9  pour  100. 

»  Expérience  n°  9.  —  Dans  un  appareil  en  tout  semblable  à  celui  ayant 
servi  à  étudier  la  respiration  des  petits  animaux  et  des  insectes,  on  a  placé 
3o  grammes  de  viande  de  bœuf  coupée  en  longs  filaments  et  disposée  sur 
une  espèce  de  gril  en  verre;  l'air  de  l'appareil,  dont  le  volume  est  de 
900  centimètres  cubes  environ,  peut  ainsi  circuler  de  toutes  parts.  Durée 
de  l'expérience,  douze  jours;  volume  de  l'oxygène  fourni,  ioa5  centimètres 
cubes;  air  normal  au  commencement;  température,  22  degrés.  100  volumes  de 
l'air  recueilli  à  la  fin  contiennent  :  acide  carbonique,  o_,i3  ;  oxygène,  i4>28; 
azote,  85,09.  On  n'a  pas  trouvé  de  gaz  combustibles. 
»  L'azote  en  excès  est  de  6,5  pour  100. 

»  La  viande,  entièrement  putréfiée  à  la  fin  de  l'expérience,  avait  pris  une 
couleur  noire;  son  odeur  était  fétide;  l'absorption  de  l'oxygène,  très- 
rapide  dans  les  premiers  jours  de  l'expérience,  s'est  ralentie  peu  à  peu,  au 
point  de  devenir  presque  nulle. 

»  Expérience  n°  10.  —Dans  la  cloche  de  8  litres,  on  a  placé  environ  5  ki- 
logrammes d'un  fumier  de  ferme  très-consommé  et  réduit. à  l'état  de  beurre 
noir.  Un  vase  de  verre  à  large  ouverture  contenait  cette  masse  de  fumier, 
très-humide,  très-compacte  et  plongeant  en  grande  partie  dans  l'eau. 

»  Durée  de  l'expérience,  sept  jours;  volume  de  l'oxygène  fourni,  6  litres  ; 
air  normal  au  commencement  de  l'expérience;  température,  25  degrés. 
100  volumes  de  l'air  recueilli  à  la  fin  contiennent  :  acide  carbonique, 
o,43  ;  hydrogène  protocarboné,  7,14;  azote,  92,43;  on  n'a  pas  trouvé 
d'oxygène.  L'hydrogène  protocarboné  était  parfaitement  pur. 
»  L'azote  en  excès  est  de  i3,3  pour  100. 

»  Expérience  n°  1 1 .  —  Même  disposition  dans  l'appareil  ;  air  normal  au 
commencement  de  l'expérience;  température,  21  degrés.  100  volumes  de 
l'air  recueilli  à  la  fin  contiennent:  acide  carbonique,  1,92;  oxygène,  4^7; 
hydrogène  protocarboné,  8,54;  azote,  84,97.  Durée  de  l'expérience,  neuf 
jours;  volume  de  l'oxygène  fourni,  12  litres  environ. 
»  L'azote  en  excès  est  de  5,87  pouf  100. 

»  Expérience  ?i°  12.  —  Même  fumier;  même  disposition  de  l'appareil. 
Durée  de  l'expérience,  neuf  jours;  volume  de  l'oxygène  fourni,  environ  14  li- 
tres; air  normal  au  commencement  de  l'expérience  ;  température,   22°,  5. 


(  58  ) 
ioo  volumes  de  l'air   recueilli  à  la  fin   contiennent  :  acide  carbonique. 
2,35  ;  oxygène  2,64  ;  hydrogène  protocarboné,  1 ,55  :  azote,  o,3,46. 

»   L'azote  en  excès  est  de  i4,3  pour  100. 

»  Des  expériences  qui  précèdent,  on  peut  tirer  les  conclusions  suivantes  : 

»  Les  matières  organiques  en  voie  de  décomposition  ou  de  putréfaction, 
au  contact  de  l'air,  absorbent  une  quantité  considérable  d'oxvgène  et  pro- 
duisent de  l'acide  carbonique. 

»  La  quantité  d'oxygène  qui  a  disparu  étant  exactement  connue  et  l'acide 
carbonique  dégagé  se  déterminant  par  l'analyse  de  la  dissolution  de  potasse 
placée  dans  l'appareil  condenseur,  on  peut  déterminer  rigoureusement  le 
rapport  entre  la  quantité  d'oxygène  consommée  et  la  quantité  d'oxvgène 
qui  s'est  dégagée  à  l'état  d'acide  carbonique;  ces  détails  seront  consignés 
dans  mon  Mémoire. 

«  Les  sels  ammoniacaux,  les  nitrates,  le  matières  azotées  fixes  qui  peuvent 
prendre  naissance  pendant  la  combustion  lente  ou  la  putréfaction  des  ma- 
tières organiques  azotées  ne  représentent  pas  tout  l'azote  contenu  primitive- 
ment dans  ces  matières. 

»  La  formation  des  fumiers,  la  putréfaction  de  la  viande,  au  contact  de 
l'air,  sont  toujours  accompagnées  d'un  dégagement  très-notable  d'azote  à 
l'état  gazeux. 

»  Aucun  gaz  combustible  ne  se  produit  lorsque  la  putréfaction  s'effectue 
dans  un  milieu  contenant  une  suffisante  proportion  d'oxygène. 

»  La  décomposition  d'un  fumier  en  partie  plongé  sous  l'eau  a  donné 
lieu  à  un  dégagement  abondant  d'hydrogène  protocarboné  et  d'azote  :  en 
se  reportant  aux  expériences  qui  ont  fourni  ces  curieux  résultats,  on  verra 
que  l'air  puisé  dans  la  cloche  ne  contenait  que  peu  ou  point  d'oxygène.  Il 
est  intéressant  devoir  que,  même  dans  ce  cas,  l'azote  peut  encore  se  dégager 
à  l'état  de  gaz. 

»  Je  ferai  remarquer  que  dans  toutes  ces  expériences  j'ai  eu  soin  d'ajou- 
ter des  carbonates  terreux  pour  faciliter  la  formation  des  nitrates,  et  que 
néanmoins  le  dégagement  de  l'azote  l'a  toujours  emporté  de  beaucoup  sur 
la  fixation  de  ce  gaz,  en  admettant  qu'elle  ait  eu  lieu. 

»  Dans  une  seconde  série  d'expériences,  j'espère  pouvoir  suivre  l'étude 
de  la  putréfaction  et  de  la  formation  des  fumiers  à  l'abri  du  contact  de  l'air, 
soit  sous  une  couche  d'eau,  soit  au  sein  d'une  masse  de  terre. 

»  Les  matières  organiques  en  voie  de  décomposition  lente  ou  de  putré- 
faction déversent  incessamment  dans  l'atmosphère  un  volume  considérable 
d'azote  :  c'est  là  un  fait  qui  me  paraît  maintenant  hors  de  doute.  D'un  autre 


(59) 
côté,  ainsi  que  l'ont  démontré  tout  récemment  les  expériences  si  intéres- 
santes de  M.  Ville  [Comptes  rendus  des  séances  de  V  Académie  des  Sciences, 
tomeXLI,  page  757)  et  de  M.  Cloëz  [Comptes  rendus  des  séances  de  l'A- 
cadémie des  Sciences,  tome  XLI,  page  935),  la  végétation  vient  puiser  une 
nouvelle  vie  dans  cette  source  inépuisable,  en  s'appropriant  l'azote  atmo- 
sphérique, soit  directement  à  l'état  gazeux,  soit  indirectement  à  l'état  de 
nitrates  par  suite  de  transformations  successives. 

»  Limité  par  les  bornes  de  cet  extrait,  et  réservant  pour  mon  Mémoire 
une  discussion  plus  étendue  des  faits  nouveaux  qui  résultent  de  mes  expé- 
riences, je  termine  en  signalant  cette  nouvelle  harmonie  de  la  nature,  qui 
tend  à  conserver  l'équilibre  dans  la  proportion  des  éléments  qui  constituent 
l'air  atmosphérique.  » 

chimie  organique.  —    Note  sur  l'identité  des  acides  nitrohématique  et 
picramique  ;  par  M.  Aimé  Girard. 

<«  Dans  un  Mémoire  que  j'ai  précédemment  eu  l'honneur  de  présenter  à 
l'Académie,  j'ai  établi  que  l'hydrogène  sulfuré,  en  exerçant  sur  l'acide 
picrique  son  action  réductrice,  engendrait  un  acide  rouge  facilement  cris- 
tallisable  et  donnant  naissance  à  des  sels  parfaitement  définis.  En  terminant 
ce  Mémoire ,  j'annonçais  l'intention  d'étudier  cet  acide  comparativement 
avec  celui  qu'avait  trouvé  M.  Wôhler  en  traitant  l'acide  picrique  par  les 
proto-sels  de  fer,  mais  dont  aucune  étude  n'avait  été  faite.  Je  pensais  dès 
lors  qu'il  y  avait  entre  les  deux  acides  identité  parfaite,  et  cette  opinion  a 
été  émise  depuis  par  M.  Gerhardt  qui,  dans  son  Traité  de  Chimie  organi- 
que, considère  l'acide  nitrohématique  comme  de  l'acide  picramique  impur. 

»  Récemment,  les  Annales  de  MM.  Liebig,  Wôhler  et  Kopp  ont  inséré 
un  Mémoire  de  M.  Pugh  de  Philadelphie,  qui  a  entrepris  de  démontrer 
cette  identité;  mais  les  procédés  suivis  par  M.  Pugh  pour  y  parvenir  ne 
peuvent  inspirer  une  confiance  absolue.  Ce  chimiste  a,  en  effet,  opéré 
exactement  comme  l'avait  fait  M.  Wôhler  avant  que  j'eusse  démontré  la 
formation  de  l'acide  picramique  au  moyen  de  l'hydrogène  sulfuré.  Son  pro- 
cédé consiste  à  mélanger  l'acide  picrique  avec  du  protosulfate  de  fer,  à  faire 
bouillir  avec  un  excès  de  baryte,  à  précipiter  le  sel  barytique  soluble  par 
de  l'acétate  de  plomb  ammoniacal,  et  enfin  à  décomposer  lé" sel  de  plomb  par 
l'hydrogène  sulfuré.  Or  il  est  évident  que,  dans  ces  circonstances ,  quand 
bien  même  le  protoxyde  de  fer  n'eût  pas  amené  l'acide  picrique  à  l'état 
d'acide  picramique,  l'hydrogène  sulfuré  eût  à  lui  seul  produit  cette 
réduction. 


(6o) 

»  J'ai  donc  ci'u  devoir  communiquer  le  procédé  que  j'ai  suivi  pour 
éviter  l'emploi  de  l'hydrogène  sulfuré,  ainsi  que  les  résultats  auxquels 
je  suis  parvenu. 

»  Lorsqu'on  fait  bouillir  ensemble  deux  solutions,  l'une  d'acide  picrique, 
l'autre  de  protosulfate  de  fer,  aucun  changement  ne  se  produit;  mais  dès 
qu'en  ajoutant  un  alcali  on  détermine  la  précipitation  de  l'oxyde,  il  y  a 
transformation,  la  liqueur  se  colore  fortement  en  rouge,  et  l'on  obtient  un 
abondant  précipité  de  peroxyde  de  fer;  après  avoir  séparé  la  liqueur  am- 
moniacale par  filtration,  et  l'avoir  légèrement  concentrée,  il  suffit  d'y  ajou- 
ter un  excès  d'acide  acétique,  pour  obtenir  presque  immédiatement  de 
beaux  cristaux  rouges  offrant  dans  leurs  formes  et  dans  leurs  réactions 
tous  les  caractères  de  l'acide  picramique.  C'est  ce  procédé  que  j'ai  suivi,  et 
il  m'a  donné  d'excellents  résultats.  Néanmoins,  malgré  l'analogie  que  pré- 
sentait cet  acide  avec  l'acide  picramique  obtenu  par  l'hydrogène  sulfuré, 
j'ai,  pour  plus  de  sûreté,  fait  une  combustion  qui  m'a  donné  les  nombres 
suivants  : 

Trouré.  Calculé  pour  l'acide  picramique. 

Carbone 36  36,  i 

Hydrogène 2,7  2,5 

»  Voici  les  nombres  provenant  de  la  calcination  du  sel  d'argent  : 

Trouvé.  Calcule. 

Oxyde  d'argent.  ..37,3  37,6 

Acide 62,7  62,4 

»  Le  protosulfate  de  fer  réduit  donc,  comme  l'hydrogène  sulfuré,  l'acide 
picrique  à  l'état  d'acide  picramique.  J'ai  essayé  également  sur  cet  acide 
l'élégant  procédé  de  réduction  dû  à  M.  Béchamp,  l'acétate  de  protoxyde  de 
fer,  et  je  suis  arrivé  aux  mêmes  résultats. 

»  L'acide  picramique  [C,2H5  O2  (NO*)2N]  dérive  de  l'acide  picrique 
[G,2Hs02(NO,)3j ,  par  la  destruction  d'un  équivalent  d'acide  hypoazo- 
tique  accompagnée  de  la  fixation  de  deux  équivalents  d'hydrogène.  J'ai 
cherché  à  voir  si,  en  faisant  réagir  sur  l'acide  picrique  d'autres  agents  réduc- 
teurs énergiques,  il  ne  me  serait  pas  possible  de  le  modifier  plus  profon- 
dément et  de  détruire  les  autres  équivalents  d'acide  hypoazotique;  mais 
jusqu'ici  je  n'ai  pu  y  parvenir  et  j'ai  toujours  eu  comme  résultat  de  l'acide 
picramique. 

»  C'est  ce  que  j'ai  obtenu  très-nettement  avec  les  sulfures  alcalins,  l'hy- 
drogène naissant,  le  protochlorure  d'étain,  le  protochlorure  de  cuivre,  etc. 


(6i  ) 
Il  est  à  remarquer  que  la  réaction  avec  ces  deux  derniers  agents  n'a  lieu 
qu'après  qu'ils  ont  été  précipités  par  l'ammoniaque.  Pour  que  ces  résultats 
soient  certains,  il  faut,  bien  entendu,  éviter  dans  les  opérations  l'emploi 
de  l'hydrogène  sulfuré,  a 

M.  Lecadhe  adresse  quelques  renseignements  sur  un  météore  lumineux 
qu'il  a  eu  occasion  d'observer  au  Havre,  le  7  janvier.  «  A  cinq  heures  cinq 
minutes  du  soir,  le  ciel  étant  clair,  le  thermomètre  centigrade  indiquant  7  de- 
grés au-dessus  de  zéro,  on  a  aperçu,  dans  la  direction  de  l'est-sud-ouest, 
au-dessus  de  la  mer  et  à  une  assez  grande  élévation,  Un  météore  lumineux 
jetant  une  vive  clarté  et  qui  s'est  épanoui  comme  une  fusée,  laissant  après 
lui  une  sorte  de  sillon  blanchâtre,  en  forme  d'S,  qui  a  été  perceptible  pen- 
dant environ  un  quart  d'heure;  aucun  bruit  n'a  accompagné  ou  suivi  l'ap- 
parition lumineuse.    » 

M.  Volpicelli  adresse,  de  Rome,  deux  épreuves  photographiques  qui 
permettent  de  juger  du  degré  de  perfection  auquel  l'art  est  arrivé  dans  les 
États  Romains.  L'une  de  ces  épreuves,  qui  représente  le  groupe  antique  du 
Laocoon,  est  due  à  M.  Mac-Pherson;  l'autre,  une  reproduction  du  Jugement 
dernier,  de  Michel,  à  la  chapelle  Sixtine,  a  été  obtenue  par  M.  Lupergh. 

L'Académie  royale  des  Sciences  de  Bavière,  en  remerciant  l'Académie  des 
Sciences  pour  l'envoi  d'une  nouvelle  série  des  Comptes  rendus,  fait  con- 
naître les  motifs  qui  rendraient  dorénavant  très-important  pour  elle  le  don 
d'une  double  série  des  publications  des  Sociétés  savantes.  Elle  annonce  que 
plusieurs  de  ces  Sociétés  lui  ont  déjà  accordé  cette  faveur;  elle  serait 
heureuse  de  l'obtenir  également  de  l'Académie. 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

MM.  Bourguignon  et  Delafond  demandent  l'autorisation  de  reprendre 
momentanément  uu  travail  sur  la  pathologie  comparée  de  la  gale,  qui  a  été 
honoré  par  l'Académie  d'un  encouragement  au  concours  pour  les  prix  de 
Médecine  et  de  Chirurgie  de  1 854,  travail  qu'ils  se  proposent  de  complé- 
ter conformément  aux  indications  données  dans  le  Rapport  sur  ce  concours. 

M.  Baciborski,  en  adressant  pour  le  concours  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie un  exemplaire  de  l'œuvre  qu'il  a  publiée  sous  le  titre  de  «  Rôle  de  la 
menstruation  dans  la  pathologie  et  la  thérapeutique  » ,  fait  remarquer  que 

C.  R.,  i856,  1"  Semestre.  (T.  XLII,  N°  2.)  9 


(6a  ) 

ce  nouveau  travail  est  en  quelque  sorte  le  développement  de  ses  recherches 
sur  Y  ovulation  chez  la  femme,  recherches  qui  dans  un  précédent  concours 
ont  été  l'objet  d'une  mention  honorable. 

(  Renvoi  à  la  future  Commission .  ) 

M.  Passot  adresse  une  Lettre  relative  à  une  communication  qu'il  a  faite 
à  l'Académie,  et  sur  laquelle  il  n'a  pas  été  fait  de  Rapport. 

M.  Girard  de  Yalboxne  exprime  le  désir  de  connaître  le  jugement  qu'aura 
porté  la  Commission  du  legs  Bréant  sur  un  ouvrage  concernant  l'origine, 
la  marche  et  le  traitement  du  choléra  épidémique,  ouvrage  qu'il  a  précé- 
demment adressé  à  l'Académie.  L'ensemble  des  communications  présen- 
tées à  ce  concours  doit  être  l'objet  d'un  Rapport  général  qui  n'a  pas 
encore  été  fait. 

A  5  heures,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  6  heures  et  demie.  F- 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  1 4  janvier  i856,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Traité  d'Électricité  et  de  magnétisme;  par  MM.  BECQUEREL  et  Edmond  Bec- 
querel; t.  III.  Magnétisme  et  Electromagnétisme.  Paris,  i856;  in-8°. 

Des  rapports  de  la  médecine  avec  la  philosophie  ;  parM.  le  Dr  Ch.  Sédillot. 
Strasbourg,  1 855  ;  in-8°. 

Carte  de  l'isthme  de  Suezpour  servir  à  l'intelligence  du  Mémoire  et  de  l'avant- 
projet  relatifs  à  la  communication  à  établir  entre  la  mer  Rouge  et  la  Méditerra- 
née, par  le  percement  direct  de  l'isthme  au  moyen  d'un  canal  maritime  de  Suez  à 
Péluse,  par  MM.  Linant-Bey  et  Mougel-Bey.  (Offerte  au  nom  de  M.  deLes- 
sepsparM.  Jomard.). 

Le  canal  de  Suez  et  la  question  du  tracé;  Lettre  à  M.  le  baron  de  Bruck,  mi- 
nistre des  finances  en  Autriche;  par  MM.  ALEXIS  et  Emile  Barrault.  Paris, 
i 855  ;  br.  in-8°. 


(63) 

Essai  d'une  institution  médicale  basée  sur  la  science  de  l'homme;  par  M.  le 
Dr  J.  Fournet.  Paris,  i855,;  br.  in-8°. 

Anatomie  comparée  des  végétaux;  par  M.  Chatin  ;  ire  livraison  ;  in-8°. 

Du  rôle  de  la  menstruation  dans  la  pathologie  et  la  thérapeutique;  par  M.  A. 
Raciborsk.1,  Paris,  i856;  in-8°.  (Adressé  pour  le  concours  Monty on,  Mé- 
decine et  Chirurgie.  ) 

Etudes  tératologiques  sur  un  encéphale  anoure  appartenant  à  l'espèce  bovine; 
par  M.  N.  Joly  et  A.  Lavocat;  br.  in-8°. 

Note  tendant  à  réfuter  les  assertions  de  Richard  Owen  sur  le  système  digital  des 
Equidés ,  improprement  appelés  Monodactyles;  par  le  même;  \  de  feuille 
in-8°. 

Notice  surf  es  Mémoires  et  les  ouvrages  de  botanique  publiés  par  M.  E.  Ger- 
main de  Saint-Pierre.  Paris,  j  855  ;  br.  in-4°. 

Note  sur  une  circonstance  où  il  y  a  production  de  chaleur  ;  par  M.  Viard  ; 
|  feuille  in-4°. 

Nouvelle  application  de  l'électricité  par  frottement,  sans  commotion  sur 
l'homme  sain  et  sur  l'homme  malade  {cause  et  traitement  rationnel  du  choléra); 
par  M.    P.    Poggioli.   Paris,    i854;   br.   in-8°. 

Index  paleontologicus  oder  ûbersicht...  Coup  d œil  sur  les  organismes  fos- 
siles connus  jusqu'à  ce  jour;  par  M.  H.  Bronn.  Stuttgardt,  1 848  et  1849; 
2  vol.  in-8°. 

Folia  orchidacea,  ou  Ènumération  des  espèces  d'Orchis  connus;  par  M.  LlND- 
ley  ;  parties  VI  et  VII  ;  in-8°, 

Specimina  zoologica  Mosambicana,  cura  J.  Josephi  Bianconi  ;  fasciculi  7, 
8,  9  et  10;  in-4°. 

Sul  colera...  Sur  le  choléra  asiatique  à  Rome;  par  M.  LÉOPOLD  Sabbatini; 
br.  in-8°. 

Sulla  cura...  Sur  la  cure  spécifique  du  choléra  asiatique;  par  le  même; 
br.  in-8°. 

Brani...  Extraits  dune  Lettre  de  M.  Sabbatini  à  M.  H.  sur  la  cure  spéci- 
fique du  choléra  asiatique;  par  le  même;  br.  in-4°. 

(Ces  trois  opuscules  sont  adressés  pour  le  concours  Bréant.) 

Annali...  Annales  des  Sciences  mathématiques  et  physiques  ;  par  M.  B.  Tor- 
tolini.  Août  et  octobre  i855;  in-8°. 

Transactions...  Transactions  de  la  Société  royale  d'Edimbourg;  vol.  XXI  ; 
partie  II;  session  1 854-1 85  5;  in-4°. 


(64) 

Proceedings. . .  Procès-verbaux  de  la  Société  royale  d'Edimbourg;  session 
1 854-i  855;  in-8°. 

Pharmaceutical...  Journal  pharmaceutique  de  Londres;  vol.  XV;  n°  6; 
in-8°. 

Monatsbericht...  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences  de 
Prusse;  novembre  i855;  in-8°. 

Neue  méthode...  Nouvelle  méthode  pour  éviter  et  découvrir  les  fautes  de  cal- 
cul; par  M.  A.  Krônig.  Berlin,  i855;  br.  in-8°. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  [/ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  21  JANVIER   1856. 

PRÉSIDENCE  DE   M.  BINET. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DF.S  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 
optique.  —  Recherches  sur  la  double  réfraction;  par  M.  de  Senarmont. 

«  Je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  lui  soumettre  quelques 
résultats  d'un  travail  encore  inachevé.  Peut-être  aurais-je  dû  en  attendre 
le  terme;  mais  la  constatation  expérimentale  de  divers  faits,  pris  au  hasard 
dans  une  longue  série  de  conséquences  dérivées  du  même  principe,  et 
théoriquement  enchaînées ,  me  semble  déjà  une  présomption  de  vérité 
suffisante  pour  tous  les  autres.  J'ai  d'ailleurs  rencontré  dans  ces  recherches 
des  difficultés  qui  tiennent  surtout  au  manque  de  matériaux  propres  à 
réaliser  les  phénomènes;  ils  peuvent  me  faire  défaut  longtemps  encore, 
et  en  signalant  cet  obstacle,  je  prends  peut-être  le  meilleur  moyen  de  le 
voir  disparaître. 

»  Je  me  suis  proposé  de  soumettre  les  lois  de  la  double  réfraction  à 
une  épreuve  fondée,  non  sur  des  séries  isolées  de  mesures  disjointes,  bor- 
nées à  certaines  directions  particulières,  ou  sur  des  déterminations  numéri- 
ques sans  lien  ;  mais  sur  une  méthode  d'investigation  capable  d'envelopper 
dans  une  manifestation  commune  tout  un  ensemble  d'effets  simultanés,  de 
façon  que  l'expérience  elle-même  devînt  une  traduction  matérielle,  et  une 
représentation  graphique  de  leurs  conditions  de  continuité. 

»  J'ai  emprunté  ce  mode  expérimental  aux  phénomènes  de  la  réflexion 

C.  R.,  i856,  ier  Semestre.  (T.  XLII,  N°  5.)  '  ° 


(66  ) 
totale.  Déjà  ce  corollaire  important  des  règles  de  Descartes  est  pour  les  lois 
de  la  réfraction  simple  une  épreuve  démonstrative;  elle.ne  paraîtra  pas,  je 
pense,  moins  concluante  et  moins  caractéristique  pour  les  lois  de  la  double 
réfraction. 

»  Si  un  point  lumineux  est  plongé  dans  un  milieu  monoréfringent, 
séparé  lui-même  par  une  surface  plane  d'un  second  milieu  monoréfringent 
comme  lui,  mais  dont  l'indice  ait  une  valeur  moindre;  les  rayons  diver- 
gents qui  arrivent  au  second  milieu,  sous  toutes  sortes  d'incidences,  n'y  pé- 
nètrent que  par  une  région  du  plan  de  contact  adjacente  au  pied  du  rayon 
normal,  et  cette  région  centrale  fonctionne  comme  une  ouverture  transpa- 
rente, découpée  dans  une  paroi  opaque  qui  partout  ailleurs  les  réfléchit  à 
la  manière  d'un  miroir  étamé.  Ces  deux  parties  si  différentes  du  plan  ré- 
fringent correspondent  l'une  à  la  réflexion  partielle  accompagnée  de  ré- 
fraction, l'autre  à  la  réflexion  totale,  et  sont  séparées  par  une  ligne  de 
démarcation  circulaire,  unique  et  continue,  correspondante  à  la  réfraction 
limite.  Dans  la  lumière  blanche,  cette  ligne  est  frangée  des  couleurs  de  l'iris. 

»  Si  le  second  milieu  est  biréfringent,  les  choses 'ne  peuvent  plus  se 
passer  d'une  manière  aussi  simple. 

»  Le  rayon  qui  tombe  en  chaque  point  du  plan  réfringent  peut  être 
censé  composé  de  deux  rayons  confondus  qui  se  sépareront  ensuite,  en  y 
pénétrant  partiellement,  l'un  en  vertu  de  la  réfraction  ordinaire,  l'autre  en 
vertu  de  la  réfraction  extraordinaire.  Mais  quand  cette  pénétration  cesse 
d'être  possible  pour  l'un,  elle  peut  et  doit  souvent  persister  pour  l'autre, 
de  sorte  qu'il  devra  en  général  se  former  sur  le  plan  réfringent  des  iris  de 
réflexion  limite  doubles,  distincts,  et  coexistants. 

»  Chacun  de  ces  iris  est  un  lieu  géométrique  des  points  où  les  rayons, 
émanés  du  foyer  de  divergence  extérieur  au  cristal,  demeurent,  après  leur 
réfraction,  soit  ordinaire,  soit  extraordinaire,  compris  dans  le  plan  ré- 
fringent; or  les  points  où  s'établit  cette  transition  de  la  réfraction  à  la 
,  réflexion  totale,  diffèrent,  non-seulement,  dans  chaque  azimut,  pour  l'un  et 
l'autre  rayon,  mais  varient  dans  les  azimuts  divers;  le  nombre,  et  aussi  la 
forme  des  iris  autour  du  pied  de  la  normale,  sont  donc  des  conséquences 
immédiates  des  lois  mêmes  de  la  double  réfraction,  et  doivent  en  traduire 
graphiquement  toutes  les  particularités. 

»  La  théorie,  d'accord  avec  l'observation,  confirme  cette  induction 
logique,  et  sans  entrer  ici  dans  des  détails  qui  ne  seraient  pas  à  leur  place, 
je  résumerai  les  résultats  qu'on  peut  en  déduire,  brièvement  et  sous  forme 
géométrique. 


(67) 

Cristaux  à   un  axe  optique, 

»  Si  le  cristal  est  attractif, 

»  i°.  Lorsque  l'indice  du  milieu  superposé  est  plus  grand  que  l'indice 
maximum  du  cristal  : 

»  Le  premier  iris  est  circulaire;  il  correspond  aux  rayons  ordinaires.  Le 
second  est  concentrique  au  premier,  et  généralement  elliptique;  son 
diamètre  maximum  est  perpendiculaire  à  la  section  principale,  et  inva- 
riable, quelle  que  soit  l'inclinaison  du  plan  réfringent  sur  l'axe  optique  ; 
l'iris  elliptique  enveloppe  d'ailleurs  constamment  l'iris  circulaire. 

»  Si  le  plan  réfringent  était  normal  à  l'axe  optique,  le  second  iris  devien- 
drait circulaire  comme  le  premier  et  lui  serait  extérieur. 

»  Si  ce  plan  était  parallèle  à  l'axe  optique,  le  second  iris  demeurant 
elliptique  serait  tangent  à  l'iris  circulaire ^aux  extrémités  de  son  diamètre 
minimum. 

»  2°.  Lorsque  l'indice  du  milieu  superposé  est  égal  au  plus  grand  des 
deux  indices  principaux  du  cristal  : 

»  Le  premier  iris  est  circulaire;  il  correspond  aux  rayons  ordinaires. 
Le  second  est  concentrique  au  premier,  mais  se  réduit  à  un  système  de 
deux  droites  perpendiculaires  à  la  section  principale  et  extérieures  au  cercle. 

»  Si  le  plan  réfringent  était  normal  à  l'axe  optique,  ces  droites  disparaî- 
traient, parce  qu'elles  s'éloignent  à  l'infini. 

»  Si  ce  plan  était  parallèle  à  l'axe  optique,  les  deux  droites  seraient  tan- 
gentes au  cercle. 

»  3°.  Lorsque  enfin  l'indice  du  milieu  superposé  est  compris  entre  les 
deux  indices  principaux  du  cristal  : 

»  Le  premier  iris  est  circulaire  ;  le  second,  concentrique  au  premier,  ne 
peut  commencer  à  se  développer  que  sous  une  inclinaison  déterminée  du 
plan  réfringent  sur  l'axe  optique.  Il  est  alors  hyperbolique;  son  plus  petit 
diamètre  réel  est  parallèle  à  la  section  principale,  et  ce  diamètre  est  généra- 
lement plus  grand  que  celui  du  cercle.  Il  lui  deviendrait  égal,  et  les  deux 
courbes  seraient  tangentes,  si  le  plan  réfringent  était  parallèle  à  l'axe 
optique. 

»  Si  le  cristal  est  répulsif, 

»  i°.  Lorsque  l'indice  du  milieu  superposé  est  plus  grand  que  l'indice 
maximum  du  cristal  : 

»  Le  premier  iris  est  circulaire;  il  correspond  aux  rayons  ordinaires.  Le 

io., 


(68) 
second  est  généralement  elliptique,  concentrique  au  premier;  son  diamètre 
minimum  est  perpendiculaire  à  la  section  principale,   et  invariable  quelle 
que  soit  l'inclinaison  du  plan  réfringent  sur  l'axe  optique.   L'iris  elliptique 
est  d'ailleurs  constamment  enveloppé  par  l'iris  circulaire. 

»  Si  le  plan  réfringent  était  normal  à  l'axe  optique  ,  le  second  iris  devien- 
drait circulaire  comme  le  premier  et  lui  serait  intérieur. 

»  Si  ce  plan  était  parallèle  à  l'axe  optique,  le  second  iris  demeurant  ellip- 
tique serait  tangent  à  l'iris  circulaire  aux  extrémités  de  son  diamètre  maxi- 
mum. 

»  2°.  Lorsque  l'indice  du  milieu  superposé  est  égal  au  plus  grand  des 
deux  indices  principaux  du  cristal  : 

»  L'iris  circulaire  disparaît;  le  second  iris  est  généralement  elliptique,  et 
son  plus  grand  diamètre  est  parallèle  à  la  section  principale. 

h  Si  le  plan  réfringent  était  normal  à  l'axe  optique,  ce  deuxième  iris 
deviendrait  circulaire. 

»  Si  le  plan  réfringent  était  parallèle  à  l'axe  optique,  le  second  iris  se 
réduirait  à  deux  droites  parallèles  à  la  section  principale. 

»  3°.  Lorsque  l'indice  du  milieu  superposé  est  compris  entre  les  deux  in- 
dices principaux  du  cristal  : 

»  Le  premier  iris  disparaît;  quant  au  second,  il  a  toujours  l'un  de  ses 
diamètres  principaux  normal  à  la  section  principale,  et  de  longueur  inva- 
riable, quelle  que  soit  l'inclinaison  du  plan  réfringent  sur  l'axe  optique. 

»  Il  serait  d'ailleurs  circulaire  si  ce  plan  réfringent  était  normal  à  l'axe 
optique,  deviendrait  de  plus  en  plus  elliptique,  avec  son  plus  grand  dia- 
mètre parallèle  à  la  section  principale,  à  mesure  que  le  plan  réfringent 
prendrait  sur  le  même  axe  une  inclinaison  croissante;  il  se  changerait  en 
deux  droites  parallèles  à  la  section  principale  lorsque  cette  inclinaison  pas- 
serait par  une  valeur  déterminée;  et  prendrait  ensuite  la  forme  hyperbo- 
lique, avec  son  plus  petit  diamètre  réel  normal  à  la  section  principale,  et 
une  augmentation  progressive  d'excentricité,  à  mesure  que  le  plan  réfrin- 
gent s'approcherait  d'être  parallèle  à  l'axe  optique. 

Cristaux   à  deux  axa  optiques. 

»  Lorsqu'il  s'est  agi  des  cristaux  à  un  axe  optique,  j'ai  supposé  au  pian 
réfringent  une  direction  quelconque.  Pour  les  cristaux  à  deux  axes  opti- 
ques, ce  cas  général  conduirait  probablement  à  des  résidtats  beaucoup  plus 
compliqués;  je  me  suis  borné,  quant  à  présent,  aux  phénomènes  particu- 
liers, et  nécessairement  plus  simples,  qui   correspondent  à   la  réfraction 


(69) 
limite  sur  des  plans  parallèles  aux  trois  sections  principales  de  la  surface  de 
l'onde. 

»  Sur  un  plan  réfringent  normal  à  l'axe  de  plus  grande  élasticité, 

»  i°.  Lorsque  l'indice  du  milieu  superposé  est  plus  grand  que  le  plus 
grand  des  trois  indices  principaux  du  cristal  : 

»  Le  premier  iris  est  un  cercle,  le  second  est  une  ellipse  concentrique 
qui  enveloppe  entièrement  ce  cercle,  et  dont  le  diamètre  maximum  est  dirigé 
suivant  l'axe  de  moyenne  élasticité. 

»  20.  Lorsque  l'indice  du  milieu  superposé  est  égal  au  plus  grand  des 
trois  indices  principaux  du  cristal: 

»  Le  premier  iris  est  toujours  un  cercle,  le  second  se  réduit  à  un  système 
de  deux  droites  concentriques  à  ce  cercle  et  parallèles  à  l'axe  de  moyenne 
élasticité. 

»  3°.  Lorsque  l'indice  du  milieu  superposé  est  compris  entre  l'indice 
maximum  et  moyen  du  cristal  : 

»  Le  premier  iris  est  un  cercle,  le  second  une  hyperbole  concentrique  et 
extérieure  à  ce  cercle,  et  dont  le  plus  petit  diamètre  réel  est  l'axe  de  plus 
petite  élasticité. 

»  4°-  Lorsque  enfin  l'indice  du  milieu  superposé  est  égal  ou  inférieur  à 
l'indice  moyen  du  cristal  ,  tout  en  restant  plus  grand  que  l'indice  minimum  : 

«   L'iris  circulaire  est  le  seul  qui  continue  à  subsister. 

»   Sur  un  plan  réfringent  normal  à  l'axe  de  plus  petite  élasticité, 

»  i°.  Lorsque  l'indice  du  milieu  superposé  est  plus  grand  que  le  plus 
grand  des  trois  indices  principaux  du  cristal  : 

»  Le  premier  iris  en  un  cercle;  le  second  est  une  ellipse  concentrique, 
entièrement  enveloppée  par  le  cercle,  et  dont  le  diamètre  maximum  est 
dirigé  suivant  Taxe  de  plus  grande  élasticité. 

»  2°.  Lorsque  l'indice  du  milieu  superposé  est  égal  au  plus  grand  des 
trois  indices  principaux  du  cristal  : 

»  Le  premier  iris  disparaît;  le  second  est  elliptique,  avec  son  diamètre 
maximum  dirigé  suivant  l'axe  de  plus  grande  élasticité. 

»  3°.  Lorsque  l'indice  du  milieu  superposé  est  égal  à  l'indice  moyen 
du  cristal  : 

»  Le  premier  iris  disparaît;  le  second  se  réduit  à  deux  droites  parallèles  à 
l'axe  de  plus  grande  élasticité. 

»  4°-  Lorsque  enfin  l'indice  du  milieu  superposé  est  plus  petit  que  l'in- 
dice moyen  du  cristal  : 


(  7°) 
»  Le  premier  iris  disparaît;  le  second  se  réduit  à  une  hyperbole  dont  le 
plus  petit  diamètre  réel  est  parallèle  à  l'axe  de  moyenne  élasticité. 

»  Sur  un  plan  réfringent  normal  à  l'axe  de  moyenne  élasticité, 

»  i°.  Lorsque  l'indice  du  milieu  superposé  est  plus  grand  que  le  plus 
grand  des  trois  indices  principaux  du  cristal  : 

»  Le  premier  iris  est  un  cercle  ;  le  second  est  une  ellipse  concentrique 
dont  le  diamètre  maximum  est  parallèle  à  l'axe  de  plus  grande  élasticité. 

»  Le  rayon  du  cercle  est  intermédiaire  entre  les  diamètres  maximum  et 
minimum  de  l'ellipse;  de  sorte  que  ces  courbes  concentriques  se  coupent  en 
quatre  points  sur  des  diamètres  parallèles  aux  axes  optiques  proprement  dits 
(  axes  de  réfraction  conique  intérieure,  uniradiale  ou  cylindrique  extérieure). 

»  20.  Lorsque  l'indice  du  milieu  superposé  est  égal  au  plus  grand  des  trois 
indices  principaux  du  cristal  : 

»  Le  premier  iris  est  circulaire  ;  le  second  se  réduit  à  un  système  de  deux 
droites  concentriques  au  cercle  et  parallèles  à  l'axe  de  plus  grande  élasticité  : 
elles  coupent  le  cercle  en  quatre  points  sur  les  diamètres  parallèles  aux  axes 
optiques. 

»  3°.  Lorsque  l'indice  du  milieu  superposé  est  compris  entre  l'indice 
maximum  et  l'indice  moyen  du  cristal  : 

»  Le  premier  iris  est  circulaire;  le  second  est  une  hyperbole  concentri- 
que, qui  a  son  diamètre  réel  minimum  parallèle  à  l'axe  de  plus  petite  élas- 
ticité. Elle  coupe  le  cercle  en  quatre  points  sur  les  diamètres  parallèles  aux 
axes  optiques. 

■o  4°-  Lorsque  enfin  l'indice  du  milieu  superposé  est  égal  ou  inférieur  à 
l'indice  moyen  du  cristal  : 

»  Le  premier  iris  disparaît;  le  second  est  hyperbolique  :  son  diamètre 
réel  minimum  est  parallèle  à  l'axe  de  plus  petite  élasticité. 

»  Ce  plan  réfringent  présente  donc  jusqu'ici  des  phénomènes  généraux 
comparables  à  ceux  qui  s'observent  sur  les  deux  autres,  mais  avec  des 
restrictions  et  des  particularités  tout  à  fait  caractéristiques,  qui  nous  res- 
tent à  exposer. 

»  Les  deux  nappes  coniques,  qui  ont  leurs  sommets  au  point  lumineux  et 
leurs  bases  sur  les  deux  iris,  ont  quatre  génératrices  communes  qui  abou- 
tissent aux  intersections  de  ces  courbes. 

»  Ces  quatre  génératrices  appartiennent  donc  à  la  fois  aux  deux  lieux 
géométriques  des  rayons  incidents  sous  l'angle  de  réflexion  limite;  les 
quatre  rayons  correspondants  échappent  cependant  à  cette  réflexion. 


(  V  ) 

«  Ils  éprouvent  en  pénétrant  dans  le  cristal  la  réfraction  conique  inté- 
rieure, et  en  s'épanouissant  ainsi  sur  la  nappe  superficielle  d'un  cône,  ils 
cessent  d'être  compris  dans  le  plan  réfringent. 

»  Si  donc  Je  cristal  est  limité  par  deux  surfaces  parallèles,  ces  rayons  as- 
sortiront, parallèlement  à  leur  direction  d'incidence  primitive,  en  formant 
un  cylindre  émergent  à  base  hyperbolique. 

»  Cette  hyperbole  est  en  même  temps  la  base  du  faisceau  conique  inté- 
rieur incident,  et  du  faisceau  cylindrique  extérieur  émergent;  elle  est  con- 
centrique aux  deux  iris,  et  a  pour  asymptotes  la  direction  de  l'un  des  axes 
optiques  proprement  dits,  et  la  direction  de  l'un  des  axes  optiques  secon- 
daires [axes  de  réfraction  uniradiale  intérieure,  conique  extérieure}. 

»  Ce  n'est  pas  tout^encore  : 

»  Des  groupes  particuliers  de  rayons,  dont  les  points  d'incidence  sont 
extérieurs  aux  deux  iris,  en  dehors  par  conséquent  du  lieu  des  réfractions 
limites,  et  dans  le  champ  généralement  réservé  à  la  réflexion  totale,  échap- 
pent cependant  à  cette  réflexion,  et  n'éprouvent  en  réalité  que  la  réfraction 
limite. 

»  Ces  rayons  forment  autour  des  axes  optiques  secondaires  des  cônes  de 
révolution;  ils  tombent  ainsi  sur  le  plan  réfringent  sous  des  incidences 
très-diverses ,  mais  toutes  convenables  à  la  réfraction  conique  extérieure  et 
uniradiale  intérieure;  ils  pénètrent  donc  dans  le  cristal  pour  y  prendre 
cette  direction  uniradiale,  sans  sortir  du  plan  réfringent. 

j>  Le  lieu  géométrique  des  points  où  chacun  de  ces  groupes  de  rayons 
exceptionnels  rencontre  le  plan  réfringent,  est  une  hyperbole  concentrique 
aux  deux  iris,  tangente  à  ces  deux  courbes,  et  dont  le  diamètre  principal 
réel  est  parallèle  à  un  axe  optique  secondaire.  Les  lieux  géométriques  de 
ses  points  de  contact  avec  les  deux  iris  sont  d'ailleurs  les  deux  génératrices 
d'intersection  du  plan  réfringent  avec  la  surface  conique  que  forment,  à 
l'intérieur  du  cristal,  les  directions  de  propagation  normale,  en  nombre 
infini,  correspondantes  à  la  direction  uniradiale  du  rayon  réfracté. 

»  Les  deux  iris  de  réfraction  limite  seront,  dans  toutes  les  circonstances 
que  nous  venons,.d'examiner,  d'autant  plus  séparés  que  les  trois  indices  du 
milieu  biréfringent  seront  plus  inégaux.  Une  propriété  spéciale  servira  en- 
core à  les  caractériser,  et  aidera  l'observateur  à  les  démêler  lorsqu'ils  seront 
presque  superposés  et  paraîtront  confondus. 

»  Chacun  de  ces  iris  est,  comme  on  l'a  dit,  un  lieu  géométrique  des 
points  où  commence  la  réfraction  limite,  pour  la  portion  de  lumière  inci- 


(  7*  ) 
dente  destinée  à  fournir  le  rayon  soit  ordinaire,  soit  extraordinaire;  ces 
iris  seront,  par  conséquent,  polarisés  à  l'angle  droit. 

»  C'est  aussi  à  la  réflexion  totale  d'une  seule  de  ces  portions  de  la  lu- 
mière incidente  que  l'intervalle  interposé  entre  les  deux  iris  emprunte  son 
aspect  de  miroir  étamé  ;  il  doit  donc  perdre  cette  apparence,  si  la  lumière 
réfléchie  totalement,  pour  laquelle  il  a  fonctionné  ainsi,  vient  s'éteindre 
dans  un  analyseur.  Pendant  la  rotation  de  l'analyseur,  cette  région  du  plan 
réfringent  présente  alternativement  le  singulier  phénomène  d'une  paroi 
tantôt  opaque  et  comme  métallique,  tantôt  vitreuse  et  transparente.  Cet 
effet  est  surtout  manifeste  toutes  les  fois  que  l'un  des  iris  subsiste  seul ,  et 
partage  le  champ  du  cristal  en  deux  parties  où  la  réflexion  se  montre  ainsi 
avec  un  caractère  absolument  opposé. 

»  Les  phénomènes  que  nous  venons  de  parcourir  offrent  autant  de 
traits  caractéristiques  de  la  double  réfraction;  malheureusement  la  théorie, 
qui  les  fait  prévoir,  montre  en  même  temps  que  les  données  physiques  né- 
cessaires à  la  manifestation  expérimentale  de  plusieurs  particularités  essen- 
tielles doivent  satisfaire  à  des  conditions  difficiles  à  concilier. 

»  D'une  part,  en  effet,  le  double  iris  ne  peut  apparaître  que  si  l'indice 
unique  du  milieu  monoréfringent  est  supérieur  aux  trois,  ou  au  moins  à 
deux  des  trois  indices  principaux  du  cristal;  et  d'une  autre  part,  il  faut 
entre  ceux-ci  une  inégalité  marquée,  pour  que  ces  iris  soient  nettement 
séparés.  Où  trouver  des  liquides  dont  la  réfraction  soit  assez  forte,  et  des 
cristaux  dont  les  trois  réfractions  principales  soient  en  même  temps  assez 
faibles  et  assez  différentes  pour  réunir  ces  conditions  presque  contradic- 
toires? 

»  On  ne  peut  guère,  en  effet,  superposer  aux  cristaux  d'autres  milieux 
monoréfringents  que  des  liquides.  J'ai  surtout  employé  le  sulfure  de  car- 
bone, préférable  à  tout  autre,  à  cause  de  l'énergie  de  son  pouvoir  réfrin- 
gent, s'il  n'était  accompagné  d'un  énorme  pouvoir  dispersif.  Cette  disper- 
sion élargit  immodérément,  dans  la  lumière  blanche,  les  iris  de  réfraction 
limite;  et  leurs  contours  deviennent  d'autant  plus  fondus  et  plus  vagues 
qu'il  faut  les  observer  aux  incidences  presque  rasantes.  Une  lumière  homo- 
gène remédie  en  partie  à  ces  inconvénients,  mais  s'applique  mal  à  des  expé- 
riences qui  exigeraient  une  certaine  intensité. 

»  Quant  aux  cristaux,  il  en  est  très-peu,  même  parmi  ceux  qui  se  prêtent 
le  mieux  aux  usages  ordinaires  de  l'optique,  qu'on  puisse  faire  servir  à  ces 
recherches;  presque  tous  sont  trop  réfringents,  leurs  indices  sont  supérieurs 
ou  égaux  à  l'indice  du  sulfure  de  carbone. 


(  ?3  ) 

»  Les  expériences  de  réflexion  totale,  sur  les  cristaux,  ne  sont  donc  pas 
seulement  difficiles  et  délicates  par  elles-mêmes  ;  les  principaux  obstacles, 
je  le  répète,  viennent  plus  encore  du  manque  de  matériaux  liquides  ou  soli- 
des réunissant  les  qualités  désirables.  Quoique  j'aie  éprouvé  divers  liquides, 
il  est  douteux  qu'aucun  puisse  avec  avantage  être  généralement  substitué 
au  sulfure  de  carbone  ;  il  est  possible,  au  contraire,  que  l'on  parvienne  à 
rencontrer,  parmi  les  sels,  et  surtout  parmi  les  sels  hydratés,  des  cristaux 
possédant  une  double  réfraction  suffisante,  avec  une  réfringence  assez  faible 
en  valeur  absolue. 

»  Mais  ici  survient  un  empêchement  nouveau  :  il  faut  que  ces  cristaux 
soient  homogènes  et  assez  volumineux  pour  qu'on  puisse  tailler  et  polir  des 
surfaces  planes  de  quelque  étendue;  les  arts  n'en  fournissent  qu'un  petit 
nombre  qui  satisfassent  à  cette  dernière  condition,  et  pour  en  obtenir 
d'autres  il  faudrait  les  préparer  en  grand,  et  appliquer  à  ce  but  spécial  des 
moyens  qui  n'appartiennent  guère  qu'à  l'industrie.   » 

chimie.  —  Note  sur  la  préparation  de  l'uranium  ;  par  M.  Eue  Peijgot. 

«  J'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  quelques  mor- 
ceaux d'uranium,  fondus  à  une  haute  température. 

»  Lorsque  j'ai  fait  connaître  ce  métal  à  l'état  isolé,  en  1842»  j'ai  montré 
qu'en  traitant  le  protochlorure  d'uranium  par  le  potassium,  on  l'obtient, 
partie  en  poudre  noire,  partie  à  l'état  aggloméré,  sous  forme  de  plaques 
ayant  un  éclat  métallique  comparable  à  celui  de  l'argent  :  mais,  comme 
cette  opération  était  faite  dans  un  creuset  de  platine,  on  devait  craindre 
la  formation  d'un  alliage  d'uranium  et  de  platine.  J'ai  constaté,  en  effet,  la 
présence  d'une  petite  quantité  de  platine  que  j'ai  signalé  dans  les  parties 
douées  de  l'éclat  métallique.  J'avais  essayé  à  plusieurs  reprises,  à  cette 
époque,  de  produire  l'uranium  dans  des  creusets  non  métalliques;  mais 
ceux-ci  étaient  constamment  brisés  par  l'élévation  trop  subite  de  tempé- 
rature que  développe  la  réaction. 

»  La  facilité  avec  laquelle  on  se  procure  aujourd'hui  le  sodium,  grâce 
aux  perfectionnements  heureux  introduits  par  M.  H.  Deville  dans  la  pré- 
paration de  ce  métal,  m'a  engagé  à  reprendre  mes  essais,  en  substituant  le 
sodium  au  potassium.  Après  plusieurs  tentatives  infructueuses,  j'ai  réussi 
à  obtenir  l'uranium  pur  et  fondu,  avec  des  caractères  vraiment  métalliques, 
en  procédant  de  la  manière  suivante  : 

»>  On  introduit  dans  un  creuset  de  porcelaine  vernie  la  quantité  de  sodium 
nécessaire  pour  décomposer  le  protochlorure  vert   d'uranium    préparé, 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XIII,  N°  3.)  '  I 


(  74  ) 
comme  je  l'ai  indiqué,  en  soumettant  un  des  oxydes  de  ce  métal  à  l'action 
simultanée  du  chlore  et  du  charbon.  On  recouvre  le  sodium  avec  du  chlo- 
rure de  potassium  bien  sec,  puis  avec  un  mélange  de  ce  même  sel  et  du 
chlorure  d'uranium  à  décomposer  :  le  creuset,  muni  de  son  couvercle,  est 
placé  dans  un  creuset  en  terre  brasqué,  qu'on  remplit  avec  du  poussier  de 
charbon,  et  qu'on  ferme  aussi  avec  son  couvercle  en  terre.  L'addition  du 
chlorure  de  potassium  a  pour  objet  de  rendre  la  réaction  moins  instantanée 
et  moins  vive. 

»  Le  creuset  est  chauffé  jusqu'à  ce  que  la  réaction  se  manifeste;  on  en 
est  averti  par  le  bruit  qu'on  entend  à  ce  moment;  on  porte  immédiate- 
ment ce  creuset  dans  le  fourneau  à  vent  et  on  le  chauffe  au  rouge  blanc 
pendant  quinze  à  vingt  minutes  ;  quand  il  est  refroidi,  on  trouve  dans  le 
creuset  de  porcelaine  une  scorie  fondue  qui  renferme  plusieurs  globules 
d'uranium. 

»  Ainsi  préparé,  ce  métal  est  doué  d'une  certaine  malléabilité  ;  quoique 
dur,  il  est  facilement  rayé  par  l'acier;  sa  couleur  rappelle  celle  du  nickel 
ou  du  fer.  Il  prend  à  l'air  une  teinte  un  peu  jaunâtre,  par  suite  d'une 
légère  oxydation  superficielle.  Chauffé  au  rouge,  il  présente  subitement 
une  vive  incandescence  et  il  se  recouvre  d'un  oxyde  noir  volumineux,  dans 
l'intérieur  duquel  on  retrouve  le  métal  non  encore  oxydé,  si  l'action  de 
la  chaleur  a  été  arrêtée  à  temps. 

»  Sa  densité  est  fort  remarquable;  elle  est  égale  à  1 8,4-  Ainsi  c'est,  après  le 
platine  et  l'or,  le  corps  le  plus  dense  que  nous  connaissions.  Cette  pesan- 
teur spécifique  justifie  peut-être  aussi  l'équivalent  élevé  que  j'ai  attribué  à 
ce  métal. 

»  J'ai  constaté  qu'on  peut  obtenir  également  l'uranium  au  moyen  du 
même  chlorure  vert  et  de  l'aluminium.  Son  isolement  par  cette  réaction 
est  dû  sans  doute  à  la  grande  volatilité  du  chlorure  d'aluminium. 

»  Je  me  propose  de  continuer  l'étude  de  ce  métal,  dont  les  propriétés 
physiques  et  chimiques  diffèrent  beaucoup  de  celles  des  autres  métaux.   » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  M.  Le  Verrier,  en  communiquant  un  travail  fait 
par  MM.  Goujon  et  Liais,  pour  la  détermination  des  éléments  magnétiques 
à  l'Observatoire  impérial  de  Paris,  présente  à  ce  sujet  les  considérations 
suivantes  : 

«  Les  éléments  magnétiques,  en  un  point  déterminé  du  globe,  éprouvent 
des  changements  compris  dans  des  périodes  diverses  :  i°  des  variations 
séculaires;  c'est  ainsi  que  l'aiguille  de  déclinaison  qui,  jusqu'au  commen- 
cement du  siècle,  s'éloignait  du  pôle   nord,  s'en  rapproche  maintenant; 


(  75  ) 
2°  des   variations  annuelles  ;    3°  des  variations  diurnes.  Outre  ces  varia- 
tions périodiques  et  quelques  autres,  que  des   travaux  récents  semblent 
indiquer,  il  se  produit  encore  des  perturbations  accidentelles. 

»  Voulant  introduire  à  l'Observatoire  de  Paris  un  système  complet 
d'observations  magnétiques,  conforme  à  l'état  actuel  de  la  science,  j'ai  re- 
connu la  nécessité  d'établir  des  instruments  à  indications  continues  pour 
l'étude  des  variations  à  courtes  périodes  et  des  perturbations  accidentelles. 
D'un  autre  côté,  il  m'a  paru  indispensable  de  rechercher  avant  tout  les 
influences  des  fers  de  l'Observatoire  et  des  environs  sur  les  déterminations 
faites  dans  cet  établissement,  afin  de  corriger  les  observations  et  d'obtenir 
des  données  précises  pour  l'étude  des  périodes  séculaires. 

»  Des  instruments  à  indications  continues,  donnant  les  trois  composantes 
du  magnétisme,  viennent  d'être  installés  à  l'Observatoire.  Leur  description 
fera  l'objet  d'une  prochaine  communication.  Aujourd'hui  je  me  bornerai  à 
entretenir  l'Académie  de  la  détermination  des  corrections  nécessitées  par  la 
présence  du  fer  dans  les  environs. 

»  En  i85/j,  des  observations  faites  dans  les  pavillons  de  l'est  et  de  l'ouest 
de  la  terrasse  nous  avaient  indiqué  une  différence  de  6'  55"  entre  los  décli- 
naisons obtenues  en  ces  deux  points.  Or  rien  ne  prouvait  que  la  déclinaison 
réelle  fût  comprise  entre  les  deux  valeurs  ainsi  obtenues  ;  elle  pouvait  aussi 
bien  se  trouver  en  dehors  d'elles,  et  c'est,  au  reste,  ce  que  l'expérience  a 
montré  postérieurement,  comme  on  le  verra  plus  loin.  De  là  l'indispensable 
nécessité  d'une  étude  approfondie  de  l'état  magnétique  de  notre  Observa- 
toire. Une  semblable  recherche  serait  sans  doute  utile  dans  d'autres  éta- 
blissements, et  particulièrement  dans  ceux  qui  sont  situés  à  proximité  de 
grandes  villes. 

»  J'ai  donc  chargé  MM.  Goujon  et  Liais  de  la  détermination  de  l'ensemble 
descorrectionsàappliquer  aux  éléments  magnétiques  obtenusà  l'Observatoire. 
Leur  travail  a  été  exécuté  avec  des  soins  et  une  exactitude  extrêmes.  Aussi  est- 
il  remarquable  par  la  précision  et  la  concordance  des  résultats. 

»  Les  trois  éléments  magnétiques  ont  été  déterminés  en  plusieurs  points  de 
l'enceinte  de  l'Observatoire  et  en  outre  dans  quatre  stations  situées  au  nord, 
au  sud,  à  l'est  et  à  l'ouest  de  l'Observatoire,  mais  àdes  distances  assez  grandes 
pour  qu'on  fût  assuré  d'arriver  à  des  conclusions  sensiblement  indépendantes 
du  voisinage  de  Paris.  Ces  stations  sont  :  i°  Montrouge,  enceinte  de  la 
mire  de  l'Observatoire  établie  dans  cette  localité;  a°  plaine  Saint-Denis,  à 
200  mètres  au  nord  des  fortifications;  3°  parc  de  Saint-Cloud,  à  4oo  mètres 
ouest  de  la  Lanterne  de  Diogène  ;  4°  polygone  de  Vincennes,  à  5oo  mètres 
sud-est  du  donjon. 

il.. 


(76) 

»  Les  instruments  employés  étaient  des  boussoles  de  Gambey. 

»  Pendant  les  diverses  déterminations  absolues,  les  indications  d'instru- 
ments de  variation  (déclinaison,  inclinaison  et  force  horizontale)  ont  été 
suivies  régulièrement  à  l'Observatoire.  Les  valeurs  des  divisions  de  tous  ces 
instruments  et  les  corrections  dépendantes  de  la  température  des  aiguilles 
ont  été  mesurées  avec  un  grand  soin. 

»  Dans  chacune  des  stations  le  méridien  astronomique  a  été,  par  une  trian- 
gulation, déduit  de  celui  de  l'Observatoire.  Dans  l'enceinte  même  de  l'Ob- 
servatoire, on  s'est  servi  du  cercle  de  Gambey  comme  d'un  collimateur,  et 
l'on  a  ensuite  déterminé,  à  l'aide  d'observations  astronomiques,  la  situation 
de  cet  instrument  par  rapport  au  méridien. 

»  Les  courants  d'air  pouvant  influer  sur  la  situation  de  l'aiguille,  les  ob- 
servations ont  été  faites  sous  une  tente  que  nous  a  donnée  M.  le  Maréchal 
Vaillant. 

»  L'ensemble  de  ces  opérations,  rapportées  à  l'aide  des  instruments  de 
variation  au  même  instant,  savoir  le  7  septembre  à  ah  3om  du  soir,  a  donné 
les  résultats  suivants  : 


Résultat  déduit  des  quatre  stations  extérieures 

Pavillon  ouest ' 

Pavillon  central 

Enceinte  de  l'Ob-  J  Nouveau  pavillon  magnétique 

servatoire J  Pavillon  est 

Station  placée  à  20  mètres  de  la  face 
sud  de  l'Observatoire 


Déclinaison. 

1 9"  57' 45" 
20 .  o .  6 

20.  4-24 

20.  5.53 
20.  6.22 

20. 18  27 


Inclinaison. 

66°  3o'  6" 
66.29.4 
66.24.3 
66.29.3 
66 . 29 . o 

66.i5.8 


»  Au  moyen  des  inclinaisons  observées  dans  chaque  station,  MM.  Goujon 
et  Liais  ont  calculé  les  intensités  totales  résultant  des  intensités  horizontales. 
La  comparaison  des  déterminations  faites  à  l'Observatoire  et  aux  environs 
de  Paris  a  montré  que  l'intensité  est  trop  faible,  savoir  : 

Au  pavillon  de  l'ouest,  de o,oo328  de  sa  valeur. 

Au  pavillon  central,  de 0,00147  ' 

Au  cabinet  magnétique  (pilier  du  magnétomètre  bifilaire),  de  o  ,0023 1  » 

Au  cabinet  magnétique  (  pilier  du  magnétomètre  de  force 

verticale),  de 0,00226  » 

A  20  mètres  de  la  face  sud  du  bâtiment,  de o,oo5i4  » 

»  En  résumé,  les  conclusions  à  tirer  du  travail  de  MM.  Goujon  et  Liais 
sont  les  suivantes  : 

»   i°.  Tant  que  les  grandes  masses  de  fer  existant  à  l'Observatoire  et  dans 


(77) 
les  environs  ne  subiront  pas  de  changements,  on  pourra  obtenir  dans  cet 
établissement  les  vrais  éléments  magnétiques  correspondant  à  ce  lieu,  en 

retranchant  des  déclinaisons  observées  : 

i 
8'  37"  au  pavillon  de  l'est  ; 

8'    8"  au  nouveau  cabinet  magnétique  ; 

6'  3g"  au  pavillon  central  ; 

7.'  21"  au  pavillon  de  l'ouest. 

»  Pour  les  inclinaisons,  sauf  au  pavillon  central  et  près  du  bâtiment,  les 
corrections  sont  petites  et  à  peu  près  de  l'ordre  des  erreurs  d'une  observa- 
tion; car  on  sait  que  la  détermination  des  inclinaisons  ne  comporte  pas 
autant  de  précision  que  celle  des  déclinaisons.  MM.  Goujon  et  Liais  ont 
cependant  eu  soin  de  faire  usage  d'une  aiguille  de  Gambey  tellement  bien 
équilibrée,  que  les  deux  inclinaisons  ne  diffèrent  que  de  i5  minutes  avant 
et  après  le  retournement  des  pôles,  circonstance  qui  élimine  presque  com- 
plètement l'influence  de  l'intensité  du  magnétisme  de  l'aiguille. 

»  20.  Les  déterminations  antérieures  devraient  subir  des  corrections. 
Mais  à  partir  de  quelle  époque  faut-il  appliquer  les  corrections  actuelles?  Il 
est  assez  difficile  de  le  préciser.  Peut-être  pourrait-on  admettre  que  ces 
corrections  ont  conservé  la  même  valeur  depuis  la  construction  du  grand 
toit  en  fer  au-dessus  de  la  tour  de  l'est,  et  dans  ce  cas  les  mesures  prises  au 
pavillon  central  devraient  être  diminuées  de  6'  39"  pour  la  déclinaison  et 
augmentées  de  6' 3"  pour  l'inclinaison. 

n  3°.  Les  observations  faites  à  Vincennes  et  à  Saint-Cloud  ont,  suivant 
la  remarque  de  MM.  Goujon  et  Liais,  donné,  pour  les  variations  de 
déclinaison  et  d'intensité  dépendantes  de  la  longitude,  des  valeurs  plus 
fortes  que  celles  qu'on  avait  déduites  d'observations  antérieures  faites  en 
France.  Cette  anomalie,  dont  l'exactitude  des  observations  ne  permet  pas 
de  douter,  semble  difficile  à  expliquer  par  la  seule  action  des  fers  de  Paris. 
Il  y  a  donc  intérêt  à  poursuivre,  aux  environs  de  la  capitale,  l'étude  des 
changements  des  éléments  magnétiques  avec  la  longitude.  On  se  propose 
de  faire  à  ce  sujet  de  nouvelles  recherches  dans  des  stations  plus  éloignées.  » 

«  A  la  suite  de  cette  communication ,  M.  Le  Verrier  annonce  que  des 
mesures  viennent  d'être  prises  pour  l'installation  immédiate  d'études  météo- 
rologiques et  magnétiques  à  Alger.  Après  avoir  entretenu  l'Académie  de  cette 
question,  dans  la  séance  du  19  mars  i855,  il  avait  adressé  un  projet 
d'organisation  à  MM.  les  Ministres  de  la  Guerre  et  de  l'Instruction  publi- 
que. C'est  ce  projet  que  Leurs  Excellences,  éclairées  par  une  discussion 


(  7») 
récente  et  à£laquelle    M.  le  Maréchal  Vaillant  a  pris  une  part  décisive, 
ont  bien   voulu    adopter.    Deux    arrêtés  ont    mis  à    la    disposition    du 
Directeur  de  l'Observatoire  de  Paris  les  fonds  nécessaires  pour  un  premier 
établissement.   » 

météorologie.  —  Observation  faite  à  Caen  du  météore  lumineux  du 
7  janvier  (i);  Lettre  de  M.  Eudes  Deslongchamps  à  M.  Élie  de 
Beaumont. 

«  Je  viens  d'être  témoin  du  passage  d'un  météore  igné  sur  notre  ville. 
Comme  j'ai  pu  l'observer  avec  quelque  précision,  je  m'empresse  de  vous 
en  communiquer  l'observation  avec  tous  les  détails  que  j'ai  pu  y  rattacher, 
dans  l'espérance  qu'elle  pourra  être  de  quelque  utilité. 

»  Aujourd'hui  7  janvier,  à  5  heures  moins  un  quart  (à  ma  montre  qui 
comme  toutes  les  horloges  de  notre  ville  est  en  retard  de  douze  minutes  sur 
l'horloge  de  la  gare  de  notre  chemin  de  fer,  laquelle  doit  être  réglée  sur 
l'heure  de  Paris ,  ou  au  moins  sur  les  horloges  des  chemins  de  fer),  je  pas- 
sais, accompagné  de  mon  fils,  rue  de  Bayeux  ;  nous  n'étions  que  de  quel- 
ques pas  engagés  dans  cette  rue  qui  commence  à  la  place  dite  des  Petites- 
Boucheries  (  la  rue  de  Bayeux,  à  Caen,  est  à  peu  près  orientée  de  l'est  à 
l'ouest);  nous  marchions  vers  l'ouest.  L'atmosphère  était  alors  très-calme; 
aucune  haleine  de  vent  ne  se  faisait  sentir.  Le  ciel,  dans  les  points  que  nous 
pouvions  apercevoir,  était  entièrement  dégagé  de  nuages.  La  nuit  n'était  pas 
encore  venue,  quoique  la  clarté  du  jour  fût  notablement  diminuée  ;  la 
journée  avait  été  fort  humide,  et  les  pavés  de  la  rue  étaient  mouillés  d'hu- 
midité. Mes  yeux  étaient  en  ce  moment  dirigés  vers  le  sol,  à  quelques  pas 
devant  moi.  Tout  à  coup  une  clarté  subite  est  venue  éclairer  les  pavés  vers 
lesquels  se  dirigeaient  mes  yeux,  et  les  a  rendus  miroitants  d'une  lumière 
intense,  de  couleur  rougeâtre.  Une  seconde  ou  une  seconde  et  demie  après 
la  disparition  de  cette  clarté,  qui  a  été  instantanée,  j'ai  entendu,  et  mon 
fils  aussi,  un  bruit  ressemblant  au  crépitement  rapide  et  successif  que  pro- 
duirait une  forte  fusée  volante,  dont  on  serait  très-près.  Machinalement 
j'ai  porté  mes  yeux  vers  le  ciel,  et  j'ai  vu  au  ciel  à  une  hauteur  de  1)5 
à  5o  degrés  environ  au-dessus  de  l'horizon  ,  une  traînée  lumineuse 
formée  d'étincelles,  et  ressemblant  entièrement  à  celle  que  produirait 
une   fusée  volante,  mais  plus  fournie,  et  d'une  assez   grande  longueur. 

(1)  Voir  pour  l'observation  du  même  météore   au  Havre  la  Lettre  de  M.  Lecadre  [Compte 
rendu  du  vl\  janvier). 


(79) 
*  Cette  traînée  m'a  paru  couper  la  direction  de  la  rue  de  Bayeux ,  de 
manière  à  ce  qu'elle  eût  marché  du  nord-est  ou  du  nord-nord-est  vers  le 
sud-ouest  ou  sud-sud-ouest;  elle  s'avançait  assez  rapidement  Vers  ce  point, 
mais  pas  plus  que  ne  le  ferait  une  fusée  volante.  Bientôt  (après  une  demi- 
seconde  environ)  la  traînée  étincelante  a  paru  s'arrêter  dans  sa  partie  pos- 
térieure; mais  sa  partie  antérieure,  ou  sud-ouest,  s'est  allongée  et  comme 
étirée,  en  continuant  sa  marche,  puis  il  est  sorti  de  son  extrémité  sud-ouest 
un  corps  d'une  forme  à  peu  près  globuleuse,  qui  paraissait  au  moins  du 
volume  des  deux  poings  réunis.  Ce  globe  a  continué  de  s'avancer  dans  la 
direction  de  la  traînée,  mais  sans  en  être  suivi  ;  il  faisait  tache  obscure  sur 
le  fond  du  ciel;  cependant  il  montrait  sur  ses  côtés,  et  peut-être  aussi  en 
arrière,  de  larges  plaques  incandescentes,  rougeàtres,  brillantes  ;  et,  con- 
tinuant sa  marche,  il  a  bientôt  été  caché  à  mes  yeux  par  les  toits  des 
maisons.  Il  s'est  à  peine  écoulé  une  seconde  depuis  l'instant  où  le  globe 
obscur  s'est  dégagé  de  la  traînée  lumineuse,  jusqu'au  moment  où  j'ai  cessé 
de  le  voir. 

»  Dans  tout  ce  que  je  viens  de  retracer,  il  n'y  a  rien  qui  diffère  beau- 
coup de  ce  que  présente  la  marche  d'une  fusée  volante  que  l'on  aurait  pu 
tirer  de  quelque  point  de  la  ville.  Aussi,  pendant  l'intervalle  très-court 
écoulé  depuis  l'apparition  de  la  traînée  jusqu'au  moment  où  le  globe  obscur 
a  disparu,  l'idée  d'une  fusée  volante  me  préoccupait  uniquement;  mais 
cette  idée  a  dû  faire  place  à  celle  d'un  météore  igné,  lorsque,  reportant  mes 
yeux  vers  le  ciel,  j'ai  vu  que  la  traînée  lumineuse,  alors  extrêmement  lon- 
gue, persistait.  Toujours  très-brillante,  elle  semblait  formée  d'étincelles  ac- 
cumulées qui  oscillaient  les  unes  sur  les  autres.  Un  peu  après,  la  partie  anté- 
rieure d'où  le  globe  obscur  était  sorti  s'est  allongée  lentement  en  se  courbant 
en  divers  sens.  Bestée  d'abord  brillante,  elle  a  pâli,  toujours  en  s'allongeant, 
mais  beaucoup  moins  ;  ses  contours  et  son  extrémité  étaient  très-nettement 
coupés  sur  le  fond  du  ciel.  La  partie  postérieure,  plus  volumineuse,  s'est 
allongée  aussi;  d'abord  brillante,  elle  a  pâli  aussi,  elle  s'est  contournée,  et 
ses  circonvolutions  se  rapprochaient  les  unes  des  autres  :  bref,  on  pouvait 
à  la  fin  comparer  l'ensemble  de  la  traînée  à  un  petit  nuage  fort  allongé,  in- 
testiniforme.  brillant  dans  quelques  points,  mat  ou  obscur  dans  d'autres.  Il 
ne  faut  pas  oublier  que  l'ensemble  de  la  traînée,  après  la  sortie  du  globe 
obscur,  a  cessé  entièrement  son  mouvement  de  translation  vers  l'ouest;  elle 
est  restée  en  place  et  visible  pendant  plus  de  vingt  minutes.  Comme  le  ciel 
était  sans  nuages  dans  le  point  qu'elle  occupait,  il  a  été  facile  de  suivre 
toutes  ses  transformations.  Nous  ne  sommes  pas  les  seuls  à   avoir  vu   ce 


(  8o  ) 
phénomène.  Toutes  les  personnes  présentes  dans  la  rue  au  moment  du 
passage  du  météore  ont  été  frappées  d'étonnement,  et  bientôt  tous  les 
habitants  des  maisons  sont  sortis,  regardant  la  traînée  et  faisant  leurs 
commentaires.  Tout  le  monde  a  pu  voir  la  taînée  ;  mais  peu  de  personnes 
ont  pu  voir  la  première  apparition  du  phénomène,  laquelle  n'a  duré,  je  le 
répète,  que  quelques  secondes. 

»  Nous  tournions  le  dos  au  météore  quand  il  a  commencé  à  traverser  la 
direction  de  la  rue  de  Bayeux.  C'est  évidemment  au  moment  où  il  passait 
an-dessus  de  nos  têtes  qu'il  a  vivement  éclairé  les  pavés  formant  la  partie  du 
sol  de  la  rue  où  nous  nous  trouvions.  Or,  le  bruit  accompagnant  le  mé- 
téore s'est  fait  entendre  à  nous  une  seconde,  ou  tout  au  plus  une  seconde  et 
demie  après  la  clarté;  le  météore  lui-même  n'était  donc  pas  à  une  très- 
grande  hauteur.  Le  noyau  obscur  qui  s'est  dégagé  des  vapeurs  ignées,  dans 
lequel  il  était  plongé,  et  qu'il  entraînait  avec  lui,  me  fait  présumer  que  ce 
météore  est  un  aérolithe  qui  se  sera  dégagé  de  ses  vapeurs  quand  la  résistance 
de  l'air,  en  approchant  de  la  surface  de  la  terre,  s'est  opposée  à  leur  mou- 
vement de  translation.  Cet  aérolithe  n'a  pas  dû  tomber  loin  de  Caen,  peut- 
être  à  Vénoix,  à  Bretteville-la-Pavée,  à  Carpiquet,  villages  situés  à  peu  près 
dans  la  direction  présumée  qu'il  a  dû  parcourir.  La  distance  de  Caen  au 
lieu  de  la  chute  est  plus  ou  moins  grande,  suivant  le  degré  d'obliquité  de  la 
trajectoire,  par  rapport  à  la  surface  du  sol  ;  mais  je  n'ai  aucune  donnée  sur 
cette  obliquité.  Il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  des  renseignements  autres  que 
ceux  que  je  puis  fournir  viendront  bientôt  lever  les  incertitudes;  car  ce 
phénomène  a  dû  frapper  l'attention  dans  un  grand  nombre  de  points  dans 
notre  canton. 

)-  Ma  Lettre  est  écrite  à  la  hâte,  et  le  rapport  qu'elle  contient  est  informe; 
mais  j'ai  cru  qu'il  pourrait  intéresser  les  hommes  qui  s'occupent  de  météo- 
rologie, et  leur  fournir  quelque  renseignement  utile.  » 

économie  rurale.  —  Note  sur  les  moutons  de  Caramanie,  envoyés  à  la 
Société  impériale  d'acclimatation  par  M.  le  Maréchal  Vaillant; 
par  M.  Texier.  (Extrait  par  l'auteur.  ) 

«  Le  nom  de  Caramanli,  donné  à  ces  moutons,  indique  qu'ils  sont  ori- 
ginaires de  Caramanie.  Cette  province  centrale  de  l'Asie  Mineure  occupe  le 
territoire  de  toute  l'ancienne  Cappadoce  ;  elle  se  distingue  par  un  caractère 
complet  de  déboisement  :  ce  ne  sont  du  nord  au  sud  que  de  vastes  steppes 


(  8i  ) 
parcourues  en  tous  sens  par  les  tribus  de  Turcomans  nomades  qui  con- 
duisent d'innombrables  troupeaux. 

»  Les  moutons  de  cette  contrée  sont  remarquables  par  une  particularité 
qu'on  n'observe  pas  en  Europe.  Leur  queue  forme  une  énorme  masse  de 
graisse  qui  pèse  jusqu'à  5  ou  6  kilogrammes.  Cette  race  de  moutons  existe 
dans  ce  pays  de  temps  immémorial,  car  elle  est  citée  par  Hérodote, 
liv.  m,  1 13. 

»  La  laine  de  ces  moutons  est  assez  grossière,  elle  ne  sert  que  pour  la  fa- 
brication des  tapis  et  des  gros  vêtements. 

»  Les  bergers  donnent  à  leurs  moutons  une  notable  quantité  de  sel. 

»  L'auteur  ne  pense  pas  que  l'acclimatation  de  cette  race  soit  difficile, 
mais  il  faudrait  qu'ils  reçussent  chaque  jour  une  petite  ration  de  sel.  » 

MÉMOIRES  LUS. 

MÉDECINE.  —   Mémoire  sur  l'ulcère  simple  de  l'estomac  ; 
par  M.  Cruveilhier. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

«  Le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  a  pour  objet 
une  maladie  de  l'estomac  généralement  confondue  dans  la  pratique  avec  le 
cancer  de  cet  organe ,  quelquefois  avec  la  gastralgie  ou  avec  diverses  formes 
de  la  gastrite  chronique. 

»  Cette  maladie,  dont  l'anatomie  pathologique  pouvait  seule  donner  la 
détermination  ,  je  l'ai  désignée  sous  le  nom  d'ulcère  simple  ou  d'ulcère  chro- 
nique simple  de  l'estomac ,  pour  indiquer,  d'une  part,  sa  nature  ou  plutôt 
sa  forme  ulcéreuse  et  sa  marche  généralement  chronique  ;  d'une  autre  part, 
sa  curabilité,  sa  bénignité,  par  opposition  avec  l'incurabilité,  la  malignité 
(on  me  pardonnera  ce  vieux  et  métaphorique  langage)  de  l'ulcère  cancéreux 
del'estomac.  Qu'il  me  soitpermisde  dire  que  c'est  dans  laXelivraison  démon 
grand  ouvrage  d' Anatomie  pathologique ,  avec  planches,  livraison  qui  a  paru 
en  i83o,  que  cette  maladie  a  été  pour  la  première  fois  décrite  comme  ma- 
ladie spéciale  et  définitive ,  séparée  du  cancer  de  l'estomac,  avec  lequel  elle 
avait  été  confondue  jusqu'alors,  que  j'y  ai  ajouté  de  nouveaux  faits  et  de 
nouvelles  figures  dans  la  XXe  livraison.  Et  je  suis  heureux  de  dire  qu'en  i83g 
M.  le  professeur  Rokitanski,  de  Vienne  ,  est  venu  enrichir  la  science  de  faits 

C.  B.,  -8*fi,  t*tSmeiir*:  'T.  XUI,N°3.)  12 


(  8a  ) 
nombreux  et  positifs  sur  cette  maladie  dans  un  excellent  Mémoire ,  intitulé 
de  X  Ulcère  perforant  de  l'estomac. 

»  La  description  générale  de  l'ulcère  simple  de  l'estomac,  qui  doit  faire 
l'objet  de  cette  lecture,  comprendra  :  i°  ses  caractères  anatomiques ,  qui 
établissent  son  existence  comme  espèce  morbide;  20  ses  caractères  de  phy- 
siologie pathologique  ou  caractères  chroniques,  qui  établissent  la  possibilité 
de  reconnaître  cette  lésion  au  lit  du  malade;  3°  ses  caractères  thérapeuti- 
ques,  qui  établissent  non-seulement  sa  curabilité,  mais  encore  sa  tendance 
à  la  guérison  sous  l'influence  de  la  soustraction 

»  Ire  partie.  Caractères  analomiques  de  l'ulcère  simple  de  l'estomac.  — 
Anatomiquement  considéré,  l'ulcère  simple  de  l'estomac  consiste  dans  une 
perte  de  substance,  ordinairement  circulaire,  à  bords  indurés,  coupés  à 
pic  ou  en  talus,  à  fond  grisâtre  et  également  induré,  de  dimension  variable 
depuis  quelques  millimètres  jusqu'à  plusieurs  centimètres  de  diamètre. 

»  Presque  toujours  solitaire,  l'ulcère  simple  de  l'estomac  occupe  ordi- 
nairement soit  la  paroi  postérieure,  soit  la  petite  courbure  de  cet  organe. 
Il  est  en  général  plus  rapproché  de  l'extrémité  pylorique  que  de  l'extrémité 
cardiaque. 

»  L'ulcère  simple  de  l'estomac  s'étend  en  surface;  mais  en  même  temps 
il  creuse  en  profondeur,  et  lorsqu'il  a  triomphé  de  la  résistance  que  la  tu- 
nique fibreuse  oppose  à  son  envahissement,  la  tunique  musculeuse  d'a- 
bord, puis  la  tunique  péritonéale,  ne  tardent  pas  à  être  usées  par  le  travail 
ulcératif  ;  d'où  la  perforation  de  l'estomac  et  la  mort  par  épanchement  dans 
le  péritoine  des  gaz  et  des  matières  alimentaires,  à  moins  que  des  adhé- 
rences salutaires  ne  préviennent  les  effets  de  la  perforation. 

»  La  série  des  faits  m'a  permis  d'observer  tous  les  degrés  du  travail  ulcé- 
reux perforateur,  depuis  une  érosion  folliculeuse  jusqu'à  la  destruction  de 
toute  la  tunique  de  l'estomac ,  qui  est  alors  remplacée  par  les  organes  en- 
vironnants, avec  lesquels  il  a  contracté  des  adhérences  intimes.  L'idcère 
chronique  simple  de  l'estomac  ne  présente  qu'une  similitude  grossière  avec 
l'ulcère  cancéreux ,  avec  lequel  cependant  il  a  presque  toujours  été  con- 
fondu. La  base  qui  le  supporte  n'offre  aucun  des  attributs  ni  du  cancer 
squirreux  ni  du  cancer  encéphaloïde.  La  meilleure  preuve,  d'ailleurs, 
que  l'ulcère  chronique  simple  n'est  pas  cancéreux,  c'est  sa  curabilité. 
Cette  curabilité,  c'est  encore  l'anatomie  pathologique  qui  l'a  démontrée 
en  nous  faisant  connaître  les  caractères  des  cicatrices  de  ces  ulcères,  cica- 
trices qui  ont  été  souvent  considérées  comme  appartenant  au  cancer  squir- 
reux. 


(  83) 

»  Caractères  des  cicatrices  des  ulcères  chroniques  simples  de  V  estomac.  — 
Ces  cicatrices  sont  toutes  fibreuses  et  constituées  par  une  couche  plus  ou 
moins  épaisse  de  tissu  fibreux  de  nouvelle  forme.  Jamais  ces  cicatrices  ne 
présentent  le  moindre  caractère  du  tissu  des  membranes  muqueuses.  La 
membrane  muqueuse  de  l'estomac  se  termine  abruptement  à  la  circonfé- 
rence de  la  perte  de  substance,  sous  la  forme  d'un  bourrelet  circulaire. 

»  La  cicatrisation  des  pertes  de  substance  de  l'estomac,  de  même  que 
celle  de  la  peau,  se  fait  par  un  double  mécanisme  :  i°  par  le  rapprochement 
des  bords  de  la  solution  de  continuité  ;  i°  par  la  production  de  toutes  pièces 
d'un  tissu  cicatriciel. 

»  Il  n'est  pas  rare  de  voir  l'ulcère  simple  de  l'estomac,  après  avoir  détruit 
successivement  toutes  les  tuniques  de  l'estomac,  franchir  les  limites  de  cet 
organe,  dont  la  perte  des  substances  est  alors  remplacée  par  les  organes  en- 
vironnants, avec  lesquels  la  surface  péritonéale  de  l'estomac  avait  préalable- 
ment contracté  les  adhérences  les  plus  intimes.  Non-seulement  les  viscères 
qui  avoisinent  l'estomac  réparent  les  brèches  qu'il  a  subies  par  l'ulcéra- 
tion, mais  encore,  devenus  partie  constituante  de  cet  organe,  ils  finissent 
par  participer  au  travail  d'ulcération. 

»  De  l'ulcération  consécutive  des  cicatrices  de  l'ulcère  simple  de  V esto- 
mac.— Au  point,  de  vue  fort  important  sous  lequel  les  cicatrices  de  l'estomac 
doivent  être  envisagées,  c'est  celui  de  la  facilité  avec  laquelle  elles  deviennent 
le  siège  d'un  travail  ulcéreux  consécutif,  et  alors  reparaissent  tous  les  symp- 
tômes morbides  de  l'ulcère  simple  ;  de  là  ces  récidives  que  j'ai  vues  se  repro- 
duire un  an,  deux  ans,  cinq  ans,  huit  ans,  et  même  davantage,  après  une 
guérison  qui  paraissait  définitive,  et  si  le  traitement  le  plus  sévère  ne  vient 
mettre  un  terme  à  ce  travail  d'ulcération,  les  malades  peuvent  succomber 
soit  à  la  perforation  de  l'estomac,  soit  à  une  hémorragie. 

»  La  perforation,  \' hémorragie,  voilà  les  deux  grands  accidents,  les  deux 
grands  dangers  auxquels  expose  l'ulcère  simple  de  l'estomac,  et  ce  double 
danger  survit  à  la  cicatrisation  la  plus  parfaite  de  l'ulcère.  L'une  et  l'autre 
peuvent  se  produire  primitivement,  c'est-à-dire  pendant  le  travail  primitif  de 
l'ulcération,  ou  consécutivement,  c'est-à-dire  après  la  formation  de  la  cica- 
trice. 

»    i°.  De  la  perforation  spontanée  de  l'estomac  dans  l'ulcère  simple  de 
cet  organe.  —  L'ulcère  simple  me  paraît  la  cause  la  plus  fréquente  des  per 
forations  spontanées  de  l'estomac.  En  compulsant  les  principales  observa- 
tions qui  ont  été  publiées  sur  ce  sujet,  il  m'a  été  facile  de  reconnaître  dans 
les  détails  de  l'autopsie    tous  les  caractères  de  l'ulcère  simple  aigu  ou 

19... 


{  84  ) 

chronique  de  l'estomac.  Or  les  accidents  rapidement  mortels  qui  sont  la 
suite  de  la  perforation  de  l'estomac  survenant  brusquement,  quelque- 
fois immédiatement  après  l'ingestion  d'aliments  ou  de  boissons,  la  ques- 
tion d'empoisonnement  a  été  soulevée  un  assez  grand  nombre  de  fois. 
Il  n'est  pas  rare  de  voir  la  perforation  survenir  consécutivement,  c'est- 
à-dire  après  la  cicatrisation  complète  de  l'estomac  :  je  crois  même  pouvoir 
affirmer  que  les  perforations  consécutives  de  l'estomac  sont  beaucoup  plus 
fréquentes  que  les  perforations  primitives.  3e  regarde,  en  outre,  comme 
démontrée  cette  proposition  que  la  perforation  spontanée  de  l'estomac 
s'observe  incomparablement  plus  souvent  dans  l'ulcère  simple  aigu  ou 
chronique  que  dans  l'ulcère  cancéreux  de  l'estomac. 

»  20  De  l'hémorragie  dans  l'ulcère  simple  de  l'estomac.  —  L'hémorragie  de 
l'estomac,  de  même  que  sa  perforation,  est  tantôt  primitive,  tantôt  consécutive. 
On  pourra  diviser  les  gastrorragies  en  faibles,  en  moyennes  et  en  foudroyantes. 
L'hémorragie  faible  est  presque  inévitable  dans  l'ulcère  simple  de  l'esto- 
mac, jusqu'à  la  formation  de  la  cicatrice.  En  examinant  sous  une  couche  d'eau 
limpide  la  surface  de  cet  ulcère,  on  verra  sur  cette  surface  de  petits  vaisseaux 
érodés  et  coupés  à  pic,  dont  les  uns  sont  obstrués  par  des  caillots  solides, 
dont  les  autres  sont  obstrués  par  des  caillots  mous,  qui  se  détachent  avec 
la  plus  grande  facilité.  C'est  par  ces  derniers  vaisseaux  qu'ont  lieu  les  hémor- 
ragies quotidiennes,  dont  le  produit  se  mêlant  aux  aliments  donne  lieu  soit 
à  des  selles  noires,  soit  à  des  vomissements  noirs,  qui  seront  très-souvent 
le  premier  symptôme  révélateur  de  la  maladie. 

»  Mais  il  arrive  quelquefois  que  l'ulcère  simple,  rencontrant  pour  ainsi 
dire  sur  son  passage  une  grosse  artère,  l'entame,  la  perfore  ;  et  alors,  si  un 
caillot  obstruant,  d'une  grande  solidité,  ne  prévient  pas  l'issue  du  sang  au 
dehors,  il  en  résulte  des  vomissements  aussi  bien  que  des  déjections  san- 
glantes, plus  ou  moins  considérables  suivant  le  calibre  du  vaisseau,  d'où 
la  mort  par  hémorragie,  et  l'hémorragie  peut-être  foudroyante. 

»  La  source  la  plus  ordinaire  des  gastrorragies  graves  et  surtout  des 
gastrorragies  foudroyantes,  c'est  la  lésion  de  l'artère  splénique.  J'ai  vu  aussi 
une  hémorragie  mortelle  produite  par  la  perforation  de  l'artère  coronaire 
stomachique. 

»  Tels  sont  les  caractères  anatomiques  de  l'ulcère  simple  de  l'estomac. 

«  Pour  compléter  l'histoire  de  cette  maladie,  il  me  resterait  encore  à 
exposer  :  i°  les  caractères  de  physiologie  pathologique  à  l'aide  desquels  on 
peut  la  reconnaître  au  lit  du  malade;  a°  les  moyens  thérapeutiques  à 
l'aide  desquels  on  peut  la  guérir.  Ce  sera,  si  l'Académie  veut  bien  me  le 


(  85  )  ^      J 

permettre,  l'objet  d'une  seconde  lecture.  Je  termine  cette  première  pffrtie 
de  mon  travail  par  les  conclusions  suivantes  : 

Conclusions. 

»  i°.  Il  existe  une  maladie  de  l'estomac  qui  est  anatomiquement  carac- 
térisée par  un  ulcère  simple  de  cet  organe  ; 

»  2°.  Cette  maladie  ou  plutôt  cette  lésion,  qui  me  paraît  assez  fréquente, 
est  essentiellement  différente  de  l'ulcère  cancéreux  de  l'estomac,  avec  lequel 
elle  avait  été  confondue  jusque  dans  ces  derniers  lemps  et  avec  lequel  elle 
est  encore  tous  les  jours  confondue  dans  la  pratique; 

»  3°.  En  opposition  avec  le  cancer  de  l'estomac  qui  suit  fatalement  sa 
marche  envahissante  et  destructive,  et  qui,  dans  l'état  actuel  de  la  science, 
est  marqué  au  sceau  de  l'incurabilité  la  plus  radicale,  l'ulcère  simple  de 
l'estomac  tend  essentiellement  à  la  guérison  ; 

»  4°-  L'ulcère  simple  de  l'estomac  est  susceptible  d'une  cicatrisation 
parfaite,  et  cette  cicatrisation  se  fait,  non  à  l'aide  d'une  membrane 
muqueuse  accidentelle,  mais  bien  à  l'aide  de  la  production  d'un  tissu 
fibreux,  très-résistant,  très-dense,  qui  diffère  essentiellement  du  cancer 
squirreux  avec  lequel  il  avait  été  confondu  ; 

»  5°.  Lorsque  l'ulcère  simple,  après  avoir  détruit  toutes  les  tuniques  de 
l'estomac,  a  franchi  les  limites  de  cet  organe,  la  perte  des  substances  est 
réparée  par  les  organes  environnants  que  recouvre  un  tissu  cicatriciel  et 
qui  finissent  eux-mêmes  quelquefois  par  participer  au  travail  d'ulcération  ; 

»  6°.  La  gravité  de  l'ulcère  simple  de  l'estomac  survit  en  quelque  sorte 
à  sa  guérison,  attendu  que  la  cicatrice  de  cet  ulcère  est  souvent  le  siège 
d'un  travail  d'ulcération  consécutif  qui  renouvelle  tous  les  accidents  de  la 
maladie; 

»  70.  L'ulcère  simple  de  l'estomac  est  une  des  causes  les  plus  fréquentes 
des  vomissements  noirs  et  des  déjections  noires,  est  la  cause  plus  ordinaire 
de  la  mort  par  gastrorragie  avec  ou  sans  hématémèse  ; 

»  8°.  L'ulcère  simple  de  l'estomac,  est  la  cause  la  plus  ordinaire  de  Lla. 
mort  par  perforation  spontanée  de  cet  organe  ; 

»  90.  Les  deux  grands  accidents  de  l'ulcère  simple  de  l'estomac,  savoir 
l'hémorragie  et  la  perforation,  ont  plus  souvent  lieu  consécutivement, 
c'est-à-dire  par  l'ulcération  de  la  cicatrice,  que  primitivement,  c'est-à-dire 
pendant  la  formation  de  l'ulcère.  » 


(  86) 

physiologie  pathologique.—  Recherches  expérimentales  sur  la  produc- 
tion dune  affection  commlsive ,  épileptiforme ,  à  la  suite  de  lésions  de 
la  moelle  épinière  ;  par  M.  Brown-Séquard.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

«  J'ai  trouvé,  en  i85o,  que  certaines  lésions  de  la  moelle  épinière,  sui- 
des mammifères,  sont  suivies,  au  bout  de  quelques  semaines,  d'une  affection 
convulsive,  épileptiforme.  Depuis  cette  époque,  j'ai  fait  un  très-grand 
nombre  d'expériences  à  ce  sujet,  et  je  vais  exposer  sommairement  ici  les 
principaux  résultats  que  j'ai  obtenus. 

»  I.  J'ai  trouvé  que  toutes  les  lésions  que  je  vais  énumérer  peuvent  pro- 
duire cette  affection  convulsive:  i°  section  transversale  complète  ou  presque 
complète  d'une  moitié  latérale  de  la  moelle  épinière;  2°  section  transver- 
sale simultanée  des  cordons  postérieurs,  des  cornes  grises  postérieures  et 
d'une  partie  des  cordons  latéraux  ;  3°  section  transversale  des  cordons  pos- 
térieurs seuls;  4°  section  transversale  des  cordons  latéraux;  5°  section  trans- 
versale des  cordons  antérieurs;  6°  section  transversale  de  la  moelle  épinière 
tout  entière  dans  les  régions  dorsale  ou  lombaire;  70  piqûre  de  la  moelle 
épinière.  De  toutes  ces  lésions,  celles  qui  ont  le  plus  d'efficacité  pour  pro- 
duire l'affection  convulsive  que  j'ai  étudiée,  sont  la  première  et  la  seconde. 
La  première  surtout,  à  savoir  la  section  d'une  moitié  latérale  de  la  moelle, 
produit  constamment  cette  maladie  chez  les  animaux  qui  survivent  plus  de 
trois  ou  quatre  semaines  à  l'opération.  L'intensité  et  la  fréquence  des  accès 
convulsifs,  après  cette  lésion,  sont  beaucoup  plus  grandes  qu'après  toute 
autre  lésion  de  la  moelle  épinière. 

«  II.  De  toute  la  partie  de  la  moelle  étendue  entre  son  extrémité  caudale 
et  le  milieu  de  la  région  dorsale,  c'est  la  portion  comprise  entre  la  septième 
ou  la  huitième  vertèbre  dorsale  et  la  troisième  lombaire,  dont  les  lésions 
produisent  le  plus  souvent  cette  maladie  convulsive.  En  arrière  de  cette 
portion  de  la  moelle,  les  lésions  paraissent  être  de  moins  en  moins  capables 
de  produire  cette  affection  à  mesure  qu'elles  sont  faites  plus  près  de  l'extré- 
mité caudale  de  ce  centre  nerveux. 

»  III.  L'époque  d'apparition  de  cette  affection  se  trouve  presque  tou- 
jours dans  la  troisième  semaine  après  l'opération.  Dans  quelques  cas,  j'ai 
vu  le  premier  accès  survenir  vers  la  fin  de  la  première  semaine. 

»  IV.  Les  parties  du  corps  où  se  montrent  les  convulsions,  varient  suivant 
le  siège  de  la  lésion.  Lorsque  celle-ci  se  trouve  au  niveau  des  dernières  ver- 


(87  ) 
tèbres  dorsales  ou  des  premières  lombaires,  et  qu'elle  consiste  dans  la  section 
d'une  moitié  latérale  de  la  moelle,  les  convulsions  ont  lieu  dans  toutes  les 
parties  du  corps,  à  l'exception  du  membre  postérieur  du  côté  où  la  section  a 
été  faite.  Si  la  lésion  consiste  dans  la  section  des  deux  cordons  postérieurs, 
les  convulsions  ont  lieu  partout.  Si  la  lésion  consiste  dans  la  section,  soit 
des  cordons  antérieurs,  soit  des  cordons  latéraux,  soit  de  la  totalité  de  la 
moelle,  les  convulsions  n'ont  lieu,  en  général,  que  dans  les  parties  non  pa- 
ralysées. Cependant  quelquefois  les  parties  paralysées  se  convulsent  aussi, 
mais  c'est  un  spasme  tonique  qui  s'y  montre  et  non  des  convulsions  clo- 
niques  comme  dans  les  parties  non  paralysées. 

»  V.  Les  convulsions  ont  lieu  quelquefois  sans  excitation  extérieure; 
mais  on  peut,  en  général,  les  provoquer  très-aisément  par  certaines  excita- 
tions. De  toutes  les  parties  du  corps,  il  n'en  est  qu'une  qui,  lorsqu'on  l'irrite, 
occasionne  un  accès.  Cette  partie  consiste  seulement  dans  un  des  côtés  de 
la  face,  dans  les  cas  où  la  lésion  n'existe  que  sur  une  moitié  latérale  de  la 
moelle.  Quand  la  lésion  existe  sur  les  deux  moitiés  latérales  de  cet  organe, 
l'irritation  des  deux  moitiés  de  la  face  peut  causer  un  accès.  Il  est  très-re- 
marquable que  quand  la  lésion  est  à  droite  sur  la  moelle,  ce  ne  soit  que  la 
moitié  droite  de  la  face  qui  puisse,  par  suite  d'une  irritation,  causer  des 
convulsions,  et  que  quand  c'est  la  moitié  gauche  de  la  moelle,  ce  ne  soit 
que  la  moitié  gauche  de  la  face  qui  ait  cette  puissance.  Le  degré  d'irrita- 
tion nécessaire  pour  causer  un  accès  varie  beaucoup  :  quelquefois  il  suffit  de 
souffler  sur  la  face  ou  de  la  toucher  aussi  légèrement  que  possible;  d'autres 
fois,  il  faut  ou  pincer  très-fortement,  ou  brûler,  ou  galvaniser  la  face. 

»  VI.  En  général,  on  peut  produire  l'accès  par  un  autre  moyen  :  il  suffit 
d'empêcher  l'animal  de  respirer  pendant  un  temps  très-court.  Chez  un  ani- 
mal à  l'état  de  santé,  une  asphyxie  soudaine  et  complète  produit  des  con- 
vulsions au  bout  d'une  minute  et  demie  ou  de  deux  minutes.  Chez  un  ani- 
mal atteint  de  l'affection  convulsive  dont  je  m'occupe,  l'asphyxie  produit 
l'accès  au  bout  de  dix  à  trente  secondes,  et  il  dure  assez  longtemps,  dès  qu'il 
a  commencé,  bien  qu'on  permette  à  l'animal  de  respirer,  tandis  que  chez  un 
animal  non  malade,  les  convulsions  cessent  presque  aussitôt  quand  on  lui 
permet  de  respirer . 

»  VII.  Les  premiers  accès  que  l'on  produit  après  une  lésion  de  la  moelle 
épinière,  consistent  seulement  dans  des  convulsions  des  muscles  de  la 
face  et  du  globe  oculaire.  Quelques  jours  après  ces  premiers  accès,  les 
muscles  du  larynx,  du  col  et  du  thorax  se  convulsent  aussi,  et  enfin  les 
muscles  des  membres  et  du  tronc  participent  aux  convulsions.  Un  des  pre- 


(88) 
miers  phénomènes  d'un  accès  complet  consiste  dans  le  spasme  de  la  glotte 
ou  des  muscles  inspirateurs. 

»  VIII.  Cette  affection  convulsive  ressemble  beaucoup  à  l'épilepsie.  On 
pourrait  croire  cependant  qu'elle  en  diffère  en  ceci  que  pendant  l'accès,  si 
l'on  pince  l'animal,  il  crie  quelquefois.  S'il  était  démontré  que  le  cri  est 
une  preuve  que  l'animal  n'a  pas  perdu  connaissance,  cette  affection  convul- 
sive différerait  de  l'épilepsie,  puisque  la  perte  de  connaissance  est  un  carac- 
tère essentiel  de  cette  dernière  maladie.  Mais  les  cris,  ainsi  que  je  l'ai  mon- 
tré dans  un  Mémoire  lu  à  l'Académie  en  1849  (Comptes  rendus,  t.  XXIX, 
p.  672),  peuvent  ne  pas  être  des  signes  de  douleur  et  n'être  que  des  phéno- 
mènes réflexes. 

»  Si  ce  n'est  pas  de  l'épilepsie  véritable  que  je  produis  en  lésant  la  moelle 
épinière,  c'est  au  moins  une  affection  épileptiforme  appartenant  au  groupe 
des  affections  convulsives  dans  lesquelles  l'accès  peut  avoir  sa  cause  à  l'exté- 
rieur, telles  que  celles  dans  lesquelles  il  existe  une  aura,  ou  dans  lesquelles 
la  lésion  d'un  nerf,  due  à  une  tumeur  ou  à  toute  autre  cause,  produit 
l'épilepsie  ou  des  convulsions  épileptiformes.  En  effet,  l'irritation  du  nerf 
trijumeau  sur  les  animaux  chez  lesquels  j'ai  lésé  la  moelle  produit  l'accès, 
comme  chez  les  enfants  l'irritation  des  nerfs  dentaires. 

»  IX.  Nombre  d'auteurs,  parmi  lesquels  surtout.  Esquirol ,  Portai, 
M.  Calmeil,  MM.  Bouchet  et  Cazauvielh,  ont  signalé  la  coexistence  assez 
fréquente  de  l'épilepsie  et  d'altérations  de  la  moelle  épinière.  Georget  et 
d'autres  pathologistes  n'ont  voulu  voir  dans  ce  cas  que  de  simples  coïnci- 
dences. Les  faits  que  j'ai  observés  sur  les  animaux,  en  démontrant  directe- 
ment que  des  altérations  de  la  moelle  peuvent  être  la  cause  première  d'une 
affection  épileptiforme,  rendent  extrêmement  probable  que  l'épilepsie,  dans 
nombre  des  cas  mentionnés  par  les  auteurs  que  j'ai  cités,  dépendait  de  l'alté- 
ration de  la  moelle  que  l'autopsie  a  fait  voir. 

»  X.  J'ai  constaté  que  le  nombre  des  accès  augmentait  considérablement 
chez  les  animaux  que  j'enfermais  dans  un  étroit  espace  et  auxquels  je  don- 
nais beaucoup  de  nourriture.  Dans  ces  conditions,  quelques-uns  avaient 
spontanément  3o,  !\o  ou  5o  accès  par  jour.  Les  mêmes  animaux,  soumis  à 
un  régime  tout  à  fait  opposé  et  laissés  libres  dans  une  vaste  chambre,  ne 
paraissaient  plus,  après  quelques  semaines,  capables  d'avoir  des  accès 
spontanés,  et  il  était  difficile  de  leur  en  donner.  Il  m'a  semblé  que  ce  traite- 
ment par  la  diète  a  suffi  quelquefois  pour  les  guérir. 

»  XL  A  l'autopsie  des  animaux  atteints  de  cette  affection  convulsive, 
j'ai  trouvé,  outre  là  lésion  que  j'avais  faite  à  la  moelle  épinière,  un  état  de 


(  89) 
congestion  de  la  base  de  l'encéphale  et  du  ganglion  de  Gasser,  des  deux 
côtés  quand  la  lésion  existait  sur  les  deux  côtés  de  la  moelle  épinière,  et 
seulement  du  côté  de  la  lésion  quand  elle  n'existait  que  sur  une  moitié 
latérale  de  la  moelle. 

Conclusions. 

»  Des  faits  rapportés  dans  ce  Mémoire,  je  crois  pouvoir  tirer  les  conclu- 
sions suivantes  : 

»  i°.  Des  lésions  variées  de  la  moelle  épinière  peuvent  produire,  chez  les 
mammifères,  une  affection  convulsive,  ayant  beaucoup  d'analogie  avec 
l'épilepsie.  Il  semble,  en  conséquence,  que  chez  l'homme  ce  n'est  pas 
seulement  par  une  simple  coïncidence  qu'on  a  rencontré  des  altérations  de 
la  moelle  épinière  chez  des  épileptiques  ; 

«  a°.  Des  lésions  de  la  moelle  épinière  peuvent  produire  un  change- 
ment tel  dans  la  vitalité  du  nerf  trijumeau  ou  de  la  partie  de  l'encéphale  où 
ce  nerf  aboutit,  que  l'excitation  des  ramifications  de  ce  nerf  à  la  face 
occasionne  des  convulsions.  De  plus,  la  moitié  droite  de  la  moelle  épinière 
a  cette  influence  sur  le  nerf  trijumeau  ou  l'encéphale  du  côté  droit,  et  la 
moitié  gauche  de  la  moelle  sur  l'une  ou  l'autre  de  ces  parties  du  côté 
gauche.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  purlique  transmet  un  Mémoire  de 
M.  Onésime  Simon,  demeurant  à  Port-Louis  (île  Maurice),  sur  le  traitement 
du  choléra  au  moyen  d'un  remède  de  son  invention. 

Ce  Mémoire,  avec  les  pièces  justificatives  manuscrites  et  imprimées  dont 
il  est  accompagné,  est  renvoyé  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  et  de 
Chirurgie,  constituée  en  Commission  spéciale  du  concours  pour  le  prix 
du  legs  Bréant. 

L'Académie  renvoie  à  la  même  Commission  un  Mémoire ,  écrit  en 
italien,  de  M.  Beretti,  pharmacien  à  Rome,  concernant  les  résultats  de  ses 
recherches  analytiques  sur  le  sang  de  personnes  mortes  du  choléra. 

Et  une  Note  de  M.  Delfrajrssé 'sur  le  traitement  du  choléra  épidémique. 

C.  R.,  i856,  i"  Semestre.  (T.  XLII,  N°  3.)  l3 


(9o) 

chimie  appliquée.  —  Études  chimiques  du  Champignon  comestible , 
suivies  d'observations  sur  sa  valeur  nutritive;  par  M.  Jules  Lefort. 
(Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Payen,  Decaisne,  Peligot.) 

«  A  l'époque  où  les  chimistes  se  livraient  avec  le  plus  d'ardeur  à  l'exa- 
men des  végétaux,  Braconnot  entreprit  de  faire  connaître  la  composition  de 
plusieurs  espèces  de  Champignons.  Ce  travail,  dans  lequel  on  retrouve  à 
chaque  pas  l'esprit  d'investigation  qui  distinguait  ce  regrettable  savant, 
comprend  l'analyse  de  X  Agaricus  volvaceus,  de  X  A.  piperatus,  de  X A. 
cantharellus ,  de  XHjrdnum  rependum,  de  XH.  hybridum  et  du  Boletus 
viscidus.  Peu  de  temps  après,  Vauquelin  indiqua  la  composition  de  XAga- 
ricus  bulbosus,  de  X A.  theogalus,  de  X A.  muscarius  et  enfin  de  X  A.  cam- 
pestris. 

»  Lorsqu'on  compare  les  résultats  obtenus  par  ces  deux  savants,  on  y 
trouve  des  différences  si  peu  sensibles,  que  l'on  est  tenté  de  croire  que  toutes 
ces  variétés  possèdent  les  mêmes  principes  constituants. 

»  Nous  donnons  seulement  ici  la  composition  de  X Agaricus  campestris , 
comme  se  rapportant  tout  à  fait  au  sujet  que  nous  traitons,  et  telle  que  Vau- 
que  l'a  trouvée  : 


Adipocire. 
Huile  ou  graisse. 
Albumine. 
Matière  sucrée. 


Osmazome. 

Substance  animale  insoluble  dans  l'eau. 

Fungine  ou  partie  fibreuse. 

Acétate  de  potasse. 


»  Ainsi  que  le  montre  l'analyse  de  Vauquelin,  le  Champignon  comestible 
ne  contiendrait  pas  moins  de  quatre  principes  gras,  dont  trois  d'origine 
animale,  et  auxquels  il  faudrait  attribuer  la  propriété  nutritive  qu'on  lui 
connaît. 

»  Il  est  assez  digne  de  remarque  que,  depuis  Braconnot  et  Vauquelin, 
on  n'ait  entrepris  aucun  travail  suivi,  non- seulement  sur  les  Champignons 
alimentaires,  mais  encore  sur  ceux  qui  sont  reconnus  nuisibles  à  la  santé. 

»  Mettant  à  profit,  d'une  part,  la  facilité  de  se  procurer  à  Paris  le  Cham- 
pignon comestible  ou  de  couche  (  Agaricus  edulis),  et,  d'une  autre  part,  les 
documents  laissés  par  nos  devanciers,  nous  avons  pensé  qu'il  ne  serait  pas 
sans  intérêt  de  recommencer  l'analyse  de  ce  Cryptogame,  d'y  rechercher  la 
nature  des  substances  auxquelles  il  doit  sa  propriété  nutritive,  la  répartition 
dans  ses  différentes  parties  des  principes  qui  le  constituent,  et  enfin  sa 


(  9»  ) 
valeur  comme  aliment.  C'est  le  résultat  de  ce  travail  que  nous  avons  l'hon- 
neur de  présenter  à  l'Académie. 

»  D'après  nos  recherches,  le  Champignon  de  couche  contient  : 


De  l'eau. 

De  la  cellulose. 

De  la  marmite. 

De  l'albumine  végétale. 

Du  sucre  fermentescible. 

Une  matière  grasse  azotée. 

Des  acides  fuinarique ,    citrique  et  ma- 

lique. 
Une  matière  colorante. 
Un  principe  aromatique. 


De  la  silice. 

De  l'alumine. 

De  la  potasse. 

De  la  soude. 

De  la  chaux. 

De  la  magnésie. 

De  l'oxyde  de  fer. 

Du  chlore. 

Des  acides  sulfurique  et  phosphorique. 


»  Nous  indiquons,  dans  notre  Mémoire,  toutes  les  expériences  que  nous 
avons  faites  pour  isoler  et  reconnaître  chacune  de  ces  substances. 

»  Contrairement  à  ce  qui  a  été  avancé  par  Vauquelin,  le  Champignon  de 
couche,  d'après  nos  recherches,  ne  contient  pas  de  matière  animale  propre- 
ment dite. 

»  On  n'ignore  pas  que,  pour  les  anciens  chimistes,  toute  substance  végé- 
tale qui  dégageait  en  brûlant  une  odeur  de  viande  grillée  et  des  principes 
azotés,  entre  autres  du  carbonate  d'ammoniaque,  et  enfin  qui  répandait 
une  odeur  putride  lorsqu'on  l'abandonnait  à  elle-même,  était  supposée 
contenir  un  principe  d'origiqe  animale. 

»  De  toutes  les  substance  que  nous  avons  pu  reconnaître  dans  le  Cham- 
pignon de  couche,  une  seule,  plus  ou  moins  privée  de  ses  principes  colorant 
et  aromatique,  se  comporte  de  la  sorte,  c'est  l'albumine  végétale  ;  or  on  sait 
maintenant  que  cette  dernière  possède  à  peu  près  tous  les  caractères  de 
l'albumine  animale. 

»  La  matière  grasse  azotée  du  Champignon  comestible,  que  Vauquelin 
ne  considère  pas  comme  d'origine  animale,  joue  un  grand  rôle  dans  les 
réactions  que  l'on  fait  subir  à  ce  végétal.  C'est  elle  qui  avec  une  petite  quan- 
tité de  marmite  a  produit  la  substance  à  laquelle  Vauquelin  a  donné  le  nom 
de  adipocire.  Nous  en  dirons  autant  de  l'osmazome,  signalée  par  ce  chi- 
miste et  qui  nous  a  paru  être  un  mélange  de  mannite,  de  principe  colorant 
et  de  matière  grasse  azotée,  décomposée  pendant  l'évaporation  des  liqueurs. 

»  Cette  matière  grasse  se  présente,  dans  son  état  de  pureté,  sous  la  forme 
d'une  matière  butvreuse,  fusible  à  35  degrés,  d'odeur  désagréable  et  non 

i3.. 


(g*) 

saponifiable  par  les  alcalis.  Elle  est  composée  de  : 

Carbone 56 ,  62 

Hydrogène 10 ,84 

Oxygène 3i  ,95 

Azote o ,  5g 

1 00 , 00 

»  §  II.  Considérés  an  point  de  vue  nutritif,  les  Champignons  comestibles 
en  général  constituent,  pour  beaucoup  d'habitants  de  la  France,  un  aliment 
assez  avantageux.  A  Paris,  ils  forment  une  branche  de  commerce  assez  éten- 
due; ainsi,  d'après  des  documents  certains  qui  nous  ont  été  communiqués, 
avec  une  extrême  bienveillance,  par  M.  Husson,  chef  de  division  à  la  Pré- 
fecture de  la  Seine,  il  en  a  été  consommé  dans  cette  ville,  pendant  chaque 
jour  de  l'année  i853  (dernier  relevé),  5235  maniveaux.  Chaque  maniveau 
se  compose  de  6  à  1 2  individus,  et  s'est  vendu  en  moyenne  1 8  centimes,  ce 
qui  représente  une  valeur  de  1000  francs  à  peu  près. 

»  Il  y  a  quelques  années,  MM.  Schlossberger  et  Dopping,  désirant  se 
rendre  compte  de  la  valeur  nutritive  de  ces  végétaux,  dosèrent  l'azote  de 
quelques  espèces  les  plus  alimentaires.  Voici  les  résidtats  qu'ils  ont  obtenus 
pour  100  parties  de  Champignons  desséchés  à  100  degrés  : 

Azote. 

Agaric  délicieux 4  >68 

Agaric  comestible 7  ,  26 

Russule 4  >  3-5 

Chanterelle 3,22 

Ceps  noir 4)7° 

»  Partant  de  ces  données,  ces  chimistes  émirent  l'opinion  que  les  Cham- 
pignons constituaient  un  aliment  par  excellence  et  supérieur  aux  haricots, 
qui  ne  contiennent  que  3  à  5  pour  100  d'azote. 

»  Nous  devons  dire  tout  de  suite  qu'il  y  a,  entre,  les  résultats  de 
MM.  Schlossberger  et  les  nôtres,  des  différences  tellement  sensibles,  que 
nous  avons  dû  recommencer  plusieurs  fois  nos  analyses  ;  mais  toujours  nos 
dosages  ont  été  identiques. 

»  Un  Champignon  de  couche,  entier,  dans  un  parfait  état  de  maturité, 
desséché  à  1 10  degrés,  réduit  en  poudre  et  enfin  analysé  lorsqu'il  ne  per- 
dait plus  d'eau,  nous  a  donné,  dans  trois  expériences,  2,83,  2,91  et  2,90 
pour  100  d'azote. 

»  Le  chapeau  et  le  pédoncule  possèdent,  comme  on  sait,  au  goût  et  à 


(93) 
l'odorat  des  différences  assez  tranchées;  aussi  beaucoup  d'habitants  ne 
mangent-ils  que  le  premier,  comme  étant  plus  tendre  et  plus  aromatique. 

»  Nous  avons  voulu  nous  assurer  si  le  goût  était  un  bon  guide  dans  cette 
circonstance  et  si  l'azote  se  trouvait  également  réparti  dans  toutes  les  parties 
du  végétal.  Pour  cela,  nous  avons  analysé  séparément  le  chapeau,  le  pédon- 
cule et  les  spores  adhérents  à  l'hyménium,  desséchés  à  1 10  degrés. 

»  Nous  avons  obtenu  les  résultats  suivants  : 

Chapeau.  Pédoncule.  Spores  et  hyraénium. 

3 , 5 1  °)34  2,10 

pour  100  d'azote. 

»  Le  chapeau,  muni  de  ses  organes  reproducteurs,  est  donc  la  partie  la 
plus  nutritive  du  Champignon. 

»  Les  principes  nutritifs  sont  dus  tout  à  la  fois  à  l'albumine  végétale  et  à 
la  matière  grasse  qu'il  contient. 

»  En  résumé,  quoique  l'eau  et  la  cellulose  forment  les  parties  prédomi- 
nantes dans  le  Cbampignon,  par  les  principes  azotés  et  par  le  sucre  et  la 
mannite  qu'il  renferme,  il  forme  encore  un  aliment  plastique  et  réparateur 
très-avantageux.  Cependant  nous  le  croyons  inférieur  à  beaucoup  d'autres 
végétaux  féculents,  qui  peut-être  moins  riches  en  azote  sont  plus  facilement 
assimilables,  et  surtout  aux  haricots  auxquels  on  le  compare.  Sous  le 
rapport  de  l'azote  seulement,  il  vient  se  ranger  entre  le  pain  brun  et  les 
pois»  » 

physique  du  globe.   —    Tableau  des  tremblements  de  terre  qui  ont  eu 
lieu  dans  l'Empire  Ottoman  en  i855;  par  M.  P.  Verrollot. 

(Commissaires,  MM.  Élie  de  Beaumont,  Dufrénoy,  C.  Prévost.) 

«  Constantinople,  i[\  janvier,  4h  5om  du  matin ,  plusieurs  oscillations 
horizontales  de  l'est  à  l'ouest  avec  tremblement  du  sol,  comme  si  une 
charrette  pesamment  chargée  passait  dans  la  rue. 

»  Samos ,  18  février,  de  minuit  à  5  heures  du  matin,  tremblement 
de  terre  remarquable,  non  par  la  violence  des  secousses,  mais  par  leur 
durée  et  leur  régularité. 

»  Baghla  Jgatch,  village  à  huit  heures  de  Macri  (partie  sud-ouest  de 
l'Anatolie),  ai  février,  jour,  les  habitants  furent  effrayés  par  un  bruit 
souterrain  assez  fort,  lequel  fut  suivi  d'une  secousse  verticale,  mais  peu 
intense  et  de  courte  durée. 


(94) 

»  Macri,  sur  la  côte  sud-ouest  de  l'Anatolie,  en  face  l'île  de  Rhodes,  11 
février,  5  heures  du  soir,  on  ressentit  deux  fortes  secousses,  mais  sans 
accidents. 

»  a8  février,  3  heures  du  soir,  violent  tremblement  de  terre.  Il  fut 
ressenti  sur  une  vaste  surface  comprenant  Smyrne  et  Andrinople  ou  plus  de 
trois  degrés  de  latitude.  Suivant  les  rapports  qui  me  sont  parvenus,  la  plus 
forte  secousse  aurait  eu  lieu  :  à  Smyrne,  à  2fc  5om;  à  Brousse /a  ih  5r]m,  où 
sa  durée  fut  estimée  5o  à  60  secondes;  à  Gallipoïi,  à  ah35m;  à  Constan- 
tinople,  à  3  heures;  sa  durée  y  fut  estimée  généralement  de  l\o  à  5o  se- 
condes, jmais  elle  ne  paraît  avoir  été  en  réalité  que  de  1 3  à  1 7  secondes  ; 
à  Loulé-Bourgas,  à  3  heures  et  quelques  minutes  ;  sa  durée  fut  estimée  de 
3o  secondes;  à  andrinople,  à  ib  46™.  (J'ai  appris  qu'à  Tokat  on  n'avait 
rien  ressenti.)  On  s'accorde  généralement  à  dire  que  la  direction  des  oscil- 
lations fut  du  sud-ouest  au  nord-est. 

»  Brousse  paraît  être  le  point  central  de  cette  violente  secousse.  Cette 
ville  et  ses  environs  sont  du  moins  les  lieux  qui  en  ont  éprouvé  le  plus  de 
mal.  Au  moment  où  la  secousse  eut  lieu,  on  entendit  uu  bruit  souterrain 
et  l'on  crut  sentir  dans  l'air  une  odeur  qu'on  caractérise  comme  celle  du 
soufre  et  du  fer  brûlé.  L'ébranlement  du  sol  commença  par  un  mouvement 
oscillatoire  de  l'est  à  l'ouest,  auquel  succéda  bientôt  une  série  de  trente  à 
quarante  violents  soubresauts;  puis  il  se  termina  par  une  nouvelle  oscil- 
lation plus  sensible  encore  que  la  première.  Les  secousses  verticales  furent 
tellement  fortes,  que  des  personnes  ont  été  lancées  en  l'air  et  renversées.  Des 
mosquées,  des  khans ,  un  grand  nombre  de  maisons  s'écroulèrent  avec 
fracas;  presque  toutes  les  sources  thermales  et  non  thermales  tarirent  et  ne 
reparurent  que  six  à  huit  jours  plus  tard.  Le  sol  fut  crevassé  en  plusieurs 
endroits.  Pendant  vingt-quatre  heures,  le  terrain  oscilla  comme  le  pont 
d'un  navire,  et  des  détonations  souterraines  se  faisaient  entendre  de  quart 
d'heure  en  quart  d'heure.  A  Smyrne,  la  secousse  parut  très-longue,  dans  la 
direction  nord  et  sud;  mais  elle  ne  produisit  aucun  accident  sérieux.  Aux 
Dardanelles ,  on  n'eut  à  regretter  que  la  perte  des  dépôts  de  poteries 
qu'on  y  fabrique,  et  qui  furent  brisées  par  le  choc.  A  Gallipoïi,  la  commo- 
tion fut  beaucoup  plus  forte,  car  trois  minarets  s'écroulèrent  en  partie,  et 
presque  toutes  les  maisons  éprouvèrent  des  dommages.  A  Constantiriople , 
la  plus  forte  secousse  fut  presque  verticale  et  composée  de  violents  soubre- 
sauts qui,  comme  à  Brousse,  furent  précédés  et  suivis  d'une  secousse  plus 
faible  et  horizontale,  dans  la  direction  du  sud-ouest  au  nord-est,  suivant 
les  uns,  mais  qui  m'a  paru  plutôt  dans  le  sens  de  l'est  à  l'ouest.  Immédia- 


(95) 
tement  avant  la  commotion,  on  entendit  un  mugissement  souterrain.  Tou- 
tefois on  n'eut  à  déplorer  aucun  accident  grave.  A  Andrinople,  on  ne  si- 
gnala non  plus  rien  de  bien  fâcheux. 

»  Dans  tous  ces  lieux  on  ressentit  d'autres  secousses  moins  fortes  pendant 
les  jours  suivants  (1).  Je  vais  noter  toutes  celles  qui  sont  parvenues  à  ma 
connaissance  : 

»  Constantinople ,  28 février,  3h  35m  du  soir,  une  petite  secousse;  3h  55m 
du  soir,  une  secousse  forte  mais  très-brève;  6h3om  du  soir,  une  secousse 
faible  et  courte  ;  i  ih  45m  du  soir,  une  secousse  un  peu  plus  forte.  ier  mars, 
i  heure  du  matin,  une  secousse  faible;  4  heures  du  matin,  une  secousse 
un  peu  plus  forte  ;  8  heures  du  matin,  une  secousse  faible;  nh45m  du  ma- 
tin, une  secousse  faible  ;  4h  55m  du  soir,  une  secousse  plus  forte,  durée  de 
3  à  4  secondes;  7h  i5m  du  soir,  une  secousse  très- faible. 

»  Pendant  ces  mêmes  jours  on  sentit  plusieurs  secousses  aux  Dardanelles 
et  à  Gallipoli.  A.  Brousse,  elles  furent  fortes  et  fréquentes. 

»  Constantinople,  a,  17,  24,  26,  27,  28  mars,  secousses  faibles  ;  une  un 
peu  plus  forte  le  3i. 

»   Gallipoli,  17  mars,  une  secousse  modérée. 

»  A  Brousse,  il  y  eut  chaque  jour  (du  28  février  au  3i  mars)  cinq  à  six 
secousses  plus  ou  moins  fortes,  la  plupart  verticales,  les  autres  horizontales 
dans  le  sens  du  sud-ouest  au  nord-est.  Du  ier  au  4  avril,  on  n'y  ressentit 
aucune  secousse. 

»  Rhodes,  6  avril,  1  heure  du  matin,  on  y  sentit  une  première  se- 
cousse assez  forte  qui  dura  près  de  6  secondes;  puis  une  deuxième  plus 
faible  :  leur  direction  était  de  l'est  à  l'ouest. 

»  PhiUppopoli,  3  avril,  il  y  eut  plusieurs  secousses  assez  fortes. 

»  Brousse,  5  avril,  une  secousse  assez  forte,  mais  sans  accidents. 
Le  6,  7,  8,  9  et  to  avril,  secousses  faibles. 

»  1 1  avril,  7h4oœ  du  soir.  Ce  jour  fut  signalé  par  une  violente  secousse 
qui  fut  sentie  sur  tout  le  littoral  de  l'Archipel  et  dans  les  mêmes  lieux 
que  le  tremblement  de  terre  du  28  février. 

»  A  Brousse ,  la  secousse  fut  verticale  et  dura  environ  25  secondes  (  dit- 
on).  Elle  fut  précédée  d'un  bruit  souterrain.  Certaines  personnes  estiment 
qu'elle  fut  trois  fois  plus  forte  que  celle  du  28  février.  Aussi  des  maisons  en 
bois,  qui  avaient  résisté  à  la  première  secousse,  ont  été  en  partie  renversées 


(1)  Ainsi,  à  Constantinople,  pour  peu  qu'on  y  fit  attention,  on  sentait  le  sol  trembler 
presque  constamment  sous  les  pieds,  pendant  près  de  huit  jours. 


(96) 
par  celle-ci.  Pas  une  mosquée,  pas  un  minaret,  pas  un  édifice  en  pierres  ne 
resta  debout.  Les  secousses  se  succédaient  avec  une  telle  rapidité,  qu'en 
moins  de  i5  heures  on  en  compta  environ  cent  cinquante,  dont  quelques- 
unes  étaient  assez  fortes  pour  renverser  des  murs.  Les  sources  qui  ali- 
mentent la  ville  tarirent  comme  la  première  fois  pendant  plusieurs  jours; 
mais  les  sources  d'eaux  thermales,  tant  sulfureuses  que  ferrugineuses, 
éprouvèrent  au  contraire  une  augmentation  de  volume.  De  nouvelles  sour- 
ces chaudes  surgirent  même  à  côté  des  anciennes  et  continuèrent  jusqu'à  la 
fin  du  mois,  époque  à  laquelle  elles  disparurent. 

»  A  Smjrne,  la  secousse  fut  trouvée  très-longue  et  précédée  d'un  bruit 
souterrain.  Sa  direction  était  de  l'est  à  l'ouest  avec  tendance  du  sud-ouest 
au  nord-est.  A  Nasildi  (province  d'Aïdin),  on  ressentit  six  ou  sept  secousses 
en  quelques  heures.  A  Métélin,  la  secousse  fut  suivie  d'un  coup  de  vent  du 
sud.  A  Andrinople,  la  secousse  a  été  très-forte  et  suivie  également  d'un 
coup  de  vent.  D'autres  secousses  se  sont  ensuite  succédé  de  loin  en 
loin.  A  Constantinople ,  la  secousse  fut  violente,  mais  certainement  moins 
intense  que  celle  du  28  février.  Elle  fut  surtout  moins  longue,  car  sa  durée 
a  été  de  moins  de  8  secondes.  Cette  violente  commotion  fut  suivie  d'autres 
beaucoup  plus  faibles  dans  la  même  soirée;  savoir:  à  7h5om,  8b3on>et 
10  heures. 

»    Constantinople,  12  avril,  1  heure  du  matin,  une  secousse  faible. 

»  Constantinople,  i3  avril,  deux  secousses  à  8bao™,  et  secousses  assez 
faibles  le  10,  le  19,  le  22  et  le  23  à  10  heures  du  soir. 

»  Brousse,  17  avril,  forte  secousse  verticale,  suivie  d'autres  qui  se 
succédèrent  d'heure  en  heure.  Le  18,  deux  fortes  secousses  horizontales. 
Le  19,  une  forte  secousse  horizontale.  Le  20,  dans  la  nuit,  une  forte  se- 
cousse horizontale.  iih20m  du  matin,  quatre  fortes  secousses  horizon- 
tales. Le  22  avril,  deux  faibles  secousses.  Le  22  avril,  5h20m  du  matin,  une 
très-faible  secousse.  A  8h  5om  du  matin,  bruit  souterrain,  sans  secousse. 
Rien  le  24  et  25,  mais  le  26,  une  forte  secousse.  Le  28  il  y  avait  eu,  de  grand 
matin,  un  léger  balancement  du  sol.  A  81'  20™,  les  chiens  aboient,  et  presque 
aussitôt  on  entend  un  bruit  souterrain  qui  est  suivi  d'une  secousse  horizon- 
tale, laquelle  dura  près  de  20  secondes  et  fut  assez  forte  pour  renverser 
des  murailles.  Le  29,  une  forte  secousse.  Depuis  lors  jusqu'au  i3  mai 
il  y  eut  chaque  jour  plusieurs  secousses  et  des  bruits  souterrains. 

»  On  a  observé,  à  Brousse,  que  les  secousses  avaient  lieu  plus  fréquem- 
ment la  nuit  que  le  jour,  et  fréquemment  par  un  vent  du  sud.  Après 
une  forte  secousse,,  la  terre  conservait  pendant  quelque  temps  une  trépida- 


(97) 
tion  comparable  à  celle  qu'on  éprouve  sur  le  pont  d'un  bateau  à  vapeur. 
Presque  toujours  les  secousses  étaient  précédées  ou  accompagnées  de  bruits 
souterrains;  mais  souvent  aussi,  quoique  le  sol  n'éprouvât  aucun  ébranle- 
ment, on  entendait,  principalement  du  côté  du  mont  Olympe,  des  mugisse- 
ments, des  sifflements  et  de  sourdes  détonations  semblables  aux  décharges 
lointaines  d'une  batterie  d'artillerie. 

»  Quant  aux  dégâts  matériels  produits  par  tant  de  chocs  violents,  ils  sont 
immenses  dans  la  seule  ville  de  Brousse.  Sans  compter  toutes  les  mosquées 
et  leurs  cent  soixante  minarets  qui  se  sont  écroulés,  sans  compter  les  khans 
et  le  grand  nombre  de  maisons  jetés  à  terre,  deux  fois  l'incendie  a  éclaté, 
une  première  fois  après  la  secousse  du  28  février,  une  seconde  fois  après 
celle  du  1 1  avril,  et  il  a  dévoré  près  de  quinze  cents  maisons.  Sur  une  popu- 
lation de  soixante-dix  mille  habitants,  treize  cents  environ  ont  trouvé  la 
mort  sous  les  ruines  de  leurs  maisons. 

»  Ces  terribles  effets  se  sont  fait  sentir  presque  exclusivement  dans  les 
districts  voisins  de  l'Olympe.  De  nombreux  villages  ont  été  détruits  de  fond 
en  comble,  surtout  ceux  qui  se  trouvaient  dans  la  direction  du  sud-ouest  au 
nord-est.  La  violente  secousse  du  28  février  paraît  avoir  produit  le  plus  de 
désastres  dans  l'espace  compris  entre  Brousse  et  Mouhalitch.  Celle  du 
1 1  avril  aurait  été  plus  sentie  dans  la  contrée  au  nord  de  Brousse.  Un  fait 
digne  de  remarque,  c'est  que  certains  villages  ont  particulièrement  souf- 
fert, tandis  que  d'autres,  très-voisins,  n'ont  éprouvé  aucun  dommage; 
comme  si  les  commotions  souterraines  avaient  eu  lieu  dans  des  foyers  cir- 
conscrits ne  communiquant  entre  eux  que  par  des  canaux  très-étroits.— 
Ainsi,  on  cite  le  village  de  Tépéïdjik,  situé  à  7800  mètres  environ  au  nord- 
nord-est  de  Brousse,  qui  fut  complètement  détruit,  tandis  que  celui  de 
Démir-tach,  à  i3oo  mètres  au  nord-nord-ouest  du  précédent,  et  celui  de 
Kélécèr,  qui  en  est  à  2600  mètres  au  nord-est,  n'ont  rien  éprouvé  de 
fâcheux. 

»  Brousse,  16  mai,  8hi5m  du  matin,  une  secousse  assez  forte,  sans 
accident.  Depuis  ce  jour,  des  secousses  ont  continué  à  se  faire  sentir  de 
temps  en  temps,  mais  avec  une  intensité  décroissante. 

»  Salonique,  i3  juin,  une  secousse  horizontale  de  l'est  à  l'ouest.  Le 
3  juillet,  6  heures  du  matin,  une  faible  oscillation  de  l'est  a  l'ouest. 

»  Brousse,  28  juillet,  plusieurs  secousses  horizontales,  peu  intenses,  vers 
1 1  heures  du  matin  et  2  heures  du  soir.  A  4h3om  du  soir,  plusieurs  secousses 
verticales. 

»  Brousse,   20  août,    2h3om  du    soir,   après  plusieurs  jours  de  tran- 

C  R.,  i856,   i«  Semestre.  (T.  XLH,  N°5.)  '4 


(9»  ) 
quillité,  on  sentit  trois  secousses  horizontales   du   sud-ouest  au  nord-est, 
assez  fortes  pour  renverser  des  pans  de  murailles.  Secousses  le  21  et  le  27, 
cette  dernière  assez  forte. 

»  Constantinople,  20  et  21  août,  faibles  secousses  horizontales  de  l'est  à 
l'ouest,  qui  durèrent  moins  d'une  seconde. 

»  Sahnique,  28  août,  secousse  horizontale  assez  forte,  sans  accident.  Le 
29  une  secousse  faible. 

»  Rhodes,  3o  août,  deux  oscillations  nord  et  sud. 

»   Métélin,  9  septembre,  secousse  horizontale  assez  forte,  mais  sans  cau- 
ser d'accident. 

»  Sahnique,  21  septembre,  matinée,  une  secousse  assez  forte. 
»  Brousse,  9  octobre,  2  heures  du  matin,  une  forte  secousse.  On  y 
ressent  toujours  de  temps  en  temps,  surtout  lorsque  le  vent  du  sud  souffle, 
des  secousses  plus  ou  moins  fortes  et  on  y  entend  des  bruits  souterrains. 
Les  habitants  n'osent  pas  encore  rentrer  en  ville  ;  ils  habitent  sous  des  tentes 
ou  dans  des  maisons  de  campagne. 

»  Smyrne,  18  novembre,  une  forte  secousse  horizontale  du  sud  au  nord, 
avec  bruit  souterrain. 

»  Smjme,  19  novembre,  deux  secousses  faibles. 

»  Brousse,  i4  décembre,  9h3om  du  soir,  une  secousse  brève,  mais  assez 
forte  pour  alarmer  de  nouveau  la  population  dont  la  plus  grande  partie 
était  rentrée  en  ville  :  mais  il  n'y  eut  point  d'accidents. 

»  Constantinople,  14  décembre,  9h3om  du  soir,  j'ai  senti  deux  oscil- 
lations du  sud  au  nord  très-courtes,  de  force  moyenne,  avec  craquement 
de  boiseries.  Je  n'ai  entendu  aucun  bruit  souterrain. 

»  Brousse,  i5  décembre,  secousse  plus  faible  que  celle  du  \l\. 
»  Brousse,  16  décembre ,  même  secousse. 

Résumé. 

»  Les  tremblements  de  terre  notés  dans  ce  tableau  ont  eu  lieu  depuis  le 
24  janvier  jusqu'au  16 décembre  i855  dans  les  quinze  lieux  suivants  compris 
entre  Philippopoli  et  Rhodes  : 


Constantinople 3o  secousses. 

Brousse .   25 

Salonique 5 

Smyrne 4 

Rhodes 2 

Gallipoli ...      2 

Andrinople 2 

Macri 1 


Baghla-aghatch . 

Samos 

Métélin 

Nasildi 

Dardanelles.  .  . 
Loulé-bourgas. 
Philippopoli.  .  . 


(99) 
Sur  cinquante-huit  secousses  dont  l'heure  est  indiquée, 

10  ont  eu  lieu  de  6  heures  du  matin  à  midi 


12 


.,../.,             ,        •  }  22  le  jour, 

midi  a  b  heures  du  soir ) 

iq  »  6  heures  du  soir  à  minuit.  .  .    i   _.  , 

■   jh  lu   nu  1 1 
1 7  »  minuit  à  6  heures  du  matin .  .    ( 

CORRESPONDANCE . 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  approuve  le  choix  du  jour  in- 
diqué par  l'Académie  pour  sa  séance  annuelle;  en  conséquence,  cette 
séance  aura  lieu  lundi  prochain  a8  janvier. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  invite  l'Académie  à  lui  présenter 
deux  candidats  pour  la  place  vacante  au  Bureau  des  Longitudes,  par  suite 
du  décès  de  M.  Beautemps-Beaupré . 

Une  Commission,  formée  par  la  réunion  des  Sections  de  Géométrie, 
d'Astronomie,  de  Géographie  et  de  Navigation,  s'occupera  de  la  préparation 
d'une  liste  de  candidats  pour  la  présentation  demandée. 

M.  le  Ministre  de  la  Guerre  annonce  qu'il  a  maintenu  MM.  Poncelet 
et  Le  terrier  comme  Membres  du  Conseil  de  perfectionnement  de  l'École 
Polytechnique,  au  titre  de  l'Académie  des  Sciences. 

«  M.  Poncelet  présente,  au  nom  de  l'auteur,  M.  William  Fairbairn, 
Correspondant  de  l'Académie  des  Sciences,  un  ouvrage  en  anglais  publié 
récemment  ,  à  Londres,  sous  le  titre  :  Renseignements  usuels  pour  les  ingé- 
nieurs, etc.,  et  qui  contient  une  série  de  recherches  expérimentales  ou 
théoriques,  très-importantes,  sur  la  construction,  la  consommation  de 
combustible  et  l'explosion  des  chaudières  ;  sur  l'utilité  de  la  création  d'é- 
coles où  les  connaissances  pratiques  seraient  alliées  aux  notions  et  aux 
théories  scientifiques  ;  sur  les  constructions  métalliques  appliquées  princi- 
palement aux  navires  ;  enfin  sur  les  lois  de  la  formation  et  de  la  constitution 
de  la  vapeur  d'eau  à  différentes  pressions  et  températures;  plus  spécialement 
sur  la  nouvelle  théorie  de  la  chaleur,  envisagée  au  point  de  vue  de  l'éta- 
blissement des  chaudières  de  machines  à  vapeur.  Cet  ouvrage  est  en  outre 
suivi,  sous  forme  d'Appendices,  d'une  série  d'articles,  de  notes  relatives  à  la 
résistance  de  la  fonte  et  du  fer  diversement  constitués  ou  assemblés,  notam- 
ment dans  les  chaudières  et  les  bouilleurs  des  locomotives,  etc.  Tous  ces 
articles  et  les  chapitres  du  texte  qui  s'y  rapportent,  doivent  être  considérés 

«4.. 


(  ioo  ) 
comme  le  résumé,  le  résultat  des  longues  recherches  expérimentales,  entre- 
prises, à  diverses  époques,  par  le  célèbre  et  infatigable  auteur  de  ce  très- 
utile  ouvrage.  » 

«  géologie.  —  M.  Èlie  de  Beaumont  met  sous  les  yeux  de  l'Académie, 
de  la  part  de  M.  de  Dechen,  président  du  conseil  des  mines  de  Bonn 
(Prusse  Rhénane),  les  deux  premières  feuilles  de  la  Carte  géologique  de  la 
province  Rhénane  et  de  la  province  de  Westphalie.  Ces  deux  feuilles  sont 

les  sections  de  Wesel  et  de  Dortmund  de  la  carte  topographique  au  -5 ? 

publiée  par  le  gouvernement  prussien,  que  M.  de  Dechen  a  coloriées  géo- 
logiquement.  Elles  font  partie  de  la  grande  carte  géologique  que  les  géo- 
logues ont  admirée  l'été  dernier  dans  l'annexe  du  Palais  de  l'Industrie,  et 
dont  les  autres  parties  vont  être  publiées  successivement. 

»  Les  couleurs  géologiques  sont  appliquées  par  impression  avec  le  plus 
grand  soin.  Des  lettres  placées  dans  les  soixante  et  onze  compartiments  de 
la  légende  et  reproduites  dans  les  diverses  parties  de  la  carte  permettent 
à  l'œil  de  reporter  partout  sans  hésitation  les  indications  de  la  légende,  sans 
être  arrêté  par  les  ressemblances  qu'il  est  impossible  d'éviter  entre  les  dif- 
férents termes  d'une  si  nombreuse  série  de  teintes. 

»  Voici,  avec  les  lettres  désignatives  de  chaque  couleur,  la  traduction  des 
explications  qui  les  accompagnent.  Leur  réunion  présente  un  tableau  com- 
plet de  la  classification  adoptée  par  M.  de  Dechen  pour  les  terrains  si  va- 
riés qui  forment  le  sol  de  la  province  Rhénane  et  de  la  province  de  West- 
phalie, depuis  Sarrebruck  et  le  bassin  de  Mayence  jusqu'à  la  Porta-West- 
phalica,  en  comprenant  la  région  des  volcans  éteints  des  bords  du  Rhin. 

/  a  Cailloux  roulés,  sable,  limon  (Lehm)  dans  les  vallées  des  ri - 
\  vières. 

Almjvium /   a'  Tourbe  et  minerais  de  fer  des  gazons  [Rasen-eisenstein). 

a1  Tuf  calcaire. 

a3  Marne  coquillière. 

Îb     Cailloux  roulés,  sable,  limon  (  Lehm,  Lues)  \i  une-  étendue  con- 
sidérable ) . 
*      Limite  de  la  dispersion  des  blocs  erratiques  du  nord. 

c  Sable  coquillier  de  Crefeld,  sable  de  Grafenberg. 

c'  Argile  de  Ratingen. 

Terrain  miocène     J  c-  Lignites  du  Rhin  et  du  Westerwald ,  sable ,  argile  et  grès. 

du  groupe  tertiaire,   j  c3  Calcaire  à  cérithes •    \ 

i*  Argile  et  marne  bleues  inférieures ...   \  Dans  le  ],n«in  Uè  M.yence 

cs  Sable  marin  et  conglomérat  ostrifère. 


(  loi  ) 


J  d    Craie  tuffeau  de  Maestricht. 
d>    Roches  sableuses  de  l'âge  de  la  craie 

blanche 

d2   Roches  calcareo-argileuses  de  l'âge  de 

la  craie  blanche 

d'    Sable  d'Aix-la-Chapelle  (  sable  de  l'A- 

chenerwald  et  du  Lousberg  ) 

Groupe  crétacé /  d'    Calcaire  blanc  de  Groes,   près  Ahaus 

(Planer  supérieur) 

ds    Planer  avec  couches  subordonnées  de 

grès  vert 

d6    Tourtia  (  grès  vert  d'Kssen)  Flammen- 

mergel. 
d'    Gaùlt. 
d'   Néocomien  (  hils,  grès  vert  inférieur) . 

e     Argile  wealdienne  (  wâlderthen  ). 
Couches  wealdiennes.  {  _,  °  , ,.       ,  ' 

el    Grès  wealdien  (  diester  sandstein  ) . 


Sénonien  de 
M.    d'Orbigny. 


Turonien 
de  M.  d'Orbigny. 


Groupe  jurassique  . 


Groupe  uu  Trias 


/    Couches  partlandiennes  (et  kimméridiennes)  (      jura  blanc  de 

f1     Coralrag I  M.Léopoldde  Buch. 

|  /'   Jura  moyen  comprenant  l'argile  d'Oxford. 

Jura  brun  de  M.  T^éopold  de  Buch. 
\f3    Lias. 

/'    Grès  de  Luxembourg   ou  grès  inférieur  du  lias   (  gris  à  car- 
dinies). 

g  Keuper. 

g'  Muschelkalk . 

g1  Rôth  (  argiles  schisteuses). 

g*  Grès  bigarré. 

g*  Conglomérat  de  Menden  et  de  Malmedy. 

G  Gypse  du  Trias. 

h     Zechstein  (  comprenant  la  Rauchwacke  et  le  Kupfersehiefer  ). 

Groupe  mermien j  G'  Gypse  du  Zechstein. 

h'    Rothliegendes . 

i      Couches  supérieures  ,  dépourvues  de  houille  ,  du  terrain  houil- 

ler. 
i'     Terrain  houiller  avec  couches  de  houille  [cûal  measures). 
Groupe  carbonifère.  ^  /»     Grès  dépourvus  de  houille  (millstone-grit). 

P     Culm  (Phtanite,  schiste,  grès,  calcaire  schisteux,  schiste  à  Possi- 

donomyes). 
i*     Calcaire  carbonifère. 


Schistes  à  cypridines 
de 


Groupe  dévoniew. 


(   ioa  ) 

h    Schistes   de    Verneuil    (roches    argilo-sableuses    avec  Spirifet 

verneuilli  au  sud  d'Aix-la-Chapelle). 
X'    Kramenzcl  (grès  ,  schistes  avec  modules 

calcaires  et  clymenies 

A'    Flinz  (schistes  à  goniatites  de  Budesheim  . 

etdeNehden) )     M.  Sandberger 

/     Calcaire  de  l'Eifel  (-comprenant  les  calcaires  de  Paffrath  et  d'El- 

berfeld  et  le  calcaire  à  strigonocéphales )  et  couches  calcaires 

subordonnées  aux  schistes  de  Lenne. 
P     Schistes  de  Lenne  (roches  argilo-sableuses  au  sud  de  la  zone 

calcaire  rheino-westphalienne  de  M.  F.  Romer). 
m    Schistes  de  Wissenbach. 

m'  Schistes  de  Coblenz  ( grau wacke  rhénane  ancienne  de  M.  F.  Ro- 
mer; grès  à  spirifers  de  M.  Sandberger). 
m*  Couches  calcaires  dans  les  schistes  de  Coblenz. 
n     Schistes  de  l'Ardenne   (schistes   semi-cristallins  dépourvus  de 

fossiles). 
D    Bancs  d'ardoises  du  groupe  dévonien. 

0  Pierres  ponces  incohérentes. 

*  Limite  de  la  dispersion  des  pierres  ponces  incohérentes, 

o'  Conglomérat  pooceux  (grès  d'Eugers). 

o'  Trass  (Duckstein  dans  la  vallée  de  Brôhl). 

p  Tuf  augitique,  sable  volcanique. 

S  Scories  volcaniques. 

L  Lave  augitique  (lave  basaltique  en  coulées). 

1  Tuf  leucitique. 

P  Phonolithe,  roche  à  leucite  et  à  sodalite. 

r  Conglomérat  trachitique  et  basaltique. 

B  Basalte. 

T  Trachyte. 

M    Melaphyes,  mandelstein  (  Trapp) 1.  Dans  la  masse  du 

F     Porphyre  feldspathique  avec  quartz )     terrain  houiller. 

s      Schaalstein . 

Gr  Grunstein  (d'une  composition   minéralogique   incomplètement 

connue). 
L    Porphyre  labradorique. 
H    Roche  d'hypesthène. 

F1   Porphyre  feldspathique  schisteux  et  sans  quartz,  dans  la  masse 
1    .   '      du  groupe  dévonien. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  de  M.  le  professeur  Sed- 
gwick,  un  ouvrage  intitulé  «  Synopsis  d'une  classification  des  roches  paléo- 
zoïques  britanniques ,  avec  une  description  des  fossiles  paléozoïques  existant 
au  Muséum  géologique  de  l'Université  de  Cambridge.  » 

L'ouvrage  se  compose  d'un  volume  in-4°  de  texte,  dont  l'introduction 


Roches  voloahiques. 


Roches  plctoniques. 


(  io3  ) 
présente  un  tableau  des  couches  paléozoïques  de  la  Grande-Bretagne,  par 
M.  le  professeur  Sedg\vick,et  qui  est  principalement  consacré  à  la  description 
des  fossiles  paléozoïques  de  la  Grande-Bretagne,  par  M.  Mac  Coy,  actuel- 
lement professeur  de  sciences  naturelles  à  l'Université  de  Melbourne;  de 
nombreux  diagrammes  sont  intercalés  dans  le  texte,  et  l'ouvrage  est  accom- 
pagné d'un  atlas  de  planches  lithographiées  exécutées  avec  un  très-grand  soin . 

«  M.  Velpeau  présente  à  l'Académie,  au  nom  de  l'auteur,  M.  Carret, 
chirurgien  de  l'Hôtel-Dieu  de  Chambéry,  une  Note  imprimée  sur  un  appa- 
reil nouveau  pour  le  traitement  des  fractures  des  membres. 

»  Rien  n'est  plus  simple  et  moins  dispendieux  que  cet  appareil  :  il  se 
compose  d'une  feuille  de  carton  ramolli  pour  emboîter  le  membre  et  de 
quelques  tours  de  bande  pour  fixer  le  carton  pendant  sa  dessiccation.  En 
se  durcissant,  le  carton  s'amincit,  se  moule  sur  les  parties  et  s'y  colle,  en 
les  régularisant.  Par  son  retrait,  il  exerce  une  légère  compression  perma- 
nente, en  même  temps  qu'il  devient  inflexible  et  inamovible.  Si  une  expé- 
rience plus  longue  et  plus  variée  n'y  fait  découvrir  aucun  inconvénient  sé- 
rieux et  vient  à  confirmer  de  tels  avantages,  l'appareil  de  M.  Carret  devra 
certainement  être  admis  comme  un  perfectionnement  utile  des  bandages 
inamovibles,  pourtant  déjà  si  simples,  employés  aujourd'hui  dans  le  traite- 
ment des  diverses  fractures  des  membres.   » 

«  M.  Velpeau  dépose  en  outre  sur  le  bureau  un  ouvrage  de  M.  Petten- 
kofer,  professeur  à  l'université  de  Munich.  Dans  ce  travail,  l'auteur  résume 
toutes  ses  recherches  sur  la  marche  du  choléra  là  où  il  a  pu  le  suivre,  et 
sur  les  rapports  de  ce  fléau  avec  la  constitution  géologique  des  localités 
qu'il  a  envahies.  » 

La  Société  régionale  d'Acclimatation  pour  la  zone  du  nord-est  de  la 
France  adresse  plusieurs  exemplaires  d'un  opuscule  sur  les  noms  à  imposer 
aux  animaux  nouveaux,  acclimatés  ou  supposés  acclimatables  {voir  au  Bul- 
letin bibliographique). 

astronomie.  —  Solution  trigonométrique  de  la  méthode  de  M.  Babinet 
pour  la  détermination  des  latitudes  [Comptes  rendus,  n°  i ,  7  janvier  t856)  ; 
par  M.  ï loi  six. 

«  Étant  données  les  trois  équations 

sine?  =  sin  A  cosX, 
sinc^=  sinA'cosX, 
A  +  A'  =  q, 
on  demande  de  calculer  X  au  moyen  de  o\  â'  et  q. 


(  io4  ) 
»  Pour  cela,  soient  N  et  N'  deux  angles  auxiliaires,  tels  que  l'on  ait 

N  ■+-  N'  =  q, 
puis 

tang;J  (*-<?') 
tang-(N-N')=tang^ \- 


tang  -  ^  +  S') 


7 


on  tirera  de  cette  seconde  équation  la  valeur  de  N  —  N'.  Ayant  celle  de 
N  -+-  N',  on  trouvera  N  et  N'.  Enfin  on  aura  X  par  la  formule 

i         sinâ         sinS' 

COSA  =  -r-t  =  - ,- 

smN        sinN  % 

En  effet,  reprenons  les  deux  équations 

sinc?  =  cosXsinA, 
sintfrz:  cosXsinA', 

auxquelles  il  faut  joindre  la  relation 

A  -+•  A'  =  q. 

»  Il  s'agit  d'éliminer  A  et  A',  afin  d'obtenir  X. 
«  Posons,  pour  abréger, 

sintf  =  n,     sin^'  ==  n\ 
il  vient 

sin?  =  sinAcosA'  -+-  sinA'cosA  =  "-cosA'  +  £»£■ 

cosX 

d'où 

Sin^  =  ^n  ["'  (»  -£ï)  +>  {*-£ï)  +  WcosAcosA']- 
Mais 

cosq  =  cosA  cosA'  —  sin  A  sinA'  =  cosA  cosA' ?ffU 


COS'  A 


puisque 


sinAsinA*=sin*sin*' 


COS:X  COSJA 

donc 


a/m'  cosA  cos  A'  ==  2  coso .  nn!  -+-  *"'" 

*  cos1). 


(  io5) 
ce  qui,  transporté  dans  la  valeur  qu'on  vient  d'obtenir  pour  sin2^,  donne, 
en  réduisant, 

sin2<7  cosaX  =  na  -+-  n'2  +  inn'  cosq. 

»  On  voit  alors  que  sin  q  cosX  sera  le  côté  d'un  triangle  ayant  pour  angle 
opposé  1800  —  q  et  dont  les  deux  autres  côtés  comprenant  l'angle  1800  —  q 
seraient  n  et  n'.  Soient  alors  N  et  N'  les  angles  opposés  respectivement  à  n 
et  «',  on  aura 

TVT  IV, /  '      /TIT  HT/S  !  "  "'  *.  '  SiQ^  Sïn^' 

N  +  M'  =  fl,     tang-(N-N)  =  tang-g.^7=:tang;?.>iBj  +  iin^ 

et,  par  conséquent, 

•  tang-(S  —  S') 

tang  i  (N  -  N')  =  tangi  q , 

tang  !(*.+  *') 

ce  qui  permet  de  calculer  N  —  N'  par  logarithmes,  puis  N  et  N'  par  une 
somme  et  une  différence. 
»  Ensuite  on  a 

sin  17  cos^  _        n  n' 

sin  q         ~  sinN        sinN' 

par  l'opposition  des  sinus,  car  sinç  cos  X  est  le  côté  opposé  à  l'angle  1 8o° —  q. 
Il  vient  donc 

,         sin  S         sin  S' 

cosX  =  -7~s  ='••  us 
sinN        sinN' 

»  Nota.  Cet  artifice  de  calcul  pourra,  en  général,  servir  à  calculer  par 
logarithmes  x  dans  l'expression  trinôme 

x  —  P  +  Q  +  R, 

lorsque  i°  P  et  Q  seront  de  même  signe,  et  i°  lorsqu'en  faisant 

2s/PQ.*  =  R, 
le  nombre  k  sera  plus  petit  que  l'unité.  » 

géométrie.  —  Sur  les  trajectoires  orthogonales  d'une  sphère  mobile  ; 

par  M.  J.-A.  Serret. 

«  La  recherche  des  surfaces  dont  les  lignes  de  l'une  des  courbures  sont 
situées  sur  des  sphères  normales  à  la  surface,  se  ramène  immédiatement  à 
la  détermination  des  trajectoires  orthogonales  d'une  sphère  mobile,  et  ce 

C.  R.,  i856,  1"  Semestre.  (T.  XLII,N05.)  ï5 


(  ïo6  ) 
dernier  problème  se  réduit  lui-même  très-aisément  à  la  détermination  des 
trajectoires  orthogonales  d'un  plan  mobile,  question  dont  j'ai  donné  une 
solution    très-simple    dans    le    Compte   rendu  de  la  séance  du   3i    dé- 
cembre i855.  C'est  ce  que  je  me  propose  d'établir  ici  (*). 
»  Soit 

(i)  {x-af  +  {j-bf+{z-cY  =  ri 

l'équation  d'une  sphère  en  coordonnées  rectangulaires  ;  <z,  b,  c,  r  désignent 
des  fonctions  d'un  paramètre  variable  t.  Les  trajectoires  orthogonales  de 
cette  sphère  mobile  auront  pour  équations  différentielles 

,     .  dx  dy  dz 

^     '  x  —  a        y —  b        z  —  c  • 

Soient  a,  6,  -y  les  angles  formés  avec  les  axes  par  une  droite  arbitraire  va- 
riable avec  le  paramètre  t  ;  désignons  aussi  par  u  une  nouvelle  fonction  de 
t  et  posons 

/0>  ,  ,  cos  a  ,,  ,  cosê  ,  ,  cosv 

(i)  da  =  rud >       do  =  rud >       de  =  rud  -. — '• 

x    '  u  u  u 

Enfin,  au  lieu  des  variables  x,  y,  z,  prenons-en  trois  autres  xt,  /,,  z,  telles 
que  l'on  ait 

(4)  •  \j  =  b  +  r(^^-co^), 

-  cos 7  \i 
d'où  l'on  tire,  en  ayant  égard  à  l'équation  (1), 

u(x  —  a  +  rcossc) 
1        [x  —  a)cosa  +  (_y —  6)cosë-4-(z —  c)cosy-+-r 
_  u{y — è-f-rcosë) 

\^  I  \   3K         (x  —  a)cosa-h(/ — è)cosë-f-(z — c)cosy-hr 

u(z  —  c  +  rcosy) 


[x  — a)cosa-f-  (y —  b)  cosê  -+-  (z —  c)coS7  -+-  r 


(*)  M.  Ossian  Bonnet  s'est  occupé  le  premier  de  la  recherche  des  surfaces  dont  il  s'agit  ici. 
Mais  les  formules  qu'il  a  données  me  paraissent  trop  compliquées  pour  qu'on  puisse  en  tirer 
parti  ;  aussi  je  crois  faire  une  chose  utile  en  publiant  le  résultat  si  simple  que  j'ai  obtenu.  On 
verra  d'ailleurs  que  l'analyse  dont  je  fais  usage  s'applique  sans  difficulté  au  cas  général,  non 
encore  résolu,  des  surfaces  dont  les  lignes  de  l'une  des  courbures  sont  sphériques. 


(   io7  ) 
»  Au  moyen  des  équations  (3)  et  (4)  les  équations  (i)  et  (2)  se  rédui- 
sent aux  suivantes  : 

(6)  x,  cosa  -+-  y,  cosS  +  z,  cosy  =  u, 

.     .  dxt  dyt  dz{ 

^  '  '  cosa        cosê        cosy  ' 

on  voit  que  si  l'on  considère  x, ,  yt,  z,  comme  des  coordonnées  rectangu- 
laires, les  équations  (7)  appartiendront  aux  trajectoires  orthogonales  du 
plan  mobile  représenté  par  l'équation  (6). 

»  Nous  conserverons  toutes  les  notations  de  l'article  inséré  au  Compte 
rendu  du  3i  décembre  dernier.  Ainsi  nous  désignerons  par  £,  u,  Ç,  X,  pi,  v 
les  angles  formés  avec  les  axes  par  le  rayon  de  courbure  et  par  l'axe  du 
plan  oscillateur  de  la  trajectoire  du  plan  (6);  par  ds  l'angle  de  deux  tan- 
gentes infiniment  voisines  et  par  dt\  l'angle  de  deux  plans  osculateurs  infi- 
niment voisins.  Désignant  en  outre  par  A  et  B  deux  constantes  arbitraires, 
et  posant 

U  =  Asinyj  +  Bcosrj  —  <p  (yj), 

les  trajectoires  orthogonales  du  plan  (6)  seront  représentées  par  l'équa- 
tion (6)  jointe  aux  deux 

(8)  xs  cosX  +  y{  cos/i+  z,  cosv  =  t), 

(9)  JC,  COSÇ  ~hjt  COSU  -+-  Z,  COSÇ  = -z- • 

»  Si,  dans  les  équations  (8)  et  (9)  on  remplace  x{,  yt,  z,  par  leurs  va- 
leurs tirées  de  (  5),  on  aura  deux  nouvelles  équations  qui,  jointes  à  l'équa- 
tion (1),  feront  connaître  les  trajectoires  orthogonales  de  la  sphère  (1). 
Enfin,  si  l'on  exprime  A  et  B  en  fonction  d'un  paramètre  0  et  d'une  fonc- 
tion arbitraire  de  ce  paramètre,  les  mêmes  trois  équations  représenteront 
les  surfaces  dont  les  lignes  de  l'une  des  courbures  sont,  situées  sur  des 
sphères  normales  à  la  surface.  Les  équations  que  nous  formons  ainsi  con- 
tiennent seize  quantités  fonctions  du  paramètre  t,  savoir  :  a,  b,  c,  r, 
u  ou  <p(>j)  et  les  onze  angles  a,  ê,  y;  £,  w,  Ç;  X,  fj.,  v;  z  et  yj.  Toutes  ces 
seize  quantités  peuvent  s'exprimer  immédiatement,  dans  le  cas  général,  en 
fonction  du  paramètre  t  et  de  trois  fonctions  arbitraires  de  ce  paramètre; 
cela  peut  se  faire  d'une  infinité  de  manières;  le  choix  du  paramètre  et  des 

i5.. 


(  io8) 
fonctions  arbitraires  doit  être  subordonné  aux  convenances  du  cas  parti- 
culier que  l'on  veut  étudier. 

»  Considérons,  par  exemple,  le  cas  où  les  sphères  qui  contiennent  les 
lignes  de  courbure  ont  leurs  centres  en  ligne  droite.  On  pourra  faire  ici 

a  =  o,     b  =  o,     cosa  =  o,     cosê  =  o,     cosy=i; 

alors  les  équations  (7)  se  réduisent  à 

dxi  =  o,     dyi  =  o, 

et  nous  pouvons  poser 

(10)  x\+j\  =  Y< 


F  désignant  une  fonction  arbitraire.  Faisant  ensuite 


C  =  t,       U=z\J-j(t), 

on  a 


et  si  l'on  pose 

S/<5>:-!"(5 


z  —  t+  v^'-+-  y  ■+•  (z  —  *) 


l'équation  (10)  se  réduit  à  V  =  o  en  vertu  de  (5).  La  surface  que  nous  con- 
sidérons ici  sera  donc  représentée  par  l'équation  V  =  o  jointe  à  l'équa- 
tion (1);  il  est  aisé  de  s'assurer  qu'elle  peut  l'être  aussi  par  les  deux 
équations 


o,         —  =  o 

dt 


7 


résultat  que  j'ai  donné  déjà  dans  mon  Mémoire  sur  les  surfaces  dont  toutes 
les  lignes  de  courbure  sont  planes  ou  sphériques. 

»  Remarquons  encore  le  cas  où  les  sphères  qui  contiennent  les  lignes  de 
courbure  ont  seulement  leurs  centres  dans  un  même  plan.  Ce  cas  se  ramène 
immédiatement,  d'après  ce  qui  précède,  au  cas  des  surfaces  dont  les  lignes 
de  l'une  des  courbures  sont  dans  des  plans  parallèles  à  une  droite  fixe  et 
normaux  à  la  surface.  » 


(  io9  ) 

géométrie.  —  Sur  les  surfaces  dont  les  lignes  de  Vune  des  courbures  soni 
sphe'riques ;  par  M.  J.-A.  Serret. 

«  Soient  x,  y,  zdes  coordonnées  rectangulaires  et  a,  b,  e,  r,  l  des  fonc- 
tions d'un  paramètre  t,  dont  la  dernière  l  contient  le  facteur  \J —  i.  Si  l'on 
pose  dz  =  pdx  -+-  qdy,  l'équation  différentielle  des  surfaces  dont  il  s'agit 
sera  le  résultat  de  l'élimination  du  paramètre  t  entre  les  deux  équations 

(i)  {x-ay  +  {y-by  +  {z-cy  =  r*-l\ 

(u)  -{x-a)p-{y  — b)q+  {z-c)  =l^-i-p*-u\ 

Soient  x0, '  y0,  z0,  v0  quatre  fonctions  inconnues  de  t,  assujetties  à  vérifier 
les  équations 

(3)  (x0  -  af  +  (Jo  -  bf  +  (z0  -  cf  +  (v0  -  l)>  =  r\ 

ir\  dx"     —     dfo     —     dz°    —    dv" 

et  posons 

(5)  Y=(x0-a)(x-a)  +  (jr0-b){r-b)  +  {z0-c)(z-c)-l(»0-  /)->■». 

»  Il  est  aisé  de  s'assurer  que  l'équation  V  —  o  satisfait  à  l'équation  (a)  ; 
elle  sera  donc  une  intégrale  complète  de  celle-ci,  si  les  valeurs  de  x0,  y0, 
z0,  v0  tirées  des  équations  (3)  et  (4)  renferment  dans  leurs  expressions  deux 
constantes  arbitraires.  Si,  en  outre,  on  exprime  les  deux  constantes  dont  il 
s'agit  en  fonction  d'un  paramètre  0  et  d'une  fonction  arbitraire  de  ce  para- 
mètre, l'intégrale  générale  de  l'équation  (2)  sera  le  résultat  de  l'élimination 
de  9  entre  les  deux  équations 

(6)  V=o,     £  =  0. 

»  Enfin  l'équation  intégrale  des  surfaces  dont  nous  nous  occupons  sera 
le  résultat  de  l'élimination  de  t  et  Q  entre  les  équations  (1)  et  (6). 

»  Soient  a, ,  b, ,  c, ,  /,  et  u  cinq  fonctions  de  t ,  choisies  de  manière 
que  l'on  ait 

(7)  a\  +  b\  +  c\  +/»  =  !, 

(  8  )  da  —  rud  —  ■>     db  =  rud  —  »     de  =  nid  —•>     dl=  rud-  ■> 

'  -  '  II  II  U  II 


(    »/?  ) 
et  prenons,  au  lieu  de  x0,j0,  z0,  v0,  quatre  nouvelles  variables  sctijrtfzi9.vti 
telles  que 

(x^a  +  r^-^^-^^-a,),    j^b  +  r^^^^-b,), 

Au  moyen  des  équations  (7),  (8),  (9),  les  équations  (3)  et  (4)  se  rédui- 
sent à 

(10)  a,  x,  4-  b,j<-,  ■+-  c,  z,  -h  lt  v,  —  11, 

,      >.  dfh  <h\  d^_ dt^ 

{lI>  a,    ~  b,   ~  c,   ~X' 

et  la  question  est  ramenée  à  trouver  des  valeurs  de  xt,y,,  zt,  vt]  qui  satis- 
fassent à  ces  équations  et  qui  renferment  dans  leurs  expressions  deux 
constantes  arbitraires. 

»  Remarquons  d'abord  le  cas  où  les  sphères  qui  contiennent  les  lignes 
de  courbure  ont  leurs  centres  dans  un  même  plan.  En  prenant  ce  plan  pour 
celui  des  xj,  on  a  c  =  o,  puis  on  peut  faire  c,  =  o  et  z,  =  o,  ou  =  une 
constante.  On  voit  alors  que  le  problème  est  immédiatement  ramené  à  la 
détermination  des  trajectoires  orthogonales  d'un  plan  mobile.  » 

géométrie.  —  Note  sur  les  surfaces  pour  lesquelles  la  somme  des  deux 
rayons  de  courbure  principaux  est  égale  au  double  de  la  normale;  par 
M.  Qssian  Bonnet. 

«  Je  me  propose  d'appliquer  les  formules  que  j'ai  fait  connaître  dans  le 
tome  XXX VII,  page  34g,  des  Comptes  rendus,  à  la  détermination  d'une 
classe  de  surfaces  qui  ont  une  analogie  remarquable  avec  les  surfaces  à  aire 
minima. 

»  Les  surfaces  dont  il  s'agit  sont  telles,  que  la  somme  des  rayons  de  cour- 
bure principaux  est  égale  en  chaque  point  au  double  de  la  normale.  D'a- 
près cela,  si  l'on  conserve  les  notations  de  la  Note  citée,  on  aura  pour 
l'équation  aux  différentielles  partielles  de  la  surface 

dz 

(0 

ou 


2  

(Pz        ifz             .  .                  dz                                dr 

_)-        -)-  2 1  tani*  1  y      -+-  z  -+-  ...  -         — 

dx'        dy2                     °    J   dy                  i  sin  iy  cos  iy 

U7 

d2z        d'z             .           .     dz 

-r-  -f-  -j—,  —  2  /  cot  1  y  — -  -4-  Z ;  =  0. 

dx*         dy                        •'   dy 

(  III  ) 

Pour  intégrer  cette  équation,  posons 

z  =  fi  sin  if  udf; 
substituant  et  différentiant  par  rapport  à  y ,  il  viendra 

d'u         rf*«  _ 

d'où 

«  =  \  [/(*  +  (r)  ■+-/(*  -  '»]  +  ;  [/  '(*  +  '»  -/.  (*  -  ?/)]« 

/  et  /j  étant  deux  fonctions  réelles  quelconques  ;  par  conséquent 

a  =  f  i  sin  ij^-UX*  +  i»  -+-/(*  -  if)]  -+- 1  [ft  (x+iy)-ft  {x-if)]\df, 

la  fonction  arbitraire  de  x  qui  entre  dans  l'intégrale  devant  être  déterminée 
par  la  condition  que  l'équation  (i)  soit  satisfaite. 

»  On  se  rappelle  que  l'on  a  pour  les  surfaces  à  aire  minima 

(2)  z  =  fco&if^[f(x+ir)+f(x-if)]+  ~[j\{x+if)-  ft{x-if)^df, 

ainsi,  en  supposant  que  les  fonctions  /  &X.ft  soient  les  mêmes,  la  première 
valeur  de  z  se  déduira  de  la  seconde,  en  changeant,  sous  le  signe  /,  cos// 
en  /  sin  if. 

»  Si  l'on  cherche  les  lignes  de  courbure  des  surfaces  représentées  par 
l'équation  (1),  en  se  rappelant  l'équation  générale 

d'z       d7z 
/rfjrV       d^~dy  +  zdy         _ 

\dx)    T     '       "rf'g  dx     •      l  —   °' 

dxdy 

que  nous  avons  obtenue  (tome  XXXVII,  page  35o,  des  Comptes  rendus), 
on  trouve 

± Y _  o  ''[/>  + '>)-/'(* -'»]-[/'■(*-  '»  +£*{* - '/)] * 


■y    ? '•[/'(*+ 


1 

Or  cette  équation  est  aussi  celle  des  lignes  de  courbure  des  surfaces  à  aire 
minima.  Nous  pouvons  donc  conclure  qu'à  chaque  surface  à  aire  minima 
correspond  une  surface  ayant  en  chaque  point  la  somme  des  deux  rayons 
de  courbure  principaux  égale  au  double  de  la  normale,  et  pour  laquelle  les 
lignes  de  courbure  sont  respectivement  parallèles  à  celles  de  la  surface  à  aire 


(  «a  ) 
rainima.  Ainsi,  au  plan  correspond  la  sphère,  à  l'hélicoïde  à  plan  directeur 
correspond  la  surface  dont  les  coordonnées  Ç,  >),  Ç  satisfont  aux  équa- 
tions 

'%  sin  x  —  c  cos x  —  —  a  cos  iy, 

■-  .  ax 

c  cosx  -+-  V5  sinx  = ? 

cos  iy 

l  =  aix  tang/r- 
Etc.,  etc.  » 

chimie  ORGANIQUE.    —   Note  sur  l'acide  tartrique  ;  par  M.  Dcbrusfact. 

«  Si  l'on  sature  d'acide  borique  des  dissolutions  d'acide  tartrique  faites 
en  diverses'proportions  et  à  diverses  températures  (de  +  10  à  +  25  degrés), 
et  que  l'on  observe  les  rotations  de  ces  dissolutions  aux  températures  pour 
lesquelles  elles  ont  été  saturées  d'acide  borique,  on  trouve  un  pouvoir 
rotatoire  constant|et  proportionnel  aux  quantités  d'acide  tartrique  contenues 
dans  les  dissolutions. 

»  Dans  toutes  ces  dissolutions,  l'acide  tartrique  possède  le  maximum  de 
rotation  que  peut  lui  imprimer  l'acide  borique,  et  son  pouvoir  dispersif 
anomal  est  rentré  intégralement  dans  la  loi  générale  que  M.  Biot  a  reconnue 
au  cristal  de  roche  et  aux  autres  substances  optiquement  actives,  ce  qui 
n'est  jamais  réalisé  d'une  manière  parfaite  pour  ces  composés  quand  on 
n'a  pas  satisfait  aux  conditions  que  nous  venons  d'énoncer. 

»  On  peut  donc,  en  ayant  soin  de  réaliser  ces  conditions,  doser  avec 
précision  l'acide  tartrique  qui  se  trouverait  en  dissolution  dans  l'eau  en 
proportions  inconnues,  et  l'on  peut  dès  lors  employer  pour  ces  dosages  les 
mesures  angulaires  ay  recommandées  par  M.  Biot,  ou  les  mesures  équiva- 
lentes fournies  par  le  saccharimètre  de  M.  Soleil. 

»  Si  l'on  examine  la  composition  chimique  des  dissolutions  tartro- 
boriques  constituées  comme  nous  venons  de  l'énoncer,  on  trouve  que 
toutes  renferment,  à  peu  de  différence  près ,  i  équivalent  d'acide  bo- 
rique BO%  3  HO  pour  2  équivalents  d'acide  tartrique  C8H*0'°,  2HO. 
Nous  disons  que  telle  est  à  peu  près  la  constitution  chimique  de  toutes  ces 
dissolutions;  car  l'analyse  permet  de  reconnaître  dans  les  dissolutions  tar- 
troboriques  diluées  une  proportion  d'acide  borique  un  peu  plus  grande. 

»  Cette  différence  dépend,  ainsi  que  cela  résulte  de  l'ensemble  de  nos 
observations,  de  l'affinité  de  l'eau  pour  l'acide  borique,  affinité  qui  est 
modifiée  par  la  présence  du  composé  tartroborique  dans  les  solutions  con- 


X  "S) 
centrées  et  qui  ne  trouble  plus  la  composition  définie  de  ce  composé  quand 
elle  est  satisfaite. 

»  En  effet,  quand  on  étend  d'eau  pure  une  solution  tartroborique  bien 
constituée,  le  pouvoir  rotatoire  de  l'acide  tartrique  perd  de  sa  valeur  et 
son  pouvoir  dispersif  est  changé;  il  les  recouvre  intégralement,  quand  on 
sature  la  dissolution  d'acide  borique. 

»  Si,  au  lieu  d'ajouter  de  l'eau  pure  à  une  solution  tartroborique  bien 
constituée,  on  ajoute  de  l'eau  préalablement  saturée  d'acide  borique,  le 
pouvoir  dispersif  et  le  pouvoir  rotatoire  ne  changent  pas. 

»  Il  est  impossible,  en  présence  de  ces  faits,  de  ne  pas  admettre  que  les 
acides  tartrique  et  borique  dissous  dans  l'eau  subissent  au  milieu  de  ce 
liquide  une  combinaison  chimique  définie;  et  cette  combinaison,  rappro- 
chée des  autres  combinaisons  connues,  ne  peut  appartenir  à  aucune  des 
séries  de  tartrates  doubles. 

»  Ces  faits  et  ces  interprétations  expliquent  d'une  manière  satifaisante 
les  belles  et  importantes  observations  faites  par  M.  Biot  sur  les  propriétés 
optiques  des  composés  tartroboriques  ;  seulement  ils  les  expliquent  à  un 
point  de  vue  différent  de  celui  qui  a  servi  de  point  de  départ  aux  re- 
cherches de  l'illustre  académicien,  c'est-à-dire  au  point  de  vue  purement 
chimique  des  combinaisons  définies  en  proportions  multiples. 

»  Les  mêmes  faits,  aidés  des  observations  si  précises  de  M.  Fremy,  expli- 
quent d'une  manière  aussi  satisfaisante  les  observations  faites  par  M.  Biot  sur 
les  propriétés  optiques  des  acides  tartriques  modifiés  par  la  chaleur  quand  ils 
sont  mis  en  présence  de  l'acide  borique.  M.  Biot  a  prouvé  que  les  acides  tar- 
tralique  et  tartrélique  possèdent,  en  dissolution  dans  l'eau,  des  propriétés 
optiques  qui  sont  identiques  avec  celles  de  l'acide  tartrique  normal  placé  dans 
les  mêmes  conditions.  Il  a  prouvé  que  cette  identité  n'existe  plus  quand  on 
ajoute  de  l'acide  borique  à  la  dissolution  ;  dans  ce  cas,  la  rotation  initiale  de 
la  dissolution  est  accrue  par  la  présence  de  l'acide  borique,  mais  elle  l'est 
moins  que  pour  l'acide  normal,  et  l'identité  de  pouvoir  rotatoire  ne  se  ré- 
tablit que  sous  l'influence  du  temps,  c'est-à-dire  dans  les  conditions  qui  re- 
génèrent l'acide  tartrique  avec  toutes  ses  propriétés  caractéristiques. 

»  En  considérant,  comme  nous  l'avons  fait,  le  composé  tartroborique 
comme  un  composé  chimique  défini  possédant  un  pouvoir  rotatoire  con- 
stant, quand  rien  ne  vient  altérer  sa  constitution,  en  admettant,  en  outre, 
avec  M.  Fremy,  que  les  acides  tartriques  modifiés  parla  chaleur  possèdent 
une  capacité  de  saturation  moindre  que  celle  de  l'acide  normal,  ce  qui 

C.  R.,  i856,  ifr  Semestre.  (T.  XLII,  N°3.)  l6 


(  m) 

n'est  controversé  par  aucun  chimiste,  parce  que  ce  sont  des  faits  vrais  et 
indépendants  des  interprétations  différentes  qu'on  peut  leur  donner;  en 
admettant  ces  faits,  disons-nous,  on  comprend  que  dans  les  expériences  de 
M.  Biot,  le  composé  tartroborique  régulier,  celui  qui  possède  le  maximum 
de  rotation,  n'a  pu  se  former  que  sous  l'influence  du  temps.  Le  composé 
initial  était  donc  autre  chose  et  les  modifications  successives  des  rotations 
convergeant  vers  le  maximum  de  rotation  qui  convient  au  composé  tartro- 
borique défini,  ont  dû  suivre  les  progrès  du  retour  des  acides  modifiés  à 
l'état  d'acide  normal,  état  qui  pouvait  seul  restituer  à  ces  acides  la  capacité 
de  saturation  qui  convient  à  ce  dernier,  et  favoriser  en  même  temps  sa  com- 
binaison définie  avec  l'acide  borique  qui  se  trouvait  dans  le  mélange,  soit 
libre,  soit  combiné  avec  les  acides  tartralique  ou  tartréhque,  conformément 
à  la  capacité  de  saturation  de  ces  acides. 

»  Les  rotations  diverses,  observées  par  M.  Biot  pendant  la  durée  de  la 
réaction,  n'étaient  donc  que  des  résultantes  de  rotations  appartenant  à  des 
composés  différents,  jusqu'à  ce  qu'enfin  se  soit  révélée  la  rotation  maximum, 
qui  convenait  au  composé  tartroborique  défini  qui  a  pu  se  former. 

»  Il  est  fort  digne  de  remarque  que,  ce  qui  se  produit  pour  l'acide  tar- 
trique  dissous  dans  l'eau  en  présence  de  l'acide  borique  employé  dans  les 
conditions  que  nous  avons  spécifiées,  se  produit  encore  d'une  manière  ana- 
logue quand  l'acide  a  été  préalablement  combiné,  soit  avec  un  ou  deux  équi- 
valents d'une  base  énergique,  comme  la  soude  ou  la  potasse.  Dans  ces  con- 
ditions encore,  le  pouvoir  dispersif  de  l'acide  rentre  intégralement  dans  la 
loi  générale;  le  pouvoir  rotatoire,  accru  parla  présence  delà  base,  est  con- 
stant pour  le  même  composé,  et  les  combinaisons  se  trouvent  être  dans 
toutes  les  dissolutions  parfaitement  définies. 

»  Il  restera  à  expliquer  les  anomalies  singulières  que  les  dissolutions  tar- 
triques  pures  ont  offertes  à  M.  Biot,  au  point  de  vue  des  combinaisons  défi- 
nies. Ces  anomalies,  qui  se  rattachent  plus  au  phénomène  chimique  si  peu 
étudié  des  dissolutions  et  à  la  constitution  spéciale  et  exceptionnelle  de 
l'acide  tartrique,  sollicitent  un  examen  particulier  de  la  part  des  chimistes. 
Nous  reviendrons  sur  ce  fait  dans  une  autre  Note,  en  même  temps  que  nous 
aurons  à  examiner  la  propriété  si  remarquable  de  l'émétique  surchauffé, 
découverte  par  MM.  Liebig,  Dumas  et  Piria.  » 


(  "5  ) 

GÉOLOGIE.  —  Sur  des  volcans  et  solfatares  de  l'île  de  Java  ,  renseigne- 
ments puisés  dans  des  observations  récentes  des  Hollandais  ;  par  M.  A. 
Perrey. 

«  Dans  le  district  d'Onderandir,  à  quelques  milles  de  la  station  de  poste 
de  Tjitrap,  à  une  hauteur  de  80  pieds  environ  au-dessus  du  niveau  de  la  mer, 
se  trouve  une  mare,  à  peu  près  de  a5o  pieds  carrés,  qui  s'annonce,  à  une 
certaine  distance,  par  une  odeur  pénétrante  d'acide  sulfnrique.  Cette  mare 
est  recouverte  d'une  vase  argileuse;  une  partie  est  divisée  par  des  digues 
en  compartiments  qu'on  utilise  comme  rizières.  L'eau  rassemblée  dans 
ces  compartiments  émet  une  faible  odeur  sulfureuse,  due  sans  doute  aux 
bulles  du  gaz  qu'on  y  voit  partout  et  incessamment  s'y  développer.  Çà  et 
là,  le  développement  du  gaz  est  si  violent,  que  l'eau  y  est  soulevée  avec 
force  et  mise  en  mouvement  d'une  manière  très-sensible.  Partout  où  la 
vase  n'est  pas  recouverte  d'eau,  on  aperçoit  le  même  bouillonnement  qui 
soulève  et  perce  la  boue. 

»  Une  cavité  profonde  et  de  forme  triangulaire,  au  côté  est  de  cette  sol- 
fatare, offre  un  spectacle  curieux.  Au  milieu  de  ce  bassin  dont  une  vase 
glissante  recouvre  les  bords,  et  dans  une  espèce  de  tufa,  il  s'en  est  formé 
un  autre  d'environ  i4  pieds  de  diamètre,  et  qui,  sans  canal  apparent  d'ali- 
mentation, est  rempli  jusqu'au  bord  d'une  eau  trouble  et  blanchâtre,  de  la 
couleur  et  de  la  consistance  d'un  épais  lait  de  chaux.  Le  développement 
des  gaz  est  si  considérable  dans  cet  endroit,  que  la  masse  entière  de  l'eau 
est  dans  un  mouvement  continuel  ;  c'est  à  la  fois  un  mouvement  gyratoire 
et  ondulant,  un  véritable  bouillonnement  tel,  que  sur  plusieurs  points 
l'eau  est  lancée  constamment  à  la  hauteur  de  1  et  même  1  4  pied.  On 
entend  en  même  temps  le  sifflement  ou  bruissement  particulier  qui  carac- 
térise l'ébullition  ;  en  un  mot,  toute  la  matière  paraît  se  trouver  dans  un 
état  de  coction,  quoiqu'elle  n'accuse  qu'une  température  de  81  degrés 
Fahrenheit,  celle  de  l'atmosphère  étant  d'ailleurs  de  o,5  degrés  Fahrenheit. 
La  profondeur  de  ce  bassin  est  de  4  à  5  pieds  ;  cependant,  en  soulevant  les 
pierres  du  fond  avec  un  bambou,  on  apercevait  des  crevasses  qui  descen- 
daient à  une  plus  grande  profondeur. 

»  La  pierre  tufacée,  où  se  forme  cette  espèce  de  lait  de  chaux,  est  con- 
nue des  indigènes  sous  le  nom  de  wadas  ;  elle  se  montre  au  jour  dans 
tout  le  nord  du  Banten  (Bantam)  sous  un  croûte  plus  ou  moins  épaisse  de 
terre  arable.  C'est  un  conglomérat  volcanique,  formé  de  grains  de  quartz, 
de  petits  et  de  gros  fragments  de  pierres  ponces,  et  d'un  ciment  argileux 

16.. 


(  "6) 
Sa  couleur  passe  par  des  nuances  nombreuses  du  blanc,  au  gris  et  au  rou- 
geâtre.  Il  a  une  faible  pesanteur  spécifique  ;  il  est  sonore  et  se  laisse  facile- 
ment briser,  mais  il  est  rude  et  difficile  à  fendre.  Partout  où  on  le  rencon- 
tre, on  trouve  au-dessous,  à  quelques  pieds  de  profondeur,  une  couche 
marneuse. 

»  L'eau  rassemblée  dans  le  bassin  décrit  plus  haut  et  dont  nous  avons 
signalé  l'odeur  piquante  et  acide,  a  désagrégé  une  partie  de  ce  tuf,  qu'elle 
tient  en  suspension  par  un  mouvement  incessant  sans  que  cette  masse  ter- 
reuse puisse  se  clarifier.  L'eau  a  donc  l'aspect  d'une  bouillie,  peu  épaisse, 
d'un  blanc  grisâtre  qui  se  dépose  sous  forme  d'un  sédiment  en  une  couche 
grise,  granulée,  d'un  sable  plus  ou  moins  terreux,  dont  se  sépare  une  ma- 
tière blanche  et  transparente. 

»  En  divers  endroits  de  cette  solfatare,  le  soufre  s'est  déposé  sur  les  pier- 
res, sur  l'argile,  sur  le  bois  et  sur  d'autres  objets.  11  y  forme  des  cris- 
taux qui  varient  d'épaisseur  depuis  quelques  millimètres  jusqu'à  x  centi- 
mètre. 

»  Quoique  l'air,  l'eau  et  le  sol  soient  imprégnés  de  gaz  acides  sulfureux, 
la  végétation  n'en  parait  pas  souffrir.  Les  rizières  environnantes  sont  dans 
un  état  florissant,  et  partout  où  le  sol  présente  à  la  surface  une  terre  arable, 
la  végétation  est  aussi  luxuriante  qu'en  aucune  autre  partie  du  pays.    » 

Deux  autres  Notices  qui  font  partie  de  l'envoi  de  M.  A.  Perrey  sont  rela- 
tives à  deux  des  volcans  de  l'île  de  Java. 

M.  Le.mo.vmeu  de  la  Che.vnaye  adresse  une  Note  relative  à  une  machine  à 
vapeur,  construite  par  M.  Sauvage,  dans  laquelle  la  chaudière  est  alimentée 
par  l'eau  résultant  de  la  condensation  de  la  vapeur. 

M.  Sauvage  a  déjà  présenté,  au  concours  pour  le  prix  extraordinaire 
concernant  le  Perfectionnement  de  la  Navigation,  un  Mémoire  sur  une  ma- 
chine construite  dans  ce  système.  La  Lettre  de  M.  Lemonnier  est  renvoyée,  à 
titre  de  document,  à  la  Commission  chargée  de  l'examen  des  pièces  admises 
à  ce  concours. 

M.  Hesse,  commissaire  de  la  Prusse  à  l'Exposition  universelle,  adresse 
une  collection  de  champignons,  imités  en  cire  coloriée,  et  décrits  par 
MM.  Bùchner  et  Kirsch.  Cette  collection,  qui  a  figuré  à  l'Exposition,  est 
accompagnée  d'une  description  imprimée,  en  allemand,  et  d'une  Notice  ma- 
nuscrite en  français. 


(  «.'7  ) 

M.  de  Paravey  demande  et  obtient  l'autorisation  de  reprendre  diverses 
Notes  qu'il  a  successivement  adressées  à  l'Académie,  et  qui  n'ont  pas  été 
l'objet  de  Rapports. 

M.  Durand  présente  une  Note  sur  une  subdivision  du  kilogramme  qui  lui 
semblerait  d'un  usage  plus  commode  que  la  division  adoptée. 

Cette  communication  n'a  pas  paru  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un 
Rapport. 

M.  Saskc  adresse  de  Pest  une  nouvelle  Note,  écrite  en  latin,  sur  la  qua- 
drature des  surfaces  à  périmètre  curviligne. 

Cette  Note  est  renvoyée,  comme  l'ont  été  les  précédentes  communications 
du  même  auteur,  à  l'examen  de  M.  Chasles. 

M.  Ch.  Bailly  présente  une  Note  sur  la  mesure  des  triangles. 
(Renvoi  à  l'examen  du  même  Académicien.) 

A  5  heures,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  E.  D.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  ai  janvier  i856,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Institut  impérial  de  France.  Académie  des  Beaux-Arts .  Discours  de  M.  F. 
Halévy,  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie,  prononcé  aux  funérailles  de 
M.  David  (d'Angers) ,  le  mardi  &  janvier  1 856  ;  -§•  feuille  in-4°. 

Exposé  des  titres  et  des  travaux  de  M.  Jobert  de  Lamballe,  à  l'appui  de  sa 
candidature  à  l'Académie  des  Sciences.  Paris,  i856;  in-4°. 

L'art  de  découvrir  les  sources;  par  M.  l'abbé  Paramelle.  Paris,  i856; 
i  vol.  in-8°. 

Des  Hermodactes  au  point  de  vue  botanique  et  pharmaceutique.  Thèse  pré- 
sentée et  soutenue  à  l'Ecole  de  Pharmacie  de  Paris,  le  8  janvier  i856;  par 
M.  J.-E.  Planchon.  Paris,  i856;  br.  in-4°. 

Document  pour  l'histoire  de  la  Botanique.  Notice  sur  les  écrits  botaniques  de 
François  Bajle;par  M.  le  Dr  CLOS;  br.  in-8°. 


(  "8) 

Mémoire  sur  la  nécessité  qu'il/  a  d'en  arriver,  quoique  d'une  façon  normale, 
et  sans  choquer  les  règles  de  la  dérivation  française,  à  imposer  aux  nouveaux 
animaux  soit  acclimatés ,  soit  regardés  comme  acclimatables ,  des  noms  commodes 
et  réellement  susceptibles  de  devenir  vulgaires.  Nancy,  i855;  br.  in-8°. 

Notice  sur  le  moulin  de  Salles  [Dordogne);  par  M.  Ordinaire  de  Laco- 
longe.  Bordeaux,  1 855  ;  br.  in-8°, 

Rapport  sur  l'emploi  de  l'air  comprimé  de  M.  Duburguet,  lu  à  l'Académie  des 
Sciences  et  Arts  de  Bordeaux,  le  ao  mars  1 855;  par  le  même.  Bordeaux, 
i855;br.  in-8°. 

Appareil  nouveau  de  fracture  pour  les  membres  ;  par  M.  le  Dr  Carret  ; 
br.  in-8°. 

Ouvrages  offerts  par  l'Institut  Lombard  des  Sciences,  Lettres  et  Arts  : 

Memorie...  Mémoires  de  l'Institut  national  italien  ;  années  1806  à  1 8 1 3; 

6  vol.  in-4°- 

Memorie...  Mémoires  de  l'Institut  impérial  et  royal  lombardo-vénitien  ; 
années  1819  à  i838;  5  vol.  in-4°. 

Memorie...  Mémoires  de  l'Institut  impérial  et  royal  lombard  des  Sciences, 
Lettres  et  Arts;  années  1841  à  1847;  t.  T  à  IV;  in-4°. 

Giornale...  Journal  de  l'Institut  impérial  et,  royal  lombard  des  Sciences, 
Lettres  et  Arts;  années  1841  à  1847;  ^  vol.  in-8°;  et  nouvelle  série,  t.  I 
à  VII;  années  1847  à  t855;  fascicules  1  à  t\i ,  in-4°. 

Mémoires  couronnés  par  l'Institut  Lombardo- Vénitien . 

Memoria. . . .  Mémoire  sur  la  cultwe  des  bois  et  sur  les  moyens  de  reboiser  les 
montagnes  de  la  Haute-Lombardie ;  par  M.  MEGUSCHER.  Milan,  1847;  1  vol. 
in -8°. 

Sulla...  Mémoire  sur  la  construction  des  toits  des  édifices;  par  M.  Merlini. 
Milan,  184a;  in-8°. 

Sulla...  Mémoire  sur  l'éducation  des  vers  à  soie  et  la  culture  des  mûriers; 
par  M.  C.  Stradivari  ;  in-8°. 

Dell'  influenza...  De  l'influence  des  associations  industrielles  et  commerciales 
sur  la  prospérité  publique  ;  par  M.  F.  Restelli  ;  broch.  in-8°. 

Memoria...  Mémoire  sur  les  poteries  fabriquées  avec  des  terres  du  royaume 
Lombardo- Ténitien ;  par  M.  G.  Rosina;  in-8°. 

Délia...  Expériences  sur  la  cémentation  et  la  fonte  de  l'acier;  par  M.  G. 
Vismara;  in-8°.  ' 


(  "9) 

Monografia...  Monographie  des  morts  subites;  par  M.  N.-M.  SORMANi; 
in-8°. 

Statistica. . .  Statistique  des  morts  subites,  particulièrement  des  morts  par  apo- 
plexie dans  la  ville  de  Milan  et  sa  banlieue,  de  1 75o  à  1 834  ;  par  M.  J.  FERRARIO; 
in-8°. 

Recherches  sur  l'asthme;  parM.  G.  Bergson,  Milan,  1 855  ;  in-4°. 


Elogio...  Éloge  de  Bonaventure  Cavalier i ,  prononcé  par  M.  GABRIEL  PlOLA, 
à  [inauguration  du  monument  élevé  à  ce  savant,  à  l'occasion  du  sixième  congrès 
scientifique  italien.  Milan,  1 844  î  in-4°- 

Useful...  Renseignements  utiles  pour  les  ingénieurs ,  cours  fait  aux  ingénieurs 
mécaniciens  du  Yorkshire  et  du  Lancashire;  par  M.  William  FairbaIRN. 
Londres,  i856;  i  vol.  in-8°. 

A  synopsis...  Synopsis  d'une  classification  des  roches  paléozoïques  de  la 
Grande-Bretagne  ;  parla  révérend  Adam  Sedgwich;  avec  une  description  systé- 
matique des  fossiles  paléozoïques  britanniques  existant  au  Muséum  géologique  de 
l'Université  de  Cambridge;  par  M.  F.  Mac  Coy.  Londres,  1 855  ;  in-4°  ;  avec 
avec  un  adas  du  même  format. 

Tide...  Tables  des  marées  des  principaux  ports  des  Etats-Unis  ;  par  M.  Bach. 
New-York,  i855;  br.  in-8°. 

Zwei  und...  Trente-deuxième  Compte  rendu  annuel  des  travaux  de  la  Société 
nationale  silésienne ;  année  1 854-  Breslau,  i855;  in-4°. 

Untersuchungen. . .  Recherches  et  observations  sur  la  propagation  du  choléra  ; 
par  M.  Max  Pettenkofer.  Munich,  1 855  ;  in-8°. 

Zur...  Sur  la  question  concernant  la  marche  du  choléra;  par  le  même.  Mu- 
nich, i855;in-8°. 

Deutscher...  Sur  lafabrication  et  le  commercedu  vin;  par  M.  S.  ENGLERTH. 
Wurzbourg,  1849;  in-8°. 

DrGall's...  Sur  l'amélioration  des  vins  du  IF  Gall;  par  le  même;  in-8°. 

Erste...  Description  des  champignons  esculents  et  vénéneux;  par  MM.  le 
Dr  Buchner  etC.  Kirsch.  Hildburghausen,  i854;  in-12. 

Hv  A6r,vouç...  L'Abeille  médicale  d  Athènes ,  journal  mensuel  de  médecine; 
publié  par  M.  le  D'Gouda;  années  i853,  i85/j,  et  ier  semestre  de  i855; 
in-8°. 


(  lao  ) 


ERRATA. 

0 

(Séance  du  \l\  janvier  1 856.) 

Pa"e  3i,  ligne  5  du  Rapport  de  M.  Thenard  sur  un  Mémoire  de  M.  Léon  Péan  de  Saint- 
Gilles  sur  l'hydrate  et  l'acétate  ferriques. 

Au  lieu  de  espace  de  temps  assez  long,  lisez  espace  de  temps  très-hng  (plusieurs  jours) 

Page  45,  ligne  10  en  remontant,  au  lien  de  physique,  lisez  mathématiques. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SEANCE  PUBLIQUE  DU  LUNDI  28  JANVIER  1855. 

PRÉSIDENCE  DE   M.  REGNAULT. 


La  séance  s'ouvre  par  la  proclamation  des  prix  décernés  et  des  sujets  de 
prix  proposés. 

PRIX    DÉCERNÉS 

pocr  l'année  1858. 

SCIENCES  MATHÉMATIQUES. 

RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  POUR  LE  PRIX  D'ASTRONOMIE. 

FONDÉ  PAR  LALANDE. 

(Commissaires,  MM.  Mathieu,  Liouville,  Delaunay,   Le  Verrier, 

Laugier  rapporteur.) 

«  Depuis  la  clôture  du  dernier  concours,  quatre  nouvelles  petites  pla- 
nètes ont  été  découvertes  pendant  l'année  i855,  ce  qui  porte  à  trente-sept 
le  nombre  des  planètes  qu'on  observe  entre  Mars  et  Jupiter. 

»  Les  auteurs  de  ces  découvertes  sont  bien  connus  de  l'Académie,  qui, 
plusieurs  fois  déjà,  leur  a  accordé  le  prix  d'Astronomie  fondé  par  La- 
lande. 

«  La  première  de  ces  nouvelles  planètes,   Circé,  a  été  découverte  le 

C.  R.,  i856,  Ier  Semestre.  (T.  XLII,  N°4.)  *7 


(    122    ) 

6  avril  1 855  par  M.  Chacornac:,  l'un  des  astronomes  de  l'Observatoire 
impérial  de  Paris. 

»  La  deuxième,  Leucothée,  a  été  trouvée  le  19  avril  1 855  par  M.  Luther, 
astronome  de  l'observatoire  de  Bilk,  près  de  Dusseldorf. 

»  Enfin,  la  troisième  et  la  quatrième,  Atalante  et  Fldes,  ont  été  vues  le 
même  jour,  5  octobre  i855  :  Atalante,  par  M.  Hermann  Goldschmidt, 
peintre  d'histoire  à  Paris;  Fides,  par  M.    Luther. 

»  Nous  proposons  à  l'Académie  de  partager  le  prix  d'Astronomie  fondé 
par  Lalande  entre  MM.  Luther,  Chacornac  et  Goldschmidt.  » 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  la  Commission. 

RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  POUR  LE  PRIX  DE  MÉCANIQUE 

DE  L'ANNÉE   i855. 

FONDÉ  PAR  M.   DE  MONTYON. 

(Commissaires,  MM.  Piobert,  Combes,  Morin,  Charles  Dnpin, 
Poncelet  rapporteur.  ) 

«  La  Commission  décerne  le  prix  de  Mécanique  de  la  présente  année  à 
M.  ISoileau,  professeur  à  l'École  d'Application  de  Metz,  pour  l'ensemble  de 
ses  utiles  recherches  expérimentales  sur  l'hydraulique;  science  qui,  malgré 
de  nombreux,  de  persévérants  et  remarquables  travaux  entrepris  à  diverses 
époques  en  Italie,  en  France,  en  Allemagne  et  aux  États-Unis  d'Amérique, 
n'est  point  encore  arrivée,  dans  ses  différentes  parties,  à  un  degré  de  perfec- 
tion et  de  certitude  qui  permette  d'en  faire  une  application  précise  aux  cas 
si  variés,  si  distincts  de  l'art  de  l'ingénieur. 

»  La  Commission  croit  devoir  aussi  mentionner  les  appareils  délicats 
imaginés  par  ce  savant  professeur  pour  ses  études  sur  l'écoulement  de  l'eau 
dans  les  canaux  découverts  et  par-dessus  les  barrages,  ainsi  que  ses  recher- 
ches expérimentales  sur  le  sciage  des  bois,  également  soumises  au  jugement 
de  l'Académie  des  Sciences,  et  qui  sont  devenues,  pour  l'auteur,  le  point  de 
départ  d'une  combinaison  nouvelle  de  scieries  à  doubles  fraises  circulaires, 
destinées  au  débit  rapide  des  plus  fortes  pièces,  ainsi  que  de  plusieurs  autres 
machines  à  scier  transversalement  les  bois  ou  les  pierres  ;  machines  qui, 
malheureusement,  n'ayant  pas  été  exécutées,  n'ont  pu,  jusqu'ici,  recevoir  la 
sanction  de  l'expérience.  » 


(  Itf) 

RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  POUR  LE  PRIX  DE  STATISTIQUE 

POUR  L'ANNÉE  i855. 

FONDÉ  PAR  M.  DE  MONTYON. 

(Commissaires,  MM.  Bienaymé,  Mathieu,  Boussingault,  de  Gasparin, 

Dupin  rapporteur.) 

PRIX  DE  STATISTIQUE   DONNÉ    SUR  LES    FONDS  DE    L'ANNÉE    1 854   (0   A 
L'OUVRAGE    PORTANT   POUR  TITRE  :  LES    OUFR1ERS  EUROPÉENS; 

PAR  M.  LE  PLAY. 

«  Nous  avons  examiné  l'ouvrage  de  Statistique  composé  par  M.  Le  Play, 
ingénieur  en  chef  des  Mines  et.  professeur  de  Métallurgie  à  l'École  impériale 
des  Mines  de  Paris. 

»  Autorisé  par  le  gouvernement  français,  il  a,  depuis  un  certain  nombre 
d'années,  inspecté  les  mines  importantes  qui  sont  possédées  dans  les  monts 
Oural  par  M.  le  comte  Demidoff,  Correspondant  de  l'Académie.  Pour  rem- 
plir cette'mission,  il  a  fallu  que  M.  Le  Play  traversât  à  plusieurs  reprises  le 
continent  de  l'Europe.  Il  a  combiné  ses  itinéraires  de  manière  à  parcourir 
les  principaux  États  de  cette  partie  du  monde.  En  i85i,  membre  delà 
Commission  française  envoyée  pour  faire  partie  du  Jury  de  l'Exposition 
universelle  à  Londres,  il  a  visité  les  provinces*  les  plus  importantes  de  la 
Grande-Bretagne,  et  continué  dans  cette  île  les  recherches  qu'il  avait  com- 
mencées sur  le  continent. 

»  Une  épigraphe  empruntée  à  l'Éloge  de  Vauban  par  Fontenelle  est  l'in- 
dication sommaire  du  but  de  l'auteur.  «  Il  s'informait,  dit  l'ingénieux  se- 
crétaire en  parlant  du  grand  ingénieur,  il  s'informait  de  la  valeur  des  terres, 
de  ce  qu'elles  rapportaient,  de  la  manière  de  les  cultiver,'  des  facultés  des 
paysans,  de  ce  qui  faisait  leur  nourriture  ordinaire,  de  ce  que  leur  pouvait 
valoir  en  un  jour  le  travail  de  leurs  mains;  détails  méprisables  et  abjects 
en  apparence,  et  qui  appartiennent  cependant  au  grand  art  de  gouverner.  » 

»  Les  voyages  d'exploration  de  M.  Le  Play  ont  commencé  dès  i836; 
c'est  une  œuvre  entreprise  depuis  vingt  années  qu'il  soumet  à  notre  exa- 
men . 

(i)  En  i854,  'e  Pfix  annuel  de  Statistique  n'avait  pas  été  décerné;  cette  circonstance  a 
permis  de  donner  un  prix  de  plus  en  i855.  La  Commission  a  déclaré  que  les  deux  prix  qui 
se  rapportent  à  des  sujets  sans  termes  de  comparaison  ne  comportaient  ni  premier  ni  second 
prix,  ni  ex  œquo. 

17.. 


(  «M  )  *#' 

»  Des  collaborateurs  volontaires,  nombreux,  instruits,  zélés,  ont  secondé 
ses  efforts.  Les  uns  ont  pris  part  à  ses  voyages  ;  les  autres,  par  des  excur- 
sions isolées,  ont  examiné  pour  lui  des  pays  intéressants,  dont  il  n'a  pas  pu 
lui-même  parcourir  toutes  les  parties.  Il  cite  au  premier  rang  M.  le  comte 
de  Saint-Léger,  habile  agronome  et  membre  du  conseil  général  delà  Nièvre. 
«  Les  observations  que  nous  avions  faites  en  commun,  dit-il,  sur  les  popu- 
lations agricoles  du  Morvan  ont  été  le  point  de  départ  des  monographies 
groupées  dans  l'Atlas  de  cet  ouvrage.  »  Il  cite  aussi  des  étrangers  célèbres, 
dont  il  a  reçu  des  documents  précieux. 

»  L'auteur  était  guidé  dans  son  travail  par  le  désir  de  connaître  les  causes 
d'un  grand  contraste  qu'il  signale.  Suivant  lui  (nous  faisons  cette  réserve), 
suivant  lui,  deux  régions  extrêmes  de  l'Europe  présentent  le  spectacle  le 
plus  différent.  Les  populations  du  Nord  et  de  l'Orient  vivent,  pour  la  plu- 
part, satisfaites  de  leur  sort  et  dans  un  état  de  quiétude  qui  frappe  tous  les 
observateurs  ;  celles  de  l'Occident,  poussées  par  la  nécessité  ou  excitées  par 
une  sorte  de  vertige,  ne  cessent  de  s'agiter  pour  modifier  leurs  habitudes  et 
leurs  institutions. 

»  Les  monographies  recueillies  par  l'auteur  fournissent  des  résultats  pré- 
cis sur  le  bien-être  relatif  des  diverses  populations;  elles  donnent,  suivant 
l'auteur,  l'explication  du  contraste  qu'il  s'efforce  d'établir. 

»  Si  nous  voulions  sortir  de  la  statistique,  c'est-à-dire  de  la  science  qui 
se  borne  à  constater,  à  bien  exposer  des  résultats  numériques,  nous  aurions 
beaucoup  d'observations  et  de  réserves  à  faire  sur  de  graves  assertions.  Nous 
nous  abstenons  d'entrer  dans  cette  voie,  et  voici  pourquoi  : 

»  Le  point  de  vue  que  nous  devons  mentionner  dès  le  principe,  et  qui  pour 
l'auteur  était  un  point  de  départ,  ce  point  de  vue  a  pour  ainsi  dire  absorbé 
l'attention  des  personnes,  qui  placent  avant  tout,  des  idées,  des  intérêts  ou 
des  passions  politiques.  Elles  ne  sauraient  approuver  un  ouvrage  s'il  ne  con- 
duit pas  à  des  idées,  a  des  sentiments  qui  soient  selon  leurs  sympathies  ;  c'est 
à  cette  condition  seulement,  satisfaite  ou  non,  qu'ils  y  trouvent  du  mérite, 
ou  qu'ils  le  déprécient  et  le  condamnent. 

»  L'Académie  des  Sciences  physiques  et  mathématiques  doit  juger  autre- 
ment les  travaux  de  statistique  soumis  à  son  examen. 

»  Des  recherches  sont-elles  neuves?  portent-elles  sur  des  objets  impor- 
tants? les  faits  ont-ils  été  soigneusement  observés?  sont-ils  exposés  avec  mé- 
thode, et  surtout  sont-ils  rendus  avec  fidélité?...  Voilà  les  seules  conditions 
dont  nous  devions  nous  préoccuper. 

»  L'Académie  des  Sciences  morales  et  politiques  aurait  sans  doute  à 


£.$  (   »  25  ) 

remplir  une  autre  mission  ;  son  point  de  vue  serait  différent,  et  son  juge- 
ment s'étendrait  sur  des  conséquences  qui  ne  sont  pas  ici  de  notre  domaine. 
Nous  croyons  devoir  nous  borner  à  la  statistique  traitée  comme  une  science 
d'observation  physique  et  mathématique,  en  la  dégageant  des  théories,  des 
systèmes  dont  ses  travaux  peuvent  être  ensuite  le  sujet. 

»  L'auteur  constate  trois  conditions  d'existence  chez  les  populations  eu- 
ropéennes. A  l'orient,  c'est  le  régime  qu'il  appelle  des  engagements  forcés . 
Ce  régime  impose  le  travail  à  l'ouvrier  d'après  des  conditions  fixées  par  la 
loi  et  par  la  fortune.  En  même  temps  il  soumet  le  patron  à  l'obligation  de 
pourvoir  en  toute  éventualité  aux  besoins  de  l'ouvrier  et  de  sa  famille;  il 
attribue  à  ce  dernier  une  véritable  hypothèque  légale  sur  les  produits  du 
travail 

»  Au  nord,  au  centre,  le  régime  des  engagements  volontaires  prend  en 
grande  partie  la  place  des  engagements  forcés;  mais  il  faut  encore  que  des 
institutions  protectrices  concilient  (nous  citons  toujours  les  expressions  de 
l'auteur)  concilient  la  liberté  nécessaire  aux  individualités  les  plus  distin- 
guées, avec  la  protection  dont  ne  sauraient  se  passer  les  classes  placées, 
sous  le  rapport  de  la  moralité,  de  l'intelligence  et  de  l'énergie,  à  un  niveau 
moins  élevé.  Ici  la  tradition  et  les  mœurs  suppléent  à  la  loi,  qui  n'est  plus 
impérative,  pour  assurer  le  meilleur  sort  des  ouvriers. 

»  Le  troisième  et  dernier  régime  est  celui  des  engagements  momentanés. 
Dans  ce  régime,  les  biens  et  les  maux  semblent  mélangés  chez  diverses  na- 
tions et  dans  les  diverses  provinces  d'une  même  nation,  suivant  les  progrès 
des  arts  et  de  l'industrie. 

»  Aux  yeux  de  l'auteur,  ce  nouvel  ordre  de  choses  semble  envahir  fata- 
lement toutes  les  régions  industrielles  de  l'occident,  en  même  temps  qu'un 
progrès  incontestable  se  manifeste  à  sa  suite  dans  toutes  les  branches  de 
l'activité  humaine. 

»  Après  avoir  ainsi  nettement  posé  les  divisions  de  son  sujet,  il  établit 
avec  raison  cet  axiome  :  Les  réformes  que  commande  la  situation  actuelle 
des  ouvriers  doivent  être  fondées  sur  la  connaissance  des  faits  qui  les  con- 
cernent. C'est  l'objet  du  second  paragraphe  de  son  introduction. 

»  Mais  comment  parvenir  à  cette  connaissance  ? 

»  L'auteursignaleetfait  contraster  deux  méthodes.  La  première,  celle  des 
statisticiens,  a,  selon  lui,  jusqu'à  ce  jour,  pour  base  principale  les  docu- 
ments numériques  fournis  par  l'autorité  publique  en  ce  qui  concerne  les  fi- 
nances, la  guerre,  la  justice,  etc.  ;lesstatitisciens  en  déduisent  des  moyens  de 
comparer  sous  divers  rapports  la  puissance  relative  des  États. 


(     I2Ô    ) 

»  Ces  moyens,  dit-il,  sont  incomplets.  Il  affirme  que  les  tentatives  faites 
pour  rattacher  à  la  statistique  les  opérations  de  l'agriculture,  de  l'industrie 
et  du  commerce,  ont  ordinairement  échoué  :  il  signale  les  erreurs  qu'on 
peut  commettre  en  prenant  pour  point  de  départ  des  résultats  de  statistique 
officielle  recueillis  en  des  lieux  divers,  et  sans  être  accompagnés  des  obser- 
vations essentielles  sur  les  conditions  particulières  des  populations  aux- 
quelles sont  rapportés  des  chiffres  qui  n'expriment  par  eux-mêmes  que  des 
résultats  abstraits,  desquels  on  ne  peut  pas  tirer  des  conséquences  absolues 
et  rigoureuses. 

»  Il  est  un  point  de  vue  plus  juste  et  plus  élevé,  sous  lequel  on  doit  con- 
sidérer la  statistique  obtenue  chez  les  diverses  nations  sur  un  même  ordre 
de  faits  et  par  des  moyens  officiels  ou  privés.  Le  véritable  esprit  scienti- 
fique consiste  à  ne  demander  à  chaque  ordre  d'observations  et  de  consta- 
tations que  ce  qu'il  peut  établir  positivement. 

»  Supposons,  par  exemple,  que  chez  des  peuples  divers,  ou  chez  le  même 
peuple,  à  des  époques  différentes,  on  ait  recensé  d'une  part  le  nombre  des 
habitants,  de  l'autre  le  nombre  des  naissances  et  des  décès  annuels;  et  qu'on 
en  déduise  la  longueur  de  la  vie  moyenne  égale  dans  un  premier  cas  à 
vingt  années,  dans  un  deuxième  à  trente,  et  dans  un  troisième  à  quarante. 
Non-seulement  une  cause,  mais  cent  causes  diverses  peuvent  concourir  à 
produire  trois  effets  si  différents.  Si  l'on  assigne  ces  causes  sans  en  avoir  fait 
l'étude,  et  l'étude  par  l'observation  consciencieuse,  on  peut  être  un  sophiste, 
un  esprit  faux  ou  systématique  ;  on  peut  vouloir  tromper  les  hommes  pour 
abuser  de  leur  confiance  ou  de  leur  crédulité  ;  on  peut  être  un  visionnaire, 
un  imposteur  même  :  on  n'est  plus  un  statisticien,  c'est-à-dire  un  observateur 
mathématique  et  consciencieux  de  la  vérité  des  faits  pour  ce  qu'ils  sont, 
et  rien  de  plus. 

»  A  des  constatations  empruntées  aux  travaux  des  gouvernements,  M.  Le 
Play  préfère  des  études  particulières  faites,  pour  chaque  question  impor- 
tante, par  des  hommes  en  même  temps  éclairés  et  spéciaux.  Ajoutons  que 
plus  d'une  fois  les  gouvernements  eux-mêmes  ont  choisi  des  hommes  ayant 
ce  double  mérite,  et  les  ont  chargés  de  recueillir  certains  ordres  de  faits  dont 
la  statistique  était  déclarée  indispensable. 

»  Le  savant  auteur  n'avait  pas  besoin  d'une  théorie,  et  surtout  trop  ex- 
clusive, pour  recommander  la  méthode  qu'il  a  suivie  ;  nous  en  reconnais- 
sons le  vrai  mérite,  et  notre  devoir  est  d'en  faire  apprécier  la  valeur. 

»  Afin  de  comparer  le  sort  des  ouvriers  dans  les  diverses  parties  de  l'Eu- 
rope, il  ne  fait  pas  seulement  entrer  en  ligne  de  compte  les  salaires  en  ar- 


(  "7) 
gent  ;  il  y  joint  toutes  les  recettes  en  nature,  de  quelque  source  qu'elles  ar- 
rivent à  la  famille.  C'est  précisément  cette  variété  de  recettes  que  l'auteur 
s'est  efforcé  de  rechercher  et  d'apprécier. 

»  L'étude  simultanée  du  sort  des  classes  ouvrières  dans  les  pays  situés  à 
l'orient,  au  centre,  à  l'occident  de  l'Europe,  équivaut  réellement  à  l'étude 
de  trois  époques  différentes  :  l'état  ancien,  l'état  transitoire  et  l'état  récent 
des  peuples  les  plus  avancés  dans  l'industrie,  dans  les  arts  et  dans  les 
sciences.  De  pareils  rapprochements  faits  avec  conscience,  avec  habileté, 
ne  sont  pas  un  pur  objet  de  curiosité.  L'histoire  des  populations,  consi- 
dérée sous  un  tel  point  de  vue,  est  pleine  d'enseignements. 

»  L'auteur  consacre  la  première  partie  de  son  ouvrage  à  l'exposé  de  sa 
méthode  appliquée  à  l'observation  du  sort  des  ouvriers.  Il  les  subdivise  en 
sept  classes  : 

»  Les  ouvriers  domestiques,  les  journaliers,  les  tâcherons,  les  ouvriers 
tenanciers,  les  ouvriers  chefs  de  métiers,  les  ouvriers  propriétaires  et  les 
propriétaires  ouvriers.  Il  caractérise  ces  sept  subdivisions  :  d'abord  chez 
les  peuples  nomades,  à  l'orient  de  l'Europe,  et  dont  il  n'a  pas  parlé  précé- 
demment; puis  chez  les  peuples  sédentaires  où  subsistent  les  trois  systèmes  : 
i  °  d'engagements  forcés  ;  2°  d'engagements  volontaires  permanents  ;  3°  d'en- 
gagements à  courts  termes  et  de  travail  sans  engagement. 

»  Cette  classification  est  développée  dans  un  grand  tableau  synop- 
tique, avec  le  renvoi  aux  monographies  qui  sont  propres  à  chaque  caté- 
gorie. 

»  L'auteur  spécifie  l'organisation  de  la  famille  dans  les  quatre  systèmes 
sociaux  que  distingue  son  tableau  synoptique. 

»  A  l'égard  des  travaux  opérés  par  voie  d'association,  il  distingue  les 
travaux  effectués  par  des  communautés  ou  par  des  corporations. 

»  Les  corporations  qu'il  considère  plus  spécialement  sont  celles  dont 
l'objet  est  de  garantir  les  ouvriers  contre  les  privations  qu'occasionnent  les 
maladies,  les  chômages,  les  disettes,  les  incendies,  les  concurrences  exces- 
sives :  en  un  mot,  les  inconvénients  fortuits  qui  peuvent  compromettre 
l'existence  des  familles. 

»  Dans  le  huitième  paragraphe  sont  définis  la  nature,  l'organisation  et 
les  effets  du  patronage. 

»  Dans  le  neuvième,  sont  établis  les  caractères  distinctifs  des  ouvriers 
qui  prospèrent  par  l'exercice  du  libre  arbitre  dans  les  diverses  parties  de 
l'Europe.  L'énoncé  d'un  pareil  titre  suffit  pour  en  montrer  l'importance. 
L'auteur  regarde  les  pas  qu'il  a  faits  dans  cette  carrière  comme  un  premier 


(     .38    ) 

effort,  comme  l'indication  d'une  voie  dans  laquelle  il  invite  d'autres  obser- 
vateurs à  marcher,  pour  arriver  à  des  résultats  complets. 

»  Une  pareille  invitation  nous  apparaît  comme  une  des  preuves  de  bonne 
foi  du  statisticien;  il  ne  craint  pas  d'appeler  de  toutes  parts  des  observa- 
tions destinées  à  contrôler  celles  qui  lui  sont  propres. 

»  Jamais  sujet  plus  important  ne  fut  offert  aux  amis  de  l'humanité  et  de 
la  paix  intérieure  des  nations.  C'est  par  une  étude  bien  faite  du  sort  com- 
paré des  familles  laborieuses  dans  les  diverses  contrées  de  notre  Europe  oc- 
cidentale, c'est  par  là  qu'on  pourra  constater  et  les  maux  soufferts  et  les 
remèdes  que  doit  suggérer  une  étude  sérieuse. 

»  L'auteur  résume  ainsi  la  méthode  d'exposition  qu'il  a  suivie.  «  Éta- 
»  blir  pour  chaque  famille  soumise  à  l'observation  un  budget  annuel  com- 
»  posé  de  deux  parties  dont  le  cadre  reste  invariable  pour  toutes  les  loca- 
»  lités  et  pour  toutes  les  catégories  d'ouvriers.  Faire  précéder  ce  budget 
»  dune  introduction  dans  laquelle  soient  définies  dans  un  ordre  constant 
»  toutes  les  conditions  d'existence  de  la  famille.  Donner  ensuite  des  docu- 
»  ments  et  des  notes  qui  comprennent  les  détails  importants  de  technologie 
>.  et  d'économie  domestique.  Enfin,  pour  éclairer  cet  ensemble,  y  joindre 
»  les  considérations  générales  qui  n'auraient  pas  pu  prendre  place  dans  le 
»  cadre  même  de  l'introduction  sans  en  détruire  l'harmonie.  » 

»  Le  second  chapitre  contient  l'analyse  des  .moyens  d'existence  que 
possèdent  les  ouvriers,  et  l'établissement  du  budget  des  recettes  d'une 
famille. 

»  Rien  ne  paraît  plus  circonscrit,  plus  uniforme  et  plus  simple,  au  pre- 
mier abord,  que  le  budget  d'une  famille  d'ouvriers;  rien  n'est  plus  divers 
et  plus  étendu,  si  l'on  veut  tout  embrasser. 

»  Il  faut  excepter  seulement  le  cas  des  ouvriers  domestiques.  D'ordi- 
naire, en  leur  faveur,  le  maître  prend  à  sa  charge  une  foule  de  frais  divers; 
cela  simplifie  d'autant  la  portion  qui  reste  au  compte  des  gens  de  sa  maison. 

»  Pour  les  autres  ouvriers,  il  faut  ajouter  les  subventions,  c'est-à-dire 
toutes  les  rétributions  qui  ne  sont  point  mesurées  sur  la  durée  ou  la  quan- 
tité du  travail  accompli,  et  qui  diffèrent  en  cela  du  salaire.  Tantôt  elles 
sont  annuelles,  tantôt  elles  sont  réservées  pour  les  besoins,  soit  accidentels, 
soit  extraordinaires;  d'autres  fois  elles  sont  accordées  dans  les  chômages, 
dans  les  maladies,  et  lors  des  infirmités  précoces  :  elles  vont  chercher  la 
femme  et  les  enfants,  même  du  mauvais  sujet  tombé  dans  l'inconduite. 

»  L'ouvrier  chef  de  famille,  outre  son  industrie  principale,  et  quand  son 
travail  obligatoire  est  accompli,  se  livre  à  d'autres  travaux,  ou  pour  sa  fa- 


(  I29  ) 
mille,  on  pour  un  second  chef  d'industrie.  Sa  femme,  ses  enfants,  de  leur 
côté,  font  quelque  chose;  et  l'ensemble  des  bénéfices  constitue  l'avoir  com- 
plet de  la  famille. 

»  S'il  y  a  des  biens  communaux,  s'il  y  a  des  secours  publics,  c'est  encore 
une  addition  qu'il  faut  faire  au  budget  des  recettes. 

»  La  famille  peut  posséder  quelque  bien,  un  morceau  de  terre,  une  ha- 
bitation; elle  peut  avoir  quelques  animaux  domestiques,  nourris  par  un 
chef  d'industrie  ou  par  le  bien  communal.  Elle  a  ses  meubles,  ses  outils; 
elle  en  a  parfois  qu'elle  prête  à  louage  ;  elle  peut  avoir  des  économies  pla- 
cées qui  lui  procurent  quelque  revenu,  comme  celui  des  caisses  d'épargne. 
Voilà  diverses  sources  de  propriétés;  toutes  sont  examinées. 

»  L'auteur,  qui  tient  compte  du  salaire  avant  ces  autres  genres  de  re- 
cettes, distingue  ainsi  par  catégories  les  sources  du  budget  de  la  famille  ou- 
vrière ;  chacune  de  ces  catégories  a  son  degré  d'importance  et  produit  des 
effets  inégaux. 

»  L'auteur  présente  ensuite,  §  i4  et  §  i5,  des  considérations  importantes 
sur  les  travaux  et  les  salaires  spéciaux  des  divers  membres  de  la  même  fa- 
mille, sur  les  industries  que  les  familles  d'ouvriers  entreprennent  à  leur 
propre  compte,  et  sur  les  bénéfices  qu'elles  en  retirent.  Dans  les  diverses 
contrées,  et  suivant  la  constitution  de  la  société  générale,  les  entreprises 
pour  le  compte  de  la  famille  ont  une  importance  fort  inégale,  et  l'auteur 
s'efforce  de  la  faire  ressortir. 

»  Le  budget  des  familles  ouvrières  distingue  avec  soin  les  recettes  en  ar- 
gent et  les  recettes  en  nature  d'objets,  i°  consommés  par  la  famille  ;  i°  ven- 
dus par  elle,  et  dès  lors  donnant  une  autre  recette  en  argent. 

»  Le  chapitre  3,  qui  présente  l'établissement  du  budget  des  dépenses, 
fait  connaître  par  cela  même  le  mode  d'existence  des  ouvriers. 

»  La  première  section  comprend  les  dépenses  qui  concernent  la  nour- 
riture. 

»  On  constate  ici  des  différences  essentielles  sur  les  ouvriers  des  diffé- 
rentes régions,  sur  l'importance  relative  des  consommations,  en  céréales, 
en  corps  gras  ou  caséeux,  en  viandes  de  toute  nature,  y  compris  la  chair 
des  poissons;  en  fruits,  en  légumes;  ensuite  viennent  les  condimeuts,  les 
stimulants,  les  boissons  distillées  ou  fermentées. 

»  La  seconde  section  comprend  les  dépenses  relatives  à  l'habitation,  pos- 
sédée ou  non  par  l'ouvrier  ;  puis  au  mobilier,  au  chauffage. 

»  La  troisième  section  concerne  le  vêtement.  Ici  la  différence  est  infinie 
entre  les  usages  des  peuples,  dans  l'occident  et  l'orient  de  l'Europe.  Chez 

C.  R.,   i856,   Ier  Semestre.  (T.  XLII,  Tf°  4.)  l8 


(  *3o) 
les  Orientaux,  la  famille  confectionne  elle-même  ses  vêtements  plus  ou 
moins  primitifs  ;  chez  les  Occidentaux,  les  tissus  sont  préparés  en  manufac- 
ture par  des  industries  spéciales,  et  vendus  ensuite  à  l'universalité  des  ha- 
bitants. La  nature  des  tissus  ne  diffère  pas  moins  que  le  mode  suivi  pour 
les  fabriquer;  de  là  des  différences  infinies  dans  le  bien-être  des  familles. 

»  Le  blanchissage,  lorsqu'il  est  fait  dans  la  famille,  ajoute  au  bien-être, 
à  l'économie;  il  doit  également  être  compté. 

»  Une  quatrième  section  des  dépenses  concerne  ce  que  l'auteur  appelle 
les  besoins  moraux,  les  récréations  et  le  service  de  santé.  Au  nombre  des 
besoins  moraux  qui  nécessitent  des  dépenses  chez  la  famille  ouvrière,  il  faut 
compter  les  secours  religieux  pour  les  vivants,  les  honneurs  et  les  prières 
réclamés  pour  les  défunts.  L'auteur  place  également  au  rang  des  plus  no- 
bles besoins  celui  de  venir  en  aide  aux  nécessiteux,  aux  infirmes,  à  ceux  que 
frappe  un  grand  et  soudain  accident.  La  classe  ouvrière,  quelle  que  soit  la 
modicité  de  ses  recettes,  s'honore  ainsi  de  pouvoir  compter  dans  son  bud- 
get un  chapitre  formé  par  les  secours  qu'elle  accorde  au  malheur,  avec  une 
sympathie  qui  naît  du  besoin  qu'elle  éprouve  souvent  d'obtenir  de  sem- 
blables bienfaits.  Nous  signalons  ce  chapitre  comme  un  des  plus  honorables 
pour  les  sentiments  de  l'auteur. 

»  La  cinquième  et  dernière  section  comprend  les  'dépenses  qui  con- 
cernent les  industries  pratiquées,  les  dettes,  les  impôts  et  les  assurances. 

»  Par  dépenses  concernant  les  industries,  l'auteur  entend  l'achat  des 
objets  nécessaires  à  l'exercice  des  industries  poursuivies  en  famille.  Ce  sont, 
à  proprement  parler,  des  avances  couvertes  avec  bénéfice  par  la  vente  des 
produits  qu'il  faut  compter  à  part.  Certains  ouvriers  empruntent  pour  payer 
les  matières  des  ouvrages  qu'ils  confectionnent  ;  d'autres  livrent  Jeurs  effets 
transitoirement  au  mont-de-piété,  sauf  à  payer  un  véritable  intérêt  en  les 
retirant;  d'autres  empruntent,  comme  nos  paysans,  pour  acheter  des  terres 
qu'ils  comptent  payer  par  leur  travail;  ils  supportent,  par  anticipation,  le 
fardeau  d'un  intérêt  usuraire  et  trop  souvent  ruineux.  Tous  ces  intérêts 
font  partie  de  la  dépense  annuelle. 

»  Enfin,  des  assurances  établies  sur  la  vieillesse  on  sur  la  vie  peuvent 
contribuer  au  bien-être  des  familles  ouvrières,  qui  ne  craignent  pas  de 
grever  ainsi  leur  budget  des  dépenses  actuelles,  en  attendant  les  budgets  à 
venir. 

»  Un  cinquième  chapitre  clôt  la  première  partie.  Il  concerne  la  balance 
du  budget  des  ouvriers,  pour  constater  ceux  qui  prospèrent  par  la  prépon- 
dérance des  recettes  et  ceux  qui  s'obèrent  par  l'excès  de  la  dépense.  Ce 


(  i3i  ) 
dernier  cas,  dit  l'auteur,  ne  se  présente  que  pour  les  ouvriers  propriétaires 
exploitant  sans  discernement  un  capital  acquis  par  l'héritage,  ou  cédant  avec 
irréflexion  au  désir  d'étendre  leurs  entreprises  au  delà  du  cercle  tracé  par 
leurs  ressources  pécuniaires  ou  par  leur  aptitude.  Les  ouvriers  de  certaines 
professions  ne  peuvent  subvenir  régulièrement  aux  besoins  essentiels  de 
l'existence.  Ce  cas  a  lieu  surtout  quand  la  population  s'est  accrue  en  pré- 
sence d'industries  qui  sont  restées  stationnaires,  et  lorsqu'une  grande  amé- 
lioration dans  certains  procédés  d'industries  nouvelles  a  considérablement 
réduit  le  salaire  de  la  profession  qui  vivait  de  l'industrie  primitive.  Le  dé- 
ficit permanent  du  budget  est  alors  caché  par  les  privations  imposées  à  la 
famille  ouvrière,  déficit  en  partie  comblé  par  la  charité  publique. 

»  On  doit  voir  maintenant  avec  quel  esprit  d'observation  et  de  recher- 
ches l'auteur  s'est  efforcé  de  traiter  son  sujet  sous  toutes  les  faces  essen- 
tielles. La  marche  qu'il  a  suivie  est  un  modèle  de  méthode. 

»  La  seconde  partie,  sous  le  nom  peut-être  trop  ambitieux  d'atlas,  jus- 
tifié cependant  par  le  format  du  livre,  cette  seconde  partie  contient  trente- 
six  budgets  spéciaux  et  complets. 

»  Le  premier  est  puisé  chez  un  peuple  à  moitié  nomade,  celui  des  Bas- 
kirs,  établi  sur  le  versant  asiatique  de  l'Oural  :  il  n'appartient  pas  à  l'Europe. 

»  Quatre  budgets  sont  tirés  de  la  Russie  i°  méridionale,  2°  centrale, 
3°  septentrionale,  4°  occidentale  :  les  deux  premiers  pour  des  familles  agri- 
coles, les  deux.suivants  pour  des  familles  industrielles. 

»  Les  États  Scandinaves. sont  représentés  par  deux  tableaux,  un  pour 
la  Suède,  un  pour  la  Norwége,  et  tous  deux  empruntés  aux  travaux  des 
mines. 

»  Sous  le  titre  d'Europe  centrale,  l'auteur  comprend  même  la  Turquie 
d'Europe,  représentée  par  un  ouvrier  bulgare. 

»  Vient  ensuite  pour  la  Hongrie  un  paysan  à  corvée,  puis  un  fondeur  de 
métaux. 

»  Les  États  propres  d'Autriche  fournissent  les  budgets  de  trois  industriels 
empruntés  à  la  Carinthie,  à  la  Carniole,  à  Vienne. 

»  Dans  le  Hanovre,  les  célèbres  mines  du  Hartz  sont  représentées  par 
un  ouvrier. 

»  Viennent  ensuite  les  régions  limitrophes  de  la  France;  elles  fournissent, 
pour  la  Prusse  rhénane,  deux  ouvriers  en  métaux,  plus  un  tisserand.  La 
Suisse  donne  deux  horlogers,  choix  motivé  par  la  célébrité  de  l'industrie 
propre  aux  pays  de  Neufchâtel  et  de  Genève. 

»  Le  midi  de  l'Europe  est  représenté  seulement  par  deux  agriculteurs  es- 

18.. 


(  i3a  ) 
pagnols,  l'un  de  la  Vieille-Castille,  l'autre  de  la  Galice,  et  ce  dernier  émi- 
grant  périodique. 

»  L'Angleterre  donne  matière  à  quatre  budgets  :  deux  empruntés  à  Schef- 
field,  dont  la  coutellerie  si  parfaite  n'est  pas  plus  remarquable  que  l'orga- 
nisation de  ses  classes  ouvrières;  un  budget  de  la  coutellerie  par  fabrication 
collective  à  Londres;  un  autre  du  fondeur  de  fer  à  la  houille  dans  le  comté 
de  Derby. 

»  Enfin,  la  France  a  fourni  douze  budgets  empruntés  soit  aux  villes,  soit 
aux  campagnes  de  l'Auvergne,  du  Nivernais,  du  Maine,  de  la  Mayenne,  de 
la  Bretagne  et  du  département  de  la  Seine. 

»  Les  observations  spéciales  dont  chaque  budget  est  accompagné  en  font 
connaître  le  véritable  esprit  et  les  conséquences  :  l'auteur  a  soin  de  citer 
les  collaborateurs  qui  se  sont  chargés  de  contrôler,  de  vérifier  chaque  bud- 
get- 

»  La  collection  des  trente-six  budgets  que  nous  venons -d'énumérer  suf- 
fit amplement  pour  montrer  l'esprit  des  recherches  de  l'auteur  ;  elle  donne 
la  mesure  du  travail  auquel  il  s'est  livré;  elle  justifie  la  récompense  que 
nous  aurons  l'honneur  de  proposer  à  l'Académie. 

»  Nous  exprimons  le  regret  que  l'auteur  n'ait  pas  publié  cinquante-trois 
autres  budgets  de  familles  ouvrières,  qu'il  a  complétés  et.  qui  rempliraient 
déjà  beaucoup  de  lacunes  regrettables. 

»  Nous  ne  trouvons  aucun  budget  établi  pour  l'Italie,  qui  présente  des 
diversités  si  remarquables  dans  la  condition  des  classes  laborieuses  en  Sa- 
voie, en  Piémont,  en  Ligurie,  en  Lombardie,  en  Vénitie,  en  Toscane  et 
dans  les  principautés  circonvoisines,  dans  les  États  romains,  si  peu  connus 
en  ce  qui  concerne  la  contrée  des  Apennins,  et  dans  les  Deux-Siciles  :  voilà 
pour  la  seule  Péninsule  italique  les  contrées  qui  nous  laissent  le  plus  à 
désirer. 

»  Pour  le  centre  de  l'Allemagne,  nous  devons  souhaiter  aussi  de  con- 
naître le  budget  des  classes  ouvrières  dans  la  Saxe,  le  Wurtemberg,  la  Ba- 
vière et  le  grand-duché  de  Bade  ;  peut-être  y  trouverons-nous  la  triste  clef 
de  ces  émigrations  devenues  prodigieuses  qui,  chaque  année,  enlèvent  au 
centre  de  l'Europe  non-seulement  des  familles  disséminées,  mais  des  com- 
munes entières  transplantées  à  l'ouest  de  l'océan  Atlantique. 

»  Des  budgets  de  Slaves,  de  Grecs,  de  Latins  et  de  Musulmans,  dans  les 
provinces  de  la  Turquie  européenne,  en  y  comprenant  les  exactions  du  plus 
fort  sur  le  plus  faible,  jetteraient  une  vive  lumière  sur  le  sort  présent  et 
sur  l'avenir  de  contrées  où  sont  aujourd'hui  débattus  les  destins  du  monde. 


(  i33  ) 

»  Telles  sont  les  indications  sommaires  que  no#us  croyons  devoir  présen- 
ter aux  personnes  qui,  dans  les  diverses  parties  de  l'Europe,  voudront  suivre 
la  route  ouverte  par  M.  Le  Play. 

»  Nous  souhaitons  qu'il  publie  sans  retard  les  budgets  qu'il  tient  en  ré- 
serve. Nous  voudrions  qu'une  édition  à  petit  format  et  sans  luxe,  de  l'ou- 
vrage complet,  mît  à  la  portée  de  tous  les  acheteurs  une  statistique  qui 
touche  à  de  si  nombreux  et  si  grands  intérêts. 

»  Les  développements  dans  lesquels  nous  avons  cru  devoir  entrer  mon- 
trent le  cas  que  nous  faisons  de  l'ouvrage  dont  nous  rendons  compte  à  l'A- 
cadémie. Ce  travail  est  nouveau  par  son  point  de  vue,  par  son  ensemble, 
par  son  esprit  mathématique  à  l'égard  des  faits  Constatés  ;  par  l'esprit  de 
modération  avec  lequel  les  idées  propres  à  l'auteur  sont  présentées,  soit  à 
titre  d'explications,  soit  à  titre  de  conséquences. 

»  Nous  avons  l'honneur  de  proposer  à  l'Académie  qu'elle  accorde  à 
M.  Le  Play  un.  prix  de  Statistique,  en  remplacement  du  prix  qui  n'a  pas 
été  décerné  en  i85/j. 

PRIX  DONNÉ  SUR  LES  FONDS  DE  i855. 

RECHERCHES    STATISTIQUES   SUR   LES   SUBSTANCES  CALCAIRES  A  CHAUX 
HYDRAULIQUE  ET  A  CIMENT  NATUREL,  PAR  M.  VICAT. 

»  L'Académie  a  déjà  récompensé  par  un  prix  spécial  la  belle  découverte 
de  M.  Vicat  sur  les  chaux  hydrauliques  et  les  ciments  naturels. 

»  Les  recherches  statistiques  aujourd'hui  soumises  à  votre  examen  ont 
eu  pour  objet  de  compléter  les  services  rendus  aux  constructions  hydrau- 
liques dans  les  diverses  parties  de  notre  territoire,  en  indiquant  les  ressources 
minéralogiques  dont  nos  constructeurs  peuvent  tirer  parti; 

»  Partout  le  savant  ingénieur  a  trouvé  lès  substances  propres  à  des  con- 
structions éminemment  solides;  partout,  grâce  à  son  livre,  on  les  connaît, 
on  sait  s'en  servir.  Elles  sont  entrées  dans  le  commerce  journalier  comme 
élément  indispensable  de  cette  foule  d'édifices  qui  s'élèvent  avec  tant  de 
rapidité.  Si  les  sciences  physiques  n'habituaient  pas  les  yeux  à  de  continuels 
miracles,  ne  serait- on  pas  étonné  delà  révolution  que  la  publication  statis- 
tique de  M.  Vicat  a  permis  d'opérer  dans  l'art  de  bâtir? 

»  C'est  à  l'architecture  comme  application,  à  la  chimie  pour  les  principes, 
qu'appartient  désormais  cette  collection  de  faits  si  ingénieusement  décou- 
verts et  recueillis  par  l'auteur. 

»  Il  serait  superflu  de  faire  ici  de. nouveau  l'éloge  des  belles  recherches 


(  i34  ) 
de  M.  Vicat.  Il  n'est  pas  un  traité  de  chimie  qui  ne  les  expose  dans  leurs 
parties  essentielles.  Nous  ne  pourrions  rien  ajouter  d'essentiel  au  Rapport  si 
lumineux  de  l'illustre  Secrétaire  perpétuel  dont  l'Académie  regrette  encore 
la  perte  prématurée.  Votre  Commission  ne  peut  que  renvoyer  à  ce  Rapport 
les  personnes  qui  voudront  savoir  de  quelles  immenses  économies  une  dé- 
couverte scientifique  peut  doter  un  pays  tout  entier. 

»  En  accordant  le  prix  à  M.  Vicat,  votre  Commission  acquitte  la  dette 
que  lui  avait  léguée  la  Commission  chargée  de  l'examen  du  concours  de  i83g. 
«  Lorsque  la  tâche  de  M.  Vicat  sera  remplie,  disait-elle  dans  son  Rapport  de 
»  1840,  il  pourra  faire  valoir  ses  droits  aux  récompenses  de  l'Académie  : 
»  nous  pensons  que  ces  droits  doivent  être  réservés.  » 

»  L'ouvrage  alors  ne  s'étendait  qu'à  quarante-deux  départements.  Il  en 
embrasse  aujourd'hui  soixante-seize  ;  et  l'on  doit  le  regarder  comme  ter- 
miné, car  ce  sont  maintenant  tous  les  hommes  que  M.  Vicat  a  instruits  qui 
complètent  journellement  ce  catalogue  des  richesses  calcaires  de  la  France. 
Il  n'est  pas  douteux  que  l'industrie  particulière  n'en  ait  multiplié  de  tous 
côtés  les  produits  destinés  à  l'utilité  publique. 

»  Après  les  ouvrages  importants  qui  ont  mérité  les  prix,  votre  Commis- 
sion croit  devoir  mentionner  honorablement,  mais  à  un  rang  bien  différent, 
plusieurs  travaux  déposés  pour  le  concours  de  i855.  Ce  sont  tous  des  ou- 
vrages d'un  volume  considérable  :  malheureusement,  les  résultats  qu'on  peut 
en  déduire  ne  répondent  pas  au  travail  que  cette  étendue  a  dû  imposer  à 
leurs  auteurs. 

»  Tel  est  le  manuscrit  de  i5aa  pages  in-folio  que  M.  V.-P.  Demay  a  ré- 
digé sous  le  titre  de  :  Histoire  de  la  ville  de  Belleville  et  de  ses  accroisse- 
ments, ou  Examen  des  divers  rapports  de  la  banlieue  de  Paris  avec  la  capi- 
tale. 

»  L'auteur  a  souvent  perdu  de  vue  hi, véritable  statistique,  et  n'a  fait  que 
réunir  des  matériaux  historiques  :  tel  qu'il  est  cependant,  son  recueil  de 
pièces  administratives  renferme  une  foule  de  renseignements*parmi  lesquels 
les  économistes  trouveront  utile  de  puiser  au  besoin.  L'auteur  aurait  pu 
présenter  un  bien  plus  grand  nombre  de  chiffres  intéressants  au  plus  haut 
degré.  A  peine  trente-cinq  ans  se  sont  écoulés,  et  ces  collines,  qui  n'offraient 
que  des  habitations  isolées  au  milieu  d'une  campagne  véritable,  sont  cou- 
ronnées aujourd'hui  par  une  ville  de  quarante-six  mille  âmes  :  Relleville 
est,  par  rapport  à  la  population,  la  vingt-cinquième  cité" de  France.  La  sta- 
tistique qui  ferait  pénétrer  profondément  dans  les  sources  de  l'accroissement 
si  rapide  de  cette  commune,  expliquerait  en  même  temps  beaucoup  de  faits 

r 


(  i35  ) 
économiques  dont  l'œil  ne  saisit  que  l'aperçu  général  dans  le  développement 
de  la  population  de  Paris.  Chaque  année  qui  s'écoule  fait  regretter  l'oubli 
dans  lequel  tombent  les  renseignements  numériques  sur  les  changements 
insensibles  et  sur  les  améliorations  rapides  de  la  capitale.  Il  semble  qu'il 
eût  été  possible  de  faire  pour  Belleville  ce  que  l'étendue  de  Paris  rendait 
impraticable  peut-être.  Ajoutons  que  l'auteur,  en  donnant  à  son  manuscrit 
le  nom  d'histoire,  reconnaît  que  la  statistique  n'a  pas  été  son  premier  et 
principal  objet. 

»  Il  n'en  est  pas  de  même  d'un  second  manuscrit  que  l'auteur,  M.  le 
docteur  Giracdet  désigne  sous  un  double  titre  :  Statistique  de  la  ville  de 
Tours,  ou  Recherches  historiques  et  statistiques  sur  le  mouvement  de  sa 
population  depuis  16^1  jusqu'à  1847. 

»  L'ouvrage  ne  répond  point  au  titre  général  :  on  se  fait  une  autre  idée 
de  la  statistique  d'une  ville,  et  surtout  d'une  ville  telle  que  Tours,  dont  la 
position  topographique  et  la  haute  antiquité  réveillent  tant  de  souvenirs. 
L'ouvrage  est  mieux  désigné  sous  le  titre  de  Recherches  historiques  sur  la 
population. 

»  Votre  Commission  aurait  voulu  placer  à  un  rang  plus  élevé  dans  ce 
concours  un  travail  tout  à  fait  statistique  ;  mais  l'exécution  des  recherches 
numériques  et  la  mise  en  œuvre  des  nombres  recueillis  ne  nous  ont  pas  paru 
exemptes  de  graves  objections.  Il  serait  difficile  d'accorder  à  l'auteur  les 
conséquences  qu'il  veut  faire  sortir  de  ses  chiffres.  Heureusement  les  appré- 
ciations dont  vous  chargez  votre  Commission  de  Statistique  n'exigent  pas 
qu'elle  suive  les  auteurs  sur  le  terrain  des  conjectures.  Tout  en  laissant  à 
M.  Giraudet,  comme  à  bien  d'autres,  le  soin  de  défendre  leurs  conclusions, 
votre  Commission  n'en  a  pas  moins  voulu  encourager  les  efforts  consacrés 
à  la  réunion  de  collections  numériques  dont  quelques  modifications  accroî- 
traient beaucoup  l'intérêt.  Si  l'auteur  dépose  ce  travail  dans  quelque  biblio- 
thèque ou  dans  les  archives,  il  fera  bien  d'y  réunir  les  éléments  de  ses 
recherches  primitives.  Ces  documents  primitifs  intéresseront  surtout  les 
économistes  futurs  et  les  historiens.  On  sent  mieux,  de  jour  en  jour,  com- 
ment il  est  impossible  de  fonder  des  sciences  réelles  sur  des  résumés  qui 
revêtent  les  observations,  les  opinions  des  auteurs,  et  ne  laissent  plus  aper-  . 
cevoir  les  faits  originaux. 

»  M.  Ernest  G rangez  a  soumis  à  l'Académie  un  exemplaire  d'un  ouvrage 
vraiment  utile  ;  c'est  un  volume  de  800  pages,  qu'il  intitule  :  Précis  histo- 
rique et  statistique  des  voies  navigables  de  la  France. 

»  Presque  tous  les  renseignements  que  peut  désirer  un  administrateur, 


(  '36) 
un  commerçant,  un  industriel,  sur  les  canaux  et  les  rivières  de  notre  pays, 
ont  été  réunis  avec  soin  dans  ce  volume.  C'est  une  compilation  aussi  exacte 
qu'on  le  puisse  désirer  d'une  foule  de  documents  administratifs  :  mais  tout 
l'intérêt  qu'elle  présente,  toute  l'utilité  qu'on  y  trouvera  certainement  ne 
peuvent  lui  ôter  ce  caractère,  et  par  conséquent  ne  peuvent  la  placer  au 
même  rang  que  les  travaux  qui  présentent  des  parties  tout  à  fait  originales. 
On  pourrait  même,  en  se  plaçant  rigoureusement  au  point  de  vue  statis- 
tique, exiger  davantage  de  la  forme  donnée  par  l'auteur  à  ses  résultats.  Quoi 
qu'il  en  soit,  il  a  paru  digne  d'une  mention  honorable. 

«  Jusqu'à  quel  point  vos  concours  doivent-ils  être  considérés  comme 
embrassant  des  Rapports  et  des  Mémoires  administratifs?  C'est  une  question 
délicate  que  votre  Commission  ne  veut  nullement  regarder  comme  résolue 
par  la  mention  honorable  qu'elle  fait  ici  de  l'ouvrage  dont  le  titre  précède, 
et  de  celui  que  M.  de  Watteville  a  présenté  pour  le  concours.  Ce  dernier 
est  un  Rapport  à  S.  E.  le  Ministre  de  l'Intérieur,  sur  l'administration  des 
bureaux  de  bienfaisance  et  sur  la  situation  du  paupérisme  en  France. 

»  Les  1 162  tableaux  réunis  par  M.  de  Watteville  font  connaître,  pour  tous 
les  départements  de  la  France,  la  situation  financière  des  bureaux  de  bien- 
faisance, et  le  nombre  des  indigents  secourus  ou  plutôt  inscrits  sur  les  regis- 
tres de  ces  bureaux.  Mais  il  y  a  bien  loin  de  cet  indice  à  la  connaissance 
véritable  de  la  situation  du  paupérisme  en  France.  Pour  peu  qu'on  ait  étudié 
les  diverses  parties  de  notre  pays,  on  s'aperçoit  combien  les  tableaux  offi- 
ciels envoyés  par  chaque  préfecture,  et  réunis  par  l'auteur,  sont  peu  propres 
à  fournir  des  idées  exactes  qu'ils  sont  censés  indiquer.  Telle  partie  du  terri- 
toire qui  prétend  ne  pas  tolérer  de  mendiants,  en  contient  très-certainement 
encore  ;  telle  autre  partie  qui  a  laissé  porter  un  septième  de  sa  population 
sur  la  liste  du  bureau  de  bienfaisance,  fait  savoir  en  même  temps  qu'il  n'est 
rien  donné  à  la  plupart  des  personnes  qualifiées  du  nom  d'indigents.  On 
révèle  par  cela  même  que  des  causes  étrangères  à  l'indigence  viennent 
grossir  abusivement  les  listes  dont  il  s'agit.  L'auteur  explique,  au  surplus, 
qu'il  n'a  pas  entendu  donner  la  proportion  rigoureuse  des  indigents,  mais 
qu'il  a  cru  approcher  plus  près  de  la  vérité  que  ses  prédécesseurs  en  regar- 
dant le  nombre  des  pauvres  comme  une  quatrième  proportionnelle  à  la  po- 
pulation de  la  France,  aux  indigents  des  communes  qui  possèdent  des  bu- 
reaux de  bienfaisance,  et  à  la  population  des  communes  qui  n'ont  pas  de 
bureaux.  On  peut  concevoir  une  opinion  peu  favorable  à  cette  proportion, 
lorsqu'on  arrive  à  lire  le  fait  le  plus  saillant  que  l'auteur  ait  mis  en  lumière  : 
c'est  que   dans  les  neuf  à  dix  mille  bureaux  les  registres  contiennent 


(  i37  ) 
1 329659  indigents,  et  que  la  moyenne  des  secours  accordés  n'fest  que  de 
10  fr.  42  c.  par  tête  et  par  année. 

»  Il  n'y  a  donc  pas  un  secours  réel  dans  la  plupart  des  bureaux.  L'admi- 
nistration supérieure  doit  voir  dans  ce  fait  certain  un  sujet  sérieux  de  re- 
cherches nouvelles,  et  plus  approfondies  que  ne  l'est  une  réunion  de  simples 
bordereaux  de  situation  annuelle.  Ne  fît-elle  ressortir  que  ce  seul  Fait 
certain,  la  collection  statistique  de  M.  de  Wàtteville  mériterait  d'être 
signalée.  La  Commission,  fidèle  aux  limites  qu'elle  s'est  imposées,  rappelle 
en  finissant  qu'il  doit  demeurer  bien  entendu  qu'elle  ne  s'est  pas  préoccupée 
des  idées  contenues  dans  le  Rapport  de  vingt-cinq  pages  qui  forme  une 
espèce  d'introduction  aux  1 162  tableaux  statistiques,  lesquels  forment  seuls 
le  droit  de  l'ouvrage  à  figurer  dans  ce  concours.   » 

PRIX  FONDÉ  PAR  M"16  LA  MARQUISE  DE  LAPLACE. 

«  Une  ordonnance  royale  ayant  autorisé  l'Académie  des  Sciences  à  accep- 
ter la  donation,  qui  lui  a  été  faite  par  Madame  la  Marquise  de  Laplace, 
d'une  rente  pour  la  fondation  à  perpétuité  d'un  prix  consistant  dans  la  col- 
lection complète  des  ouvrages  de  Laplace,  prix  qui  devra  être  décerné 
chaque  année  au  premier  élève  sortant  de  l'École  Polytechnique, 

»  Le  Président  remettra  les  cinq  volumes  de  la  Mécanique  céleste, 
Y  Exposition  du  système  du  monde,  et  le  Traité  des  probabilités,  à 
M.  Gav  (Jean-Baptiste),  sorti  le  premier  de  l'École  Polytechnique  le 
20  septembre  i855,  et  entré  à  l'École  impériale  des  Ponts  et  Chaussées.  » 

SCIENCES  PHYSIQUES. 

CONCOURS  POUR   l' ANNÉE   ifioiî. 

RAPPORT  SUR   LE  CONCOURS   POUR  LE  PRIX  DE  PHYSIOLOGIE 
EXPÉRIMENTALE  DE  L'ANNÉE  i855. 

FONDÉ  PAR  M.  DE  MONTYON. 

(Commissaires,    MM.    Flourens,    Serres,    Rayer,    Magendie,  • 
Cl.  Bernard  rapporteur.) 

«  Déjà,  dans  l'antiquité,  les  physiologistes  et  les  médecins  avaient  soup- 
çonné que  les  divers  phénomènes  qui  ont  leur  siège  dans  le  système  ner- 
veux, et  particulièrement  la  sensibilité  et  le  mouvement,  devaient  avoir  des 

C.  R.  i856,  i«  Semestre.  (T.  X.LII,  N»  4.)  19 


(  >38) 
organes  de  transmission  anatomiquement  distincts.  C'est  à  la  physiologie 
moderne,  qui  a  poussé  si  loin  l'analyse  expérimentale  dans  les  fonctions  des 
nerfs,  que  revient  la  gloire  d'avoir  fait  cette  grande  découverte,  et  d'avoir 
établi  par  des  preuves  inébranlables  que  les  racines  antérieures  de  la  moelle 
épinière  sont  des  nerfs  moteurs,  et  que  les  racines  postérieures  sont  des  nerfs 
sensitifs.  Ce  qui  veut  dire,  en  d'autres  termes,  que  lorsqu'un  mouvement 
volontaire  s'accomplit  dans  un  membre,  par  exemple,  l'influence  motrice 
qui  se  propage  du  centre  encéphalique  à  la  moelle  épinière  ne  peut  être 
transmise  aux  muscles  que  par  les  racines  rachidiennes  antérieures,  et  que 
quand  une  impression  sensitive  se  propage  dans  un  sens  inverse,  c'est-à-dire 
de  la  périphérie  du  corps  vers  le  centre  nerveux,  elle  ne  peut  être  trans- 
mise à  la  moelle  épinière,  et  de  là  à  l'encéphale,  que  par  les  racines 
rachidiennes  postérieures. 

»  Mais  si  tous  les  physiologistes  sont  d'accord  aujourd'hui  sur  la  manière 
dont  sont  localisées  les  fonctions  motrices  et  sensitives  dans  les  nerfs  rachi- 
diens,  il  n'en  est  pas  de  même  quand  il  s'agit  de  la  moelle  épinière.  Le 
sentiment  et  le  mouvement  se  propagent-ils  par  des  conducteurs  distincts 
dans  la  moelle  épinière?  et,  dans  ce  cas,  quelles  sont  les  parties  qui  trans- 
mettent l'influence  motrice,  quelles  sont  celles  qui  transmettent  les  impres- 
sions sensitives?  Ces  questions  importantes  ont  été  abordées  par  les  expéri- 
mentateurs les  plus  habiles,  et  elles  étaient  restées  indécises.  Les  uns,  vou- 
lant que  la  substance  blanche  de  la  moelle  fût  impropre  à  transmettre  le 
sentiment  ou  le  mouvement,  admettaient  que  la  substance  grise  centrale 
était  seule  douée  de  cette  double  propriété,  ou  qu'elle  la  partageait  avec  la 
substance  blanche;  les  autres,  au  contraire,  soutenant  que  la  substance 
blanche  de  la  moelle  était  seule  conductrice,  croyaient  avoir  établi  que  les 
faisceaux  postérieurs  qui  sont  en  rapport  avec  les  racines  rachidiennes  pos- 
térieures étaient  les  conducteurs  exclusifs  des  impressions  sensitives,  tandis 
que  les  faisceaux  antéro-latéraux  qui  sont  en  contiguïté  avec  les  racines  ra- 
chidiennes antérieures  étaient  les  organes  de  transmission  du  mouvement. 
Et,  il  faut  le  dire,  cette  dernière  opinion  est  celle  qui  avait  été  le  plus  géné- 
ralement adoptée,  au  moins  en  France. 

»  M.  Brown-Séquard  a  repris,  dans  ces  derniers  temps,  cette  question 
difficile  de  la  transmission  des  impressions  sensitives  et  motrices  dans  la 
moelle  épinière,  et,  pour  mieux  limiter  son  sujet,  cet  expérimentateur  a  di- 
visé le  problème  en  deux,  pour  ne  s'occuper  d'abord  que  de  la  détermina- 
tion des  parties  de  la  moelle  qui  sont  chargées  de  conduire  les  impressions 
sensitives  des   racines   postérieures  au   centre   encéphalique.   C'est  donc 


(  i3g) 
exclusivement  à  la  transmission  des  impressions  sensitives  dans  la  moelle 
épinière  que  se  rapportent  les  recherches  actuelles  de  M.  Brown-Séquard , 
ainsi  que  les  expériences  que  ce  savant  physiologiste  a  répétées  devant  la 
Commission. 

»  La  première  proposition  que  M.  Brown-Séquard  veut  établir,  c'est  que 
les  faisceaux  postérieurs  de  la  moelle  épinière  ne  sont  pas,  comme  on  l'avait 
dit,  les  agents  exclusifs  de  la  transmission  des  impressions  sensitives.  Pour 
le  prouver,  M.  Brown-Séquard  a  fait  deux  expériences  principales. 

»  La  première  expérience  consiste  à  couper  en  travers  les  deux  faisceaux 
postérieurs  de  la  moelle  épinière  au  niveau  de  la  région  dorsale  sur  un 
animal  vivant.  Lorsqu' après  cette  section  on  pince  les  membres  postérieurs, 
l'animal  le  sent  parfaitement,  et  manifeste  aussitôt  par  des  cris  la  douleur 
qu'il  éprouve.  Ce  résultat  montre  évidemment  que  les  faisceaux  postérieurs  de 
la  moelle  ne  sont  pas  exclusivement  chargés  de  conduire  la  sensibilité,  puisque 
l'impression  sensitive  ou  douloureuse  faite  dans  les  membres  postérieurs  a  été 
transmise  à  l'encéphale,  après  la  section  complète  de  ces  faisceaux  au-des- 
sus de  l'origine  des  nerfs  des  membres  postérieurs,  et  conséquemment  faite 
dans  un  point  intermédiairement  placé  entre  le  nerf  pincé  d'où  part  la  dou- 
leur et  l'encéphale  où  elle  arrive  pour  être  perçue. 

»  Mais  un  autre  phénomène  des  plus  intéressants,  qui  a  été  découvert  par 
M.  Brown-Séquard,  c'est  que  si  dans  cette  expérience  on  pince  ou  l'on  irrite 
les  faisceaux  postérieurs  de  la  moelle  dans  l'endroit  où  ils  ont  été  coupés,  on 
voit  non-seulement  que  les  deux  bouts  du  faisceau  postérieur  divisé  sont 
sensibles,  mais  on  remarque  ordinairement  que  le  bout  inférieur  ou  caudal 
est  plus  sensible  que  le  bout  supérieur  ou  céphalique,  qui  cependant  est 
seul  resté  en  continuité  directe  avec  l'encéphale. 

»  Il  n'est  pas  besoin  de  dire  que  ce  fait  nouveau  est  encore  en  opposition 
avec  la  théorie  de  la  transmission  exclusive  de  la  sensibilité  par  les  faisceaux 
postérieurs.  D'après  cette  théorie,  en  effet,  il  aurait  dû  se  passer,  après  la 
section  des  faisceaux  postérieurs,  ce  qui  a  lieu  après  la  section  des  racines 
postérieure  rachidiennes,  à  savoir,  que  le  bout  qui  reste  en  continuité  di- 
recte avec  le  centre  encéphalique  demeure  seul  sensible,  tandis  que  le 
bout  périphérique  devient  complètement  insensible. 

»  La  deuxième  expérience  de  M.  Brown-Séquard  est  en  quelque  sorte 
la  contre-épreuve  de  la  première. 

»  Nous  venons  de  voir  précédemment  que  les  faisceaux  postérieurs  de 
la  moelle  ont  été  coupés  afin  de  montrer  que,  sans  leur  intervention,  les 
impressions  sensitives  peuvent  parvenir  à  l'encéphale  par  les  autres  parties 

19.. 


(  i4o  ) 

de  la  moelle  épinière  restées  intactes.  On  peut  prouver  de  plus  qu'avec  les 
faisceaux  postérieurs  seuls,  quand  les,  autres  parties  de  la  moelle  épinière 
ont  été  coupées,  la  transmission  des  impressions  sensitives  ne  peut  plus 
s'opérer.  Cette  expérience  a  été  réalisée  par  M.  Brown-Séquard  :  il  a  divisé 
sur  un  animal  vivant,  au  niveau  de  la  dixième  vertèbre  dorsale  environ, 
toute  la  moelle  épinière,  excepté  les  faisceaux  postérieurs,  qui  furent  laissés 
intacts.  Aussitôt  après  cette  section,  les  membres  postérieurs  furent  com- 
plètement paralysés,  et  les  pincements  produits  sur  eux  ne  furent  plus 
perçus  par  l'animal  ;  c'est-à-dire  que  la  transmission  des  impressions  sensi- 
tives n'eut  plu^lieu,  malgré  que  les  faisceaux  postérieurs  eussent  été  res- 
pectés, 

»  Ces  deux  expériences  s'enchaînent  donc  logiquement  pour  prouver 
que  les  faisceaux  postérieurs  ne  sont  pas  les  organes  de  transmission  des, 
impressions  sensjtives  dans  la  moelle  épinière.  Les  expériences  ont  été 
reproduites  sous  les  yeux  de  la  Commission  par  M.  Brown-Séquard  avec 
beaucoup  d'habileté  sur  des  animaux  chez  lesquels  la  moelle  épinière 
n'avait  été  mise  à  nu  que  dans  une  très-petite  étendue,  de  manière  à  ne  pas 
les  affaiblir  par  l'hémorragie  et  à  obtenir  des  résultats  plus  concluants. 

»  M.  Brown-Séquard  examine  ensuite  dans  son  Mémoire  quel  est  le  rùle 
de  la  substance  grise,  ainsi  que  celui  des  cordons  antérieurs  et  latéraux  de 
la  moelle  épinière  relativement  à  la  transmission  des  impressions  sensitives. 
Il  a  fait  des  expériences  très-nombreuses,  il  a  agi  sur  les  cordons  antérieurs 
et  latéraux  de  la  même  façon  que  sur  les  cordons  postérieurs,  et  il  est  arrivé 
à  des  résultats  tout  à  fait  analogues.  M.  Brown-Séquard  a  vu,  en  effet,  qu'a- 
près la  section  des  cordons  postérieurs,  des  cordons  latéraux  et  des  cor- 
dons antérieurs  de  la  moelle,  les  impressions  sensitives  peuvent  encore  être 
perçues,  tandis  que  lorsqu'on  détruit  la  substance  grise,  cette  transmission 
cesse  aussitôt  d'avoir  lieu  quand  même  on  laisse  la  plus  grande  partie  des 
faisceaux  médullaires  intacte,  autant  que  possible.  Par  toutes  ces  recher- 
ches très-nombreuses,  M.  Brown-Séquard  a  été  amené  à  conclure  qu'aucune 
des  parties  blanches  de  la  moelle  épinière  ne  possède  la  fonction  de  trans- 
mettre les  impressions  sensitives  au  centre  de  perception,  mais  que  c'est  par 
la  substance  grise  médullaire,  et  surtout  par  sa  partie  centrale,  que  cette 
transmission  s'opère.  Ces  résultats  sont  d'un  haut  intérêt  pour  la  physio- 
logie des  centres  nerveux,  eu  ce  qu'ils  apprennent  que  des  parties  insensi- 
bles comme  la  substance  grise  de  la  moelle  peuvent  transmettre  les  impres- 
sions sensitives,  tandis  que  des  parties  très-sensibles  comme  les  cordons 
postérieurs  ne  les  transmettent  pas. 


(  i4i  ) 

»  Dans  la  deuxième  partie  de  son  Mémoire,  M.  Brown-Séquard  a  cher- 
ché à  déterminer  expérimentalement  comment  les  fibres  des  racines 
rachidiennes  postérieures  qui  apportent  les  impressions  sensitives  de  la 
périphérie  pénètrent  dans  la  moelle  épinière  pour  arriver  jusqu'à  la  sub- 
stance grise.  Ici  M.  Brown-Séquard,  s'appuyant,  d'une  part  sur  l'anatomie 
microscopique  de  la  moelle,  et  d'autre  part  sur  des  expériences  physiolo- 
giques ingénieusement  instituées,  a  été  conduit  à  émettre,  sur  cette  propa- 
gation de  la  sensibilité  à  la  substance  grise  centrale  de  la  moelle,  des  vues 
nouvelles  qu'il  expose  dans  son  Mémoire,  et  qui  prouvent  que  ce  phéno- 
mène paraît  plus  compliqué  qu'on  n'aurait  été  porté  à  le  supposer  au  pre- 
mier abord. 

»  En  résumé,  les  expériences  de  M.  Brown-Séquard  ont  éclairé  une  des 
questions  les  plus  importantes  et  les  plus  difficiles  de  la  physiologie  de  la 
moelle  épinière,  celle  qui  est  relative  à  la  transmission  des  impressions  sen- 
sitives dans  cette  portion  de  l'axe  cérébro-spinal.  Si  quelques  faits  étaient 
déjà  connus  sur  ce  point,  M.  Brown-Séquard  en  a  ajouté  beaucoup  de  nou- 
veaux; il  a  varié  ses  expériences,  et  en  a  coordonné  les  résultats  de  façon  à 
résoudre  d'une  manière  très-satisfaisante  la  question  qu'il  s'était  proposé 
de  traiter.  En  conséquence,  la  Commission,  à  l'unanimité,  lui  décerne  le 
prix  de  Physiologie  expérimentale  pour  l'année  1 855.  » 

B APPORT  SUR  LE   CONCOURS   POUR   LES   PRIX    RELATIFS    AUX 

ARTS  INSALUBRES, 

pour  l'année  1855. 
FONDATION.   MONTYON. 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Bayer,  Boussingault,  Pelouze,   Combes, 

Chevreul  rapporteur.) 

«  Cinq  pièces  (nos  i,  2,3,  4>  5)  pour  le  concours  du  prix  des  Arts  insalu- 
bres ont  été  adressées  à  l'Académie  dans  le  délai  prescrit  par  le  pro- 
gramme, c'est-à-dire  jusqu'au  ier  d'avril  de  cette  année  i855. 

»  Huit  autres  pièces  (nos  6,  7,  8,  9,  10,  11,  12,  i4),  venues  après  ce 
terme,  doivent,  conformément  au  programme,  être  renvoyées  au  con- 
cours de  i856. 

»  Une  pièce  n°  i3,  présentée  l'année  dernière  (par  M.  Thibout)  et  ajour- 
née, a  été  prise  cette  année  en  considération. 


(  !{fl  ) 

»  Enfin,  la  Commission  a  examiné  un  appareil  qui  fait  l'objet  d'un 
Mémoire  envoyé  à  l'Académie  dans  le  courant  de  mars,  et  qui  conséquem- 
ment  est  dans  la  condition  du  concours.  Cet  appareil  (de  M.  Duméry)  a 
pour  but  de  rendre  les  foyers  fumivores. 

»  Parmi  les  pièces  nos  i,  2,  3,  4  et  5,  la  Commission  a  pris  en  considé- 
ration la  pièce  n°  2,  présentée  par  MM.  Boutron  et  Boudet,  et  la  pièce  n°  4, 
présentée  par  M.  Sorel. 

»  MM.  Boutron  et  Boudet,  pièce  n°  2,  se  sont  proposé  de  déterminer 
rapidement  la  proportion  des  sels  de  chaux  et  de  magnésie  qui  se  trouvent 
dans  les  eaux  potables,  et  celles  dont  l'industrie  peut  tirer  parti.  Cette 
détermination  se  fait  au  moyen  d'une  solution  titrée  ou  normale  de  savon, 
qui  précipite  complètement  les  sels  calcaires  et  magnésiens,  avec  cette 
circonstance  que  la  liqueur  complètement  précipitée  présente  une  limpi- 
dité parfaite  avec  la  propriété  de  mousser,  sans  tenir  pour  cela  un  excès 
d'eau  de  savon.  Dès  lors  il  est  aisé  d'évaluer  le  précipité  par  le  volume  de 
l'eau  de  savon  normale  employé  à  le  produire. 

»  Mais  la  Commission,  en  accordant  à  MM.  Boutron  et  Boudet  tm  prix, 
qu'elle  propose  à  l'Académie  de  porter  à  2000  francs,  se  croit  obligée  de 
dire  que  ce  prix  est  donné  au  procédé  tel  qu'elle  vient  de  le  définir  ;  qu'en 
conséquence  elle  ne  récompense  pas  la  méthode  appelée  par  les  auteurs 
hydrotimétrie,  c'est-à-dire  le  moyen  de  mesurer  la  valeur  des  eaux  de 
source  et  de  rivière.  Car  évidemment  la  méthode  qui  mériterait  la  qualifi- 
cation hydrotimétrie  supposerait  que  les  bonnes  qualités  des  eaux  ne  pro- 
viendraient que  de  l'absence  des  sels  à  base  de  chaux  et  de  magnésie,  et 
leurs  inconvénients  de  la  présence  de  ces  mêmes  sels,  conséquence  que  la 
Commission  ne  peut  admettre. 

»  Les  considérations  relatives  aux  pièces  suivantes,  concernant  particu- 
lièrement la  mécanique,  ont  été  rédigées  par  M.  Combes. 


APPAREIL    DBMÏBÏ. 


»  Depuis  quelques  années,  les  administrations  publiques  se  préoccupent 
avec  raison,  en  Angleterre  et  en  France,  des  inconvénients  occasionnés  par 
la  fumée  qui  se  dégage  des  foyers  industriels  et  même  des  foyers  domesti- 
ques alimentés  avec  de  la  houille.  Une  enquête  ordonnée  par  la  Chambre 
des  Communes  de  la  Grande-Bretagne,  et  dont  les  procès-verbaux  ont  été 
publiés  en  i843,  fait  connaître  à  peu  près  tous  les  moyens  que  l'on  avait 
essayé  d'appliquer  antérieurement  dans  ce  pays,  en  vue  de  prévenir  ou  de 
brûler  la  fumée.  Des  appareils  plus  ou  moins  semblables  avaient  été  égale- 


(  î43  ) 
ment  appliqués  chez  nous;  ils  sont  décrits  dans  divers  recueils  de  techno- 
logie, tels  que  les  Annales  des  Mines,  le  Bulletin  de  la  Société  d'Encoura- 
gement, etc. 

»  Plusieurs  des  dispositions  proposées  ayant  paru  efficaces,  un  acte  du 
parlement  britannique,  du  20  août  1 853,  a  prescrit  à  tous  les  propriétaires 
de  chaudières  à  vapeur,  de  verreries,  brasseries,  raffineries  de  sucre  et 
autres  manufactures  établies  dans  la  métropole  de  l'Angleterre,  ainsi  qu'aux 
propriétaires  de  bateaux  à  vapeur  naviguant  sur  la  Tamise  en  dessus  du 
pont  de  Londres,  de  brûler  la  fumée  de  leurs  foyers.  Une  ordonnance  de 
police,  du  1 1  novembre  1 854,  soumet  à  la  même  obligation  les  propriétaires 
d'usines  où  l'on  fait  usage  d'appareils  à  vapeur,  dans  le  département  de  la 
Seine.  Ces  mesures  ont  donné  lieu,  des  deux  côtés  de  la  Manche,  à  un  grand 
nombre  de  combinaisons  plus  ou  moins  nouvelles,  ayant  pour  but  d'éviter 
le  dégagement  de  la  fumée,  dont  quelques-unes  ont  été  soumises  par  leurs 
auteurs  au  jugement  de  l'Académie.  Parmi  ces  dernières,  l'appareil  fumivore 
sur  lequel  M.  Duméry  a  appelé  l'attention  de  l'Académie  dès  le  mois  de 
mars,  dans  un  Mémoire  lu  le  a3  avril  (1),  a  été  l'objet  d'expériences  suivies 
pendant  longtemps  et  avec  beaucoup  de  soin  dans  les  ateliers  des  chemins 
de  fer  de  l'Est,  à  la  Villette,  où  il 'a  été  installé  par  l'auteur,  à  la  place  de 
l'ancien  foyer  de  Tune  des  deux  chaudières  qui  fournissent  alternative- 
ment la  vapeur  à  la  machine  motrice. 

»  M.  Duméry,  au  lieu  de  jeter  la  houille  nouvelle  par  la  porte  du  foyer 
sur  le  combustible  incandescent  et  en  très-grande  partie  carbonisé  qui 
reste  sur  la  grille,  ainsi  que  cela  se  pratique  dans  les  foyers  ordinaires,  la 
fait  arriver  par-dessous  ce  combustible  en  poussant  la  charge,  au  moyen  de 
refouloirs  mus  à  la  main,  dans  des  espèces  de  cornets  recourbés,  dont  les 
parois  sont  à  claire-voie,  vers  l'extrémité  voisine  de  la  grille.  Nous  devons 
dire  que  l'efficacité  du  chargement  opéré  en  dessous  du  combustible  incan- 
descent, en  vue  de  prévenir  le  dégagement  de  fumée,  est  connu  depuis  fort 
longtemps.  Ce  mode  de  chargement,  dont  les  avantages  avaient  été  déjà 
indiqués  par-  Franklin,  a  même  été  appliqué  en  Angleterre,  antérieurement 
à  l'année  i843,  aux  foyers  domestiques  et  aux  foyers  de  chaudières  à 
vapeur,  par  M.  le  docteur  Neil  Arnott  et  par  Edward  Foard,  qui  a  pris  une 
patente  pour  un  foyer  qui  est  chargé  de  cette  manière,  en  juillet  184 1 .  Les 
dispositions  spéciales  au  moyen  desquelles  M.  Duméry  opère  le  chargement 

(1)  Dans  le  compte  rendu  de  cette  séance,  il  faut  lire  ,  page  g34  :  Duméry ,  au  lieu  de 
Duméril. 


(  «44  ) 

sont  autres  que  celles  que  ses  devanciers  ont  mises  en  œuvre,  et  atteignent 
parfaitement  le  but  qu'il  s'est  proposé.  Dans  les  expériences  faites  aux  ate- 
liers de  la  Villette,  on  a  brûlé  sur  la  grille  du  foyer  Duméry,  présentant 
une  surface  de  6a  décimètres  carrés,  depuis  60  jusqu'à  120  kilogrammes 
de  houille  de  Saarbrùcken  (houille  tout-venant),  sans  donner  lieu,  dans 
aucun  cas,  à  la  moindre  trace  de  fumée;  la  vaporisation  a  été  de  5ht,34 
à  6Ht,27  d'eau  par  kilogramme  de  houille.  En  faisant  usage  de  gaillette  de 
Saarbrùcken  sans  menu,  on  a  pu  pousser  la  combustion  jusqu'à  i5o  kilo- 
grammes par  heure.  La  vaporisation  a  été  de  6Ut,55  par  kilogramme  de 
houille,  et  la  fumée  absolument  nulle. 

»  Une  chaudière  entièrement  semblable  à  celle  dont  le  foyer  avait  été 
remplacé  par  celui  de  M.  Duméry,  a  été  l'objet  d'essais  comparatifs  faits 
avec  des  charbons  pris  au  même  tas.  La  grille  de  cette  chaudière  a  une 
surface  de  68  décimètres  carrés.  On  a  brûlé  sur  cette  grille  depuis  56  jus- 
qu'à 107  kilogrammes  de  houille  tout-venant  par  heure,  avec  production 
de  beaucoup  de  fumée  dans  tous  les  cas  ;  on  n'a  pu  pousser  la  combustion 
au  delà  de  107  kilogrammes  par  heure.  La  vaporisation  a  été  inférieure  à 
5  litres  d'eau  par  kilogramme  de  houille,  sauf  une  seule  expérience,  celle 
où  la  combustion  a  été  la  plus  lente  (56  kilogrammes  par  heure),  et  où  l'on 
a  obtenu  51U,23  d'eau  vaporisée  par  kilogramme  de  houille;  en  faisant 
usage  de  gaillette  de  Saarbrùcken,  on  n'a  pu  pousser  la  combustion  au  delà 
de  112  kilogrammes  par  heure,  et  la  vaporisation  test  restée  inférieure  à 
5  litres  d'eau  par  kilogramme  de  houille. 

»  Votre  Commission,  sans  rien  préjuger  sur  l'efficacité  des  autres  appa- 
reils destinés  à  prévenir  ou  à  brûler  la  fumée,  ayant  acquis  la  certitude  que 
ce  but  est  parfaitement  atteint,  sans  accroissement  de  dépense  de  combus- 
tible, par  l'appareil  de  M.  Duméry,  vous  propose  d'accorder  à  M.  Dcméry 
un  prix  de  la  valeur  de  a5oo  francs. 

FLOTTEURS    d' ALARME    DE    M.    SOREL. 

»  La  Commission  propose  à  l'Académie  de  décerner  un  prix  de 
2000  francs  à  M.  Sorel  pour  la  combinaison  d'un  flotteur  et  du  sifflet 
dont  sont  munies  les  chaudières  des  machines  locomotives,  qui  constitue 
les  appareils  connus  sous  le  nom  de  flotteurs  d'alarme,  dont  l'application 
à  toutes  les  chaudières  à  vapeur  établies  à  demeure  est  prescrite  par  l'or- 
donnance réglementaire  du  22  mai  i843.  Cette  combinaison  a  été  imaginée 
et  présentée  à  l'Académie,  en  1837,  par  M.  Sorel  qui,  dès  cette  époque, 
l'a  appliquée  à  plusieurs  chaudières  à  vapeur. 


i45  ) 


TUBE    RESPIRATOIRE   DE    M.    THIBOUT. 


«  M.  Thibout,  au  Neubourg  (Eure),  a  présenté  à  l'Académie,  dans  le  cou- 
rant du  mois  de  février  1 85/|,  un  appareil  de  sauvetage  au  moyen  duquel 
on  peut  pénétrer  et  séjourner  sous  une  petite  profondeur  d'eau  ou  dans  des 
lieux  remplis  de  gaz  méphitique,  pour  porter  secours  à  des  noyés  ou 
asph\  xiés. 

»  Cet  appareil  consiste  en  une  petite  boîte  métallique  divisée  en  trois  com- 
partiments par  deux  cloisons  percées  chacune  d'une  ouverture  circulaire, 
sur  laquelle  s'applique  une  soupape  formée  d'une  petite  sphère  en  liège.  La 
paroi  du  compartiment  intermédiaire  entre  les  deux  cloisons  est  percée 
d'un  orifice  avec  tubulure  à  laquelle  s'adapte  un  tuyau  flexible  et  court, 
terminé  par  une  embouchure  que  l'opérateur  introduit  dans  sa  bouche  ou 
applique  sur  sa  bouche.  Les  compartiments  extrêmes  de  la  petite  boîte  sont 
munis  aussi  de  tubulures  auxquelles  s'adaptent  des  tuyaux  flexibles  en 
toile  imperméable,  maintenus  ouverts  par  un  ressort  intérieur  en  hélice, 
et  qui  se  prolonge  jusqu'au  dehors  de  l'eau  ou  de  l'excavation  infestée  de 
gaz  irrespirables  où  l'on  veut  pénétrer.  L'opérateur  applique  sur  son  nez 
une  pince  qui  ferme  l'ouverture  des  narines,  de  façon  que,  ne  respirant  que 
par  la  bouche,  il  aspire  l'air  atmosphérique  extérieur  qui  arrive  par  le  tuyau 
branché  sur  un  des  compartiments  extrêmes,  tandis  que  l'air  expiré  s'écoule 
par  le  tuyau  branché  sur  l'autre  compartiment. 

»  Cet  appareil  si  simple  n'a  rien  de  nouveau.  On  a  fait  usage  depuis  bien 
longtemps  de  tubes  respiratoires  pour  descendre  sous  l'eau,  ou  séjourner 
dans  des  cuves  ou  des  excavations  remplies  de  gaz  acide  carbonique.  C'est 
ainsi  que  Pilâtre  du  Rosier,  en  1785,  a  pu  descendre  au  fond  d'une  cuve 
de  brasseur,  y  rester  des  heures  entières,  agissant  et  marchant  sans  aucune 
gêne,  tandis  que  des  animaux  mis  auprès  de  lui  ont  été  promptement  as- 
phyxiés. (Voyez  Description  et  usage  du  respirateur  antiméphitique,  ima- 
giné par  Pilâtre  du  Rosier,  avec  un  précis  des  expériences  faites  parce  phy- 
sicien sur  le  méphitisme  des  fosses  d aisance,  des  cuves  à  bière,  etc.,  par 
M.  Delaunaye,  Paris,  1 785,  chez  Laurent,  libraire,  rue  de  Tournon.  —  Jour- 
nal de  physique,  1786.  —  Journal  des  mines,  t.  III.) 

»  L'appareil  de  Pilâtre  du  Rosier  ne  comportait  qu'un  tuyau  unique 
terminé  par  une  sorte  de  masque  appliqué  sur  la  bouche  ou  sur  le  nez. 
L'opérateur  aspirait  l'air  pur  amené  par  le  tuyau,  et  expirait  l'air  vicié,  dans 
le  milieu  où  il  se  trouvait,  par  la  bouche,  s'il  avait  aspiré  par  le  nez,  ou 
vice  versa.  M.  Delaunaye  propose,  dans  le  Mémoire  cité,  d'ajouter  à  l'em- 

C.  R.,  i856,  1"  Semestre.  (T.  XLII,  N«  4.)  20 


(  *46  ) 
bouchure  du  tuyau  qui  s'adapte  à  la  bouche  un  petit  tube  métallique  con- 
tenant deux  soupapes  (Instruction  sur  l'emploi  des  lampes  de  sûreté  dans 
les  mines  et  sur  les  moyens  de  pénétrer  sans  danger  dans  les  lieux  méphi- 
tisés,  publiée  par  M.  le  conseiller  d'État  directeur  général  des  ponts  et 
chaussées  et  des  mines.  —  Jnn.  des  mines  j  1825,  Ire  série,  t.  X,  p.  3y  et  sui- 
vantes). C'est  précisément  l'appareil  présenté  par  M.  Thibout ,  sauf  l'addi- 
tion d'un  second  tube  adapté  à  la  tubulure  par  laquelle  sort  l'air  expiré,  et 
prolongé  jusque  dans  l'air  pur. 

»  Cet  appareil  ne  constitue  pas  une  invention  nouvelle,  il  est  au  moins  cer- 
tain qu'il  a  été  jusqu'ici  bien  peu  employé,  malgré  les  recommandations 
dont  il  a  été  l'objet  à  diverses  reprises  de  la  part  des  physiciens  et  de  l'admi- 
nistration des  mines;  cependant  son  usage  aurait  pu  prévenir  de  nombreux 
accidents.  Il  est  donc  à  désirer  qu'il  se  vulgarise,  que  les  hommes  chargés 
de  porter  secours  aux  noyés  et  asphyxiés  en  soient  généralement  pourvus 
et  s'habituent  à  s'en  servir.  C'est  surtout  en  vue  d'attirer  de  nouveau  l'at- 
tention sur  le  service  qu'il  peut  rendre,  que  la  Commission  propose  à  l'Aca- 
démie d'accorder  à  M.  Thibout,  simple  ouvrier  qui  ne  connaissait  pas  les 
essais  antérieurement  faits,  à  titre  de  récompense  et  d'encouragement,  une 
somme  de  5oo  fr. 


CONCLUSIONS. 


»   La  Commission  a  l'honneur  de  proposer  à  l'Académie  : 

»  i°.  D'accorder  un  prix  de  25oo  fr.  à  M.  Duméry,  pour  un  appareil  pro- 
pre à  rendre  les  foyers  fumivores  ; 

»  20.  D'accorder  un  prix  de  2000  fi",  à  M.  Sorel,  pour  la  combinaison  du 
flotteur  des  chaudières  à  vapeur  avec  le  sifflet  des  chaudières  des  locomo- 
tives, combinaison  connue  sous  le  nom  dejlotteur  d'alarme,  que  M.  Sorel 
a  imaginée  en  1 837  ; 

»  3°.  D'accorder  un  prix  de  2000  fr.  à  MM.  Boutron  et  Boudet  pour  leur 
moyen  de  déterminer  la  proportion  des  sels  à  base  de  chaux  et  de  magnésie 
dans  les  eaux  des  sources  et  des  rivières  au  moyen  d'une  liqueur  savon- 
neuse titrée  ; 

»  4°-  Un  encouragement  de  5oo  fr.  à  M.  Thibout,  de  Neubourg  (Eure), 
pour  un  tuyau  respiratoire  au  moyen  duquel  on  peut  pénétrer  et  séjourner 
sans  danger  sous  l'eau,  et  dans  des  atmosphères  irrespirables.  » 

Ces  conclusions  sont  adoptées  par  l'Académie. 


(  '47  ) 

RAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  POUR  LE  PRIX  DE   MÉDECINE 
ET  DE  CHIRURGIE  DE  L'ANNÉE  i855. 

FONDATION   MONTYOJN. 

(Commissaires,  MM.  Serres,  Andral,  Velpeau,  Rayer,  Duméril,  Magendie, 
Flourens,  Milne  Edwards,  Cl.  Bernard  rapporteur.) 

«  La  médecine  çt  la  chirurgie  reposent  en  grande  partie  sur  les  sciences 
anatomiques  et  physiologiques;  celles-ci  ,  à  leur  tour,  puisent  leurs 
moyens  d'investigation  dans  la  physique,  la  chimie  et  les  sciences  natu- 
relles. Toutes  les  fois  que  les  sciences  qui  précèdent  effectuent  quelque 
progrès  dans  leurs  points  de  contact  avec  la  médecine  ou  la  chirurgie,  elles 
contribuent  par  cela  même  aux  progrès  de  l'art  de  guérir.  C'est  d'après  ces 
considérations  que  la  Commission  a  toujours  récompensé  les  travaux  d'ana- 
tomie,  de  physiologie,  de  physique,  de  chimie,  etc.,  quand  ceux-ci  s'appli- 
quaient utilement  à  la  médecine. 

»  La  Commission  vient  proposer  à  l'Académie  d'accorder  des  récompenses 
dans  ces  diverses  branches  des  sciences  médicales.  Elle  n'a  pas  cru  devoir 
proposer  de  prix  pour  cette  année. 


ANATOMIE    ET    PHYSIOLOGIE. 


»  La  structure  intime  des  différentes  parties  constituantes  de  l'organe  de 
la  vision  a  été  l'objet  des  recherches  d'un  grand  nombre  d'anatomistes  mo- 
dernes. Les  travaux  de  M.  Hannover,  médecin  à  Copenhague,  sont  au  nom- 
bre de  ceux  qui  ont  le  plus  puissamment  contribué  à  avancer  nos  connais- 
sances sur  cette  anatomie  délicate  de  l'œil,  anatomie  intéressante  à  un  très- 
haut  degré,  non-seulement  pour  le  physiologiste,  qui  cherche  à  comprendre 
le  rôle  de  chacune  de  ces  parties  dans  les  phénomènes  de  la  vision,  mais 
encore  pour  le  pathologiste,  qui  doit  toujours  essayer  de  relier  les  symptô- 
mes morbides  qu'il  observe  aux  altérations  de  structure  anatomique  surve- 
nues dans  les  organes. 

»  Déjà  en  1840  M.  Hannover  a  publié  ses  premières  recherches  sur  la 
structure  de  la  rétine.  Par  une  méthode  d'investigation  exacte  et  en  har- 
monie avec  la  délicatesse  extrême  de  l'objet  de  son  observation,  M.  Hanno- 
ver a  rectifié  diverses  opinions  erronées  qui  avaient  été  émises  sur  la  struc- 
ture microscopique  de  la  rétine;  et  les  résultats  nouveaux  qu'il  a  fait 
connaître  sont  restés  dans  la  science,  et  sont  devenus  le  point  de  départ  de 

20.. 


(  «48  ) 
travaux  qui  ont  été  entrepris  depuis  sur  le  même  sujet  par  des  anatomistes 
également  très-habiles. 

»  Plus  récemment,  M.  Hannover  a  publié  un  ouvrage  renfermant  un 
grand  nombre  de  faits  et  d'observations  propres  à  éclairer  l'anatomie,  la 
physiologie  et  la  pathologie  de  l'œil.  Il  y  a  un  chapitre  entier  relatif  à  la 
découverte  de  la  structure  du  corps  vitré.  L'auteur  a  fait  ses  recherches  sur 
les  yeux  de  l'homme  et  sur  ceux  de  divers  animaux  vertébrés,  au  moyen  de 
l'acide  chromique  étendu,  qui  a  la  propriété  de  coaguler  la  membrane  de 
l'humeur  vitrée.  A  l'aide  de  ce  réactif,  M.  Hannover  a  préparé  des  pièces 
qu'il  a  mises  sous  les  yeux  des  Membres  de  la  Commission,  et  qui  prouvent 
que  chez  les  mammifères  le  corps  vitré  est  constitué  par  des  couches  con- 
centriques, s'emboîtant  les  unes  dans  les  autres.  Chez  l'homme,  la  disposi- 
tion est  un  peu  différente,  en  ce  que  ces  cloisonnements  du  corps  vitré,  au 
lieu  d'être  sous  forme  de  couches  concentriques,  constituent  des  cônes 
dont  les  bases  sont  tournées  en  dehors,  et  dont  les  sommets,  dirigés  en 
dedans,  rayonnent  tous  vers  la  partie  centrale  qui  est  occupée  par  le  canal 
hyaloïdien. 

»  Ce  même  ouvrage  de  M.  Hannover  contient  en  outre  beaucoup  d'au- 
tres recherches  anatoiniques,  physiologiques  et  pathologiques  sur  l'organe 
de  la  vision. 

»  C'est  en  considérant  les  découvertes  que  M.  Hannover  a  faites  sur 

divers  points  de  l'anatomie  de  l'œil,  et  les  applications  importantes  qui  en 

découlent  pour  la  pathologie,  que  la  Commission   propose  d'accorder  a 

M.  Hawvover,  pour  l'ensemble  de  ses  travaux  sur  l'œil,  une  récompense  de 

i  5oo  francs. 

»  Les  services  que  la  chimie  rend  à  la  physiologie  et  à  la  pathologie  ne 
sont  contestés  par  personne.  Cependant  on  comprendra  que,  pour  avoir 
toute  leur  utilité,  il  ne  suffit  pas  que  les  analyses  chimiques  des  divers  flui- 
des ou  tissus  animaux  soient  exécutées  par  des  hommes  habiles,  il  faut  en- 
core qu'elles  soient  faites  dans  des  conditions  physiologiques  bien  circon- 
stanciées et  bien  déterminées.  Sans  cette  précaution  indispensable,  les 
résultats  des  analyses  discordent  sans  cesse  :  et  comment  en  serait-il  autre- 
ment, puisqu'à  chaque  instant  les  fluides  animaux  changent  et  se  modifient 
en  circulant  dans  l'économie? 

»  Le  Traitéde  Chimie  physiologique  de  M.  Lehmann  se  distingue  de  tous 
ceux  qui  l'ont  précédé,  par  ce  rapprochement  que  l'auteur  a  constamment 
cherché  à  établir  entre  les  analyses  chimiques  et  les  conditions  physiologi- 
ques exactes  dans  lesquelles  elles  étaient  effectuées. 


(  '49  ) 

»  M.  Lehmann  a  repris  tous  les  travaux  de  ses  devanciers  à  ce  point  de 
vue,  et  il  y  a  ajouté  un  grand  nombre  de  découvertes  et  d'observations  nou- 
velles, particulièrement  sur  l'urine,  sur  le  sang  et  sur  les  divers  fluides 
digestifs,  etc.  De  sorte  que  M.  Lehmann  a  non-seulement  rendu  un  grand 
service  à  ceux  qui  cultivent  la  physiologie  et  la  médecine,  en  rassemblant 
méthodiquement  dans  son  ouvrage  toutes  nos  connaissances  sur  la  chimie 
physiologique,  en  les  coordonnant  avec  clarté  et  d'après  une  saine  critique  ; 
mais  l'auteur  a  encore  enrichi  la  science  et  contribué  à  ses  progrès  par  des 
découvertes  qui  lui  sont  propres. 

»  C'est  en  considérant  cet  ouvrage  à  ce  double  point  de  vue  que  la  Com- 
mission le  juge  digne  d'être  récompensé,  et  elle  propose  d'accorder  à 
M.  Lehmann,  pour  son  Traité  de  Chimie  physiologique  (ouvrage  publié  en 
allemand  sous  le  titre  de  Lehrbuch  der  physiologischen  Chemie,  3  vol., 
Leipzig),  une  récompense  de  i5oo  francs. 

»  Un  grand  nombre  d'anatomistes  se  sont  occupés  des  circonvolutions 
cérébrales  :  les  uns,  considérant  ces  plis  cérébraux  comme  des  caractères 
anatomiques  et  zoologiques  d'une  grande  importance;  les  autres,  en  fai- 
sant la  base  de  théories  physiologiques  plus  ou  moins  spécieuses.  M.  Da- 
reste  a  repris  ce  sujet  déjà  tant  de  fois  exploré,  et  il  a  pu  encore  y  découvrir 
des  faits  nouveaux. 

»  Les  conclusions  principales  du  travail  de  M.  Dareste  sont  :  i°  que  les 
circonvolutions  cérébrales  ne  semblent  avoir  que  peu  d'importance  au  point 
de  vue  zoologique,  car  dans  chaque  famille  naturelle  on  peut  trouver  des 
espèces  ayant  des  cerveaux  à  circonvolutions  et  d'autres  espèces  ayant  des 
cerveaux  sans  circonvolutions;  i°  que  les  circonvolutions  cérébrales  ne 
paraissent  pas  non  plus  avoir  une  grande  signification  au  point  de  vue 
physiologique,  car  on  ne  signale  pas  de  différences  bien  marquées  entre 
les  actes  des  espèces  à  cerveaux  lisses  et  ceux  des  espèces  à  cerveaux 
plissés. 

»  En  outre,  M.  Dareste  pense  pouvoir  établir  que,  dans  chaque  famille 
naturelle  des  mammifères,  l'état  des  circonvolutions  est  en  rapport  avec  la 
taille  des  espèces  animales  ;  il  dit  que  les  cerveaux  lisses  se  rencontrent  tou- 
jours dans  les  petites  espèces,  et  qu'à  mesure  que  la  taille  augmente,  on 
voit  s'accroître  le  nombre  et  la  complication  des  circonvolutions. 

»  Comme  le  travail  de  M.  Dareste  est  lait  avec  soin,  et  qu'il  se  rattache  à 
des  études  qui  tendent  à  éclairer  diverses  questions  importantes  de  physio- 
logie et  de  pathologie ,  la  Commission  le  juge  digne  d'être  récompensé.  En 
conséquence,  elle  propose  d'accorder  à  M.  Dareste,  pour  ses  Recherches 
sur  les  circonvolutions  cérébrales,  une  récompense  de  iooo  francs. 


(  <5o) 

PATHOLOGIE  1  STERNE  ET  EXTERNE. 

»  La  Commission  a  fixé  son  attention  sur  un  travail  de  M.  Beau,  intitulé  : 
Etudes  analytiques  de  physiologie  et  de  pathologie  sur  F  appareil  spléno- 
hépatique.  Il  s'agit  ici  d'une  application  directe  des  connaissances  physio- 
logiques à  la  pathologie.  M.  Beau  a  pris  pour  point  de  départ  physiologique 
de  son  travail  les  expériences  bien  connues  sur  l'absorption  des  substances 
alimentaires  par  la  veine  porte ,  qui  prouvent  que  les  matières  absorbées 
doivent  nécessairement  traverser  le  foie.  Pendant  l'état  de  santé ,  le  passage 
de  ces  substances  solubles  alimentaires  ou  autres,  à  travers  le  foie,  se  fait 
sans  être  accompagné  d'aucune  sensation  spéciale.  Mais,  dans  certains  états 
morbides,  M.  Beau  pense  que  le  foie  peut  acquérir  une  susceptibilité  spé- 
ciale (hépatalgie),  et  qu'alors  ce  passage  des  substances  dans  le  foie  peut 
être  accompagné  de  douleurs  vives  survenant  dans  la  région  du  foie,  au  mo- 
ment de  la  digestion.  Ces  douleurs  pourraient  simuler  alors  la  colique  hé- 
patique, déterminée  par  la  présence  de  calculs  dans  les  voies  biliaires; 
mais  la  cause  en  serait  cependant  ici,  comme  on  le  voit,  très-différente. 
M.  Beau  appuie  son  opinion  par  un  certain  nombre  d'observations  clini- 
ques qui  se  trouvent  à  la  fin  de  son  Mémoire.  ,  - 

»  La  Commission,  espérant  que  l'auteur  ne  s'en  tiendra  pas  là,  et  qu'il 
cherchera  à  confirmer  encore  ses  vues  par  des  observations  nouvelles,  juge 
son  travail  digne  d'une  récompense,  comme  renfermant  des  faits  nouveaux 
propres  à  éclairer  l'étiologie  encore  si  obscure  des  maladies  du  foie,  et  par- 
ticulièrement celle  des  coliques  hépatiques. 

»  Elle  propose  d'accorder  à  M.  Beau,  pour  ses  Etudes  analytiques  de 
physiologie  et  de  pathologie  sur  l'appareil  spléno- hépatique,  une  récompense 
de  i  5oo  francs. 

»  M.  Béraud  a  soumis  au  jugement  de  la  Commission  un  Mémoire  qui 
est  relatif  à  l'anatomie  et  à  la  pathologie  des  voies  lacrymales. 

»  Au  point  de  vue  anatomique,  M.  Béraud  signale  d'abord  deux  ordres 
de  glandes  siégeant  dans  le  sac  lacrymal.  Il  décrit  ensuite  très-exactement 
les  valvules  du  conduit  lacrymo-nasal. 

»  La  Commission  a  fixé  particulièrement  son  attention  sur  une  valvule 
signalée  par  M.  Béraud  à  l'orifice  inférieur  du  canal  lacrymo-nasal,  et  dont 
la  connaissance  est  importante  relativement  à  l'opération  du  cathétérisme 
du  canal  nasal  par  les  narines. 

»  M.  Béraud ,  s'appuyant  sur  ses  dissections  d'anatomie  normale  et  pa- 
thologique, croit  pouvoir  établir  qu'il  faut  admettre  quatre  espèces  de  tu- 


(  '5.  ) 
meurs  lacrymales  différentes  par  leurs  symptômes,  et  réclamant  chacune  un 
traitement  également  différent.  L'auteur  s'est  surtout  élevé  contre  l'emploi 
de  la  canule  dans  le  traitement  des  fistules  lacrymales  , 

»  La  Commission,  considérant  que  M.  Békaud  a  signalé  dans  son  travail 
des  faits  nouveaux  importants  pour  le  traitement  chirurgical  de  la  fistule 
lacrymale ,  propose  de  lui  accorder,  pour  son  Mémoire  sur  l'anatomie  et  la 
pathologie  des  voies  lacrymales,  une  récompense  de  j  5oo  francs. 

»  Les  troubles  de  la  circulation  qu'on  observe  dans  la  grossesse  étaient 
généralement  rapportés  à  un  état  de  pléthore'.  M.  Cazeaux  a  établi,  dans  un 
travail  sur  la  chloro-anémie  des  femmes  enceintes,  que  ces  troubles  de  la 
circulation  pouvaient  aussi  être  dus  à  un  état  du  sang  en  quelque  sorte  op- 
posé à  celui  de  la  pléthore,  c'est-à-dire  à  la  chloro-anémie.  Ce  dernier  état 
est  accompagné  de  bruits  de  souffle  dans  les  carotides,  et  par  divers  trou- 
bles fonctionnels  du  système  nerveux  et  de  l'appareil  digestif,  tout  à  fait 
analogues  à  ceux  qu'on  observe  chez  les  femmes  chlorotiques. 

»  M.  Cazeaux  est  même  arrivé  à  cette  conclusion ,  que  la  chloro-anémie 
serait  la  cause  la  plus  fréquente  des  troubles  fonctionnels  qu'on  avait  attri- 
bués jusqu'ici  à  la  pléthore.  L'auteur  appuie  son  opinion  sur  l'examen  chi- 
mique qui  a  montré  la  diminution  des  globules  du  sang,  et  sur"  les  heureux 
effets  qu'on  retire  dans  ces  cas  d'un  traitement  tonique. 

»  Ce  travail,  qui  met  en  lumière  un  point  très-important  de  la  pathologie 
des  femmes  enceintes,  a  paru  à  la  Commission  digne  d'être  récompensé,  et 
elle  propose  d'accorder  à  M.  Cazeaux,  pour  son  travail  sur  la  chloro-anémie 
des  femmes  enceintes,  une  récompense  de  i  ooo  francs. 

EAUX    MINÉRALES,    THÉRAPEUTIQUE,    HYGIENE,     PHYSIQUE    MEDICALE. 

»  L'Académie  se  rappelle  le  Rapport  fait  par  notre  savant  confrère  M.  de 
Senarmont,  au  nom  d'une  Commission  composée  de  MM.  Thenard,  Che- 
vreul,  Balard  et  Dufrénoy,  sur  un  Mémoire  de  M.  Bouquet,  intitulé  :  Histoire 
chimique  des  eaux  minérales  et  thermales  de  Vichy,  Cusset,  Vaisse,  Hau- 
terive  et  Saint-Yorre ;  Analyses  chimiques  des  eaux  minérales  de  Médague , 
Châteldon,  Brugheas  et  Seuillet. 

»  La  Commission  ci-dessus  nommée  renvoya  ce  Mémoire  à  la  Commis- 
sion des  prix  Montyon.  Celle-ci,  adoptant  pleinement  les  conclusions  du 
premier  Rapport,  reconnaît,,  avec  la  première  Commission,  «  que  le  Mémoire 
»  de  M.  Bouquet  est  une  véritable  histoire  chimique  du  bassin  hydrolo- 
»  gique  de  Vichy,  appuyée  sur  tous  les  documents  qu'on  est  aujourd'hui 
»  en  droit  de  demander  à  la  science. 


(  ï5»  ) 

»  Ce  Mémoire  renferme  par  conséquent  des  études  longues  et  conscien- 
»  cieuses  sur  l'un  des  agents  les  plus  actifs  de  la  thérapeutique.  L'expé- 
»  rience  médicale  trouvera  d'utiles  enseignements  dans  cet  ensemble  d'a- 
»  nalyses comparatives  qui  montrent  partout,  et  presque  en  égale  proportion, 
»  les  principes  supposés  des  propriétés  caractéristiques  de  quelques  sources, 
»  qui  font  connaître  la  dose  d'arsenic  propre  à  chacune  d'elles,  y  détermi- 
»  nent  la  quantité  de  strontiane,  et  paraissent  retrancher  plusieurs  prin- 
»  cipes  énergiques  à  la  liste  de  leurs  principes  minéralisateurs.    » 

»  La  Commission,  prenant  en  considération  la  haute  importance  de  sem- 
blables recherches  pour  la  thérapeutique,  propose  d'accorder  à  M.  Bouquet, 
pour  ses  Etudes  -chimiques  des  eaux  minérales  du  bassin  hydrologique  de 
Vichy ,  une  récompense  de  i  5oo  francs. 

»  M.  Corvisart  a  soumis  au  jugement  de  la  Commission  un  travail  dans 
lequel  il  pense  établir  qu'on  peut  traiter  avec  succès  certaines  affections  de 
l'estomac,  dans  lesquelles  la  digestion  est  troublée  ou  suspendue,  par  l'em- 
ploi de  la  pepsine  préparée  artificiellement  avec  la  caillette  du  veau  ou  du 
mouton. 

»  Si  cette  idée  de  favoriser  la  digestion  chez  l'homme  à  l'aide  du  suc 
gastrique  naturel  ou  artificiel  des  animaux  n'est  pas  absolument  neuve  , 
M.  Corvisart  l'a  cependant  réellement  introduite  dans  la  médecine  prati- 
que, et  il  a  le  mérite  d'avoir  fait  des  expériences  et  d'avoir  recueilli  des  faits 
pour  prouver  l'efficacité  de  ce  mode  de  traitement,  dont  la  réalisation  avait 
d'ailleurs  été  préparée  par  les  belles  expériences  de  Réaumur  et  Spallanzani 
sur  les  digestions  artificielles.  D'autres  recherches  importantes  avaient  été 
faites  dans  ces  derniers  temps  sur  la  digestion  stomacale,  et  avaient  permis 
d'isoler  la  pepsine,  qui,  ainsi  qu'on  le  sait,  est  un  des  principes  actifs  essen  - 
tiels  du  suc  gastrique. 

»  Il  s'agit  encore  ici,  comme  on  le  voit,  d'une  application  des  connais- 
sances physiologiques  à  la  thérapeutique;  et  c'est  toujours  avec  satisfaction 
que  la  Commission  accueille  de  semblables  travaux.  Mais  précisément  parce 
qu'elle  pense  que  la  voie  est  bonne  et  scientifique,  elle  désire  ne  pas  en 
compromettre  les  résultats  par  des  conclusions  prématurées,  et  elle  veut 
laisser  au  temps  et  à  l'expérience  le  soin  de  prononcer  définitivement  sur 
l'importance  de  cet  agent  thérapeutique. 

>>  C'est  d'après  ces  considérations  que  la  Commission  propose  de  récom- 
penser M.  Corvisart  des  efforts  qu'il  a  faits  pour  introduire  la  pepsine  dans  la 
pratique  médicale;  elle  pense  ainsi  encourager  les  médecins  à  s'en  servir, 
espérant  que  bientôt  ils  pourront  préciser  les  circonstances  dans  lesquelles 
ce  médicament  pourra  être  employé  avec  succès. 


(  -53) 
»  La  Commission  propose  donc  d'accorder  à  M.  Corvisart,  pour  ses  re- 
cherches sur  l'action  thérapeutique  de  la  pepsine,  une    récompense  de 
i5oo  francs. 

»  L'hygiène  publique  possède  'aujourd'hui  une  quantité  considérable  de 
matériaux  qui  restent  disséminés  dans  les  recueils  périodiques.  Un  ouvrage 
qui  résumerait  ces  travaux  et  les  coordonnerait  d'après  une  critique  juste  et 
intelligente  rendrait  un  service  incontestable  aux  médecins,  et  contribuerait 
a  répandre  les  connaissances  hygiéniques  si  importantes  pour  la  médecine 
prophylactique.  Cet  ouvrage  a  été  exécuté  avec  une  connaissance  approfondie 
du  sujet  et  une  grande  clarté  d'exposition  par  M.  Tardieu,  dans  son  ouvrage 
sur  V hygiène  publique  et  la  salubrité,  qui  renferme  en  outre  un  certain 
nombre  d'observations  importantes  propres  à  l'auteur. 

»  En  conséquence,  la  Commission  propose  d'accorder  à  M.  Tardieu  une 
récompense  de  iooo  francs. 

»  Les  influences  météorologiques  et  climatériques  diverses  exercent  une 
action  incontestable  sur  l'homme,  soit  à  l'état  de  santé,  soit  à  l'état  de  ma- 
ladie; mais  les  observations  dans  cette  partie  de  la  science  médicale  sont 
très-difficiles  à  faire,  et  celles  que  l'on  possède  aujourd'hui  à  ce  sujet  sont  le 
plus  souvent  incomplètes  ou  défectueuses.  Cependant  un  ouvrage  qui  ras- 
semblerait tous  les  faits  connus,  en  cherchant  à  les  apprécier  et  à  les  coor- 
donner*autant  que  le  permet  l'état  actuel  de  la  science,  aurait  déjà  rendu  un 
véritable  service  à  la  médecine;  les  médecins  y  trouveraient  réunis  des 
matériaux  qui  pourraient  leur  être  utiles  pour  de  nouvelles  observations,  et 
le  goût  pour  ces  sortes  d'études  se  répandrait  ainsi  davantage. 

»  Parmi  les  ouvrages  faits  dans  ce  but,  la  Commission  a  distingué  Je 
Traité  de  la  météorologie  dans  ses  rapports  avec  la  science  de  l'homme,  et 
principalement  avec  la  médecine  et  l'hygiène  publique  ;  publié  par  M.  Foissac. 
La  Commission  propose,  en  conséquence,  d'accorder  à  l'auteur  une  ré- 
compense de  iooo  francs 

»  En  résumé,  la  Commission  propose  d'accorder  dix  récompenses, 
savoir  : 

»  i°.  Une  récompense  de  i5oo  fr.  à  M.  Hânnover,  pour  l'ensemble  de 
ses  recherches  sur  l'anatomie,  la  physiologie  et  la  pathologie  de  l'œil. 

»  2°.  Une  récompense  de  1 5oo  fr.  à  M.  Leiimaxx,  pour  son  Traité  de 
chimie  physiologique. 

»  3°.  Une  récompense  de  i5oo  fr.  à  M.  Bouquet,  pour  son  Mémoire  sur 
l'analyse  des  eaux  du  bassin  hydrologique  de  Vichy. 

C.  R.,  1*56,1"  Semeslre.  (T.  XLII,  N°  4.  )  9I 


(  »54  ) 

»  4°-  Une  récompense  de  i5oo  fr.  à  M.  Beau,  pour  ses  études  analy- 
tiques de  physiologie  et  de  pathologie  sur  l'appareil  spléno-hépatique. 

»  5°.  Une  récompense  de  i5oo  fr.  à  M.  Corvisakt,  pour  ses  recherches 
sur  l'action  thérapeutique  de  la  pepsine. 

»  6°.  Une  récompense  de  i5oo  fr.  à  M.  Béraud,  pour  ses  recherches 
d'anatomie  et  de  pathologie  sur  les  voies  lacrymales. 

»  70.  Une  récompense  de  iooo  fr.  à  M.  Cazeaux,  pour  son  Mémoire  sur 
la  chloro-anémie  des  femmes  enceintes. 

»  8°.  Une  récompense  de  iooo  f.  à  M.  ]>a reste,  pour  son  travail  sur  les 
circonvolutions  cérébrales. 

»  90.  Une  récompense  de  iooo  fr.  à  M.  Tardieu,  pour  son  ouvrage  sur 
l'hygiène  publique  et  la  salubrité. 

»  io°.  Une  recompense  de  iooofr.  à  M.  Foissac,  pour  son  Traité  de  la 
météorologie  dans  ses  rapports  avec  la  science  de  l'homme  et  principalement 
avec  la  médecine  et  l'hygiène  publique.  » 

Ces  conclusions  sont  adoptées  par  l'Académie. 


(  i55) 

PRIX  PROPOSÉS 

POUR  LES  ANNÉES  18S6,  1887  ET  1865. 


SCIENCES  MATHÉMATIQUES. 
GRAND    PRIX    DE    MATHÉMATIQUES, 

PROPOSÉ     POUR     1886. 

(Commissaires,  MM.  Cauchy,  Lamé,  Binet,  Chasles, 
Liouville  rapporteur.) 

Perfectionner  dans  quelque  point  essentiel  la  théorie  mathématique 
des  Marées. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  destinés  à  ce  concours  devront  être  remis,  francs  de  port, 
au  Secrétariat  de  l'Institut,  le  Ier  mai  i856  :  ce  terme  est  de  rigueur.  Les 
noms  des  auteurs  seront  contenus  dans  des  billets  cachetés,  qu'on  n'ouvrira 
que  si  la  pièce  est  couronnée. 

GRAND  PRIX  DE  MATHÉMATIQUES, 

PROPOSÉ    POUR    1834,    ET    REMIS    A    1886. 

(Commissaires,  MM.  Cauchy,  Lamé,  Liouville,  Biot,  Binet,  Regnault, 

de  Senarmont  rapporteur.) 

Reprendre  V examen  comparatif  des  théories  relatives  aux  phénomènes 
capillaires  ;  discuter  les  principes  mathématiques  et  physiques  sur  lesquels 
on  les  a  fondés;  signaler  les  modifications  qu'ils  peuvent  exiger  pour  s'a- 
dapter aux  circonstances  réelles  dans  lesquelles  ces  phénomènes  s'accom- 
plissent, et  comparer  les  résultats  du  calcul  à  des  expériences  précises 
faites  entre  toutes  les  limites  d'espace  mesurables ,  dans  des  conditions 
telles,  que  les  effets  obtenus  par  chacune  d'elles  soient  constants. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  devront  être  déposés ,  francs  de  port,  au  Secrétariat  de 
l'Institut,  le  ier  avril  i856  :  ce  terme  est  de  rigueur.  Les  noms  des  auteurs 
seront  contenus  dans  des  billets  cachetés  qui  ne  seront  ouverts  que  si  la 
pièce  est  couronnée. 

ai.. 


(  '56  ) 
GRAND  PRIX  DE  MATHÉMATIQUES, 

DÉJÀ  REMIS  AU  CONCOURS  POUR  1833  ET  PROROGÉ  JUSQU'EN  1836. 

(Commissaires,  MM.    Binet,  Liouville,    Lamé,   Sturm , 

Cauchy  rapporteur.) 

• 
L'Académie  a    prorogé  le   concours   relatif  au   théorème    de  Fermât , 

jusqu'en  1 856. 

Elle  maintient  le  programme  précédemment  publié,  dans  les  termes 
suivants  : 

Trouver,  pour  un  exposant  entier  quelconque  n,  les  solutions  en  nom- 
bres entiers  et  inégaux  de  l'équation 

xn  +  y"  =  z", 

ou  prouver  qu'elle  n'en  a  pas,  quand  n  est  >  2. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  devront  être  remis,  francs  de  port,  au  Secrétariat  de 
l'Institut,  avant  le  ier  avril  1 856  :  ce  terme  est  de  rigueur.  Les  noms  des 
auteurs  devront  être  contenus  dans  des  billets  cachetés  qui  ne  seront  ou- 
verts que  si  le  Mémoire  est  couronné. 

GRAND    PRIX    DE    MATHEMATIQUES , 

DÉJÀ    REMIS   AU    CONCOURS    POUR    1835    ET    PROROGÉ    JUSQU'EN    1837. 

(Commissaires,  MM.  Binet,  Lamé,  Liouville,   Sturm, 
Cauchy  rapporteur.) 

Trouver  les  intégrales  des  équations  de  l'équilibre  intérieur  d'un  corps 
solide  élastique  et  homogène,  dont  toutes  les  dimensions  sont  finies,  par 
exemple,  d'un  parallélipiphde  ou  d'un  cylindre  droit;  en  supposant  connues 
les  pressions  ou  tractions  inégales  exercées  aux  différents  points  de  sa 
surface. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs . 

Les  Mémoires  devront  être  remis,  jrancs  de  port,  au  Secrétariat  de  l'In- 
stitut, avant  le  ier  avril  1857  :  ce  terme  est  de  rigueur.  Les  noms  des  auteurs 
devront  être  contenus  dans  des  billets  cachetés,  qui  ne  seront  ouverts  que 
si  le  Mémoire  est  couronné. 


(  i57) 
GRAND  PRIX  DE  MATHÉMATIQUES, 

proposé  pour  1847,    puis  pour  1884,  et  remis  a  18S7. 

(Commissaires,  MM.  Lamé,  Cauchy,  Binet,  Chasles, 
Liouville  rapporteur.  ) 

Etablir  les  équations  des  mouvements  généraux  de  l'atmosphère  terrestre 
en  ayant  égard  à  la  rotation  de  la  terre,  à  l'action  calorifique  du  soleil,  et 
aux  forces  attractives  du  soleil  et  de  la  lune. 

Les  auteurs  sont  invités  à  faire  voir  la  concordance  de  leur  théorie  avec 
quelques-uns  des  mouvements  atmosphériques  les  mieux  constatés. 

Lors  même  que  la  question  n'aurait  pas  été  entièrement  résolue,  si  l'au- 
teur d'un  Mémoire  avait  fait  quelque  pas  important  vers  la  solution,  l'Aca- 
démie pourrait  lui  accorder  le  prix. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  devront  être  remis,  francs  de  port,  au  Secrétariat  de 
l'Institut,  avant  le  Ier  janvier  1857  :  ce  terme  est  de  rigueur.  Les  noms  des 
auteurs  seront  contenus  dans  des  billets  cachetés  qui  ne  seront  ouverts  que 
si  la  pièce  est  couronnée. 

GRAND  PRIX  DE  MATHÉMATIQUES, 

PROPOSÉ   POUR  1833,      ET   REMIS   AU   CONCOURS   POUR   1837. 

(Commissaires,  MM.  Liouville,  Lamé,  Binet,  Duhamel, 
Cauchy  rapporteur.) 

L'Académie  avait  proposé,  comme  sujet  de  prix,  pour  i852,  et  remis  au 
concours  pour  i855,  la  question  du  refroidissement  d'un  ellipsoïde  qui 
rayonne  dans  un  milieu  donné. 

Aucune  pièce  n'ayant  été  remise  au  Secrétariat,  la  Commission  propose 
de  remettre  encore  une  fois  la  question  au  concours  pour  l'année  1857,  et 
dans  les  termes  suivants  : 

Trouver  l'intégrale  de  l'équation  connue  du  mouvement  de  la  chaleur, 
pour  le  cas  d'un  ellipsoïde  homogène,  dont  la  surface  a  un  pouvoir  rayon- 
nant constant,  et  qui,  après  avoir  été  primitivement  échauffé  d'une  manière 
quelconque,  se  refroidit  dans  un  milieu  dune  température  donnée. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  devront  être  déposés,  francs  de  port,  au  Secrétariat  de 
l'Institut,  avant  le  Ier  octobre  1857  :  ce  terme  est  de  rigueur.  Les  noms  des 
auteurs  seront  contenus  dans  des  billets  cachetés  qui  ne  seront  ouverts  que 
si  la  pièce  est  couronnée. 


(  >58  ) 
PRIX  EXTRAORDINAIRE  DE  SIX  MDLLE  FRANCS 

SUR    l'aPPLICATIOX  DE    LA  VAPEUR  A  LA    MARIXE    MILITAIRE,    PROPOSÉ  POUR   1857. 

(Commissaires,  MM.  Combes,  Poncelet,  Duperrey,  Regnault, 
Baron  Ch.  Dupin  rapporteur.) 

Le  premier  prix  de  6000  francs,  fondé  pour  exciter  au  progrès  de  la  va- 
peur appliquée  à  la  marine  militaire,  ayant  été  signalé  par  le  succès  obtenu 
dans  la  construction  des  vaisseaux  de  ligne  à  grande  vitesse  et  mus  au 
moyen  de  l'bélice,  l'Académie  des  Sciences  a  témoigné  le  désir  que  le  Gou- 
vernement fondât  un  nouveau  prix  d'égale  valeur,  pour  récompenser  un 
grand  pas  qui  serait  fait  dans  la  même  carrière. 

Sa  Majesté,  toujours  empressée  de  favoriser  les  sciences  et  leurs  applica- 
tions aux  arts,  s'est  fait  un  généreux  plaisir  de  satisfaire  à'  ce  vœu,  et  de 
mettre  le  crédit  demandé  à  la  disposition  de  l'Académie. 

La  navigation  par  la  vapeur  ne  comptera  que  l'année  prochaine  un  demi- 
siècle  d'existence.  Il  a  fallu  qu'une  partie  notable  de  ce  temps  s'écoulât 
avant  que  les  bateaux  à  vapeur  quittassent  les  rivières  et  les  fleuves,  pour 
s'essayer  sur  la  mer;  il  a  fallu  d'autres  années  avant  que  le  commerce  osât 
construire  des  navires  à  vapeur  qui  traversassent  l'Atlantique. 

A  son  tour  est  venue  la  marine  militaire,  plus  difficile  en  ses  conditions  et 
plus  circonspecte  en  ses  précautions,  parce  qu'elle  a  des  dangers  plus  divers 
et  plus  redoutables  à  courir. 

Arrivée  plus  tard,  mais  demandant  aux  sciences  des  secours  plus  pro- 
fonds et  plus  méthodiques,  elle  a  fait  des  progrès  plus  rapides,  fondés  sur 
sur  des  expériences  rigoureuses  ;  et  nous  les  avons  couronnés. 

Il  faut  se  garder  de  croire  qu'il  ne  reste  plus  rien  à  découvrir,  ni  rien  à 
perfectionner. 

La  dépense  de  combustible  à  bord  des  bâtiments  de  guerre  n'offre  jus- 
qu'à ce  jour  que  des  économies  insignifiantes  ;  une  révolution  est  à  produire 
sous  ce  point  de  vue.  Cette  révolution  serait  surtout  favorable  à  la  France, 
où  le  combustible  est  plus  dispendieux  que  chez  nos  émules  les  plus  émi- 
neuts. 

A  la  vue  des  locomotives  de  terre,  si  puissantes  et  si  peu  pesantes,  on  est 
frappé  du  poids  énorme  des  mécanismes  à  vapeur  à  bord  de  nos  vaisseaux  ; 
là  nous  attendons  encore  et  nous  appelons  un  grand  changement. 

D'autres  parties,  que  nous  n'avons  pas  la  prétention  d'énumérer,  sont 
susceptibles  des  perfectionnements  les  plus  remarquables;  surtout  en  ce 
qui  concerne  l'architecture  navale. 


(  i59) 

Une  guerre  glorieuse  vient  de  produire  des  faits  nouveaux  ;  elle  a  révélé 
des  besoins  de  navigation  et  de  combat  que  l'on  soupçonnait  à  peine  :  c'est 
aux  loisirs  de  la  paix  à  résoudre  les  problèmes  posés  par  les  exigences  de 
de  la  guerre.  Nous  préparerons  ainsi  les  succès  d'une  guerre  future,  si  la  civi- 
lisation et  l'humanité  n'en  reculent  pas  de  plus  en  plus  le  terme. 

Au  commencement  de  la  lutte  actuelle,  les  vaisseaux  les  mieux  munis  des 
plus  puissantes  bouches  à  feu  ne  luttaient  qu'avec  inégalité  contre  des  forts 
de  granit  à  triple  étage  de  feux  incendiaires.  Une  idée  fournie  par  le  chef 
de  l'État  a  fait  construire  des  batteries  flottantes  à  feu  rasant ,  bordées, 
pontées  en  fer;  les  forteresses  de  terre  se  sont  trouvées  inférieures  à  ces 
nouveaux  navires  à  vapeur:  On  a  cessé  de  regarder  comme  imprenables  des 
places  hérissées  de  canons,  derrière  lesquelles  s'abritaient  des  marines 
entières.  Cette  persuasion,  toute  nouvelle,  compte  peut-être  parmi  les  motifs 
auxquels  nous  allons  devoir  la  cessation  des  combats. 

L'Académie  désire  surtout  récompenser  des  inventions,  des  perfection- 
nements constatés,  éprouvés  par  l'expérience.  Elle  laisse  aux  concurrents 
une  latitude  illimitée  ;  elle  ira  chercher  un  grand  progrès  en  quelque  lieu 
qu'il  se  montre,  s'il  porte  avec  lui  sa  démonstration  au  moins  pratique,  et 
s'il  se  peut  théorique. 

Les  Mémoires  et  les  plans  qui  feront  connaître  les  travaux  des  concur- 
rents devront  être  adressés,  francs  de  port,  au  Secrétariat  de  l'Institut, 
avant  le  Ier  novembre  1857,  terme  de  rigueur;  afin  que  le  prix  soit  dé- 
cerné, s'il  y  a  lieu,  dans  la  séance  publique  de  1857. 

PRIX    D'ASTRONOMIE, 

FONDÉ  PAR  M.  DE  LALANDE. 

La  médaille  fondée  par  M.  de  Lalande,  pour  être  accordée  annuelle- 
mentà  la  personne  qui,  en  France  ou  ailleurs  (les  Membres  de  l'Institut 
exceptés),  aura  fait  l'observation  la  plus  intéressante,  le  Mémoire,  ou  le 
travail  le  plus  utile  aux  progrès  de  l'Astronomie,  sera  décernée  dans  la  pro- 
chaine séance  publique  de  i856. 

PRIX    DE     MÉCANIQUE, 

FONDÉ  PAR  M.  DE  MONTYON.  * 

M.  de  Montyon  a  offert  une  rente  sur  l'État,  pour  la  fondation  d'un 
prix  annuel  en  faveur  de  celui  qui,  au  jugement  de  TAcadémie  des  Sciences, 
s'en  sera  rendu  le  plus  digne  en  inventant  ou  en  perfectionnant  des  instru- 


(  »6o  ) 
nients  utiles  aux   progrès  de  l'agriculture,   des  arts  mécaniques  ou  des 
sciences. 

Ce  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  quatre  cent  cin- 
quante francs. 

Le  terme  de  ce  concours  est  fixé  au  Ier  avril  de  chaque  année. 

PRIX  DE   STATISTIQUE, 

FONDÉ  PAR  M.  DE  MONTYON. 

Parmi  les  ouvrages  qui  auront  pour  objet  une  ou  plusieurs  questions  re- 
latives à  la  Statistique  de  la  France,  celui  qui,  au  jugement  de  l'Académie, 
contiendra  les  recherches  les  plus  utiles  sera  couronné  dans  la  prochaine 
séance  publique  de  1 8 5.6 .  On  considère  comme  admis  à  ce  concours  les 
Mémoires  envoyés  en  manuscrit,  et  ceux  qui,  ayant  été  imprimés  et  publiés, 
arrivent  à  la  connaissance  de  l'Académie  ;  sont  seuls  exceptés  les  ouvrages 
des  Membres  résidants. 

Le  prix  consiste  en  une  médaille  d'or  équivalente  à  la  somme  de  quatre 
cent  soixante-dix-sept  francs . 

Le  terme  du  concours  est  fixé  au  ier  janvier  de  chaque  année. 

PRIX  BORDIN. 
(Commissaires,  MM.  Liouville,  Lamé,  Cauchy,  Duhamel,  Biot  rapporteur.) 

Feu  M.  Bordin,  ancien  notaire,  ayant  légué  à  l'Académie  une  rente  de 
trois  mille  jrancs  pour  la  fondation  d'un  prix  annuel  «  à  la  meilleure  com- 
position sur  des  sujets  ayant  pour  but:  l'intérêt  public,  le  bien  de  l'huma- 
nité, les  progrès  de  la  science  et  l'honneur  national, 

L'Académie  a  décidé  que  ce  prix  serait  décerné  alternativement  dans  les 
Sections  des  Sciences  mathématiques  et  dans  celles  des  Sciences  physiques. 

Elle  propose  en  conséquence,  pour  l'année  i856,  la  question  suivante 
pour  sujet  de  prix  dans  les  Sections  des  Sciences  mathématiques  : 

Un  thermomètre  à  mercure  étant  isolé  dans  une  masse  d'air  atmosphé- 
rique, limitée  ou  illimitée,  agitée  ou  tranquille,  dans  des  circonstances  telles 
qu'il  accuse  actuellement  une  température  fixe ,  on  demande  de  déterminer 
les  corrections  qu'il  faut  appliquer  à  ses  indications  apparentes,  dans  les 
conditions  d'exposition  où  il  se  trouve,  pour  en  conclure  la  température 
propre  des  particules  gazeuses  dont  il  est  environné. 

Ce  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  devront  être  déposés,  francs  de  port,  "au  Secrétariat  de 
l'Institut  avant  le  ier  octobre  1 856,  terme  de  rigueur. 


(  i6i  ) 

PRIX  FONDÉ  PAR  MADAME  LA  MARQUISE  DE  LAPLACE. 

Une  ordonnance  royale  a  autorisé  l'Académie  des  Sciences  à  accepter  la 
donation  qui  lui  a  été  faite,  par  Madame  la  marquise  de  Laplace,  d'une 
rente  pour  la  fondation  à  perpétuité  d'un  prix  consistant  dans  la  collection 
complète  des  ouvrages  de  Laplace. 

Ce  prix  sera  décerné,  chaque  année,  au  premier  élève  sortant  de  l'École 
Polytechnique. 

SCIENCES  PHYSIQUES 
GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  PHYSIQUES, 

PROPOSÉ    POUR     1887. 

(Commissaires,  MM.  Flourens,  Geoffroy-Saint-Hilaire,  Milne  Edwards, 
Duméril,  Ad.  Brongniart  rapporteur.  ) 

Etudier  le  mode  de  formation  et  la  structure  des  spores  et  des  autres 
organes  qui  concourent  à  la  reproduction  des  Champignons,  leur  rôle  phy- 
siologique, la  germination  des  spores,  et  particulièrement  pour  les  Cham- 
pignons parasites,  leur  mode  de  pénétration  et  de  développement  dans  les 
autres  corps  organisés  vivants. 

La  question  que  l'Académie  met  ici  au  concours  est  vaste  et  complexe; 
mais  son  intérêt  physiologique  est  tel,  qu'elle  n'hésite  pas  à  l'offrir  comme 
sujet  d'étude  aux  naturalistes,  même  quand  ils  ne  devraient  pas  la  résoudre 
dans  toutes  ses  parties. 

La  grande  classe  des  Champignons  comprend  des  végétaux  liés  intime- 
ment entre  eux  parleur  mode  de  végétation,  par  la  présence  du  mycélium, 
et  par  les  phénomènes  physiologiques  de  leur  nutrition,  mais  différant 
beaucoup  par  leurs  organes  reproducteurs. 

L'Académie  désire  qu'on  étudie  avec  soin  le  mode  de  formation,  le  déve- 
loppement et  la  structure  intime  des  spores  dans  quelques  espèces  des  prin- 
cipaux groupes  de  Champignons,  soit  exosporés,  sont  endosporés.  On  ne 
possède  d'observations  précises  sur  ce  sujet  que  pour  un  petit  nombre 
d'espèces;  des  recherches  spéciales  dirigées  vers  ce  but,  avec  les  moyens 
d'investigation  que  fournissent  actuellement  le  microscope  et  l'emploi  des 
réactifs  chimiques,  pourraient  jeter  beaucoup  de  jour  sur  la  formation  et  la 
structure  de  ces  corps  reproducteurs  dans  les  diverses  familles  de  cette 
classe. 

C.  R.,  i856,  i"Semesiie.  (T.  XLII,  N°  4.)  22 


■        •    r  16a  ) 

Plusieurs  groupes  de  Champignons  présentent  sur  le  même  individu  des 
spores  dont  le  mode  d'origine  n'est  pas  le  même,  et  qui  souvent  diffèrent 
sensiblement  les  unes  des  autres,  quoique  paraissant  avoir  la  même  desti- 
nation définitive.  Il  serait  essentiel  de  déterminer  avec  précision  les  diffé- 
rences que  peuvent  présenter  ces  deux  espèces  de  spores,  soit  dans  leur 
structure,  soit  dans  leur  mode  de  germination  et  de  développement  pos- 
térieur. 

La  découverte  dans  les  lichens  et  dans  plusieurs  familles  de  Champignons 
de  corpuscules  (spermaties)  se  développant  en  grande  abondance,  sou- 
vent dans  des  organes  spéciaux  (spermogonies),  et  ne  paraissant  pas  servir 
directement  à  la  propagation  de  la  plante,  porte  beaucoup  de  naturalistes  à 
admettre  dans  ces  cryptogames  l'existence  d'organes  fécondateurs. 

Ces  organes  se  retrouvent-ils  dans  tous  les  groupes  naturels  de  Champi- 
gnons d'une  manière  constante?  La  constatation  de  leur  existence  générale, 
leur  mode  de  développement,  leur  structure  et  surtout  leur  rôle  physiolo- 
gique pourraient  être  l'objet  de  recherches  dignes  du  plus  haut  intérêt. 

Enfin,  la  germination  des  spores,  maintenant  observée  dans  un  assez 
grand  nombre  de  cas,  a  rarement  été  suivie  jusqu'à  la  formation  d'un  my- 
célium parfait  et  prêt  à  fructifier  ;  il  y  a  là  une  série  de  phénomènes  qui  se 
lient  intimement  au  problème  plus  spécial  que  l'Académie  considère  comme 
un  des  points  les  plus  importants  de  la  question  qu'elle  met  au  concours, 
et  qui  consiste  à  déterminer  comment  s'opère  la  propagation  des  Champi- 
gnons parasites,  de  familles  diverses,  si  fréquents  sur  les  végétaux  vivants, 
et  qui  se  montrent  aussi  quelquefois  sur  les  animaux. 

Comment  s'opère  la  pénétration  des  germes  reproducteurs  de  ces  Cham- 
pignons, ou  des  organes  qui  en  proviennent,  dans  l'intérieur  du  tissu  des 
plantes  annuelles,  vivaces  ou  même  ligneuses,  chez  lesquels  plus  tard  on 
les  voit  apparaître  sous  l'épiderme  des  feuilles  ou  dans  divers  organes  de  la 
fleur  ou  du  fruit?  Comment  se  conservent  et  se  disséminent  ensuite  les 
corps  reproducteurs  des  Champignons  parasites  sur  la  surface  externe  des 
feuilles  ? 

Ces  recherches,  si  intéressantes  au  point  de  vue  physiologique  et  par 
leurs  rapports  intimes  avec  l'agriculture,  si  souvent  frappée  par  les  mala- 
dies causées  par  ces  parasites,  ont  été  trop  négligées  dans  ces  derniers  temps  ; 
et  depuis  Benedict  Prévost,  qui,  en  1807,  avait  fait  sur  la  carie  du  blé  des 
expériences  pleines  d'intérêt,  personne  n'a  cherché  a  résoudre  ce  problème, 
difficile  sans  doute,  mais  bien  plus  susceptible  d'être  abordé  avec  succès  à 
l'époque  actuelle,  avec  les  connaissances  bien  plus  étendues  qu'on  possède 


(  i63) 
sur  le  mode  de  végétation  et  de  reproduction  des  Champignons,  et  avec  les 
moyens  d'observation  plus  parfaits  que  les  naturalistes  ont  à  leur  dispo- 
sition. 

On  voit  que  la  question  mise  au  concours,  quoique  toutes  ses  parties 
soient  liées  intimement  entre  elles,  peut  se  scinder  en  trois  questions  secon- 
daires : 

i°.  Formation,  développement  et  structure  comparée  des  spores  et  des 
spermaties  dans  les  divers  groupes  de  Champignons  ; 

a°.  Nature  des  spermaties  et  rôle  physiologique  de  ces  corps  dans  la  re- 
production des  Champignons,  déterminé  par  des  expériences  positives  ; 

3°.  Germination  des  spores  et  propagation  des  Champignons  parasites, 
soit  à  l'intérieur,  soit  à  l'extérieur  des  végétaux  et  animaux  vivants. 

L'Académie  pourrait  accorder  le  prix  à  l'auteur  d'un  Mémoire  qui  répon- 
drait d'une  manière  satisfaisante  à  une  de  ces  trois  questions. 

Les  Mémoires  devront  être  déposés,  francs  de  port,  au  Secrétariat  de 
l'Institut,  avant  le  3i  décembre  1857,  terme  de  rigueur. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille 
francs. 

GRAND  PRIX  DES  SCUENCES  PHYSIQUES, 

proposé  en  1884  pour  18S6. 

(  Commissaires,    MM.    Flourens,   Duméril,  Geoffroy-Saint-Hilaire , 
Ad.  Brongniart,  Milne  Edwards  rapporteur.  ) 

Etudier  d'une  manière  rigoureuse  et  méthodique  les  métamorphoses  et  la 
reproduction  des  Infusoires  proprement  dits.  (  Polj gastriques  de  M.  Ehren- 
berg. ) 

L'Académie  désirerait  obtenir  la  solution  de  quelques-unes  des  questions 
encore  pendantes  au  sujet  des  générations  hétéromorphes  ou  générations 
alternantes  dans  la  classe  des  Infusoires  proprement  dits.  Elle  voudrait  con- 
naître aussi  d'une  manière  plus  précise  les  affinités  naturelles  de  ces  êtres, 
dont  les  uns  paraissent  appartenir  au  règne  végétal,  tandis  que  les  autres 
sont  bien  évidemment  des  animaux,  et  semblent  se  rattacher  en  partie  à 
l'embranchement  des  Zoophytes,  et  en  partie  au  groupe  des  Molluscoïdes. 

Les  observations  et  les  expériences  devront  être  suivies  de  façon  à  ne 
laisser  aucune  incertitude  sur  la  filiation  des  individus  que  l'on  considére- 
rait comme  étant  produits  les  uns  par  les  autres,  ou  sur  l'identité  des  indi- 
vidus dont  les  variations  ne  seraient  attribuées  qu'à  des  métamorphoses.  Les 

2a.. 


(  i64) 
résultats  obtenus  devront  être  applicables  à  plusieurs  groupes  importants 
de  la  division  des  Infusoires  pol  y  gastriques,  et  les  faits  sur  lescpicls  ces  ré- 
sultats reposent  devront  être,  autant  que  possible,  représentés  à  l'aide  de 

figures. 

Les  Mémoires  ont  dû  être  déposés  au  Secrétariat  de  l'Institut  le  Ier  jan- 
vier i856. 

Le  prix:  consiste  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  PHYSIQUES, 

PROPOSÉ  EN  18S0  POUR  1883,  ET  REMIS  AU  CONCOURS  POUR  185G. 

(Commissaires,  MM.  Elie  de  Beaumont,  Ad.  Brongniart,  Constant  Prévost, 
Flourens,  Duvernoy  rapporteur.  ) 

Etudier  les  lois  de  la  distribution  des  corps  organises  fossiles  dans  les 
différents  terrains  sedimentaires ,  suivant  leur  ordre  de  superposition. 

i°.  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  succes- 
sive ou  simultanée. 

3°.  Rechercher  la  nature  des  rapports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du 
règne  organique  et  ses  états  antérieurs. 

L'Académie  désirerait  que  la  question  fût  traitée  dans  toute  sa  généra- 
lité, mais  elle  pourrait  couronner  un  travail  comprenant  un  des  grands 
embranchements,  ou  même  seidement  une  des  classes  du  règne  animal, 
et  dans  lequel  l'auteur  apporterait  des  vues  à  la  fois  neuves  et  précises,  fon- 
dées sur  des  observations  personnelles  et  embrassant  essentiellement  toute 
la  durée  des  périodes  géologiques. 

Le  prix  consiste  en  une  médaille  d'or  de.la  valeur  de  trois  mille  francs. 
Les  Mémoires  ont  dû  être  déposés  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le 
ier  janvier  1 856. 

GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  PHYSIQUES, 

PROPOSÉ    EN    1847    POUR   1849,    REMIS  AU  CONCOURS  POUR   1855,    ET    DE    NOUVEAU    POUR     1836. 

(Commissaires,  MM.  Flourens,  Serres,  Milne  Edwards,  Geoffroy 
Saint-Hilaire,  Coste  rapporteur.  ) 

Etablir,  par  l 'étude  du  développement  de  V embryon,  dans  deux  espèces, 
prises,  l'une  dans  V embranchement  des  Vertébrés,  et  Vautre,  soit  dans 
V embranchement  des  Mollusques,  soit  dans  celui  des  Articulés,  des  bases 
pour  V embryologie  comparée. 


(  •»..) 

L'objet  essentiel  que,  par  le  choix  de  cette  question,  l'Académie  propose 
aux  efforts  des  naturalistes  et  des  anatomistes,  est  la  détermination  positive 
de  ce  qu'il  peut  y  avoir  de  semblable  ou  de  dissemblable  dans  le  dévelop- 
pement comparé  des  Vertébrés  et  des  Invertébrés. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 
Les  Mémoires  devront  être  déposés,  francs  de  port,  au  Secrétariat  de  l'In- 
stitut, avant  le  ier  avril  i856  :  ce  terme  est  de  rigueur. 

PRIX  DE  PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENT ALE , 

FONDÉ  PAR  M.  DE  MONTYON. 

Feu  M.  de  Montyon  ayant  offert  une  somme  à  l'Académie  des  Sciences, 
avec  l'intention  que  le  revenu  en  fût  affecté  à  un  prix  de  Physiologie  expé- 
rimentale à  décerner  chaque  année,  et  le  Gouvernement  ayant  autorisé  cette 
fondation  par  une  ordonnance  en  date  du  22  juillet  1818, 

L'Académie  annonce  qu'elle  adjugera  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de 
huit  cent  cinq  francs  à  l' ouvrage,  imprimé  ou  manuscrit,  qui  lui  paraîtra 
avoir  le  plus  contribué  aux  progrès  de  la  physiologie  expérimentale. 

lie  prix  sera  décerné  dans  la  prochaine  séance  publique. 

Les  ouvrages  ou  Mémoires  présentés  par  les  auteurs  doivent  être  envoyés 
au  Secrétariat  de  l'Institut  le  ier  avril  de  chaque  année,  terme  de  rigueur. 

DIVERS  PRIX  DU  LEGS  MONTYON. 

Conformément  au  testament  de  feu  M.  Auget  de  Montyon ,  et  aux  or- 
donnancés du  29  juillet  1 82 1 ,  du  2  juin  1 824  et  du  23  août  1 829 ,  il  sera  dé- 
cerné un  ou  plusieurs  prix  aux  auteurs  des  ouvrages  ou  des  découvertes  qui 
seront  jugés  les  plus  utiles  à  Yart  de  guérir,  et  à  ceux  qui  auront  trouvé  les 
moyens  de  rendre  un  art  ou  un  métier  moins  insalubre. 

L'Académie  a  jugé  nécessaire  de  faire  remarquer  que  les-  prix  dont  il 
s'agit  ont  expressément  pour  objet  des  découvertes  et  inventions  propres  à 
perfectionner  la  médecine  ou  la  chirurgie,  ou  qui  diminueraient  les  dangers 
des  diverses  professions  ou  arts  mécaniques. 

Les  pièces  admises  au  concours  n'auront  droit  aux  prix  qu'autant 
qu'elles  contiendront  une  découverte  parfaitement  déterminée. 

Si  la  pièce  !a  été  produite  par  l'auteur,  il  devra  indiquer  la  partie  de  son 
travail  où  cette  découverte  se  trouve  exprimée  :  dans  tous  les  cas,  la  Com- 
mission chargée  de  l'examen  du  concours  fera  connaître  que  c'est  à  la  dé- 
couverte dont  il  s'agit  que  le  prix  est  donné. 


(  i66) 

Les  sommes  qui  seront  mises  à  la  disposition  des  auteurs  des  décou- 
vertes ou  des  ouvrages  couronnés  ne  peuvent  être  indiquées  d'avance  avec 
précision,  parce  que  le  nombre  des  prix  n'est  pas  déterminé;  mais  la  libé- 
ralité du  fondateur  a  donné  à  l'Académie  les  moyens  d'élever  ces  prix  à  une 
valeur  considérable,  en  sorte  que  les  auteurs  soient  dédommagés  des  expé- 
riences ou  recherches  dispendieuses  qu'ils  auraient  entreprises,  et  reçoi- 
vent des  récompenses  proportionnées  aux  services  qu'ils  auraient  rendus, 
soit  en  prévenant  ou  diminuant  beaucoup  l'insalubrité  de  certaines  profes- 
sions, soit  en  perfectionnant  les  sciences  médicales. 

Conformément  à  l'ordonnance  du  a3  août,  il  sera  décerné  aussi  des  prix 
aux  meilleurs  résultats  des  recherches  entreprises  sur  les  questions  pro- 
posées par  l'Académie,  conséquemment  aux  vues  du  fondateur. 

Les  ouvrages  ou  Mémoires  présentés  par  les  auteurs  doivent  être  en- 
voyés, francs  de  port,  au  Secrétariat  de  l'Institut,  avant  le  Ier  avril  de 
chaque  année,  terme  de  rigueur. 

PRIX  CUVIER. 

La  Commission  des  souscripteurs  pour  la  statue  de  Georges  Cuvier  ayant 
offert  à  l'Académie  une  somme  résultant  des  fonds  de  la  souscription  restés 
libres,  avec  l'intention  que  le  produit  en  fût  affecté  à  un  prix  qui  porterait 
le  nom  de  prix^Cuvier,  et  qui  serait  décerné  tous  les  trois  ans  à  l'ouvrage  le 
plus  remarquable,  soit  sur  le  règne  animal,  soit  sur  la  géologie,  et  le  Gou- 
vernement ayant  autorisé  cette  fondation  par  une  ordonnance  en  date  du 
9  août  i83g, 

L'Académie  annonce  qu'elle  décernera,  dans  la  séance  publique  de  '857, 
un  prix  (sous  le  nom  de  prix  Cuvier)  à  l'ouvrage  qui  sera  jugé  le  plus  re- 
marquable entre  tous  ceux  qui  auront  paru  depuis  le  Ier  janvier  1 854  jus- 
qu'au 3 1  décembre  ?  856,  soit  sur  le  règne  animal ,  soit  sur  la  géologie. 

Ce  prix  sera  de  la  valeur  de  quinze  cents  francs. 

PRIX  ALHUMBERT, 

POUR  LES  SCIENCES  NATURELLES, 
proposé  en   1884  pour  1856. 

(Commissaires,  MM.  Flourens,  Is.    Geoffroy  Saint-Hilaire,  Duméril, 
Ad.  Brongniart,  Milne  Edwards  rapporteur.) 

Étudier  le  mode  de  fécondation  des  œujs  et  la  structure  des  organes  de 
la  génération  dans  les  principaux  groupes  naturels  de  la  classe  des  Polypes 
ou  de  celle  des  Acalèphes. 


(  i67  ) 

Les  zoologistes  n'ont  constaté  jusqu'ici  qu'un  petit  nombre  de  faits  isolés 
relatifs  à  la  reproduction  sexuelle  chez  les  animaux  inférieurs,  et  l'Aca- 
démie désirerait  appeler  l'attention  des  observateurs  sur  cette  partie  impor- 
tante de  l'histoire  anatomique  et  physiologique  des  Zoophytes.  Elle  laisse 
aux  concurrents  le  choix  des  espèces  à  étudier,  mais  elle  voudrait  que  ce 
choix  fût  fait  de  manière  à  donner  des  résultats  applicables  à  l'ensemble 
de  l'une  ou  de  l'autre  des  grandes  classes  indiquées  ci-dessus,  ou  à  l'une 
des  familles  les  plus  importantes  dont  elles  se  composent,  savoir  :  celles  des 
Acalèphes  hydrostatiques,  des  Médusaires,  des  Zoanthaires  ou  des  Polypes 
hydroères. 

La  partie  anatomique  des  travaux  adressés  à  l'Académie  pour  ce  con- 
cours devra  être  accompagnée  de  figures  dessinées  avec  précision. 

Les  Mémoires  ont  dû  être  déposés  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le 
ier  janvier  i856. 

Le  prix  consiste  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  deux  mille  cinq 
cents  francs. 

PRIX  BORDIN, 

PROPOSÉ     POUR     1887. 

(Commissaires,  MM.  Flourens,  Is.  Geoffroy-Saint-Hilaire,  Milne  Edwards, 
Élie  de  Beaumont  rapporteur.  ) 

L'Académie  propose  pour  le  sujet  du  prix  Bordin,  à  décerner  en  1857,  la 
question  du  métamorphisme  des  roches. 

Les  auteurs  devront  faire  l'historique  des  essais  tentés  depuis  la  fin  du 
siècle  dernier,  pour  expliquer  par  un  dépôt  sédimeutaire  suivi  d'une  altéra- 
tion plus  ou  moins  grande,  l'état  dans  lequel  se  présentent  à  l'observation 
un  grand  nombre  de  roches. 

Ils  devront  résumer  les  théories  physiques  et  chimiques  proposées  pour 
l'explication  des  faits  de  ce  genre,  et  faire  connaître  celles  qu'ils  adoptent. 

L'Académie  leur  saura  gré  surtout  des  expériences  qu'ils  auront  exécutées 
pour  vérifier  et  pour  étendre  la  théorie  des  phénomènes  métamorphiques. 

Ce  prix  consistera  en  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  trois  mille 
francs. 

Les  Mémoires  devront  être  déposés,  jrancs  de  port ,  au  Secrétariat  de 
l'Institut,  avant  le  ier  octobre  1857  :  ce  terme  est  de  rigueur. 


(  i68) 
PRIX  QUINQUENNAL  A  DÉCERNER  EN  i863. 

FONDÉ  PAR  FEU  M.  DE  MOROGUES. 

Feu  M.  de  Morogues  a  légué,  par  son  testament  en  date  du  a5  oc- 
tobre 1 834-,  une  somme  de  10  ooo  francs,  placée  en  rentes  sur  l'État,  pour 
faire  l'objet  d'un  prix  à  décerner,  tous  les  cinq  ans,  alternativement  :  par 
l'Académie  des  Sciences  physiques  et  mathématiques,  à  l'ouvrage  qui  aura 
fait  faire  le  plus  de  progrès  à  V  agriculture  en  France,  et  par  l'Académie  des 
Sciences  morales  et  p  olitiques,  au  meilleur  ouvrage  sur  l'état  du  paupé- 
risme en  France  et  le  moyen  d'y  remédier. 

Une  ordonnance  en  date  du  26  mars  1842  a  autorisé  l'Académie  des 
Sciences  à  accepter  ce  legs. 

L'Académie  annonce  qu'elle  décernera  ce  prix,  en  i863,  à  l'ouvrage  rem- 
plissant les  conditions  prescrites  par  le  donateur. 

Les  ouvrages,  imprimés  et  écrits  en  français,  devront  être  déposés,  francs 
de  port,  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le  ier  avril  1 863,  terme  de 
rigueur. 

RAPPORT  DE  LA  SECTION  DE  MÉDECINE  ET  DE  CHIRURGIE  SUR 

LE  LEGS  RRÉANT. 

^Commissaires,  MM.  Magendie,  Serres,  Andral,  Velpeau, 
Cl.  Bernard  rapporteur.  ) 

«  La  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie  a  été  chargée  de  rédiger  .un  pro- 
gramme destiné  aux  personnes  qui  aspireront  à  remporter  le  prix  de 
100  000  francs  fondé  par  M.  Bréant,  pour  être  décerné  à  l'auteur  d'un  re- 
mède souverain  contre  le  choléra  asiatique. 

»  La  première  obligation  d'un  pareil  programme  est  de  se  renfermer  stric- 
tement dans  les  volontés  du  fondateur.  Or  ces  volontés  se  trouvent  expri- 
mées dans  l'extrait  du  testament  de  M.  Bréant,  que  nous  transcrivons  litté- 
ralement ci-après  : 

«  J'institue  et  donne,  après  ma  mort,  pour  être  décerné  par  l'Institut  de 
»  France,  un  prix  de  1 00  000  francs,  à  celui  qui  aura  trouvé  le  moyen 
»  de  guérir  du  choléra  asiatique,  ou  qui  aura  découvert  les  causes  de  ce 
»  terrible  fléau. 

»  Dans  l'état  actuel  de  la  science,  je  pense  qu'il  y  a  encore  beaucoup  de 
»  choses  à  trouver  dans  la  composition  de  l'air  et  dans  les  fluides  qu'il  con- 


(  169) 
»  tient  :  en  effet,  rien  n'a  encore  été  découvert  au  sujet  de  l'action  qu'exer- 
»  cent  sur  l'économie  animale  les  fluides  électriques,  magnétiques  ou  au- 
»  très  ;  rien  n'a  été  découvert  également  sur  les  animalcules  qui  sont  ré- 
»  pandus  en  nombre  infini  dans  l'atmosphère,  et  qui  sont  peut-être  la 
»  cause  ou  une  des  causes  de  cette  cruelle  maladie. 

»  Je  n'ai  pas  connaissance  d'appareils  aptes,  ainsi  que  cela  a  lieu  pour 
»  les  liquides,  à  reconnaître  l'existence  dans  l'air  d'animalcules  aussi  petits 
»  que  ceux  que  l'on  aperçoit  dans  l'eau  en  se  servant  des  instruments  mi- 
»  crospiques  que  la  science  met  à  la  disposition  de  ceux  qui  se  livrent  à 
»  cette  étude. 

»  Comme  il  est  probable  que  le  prix  de  100  ooo  francs,  institué  comme 
»  je  l'ai  expliqué  plus  haut,  ne  sera  pas  décerné  de  suite,  je  veux,  jusqu'à 
»  ce  que  ce  prix  soit  gagné,  que  l'intérêt  dudit  capital  soit  donné  par  l'In- 
»  stitut  à  la  personne  qui  aura  fait  avancer  la  science  sur  la  question  du 
»  choléra  ou  de  toute  autre  maladie  épidémique,  soit  en  donnant  de  meil- 
»  leures  analyses  de  l'air,  en  y  démontrant  un  élément  morbide,  soit  en 
»  trouvant  un  procédé  propre  à  connaître  et  à  étudier  les  animalcules  qui 
»  jusqu'à  ce  moment  ont  échappé  à  l'œil  du  savant,  et  qui  pourraient  bien 
»   être  la  cause  ou  une  des  causes  de  ces  maladies. 

»  Si  l'Institut  trouvait  qu'aucun  des  concurrents  ne  méritât  le  prix  an- 
»  nuel  formé  des  intérêts  du  capital,  ce  prix  pourra  être  gagné  par  celui 
«  qui  indiquera  le  moyen  de  guérir  radicalement  les  dartres  ou  ce  qui  les 
m  occasionne,  en  faisant  connaître  l'animalcule  qui,  dans  ma  pensée, 
»  donne  naissance  à  cette  maladie,  ou  en  démontrant  d'une  manière  po- 
»  sitive  la  cause  qui  la  produit. 

»  L'Institut  sera  juge  souverain  des  conditions  accessoires  et  d'aptitude 
»  à  imposer  aux  concurrents  et  des  sujets  à  proposer  en  concours,  mais 
»  seulement  dans  les  limites  que  je  viens  de  poser  :  je  lui  confie  ma  pensée, 
»  convaincu  que  les  lumières  de  ses  Membres  assureront  la  pleine  exécu- 
»  tion  de  mon  intention.    » 

»  Ce  testament,  dicté  au  milieu  de  l'épidémie  cholérique  de  1849,  a  été 
conçu  sous  l'influence  d'une  pensée  hautement  philanthropique,  qui  place 
le  nom  de  M.  Bréant  à  côté  de  ceux  des  autres  bienfaiteurs  de  l'humanité 
qui  ont  légué  à  l'Institut  le  soin  de  remplir  leurs  vœux. 

»  Le  testateur  a  eu  pour  but  d'appeler  les  efforts  des  savants  et  des  méde- 
cins sur  les  maladies  sans  contredit  les  plus  terribles  qui  affligent  l'espèce 
humaine.  Néanmoins,  et  précisément  à  cause  de  l'importance  de  la  mission 

C.  R.,  i856,  i«r  Semestre.  (T.  XLII,  N°  4.)  23 


(  i7o  ) 
qu'elle  doit  remplir,  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie  eût  désiré  que 
M.  Bréant,  étranger  aux  sciences  médicales,  eût  évité  d'insister  sur  certaines 
idées  populaires  qui,  forçant  les  compétiteurs  à  rester  dans  les  termes  de 
son  testament ,  placent  quelquefois  la  Section  sur  un  terrain  où  il  lui  de- 
vient plus  difficile  d'accomplir  les  excellentes  intentions  du  testateur. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  l'idée  du  testament  comprend  une  idée  principale  et 
une  autre  qui  lui  est  accessoire. 

»  La  première  pensée  est  évidemment  de  donner  un  prix  de  ioo  ooo  francs 
à  la  personne  qui,  comme  l'indique  le  testament,  aura  trouvé  le  moyen  de 
guérir  du  choléra  asiatique,  ou  qui  aura  découvert  les  causes  de  ce  terrible 
fléau.  Mais  il  est  bien  clair  que,  par  cette  expression  guérir  du  choléra  asia- 
tique, le  testateur  n'entend  pas  désigner  une  méthode  de  traitement  ana- 
logue à  celles  aujourd'hui  mises  en  usage,  et  qui  comptent  pour  elles  une 
proportion  plus  ou  moins  notable  de  succès;  il  veut  qu'on  trouve  une  mé- 
dication d'une  efficacité  incontestable,  qui  guérisse  le  choléra  asiatique 
dans  l'immense  majorité  des  cas,  d'une  manière  aussi  sûre  que  le  quin- 
quina, par  exemple,  guérit  la  fièvre  intermittente. 

»  Relativement  à  la  recherche  des  causes  du  choléra,  si  leur  connaissance 
pouvait  amener  leur  suppression  ou  conduire  à  une  prophylaxie  évidente, 
comme  on  en  voit  un  exemple  dans  la  vaccine  pour  la  variole,  le  prix  de 
100000  francs  serait  également  mérité  et  les  vœux  du  testateur  accomplis. 

»  Quant  à  présent,  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie  doit  déclarer 
qu'aucune  des  conditions  précédentes  n'a  été  remplie  dans  les  très-nom- 
breuses communications  qu'elle  a  reçues  sur  le  choléra  asiatique. 

»  Sans  préjuger  de  l'avenir,  M.  Bréant  a  compris  que  la  solution  des  ques- 
tions relatives  au  prix  de  i  oo  ooo  francs  pouvait  encore  être  lointaine,  et 
c'est  dans  cette  sage  pensée  qu'il  a  institué  accessoirement  un  prix  annuel 
de  5  ooo  francs  représentant  la  rente  du  capital,  et  destiné  à  récompenser 
les  travaux  qui  auront  fait  avancer  la  question  du  choléra  asiatique  ou  des 
autres  maladies  épidémiques,  en  découvrant  dans  le  milieu  ambiant  leurs 
causes  organiques  ou  autres. 

»  Les  termes  par  lesquels  le  testateur  exprime  sa  pensée  prouvent,  de  la  ma- 
nière la  plus  formelle,  qu'il  veut  attirer  ici  l'attention  des  savants  et  des  mé- 
decins sur  de  nouvelles  analyses  de  l'air  spécialement  entreprises  pour  la 
recherche  des  matières  qui  pourraient  s'y  rencontrer,  et  qui  seraient  ca- 
pables de  jouer  un  rôle  dans  la  production  ou  la  propagation  des  maladies 
épidémiques. 

»  Cette  idée  n'est,  du  reste,  pas  nouvelle,  et  elle  s'est  manifestée  par  divers 


(   *;V  ) 
essais  qui  indiquent  la  préoccupation  où  l'on  a  été,  à  ce  sujet,  à  différentes 
époques  de  la  science. 

»  En  considérant  jusqu'à  quel  degré  de  précision  a  été  poussée  dans  ces 
derniers  temps  la  connaissance  des  éléments  inorganiques  de  l'air,  M.Bréant 
a  pu  penser  que,  précisément  à  cause  de  cette  perfection  des  procédés 
physiques  et  chimiques,  on  pouvait  entreprendre  aujourd'hui  des  recher- 
ches sur  les  principes  organiques  morbifiques  contenus  dans  l'atmosphère, 
.  principes  qu'il  conviendrait  toutefois  de  soumettre  beaucoup  moins  à  l'a- 
nalyse chimique  que  de  chercher  à  les  séparer  sans  les  altérer,  afin  de  pou- 
voir étudier  leur  action  sur  les  êtres  vivants. 

»  Si  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie  doit  demander  que  de  sem- 
blables recherches  soient  faites  avec  toute  la  rigueur  et  toute  l'exactitude 
qu'on  est  en  droit  d'attendre  des  sciences  modernes,  elle  reconnaît,  d'un 
autre  côté,  que  ces  études  sont  entourées  de  difficultés  sans  nombre.  Ces 
difficultés,  déjà  énormes  pour  le  physicien  et  pour  le  chimiste  chargé  de  re- 
chercher et  d'isoler  les  principes  morbifiques  dans  l'air,  deviendront  peut- 
être  encore  plus  grandes  pour  le  physiologiste  et  pour  le  médecin,  qui 
devront  en  constater  les  effets  délétères  sur  l'homme  et  les  animaux. 

»  En  résumé,  le  Programme  à  établir  sur  le  testament  précédemment 
mentionné  et  interprété  dans  ce  qu'il  a  de  formel,  peut  se  réduire  aux  con- 
ditions suivantes,  auxquelles  les  compétiteurs  devront  satisfaire: 

»    i°.   Pour  remporter  le  prix  de  100000  francs,  il  faudra  : 

»  Trouver  une  médication  qui  guérisse  le  choléra  asiatique  dans  l'im- 
mense majorité  des  cas  ; 

»  Ou 

»  Indiquer  d'une  manière  incontestable  les  causes  du  choléra  asiatique, 
de  façon  qu'en  amenant  la  suppression  de  ces  causes  on  fasse  cesser 
l'épidémie  ; 

»   Ou  enfin, 

»  Découvrir  une  prophylaxie  certaine,  et  aussi  évidente  que  l'est,  par 
exemple,  celle  de  la  vaccine  pour  la  variole. 

»  2°.  Pour  obtenir  le  prix  annuel  de  5ooo  francs,  il  faudra,  par  des  pro- 
cédés rigoureux,  avoir  démontré  dans  l'atmosphère  l'existence  de  matières 
pouvant  jouer  un  rôle  dans  la  production  ou  la  propagation  des  maladies 
épidémiques. 

»  Dans  le  cas  où  les  conditions  précédentes  n'auraient  pas  été  remplies,  le 
prix  annuel  de  5ooo  francs  pourra,  aux  termes  du  testament,  être  accordé 


(  *1*) 

à  celui  qui  aura  trouvé  le  moyen  de  guérir  radicalement  les  dartres ,  ou  qui 
aura  éclairé  leur  étiologie.   » 

Les  Mémoires  destinés  au  concours  pour  le  Prix  du  legs  Bréant  devront 
porter  ostensiblement  le  nom  de  l'auteur.  Ils  devront  être  déposés,  Jrancs 
de  port,  au  Secrétariat  de  l'Institut. 

Les  prix  annuels  qui  seront  décernés  jusqu'au  moment  où  le  prix  de 
iooooo  francs  aura  été  obtenu,  seront  décernés  chaque  année  dans  la 
séance  publique.  Le  jugement  de  la  Commission  portera  exclusivement  sur 
les  Mémoires  qui  auront  été  reçus  du  ier  janvier  au  3i  décembre  de  l'année 
précédente. 

CONDITION  COMMUNE  A  TOUS  LES  CONCOURS. 

Les  concurrents  pour  tous  les  prix  sont  prévenais  que  l'Académie  ne 
rendra  aucun  des  ouvrages  envoyés  aux  concours  ;  les  auteurs  auront  la 
liberté  d'en  faire  prendre  des  copies  au  Secrétariat  de  l'Institut. 

LECTURES. 

M.  Flourens,  Secrétaire  perpétuel  pour  les  Sciences  physiques,  a  lu, 
dans  cette  séance,  l'éloge  historique  de  LÉOPOLD  de  Buch. 

.  F.  et  E.  D.  B. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  4  FÉVRIER  18S6. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  BINET. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

magnétisme  terrestre.  —  Note  sur  quatre  observations  de  la  déclinaison 
magnétique  faites  à  Paris  en  1 854  sur  le  contour  de  l'enceinte  fortifiée . 
Comparaison  de  ces  observations  avec  différentes  déclinaisons  mesurées 
en  i855  à  V  Observatoire  impérial;  par  M.  Lacgier  (i  ). 

«  Dans  l'avant-dernière  séance  de  l'Académie,  M.  Le  Verrier  a  commu- 
niqué un  travail  de  MM.  Goujon  et  Liais  sur  la  détermination  des  éléments 
magnétiques  de  l'Observatoire  impérial.  Si  j'avais  été  présent  à  la  séance, 
j'aurais  demandé  la  permission  de  présenter  sur  cette  communication  quel- 
ques observations  que  je  vais  soumettre  aujourd'hui  à  l'Académie. 

»  Les  auteurs  du  travail  en  question  ont  déterminé  les  éléments  magné- 
tiques de  quatre  stations  des  environs  de  Paris  situées  au  nord,  au  sud,  à 
l'est  et  à  l'ouest  de  l'Observatoire,  et  ils  en  ont  conclu  pour  l'Observatoire 
des  éléments  magnétiques  qui  sont,  disent-ils,  indépendants  des  causes 
perturbatrices  locales.  En  communiquant  ce  résultat,  M.  Le  Verrier  n'a 
pas  cité  des  observations  de  déclinaison  magnétique  que  j'ai  faites,  il  y  a 
quinze  mois,  avec  M.  Charles  Mathieu  en  quatre  points  de  l'enceinte  con- 

(1)  L'Académie  a  autorisé  l'insertion  du  Mémoire  dans  son  entier,  quoiqu'il  dépassât  les 
limites  assignées  aux  communications  des  Membres. 

C.  R.,  [856;  i"  Semestre.  (T.  XL1I,  N°  g.)  2^ 


(  '74  ) 
tinue.  Ces  observations  ont  été  publiées  dans  X Annuaire  du  Bureau  des 
Longitudes  pour  1 855  et  réimprimées  dans  celui  de  1 856. 

»  Je  ne  viens  pas  me  plaindre  de  cet  oubli;  j'ai  une  entière  confiance 
dans  la  bonne  loi  et  la  probité  scientifiques  de  MM.  Goujon  et  Liais,  et  je 
suis  convaincu  que  dans  leur  Mémoire  ils  n'ont  pas  manqué  de  mentionner 
notre  travail  dont  ils  ont  adopté  le  plan  et  le  principe.  Je  viens  aujourd'hui 
donner  à  ce  travail  des  développements  que  ne  comportait  pas  le  cadre 
adopté  pour  Y  Annuaire. 

»  Si  l'on  considère  le  méridien  magnétique  passant  par  l'église  Saint- 
Germain  l'Auxerrois,  prise  comme  centre  de  Paris,  et  le  plan  qui  lui  est 
perpendiculaire,  on  aura  star  l'enceinte  continue  quatre  points  qui  peuvent 
être  considérés  comme  étant  à  peu  près  le  nord,  le  sud,  l'est  et  l'ouest 
magnétiques  de  la  ville.  C'est  dans  le  voisinage  de  ces  points  situés  assez 
loin  des  chemins  de  fer  que  nous  avons  déterminé,  M.  Charles  Mathieu 
et  moi,  la  déclinaison  de  l'aiguille  aimantée.  Nous  eussions  désiré,  afin  de 
rendre  ces  recherches  plus  complètes,  observer  également  l'inclinaison  et 
l'intensité  horizontale,  mais  n'ayant  pu  nous  procurer  une  boussole  d'incli- 
naison en  bon  état,  nous  nous  sommes  bornés  à  la  mesure  de  la  déclinaison 

absolue. 

»  Dans  chaque  station,  nous  avons  employé  simultanément  deux  théodo- 
lites-boussoles de  M.  Brunner,  dont  les  aiguilles  sont  montées  sur  pivots, 
et  l'on  s'est  assuré  que  ces  deux  instruments  donnaient  la  même  déclinaison 
qu'une  grande  boussole  de  Gambey  dont  l'aiguille  est  suspendue  à  un  fil 
sans  torsion.  Les  deux  résultats  obtenus  en  chaque  station  ont  présenté  un 
accord' satisfaisant,  et  c'est  la  moyenne  des  deux  qui  a  été  adoptée  pour  la 
déclinaison  magnétique.  Dans  nos  différentes  stations,  nous  avons  employé 
la  méthode  des  relèvements  astronomiques,  qui  consiste,  comme  on  sait, 
à  déterminer  successivement  pour  un  même  signal  les  azimuts  magnétique 
et  astronomique. 

»  Jj'azimut  magnétique  a  toujours  été  observé  de  tah45m  à  ih3om, 
époque  du  maximum  diurne  de  la  déclinaison  à  Taris.  Cette  partie  de  l'ob- 
servation dure  au  plus  vingt  minutes  :  à  chaque  lecture  de  la  direction  de 
la  pointe  nord  et  de  la  pointe  sud  de  l'aiguille,  nous  nous  assurions  que  la 
lunette  de  repère  était  exactement  dirigée  sur  le  signal  que  nous  avions 
choisi.  On  la  ramenait  à  l'aide  de  la  vis  du  pied  dès  qu'elle  paraissait  s'en 
être  écartée  de  la  plus  petite  quantité;  dirigeant  alors  la  lunette  du  théodo- 
lite sur  ce  signal,  nous  obtenions  pour  son  azimut  magnétique  un  angle 
entièrement  indépendant  des  petits  mouvements  du  pied. 


(  "]5) 
»  Pour  déterminer  l'azimut  astronomique  du  signal,  nous  attendions  que 
e  Soleil  fût  parvenu  aux  environs  du  premier  vertical,  position  la  plus  favo- 
rable à  la  mesure  de  l'azimut,  et  prenant  les  précautions  rapportées  plus 
haut  pour  annuler  les  mouvements  du  pied,  nous  observions,  au  moins 
à  trois  reprises,  l'heure  du  passage  du  Soleil  par  le  plan  vertical  décrit  par 
la  lunette  du  théodolite,  au  moyen  d'une  montre  marine  de  Winnerl,  dont 
la  marche,  réglée  au  départ  et  au  retour  par  des  observations  méridiennes 
faites  chez  M.  Brunner,  a  été  aussi  régulière  que  possible.  La  latitude  de 
chaque  station  a  été  déterminée,  soit  directement  par  les  hauteurs  méri- 
diennes du  Soleil,  soit  à  l'aide  de  la  carte  des  environs  de  Paris  dressée  par 
les  officiers  d'État-Major.  J'entre  dans  tous  ces  détails  sur  la  méthode  que 
nous  avons  suivie  pour  convaincre  de  son  exactitude  les  personnes  aux- 
quelles elle  ne  serait  pas  familière.  Les  azimuts  astronomiques  déterminés 
de  cette  manière  ont  rarement  présenté  des  écarts  d'une  minute,  écarts  que 
l'on  rencontre  parfois  dans  les  opérations  géodésiques  de  la  méridienne  de 
France.  Quant  aux  azimuts  magnétiques,  leur  exactitude,  dans  les  bous- 
soles dont  les  aiguilles  sont  montées  sur  pivots,  dépend  en  grande  partie 
de  la  bonté  des  pivots  et  de  la  perfection  des  plans  en  pierre  dure  avec 
lesquels  ils  sont  en  contact.  Or  à  chaque  excursion  que  nous  avons  faite, 
M.  Brunner  a  pris  soin  de  visiter  lui-même  toutes  les  parties  délicates  des 
instruments,  et  nous  avons  toujours  été  satisfaits  de  la  constance  des  lec- 
tures successives  que  nous  faisions  après  avoir  soulevé  l'aiguille  pour  faire 
varier  le  contact  du  pivot  et  de  la  pierre  dure  enchâssée  dans  la  chappe. 
Grâce  à  ces  précautions,  nous  croyons  pouvoir  compter  que  nos  déclinai- 
sons magnétiques  sont  exactes  à  une  minute  près,  et  je  ne  sache  pas  qu'il 
soit  possible  d'atteindre  une  exactitude  plus  grande.  Ajoutons  que  pendant 
la  durée  des  observations,  de  7  heures  du  matin  à  6  heures  du  soir,  la 
marche  de  l'aiguille  a  été  suivie,  soit  par  notre  confrère  M.  Mathieu,  soit 
par  M.  Delarue,  calculateur  du  Bureau  des  Longitudes,  de  quart  d'heure  en 
quart  d'heure,  à  l'aide  d'une  grande  boussole  de  variations  diurnes  de  Gam- 
bey,  qui  avait  été  solidement  établie  sur  un  support  en  pierre,  dans  un 
jardin  de  la  rue  Notre-Dame-des-Champs,  près  du  boulevard  Mont-Parnasse 
à  Paris.  Cette  marche  a  toujours  été  fort  régulière,  et  les  nombres  indiquant 
la  plus  grande  excursion  occidentale  de  l'aiguille  n'ont  différé  d'un  jour  à 
l'autre  que  d'une  petite  fraction  de  minute.  Nous  nous  trouvions  alors  dans 
cette  série  extraordinaire  de  beaux  jours  qui  a  duré  à  Paris  plusieurs  se- 
maines des  mois  d'août  et  de  septembre  i854,  pendant  lesquels  le  ciel  est 
constamment  resté  sans  le  plus  petit  nuage. 


(  176) 
»  Ces  explications  données,  je  transcris  les  déclinaisons  magnétiques  des 
quatre  stations  de  l'enceinte  continue,  telles  qu'elles  se  trouvent  imprimées 
dans  Y  Annuaire  du  Bureau  des  Longitudes  pour  1 855,  page  35q. 


STATIONS. 

.     DATE   ET    HEURE 

de 
l'observation. 

DÉCLIXA1S0X 

magnétique. 

TEMPÉRA- 
TURE. 

i°.   Montmartre,  au  nord . 

Terre-plein  du  bastion  n°  3g 

0 

de  l'enceinte 

i854.  Sept.     1  à  ih  iom 

20.  3,5  N.O. 

22.  7 

2°.  Maison- Blanche,  au  sud. 

Terre-plein  du  bastion  n°  88 . 

i854.  Août  3i  à  ib  iom 

20.   9,1  N.O. 

25.4 

3°.  Prés-S'-  Gervais,  à  l 'est . 

Terre-plein  du  bastion  n°  24. 

i854    Août  29  à  ih  i5m 

20 .    2 , 0  N .  0 . 

24,6 

4°.  Vaugirard,  à  l'ouest. 

Terre-plein  du  bastion  n°7i  . 

i854.  Août  27  à  ih  20m 

20 . 1 1 , 7  N.O. 

20,6 

»  Indépendamment  de  ces  observations,  nous  en  avons  fait  une  cin- 
quième dans  le  grand  jardin  de  la  Maternité,  en  un  point  situé  à  i3o  mètres 
environ  au  nord  de  la  face  septentrionale  de  l'Observatoire  impérial. 

»  Le  2  septembre  i854,  vers  ih  iom  après  midi,  par  une  température  de 
22°,6  la  déclinaison  magnétique  a  été  trouvée  {Annuaire  de  i855)  de 

20°  io',8  N.  O. 

»  Ces  observations  sont  accompagnées  dans  Y  Annuaire  du  Bureau  des 
Longitudes  de  la  remarque  suivante  : 

«  On  peut  remarquer  que  la  moyenne  20°6',3  des  déclinaisons  des  sta- 
»  tions  diamétralement  opposées  Montmartre  et  la  Maison-Blanche,  est  sen- 
»  siblement  égale  à  la  moyenne  200  6', 8  des  déclinaisons  observées  à  Vau- 
»  girard  et  aux  Prés-Saint-Gervais  également  situés  aux  extrémités  d'un  dia- 
»  mètre  magnétique.    » 

»  S'il  n'y  a  pas  d'erreur  constante  dans  nos  observations,  la  moyenne 
20°  6',6  des  deux  nombres  précédents  peut  être  considérée  comme  la  dé- 
clinaison de  Saint-Germain  l'Auxerrois,  centre  des  quatre  stations  ;  et  l'ac- 
cord des  deux  nombres  20°6',3  et  200  6', 8  semble  indiquer  que  l'action  de 
Paris  n'est  pas  sensible,  car  cet  accord  aurait  lieu  à  fortiori  si  la  ville  n'exis- 
tait pas.  Il  est  donc  établi,  d'après  nos  observations,  que  l'on  peut  obtenir  la 


(  '77  ) 
déclinaison  magnétique  d'un  lieu  sans  s'y  transporter.    Cette  remarque  va 
nous  fournir  le  moyen  de  lier  entre  elles  les  déclinaisons  de  l'enceinte  con- 
tinue et  de  l'intérieur  de  Paris. 

»  Imaginons  qu'on  ait  figuré  sur  une  carte  de  Paris  la  trace  du  méridien 
magnétique  (i)  passant  par  l'église  Saint-Germain  l'Auxerrois  et  celle  du  plan 
qui  lui  est  perpendiculaire.  Prenons  la  première  droite  pour  axe  des  y  et  la 
seconde  pour  axe  des  x,  les  coordonnées  positives  étant  situées  dans  l'angle 
ouvert  au  nord-est  ;  nous  rapporterons  à  ces  deux  axes  tout  point  situé  sur 
la  carte  et  nous  obtiendrons  pour  les  diverses  stations  les  coordonnées  sui- 
vantes exprimées  en  kilomètres  : 


Bastion  n°  3g 
Bastion  n°  88 
Bastion  n°  24 
Bastion  n°  71 
Observatoire. 
Maternité.  . .  , 


COORDONNÉES 

X 

X 

k 

k 

-H  0,81 

+    4,26 

—    °,!9 

-4,74 

-4-   4,72 

H-     I ,52 

-  4,89 

—  1,27 

—     £  ,25 

-  2,37 

—     I  ,IO 

—    2,l5 

»  Au  moyen  des  quatre  observations  faites  sur  l'enceinte  continue,  et  en 
opérant  par  approximations  successives,  on  trouve  : 

»  i°.  Que  la  variation  de  la  déclinaison  magnétique  correspondante  à 
un  changement  est-ouest  de  1  kilomètre  dans  la  position  de  l'observateur 
est  égale  à  -+-  o',86o6; 

»  20.  Que  pour  un  changement  nord-sud  de  1  kilomètre  dans  la  position 
de  l'observateur,  la  variation  de  la  déclinaison  magnétique  est  de  -f-0',5267. 

»  De  ces  nombres  et  des  déclinaisons  observées  dans  ces  quatre  stations,  je 
conclus  la  déclinaison  magnétique  de  l'église  Saint-Germain  l'Auxerrois, 

comme  il  suit  : 

0  , 
Par  le  bastion  n°  39 ,...,.      20. 6, 44 

—  n°88 20.6,44 

—  n°24 20.6,79 

—  n°7i , , 20.6,75 

Moyenne 20.6,61 

(1)  Nous  nommons  ici  plan  méridien  magnétique  de  Saint-Germain  l'Auxerrois,  le  plan 
vertical  mené  par  l'axe  magnétique  de  l'aiguille  de  déclinaison. 


(  178) 
»   Et  poui'  un  point  de  coordonnées  X  et  y  situé   dans  l'intérieur  de 
l'enceinte  continue,  on  aura  le  i  septembre  vers  ih  iom: 

Déclinaison  magnétique  =  200  6',6i  —  o',86o6x  —  o',So.&^. y. 

Cette  formule,  qui  représente  les  observations  de  l'enceinte  continue,  peut 
servir  à  calculer  les  déclinaisons  des  différents  points  situés  dans  l'intérieur 
de  la  ville  ;  mais  il  est  bien  entendu  qu'une  interpolation  de  ce  genre  ne 
peut  être  applicable  que  dans  un  espace  assez  peu  étendu. 

»  Si  l'on  y  substitue  à  la  place  de  x  et  de  y  les  coordonnées  relatives  à 
la  station  de  la  Maternité,  on  obtient,  pour  le  2  septembre  1 854  : 

Déclinaison  magnétique  au  jardin  de  la  Maternité 200    8',6q 

L'observation  directe  nous  a  donné  pour  le  même  point.  .      20. 10 ,  80 

Différence ■+-  2,11 

Ainsi  a',  1 1  représentent  la  somme  de  toutes  les  erreurs,  savoir  :  celles  qui  ont 
été  commises  sur  les  observations,  celle  qui  provient  du  mode  de  calcul, 
et  enfin  l'erreur  qui  résulterait  des  attractions  locales. 

»  On  trouve  de  la  même  manière,  par  la  formule  précédente  : 

Déclinaison  magnétique  le  2  septembre  i854,  à  l'Observatoire  impérial,  2o°8',94- 

A  défaut  d'observation  directe  faite  le  2  septembre  i854  à  l'Observatoire, 
je  me  servirai  de  six  observations  de  déclinaison  magnétique  que  j'ai  faites 
à  diverses  époques,  lorsque  j'étais  encore  astronome  de  l'Observatoire  de 
Paris,  et  de  l'observation  du  7  septembre  1 855  relative  au  pavillon  central 
et  publiée  dans  le  Compte  rendu  du  21  janvier  dernier,  page  76. 

»  Je  transcris  ci-dessous  ces  données  de  l'observation,  empruntées,  saut 
la  dernière,  aux  Annuaires  du  Bureau  des  Longitudes  : 

Dates.  Déclinaison  magnétique. 


1848  déc. 

.  22  à 

h    m 

1.45 

2004l' 

1849  nov" 

.  3o 

i  .25 

20.34,3 

i85o  déc. 

..  4 

..45 

20.30,7 

i85i  nov., 

.  16 

i .  2 

20.25,0 

i852  déc. 

.  3 

2.12 

20. 19,0 

i853  déc. 

•  •4 

2.3o 

20. 17,0 

i855  sept. 

•  7 

2.3o 

20.  4,4 

et  j'en  déduis  les  équations  suivantes  dans  lesquelles  m  désigne  le  mouve- 
ment annuel  de  la  déclinaison,  et  z  la  quantité  qu'on  devra  ajouter  à  l'ob- 


(  ï79  ) 
servation  du  4  décembre  i853,  pour  avoir  la  déclinaison  magnétique  qui 
résulte,  pour  cette  époque,  de  l'ensemble  des  sept  observations. 


DÉCLINAISONS    CALCULÉES 

iMdi  ! 

EQUATIONS    DE    CONDITION. 

moins 

DÉCLINAISONS    OBSERVÉES. 

1848 

z  —  4)94^-'"  —  24    ==  ° 

0,62 

1849 

z  —  4»01  '  •m  —  17.3  =  0 

+     I  ,21 

i85o 

z  —  3  ,  000 .  m  —  1 3 .  7  =  0 

—    0,45 

i85i 

Z —  2,o5o.7W 8.0  =  0 

-+-  o,3f 

i852 

Z  —   I  ,000.  M  —     2.0  =  0 

-t-  0,84 

i853 

Z  — o,ooo./w —    0.0  =  0 

—    2,3(» 

■  855 

z  H-  1 ,761  .m  ■+•  12,6  =  0 

+  1,08 

Les  équations  normales  de  ce  système  sont 

7.Z  —  i3,248.z«  —     52, 4o  =  o 
—  t3,248  z  -+-  57,87.  m  -h  269,83  =  o; 
elles  donnent  pour  valeurs  des  inconnues, 

m  =  —  5',2o3  ±  o',i6o, 
z  =  -  a',36    afc  o',46. 

La  déclinaison  magnétique,  le  4  décembre  i853,  à  2h-3om,  est  donc 

20°i4',64, 
et  pour  une  autre  époque  comptée  à  partir  du  l\  décembre  i853,  on  a 
Déclinaison  magnétique  =  200  i4'>64  —  5',2o3  t. 

Cette  expression  donne,  pour  la  déclinaison  magnétique  à  l'Observatoire 
impérial,  le  1  septembre  i854, 

20°io',75  ±:  o',48; 

elle  s'accorde  parfaitement  avec  l'observation  de  la  Maternité. 

»  Rapprochons  de  ce  nombre  la  déclinaison  magnétique  de  I  Observa- 
toire fournie  par  les  observations  de  l'enceinte  continue,  200  8', 94. 

«  La  différence  -+-  i',8i  est,  comme  on  devait  s'y  attendre,  presque  iden- 
tique à  la  différence  +  2',  1 1  qui  a  été  trouvée  plus  haut,  entre  les  nom- 
bres analogues  relatifs  à  la  station  de  la  Maternité. 


(  '8o  ) 

»  Il  résulte  donc  des  rapprochements  que  je  viens  de  faire  qu'une  diffé- 
rence de  i'  environ  se  manifeste  entre  les  déclinaisons  observées,  soit  à  l'Ob- 
servatoire, soit  à  la  Maternité,  et  les  déclinaisons  magnétiques  conclues  pour 
les  mêmes  points  des  observations  faites  en  i854  sur  l'enceinte  continue.  Or, 
comme  ces  dernières  semblent  être  indépendantes  des  causes  perturbatrices 
locales,  on  peut  en  inférer  que  ces  causes,  jointes  aux  erreurs  d'obser- 
vations et  aux  erreurs  de  la  méthode  de  calcul,  forment  à  l'Observatoire 
un  total  de  2  minutes. 

«  En  outre,  l'identité  entre  la  déclinaison  directement  observée  à  la  Ma- 
ternité le  1  septembre  i854  et  la  déclinaison  magnétique  résultant  des  ob- 
servations faites  à  l'Observatoire  pendant  les  sept  dernières  années,  prouve 
que  ces  causes  perturbatrices  locales,  si  leur  effet  est  sensible,  ont  agi  de 
la  même  manière  sur  l'aiguille  de  déclinaison  dans  ces  deux  stations,  quoi- 
qu'elles se  trouvent  situées  l'une  au  nord,  l'autre  au  sud  du  bâtiment. 

o  Comme  à  la  rigueur  ou  pourrait  concevoir  quelques  doutes  sur  la  par- 
faite exactitude  de  la  déclinaison  déduite  pour  le  2  septembre  i854  des 
observations  de  1848  à  1 855,  et  par  conséquent  sur  la  réalité  de  l'accord  que 
nous  venons  de  signaler  pour  cette  déclinaison,  il  m'a  paru  utile  de  com- 
parer la  formule 

2o°6',  61  —  o,86o6x  —  0,5267  y, 

à  l'observation  faite  le  7  septembre  i855,  par  MM.  Goujon  et  Liais,  dans 
le  pavillon  central  du  jardin  de  l'Observatoire,  bien  que  cette  observation 
soit  postérieure  d'une  année  à  nos  observations  de  l'enceinte  continue  sur 
lesquelles  la  formule  est  fondée. 

»  Pour  effectuer  cette  comparaison,  il  faut  d'abord  retrancher  5',a5  de 
la  déclinaison  20°6',6i  de  Saint-Germain  l'Auxerrois,  qui  se  rapporte  au 
2  septembre  i854,  afin  de  la  transporter  au  7  septembre  i855,  puis  ajouter 
2', 33  au  résultat,  afin  de  tenir  compte  de  la  différence  entre  l'Observatoire 
et  l'église.  On  aura  donc  : 

Déclinaison  magnétique  à  Saint-Germain  l'Auxerrois ,  le  2  septem- 
bre i854 20°      6',6i 

Variation  en  déclinaison,  du  2  septembre  i854  au  7  septembre  i855,  à 

raison  de  5',2o3  par  an —  5 ,  ?5 

Différence  en  déclinaison,  entre  l'Observatoire  et  l'église -(-  2,  33 

Déclinaison  magnétique  au  pavillon  central  du  jardin  de  l'Observatoire, 

le  7  septembre  i855  (d'après  la  formule) 20       3  ,69 

L'observation  directe  de  MM.  Goujon  et  Liais  donne 20       4 '4° 

Différence —  o ,  7 1 


(  181  ) 
Ainsi  la  formule  empirique  s'accorde  avec  la  déclinaison  observée  à  l'Ob- 
servatoire le  7  septembre  i855,  à  sept  dixièmes  de  minute  près. 

»  Cette  concordance  du  calcul  avec  une  observation  qui  doit  être  bonne, 
car  elle  a  été  faite  dans  des  circonstances  bien  plus  favorables  que  celles  où 
se  trouvaient  MM.  Goujon  et  Liais,  lorsqu'ils  opéraient  loin  de  toutes  les 
facilités  qu'on  a  dans  un  observatoire,  augmente  la  confiance  que  doivent 
inspirer  les  rapprochements  qui  précèdent  :  et  comme  le  nombre  qu'ils  dé- 
duisent de  leurs  observations  faites  aux  environs  de  Paris,  diffère  de  6  mi- 
nutes de  la  déclinaison  magnétique  qui  résulte  de  la  formule,  je  ne  puis 
m'empècher  d'émettre  quelques  doutes  sur  l'exactitude  de  leur  résultat. 

»  La  précision  remarquable  avec  laquelle  la  formule  basée  exclusivement 
sur  nos  quatre  observations  de  l'enceinte  continue  représente  soit  la  posi- 
tion déterminée  à  la  Maternité  par  M.  Charles  Mathieu  et  moi,  soit  la  décli- 
naison magnétique  conclue  de  l'ensemble  des  observations  des  sept  dernières 
années,  soit  enfin  l'observation  du  7  septembre  1 855  de  MM.  Goujon  et  Liais 
à  l'Observatoire,  prouve  que  ces  observations  ne  sont  entachées  d'aucune 
erreur  locale. 

»  Alors  que  je  pouvais  croire  le  contraire,  j'ai  dû,  dans  la  formation  de 
l'équation  empirique,  n'employer  uniquement  que  les  observations  faites 
sur  les  quatre  bastions  ;  mais  actuellement  qu'il  résulte  de  mes  recherches 
que  les  différentes  observations  s'accordent  et  doivent  satisfaire  aux  mêmes 
conditions,  il  y  aura  avantage  à  chercher  une  équation  empirique  plus 
exacte  que  celle  qui  a  servi  dans  la  précédente  discussion. 

»  Je  vais  donc  déterminer,  par  l'ensemble  des  observations,  les  compo- 
santes du  changement  en  déclinaison,  suivant  les  deux  axes  coordonnés 
auxquels  les  différentes  stations  ont  été  rapportées. 

»  Sept  déclinaisons  magnétiques  peuvent  concourir  à  la  détermination 
des  inconnues;  ce  sont  : 

»   i°.  Les  quatre  déclinaisons  des  bastions  nos  39,  88,  a4  et  71  ; 

»   20.  La  déclinaison  de  la  Maternité; 

»  3°.  La  déclinaison  conclue  ,  pour  le  pavillon  central  du  jardin  de 
l'Observatoire,  de  l'ensemble  des  observations  des  dernières  années: 

»  4°-  L'observation  du  7  septembre  1 855  relative  au  même  point. 

»  Ces  observations  conduisent  aux  sept  équations  suivantes  dans  les- 
quelles r  désigne  la  correction  à  faire  à  la  valeur  200  6',  que  je  suppose 
pour  la  déclinaison  magnétique  à  l'origine  des  coordonnées;  u  et  i>  re- 
présentent respectivement  les  composantes  du  changement  en  déclinaison 

C    R.,  .856,  !<"■  Semestre.  (T.  XLII,  N°  S.)  25 


(  i8a  ) 
suivant  l'axe  des  x  et  l'axe  des^-: 

1  '  -(-  O  ,8l  .U  ■+■  4,26.C  H-  2,5  =  o, 
r—  0,19  «  —  4,74. c  —  3,1  =0, 
/•+  4>72-K  +  !  ,5à.c  +  4,o  =0, 
r — 4>8g.« —  1  ,27.^  —  5,7  =0, 
r —  i,io.« —  2,i5.c —  4>8  =  0, 
r —  I,25.«  —  2,37.c  —  4-75  =  0, 
r—    1,25.«  —  2,37.C —  3,65  =rO, 

»   On  en  déduit  pour  équations  normales  : 

7 .  r  —  3 , 1 5 .  «  —  7,12c  —  i5,5  =0, 
•  47 ,22. m  -+-  26,o3.c  -+-  65,  i5  =  o, 
-  26,o3.«  +  60, 3g  c  +  68,89=0,; 


—  3, i5  r - 

—  7,12./- 
»   Les  inconnues  sont  : 


r  =  +  i',i8±o',48, 

«  =  —  o',g822±  o,  1261  , 

c=  —  o,  5777  ±0, 1 170. 

»  On  obtient  enfin  pour  l'équation  empirique  qui  donne  la  déclinaison 
magnétique  d'un  point  de  Paris  en  fonction  des  coordonnées  x  et  y  de  ce 
point  : 

Déclinaison  =  200  7',  18  —  0,9822.x  —  0,5777  •  X 

»  Voici  maintenant,  pour  chaque  station,  le  tableau  des  différences  entre 
le  calcul  et  l'observation  : 


STATIONS. 

DÉCLINAISON 

observée. 

DÉCLINAISON 

calculée 

CALCIL 

moins  observation. 

0       1 

20.  3,5 
20.  9, 1 
20.  2,0 

20. 1 1 .7 

20 . 1 0 . 8 

20. 10,75 

20.  4>4° 
20.   o,  10 
20.   5, go 
20.  6,37 

0      1 
20.     3,92 

20 . I 0 , I I 

20.   1,66 

20. 12,71 

20.   g,4g 
20.   g, 77 

20.  4>53 
20.  4 )53 
20.  4>53 
20.  4)53 

-+-   0,42 
-+-    1  ,OI 

-  0,34 
-f-     1  ,0! 

-  .,3, 

-  °>98 

-+-  o,i3 
+  443 

-  1,37 

-  i,84 

Observatoire    (  déclinaisons    des 
dernières  années  ) 

Observatoire  (observation  du  7 
septembre  i855,  pavillon  Cen- 
tral ) 

Nouveau  pavillon  magnétique.  . 
Pavillon  de  l'Est 

(  i83) 

»  En  présence  de  ces  résultats,  il  m'est  impossible  d'admettre  les  con- 
clusions suivantes  que  M.  Le  Verrier  a  tirées  du  travail  de  MM.  Goujon  et 
Liais  (Comptes  rendus ,  tome  XLH,  page  77)  : 

«  Tant  que  les  grandes  masses  de  fer  existant  à  l'Observatoire  et  dans  les 
»  environs  ne  subiront  pas  de  changements,  on  pourra  obtenir  dans  cet 
»  établissement  les  vrais  éléments  magnétiques  correspondant  à  ce  lieu,  en 
»  retranchant  des  déclinaisons  observées  : 

8.37  au  pavillon  de  l'Est  ; 

8.    8  au  nouveau  cabinet  magnétique; 

6 .  3g  au  pavillon  Central  ; 

2.21   au  pavillon  de  l'Ouest.  » 

■  Quant  à  moi,  je  persiste  à  croire,  au  contraire,  que  l'influence  des 
attractions  locales  n'est  pas  sensible,  ou  du  moins  qu'il  faudra  attendre  de 
nouvelles  observations  pour  la  déterminer,  si  tant  est  qu'on  y  parvienne. 

»  J'ajoute  que  l'influence  des  attractions  locales  nous  avait  naturelle- 
ment préoccupés.  On  trouvera  dans  le  dernier  registre  des  observations 
magnétiques  de  l'Observatoire,  à  la  date  du  mois  de  novembre  i85o,  si  ma 
mémoire  ne  me  trompe  pas,  des  observations  de  déclinaison  que  j'ai  faites 
dans  le  pavillon  Central  et  dans  le  pavillon  de  l'Est,  avec  MM.  Mauvais  et 
Brunner,  qui  présentent  une  discordance  constante,  à  laquelle  nous  avons 
eu  la  prudence  de  ne  pas  nous  arrêter.  On  trouvera  en  outre,  à  une  époque 
antérieure  de  quelques  années,  des  observations  d'intensité  faites  en  divers 
points  du  jardin,  qui  n'ont  pas  présenté  de  discordances  notables,  dès 
qu'on  s'est  établi  à  une  certaine  distance  de  la  balustrade  en  fer  qui,  à  cette 
époque,  entourait  la  belle  terrasse  en  pierre  qui  domine  le  jardin.  La  dis- 
tance est  indiquée  dans  le  registre.  J'ajoute  ici,  comme  renseignements, 
que  M.  Arago  a  toujours  observé  ou  fait  observer  la  déclinaison,  l'inclinai- 
son et  l'intensité  dans  le  pavillon  Central  du  jardin  de  l'Observatoire,  qu'il 
a  fait  construire  les  pavillons  magnétiques  de  l'Est  et  de  l'Ouest  quelques 
années  avant  sa  mort,  afin  de  les  mettre  à  la  disposition  des  voyageurs  qui 
venaient  s'exercer  à  l'Observatoire  au  maniement  des  instruments,  et  qu'au- 
cune série  d'observations  n'a  été  faite  dans  ces  deux  pavillons. 

»  L'harmonie  qui  règne  entre  nos  divers  résultats  m'enhardit  à  me  servir 
delà  dernière  formule  empirique  pour  calculer  les  déclinaisons  magnétiques 
des  quatre  stations  choisies  par  MM.  Goujon  et  Liais.  J'aurais  désiré  en  faire 
la  comparaison  immédiate  avec  les  nombres  qu'ils,  ont  obtenus  au  nord,  au 
sud,  à  l'est  et  à  l'ouest  de  Paris;  malheureusement  ces  nombres  n'ont  pas 

25.. 


(  i84) 
été  publiés  dans  la  Note  de  M.  Le  Verrier.  Au  reste,  on  comprendra  que 
la  formule  ne  doit  pas  les  représenter,  puisque  leur  moyenne  diffère  d'en- 
viron 7  minutes  des  autres  observations.  L'éloignement  de  deux  de  ces  sta- 
tions du  centre  de  Paris,  l'incertitude  qui  doit  nécessairement  affecter  les 
valeurs  de  leurs  coordonnées  prises  sur  des  indications  un  peu  vagues,  et 
d'autres  causes  sans  doute,  doivent  en  tout  cas  s'opposer  à  une  grande 
exactitude.  Quoi  qu'il  en  soit,  je  rapporte  ici  ces  quatre  déclinaisons  telles 
qu'elles  résultent  de  la  dernière  formule;  peut-être  ne  seront-elles  pas  en- 
tièrement inutiles. 


Ire    STATION    AU    SUD. 

Mire  de  l'Observatoire 
à  Montrouge. 


X  =  —  3, 18 
/  = —  2,6o 

o    / 

Déclinaison    20  6 


2me    STATION    AU   NORD. 

Plaine  de  Saint-Denis 

à  300  mètres  au  nord 

des  fortifications. 


k 

I  ,3o 


X  = 

r  =  -+-4>42 

o  I 

iq  58 


3rae    STATION    A    L'OUEST. 

Parc  de  Saint-Cloud 
à  400  mètres  à  l'ouest 

de  la 
Lanterne  de  Diogène. 


X  =  —  10,  OO 

y  =  +    0,466 
20   1 1 


4me    STATION   A    L'EST. 

Polygone  de  Vincennes 

à  5oo  mètres  sud-est 

du  donjon. 


x  =  -+-  5,20 

,r  =  —  3,90 

O  ; 

"9  59 


»  La  formule  qui  donne  la  déclinaison  magnétique  d'un  point  situé  dans 
l'intérieur  de  l'enceinte  continue  pour  le  2  septembre  1 854»  en  fonction 
des  coordonnées  de  ce  point,  permet  de  tracer  sur  la  carte  différentes  li- 
gnes passant  par  des  points  qui  jouissent  de  propriétés  communes. 

»  Elle  donne.,  par  exemple,  pour  les  points  de  déclinaison  égale  à  celle 
de  Saint  Germain-l'Auxerrois,  un  diamètre  passant  par  l'église,  et  faisant 
avec  la- méridienne  astronomique  un  angle  d'environ  5i  degrés  nord-ouest. 
La  déclinaison  serait  encore  la  même  sur  les  lignes  parallèles  à  ce  diamètre, 
mais  elle  varierait,  bien  entendu,  en  passant  d'une  droite  à  une  autre. 
Il  résulterait  donc  de  là  que  les  points  d'égale  déclinaison  ne  sont  pas  si- 
tués sur  la  trace  du  méridien  magnétique,  mais  sur  une  ligne  qui  en  dif- 
fère notablement. 

»  Si,  par  hasard,  nous  eussions  choisi  pour  stations  les  points  où  ce 
diamètre  rencontre  l'enceinte  continue,  nous  y  aurions  trouvé  deux  décli- 
naisons égales,  et,  au  premier  abord,  cette  circonstance  nous  eût  peut-être 
embarrassés  dans  nos  conclusions. 

b  Le  diamètre  perpendiculaire  au  précédent  fait  un  angle  d'environ  39  de- 


('85) 

grés  nord-est  avec  le  méridien  astronomique.  Il  représente,  ainsi  que  les 
droites  qui  lui  sont  parallèles,  la  direction  suivant  laquelle  on  observerait 
la  plus  forte  variation  de  la  déclinaison  en  s'avançant  d'une  quantité  donnée  : 
d'après  la  dernière  équation  empirique,  cette  variation  serait  d'environ 
i  minute  par  kilomètre. 

»  Ces  directions  peuvent  être  utiles  à  connaître,  lorsqu'on  se  propose 
d'étudier  le  magnétisme  terrestre,  non  d'un  point  isolé,  comme  on  le  fait 
habituellement  dans  les  observatoires,  mais  d'une  localité  assez  étendue. 
Ainsi,  par  exemple,  il  serait  intéressant  de  rechercher  directement  si  le 
nombre  qui  exprime  la  plus  grande  variation  de  la  déclinaison  pour  l'unité 
de  distance  est  variable  avec  les  saisons,  s'il  éprouve  quelque  changement 
avec  le  temps;  on  pourrait  également  rechercher  directement  quelles  sont 
les  modifications  qui  surviennent  dans  la  direction  suivant  laquelle  il  faut 
marcher  pour  trouver  ces  variations  maxima  de  la  déclinaison  ;  enfin,  en 
admettant  que  cette  direction  fût  celle  d'égale  inclinaison,  ce  qu'on  pour- 
rait vérifier,  des  observations  d'intensité  et  d'inclinaisons  faites  en  différents 
points  et  dans  différents  lieux  lèveraient  l'incertitude  qui  existe  encore  dans 
l'esprit  de  quelques  physiciens  relativement  à  la  non-coïncidence  des  lignes 
d'égale  inclinaison  et  d'égale  intensité.  J'aurais  désiré  m'occuper  de  ces  re- 
cherches pour  Paris,  et  c'est,  comme  on  dit,  pour  prendre  date,  que  j'avais 
publié  dans  X Annuaire  les  observations  de  1 854  î  mais  j'ai  été  arrêté  mo- 
mentanément dans  l'exécution  de  ce  projet  par  des  obstacles  matériels. 
Aujourd'hui  que  M.  Le  Verrier  s'empare  de  la  question,  il  m'a  paru  utile 
de  publier  les  résultats  que  j'ai  obtenus;  je  désire  d'ailleurs  qu'on  les  sou- 
mette aune  vérification  qui  me  semble  utile,  car  ce  n'est  pas  avec  quatre 
observations  seulement  qu'on  peut  avoir  le  dernier  mot  sur  une  question 
aussi  complexe.  Dans  ce  genre  de  recherches,  les  instruments  de  travail 
sont  les  premiers  ennemis  qu'on  ait  à  combattre;  on  y  rencontre  des  erreurs 
mystérieuses  accidentelles  ou  constantes,  qui  affectent  parfois  les  observa- 
tions faites  avec  le  plus  de  soin  au  moyen  des  meilleurs  instruments,  et 
dont  on  n'a  donné  jusqu'ici  aucune  explication  satisfaisante.  » 

statistique.    —    Deuxième  Mémoire    sur  la   situation   de   la    propriété 
forestière  en  France;  par  M.  Becquerel.  (Extrait.) 

«  La  situation  de  la  propriété  forestière  en  France  intéressant  la  fortune 
publique  et  éprouvant  en  outre,  depuis  quelques  années,  de  graves  pertur- 
bations, je  présentai,  il  y  a  trois  ans,  à  l'Académie  un  travail  statistique  et 


f  186  ) 
économique  sur  la  consommation  des  divers  combustibles  dans  la  ville  de 
Paris  ;  question  dont  la  solution  a  fourni  les  moyens  de  faire  des  tracés 
graphiques  qui  ont  conduit  aux  conséquences  suivantes. 

»  i°,  Parmi  les  causes  qui  ont  influé  sur  la  consommation  des  bois  et 
par  suite  sur  leur  prix,  il  faut  mettre  en  première  ligne  l'introduction  de  la 
houille  dans  le  chauffage,  la  rigueur  des  hivers  et  les  événements  politiques 
qui ,  en  ébranlant  le  crédit  public,  ont  causé  une  perturbation  dans  toutes 
les  branches  d'industries. 

»  2°.  En  1824,  la  consommation  individuelle  de  la  houille  n'était  en- 
core que  de  oq,,75  de  carbone  provenant  de  ce  combustible;  cette  quantité 
était  employée  en  grande  partie  dans  le  petit  nombre  d'usines  qui  exis- 
taient alors  à  Paris.  Aujourd'hui  la  quantité  répartie  par  individu  s'élève  à 
n^go,  c'est-à-dire  est  devenue  quatre  fois  plus  considérable. 

»  Le  tracé  graphique  de  la  consommation  de  la  houille  de  1816  à  i85i  , 
en  prenant  pour  abscisses  les  années  et  pour  ordonnées  les  quantités  con- 
sommées, puis  faisant  passer  une  ligne  par  les  points  correspondants  à  la 
consommation  moyenne,  donne  une  courbe  qui  tourne  sa  convexité  vers 
l'axe  des  abscisses.  Cette  courbe  a  pour  équation 

y  =z  719,1 16  -4-  6ooxs,5a. 

»  3°.  La  consommation  individuelle  du  charbon  de  bois  n'ayant  pas 
changé  depuis  cinquante  ans  la  quantité  qui  entre  dans  Paris,  croît  donc 
proportionnellement  à  la  population,  et  continuera  à  croître  tant  que  la 
houille  ne  sera  pas  substituée  au  charbon  de  bois  dans  les  usages  domes- 
tiques. 

»  Le  tracé  graphique  met  bien  en  évidence  cette  proportionnalité. 

»  Tel  était  l'état  des  choses  en  i85a. 

»  J'ai  cherché  depuis,  à  l'aide  des  documents  qui  m'ont  été  fournis  ré- 
cemment par  l'Administration  et  que  j'ai  rapportés  dans  mon  Mémoire,  si 
les  premières  conclusions  devaient  être  modifiées  ou  non. 

»  En  reportant  sur  les  tracés  graphiques  les  nombres  relatifs  aux  années 
i852,  t  853,  1 854  et  1 855,  on  constate,  à  la  seule  inspection  des  courbes,  les 
faits  suivants  : 

»  !°.  C'est  sous  l'ère  consulaire,  de  1801  à  1804,  que  la  consommation 
du  bois  a  été  la  plus  considérable  à  Paris;  sous  l'ère  impériale,  elle  a  été 
fortement  en  baisse,  avec  des  alternatives  de  hausse  et  de  baisse  ;  elle  s'est 
relevée  sous  la  restauration  avec  de  semblables  alternatives  pour  redescen- 
dre de  1826  à  1 834  ;  de  1 834  à  1837,  il  y  a  eu  hausse,  et  la  baisse  est  de- 


(  i87) 
venue  de  plus  en  plus  considérable  jusqu'en  1848  ;  enfin,  depuis  cette  épo- 
que jusqu'en  i855,  le  mouvement  de  hausse  est  devenu  de  plus  en  plus 
sensible,  à  tel  point  que  la  consommation  est  revenue  ce  qu'elle  était  sous 
l'ère  consulaire,  bien  que  la  population  soit  aujourd'hui  double  de  ce  qu'elle 
était  alors. 

»  Le  bois  blanc  et  les  menus  bois  participent  à  ce  mouvement  de  hausse; 
le  bois  blanc  surtout  atteint  le  chiffre  des  années  les  plus  favorisées  depuis 
181 5,  tandis  que  la  consommation  des  menus  bois,  quoiqu'en  hausse,  n'a 
pas  encore  atteint  le  chiffre  qu'elle  présentait  avant  i85a.  Cette  hausse 
moins  considérable  ne  peut  être  attribuée  qu'à  l'emploi  de  la  houille  dans 
le  chauffage  des  classes  peu  aisées. 

»  20.  La  consommation  du  charbon  de  bois  continue  à  croître  propor- 
tionnellement à  la  population,  conséquence  inévitable  de  ce  que  ce  com- 
bustible n'a  pas  encore  été  substitué  sensiblement  à  la  houille  dans  les 
usages  domestiques. 

»  3°.  La  consommation  de  la  bouille,  depuis  surtout  i852,  tant  dans 
l'industrie  que  dans  le  chauffage  des  particuliers,  cesse  d'être  représentée 
par  la  formule  que  j'avais  donnée  et  qui  s'appliquait  à  la  consommation 
de  1816  à  i85i;  la  courbe  de  convexe  qu'elle  était  est  devenue  concave,  ce 
qui  montre  que  la  consommation  suit  maintenant  une  loi  beaucoup  plus 
rapide  qu'avant,  preuve  du  très-grand  développement  de  l'industrie  depuis 
quatre  ans;  car  la  consommation  du  bois  allant  en  augmentant,  malgré 
qu'on  ait  brûlé  beaucoup  de  vieux  bois  provenant  des  démolitions,  on  ne 
saurait  admettre  que  l'emploi  de  la  houille  dans  les  foyers  domestiques  ait 
augmenté  sensiblement. 

»  La  consommation  toujours  croissante  du  charbon  de  bois  et  des  menus 
bois,  et  les  prix  élevés  de  ces  deux  combustibles,  portent  naturellement  les 
particuliers  à  couper  leurs  bois  à  douze  ou  quinze  ans  au  lieu  de  dix-huit  à 
vingt.  Cet  état  de  choses,  s'il  dure,  amènera,  à  ne  pas  en  douter,  le  dépéris- 
sementfdes  forêts  en  France. (En  effet,  les  coupes  multipliées  altèrent  de  plus 
en  plus  les  souches  et  font  disparaître  les  brindilles  qui,  en  se  décomposant, 
fournissent  avec  les  feuilles  l'humus  indispensable  à  la  végétation  ;  les  ré- 
serves étant  plus  jeunes  croissent  moins  en  hauteur  que  dans  les  taillis  plus 
âgés  et  deviennent  trapues;  il  en  résulte  que  si  ces  coupes  anticipées  conti- 
nuent à  prendre  de  l'extension,  elles  feront  disparaître  ces  chênes  séculaires, 
qui  s'élèvent  majestueusement  dans  les  taillis  de  vingt  à  vingt-cinq  ans,  et 
qui  sont  si  recherchés  pour  les  besoins  de  la  marine  et  de  l'industrie.    » 


(  i88) 

anthropologie.  —  Note  sur  les  Touariks;  par  M.  Serres. 

«  L'immense  plaine  du  Sahara  est  habitée  çà  et  là  par  la  tribu  des 
Touariks,  dont  les  peuplades  sont  différentes  les  unes  des  autres.  Les 
Touaregs,  dont  quatre  se  sont  présentés  dernièrement  au  gouverneur  de 
l'Algérie,  en  forment  une  des  plus  singulières,  par  l'usage  où  sont  les  hom- 
mes de  se  voiler  entièrement  la  figure  à  l'instar  des  femmes  musulmanes,  et 
avec  plus  de  soin  encore. 

»  Cet  usage  si  bizarre,  et  unique  chez  les  hommes  au  milieu  des  cou- 
tumes infinies  des  diverses  races  humaines,  est  un  obstacle  à  leur  étude 
anthropologique  dont  la  tête  fournit  les  caractères  les  plus  significatifs.  Il  est 
si  rigoureusement  observé,  que  les  quatre  Touaregs  ne  se  sont  pas  décou- 
verts un  instant,  même  devant  le  gouverneur  général  de  l'Algérie. 

«  Toutefois,  m'écrit  M.  Guyon,  inspecteur  du  service  des  armées,  l'un 
»  d'eux  se  trouvant  malade,  j'ai  pu  lui  voir  un  peu  la  figure  au  moment  où 
»  il  me  montrait  la  langue.  J'ai  pu  aussi  lui  palper  la  tête,  en  cherchant 
»  sur  cette  partie  le  point  où  il  souffrait.  Voici  le  résumé  des  observations 
»  superficielles  qu'il  m'a  été  possible  de  faire  sur  nos  quatre  Touaregs. 

»  Taille  moyenne,  plutôt  petite  que  grande  ;  tête  peu  forte,  globuleuse, 
»  tenant  sous  ce  rapport  de  celle  du  Kabyle  ou  Berbère;  front  médiocre- 
»  ment  large  et  élevé  ;  orbite  large,  pommettes  un  peu  saillantes,  dents 
»  courtes,  moins  bien  rangées  et  moins  belles  que  celles  de  l'Arabe  ;  mains 
»  et  pieds  petits,  peau  olivâtre,  cheveux  soyeux,  noirs  et  tendant  à  se 
»  boucler;  barbe  peu  fournie  et  tendant  à  se  boucler  comme  les 
»  cheveux.  » 

»  En  comparant  cette  courte  description  à  celle  donnée  par  Hornemann 
qui,  le  premier,  a  fait  connaître  les  rapports  des  Touariks  avec  les  Berbères 
ou  Kabyles,  on  reconnaît  leur  parenté,  bien  qu'ils  en  diffèrent  par  la 
petitesse  des  pieds  et  des  mains,  et  surtout  par  la  couleur  olivâtre  de  la 
peau. 

»  Les  Touariks  sont  un  rameau  de  fa  race  caucasique;  ils  s'avancent  à 
l'est  de  l'Afrique  jusqu'aux  confins  de  l'Egypte  :  ils  se  croient  les  habitants 
les  plus  anciens  de  la  terre  ;  leur  langage  n'est  pas  arabe,  et  ils  affirment 
qu'il  est  le  plus  ancien  dans  le  monde. 

»  M.  Guyon,  qui  nous  a  fait  connaître  l'usage  de  l'inoculation  chez  les 
Kabyles  ou  Berbères,  a  remarqué  que  cette  opération  si  hardie  était  prati- 
quée également  par  les  Touaregs.  Ces  derniers  ne  se  la  pratiquent  pas  seule- 


(  i8ç>) 
meut  entre  le  pouce  et  l'index,  comme  les  Kabyles,  mais  encore  sur  d'autres 
parties  du  corps,  notamment  sur  les  avant-bras  et  les  jambes. 

»  A  ces  détails,  M.  Guyon  joint  une  autre  observation  médicale  curieuse. 
«  Une  maladie  très-répandue  chez  les  Touaregs  est  le  dragonneau  ou  ver 
»  de  Messine.  C'est  à  ce  qu'il  paraît  le  fléau  du  pays.  Aussi  est-ce  la  seule 
»  maladie  pour  laquelle  nos  voyageurs  m'aient  témoigné  le  désir  d'avoir  un 
»  remède.  » 

»  Ce  fait  est  un  de  plus  à  ajouter  à  ceux  que  j'ai  déjà  recueillis  sur  la 
spécialité  des  maladies  qui  affectent  de  préférence  telle  race  ou  telle 
variété  de  la  grande  famille  humaine.   » 

Déclaration  de  M.  Cauchy  à  l'occasion  dune  récente  demande  de 

M.  Passot. 

«  Depuis  plusieurs  années,  M.  Cauchy  n'a  cessé  de  se  récuser  quand  il  a 
»  été  appelé  à  faire  partie  de  Commissions  chargées  d'examiner  des 
»  Mémoires  de  M.  Passot.  Il  demande  que  sa  récusation  formelle  soit 
»  mentionnée  dans  le  Compte  rendu.  » 

chirurgie.  —  Nouveau  procédé  de  cheiloplastie  par  transport  du  bord 
libre  de  la  [lèvre  saine  sur  la  lèvre  restaurée.  (Extrait  d'une  Note  de 
31.  Sédillot.) 

«  Schmidl  (jHenry),  âgé  de  65  ans,  fut  reçu  à  la  clinique  le  3o  novem- 
bre 1 855.  Les  trois  quarts  gauches  de  la  lèvre  inférieure  avaient  été  détruits 
par  un  cancer  épithéliàl  à  marche  aiguë,  qui  datait  seulement  de  six  mois. 
Là  muqueuse  buccale  siégeant  en  dedans  de  la  commissure  gauche  était 
altérée  et  formait  un  bourrelet  dur  et  épais.  Les  procédés  ordinaires  de 
cheiloplastie  offraient  peu  de  chances  de  réussite,  et  voici  l'opération  que 
je  pratiquai  le  18  décembre  i855. 

»  Tout  le  cancer  fut  circonscrit  entre  deux  incisions  en  V  continuées 
jusqu'au  contour  cervical  du  maxillaire.  Les  joues  furent  ensuite  fendues 
horizontalement,  au  niveau  des  commissures,  par  une  section  plus  prolongée 
à  gauche  que  du  côté  droit. 

»  Le  bord  libre  de  la  lèvre  supérieure,  qui  était  très-large,  fut  partielle- 
ment détaché  de  dehors  en  dedans  sur  une  longueur  de  1 5  à  20  millimètres, 
puis  renversé  et  fixé  sur  la  surface  des  lambeaux  destinés  à  reconstituer  la 
lèvre  inférieure.  Celle-ci  se  trouva  ainsi  revêtue  de  chaque  côté  par  le  lam- 
beau muqueux  emprunté  à  la  lèvre  supérieure,  et  au  milieu  et  un  peu  à 
droite  par  la  petite  portion  de  membrane  muqueuse  conservée  sur  Je  quart 
droit  de  la  lèvre  inférieure,  resté  intact. 

C  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLH,  N°  S.)  26 


(  »9°  ) 

»  Des  épingles  réunirent  les  parties  dénudées  de  la  lèvre  supérieure  tirée 
en  arrière  à  la  portion  inférieure  de  la  joue,  qui  avait  été  divisée  horizon- 
talement et  fortement  tirée  en  avant  pour  remplacer  la  lèvre  enlevée.  D'au- 
tres épingles  maintinrent  sur  la  ligne  médiane  l'affrontement  des  deux  moi- 
tiés de  la  nouvelle  lèvre,  et  quelques  points  de  suture  entrecoupée  assujettirent 
la  membrane  muqueuse. 

»  Le  29  du  même  mois,  onzième  jour  de  l'opération,  le  malade  fut  photo- 
graphié, ce  qui  me  permet  d'en  placer  une  épreuve  sous  les  yeux  de  l'Aca- 
démie; et  il  quitta  la  clinique  le  1 4  janvier,  complètement  guéri.  Les  plis  de 
cicatrice,  encore  un  peu  saillants  vers  les  commissures,  disparaîtront;  mais 
déjà  tel  qu'il  a  été  représenté,  le  malade  offrait  une  lèvre  régulière,  d'une 
hauteur  suffisante,  ayant  un  rebord  libre  muqueux ,  lisse  et  arrondi  ;  les 
dents  étaient  bien  cachées,  et  la  salive  n'avait  aucune  tendance  à  s'écouler 
involontairement.  Les  commissures  étaient  bien  marquées,  et  l'ouverture 
buccale  également  rétrécie  supérieurement  et  inférieurement,  sans  qu'il  en 
résultât  aucun  obstacle  pour  l'introduction  des  aliments  ou  l'émission  de  la 
voix. 

»  Une  importante  recommandation,  que  nous  nous  permettrons  d'adres- 
dresser  à  ceux  qui  seraient  tentés  d'imiter  ce  procédé,  est  de  diviser  le  bord 
libre  de  la  lèvre  saine  à  plusieurs  millimètres  au  delà  de  la  membrane  mu- 
queuse. En  laissant  sur  le  lambeau  une  petite  portion  du  tégument  externe, 
on  en  assure  mieux  la  vitalité,  et  on  obtient  surtout  des  réunions  plus  faciles 
et  des  cicatrices  plus  régulières  et  moins  apparentes.  » 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  de  M.  Duhamel,  un  exem- 
plaire dû  1er  volume  des  Eléments  de  calcul  infinitésimal.  (Voir  au  Bul- 
letin bibliographique.) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

okométrie.  —  Sur  les  sur/aces  dont  les  lignes  de  l'une  des  courbures  sont 
sphériques ;  par  M.  J.-A  Serret.  (Suite.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Géométrie.) 

'<   Considérons  maintenant  le  cas  général.  Nous  poserons 
a,  b,  p  c, 

-.  =  cos  a,  ..  =  cos  S,       -; —  çqs  7; 


Vi- 


l'\ 


7f        T      *•■'  fi 


en  outre,  pour  n'avoir  clans  nos  formules  que  des  quantités  réelles,  nous 
remplacerons  p,  par  v{  \/~  i.  Les  équations  (10)  et  (i  i)  deviennent  alors 

(la)  .r,  cosa  -+-  yt  cosS  -+-  z,  cosy  =  /'c,  +  u', 

,    ô\  dx<  (fy>  d*i       _  ''"' 

*        '  COSa  COsê  COS7  l' 

On  peut  regarder  a,  jS,  y  comme  les  angles  que  fait  avec  les  axes  la  tan- 
gente d'une  courbe  arbitraire;  nous  désignerons  par  |,  u,  Ç;  X,  pc,  v  les 
angles  formés  avec  les  mêmes  axes  par  le  rayon  de  courbure  et  par  l'axe 
du  plan  osculateur  de  cette  courbe  arbitraire;  par  (h  l'angle  de  deux  tan- 
gentes infiniment  voisines,  et  par  dr]  l'angle  de  deux  plans  osculateurs  infi- 
niment voisins. 

»  Cela  posé,  pour  intégrer  les  équations  (i3),  nous  poserons 

(i4)  xt  cosX  4- y,  cosp.  +  z,  cosv  =  U. 

Différentiant  trois  fois  cette  équation  et  ayant  égard  aux  équations  (r a) 
et  (i3),  ainsi  qu'aux  formules  rappelées  dans  mon  article  du  3i  décembre 
dernier,  il  vient 

(i5)  xt  eos£  +  y\  cosu  -t-  z,  cosÇ  =  —5 

(i6)  v>  =  -T>-TTs\d*+l}), 

,'    \  '  ï    dn    dp,         dn  d    V  dn   /d'il        TT\1         dV 

dy  étant  prise  pour  la  différentielle  constante.  Posons,  pouf  abréger, 


dV 


dv, 


si  l'on  tire  de  l'équation  (16)  la  valeur  de  -p  pour  la  porter  dans  l'équa- 
tion (17),  on  obtiendra 

»  Désignant  par  <p  (ïj )  une  fonction  arbitraire,  nous  poserons 

26.. 


'(  «92  ) 
et,  en  faisant 

U  =  U, +  ?(>,), 

l'équation  (18)  se  réduit  à 

(20)  rf(U,)  =  o. 

Cette    équation    devient  intégrable ,    si   on   la    multiplie  par    le   facteur 

2  (-rr1  -t-  U4  )  >  et  l'on  obtient,  en  intégrant, 

(»■)    (^-■)(^)'(^+u')'-("),-^  =  — 

»  Nous  pouvons  supposer  la  constante  nulle,  car  il  suffit  pour  notre 
objet  que  l'expression  de  U,  renferme  deux  constantes  arbitraires;  alors  si 
l'on  désigne  par  A  une  constante  arbitraire,  par  >j0  une  valeur  initiale  quel- 
conque de  Y],  par  e  la  base  des  logarithmes  népériens,  et  que  l'on  pose 

l'équation  (21)  devient 

,       x  d\],    {    UJ  +  i  dï,         TT 

»  Désignons  par  tj>(vj)  une  fonction  arbitraire,  par  <\>'(y))  la  dérivée  de 
cette  fonction,  et  déterminons  V  par  l'équation 

il 

posons  aussi 

l'équation  (22)  devient 

(24)  -7—  —  1 r Lu =  o. 

Cette  équation  (24)  est  linéaire  et  l'on  en  tire  immédiatement 

B  étant  une  constante  arbitraire. 


(  i93  ) 
»  On  obtiendra  donc  ainsi  sans  difficulté  une  valeur  de  U  renfermant 
deux  constantes  arbitraires  A  et  B  ;  la  valeur  de  U  étant  connue,  l'équa- 
tion (16)  donnera  vK  et  on  aura  ensuite  x,,  j,,  z,  au  moyen  des  équations 

(i2),(.4)et(i5). 
»  Si  l'on  pose 

COS  >    COS  [A   COS  V 

on  pourra  exprimer  immédiatement  les  angles  X,  p.,  v;  |,  u,  Ç;  a,  S,  y;  yj  et  e 
en  fonction  du  paramètre  t  et  de  la  fonction  arbitraire  ^ \i)  ;  si  l'on  met 
ensuite  <b[t)  et  W (t)  au  lieu  de  ç(ïj)  et  +  (*?),  et  que  l'on  désigne  enfin  la 
quantité  r  par  F(<),  toutes  les  quantités  qui  figurent  dans  nos  équations 
pourront  s'exprimer  facilement  au  moyen  du  paramètre  t  et  des  quatre 
fonctions  arbitraires  J{t),  F{t),  $(t).  "V  (t).  Le  problème  que  nous  nous 
étions  proposé  se  trouve  donc  résolu  dans  toute  sa  généralité.  Il  reste 
nombre  de  détails  à  examiner  ;  je  les  étudierai  ailleurs. 

»  Il  faut  remarquer  un  cas  particulier  qui,  par  sa  nature,  se  distingue 
essentiellement  du  cas  général  ;  je  veux  parler  du  cas  de  r  =  o.  En  chan- 
geant l  en  l  \J—  f,  les  équations  (i)  et  (2)  deviennent 

{x  -  a)2  +  (j  -  b)2  +  (z  -  c)2  =  l2 
-  p{x-a)-q{j-b)  +  {z-c)  =  l  sj  1  -f-  p2  +  q2  ; 

en  éliminant  l,  il  vient 

[(x  -  a)  4-  p(z  -  c)]2  +[{jr-b)  +  q{z-  c)]2+  [q{x  -  a)  -p(j-  b)]2  =  o, 
et  pour  obtenir  une  surface  réelle,  il  faut  que  l'on  ait 

x  —  a  +  p(z  —  c)  =  o,     (j~—  b)  -f-  q(z  —  c)  =  o. 
»  Si  donc  M  désigne  l'expression  (x  —  a)2  -f-  (  j  —  b)2  -f-  (z  —  c)2  —  l2, 

dt 


on  aura  —r  =  o,  et  notre  surface,  qui  est  alors  représentée  par  les  équations 


M  =  °'      -dl  =  °i 


sera  l'enveloppe  d'une  sphère  mobile  et  variable  de  grandeur.  Les  lignes  de 
courbure  sphériques  sont  ici  des  circonférences. 

»  Si  le  cas  de  r  =  o  échappe  à  notre  analyse,  les  surfaces  à  lignes  de 
courbure  circulaires  n'en  sont  pas  moins  données  par  notre  méthode 
générale.  Ces  surfaces  correspondent  effectivement  à  l'intégrale  complète  de 


(  '94  ) 
l'équation  (2)  qui  nous  a  servi  de  point  de  départ  ;  je  dois  même  ajouter 
que  c'est  par  la  considération  à  priori  des  surfaces  à  lignes  de  courbure 
circulaires  que  j'ai  été  conduit  à  l'intégrale  complète  dont  il  s'agit.  » 

géométrie.  —  Sur  les  surfaces  dont  les  lignes  de  l'une  des  courbures  sont 
planes;  par  M.  J.-A.  Serret. 

«  Au  moyen  de  la  transformation  dite  par  rayons  vecteurs  réciproques , 
on  passe  immédiatement  des  surfaces  dont  les  lignes  de  l'une  des  courbures 
sont  sphériques  aux  surfaces  dont  les  lignes  de  l'une  des  courbures  sont 
planes  (*).  La  recherche  de  ces  dernières  surfaces,  déjà  faite  par  M.  Ossian 
Bonnet,  est  donc  comprise  implicitement  dans  ce  qui  précède;  mais  il  n'est 
pas  sans  intérêt  de  remarquer  que  cette  recherche  se  ramène  immédiate- 
ment à  l'intégration  des  équations  (i3)  de  l'article  précédent.  Effective- 
ment, jc,  y,  z  désignant  des  coordonnées  rectangulaires;  a,  S,  y,  u,  l  des 
fonctions  d'un  paramètre  t,  si  l'on  pose  dz  =  pdx  -4-  qdy,  l'équation  diffé- 
rentielle des  surfaces  dont  il  s'agit  sera  le  résultat  de  l'élimination  du  para- 
mètre t  entre  les  équations 

(1)  .x cosa  -+-  ^"cosë  -+-  zcosy  =  u, 


(2)  —pcosa  —  ^cosê  +  cosy  =  / yi  -+-  p*  -+-  q9. 

»  Soient  xt,  yif  z,,  t>,  quatre  fonctions  inconnues  de  t,  assujetties  à 
vérifier  les  équations 

(3)  jr,tosa  +y,  cosê  -+-  s,  cosy  =  Iv,  +  «, 


(4) 

dx,          djr,             dz,          dt>, 
cosa         cosê        cosy  "'    l 

et  posons 

V  =  (x  -  X,)'  -4-  (jr  -ytf  -+-  (z  --z,)2- 

l'équation  V  =  o  satisfera  à  l'équation  (2)  et  elle  en  sera  une  intégrale 
complète  si  les  valeurs  de  x,,yt,  zt,  v,  tirées  des  équations  (3)  et  (4)  ren- 
ferment dans  leurs  expressions  deux  constantes  arbitraires.  Le  problème 
est  donc  ramené  à  l'intégration  des  équations  (4),  intégration  qui  se  trouve 
effectuée  dans  l'article  précédent.   » 

(*)  Il  suffit  effectivement  de  supposer  que  les  sphères  qui  contiennent  les  lignes  de  cour- 
bures passent  toutes  par  un  même  point,  et  de  prendre  ce  point  pour  centre  de  transfor- 
mation. 


(  i95) 

botanique.  —  Recherches  sur  le  nombre  type  des  parties  constituant 
les  divers  cycles  hélicoïdaux,  et  rapport  qui  existe  entre  ce  nombre 
et  le  nombre  type  des  diverses  parties  florales  des  dicotylédones  ; 
parM.  Ch.  Feumond.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Botanique.) 

«  Si  les  diverses  parties  de  la  fleur,  avons-nous  dit  dans  l'une  des  deux 
communications  faites  sur  ce  sujet  au  sein  de  cette  Académie,  ne  sont  que 
des  transformations  ou  métamorphoses  des  feuilles,  il  faut  qu'il  y  ait  xine 
relation  simple  entre  le  nombre  des  parties  de  la  fleur  et  le  nombre  des 
feuilles  constituant  un  verticille,  une  rosette  ou  un  cycle  hélicoïdal. 

»  Nous  avons  démontré  comment  il  fallait  considérer  les  feuilles 
opposées  pour  arriver  au  but  général  que  nous  nous  proposons  ;  ici  nous 
examinons  les  faits  relatifs  aux  cycles  hélicoïdaux  et  aux  rosettes,  et  nous 
croyons  démontrer  qu'il  existe  une  relation  numérique  simple  entre  leur 
composition  et  celle  des  verticilles  floraux.  Notre  Mémoire  est  divisé  en  six 
sections. 

»  i°.  Dans  la  première,  nous  faisons  voir  que  les  feuilles  alternes  quin- 
conciales,  en  revenant  à  l'opposition,  comme  nous  l'indiquons  pour  les 
Ficus  et  Colutea,  revêtent  complètement  le  caractère  de  la  véritable  oppo- 
sition :  c'est  ainsi  que  les  paires  opposées  qui  se  suivent  sont  toujours  en 
croix  les  unes  par  rapport  aux  autres;  que  même  les  feuilles  qui  ne  sont 
plus  opposées  et  qui  sont  comprises  entre  deux  paires  de  feuilles,  conser- 
vent une  position,  relativement  à  ces  feuilles  opposées,  qui  fait  nettement 
reconnaître  qu'elles  devaient  être  opposées;  de  sorte  que  la  disposition 
quinconciale  disparaît  complètement. 

»  2°.  Dans  la  deuxième  section,  nous  cherchons  à  démontrer  que,  si 
l'on  fait  l'opération  inverse  sur  les  plantes  à  feuilles  opposées,  telles  que  les 
Syringa  vulgaris,  Phlox,  Ligustrum,  f^eronica,  etc.,  on  trouve  que  l'op- 
position passe  à  la  forme  quinconciale,  et  qu'alors  elle  ne  laisse  plus  trace 
de  son  existence.  Cette  observation  nous  a  conduit  à  l'idée  que  chaque 
cycle  quinconcial  pouvait  avec  raison  être  regardé  comme  formé  de  deux 
verticilles  déplacés,  l'un  de  deux  feuilles,  l'autre  de  trois,  et  cette  idée  a  été 
en  quelque  sorte  confirmée  par  ce  fait,  que  bien  souvent  les  tiges  ftHe- 
lianihus  tuberosus  qui  sont  à  feuilles  opposées  et  qui  passent  à  l'alternance, 
donnent  la  disposition  quinconciale  ;  tandis  que  les  tiges  de  la  même  plante 
qui  sont  à  feuilles  verticillées  par  trois,  donnent  plutôt  la  disposition  re- 


(  '96) 
présentée  par  la  forme  f  et  même  quelquefois  la  forme  insolite  -f .   C'est 
comme  si  nous  avions,  dans  le  premier  cas,  un  verticille  de  deux  feuilles 
et  un  de  trois  ;  et  dans  le  second,  un  verticille  de  deux  feuilles  et  deux  de 
trois,  ou,  d'après  la  forme  f ,  trois  verticilles  de  trois  feuilles. 
»   D'après  cette  manière  d'envisager  les  cycles  hélicoïdaux  : 

-  =  2  +  3,  c'est-à-dire  i  verticille  de  2  feuilles  et  i  de  3  ; 

|  =  2+3X3)  ou  i  verticille  de  2  feuilles  et  2  de  3  ; 
Jj=2X2  +  3x3,ou2  verticilles  de  2  feuilles  et  3  de  3  ; 
^  =  2X3  +  3x5,  ou  3  verticilles  de  i  feuilles  et  5  de  3  , 

et  ainsi  de  suite  pour  les  formes  les  plus  élevées  dans  lesquelles  il  est  facile 
de  reconnaître  que  le  nombre  des  verticilles  de  trois  feuilles  est  à  celui  des 
verticilles  de  deux  dans  un  rapport  plus  grand  que  les  \  et  un  peu  plus 
petit  que  les  -f.  D'où  il  résulte  qu'en  somme,  dans  cet  ordre  d'idées,  le 
verticillisme  par  trois,  qui  deviendrait  le  nombre  type,  serait  bien  plus 
fréquent  que  le  nombre  a. 

»  3°.  Dans  la  troisième  section,  nous  cherchons  à  confirmer  par  plu- 
sieurs exemples  cette  idée,  que  chaque  hélicule  des  cycles  hélicoïdaux  doit 
être  regardé  comme  un  verticille  déplacé.  Nous  signalons  spécialement, 
entre  autres,  une  variété  du  Cucurbita  pepo,  chez  laquelle  les  feuilles 
alternes  arrivent  très-souvent  au  verticillisme  par  trois,  et  Y ffieracium 
virosum,  où  les  feuilles  forment  des  groupes  disposés  autour  de  la  tige  en 
laissant  entre  chaque  groupe  des  mérithalles  assez  longs  ;  tandis  qu'au 
contraire,  ils  sont  très-courts  entre  les  feuilles  de  chaque  groupe.  Il  est 
néanmoins,  facile  d'y  reconnaître  des  verticilles  par  trois  avec  un  léger 
déplacement.  Une  liste  des  principaux  exemples  de  tiges  à  feuilles  alternes, 
où  nous  avons  constaté  la  formation  de  verticilles  par  trois,  vient  appuyer 
l'idée  que  nous  avançons.  Enfin  nous  citons  un  certain  nombre  de  plantes 
à  feuilles  alternes  présentant  trois  cotylédons. 

»  4°-  Dans  la  quatrième  section,  nous  donnons  la  description  détaillée 
de  quatre  échantillons  d'une  variété  du  Cucurbita  pepo  et  de  trois  échan- 
tillons de  Colutea  arboreseens ,  pour  démontrer  comment  l'alternance 
revient  à  l'opposition  ou  au  verticillisme.  Nous  faisons  voir  que  le  nombre 
a  se  retrouve  dans  deux  échantillons  du  Colutea,  et  que  le  nombre  3 
apparaît  dans  le  troisième  échantillon  de  cette  même  plante,  ainsi  que  dans 
les  exemples  que  nous  donnons  du  Cucurbita  pepo. 

a  5°.  Dans  la  cinquième  section,  nous  faisons  remarquer  que  les  nom- 
bres 3,  6,  q  et  12  sont  ceux  qui  représentent  le  plus  souvent  les  parties 


(  '97) 
constituantes  des  rosettes  examinées  dans  les  plantes  à  feuilles  alternes, 
particulièrement  les  Cerisiers,  Pommiers,  Poiriers,  Coignassiers,  Groseilliers, 
Sorbiers,  Kerria  japonica,  Berberis,  Cytisus  laburnum.  A  la  vérité,  on 
trouve  quelquefois  les  nombres  2,  4  et  5,  mais  ils  nous  ont  paru  moins 
fréquents. 

»  6°.  Enfin,  dans  la  sixième  section,  nous  faisons  observer  que,  de  même 
que  l'on  trouve  des  tiges  à  feuilles  opposées  présentant  une  suite  successive 
de  verticilles  par  trois,  de  même  aussi,  sur  bien  des  plantes  à  feuilles 
alternes,  on  trouve  que  la  disposition  quinconciale  est  remplacée  par  la 
forme  insolite  £ ,  qui  pourtant  serait  celle  de  toutes  les  formes  verticillées 
par  trois,  en  admettant  que  chacune  des  parties  d'un  verticille  appartienne  à 
trois  hélices  différentes  marchant  toutes  trois  parallèlement  dans  un  même 
sens.  C'est  ce  que  nous  avons  parfois  observé  dans  les  Rosiers,  les  Campa- 
nules, les  Framboisiers,  les  Bouleaux,  les  Topinambours,  les  Hieracium, 
Y  Heliotropium  peruvianum,  etc.  Or  l'esprit,  sans  effort,  peut  regarder  cette 
disposition  comme  le  résultat  du  déplacement  de  deux  verticilles  par  trois, 
à  peu  près  comme  nous  avons  vu  les  feuilles  opposées  des  Veronica, 
Sjringa,  Ligustrum,  passer  à  la  disposition  quinconciale. 

»  En  résumé,  nous  croyons  avoir  démontré  que,  conformément  au 
principe  qui  nous  a  servi  de  point  de  départ,  il  y  rapport  simple  entre  les 
diverses  parties  florales  des  dicotylédones  et  les  cycles  quand  on  les  exa- 
mine les  uns  et  les  autres  dans  leur  composition  type.  Le  nombre  6  serait 
le  type  des  parties  florales  des  dicotylédones,  et  3  le  nombre  type  du 
verticillisme  des  feuilles,  lequel  verticillisme  se  retrouverait  assez  souvent 
dans  les  feuilles  dites  alternes  pour  laisser  découvrir  ou  supposer  que  l'al- 
ternance n'est  qu'une  déviation  de  l'opposition  ou  du  verticillisme,  et  que, 
conséquemment,  les  feuilles  alternes  peuvent  être  considérées  comme 
formées  de  verticilles  par  deux  ou  par  trois  avec  déplacement;  mais  chez 
lesquelles  le  nombre  3  domine  le  nombre  2.  Il  y  a  donc  rapport 
simple  entre  les  nombres  3  et  6,  et  l'esprit  n'a  plus  qu'à  admettre  un 
simple  dédoublement  des  parties  foliaires  pour  constituer  les  six  parties 
florales,  ou  une  simple  métamorphose  pour  former  les  verticilles  floraux  de 
quelques  dicotylédones  qui  n'ont,  comme  les  monocotylédones,  que  trois 
parties  à  chaque  verticille  floral.  » 

C.  R.,  i856;  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N<>  S.)  27 


(  198  ) 

chimik  médicale.  —  Action  des  alcalis  sur  le  sucre  dans  l'économie 
animale;  par  M.  Poggiale.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  précédemment  nommée  pour  les 
communications  relatives  à  l'origine  du  sucre  dans  l'économie  animale, 
Commission  de  M.  Figuier,  27  août  i855j  de  M.  Semmola,  10  septembre, 
qui  se  compose  de  MM.  Dumas,  Pelouze,  Rayer.) 

«  Quelques  observateurs  admettent  que  le  concours  des  carbonates  alca- 
lins est  nécessaire  pour  la  destruction  du  sucre  dans  l'économie,  et,  comme 
conséquence  de  cette  théorie,  ils  supposent  que,  dans  le  diabète,  le  passage 
du  sucre  dans  les  urines  est  dû  au  défaut  d'alcalinité  du  sang.  Cette  opi- 
nion se  rattachant  à  une  affection  extrêmement  grave,  et  aux  moyens  thé- 
rapeutiques qui  ont  été  proposés  pour  la  combattre,  j'ai  institué  une  série 
d'expériences  pour  vérifier  ce  fait.  J'expose  dans  mon  Mémoire  les  procé- 
dés que  j'ai  employés  pour  la  détermination  du  sucre  contenu  dans  le  sang 
et  dans  le  foie. 

»  Dans  mes  expériences  les' animaux  ont  été  nourris,  tantôt  avec  de  la 
viande,  tantôt  avec  des  aliments  féculents  ou  sucrés,  additionnés  de 
bicarbonate  de   soude  de  manière  à  rendre  les  urines  très-alcalines. 

»  Première  série  d'expériences.  —  Des  chiens  ont  été  nourris  pendant 
plusieurs  jours  avec  de  la  viande  additionnée  de  bicarbonate  de  soude. 
On  les  sacrifia  ensuite  et  on  détermina  le  sucre  contenu  dans  le  sang  et 
dans  le  foie.  Voici  quelques-uns  des  résultats  obtenus  : 

Ire  oxpér.  IIe  expér.  IIIe  expér. 

Sang  de  l'artère  crurale 0,048  0,027  o,o35 

»     de  la  veine  cave  inférieure.  ..  .          o,io3  0,096  o,io3 

»     des  veines  hépatiques 0,173  0,1 5o  0,139 

Foie 2»02g  3, 1 1 5  » 

»  Il  est  facile  de  saisir  la  conséquence  générale  qui  découle  de  ces  expé- 
riences :  c'est  que  la  transformation  du  sucre  en  eau  et  en  acide  carbonique 
n'est  pas  favorisée,  comme  on  l'a  cru,  dans  l'économie,  par  la  présence 
d'une  proportion  considérable  d'alcali.  On  voit,  en  effet,  en  comparant 
ces  résultats  avec  ceux  que  j'ai  consignés  dans  mon  travail  sur  l'origine 
du  sucre  dans  l'économie  animale  et  avec  d'autres  obtenus  par  divers  ob- 
servateurs, que  le  sang  des  animaux  nourris  à  la  viande,  avec  ou  sans  bi- 
carbonate de  soude,  contient  sensiblement  la  même  quantité  de  sucre. 

»  Deuxième  série  d'expériences.  —  Des  chiens  ont  été  nourris  avec  des 


(  i99  ) 
aliments  féculents  ou  sucrés  mêlés  avec  le  bicarbonate  de  soude.  Voici  les 
résultats  fournis  par  trois  expériences  : 

SUCIIE    POUR    IUO   DE   SANG. 

lre  expér.  IIe  expér.  IIIe  expér. 

Sang  de  la  veine  cave  inférieure ....         o,  1 98  o,  1 53             » 

»     de  l'artère  carotide o,  1 00  »                 » 

»     de  l'artère  crurale »  o,o44         o,o54 

»     des  veines  hépatiques ■>  0,245         o,?.3q 

»  Dans  la  dernière  expérience  j'ai  examiné  tous  les  jours  les  urines  qui 
ont  fourni  de  5  à  7  grammes  de  glucose  pour  1000,  quoiqu'elles  fussent 
fortement  alcalines.  Ces  expériences  démontrent  que  le  sucre  peut  exister 
dans  le  sang  et  dans  les  urines  même  en  présence  des  alcalis. 

»  Dans  le  cours  de  ces  recherches,  j'ai  observé  que,  lorsqu'on  soumet 
les  animaux  à  une  abstinence  complète,  la  proportion  du  sucre  con- 
tenu dans  le  foie  décroît  lentement  et  ne  disparaît  pas  même  chez  les  chiens 
à  jeun  depuis  vingt-deux  jours  et  voués  à  une  mort  certaine.  Dans  plusieurs 
expériences  j'ai  trouvé,  après  dix  jours  d'abstinence,  1,710  de  sucre  pour 
100  de  foie;  après  quatorze  jours,  1,628;  après  quinze  jours,  1,71a;  après 
dix-huit  jours,  1,61 3;  et  après  vingt  et  un  jours,  1 ,624.  Le  chien  avait  perdu 
dans  la  dernière  expérience  plus  de  40  pour  100  de  son  poids. 

»  Troisième  série  d'expériences.  —  J'ai  injecté,  comme  l'avaient  fait 
avant  moi  MM.  Bernard  et  Lehmann,  un  |  gramme  de  glucose  dissous 
dans  l'eau  distillée,  et  j'ai  retrouvé  le  sucre  dans  les  urines.  Dans 
une  expérience  comparative,  j'ai  injecté  la  même  quantité  de  glucose 
additionné  de  1  gramme  de  bicarbonate  de  soude,  et  les  résultats  ont  été 
identiques.  Si  l'on  remplace  dans  cette  injection  le  bicarbonate  de  soude  par 
l'acide  tartrique,  le  plus  souvent  le  sucre  ne  paraît  pas  dans  les  urines.  Il 
résulte  de  ces  expériences,  qui  ont  été  répétées  plusieurs  fois,  et  de  celles 
que  j'ai  fait  connaître  précédemment,  que  les  alcalis  du  sang  ne  favori- 
sent pas  l'oxydation  du  sucre. 

»  Quatrième  série  d expériences .  —  Les  expériences  qui  précèdent  ont 
montré  que  la  présence  des  carbonates  alcalins  dans  le  sang  et  dans  les  urines 
est  compatible  avec  celle  du  glucose.  Pour  donner  plus  de  valeur  à  ces  faits, 
j'ai  étudié  avec  soin  l'action  des  alcalis,  des  carbonates  et  des  bicar- 
bonates alcalins  sur  le  glucose  en  dehors  de  l'organisme.  Voici  quelques- 
unes  des  expériences  que  j'ai  exécutées  : 

»  i°.  J'ai  ajouté  à  100  grammes  d'eau  distillée  1  gramme  de  glucose 
et  2  grammes  de  carbonate  de  soude,  j'ai  abandonné  la  solution  au  con- 

27.. 


(  zoo  ) 
tact  de  l'air,  pendant  quelques  jours,  et  j'ai  retrouvé  la  quantité  de  glu- 
cose qu'on   y  avait  ajoutée. 

»  2°.  J'ai  augmenté  la  proportion  du  carbonate  de  soude,  et  j'ai  suc- 
cessivement élevé  la  température  de  la  liqueur  à  3y,  à  60,  à  80,  à 
90  degrés,  et  dans  toutes  ces  expériences  la  solution  sucrée  est  restée  inco- 
lore et  le  glucose  n'a  éprouvé  aucune  altération. 

»  3°.  J'ai  dissous  dans  1 00  grammes  d'eau  distillée  2  grammes  de  glu- 
cose et  8  grammes  de  carbonate  de  soude,  et  après  avoir  fait  bouillir  pendant 
quinze  minutes  la  liqueur  qui  s'était  colorée  d'abord  en  jaune,  puis  en  jaune 
rougeâtre,  j'y  ai  trouvé  encore  igr,a8i  de  glucose. 

»  4°-  Le  bicarbonate  de  soude  agit  [avec  moins  d'énergie  sur  le  glucose. 
Une  dissolution  de  potasse  contenant  4  pour  100  d'alcali  ne  l'attaque  qu'au- 
dessus  de  5o  degrés. 

»  Ces  expériences  suivant  moi  sont  décisives  et  permettent  d'affirmer 
que  dans  le  laboratoire,  comme  dans  l'organisme,  les  carbonates  alcalins 
n'agissent  pas  sur  le  glucose,  et  qu'il  faut  élever  la  température  du  mé- 
lange à  environ  g5  degrés  pour  que  l'action  ait  lieu. 

»  applications  des  expériences  précédentes  au  diabète.  —  Suivant  quel- 
ques physiologistes,  si  le  sang  perd  par  une  cause  quelconque  ses  propriétés 
alcalines,  le  sucre,  n'étant  pas  brûlé,  passe  dans  les  urines,  d'où  l'indica- 
tion thérapeutique  de  rétablir  l'état  normal  des  liquides  animaux  en  intro- 
duisant dans  l'organisme  les  alcalis  qui  lui  manquent.  Les  faits  consignés 
dans  ce  Mémoire  ne  nous  permettent  pas  d'adopter  cette  théorie,  qui 
ne  repose  que  sur  des  analogies.  Nous  avons  vu,  en  effet,  dans  les 
nombreuses  expériences  que  nous  avons  exécutées,  qu'en  augmentant 
considérablement  l'alcalinité  du  sang  le  sucre  ne  diminue  pas,  et  que 
la  proportion  de  ce  principe  peut  s'élever  à  7  pour  1000  dans  les  urines 
alcalines,  lorsqu'on  nourrit  les  animaux  avec  des  aliments  féculents  ou 
sucrés,  additionnés  de  bicarbonate  de  soude. 

»  Nous  avons  démontré  aussi,  avec  MM.  Bernard  et  Lehmann,  qu'en  in- 
jectant dans  la  veine  jugulaire  d'un  lapin  une  solution  de  sucre  et  de  bicar- 
bonate de  soude,  on  retrouve  dans  les  urines  autant  de  sucre  que  lorsque 
l'injection  se  fait  avec  une  dissolution  sucrée  seulement.  Enfin,  nous  avons 
prouvé  par  des  faits  irrécusables  que,  même  en  dehors  de  l'économie  ani- 
male, les  carbonates  alcalins  n'agissent  pas  sur  le  glucose  au-dessous  de 
g5  degrés,  et  qu'à  cette  température  il  éprouve  si  lentement  les  métamor- 
phoses qui  le  convertissent  en  eau  et  en  acide  carbonique,  qu'on  trouve 
encore  dans  la  liqueur  beaucoup  de  sucre  après  une  ébullition  longtemps 
prolongée. 


(    20)     ) 

»  Les  recherches  de  MM.  Lehmann  et  Bonchardat  sur  le  sang  des  dia- 
bétiques et  de  MM.  Bernard  et  Reynoso  sur  la  production  du  diabète  ar- 
tificiel donnent  un  puissant  appui  aux  expériences  qui  font  l'objet  de  ce 
Mémoire  et  à  la  conclusion  qui  en  découle.    » 

chimie  appliquée.  —  Note  sur  l'action  que  le  phosphore  rouge  exerce  sur 
l'économie  animale  et  sur  l'empoisonnement  par  le  phosphore  ordinaire; 
par  MM.  Orfila  et  Rigout. 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Pelouze,  Cl.  Bernard.) 

«  Cette  Note  est  un  fragment  détaché  d'un  travail  que  nous  avons  entre- 
pris sur  l'empoisonnement  par  le  phosphore  et  les  différentes  questions  qui 
s'y  rattachent.  La  nature  des'  recherches  que  nous  avons  crues  nécessaires 
pouvant  éloigner  encore  longtemps  le  terme  de  notre  travail,  nous  nous 
sommes  décidés  à  faire  connaître,  dès  aujourd'hui,  celles  de  nos  expériences 
qui  ont  trait  à  l'action  exercée  par  le  phosphore  amorphe  sur  l'économie 
animale.  C'est  sur  des  chiens  que  nous  avons  expérimenté,  en  leur  admi- 
nistrant le  phosphore  rouge,  intimement  mélangé,  au  moyen  du  pilon,  avec 
le  fromage  d'Italie  dont  nous  les  nourrissions. 

»  Première  expérience.  —  Du  28  au  3o  juillet,  nous  avons  donné,  par 
doses  de  2  grammes  chaque  jour,  6  grammes  de  phosphore  rouge  à  un  chien 
vigoureux.  Le  3i,  nous  avons  porté  la  dose  à  5  grammes.  Nous  avons  at- 
tendu jusqu'au  7  août,  et  alors,  voyant  que  la  santé  de  l'animal  n'était  point 
troublée,  nous  avons  recommencé  à  lui  administrer  1  grammes  par  jour  jus- 
qu'au 19.  A  cette  date  l'animal  avait  avalé  36  grammes  de  phosphore  rouge 
depuis  le  commencement  de  l'expérience.  Comme  aucun  accident  ne  surve- 
nait, nous  lui  avons  introduit,  le  ai  août,  dans  l'estomac  2  grammes  de 
phosphore  ordinaire,  et  nous  lui  avons  lié  l'œsophage.  Le  lendemain,  à 
9  heures  du  matin,  l'animal  succombait. 

»  Pendant  toute  la  durée  de  l'expérience,  ce  chien  rendait  avec  ses  fèces 
du  phosphore  rouge  parfaitement  reconnaissable,  et,  après  l'ingestion  du 
phosphore  ordinaire,  les  matières  fécales  répandaient  des  vapeurs  phospho- 
rescentes. 

»  Deuxième  expérience.  —  Le  même  jour,  nous  avons  fait  avaler  à  une 
chienne,  très-jeune  il  est  vrai,  5o  centigrammes  de  phosphore  ordinaire  sus- 
pendu dans  de  l'huile  d'olive,  et  l'animal  n'a  survécu  qu'un  quart  d'heure. 

»  Troisième  expérience.  —  Le  28  novembre,  nous  administrons  à  une 
chienne  robuste  et  très-bien  portante  10  grammes  de  phosphore  rouge. 


(  ioi) 
Elle  n'achève  les  aliments  qui  lui  étaient  offerts  que  le  lendemain  ;  mais  elle 
ne  donne  d'ailleurs  aucun  signe  de  souffrance.  Le  3o,  la  dose  est  portée  à 
5o  grammes;  l'animal  dévore  tout  son  repas  en  un  moment,  mais  bientôt  il 
vomit.  Dès  le  lendemain,  cependant,  il  est  gai  et  mange  avec  appétit.  Les  4, 
5,  6  et  7  décembre,  la  même  chienne  avale  ao  grammes  par  jour.  Le  8  et 
le  io,  3o  grammes;  et  enfin,  le  1 1,  elle  mange  très-bien  sa  ration,  à  laquelle 
nous  avions  mélangé  5o  grammes  de  phosphore;  cette  fois  elle  ne  vomit 
pas.  Le  lendemain  12,  elle  mange  avec  appétit.  En  somme,  cette  chienne, 
sans  compter  les  5o  grammes  qu'elle  a  vomis,  a  donc  avalé  en  douze  jours 
aoo  grammes  de  phosphore  rouge. 

»  Nous  la  pendons  le  12  à  6  heures  du  soir  :  à  l'autopsie,  nous  ne  trou- 
vons aucune  lésion  ;  l'œsophage,  l'estomac  et  le  tube  digestif  présentent 
une  coloration  rouge  qui  ne  peut  être  attribuée  qu'au  phosphore  amorphe. 

»  Quatrième  expérience.  —  Le  21  décembre  à  4  heures,  nous  avons 
introduit  dans  l'estomac  d'un  chien  vigoureux  1  grammes  de  phosphore 
ordinaire  grossièrement  pulvérisé  dans  l'eau  chaude.  Le  lendemain  matin, 
l'animal  était  mort. 

»  Voulant  rechercher  pendant  combien  de  temps  le  phosphore  peut  res- 
ter après  la  mort  dans  les  organes  à  l'état  de  phosphore  libre,  nous  avons 
retardé  l'ouverture  jusqu'au  L\  janvier.  Quelle  n'a  pas  été  notre  surprise, 
lorsque  nous  avons  vu  que  les  organes  de  cet  animal  étaient  aussi  frais  que 
si  la  mort  ne  datait  que  de  quelques  minutes!  tandis  qu'un  autre  chien,  qui 
n'avait  pas  été  empoisonné  par  le  phosphore,  abandonné  seulement  depuis 
trois  jours  à  coté  du  premier,  était  déjà  dans  un  état  de  putréfaction 
avancée. 

»  Dans  l'œsophage  et  dans  l'estomac  du  chien  empoisonné  se  trouvait 
une  matière  jaunâtre  spumeuse  qui  répandait  des  vapeurs  de  phosphore. 
Placée  sur  une  lame  métallique  chauffée  au  rouge,  cette  matière  brûle  sur 
quelques  points  avec  une  flamme  blanche  vive  et  des  vapeurs  épaisses.  A 
ces  caractères  il  est  facile  de  reconnaître  la  présence  du  phosphore  libre. 

»   Nous  réservons  cette  matière  pour  faire  quelques  réactions. 

»  La  membrane  muqueuse  de  l'œsophage  et  de  l'estomac  présente  une 
rougeur  vive.  Les  valvuves  auriculo-ventriculaires  gauches  offrent  dans  toute 
leur  longueur,  aux  points  d'insertion  aux  parois  cardiaques,  une  ecchy- 
mose très-nette.  Les  valvuves  auriculo-ventriculaires  droites  sont  vivement 
injectées. 

»  Pour  séparer  le  phosphore  mêlé  au  liquide  trouvé  dans  l'estomac  et 
mieux  le  caractériser,  nous  avons  placé  ce  liquide  en  digestion  avec  du  sul- 


(  ao3  } 
fate  de  carbone  dans  un  ballon  bouché.  Le  lendemain  nous  filtrons  ;  la 
liqueur  qui  passe  parfaitement  limpide  se  partage  en  deux  couches  :  l'une 
aqueuse,  l'autre  oléagineuse,  formée  par  le  sulfure  de  carbone.  Celle-ci  est 
placée  dans  une  capsule  et  abandonnée  à  l'évaporation  spontanée.  Quand 
tout  le  sulfure  de  carbone  s'est  dégagé,  il  reste  une  masse  jaune  possédant 
tous  les  caractères  du  phosphore  :  lumineuse  dans  l'obscurité,  répandant 
une  odeur  alliacée,  brûlant  avec  une  flamme  blanche  vive  accompagnée  de 
vapeurs  blanches  épaisses,  laissant  enfin  après  sa  combustion  un  résidu 
rouge. 

»  Cette  expérience,  qui  montre  déjà  que  i  grammes  de  phosphore  ordi- 
naire suffisent  pour  tuer  un  chien,  a  fixé  notre  attention  d'une  manière 
spéciale  par  quelques  particularités  que  nous  allons  signaler;  elle  indique, 
en  effet,  qu'à  la  suite  d'un  empoisonnement  par  le  phosphore  : 

»  i°.  Ce  corps  peut  exister  dans  les  organes,  à  l'état  libre,  quinze  jours 
après  la  mort.  Ce  fait,  s'il  a  été  entrevu  ou  vaguement  prévu,  n'a  pas  été  jus- 
qu'à présent,  que  nous  sachions,  observé.  Il  est  possible,  d'ailleurs,  que  le 
phosphore  se  conserve  encore  plus  longtemps  dans  le  même  état,  et  il  est 
facile  de  comprendre  quel  parti  peut  tirer  de  cette  observation,  dans  des 
cas  analogues,  l'expert  chargé  de  constater  l'empoisonnement. 

»  a°.  La  putréfaction  est,  dans  certains  cas,  singulièrement  retardée. 

»  3°.  Le  sulfure  de  carbone  est  un  bon  dissolvant  pour  séparer  le  phos- 
phore libre  des  matières  avec  lesquelles  il  est  mélangé  dans  l'estomac  et  qui 
masquent  les  propriétés  caractéristiques  de  ce  métalloïde. 

»  Les  remarques  précédentes  nous  ont  paru  mériter  une  mention,  mais 
nous  avons  cité  cette  dernière  expérience  surtout  parce  qu'elle  concourt 
avec  les  autres  à  démontrer  que  l'action  exercée  sur  l'économie  animale 
par  le  phosphore  amorphe  n'est  pas  comparable  à  celle  que  produit  le 
phosphore  ordinaire  ;  il  est  même  permis  de  dire  que  le  premier  de  ces 
corps  n'est  pas  vénéneux.  Cette  assertion,  déjà  avancée  par  d'autres  obser- 
vateurs sans  preuves  suffisantes,  n'a  été  incontestablement  établie  pour 
nous  que  par  l'ensemble  des  expériences  que  nous  venons  de  rapporter.  » 

chimie.  —  Recherches  sur  le  tungstène  et  quelques-unes  de  ses  combinaisons  ; 

par  M.  A.  Riche. 

(Commissaires,  MM.  Peligot,  Despretz,  Balard.) 

«  Pour  préparer  le  tungstène  métallique,  j'ai  eu  recours  à  la  réduction 
de  l'acide  tungstique  par  l'hydrogène  et  à  l'attaque  du  chlorure  par  le  so- 


(    204    ) 

dium.  Si  l'on  fait  passer  un  courant  d'hydrogène  pur  et  sec  dans  un  tube  de 
porcelaine  luté  contenant  de  l'acide  tungstique  et  qu'on  chauffe  au  rouge 
pendant  deux  heures  au  moins,  au  moyen  de  coke  cassé  en  petits  fragments, 
on  obtient  une  matière  qui  ne  renferme  plus  d'oxygène.  Quand  on  opère 
à  une  température  plus  basse,  il  reste  toujours  une  quantité  plus  ou  moins 
considérable  d'oxydes  inférieurs. 

»  Le  tungstène  produit  à  cette  haute  température  n'est  point  fondu,  pas 
même  agrégé  ;  il  se  présente  en  petits  grains  cristallisés,  susceptibles  de 
prendre  l'éclat  métallique  par  le  frottement  et  rayant  le  verre  avec  facilité  : 
placé  dans  un  feu  de  forge  assez  violent  pour  ramollir  et  déformer  le  creu- 
set, il  y  est  resté  à  l'état  solide  ;  c'est  grâce  à  M.  Despretz,  qui  a  bien  voulu 
mettre  à  ma  disposition  la  pile  de  la  Faculté  des  Sciences,  que  je  suis  par- 
venu à  le  fondre,  et  il  m'a  fallu  pour  atteindre  ce  résultat  le  soumettre  à  l'ac- 
tion de  200  éléments  Bunsen  ordinaires  ;  dans  ces  circonstances,  une  por- 
tion notable  du  métal  s'oxyde  et  donne  dans  sa  combustion  une  flamme 
bleue  qui,  projetée  sur  un  écran  blanc  dans  l'obscurité,  présente  de  très- 
belles  teintes. 

»  Le  tungstène  ne  s'oxyde  qu'à  une  température  très-élevée  dans  l'air 
ou  même  dans  l'oxygène  sec,  et  encore  l'action  est  lente.  Il  ne  brûle  pas 
dans  le  chlore  sec,  et  il  faut  que  sa  température  soit  portée  à  3oo  degrés  en- 
viron pour  que  l'attaque  ait  lieu. 

»  L'acide  azotique  tenu  à  70  ou  80  degrés  le  change,  au  bout  de  trois  à 
quatre  jours,  en  acide  tungstique.  L'eau  régale  agit  avec  un  peu  plus  de 
rapidité.  Les  acides  sulfurique  et  chlorhydrique  concentrés  le  transforment 
en  oxyde  bleu,  et  à  la  longue  cet  oxyde  se  change  en  acide  tungstique. 

»  L'eau  aérée  distillée  ou  ordinaire  paraît  sans  action  sur  lui,  même 
après  un  contact  d'un  mois  et  demi  :  il  en  est  de  même  d'une  eau  alcaline, 
tandis  que  cette  même  eau  contenant  un  peu  d'acide  sulfurique  se  colore 
en  bleu;  mais  l'action  est  lente  et  très-faible.  Ce  métal  n'attaque  pas  l'eau 
à  100  degrés,  mais  au  rouge  la  décomposition  de  l'eau  se  fait  avec  la  plus 
grande  énergie,  le  tungstène  se  gonfle  et  bientôt  tout  est  transformé  en 
oxyde. 

»  Si  l'on  place  du  tungstène  avec  de  l'iodure  d'éthyle  dans  un  tube  scellé 
à  la  lampe  et  qu'on  chauffe  à  la  température  de  240  degrés  environ,  ce 
métal  est  à  peine  altéré  au  bout  de  dix  jours  de  contact  :  cependant  on  voit 
nager  dans  la  liqueur  de  petites  aiguilles  nacrées  qui  sont  de  l'oxy-iodure 
de  tungstène. 

»  Si  l'on  remplace  l'oxyde  d'éthyle  par  de  l'iodure  de  méthyle,  l'action 


(    205   ) 

est  plus  nette;  le  liquide  distillé  donne,  outre  de  l'iodure  de  méthyle  non 
attaqué,  une  liqueur  visqueuse  bouillant  à  une  température  élevée.  Si  on 
l'agite  avec  de  l'alcool  éthéré  un  peu  chaud,  il  se  sépare  une  huile,  tandis 
quel'éther  abandonne  parévaporation  une  substance  qui,  convenablement 
purifiée,  cristallise  en  larges  plaques  incolores,  fond  vers  1 10  degrés  et  pré- 
sente à  l'analyse  la  composition 

3(C2H3)Tu,  1. 

Cet  iodure,  agité  avec  de  l'oxyde  d'argent  récemment  précipité,  produit  une 
poudre  blanche  qui  est  l'oxyde  : 

3(C2Hs)Tu,  O. 

»  Ce  corps  se  combine  aux  acides  et  donne  naissance  à  des  sels  incristal- 
lisables,  restant,  si  on  les  concentre,  à  l'état  d'un  liquide  visqueux,  d'où  les 
alcalis  reprécipitent  l'oxyde  précédent.  Ces  sels  se  produisent  de  même 
en  attaquant  l'iodure  par  les  acides  correspondants. 

»  Pour  déterminer  l'équivalent  du  tungstène,  je  me  suis  basé  sur  la  ré- 
duction par  l'hydrogène  pur  de  l'acide  tungstique  Tu  O3,  dont  la  composition 
est  généralement  admise.  Le  poids  de  l'eau  recueillie,  celui  du  tungstène 
restant,  conduisent  au  nombre  87;  ce  chiffre  est  un  peu  plus  faible  que  celui 
qu'on  a  admis  jusqu'alors,  et  cela  devait  être,  car  on  avait  employé  pour 
cette  détermination  de  l'acide  tungstique  mêlé  d'alcali  (parce  qu'il  a  été 
préparé  au  moyen  du  carbonate  de  soude)  ;  tandis  que  j'ai  opéré  sur  de  l'a- 
cide pur  retiré  par  calcination  d'un  sel  ammoniacal  ou  précipité  par  l'eau 
du  chlorure  pur  et  sublimé. 

»  Voulant  obtenir  le  tungstène  par  l'action  de  son  chlorure  sur  le  so- 
dium, j'ai  dû  d'abord  me  préoccuper  de  la  préparation  sur  une  échelle 
un  peu  grande  de  la  matière  rouge  connue  sous  le  nom  de  chlorure  de 
tungstène,  qu'on  s'était  procurée  jusqu'alors  par  l'attaque  du  tungstène  au 
moyen  du  chlore;  j'y  suis  parvenu  aisément  en  dirigeant  un  courant  de 
chlore  sec  sur  un  mélange  de  1  partie  d'acide  tungstique  et  de  3  parties  de 
charbon  en  poudre,  placé  dans  une  cornue  en  grès  bitubulée  chauffée  au 
rouge  sombre.  Pour  l'obtenir  à  l'état  de  pureté,  on  n'a  plus  qu'à  le  redis- 
tiller avec  soin  dans  un  courant  d'hydrogène  ;  comme  il  est  plus  volatil 
que  les  autres  composés  produits  dans  cette  réaction,  il  s'en  sépare  avec 
facilité. 

»  Ce  composé  chauffé  avec  du  sodium  dans  un  tube  rempli  d'hydrogène 
me  donnant  toujours  de  l'eau  et  de  l'oxyde  de  tungstène,  j'ai  été  naturelle- 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLI1,  N°  S.)  28 


(  ao6  ) 
ment  amené  à  penser  que  ce  prétendu  chlorure  contenait  de  l'oxygène;  en 
effet,  soumis  à  l'analyse,  il  m'a  donné  des  nombres  conduisant  exactement 
à  la  formule 

TuCl'O. 

Traité  par  l'eau,  ce  composé  se  décompose  rapidement  en  acide  tungstique 
et  acide  chlorhydrique  ;  mais  si  l'on  fait  l'expérience  dans  un  tube  bouché  et 
sur  le  mercure,  on  constate  de  plus  qu'il  ne  se  dégage  pas  d'hydrogène; 
cette  réaction,  inexplicable  en  admettant  la  formule  Tu  Cl* ,  se  comprend 
très-bien  au  contraire  si  l'on  reconnaît  à  cette  matière  la  composition  repré- 
sentée plus  haut.  En  effet,  on  a 

TuCl20  +  2HO  =  Tu03  +  aHCl. 

Il  existe  cependant  des  chlorures  de  tungstène,  et  si  jusqu'à  présent  on  n'en 
a  pas  constaté  la  présence,  cela  tient  à  ce  qu'ils  se  changent  en  oxychlorure 
rouge  en  présence  des  plus  petites  quantités  d'eau. 

»  Trichlorure  de  tungstène.  —  Ce  composé  s'obtient  abondamment  en 
dirigeant  un  courant  de  chlore  sec  sur  du  tungstène  bien  pur  placé  dans  un 
tube  de  porcelaine  chauffé,  et  où  l'on  a  fait  passer  à  l'avance  de  l'hydro- 
gène desséché  dans  le  but  d'enlever  l'air  et  l'humidité.  11  constitue  une  ma- 
tière cristallisant  par  sublimation  err  longues  aiguilles  gris  d'acier  qui  fon- 
dent à  la  température  de  218  degrés,  et  donnent  un  liquide  uoir  se  concré- 
tant  en  un  culot  gris  dont  l'aspect,  la  cassure,  ont  toute  l'apparence  de 
l'iode.  L'eau  le  décompose  instantanément.  Son  analyse  conduit  exactement 
à  la  formule 

Tu  Cl3. 

»  Bichlorure  de  tungstène.  —  Ce  corps  se  prépare  en  très-petites  quan- 
tités quand  on  réduit  par  l'hydrogène  le  chlorure  précédent  placé  dans  un 
tube  en  verre.  On  s'arrête  quand  il  ne  se  dégage  plus  d'acide  chlorhydrique. 
Il  reste  une  petite  quantité  d'un  produit  brun-noirâtre  qui  présente  à  l'ana- 
lyse la  composition  Tu  Cl*.  Il  est  assez  difficile  de  se  tenir  dans  les  limites 
restreintes  de  température  où  cette  réaction  a  lieu.  Si  l'on  chauffe  trop,  le 
trichlorure  est  volatilisé  et  le  produit  souillé  par  du  tungstène  métallique 
dont  une  partie  se  dépose  sur  les  parois  du  tube  en  un  bel  anneau  mi- 
roitant. 

»  Bisulfure  de  tungstène.—  Le  sulfure  de  tungstène  correspondant  à  l'a- 
cide tungstique  s'obtient  assez  facilement  ;  mais  il  n'en  est  pas  de  même  pour 
le  bisulfure  de  ce  métal.  Je  suis  parvenu  à  le  préparer  à  l'état  de  pureté  par 
un  moyen  très-simple,  qui  consiste  à  chauffer  ensemble  poids  égaux  dé  bi- 


(  ™7  ) 
tungstate  de  potasse  et  de  soufre  dans  un  creuset  en  terre  jusqu'à  fusion 
tranquille  de  la  matière.  On  traite  le  résidu  par  l'eau  qui  dissout  le  tung- 
state de  potasse,  et  on  lave  sur  un  filtre  le  sulfure  qu'on  dessèche  ensuite. 
C'est  une  matière  noire,  cristallisée  en  petites  aiguilles,  s'oxydant  au  rouge 
au  contact  de  l'air,  ou  à  5o  degrés  en  présence  de  l'acide  nitrique,  et 
présentant  exactement  la  composition  du  bisulfure  de  tungstène.  » 

chimie  industrielle.  —  Mémoire  sur  l'emploi  du  sulfure  de  carbone 
comme  moyen  d 'extraction  du  suif  des  os,  de  l'huile  des  graines  oléagi- 
neuses, et  du  dégraissage  des  'aines  ;  par  M.  E.  Deiss.  (Extrait.  ) 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Pelouze,  Payen.) 

«  . .  En  1 84o,  le  sulfure  de  carbone  était  encore  préparé  dans  les  labo- 
ratoires, soit  dans  des  canons  de  fusil  recourbés,  soit  dans  des  petites  cor- 
nues en  grès.  Le  prix  commercial  à  cette  époque  variait  de  5o  à  60  francs 
le  kilogramme  ;  j'ai  rapidement  descendu  le  prix  de  ce  produit,  et  déjà  en 
1848  je  l'ai  vendu  au  prix  de  8  francs  le  kilogramme  à  MM.  Perroncel  et 
Gérard,  pour  la  vulcanisation  du  caoutchouc  par  le  sulfure  de  carbone  et 
le  chlorure  de  soufre.  Aujourd'hui,  avec  un  appareil  composé  de  trois  cor- 
nues, je  fabrique,  dans  mon  établissement  de  Pantin,  l'énorme  quantité  de 
5oo  kilogr.  de  sulfure  en  vingt-quatre  heures.  Le  même  fourneau,  les  mêmes 
cornues  avec  le  même  chauffage,  il  y  a  à  peine  un  an,  ne  produisaient  que 
i5o  kilogrammes  dans  le  même  laps  de  temps  ;  et  ce  produit,  qui  naguère, 
comme  je  le  disais,  valait  60  francs  le  kilogramme,  me  revient  aujourd'hui 
à  5o  centimes  le  kilogramme;  et  je  ne  doute  pas  que,  fabriqué  dans  de 
plus  grandes  proportions,  il  ne  puisse  bientôt  être  livré  à  l'industrie  au  prix 
de  4o  francs  les  1 00  kilos. 

»  A  cet  excessif  bon  marché  se  joint  sa  facile  régénération.  Le  sulfure  de 
carbone  exige  4^  degrés  pour  son  point  d'ébullition  :  que  l'on  en  remplisse 
un  flacon,  qu'on  le  place  dans  un  bain  chaud,  dans  lequel  on  peut  facile- 
ment tenir  la  main,  le  sulfure  entrera  rapidement  en  ébullition,  l'absorption 
de  calorique  spécifique  est  presque  nulle.  Aussi  facilement  qu'il  entre  en 
ébullition,  aussi  facilement  se  condensent  ses  vapeurs;  sa  distillation  est  ra- 
dicale, entière  et  sans  résidus  ;  en  cela  il  diffère  des  essences  et  des  éthers, 
qui  laissent  derrière  eux,  les  uns  des  résidus  résineux,  les  autres  des  modifi- 
cations d'éther,  soit  acides,  soit  alcools. 

»  M'étant  trouvé,  grâce  au  pouvoir  productif  de  mon  appareil,  en  pos- 
session d'immenses  quantités  de  sulfure  de  carbone  tout  à  fait  hors  des  pro- 

28.. 


(    208    ) 

portions  de  vente,  puisque  jusqu'ici  ce  produit  n'a  été  employé  qu'à  la 
vulcanisation  du  caoutchouc,  j'ai  dû  lui  chercher  d'autres  applications 
industrielles,  et  j'en  ai  découvert  une,  que  je  considère  comme  de  la 
plus  haute  importance,  l'emploi  du  sulfure  comme  agent  d'extraction  des 
corps  gras. 

»  Paris  produit  3oooo  kilogrammes  d'os  par  jour,  lesquels  des  mains  des 
chiffonniers  arrivent  dans  les  fabriques  de  noir  animal  ou  de  gélatine.  A 
l'arrivée  des  os,  ils  sont  triés,  placés  par  catégories,  les  uns  affectés  à  la  fabri- 
cation de  noir  animal ,  d'autres  à  la  fabrication  de  la  gélatine,  et  quelques- 
uns  enfin  (tibia,  péroné  et  fémur)  sont  revendus  aux  fabricants  de  bou- 
tons; mais  l'immense  majorité  des  os  est  employée  à  la  fabrication  du  noir 
animal, on  n'en  emploie  pasmoins  de  a  5  ooo  kilogrammes  par  jour  à  cet  usage; 
ces  os  avant  d'être  livré  à  la  calcination  subissent  un  travail  préparatoire  qui 
a  pour  but  l'extraction  du  suif.  Pour  cela  on  casse  les  os  à  la  hache,  on  les 
fait  bouillir  dans  des  grandes  chaudières  avec  de  l'eau  pendant  trois  heures 
environ;  la  graisse  vient  à  surnager,  on  l'écume,  on  retire  les  os  ainsi  dé- 
graissés, on  les'jette  sur  un  tas  pour  leur  faire  subir  une  espèce  de  fermenta- 
tion dans  laquelle  la  production  de  la  chaleur  amène  un  certain  état  de 
dessiccation  qui  permet  à  l'os  d'être  livré  à  la  calcination. 

»  Dans  les  deux  opérations  qui  précèdent,  l'os  subit  une  profonde  alté- 
ration :  par  la  coction  prolongée  dans  l'eau  une  grande  quantité  de  gélatine, 
si  nécessaire  à  la  fabrication  d'un  bon  noir,  se  dissout  ;  mais  c'est  principa- 
lement la  fermentation  et  l'exposition  forcée  des  os  pendant  quelques  mois 
à  l'air  qui  amène  la  presque  complète  destruction  de  la  matière  animale, 
de  là  un  noir  d'une  mauvaise  qualité;  et  tout  cela  pour  ne  donner  que  de 
5  à  6  pour  i  oo  de  suif. 

»  J'arrive  à  des  résultats  bien  plus  avantageux  par  l'application  du  sulfure 
de  carbone  :  je  concasse  mes  os  presque  en  poudre,  je  les  traite  par  cet  agent 
qui  dissout  presque  instantanément  tout  le  suif  contenu  dans  les  os,  et  ce 
sans  altération  aucune  de  sa  matière  animale;  je  distille  et  j'obtiens  de  io 
à  la  pour  ioo  de  suif  d'une  qualité  supérieure  à  celui  obtenu  parla  coc- 
tion....   » 

L'auteur  fait  ensuite  connaître  les  procédés  qu'il  a  imaginés  pour  l'appli- 
cation du  sulfure  de  carbone  à  l'extraction  des  huiles  provenant  des  graiues 
oléagineuses,  et  au  dégraissement  des  laines  en  suint.  Le  défaut  d'espace 
nous  empêche  de  le  suivre  dans  cette  partie  de  son  travail.  Nous  nous  con- 
tenterons de  dire,  relativement  à  ce  dernier  emploi,  que  le  suint  isolé  par  la 


I  2°9  ) 
nouvelle  méthode  devient  lui-même  un  produit  utilisable  ;  il  se  présente 
sons  forme  d'une  substance  butyreuse  propre  à  entrer  dans  la  composition 
de  certains  savons. 

économie  rurale.  —  Note  sur  le  r  empoissonnement  des  cours  d'eau; 
par  M.  C.  Millet,  inspecteur  des  forêts.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  précédemment  nommée.) 

«  La  Note  résume  les  principaux  résultats  que  j'ai  obtenus,  dans  la  gare 
de  Choisy-le-Roi,  par  l'emploi  de  moyens  réellement  pratiques  destinés  à 
assurer  l'empoissonnement  des  cours  d'eau — Dans  mes  explorations  sur 
les  rives  de  la  Seine,  j'ai  reconnu  que  la  gare  de  Choisy  pouvait  être  utilisée 
pour  des  travaux  de  pisciculture  pratique.  Cette  gare,  qui  est  creusée  pa- 
rallèlement au  cours  de  la  Seine,  forme,  sur  la  rive  droite  de  ce  fleuve,  un 
grand  rectangle  de  4°°  mètres  de  longeur  sur  60  mètres  de  largeur;  elle 
communique  directement  avec  la  Seine  par  un  petit  canal  complètement 
libre,  sans  écluse  et  sans  barrage. 

»  Pendant  ces  trois  dernières  années,  a  partir  du  mois  d'avril  i852,  j'ai 
installé  mes  appareils  dans  la  gare  et  j'y  ai  organisé  des  frayères  artificielles, 
placées  sous  la  surveillance  des  employés  de  la  gare.  Mes  frayères  artifi- 
cielles couvertes  chaque  année  de  plusieurs  millions  d'œufs,  et  mes  appareils 
flottants  chargés  chaque  année  de  plusieurs  milliers  d'œufs  des  meilleures 
espèces,  ont  produit  des  quantités  considérables  de  jeunes  poissons  qui 
peuplent  aujourd'hui  la  gare,  et  qui,  au  fur  et  à  mesure  de  leur  dévelop- 
pement, se  répandent  dans  les  cantons  limitrophes  sur  tout  le  cours  de  la 
Seine.  Ces  résultats,  surtout  cette  qui  se  rapportent  aux  années  1 853  et  i854, 
pendant  lesquelles  la  reproduction  naturelle  du  poisson  a  été  nulle  ou 
presque  nulle  dans  la  contrée,  en  raison  des  influences  atmosphériques  et 
du  régime  des  eaux,  ont  produit  une  heureuse  impression  sur  les  riverains, 
pour  la  propagation  et  la  conservation  du  poisson,  et  sur  les  nombreux 
visiteurs  qui  ont  suivi  mes  expériences,  et  qiii  n'ont  pas  tardé  à  en  appli- 
quer les  principes  sur  divers  points  de  la  France  et  de  l'étranger. 

»  Pour  ne  laisser  subsister  aucun  doute,  aucune  incertitude  dans  l'esprit 
des  riverains,  même  les  plus  incrédules,  j'ai  eu  l'idée  de  faire  éclore,  dans 
la  gare,  des  œufs  de  poisson  rouge  ou  Cyprin  doré  de  la  Chine.  Dès  le 
printemps  de  i855,  cette  jolie  espèce  était  abondamment  répandue  dans  la 
gare  et  dans  la  Seine,  à  plusieurs  kilomètres  de  distance.  Antérieurement  à 
cette  importation,  l'inspecteur  de  la  navigation  et  les  riverains  qui  habitent 


(  2I°  ) 

le  pays  depuis  plus  de  trente  ans,  n'avaient  pas  vu  ou  péché  un  seul  poisson 
rouge. 

»  L'importance  des  résultats  obtenus  fixera,  j'ose  l'espérer,  la  bienveil- 
lante attention  de  l'Académie,  et  pourra  peut-être  donner  une  nouvelle 
preuve  à  l'appui  de  l'opinion  que  j'ai  émise,  à  savoir  que  la  pisciculture 
pratique  était  facile  et  peu  coûteuse  sur  les  cours  d'eau,  et  que  leur  empois- 
sonnement pouvait  être  opéré  sans  avoir  recours  à  des  établissements  spé- 
ciaux. » 

M.  S.  Cadet  adresse,  de  Rome,  un  nouveau  manuscrit  contenant  ; 

i°.  Des  rectifications  relatives  a  ses  communications  précédentes. 

a°.  Des  considérations  sur  les  causes  de  certaines  monstruosités  et  de 
certains  cas  de  grossesse  extra-utérine  et  de  quelques  cas  de  stérilité. 

3°.  Des  observations  sur  les  bons  effets  obtenus  de  l'éthiops  minéral 
dans  le  traitement  du  choléra-morbm  et  de  quelques  autres  maladies.  Dans 
cet  envoi  sont  comprises  six  planches  relatives,  les  unes  à  son  Mémoire  sur 
les  déjections  des  cholériques,  les  autres  à  sa  Note  sur  une  nouvelle  distri- 
bution des  corps  naturels. 

v  Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  nommés  pour  les  précédentes  com- 
munications de  l'auteur.) 

M.  Elwart  transmet  des  documents  à  l'appui  des  précédentes  commu- 
nications de  M.  Tironi  sur  le  traitement  du  choléra- morbus. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  constituée  en  Commission 
spéciale  du  concours  pour  le  prix  du  legs  Rréant.  ) 

M.  Leveap  adresse  une  Lettre  relative  à  sa  précédente  communication  sur  • 
le  traitement  du  choléra-morbus. 

(Renvoi  à  la  même  Commission.) 

M.  Beavpoi'l  envoie  de  Bruxelles,  pour  le  concours  Montyon  (prix  de 
Médecine  et  de  Chirurgie),  un  Mémoire  imprimé  portant  pour  titre:  «  De 
l'entéropathie  métallique  »,  et  y  joint,  conformément  à  une  condition 
imposée  aux  concurrents,  une  Note  manuscrite  indiquant  ce  qu'il  considère 
comme  neuf  dans  son  travail. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.  ) 


(  an  ) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  donne  lecture  d'une  Lettre  de  M.  le  Minis- 
tre de  l'Instruction  publique  qui,  en  date  du  22  janvier,  autorisait  l'Aca- 
démie à  prendre,  sur  les  fonds  restés  disponibles,  une  somme  destinée  à 
augmenter  trois  des  prix  qui  devaient  être  décernés  dans  la  séance  du  28. 

M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics 

adresse,  pour  la  bibliothèque  de  l'Institut,  un  exemplaire  du  Catalogue  des 
Brevets  d'invention  pris  en  1 854- 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  de  M.  Rayer,  président  de 
la  Société  de  Zoologie,  un  exemplaire  du  tome  Ier  de  la  seconde  série  des 
Comptes  rendus  et  Mémoires  de  cette  Société. 

M.  C.  Gay  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  dans  le  nom- 
bre des  candidats  pour  la  place  aujourd'hui  vacante  dans  la  Section  de 
Botanique. 

«  Par  la  mort  de  M.  Gaudichaud,  la  Section,  dit  M.  Gay,  se  trouve  privée 
d'un  botaniste  voyageur,  genre  de  mérite  qui  a  été  en  quelque  sorte  tou- 
jours représenté  depuis  la  nouvelle  organisation  de  l'Institut,  d'abord  par 
Desfontaines  et  Labillardière,  et  ensuite  par  Auguste  Saint-Hilaire  et  Gau- 
dichaud. Si,  comme  je  le  pense,  les  intentions  de  l'Académie  sont  de  con- 
server dans  cette  Section  un-  voyageur  toujours  à  même,  par  sa  grande 
expérience,  de  prendre  une  part  très-active  à  la  plupart  des  questions  scien- 
tifiques extra-européennes  que  la  fréquence  des  voyages  fait  à  tout  moment 
naître  et  auxquelles  l'Académie  s'intéresse  si  vivement,  je  vous  prie, 
Monsieur  le  Président,  de  vouloir  bien  me  faire  inscrire  au  nombre  des 
candidats  pour  la  place  aujourd'hui  vacante.  » 

(La  Lettre,  avec  l'Exposé  des  titres  qui  y  est  joint,  est  renvoyée  à  l'examen 

de  la  Section  de  Botanique.  ) 

M.  Ehrmann,  professeur  d'anatomie  pathologique  à  la  faculté  de  Stras- 
bourg, prie  l'Académie  de  vouloir  le  considérer  comme  candidat  pour  la 
place  de  Correspondant  vacante  dans  la  Section  de  Médecine.  • 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine.) 
M.  Vicat,  dont  les  recherches  statistiques  sur  les  substances  calcaires  à 


(     212    ) 

chaux  hydraulique  et  à  ciment  naturel  ont  obtenu  un  des  prix  décernés 
dans  la  séance  publique  du  28  janvier  dernier,  adresse  des  remercîments 
à  l'Académie. 

La  Société  royale  des  Sciences  d'Upsal  adresse  à  l'Académie  le  Ier  vo- 
lume d'une  troisième  série  de  ses  Acta. 

La  Société  impériale  des  Naturalistes  de  Moscou  envoie  deux  nouveaux 
numéros  de  son  Bulletin. 

L'Académie  royale  des  Sciences  de  Madrid  envoie  deux  nouvelles  livrai- 
sons de  ses  Mémoires  (Sciences  naturelles,  t.  Ier,  partie  III;  Sciences  ma- 
thématiques, t.  II,  Ire  partie);  20  un  Résumé  des  Actes  de  l'Académie  poul- 
ies années  i85i-i852  et  i852-i853;  3"  un  programme  des  prix  proposés 
pour  l'année  i856. 

La  Société  Linnéenne  de  Londres  envoie  une  nouvelle  série  des  procès- 
verbaux  de  ses  séances  et  remercie  l'Académie  pour  l'envoi  d'une  nouvelle 
série  des  Comptes  rendus. 

«  M.  Moquin-Tandon  présente  à  l'Académie,  de  la  part  de  M.  A.  Bec- 
querel, médecin  de.  l'hôpital  de  la  Pitié,  agrégé  à  la  Faculté,  de  médecine  de 
Paris,  une  Note  manuscrite,  intitulée  :  Du  Développement  de  la  Fièvre 
typhoïde  chez  les  animaux.  M.  Moquin-Tandon  résume,  dans  les  termes 
suivants,  le  travail  de  M.  Becquerel. 

»  Dans  une  vaste  propriété,  aux  environs  de  Paris,  appelée  le  Louvrel, 
appartenant  à  M.  Mainguet,  se  trouve  un  château  entouré  d'un  parc.  Ce 
parc,  placé  à  peu  près  en  amphithéâtre  sur  les  bords  de  la  Seine,  renfermait 
une  centaine  de  lièvres  qu'on  ne  chassait  pas.  Depuis  quatre  ans ,  on 
voyait,  de  temps  en  temps,  certains  de  ces  animaux,  fatigués,  qui  ne 
fuyaient  pas  l'approche  de  l'homme,  et  qui  venaient  mourir  dans  les  allées. 
Ils  ne  présentaient  aucune  blessure  grave,  mais  ils  étaient  amaigris,  efflan- 
qués et  avaient  le  ventre  volumineux  et  ballonné.  Cet  automne,  la  mor- 
talité augmenta  considérablement.  On  consulta  M.  A.  Becquerel,  et  on  lui 
envoya  trois  sujets.  M.  Becquerel  examina  ces  lièvres  avec  soin.  Il  en  donne, 
aujourd'hui,  dans  sa  Note,  l'autopsie  et  l'anatomie  pathologique.  Il  fait 
remarquer  que  ces  animaux  présentent  les  lésions  les  mieux  caractérisées 
de  i&jîèvre  typhoïde.  Il  est  mort  de  cette  maladie,  dans  le  parc  dont  il  s'agit, 
depuis  quatre  ans,  de  soixante-dix  à  quatre-vingts  lièvres.  » 


(*i3) 

physique  mathématique  —  Note  sur  la  chaleur  latente  des  vapeurs;  par 
M.  Li  <;i(\\i),  professeur  d'Astronomie  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Mont- 
pellier. 

«  Nous  calculons  mal  la  chaleur  latente  des  vapeurs,  parce  que  nous  ne 
prenons  pas  en  considération  leur  chaleur  spécifique;  c'est  ce  qui  nous 
empêche  d'apercevoir  la  loi  très-simple  qui  paraît  la  régir.  En  effet,  nous 
concevons,  souvent  sans  le  dire,  que  la  vapeur  se  condense  à  la  température 
où  elle  entre  dans  le  serpentin,  et  nous  établissons  la  formule  comme  si  dès 
ce  moment  elle  possédait  la  même  quantité  de  chaleur  qu'un  poids  égal  de 
liquide  à  la  même  température.  Mais  il  faut  faire  attention  qu'au  moment 
où  elle  change  d'état,  elle  change  brusquement  de  chaleur  spécifique  et  en 
prend  une  plus  forte.  En  opérant  comme  si  c'était  du  liquide  à  même  tem- 
pérature, on  lui  attribue  plus  de  chaleur  libre  qu'elle  n'en  avait  à  l'état  de 
vapeur,  et  l'on  prend  ce  surplus  à  la  chaleur  latente  qu'on  trouve  par  suite 
trop  faible. 

»  Voici  comment  il  me  semble  qu'il  faut  procéder.  Soient  t,  m,  c,  la 
température,  le  poids  et  la  chaleur  spécifique  de  la  vapeur  saturée  ;  t',  m',  c', 
la  température  initiale,  le  poids  et  la  chaleur  spécifique  du  liquide  employé 
à  la  condensation  (le  serpentin  compris);  enfin  t"  la  température  finale  de 
ce  liquide  quand  la  condensation  est  opérée,  et  x  la  chaleur  latente  de 
l'unité  de  poids  de  vapeur.  Le  liquide,  après  la  condensation,  a  la  masse 
m  -+-  m'  ;  et  sa  quantité  de  chaleur  au-dessus  de  zéro  est  {m  -+-  m')  c'  t".  Elle 
se  compose  de  ce  qu'elle  était  d'abord  m'c't',  plus  de  la  chaleur  libre  met 
de  la  vapeur  au-dessus  du  même  point,  plus  de  la  chaleur  latente  mx  ;  on 
a  donc  : 

met  +  mx  -+-  m' c' t'  =  {m  +  m')c' t", 
d'où  l'on  tire 

x  =  —  {r-t')-ct+-c't" 

pour  la  chaleur  latente  de  l'unité  de  poids,  et 

m' c' 

x-het     ou     X  =  —  (?  —  t')  +  c't" 

m     »  ' 

pour  la  chaleur  totale.  Par  le  raisonnement  ordinaire  on  aurait 

m' c' 

J=  —  (t"-t')-Ct  +  c't" 

C.  R.,  i856,  i"  Semestre.  (T.  XLII,  N°  3.)  29 


(    214     ) 

pour  la  chaleur  latente,  et 

r-hCt     ou     Y=  —  à"-  ?)  +  &'? 

pour  la  chaleur  totale.  Les  formules  coïncident  pour  la  chaleur  totale,  et 
diffèrent  pour  la  chaleur  latente  ;  mais  c'est  justement  celle-ci  qui  paraît 
suivre  une  loi  très-simple.  On  voit  bien  sans  doute  que  je  suppose  le  liquide 
condensant  de  même  nature  que  celui  d'où  émane  la  vapeur.  On  voit  égale- 
ment que  je  compte  le  calorique  de  température  de  la  vapeur  à  partir  de 
zéro  ;  il  n'est  pas  difficile  de  modifier  les  formules  de  manière  à  le  compter 
de  telle  autre  température  qu'on  voudra.;  mais  le  point  de  départ  que 
j'adopte  paraît  mériter  la  préférence,  du  moins  pour  la  vapeur  d'eau  que 
j'ai  surtout  en  vue. 

»  Pour  appliquer  la  formule  de  la  chaleur  latente  à  la  vapeur  d'eau,  je 
ne  puis  mieux  faire  que  d'emprunter  les  résultats  que  nous  devons  à  M.  Re- 
gnault,  ou  plutôt  la  formule  qui  les  représente.  En  appelant  t  la  tempéra- 
ture de  la  vapeur  et  l  la  chaleur  totale  pour  l'unité  de  poids,  il  a  trouvé  que 
de  o  degré  à  a3o  degrés  les  expériences  s'accordent  de  la  manière  la  plus 
satisfaisante  avec  la  formule 

/  =  6o6,5  -+-  o,3o5  .t,     ou     1  =  o,3o5(i988,5  -+■  t). 

»  Pour  déduire  de  là  la  chaleur  latente,  il  faut  de  /  retrancher  et.  Or  c  ne 
peut  être  ici  ni  la  chaleur  spécifique  sous  pression  constante,  ni  la  chaleur 
spécifique  sous  volume  constant;  car  elles  ne  peuvent  être  prises  sans  faire 
passer  la  vapeur  ou  à  l'état  de  gaz  ou  en  partie  à  l'état  liquide.  Pour  les  va- 
peurs saturant  l'espace,  qui  ne  sont  ni  gaz  ni  liquide,  il  n'y  a  d'autre  chaleur 
spécifique  que  celle  signalée  et  définie  par  M.  Regnault  [Recherches ,  etc., 
tome  I,  page  727);  c'est  la  quantité  de  chaleur  qu'il  faut  fournir  à  1  kilo- 
gramme de  vapeur  saturée  pour  élever  sa  température  de  1  degré,  lorsque 
l'on  comprime  en  même  temps  cette  vapeur  de  manière  à  la  maintenir  à 

l'état  de  saturation;  en  d'autres  termes,  c'est  -?  ou  o,3o5.  Or,  si  de  /  on 
retrauche  o,3o5.£,  il  reste  606, 5  ;  c'est-à-dire  que  la  chaleur  latente,  cal- 
culée comme  je  l'ai  expliqué,  est  constante.  Quant  aux  termes,  c'est  la  loi  de 
Southern;  mais  au  fond,  c'est  assez  différent.  Entendue  comme  je  le  fais  ici, 
elle  me  parait  devoir  être  admise  comme  une  déduction  ou  interprétation 
très-légitime  des  expériences  de  M.  Regnault.  11  restera  à  voir,  si  elle  peut 
s'appliquer  à  d'autres  liquides. 

»  Mais  il  importe  de  remarquer  que  le  chiffre  de  la  chaleur  latente  dé- 
pend entièrement  du  point  d'où  l'on  compte  la  chaleur  de  température  et. 


(  «5  ) 
C'est  6o6,5  quand  on  la  compte  du  zéro  habituel;  c'est  637,  si  on  la  compte 
de  too  degrés;  c'est  o,  si  on  la  compte  de  —  io,88°,5,  comme  on  le  voit  tout 
de  suite  par  la  seconde  expression  de  /.  Dans  ce  dernier  cas,  le  point  de 
départ  est  comme  un  zéro  absolu  po,ur  la  vapeur.  Il  n'y  a  plus  de  chaleur 
latente,  mais  seulement  de  la  chaleur  de  température.  L'expression  de  cha- 
leur latente  n'a  été  introduite  que  par  la  comparaison  de  la  vapeur  au 
liquide  d'où  elle  émane.  Pour  qu'elle  eût  un  sens  net  ou  précis,  il  faudrait 
qu'il  y  eût  une  limite  connue  de  température  au-dessous  de  laquelle  la  va- 
peur ne  se  forme  plus.  On  prendrait  naturellement  cette  limite  pour  origine 
des  températures  de  la  vapeur  ;  et,  quand  celle-ci  naîtrait  à  une  température 
quelconque,  on  ferait  mentalement  deux  parts  de  la  chaleur  qu'elle  prend 
au  liquide.  L'une  serait  celle  qu'il  lui  faudrait  pour  exister  à  l'état  de  vapeur 
saturant  l'espace  à  la  température  limite,  et  l'autre  celle  qui  lui  donne  la 
température  du  liquide  ;  la  première  serait  la  chaleur  latente,  et  la  deuxième 
la  chaleur  de  température  entendue  comme  ci-dessus.  En  l'absence  d'une 
telle  limite,  l'expression  de  chaleur  latente  conserve  un  vague  qu'on  ne 
peut  faire  disparaître  qu'en  en  adoptant  une  arbitrairement;  celle  de  zéro 
paraît  très-convenable,  surtout  pour  la  vapeur  d'eau.  » 

physique.    —    Note  sur   l'emploi   ries  appareils  d  induction }    effets    des' 
machines  multiples  ;  par  M.  Léon  Foucault. 

«  Les  machines  d'induction,  telles  que  les  construit  aujourd'hui  l'habile 
artiste  M.  Ruhmkorff,  passent  parmi  les  hommes  de  science  pour  avoir 
atteint  le  plus  haut  degré  de  puissance  qu'elles  comportent  ;  lorsqu'on  veut 
leur  donner  des  dimensions  plus  considérables,  l'effet  ne  croît  pas  propor- 
tionnellement, et  les  organes  d'interruption  du  courant  inducteur  se  dé- 
truisent avec  une  rapidité  qui  oblige  à  revenir  au  modèle  consacré  par 
l'usage.  Cependant  ces  sortes  d'appareils  remplaceraient  sans  doute  avec 
avantage  l'ancienne  machine  électrique,  si  l'on  parvenait  à  leur  faire  pro- 
duire des  effets  plus  puissants. 

»  Les  étincelles  qu'on  obtient  actuellement  des  machines  inductives, 
ne  s'élancent  guère  au  delà  de  8  à  10  millimètres,  et  déjà  pourtant 
elles  accusent  dans  le  courant  d'induction  une  forte  tension,  dont  le 
développement  dépend  de  l'intensité  du  courant  inducteur  et  de  la  lon- 
gueur du  fil  induit;  mais  ce  qui  favorise  surtout  cette  haute  tension,  c'est 
la  cessation  plus  ou.  moins  brusque  du  courant  inducteur.  Or  il  n'y  a  pas 
de   moyen   connu  d'interrompre  instantanément  un  courant  qui   circule 


•). 


9- 


(  ai6) 
avec  intensité  dans  un  long  conducteur  métallique.  La  séparation,  quelque 
rapide  qu'elle  soit,  des  pièces  contigués  destinées  aux  contacts,  n'a  jamais 
lieu  sans  production  d'une  étincelle  plus  ou  moins  visible,  qui  montre 
que  tout  courant  qu'on  voudrait  arrêter  court  est  effectivement  prolongé 
pendant  quelques  instants  par  un  extra-courant  dirigé  dans  le  même  sens. 
Ces  étincelles  d'extra-courant  sont  plus  vives,  plus  durables  et  plus  nuisibles 
à  mesure  que  le  courant  interrompu  parcourt  un  plus  long  circuit,  et  comme 
celui-ci  se  développe  nécessairement  avec  les  dimensions  de  l'appareil,  il 
arrive  qu'en  cherchant  à  les  accroître  on  finit  par  perdre  d'un  côté  ce  que 
l'on  gagne  de  l'autre. 

»  Tel  est  en  réalité  l'obstacle  qui,  malgré  l'adjonction  du  condensateur 
de  M.  Fizeau,  est  venu  s'opposer  à  ce  qu'on  donnât  une  plus  grande  ex- 
tension au  phénomène  révélé  par  l'admirable  découverte  dé  M.  Faraday. 

«  Cependant,  en  assimilant  les  appareils  d'induction  aux  autres  sources 
connues  d'électricité  dynamique,  qui  toutes  sont  susceptibles  d'être  réunies 
en  série  et  de  donner  des  effets  de  tension  proportionnels  au  nombre  des 
éléments  électromoteurs,  j'arrivai  à  conclure  qu'il  en  serait  de  même  entre 
plusieurs  machines  inductives,  pourvu  qu'elles  fussent  assujetties  à  fonc- 
tionner d'une  manière  concordante. 

»  Si,  en  effet,  cette  condition  était  réalisée,  chaque  machine  ayant  ses 
organes  propres,  tous  les  courants  inducteurs  se  distribueraient  isolément, 
et  les  étincelles  d'extra-courant,  éclatant  par  hypothèse  au  même  instant, 
auraient  toutes  ensemble  même  durée  que  si  chaque  machine  fonctionnait 
seule;  l'influence  inductive  s'exercerait  donc  simultanément  dans  tous 
les  appareils  sans  qu'il  y  eût  réaction  croissante  et  nuisible  provenant  de 
l'ensemble  des  extra-courants. 

»  Toute  la  difficulté  se  trouve  ainsi  ramenée  à  établir  entre  plusieurs 
machines  une  solidarité  qui  maintienne  entre  les  phases  des  courants  in- 
ducteurs une  concordance  parfaite.  Quand  on  opère  avec  deux  machines, 
ce  résultat  s'obtient  d'une  manière  assez  simple  en  alimentant  les  deux 
courants  inducteurs  par  une  même  pile,  et  en  faisant  communiquer 
métalliquement  les  interrupteurs  électromagnétiques. 

»  Pour  fixer  les  idées,  je  suppose  que  le  courant  fourni  par  le  pôle  positif 
de  la  pile  pénètre  en  se  bifurquant  dans  les  bobines  inductrices  ;  au  sortir 
de  celles-ci,  les  deux  rameaux  rencontrent  les  interrupteurs,  traversent  les 
points  de  rupture  et  se  réunissent  au  delà  pour  rentrer  dans  la  pile  par  le 
pôle  négatif.  Dans  ces  circonstances,  les  deux  machines  marchent  à  la 
fois,  mais  d'une  manière  indépendante  et  sans  augmentation  notable  du 


(  2I7  ) 
résultat  final.  Si  alors  on  établit  une  communication  entre  les  deux 
courants  partiels  par  un  fil  métallique  inséré  de  part  et  d'autre  en  quel- 
que point  du  fil  inducteur  situé  entre  la  bobine  et  la  pièce  vibrante, 
l'accord  s'établit  et  le  système  fonctionne  avec  la  puissance  d'une  machine 
double. 

»  Cet  accord  résulte  évidemment  de  ce  que  celui  des  deux  marteaux  in- 
terrupteurs qui,  par  une  cause  quelconque,  tendrait  à  prendre  l'avance, 
détermine  par  son  jeu  les  mêmes  périodes  d'aimantation  dans  les  deux  ma- 
chines, et  que,  par  suite,  il  oblige  l'autre  marteau  à  le  suivre  d'assez  près 
pour  que  leurs  mouvements  simulent  un  synchronisme  parfait,  et  qu'il  y 
ait  partage  de  l'étincelle  entre  les  deux  points  de  rupture. 

»  On  reconnaît  qu'effectivement  les  tensions  ont  gagné,  caries  étincelles 
du  courant  induit  sont  bruyantes,  sinueuses  et  longues  de  16  à  18  milli- 
mètres. 

»  Si  l'on  voulait  étendre  à  plusieurs  appareils  l'expérience  qui  m'a  réussi 
pour  deux,  il  y  aurait  encore  à  compter  avec  certaines  difficultés.  D'abord 
Je  synchronisme  ne  pourrait  pas  s'établir  d'une  manière  aussi  simple,  et  de 
plus  l'isolement  des  deux  bobines  formées  par  l'enroulement  du  fil  induc- 
teur et  du  fil  induit  deviendrait  insuffisant.  Déjà,  en  opérant  avec  deux  ma- 
chines, il  est  nécessaire  pour  éviter  les  pertes  d'établir  les  communications 
de  telle  sorte,  que  les  tensions  positives  et  négatives  s'accumulent  aux  extré- 
mités externes  et  libres  des  deux  fils  induits,  tandis  que  les  extrémités 
internes  réunies  persistent  à  l'état  naturel. 

»  Si  l'habile  constructeur,  de  qui  l'on  tient  le  bel  appareil  généralement 
désigné  sous  son  nom,  croit  pouvoir  réaliser  un  isolement  plus  parfait,  on 
arrivera  sans  doute  à  reculer  de  plus  en  plus  la  limite  qui  paraissait  s'oppo- 
ser à  l'extension  progressive  des  phénomènes  d'induction.   » 

chimie  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  une  nouvelle  classe  d alcools; 
par  MM.  Auguste  Cahoirs  et  A.-W.  HorMANN. 

«  En  soumettant  à  la  distillation  sèche  la  glycérine,  soit  seule,  soit  addi- 
tionnée de  bisulfate  de  potasse  on  d'acide  phosphorique  anhydre,  M.  Red- 
tenbacker  obtint  un  produit  remarquable,  auquel  il  donna  le  nom  d'acro- 
léine.  Celui-ci  présente  tous  les  caractères  d'une  aldéhyde  et,  de  même 
que  l'aldéhyde  vinique,  se  change,  sous  l'influence  des  corps  oxydants,  en 
un  acide  auquel  il  donna  le  nom  d'acide  acrylique. 

»  Les  recherches  de  MM.  Will  et  Wertheim  sur  les  essences  d'ail  et  de 
moutarde  conduisirent  à  rapprocher  ces  composés  de  l'acroléine,  analogies 


(  »i8) 
qui  furent  mises  en  évidence  par  les  travaux  récents  de  MM.  Berthelot 
et  de  Luca,  relatifs  au  propylène  iodé,  corps  analogue  aux  propylènes  chloré 
et  brome  obtenus  antérieurement  par  MM.  Cahours,  Reynolds  et  Hof- 
mann,et  surla  transformation  ultérieure  de  ce  produit  en  essence  de  mou- 
tarde par  son  action  sur  le  sulfocyanure  de  potassium. 

»  Il  restait  donc  à  trouver  la  clef  de  voûte  de  cet  édifice,  c'est-à-dire  l'al- 
cool auquel  on  pût  non-seulement  rattacher  tous  les  composés  précédents, 
mais  encore  faire  naître  une  série  de  produits  correspondant,  soit  aux  éthers 
simples,  soit  aux  éthers  composés  dérivés  de  l'alcool  ordinaire.  Après  bien 
des  tentatives  demeurées  longtemps  infructueuses,  nous  sommes  parvenus 
à  produire  l'alcool  et  l'éther  de  cette  série,  pour  laquelle  nous  adopterons 
le  nom  de  série  acrylique,  de  même  qu'un  certain  nombre  d'éthers  com- 
posés. Pour  arriver  à  ce  résultat,  nous  avons  fait  réagir  le  propylène  iodé 
sur  divers  sels  d'argent.  C'est  ainsi  que  dans  l'action  réciproque  de  l'oxa- 
late  d'argent  et  du  propylène  iodé  on  obtient  de  l'iodure  d'argent  et  de 
l'oxalate  acrylique.  Ce  dernier,  séparé  de  l'iodure  d'argent,  lavé  à  1  eau, 
séché  sur  du  chlorure  de  calcium,  puis  distillé,  se  présente  sous  la  forme 
d'un  liquide  incolore,  limpide,  plus  pesant  que  l'eau,  doué  d'une  odeur 
aromatique  qui  rappelle  celle  de  l'éther  oxalique,  bouillant  à  207  degrés, 
auquel  l'analyse  assigne  une  composition  qui  s'accorde  avec  la  formule 

C8H50«  =  C203,C8H50 

Traité  par  un  excès  d'ammoniaque  sèche,  ce  composé  se  transforme  en 
bxamide,  en  régénérant  l'alcool  acrylique.  Ce  dernier  est  un  liquide  inco- 
lore, très-mobile,  doué  d'une  odeur  piquante  qui  rappelle  celle  de  la  mou- 
tarde, bouillant  à  io3  degrés,  auquel  l'analyse  assigne  la  formule 

C*  H"  Oa  =  4  vol.  vapeur. 

»  L'alcool  acrylique  brûle  avec  une  flamme  beaucoup  plus  lumineuse  que 
l'alcool  ordinaire.  Il  se  mêle  en  toutes  proportions  avec  l'eau.  Traité  par 
le  potassium,  il  dégage  de  l'hydrogène  et  se  transforme  en  une  matière 
gélatineuse  qui  correspond  à  l'alcool  potassé.  Cette  dernière  est  vivement 
attaquée  par  l'iodure  acrylique  (propylène  iodé),  il  se  dépose  de  l'iodure  de 
potassium  en  abondance,  en  même  temps  qu'il  se  forme  un  liquide  incolore, 
plus  léger  que  l'eau,  entièrement  insoluble  dans  ce  véhicule,  qui  correspond 
à  l'éther  ordinaire.  La  réaction  s'explique  facilement  au  moyen  de  l'équa- 
tion C6H5R02  ±  C8H5I  =  Kl  -+  C,aH,0O2. 

»  En  traitant  l'alcool  potassé  par  l'iodure  acrylique,  ou  bien  l'alcool  acry- 


(   »»9  ) 
lique  potassé  par  l'iodure  d'éthyle,  il  se  forme  de  l'iodure  de  potassium,  et 
l'on  obtient  un  liquide  limpide,  incolore,  aromatique,  qui  n'est  autre  chose 
qu'un  éther  mixte  renfermant  les  radicaux  éthyle  et  acryle. 

»  Le  phénol  potassé  donne  des  résultats  analogues  par  son  action  sur 
l'iodure  acrylique. 

«  En  distillant  l'alcool  acrylique  avec  le  chlorure,  le  bromure  ou  l'io- 
dure de  phosphore,  on  reproduit  avec  la  plus  grande  facilité  les  éthers 
chlorhydrique,  bromhydrique  et  iodhydrique  de  cette  série. 

»  L'alcool  acrylique  se  dissout  sans  coloration  dans  l'acide  sulfurique 
au  maximum  de  concentration,  et  donne  un  acide  copule  formant  avec  la 
baryte  un  sel  soluble  et  cristal lisable.  Ce  sel  est  anhydre;  l'analyse  lui 
assigne  la  formule  BaO,  SO',CsH50,  SO3. 

«  L'acide  phosphorique  anhydre  attaque  l'alcool  acrylique  sous  l'in- 
fluence d'une  douce  chaleur.  Il  se  dégage  un  gaz  incolore,  brûlant  avec  une 
flamme  très-lumineuse,  dont  nous  n'avons  pas  fait  l'analyse.  Selon  toute 
apparence,  sa  composition  doit  être  exprimée  par  la  formule  C6  H4. 

»  L'alcool  acrylique  est  promptement  attaqué  par  les  agents  oxydants. 
Un  mélange  d'acide  sulfurique  et  de  bichromate  de  potasse  agit  sur  ce 
corps  avec  une  violence  extrême.  Les  produits  de  cette  réaction  sont  de 
l'acroléine  et  de  l'acide  acrylique.  Le  noir  de  platine  produit  la  même  trans- 
formation. Enfin,  ce  même  alcool,  traité  par  la  potasse  et  le  sulfure  de 
carbone,  donne  un  composé  qui  cristallise  en  belles  aiguilles  jaunes  res- 
semblant au  xanthate  de  potasse,  et  auquel  l'analyse  assigne  une  formule 
analogue. 

»  A  l'aide  de  l'alcool  lui-même,  de  l'acide  vinique  ou  de  l'iodure  acry- 
lique, tous  les  termes  de  cette  série  se  produisent  avec  la  plus  grande  faci- 
lité. Voici  quelques  éthers  acryliques  obtenus  de  cette  manière. 

»  11  acryle-oxame'thane  ou  Xoxamate  d'acryle  se  forme  en  ajoutant  de 
l'ammoniaque  par  petites  portions  à  l'oxalate  acrylique  jusqu'à  ce  qu'il 
commence  à  se  former  de  Poxamide.  La  solution  filtrée  donne  par  l'éva- 
poration  de  magnifiques  cristaux  solubles  dans  l'alcool. 

»  Le  carbonate  d'acryle  est  une  huile  plus  légère  que  l'eau,  qui  se  pro- 
duit facilement  par  l'action  du  sodium  sur  l'oxalate.  Une  solution  alcoo- 
lique de  ce  composé  traitée  par  la  baryte  donne  du  carbonate  de  cette  base 
en  régénérant  l'alcool. 

»  Le  benzoate  d'aciyle  se  produit  facilement  par  l'action  du  chlorure  de 
benzoïle  sur  l'alcool  acrylique.  C'est  un  liquide  plus  pesant  que  l'eau,, 
bouillant  à  220  degrés,  doué  d'une  odeur  aromatique  analogue  à  celle  de 


(    2  20    ) 

l'éther  benzoïque.  L'analyse  assigne  à  ce  composé  la  formule 
C20  H'°  O4  =  C24  H5  O3,  C6  H5  O. 

»  Le  même  corps  se  produit  facilement  par  l'action  réciproque  de  l'io- 
dure  acrylique  et  du  benzoate  d'argent. 

»  L acétate  d'acryle  obtenu  par  l'action  de  l'iodure  acrylique  sur  l'acé- 
tate d'argent  est  un  liquide  incolore,  très-limpide,  plus  léger  que  l'eau,  et 
doué  d'une  odeur  aromatique  analogue  à  celle  de  l'éther  acétique.  L'ana- 
lyse conduit  pour  cette  substance  à  la  formule 

C,0H804  =  C4H303,C8H50. 

»  Le  cyanate  d'argent  est  vivement  attaqué,  même  à  froid,  par  l'iodure 
acrylique;  la  chaleur  produite  par  la  réaction  est  assez  intense  pour  que  le 
composé  qui  en  résulte  distille  presque  en  entier.  On  obtient  ainsi  un 
liquide  incolore,  très-limpide,  bouillant  à  82  degrés,  doué  d'une  odeur 
extrêmement  pénétrante,  analogue  à  celle  de  l'éther  cyanique,  et  qui  pro- 
duit le  larmoiement  à  un  haut  degré.  L'analyse  assigne  à  ce  produit  la  for- 
mule C8H5  AzO2  =  C2AzO,  C6H50.  C'est  le  cyanate  acrylique.  Ce  com- 
posé s'échauffe  légèrement  lorsqu'on  le  mêle  à  l'ammoniaque,  disparaît 
promptement,  et  la  liqueur  fournit  par  l'évaporation  une  magnifique 
substance  cristallisée,  qui  n'est  autre  chose  que  l'urée  acrylique.  L'analyse 
assigne,  en  effet,  à  ce  composé  la  formule 

C*  H»  Az2  O2  =  C2  (H3,  C8  H5)  Az2  O2, 

qui  ne  diffère  de  la  thiosinnamine 

C8H8Az2S2  =  C2(H8,C*H5)Az2S2. 

qu'eu  ce  que  le  soufre  s'y  trouve  remplacé  par  une  quantité  équivalente 
d'oxygène. 

»  L'aniline  produit  avec  le  cyanate  acrylique  une  substance  analogue  qui 
cristallise  avec  la  plus  grande  facilité. 

»  Chauffé  avec  de  l'eau,  le  cyanate  acrylique  finit  par  se  solidifier  entiè- 
rement. Le  produit  obtenu  de  cette  manière  présente  toutes  les  propriétés 
et  la  composition  de  la  sinapoline,  c'est-à-dire  de  la  diacryl-urée.  En  effet, 
l'analyse  que  nous  avons  faite  de  cette  substance  conduit  à  la  formule 

C14  H12  Az2  O2  =  C2  [H2,  (C8  H5)2]  Az2  O2. 
Sa  formation  s'explique  au  moyen  de  l'équation 

2  (C8 H5  AzO2)  -h  2HO  =  C,4H,2Az202  +  2CO2. 

Cyanate  acrylique.  Sinapoline. 


(  aai   ) 

»  Le  cyanate  acrylique  se  décompose  par  Tébullition  avec  une  lessive 
concentrée  de  potasse  ;  il  se  forme  bientôt  une  matière  concrète  qui  nage  à 
•  la  surface  et  qui  n'est  autre  chose  que  cette  même  sinapoline.  Le  produit 
distillé,  recueilli  dans  un  récipient  refroidi,  consiste  en  un  mélange  de  mé- 
thylamine,  de  propylamine  et  d'acrylamine.  Cette  dernière  distille  entre  180 
et  190  degrés;  elle  ne  paraît  pas  susceptible  de  former,  avec  le  bichlorure 
de  platine,  un  sel  bien  nettement  cristallisé. 

»  Il  résulte  des  expériences  que  nous  venons  de  rapporter  qu'il  existe  une 
nouvelle  classe  d'alcools,  dont  l'alcool  acrylique  formerait  le  troisième 
terme.  De  même  que  l'alcool  ordinaire,  l'alcool  acrylique  fournit  une  série 
de  dérivés  qu'on  peut  formuler  d  une  manière  analogue. 

»  Les  différents  termes  connus  de  cette  nouvelle  série  peuvent,  en  effet, 
se  formuler  de  la  manière  suivante,  en  les  comparant  à  leurs  correspondants 
de  la  série  vinique  : 


C6  Hs  O2    alcool  acrylique , 

C6HsO,   ou  C°H"0!  éther  acrylique, 

C6H5C1  chlorure  acrylique, 

C6  Hs  Br  bromure  acrylique, 

C  H5 1    iodure  acrylique , 

C6  Hs  S  sulfure  acrylique  (essence  d'ail), 

CrPO,  C2S'  xanthate  acrylique, 

C6  Hs  S,  C2AzS    sulfocyanure    (essence    de 

moutarde), 
C6HsO,  C2AzO  cyanate  acrylique, 
CcHsO,  C203   oxalate  acrylique, 
C"  Hs  O,  C4  H1  Az  O5  oxamate  acrylique, 
C6  H5  O,  CO2  carbonate  acrylique , 
C6  Hs  O,  C4  H3  O3  acétate  acrylique , 
C8  HsO,  Cu  H5  O3  benzoate  acrylique, 
C6  H5  O,  SO3,  HO,  SO3  acide  sulfoacrylique , 
CeH402  aldéhyde  acrylique  (acroléine) 
Cs  H*  O4  acide  acrylique , 
C6  H8  hydrocarbure  (propylène), 
C8  H"  Az2  O2  urée  acrylique , 
C"  H12  Az2  O2  diacrylurée  (  sinapoline  ) , 
C  H9  AzJ  S2  urée  acrylique  sulfurée  (thiosin- 

namine), 


C4  H6  O2  alcool  vinique, 

C4H50  ou  C8H">02  éther  ordinaire, 

C*  Hs  Cl  chlorure  éthylique, 

C*  Hs  Br  bromure  éthylique , 

C*  H5 1  iodure  éthylique, 

C4  Hs  S  sulfure  éthylique , 

C4  H5  O,  C2  S4  xanthate  éthylique, 

C4  H5  S,  C2  Az  S  sulfocyanure  éthylique, 

C4  Hb  O,  C2  Az  O  cyanate  éthylique, 

C4HsO,  C203  oxalate  éthylique, 

C  H50,  C4  H2Az05  oxamate  éthylique, 

C4HsO,  CO2  carbonate  éthylique, 

C4  Hs  O,  C4  H3  O3  acétate  éthylique , 

C4  H50,  C'4  H5  O3  benzoate  éthylique, 

C4  Hs  O,  SO3,  HO  SO3  acide  sulfovinique , 

C  H(  O2  aldéhyde  vinique , 

C4  H4  O4  acide  acétique , 

C4  Hs  hydrocarbure  (  acétène  ) , 

C6H8Az202  urée  éthylique, 

C10  H'°  Az2  O2  diéthylurée , 

C6  H8  Az2  S2  urée  éthylique  sulfurée. 


»  L'alcool  acrylique  dont  nous  venons  d'esquisser  les  propriétés  princi- 
pales forme  le  troisième  terme  d'une  série  parallèle  à  celle  qui  comprend 
l'alcool  ordinaire  et  qu'on    peut    représenter   par    la    formule    générale 


C.  R.,  i856,  ier  Semestre.  (T.  XL1I,  N°  S.) 


3o 


(  111\ 

C2"  H2n02,  et  dont  les  deux  termes  acroléine  et  acide  acrylique  sont  connus 
depuis  plusieurs  années. 

«  On  connaît,  en  effet,  un  groupe  d'acides  homologues  qui  sont  dans  les 
mêmes  relations  à  l'égard  de  l'acide  acétique  que  notre  alcool  à  l'égard  de 
l'alcool  ordinaire.  L'éther  acrylcyanhydrique,  que  nous  n'avons  pas  obtenu 
jusqu'à  présent  dans  un  état  de  pureté  suffisant  pour  le  soumettre  à  l'ana- 
lyse, présenterait  un  grand  intérêt  en  ce  qu'il  doit  fournir,  sous  l'in- 
fluence de  la  potasse,  un  acide  homologue  de  l'acide  acrylique.  » 

chimie  organique.  —  Sur  la  production  artificielle  de  l'essence  de  cannelle; 

par  M.  L.  Chiozza. 

«  Le  dédoublement  que  certains  acides  organiques,  tels  que  l'acide 
acrylique,  l'acide  angélique,  l'acide  cinnamique,  éprouvent  sous  l'influence 
de  la  potasse  en  fusion,  m'a  conduit  à  entreprendre  quelques  expériences 
dans  le  but  d'obtenir  les  aldéhydes  correspondant  à  ces  acides,  par  voie  de 
synthèse,  au  moyen  des  aldéhydes  des  acides  plus  simples  en  lesquels  ils 
se  scindent  par  l'action  de  l'agent  indiqué.  Dans  une  Note  publiée 
tome  XXXV,  p.  701,  des  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,]  ai  démontré 
que  sous  l'influence  de  la  potasse  l'acide  cinnamique  se  dédouble  en  acide 
benzoïque  et  en  acide  acétique,  d'après  la  réaction  suivante  : 

C9  H8  O2  -+-  2  (RHO)  =  C2  H3  KO2  H-  C7  H5  KO2  -f-  H2. 

»  Il  me  restait  à  réaliser  la  réaction  inverse,  c'est-à-dire  à  produire  l'acide 
cinnamique,  ou  l'hydrure  de  cinnamyle,  avec  des  éléments  benzoïques  et 
acétiques  :  c'est  ce  qui  a  motivé  l'expérience  que  j'ai' l'honneur  de  commu- 
niquer à  l'Académie. 

»  Un  mélange  d'aldéhyde  acétique  et  d'hydrure  de  benzoïle  saturé 
d'acide  hydrochlorique  et  chauffé  légèrement  se  colore  en  brun  foncé,  en 
dégageant  beaucoup  d'aide  chlorhydrique  et  une  grande  partie  de  l'aldé- 
hyde qui  échappe  ainsi  à  la  réaction. 

»  Au  bout  de  quelques  minutes,  le  mélange  se  trouble  par  la  séparation 
de  gouttelettes  d'eau.  Si  on  le  soumet  alors  à  la  distillation,  on  recueille 
d'abord  de  l'hydrure  de  benzoïle  non  altéré,  puis  une  petite  quantité  d'un 
liquide  moins  fluide  qui,  purifié  par  plusieurs  rectifications  et  des  lavages 
avec  des  solutions  alcalines,  m'a  présenté  la  composition  et  les  caractères  de 
l'hydrure  de  cinnamyle.  Ce  mode  d'opérer  n'est  cependant  pas  avantageux, 
et  je  crois  qu'en  répétant  l'expérience,  il  conviendra  de  remplacer  l'acide 
chlorhydrique  par  l'acide  sulfurique  et  d'opérer  en  vases  clos. 


(    223   ) 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  l'odeur  de  la  substance  ainsi  obtenue  est  parfaite- 
ment semblable  à  celle  de  l'huile  de  cannelle  naturelle.  Cette  odeur  devient 
surtout  très-suave  quand  la  substance  commence  à  se  résinifier. 

»  Récemment  préparée,  elle  est  neutre  aux  papiers  réactifs,  parfaitement 
limpide  et  presque  incolore  ;  mais  par  l'exposition  à  l'air  elle  s'acidifie 
rapidement  et  ne  tarde  pas  à  se  colorer.  Une  exposition  prolongée  la  rési- 
nifie  entièrement. 

»  Je  regrette  de  n'avoir  pu  soumettre  une  quantité  plus  considérable  de 
mon  produit  à  une  étude  comparée  avec  l'hydrure  de  cinnamyle  naturel. 
Toutefois  l'analyse  de  la  substance,  son  mode  de  formation  et  son  odeur 
ne  me  laissent  aucun  doute  sur  sa  nature. 

»  Quant  à  la  manière  d'envisager  la  réaction  entre  les  deux  hydrures, 
je  crois  qu'on  doit  la  considérer  comme  une  éthérification  semblable  à  celle 
qu'éprouvent  la  plupart  des  acides  organiques  en  présence  des  alcools  et  de 
l'acide  chlorhydrique. 

»  Il  est  probable  que  l'acide  hydrochlorique,  en  réagissant  sur  l'un  ou 
l'autre  des  deux  aldéhydes,  donne  lieu  à  la  formation  des  chlorures 
C1C2H3  ou  CIC'H5  qui,  en  réagissant  à  leur  tour  sur  les  aldéhydes,  régé- 
nèrent l'acide  chlorhydrique  et  produisent  l'hydrure  de  cinnamyle  : 

C1H  +  C7H60  =  C1C7H5  +  H20, 
C1C7H5  +  C2H40  =  C1H  +C9H8C), 
ou  bien 

C1H  -+-  C2H*  O  =  C1C2HS  +  H20, 
C1C2H3+CTH60  =  C1H  +C9HsO. 

»  Ce  mode  d'interprétation  conduit  nécessairement  à  admettre  l'existence 
de  chlorures  de  radicaux  non  oxygénés,  dont  les  hydrates  seraient  les  aldé- 
hydes, et  à  modifier  peut-être  les  formules  de  constitution  jusqu'ici  attri- 
buées à  ces  substances.  Mais  comme  ces  formules  n'ont  rien  d'absolu  et  que 
leur  valeur  ne  dépend  que  du  plus  ou  moins  grand  nombre  de  réactions 
qu'elles  mettent  en  évidence,  je  ne  crois  pas  qu'il  convienne  pour  '  le 
moment  de  rapporter  les  aldéhydes  au  type  hydrate  plutôt  qu'au  type 
hydrure. 

»  Telle  est,  du  peste,  aussi  l'opinion  de  M.  Gerhardt,  auquel  je  dois  en 
partie  les  idées  qui  m'ont  conduit  à  l'expérience  que  j'ai  l'honneur  de  com- 
muniquer à  l'Académie,  et  dont  j'espère  être  bientôt  à  même  de  publier 
les  détails.  » 

3o.. 


(  "4) 

chimie.  —  Sur  la  préparation  des  chlorures  et  des  bromures  des  radicaux 
organiques ,  par  l'action  du  protochlorure  et  du  protobromure  de  phos- 
phore; sur  lés  acides  monohydratés  correspondants  ;  pareil.  A.  Béchamp. 
professeur  adjoint  à  l'Ecole  supérieure  de  Pharmacie  de  Strasbourg. 

«  Deux  procédés  ont  été  appliqués  à  la  préparation  des  chlorures 
correspondants  aux  acides  monobasiques  anhydres.  i°  M.  Cahours  [Annales 
de  Chimie  et  de  Physique,  3e  série,  t.  XXIII,  p.  37),  qui,  le  premier,  a 
opéré  la  conversion  des  acides  organiques  en  chlorures  correspondants, 
fait  réagir  le  perchlorure  de  phosphore  sur  les  acides  monohydratés  :  mais 
ce  procédé  ne  paraît  applicable  qu'à  la  préparation  des  chlorures  dont  le 
point  d'ébullition  est  supérieur  à  celui  de  l'oxychlorure  de  phosphore; 
20  M.  Gerhardt  [Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3e  série,  t.  XXXVII, 
p.  294)  fait  réagir  l'oxychlorure  ou  le  protochlorure  de  phosphore  sur  les 
sels  potassiques  des  acides  monobasiques. 

»  Par  des  considérations  théoriques  exposées  dans  deux  Notes  que  "j'ai 
eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  (  Comptes  rendus  des  séances  du 
a3  avril  et  du  2  juillet  1 855),  j'ai  été  conduit  à  étudier  l'action  du  pro- 
tochlorure de  phosphore  sur  les  acides  monohydratés  monobasiques  et  sur 
les  éthers  de  ces  acides.  Il  résulte  de  mes  expériences  que  le  protochlorure 
de  phosphore  agit  sur  les  acides  monohydratés  comme  il  le  ferait  sur  un 
mélange  d'eau  et  d'acide  anhydre ,  et  sur  les  éthers  de  ces  acides  comme  si 
ces  composés  renfermaient  réellement  dans  leur  molécule  le  groupe  de 
l'acide  et  le  groupe  de  l'éther,  c'est-à-dire  que  l'on  obtient  le  chlorure  cor- 
respondant de  l'eau  ou  de  l'acide  et  le  chlorure  correspondant  de  l'éther. 
Cette  étude  m'a  fait  trouver  un  troisième  procédé  de  préparation  des  chlo- 
rures organiques  qui  me  paraît  d'une  application  beaucoup  plus  générale, 
certainement  plus  commode  et  moins  dispendieuse,  et  qui  revient,  au  fond, 
au  procédé  de  M.  Cahours. 

»  Si  R  est  le  radical  oxygéné  d'un  acide  anhydre  monobasique,  RO 
la  formule  générale  de  l'acide  organique  anhydre  correspondant,  la  quan- 
tité des  éléments  réagissants  à  employer  sera  donnée  par  l'équation  sui- 
vante : 

(A)  2ROHO  +  PCI'  =  ClH-t-  PO'HO-t-  2RCI, 

qui  est  le  résultat  de  la  comparaison  des  deux  équations  théoriques  que  voici  : 
6 RO, HO -4- P Cl3  =  PO» 3 HO  +  3C1H  +  6RO, 
6RO  +  2PC13  =  2P03-+-6RCl, 


(  aa5  ) 
et  qui  sont  démontrées  par  ces  faits,  que,  si  l'on  emploie  ces  quantités,  on 
obtient  le  chlorure  organique  très-facilement  exempt  de  protochlorure  de 
phosphore,  en  quantité  presque  égale  à  celle  que  la  théorie  indique,'et  que 
le  résidu  ne  se  compose  que  d'acide  phosphoreux  solide.  Je  rappellerai  de 
plus,  pour  légitimer  ces  équations,  que  l'acide  acétique  anhydre  fait  lui- 
même  la  double  décomposition  avec  le  protochlorure  de  phosphore  en  don- 
nant du  chlorure  d'acétyle,  et,  chose  que  je  crois  devoir  faire  remarquer, 
cette  double  décomposition  est  plus  facile  et  plus  rapide  qu'avec  l'acide 
monohydraté,  si  facile  et  si  rapide  même,  que  dans  un  mélange  d'acide 
anhydre  et  d'acide  monohydraté,  c'est  le  premier  qui  se  décompose  d'abord. 
C'est  en  effet  ce  qui  doit  être  d'après  la  manière  dont  j'envisage  la  constitu- 
tion des  acides  monohydratés,  c'est-à-dire  que  si  réellement  la  transforma- 
tion qui  m'occupe  n'est  pas  seulement  une  double  décomposition,  mais  une 
suite  de  deux  doubles  décompositions,  si  réellement  elle  se  fait  en  deux 
temps,  la  durée  de  la  double  décomposition  doit  être  plus  grande  que  celle 
de  l'acide  anhydre.  Il  est  probable  qu'il  en  est  de  même  des  autres  acides 
anhydres  :  c'est  un  fait  que  je  n'ai  pas  encore  eu  l'occasion  de  vérifier. 

»  Le  protobromure  de  phosphore  se  comporte  exactement  comme 
le  protochlorure;  par  son  action  sur  les  acides  monohydratés,  il  dégage  de 
l'acide  bromhydrique,  et  le  bromure  correspondant  se  produit,  fait  que 
j'avais  constaté  dans  le  courant  de  juin  1 855,  époque  à  laquelle  j'ai  eu  l'hon- 
neur d'envoyer  à  M.  Regnault  des  échantillons  de  bromure  d'acétyle  et  de 
chlorure  de  valéryle. 

»  L'oxychlorure  de  phosphore  réagit  aussi  sur  les  acides  monohy- 
dratés, mais  avec  moins  d'énergie  que  le  perchlorure,  et  même  que  le  pro- 
tochlorure peut-être.  Le  résidu  n'est  point  de  l'acide  phosphorique  trihy- 
draté,  mais,  comme  je  devais  m'y  attendre,  un  mélange  d'acide  trihydraté 
précipitable  à  l'état  de  phosphate  ammoniaco-magnésien  et  d'acide  métaphos- 
phorique  qui  précipite  directement  le  chlorure  de  barium,  qui  coagule 
l'albumine  et  précipite  en  blanc  le  nitrate  d'argent,  c'est-à-dire  que,  de 
même  qu'avec  le  chloride  phosphoreux,  on  a,  en  réunissant  les  deux 
phases  dans  une  même  équation, 

6RO,HO  +  3PCP02  =  P053HO+  2PO5  +  3C1H  +  6ROC1. 

Je  me  réserve  de  donner  une  démonstration  plus  complète  de  cette  équa- 
tion, et  d'en  tirer  des  conclusions. 

»  A  l'aide  du  chloride  phosphoreux  et  du  bromide,  j'ai  obtenu  très- 
facilement  des  chlorures  de  cinnamyle,  debenzoile,  de  valéryle,  debutyryle, 


(    22Ô    ) 

de  propionyle  et  d'acétyle  ;  les  bromures  de  valéryle,  de  butyryle  et  d'acétyle, 
c'est-à-dire  ceux  de  ces  composés  dont  le  point  d'ébullition  est  très-élevé  et 
ceux  dont  le  point  d'ébullition  l'est  peu,  en  distillant  les  chloride  et  bromide 
phosphoreux  avec  les  acides  monohydratés.  C'est  que  le  protochlorure  de 
phosphore  (qui  bouta  7g  degrés)  possède  un  point  d'ébullition  assez  bas  ou 
assez  élevé  pour  être  notablement  différent  de  celui  du  chlorure  organique 
dont  le  point  d'ébullition  est  supérieur  ou  inférieur  au  sien.  Le  cas  le  plus 
désavantageux  est  celui  où  le  chlorure  organique  a  un  point  d'ébullition  très- 
voisin  de  celui  du  protochlorure  de  phosphore  ;  c'est  ce  qui  arrive  pour  le 
chlorure  de  propionyle,  qui  bout  vers  80  degrés  ;  mais  la  difficulté  peut  être 
tournée  :  au  lieu  d'employer  des  quantités  d'acide  et  de  chloride  proportion- 
nelles, il  suffit  de  prendre  un  léger  excès  d'acide  propionique,  de  manière 
que  l'on  soit  certain  de  décomposer  tout  le  protochlorure  de  phosphore  ;  car 
il  paraît  que  l'on  peut  impunément  distiller  les  chlorures  organiques  dont 
le  point  d'ébullition  est  peu  élevé  en  présence  des  acides  monohydratés  cor- 
respondants. 

»  La  préparation  des  combinaisons  dont  je  viens  de  parler  se  fait,  à 
l'aide  des  chloride  et  bromide  phosphoreux,  avec  autant  de  facilité  que 
celle  de  l'acide  nitrique  par  exemple,  et  on  en  obtient  des  quantités  pres- 
que proportionnelles  à  celles  des  acides  employés. 

»  i°.  J'ai  préparé  les  chlorures  organiques,  depuis  le  chlorure  d'acétyle  jus- 
qu'au chlorure  de  valéryle  inclusivement,  en  introduisant  dans  une  cornue 
munie  d'un  récipient  l'acide  monohydraté  et  le  protochlorure  dans  le  rap- 
port des  quantités  de  l'équation  (A).  Le  mélange  se  fait  le  plus  souvent  sans 
dégagement  de  chaleur,  et  bientôt,  à  froid  déjà  pour  l'acide  acétique,  le  dé- 
gagement d'acide  chlorhydrique  commence.  On  chauffe  au  bain-marie,  à 
4o  degrés  pour  l'acide  acétique,  à  80  degrés  d'abord  et  enfin  à  100  degrés 
pour  l'acide  valérianique,  et  à  des  températures  intermédiaires  pour  les 
autres.  On  maintient  la  même  température  aussi  longtemps  qu'il  se  dégage 
de  l'acide  chlorhydrique  ;  il  suffit  alors  d'enlever  le  bain-marie  et  de  chauf- 
fer à  feu  nu  pour  distiller  le  produit  volatil  de  la  réaction.  Si  le  point 
d'ébullition  du  chlorure  est  voisin  de  100  degrés,  le  résidu  est  de  l'acide 
phosphoreux  très-blanc  ;  s'il  est  supérieur  à  1 00  degrés,  l'acide  phosphoreux 
s'altère  et  il  se  sépare  du  phosphore  rouge.  Une  seule  rectification  suffit 
pour  obtenir  un  produit  pur,  pourvu  que  l'on  ait  soin  de  noter  la  tempé- 
rature d'ébullition.  Je  me  suis  assuré  que  le  point  d'ébullition  du  chlorure 
de  valéryle  est  situé  entre  1 1 5  et  120  degrés  à  om,75  de  pression,  et  que  sa 


(  "7  ) 
densité  à  4-  6  degrés  est  i  ,oo5  :  aussi  ne  tombe-t-il  pas  au  fond  de  l'eau 
comme  les  chlorures  qui  le  précèdent  dans  la  série. 

»  a°.  Quand  il  s'agit  de  préparer  les  chlorures  de  cinnamyle,de  ben- 
zoile,  etc.,  il  faut  introduire  l'acide  sec  dans  un  matras  muni  d'un  tube 
effilé,  y  ajouter  une  quantité  proportionnelle  de  chloride  phosphoreux  et 
chauffer  successivement  depuis  6o  degrés  jusqu'à  iao  degrés  aussi  long- 
temps qu'il  se  dégage  de  l'acide  chlorhydrique.  Dès  la  première  application 
de  la  chaleur  le  mélange  se  liquéfie;  à  la  fin,  il  se  fait  deux  couches  :  la 
couche  inférieure  est  de  l'acide  phosphoreux  sali  par  du  phosphore  rouge"; 
la  couche  supérieure  est  le  chlorure  organique  :  on  décante  cette  couche 
et  on  la  rectifie.  Il  n'est  pas  convenable  de  distiller  les  chlorures  dont  le 
point  d'ébullition  est  très-élevé,  en  présence  de  l'acide  phosphoreux,  car  à 
la  fin  la  masse  se  boursoufle  beaucoup,  et  il  se  dégage  tout  à  coup  de  l'hy- 
drogène phosphore  provenant  de  la  décomposition  de  la  partie  hydratée  de 
l'acide  phosphoreux. 

»  3°.  J'ai  préparé  trois  composés  nouveaux,  le  bromure  d'acétyle,  le 
bromure  de  butyryle  et  le  valéryle,  en  distillant  le  bromide  phosphoreux 
avec  les  acides  monohydratés  correspondants;  en  employant  ces  composés 
dans  le  rapport  des  quantités  données  par  l'équation  suivante  : 

2  RO HO  +  PBr3  =  PO3  HO  +  Br  H  +  2  RBr, 

on  obtient  en  bromures  organiques  presque  la  quantité  théorique.  Le  pro- 
tobromure ne  se  dissout  pas  dans  l'acide  acétique,  mais  il  se  dissout  dans 
les  acides  suivants.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  réaction  s'accomplit  avec  autant 
de  facilité,  mais  à  une  température  un  peu  plus  élevée  qu'avec  le  protochlo- 
rure  ;  elle  commence  à  6o  degrés  et  s'accomplit  à  8o  degrés  pour  le  bro- 
mure d'acétyle  qui  bout  à  cette  température  ;  elle  commence  à  90  degrés  et 
se  termine  à  1 00  degrés  pour  le  bromure  de  butyryle  ;  elle  commence  à 
1 00  degrés  et  ne  se  termine  qu'à  environ  1 20  degrés  pour  le  bromure  de 
valéryle.  Lorsque  l'acide  bromydrique  cesse  de  se  dégager,  on  distille,  ce 
qui  peut  se  faire  sans  inconvénient  en  présence  de  l'acide  phosphoreux 
formé.  Cet  acide  phosphoreux  reste  pour  résidu  à  l'état  d'une  blancheur 
parfaite  dans  la  préparation  des  deux  premiers  bromures,  il  se  décompose 
en  partie  et  jaunit  dans  celle  du  bromure  de  valéryle  qui  bout  vers  1 43 
degrés.   » 


(  aa8  ) 

chimie  organique.    —   Note-  sur  le  sucre  de  lait;  par  M.  Dcbrdnfadt. 

(Extrait  par  l'auteur.) 

«  Nous  avons  fait  connaître,  en  juillet  1846,  la  singulière  propriété  que 
possède  le  glucose  mamelonné  dissous  dans  l'eau  d'offrir  deux  pouvoirs  ro- 
tatoires  différents  pour  la  même  température  :  l'un,  le  plus  grand,  s'observe 
au  moment  où  la  dissolution  vient  d'être  faite  à  froid  ;  l'autre  se  manifeste 
quelques  heures  après. 

»  En  donnant  pour  rapport  de  ces  deux  rotations  les  nombres  ff,  nous 
avons  fait  remarquer  que  ce  rapport  ne  comprenait  pas  l'effet  qui  doit  se 
produire  pendant  le  temps  que  réclame  la  dissolution,  c'est-à-dire  avant  que 
l'observation  optique  soit  possible.  Depuis,  nous  avons  comblé  cette  lacune 
en  observant  la  loi  que  subit  le  changement  de  rotation  par  rapport  au 
temps,  et  en  suppléant  par  le  calcul,  conformément  à  cette  loi,  à  l'impuis- 
sance des  observations  directes.  C'est,  ainsi  que  nous  avons  reconnu  que  la 
rotation  du  glucose  mamelonné  est  double  de  celle  du  glucose  modifié  par  la 
dissolution.  Ce  sont  ces  observations  qui  nous  ont  autorisé  à  distinguer  ces 
deux  états  du  glucose  par  les  noms  de  monorotatoire  et  birotatoire  (1). 

»  Ces  observations  et  celles  que  nous  allons  faire  connaître  sur  le  sucre 
de  lait  ne  permettent  pas  de  douter  que  le  glucose  cristallisé  ait  une  con- 
stitution moléculaire  différente  de  celle  qu'il  affecte  dans  sa  dissolution 
dans  l'eau,  et  la  rotation  que  l'on  observe  au  moment  où  s'opère  cette  dis- 
solution n'est  qu'une  suite  du  groupement  moléculaire  créé  par  la  cristalli- 
sation, groupement  qui,  par  une  propriété  spéciale  au  glucose,  persiste  assez 
longtemps  après  la  dissolution  pour  que  le  phénomène  soit. observable. 

»  Notre  observation  faite  sur  le  glucose  est  demeurée  jusqu'à  ce  jour 
unique  dans  la  science  ;  car  celle  que  M.  Pasteur  a  faite  sur  le  glucosate  de 
sel  marin  ne  peut  pas  être  considérée  comme  un  second  exemple  de  la  même 
propriété.  Elle  n'en  est  qu'une  conséquence,  qu'il  était  néanmoins  utile  de 
signaler. 

»  En  faisant  connaître  cette  propriété,  nous  nous  sommes  abstenu  d'en 
tirer  les  conséquences  qu'elle  pouvait  autoriser;  elle  fournissait,  en  effet, 
un  nouvel  et  remarquable  exemple  de  la  modification  profonde  que  peut 

(  1  )  Nous  mettons  en  évidence  le  pouvoir  rotatoire  double  du  glucose  mamelonné  en  le 
dissolvant  dans  l'alcool  méthylique,  qui,  suivant  l'observation  de  M  Peligot,  peut  dissoudre 
cette  substance  en  assez  forte  proportion.  Dans  ces  conditions,  le  glucose  conserve  sa  ro  taries 
double  pendant  un  temps  assez  long  pour  qu'on  puisse  l'observer  sans  altération. 


•  (  229  ) 
subir  un  même  corps  dans  ses  aptitudes  physiques  et  chimiques,  dans  des 
conditions  qu'on  aurait  pu  considérer  comme  indifférentes.  Nous  nous  ré- 
servions de  rechercher  ultérieurement  si  le  fait  qui  s'était  produit  fortuite- 
ment sous  nos  yeux  dans  le  glucose  mamelonné  ne  serait  pas  un  fait  général 
de  la  cristallisation  et  de  la  dissolution,  rendu  accessible  à  l'observation 
dans  les  cas  spéciaux  où  l'examen  optique  est  possible. 

»  Nos  études  sur  les  substances  optiquement  actives  n'ont  pas  justifié  ex- 
périmentalement cette  conception,  et  nous  n'avons  pu  retrouver  d'une  ma- 
nière bien  tranchée  la  propriété  exceptionnelle  du  glucose  mamelonné  que 
dans  le  sucre  de  lait. 

»  Cette  substance  offre,  comme  le  glucose,  une  rotation  plus  grande  au 
moment  de  sa  dissolution.  Le  changement  de  rotation  exige  un  temps  qui 
varie  avec  la  densité  et  avec  la  température  ;  elle  est  fort  lente  à  o  degré, 
elle  est  instantanée  à  -f-  ioo  degrés.  En  cherchant  la  valeur  réelle  des  deux 
rotations  à  l'aide  de  la  méthode  que  nous  avons  utilisée  pour  le  glucose, 
nous  avons  reconnu  que  le  sucre  de  l'ait  possède,  au  moment  de  sa  disso- 
lution, les  -*-  du  pouvoir  rotatoire  qui  est  admis  pour  le  même  sucre,  et  qui, 
par  conséquent,  convient  à  ce  sucre  modifié  par  la  dissolution.  Il  n'y  a  donc 
plus  ici,  comme  pour  le  glucose,  de  rapport  simple  entre  les  deux  rota- 
tions; mais  les  différences  qu'elles  accusent  sont  de  même  ordre  et  de  même 
sens;  elles  sont  telles  enfin,  qu'elles  pourraient  permettre  de  considérer  le 
sucre  de  lait  comme  une  combinaison  qui  admettrait  dans  ses  éléments  le 
glucose  avec  sa  constitution  caractéristique. 

»  Ces  recherches  nous  ont  entraîné  à  revoir  quelques  propriétés  du  sucre 
de  lait;  voici  le  résultat  de  cet  examen  : 

»  Le  sucre  de  lait  épuré  par  cristallisations  se  dissout  dans  l'eau  avec  élé- 
vation de  température.  L'eau  qui  en  est  saturée  à  -f- 10  degrés  par  un  contact 
prolongé  avec  un  excès  de  sucre,  c'est-à-dire  par  l'une  des  deux  méthodes 
employées  par  Gay-Lussac,  acquiert  une  densité  de  io55,  et  dans  cet  état 
elle  retient  o,  1 455  de  son  poids  de  sucre.  Cette  dissolution  saturée,  aban- 
donnée à  une  évaporation  spontanée  dans  l'air  sec,  à  la  température  de 
-4-  10  degrés,  ne  commence  à  déposer  des  cristaux  que  lorsqu'elle  est  ar- 
rivée à  une  densité  de  io63.  Dans  cet  état,  l'eau  renferme  0,2164  de  son 
poids  de  sucre  de  lait,  modifié  par  la  dissolution.  Ce  fait,  analogue  aux 
phénomènes  de  sursaturation  si  bien  étudiés  par  M.  H  Lœwel,  accuse  encore 
d'ans  le  sucre  de  lait  dissous  une  propriété  qui  confirme  la  distinction  qui 
est  révélée  par  la  rotation.  Ce  sucre,  en  effet,  est  plus  soluble  dans  l'eau  que 
le  sucre  cristallisé  dans  le  rapport  de  3  :  2. 

C.  R.,  ]856,  i«r  Semestre.  (T.  XLI1,  N°  li.)  3  I 


(  a3o  ) 

»  Le  sucre  de  lait  est  peu  hygrométrique;  pris  à  -t-  10  degrés,  dans  une 
atmosphère  où  l'hygromètre  à  cheveu  accuse  5o  degrés,  puis  desséché  à 
-t-  100  degrés,  ne  perd  que  0,0 1  de  son  poids.  Séché  à  -f-  i5o  degrés  dans 
l'air  sec,  il  perd,  en  outre,  o,o5  de  son  poids  sans  subir  la  moindre  altéra- 
tion. Ce  n'est,  en  effet,  qu'entre  i5o  degrés  et  160  degrés  qu'une  altération 
manifeste  commence. 

»  Le  sucre  de  lait,  séché  à  100  degrés,  brûlé  par  l'oxyde  de  cuivre  et 
l'oxygène,  nous  a  donné  pour  moyenne  de  quatre  expériences  : 

Carbone 39,70 

Eau 60,07 

»  L'eau  que  le  sucre  de  lait  perd  à  1 00  degrés  ne  peut  être  considérée 
comme  eau  de  constitution.  Les  o,o5  qu'il  perd  de  100  à  i5o  degrés, 
c'est-à-dire  dans  les  limites  de  température  où  il  n'est  pas  altéré,  ne  justi- 
fient pas  la  formule  de  Berzelius,  qui  a  été  admise  par  tous  les  chimistes. 
Cette  formule,  en  effet,  C24  H24  O2*,  était  uniquement  motivée  par  une  perte 
de  0,075  d'eau,  que  l'illustre  chimiste  avait  admise,  et  qui  n'est  pas  con- 
forme à  l'expérience.  Les  nombres  que  nous  avons  donnés  ci-dessus  per- 
mettent d'assigner  pour  composition  au  sucre  de  lait  séché  à  4-  i5o  degrés, 
C,2HM  O"  Cette  formule  devient  C,2H(aO'2  pour  le  sucre  de  lait  séché  à 
-+-  100  degrés  (1),  c'est-à-dire  pour  le  sucre  privé  d'eau  hygrométrique.  La 
constitution  C,2H9  O',  qui  résulterait,  pour  le  sucre  de  lait  anhydre,  de  l'a- 
nalyse que  Berzelius  a  faite  du  composé  plombique ,  exigerait  un  nouvel 
examen,  et  nous  doutons  que  l'expérience  y  soit  conforme,  en  ce  sens  que 
le  sucre  de  lait,  de  même  que  les  glucoses,  donnent  des  composés  peu  sta- 
bles avec  les  bases.  Ils  subissent  alors  des  transformations  diverses,  avec  ou 
sans  absorption  d'oxygène,  qui  ont  pu  tromper  les  expérimentateurs  et  leur 
faire  attribuer  à  la  substance  normale  une  composition  qui  n'appartient 
qu'à  des  produits  plus  ou  moins  altérés. 

»  Néanmoins  le  sucre  de  lait  peut  se  combiner  avec  les  bases  au  sein  des 
dissolvants  et  sortir  de  ces  combinaisons  avec  toutes  ses  propriétés,  quand 
on  opère  à  basse  température  et  en  ayant  soin  d'enlever  le  sucre  à  sa  com- 
binaison peu  de  temps  après  l'avoir  produite.  La  potasse  et  la  soude  peu- 
vent entrer  pour  trois  équivalents  dans  ces  composés,  qui  se  produisent 
avec  affaiblissement  de  pouvoir  rotatoire.  La  chaux  donne  un  sucrate  solu- 
ble  qui  renferme  un  équivalent  de  base.   Elle  peut  précipiter  le  sucre  de 

(1)  Ces  résultats  sont  d'accord  avec  eux  qui  ont  été  publiés  récemment  en  Allemagne,  par 
MM.  Staedeler  et  Krause. 


(  a&  ) 
lait  de  sa  dissolution  à  l'état  de  sucrate  basique  peu  soluble.  Ce  sucrate,  de 
même,  que  celui  que  nous  avons  fait  connaître  pour  le  glucose  liquide  des 
sucres  de  fruits,  se  produit  facilement  en  traitant  les  dissolutions  de  sucre  à 
froid  par  une  forte  proportion  d'hydrate  de  chaux  en  poudre,  CaO,  HO. 

»  En  chauffant  à  ioo  degrés  le  sucre  de  lait,  en  présence  de  quelques 
centièmes  d'acide  sulfurique,  sa  rotation  s'élève,  en  même  temps  qu'il  est 
transformé  partiellement  en  sucre  fermentescible.  Le  maximum  de  produc- 
tion de  ce  sucre  coïncide  avec  une  élévation  de  rotation  de  -^  de  la  rotation 
primitive.  Il  peut  alors  produire  0,3^.  d'alcool,  rapportés  au  poids  du  sucre 
de  lait  mis  en  œuvre,  et  il  reste  dans  le  vin  une  substance  active,  qui  tourne 
à  droite  le  plan  de  polarisation,  qui  ne  fermente  pas  et  qui  n'est  plus  du 
sucre  de  lait.  Si  l'on  continue  la  réaction  sulfurique  au  delà  du  terme  que 
nous  venons  d'indiquer,  il  y  a  altération  du  sucre  fermentescible  sans  chan- 
gement notable  dans  la  rotation. 

»  Nous  n'avons  pu  réussir  à  faire  mamelonner  ni  cristalliser  le  sucre  de 
lait  rendu  fermentescible  par  les  acides.  Ce  sucre  donne  de  l'acide  mucique 
par  la  réaction  nitrique,  et  il  se  distingue  à  ces  deux  titres  du  glucose  de 
raisin  avec  lequel  les  chimistes  l'ont  confondu  jusqu'à  ce  jour.  Ce  sucre  par 
sa  rotation  se  place  entre  les  sucres  mono  et  bi-rotatoires.  Sous  ce  rapport 
il  nous  a  paru  se  rapprocher  d'un  sucre  fermentescible,  qui  existe  dans  les 
mannes  du  commerce  et  qui  pourrait  bien  n'être  que  l'élément  fermentes- 
cible du  mélitose  de  M.  Berthelot. 

»  Le  sucre  de  lait  traité  par  la  levure,  dans  les  conditions  usitées  pour  la 
fermentation  alcoolique,  donne  une  quantité  appréciable  d'acide  carboni- 
que sans  production  d'alcool  ni  sans  changement  sensible  dans  la  rotation 
et  dans  la  densité  de  la  dissolution.  Cet  acide  paraît  donc  être  un  produit 
de  la  substance  même  du  ferment. 

»  Les  glucoses  chauffés  à  +  100  degrés,  avec  un  excès  d'alcali  caustique, 
annulent  t  \  équivalent  de  base.  Le  sucre  de  lait,  dans  les  mêmes  con- 
ditions, donne  un  résultat  identique  à  celui  des  glucoses.  C'est  sur  cette 
propriété  que  nous  avons  fondé  une  méthode  saccharimétrique,  qui  offre 
quelque  analogie  avec  celle  de  Frommer. 

»  En  suivant  avec  les  appareils  de  polarisation  les  progrès  de  la  réaction 
de  l'acide  nitrique  sur  le  sucre  de  lait  dans  les  conditions  que  l'on  réalise 
pour  préparer  l'acide  mucique,  on  observe  des  changements  moléculaires 
qui  nous  ont  paru  offrir  quelque  intérêt.  L'effet  initial  de  l'acide  nitrique 
sur  le  sucre  de  lait  se  révèle  comme  celui  de  l'acide  sulfurique  par  un 
accroissement  de  rotation  de  ~  vers  la  droite.  Cet  effet  étant  produit,  le 

3i.. 


(     232     ) 

plan  île  polarisation  revient  vers  le  o  et  y  arrive  après  un  certain  temps  sans 
le  franchir;  puis  il  se  déplace  de  nouveau  vers  la  droite  d'une  quantité  égale 
au  quart  de  la  rotation  primitive  du  sucre  de  lait,  et  quand  il  a  atteint  cette 
limite,  la  rotation  s'annule  avec  les  progrès  de  la  réaction  nitrique  pour 
ne  plus  se  reproduire. 

»  Il  est  à  remarquer  que  la  production  de  l'acide  mucique  est  contempo- 
raine de  la  réaction  qui  est  marquée  par  le  premier  mouvement  du  plan  de 
polarisation,  de  droite  à  gauche,  comme  si  cette  réaction  avait  lieu  sur  une 
substance  douée  de  rotation  / '.  La  production  de  l'acide  oxalique,  qui  ne  se 
manifeste  que  vers  la  fin  de  l'expérience,  coïncide  avec  la  période  qui  est 
inarquée  par  le  second  mouvement  du  plan  de  polarisation  de  droite  à 
gauche  et  qui  semble  indiquer  que  l'acide  oxalique  se  produit  aussi  avec  les 
éléments  d'une  substance  active  douée  de  rotation  à  droite,  mais  distincte 
de  la  première  tout  à  la  fois  par  l'époque  de  sa  production  et  par  celle  de  sa 
destruction. 

»  La  propriété  commune  que  possèdent  deux  substances  aussi  dissem- 
blables que  le  sucre  de  lait  et  la  gomme  de  donner  naissance  à  un  même 
produit  final,  l'acide  mucique,  sous  l'influence  de  l'acide  nitrique,  donne 
de  l'intérêt  à  l'examen  des  réactions  de  cet  acide  sur  la  gomme,  au  même 
point  de  vue  que  nous  venons  de  spécifier  pour  le  sucre  de  lait.  Nous 
croyons  devoir  le  résumer  ici  brièvement. 

»  La  rotation  de  la  gomme  du  Sénégal,  qui  est  \,  passe  à  /  sous  l'in- 
fluence des  acides,  ainsi  que  l'a  observé  M.  Biot.  Sous  l'influence  oxydante 
de  l'acide  nitrique,  cette  rotation  /  s'annule  avec  le  progrès  de  la  réaction 
qui  donne  naissance  à  l'acide  mucique,  puis  elle  passe  *^,  où  elle  atteint 
pour  maximum  la  rotation  primitive  de  la  gomme.  A  cette  époque  seule- 
ment commence  la  réaction  oxalique,  en  même  temps  que  le  plan  de  polari- 
sation revient  vers  le  o  sans  pouvoir  y  atteindre  dans  les  conditions  habi- 
tuelles, qui  sont  recommandées  pour  la  préparation  des  acides  mucique  et 
oxalique.  Il  reste  alors  dans  l'eau  mère  une  substance  active  à  rotation  \. 
Dans  ces  conditions,  on  peut  remarquer  que  l'acide  mucique  semble  se 
former  comme  pour  le  sucre  de  lait  avec  une  substance  qui  est  douée  de 
rotation  à  droite.  Il  n'en  est  pas  de  même  de  l'acide  oxalique,  qui  paraît  être 
produit  avec  la  gomme  par  une  substance  tournant  à  gauche. 

»  On  ne  peut  douter,  en  présence  de  ces  faits,  que  l'acide  mucique  ne 
soit  le  résultat  final  delà  réaction  formée  de  l'acide  nitrique  sur  une  seule 
et  même  substance,  qui  se  produit  transitoirement  avec  la  gomme  et  le 
sucre  de  lait.  Cette  révélation  des   observations  optiques,  qui  permettent 


f  *33  ) 
<le  suivre  de  l'œil  les  phases  complexes  des  transformations  que  subissent 
les  substances  optiquement  actives,  conduira  dans  cette  circonstance, 
comme  dans  beaucoup  d'autres  analogues,  à  fournir  les  moyens  de  saisir 
au  passage  des  produits  éphémères  et  à  les  isoler.  Les  chimistes  pour- 
ront ainsi  suivre  plus  nettement  la  filiation  des  métamorphoses,  dont  ils 
ne  peuvent  le  plus  souvent  constater  que  le  résultat  final,  et  ce  ne  sera 
pas  l'un  des  moindres  services  que  M.  Biot  aura  rendus  aux  sciences,  en 
créant  ce  moyen  si  original  et  si  fécond  d'investigations.  » 

chimie  organique.  —  Recherches  sur  le  propjlène  iodé  ;  troisième  Mé- 
moire: Allyle  et  composés  alljliques;  par  MM.  Berthelot  et  de  Luca. 

«  Dans  un  Mémoire  présenté  à  l'Académie  des  Sciences,  il  y  a  seize 
mois,  nous  avons  montré  que  la  glycérine,  traitée  par  l'iodure  de  phos- 
phore, donne  naissance  au  propylène  iodé,  C6H5I,  substance  remarquable 
par  son  activité  chimique. 

»  En  effet,  le  propylène  iodé  cède  aisément  l'iode  qu'il  renferme  aux 
divers  agents  avec  lesquels  on  le  met  en  contact,  et  produit  ainsi,  tant  par 
substitution  que  par  décomposition  simple  ou  double,  une  grande  variété 
de  composés  nouveaux.  Il  se  rapproche  par  là  des  éthers  iodhydriques 
correspondants  aux  alcools  ordinaires,  et  se  prête,  en  général,  aux  mêmes 
réactions. 

»  C'est  ainsi  que  nous  avons  déjà,  d'une  part,  substitué  l'hydrogène  à 
l'iode  du  propylène  iodé  et  formé  du  propylène;  d'autre  part,  transformé 
le  propylène  iodé  par  le  sulfocyanure  de  potassium  en  iodure  de  potassium 
et  essence  de  moutarde. 

»  Nous  avons  annoncé,  dans  nos  deux  premiers  Mémoires,  que  nous 
poursuivions  l'étude  des  réactions  du  propylène  iodé  :  ce  sont  les  résultats 
de  cette  étude  que  nous  publions  aujourd'hui.  Ces  résultats  se  résument 
dans  trois  propositions  principales  : 

»  i°.  Le  propylène  iodé  forme,  par  double  décomposition  avec  les  sels 
d'argent,  de  l'iodure  d'argent  et  des  composés  conjugués  analogues  aux 
éthers.  M.  Zinin  a  récemment  obtenu  des  combinaisons  du  même  ordre. 

»  2°.  Le  propylène  iodé,  décomposé  par  l'oxyde  de  mercure,  produit  un 
composé  oxygéné  analogue  à  l'éther  ;  décomposé  par  la  potasse  en  disso- 
lution alcoolique,  amylique,  glycérique,  il  forme  des  éthers  mixtes  analo- 
gues à  ceux  de  M.  Williamson. 

»  3°.  Le  propylène  iodé,  décomposé  par  le  sodium,  perd  son  iode  et 


(  *34  ) 
forme  lin  carbure  d'hydrogène  analogue  à  l'éthyle.  Nous  désignerons  ce 
carbure  sous  le  nom  à'allyle,  appliqué  depuis  longtemps  par  MM.  Wertheim 
et  Will  à  la  nomenclature  des  essences  naturelles  d'ail  et  de  moutarde. 

»  I.  action  des  sels  d'argent. —  Si  l'on  fait  réagir  i  équivalent  de  propy- 
lène  iodé  et  i  équivalent  de  butyrate  d'argent  sec,  on  obtient  un  liquide 
volatil  vers  1 45  degrés,  et  analogue,  par  son  odeur  et  par  tous  ses  carac- 
tères, à  l'éther  butyrique  ordinaire.  C'est  Xéiher  allylbutyrique. 

»  Le  propylène  iodé  forme,  avec  le  benzoate  d'argent,  de  l'iodure  d'ar- 
gent et  un  composé  neutre,  plus  dense  que  l'eau  ,  soluble  dans  l'éther,  vo- 
latil vers  23o  degrés,  tout  pareil  à  l'éther  benzoïque  ordinaire.  C'est  l'éther 
allylbenzoïque,  déjà  publié  par  M.  Zinin.  La  potasse  décompose  lentement, 
à  ioo  degrés,  cet  éther,  avec  régénération  d'acide  benzoïque  et  d'un  liquide 
volatil,  inflammable  et  miscible  avec  l'eau. 

»  Le  propylène  iodé  forme,  avec  le  tartrate  d'argent,  de  l'iodure  d'ar- 
gent et  un  composé  soluble  dans  l'éther.  C'est  Y  éther  allyltartrique. 

s  Rappelons  enfin  que  le  propylène  iodé,  décomposé  par  le  sulfocyanure 
de  potassium  ou  d'argent,  produit  deYéther  allylsulfocyanhydrique,  iden- 
tique avec  l'essence  de  moutarde. 

»  II.  -dctionde  l'oxyde  de  mercure  et  des  alcalis.  —  Le  propylène  iodé, 
traité  à  100  degrés  par  l'oxyde  de  mercure  sec,  donne  naissance  à  un  liquide 
particulier,  volatil  entre  85  et  88  degrés,  doué  d'une  odeur  éthérée  et 
pénétrante,  analogue,  jusqu'à  un  certain  point,  à  celle  du  raifort.  Ce  liquide 
paraît  être  Y  éther  allylique. 

»  La  potasse  alcoolique  décompose,  à  ioo  degrés,  le  propylène  iodé;  elle 
donne  naissance  à  un  composé  particulier,  ^volatil  à  6a°,5,  qui  paraît  être 

Y  éther  allyléthylique. 

»  La  potasse,  l'alcool  amylique  et  le  propylène  iodé  forment,  de  même, 

Y  éther  allylamylique ,  volatil  aux  environs  de  120  degrés. 

»  Enfin,  un  mélange  de  potasse,  de  glycérine  et  de  propylène  iodé, 
donne  naissance  à  un  liquide  d'une  odeur  vireuse  et  désagréable,  soluble 
dans  l'éther,  volatil  à  a32  degrés.  Les  analyses  de  ce  corps  conduisent  sen- 
siblement à  la  formule 

C2'  H20  O6  =  C6  H»  O*  -+-  3  Cs  H5 1  -  3  HI ,  trial ly Une. 

»  Les  faits  qui  précèdent  montrent  que  le  propylène  iodé  présente  les 
mêmes  réactions  générales  que  les  éthers  iodhydriques,  et  forme,  par  double 
décomposition,  des  corps  conjugués  analogues  aux  éthers.  La  formule  des 
corps  ainsi  produits  est  déterminée,  presque  avec  certitude,  par  les  condi- 


(  235  ) 
lions  mêmes  de  leur  formation.  Toutefois,  nous  devons  déclarer  ici  que  les 
nombreuses  analyses  que  nous  avons  faites  de  ces  composés,  ne  s'accordent 
pas  exactement  avec  les  formules  probables  des  substances  obtenues.  Les 
composés  allyliques  sont  d'une  purification  extrêmement  difficile.... 

»  Ces  obstacles  sont  dus  à  la  formation  simultanée  et  constante  de  pro- 
duits accessoires,  tant  fixes  que  volatils,  et  le  plus  souvent  de  propylène 
gazeux  en  proportion  notable.  Observons  d'ailleurs  que  les  composés  ally- 
liques ne  sont  pas  produits  par  le  jeu  simple  de  deux  affinités  directes, 
mais  par  une  voie  détournée,  en  provoquant  la  formation  d'nn  corps  très- 
stable  (iodure  d'argent)  et  forçant,  pour  ainsi  dire,  les  autres  éléments  à 
demeurer  combinés. 

»  Cette  instabilité  des  combinaisons  allyliques  sous  les  influences  mêmes 
au  sein  desquelles  elles  se  produisent,  est  nettement  accusée  par  l'expérience 
suivante  :  Si  l'on  essaye  de  produire  ces  corps  en  faisant  réagir  dans  des 
tubes  scellés,  entre  200  et  a5o  degrés,  les  acides  butyrique,  benzoïque  ou 
sléarique  sur  l'éther  allylique,  procédé  par  lequel  l'un  de  nous  a  préparé 
directement  les  éthers  des  divers  alcools,  voici  ce  qu'on  observe  :  il  se 
développe  une  grande  quantité  de  gaz  inflammables,  une  substance  noire  et 
ulmiqueetune  petite  quantité  d'un  éther  butyrique  neutre. 

»  Ainsi,  dans  les  conditions  mêmes  où  les  éthers  des  alcools  proprement 
dits  s'obtiennent  directement  et  absolument  purs,  les  composés  allyliques 
ne  prennent  naissance  qu'en  faible  proportion  et  avec  des  destructions  et 
dégagements  gazeux  qui  attestent  toute  l'intensité  des  dédoublements  secon- 
daires. 

»  III.  Action  du  sodium.  —  L'action  du  sodium  sur  le  propylène  iodé 
est  la  plus  simple  et  la  plus  nette  de  toutes.  Elle  produit  de  l'iodure  de  so- 
dium et  un  carbure  parfaitement  défini,  Yallyle,  C6  H5  : 

C6  H5 1  -t-  Na  =  C6  H5  ~t-  Na  I, 

»  L'allyle  est  un  liquide  très-volatil,  doué  d'une  odeur  propre,  éthérée  et 
pénétrante,  analogue  à  celle  du  raifort.  Il  brûle  avec  une  flamme  très-éclai- 
rante.  Il  bout  à  59  degrés.  Sa  densité  est  égale  à  0,684  à  14  degrés.  La 
densité  de  sa  vapeur,  déterminée  à  100  degrés,  a  été  trouvée  égale  à  2,92  ; 
par  conséquent,  la  formule  C8H5  représente  2  volumes  de  vapeur  (densité 
calculée  :  2,89)  de  même  que  celle  de  l'éthyle,  du  méthyle,  etc. 

»  L'allyle  se  mélange  avec  l'acide  sulfurique  en  dégageant  de  la  chaleur; 
si  l'on  évite  toute  élévation  de  température,  la  masse  se  colore  à  peine  : 


(  *36) 
toutefois  au  bout  de  quelques  heures  une  grande  partie  du  carbure  modifié 
se  sépare  et  surnage. 

»  Le  gaz  chlorhydrique  n'est  pas  absorbé  sensiblement  par  l'allyle. 
L'acide  nitrique  fumant  le  change  en  un  composé  liquide  neutre,  soluble 
dans  l'éther. 

»  L'action  des  corps  halogènes  est  surtout  remarquable. 
»  L'allyle  s'unit  au  chlore  en  formant  un  composé  liquide,  plus  dense 
que  l'eau,  avec  dégagement  d'acide  chlorhydrique. 

»  Il  se  combine  instantanément  au  brome  avec  dégagement  de  chaleur. 
Si  l'on  arrête  l'action  au  moment  où  le  liquide  commence  à  se  colorer  sous 
l'influence  d'un  excès  de  brome  et  à  dégager  un  peu  d'acide  bromhydri- 
que,  et  si  l'on  traite  par  la  potasse,  on  obtient  du  bromure  d'allyle, 
CCH5  Br2,  composé  cristallisé  fort  soluble  dans  l'éther.  Ce  corps  est  volatil 
sans  décomposition.  Il  fond  à  37  degrés  et  peut  demeurer  liquide  à  la  tem- 
pérature ordinaire. 

»  Viodure  d'allyle ,  C6  H4 12,  se  prépare  en  dissolvant  dans  1  partie 
d'allyle  légèrement  chauffé  6  à  7  parties  d'iode  :  le  mélange  se  liquéfie 
d'abord,  puis  au  bout  de  deux  à  trois  minutes  il  redevient  solide.  On 
broie  la  masse  avec  une  solution  aqueuse  de  potasse,  et  on  fait  cristalliser 
dans  l'éther  bouillant  l'iodure  d'allyle. 

»  Ce  corps,  bouilli  avec  de  la  potasse  en  solution  alcoolique,  se  décom- 
pose et  donne  un  produit  dont  l'odeur  est  analogue  à  celle  de  rallyle;bouilli 
avec  la  potasse  en  solution  aqueuse,  il  ne  subit  qu'une  décomposition  in- 
sensible en  dégageant  des  traces  de  gaz  inflammable. 

»  Chauffé  avec  un  mélange  d'acide  chlorhydrique  fumant  et  de  mercure, 
il  est  faiblement  attaqué  et  ne  dégage  pas  de  gaz  en  proportion  appré- 
ciable. 

»  La  formule  de  l'iodure  d'allyle,  Ce  H5 11,  ne  diffère  que  par  un  équi- 
valent d'iode  de  celle  du  propylène  iodé,  C6H5I2  :  aussi  avons-nous  cherché 
soit  à  transformer  ces  deux  corps  l'un  dans  l'autre,  soit  à  préparer  le  pro- 
pylène iodé  au  moyen  de  l'allyle.  Mais  aucune  de  ces  expériences  n'a 
réussi  : 

»  i°.  Si  l'on  fait  réagir  sur  une  partie  d'allyle  (1  équivalent),  3  parties 
d'iode  (1  équivalent),  il  se  forme  de  l'iodure  cristallisé,  C°  H5 1*,  et  le  mélange 
conserve  l'odeur  de  l'allyle;  chauffé  avec  du  mercure  et  de  l'acide  chlorhy- 
drique fumant,  ce  mélange  ne  dégage  aucun  gaz,  mais  seulement  l'excès 
d'allyle  liquide  qu'il  renferme. 

»   i°.   Le-  propylène  iodé  dissout  à  chaud  une  grande  quantité  d'iode; 


(  »37  ) 
mais  un  traitement  par  la  potasse  aqueuse  enlève  cet  iode  et  fait  reparaître 
le  propylène  iodé  avec  tous  ses  caractères.  D'ailleurs,  dans  les  conditions 
où  il  prend  naissance,  le  propylène  iodé  se  trouve  en  présence  d'un  équiva- 
lent d'iode  libre  auquel  il  ne  se  combine  pas. 

»  3°.  L'acide  chlorhydrique  fumant  et  le  mercure  transforment  le  propy- 
lène iodé  en  propylène,  tandis  qu'ils  n'agissent  pas  sur  l'iodure  d'allyle. 

»  Ce  dernier  corps  distillé  fournit  de  l'iode  et  un  liquide  neutre  que 
l'acide  chlorhydrique  et  le  mercure  ne  transforment  pas  en  propylène. 

»  Ces  divers  faits  prouvent  que  le  propylène  iodé,  Ca  H5 1,  et  l'iodure 
d'allyle,  CH'P,  n'ont  pas  entre  eux  les  mêmes  relations  que  les  deux 
iodures  de  mercure  par  exemple  :  ils  correspondent  à  deux  états  molécu- 
laires distincts. 

»  Ainsi  le  carbure  mis  à  nu  par  le  sodium,  agissant  sur  le  propylène  iodé, 
ne  présente  pas  vis-à-vis  du  propylène  iodé  les  mêmes  relations  que  pré- 
sente un  radical  réel  vis-à-vis  de  son  iodure.  Car  dans  le  premier  cas,  les  ré- 
sultats de  l'analyse  ne  sont  pas  confirmés  par  la  synthèse. 

»  Au  contraire,  l'allyle  présente  ces  mêmes. relations  vis-à-vis  du  bro- 
mure d'allyle  :  en  effet,  le  bromure  d'allyle,  traité  par  le  sodium,  régénère 
l'allyle  avec  toutes  ses  propriétés  :  odeur,  point  d'ébullition,  propriété  de 
former  avec  l'iode  un  composé  cristallisé,  etc.  Cet  accord  entre  les  résultats 
analytiques  et  synthétiques  prouve  que  le  carbure,  uni  au  brome  dans  le 
bromure  d'allyle,  s'y  trouve  dans  un  état  moléculaire  semblable  à  celui  de 
l'allyle  lui-même.  » 

météorologie.  —  Sur  un  bolide  vu  à  l'Observatoire  impérial  de  Paris  dans 
la  soirée  du  3  février  ;  par  M.  Diex.  (Note  transmise  par  M.  Yvon 
Villarceau  en  l'absence  de  M.  le  Directeur  de  l'Observatoire.) 

«  Le  dimanche  3  février,  à  8h  5m,  temps  moyen,  le  ciel  fut  éclairé  d'une 
vive  lumière  qui  tout  à  coup  se  manifesta  au  sud-est  ;  portant  mes  regards 
de  ce  côté,  je  vis  se  former  une  traînée  lumineuse  des  plus  intenses,  précédée 
d'un  globe  blanc  d'argent  éblouissant,  de  i5  minutes  de  diamètre  environ. 
Cette  traînée  brillante  et  très-blanche  avait  en  moyenne  io  minutes  de 
largeur,  et  sa  longueur  était  égale  à  23  degrés,  s'étendant  de  la  tète  de 
l'Hydre  jusque  dans  le  voisinage  des  étoiles  i)  et  y  du  Lion,  où  le  globe 
filant  disparut  après  avoir  passé  au  nord  de  Régulus. 

»  Il  est  à  remarquer  :  i°  que  le  mouvement  de  ce  globe  semblait  être 
très-sensiblement  saccadé;  i°  qu'à  la  blancheur  de  la  lumière  du  bolide  a 

C.  R.,  i856,  Ier  Semestre.  (T.  XLII,  N°  3.)  32 


(  *38) 
succédé,  peu  avant  sa  disparition,  une  couleur  d'un  rouge  pourpre  éblouis- 
sant, du  côté  de  la  traînée  lumineuse  ;  3°  que  la  traînée  de  lumière  a  persisté 
tout  le  temps  de  l'apparition  du  globe  enflammé.  Ces  apparences  ont  duré 
environ  quatre  secondes. 

»  Je  crois  devoir  ajouter  que  dans  la  même  soirée,  à  7b3om  temps  moyen, 
la  lumière  zodiacale  s'est  montrée  dans  tout  son  éclat,  avec  sa  teinte  rou- 
geàtre.  Sa  base  était  sous  le  carré  de  Pégase,  et  la  largeur  de  la  bande  lumi- 
neuse s'élevait  à  1 5  degrés  dans  la  région  des  étoiles  équatoriales  des  Pois- 
sons :  l'extrémité  nord  de  la  lumière,  au  lieu  de  se  porter  vers  -y  du  Bélier, 
comme  je  l'avais  observé  le  27  janvier,  jour  où  elle  était  faible  et  blan- 
châtre, s'est  abaissée  ;  elle  passe  actuellement  plus  au  sud  et  exactement 
par  n  des  Poissons.  » 

MÉDECINE.  —  Note  sur  deux  applications  nouvelles  de  l'acide  sulfureux  ; 
par  M.  H.  Grun,  commissaire  pour  les  produits  des  Indes  à  l'Exposition 
universelle. 

«  En  i85i,  ayant  à  traiter  à  Paris  un  cas  de  teigne  faveuse  qui  avait 
résisté  à  tous  les  moyens  ordinairement  employés,  il  m'est  venu  l'idée  d'es- 
sayer l'acide  sulfureux,  dont  l'action  sur  les  parasites  végétaux  est  depuis 
longtemps  connue. 

»  Le  résultat  dépassa  toutes  mes  espérances.  L'acide  sulfureux,  appliqué 
directement  par  voie  d'insufflation,  détruit  la  maladie  en  quelques  jours. 
Plus  de  dix  expériences  ultérieures  ont  confirmé  la  première.  Quand  le 
favus  est  petit,  je  l'ai  vu  flétrir  six  heures  après  la  première  fumigation. 
Dans  d'autres  cas,  la  matière  faveuse  flétrit  et  se  contracte,  et  en  quelques 
jours  on  peut  l'enlever  en  masse  adhérente  à  la  croûte.  Alors  on  voit  dans 
le  cuir  chevelu  un  trou  cylindrique  et  profond  qui  a  l'air  d'être  fait  avec  un 
emporte-pièce.  Ce  trou  se  contracte,  se  remplit  et  il  ne  reste  rien  de  la 
maladie. 

»  L'appareil  que  j'ai  employé  est  fort  simple  :  une  pipe  en  terre,  un  bou- 
chon auquel  on  ajuste  un  bout  de  pipe  en  caoutchouc.  On  met  du  soufre 
et  quelques  morceaux  d'amadou  dans  le  bol  de  la  pipe,  on  allume  l'ama- 
dou, on  bouche  le  bol  et  l'on  souffle.  Par  ce  moyen,  un  jet  d'acide  sulfu- 
reux est  projeté  sur  le  tubercule  faveux,  qui  flétrit  et  se  détache  en  quel- 
ques jours. 

»  La  seconde  application  de  l'acide  sulfureux  est  aussi  le  résultat  de 
l'induction  que  l'expérience  est  venue  confirmer. 


(  ^9  ) 
»  En  voyant  l'acide  agir  si  promptement  sur  le  cryptogame  de  la  teigne, 
je  me  suis  demandé  s'il  ne  devait  pas  agir  de  même  dans  des  cas  analogues, 
c'est-à-dire  contre  d'autres  maladies  qui  résultent  du  développement  d'un 
cryptogame.  Jusqu'ici  je  n'ai  eu  l'occasion  d'appliquer  cette  théorie  qu'à  la 
maladie  des  vers  à  soie.  Mes  expériences  ont  été  faites  dans  les  Indes,  et  il 
faudrait  les  répéter  en  France  avant  d'affirmer  qu'elles  auront  dans  ce  pays 
les  mêmes  résultats  ;  cependant  je  crois  pouvoir  promettre  qu'en  brûlant 
des  quantités  très-minimes  de  soufre  dans  les  magnaneries  pendant  toute 
la  période  de  l'éducation  du  ver  à  soie,  on  guérira  ou  l'on  empêchera  le 
développement  de  la  maladie  connue  sous  le  nom  de  muscardine.  » 

chimie  appliquée.  —  De  la  présence  de  la  chaux  dans  la  soie,  et  de  ses 
inconvénients  dans  l'opération  du  décreusage  ;  par  M.  Guinon. 

«  On  a  remarqué,  depuis  plusieurs  années,  que  les  étoffes  de  soie  en 
couleurs  claires  et  moyennes,  mais  surtout  les  taffetas,  présentent,. peu  de 
temps  après  leur  fabrication,  un  grand  nombre  de  points  ou  taches  fon- 
cées. Ces  points,  d'abord  très-petits  et  à  peine  visibles,  se  développent  et 
s'étendent  au  cylindrage,  et  ôtent  à  l'étoffe  une  partie  de  sa  valeur,  lors 
même  que  les  taches  ont  été  enlevées  par  l'essence  de  térébenthine  ou  par 
les  autres  dissolvants  des  corps  gras. 

»  Ces  accidents,  qui  se  répètent  très-souvent  et  en  grand  nombre, 
pouvaient  gravement  compromettre  la  réputation  de  la  fabrique  lyonnaise. 
Il  était  donc  urgent  d'en  rechercher  la  cause  et  de  trouver  le  moyen  de 
les  prévenir.  Je  suis  parvenu  à  découvrir  ce  moyen  par  des  procédés  que  je 
n'ai  pas  l'intention  d'exposer  ici.  Je  veux  seulement  rendre  compte  de 
quelques  expériences  dont  les  résultats  mettront  peut-être  sur  la  voie  pour 
arriver  à  connaître  la  cause. 

«  J'ai  observé  qu'à  la  suite  du  décreusage  des  soies,  lors  même  qu'il  a 
été  opéré,  dans  un  but  expérimental,  avec  de  l'eau  distillée  et  du  savon 
parfaitement  essayé,  il  restait  toujours  un  dépôt  de  savon  calcaire.  Cette 
remarque  m'a  fait  conjecturer  que  la  soie  pouvait  contenir  naturellement 
une  certaine  quantité  de  chaux  qui  lui  est  en  partie  enlevée  au  moment  du 
décreusage.  Pour  obtenir  la  démonstration  directe  de  ce  fait,  je  me  suis  livré 
à  une  série  d'expériences  analytiques  qui  sont  venues  confirmer  mon  opi- 
nion. Aux  résultats  de  l'analyse,  j'ai  pu  ajouter  une  contre-épreuve  parfaite- 
ment convaincante.  J'ai  constaté  que  les  soies  préalablement  traitées  par 

3a.. 


(  *4o  ) 

l'acide  chlorhydrique  étendu,  et  ensuite  lavées,  n'exigent  plus  pour  le 
décreusage  qu'une  proportion  de  savon  notablement  inférieure  à  ce  qu'elles 
auraient  demandé  sans  cette  opération.  Mes  expériences,  entreprises  dès 
i854,  ont  été  faites  sur  des  soies  de  qualités  et  de  provenances  diverses. 
J'y  ai  soumis  des  soies  grèges  filées  avec  soin  à  la  condition  de  Lyon, 
pour  le  compte  de  la  Société  d'Agriculture;  les  résultats  ont  été  les  mêmes. 
J'ai  constaté  la  présence  de  la  substance  calcaire  dans  les  liquides  qui  ont 
servi  au  décreusage;  et  cependant  je  m'étais  assuré  que  l'eau  employée  n'en 
contenait  pas. 

»  Dès  cette  époque,  l'existence  de  la  chaux  dans  la  substance  même  de 
la  soie  devint  pour  moi  hors  de  doute.  Il  ne  s'agissait  plus  que  d'en  déter- 
miner les  proportions  et  l'état. 

»  Voici,  sur  le  premier  point,  les  données  que  mes  analyses  m'ont 
fournies  : 

Trame  jaune  de  pays °>49  grammes  par  kilogramme. 

Grége  blanche  de  pays °  >  44         ■  * 

Soie  de  Chine o,3o         »  » 

Autre  soie  de  Chine 0,48         »  » 

Soie  du  Bengale  jaune 0,42         »  » 

Soie  de  Tussah °>79         "  ■ 

»  Ces  résultats  ont  été  obtenus  au  moyen  de  l'acide  chlorhydrique  for- 
tement étendu  d'eau  distillée.  Dans  les  mêmes  conditions,  l'acide  acétique 
en  fournit  d'analogues. 

»  Les  proportions  de  matière  calcaire  indiquées  dans  le  tableau  qui 
précède  sont  considérables.  Elles  le  paraîtront  surtout  si  l'on  songe  que 
la  chaux  y  représente  environ  le  tiers  de  la  base  alcaline  qui  entre  dans 
la  composition  du  savon  employé  an  décreusage,  c'est-à-dire  en  moyenne 
a5  pour  100. 

p  L'existence  de  la  matière  calcaire  dans  la  soie  étant  reconnue,  sous 
quel  état  se  trouve  cette  matière  ?  Nous  savons  qu'elle  n'y  est  pas  à  l'état 
de  phosphate,  puisqu'elle  est  soluble  dans  l'acide  acétique,  et  que  la  so- 
lution, évaporée  et  calcinée,  laisse  pour  résidu  de  la  chaux  vive.  Je  suis 
porté  à  croire  qu'elle  y  existe  comme  principe  constituant  qui  se  forme  au 
moment  de  l'organisation  de  la  substance  sérigène. 

»  Des  expériences  et  observations  que  je  viens  d'énumérer,  il  ressort 
évidemment  qu'une  décomposition  de  savon  s'effectue  sous  l'influence  de 
la  chaleur  au  moment  du  décreusage;  qu'un  savon  calcaire  se  for. ne  et  se 


(  «4i  ) 

fixe  ou  s'interpose  inégalement  entre  les  brins  de  soie,  et  produit  les  taches 
lorsque  l'étoffe,  et  conséquemment  le  savon  calcaire  attaché  à  la  soie,  sont 
soumis  à  l'action  de  la  chaleur  et  de  la  pression  au  cylindrage,  et  quel- 
quefois plus  tard  par  le  fait  de  la  décomposition  spontanée.  » 

médecine.  —  Sur  un  nouvel  acarus  du  cheval ,  pouvant  transmettre  la 
gale  de  ce  solipède  à  l'homme.  (Extrait  d'une  Note  de  MM.  Bourguignon 
et  Delafond.  ) 

«  Jusqu'à  ce  jour,  il  était  permis  de  révoquer  en  doute  les  cas  de  trans- 
mission de  la  gale  du  cheval  à  l'homme,  attendu  que  le  parasite  connu  de 
la  gale  du  cheval  ne  pouvait  vivre  sur  l'espèce  humaine,  et  que  les  auteurs 
qui  se  sont  prononcés  pour  l'affirmative  n'ont  jamais  démontré  scientifique- 
ment que  la  maladie  transmise  fût  réellement  due  à  la  présence  d'un  acare 
provenant  du  cheval.  En  partant  des  données  fournies  par  l'entomologie, 
on  était  fondé  à  refuser  aux  parasites  connus  propres  aux  herbivores,  et  au 
cheval  en  particulier,  la  faculté  de  transmettre  la  gale.  L'observation  vient 
de  nous  permettre  de  remonter  des  effets  aux  causes  et  de  tout  expliquer. 

»  Le  cheval  peut  avoir  deux  espèces  de  gale  :  une  première,  due  à  la  pré- 
sence du  parasite  acarien  propre, aux  herbivores  et  connu  depuis  long- 
temps, qui  ne  saurait  tracer  des  sillons,  vivre  sur  la  peau  de  l'homme  et  lui 
transmettre  la  contagion  ;  une  seconde,  due  à  la  présence  d'un  acare. iden- 
tique à  celui  des  carnivores,  pouvant  tracer  des  sillons,  transmettre  la 
psôre,  et  dont  personne  n'a  soupçonne'  V existence  jusqu'à  ce  jour.  Cette 
maladie  transmissible  est  aussi  différente  dans  l'ensemble  de  ses  symptômes 
de  celle  qui  ne  peut  se  communiquer,  que  les  parasites  qui  en  sont  la  cause 
première  diffèrent  entre  eux.  » 

M.  Balard  dépose  sur  le  bureau  une  Lettre  qui  lui  a  été  écrite  par 
M.  J.  Barse,  à  l'occasion  du  Rapport  fait  à  l'Académie,  dans  sa  séance  du 
17  décembre  î855,  sur  un  procédé  propre  à  faire  distinguer  par  des  réac- 
tions spéciales  le  silicium  et  le  tungstène  d'avec  l'argent,  Lettre  dans  laquelle 
M.  Barse  explique  comment  et  pourquoi  son  nom  se  trouve  figuré  à  l'occa- 
sion de  l'argyrolithe. 

«  En  novembre  i853,  M.  Murray  me  présenta  des  pièces  d'orfèvrerie  sur 
la  nature  desquelles  il  me  chargea  de  donner  mon  avis.  Mon  opinion 
devait  décider  de  l'achat  de  cette  invention   pour  le  compte  d'une  des 


(  ^  ) 

grandes  maisons  d'Angleterre.  Le  prix  à  payer  à  l'inventeur  était  convenu, 
il  était  très-considérable. 

»  Après  des  expériences  faites  chez  moi,  chez  l'inventeur,  au  laboratoire 
de  la  Pharmacie  centrale  avec  M.  Soubeiran,  je  fis  le  27  décembre  à 
M.  Murray  un  Rapport  dont  je  donne  ici  littéralement  les  conclusions  : 

c<  En  résumé,  quand  on  agit  sur  des  matières  premières  exemptes  d'ar- 
»  gent,  on  ne  réussit  pas.  Quand  on  agit  sur  des  matières  contenant  de 
»  l'argent,  on  obtient  un  dépôt  correspondant  à  la  dose  du  métal  introduit. 
»  L'analyse  des  pièces  sortant  d'un  bain  de  silice  argentifère  démontre  que 
»  l'argent  est  fixé  sur  les  pièces  sans  mélange  de  silicium.  Je  conseille  donc 
»  à  M.  Murray  de  considérer  le  procédé  d'argenture  par  l'argyrolithe  comme 
»  une  invention  impraticable  dans  toute  autre  main  que  celle  de  l'inventeur. 
»  Mon  avis  est  que  rien,  dans  les  expériences  dont  j'ai  été  témoin,  ne  pré- 
»  sente  ce  procédé  comme  un  objet  d'exploitation  industrielle.  » 

»  M.  Murray  rompit  et  fit  rompre  avec  l'argenture  au  silicium.  L'inven- 
teur fit  alors  appel  à  ma  loyauté  en  me  priant  de  venir  me  convaincre  de 
mon  erreur  au  moyen  de  faits  nouveaux.  J'avais  reçu  des  honoraires  pour 
le  travail  qui  avait  condamné  le  silicium,  je  me  tins  pour  obligé  de  reprendre 
gratuitement  tous  les  travaux,  de  rassembler  toutes  les  preuves  capables 
d'infirmer  mon  opinion  première  si  elle  était  fausse. 

»  En  février  1 854?  je  rédigeai  un  Mémoire  que  j'adressai,  non  pas  à  des 
capitalistes,  non  pas  au  public,  mais  à  des  juges,  c'est,  à-dire  à  l'Académie 
des  Sciences.  Dès  ce  moment,  j'appartenais  par  les  loi*  de  la  simple  droi- 
ture à  la  défense  du  silicium,  jusqu'au  jugement  de  l'Académie.  Telle  fut  la 
cause  de  mon  intervention,  toujours  gratuite,  dans  un  procès  en  contrefa- 
çon intenté  au  silicium.  Nommé  expert  avec  MM.  Pelouze  et  Chevallier,  nos 
opérations  se  firent  au  laboratoire  de  la  Monnaie.  Je  ne  crains  pas  de  m'ap- 
puyer  de  M.  Pelouze  pour  l'affirmer.  Mes  coexperts,  comme  M.  Soubeiran 
avant  eux,  m'ont  tenu  pour  un  homme  digne,  indépendant  et  loyal. 

»  Voilà,  Monsieur,  tout  ce  qui  me  concerne  dans  l'histoire  du  silicium. 
Tout  le  reste,  exploitation  commerciale,  société  industrielle,  publications, 
appel  de  capitaux,  j'y  suis  étranger.  Jusqu'au  i5  janvier  i856,  huit  jours  à 
peine,  je  n'ai  pas  connu  un  seul  homme,  ouvrier  ou  maître,  pas  un  seul 
local,  cabinet,  laboratoire  ou  boutique,  ayant  rapport  à  l'argyrolithe,  soit 
de  loin,  soit  de  près.   » 

•<  A  la  suite  de  cette  communication,  M  Balard  prend  la  parole  pour 
demander  l'insertion  de  la  Lettre  de  M.  Barse  dans  les  Comptes  rendus.  Il 


(  *4'3  ) 
fait  remarquer  d'ailleurs  à  l'Académie  que  M.  Barse  ne  réclame  pas  contre 
les  conclusions  du  Rapport  qui,  ainsi  que  l'a  dit  M.  Thenard,  reste 
dans  son  entier;  mais  que  la  Lettre  a  seulement  pour  but  de  protester 
contre  l'usage  qu'on  a  fait  du  Mémoire  qu'il  avait  présenté  dans  des  vues  et 
pour  des  intérêts  qui  lui  sont  tout  à  fait  étrangers;  ainsi  que  de  décliner 
toute  espèce  de  participation  aux  actes  qui  avaient  rendu  ce  Rapport  si  néces- 
saire. Il  est  dès  lors  convenable  que  les  observations  de  M.  Barse  reçoivent 
la  même  publicité  qu'avait  reçue  le  Rapport.  » 

physiologie.  —  Action  des  vapeurs  d'essence  de  térébenthine  inspirées  ; 

par  M.  Letelmer. 

«  Voulant  empêcher  une  citerne  de  8  mètres  cubes  de  perdre  l'eau, 
j'y  descendis  avec  un  vase  contenant  environ  25o  grammes  d'essence  et 
5oo  grammes  de  goudron  et  de  poix  et  placé  sur  trois  ou  quatre  charbons. 
J'étendis  ce  mélange  chaud  au  pinceau.  Je  n'avais  pas  recouvert  8  mètres 
de  surface  que  je  fus  obligé  de  remonter,  en  raison  de  vertiges,  sans  dou- 
leur, sans  pesanteur  de  tête,  sans  voir  les  objets  tourner,  sans  aucune  dis- 
position à  la  syncope,  sans  la  moindre  faiblesse  dans  les  jambes;  il  me 
semblait  que  j'allais  tomber  à  droite  ou  à  gauche  (jamais  en  avant  ou  en 
arrière)  et  j'écartais  machinalement  les  jambes  pour  éviter  une  chute;  les 
secousses  de  la  tête  augmentaient  ce  chancellement,  cette  titubation.  Nul 
brouillard  devant  les  yeux,  tous  les  sens  bien  intacts;  la  parole  seule  me 
paraissait  un  peu  pénible;  pouls  et  respiration  parfaitement  normaux;  nul 
dérangement  de  l'intelligence,  de  l'estomac  ou  des  entrailles;  je  n'éprouvai 
qu'une  légère  moiteur  et  un  peu  de  fourmillement  au  dos  des  poignets; 
l'urine  était  absolument  inodore  (je  n'ai  pas  perçu  d'avantage  l'odeur  de 
violette  sur  deux  malades  affectés  de  catarrhe  intense  de  vessie  et  qui  ont 
guéri  par  l'essence  prise  par  la  bouche  mieux  qu'avec  la  térébenthine  cuite). 
Cet  accident  se  dissipa  peu  à  peu,  en  une  heure,  par  l'exposition  à  l'air. 

»  Dans  la  soirée  je  renouvelai  mon  essai,  et  bien  que  le  fourneau  n'eût 
pas  été  allumé  plus  de  quelques  minutes,  les  mêmes  accidents  se  reprodui- 
sirent en  moins  d'une  demi-heure;  enfin  le  lendemain  je  recommençai 
sans  Jeu,  et  en  une  demi-heure  je  fus  forcé  de  remonter  par  des  accidents 
absolument  identiques. 

»  Je  conclus  de  cette  observation  que  les  vapeurs  d'essence  de  térében- 
thine inspirées  agissent  primitivement  sur  le  cerveau  en  l'excitant  à  la  ma- 
nière des  alcooliques,  et  que  par  conséquent  on  ne  doit  employer  ces 


(  244  ) 

substances  qu'avec  précaution.  Il  se  peut  qu'après  l'excitation  il  survienne 
de  l'affaissement  comme  après  l'abus  des  alcooliques,  mais  ce  ne  serait  qu'un 
effet  consécutif.  » 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  chargée  de  l'examen  d'une  Note  de 
M.  Marchai  de  Calvi,  sur  les  effets  de  l'inhalation  d'essence  de  térében- 
thine.) 

M.  Wanner  présente,  comme  supplément  à  sa  précédente  Note  sur  l'or- 
gane pulmonaire  considéré  comme  premier  imputseur  du  sang ,  les  résultats 
de  deux  expériences  qu'il  considère  comme  des  preuves  à  l'appui  de  la 
théorie  exposée  dans  cette  Note. 

«  Dans  la  première  expérience  faite  sur  un  mouton,  on  a  introduit  de 
l'air  condensé  dans  les  deux  médiastins  de  manière  à  neutraliser  les  mou- 
vements de  la  poitrine,  et  l'on  a  ainsi  déterminé  en  dix  minutes  la  cessation 
complète  des  battements  du  cœur. 

»  Dans  la  seconde  expérience,  du  sang  de -bœuf  tiré  instantanément  de 
l'animal,  et  reçu,  afin  d'éviter  sa  coagulation,  dans  un  vase  maintenu  à 
une  température  de  37  degrés  centigrades,  a  été  soumis  à  l'action  du 
gaz  acide  carbonique,  au  moyen  d'un  tube  de  verre  recourbé  dont  un  bout 
était  adapté  à  la  vessie  contenant  le  gaz,  et  l'autre  à  un  bouchon  de  liège 
percé  et  avec  lequel  était  bouchée  la  bouteille  contenant  le  sang;  le  li- 
quide sanguin  est  devenu  de  couleur  rouge-brun  et  a  présenté  une  semi- 
coagulation. 

»  Je  conclus  du  fait  de  la  première  expérience,  comparée  à  la  possibilité 
où  l'on  est  de  faire  circuler  par  une  respiration  artificielle  dans  le  corps 
d'un  animal  mort  tout  récemment  le  sang  aussi  longtemps  qu'il  conserve 
sa  liquidité,  que  si  le  cœur  était  le  premier  impulseur  du  mouvement  cir- 
culatoire, ses  battements  devraient  se  prolonger  bien  au  delà  du  temps 
marqué  dans  mon  expérience,  car  MM.  Williams  et  Hope  ont  fait  durer, 
comme  on  le  sait,  une  circulation  artificielle  une  heure  vingt  minutes  après 
le  décès  constaté,  et  auraient  pu  la  faire  durer  plus  longtemps  encore. 

»  La  conséquence  de  la  seconde  expérience  ne  me  semble  pas  moins 
favorable  à  la  thèse  que  je  soutiens,  puisqu'elle  semble  indiquer  que  la 
mort  est  déterminée  dans  l'asphyxie  par  la  coagulation  du  sang  et  l'im- 
possibilité de  la  circulation  par  suite  de  cette  coagulation.  » 

M.  Mac-Arthur,  commissaire  près  de  l'Exposition  universelle  pour  les 
produits  de  l'Australie,  fait  hommage  à  l'Académie,  au  nom  de  l'auteur, 


(  *45  ) 
M.  Threlkeld,  de  deux  ouvrages  sur  la  langue  des  habitants  de  la  Nouvelle- 
Hollande  (environs  de  la  rivière  de  Hunter  et  du  lac  Macquarie). 

M.  Reignauld  demande  et  obtient  l'autorisation  de  reprendre  une  Note 
précédemment  présentée  sur  un  nouveau  mode  de  cautérisation,  Note,  qui 
n'a  pas  encore  été  l'objet  d'un  Rapport. 

M.  Arnut  demande  qu'on  lui  renvoie  une  Note  sur  un  appareil  destiné 
à  la  transmission  des  forces,  qu'il  avait  précédemment  soumise  au  jugement 
de  l'Académie. 

On  fera  savoir  à  l'auteur  que  l'Académie  ne  renvoie  point  les  pièces  qui 
lui  ont  été  adressées;  l'auteur  doit  les  reprendre  lui-même  au  Secrétariat, 
ou  les  faire  retirer  par  une  personne  dûment  autorisée. 

M.  Perreul  adresse  une  Note  sur  un  moyen  qu'il  a  imaginé  pour  arrêter 
rapidement  et  sans  secousse  un  convoi  en  marche  sur  un  chemin  de  fer. 

M.  Seguier  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette  Note  et  à  faire 
savoir  à  l'Académie  si  elle  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 

M.  Kœmg  adresse  un  Mémoire  sur  la  curabilité  de  la  phthisie,  et  prie 
l'Académie  de  vouloir  bien  lui  faire  connaître  le  jour  où  il  pourra  être  admis 
à  lire  un  extrait  de  ce  travail . 

L'Académie  ne  peut  qu'assurer  le  tour  de  lecture  des  personnes  inscrites, 
mais  non  fixer  le  jour  où  la  parole  leur  sera  accordée. 

■ 
M.  Bouniceau,  en  annonçant  l'envoi  prochain  d'un  septième  Mémoire, 

sur  les  Sangsues,  adresse  un  numéro  des  «  Annales  d'agriculture  de  la  Cha- 
rente, »  où  se  trouvent  résumées  quelques-unes  de  ses  observations  sur  ces 
Annélides. 

M.  l'abbe  Roxiiox  envoie  une  Note  ayant  pour  titre  :  «  Les  neuf  partages 
égaux  de  la  surface  du  globe.  » 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  F. 


C.  R.,  i856,  i"  Semestre.  (T.  XLII,  N°  Jî.) 


33 


(  246  ) 

^  BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  4  février  i856,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Éléments  de  calcul  infinitésimal  ;  par  M.  Duhamel;  t.  Ier.  Paris,  1856;  in-8°. 

Catalogue  îles  brevets  d'invention  pris  du  Ier  janvier  au  3i  décembre  i854.î 
dressé  par  ordre  du  Minislie  de  l'agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux 
publics.  Paris,  i855;  in-8°. 

Comptes  rendus  des  séances  et  Mémoires  de  la  Société  de  Biologie ,  t.  Ier  de  la 
ie  série;  année  i85/j.  Paris,  i855;  in-8°.  (Offert  au  nom  de  la  Société  par 
son  président,  M.  Rayer.) 

De  l' Entéropathie  métallique;  par  M.  Armand  Beaupoil.  Bruxelles,  i855; 
tn-8°.  (Adressé  pour  le  concours  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie.) 

Bulletin  de  la  Société  impériale  des  naturalistes  de  Moscou.  Année   1  854,  • 
nos  2,  3  et  4,  et  n°  1  de  l'année  i855  ;  f\  livraisons  in-8°. 

Nova  Jeta  regiœ  Societatis  Scientiarum  Upsaliensis ;  3e  série;  vol.  I;  in-4°- 

Memorias...  Mémoires  de  l'Académie  royale  des  Sciences  de  Madrid  ;  t.  II; 
Sciences  mathématiques ,  Ve  partie.  Madrid,  i853;  in-4°. 

Memorias...  Mémoires  de  ï  Académie  royale  des  Sciences  de  Madrid  ;  t.  Ier; 
Sciences  naturelles,  partie  III.  Madrid,  1  854  ;  in-4°. 

The  transactions...  Transactions  de  la  Société  Linnéenne  de  Londres; 
vol.  XXI,  IVe  partie.  Londres,  i855;  in-4°. 

Proceedings...  Procès-verbaux  des  séances  de  la  Société  Linnéenne  de  Lon- 
dres ;n°»  59  à  66;  in-8°. 

An  australian...  Grammaire  australienne  contenant  les  principes  et  les  règles 
de  la  langue  parlée  par  les  habitants  des  environs  de  la  rivière  de  Hunter  et  du 
lac  Macquarie;  par  M.  Threlkeld.  Sydney,  1 834  ;  ïn-80.. 

A  key...  Clef  de  la  structure  de  la  langue  australienne  ;  par  le  même.  Syd- 
ney, i85o;  in-8°.  (Offert  au  nom  de  l'auteur  par  M.  Mac- Arthur,  commis- 
saire pour  l'Australie  à  l'Exposition  universelle.) 


PUBLICATIONS     PERIODIQUES     REÇUES      PAR     1/  ACADEMIE     PENDANT 
LE    MOIS    DE    JANVIER    18i>6. 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique;  par  MM.  Chevreul,  Dumas,  Pelouze, 
Boussingault,  Regnault,  de  Senarmont ;  avec  une  Revue  des  travaux  de 
Chimie  et  de  Physique  publiés  à  l'étranger,  par  MM.  Wurtz  et  Verdet; 
3e  série,  t,  XLVI.  Janvier  i856;  in-8°. 

Annales  des  Sciences  naturelles,  comprenant  la  Zoologie,  la  Botanique,  l'Ana- 
tomie  et  la  Physiologie  comparée  des  deux  règnes  et  l'histoire  des  corps  organisés 


(  247  ) 
fossiles;  4e  série,  rédigée,  pour  la  Zoologie,  par  M.  MlLNE  Edwards;  pour 
la  Botanique,  par  MM.  Ad.  Brongniart  et  J.  Décaisse;  tome  IV;   n°  i  ; 
in-8°. 

Annales  de  t' Agriculture  française,  ou  Recueil  encyclopédique  d'Agriculture; 
t.  VI  ;  n°  1 2,  et  t.  VII,  n08  i  et  i  ;  in-8°. 

Annales  de  la  Propagation  de  la  Foi;  t.  XXVIII,  Ire  partie  ;  in-8°. 

Annales  forestières  et  métallurgiques;  décembre  1 855  ;  in-8°. 

Annuaire  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de 
Belgique;  année  1 856;  in-12. 

Annuaire  de  la  Société  météorologique  de  France  ;  t.  III  ;  Pe  partie.  Bulletin 
des  séances,  feuilles  17-23,  IIe  partie.  Tableaux  météorologiques,  feuilles 
28-3 1 . 

Bibliothèque  universelle  de  Genève;  décembre  i855;  in-8°. 

Bulletin  de  i Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux- Arts  de 
Belgique;  tome  XXII,  n°"  11  et  12;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  géographique;  décembre  i855;  in  8°. 

Bulletin  de  la  Société  d'Encouragement  pour  £  industrie  nationale;  novembre 
et  décembre  1 855  ;  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  d'Etudes  scientifiques  et  archéologiques  de  la  ville  de 
Draguignan;  janvier,  i856;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie;  décembre  i855  et  janvier 
I856;in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France;  t.  XII,  feuilles  43  à  5i,  et 
t.  XIII,  feuilles  r  et  2  ;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  médicale  des  Hôpitaux;  n°  17;  in-8°. 

Journal  d'Agriculture  pratique  ;  t.  V,  n°*  1  et  2;  in-8°. 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie ,  de  Toxicologie  ;  janvier  i856; 


in-8°. 


Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'Horticulture;  novembre  et 
décembre  i855;in-8°. 

Journal  de  Mathématiques  put  es  et  appliquées  ou  Recueil  mensuel  de  Mémoires 
sur  les  diverses  parties  des  Mathématiques;  publié  par  M.  JOSEPH  LlOUVlLLE; 
novembre  i855  ;  in-4°. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  janvier  1 856  ;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  n°9  10-12;  in-8°. 

La  Revue  thérapeutique  du  Midi;  n°  12  de  i855,  et  nos  1  et  2  de  t  856;  in-8°. 

L'Art  médical,  journal  de  Médecine  générale  et  de  Médecine  pratique;  jan- 
vier i856;in-8°. 

Le  Moniteur  des  Comices  et  des  Cultivateurs;  n°  3;  in-8°. 


(  ^48  ) 
L  Unité.  Journal  de  Pathologie  générale  et  spéciale,  théorique  et  pratique; 
janvier  i856;  in-8. 

Le  Technologisle ;  janvier  «856;in-8°. 
Magasin  pittoresque  ;  janvier   :856;  in-8°. 

Nouveau  Journal  des  Connaissances  utiles;  n°  9;  in-8". 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques,  journal  des  Candidats  aux  Ecoles  Po- 
lytechnique et  Normale  ;  décembre  1 855,  et  janvier  1 856  ;  in-8°. 

Répertoire  de  Pharmacie  ;  janvier  1 856  ;  in-8°. 

Revue  agricole  et  horticole.  Bulletin  de  la  Société  d'Agriculture  et  d  Horticul- 
ture du  Gers;  4e  année;  n°  1;  in-8°. 

Société  impériale  et  centrale  d'Agriculture.  Séance  publique  de  rentrée  tenue 
le  mercredi  19  décembre  18 jj;  présidence  de  M.  CHEVREUL.  Paris,  1 855  ; 
br.  in-8°. 

La  Presse  Littéraire.  Echo  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  nos  i-3  ; 

L  Agriculteur  praticien  ;  n™  6  à  8;  in-8°. 

Revue  de  Thérapeutique  médico- chirurgicale;  nos  1-25  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  impériale  de  Médecine;   t.  XXI,  n"9  5-8;  in-8°. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences;  table 
du  iersemestre   1 855,   n°  27  ;  2e  semestre  1 855 ;  Ier  semestre  i856;  n""  i-,j. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et 
de  leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie;  t.  V1I1;  i-4e  livraisons;  accom- 
pagnées du  titre  et  de  la  table  du  t.  VI. 

Gazette  des  Hôpitaux  civils  et  militaires  ;  nos  1  - 1 3. 

Gazette  hebdomadaire  de  Médecine  et  de  Chirurgie;  titre  et  table  de  Vannée 
i855;n°'  1-4. 

Gazelle  médicale  de  Paris;  n°*  1-4. 

L'Abeille  médicale;  nos  i-3. 

La  Lumière.  Revue  de  la  Photographie;  n"  \-l\. 

L  Ami  des  Sciences;  noa  i-4- 

La  Science  pour  tous;  n°8  4-8. 

L  Athenœum  français.  Revue  universelle  de  la  Ltitei<au,  t,de  la  Science  et 
des  Beaux- Arts,  nos  1-5;  accompagnée  du  Bulletin  archéologique  du  mois  de 
décembre  1 855. 

Le  Moniteur  des  Hôpitaux;  nos  i-i3. 

Le  Progrès  manufacturier  ;  nos  35-3^. 

Revue  des  Cours  publics;  n°*  1-4. 

Reforme  agricole,  scientifique,  industrielle  ;  noa  84  et  85. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  11  FÉVRIER  1856. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  BINET. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Flourens  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  exemplaire  de  l'Eloge 
historique  de  Léopold  de  Buch ,  qu'il  a  prononcé  dans  la  séance  publique 
du  28  janvier. 

«  M.  Delaunay,  en  présentant  à  l'Académie  un  exemplaire  d'un  Traité 
de  Mécanique  rationnelle  qu'il  vient  de  publier,  lit  la  Note  suivante 
destinée  à  expliquer  l'objet  qu'il  s'est  proposé  en  faisant  cette  publi- 
cation : 

»  Depuis  quelques  années,  l'enseignement  de  la  Mécanique  à  l'École 
Polytechnique  a  été  complètement  modifié,  et  il  en  a  été  de  même  de  la 
partie  de  cette  science  qui  est  exigée  pour  l'admission  à  l'École.  Mais  cela 
n'a  pas  pu  se  faire  sans  qu'il  en  résultât  de  grandes  difficultés.  Les  pro- 
fesseurs des  divers  établissements  de  Paris  et  des  départements  où  étudient 
les  candidats  à  l'École  Polytechnique,  n'étaient  nullement  préparés  au 
nouvel  enseignement  ;  d'un  autre  côté,  malgré  les  détails  dans  lesquels  on 
est  entré  dans  la  rédaction  du  Programme,  ils  ont  de  la  peine  à  savoir  au 
juste  dans  quel  esprit  ils  doivent  faire  leurs  leçons.  Aussi  arrive-t-il  que  les 
élèves  admis  à  l'École  y  apportent  des  notions  très-diverses  sur  les  éléments 
de  la  Mécanique,  notions  qui  sont  souvent  insuffisantes,  et  sur  lesquelles  il 
est  difficile  de  greffer  convenablement  l'enseignement  de  l'École. 

C.  R.,  i856,   i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  6.)  34 


(   a5o  ) 

»  En  ma  qualité  de  professeur  de  Mécanique  à  l'École  Polytechnique, 
j'ai  cru  qu'il  était  de  mon  devoir  de  chercher  à  faire  disparaître  ces  diffi- 
cultés. C'est  en  grande  partie  ce  qui  m'a  déterminé  à  publier  un  ouvrage 
qui  présentât  d'une  manière  méthodique,  et  comme  ne  formant  que  des 
portions  d'un  même  tout,  l'ensemble  des  connaissances  de  Mécanique  ra- 
tionnelle exigées  pour  l'admission  à  l'Ecole  et  enseignées  à  son  intérieur  : 
cet  ouvrage  est  donc  particulièrement  destiné  à  établir  un  lien  intime  entre 
les  deux  enseignements  que  les  élèves  reçoivent  successivement  sur  la  Mé- 
canique, avant  leur  entrée  à  l'École,  et  après  qu'ils  y  sont  admis. 

«  Mais  je  dois  dire  que  ce  n'est  pas  là  le  seul  objet  que  j'aie  eu  en  vue  en 
faisant  cette  publication.  Loin  de  partager  les  idées  de  ceux  qui  veulent 
qu'on  abaisse  le  niveau  des  études,  sous  prétexte  de  rendre  l'enseignement 
plus  pratique,  j'ai  toujours  pensé  qu'un  enseignement,  quel  qu'il  soit,  ne 
saurait  jamais  être  trop  élevé,  pourvu  toutefois  qu'il  ne  dépasse  pas  la  portée 
de  l'intelligence  de  la  majorité  des  personnes  auxquelles  il  s'adresse.  Et,  si 
cela  est  vrai  dans  tous  les  cas,  à  plus  forte  raison  cela  est-il  vrai  quand  il 
s'agit  de  l'École  Polytechnique,  dont  l'enseignement,  destiné  à  être  com- 
plété par  celui  des  écoles  d'application  ,  doit  conserver  essentiellement  le 
caractère  d'un  enseignement  général.  Depuis  que  je  suis  chargé  d'y  pro- 
fesser la  Mécanique,  j'ai  fait  tous  mes  efforts  pour  maintenir  mon  en- 
seignement au  niveau  le  plus  élevé  qu'il  soit  possible  de  lui  donner.  En 
publiant  l'ouvrage  dont  je  présente  aujourd'hui  un  exemplaire  à  l'Académie, 
je  me  suis  proposé  d'atteindre  le  même  but;  j'ai  voulu  formuler  le  nouvel 
enseignement  de  la  Mécanique  conformément  à  cette  manière  de  voir.  Je 
m'estimerai  très-heureux  s'il  peut  contribuer  pour  sa  faible  part  à  main- 
tenir les  études  à  un  niveau  d'où  il  serait  très-fâcheux  qu'on  cherchât  à  les 
faire  descendre.  » 

MAGNÉTISME  TERRESTRE.  —  M.  Le  Verrier,  en  communiquant  une  Note 
de  MM.  Goujon  et  Liais,  en  réponse  à  celle  présentée  par  M.  Laugier  dans 
la  séance  précédente,  entre  dans  les  considérations  suivantes  : 

«  Dans  la  séance  du  21  janvier  dernier,  dit-il,  j'ai  fait  connaître  que  les 
déterminations  de  la  déclinaison  magnétique,  faites  présentement  en  la 
place  du  pavillon  Central  dans  notre  Observatoire,  doivent  être  diminuées 
de  6'  39",  tandis  que  les  inclinaisons  mesurées  dans  le  même  lieu  doivent 
être,  au  contraire,  augmentées  de  6'  3".  Dans  la  dernière  séance,  et  en  mon 
absence,  M.  Laugier  a  cherché  à  jeter  des  doutes  sur  cet  important  résultat, 
en  s'appuyant  sur  un  petit  nombre  de  mesures  prises  à  l'Observatoire  jus- 


.      (  a5i  ) 

qu'en  i853,  et  sur  des  observations  faites  par  lui  en  i854,  au  dehors  de 
l'Observatoire. 

»  Le  but  que  s'est  proposé  M.  Laugier  est  trop  évident.  Malgré  les  mé- 
nagements gardés  dans  la  rédaction  de  mon  article  du  ai  janvier,  s'il  de- 
meure établi  que  les  mesures  prises  à  l'Observatoire  sur  le  magnétisme  ont 
besoin  de  corrections  considérables  et  qui  certainement  n'ont  pas  été  les 
mêmes  à  toutes  les  époques  antérieures,  il  est  clair  que  les  déterminations  faites 
dans  les  dix-huit  dernières  années  sur  la  mesure  absolue  de  la  déclinaison  et 
de  l'inclinaison  perdent,  pour  ne  rien  dire  de  plus,  beaucoup  de  leur  valeur. 
M.  Laugier,  qui  a  pris  une  grande  part  à  ces  opérations,  cherche  donc  à 
échapper  à  cette  conséquence.  Je  regrette  que  les  exigences  de  la  science 
ne  permettent  point  de  lui  faire  à  cet  égard  aucune  concession  (i),  et  d'être 
forcé  de  montrer  que  si  les  observations  de  M.  Laugier  ont  été  insuffisantes 
dans  le  passé,  la  discussion  par  laquelle  il  cherche  à  les  réhabiliter  est 
absolument  fausse. 

»  Un  mot  sur  le  regret  exprimé  par  M.  Laugier,  que  ses  travaux 
n'aient  pas  été  cités  par  nous.  Mais  nous  n'eussions  pu  le  faire  que  pour 
les  critiquer,  et  l'on  n'eût  pas  manqué  de  se  plaindre  alors  de  ce  qu'on 
eût  appelé  une  attaque;  nous  préférons  que  la  nécessité  où  nous  sommes 
amené  de  prouver  l'inexactitude  des  travaux  antérieurs  ne  vienne  pas  de 
nous.  On  ne  comprendrait  point,  enfin,  pourquoi  M.  Laugier  aurait  at- 
tendu d'avoir  quitté  l'Observatoire,  pour  entreprendre,  à  la  fin  de  iS54, 
par  une  campagne  extérieure,  une  vérification  devenue  impossible  de  ses 
travaux  intérieurs,  si  l'on  ne  savait  que  la  question  avait  été  agitée  par 
nous  dès  le  commencement  de  1 854  à  l'Observatoire,  que  personne  n'igno- 
rait quel  plan  nous  nous  proposions  de  suivre  pour  arriver  à  connaître  les 
erreurs  magnétiques  de  l'Observatoire  de  Paris,  et  que  l'exécution  du  tra- 
vail avait  été  seulement  renvoyée,  pour  plus  d'intérêt,  à  l'époque  où  les 
nouveaux  instruments  enregistreurs  seraient  sur  le  point  de  fonctionner. 

»  Laissons  de  côté  la  correction  de  l'inclinaison,  qu'on  a  passée  sous 

(i)  Dans  une  autre  circonstance  où  j'avais  été  conduit  à  signaler  ce  fait,  qu'on  a  publié 
dans  le  passé  des  observations  météorologiques  dont  il  n'y  a  pas  de  traces  dans  les  registres, 
M.  Laugier  put,  sans  être  contredit  par  moi ,  répondre  qu'il  s'agissait  uniquement  d'observa- 
tions interpolées  à  de  très-faibles  intervalles,  tandis  qu'il  est  vrai  qu'un  grand  nombre  d'ob- 
servations manquent  complètement  et  absolument,  et  ont  été  suppléées  à  l'impression-  par 
des  nombres  à  peu  près  arbitraires.  Une  aussi  grande  condescendance  de  ma  part  n'est  plus 
possible  aujourd'hui. 

34- 


(    252    ) 

silence,  quoiqu'elle  ait  bien  son  importance;  et  attachons-nous  à  la  cor- 
rection de  6'  3ç/',  dont  ont  besoin  les  mesures  de  déclinaison  prises  au  lieu 
du  pavillon  Central,  correction  que  M.  Laugier  nie  en  ces  termes  : 
«  Quant  à  moi,  je  persiste  à  croire,  au  contraire,  que  l'influence  des 
»  attractions  locales  n'est  pas  sensible.  » 

»  Pour  étayer  son  opinion,  pour  contredire  nos  opérations  de  i855, 
M.  Laugier  ne  dispose  ni  d'observations  faites  à  la  même  époque,  ni  d'ob- 
servations faites  dans  le  même  lieu.  Mais  il  se  livre  à  des  calculs  pro- 
lixes (i),  à  des  combinaisons  inadmissibles  d'observations  non  comparables 
entre  elles,  oublie  les  corrections  les  plus  indispensables,  et  extrapole 
pour  déduire  des  résultats  qu'il  rencontre  des  considérations  relatives  à 
une  époque  postérieure  ;  c'est  ainsi  qu'il  entend  contester  des  observations 
directes,  faites  dans  des  lieux  où  lui-même  n'a  pas  opéré.  Avant  de  suivre 
M.  Laugier  sur  un  tel  terrain  et  de  montrer  les  vices  radicaux  de  sa  mé- 
thode, ainsi  que  les  erreurs  qu'il  accumule  en  l'appliquant,  prouvons  par 
une  voie  plus  simple  la  fausseté  nécessaire  de  cette  assertion,  que  l'in- 
fluence des  attractions  locales  ne  serait  pas  sensible  dans  les  pavillons 
magnétiques  de  l'Observatoire. 

»  Nous  avons  dit  (séance  du  21  janvier)  qu'il  résulte  de  nos  travaux 
qu'entre  la  déclinaison  mesurée  dans  le  pavillon  de  l'Est  et  celle  mesurée 
dans  le  pavillon  de  l'Ouest,  il  y  a  une  différence  de  6'  16".  Cette  diffé- 
rence, à  laquelle  ne  s'appliquent  pas  les  objections  de  M.  Laugier,  est  cer- 
taine et  à  l'abri  de  tout  conteste. 

»  Les  observations  intérieures  à  l'Observatoire  doivent  être  bonnes  à 
cause  des  circonstances  javorables  dans  lesquelles  elles  ont  été  faites  (  ce 
sont  les  propres  expressions  de  M.  Laugier  lui-même).  Qu'importe  d'ailleurs, 
dans  ce  cas,  l'erreur  constante  d'une  boussole  (  objectée  par  M.  Laugier) 
puisqu'il  s'agit  simplement  de  la  mesure  de  la  différence  des  indications 
fournies  par  l'instrument  en  des  stations  distantes  l'une  de  l'autre  de  quel- 
ques mètres  seulement?  La  détermination  du  méridien  n'est  même  plus 
nécessaire,  et  il  suffit  de  rapporter  la  direction  de  la  boussole  à  la  première 
ligne  droite  venue. 

»  Ainsi,  il  n'a  pu  se  glisser  aucune  erreur  dans  la  mesure  de  cette  diffé- 

(1)  A  cause  de  la  longueur  extra-réglementaire  de  l'article,  il  a  fallu  demander  à  l'Aca- 
démie la  permission  d'imprimer.  Cette  permission,  qui  n'est  jamais  refusée,  ayant  été  men- 
tionnée en  note,  il  est  bon  de  constater  que  cela  n'implique  pour  l'Académie  aucune  espèce 
de  solidarité  dans  les  erreurs  que  je  signale. 


(  a53  ) 
rence  de  6'  16"  entre  les  deux  stations  Est  et  Ouest.  Mais,  en  outre,  nous 
allons  montrer  que  l'accroissement  de  la  déclinaison  apparente  de  l'aiguille, 
à  mesure  qu'on  prend  une  station  plus  Est,  résulte  des  propres  observations 
antérieures  de  M.  Laugier  lui-même. 

»  Le  Ier  et  le  6  décembre  i85o,  M.  Laugier  mesure  la  déclinaison, 
avec  une  boussole  de  Gambey,  dans  le  pavillon  Central  et  dans  le  pavillon 
de  l'Est  successivement,  et  il  trouve  une  différence  de  3'  \  entre  les  deux 
résultats. 

»  Le  4  du  même  mois  et  avec  une  boussole  à  pivot  de  M.  Brunner,  le 
même  observateur  trouve  une  différence  de  5'  \. 

»  La  moyenne  de  ces  deux  mesures  est  de  4'  i-  C'est  cette  discordance  à 
laquelle  M.  Laugier  déclare,  dans  sa  Note,  avoir  eu  la  prudence  de  ne  pas 
s'arrêter.  Nous  avouons  humblement  ne  rien  comprendre  à  cette  pru- 
dence :  nous  avions  toujours  cru  que  lorsqu'un  astronome  arrive  à  faire 
deux  mesures  discordantes  entre  elles,  il  a  pour  premier  devoir,  s'il  veut 
prendre  rang  parmi  les  observateurs  sérieux,  de  chercher  la  raison  de  cette 
discordance,  et  de  s'assurer  si  elle  est  le  résultat  de  l'imperfection  des  in- 
struments ou  de  quelque  variation  dans  le  phénomène  lui-même  dont  on  a 
entrepris  la  mesure. 

»  Il  demeure  donc  établi,  soit  par  nos  mesures,  soit  par  les  mesures  anté- 
rieures, que  les  observations  faites  dans  les  divers  pavillons  présentent  des 
discordances  très-notables.  Or  comment  soutenir,  en  présence  de  ce  fait, 
que  l'influence  des  attractions  locales  est  insensible  dans  les  pavillons  (i)? 
Le  but  de  cette  prétention  est  trop  clair.  Mais  si  l'on  tient  à  donner  aux 
anciennes  observations  une  valeur  réelle,  pense-t-on  y  arriver  en  niant 
l'évidence;  et  ne  vaudrait-il  pas  mieux  chercher,  s'il  est  possible,  à  décou- 
vrir les  corrections  dont  ces  observations  ont  besoin? 

»  La  fausseté  des  conclusions  du  travail  de  M.  Laugier  étant  ainsi  prou- 
vée, il  nous  reste  à  montrer  en  quoi  sa  méthode  et  l'application  qu'il  en  a 
faite  sont  vicieuses  ;  et  c'est  ce  que  nous  ferons  en  empruntant,  sur  ce  point, 
les  termes  de  la  Note  de  MM.  Goujon  et  Liais. 

«  On  sait,  disent  ces  Messieurs,  que  les  éléments  magnétiques  varient 
»  sans  cesse  dans  un  même  lieu.  Quelques-unes  de  ces  variations  sont 
»  périodiques;  d'autres  sont  purement  accidentelles.  Ces  dernières  sont 

(i)  Dans  le  cas  où  M.  Laugier  croirait  devoir  persister  dans  cette  assertion,  nous  l'enga- 
geons à  venir  auparavant  sur  les  lieux  mêmes,  procéder  à  une  vérification  expérimentale  de 
nos  résultats. 


(  ^54  ) 
»  assez  grandes  pour  produire  sur  les  déclinaisons  moyennes  de  deux  jours 
»  du  même  mois  des  différences  qui  atteignent  assez  fréquemment  jusqu'à 
»  20  minutes.  Il  résulte  de  là  qu'une  déclinaison ,  calculée  pour  un  jour 
»  donné  à  l'aide  d'observations  antérieures,  ne  peut  être  exacte,  même 
»  en  tenant  compte  de  toutes  les  variations  périodiques  connues,  qu'à  une 
»  dizaine  de  minutes  près. 

»  Dans  le  tableau  publié  par  M.  Laugier  (1),  et  composé  des  observations 
»  insérées  dans  YJnnuaire  du  Bureau  des  Longitudes,  de  1848  à  i853,  on 
»  trouve  des  différences  annuelles  qui  varient  sans  aucune  loi  apparente, 
»  de  2  à  7  minutes.  C'est  cependant  avec  ces  données  que  M.  Laugier  a 
»  calculé  un  changement  annuel  qu'il  regarde  comme  constant  (2),  et  dont 
»  il  se  sert  pour  infirmer  nos  observations,  sans  avoir  aucunement  égard 
»   aux  perturbations  accidentelles. 

»  Pour  prouver  combien  peu  on  doit  se  fier  à  des  calculs  de  ce  genre, 
»  nous  allons  faire  voir  qu'ils  sont  inadmissibles  même  pour  des  moyennes 
»  mensuelles.  En  effet,  appliquons  à  l'une  des  séries  d'observations  de 
»  M.  Arago  le  système  de.  discussion  dont  s'est  servi  M.  Laugier,  et  propo- 
»  sons-nous  de  calculer  la  déclinaison  moyenne  d'avril  1823  à  l'aide  des 
»  déclinaisons  moyennes  du  même  mois,  observées  pendant  les  années  1 82/j- 
»  25-26-27-28-29-30  ,  dont  l'intervalle  embrasse  aussi  sept  années  comme 
»  dans  le  calcul  de  M.  Laugier.  On  obtient  ainsi  pour  déclinaison  en 
»  avril  1823,  220  25' 8".  Or  M.  Arago  a  trouvé,  22°io/4i"  (3).  Le  calcul 
»  et  l'observation  diffèrent  de  5'27".  Cette  différence  est  d'autant  plus 
»  remarquable,  qu'elle  s'applique  à  une  moyenne  mensuelle,  qui  doit  être 
»  bien  moins  affectée  par  les  perturbations  accidentelles  qu'une  détenni- 
»  nation  isolée,  comme  celle  que  considère  M.  Laugier. 

»  Ainsi  la  méthode  suivie  par  M.  Laugier  est  inadmissible  en  principe, 
»  même  lorsqu'il  est  permis  de  négliger  les  variations  périodiques  annuelles 
»  comme  dans  l'exemple  que  nous  venons  de  traiter,  où  il  s'agissait  de  dé- 
»  clinaisons  moyennes  prises  dans  le  même  mois.  Mais  M.  Laugier  n'opérait 
«  pas  dans  des  conditions  semblables,  et  une  seconde  erreur  dans  sou  travail 
»  provient  de  ce  qu'il  a  calculé  une  déclinaison  pour  le  mois  de  septembre 
»  à  l'aide  d'observations  faites  en  décembre,  sans  avoir  égard  à  l'influence 
»   des  variations  périodiques.  Pour  tenir  compte  de  ces  variations,  il  faut 

(1)  Page    178  du  Compte  rendu. 

(2)  La  diminution  annuelle  de  la  déclinaison  n'est  pas  constante.  On  sait  qu'actuellement 
elle  va  en  croissant.  Ainsi,  en  i83o,  elle  n'était  que  de  1  à  2  minutes. 

(3)  OEuvres  d'Arago.  — Notices  scientifiques,  tome  I,  page  5o2. 


(  a55  ) 
»  remarquer  que  la  différence  entre  les  maximums  diurnes  de  septembre 
»  et  de  décembre  n'est  pas  la  même  que  celle  qui  existe  entre  les  moyennes 
»  diurnes,  parce  que  la  variation  diurne  est  beaucoup  plus  faible  en  sep- 
»  tembre  qu'en  décembre.  En  recourant  aux  observations  de  M.  Arago, 
»  on  trouve  que  le  maximum  diurne  de  septembre  dépasse  de  2', 43  celui 
«  de  décembre,  indépendamment  de  l'excès  qu'il  présente  par  l'effet  de  la 
»  diminution  séculaire.  Au  résultat  du  calcul  de  M.  Laugier  pour  la  décli- 
»  liaison  magnétique  maximum  au  pavillon  Central  de  l'Observatoire,  le 
»  2  septembre  1 854  •>  d  eût  donc  fallu  ajouter  2', 43,  ce  qui  donne 
»  20°i3',  18.  Or  M.  Laugier  a  déduit  pour  le  même  point  de  ses  obser- 
»  vations  faites  sur  l'enceinte  continue,  20°8',o,4.  La  différence  est  donc 
n  4'»a4  et  non  i',8i  comme  il  l'a  imprimé.  En  admettant  même  la  possi- 
»  bilité  d'une  telle  discussion,  il  resterait  encore  pour  le  pavillon  Central 
»  une  correction  de  4'>24>  résultat  qui  se  rapproche  trop  des  6' 39"  que 
»  nous  avons  trouvées  directement,  pour  être  employé  à  jeter  des  doutes 
»  sur  l'exactitude  de  notre  travail.  Mais,  répétons-le  encore,  aucun  calcul 
»   ne  peut  être  substitué  à  une  observation  directe. 

»  La  boussole  des  variations  diurnes  établie  dans  la  salle  méridienne  a  été 
»  observée  pendant  la  série  de  nos»  déterminations.  A  l'aide  de  ces  indica- 
»  lions,  comparées  à  nos  mesures  absolues,  nous  avons  pu  obtenir  la  valeur 
»  de  la  déclinaison  maximum  diurne  du  lieu  de  l'Observatoire  pour  un  assez 
»  grand  nombre  de  jours  de  septembre  i855.  Cette  partie  de  notre  travail 
»  n'a  pas  encore  été  publiée.  On  y  voit  que  le  6  septembre,  par  exemple,  le 
»  maximum  était  io,°56',82,  et  le  8,  2o"3',83.  D'après  cela,  si  nous  avions 
»  rapporté  toutes  nos  observations  au  maximum  du  8  au  lieu  de  les  rap- 
»  porter  au  7  à  2h3om  du  soir,  tous  les  nombres  auraient  été  augmentés 
»  de  6'  5".  La  déclinaison  déduite  de  nos  observations  faites  dans  la  cam- 
»  pagne  s'accorderait  alors  avec  la  déclinaison  calculée  par  M.  Laugier 
»  à  l'aide  du  changement  annuel  qu'il  a  trouvé.  En  effet,  ses  observations 
»  de  l'enceinte  continue  donnent  pour  le  lieu  de  l'Observatoire,  le  2  sep- 
»  tembre  1 854,  une  déclinaison  de  20°8',o,4-  Le  changement  annuel  étant 
»  de  —  5', 20,  nous  devions  trouver  d'après  lui,  le  8  septembre  1 855, 
»  20°3',74-  C'est  à  sept  centièmes  de  minute  près  le  nombre  que  nous 
»   avons  donné  plus  haut. 

»  Quoiqu'il  ne  faille  pas  attacher  d'importance  à  un  accord  que  font 
»  et  défont  les  perturbations ,  cependant  ce  fait  prouve  encore  que 
»  M.  Laugier  ne  peut  pas  se  fonder  sur  ses  observations  pour  émettre 
»  des  doutes  sur  l'exactitude  des  nôtres. 

»  I^es  observations  d'intensité  relative  dont  parle  M.   Laugier  ont  été 


(  a56  ) 
»  faites  en  avril  i84i,  mais  elles  n'ont  pas  été  calculées  et  les  moyens  de 
»  réduction  manquent,  aucune  trace  n'existant  de  la  détermination  des 
»  corrections  des  aiguilles.  En  outre,  pût-on  même  les  réduire,  il  ne  serait 
»  pas  possible  d'en  rien  conclure  de  précis,  puisqu'il  n'a  été  observé  aucun 
»  instrument  des  variations  d'intensité  pendant  ces  déterminations.  Les 
»  observations  alors  effectuées  étaient  seulement  suffisantes  pour  faire  voir 
»  qu'il  n'existait  pas  de  fortes  différences  dans  l'intensité  sur  les  divers 
>>  points  de  la  terrasse.  C'est  ce  que  confirment  nos  observations,  qui  tou- 
»  tefois  mettent  en  évidence  les  variations  réellement  existantes  et  en 
»  donnent  la  mesure.  » 

»  Les  volumineux  documents  sur  lesquels  est  fondé  le  travail  de 
MM.  Goujon  et  Liais  ne  sauraient  être  insérés  dans  les  Comptes  rendus,  et 
seront  publiés  ultérieurement.  Sur  la  demande  qu'on  en  a  faite,  nous 
donnons,  dès  à  présent,  les  valeurs  de  la  déclinaison  obtenue  dans  les 
quatre  stations  situées  en  dehors  de  Paris.  Ces  déclinaisons  sont  toutes 
rapportées  au  7  septembre  i855  à  ah3om  (1)  : 

Monirouge i9°57'  5i" 

Plaine  Saint-Denis 19.56.27 

Vincennes 1 9 .  52 .  5o 

Saint-Cloud 20 .   4  ■  4^ 

»  La  station  de  Montrouge  était  à  160  mètres  du  chemin  de  fer  de 
Sceaux  (2).  On  a  fait  une  deuxième  détermination  à  100  mètres  du  même 
chemin  de  fer.  Les  deux  résultats  ont  été  identiques  à  quelques  secondes 
près. 

»  La  ligne  qui  joint  les  stations  de  Vincennes  et  Saint-Cloud  et  celle  qui 
relie  les  stations  de  Montrouge  et  de  la  plaine  Saint-Denis  passent  sensible- 
ment par  l'Observatoire.  En  répartissant  les  différences  proportionnelle- 
ment aux  distances,  on  obtient  pour  déclinaison  magnétique  à  l'Obser- 
vatoire : 

Par  les  deux  premières  stations 19°^l'  53" 

Par  les  deux  autres 19. 5^  .87 

(1)  Étant  responsable  de  la  fidélité  du  compte  rendu  de  la  séance,  je  devais  nécessairement 
remarquer  que  ces  déclinaisons  n'ont  pas  été  communiquées  à  l'Académie.  M.  Le  Verrier 
n'ayant  pas  apporté  les  chiffres  n'a  pu  les  produire  lorsqu'ils  lui  ont  été  demandés.  Cepen- 
dant, moyennant  cette  observation,  je  crois  pouvoir  m'abstenir  de  m' opposer  à  leur 
insertion.  (  Note  du  Secrétaire  perpétuel.) 

(2)  lit  non  à  60  mètres,  comme  l'a  dit  M.  Laugier  à  la  séance. 


(,57  ) 
»  Les  valeurs  trouvées  à  Montrouge  et  dans  la  plaine  Saint-Denis  sont 
trop  peu  différentes  pour  qu'il  y  ait  lieu  d'en  conclure  un  changement 
avec  la  latitude.  Les  cartes  n'indiquent  pas,  en  effet,  de  variation  qui 
puisse  être  sensible  pour  de  si  petites  distances.  Les  déclinaisons  obtenues 
à  Vincennes  et  à  Saint-Cloud  montrent  un  changement  avec  la  longitude 
et  qui  est  de  o',70  par  kilomètre.  Ce  nombre  sera  trouvé  un  peu  fort,  si  l'on 
a  égard  aux  anciennes  déterminations  faites  dans  nos  régions.  Toutefois,  ce 
résultat  ne  semble  pas  provenir  d'erreurs  d'observation  :  car  cette  petite 
anomalie  se  représente  entre  les  intensités  des  deux  stations.  Nous  ajou- 
terons d'ailleurs  qu'elle  se  retrouve  encore  dans  les  observations  faites  par 
M.  Laugier  sur  l'enceinte  continue. 

»  En  résumé,  les  influences  des  attractions  locales  dans  les  divers  pa- 
villons magnétiques  sont  incontestables;  elles  résultent  de  nos  propres 
mesures  et  de  celles  de  nos  prédécesseurs  eux-mêmes. 

»  Les  corrections  données  par  nous  pour  l'époque  actuelle  sont  indis- 
pensables. Le  travail  par  lequel  on  a  cherché  à  les  contester  est  faux  en 
principe  et  dans  les  détails. 

»  Si  l'on  peut  parvenir  à  sauver  les  anciennes  observations,  ce  ne  sera 
pas  en  niant,  contre  toute  évidence,  les  causes  d'erreur  qui  les  ont  affectées, 
mais  en  cherchant  à  en  donner  la  mesure.  » 

Réponse   de  M.  Laugier. 

«  Mi  Le  Verrier  vient  de  faire  à  mon  Mémoire  deux  objections  prin- 
cipales que  je  vais  réfuter  facilement. 

»  i°.  M.  Le  Verrier,  en  parlant  de  mes  calculs,  prétend  qu'ils  ne  sont 
pas  exacts,  parce  que  les  déclinaisons  calculées  que  j'ai  comparées  aux 
déclinaisons  observées  sont  des  nombres  extrapolés  et  non  interpolés. 

»  Voici  ma  réponse  : 

»  Les  nombres  que  M.  Le  Verrier  considère  comme  extrapolés  sont  :  la 
la  déclinaison  magnétique  du  pavillon  Central  du  jardin  de  l'Observatoire 
pour  le  2  septembre  1 854,  et  les  diverses  déclinaisons  déduites  des  quatre 
observations  de  l'enceinte  continue. 

»  Les  autres  nombres  étant  donnés  par  l'observation  directe,  il  n'en  peut 
être  question  ici. 

»  Or  la  déclinaison  du  pavillon  Central  du  jardin  de  l'Observatoire  pour 
le  2  septembre  1 854  a  été  conclue  [voir  p.  1 79)  en  considérant  sept  déclinai- 
sons observées  de  *i 848  à  i855.  Comme  la  date  du  2  septembre  1 854  est 

C.  R.  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  6.)  .  35 


(  a58  ) 
comprise  entre  1848  et  i855,  il  y  a  eu  interpolation  et  non  extrapolation, 
comme  le  prétend  M.  Le  Verrier. 

»  Il  en  est  de  même  des  déclinaisons  du  1  septembre  i854  que  j'ai 
calculées  au  moyen  de  la  formule 

Déclin.  =  20  6',  61  —  0.8606  x  —  0.52.67  y, 

pour  l'Observatoire  et  le  jardin  de  la  Maternité,  car  ces  deux  stations  sont 
situées  dans  l'intérieur  de  Paris.  Je  n'ai  donc  pas  conclu  de  l'intérieur  à 
l'extérieiïr,  mais  bien  de  l'extérieur  à  l'intérieur.  J'ai  donc  interpolé  et  non 
extrapolé. 

»  En  résumé,  pour  qu'il  y  eût  extrapolation,  il  faudrait  que  j'eusse  consi- 
déré des  déclinaisons  d'une  année  qui  ne  fût  pas  comprise  entre  1848 
et   i855. 

»  Or  c'est  ce  que  je  n'ai  pas  fait  :  les  deux  seules  dates  pour  lesquelles 
les  déclinaisons  ont  été  calculées  étant  le  1  septembre  1 854  et  le  7  sep- 
tembre i855,  le  reproche  que  M.  Le  Verrier  m'adresse  n'a  aucun  fonde- 
ment, et  on  se  demande  ce  qu'il  a  pu  vouloir  dire  en  parlant  d'extrapola- 
tion à  l'occasion  de  mes  calculs. 

»  a°.  Je  passe  à  la  seconde  objection. 

»  Dans  le  calcul  de  la  déclinaison  de  la  Maternité  pour  le  1  septem- 
bre i854,  vous  avez  considéré,  dit  M.  I^e  Verrier,  des  déclinaisons  obser- 
vées dans  les  mois  de  septembre,  de  novembre,  de  décembre  des  différentes 
années  comprises  entre  1848  et  1 855.  Or  on  sait  qu'indépendamment  des 
variations  annuelles,  il  y  a  des  variations  mensuelles  dont  vous  n'avez  pas 
tenu  compte  ;  par  conséquent,  tous  vos  résultats  sont  faux. 

»  Je  réponds  à  cette  objection  par  des  chiffres.  On  peut  voir  dans  la 
noie  (()  les  moyennes  des  déclinaisons  de  chaque  mois  conclues  des  obser- 
vations de  M.  Arago,  et  affectées  des  variations  mensuelles;  on  jugera  s'il 


(1)  Il  importe  d'expliquer  ici  ce  qu'on  enLend  par  variations  mensuelles  de  la  déclinaison 
magnétique. 

Si  l'aiguille  restait  immobile  dans  sa  |K>sition  moyenne,  elle  semblerait  correspondre  pen- 
dant plusieurs  jours  consécutifs  aux  mêmes  divisions  d'une  échelle  graduée,  mais  bientôt , 
en  vertu  de  la  variation  annuelle,  elle  s'écarterait  de  cette  position  pour  se  rapprocher  du 
méridien  astronomique  d'une  quantité  dont  la  valeur  journalière  est  actuellement  de  o",86. 
Mais  les  choses  ne  se  passent  pas  ainsi.  L'aiguille  exécute  autour  de  sa  position  moyenne  des 
oscillations  dont  l'amplitude  est  variable  d'un  mois  à  l'autre  et  même  d'un  jour  à  l'autre.  Ce 
sont  ces  différences  qui  constituent  les  variations  mensuelles.  Voici  la  valeur  moyenne  de 
l'amplitude  des  oscillations,  déduites  des  observations  de  M.  Arago  de  1820  à  i83o,  pom 


f  a59  ) 
y  avait  lieu  de  prendre  en  considération  ces  variations  mensuelles   de   la 
déclinaison;  les  faibles  anomalies   que   l'on   rencontre  ne  sauraient  être 
invoquées  contre  l'exactitude  de  mes  résultats,  si  l'on  remarque  qu'il  s'agis- 
sait pour  moi  de  connaître  surtout  le  mouvement  annuel  en  déclinaison 

les  mois  où  ont  été  faites  les  observations  consignées  daus  mon  Mémoire  : 

SEPTEMBRE.  OCTOBRE.  NOVEMBRE.  DÉCEMBRE. 

Valeur  moyenne  de  l'amplitude  totale. . .      ii'.i4"  ii'.i"         8'.49"  6'. 12". 

D'autre  part  (  OEuvres  de  François  Arago ,  tome  Ier,  page  5o3) ,  en  appelant  déclinaison  de 
chaque  jour  la  moyenne  entre  la  déclinaison  maximum  et  la  déclinaison  minimum,  et  en 
nommant  déclinaison  moyenne  du  mois  la  moyenne  des  déclinaisons  journalières,  on  ob- 
tient le  tableau  suivant  des  déclinaisons  mensuelles  pour  les  mois  de  septembre,  octobre, 
novembre  et  décembre  : 


ANNEES.                        1 

SEPTEMBRE. 

OCTOBRE. 

NOVEMBRE. 

DÉCEMBRE. 

1 

>      /      //  ' 

0          1           II 

•           /           II 

»         ;        Il 

182O              22 

.22.52,25 

22. 22. 10,62 

22.21 .46,02 

22.21 .27 ,37 

l82! 

21 .23,67 

2!. 24, 79 

2 1 .54,63 

2r .20,48 

l822 

20.58,4o 

20 . 44 , ' 8 

20.22,96 

31.    5,43 

l823 

19.21 , 12 

•      «9-48,99 

20.   7,51 

•       !9  '7>37 

l824 

20. 18,75 

20.39,69 

20 .    6,12 

19.41,14 

l825 

19. 19,15 

19.44,12 

'9l5>97 

17.52,72 

1826 

17.  5,85 

16.19,74 

16.  9,64 

i5.53,o8 

1827 

i3.i5,83 

12.32,98 

12.41 ,78 

1 1 .57,63 

]828 

10.53,27 

10.23,99 

10.48,50 

9.57,05 

1829 

8.34,26 

7.41,13 

8^5,37 

9.36,19 

i83o 

5. 16,70 

5.  3,4i 

5.40,74 

6.59,87 

Moyennes  ...      22 . 

16. 18, 1 1 

22.16.   3,b6 

22.16.  6,3o 

22. i5  55, 3o 

La  moyenne  correspondante  à  chaque  mois  donne  des  nombres  dont  les  différences  d'un 
mois  à  l'autre  sont  dues  à  la  variation  annuelle.  Pour  y  faire  entrer  les  variations  mensuelles, 
il  faut  ajouter  à  chacun  d'eux  la  demi-amplitude  mensuelle.  On  aura  de  cette  manière,  pour 
une  époque  moyenne  : 

SEPTEMBRE.  OCTOBRE  NOVEMBRE.  DÉCEMBRE. 

o  t         »  o  f        11  o        1         i,  o  f         1, 

Valeur  de  la  déclinaison  moyenne.  .. .      22.16-18       22   16.   3       22.16.6      22.  i5.55 
Demi-amplitude  mensuelle -+-  5.37  4-  5.3o         -f-  4-2^       -f-   3.   6 

Valeur  de  la  déclinaison  maximum. .. .      22. 21. 55       22. 21. 33       22.-2o.3i      22.19.    ' 

Les  nombres  de  la  dernière  ligne  sont  affectés  de  la  variation  annuelle  et  de  la  variation  men- 
suelle. On  peut  juger,  par  l'accord  qu'ils  présentent,  du  peu  d'importance  de  l'erreur  qui 
résulte  de  l'omission  des  variations  mensuelles,  quand  il  s'agit  de  conclure,  comme  je  l'ai 
fait  d'un  intervalle  de  sept  années,  le  mouvement  annuel  de  déclinaison. 

35.. 


(    2ÔO    ) 

que  j'ai  employé  dans  mon  calcul  pour  transporter  au  7  septembre  i85S 
la  formule  empirique  du  1  septembre  i854,  et  que  six  des  déclinaisons 
dont  j'ai  fait  usage  ont  été  mesurées  dans  les  mois  de  novembre  et  décem- 
bre, où  les  variations  mensuelles  sont  presque  identiques. 

»  Cette  seconde  objection  de  M.  Le  Verrier  n'est  donc  pas  plus  fondée 
que  la  première,  et  les  conclusions  de  mon  Mémoire  subsistent  en  entier. 

»  Ces  conclusions  sont  comprises  dans  le  tableau  de  la  page  182  que  je 
reproduis  ici. 


STATIONS. 

DÉCLINAISON 

observée. 

DÉCLINAISON 

calculée. 

CALCUL 

moins  observation. 

0      / 
20.   3,5 

20 .  9,1 

20.   2,0 

20 . 1 1 , 7 

20. 10, 80 

20. 10,75 

20.  4,4° 

20 .   0 , 1 
20.   5,90 
20.   6,37 

0      /. 
20.    3,92 

20. IO, I I 

20.   1,66 
20. 12,71 
20    9,49 

20.  9,77 
20.   4 '53 

20.  4,53 
20.  4>53 
20.  4>53 

/ 
+   0,42 

-+-   i  ,01 

—  o,34 
4-    1 ,01 

—  1 ,3i 

—  0,98 

-+-  o,i3 
+  4,43 
—   «,37 

—  >,84 

Bastion  n°  88 

Observatoire,  pavillon   Central, 

2  septembre  i854  (interpolé). 

Observatoire ,  pavillon  Central    . 

Nouveau  pavillon  magnétique.  . 

»  On  voit  que  toutes  les  observations  de  l'intérieur  de  Paris  sont 
représentées,  et  s'accordent  avec  mes  quatre  observations  de  l'enceinte 
continue;  qu'en  mettant  de  côté  la  seule  observation  du  pavillon  de  l'Ouest, 
les  déclinaisons  des  trois  autres  pavillons  concordent  assez  bien  entre  elles. 

»  Ainsi  la  question  capitale,  la  question  de  savoir  s'il  faut  ou  non  appli- 
quer aux  déclinaisons  du  pavillon  Central  la  correction  de  6'  3o/'  dont  parle 
M.  Te  Verrier,  se  trouve  sinon  tranchée  définitivement,  du  moins  ajournée 
à  l'époque  où  l'on  pourra  disposer  d'un  plus  grand  nombre  d'observations. 

»  //  résulte  de  mes  observations  de  1 854  que  les  déclinaisons  du  pavillon 
Central,  le  seul  dans  lequel  M.  Arago  ait  observé  ou  ait  fait  observer,  ne 
doivent  recevoir  aucune  correction. 

»  Où  doit-on  donc  trouver  cette  différence  de  6'  3ç/'  ?  Je  dis  qu'il  faut  la 
chercher  dans  les  déclinaisons  des  stations  extérieures  de  MM.  Goujon  et 
Liais.  Or,  dans  mon  Mémoire,  j'avais  donné  pour  ces  stations  les  déclinaisons 


(  =6i  ) 
qui  résultent  de  ma  formule;  j'avais  ajouté  :  «  J'aurais  désiré  en  faire  la 
»  comparaison  immédiate  avec  les  nombres  que  MM.  Goujon  et  Liais  ont 
»  obtenus  au  nord,  au  sud,  à  l'est  et  à  l'ouest  de  Paris  ;  malheureusement 
»  ces  nombres  n'ont  pas  été  publiés  dans  la  Note  de  M.  Le  Verrier.  »  Celait 
en  demander  la  publication  autant  que  je  pouvais  le  faire;  et  j'ai  été  fort 
étonné  en  entendant  la  réponse  de  M.  Le  Verrier,  de  voir  qu'il  n'y  était 
nullement  question  de  ces  observations. 

»  Ces  quatre  déclinaisons  des  stations  extérieures  ont  seules  fourni  à 
M.  Le  Verrier  les  corrections  qu'il  propose,  il  aurait  pu  les  publier  dans  sa 
première  Note;  elles  appartiennent  désormais  à  la  discussion,  et  M.  Le 
Verrier  se  devait  à  lui-même  de  les  mettre  aujourd'hui  sous  les  yeux  de 
l'Académie.  Pour  ma  part,  je  suis  porté  à  croire  qu'elles  renferment  la  con- 
damnation de  son  système. 

»  Cette  condamnation  se  trouve,  du  reste,  dans  les  mesures  de  l'inclinai- 
son magnétique  qu'il  a  publiées.  L'accord  satisfaisant  qu'on  remarque  dans 
ces  inclinaisons  montre  combien  sont  hasardées  les  corrections  de  la  Note 
de  M.  Le  Verrier. 

»  Quant  à  mes  conclusions,  j'ajoute  qu'elles  n'auraient  pas  été  modi- 
fiées, si,  au  lieu  de  trouver  entre  les  diverses  déclinaisons  observées  et  cal- 
culées un  accord  dont  je  suis  moi-même  étonné,  j'avais  rencontré  de  ces 
discordances  qui  sont  acceptables  lorsqu'il  s'agit  d'observations  magnéti- 
ques. Quoi  qu'il  en  soit,  ce  qui  dans  mon  travail  me  paraît  devoir  fixer 
l'attention,  c'est  le  nouveau  plan  que  je  soumets  au  jugement  des  physi- 
ciens :  ainsi,  tout  en  continuant  d'observer  à  la  même  place  les  valeurs 
absolues  des  éléments  magnétiques  et  leurs  variations,  je  propose  en  outre 
de  rechercher  préalablement  dans  chaque  lieu  les  directions  d'égale  décli- 
naison et  de  plus  rapides  variations,  et  d'y  observer  en  différents  points  les 
indications  des  divers  instruments  magnétiques.  En  adoptant  ce  plan,  des 
observateurs  aussi  habiles  que  MM.  Goujon  et  Liais,  qui  ont  à  leur  disposi- 
tion le  beau  matériel  dont  M.  Arago  a  doté  l'Observatoire,  auront  sans 
doute  l'occasion  de  faire  d'importantes  remarques.  J'ai  dû  me  borner  à 
répondre  à  M.  Le  Verrier,  ne  connaissant  pas  les  critiques  que  ces  Mes- 
sieurs adressent  aujourd'hui  même  à  l'Académie,  sur  mon  travail. 

»  Avant  de  terminer,  je  vais  citer  un  passage  du  tome  Ier  des  OEuvres 
de  M.  Arago,  qui  n'est  pas  étranger  à  la  discussion  actuelle.  Voici  ce 
passage  : 

«  L'Observatoire  proprement  dit  s'est  augmenté  depuis  quelques  an- 
»  nées  d'un  amphithéâtre,  situé  à  l'ouest,  dont  le  toit  en  zinc  repose  sur 


(    262    ) 

»  des  fermes  en  fer.  Plus  récemment  la  tour  orientale  de  l'ancien  observa- 
»  toire  a  reçu  un  toit  nouveau  colossal,  dans  l'exécution  duquel  est  entrée 
»  une  immense  quantité  de  fer.  Les  deux  masses  sont  éloignées  de  la  co- 
»  lonne  sur  laquelle  les  inclinaisons  ont  été  mesurées,  de  72  mètres. 

»  Nous  avons  tout  lieu  de  croire,  à  la  suite  de  divers  essais,  qu'à  cette 
»  distance  les  deux  masses  dont  nous  venons  de  parler,  n'ont  pas  agi 
»  d'une  manière  sensible  sur  les  phénomènes  de  l'aiguille  aimantée.  » 

»  Ce  passage  prouve  que  M.  Arago  n'avait  pas  négligé  d'étudier  l'in- 
fluence des  fers  dont  sont  entourés  les  instruments  magnétiques  de  l'Obser- 
vatoire. 

»  Il  ne  pouvait  en  être  autrement.  M.  Arago,  qui  a  consacré  de  si  longues 
années  à  l'étude  des  phénomènes  magnétiques,  qui  a  fait  sortir  de  l'Obser- 
vatoire-de  Paris  les  principales  notions  qu'on  possède  aujourd'hui  sur  le 
magnétisme  terrestre,  telles  que  les  variations  diurnes  de  l'inclinaison  et  de 
l'intensité,  la  simultanéité  des  mouvements  de  l'aiguille  de  déclinaison 
dans  des  stations  très-éloignées,  l'influence  qu'exercent  sur  les  aiguilles 
les  aurores  boréales,  etc.,  M.  Arago,  enfin,  qui  a  contribué  si  puissamment 
à  la  création  de  cette  immense  réseau  d'observatoires  magnétiques  qui 
couvrent  l'Europe  et  une  partie  de  l'Asie,  ne  pouvait  oublier  de  prendre, 
dans  l'observatoire  qu'il  dirigeait,  toutes  les  précautions  nécessaires  à  la 
précision  des  résultats  déduits  de  ses  observations.    » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS 

M.  le  Ministre  des  Affaires  étrangères  transmet  un  Mémoire  sur  le  trai- 
tement des  minerais  argentifères,  que  l'auteur,  M.  Poumarède,  Français 
résidant  au  Mexique,  désire  soumettre  au  jugement  de  l'Académie. 

«  Ma  position  au  Mexique,  dit  M.  Poumarède  dans  la  Lettre  qui  accom- 
pagne son  Mémoire,  m'a  mis  à  portée  de  reconnaître  les  inconvénients  que 
présentent  les  méthodes  de  traitement  actuellement  suivies  dans  ce  pays,  et 
m'a  permis  d'observer  certains  faits  qui  ont  servi  de  base -aux  innovations 
que  je  propose  et  que  je  viens  soumettre  à  la  haute  appréciation  de  l'Aca- 
démie.  » 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Boussingault,  Peligot.) 

M.  Eue  de  Realjiont  présente,  au  nom  de  l'auteur  M.  P.  de  Tchihatchef, 
un  grand  travail  ayant  pour  titre  :  Etudes  climatologiques  sur  l'Asie 
Mineure. 

«  J'ai  consacré  à  l'exploration  de  cette  contrée,  dit  M.  de  Tchihatchef, 


(  a63  ) 
plus  de  cinq  années,  n'ayant  pour  tout  appui  que  mes  ressources  person- 
nelles. Si  le  laps  de  temps  assez  considérable  voué  à  mes  travaux  a  pu  me 
permettre  de  saisir  les  traits  les  plus  saillants  des  conditions  topographiques, 
géologiques  et  botaniques  de  cette  vaste  région,  jusqu'aujourd'hui  presque 
inaccessible  aux  sciences  naturelles  et  physiques,  cet  espace  de  temps  ne  suffit 
point  pour  fournir  les  éléments  nécessaires  à  l'appréciation  climatologique 
d'une  région  quelconque,  et  surtout  d'unerégion  qui,  comme  l'Asie  Mineure, 
présente  tant  de  variétés  dans  son  relief.  Aussi  le  seul  motif  qui  a  pu  m'en- 
courager  à  placer  sous  les  yeux  de  l'Académie  ces  ébauches  très-imparfaites, 
c'est  la  considération  qu'elle  marquera  le  premier  pas  tenté  dans  une  voie 
complètement  neuve  où  je  n'ai  eu  ni  guide  ni  prédécesseur.  » 

Ces  Études  sont  renvoyées  à  l'examen  d'une  Commission,  composée  de 
MM.  Becquerel,  Élie  de  Beaumont  et  Decaisne. 

galvanoplastie.  —  Modelage  par  dépôt  intérieur  des  objets  en  ronde  bosse; 

par  M.  Lenoir. 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Dumas,  Babinet.) 

«  M.  Babinet  met  sous  les  yeux  de  l'Académie  des  bronzes  en  ronde 
bosse  obtenus  par  la  galvanoplastie,  sans  soudures  et  sans  division  du  moule, 
en  plusieurs  parties.  Ces  bronzes  sont  remarquables  par  leur  légèreté, 
qui  surpasse  de  beaucoup  celle  des  bronzes  antiques,  ainsi  que  la  légèreté 
des  modelages  florentins  de  la  Renaissance.  Tous  les  métaux  de  la  galvano- 
plastie peuvent  être  modelés  par  te  procédé  de  M.  Lenoir,  comme  l'est  le 
cuivre,  et  il  n'est  point  de  limite  à  la  grandeur  de  la  statue  que  l'on  veut  re- 
produire. M.  Babinet  s'est  assuré,  en  faisant  couper  les  pièces  à  la  lime  ou 
aux  cisailles,  que  le  dépôt  métallique  est  admirablement  uniforme  d'épais- 
seur, ce  que  les  modelés  par  la  fusion  ne  peuvent  obtenir. 

»  Le  procédé  deM.  Lenoir  consiste  à  introduire  dans  le  creux  du  moule  un 
faisceau  de  fils  conducteurs  qui  en  suivent  intérieurement  la  forme  sans  y 
toucher  nulle  part,  et  y  déposent  uniformément  le  métal  du  bain  où  le  moule 
est  immergé.  On  peut  à  volonté  donner  à  la  pièce  qui  tapisse,  pour  ainsi 
dire,  l'intérieur  du  moule,  telle  force  que  l'on  désire,  ou  même  superposer 
deux  métaux,  l'un  extérieur  comme  l'argent,  l'autre  intérieur  comme  le 
cuivre.  Une  petite  statuette/  parmi  les  échantillons  soumis  à  l'Académie, 
n'a  pas  en  métal  l'épaisseur  d'une  feuille  de  papier,  et  cependant  elle  est 
partout  de  même  force.  Il  y  a  économie  immense  de  métal,  de  main-d'œuvre, 
d'ajustement,  de  soudures,  et  surtout  grande  perfection  artistique  dans  les 


(  ^64  ) 
résultats  obtenus.  Les  frais  et  les  risques  du  retrait  du  ciselage  sont  sup- 
primés. Depuis  plusieurs  mois,  les  ateliers  de  M.  Lenoir  fabriquent  en  grand 
et  avec  plein  succès.  Son  procédé  n'est  donc  point  à  l'état  de  théorie  seule- 
ment, et  des  pièces  d'un  mètre  de  hauteur  ont  été  exécutées.  » 

zootechnie.  —  Mémoire  sur  les  laines  d'Algérie;  par  M.  Emile  Baidement, 
professeur  au  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire ,  Milne  Edwards,  de 
Gasparin,  le  Maréchal  Vaillant.) 

«  Un  lainier,  contenant  quatorze  cent  huit  échantillons  de  laine,  re- 
cueillis sur  presque  tous  les  points  du  territoire  algérien,  a  été  envoyé  à 
l'Administration  de  la  Guerre.  Etudiés  un  à  un ,  puis  comparés  entre  eux, 
ces  échantillons  ont  permis  de  prendre  une  idée  générale  de  la  valeur  des 
laines  d'Algérie  et  de  leur  répartition  sur  le  territoire.  Une  carte,  dressée 
par  l'auteur  du  Mémoire,  représente  chacun  des  groupes  qu'il  établit  par 
une  teinte  spéciale  qui  couvre  l'emplacement  occupé  par  la  tribu  d'où  la 
laine  provient.  Voici  les  conclusions  générales  auxquelles  l'étude  com- 
parée conduit  : 

»  Les  laines  d'Algérie  appartiennent,  en  général,  à  la  classe  des  laines 
communes,  et  on  peut  les  caractériser  en  disant  qu'elles  sont  longues,  dures 
et  sèches,  mécheuses  et  jarreuses ,  trop  souvent  maigres  et  peu  lissées.  Elles 
sont  aussi,  d'une  manière  générale,  fortes  et  peu  chargées  de  suint;  elles  ne 
manquent  pas  de  nature,  et  trahissent  un  certain  type  de  finesse  qui  se  dé- 
veloppant devient  plus  sensible  à  la  fabrication. 

»  Sous  cette  caractéristique  commune  se  produisent  des  différences  qu'on 
peut  rapporter  à  deux  grands  groupes.  Le  premier  comprenant  les  laines 
longues,  excellentes  pour  le  peigne,  avec  plus  d'homogénéité,  de  régularité, 
de  cachet  et  de  richesse  que  les  laines  inférieures,  qui  forment  le  fond  de 
la  production  lainière  d'Algérie  ;  le  second,  composé  des  laines  courtes  ou 
moyennes,  fines  et  offrant  des  mèches,  rappelant  le  type  mérinos,  et  le 
rappelant  quelquefois  au  point  d'en  faire  soupçonner  l'influence  primitive. 

»  Des  combinaisons  existent  entre  les  laines  de  ces  deux  groupes,  résul- 
tant du  voisinage  des  animaux  dans  les  parcours  des  razzias,  etc. 

»  Les  meilleures  laines  dans  tous  les  genres  se  trouvent  dans  la  province 
de  Constantine,  sur  les  frontières  de  la  régence  de  Tunis. 

»  Les  laines  les  plus  inférieures  se  présentent  surtout  à  l'extrémité  nord- 


(  a65  ) 

ouest  et  à  l'extrémité  nord-est  de  nos  possessions,  dans  la  subdivision  de 
Tlemcen  et  dans  celle  de  Bône. 

»  La  province  d'Oran  est  celle  dont  l'ensemble  des  laines  a  le  moins  de 
qualité  ;  la  province  d'Alger  se  place  entre  celle  d'Oran  et  celle  de  Constan- 
tine. 

»  Si  l'on  compare  entre  elles  les  parties  les  plus  voisines  et  les  parties  les 
plus  éloignées  du  littoral,  on  voit  que  le  principe  mérinos  se  révèle  bien 
plus  dans  les  secondes  que  dans  les  premières. 

»  Si  l'on  compare  l'ouest  à  l'est,  on  trouve  que  la  valeur  des  laines  dé- 
croît de  l'orient  à  l'occident,  tout  comme  s'affaiblit  aussi,  dans  la  même 
direction,  l'influence  que  je  rapporte  aux  types  mérinos. 

»  Le  Mémoire  étudie  les  laines  dans  chaque  province,  dans  chaque  sub- 
division, dans  chaque  cercle,  dans  chaque  tribu;  apprécie  les  conditions  de 
sol,  de  climat,  de  situation  agricole  et  politique  des  productions,  et  cherche 
à  démontrer  la  possibilité  d'obtenir,  avec  les  laines  d'Algérie,  dans  l'intérêt 
de  la  métropole  et  dans  celui  de  la  colonie,  des  laines  longues  lisses  et  des 
laines  très-fines,  c'est-à-dire  les  qualités  dont  le  besoin  augmente  en  même 
temps  que  la  pénurie  s'en  fait  sentir  dans  l'industrie.  » 

anatomie  végétale.  —  Note  sur  les  biforines;  par  M.  A.  Trécul. 
(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Botanique.) 

«  En  i836,  Turpin  publia  sur  des  cellules  cristallifères  qu'il  appela  bi- 
forines, une  Note  dans  laquelle  sont  consignés  des  faits  intéressants  qui 
ont  été  méconnus  depuis  par  les  botanistes.  Il  a  vu  dans  diverses  espèces 
de  Caladium,  telles  que  les  C.  esculentum,  Seguinum,  colocasioides  ,  bico- 
lor,  lacerum,  pedatifolium,  rugosum,  etc.,  des  cellules  allongées,  navicu- 
laires,  contenant  un  faisceau  de  cristaux  aciculaires  qui  s'échappent  par 
une  ouverture  pratiquée  à  chacune  de  leurs  extrémités.  Ces  organes,  sui- 
vant l'auteur,  seraient  composés  de  deux  vésicules  :  l'une  externe,  de  la 
forme  qui  vient  d'être  indiquée,  est  assez  résistante,  assez  épaisse,  incolore 
et  transparente;  elle  est  surtout  remarquable  en  ce  qu'elle  est  munie  à 
chaque  extrémité  d'une  bouche  à  bords  un  peu  épaissis.  Dans  cette  vésir 
cule  extérieure  se  trouve  la  seconde,  sorte  de  boyau  intestinal  fusiforme, 
formé  d'une  membrane  transparente,  incolore,  extrêmement  mince,  diri- 
gée parallèlement  à  la  vésicule  externe  et  aboutissant  à  ses  deux  bouches. 
C'est  ce  boyau  intestinal  qui  renfermerait  les  aiguilles  cristallines  au  nombre 
de  plusieurs  centaines.  Ces  biforines,  plongées  dans  l'eau,  ne  tardent  pas  à 

C.  R.,  X856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N«  6.)  36 


(  *66  ) 

lancer  tantôt  par  l'une  de  leurs  bouches,  tantôt  par  l'autre,  et  comme  par 
des  sortes  de  décharges  intermittentes,  les  nombreux  cristaux  qu'elles  con- 
tiennent. 

»  Ces  faits  singuliers  attirèrent  l'attention  des  anatomistes;  mais  un 
seul,  en  France,  confirma  les  assertions  de  Turpin;  ce  fut  M.  Delile, 
qui,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  d'agriculture  de  V Hérault  (i836),  dit 
les  avoir  observés  dans  le  Caladium  bicolor.  Depuis,  MM.  Morren  et 
Lindley  les  ont  admis  dans  le  Caladium  esculentum  et  le  Dieffenbachia 
Seguine.  Meyen,  Schleiden  et  Kunth  ont  cru  que  Turpin  n'avait  vu 
que  des  cellules  cristallifères  analogues  à  celles  qui  renferment  les 
raphides.  «  Ces  cellules  sont  connues  depuis  longtemps  en  Allemagne,  » 
dit  M.  Schleiden,  en  faisant  allusion  aux  figures  données  par  Meyen 
dans  sa  Phjtotomie,  et  que  ce  dernier  botaniste  rappelle,  à  la  même  occa- 
sion, dans  sa  Physiologie.  Ixs  organes  représentés  par  Meyen  ne  sont  que 
des  cellules  raphidiennes  ordinaires,  dont  je  montrerai  plus  loin  l'analogie 
avec  les  biforines.  MM.  H.  Mohl,  Unger,  Schacht,  Kùtzing,  etc.,  dans  leurs 
ouvrages  généraux  les  plus  récents,  ne  rappellent  même  pas  le  nom  de  ces 
petits  corps  si  remarquables.  En  France,  l'observation  de  Turpin  ne  trouva 
guère  plus  d'adhérents;  car  M.  Adrien  de  Jussieu,  dans  son  Cours  élémen- 
taire de  Botanique,  ne  mentionne  pas  les  biforines,  et  M.  Achille  Richard, 
après  les  avoir  décrites  dans  plusieurs  éditions  de  ses  Éléments,  les  a  fait 
disparaître  dans  celle  de  i85a.  Cependant,  rien  n'est  plus  exact  que  le 
phénomène  principal  observé  par  Turpin  ;  mais  il  est  survenu  ici  ce  qui 
arrive  souvent  en  pareille  circonstance:  les  théories  de  Turpin  sur  l'origine 
des  cellules,  et  qu'il  rappelle  dans  son  travail  sur  les  biforines,  ont  mis 
les  botanistes  en  défiance;  ceux-ci  ne  retrouvant  pas  les  faits  qu'il  a  décrits, 
les  ont  rejetés  complètement. 

»  C'est  à  tort  aussi  que  Turpin  a  comparé  les  biforines  au  lupulin,  avec 
lequel  elles  n'ont  pas  la  moindre  analogie.  En  effet,  le  grain  de  lupulin, 
ainsi  que  l'a  très-bien  montré  M.  Personne,  et  que  je  l'ai  observé  moi- 
même,  est  composé  d'une  couche  de  cellules  disposées  en  cupule,  par  les- 
quelles l'huile  essentielle  est  sécrétée.  Celle-ci,  exsudant  de  ces  cellules,  se 
répand  entre  elles  et  la  cuticule  qui  revêt  l'intérieur  de  la  petite  coupe. 
Cette  cuticule  est  soulevée  et  communique  au  grain  de  lupulin  la  forme 
qu'on  lui  connaît. 

»  La  comparaison  que  Turpin  a  faite  des  biforines  avec  le  grain  de  pollen 
est  plus  rationnelle  en  ce  qu'elles  s'ouvrent,  comme  ce  dernier,  à  des  places 
déterminées.  Ce  n'est  pas,  en  effet,  par  une  simple  déchirure,  ainsi  que 


(  a67  ) 
l'ont  pensé  Meyen,  Schleiden  et  Kunth,  due  au  gonflement  de  la  cellule 
dans  l'eau,  que  sortent  les  aiguilles  cristallines  renfermées  dans  les  bifo- 
rines;  c'est  évidemment  par  un  endroit  disposé  par  la  nature  à  chaque 
extrémité,  aussi  bien  que  les  opercules  que  l'on  remarque  sur  le  pollen 
triangulaire  des  Onagrées,  etc.,  ont  été  préparés  par  elle  pour  l'émission  de 
la  matière  fécondante. 

»  J'avais  plusieurs  fois  essayé  de  vérifier  l'assertion  de  Turpin  ;  mais, 
comme  celles  des  autres  anatomistes,  mes  tentatives  avaient  été  infruc- 
tueuses, sans  doute  parce  que  j'avais  examiné  les  espèces  les  moins  favo- 
rables. En  étudiant  une  plante  fort  intéressante  par  son  mode  de  végétation 
que  je  trouvai  en  abondance  sur  les  eaux  un  peu  tranquilles  de  la  Louisiane 
et  du  Texas,  le  Pistia  spatulata,  je  fus  frappé  de  la  forme  particulière  des 
cellules  raphidiennes  placées  en  travers  des  cloisons  qui  séparent  les  lacunes, 
de  cette  plante,  et  celles  qui  sont  moitié  libres  et  moitié  plongées  dans  le 
parenchyme  plus  vert  et  plus  dense  de  la  face  supérieure  de  la  feuille, 
quand  tout  à  coup  je  vis  ces  cellules  naviculaires  lancer  par  leurs  extrémités 
leurs  élégantes  aiguilles  par  un  jet  tantôt  continu,  tantôt  intermittent,  et 
quelquefois  par  les  deux  bouts  à  la  fois.  J'en  vis  un  grand  nombre  se 
vider  ainsi  complètement. 

>»  J'ai  repris  dernièrement  ces  études  et  j'ai  constaté  l'existence  des  bifo- 
rines dans  diverses  espèces  de  Pistia  des  collections  du  Muséum,  par 
exemple  dans  les  Pistia  Stratiotes,  Leprieurii,  lingucejormis _,  Bl.  On  peut 
les  voir  très-facilement  dans  celui  qui  flotte  à  la  surface  de  l'aquarium  du 
Jardin  des  Plantes.  Je  les  ai  observées  aussi  chez  plusieurs  végétaux  cités 
par  Turpin.  Dans  le  Caladium  Seguinum  (Dieffènbachia  Seguine,  Schott) 
j'ai  vu  de  grandes  biforines  remplies  de  raphides  et  terminées  en  pointe 
comme  celles  du  Pistia.  Plusieurs  s'ouvrirent  sous  mes  yeux  à  la  tempéra- 
ture de  10  à  ia  degrés,  et  non  à  celle  de  20  à  25  degrés  comme  Turpin  le 
croyait  nécessaire.  Leur  paroi  est  assez  épaisse  et  s'amincit  vin  peu  près  des 
extrémités;  elle  a  la  propriété  de  se  gonfler  dans  l'eau- de  manière  à  tripler 
ainsi  son  épaisseur,  dans  laquelle  on  remarque  alors  deux,  et  même  quel- 
quefois trois  couches.  Ces  biforines  ne  renferment  pas  de  membrane  in- 
terne, de  boyau  intestinal,  tel  que  celui  qui  a  été  décrit  par  l'auteur  de  la 
découverte. 

»  La  cause  de  son  erreur,  que  j'indiquerai  plus  loin,  m'a  été  dévoilée 
par  les  biforines  du  Caladium  crassipes.  Celles-ci  ne  sont  point  terminées 
en  pointe  comme  les  précédentes;  elles  sont  à  peu  près  elliptiques,  et  leur 
paroi  montre  nettement  deux  couches,  l'une  extérieure  brune,  l'autre  in- 

36.. 


(  268  ) 
térieure  blanche  et  brillante.  Leurs  ostioles  m'ont  paru  plusieurs  fois  ou- 
verts avant  qu'elles  fussent  plongées  dans  l'eau  ;  car  je  les  apercevais  aus- 
sitôt que  ces  biforines  étaient  placées  sous  le  microscope,  longtemps  avant 
que  les  aiguilles  cristallines  se  disposassent  à  sortir.  Quand  ce  moment  ar- 
rive, la  régularité  du  faisceau  n'est  pas  altérée,  une  ou  quelques  aiguilles 
seulement  s'approchent  de  l'ouverture ,  s'y  engagent  et  sortent  avec  plus 
ou  moins  de  rapidité.  Il  en  sort  ordinairement  plusieurs  ensemble;  mais, 
dans  le  Caladium  Seguinum,  je  les  ai  vues  ordinairement  s'échapper  une 
à  une.  Ce  phénomène  est  assurément  dû  ici  à  l'affinité  que  possède  pour 
l'eau  la  matière  mucilagineuse  contenue  entre  la  paroi  cellulaire  et  les  cris- 
taux. Ce  mucilage,  qui  tient  des  granules  en  suspension,  ou  mieux  des  par- 
ticules plus  compactes,  comprime  les  cristaux  et  les  contraint  de  sortir. 
Les  décharges,  soit  continues,  soit  intermittentes,  par  lesquelles  cette 
sortie  s'effectue,  font  éprouver  à  la  cellule,  lorsqu'elle  est  libre  au  milieu  du 
liquide,  une  sorte  de  recul  que  Turpin  a  comparé  à  celui  d'une  pièce  d'ar- 
tillerie. Cette  expulsion  doit  avoir  lieu  aussi  dans  l'intérieur  de  la  plante  ; 
car  j'ai  souvent  trouvé  dans  le  Dieffenbachia  Seguine,  dans  le  Pistia  vivant, 
signalé  plus  haut,  etc.,  des  biforines  vidées  avant,  d'avoir  été  placées  dans 
l'eau  du  porte-objet;  et  l'une  d'elles  surtout,  fournie  par  le  Caladium  cras- 
sipes,  avait  perdu  ses  cristaux  depuis  longtemps,  car  les  granules  qu'elle 
renfermait  étaient  devenus  verts  comme  des  grains  de  chlorophylle. 

»  Dans  cette  dernière  plante,  le  mucilage  paraissait  beaucoup  plus  dense 
que  celui  des  autres  espèces  citées;  aussi,  en  pressant  les  cristaux,  sa  sur- 
face ne  s'appliquait  pas  régulièrement  sur  ceux-ci;  elle  se  plissait  et  pouvait 
paraître,  à  un  esprit  prévenu,  limitée  par  une  membrane.  Cependant  il  n'en 
était  rien;  car,  d'abord,  on  ne  voyait  pas  la  membrane,  et,  ensuite,  les  ai- 
guilles entraînaient  parfois  avec  elles  des  flocons  de  mucilage. 

»  Les  biforines  du  Caladium  bicolor  sont  aussi  elliptiques;  mais  leur 
membrane  est  beaucoup  plus  mince ,  ce  qui  n'empêche  pas  que  les  bords 
des  ouvertures  ne  soient  très-nets  et  sans  apparence  de  déchirure.  Je  dois 
ajouter  aussi  que  dans  aucune  des  biforines  que  je  viens  de  décrire,  je  n'ai 
trouvé  les  ostioles  bordés  d'un  bourrelet  comme  celui  qu'a  décrit  Turpin  ; 
il  est  vrai  que  je  n'ai  pas  eu  à  ma  disposition  le  Caladium  esculentum  chez 
les  biforines  duquel  il  a  principalement  vu  ce  bourrelet  ou  épaississement. 

»  La  dimension  des  biforines  n'est  pas  la  même  chez  toutes  les  plantes 
qui  en  présentent;  je  les  ai  trouvées  longues  d'environ  -fa  de  millimètre 
dans  les  Pistia,  de  omnj,  1 1  dans  le  Caladium  crassipes,  de  o"3™,  1 2  dans  le 
C.  bicolor,  de  <>mm,  14  dans  le  Philodendron  crinites,  Ad.  Br.,  de  omm,i5 
dans,  le  Dieffenbachia  Seguine. 


(  ^9  ) 

»  Si  maintenant  je  cherche  à  me  rendre  compte  de  ce  qui  a  causé  l'er- 
reur dans  laquelle  sont  tombés  les  anatomistes  qui  ont  pris  ces  biforines 
pour  des  cellules  à  raphides  ordinaires,  je  n'en  puis  trouver  l'origine  que 
dans  la  jeunesse  des  organes  qu'ils  ont  examinés,  à  moins  qu'ils  n'aient  ob- 
servé des  plantes  où  elles  n'existent  pas,  comme  c'est  le  cas  pour  l'espèce 
qui  a  fourni  les  figures  citées  par  Meyen.  Avant  la  formation  des  ostioles, 
les  biforines,  surtout  celles  qui  ne  sont  pas  terminées  en  pointe,  n'ont  rien 
qui  les  distingue  des  cellules  raphidiennes  communes,  si  ce  n'est  la  plus 
grande  épaisseur  que  présente  la  membrane  de  plusieurs  d'entre  elles. 
Quand  elles  approchent  de  l'état  adulte,  quelques-unes  s'atténuent  vers  leurs 
extrémités  de  manière  à  former  un  bec  qui  se  termine  plus  tard  par  un 
ostiole.  Alors  il  est  impossible  de  s'y  méprendre;  jamais  les  cellules  à  ra- 
phides, qui  se  rencontrent  si  fréquemment  dans  une  multitude  de  végétaux, 
ne  me  sont  apparues  avec  le  même  aspect,  et  jamais  surtout  ces  cellules  ne 
s'ouvrent,  même  en  se  déchirant,  lorsqu'on  les  plonge  dans  l'eau;  tandis 
que  les  biforines  adultes,  dans  les  mêmes  circonstances,  laissent  toujours 
voir  leurs  petites  bouches  livrant  ou  prêtes  à  livrer  passage  aux  aiguilles 
cristallines  que  ces  biforines  renferment. 

»  Les  biforines  doivent  donc  être  rangées  au  nombre  des  organes  élé- 
mentaires des  végétaux.   » 

anatomie   comparée   des   végétaux.    —    Plantes    parasites.    Ordre  des 
Cuscutacées ;    par  M.  Çhatix.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Botanique.) 

«  Le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  des  Sciences 
comprend  l'anatomie  des  Cuscuta  epiihymwn,  C.  major,  C.  densiflora, 
C.  rejlexa,  C.  americana  et  C.  monogjna;  plus  quelques  aperçus  sur  les 
C.  alba,  C.  aj ricana,  C.  corymbosa  et  C.  chinensis;  il  est  accompagné  de 
4  planches  in-4°. 

»  Je  montre  que,  pour  ce  qui  est  de  la  structure  des  Cuscutes,  consi- 
dérée en  elle-même  et  d'une  manière  générale,  ces  plantes,  sur  lesquelles 
Meyen  et  Unger  ont  publié  quelques  observations  non  dépourvues  d'in- 
térêt, offrent,  dans  la  plupart  de  leurs  espèces,  une  structure  assez  uni- 
forme. Les  tiges,  aphylles  comme  on  le  sait,  sont  composées  d'une  mem- 
brane épidermoïdale  privée  de  stomates,  et,  par  contre,  assez  souvent 
féculifère;  d'un  parenchyme  cortical,  riche  en  fécule,  privé  de  matière 
verte,  et  contenant  quelquefois,  comme  la  membrane  épidermoïdale,  un 


(    27°    ) 

liquide  d'un  rouge  rabattu  (paraissant  se  rapporter  au  cercle  chromatique 
n°  2  de  M.  Chevreul);  d'un  cercle  ligneux  ou  fibreux  continu,  placé  entre 
le  parenchyme  extérieur  et  la  moelle;  de  groupes  (dix  ordinairement)  de 
vaisseaux  placés  dans  l'épaisseur  de  la  zone  fibreuse;  enfin,  d'une  moelle  le 
plus  souvent  bien  développée  et  privée,  contrairement  à  l'observation 
d'Unger,  de  rayons  médullaires.  Les  suçoirs,  le  plus  souvent  en  forme  de 
tubercule  conique  qui  peutj  dans  certaines  espèces,  s'avancer  jusqu'au 
centre  des  plantes  nourricières,  se  composent,  en  général  :  i°  d'une  masse 
parenchymateuse  terminée  à  son  sommet  par  un  groupe  de  cellules  étroites, 
allongées,  convergentes  et  dirigées  perpendiculairement  sur  les  tissus  de  la 
plante  nourricière,  dans  lesquels  ils  pénètrent,  malgré  la  mollesse  de  leur 
propre  substance  et  la  dureté  souvent  très-forte  de  ces  derniers;  i°  par  un 
cône  axile  essentiellement  vasculaire,  s'appuyantà  sa  base  sur  le  tissu  fibro- 
vasculaire  des  tiges  dont  il  émane,  et  s' avançant  par  sa  pointe  vers  l'ex- 
trémité cellulaire  de  l'organe,  qu'il  paraît  ne  jamais  traverser  pour  se 
mettre  en  contact  immédiat  avec  les  tissus  de  la  plante  nourricière.  Le 
petit  cône,  formé  de  cellules  pressées  au  sommet  du  suçoir  et  le  cône  vas- 
culaire intérieur,  que  nous  retrouverons  tous  les  deux  chez  le  plus  grand 
nombre  des  végétaux  parasites,  peuvent  être  désignés,  le  premier  sous  le  nom 
de  cône  perforant,  le  second  sous  le  nom  de  cône  de  renforcement,  termes 
qui  se  rapportent  au  siège  occupé  par  les  parties,  sans  rien  préjuger  sur 
leurs  fonctions  d'absorption  pour  la  vie  de  l'individu.  Les  vaisseaux  du  cône 
vasculaire,  comme  tous  les  vaisseaux  placés,  même  chez  les  parasites  privés 
de  ce  cône,  dans  la  contiguïté  des  plantes  nourricières,  deviennent  exces- 
sivement courts. 

»  Des  replis  de  la  tige  latéraux  aux  suçoirs  descendent,  dans  quelques 
espèces,  de  celle-ci  pour  embrasser  la  plante  nourricière  et  assurer,  dans 
ces  plantes  à  spirale  ou  volute  lâche,  le  contact  entre  la  parasite  et  sa 
nourrice.  Ces  replis,  rudimenlaires  et  simplement  parenchymateux  dans 
le  C.  epilinum  et  le  C.  rejlexa,  plus  développés  et  doublés  à  l'intérieur 
d'une  lame  fibreuse  dans  le  C.  monogyna,  se  retrouvent  chez  des  plantes 
autres  que  les  Cuscutacées.  On  peut  les  désigner  sous  les  noms  de  replis 
ou  appendices  préhenseurs ,  en  distinguant  par  l'épithète  d'appendice  de 
renforcement  la  lame  fibreuse  interne. 

»  Les  appendices  de  renforcement  des  replis  préhenseurs  sont  exclusi- 
vement fibreux  et  paraissent  bien  n'avoir  pour  objet  que  d'augmenter  la  ré- 
sistance ou  solidité  de  l'organe  ;  les  cônes  de  renforcement  des  suçoirs  sont 
essentiellement  vasculaires  et  ont  une  action  sans  doute  beaucoup  plus 


(  *7J  ) 
physiologique  que  mécanique  :  à  l'expérimentation,  d'ailleurs,  à  décider  la 
question  quand  .le  rôle  de  l'observation  sera  fini. 

»  Après  l'exposition  succincte  des  faits  anatomiques  observés  chez  les 
Cuscutacées,  je  considère  ces  faits  dans  leurs  rapports  avec  la  classification 
naturelle,  avec  l'anatomie  générale,  avec  l'organographie  ou  morphologie  et 
avec  la  physiologie.  Au  point  de  vue  de  la  taxonomie,  je  fais  remarquer  que 
la  diagnose  des  nombreuses  espèces  du  genre  Cuscuta,  souvent  imparfaite 
par  les  seuls  caractères  tirés  de  la  fleur,  pourra  faire  d'utiles  emprunts  à 
l'anatomie,  qui  distingue  mieux  encore  que  les  caractères  morphologiques 
le  C.  major  et  le  C.  epithymum,  réunis  par  Linné  dans  son  C.  europœa, 
qu'elle  ajoute  aux  caractères  des  C.  epilinum,  C.  reflexa,  C.  americana. 
Sur  la  question  de  savoir  si  le  grand  genre  Cuscuta  doit  être,  contraire- 
ment à  l'opinion  de  Ghoisy,  démembré  en  plusieurs  genres,  je  montre  que 
l'anatomie,  en  révélant  dans  le  C.  monogyna  une  structure  très-éloignée  de 
celle  des  autres  espèces,  indique,  parallèlement  aux  données  morphologi- 
ques, cette  plante  comme  pouvant  être  le  noyau  d'un  genre  nouveau.  J'in- 
dique, enfin,  pourquoi  les  Cuscutacées,  dont  la  plupart  des  auteurs  ne  font 
aujourd'hui  qu'une  tribu  des  Convolvulacées,  me  paraissent,  comme  au 
savant  botaniste  Lindley,  devoir  constituer  un  ordre  distinct. 

»  Je  signale,  au  point  de  vue  de  l'anatomie  générale,  l'absence  d'un  véri- 
table épiderme  stomatifère,  de  matière  verte,  de  rayons  médullaires  et, 
même  dans  les  organes  floraux,  de  trachées  ou  vaisseaux  spiraux  (C.  mono- 
gyna excepté),  le  groupement  des  vaisseaux  sur  des  points  déterminés  de  la 
zone  fibreuse  continue,  les  rapports  entre  la  contiguïté  immédiate  des  vais- 
seaux de  chaque  groupe  et  leur  forme  prismatique,  entre  leur  isolement  par 
une  portion  de  l'élément  fibreux  et  leur  forme  tubuleuse  arrondie,  l'épais- 
sissement  considérable  des  vaisseaux  du  C.  monogjna  et  l'assemblage  fort 
complexe  constituant  le  système  fibrovasculaire  de  la  même  plante,  la 
moelle  ordinairement  si  réduite  dans  le  C.  epithymum,  qu'elle  semble  man- 
quer, les  rapports  des  éléments  des  suçoirs  et  des  replis  préhenseurs  avec 
ceux  des  tiges. 

»  Sous  le  rapport  morphologique,  je  signale  l'utilité  qu'il  pourra  y  avoir 
à  comprendre  les  appendices  préhenseurs  dans  la  diagnose  des  espèces,  l'in- 
version qui  existe  entre  les  Cuscutes  et  les  végétaux  ordinaires,  ces  derniers 
étant  feuilles  mais  souvent  privés  de  bractées,  celles-là  étant,  au  contraire, 
pourvues  de  feuilles  florales  quoique  aphylles,  etc. 

»  Au  point  de  vue  de  la  physiologie,  enfin,  je  fais  remarquer  que  les  faits 
anatomiques  observés  ont  des  rapports  multiples  avec  le  mode  de  vivre  des 


(  272  ) 
Cuscutes,  mais  que  la  délimitation  et  l'appréciation  exacte  de  ces  rapports 
ne  pourront  être  établies  que  par  l'expérimentation,  qui  aura  surtout  à  expli- 
quer :  le  rôle  de  la  membrane  épidermoïdale  qui  est  parenchymateuse  et 
souvent  remplie  d'un  liquide  coloré  ;  la  présence,  dans  la  parasite,  de  sub- 
stances qui  n'existent  pas  chez  la  plante  nourricière,  ainsi  que  le  fait  réci- 
proque ;  la  force  qui  vient  en  aide  au  cône  perforant  qui,  quoique  paren- 
chymateux,  traverse  les  tissus  les  plus  durs  de  la  plante  nourricière  ;  le  rôle 
de  ce  même  cône  perforant  et  celui  du  cône  vasculaire  quant  à  l'ab- 
sorption.  » 

hygiène  publique.  —  Innocuité  du  phosphore  amorphe;  réclamation  de 
priorité  adressée  par  M.  A.  Chevallier  à  l'occasion  dune  Note  récente 
de  MM.  Orfila  et  Rigout.  (Extrait.) 

«  Dans  la  séance  du  9  octobre  i855,  j'ai  présenté  à  l'Académie  des 
Sciences  un  Rapport  fait  à  l'Académie  de  Médecine  sur  un  Mémoire  de 
M.  Causse,  d'Alby,  Rapport  dans. lequel  j'établissais  : 

»  i°.  L'idée  que  j'avais  eue  de  substituer  le  phosphore  amorphe  au  phos- 
phore ordinaire  dans  la  fabrication  des  allumettes  phosphorées,  but  déjà 
atteint,  puisqu'un  fabriquant  de  Paris,  M.  Camaille,  avait  préparé  des  allu- 
mettes au  phosphore  amorphe  qui  furent  présentées  au  Conseil  de  Salubrité 
et  l'objet  d'nn  Rapport  dans  lequel  on  reconnaissait  l'utilité  de  cette  substi- 
tution ; 

»  20.  Que  déjà,  dans  une  Note  du  tome  XIX  du  Journal  de  Pharmacie, 
on  trouvait  que  M.  Bussy,  dès  i85o,  avait  constaté  que  le  phosphore  rouge 
n'était  pas  susceptible  d'agir  comme  toxique,  et  qu'un  chien  avait  pu  impu- 
nément en  prendre  2  grammes; 

»  3°.  Que  j'avais  fait  établir  l'innocuité  de  ce  corps  combustible  en  priant 
MM.  Lassaigne  et  Baynal  de  faire  à  Alfort  des  expériences  sur  les  animaux, 
expériences  qui  démontrèrent  que  non -seulement  le  phosphore  rouge 
n'était  pas  toxique,  mais  encore  que  le  mélange  de  chlorate  de  potasse,  de 
gomme  et  de  phosphore  rouge,  mélange  employé  pour  la  fabrication  des 
nouvelles  allumettes  chimiques,  n'avait  pas  d'action  toxique. 

»  Dans  ce  Rapport  je  faisais  encore  connaître  l'avantage  qui  ressortait 
de  l'emploi  du  phosphore  amorphe  pour  la  santé  des  ouvriers,  qui  ne  se- 
raient plus  exposés  à  la  nécrose  et  aux  accidents  funestes  qui  accompagnent 
cette  maladie,  accidents  qui  sont  souvent  suivis  de  la  mort  du  malade. 

»  Plus  tardj  en  mars  i855,  M.  Causse,  d'Alby,  en  collaboration  avec 


(  vfi  ) 

mon  fils,  adressèrent  à  l'Académie  des  Sciences  nue  brochure  ayant  pour 
titre  :  Considérations  générales  sur  l'empoisonnement  par  le  phosphore  et 
par  les  pâtes  phosphorées  et  par  les  allumettes  chimiques.  » 

La  Note  de  M.  Chevallier  et  les  deux  opuscules  qu'il  a  mentionnés  sont 
renvoyés  à  l'examen  de  la  Commission  nommée  pour  le  Mémoire  de  MM.  Or- 
fila  et  Rigout,  qui  jugera  s'il  y  a  lieu  de  les  réserver  pour  le  concours 
Montyon,  prix,  dit  des  Arts  insalubres. 

M.  Tricaud,  qui,  dans  la  séance  du  22  octobre  i855,  avait,  en  son  nom 
et  celui  de  M.  Bonfdon,  sollicité  le  jugement  de  l'Académie  sur  un  moteur  a 
air  comprime  et  dilaté  par  la  vapeur,  adresse  aujourd'hui  la  description  et 
la  figure  de  cet  appareil. 

(Commissaires,  MM.  Morin,  Combes,  Seguier.) 

M.  Giardim  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire,  écrit  en 
italien,  suc  un  aimant  te/nporaire  obtenu  au  moyen  de  la  seule  action  du  ma- 
gnétisme terrestre. 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Pouillet,  Despretz.) 

M.  AiiDitK.in  1 1 1  adresse  de  Fribourg  un  dessin  se  rattachant  à  une  pré- 
cédente communication  (3  septembre  1 855),  sur  un  halo  lunaire  observé 
par  lui  en  Ukraine. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  désignés  : 
MM.  Pouillet,  Babinet,  Bravais.) 

M.  IYoiret  adresse  de  Constantine  des  considérations  sur  les  péniten- 
ciers. 

M.  Andral  est  prié  de  prendre  connaissance  de  cette  Note  et  de  voir  si, 
bien  qu'elle  soit  adressée  à  l'Académie  des  Sciences,  elle  ne  serait  pas  plutôt 
destinée  à  l'Académie  des  Sciences  morales  et  politiques. 

M.  Verstraete  adresse  une  Note  faisant  suite  à  une  de  ses  précédentes 
communications  sur  la  nature  de  la  lumière. 

Dans  cette  nouvelle  Note,  l'auteur  discute  diverses  expressions  du  texte 
hébreu  de  la  Genèse,  expressions  qui,  d'après  le  sens  qu'il  leur  attache,  lui 
feraient  trouver  dans  ce  texte  plusieurs  passages  à  l'appui  de  la  thèse  qu'il 
soutient. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  désignés  :  MM.  Serres,  de  Senarmont.} 

C.  R.,  i856,  Ier  Semestre.  (T.  XLII,  N°  6.)  $7 


(  274  ) 

CORRESPONDANCE 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  puhlique  ,  par  deux  Lettres  en  date 
du  9  février,  autorise  l'Académie  à  prendre  sur  les  fonds  restés  disponibles 
une  somme  de  3  ooo  francs,  destinée  à  subvenir  aux  frais  d'expériences 
préliminaires  faites  par  la  Commission  des  observatoires  météorologiques 
pour  l'Algérie,  et  une  somme  égale  pour  une  mission  confiée  à  M.  Ch.  Sainte- 
Claire  Deville,  mission  ayant  pour  objet  des  recherches  comparatives  sur  les 
éruptions  du  Vésuve  et  de  l'Etna. 

«  De  la  part  de  M.  Siljestrom,  professeur  à  l'Université  de  Stockholm, 
M.  Bravais  présente  à  l'Académie  un  volume  écrit  en  suédois,  intitulé  : 
Dissertations  sur  des  matières  de  Physique  et  de  Philosophie.  Stockholm, 

i854- 

»   Ce  volume  contient  cinq  Mémoires  distincts  : 

»  Le  premier,  «  sur  les  Pierres  météoriques  et  leur  origine  probable  »  ; 

»  Le  deuxième  est  intitulé  :  «  Idées  sur  le  Système  et  sur  la  Constitution 
des  corps  célestes  »  ; 

»  Le  troisième  porte  le  titre  suivant  :  «  Sur  la  Nature  des  forces  plu  to- 
niques et  volcaniques  de  la  Terre  »  ; 

»  Le  quatrième  est  une  «  Note  sur  les  Attractions  des  ellipsoïdes  »  ; 

a  Et  le  cinquième,  une  a  Addition  à  la  Théorie  mathématique  de  la  forme 
du  globe  terrestre  ». 

»  Le  travail  de  M.  Siljestrom  sur  les  pierres  météoriques  est  le  seul  dont 
j'aie  pris  connaissance,  mais,  je  l'avoue,  un  peu  rapidement;  il  m'a  paru 
offrir  un  assez  grand  intérêt,  et  contient  un  tableau  qui  donne  le  poids  spé- 
cifique et  la  composition  chimique  de  cinquante-trois  de  ces  météores .  » 

«  31.  Elie  de  Beaumont  met  sous  les  yeux  de  l'Académie  des  branches 
et  des  tètes  d'arbres  qui  ont  été  rompues  ou  éclatées,  par  l'action  d'un 
vent  impétueux  sur  ces  mêmes  arbres  chargés  de  verglas.  Elles  ont  été 
recueillies  par  M.  le  comte  Arthur  de  Campagne  dans  le  parc  du  château 
du  Fou,  commune  de  Vouneuil-sur-Vienne ,  près  Châtellerault  (Vienne). 
Ce  phénomène  singulier,  qui  est  arrivé  du  20  au  a5  février  1 855,  s'est  fait 
sentir  non-seulement  dans  tous  les  environs  de  Châtellerault,  mais  encore 
dans  une  grande  partie  des  départements  de  la  Vienne,  des  Deux-Sèvres  et 
de  la  Vendée,  et  plus  généralement  dans  toute  la  contrée  qui,  à  l'ouest  de 
Châtellerault,  s'étend  au  sud  de  la  Loire.   » 


(  *75) 

M.  Eue  de  Beaumont  communique  en  même  temps  les  Notes  suivantes, 
que  M.  le  comte  de  Campagne  a  bien  voulu  solliciter  pour  lui,  de  deux 
habitants  du  pays,  témoins  oculaires  des  faits  qu'ils  rapportent. 

météorologie.  —Note  adressée  à  M.  Élie  de  Beaumont  parM.  Champigny, 
notaire  à  Châtellerault  (Vienne). 

«  Le  i3  et  le  i4  février  1 855,  la  neige  tombait  très-abondante;  et  bien 
qu'elle  fût  poussée  par  un  vent  violent,  le  pays  a  été  couvert  d'une  couche 
assez  régulière  ayant  environ  3o  centimètres  d'épaisseur.  Le  thermomètre 
pendant  ces  deux  jours  était  à  17  degrés  au-dessous  de  zéro. 

»  Le  1 5  et  le  16,  le  thermomètre  ne  marquait  plus  que  7  degrés  au-des- 
sous de  zéro,  le  vent  s'était  calmé;  il  venait  du  nord-est,  mais  était  insen- 
sible; et  pendant  ces  deux  jours  il  tomba  constamment  une  pluie  tellement 
fine,  qu'on  ne  la  voyait  pas  :  on  entendait  seulement  sur  la  neige  un  certain 
crépitement  (moins  fort  que  celui  du  givre  ou  verglas  ordinaire).    ■• 

»  Elle  tombait  tout  à  fait  perpendiculairement,  si  légère  et  si  menue,  que 
les  feuilles  des  arbres  verts  les  plus  tendres  ne  s'inclinaient  pas7  non  plus 
que  les  extrémités  les  plus  faibles  des  branches  ;  elle  s'attachait  aux  feuilles 
et  aux  branches,  comme  l'aurait  fait  une  pluie  de  gomme,  et  elle  y  restait 
glacée.  Les  branches  horizontales  ne  la  recevaient  le  plus  souvent  que  sur 
la  surface  supérieure,  et  par  suite  elles  portaient  un  poids  moins  lourd  que 
les  branches  verticales  qui  étaient  entourées  de  toutes  parts;  et  cette  enve- 
loppe, ce  fourreau  de  glace,  avait  quelquefois,  sur  de  très-faibles  bran- 
ches, jusqu'à  2  ou  3  centimètres  d'épaisseur. 

^1  Ainsi  certaines  têtes  de  jeunes  amandiers,  tous  les  jeunes  cyprès  res- 
semblaient à  d'immenses  lustres  en  cristal;  les  têtes  des  peupliers,  des  arbres 
verts  ressemblaient  à  des  flèches  de  verre. 

»  Cette  parure  de  glace  était  d'un  poids  au  moins  dix  fois  supérieur  au 
poids  du  bois  qui  la  portait;  j'ai  vu  une  branche,  prise  au  hasard  à  un  ar- 
bre renversé,  et  qui  pesait  60  kilogrammes,  tandis  que  le  bois  nu,  après  la 
fonte  du  verglas,  pesait,  bien  qu'étant  encore  humide,  à  peine  7  kilogram- 
mes. De  petites  branches  flexibles  et  qui  s'étaient  affaissées  portaient  un 
poids  de  10  kilogrammes  et  ne  pesaient  pas  i5o  grammes. 

»  Aussi,  lorsque  du  20  au  2  5  février  le  vent  s'éleva  un  peu  et  que  le 
temps  se  détendit,  une  quantité  d'arbres  se  brisaient  à  la  fois;  et  dans  les 
campagnes  bien  boisées,  on  entendait  des  craquements  semblables  à  des 
décharges  d'artillerie. 

37.. 


(  *P  ) 

»  Des  bois  de  sapins  ont  éprouvé  des  dégâts  que  l'on  a  évalués  à  plus  de 
i  5o  francs  par  hectare;  les  peupliers  ont  été  mutilés,  les  arbres  fruitiers  ont 
aussi  souffert;  des  noyers,  des  chênes  même  dont  le  tronc  pouvait  n'être 
pas  parfaitement  sain,  ont  été  séparés  en  deux  par  le  poids  de  leurs 
branches. 

»  J'ai  vu,  à  i  kilomètre  de  Châtellerault,  un  énorme  noyer,  ayant  am,5o 
de  circonférence,  qui  a  été  fendu  en  deux  et  entièrement  renversé.  » 

Extrait  d'une  Lettre  de  M.  de  Chaïïtreau  à  M.  Elie  de  Beaumont. 

«  Au  Couteau,  par  Coulonges-sur-1'Autise  (Deux-Sèvres),  3o  mai  i855. 

»  Une  connaissance  commune  m'a  fait  connaître  votre  désir  d'avoir  par 
moi  des  renseignements  sur  les  effets  du  verglas  dont  la  contrée  du  Poitou 
que  j'habite  a  souffert  l'hiver  dernier. 

»  J'aurai  l'honneur  de  vous  rappeler  d'abord,  Monsieur,  un  caractère 
géologique  très-essentiel  du  nord  des  départements  des  Deux-Sèvres  et  de 
la  Vendée,  à  savoir  :  la  chaîne  de  collines,  qui  court  du  sud-est  au  nord- 
ouest,  depuis  la  petite  ville  de  Saint-Maixent  jusqu'aux  portes  de  Nantes 
et  dont  l'élévation  au-dessus  du  niveau  de  la  mer  varie  de  200  à  38o  mètres. 

»  Cette  chaîne  de  collines  a  cela  de  remarquable,  qu'elle  n'est  pas 
une  seule  fois  interrompue  dans  le  trajet  que  je  viens  d'indiquer, 
comme  on  le  voit  très-bien  sur  la  carte  de  Gassini.  Aussi  les  deux  versants 
forment  des  bassins  fort  distincts.  Celui  du  nord  est  parcouru  par  la  Sèvre 
Nantaise,  depuis  la  commune  du  Beugnon-en-Gàtine  où  elle  prend  sa  source 
jusqu'à  Ja  ville  de  Nantes.  Au  midi,  coulent  vers  la  mer  la  Sèvre  Niortaise, 
l'Autise,  la  Vendée  et  les  Deux-Lays. 

»  Le  faîte  de  ces  quasi-montagnes  est,  dans  les  hivers  rigoureux,  couvert 
de  tieige  ou  de  frimas  avant  les  régions  inférieures,  et  les  habitants  de  la 
plaine  pourraient  dire  avec  Horace  : 

Vides  ut  alla  stet  nive  candidum 

Soracte,  nec  jam  sustineant  onus 

Silvae  laborantes.   ..... 


Lib.  I,  ode  vm. 

«  Aussi,  dès  que  le  vent  souffle  du  nord,  ces  régions  élevées  subissent  une 
température  sensiblement  plus  froide  que  celle  de  leurs  versants,  et  bien 
souvent  elles  souffrent  du  grésil,  du  givre  et  particulièrement  du  verglas, 
comme  l'hiver  dernier,  quoique  avec  moins  de  dommage;  car  nul  habitant 


(  277  ) 
ne  se  rappelle  d'avoir  vu  pareil  sinistre.  Presque  tous  les  arbres  de  la  con- 
trée ont  été  maltraités  plus  ou  moins,  surtout  ceux  du  sommet  de  Ir»  mon- 
tagne ;  car,  à  proportion  qu'on  descendait,  le  dommage  diminuait,  surtout 
au  midi. 

»  J'ai  parcouru  moi-même  la  région  la  plus  dévastée,  pendant  6  ou  7  ki- 
lomètres, depuis  le  bourg  de  Vernon-en-Gâtine  jusqu'à  celui  du  Beugnon  : 
c'était  un  bien  triste  spectacle.  Les  arbres  grands  ou  petits,  réunis  ou  isolés, 
les  chênes,  espèce  la  plus  commune,  autant  que  les  arbres  moins  résistants, 
avaient  leurs  branches  rompues  depuis  la  tête  jusqu'au  pied.  —  J'ai  longé 
une  futaie  dont  la  lisière  semblait  avoir  subi  le  feu  prolongé  d'une  batterie 
d'artillerie.  Ainsi  ont  été  traitées  les  forêts  de  Secondigny  et  de  Chantemerle, 
pour  citer  les  points  les  plus  considérables. 

»  Les  têtards  eux-mêmes,  arbres  à  tiges  basses,  sujets  à  un  émondage 
périodique  et  dont  nos  haies  sont  couvertes,  n'ont  pas  été  plus  épargnés. 
Non-seulement  leurs  branches  étaient  rompues  et  pendaient  comme  celles 
des  grands  arbres,  mais  beaucoup  étaient  tordues  comme  le  pratiquent  les 
bûcherons  pour  lier  leurs  fagots. 

»  Rien  n'est  triste  comme  la  vue  de  ces  arbres  dont  le  pays  est  couvert. 
Ici  les  branches  sont  séparées  du  tronc  que  déshonorent  de  longues  et 
irrégulières  cicatrices  :  plus  généralement  ces  branches  pendent  fendues  en 
éclats,  et  bien  souvent  c'est  la  tête  qui  a  été  ainsi  maltraitée.  J'ai  même  un 
arbre  arraché.  Un  de  nos  voisins  a,  dit-on,  de  trois  à  quatre  cents  charre- 
tées de  bois  à  ramasser  ;  un  autre  de  nos  voisins  estime  son  dommage  à 
dix  mille  francs. 

»  Quelles  causes  ont  produit  un  sinistre  si  considérable,  que  le  pays  n'a 
pas  gardé  le  souvenir  de  rien  d'égal  ?  Je  les  crois  en  petit  nombre  ;  mais  leur 
concours,  en  quelque  sorte  sympathique^  a  augmenté  leur  puissance  et  pro- 
duit des  effets  excessifs. 

»  S'il  est  vrai  de  dire  que  le  froid  n'a  été  ni  plus  intense  ni  plus 
prolongé  que  pendant  l'hiver  précédent ,  il  est  tombé  une  bien  plus 
grande  quantité  de  neige,  pendant  plus  de  temps  et  à  plusieurs  reprises. 
Souvent  aussi  il  tombait  pendant  le  jour  de  la  neige  fondue  ou  une  pluie 
glaciale,  qui  saisies  parla  congélation  sur  toutes  les  parties  des  arbres,  les 
couvraient  de  couches  successives  de  cristaux,  qui  s'allongeaient  souvent 
à  la  manière  des  stalactites  et  qui  finissaient  par  les  charger  d'un  poids 
énorme. 

»  Il  fallait  pourtant  encore  l'action  d'un  autre  agent  atmosphérique 
pour  produire  le  ravage  dont  le  pays  a  été  ému  et  a  souffert.  Un  dégel  calme 


(a78) 
eût  bientôt  fait  disparaître  tous  les  symptômes  inquiétants;  mais  il  est  sur- 
venu un  vent  impétueux  du  nord-est  auquel  n'ont  pu  résister  les  arbres, 
dans  l'état  de  rigidité  et  de  surcharge  où  ils  se  trouvaient;  leurs  branches 
étaient  communément  rompues  de  i  à  i  mètres  du  tronc,  sans  excep- 
tion pour  les  plus  grosses,  et  avec  un  fracas  formidable,  qui  a  d'autant 
phis  effrayé  le  pays,  que  ce  phénomène  a  commencé  à  se  produire  à  l'entrée 
de  la  nuit. 

»  Des  arbres  moins  profondément  enracinés  que  le  chêne,  tels  que  les 
pins  et  quelques  espèces  d'arbres  fruitiers,  ont  été  arrachés  ou  tellement 
penchés,  qu'il  n'a  pas  été  possible  de  les  redresser. 

»  Le  vent  a  agi  d'une  façon  particulière  sur  un  semis  de  pins  maritimes, 
âgés  de  dix  ans,  qui  ont  été  couchés  comme  des  capucins  de  carte,  par 
zones  distinctes,  et  ce  dans  les  parties  les  plus  épaisses,  tandis  que  dans  les 
plus  claires  les  pins  sont  presque  tous  restés  debout. 

»  En  résumé,  le  verglas  de  l'hiver  dernier,  aussi  bien  que  l'intensité  du 
froid,  n'a  pas  dépassé  sensiblement  les  proportions  ordinaires.  La  neige, 
au  contraire,  est  tombée  à  deux  reprises  en  quantité  rarement  atteinte  dans 
nos  contrées.  Mais  la  cause  principale  d'un  mal  d'autant  plus  difficile  à 
apprécier  qu'il  a  été  plus  général,  c'est  le  vent,  c'est  la  tempête  survenue 
au  moment  où  les  arbres  ne  pouvaient  que  rompre  sans  plier,  à  moins  que 
peu  enracinés,  selon  les  espèces,  ils  n'aient  été  arrachés  ou  couchés.  » 

astronomie.  —  Découverte  d'unenouvelle  petite  planète }  faite  à  V  Observatoire 
impérialde  Paris  par  M.  Chacornac,  le  S  février  dernier.  (Communication 
de  M.  Le  Verrier.) 

«  Cette  planète,  de  8e  à  9e  grandeur,  est  la  39e  du  groupe  des  astéroïdes 
qui  circulent  entre  les  orbites  de  Mars  et  de  Jupiter. 
»  Voici  les  observations  qui  ont  été  faites  : 

T.  m.  deParis.  R^j—R*    Comp.  d(§)-D*  Comp.  «(S)  d®' 

hms  m      s  h      m      s  o       ' 

i856.  Fév.  8    i4-  4-  3,4  —5.  6,29      3  11.21.52,74  •• 

14.27.32,0     — i.5o,o      3  -f-4-53.21,9 

i5.33.i5,6  — 5.  8,23      2  n.2i.5o,8o  

16. 36. 36,3     —i.i4,5      2 -4-453.57,4 

Fëv.  9    12. 3o. 11,2  — 5.35,82      5  11.21.23,23  

i3.  7.54,2     +4-'7,4      3  +459.29,3 

»  L'étoile  de  comparaison  est  21963  Lai.  Cat.  of  stars,  et  sa  position 


(  279  ) 
moyenne,  le  ier  janvier  t856,  est 

2R*:=iih26m58s,oi,     D  *  =  4-4°55'5",3. 

»  A  cette  occasion,  M.  Le  Verrier  annonce  que  la  planète  (38),  décou- 
verte le  12  janvier  dernier  par  M.  Chacornac,  portera  le  nom  de  Léda,  et  il 
communique  des  observations  de  cet  astre,  faites  à  Liverpool  par  M.  Hart- 
nup,  et  adressées  par  lui  à  M.  Chacornac  : 

Observations  de  Léda,  faites  à  l'Observatoire  de  Liverpool  avec  le  grand  èquatorial. 


T.  m.  de  Greenwich. 

Ascension  droite. 

Dist.  au  pôle  nord. 

b       m       s 

h      m      s 

0        '      " 

r856.  Janvier  19 

n.34.56,8 

8.33. 1 5, 10 

72.4o.4l,5 

»            19 

11 .54.52,8 

8. 33\  14,08 

72.4o.45,I 

<>            24 

1 1 .26. 14,9 

8.28.i3,59 

72.41  .45,5 

»            24 

n.46.10,9 

8.28.12,84 

72.41.48,8 

»  Les  observations  sont  corrigées  de  la  réfraction.  L'étoile  de  comparai- 
son  est,  pour  toutes  ces  observations,  Q  de  l'Ecrevisse,  dont  la  position 
moyenne,  pour  janvier  1 856,  est,  d'après  les  observations  de  Greenwich, 

2R  =  8h  23°'  22%83  ,      DPN  =  7  I  °  25'  20",07 . 

météorologie.  —  Bolide  du  3  février  dernier.  (Communication  faite 

par  M.  Le  Verrier.) 

«  Outre  l'observation  de  ce  phénomène,  faite  à  l'Observatoire  de  Paris  par 
M.  Dien,  une  seconde  observation  en  a  été  faite  dans  le  même  établisse- 
ment par  M.  Besse-Bergier,  assistant  observateur.  M.  Le  Verrier  commu- 
nique la  partie  de  la  relation  de  M.  Besse-Bergier  qui  est  relative  aux  appa- 
rences du  phénomène,  en  faisant  remarquer  que  les  variations  d'éclat  qu'il 
a  présentées  pourront  servira  expliquer  les.  apparences  d'inégalité  de  mou- 
vement que  d'autres  observateurs  ont  cru  constater. 

»  Le  3  février,  dit  M.  Besse-Bergier,  à  8h  5m  du  soir,  j'aperçus  une 
lueur  d'un  rouge  amarante  au  sud-est.  Un  bolide  se  montra  bientôt 
sous  la  forme  d'une  traînée  lumineuse  d'un  blanc  un  peu  blafard.  Cette 
traînée  a  présenté  une  longueur  très-variable  :  dans  son  plus  grand  éclat, 
quelques  instants  après  l'apparition,  elle  pouvait  avoir  un  demi-degré  de 
longueur;  puis  elle  a  diminué  assez  subitement  :  les  bords  se  sont  colorés 
légèrement  en  bleu,  et  le  bolide  a  offert  pendant  une  seconde  l'aspect 
d'un  globe  de  feu  d'à  peu  près  10  minutes  de  diamètre. 


(  a8o  ) 

»  A  cet  état  a  succédé  un  redoublement  subit  d'intensité  lumineuse  :  la 
traînée  a  repris  son  développement  longitudinal  primitif  et  sa  couleur  d'un 
blanc  blafard,  pour  diminuer  de  nouveau  et  passer,  pendant  les  dernières 
secondes  de  son  apparition,  à  la  forme  gobuleuse  et  à  une  couleur  d'un  bleu 
céleste  très-intense. 

»  Je  distinguais  alors  très-nettement,  en  arrière  de  la  partie  brillante  et 
colorée,  une  série  d'étincelles  alignées  dans  le  sens  du  mouvement  du  bo- 
lide. L'une  d'elles  était  reconnaissable  à  son  diamètre  apparent  bien  sen- 
sible, et  à  un  point  rougeâtre  situé  à  sa  partie  antérieure,  et  dont  l'intensité 
allait  en  s'affaiblissant  graduellement.  Le  tout,  étincelle  et  point  rougeâtre, 
a  été  visible  pendant  environ  deux  secondes  et  a  disparu  subitement.  La 
partie  globulaire  située  en  avant  était  alors  à  une  distance  égale  à  peu  près 
au  double  de  son  diamètre;  elle  a  disparu  à  son  tour  quelques  instants  après. 

»  La  partie  antérieure  du  bolide  m'a  paru  pendant  tout  le  temps  nette- 
ment dessinée,  et  arrondie  en  forme  de  paraboloïde. 

»  Le  mouvement  apparent,  tant  du  bolide  que  de  la  traînée  lumineuse 
qui  le  suivait,  est  resté  très-sensiblement  borizontal  et  uniforme  :  sa  direc- 
tion était  celle  du  sud  au  nord.  Quand  je  l'aperçus,  le  bolide  était  déjà  au 
sud-est  ;  il  a  disparu  pour  moi  à  l' est-nord-est.   » 

»  Le  bolide,  ajoute  M.  Le  Verrier,  a  été  vu  à  Saint-Dié  (Vosges)  par 
M.  Tessin,  membre  de  la  chambre  consultative  des  arts  et  manufactures 
des  Vosges.  M.  Tessin  annonce,  à  la  date  du  4  février,  qu'après  8h  3om 
environ  du  soir,  le  3  février,  •  dans  la  direction  de  l'ouest,  et  le  ciel 
étant  d'une  pureté  extraordinaire,  il  est  apparu  un  globe  de  feu  de  la  gran- 
deur ordinaire  de  la  lune  et  avec  une  auréole  d'étincelles.- Ce  globe,  après 
plusieurs  secondes  de  station,  se  serait  déplacé  horizontalement  vers  l'ouest 
d'environ  io  degrés,  en  laissant  une  traînée  de  feu,  puis  il  aurait  disparu 
en  produisant  l'effet  d'une  fusée  qui  éclate  et  laisse  échapper  des  étincelles 
dans  sa  chute  verticale. 

»  La  clarté  projetée  par  le  globe  était  si  vive,  qu'elle  éclipsait  la  lumière 
projetée  par  une  lampe  modérateur.  Le  météore  paraissait  être  d'environ 
3o  à  4o  degrés  au-dessus  de  l'horizon. 

»  M.  Malservet,  ancien  notaire,  écrit,  de  son  côté  de  Sommevoire,  à  la 
date  du  4  février,  qu'il  a  vu  le  bolide  à  8  heures  et  quelques  minutes  du 
soir.  En  supposant,  dit-il,  par  rapport  à  ma  position,  que  la  voie  lactée  prît 
sa  naissance  au  sud-est  à  Langres  et  allât  se  perdre  à  Paris,  un  météore  ex- 
traordinaire a  parcouru  cette  ligne  en  laissant  la  voie  lactée  sur  sa  gauche. 


(  *8'  ) 
La  forme  du  météore  était  celle  d'une  boule  allongée  et  dont  la  couleur 
paraissait  noirâtre  (ne  faut-il  pas  lire  bleuâtre?).  Le  météore  traînait  après  lui 
une  barre  rouge  de  laquelle  s'échappaient  une  multitude  d'étincelles  de  feu. 
Quoique  sa  marche  fût  rapide,  elle  était  loin  d'égaler  en  vitesse  les  étoiles 
filantes. 

»  Cinq  à  six  minutes  après  le  phénomène,  qui. paraissait  peu  élevé  au- 
dessus  de  la  terre,  l'auteur  de  la  Lettre  affirme  avoir  avec  d'autres  témoins 
entendu  une  explosion  extraordinaire  comme  celle  d'une  mine,  laquelle 
aurait  été  suivie  d'une  longue  détonation.  » 

météorologie.  —  Autres  Observations  du  bolide  du  3  février.  (Commu- 
niquées par  M.  Elie  de  Beaumont.) 

—  Observation  faite  à  Niederbronn  (Bas-Rhin);  Lettre  de  M.  Kchn. 

—  «  C'était  à  8h25m.  Le  globe  igné  paraissait  de  la  grosseur  d'un  fort 
boulet  de  canon,  sa  lumière  était  bleu-jaunâtre  et  il  répandait  partout 
une  grande  clarté.  Il  était  suivi  d'une  grande  traînée  lumineuse,  en  forme 
de  queue  et  qui  jetait  de  nombreuses  étincelles. 

»  Le  bolide,  dont  la  direction  était  à  peu  près  du  midi  au  nord,  semblait 
dans  son  trajet  descendre  vers  la  terre  et  disparaître  derrière  les  montagnes 
qui  sont  au  nord-ouest  de  Niederbronn. 

»  L'apparition  eut  lieu  à  60  degrés  environ  de  hauteur  et  la  dispari- 
tion derrière  les  montagnes  à  1 5  degrés.  Tout  le  météore  a  été  visible  de 
quatre  à  cinq  secondes.  » 

—  Observation  faite  à  Vitrj-en-P  erthois  (Marne);  Lettre  de  M.  Mathieu. 

—  «  Ce  soir  à  8  heures  et  quelques  minutes,  par  un  ciel  très-limpide,  un 
bolide  s'est  allumé  avec  bruit  dans  la  direction  du  midi,  s'est  dirigé  vers  le 
nord-nord-ouest,  parcourant  environ  un  quart  de  l'hémisphère,  apparent  en 
trois  ou  quatre  secondes  et  avec  l'éclat  de  la  lune  dans  son  plein.  Il  laissait 
après  lui  une  longue  traînée  de  lumière  bleuâtre  comme  la  foudre,  tandis  que 
le  globe  lui-même  avait  une  teinte  cuivrée,  un  peu  nitrate  de  strontiane.  Son 
inclinaison  était  d'environ  60  degrés  et  le  milieu  de  sa  course  en  face  des 
Pléiades  (la  Poussinière)  10  ou  i5  degrés  au-dessous  (à  l'ouest).  C'était  une 
vraie  chandelle  romaine,  avec  sa  faible  vitesse  et  son  brillant  éclat.  Ce  bolide 
ne  devait  pas  être  très-élevé,  vu  son  immense  parcours  apparent  avec  sa 
faible  vitesse  et  son  peu  de  durée.  » 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°6)  38 


(  282  ) 

—  Observation  faite  a  Chartres  {Eure-et-Loir);  Lettre  de  M.  Doublet 
de  Boisthibaitlt.  —  «  Le  remarquable  météore  qui  a  été  vu  dans  plusieurs 
villes  de  France,  le  3  de  ce  mois,  a  été  remarqué  à  Chartres,  vers  8  heures 
du  soir.  Il  venait  du  côté  nord  de  la  ville,  qu'il  a  éclairée  un  moment.  » 

astronomie.  —   Sur  les  anneaux  de  Saturne;   Lettre  du   P.  Secghi    à 

M.  Elle  de  Beaumont. 

«  Dans  un  Mémoire  très-intéressant  publié  dans  le  volume  V,  6e  série, 
i852 ,  des  Actes  de  l'Académie  de  Saint-Pétersbourg,  M.  Otto  Struve  a  émis 
le  soupçon  que  les  anneaux  de  Saturne  étaient  dans  un  état  progressif  de 
rétrécissement,  de  sorte  que  dans  un  temps  peut-être  assez  court  on  pour- 
rait voir  la  planète  dépouillée  de  cet  intéressant  accessoire.  Le  soupçon  est 
d'autant  plus  raisonnable,  que  rien  ne  prouve  que  le  système  soit  dans  un 
état  permanent  d'équilibre,  et  non-seulement  les  mesures  anciennes,  qui 
pourraient  être  suspectes,  mais  les  plus  modernes  encore  supportent  l'hy- 
pothèse. 

»  Mais  les  discordances  qu'on  remarque  entre  les  résultats  des  mesures 
des  différents  auteurs  sont  assez  fortes;  et  j'ai  cru  qu'il  n'y  aurait  pas  de  té- 
mérité de  ma  part  à  aborder  la  question.  Après  m'être  suffisamment 
exercé  à  la  mesure  des  planètes  sur  Jupiter,  et  trouvé  mes  mesures 
d'accord  avec  celles  de  M.  W.  Struve,  j'ai  pris  occasion  de  la  dernière  op- 
position et  du  maximum  d'ouverture  de  l'anneau  pour  faire  une  suite  de 
mesures  non-seulement  de  l'anneau,  mais  aussi  de  la  planète,  pour  avoir  un 
contrôle  du  degré  de  précision  et  de  confiance  qu'on  devait  y  placer.  Les 
résultats  sont  consignés  dans  le  tableau  B.  Chaque  nombre  est  la  moyenne 
de  deux  et  plus  souvent  de  trois  mesures  doubles  très-bien  d'accord  entre 
elles,  et  dont  l'erreur  probable  pour  chacune  n'excède  pas  o",2.  On  a  mesuré 
seulement  dans  un  excellent  état  de  l'atmosphère  excepté  deux  fois,  dont 
l'une  expressément  pour  essayer  l'influence  des  circonstances  moins  favora- 
bles. Aux  mesures  faites  dans  la  dernière  opposition,  j'ai  aussi  joint  celles  de 
l'opposition  de  l'année  dernière,  1 854-1 855,  pour  servir  pareillement  de 
comparaison.  Les  mesures  sont  réduites  à  la  distance  moyenne  de  Saturne 
au  Soleil,  mais  on  n'a  appliqué  à  aucune  des  mesures  la  correction  de  la 
réfraction,  ni  de  la  phase,  ni  du  changement  d'obliquité  des  anneaux, 
non  parce  que  je  les  crois  négligeables,  mais  parce  que  voyant  des  diffé- 
rences bien  supérieures  à  celles  que  pouvaient  produire  ces  petites  correc- 
tions, avant  de  les  calculer,  j'ai  voulu  examiner  d'où  pouvaient  provenir  ces 
discordances. 


(  a83  ) 

TABLEAU  B. 


DIAMÈTRE 

MILIEU 

DIAMÈTRE 

BORD 

DIAMÈTRE 

DIAMÈTRE 

extérieur 

delà 

intérieur 

intérieur 

équatorial 

conjugué 

DATE    DE    L'OBSERVATION. 

de  l'anneau 

division 

de  l'anneau 

de  l'anneau 

de  la 

de 

A. 

principale. 

K. 

nébuleux. 

planète. 

l'anneau. 

» 

i854-    i5  novenib  . 

4o, 655 

a 

» 

u 

» 

i5  décemb.  . 

4i  ,33l 

» 

» 

u 

0 

» 

i855.    17        » 

4l ,008 

a 

» 

u 

u 

„ 

i855.     4  janvier.  . 

40,739 

» 

u 

» 

» 

u 

6 

40,733 

» 

» 

0 

1* 

» 

20  avril .... 

4 1 , ao5 

» 

» 

u 

17,708 

a 

3o  novemb. . 

4o,85i 

» 

23,792 

21 ,23a 

17,458 

l8,339 

5  décemb... 

4< ,324 

34,486 

26, 101 

20,995 

17,829 

u 

.4         » 

4i,o68 

» 

25,474 

» 

17,531 

20,442 

i5        » 

4i,443 

34,657 

25,913 

21 ,725 

'7>773 

19,025 

16        » 

40,812 

34,699 

25,834 

2 1 , 35o 

17,716 

i8,5o4 

23           » 

4i,ii8 

34,642 

25,917 

2 1 , 6o5 

17,611 

18,991 

24        » 

4o,564 

34 ) 760 

26, 191 

21,519 

17,687 

18,291 

27        >> 

40,412 

» 

25,832 

21 ,5o8 

17,572 

18,110 

Mes.ind.     »         » 

40,623 

M 

26,003 

» 

u 

» 

3o         » 

40,710 

» 

M 

u 

17,728 

. 

Mes.ind.  3o         » 

41,090 

■ 

26,083 

M 

» 

u 

i856.     9  janvier.  . 

4o, 483 

» 

■> 

» 

» 

u 

Moyennes .    . . 

— .,„,     ■ 

40,893 

34,65g 

25,7l4 

21,419 

17,661 

18,814 

»  On  voit  dans  ce  tableau  des  différences  assez  petites  pour  la  planète, 
tandis  que  pour  l'anneau  elles  sont  presque  toujours  \  seconde,  et  les  ex- 
trêmes montent  a  1  seconde,  ce  qui  est  tout  à  fait  intolérable  avec  notre 
instrument.  Après  avoir  été  en  quelque  anxiété  pour  ces  résultats  irrégu- 
liers, j'ai  consulté  les  mesures  dernières  de  M.  Lassel,  et  en  elles  j'ai  vu 
des  sauts  semblables  :  cela  m'a  engagé  à  les  discuter  avec  plus  de  soin,  et 
j'y  crois  avoir  reconnu  une  certaine  périodicité  :  les  mesures  de  deux  jours 
consécutifs  sont  en  désaccord,  mais  celles  de  trois  jours  et  de  neuf  s'ac- 
cordent. 

»  J'ai  donc  cherché  si  cela  ne  pourrait  pas  s'expliquer  par  une  ellipticité 
de  l'anneau  qui,  dans  sa  rotation  autour  de  la  planète,  en  nous  présentant 
alternativement  le  grand  et  le  petit  axe,  pourrait  être  la  source  de  ces  dif- 

38.. 


(  284  ) 
férences.  Ayant  essayé  la  période  propre  d'un  satellite  placé  un  peu  à  l'in- 
térieur du  bord  de  l'anneau  A,  j'ai  trouvé  un  temps  qui,  légèrement  mo- 
difié, satisfait  à  toutes  les  irrégularités.  Soient  T  le  temps  de  la  rotation  de 
l'anneau,  t  le  temps  écoulé  après  une  époque  fixe  du  minimum  observé, 
K  la  différence  de  deux  axes  de  l'anneau;  nous  aurons 


Le  diam.  moyen  =  diamètre  observé  +  Kcosa  (  -=- 

En  négligeant  les  puissances  supérieures  à  la  deuxième  pour  l'excentricité 
et  en  appelant  w  l'angle  qui  reste  après  les  circonférences  entières,  décrites 
par  l'anneau,  la  correction  sera 

c  =  K  cos  i  « . 

La  valeur  de  T  qui  satisfait  le  mieux  aux  observations  est 

T  =  i4\238 
de  temps  sidéral,  j'ai  conclu 

R  =  o,366, 

après  la  différence  entre  les  maxima  et  les  minima,  et  choisi  pour  époque  du 
minimum  le  2/4  décembre  à  4'"  iom  sid.,  instant  dans  lequel  l'anneau  se 
voyait  très-bien  et  était  dans  un  minimum  de  position.  Le  tableau  C  résume 
le  résultat  de  cette  discussion.  ' 

TABLEAU  C. 


DATE 

ET    HEURE. 

INTERVALLES 

en  temps. 

INTERVALLES 

en  révolution. 

CORRECTION. 

DIAMÈTRE 

observé. 

DIAMÈTRE 

corrigé. 

DIFFÉRENCE 

du  c  —  m. 

i855.  3o  novembre 

b        m 

2.3o 

)          h       m 

24  -f-  I  .  40 

r                   0 
4o  \  +  23 

+  0  , 2.54 

4o"85i 

4i ,io5 

+0,Il8 

5  décembre 

1.45 

19  -t-  2.35 

32     -+-76 

—  o,3?3 

41,324 

4i,oo 

+  0,014 

4 

» 

3.00 

10  -t-  1  .40 

17       —24 

-f-  0 ,  245 

4 1,068 

4i,3n 

+  0,227 

.5 

1> 

3.3o 

9  -+-  O.40 

i5     +  81 

—  o,348 

41,443 

41,095 

+  0 , 1 08 

16 

» 

3.3o 

8-+-O.40 

l3}+  12 

+  o,334 

40,812 

4.,. 46 

-+■  0, 159 

23 

n 

4- 10 

I         O.O 

ij  +  65 

— o,235 

41,1 .8 

4o, 883 

—  0 , 1 04 

24 

B 

4-  io 

-f-  0 ,  366 

4o , 564 

40,930 

—  0,057 

27 

» 

3.40 

3  —  0 .  20 

5+12 

+  o,334 

40 , 4 ' 2 

40,746 

—  0 , 24 1 

» 

» 

4.10 

3      0.0 

5     4-20 

-+-  0 ,  280 

40 ,623 

4o,go3 

—  0,084 

3o 

» 

3.5o 

6  —  0 .  20 

10       -t-  32 

+  0 , 1 60 

40,710 

40,870 

—  0,117 

3o 

» 

4.20 

6+  0  10 

10     -+-  45 

0,000 

4< ,090 

41,090 

+  0, io3 

i856.     9  janvier 

5.28 

16+  1.18 

27  y  -H  20 

+  0 , 280 

4o, 483 

40,763 

—  0,224 

(  a85  ) 
»  L'accord  entre  les  moyennes  des  diamètres  corrigés  entre  eux  est  très- 
satisfaisant,  et  même,  en  appliquant  la  réfraction  (qui  dans  sa  plus  forte 
valeur  n'excède  pas  o",o3  ),  on  ne  trouverait  plus  de  discordances  remar- 
quables. La  seule  observation  un  peu  excessive  est  celle  du  i4  décembre, 
qui  a  été  faite  dans  des  circonstances  peu  favorables,  mais  qui  cependant 
présente  un  minimum  relatif  très-prononcé,  comme  le  veut  la  correction. 
La  tendance  au  signe  -+-  dans  la  première  partie  de  la  colonne  des  diffé- 
rences et  au  —  dans  la  seconde  n'est  pas  douteuse;  mais,  sans  tout  rejeter 
sur  les  erreurs  d'observations,  on  pourrait  bien  l'attribuer  à  la  même  source 
d'où  dérivent  les  irrégularités  trouvées  par  les  autres  astronomes.  On  voit, 
en  effet,  que  nos  deux  moyennes  (tableaux  B  et  C)  sont  très-peu  différentes 
des  valeurs  données  par  MM.  Encke,  Galle  et  Lassel,  mais  très-différentes 
de  celles  de  Bessel  et  Struve  ;  on  pourrait  rejeter  celles  de  Bessel  comme 
faites  avec  la  double  image,  qui  peut  offrir  un  peu  plus  de  difficulté  aux  con- 
tacts (i);  mais  celles  de  W.  Struve  étant  faites  avec  un  instrument  comme 
le  nôtre,  il  n'y  a  pas  de  raison  contraire. 

»  Examinons  donc  s'il  est  possible  qu'il  y  ait  quelque  variation  dans  les 
anneaux.  Après  M.  O.  Struve,  la  moyenne  des  observations  de  W.  Struve, 
Encke  et  O.  Struve  donne  pour  la  largeur  de  l'anneau  extérieur  A  =  a ",44°  ; 
dans  le  tableau  B,  nous  avons  le  diamètre  du  milieu  de  la  division  ;  ajoutant 
la  largeur  de  la  division,  trouvée  o",^oi,  on  trouve  le  diamètre  intérieur 
de  l'anneau  A,  et  on  a  pour  sa  largeur  =  2", 91 5  ;  la  différence  =  o",475,  est 
assez  forte.  Le  jour  29  décembre  1 855  (n'ayant  encore  fait  aucune  réduc- 
tion), je  fus  frappé  de  la  largeur  excessive  apparente  de  l'anneau  A  qu'on 
remarquait  à  l'œil  plus  grand  que  dans  les  admirables  dessins  de  Lassel  et 
Dawes.  Cela  m'engagea  à  en  prendre  avec  soin  la  largeur  directement.  Le 
résultat  est  le  suivant  :  largeur  des  deux  anneaux  =  7",5i2;  largeur  de 
A  =  2  ",788;  le  même,  selon  Struve,  =  2",44°-  La  différence  est  très-forte, 
=  o",348,  et  confirme  le  témoignage  de  l'œil.  —  Le  27  décembre,  on 
avait  un  air  excellent;  on  essaya  la  mesure  séparément  des  anses  et  de  l'es- 
pace obscur  entre  l'anneau  et  la  planète  pour  en  constater  l'excencitrité.  On 
trouva  l'excentricité  presque  nulle  ;  mais  la  largeur  de  l'anse  précédente 
était  =  8",6o5,  et  de  la  suivante  =8", 751.  A  part  la  petite  différence,  on 

(1)  Ce  célèbre  observateur  a  été  lui-même  étonné  de  la  différence  entre  ses  résultats  et 
ceux  de  Struve ,  et  il  a  prouvé  que  la  différence  excède  l'erreur  possible  des  mesures  avec 
Phéliomètre.  Voir  Astronomische  Nachrichten ,  189. 


(  286  ) 

voit  une  largeur  extraordinaire,  et  cependant  les  mesures  s'accordent  toutes 
entre  o",or5!  Comme  on  pourrait  attribuer  les  discordances  précédentes  à 
la  difficulté  de  collimer  aux  bords,  comparons  les  mesures  du  diamètre  de 
la  division  principale,  objet  qu'on  mesure  très-bien.  Des  mesures  du  ta- 
bleau B  nous  obtenons  (en  ajoutant,  comme  j'ai  dit,  o",^oa)  la  valeur  sui- 
vante pour  le  diamètre  intérieur  de  A  =  35",o6i.  M.  W.  Struve  donne, 
avec  un  excès  extraordinaire  pour  lui,  la  valeur  =  35", 289.  Est-ce  que  la 
division  change  de  place?  Ne  pourrait-on  pas  expliquer  ainsi  le  désaccord 
avec  ce  que  dit  Cassini  que  la  division  de  son  temps  partageait  presque  en 
deux  parties  égales  l'anneau  ? 

«  J'ai  cherché  encore  le  rapport  qui  existe  entre  l'espace  obscur  entre  la 
planète  et  l'anneau,  comparé  à  la  largeur  des  anneaux  :  je  le  trouve  =  o",53. 
M.tÔ.  Struve,  =  o",4o,;  Encke  et  Galle,  s=  o",57;  W.  Struve,  =  o",64.  On 
voit  ici  de  grandes  variations  ;,  mais  la  période  progressive  de  M.  O.  Struve 
n'est  pas  confirmée. 

»  Pour  établir  s'il  y  a  des  variations  réelles  comme  cela  paraît,  il  faut 
des  observations  nombreuses  et  suivies,  surtout  avec  V indication  précise  du 
temps  et  de  l'heure  exacte  de  l'observation  ;  trois  heures  et  demie  de  diffé- 
rence pourraient  changer  le  maximum  au  minimum;  et  faute  de  cette  indi- 
cation, on  ne  peut  pas  tirer  profit  de  plusieurs  observations  passées.  J'aurais 
pu  différer  l'annonce  de  mes  résultats  jusqu'à  les  voir  confirmés  par  un 
nombre  plus  grand  d'observations;  mais  j'ai  cru  qu'il  était  de  l'intérêt  de  la 
science  de  les  publier  immédiatement,  même  au  risque  de  voir  mon  hypo- 
thèse renversée,  afin  d'avertir  les  astronomes  de  ce  qui  peut  expliquer  ces 
irrégularités  qui  tiennent  la  science  en  doute  sur  ce  point. 

»  Je  terminerai  en  disant  que  l'anneau  extérieur  montre  très-bien  trois 
divisions  ou  raies  plus  obscures  :  la  plus  forte  de  celles-ci  est  à  la  distance 
de  i",5o,6  du  bord  intérieur  de  A  (mesure  du  24  décembre);  la  plus  fine  a 
\  seconde  à  peine.  La  couleur  de  la  division  est  la  même  que  celle  de  l'an- 
neau nébuleux  et  paraît  variable,  étant  quelquefois  rougeâtre  et  d'autres  fois 
bleue.  Le  1 1  janvier  i85C,  un  côté  était  bleu,  l'autre  rougeâtre  (on  employa 
des  oculaires  achromatiques  expressément).  L'anneau  nébuleux  est  séparé 
de  l'anneau  B  par  une  division  dont  la  longueur  =  o",3  environ. 

»  Plusieurs  autres  détails  prendront  place  avec  les  observations  originales 
dans  les  Mémoires  de  l'Observatoire,  qui  seront  bientôt  publiés    » 


(>87.) 

géodésie.  —  Sur  le  calcul  de  la  latitude,  par  la  méthode  de  M.  Babinet. 
(Extrait  d'une  Lettre  adressée  à  M.  Chastes  par  M.  E.  Catalan,  le 
a8  janvier  i856.) 

«  Si  j'ai  bien  compris  la  Note  de  M.  Babinet  et  celle  de  M.  Housel 
(Comptes  rendus,  tome  XLII,  pages  8  et  io3),  ces  deux  savants,  et  surtout 
le  second,  attachent  quelque  importance  à  la  résolution  des  équations 

(i)  sin  <?  =  cos  X  sin  A , 

(a)  sin  <?'=  cosX  sin  A'T 

(3)  •  A  +  A'=îr 

dans  lesquelles  les  inconnues  sont  A,  A'  et  X.  Or  ces  équations  se  résolvent 
sans  aucune  difficulté  et  sans  qu'il  soit  besoin  de  recourir  à  des  artifices  de 
calcul.  En  effet,  on  a  d'abord 

sinS     _  sin  A 
sin  5'        sin  A' 

ou,  ce  qui  est  équivalent  [à  cause  de  l'équation  (3)], 

(4)  ta„gi(A-A')=5f=f».a„gi,. 

Connaissant  la  demi-différence  et  la  somme  des  azimuts  A,  A',  on  aura  ces 

deux  angles  ;  et,  par  suite, 

.         sin  S        sin  S' 
COS  A  =  ^—t-  =  -t— ;• 
sin  A        sin  A' 

»  Remarque.  Les  angles  auxiliaires  N,  N',  employés  par  M.  Housel,  sont 
précisément  les  azimuts  A,  A'.  » 

astronomie.    —   Sur   la   détermination    des  latitudes   au  moyen  de  la 
méthode  de  M.  Babinet;  par  M.  A.  Tissot. 

«  Les  équations  auxquelles  conduit  la  méthode  donnée  récemment  par 
M.  Babinet,  pour  la  détermination  des  latitudes,  savoir  : 

sin  è  —  sin  A  cos  X ,     sin  à'  =  sin  A'  cos  X,     A-f-A'=ç, 

peuvent  se  résoudre  très-simplement  sans  l'emploi  d'angles  auxiliaires,  et 
sans  qu'on  ait  recours  à  l'artifice  de  calcul  indiqué  dans  le  Compte  rendu 
du  2i  janvier. 


{  288  ) 
»  Si  l'on  ajoute  membre  à  membre  les  deux  premières,  on  aura,  en  trans- 
formant les  sommes  de  sinus  en  produits  et  en  ayant  égard  à  la  troisième, 

.3  +  3'         3  —  3'  q  A  — A'         i 

sin cos =  sin  -  cos cos  A  ; 

22  22' 

et,  si  l'on  retranche  au  lieu  d'ajouter, 

S -h  3'    .     8  — S'  q         A  —  A'         . 

cos sin =  cos  x  sin cos  A  ; 

22  22 

d'où  l'on  tire,  en  divisant  membre  à  membre, 

A  -  A'  S  — S'  S  +  3'  q 

tang  — ^—  =  tang  -J-  cotang  -£—  tang  |. 

Cette  dernière  équation,  jointe  à  la  suivante, 

A  -+-  A'  =  q  , 

fait  connaître  A  et  A';  il  est  facile  ensuite  d'obtenir  X. 

»  On  voit  que  les  angles  N  et  N'  de  la  Note  citée  plus  haut  ne  sont  autre 
chose  que  A  et  A'.  Le  calcul  rigoureux  de  la  latitude  étant  effectué,  il  n'est 
donc  pas  nécessaire  d'en  faire  un  autre  pour  déterminer  les  azimuts.  C'est 
là  principalement  ce  que  je  désirais  faire  remarquer,  parce  qu'à  l'aide  de 
ces  azimuts,  on  peut,  ainsi  que  l'a  montré  M.  Babinet,  obtenir  ensuite  l'heure 
et  la  longitude  du  lieu.  » 

chimie  CKISTALLOGRAPHIQUE.  —  Recherches  sur  les  formes  cristallines  de 
quelques  composés  chimiques  ;  par  M.  C.  Maricnac. 

«  Dans  un  travail  que  je  viens  de  publier  sur  les  formes  cristallines  de 
quelques  composés  chimiques,  j'ai  donné  la  description  détaillée  des  formes 
de  quarante-huit  substances,  dont  la  plupart  n'avaient  pas  encore  été 
déterminées.  Il  est  impossible  de  résumer  de  pareilles  descriptions;  mais  je 
signalerai  quelques  faits  qui  résultent  de  mes  observations  et  qui  peuvent 
avoir  un  intérêt  plus  général  pour  les  chimistes. 

»  Les  analyses  que  j'ai  faites  des  sulfatesde  nickel,  me  forcent  à  admettre 
que  l'on  a  commis  une  erreur  en  considérant  les  cristaux  en  prismes 
rhomboïdaux  droits,  et  ceux  en  octaèdres  carrés,  comme  appartenant  à  un 
même  hydrate,  et  constituant  un  fait  de  dimorphisme.  Les  premiers  renfer- 
ment bien  7  équivalents  d'eau,  mais  les  seconds  n'en  contiennent  que  6. 
Je  dois  remarquer,  du  reste,  que  les   analyses    de  M.  Mitscherlich,  sur 


t  289) 

lesquelles  on  s'est  fondé,  s'accordent  mieux  avec  mon  opinion  qu'avec  la 
conclusion  qu'on  en  avait  généralement  tirée.  D'ailleurs  ce  sel  n'en  conti- 
nuera pas  moins  à  présenter  un  cas  de  dimorphisme.  En  effet,  à  une  tempé- 
rature un  peu  plus  élevée  que  celle  qui  produit  les  cristaux  octaédriques,  on 
obtient  des  cristaux  en  prismes  rhomboïdaux  obliques  qui  renferment  égale- 
ment 6  équivalents  d'eau.  Ces  cristaux  ne  conservent  pas  leur  transparence 
à  la  température  ordinaire;  ils  deviennent  opaques,  au  bout  de  quelques 
heures,  mais  sans  changer  de  poids. 

»  Les  sulfates  de  magnésie,  de  cobalt,  de  zinc  cristallisent  aussi,  avec  6 
équivalents  d'eau,  en  prismes  rhomboïdaux  obliques,  isomorphes  avec  celui 
de  nickel.  M.  Mitscherlich  avait  déjà  signalé  l'existence  de  cette  seconde 
forme,  mais  je  ne  crois  pas  qu'il  en  ait  jamais  publié  la  description. 

»  Je  décris  deux  hydrates  du  carbonate  neutre  de  magnésie,  renfermant, 
l'un  3,  l'autre  L\  équivalents  d'eau.  Ils  se  déposent  avec  le  temps,  en 
très-beaux  cristaux,  dans  les  dissolutions  de  carbonate  de  magnésie  dans  de 
l'eau  chargée  d'acide  carbonique.  Je  les  ai  reçus  de  M.  Morin,  pharmacien 
à  Genève,  qui  les  obtient  quelquefois  en  quantité  considérable.  Si  l'on 
y  joint  les  cristaux  décrits  jadis  par  M.  Brooke,  on  voit  que  le  carbonate  de 
magnésie  forme  des  combinaisons  bien  définies,  et  parfaitement  caractéri- 
sées par  leurs  formes  cristallines,  avec  3,  4  et  5  équivalents  d'eau. 

»  La  forme  du  chlorate  d'argent,  comparée  à  celle  du  chlorate  de  soude, 
apportera  un  nouvel  argument  à  l'opinion  qui  admet  que  l'isomor- 
phisme  peut  exister  entre  des  formes  appartenant  à  deux  systèmes  diffé- 
rents. En  effet,  on  sait  que  les  sels  de  soude  et  ceux  d'argent  sont  généra- 
lement isomorphes.  Or,  tandis  que  le  chlorate  de  soude  cristallise  en  cubes, 
celui  d'argent  se  présente  en  prisme  carré,  terminé  par  un  octaèdre  carré 
placé  sur  ses  angles,  de  manière  à  former  un  dodécaèdre  dont  les  angles  ne 
diffèrent  pas  beaucoup  de  ceux  du  dodécaèdre  rhomboïdal  du  système 
cubique. 

»  L'acide  perchlorique  forme  plusieurs  sels  avec  l'oxyde  de  plomb,  mais 
je  n'ai  pu  obtenir  constamment  en  cristaux  déterminables  qu'un  perchlo- 
rate  bibasique,  dont  la  composition  est  représentée  par  la  formule 

aPbO,  ClOT-+-2Aq. 

»  Ce  sel,  très-soluble,  mais  non  déliquescent,  cristallise  sous  deux  formes 
incompatibles,  bien  qu'elles  appartiennent  toutes  les  deux  au  système  du 
prisme  rhomboïdal  oblique.  Sa  dissolution  étendue  se  décompose  au 
contact  de  l'acide  carbonique  de  l'air,  et  passe  à  l'état  de  perchlorate 

C.  R.,  i856,  i«r  Semestre.  (T.  XL1I,  N°  6.)  3o, 


(  29°  ) 
neutre.  Sa  dissolution  concentrée,  au  contraire,  peut  encore  dissoudre  du 
carbonate  de  plomb  à  l'aide  de  l'ébullition,  et  fournit  ensuite  des  cristaux 
d'un  sel  plus  basique,  mais  qui  se  décomposent  rapidement  au  contact  de 
l'air  et  de  l'eau. 

»  Je  donne  la  description  des  formes  des  sulfates  et  des  chlorures  de 
lanthane  et  de  didyme.  Je  crois  qu'il  résulte  de  leur  étude  que  les  cristaux, 
décrits  par  M.  Schabus  dans  un  Mémoire  important,  qui  a  été  couronné,  il 
y  a  un  an,  par  l'Académie  de  Vienne,  et  rapportés  par  lui  aux  chlorures  de 
ces  métaux,  appartenaient  réellement  à  leurs  sulfates. 

»  L'étude  des  cristaux  du  bioxalate  de  potasse  m'a  conduit  à  en  répéter 
l'analyse.  On  a  généralement  admis,  d'après  d'anciennes  analyses,  que  ce 
sel  renfermait  2  équivalents  d'eau  de  cristallisation.  M.  Rammelsberg,  à 
l'occasion  de  la  publication  de  son  Traité  de  Chimie  cristaltographique , 
a  repris  l'analyse  de  ce  sel  et  lui  assigne  la  formule 

2  (KO,  HO,C406)  +  Aq. 

»  Pour  moi,  à  la  suite  de  plusieurs  essais,  je  suis  convaincu  qu'il  ne 
renferme  point  d'eau  de  cristallisation,  et  qu'il  est  simplement  représenté 
par  la  formule 

KO,  HO,  C40«.       . 

»  Il  est  vrai  que  je  ne  suis  pas  d'accord  avec  M.  Rammelsberg  sur  la 
forme  des  cristaux  de  ce  bioxalate.  Il  les  rapporte  à  un  prisme  rhomboïdal 
droit,  tandis  que  je  les  fais  dériver  d'un  prisme  oblique.  Mais  la  compa- 
raison des  angles  montre  que  nous  avons  bien  évidemment  observé 
les  mêmes  cristaux,  seulement  je  crois  que  ce  savant  n'a  pas  mesuré 
les  angles  qui  établissent  d'une  manière  incontestable  l'obliquité  du 
prisme. 

»  Parmi  les  sels  que  j'ai  examinés  depuis  l'impression  de  ce  Mémoire,  j'en 
signalerai  deux  qui  offrent  un  nouvel  exemple  d'isomorphisme  exactement 
semblable  à  celui  qui  existe  entre  les  chlorates  de  soude  et  d'argent.  On 
a  généralement  admis  l'isomorphisme  des  iodates  neutres  de  potasse  et 
d'ammoniaque,  attribuant  à  ces  deux  sels  la  forme  cubique.  J'ai  constaté 
que  cette  forme  appartient  bien  réellement  à  l'iodate  de  potasse,  mais  que 
l'iodate  d'ammoniaque  cristallise  en  prisme  carré.  Le  rapport  de  l'axe  ver- 
tical aux  axes  horizontaux  est  celui  de  1,01 35  ".  1,  rapport  si  rapproché  de 
l'égalité,  que  la  disposition  des  modifications  permet  seule  d'affirmer  que  la 
forme  est  prismatique  et  non  cubique.  » 


(  *9'  ) 

voyages  scientifiques.  —  Résultats  des  recherches  faites  à  Pikermi 
(Attique),  sous  les  auspices  de  l'Académie.  (Extrait  d'une  Lettre  de 
M.  Albert  Gacdry  à  M.  Elle  de  Beaurnont.) 

«  Les  recherches  paléontologiques  que  l'Académie  des  Sciences  a  bien 
voulu  me  charger  d'entreprendre  vont  être  terminées,  et  je  viens  vous  en 
faire  connaître  les  résultats.  Les  découvertes  qui  ont  été  faites  à  Pikermi 
par  MM.  Roth,  Chcerétès,  Mitzopoulos  et  par  moi,  doivent  faire  considérer 
cette  localité  comme  une  des  plus  riches  du  monde  en  débris  de  Mammi- 
fères fossiles;  j'ose  espérer  que  l'importance  de  mes  envois  au  Muséum  de 
Paris  dépassera  de  beaucoup  les  espérances  que  j'avais  fait  concevoir  à 
Messieurs  les  Membres  de  l'Académie.  Le  désir  de  justifier  la  confiance 
dont  ils  ont  daigné  m'honorer  m'a  soutenu  dans  les  difficultés  qu'a  en- 
traînées l'accomplissement  de  ma  mission.  Ces  difficultés  ont  été  plus 
grandes  que  je  n'aurais  pu  le  prévoir,  à  cause,  de  l'état  d'agitation  dans 
lequel  était  le  pays  à  l'époque  de  mon  arrivée.  Les  membres  du  nouveau 
ministère  grec,  et  en  particulier  le  Ministre  des  Affaires  étrangères,  M.  Bot- 
lis  ,  ont  fait  pour  moi  tout  ce  qui  était  en  leur  pouvoir.  Pendant  la  durée 
entière  de  mon  séjour  en  Grèce,  une  escorte  nombreuse  a  protégé  mes 
travaux  à  Pikermi  et  mes  diverses  excursions  dans  l' Attique.  Nos  dangers 
de  la  part  des  brigands  se  sont  réduits  à  deux  coups  de  feu  qui  nous  ont 
été  envoyés  presque  hors  de  portée. 

»  Ainsi  que  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  l'écrire,  Monsieur  le  Secrétaire 
perpétuel,  au-dessous  de  la  première  bande  ossifère  exploitée,  j'ai  découvert, 
à  fleur  d'eau  du  ruisseau  du  Pikermi,  une  seconde  bande  plus  riche  que  la 
première.  Je  fixai  à  ce  gisement  le  plus  grand  nombre  de  mes  ouvriers. 
Mais,  après  quinze  jours  de  travaux,  des  orages  terribles  fondirent  sur 
Pikermi  :  le  ruisseau  tranquille  devint  un  torrent  furieux  ;  les  eaux  s'éle- 
vèrent à  une  hauteur  prodigieuse,  déracinant,  charriant  des  arbres  entiers. 
Elles  emportèrent  la  plus  grande  partie  des  déblais  que  nous  avions  amassés; 
mais  peu  d'ossements  furent  perdus,  grâce  à  la  prévoyance  du  chef  de  mes 
ouvriers,  M.  Guicciardi.  Après  les  orages,  de  nouvelles  pluies  sont  surve- 
nues, de  sorte  que  les  eaux  ont  continué  à  couvrir  le  gîte  ossifère.  Pour 
reprendre  les  travaux,  il  a  fallu  détourner  le  cours  du  torrent;  cet  ou- 
vrage après  chaque  grande  pluie  devait  être  recommencé  :  un  de  mes  ou- 
vriers a  travaillé  pendant  un  mois  enfoncé  dans  l'eau  jusqu'au-dessus  du 
genou.  Malgré  ces  difficultés  et  les  dépenses  considérables  qu'elles  ont  en- 

39.. 


(  292  ) 
traînées,  j'ai  fait  continuer  l'exploitation  de  la  couche  située  au  niveau  des 
eaux.  J'y  étais  excité  pas  deux  motifs  :  le  premier,  c'est  que  les  ossements 
dans  ce  gisement  sont  mieux  conservés  que  dans  les  autres;  le  second, 
c'est  que  ce  point  n'ayant  pas  encore  été  exploité,  il  pouvait  me  fournir  un 
plus  grand  nombre  d'espèces  nouvelles. 

»  La  friabilité  des  os  de  Pikermi  complique  le  travail  de  leur  extraction. 
Tandis  que  l'argile  qui  les  renferme  est  souvent  d'une  extrême  dureté,  les 
fossiles  sont  dans  un  tel  état  de  mollesse,  que  toutes  leurs  parties  se  séparent. 
Pour  les  obtenir  entiers,  il  fallait  employer  les  précautions  les  plus  minu- 
tieuses, les  enlever  avec  de  vastes  blocs  de  roches,  les  imbiber  de  gomme 
sur  le  lieu  même  d'extraction.  Dans  tous  mes  travaux  j'ai  été  parfaitement 
secondé  par  M.  G.  Guicciardi. 

»  J'enverrai  à  Paris  cinquante  ou  soixante  caisses  de  fossiles;  l'embal- 
lage se  fait  à  Pikermi,  afin  que  les  objets  n'aient  point  à  souffrir  du  voyage 
de  ce  petit  pays  à  Athènes. 

»  Il  m'est  impossible  de  préciser  le  nombre  des  échantillons  que  j'ai  re- 
cueillis; il  est  immense.  J'ai  trouvé  des  tarses  et  des  carpes  bien  complets 
dont  les  os  sont  restés  en  place  ;  j'ai  aussi  des  phalanges  disposées  dans  leur 
état  naturel;  des  cubitus  avec  leur  radius,  des  tibias  avec  leur  péroné, 
plusieurs  têtes  avec  leurs  deux  mâchoires.  Mais  en  général  cependant  les  os 
sont  isolés  les  uns  des  autres.  Aucun  squelette  entier  n'a  été  trouvé  ni  par 
MM.  Roth,  Chcerétès  et  Mitzopoulos,  ni  par  moi  :  la  couche  ossifère,  géné- 
ralement épaisse  d'un  demi-mètre,  est  un  amas  de  pièces  innombrables  se  croi- 
sant en  tous  sens,  entrant  les  unes  dans  les  autres;  ainsi,  on  voit  des  tibias, 
des  radius  enfoncés  dans  des  crânes,  des  dents  placées  contre  des  mâchoires 
auxquelles  elles  n'appartiennent  pas.  Il  faudra  des  soins  extrêmes  pour 
rapprocher  les  parties  dépendant  des  mêmes  espèces,  principalement  lors- 
qu'il s'agira  des  Ruminants.  Il  esta  noter  que  si  les  ossements  sont  séparés 
les  uns  des  autres,  ils  sont  cependant  fort  intacts  et  ne  portent  aucune  trace 
d'usure;  dans  un  prochain  Rapport  je  tirerai  de  ces  deux  faits  des  consé- 
quences importantes. 

»  Privé  à  Pikermi  de  tout  livre  et  de  tout  moyen  de  comparaison,  je  ne 
peux  encore  dresser  le  catalogue  des  objets  que  j'ai  recueillis  ;  j'indiquerai 
seulement  ceux  qui  m'ont  frappé  davantage. 

»  Une  tête  entière  de  singe.  Une  autre  tête  de  singe  à  laquelle  manque 
la  mâchoire  inférieure.  Plusieurs  mâchoires  de  singes  dans  un  très-bon 
état  de  conservation.  Cette  collection  formera  une  série  complète  de  la  den- 
tition de  ces  animaux.  Une  main  de  singe.  Ces  divers  échantillons  appar- 


(«93) 
tiennent,  sans  doute,  au  Mesopithecus  majorât  au  Mesopithecus  pentelicus. 

»  Plusieurs  mâchoires  de  Carnivores  d'espèces  différentes  et  notamment 
de  très-remarquables  exemplaires  du  genre  Hyœna.  Un  de  ces  exemplaires 
se  rapporte  à  un  individu  de  petite  taille.  Dents  incisives  et  molaires  de 
Castor  atticus,  de  Lamprodon.  Dents  et  ossements  de  très-petits  Rongeurs 
d'espèce  inconnue. 

»  Têtes  et  pièces  diverses  appartenant  à  des  Pachydermes.  Quelques- 
uns  des  échantillons  sont  d'une  grande  beauté;  je  citerai  particulièrement 
une  mâchoire  de  Mastodonte,  une  tête  de  rhinocéros  d'une  parfaite  con- 
servation et  d'une  dimension  considérable,  une  tête  de  cochon  qui  est  éga- 
lement remarquable  par  sa  grandeur  et  son  intégrité.  Ces  échantillons  four- 
niront, je  l'espère,  des  idées  précises  sur  la  faune  de  Pikermi. 

»  J'ai  trouvé  des  tibias,  des  fémurs,  des  humérus,  des  radius  et  quel- 
ques autres  os  qui  indiquent  des  animaux  de  grande  dimension.  Je  les  ai 
particulièrement  extraits  de  la  bande  ossifère  qui  est  au  niveau  des  eaux, 
c'est-à-dire  de  celle  qui  est  la  plus  inférieure. 

»  Deux  têtes  entières  d' Hippotherium.  Ces  têtes  sont  de  la  plus  belle  con- 
servation. L'une  d'elles  surtout  me  semble  destinée  à  figurer  parmi  les  plus 
remarquables  échantillons  du  Musée  de  Paris.  Cinquante  mâchoires,  parmi 
lesquelles  plusieurs  sont  parfaitement  intactes,  et  en  outre  une  quantité  in- 
nombrable de  fragments  de  mâchoires  et  d'os  de  toute  sorte  qui  se  rappor- 
tent également  au  genre  Hippotherium.  Cette  collection  renferme  des  séries 
complètes  de  dents,  qui  représentent  tous  les  âges  depuis  le  premier  jus- 
qu'à la  période  la  plus  avancée  de  la  vie. 

»  Trois  ou  quatre  cents  mâchoires  ou  débris  de  mâchoires  d'antilopes, 
appartenant  aux  espèces  Antilope  Lindermayeri,  hrevicornis,  speciosa,  et 
sans  doute  aussi  constituant  des  espèces  nouvelles.  Dix  paires  de  cornes 
d'espèces  différentes  et  trente  cornes  isolées.  Les  plus  communes  sont 
celles  à' Antilope  Lindermayeri.  Ossements  de  chèvres.  Mâchoires  et  divers 
ossements  de  Bos  marathonius.  Nombreux  ossements  de  girafes,  côtes,  os 
des  membres,  etc.  Os  longs  et  creux  qui  semblent  avoir  appartenu  à  des 
oiseaux.   » 

physique  DU   GLOBE.  —  Tableau  des   tremblements   de  terre  éprouvés   à 
Constantinople  pendant  quinze  ans  (r84i-i855);  par  M.  Verollot. 

«  1841,  S  octobre,  2h3om  du  matin,  violente  secousse  composée  de  se- 
cousses verticales  qui  se  succédèrent  avec  rapidité  pendant  plusieurs  se- 


(  *94  ) 
condes.  La  maison  que  j'habitais,  et  dont  les  murs  en  pierre  sont  très-épais, 
tremblait  avec  un  bruit  de  craquements  comme  si  elle  allait  s'écrouler.  Ce 
tremblement  imitait  (mais  avec  beaucoup  plus  de  force)  celui  qu'éprouve 
une  maison  suspendue  au-dessus  d'une  voûte  sous  laquelle  passerait  rapi- 
dement une  voiture  pesamment  chargée.  Environ  une  demi-heure  après, 
une  série  de  secousses  semblables  aux  précédentes  se  fit  sentir  de  nouveau; 
mais  elles  durèrent  plus  longtemps  (huit  à  dix  secondes)  et  cessèrent  en 
diminuant  progessivement  d'intensité,  ce  qui  n'avait  pas  eu  lieu  la  première 
fois.  Chacune  de  ces  deux  violentes  secousses  fut  accompagnée  d'un  mu- 
gissement souterrain  semblable  à  celui  d'un  vent  impétueux.  Le  vent,  qui, 
depuis  la  veille,  soufflait  avec  force  du  sud,  tomba  tout  à  coup  au  moment 
des  deux  secousses.  Le  ciel  était  couvert  et  la  chaleur  accablante.  A  la  suite 
de  ces  commotions,  plusieurs  minarets  et  de  vieilles  murailles  s'écroulèrent, 
sans  autres  accidents  plus  graves.  Mais  la  frayeur  des  habitants  fut  ex- 
trême. 

»  i844,  12  septembre,  2  heures  du  matin,  faible  secousse,  dont  la  durée 
fut  de  une  à  deux  secondes.  Elle  fut  ressentie  dans  toute  la  longueur  du 
Bosphore,  dans  les  villages  voisins,  ainsi  qu'à  Nicomédie  et  plus  loin  en- 
core. 

>.  1847,  7  J*vr*r>t  5b  3om  du  matin,  très-faible  secousse  accompagnée 
d'un  coup  de  vent  du  sud. 

n  i85o,  1 9  aviil,  1  ih45m  du  soir,  secousse  horizontale,  assez  forte  pour 
faire  osciller  les  maisons  en  bois,  balancer  les  lits,  ouvrir  les  portes  dans  la 
direction  du  sud  au  nord.  Cette  secousse,  qui  dura  six  à  huit  secondes, 
fut  précédée  d'un  sifflement  semblable  à  celui  du  vent  qui  souffle  à  travers 
les  fentes  d'une  porte.  Le  vent  du  sud  régnait  depuis  le  11,  et  ne  passa  au 
nord  que  le  20  au  soir. 

»  20  avril,  2b  1  om  du  matin,  nouvelle  secousse,  à  peu  près  de  même  force, 
mais  moins  longue  que  la  précédente. 

»  10  juillet,  4h  45m  du  matin,  faible  secousse  horizoutale,  de  trois  à  quatre 
secondes,  accompagnée  d'un  bruit  souterrain,  de  vent  et  de  détonation.  Elle 
paraît  avoir  été  plus  sentie  à  Buyuk-Déré  qu'à  Péra.  Vent  de  nord  régulier. 

»  i85i,  23  août,  9  heures  du  soir,  faible  secousse  horizontale,  de  une  à 
deux  secondes,  dans  la  direction  du  sud  au  nord  et  suivie  d'un  coup  de  vent 
d'est  de  peu  de  durée.  Vent  de  nord-est  régulier.  Le  24  août,  à  ib3oœ  du 
matin,  forte  secousse  en  Italie,  en  Suisse  et  en  France.  Le  21  octobre, 
violent  tremblement  de  terre  dans  l'Albanie. 

>.    i853,  dans  la  première  décade  de  décembre,  vers  2  heures  après-midi, 


f  395  ) 

il  y  eut  une  secousse  d'une  seconde  environ,  assez  forte  pour  faire  craquer 
murs  et  les  boiseries.  Vent  d'est. 

»  i854,  26  janvier,  3h  i5m  du  matin,  une  faible  secousse.  3b45m  du  ma- 
tin, nouvelle  secousse  plus  forte  que  la  première  et  composée  de  sept  ou 
huit  oscillations,  du  sud  au  nord,  qui  durèrent  moins  de  trois  secondes. 
Vent  de  sud-ouest  très-faible,  du  a5  au  27  au  soir. 

»  2  octobre,  5h3om  du  soir,  faible  secousse,  composée  de  plusieurs  oscil- 
lations, de  l'est  à  l'ouest.  Vent  de  nord-est,  fort  dans  l'après-midi,  suivi  de 
calme  le  soir. 

»  3  octobre,  5  heures  du  matin,  faible  secousse.  Vent  de  sud-est  faible 
dans  la  journée,  orage  le  soir. 

»  17  octobre,  9b45ra  du  matin,  faible  secousse  consistant  en  plusieurs 
oscillations  du  nord  au  sud.  Vent  de  sud-est  faible. 

»  3  novembre,  7h  i5m  du  matin,  faible  secousse,  composée  de  plusieurs 
oscillations,  du  sud  au  nord  suivant  les  uns ,  de  l'est  à  l'ouest  suivant  les 
autres,  de  moins  de  trois  secondes,  sans  bruit  souterrain.  Vent  de  nord  ré- 
gnant. 

»  1 855,  24  janvier,  4h  5om  du  matin,  faible  secousse,  avec  oscillations  de 
l'est  à  l'ouest,  et  tremblement  comme  si  une  voiture  pesamment  chargée 
passait  dans  la  rue.  Vent  du  nord. 

»  28  jévrier,  3  heures  du  soir,  violent  tremblement  de  terre,  comparable 
pour  la  force  à  celui  du  6  octobre  18^1.  Il  se  composa  de  trois  secousses  : 
la  première  horizontale,  douce  et  lente;  la  seconde  très-forte,  presque  ver- 
ticale, formée  de  trente  à  quarante  soubresauts,  dont  la  durée  totale  fut 
d'environ  treize  secondes;  la  troisième  ondulatoire,  très-courte,  mais  plus 
forte  que  la  première.  Leur  durée  totale  paraît  avoir  été  de  quatorze  à 
quinze  secondes;  du  moins  c'est  ce  qu'a  pu  constater  une  personne  qui,  en 
ce  moment  vraiment  effrayant,  eut  la  présence  d'esprit  de  suivre  la  marche 
d'une  montre  à  secondes.  Cette  appréciation  paraît  donc  plus  voisine  de  la 
véritable  durée  que  celle  de  plusieurs  personnes  qui  estimèrent  à  quarante 
et  même  soixante  secondes  la  durée  totale  du  phénomène. 

»  Le  tremblement  de  terre  fut  précédé  d'un  fort  mugissement  souter- 
rain. La  vent,  qui  soufflait  violemment  du  sud-est,  tomba  tout  à  coup  au 
moment  des  secousses.  Le  baromètre,  naturellement  bas  à  cause  du  vent 
du  nord  qui  régnait  depuis  plusieurs  jours,  n'indiqua  rien  de  particulier. 
Dans  la  nuit,  le  vent  passa  au  nord,  mais  revint  au  sud-ouest  le  2  mars. 

»  La  direction  des  oscillations  parut  être  du  sud-ouest  au  nord-est  à  la 
plupart  des  observateurs.  Cependant  elles  me  semblèrent  plutôt  aller  de  l'est 


(  296) 

à  l'ouest,  et  ma  pendule,  orientée  dans  ce  sens  et  un  peu  distante  du  mur, 
s'arrêta.  Dans  le  tremblement  de  terre  ressenti  à  Nice,  le  29  décembre  i854, 
à  3  heures  du  matin,  M.  Pentland  a  observé  que  les  pendules  dont  le  mou- 
vement s'arrêta,  furent  celles  qui  étaient  placées  contre  des  murs  ayant  leur 
direction  perpendiculaire  au  sens  du  mouvement  des  secousses.  Si  cette 
observation  peut  s'appliquer  au  cas  actuel,  mon  appréciation  serait  moins 
exacte  que  celle  du  plus  grand  nombre  des  personnes  qui  ont  cru  sentir  les 
secousses  dans  la  direction  du  sud-ouest  au  nord-est.  Au  reste,  dans  les 
circonstances  comme  celles  dont  il  est  question,  où  les  secousses  sont  à  la 
fois  verticales  et  horizontales,  il  est  difficile  (abstraction  faite  du  trouble 
involontaire  et  irrésistible  que  chacun  éprouve)  de  saisir  leur  véritable  sens. 
C'est  ce  que  montre  encore  le  tremblement  de  terre  du  29  décembre  1 854, 
observé  à  Nice  par  M.  P.  de  Tchihatcheff  et  par  M.  Pentland  :  le  premier  lui 
assignant  une  direction  du  sud-est  au  nord-ouest,  et  le  second  de  ces  obser- 
vateurs une  direction  du  sud-ouest  au  nord-est  (voir  Moniteur  universel 
du  3o  janvier  i855).  Les  secousses  furent  assez  fortes  pour  agiter  les 
sonnettes,  renverser  des  meubles  mal  assis,  lézarder  des  murs.  Mais  on  n'eut 
à  déplorer  aucun  dégât  considérable.  Aussi,  quoique  ce  tremblement  de 
terre  fût  plus  long,  plus  effrayant  que  celui  du  6  octobre  1841 ,  je  l'estime 
moins  intense  que  ce  dernier  par  rapport  à  Constaniinople . 

»  Le  même  jour,  28  février,  il  y  eut  quatre  autres  secousses,  mais  beau- 
coup moins  fortes  que  celles  de  3  heures;  elles  eurent  lieu  à  3b35m,  3h  55m, 
6h3om,  nb45mdusoir. 

»  i855,  Ier  mars,  les  six  secousses  qui  eurent  lieu  dans  ce  jour  à  1  heure, 
4  heures,  8  heures,  nh45m  du  matin  et  4h  55m,  7hi5m  du  soir,  furent 
faibles,  excepté  celle  de  4h55m  du  soir,  qui  fut  un  peu  plus  forte  et  plus 
longue  que  les  autres  ;  elle  dura  trois  à  quatre  secondes.  Vent,  pendant  la 
journée,  nord-est,  nord-nord-ouest,  ouest. 

»  2  mars,  2  heures  du  matin,  une  faible  secousse.  Vent  de  sud. 
»  23  mars,  1  ih3om  du  soir,  une  faible  secousse.  Vent  de  sud-ouest  fort. 
»  24  mars,  2h  20mdu  matin,  oscillations  du  sud-est  au  nord-ouest  pendant 
moins  d'une  seconde,  assez  fortes  pour  faire  craquer  les  boiseries.  Vent  de 
sud-ouest  fort. 

»  26  mars,  5h45mdu  matin,  faible  secousse. /Vent  de  sud-est,  sud-ouest 
fort. 

»  27  mars,  1 1  heures  du  soir,  très-faible  secousse  de  l'est  à  l'ouest.  Vent 
de  sud-est. 


(  297  ) 

»  a8  mars,  10  heures  du  soir,  très-faible  secousse  de  l'est  à  l'ouest.  Vent 
de  sud-est,  sud-ouest,  est. 

»  3i  mars,  5h  5om  du  matin,  faible  secousse.  Vent  d'est. 

»  1 1  avril,  7h4om  du  soir,  secousse  d'abord  faible,  lente,  ondulant  du 
sud-est  au  nord-ouest,  puis  presque  aussitôt  violente,  rapide,  verticale  et 
presque  giratoire;  elle  dura  environ  huit  secondes.  Les  murs  et  les  meubles 
craquèrent  fortement.  Un  objet  suspendu  au  plafond  de  mon  appartement 
par  un  long  fil  éprouva  une  trépidation  visible,  puis  une  légère  oscillation 
du  sud-est  au  nord-ouest,  qui  passa  sensiblement  au  nord-est,  sud-ouest, 
et  finit  par  faire  peu  à  peu  une  révolution  entière.  Immédiatement  après  la 
secousse,  il  y  eut  un  fort  coup  de  vent  de  l' ouest-sud-ouest,  avec  nimbus 
et  pluie,  mais  de  courte  durée.  Le  baromètre  n'indiqua  rien  de  particulier. 
Le  vent  avait  régné  du  sud  très-faible  tout  le  jour;  le  lendemain  il  souffla 
violemment  du  sud,  de  l'ouest  et  du  sud-ouest. 

«  1 1  avril,  7h5oul  du  soir,  secousse  horizontale  faible.  Vent  de  sud  faible. 
8''3om  du  soir,  secousse  horizontale  faible.  Vent  de  sud  faible.  10  heures  du 
soir,  secousse  horizontale  faible.  Vent  de   sud  faible. 

»    1 1  avril,  i  heure  du  matin,  secousse  horizontale  faible.  Vent  de  sud  fort. 

»  1 3  avril,  8b  2om  du  soir,  secousse  horizontale  faible  du  sud-sud-est  au 
nord-nord-ouest.  Vent  de  sud-ouest  fort. 

»  i3  avril,  f o  heures  du  soir,  secousse  horizontale  faible  du  sud-sud-est 
au  nord-nord-ouest.  Vent  de  sud-ouest  fort. 

»  19  avril,  10  heures  du  matin,  une  secousse  très-faible.  Vent  de  nord- 
est  fort. 

»  22  avril,  51'  20™  du  matin,  une  secousse  horizontale  faible,  du  sud-ouest 
au  nord-est  Vent  de  nord-est. 

»  22  avril,  1  ih  iom  du  soir,  une  secousse  horizontale  faible,  du  sud-ouest 
au  nord-est.  Vent  de  nord-est. 

»  23  avril,  2fc45m  du  matin,  une  secousse  horizontale  faible,  du  sud-ouest 
au  nord-est.  Vent  de  nord-est. 

»  20  août,  2h  3om  du  soir,  faible  secousse,  composée  de  trois  oscillations 
de  l'est  à  l'ouest  et  de  moins  d'une  seconde.  Vent  de  nord-est  fort. 

»  2 1  août,  5  heures  du  soir,  faible  secoussede  l'est  à  l'ouest.  Vent  de  nord- 
est  fort. 

»  1 4  décembre,  o,b  3om  du  soir,  une  secousse  de  moins  d'une  seconde, 
composée  de  deux  oscillations  du  sud  au  nord,  courtes,  mais  assez  fortes 
pour  faire  craquer  les  boiseries.  Vent  du  nord  fort. 

C.  R  ,  i856,  1"  Semestre,  (T.  XLil,  N°  G.)  4° 


(  298  ) 


Récapitulation  îles  secousses  senties  à  Constantinople  pendant  quinze  ans. 


1841 

.844 

1847 

i85o 

» 

i85i 
i853 
i854 


i855 


Octobre . . 
Septembre 
Février. . . 
Avril.  .  . .  ; 
Juillet. .  .. 

Août 

Décembre . 
Janvier.  .  . 
Octobre.  . 
Novembre, 
Janvier .  . , 
Février .  . , 
Mars  .... 

Avril 

Août 

Décembre. 


Total. 


SOMBRE 

de  secousses. 


2 
I 
I 
2 
I 
I 
I 
2 

3 
1 
1 

5 

i3 

1 1 

2 

1 


48 


DEf)h 

du  matin 
à  midi. 


2. 

I 


DE   MIDI 

à  6  heures 
du  soir. 


1 3  le  jour. 


DE    6    HEURES 

du  soir 
à  minuit. 


2 

4 


DE    MINUIT 

à  6  heures 
du  matin. 


6 

3 


'9 


35  la  nuit. 


»  Sur  trente- cinq  secousses  dont  la  direction  est  indiquée  il  y  en  a  eu 
vingt-neuf  du  sud-est-sud-sud-ouest  au  nord-ouest-nord-nord-est,  six  de 
l'est  à  l'ouest. 

»  Sur  quarante-six  secousses  pendant  lesquelles  la  direction  du  vent  ré- 
glant a  été  indiquée,  vingt-six  fois  il  a  soufflé  du  sud-est-sud-sud-ouest, 
vingt  fois  il  a  soufflé  du  nord-nord-est-est. 

Observations  générales. 

»  A.  Constantinople,  les  secousses  de  tremblement  de  terre  ont  lieu  plus 
souvent  lorsque  le  vent  souffle  du  sud  que  lorsqu'il  souffle  du  nord.  —  Si 
le  vent  est  fort,  il  tombe  ordinairement  au  moment  de  la  secousse  pour  se 
relever  peu  de  temps  après  ;  mais  si  l'atmosphère  est  calme,  il  est  rare  qu'un 


(  *99  ) 
coup  de  vent  n'ait  pas  lieu  immédiatement  après  la  secousse.  La  tendance  gé- 
nérale des  oscillations  est  plus  prononcée  dans  la  direction  du  sud-ouest  au 
nord-est  que  dans  toute  autre  direction.  Cependant  elles  ont  lieu  assez  sou- 
vent de  l'est  à  l'ouest.  Les  secousses  semblent  être  beaucoup  plus  fréquentes 
la  nuit  que  le  jour  (;:  100:87,  i),  et  plus  souvent  dans  la  seconde  que 
dans  la  première  partie  de  la  nuit  (::  100:84,2).  Celles  du  jour  sont  plus 
nombreuses  le  soir  que  le  matin  (::  100:62, 5).  De  sorte  qu'on  peut  dire 
que  les  circonstances  favorables  à  la  production  des  tremblements  de  terre 
se  rencontrent  plus  souvent  de  6  heures  du  soir  à  6  heures  du  matin  que 
dans  l'autre  moitié  du  jour.  » 

physique.  —  Remarque  à  V occasion  d'une  Note  de  M.  Gaugain,  insérée 
dans  le  Compte  rendu  de  la  séance  du  7  janvier  1 856  -,  Lettre  de 
M.  Riess. 

«  Dans  cette  Note,  intitulée  «  Sur  les  soupapes  électriques;  réponse  aux 
observations  de  M.  Riess  »,  M.  Gaugain  a  répété  son  opinion,  qu'à  travers 
l'appareil  qu'il  a  inventé,  un  courant  d'induction  passe  et  ne  passe  pas, 
suivant  sa  direction.  La  Note  prouve,  malgré  son  titre,  que  l'auteur  ne  con- 
naît de  mes  observations  sur  ce  sujet  que  la  partie  la  moins  essentielle.  Mes 
conclusions  ne  sont  pas  basées,  comme  l'auteur  le  croit,  sur  les  apparences 
peu  concluantes  de  la  lumière  électrique,  mais  sur  l'observation  des  effets 
magnétiques,  chimiques  et  principalement  des  effets  calorifiques  du  cou- 
rant. Une  de  ces  expériences,  tout  à  fait  contraire  à  l'opinion  mentionnée, 
est  très-facile  à  répéter.  Un  thermomètre  électrique,  ajouté  au  circuit  induit, 
montre  au  premier  coup  d'œil,  que  dans  le  cas  où  la  boule  nue  de  l'appa- 
reil de  M.  Gaugain  est  positive  (où  M.  Gaugain  suppose  la  soupape  être 
fermée  \  réchauffement  dans  le  circuit  est  beaucoup  plus  grand  que  dans 
le  cas  où  la  boule  est  négative  (la  soupape  ouverte).  On  ne  voudrait  pas 
admettre  que  le  courant  soit  condensé  et  rebrousse  chemin  dans  le  premier 
cas,  si  l'on  sait  que  la  même  différence  de  réchauffement  est  observée 
lorsqu'on  a  remplacé  le  courant  d'induction  par  le  courant  de  la  décharge 
d'une  batterie  de  Leyde,  où  il  n'y  a  pas  de  doute  sur  le  passage  du  courant. 
J'ai  assigné  pour  cause  de  cette  remarquable  différence  de  réchauffement 
la  différente  manière  de  la  décharge,  et  j'ai  allégué,  pour  appuyer  mon 
opinion,  des  expériences  connues  à  l'air  libre.  Pour  le  courant  delà  batterie 
de  Leyde,  je  regarde  cette  explication  comme  incontestable;  appliquée  au 

[\o.. 


(  3oo  ) 
courant  complexe  d'induction,  elle  me  paraît  à  présent  satisfaisante,  à 
défaut  d'une  meilleure  explication.  Par  conséquent,  je  vois  la  cause  princi- 
pale des  phénomènes  observés  à  l'appareil  d'induction  dans  la  différente 
manière  de  la  décharge  du  courant  d'ouverture,  et  la  cause  secondaire,  ré- 
sultante de  la  première,  dans  le  passage  du  courant  de  fermeture. 

»  La  Note  de  M.  Gaugain  ayant  été  insérée  dans  le  Compte  rendu  de  l'Aca- 
démie, j'ose  espérer  que  ma  Lettre  pourra  l'être  également.  Le  Mémoire 
dont  il  s'agit  ici  a  été  publié  intégralement  dans  les  Berichte  («855)  de  notre 
Académie,  dans  les  Annales  de  Poggendorff,  t.  XCVI,  et  traduit  dans  le 
Philosophical  Magazine,  t.  X.  » 

MM.  Luther  et  Goldschmidt,  qui  ont  chacun  obtenu  une  médaille  de 
la  fondation  Lalande  pour  la  découverte  de  nouvelles  planètes  faite  dans 
l'année  i855,  adressent  l'un  et  l'autre  des  remercîments  à  l'Académie. 

MM.  Boudet  et  BouTitoN  remercient  également  l'Académie,  qui,  dans  sa 
séance  publique  du  28  janvier,  leur  a  accordé  un  des  prix  de  la  fondation 
Monlyon  pour  leur  moyen  de  déterminer  la  proportion  des  sels  calcaires 
dans  les  eaux  des  rivières  et  des  sources. 

M.  Franck,  comme  fondé  de  pouvoirs  de  M.  de  Leuenstern,  demande  et 
obtient  l'autorisation  de  reprendre  un  Mémoire  de  cet  auteur  sur  les  nom- 
bres polygonaux . 

M.  Lacre  adresse  de  Toulon,  à  l'occasion  d'un  passage  de  l'Éloge  histo- 
rique de  M.  L.  de  Buch,  prononcé  par  M.  Flourens  dans  la  séance  publique 
du  28  janvier,  une  Note  dans  laquelle,  reproduisant  une  opinion  qu'il  a  déjà 
émise  dans  un  ouvrage  imprimé  en  i83g,  le  Manuel  de  V agriculteur  pro- 
vençal, il  s'efforce  d'établir,  d'après  les  observations  qu'il  a  faites  sur  les 
ruines  de  l'ancien  port  de  Taurentum,  et  d'après  des  renseignements  puisés 
à  d'autres  sources,  que  le  niveau  des  eaux  de  la  mer,  loin  de  s'abaisser, 
comme  l'avaient  cru  autrefois  quelques  géologues,  s'élèverait  constamment; 
il  estime  à  1  mètre  environ  l'élévation  de  niveau  qui  aurait  eu  lieu  à  Tau- 
rentum dans  l'espace  de  10  siècles. 

M.  de  Paravev  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  lui  faire  remettre  une 
Note  concernant  le   nom  que  porte  Y  ellébore  dans  les  livres  des  Chinois, 


(3oi  ) 
Note  qu'il  avait  adressée  précédemment  à  l'Académie,  et  qui  était  passée 
dans  les  mains  de  M.  Magendie. 

Dans  la  même  Lettre,  l'auteur  cite  un  commentateur  de  Paul  d'Egine  qui 
dit  que  le  livre  de  ce  médecin  avait  été  désigné  sous  le  nom  de  Pléiades, 
parce  qu'il  contient  et  embrasse  la  science  comme  la  constellation  des  Pléia- 
des embrasse  le  pôle.  M.  de  Paravey  fait  remarquer  que  cette  phrase  doit 
paraître  un  non-sens  pour  ceux  qui  ignorent  que  le  nom  de  Pléiade  a  été 
appliqué  par  certains  peuples,  non-seulement  à  la  constellation  que  nous 
appelons  ainsi,  mais  encore  à  la  grande  Ourse;  il  ajoute  relativement  à 
l'emploi  fait  pour  le  livre  de  Paul  d'Egine,  qu'encore  aujourd'hui,  en 
Chine,  la  grande  Ours,  ou  du  moins  le  quadrilatère  formé  par  quatre 
des  étoiles  principales,  est  appelé  Ko,  c'est-à-dire  la  constellation  des  méde- 
cins et  des  chirurgiens. 

M.  Brown-Séquard  signale  une  erreur  qui  le  concerne  dans  le  Compte 
rendu  de  la  séance  du  3  décembre  dernier.  Il  avait  prié  l'Académie  de  le 
considérer  comme  candidat  pour  la  chaire  de  Médecine  vacante  au  Collège 
de  France  par  la  mort  de  M.  Magendie.  On  a  indiqué  par  erreur  sa  candi* 
dature  comme  étant  pour  la  place  vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Magen- 
die dans  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie. 

M.  Gautier  adresse  de  Nuits  une  Lettre  relative  à  sa  précédente  commu- 
nication sur  le  système  de  numération  duodécimale. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  l'abbé  Koxdox  envoie  une  rectification  à  sa  Note  intitulée  les  neuf 
partages  égaux  de  la  surface  du  globe. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Chasles.) 
La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  É.  D.  B, 


(    302    ) 
BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  4  février  i856,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Les  Monuments  de  la  Géographie,  ou  Recueil  d'anciennes  cartes  européennes 
et  orientales;  par  M.  Jomard;  6e  livraison,  in-folio. 

Maladies  chroniques  de  l'appareil  locomoteur.  Leçons  cliniques  de  M.  le  D' 
Bouvier,  recueillies  par  M.  Emile  Bailly ;  première  année,  i855.  Paris,  j  856; 
in-8°.  (Offert  au  nom  de  l'auteur  par  M.  Velpeau.  ) 

Histoire  iconographique  des  anomalies  de  l'organisation  dans  le  règne  végétal, 
ou  Série  méthodique  d'observations  raisonnées  de  tératologie  végétale  ;  recueillies, 
décrites ,  figurées  et  gravées  par  M.  Germain  de  Saint-Pierre;  ae  livraison 
in-folio. 

Anatomie  comparée  des  végétaux;  par  M.  G. -A.  Chatin.  2e  livr.  in-8°. 

Note  sur  le  terrain  tertiaire  moyen  du  nord  de  l'Europe,  suivie  d'une  carte  des 
mers  aux  époques  des  sables  de  Fontainebleau  et  du  calcaire  grossier;  j>ar  M.  Ed. 
Hébert;  br.  in-8°. 

Annuaire  des  marées  des  côtes  de  France  pour  l'année  i856,  publié  au  Dépôt 
de  la  Marine  sous  le  ministère  de  M.  l'amiral  Hamelin;  par  M.  A.-M.-R.  Cha- 
zallon.  Paris,  i855;  in-i8. 

Recueil  des  travaux  de  la  Société  Médicale  du  déparlement  d' Indre-et-Loire  ; 
2e  semestre  i854;  in-8°. 

Memoria. . .  Mémoire  sur  la  détermination  des  coefficients  dans  les  formules  à 
différences  différentielles  (differenze  differentiali)  ;  par  M.  J.  Zurria.  Catane, 
i855;  in-4°. 

Real  decreto...  Décret  rojal  de  26  octobre  1 853  pour  l'exécution  de  la  loi 
concernant  la  désarnortisation  des  forêts  avec  l'avis  du  Comité' des  Ingénieurs. 
Madrid,  i855;in-8°. 

Resumen...  Résumés  des  Actes  de  l'Académie  royale  des  Sciences  de  Madrid 
pendant  les  années  i85i-i85a  et  1 85a-i  853,  lus  dans  les  séances  annuelles  du 
H  octobre  i853«fc/u  14  octobre  1 854;  par  le  secrétaire  perpétuel,  Aon  Mariano 
Lorente.  Madrid,  i853et  i854;in-8°. 

Address...  Discours  de  M.  Th.  Bell,  président  de  la  Société  Linnéenne  de 
Londres ,  prononcé  à  la  séance  du  it\  mai  1 855,  avec  une  notice  nécrologique  sur 
les  Membres  décédés;  par  le  secrétaire  M.  J.  Bennett.  Londres,  i855;  in-8°. 

Atmalen...  Annales  de  l'Observatoire  royal  de  Munich  ;  VIIIe  vol.  Munich, 
i855;in-8°. 


(  3o3  ) 

Magnetische...  Observations  magnétiques  et  météorologiques  de  Prague; 
i3e  année;  ier  janvier  an  3i  décembre  1 85 1 -  Prague,  i855;  in-4°. 

Bestimmung. ..  Détermination  des  écarts  du  méridien  de  l'instrument  des  pas- 
sages de  l'observatoire  de  Greenwich  ;  par  M.  PeterS,  directeur  de  l'observa- 
toire d'Altona.  Dantzig,  1 855  ;  br.  in-4°- 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  1 1  février  i856,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences;  t.  XL; 
Ier  semestre  1 855  ;  in-4°. 

Institut  impérial  de  France.  Académie  des  Sciences.  Séance  publique  annuelle 
du  lundi  28  janvier  1 856,  présidée  par  M.  Regnault,  président.  Programme 
des  prix  proposés  pour  les  années  1 856  et  1857,  et  programme  des  prix  décernés 
pour  1 855  ;  in-/|°. 

Institut  impérial  de  France.  Académie  des  Sciences.  Eloge  historique  du  baron 
Léopod  de  Buch,  l'un  des  huit  associés  étrangers  de  l'Académie;  par  M.  Flou- 
RENS,  secrétaire  perpétuel,  lu  à  la  séance  publique  annuelle  du  28  janvier  i856. 
Paris,  i856;in-4°. 

Traité  de  Mécanique  rationnelle;  par  M.  Ch.  Delaunay.  Paris,  i856; 
1  vol.  in-8°. 

Eléments  de  Pathologie  générale;  par  M.  le  professeur  Chomel;  4e  édition. 
Paris,  1 856;  1  vol.  in-8°. 

Notice  sur  le  D7  Ernest  Cloquet,  lue  à  l'Académie  de  Médecine  dans  la  séance 
du  1 5  janvier  i856;  par  M.  le  professeur  baron  H.  Larrey.  Paris,  i856; 
1  feuille  in-4°. 

Comptes  rendus  des  travaux  de  l'Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique, 
lus  dans  la  séance  solennelle  du  24  novembre  1 855  ;  par  M.  le  Dr  Sauveur, 
secrétaire  de  la  Compagnie.  Bruxelles,  i856;  br.  in-8°. 

Bapporlfait  le  2 1  décembre  1 855  à  la  seconde  Assemblée  générale  de  la  Société 
de  Géographie ,  sur  ses  travaux  et  sur  les  progrès  des  Sciences  géographiques  en 
1 855;  par  M.  Alfred  Maury.  Paris,  i855;  in-8°. 

Boletin...  Bulletin  de  l'Institut  médical  de  Faïence;  décembre  1 855; 
in-8°. 


(  m  ) 

Royal  astronomical...  Société  royale  astronomique  de  Londres;  vol.  XVI; 
n°  a;  in-8°. 

Die  lehre...  Théorie  des  gîtes  ferrifères;  ie  fascicule;  par  M.  B.  Cotta. 
Freiberg,  i855;br.  in-8e. 

Gangstudien...  Etudes  sur  les  filons,  ou  Documents  pour  servir  à  la  connais* 
ittnce  des  filons  de  fer  ;  par  le  même;  br.  in-8°. 


ERRATA. 

(Séance  du  3  décembre  i855.) 
Page  1024,  ligne  5,  M.  Bbown-Séquard  également,  lisez  M.  Brown-Séquard  prie  l'Acadé- 
mie de  le  considérer  comme  candidat  pour  la  chaire  de  Médecine  vacante  au  Collège  de  France 
par  suite  dit  décès  de  M.  Magendie. 

(Séance  du  4  février  i856.) 
Page  an,  ligne  g,  au  lieu  de  Société  de  Zoologie,  lisez  Société  de  Biologie. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  18  FÉVRIER  185G. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  BINET. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMJK. 

magnétisme  terrestre.  —  Note  sur  quatre  observations  de  la  déclinaison 
magnétique  faites  à  Paris  en  i  %5r\ ,  sur  le  contour  de  l'enceinte  fortifiée. 
Comparaison  de  ces  observations  avec  afférentes  déclinaisons  me- 
surées en  1 855  à  l'Observatoire  impérial  et  aux  environs  de  Paris 
par  M.  Lai «ier.  (Suite.) 

«  La  publication  que  M.  Le  Verrier  a  faite,  dans  le  Compte  rendu  de  la 
dernière  séance,  des  observations  de  MM.  Goujon  et  Liais  relatives  à  leurs 
quatre  stations  extérieures  à  Paris,  observations  qu'il  n'avait  pas  présentées 
à  cette  séance,  m'oblige  de  rentrer  aujourd'hui  dans  la  discussion.  Avant  de 
compléter  ma  réponse,  je  n'ai  pas  besoin  de  déclarer  à  l'Académie  que  je 
continuerai  à  me  renfermer  exclusivement  dans  l'appréciation  des  faits,  et 
qu'il  ne  sortira  de  ma  bouche  aucune  de  ces  personnalités  qui  ne  devraient 
jamais  être  produites  devant  une   assemblée  qu'on  respecte. 

»  J'aborderai  d'abord  la  question  de  priorité,  quoiqu'elle  me  paraisse 
nettement  résolue.  C'est  en  août  i85/j  que  j'ai  entrepris  la  série  des  obser- 
vations magnétiques  sur  le  contour  de  l'enceinte  continue,  c'est-à-dire  six 
mois  après  la  séparation  du  Bureau  des  Longitudes  et  de  l'Observatoire, 
séparation  qui  a  forcément  déterminé  ma  sortie  de  cet  établissement.  Je 
n'avais  pas  alors  plus  de  moyens  de  connaître  les  projets  du  nouveau 
directeur  que  je  n'en  ai  aujourd'hui;  et  lorsque  M.  Le  Verrier  a  prétendu 
que  personne  nignorait  le  plan  qu'il  se  proposait  de  suivre  pour  arriver  à 
connaître  les  erreurs  magnétiques  de  i Observatoire  impérial,  il  n'a  pas 

C.  R.,  i856,   i"  Semestre.  (T.  XLII.N»  7.)  41 


(  3o6  ) 

réfléchi  sans  doute  qu'il  mettait  en  circulation  un  argument  dont  il  n'a  pas 
besoin  pour  lui,  et  dont  peuvent  s'emparer  ceux  qui  sont  capables  de  vivre 
aux  dépens  des  travaux  d'autrui.  Le  plan  que  je  m'étais  tracé  a  été  claire- 
ment indiqué  dans  Y  Annuaire  de  ï  855,  une  année  avant  que  MM.  Goujon 
et  Liais  aient  exécuté  leur  travail  d'observations  aux  environs  de  Paris,  et 
je  suis  en  droit  de  dire,  comme  je  l'ai  dit  effectivement  dans  ma  Note  du 
4  février,  que  ces  messieurs  ont  adopté  le  principe  et  le  plan  qui  ont  servi 
de  base  à  mes  recherches.  Qu'on  me  permette  d'ajouter  quelques  mots 
de  réponse  aux  critiques  qu'ils  m'ont  adressées  :  je  me  suis  suffisamment 
étendu,  clans  la  dernière  séance,  sur  l'influence  que  pouvaient  exercer  les 
variations  mensuelles,  dans  le  calcul  du  mouvement  annuel  en  déclinaison, 
fondé  sur  sept  années  d'observations,  et  sur  la  comparaison  de  diverses 
déclinaisons  magnétiques,  qui  toutes  ont  été  mesurées  dans  le  mois  de  sep- 
tembre en  1 854  et  i855.  Je  n'ajouterai  rien  à  ce  que  j'ai  dit  sur  cet  objet. 

»  Je  ne  puis  cependant  pas  m'empècher  de  présenter  une  observa- 
tion, sur  le  calcul  que  font  MM.  Goujon  et  Liais,  pour  montrer  que 
la  méthode  que  j'ai  suivie  est  inadmissible  en  principe  :  voulant  appliquer 
cette  méthode  à  l'une  des  séries  d'observations  de  M.  Arago,  ils  se  propo- 
sent de  calculer  la  déclinaison  moyenne  d'avril  1823,  à  l'aide  des  déclinai- 
sons moyennes  du  même  mois  observées  pendant  les  années  1824  à  i83o, 
et  ils  obtiennent  ainsi  un  nombre  qui  diffère  de  5'  27"  de  l'observation.  La 
date  d'avril  i8a3  n'étant  pas  comprise  entre  1824  et  i83o,  ces  messieurs 
font  ici  un  véritable  calcul  d'extrapolation ,  et  méritent  le  reproche  que 
M.  Le  Verrier  adressait  à  tort  à  mes  calculs.  J'ajouterai  que  cette  date 
d'avril  1823  n'est  pas  heureusement  choisie;  car,  après  s'être  rapprochée 
très-régulièrement  du  méridien  astronomique,  l'aiguille  s'en  est  éloignée  de 
1821  à  1823  pour  reprendre  ensuite  sa  marche  à  peu  près  uniforme.  Il  y  a 
pour  ces  années  une  anomalie  très-prononcée  sur  laquelle  M.  Arago  appelle 
l'attention  du  lecteur.  Lorsqu'on  désire  sincèrement  apprécier  l'exactitude 
d'une  méthode  de  calcul,  il  ne  faut  pas ,  quand  il  s'agit  de  phénomènes 
physiques  aussi  capricieux  que  les  phénomènes  magnétiques,  choisir  préci- 
sément les  observations  qui  offrent  des  traces  aussi  évidentes  d'anomalies. 

»  La  plus  grande  partie  de  la  discussion  de  MM.  Goujon  et  Liais  roule 
sur  ce  point,  savoir  qu'en  changeant  la  date  du  jour  pour  lequel  j'ai  com- 
paré ma  formule  à  leurs  observations,  on  obtient  à  volonté  des  nombres 
qui  concordent  ou  qui  diffèrent  entre  eux.  Je  vois  dans  cette  manière 
d'envisager  la  question,  une  nouvelle  preuve  de  l'incertitude  de  la  correc- 
tion qu'ils  ont  trouvée  pour  la  déclinaison  magnétique  du  pavillon  Cen- 
tral de  l'Observatoire.  Cet  accord  que  font  ou  défont  les  perturbations, 


(3o7  ) 
constitue  un  argument  à  deux  tranchants  qui  peut  être  dirigé  plus  victo- 
rieusement contre  eux  que  contre  moi  ;  car,  je  ne  puis  trop  le  répéter,  je 
ne  propose  pas  de  substituer  à  leur  correction,  ma  correction  qui  est  nulle; 
je  me  borne  à  dire  que  les  nombres  qu'on  a  présentés  comme  définitifs,  ne 
peuvent  être  considérés  comme  tels,  et  qu'il  faudra  faire  un  très-grand 
nombre  d'observations  avant  d'arriver  à  une  dernière  conclusion.  «  Quant 
w  à  moi,  »  ai-je  dit  dans  ma  première  Note,  page  i83,  «  je  persiste  à  croire 
»  que  l'influence  des  attractions  locales  n'est  pas  sensible  (1),  ou  du  moins 
»  qu'il  faudra  attendre  de  nouvelles  observations  pour  la  déterminer, 
»  si  tant  est  qu'on  y  parvienne.  » 

»  La  comparaison  des  déclinaisons  magnétiques,  mesurées  en  différents 
lieux,  prête  à  l'arbitraire  beaucoup  plus  qu'on  ne  semble  le  croire  aujour- 
d'hui à  l'Observatoire  :  l'observation  assidue  d'une  boussole  de  variations,  à 

(i)  Ces  conclusions  se  rapportent  aux  observations  qui  ont  été  faites  dans  le  pavillon  Cen- 
tral. Je  ne  nie  pas  qu'il  puisse  exister  pour  les  pavillons  de  l'Est  et  del'Ouest  quelque  influence 
locale,  car  j'ai  imprime  dans  ma  première  Note,  page  i83,  que  j'avais  trouvé  une  différence 
constante  dans  les  déclinaisons  du  pavillon  Central  et  du  pavillon  de  l'Est.  J'ai  eu  la  prudence 
de  ne  pas  m'y  arrêter,  en  ce  sens  que  je  l'ai  considérée  comme  une  erreur  locale  dans  l'accep- 
tion la  plus  absolue  du  mot,  et  qu'on  ne  devait  pas  en  chercher  la  cause  dans  l'action  du 
grand  bâtiment  qui  en  est  éloigné  de  plus  de  70  mètres. 

Voici  toute  ma  pensée  sur  les  erreurs  locales  des  divers  points  de  la  terrasse  de  l'Observa- 
toire. Lorsque  M.  Arago  fit  construire  le  pavillon  Central,  le  seul  où  il  ait  observé  ou  fait 
observer,  il  put  choisir  la  position  la  plus  favorable  à  cet  établissement  ;  il  installa  ce  pavillon 
à  l'extrémité  sud  la  plus  éloignée  du  bâtiment,  dans  le  prolongement  de  la  ligne  méridienne, 
sur  une  partie  du  sol  convenablement  préparée,  et  aussi  distante  que  possible  des  deux  murs 
qui  bornent  le  jardin  à  l'est  et  à  l'ouest.  Bien  des  années  après,  afin  de  fournir  aux  voyageurs 
qui  venaient  à  l'Observatoire  s'exercer  au  maniement  des  instruments  magnétiques  un 
emplacement  commode,  M.  Arago  fit  construire  les  pavillons  de  l'Est  et  del'Ouest.  La  dispo- 
sition même  des  lieux  commandait  le  choix  de  l'emplacement.  Le  pavillon  de  l'Ouest  fut 
établi  à  l'extrémité  ouest  de  la  terrasse,  au-dessus  des  salles  voûtées  dans  lesquelles  on  abritait 
les  arbustes  du  jardin  et  les  instruments  de  jardinage.  Il  est  possible  qu'une  certaine  quantité 
de  fçr  soit  entrée  dans  la  construction  des  voûtes,  car  on  en  a  trouvé  dans  la  voûte  du  bâti- 
ment qui  supporte  le  grand  toit  tournant  de  la  tour  de  l'Est.  L'autre  pavillon  se  trouve  à 
l'extrémité  est  de  la  terrasse,  dans  l'angle  formé  par  les  murailles  qui  la  bornent  au  sud  et 
à  l'est. 

Ce  qui  me  fait  croire  qu'il  faut  rechercher  les  petites  différences  constantes  ailleurs  que 
dans  l'influence  des  fers  du  grand  bâtiment,  c'est  que  les  observations  d'intensité  que  j'ai 
faites  en  divers  points  de  la  terrasse  n'ont  pas  indiqué  de  variations  sensibles.  MM.  Goujon 
et  Liais  m'objectent,  il  est  vrai,  qu'aucune  mesure  de  variations  d'intensité  n'a  été  faite 
pendant  mes  observations  :  mais  comme  leur  durée  a  été  assez  courte,  je  pense  que  ces  varia- 
tions ne  peuvent  guère  modifier  les  résultats.  Ils  m'objectent  en  outre  que,  ne  connaissant  pas 

4l- 


(  3o8  ) 
laquelle  ces  messieurs  empruntent  les  amplitudes  diurnes  de  la  déclinaison, 
pour  rendrecomparables  des  déclinaisons  mesurées  en  différents  lieux  avec 
une  autre  boussole,  est  loin  de  fournir  des  corrections  exactes.  Cette  assertion 
paraît  découler  naturellement  de  l'observation  suivante  qui  a  été  faite  par 
M.  Arago  en  1819.  Je  la  rapporte  ici  telle  qu'il  l'a  rédigée  lui-même  : 

«  Le  Bureau  des  Longitudes  avait  fait  établir  en  181 8  à  l'Observatoire  de 
»  Paris  une  boussole  consacrée  exclusivement  aux  variations  diurnes  de  la 
»  déclinaison.  Dans  le  courant  de  181 9,  le  barreau  d'acier  qui  était 
»  suspendu  à  plat  éprouva,  sans  aucune  cause  apparente,  un  change- 
»  ment  subit  de  direction  ;  les  variations  diurnes  se  trouvèrent  en  même 
»  temps  réduites  au  dixième  de  leur  valeur  primitive,  tandis  que  l'intensité 
»   magnétique  s'était  considérablement  accrue.  » 

»  Cette  observation  de  M.  Arago  montre  qu'une  augmentation  survenue 
dans  l'intensité  d'une  aiguille  est  aussitôt  accompagnée  d'une  diminution 
dans  l'amplitude  des  oscillations  qu'elle  exécute  journellement  vers  l'est  et 
vers  l'ouest.  Elle  semble  prouver,  en  outre,  que  les  corrections  qu'on  em- 
prunte à  la  boussole  de  variations  diurnes  ne  peuvent  être  légitimement  ap- 
pliquées aux  déclinaisons  mesurées  avec  d'autres  boussoles  dont  les  aiguilles 
ne  possèdent  pas  le  même  degré  d'aimantation,  puisque  ces  corrections 
dépendraient  en  partie  du  magnétisme  de  l'aiguille.  Enfin  elle  donnerait 
peut-être  l'explication  d'un  fait  qu'on  a  observé  souvent,  notamment  à  l'Ob- 
servatoire de  Paris,  pour  la  boussole  de  variations  qui  a  servi  dans  l'expédi- 
tion d'Islande  ,  savoir  que  les  variations  diurnes  obtenues  dans  le  même  lieu 
avec  deux  aiguilles  différentes  sont  loin  d'être  identiques. 


la  valeur  du  coefficient  particulier  à  l'aiguille  employée,  qui  dépend  des  variations  que  les 
changements  de  température  déterminent  dans  la  durée  des  oscillations ,  on  est  obligé  de 
négliger  la  petite  correction  qui  en  résulterait.  Ces  observations  ayant  été  faites  à  peu  près  à 
la  même  température,  je  laisse  aux  personnes  qui  ont  l'habitude  des  observations  magnétiques 
le  soin  d'apprécier  la  portée  de  cet  argument. 

Enfin,  me  basant  sur  l'identité  entre  les  deux  déclinaisons  trouvées  par  ces  messieurs  en 
deux  points  situés  à  160  mètres  et  à  100  mètres  du  chemin  de  fer  de  Sceaux  (voir  page  256),  je 
me  demande,  tout  en  tenant  compte  de  ce  que  ces  deux  cas  peuvent  offrir  de  dissemblable, 
si  le  bâtiment  de  l'Observatoire  doit  causer  des  variations  assez  notables  dans  les  déclinaisons 
des  différents  pavillons  qui  n'en  sont  pas  très-inégalement  éloignés,  lorsque  le  chemin  de  fer 
n'en  a  causé  aucune  pour  un  changement  de  distance  beaucoup  plus  grand. 

C'est  pour  ces  motifs  que  je  pense  que  les  erreurs  observées  dans  les  différents  pavillons 
sont  dues  à  la  présence  de  quelque  barreau  de  fer  placé  sous  leurs  fondations;  mais  je  crois  en 
même  temps  que  le  pavillon  Central,  situé  plus  favorablement,  en  est  tout  à  fait  exempt. 


Est 

•      i9°59' 
20 . 1 1 

Ouest 

Variation  E.-O. . . 

-+-  12 

(3o9) 

»  Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  réflexions,  j'arrive  à  la  comparaison  des  nom- 
bres que  j'ai  calculés  pour  les  déclinaisons  des  stations  extérieures  de 
MM.  Goujon  et  Liais  avec  les  nombres  qu'ils  ont  observés  directement.  Il 
importe  de  faire  remarquer  ici  que  c'est  précisément  sur  ces  quatre  obser- 
vations que  M.  Le  Verrier  s'est  appuyé  pour  montrer  que  les  déclinaisons 
magnétiques  du  pavillon  Central  doivent  recevoir  une  correction  de  6'  3c/'. 

»  Plaçons  en  regard  les  quatre  nombres  qui  appartiennent  respectivement 
aux  deux  systèmes. 

Observations  de  MM.   Goujon  et  Liais. 

Déclinaison.  Déclinaison. 

Nord '..     i9°56',45  Est i9°52',83 

Sud 19.57,85  Ouest 20.   4>75 

Variation  N.-S +  >  >4°  Variation  E.-O. ...       -+-  11 ,92 

Déclinaisons  magnétiques  d'après  la  formule. 

Nord * i9°58' 

Sud 20.   6 

Variation  N.-S. ...         +-8 

»  Je  remarque  d'abord  que  la  variation  est-ouest  de  \i'  donnée  par  la 
formule  s'accorde  exactement  avec  la  variation  de  11 ',92  déduite  de  l'ob- 
servation. On  est  donc  obligé  de  reconnaître  que  la  formule  donne  exacte- 
ment les  variations  est-ouest. 

a  Je  remarque  ensuite  que  les  déclinaisons  observées  au  nord  et  au  sud 
ne  diffèrent  l'une  de  l'autre  que  de  i',4o  '■  ainsi,  d'après  les  observations  de 
MM.  Goujon  et  Liais,  le  méridien  astronomique  à  Paris  serait  presque  une 
ligne  d'égale  déclinaison,  ce  qui  n'est  pas;  car,  d'après  les  cartes  de  M.  Du- 
perrey,  la  direction  générale  des  lignes  d'égale  déclinaison  s'écarte  nota- 
blement du  méridien  astronomique,  vers  l'ouest.  Je  conclus  de  là  que 
l'un  des  deux  nombres  nord  et  sud  au  moins  est  inexact. 

»  Passons  maintenant  à  la  comparaison  des  valeurs  absolues  : 

Nord.  Sud.  Est.  Ouest. 

Déclinaison  observée....      i9°56',45         i9°57',85         i9°52',83         20°   ^',',5 
Déclinaison  calculée 19.58  20     6  19.59  20   1 1 

Calcul — observation +i,55  -t-8,i5  +6,17  -(-6,25 

»  La  déclinaison  observée  au  nord  diffère  à  peine  de  la  déclinaison  cal- 
culée :  ainsi  ma  formule  représente,  i°  les  déclinaisons  magnétiques  obser- 
vées sur  quatre  points  de  l'enceinte  continue  ;  20  les  déclinaisons  de  la  Ma- 
ternité  et  du  pavillon  Central  de  l'Observatoire  ;  3°  la  déclinaison  observée 


(  3io  ) 
au  nord  de  Paris  par  MM.  Goujon  et  Liais.  Or,  comme  les  déclinaisons  cal- 
culées dépendent  à  la  fois  du  mouvement  nord-sud  et  du  mouvement  est- 
ouest,  que  ce  dernier  a  été  reconnu  exact,  je  conclus  de  cet  ensemble  que 
le  mouvement  nord-sud  l'est  pareillement,  et  que  la  formule  peut  servir  à 
calculer  avec  assez  d'approximation  les  déclinaisons  magnétiques  des  trois 
stations  de  MM.  Goujon  et  Liais  au  sud,  à  l'est  et  à  l'ouest  de  Paris.  Les 
différences  entre  le  calcul  et  l'observation  sont  respectivement  représentées 
par  les  nombres 

-f-8',i5  -+-6',i7  +6',25 

dont  la  moyenne  +6',  86  est  précisément  égale  à  la  correction  qu'on  pro- 
pose d'appliquer  aux  déclinaisons  observées  dans  le  pavillon  Central  de 
l'Observatoire.  Je  suis  porté  a  croire  pour  ma  part  que  ces  différences  sont 
des  anomalies  dont  les  instruments  magnétiques  offrent  malheureusement 
plus  d'un  exemple,  et  qu'en  tout  cas  la  correction  proposée  a  besoin,  pour 
être  acceptée,  d'être  confirmée  par  un  grand  nombre  d'observations.  On 
trouverait  pour  la  correction  réelle  une  valeur  beaucoup  plus  grande,  que 
je  ne  croirais  pas  que  la  série  des  observations  magnétiques  de  l'Observatoire 
de  Paris  fut  plus  compromise  que  les  séries  analogues  qui  ont  été  faites 
dans  les  observatoires  étrangers  situés,  comme  l'Observatoire  de  Paris,  au 
sein  des  grandes  villes  et  à  proximité  des  constructions  en  fer.  Si  jamais  on 
parvenait  à  déterminer  la  correction  en  question  au  moyen  d'observations 
faites  aux  environs  de  Paris,  je  pourrai  dire  que  j'ai  été  le  premier  à  signaler 
cette  méthode  à  l'attention  des  physiciens.  J'ajoute  que  tous  les  argu- 
ments que  j'ai  employés  sont  en  quelque  sorte  antérieurs  à  cette  discus- 
sion, car  ils  se  trouvent  implicitement  renfermés  dans  les  observations 
de  Y  Annuaire  de  1 855.  On  aurait  donc  pu  éviter  facilement  la  discussion 
actuelle. 

»  Je  crois  avoir  répondu  aux  objections  qui  m'ont  été  faites  :  je  n'ai  pas 
dû  répondre  aux  paroles  blessantes  qu'on  a  cru  devoir  m'adresser.  Je  suis 
d'avis  qu'elles  n'ajoutent  rien  aux  meilleurs  arguments,  et  que  la  modéra- 
tion et  la  raison  marchent  ensemble  de  compagnie  ;  je  désire  qu'en  ce  qui 
me  concerne,  l'Académie  accepte  cette  dernière  conclusion.  » 

Réponse  de  M.  Le  Verrier  à  M.  Laugier. 

«  Je  regrette  bien  vivement,  dit  M.  Le  Verrier,  que  nos  usages  inter- 
disent à  l'Académie  de  porter  un  jugement  sur  les  débats  scientifiques  qui 
s'élèvent  entre  ses  Membres.  Il  en  résulte  que  les  discussions  se  prolongent 
outre  mesure  et  n'arrivent  jamais  à  une  conclusion  suffisamment  claire 


(3n  ) 
pour  ceux  qui,  plus  ou  moins  étrangers  à  la  science  dont  un  point  est  en 
conteste,    ne  peuvent  suivre  le  débat. dans  les  subtilités  où  on  l'égaré.  Il 
s'ensuit  encore   que  la  plupart  du  temps  les  questions  sont  reprises  et 
vidées  devant  les  sociétés  étrangères. 

»  Il  y  a  toutefois,  dans  toute  discussion  scientifique,  un  caractère  parti- 
culier qui  permet  de  juger  infailliblement  laquelle  des  deux  parties  est  dans 
la  vérité.  Des  deux  adversaires,  l'un  cherche  à  simplifier  le  débat,  à  le  ra- 
mener à  la  constatation  de  quelque  fait  clair,  précis  :  c'est  celui  qui  a 
raison.  L'autre,  au  contraire,  celui  qui  a  tort,  généralise  les  questions,  les 
complique  le  plus  qu'il  peut,  en  embrouille  toutes  les  parties  les  unes  dans 
les  autres,  et  surtout  ne  manque  jamais  de  présenter  comme  étant  une 
attaque  personnelle  les  objections  faites  à  ses  théories,  à  ses  observations. 

»  La  discussion  actuelle  ne  pouvait  échapper  à  cette  loi  commune  (i). 
Tous  mes  efforts  ont  été  vains  jusqu'ici  pour  amener  M.  Laugierà  séparer 
des  points  qu'il  ne  faut  pas  confondre,  à  les  discuter  séparément,  ou  même 
à  s'expliquer  sur  le  plus  important  d'entre  eux.  On  me  pardonnera  donc  de 
me  répéter  et  d'être  obligé  de  chercher  de  nouveau,  et  en  peu  de  mots, 
à  remettre  la  question  sur  ses  pieds. 
g   »  La  question  ici  débattue  renferme  deux  parties  bien  distinctes  : 

»  i°.  Il  s'agit  de  savoir  si  les  attractions  locales  ont,  à  l'Observatoire  de 
Paris,  quelque  influence  sensible  sur  la  boussole; 

»  20.  Ces  influences  sensibles  une  fois  prouvées,  il  reste  à  en  donner  la 
mesure  exacte. 

»  Sur  le  premier  point,  la  démonstration  de  l'influence  des  attractions 
locales  résulte  positivement  de  ce  que,  de  l'est  à  l'ouest  de  notre  terrasse, 
la  déclinaison  varie  de  près  de  sept  minutes;  c'est  un  fait  simple,  corro- 
boré par  d'anciennes  observations  de  M.  Laugier;  fait  sur  lequel  on  eût  dû 
s'expliquer  avant  tout,  et  que  j'ai  même  offert  à  M.  Laugier  de  venir  vérifier 
de  nouveau  à  l'Observatoire. 

(i)  J'ai  été  très-malheureusement  plus  d'une  fois  dans  l'obligation  de  contester  l'exactitude 
de  documents  apportés  par  M.  Laugier  dans  la  science  ;  et  bien  que  les  faits  m'aient,  dans  tous 
les  cas,  donné  raison  de  la  manière  la  plus  absolue,  M.  Laugier  a  toujours  cru  devoir  se  plain- 
dre personnellement.  Ainsi  en  a-t-il  été  de  certains  travaux  sur  les  comètes,  question  jugée 
depuis  lors  en  Allemagne  et  résolue  contre  M.  Laugier;  ainsi  en  a-t-il  été  des  observations 
météorologiques  qu'on  a  imprimées  sans  les  avoir  faites  ;  ainsi  en  est-il  .aujourd'hui  du  ma- 
gnétisme; ainsi  en  sera-t-il  sans  doute  pour  des  questions  astronomiques  dont  je  n'ai  pas 
encore  entretenu  l'Académie,  et  sur  lesquelles  il  faudra  néanmoins  que  la  vérité  se  fasse  jour. 
Mais,  je  le  répète,  c'est  la  loi  de  toute  discussion  :  il  faut  donc  bien  s'y  résigner. 


(3ia  ) 

»  Or  c'est  sur  la  question  ainsi  ramenée  à  un  point  de  fait  net  et  précis, 
qu'il  a  été  jusqu'ici  impossible  de  fixer  l'attention  de  M.  Laugier.  Après 
avoir,  dans  un  premier  article,  déclaré  qu'il  n'était  pas  prudent  de  s'arrêter 
aux  résultats  de  ses  propres  observations,  M.  Laugier  s'enveloppe  dans  une 
réserve  absolue  à  l'égard  des  variations  de  la  boussole  dans  l'enceinte  de 
l'Observatoire.  Pas  un  mot  sur  ce  fait,  soit  dans  la  Note  insérée  au  Compte 
rendu  de  la  précédente  séance,  soit  dans  les  considérations  qui  viennent 
d'être  produites  devant  l'Académie  et  où  l'on  reprend  pour  la  troisième  fois 
la  discussion  des  observations  extérieures,  en  y  introduisant  les  mêmes 
erreurs  que  nous  avons  déjà  signalées. 

»  Ainsi  conduite,  la  discussion  paraîtrait  manquer  de  sincérité  et  pour- 
rait s'éterniser  sans  utilité  si  le  silence  et  la  réserve  de  M.  Laugier  n'avaient 
une  signification  qui  n'échappera  à  personne.  En  refusant  de  s'engager  sur 
un  terrain  où  le  débat  eût  été  facilement  vidé,  M.  laugier  a  clairement 
montré  qu'il  n'a  pas  lui-même  une  grande  confiance  dans  sa  propre  cause 
et  donné  pleine  et  entière  raison  à  MM.  Goujon  et  Liais.  ' 

»  Sur  le  second  point,  savoir  la  mesure  des  influences  locales  prouvées 
par  ce  qui  précède,  il  est  nécessaire  de  faire  intervenir  les  observations  exté- 
rieures. Bien  qu'il  soit  évident  que  cette  seconde  partie  de  la  question 
doive  avoir  été  mal  traitée  par  M.  Laugier,  pour  qu'il  soit  arrivé  à  des  con- 
clusions contraires  à  des  faits  positivement  établis  par  des  mesures  prises 
dans  l'intérieur  de  l'Observatoire,  et  dont  on  ne  conteste  pas  l'exactitude, 
nous  résumerons  la  discussion  sur  ce  point,  et  montrerons  en  quoi  consis- 
tent les  erreurs  qui  ont  été  commises.  Mais,  afin  de  n'avoir  plus  à  y  revenir, 
nous  attendrons  que  M.  Laugier  ait  écrit  les  nouvelles  considérations  dans 
lesquelles  il  vient  d'entrer.   » 

PISCICULTURE.  —  Note  sur  l'empoissonnement  des  eaux  du  bois  de  Boulogne, 

par  M.  Coste. 

«  L'expérience  de  physiologie  appliquée  qui  s'accomplit  depuis  deux  ans 
dans  les  bassins  artificiels  du  bois  de  Boulogne,  donne  aujourd'hui  de  si 
importants  résultats,  et  devient  tellement  concluante,  qu'on  peut  la  consi- 
dérer comme  la  preuve  acquise  de  la  possibilité  de  réaliser,  à  coup  sûr,  dans 
des  bassins  d'eau  presque  dormante,  l'élève  et  l'acclimatation,  sur  une 
grande  échelle,  des  espèces  les  plus  estimées. 

»  L'Académie  le  comprendra  en  voyant  les  sujets  vivants  que  je  mets 
sous  ses  yeux.  Ces  poissons  proviennent  d'une  seconde  pèche  qui  a  eu  lieu 


(  3i3) 
mercredi  dernier  en  présence  de  plusieurs  personnes,  et  notamment  de 
M.  le  marquis  de  Vibraye,  l'un  des  propriétaires  qui  ont  le  plus  fait  pour  la 
pisciculture  en  France.  Quelques  coups  d'épervier,  jetés  du  bord  du  lac 
seulement,  ont  suffi  pour  amener  cent  dix  truites  et  saumons;  ce  qui  prouve 
qu'il  doit  y  en  avoir  une  quantité  très-considérable  dans  la  totalité  du 
bassin. 

»  Parmi  ces  poissons,  les  uns  sont  âgés  d'une  année  seulement  et  ont 
déjà  i4  à  16  centimètres  de  long;  les  autres  sont  âgés  de  trois  ans,  et  n'ont 
pas  moins  de  4°  à  44  centimètres  et  un  poids  de  deux  livres;  ce  qui,  sur  le 
marché  de  Paris,  leur  donnerait  une  valeur  de  3  francs  au  moins.  Il  ne  s'agit 
donc  plus  ici  d'une  simple  expérience  de  laboratoire,  mais  d'une  question 
économique. 

»  Dans  les  milieux  où  ces  espèces  vivent  en  pleine  liberté,  elles  ne 
prennent  jamais,  en  un  même  laps  de  temps,  ni  un  plus  grand  accroisse- 
ment, ni  une  plus  grande  vigueur  :  j'en  ai  vu  la  preuve  dans  tous  les  fleuves 
et  les  lacs  naturels  où  j'ai  eu  l'occasion  d'observer  leur  développement,  et 
j'en  ai  fait  l'expérience  dans  la  Seine  elle-même,  où,  l'année  dernière,  un 
certain  nombre  de  jeunes  ont  été  jetés  aux  environs  de  l'Hôtel-Dieu. 
Comme  ces  animaux  ont  coutume  de  se  cantonner  jusqu'au  moment  de 
leur  émigration,  on  a  pu,  ces  jours-ci,  reprendre  deux  saumoneaux  au 
voisinage  du  lieu  où  ils  avaient  été  mis.  Ces  saumoneaux,  l'Académie 
peut  s'en  convaincre  par  l'un  des  spécimens  placé  à  part  dans  un  bocal, 
ne  sont,  à  parité  d'âge,  ni  plus  vigoureux,  ni  plus  grands  que  ceux  du  bois 
de  Boulogne. 

»  Quant  à  la  chair  de  ces  poissons  parqués,  je  puis  affirmer  qu'elle  con- 
serve ses  excellentes  qualités,  et  si  c'était  nécessaire,  je  pourrais,  sur  ce 
point,  invoquer  aujourd'hui  un  grand  nombre  de  témoignages.  » 

cristallographie.  —  Note  sur  la  forme  cristalline  du  silicium; 
par  M.  de  Senarmont. 

«  Cette  Note  a  pour  but  principal  de  réparer  une  erreur  que  j'ai  commise 
dans  une  précédente  communication  et  qui  se  trouve  au  Compte  rendu  de 
la  séance  du  i4  janvier  i856.  [Comptes  rendus,  t.  XLII,  page  52). 

»  Lorsque  j'ai  examiné  le  silicium  cristallisé  préparé  par  M.  Deville,  je 
n'ai  d'abord  trouvé  que  des  prismes  hexaèdres  de  1 20  degrés,  ou  des  rhom- 
boèdres dont  j'avais  approximativement  évalué  l'angle  à  6o,°3o'. 

»  Depuis  cette  époque,  j'ai  reçu  de  M.  Deville  des  cristaux  de  même 
forme,  mais  se  prêtant  mieux  à  des  mesures  exactes;  l'angle  des  rhomboè- 

C.  R  ,  i856,  1"  Semestre.  (T.  XLU,  N°  7.)  42 


(3.4) 
(1res  se  déterminait  avec  précision  ;  et  je  l'ai  trouvé   égal   en   moyenne  a 
700  3a'  avec  des  limites  d'erreur,  en  plus  et  en  moins,  qui  ne  dépassent  pas 
a  à  3  minutes. 

»  Cet  angle  ainsi  rectifié  est  précisément  celui  du  tétraèdre  régulier;  je 
devais  dès  lors  concevoir  quelques  doutes  sur  la  forme  rhomboédrique 
que  j'avais  tout  d'abord  attribuée  au  silicium. 

»  Lorsqu'en  effet  deux  faces  parallèles  d'un  octaèdre  régulier  disparais- 
sent par  l'extension  anormale  des  six  autres,  cet  avortement  partiel  de 
l'enveloppe  géométrique  change  le  solide  en  un  véritable  rhomboèdre 
sous  les  angles  propres  au  tétraèdre  régulier. 

»  Les  prismes  hexagonaux,  les  rhomboèdres  que  j'avais  d'abord  rencon- 
trés, pouvaient  donc  être  une  de  ces  déformations  symétriques,  une  de  ces 
anomalies  régulières  si  communes  dans  les  cristaux.  Pour  en  avoir  la 
preuve,  il  suffit  d'examiner  du  silicium  provenant  de  préparations  diffé- 
rentes. 

»  Ses  cristaux  montrent  alors  des  dissemblances  empruntées  sans  doute 
aux  conditions  spéciales  de  chaque  opération.  Outre  les  chapelets  de 
pseudo-rhomboèdres  qui  avaient  causé  ma  méprise,  on  trouve  de  pareils 
chapelets  d'octaèdres  parfaits,  enfilés  sur  une  même  normale  commune  à 
deux  de  leurs  faces  parallèles.  L'octaèdre  extrême  est  alors  le  seul  qui 
continue  à  simuler  un  rhomboèdre,  à  cause  de  l'excessif  amoindrissement 
et  même  de  l'entière  disparition  de  sa  face  terminale  perpendiculaire  à 
l'axe  de  figure  de  tout  le  système. 

»  Enfin,  M.  Descloizeaux  a  extrait  de  l'une  des  préparations  de  M.  De- 
ville  des  octaèdres  presque  isolés,  mesurables  sur  tout  leur  contour,  avec 
des  angles  de  io9°28'  à  toutes  leurs  arêtes. 

»  Des  prismes  hexagonaux  de  silicium,  terminés  par  un  pointement 
trièdre  reposant  sur  leurs  arêtes  alternes  donnent  aussi,  pour  l'angle  aux 
arêtes  du  prisme  120  degrés,  pour  l'angle  aux  arêtes  culminantes  du  poin- 
tement 7o°32',  et  i44°44'  pour  l'angle  aux  arêtes  d'intersection  des  faces 
de  ce  pointement  avec  les  faces  du  prisme  hexagonal. 

»  Ce  dernier  n'est,  par  conséquent,  qu'un  dodécaèdre  rhomboïdal  exces- 
sivement allongé  parallèlement  à  l'un  de  ses  axes  hexaédriques  et  surmonté 
par  trois  faces  d'un  tétraèdre  régulier. 

»  De  tout  ce  qui  précède,  il  résulte  que,  malgré  une  propension  remar- 
quable vers  les  types  rhomboédriques,  le  silicium  ne  se  rapproche  pas, 
comme  je  l'avais  d'abord  cru  par  erreur,  des  métaux  caractérisés  par  ce 
système  cristallin.  Il  vient,  au  contraire,  se  placer  dans  la  série  nombreuse  des 
corps  simples  réguliers  près  de  quelques  métalloïdes,  notamment  près  du 


(3r5) 
diamant;  je  remarquerai  même,  sans  attribuer  d'ailleurs  une  grande  portée 
à  ce  rapprochement,  que  l'un  et  l'autre  ont  dans  leurs  groupements  une 
certaine  tendance  à  l'hémiédrie  tétraédrique  et  présentent  fréquemment  des 
faces  courbes.  » 

zoologie.   —   Sur  un   œuf  d'Êpjrornis    récemment   arrivé  en    France; 
par  M.  Is.   Geoffroy-Saint-Hilaire. 

«  J'ai  mis  sous  les  yeux  de  l'Académie,  il  y  a  un  an  (i),  grâce  à  l'obli- 
geance de  M.  le  capitaine  Armange,  un  œuf  d'Epyornis,  beaucoup  plus 
volumineux  encore  que  ceux  que  j'avais  d'abord  présentés  (a).  Son  grand 
axe  n'a  pas  moins  de  om,334,  le  petit  étant  de  om,238;  son  volume  est 
de  très-peu  inférieur  à  10  décimètres  cubes  (  omc,  009906  ). 

»  C'est  encore  à  M.  Armange  que  je  dois  la  communication  d'un 
autre  œuf  d'Epyornis,  que  j'ai  cru  devoir  présenter  aussi  à  l'Académie. 
Celui-ci  ressemble  beaucoup  à  un  des  œufs  qui,  en  i85i,  sont  venus  nous 
révéler  l'ancienne  existence  à  Madagascar  de  l'oiseau  gigantesque,  si 
connu  aujourd'hui  sous  'le  nom  à'Êpjornis.  La  forme  de  cet  œuf  est, 
de  même,  presque  exactement  celle  d'un  ellipsoïde  de  révolution,  et 
son  volume  est  aussi  d'un  peu  moins  de  9  décimètres  cubes.  Les  deux  œufs 
sont,  en  un  mot,  si  semblables  à  tous  égards,  qu'on  pourrait  les  confondre 
l'un  avec  l'autre;  et  je  n'aurais  pas  cru  devoir  occuper  l'Académie  une 
quatrième  fois  de  l'Épyornis  géant,  si  l'œuf  que  m'a  remis  en  dernier 
lieu  M.  Armange,  ne  présentait,  sous  un  point  de  vue,  un  intérêt  particulier. 

»  D'après  l'examen  des  œufs  d'abord  connus,  j'avais  été  porté  à  croire 
que  la  coque  est,  chez  l'Épyornis,  rugueuse,  granuleuse,  comparable  à  celle 
que  tout  le  monde  connaît  chez  le  Casoaret  le  Dromée.  Toutefois  j'ai  cru  de- 
voir, avant  d'admettre  définitivement  et  d'énoncer  cette  opinion,  attendre 
qu'elle  fût  justifiée  par  l'examen  d'un  plus  grand  nombre  de  pièces,  et  de 
pièces  moins  altérées  par  le  temps.  J'ai  eu  lieu  de  m'applaudir  de  cette  ré- 
serve. Parmi  les  fragments  d'œufs  d'Epyornis  qu'un  voyageur  plein  de  zèle 
et  d'obligeance,  M.  Delamarre,  a  bien  voulu  me  donner  en  i854,  et  que 
j'ai  distribués  entre  les  principaux  musées  de  France,  plusieurs  m'avaient 
déjà  présenté  une  texture  différente  de  celle  que  j'avais  d'abord  observée  : 
ils  étaient  remarquablement  lisses.  La  même  texture  se  retrouve  sur  une 
grande  partie  de  la  surface  de  l'œuf  qui  est  en  ce  moment  sur  le  bureau 

(1)  Comptes  rendus,  t.  XL,  p.  5i8  ;  mars  i855. 

(2)  Ibid. ,  t.  XXXII ,  p.  101  ;  janvier  i85i. 

(3)  Ibid.,  t.  XXXIX,  p    834;  octobre  ,854- 

42.. 


(3i6) 
de  l'Académie.  La  coque  en  est,  par  places,  lisse  et  polie  au  point  de  mi- 
roiter, malgré  l'existence  d'un  assez  grand  nombre  de  stries  ou  de  petits  sil- 
lons linéaires,  tous  dirigés  dans  le  sens  du  grand  axe,  et  comparables  aux 
petits  points  creux  de  l'œuf,  lisse  aussi,  de  l'Autruche. 

»  C'est  là  un  élément  de  plus  dont  les  zoologistes  auront  à  tenir  compte 
dans  la  détermination  des  rapports  de  l'Épyornis  avec  les  autres  oiseaux, 
problème  dont  la  solution  divise  encore  si  profondément  les  zoologistes. 
A  ce  point  de  vue,  le  nouvel  œuf  d'Épyornis  offre  un  véritable  intérêt  scien- 
tifique; et  je  devais  d'autant  plus  m'empresser  de  le  mettre  sous  les  yeux 
de  mes  confrères,  qu'il  sera  peut-être  impossible  d'en  enrichir  nos  collec- 
tions, malgré  le  bon  vouloir  de  M.  Armange  qui,  par  malheur,  est  seule- 
ment dépositaire  de  cet  objet  précieux. 

»  Cet  œuf  d'Épyornis,  et  les  quatre  autres  que  j'ai  présentés  à  l'Académie, 
deux  en  i85i,  deux  en  i855,  sont  les  seuls  entiers  que  j'aie  vus,  mais  non 
les  seuls  que  je  connaisse  ;  un  sixième  est  encore  chez  M.  le  capitaine  Ar- 
mange. Ces  six  œufs,  d'après  les  renseignements  qu'il  a  recueillis,  et  un 
septième  qui  malheureusement  a  été  brisé  dans'le  trajet  de  Madagascar  à 
l'île  de  la  Réunion,  et  qu'on  a  restauré  en  grande  partie  au  Muséum,  ont  été 
trouvés  dans  le  même  éboulement  ou  dans  la  rivière  qui  en  baigne  le 
pied:  deux  par  les  Malgaches;  les  cinq  autres,  d'après  leurs  indications, 
par  des  marins  français.  Les  fouilles  et  les  recherches  dans  la  rivière, 
qu'ont  faites  depuis  plusieurs  voyageurs  anglais  et  français,  n'ont  produit 
que  des  fragments,  la  plupart  de  petites  dimensions. 

»  Les  Malgaches,  comme  je  l'ai  dit  ailleurs  (i),  prétendent  que  l'Epyornis 
existe  encore.  Ils  ont  redit  à  M.  le  capitaine  Armange  ce  qu'ils  avaient  dit 
quelques  années  auparavant  à  M.  le  capitaine  Abadie.  Des  vieillards  ont  même 
raconté  à  M.  Armange  qu'ils  avaient  vu  dans  leur  jeunesse  des  Epyornis,  non- 
seulement  dans  l'intérieur  de  l'île,  où  l'espèce  serait  aujourd'hui  reléguée, 
mais  jusque  sur  la  côte.  L'Épyornis  serait,  selon  leurs  expressions,  un  oiseau 
grand  comme  un  nuage,  qui  enlèverait  facilement  un  bœuf  dans  ses  serres, 
pour  le  transporter  dans  les  montagnes  et  s'en  repaître.  Ce  sont  là,  sans  nul 
doute,  des  contes  populaires,  imaginés  sans  doute  d'après  la  grosseur,  encore 
exagérée,  des  œufs  de  l'Épyornis,  dans  lequel  nous  ne  voyons  toujours, 
comme  en  i85i,  qu'une  espèce  éteinte  d'oiseau  frugivore  et  inailé  (2).  » 

(1)  Loc.  cit.,  t.  XXXII,  p.  106. 

(2)  Ce  sont  en  partie  ces  récits  fabuleux  qui ,  amplifiés  encore  par  l'imagination  des 
Arabes  ,  ont  donné  lieu  au  conte  du  Roc  qui  enlève,  non  plus  seulement  des  bœufs  ,  mais 
des  éléphants.  Chacun  des  deux  peuples  a  attribué  pour  proie  à  l'oiseau  gigantesque  le 
plus  grand  des  quadrupèdes  connus  de  lui. 


(3.7) 

économie  RURALE.  —  Note  sur  l'emploi ,  comme  fourrage,  des  feuilles 
d'orme,  de  vigne  et  de  peuplier;  par  M.  J.  Isidore  Pierre.  (Transmis 
par  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique.) 

«  Dans  la  plupart  des  pays  vinicoles,  les  feuilles  de  vigne,  au  moment 
des  vendanges,  les  produits  de  l'ébourgeonnage,  quelques  mois  plus  tôt, 
constituent,  pour  les  vignerons,  une  précieuse  ressource  comme  fourrage 
vert  ;  on  peut  même  dire  que,  dans  les  mois  de  septembre  et  d'octobre,  les 
feuilles  de  vigne  forment  souvent  la  plus  forte  partie  de  la  nourriture  de 
la  vache  du  petit  vigneron.  La  cueillette  de  la  feuille  de  vigne  est  facile,  et 
peu  d'instants  suffisent  pour  obtenir  l'approvisionnement  de  plusieurs  jours 
à  une  époque  où  le  temps  est  précieux.  J'ai  voulu  savoir  quelle  pouvait  être 
la  valeur  de  ce  fourrage  vert,  pris  à  diverses  époques  de  l'année;  pour  cela, 
j'ai  cueilli,  sur  quatre  pieds  de  vigne  de  l'espèce  dite  chasselas  blanc,  i  ki- 
logramme de  feuilles  de  toutes  grandeurs,  entières,  i°  le  18  juin  i855; 
20  le  8  novembre,  les  feuilles  étant  encore  vertes;  3°  le  25  novembre,  au 
moment  de  la  chute,  en  choisissant  les  feuilles  qui  tombaient  lorsqu'on 
agitait  les  sarments. 

»  i°.  18  juin  1 855.  —  On  a  cassé  un  certain  nombre  de  bourgeons  très- 
tendres,  au-dessus  de  la  cinquième  feuille,  et  on  les  a  partagés  en  deux 
parties  dont  la  première,  composée  uniquement  des  feuilles,  représentait 
1 8,9  pour  ioo  du  poids  total,  tandis  que  les  bourgeons  dépouillés  de 
feuilles,  mais  conservant  encore  leurs  vrilles,  représentaient  8i,i  pour  ioo 
de  l'ensemble  complet.  Tout  était  assez  tendre  pour  être  mangé  sans  résidu. 
Les  feuilles  n'étaient  pas  encore  franchement  vertes  et  conservaient  encore 
cette  nuance  rose-violâtre  que  présentent  souvent  les  jeunes  feuilles  de  vigne 
quand  la  pousse  est  rapide. 

Feuilles. 

Eau 78,3  pour  100 

Matière  sèche 21,7 

Total....      ioo, o 

!  Premier  dosage 4  >  '9 

Seconddosage 4>33 

Moyenne 4>26 

Azote  pour  ioo  de  feuilles  fraîches.  ...     0,92 


(3,8) 

Bourgeons  dépouillés  de  leurs  feuilles ,  mais  encore  munis  de  leurs  vrilles. 

Eau go ,  i 

Matière  sèche g,g 

Total ....      1 00 ,  o 

!  Premier  dosage   .  .    2,78 
Second  dosage 2,55 
Moyenne 2,66 

Azote  pour  ioo  de  matière  fraîche 0,26 

»  Si  nous  réunissons,  par  le  calcul,  les  deux  parties,  nous  trouverons, 
pour  la  richesse  moyenne  des  bourgeons  munis  de  leurs  feuilles  : 

1°.  A  l'état  frais. 

Azote  contenu  dans  les  81 , 1  de  bourgeons  sans  feuilles 0,21 

Azote  contenu  dans  les  18, g  de  feuilles 0,17 

Azote  contenu  dans  les  100  p.  de  bourgeons  munis  de  leurs  feuilles     o,  38 

a°.   A  l'état  tec. 

Azote  contenu  dans  les  66,3  de  bourgeons  sans  feuilles 1 ,76 

Azote  contenu  dans  les  33,7  de  feuilles 1   AA 

Azote  contenu  dans  100  parties  de  bourgeons  entiers 3  20 

2°.  8  novembre  i855. 

!Eau 76 , 1     pour  1 00 
Matière  sèche 23,g 
Total 100,0 

!  Premier  dosage 1  ,g6 
Second  dosage 1  ,gi 
Moyenne 1 ,  g4 

Azote  pour  1 00  de  feuilles  fraîches o  ,46 

3°.  25  novembre  i855. 

_     .....  /  Eau   '       76     pour  100 

feuilles  jaunies,  tombant  naturellement,  mais  \  .,    .,        ,  ,  , 

,    ,  ;  Matière  sèche 24 

saines  au  moment  de  leur  chute » 

Total 100 

!  Premier  dosage 1 ,48 
Second  dosage 1 , 4  ' 
Moyenne 1 ,44 

Azote  pour  100  de  feuilles  fraîches o,35 

»  Les  feuilles  de  vigne,  surtout  lorsqu'elles  sont  encore  très- tendres, 
constituent  donc  un  fourrage  vert  très-riche  en  matière  azotée,  compa- 
rable, sous  ce  rapport,  aux  meilleurs  regains  de  sainfoin.  A  l 'arrière-saison, 
lorsque  les  gelées  blanches  d'automne  n'en  viennent  pas  accélérer  la  chute, 
les  feuilles  de  vigne,  même  à  la  fin  d'octobre,  contiennent  encore  autant 


(  3i9) 
de  matière  azotée  que  la  plupart  des  fourrages  verts  du  printemps.   Enfln, 
au  moment  de  leur  chute,  ces  mêmes  feuilles,  lorsqu'elles  sont  saines,  pour- 
raient encore  constituer  un  assez  bon  fourrage. 

»  Si  nous  supposons  ces  feuilles  fanées  à  la  manière  des  fourrages  ordi- 
naires, c'est-à-dire  au  point  de  ne  plus  retenir  qu'environ  20  pour  100 
d'eau,  celles  qui  ont  servi  aux  analyses  précédentes  doseraient  : 

Les  dernières 1 ,  i5  pour  100  d'azote. 

Les  secondes 1 ,  55  » 

Les  premières 3,3i  » 

Et  enfin  les  bourgeons  entiers a, 56  » 

»  Ces  résultats  nous  montrent  que  les  feuilles  de  vigne,  alors  même 
qu'elles  sont  sur  le  point  de  tomber,  conserveraient  encore,  après  le  fanage, 
une  richesse  en  azote  au  moins  égale  à  celle  du  bon  foin. 

»  Lorsqu'on  veut  réduire  en  poudre  les  feuilles  de  vigne  desséchées,  on 
éprouve  une  certaine  difficulté  à  opérer  convenablement  la  division  des 
dernières  parties  les  plus  résistantes,  qui  se  présentent  sous  forme  de  fila- 
ments cotonneux  dont  il  n'est  pas  facile  d'avoir  raison.  C'est  sans  doute  à 
cette  circonstance  qu'il  faut  attribuer  les  petits  écarts  que  présentent  les 
dosages  de  la  même  matière,  dont  l'homogénéité  pouvait  laisser  quelque 
chose  à  désirer. 

FEUIBLES    D'ORME. 

»  Lorsqu'on  les  destine  aux  vaches,  les  feuilles  d'orme  se  cueillent  comme 
les  feuilles  de  vigne,  en  ébroussant  à  la  main  les  jeunes  rameaux  de  la  base 
vers  le  sommet.  Le  plus  ordinairement,  dans  les  pays  où  cette  pratique  est 
commune,  c'est  l'ouvrage  des  enfants,  qui  montentsur  les  arbres  munis  d'un 
sac  qui  se  trouve  bientôt  rempli.  Je  dois  ajouter  que  les  feuilles  d'orme  pas- 
sent généralement  pour  être  un  meilleur  fourrage  vert  que  les  feuilles  de 
vigne.  Lorsqu'on  destine  ces  feuilles  aux  moutons,  la  récolte  s'en  fait  autre- 
ment; les  ormes  sont  élagués  tous  les  quatre  ou  cinq  ans,  exploités  sous  forme 
de  têtards  plus  ou  moins  élevés,  afin  d'en  obtenir  le  plus  de  branches  possi- 
ble. L'élagage  se  fait  à  la  fin  de  septembre  ou  au  commencement  d'octobre; 
on  met  de  côté  les  grosses  branches  et  on  lie  en  bottes  les  rameaux  et  brin- 
dilles munis  de  leurs  feuilles,  après  les  avoir  laissés  faner  à  la  manière  des 
fourrages  ordinaires.  Ce  fanage,  lorsque  le  temps  est  sec,  peut  se  terminer 
en  vingt-quatre  heures.  Ces  bottes  de  Jeuitlards  sont  ensuite  entassées  au 
fenil  pour  être  consommées  au  commencement  de  l'hiver,  et  beaucoup  de 
cultivateurs  considèrent  qu'une  botte  de  bon  feuillard  d'orme  peut  rem- 
placer une  botte  de  trèfle  de  qualité  ordinaire. 

»  Si  l'on  songe  que  cette  pratique  est  répandue  dans  beaucoup  dé  nos 


(  3ao  ) 
départements,  et  notamment  dans  ceux  du  Cher,  de  la  Charente  et  du  Loi- 
ret, et  qu'en  Normandie  la  feuille  d'orme  passe  pour  une  excellente  nour- 
riture pour  les  porcs,  on  comprendra  que  l'examen  de  ces  feuilles  devait 
offrir  quelque  intérêt,  et  qu'il  y  avait  lieu  de  s'assurer  si  leur  richesse  en 
principes  plastiques,  déterminée  par  l'analyse  chimique,  viendrait  justifier 
le  fréquent  emploi  qu'on  en  fait.  J'ai  donc  cueilli,  à  trois  époques  de  l'an- 
née, i°  le  2  juin  i855,  20  le  11  août,  3°  le  9  novembre,  plusieurs  kilo- 
grammes de  feuilles  prises  sur  plusieurs  ormes,  sur  différentes  parties  de 
ces  arbres,  en  ébroussant  à  la  main  les  rameaux  comme  dans  la  pratique 
usuelle,  et  c'est  sur  chacune  de  ces  récoltes,  après  un  mélange  convenable- 
ment fait,  qu'ont  porté  les  analyses  dont  il  va  être  rendu  compte  ci-après  : 

l°.  Feuilles  d'orme  cueillies  le  i  juin  i855. 

Eau 76,0  pour  1 00 

Matière  sèche 24 ,  o 

Total 100,0 

!  Premier  dosage 4»  '^ 
Second  dosage 4>25 
Moyenne 4>2° 

Azote  pour  100  de  feuilles  fraîches 1 ,01 

2°.  Feuilles  cueillies  le  il  août  i855. 

»  On  en  a  fait  deux  lots,  l'un  composé  des  feuilles  les  plus  tendres,  l'autre 
des  feuilles  plus  anciennes  : 

1er  LOT.  —  Feuilles  les  plus  tendres,  prises  à  l'extrémiiê  des  rameaux. 

Eau 70  pour  100 

Matière  sèche 3o 

Total 100 

S  Premier  dosage 3 ,  69 
Second  dosage 3, 87 

Moyenne 3,^8 

Azote  pour  100  de  feuilles  fraîches 1 , 1 3 

2e  LOT.  —  Feuilles  plus  anciennes. 

Eau 67 ,6  pour  1 00 

Matière  sèche 32,4 

Total 100,0 

!   Premier  dosage 3 ,0 1 

Second  dosage 2,89 

Moyenne 2>95 

Azote  pour  1 00  de  feuilles  fraîches o  ,955 


(  3a  i  ) 

3°.  Feuilles  cueillies  le  g  novembre  i855. 

»  Ces  feuilles,  encore  vertes,  commençaient  à  peine  à  prendre  une  légère 
teinte  jaunâtre  dans  quelques-unes  de  leurs  parties. 
»  Elles  renferment  : 

Eau , 63 , 3  pour  .i  oo 

Matière  sèche 36 , 7 

Total 1 00 ,  o 

I  Premier  dosage   2 ,  09 

Second  dosage 2,o5 

Moyenne 2,07 

Azote  pour  100  de  feuilles  fraîches.  ...      0,^55 

»  Il  résulte  de  ces  analyses  qu'à  l'époque  où  elles  vont  tomber  naturelle- 
ment, les  feuilles  d'orme  saines  contiennent  encore  autant  de  matière  azo- 
tée que  des  meilleurs  fourrages  verts  usuels  de  printemps,  et  qu'au  mois 
d'août,  les  feuilles  les  plus  tendres,  quoiqu'elles  contiennent  70  pour  100 
d'eau,  renferment  néanmoins  presque  autant  de  matière  azotée  que  le  foin 
normal  fané.  Si  nous  prenons  ces  feuilles  à  l'état  fané,  c'est-à-dire  conte- 
nant encore  en  moyenne  environ  20  pour  100  de  leur  poids  d'eau,  nous 
y  trouverons  : 

i°.  Dans  les  feuilles  du  2  juin 3  j  36  pour   100  d'azote 

Premier  lot.  .  .  .      3, 06 


20.  Dans  celles  du  1 1  août.  . . 

(  Second  lot 2,0b 

3°.  Enfin  dans  celles  du  9  novembre  ..,..' 1 ,66 

c'est-à-dire  que  même,  dans  ce  dernier  cas,  les  feuilles  d'orme  se  pla- 
ceraient presque  sur  la  même  ligne  que  le  foin  de  prairies  artificielles,  et 
au-dessus  du  foin  normal  de  prairies  naturelles. 

»  Comme  la  récolte  de  ces  feuilles  se  fait  un  peu  avant  leur  parfaite  ma- 
turité, on  peut  évaluer,  d'après  ce  qui  précède,  à  2  pour  100  leur  richesse 
en  azote  après  le  fanage,  et  cette  richesse  justifie  le  soin  avec  lequel  on  les 
conserve  dans  les  pays  où  les  fourrages  ordinaires  sont  médiocrement  abon- 
dants. 

FEUILLES    DU    PEUPLIER    DU    CANADA. 

»  Je  n'ai  soumis  à  l'analyse  que  des  feuilles  tendres,  cueillies  le  2  juin 
i855  et  n'ayant  pas  plus  de  dix  à  douze  jours,  et  des  feuilles  cueillies  le 
11  août.  Comme  pendant  la  première  cueillette  les  feuilles  étaient  le  plus 
souvent  accompagnées  de  petits  bouts  de  rameaux  qui  les  portaient,  j'en  ai 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  7.)  4^ 


(    322    ) 

fait  deux  lots,  dont  le  premier  se  composait  uniquement  de  feuilles,  et  dont 
le  second  comprenait  de  jeunes  bourgeons  effeuillés,  de  2  à  8  centimètres 
de  longueur,  extrêmement  tendres,  mais  dont  le  poids,  comparé  à  celui  des 
feuilles,  était  extrêmement  minime. 

Ier  LOT  DE   LA  RÉCOLTB   DU  1  JUIN.  —  Feuilles. 

Eau'. 78,4  pour  100 

Matière  sèche 21 ,6 

Total 1 00 ,  o 

!  Premier  dosage 4>°9 
Second  dosage 4  >°7 
Moyenne 4>°^ 

Azote  pour  100  de  feuilles  fraîches 0,88 

2e  LOT.  —  Petits  bourgeons  dépouillés  de  leurs  feuilles. 

Eau 81.7  pour   100 

Matière  sèche 18 ,3 

Total 1 00 ,  o 

,  f   Premier  dosage 4i°6 

Azote  pour  100  de  matière  sèche.  .   <  Second  dosage 4>01 

Moyenne 4>°3 

Azote  pour  100  de  matière  fraîche °>74 

Feuilles  cueillies  le  1 1  août  i855. 
Eau 72>9  pour  100 

Matière  sèche 27 , 1 

■    *     

Total 1 00 ,  o 

!  Premier  dosage 3, 43 

Second  dosage '..  3,55 

Moyenne '.  3,49 

Azote  pour  100  de  feuilles  fraîches °>9^ 

»  Cette  richesse  des  feuilles  de  peuplier  les  rapproche  des  feuilles  d'orme 
comme  fourrage;  mais  c'est  plus  particulièrement  comme  fourrage  fané, 
c'est-à-dire  contenant  environ  20  pour  100  d'eau,  qu'elles  sont  employées; 
celles  dont  il  vient  d'être  question  doseraient  alors  environ  2,79  pour  100 
d'azote.  Concluant  par  analogie,  nous  pouvous  admettre  que  les  feuilles  des 
peupliers  élagués  vers  la  fin  de  septembre  ou  dans  la  première  semaine 
d'octobre  peuvent  être  placées,  d'après  leur  richesse  en  azote,  à  côté  des 
feuilles  d'orme.  Les  cultivateurs  ne  les  estiment  pas  tout  à  fait  autant,  ce 
qui  peut  tenir  à  la  présence  d'une  petite  quantité  de  matière  résineuse 
irritante  qui  peut  agir  comme  purgatif  sur  les  animaux.  Les  cultivateurs 


(  3^3  ) 
font  aussi  une  différence  entre  les  feuilles  du  peuplier  d'Italie  et  celles  du 
peuplier  du  Canada  :  ils  accordent  à  ces  dernières  une  préférence  marquée. 
»  Pour  faciliter  la  comparaison  de  ces  résultats,  je  vais  lès  résumer  sous 
forme  de  tableau  d'ensemble,  en  rapportant  les  nombres  au  kilogramme  de 
feuilles. 


DÉSIGNATION    DES    FEUILLES. 


Feuilles 


Feuilles 


Feuilles 


Feuilles 


Feuilles 


Feuilles 


Feuilles 


Feuilles 
Feuilles 


Feuilles 


d'orme  fraîches,  2  janvier  1 855 .  .  .  . 

Les  mêmes,  fanées 

Complètement  desséchées 

d'orme  fraîches,  1 1  août  i855 

Les  plus  tendres 

Les  mêmes  ,  fanées '. 

Complètement  desséchées 

de  la  même  date,  plus  dures 

Les  mêmes,  fanées 

Complètement  desséchées 

d'orme  fraîches,  g  novembre  i855.. 

Les  mêmes ,  fanées 

Complètement  desséchées 

de  peuplier  du  Canada 

Fraîches ,  2  juin  i855 

Petits  bourgeons  dépouillés  de  feuilles 

Mêmes  feuilles ,  fanées 

Complètement  desséchées 

de  peuplier  du  Canada,    1 1  août. . . . 

Les  mêmes,  fanées 

Complètement  desséchées 

de  vigne  très-tendres 

Bourgeons  dépouillés  de  leurs  feuilles 

Bourgeons  avec  leurs  feuilles 

Les  mêmes,  fanées 

Complètement  desséchées 

seules  complètement  desséchées.  .  .  . 

cueillies  le  8  novembre  1 855 

Les  mêmes,  fanées 

Complètement  desséchées 

cueillies  le  25  novembre  i855.  ..... 

Les  mêmes ,  fanées 

Complètement  desséchées., 


EAl: 
par  kilogram. 


MATIERES  SECHES 

par  kilogr. 


760 
200 


700 
20O 

» 
676 
200 

633 
200 


784 
817 
200 


729 
200 

» 
783 

goi 

879 
200 


765 
200 

b 
760 
200 


2^0 

80O 

1000 

3  00 

800 

1000 

324 
800 

1000 

367 
800 

1000 

» 

216 
i83 
800 

1000 
271 
800 

1000 
217 

99 
121 

800 

1000 

1000 

23g 

800 

1000 

a4o 

800 

1000 


AZOTE 

par  kilogram 


10,1 
33,6 
42,0 

» 

11 ,3 

3o,2 
37,8 

g,  55 
23,6 
2g, 5 

7,55 
16,6 
20,7 

D 

8,8 

7.4 
3a,6 
4o,8 

9>5 

27>9 

34,9 

9»2 
2,6 

3,. 
25,6 
32,0 
42,6 

4.6 

15,4 

'9.4 

3,5 

n,5 

-4,4 


43. 


(  3a4  ) 

»  L'inspection  du  tableau  qui  précède  nous  apprend  que  les  feuilles 
vertes  et  fraîches  de  l'orme  peuvent,  lorsqu'elles  sont  très-tendres,  contenir 
presque  autant  de  matière  azotée  que  le  foin  normal,  mais  que  cette  pro- 
portion d'azote  diminue,  comme  on  devait  s'y  attendre,  avec  l'âge  des 
feuilles  et  avec  la  saison  :  cependant,  peu  de  jours  avant  leur  chute,  les 
feuilles  fraîches  d'orme  renferment  encore  les  trois  quarts  de  l'azote  que 
l'on  trouve  dans  les  jeunes  feuilles  tendres;  mais  comme  les  feuilles  mûres 
sont  moins  aqueuses  que  les  feuilles  nouvelles  et  tendres,  la  richesse  de  la 
matière  sèche  des  premières  en  matière  azotée  se  trouve  réduite  à  environ 
moitié  de  celle  des  dernières.  Si  l'on  compare  les  feuilles  d'orme,  même 
lorsqu'elles  sont  arrivées  à  leur  complète  maturité,  au  foin  de  prairies  arti- 
ficielles, elles  contiennent,  au  même  état  de  dessiccation,  à  peu  près  la 
même  proportion  de  matière  azotée,  et  sont  encore  plus  riches  d'environ 
5o  pour  100  que  le  foin  normal. 

»  Les  feuilles  de  peuplier  du  Canada,  plus  estimées  comme  fourrage  que 
celles  du  peuplier  d'Italie,  contiennent  à  peu  près  autant  d'azote  que  les 
feuilles  d'orme. 

»  Enfin  les  feuilles  de  vigne,  lorsqu'elles  sont  fraîches,  sont  beaucoup 
moins  riches  que  le  précédentes,  parce  qu'elles  sont  plus  aqueuses  ;  mais, 
prises  au  même  degré  de  dessiccation,  elles  ne  sont  guère  inférieures  aux 
précédentes.  Prises  au  moment  de  leur  chute,  lorsqu'elles  sont  saines,  elles 
ont  précisément  la  même  richesse  que  le  foin  normal ,  au  même  état  de 
dessiccation . 

»  On  pourrait  se  demander  si  l'effeuillage  des  ormes,  si  l'élagage  pra- 
tiqué avant  la  chute  des  feuilles  ne  porte  pas  préjudice  au  développement 
des  arbres.  Sans  aucun  doute,  si  ces  opérations  étaient  faites  en  toutes 
saisons,  elles  pourraient  être  dommageables  au  développement  des  ormes 
ou  des  peupliers;  mais  si  l'on  se  rappelle  que  c'est  ordinairement  en 
automne,  vers  le  commencement  d'octobre,  lorsque  la  pousse  est  à  peu 
près  complètement  terminée,  que  se  pratiquent  l'effeuillage  et  l'élagage 
dont  il  est  ici  question,  il  est  vraisemblable  que  le  dommage  doit  être  peu 
important,  si  dommage  il  y  a. 

»  Dans  tous  les  cas,  il  y  aurait  encore  à  décider  si  la  valeur  des 
feuilles  comme  fourrage  ne  procure  pas  une  compensation  plus  que  suffi- 
sante de  ce  préjudice. 

»  L'extension  qu'a  prise  cette  pratique,  dans  certains  départements, 
nous  porte  à  croire  que  les  propriétaires  qui  la  continuent  ne  l'eussent  pas 
fait  s'ils  n'y  avaient  pas  trouvé  un  avantage  réel  de  quelque  importance.    » 


(  3a5  ) 


RAPPORTS. 


mécanique  appliquée.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  Phillipps  sur  le 
calcul  de  la  résistance  des  solides  prismatiques  soumis  à  l'action  d'une 
charge  en  mouvement. 

(Commissaires,  MM.  Poncelet,  Lamé,  Combes  rapporteur.) 

«  L'Académie  nous  a  chargés  de  lui  rendre  compte  d'un  Mémoire  de 
M.  Phillipps  sur  le  calcul  de  la  résistance  des  solides  prismatiques,  tels  que 
les  poutres  droites  d'un  pont,  les  rails  de  chemins  de  fer,  etc.,  soumis  à 
l'action  d'une  charge  animée  d'une  vitesse  uniforme.  Cette  question  a  déjà 
été  le  sujet  d'expériences  faites  par  M.  le  professeur  Willis,  comme  membre 
d'une  Commission  instituée  par  le  gouvernement  britannique,  pour  re- 
chercher les  conditions  à  observer  par  les  ingénieurs  dans  l'emploi  du  fer 
appliqué'  aux  constructions  qui  sont  destinées  à  supporter  des  chocs  vio- 
lents, et  d'un  intéressant  Mémoire  de  M.  [Stokes,  publié  dans  les  Trans- 
actions de  la  Société  philosophique  de  Cambridge  (vol.  VIII,  5e  partie, 
année  1849,  Pa»e  l°l)-  Les  expériences  de  M.  Willis  ont  été  imprimées, 
avec  une  dissertation  de  l'auteur,  dans  le  Rapport  de  la  Commission. 

»  M.  Stokes  a  donné,  dans  son  Mémoire,  une  solution  approchée  du 
problème  qu'il  a  abordé,  à  la  demande  de  M.  Willis,  dans  les  deux  cas 
extrêmes  où  la  masse  de  la  charge  mobile  est  regardée  comme  infiniment 
grande,  ou  comme  négligeable  par  rapport  à  celle  de  la  poutre  sur  laquelle 
elle  se  meut. 

»  M.  Phillipps  tient  compte,  dans  le  travail  présenté  à  l'Académie,  des 
niasses  de  la  charge  mobile,  du  solide  prismatique  qui  la  supporte  et  de  la 
charge  fixe  et  permanente  distribuée  sur  la  longueur  de  celui-ci.  Il  part  des 
hypothèses  secondaires  qui  ont  permis  d'établir  les  formules  usitées  con- 
cernant la  résistance  des  matériaux  élastiques,  et  que  justifie,  d'une  manière 
satisfaisante,  l'accord  des  résultats  des  calculs  fondés  sur  ces  hypothèses 
avec  les  faits  journellement  observés  dans  la  pratique  des  ingénieurs.  Ainsi, 
il  considère  la  flexion  de  la  poutre  comme  étant  constamment  très-petite; 
il  égale,  en  conséquence,  le  produit  du  moment  d'élasticité  du  solide  pris- 
matique par  la  dérivée  du  second  ordre  de  l'ordonnée  de  la  courbe  sui- 
vant laquelle  est  infléchi  l'axe  du  solide,  les  abscisses  étant  comptées  sur 
l'axe  rectiligne  de  ce  solide  avant  la  flexion,  à  la  somme  des  moments  des 
forces  appliquées  entre  le  point  considéré  et  l'une  des  extrémités  du  so- 


(  3a6  ) 
lide,  y  compris  celles  qui  résultent  de  l'action  des  points  d'appui  sur  cette 
extrémité  et  des  forces  d'inertie.  Il  ne  considère,  enfin,  que  les  vitesses 
dirigées  dans  le  sens  perpendiculaire  à  l'axe  de  la  poutre. 

»  Moyennant  ces  simplifications,  qui  ont  été  aussi  admises  par  MM.  Willis 
et  Stokes,  chacune  des  parties  de  la  poutre  élastique  comprises  entre  le  point 
où  est  située,  à  un  moment  donné,  la  charge  mobile  et  l'une  de  ses  extré- 
mités, doit  satisfaire  à  l'équation  aux  différences  partielles 

'  dt>  dx<  T' 

où  les  abscisses  sont  comptées  sur  l'axe  primitif  de  la  poutre  droite,  à 
partir  de  l'extrémité  de  la  partie  que  l'on  considère,  et  les  ordonnées  posi- 
tives sont  dirigées  dans  le  sens  de  la  pesanteur;  A:a  et  ç  sont  des  quantités 
qui  dépendent  du  moment  d'élasticité,  du  poids  et  de  la  charge  permanente 
de  la  poutre  par  mètre  courant.  On  a 

k°-  =  ^    et     0=Pl, 

M  est  le  moment  d'élasticité,  zs  le  poids  de  la  poutre,  p  la  charge  perma- 
nente et  fixe  par  mètre  courant,  y  compris  le  poids  vs,  et  g  la  gravité.  On 
fait  disparaître  le  deuxième  terme  du  second  membre  de  l'équation  (i),  en 
posant  l'ordonnée  y  de  la  courbe  égale  à  z  +  y',  y'  étant  l'ordonnée  de  la 
courbe  fixe  qu'affecterait  l'axe  du  solide  en  équilibre  sous  l'action  de  la 
charge  permanente,  de  sorte  que  z  désigne  l'écart  entre  les  ordonnées  de 
la  courbe  fixe  et  de  la  courbe  variable  pendant  le  trajet  de  la  charge  mobile. 
L'équation  (i)  est  ainsi  remplacée  par 

dH  ^d'z 

dr  rfr< 

On  a  deux  équations  semblables  pour  les  deux  parties  de  la  poutre  qui  se 
raccordent  au  point  où  est  arrivée  la  charge  mobile  à  l'instant  que  l'on  con- 
sidère. M.  Phillipps  est  parvenu  à  les  intégrer,  en  suivant  une  méthode  qui 
lui  est  propre;  il  prend  pour  valeur  de  z  un  développement  en  série  sui- 
vant les  puissances  de  x  multipliées  par  des  coefficients  qui  sont  fonctions 
du  temps.  Les  coefficients  des  deux  premiers  termes  de  chaque  valeur  de  z 
étant  représentés  par  A  et  B,  ceux  des  termes  suivants  de  la  série  sont  les  dé- 
rivées d'ordre  pair  de  A  et  de  B  par  rapport  au  temps,  multipliées  par  les 

puissances  ascendantes  de  —  ou  ^  ;  la  question  est  ainsi  ramenée  à  dé- 


(3a7) 
terminer  quatre  fonctions  A,  B;  A,,  B(,  dont  deux  entrent  dans  chacune 
des  valeurs  de  z.  Ces  fonctions  doivent  satisfaire  à  quatre  conditions,  dont 
les  trois  premières  sont  que  les  deux  courbes  aient  au  point  de  raccorde- 
ment même  ordonnée,  même  tangente  et  même  rayon  de  courbure.  La 
quatrième  résulte  de  ce  que  la  réaction  de  la  courbe  sur  la  charge  mobile 
qui  se  trouve  au  point  de  raccordement  est  égale  à  cette  charge  dimi- 
nuée de  la  force  capable  de  produire  l'accélération  de  sa  vitesse  verticale, 
dans  la  trajectoire  qu'elle  parcourt.  Les  quatre  équations  données  par 
les  conditions  ci-dessus  renferment  les  quatre  fonctions  à  déterminer  et 
leurs  dérivées  des  divers  ordres  jusqu'à  l'infini.  En  prenant  pour  cha- 
cune d'elles  un  développement  en  série  suivant   les  puissances  entières 

et  croissantes  de  t;«  M.  Phillipps  parvient  à  déterminer  les  coefficients, 

n 

fonctions  du  temps,  qui  entrent  dans  les  séries,  par  groupes  de  quatre, 
au  moyen  d'équations  différentielles  linéaires  du  second  ordre,  dont  il 
obtient  des  intégrales  particulières  sous  forme  de  séries  dont  la  loi  est  fort 
simple,  et  qui  sont  rapidement  convergentes. 

»  Les  calculs  se  simplifient  beaucoup  lorsque  —  =  —  est  assez  petit, 
ainsi  que  cela  a  toujours  lieu  dans  la  pratique,  pour  que  l'on  puisse  né- 
gliger les  termes  multipliés  par  les  puissances  de  -^  supérieures  à  la  pre- 
mière. 

»  M.  Phillips  traite  successivement  le  cas  où  la  poutre  est  encastrée 
par  ses  deux  extrémités  et  celui  où  elle  est  simplement  posée  sur  deux 
appuis  fixes.  Les  valeurs  de  z  qu'il  obtient,  dans  l'un  et  l'autre  cas,  ne 
satisfont  pas  rigoureusement  aux  conditions  initiales  du  système;  elles 
impliquent  que  les  divers  points  de  la  poutre  seraient  animés,  au  moment 
où  la  charge  mobile  atteint  une  de  ses  extrémités,  d'un  certain  mouvement 
vibratoire,  au  lieu  d'être  à  l'état  de  repos.  Mais  l'auteur  démontre,  par 
une  analyse  rigoureuse  et  délicate,  que  les  vitesses  et  les  tensions  initiales 
que  ses  formules  supposent  exister  dans  les  diverses  parties  de  la  poutre 
sont,  dans  toutes  les  circonstances  des  applications  pratiques,  de  trop 
petites  fractions  des  vitesses  et  des  tensions  qui  seront  déterminées  par  le 
trajet  de  la  charge  mobile,  pour  que  ce  désaccord  puisse  avoir  une  in- 
fluence sensible  sur  les  résultats.  Ainsi,  pour  des  rails  de  chemins  de  fer  de 
modèles  usuels  et  librement  posés  sur  des  appuis  placés  à  la  distance  or- 
dinaire des  traverses,  et  pour  des  poutres  de  ponts  réellement  exécutées, 
la  vitesse  et  la  tension  initiales,  d'après  les  formules,  sont  inférieures  à  la 


(  3a8  ) 
vingtième  partie  des  vitesses  et  des  tensions  déterminées  par  le  passage  de 
la  charge  animée  de  vitesses  quelconques,  depuis  o  jusqu'à  108  kilomètres 
par  heure. 

»  Dans  un  dernier  chapitre,  M.  Phillips  signale  les  conséquences  pra- 
tiques de  la  théorie  qu'il  a  exposée,  et  les  applications  que  l'on  peut  faire 
de  sa  méthode  à  d'autres  problèmes  que  ceux  qu'il  a  traités.  Les  cita- 
tions suivantes  montrent  l'utilité  des  recherches  analytiques  du  savant 
ingénieur. 

»  Il  résulte  de  ses  formules  : 

»  i°.  Que  l'on  peut,  sans  s'exposer  à  commettre  des  erreurs  compromet- 
tantes pour  la  solidité  d'une  construction,  négliger  l'influence  de  l'inertie 

de  la  poutre  qui  doit  supporter  une  charge  mobile,  lorsque  -^  ou  r^-  est 

une  très-petite  fraction,  c'est-à-dire  lorsque  le  moment  d'élasticité  de  la 
poutre  est  très-grand  relativement  à  sa  masse  par  unité  de  longueur. 

2°.  La  mobilité  de  la  charge  a  pour  effet  d'accroître  l'allongement  pro- 
portionnel ou  la  tension  maximum  des  fibres  qui  aurait  lieu  dans  la  poutre 
en  équilibre  sous  l'action  de  la  charge  placée  au  milieu  de  la  distance  des 
appuis. 

»  3°.  Le  rapport  de  l'accroissement  occasionné  par  le  mouvement  de  la 
charge  à  l'allongement  maximum  sous  l'action  de  la  charge  immobile 
placée  au  milieu  de  la  distance  des  appuis,  est,  toutes  choses  égales  d'ailleurs, 
à  peu  près  proportionnel  au  poids  de  la  charge  mobile,  au  carré  de  la  vi- 
tesse dont  elle  est  animée  et  à  la  distance  des  appuis,  et  en  raison  inverse 
du  moment  d'élasticité  de  la  poutre.  Ainsi  il  convient  de  rapprocher  les 
appuis  et  d'accroître  le  moment  d'élasticité  en  augmentant  l'épaisseur  des 
poutres  dans  le  sens  vertical. 

»  4°-  Pour  un  solide  posé  simplement  sur  deux  appuis,  ce  rapport  a 
pour  limite  très-rapprochée 

QV*/ 

Q  exprime  le  poids  de  la  charge  mobile,  V  sa  vitesse,  /  la  distance  des 
appuis,  M  le  moment  d'élasticité  de  la  poutre,  g  la  gravité. 

»  5°.  Pour  un  solide  encastré  à  ses  deux  extrémités,  on  peut  décomposer 
l'allongement  proportionnel  des  fibres,  à  l'état  statique ,  en  deux  parties, 
l'une  due  à  la  charge  placée  au  milieu  de  l'intervalle  des  appuis,  l'autre  au 
poids  du  solide  et  à  la  charge  permanente  distribuée  sur  la  longueur. 
L'effet  du  mouvement  dû  à  la  charge  est  d'accroître  la  première  partie  de 


(329) 

QV1/ 
la  fraction  ~—  de  ce  qu'elle  est  dans  l'état  statique,  et  la  seconde  partie  de 

la  fraction  — — 

»  Avec  les  dimensions  usitées  pour  les  poutres  droites  des  ponts  con- 

struits  sur  les  lignes  de  chemins  de  fer,  le  rapport  ~^r~  est  généralement 

assez  petit  pour  que  l'on  puisse  négliger  l'accroissement  dû  au  mouvement 
de  la  charge. 

»  Il  n'en  est  pas  de  même  des  rails.  L'accroissement  de  tension  dû  au 
mouvement  s'élève  à  j  pour  des  vitesses  de  72  kilomètres  à  l'heure,  et  irait 
à  5,  pour  des  rails  encastrés  dans  des  appuis  distants  de  1  mètre,  si  la 
vitesse  des  machines  atteignait  3o  mètres  par  seconde  ou  108  kilomètres 
par  heure. 

»  Le  sujet  traité  par  M.  Phillips,  dans  le  Mémoire  dont  nous  venons  de 
vous  rendre  compte,  est  d'une  grande  importance  pour  le  calcul  des  di- 
mensions des  pièces  qui  entrent  dans  un  grand  nombre  de  constructions 
modernes.  Les  solutions  qu'il  a  données  sont  nouvelles  et  déduites  d'une 
analyse  correcte  et  élégante.  Nous  regardons  ce  Mémoire  comme  très-digne 
de  la  haute  approbation  de  l'Académie,  et  nous  avons  l'honneur  de  vous 
proposer  d'en  ordonner  l'insertion  dans  le  Recueil  des  Savants  étrangers.  » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

anatomie  comparée  des  végétaux.  —  Plantes  parasites.  Analomie  des 
Cassythacêes ;  par  M.  Ad.  Chativ.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Botanique.) 

«  Le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  aujourd'hui  à  l'Académie 
des  Sciences  a  pour  objet  l'anatomie  des  Cassythacêes,  plantes  singulières 
que  la  plupart  des  botanistes  réunissent  aux  Lauracées  comme  tribu,  dont 
Lindley  a  fait  une  famille  distincte  et  que  L.  de  Jussieu  regardait  comme 
d'autant  plus  difficile  à  classer  qu'elles  réunissent,  au  port  et  aux  tiges 
aphylles  des  Cuscutes,  les  étamines  des  Lauracées  et  le  fruit  des  Basellacées. 

»  La  structure  des  tiges  et  celle  de  leurs  suçoirs  qu'accompagnent  des 
appareils  préhenseurs,  d'une  structure  parfois  très-complexe,  m'ont  spécia- 
lement occupé. 

»  Les  tiges,  filiformes  et  volubiles  comme  celles  des  Cuscutes,  sont  généra- 

•C.  R.,  i856 ,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  7.)  44 


(  33o  ) 
lement  composées  :  d'un  épiderme  à  un  rang  de  cellules  rectangulaires  dis- 
posées en  séries  que  coupent  perpendiculairement  d'assez  nombreux  sto- 
mates; d'un  parenchyme  parfois  féculifère;  d'une  zone  ligneuse  et  conti- 
nue de  fibres  ponctuées  dans  l'épaisseur  de  laquelle  sont  placées,  plus  au 
dehors,  une  ligne  circulaire  de  lacunes,  plus  en  dedans  une  ligne  de  grands 
vaisseaux  ponctués  avec  laquelle  la  ligne  des  lacunes  offre  souvent  des 
rapports  symétriques;  enfin  d'une  moelle  privée  de  rayons  médullaires. 

»>  Les  suçoirs  proprement  dits  offrent,  comme  ceux  des  Cuscutes,  un 
sommet  cellulaire  ou  cône  perforant  qui  pénètre  les  tissus  ligneux  les  plus 
durs  ^même  ceux  du  Casuarina),  malgré  sa  propre  délicatesse,  et  un  cône 
interne  fibro-vasculaire  qui  jamais  ne  sort  du  tissu  parenchymateux  pour  se 
mettre  en  rapport  immédiat  avec  les  tissus  de  la  plante  nourricière. 

»  L'appareil  préhenseur,  qui  se  confond  par  sa  base  avec  le  suçoir,  au 
lieu  de  descendre  séparément  de  la  tige,  comme  dans  plusieurs  Cuscutes,  se 
compose  tantôt  {C.  fdiformis,  etc.)  d'un  repli  parenchymateux  renforcé 
d'une  ou  même  de  deux  lames  fibreuses,  tantôt  (C.  Casuarinœ)  d'un 
système  parenchymateux  se  combinant  avec  des  lames  et  des  arceaux  fibro- 
vasculaires  ayant  pour  effet  d'augmenter  la  force  adhésive  du  végétal  para- 
site sur  la  plante  nourricière,  que, perforent  en  ce  dernier  cas  des  suçoirs 
périphériques  supplémentaires.  Les  dessins  qui  accompagnent  mon  Mé- 
moire font  mieux  comprendre  que  la  plus  longue  description  la  perfection, 
au  point  de  vue  mécanique,  de  l'appareil  mixte  qui,  tout  en  servant  à  la 
préhension,  porte  les  suçoirs  latéraux  du  Cassytha  Casuarinœ. 

»  Les  différences  anatomiques  entre  les  Cassythacées  et  les  Cuscutacées 
se  montrent  tellement  grandes  quand  on  vient  à  comparer  le  système  fibro- 
vasculaire,  le  parenchyme  et  l'épiderme  des  tiges  de  ces  plantes,  qu'il  est 
bien  évident  qu'elles  s'éloignent  autant  par  leur  anatomie  que  par  le 
système  floral,  et  que  leur  ressemblance  apparente,  ressemblance  qui  a  fait 
composer  le  nom  des  premières  du  nom  grec  (xao-<7u0a)  des  secondes,  n'en- 
traîne aucune  analogie  entre  les  caractères  importants.  A  peine  a-t-on  à 
signaler,  comme  points  communs,  le  manque  fréquent  de  trachées  dans  les 
tiges,  la  structure  des  suçoirs  et  celle  de  leurs  appareils  préhenseurs  dans 
quelques  espèces. 

»  Les  faits  anatomiques  observés  chez  les  Cassythacées  et  qui  intéressent 
l'anatomie  générale  sont,  au  point  de  vue  de  la  nature  des  tissus  :  la  présence 
de  nombreux  stomates  à  l'épiderme  des  tiges;  les  trachées  souvent  nulles 
chez  les  tiges,  mais  existant  dans  la  fleur,  et  surtout  abondantes  dans  l'em- 
bryon (fait  analogue  à  celui  observé  par  le  savant  botaniste  Schleiden  sur 


(  33 1  ) 
le  Leinna);  les  vaisseaux  perdant  leur  forme  tubuleuse  pour  devenir  courts 
et  ellipsoïdes,  en  passant  de  la  tige  aux  suçoirs;  enfin  l'existence,  dans  l'é- 
paisseur du  système  ligneux,  de  lacunes  qui  rappellent  celles  que  j'ai  signa- 
lées dans  les  plus  gros  faisceaux  fibro-vasculaires  d'un  grand  nombre  de 
plantes  aquatiques.  En  considérant,  non  la  nature,  mais  le  groupement  ou 
la  disposition  des  tissus,  les  Cassythacées  intéressent  par  la  direction  des 
stomates  perpendiculaires  à  celle  des  cellules  épidermiques  dont  ils  suivent 
et  coupent  les  séries,  par  l'absence  de  liber,  par  les  rapports  de  symétrie 
qui  lient  souvent  les  lacunes  aux  vaisseaux  du  système  ligneux,  par  l'ab- 
sence de  rayons  médullaires,  par  l'existence  constante,  dans  les  suçoirs  or- 
dinaires axiles,  d'un  cône  perforant  cellulaire  et  d'un  cône  intérieur  vascu- 
laire,  par  la  composition  spéciale  de  l'appareil  mixte  préhenseur  et  perforant 
du  Cassytha  Casuarinœ . 

»  Je  signale,  comme  se  rattachant  à  l'organographie  et  pouvant  se  tra- 
duire en  applications  à  la  taxonomie,  la  forme,  et  si  l'on  peut  ainsi  parler, 
l'insertion,  sur  le  suçoir  lui-même,  de  l'appareil  préhenseur,  qu'on  peut  dire 
adhérent  dans  les  Cassythacées,  tandis  qu'il  est  au  contraire  généralement 
libre  dans  les  Cuscutacées,  où  il  s'attache  immédiatement  sur  la  tige. 

»  Cherchant  enfin  les  rapports  du  présent  travail  avec  la  physiologie,  je 
suis  conduit  à  considérer  notamment  la  présence  de  stomates  coïncidant 
avec  le  parasitisme  complet  des  espèces  et  la  rareté  ou  même  le  manque  de 
matière  verte ,  le  rôle  des  lacunes  du  système  ligneux  et  enfin  le  non-parasi- 
tisme du  Cassytha  sur  les  espèces  de  la  famille  des  Lauracées  qui  leur  sont 
liées  par  des  affinités  nombreuses,  mais  ne  sont  pas  parasites.  J'appelle  d'au- 
tant plus  l'attention  des  botanistes  sur  cette  dernière  remarque,  qu'elle 
semble  être  générale  pour  les  parasites  et  n'intéresse  pas  moins  les  affinités 
botaniques  que  la  physiologie.  Ne  serait-il  pas  bien  singulier,  en  effet,  au 
point  de  vue  physiologique,  que  les  parasites  ne  pussent  vivre  sur  les  espèces 
qui  leur  ressemblent  le  plus  par  leur  structure  et  la  nature  de  leur  sève? 
On  conçoit  que  si  cet  antagonisme  existe  généralement,  il  fournisse,  pour 
l'appréciation  des  affinités  naturelles,  un  élément  de  même  ordre  que  Ja 
greffe,  quoique  reposant  sur  une  base  différente.  On  reconnaît  l'analogie 
entre  certaines  espèces,  parce  qu'elles  peuvent  être  greffées  l'une  sur  l'autre; 
on  reconnaîtrait  les  différences  botaniques  d'une  parasite  donnée  avec 
d'autres  espèces,  par  le  fait  même  de  sa  végétation  aux  dépens  de  celles-ci. 
A  l'appui  de  cet  aperçu,  je  dirai  que  les  suçoirs  des  Cuscutes  et  des  Cassy  thés, 
si  aptes  à  pénétrer  au  travers  des  tissus  ligneux  des  espèces  étrangères  dont 
ces  plantes  se  nourrissent,  s'émoussent  sans  même  s'engager  dans  le  pareil- 

44- 


(33a) 
chyme  de  leurs  propres  tiges,  lorsque,  par  suite  des  courbes  superposées 
souvent  décrites  par  celles-ci,  ils  viennent  à  être  fixés  étroitement  sur  elles 
par  leurs  replis  préhenseurs.  » 

mécanique  appliquée.  —  Sur  le  puits  artésien  de  Passy,  entrepris  par 
M.  Rind  pour  le  compte  de  la  ville  de  Paris;  Note  sur  la  situation  des 
travaux  au  Ier  février  i856;  par  M.  Ai.pii.wi>,  ingénieur  des  ponts  et 
chaussées,  chargée  de  la  surveillance  de  l'opération.  (Présentée  par 
M.  Dumas.) 

«  Aux  termes  d'une  convention  intervenue  le  1 4  juillet  i855  entre  M.  le 
préfet  de  la  Seine  et  M,  Kind,  ingénieur  saxon,  le  puits  percé  d'après  les 
procédés  de  cet  ingénieur,  sous  la  surveillance  de  l'ingénieur  des  ponts  et 
chaussées  chargé  de  la  direction  du  service  des  promenades  et  plantations 
de  la  ville  de  Paris,  doit  avoir,  dans  toute  sa  profondeur,  une  section  mi- 
nimum de  o™,  60  de  diamètre  intérieur  et  doit  être  descendu  de  25  mètres 
au  moins  dans  la  couche  aquifère  des  grès  verts  située,  en  moyenne,  à 
55o  mètres  au-dessous  du  sol  de  la  plaine  de  Passy.  Il  doit  être  garni  d'un 
cuvelage  en  bois  de  chêne  formant  tube  de  retenue.  Un  tube  ascensionnel 
de  23  mètres  de  hauteur  environ  au-dessus  du  sol  de  l'orifice  du  puits  doit 
élever  les  eaux  à  76™,  49  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  hauteur  nécessaire 
aux  différents  services  du  bois  de  Boulogne.  Les  travaux  du  puits,  dont  la 
dépense  est  évaluée  à  un  chiffre  maximum  de  35oooo  francs,  doivent  être 
terminés  dans  le  courant  d'une  année,  à  partir  du  18  juillet  1 855,  date  de 
l'acceptation  de  la  soumission  de  M.  Riud. 

»  L'emplacement  choisi  pour  le  forage  est  situé  dans  les  anciennes  carrières 
de  Passy,  à  l'angle  de  la  rue  du  Petit-Parc  et  de  l'avenue  de  Saint-Cloud. 
Les  travaux  d'installation  consistant  daus  l'établissement  des  hangars, 
d'une  chaudière  à  vapeur  et  de  deux  cylindres  moteurs,  et  dans  le  creuse- 
ment d'un  faux  puits  percé  à  bras  d'homme  dans  le  roc  jusqu'à  t  im,  35  au- 
dessous  du  sol ,  ont  été  terminés  le  29  août.  Le  forage  du  puits  a  été  immé- 
diatement entrepris.  Les  deux  premières  semaines  ont  été  à  peu  près  uni- 
quement employées  à  régler  les  appareils  et  la  marche  de  la  machine,  et  à 
dresser  les  ouvriers.  Aussi  les  travaux  du  percement  du  puits  n'ont  com- 
mencé, en  réalité,  d'une  manière  régulière  que  le  i5  septembre. 

»  Pour  donner  au  puits  om,  60  de  diamètre  intérieur  après  le  cuvelage  en 
hois  de  chêne,  et  pouvoir  placer  au  besoin  des  tubes  provisoires  de  retenue, 
afin  d'attendre  la  mise  en  place  du  cuvelage  définitif  qui  ne  sera  établi  qu'a- 
près l'achèvement  du  forage,  on  a  donné  au  puits  iiu,io  de  diamètre. 


333  ) 

»  L'instrument  de  forage  est  un  trépan  du  poids  de  1800  kilog.,  armé  de 
sept  dents  en  acier  fondu  de  om,a5  de  longueur  chacune.  Le  trépan  qui 
fonctionne  dans  l'eau  est  assujetti  à  un  déclic,  qui  lui  permet  de  se  déta- 
cher de  sa  tige  de  suspension.  Le  déclic,  ou  instrument  à  chute  libre,  est 
formé  d'un  chapeau  en  gutta-percha  de  ora,6o  de  diamètre,  auquel  est 
adaptée  la  tête  d'une  pince  qui  soutient  la  tige  du  trépan.  L'ensemble  de 
l'appareil  descendant  rapidement  par  son  propre  poids,  le  chapeau  en  gutta- 
percha,  mobile  autour  de  l'axe  du  déclic  au  moyen  de  deux  coulisses,  est 
retenu  par  la  pression  de  l'eau  et  fait  ouvrir  les  pinces  soutenant  le' trépan 
qui  se  referment,  au  contraire,  lorsque  l'ensemble  de  l'appareil  remonte,  le 
chapeau  mobile  étant  soumis  alors  à  un  effort  opposé.  Le  trépan  tombant 
librement  de  la  hauteur  de  om,6o  à  laquelle  on  l'élève  par  suite  de  l'emploi 
de  l'instrument  à  chute  libre,  peut  être  supporté  par  des  tiges  en  bois  de 
om,  09  d'épaisseur  et  de  10  mètres  de  longueur  vissées  l'une  à  l'autre,  ce  qui 
diminue  énormément  le  poids  de  l'appareil  de  forge  et  rend,  par  consé- 
quent, l'opération  plus  prompte  et  plus  économique. 

»  L'appareil  formé  des  tiges  de  l'instrument  à  chute  libre  et  du  trépan  est 
suspendu  à  l'une  des  extrémités  d'un  balancier,  à  l'autre  extrémité  duquel 
est  attachée  une  tige  adaptée  au  piston  d'un,  cylindre  moteur  de  la  force  de 
10  chevaux  de  vapeur.  Le  piston,  en  remontant  dans  le  cylindre,  aide  à  la 
chute  du  trépan  entraîné  par  son  propre  poids,  et  en  descendant  il  soulève 
tout  l'appareil. 

»  Un  deuxième  cylindre  à  vapeur,  de  la  force  de  1 5  chevaux,  met  en  mou- 
vement un  treuil  sur  lequel  vient  s'enrouler  un  câble  plat  passant  dans  une 
poulie  située  au  sommet  de  la  tour  établie  sur  le  puits  à  3o  mètres  au-dessus 
du  faux  plancher  sur  lequel  sont  placés  les  ouvriers  qui  dirigent  le  tré- 
pan. Lorsque  le  trépan  a  foré  le  puits  sur  une  profondeur  de  1  mètre  à 
im,  5o,  on  le  détache  de  l'extrémité  du  balancier  et  il  est  remonté  au  moyen 
du  câble  plat.  La  hauteur  existant  entre  le  faux  plancher  et  le  sommet  de 
la  tour  permet  de  ne  dévisser  les  tiges  que  tous  les  3o  mètres.  Le  trépan 
élevé  au-dessus  de  l'orifice  du  puits  est  ensuite  suspendu  à  un  plancher  mo- 
bile sur  un  chemin  de  fer,  qui  permet  de  l'écarter  pour  le  passage  de  la 
cuiller. 

»  La  cuiller  formée  d'un  cylindre  en  tôle  à  fond  mobile  de  1  mètre  de 
hauteur  sur  om,  80  de  diamètre  intérieur  est  amenée  à  l'orifice  du  puits  par 
le  même  procédé  que  le  trépan.  Elle  est  ensuite  amarrée  à  l'extrémité  d'un 
câble  de  om,o4  de  diamètre ,  enroulé  sur  un  treuil  mis  en  mouvement  au 
moyen  d'une  chaîne  sans  fin  par  une  bielle  attachée  sur  la  tige  du  piston  du 
cylindre. 


(  334  ) 

»  Les  deux  cylindres  alimentés  par  une  seule  chaudière  à  vapeur  pouvant 
fournir,  sous  une  pression  de  six  atmosphères,  une  force  de  3o  chevaux, 
servent  à  tous  les  mouvements  nécessités  par  le  forage,  ce  qui  permet  de 
réduire  le  nombre  des  ouvriers,  y  compris  le  chef  sondeur,  le  mécanicien, 
le  chauffeur  et  trois  forgerons  pour  les  réparations,  à  six,  coûtant  ensemble 
chaque  jour  49  francs. 

»  Les  frais  d'installation  ou  d'achat  des  instruments,  des  machines  et 
des  tubes  de  retenue,  se  sont  élevés  à  la  somme  de  93,865^,20. 

»  L'entretien  du  matériel  et  les  réparations  de  toute  nature  du  Ier  sep- 
tembre 1 855  au  ier  février  i856  ont  coûté  8822  francs. 

»  La  dépense  moyenne  en  combustible  par  vingt-quatre  heures  de 
travail  a  été  de  5oo  kilogrammes  coûtant,  au  prix  de  4fr,  25  les  100  kilo- 
grammes, 2 1 fr,  25. 

»  Le  faux  puits  a  traversé  une  couche  de  terre  végétale  et  de  marne  mé- 
langée de  calcaire  et  de  sable  jaune  de  4  mètres  d'épaisseur,  et  a  pénétré 
ensuite  de  7  mètres  environ  dans  le  calcaire  grossier  qui  forme  les  anciennes 
carrières  de  Passy.  Le  forage,  dans  cette  couche  de  i4m,65  d'épaisseur,  n'a 
présenté  aucune  difficulté,  ainsi  que  l'indique  le  tableau  récapitulatif  placé 
à  la  suite  de  ce  rapport.  Au-dessous  du  calcaire  grossier,  le  puits  a  traversé 
une  couche  de  sable  mélangé  de  coquilles  de  om,20  d'épaisseur,  puis  une 
couche  de  sable  pur  de  6m,58.  Le  passage  de  cette  couche  a  présenté  de  sé- 
rieuses difficultés;  après  plusieurs  éboulements,  il  a  fallu  garnir  le  puits  de 
tubes  de  retenue  en  tôle  de  im,  10  de  diamètre  et  de  om,oo5  d'épaisseur. 

»  Les  mêmes  obstacles  se  sont  produits  dans  la  traversée  des  argiles  situées 
entre  le  niveau  des  puits  de  Passy  et  l'origine  de  la  craie,  et  on  a  dû  se 
décider  à  placer  des  tubes  de  retenue  dans  toute  la  hauteur  du  puits  jusqu'à 
la  craie.  La  descente  de  ces  tubes  s'est  opérée  difficilement  ;  il  a  fallu  les 
charger  d'un  poids  de  22000  kilogrammes,  et  forer  en  dessous  en  élargissant 
le  puits,  en  ajustant  au  trépan  des  oreilles  mobiles.  On  a  pu  ainsi  faire 
descendre  les  tubes  jusqu'à  la  couche  de  rognons  calcaires  supérieurs  à  la 
craie,  que  le  trépan  a  atteints  le  2G  octobre. 

»  Depuis,  le  forage  a  continué  régulièrement.  Les  rognons  de  silex  qu'on 
a  trouvé  en  abondance  jusqu'à  ce  jour,  retardent  cependant  énormément  le 
forage.  Dans  les  couches  de  craie  pure  on  a  pu  descendre  le  puits  de  près 
de  5  mètres  dans  vingt-quatre  heures,  tandis  que  sur  les  points  où  les  ro- 
gnons siliceux  sont  très-abondants ,  on  perce  à  peine  1  mètre  dans  le 
même  temps. 

»  Les  dents  du  trépan  s'usent  très-promptement  dans  le  silex  ;  elles  per- 
dent près  de  2  centimètres  en    deux   heures  de   travail,  et  doivent  être 


(  335  ) 
renouvelées  chaque  fois  que  le  trépan  est  retiré  du  puits,  afin  de  maintenir 
une  section  parfaitement  cylindrique.  Il  arrive  fréquemment  que  le  trépan, 
rendu  à  ses  dimensions,  ne  peut  pénétrer  dans  les  portions  creusées  sur.  des 
dimensions  insuffisantes,  à  cause  de  l'usure  des  dents,  ce  qui  oblige  à  re- 
prendre le  forage  à  nouveau. 

»  Toutes  ces  causes  ont  retardé  l'opération,  et,  à  la  date  du  ier  février, 
après  quatre  mois  et  demi  de  travail  constant,  le  puits  n'était  descendu  qu'à 
27im,oi  au-dessous  de  son  orifice. 

»  Le  croquis  joint  à  cette  Note  et  la  boîte  d'échantillons  qui  raccom- 
pagnent, indiquent  la  nature  et  l'épaisseur  des  couches  percées;  jusqu'ici 
aucune  anomalie  ne  s'est  présentée,  et  la  succession  des  couches  ne  diffère 
en  rien  de  celles  traversées  dans  le  forage  du  puits  de  Grenelle.  Les  échan- 
tillons des  produits  des  diverses  couches  ont  été  ramenés  par  la  cuiller. 

»  Nous  terminons  cette  Note  par  un  tableau  relevé  sur  le  registre  des 
sondages,  indiquant  le  temps  employé  et  la  dépense  faite  pour  traverser 
chaque  couche,  abstraction  faite  des  frais  généraux  et  d'installation  des 
machines,  de  réparation  et  d'entretien,  qui  doivent  se  répartir  sur  l'en- 
semble de  l'opération. 


NOMBRE 

PROFONDEUR 

de  journées 

moyenne 

DÉPENSE 

NATURE 

de  12  heures 

ÉPAISSEUR 

obtenue  par 

DEPENSE 

moyenne 

des 

de  travail 

de 

12  heures 

totale 

par  mètre 

couches  traversées. 

employées 

pour 

chaqiiecouche. 

chaque  couche. 

de   travail 

dans 

chaque  couche. 

par  couche. 

dans 
chaquecouche. 

m 

m 

fr 

rr 

Calcaire    

4 

'7 

22  ,25 

7,3o 

7.34 

26,77 

5,94 

1,82 

38,38 

0,43 

1 1 90 , OO 
1557,00 
I 540,00 

58, 16 

Rognons  calcaires. .  . 

22,  OO 

0,27 

25g , 25 

Craie  mélangée  de  ro- 

gnons de  silex .  .  . 

TOTAtIX.  .  .  . 

l42,O0 

2ig,33 

1,53 

9940,00 

45, 3i 

207,25 

266,68 

14507,00 

Moyenne  de  la  profondeur  obteni 

e  par  chaque 

journée  de  12  hei 
Moyenne  des  dépen 

1,28 

fr 
54,39 

ses  faites  par 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Minéralogie  et  de  Géologie,  à  laquelle 
est  invité  à  s'adjoindre  M.  Élie  de  Beaumont.) 


(  336  ) 

Remarques  de  M.  Eue  de  Beaumoxt  à  l'occasion  de  cette 
communication . 

«  M.  Dumas  ayant  annoncé,  à  la  suite  de  la  communication  précédente, 
que  M.  Kind  pourrait  extraire  du  puits  artésien  qu'il  exécute  des  cylindres 
entiers  des  couches  qui  paraîtraient  présenter  un  intérêt  spécial;  M.  Elie 
de  Beaumont  a  exprimé  le  vœu  qu'on  fît  l'essai  de  cette  partie  du  procédé 
sur  la  couche  de  la  craie  chloritée,  dans  laquelle  se  trouvent  disséminés  le 
plus  abondamment  les  rognons  de  phosphate  de  chaux  qui  y  ont  été  signalés 
et  dont  on  cherche,  depuis  quelques  années,  à  mieux  étudier  le  gisement 
dans  l'intérêt  de  l'agriculture.  » 

embryogénie.  —  Note  sur  le  développement  des  Pélromyzotts; 
par  M.  Schultze. 

(Commissaires,  MM.  Duméril,  de  Quatrefages. 

«  Je  suis  parvenu  à  me  procurer  dans  deux  printemps  consécutifs  des 
individus  mâles  et  femelles  de  Petromjzon  planeri,  espèce  qui  se  trouve 
fréquemment  dans  un  petit  ruisseau  près  de  Berlin.  La  fécondation  artifi- 
cielle que  j'ai  pratiquée  a  si  bien  réussi,  qu'il  m'a  été  possible  d'observer 
les  jeunes  poissons  pendant  quelques  semaines  après  l'éclosion. 

»  Les  œufs  mûrs  de  Pétromyzon  sont  blancs  et  non  transparents;  ils  ont 
uni'  enveloppe  extérieure  visqueuse,  transitoire,  et  un  chorion  ferme  et 
mince  (membrane  coquillière  d'après  C.  Vogt).  Ce  dernier  est  finement 
pointillé  et  paraît  être,  comme  chez  d'autres  poissons,  percé  de  petits  tubes 
excessivement  fins.  Le  chorion  entoure  le  vitellus,  qui  est  enveloppé  d'une 
membrane  vitellaire  extrêmement  tendre. 

»  Une  mikropyle,  que  le  chorion  doit  nécessairement  posséder,  n'a  pas 
pu  être  retrouvée. 

»  La  segmentation  du  vitellus,  qui  commence  six  heures  après  la  fécon- 
dation, est  totale  et  entière,  et  diffère  ainsi  de  celle  des  autres  poissons, 
telle  que  nous  l'ont  fait  connaître  les  observations  de  MM.  Vogt,  Valentin, 
Coste,  Lereboullet,  puisque  chez  ceux-ci  il  n'y  a  qu'une  petite  partie  du 
vitellus  (vitellus  formateur)  qui  subit  cette  modification.  Nous  avons  chra 
les  Pétromyzons  tout  à  fait  le  fractionnement  connu  depuis  longtemps  pour 
les  œufs  des  Grenouilles,  et  que  M.  Remak  (i)  a  décrit  récemment  avec  une 

(i)   Untersuchungen  iïber  die  Enttvickelungs  geschichtc  der  Wirbclthierc,  page  126. 


(337) 
grande  exactitude.   La  membrane    vitellaire    (eizellen  membran,  d'après 
Remak)  fournit  des  enveloppes  tendres  pour  les  segments  du  vitellus,  qui 
sont  de  véritables  cellules. 

»  Les  deux  premiers  sillons  sont  en  méridiens,  tandis  que  le  troisième  est 
en  équateur,  et  sépare  la  moitié  supérieure  de  l'œuf  de  la  moitié  inférieure. 
Dans  la  moitié  supérieure,  la  segmentation  s'opère  beaucoup  plus  rapide- 
ment que  dans  l'inférieure  ;  de  sorte  que,  même  après  que  la  segmentation 
est  terminée  (deux  jours  après  la  fécondation),  la  partie  supérieure  de 
l'œuf,  redevenue  lisse,  se  compose  de  cellules  beaucoup  plus  petites  que 
celles  de  l'inférieure.  Pendant  ce  temps,  il  s'est  formé  dans  l'intérieur  de 
l'œuf  une  grande  cavité,  située  presque  entièrement  dans  sa  partie  supé- 
rieure, et  dilatant  celle-ci  en  une  mince  vessie,  tandis  que  le  fond  de  cette 
cavité  de  segmentation  est  formé  par  les  grandes  cellules  de  la  partie  infé- 
rieure de  l'œuf.  Comme  chez  les  œufs  de  Grenouilles,  cette  cavité  disparaît 
entièrement  pendant  le  cours  du  développement  consécutif,  et  l'on  ne  con- 
naît pas  sa  destination. 

»  Les  premiers  changements  que  nous  voyons  s'opérer  après  la  segmen- 
tation de  l'œuf  consistent  en  ce  que  sa  partie  supérieure  s'étend  en  crois- 
sant par-dessus  l'inférieure  et  la  couvre,  non  pas  également  sur  toute  la  cir- 
conférence de  l'œuf,  mais  seulement  d'un  côté,  par  un  bord  de  la  forme 
d'un  haut  bourrelet.  A  côté  de  celui-ci  et  au-dessous  de  lui  se  forme  un 
creux  dans  la  partie  inférieure  de  l'œuf,  qui  répond  à  l'anus  de  l'œuf  de 
Grenouille,  selon  Rusconi.  Ce  creux  est  l'entrée  d'une  seconde  cavité,  ca- 
vité alimentaire  primitive,  qui  se  développe  pendant  la  diminution  de  la 
cavité  de  segmentation;  il  devient  plus  tard  l'anus  définitif  du  Pétromyzon, 
et  c'est  donc  là  la  première  partie  qui  se  présente  du  poisson.  Pendant  ce 
temps,  aucune  trace  de  cils  vibratiles  n'est  visible  sur  la  surface  de  l'œuf; 
aussi  celui-ci  ne  subit-il  aucune  rotation  comme  celle  par  laquelle  se  dis- 
tinguent les  œufs  des  Grenouilles.  Le  cinquième  jour  se  montrent  les  bour- 
relets dorsaux  semblables  de  forme  à  ceux  des  Batraciens;  bientôt  le  sil- 
lon dorsal,  qui  est  situé  entre  les  bourrelets  dorsaux,  se  ferme  au-dessus, 
et  maintenant  l'extrémité  de  la  tête  s'élève  distinctement,  tandis  qu'au 
bout  opposé  de  l'œuf  l'anus  devient  toujours  plus  petit,  mais  ne  se  perd 
jamais  entièrement,  ce  qui,  d'après  MM.  Ecker  et  Remak,  a  lieu  chez  les  Gre- 
nouilles. En  attendant,  la  cavité  alimentaire  primitive  s'est  étendue  jusque 
dans  V  extrémité  de  la  tête  de  l'embryon,  tandis  qu'elle  disparaît  de  plus, 
en  plus  autour  de  l'anus,  où  elle  avait  été  d'abord  le  plus  distincte,  les 
grandes  cellules  de  la  partie  inférieure  de  l'œuf  entre  lesquelles  elle  avait 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  7.)  4J 


(  338  ) 
été  située,  se  rapprochant  l'une  de  l'autre.  De  cette  manière,  la  cavité  ali- 
mentaire primitive,  qui  ne  montre  point  de  cils  vibratiles  dans  son  intérieur, 
devient  la  cavité  pharyngienne  ou  plus  tard  la  cavité  branchiale.  Mainte- 
nant aussi  la  corde  dorsale  et  le  cœur  se  développent  selon  la  manière  ordi- 
naire. Le  dernier  ne  fait  d'abord  que  seize  pulsations  par  minute.  Des  deux 
côtés  de  la  corde  paraissent  des  parties  qui  deviennent  les  muscles  des  côtés 
(divisions  vertébrales,  d'après  M.  C.  Vogt);  au-dessus  d'elle  se  trouvent  les 
commencements  de  la  cervelle  et  de  la  moelle  épinière,  la  première  ne  for- 
mant qu'une  enflure  claviforme  de  la  dernière,  comme  chez  Y  Amphioxus. 

»  Le  quatorzième  jour  après  la  fécondation,  les  jeunes  poissons,  blancs, 
non  transparents,  débiles,  longs  de  i  \  ligne,  quittent  l'œuf.  Ils  ne  peu- 
vent pas  encore  s'élever  en  nageant  au-dessus  du  fond  du  vase,  sur  lequel 
ils  se  trouvent.  Dans  l'extrémité  enflée  du  derrière  de  leur  corps  se  trou- 
vent les  grandes  cellules  formées  par  la  segmentation  de  la  moitié  infé- 
rieure de  l'œuf;  elles  sont  remplies  d'éléments  de  vitellus  et  ne  disparais- 
sent entièrement  que  trois  ou  quatre  semaines  après  l'éclosion.  Pendant  ce 
temps  les  petits  poissons  ne  prennent  encore  point  de  nourriture  de  de- 
hors, et  il  est  clair  qu'ils  se  nourrissent  alors  en  absorbant  le  contenu 
devenu  liquide  de  ces  grandes  cellules  du  vitellus. 

»  Les  changements  qui  suivent  la  sortie  de  l'œuf,  s'opèrent  par  le  déve- 
loppement des  fentes  branchiales ,  qui  se  forment  successivement  par  des 
froncements,  arrivant  à  être  au  nombre  de  sept  de  chaque  côté,  et  devenant 
toujours  plus  profondes  jusqu'à  ce  qu'elles  aient  percé  la  cavité  pharyn- 
gienne. 

»  En  même  temps  un  autre  froncement  de  la  peau  fait  paraître  la 
bouche,  et  au-dessus  de  l'extrémité  antérieure  de  la  corde,  entre  la  peau  et 
la  cervelle,  il  se  montre  une  tache  de  pigment  noir,  qui  forme  l'œil.  Celui- 
ci  se  forme  contre  la  coutume  de  tous  les  autres  Vertébrés,  non  pas  par  une 
segmentation  de  la  partie  antérieure  de  la  cervelle,  mais  il  se  montre  comme 
chez  les  animaux  sans  vertèbres.  Derrière  l'œil  et  près  du  cerveau,  de  cha- 
que côté,  une  plus  grande  cellule  claire  se  remplit  de  petits  grains  calcaires, 
c'est  la  vésicule  auditive  avec  les  otolithes.  Le  cœur  se  partage  distinctement 
en  le  ventricule  et  l'oreillette,  et  la  partie  périphérique  dti  système  des  vais- 
seaux se  développe.  Derrière  le  cœur,  de  grandes  cellules  jaunâtres  s'entas- 
sent et  forment  le  Joie . 

»  Dans  le  bas  des  fentes  branchiales,  les  franges  branchiales  naissent  des 
cloisons;  elles  ne  présentent  jamais  de  cils  vibratiles  à  leur  surface,  comme 
chez  l' Amphioxus  et  les  Batraciens.  Immédiatement  sous  la  peau  de  ces 
cloisons  se  montrent  des  baguettes  courbées  de  substance  cartilagineuse, 


i  m  ) 

qui,  commençant  de  la  corde,  s'allongent  vers  la  surface  abdominale  et  se 
joignent  bientôt  en  formant  un  squelette  branchial,  qui  ressemble  parfai- 
tement à  celui  du  Pétromyzon  développé. 

»  Sous  la  cavité  branchiale  s'allonge  l'artère  branchiale,  entre  laquelle  et 
la  peau  se  développe  une  glande  longue  et  ovale,  formée  de  petites  cellules 
granulées.  Elle  est  située  dans  une  cavité  à  parois  molles  où  elle  s'ajuste 
étroitement  ;  elle  est  couverte  à  sa  surface  des  cils  vibratiles.  Cette  glande 
ne  se  trouve  pas  dans  les  individus  développés  du  Pétromyzon  ;  elle  ost , 
selon  mon  opinion,  un  thymus. 

»  Autour  de  la  bouche,  nous  voyons  se  former  la  lèvre  supérieure  et  infé- 
rieure et  deux  volants  latéraux  liés  avec  la  lèvre  supérieure.  Le  jeune  animal 
est  devenu  avec  le  temps  de  plus  en  plus  transparent,  mais  dans  plusieurs 
parties  de  son  corps,  surtout  au-dessus  de  l'artère  .et  de  la  veine  sous  la 
corde  dorsale,  se  déposent  des  cellules  de  pigment  noir  sous  forme  d'é- 
toiles. C'est  aussi  là  que  se  développent  de  nombreuses  cellules  adipeuses, 
desquelles  naissent  au-dessus  du  cœur  et  du  foie  quelques  petites  papilles 
particulières,  dirigées  vers  le  côté  abdominal  et  oscillant  librement,  por- 
tant enfin  sur  leur  surface  un  conduit  longitudinal  des  cils.  Je  doute  si  elles 
forment  les  premiers  rudiments  des  reins  ou  ceux  du  corps  de  TVolff,  car 
j'ai  vu  plus  tard  plus  en  arrière,  mais  pourtant  encore  au-dessus  du  foie,  se 
former  un  autre  canal  tortueux,  qui  ne  présentait  pas  d'oscillations,  et  qui 
peut-être  doit  devenir  le  corps  de  Wolff,  découvert,  il  n'y  a  pas  longtemps, 
aussi  chez  d'autres  poissons,  par  M.  Reichert.  Les  membranes  de  l'intestin 
une  fois  développés  et  les  restes  de  la  masse  du  vitellus  consumés,  on  re- 
connaît aussi  un  épithèle  vibratoire  dans  la  partie  postérieure  du  tube 
digestif,  de  la  cavité  branchiale,  où  il  s'attache  avec  son  bout  de  devant 
jusqu'à  l'anus.  C'est  seulement  à  ce  moment,  c'est-à-dire  quatre  semaines 
après  l'éclosion  ,  que  les  jeunes  Pétromyzons  prennent  de  la  nourriture  de 
la  bourbe,  dans  laquelle  ils  aiment  à  s'enfouir.  Hors  la  corde  et  les  carti- 
lages branchiaux  nous  trouvons  maintenant  aussi  encore  quelques  carti- 
lages à  l'extrémité  antérieure  de  la  corde,  qu'on  reconnaît  comme  fonde- 
ment du  cartilage  basilaire  du  crâne.  Je  n'ai  pas  observé  dans  leur 
développement  d'autres  parties  du  squelette.  Les  yeux  se  trouvent  encore 
profondément  au-dessous  de  la  peau  sous  la  forme  de  taches  de  pigment 
noir,  et  ne  produisent  aucune  saillie  extérieure.  Les  petites  vésicules  audi- 
tives sont  devenues  un  peu  plus  grandes,  et  le  nombre  des  otolithes  s'est 
beaucoup  augmenté.  Un  organe  impair  olfactif,  sous  forme  d'une  petite  ca- 
vité, couverte  d'un  épithèle  vibratoire,  est  situé  au  devant  du  cerveau,  et 

45.. 


(  34o  ) 
reçoit  nn  nerf  olfactif  court  et  épais.  Ce  qui  est  particulier,  c'est  qu'on  ne 
trouve  pas  chez  les  jeunes  Pétromyzons,  quatre  semaines  après  l'éclosion, 
la  moindre  trace  d'autres  nerfs  périphériques  ni  à  la  tète,  ni  dans  toute  la 
longueur  du  corps,  qui  pourtant  est  traversée  par  une  moelle  épinière  très- 
épaisse.   » 

médecine.  —  Note  sur  les  accidents  qu'on  observe  quelquefois,   sous  les 

tropiques,  par  suite  de  l' ingestion  du  poisson;  par  M.  Guillox.  (Extrait.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  et  Chirurgie.) 

«  Ces  accidents,  qui  se  manifestent  toujours  peu  après  l'ingestion  du 
poisson,  consistent  dans  les  phénomènes  suivants  :  étourdissements,  obscur- 
cissement delà  vue,  vertige,  oppression  de  la  poitrine,  anxiété  précordiale, 
pouls  petit,  lent,  concentré  et  annonçant  un  grand  désordre  dans  la  cir- 
culation ;  malaise  et  chaleur  à  la  région  épigastrique,  chaleur  dans  tout 
l'abdomen.  Les  malades  ne  peuvent  plus  se  tenir  sur  les  jambes;  ils  chan- 
cellent et  sont  obligés  de  se  coucher.  Les  yeux,  d'abord  brillants,  sont 
bientôt  d'un  rouge  de  feu  et  semblent  repousses  des  orbites.  La  face  et 
toute  la  surface  du  corps,  devenues  le  siège  d'une  démangeaison  et  d'une 
chaleur  des  plus  vives,  se  colorent  promptement  d'un  rouge  poussé  jusqu'à 
l'écarlate.  En  même  temps  que  ces  phénomènes  se  produisent  sur  le  derme, 
des  phénomènes  semblables  se  passent  sur  la  muqueuse  buccale  :  ce  sont 
des  picotements,  avec  chaleur  plus  ou  moins  intense,  qui  se  font  sentir  à  la 
langue,  au  palais,  à  l'intérieur  des  joues  et  surles  lèvres;  ils  sont  bientôt  suivis 
d'élevures  analogues  à  celles  produites  par  des  piqûres  d'ortie.  Les  malades 
accusent  des  douleurs  dans  les  membres,  et  aux  articulations  particulière- 
ment, parfois  avec  gonflement  de  ces  parties.  Quelques-uns  ont  de  simples 
nausées  ou  des  vomissements;  d'autres,  après  avoir  vomi  ou  non,  éprouvent 
des  selles  plus  ou  moins  fréquentes,  avec  coliques,  et  ces  selles  peuvent  être 
portées  jusqu'à  des  superpurgations,  avec  sortie  involontaire  des  urines. 
Tous  ces  accidents  se  dissipent  ordinairement  dans  les  vingt-quatre  heures, 
à  part  l'état  de  prostration,  plus  ou  moins  grande,  qui  en  est  ordinairement 
la  suite,  et  qu'accompagne  la  desquamation  de  l'épiderme  de  toutes  les 
parties  qui  ont  été  le  siège  de  1  ery  thème.  Portés  à  un  degré  que  nous 
n'avons  pas  eu  occasion  d'observer,  la  mort  peut  en  être  le  résultat,  et 
M.  Moreau  de  Jonnès,  qui  nous  précéda,  de  quelques  années,  aux  Antilles, 
en  cite  deux  exemples  qui  se  sont  présentés  à  la  Martinique,  l'un  en  i8o3, 
et  l'autre  en  1808.  Le  premier  fut  la  suite  d'un  empoisonnement  par  le 
poisson  armé,  Diodon  orbicularis ,  et  l'autre  celle  d'un  empoisonnement 
par  la  carangue,  Caranx  caragus. 


(34i  ) 
»  Nous  donnons  dans  ce  Mémoire   les  observations  que  nous  avons 
recueillies  à  la  Martinique,  en  1820  et  en  1821,  sur  les  accidents  produits 
quelquefois  par  le  poisson  sous  les  tropiques.  » 

chimie  appliquée.  —  Sur  le  phosphore  et  les  préparations  considérées  au 
point  de  vue  de  l'économie  domestique  et  de  la  médecine  légale.  Note  de 
M.  A.  Chevallier  fils  et  O.  Henry  fils,  adressée  à  l'occasion  d'une 
communication  récente  de  MM.  Orfilaet  Rigout.  (Extrait.) 

(Commission  nommée  pour  le  Mémoire  MM.  Orfila  et  Rigout.) 

«  Nous  ne  venons  point,  disent  les  deux  auteurs,  présenter  une  réclama- 
tion de  priorité,  mais  prendre  date  pour  ce  que  nous  avons  fait. 

»  Le  i5  mai  i853,  la  Société  impériale  de  Médecine,  de  Chirurgie  et  de 
Pharmacie  de  Toulouse,  frappée  des  dangers  qui  résultaient  de  l'emploi  du 
phosphore  qui  entre  dans  la  préparation  des  allumettes  chimiques  et  des 
pâtes  phosphorées,  avait  proposé  un  prix  sur  la  question  suivante  : 

«  Indiquer  la  marche  que  doit  suivre  l'expert  chimiste  quand  il  est  ap- 
»  pelé  à  constater  après  la  mort  l'empoisonnement  par  le  phosphore.   » 

»  L'importance  de  la  question  nous  ayant  frappés,  nous  nous  préparâmes 
pour  le  concours,  et  à  la  fin  de  décembre  i854  nous  adressâmes  à  cette 
Société  une  monographie  du  phosphore  contenant  huit  chapitres. . .  Dans  le 
cinquième,  nous  traitions  des  dangers  que  présente  le  phosphore  et  ses  com- 
posés; nous  y  avions  aussi  fait  connaître  :  i°  tous  les  cas  d'empoisonnement 
par  le  phosphore  qui  étaient  arrivés  à  notre  connaissance  ;  20  les  cas  d'in- 
cendie. Nous  nous  étions  aussi  occupés  de  la  nécrose  maxillaire  ;  nous 
avions  de  plus  démontré,  dans  ce  chapitre,  les  avantages  que  présente  l'inno- 
cuité du  phosphore  rouge,  et  nous  l'avions  proposé  pour  remplacer  le  phos- 
phore ordinaire.  Dans  le  sixième  chapitre,  nous  avions  traité  des  symptômes 
de  l'empoisonnement  par  le  phosphore.  Dans  le  septième  et  le  huitième, 
nous  nous  étions  occupés  de  la  présence  du  phosphore  dans  l'économie  et 
nous  avions  discuté  les  méthodes  employées  pour  le  rechercher  dans  les  cas 
d'empoisonnement. 

»  Dans  la  séance  annuelle  du  i3  mai  1 855,  la  Société  a  décerné  les  ré- 
compenses suivantes:  une  médaille  d'or  ex  œquo  à  MM.  Henrj  (Ossian) 
fils  et  Chevallier  fils,  chimistes  à  Paris,  auteurs  du  Mémoire  n°  a,  et  Victor 
Meurin,  pharmacien  à  Tille  (.ZVoay/),  auteur  du  Mémoire  n°  4  ;  une  mention 
honorable  a  été  accordée  à  M.  Jean  Ruspini,  chimiste-pharmacien  à  Ber- 
game,  auteur  du  Mémoire  n°  3.  » 


(  tt»  ) 

tératologie.  —  Etablissement  de  deux   nouveaux  genres  tératologiqnes 
sous  les  noms  rf'Ischiomèle  et  ^'Agnathocéphale;  par  M.   IV.  Joly. 

(Commissaires,  MM.  Serres,  Geoffroy-Saint-Hilaire,  de  Quatrefages.) 

«  D'après  M.  le  professeur  Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire,  la  famille  des 
monstres  doubles  polyméliens  serait  essentiellement  caractérisée  par  l'in- 
sertion sur  un  sujet  bien  conformé  d'un  ou  plusieurs  membres  accessoires, 
accompagnés  quelquefois  des  rudiments  de  quelques  autres  parties,  ou 
même  coexistant  avec  un  second  anus  (i).  M.  Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire 
ajoute  que  tous  ces  monstres  sont  non-seulement  viables,  mais  encore 
qu'ils  jouissent  fréquemment  d'une  santé  robuste  et  ont  à  peu  près  les  chan- 
ces ordinaires  pour  arriver  à  la  vieillesse.  Enfin,  à  moins  d'anomalie  sexuelle 
grave,  ils  peuvent  s'accoupler  entre  eux  et  même  donner  naissance  à  des 
produits  normaux. 

»  Les  caractères  qui  précèdent  sont  parfaitement  applicables  à  tous  les 
monstres  polyméliens  jusqu'à  présent  connus.  Aussi  l'exception  qui  vient 
de  s'offrir  à  moi  me  paraît-elle  assez  remarquable  pour  être  signalée  à  l'at- 
tention des  tératologistes.  • 

»  Cette  exception  m'a  été  fournie  par  une  oie  morte  en  naissant,  dont 
mon  vénérable  et  savant  ami,  M.  le  Dr  Léon  Dufour,  Correspondant  de 
l'Académie,  a  bien  voulu  enrichir  ma  collection.  Le  sujet  dont  il  s'agit  est 
affecté  tout  à  la  fois  de  polymêlie  et  de  rhinocéphalie,  accompagnées  d'une 
atrophie  à  peu  près  complète  de  la  mâchoire  supérieure.  La  mâchoire  in- 
férieure, au  contraire,  a  conservé  sa  forme,  sa  longueur  et  sa  largeur  nor- 
males. 

»  Quant  aux  membres  surnuméraires,  ils  consistent  en  deux  pattes  sou- 
dées entre  elles  à  partir  de  l'extrémité  supérieure  des  deux  tarses,  et  insé- 
rées sur  un  bassin  très-rudimentaire,  articulé  lui-même  avec  le  bassin  du 
sujet  principal.  Sous  ce  rapport,  mon  oie  appartient  donc  au  genre  Pygo- 
mèle,  ou  plutôt  au  genre  lschiomèlc,  entrevu  déjà  et  même  nommé  par 
M.  Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire.  Ce  genre  me  paraît  d'autant  plus  devoir 
être  adopté,  que  j'ai  observé  plusieurs  fois  la  soudure  des  deux  bassins  par 
les  ischions  chez  la  poule,  et  que  le  savant  auteur  du  Traité  de  Tératologie 
l'a  vue  aussi  chez  le  canard.  Nous  réserverions  donc  le  nom  de  Pygomélie 
au  cas  où  le  parasite  tiendrait  seulement  par  la  peau  ou  par  les  muscles  fes- 

(i)  Is.   Geoffroy-Saint-Hilaire,  Traité  de  Tératologie,  t.  III,  p.  262. 


(  343  ) 
siers  au  sujet  principal  ;  nous  désignerions  sous  le  nom  de  Ischiomèles  tous 
les  monstres  doubles  soudés  entre  eux  par  les  deux  ischions. 

»  Quant  à  l'atrophie  ou  à  l'absence  complète  de  la  mâchoire  supérieure, 
coexistant  avec  la  rhinocéphalie,  on  en  connaît  aussi  des  exemples  assez 
nombreux  pour  que  nous  nous  croyions  autorisé  à  créer  un  nouveau  genre 
tératologique  fondé  sur  ce  caractère  important.  Ainsi  Sandefort  a  observé 
l'absence  de  la  mandibule  supérieure  chez  un  jeune  dindon  rhinocéphale, 
Otto  a  mentionné  la  même  particularité  chez  un  pigeon  ,  Huschke  chez  une 
oie,  et  Heusner  chez  un  poulet. 

«  Ces  cas,  dit  M.  Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire,  ne  rentrent  naturelle- 
»  ment  dans  aucun  des  genres  établis  précédemment.  Us  indiquent  l'exis- 
»  tence  d'un  groupe  particulier,  voisin,  mais  distinct  des  Rhinocéphales.  » 
(Voyez  Tératologie,  t.  H,  p.  4 < 4-  ) 

»  Nous  proposerons  donc  pour  cette  monstruosité  le  nom  à' agnatoce'pha- 
lie  (de  a,  privatif;  yvaQoç,  mâchoire,  et  zî<pa.hw,  tête),  et  nous  caractérise- 
rons ainsi  qu'il  suit  le  genre  Agnatocéphale  : 

»  Mâchoire  supérieure  rudimentaire  ou  nulle;  face  affectée  de  rhinocé- 
phalie, c'est-à-dire  offrant  sous  le  front  une  trompe  qui  représente  l'appareil 
nasal  ;  deux  orbites  ou  deux  yeux  réunis  en  un  seul. 

»  Jusqu'à  présent  l'agnatocéphalie  ne  s'est  rencontrée  que  chez  les  mons- 
tres unitaires  delà  famille  des  Cyc^océphaliens.  L'existence  de  cette  ano- 
malie chez  un  monstre  double  poljmélien  constitue  donc,  je  le  répète,  une 
exception  d'autant  plus  remarquable,  qu'elle  doit  nécessairement  entraîner 
la  mort  du  sujet.  C'est  pourquoi  j'ai  cru  ne  pas  devoir  la  passer  sous  silence. 

»  En  raison  de  cette  particularité  jusqu'à  présent  sans  exemple,  je  me 
vois,  pour  ainsi  dire,  forcé  de  donner,  contrairement  à  la  nomenclature 
suivie  en  France,  un  double  nom  à  l'animal  qui  f*it  l'objet  de  cette  étude. 

»  Je  proposerai  celui  de  Ischiomè/e  agnatocéphale .  » 

«  M.  Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire,  en  présentant  cette  Note  à  l'Aca- 
démie au  nom  de  l'auteur,  rappelle  les  nombreux  travaux  que  la  térato- 
logie doit  déjà  à  M.  Jolj,  celui  de  tous  nos  physiologistes,  dit  M.  Geoffroy- 
Saint-Hilaire,  qui,  depuis  quelques  années,  a  le  plus  activement  et  le  plus 
heureusement  contribué  aux  progrès  de  cette  branche  de  la  science.  » 

M.  Puech  adresse  la  deuxième  partie  d'un  Mémoire  précédemment 
présenté,  «  sur  un  monstre  double  appartenant  à  la  fois  aux  genres  Dérodyme, 
Dérencéphale  et  Uromèle.  » 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  déjà  nommés,  MM.  Serres,  Isidore 
Geoffroy-Saint-Hilaire,'  Andral.  ) 


(  344  ) 

M.  Ch.  Barré  présente  un  Mémoire  sur  divers  moyens  tendant  à  empê- 
cher les  déraillements  sur  les  chemins  de  fer. 

(Commissaires,  MM.  Poncelet,  Piobert,  Morin.) 

M.  Caranza,  ingénieur-manufacturier  au  service  du  gouvernement  otto- 
man, soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  sur  un  nouveau  procède' 
de  fixage  pour  les  épreuves  photographiques ,  au  moyen  du  chlorure  acide 
de  platine. 

(Commissaires,  MM.  Regnault,  Peligot,  Seguier.) 

M.  Thirault  envoie,  de  Saint-Etienne,  un  nouveau  Mémoire  concernant 
la  maladie  de  la  vigne,  et  accompagné  de  documents  justificatifs. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  des  maladies  des  végétaux.) 

M.  l'abbé  Carmentrez,  curé  à  Morey  (Meurthe),  adresse  une  nouvelle 
Note  relative  aux  moyens  de  se  préserver  du  choléra-morbus. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  du  legs  Bréant.  ) 

M.  Hansotte  prie  l'Académie  de  l'autoriser  à  faire  usage  d'un  remède 
contre  le  choléra,  dont  il  lui  a  envoyé  un  échantillon  au  commencement 
de  l'année  précédente. 

L'Académie  ne  peut  accorder  de  semblables  autorisations;  la  nouvelle 
Lettre  de  M.  Hansotte  est  renvoyée,  comme  l'avait  été  la  première,  à  la 
Commission  du  legs  B  retint. 

M.  Cadet  adresse,  de  Rome,  un  nouveau  supplément  à  ses  précédentes 
communications  relatives  au  choléra  et  à  la  classification  des  corps  naturels. 

(Renvoi  aux  Commissions  respectives  précédemment  désignées.) 

M.  Tœrmer,  qui  avait  précédemment  adressé  une  Note  sur  un  succédané 
du  thé,  envoie  aujourd'hui  des  échantillons  d'une  poudre  qu'il  croit  propre 
à  remplacer  le  café,  et  dont  il  fait  connaître  la  composition. 

(Renvoi  à  l'examen   des  Commissaires  précédemment  désignés  : 
MM.  Brongniart,  Peligot,  Moquin-Tandon.) 


(  345  ) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  la  Guerre  adresse,  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut, 
un  exemplaire  du  tome  XVI  de  la  deuxième  série  du  Recueil  des  Mémoires 
de  Médecine,  de  Chirurgie  et  de  Pharmacie  militaires. 

è 

M.  Flourens  fait,  au  nom  de  l'auteur  M.  Gujon,  hommage  à  l'Acadé- 
mie d'un  exemplaire  de  l'ouvrage  intitulé  :  «  Histoire  des  épidémies  du 
nord  de  l'Afrique  ». 

M.  Floureks  appelle  l'attention  de  l'Académie  sur  un  volume  publié 
par  la  Société  d  H jdiologie  médicale  de  Paris. 

«  Cette  Société,  fondée  en  1 853,  a  pour  objet  de  propager  l'étude  des 
eaux  minérales.  Elle  doit  publier  pérodiquement  des  Annales  et  vient  d'en 
faire  paraître  le  premier  volume,  maintenant  sous  les  yeux  de  l'Aca- 
démie. Les  principaux  sujets  traités  dans  ce  volume  sont  les  suivants  : 
Traitement  du  diabète  et  des  maladies  de  la  matrice  par  les  eaux  minérales. 
—  De  l'usage  des  piscines  près  des  établissements  thermaux  —  De  lasulfhy- 
drométrie.  —  De  la  composition  des  vapeurs  fournies  par  les  eaux  miné- 
rales. —  Étude  des  matières  organiques  que  renferment  les  eaux  miné- 
rales.   » 

«  M.  Is.  Geoffroy-Saint-Hilaire ,  en  présentant  à  l'Académie,  au  nom 
de  M.  Bekker,  de  Darmstadt,  un  Mémoire,  écrit  en  allemand,  sur  l'ongle 
de  la  queue  du  Lion  {voirie  Bulletin  bibliographique),  donne  une  idée  de 
ce  travail,  qui  a  pour  sujet  une  question,  sinon  importante,  du  moins  très- 
curieuse.  .-. 

»  On  s'est  beaucoup  occupé,  dans  ces  dernières  années,  de  l'ongle  ou, 
comme  on  l'a  appelé,  de  l'aiguillon  que  le  Lion  porte  à  l'extrémité  de  la 
queue.  Cette  particularité  de  son  organisation,  longtemps  ignorée  par  les 
modernes,  était  bien  connue  des  anciens.  On  la  trouve  nettement  indiquée 
par  Didyme  d'Alexandrie,  qui  vivait  sous  Auguste  ;  et,  selon  plusieurs  au- 
teurs (i),  Homère  lui-même  l'aurait  connue;  ce  qui,  du  reste,  serait  peu 
étonnant,  puisqu'il  existait  encore  des  Lions  en  Grèce  au  temps  d'Homère. 

(i)  Ces  auteurs  fondent  leur  conjecture  sur  ces  deux  beaux  vers  de  l'Iliade,  si  souvent, 
imités  dans  toutes  les  langues  : 

Oûp?  H    wAst»p«?   re   y.ct)  i<rx,ta  âftpoTtpaûtv 
ftcurTUTXl,    il    «T'iXutov    ÎttotOvxi  ftXfciTXritlt. 
C.  R.,   i856,    i«  Semestre.  (T.  XL11,  N°  7.)  4^ 


(  346  ) 

»  Le  Mémoire  de  M.  Bekker  est  à  la  fois  un  travail  d'érudition  et  d'ob- 
servation sur  ce  sujet.  On  y  trouve  cités,  chacun  dans  leur  langue,  et  tra- 
duits en  allemand,  les  passages  des  poètes  et  des  commentateurs  qui  pa- 
raissent avoir  fait  allusion  à  l'existence  de  l'ongle  caudal  du  Lion,  ou  qui 
l'ont  mentionné,  depuis  Homère  jusqu'aux  modernes.  M.  Bekker  a  également 
résumé,  en  y  ajoutant  les  siennes,  les  observations  des  naturalistes,  parti- 
culièrement de  Blumenbach  (i). 

»  Dans  un  appendice,  M.  Bekker  montre  que  l'existence  de  l'ongle  cau- 
dal est  loin  d'être  un  caractère  propre  au  Lion.  On  le  retrouve,  parmi  les 
Rangurous,  notamment,  chez  le  Macropus  unguijer,  qui  l'a  très-développé, 
et  chez  le  M.  Jrœnatus;  faits  signalés  depuis  plus  de  quinze  ans  par 
M.  Gould.  Il  existe  aussi,  selon  M.  Bekker,  chez  plusieurs  Singes  et  chez 
quelques  autres  Mammifères,  parmi  lesquels  l'Aurochs  (2). 

»  L'auteur  a  figuré  l'ongle  caudal  du  lion,  celui  du  Macropus  frœnatus 
et  celui  du  Semnopithecus  melalophos.  » 

«  Le  même  Membre  fait  hommage,  au  nom  de  M.  P.  de  Tchihatchej , 
d'un  Mémoire  sur  la  Chèvre  d'Angora,  ses  habitudes  et  son  habitat  en  Orient 
(voir -mi  Bulletin  bibliographique),  et  d'une  figure  gravée  d'un  magnifique 
individu  de  cette  espèce,  que  l'auteur  s'est  procuré  dans  l'Asie  Mineure,  et 
dont  il  a  enrichi  le  Musée  impérial  de  Saint-Pétersbourg. 

»  Le  Mémoire  de  M.  de  Tchihatchef  a  été  rédigé  en  vue  de  fournir  à  la 
Société  impériale  d'Acclimatation  les  moyens  de  choisir,  pour  ses  troupeaux 
de  Chèvres  d'Angora,  les  localités  les  plus  favorables.  C'est  d'après  les 
indications  de  M.  de  Tchihatchef  que  deux  de  ces  troupeaux  ont  été  placés 
dans  le  Cantal.  » 

L  Académie  de  IXancy  adresse  un  exemplaire  du  volume  de  ses  Mémoires 
pour  l'année  1 854- 

M.  Lehman  remercie  l'Académie  qui,  dans  la  séance  publique  du  28  jan- 
vierdernier,  luiadécernéun  prix  pour  son  «Traité  de  Chimie  physiologique.» 

(1)  Quoique  M.  Bekker  ne  cite  aucun  auteur  français,  l'ongle  caudal  est  bien  connu  en 
France.  Il  a  été  souvent  montré  par  E.  Geoffroy-Saint-Hilaire  dans  ses  cours  au  Muséum. 

(  2  )  Ce  fait  rend  plus  digne  d'attention  une  similitude  depuis  longtemps  signalée  entre  le  Lion 
et  le  Taureau  :  «  Plurima  animalia  ,  dit,  par  exemple,  Alexandre  d'.Aphrodisie ,  caudas  mo- 
vent,  cum  notos  agnoscunt;  Léo  verolatus  verberat,  cum  irascilur,  eodemque  modo  Taurus.  » 


(34?) 

M.  Bertrand  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  dans  le 
nombre  des  candidats  pour  la  place  actuellement  vacante  dans  la  Section 
de  Géométrie,  par  suite  du  décès  de  M.  Sturm. 

Il  joint  à  cette  demande  un  exemplaire  de  la  Notice  sur  les  travaux  ma- 
thématiques dont  il  est  l'auteur. 

«  Outre  ces  travaux  imprimés,  dit  M.  Bertrand,  je  crois  pouvoir  compter 
comme  un  titre  à  la  bienveillance  de  l'Académie,  les  leçons  de  Physique 
mathématique  que  je  professe  au  Collège  de  France,  comme  suppléant  de 
M.  Biot,  depuis  l'année  1847.  J'ai  énoncé  dans  ces  leçons  un  assez  grand 
nombre  de  résultats  nouveaux,  dont  plusieurs  ont  été  utilisés  et  cités  dans 
des  travaux  publiés  par  mes  auditeurs.  D'autres  sont  restés  inédits,  et, 
parmi  ceux-là,  je  demanderai  la  permission  de  citer  un  théorème  relatif  à 
la  condition  d'équilibre  calorifique  dans  un  corps  homogène. 

»  Fourier  a  prouvé,  comme  on  sait,  que  la  condition  nécessaire  et  suffi- 
sante pour  qu'il  y  ait  équilibre  de  température  dans  un  corps  homogène 
indéfini,  est  que  la  température  V  d'un  point  soit  une  fonction  des  coor- 
données x,  y,  z  de  ce  point,  telle  que  l'on  ait 

d'Y        d'\    «  d'V  _ 
dx1         df  dz1 

»  Le  théorème  dont  je  parle  consiste  en  ce  que  cette  condition  analytique 
est  complètement  équivalente  à  la  suivante  : 

»  Pour  l'équilibre  calorifique  du  corps,  il  faut  et  il  suffit  que  la  tempé- 
rature d'un  point  quelconque  soit  la  température  moyenne  d'une  sphère  de 
rayon  arbitraire  dont  ce  point  occupe  le  centre. 

»  Mon  attention  ayant  été  rappelée  récemment  sur  ce  théorème  par 
M.  Liouville,  à  qui  je  l'avais  communiqué  il  y  a  quelques  années,  et  qui 
lui-même  l'a  utilisé  dans  son  enseignement ,  j'ai  cru  devoir  saisir  cette 
occasion  d'en  publier  l'énoncé.  » 

chimie.  —Note  sur  le  sucre  de  lait;  Lettre  de  M.  Pasteur 

à  M.  Biot. 

«  Lille  ,  1 1   février  i856 

»  Monsieur, 

»  Vous  savez  que  je  m'occupe  depuis  quelque  temps  du  sucre  de  lait. 
Je  vois  par  le  Compte  rendu  de  la  séance  du  4  février,  arrivé  aujourd'hui 
à  Lille,  que  M.    Dubrunfaut  étudie  également  cette  substance.  Je  vous 

46.. 


(  348  ) 
serais  donc  obligé  de  vouloir  bien  communiquer  à  l'Académie  quelques 
résultats  de  mon  travail,  afin  que  plus  tard,  lorsque  je  serai  en  mesure  de 
le  publier  en  entier,  je  ne  paraisse  pas  m'ètre  emparé  du  sujet  d'étude  de 
l'habile  chimiste  que  je  viens  de  citer. 

»  Il  n'est  aucun  ouvrage  de  chimie  qui  n'admette  que  le  sucre  de  lait, 
sous  l'influence  des  acides,  se  transforme  en  glucose  ou  sucre  mamelonné 
de  fécule.  Cependant  je  ne  crois  pas  qu'il  existe  aucune  expérience  ayant 
eu  pour  but  d'établir  l'exactitude  de  ce  fait.  On  l'a  admis  peu  à  peu  comme 
certain,  après  l'avoir  regardé  comme  une  présomption  probable. 

»  Lorsque  Rirchoff,  membre  de  l'Académie  de  Saint-Pétersbourg,  eut 
publié  la  découverte  si  remarquable  de  la  transformation  de  l'amidon  en 
matière  sucrée,  Vogel  essaya  l'expérience  de  Kirchoff  sur  le  sucre  de  lait. 
Il  fit  bouillir  ioo  grammes  de  sucre  de  lait  avec  4oo  grammes  d'eau  et 
i  grammes  d'acide  sulfurique,  pendant  quelques  heures,  en  ajoutant  de 
temps  en  temps  un  peu  d'eau  pour  remplacer  celle  qui  s'évaporait  par 
l'ébullition.  La  liqueur,  saturée  par  la  craie,  évaporée  à  l'étnve,  donna  un 
sirop  brun,  épais,  qui  se  prit  en  masse  cristalline  au  bout  de  quelques 
jours.  Et  il  ajoute  :  «  Cette  matière,  analogue  à  la  cassonade,  a  une  saveur 
»  bien  plus  sucrée  que  n'est  une  dissolution  aqueuse  la  plus  concentrée 
»  de  sucre  de  lait.  Ce  goût  excessivement  sucré  a  fait  soupçonner  qu'il 
»  s'était  formé  du  véritable  sucre,  propre  à  donner  naissance  à  la  fermen- 
»  tation  alcoolique.  En  effet,  à  peine  avait-on  introduit  ce  produit,  sous 
»  des  circonstances  favorables,  avec  la  levure  de  bière,  que  la  fermentation 
»  alcoolique  s'est  établie  de  la  manière  la  plus  vive,  tandis  que  le  sucre 
»  de  lait  ne  fermente  jamais.  » 

»  Tel  est  le  sucre  qui,  avec  de  grandes  apparences  de  raison  sans  doute, 
a  été  pris  pour  du  sucre  de  fécule;  et,  à  toutes  les  époques,  les  idées  phy- 
siologiques émises  sur  le  sucre  de  lait  ont  eu  pour  base  la  prétendue  trans- 
formation de  ce  sucre  en  sucre  de  fécule.  Mais,  en  réalité,  le  sucre  de  lait 
modifié  parles  acides  est  tout  autre  que  le  glucose.  Je  propose  de  le  nom- 
mer lactose.  On  réserverait  le  nom  de  sucre  de  lait  ou  de  lactine  pour  le 
sucre  cristallisable  du  lait. 

»  Le  lactose  cristallise  beaucoup  plus  facilement  que  le  glucose.  Cepen- 
dant il  affecte  presque  toujours,  comme  ce  dernier,  une  structure  mame- 
lonnée. Quelquefois  les  cristaux,  quoique  petits,  sont  limpides,  assez  nets, 
et  on  peut  reconnaître  à  la  loupe  que  ce  sont  des  prismes  droits  portant  un 
biseau  à  leurs  extrémités.  Le  plus  souvent  ils  sont  en  lames  à  six  côtés, 
ordinairement  arrondies  sur  les  angles  et  un  peu  renflées  vers   le  milieu. 


(  349) 
Aussi,  lorsque  ces  lames  sont  vues  de  champ,  elles  ont  l'aspect  de  petites 
lentilles. 

»  Le  glucose  cristallise  dans  le  même  système,  également  en  tables 
rhomboïdales  à  six  pansse  coupant  sous  des  angles  très-voisins  de  îao  degrés  ; 
mais  elles  ne  prennent  jamais  l'aspect  lenticulaire  et  ne  sont  pas  plus 
épaisses  vers  leur  milieu  que  sur  leurs  bords.  Elles  sont  aussi  moins  dures, 
plus  fragiles,  moins  isolées  et  moins  nettes  que  les  lames  cristallines  du 
lactose. 

»  Le  lactose  cristallisé  et  pur,  traité  par  l'acide  nitrique,  donne  environ 
deux  fois  plus  d'acide  mucique  que  le  sucre  de  lait,  toutes  circonstances 
égales  d'ailleurs.  Cette  réaction  permet  de  reconnaître  les  plus  petites 
quantités  de  lactose  pur. 

»  Son  action  sur  la  lumière  polarisée  présente  cette  particularité  si 
curieuse,  découverte  dans  le  glucose  par  M.  Dubrunfaut,  et  rappelée  par  ce 
savant  dans  sa  Note  du  4  février,  savoir  :  que  le  glucose  cristallisé  dévie 
le  plan  de  polarisation  beaucoup  plus  lorsqu'il  vient  d'être  dissous,  que 
quelques  heures  plus  tard.  Le  lactose  récemment  dissous  a  un  pouvoir  ro- 
tatoire  très-élevé,  qui  diminue  progressivement  à  la  température  ordinaire, 
et  se  fixe  en  quelques  heures  à  un  degré  désormais  invariable.  L'expérience 
suivante  donne  le  pouvoir  rotatoire  du  lactose  dans  l'eau  pure  : 

»  igr,a845  de  lactose  pur  desséché  à  100  degrés,  ont  été  dissous 
dans  6isr,o56  d'eau  à  6  degrés.  La  densité  de  la  dissolution  était  de  1,008 
à  8  degrés.  La  longueur  du  tube,  5oomm.  La  déviation  a  été  de  8°,64-  On 
déduit  de  là,  pour  une  épaisseur  de  100  millimètres,  [a]y  :=  83°,  22  / '.  Le 
pouvoir  rotatoire  du  lactose  est  donc  beaucoup  plus  élevé  que  celui  du  glu- 
cose, et  dans  le  même  sens(i). 

»  La  déviation  8°,64  est  celle  qui  a  été  mesurée  vingt-quatre  heures  après 
que  la  dissolution  fut  terminée  et  les  jours  suivants.  Observée  tout  de  suite, 
dans  le  même  tube,  la  déviation  a  été  de  i40,5  :  ce  qui  donne,  pour  une 
épaisseur  de  100  millimètres,  [a]y  =  1  39°,66  ^.  Je  suis  porté  à  penser  que 
ces  différences  dans  les  pouvoirs  rotatoires  sont  dues  à  des  proportions  dif- 


(1)  Le  nombre  donné  ici  par  M.  Pasteur  indique  un  pouvoir  rotatoire  [a]  y  supérieur  à  celui 
du  sucre  de  canne  candi,  séché  à  l'air,  que  j'ai  trouvé  être,  pour  l'épaisseur  de  100  millimè- 
tres ,  7 1  ou  72  degrés.  Quant  au  sucre  de  lait  cristallisé,  j'ai  trouvé  son  pouvoir  rotatoire  [  a  ]y 
égal  à  6o°,28/ ,  bien  moindre  que  M.  Pasteur  ne  l'obtient  après  l'avoir  traité  par  l'acide 
nitrique.  Mémoires  de  l'Académie ,  t.  XIII,  p.  166.  Au  sujet  du  glucose,  voyez  la  Note  que 
j'ai  placée  à  la  fin  de  cette  Lettre.  J.-B.  Biot, 


(  35o  ) 
férentes  de  chaleurs  latentes  dans  le  corps  dissous  et  dans  le  corps  cristal- 
lisé. Mais  il  est  bien  difficile  de  donner  des  preuves  directes  à  l'appui  de 
cette  manière  de  voir. 

»  Le  lactose  ne  m'a  fourni  jusqu'à  présent  aucune  combinaison  avec  le 
sel  marin. 

»>  Si  l'on  arrête  la  fermentation  du  lactose  à  des  époques  différentes,  en 
disposant  l'appareil  de  manière  à  pouvoir  peser  exactement  l'acide  carbo- 
nique dégagé,  afin  d'en  déduire  le  poids  de  sucre  détruit,  on  trouve  que  le 
pouvoir  rotatoire  du  liquide  alcoolique  restant  est  le  même  que  celui  du 
poids  de  sucre  non  altéré,  considéré  comme  lactose  pur;  ce  qui  prouve  que 
la  fermentation  ne  le  dédouble  pas. 

»  Dès  l'instant  où  il  est  reconnu  que  le  sucre  de  lait  se  transforme  sous 
l'influence  des  acides  en  un  sucre  particulier,  distinct  du  glucose,  et  qui  dans 
aucune  circonstance  ne  paraît  se  changer  en  ce  dernier  sucre,  on  ne  peut 
s'empêcher  de  se  poser  différentes  questions  qu'il  sera  fort  utile  de  résoudre. 
N'a-t-on  pas  confondu  souvent,  par  exemple,  le  lactose  avec  le  glucose  dans 
les  recherches  physiologiques?  Le  sucre  des  diabètes,  souvent  formé  de  glu- 
cose, n'est-il  pas  mélangé  dans  l'urine  de  ces  malades  en  proportions 
diverses  avec  le  lactose?  La  question.de  la  production  du  sucre  par  le  foie, 
exige  impérieusement  une  connaissance  exacte  de  la  nature  du  sucre,  ou  des 
sucres,  que  l'on  trouve  dans  cet  organe.  Le  lactose  n'y  est-il  pour  aucune 
part?  J'étudie  ces  faits  avec  les  difficultés  qu'ils  doivent  offrir  en  province; 
et  j'aurais  désiré  ne  rien  communiquer  à  l'Académie  sur  le  sucre  nouveau 
qui  fait  l'objet  de  cette  Lettre,  avant  de  lès  avoir  résolues. 

»  Permettez-moi,  Monsieur,  en  terminant,  de  signaler  une  double  erreur 
qui  s'est  glissée  dans  un  ouvrage  de  cristallographie  qui  a  paru  récemment 
en  Autriche  et  qui  a  obtenu  un  prix  de  l'Académie  de  Vienne.  L'auteur  de 
cet  ouvrage,  M.  Schabus,  donne  avec  détails  la  forme  cristalline  du  glucose, 
et  il  la  rapporte  au  rhomboèdre.  Il  sera  évident  pour  toutes  les  personnes 
qui  examineront  avec  attention  le  dessin  et  les  mesures  données  par  l'auteur, 
qu'il  a  pris  pour  des  cristaux  de  glucose,  des  cristaux  de  glucosate  de  sel 
marin. 

><  D'autre  part,  ces  mesures  rapportées  au  glucosate  de  sel  marin  sont 
inexactes,  en  ce  sens,  que  cette  combinaison,  ainsi  que  je  l'ai  fait  voir  ailleurs, 
appartient  au  système  rhomboïdal  droit.  Seulement  il  arrive  ici,  comme  dans 
le  sulfate  de  potasse,  et  tant  d'autres  sels  dont  l'angle  du  prisme  rhomboïdal 
est  voisin  de  120  degrés,  que  les  cristaux  sont  des  groupements  de  portions 
de  cristaux  sous  les  angles  de  60,  90,  120  degrés.  Ces  associations  de  cris- 


(  35 1  ) 
taux  sont  très-visibles  dans  la  lumière  polarisée,  à  l'appareil  de  Nuremberg. 

»  Vous  savez  trop,  Monsieur,  combien  offrirait  d'intérêt  la  découverte 
d'un  corps  moléculairement  actif  sur  la  lumière,  et  qui  cristalliserait  dans 
un  système  à  un  axe  optique,  pour  ne  pas  être  intéressé  par  la  remarque 
que  je  présente  en  ce  moment,  et  qui  a  également  pour  but  de  prouver  que 
je  ne  m'étais  pas  trompé  dans  la  détermination  que  j'ai  donnée  autrefois  du 
glucosate  de  sel  marin.  Cependant  l'ouvrage  de  M.  Schabus  est  fait  avec  tant 
de  soin,  que  j'ai  voulu  revoir  le  fait  principal,  sur  de  nouveaux  cristaux  que 
je  dois  à  l'obligeance  de  M.  Peligot.  J'ai  l'honneur  de  vous  adresser,  en 
même  temps  qu'un  échantillon  de  lactose,  de  petites  lames  de  glucosate  de 
sel  marin,  taillées  perpendiculairement  à  l'axe  cristallographique.  Il  vous 
sera  facile  d'y  trouver  les  caractères  des  cristaux  à  deux  axes  et  les  groupe- 
ments des  cristaux  élémentaires  (i). 

s  Le  glucosate  de  sel  marin,  pas  plus  que  le  glucose,  ne  cristallise  donc 
dans  un  système  à  un  axe;  et  la  science  ignore  encore  l'existence  d'un  corps 
moléculairement  actif  sur  la  lumière  polarisée,  qui  n'appartienne  pas  à  un 
système  à  deux  axes  optiques.  » 

Note  de  M.  Biot  sur  l'emploi  du  mot  glucose. 

«  J'ai  fait  remarquer,  il  y  a  bien  longtemps,  que  le  mot  glucose,  qui  avait 
été  récemment  introduit  dans  la  science  pour  désigner  le  sucre  de  fécule,  et 
par  analogie  les  sucres  solides  autres  que  le  sucre  de  canne,  a  une  généralité 
d'application  très- impropre,  parce  qu'il  fait  comprendre,  sous  cette  com- 
mune dénomination,  des  produits  qui  sont  essentiellement  fort  divers.  Voyez 
les  Comptes  rendus,  second  semestre  de  1842,  tome  XV,  pages  636,  711  et 
passim. 

»  Pour  le  sucre  de  fécule  en  particulier,  on  en  obtient  des  variétés  très- 
différentes  selon  le  procédé  par  lequel  on  la  transforme,  et  selon  la  durée 
de  l'action  qu'on  lui  fait  subir.  C'est  ce  que  nous  avions  déjà  reconnu, 
M.  Persoz  et  moi,  dans  notre  premier  travail  où  nous  traitions  la  fécule  par 
l'acide  sulfurique  étendu.  D'autres  expérimentateurs  en  ont  depuis  obtenu 
des  sucres  fermentescibles,  également  distincts  entre  eux.  Je  me  bornerai 


(1)  Nous  avons  vérifié,  M.  de  Senannont  et  moi,  les  indications  optiques  données  ici  par 
M.  Pasteur,  sur  les  échantillons  de  glucosate  qu'il  m'avait  envoyés,  et  nous  les  avons  trou- 
vées très-exactes.  J.-B.  Biot. 


(  35a  ) 
à  en  citer  trois  exemples  que  j'ai  personnellement  constatés  : 

Pouvoir  rotatoire  pour  le 

rayon  jaune  à  travers  une 

épaisseur  de  ioo  mètres,  [a]/ 

Sucre  de  fécule  des  anciennes  fabriques,  obtenu 

par  l'action  prolongée  de  l'acide  sulfurique. ...  5i°,  43  / 

Échantillon   formé  à   l'aide  du   même  acide  par 

M.  Peligot 61  ,  54 

Autre  formé   par  M.   Jacquelin,    en   traitant   la 

fécule  par '  d'acide  oxalique  dans  l'auto- 

r      1000 

clave 100,57  >   f°rt  supérieur  à  celui  du 

sucre  de  canne. 

»  Il  est  impossible  d'admettre  que  ces  produits  puissent  être  directement 
désignés  par  une  même  dénomination.  L'impropriété  est  bien  plus  grande 
encore,  quand  on  applique  à  priori  le  même  nom  de  glucose,  comme  syno- 
nyme, à  tous  les  sucres  solides  de  provenances  diverses,  autres  que  le  sucre 
de  canne  proprement  dit.  L'identité  de  dénomination  ne  peut  être  légitime- 
ment appliquée  qu'à  des  substances,  dont  tous  les  caractères  chimiques, 
physiques,  cristallographiques,  actuellement  observables,  ont  été  constatés 
identiques  entre  eux.  Hors  de  cette  règle  il  n'y  a  que  confusion.  » 

chimie.  —  Sur  le  bromure  de  titaniwn;  par  M.  H.-W.  HoFrsiAxx. 

(Lettre  à  M.  Dumas.) 

«  La  comparaison  des  points  d'ébullition  des  composés  correspondants 
du  chlore  et  du  brome  conduisit  M.  Kopp  à  l'observation  intéressante,  que 
leurs  points  d'ébullition  s'élevaient  en  moyenne  de  32  degrés  centigrades 
pour  chaque  équivalent  de  brome,  substitué  à  l'équivalent  de  chlore. 
Ainsi  : 

Diflër. 

Chlorure  d'éthyle C4H5C1       n°C 

Bromure  d'éthyle C,H5Br      4i°C 

Éthylène  dichloré C4H„C12      €>fC 


.  66  —  1  >r  "W 
Ethylène  dibromé C4H4Br2    i33°C  ' 

Terchlorure  de  phosphore.      PCl3  78°C  )  n     „ 

1   Q7  =  3  X  J2  5 
Terbromure  de  phosphore.     PC13  i"]5°C  ) 

Si  cette  différence  est  constante  pour  tous  les  composés  de  chlore  et  de 
brome,   il  devient  évident  que  d'importantes  conclusions,  eu  égard  à  la 


(  353  ) 
composition  atomique  de  ces  substances,  peuvent  dériver  de  la  détermi- 
nation des  points  d'ébullition  de  ces  corps.  Ce  résultat  a  été  ingénieuse- 
ment appliqué  par  M.  Kopp  comme  critérium  de  la  détermination  de  l'é- 
quivalent du  silicium,  qui  jusqu'à  présent  a  été  tellement  incertain,  que 
l'on  a  été  conduit  à  admettre  non  moins  de  trois  formules  pour  la  silice 

SiO,  Si02,  SiCv 

De  la  différence  entre  les  points  d'ébullition  du  chlorure  (5o,  degrés)  et  du 
bromure  (i 53  degrés),  différence  qui  est  de  94°=3x3i,5,  M.  Kopp 
conclut  aux  formules 

Si  Cl  3     et     SiBr3, 

comme  représentant  la  constitution  atomique  du  chlorure  et  du  bromure 
de  silicium  à  21, 3. 

»  Toutefois,  pour  prouver  la  validité  générale  de  la  conclusion  de 
M.  Kopp,  il  devint  nécessaire  de  réexaminer  les  points  d'ébullition  des 
composés  correspondants  du  chlore  et  du  brome,  dans  lesquels  apparais- 
saient des  déviations,  et  d'étendre  cette  enquête  à  un  aussi  grand  nombre 
que  possible  de  corps  nouveaux.  M.  Francis  Baldwin  Duppa  a  entrepris,  à 
mon  instigation,  une  recherche  sur  ce  sujet,  et  a  déjà  obtenu  quelques 
résultats  qui  vous  intéresseront. 

»  Le  composé  de  brome  et  de  titane  était  inconnu  ;  M.  Duppa  a  pu  pro- 
duire cette  substance  en  faisant  passer  un  courant  de  brome  sur  un  mé- 
lange intime  d'acide  titanique  pur  et  de  charbon.  La  réaction  a  lieu  à  la 
chaleur  rouge  et  fournit  un  liquide  brun  qui  se  solidifie  en  une  masse  cris- 
talline dans  le  récipient.  Distillé  sur  un  excès  de  mercure,  qui  s'empare  de 
tout  le  brome  libre,  le  bromure  de  titanium  se  présente  sous  la  forme  d'un 
corps  jaune  d'ambre  d'une  structure  cristalline  magnifique  ;  il  attire  l'hu- 
midité avec  la  plus  grande  avidité,  et  se  décompose  en  acide  bromhydrique 
et  titanique. 

»  Le  bromure  de  titanium  possède  une  gravité  spécifique  de  2,6;  il  fond 
a  3g  degrés  centigrades.  Le  point  d'ébullition  examiné  par  M.  Duppa,  avec 
une  quantité  considérable  de  substance,  dont  la  pureté  avait  été  constatée 
par  l'analyse,  fut  trouvé  être  de  23o  degrés  centigrades.  Le  point  d'ébulli- 
tion du  chlorure  observé  par  vous-même  est  de  i35  degrés  centigrades;  la 
différence  23o  —  i35  =  95  =  3  x  3i  ,33  est  exactement  la  même  que  celle 
déjà  trouvée  entre  les  points  d'ébullition  du  chlorure  et  du  bromure  de 
silicium. 

C.  R.,  i856,   1"  Semestre.  (T.  XLH,  W«  7.)  47 


(  354  ) 
»  Cette  observation  fournit  une  preuve  additionnelle  de  l'analogie  entre 
le  titanium  et  le  silicium,  en  même  temps  qu'elle  montre  évidemment  les 
formules 

TiCl3     et     TiBr3 

comme  représentant  la  constitution  atomique  de  ces  deux  corps. 

»  L'acide  titanique,  qui  jusqu'à  présent  a  été  considéré  comme  un 
bioxyde  TiOa,  prendrait  alors  la  formule  Ti03,  analogue  à  celle  de  l'acide 
silicique. 

»  L'équivalent  du  titanium,  au  lieu  de  24,29,  le  nombre  maintenant 
adopté,  deviendrait  36,3g.  Le  protoxyde  de  titanium  dans  ce  cas  devien- 
drait un  sesquioxyde,  et  le  composé  qui  jusqu'à  présent  a  été  considéré 
comme  le  sesquioxyde,  serait  considéré  comme  un  oxyde  intermédiaire, 
comme  une  combinaison  du  sesquioxyde  avec  le  teroxyde,  enfin  comme 
un  bititanate  de  sesquioyde  de  titane. 

Formules  des  composés  titaniques. 
Vieille  notation.  Nouvelle  notation. 

Ti  =  24,29,  Ti  =  36,3g, 

TiO,  premier  oxydé,  Ti2Oa, 

Ti203,  deuxième  oxyde,  Ti409  =  Ti203  +  2Ti03, 

Ti02,  acide,  TiO,, 

TiCl2,  chlorure,  TiCla, 

TiBr2,  bromure.  TiBr3. 

médecine.  —  Sur  les  symptômes  et  le  traitement  du  coryza  des  nouveau- 
nés  ;  par  M.  E.  Bouchut.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  Cette  maladie,  ordinairement  légère,  présente  exceptionnellement  une 
gravité  très-grande  lorsqu'elle  est  accompagnée  d'une  forte  obstruction  des 
fosses  nasales.  Alors,  comme  l'a  établi  M.  Rayer  dans  une  Note  publiée 
en  1820,  les  enfants  ne  peuvent  teter  à  leur  gré;  ils  sont  obligés  de  quitter 
le  sein  au  bout  de  quelques  secondes  pour  respirer  par  la  bouche.  C'est  à 
ce  moment  une  gêne  plus  qu'un  danger.  Dans  quelques  circonstances, 
lorsque  l'obstruction  des  narines  est  très-résistante  et  qu'elle  se  prolonge, 
il  en  résulte  des  inconvénients  graves.  Aux  symptômes  indiqués  par 
M.  Rayer,  il  faut  en  ajouter  de  nouveaux,  V 'inanition  et  X  asphyxie  > 

»  L'inanition  résulte  de  l'alimentation  insuffisante.  Elle  est  la  consé- 
quence, non  de  l'obstacle  à  la  succion  par  le  besoin  de  respirer,  comme  on 
l'a  dit,  mais  delà  gène  de  déglutition  produite  par  le  coryza. 


(  355  ) 

»  Le  second  effet  du  coryza,  c'est  l'asphyxie  lente  produite  par  la  rétro- 
flexion  de  la  langue  dans  la  cavité  buccale.  Il  a  été  observé  sur  deux  en- 
fants, l'un  qui  est  mort,  l'autre  qui  a  guéri.  Voici  comment  les  choses  se 
sont  passées.  L'enfant,  très-affaibli  et  ne  pouvant  respirer  par  le  nez,  res- 
tait bouche  béante.  A  chaque  inspiration,  la  lèvre  inférieure  était  entraînée 
en  dedans,  et  la  langue  inerte  était  relevée  la  pointe  en  haut  et  en  arrière, 
rétrofléchie  sur  la  voûte  palatine  et  faisant  soupape  opposée  à  l'entrée  de 
l'air  dans  les  poumons.  Dans  l'expiration,  au  contraire,  la  colonne  d'air 
qui  ne  pouvait  passer  dans  le  nez7  abaissait  la  langue  et  poussait  le  voile 
du  palais  en  avant.  De  la  sorte,  on  avait  deux  soupapes  mobiles,  juxta- 
posées dans  la  bouche,  mobiles  en  sens  inverse  et  s'opposant  au  libre  pas- 
sage de  l'air.  L'hématose  en  souffrait.  Il  était  facile  d'en  juger  par  la 
coloration  rougeâtre,  cyanosée  du  visage,  par  le  refroidissement  de  la  peau 
et  l'état  d'insensibilité  du  pouls. 

»  Contre  cette  double  complication  du  coryza,  il  faut  employer  les 
lotions  fréquentes  pour  désobstruer  les  narines  et  suppléer  à  l'insuffisance 
de  l'allaitement  par  une  alimentation  lactée  artificielle.  Si  les  moyens  ordi- 
naires de  désobstruction  des  narines  restent  sans  effet,  et  que  l'enfant  se 
refroidisse  par  inanition,  ou  soit  menacé  d'asphyxie  par  aspiration  de  la 
langue,  il  faut  établir  artificiellement  un  passage  pour  l'air  à  travers  les 
fosses  nasales.  De  la  sorte  l'enfant  peut  teter  et  boire.  A  cet  effet,  une  petite 
canule  d'argent,  recourbée  à  son  extrémité,  longue  de  5  centimètres,  large 
intérieurement  de  3  millimètres,  peut  être  placée  dans  chaque  narine  et 
fixée  sous  la  cloison  du  nez  avec  celle  du  côté  opposé.  Cela  suffit  pour 
faciliter  la  déglutition  et  gagner  du  temps,  ce  qui  permet  au  coryza  de 
guérir.  » 

M.  Ernest  Bacdriihont  communique  quelques  remarques  concernant 
un  jeune  diabétique  auquel  on  avait  administré  temporairement  de  la  levure 
de  bière.  Quelques-uns  des  symptômes  observés  tendraient  à  faire  croire 
que,  sous  l'influence  de  ce  ferment,  il  y  aurait  eu,  dans  l'organisme  du 
malade,  transformation  du  glucose  en  alcool. 

M.  Ed.  Gand  adresse  d'Amiens  une  Note  sur  des  expériences  faites  avec 
un  pendule  qu'il  désigne  sous  le  nom  de  pendule  irrigateur. 

Le  pendule  est  lancé  latéralement  et  décrit  une  espèce  de  spire  qui  se  tra- 
duit graphiquement  sur  le  papier  par  le  petit  jet  qui  s'échappe  de  l'entonnoir 
placé  à  la  partie  la  plus  déclive  d'une  sphère  creuse  suspendue  par  un  fil 

47- 


(  356  ) 
sans  torsion.  La  Note  indique  quelques-unes  des  conséquences  que  l'auteur 
croit  pouvoir  déduire  de  ces  expériences  :  elle  est  accompagnée  de  plusieurs 
des  tracés  exécutés  par  le  pendule. 

M.  Marcel  de  Serres  présente  quelques  remarques  concernant  un  nou- 
veau genre  d'Annélide  tubicolé  perforant  qu'il  désigne  sous  le  nom  de 
Stoa.  Il  caractérise  ce  genre  par  la  phrase  suivante  : 

«  Tube  testacé,  contourné  en  spirale  orbiculaire  et  irrégulière  ;  d'une 
forme  discoïde  renflée  et  convexe  ;  dernier  tour  détaché  des  premiers  et  se 
prolongeant  parfois  en  un  tube  droit  ;  ouverture  ovalaire,  terminée  par  un 
opercule  calcaire  conique  et  surchargé.  » 

M.  de  la  Jonquière  donne  quelques  détails  sur  un  phénomène  atmos- 
phérique observé  à  Pau  et  dans  les  environs.  Le  g  février,  vers  2h3om,  le 
ciel  étant  parfaitement  pur,  il  entendit,  dans  la  direction  du  sud-est,  une 
suite  de  détonations  précipitées,  comme  un  feu  de  file  d'infanterie;  il  porta 
les  yeux  de  ce  côté,  supposant  qu'un  bolide  éclatait;  il  n'aperçut  rien  dans 
le  ciel,  quoique  sa  vue  embrassât  un  large  horizon.  La  décharge  fut  en- 
tendue par  un  grand  nombre  de  personnes  aux  environs  de  Pau;  un  rou- 
lement semblable  à  celui  du  tonnerre  se  fit  entendre  ensuite  vers  le  zénith 
et  dura  environ  vingt  secondes. 

M.  M.  Collixs  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter  le  travail  de  la 
(  '.ommission  à  l'examen  de  laquelle  a  été  soumise  une  Note  qu'il  a  précé- 
demment présentée  sur  une  question  d'analyse  mathématique. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  déjà  nommés  :  MM.  Liouville,  Lamé, 

Binet.  ) 

M.  A.  Bretox  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  faire  examiner  par  une 
Commission  un  nouveau  système  de  pile  électrique  sous  forme  de  mixture 
toujours  humide  qu'il  destine  à  l'usage  médical. 

Si  M.  Breton  veut  envoyer  une  description  suffisamment  détaillée  de  cet 
appareil,  la  Note  sera  renvoyée,  s'il  y  a  lieu,  à  l'examen  d'une  Commis- 
sion. 

M.  Gros,  à  l'occasion  de  la  remarque  qui  avait  été  faite  dans  un  des  pré- 
cédents Comptes  rendus  sur  une  condition  imposée  aux  auteurs  qui  veulent 
concourir  pour  lés  grands  prix  décernés  par  l'Académie,  l'obligation  de 
placer  leur  nom  sous  pli  cacheté,  remarque  que,  s'il  ne  s'est  pas  conformé  à 


(  357) 
cette  condition,  c'est  qu'elle  n'était  pas  énoncée  dans  le  programme  publié 
au  Compte  rendu. 

(Réservé  pour  être  soumis  à  la  future  Commission.) 

M.  Stauffer  adresse,  de  Gratz  en  Styrie,  une  Note  sur  la  quadrature  du 
cercle. 

On  fera  savoir  à  l'auteur  que  cette  question  est  une  de  celles  dont  l'Aca- 
démie, par  une  décision  déjà  fort  ancienne,  a  renoncé  à  s'occuper. 

M.  Mazeran  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter  le  travail  de  la  Com- 
mission chargée  d'examiner  une  Note  sur  un  moteur  hydraulique  de  son 
invention,  et  demande  que,  si  le  Rapport  doit  se  faire  attendre,  son  Mé- 
moire lui  soit  renvoyé. 

La  Commission  a  pris  connaissance  de  cette  Note  et  jugé  qu'elle  n'était 
pas  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport  ;  ainsi  elle  pourra  être  remise 
à  M.  Mazeran  ou  à  une  personne  dûment  autorisée  par  lui;  mais  elle  ne 
saurait  lui  être  renvoyée,  les  usages  de  l'Académie  s'y  opposent. 

A  5  heures,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

COMITÉ  SECRET. 

La  Commission  chargée  de  préparer  une  liste  de  candidats  pour  la 
place  de  géographe  vacante  au  Bureau  des  Longitudes,  par  suite  du  décès 
de  M.  Beautemps-Beaupre ',  Commission  qui  se  compose  des  trois  Sections 
réunies  de  Géométrie ,  d'Astronomie  et  de  Géographie  et  Navigation , 
présente,  par  l'organe  de  M.  Dfxawnay,  la  liste  suivante  : 


En  première  ligne.       ....       M.  Daussy. 

r?      i        •-        ;•        ,  >  (  M.  Begat. 

tan  deuxième  ligne  (ex  aequo).  {  „. 

En  troisième  ligne  (exœquo).  |       ' 


M.  Chazallon. 
Lieussou. 


Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés  ;  l'élection  aura  lieu  dans  la  pro- 
chaine séance. 

Au  nom  de  la  Section  de  Médecine  et  Chirurgie,  appelée  à  présenter  une 


(  358  ) 
liste  de  candidats  pour  la  place  de  Correspondant  vacante  par  suite  du 
décès  de  M.  Prunelle,  M.  Cl.  Bernard  présente  la  liste  suivante  : 

En  première  ligne M.  Guyon,  en  Algérie. 

En  deuxième  ligne M.  Bally,  à  Villeneuve  (Yonne). 

En  troisième  ligne M.  Denis  (de  Commercy),  à  Toul. 

„  ,.       ,  N     (  M.  Ehrmann,  à  Strasbourg. 

En  quatrième  ligne  (ex  aequo).    \  __    _  \  _      , 

1  .  (M.  Gintrao,  a  Bordeaux. 

En   cinquième  ligne M.  Forget,  à  Strasbourg. 

La  Section  fait  remarquer  que  si  elle  ne  présente  aujourd'hui  que  des  can- 
didats nationaux,  c'est  qu'elle  n'avait  présenté,  pour  la  nomination  précé- 
dente, que  des  candidats  étrangers. 

Les  titres  des  candidats  sont  discutés. 

L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  6  heures.  F. 


(  359  1 

BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  18  février  i856,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Recueil  de  Mémoires  de  Médecine,  de  Chirurgie  et  de  Pharmacie  militaires, 
rédigé  sous  la  surveillance  du  Conseil  de  Santé,  par  MM.  Jacob,  Boudin  et 
RlBOULET  ;  publié  par  ordre  du  Ministre  de  la  Guerre;  ae  série,  t.  XVI. 
Paris,  i855;  in-8°. 

Traité  des  liqueurs  et  de  la  distillation  des  alcools,  ou  le  Liquoriste  et  le  Distilla- 
teur moderne  ;  par  M.  P.  Duplais  aîné.  Versailles,  i855;  2  vol.  in-8°. 

Histoire  chronologique  des  épidémies  du  nord  de  [Afrique  depuis  les  temps  les 
plus  reculés  jusqu'à  nos  jours;  par  M.  le  Dr  J.-L.-G.  Guyon.  Alger,  i855; 
1  vol.  in-8°. 

Réforme  médicale  du  XIXe  siècle  par  la  doctrine  des  impondérables,  ou  Nou- 
veaux principes  de  Médecine  chimique  appliqués  à  la  pathologie  et  à  la  thérapeu- 
tique; par  M.  C.-A.  Chbistophe.  Paris,  1 856;  1  vol.  in-8°. 

La  Pisciculture  et  la  production  des  sangsues;  par  M.  Aug.  Jourdier.  Paris, 
1 856 ;  1  vol.  in-12. 

Notice  sur  le  Dr  Ernest  Cloquet  ;  par  M.  le  Dr  Dequevauviller.  Paris,  1 855  ; 
br.  in-8°. 

Histoire  de  la  Savoie  avant  l'homme;  par  M.  Gabriel  de  Mortillet.  An- 
necy, i856;  br.  in-8°. 

Trias  du  Chablais;  par  le  même.  1  feuille  in-8°. 

Considérations  sur  la  chèvre  d Angora  ;  par  M.  P.  DE  Tchihatchef;  br.  in-8°. 

Mémoire  sur  les  surfaces  dont  les  lignes  de  tune  des  courbures  sont  planes  ou 
sphériques;parM.  J.-A.  Serret;  br.  in-4°. 

Catalogue  raisonné  des  produits  canadiens  exposés  à  Paris  en  i855;  par 
M.  J.-C.  Taché;  in-12. 

Rapport  sur  la  vérification  des  engrais,  depuis  le  1 er  janvier  1 855  jusqu'à  la  fin 
d'août,  présenté  à  M.  le  Préfet  du  département  de  la  Gimnde;  parM.  A.  Bau- 
drimont,  vérificateur  des  engrais.  Bordeaux,  i855  ;  br.  in-8°. 

Notice  sur  les  travaux  mathématiques  de  M.  Joseph  Bertrand.  Paris,  i856  ; 
br.  in-4°. 

Annales  de  la  Société  d  Agriculture,  Arts  et  Commerce  du  département  de  la 
Charente;  tome  XXXIV;  nos  1  et  2  ;  in-8°. 


(  36o  ) 

Annales  de  la  Société  d Hydrologie  médicale  de  Paris.  Comptes  rendus  des 
séances;  t.  I,  in -8°.  • 

Bulletin  de  la  Société  de  Médecine  etde  Pharmacie  de  la  Haute-Vienne;  i855  ; 
in-8°. 

Bulletin  semestriel  de  là  Société  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts  du  dépar- 
tement du  Far;  23e  année.  Toulon,  i855  ;  in-8°. 

Le  Cultivateur  de  la  Somme;  année  i855;  nos  5  et  6. 

Mémoires  de  l' Académie  de  Stanislas  ;  1 854-  Nancy,  i855;  in-8°. 

Mémoires  de  t Académie  du  Gard,  1 854-1 855.  Nîmes,  i855;in-8°. 

Mémoire  de  F  Académie  impériale  des  Sciences,  Inscriptions  et  Belles-lettres  de 
Toulouse;  4e  série;  t.  V.  Toulouse,  1 855 ;  in-8°. 

Rendiconto...  Comptes  rendus  de  la  Société  royale  Bourbonnienne ,  Acadé- 
mie des  Sciences;  nouvelle  série;  3e  année;  janvier  et  février  1 854-  Naples, 
i854;  in-4°. 

Elogio...  Eloge  historique  de  Macédoine  Melloni;  par  M.  Ast.  Nobile. 
Naples,  i855;  in-4°. 

Pharmaceutial . . .  Journal  pharmaceutique  de  Londres  ;  vol .  XV;  n05  7  et  8  ; 
in-8°. 

Nachrichten . . .  Nouvelles  de  [Université  et  de  l' Académie  des  Sciences  de 
Gôtlingue;  année  1 856  ;  nos  1  et  2  ;  in-8°. 

Der  stachel...  L'aiguillon  placé  à  [extrémité  de  la  queue  du  lion.  Nouvelles 
recherches;  par  M.  ERNEST  Berker.  Darmstardt,  i855;  broch.  in-8°. 

Zeitschrift...  Journal  de  la  Société  des  Ingénieurs  autrichiens;  8e  année; 
nos  1  et  1. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  25  FÉVRIER  1856. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  BINET. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

magnétisme  terrestre.  —  Sur  le  changement  qu'éprouve  la  boussole 
dans  sa  direction,  lorsqu'on  la  transporte  d'un  point  à  un  autre  de  la 
terrasse  de  l'Observatoire  impérial  de  Paris  ;  par  M.  Le  Verrier. 

«  Une  discussion  s'est  élevée  devant  l'Académie  au  sujet  des  influences 
des  actions  locales  sur  la  direction  de  la  boussole  à  l'Observatoire  de  Paris  ; 
influences  décelées  par  un  excellent  travail  de  MM.  Goujon  et  Liais,,  et 
dont  M.  Laugier,a  cru  devoir,  dans  l'intérêt  des  observations  antérieures, 
contester  l'exactitude. 

»  Dans  le  travail  des  deux  astronomes  de  l'Observatoire  de  Paris,  les 
attractions  locales  ont  été  mises  hors  de  doute  par  ce  simple  fait,  que, 
d'une  extrémité  à  l'autre  de  la  terrasse  sud,  dont  l'étendue  est  de  83  mètres, 
la  déclinaison  de  la  boussole  varie  de  sept  minutes.  Or  on  sait  que,  mal- 
gré les  efforts  de  M.  Le  Verrier  pour  ramener  le  débat  à  ce  point  de  fait  net 
et  précis,  fait  qu'on  a  offert  à  M.  Laugier  de  vérifier  lui-même  à  l'Observa- 
toire, il  avait  été  impossible  jusqu'ici  d'obtenir  de  ce  dernier  aucune  expli- 
cation à  cet  égard.  Mis  en  demeure  de  se  prononcer  enfin  sur  un  point  aussi 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  ( T.  XLII,  N°  8.)  4$ 


(  36a  )     ■ 
capital,   M.   Laugier  s'est   décidé  à   l'aborder  dans  une   Note  insérée  au 
Compte  rendu  de  la  dernière  séance,  Note  qui,  d'après  les  expressions  de 
l'auteur,  contient  toute  sa  pensée  (i). 

»   Or,  voici  toute  cette  pensée  : 

«  i°.  Les  différences  constatées  à  l'Observatoire  entre  les  diverses  direc- 
tions de  la  boussole  à  l'est,  au  centre  et  à  l'ouest  de  la  terrasse,  ne  seraient 
pas  dues  aux  grandes  niasses  de  fer  qui  entourent  ces  stations. 

»  2°.  Ces  différences  seraient  produites  par  des  fers  qui  pourraient  avoir 
été  employés  dans  la  construction  des  voûtes  voisines  des  pavillons  de 
l'Est  et  de  l'Ouest;  voûtes  qui  seraient  beaucoup  plus  éloignées  du  pavillon 
Central. 

»  5°.  Puisqu'on  a  constaté  que  le  cbemin  de  fer  de  Sceaux  n'agit  pas 
sur  la  direction  de  la  boussole  portée  à  ioo  et  160  mètres  de  ce  cbemin, 
comment  veut-on  que  le  bâtiment  de  l'Observatoire  cause  des  variations 
assez  notables  dans  les  déclinaisons  des  divers  pavillons?  » 

»  L'Académie  remarquera  d'abord,  dit  M.  Le  Verrier,  que  M.  Laugier 
s'expliquant  enfin  sur  les  variations  que  la  direction  de  la  boussole  éprouve 
quand  on  se  transporte  de  l'est  à  l'ouest  de  la  terrasse,  n'en  conteste  pas 
l'existence.  Ces  variations  ont  été  établies  par  trois  séries  d'observations 
distinctes,  faites  à  trois  époques  éloignées  l'une  de  l'autre.  Elles  résultent 
d'ailleurs  d'observations  faites  par  M.  Laugier  lui-même  en  i85o.  On  ne 
pouvait  les  nier.  Elles  sont  donc  acquises,  de  l'aveu  de  tous,  à  la  discussion, 
qui  ainsi  fait  un  grand  pas. 

«  Mais,  ajoute-t-on,  il  ne  résulte  pas  nécessairement  de  cette  concession 
que  les  observations  faites  dans  le  pavillon  Central  soient  erronées  ;  il  se 
pourrait  qu'il  n'y  eût  d'inexactes  que  les  observations  faites  dans  les 
pavillons  extrêmes,  et  cela  à  cause  de  quelques  fers  qui  pourraient  être 
entrés  dans  la  construction  des  voûtes  voisines.  » 

»  A  ces  arguments  produits  in  extremis,  nous  ne  répondrons  pas  que  ce 
ne  serait  pas  à  nous  de  prouver  que  ces  fers,  dont  l'intervention  est  si 
opportune,  n'existent  pas,  mais  bien  à  M.  Laugier  de  les  découvrir  et  de 
les  montrer  ;  mais  nous  répliquerons  : 


(i)  Nous  devons  faire  remarquer  que  cette  Note  a  été  rédigée  postérieurement  à  la  séante, 
et  par  conséquent  après  la  dernière  réclamation  qui  l'avait  rendue  indispensable.  Cette  Noie 
aurait  donc  dû  être  imprimée  à  la  page  3i2,  après  l'article  de  M.  Le  Verrier.  Son  impres- 
sion à  la  page  30^,  avant  cet  article,  auquel  elle  semble  ôler  une  partie  de  son  opportunité, 
doit  être  le  résultat  d'une  erreur. 


(  363  ) 

»  Que  le  pavillon  de  l'Est,  celui-là  même  pour  lequel  les  observations 
de  M.  Laugier  établissent  une  différence  avec  le  pavillon  Central,  non-seu- 
lement n'est  pas  construit  sur  des  voûtes,  mais  qu'il  en  est  plus  éloigné 
que  le  pavillon  Central.  L'angle  de  la  voûte  la  plus  voisine  de  ce  dernier 
pavillon  n'en  est  qu'à  i4  mètres,  tandis  que  l'angle  de  la  voûte  la  plus  voi- 
sine du  pavillon  de  l'Est  en  est  à  19  mètres.  D'où  il  suit  que  le  système 
imaginé  par  M.  Laugier  se  retournerait  contre  lui,  si  l'on  voulait  en  con- 
clure que  la  différence  observée  entre  le  pavillon  de  l'Est  et  le  pavillon 
Central  vient  plutôt  d'erreurs  existant  dans  ce  dernier. 

»  Mais,  hâtons-nous  de  le  dire,  ce  système  des  erreurs  accidentelles,  pro- 
duites par  de  petites  masses  de  fer  agissant  chacune  sur  un  pavillon  et  point 
du  tout  sur  les  autres,  est  inadmissible.  L'observation  de  la  déclinaison  a 
été  faite  en  quatre  points  de  cette  ligne  de  83  mètres  qui  va  du  pavillon 
de  l'Ouest  au  pavillon  de  l'Est.  Or  la  variation  de  la  boussole,  en  passant 
d'une  de  ces  stations  à  l'autre,  s'est  trois  fois  produite  dans  le  même  sens. 
Croit-on  donc  que  les  causes  occultes  et  accidentelles  invoquées  par 
M.  Laugier  eussent  produit  une  telle  régularité  dans  la  marche  du  phéno- 
mène? Ou  ne  doit-on  pas  bien  plutôt  conclure  qu'une  action  aussi  réguliè- 
rement variable  dépend  des  masses  de  fer  extérieures  à  la  ligne  des  pavO- 
lons  magnétiques,  masses  dont  nous  avons  fait  relever  les  poids  et  la  po- 
sition afin  de  faire  comprendre  leur  importance?  '    - 

»  Les  fers  existant  dans  la  tour  Est  du  bâtiment  s'élèvent  à  la  somme  to- 
tale d'environ  a3ooo  kilogrammes.  Une  grande  partie  d'entre  eux  sont 
placés  dans  une  situation  telle,  qu'ils  doivent  s  aimanter  par  l'action  du 
globe  et  avoir  leur  pôle  nord  à  leur  extrémité  inférieure. 

»  Il  existe  en  outre,  au  sud-est  du  pavillon  de  l'Est,  un  vaste  plancher 
en  fer  appartenant  à  une  future  église,  et  dont  l'angle  le  plus  voisin  n'est 
qu'à  62  mètres  du  pavillon  de  l'Est.  Ce  plancher,  qu'on  a  passé  sous  silence, 
pèse  71000  kilogrammes.  Il  est  d'ailleurs  composé  en  son  entier  de  barres 
de  fer  tellement  orientées,  qu'elles  ont  dû  également  s'aimanter  par  l'action 
du  globe  et  de  manière  à  ce  que  leurs  pôles  nord  soient  plus  voisins  de  l'Ob- 
servatoire que  ne  le  sont  leurs  pôles  sud. 

»  Tenons-nous-en  à  ces  deux  spécimens  des  masses  de  fer  qui  nous 
entourent,  et  laissons  de  côté,  d'une  part  une  fabrique  située  à  54  mètres 
du  pavillon  de  l'Ouest  et  contenant  machine  à  vapeur,  engrenages,  arbres 
de  couche,  métiers,  etc.,  de  l'autre  les  fers  en  quantités  énormes  qui  exis- 
tent dans  le  reste  de  nos  bâtiments. 

»  Il  n'échappera  à  personne  qu'à  cause  de  la  disposition  des  fers  nord- 

48.. 


(  364  ) 
est  qui  agissent  principalement  sur  le  pôle  nord  de  notre  boussole,  ils 
doivent  repousser  ce  pôle  vers  l'ouest  et  augmenter  la  mesure  de  la  décli- 
naison. Les  fers  sud-est  à  leur  tour,  pesant  ensemble  71000  kilogrammes, 
doivent  attirer  le  pôle  sud  de  la  boussole  et  augmenter  aussi  la  déclinai- 
son par  une  influence  qui  doit  devenir  d'autant  plus  sensible  qu'on  se 
rapproche  davantage  de  ces  fers  en  marchant  de  l'ouest  à  l'est.  Or  tel  est  . 
précisément  le  sens  de  la  variation  que  nous  avons  constatée.  La  décli- 
naison de  la  boussole  va  sans  cesse  en  augmentant,  et  d'une  manière 
continue,  à  mesure  qu'on  la  transporte  de  l'ouest  vers  l'est. 

»  C'est  ici  qu'on  aperçoit  combien  est  futile  l'objection  tirée  des  expé- 
riences faites  par  nous  près  du  chemin  de  fer  de  Sceaux.  Les  rails  de  ce 
chemin  ne  pesant  que  32  kilogrammes  au  mètre  courant,  et  la  voie  étant 
d'ailleurs  simple,  la  quantité  de  fer  que  nous  avions  alors  à  redouter  n'était 
point  équivalente  à  la  vingtième  partie  de  celle  qui  nous  menace  à  l'Obser- 
vatoire. Il  importe  d'ailleurs  de  prendre  en  considération  une  circonstance 
qui,  avant  de  faire  l'expérience  relative  au  chemin  de  fer  de  Sceaux,  nous 
avait  fait  prévoir  qu'elle  donnerait  un  résultat  négatif.  Placées  bout  à 
bout,  les  diverses  barres  qui  composent  les  rails,  s'aimantent  toutes  de 
la  même  manière  par  l'action  du  globe,  le  pôle  sud  de  l'une  se  trouvant 
dans  le  voisinage  du  pôle  nord  de  l'autre  ;  d'où  il  résulte  que  les  actions 
attractives  et  répulsives  exercées  sur  la  boussole  se  compensent  les  unes 
les  autres.  Il  n'en  est  pas  de  même  des  actions  exercées  par  les  barres  de 
fer  existant  dans  les  grandes  masses  placées  au  sud-est  et  au  nord-est  de 
nos  boussoles;  l'immense  majorité  de  ces  barres  constituent  des  aimants 
naturels  agissant  tous  de  la  même  manière. 

a  Dans  cet  état  de  la  discussion,  et  considérant  : 

»  Qu'on  ne  conteste  pas  que  la  déclinaison  et  l'inclinaison  de  la  bous- 
sole n'ont  pas  les  mêmes  valeurs  dans  les  différentes  stations  de  notre 
terrasse; 

»  Qu'on  a  recours,  pour  expliquer  les  variations,  à  l'action  de  préten- 
dues masses  de  fer  qu'on  ne  montre  pas,  et  qui  pourraient  d'ailleurs  se 
trouver  tout  aussi  bien  dans  le  voisinage  du  pavillon  Central  que  dans  le 
voisinage  du  pavillon  Est  et  du  nouveau  pavillon; 

»  Que  l'hypothèse  de  ces  actions  accidentelles  et  particulières  à  chaque 
pavillon  est  incompatible  avec  la  variation  continue  qu'on  observe  en 
passant  de  l'un  à  l'autre  ; 

»  Enfin,  que  les  deux  masses  de  fer,  l'une  de  a3ooo  kilogrammes  si- 
tuée au  nord-est,  l'autre  de  71000  kilogrammes  située  au  sud-est,  masses 


(  365  ) 

composées  de  barres  nécessairement  aimantées   par  l'action    du   globe, 
agissent  toutes  les  deux  dans  le  sens  des  variations  observées; 

»  Nous  pourrons  regarder  la  question  comme  suffisamment  éclaircie,  et 
laisser  là  un  débat  qui  a  donné  pleine  et  entière  raison  aux  observations  de 
MM.  Goujon  et  Liais,  si  nos  confrères  estiment  qu'il  ne  soit  pas  nécessaire 
de  relever,  dans  l'Académie  même  où  elles  se  sont  produites,  les  trop  nom- 
breuses et  trop  graves  erreurs  théoriques  commises  dans  cette  discus- 
sion (i).  » 

Après  la  communication  de  M.  Le  terrier,  M.  Mathieu  prend  la  parole 
en  ces  termes  : 

«  Quand  M.  Le  Verrier  aura  inséré  dans  le  Compte  rendu  les  détails 
qu'il  vient  de  donner  sur  l'influence  qu'exercent  sur  la  direction  de  l'ai- 
guille aimantée  les  masses  de  fer  disséminées  dans  l'Observatoire,  M.  Lau- 
gier,  à  son  retour  des  Pyrénées,  pourra  répondre,  s'il  le  juge  convenable. 
Pour  moi,  je  me  contenterai  de  ramènera  son  véritable  objet  une  question 
qui  en  a  été  singulièrement  détournée.  M.  Laugier  a  mesuré,  en  i854, 
la  déclinaison  de  l'aiguille  aimantée  en  quatre  points  de  l'enceinte  fortifiée 
de  Paris;  il  a  conclu  de  ses  observations  la  déclinaison  pour  l'Observatoire, 
et  il  a  trouvé  qu'il  n'y  avait  aucune  correction  à  faire  aux  déclinaisons 
mesurées  dans  le  pavillon  Central^  le  seul  où  se  faisaient  annuellement  les 
observations  magnétiques.  M.  Le  Verrier,  adoptant  le  même  plan,  suivant 
exactement  la  même  marche,  a  aussi  conclu  la  déclinaison  de  l'Observa- 
toire des  déclinaisons  mesurées  en  i855  dans  quatre  points  extérieurs,  au 
sud  et  au  nord,  à  l'est  et  à  l'ouest  de  Paris,  et  il  a  trouvé  une  correction 
de  6'3ç/'  pour  la  déclinaison  du  pavillon  Central.  Quelle  est  la  correction 
exacte?  Là  est  véritablement  la  question.  M.  Laugier,  tout  en  regardant  son 
résultat  comme  probable,  s'est  empressé  de  dire  et  de  répéter  plusieurs 
fois  à  l'Académie  que  ce  n'est  qu'en  observant  de  nouveau  et  dans  un 
grand  nombre  de  points,  que  l'on  pourra  trouver  la  correction  définitive, 
qui  ne  sera  peut-être  ni  zéro  ni  6' 3o,".  Je  partage  entièrement  cet  avis. 
Tout  ce  qui  vient  d'être  dit  sur  les  influences  locales  ne  fait  qu'embar- 
rasser la  discussion.  Aujourd'hui  la  question  est  amenée  à  une  question 
de  fait  qui  ne  peut  être  résolue  que  par  de  nouvelles  expériences.  » 

(1)  A  la  suite  de  cette  communication,  deux  Membres  de  l'ancienne  administration  de 
l'Observatoire  ont  cru  devoir  présenter  des  explications  étrangères  au  fond  du  débat.  Nous 
n'avons  nullement  l'intention,  si  l'on  ne  nous  y  force  pas  ,  de  prolonger  une  discussion  pé- 
nible pour  eux. 


(  36G  ) 

analyse  mathématique.  —  Sur  une  formule  très-simple  et  très-générale 
qui  résout  immédiatement  un  grand  nombre  de  problèmes  d'analyse 
déterminée  et  d'analyse  indéterminée  ;  par  M.  Augustin  Cauchy. 

«  La  considération  des  fonctions  linéaires  et  homogènes  m'a  conduit  à 
divers  théorèmes,  puis  à  une  formule  très-simple,  qui,  en  raison  des  nom- 
breuses applications  qu'on  en  peut  faire,  m'a  paru  digne  d'être  remarquée, 
et  que  je  vais  établir. 

»  Considérons  d'une  part  m  variables 

x,  y,  2,...,  t, 

d'autre  part  n  fonctions  linéaires  et  homogènes 

u,  v,  w,...,  s 

de  ces  mêmes  variables.  Les  valeurs  de  ces  fonctions  seront  fournies  par  n 
équations,  desquelles  on  pourra  tirer  les  valeurs  de  quelques-unes  des  va- 
riables 

exprimées  eu  fonctions  des  autres  variables,  et  des  termes  de  la  suite 

u,  v,  iv,...,  s. 

Pour  y  parvenir,  on  tirera  de  la  première  équation  la  valeur  d'une  va- 
riable xt,  puis  on  la  substituera  dans  les  autres  équations.  Si,  par  cette  sub- 
stitution, toutes  les  variables  ne  sont  pas  éliminées  en  même  temps  que  xt, 
on  tirera  d'une  seconde  équation  la  valeur  d'une  seconde  variable  x2,..., 
et  en  continuant  de  la  sorte,  on  substituera  aux  équations  données,  d'une 
part,  des  équations  qui  détermineront  certaines  variables 

dont  le  nombre  sera  v,  en  fonction  de  m  —  v  autres  variables 

X  ,    X  .    X  ,.. ., 

et  des  termes  de  la  suite 

«,  t>,  w,...,  s; 

d'autre  part,  si,  v  étant  inférieur  à  n,  n  —  v  diffère  de  zéro,  n  —  v  équa- 
tions de  condition  linéaires  et  homogènes  entre  les  fonctions 

u,  v,  w,...,  s. 


(367) 
Dans  ce  dernier  cas,  les  variables 

étant  prises  pour  clefs  anastrophiques,  si  l'on  pose 

Q.  =  uvw...s, 

le  produit  symbolique  |£2|  sera  identiquement  nul,  quelles  que  soient  d'ail- 
leurs les  valeurs  attribuées,  dans  le  développement  de  \ù\,  aux  produits 
symboliques  partiels  qui  auront  pour  facteurs  n  termes  de  la  suite 

x,  y,  z,...,  t. 

Dans  le  cas  contraire,  en  laissant  indéterminée  la  valeur  de  chacun  de  ces 
produits  partiels,  on  obtiendra  une  valeur  de  |  ù  ]  qui  renfermera  une  ou 
plusieurs  indéterminées,  dont  l'une  sera  précisément  la  valeur  attribuée  au 
produit  symbolique 

I  X j    X 2-  ■  ■    xn  | 

»  Cela  posé,  on  établira  sans  peine  les  propositions  suivantes  : 

»  Ier  Théorème.  Étant  données  n  équations  qui  expriment  n  quantités 

u,  v,  w,...,  s 

en  fonctions  linéaires  et  homogènes  de  m  variables 

x,  y,  z,...,  *, 
posons 

Q  =  uvw...  s; 

et  concevons  que,  les  variables  .r,  y,  z,...,t  étant  prises  pour  clefs  ana- 
strophiques, on  laisse  indéterminée  dans  le  produit  |  Q.  |  la  valeur  de  cha- 
cun des  produits  partiels  formés  avec  quelques-unes  des  clefs  x,  y, 
z,...,  t.  Il  arrivera  de  deux  choses  l'une  :  ou  le  coefficient  de  chaque  pro- 
duit partiel,  par  conséquent  de  chaque  indéterminée,  sera  identiquement 
nul,  et  l'on  trouvera  ainsi 

|  Ï2 1  =  o  ; 

ou  la  valeur  générale  de  J  il  j  ne  sera  pas  nulle.  Dans  le  premier  cas,  les 
fonctions 

u,  t»,  w,...,  s 

vérifieront  une  ou  plusieurs  équations  de  condition  linéaires  et  homo- 
gènes; et,  si  l'on  nomme  /  le  nombre  de  ces  équations  de  condition,  on 
pourra,  des  équations  données,  tirer  les  valeurs  de  plusieurs  variables 

X  | ,   X2 ,  •  •  • ,  xv , 


(  368  ) 

dont  le  nombre  sera 

v  =  n  —  /, 

exprimées  en  fonctions  linéaires  et  homogènes  des  autres  variables 

lA*       •  *Ar  «  %As  a  •     *    •    a 

et  des  termes  de  la  suite 

u,  v,  w,...,  s. 

Dans  le  second  cas,  les  équations  de  condition  dont  nous  venons  de  parler 
disparaîtront,  et  les  n  équations  données  détermineront  les  valeurs  de  n 
variables 

3-ii  oc 2,...,   xn, 
prises  dans  la  suite 

xi  Ji  *»•••»  ') 

en  fonctions  linéaires  et  homogènes  des  m  —  n  autres  variables 

>  ~'     ~>"     _* 

**■  i  •*■  •>  ■*•  >•  •  •■> 

et  des  termes  de  la  suite 

u,   v,  w,...,  s. 

»  IIe  Théorème.  Les  mêmes  choses  étant  posées  que  dans  le  premier 
théorème,  concevons  que  l'on  assujettisse  les  variables  x,  y,  z,...,  t  à  véri- 
fier les  équations 

(i)  u  =  o,     v  =  o,     w  =  o,...,     s  —  o. 

Si  l'on  a  \Q.\  =  o,  quelques-unes  de  ces  équations  se  déduiront  des  autres, 
et  par  suite  le  nombre  v  des  variables 

oc  i ,  OC  2 , . . . ,  ocv 

quelles  détermineront,  sera  inférieur  à  n.  Si,  au  contraire,  le  produit  sym- 
bolique |Î2|  n'est  pas  identiquement  nul,  les  équations  (i)  détermineront/» 
variables 

Xj,  x,,...,  ocn 

en  fonctions  linéaires  et  homogènes  de  m  —  n  autres  variables 

*•/  ,-"  -V,'" 

dont  chacune  restera  indéterminée;  et,  pour  que  des  valeurs  de 

xi  Ji  zi —   ^> 
propres  à  vérifier  les  équations  (i),  soient  aussi  générales  qu'elles  doivent 


(369) 
l'être,  il  suffira  qu'elles  renferment  des  indéterminées  distinctes  dont  le 
nombre  ne  puisse  s'abaisser  au-dessous  de  m  —  n.  Or  c'est  précisément  ce 
qui  arrivera  si  l'on  pose 

(a)  x=\ùx\,     y=\ùy\,...,     t=\9A\. 

Donc  les  solutions  les  plus  générales  des  équations  (1)  seront  données  par 
les  formules  (2).  Ajoutons  que,  si  l'on  nomme  r  une  fonction  linéaire  et 
homogène  des  variables  x,  y,  z,...,  t,  on  aura,  en  supposant  ces  variables 
déterminées  par  les  équations  (1), 

(3)  r  =  \nr\. 

Cette  dernière  formule  peut  à  elle  seule  remplacer  les  équations  (2)  que 
l'on  en  déduit,  en  prenant  successivement  pour  r  chacune  des  varia- 
bles .r,  y,  z,...,  t. 

»  On  peut  appliquer  utilement  le  deuxième  théorème  et  la  formule 
générale  qu'il  nous  offre,  c'est-à-dire  la  formule  (3),  à  un  grand  nombre 
de  questions  diverses,  spécialement  à  la  résolution  des  équations  linéaires 
homogènes  ou  non  homogènes,  déterminées  ou  indéterminées,  à  l'élimina- 
tion des  variables  entre  des  équations  algébriques  de  degrés  quelconques, 
à  la  détermination  des  restes  successifs  que  produit  la  recherche  du  plus 
grand  commun  diviseur  de  deux  polynômes,  etc.  Entrons  à  ce  sujet  dans 
quelques  détails. 

»  Supposons  d'abord  que  l'on  donne  à  résoudre  n  équations  linéaires, 
essentiellement  distinctes  et  homogènes,  entre  n-\-  1  variables 

x ,  y,  z, ...,  t. 

Ces  équations  seront  de  la  forme 

(a)  u  =  o,     v  —  o,     w  =  o,  ...,     .y  =  o, 

//,  v,  w, ...,  s  désignant  n -t-  1  fonctions  linéaires  et  homogènes  des  n 
variables 

x,  y,  z, .. .,  r; 
et,  si  l'on  pose 

il  CHS  UVW  ...  s, 

le  produit  symbolique  |û|  ne  sera  pas  nul.  Cela  posé,  si  l'on  nomme  r 
une  nouvelle  fonction  linéaire  et  homogène  de  x,  y,  z,  ...,  £,  le  produit 
symbolique 

\ilr\ 

C  R.,  i856,   1"  Semeitr».  (T.  XL»,  N»  8.)  4.9 


(37o) 
sera  de  la  forme 

k\xyz...t\, 

k  désignant  une  constante  déterminée;  et  si,  en  laissant  indéterminée  la 
valeur  attribuée  au  produit  symbolique 

\xjrz...t\, 

on  désigne  cette  valeur  par  r,  la  formule  (3)  donnera 

(4)  r  =  kx. 

»  Ainsi,  par  exemple,  si  l'on  suppose  les  équations  (a)  réduites  aux  sui- 
vantes : 

(5)  j3x  +  2jr  +  z     =o, 

et  si  d'ailleurs  on  prend 

r  =  ax  -f-  %j  -+-  yz, 
on  aura 

\Q\  =  \jz\-5\zx\  +  1\xf\, 
|  Jîr  |  =(a  —  56  -f-  "jy)\xjz\; 

puis,  en  laissant  indéterminée  la  valeur  du  produit  symbolique  | xjz\,  et 
désignant  cette  valeur  par  t,  on  tirera  de  la  formule  (3) 

(6)  r  =  (a  -  5g -f- 7 y)r. 

Si,  dans  l'équation  (6),  on  suppose  la  fonction  r  successivement  réduite  à  x, 
puis  à  jr,  puis  à  z,  cette  équation  donnera 

(7)  x  =  t,     j  =  -5t,     z  =  7t. 

Telles  sont  les  valeurs  générales  de  x,  jr,  z  propres  à  résoudre  les  équa- 
tions (5).  Il  suffira,  d'ailleurs,  d'attribuer  à  l'indéterminée  t  une  valeur 
entière  pour  obtenir  les  solutions  en  nombres  entiers. 

»  Si  l'on  attribue  à  l'une  des  variables  x, y,  2, ...,  t  une  valeur  déter- 
minée, les  équations  données  seront  linéaires  par  rapport  aux  variables 
restantes,  mais  cesseront  d'être  homogènes,  et  les  valeurs  des  variables  res- 
tantes se  déduiront  immédiatement  de  la  formule  (3).  Ainsi,  cette  formule 
sert  encore  à  résoudre  n  équations  linéaires,  mais  non  homogènes,  entre 
n  variables. 

»  Concevons,  pour  fixer  les  idées,  que  l'on  donne,  entre  deux  varia- 


blés  x,  y,  les  équations 

(8) 


(37i  ) 

3x  -+-  2J  =  I, 
X  -+-  3  Y  =  2. 


Il  suffira,  pour  obtenir  ces  équations,  de  poser  z  =  —  i  dans  les  for- 
mules (5).  D'ailleurs,   en  posant  z  =  — i,   on   tirera  des  formules   (7), 

t  = »  et,  par  suite, 

1  5 

(9)  *  =  ---,     J  =  ï' 

Telles  sont  effectivement  les  valeurs  de  x,  7  qui  satisfont  aux  équa- 
tions (8). 

»  On  déduirait  pareillement  de  la  formule  (3)  les  valeurs  de  m  in- 
connues x,  y  z, ...,  t  déterminées  par  m  équations  linéaires,  mais  non  ho- 
mogènes, et  l'on  retrouverait  ainsi  les  formules  générales  qui  fournissent 
ces  valeurs. 

»  Supposons  maintenant  que,  les  équations  données  étant  linéaires  et 
homogènes,  la  différence  n  —  m  entre  le  nombre  m  des  variables  et  le 
nombre  n  des  équations  surpasse  l'unité.  Alors  le  nombre  des  indéterminées, 
dans  les  valeurs  générales  des  variables,  ne  pourra  s'abaisser  au-dessous 
de  m  —  n.  D'ailleurs, 

jy_m(m—  i)...(m  — n  +  i) 
\      '  1.2...K 

étant  le  nombre  des  produits  que  l'on  peut  former  avec  m  facteurs  pris  nkn, 
les  formules  (2)  et  (3)  pourront  introduire  dans  les  valeurs  de 

et  dans  la  valeur  de  r,  N  indéterminées;  mais,  sans  diminuer  la  généralité  de 
ces  valeurs ,  on  pourra  égaler  à  zéro  plusieurs  indéterminées  et  réduire  ainsi 
leur  nombre  km  —  n,  pourvu  toutefois  qu'on  ne  demande  pas  de  résoudre 
les  équations  linéaires  données  en  nombres  entiers. 

»  Concevons  maintenant  que,  les  coefficients  de  x,jr,  z,...,  t  dans  les 
fonctions  m,  v,  w,...,  s  ayant  des  valeurs  entières,  on  propose  de  résoudre 
en  nombres  entiers  les  équations  (2),  et  supposons  d'abord  m  —  n  =  1 5 
alors,  pour  obtenir  les  valeurs  générales  de 

il  suffira  de  poser 

\xjz...t\=z, 

49- 


(  37^  ) 
si  les  coefficients  numériques  du  produit  symbolique  \xjz...  t 1  dans  les 
valeurs  de 

|Û*|,     \Qjr\,     |Qz|,..„     \Qt\ 
ne  sont  pas  tous  divisibles  par  un  même  nombre,  et 

e\xjz...t\  =  T, 

s'ils  sont  tous  divisibles  par  un  même  nombre  5,  puis  d'attribuer  à  t  des 
valeurs  entières  quelconques. 

»  Si  l'on  à  m  —  n  >  i ,  c'est-à-dire  si  le  nombre  des  variables x,y,z,...,  t, 
surpasse  de  plus  d'une  unité  le  nombre  des  équations  données,  on  devra 
encore,  pour  obtenir  les  solutions  générales  des  équations  (2)  en  nombres 
entiers,  représenter  par  une  lettre  un  certain  multiple  de  chacun  des  pro- 
duits symboliques  partiels  compris  dans  le  développement  de  [Ï2r|,  savoir 
le  multiple  qu'on  obtient  quand  on  multiplie  ce  produit  partiel  par  le  plus 
grand  des  entiers  qui  divisent  les  divers  coefficients  du  même  produit 
dans  les  développements  des  expressions 

|0*|,     \Ùj\,     |Gz|,...,     |Qt|; 

puis  attribuer  à  la  lettre  qui  représentera  ce  multiple  une  valeur  entière,  qui 
sera  d'ailleurs  indéterminée.  Les  valeurs  de 

x,  j,  z,...,  t 

ainsi  obtenues  renfermeront  en  général  N  indéterminées,  la  valeur  de  N  étant 
donnée  par  la  formule  (10);  et  il  pourra  se  faire  qu'on  ne  puisse  égaler 
zéro  une  ou  plusieurs  de  ces  indéterminées  sans  restreindre  la  généralité  des 
solutions  en  nombres  entiers. 

»  Ainsi,  par  exemple,  s'agit-il  de  résoudre  en  nombres  entiers  l'équation 
linéaire  et  homogène 

(11)  -xx  -+-  3^  +  5z  =  o? 

Alors,  en  posant 

Ijz|  =  ?,   |**T=u';   \?r\=ti 

on  tirera  des  formules  (2), 

!X  =  5ïJ   —  2£, 
z  =  3?  —  2/7; 

et  ces  valeurs  de  x,y,  z  résoudront  en  nombres  entiers  l'équation  donnée, 
quelles  que  soient  les  valeurs  entières  attribuées  aux  trois  indéterminées  £ , 


(  373) 
w  ,  C-  D'ailleurs,  on  ne  pourra,  sans  restreindre  la  généralité  delà  solution, 
réduire  l'une  de  ces  indéterminées  à  zéro. 

»  Au  contraire,  s'il  s'agit  de  résoudre  en  nombres  entiers  l'équation 

(i3)  6x  ■+-  \oy  +  i5z  =  o; 

alors,  en  posant 

5  1.7*1  =  5»     3|zx|  =  j,     i\xy\  =  l, 
on  tirera  des  formules  (2), 

(x=5(y,-0, 

et  ces  valeurs  de  x,  y,  z  satisferont  encore  à  l'équation  (i3),  quelles  que 
soient  les  valeurs  entières  attribuées  aux  trois  indéterminées  | ,  yj ,  £  ;  mais 
on  pourra,  sans  diminuer  la  généralité  de  la  solution  trouvée,  réduire  à 
zéro  l'une  quelconque  de  'ces  trois  indéterminées. 
»  Enfin,  s'il  s'agit  de  résoudre  les  équations 

5>  j     .r  +  274-  3z  +  4*  =  o, 

^     '  {  t\x  +  3^+  iz  ■+■  t  =  o; 

alors,  en  posant 

5|jz'!  =  S,     5\ztx\  =  r,,     5\txy\  =  Ç,     S\xjz\  =  t, 
on  tirera  des  formules  (2), 


(16) 


X=  —  71  —  2  £  —  T  , 

|jr  =  -|  +  3^  +  2t, 

Z  =       2ç  +  3>2  —  t, 

t=  —  £  —  2>j  —  £; 


et  si  l'on  demande  des  solutions  en  nombres  quelconques  rationnels  ou 
irrationnels,  on  pourra,  sans  diminuer  la  généralité  des  formules  (16),  y 
réduire  à  zéro  deux  quelconques  des  quatre  indéterminées 

mais  il  n'en  sera  plus  de  même  si  l'on  demande  les  solutions  en  nombres 
entiers.  Alors,  à  la  vérité,  on  pourra,  sans  diminuer  la  généralité  de  la  so- 
lution, poser 

£  =  0,     ïj  =  o, 


(374) 
et  réduire  ainsi  les  formules  (16)  aux  suivantes  : 

x  =  —  2£  —  x,     j=3Ç  +  2t,     z—  —  r,     t  —  —r^ 

ou,  ce  qui  revient  au  même,  aux  deux  équations 

x  =  z-h2t,     y=  —  iz  —  3t; 

mais  on  restreindrait  la  généralité  de  la  solution  en  supposant 

£  =  o,     Ç  =  o, 
ou 

§  =  0,        T  =  0, 

puisqu'on  exclurait  ainsi,  dans  le  premier  cas,  les  valeurs  impaires  des 
variables  y  et  t,  dans  le  second  cas,  les  valeurs  de  y  et  de  z  non  divisibles 
par  3. 

»  Dans  un  autre  article,  je  donnerai  d'autres  applications  de  la  for- 
mule (3).  » 

minéralogie.  —  Note  sur  la  production  artificielle  et  par  la  voie  humide 
d'argent  chloruré  (argent  corné,  silber-hornerz),  et  sur  diverses  épigénies 
par  réduction  d'oxydes  ou  de  sels  métalliques  naturels  ;  par  M.  Frédéric 

KUHLMANN. 

«  Dans  une  récente  communication,  j'ai  eu  l'honneur  d'entretenir  l'Aca- 
démie de  la  production  artificielle  par  voie  humide  de  diverses  espèces  mi- 
nérales, en  déterminant  les  réactions  chimiques  qui  peuvent  leur  donner 
naissance  à  travers  des  corps  poreux. 

»  L'intervention  de  ces  corps,  en  permettant,  par  un  ralentissement  plus 
ou  moins  grand  de  ces  réactions,  d'obtenir  des  corps  cristallisés,  rend  compte 
d'une  manière  satisfaisante  de  la  formation  de  certaines  cristallisations  natu- 
relles en  géodes. 

»  Aux  faits  déjà  signalés,  je  viens  ajouter  la  formation  artificielle  et  par 
voie  humide  du  chlorure  d'argent  corné. 

»  Voici  comment  je  procède  pour  obtenir  ce  corps  :  Après  avoir  rempli 
complètement  un  ballon  d'une  dissolution  de  nitrate  d'argent,  je  ferme 
l'orifice  du  col  avec  un  tampon  d'un  corps  poreux,  tel  que  de  l'amiante, 
de  la  pierre  ponce,  de  l'éponge  de  platine,  de  la  laine,  etc.,  je  renverse  le 
ballon  dans  un  bain  d'acide  chlorhydrique  en  évitant  toute  rentrée  d'air, 
de  telle  manière,  que  le  corps  poreux  se  trouve  baigné  d'un  côté  par  la  dis- 
solution d'argent,  et  de  l'autre  par  l'acide  chlorhydrique. 


(375) 

»  Bientôt  les  deux  liquides  se  mettent  en  contact  immédiat  à  travers  le 
bouchon  poreux,  et  il  se  forme  à  la  surface  supérieure  de  ce  bouchon  une 
petite  couche  de  chlorure  d'argent  précipité,  à  travers  laquelle  la  réaction 
se  continue  lentement  en  donnant  naissance  à  une  arborisation  de  chlo- 
rure d'argent  corné  qui  étend  ses  rameaux  mamelonnés  dans  la  dissolution 
du  sel  d'argent.  Ce  chlorure,  blanc  d'abord,  devient  sous  l'influence  de  la 
lumière  d'un  brun  violacé.  Il  présente  la  demi-transparence,  la  cassure  con- 
choïde  et  vitreuse,  la  consistance  molle  et  la  fusibilité  de  l'argent  chloruré 
naturel,  comme  il  en  a  la  composition. 

»  Cette  formation  artificielle  et  par  voie  humide  d'une  matière  à  aspect 
vitreux  n'est  pas  sans  intérêt  pour  la  géologie  ;  elle  donne  la  clef  de  la  for- 
mation d'un  grand  nombre  de  minéraux  qui  ont  les  mêmes  propriétés  phy- 
siques et  paraissent  de  même  avoir  été  fondus. 

»  Comme  le  chlorure  d'argent  natif  se  trouve  souvent  associé  avec  de 
l'argent  métallique,  il  me  paraît  très-vraisemblable  que  la  formation  du 
métal  résulte,  dans  ce  cas,  de  la  réduction  d'une  partie  du  chlorure,  et 
qu'elle  a  tous  les  caractères  d'une  épigénie.  On  sait,  depuis  longtemps,  avec 
quelle  facilité  le  chlorure  d'argent  cède  son  chlore  à  l'hydrogène  naissant. 

»  En  cherchant  une  explication  de  cette  coexistence  dans  les  mêmes 
masses  minérales,  de  l'argent  métallique  et  de  l'argent  chloruré,  j'ai  été 
conduit  à  reporter  mon  attention  sur  divers  exemples  de  réduction  analo- 
gues, déjà  consignés  dans  un  Mémoire  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter 
à  l'Académie  en  1846,  et  qui  a  pour  titre  :  Relation  entre  la  nitrification 
et  la  fertilisation  des  Serres  (1). 

»  Dès  cette  époque,  j'avais  observé  le  phénomène  curieux  d'une  épigénie 
par  réduction,  sinon  totale,  du  moins  partielle,  d'un  oxyde  métallique.  En 
faisant  passer  du  gaz  ammoniaque  par  un  tube  contenant  du  bioxyde  de 
manganèse  cristallisé,  chauffé  à  3oo  degrés  environ ,  j'ai  obtenu  du  protoxyde 
de  manganèse  conservant  la  forme  cristalline  qu'affectait  le  bioxyde  soumis 
à  l'expérience. 

»  A  cet  exemple,  j'en  ai  joint  beaucoup  d'autres  qui,  d'une  manière  plus 
concluante  encore,  viennent  à  l'appui  de  l'explication  que  j'ai  donnée  de  la 
formation  de  l'argent  métallique  lorsqu'il  accompagne  le  chlorure  natif. 

(1)  Dans  ce  Mémoire,  je  me  suis  efforcé  d'expliquer  le  rôle  important  que  joue  l'ammo- 
niaque dans  la  nitrification,  et  j'ai  signalé  en  particulier,  au  point  de  vue  de  la  fertilisation 
des  terres,  la  facilité  avec  laquelle,  par  une  réaction  inverse  de  l'oxydation,  l'acide  nitrique 
des  nitrates  passe  à  l'état  d'ammoniaque.  Il  s'agissait,  par  ces  derniers  faits,  d'appuyer  une 
opinion  que  j'avais  émise,  à  savoir  :  Que  les  nitrates  exercent  par  eux-mêmes  et  par  l'ammo- 
niaque que  donne  leur  propre  décomposition  une  influence  salutaire  sur  la  végétation. 


(  376) 

»  J'ai  reconnu  que,  sous  l'influence  de  l'hydrogène  naissant,  on  peut 
ramener  à  l'état  métallique  tous  les  sels  de  plomb  et  de  cuivre,  et  que  le 
métal  qui  prend  la  place  de  ces  sels,  bien  que  plus  ou  moins  poreux,  selon 
la  nature  et  le  nombre  des  corps  déplacés,  affecte  toujours  la  forme  des 
cristaux  qui  lui  ont  donné  naissance. 

»  C'est  ainsi  qu'en  mettant  des  cristaux  d'oxydule  de  cuivre,  de  carbo- 
nate et  de  phosphate  de  cuivre,  de  carbonate  de  plomb,  d'oxychlorure  ar- 
tificiel de  plomb,  en  contact  avec  du  zinc  et  de  l'acide  sulfurique  étendu 
d'eau,  il  y  a,  en  peu  de  temps,  transformation  des  oxydes  ou  des  sels  en 
masses  métalliques  à  formes  cristallines. 

»  Il  suffit,  pour  que  ces  phénomènes  de  réduction  se  produisent,  que 
le  minéral  à  réduire  soit  en  contact  immédiat,  par  un  point  quelconque, 
avec  le  zinc  immergé  dans  l'acide  sulfurique  faible.  La  réduction  se  pro- 
page peu  à  peu  et  de  proche  en  proche  sur  toute  la  surface  et  dans  toute 
l'épaisseur  de  la  masse  cristalline  (i). 

»  Mes  vues  s'étant  dirigées  vers  la  réduction  des  minerais  métalliques  par 
les  combinaisons  de  l'hydrogène  avec  les  métalloïdes,  l'acide  sulfhydrique, 
qui  noircit  si  promptement  les  sels  de  plomb,  de  cuivre  et  d'argent,  a  dû 
tout  d'abord  fixer  mon  attention.  Bientôt  il  m'a  été  permis  de  produire  des 
épigénies  variées  par  le  seul  contact  à  froid  de  cet  acide  avec  divers  oxydes 
ou  sels  métalliques  naturels.  En  faisant  passer  un  courant  d'hydrogène  sul- 
furé à  travers  une  allonge  en  verre  dans  laquelle  les  minerais  cristallisés  se 
trouvent  déposés,  la  réaction  est  immédiate  et  souvent  très-rapide  ;  il  y  a 
même,  dans  quelques  circonstances,  élévation  de  température  ;  l'oxygène 
des  oxydes  est  déplacé  à  l'état  d'eau,  et,  s'il  s'agit  d'un  sel  métallique,  l'a- 
cide est  mis  en  liberté  et  expulsé,  si  le  sel  décomposé  est  un  carbonate. 

»  C'est  ainsi  qu'avec  des  cristaux  d'oxyde  ou  de  carbonate  de  cuivre,  je 
produis  du  sulfure  de  cuivre  ;  avec  le  carbonate  de  plomb  natif,  avec 
l'oxychlorure  de  plomb  fondu,  je  produis  du  sulfure  de  plomb,  ayant  le 

(1)  Pour  l'explication  de  ces  réductions,  il  n'est  pas  absolument  nécessaire  de  faire  inter- 
venir la  décomposition  de  l'eau  ;  l'oxygène  nécessaire  à  la  formation  de  l'oxyde  de  zinc  qui 
doit  saturer  l'acide  sulfurique  pourrait  être  directement  emprunté  à  l'oxyde  à  réduire;  tou- 
tefois il  me  paraît  plus  logique  d'admettre  cette  décomposition  comme  on  le  fait  habituelle- 
ment, car  le  phénomène  ne  se  produit  pas  avec  des  acides  concentrés,  et  d'ailleurs  cette 
décomposition  de  l'eau  intervient  forcément  lorsque  le  zinc,  en  contact  avec  l'acide  sulfurique 
faible,  sert  à  enlever  l'oxygène  combiné  à  l'azote  dans  l'acide  nitrique;  car,  dans  ce  ca«,  il 
y  a  intervention  de  l'hydrogène  pour  former  de  l'ammoniaque.  Cette  transformation  de 
l'acide  nitrique  des  nitrates  en  ammoniaque  est  si  complète,  qu'elle  peut  être  utilisée 
dans  quelques  analyses  pour  le  dosage  des  nitrates.  » 


(377  ) 
remarquable  éclat  métallique  qui  caractérise  les  'galènes.  Dans  toutes  ces 
circonstances,  les  réactions,  par  une  sorte  de  cémentation,  pénètrent  dans 
toute  l'épaisseur  de  la  masse  minérale,  et  les  sulfures  conservent  les  formes 
cristallines  des  oxydes  ou  des  sels  métalliques  qui  ont  servi  à  les  former. 

»  En  étendant  ces  réactions  aux  autres  combinaisons  de  l'hydrogène  avec 
les  métalloïdes,  je  suis  arrivé  à  des  résultats  très-variés  et  sur  lesquels  j'ap- 
pellerai ultérieurement  l'attention  de  l'Académie.  » 

«  M.  Babinet  fait  hommage  à  l'Académie  du  second  volume  de  ses 
Études  et  Lectures  sur  les  Sciences  d'observation  et  leurs  applications 
pratiques.  Les  divers  sujets  qui  y  sont  traités  se  rapportent  à  la  Physique 
du  globe,  à  l'Astronomie  et  à  la  Météorologie.  Ces  Études  contiennent 
aussi  plusieurs  articles  écrits  pour  les  séances  publiques  de  l'Institut  et  pour 
.  les  réunions  trimestrielles. 

»  M.  Babinet  réclame  de  nouveau  de  ses  confrères  les  avis  et  la  critique 
qui  lui  ont  été  déjà  si  utiles.  Le  principal  mérite  qui  a  été  recherché  dans 
cet  ouvrage,  c'est  la  stricte  fidélité  aux  doctrines  positives  de  la  science;  en 
sorte  que  le  public,  qui  n'est  pas  en  position  de  contrôler  les  assertions  de 
l'ouvrage,  puisse  y  avoir  une  entière  confiance.  » 

NOMINATIONS 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  deux 
candidats  pour  la  place  de  géographe,  vacante  au  Bureau  des  Longitudes 
par  suite  du  décès  de  M.  Beautemps- Beaupré. 

Scrutin  pour  le  candidat  qui  sera  présenté  en  première  ligne. 
Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  5o, 

M.  Daussy  obtient 46  suffrages. 

M.  Peytier 4 

Scrutin  pour  le  candidat  qui  sera  présenté  en  seconde  ligne. 
Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants,  47 > 

M.  Peytier  obtient 38  suffrages. 

M.  de  Tessan 6 

MM.  Begat,  Chazalon  et  Lieussou,  chacun       1 
D'après  les  résultats  de  ces  deux  scrutins,  les  candidats  présentés  par 
l'Académie  sont  : 

En  première  ligne M.  Daussy. 

En  seconde  ligne M.  Peytier. 

C.  R.,  i856,  i*  Semestre.  (T.  XLII,  N°  8.)  5o 


(378  ) 

L'Académie  procède  également,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination 
d'un  Correspondant  pour  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie  en  rempla- 
cement de  feu  M.  Prunelle. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  44  > 

M.  Guyon  obtient 35  suffrages. 

M.  Bally 3 

M.  Denys  (de  Commercy) 3 

M.  Forget. 3 

M.  Gcvon,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  déclaré  élu. 

MÉMOIRES  LUS. 

physique  du  globe.  —  De  la  formation  et  de  la  répartition  des  reliefs 
terrestres;  par  M.  F.  de  Fraxcq. 

(Commissaires,  MM.  Élie  de  Beaumont,  Dufrénoy,  de  Senarmont.) 

a  J'ai  eu  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie,  le  4  avril  i853,  un 
premier  Mémoire  sur  la  formation  et  la  répartition  des  reliefs  terrestres,  dans 
lequel  je  cherchais  à  démontrer  que  si  le  globe  a  été  dans  l'origine  à  l'état 
de  fusion  complète,  nous  devons  pouvoir  retrouver  des  indices  de  ce  fait 
sur  ses  grands  cercles,  dans  l'étendue,  dans  la  direction  et  dans  la  réparti- 
tion des  reliefs  terrestres  de  ces  derniers. 

»  Si  le  globe  a  été  dans  l'origine  à  l'état  de  fusion  complète,  la  contrac- 
tion qui  a  dû  résulter  de  son  refroidissement  superficiel  nous  conduit,  en 
effet,  aux  conclusions  suivantes  : 

»  i°.  L'épiderme  terrestre  a  dû  subir  sur  tous  ses  grands  cercles  une 
somme  analogue  de  contraction  dans  sa  zone  en  voie  de  refroidissement  (si 
le  refroidissement  s'est  opéré  uniformément  sur  le  globe  entier) ,  et  cet  épi- 
derme  a  dû  finir  par  présenter,  par  cela  même,  sur  tous  ses  grands  cercles, 
un  excès  de  volume  semblable  dans  sa  zone  supérieure,  parvenue  graduel- 
lement à  un  état  de  refroidissement  assez  complet  pour  ne  plus  se  contracter 
par  elle-même. 

»  2°.  La  dépense  d'un  même  excès  de  volume  sur  les  grands  cercles  a 
dû  provoquer  ainsi  dans  cette  zone  supérieure  de  l'écorce  terrestre  des 
exhaussements  et  des  plissements  qui  pourraient  donner  lieu,  sur  chaque 
çrand  cercle ,  à  une  même  somme   d'étendue  terrestre   d'une  élévation 


(379) 
moyenne  donnée,  si  la  réaction  de  ces  grands  cercles  entre  eux  ne  venait 
pas  s'opposer  à  une  répartition  aussi  régulière  de  leurs  arcs  d'exhausse- 
ment. 

»  Les  plissements  sont  dus  à  des  arcs  d'exhaussement  de  hauteurs  diffé- 
rentes qui  s'entre-croisent  sur  une  surface  donnée.  Le  plus  élevé  d'entre 
eux  provoque  un  pli  qui  fait  angle  droit  avec  lui,  tandis  que  l'arc  le  plus 
bas  déprime,  au  contraire,  les  arcs  plus  élevés  qu'il  rencontre  sur  son  pas- 
sage et  forme  latéralement  des  alignements  parallèles  avec  lui.  Appliquons 
cette  règle  générale  aux  plissements  et  exhaussements  de  la  zone  supérieure 
de  l'écorce  terrestre. 

»  Chaque  grand  cercle  ayant  un  même  excès  de  volume  à  dépenser  dans 
cette  zone  supérieure,  admettons  qu'il  puisse  le  répartir  sur  une  étendue 
moyenne  (de  100  degrés  de  surfaces  terrestres,  par  exemple).  Il  nous  pré- 
senterait alors  ioo  degrés  terrestres  et  260  degrés  marins.  Mais  une  réparti- 
tion aussi  régulière  pourra-t-elle  avoir  lieu  sur  tous  les  grands  cercles  du 
globe,  dont  chaque  point  de  la  surface  est  croisé  par  un  nombre  indéfini 
de  grands  cercles?  Évidemment  non.  Tel  d'entre  eux  ne  rencontrera  pas 
sur  son  parcours  une  étendue  de  100  degrés  d'exhaussement  terrestre,  et 
sera  forcé  de  reporter  alors  une  partie  de  ses  arcs  d'exhaussement  sur  des 
surfaces  qui  ne  sont  pas  exhaussées  par  les  autres  grands  cercles,  tandis  que 
tel  autre  grand  cercle  sera  contraint  de  répartir,  au  contraire,  l'excès  de  vo- 
lume de  sa  zone  supérieure  sur  plus  de  100  degrés  terrestres,  et  ses  arcs 
d'exhaussement  s'abaisseront  alors  en  raison  de  leur  trop  d'extension. 

»  Le  grand  cercle  dont  une  partie  des  arcs  d'exhaussement  aura  été  dé- 
primée ,  dans  le  premier  cas ,  au-dessous  du  niveau  des  mers,  devra  nous 
présenter  alors,  en  vertu  de  la  loi  des  plissements,  des  alignements  formant 
angle  droit  avec  lui  aux  deux  extrémités  de  la  dépression  qu'il  aura  subie, 
et  ces  alignements  devront  nous  permettre,  lorsqu'ils  s'élèveront  au-dessus 
des  mers,  de  constater  non-seulement  l'existence,  mais  encore  l'étendue  de 
de  cette  dépression. 

»  Le  grand  cercle,  au  contraire,  qui  aura  dû  répartir  son  excès  de  vo- 
lume sur  plus  de  100  degrés  terrestres  déprimera  les  surfaces  d'exhausse- 
ment sur  lesquelles  il  passera,  et  dénotera  sa  force  de  dépression  par  des 
alignements  qui  seront  parallèles  avec  lui  et  qui  augmenteront  en  propor- 
tion de  son  excès  d'étendue  terrestre. 

»  Tous  les  grands  cercles  de  moins  de  1 00  degrés  terrestres  devront  donc 
atteindre  cette  somme  d'exhaussement,  lorsque  l'on  adjoindra  l'étendue  de 
leurs  arcs  marins  rectangulaires  à  celle  de  leurs  arcs  terrestres,  et  les  grands 


oo. 


(  38o  ) 
cercles  qui  auront  plus  de  ioo  degrés  terrestres  devront  longer  des  aligne- 
ments parallèles  avec  eux ,  en  raison  de  leur  excès  d'étendue  terrestre. 

»  L'écorce  de  notre  sphère  répond-elle  à  ces  données -générales  d'un 
globe  originairement  a  l'état  de  fusion  complète? 

»  J'ai  cherché  à  résoudre  ce  problème  de  la  manière  suivante  : 

»  J'ai  commencé  par  prendre  l'équateur.  J'ai  fait  converger  ensuite  sur 
lui  des  roses  de  trente-six  grands  cercles  chacune,  que  j'ai  espacées  de 
45  degrés  en  45  degrés  les  unes  des  autres;  ces  roses,  dont  les  grands  cer- 
cles remontent  successivement  de  5  degrés  en  5  degrés  de  l'équateur  jus- 
qu'aux pôles,  couvrent  le  globe  d'un  réseau  qui  est  pris  d'une  manière 
assez  complète  et  assez  impartiale  pour  que  nous  puissions  admettre,  je  le 
crois,  les  données  générales  qu'il  nous  présente.  J'ai  calculé  sur  chacun  de 
ses  grands  cercles  :  i°  l'étendue  de  ses  arcs  terrestres;  i°  les  angles  qu'il 
forme  avec  les  principaux  alignements  qu'il  coupe  sur  son  passage,  et  j'ai 
mentionné  également  l'étendue  des  arcs  marins  qui  sont  terminés  par  des 
alignements  rectangulaires. 

»  Les  cent  cinq  grands  cercles  que  j'ai  pris  de  l'équateur  jusqu'au  65e  de- 
gré de  latitude,  où  l'on  commence  à  ne  plus  connaître  exactement  toutes 
les  surfaces  terrestres,  nous  donnent,  en  résumé,  les  moyennes  suivantes  : 


SKCTIONS 

des 

sommes  terrestres 

des 

grands  cercles. 

SOMBRE 

des 
grands 
cercles. 

ÉTENDUE 
DES   ARCS    D'EXHAUSSEMENT. 

SOMMES    EFFECTIVES. 

ÉVALU 
PROPORTI 

Angles 
droits. 

AT10NS 

nstll.ts. 

Parallèl . 
sur 

Sommes 
terrestr. 
moyenn. 

Arcs 
marins 
rectang. 

Total. 

Aligne- 
ments 
mention- 
nés sur 

Angles 
droits. 

Parallèl. 
sur 

De    32'/,  à  42° 

2 

0 
37,5o 

62,37 

99. 87 

0 

92>37 

0 
I0,O0 

0 

» 

0 
I0,8l 

0 

9 

De    42  'A  a   52 

4 

46,8l 

52,  1 3 

98>94 

91,25 

i3,5o 

» 

14,67 

n 

De   52  '/»  à   62 

5 

56,95 

4i,35 

98,3o 

92,7° 

i3,4o 

■» 

l4  ,20 

» 

De   62  '/,  à    72 

8 

68,65 

30,47 

99>12 

73,68 

10,62 

1,40 

14,28 

1,88 

De    72  '/,  à   82 

>7 

77  »73 

21,70 

99 '44 

69,36 

10, 58 

1,29 

i5,i8 

i,85 

De    82  '/,  à   92 

•4 

86,28 

13,09 

99>  37 

67,73 

9,35 

o,35 

13,72 

0,52 

De   92 '/,  à  102 

'7 

97>24 

2,11 

99  >35 

55,o6 

8,06 

o,56 

'4,5g 

1 ,01 

De  102  7<  à  112 

9 

io5,4o 

» 

io5,4o 

47. '7 

2,11 

8,80 

4,73 

19,66 

De  112'/,  à  122 

7 

1 1 7 , 00 

0,67 

117,67 

86,25 

i,7> 

26,17 

2,33 

37  >79 

De  122'/,  à  i32 

» 

» 

» 

» 

» 

■ 

n 

» 

» 

De  i32'/,à  142 

6 

i33,62 

D 

i33,62 

1 i4,33 

O,  l6 

47,20 

0,18 

55,i6 

De  142 '/»  à  i52 

5 

149, 5o 

" 

i4g,5o 

r34,65 

0,20 

75,45 

0,21 

81,68 

(38.  ) 

»  Ce  tableau  nous  montre  :  i°  que  les  grands  cercles  qui  ont  moins  de 
98  à  100  degrés  terrestres,  ont  tous  des  arcs  marins  rectangulaires,  tandis  que 
les  autres  n'en  ont  plus  ordinairement;  20  que  l'étendue  de  ces  arcs  marins, 
jointe  à  celle  des  arcs  terrestres  du  grand  cercle,  vient  compléter  constam- 
ment un  chiffre  de  98  à  100  degrés  ;  3°  que  les  grands  cercles  qui  ont  moins 
de  1020  7*  terrestres  présentent  tous  un  nombre  assez  considérable  d'ali- 
gnements terrestres  qu'ils  coupent  à  angles  droits,  et  presque  pas  d'aligne- 
ments parallèles;  4°  que  si  l'on  prend  le  chiffre  total  donné  par  l'étendue 
des  arcs  terrestres  d'un  grand  cercle  et  par  celle  de  ses  arcs  marins  rec- 
tangulaires, si  l'on  calcule  le  nombre  proportionnel  d'alignements  rectan- 
gulaires, ainsi  que  l'étendue  proportionnelle  d'alignements  parallèles  que 
donne  ce  chiffre  total  ;  lorsque  l'on  admet  dans  ce  calcul  le  connu  pour 
base  de  Y  inconnu  (1),  on  trouve  que  les  grands  cercles  qui  ont  moins  de 
1020  '/*  terrestres  ont  en  moyenne,  dans  presque  toutes  leurs  différentes 
sections  de  sommes  terrestres,  de  14  à  i5  alignements  rectangulaires,  et 
qu'ils  n'ont  presque  pas  d'étendue  d'alignements  parallèles  ;  tandis  qu'aus- 
sitôt que  les  grands  cercles  ont  plus  de  102  degrés  terrestres,  ils  n'ont  plus, 
en  général,  d'arcs  marins  rectangulaires,  et  leurs  alignements  rectangu- 
laires disparaissent  rapidement  pour  faire  place  à  des  alignements  parallèles 
dont  l'étendue  augmente  en  raison  de  l'accroissement  terrestre  du  grand 
cercle. 

»  Les  grands  cercles  du  globe  nous  présentent  donc,  en  résumé,  un 
caractère  uniforme  jusqu'au  102e  degré  terrestre.  Tous,  jusqu'à  ce  chiffre, 
semblent  avoir  une  somme  analogue  d'arcs  d'exhaussement,  tous  forment 
un  nombre  semblable  d'alignements  rectangulaires  et  subissent  plus  ou 
moins  la  dépression  des  grands  cercles  qui  ont  plus  de  102  degrés  terrestres; 
tandis  que  ces  derniers  exercent  cette  dépression  en  proportion  de  la  trop 
grande  extension  de  leurs  arcs  d'exhaussement. 

»  Les  arcs  marins  rectangulaires,  qui  forment  constamment,  ainsi  que 
nous  venons  de  le  voir,  le  complément  des  arcs  d'exhaussement  des  grands 
cercles  de  moins  de  98  à  100  degrés  terrestres,  nous  présentent  un  second 
caractère  fort  important  :  «  Les  alignements  rectangulaires  qui  les  enca- 
drent sont  tous  plus  ou  moins  volcaniques,  et  sont  constamment  croisés, 
ainsi  que  je  le  démontrerai  dans  un  prochain  Mémoire,  par  de  larges  fais- 

(1)  Je  n'ai  pas  pu  mentionner  les  alignements  terrestres  de  l'intérieur  de  l'Afrique  ni  ceux 
de  l'Australie ,  mais  j'ai  indiqué  dans  une  colonne  spéciale  l'étendue  inconnue  des  arcs 
terrestres  dont  j'ai  pu  citer  les  alignements. 


(  38a  ) 

ceaux  de  grands  cercles  de  plus  de  ioa  degrés  terrestres  qui  en  motivent  la 
dépression . 

»  Ainsi,  on  est  conduit  à  admettre  que  les  phénomènes  volcaniques  que 
nous  constatons  sur  tous  les  alignements  qui  encadrent  les  arcs  marins 
rectangulaires  proviennent  directement  ou  indirectement  du  travail  que 
subissent  ou  qu'exercent  encore  actuellement  ces  arcs  d'exhaussement. 

»  Ce  travail  serait  donc  la  cause  première  des  phénomènes  volcaniques, 
et  il  ne  faudrait  attribuer  qu'un  effet  secondaire  à  la  réaction  que  la  masse 
en  fusion  peut  exercer  sur  l'écorce  terrestre. 

»  Cette  écorce  nous  accuserait  enfin,  dans  sa  zone  supérieure,  la  dépense 
d'un  même  excès  de  volume  sur  tous  ses  grands  cercles  et  nous  donnerait 
une  nouvelle  preuve  par  là  de  l'état  de  fusion  de  notre  globe.  » 

CHIMIE.  —  Conclusions  d'un  travail  sur  les  oxydes  et  acides  du  manganèse, 
les  manganates  et  les  hy permanganates  ;  par  M.  P.  Thenard. 

(Henvoi  à  l'examen  de  MM.  Pelouze,  Regnault,  Balard,  auxquels  est  invité 

à  s'adjoindre  M.  Thenard.) 

a  Le  défaut  d'espace  ne  nous  permettant,  pas  de  donner  un  résumé  même 
succinct  de  nos  recherches,  qui  soit  compréhensible  des  chimistes  eux- 
mêmes,  nous  nous  bornons  à  en  donner  les  conclusions. 

»  La  transformation  des  dissolutions  de  manganates  en  hypermanganates 
est  uniquement  due,  dans  nombre  de  circonstances,  à  la  présence  du 
bioxvde  de  manganèse  libre,  qui  peut  se  former  en  très-petite  quantité  sous 
des  influences  diverses  et  nombreuses  au  sein  de  la  dissolution  même. 
D'autres  corps  en  poudre  et  très-oxydés  jouissent  de  la  même  propriété, 
quoique  à  un  moindre  degré.  La  lumière  solaire  agit  elle-même  puissamment. 

»  La  transformation  de  l'hypermanganate  de  potasse  en  manganate,  en 
présence  d'une  dissolution  de  potasse,  s'opère  par  cinq  causes  différentes  : 

»  i°.  Sous  l'influence  des  matières  organiques  que  la  potasse  renferme 
habituellement  et  qui  agissent  comme  matières  réduisantes; 

»  20.  Par  une  élévation  de  température  dépassant  i3o  degrés  dans  des 
dissolutions  très-concentrées  :  il  se  dégage  alors  i  équivalent  d'oxygène; 

»  3°.  Sous  l'influence  du  bioxyde  de  manganèse,  qui  agit  comme  corps 
désoxydant,  et  se  transforme  ainsi  en  acide  manganique,  puis  en  manganate; 

»  4°-  Sous  l'influence  du  bioxyde  de  manganèse,  qui  en  s'oxydant  incom- 
plètement, et  quelquefois  pas  du  tout  quand  il  a  beaucoup  de  cohésion, 


(  383  ) 

détermine,  par  sa  seule  présence,  le  départ  de  i  équivalent  d'oxygène  :  les 
deux  actions  précédentes  agissent  habituellement  simultanément  ; 

»  5°.  Sous  l'influence  et  par  la  présence  seule  de  corps  très-oxydés,  mais 
av  ec  une  intensité  moins  grande. 

»  En  soumettant  l'hypermanganate  de  potasse  à  une  chaleur  soutenue  de 
aAo  degrés,  on  le  décompose  en  manganate  de  potasse  et  bioxyde  de  man- 
ganèse qui  reste  dans  l'appareil,  et  en  oxygène  qui  se  dégage, 
Mn2  O7  KO  =  Mn  O3  K  ■+-  Mn  O2  -+-  O2 . 

»  Ce  résidu,  mouillé  avec  de  l'eau,  donne  un  dégagement  d'oxygène  à 
froid,  semblable  à  l'effervescence  que  produisent  quelques  gouttes  d'acide 
sur  un  carbonate  ;  de  plus,  le  bioxyde  de  manganèse  est  un  des  corps  les  plus 
absorbants,  à  la  manière  du  charbon,  que  l'on  connaisse;  mais  il  ne  jouit  de 
cette  propriété  à  un  haut  degré,  que  pour  les  corps  très-électronégatifs.  Nous 
étudierons  ce  fait  et  nous  rechercherons  s'il  ne  joue  pas  un  grand  rôle  dans 
les  actions  catalytiques,  et  particulièrement  dans  celles  dont  il  est  ici  ques- 
tion. 

»  L'acide  hypermanganique  anhydre  est  un  corps  vert-olive  foncé,  d'une 
odeur  semblable  à  celle  de  certains  composés  chlorés  et  de  l'oxygène  ozone. 
Il  est  très-instable,  détone  entre  3o  et  4o  degrés,  et  donne  pour  produit  de 
sa  destruction  du  bioxyde  de  manganèse  et  de  l'oxygène.  Il  se  décompose 
également  à  froid  sous  l'influence  des  oxydes  d'argent,  de  mercure  et  sur- 
tout de  manganèse,  fait  qui  prouve  une  fois  de  plus  que  la  composition  de 
la  molécule  influe  davantage  que  la  nature  des  éléments  qui  la  composent. 
Par  toutes  ces  propriétés,  il  appartient  à  ce  groupe  de  corps  dont  l'eau 
oxygénée  représente  si  bien  le  type. 

»  Nous  publierons  prochainement,  dans  un  des  grands  recueils  scienti- 
fiques, notre  travail  in  extenso;  d'ici  là,  nous  engageons  les  chimistes  qui 
voudraient  préparer  l'acide  hypermanganique  à  bien  se  tenir  sur  leurs 
gardes,  parce  que,  sans  certaines  précautions,  ils  courraient  les  plus  grands 


dangers.  » 


MEMOIRES  PRESENTES. 


mécanique  analytique.  —  Mémoire  sur  les  mouvements  relatifs;  par 
M.  Edmond  Boni.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Liouville,  Lamé,  Chasles.) 

«    i°.  L'objet  de  ce  Mémoire  n'est  pas  de  faire  la  théorie  des  mouvements 
relatifs,  car  cette  théorie  est  contenue  tout  entière  dans  les  belles  formules 


(  384  ) 
générales  de  Lagrange,  qui  donnent  les  dérivées  par  rapport  au  temps  d'un 
système  de  variables  quelconques,  et  peuvent  par  conséquent  fournir  im- 
médiatement les  équations  différentielles  auxquelles  satisfont  les  coordon- 
nées relatives.  Je  me  suis  plutôt  proposé  de  dégager  des  formules  de  La- 
grange cette  théorie  qui  ne  s'y  trouve  pour  ainsi  dire  qu'à  l'état  latent,  de 
faire  quelque  chose  d'analogue  à  ce  qu'a  fait  Coriolis  quand  il  a  donné, 
une  fois  pour  toutes,  la  forme  des  nouveaux  termes  qui  entrent  dans  les 
équations  différentielles  des  mouvements  relatifs;  on  sait  qu'il  a  considéré 
ces  termes  représentant  les  composantes  de  deux  forces  fictives,  au  moyen 
desquelles  le  mouvement  peut  être  assimilé  à  un  mouvement  absolu. 

»  Seulement,  par  un  artifice  dont  j'espère  que  ce  travail  fera  ressortir 
l'utilité,  j'interprète  d'une  manière  différente  ces  termes  qui  proviennent 
de  la  transformation  des  coordonnées;  j'introduis  à  la  place  des  vitesses  des 
variables  auxiliaires  qui  en  sont  des  fonctions  linéaires,  et  cela  fait,  il  ne  me 
reste  plus,  pour  réduire  les  mouvements  relatifs  aux  mouvements  absolus, 
qu'à  ajouter  à  la  fonction  des  forces  des  termes  qui  ne  dépendent  pas  des 
vitesses,  mais  seulement  des  coordonnées  relatives  et  du  temps.  C'est  cette 
circonstance  qui  distingue  profondément  mes  équations  différentielles  de 
celles  auxquelles  conduit  l'application  du  théorème  de  Coriolis.  Les  pre- 
mières peuvent  être  mises  sous  la  forme  que  l'on  doit  à  M.  Hamilton,  et 
l'on  peut  ainsi  profiter  de  tous  les  beaux  théorèmes  de  la  mécanique  ana- 
lytique. Par  exemple,  quand  on  a  trouvé  la  moitié  des  intégrales  d'un 
problème,  si  ces  intégrales  satisfont  à  certaines  conditions  indiquées  par 
M.  Liouville,  une  simple  quadrature  permet  de  terminer  la  solution.  Dans  les 
recherches  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie,  je  fais  une  appli- 
cation incessante  de  ce  théorème  capital. 

»  2°.  La  première  partie  de  mon  Mémoire  est  consacrée  à  la  théorie  ana- 
lytique des  mouvements  relatifs.  Si  je  désigne  par  a,  /3,  -y  les  composantes 
suivant  les  axes  mobiles  de  la  rotation  instantanée  du  système  de  compa- 
raison, les  variables  auxiliaires  dont  j'ai  parlé  sont  : 


%i 

dx, 

=  m 

-h 

|3z«- 

-  tr* 

*ii 

_dyt 
dt 

+ 

yXi- 

-  azi, 

%t 

_dzL 

'  dt 

4- 

«/«- 

-  fiXi, 

xh  ji,  z,  sont  les  coordonnées  relatives  d'un  point  quelconque,  dont  je 
représente  la  masse  par  m,-. 


(  385  ) 
»  Je  désigne  par  V  la  fonction  des  forces,  par  T  la  demi-somme  des  forces 
vives  apparentes ,  et  j'introduis  deux  fonctions  nouvelles  dont  on  apercevra 
facilement  la  signification  :  l'une  est  homogène  et  du  premier  degré  par  rap- 
port aux  coordonnées  relatives  ;  l'autre  est  du  second  degré  par  rapport  à 
ces  mêmes  coordonnées.  Voici  la  définition  de  ces  fonctions  : 

K  =  —  u'  Irrii xt  —  v '  2 miji  —  iv' 2  m{  z-„     . 

R  =  Ï2mt[{irt  -  P  Vf  +  («*  -  l*iY  +  (fa  -  *nY  )  ■ 

»  Les  quantités  «',  v' ,  W  qui  entrent  dans  k,  sont  les  projections  sur  les 
axes  mobiles  de  l'accélération  absolue  de  l'origine. 
»  Je  pose  enfin 

Uh-K  +  R  =  U„     U,-T  =  H, 

et,  s'il  s'agit  d'un  ensemble  de  points  libres,  les  équations  différentielles  du 
mouvement  sont  de  la  forme 


dxi 

dH 

d.m&i 

d\\ 

~di  ~~ 

d .  mt  |, 

dt       ' 

dxj 

»  La  quantité  H  doit  évidemment  être  exprimée  en  fonction  de  x^y-^  z(; 
ces  dernières  remplaçant  dans  T  les  dérivées  x'^y'i ,  2; . 

»  3°.  Passant  de  là  au  cas  d'un  système  à  liaisons  quelconques,  je  sup- 
pose avec  Lagrange  que  l'on  profite  des  équations  qui  expriment  ces  liai- 
sons pour  réduire  les  inconnues  au  plus  petit  nombre  possible,  et  je  repré- 
sente ces  inconnues  par  q,,  q2,---,  <jn- 

»  Je  pose  alors 

rfT,  _  rfT,  _  dl,  _ 

dj-^-P"  W,~P^2,^^■,  ^^     P  "     ^ 

j'exprime  H  en  fonction  des  variables/;,,  </(,...,  pn,  q„;  et  les  équations  dif- 
férentielles auxquelles  ces  variables  doivent  satisfaire  sont 

dcU  _  dU  dpt  _  dtt 

dt  dpi  dt  dtji 

»  4°-  Parmi  les  applications  que  je  fais  de  cette  théorie,  je  signalerai 
d'abord  celle  qui  a  pour  objet  la  rotation  d'un  corps  libre  autour  de  son 
centre  de  gravité. 

»  On  peut  voir  dans  un  remarquable  Mémoire  de  M.  Quet  les  équations 

C.  R.,  i856,  ier  Semestre.  (T.  XLII,  N°  8.)  5l 


(  386  ) 
assez  compliquées  qui  conviennent  au  cas  particulier  où  le  corps  a  deux  de 
ses  mouvements  principaux  d'inertie  égaux.  L'application  de  ma  méthode 
au  cas  général  dispense,  au  contraire,  de  tout  calcul  d'intégration. 

»  Sans  même  former  les  équations  différentielles  précédentes,  on  recon- 
naît immédiatement,  à  l'inspection  de  la  fonction  H,  que  cinq  des  inté- 
grales du  mouvement  absolu  s'appliquent  sans  modification  au  mouvement 
relatif;  et  qu'il  suffit  d'ajouter  —  nt  à  la  sixième  (n  étant  la  rotation  de  la 
terre),  pour  avoir  la  dernière  des  intégrales  cherchées. 

»  Ce  résultat  curieux  tient  à  cette  circonstance,  qu'au  lieu  de  compliquer 
la  forme  des  équations  différentielles,  je  complique  la  signification  des  va- 
riables qui  y  entrent  ;  or  ceci  n'introduit  aucune  difficulté  dans  l'intégra- 
tion.' 

»  5°.  Les  équations  différentielles  du  mouvement  des  projectiles  dans  le 
vide  s'intègrent  de  même  sans  aucune  difficulté  et  avec  une  grande  élé- 
gance, toujours  en  employant  les  procédés  de  la  mécanique  analytique,  et 
principalement  le  théorème  de  M.  Liouville  dont  j'ai  déjà  parlé.  Je  trouve  pour 
la  trajectoire  relative  une  parabole  dont  le  plan,  animé  d'une  vitesse  angu- 
laire égale  et  de  sens  contraire  à  celle  de  la  terre,  reste  constamment  tan- 
gent à  un  cylindre  de  révolution  dont  l'axe  est  parallèle  à  celui  du  monde. 

»  6°.  La  seule  question  qui  présente  quelques  difficultés  de  calcul  est  la 
suivante ,  d'où  l'on  peut  déduire  la  théorie  des  divers  gyroscopes  de 
M.  Foucault  : 

»  Déterminer  le  mouvement  d'un  corps  solide  de  révolution  dont  l'axe 
est  assujetti  à  rester  sur  la  surface  d'un  cône  également  de  révolution,  et 
fixe  par  rapport  à  la  terre. 

»  Les  intégrales  dépendent  des  fonctions  elliptiques;  elles  se  ramènent 
encore  immédiatement  aux  quadratures;  le  seul  point  délicat  est  la  discus- 
sion et  la  distinction  des  divers  cas  particuliers  qui  se  réduisent  à  quatre  : 

»  Le  premier  est  celui  du  mouvement  circulaire  continu  ; 

»  Le  deuxième,  celui  du  mouvement  oscillatoire  ; 

»  Le  troisième,  celui  du  mouvement  non  périodique  qui  se  présente 
quand  les  données  initiales  sont  choisies  de  manière  à  rendre  égal  à  l'unité 
le  module  de  fonctions  elliptiques  ; 

»  Enfin  le  dernier  cas  est  celui  où  l'axe  du  cône  directeur  coïncide  avec 
celui  de  la  rotation  terrestre.  Alors,  bien  que  cette  rotation  influe  sur  la 
valeur  des  constantes,  elle  ne  modifie  pas  les  lois  du  mouvement  ;  c'est  le 
cas  de  l'équilibre  indifférent  ou  du  mouvement  uniforme.  » 


(  387  ) 

mécanique.  —  Mémoire  sur  le  pendule  conique,  ou  régulateur  à  force 
centrifuge;  par  M.  Mahistre.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Poncelet,  Morin.) 

«  Les  diverses  théories  du  pendule  conique,  du  moins  celles  qui  sont 
venues  à  ma  connaissance,  négligent  toutes  le  poids  des  tiges,  et,  à  plus 
forte  raison,  les  actions  que  la  force  centrifuge  exerce  sur  elles.  Elles  con- 
duisent ainsi  à  une  expression  remarquable  de  la  hauteur  verticale  h  du 
pendule  conique,  savoir  : 

dans  laquelle  g  est  la  gravité,  u  la  vitesse  angulaire  de  rotation.  Mais  ce 
résultat,  qui  est  d'une  simplicité  remarquable,  n'exprime  la  valeur  de  h 
qu'avec  une  grossière  approximation,  comme  on  le  verra  ci-après. 

»  Dans  une  Note  sur  le  calcul  de  la  force  centrifuge,  présentée  à  l'Aca- 
démie des  Sciences  le  Ier  octobre  1 855,  et  insérée  depuis  dans  les  Mémoires 
de  la  Société  impériale  des  Sciences  de  Lille  (ae  série,  tome  II),  j'ai  dé- 
montré que  la  résultante  des  actions  de  la  force  centrifuge  sur  un  corps  de 
forme  quelconque,  homogène  ou  hétérogène,  tournant  autour  d'un  axe,  fixe 
ou  instantané,  est  le  même,  en  grandeur,  que  si  toute  la  masse  du  mobile 
était  concentrée  en  un  point  quelconque  d'une  ligne  menée  par  le  centre  de 
gravité,  parallèlement  à  l'axe  de  rotation.  Je  fais  connaître  aussi,  dans  la 
même  Note,  l'équation  générale  de  la  résultante.  En  appliquant  cette  théo- 
rie au  cas  d'un  cylindre  droit  homogène,  dont  l'axe  rencontre  l'axe  de 
rotation,  je  trouve  pour  l'équation  de  la  résultante  des  actions  centrifuges, 
en  prenant  pour  origine  des  coordonnées  le  centre  de  gravité  du  cylindre. 

(.)  3  =  ^sin?COs?(i£-^. 

L'axe  de  z  est  supposé  parallèle  à  l'axe  de  rotation.  Dans  cette  formule, 
9  est  l'angle  aigu  que  l'axe  du  cylindre  fait  avec  l'axe  des  z;  a  est  la  distance 
du  centre  de  gravité  à  l'axe  de  rotation ,  /  est  la  longueur,  p  le  rayon  du 
cylindre.  Si  l'on  suppose  que  l'axe  du  cylindre  se  termine  à  la  distance  p  de 
l'axe  de  rotation,  on  aura 

(2)      .  a  —  ç>  -+-  -l  sinç>, 

5i.. 


(  388  ) 
et  la  valeur  de  z  deviendra 


z  =  y  sin  <p  cos  y 


n  (9  +  - L  sin  y 

Si  /j  est  très-petit,  comme  cela  a  lieu  pour  les  tiges  du  pendule  conique,  on 
pourra  le  négliger,  et  prendre  simplement 

(3)  z  =  —  sin<pcos<p . 

p  -h  - 1  sin  f 

Si  dans  cette  formule  on  fait  p  =  o,  on  trouve 

(4)  z  =  ^/cos<p. 

D'où  l'on  conclut  que,  lorsqu'un  cylindre  d'un  très-petit  diamètre  tourne 
autour  d'un  axe,  si  ce  cylindre  se  termine  sur  l'axe  ou  très-près  de  l'axe, 
la  résultante  des  actions  centrifuges  rencontrera  celui  du  cylindre,  à  très- 
peu  près  au  tiers  de  sa  longueur,  à  partir  de  l'extrémité  la  plus  éloignée  de 
l'axe  de  rotation. 

»  Généralement  le  pendule  conique  forme  un  hexagone  dont  les  deux 
côtés,  qui  sont  perpendiculaires  à  l'axe  de  rotation,  et  sur  lesquels  se  fait  la 
rotation  des  tiges,  sont  égaux  et  très-petits;  les  quatre  autres  sont  aussi 
égaux  et  forment  une  espèce  de  losange.  Les  tiges  étant  cylindriques,  on 
peut  déterminer,  par  ce  qui  précède,  l'intensité  et  la  position  de  la  force 
centrifuge  résultante  relative  à  chacune  d'elles,  ainsi  que  l'action  analogue 
sur  les  boules;  désignant  alors  par  p  la  distance  à  l'axe  des  centres  de  rota- 
tion supérieurs  et  inférieurs,  X  et  T  la  longueur  et  le  poids  de  chacune  des 
tiges  qui  portent  les  boules,  ces  tiges  étant  supposées  se  terminer  aux 
centres  de  celles-ci ,  f  l'angle  aigu  qu'elles  font  avec  l'axe  ;  nommant 
aussi  B  le  poids  d'une  boule,  l  et  L  la  longueur  et  le  poids  de  chacun 
des  côtés  inférieurs  du  losange,  «  la  vitesse  angulaire  de  rotation,  g  la 
gravité ,  on  trouve  pour  l'équation  d'équilibre  de  toutes  ces  forces,  et  en 
appliquant  directement  le  principe  des  vitesses  virtuelles, 


(5) 


g      Xsin»             s  T5n-(2M  +  3L)  /    . 
[  qx  2 !_ 1_  £_  . — , i '_    Sln  qj 

w!  p  +  X  sin  .f         u'      2  B  (  p  -f-  X  sin  <p  )  " 

L  l(  p  -h  |  /  sin  <p  J  +  T  \  (  p  +  |  >■  sin  <p  \ 

i L ^ L  coscp. 

?.B  (p-Msiiif) 


(  "389  ) 
Maintenant  si  dans  cette  équation  on  fait  p  =  o,  elle  devient 

(fi\  h-L+S  Tl+(aM  +  3L)f  _  Lf  +  TV  .  . 

1     '  <o>        a>  2B>  "  3BV       "' 

et  l'on  voit  que  les  deux  derniers  termes  de  cette  formule  sont  loin  d'être 
négligeables.  Si  l'on  veut  avoir  égard  à  la  quantité  p,  il  suffira  de  déve- 
lopper l'équation  (5)  suivant  les  puissances  croissantes  de  cette  quantité, 
et  l'on  trouvera,  pour  la  correction  de  A,  en  ne  conservant  que  les  termes 
du  premier  ordre, 

in)        dk  —  —  £(|+_]_4 ^-_       TX+LZ  —  ■; - 

v  '  '  •>'  \  B  /  )i  sin  <f        9  B  XJ  sin  cp  \  3         X 

dans  laquelle  on  a  fait,  pour  abréger, 

,gs  R  =  n+(2M  +  3L)/ 


2* 


Comme  le  deuxième  terme  de  l'équation  (7)  est  très-petit,  à  cause  du  divi- 
seur B ,  on  peut  prendre  simplement 

(9)  ^  =  -^(1  +  1)^- 

v  v  '  »'  \  B  /  A  sin  <p 

Si  l'on  pose  encore 

l'équation  (6)  prend  la  forme 

(11)  àa>3(B  +  K')=g(B+K), 

d'où  l'on  tire 

(ia)  ha'  =  s- — —  =  constante. 

»  Si  l'on  veut  déterminer  le  poids  des  boules  sous  la  condition  qu'elles 
accomplissent  une  course  verticale  donnée  c,  pendant  que  le  régulateur 
passe  d'une  vitesse  «'  à  une  vitesse  w",  on  aura,  en  supposant  que  w  soit 
la  vitesse  de  régime, 


(i3) 


Aw2(B  +  K')  =  g(B-+-K), 
A'u'*(B-+-K')  =  g(B  +  K.), 

A"W"2(B-+-K')  =  g(B  +  RK 
h"-  h'=c; 


(  39o) 
lesquelles  étant  résolues  donnent 

4" 

v  v,     ir'N"  /*»  —  i 


B  = 


en  nommant  N  le  nombre  des  tours  que  le  régulateur  fait  en  une  minute 
sous  la  vitesse  de  régime,  et  n  un  coefficient  de  régularité  tel,  qu'on  a 


w  =  w    i 


V$     .-=»(■-;)• 


»  Quand  la  douille  du  régulateur  est  au-dessus  du  centre  de  rotation,  si 
les  tiges  qui  portent  les  boules  sont  prolongées,  à  peu  près  en  ligne  droite, 
on  retrouve  l'équation  (i  i),  ainsi  que  les  formules  (i4)-  Seulement  les  va- 
leurs de  R  et  R'  y  sont  différentes,  et  ont  pour  valeurs 

(i5) 


(16)  K'= 


2> 

TV-t-aL/* 
3V 


mécanique    analytique.   —  Recherches   sur  la   loi   des   oscillations   du 
pendule  à  suspension  à  lames  des  chronomètres  fixes  ;  par  M.  Hksai. 
( Extrait  par  l'auteur). 

(Commissaires,  MM.  Poncelet,  Pouillet,  Morin.) 

«  Dans  la  Note  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie,  j'ai  cherché 
a  me  rendre  compte  de  l'influence  de  l'élasticité  sur  les  oscillations  du  pen- 
dule à  suspension  à  lames  généralement  adopté  dans  la  construction  des 
chronomètres  fixes. 

»  En  négligeant  la  masse  des  lames  par  rapport  à  celle  de  la  masse  pen- 
dulaire, j'ai  pu  écrire  les  équations  différentielles  du  mouvement  de  cette 
masse,  en  partant  de  la  théorie  ordinaire  de  la  flexion  des  verges,  c'est-à- 
dire  en  faisant  abstraction  des  glissements  transversaux,  qui  n'ont  en  général 
qu'une  faible  importance. 


(  39i  ) 

»  Ces  équations  sont  très-compliquées,  mais  se  simplifient  notablement 
lorsque  l'on  suppose  très-petite  l'amplitude  des  oscillations,  et  dans  ce  cas 
on  reconnaît  qu'en  prenant  certaines  précautions  lors  de  la  mise  en  mouve- 
ment, on  peut  arriver  à  rendre  insensibles  les  vibrations  longitudinales. 

»  Malgré  ces  simplifications,  l'intégration  par  rapport  au  temps  relative 
aux  oscillations  pendulaires  est  complètement  impossible.  Mais  comme  en 
général  la  longueur  des  lames  est  très-petite  relativement  à  celle  du  pen- 
dule, on  peut  sans  erreur  sensible  négliger  le  carré  du  rapport  de  ces  lon- 
gueurs. L'intégration  peut  alors  s'effectuer,  et  l'on  reconnaît  que  les  oscil- 
lations sont  isochrones  et  que  leur  durée  est  donnée  par  la  formule 


V" 


T=2r«         . e 


P  J  +  -1  + 


•K) 


dans  laquelle  P  représente  le  poids  du  pendule;  I  son  moment  d'inertie  par 
rapport  à  l'horizontale  moyenne  de  celles  qu'il  détermine  sur  ces  lames  aux 
points  d'encastrement;  /la  distance  de  cet  axe  au  centre  de  gravité  du  pen- 
dule ;  s  la  longueur  de  la  lame  ;  jh.  la  somme  des  moments  d'inertie  des  sec- 
tions normales  des  lames,  évalués  pour  chacune  d'elles  par  rapport  à  une 
droite  parallèle  à  ses  longs  côtés  et  passant  par  son  centre  de  gravité;  E  le 
coefficient  d'élasticité  de  l'acier. 

»  On  voit,  en  discutant  cette  formule,  de  quelle  manière  l'élasticité 
intervient  dans  la  loi  des  oscillations  du  pendule.   » 

GÉOLOGIE.  —  Etudes   sur  l'orographie  et  sur   la  constitution  géologique  du 
Chili.  (Extrait  d'une  Lettre  de  M.  A.  Pissis  à  M.  Elie  de  Beaumont.) 

(Commissaires,  MM.  Éliede  Beaumont,  Boussingault,  C.  Prévost.) 

«  Santiago,  le  26 septembre  i855. 

»  Je  profite  du  départ  de  M.  Deshortes,  chancelier  de  la  légation  de 
France  au  Chili,  pour  vous  faire  parvenir  le  résultat  de  mes  premières  re- 
cherches sur  les  soulèvements  de  la  région  des  Andes.  J'ai  pensé  qu'il  pour- 
rait vous  offrir  quelque  intérêt,  et  je  vous  prie  de  vouloir  bien  le  soumettre 
au  jugement  de  l'Académie.  J'aurais  désiré  compléter  ce  travail,  qui  ne 
s'étend  que  jusqu'à  la  formation  du  grès  rouge,  par  les  observations  rela- 
tives aux  soulèvements  plus  anciens;  mais  il  me  reste  encore  à  étudier  les 
terrains  schisteux  et  les  gneiss  des  provinces  australes  du  Chili;  et  j'ai  pensé 


(  39*  ) 
qu'il  valait  mieux  attendre  encore  un  ou  deux  ans  que  de  présenter  des 
résultats  incomplets.  Les  travaux  géodésiques  dont  je  suis  chargé  devant  se 
prolonger  bientôt  jusque  dans  ces  provinces,  je  profiterai  de  cette  occasion 
pour  en  étudier  la  géologie  avec  détail.  J'espérais  pouvoir  vous  envoyer 
en  même  temps  les  cartes  géologiques  des  provinces  de  Santiago,  de  Val- 
paraiso  et  d'Aconcagua  ;  ces  cartes  sont  au  ,  ^u  et  comme  ce  pays  se 
trouve  tout  couvert  de  montagnes,  le  dessin  en  est  très-compliqué,  ce  qui 
en  a  retardé  la  gravure. 

»  Les  séides  parties  de  ce  travail  qui  aient  été  publiées  sont  les  descrip- 
tions des  provinces  de  Santiago  et  de  Valparaiso,  et  comme  elles  renfer- 
ment un  assez  grand  nombre  de  positions  géographiques,  j'ai  pensé  que 
sous  ce  rapport  elles  pourraient  présenter  quelque  intérêt  au  Bureau  des 
Longitudes.  » 

géologie.  —  Recherches  sur  les  systèmes  de  soulèvement  de  l'Amérique  du 
Sud;  par  M.  A.  Pissis.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Élie  de  Beaumont,  Boussingault,  Constant  Prévost)  (i). 

«  L'accueil  bienveillant  (i)  avec  lequel  l'Académie  a  reçu  nos  premiers  tra- 
vaux sur  la  géologie  de  l'Amérique  du  Sud  (2),  nous  engage  à  lui  présenter  les 
résultats  de  la  continuation  de  nos  recherches  sur  le  même  sujet.  Les  douze 
années  qui  se  sont  écoulées  depuis  la  publication  de  ce  premier  Mémoire 
ont  été  presque  entièrement  consacrées  à  l'étude  de  la  région  des  Andes. 
Désirant  donner  à  ces  recherches  toute  l'exactitude  dont  elles  étaient  sus- 
ceptibles, il  devenait  indispensable  d'étudier  avec  détail  toutes  les  parties  de 
cette  vaste  chaîne  de  montagnes,  d'en  déterminer  la  direction  exacte  et  de 
fixer  la  position  géographique  d'un  grand  nombre  de  points;  il  fallait,  en  un 
mot,  faire  marcher  de  pair  la  géographie  et  la  géognosie  de  cette  vaste  ré- 
gion, l'une  des  plus  accidentées  du  globe.  La  classification  chronologique 
des  soulèvements  exigeant  une  connaissance  exacte  de  l'ordre  suivant  lequel 
les  diverses  formations  se  sont  succédé ,  il  fallait,  avant  tout,  fixer  la  place 
de  chacun  de  ces  terrains,  dont  l'ensemble  présente  la  plus  grande  ana- 
logie avec  ceux  de  l'Europe,  mais  pour  lesquels  il  est  impossible  d'ad- 
mettre les  mêmes  subdivisions 

(1)  Cette  Commission  est  la  même  qui  a  été  nommée  dans  la  séance  du  a  avril  i855 
[Comptes  rendus,  t.  XL,  p.  764),  pour  une  précédente  communication  de  M.  A.  Pissis,  sur 
la  structure  orographinue  des  Andes  du  Chili. 

(2)  Voir  le  Rapport  de  M.  Dufrénoy  [Comptes  rendus,  t.  XVII,  p.  ?S). 


(393) 

»  Roches  du  Pérou  et  de  la  Bolivie.  —  En  s'appuyant  uniquement  sur 
les  rapports  de  superposition  des  couches,  l'ensemble  des  roches  exogéni- 
ques  du  Pérou  et  de  la  Bolivie  peut  se  subdiviser  en  sept  formations  dif- 
férentes. Les  sables  du  désert  d'Atacama  et  le  terrain  de  transport  de  la  Paz 
reposent  également  sur  la  couche  de  conglomérats  ponceux,  qui  s'étend  sans 
interruption  des  deux  côtés  de  la  chaîne  occidentale  des  Andes,  et  comme 
les  matières  dont  se  compose  cette  dernière  couche,  les  cendres  volcaniques 
et  les  ponces,  ne  peuvent  être  que  le  produit  d'une  action  violente,  il  en 
résulte  qu'elle  a  dû  se  former  dans  un  temps  très-court,  circonstance  qui 
nous  paraît  suffisante  pour  établir  le  parallélisme  de  ces  deux  terrains.  Par 
la  même  raison,  le  terrain  tertiaire  marin  d'Atacama  et  le  terrain  lacustre 
de  la  Bolivie  doivent  également  se  rapporter  à  une  même  époque  géolo- 
gique. Au-dessous  de  ces  deux  formations  viennent  d'abord  les  marnes 
gypseuses  et  salifères,  puis  le  grès  rouge.  Les  calcaires  bitumineux  de 
Tiahuanacu  et  d'Arica  forment  une  cinquième  subdivision  en  discordance 
avec  le  grès  rouge,  et  s'appuyant  sur  la  base  des  montagnes  formées  par  le 
psammite  des  Andes  orientales.  Enfin,  ces  psammites,  les  grès  lustrés  et  les 
schistes  qui  les  accompagnent  se  trouvent  eux-mêmes  séparés  du  terrain 
des  schistes  talqueux,  du  gneiss  et  des  quartzites. 

»  Roches  du  Chili.  —  La  chaîne  occidentale  des  Andes  s'abaisse  gra- 
duellement à  mesure  que  l'on  avance  vers  le  sud  jusque  sous  le  parallèle 
de  Cobija,  où  elle  finit  par  se  confondre  avec  le  prolongement  du  plateau 
bolivien.  En  même  temps  que  cette  chaîne  s'abaisse,  l'espace  occupé  par 
les  roches  endogéniques  se  rétrécit  de  plus  en  plus,  et  bientôt  ne  présente 
plus  que  quelques  masses  trachytiques  isolées  au  milieu  des  roches  strati- 
fiées. Celles-ci  ne  sont  autre  chose  que  la  continuation  des  marnes  gyp- 
seuses et  des  grès  rouges  de  la  Bolivie  ,  qui,  après  avoir  traversé  la  province 
de  Carangas,  atteignent,  près  du  parallèle  de  Potosi ,  la  ligne  de  partage  des 
eaux,  et  de  là  s'étendent  sans  interruption  sur  les  deux  versants  de  la  Cor- 
dilière  occidentale.  En  traversant  le  désert  d'Atacama  depuis  ce  point  jus- 
qu'au bord  de  la  mer,  on  voit  les  grès  et  les  marnes  qu'ils  supportent  former 
une  suite  de  chaînes  parallèles  courant  du  nord  au  sud,  tandis  que  des  sa- 
bles et  des  cailloux  roulés  occupent  les  parties  inférieures  du  sol.  Dans  les 
environs  de  Copiapo ,  ces  marnes  plongent  sous  une  puissante  formation  de 
calcaire  et  de  jaspes  ;  elles  reparaissent  ensuite  près  de  la  côte  avec  les  grès 
rouges,  qui  s'appuient  sur  des  porphyres  stratifiés.  Si,  au  lieu  de  traverser 
cette  région  perpendiculairement  aux  Andes,  on  continue  à  suivre  la  crête 

C.  R.,  i856,   i«  Semestre.  (T.  XL»,  N°8.)  52 


(394  ) 
de  cette  longue  chaîne  jusque  dans  le  sud  du  Chili,  on  rencontre  presque 
sans  interruption  les  grès  rouges,  et  par  intervalles  les  marnes  gypseuses  et 
les  calcaires,  qui  abondent  surtout  vers  le  versant  oriental;  tandis  que  sur 
le  versant  opposé  apparaissent  des  roches  présentant  tout  l'aspect  de  vérita- 
bles porphyres,  parfaitement  stratifiées  et  formant  des  couches  qui  n'attei- 
gnent souvent  que  quelques  décimètres  d'épaisseur.  Ainsi  tout  indique 
qu'elles  appartiennent  encore  à  des  formations  stratifiées,  et  qu'elles  doi- 
vent leur  état  actuel  à  une  action  métamorphique. 

»  Indépendamment  de  la  chaîne  des  Andes,  ces  porphyres  forment  en- 
core une  autre  petite  chaîne  située  plus  à  l'ouest,  parallèle  à  celle-ci,  dont 
elle  est  séparée  par  la  plaine  longitudinale  du  Chili.  Les  porphyres  y  sont 
recouverts,  comme  dans  les  Andes,  par  les  poudingues  et  le  grès  rouge; 
mais  les  marnes  gypseuses,  au  lieu  de  se  montrer  sur  le  sommet  de  cette 
chaîne,  apparaissent  seulement  vers  la  plaine,  où  elles  forment  des  plateaux 
isolés  ou  adossés  à  la  base  des  derniers  contre-forts  de  la  chaîne  occiden- 
tale. De  l'autre  côté,  c'est-à-dire  en  a\ançant  vers  l'ouest,  la  succession  des 
strates  se  trouve  interrompue  par  une  ligne  de  roches  syénitiques  sur  les- 
quelles s'appuient  les  porphyres  et  qui  forme  comme  la  limite  d'une  autre 
région  géologique  où  se  montrent  les  quartzites,  les  schistes  ardoisiers  et 
les  gneiss  qui  s'étendent  jusqu'à  la  côte  où  ils  reposent  généralement  sur  le 
granit. 

v  Si  l'on  reporte  maintenant  son  attention  sur  les  couches  plus  modernes 
qui  comblent  les  dépressions  laissées  entre  ces  chaînes,  on  voit  les  sables  du 
désert  d'Atacama  s'étendre  le  long  de  la  côte  jusque  dans  les  environs  de 
Coquimbo,  puis  recouvrir  le  fond  d'anciens  golfes  séparés  entre  eux  par 
petites  chaînes  granitiques  et  échelonnés  sur  la  côte  depuis  Coquimbo  jus- 
qu'à Valdivia.  Ces  sables  reposent  sur  la  couche  de  conglomérats  ponceux 
que  l'on  retrouve  dans  plusieurs  provinces  du  Chili,  et  passent  graduelle- 
ment à  des  couches  de  cailloux  roulés  qui  se  prolongent  vers  l'est  en  sui- 
vant les  bords  des  vallées  actuelles.  Sous  les  conglomérats  ponceux  appa- 
raissent dans  quelques  localités  des  grès  calcarifères  contenant  une  grande 
quantité  de  coquilles  marines  et  alternant  avec  des  couches  de  lignites  qui 
sont  depuis  quelques  années  l'objet  d'importantes  exploitations. 

»  Ces  grès,  recouverts  d'abord  par  les  sables  précédents,  s'élèvent  à 
mesure  que  l'on  s'éloigne  de  la  côte,  et  atteignent  vers  leur  limite  orientale 
une  altitude  qui  varie  entre  100  et  i5o  mètres.  On  peut  ainsi  les  suivre  en 
remontant  les  vallées  actuelles  jusqu'à  l'entrée  de  la  plaine  longitudinale  où 


(  395  ) 
ils  sont  remplacés  par  des  couches  d'argile  d'origine  lacustre  qui  leur  sont 
parallèles,  et  reposent  indistinctement  sur  les  porphyres,  les  grès  ou  les 
marnes  gypseuses. 

»  On  est  donc  conduit,  d'après  ce  qui  précède,  à  subdiviser  les  terrains 
stratifiés  du  Chili  en  cinq  formations,  qui  sont  :  i°  celle  des  sables  marins  et 
du  terrain  de  transport;  a°  celle  des  grès  marins  calcarifères,  des  lignites  et 
des  argiles  inférieures  de  la  plaine  longitudinale  ;  3°  celle  des  calcaires  et 
des  marnes  salifères  ;  4°  Ie  grès  rouge  et  les  porphyres  stratifiés  ;  5°  le 
gneiss,  les  schistes  ardoisiers  et  les  quartzites.  Le  prolongement  non  inter- 
rompu des  grès  rouges  de  la  Bolivie  jusque  sur  le  territoire  chilien  rie  peut 
laisser  aucune  incertitude  sur  le  parallélisme  des  formations  de  ces  deux 
contrées.  Les  marnes  gypseuses,  le  terrain  lacustre  et  le  terrain  de  trans- 
port s'y  succédant  dans  le  même  ordre  et  avec  les  mêmes  circonstances  de 
stratification,  se  correspondent  évidemment. 

»  La  plus  grande  partie  du  Mémoire  de  M.  Pissis  a  pour  objet  de  déter- 
miner les  directions  et  les  âges  relatifs  de  quatre  systèmes  de  soulèvements, 
savoir  : 

»  i°.  Le  système  chilien,  le  plus  moderne  de  tous  et  postérieur  aux  sables 
marins  et  au  terrain  de  transport  ; 

»  i°.  Le  système  de  la  chaîne  principale  des  Andes,  postérieur  aux  dé- 
pôts tertiaires,  lacustres  et  marins  de  la  Bolivie,  du  Chili  et  de  la  Patagonie  ; 
direction  presque  méridienne;  soulèvement  des  trachytes,  filons  argenti- 
fères ; 

»  3°.  Le  système  des  chaînes  transversales  du  Chili,  postérieur  aux 
calcaires  et  aux  marnes  salifères;  direction  à  peu  près  est-ouest  (E.  6  à 
i o  degrés N.);  soulèvement  des  roches  labradoriques,  gîtes  cuprifères; 

»  4°-  Système  de  la  chaîne  occidentale  du  Chili,  antérieur  aux  marnes 
salifères  et  postérieur  aux  grès  rouges;  roches  syénitiques,  pyrites  auri- 
fères. 

»  Les  directions  du  premier  et  du  dernier  de  ces  quatre  systèmes  sont  peu 
différentes  l'une  de  l'autre,  et  M.  Pissis  remarque  que  l'une  et  l'autre  se 
rapprochent  beaucoup  du  grand  cercle  primitif  du  réseau  pentagonal  qui 
passe  par  les  centres  de  pentagone ,  situés  au  Chili  et  près  des  Antilles. 

»  M.  Pissis  fait  connaître,  dans  le  tableau  suivant,  les  latitudes,  les  lon- 
gitudes et  les  altitudes  que  sa  triangulation  assigne  aux  plus  hautes  monta- 
gnes du  Chili. 

5a.. 


(  396) 


SOMMETS. 

LATITUDE   S. 

LONGITUDE    E. 

ALTITUDE. 

o         l          II 

32.    o.    5,4 

32.  5.  8,6 
32.39.42,5 

33.  3.5i,3 
33. i6.5o,o 
33. i3.  0,0 
33.44-27»° 

0          1          II 
0.32.49,0 

O. 32.40,2 

0.36.34,8 

0.32.21 ,2 
0.48.29,0 

0 . 24 • 32 , 0 

0.46.48,0 

6798™5 
6347,2 
6834,4 
5962,6 
6526,8 
5433,o 
5384,o 

Notice  minéralogique  sur  le  cercle  de  Laghouat  ;  par  M.  Ville,  ingénieur 

des  mines  à  Alger.  (Extrait.) 

(Commission  précédemment  nommée  :  MM.  Elie  de  Beaumont,  Dufrénoy, 

de  Senarmont.) 

«  Le  cercle  de  Laghouat  peut  être  divisé  en  deux  parties  au  point  de  vue 
géologique  comme  au  point  de  vue  topographique. 

»  La  première  partie,  qui  s'étend  depuis  les  Seba-Rous  jusqu'à  Laghouat, 
est  essentiellement  montagneuse.  La  deuxième,  qui  comprend  tout  le  pays 
situé  au  sud  de  Laghouat,  est  essentiellement  plate.  Ces  deux  régions  si  dif- 
férentes par  leur  aspect ,  le  sont  également  par  leur  composition  géologique. 
Les  chaînes  de  montagnes  qui  sillonnent  la  première  région  appartiennent 
à  la  période  secondaire.  Elles  sont  généralement  alignées  du  nord-est  au 
sud-ouest.  On  y  trouve  cependant  des  directions  différentes  qui  donnent 
lieu  parfois  à  des  accidents  de  terrain  fort  remarquables.  C'est  auprès  de 
Laghouat  que  ces  faits  exceptionnels  sont  le  plus  saillants.  On  peut  citer  le 
Guern-el-Meila  comme  le  type  du  genre.  Pour  se  faire  une  idée  de  cette 
montagne,  il  faut  concevoir  plusieurs  cuvettes  elliptiques  de  grandeur  dé- 
croissante empilées  les  unes  au-dessus  des  autres.  La  cuvette  inférieure,  qui 
est  la  plus  grande ,  est  entourée  par  vin  terrain  plat  qui  semble  au  premier 
abord  former  la  base  de  tout  le  système ,  mais  qui  ne  constitue  en  réalité 
qu'une  enveloppe  extérieure.  Une  grande  fente  qui  entaille  toute  cette  pile 
de  cuvettes,  depuis  le  bord  de  la  cuvette  supérieure  jusqu'au  fond  de  cette 
dernière,  donne  écoulement  aux  eaux  de  pluies  tombées  dans  l'intérieur  de 
cette  cuvette.  Les  couches  que  l'on  observe  sur  le  pourtour  des  cuvettes 


(397  ) 
plongent  toutes  vers  le  centre  de  ces  dernières.  C'est  là  le  caractère  géolo- 
gique fondamental  de  ce  système  particulier  de  montagnes. 

»  Depuis  le  Seba-Rous  jusqu'à  Laghouat,  toutes  ces  montagnes  de  la  pé- 
riode secondaire  paraissent  appartenir  à  une  formation  unique,  le  terrain 
crétacé  inférieur.  Le  calcaire  domine  dans  cette  formation ,  c'est  lui  qui  con- 
stitue les  crêtes  duSenelba,  du  Djellal,  du  Sera  et  du  système  de  cuvettes 
des  environs  de  Laghouat.  Il  est  généralement  à  structure  saccharoïde  et  de 
couleur  variable,  le  blanc  grisâtre  y  est  très-répandu.  Par  l'action  des  agents 
atmosphériques,  la  surface  extérieure  de  ce  calcaire  est  comme  chagrinée, 
très-polie  et  présente  un  aspect  cireux  tout  particulier.  Il  donne  par  la  cuis- 
son de  la  chaux  grasse.  Ce  calcaire  renferme  intercalées  de  grandes  assises 
de  grès  quartzeux  qui  varient  de  couleur  et  de  dureté.  Parfois  ils  sont  très- 
durs  et  donnent  de  bonnes  pierres  de  construction  (à  Guelt-Esseltel,  à 
Djelfa  )  ;  d'autres  fois  ils  sont  très-tendres  et  s'égrènent  sous  la  pression  des 
doigts  (à  Sidi-Recheg.  )  La  couleur  le  plus  généralement  répandue  est  le 
jaune  et  le  rouge.  Ces  grès  renferment  de  petits  galets  de  silex  légèrement 
transparents  et  de  diverses  couleurs.  Par  la  désagrégation  des  grès,  ces  galets 
de  silex  s'isolent,  le  vent  enlève  le  sable,  et  il  reste  alors  sur  place  des  espèces  ' 
de  plages  couvertes  de  ces  galets.  Ceux-ci  peuvent  être  taillés  pour  camées, 
pommes  de  canne.  On  peut  dire  que  le  sud  de  l'Algérie  en  offre  une  mine 
inépuisable. 

»  On  trouve  au  milieu  des  grès,  des  assises  de  marnes,  tantôt  vertes,  tan- 
tôt rouges,  remarquables  par  la  vivacité  de  leurs  couleurs. 

»  L'assise  supérieure  de  calcaire  est  caractérisée  par  la  présence  de 
couches  régulières  de  gypse  (pierre  à  plâtre)  qui  ont  des  étendues  très- 
considérables. 

»  La  régularité,  la  puissance  et  l'étendue  de  ces  couches  de  gypse  est  un 
caractère  particulier  du  terrain  secondaire  dont  il  s'agit.  Ce  caractère  ne  se 
présente  pas  dans  le  terrain  secondaire  de  l'Atlas. 

»  La  région  plate  qui  se  poursuit  sur  d'immenses  étendues  à  l'est  et  au 
sud  de  Laghouat,  et  qu'on  désigne  sous  le  nom  de  Sahara,  est  formée  par  un 
terrain  d'alluvions  anciennes  qui  joue  un  très-grand  rôle  dans  la  géologie 
de  l'Algérie. 

»  Ce  terrain  diluvien  ou  terrain  quaternaire  se  compose  au  pied  des 
montagnes  d'un  dépôt  de  cailloux  roulés  empâtés  dans  une  gangue  calcaire. 
Ces  cailloux  roulés  sont  auprès  de  Laghouat  des  débris  du  terrain  crétacé, 
le  calcaire  y  domine.  A  mesure  qu'on  s'éloigne  des  montagnes,  les  galets 
diminuent  en  grosseur,  le  sol  n'est  souvent  formé  que  par  une  roche  cal- 


(  398  ) 
caire  d'un  blanc  jaunâtre,  qui  s'enlève  par  plaques  ou  croûtes  plus  ou  moins 
épaisses  ;  c'est  une  sorte  de  carapace  qui  recouvre  le  sol  comme  d'un 
manteau.  Cette  carapace,  très-dure  près  de  la  surface,  est  au  contraire  assez 
friable  en  profondeur.  Elle  s'y  mélange  avec  de  l'argile  verte  ou  grise.  Cette 
dernière  roche  se  présente  aussi  en  dépôts  considérables  dans  le  terrain  di- 
luvien. Elle  renferme  des  cristaux  plus  ou  moins  gros  de  gypse;  souvent  ces 
cristaux  sont  assez  nombreux  pour  former  des  dépôts  réguliers  et  puissants. 
»  Le  terrain  diluvien  constitue  des  dépôts  plus  ou  moins  considérables 
entre  les  chaînes  de  montagnes  qui  sillonnent  la  région  septentrionale  du 
cercle  de  Laghouat.  C'est  lui  qui  forme  le  sol  de  la  grande  cuvette  qui  ren- 
ferme les  deux  Zahrez.  On  le  retrouve  encore  sur  les  deux  rives  de  l'Oued- 
Malah  entre  le  rocher  de  Sel  et  Djelfa,  et  dans  la  plaine,  de  Djelfa,  comprise 
entre  les  Djebels  Senelba  et  Djellal  ;  entre  le  Djebel-Djellal  et  Laghouat,  le 
terrain  diluvien  n'est  indiqué  que  par  quelques  dépôts  fort  restreints  de 
cailloux  roulés  situés  sur  des  plateaux  que  ne  peuvent  atteindre  les  cours 
d'eau  actuels.  » 

chirurgie.  —  Deuxième,  supplément  à  un  Mémoire  sur  le  traitement  des 
adénites  cervicales  par  un  nouveau  procédé  d'acupuncture  ;  par 
M.  Bould. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Andral, 

Velpeau,  Cloquet.) 

physique.  —  "Expériences  sur  la  durée  comparative  de  l'écoulement  des 
gaz;  par  M.  Erx.  Baudrimoxt. 

(Commissaires,  MM.  Poncelet,  Babinet,  Morin.) 

GÉOMÉTRIE.  —  Note  sur  une  construction  graphique  par  laquelle  on  obtient, 
aune  très-petite  Jraction  près,  la  longueur  du  côté  du  carré  équivalent 
à  un  cercle  donné;  par  M.  Willich. 

(Commissaires,  MM.  Babinet,  Chasles.) 

technologie.  — Note  sur  l'emploi  du  tan  épuisé  pour  la  fabrication  de  pa- 
piers ou  de  cartons  convenables  à  diverses  industries;  par  M.  Couturier. 

(Commissaires,  MM.  Payen,  Balard.) 


(399  ) 

M.  Behrens  adresse  de  Berlin  une  Note  écrite  en  allemand  sur  la  com- 
position d'une  pile  voltaïque  portative  destinée  à  l'usage  médical. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  précédemment  nommée  pour  une 
communication  de  M.  Pulvermaeker  sur  un  appareil  ayant  la  même 
destination,  Commission  qui  se  compose  de  MM.  Becquerel  etPouillet.) 

M.  m  Filippi  envoie  de  Milan  une  Note  sur  un  dispositif  qu'il  a  imaginé 
pour  permettre  aux  personnes  voyageant  par  chemins  de  fer  de  se  mettre, 
à  un  instant  quelconque,  en  communication  avec  le  conducteur  du  train. 

(  Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  des  chemins  de  fer,  qui  se  compose 
de  MM.  Poncelet,  Piobert,  Morin,  Seguier.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  Vallée  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  dans  le  nombre 
des  candidats  pour  la  place  vacante  dans  la  Section  de  Géométrie  par  suite 
du  décès  de  M.  Sturm.  Il  joint  à  cette  demande  un  exemplaire  d'une  No- 
tice imprimée  sur  ses  travaux  mathématiques. 

M.  J.-A.  Serret  adresse  une  semblable  demande  et  y  joint  également 
un  exposé  de  ses  travaux. 

lies  deux  Lettres  et  les  Notices  qui  les  accompagnent  sont  renvoyées  à  la 
Section  de  Géométrie. 

M.  Le  Play  remercie  l'Académie  qui,  dans  la  séance  annuelle  du 
28  janvier  dernier,  lui  a  décerné  un  prix  de  Statistique  pour  son  ouvrage 
intitulé  :  «  Les  Ouvriers  européens  ». 

géographie.— Sur  la  position  géographique  de  quelques  lieux  dans  le  sud 
de  V Algérie;  par  M.  W.-C.  Goetze.  (Communiqué  par  M.  Le  Verrier.) 
(Extrait  par  l'auteur.) 

«  M.  Renou,  savant  voyageur,  a  observé,  en  i853,  dans  sept  lieux  de 
l'Algérie  méridionale,  47  séries  d'angles  horaires,  33  séries  de  doubles 
hauteurs  pour  la  latitude,  5  occultations  d'étoiles  pour  la  longitude,  et 
enfin,  pour  obtenir  cette  dernière  coordonnée,  2  séries  d'apozéniths  de  la 
Lune.  Toutes  ces  observations  nous  ont  été  remises  par  M.  Antoine  d'Ab- 


(  4oo  ) 
hadie,  avec  la  prière  de  les  calculer  en  employant  les  meilleures  théories 
astronomiques.  Un  sextant,  un  chronomètre  et  une  lunette  ont  été  les  in- 
struments de  M.  Renou. 

»  L'erreur  de  collimation  a  été  déduite  de  huit  mesures  du  diamètre  du 
Soleil  :  en  comparant  ce  diamètre  avec  les  Tables,  nous  avons  trouvé  un 
écart  moyen  de  7"  seulement. 

»   Les  Tables  de  réfraction  qui  ont  servi  à  tout  ce  travail  sont  celles  de 
Bessel. 

»  Pour  trouver  l'heure,  nous  avons  calculé  séparément  chaque  série 
d'angles  horaires  examinée  d'abord  par  différences  et  contrôlée  par  le  calcul 
des  hauteurs  correspondantes,  après  l'avoir  corrigée  par  la  méthode  de 
Soldner.  Le  chronomètre  retardait  de  i%3i6  par  jour,  avec  des  variations 
maximum  de  os,  4  environ. 

»  Les  latitudes  sont  déduites  de  quinze  séries  de  hauteurs  de  la  Polaire, 
et  de  dix-huit  séries  d'observations  circum-méridiennes,  dont  huit  du  Soleil 
et  dix  des  étoiles.  Les  observations  de  la  Polaire  ont  été  réduites  par  la  mé- 
thode de  Gauss;  et  celles  des  astres,  près  du  méridien,  l'ont  été  par  les  Tables 
de  Delambre.  Quand  l'astre  était  doué  d'un  mouvement  propre  en  décli- 
naison, l'angle  horaire  a  été  compté,  non  du  moment  du  passage  méridien, 
mais  de  celui  de  la  culmination,  ce  qui  est  un  peu  différent  et  plus  exacL 
[Jn  exemple  fera  ressortir  l'exactitude  rare  des  observations  de  M.  Renou. 

Latitude  d'El-Aghouàt  [centre  de  la  ville). 

Par  56  observations  du  Soleil  (7  séries)  33° 48' 19", 8 

»     29  »  de  la  Polaire  (4  séries)  33°48'  21", 3 

»      16  »  de  l'Epi  de  la  Vierge  (2  séries)  33°  48' 23",8 

»  La  latitude  de  ce  point  sera  donc  33°  48' 20", 8  avec  une  incertitude 
de   V. 

»  Quatre  stations  sont  fixées  en  longitude  par  deux  séries  d'apozéniths  lu- 
naires et  par  cinq  occultations  d'étoiles.  Pour  la  réduction  de  celles-ci,  nous 
avons  employé  une  méthode  qui  nous  est  propre,  exposée  en  partie  dans  le 
journal  A stronomische  1S achrichten ,  n°  785,  et  complétée  dans  l'ouvrage  que 
nous  préparons  avec  M.  d'Abbadie  sur  la  géographie  de  l'Ethiopie.  La  base 
de  cette  méthode  consiste  à  déduire  des  coordonnées  d'une  étoile  occultée 
les  coordonnées  vraies  du  point  du  disque  lunaire  où  le  contact  apparent  a 
eu  heu.  Nous  avons  fait  entrer  dans  le  calcul  toutes  les  corrections  connues, 
entre  autres  celle  qui  dépend  de  l'altitude  du  lieu  de  l'observation,  celle  qui 
résulte  de  la  nouvelle  parallaxe  de  M.  Adams,  et  enfin  celles  qui  dépendent 


(  4oi  ) 

des  erreurs  des  Tables.  Nous  tenons  ces  dernières  de  M.  Main,  astronome 
de  Greenwich,  qui  a  bien  voulu,  en  l'absence  de  M.  Airy,  les  transmettre  à 
M.  d'Abbadie. 

»  La  détermination  de  la  longitude  par  apozéniths  lunaires  mérite  d'être 
mieux  connue  quand  on  observe  à  terre.  Elle  ne  pouvait  échapper  à 
M.  Renou.  Ici  encore  nous  avons  appliqué  nos  propres  formules,  qui  sont 
très -commodes  pour  les  observations  en  séries.  Au  lieu  de  déduire  la 
longitude  de  chaque  apozénith  lunaire  en  allant  de  l'observation  au  résul- 
tat, nous  préférons  remonter  du  calcul  à  l'observation.  A  cette  fin,  nous 
adoptons  une  longitude  approchée  en  nous  réglant  sur  le  transport  du  temps 
par  chronomètre  ou  même  sur  la  simple  estime  du  voyageur.  Avec  cette 
longitude  supposée,  et  en  tenant  compte  de  toutes  les  corrections  lunaires, 
nous  calculons  d'abord  par  nos  formules,  et  nous  étendons  ensuite  par 
interpolation  une  éphéméride  qui  embrasse  chaque  série  et  qui  donne,  pour 
des  intervalles  de  temps  petits  et  égaux,  les  apozéniths  de  la  Lune  qu'on 
aurait  dû  observer  à  la  longitude  supposée.  Une  seconde  interpolation 
permet  de  les  obtenir  pour  les  moments  notés  par  l'observateur;  en  les 
comparant  aux  apozéniths  réellement  observés,  on  obtient  enfin,  pour 
chaque  apozénith,  une  correction  de  la  longitude.  Si  les  observations  sont 
rigoureusement  exactes,  cette  correction  doit  présenter  le  même  signe  et  la 
♦même  valeur  :  dans  tous  les  cas,  on  en  prend  la  moyenne.  Voici  une  série 
d'apozéniths  lunaires  observés  à  Berriâu  le  i5  avril  i853,  et  qui  montre  les 
résultats  de  l'application  de  notre  méthode  : 

Longitude  à  l'Est  de  Paris  =  oh  5m  3gs,o  -+-**. 


OBSERVATION. 


Heure 

du 

chronomètre. 


10.25.  0,8 
! o.a8.22,o 
io.3o.   3,o 

10.31.44,4 

10  33.25,o 
10.35.  6,o 
io  36.47,2 
io.38.28,8 
10.41 -5o,8 
io.43.58,2 


Lecture 
du 

seitant. 


52.  0 
5o.4o 
5o.  o 
49.20 
48.40 
48.  o 
47.20 
46.40 
45.20 

44  3o 


Temps  moyen 

de 

Berriâu. 


10.29.42,2 
10.33.  3,4 
10.34.44,4 
io.36.25,8 
10  38.  6,4 
10.39.47,4 
10.41.28,6 
10.43. 10,2 
10.46.32,2 
10.48.39,6 


Lecture  calculée 

du 

sextant. 


5i.5g.24, 42 
5o.3g.28,64 
4g.5g.24,35 
49.19.12,66 
48.39.22,i3 
47.59.24,26 
47.19.23,83 
46 . 39 . 1 6 , 1 6 
45.19.35,99 
44-29-25,85 


35,58 
3i,36 
35,65 
47,34 

37,87 
35,74 
36,,7 
43,84 
24,01 
34, i5 


Coefficient 
différentiel. 


-0,8282 
-0,8279 
-0,8277 
-0,8276 
-0,8274 
-0,8273 
-0,8271 
-0,8270 
-0,8267 
-0,8263 


—  43,0 

—  37>9 

—  43,  « 

—  57,2 

—  45,8 

—  43,2 

—  43,7 

—  53,0 

—  29,0 

—  4'>3 


C  R.,  i856,  1"  Semestre.  (T.  XLII,  N°8.) 


53 


(    402    ) 

»  La  moyenne  de  toutes  les  valeurs  de  x  est  =  —  43°, 72,  et  comme  nous 
avons  supposé  la  longitude  =  ob5m  39%o,  nous  aurions  oh4m  55%a8  pour  la 
longitude  résultant  des  observations.  Une  série  prise  le  lendemain  montre 
que  cette  longitude  est  incertaine  de  3os.  Telle  quelle,  elle  diffère  de 
54",  48  de  la  longitude  donnée  seulement  par  le  chronomètre,  mais  on  sait 
que  cet  instrument,  si  précieux  en  mer,  inspire  à  terre  bien  moins  de  con- 
fiance, à  cause  des  secousses  inévitables  d'un  voyage  fait  à  pied  ou  autre- 
ment. 

«  Dans  les  tableaux  joints  au  Mémoire,  on  trouvera  partout  les  coeffi- 
cients différentiels  qui  permettront  de  rectifier  promptement  nos  résultats, 
si  des  méthodes  nouvelles  d'observations  ou  des  théories  plus  exactes 
viennent  un  jour  modifier  les  éléments  qui  ont  servi  de  base  à  nos  calculs. 

»   Voici  le  tableau  qui  résume  nos  résultats  : 


LIEU 

d'observation. 


Djclfa 

El  Aj;houât. . . 

Berriàu 

Sidi-Makhlouf 
Bou-Sa'ada.. . 

Biskra 

Bàtna 


LATITUDE 

INCERTITUDE 

probable. 

0     1      II 

34.40.  8,0 

20" 

33.48.20,8 

5 

3*  49-47j7 

'7 

34.  7.36,4 

3o 

34. 12. 5s, 6 

i5 

34.5i.   9,2 

21 

35.32.24,8 

■4 

par 
les  observations 
astronomiques. 


h      m     s 

O.  3.12,0 

0.  3.    3,0 

o.  4-39,5: 


o.i5. 19,6 


EST    DE    PARIS 

par 

le  chronomètre. 

h      m     s 
0.    3.45,9 

0.    2.    3,2 

0.    5.33,9 

0.  2.33,4 

0.   7.  9,3 

o.i3.2i,3 

0 . 1 5 . 1 2 , 2 

LONGITUDE 

probable. 


o.  3.12,0 

O.    2       3,0 

o.  5.33,9 
o.  2.33,4 
o.  7.  9,3 
0.13.21, 3 
o.i5. 19,6 


physique.  —  Sur  l'association  de  plusieurs  condensateurs  entre  eux  pour 
manifester  les  faibles  doses  d'électricité.  (Lettre  de  M.  P.  Volpicelli  à 
M.  Pouillet.  ) 

«  Volta  et  Cavallo  furent  les  premiers,  non  pas  seulement  à  imaginer, 
mais  à  pratiquer  l'association  de  deux  condensateurs  entre  eux  pour  ac- 
croître la  tension  électrique  (1).  Plus  tard  divers  physiciens  italiens,  entre 
autres  Gerbi  (2)  et  les  illustres  Belli  et  Pianciani  (3),  firent  mention  de 


(1)  Collezione délie  Opère  di  Volta.  Firenze,  1816;  t.  I,  p.  269. 

(2)  Corso  di  Fisica.  Pisa,   i823;  t.  III,  p.  239. 

(3)  Corso  di  Fisica.   Milano,    i838;  t.  III,  p.  3g3.  —    Istituzioni  fisico-chim.  Roina. 
i834;t.  III,  p.  66. 


(  4o3  ) 
cette  méthode,  et  il  y  a  peu  de  temps  M.  Gaugain  (i)  l'a  employée  avec 
assez  de  succès.  En  conséquence  il  sera  peut-être  utile  de  démontrer  : 
i°  que  la  théorie  de  l'union  entre  eux  de  deux  condensateurs  est  corollaire 
de  celle  qui  en  unit  un  nombre  quelconque  ;  20  que  sans  doute  il  est  né- 
cessaire que  le  plateau  du  premier  condensateur  soit  plus  grand  que  celui 
du  second,  afin  que  l'accroissement  de  tension  s'obtienne,  mais  que  cette 
condition  toute  seule  n'est  pas  suffisante;  3°  que  les  nouvelles  formules 
relatives  à  cette  association,  considérée  d'une  manière  générale,  complètent 
la  doctrine  du  condensateur. 

»  Supposons  donc  que  les  condensateurs  associés  soient  v  y  en  nombre, 
et  que  les  contacts,  dans  tout  lé  système,  entre  eux,  depuis  la  source  de 
l'électricité  jusqu'au  dernier  condensateur,  se  répètent  n  fois.  Représentons 
par  c  la  charge  d'électricité  initiale  à  explorer,  et  qui  pourra  être  défi- 
ciente ou  inépuisable.  Ensuite  pour  le  condensateur  k"""6  et  pour  son  con- 
tact nième  avec  le  plateau  (k  —  i)^m«,  soient 

»  mk  le  rapport  que  j'appelle  électrostatique,  à  savoir  cette  fraction  qui 
dépend  en  même  temps  de  la  distance  entre  les  deux  disques  et  de  la  capa- 
cité spécifique  d'induction  du  coïbent  interposé  ;  - 

»  sk  la  superficie  du  plateau  collecteur; 

»  Cj    la  charge  de  ce  plateau  ; 

»  jcjl,  la  quantité  d'électricité  restée  libre  sur  le  plateau  (k  —  \yème  après 

qu'il  a  communiqué  avec  le  A^ème  et  n'étant  pas  encore  retourné  sur  sa 
base  ; 

»  jrj  la  quantité  d'électricité  dissimulée  dans  le  plateau  kième  et  relative 
seulement  à  sa  n'ème  communication  avec  la  plateau  {k  —  i)'«/ne-, 

»  a(tn)  l'électricité  libre  dans  le  plateau  kiime  joint  à  sa  base  non  isolée  et 

relative  seulement  au  contact  nième  avec  le  plateau  (A —  j  )'«"«• 

"  P*"  °  et  "ft  'es  deux  électricités,  l'une  libre,  l'autre  dissimulée  dans 
le  plateau  £,eme  reposé  sur  sa  base  communiquante  avec  le  sol  et  après  avoir 
exécuté  le  contact  (k  —  i)ième  entre  lui  et  le  plateau  (k  -+-  \)iime. 

»  Maintenant  il  est  facile  de  voir  que  les  quantités  indiquées  se  lient 
(i)  Comptes  rendus,  i853;  t.  XXXVI,  p.  io84,  et  t.  XXXVII,  p.  84. 

53.. 


(4o4  ) 

entre  elles  moyennant  les  équations  suivantes 


(0 


<£ 

=  ■£* 

+  «r 

+jr 

< 

i*^?*^,- 

=   •**-! 

:  -y*, 

+7:n- 

"  +.  ^ 

'+r 

(" 
-0 * 

i  — 

1 

=jr 

+  tT 

+< 

+ /r  ■ 

) 
? 

i —  m2 

Ve" 

—  a:00 

-  «i 

Si  l'électricité  c  était  déficiente,  elle  diminuerait  à  chaque  contact  avec  le 
premier  plateau  :  pour  cela,  zw  représentant  la  même  électricité  après  le 
nieme  contact  avec  \e  même  plateau,  nous  aurons  . 


(*) 


z<»-«)  _  aM  _^U  _  Z(«,j 


dans  laquelle  équation  posant 


nous  aurons 


n  =  i, 


z<°>  =  c. 


»  Supposant  dans  les  équations  (i)  n  =  i ,  on  aura 

# = if  =  o, 

et  négligeant  les  deux  dernières  des  équations  (i),  on  obtiendra  les  équa- 
tions 


c<o  _  ~<"     .     a<0     ,     „<■>         „0)  .  „(-)  _  c 


(3) 


(0 

I  *"    *  *  i    m 


c?=./*  +  aïU 


(  4o5  ) 
desquelles,  par  l'élimination,  on  obtiendra  les  équations 


,  ».       (i)  »      (0 


*  (j  —  m}\  Si.    .  -4-   Ci  -*   * 


(i  —  ml)  #|_,  +  5*         y  *  **  4-  (  i  —  m\)  sk_x  ' 

,        ,„■  (1—  ">)*-!  ^_'i  (l)_  Oth 

*-'  (l~*^)î*_l''4-i»'  *     "        (i  —  IHJ)*i_,  -f-  *»' 

relatives  à  un  seul  contact  pour  un  condensateur  quelconque.  C'est-à-dire 
que  la  charge  dans  les  plateaux  va  toujours  diminuant  du  premier  au  der- 
nier, quelles  que  soient  les  quantités  **_, ,  sk ,  #%_,  ,  mk.  Toutefois  expri- 
mant avec  fj1'  la  tension  du  plateau  k'eme,  nous  aurons 


et  il  sera 


(I)  2       ,  .** 

*-■  *    «_< 


Ê  <  4" 


si  l'on  a 

(5)  1_,„;  +  JL<I. 

Mais  on  ne  pourra  vérifier  la  formule  (5)  sans  vérifier  aussi  la  formule 

(6)  £  <  m\  -, 

donc  il  sera  nécessaire,  mais  non  suffisant,  pour  avoir  l'accroissement  de 
tension,  quand  on  communique  la  charge  d'un  plateau  à  l'autre,  que  celui-ci 
soit  plus  grand  que  celui-là  ;  à  savoir  qu'on  ait 

et  de  plus  on  devra  vérifier  la  formule  (6),  c'est-à-dire  que,  à  la  production 
de  l'effet  indiqué,  doit  aussi  concourir  le  rapport  électrostatique  du  con- 
densateur le  plus  petit. 

»  Le  cas  le  plus  commun  dans  la  pratique,  celui  auquel  nous  nous  arrê- 
terons pour  donner  quelque  développement  aux  formules  précédentes, 
consiste  dans  l'association  entre  eux  de  deux  condensateurs  seulement,  le 
premier  plus  grand  que  le  second  ;  et  dans  la  supposition  que  la  source 


(4o6) 
primitive  très-faible  de  l'électricité,  qui  doit  se  manifester  par  la  répétition 
des  contacts  entre  les  disques  des  deux  condensateurs,  soit  inépuisable. 
Pourtant,   faisant    k  =  2    dans  les  équations  (1),  nous   aurons   les   sui- 
vantes : 


I       • 

I 

(7) 


_,(»)  .     (0   ,      (j)    ,         ,    „(•>) „    .  „ 

xt     .  a5    -H  a,    -(-...  +  a     —  s,  .  st, 


C)    ,      (0 


(')  ,    ~w   ,       _■_  «,(»)   ,  „c)  ,   „(>)   ,  „(»)      a*  +  aj   +••■-*-« 


-» 


Ensuite,  faisant  rc=  1,  a,  3,...,  nous  aurons,  par  le  moyen  de  l'élimina- 
tion, les 


^  a,    =  J 

(8) 


a>    —       ~â:  '     c-    —     *.      ' 


2     «      (n)  /  ,.  (1) 

(.)  _  "*ls,ci  (n)  _  (1  — i»|)pBf,  c, 

'»    —  — T°      '     *i    —  T" ; 

dans  lesquelles  on  a  fait,  pour  abréger, 

Pn=[(i-ml)sl}"-t+n[(x-ml)si]^S3+^^[{l-ml)Si]n-is2  +  _ 

n(n  —  1)  ,  „. 

h=  (1  —  mfjs,  -+-  s2. 
»  De  la  troisième  des  équations  (8),  il  résulte 

-r<7-<7-<--<7-5 

•>J  *J  s,  s, 

c'est-à-dire  les  tensions  de  l'électricité  recueillie  sur  le  second  plateau, 
éloigné  de  sa  base,  sont  croissantes  avec  l'accroissement  du  nombre  des 
contacts.  Comme  d'ailleurs  la  tension  de  l'électricité  originaire  indéficiente 

s'exprime  par  j,  alors  celle-ci  se  trouvera  accrue  dans  le  second  plateau, 

éloigné  de  sa  base  après  les  n  contacts,  quand  on  aura 


~>y     ou    p„s{>ti-m\)hn. 


(  4o7) 

Dans  les  même  circonstances,  il  y  aura  le  maximum   d'accroissement  de 
tension  dans  le  second  plateau  quand  sera 


C("        c(,) 

S,  S-t 


ou  quand  on  aura 

i  —  ml    -'i  <i; 


Si 


condition  qui  coïncide  avec  la  formule  (5). 

»  Pour  faciliter  la  transmission  de  l'électricité  de  la  source  primitive  au 
premier  condensateur,  et  aussi  de  celui-ci  à  tous  les  autres,  jusqu'au  der- 
nier du  système,  il  faut  employer  un  conducteur  de  seconde  classe.  Ce 
moyen  est  indispensable  entre  la  source  d'électricité  et  le  premier  conden- 
sateur quand  elle  consiste  en  un  coïbent  électrisé.  Cela  dérive  de  la  faculté 
qu'ont  les  conducteurs  liquides  d'absorber  l'électricité  des  corps  isolants 
électrisés;  faculté  qui,  pour  la  première  fois,  a  été  signalée  par  l'illustre 
physicien  M.  E.  Marianini,  et  à  laquelle  on  doit  faire  attention  pour  bien 
conduire  les  expériences  de  ce  genre.  » 

analyse  mathématique.  —  Sur  les  restes  produits  par  la  recherche  du  plus 
grand  commun  diviseur  entre  deux  polynômes  ;  par  M.  Faa  de  Bruno. 

«  Soient  les  fonctions 

Y>  =  a0xn-h  a,x"-* -{- a2x"~2  +   ...   -+-  an 
Q  =  b0x"-K  +  b,  x"-*  +  b^x"-*  +   ...   +  b„_, , 

et  supposons  que  l'on  effectue  entre  elles  l'opération  du  plus  grand  com- 
mun diviseur,  en  changeant  les  signes  des  restes,  comme  dans  le  procédé 
de  M.  Sturm  pour  la  détermination  du  nombre  des  racines  réelles  de 
l'çquation  P  =  o.  M.  Cauchy  a  fait  voir  que  les  restes  fournis  par  une 
semblable  opération  pouvaient  être  très-aisément  obtenus  en  fonction  des 
coefficients  de  P  et  de  Q  par  la  méthode  des  clefs  algébriques  si  simple  et  si 
expéditive  pour  le  calcul.  A  cet  effet,  il  pose 

^  —  s0x~*  ■+-  s,x~*  -+-  s2x~s  -+-  ...  -t-  spx~p~K  -+-   

et  il  donne,  sauf  quelque  léger  changement,  la  formule  suivante  pour  la 


(  4o8  ) 
valeur  du  reste  u    de  degré  n  —  fjt. , 


9    l=n— fi 


S,         S2 
■S'a         S* 


-a  *^— i  *y»  ...  si/t_ 3 
3(       S2 .. .  S„_, 


où  l'on  a 


»  Mais  il  restait  à  voir  comment  ces  coefficients  s0,  st,  s2,  etc.,  du  déve- 
p 
loppement  de  -  en  série  suivant  les  puissances  ascendantes  de  aT*  étaient 

liés  à  ceux  de  P  et  de  Q.  C'est  ce  qui  est  facile  à  trouver,  et  l'on  a  en 
effet  : 


V=M-# 


bp_%  ap_,  ap_t  a,p_s  ...  a0 
bp    ap     ap_,  rtp_2  ...a, 

»  Je  remarque  encore  que  l'expression  de  uH.  est  susceptible  d'être  sim- 
plifiée. En  effet,  S,-  peut  être  considéré  comme  une  partie  du  coefficient 
de  jr_(n_'+')  dans  le  produit  de 


K 

a0 

o 

o 

...  o 

à, 

a, 

«0 

o 

...  o 

I 

b, 

a2 

«3 

a, 

«2 

«0 

a, 

...  o 

<+l 

...  o 

par  s0  x--'  -+-  s,  x~*  -+-  st  x~*  -+-  .  . . , 


a0  -+■  a,  x~'  -+-  a2x~'  -+-  . 
qui  n'est  autre  chose  que 
b°  x~*  -+■  b,  x~*  -+-  b2  x~3  ■+■ 
»  Par  conséquent  on  a 

»  En   négligeant   alors   les   termes,  qui  dans  le  déterminant  ci-dessus 
fourniraient  des  lignes  horizontales  semblables  à  celles  qui  déjà  y  figurent, 


(4og) 


on  aura  simplement 


S0  =  *«-/-i  • 

S2  as  on_t+t  —  <Z„_/ st  —  ct„_i+t  s0 

Sj  =  bn_i+i_,  —  an^iSi_t  —  <z„_i+i  j,_2  —  ...  —  a„Si_[_ 


Sfi—i  —  On—l-i-n—^  —  an-lsp—2 —  <*n-l+\  s/j.—3 


—  tlnsu.~'l—l  ■ 


Ainsi  on  n'aura  plus  besoin  de  calculer  sp  que  pour  les  valeurs  de  p  com- 
prises entre  o  et  p.  —  2. 

»  On  peut  aussi  exprimer  très-facilement  le  reste  «^  en  fonction  des 
racines.  Il  suffit  pour  cela  d'observer,  qu'en  appelant  V  la  dérivée  de  P, 

et  (  ^)   ce  que  devient  ^  après  y  avoir  fait  x  =  x,-,  x{  étant  une  racine  de 

l'équation  P  =  o,  on  a 

En  employant  alors  une  transformation  de  clefs  algébriques,  pareille  à  celle 
dont  M.  Cauchy  s'est  servi  dans  une  autre  occasion,  on  trouve,  à  un  fac- 
teur positif  près, 


M«-"fè), 


I          I 

I 

I 

X,       x2 

x3 

...r„ 

1           t 
X          X 

I                  2 

1 
X3         ■ 

2 

■•  X 

n 

X         X 

I                  2 

-2         a.— 2 

*3        • 

p.— 2 
■X 
n 

X          X 

I                 2 

-I         u. 1 

xi   ■ 

■  X 

n 

2X 


I 

1 

...  1 

X, 

x2 

..x„ 

2 

X 

I 

2 

X 

3^ 

■■■  X 

n 

/*— a 

X 

I 

.r 
2 

p.— 2 

••  .r 

n 

x      D 

x       D 

■•x       D„ 

X,      2 


dn—p. — l+i 


En  effet,  on  trouverait  ici,  pour  un  des  éléments  de  la  dernière  ligne  du 
déterminant  sous  le  signe  ^>  l'expression 

(2  n— /*— A      p—i 

a„-,j.—i -+-  a„_/i_/+, a?A -+-  a„_^_i_2 xh-h  ...  -ha0xh         \xh     • 

Or  la  quantité  entre  parenthèses  n'est  autre  chose  que 

C.  R.,  i856,  i"  Semestre.  (T.  XLH,  N«  8.)  54 


(  4io  ) 

Lorsque  l  —  n  —  p.,  <jh  se  réduit  à  a0xh,  et  par  suite  le  coefficient  de  la 


plus    haute    puissance 

comme, 


dans     ua     devient,     après     une     transformation 


W.  \P')a'"VP')- 


.f0        s, 

S,       . 

•  •    S/i —  I 

Si            S 2 

s3       . 

..  fr; 

$2            S3 

s* 

•  •  S/i-t- 1 

S[j.—i  Sfi — 

Sp 

..  S$n— 

"*/*  —  1    <*/A 

Sp-hl    • 

■  •  Slp.- 

Si  Q  =  P',  le  nombre  des  variations  de  signes,  présentées  par  la  série  des 
divers  déterminants  de  cette  forme,  sera  égal,  comme  on  sait,  à  celui  des 
couples  des.  racines  imaginaires  de  l'équation  P  =  o.  Alors  aussi  sp  en 
général  devient  la  somme  des  piim"  puissances  semblables  des  racines  de 
cette  même  équation.   » 

chimie  appliquée.  —  Caractères  des  vins  rouges  additionnés  d'alun,  et 
application  de  ces  caractères  à  la  constatation  de  petites  quantités  de  ce 
sel  introduites  dans  le  vin;  par  M.  J.-L.  Lassaigxe. 

«  Appelé  dans  ces  derniers  temps  à  donner  notre  opinion  sur  un  vin 
falsifié,  déclaré  contenir  de  l'alun  en  certaine  proportion,  nous  avons  dû, 
avant  de  nous  prononcer,  faire  quelques  expériences  comparatives.  Les 
essais  auxquels  nous  nous  sommes  livré,  nous  ont  appris  que  les  sels  alu- 
mineux  en  général ,  en  solution  dans  les  vins  rouges,  se  décomposent  en 
partie  plus  ou  moins  promptement,  suivant  la  température  à  laquelle  on 
opère,  et  qu'il  résulte  de  cette  réaction  la  précipitation  d'un  composé 
coloré  formé  par  l'union  de  l'alumine  avec  une  portion  de  la  matière  colo- 
rante du  vin;  que  ce  composé,  d'une  couleur  rose  hortensia,  ou  tirant 
un  peu  sur  le  violet,  suivant  l'espèce  de  vin  rouge,  est  une  véritable  laque 
comme  en  produit  l'alumine  avec  la  plupart  des  principes  colorants  orga- 
niques. 

»  Lorsqu'on  porte  à  l'ébullition  pendant  quelques  minutes  un  vin  rouge 
quelconque,  additionné  d'une  très-petite  quantité  d'alun,  il  se  trouble  peu 
à  peu  et  donne  lieu  à  un  précipité  floconneux  qui,  par  le  repos  et  le  refroi- 
dissement, se  rassemble  au  fond  du  vase  en  une  laque  colorée  complètement 
insoluble.  Ce  dépôt,  qu'on  peut  isoler  facilement  par  décantation  et  filtration, 
présente  des  réactions  qui  caractérisent  la  couleur  empruntée  au  vin  lui- 
même;  en  le  calcinant  au  contact  de  l'air  dans  un  creuset  de  platine,  il 


U"  ) 
laisse  un  résidu  blanc  pulvérulent,  assez  abondant,  présentant  tous  les  ca- 
ractères de  l'alumine  anhydre. 

»  Les  vins  rouges  purs,  et  non  additionnés  de  sel  alumineux,  ne  se  trou- 
blent pas  par  l'ébullitionmême  prolongée,  et  d'ailleurs  le  dépôt  qu'ils  pour- 
raient donner  quelquefois  dans  cette  condition,  ne  présenterait  pas  la 
composition  indiquée  ci-dessus. 

»  Les  expériences  directes  que  nous  avons  entreprises,  et  qui  font  l'objet 
d'un  Mémoire  non  encore  terminé,  nous  ont  démontré  que  par.  le  moyen 
simple  mentionné  dans  cette  Note,  on  pouvait  déceler  assez  promptement 
de  i u o o  a  Toôô  d'alun  potassique  ou  ammoniacal  dissous  dans  un  vin 
rouge,  et  jusqu'à  même  30'Uo-.  Une  proportion  plus  faible  pourrait  égale- 
ment être  constatée  dans  un  vin  suspecté  en  réduisant  son  volume  par 
l'évaporation,  et  recueillant  avec  soin  le  dépôt  qui  se  formerait  dans  cette 
circonstance  et  l'examinant  ensuite.  » 

physiologie.  —  De  l'action  du  chloroforme  sur  le  sang.   (Extrait  d'une 
Lettre  de  M.  le  Dr  Charles-T.  Jackson  à  M.  Êlie  de  Beaumont.) 

«  Boston,  le  i5janvier  i856. 

»  J'ai  eu  dernièrement  l'occasion  d'analyser  par  ordre  du  coroner  le 
sang  d'une  femme  qui  avait  succombé  aux  effets  de  l'inhalation  du  chloro- 
forme, et  j'ai  découvert  que  le  sang  était  décomposé  par  le  chloroforme  et 
que  le  terchloride  de  formyle  (chloroforme)  était  changé  en  teroxyde  de 
formyle  (acide  formique),  que  j'ai  retiré  du  sang  par  la  distillation.  Le 
chlore  était  combiné  avec  le  sang,  qui  avait  perdu  la  propriété  de  se  coagu- 
ler et  celle  de  rougir  par  l'exposition  à  l'oxygène  de  l'air.   » 

M.  Cocrbon  prie  l'Académie  dé  vouloir  bien  faire  examiner  par  une 
Commission  un  herbier  qu'il  a  formé  aux  environs  de  Montevideo  et  dans 
l'île  de  Saint-Gabriel,  et  qu'il  destine  au  Muséum  d'Histoire  naturelle.  Il 
désire  savoir  s'il  y  aurait  de  l'intérêt  pour  la  science  à  faire  de  cette  flore 
locale  l'objet  d'une  publication. 

Si  M.  Courbon  veut  présenter  une  description  de  la  collection  qu'il  a 
formée,  son  Mémoire  sera  soumis  à  l'examen  d'une  Commission. 

M.  Rrrz  prie  l'Académie  de  lui  faire  savoir  le  jugement  qui  aura  été 
porté  sur  une  Note  qu'il  avait  adressée,  en  juillet  i855,  sur  la  direction  des 
aérostats  au  moyen  de  l'hélice. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  désignés  :  MM.  Poncelet, 

Piobert,  Seguier.  ) 


(4ia) 

M.  Piffer  annonce  avoir  construit  le  modèle,  d'un  appareil  destiné  de 
même  à  diriger  les  aérostats,  et  dans  lequel  il  fait  également  usage  de 
Vhélice. 

Si  l'auteur  veut  envoyer  une  description  suffisamment  détaillée  de  cet 
appareil,  sa  Note  sera  renvoyée,  s'il  y  a  lieu,  à  l'examen  d'une  Commis- 
sion. 

M.  Dudocit  adresse  des  remarques  relatives  au  programme  de  l'un  des 
prix  de  Mathématiques  proposés  pour  l'année  i856  (question  concernant 
le  dernier  théorème  de  Fermât)  et  demande  que  ces  remarques  soient  com- 
muniquées aux  Membres  de  la  Commission  chargée  de  juger  les  pièces 
admises  à  ce'.concours. 

(Réservé  pour  la  future  Commission.) 

M,  l'abbé  Rondox  adresse  d'Aix  une  nouvelle  Lettre  relative  à  sa  Note 
intitulée  :  «  Les  neuf  partages  égaux  de  la  surface  du  globe.  » 

A  5  heures  et  quart,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

COMITÉ  SECRET. 

Au  nom  de  la  Section  de  Géométrie,  M.  Lamé  présente  la  liste  suivante 
de  candidats  pour  la  place  de  Correspondant  vacante  par  suite  de  la  nomi- 
nation de  M.  Lejeune-Dirichlet  à  une  place  d'Associé  étranger  : 

En  première  ligne.  ...     M.  Ostrogradski,  à  Saint-Pétersbourg. 

M.  Rour,  à  Saint-Étienne. 
M.  Catley,  à  Cambridge. 
M.  Kcmmer,  à  Berlin. 
En  deuxième  ligne       1  M.  Richelot,  à  Kœnigsberg. 
(par  ordre  alphabétique.)  |  M.  Rosenhain,  à  Breslau. 

M.  Sarrus,  à  Strasbourg. 
M.  Stlvester,  à  Londres. 
M.  Thomson,  à  Glascow. 

Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés.  L'élection  aura  lieu  dans  la 
prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  6  heures. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  3  MARS  1856. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  BINET. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 
■  malacologie.  —  Communication  de  M.  A.   Moquin-Tandon. 

«  J'ai  l'honneur  d'offrir  à  l'Académie  le  premier  volume  d'un  ouvrage 
intitulé  :  Histoire  naturelle  des  Mollusques  terrestres  et  fluviatiles  de 
France. 

»  Cet  ouvrage  a  été  commencé  en  i835,  à  l'époque  où  j'étais  chargé  de 
la  Zoologie  et  de  l' Anatomie  comparée  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Toulouse. 
Interrompu  en  1837,  repris  en  1 845,  il  a  été  terminé  en  1 854  ;  diverses  cir- 
constances en  avaient  retardé  l'impression. 

»  Ce  premier  volume  est  accompagné  de  vingt-sept  planches  gravées  et 
divisé  en  trois  livraisons.  Il  traite  principalement  de  l'anatomie  et  de  la 
physiologie  des  Mollusques.  J'ai  disséqué  à  peu  près  tous  les  genres;  j'ai 
même  choisi  plusieurs  types  par  groupe  dans  les  genres  importants.  J'ai 
répété  et  varié  mes  dissections,  quand  elles  ont  eu  pour  objet  des  espèces 
très-petites  ou  des  organes  très-obscurs.  Les  Mollusques  sont  des  animaux 
plus  ou  moins  mous,  ainsi  que  leur  nom  l'indique,  parfois  même  demi-géla- 
tineux, dont  l'anatomie  demande  beaucoup  de  précautions  et  d'habitude, 
surtout  lorsqu'on  désire  étudier  des  espèces  presque  microscopiques,  brunes 
ou  noirâtres  comme  le  Pupa  megacheilos,  grisâtres  ou  transparentes  comme 
X Hélix  pulchella.  J'ai  dû  souvent  employer  une  bonne  loupe  montée,  même 

C.  R.  i856,  ier  Semestre.  (T.  XLII,  N°  9.)  55 


(4i4  ) 

le  microscope,  et  les  procédés  les  plus  délicats  de  la  zootomie.  Je  suis  par- 
venu ainsi  jusqu'à  isoler,  dessiner  et  décrire  les  organes  digestifs,  nerveux  et 
reproducteurs  du  Carjrchium  minimum.  On  sait  que  ce  petit  animal,  dans  sa 
plus  grande  extension,  présente  à  peine  trois  quarts  de  millimètre  de  lon- 
gueur (i). 

»  J'ai  donné  une  attention  particulière  à  l' Ancjrlus  fluviatilis ,  gastéro- 
pode  très-difficile  à  disséquer,  mal  connu,  mais  fort  curieux,  qui  forme, 
pour  ainsi  dire,  le  passage  entre  les  Céphalés  pulmonés  ou  terrestres  et  les 
Céphalés  branchifères  ou  aquatiques  (n). 

»  J'ai  fait  connaître,  il  y  a  quelques  années,  l'organe  de  l'olfaction  chez 
les  Gastéropodes  (3).  Cet  ouvrage  renferme  un  résumé  complet  de  mes 
recherches  sur  cet  appareil.  Il  contient  aussi  une  détermination  exacte  et 
rigoureuse  des  éléments  reproducteurs,  si  compliqués,  des  Mollusques  an- 
drogynes,  et  de  nouveaux  détails  sur  les  vésicules  multifides  ou  non  multi- 
fides  des  Hélices  (4),  sur  les  mâchoires  et' la  langue  des  divers  genres  (5), 
sur  leur  organe  pulmonaire  ou  branchial,  sur  le  sang  des  Planorbes  (6)  et 
sur  d'autres  points  intéressants  de  l'anatomie  ou  de  la  physiologie  des  Mol- 
lusques céphalés  ou  acéphales 

»  J'ai  déjà  eu  l'honneur  d'appeler  l'attention  de  l'Académie  sur  l'exis- 
tence d'une  quatrième  paire  de  ganglions  nerveux  dans  les  Acéphales  (  7  )  et 
sur  celle  des  spermatophores  dans  les  Gastéropodes  (8).  On  trouvera,  dans 
le  présent  livre,  la  description  et  les  figures  de  ces  parties. 

»  Mes  essais  anatomiques  et  physiologiques  sont  accompagnés  d'études 
sur  les  œufs  et  sur  leur  embryogénie,  de  recherches  sur  la  coquille  et  sur  sa 


(1)  Sa  mâchoire  est  large  de  omm,o8,  son  estomac  long  de  omm,5  et  son  intestin  de  3rau,,5. 
Ses  ganglions  cérébroïdes   offrent   o™"11,!   de  diamètre,  son   œil  omm,o3  et  son  cristallin 

Omm,025. 

(2)  Voyez  Journ,  Conch.,  1862;  t.  III,  p.  7,  121  et  337. 

(3)  Voyez  Mém.  Acad.  Scienc.  Toulouse,  i85i;  t.  I,  p.  5g.  —  Ann.  Scienc.  nat.,  i85i; 
t.  XV,  p.  i5i.  —  Journ.  Conch.,  i85i;  t.  XI,  p.  7  et  i5i. 

(4)  Voyez  Mém.  Acad.  Scienc.  Toulouse,  1848;  t.  IV,  p.  382. 

(5)  Voyez  Mém.  Acad.  Scienc.  Toulouse,  1848;  t.  IV,  p.  371.  — Act.  Soc.  Linn.  Bord., 
1849;  t.  XV,  p.  25g. 

(6)  Voyez  Mém.  Acad.  Scienc.  Toulouse,  i85i;  t.  I,  p.  196.  —  Ann.  Scienc.  nat.,  i85i; 

t.  xv,  p.  145. 

(7)  Voyez  Comptes  rendus,  1 854  5  P-  265- 

(8)  Voyez  Journ.  Conch.,  1 85 1  ;  t.  II,  p.  333,  et  i852;  t.  III,  p.  137.  —  Comptes  rendus, 
i855;p.  857- 


(  4i5  ) 

formation,  et  de  considérations  sur  la  reproduction  artificielle  des  cornes  ou 
des  lèvres,  du  mufle  ou  de  la  tête  tout  entière.  J'ai  traité  aussi  des  anomalies 
examinées  soit  dans  l'animal,  soit  dans  son  enveloppe.  Enfin,  j'ai  terminé 
le  volume  par  des  réflexions  philosophiques  sur  les  divers  degrés  d'impor- 
tance que  peuvent  offrir  les  organes  essentiels  à  la  taxonomie,  soit  pour  la 
constitution  des  genres,  soit  pour  leur  disposition  naturelle  en  série  linéaire, 
en  séries  paralléliques  ou  en  tahleau.   » 


M.  Payen,  en  offrant  à  l' Académie  la  troisième  édition  des  «  Substances 
alimentaires  »,  signale,  dans  les  termes  suivants,  les  additions  qu'il  y  a  faites  : 

«  Parmi  les  choses  nouvelles  que  j'ai  introduites  dans  cette  édition,  on 
remarquera,  sans  doute,  les  perfectionnements  notables  réalisés  : 

»  i°.  Dans  la  préparation  des  légumes  desséchés  et  comprimés,  dont 
l'invention  primitive  avait  mérité  à  son  auteur  une  des  récompenses  de  la 
fondation  Montyon  décernées  par  l'Académie  ; 

»  20.  Dans  la  préparation  des  conserves  alimentaires,  par  M.  J.  Martin 
de  Liguac  et  M.  Chevalier-Appert. 

»  Ces  nouveaux  perfectionnements  ont  permis  de  fournir  à  nos  armées 
d'Orient  plusieurs  millions  de  rations  de  légumes,  de  viande  et  de  bouillon. 

»  Les  produits  de  ce  genre  furent  examinés  avec  un  vif  intérêt  parmi  les 
collections  envoyées  des  différentes  parties  du  monde  à  l'Exposition  uni- 
verselle de  1 855  ;  on  a  pu  se  convaincre,  en  les  voyant,  que  le  procédé 
d' Appert,  inventé  chez  nous  au  commencement  de  ce  siècle,  et  les  inven- 
tions plus  récentes  relatives  à  la  dessiccation  des  légumes,  forment  aujour- 
d'hui la  base  des  moyens  généralement  employés  chez  toutes  les  nations 
pour  préparer  les  approvisionnements  utiles  à  l'économie  domestique,  à  la 
marine  et  aux  armées  en  campagne.  » 

RAPPORTS 

M.  Becquerel  fait,  au  nom  d'une  Commission,  un  Rapport  sur  un  per- 
fectionnement apporté  par  M.  Lenoir  à  la  reproduction  des  rondes  bosses 
par  la  galvanoplastie. 

Avant  que  les  conclusions  de  ce  Rapport  soient  mises  aux  voix,  M.  ïhe- 
nard  exprime  le  regret  de  ne  pas  voir  la  Commission  demander  l'impression 
au  Recueil  des  Savants  étrangers  de  la  Note  dans  laquelle  M.  Lenoir  a 
décrit  son  procédé. 

En  réponse  à  cette  remarque,  M.  le  Rapporteur  déclare  que  la  Note  qui 

55.. 


Ui6) 
accompagnait  les  produits  présentés  par  M.  Babinet  dans  la  séance  du 
1 1  février  dernier  était  trop  incomplète  pour  donner  une  idée  du  procédé 
employé  pour  les  obtenir,  procédé  dont  les  détails  n'ont  pu  être  complète- 
ment connus  des  Commissaires  que  par  les  communications  verbales  de 
M.  Lenoir  et  les  observations  qu'ils  ont  faites  dans  ses  ateliers. 

Après  une  discussion  à  laquelle  prennent  part  MM.  Thenard,  Pouillet, 
Regnault,  Babinet  et  Becquerel,  l'Académie  invite  la  Commission  à  lui  pré- 
senter de  nouveau,  dans  une  prochaine  séance,  son  Rapport,  en  y  joignant 
une  description  suffisamment  détaillée  du  procédé. 

NOMINATIONS 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un 
Correspondant  pour  la  Section  de  Géométrie ,  en  remplacement  de 
M .  Lejeune-Dirichletj  élu  à  une  place  d'Associé  étranger. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  48 , 

M.  Ostrogradski  obtient.      ..'...       43  suffrages. 
M.  Thomson     .........         3 

M.   Bour 2 

M.  Ostrogradski,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est 
déclaré  élu. 

MÉMOIRES  LUS 

physiologie.  —  Mémoire  sur  la   contractilité  tendineuse; 
par  M.  Jules  Guérin. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

«  Les  tendons,  dit  Bichat  (1),  sont  des  espèces  de  cordes  fibreuses  inter- 
»  médiaires  aux  muscles  et  aux  os,  transmettant  aux  seconds  les  mouve- 
»  ments  des  premiers,  et  jouant  dans  cette  fonction  un  rôle  absolument 
»  passif.  »  Cette  opinion  du  fondateur  de  l'anatomie  générale  sur  le  carac- 
tère purement  passif  du  tendon,  n'a  jamais  été  contestée  par  personne. 

»  Cependant,  depuis  environ  dix  années,  j'ai  acquis  la  conviction,  et  j'ai 
professé  à  plusieurs  reprises,  que  cette  doctrine  de  Bichat  et  de  ses  conti- 

(1)  Anatomie  générale,  Œuvres  compl.,. t.  V,  p.  271. 


(  4«7  ) 
uuateurs  n'est  nullement  fondée.  L'analyse  histologique,  les  faits  patholo- 
giques, l'observation  et  l'expérience  physiologiques  m'ont  paru  s'accorder 
pour  établir  d'une  façon  certaine  que  les  tendons  se  contractent.  Je  me 
hâte  d'ajouter  qu'ils  ne  se  contractent  pas  d'une  manière  identique  à  celle 
des  muscles,  ni  d'une  manière  aussi  évidente  que  ces  derniers,  ce  qui  ex- 
plique comment  un  fait  de  cet  intérêt  a  pu  échapper  à  tous  les  anatomistes 
jusqu'à  ce  jour. 

»  §  I.  Faits  histologiques.  — Dès  l'année  1 835,  j'avais  fait  connaître,  et  une 
Commission  de  l'Académie  avait  constaté  que,  dans  certaines  conditions 
déterminées,  comme  une  tension  constante  et  exagérée,  les  muscles  ont  la 
propriété  de  passer  à  l'état  fibreux.  Dans  ces  différents  cas,  les  portions  de 
tendon  résultant  du  travail  de  transformation  fibreuse  s'offrent  avec  tous 
les  caractères  histologiques  du  tendon  primitif,  dont  elles  ne  sont  qu'un 
simple  prolongement,  aussi  impossible  à  distinguer  au  microscope  qu'à 
l'œil  nu.  De  l'identité  de  tissu,  j'ai  été  porté  immédiatement  à  conclure  à 

l'identité  de  fonction. 

»  §  II.  Faits  pathologiques .  —Mais  ce  que  les  études  histologiques  ne  per- 
mettaient encore  d'établir  que  par  induction,  l'observation  pathologique 
m'a  permis  de  le  constater  directement. 

»  Dans  un  Mémoire  dont  les  conclusions  sont  insérées  aux  Comptes 
rendus  de  l'Académie,  année  1840,  p.  627,  j'ai  fait  connaître  pour  la  pre- 
mière fois  que  les  tendons  sont  susceptibles  de  se  rétracter  spécialement  et 
à  l'exclusion  du  muscle  proprement  dit,  c'est-à-dire  de  se  raccourcir  et  de 
se  maintenir  raccourcis,  comme  conséquence  d'une  sorte  de  spasme  limité 
à  leur  sphère  d'action. 

s  Le  caractère  anatomique  de  la  rétraction  tendineuse,  celui  qui  permet  de 
la  distinguer  de  la  rétraction  du  muscle  proprement  dite,  c'est  la  diminution 
de  longueur  du  tendon  par  rapport  au  muscle,  lequel,  dans  certains  cas, 
conserve  sa  longueur  normale  :  le  contraire  ayant  lieu  lorsque  la  fibre  mus- 
culaire participe  primitivement  à  la  rétraction,  ou  en  est  le  siège  principal. 
Or  j'ai  constaté  directement,  sur  le  cadavre  d'un  jeune  sujet  qui  était  mort 
avec  une  désorganisation  tuberculeuse  du  pied  ,  un  raccourcissement  du 
tendon  d'Achille  correspondant ,  lequel  offrait  une  réduction  de  3  centi- 
mètres 4  millimètres  sur  celui  du  côté  opposé. 

»  Le  caractère  physiologique  de  la  rétraction  tendineuse,  c'est  d'abord 
de  s'opérer  sous  l'influence  d'une  lésion  et  d'une  douleur  localisée  au  voisi- 
nage de  l'insertion  du  tendon,  comme  dans  certaines  arthropathies  ;  c'est  en- 
suite, sous  l'influence  de  cette  douleur,  de  provoquer  une  attitude  articu- 


(4<8) 

laire  en  rapport  avec  l'action  des  vendons  raccourcis,  sans  participation  du 
muscle  proprement  dit,  attitude  qu'on  avait  supposée  prise  volontairement 
par  le  malade  pour  se  soustraire  à  la  douleur. 

»  De  ce  double  caractère  anatomique  et  physiologique  de  la  rétraction 
tendineuse,  on  peut  donc  conclure  que  les  tendons  jouissent  de  la  propriété 
de  se  rétracter,  comme  les  muscles,  c'est-à-dire  qu'ils  sont  susceptibles  d'é- 
prouver, comme  les  muscles,  une  maladie  qui  n'est  qu'une  altération  de  la 
contractilité  physiologique. 

»  §  III.  Faits  physiologiques.  —  Les  muscles  et  les  tendons  forment  un 
tout,  continu.  Il  fallait,  pour  mettre  hors  de  doute  le  fait  de  la  contractilité 
propre  des  tendons,  pouvoir  isoler  les  deux  portions  charnue  et  fibreuse 
et  observer  séparément  dans  chacune  d'elles  le  phénomène  de  la  con- 
tractilité. 

»  Il  existe  chez  l'homme  et  tous  les  animaux  vertébrés  un  muscle  sur  le 
trajet  duquel  un  os  parfaitement  distinct,  la  rotule,  a  pour  effet  de  séparer 
en  deux  portions,  et  comme  deux  tendons  distincts,  un  des  plus  forts  ten- 
dons de  l'économie  :  les  tendons  rotuliens  supérieur  et  inférieur.  Or  il  arrive 
assez  souvent  qu'à  la  suite  des  maladies  du  genou,  la  rotule  se  soude,  s'an- 
kvlose  avec  la  surface  correspondante  du  fémur.  Les  cas  de  cette  sorte  réa- 
lisent de  la  manière  la  plus  parfaite  la  condition  que  j'avais  d'abord  songé  à 
provoquer  chez  les  animaux,  à  savoir  :  d'isoler,  à  l'aide  d'une  adhérence  de 
l'extrémité  musculaire  du  tendon,  la  contractilité  propre  de  ce  dernier.  En 
effet,  lorsque  chez  les  sujets  affectés  de  ces  sortes  d'ankyloses,  on  veut  ob- 
server ce  qui  se  passe  dans  les  efforts  pour  soulever  le  membre,  on  s'assure 
aisément  qu'en  même  temps  que  les  muscles  extenseurs  de  la  cuisse,  le  tri- 
fémoro-rotulien  se  contracte,  le  tendon  rotulien  inférieur,  c'est-à-dire  la 
portion  du  tendon  située  entre  la  rotule  ankylosée  immobile  et  le  tibia  mo- 
bile ou  immobile,  participe  à  la  contraction  du  muscle  :  elle  se  soulève,  se 
durcit  et  se  raccourcit  d'une  quantité  sensible  au  toucher  et  à  l'œil. 

»  Mais  ces  circonstances  assez  rares  où  la  contractilité  du  tendon  rotulien 
peut  être  constatée,  à  part  de  celle  du  muscle,  n'ont  servi  qu'à  me  mettre 
sur  la  voie  d'autres  faits  infiniment  plus  fréquents,  et  par  conséquent  plus 
faciles  à  observer  et  à  vérifier. 

»  En  effet,  lorsque  dans  la  position  assise,  la  jambe  étant  fléchie  sur  la 
cuisse  à  angle  droit,  on  applique  les  doigts  sur  le  trajet  du  tendon  rotulien 
inférieur,  on  sent  manifestement  le  tendon  se  soulever,  s'étendre  et  se  dur- 
cir à  chaque  effort  pour  soulever  la  jambe  maintenue  invariablement  au 
même  degré  de  flexion.  Avec  un  peu  d'exercice,  on  parvient  aisément  à 


(4*9) 
produire  le  même  résultat,  au  repos  du  membre,  en  provoquant,  par  la  seule 
force  de  la  volonté,  la  contraction  générale  et  simultanée  de  tous  les  muscles 
et  tendons  de  l'articulation.  Dans  cette  attitude  et  dans  ces  deux  sortes  d'ex- 
périences, la  rotule  reste  immobile,  appliquée  fortement  contre  la  surface 
correspondante  du  fémur,  et  comme  encastrée  dans  la  rainure  fémorale, 
sollicitée  qu'elle  est  en  sens  inverse  par  la  contraction  simultanée  du  muscle 
et  du  tendon. 

»  §  IV.  De  la  nature  de  la  contractilité  tendineuse.  —  Les  tendons  ne  se 
contractent  pas  comme  les  muscles,  ni  de  la  même  façon  ni  au  même  degré. 
Un  tronçon  de  tendon,  séparé  de  son  aboutissant  musculaire,  ne  paraît  pas 
sensible  à  l'action  de  l'électricité,  sous  quelque  forme  qu'on  l'emploie.  Ce 
résultat,  qu'on  pourrait  regarder  comme  infirmant  l'existence  de  la  con- 
tractilité tendineuse,  prouve  seulement,  et  c'est  ce  que  je  veux  établir,  que 
cette  contractilité  n'est  ni  du  même  ordre  ni  de  la  même  nature  que  la  con- 
tractilité musculaire.  En  effet,  il  est  dans  l'économie  animale  des  tissus 
autres  que  les  tendons  qui  jouissent  d'une  sorte  de  contractilité  bien  éta- 
blie, quoiqu'ils  soient  réfractaires  à  l'action  du  galvanisme. 

»  Les  muscles  eux-mêmes  présentent  parfois  un  état  exceptionnel  parti- 
culier, dans  lequel  ils  sont  complètement  insensibles  à  l'action  du  galva- 
nisme, bien  qu'ils  continuent  à  se  contracter  sous  l'influence  de  la  volonté  : 
c'est  lorsqu'ils  ont  été  atteints  de  ce  mode  de  paralysie  qu'on  appelle  la 
paralysie  saturnine.  L'impuissance  de  l'électricité  à  provoquer  la  contrac- 
tion tendineuse  implique  donc,  non  l'absence  de  cette  contractilité,  bien 
attestée  d'ailleurs,  mais  un  mode  de  contractilité  différente  de  la  contrac- 
tilité musculaire  générale. 

»  Quel  est  le  mode  de  contractilité  ? 

»  Lorsque,  sous  l'influence  de  la  volonté,  on  étend  le  pied  oki  la  main, 
il  est  parfaitement  reconnu  que  le  déplacement  de  l'organe  est  l'effet  d'un 
raccourcissement  du  muscle,  et  par  conséquent  d'un  déplacement  du  tendon 
dans  le  sens  de  ce  raccourcissement.  Ce  fait  étant  admis  comme  certain,  le 
problème  consiste  à  démêler  à  travers  ce  résultat,  attribué  à  la  contractilité 
musculaire  exclusivement,  la  part  qui  peut  en  revenir  à  la  contractilité 
tendineuse.  Dans  ce  but,  j'ai  fait  les  expériences  suivantes. 

»  Expérience  I.  Le  pied  étant  maintenu  à  angle  droit  sur  la  jambe,  j'ai 
planté,  dans  le  milieu  du  tendon  d'Achille  et  perpendiculairement  à  son 
axe,  une  aiguille  en  platine  de  12  centimètres  de  longueur,  de  manière  à  at- 
teindre le  centre  du  tendon.  J'ai  fait  étendre  par  la  volonté  le  pied  sur  la 
jambe,  aussitôt  l'extrémité  libre  de  l'aiguille  a  basculé  vers  le  talon,  accu- 


(4»o  ) 

sant  ainsi  un  déplacement  en  sens  opposé  de  son  autre  extrémité,  laquelle 
avait  été  entraînée  en  haut  d'une  quantité  égale  au  déplacement  de  son 
point  d'insertion  au  tendon. 

»  Dans  cette  expérience,  le  sens  et  le  degré  du  déplacement  des  deux  ex- 
trémités de  l'aiguille  se  sont  montrés  bien  en  rapport  avec  ce  que' l'on  sait  et 
croit  savoir  du  rôle  actif  du  muscle  et  du  rôle  passif  du  tendon. 

»  Expérience  II.  Le  même  sujet,  tenu  debout,  l'un  des  deux  pieds 
étendu  à  angle  de  i3o  degrés  sur  la  jambe,  on  plante  l'aiguille  horizontale- 
ment au  même  point  que  dans  l'expérience  précédente,  le  pied  maintenu 
invariablement  au  même  degré  d'extension  ;  on  invite  le  sujet,  que  l'on  tient 
par  la  main,  à  soulever  la  jambe  dépourvue  d'aiguille,  de  façon  à  faire  sup- 
porter le  poids  du  corps  exclusivement  par  l'autre  pied.  On  recommande 
au  sujet  de  se  tenir  parfaitement  immobile,  et  l'on  s'assure  que  le  pied  reste 
invariablement  au  même  degré  d'extension  en  plaçant  sous  le  talon  élevé 
l'extrémité  d'un  levier  articulé  sur  son  trajet  en  fléau  de  balance,  et  dont 
l'extrémité  libre  correspond  à  un  segment  de  cercle  gradué  propre  à  ac- 
cuser le  moindre  changement  de  niveau  du  talon.  Au  moyen  de  ces  pré- 
cautions, on  a  donc  un  degré  d'extension  fixe  et  invariable  du  pied  sur  la 
jambe.  Or  voici  ce  que  l'on  observe  :  dès  que  le  poids  du  corps  commence 
à  porter  exclusivement  sur  le  pied  dont  le  tendon  est  armé  de  l'aiguille,  on 
voit  immédiatement  l'extrémité  libre  de  celle-ci  basculer  du  côté  de  la 
jambe,  e'est-à-dire  en  sens  inverse  de  la  direction  qu'elle  affectait  dans  le 
cas  précédent.  On  constate  en  même  temps  que  le  tendon  d'Achille  acquiert 
une  dureté  et  une  résistance  beaucoup  plus  grandes.  L'extrémité  implantée 
de  l'aiguille  entraînée  du  côté  du  talon  par  son  point  d'insertion  au  tendon, 
c'est-à-dire  par  suite  du  déplacement  de  ce  point  vers  le  talon,  en  vertu  du 
raccourcissement  du  tendon,  exprime  donc  tout  à  la  fois  le  fait  et  le  degré 
de  la  contraction  tendineuse. 

»  Si  l'on  analyse  cette  expérience,  on  voit  que,  dans  le  premier  temps, 
la  contraction  volontaire  du  muscle  a  réglé  la  direction  du  pied,  et,  con- 
jointement, la  somme  de  déplacement  du  tendon  agissant  comme  corde  de 
tirage;  dans  le  second  temps,  c'est-à-dire  lorsque  le  poids  du  corps  a  pro- 
voqué un  supplément  de  résistance  de  la  part  du  tendon,  celui-ci  est  entré 
dans  la  lutte,  et,  par  sa  résistance  active,  il  a  empêché  que  la  traction  exer- 
cée sur  l'axe  entier  du  muscle  et  du  tendon  ne  déterminât  un  allongement 
passif  de  ce  dernier.  C'est  donc  là  une  contraction  de  résistance ,  et  c'est 
ainsi  que  je  me  propose  de  l'indiquer  pour  exprimer  son  véritable  caractère 
expérimenta],  et  la  différencier  delà  contraction  volontaire. 


(4ti  ) 

»  Des  considérations,  des  faits  et  des  expériences  exposés  dans  ce  Mé- 
moire, je  crois  donc  pouvoir  conclure  : 

»  i°.  Que  les  tendons,  considérés  jusqu'ici  comme  des  cordes  inertes, 
jouissent  de  la  propriété  de  se  contracter  ; 

»  20.  Que  cette  propriété  établie  par  l'analyse  histologique,  les  observa- 
tions pathologiques  et  les  expériences  physiologiques,  consistent  dans  un 
mode  d'activité  spéciale,  espèce  d'érection  et  de  turgescence,  accompagnée 
de  raccourcissement  de  l'axe  tendineux; 

»  3°.  Les  circonstances  qui  mettent  en  jeu  la  contraction  tendineuse 
permettent  de  la  considérer  comme  tout  à  fait  différente  de  la  contraction 
volontaire,  et  de  la  désigner  sous  le  nom  de  contraction  de  résistance.  » 

M.  Flourens  prend  occasion  de  cette  lecture  pour  annoncer  que  des 
recherches  sur  les  tendons,  qu'il  poursuit  depuis  longtemps,  l'ont  conduit  à 
reconnaître  la  sensibilité  de  ces  parties,  à  préciser  le  mode  de  cette  sensi- 
bilité, et  à  déterminer  les  procédés  d'excitation  au  moyen  desquels  on 
l'oblige  à  se  manifester. 

médecine.  —  Mémoire  sur  l'ulcère  simple  de  l'estomac  ;  par  M.  Crcveilhier. 

(Deuxième  partie.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

«  Dans  la  première  partie  de  ce  Mémoire,  qui  a  fait  l'objet  d'une  précé- 
dente lecture,  je  crois  avoir  établi  sur  des  caractères  anatomiques  irrécu- 
sables :  i°  l'existence  de  l'ulcère  simple  de  l'estomac  comme  espèce  mor- 
bide bien  distincte  de  l'ulcère  cancéreux,  avec  lequel  il  avait  été  confondu  ; 
a°  la  tendance  naturelle  de  cet  ulcère  simple  à  la  cicatrisation,  et  par  con- 
séquent sa  curabilité  en  opposition  avec  l'incurabilité  absolue,  dans  l'état 
actuel  de  la  science,  de  l'ulcère  cancéreux  ;  3°  les  caractères  de  la  cicatrice, 
sa  résistance  physique  en  tant  que  tissu  fibreux,  mais  son  défaut  de  résis- 
tance sous  le  rapport  de  la  vitalité  ;  4°  la  reproduction  facile  de  l'ulcère  aux 
dépens  de  cette  cicatrice,  d'où  la  tendance  aux  récidives;  5°  l'hémorragie 
et  la  perforation  de  l'estomac  qui  en  sont  souvent  la  conséquence,  et  qui 
constituent  le  danger  principal  de  la  maladie. 

»  Reste  donc ,  pour  compléter  la  description  de  l'ulcère  simple  de  l'esto- 
mac, à  déterminer  :  i°  ses  caractères  cliniques,  ou  de  physiologie  patholo- 

C.   R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XL1I,  N°  9.)  56 


(  4"  ) 

gique,  à  l'aide  desquels  on  pourra  le  reconnaître  au  lit  du  malade  ;  i°  ses 
caractères  thérapeutiques,  qui  établiront  avec  sa  curabilité  les  moyens  pro- 
pres à  amener  la  guérison . 

i".   Caractères  cliniques  ou  de  physiologie  pathologique  de  l'ulcère  simple  de  l'estomac. 

»  Peut-on,  à  des  signes  certains,  reconnaître  au  lit  du  malade  la  présence 
d'un  ulcère  simple  de  l'estomac  ?  Je  réponds  que  s'il  n'est  pas  toujours  pos- 
sible d'établir  le  diagnostic  de  cette  lésion  d'une  manière  positive,  on  peut 
au  moins  en  soupçonner  la  présence  et  la  faire  entrer  comme  élément  dans 
le  calcul  des  probabilités,  notre  seul  refuge  pour  la  détermination  des  lé- 
sions d'organes  inaccessibles  à  nos  moyens  directs  d'observation.  J'ajoute 
qu'en  procédant  par  voie  d'exclusion  ou  d'élimination,  on  pourra,  le  plus 
souvent,  arriver  à  une  somme  de  probabilités  voisine  de  la  certitude. 

»  Ainsi,  depuis  bien  des  années  que  l'ulcère  simple  de  l'estomac  m'a  oc- 
cupé d'une  manière  toute  particulière,  au  diagnostic  affirmatif  du  cancer  de 
l'estomac,  et  par  conséquent  à  l'arrêt  d'incurabilité  qui  avait  été  prononcé, 
j'ai  pu,  dans  un  grand  nombre  de  cas,  substituer  un  diagnostic  et  un  prog- 
nostic  suivi  d'espérances,  et  formuler  ainsi  ma  pensée  :  «  cancer  de  l'es- 
tomac possible;  ulcère  simple  probable.  »  Et,  je  dois  le  dire,  la  guérison  du 
malade  est  venue,  dans  bien  des  cas,  justifier  mes  prévisions. 

»  Rien  de  décidément  caractérisque  au  début  de  l'ulcère  simple  de  l'es- 
tomac, à  moins  que  l'un  des  premiers  symptômes  de  la  maladie  ne  soit  le 
vomissement  noir.  Mais  arrive  un  moment  où  au  malaise  épigastrique  se 
joignent  les  caractères  suivants  : 

»  i°.  Crises  de  douleur  caractérisées  par  la  circonscription  de  cette  dou- 
leur à  une  petite  région,  celle  de  l'appendice  xyphoïde  [point  xyphoïdieri),  qui 
s'accompagne  souvent  d'une  douleur  de  même  nature  au  rachis  [point  ra- 
cliidien).  Ce  caractère  est  commun  à  l'ulcère  simple  et  à  certaines  gastralgies 
idiopathiques,  dont  l'ulcère  simple  se  distingue  par  la  permanence  des  ac- 
cidents; 

»  a°.  Vomissement  et  déjection  noirs ,  caractère  qui  est  commun  à  l'ul- 
cère simple  et  au  cancer  ; 

»  3°.  Les  caractères  différenciels  entre  l'ulcère  simple  et  le  cancer  se  dé- 
duisent de  la  marche  de  la  maladie  et  de  la  différence  des  effets  du  régime  et 
du  traitement.  Dans  le  cancer,  le  régime  diététique  est  inutile  et  serait  nui- 
sible s'il  était  trop  sévère.  Dans  l'ulcère  simple,  le  régime  diététique  est  tout, 
et  s'il  frappe  juste,  en  quelques  jours  le  malade  est  soulagé;  il  se  sent  re- 
naître. 


(4*3) 

2°.   Caractères  thérapeutiques  de  l'ulcère  simple  de  l'estomac. 

»  Nous  connaissons  maintenant  à  fond  l'ennemi  que  nous  avons  à  com- 
battre. Ce  n'est  point  un  ulcère  cancéreux,  c'est  un  ulcère  simple,  c'est-à- 
dire  une  phlegmose  ulcéreuse,  une  lésion  locale  entretenue  par  une  irrita- 
tion locale,  exempte  de  toute  complication,  tendant  essentiellement  à  la 
guérison.  Que  ferions-nous  si  nous  avions  à  traiter  à  l'extérieur  un  pareil  ul- 
cère? Rien  autre  chose  que  de  condamner  au  repos  l'organe  malade  et  de  le 
soustraire  à  l'action  de  toutes  les  causes  locales  d'irritation.  Mais  si  le  repos 
de  l'estomac  peut  et  doit  être  absolu  quant  aux  médicaments  proprement 
dits,  il  ne  saurait  l'être  quant  à  l'alimentation.  Le  repos  de  l'estomac,  c'est 
la  diète,  c'est-à-dire  le  régime.  Or,  c'est  une  étude  bien  digne  de  la  médi- 
tation des  physiologistes  que  celle  des  modifications  qui  se  produisent  dans 
les  instincts  de  l'estomac  malade.  Ainsi,  il  est  des  conditions  de  la  muqueuse 
gastrique  dans  lesquelles  l'estomac  humain,  omnivore  de  sa  nature,  se 
trouve  tout  à  coup  transformé  en  un  estomac  univore,  tantôt  exclusivement 
carnivore,  tantôt  exclusivement  herbivore;  mais  il  est  une  transformation 
bien  plus  fréquente  dans  les  instincts  de  l'estomac,  c'est  celle  dans  laquelle 
l'estomac  du  jeune  homme,  de  l'adulte  et  du  vieillard  semble  rétrograder 
vers  l'état  de  la  première  enfance.  Le  lait  seul  peut  être  supporté.  L'estomac 
est  devenu  lactivore. 

»  On  ne  se  fait  pas  une  idée  de  la  délicatesse,  de  la  finesse,  du  tact  que  pré- 
sente le  sens  gastrique  dans  certains  cas  de  maladie.  Il  n'y  a  pas  de  réactif 
chimique,  pas  d'instrument  de  physique,  de  précision  plus  sensible  que  la 
membrane  muqueuse  de  l'estomac  malade;  elle  palpe  tout,  elle  apprécie 
tout,  jusqu'aux  plus  légères  nuances,  si  ce  mot  peut  s'appliquer  à  autre 
chose  qu'aux  couleurs.  Le  point  important,  c'est  donc  de  trouver  un  aliment 
qui  soit  bien  supporté  par  l'estomac  et  qui  passe  inaperçu. 

»  Le  régime  lacté,  voilà  le  grand  moyen  de  guérison  de  l'ulcère  simple  de 
l'estomac,  le  seul  aliment  dont  il  puisse  supporter  la  présence  sans  se  ré- 
volter, le  seul  topique  qui  lui  convienne,  et  quelquefois  le  lait  réussit 
comme  par  enchantement.  Dès  le  premier  jour  de  son  emploi  comme  ali- 
ment exclusif,  l'angoisse  épigastrique  diminue;  les  jours  suivants,  elle  dis- 
paraît complètement.  Un  sentiment  de  bien-être  inexprimable  la  remplace 
et  les  forces  reviennent  à  vue  d'ceil. 

»  Mais  il  arrive  un  moment  où  le  lait  commence  à  être  moins  agréable  au 
goût  et  à  fatiguer  l'estomac.  Hâtons-nous  de  lui  associer  d'abord,  pour  lui 
substituer  plus  tard,  un  autre  mode  d'alimentation,  pour  le  choix  duquel 

56.. 


(4a4  ) 

les  instincts  de  l'estomac  doivent  être  consultés.  Je  ne  saurai  trop  le  répéter, 
c'est  le  régime  alimentaire  qui  est  tout  dans  le  traitement  de  l'ulcère  simple 
de  l'estomac  ;  mais  je  ne  connais  rien  de  plus  difficile  à  diriger  que  ce  ré- 
gime, relativement  à  la  qualité  et  à  la  quantité  des  aliments,  à  leur  tempé- 
rature, à  leur  préparation,  au  nombre  des  repas. 

»  Quant  aux  médicaments  proprement  dits,  je  les  regarde  comme  très- 
secondaires  dans  ce  traitement. 

»  Les  amers,  les  ferrugineux  sont  ici  formellement  contre-indiqués.  L'o- 
pium ne  réussit  que  dans  le  cas  où  l'élément  gastralgique  s'associe  à  l'é- 
lément phlegmosique. 

»  L'eau  gazeuse,  la  glace,  la  médication  alcaline,  et  surtout  le  phosphate 
de  chaux  préparé  par  la  calcination  des  os  et  porphyrisé,  les  bains  alcalins  et 
gélatineux,  les  ablutions  fraîches  sur  toute  la  surface  du  corps ,  et  dans  quel- 
ques cas  des  ablutions  très-chaudes,  des  bains  frais  par  immersion,  et  dans 
quelques  cas  des  bains  de  siège  très-chauds  également  par  immersion  ,  des 
frictions  stimulantes  avec  massage  sur  toute  la  surface  du  corps,  des  déri- 
vatifs ou  révulsifs  appliqués  sur  l'épigastre,  tels  que  vésicatoires,  cautères  ; 
voilà  les  moyens  qui  m'ont  paru  exercer  une  influence  salutaire  sur  la 
marche  de  la  maladie. 

»  N'oublions  jamais  que  l'ulcère  simple  de  l'estomac  est  très-sujet  à  la 
récidive  et  que  cette  récidive  aboutit  quelquefois  à  une  hémorragie  nui- 
sible ou  à  la  perforation  de  l'estomac.  Or  on  préviendra  bien  certainement 
toute  récidive  par  une  bonne  hygiène  alimentaire  et  par  l'absence  de  médi- 
caments stimulants. 

Conclusions. 

»  i°.  L'ulcère  simple  de  l'estomac,  véritable  gastrite  ulcéreuse,  peut- 
être  toujours  soupçonné  et  presque  toujours  positivement  diagnostiqué. 

»  i°.  Le  diagnostic  de  l'ulcère  simple  de  l'estomac  est  fondé  sur  les  ca- 
ractères différenciels  qui  le  séparent,  d'une  part,  de  la  gastralgie  et  de  la  gas- 
trite non  ulcéreuse,  d'une  autre  part,  du  cancer  de  l'estomac. 

»  3°.  L'ulcère  simple  de  l'estomac  se  distingue  de  la  gastralgie  idiopathique 
par  la  permanence  des  accidents  avec  alternatives  d'exaspération  et  de  rémis- 
sion, tandis  que  la  gastralgie  est  temporaire,  survient  brusquement,  disparaît 
de  même,  ne  laisse  aucune  trace  après  elle,  et  qu'elle  est  d'ailleurs  soudaine- 
ment calmée  par  l'opium. 

»  4°-  L'ulcère  simple  de  l'estomac  se  distingue  de  la  gastrite  non  ulcéreuse 
non  moins  que  de  la  gastralgie  par  les  vomissements  noirs  et  par  les  déjec- 
tions noires. 


(  /|»5  ) 

»  5°.  Il  est  infiniment  probable  qu'il  existe  des  ulcères  simples  de  l'es- 
tomac sans  vomissements  noirs  et  sans  déjections  noires,  et,  dans  ce  cas, 
le  diagnostic  différenciel  entre  l'ulcère  simple  et  la  gastrite  non  ulcéreuse 
devient  difficile. 

»  6°.  Les  vomissements  noirs  ne  sont  nullement  caractéristiques  du  cancer 
de  l'estomac.  Ils  sont  communs  au  cancer  et  à  l'ulcère  simple. 

»  70.  Il  en  est  de  même  des  déjections  noires,  qui  sont  tout  aussi  caracté- 
ristiques d'une  gastrorragie  que  les  vomissements  noirs. 

»  8°.  Les  vomissements  noirs  et  les  déjections  noires  sont  en  quelque  sorte 
plus  inhérents  à  l'ulcère  simple  qu'au  cancer  de  l'estomac  ;  car  ils  appar- 
tiennent à  toutes  les  périodes  de  l'ulcère  simple  dont  ils  sont  souvent  le 
premier  symptôme.  On  voit,  au  contraire,  un  grand  nombre  de  cancers  de 
l'estomac  sans  vomissements  noirs  et  sans  déjections  noires,  et  quand  ils  se 
produisent,  ce  n'est  le  plus  souvent  qu'à  la  dernière  période  de  la  maladie. 

»  90.  Les  caractères  différenciels  entre  l'ulcère  simple  et  le  cancer  se  dé- 
duisent :  i°  de  signes  physiques:  absence  de  tumeur  dans  l'ulcère  simple; 
2°  de  la  douleur  :  il  y  a  assez  souvent  absence  de  douleur  dans  le  cancer, 
jamais  absence  de  douleur  dans  l'ulcère  simple  ;  3°  du  caractère  de  cette 
douleur:  dans  l'ulcère  simple,  sensation  de  plaie  vive,  de  brûlure,  de  mor- 
sure au  niveau  du  sommet  de  l'appendice  xyphoïde  (point  xyplioïdien), 
retentissant  à  la  région  correspondante  du  rachis  (point  rachidien);  dans  le 
cancer,  crampes  ou  contractions  spasmodiques  avec  durcissement  de  l'esto- 
mac. 

»  io°.  La  véritable  pierre  de  touche  pour  le  diagnostic  différenciel  entre 
l'ulcère  simple  et  le  cancer  est  dans  la  différence  des  effets  du  régime  ali- 
mentaire, qui  échoue  complètement  dans  le  cancer  et  produit  de  merveil- 
leux effets  dans  l'ulcère  simple. 

»  1 1°.  Le  grand  problème  à  résoudre  dans  le  traitement  de  l'ulcère  sim- 
ple, c'est  de  trouver  un  aliment  qui  soit  toléré  sans  douleur  par  l'estomac  ; 
cet  aliment  une  fois  trouvé,  la  guérison  s'effectue  avec  la  plus  grande  fa- 
cilité. 

»  12°.  Dans  l'immense  majorité  des  cas,  le  régime  lacté  est  le  seul  qui 
réponde  parfaitement  aux  instincts  de  l'estomac  dans  le  cas  d'ulcère  sim- 
ple. Le  lait  semble  agir  à  la  manière  d'un  spécifique.  Sa  spécificité  vient 
exclusivement  de  son  innocuité. 

»  1 3°.  Dans  le  traitement  de  l'ulcère  simple,  les  moyens  médicamenteux 
proprement  dits,  tant  intérieurs  qu'extérieurs,  ne  peuvent  être  considé- 
rés que  comme  des  moyens  secondaires.  » 


(  4*6  ) 

• 

Médecine.  —  De  l'organographisme,  ou  dessin  des  organes,  considère'  au 
point  de  vue  du  diagnostic  et  du  traitement;  par  M.  Piorry.  (Extrait  par 
l'auteur.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

«  On  reprochait  à  la  médecine  d'être  éminemment  conjecturale,  de  con- 
stituer seulement  un  art  né  de  l'expérience,  et  non  une  science  positive 
ayant  des  méthodes  rigoureuses,  donnant  des  résultats  précis  capahles  d'être 
mesurés,  et  par  suite  comparables.  Un  pareil  reproche  ne  saurait  être  jus- 
tement adressé  à  la  médecine  moderne.  L'art  du  diagnostic  a  fait  d'immenses 
progrès  et  ne  le  cède  en  rien,  sous  le  rapport  du  positivisme,  à  la  plupart  des 
autres  sciences  naturelles.  Au  lit  du  malade,  les  médecins  instruits  sont 
d'accord  sur  les  lésions  existantes,  et  l'ouverture  des  corps,  quand  la  mort 
a  lieu,  vérifie  presque  toujours  le  jugement  porté  pendant  la  vie.  Les  causes 
des  maladies  et  l'action  des  médicaments  sont  aussi  beaucoup  mieux  con- 
nues que  par  le  passé. 

»  C'est  à  l'inspection  simple,  ou  rendue  plus  étendue  par  les  instruments 
d'optique,  c'est  à  l'emploi  du  spéculum,  c'est  au  palper  direct  ou  médiat, 
c'est  à  la  percussion,  et  surtout  au  plessimétrisme,  c'est  à  l'auscultation  di- 
recte ou  à  distance,  c'est  encore  à  la  mensuration,  à  la  pondération,  à  1  ap- 
préciation de  la  diaphanéité  des  organes,  que  l'on  doit  les  progrès  actuels 
du  diagnostic;  l'analyse  chimique,  les  expériences  microscopiques  et 
les  découvertes  physiques  ont  contribué  pour  leur  part  à  ces  heureux 
résultats. 

»  Le  présent  Mémoire  a  pour  objet  l'exposition  d'une  méthode  qui 
forme  le  complément  de  ces  moyens  de  diagnostic;  c'est  le  dessin  linéaire 
des  organes,  destiné  soit  à  représenter  leurs  lésions,  soit  à  faire  juger  pen- 
dant la  durée  d'un  mal,  ou  son  traitement,  des  variations  de  forme,  de  vo- 
lume qu'il  présente. 

»  i°.  Tantôt  on  reproduit  sur  du  papier  l'image  des  affections  que  l'on 
veut  étudier,  et,  pour  le  faire,  M.  Piorry  recommande",  de  préférence  aux 
divers  moyens  qu'il  a  proposés,  un  crayon  de  mine  de  plomb  assez  tendre, 
et  qui  a  été  longtemps  trempé  dans  des  huiles  grasses,  ce  qui  lui  sert  en  gé- 
néral de  plume  et  d'encre.  Ce  crayon  est  destiné  à  figurer  et  à  estomper  en 
quelques  secondes  presque  tous  les  dessins  d'anatomie  que  l'on  veut  con- 
server. Ce  procédé  est  applicable  à  un  grand  nombre  de  tumeurs,  de  ma- 


(4*7  > 
ladies  de  la  peau,  et  surtout  aux  affections  du  col  de  la  matrice.  La  photo- 
graphie serait  ici  préférable;  mais  le  temps  et  les  frais  qu'elle  nécessite  la 
rendent  pour  la  clinique  tout  à  fait  inapplicable. 

»  2°.  Ailleurs  on  trace  sur  la  peau  elle-même  la  limitation  des  organes 
que  l'on  veut  voir,  ou  dont  on  cherche  à  déterminer  les  limites.  C'est  le 
même  crayon  dont  il  a  été  parlé  qui,  dans  ce  cas,  réussit  le  mieux.  L'azo- 
tate d'argent  est  préférable  alors  que  l'on  veut  se  servir  non-seulement  d'un 
moyen  graphique,  mais  encore  d'une  substance  légèrement  cautérisante  et 
propre  à  arrêter  l'extension  d'un  mal,  d'un  érésipèle  par  exemple.  Par  ces 
procédés  on  limite,  on  mesure,  on  montre  aux  yeux  l'étendue,  la  forme,  la 
circonscription  des  organes  ou  des  phénomènes  maladifs. 

»  Je  dessine  ainsi  à  la  surface  du  corps  de  l'homme,  i°  les  résultats  de 
la  palpation  du  foie,  de  la  rate,  des  tumeurs,  etc.  ;  i°  la  limitation  des  sur- 
faces douloureuses,  sensibles  ou  paralysées,  et  cela  à  l'effet  d'apprécier 
les  progrès  ou  la  décroissance  du  mal  ;  ou  encore  de  représenter  un  nerf 
endolori;  3°  les  limites  d'un  espace  où  la  fluctuation  existe;  4°  la  configu- 
ration des  organes,  la  hauteur  du  niveau  d'un  épanchement,  l'étendue 
d'une  région  indurée,  ramollie,  contenant  des  gaz  ou  des  liquides,  et  le 
tout  déterminé  par  le  plessimétrisme  ;  5°  les  espaces  où  l'auscultation  fait 
reconnaître  les  diverses  variétés  de  respiration,  de  souffle,  de  râles,  de  voix, 

de  bruits ;  5°  l'indication  fixe  du  point  où  à  l'aide  d'un  lien  métrique 

on  a  mesuré  un  organe. 

»  Enfin,  je  pense  que  dans  toute  opération  où  la  peau  doit  être  incisée, 
il  est  utile  pour  diriger  un  jeune  chirurgien  pendant  qu'il  agit;  l'art  a  ainsi 
un  moyen  de  plus  de  guider  sa  main  mal  assurée. 

»  J'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  des  dessins  au 
crayon  tracés  par  moi  et  des  figures  plessimétriques  obtenues  par  la  gravure 
sur  bois. 

»  L'organographisme,  d'après  l'idée  générale  que  je  m'en  suis  faite, 
est,  comme  on  le  voit,  applicable  non-seulement  à  la  percussion,  mais  en- 
core à  la  plupart  des  méthodes  d'investigation  :  je  ne  crois  pas  qu'il  ait  été 
proposé  avant  moi  d'une  manière  générale  et  vraiment  scientifique.  Cette 
méthode  me  paraît  donner  au  diagnostic  un  degré  de  certitude  déplus,  et 
j'ai  cru  ne  pouvoir  en  fair»,  pour  la  première  fois,  l'exposition  complète 
d'une  manière  plus  digne  qu'en  la  faisant  dans  cette  enceinte.  » 


(  428  ) 


MÉMOIRES  PRESENTES. 

L'Académie  reçoit  un  Mémoire  destiné  au  concours  pour  le  grand  prix 
des  Sciences  mathématiques  (question  concernant  la  théorie  des  phéno- 
mènes capillaires),  prix  proposé  pour  r 854?  remis  à  1 856. 

Ce  Mémoire  portant  pour  épigraphe  :  «  Quid potui  jeci ,  faciant  meliora 
potentes,  »  a  été  inscrit  sous  le  n°  i . 

physiologie  végétale.  —  Recherches  expérimentales  sur  les  rapports  des 
plantes  avec  V humidité  atmosphérique.  Premier  Mémoire  :  Rapports  des 
plantes  avec  la  vapeur  deau  répandue  dans  l'air;  par  M.  P.  Duchartre. 
(Extrait  par  l'auteur.  ) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Botanique.) 

I.  Rapports  des  feuilles  avec  la  vapeur  invisible  de  l'air. 

«  Dans  l'historique  qui  forme  l'avant-propos  du  Mémoire  que  j'ai  l'hon- 
neur de  soumettre  aujourd'hui  au  jugement  de  l'Académie,  j'expose  les  ex- 
périences et  les  assertions  contradictoires,  d'un  côté,  de  Miller,  Duhamel, 
Meven,  qui  attribuent  aux  feuilles  la  faculté  d'absorber  la  vapeur  invisible 
de  l'air;  de  l'autre,  de  Guellard,  de  MM.  Treviranus  et  Unger,  qui  révo- 
quent en  doute  l'existence  de  cette  faculté  ou  qui  la  nient  (M.  Unger)  de 
la  manière  la  plus  formelle.  Il  résulte  que  la  science  se  trouvait,  à  ce  sujet, 
dans  un  état  d'incertitude  qui  appelait  une  vérification  expérimentale. 

»  Les  expériences  que  j'ai  faites  ont  porté  :  i°  sur  onze  espèces  terres- 
tres, à  feuilles  non  charnues  (Tulipier,  Lilas  commun,  Chionanthus  virgi- 
nica,  Phillyrea  latifolia,  Kalmia  latifolia,  Vihurnum  Tinus,  Magnolia 
grandiflora,  Ilex  halearica,  I.  aquifolium,  Erjngium  marimitum,  Diotis 
candidissima)  ;  i°  sur  dix  espèces  terrestres  à  feuilles  plus  ou  moins  char- 
nues, ou  plantes  grasses  (  Talinum  patens,  Crithmum  maritimum,  Pereskia 
Bleo ,  Stapelia  repens ,  Cotylédon  tuherculosum ,  Sedum  dasyphyllum , 
S.  latifolium,  S.  anacampsews,  Crassulalactea,  Sempervivum  tectorum)  ; 
3°  sur  quatre  plantes  épiphytes  {Angrœcum  eburneum,  Dendrobium  mos- 
chatum,  Epidendrum  elongatum,  Spironema  fragrans).  De  ces  expériences 
je  déduis  les  conclusions  suivantes  : 

»  i°.  Les  feuilles,  soit  minces  et  sèches  ou  herbacées,  soit  épaisses  et 
charnues,  appartenant  à  des  plantes  terrestres  ou  à  des  plantes  épiphytes, 


(  frb  ) 

sont  privées  de  la  faculté  d'absorber,  pour  s'en  nourrir,  la  vapeur  aqueuse 
répandue  dans  l'air,  même  quand  cette  vapeur  s'y  trouve  en  grande  abon- 
dance. • 

»  a0.  Les  plantes  grasses,  non  arrosées  et  sans  le  contact  de  l'eau,  sont 
remarquables  par  la  régularité  avec  laquelle  elles  diminuent  de  poids  dans 
une  atmosphère  confinée  très-humide,  et,  sous  ce  rapport,  elles  ne  présen- 
tent que  de  légères  différences  avec  ce  qui  a  lieu  chez  elles  à  l'air  libre.  Leur 
diminution  de  poids,  constante  et  graduelle,  mais  lente,  n'empêche  pas  que 
leur  végétation  ne  se  continue  pendant  longtemps  et  qu'elles  ne  dévelop- 
pent des  productions  nouvelles.  Mais  c'est  uniquement  aux  dépens  de  cer- 
taines de  leurs  parties  qu'elles  végètent  ainsi ,  et  l'on  peut  dire  que,  chez 
elles,  l'activité  vitale  ne  fait  que  se  déplacer.  Généralement  leurs  feuilles  ou 
parties  inférieures  s'épuisent  ou  meurent  à  mesure  que  leurs  sommités  crois- 
sent et  s'allongent. 

»  3°.  Les  plantes  très-glauques  et  celles  que  couvre  une  épaisse  couche 
de  poils  ne  diffèrent  en  rien  de  la  généralité,  malgré  l'état  particulier  de 
leur  surface. 

»  4°-  Les  feuilles  des  plantes  épiphytes,  auxquelles  on  attribue  beau- 
coup d'importance  pour  la  nutrition  de  ces  végétaux,  loin  de  puiser  de 
l'humidité  dans  l'air,  comme  on  le  suppose  généralement,  se  font  plutôt 
remarquer  par  la  régularité,  souvent  même  par  la  rapidité  avec  lesquelles 
elles  perdent  de  leur  poids,  bien  que  placées  dans  une  atmosphère  extrê- 
mement humide. 

II.  Rapports  des  racines  aériennes  avec  la  vapeur  d'eau  répandue  dans  l'air. 
»  L'étude  expérimentale  de  cette  question  avait  un  haut  intérêt,  soit  en 
elle-même  et  pour  l'intelligence  de  la  végétation  des  plantes  épiphytes,  soit 
à  cause  de  l'opinion  universellement  répandue  que  les  racines  aériennes  de 
ces  végétaux  puisent  dans  l'atmosphère  la  vapeur  aqueuse  qui  s'y  trouve  ré- 
pandue et  .qui  deviendrait  ainsi,  pense-t-on,  l'un  des  matériaux  les  plus 
essentiels  à  leur  nutrition.  Elle  acquérait,  en  outre,  une  importance  plus 
grande  encore  en  raison  de  deux  expériences  publiées  récemment  par 
M.  Unger,  dans  lesquelles  ce  célèbre  botaniste  allemand  a  cru  voir  la  dé- 
monstration expérimentale  d'une  absorption  d'humidité  en  vapeur  opérée 
par  les  racines  aériennes.  Je  rapporte  en  détail  des  expériences  que  j'ai 
faites  dans  des  conditions  variées  à  dessein,  et  dont  les  sujets  ont  été 
huit  Qrchidées  {Dcndrobium  moschatum,  D.  nobile,  Dendrobium  spec, 
Epideridrwn  çlongatunij  Oncidium  ampliatum ,  O.  Lanceanurn,  Brassavola 

C.  R.,  i836,  i"  Semestre.  (T.  XLII,  N°  9.)  $1 


U3o  ) 
Perrina,  Ornithidium  densiflorum) ,  deux  Broméliacées  (deux  Tillandsia 
indéterminés)  et  une  Commélynée  (Spironema  fragrans) ,  l'une  des  deux 
plantes  observées  par  M.  Ungef .  J'y  ai  ajouté  deux  expériences  faites  sur 
deux  espèces  d'Aroïdées  (  Philodendron)  pourvues  à  la  fois  de  racines  terres- 
tres et  de  racines  aériennes.  Je  tire  de  ces  nombreuses  observations  la  conclu- 
sion, en  désaccord  complet  avec  l'opinion  reçue,  que  les  racines  aériennes 
des  plantes  épiphytes  sont  dépourvues  de  la  faculté  d'aspirer  de  la  vapeur 
aqueuse  dans  l'air  au  milieu  duquel  elles  se  trouvent.  Je  puis  donc  énoncer 
comme  général  ce  fait  intéressant,  que  l'humidité  invisible  répandue  dans 
l'atmosphère,  quelque  forte  qu'en  soit  la  proportion,  ne  contribue  en  rien 
à  la  nutrition  de  ces  plantes;  que  dès-lors  elle  ne  peut  avoir  pour  elles 
d'autre  avantage  que  d'affaiblir  leur  transpiration,  à  moins  que,  par  l'effet 
d'un  changement  d'état,  elle  n'entre  avec  elles  dans  des  relations  d'un  or- 
dre différent  et,  dans  tous  les  cas,  immédiates.  » 

physique.  —  Note  sur  la  force  électromotrice  des  piles  dans  lesquelles  on 
emploie  des  métaux  amalgamés  ;  par  M.  J.-M.  Gaitgain.  (Présentée  par 
M.  Despretz.  ) 

(Renvoi   à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  nommés  : 
MM.  Becquerel,  Pouillet,  Regnault.) 

«  On  sait  depuis  longtemps  que  le  zinc  amalgamé  est  supérieur  en  force 
(suivant  le  langage  de  Faraday)  au  zinc  non  amalgamé,  c'est-à-dire  que  la 
force  électromotrice  d'une  pile  dans  laquelle  le  zinc  joue  le  rôle  de  métal 
négatif,  est  plus  considérable  quand  le  zinc  est  amalgamé  que  quand  il  ne 
l'est  pas;  mais  les  physiciens  sont  loin  d'être  d'accord  sur  l'explication  de 
ce  fait.  Trois  théories  ont  été  mises  en  avant  par  Davy,  par  Faraday  et  par 
M.  Becquerel,  et  M.  Jules  Regnault  vient  d'en  proposer  une  quatrième  dans 
un  travail  récemment  publié  [Annales  de  Chimie,  tome  XLIV,  page  484)- 
Les  recherches  dont  je  vais  rendre  compte  me  semblent  prouver 'qu'il  n'y  a 
d'admissible  que  l'explication  de  Davy  que  je  vais  citer,  d'après  le  Mémoire 
de  M.  Jules  Regnault  :  «  Ce  n'est  pas,  dit  Davy,  une  propriété  inhérente 
»  ou  spécifique  de  chaque  métal  qui  lui  donne  pon  caractère  électrique, 
»  mais  celui-ci  dépend  de  l'état  particulier  du  corps,  d'une  forme  d'agré- 
»  gation  qui  le  dispose  aux  combinaisons  chimiques  » .  Quand  on  suppose 
que  la  cause  première  des  phénomènes  électriques  réside  dans  les  combi- 
naisons chimiques  effectuées,  il  peut  paraître  singulier  que  la  force  élec- 
tromotrice résultant  de  la   combinaison  de  deux  substances'  déterminées 


(43i  ) 
puisse  varier  avec  les  circonstances  dans  lesquelles  s'effectue  la  combinaison  ; 
mais  si,  au  lieu  de  considérer  les  combinaisons  chimiques  comme  une  cause, 
on  les  considère  comme  un  effet,  et  si  l'on  admet,  avec  Faraday,  que  la 
force  électromotrice  et  l'affinité  sont  une  seule  et  même  chose,  alors  l'in- 
fluence de  l'amalgation  des  métaux  sur  leur  force  électromotrice  n'a  plus 
rien  de  surprenant  ;  car  on  sait  très-bien  que  l'affinité  réciproque  de 
deux  substances  données  est  une  force  qui  peut  être  modifiée  par  une  foule 
de  circonstances,  et  notamment  par  l'état  de  division  des  substances  que 
l'on  considère.  Je  vais  essayer  tout  à  l'heure  de  donner  une  forme  plus 
précise  à  l'explication  de  Davy;  mais  il  est  utile  d'exposer  d'abord  un  cer: 
tain  nombre  de  faits  d'observation  que  je  crois  nouveaux. 

»  MM.  Wheatstone  et  J.  Regnault  ont  trouvé,  chacun  de  leur  côté,  que 
la  proportion  de  métal  contenue  dans  un  amalgame  n'affecte  pas  la  force 
électromotrice  des  couples  dont  l'amalgame  fait  partie.  Le  fait  est  sûrement 
exact  quand  on  se  borne  à  considérer  les  amalgames  sur  lesquels  ont  opéré 
les  savants  que  je  viens  de  nommer  ;  mais  il  s'en  faut  de  beaucoup  qu'il  soit 
vrai  d'une  manière  générale.  Considérons  d'abord  le  couple  à  un   seul 

..       .,      /zinc— mercure\      ,  \-,  '»..-  ,    ,        , 

liquide     — T7 . — -     -Le  zinc  est  negatit  par  rapport  au  mercure  (c  est-a- 

^  \sullate  de  zinc/  a         r  rr  » 

dire  que  le  courant  marche,  à  travers  le  liquide,  du  zinc  au  mercure)-,  et  la 

force  électromotrice   du    couple   dépasse    200   unités    thermo-électriques 

quand  le  mercure  est  pur.  Mais  si  l'on  introduit  graduellement 

dans  le  mercure  des  quantités  croissantes  de  zinc,  la  force  électromotrice 
du  couple  va  en  diminuant  rapidement,  et  devient  nulle  pour  une  certaine 
proportion  de  zinc,  qui  est  très-minime;  si  l'on  augmente  un  peu  cette 
proportion,  la  force  électromotrice  change  de  signe,  l'amalgame  devient 
négatif  par  rapport  au  zinc,  et  la  valeur  absolue  de  la  force  électromotrice 
va  en  augmentant  avec  la  proportion  du  zinc,  tant  que  cette  proportion  ne 
dépasse  pas  une  certaine  limite  ;  au  delà  de  cette  limite,  les  nouvelles  quan- 
tités de  zinc  introduites  ne  font  plus  varier  la  force  électromotrice  ;  celle-ci 
conserve  une  valeur  sensiblement  constante  et  voisine  de  8  unités  ther- 
mo-électriques, tant  que  l'amalgame  reste  liquide.  Enfin,  quand  on  emploie 
un  amalgame  complètement  solide,  la  force  électromotrice  diminue  de  nou- 
veau et  s'abaisse  au  chiffre  6  unités.  Toutes  les  expériences  dont  je  viens  de 
résumer  les  résultats  ont  été  faites  avec  le  zinc  du  commerce;  avec  du  zinc 
pur,  les  forces  électromotrices  des  divers  amalgames  eussent  présenté  sans 
doute  des  valeurs  absolues  un  peu  différentes,  mais  leurs  variations  eussent 
bien  sûrement  suivi  la  même  marche. 

57- 


(43^  ) 

>,        .  , ,                            ,                 ,       cadmium  —  amalgame   de  cadmium       , 
»  Considérons  encore  les  couples ^ — -5-^ — t— : ;  dans 

r  sulfate  de  cadmium 

cette  classe  de  couples,  la  direction  du  courant  est  indépendante  des  pro- 
portions de  l'amalgame  ;  le  cadmium  est  toujours  négatif;  mais  la  force 
électromotrice  peut  varier  entre  des  limites  assez  étendues;  lorsque  l'amal- 
game de  cadmium  est  complètement  solide,  la  force  électromotrice  du  couple 

dont  il  fait  partie  est  égale  à  5  unités  j— — >  -,  mais  si  l'on  emploie  succes- 
sivement une  série  d'amalgames  contenant  des  quantités  décroissantes  de 
cadmium,  on  trouve  que  les  valeurs  correspondantes  de  la  force  électromo- 
trice vont  en  augmentant,  et  j'ai  constaté  que  cette  force  dépasse  3i  unités 
quand  on  remplace-l'amalgame  par  du  mercure  pur. 

»  Tous  ces  faits  peuvent  aisément  se  concevoir,  quand  on  part  de  cette 
hypothèse  fondamentale  que  la  force  électro motrice  est  l'affinité  chimique 
elle-même.  En  effet,  l'amalgamation  modifie  de  deux  manières  différentes 
les  affinités  des  métaux  qui  subissent  cette  opération;  d'une  part,  elle  dé- 
truit leur  cohésion,  et  en  les  divisant  elle  les  rend  plus  aptes  à  former  des 
combinaisons  nouvelles,  ce  qui  revient  à  dire  (  du  moins  quand  il  s'agit  des 
métaux  oxydables)  qu'elle  les  rend  plus  négatifs  ;  mais,  d'un  autre  côté,  l'a- 
malgamation substitue  à  la  cohésion  une  force  nouvelle,  l'affinité  du  mercure 
pour  le  métal,  qui  s'oppose  à  son.  tour  à  ce  que  ce  métal  s'engage  dans  de 
nouvelles  combinaisons,  et  qui,  par  conséquent,  tend  à  le  rendre  plus  positif. 
Or  il  est  évident  que  l'affinité  du  mercure  pour  le  métal  amalgamé  doit 
varier  non-seulement  avec  la  nature  de  ce  métal,  mais  encore  avec  les  pro- 
portions de  l'amalgame,  et  l'on  conçoit  qu'elle  peut  être,  suivant  les  cir- 
constances, plus  grande  ou  plus  petite  que  la  cohésion  dont  elle  prend  la 
place  ;  il  résulte  de  là  qu'en  définive  l'amalgamation  peut  avoir  pour  résultat 
d'augmenter,  de  diminuer  ou  de  ne  pas  modifier  du  tout  la  force  électro- 
motrice des  couples  dont  les  métaux  amalgamés  font  partie  ;  il  me  paraît 
superflu  d'appliquer  ces  principes  à  l'explication  des  faits  que  j'ai  exposés 
en  commençant,  mais  je  crois  devoir  indiquer  en  quelques  mots  les  raisons 
qui  me  portent  à  rejeter  les  diverses  théories  qui  ont  été  proposées. 

»  Faraday  attribue  la  supériorité  du  métal  amalgamé  à  l'état  du  liquide 
ambiant  :  «  Comme  le  zinc  ordinaire,  dit-il,  agit  seul  et  directement  sur 
»  le  liquide,  tandis  que  celui  qui  est  amalgamé  ne  le  fait  pas,  le  premier 
»  (  par  l'oxyde  qu'il  produit)  neutralise  rapidement  l'acide  en  contact  avec 
»  la  surface,  de  telle  sorte  que  le  progrès  de  l'oxydation  est  retardé,  tandis 
»  qu'à  la  surface  du  zinc  amalgamé,  l'oxyde  formé  est  instantanément 
»  enlevé  par  l'acide  libre,  et  la  surface  métallique  nette  est  toujours  prête 


(  433  ) 
»  à  agir  sur  l'eau  avec  toute  sou  énergie.  »  Cette  théorie  me  paraît  tout  à 
fait  impropre  à  rendre  compte  des  faits  que  je  viens  d'exposer.  Si  elle  était 
vraie,  elle  devrait  s'appliquer  au  cadmium  comme  au  zinc  ;  car  si  le  cad- 
mium non  amalgamé  est  faiblement  attaqué  par  l'eau  acidulée,  le  cadmium 
amalgamé  l'est  encore  moins;  et,  comme  nous  venons  de  le  voir,  l'amal- 
gamation qui  rend  le  zinc  plus'négatif,  rend  le  cadmium  plus  positif  :  d'un 
autre,  côté,  la  supériorité  du  zinc  amalgamé  par  rapport  au  zinc  ordinaire 
ne  se  manifeste  pas  seulement  quand  ces  métaux  sont  plongés  dans  l'eau 
acidulée,  elle  subsiste  quand  on  emploie  une  dissolution  de  sulfate  de  zinc, 
et,  dans  ce  cas,  le  zinc  ordinaire  n'est  pas  attaqué  d'une  manière  appré- 
ciable par  le  liquide  ambiant.  Je  crois  pouvoir  ajouter  que  l'explication  à 
laquelle  je  me  suis  arrêté  est  plus  conforme  à  l'ensemble  des  vues  de 
Faraday,  que  celle  qui  a  été  proposée  par  Faraday  lui-même. 

a  Suivant  une  seconde  théorie,  l'infériorité  du  zinc  non  amalgamé  serait 
due  aux  actions  locales,  c'est-à-dire  aux  courants  dérivés  qui  s'établissent 
à  sa  surface j  entre  les  particules  hétérogènes  que  présente  cette  surface  : 
cette  théorie  explique  très-bien  pourquoi  le  zinc  du  commerce  est  vive- 
ment attaqué  par  l'eau  acidulée,  tandis  que  le  zinc  amalgamé  ne  l'est  pas; 
mais  elle  n'explique  point. ce  fait  constaté  par  M.  Jules  Regnault,  que  le 
zinc  pur  amalgamé  est  supérieur  au  zinc  pur  non  amalgamé,  et  elle  ne  peut 
rendre  compte  d'aucun  des  faits  que  j'ai  exposés  en  commençant. 

»  Je  passe  enfin  à  l'explication  que  M.  Jules  Regnault  a  proposée;  elle 
consiste  à  dire  que  le  zinc  liquéfié  par  l'amalgamation  contient  une  cer- 
taine quantité  de  chaleur  latente  qui  ne  se  trouve  pas  dans  le  zinc  solide, 
et  que  cette  chaleur  latente  apparaît  sous  forme  d'électricité  dans  l'excès 
de  force  électromotrice.  D'abord  cette  théorie  suppose  que  la  chaleur  la- 
tente peut  devenir  de  la  force  électromotrice  :  or,  cela  revient  à  dire  que 
le  changement  d'état  du  corps  développe  de  l'électricité,  et  toutes  les  expé- 
riences qui  ont  été  tentées  jusqu'ici  dans  le  but  d'établir  ce  fait,  n'ont  donné 
que  des  résultats  négatifs;  en  second  lieu,  on  peut  préparer  des  amalgames 
de  zinc  complètement  solides  qui  sont,  comme  les  amalgames  liquides  ou 
pâteux,  supérieurs  au  zinc  non  amalgamé,  et  qui  pourtant  ne  renferment 
pas  de  chaleur  latente  ;  enfin,  la  théorie  de  M.  Jules  Regnault  n'explique 
pas  mieux  que  les  deux  précédentes  l'infériorité  du  cadmium  amalgamé 
par  rapport  au  cadmium  non  amalgamé.  » 


(  434  ) 

géologie.  —  Note  sur  la  présence  des  zircons  dans  les  sables  marins 
tertiaires  (pliocène)  de  Soret,  dans  les  environs  de  Montpellier; 
par  M.  Marcel  de  Serres.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Élie  de  Beaumont,  ï)ufrénoy,  Babinet.) 

«  Il  existe  dans  les  environs  de  Montpellier,  sur  les  bords  du  Lez  et  sur 
sa  rive  gauche,  de  nombreux  monticules  sablonneux  formés  par  des  amas 
considérables  de  sables  marins  tertiaires  pliocènes.  Ces  sables  renferment 
des  débris  de  Mammifères  terrestres,  ainsi  que  de  Cétacés,  des  Mollusques 
et  des  Zoophytes  marins.  Les  mêmes  sables  recèlent  également,  vers  leur 
surface,  quelques  espèces  minérales  peu  communes,  parmi  lesquelles  nous 
signalerons  les  spinelles  rubis,  les  spinelles  noirs  ou  pléonastes,  ainsi  que 
des  cristaux  d'oxydule  de  fer  magnétique  ou  ferrate  de  fer.  Ces  minéraux 
s'y  présentent  parfois  en  tétraèdres  ou  en  octaèdres  dont  les  formes  sont 
assez  bien  conservées.  Ces  différentes  espèces  n'ont  certainement  pas  la 
même  origine  ni  la  même  date  que  les  sables  marins  au  milieu  desquels  on 
les  découvre.  S'ils  se  trouvent  dans  leurs  masses,  c'est  qu'ils  y  ont  été  trans- 
portés. Ils  paraissent  en  effet  provenir  des  terrains  volcaniques  d'épanche- 
ment  de  Montferrier.  Toutefois  ces  terrains  sont  bien  sur  les  bords  du  Lez, 
mais  ils  sont  placés  sur  la  rive  opposée  à  celle  où  l'on  rencontre  les 
cristaux  que  nous  venons  de  signaler. 

»  Nous  n'avions  pas  jusqu'à  présent  découvert  dans  cette  localité-  d'au- 
tres espèces  minérales  que  celles  que  nous  avons  mentionnées  ;  il  en  avait 
été  de  même  de  Draparnaud,  qui  n'y  avait  pas  aperçu  les  spinelles  rubis, 
dont  la  vive  couleur  rouge  n'est  pas  le  caractère  le  moins  saillant.  Plus 
heureux  que  nous,  M.  Poujol,  jardinier  en  chef  de  l'École  de  Pharmacie, 
vient  d'y  rencontrer  un  assez  gros  cristal  de  zircon.  Ce  cristal  comparé 
avec  des  zircons  de  différentes  localités,  dont  les  uns  proviennent  de 
Ceylan,  les  autres  d'Expailly,  près  du  Puy  en  Vélay,  ou  de  la  Norwége, 
nous  a  paru  se  rapprocher  plutôt  de  ceux  de  cette  dernière  contrée  que  des 
autres  régions.  Sa  couleur  rougeàtre  est  plus  sombre  et  moins  vive  que 
celle  des  zircons  d'Expailly  ;  en  même  temps,  ses  nuances  sont  moins 
foncées  que  celles  du  silicate  de  Norwége — 

»  Le  silicate  de  zircone,  nous  le  répétons,  n'est  pas,  dans  les  sables  de 
Soret,  dans  son  véritable  gisement,  pas  plus  que  les  spinelles,  les  pléonastes 
et  l'oxydule  de  fer  magnétique.  S'il  s'y  trouve,  c'est  qu'il  y  a  été  entraîné 
avec  les  espèces  minérales  qui  l'accompagnent.  Sa  découverte  dans  les  envi- 


(435  ) 
rons  de  Montpellier,  quoiqu'il  y  soit  dans  un  gisement  emprunté,  n'en  a 
pas  moins  d'intérêt  pour  la  connaissance  des  minéraux  de  nos  contrées  mé- 
ridionales. Cet  intérêt  est  d'autant  plus  grand,  que  l'on  se  demande  à  quelle 
époque  ces  zircons,  étrangers  à  la  localité  où  ils  ont  été  observés,  peuvent 
avoir  été  transportés  par  les  eaux  ou  par  toute  autre  cause  dans  les  lieux  où 
ils  sont  maintenant  disséminés. 

»  Cette  époque  se  rattache-t-elle  aux  temps  géologiques  ou  aux  temps 
historiques?  Il  nous  paraît  même,  indépendamment  de  la  position  de 
Montferrier,  qui  est  sur  une  autre  rive  du  Lez  que  celle  où  se  trouvent  les 
monticules  sablonneux  de  Soret,  que  cette  époque  se  rapporte  plutôt  aux 
premiers  qu'aux  temps  actuels.  En  effet,  si  ces  diverses  espèces  minérales 
avaient  été  entraînées  dans  l'époque  à  laquelle  nous  appartenons,  les  mêmes 
causes  devraient  continuer  à  en  opérer  le  transport,  non-seulement  dans 
une  localité  restreinte  et  bornée,  mais  sur  tout  le  cours  inférieur  du  Lez(j). 
On  n'a  pas  vu  cependant  ailleurs  qu'à  Soret,  les  spinelles  et  les  zircons, 
indépendamment  de  ceux  qui  gisent  dans  les  laves  compactes  ou  les  tufs 
volcaniques  de  Montferrier.  » 

physiologie.  —  Recherches  expérimentales  sur  cette  queition  :  «  L'eau  et  les 
substances  dissoutes  sont-elles  absorbées  par  la  peau?  »  par  M.  Poulet. 

(Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Flourens,  Rayer,  Cl.  Bernard.) 

L'auteur,  en  terminant  son  Mémoire,  résume  dans  les  termes  suivants  les 
résultats  principaux  des  expériences  qu'il  y  a  consignées  : 

«  i°.  Le  corps  d'un  homme  plongé  pendant  une  heure  dans  un  bain 
d'eau  à  28  degrés,  perd  une  très-faible  partie  de  son  poids;  mais  dans  la 
deuxième  heure,  la  déperdition  ne  s'élève  pas  à  moins  de  5o  grammes. 

»  20  Ce  qui  rend  la  perte  presque  ou  tout  à  fait  insensible  pendant  la 
première  heure,  ce  n'est  pas  l'absorption  de  l'eau  du  bain  qui  viendrait 
contre-balancer  les  effets  de  la  perspiration  pulmonaire  et  d'un  reste  de 
transpiration  cutanée,  mais  bien  l'imbibition  de  l'épiderme  et  des  poils, 
matières  très-hygroscopiques.  En  effet,  si  la  conservation  du  poids  du  corps 

(1)  Il  existe  en  amont  de  Soret,  sur  la  même  rive  du  Lez,  de  nombreux  monticules 
sablonneux,  dans  lesquels  sont  ouvertes  les  carrières  de  sable,  désignées  sous  le  nom  de  la 
Bompignane.  On  n'y  a  jamais  rencontré  les  espèces  minérales  objet  de  cette  Note.  Il  en 
serait  certainement  autrement  si  les  crues  du  fleuve  étaient  la  cause  de  leur  transport. 


(  436  ) 
était  due  à  l'absorption  de  l'eau,  le  même  phénomène  se  reproduirait  inévi- 
tablement pendant  la  seconde  heure  d'immersion  ;  car  l'eau  qui  aurait 
pénétré  dans  les  cellules  épidermiques,  serait  bientôt  entraînée  par  le  tor- 
rent circulatoire  et  remplacée  par  d'autre.  Or  loin  de  là,  le  corps  perd, 
comme  nous  l'avons  dit,  pendant  cette  deuxième  heure,  une  proportion 
notable  de  son  poids. 

»  3°.  Cette  déperdition,  qui  dépasse  de  beaucoup  celle  que  Lavoisier 
et  Seguin  ont  assignée  à  l'influence  de  la  perspiration  pulmonaire  (en 
moyenne  1 8  grammes  par  heure),  est  due  :  i  °  à  une  augmentation  d'activité  de 
cette  dernière,  tant  par  le  fait  d'une  accélération'de  la  respiration,  que  parce 
qu'elle  est  une  fonction  supplémentaire  de.  la  transpiration  cutanée  en 
grande  partie  supprimée  ;  ft  a°  à  la  transpiration  cutanée  des  organes  non 
immergés  (de  même  qu'à  un  reste  de  transpiration  cutanée  des  organes 
plongés  dans  l'eau). 

»  4°-  Les  expériences  tentées  jusqu'à  ce  jour  par  divers  physiologistes 
pour  démontrer  l'absorption  de  l'eau  dans  le  bain  n'ont  point  abouti,  parce 
qu'ils  n'ont  pas  songé  à  se  débarrasser  d'une  cause  d'erreur  flagrante  ;  je 
veux  parler  de  la  propriété  hygrométrique  de  l'épiderme  et  des  poils.  Au 
moyen  de  deux  bains  immédiatement  consécutifs  et  d'une  triple  pesée,  j'ai 
pu,  comme  je  le  montre  dans  mon  Mémoire,  faire  la  part  de  l'imbibition 
de  ces  organes  et  exonérer  la  peau  d'un  attribut  qu'elle  n'a  jamais  possédé. 

»  5°.  L'augmentation  de  quantité  de  l'urine  n'est  pas  une  preuve  de 
l'absorption  de  l'eau  dans  le  bain  ;  car,  d'après  la  loi  de  l'antagonisme  des 
sécrétions,  les  variations  de  la  quantité  du  liquide  urinaire  étant  en  raison 
inverse  de  celles  de  la  sueur,  il  est  simple  que  l'urine  augmente  quand  la 
transpiration  cutanée  est^en  tout  ou  en  partie  supprimée. 

»  6°.  Il  est  vrai,  comme  l'a  annoncé  M.  Homolle,  que  la  densité  de 
l'urine  diminue  par  le  fait  du  bain  simple;  mais  cette  diminution  n'est  que 
la  conséquence  de  l'augmentation  de  l'urine  :  elle  ne  prouve  donc  rien  de 
plus  que  cette  dernière.  . 

»  70.  L'urine  devenant  alcaline  aussi  bien  après  le  bain  acide  qu'après 
le  bain  alcalin,  l'alcoolisation  des  urines  à  la  suite  des  bains  minéraux,  loin 
de  servir  à  la  démonstration  de  la  doctrine  de  l'absorption  par  la  peau,  est 
au  contraire  un  des  meilleurs  arguments  à  y  opposer. 

»  8°.  On  ne  trouve  pas  un  atome  d'antimoine  dans  l'urine,  après  l'usage 
répété  des  frictions  stibiées.  Et  pourtant,  pour  peu  qu'on  administre  à  l'in- 
térieur quelques  centigrammes  de  tartre  stibié,  à  doses  fractionnées,  on  en 
retrouve  la  trace  dans  l'urine. 


(  437  ) 

»  9°.  L'emploi  externe  de  l'extrait  fluide  de  belladone,  ne  donne  lieu  à 
la  dilatation  de  la  pupille,  qu'à  la  condition  d'être  en  contact  avec  la  con- 
jonctive. 

»  i  o°.  Donc  la  peau  n'absorbe  ni  l'eau,  ni  les  substances  solubles,  pourvu 
d'une  part  que  l'épiderme  soit  intact  et  ne  puisse  être  altéré  par  les  agents 
employés,  et  d'autre  part  que  ceux-ci  ne  soient  point  volatils. 

»  1 1°.  Enfin,  bien  que  les  divers  agents  qui  ne  sont  ni  volatils  ni  suscep- 
tibles de  léser  l'épiderme,  n'agissent  jamais  par  absorption  .lorsqu'ils  sont 
appliqués  sur  la  peau,  cela  ne  veut  pas  dire  qu'il  faille  renoncer  à  leur 
usage  externe.  Il  reste  d'autres  modes  d'action,  l'influence  électrique  sur- 
tout, qui  en  motivent  l'emploi  et  qui  expliquent  le  mieux  qu'on  en  a  par- 
fois éprouvé.  » 

médecine  légale.  —  Existence  du  phosphore  à  l'e'tat  libre  dans  les  organes 
constatée  plus  de  trente  jours  après  la  mort;  Réclamation  de  priorité 
adressée  par  M.  Duchesne.  (Extrait.) 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  désignés  pour  la  Note  de  MM.  Orfila 
et  Rigout  :  MM.  Dumas,  Pelouze,  Cl.  Bernard.) 

«  MM.  Orfila  et  Rigout,  dans  un  Note  concernant  l'action  du  phos- 
phore rouge  sur  l'économie  animale  (Compte  rendu  de  la  séance  du  4  fé- 
vrier 1 856),  disent  que  dans  les  cas  d'empoisonnement  par  le  phosphore 
ordinaire ,  ce  corps  peut  exister  dans  les  organes,  à  l'état  libre,  quinze  jours 
après  la  mort.  «  Ce  fait,  ajoutent-ils,  s'il  a  été  entrevu  ou  vaguement  prévu, 
»   n'a  pas  été  jusqu'à  présent,  que  nous  sachions,  observé.    » 

»  Pour  démontrer  ce  qu'il  y  a  d'erroné  dans  cette  assertion,  il  nous  suf- 
fira de  citer  deux  faits  : 

»  Dans  l'empoisonnement  du  jeune  F ,  décédé  le  ia  novembre  i85/j, 

à  Condé-sur-Huisne,  une  commission  rogatoire,  du  a3  novembre  1 854, 
nommait  comme  experts  MM.  Chevallier,  Lassaigne  et  Duchesne,  et  le 
io  décembre,  en  examinant  les  organes,  nous  remarquions  «  dans  la  por- 
tion iliaque  du  gros  intestin,  au  milieu  de  quelques  matières  fécales  et  de 
mucosités  verdâtres,  de  petits  fragments  d'une  matière  jaunâtre  qui  ne  s'é- 
crasent pas  sous  le  scalpel ,  fument  au  contact  de  l'air,  et  projetés  sur  des 
charbons  ardents,  donnent  une  vive  lumière  jaunâtre  et  une  odeur  très-pro- 
noncée et  très-caractéristique;  nous  avions  trouvé  le  poison  et  ce  poison  était 
du  phosphore.  » Dans  cette  première  affaire,  nous  avons  donc  constaté 

C  R.,  i856.  i"  Semestre.  (T.  XLII,  N°9.)  58 


(  438  ) 
qu'il  existait  du,  phosphore  libre,  que  nous  avons  pu  réunir  et  fondre  en 
culot,  plus  de  trente  jours  après  le  décès  de  l'enfant. 

»  2°.  Dans  l'empoisonnement  de  la  femme  Picquet,  décédée  le  1 5  décem- 
bre 1854,  à  Abjat  (Dordogne),  une  commission  rogatoire,  du  il\  jan- 
vier i855,  nommait  comme  experts  MM.  Chevallier,  Réveil ,  Duchesne,  et 
le  3o  janvier,  c'est-à-dire  quarante-cinq  jours  après  le  décès,  nous  trouvions 
du  phosphore  libre  vers  la  fin  du  gros  intestin.  Ces  faits  sont  constatés  dans 
notre  Rapport  et  dans  l'Echo  deVésone  du  io  juillet  1 855.  » 

physique  du  globe.  —  Sur  les  eaux  thermales  de  Nauheim  {Hesse  élec- 
torale). Origine  du  sel  marin  et  de  l'acide  carbonique  que  ces  eaux 
contiennent.  Nouvelle    théorie    du   jaillissement   de  ces   sources  ;  par 

M.   HoTl  HI.Al  . 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Despretz,  de  Verneuil.) 

L'auteur  résume  dans  les  propositions  suivantes  les  résultats  des  recher- 
ches qui  font  l'objet  de  son  Mémoire  : 

«  i°.  Les  sources  thermales  de  Nauheim  ne  sont  pas  salées  par  des 
dépôts  de  sel  gemme  ou  par  l'effet  des  infiltrations  de  l'eau  de  mer. 

»  2°.  Elles  le  sont  par  la  dissolution  du  chlorure  de  sodium  contenu 
dans  les  couches  houillères. 

»  3°.  Les  sources  de  Nauheim  ne  jaillissent  point  en  vertu  de  la  théorie 
du  siphon  universellement  admise  et  presque  toujours  vraie. 

»  4°-  Elles  jaillissent  en  vertu  de  la  force  d'expansion  et  de  la  pression 
de  l'acide  carbonique  dont  elles  sont  saturées  et  qui  se  trouve  à  leur  surface, 
force  à  laquelle  on  doit,  dans  de  certaines  limites,  ajouter  la  puissance  de  la 
vapeur  d'eau  que  développe  la  chaleur  intérieure  du  globe  et  celle  de  la 
décomposition  chimique  des  carbonates  calcaires.  » 

économie  rurale.  —  Boisson  alcoolique  extraite  de  l'hélianthe  tubéreux, 
vulgairement  topinambour.  (Extrait  d'une  Note  de  M.  Decharmes.) 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Payen.) 

«  M.  de  Renneville,  agriculteur  distingué,  ayant  remarqué  que  les  en- 
fants qu'il  occupait  à  la  récolte  des  topinambours  en  suçaient  continuelle- 
ment les  tiges  auxquelles  ils  trouvaient  une  saveur  sucrée,  a  pensé  qu'on 
pourrait  en  obtenir  une  liqueur  vineuse,  et  à  cet  effet  il  a  remis  3oo  gram- 


(43g) 
mes  environ  de  tiges  d'hélianthe  à  un  pharmacien  d'Amiens,  M.  Bénard, 
qui  a  opéré  de  la  manière  suivante  : 

»  Les  tiges,  après  avoir  été  coupées  avec  un  couteau  à  racines  et  divisées 
dans  un  mortier  de  marbre ,  ont  été  abandonnées  à  la  macération  avec 
4oo  grammes  d'eau  froide.  Au  bout  de  douze  heures,  le  tout  a  été  exprimé  à 
travers  une  toile.  On  a  obtenu  3oo  grammes  d'une  liqueur  sucrée  qui  mar- 
quait 9  degrés  au  pèse -sirop  (densité  =  i,o65).  On  a  versé  ensuite 
3oo  grammes  d'eau  froide  sur  la  pulpe;  et  après  douze  heures  de  macération, 
on  a  exprimé  de  nouveau  et  obtenu  3oo  grammes  d'une  seconde  liqueur 
sucrée  marquant  encore  5  degrés.  On  aurait  pu  obtenir  une  troisième 
liqueur,  car  la  pulpe  n'était  pas  épuisée. 

»  Ces  deux  liqueurs,  additionnées  séparément  d'un  peu  de  levure,  ont 
éprouvé  bientôt  la  fermentation  alcoolique,  qui  a  duré  plus  de  quarante- 
huitheures.  Alors  les  liqueurs  ont  été  filtrées  :  lapremière,  qui  portait  9  degrés 
au  pèse-sirop  avant  la  fermentation,  n'en  marquait  plus  que  5  ;  et  la  seconde 
était  descendue  de  5  à  1  degrés.  Ces  liqueurs,  surtout  la  première,  possèdent 
une  saveur  vineuse  légèrement  sucrée  et  agréable.  La  seconde  a  la  couleur 
du  vin  de  Madère  ;  l'autre  a  une  teinte  un  peu  rougeâtre. 

»  Il  résulte  de  cette  petite  expérience  qu'avec  5o  kilogrammes  de  tiges  de 
topinambour,  on  peut  obtenir  1  hectolitre  de  liqueur  aussi  spiritueuse  que 
le  cidre  le  plus  fort.  Ajoutons  que  la  pulpe  peut  être  donnée  aux  bestiaux, 
qui  la  mangent  avec  autant  d'avidité  que  celle  de  betteraves  qui  a  servi  à 
faire  du  sucre. 

»  Il  est  à  remarquer  que  l'hélianthe  viéVit  bien  dans  un  sol  de  mauvaise 
qualité  et  que  ses  tiges  n'avaient  été  jusqu'ici  d'aucun  usage.  » 

économie  ruuale.  —  Mémoire  sur  la  conservation  des  blés  dans  les  silos 
souterrains.  —  Inconvénients  et  difficultés  que  présente  ce  mode  de  con- 
servation en  France;  moyens  d'y  remédier;  par  M.  Herpin. 

(Commissaires,  MM,  Becquerel,  Boussingault,  de  Gasparin.) 

«  Il  résulte  de  nos  recherches,  dit  M.  Herpin  en  terminant  son  Mé- 
moire : 

»  i°.  Que  la  conservation  des  blés  français  dans  les  silos  souterrains 
exige  des  conditions  et  des  précautions  particulières,  qui  ne  sont  pas  néces- 
saires pour  les  blés  d'Espagne  et  des  pays  chauds  qui  contiennent  moins 
d'eau  et  qui  sont  moins  hygrométriques  que  les  nôtres  ; 

»  20.  Que  pour  conserver  nos  blés  en  silos,  il  faut  non-seulement  leur 

58.. 


(  44o  ) 

enlever  l'excès  d'eau  qu'ils  contiennent  naturellement,  mais  encore  les 
maintenir  dans  un  état  suffisant  de  siccité  pendant  toute  la  durée  de  la 
conservation,  et  leur  enlever  au  fur  et  à  mesure,  par  des  moyens  artificiels, 
l'humidité  qu'ils  pourraient  absorber  accidentellement  dans  les  réservoirs 
souterrains.  » 

économie  rurale.  —  Sur  un  perfectionnement  apporté  à  un  procédé  de 
conservation  pour  les  céréales  ;  par  M.  Carmigxac-Descombes  père. 

Le  procédé  que  l'auteur  s'est  proposé  d'améliorer  est  celui  qu'avait  re- 
commandé feu  le  général  Demarcey,  et  qu'ont  essayé  également  avec  succès 
MM.  Darbelay  frères.  «  Ce  procédé,  qui  consiste  à  renfermer  les  grains  dans 
des  silos  à  double  enceinte,  a  été,  dit  l'auteur,  accueilli  peu  favorablement, 
sans  doute  parce  qu'on  a  pensé  que  des  greniers  souterrains  en  charpente 
n'offraient  pas  assez  de  garanties,  de  solidité  et  de  durée;  je  propose,  en 
conséquence,  de  remplacer  cette  charpente  par  une  maçonnerie  imper- 
méable. » 

(Commissaires  désignés  pour  le  Mémoire  de  M.  Herpin  :  MM.  Becquerel, 

Boussingault,  de  Gasparin.) 

mécanique.  —  Nouvelles  expériences  sur  le  pendule  irrigateur; 

par  M.  E.  Gand. 

L'auteur  annonce  avoir  constaté  dans  ces  expériences  que  les  «  révolu- 
tions du  pendule  lancé  latéralement  sont  isochrones,  comme  les  oscillations 
du  pendule  ordinaire  passant  par  la  verticale;  »  il  établit  ensuite  un  rap- 
prochement entre  le  déplacement  du  grand  axe  de  la  courbe  parcourue  par 
le  pendule  et  celui  du  grand  axe  des  orbites  planétaires. 

Cette  communication  et  celle  à  laquelle  elle  fait  suite,  sont  renvoyées  à 
l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Cauchy,  Liouville  et 
Combes. 

chimie  organique.  —  Mémoire  sur  l'huile  douce  du  vin  et  sur  les  produits 
secondaires  qui  prennent  naissance  à  la  suite  de  V éthérifwation;  par 
M.  Blondeau. 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Balard.) 


(44i  ) 


CORRESPONDANCE. 

M.  Hannover,  qui,  dans  la  séance  publique  du  28  janvier  dernier,  a  ob-, 
tenu  une  récompense  pour  ses  recherches  sur  l'anatomie,  la  physiologie 
et  la  pathologie  de  l'œil,  adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 

ASTRONOMIE.  —  M.  GoLDSCHMiDT  a  fait  sur  une  étoile  variable  remar- 
quable une  suite  d'observations  propres  à  en  déterminer  la  période,  et 
que  M.  Le  terrier  communique  à  l'Académie. 

Géographie  zoologique.   —  Considérations  sur  les  poissons  du  Don,  du 
Dnèpre,  du  Dnestre,  du  Boug  et  du  Danube;  par  M.  P.  de  Tchihatchef. 

«  A  une  époque  où  la  question  de  l'acclimatation  des  poissons  préoc- 
cupe les,  savants,  l'étude  des  faunes  ichthyologiques  des  grands  fleuves  ac- 
quiert une  importance  toute  particulière,  surtout  lorsqu'il  s'agit  de  cours 
d'eau  dont  les  richesses  n'ont  pas  encore  été  complètement  révélées  à  la 
science.  J'ai  donc  lieu  d'espérer  que  l'Académie  ne  trouvera  peut-être  pas 
indigne  de  son  attention  les  considérations  que  j'ai  l'honneur  de  lui  sou- 
mettre sur  les  poissons  des  principales  rivières  qui  débouchent  du  côté  du 
nord  et  de  l'ouest  dans  la  mer  Noire.  Ces  considérations  pourraient  avoir 
d'autant  plus  d'intérêt,  qu'elles  ont  particulièrement  pour  base  des  obser- 
vations neuves  et  inédites  que  je  dois  à  l'obligeance  de  M.  Ressler,  profes- 
seur de  zoologie  à  l'Université  de  Kiew,  qui  à  ma  prière  a  bien  voulu 
réunir  et  me.  communiquer  les  matériaux  aussi  précieux  que  nombreux 
qu'il  possède  sur  les  poissons  du  Dnèpre,  du  Boug  et  du  Dnestre.  Afin  de 
faire  mieux  apprécier  les  faunes  de  ces  trois  fleuves,  j'ai  cru  devoir  les  com- 
parer avec  celles  des  cours  d'eau  limitrophes,  et  nommément  avec  celles  du 
Don  et  du  Danube  ;  d'ailleurs  cela  me  fournit  l'occasion  de  mieux  faire 
connaître  aux  savants  le  travail  d'un  zoologiste  russe,  M.  Czernay,  qui  a 
publié,  en  i85a,  une  faune  du  gouvernement  de  Rarkoff,  mais  dont  l'ou- 
vrage, rédigé  en  russe  et  imprimé  dans  une  ville  lointaine  de  ce  vaste  em- 
pire, est  à  peu  près  inaccessible  à  la  majorité  des  savants.  Quant  au  Danube, 
j'ai  fait  usage  du  Spécimen  Ichthjologiœ  Hungariœ  de  Reisinger,  après  avoir 
traduit  en  langage  moderne  la  nomenclature  linnéenne  dont  cet  auteur 
s'est  servi.  Le  tableau  suivant,  où  j'ai  réuni  les  matériaux  puisés  à  ces  diffé- 


(  44*  ) 

rentes  sources,  résume  les  faunes  ichthyologiques  du  Don,  du  Dnèpre,  du 
Boug,  du  Dnestre  et  du  Danube. 


NOMS    DES    ESPECES. 


Perça  fluviatilis,  L 

Aspro  Zingel,  Cuv.-Val 

Lucioperca  Sandra,  Cuv.  . . . 

Lucioperca  Volgensis,  Cuv. . 

Acerina  vulgaris,  Cuv.-Val.  . 

Acerina  rossiea,  Cuv.-Val.. . 

Acerina  Schraetser,  Cuv.-Val. 

Cottus  gobio,  L 

Cottus  microstomus,  Heck.  . 

Gasterosteus  trachurus,  Cuv.- 
Val 

Gasterosteus  aculeatus,  L.  . . 

Gobius  platyrostris,  Pallas. . 

Gobius  fluviatilis,  Pallas.. . . 

Gobius  semilunaris,  Heck..  - 

Lota  vulgaris,  Cuv.-Val 

Silurus  glanis,  L 

Cobitis  fossilis,  L 

Cobitis  barbatula,  L 

Cobitis  taenia,  L 

Cobitis  spinula,  R 

Gobio  fluviatilis,  Cuv 

Gobio  uranoscopus,  Agass.  . 

Barbus  fluviatilis  ,  Flem. , 
Agass.,  Val 

Cyprinus  carpio,  L 

Cyprinus  hungaricus,  Heck.. 

Cyprinus  Nordmanni,  Val. . . 

Cyprinus  macrolepidotus', 
Cuv.-Val 

Carassius  vulgaris,  Nils 

Carassius  gibelio,  Heck 

Hbodeus  amarus,  Agass 

Tinca  vulgaris,  Agass 

Leuciscus  erythrophthalmus, 
Val 

Leuciscus  Yeses,  Val 

Leuciscus  Frieisii,  Nordm . . . 

Leuciscus  Heckelii,  Nordm . . 

Leuciscus  rutilus,  Val 

Leuciscus  dobula,  Val 


NOUS    DES   FLEUVES 

où  ces  espèces  se  trouvent 


NOMS   DES    FLEUVES 

où  ces  espèces  se  trouvent 


NOMS    DES    ESPÈCES. 


Leuciscus  vulgaris,  Val 

Leuciscus  orfus,  Val 

Leuciscus  bipunctatus,  Val . . 
Leuciscus  phoxinus,  Val.... 

Aspius  rapax,  Agass 

Aspius  alburnus,  Agass 

Aspius  Baldneri,  Val 

Aspius  Ovsianka,  Czernay.. . 

Aspius  clnpeoides,  Val 

Pelecus  cultratus,  Cuv.-Val. 
Pclecus  clupeoides,  Pallas. . . 
Chondrostoma  nasus,  Agass. 

Abramis  Vimba,  Val 

Abramisballerus,  Cuv.-Val.. 
Abramis Schreibersii,  Heck.. 
Abramis  brama,  Cuv.-Val.  . 
Abramis  Leuckartii,  Heck. . . 
Abramis  blicca,  Cuv.-Val.  . . 

Salar  Ausonii,  Val 

Salmo  Hucho,  L.,  Val. ...... 

Salmo  umbla,  L.,  Val 

Salmo  thymallus,  L.,  Val. . . 

Esox  lucius,  L 

Clupea  pontica,  Eichw 

Acipenser  ruthenus,  L 

Acipcnser  stellatus,  Pallas... 
Acipenser  schypa,  Guld. .  .. 
Acipenser  Guldenstaedtii,Br. 
Acipenser  Sturio,  L.  (  Aci- 
penser, Guld.  ex  part.)... 

Acipenser  Huso,  L 

Acipenser  pygmaeus,  L 

Muraîna  anguilla,  L 

Petromyzon  Planeri,  Bloch.. 
Petromyzon  fluviatilis,  L. .  . . 
Petromyzon  branchialis,  L. . 
Ammocœtes  branchialis,  L.. 


Nombre  des  genres 

et  des  espèces . . . 
dans  chacun  des  cinq  fleuves. 


'-'-I 


(  443  ) 

»  Les  faits  suivants  résultent  de  ce  tableau  : 

»  1.  Malgré  l'analogie  entre  les  caractères  climatologiqnes  et  hydrogra- 
phiques des  cinq  fleuves,  le  nombre  des  espèces  et  des  genres  ne  se  trouve 
point  en  rapport  avec  les  dimensions  des  cours  d'eau  qui  les  nourrissent. 

»  2.  Les  73  espèces  et  3i  genres  qui  constituent  l'ensemble  de  la  faune 
ichthyologique  des  cinq  fleuves  s'y  trouvent  répartis  de  manière  qu'en 
moyenne  chaque  fleuve  n'a  environ  que  la  moitié  des  espèces  et  cinq 
sixièmes  des  genres  en  commun  avec  les  autres  quatre  fleuves  ;  c'est  ce  que 
fera  ressortir  le  tableau  suivant  où  la  comparaison  de  chacun  des  cinq 
fleuves  avec  l'un  des  quatre  autres  indique  le  total  des  genres  et  des  espèces 
constatés  dans  les  deux  fleuves  comparés,  ainsi  que  le  nombre  des  genres 
et  espèces  qui  leur  sont  communs. 


NOMS    DES    FLEUVES. 


Don-Dnèpre.  .  . 

Don-Boug 

Don-Dnestre.  . . 
Don-Danube.  . . 
Dnepre-Boug.  . 
Dnèpre-Dnestre 
Dnèpre-Danube 
Dnestre-Boug.  . 
Dnestre-Danube 
Boug-Danube.  . 


TOTAL 

des  genres 

dans 
les  fleuves 
comparés. 


25 

20 

24 

23 
27 
24 
24 
28 
24 


NOMBRE 

des  genres 
communs 
aux  fleuves 
comparés. 


•7 

•7 
18 

'7 

'9 
21 

18 

'9 
20 

18 


TOTAL 

des  espèces 

dans 
les  fleuves 
comparés. 


54 
52 
52 
52 

5î 

57 

69 
48 

64 

53 


NOMBRE 

des  espèces 
communes 
aux  fleuves 
comparés. 


3i 

32 

27 
3a 

44 

27 

3o 
a  7 
22 


»  3.  Parmi  les  3i  genres  qui  résument  la  faune  ichthyologique  des  cinq 
rivières,  ceux  qtii  comptent  le  plus  grand  nombre  d'espèces  sont  :  Leucis- 
cus,  Aspius,  Abramis  et  Acipenser;  les  genres  les  plus  pauvres  sont  : 
Perça,  Aspro,  Lota,  Silurus,  Esox,  Clupea,  Murœna  et  Ammocœtes. 

»  4.  Dix-sept  espèces  se  trouvent  localisées  de  la  manière  suivante  :  au 
Danube  appartiennent  :  Gasterosteus  aculeatus,  Cjprinus  macrolepidotus , 
Leuciscus  orjus,  bipunctatus  et  phoxinus,  Salmo  Hucko,  wnbla  et  Thj- 
mallus,  Acipenser  Sturio  et  Ac.  pfgmœus,  Murœna  anguilla;  au  Dnestre  : 
Cottus  microstomus  et  Gobio  uranoscopus;  au  Dnèpre  :  Gasterosteus  trachu- 


(  444  ) 

rus,  Gobio  semilunaris,  Ammocœtes  branchialis;  au  Don  :  Aspius  clupeoides . 
LeBoug  ne  paraît  point  posséder  aucune  espèce  qui  lui  soit  propre. 

»  5.  Sur  la  totalité  des  espèces  qui  représentent  la  faune  ichthyologique 
des  cinq  fleuves,  il  n'y  a  que  16  espèces,  c'est-à-dire  moins  de  deux  neu- 
vièmes, qui  appartiennent  à  tous  les  cours  d'eau  susmentionnés,  savoir  : 
Perça  fluviatilis,  Lucioperca  sandra,  Acerina  vulgaris,  Silurus  glanis, 
Gobio  fluviatilis,  Cyprinus  carpio,  Carassius  vulgaris,  Tinca  vulgaris, 
Leuciscus  erythrophthalmus,  rutilus,  dobula  et  vulgaris,  Aspius  albumus} 
Chondrostoma  nasus ,  Abramis  vimba  et  Esox  lucius.  On  pourrait  y 
ajouter  Y  ylcipenser  ruthenus,  stellatus  et  huso,  parce  qu'à  la  seule  ex- 
ception du  Boug,  ces  trois  espèces  sont  très-répandues  dans  le  Don,  le 
Dnèpre,  le  Dnestre  et  le  Danube;  le  nombre  des  espèces  communes  (ou 
presque  telles)  aux  cinq  fleuves  serait  donc  de  19.  Or,  en  examinant  la 
liste  des  poissons  de  la  Sibérie  occidentale,  publiée  dans  notre  ouvrage  sur 
l'Altaï  (1),  et  surtout  celle  que  M.  Brandt  a  donnée  (1)  des  Poissons  obser- 
vés par  M.  Leliman  dans  les  cours  d'eau  de  l'Asie  centrale  [Oxus,  Jaxantès, 
Sarafelvan,  etc.),  on  aperçoit  que  les  19  espèces  dont  il  s'agit  se  retrouvent 
presque  toutes  dans  les  contrées  les  plus  diverses  du  vaste  continent  asia- 
tique, ce  qui  prouve  l'immense  étendue  de  leur  habitat.  Quant  aux  familles 
auxquelles  appartiennent  les  73  espèces  qui  constituent  la  faune  ichthyolo- 
gique des  cinq  fleuves,  les  familles  les  plus  pauvres  sont  celles  des  Gadoïdes, 
des  Siluroïdes,  des  Esoces  et  des  Clupeoides  ;  la  plus  riche  est  celle  des 
Cyprinoïdes,  car  elle  compte  à  elle  seule  1  a  genres,  composés  de  39  espèces, 
et  par  conséquent  plus  de  la  moitié  de  la  totalité  des  espèces,  et  presque  le 
tiers  du  montant  total  des  genres. 

»  6.  Au  nombre  des  traits  les  plus  saillants  que  présente  la  faune  des 
cinq  grands  fleuves  du  Pont-Euxin,  figure  au  premier  rang  l'énorme  pré- 
dominance des  Cyprinoïdes  et  l'insignifiance  des  Salmonoïdes .  Or  M.  Brandt 
a  déjà  fait  ressortir  (3)  le  rôle  important  que  joue  dans  la  physionomie  gé- 


(1)  Voyez  Voyage  scientifique  dans  l'Altaï,  pages  4 19*466-  La  faune  ichthyologique  delà 
Sibérie,  dont  M.  Brandt  a  bien  voulu  enrichir  notre  ouvrage,  en  nous  fournissant  une  des- 
cription des  animaux  vertébrés,  de  cette  contrée,  compte  4^  espèces,  dont  16  se  retrouvent 
dans  les   cinq  grands  fleuves  de  la  mer  Noire. 

(2)  Voyez  l' Appendice  zoologique  de  M.  Brandt  dans  le  curieux  voyage  de  M.  Lehman 
à  Buchara  et  à  Samarkand.  Ce  voyage  forme  le  XVIIe  volume  des  Beitrage,  etc.,  de  MM.  Baer 
et  Helmensen. 

(3)  Voyez  X Altaï,  loc.  cit.  • 


(  445  ) 
nérale  de  la  faune  ichthyologique  des  fleuves  de  l'Europe,  comparée  à  celle 
de  la  Sibérie,  la  prédominance  soit  du  type  Carpe,  soit  du  type  Saumon; 
le  développement  du  premier  aux  dépens  du  dernier  étant  propre  à  l'Europe, 
tandis  que  l'inverse  caractérise  la  Sibérie  et  le  nord  de  l'Amérique.  Le  cata- 
logue des  poissons  observés  par  M.  Lehman  dans  les  cours  d'eau  de  l'Asie 
centrale  prouve  que  la  faune  ichthyologique  de  ces  contrées  lointaines  porte 
éminemment  le  caractère  imprimé  par  la  prédominance  des  Cjrprinoïdes . 
Or  c'est  ce  type  européen  qui  se  trouve  également  développé  dans  la  faune 
des  fleuves  de  la  mer  Noire,  mais  sur  une  échelle  infiniment  plus  forte  qu'en 
Europe  même,  puisque  nous  avons  vu  que  dans  les  fleuves  susmentionnés, 
la  proportion  des  Cyprinoïdes  à  l'égard  des  Salmonoïdes  est  presque  comme 
i  à  10,  tandis  qu'en  Europe  elle  est  à  peu  près  comme  i  à  a,  car,  d'après 
M.  Schinz(i),  les  Cyprinoïdes  y  comptent  78  espèces  et  les  Salmonoïdes  37 .  » 

zoologie.  —  Note  sur  les  caractères  zoologiques  rie  quelques  espèces  de 

Cétacés;  par  M.  Pucheran. 

«  La  détermination  des  Mammifères  de  l'ordre  des  Cétacés  faisant  partie 
de  la  collection  du  Musée  de  Paris,  dont  je  m'occupe  en  ce  moment, 
m'ayant  donné  occasion  d'examiner  de  nouveau  les  individus  rapportés  par 
M.  Dussumier  et  figurés  par  M.  F.  Cuvier,  il  m'a  été  possible  de  constater 
que  les  observations  les  plus  récentes  des  zoologistes,  concernant  ces  divers 
types,  étaient  susceptibles  d'être  modifiées,  et  que  les  diagnoses  différen- 
cielles  auxquelles  ils  ont  donné  lieu  pouvaient  être  basées  sur  des  caractères 
extérieurs  parfaitement  saisissables.  Grâce  aux  souvenirs  de  MM.  les 
professeurs  Geoffroy-Saint-Hilaire  et  Valenciennes,  et  à  ceux  de  M.  Werner^ 
l'artiste  habile  qui  a  fait  les  dessins  du  grand  ouvrage  de  M.  Frédéric 
Cuvier,  il  m'a  été  permis  de  confirmer  l'exactitude  de  mes  premières  ap- 
préciations sur  l'authenticité  des  exemplaires  originaux.  C'est  ainsi  que 
j'ai  observé: 

»  i°.  Que  le  Delphinus  plumbeus  se  caractérise  par  sa  grande  taille,  le  peu 
d'élévation  de  la  nageoire  dorsale  et  le  grand  développement  de  la  nageoire 
caudale,  soit  d'avant  en  arrière,  soit  de  droite  à  gauche.  Les  indications 
différencielles  fournies  par  ces  divers  organes  se  retrouvent  même  chez  le 
jeune.    Il    me    paraît    dès   lors  impossible    d'admettre,   à   l'exemple    de 

(1)  Europaische  Fauna. 

C.  R.,  i856,  i«r  Semestre.  (T.  XL1I,  N°  9.)  5g 


(  446  ) 
MM.  Schlegel  et  J.-E.  Gray,  et  ainsi  que  l'avait  soupçonné  M.  Cuyier,  l'as- 
similation de  ce  Dauphin  au  Delphinus  malayanus  de  MM.  Lesson  et  Gar- 
not.  La  description  de  MM.  Lesson  et  Garnot,  quoique  faite  d'après  un 
individu  moins  grand  que  celui  de  notre  Musée,  indique,  en  effet,  pour 
la  nageoire  dorsale^  des  dimensions  verticales  plus  étendues.  L'opinion  de 
M.  Gray,  qui  rapporte  au  même  Cétacé  le  Dauphin  à  ventre  rose  de 
MM.  Hombron  et  Jacquinot,  me  semble  de  même  inexacte,  soit  par  suite 
du  mode  de  coloration  des  parties  inférieures,  en  ce  qui  concerne  le  Del- 
phinus malayanus ,  soit  par  suite  des  états  différents  d'amplitude  des  na- 
geoires caudale  et  dorsale,    en  ce  qui    concerne  le  D.  plumbeus  ; 

»  2°.  Que  le  Delphinus  velox,  de  taille  moindre,  est  doué  cependant 
d'une  nageoire  dorsale  plus  élevée  :  les  nageoires  pectorales  et  caudale 
sont,  au  contraire,  moins  étalées  d'avant  en  arrière; 

»  3°.  Que  les  deux  autres  types  [D.frœnatus  et  D.  frontalis),  l'un  et  l'au- 
tre à  ventre  blanc  et  de  dimensions  à  peu  près  égales,  offrent  des  caractères 
différenciels  de  même  nature.  La  nageoire  caudale  est,  dans  le  D.  frœnatus, 
plus  étendue  d'avant  en  arrière,  moins  développée,  au  contraire,  du  côté 
droit  au  côté  gauche.  Dans  ce  même  Cétacé,  la  nageoire  dorsale  est  plus 
allongée  à  son  bord  adhérent,  moins  échancrée  à  son  bord  postérieur. 

»  Je  rattache,  enfin,  au  Neomeris  phocœnoides  de  M.  Gray  le  Delphi- 
naptère,  rapporté  par  M.  Dussumier,  dont  M.  Cuvier  a  donné  la  description 
{Recherches  sur  les  ossements  fossiles ,  ie  édition,  vol.  V,  ire  partie^ 
p.  288),  et  que  M.  Hamilton  Smith  a  figuré,  sous  le  nom  de  D.frontatus, 
dans  le  quatrième  volume  de  la  traduction  anglaise  du  Règne  animal.  C'est, 
d'après  M.  le  professeur  Valenciennes,  un  individu  semblable  que  Pérou 
aurait  nommé  D.  leucoramphus .  M.  Valencieunes  en  a  vu  le  dessin  entre 
les  mains  de  feu  M.  Lesueur,  compagnon  de  Péron,  dans  la  mémorable 
expédition  du  capitaine  Baudin  aux  terres  australes.  S'il  en  était  ainsi,  toute 
la  zoologie  contemporaine,  en  ce  qui  concerne  cette  espèce,  depuis 
MM.  Lesson  et  Garnot,  Georges  et  Frédéric  Cuvier,  jusqu'à  M.  Gray,  au- 
rait marché  d'erreurs  en  erreurs.  Mais  quel  que  soit,  à  ce  sujet,  le  résultat 
définitif  des  observations  ultérieures,  il  nous  paraît  impossible  d'y  ratta- 
cher, soit,  comme  l'a  fait  M.  Cuvier  (loc.  cit.),  le  crâne  des  galeries  d'ana- 
tomie  comparée  rapporté  de  l'Inde  par  M.  le  capitaine  Houssard,  soit, 
comme  le  fait,  en  hésitant  peut-être, M.  Gray,  le  Delph.  mêlas  de  MM.  Tem- 
minck  et  Schlegel.  » 


(447) 

chimie  organique.  —   Nouveau  procédé  pour  préparer  V acide  formique  ; 
par  M.  Berthelot.  (Présenté  par  M.  Balard.) 

«  i .  Dans  un  Mémoire  présenté  à  l'Académie,  j'ai  montré  que  l'oxyde  de 
carbone  pouvait  être  absorbé  par  la  potasse,  fixer  les  éléments  de  l'eau,  et 
donner  naissance  à  l'acide  lormique.  Cette  observation  m'a  conduit  à  cher- 
cher s'il  ne  serait  pas  possible  de  modifier  quelqu'une  des  réactions  dans 
lesquelles  se  développe  l'oxyde  de  carbone,  de  façon  à  combiner  ce  gaz  à 
l'état  naissant  avec  les  éléments  de  l'eau  et  à  obtenir  facilement  et  en  abon- 
dance l'acide  formique  lui-même. 

»  2.  On  sait  combien  sont  pénibles  les  procédés  actuellement  suivis 
pour  préparer  ce  composé,  le  plus  simple  de  tous  les  acides  organiques. 
On  l'obtient  d'ordinaire  en  traitant  le  sucre  ou  l'amidon  par  un  mélange 
d'acide  sulfurique  et  de  bioxyde  de  manganèse.  Ce  procédé  est  d'une  grande 
importance  historique,  car  il  a  permis  de  préparer  l'acide  formique  sans 
l'extraire  des  fourmis,  comme  on  l'avait  fait  d'abord;  mais  il  n'est  pas 
exempt  d'inconvénients.  En  effet,  dans  la  réaction  qui  vient  d'être  rappe- 
lée, se  développe  une  très-grande  quantité  de  gaz  ;  d'où  résulte  la  nécessité 
de  vases  d'une  capacité  énorme  dont  la  rupture  ou  la  corrosion  est  fré- 
quente. De  plus,  l'acide  obtenu  est  mélangé  avec  diverses  autres  substances, 
tant  acides  que  neutres,  produites  simultanément,  ce  qui  oblige  à  purifier 
l'acide  formique  brut  en  le  changeant  en  formiate  de  plomb  et  faisant 
cristalliser  ce  corps  à  plusieurs  reprises.  Ces  difficultés  ont  été  observées 
par  tous  les  chimistes  et  se  sont  sans  doute  opposées  plus  d'une  fois  à  la 
préparation  de  grandes  quantités  d'acide  formique  et  à  son  emploi  dans  les 
réactions. 

»  3.  J'ai  réussi  à  produire  ce  corps  très-facilement  et  en  proportion 
considérable,  en  prenant  pour  point  de  départ  l'acide  oxalique. 

»  L'acide  oxalique,  soumis  à  l'action  de  la  chaleur,  se  change  en  acide 
carbonique,  eau  et  oxyde  de  carbone  : 

C4H208  =  C204  +  C202  +  H202. 

»  Au  moment  de  cette  décomposition,  l'eau  et  l'oxyde  de  carbone  se 
trouvant  en  contact  à  l'état  naissant  ;  il  suffirait  donc  de  faire  intervenir  des 
conditions  convenables  pour  combiner  ces  deux  corps  :  déjà  par  le  seul 
fait  de  la  distillation  de  l'acide  oxalique,  cette  combinaison  commence  à 
s'effectuer  d'après  les  expériences  de  Gay-Lussac;  mais  la  quantité  d'acide 
formique  ainsi  produite  est  toujours  très-petite. 

59.. 


(  448  ) 

»  Or  j'ai  observé  que  l'on  peut  combiner  avec  les  éléments  de  l'eau  tout 
l'oxyde  de  carbone  fourni  par  l'acide  oxalique,  et  transformer  simplement 
cette  substance  en  acide  carbonique  et  acide  formique  : 

C4H208  =  C204+0*. 
»  11  suffit  de  faire  intervenir  un  autre  corps  opérant  par  action  de  contact, 
la  glycérine.  J'ai  déjà  signalé  ce  fait,  et  j'en  vais  déduire  un  nouveau  pro- 
cédé pour  préparer  l'acide  formique. 

»   4-  Voici  comment  j'opère  : 

»  Dans  une  cornue  de  _  litres,  j'introduis  i  kilogramme  d'acide  oxalique 
du  commerce,  i  kilogramme  de  glycérine  sirupeuse  et  ioo  à  200  grammes 
d'eau  ;  j'adapte  un  récipient  et  je  chauffe  très-doucement  la  cornue  :  la 
température  ne  doit  guère  dépasser  100  degrés.  Bientôt  une  vive  efferves- 
cence se  déclare  et  il  se  dégage  de  l'acide  carbonique  pur.  Au  bout  de  douze 
à  quinze  heures  environ,  tout  l'acide  oxalique  est  décomposé;  la  moitié 
de  son  carbone  et  de  son  oxygène  se  sont  dégagés  sous  forme  de  gaz  acide 
carbonique  ;  une  petite  quantité  d'eau  chargée  d'acide  formique  a  distillé, 
et  il  reste  dans  la  cornue  la  glycérine  tenant  en  dissolution  presque  tout  l'a- 
cide formique.  On  peut  extraire  directement  cet  acide  au  moyen  du  carbo- 
nate de  plomb  ;  mais  la  méthode  suivante  est  bien  préférable. 

»  On  verse  dans  la  cornue  un  demi-litre  d'eau  et  on  distille  ;  on  remplace 
à  mesure  l'eau  qui  distille,  et  on  continue  l'opération  jusqu'à  ce  que  l'on  ait 
recueilli  6  à  7  litres  de  liquide  distillé.  Ace  moment,  presque  tout  l'acide 
formique  s'est  volatilisé  avec  l'eau,  et  la  glycérine  reste  seule  dans  la  cor- 
nue. Elle  peut  servir  à  décomposer  un  second  kilogramme  d'acide  oxalique, 
puis  un  troisième,  etc. 

»  Trois  kilogrammes  d'acide  oxalique  du  commerce,  C4  H2  O8  +  4HO. 
ont  fourni  par  ce  procédé  ik,o5  d'acide  formique ,  C2  H2  O*. 

»  D'après  la  formule 

C*  H2  O8,  4 HO  =  C2  O4  +  4  HO  -+-  C2  H2  O* 

3  kilogrammes  d'acide   oxalique  pur  doivent   fournir   ik,OQ  d'acide   for- 
mique. 

»  La  différence  entre  le  résultat  obtenu  et  le  résultat  calculé  est   aussi 
faible  que  possible  ;  elle  s'explique  d'ailleurs  par  les  impuretés  que  ren- 
ferme l'acide  oxalique  du  commerce  (1). 
_________^ » ______-_. .___ 

(1)   100  parties  de  l'acide  employé  laissent  un  résidu  fixe  égal  à  2,7  parties. 


(449) 
»   5.  Voici  le  détail  de  la  préparation  qui  précède  : 

Acide  oxalique i  kilogramme. 

Glycérine i  kilogramme. 

»  On  a  opéré  comme  il  vient  d'être  dit  et  on  a  obtenu  . 

i°.  2  litres  de  liquide  distillé  renfermant  :  acide  formique.      .      .      i46  gr. 
2°.  5lil,5  »  »  »  ...     176 

322  gr. 

»  La  glycérine  retenait  encore  de  l'actde  formique.  On  a  ajouté  dans  la 
cornue  un  second  kilogramme  d'acide  oxalique  ;  on  a  obtenu  : 

3°.   1  litre  de  liquide  distillé  renfermant  :  acide  formique.     ...        70  gr. 
4°.  4  litres  »  »  »  ....     25o 

32o  gr. 

»  La  glycérine  retenait  encore  de  l'acide  formique.  On  a  ajouté  dans  la 
cornue  un  troisième  kilogramme  d'acide  oxalique  ;  on  a  obtenu  : 

5°.   2  litres  de  liquide  distillé  renfermant  :  acide  formique.    .     .      .      180  gr. 
6°.  41U>5  »  »  "  ....     229 

.  4°9  8r- 

»  En  résumé  :  3  kilogrammes  d'acide  oxalique  ont  fourni  ik,o5i  d'acide 
formique. 

»  Cette  préparation  est  tellement  régulière,  qu'elle  peut  être  exécutée  sans 
aucun  embarras  sur  des  quantités  quelconques  d'acide  oxalique.  Elle  n'exige 
d'ailleurs  presque  aucune  surveillance. 

»  6.  Le  seul  point  essentiel,  c'est  de  ne  pas  brusquer  la  décomposition 
de  l'acide  oxalique  par  la  glycérine.  En  effet,  si  l'on  opère  trop  rapidement, 
si  la  température  du  mélange  s'élève  à  un  trop  haut  degré ,  le  dégagement 
de  l'acide  carbonique  s'accélère  d'abord;  mais  dès  qu'il  a  cessé,  la  tempé- 
rature de  la  masse  atteint  bientôt  190  à  200  degrés,  et  un  nouveau  déga- 
gement gazeux  sa  produit  :  c'est  de  l'oxyde  de  carbone  pur.  Le  liquide 
distillé  pendant  toute  la  durée  de  l'opération  ainsi  conduite  né  renferme 
pas  le  dixième  de  l'acide  formique  que  l'on  peut  obtenir  en  opérant  comme 
je  l'ai  dit  plus  haut. 

»  7.  Ce  nouveau  phénomène  :  dégagement  d'oxyde  de  carbone,  est  dû 
à  la  décomposition  à  200  degrés  de  l'acide  formique  retenu  en  dissolution 
par  la  glycérine  à  la  manière  du  gaz  ammoniac  dissous  par  l'eau.  Eu  effet, 


(  45o) 
l'acide  formique  pur,  chauffé  pendant  quelques  heures  entre  200  et  s5o  de- 
grés dans  des  tubes  scellés,  se  décompose  en  majeure  partie  en  eau  et  oxyde 
de  carbone  :  la  glycérine  n'exerce  presque  aucune  influence  accélératrice 
sur  cette  décomposition. 

»  Ces  observations  peuvent  être  utilisées  dans  la  préparation  de  l'oxyde 
de  carbone  par  l'acide  oxalique  :  si  l'on  chauffe  l'acide  oxalique  mélangé, 
non  avec  l'acide  sulfurique ,  mais  avec  la  glycérine ,  on  obtient  successive- 
ment et  séparément  les  deux  gaz  que  l'acide  sulfurique  fournit  mélangés  à 
volumes  égaux  :  d'abord  l'acide  carbonique,  puis  l'oxyde  de  carbone.  Ce 
dernier  corps  peut  donc  être  ainsi  préparé  pur  sans  lavage  alcalin  et  du  pre- 
mier coup. 

»  8.  Quoi  qu'il  en  soit,  un  intervalle  considérable  de  température  sépare 
ces  deux  phénomènes  successifs  :  décomposition  à  100  degrés  de  l'acide 
oxalique  en  acide  carbonique  et  acide  formique  au  contact  de  la  glycérine  ; 
puis  décomposition  ultérieure  à  200  degrés  de  l'acide  formique  en  eau  et 
oxvde  de  carbone.  Rien  de  plus  facile  que  de  maîtriser  la  réaction  et  d'ob- 
tenir par  des  additions  d'eau  successives  la  totalité  de  l'acide  formique  que 
peut  fournir  l'acide  oxalique  :  c'est  ce  que  prouvent  les  nombres  cités 
plus  haut. 

»  L'acide  formique  ainsi  préparé  est  très-pur  et  complètement  exempt 
d'acide  oxalique.  Saturé  par  les  carbonates  de  chaux,  de  baryte,  de  plomb, 
il  fournit  dès  la  première  cristallisation  des  formiates  purs  de  chaux,  de 
baryte  ou  de  plomb.  5oo  grammes  d'acide  oxalique  du  commerce  ont  pro- 
duit environ  5oo  grammes  de  fornhate  de  plomb  pur. 

»  On  remarquera  que  la  glycérine  se  retrouve  intégralement  dans  la 
cornue  à  la  fin  de  chaque  opération  (1),  exactement  comme  l'acide  sulfu- 
rique dans  la  préparation  de  l'éther.  » 

Géométrie  ancienne.  —   Sur  un  passage  de  Proclus  qui  a  été  indiqué 
récemment  comme  se  rapportant  aux  porismes;  par  M.  Breton  (de  Champ)  . 

«  J'ai  entretenu  déjà  deux  fois  (a)  l'Académie  de  mes  recherches  sur  les 
porismes  d'Euclide.  Les  conclusions  auxquelles  je  suis  parvenu  sur  cette 
question  fameuse  diffèrent  tellement  de  celles  qui  avaient  été  aupara- 
vant proposées,  que  je  ne  dois  point  sans  doute  espérer  qu'elles  obtien- 


(1)  Sauf  une  très-petite  quantité  volatilisée  avec  l'eau,  1  gramme  par  litre  environ. 

(a)  Les  29  octobre  1849  et  6  j"in  i853.  Voyez  les  Comptes  rendus  de  ces  deux  séances. 


(45.  ) 
tlront  immédiatement  l'adhésion  des  géomètres  et  des  érudits.  Les  convic- 
tions, dans  une  matière  comme  celle-ci,  où  les  appréciations  mathématiques 
doivent,  pour  avoir  quelque  valeur,  être  appuyées  de  l'interprétation  de 
textes  grecs  (i),  qui  ont  été  considérés  pendant  longtemps  comme  indé- 
chiffrables, ont  besoin  pour  se  former  de  l'aide  du  temps  et  de  la  ré- 
flexion. Toutefois,  ce  serait  paraître  abandonner  mon  travail  que  de  garder 
le  silence  sur  les  objections,  les  critiques,  les  conjectures  ou  les  opinions  nou- 
velles qui  tendraient  à  en  infirmer  les  résultats,  surtout  lorsqu'elles  émanent 
de  personnes  recommandables  par  leur  savoir.  C'est  ce  motif  qui  m'amène 
à  présenter  quelques  observations  sur  un  passage  de  Proclus  que  M.  O.  Ter- 
quem,  dont  la  science  et  la  vaste  érudition  sont  bien  connues,  vient  de 
signaler  comme  se  rapportant  aux  porismes  et  pouvant  en  donner  la  clef. 
Ce  passage  est  ainsi  conçu  :  «  Upârov  £i  <pxat  rcSv  a,7ropoufj.aav  Staypx/u- 
»  [/.ctTcoii  rtip  a7rctycjytiv  7rowsct5§xi  \7T7rox,pa,TY\v  tov  X/bv.  »  Ce  que  M.  Ter- 
quem  traduit  :  «  On  dit  que  Hippocrate  de  Chios  est  le  premier  qui  ait 
»  opéré  le  transport  des  figures  embarrassées  (sans  issues).  »  Puis  il  ajoute  : 
«  N'est-ce  pas  ce  qu'on  nomme  aujourd'hui  des  méthodes  métamorphiques 
»  ou  le  transport  (a-Trctyœyn)  de  propriétés  connues  d'une  figure  facile 
»  aux  figures  compliquées  (par  exemple,  des  cercles  aux  coniques)?  Les 
w  théorèmes  qui  procuraient  ces  passages  étaient  des  porismes  (7roptÇ(o, 
»  frayer  un  passage).  Telles  sont  aujourd'hui  les  propriétés  segmentaires 
»  ou  fasciculaires,  etc.  (a).  » 

»  Cette  interprétation  me  semble  inadmissible  par  les  raisons  que  voici  : 
»  i°.  Le  terme  a,7rtx.ya>yn  exprime  ce  que  l'on  fait  quand  on  ramène  un 
problème  ou  un  théorème  à  dépendre  d'un  problème  ou  d'un  théorème 
différent.  Cette  explication  est  donnée  par  Proclus,  et  il  cite  à  ce  propos  le 
problème  de  la  duplication  du  cube  que  l'on  ramène  à  l'insertion  de  deux 
moyennes  proportionnelles.  Vient  ensuite  la  phrase  reproduite  ci-dessus, 
dans  laquelle  M.  Terquem  suppose  qu'il  s'agit  de  porismes.  On  ne  saurait  y 
voir  autre  chose,  ce  me  semble,  qu'un  procédé  très-connu  dont  l'utilité  con- 
sistait à  permettre  de  traiter  des  questions  que  l'on  ne  trouvait  pas  le  moyen 
d'attaquer  directement,  et  c'est  évidemment  ce  que  veulent  dire  ces  mots 
a7ra.ya>yn  ra>v  à  laypa/u/uetTœv  ct,7ropovjuîv6Jv. 

»   a0.  Quelques  lignes  plus  haut,  Proclus  indique  la  double  acception  du 

(i)  J'ai  publié  ces  textes  avec  traduction  et  commentaires  dans  le  tome  XX  du  Journal 
de  Mathématiques  pures  et  appliquées  de  M.  Liouville. 

(2)  Nouvelles  Annales  de  Mathématiques,  tome  XV,  pages  26  et  27  du  Bulletin. 


(  452  ) 
terme  7rôçi<r/ua ,  porisme  et  corollaire,  a-n-ayaiyr  a  donc   une  tout  autre 
signification. 

»  3°.  Pappus  dit  expressément  que  Euclide  est  le  premier  géomètre  qui 
ait  donné  des  porismes.  L'invention  dont  Proclus  fait  honneur  à  Hippocrate 
de  Chios  ne  peut  donc  être  celle  des  porismes. 

»  4°-  Les  propositions  de  l'ouvrage  d'Euclide  sur  les  porismes  n'étaient 
pas  des  théorèmes,  ou  du  moins  leurs  énoncés  n'avaient  pas  la  forme  qui 
convient  aux  théorèmes  proprement  dits,  mais  bien  celle  qui  est  propre  aux 
problèmes.  En  effet,  Pappus  nous  apprend  qu'à  ne  considérer  que  ces  énoncés, 
on  croyait  que  c'était  des  problèmes.  D'un  autre  côté,  Proclus  les  appelle 
par  deux  fois  des  problèmes,  et  Jorsqu'il  veut  donner  des  exemples  de  pro- 
positions ayant  quelque  rapport  aux  porismes,  il  choisit  deux  problèmes  de 
géométrie  élémentaire.  Il  résulte  de  cette  notion,  qui  ressort  aussi  des  an- 
ciennes définitions  que  Pappus  nous  a  conservées,  que  les  porismes  n'étaient 
pas  des  théorèmes  comme  M.  Terquem  le  suppose.  Si  le  Traité  des  Porismes 
venait  à  être  retrouvé,  nous  appliquerions  à  ses  diverses  propositions  la 
dénomination  de  problèmes,  laquelle,  dans  notre  langage  actuel,  ne  com- 
porte plus  les  distinctions  dont  Pappus  et  d'autres  géomètres  se  préoccu- 
paient. On  doit  croire  d'ailleurs  que  la  forme  d'énoncés  préférée  par  Euclide 
avait  sa  raison  d'être,  et  qu'elle  était  commandée  par  le  sujet. 

»  On  remarquera  que  ce  dernier  argument,  savoir  :  que  les  porismes 
n'étaient  pas  des  théorèmes,  peut  être  également  opposé  à  d'autres  divina- 
tions des  porismes.  Il  forme  notamment  une  objection  capitale  contre  celle 
de  R.  Simson,  car  les  énoncés  proposés  par  cet  auteur  ne  peuvent  en  aucune 
façon  donner  l'idée  de  problèmes.  Celle  deM.  Chasles,  admettant  essentielle- 
ment la  même  forme  d'énoncés,  se  trouve  conséquemment  sujette  à  la  même 
objection.  » 

géographie.   —  altitudes  de  quelques  lieux  dans  le   sud  de  l'Algérie 
déterminées  par  les  hauteurs  comparées  du  baromètre;  Note  de  M.  Renou. 

«  M.  Gôtze  a  présenté  à  l'Académie,  dans  sa  séance  du  55  février,  les 
résultats  des  observations  astronomiques  que  j'ai  faites  en  Algérie  en  1 853. 
Le  tableau  suivant  est  destiné  à  compléter  ce  travail  en  donnant  les  alti- 
tudes d'un  certain  nombre  de  points,  déterminées  par  le  baromètre  et 
calculées  au  moyen  des  observations  faites  aux  mêmes  heures  à  l'Arsenal 
d'Alger  sous  la  direction  de  M.  le  capitaine  Humbert. 

»  Une  seule  série,  celle  d'El-Aghouàt,  est  assez  longue  pour  donner  un 


(  453) 
nombre  très-approché,  sauf  l'incertitude  résultant  de  ce  que  le  vent  a  souf- 
flé à  peu  près  constamment  de  l'ouest  ou  du  nord-ouest  pendant  tout  le 
temps  des  observations.  M.  Mac  Carthy  avait  pourtant  trouvé,  en  décem- 
bre i852,  une  altitude  de  750  mètres,  fort  peu  différente  de  la  mienne. 

»  L'altitude  trouvée  pour  Biskra  est  à  peu  près  une  moyenne  entre  celles 
trouvées  par  M.  Fournel  et  M.  Dubocq.  Celle  de  Constantine  est  de  l\o  mè- 
tres environ  moindre  que  celle  trouvée  par  les  officiers  d'état-major. 
-  »  J'ai  évalué,  sans  instruments,  à  5oo  mètres  l'altitude  de  Berrïân. 


NOMBRE 

d'observations. 


32 


3 
1 

2 
3 
1 
1 
1 
1 

7 
1 

1 

4 


El-Aghouât ,   maison   située  à  l'angle  sud-est  de  la  place   au 

centre  de  la  -ville,  au  bord  du  ruisseau 

Sidi-Makhlouf,  caravensérail  construit  en  i853  sur  un  plateau 

qui  domine  trois  sources 

Djelfa ,  grande  maison  crénelée 

Selîm ,  poste  sans  eau,  en  plaine,  à  moitié  du  chemin  de  Djelfa 

à  Bou-Sa'ada 

Bou-Sa'ada ,  la  place 

—       pavillon  du  commandant,  partie  la  plus  basse  du  fort. 

Kerdâda  ,  montagne  qui  domine  Bou-Sa'ada  au  sud 

Ain-Omm-ech-Chemel,  belle  source  en  plaine 

Mdoukkâl,  ville  berbère  avec  palmiers  et  jardins 

El-Outâia ,  au  nord  de  Biskra 

Biskra ,  fort  Saint-Germain 

El-Gantran,  caravansérail 

El-Ksour,  caravansérail 

Bâtna ,  la  place 

Lambèse,  d'après  nivellement  direct  1 1  o™  au-dessus  de  Bâtna. 

Ain-Iagout,  auberge  près  d'une  belle  source 

Ain-Mlîli ,  belle  source ,  bassin  romain 

Constantine ,  place  de  la  Brèche 

Setif ,  rue  Saint- Augustin 

Bou-Ariridj ,  fort  sur  un  mamelon ,  au  milieu  de  la  plaine  de 

Medjâna 

Oulad-Brahîm-Bou-Beker,  village  berbère  dans  les  montagnes 

au  nord-ouest  des  Portes-de-Fer 

Beni-Mansour,  poste  français  à  5om  environ  au-dessus  de  la 

rivière  de  Bougie  (  rive  droite) 


ALTITUDE 

du  sol 


746 

913 
1090 

995 
569 
578 
g3a 
592 
372 

23l 

89 
527 

93o 

1021 

n3i 

896 

75i 

609 

io85 

913 

595 
33i 


C.  R.,  183G,  Ier  Semestre.  (T.  XLII,  N°  9.) 


60 


(  454  ) 

météorologie.  —   Observation  d'un  bolide  le  29  février  i856.  Lettre  de 

M.  Coulvier  Gravier. 

u  M.  Saigey,  me  remplaçant  le  29  février  dernier  dans  nos  observations 
d'étoiles  filantes,  a  vu  à  ioh  2im,  temps  moyen,  un  globe  de  première 
grandeur  commençant  à  5°  S.  jS  Lévrier,  fini  entre  et  à  égale  distance  de  a 
Céphée  et  y  Cygne,  se  dirigeant  vers  a.  Cygne;  course,  70  degrés.  Très- 
lent,  durée  de  5  à  6  secondes,  sans  traînée  persistante  ;  il  jette  une 
vive  lueur,  lance  des  fragments  vers  le  milieu  de  sa  course,  et  ces 
fragments,  qui  divergent,  s'éteignent  à  4  ou  5  degrés  de  distance.  Alors 
la  lumière  est  des  plus  vives  ;  puis  le  météore  va  en  s'affaiblissant  et  devient 
rougeâtre  vers  la  fin  de  sa  course  :  c'est  le  plus  beau  météore  que  M.  Saigey 
ait  jamais  vu.  » 

anthropologie.  —  Proportions  physiques  ou  naturelles  du  corps  humain 
exprimées  en  mesures  métriques  et  rapportées  à  la  taille  de  im,6o;  par 
M.  J.-T.  Silbermann.   (Extrait  par  l'auteur.) 

«  Recherchant  à  rapporter  l'unité  métrique  à  la  stature  de  l'homme,  j'ai 
dû  tout  d'abord  m'occuper  de  la  loi  physique  qui  régit  la  proportion  des 
diverses  articulations  générales  du  type  de  la  charpente  de  l'homme.  J'ai 
pensé  que  mon  premier  devoir  était  de  donner  ces  proportions,  afin  que 
les  artistes  puissent  les  examiner  ;  me  réservant  de  donner  dans  un  pro- 
chain travail  l'exposé  de  la  loi  qui  les  régit,  ainsi  que  la  raison  physique 
de  la  taille  de  im,6o  qui  offre  un  très-haut  intérêt. 

»  Toutes  les  mesures  sont  exprimées  en  parties  métriques  et  partent, 
pour  l'homme  debout,  du  plan  horizontal  qui  le  supporte. 

m 

Le  sommet  de  la  tête 1 ,60 . 

Naissance  des  cheveux ....    1 ,55 . 

Centre  de  la  pupille 1 ,5o .  Distance  entre  les  deux     m 

cen  très  des  pu  pilles . .   o ,  o5 . 
Bas  du  nez 1 ,45 .  Largeurdu  nez  aux  na- 


Fente  de  la  bouche 1 ,4333. 

Naissance  du  menton 1 ,4166. 

Bas  du  menton •  1 4°  • 


rines o,o25. 


(  455  ) 

Centre  de  l'articulation  aux  épaules  et 

m 

bord  de  la  clavicule  du  cou i  ,3333. . 


Bouts  des  seins i 


,20. 


Nombril  (le  centre) 1 . 

Centre  d'articulation  du  fémur 0,8888. 

Extrémité  inférieure  de  la  tubérosité  des 

os  du  bassin,  et  du  pubis 0,80. 

Centre  d'articulation  du  genou 0,4444-  • 

Centre  d'articulation  de  la  jambe  et  du 

pied o  ,o444  ■  • 

Plante  des  pieds  sur  le  sol o 


Distance  entre  ces  deux 

M 

centres 0,2666. 

Distance      entre      les 
deux 0,24. 

Distance  entre  les  deux 
centres °>r777- 


BRAS. 

Longueur  du  bras,  la  main  comprise. .  .  .    o  ,6666. 

Du  centre  d'articulation  à  l'épaule  ,  jus- 
qu'à celui  du  coude ; 0,2666. 

Du  centre  d'articulation  du  coude  ,  jus- 
qu'à celui  du  poignet : 0,2666. 

Longueur  de  la  main o,  i333. 


SUBDIVISION    DE    IA   MAIN. 

Doigt  du  milieu. 

Du  centre  de  rotation  du  poignet  à  celui 

de  l'extrémité  du  métacarpe  milieu. . .   0,0666. 

Du  précédent  à  la  1"  phalange o,o333. 

De  la  ire  phalange  à  la  2e 0,0166. 

Dela2ephalangeàla  naissance  de  l'ongle.  0,0088. 
Longueur  de  l'ongle *. .    0,0088. 


Horizontalement,  du  centre  d'articulation 

de  la  jarnbe  jusqu'au  bout  du  pied. . .   o,  i333 

Idem,  jusqu'au  bout  du  talon o,o444 

Longueur  du  pied 0,1777 

»  Les  proportions  de  hauteurs  données  plus  haut  satisfont  parfaitement 
aux  observations  artistiques  ;  ainsi,  l'homme  ayant  les  bras  tendus  horizon- 

60.. 


(  456  ) 

talement  et  sur  une  même  ligne  droite,  sa  taille  est  comprise  entre  l'extré- 
mité de  ses  deux  doigts  du  milieu; 

m 

En  effet,  chaque  bras  a  pour  longueur  om,666;  ainsi  les  deux i  ,333. .  . 

La  distance  comprise  entre  les  deux  centres  de  rotation  des  épaules  est  de .      o ,  266 .  .  . 

La  taille  de  l'homme  est  égale  au  total 1 ,600 

»  Les  ouvrages  artistiques  rapportent  aussi  que  l'homme  couché  par 
terre,  les  bras  tendus  sur  sa  tête,  les  extrémités  des  pieds  et  des  mains  tou- 
chent la  circonférence  d'un  cercle  dont  le  nombril  est  le  centre  ; 

m 

En  effet,  des  pieds  jusqu'au  centre  de  rotation  des  épaules  il  y  a 1 ,333. . . 

Si  l'on  ajoute  la  longueur  du  bras ,  qui  est  de o  ,666 .  .  . 

On  a  la  somme  de 1 . 

pour  diamètre  du  cercle  dont  la  moitié  ou  le  rayon  est  r ,  hauteur  du  nom- 
bril au-dessus  du  sol.  » 

médecine.  —  De  l'action  de  diverses  infusions  végétales  sur  du  sang  vei- 
neux fraîchement  sorti  de  la  veine.  —  Indications  fournies  par  ce  moyen 
relativement  à  l'existence  d'un  alcaloïde  dans  le  végétal.  —  Déductions 
thérapeutiques;  par  M.  Le  Clerc. 

a  i°.  Le  sang  veineux  traité,  au  moment  de  la  sortie  de  la  veine,  par  une 
infusion  végétale  on  par  un  extrait  végétal  quelconque,  est  un  véritable 
réactif  qui  décèle  instantanément  la  présence  d'un  principe  alcaloïde  dans 
le  végétal. 

»  J'ai  fait  à  ce  sujet  beaucoup  d'expériences,  et  ce  matin  encore  j'ai 
traité  du  sang  veineux  par  une  infusion  de  noyer  (îuglans  regia)  mêlée  d'un 
extrait  de  noyer.  Aussitôt  le  sang  a  pris  la  teinte  rouge. 

»  Du  sang  veineux  pris  chez  le  même  individu  et  mêlé  à  une  infusion 
de  tilleul  a  conservé  la  teinte  du  sang  veineux. 

»  Une  foule  d'autres  infusions  donnent  invariablement  le  même  résultat. 

»  Le  noyer  n'a  jamais  été  analysé,  que  je  sache,  ou  du  moins  aucun 
chimiste  n'en  a  encore  retiré  le  principe  actif  que  ce  végétal  renferme  très- 
certainement. 

»  20.  Depuis  le  29  décembre  dernier,  je  conserve  des  flacons  renfermant 


(457) 
un  mélange  de  sang  veineux  et  de  diverses  substances,  telles  que  : 


Suc  de  belladone. 

Extrait  de  belladone. 

Atropine. 

Extrait  et  infusion  de  Datura  stramonium. 

Nicotine. 

Infusion  et  extrait  de  tabac. 

Brucine. 

Infusion  de  noix  vomique. 

Strychnine. 


Sulfate  de  strychnine. 

Morphine. 

Extrait  gommeux  d'opium. 

Thridace. 

Extrait  de  Quinquina  kalisaya. 

Sulfate  de  quinine. 

Eau  de  riz. 

Eau  d'orge. 

Décoction  de  carotte,  etc. 


»  Le  sang  veineux  a  pris  la  teinte  lie  de  vin  au  bout  de  quelques  jours 
dans  les  flacons  qui  contiennent  : 


L'atropine. 
La  brucine. 
La  nicotine. 


La  morphine. 

La  strychnine,  etc. 


»  Puis  la  teinte  lie  de  vin  a  presque  complètement  disparu  aujourd'hui 
pour  revenir  à  une  teinte  noire,  semblable  à  celle  que  présente  le  même 
sang  veineux  conservé  pur  et  à  l'abri  du  contact  de  l'air. 

»  Les  flacons  contenant  la  belladone  et  le  stramonium  sont  les  seuls  dans 
lesquels  le  sang  ait  gardé  invariablement  la  teinte  rouge.  Cette  teinte  n'est 
pas  aussi  foncée,  aussi  rutilante  que  dans  les  premiers  jours  de  l'expérience  ; 
mais  elle  est,  chose  remarquable,  la  seule  qui  soit  restée  d'un  rouge  très- 
prononcé. 

»  Il  y  a  aujourd'hui  cinquante  et  un  jours  que  je  conserve  ces  flacons. 

»  Après  la  belladone  et  le  stramonium  vient,  mais  d'assez  loin,  le  flacon 
renfermant  l'extrait  de  quinquina.  Ce  flacon  présente  encore  une  teinte  un 
peu  rougeâtre.  Tous  les  autres  flacons  sont  plus  ou  moins  noirs.  » 

zoologie.    —   Travaux  des  araignées  en  rapport  avec  l'état  présent  ou 
prochain  de  l'atmosphère.  (Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Caragitel.) 

L'auteur,  qui  ne  dit  pas  sur  quelle  espèce  ont  porté  ses  observations, 
annonce  avoir  constaté  que  s  lorsqu'il  doit  faire  de  la  pluie  et  du  vent,  l'a- 
raignée raccourcit  beaucoup  les  derniers  fils  auxquels  sa  toile  est  suspen- 
due, et  la  laisse  dans  cet  état  tant  que  le  temps  reste  variable.  Si  l'insecte  al- 
longe ses  fils,  ajoute  M.  Caraguel,  c'est  du  beau  temps  qu'il  annonce,  et 


(  458  ) 

l'on  peut  juger  de  sa  durée  d'après  le  degré  de  longueur  de  ces  mêmes  fils. 
Si  l'araignée  reste  inerte,  c'est  signe  de  pluie;  si,  au  contraire,  elle  se  remet 
au  travail  pendant  la  pluie,  c'est  que  celle-ci  sera  de  peu  de  durée.  » 

M.  Hesse  signale  une  erreur  qui  s'est  glissée  dans  l'extrait  qu'on  a  donné, 
au  Compte  rendu  de  la  séance  du  a6  novembre,  de  son  Mémoire  sur  les 
Ancées. 

Il  avait  dit  en  parlant  de  ces  Crustacés  que  la  femelle  n'est  pas  connue  ;  au 
lieu  du  mot  femelle  on  a  écrit  par  inadvertance  famille.  Cette  faute  typo- 
graphique, qui,  d'après  la  texture  de  la  phrase  entière,  ne  pouvait  guère 
induire  le  lecteur  en  erreur,  sera  signalée  dans  la  table  du  volume  LXI  à 
l'article  Errata. 

M.  Letelmer,  auteur  d'un  ouvrage  sur  la  Théorie  du  langage,  prie  l'A- 
cadémie de  vouloir  bien  lui  accorder  la  parole  pour  présenter  un  exposé 
de  sa  théorie  et  des  conséquences  qu'elle  pourrait  avoir  pour  la  nomencla- 
ture scientifique. 

Les  usages  de  l'Académie  relativement  aux  ouvrages  imprimés  ne  lui  per- 
mettent pas  d'accéder  à  cette  demande.  Si  l'auteur,  qui  annonce  avoir  con- 
sacré un  volume  entier  à  l'application  de  son  système  aux  sciences,  croit 
avoir  à  présenter  sur  ce  sujet  des  considérations  nouvelles,  il  peut  les  con- 
signer dans  un  Mémoire  qui  sera  renvoyé,  s'il  y  a  lieu,  à  l'examen  d'une 
Commission. 

M.  Passot  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  compléter  la  Commission 
qui  avait  été  chargée  de  l'examen  de  ses  dernières  communications , 
M.  Cauchy  ayant  annoncé  qu'il  ne  voulait  plus  faire  partie  de  cette  Com- 
mission . 

Il  ne  serait  donné  suite  à  cette  demande  que  dans  le  cas  où  les  deux 
Membres  restants  jugeraient  nécessaire  l'adjonction  d'un  troisième  Commis- 
saire. 

M.  Buisson  présente  sur  la  lumière  et  sur  la  vision  une  théorie  qui  lui  est 
propre. 

Cette  communication  ne  paraît  pas  de  nature  à  être  renvoyée  à  l'examen 
cPune  Commission. 


(450  ) 

M.  Pienoz  annonce  avoir  adressé  à  l'Académie,  par  l'intermédiaire  de 
M.  le  sous-préfet  de  la  Tour-du-Pin  (Isère),  une  Note  sur  la  quadrature  du 
cercle. 

Cette  Note  n'est  pas  parvenue  à  l'Académie.  On  fera  savoir  à  l'auteur 
qu'il  serait  inutile  d'en  envoyer  une  deuxième  copie,  les  communications 
sur  cette  question  étant  du  nombre  de  celles  que  l'Académie,  d'après  une 
décision  déjà  ancienne,  considère  comme  non  avenues. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  F. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  a5  février  i856,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Etudes  et  lectures  sur  les  Sciences  d' 'Observation  et  leurs  applications  pratiques  ; 
par  M.  Babinet;IIc  vol.  Paris,  1 856;  1  vol.  in- 12. 

Sur  le  pain  mixte  de  blé  et  de  riz.  Valeur  du  riz  comme  aliment  et  réflexions 
générales  sur  l'alimentation  ;  par  M.  J.  GlRARDiN.  Rouen^  i856;  in-8°. 

Instituts  de  médecine  pratique  de  Jean-Baptiste  Borsieri  de  Kanilfeld,  traduits 
et  accompagnés  d  une  étude  comparée  du  génie  antique  et  de  l'idée  moderne  en 
médecine;  par  M.  le  Dr  Paul-Émile  Chauffard.  Paris,  1 856;  2  vol.  in-8°. 
(Présenté  au  nom  de  l'auteur  par  M.  Andral.  ) 

L'industrie  contemporaine,  ses  caractères  et  ses  progrès  chez  les  différents 
peuples  du  monde  ;  par  M.  A.  Audigane.  Paris,  18Ô6;  1  vol.  in-8°. 

Becueil  de  Mémoires  et  obsemations  sur  llijgiène  et  la  médecine  vétérinaires 
militaires,  rédigé  sous  la  surveillance  de  la  Commission  d'hygiène  hippique,  et 
publié  par  ordre  du  Ministre  Secrétaire  d  Etat  au  déparlement  de  la  Guerre ,  avec 
des  documents  administratifs  sur  les  remontes  de  l'armée;  t.  VI.  Paris,  1 855  ; 
in-8°. 

Cours  élémentaire  complet  sur  l'œil  et  la  vision  de  l'homme  et  des  animaux  ver- 
tébrés qui  vivent  dans  l'air;  par  M.  L.-L.  Vallée.  Paris,  1 854  ;  in-8°. 

Notice  sur  les  ouvrages  et  les  travaux  de  M.  L.-L.  Vallée,  à  l'appui  de  sa 
candidature  à  la  place  vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Slurm  ;  br.  in-8°. 


(  46o  ) 

Notice  sur  les  travaux  mathématiques  de  M.  J.-A.  Serret.  Paris,  1 856  ;  broch. 
in-4°. 

Notes  cliniques  recueillies  à  l'Hôtel-Dieu  de  Marseille,  pendant  l'année  1 854  ; 
par  M.  le  Dr  SlRUS  PlRONDi.  Paris,  i856;  br.  in-8°.  (Présenté  au  nom  de 
l'auteur  par  M.  Cloquet.  ) 

Bulletin  de  bibliographie,  d'histoire  et  de  biographie  mathématiques;  par 
M.  Terquem;  t.  Ier.  Paris,  i855;in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  académique  d'Agriculture ,  Belles-Lettres,  Sciences  et 
Arts  de  Poitiers;  4e  trimestre  de  l'année  i854-  Poitiers,  1 856;  in-8°. 

Memorie. . .  Mémoires  de  l'Académie  royale  des  Sciences  de  Turin  ;  ie  série  ; 
t.  XV.  Turin,  i855;in-4°. 

Descripcion. . .  Description  géologique  de  la  république  du  Chili;  par  don  A . 
PlSSiS;  Ire  partie;  br.  in-8°. 

Descripcion...  Description  de  la  province  de  Valparaiso ;  par  le  même; 
br.  in-8°. 

Puentes. . .  Ponts  du  système  américain  et  calcul  de  la  résistance  des  ponts  du 
sjslème  de  Howe ;  par  M.  Ch.  Ghega,  traduit  de  l'allemand  en  espagnol  par 
M.  J.-B.  Lapoulide.  Madrid,  i856;  br.  in-8°. 

Revista.  .  Revue  des  travaux  publics  ;  4e  année  ;  n°  4- 

Quadratura...  Quadrature  du  cercle,  trisection  de  l'angle  et  duplication  du 
cube; parle  révérend  don  Dom.  Anghera.  Malte,  i854;  br.  in-8°. 

The  quarterly.  Journal  trimestriel  de  la  Société  chimique  de  Londres  ;  n°  32  ; 
in-8°. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  3  mars  i856,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Des  substances  alimentaires  et  des  moyens  de  les  améliorer,  de  les  conserver  et 
d'en  reconnaître  les  altérations;  par  M.  A.  Payen  ;  3e  édition.  Paris,  i856; 
in-12. 

Histoire  naturelle  des  Mollusques  terrestres  et  Jluviatites  de  France,  contenant 
des  études  générales  sur  leur  anatomie  et  leur  physiologie  et  la  description  parti- 
culière des  genres,  des  espèces  et  des  variétés;  par  M.  A.  Moquin-Tandon  ;  ireà 
3e  livraisons.  Paris,  i855;  in-8°. 


(46.  ) 

L'œil  et  la  vision,  étude  physiologique  ;  par  M.  A.  GuÉPJN.  Paris,  i856;  br. 
in-8°. 

Causes  et  caractères  de  l'altération  des  pommes  de  terre,  moyens  de  les  préser- 
ver de  la  maladie;  par  M.  V.  K.LEINHOLT.  Metz,  i856;  br.  in-8°. 

Maladie  de  la  vigne,  procédés  contre  l'oïdium  et  autres  maladies  de  la  vigne; 
par  M.  Benoit  Bonn  EL.  Narbonne,  i855;in-i2. 

Recherches  sur  ta  vision  binoculaire  simple  et  double  et  sur  les  conditions  phy- 
siologiques du  relief;  par  M.  le  Dr  Serre  d'Uzès  ;  in-8°.  (Adressé  au  concours 
du  prix  de  Physiologie  expérimentale.) 

Délia...  De  ta  scintillation  des  étoiles;  par  M.  G.-B.  DONATI,  avec  une  Note 
de  M.  O.-F.  Mossotti;  br.  in-8°. 

The  relation...  Relation  entre  les  poids  atomiques  des  composés  chim'iques; 
par  M.  J.-P.  COOKE.  Cambridge,  i854;  br.  in-4°. 

On  the. . .  Sur  deux  nouveaux  composés  cristallins  de  zinc  et  d'antimoine  ;  par- 
le même.  Cambridge,  1 855  ;  br.  in-4°. 

Monatsbericht...  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  royale  des 
Sciences  de  Prusse.  Décembre  1 855  ;  in-8°. 


PUBLICATIONS      PERIODIQUES     REÇUES      PAR     L'ACADEMIE     PENDANT 
LE    MOIS    DE    FÉVRIER    1856- 

Annalesde  t' Agriculture  française,  ou  Recueil  encyclopédique  d  Agriculture  ; 
t.  VII,  n°  3  ;  in-8°. 

Annales  forestières  et  métallurgiques  ,-  janvier  1 856  ;  in-8°. 

Annales  médico-psychologiques  ;  janvier  1 856  ;  in-8°. 

Annales  télégraphiques  ;  janvier  i856;  in-8°. 

Ribliothèque  universelle  de  Genève;  janvier  1 856  ;  in-8°. 

Bulletin  de  i Académie  royale  des  Sciences ,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  dt 
Belgique;  tome  XXIII,  n°  i  ;  in-8°. 

Bulletin  de  [Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique;  année  i855-i856; 
tome  XV  ;  nos  i  et  3  ;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d'Encouragement  pour  l'Industrie  nationale;  janvier 
i856;  in-4°. 

C.  R  ,  i856,  i"  Semestre.  (T.  XLU,  N°  9.)  6l 


(462  ) 
Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie;  février  i856;  in-8°. 
Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France;  t.  XIII,  feuilles  3-7;  in-8°. 
Journal  d' agriculture  pratique  ,•  t.  V,  n°'  3  et  4;  in-8°. 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie ,  de  Toxicologie;  février  1 856 ; 
in-8°. 

Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'Horticulture  ;  janvier  1 856  ; 
in-8°. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  février  i856;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  n°5  i3-i5  ;  in-8°. 

La  Bévue  thérapeutique  du  Midi;  nos  3  et  4;  in-8°. 

Le  Moniteur  des  Comices  et  des  Cultivateurs;  n°  4  ;  in-8°. 

L'Unité.  Journal  de  Pathologie  générale  et  spéciale,  théorique  et  pratique  ; 
février  i856;  in-8°. 

Le  Technologiste ;  février  i856;  in-8°. 

Magasin  pittoresque  ;  février   1 856  ;  in-8°. 

Nouveau  Journal  des  Connaissances  utiles;  n°  10;  in-8°. 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques,  journal  des  Candidats  aux  Ecoles  Po- 
lytechnique et  Normale  ;  février  1 856  ;  in-8°. 

Bépertoire  de  Pharmacie  ;  février  i856;  in-8°. 

Société  impériale  et  centrale  d' Agriculture.  Bulletin  des  séances,  compte  rendu 
mensuel,  rédigé  par  M.  Payen,  secrétaire  perpétuel  ;  2e  série  ;  tome  XI  ;  n°  i  ; 
in-8°. 

La  Presse  Littéraire.  Echo  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  n°*  4-6  ; 
in-8° 

L'Agriculteur  praticien;  n°g;  in-8°. 

Bévue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale;  n°*  3  et  4;  in-8°. 
Bulletin  de  l'Académie  impériale  de  Médecine;  t.  XXI,  n°  9;  in-8°. 
Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  t Académie  des  Sciences;  i*r  se- 
mestre i856;  n°»5-8. 

Cosmos.   Bévue   encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et 
de  leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie;  t.  VIII;  5e-8e  livraisons. 
Gazette  des  Hôpitaux  civils  et  militaires  ;  nos  i/\-25. 
Gazette  hebdomadaire  de  Médecine  et  de  Chirurgie;  n°  9. 


(463) 

Gazette  médicale  de  Paris;  n05  6-8. 
L'Abeille  médicale;  nos  4-6. 

La  Lumière.  Revue  de  la  Photographie  ;  nos  5-8. 
L'Ami  des  Sciences  ;  n°8  5-8. 

La  Science  pour  tous;  nos  9-12. 

LAthenœum  français.  Revue  universelle  de  (a  Littérature,  de  la  Science  et 
des  Beaux- Arts;  n°*  6-8. 

Le  Moniteur  des  Hôpitaux  ;  n°5  \l\-iS. 
Le  Progrès  manufacturier;  nos  38-4 1. 
Réforme  agricole,  scientifique,  industrielle;  n°  86. 
Revue  des  Cours  publics;  n0'  5  et  8. 


ERIUTA. 

(Séance  du  18  février  i856.) 

Page  344,  ligne  i,  au  lieu  de  M.  Ch.  Barré,  lisez  M.  Ch.  Carré* 

(Séance  du  a 5  février  i856.) 
Page  4<>i,  ligne  22,  et  dans  les  deux  tableaux  suivants,  au  lieu  de  Berriâu,  lisez  Berriân. 


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COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  10  MARS  1856. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  BINET. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

31.  Berenger,  président  de  l'Institut  pour  Tannée  i856,  rappelle  que  la 
prochaine  séance  trimestrielle  des  cinq  Académies  doit  avoir  lieu  le  mercredi 
2  avril,  et  invite  l'Académie  des  Sciences  à  lui  faire  connaître  en  temps 
utile  les  noms  de  ceux  de  ses  Membres  qui  seraient  disposés  à  faire  une 
lecture  dans  cette  séance. 

mathématiques.  —  Sur  deux  Mémoiies  de  Poisson;  par  M,  J.  Lhmjville. 

Poisson  a  donné  en  1819,  sous  une  forme  on  ne  peut  plus  commode, 
l'intégrale  de  l'équation  pour  la  propagation  du  son  dans  les  milieux  gazeux. 
M.  Liouville  montre  que  l'illustre  géomètre,  dès  ses  premières  recherches, 
en  1807,  avait  obtenu  une  formule  dont  cette  intégrale  si  remarquable  était 
une  conséquence  immédiate.  Le  résultat  que  Poisson  n'a  trouvé  qu'en  1819, 
et  par  d'autres  méthodes,  était  dès  lors  découvert  pour  ainsi  dire  :  il  n'y 
aurait  eu  qu'à  conclure.  Voici  la  Note  de  M.  Liouville. 

«   1.  L'intégrale  de  l'équation 

f,\  rf>_  d^         d'<f        rf'y 

^   J  df1  dx>         dy'         dz'  ' 

sur  laquelle  repose  essentiellement  la  théorie  de  la  propagation  du  son  dans 

C.  R.,  1856,1"  Semestre.  (T.  XLII.N»  10.;  62 


(  4^6  ) 

les  milieux  gazeux,  et  à  laquelle  on  ramène  l'équation  générale,  à  coeffi- 
cients constants, 

£ï-A'^*4-B^-+-C^  +  on-^  +  etc 

HT  ~  A  dr'  +  *  dj*  +  ^  dz>  +  *U  dydz  +  PtC-' 

a  été  donnée  en  1819  par  Poisson  (Mémoires  de  L'Académie  des  Sciences 
de  V Institut  de  France,  tome  III.  C'est  le  volume  pour  1818,  mais  Je 
Mémoire  n'a  été  lu  à  l'Académie  que  le  19  juillet  1819).  Poisson  a  trouvé 
que  l'équation  (1)  est  satisfaite^n  prenant 

<p  =  y—  l  l  daF  (x  +  t  cos  a,   y  -h  t  cos  /3,  z  +  t  cos  7) 

-h  v-   -j\  l  I  ]  du  f  (x  -r  t  cos  a,  y  +  t  cos  /3,  z  +  t  cos  7)    » 

où  da  désigne  l'élément  d'une  surface  sphérique  de  rayon  1,  et  cos  a, 
cos/3,  cos  7  les  cosinus  des  angles  que  la  droite  menée  du  centre  de  la  sphère 
à  cet  élément  fait  avec  les  trois  axes  coordonnés  des  x,  y,  z.  Ces  trois  co- 
sinus étant  liés  entre  eux  par  l'équation  de  condition 

cos2  a  -l-  cos2  /3  +  cos2  7=1, 
on  peut  remplacer  les  deux  angles  /3,  7  par  un  angle  unique  >j,  en  posant 

cos  |3  =  sin  a  cos  ij,     cos  7  ±r  sin  a  sin  r,  : 

on  a  alors 

do  =  sin  ad  a.  dr\, 

et  les  intégrations  marquées  dans  la  valeur  de  f  doivent  être  étendues  de 
yj  =  o  à  yj  =  an,  et  de  a  =  o  à  a  =  n.  On  reconnaît  de  plus  que  l'expression 

de  f  et  celle  de  -/qui  s  en  déduit,  donnent 


(2)  ?  = /(*,/,*)     et     -^=F{x,y,z)  pour  t  =  o; 

et  comme  *  représente  le  temps,  on  en  conclut  que  les  fonctions  arbi- 
traires/; F  sont  les  valeurs  initiales  de  <p  et  de  sa  dérivée. 

»  2.  Les  deux  méthodes  que  Poisson  a  données  au  commencement  et  à  la 
fin  de  son  Mémoire  pour  arriver  à  ce  résultat  remarquable,  sont  fondées  sur 
la  considération  des  séries.  Le  résultat  une  fois  obtenu,  Poisson  l'a  vérifié  à 
posteriori  par  un  calcul  rigoureux.  J'aurais  à  présenter  sur  l'ensemble  du 
Mémoire  des  remarques  dignes,  je  crois,  d'intérêt.  Mais  je  les  ajourne,  et 


(467) 
pour  le  moment  j'ai  surtout  en  vue  un  point  d'histoire  assez  curieux.  Je  vais 
montrer  qu'une  formule  obtenue  par  Poisson  dès  1 807  (  dans  un  Mémoire 
imprimé  au  14e  cahier  du  Journal  de  l'Ecole  Polytechnique  :  voir  pages  334 
à  338),  aurait  pu,  j'allais  dire  aurait  dû,  conduire  l'illustre  auteur  à  la  belle 
intégrale  qu'il  n'a  donnée  qu'en  18 19,  et  qui  dès  lors  s'offrait  à  lui  comme 
conséquence  immédiate  d'un  calcul  fort  simple. 

»  En  substituant,  en  effet,  des  coordonnées  polaires  aux  coordonnées 
rectangulaires,  puis  effectuant  une  double  intégration  par  rapport  aux 
angles,  après  avoir  multiplié  les  deux  membres  par  l'élément  sphérique  de 
rayon  1,  da,  Poisson  trouve  que  le  produit  du  rayon  vecteur  et  de  l'inté- 
grale double  /  1  <p  d<7  ne  dépend  plus  que  de  l'équation  à  deux  termes  ren- 
contrée d'abord  par  d'Alembert  dans  le  problème  des  cordes  vibrantes. 
Poisson  observe  d'ailleurs  que  l'origine  des  coordonnées,  d'où  part  le  rayon 
vecteur,  est  arbitraire.  En  divisant  donc  par  [\v:  l'intégrale  ci-dessus,  on  aura 
la  moyenne  des  valeurs  de  <p  correspondantes  aux  divers  éléments  de  la 
surface  d'une  sphère  de  rayon  quelconque,  ayant  son  centre  en  un  point 
quelconque  de  l'espace  ;  et  pour  en  déduire  la  valeur  même  de  <p  en  ce  point, 
il  suffira  de  prendre  le  rayon  infiniment  petit.  Cela  étant,  je  présenterai  le 
calcul  comme  il  suit,  en  en  tirant  la  conclusion  que  Poisson  a  laissé  échap- 
per. 

»  Dans  la  fonction  tp  de  t,  x,  y,  z  qui  vérifie  l'équation  (1),  et  qu'on 
suppose  continue  et  bien  déterminée  pour  toutes  les  valeurs  réelïes  de  x, 
y,  z,  t,  remplaçons  x,y,  z  par  x  4-  p,  y  +  f*.,  z  -+-  v ,  et  désignons  par  $  la 
valeur  que  <p  prend  alors,  en  sorte  que 

•  aef  (f,  x-hp,  jr+\L,  z  + v). 
L'équation  (1)  se  change  en  celle-ci  : 

^    '  *dt*  ~  d~f  +  rffT2  "*"  W" 

»  Substituons  aux  coordonnées  rectangles  p,  ft,  v  des  coordonnées  po- 
laires en  faisant 

j3  =  rcosa,     [l  =  rsin  a  cos  rç,     v  =  rsin  asinvj  : 

r  est  naturellement  ici  le  rayon  vecteur  mené  du  point  (x,y,  z)  au  point 
{x  -+-  p,  y  -+-  [x,  z  ■+-  v).  On  a 

<I>  =  <p  (f,  x  +  rcos  «,/•-+-  rsin  a  cos  73,  z  ■+-  rsin  a  sinrç  ), 

6a.. 


(  4^8  ) 
ou  si  l'on  veut,  pour  plus  de  symétrie, 

0  =  f  (t,  x -+-  rcos  a\  y  +  rcos/3,  z+  /cos  7). 

»  Quand  ;•=  o,  $  se  réduit  à  <p.  Quand  t  =  o,  y  se  réduit  àj  {x,y,  % 

(la  y 

et  —  a  F  [x,y,  s);  on  a  donc  alors,  r  restant  quelconque, 

4>  =  /  [ce  +  r  cos  a,  jr  -+-  r  cos  /3,  z  +  rcos  y), 
et 

-^-  ==  F  (a:  H-  rcos  a,  y  +  /-cosjS,  z  +  rcos  y). 
»  Par  l'introduction  des  coordonnées  polaires,  l'équation  (3)  devient 


(4) 


dt>  dr'  rsina  da  rsin-a   rfy,1 


multipliant  les  deux  membres  par  sin  a  dady  ou  da,  et  intégrant  entre 
les  limites  n  =  o,  tj  =  an,  a  =  o,  a  =  jr,  on  tire  de  là  sans  difficulté 


(5)  d'.rl         rf'.r)i 


•=      ...    » 


A'  rfr' 

en  posant,  pour  abréger, 

(6)  \=[f*de. 
»  On  a  donc  nécessairement 

rl  =  y(t  +  r)  +  6(t  —  r), 
ou  plutôt 

(7)  r\  =  ty  (t -h  r)  -  ty  (t  -  r), 
puisque  le  produit  ri  s'annulant  pour  r  =  o,  il  faut  que 

e(t)  =  -^(t). 

»  En  différentiant  l'équation  (7)  par  rapport  à  r,  on  en  déduit 

Si  donc  on  pose  r  =  o,  ce  qui  réduit  *  à  y  et  X  à  4»rqp,  il  viendra 

47ry  =  2  ij/  («). 


(469) 
»  Or  la  valeur  de  2  i|/  (t)  se  conclut  des  valeurs  données/ \x,f,  5)  et 

F  (x,y,  z)  de  <p  et  —pour  t  =  o.  En  effet,  $  et  X  sont  liées  à  9,  de  telle 

manière  que  les  valeurs  de  X  et  -j-  pour  l  =  o  se  trouvent  aussi  connues; 
ces  valeurs  sont  respectivement 

/  /  daf{x  4-  rcos  a,  y  4-  rcos  ]3,  z  4-  /'  cos  y) 
et 

/   /  dcY  (x  4-  rcos  a,  y  4-  rcos/3,  z  4-  rcos  y). 

Introduisez-les  dans  les  formules 

d.r\ 


dr 

et 


=  <!/(« +  #•)-+.«!/  («-#•) 


r£  =  f(«+r)-f(«-r), 
après  y  avoir  posé,  bien  entendu,  «  =  o,  et  vous  aurez 

=  3J.  I  r  /  /  ^"■y  (*  ■+"  '' cos  ai  y  ■+■  r  cos  jS,  z  4-  /  cos  y  ) 
et 

=  r  /   l  dtrF  (x  -h  r  cos  «,  j  +  r  cos  /3 ,    z'+  r  cos  y)  ; 
d'où,  par  voie  d'addition, 

2  t{/(r)  3=  /'  /  /  dçF  [x  4-  rcos  a,  j-  4-  r  cos  (S,  z  4-  r  cos  y) 
+  ~dr  \  '    I  I  d<*f\x  4-  rcos  a,  y  4-  rcos/3,  z  4-  /'  cos  y)    • 

De  cette  valeur  de  2  <|/  (r)  résultera  celle  de  2  if'  (t)  en  remplaçant  /•  par  t. 
L'équation 

4tt<p  =  2  ij/  (<) 

nous  fournira  donc  finalement  la  valeur  de  <j>,  savoir 

9  =  7—  I   I  dvF  (x  -h  t  cos  a,  _y  4-  £  cos  ^,  z+  /  cos  y) 
+  Z-  dt  1       /  /  daJix  "+"  '  cos  a>  7  +  *  cosp,  z  4-  *cosy)    > 


(  47o  ) 

c'est-à-dire  l'intégrale  de  Poisson,  que  cet  illustre  géomètre  aurait  pu 
obtenir  ainsi  dès  ses  premières  recherches,  tandis  qu'il  n'y  est  arrivé 
que  beaucoup  plus  tard  et  par  d'autres  méthodes.  Elle  se  présente  ici 
comme  la  seule  solution  possible  de  l'équation  (i),  les  conditions  (2)  ayant 
lieu. 

»  On  vérifie  aisément,  comme  on  sait,  qu'en  effet  cette  valeur  de  <j>  rend 
l'équation  (1)  identique,  quelles  que  soient  les  fonctions  f  et  F.  Le  calcul 
déjà  si  simple  que  Poisson  a  donné  pour  cet  objet,  dans  son  Mémoire 
de  181 9,  peut  encore  être  abrégé.  Remarquons  en  passant  que  si  de  tels 
calculs  prouvent  très-bien  que  la  valeur  de  9  satisfait  à  l'équation  indéfi- 
nie (1)  et  aux  équations  définies (2),  ils  ne  démontrent  pas  qu'il  soit  impos- 
sible de  remplir  les  mêmes  conditions  avec  une  autre  valeur  de  <p,  égale- 
ment continue  et  bien  déterminée,  mais  numériquement  différente.  Cette 
impossibilité  (qu'on  peut  au  reste  établir  de  différentes  manières  et  qui  dé- 
coule d'ailleurs  de  la  nature  dynamique  du  problème  que  l'équation  (1)  est 
destinée  à  résoudre)  ressort  au  contraire  d'elle-même  et  nécessairement  de 
la  méthode  développée  (fi-dessus  d'après  le  Mémoire  de  1807.  Mais  je  n'in- 
siste pas  sur  ces  détails.  Le  but  historique  que  je  me  proposais  est  atteint 
maintenant.  » 

Communication  de  M.  Chevreul  en  présentant  au  nom  de  M.  Stanislas  Julien 
la  traduction  d'un  ouvrage  chinois  sur  la  porcelaine. 

«  M.  Stanislas  Julien  vient  de  traduire  un  livre  publié  en  Chine  en  181 5 
sous  le  titre  de  :  Histoire  et  fabrication  de  la  porcelaine  chinoise.  Cette  tra- 
duction est  accompagnée  de  notes  et  d'additions  par  M.  Al.Salvétat,  chimiste 
de  la  manufacture  de  Sèvres. 

»  En  présentant  à  l'Académie  des  Sciences  le  travail  de  notre  confrère, 
suivant  le  désir  qu'il  m'en  a  exprimé,  je  ne  puis  me  dispenser  d'en  donner 
une  idée  succincte,  en  l'examinant  trop  rapidement  malheureusement, 
sous  le  triple  rapport  de  l'histoire  de  la  porcelaine,  des  procédés  de  fabrica- 
tion et  de  la  comparaison  de  ces  procédés  avec  ceux  qui  sont  d'usage  en 
Europe. 

»  i°.  Sous  le  rapport  de  l'histoire  de  la  porcelaine.  —  On  avait  fait  re- 
monter l'art  de  fabriquer  la  porcelaine  à  une  antiquité  exagérée.  Il  est  dé- 
montré aujourd'hui  que  les  porcelaines  les  plus  anciennes  ont  été  fabriquées 
en  Chine  à  une  époque  comprise  entre  1 85  ans  avant  Jésus-Christ  et  87  de 
1ère  chrétienne.  Quant  à   des  vases  de  porcelaine  trouvés  dans  des  tom- 


c  471  ) 

beaux  de  l'antique  Egypte,  ils  n'ont  pas  l'ancienneté  qu'on  leur  avait 
attribuée,  et  M.  Stanislas  Julien  n'a  pas  peu  contribué  à  détruire  cette  er- 
reur. 

»  L'auteur  chinois  passe  en  revue,  d'après  l'ordre  des  temps  et  des  lieux 
de  fabrication,  les  diverses  porcelaines  qui  ont  le  plus  de  renom  à  la  Chine. 
Une  carte  de  cet  empire  indique  l'emplacement  des  manufactures  anciennes 
et  modernes  et  ajoute  beaucoup  à  l'intérêt  du  texte.  On  en  doit  l'idée  au 
savant  traducteur. 

»  20.  Sous  le  rapport  de  la  fabrication.  —  Les  procédés  de  fabrication 
sont  décrits  avec  clarté  et  méthode,  et  ii\  planches  de  figures  au  trait,  repro- 
duites d'après  l'ouvrage  original,  aident  encore  à  la  description.  Enfin  les  notes 
très-précises  de  M.  Salvétat  dissipent  les  doutes  que  le  texte  pourrait  laisser 
au  lecteur. 

»  L'intérêt  du  livre  français  n'est  pas  borné  à  l'exposé  de  fabrication  de 
la  porcelaine  chinoise;  car  M.  Stanislas  Julien,  en  annexant  à  sa  traduction 
du  chinois  une  traduction  de  X  Art  de  fabriquer  la  porcelaine  japonaise,  due 
à  M.  Hoffmann,  interprète  de  S.  M.  le  Roi  des  Pays-Bas,  a  fait  tout  ce  qui 
dépendait  de  lui  pour  rendre  son  livre  utile  à  tous  les  lecteurs  que  le  sujet 
qu'il  a  traité  intéresse  au  double  point  de  vue  de  l'histoire  de  l'art  et  de 
l'industrie  céramique. 

»  3°.  Sous  le  rapport  de  la  fabrication  des  porcelaines  chinoise  et  japo- 
naise avec  celle  de  la  porcelaine  d'Europe  en  général  et  de  Sèvres  particu- 
lièrement. —  M.  Stanislas  Julien  a  pensé  que,  pour  satisfaire  aux  désirs  des 
lecteurs  de  sa  traduction ,  il  fallait  leur  donner  le  moyen  de  comparer  les 
procédés  suivis  à  la  Chine  et  au  Japon  avec  ceux  qui  le  sont  en  Europe,  et 
c'est  à  M.  Salvétat  qu'il  a  confié  cette  tâche.  Il  est  impossible  de  montrer 
avec  plus  de  clarté  que  ne  la  fait  l'habile  chimiste  de  Sèvres,  en  quoi  con- 
sistent les  analogies  et  les  différences  des  deux  fabrications. 

»  La  pâte  chinoise,  comme  la  pâte  d'Europe,  est  composée  d'un  mélange 
variable  de  kaolin ,  c'est-à-dire  d'une  matière  infusible  au  feu  du  four  de 
porcelaine  et  d'une  matière  qui  y  est  fusible. 

»  Quant  à  la  couverte  ou  glaçure ,  elle  consiste  en  une  matière  fusible; 

»  Voilà  l'analogie. 

»  Voici  la  différence  : 

»  La  matière  fusible  mêlée  à  la  pâte  est  à  la  Chine  du  pétrosilex  ; 

»  A  Sèvres,  elle  est  composée  de  la  matière  sableuse  provenant  du  lavage 
du  kaolin  et  de  craie. 


(  47*  ) 

»  La  couverte  de  porcelaine  de  Chine  est  du  pétrosilex  mêlé  de  chaux, 
et  assez  généralement  de  cendres  de  fougère. 

»  La  couverte  de  la  porcelaine  de  Sèvres  est  du  pétrosilex  pur. 

»  La  porcelaine  de  Chine  résiste  moins  au  feu  que  la  porcelaine  de 
Sèvres. 

»  Les  Chinois  n'appliquent  pas ,  comme  on  le  fait  au  Japon  et  en  Eu- 
rope, la  matière  de  la  glaçure  sur  la  porcelaine  dégourdie  que  l'on  plonge 
dans  l'eau  où  la  matière  de  la  glaçure  est  en  suspension. 

»  Il  existe  encore  des  différences  relativement  à  l'application  des  ma- 
tières colorantes  et  à  la  composition  de  certaines  d'entre  elles. 

»  L'exécution  typographique  de  la  traduction  de  YHistoire  et  de  la  fa- 
brication de  la  porcelaine  chinoise  fait  honneur,  sous  tous  les  rapports,  à 
l'imprimerie  de  M.  Mallet-Bachelier,  et  on  doit  lui  savoir  gré  d'avoir  entre- 
pris l'impression  d'un  tel  ouvrage. 

»  Je  ne  doute  pas  du  sympathique  accueil  que  mes  confrères  de  l'Acadé- 
mie des  Sciences  feront  à  la  traduction  de  M.  Stanislas  Julien,  et  que,  comme 
moi,  ils  désireront  vivement  que  notre  illustre  sinologue  continue  des 
travaux  d'un  si  grand  intérêt  pour  la  science  et  les  arts  industriels.  On 
ne  peut  douter  que  le  public  européen ,  qui  a  recherché  avec  tant  d'em- 
pressement X1  Art  d'élever  les  vers  à  soie,  placera  bientôt  dans  son  estime 
le  livre  dont  je  n'ai  donné  qu'une  idée  bien  incomplète  à  côté  de  celui  qui 
l'a  précédé.  » 

physiologie  végétale.  —  Remarques  sur  l'apparition  des  premières  jeuilles 
de  quelques  marronniers  ;  par  M.  Élie  de  Beaumont. 

«  L'année  dernière,  dans  la  séance  du  26  mars  (1),  je  signalais  le  fait  qu'à 
la  suite  d'un  hiver  tardif,  long  et  intense,  le  marronnier  désigné  dans  le 
Jardin  des  Tuileries  sous  le  nom  de  marronnier  du  20  mars,  avait  eu  des 
feuilles  le  2ô  mars,  comme  à  l'ordinaire. 

«  Dans  une  des  séances  suivantes,  M.  Gadebled  fit  observer  que  le  mar- 
ronnier que  j'avais  indiqué  n'était  pas  celui  qui  est  le  plus  particulièrement 
désigné  sous  le  nom  de  marronnier  du  20  mars  (2),  le  premier  étant  situé 
à  i5  mètres  en  arrière  de  la  statue  de  Cérès,  non  loin  du  bassin  du  Pont- 

(1)  Comptes  rendus,  tome  XL,  page  699. 

(2)  Comptes  rendus,  tome  XL,  page  861. 


(473) 
Tournant,  et  le  second  beaucoup  plus  près  du  Château,  à  peu  de  distance 
de  la  statue  d'Atalante. 

»  J'ai  traversé,  hier  g  mars,  dans  l'après-midi,  le  Jardin  des  Tuileries. 
Les  deux  marronniers  avaient  déjà  des  feuilles;  mais  celui  que  j'avais  si- 
gnalé l'année  dernière  a  encore  été  le  plus  précoce  cette  année,  car  ses 
feuilles,  quoique  très-petites,  étaient  cependant  un  peu  plus  longues  que 
celles  du  20  mars  proprement  dit. 

»  On  voit  que,  cette  année,  la  végétation  des  marronniers  est  en  avance 
de  douze  jours  au  moins  sur  sa  marche  la  plus  habituelle.  La  douceur  de 
l'hiver  que  nous  venons  de  traverser  l'a  affectée  beaucoup  plus  sensiblement 
que  ne  l'avaient  fait  la  longueur  et  l'intensité  de  l'hiver  précédent;  phé- 
nomène qu'il  est,  je  crois,  facile  d'expliquer,  mais  qu'il  n'est  peut-être  pas 
inutile  de  constater.  » 

Communication  de  M.  B  a  bi.net. 

«  A  l'occasion  de  l'ouvrage  de  M.  Flourens  sur  la  longévité  humaine, 
ouvrage  qui,  quoique  récent,  compte  déjà  plusieurs  éditions ,  M.  Ba- 
binet  met  sous  les  yeux  de  l'Académie  une  gravure  qui  était  chez  lui  de- 
puis longtemps,  et  qui  représente  Jenkins,  batelier  anglais,  qui  a  atteint 
l'âge  avancé  de  cent  soixante-neuf  ans.  Les  sculpteurs  et  les  physiolo- 
gistes s'accordent  à  reconnaître  que  ses  traits  sont  ceux  d'un  homme  de 
soixante  à  soixante-dix  ans  au  plus  ;  mais  ce  portrait  n'a  pas  dû  être  fait 
avant  que  Jenkins  fût  centenaire  ,  car  autrement  rien  ne  recommandait  à 
l'attention  publique  un  simple  pêcheur  de  la  Swale.  Il  était  bon  nageur  et 
bon  marcheur,  et  le  système  musculeux  paraît  avoir  prédominé  en  lui.  Il 
était  souvent  juré  aux  assises  de  la  ville  voisine ,  et  il  a  parfois  rendu  témoi- 
gnage sur  des  faits  qui  dataient  de  cent  quarante  ans.  Le  cerveau  paraît 
bien  développé,  et  la  coiffure ,  qui  recouvre  la  nuque  et  une  partie  des 
épaules ,  est  éminemment  hygiénique  pour  un  climat  tel  que  celui  de  l'An- 
gleterre. En  admettant  son  âge  comme  un  maximum  exceptionnel ,  et  d'a- 
près la  règle  même  de  M.  Flourens ,  prenant  la  moitié  de  cet  âge  pour  l'âge 
moyen  des  hommes,  on  tombe  sur  quatre-vingt-quatre  ans,  c'est-à-dire 
sur  la  septième  climatérique.  Cet  exemple  confirme  donc  la  durée  de  l'exis- 
tence fixée  par  l'illustre  Secrétaire  de  l'Académie,  savoir  :  de  quatre-vingt- 
dix  à  cent  ans ,  sauf  les  accidents  mécaniques ,  physiques ,  chimiques  ou 
physiologiques  que  la  nature  n'a  pu  prévoir  ». 

C.  R.,  ,856,  i«  Semestre.  (T    XIII,  N°  10.)  63 


(474  ) 


RAPPORTS. 

astronomie  nautique.  —  Rapport  sur  une  Lettre  de  M.  Wils  Rrown, 
indiquant  une  nouvelle  méthode  pour  le  calcul  des  distances  lunaires 
observées  à  la  mer. 

(Commissaires,  MM.  Delaunay,  Bravais  rapporteur.) 

«  En  désignant  par  H,  h  les  hauteurs  vraies  du  Soleil  et  de  la  Lune  ; 
par  H',  h!  les  hauteurs  apparentes  de  ces  deux  astres; 
par  D,  D'  leur  distance  vraie  et  leur  distance  apparente; 
par  A  la  différence  azimutale  des  deux  astres  ; 


on  a 

k         cos( 

cos  H  cos  h  cos  H'  cos  h' 

cosD  =  cos  (H  —  h)  —  sécHséc^cosH'cos^'[cos(H'—  h')  —  cosD']. 


cos(H—  /*)  —  cosD        cos(H'—  h')  —  cosD' 
i  -  cos  A  =  — *     .„,. =  „„.„/ 


»  Voici,  d'après  la  méthode  anglaise,  la  manière  de  calculer  D  : 
»  Calculez  l'angle  H'—  h',  et  cherchez  dans  une  Table  de  cosinus  natu- 
rels les  valeurs  de  cos  (H'—  h')  et  de  cosD'. 

»  Retranchez  le  second  cosinus  du  premier,  cherchez  le  logarithme  de  la 
différence,  et  écrivez-le  dans  une  deuxième  colonne,  à  droite  de  celle  où 
sont  inscrits  H',  h',  H  —  h'  et  D'. 

»  Dans  cette  même  colonne  à  droite,  écrivez  à  droite  de  H' log  cos  H'  ; 

adroite  de  h' log  cos  h'; 

à  droite  de  H logsécH; 

à  droite  de  h log  séc  h . 

Ajoutez  entre  eux  ces  cinq  logarithmes  superposés  dans  la  deuxième  co- 
lonne, et  cherchez  le  nombre  naturel  N  qui  correspond  à  cette  somme 
algébrique  de  logarithmes.  On  aura 

cos  naturel  D  =  cos  nat.  (H  —  h)  —  nombre  N.    ; 

Cette  méthode  exige  que  l'on  consulte  neuf  fois  le  volume  contenant  à  la 
fois  les  Tables  de  sinus  naturels  de  o  à  90  degrés,  ou,  ce  qui  revient  au 
même,  des  sinus  et  cosinus  naturels,  sur  deux  colonnes  latérales,  allant  d« 
o  à  45  degrés,  et  celles  des  logarithmes  de  ces  sinus. 


(475) 

»  J'ai  voulu  voir  si  le  remplacement  de  , 

;-           ,,.               tv                     •     D'+H'-A'    .    D'-f-A'-H' 
cos  (H  —  h)  —  cosD      par     2  sin sin 

simplifiait  la  méthode  anglaise. 

»  Au  lieu  des  neuf  recherches  tabulaires  qu'exige  la  méthode  anglaise , 
huit  suffisent  dans  l'emploi  de  la  nouvelle  formule  ;  mais  les  trois  multipli- 
cations par  2  ,  -  et  -»  l'addition  et  la  soustraction  qui  précèdent  ces  multi- 
plications forment  un  ensemble  de  cinq  opérations  arithmétiques  exigeant 
probablement  du  calculateur  plus  de  temps  que  la  méthode  anglaise. 

»  Malheureusement,  malgré  toutes  les  recherches  que  j'ai  faites  dans  les 
bibliothèques  de  l'Institut  et  du  Dépôt  des  cartes  de  la  marine,  je  n'ai  pu 
trouver  aucune  Table  donnant  les  sinus  naturels  de  o  à  90  degrés,  de  10  se- 
condes en  10  secondes:  cela  sera  cependant  indispensable  pour  la  naviga- 
tion, si  la  méthode  anglaise  est  préférée  ;  ce  qui  paraît  le  résultat  probable 
d'essais  comparatifs  faits  à  bord  par  des  officiers  de  marine,  employant 
alternativement  la  méthode  nouvelle  et  l'ancienne. 

»  La  Commission  propose  à  l'Académie  des  Sciences  de  renvoyer  ce  Rap- 
port au  Bureau  des  Longitudes,  ainsi  qu'au  Ministre  de  la  Marine  et  des 
Colonies,  et  en  même  temps  de  leur  soumettre  la  question  de  la  construc- 
tion de  semblables  Tables.  Comme  elles  existent  déjà  en  Angleterre,  puisque 
les  officiers  anglais  commencent  à  les  employer  dans  leurs  calculs  de  dis- 
tances lunaires,  il  est  très-probable  qu'elles  sont  déjà  imprimées,  dans  la 
condition  demandée  ci-dessus  (de  10  secondes  en  10  secondes),  et  que  le 
travail  à  faire  pour  les  rendre  accessibles  à  nos  officiers  chargés  des  montres 
se  bornera  à  une  simple  réimpression.  » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

«  M.  Thenard,  en  son  nom  et  celui  de  MM.  Chevreul  et  Dumas,  Com- 
missaires nommés  pour  l'examen  d'un  nouveau  Mémoire  de  M.  Tiff'ereau, 
ayant  pour  titre  :  «  Les  métaux  sont  des  corps  composés  »,  déclare  que  la 
Commission^  après  avoir  pris  connaissance  de  ce  Mémoire,  a  décidé,  à 
l'unanimité,  qu'il  n'y  avait  pas  lieu  a  faire  un  Rapport.  » 

«  M.  Thenard,  au  nom  d'une  autre  Commission  nommée  pour  une 
réclamation  de  MM.  A.  Chevalier  fils  et  O.  Henry  fils,  concernant  une 
communication  récente  de  MM.  Orfila  et  Rigout  (action  du  phosphore 
rouge  sur  l'économie  animale),  déclare  au  nom  de  cette  Commission,  de 

63.. 


(  476  ) 
laquelle  font  partie  avec  lui  MM.  Pelouze  et  Cl.  Bernard,  que  dans  l'état 
actuel  des  choses  il  n'y  a  pas  lieu  à  faire  de  Rapport.  En  publiant  dans  ses 
Comptes  rendus  un  long  extrait  de  la  Lettre  des  réclamants,  avec  l'indica- 
tion des  dates  assignées  par  eux  aux  documents  annoncés  comme  constatant 
leur  droit  de  priorité  et  devant  être  produits  plus  tard,  l'Académie  a  fait 
tout  ce  qu'ils  pouvaient  attendre  de  sa  justice.  » 

«  M.  Becquerel,  au  nom  de  la  Commission  qui  a  fait  le  Rapport  sur  les 
procédés  galvanoplastiques  de  M.  Lenoir,  demande  que  la  deuxième  pré- 
sentation de  ce  Rapport,  qui  devait  être  faite  aujourd'hui,  conformément  à 
la  décision  prise  dans  la  dernière  séance,  soit  ajournée  jusqu'à  ce  que  la 
Commission  ait  pu  se  fixer  sur  la  légitimité  de  deux  réclamations  adressées 
à  l'occasion  de  ce  Rapport  par  M.  Zier  et  par  M.  Gueyton,  réclamations 
dont  il  sera  fait  mention  plus  loin  à  l'article  de  la  Correspondance.  » 

Cette  proposition  est  adoptée. 

MÉMOIRES  LUS. 

chirurgie.  —  Mémoire  sur  les  propriétés  du  tissu  cicatriciel  et  l'application 
de  V nutoplastie  aux  brides  ;  par  M,  Jobert,  de  Lamballe.  (Extrait  par 
l'auteur.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.  ) 

«  Propriétés  du  tissu  cicatriciel.  —  On  est  dans  l'habitude  de  refuser 
à  ce  tissu  toute  sensibilité  et  on  admet  qu'il  est  doué  d'une  propriété  de 
resserrement  ou  de  rétractilité  extraordinaire.  Cette  opinion,  basée  sur  ce 
que  sa  section  sur  le  vivant,  les  piqûres,  les  torsions,  les  pincements  et  les 
températures  différentes  n'y  développent  aucune  sensibilité ,  est  générale- 
ment admise,  et  pendant  longtemps  je  l'ai  partagée  avec  tous  les  auteurs 
qui  ont  écrit  sur  cette  matière.  Mais  de  nouvelles  expériences  auxquelles 
je  me  suis  livré  à  propos  de  l'application  de  l'autoplastie  aux  brides,  m'ont 
conduit  à  des  résultats  tout  à  fait  opposés  à  ceux  que  le  temps  avait  sanc- 
tionnés jusqu'à  ce  jour. 

»  Il  résulte  de  ces  recherches  que  le  tissu  cicatriciel  est  sensible,  et  que 
son  apparente  insensibilité  n'est  que  le  résultat  de  sa  rétractilité.  Il  suffit, 
pour  le  démontrer,  de  le  placer  dans  d'autres  conditions  et  de  lui  donner 
de  la  souplesse,  en  faisant  cesser  le  tiraillement  dont  il  est  l'objet.  C'est  à 
quoi  l'on  parvient  en  transplantant  dans  son  centre  un  lambeau  em- 
prunté aux  parties  voisines  et  que  l'on  aura  soin  de  détacher  complètement 


f  477  ) 
pour  que  l'expérience  soit  tout  à  fait  concluante.  Aussitôt  que  le  lambeau 
et  les  lèvres  du  tissu  cicatriciel  seront  confondus,  on  reconnaîtra  facilement 
l'existence  de  la  sensibilité.  Cette  sensibilité  qui  se  développe  avec  la  cessa- 
tion du  tiraillement,  est-elle  due  à  un  changement  de  vitalité?  Rien  ne  porte 
à  le  croire,  et  n'est-il  pas  plus  logique,  et  partant  plus  rationnel,  d'ad- 
mettre que  des  nerfs,  dont  la  présence  était  ignorée,  existent  pourtant  à  l'état 
rudimentaire,  et  qu'ils  se  forment  de  la  même  manière  que  les  vaisseaux. 

»  Ces  résultats  m'ont  donné  l'explication  de  certains  phénomènes  dont 
j'avais  essayé  de  me  rendre  compte  à  une  époque  antérieure  :  je  veux  parler 
de  ces  sensations  de  prurit  dont  les  cicatrices  sont  fréquemment  le  siège,  et 
de  ces  vives  douleurs  que  ressentent  particulièrement  les  anciens  militaires 
porteurs  de  cicatrices,  sous  l'influence  des  variations  de  température,  de 
l'électricité  répandue  dans  l'air  ou  d'autres  agents  extérieurs. 

»  Il  ressort  des  considérations  -précédentes  et  de  l'examen  anatomique 
du  tissu  cicatriciel  que  sa  vitalité  est  peu  développée  ;  mais,  si  la  rareté  des 
vaisseaux  sanguins  est  un  obstacle  à  l'apparition  de  l'inflammation,  des 
éruptions,  de  l'érysipèle,  etc. ,  d'un  autre  côté,  c'est  probablement  à  cette 
même  cause  que  sont  dues  les  ulcérations  qui  se  développent  et  deviennent 
promptement  désorganisatrices. 

»  Je  ne  m'arrêterai  pas  plus  longuement  sur  ce  point  intéressant  de  la 
science,  mon  but  étant  surtout,  dans  ce  qui  me  reste  à  dire,  d'examiner 
comment  les  idées  qui  précèdent  peuvent  trouver  leur  application  dans  le 
traitement  des  cicatrices  difformes. 

»  Autoplastie  des  brides.  —  Pendant  longtemps  on  s'est  proposé  d'al- 
longer les  brides  pour  faire  disparaître  les  difformités  auxquelles  leur 
action  de  resserrement  donnait  lieu.  Cette  action  rétractile  détruisait  rapi- 
dement l'effet  de  tout  agent  mécanique.  Ce  procédé  doit  être  rejeté  ,  tant  à 
cause  des  douleurs  qu'il  occasionne,  que  parce  que  son  emploi  n'est  justi- 
fié par  aucun  succès.  Bientôt  s'est  présentée  l'idée  de  détruire  la  bride  en 
la  divisant,  afin  d'allonger  les  parties  vicieusement  déformées.  Ce  mode 
opératoire  obtient  généralement  un  résultat  immédiat;  mais  il  ne  présente 
pas  de  garanties  suffisantes  à  cause  de^l'inflammation  et  de  la  suppuration 
qui  s'établissent  à  la  surface  de  la  plaie  ;  il  se  forme  un  tissu  inodulaire 
plus  résistant  que  le  premier,  et  la  bride  prend  plus  de  force  et  d'épais- 
seur. Pourtant  il  peut  arriver  que  l'inflammation  soit  si  faible  et  la  suppu- 
ration si  peu  abondante,  que,  les  lèvres  de  la  plaie  se  cicatrisant  isolément, 
la  guérison  devienne  définitive. 


(478) 

»  Delpech  a  proposé  d'extirper  la  totalité  des  brides  et  d'opérer  la  réu- 
nion des  lèvres  de  la  plaie  par  la  suture.  Ce  procédé ,  fondé  sur  la  connais- 
sance exacte  de  la  nature  du  tissu  des  cicatrices,  diminue  les  chances  de 
récidive  et  a  été  plusieurs  fois  employé  avec  succès.  Il  n'est  pas  cepen- 
dant applicable  à  toutes  les  difformités  cicatricielles  :  il  y  aurait  un  vrai 
danger  à  y  recourir  pour  une  large  cicatrice  ;  on  peut  craindre  une  inflam- 
mation grave  et  la  récidive. 

»  Préoccupé  des  accidents  sérieux  que  cette  méthode  a  quelquefois  en- 
traînés ,  je  me  suis  demandé  s'il  n'y  aurait  pas  d'autre  moyen  de  combattre 
cette  rétractilité  du  tissu  inodulaire,  et  j'ai  songé  à  l'application  de  l'auto- 
plastie  aux  brides.  J'ai  pensé  à  réparer  la  perte  de  substance  par  une  addi- 
tion de  parties  molles  empruntées  au  voisinage  et  transplantées  au  milieu 
du  tissu  inodulaire.  Mes  prévisions  se  sont  réalisées ,  et  j'ai  vu  le  tissu  ci- 
catriciel cesser  ses  tiraillements  sur  les  parties  environnantes ,  les  mouve- 
ments articulaires  se  rétablir,  et  la  sensibilité  renaître  dans  les  lieux  où  elle 
semblait  éteinte  pour  toujours.  ' 

»  Au  premier  abord,  on  serait  tenté  de  croire  qu'un  lambeau  trans- 
planté au  milieu  du  tissu  cicatriciel  ne  devrait  pas  y  prendre  racine  à  cause 
du  peu  de  vitalité  de  ce  dernier.  Mais  l'expérience  a  prouvé  que  la  greffe 
animale  se  réunit  aussi  bien  ail  tissu  cicatriciel  divisé  qu'aux  autres  tissus. 
C'est  un  fait  remarquable  que  ce  travail  ne  donne  lieu  à  aucun  excès  d'in- 
flammation et  se  maintient  dans  de  justes  limites.  Je  passe  sous  silence  les 
détails  de  l'opération,  pour  arriver  au  pansement  et  à  la  réunion. 

»  On  doit  :  i°  enlever  avec  de  l'eau  le  sang  de  la  surface  de  la  plaie; 
2°  coucher  le  lambeau  dans  la  rigole  saignante;  3°  pratiquer  la  suture 
entrecoupée,  en  commençant  par  le  sommet  du  lambeau,  l'angle  corres- 
pondant de  la  plaie  de  la  bride,  et  terminant  par  les  côtés  des  surfaces  sai- 
gnantes ;  4°  comprimer  doucement  le  lambeau  avec  les  doigts,  en  versant 
de  l'eau  à  sa  surface  ;  5°  pratiquer  le  pansement  avec  un  linge  enduit  de 
cérat  et  des  compresses  trempées  dans  l'eau  froide. 

»  L'opéré  doit  user  d'une  extrême  prudence  jusqu'à  la  section  du  pédi- 
cule, qui  ne  doit  être  pratiquée  que  lorsque  le  lambeau  a  pris  racine  dans 
son  nouveau  domicile.  Il  faut  attendre  qu'il  y  ait  communauté  de  vitalité 
entre  les  surfaces.  Il  s'écoule  peu  de  sang  par  cette  section,  qui  permet 
aux  deux  parties  de  la  greffe  de  s'éloigner  immédiatement  l'une  de  l'autre  : 
on  découvre  alors  une  partie  saine  de  peau  ou  de  tissu  cicatriel  que  le  lam- 
beau recouvrait.  Les  deux  lèvres  saignantes,  après  s'être  écartées,  se  gon- 


(  479  ) 
fient,  se  tuméfient  et  se  recouvrent  d'une  cicatrice.  Après  la  section  du 
pédicule,  celui-ci  se  rétracte,  s'atrophie;  il  n'en  reste  qu'un  petit  mamelon, 
rougeâtre  d'abord  et  blanchâtre  ensuite.  Le  lambeau  se  rétracte  vers  son 
nouveau  domicile,  et  la  peau  du  pédicule  se  cache  dans  l'angle  correspon- 
dant de  la  plaie  faite  à  la  bride.  La  saillie' que  forme  d'abord  le  lambeau, 
s'affaisse ,  et  une  ligne  rougeâtre  indique  ses  limites  avec  les  parties  voi- 
sines ;  il  s'arrondit,  et  gagne  en  largeur  ce  qu'il  perd  en  longueur.  Je  n'ai 
jamais  vu  ce  lambeau  s'hypertrophier,  et  il  y  a  toujours  eu  adhésion  entre 
lui  et  la  bride  divisée.  Aucun  changement  appréciable  ne  se  manifeste  avant 
la  section  du  pédicule  ;  mais  lorsqu'elle  a  été  pratiquée,  la  bride  s'étale, 
la  difformité  disparaît,  les  tiraillements  cessent,  la  partie  inclinée  se  redresse 
et  reprend  son  attitude. 

»  A  l'appui  des  principes  que  je  viens  de  poser,  je  citerai  en  quelques 
mots  un  fait  remarquable  de  guérison  obtenue  par  cette  méthode.  Il  s'agit 
d'une  jeune  fille  qui,  à  la  suite  d'une  brûlure,  eut  une  inclinaison  vicieuse 
de  la  tête  et  du  cou,  produite  par  une  large  et  forte  bride. 

»  Le  côté  droit  de  la  figure,  du  cou,  de  la  poitrine,  et  le  bras  droit  avaient 
été  le  siège  d'une  brûlure,  que  je  rapporte  au  troisième  degré  suivant  la 
classification  de  Boyer,  au  quatrième  suivant  celle  de  Dupuytren.  La  sup- 
puration dura  dix-huit  mois  et  fut  extrêmement  abondante. 

»  Le  6  mars  1 855,  elle  entra  à  l'Hôtel-Dieu  dans  mon  service.  Sur  la  par- 
tie latérale  gauche  du  cou  existait  une  bride  saillante,  de  la  forme  d'un 
triangle,  s' étendant  de  la  partie  inférieure  du  visage  à  la  partie  supérieure 
du  thorax.  Elle  était  rougeâtre,  tout  à  fait  insensible;  son  épiderme  était 
mince,  rugueux,  luisant.  Elle  était  fortement  tendue,  très-épaisse,  et  forçait 
la  tête  et  le  cou  à  s'incliner  sur  le  cou  et  l'épaule.  La  face  était  asymétrique. 
La  longueur  du  tissu  cicatriciel,  y  compris  la  bride,  depuis  la  pommette 
jusqu'à  la  poitrine,  était  de  19  centimètres. 

»  Cette  jeune  fille  avait  été  opérée  le  25  septembre  1849  Par  un  médecin 
qui,  après  une  incision  transversale  habilement  pratiquée,  avait  essayé  de 
maintenir  le  cou  dans  l'extension.  Il  n'obtint  qu'une  amélioration  momen- 
tanée. 

»  Le  20  avril,  je  pratiquai  l'opération  d'après  mon  procédé;  le  28  mai, 
je  fis  la  section  du  pédicule,  et  le  24  juin  la  malade  quitta  l'hôpital.  Avant 
l'opération,  la  tête  était  tout  à  fait  inclinée  sur  l'épaule  et  portée  un  peu  en 
avant;  l'angle  de  la  mâchoire  n'était  distant  de  la  partie  moyenne  de  la  cla- 
vicule que  de  8  centimètres.  Le  i5  septembre,  j'examinai  la  malade  :  la 


(  48o  ) 
tète  était  droite  et  l'inclinaison  facile  ;  la  distance  de  l'angle  de  la  mâchoire 
gauche  à  la  partie  moyenne  de  la  clavicule,  dans  l'inclinaison  un  peu  forcée, 
était  de  1 7  centimètres.  Le  seul  mouvement  de  rotation  à  droite  était  encore 
limité.  Tout  le  tissu  cicatriciel  avait  pris  de  la  souplesse;  la  sensibilité  y 
était  très-développée  ;  le  lambeau  était  de  niveau  avec  les  tissus  circonvoi- 
sins;  un  soulèvement  à  peine  sensible  s'observait  à  l'endroit  où  le  pédicule 
avait  été  coupé;  le  lambeau  avait  4  centimètres  et  demi  dans  son  diamètre 
vertical  et  3  dans  le  transversal  ;  il  était  éloigné  de  5  centimètres  et  demi  du 
lieu  où  il  avait  été  pris. 

»  Depuis  longtemps  la  chirurgie  plastique  a  prouvé  qu'on  pouvait  obtenir 
des  résultats  extraordinaires  dans  les  réparations  du  corps  humain.  L'ob- 
servation dont  l'Académie  a  bien  voulu  entendre  la  lecture,  démontre  com- 
ment la  science  réparatrice  peut  conduire  le  chirurgien  à  des  applications 
propres  à  éclairer  certains  points  de  physiologie  et  d'anatomie.  Elle  a  dévoilé 
la  sensibilité  dans  un  tissu  réputé  insensible,  en  faisant  ressortir  cette  pro- 
priété par  la  seule  application  de  la  greffe  animale.  Elle  fait  voir  aussi  com- 
bien étaient  peu  fondées  les  idées  de  Delpech  qui,  persuadé  de  la  constante 
rétractilité  du  tissu  modulaire,  avait  proposé  comme  règle  d'en  faire  l'extir- 
pation. Pendant  longtemps  aussi,  j'ai  cru  que  c'était  le  seul  moyen  pour 
arriver  à  la  guérisou  :  j'ai  dû  renoncer  à  cette  opinion  en  présence  des  ré- 
sultats obtenus.  Ce  grand  pathologiste  n'avait  vu  que  le  fait,  et  ne  s'était 
pas.  demandé  s'il  existait  un  moven  de  s'opposer  à  cette  influence  rétrac- 
tile. 

«  L'observation  précédente  vient  confirmer  les  principes  que  j'ai  posés 
et  donner  une  sanction  nouvelle  à  des  vérités  pratiques  que  l'expérimenta- 
tion et  l'observation  ont  mises  en  évidence.  » 

„       MÉMOIRES   PRÉSENTÉS. 

M.  Jules  Ci-oquet,  en  présentant  un  Mémoire  de  M.  Longet,  s'exprime 
en  ces  termes  : 

«  M.  Longet,  qu'une  douloureuse  maladie  retient  chez  lui  depuis  plu- 
sieurs semaines,  m'a  prié  de  communiquer,  en  son  nom,  à  l'Académie,  un 
Mémoire  qui  est  extrait  d'un  travail  plus  étendu  et  intitulé  :  Etudes  expéri- 
mentales et  critiques  sur  les  divers  liquides  digestifs  de  l'économie  animale, 
travail  dont  il  se  propose  de  soumettre  les  principaux  résultats  à  l'Académie, 


'(  48i  ) 
avant  leur  publication  dans'  le  second  volume  de  son  Traité  de  Physio- 
logie. 

»  Le  nouveau  Mémoire  de  M.  Longet,  dont  je  vais  faire  connaître  les 
conclusions,  et  qui  présente  un  grand  intérêt  à  la  fois  sous  le  rapport  chi- 
mique et  sous  le  rapport  physiologique,  porte  le  titre  suivant  :  Du  suljo- 
cyamire  de  potassium  considéré  comme  un  des  éléments  normaux  et  con- 
stants de  la  salive. 

»   Voici  les  conclusions  par  lesquelles  M.  Longet  termine  ce  Mémoire  : 

«  i°.  Le  sulfocyanure  de  potassium,  qui,  d'après  l'opinion  la  plus  géné- 
ralement admise,  n'existerait  pas  normalement  dans  la  salive  de  l'homme, 
mais  s'y  développerait  sous  certaines  influences  fortuites,  ou  même  dont 
l'apparition  serait  liée  à  un  état  pathologique,  doit,  au  contraire,  être  consi- 
déré comme  un  des  principes  normaux  et  constants  de  ce  Jluide. 

»  20.  Il  se  rencontre  •non-seulement  dans  la  salive  mixte  ou  buccale,  mais 
aussi  dans  la  salive  parotidienne  et  dans  les  salives  sous-maxillaire  et  sub- 
linguale. 

»  3°.  Sa  présence  caractérise,  en  quelque  sorte,  la  sécrétion  salivaire; 
car  la  sueur,  l'urine,  les  larmes,  le  liquide  cérébro-spinal,  le  sérum  du  sang 
et  la  sérosité  provenant  de  vésicatoires,  ne  m'ont  jamais  donné  aucune  trace 
de  sulfocyanure  :  il  en  a  été  de  même  du  fluide  pancréatique  pris  chez  le 
mouton  et  le  bœuf. 

»  4°-  Ce  sel  existe  dans  la  salive  en  proportions  variables,  mais  toujours 
très-petites  :  ces  variations  ne  dépendent  ni  de  l'âge,  ni  du  sexe,  ni  du  ré- 
gime, ni  d'états  particuliers  du  système  nerveux,  mais  seulement  du  degré 
de  concentration  du  liquide  salivaire. 

»  5°.  Avec  un  trop  grand  état  de  fluidité  de  la  salive,  succédant  à  une 
excrétion  très-abondante,  le  sulfocyanure  peut  devenir  inappréciable  aux 
réactifs  ;  mais,  dans  ce  cas,  il  suffit  de  concentrer  le  liquide  salivaire  par  une 
évaporation  lente,  pour  obtenir  constamment  la  réaction  caractéristique  de 
la  présence  du  sulfocyanure,  comme  je  l'ai  observé  dans  Jepyrosis  et  les 
salivations  mercurielles. 

»  6°.  L'état  sain  ou  morbide  des  dents  n'a  aucune  influence  sur  la  pré- 
sence ou  l'abondance  de  ce  produit,  qui  d'ailleurs  se  retrouve  aussi  chez  les 
personnes  absolument  dépourvues  de  dents. 

»  70.  Le  sulfocyanure  ne  résulte  pas  non  plus,  comme  on  l'avait  avancé, 
d'une  altération  spontanée  de  la  salive. 

C.  R.,  i856,   i«  Si-mrttre.  (T.  XLH,  N°  10.)  64 


(  48a  ) 

»  8°.  Pour  Y  isoler  comme  je  l'ai  fait,  il  importe  d'analyser  de  préférence 
la  salive  d'individus  à  jeun. 

»  90.  De  tous  les  persels  de  fer,  le  perchlorure  est  le  meilleur  réactif  pour 
déceler  la  présence  du  sulfocyanure  dans  la  salive;  il  donne  à  ce  liquide, 
suffisamment  concentré,  une  belle  coloration  rouge  de  sang. 

»  i  o°.  Aucune  autre  substance  organique  ou  inorganique,  contenue  dans 
la  salive,  ne  donne  lieu,  avec  le  perchlorure  de  fer,  à  la  même  réaction  que 
le  sulfocyanure  :  c'est  à  tort  qu'on  a  rapporté  la  précédente  coloration  à  la 
présence  d'acétates  alcalins  dans  le  fluide  salivaire.  » 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

physique.  —  Description  d'un  nouvel  appareil  de  recherches ,  fondé  sur  les 
interférences  ;  parlSl.  J.  Jamin. 

(Commissaires,  MM.  Biot,  Regnault,  de'Senarmont.) 

«  L'instrument  que  je  vais  décrire  est  une  application  du  phénomène  des 
anneaux  développés  par  la  réflexion  sur  les  lames  épaisses.  Je  prends  une 
glace  à  faces  parallèles  qui  doit  être  taillée  dans  une  matière  très-pure  et 
parfaitement  dressée;  je  la  coupe  en  deux  parties,  je  fixe  verticalement  la 
première  sur  un  support  solide  et  je  reçois  sur  elle  la  lumière  venue  d'une 
lampe  ou  du  ciel.  Chacun  des  rayons  incidents  se  résout  par  des  réflexions 
et  des  réfractions  successives  en  une  infinité  d'autres ,  et  donne  en  particu- 
lier naissance  à  des  rayons  réfléchis,  l'un  à  la  surface  antérieure  de  la  glace, 
l'autre  à  la  surface  postérieure  :  le  troisième  a  subi  trois  réflexions  inté- 
rieures, le  quatrième  en  a  éprouvé  cinq,  etc.  Mais  comme  les  intensités 
diminuent  rapidement  quand  les  réflexions  se  multiplient,  on  peut  n'exa- 
miner que  les  deux  première  dont  l'effet  dissimule  tous  les  autres.  L'écarte- 
ment  de  ces  deux  rayons  atteint  un  maximum  pour  une  incidence  conve- 
nable, il  est  proportionnel  à  l'épaisseur  de  la  glace,  il  pourra  conséquemment 
être  aussi  grand  ou  aussi  petit  qu'on  le  voudra. 

»  Ces  deux  rayons  se  propagent  parallèlement  dans  l'air  jusqu'à  une 
distance  qu'on  peut  augmenter  ou  diminuer  à  volonté;  ils  sont  enfin  reçus 
sur  le  deuxième  fragment  de  la  glace,  que  l'on  dirige  parallèlement  au  pre- 
mier ;  chacun  d'eux  s'y  réfléchit  à  la  première  et  à  la  deuxième  surface,  et  le 
faisceau  primitif  se  trouve  alors  avoir  été  partagé  en  quatre  rayons  paral- 
lèles. Dans  cette  action  deux  d'entre  eux  se  sont  évidemment  superposés, 
ce  sont  :   i°  le   rayon  réfléchi  aux   surfaces,  antérieure  de  la  première 


(483  ) 
glace  et  postérieure  de  la  seconde  ;  a°  le  rayon  réfléchi  aux  faces,  posté- 
rieure de  la  première  glace  et  antérieure  de  la  seconde,  et  non-seulement 
ils  se  superposent  en  direction,  mais  ils  sont  égaux  en  intensité,  et  ils  ont 
parcouru  les  mêmes  épaisseurs  d'air  et  de  verre  :  ils  sont  concordants. 

»  Quand  les  deux  glaces,  au  lieu  d'être  exactement  parallèles,  s'inclinent 
entre  elles  d'une  quantité  croissante,  les  deux  rayons  interférents  cessent  de 
se  superposer  exactement  ;  ils  prennent  des  différences  de  marche  croissan- 
tes, et  si  l'on  reçoit  dans  l'œil  l'ensemble  des  rayons  réfléchis,  on  distingue 
des  franges  alternativement  brillantes  et  obscures.  L'expérience  et  la  théorie 
s'accordent  pour  montrer  que  ces  franges  peuvent  être  horizontales,  ou  ver- 
ticales, ou  inclinées,  être  déliées  et  serrées  l'une  contre  l'autre,  quand  les 
glaces  sont  inclinées,  et  qu'elles  s'élargissent  et  se  séparent  pour  dégénérer 
en  teintes  plates  à  mesure  que  les  miroirs  s'approchent  du  parallélisme 
parfait. 

»  Voilà  donc  un  phénomène  d'interférences  déterminé  par  les  réflexions 
sur  deux  glaces  parallèles.  La  première  dédouble  un  faisceau  incident  en 
deux  rayons,  qui  sont  d'autant  plus  écartés  que  la  glace  est  plus  épaisse,  et 
qui  marchent  parallèlement.  Une  seconde  glace  les  réunit,  produit  des 
franges,  que  l'on  écarte  ou  que  l'on  resserre  à  volonté  ;  elles  sont  absolu- 
ment fixes,  ce  qu'il  faut  attribuer  à  la  parfaite  solidarité  des  deux  surfaces 
de  chaque  glace;  elles  sont  très-éclairées;  et  cet  appareil  n'exige,  ni  fente 
étroite  bien  orientée,  ni  miroirs  inclinés  bien  réglés,  ni  loupe  pour  viser  les 
franges,  ni  aucune  des  précautions  minutieuses  ordinairement  exigées  poul- 
ies expériences  d'interférence.  Veut-on  maintenant  faire  des  applications, 
on  dirigera  sur  la  première  glace  un  faisceau  convenablement  diaphragmé. 
Les  deux  rayons  réfléchis  seront  reçus  dans  deux  tubes  parallèles,  longs  ou 
courts,  et  quand  on  fera  varier  la  nature  ou  l'état  physique  des  milieux 
enfermés  dans  ces  tubes,  on  déplacera  ces  franges;  leur  grande  largeur  et 
leur  fixité  permettront  d'apprécier  et,  s'il  en  est  besoin,  de  mesurer  la  dif- 
férence des  vitesses  des  deux  rayons.  Cet  appareil  pourra  donc  remplacer 
le  réfractomètre  différentiel  d'Arago  avec  de  grands  avantages  de  commo- 
dité, de  fixité  et  de  sensibilité. 

»  On  peut  même  se  dispenser  de  limiter  le  faisceau  lumineux;  on  peut 
recevoir  sur  la  glace  objective  la  lumière  des  nuées  et  regarder  directement 
son  image  dans  la  lame  oculaire;  on  voit  des  franges  un  peu  lavées,  mais 
encore  très-distinctes,  s'étaler  dans  toute  l'étendue  du  faisceau,  absolument 
comme  on  voit  les  anneaux  de  Newton  dans  toute  l'étendue  de  la  double 
lentille  qui  les  forme,  et  quand  on  place  entre  les  deux  glaces,  parallèle- 

6/,.. 


(  m  ) 

ment  à  la  direction  des  deux  rayons  interférants,  une  lame  plane  quel- 
conque plongée  dans  un  gaz  ou  dans  un  liquide,  un  des  rayons  rase  le 
bord  de  la  lame,  l'autre  en  est  éloigné,  et  si  une  modification  physique  ou 
chimique  se  produit  au  contact  du  solide  immergé,  elle  se  révèle  aussitôt 
par  une  déformation  des  franges  au  contact  de  l'ombre  portée  par  la  lame. 
Réduit  à  cette  simplicité,  l'appareil  accuse  toute  variation  de  température, 
tout  changement  de  densité,  toute  action  chimique,  produits  au  contact. 
Je  vais  citer  à  ce  sujet  quelques  expériences;  je  le  ferai  très-sommaire- 
ment, me  réservant  de  compléter  et  de  développer  chacune  d'elles  dans 
des  Mémoires  spéciaux. 

»  I.  On  plonge  dans  une  dissolution  des  lames  de  différente  nature  : 
l'indice  du  liquide  se  montre  plus  grand  au  contact  du  solide;  l'action, 
d'abord  faible,  s'exagère  ensuite,  puis  disparaît,  après  quelques  minutes 
d'immersion.  Cette  première  action,  qui  tient  probablement  à  la  dissolu- 
tion lente  des  gaz  que  ces  lames  avaient  condensés,  se  reproduit  toutes  les 
fois  que  l'on  soulève  la  plaque.  Quand  elle  a  cessé  d'être  sensible,  tout 
effet  disparaît,  si  les  solides  plongés  ne  sont  point  attaqués,  et  fait  place  à 
une  autre  variation  de  l'indice  déterminée  par  l'action  chimique,  si  elle  se 
produit.  On  voit  ainsi  les  métaux  oxydables  se  dissoudre  dans  l'eau  distillée 
aérée,  et  rester  neutres  dans  l'eau  privée  d'air;  comme  on  devait  s'y  atten- 
dre, l'indice  est  quelquefois  augmenté,  quelquefois  diminué,  et  les  dépla- 
cements des  franges  se  font  quelquefois  dans  un  sens,  quelquefois  dans  le 
sens  opposé.  On  a  ainsi  un  moyen  de  reconnaître  les  actions  chimiques 
lentes. 

»  II.  Quant  on  dirige  un  courant  électrique  dans  un  liquide  quelcon- 
que, l'électrolysation  fait  varier  la  densité  au  contact  des  conducteurs,  et 
le  déplacement  des  franges  rend  cette  action  sensible,  quelle  que  soit  la  faible 
intensité  des  courants  qui  la  font  naître.  Alors  la  polarisation  des  électro- 
des, le  transport  des  éléments  décomposés,  tous  les  changements  chimi- 
ques deviennent  pour  ainsi  dire  visibles,  et  ces  effets  peuvent  être  suivis 
dans  leurs  détails  par  la  variation  des  franges. 

»  III.  La  moindre  augmentation  de  température  est  accusée  par  une 
modification  énergique  du  phénomène  optique.  Quand,  par  exemple,  on 
fait  passer  le  courant  d'un  seul  élément  Bunsen  dans  l'eau  distillée,  on 
n'obtient  que  des  effets  chimiques  faibles;  mais  si  l'on  arme  avec  cette  bat- 
terie l'appareil  de  Ruhmkorff,  et  qu'on  fasse  passer  le  courant  d'induction 
dans  le  même  liquide,  on  développe  un  effet  calorifique  très-intense.  Une 
fois  prévenu  de  cette  action,  j'ai  pu  la  constater  par  un  thermomètre  et  ob- 


(485) 
i 
tenir  une  élévation  de  8  degrés  dans  20  grammes  d'eau  en  vingt-quatre  mi- 
nutes. Les  solutions   salines,    ou  l'eau  rendue  conductrice,    n'éprouvent 
pas  cette  action. 

»  IV.  Quand  on  plonge  dans  un  sel  de  fer  les  armatures  d'un  électro- 
aimant énergique,  on  voit  augmenter  la  richesse  de  la  solution  au  contact 
des  pôles,  le  sel  de  fer  est  attiré,  l'eau  est  repoussée,  et  comme  cette  action 
est  progressive  et  qu'elle  augmente  avec  le  temps,  elle  arrive  toujours  à 
être  visible,  même  avec  des  solutions  étendues  et  des  aimants  peu  énergi- 
ques :  une  fois  concentrée  au  pôle,  la  solution  y  cristallise. 

»  V.  On  place  dans  une  solution  saline  saturée  un  cristal  déjà  formé  du 
même  sel  ;  on  sait  qu'il  continue  à  s'accroître  par  l'addition  successive  de 
couches  nouvelles.  On  voit  très-nettement  l'indice  de  la  solution  augmen- 
ter en  allant  du  sein  du  liquide  vers  la  surface  cristalline,  comme  si  les  mo- 
lécules du  sel  y  étaient  attirées  par  une  force  spéciale;  mais  quand  on 
approche  jusqu'à  une  très-petite  distance  du  cristal,  on  reconnaît  un  effet 
inverse,  c'est-à-dire  que  l'indice  de  la  dissolution  décroît  rapidement  jus- 
qu'au contact,  soit  que  la  concentration  s'affaiblisse  dans  toute  l'étendue 
de  la  couche  mince  qui  baigne  sa  surface,  soit  que  la  chaleur,  dégagée  au 
moment  de  la  cristallisation,  amène  une  diminution  de  l'indice.  Il  faudra 
voir  si  cet  effet  n'est  pas  variable  en  intensité,  suivant  la  direction  de  la 
surface  par  rapport  aux  axes  cristallographiques.  » 

géométrie.  —  Note  sur  un  genre  particulier  de  surfaces  réciproques; 

par  M.  Ossian  Bonnet. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Géométrie.) 

«  Monge  a  appelé  surfaces  réciproques  deux  surfaces  telles,  qu'en  dési- 
gnant par  je,  y,  z  les  coordonnées  rectangulaires  d'un  point  de  la  pre- 
mière et  par  jc,  ,  jrt ,  z,  les  coordonnées  par  rapport  aux  mêmes  axes  du 
point  correspondant  de  la  seconde,  on  a 

,    N  dz  dz 

(')  X<  =  dlc=:P'        ^t=dJ  =  ^         Z,  =  Z-pX-qj. 

Ces  surfaces  présentent,  en  effet,  une  réciprocité  dans  l'expression  des  coor- 
données de  leurs  points,  et  des  équations  (1)  on  déduit  aisément 

dz,  dz, 


(  486) 
mais  il  ne  paraît  pas  qu'il  y  ait  rien  d'analogue  au  point  de  vue  géomé- 
trique . 

»  J'ai  été  conduit  à  une  autre  espèce  de  surfaces  réciproques  qui  satis- 
font, comme  celles  de  Monge,  à  la  condition  de  réciprocité  analytique,  et 
qui  sont  en  outre  liées  par  quelques  propriétés  géométriques  assez  remar- 
quables. 

»   Je  fais 


x,  =  x 


Pzy      J*=J  +  qz,       z,=  iz  y  1  -+-  p*  -f-  ç2 


i  étant  l'unité  imaginaire  \j—ié,  c'est-à-dire  je  prends  pour  x{  et  y,  l'a:  et 
Yy  du  point  où  la  normale  à  la  première  surface  perce  un  plan  fixe  choisi 
pour  celui  des  x,y,  et  pour  zt  la  longueur  de  la  normale  multipliée  par  i. 
De  cette  manière,  à  tout  point  réel  de  la  première  surface  répond  un  point 
imaginaire  de  la  seconde,  et  réciproquement;  ce  qui  n'empêche  pas  les 
surfaces  d'être  dans  bien  des  cas  toutes  les  deux  réelles.  Ainsi,  la  première 
surface  étant  un  ellipsoïde  et  le  plan  des  x,  y  étant  le  plan  principal  per- 
pendiculaire à  l'axe  minimum,  la  seconde  surface  est  un  hvperboloïde  à  une 
nappe,  dont  l'axe  imaginaire  est  l'axe  minimum  de  l'ellipsoïde  et  qui  a  pour 
sommets  sur  les  axes  des  x  et  des  y  les  foyers  des  sections  principales  de 
l'ellipsoïde,  situées  dans  les  plans  des  x,  z  et  des -y,  z. 
»  Des  équations  (2),  on  déduit 


x  =X,  +/),:•„       y=yl-Jrqizl,        z  =  —  iz,  y/i  ■+-  p\  -f-  q\. 

Ce  qui  montre  d'abord  que  les  surfaces  sont  réciproques  par  rapport  à 
l'expression  des  coordonnées  de  leurs  points. 

»  Voici  maintenant  quelques  propriétés  géométriques  des  surfaces  dont 
il  s'agit. 

»  i°.  a,  b,  e  étant  les  cosinus  des  angles  formés  par  la  normale  à  la  pre- 
mière surface  avec  les  axes  des  coordonnées,  et  «,,  b,,  c,  les  cosinus  des 
angles  analogues  pour  le  point  correspondant  de  la  seconde  surface, 
on  a 


d'où 


1  a  ,  h 

C.  =  -j  a.  =  ->  (0.  =  -: 

c  c  r 


I  n,  .  h, 

C  —  -,        a  =  —  >        0  =  — 

c,  c,  c, 


»   2°.  Les  lignes  de  courbure  sont  des  lignes  conjuguées  dans  les  deux 


(  487  ) 
surfaces  ;  de  telle  sorte  que,  si 

j\x,  J,  z)  =  o 

est  une  équation  des  lignes  de  courbure  de  la  première  surface, 

f{x,-hplzl,  y,  +qtzA,  -izt\ji  +  p\  +  qf>  =  o 

sera  une  équation  des  lignes  de  courbure  de  la  seconde  surface. 

»  3°.  p  étant  un  rayon  de  courbure  principal  de  la  première  surface  et  Ç 
le  z  du  centre  de  courbure  situé  à  l'extrémité  de  ce  rayon,  p,  et  Ç4  les  quan- 
tités analogues  à  p  et  Ç  pour  le  point  correspondant  de  la  seconde  surface, 
on  a 

»  Il  résulte  immédiatement  de  cette  propriété  que  les  surfaces  à  arre 
minima  ont  pour  réciproques  les  surfaces  pour  lesquelles  la  somme  des 
deux  rayons  de  courbure  principaux  est  égale  en  chaque  point  au  dou- 
ble de  la  normale,  c'est-à-dire  les  surfaces  dont  nous  avons  donné 
pour  la  première  fois  l'équation  intégrale  dans  notre  dernière  commu- 
nication. 

»  4°-  ^S  étant  l'élément  de  surface,  p  et  p'  les  deux  rayons  de  courbure 
principaux  pour  la  première  surface,  et  dS,,  p{,  p\  les  quantités  analogues 
pour  la  seconde  surface,  on  a 

z2dS  _     _  z;rfS, 
P?'  P'Pi 

»  5°.  erV  étant  l'élément  de  volume  parallélipipédique  et  parallèle  aux  z 
de  la  première  surface,  dV,  l'élément  correspondant  de  la  seconde  surface, 
on  a 

d\  '      rfV, 
.  .  z?p'  ~~  *if)P( 

»  Il  est  important  de  remarquer  qu'une  surface  n'a  pas  de  réciproque 
quand  elle  est  l'enveloppe  d'une  suite  de  sphères  dont  les  centres  par- 
courent une  ligne  tracée  dans  le  plan  de  x,y.  En  effet,  dans  ce  cas,  x-+-  pz, 
y  -+-  qz  sont  liées  par  une  relation  et  ne  peuvent  plus  être  prises  pour 
variables  indépendantes.  » 


(  m  ) 

optique.  —  Mémoire  siir  les  conditions  auxquelles  il  faut  satisfaire  clans 
la  construction  des  appareils  optiques,  pour  obtenir  des  images  qui  soient 
exemptes  de  déformations  ;  par  M.  Breton,  de  Champ.  (Extrait  par 
l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Babinet,  Chasles.) 

«  Les  images  formées  dans  la  chambre  obscure,  dans  les  télescopes,  et 
en  général  dans  les  appareils  de  toute  nature  destinés  à  augmenter  la  puis- 
sance de  la  vision,  sont  parfaitement  fidèles  lorsqu'on  les  restreint  à  leur 
partie  la  plus  centrale.  Mais  il  n'en  est  pas  toujours  de  même  dans  les 
parties  éloignées  du  centre.  On  y  remarque  souvent  des  déformations  qui 
se  manifestent  notamment  en  ce  que  des  lignes  qu'on  sait  être  droites  pa- 
raissent courbées.  C'est  là  un  inconvénient  que  l'on  doit  chercher  à  éviter 
dans  la  construction  des  objectifs  de  daguerréotype  ;  mais  ce  n'est  pas  tout. 
Les  mêmes  déformations  existent  ou  peuvent  exister,  quoique  moins  sensi- 
bles, dans  les  images  formées  au  foyer  des  instruments  de  précision,  et 
elle  affecte  les  déterminations  que  l'on  conclut  de  mesures  prises  sur  ces 
images,  d'où  résulte  la  nécessité  de  se  rendre  un  compte  exact  de  l'influence 
de  cette  cause  d'erreur. 

»  Le  présent  Mémoire  a  pour  objet  de  faire  connaître  un  procédé  de 
calcul  à  l'aide  duquel  on  peut  déterminer,  pour  un  instrument  tout  construit 
ou  seulement  projeté,  les  déformations  des  images  qu'il  donnera,  et  par  suite 
les  relations  spéeiales  qu'il  faudrait  établir  entre  ses  éléments  constitutifs 
pour  obtenir  des  images  fidèles.  Je  démontre  d'abord  qu'il  suffit  de  consi- 
dérer une  section  centrale  de  l'appareil.  J'établis  ensuite  les  formules  qui 
donnent  les  coordonnées  du  point  d'incidence  du  rayon  sur  l'une  quel- 
conque des  surfaces  réfringentes  ou  réfléchissantes,  ainsi  que  sa  direction 
après  qu'il  a  subi  l'action  de  cette  surface.  Ces  formules  sont  préparées  pour 
un  calcul  successif,  et  consistent  toujours  dans  des  polynômes  entiers  par 
rapport  aux  variables  qui  y  entrent.  » 

anatomie  comparée  des  végétaux.  —    Ordre  des  Orobanchées  {genres 
Orobanche  et  Phelipœa);  par  M.  Ad.  Cbatin.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Botanique.) 

«  L'ordre  des  Orobanchées  est,  sans  contredit,  l'un  des  plus  importants  à 
connaître  parmi  les  plantes  parasites,  soit  que  l'on  considère  le  grand  nombre 


(489) 
de  ses  espèces,  les  dégâts  causés  par  plusieurs  de  celles-ci  dans  nos  cultures, 
sa  structure  ou  son  mode  de  végétation. 

»  Malgré  quelques  observations  intéressantes  à  plusieurs  égards,  mais 
isolées,  incomplètes  et  peu  propres  à  nous  faire  connaître  la  véritable  orga- 
nisation, même  du  seul  genre  Orobanche,  l'anatomie  de  l'ordre  restait  véri- 
tablement tout  entière  à  faire.  Dix-huit  planches  sont  le  moins  que  j'aie  cru 
pouvoir  donner  pour  représenter,  même  d'une  manière  incomplète,  des 
observations  anatomiques  qui  offrent  encore  plusieurs  lacunes,  que  je  m'ef- 
forcerai de  combler  par  un  supplément  au  Mémoire  et  aux  planches,  dans 
le  cours  du  prochain  été.  Dix  planches  sont  consacrées  aux  deux  grands 
genres  Orobanche  et  Phelipœa,  dont  l'examen  fait  le  sujet  de  la  partie  de 
mes  recherches  que  je  soumets  aujourd'hui  à  l'Académie  des  Sciences. 

»  Les  points  sur  lesquels  j'ai  cru  devoir  spécialement  fixer  mon  attention 
sont  :  le  mode  d'adhérence  de  la  parasite  à  la  plante  nourricière,  mode  qui 
s'éloigne  beaucoup  de  celui  que  j'ai  fait  connaître  chez  les  Cuscutacées  et 
les  Cassythacées,  dans  les  plantes  adultes  du  moins;  le  rhizome  ou  la  partie 
inférieure  et  souterraine  ordinairement  renflée  de  la  tige;  la  tige  propre- 
ment dite  ou  tige  aérienne;  enfin  les  écailles  ou  feuilles  squammiformes  qui 
recouvrent  celle-ci. 

»  La  racine  étrangère  qui  porte  la  nourriture  à  un  Orobanche  ou  à  un 
Phelipœa  se  présente  ordinairement  comme  implantée  par  son  extrémité 
dans  la  base  tubéreuse  de  celui-ci.  Si  l'on  pratique  une  coupe  intéres- 
sant à  la  fois,  dans  leur  point  d'adhérence,  la  parasite  et  la  nourrice,  on 
reconnaît,  en  se  servant  d'un  grossissement  suffisant,  que  les  fibres  et  les 
vaisseaux  des  deux  plantes  marchent  à  l'encontre  les  uns  des  autres,  s'é- 
parpillent en  éventail  et  s'enchevêtrent  ensemble,  en  même  temps  que  le 
parenchyme  cortical  de  la  parasite  enveloppe  la  portion  ligneuse  axile  de 
la  nourrice  et  se  resserre  derrière  son  sommet  évasé,  disposition  dont  l'un 
des  effets  est  d'ajouter  à  la  solidité  de  l'adhérence.  Il  ne  paraît  donc  y  avoir, 
au  premier  aspect,  aucune  analogie  entre  les  connexions  des  Orobanches 
avec  les  tissus  étrangers  nourriciers  et  celles  qu'on  observe  chez  les  Cuscu- 
tacées, les  Cassythacées,  les  Rhinanthacées,  etc.,  plantes  qui  envoient  dans 
les  espèces  aux  dépens  desquelles  elles  vivent  des  sortes  de  racines  terminées 
par  une  extrémité  parenchymateuse  en  forme  de  spongiole,  à  l'intérieur  de 
laquelle  reste  toujours  enfermé  l'élément  fibro-vasculaire  ramassé  en  un  petit 
cône  ;  mais  ces  différences  dans  la  distribution  des  éléments  anatomiques 
au  point  de  soudure  des  suçoirs  s'effacent  quand  on  remonte  au  jeune  âge 

C.   K  ,  i856,  1"  Semestre.  (T.  XUl,  N°  10. !  65 


(  m  ) 

des  Orobanches.  On  voit  alors,  en  effet,  que  la  différence  principale  entre 
ces  dernières  et  les  plantes  munies  dé  cônes-suçoirs  consiste  en  ce  que  l'état, 
qui  chez  celles-ci  persiste  toujours,  n'est  chez  elles  que  transitoire. 

»  L'examen  de  la  tige  des  Orobanches,  fait  à  diverses  hauteurs,  met  en 
lumière  ce  fait  inattendu,  qu'elle  présente  des  rayons  médullaires  ou  en  est 
dépourvue,  suivant  le  point  où  on  l'examine.  Dans  toute  la  portion  sou- 
terraine, et  souvent  un  peu  au-dessus,  le  parenchyme  cortical  et  le  paren- 
chyme médullaire  communiquent  largement  entre  eux  par  le  tissu  cellulaire 
qui  isole  les  faisceaux  fibro-vasculaires  ;  plus  haut,  ces  faisceaux  sont  com- 
plètement réunis  en  un  cercle  qui  entoure  la  moelle. 

»  Une  autre  différence  capitale  entre  la  portion  rhizomateuse  et  la  portion 
aérienne  des  tiges  est  que  la  première  est  exclusivement  formée  de  vaisseaux 
ponctués  submoniliformes,  tandis  que  chez  la  seconde,  aux  vaisseaux  ponc- 
tués, devenus  plus  longs,  s'ajoutent  des  vaisseaux  de  plusieurs  sortes,  et 
notamment  des  trachées  à  spire  déroulable. 

»  D'autres  différences  entre  le  rhizome  et  la  tige  florale  consistent  en  ce 
que  le  premier,  d'ailleurs  privé  de  stomates,  contient  habituellement  dans 
son  parenchyme  de  la  fécule,  que  remplacent  peu  à  peu  dans  celle-ci  des 
granules  ni  verts  ni  amylacés  et  des  gouttelettes  huileuses.  La  nature  des 
fibres  établit  encore  une  ligne  de  démarcation  entre  la  partie  souterraine  et 
la  partie  aérienne  des  tiges. 

»  Dans  la  tige  floriflère  comme  dans  le  rhizome,  les  vaisseaux,  généralement 
groupés  et  irrégulièrement  prismatiques,  se  disposent  de  deux  manières  : 
tantôt,  et  c'est  là  le  cas  général,  ils  sont  réunis  par  paquets  ou  faisceaux  dis- 
posés sur  une  ligne  circulaire  dans  l'épaisseur  de  la  zone  continue  des  fibres 
ligneuses;  tantôt,  au  contraire,  ils  forment,  comme  dans  le  Phelipœa  ra- 
mosa,  un  cercle  continu  inscrit  dans  le  cercle  fibreux  et  entourant  directe- 
ment la  moelle. 

»  La  structure  des  écailles  de  la  tige  florifère  est  assez  uniforme  et  digne 
d'intérêt.  L'épiderme  des  deux  faces  renferme  assez  souvent  des  gouttelettes 
et  des  grains  oléorésineux,  qu'on  retrouve  aussi  dans  le  parenchyme,  même 
vers  la  face  supérieure  qui  manque  de  stomates.  Ces  derniers,  dont  la  pré- 
sence coïncide  avec  l'absence  de  matière  verte,  paraissent  d'ailleurs  man- 
quer, tant  sur  les  écailles  que  sur  la  tige  du  Phelipœa  ramosa.  A  cet  égard 
on  remarquera  que  Vaucher,  qui  a  commis  deux  erreurs,  ou  plutôt  qui  a 
pris  deux  fois  l'exception  pour  l'état  général,  en  disant  que  les  Orobanches 
ont  une  couronne  de  trachées  autour  de  la  moelle  et  manquent  de  stomates, 
semble  n'avoir  examiné  que  le  Phelipœa  ramosa,  les  P.  cœrulœa,  arena- 


(49i  ) 
ria,  etc.,  étant  pourvus  de  stomates  et  ayant  les  vaisseaux  rapprochés  par 
paquets;  encore  les  vaisseaux  que  le  savant  botaniste  genevois  nomme  tra- 
chées sont-ils,  par  une  exception  qui  ne  s'offre  guère  encore  que  dans  le 
P.  ramosa,  de  simples  vaisseaux  annelés  non  déroulables.  » 

botanique.  —  Mémoire  sur  la  Flore  des   environs  de  Montevideo  et  de 
l'île  de  Saint- Gabriel;  par  M.  Corron. 

(Commissaires,  MM.  Brongniart,  Montagne,  Tulasne.) 

M.  Malingre  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  ayant  pour 
titre  :  De  l'amélioration  des  espèces  végétales. 

L'auteur  s'attache  à  prouver  qu'il  y  aurait  grande  utilité  à  apporter  au 
perfectionnement  des  plantes  usuelles  les  mêmes  soins  qu'on  apporte  dans 
tous  les  pays  un  peu  avancés  en  agriculture  au  perfectionnement  des  races 
d'animaux  domestiques.  Ce  qu'on  a  déjà  fait  dans  ce  but  semble  à  l'auteur 
fort  insuffisant  et,  dans  tous  les  cas,  mal  dirigé.  Ainsi  le  triage  mécanique, 
auquel  on  a  eu  parfois  recours,  ne  saurait,  suivant  lui,  donner  de  bons  ré- 
sultats; pour  le  cas  du  blé,  par  exemple,  on  a  pu  déjà  reconnaître  que  les 
plus  gros  grains  ne  donnent  pas  les  épis  les  plus  pesants.  M.  Malingre  pense, 
en  conséquence,  qu'on  devrait  avoir  recours  à  une  méthode  toute  différente, 
qu'il  désigne  sous  le  nom  de  sélection  individuelle,  méthode  dont  il  déve- 
loppe le  plan  dans  le  présent  Mémoire. 

(Renvoi  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Payen, 

Decaisne  et  Payer.  ) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  purlics 

adresse  un  certain  nombre  de  billets  pour  l'admission  à  la  séance  de  distri- 
bution des  prix  qui  aura  lieu  à  Poissy  le  mercredi  19  mars,  à  la  suite  du 
concours  pour  les  prix  d'animaux  de  boucherie. 

M.  Ronnet  (Ossian)  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  dans 
le  nombre  des  candidats  pour  la  place  vacante  dans  la  Section  de  Géomé- 
trie par  suite  du  décès  de  M.  Sturm. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  met  sous  les  yeux  de  l'Académie  divers  vo- 

65.. 


(  4<P) 

'  lûmes  de   publications   faites  par  l'Académie  impériale    des   Sciences  de 
Vienne.  * 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente  également  une  nouvelle  livraison 
des  Observations  météorologiques  faites  à  l'École  polytechnique  de  Lis- 
bonne (décembre  1 855). 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  manuscrites  de  la 
Correspondance,  deux  réclamations  qui  ont  été  adressées  à  l'Académie,  à 
l'occasion  du  Rapport  fait  dans  la  séance  précédente  sur  les  procédés  gal- 
vanoplastiques  de  M.  Lenoir. 

L'auteur  de  la  première,  M.  Gueyton,  cite  entre  autres  moulages  en 
ronde  bosse  qu'il  a  exécutés  par  les  moyens  galvanoplastiques,  un  bouquet 
présenté  en  1 85 1  à  l'Exposition  de  l'industrie  de  Londres,  bouquet  qui 
lui  a  valu  la  grande  médaille  d'honneur.  Il  ajoute  que  dès  i85oil  pouvait 
exécuter  sans  difficulté  des  moulages  en  ronde  bosse,  mais  qu'il  avait  trouvé 
que  pour  les  objets  de  petite  dimension  on  avait  plus  d'avantage  à  recourir 
à  l'ancien  mode  de  moulage.  Il  invoque,  quant  à  la  date  de  ses  produits  et 
à  leur  perfection,  le  témoignage  de  M.  Pouillet,  qui,  il  y  a  déjà  six  ans,  a 
montré  dans  son  cours  à  la  Sorbonne  plusieurs  de  ses  produits.  Enfin  il  cite 
deux  brevets  d'invention  obtenus  par  lui  en  i85o  et  i85i. 

M.  Zier,  auteur  de  la  seconde  Lettre,  s'attache  principalement  à  prouver 
qu'on  ne  peut  attribuer  à  M.  Lenoir  le  mérite  d'être  parvenu  le  premier  à 
obtenir  par  la  galvanoplastie  des  rondes  bosses  d'une  seule  pièce.  «  Mes  pre- 
miers essais  en  ce  genre  remontent,  dit-il,  à  1 842,  et  dès  1 843  j'ai  soumis  à 
M.  Pouillet,  pour  ses  démonstrations  au  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers, 
un  groupe  représentant  un  tigre  dévorant  un  cerf,  et  plusieurs  reproduc 
tions  de  bustes  antiques  exécutés  par  moi  chez  M.  Soyer....  Plus  tard,  en 
1849,  J  a*  exposé  de  nouveaux  essais  de  mes  rondes  bosses  exécutées  pour 

le  commerce Enfin  à  la  dernière  Exposition,  j'ai  soumis  au  jury  diverses 

statuettes  creuses,  que  j'ai  encore  chez  moi  à  la  disposition  de  la  Com- 
mission. » 

A  l'occasion  de  cette  communication,  la  Commission  qui  a  fait  le  Rapport 
sur  les  produits  de  M.  lenoir  exprime  le  désir  qu'on  demande  à  M.  Guej- 
ton  copie  des  brevets  pris  par  lui  en  i85o  et  i85i,  et  à  M.  Zier  la  descrip- 
tion détaillée  de  son  procédé,  avec  la  date  de  la  publication  de  cette 
description. 


(M) 

astronomie.  —  M.  Le  Verrier  présente  des  observations  de  la  planète  (39), 
faites  a  Vienne  par  M.  Littrow,  et  à  Florence  par  M.  Donati. 

Observations  de  Florence ,  faites  au  micromètre  circulaire. 

T.  m.  de  Florence.        M  (39)  —  m.  *         B.  (39)  _  D  *         Nombres  de  compar. 
Il       m       s  m       s  1        » 

i856.  Février  25  9-41    «6,2         —  2.40, 36         +  4-55,2  6 

26  9.  4-35,9        —  3.23,37        -1-12.36,6  5 

»  Voici  la  position  moyenne  de  l'étoile  de  comparaison  pour  i856,o. 

h        m       s  ,      „ 

m.  =  11.  i3. 4^,67  ,     déclin.  = +6.49.5,4         B.  A.  C.  3862. 

Observations  de  Vienne. 

T.  m.  de  Vienne.  M  app.  Dapp.  Comp.        Obs. 

hms  hms  ,10 

Février  24  9.27.16,8     11. 11. 48, 56     +6-46.5,4       8       Hornstein. 

»  Voici  la  position  moyenne  de  l'étoile  de  comparaison  pour  i856,o. 

hms  ,       „ 

31  =  11.13.42,64  D  =  +  6.4g.5,3. 

Brit.  Ass.  Cat.  38Ô2  (a  Leonis). 

»  L'éclat  de  la  planète  était  celui  d'une  étoile  de  9e  à  10e  grandeur.  » 

acoustique.  —  Remarques  à  l'occasion  d'une  Note  de  M.  Zamminer  sur  le 
mouvement  vibratoire  de  l'air  dans  les  tuyaux  ;  pareil.  G.  Wertheim. 

«  Le  Compte  rendu  du  26  novembre  i855  contenait  une  Note  de 
M.  Zamminer,  dans  laquelle  ce  physicien  annonçait  à  l'Académie  que  les 
formules  proposées  par  moi  pour  le  cas  des  tuyaux  cylindriques  n'é- 
taient pas  d'accord  avec  l'expérience.  Le  Mémoire  de  M.  Zamminer  venant 
de  paraître  {1),  je  crois  devoir  faire  remarquer  que  les  expériences  qui  y 
sont  décrites  ne  justifient  pas  la  conclusion  que  leur  auteur  en  a  tirée  ; 
non- seulement  parce  qu'elles  sont  en  petit  nombre  et  comprises  entre  des 
limites  trop  rapprochées,  mais  surtout  parce  qu'elles  ont  été  faites  à  l'aide 
de  tuyaux  qui  ne  paraissent  pas  avoir  été  convenablement  choisis.  L'au- 
teur n'indique  pas  même  quelle  était  pour  chaque  expérience  la  substance 


(i)  annales  de  Poggcndorff,  t.  XCVII,  p.  173. 


(494  ) 

de  la  paroi  du  tuyau  ;  aussi  les  résultats  sont-ils  ou  si  peu  exacts  ou  si 
peu  comparables  entre  eux,  qu'il  suffit  de  les  calculer  et  de  les  grouper 
autrement  que  ne  l'a  fait  M.  Zamminer  pour  être  conduit  à  quelques  con- 
séquences inconciliables  avec  les  faits  les  mieux  constatés  par  tous  les  phy- 
siciens qui  se  sont  occupés  de  cette  question.  Cette  observation  s'ap- 
plique précisément  aux  expériences  extrêmes  qui  s'écartent  davantage  de 
ma  formule;  à  part  celles-ci,  presque  toutes  les  différences  entre  le  calcul  et 
l'expérience,  que  M.  Zamminer  a  signalées,  tombent  entre  les  limites  des 
erreurs  que,  d'après  M.  Zamminer  lui-même,  ses  expériences  comportent  : 
j'en  excepte  seulement  les  différences  que  l'on  observe  lorsque  le  diamètre 
de  l'embouchure  est  très-petit  par  rapport  à  celui  du  tuyau  et  qui  se  trouvent 
inscrites  presque  sur  chaque  page  de  mon  Mémoire. 

»  En  général,  je  ne  conteste  nullement  qu'en  ajoutant  à  ma  formule  un 
terme  du  second  ordre,  on  ne  puisse  rendre  plus  parfait  l'accord  entre  le 
calcul  et  l'expérience;  seulement  ce  nouveau  terme  ne  sera  en  aucun  cas 
proportionnel  à  la  longueur  comme  l'exigeraient  les  résultats  de  M.  Zam- 
miner, car  il  s'ensuivrait  qu'un  tuyau  d'une  longueur  infinie  comporte- 
rait une  correction  également  infinie;  donc  l'observation  directe  serait  le 
plus  inexact  de  tous  les  moyens  que  l'on  puisse  employer  pour  déterminer 
la  vitesse  de  propagation  du  son  :  ce  qui  est  impossible. 

»  Il  est  inutile,  sans  doute,  de  faire  remarquer  que  mes  observations 
portent  uniquement  sur  la  partie  du  Mémoire  de  M.  Zamminer  qui  traite 
des  tuyaux  cylindriques,  et  que  je  ne  conteste  pas  le  mérite  des  autres  par- 
ties de  ce  travail.  » 

chimie  organique.  —  Transformation  de  divers  acides  organiques  due  à 
une  action  de  présence  ;  Lettre  de  M.  Lassaigne. 

«  Le  fait  intéressant,  communiqué  par  M.  Berthelot,  du  dédoublement 
de  l'acide  oxalique  par  la  chaleur  en  présence  de  la  glycérine  m'a  rappelé 
plusieurs  observations  qui,  sans  présenter  le  même  intérêt  pratique,  se  rat- 
tachent aussi  à  ce  que  l'on  a  appelé  action  de  présence,  et  je  vous  prie  de 
me  permettre  de  les  faire  connaître  brièvement  à  l'Académie. 

»  L'acide  malique  chauffé  pendant  quelques  heures  avec  de  l'acide 
chlorhydrique  se  convertit  en  grande  partie  en  acide  fumarique,  se  déshy- 
dratant ainsi  au  sein  de  l'eau.  L'acide  citrique,  traité  de  même,  se  déshy- 
drate aussi  partiellement,  et  il  se  produit  de  l'acide  aconitique.  En  évaporant 
à  siccité  et  chauffant  le  résidu  avec  de  l'éther,  on  éloigne  ce  dernier  acide, 


(  M  ) 

et  il  reste  de  l'acide  citrique  incolore  et  inaltéré  qui,  soufnis  de  nouveau 
au  même  traitement,  subit  la  même  transformation  partielle,  en  sorte  qu'on 
peut  ainsi  le  décomposer  en  acide  aconitique  et  en  eau,  sans  qu'il  se  pro- 
duise en  même  temps  ces  matières  brunes  et  indéterminées  qui  accompa- 
gnent l'acide  aconitique  préparé  par  la  voie  sèche. 

»  J'ai  soumis  à  la  même  épreuve  un  acide  tartrique  que  j'avais  entière- 
ment dépouillé  d'acide  racémique  par  des  cristallisations  réitérées.  Je  dois 
dire,  en  effet,  que  je  n'ai  pas  trouvé  dans  le  commerce  d'acide  tartrique 
entre  les  cristaux  duquel  une  dessiccation  prolongée  à  ioo  degrés  ne  m'ait 
permis  de  reconnaître  des  traces  d'acide  racémique,  par  l'apparition  de 
quelques  points  blancs  et  opaques.  L'acide  tartrique  pur,  chauffé  à  l'ébulli- 
tion  pendant  plusieurs  jours  avec  de  l'acide  chlorhydrique,  contenait  alors 
environ  3  pour  ioo  d'acide  racémique,  qui  a  donc  pris  naissance  dans  cette 
circonstance.  Le  reste  de  l'acide  tartrique  était  en  partie  non  modifié, 
en  partie  changé  en  un  acide  sirupeux  qui  se  concrète  à  l'étuve  en  présen- 
tant à  sa  surface  l'apparence  des  circonvolutions  du  cerveau.  Cet  acide  m'a 
paru  bien  plus  stable  que  les  modifications  de  l'acide  tartrique  obtenues 
par  la  voie  sèche,  mais  je  n'en  ai  pas  poursuivi  l'étude.  » 

anthropologie.  —  Sur  les  proportions  du  corps  humain  (suite); 
par  M.  J.-T.  Silbermann. 

«  Dans  ma  précédente  Note,  j'ai  donné  les  proportions  naturelles  de  la 
charpente  de  l'homme  ;  aujourd'hui  je  me  propose  de  justifier  le  choix  que 
j'ai  fait  de  la  taille  de  im,6o.  Consultant  Buffon  sur  la  taille  moyenne  qu'il 
donne  à  l'homme,  j'y  trouve  5  pieds  de  roi,  qui  valent  en  mesures  actuelles 
im,6if\ —  Il  dit  aussi  que  la  femme  a  3  pouces  dé  moins  que  l'homme;  or 
celle  de  l'homme  étant  de  5  pieds  qui  valent  6o  pouces,  on  voit  que  c'est  de 

g-  =  —  de  la  taille  de  l'homme  dont  la  femme  est  plus  petite.  D'autre  part, 

consultant  les  bas-reliefs  de  Phidias  enlevés  au  Parthénon,  et  dont  les  plâtres 
se  trouvent  à  l'École  des  Beaux-Arts,  j'y  ai  trouvé  les  hommes  d'une  gran- 
deur de  i  mètre  juste,  tandis  que  les  femmes  n'avaient  toutes  que  o,5  cen- 
timètres, c'est-à-dire  étaient  aussi  de  5  pour  ioo  ou  de  —  plus  petites.  Ce 

rapport  simple  entre  la  hauteur  de  l'homme  et  celle  de  la  femme  parait 
donc  déduit  de  l'observation;  je  l'accepte  ainsi  et  le  justifierai  plus  tard. 

»  Voulant  connaître  la  taille  moyenne  de  l'homme  actuellement,  je  m'a- 
dressai à  la  mairie  de  mon  arrondissement  (le  VIe),  d'où  je  reçus  la  taille 


(  496  ) 
des  hommes  de  la   conscription   de   1 854,  qui  offrit  612  hommes,  dont 
53  absents,  48  ayant  moins  de  im,56o,  taille  militaire  limite,  et  enfin  5i  1, 
mesurés  à  l'Hôtel  de  Ville,  à  la  révision,   et  dont  le  dénombrement  est  le 
suivant  : 

»  Il  y  avait  de 

Hommes.  m  Hommes.  m  Hommes.  m  Hommes. 

2 


1 ,56.. .  16 

1,57. . .  II 

1,58...  17 

1 , 5g . . .  24 

1 ,60 ...  29 

1 ,61. . .  25 

1 ,52. . .  20 

i,63...  36 


,64- • ■  37  1 ,72. . .  19      1 ,80. 

,65...  44  i,73...  16^    1,81.. 

,66. . .  36  1 ,74. . .  14      1 ,82. . . 

,67. . .  24  1,75. . .  6      1 ,83. . 

,68...  37  1,76...  9      1,84.. 

,69...  21  1,77 ...  2 

,70. . .  3i  1,78. . .  5 

,71...  25  1,79. ..  2 


o 
o 

2 
l 


Total 5i  1   hommes. 

»  Comme  on  a  éliminé  48  hommes  au  commencement,  éliminons  aussi 
48  hommesàla  fin,  et  le  chiffre  i6de  la  taille  de  im,  73,  sera  coupé  en  1  1  qui 
restent  et  5  qui  sont  enlevés;  il  faudra  donc  descendre  cette  taille  vers  1,72 
dans  le  rapport  de  ce  qui  a  été  enlevé  : 

Ce  qui  reporte  cette  taille  à 1 ,7268 

La  taille  d'élimination  est  de 1 ,56oo 

Leur  somme 3 ,  2868 

Donne  pour  moyenne  ou  la  moitié.  .  .      1  ,6434 

»  Si,  au  lieu  de  la  moyenne  par  élimination,  nous  prenons  la  moyenne 
des  intermédiaires,  et  que,  d'après  ces  nombres,  on  trace  une  courbe  en 
prenant  les  tailles  comme  abscisses  et  les  nombres  d'hommes  correspon- 
dants comme  ordonnées,  on  aura  une  courbe  très-dentelée,  mais  que  l'expé- 
rience dans  ce  genre  de  tracés  rectifie  facilement  en  rejetant  les  mauvaises 
observations  et  prenant  les  moyennes  de  celles  qui  ne  s'écartent  que  peu  ; 
absolument  comme  s'il  s'agissait  d'expériences  de  physique.  Cette  courbe 
ainsi  rectifiée  scrupuleusement  montre  son  sommet  vers  im,64i  ;  moyenne 
plus  précise  que  la  précédente. 

»  Supposons  maintenant  pour  un  instant  que  im,6o  soit  la  taille  moyenne, 

du  genre  humain  à  20  ans,  et  que  la  taille  de  la  femme  soit  de  —  plus  petite 

que  celle  de  l'homme;  quelle  sera  alors  la  taille  moyenne  de  l'homme?  La 
taille  de  l'homme  étant  prise  pour  unité,  celle  de  la  femme  sera  95  centi- 
mètres, et  la  taille  humaine  im,95  (les  deux  tailles  prises  ensemble).  Nous 


(  497  )      • 
avons  pris  pour  taille  moyenne  im,6o,  ce  qui  donne  3m,ao  pour  taille 
humaine  supposée  comme  précédemment  pour  le  rapport.  Nous  aurons 
donc  pour  la  taille  de  l'homme 

i,95:     i     ::  3m,2o  :  x™  =  im,64io25,64ioa5 

et  pour  la  taille  de  la  femme 

1,95  :  0,95  ::  3m,2o  :/m=  im, 5589743, 589743 — 

La  différence  est  =  om ,  08205 1 ,  28205 1 

»  La  coïncidence  frappante  entre  cette  taille  moyenne  théorique  de 
im, 64i,  etc.,  et  la  taille  pratique  précédente  im,64i...  prise  sur  un  petit 
nombre  de  sujets  et  d'un  seul  genre,  suffira,  je  l'espère,  pour  tenter  des 
vérifications  ultérieures  qui  n'étaient  pas  à  ma  portée. 

»  Remarquons  aussi  la  coïncidence  de  la  taille  limite  militaire,  qui  es! 
de  im,56o,  et  celle  de  la  femme,  qui  est  de  im,55o,.  » 

M.  Oré,  professeur  adjoint  d'anatomie  et  de  physiologie  à  l'Ecole  de 
Médecine  de  Bordeaux,  annonce  l'envoi  prochain  d'un  travail  sur  les  fonc- 
tions du  joie,  et  indique  dans  les  termes  suivants  un  des  résultats  auxquels 
il  est  arrivé  dans  le  cours  de  ces  recherches  : 

«  J'ai  voulu  me  rendre  compte  de  l'influence  qu'exerce  la  veine  porte 
sur  la  sécrétion  biliaire.  Je  suis  parvenu  à  oblitérer  à  volonté  le  tronc  de 
cette  veine  et  à  empêcher  par  conséquent  le  sang  qu'elle  renferme  d'arriver 
au  foie.  Malgré  cette  oblitération,  les  animaux  ont  continué  à  vivre,  et  la 
sécrétion  biliaire  a  continué  à  se  faire.  » 

M.  Taupenot  annonce  l'intention  de  soumettre  prochainement  au  juge- 
ment de  l'Académie  un  anémomètre  enregistreur  qui  fonctionne  d'une  ma- 
nière continue,  même  par  les  plus  violentes  tempêtes.  Il  a  établi  un  de  ces 
appareils  sur  la  grosse  tour  du  Prytanée  impérial  militaire  de  la  Flèche  : 
les  indications  sont  enregistrées  dans  la  salle  du  cabinet  de  physique  situé 
directement  au-dessous  de  la  tour,  à  une  distance  verticale.  M.  Taupenot 
espère  pouvoir  faire  fonctionner  un  appareil  semblable  en  présence  de 
l'Académie  ou  de  la  Commission  qui  serait  chargée  de  l'examiner. 

On  attendra  pour  nommer  une  Commission  que  M.  Taupenot  ait  pré- 
senté une  description  suffisamment  détaillée  de  son  anémomètre. 

M.  De  Vru  rappelle  la  demande  qu'il  a  précédemment  adressée  au  nom 
de  la  Société  Batave  de  Physique  expérimentale  de  Rotterdam.  Cette  Société, 

C.  R.,  i856,  icr  Semestre.  (T.  XLII,  N°  10.)  66 


(  498  ) 
qui  a  envoyé  toutes  ses  publications,  a  exprimé  le  désir  d'obtenir  en  retour 
les  Comptes  rendus  hebdomadaires. 

On  saura  si  cette  demande,  qui,  d'après  le  règlement  de  l'Académie, 
a  dû  être  soumise  à  la  Commission  administrative,  a  reçu  son  approbation. 

M.  Béraud,  qui  a  obtenu  dans  la  séance  annuelle  du  18  janvier  i856 
une  récompense  pour  ses  recherches  d'Anatomie  et  de  Pathologie  sur  les 
voies  lacrymales,  adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 

M.  Chazallon,  ingénieur-hydrographe  de  la  Marine,  prie  l'Académie  de 
vouloir  bien  le  comprendre  dans  le  nombre  des  candidats  pour  une  place 
"de  membre  adjoint  du  Bureau  des  Longitudes,  devenue  vacante  par  la  no- 
mination de  M.  Daussjr  comme  membre  titulaire. 

M.  Keller,  également  ingénieur-hydrographe  de  la  Marine,  adresse  une 
semblable  demande. 

Les  deux  Lettres,  qui  sont  accompagnées  l'une  et  l'autre  d'une  Notice  sur 
les  travaux  du  candidat,  seront  soumises  à  la  Commission  chargée  de  pré- 
parer la  liste  lorsque  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  aura  invité 
1  Académie  à  s'occuper  de  cette  présentation. 

M.  Basset  adresse  une  Note  concernant  un  moyen  qu'il  a  imaginé  pour 
préserver,  jusqu'à  un  certain  point,  les  hommes  de  guerre  des  blessur.es 
d'armes  à  feu  et  d'armes  blanches.  Il  désire  voir  admettre  au  concours  pour 
le  prix  Montyon  ce  moyen,  qui  consiste  dans  l'usage  'd'un  vêtement  parti- 
culier, garni  dans  les  parties  les  plus  exposées  d'une  combinaison  de  tissus 
imperméables  et  de  lamelles  métalliques. 

La  Lettre  sera  soumise  à  l'examen  de  la  future  Commission  du  prix 
Montyon,  qui  jugera  si  l'invention  rentre  dans  les  conditions  du  pro- 
gramme. 

M.  Porge,  dans  une  Lettre  datée  du  Callao  (Pérou),  annonce  l'inten- 
tion de  soumettre  au  jugement  de  l'Académie  un  système  qu'il  a  imaginé 
pour  la  direction  des  aérostats.  Il  renoncerait  d'ailleurs  à  obtenir  un  Rap- 
port, si  la  publicité  qui  serait  ainsi  donnée  à  son  invention  ne  permettait 
pas  qu'elle  devînt  ensuite  l'objet  d'un  brevet. 

On  fera  savoir  à  l'auteur  que  tel  est  en  effet  le  cas. 

M.  Brachet  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter  le  travail  delà  Com- 


(499) 
mission  à  l'examen  de  laquelle  ont  été  renvoyées  les  diverses  communica- 
tions relatives  à  l'aéronautique. 

AJ5  heures,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

COMITÉ  SECRET. 

La  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie  déclare,  par  l'organe  de  son 
doyen  M.  Serres,  qu'il  y  a  lieu  d'élire  pour  la  place  vacante  dans  son  sein, 
par  suite  du  décès  de  M.  Magendie. 

L'Académie  est  consultée  par  la  voie  du  scrutin  sur  cette  proposition. 
Sur  4i  votants, 

Il  y  a 39  oui 

et 1  non. 

En  conséquence,  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie  est  invitée  à 
présenter  dans  la  séance  prochaine  une  liste  de  candidats. 

M.  Duperrey,  au  nom  de  la  Section  de  Géographie  et  Navigation,  pré- 
sente la  liste  suivante  de  candidats  pour  la  place  de  Correspondant  vacante 
par  suite  du  décès  de  M.  Parrjr. 

En  première  ligne.    .   .     l'amiral  Ferd.  de  Wrangell,  à  St-Pétersbourg. 

le  capitaine  Ch.  Wilkes,  à  Washington, 
l'amiral  Fréd.  Lutké,  à  St-Pétersbourg. 
le  capitaine  F.-W.  Beechey,  à  Londres, 
le  lieutenant  F.  Maury,  à  Washington. 

La  Section  déclare  qu'elle  a  cru  devoir  ne  présenter  cette  fois  que  des 
candidats  étrangers,  n'ayant  présenté,  lors  de  la  nomination  précédente, 
que  des  candidats  nationaux. 

M.  Duperrey  énumère  et  développe  les  titres  des  candidats  présentés. 
L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  6  heures.  E.  D.  h. 


En  deuxième  ligne.  . 
En  troisième  ligne.  . 
En  quatrième  ligne. 
En  cinquième  ligne. 


bulletin  bibliographique. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  tomars  i856,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Histoire  et  fabrication  de  la  porcelaine  chinoise,  ouvrage  traduit  du  chinois 
par  M.  Stanislas  Julien,  membre  de  l'Institut,  accompagné  de  Notes  et  d Ad- 
ditions par  M.  Alphonse  Salvétat,  et  augmenté  d'un  Mémoire  sur  la  porce- 


(  5oo  ) 
laine  du  Japon,  traduit  du  japonais,  par  M.  le  Dr  HOFFMANN,  professeur  à  Leyde. 
Paris,  i856;  i  vol.  in-8°.  (Offert  au  nom  du  traducteur  par  M.  Chevreul.) 

Hydraulique  et  hydrodynamique  expérimentales,  analytiques  et  théoriques,  etc.; 
par  M.  N.-B.  Delaire.  Paris,  i856;  br.  in-8°. 

Note  sur  le  Ranunculus  tuberosus,  Lap.}  par  M.  E.  Timbal-Lagrave  ;  br. 
in-8°.  (Extrait  des  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  de  Toulouse  ) 

Notice  sur  un  lion  tué  en  Algérie,  examen  nécroscopique,  par  M.  le  Dr  Gus- 
tave Dufour.  Paris,  i856;  br.  in-8°.  (Présenté  au  nom  de  l'auteur  par 
M.  Duméril.) 

Exposé  analytique  des  principaux  travaux  d'analomie,  de  physiologie ,  d'hy- 
giène, de  chirurgie,  de  médecine  pratique  et  de  littérature  philosophique,  de 
M.  P. -A.  PlORRY,  à  l'appui  de  sa  candidature  à  l'Académie  des  Sciences.  Paris, 
i856;  in-4°. 

Notice  des  travaux  mathématiques  deM.  Ossian  Bonnet;  br.  in-4°- 

Candidature  de  M.  CHAZALLON,  pour  la  place  de  membre  adjoint  au  Bureau 
des  Longitudes;  br.  in-8°. 

Recueil  des  actes  de  i  Académie  impériale  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts  de 
Bordeaux;  ier  semestre  i855;  in-8°. 

Memorie...  Mémoires  de  l  Institut  impérial  et  royal  vénitien,  des  Sciences, 
Lettres  et  Arts;  vol.  V.  Venise,  i855  ;  in-folio. 

Atti...  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Institut  impérial  et  royal  vénitien. 
(Novembre  1 854  à  octobre  1 855 ;  t.  VI,  ae série,  et  t.  1er,  3e série;  ire livrai- 
son in-8°.) 

Il  Nuovo  Cimento. . .  Journal  de  Physique  et  de  Chimie  pures  et  appliquées  ; 
décembre  i855;  in-8°. 

Revista...  Revue  des  travaux  publics;  4e  année,  n°  5;  in-4°. 

Denkschriften. . .  Mémoires  de  l'Académie  impériale  des  Sciences  de  Vienne. 
Classe  des  Sciences  mathématiques  et  des  Sciences  naturelles;  vol.  IX.  Vienne, 
i855;in-4°. 

Sitzungsberichte.. .  Comptes  rendus  mensuels  des  séances  de  l'Académie  im- 
périale des  Sciences  de  Vienne.  Classe  des  Sciences  mathématiques  et  des  Sciences 
naturelles  ;  mars,  avril,  mai,  juin,  juillet  et  octobre  1 855  ;  in-8°. 

Denkschriften...  Mémoires  de  l' Académie  impériale  des  Sciences  de  Vienne. 
Classe  des  Sciences  philosophiques  et  des  Sciences  historiques;  vol.  VI.  Vienne, 
i855;in-4°. 

Jahrbùcher. . .  Annuaire  de  l'observatoire  central  de  météorologie  et  de  ma- 
gnétisme terrestre,  publié  par  l' Académie  impériale  des  Sciences  de  Vienne; 
IIP  volume  ;  année  1 85 1 .  Vienne,   1 855  ;  in-4°- 


■  W8«giS>- 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  17  MARS  1856. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  BINET. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président  annonce  que  M.  Lejeune-Dirichlet,  un  des  huit  Associés 
étrangers  de  l'Académie,  est  présent  à  la  séance. 

ASTRONOMIE.  —  M.  Le  Verkiek  propose  de  donner  le  nom  de  Laetitia  à 

la  planète  @)   découverte  par  M.  Chacornac ,  le  8  février  dernier,  à  l'Ob- 
servatoire impérial  de  Paris. 

calcul  intégral.  —  Détermination  des  valeurs  d'une  classe  remarquable 
d'intégrales  définies  multiples,  et  démonstration  nouvelle  d'une  célèbre 
formule  de  Gauss  concernant  les  fonctions  gamma  de  Legendre  ;  par 

M.     J.    LlOUVILLE. 

«   1 .   L'intégrale  définie 

est,  comme  on  sait,  égale  à 

k  désignant  une  quantité  quelconque  positive  ou  nulle.. En  y  remplaçant  a 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  II.)  67 


(    502    ) 

par  yfa.  et  doublant  sa  valeur,  on  a  donc 

Xoo    —  (  aH — I    — I  _ 

»  J'ignore  si  l'on  a  remarqué  déjà  que  la  formule 

où  r  (jx)  désigne,  suivant  la  notation  de  Legendre,  l'intégrale  eulérienne  de 
seconde  espèce 


e~  "a'1     '  do., 


est  une  conséquence  immédiate  de  l'équation  (i).  Il  suffit  de  multiplier  les 
deux  membres  de  l'équation  (i)  par  k'l~Idk,  puis  d'intégrer  de  k  =  ok 
k  =  oo  .  Cela  donne  en  effet,  en  changeant  l'ordre  des  intégrations  pour  a 
et  k, 

A' 

J/»  oo  n  oo /»  oo 

I      e-«^a  /     e    a  iT "*  rf*  =  s/n  /     e"2*  F"  '  d*. 
o  i/o  »/o 

A*  u.  u.  u. 

f\~~k"-1dk=l-S  £  e-?f*~'dp=:-2<sr^) 


Or  on  a 


et 

2/* 


f">e-*kk?-1dk  = 

Jo 


Substituant  et  multipliant  par  a,  on  arrive  à  la  formule  citée. 

»  2.  Je  me  propose,  dans  cette  Note,  d'étendre  la  même  analyse  à  la 
démonstration  de  la  formule  générale  que  l'on  doit  à  Gauss  : 

<*)       r(ï)r(tvi)-r(t!4=i)  =  »'~Vr  rW. 

Je  regarde  comme  connue  l'équation  d'Euler 


(  5o3  ) 
qu'on  établit  aisément  par  différents  moyens.  Mais  j'ai  besoin  de  trouver 
d'abord  les  valeurs  d'une  classe  d'intégrales  multiples,  très-remarquables  du 
reste  en  elles-mêmes,  et  qui  peuvent  être  appliquées  utilement  à  la  recher- 
che des  intégrales  de  certaines  équations  aux  différences  partielles. 
»  Ainsi  pour  le  cas  de  n  =  3,  c'est-à-dire  pour  démontrer  la  formule 

<B'         r  ($)  r  (^) r  (Hr)  =  *""•"•  r«. 

je  me  sers  de  l'intégrale  double 

/  A»\      i  a 

/»w     /»»     _/k  +  /3h — -)     -_i     -  —  i 

Jo      J         6  ™  d0Ld^ 

dont  je  prouve  que  la  valeur  est 

r(i)  r(!)e-.., 


OU 


^e~*k. 


y/3 
Admettant  en  effet  qu'on  a 

/  :  *'  \       »  » 

r  £  e  i     -^  ?    ;  *"ufe' 

multipliez  les  deux  membres  par  k^~'  dk  et  intégrez  de  Ar  =  o  à  ^  =  co  . 
L'intégration  par  rapport  à  k  s'effectuera  sous  les  signes  /  en  observant 
que 

et  le  premier  membre  deviendra 

c'est-à-dire 

6,.. 


(  5o4  ) 
quant  au  second  membre,  on  trouve 

ou 

2?r 


3^  s/3 
De  là 


r(fx> 


i?ii)iï^M#temm 


et,  en  multipliant  par  3,  la  formule  (B). 

»  En  général,  l'intégrale  définie  à  (n  —  i)  variables 


(Ln              \      |               o                       n  I 
a,-l-a,-l-...-t-a«_,  H ) I I I 
-.«,.  •  •«»-./««      a»      ...«_«         datdaa...daH.„ 

que  je  désignerai  par  R,  a  pour  valeur 


n  — 
I 


et  il  suffit  de  multiplier  par  A'*-  '  dk  les  deux  membres  de  l'équation  qui 
exprime  ce  fait,  puis  d'intégrer  de  A  =  o  à  A  =  oo,  pour  obtenir  la  for- 
mule (A). 

»  3.  Le  calcul  qui  conduit  à  cette  formule  (A)  peut  être  présenté  au- 
trement, en  s'appuyant  toujours  sur  la  valeur  de  notre  intégrale  R,  mais  en 
partant,  non  plus  de  cette  intégrale,  mais  du  produit 


*&*$&)*•**&¥$ 


qu'on  peut  mettre  sous  forme  d'intégrale  multiple,  savoir 

Joo  /* /*  -4-1 /t-t-n  —  i 

f     ...  f    e- («+*.+•••+«-■) a"     '«,"       '...<*„_,"         'dada,  ...da„..,. 
o  Jo 

Substituons  en  effet,  dans  cette  intégrale,  à  la  variable  a  une  autre  varia- 
ble k  ayant  les  mêmes  limites,  en  posant 

a.=  , 

a,  a,  .  .  .  a._, 


(  5o5  ) 
ce  qui  donne 

n/k**-'  dk 


»-.  .«-i 


a"      da  = 


(a,  a,.  .  .  a„_,)n 


le  résultat  de  la  substitution  contiendra  notre  intégrale  R;  car  il  peut  s'é- 


crire 


npRk11    'dk. 
Si  donc  on  admet  que 


il  deviendra 


2      a-nk 


i  «  —  i 


«'(an)  2     C e-nkk*    ' dk, 
c'est-à-dire 


i  n—  ; 


n*    n(*n)    f.  I»; 
d'où  résultera  de  suite  la  formule  (A). 


»  4.  La  formule 


R  =  -j=  (a*  )  2  «""*, 

V" 


ou,  si  l'on  veut, 

se  démontre,  au  surplus,  bien  simplement. 

»  Pour  mieux  faire  comprendre  notre  méthode,  revenons  d'abord  sur  le 
cas  de  n  =  a.  Alors 

/       *'\   i 

Jf<*>     —      «H I I 
[      e    \       *'a?      da; 
0 

donc 

dk  J0 

Substituons  à  la  variable  a  une  autre  variable  |3  en  posant 

*'        J'     <       *'         a  da.  d& 

a=-,     dou    -—a     et     —  = g* 


(  5o6  ) 
Les  limites  pour  /3  seront  oo  et  o,   ou  bien  o  et  co  en  changeant  le  signe 
de  flf/3.  On  aura  par  suite 


•  ce 

dK 

dT  =  ~a 


JVCHr^-'rf/S, 


c'est-à-dire 


dR  „ 


et  partant 

R  =  Ce-2*. 

La  constante  C  se  détermine  en  posant  k  =  o  ;  elle  est  égale  à  ^îr.   On  a 
donc  bien 


Ce    (*+*K>    * da  =  tfi  e~** . 


»  Soit  à  présent  n  —  3,  ou 

R  =   C  Ce    V""    +*Vo?    '$    'dadfi. 

Jo     Jo 

En  différentiant  par  rapport  à  A,  on  a 


Jo     Jo 


Substituons  à  la  variable  a  une  autre  variable  7,  en  posant 

P  ,,     ,         A'  da.  rf-y 

a  =  *->      dou     -0  =  7,      et      —  = '• 

Les  limites  pour  7  seront  encore  o  et  00  ,  à  la  condition  de  changer  le  signe 
de  dy.  Il  nous  viendra  donc 

L'intégrale  placée  au  second  membre  est  encore  R  :  seulement  a  et  |3  sont 
remplacés  par  |3  et  7,  ce  qui  n'importe  en  rien.  Dès  lors  on  a 

£  =  -»». 


(5o7) 
d'où 

En  posant  k  =  o,  on  trouve  d'ailleurs 

c  =  r(i)r(|): 

on  a  donc  bien 

R= r  (î) r  (ïK". 

comme  le  donne,  pour  n  =  3 ,  notre  formule. 
»  Prenant  enfin  la  valeur  générale  de  R,  savoir 

/        ••  /      «  a ,       a,       ...a,    ,      dadcr....doc       , 

Jo  i/o  I  2  n— I  I  2  *n  —  l' 

différentions-la  par  rapport  à  #.  La  valeur  de  la  dérivée  sera 
Substituons  à  la  variable  a,  une  autre  variable  a„,  en  posant 

A" 


ce,  = » 

a.%  a3. .  .  a„_,  a„ 


et  la  valeur  de  -jr  se  présentera  sous  cette  autre  forme 

(.                             k"        \     i            s                   n— î 
a,-4-  «,H-j.  ..-t-a^-h  1 1 1  — 1 

«.-....  W  a»      a3"      ...„n  do:2doL3...dan. 

L'intégrale  en  facteur  est  précisément  R  :  seulement  les  indices  de  a  sont 
tous  ici  plus  grands  d'une  unité  qu'ils  n'étaient  d'abord,  ce  qui  est  indiffé- 
rent. On  a  donc 

dK  _ 

^  =  -nR' 
d'où 

R=Ce-"*: 

en  posant  k  =  o,  il  vient  d'ailleurs 


c  =  r(i)r(î).:.r(^)=-L(2„) 


i 


(  5o8  ) 


La  formule 

R  = 

V*  " 

est  donc  démontrée.  » 

cryptogamie.  —  Communication  de  M.  Montagne. 

«  En  présentant  un  exemplaire  d'une  brochure  ayant  pour  titre  :  Crypto- 
gamia  guyanensis,  seu  Plantarum  cellularium  in  Guyana  gallica  annis 
1 835- 1849  à  clariss.  Leprieur  collectantin  ennmeratio  universalis,M.  Mon- 
tagne lit  la  Note  suivante,  qui  en  explique  le  motif  et  l'objet  : 

»  Au  mois  de  mai  1 854,  j'avais  l'honneur  d'offrir  à  l'Académie  les  deux 
volumes  et  l'Atlas  de  ma  Cryptogamie  chilienne  ;  aujourd'hui  je  viens  lui 
faire  également  hommage  de  celle  de  la  Guyane  française.  Cette  •  contrée 
équatoriale  n'avait  point  encore  été  l'objet  d'un  semblable  travail.  Le  petit 
nombre  de  botanistes  qui  nous  en  ont  fait  connaître  les  productions  végé- 
tales, au  premier  rang  desquels  il  faut  citer  Aublet  et  Plumier,  avaient  à 
peu  près  complètement  négligé  les  plantes  cellulaires,  peu  capables  d'atti- 
rer leurs  regards  au  milieu  d'une  si  luxuriante  et  si  magnifique  végétation. 

»  C'est  à  M.  Leprieur,  pharmacien  en  chef  de  l'hôpital  de  la  Marine  de 
Cayenne,  que  sont  dus  les  précieux  matériaux  qui  m'ont  servi  pour  cette 
publication.  Pendant  un  séjour  de  près  de  quinze  années  dans  cette  colonie 
française,  M.  Leprieur  a  recueilli  et  m'a  adressé  successivement  trois  col- 
lections dignes  du  plus  haut  intérêt  par  la  nouveauté  et  quelquefois  par 
l'originalité  des  types.  J'avais  déjà  décrit  dans  les  annales  des  Sciences  na- 
turelles pour  i835  et  1840  les  plantes  qui  composaient  les  deux  premières, 
lorsque,  en  1849»  ^  me  rem^  ici  lui-même  la  troisième,  renfermant  plus  de 
800  numéros. C'est  cette  dernière  qui  me  suggéra  l'idée  de  réunir  ensemble, 
sous  le  seul  et  même  titre  de  Cryptogamia  guyanensis,  tous  les  végétaux 
cellulaires  de  ce  beau  pays,  que  nous  devons  au  zèle. éclairé  et  aux  actives 
et  persévérantes  recherches  de  ce  botaniste. 

»  Sur  les  1600  numéros  qu'il  a  soumis  à  mon  examen,  j'ai  pu  recon- 
naître le  nombre  assez  considérable  de  718  espèces,  dont  près  de  la  moitié 
étaient  nouvelles  pour  nos  catalogues.  La  plupart  des  autres,  comme  on 
pouvait  le  supposer,  se  retrouvent  au  Brésil  et  avaient  été  déjà  signalées. 

»  On  peut  donc  affirmer,  sans  crainte  d'être  contredit,  qu'aucun  bota- 
niste avant  M.  Leprieur  n'avait  encore  exploré  avec   tant   de  soin  ni  de 


(5o9) 
bonheur  une  contrée  tropicale  sous  le  point  de  vue  qui  nous  occupe.  Car, 
si  la  Cryptogamie  du  Chili  présente  une  richesse  un  peu  plus  grande,  il  ne 
faut  pas  oublier  qu'elle  le  doit  aux  efforts  réunis  de  plusieurs  collecteurs  et 
queBertero,  d'Urville,  Gaudichaud,  MM.  Claude  Gay  et  Alcide  d'Orbigny 
avaient  contribué  à  amasser  les  matériaux  qui  ont  porté  à  900  le  chif- 
fre des  espèces,  tandis  que  M.  Leprieur  à  lui  seul  a  presque  atteint  le 
même  chiffre,  et  cela  sans  négliger  ses  devoirs  de  pharmacien  en  chef. 
Cette  justice,  qui  lui  est  bien  due,  je  me  plais  à  la  lui  rendre  ici. 

»  Je  m'abstiendrai  d'entrer  dans  aucun  détail  sur  le  contenu  de  cet 
opuscule,  qui  a  paru  par  fragments  dans  les  annales  des  Sciences  natu- 
relles, et  est  accompagné  de  quatre  planches;  je  me  contenterai,  parmi 
plusieurs  faits  intéressants  et  nouveaux  qui  y  sont  consignés,  de  signaler 
celui  de  la  présence  de  quelques  Algues,  appartenant  à  des  genres  exclusi- 
vement marins,  dans  les  eaux  douces  et  courantes  de  plateaux  assez  élevés 
(1 5o  mètres)  et  à  une  distance  des  côtes  d'environ  l\o  kilomètres.  » 

ornithologie.  —  Sur  les  Perdrix  d'Europe.  (Extrait  d'une  Lettre 
adressée  de  Lisbonne  à  M.  Is.  Geoffroy -S  aint-Hïlaire,  par  S.  A.  le 
prince  Charles  Bonaparte.  ) 

«  Quoique  j'aie  admis  bien  des  espèces  aux  dépens  du  Tetrao  rufus,  L., 
je  n'en  ai  cependant  pas  admis  assez.  En  effet,  Perdix  grœca,  Brisson,  est 
bien,  pour  la  description  et  la  figure,  la  Bartavelle  du  Dauphiné,  Perdix 
saxatilis,  Meyer  ;  mais  la  vraie  Perdix  grœca  est  une  espèce  distincte  beau- 
coup plus  semblable  à  la  Perdix  chukar  de  l'Himalaya,  et  dont  probable- 
ment Xaltaica  ne  diffère  pas.  La  principale  différence  entre  la  grœca  et 
la  chukark  bande  rousse  centrale  le  long  du  sommet  de  la  tête  consiste  en 
ce  que  la  première  n'a  qu'une  simple  indication  du  faisceau  de  plumes 
auriculaires,  roux  pâle  dans  la  chukar,  et  roux  foncé  dans  la  sinaica.  De 
toutes  les  espèces,  la  vraie  Bartavelle  ou  saxatilis  seule  a  du  noir  entre  l'an- 
gle du  bec  et  les  narines.  En  outre,  si  l'on  compare  la  véritable  grœca  à 
la  saxatilis,  on  lui  trouve  les  moustaches  noires  plus  prolongées,  le  bec 
plus  long,  quoique  bien  moins  que  dans  P.  sinaica;  la  gorge  roussâtre 
(non  blanche)  et  l'espace  de  la  gorge  circonscrit  par  le  collier  noir  moins 
étendu  et  terminé  en  pointe;  les  bandes  des  flancs  sont  plus  étroites.  » 

C  R.,  i856,  i"  Semestre.  (T.  XL»,  N°  il.)  68 


(  5io) 


RAPPORTS. 

«  M.  Duméril,  l'un  des  Commissaires  désignés  pour  faire  un  Rapport  sur 
une  Note  relative  au  développement  des  Pétromyzons  adressée  de  Haie  par 
M.  Max.  Schultze,  et  qui  a  été  insérée  en  entier  dans  le  n°  7  des  Comptes 
rendus  de  cette  année,  déclare  qu'il  n'a  pas  d'autres  renseignements  sur 
cette  question  délicate  d'anatomie,  qui  ne  pourrait  être  bien  appréciée  que 
par  l'examen  des  pièces  ou  des  dessins  reproduisant  les  faits  observés. 
Néanmoins  il  croit  devoir  appeler  l'attention  de  l'Académie  sur  l'impor- 
tance de  ces  recherches.  Il  semblerait  en  résulter  que  les  œufs  des  Lam- 
proies offriraient  certains  rapports,  quant  à  leur  développement,  avec  ceux 
des  Batraciens,  et  des  Grenouilles  en  particulier,  par  le  mode  de  segmen- 
tation de  leur  vitellus.  Ils  sont,  en  outre,  remarquables  par  leur  chorion 
ferme  et  mince,  rappelant  ce  que  M.  Vogt  a  nommé  la  membrane  coquil- 
lière.  Enfin,  l'évolution  du  système  nerveux  présente  des  anomalies  indi- 
quées avec  soin  par  .l'auteur,  qui  paraît  avoir  apporté  une  grande  patience 
et  beaucoup  de  dextérité  dans  ses  observations.  En  conséquence,  nous  pro- 
posons à  l'Académie  de  l'engager  à  les  faire  connaître  d'une  façon  plus 
complète.  » 

NOMIVATIOIVS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Cor- 
respondant pour  la  Section  de  Géographie  et  Navigation,  en  remplacement 
de  feu  M.  Parry. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  42, 

M.  de  Wrangell  obtient 36  suffrages. 

M.  Wilkes 2 

M.  Maury. 1 

M.  de  Tchihatcheff. .  1 

Il  y  a  deux  billets  illisibles. 

M.  de  Wha\gell,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  dé- 
claré Correspondant  de  l'Académie. 


(  5»  ) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  le  Ministre  de  l'Instbuction  pcblique  transmet  un  Mémoire  de 
M.  Ch.  Girault,  chargé  du  Cours  de  Mathématiques  à  la  Faculté  des 
Sciences  de  Caen. 

Ce  Mémoire,  qui  a  pour  titre  :  De  la  résistance  de  l'air  dans  le  mouve- 
ment oscillatoire  du  pendule;  principe  d'un  nouvel  anémomètre,  est  ren- 
voyé à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Cauchy,  Le  Verrier 
et  Delaunay.     i 

M.  Ed.  Gand  adresse,  d'Amiens,  en  date  du  6,  du  i 1  et  du  12  mars,  des 
Notes  et  Dessins  concernant  la  suite  de  ses  expériences  avec  le  pendule 
irrigateur,  et  les  conséquences  qu'on  peut,  suivant  lui,  déduire  déjà  des 
résultats  observés. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Cauchy, 

Liouville  et  Combes.  ) 

M.  Reybabd  envoie,  de  Lyon,  un  travail  intitulé  :  «  Mémoire  sur  les  tu- 
meurs et  les  fistules  lacrymales;  nouveaux  procédés  de  traitement.  » 

L'auteur,  qui  destine  ce  Mémoire  au  concours  pour  les  prix  de  Médecine 
et  de  Chirurgie,  y  a  joint,  conformément  à  une  condition  imposée  aux 
concurrents,  une  analyse  raisonnée  de  son  travail,  et  deux  instruments  qu'il 
désigne  sous  les  noms  de  emporte- pièce  à  vrille  et  emporte-pièce  lenticulaire. 

(Réservé  pour  la  future  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  Dubiau  présente,  pour  le  concours  à  deux  des  prix  de  la  fondation 
Montyon(prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie;  prix  de  Physiologie  expéri- 
mentale), deux  opuscules  imprimés,  ayant  pour  titres  :  l'un,  «  De  l'absti- 
nence dans  les  maladies»,  l'autre,  «Recherches  expérimentales  sur  l'ab- 
sorption et  l'exhalation  par  le  tégument  externe,  sur  la  température  animale, 
la  circulation  et  la  respiration  » .  Ce  dernier  est  accompagné  d'un  résumé 
analytique  en  double  exemplaire.  L'auteur  annonce  l'envoi  prochain  d'un 
résumé  semblable  pour  le  premier  opuscule. 

(Réservé  pour  les  futures  Commissions.) 

M.  Gueytoiï  adresse  une  Note  à  l'appui  de  la  réclamation  qu'il  avait 

68.. 


(5ia  ) 
adressée  à  l'occasion  du  Rapport  lu  dans  la  séance  du  3  mars  sur  les  mou- 
lages galvanoplastiques  de  M.  Lenoir. 

M.  Zier  adresse  également  une  Note  à  l'appui  de  sa  réclamation  concer- 
nant ce  même  Rapport. 

(Renvoi  à  la  Commission,  qui  jugera  si  les  renseignements  fournis  par  ces 
Notes  sont  bien  ceux  qu'elle  désirait  obtenir  des  réclamants,  et  qu'avait 
demandés,  en  son  nom,  M.  Recquerel,  dans  la  séance  du  10  mars. 
(Voyez  Comptes  rendus,  page  4çp-) 

M.  Tortella  transmet  des  documents  imprimés  à  l'appui  de  ses  précé- 
dentes communications  sur  la  maladie  de  la  vigne. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  des  maladies  des  plantes  usuelles.) 

M.  l'Aigle  des  Masures  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  sur 
un  moyen  qu'il  a  imaginé  pour  faire  monter  et  descendre  à  volonté  les  bal- 
lons sans  perte  de  lest  et  sans  perte  de  gaz. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  Aérostats.) 

M.  F.  Marque  envoie  de  Saint-Maurin  (Lot-et-Garonne)  une  Note  sur  un 
moyen  d'imprimer  aux  ballons  une  impulsion  dans  une  direction  voulue. 

(Renvoi  à  l'examen. de  la  même  Commission.) 

M.  l'abbé  Carmentrez  envoie  une  addition  à  ses  précédentes  communica- 
tions sur  les  précautions  à  prendre  pour  se  préserver  du  choléra-morbus . 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  constituée  en  Commission 

spéciale  du  prix  Bréant. 

L'Académie  renvoie  à  la  même  Commission  des  documents  imprimés 
adressés  par  M.  Tironi  à  l'appui  de  ses  précédeutes  communications  sur  le 
traitement  du  choléra-morbus. 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  autorise  l'Académie  à  prélever, 
ainsi  qu'elle  l'avait  demandé,  sur  les  fonds  restés  disponibles,  une  somme 
de  3700  francs,  destinée  à  la  construction  d'un  appareil  d'optique  et  d'une 
machine  de  rotation. 


(5i3) 

M.  Gityon,  récemment  nommé  Correspondant  de  la  Section  de  Médecine 
et  de  Chirurgie,  adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 

Communication  de  M.  le  prince  Ch.  Bonaparte  en  présentant  une  nouvelle 

publication  de  M.  Gray. 

«  Avant-hier  à  Londres,  où  je  me  trouvais  au  retour  d'un  petit  voyage 
en  Espagne  et  en  Portugal,  le  principal  zoologiste  du  Musée  britannique, 
M.  le  docteur  Gray,  me  chargeait  d'une  mission  que  je  m'empresse  de  rem* 
plir.  C'est  avec  joie,  Messieurs,  que  je  vous  soumets  ce  nouveau  travail  sur 
les  Cheloniens,  parce  qu'il  est  un  vrai  modèle  de  ce  que  devraient  être 
les  catalogues  des  grands  Musées,  prenant  la  science  à  son  point  d'arrêt,  et 
donnantjles  figures  des  espèces  nouvelles,  douteuses  ou  mal  représentées. 
C'est  en  un  mot  un  ouvrage  digne  de  son  auteur,  de  l'établissement  national 
auquel  il  préside  pour  la  zoologie,  et  surtout  des  administrateurs  ou  trus- 
tées qui    le    surveillent.   Ces    hommes  d'état    éclairés   et  au-dessus  des 
basses  intrigues  et  des  considérations  personnelles  savent,  avec  un  esprit 
d'ordre  et  de  stricte  économie,  éviter  la  parcimonie,  quand  il  s'agit  de  faire 
avancer  la  science.  La  publication  de  ce  beau  livre,  faite  par  ordre  de  ces 
trustées ,  en  est  une  preuve  nouvelle,  et  le  monde  scientifique  leur  en 
doit  des  remercîments. 

»  Un  des  principaux  mérites  de  cet  ouvrage  est  d'avoir  débrouillé  les 
espèces  à  sternum  mobile  des  Emydiens.  Du  fond  de  son  cabinet,  M.  le 
docteur  Gray  a  su  faire  ce  que  nul  n'avait  fait  avant  lui,  pas  même  les  natu- 
ralistes américains  qui  ont  tous  les  jours  sous  les  yeux  des  centaines  d'exem- 
plaires de  ces  Kinosternés.  Sans  doute  il  ne  serait  pas  impossible  de  relever 
quelques  inexactitudes  dans  un  travail  de  si  longue  haleine.  Moi-même  peut- 
être  aurais-je  de  petites  réclamations  de  priorité  à  faire;  mais  ce  qui  est  im- 
portant, c'est  de  mieux  pondérer  la  réunion  à  la  Clemmys  caspica,  Wagl . ,  de 
la  jolie  sigriz  ou  vulgaris,  espèce  occidentale  dont  deux  petits  exemplaires 
vivants  viennent  d'être  remis  par  moi  au  vivarium  du  Muséum.  Ces  char- 
mants petits  animaux  doivent  nous  être  doublement  précieux  comme  pré- 
sent d'un  jeune  Roi  naturaliste  qui,  après  s'être  si  bien  instruit  lui-même, 
s'occupe  nuit  et  jour  d'un  système  d'éducation  publique.  Protestons  au 
moins  contre  l'injuste  réunion  des  Testudo  grœca  et  Cher  sus  maurita- 
niens, en  dépit  des  excellentes  diagnoses  qu'a  données  de  ces  deux  espèces 
notre  savant  professeur  Duméril.  Ce  que  je  soutiendrai  encore  de  toutes 
mes  forces  en  cette  occasion,   malgré  tous  les  erpétologistes   anglais  qui 


(  5i4  ) 
l'appellent  Lutremys;  malgré,  je  suis  fâché  de  le  dire,  les  erpétologistes 
français  qui  la  réunissent  aux  Cistudo,  c'est  que  Y Emjrs  europœa  doit  rester 
le  type  du  genre  Emjs.  Et  cela  ne  fût-ce  que  pour  honorer  la  mémoire  de 
notre  illustre  Brongniart,  dont  l'important  travail  sur  la  classification  des 
Reptiles  a  fait  faire  dans  son  temps  un  si  grand  pas  à  l'erpétologie.   •> 

M.  le  Ministre  des  Deux-Siciles  à  Paris  transmet  trois  exemplaires  des 
Mémoires  de  L'Académie  de  Palerme,  et  divers  documents  imprimés  rela- 
tifs à  la  statistique  de  quelques  établissements  publics  de  la  même  ville. 

La  Société  impériale  zoologique  d'Acclimatation  fait  hommage  à  l'Aca- 
démie des  deux  premiers  volumes  du  Recueil  qu'elle  publie,  et  exprime  le 
désir  d'obtenir  pour  sa  bibliothèque,  ouverte  à  tous  les  membres  de  la  So- 
ciété, dont  le  nombre  est  déjà  de  plus  de  mille,  un  exemplaire  des  Comptes 
rendus. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  administrative.) 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  de  l'auteur  M.  Duchartre, 
un  exemplaire  d'un  opuscule  intitulé  :  «  Expériences  sur  les  plantes  épi- 
phytes  et  conséquences  qui  en  découlent  relativement  à  la  culture  de  ces 
plantes.  » 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  un  opuscule  publié  à  Washington  par  M.  Girard,  sous  le 
titre  de  Life  in  Us  physical  aspects  (la  vie  au  point  de  vue  physique). 

Cet  opuscule,  destiné  au  concours  pour  le  prix  de  Physiologie  expéri- 
mentale, est  accompagné  d'une  Note,  dont  nous  reproduisons  le  passage 
suivant  : 

«  J'ai  fait  une  observation  que  je  crois  importante  :  j'ai  trouvé  la  fibrine, 
ou  partie  nutritive  du  fluide  nourricier  ou  sang,  composée  de  cellules  à 
peine  visibles  sous  un  grossissement  de  900  diamètres.  Ces  cellules  sont 
difficiles  à  analyser  et  à  isoler  par  les  moyens  ordinaires  de  manipulation. 
Pour  les  obtenir  dans  un  état  d'isolement,  il  est  nécessaire  que  le  sang 
r  soit  maintenu  dans  des  conditions  telles,  qu'il  perde  sa  température  natu- 
relle d'une  manière  insensible  et  graduelle.  Lorsque  l'abaissement  de  la 
température  s'opère  d'une  manière  subite,  il  se  forme  alors  ce  que  nous  ap- 
pelons le  caillot,  dont  les  éléments  essentiels  sont  les  cellules  de  la  fibrine 
agglomérées  en  filières  ou  d'autres  manières.  Dans  cet  état,  les  cellules  de 


(5,5) 
ia  fibrine  ont  déjà,  en  majeure  partie,  perdu  leur  structure  et  forme  primi- 
tives; elles  sont  presque  méconnaissables.  Dans  leur  état  d'isolement,  les 
cellules  de  la  fibrine  ressemblent,  à  s'y  méprendre,  aux  cellules  vitellaires 
de  l'œuf;  les  unes  et  les  autres  jouent  un  rôle  analogue  dans  la  fabrique 
animale, 

»  Sur  de  tels  faits,  je  fonde  une  doctrine  nouvelle  de  la  vie  physique, 
brièvement  exposée  dans  le  travail  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  au  juge- 
ment de  l'Académie.  » 

zoologie.  —  Sur  la  température  moyenne  des  oiseaux  palmipèdes  du  nord 
de  l'Europe;  parM.  Charles  Mautins.  (Lettre  à  M.  Flourens.) 

«  Lorsque  je  me  préparais  à  partir  pour  la  Norwége ,  le  Féroé  et  le  Spitz- 
berg ,  je  savais  que  j'y  trouverais  un  grand  nombre  d'oiseaux  palmipèdes 
qui  viennent  y  nicher  pendant  l'été.  Je  résolus  d'étudier  leur  température. 
M.  Walferdin  voulut  bien  me  confier  un  thermomètre  construit  spéciale- 
ment pour  cet  objet.  Sa  cuvette  cylindrique,  son  tube,  d'un  diamètre  égal  à 
celui  de  la  Cuvette,  permettent  d'introduire  facilement  l'instrument  dans  le 
rectum  jusqu'au  centre'du  corps  de  l'animal.  L'échelle  thermométrique  n'est 
que  20  degrés  de  26°,55  à  45°, 5^.  Cet  intervalle  est  divisé  en  a55  parties 
d'égale  capacité,  dont  chacune  correspond  à  o°,075  centigrade.  Avec  une 
loupe ,  on  estime  aisément  j  de  degré.  Je  pouvais  donc  lire  sur  mon  ther- 
momètre o°,oi5  ou  ~;  de  degré  environ. 

»  Muni  de  cet  instrument,  plus  parfait  qu'aucun  de  ceux  qui  avaient  été 
employés  auparavant  pour  mesurer  les  chaleurs  animales,  je  pris  la  tempé- 
rature d'un  grand  nombre  de  Palmipèdes.  Mais  au  moment  de  rédiger  mon 
travail  plusieurs  questions  se  présentèrent  à  mon  esprit.  Mon  but  était  de 
déterminer  comparativement  la  température  moyenne  de  plusieurs  espèces, 
et  je  n'avais  que  celle  de  quelques  individus  en  petit  nombre  pour  chacune 
d'elles.  Il  fallait  donc  rechercher  :  i°  si  la  température  d'un  oiseau,  au  mo- 
ment où  on  l'observe ,  est  parfaitement  constante  ou  si  elle  est  variable ,  et, 
dans  ce  dernier  cas ,  mesurer  l'amplitude  de  ces  variations  ;  a°  apprécier 
quelles  sont  les  différences  de  température  que  présentent  les  individus  d'une 
même  espèce,  suivant  l'âge,  le  sexe,  la  saison  et  le  mode  d'alimentation. 
Pour  ces  recherches,  je  n'avais  pas  le  choix  des  espèces,  le  canard  et  l'oie 
sont  les  seuls  Palmipèdes  assez  communs  pour  qu'on  puisse  observer  un 
grand  nombre  d'individus  intacts;  car  un  oiseau  blessé  ne  donne  que  d»s 
indications  peu  sûres  sur  sa  température  normale. 

»  Combien  de  temps  le  thermomètre  doit-il  séjourner  dans  le  rectum  de 


(  5i6) 
l'oiseau  pour  indiquer  sa  température?  Dans  mes  expériences,  la  cuvette  se 
trouvait  au  niveau  de  l'insertion  des  deux  cœcums,  et  la  tige  tout  entière 
était  plongée  dans  le  rectum  jusqu'à  la  division  où  le  mercure  s'arrêtait.  Je 
m'assurai  que  quatre  minutes  étaient  suffisantes  lorsque  l'instrument  avait 
été  préalablement  chauffé  dans  le  creux  de  la  main.  En  effet,  si  on  laisse  sé- 
journer le  thermomètre  dans  le  rectum  pendant  quinze  minutes  et  qu'on 
lise  ses  indications  de  minute  en  minute,  la  courbe  thermométrique  présente 
des  inflexions  régulières  dont  l'amplitude  ne  dépasse  pas  jfa  de  degré.  On 
peut  donc  considérer  la  chaleur  comme  constante. 

»  Quelles  sont  les  différences  de  température  que  présentent  les  individus 
d'une  même  espèce?  Pour  le  savoir,  j'ai  examiné  cent  dix  canards  et  canes 
au  nord,  au  centre  et  au  midi  de  la  France,  dans  toutes  les  saisons  et  dans 
les  circonstances  les  plus  diverses;  les  uns  habitant  des  cours  de  ferme  sans 
eau,  les  autres  des  moulins  placés  sur  le  bord  des  rivières.  La  température 
moyenne  de  cent  dix  oiseaux  est  de  42°,o8g  ;  mais  un  canard  m'ayant  offert 
une  température  inférieure  à  la  moyenne  [de  —  i°,27,  et  une  cane  une  cha- 
leur supérieure  de  H-  i°,36,  il{  en  résulte  que  l'amplitude  de  la  variation 
thermométrique  dans  l'espèce  est  de  2°,63.  L'écart  moyen,  c'est-à-dire  la 
différence  moyenne  entre  la  température  moyenne  générale  et  celle  de 
chaque  individu  en  particulier,  ne  dépasse  pas  o°,42.  Quatre-vingt-dix-sept 
oies  avaient,  en  moyenne,  une  chaleur  de  4  i°,3i6,  inférieure  par  conséquent 
à  celle  de  l'espèce  canard  de  o°,773.  Si  la  chaleur  est  moindre,  elle  est  aussi 
moins  différente  d'individu  à  individu,  l'amplitude  de  sa  variation  ne  dé- 
passe pas  i°,75,  et  l'écart  moyen  o°,o3a.  On  voit  qu'en  adoptant  la  tempé- 
rature d'un  individu  comme  étant  celle  de  l'espèce,  les  auteurs  de  physio- 
logie comparée  s'exposaient  à  des  erreurs  qui  pouvaient  dépasser  i  degré. 
L'erreur  la  plus  probable  qu'ils  commettaient  est  égale  à  l'écart  moyen. 

«  Influence  du  sexe.  Dans  l'espèce  canard  elle  est  très-marquée.  La  tem- 
pérature moyenne  de  cinquante  mâles  a  été  4i°,9>5;  celle  de  soixante  fe- 
melles, 42°,264.  Différence,  o0,34o,.  Dans  les  mâles,  l'amplitude  de  la  varia- 
tion est  i°,8o;  dans  les  femelles,  2°,55  ;  ainsi,  dans  la  cane,  la  température 
est  à  la  fois  plus  élevée  et  moins  uniforme  que  dans  le  mâle.  En  adoptant 
la  température  d'un  individu  comme  étant  celle  de  l'espèce,  un  observa- 
teur devra  tenir  compte  du  sexe  s'il  veut  apprécier  le  degré  d'approxima- 
tion qu'il  obtient.  Si  c'est  un  Palmipède  lamellirostre  mâle,  l'écart  moyen 
ou  l'erreur  probable  sera  ±  o°,346;  si  c'est  une  femelle,  ±  o°,495  ;  ces 
différences  tiennent  à  la  plus  grande  variabilité  de  la  température  chez  les 
femelles  que  chez  les  mâles. 

»  Influence  de  l'âge.  Dans  le  jeune  âge,  c'est-à-dire  avant  quatre  mois, 


(5i7) 
la  chaleur  est  moindre  qu'à  un  an  et  au-dessus.  J'ai  trouvé  pour  les  ca- 
nards une  différence  de  o°,36;  pour  les  oies,  o°,4o. 

»  Influence  de  la  température  extérieure.  Elle  m'a  paru  nulle  ou  pres- 
que nulle  et  demanderait,  pour  être  résolue  définitivement,  des  expériences 
spéciales  auxquelles  je  ne  me  suis  pas  livré. 

»  L'influence  de  V alimentation  est  considérable  :  une  nourriture  insuffi- 
sante abaisse  d'une  manière  permanente  la  température  du  corps.  Ainsi  la 
différence  entre  des  oiseaux  bien  nourris  de  grains  et  d'autres  placés  exacte- 
ment dans  les  mêmes  circonstances,  mais  réduits  à  ce  qu'ils  trouvaient  dans  la 
rivière  et  sur  le  sol,  était  de  o°,8o.  L'abstinence  complète  amène  une  diminu- 
tion de  la  chaleur  ;  elle  était,  en  moyenne,  de  o°,  1 1  par  vingt-quatre  heures 
pour  les  cinq  premiers  jours.  Sur  des  pigeons,  M.  Ch.  Chossat  a  trouvé  o°,  i  o 
dans  des  expériences  que  l'Académie  a  couronnées  en  1 843.  Après  quarante- 
huit  heures  de  diète  il  y  a  une  réaction,  c'est-à-dire  une  légère  augmentation 
de  chaleur  qui  ne  dure  qu'un  jour  chez  les  pigeons,  mais  qui  s'est  prolongée 
pendant  quatre  sur  mes  canards.  La  privation  complète  d'aliments  ne  pro- 
duit donc  pas,  dans  les  premiers  jours  du  moins,  un  refroidissement  uni- 
forme ou  uniformément  accéléré. 

»  Le  tableau  suivant  présente  la  température  des  espèces  que  j'ai  obser- 
vées; j'ai  mis  en  regard  l'erreur  probable  calculée  d'après  l'écart  moyen 
obtenu  par  la  comparaison  de  cent  dix  canards.  On  est  frappé,  en  parcourant 
ce  tableau,  de  l'uniformité  de  température  des  Palmipèdes.  Cependant  les 
Plongeurs  paraissent  avoir  une  chaleur  moindre'que  les  Longipennes,  qui, 
à  leur  tour,  ont  une  température  inférieure  à  celle  des  Lamellirostres.  L'es- 
pèce dont  la  chaleur  est  la  plus  faible  est  le  Procellaria  glacialis  (38°,  76)  ; 
celle  dont  la  température  est  la  plus  élevée,  l'oie  de  Guinée  (  Anser  cygnoides) 
4a°,84-  On  remarquera  que  le  volume  n'a  pas  d'influence  sur  la  calorifica- 
tion  :  les  petites  espèces  d'un  genre  sont  en  général  plus  chaudes  que  les 
grandes. 

»  Les  données  positives  de  physiologie  comparée  énoncées  dans  cette 
Note  me  paraissent  nouvelles;  personne,  à  ma  connaissance  du  moins, 
n'ayant  encore  étudié  la  chaleur  moyenne  d'une  espèce,  d'un  genre  et  d'une 
classe.  Mais,  dans  des  animaux  à  température  aussi  uniforme,  ces  données 
numériques  n'auraient  pu  être  obtenues  sans  l'excellent  thermomètre  que 
je  dois  à  M.  Walferdin,  et  qui  a  servi  à  toutes  mes  expériences.  Il  eût  été 
impossible  d'estimer  d'aussi  faibles  différences  avec  un  thermomètre  ordi- 
naire, et  l'on  n'aurait  pu  déduire  de  ces  observations  des  résultats  positifs, 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N»  II.)  69 


;  5,8  ; 

sans  l'emploi  des  méthodes  familières  aux  météorologistes  et  aux  statisti- 
ciens, et  trop  peu  connues  des  naturalistes. 

Tableau  résumé  de  la  température  moyenne  des  oiseaux  palmipèdes  du  nord  de  l'Europt  . 


I.  —  PALMIPEDES  PLONGEURS. 


Guillemot  à  miroir  (  Uria  grylle,  L.) . .  . 
Guillemot  nain  [Uria  Brunnichii,  Sab.). 
Macareux  [Mormon  fratercula,  Temm.). 


NOMBRE 

d'individus 

observés. 


3 

8 

2 


Moyenne  des  Plongeurs. 


11.   —  PALMIPEDES  LOK5IPENKES 


Pétrel  gris-blanc  (  Proccllaria  glacialis,  L.) .  .  . 

Mouette  grise  (Larus  ridibundus,  Gm.) 

Mouette  à  trois  doigts.  [L.  tridactylus,  Gm.).  . 

Mouette  blanche  [L.  eburneus,  Gm.) 

Goéland  à  manteau  gris  [L.  glaucus,  Gm.). .  .  . 
Goéland  argenté  [L.  argentatus,  Lath.). 
Stercoraire  pomarin  [Lestris parasilica,  Illig.). 


5 
i 

3 

12 

IO 

I 


Moyenne  des  Longipennes. 


ni. 


PALMIPEDES  LAMELLIR.OSTRES. 


Cygne  à  bec  rouge  [Anas  otor,  Gm.). 
Oie  de  Guinée  [Anscr  cygnoides,  L.) . . 
Oie  trompette  [Anas  cartadensis,  L.). . 

Oie  ordinaire  (  A.  anscr,  L.) 

Oie  rieuse  [A.  albi/rons,  Gm.) 

Oie  cravant  [A.  bernicla,   Gm.) 

Eider  [A.  mollissinia,  L.) 

Canard  millouinan  [A.  marila,  L.).. 
Canard  tadorne  [A.  tadorna,  L.)  .  . . 
Canard  musqué  [A.  moschata,  L.). .  . 

Canard  pilet  [A.  acuta ,  L.) 

Canard  ordinaire  [A.  boschas,  L.). .  . 
Canard  sifïleur  [A.  penelope,  L.).    .  .  . 


4 

5 

97 

i 

i 

9 
7 
3 

16 

1 1 

no 

18 


Moyenne  des  Lamellirostres. 
Moyenne  générale  des  vingt-trois  espèces. 


TEMPERA- 
TURES 

moyennes. 


4o,57 
4o,48 

4»  .74 


4o,597 


38, 76 
41,42 
40,07 

40,42 

4o.74 
42,33 
40,37 


40,587 


4o,99 
42,84 

4i,68 

4i,3z 

42,85 

42,70 

42,46 

42,65 

42,65 

4i,66 

42,16 

42,09 

42, 5i 


42>>97 


4., 498 


ECART 

probable. 


0,25 
0,l5 
0,29 


°>«9 

0,42 
0,42 

0,25 

0,11 

o,  i3 
0,42 


0,16 

0,21 

o,J9 
0,04 

0,42 

o,42 
0,14 

0,16 

0,25 

o,  10 
O,  12 

o,o3 

0,09 


(  5«f,  ) 

mécanique.  —  Note  sur  les  mouvements  relatifs;  par  M.  Quet. 

«  M.  E.  Bour  a  publié,  le  a5  février  dernier,  dans  les  Comptes  rendus 
de  l'Académie,  l'extrait  d'un  travail  important  dont  l'objet  principal  est 
d'exposer  une  méthode  simple  pour  résoudre  le  problème  du  mouvement 
relatif  d'un  corps  retenu  sur  la  terre  par  son  centre  de  gravité,  lorsque  le 
corps  a  la  liberté  de  tourner  dans  tous  les  sens  autour  de  ce  centre. 

»  J'ai  eu  l'honneur  d'adresser  à  l'Académie,  le  a6  octobre  i852  et  le 
i5  novembre  de  la  même  année,  successivement  deux  méthodes  différentes 
pour  résoudre  Je  même  problème.  L'une  d'elles  a  été  publiée  dans  le  Journal 
de  M.  Liouville,  et  m'a  servi  à  expliquer  tous  les  phénomènes  connus  qui 
dépendent  de  la  rotation  terrestre.  L'autre  méthode,  qui  était  spécialement 
appropriée  au  problème  de  la  rotation  d'un  corps  libre,  n'obligeait  pas  à 
former  de  nouvelles  équations  différentielles  et  à  les  intégrer;  elle  ramenait 
tout  aux  équations  du  mouvement  absolu.  Il  suffisait  alors  de  prendre  les 
intégrales  connues  de  ces  dernières  et  d'ajouter  simplement  —  nt  à  l'une 
des  variables  (n  étant  la  vitesse  de  rotation  de  la  terre).  Cette  méthode 
jouissait  en  outre  de  ce  caractère,  qu'elle  dispensait  d'avoir  recours  aux 
formules  générales  des  mouvements  relatifs.  Comme  elle  me  paraît  fort 
simple  et  susceptible  de  diverses  applications,  je  prie  l'Académie  de  vouloir 
bien  me  permettre  de  l'exposer  ici  très-brièvement. 

»  Le  mouvement  absolu  d'un  assemblage  quelconque  de  corps  est  re- 
présenté par  la  formule  générale 

W      2>  (Sr^+  w*  +  îp*)  =  2>(X^  +  Yân  +  ZoX). 

Les  quantités  qui  entrent  dans  cette  expression  sont  rapportées  à  trois  axes 
rectangulaires  et  fixes  dans  l'espace,  c£,  cvj,  cÇ.  On  désigne  par  §,  y,  £; 
mX,  mY,  mZ;  ù%,  c?rç,  <?Ç,  les  coordonnées  d'un  point  matériel  m,  les  pro- 
jections sur  les  axes  des  forces  appliquées  à  ce  point  et  celles  d'un  déplace- 
ment virtuel  donné  au  mobile.  Je  supposerai,  dans  ce  qui  suivra,  que  l'axe 
cÇ  est  parallèle  à  l'axe  terrestre. 

»  Par  un  point  quelconque  o  de  la  terre,  je  mène  trois  axes  ox,  ojr,  oz 
parallèles  aux  précédents.  L'axe  oz  sera  nécessairement  invariable  sur  la 
terre;  les  axes  ox,  oy,  qui  ont  des  directions  fixes  dans  l'espace,  se  mou- 
vront par  rapport  à  la  terre  de  la  même  manière  que  l'aiguille  des  heures 
dans  une  horloge  montée  parallatiquement,  c'est-à-dire  que  leur  rotation 
apparente  sera  égale  et  contraire  à  la  rotation  réelle  de  la  terre.  En  désignant 
par  x,y,  z  les  coordonnées  du  point  m  rapportées  à  ces  nouveaux  axes,  et 

69.. 


(    520    ) 

par?',  Y}',  Ç'  celles  de  l'origine  mobile  o  prises  par  rapport  au  premier  sys- 
tème d'axes  c§,  cÇ,  cri,  on  a 

(2)  §=*  +  §',     yj=j  +  rj',     Ç=z+Ç'; 

l'accélération  absolue  du  point  o,  qui  est  due  à  la  rotation  terrestre,  a 
pour  projection  sur  l'un  ou  l'autre  des  deux  systèmes  d'axes,  les  valeurs 

— ^-,  — \  ,  — -;  elle  est  d'ailleurs  égale  et  directement  opposée  à  ce  qu'on 

appelle  la  force  centrifuge  du  point  o.  En  désignant  par  a,  g,  y  les  pro- 
jections sur  les  axes  de  cette  dernière  force,  on  tire  des  équations  (2)  les 
expressions 

/Q<*  d'Z_d2x_  liî_^!Z_e         rf,S  _dH  _j'! 

(  '  ~dtî~~d~F      a'      dF~~dF~    '      7P  ~  dP  ~  7' 

Au  moyen  de  ces  équations  et  pour  les  mouvements  virtuels  qui  n'entraî- 
nent pas  le  déplacement  de  l'origine  0,  la  formule  générale  (1)  devient 

^,        /rf'i  .  d'y  .  d'z  ,    \ 

=  ^  «  [(*  +  a)  c?*  +  (  Y  +  g)  âj  +  (Z  +  7)  *z]. 

Lorsque  l'attraction  terrestre  est  la  seule  force  appliquée  aux  divers  points 
des  corps,  les  quantités  X+a,  Y  +  ë,  Z  +  7  désignent  les  projections  sur 
les  axes  ox,  oj,  oz  de  la  pesanteur  telle  qu'elle  est  dans  le  lieu  où  se  trouve 
le  système  mobile.  Alors  la  formule  (4)  montre  que  le  mouvement  relatif 
d'un  assemblage  de  corps  rapporté  aux  axes  ojc,  oy,  oz  est  représenté  par 
les  mêmes  équations  que  si  la  terre  ne  tournait  pas  et  que  l'on  remplaçât 
l'attraction  terrestre  par  la  pesanteur, 

»  Dans  le  cas  particulier  d'un  corps  solide  dont  le  centre  de  gravité  est 
en  o,  la  formule  (4)  se  réduit  à 

Cette  expression  est  précisément  celle  que  l'on  emploie  pour  traiter  le  pro- 
blème de  la  rotation  d'un  corps  libre  autour  de  son  centre  de  gravité,  lors- 
qu'on fait  abstraction  de  la  rotation  terrestre.  On  sait  en  tirer  les  équations 
différentielles  du  mouvement  qu'Euler  et  surtout  Lagrange  ont  appris  à 
intégrer  d'une  manière  générale,  et  par  suite  on  sait  exprimer  en  fonction 
du  temps  les  trois  angles  caractéristiques  d,  |,  <p,  qui  déterminent  la  posi- 
tion du  corps  par  rapport  aux  axes  ox,  oy,  oz.  Q  désigne  l'angle  qu'une 


(  Saï  ) 
droite  fixe  oz,  du  corps  fait  avec  oz;  ty  —  900  est  l'angle  que  la  projection 
de  cet  axe  du  corps  sur  le  plan  xoy  fait  avec  ox,  en  sorte  que  ty  détermine 
la  direction  par  rapport  à  ox  de  l'intersection  oN  du  plan  xoy  avec  le  plan 
fixe  du  corps  qui  est  perpendiculaire  à  oz,.  Enfin  <p  est  l'angle  que  l'inter- 
section oN  fait  avec  la  droite  fixe  ox,  du  corps,  menée  perpendiculaire- 
ment k  oz,. 

»  Les  angles  9,  ty,  f  étant  déterminés,  il  est  facile  d'en  déduire  ceux  qui 
représentent  le  mouvement  du  corps  par  rapport  à  trois  axes  fixes  de  la 
terre  convenablement  choisis.  Je  mène  dans  le  plan  xoy,  qui  est  fixe  sur 
la  terre,  deux  droites  rectangulaires  ox',  oy'  invariablement  liées  à  la  terre, 
et  je  rapporte  la  position  du  corps  au  système  d'axes  ox' ,  oy' ,  oz  qui  est 
fixe  sur  la  terre.  L'axe  du  corps  oz,  fait  avec  l'axe  oz  de  ce  nouveau  sys- 
tème un  angle  9,  comme  précédemment  ;  mais  l'intersection  oN  fait  avec 
ox'  un  angle  <\>'  différent  de  iji.  Si  l'on  désigne  par  u0  la  valeur  initiale  de 
(J/  =  (j(,  qu'on  peut,  au  reste,  supposer  nulle,  on  a 

(6)  i|/  —  <J/  =  «0  —  nt. 

Quant  à  l'axe  ox,  du  corps,  il  fait  avec  l'intersection  oN  un  angle  <p,  comme 
précédemment.  On  voit  par  là  qu'on  déduit  des  angles  9,  tj>,  m  qui  servent 
à  déterminer  la  position  du  corps  par  rapport  au  système  d'axes  mobiles 
ox,  oy,  oz,  les  angles  qui  déterminent  cette  position  par  rapport  au  sys- 
tème d'axes  fixes  sur  la  terre,  en  ajoutant  à  ty  la  quantité  u0  —  nt,  ou  sim- 
plement —  nt. 

»  Si,  d'après  les  données  initiales  et  la  figure  du  corps,  les  angles  9,  é 
doivent  rester  constants  ou  sensiblement  constants,  ij/  ne  jouira  pas  de  la 
même  propriété,  puisque  l'on  a  t|/  =  <J>  —  nt .  Dans  ce  cas,  l'axe  du  corps 
oz,  se  mouvra  ou  exactement  ou  sensiblement  comme  l'axe  d'une  lunette 
parallatique  ;  en  effet,  pour  ce  dernier  axe  9  et  ty  sont  constants.  C'est  ce 
qui  arrivera  si  le  corps  solide  a  reçu  primitivement  une  très-grande  vitesse 
autour  de  l'axe  principal,  qui  répond  au  plus  grand  ou  au  plus  petit  mo- 
ment d'inertie. 

»  La  méthode  qui  vient  d'être  exposée  a  pour  caractère  spécial  de  rame- 
ner les  problèmes  des  mouvements  relatifs  aux  problèmes  correspondants 
des  mouvements  absolus  par  un  choix  convenable  d'axes  fixes  et  d'axes 
mobiles  par  rapport  à  la  terre.  C'est  en  suivant  des  idées  analogues  que  je 
suis  parvenu,  dans  mon  Mémoire  publié  par  le  Journal  de  M.  Liouville,  à 
ramener  le  mouvement  relatif  des  pendules  simples  et  composés  au  cas  du 
mouvement  absolu. 

»  Je  citerai  comme  application  partielle  des  considérations  qui  précèdent 


(    522    ) 

le  problème  de  la  chute  libre  des  corps.  Si  l'on  désigne  par  X,  Y,  Z  les 
composantes  de  l'attraction  terrestre  rapportées  aux  axes  ox,  oy,  oz  ou  aux 
axes  cÇ,  cy],  cÇ,  on  a 


d>$_  d'r,  _  ^_7 

et,  à  cause  des  équations  (3), 

d'x  d'r         „  p  d^z  _ 

Je  représente  par  g  l'intensité  de  la  pesanteur,  par  m  le  complément  de  la 
latitude  et  par  v0  —  nt  l'angle  que  l'axe  ox  fait  avec  la  projection  de  la 
verticale  sur  le  plan  xoy,  et  j'ai 

X  -4-  a  =  g  sinw  cos(i>0  —  nt), 
Y  -t-  ê  =  g  sinwsin  (v0  —  nt), 
Z  +  y  =  g  cosw; 

d'après  cela,  les  équations  qui  précèdent  deviennent,  en  supposant  v0  =  o, 
ce  qui  est  permis, 


d'x  .  d'y  .  .  d2z 

—  =gsmucosnt,      —  =-grsinusin»<,      — 


Ces  équations  s'intègrent  immédiatement  et  donnent,  lorsque  le  mobile 
part  du  point  o,  sans  vitesse  initiale  : 

x=- — —U  —  cosnt),      Y  —  - — —(smnt  —  nt),      z  =  - t2; 

on  déduit  facilement  de  là  l'expression  de  la  déviation  orientale,  v 

M.  Baudelocque  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  faire  examiner  par 
une  Commission  la  valeur  pratique  d'un  moyen  pour  abréger  les  douleurs 
de  l'accouchement,  qu'il  annonce  avoir  expérimenté  plusieurs  fois  et  tou- 
jours avec  le  même  succès. 

L'Académie  ne  pourra  nommer  de  Commission  que  lorsque  M.  Baude- 
locque lui  aura  fait  connaître  le  moyen  qu'il  emploie  pour  arriver  au  ré- 
sultat annoncé. 

M.  Chapoteau,  à  l'occasion  d'une  communication  faite,  il  y  a  quelques 
mois,  par  M.  Thenard  sur  un  moyen  de  détruire  les  punaises,  fait  connaître 
un  moyen  auquel  il  a  eu  recours  et  dont  il  assure  avoir  obtenu,  ainsi  que  tous 
ceux  qui  l'ont  essayé  d'après  son  conseil,  d'excellents  résultats.  Ce  moyen  con- 


(  5a3  ) 
siste  à  faire,  dans  la  chambre  qu'on  veut  purger  d'insectes,  une  fumigation 
avec  des  feuilles  de  rhue,  de  tabac,  d'absinthe  et  avec  du  camphre,  le  tout 
projeté  sur  un  brasier  ardent.  Il  va  sans  dire  que,  pour  être  efficace,  cette 
fumigation  doit  être  faite  dans  une  chambre  dont  toutes  les  issues  sont  fer- 
mées et  soigneusement  calfeutrées. 

M.  Triquet  demande  et  obtient  l'autorisation  de  reprendre  un  Mémoire 
sur  les  polypes  de  V oreille  qu'il  avait  présenté  au  concours  pour  les  prix  de 
Médecine  et  de  Chirurgie,  et  qui  n'a  pas  été  mentionné  dans  le  Rapport  fait 
par  la  Commission  sur  les  pièces  admises  à  ce  concours. 

M.  Grellon  adresse  une  double  copie  d'un  tableau  imprimé  offrant  le 
résumé  des  observations  météorologiques  qu'il  a  recueillies  à  Constantinople 
en  i855. 

M.  Paqcerée  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  faire  examiner  par  une 
Commission  un  opuscule  dans  lequel  il  a  décrit  deux  appareils  de  son  inven- 
tion, destinés  à  prévenir  des  accidents  communs  sur  les  chemins  dejer. 

La  description  de  ces  appareils  ayant  été  rendue  publique  par  l'impres- 
sion, l'Académie  ne  peut,  d'après  ses  usages,  les  renvoyer  à  l'examen  d'une 
Commission. 

L'auteur  d'un  Mémoire  présenté  au  concours  pour  le  grand  prix  des 
Sciences  naturelles  (question  concernant  la  distribution  des  restes  organiques 
fossiles  dans  les  terrains  de  sédiment)  annonce  l'envoi  prochain  d'une  tra- 
duction française  du  travail  qu'il  a  déjà  présenté  et  qui  est  écrit  en  allemand. 

A  l'occasion  de  la  déclaration  faite  dans  la  précédente  séance  par  M.  The- 
nard,  au  nom  de  la  Commission  chargée  d'examiner  un  Mémoire  intitulé  : 
«  Les  métaux  sont  des  corps  composés,  ie  partie,  ier  Mémoire  »,  l'auteur  de 
cet  écrit,  M.  Tiffereau,  demande  à  l'Académie  la  permission  de  lui  faire 
remarquer  qu'en  adressant  cette  partie  de  son  travail,  il  n'avait  pas  de- 
mandé qu'elle  fût  immédiatement  l'objet  d'un  Rapport.  La  Commission  a 
dû  juger,  en  effet,  qu'il  n'y  avait  pas  lieu  à  entretenir  l'Académie  d'opinions 
dénuées  des  preuves  qui  doivent  faire  de  sa  part  l'objet  d'une  nouvelle  com- 
munication. 

M.  Ils. axciii  i  annonce  l'intention  de  soumettre  au  jugement  Me  l'Académie 
une  Note  sur  un  dispositif  au  moyen  duquel  il  pense  avoir  résolu  le  pro- 
blème du  mouvement  perpétuel. 

On  fera  savoir  à  l'auteur  que  l'Académie,  en  vertu  d'une  décision  déjà  an- 


(  5M  ) 
cienne,  ne  renvoie  point  à  l'examen  d'une  Commission  les  Notes  ou  Mémoires 
concernant  le  mouvement  perpétuel. 

M.  Anghera,  auteur  de  plusieurs  Notes  manuscrites  sur  diverses  questions 
de  géométrie,  et  notamment  sur  la  quadrature  du  cercle,  annonce  l'envoi 
d'un  opuscule  imprimé  sur  ce  sujet. 

L'Académie  a  déjà  reçu  un  exemplaire  de  cet  opuscule  qui,  de  même  que 
les  Notes  manuscrites  précédemment  envoyées,  traite  d'une  question  dont 
la  science  depuis  longtemps  ne  s'occupe  plus. 

M.  Jî assagi: i  prie  l'Académie  de  lui  faire  savoir  le  jugement  qui  aura  été 
porté  sur  un  Mémoire  qu'il  avait  voulu  lui  soumettre,  mais  qu'il  ne  lui  avait 
pas  adressé  directement. 

Ce  Mémoire,  qui  paraît  avoir  pour  objet  l'examen  des  fonctions  les  plus 
générales  des  corps  organisés,  animaux  et  végétaux,  n'est  pas  parvenu  à 
l'Académie. 

A  4  heures,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  6  heures.  F. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  17  mars  1 856,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Cryptogamia  Guyanensis,  seu  Plantarum  cellulariurn  in  Guyana  gallica 
annis  1 835-1 849  a  Cl.  Leprieur  collectarum  enumeratio  universalis ;  auctore 
Cam.  Montagne.  Parisiis,  MDCCCLV;  1  vol.  in-8°. 

Catalogue...  Catalogue  des  Reptiles  Chéloniens  de  la  collection  du  Britisli 
Muséum;  Part.  1,  Testudinata;  par  M.  J.-E.  Gray.  Londres,  1 855  ;  in-4°. 
(Offert  au  nom  de  l'auteur  par  M.  le  Prince  Ch.  Bonaparte.) 

Life...  La  vie  au  point  de  vue  physique  ;  par  M.  Ch.  Girard.  Washington, 
i855;br.  in-8°. 


ERRATA. 

* 

(Séance  du  10  mars  i856.) 

Page  49'«  ligne  6,  au  lieu  de  Coebon,  lisez  Cocebon. 

Page  4g4>  ligne  1 1  en  remontant,  au  lieu  de  Lassaigke,  lisez  Dessaignes. 


■«-»«-< 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


«-»««< 


SÉANCE  DU  LUNDI  24  MARS  1856. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  BINET. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

calcul  intégral.  —  Mémoire  sur  la  réduction  de  classes  très-étendues 
d'intégrales  multiples  ;  par  M.  J.  Liouville.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  1 .  J'ai  obtenu  à  diverses  époques  et  par  différentes  méthodes  des  for- 
mules pour  la  réduction  de  plusieurs  classes  très-étendues  et  assez  remar- 
quables d'intégrales  multiples.  Dans  des  cas  particuliers,  ces  formules  four- 
nissent les  valeurs  finies  de  quelques  intégrales  qui  paraissent  mériter  qu'on 
les  signale.  Elles  conduisent  d'ailleurs  à  la  solution  de  certains  problèmes, 
au  premier  abord  très-difficiles.  On  les  trouvera  réunies  et  discutées  dans 
mon  Mémoire.  Je  ne  pourrai,  dans  cet  Extrait,  qu'effleurer  le  sujet,  et  je 
m'attacherai  de  préférence  aux  formules  qui  sont  liées  à  l'intégrale 

-m  /»*    -  fa.H-a.-t-. ..-Ha.-,-*- - )    --1    2-1  l^li-i 

Jo    -Jo    e    v  «,«,...  «,_./a»     an         a^,        da,da2...d<xll_„ 

dont  je  me  suis  servi  dans  un  article  inséré  au  Compte  rendu  de  la  dernière 

C.  R.  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLH,  N°  i2.)  7<> 


(  526  ) 

séance  (*)  pour  démontrer  la  belle  formule  de  Gauss  concernant  les  fonc- 
tions T.  En  désignant  par  R  cette  intégrale,  j'ai  prouvé  que  l'on  a 


n — I 


V* 
»  2.  Cela  posé,  considérons  l'intégrale  à  n  variables 


a  n  —  i 


I      ...  |     e-(«-t-«.  -t-...-+-a._.)  c[>(aal  ...a„_,)  a."  a"...  an",  da  da, ...  da„_,, 

t/O  t/O 

où  <p  désigne  une  fonction  quelconque,  telle  pourtant,  bien  entendu,  que 
l'intégrale  garde  un  sens  précis  et  une  valeur  déterminée.  Désignons  cette 
intégrale  par  L.  En  substituant  à  la  variable  a  une  variable  nouvelle  k,  liée 
à  a  par  la  relation 

r 

a  =  > 

a.ta.2  .  .  .  an_, 

nous  aurons  de  suite 

L  =  /i  ^  Yi(f{k!t)kn-{  dk; 

et  en  mettant  pour  R  sa  valeur, 

I  n—  1 

L'intégrale  donnée  à  «  variables  est  donc  réduite  à  une  intégrale  simple.  En 
prenant  pour  la  fonction  <p  une  puissance  de  la  variable,  on  retrouverait 
naturellement  la  formule  de  Gauss  : 


(*)  Je  note  en  passant  trois  fautes  d'impression  :  page  5o2  ,  ligne  f  a,  au  lieu  de  e    ada, 

—  il 

il  faut  e    *  a1     '  da;  page  5o3, ligne 6,  au  lieu  de  3*  _',  il  faut  3'     ^ ;  page  5o6,  ligne  19, 

au  lieu  de  f$a,  il  faut  (fy. 


(  5*7  ) 
»  3.  On  obtient  une  formule  particulière,  digne  de  remarque,  eu  posant 

?(*")=  e-a", 

où  a  désigne  une  constante,  telle  que  la  somme  n  +  a  soit  positive.  On  a 
alors 

<f  (aa,  ...a„_,)  =  e-av ««.•••«—, 
et  il  vient 

œ  i      a  n  — i 

r ...  f   e-{"  +  «>+--+a"--  +  aV««>---a"--K:a:...ajrdxda,..<dan_t 

Jo  »'o 

i  n  —  i 

ô  /         \    2      1.2.3.  .  .  (n  —  i) 

v       '  (n-f-a)" 

»  Cette  formule  peut  être  démontrée  autrement;  par  exemple,  au  moyen 
de  développements  en  séries.  D'abord  en  développant  l'exponentielle 

g-a(/ra,...  a„_, 

en  série  suivant  les  puissances  de  a,  on  prouvera  que  la  formule  est  exacte 
tant  que  la  valeur  absolue  de  a  ne  surpasse  pas  n.  Remplaçant  ensuite  a  par 
a  -+-  h,  et  développant  suivant  les  puissances  de  h,  on  étendra  de  proche  en 
proche  la  limite  supérieure  de  a  jusqu'à  oo  .  La  formule  dont  nous  parlons 
une  fois  établie,  on  en  déduira,  si  l'on  veut,  une  démonstration  nouvelle  de 
l'équation  (A)  de  Gauss  :  il  suffira  de  prendre  la  différentielle  à  indice  quel- 
conque des  deux  membres  et  de  faire  ensuite  a  =  o. 

»  La  constante  a  de  notre  formule  peut  être  supposée  imaginaire,  pourvu 
que  la  partie  réelle  de  n  -+-  a  soit  positive.  Je  profiterai  de  l'occasion  pour 
faire  observer  que  la  constante  k  de  la  formule 

n-l 

R  =  -^={2n)  2  e-nk 
V* 

admet  de  même  des  valeurs  imaginaires.  Dans  le  premier  membre,  où  k 
entre  à  la  puissance  n'ème,  on  peut  prendre 

k"  =  p  (cosô  +  \/—  i  sin  6), 

70.. 


(5*8  ) 
pourvu  que  l'angle  $  soit  compris  entre  —  -  et  -,  et  alors  on  doit  poser, 


dans  le  second  membre, 

k  =  %p  (  cos  -  +  \/  —  i  sin  -  1  • 


Les  valeurs  extrêmes 


- 


2 


peuvent  être  admises  ;  pour  elles  on  a 


kn  =  ±  p  \f—î. 

»  4.  Enfin,  dans  l'intégrale  L,  on  peut  supposer  la  fonction  y  nulle  dès 
que  la  variable  atteint  une  certaine  valeur  positive  b,  cette  fonction  restant 
d'ailleurs  quelconque  pour  des  valeurs  moindres.  On  reconnaît  alors  que 
l'intégrale  multiple 


1     2  n—\ 


prise   pour  toutes  les  valeurs  positives  de  a,   aM  ...,  a„_,,   qui  vérifient 
l'inégalité 

a«,  ...  «„_,  <  b 
est  égale  à  l'intégrale  simple 

«'(.air)"     /    e-*<p{kf)kr-,dky 

où  c  =  Çb. 

»  5.  Tout  en  abrégeant  beaucoup,  en  omettant  même  de  mentionner 
certaines  questions  accessoires  qui  ont  de  l'intérêt,  j'ai  pourtant  donné 
quelques  développements  sur  l'intégrale  L.  Je  serai  très-bref  dans  ce  qui 
va  suivre. 

»  L'intégrale  à  (n  —  i)  variables 

I  i  n— i 

..*.  1     /^+a,  +  aî+...  +  aB_l+  -j—_- Jç,      «2      ...«„_,     d*idai...doL„_t, 


(5a9) 
que  je  désignerai  par  V,  et  où  k  est  un  paramètre  positif,  x  une  variable 
indépendante,  peut  être  traitée  par  une  méthode  semblable  à  celle  que 
j'ai  employée  pour  l'intégrale  R.  En  différentiant  par  rapport  à  k,  puis  sub- 
stituant à  la  variable  a,  une  autre  variable  an  liée  à  a,  par  la  relation 


a,  =■ 


a.,  a,  .  .  .  a„_,  a„ 

on  trouve  sans  peine  que 

rfV  dV 

dk  ~  nfa' 

Donc 

V  =  ty(x  +  nk). 

On  déterminera  la  fonction  fy{x)  en  posant  k  —  o.  La  valeur  de  i{/  (a?)  est 
donc  exprimée  par  l'intégrale 

1  a  n — i 

J/*CQ  /»ÛO  —  —  I         -—I  — — — — X 

•••   /     /(*H-«i  +  a»+....+  a_l)a"      c£      ...«„!,      da,du2...da„_„ 

que  l'on  sait  réduire  à  une  intégrale  simple  (*).  On  exprimera  donc  aussi  V 
par  une  intégrale  simple. 

»  On  réduira  aisément  ensuite  à  une  intégrale  double  l'intégrale  à  n 
variables 


i     a  n— i 


J/»oo  /»ûo  

I     ...    /      PQa"aa ...  a„l, dadat  ...  da.„_,, 
o         «A> 

où  j'ai  fait,  pour  abréger, 

P  =/(a  +  a,  +  ...  +  a„_,), 
et 

Q=f  {ami  •■■  <*n-,)- 

»  En  remplaçant  a  par  a  a,  a,  par  a,  a,,...,  a„_,  par  a„_,  a„_,,  on  rem- 
placera la  somme  des  variables,  dont  P  dépend,  par  une  fonction  linéaire  de 
ces  variables. 

(*)  Voir  Journal  de  Mathématiques,  tome  IV,  page  229. 


(  53o  ) 

»  On  obtiendra  des  résultats  curieux  en  supposant  que  l'une  des  fonc- 
tions P,  Q  devient  nulle,  ou  même  que  toutes  deux  deviennent  nulles, 
lorsque  les  variables  dont  elles  dépendent  surpassent  une  limite  donnée,  ou 
cessent  d'être  comprises  entre  des  limites  données. 

»  Enfin,  parmi  les  intégrales  dont  je  me  suis  occupé,  je  citerai  encore  la 
formule 

£  --J"  /(**  +  »  p +...),(£  +  £+.. )d«dp...t 

qui  se  lie  aux  précédentes.  Je  renvoie  pour  le  reste  à  mon  Mémoire.  De  plus 
longs  détails  sur  ce  sujet  sortiraient  du  cadre  où  l'on  doit  renfermer  les 
Comptes  rendus.  » 


MEMOIRES  PRESENTES 

analyse  mathématique.  —  Mémoire  sur  le  développement  de  la  Jonction 
perturbatrice;  par  M.  Roubget.  (Extrait  par  l'auteur.) 

Commissaires,  MM.  Liouville,  Binet,  Delaunay.) 

«  Le  développement  de  la  fonction  perturbatrice  en  série  ordonnée  sui- 
vant les  puissances  des  excentricités  et  des  inclinaisons  est,  comme  l'on  sait, 
d'une  grande  importance  pour  le  calcul  des  inégalités.  On  peut  même  dire 
qu'une  Table  parfaitement  exacte  des  divers  termes  de  cette  série,  jusqu'à 
un  ordre  assez  élevé,  ne  serait  pas  moins  utile  aux  astronomes  qu'une  Table 
de  logarithmes. 

»  Mais  l'application  de  la  série  de  Taylor  à  ce  problème  présente  des 
obstacles  à  peu  près  insurmontables  quand  on  dépasse  le  quatrième  ordre. 
Ainsi  le  travail  de  Burckhardt  sur  les  termes  du  cinquième  ordre  [Mémoires 
de  l'Institut,  1808)  contient  quelques  erreurs  relevées  par  M.  Binet  en  181 2; 
ainsi  celui  de  M.  Airy  pour  la  détermination  des  termes  relatifs  à  la  grande 
inégalité  que  Vénus  introduit  dans  le  moyen  mouvement  de  la  Terre,  a  été 
extrêmement  laborieux,  et  les  divergences  entre  ses  résultats  et  ceux  d'autres 
géomètres  partis  des  mêmes  données  que  lui  font  douter  de  son  exac- 
titude. 

»  M.  Pontécoulant  a  publié  dans  sa  Théorie  analytique  du  système  du 
monde  un  tableau  des  termes  de  la  fonction  perturbatrice,  étendu  jusqu'au 


(  53,  ) 
sixième  ordre  ;  mais,  malgré  tous  les  soins  de  l'auteur,  ce  travail  ne  peut 
être  consulté  qu'avec  défiance,  car  mon  ami  M.  Houel  y  a  découvert  un 
assez  grand  nombre  de  fautes,  qu'il  a  signalées  dans  sa  Thèse  présentée  à  la 
Faculté  de  Paris  en  1 855. 

»  La  source  des  difficultés  du  problème  est  facile  à  saisir.  L'application 
de  la  série  de  Taylor  ramène  aux  développements  des  puissances  de  x,  y 
définies  par  les  équations 

r  =  a(i  + *), 

v=  l+y, 

l  désignant  la  longitude  moyenne,  et  v  la  longitude  vraie;  et  après  la  sub- 
stitution de  ces  développements  dans  des  formules  compliquées,  il  reste  à 
transformer  en  sommes  des  produits  de  lignes  trigonométriques  (*).  Or 
routes  ces  séries  sont  pénibles  à  former,  la  loi  des  coefficients  est  totalement 
cachée,  les  substitutions  sont  laborieuses,  les  fautes  de  calcul  extrêmement 
probables  et  fort  difficiles  à  découvrir. 

»  Trouver  une  méthode  qui  évite  la  formation  des  puissances  de  x,  r  ; 
ramener  à  des  opérations  algébriques  extrêmement  simples,  sinon  rapides, 
la  recherche  des  termes  correspondants  à  un  argument  donné  et  à  un  ordre 
donné  :  tels  sont  les  problèmes  qui  m'ont  paru  dignes  d'attention,  tant  à 
cause  de  leur  importance  analytique  que  de  leur  utilité  astronomique. 

»  J'en  ai  trouvé  la  solution  en  étudiant  un  travail  peu  connu  de 
M.  Cauchy.  L'illustre  géomètre  a  montré,  dans  les  Comptes  rendus  de 
1840,  qu'on  peut  ramener  rigoureusement  à  des  intégrales  simples  les 
intégrales  doubles  qui  se  présentent  dans  la  recherche  d'un  terme  d'ar- 
gument donné.  Les  unes  qu'il  désigne  par  Ay-  sont  analogues  aux  b[l)  de 
Laplace,  les  autres  appelées  Nf,  A>  t  sont  données  par  l'équation 


Nr'*''  =  ?kX;S"  e'a  "~K  (e"^+  e~"  ^)*  (e"""'  -  e-^-'Y 


du, 


où  t,  k,  l  sont  des  nombres  entiers  et  positifs,  à  l'exception  du  premier  qui 
peut  être  négatif.  On  en  trouve  l'expression  en  termes  finis  sans  difficulté. 
»  En  examinant  attentivement  la  méthode  de  M.  Cauchy,  on  voit  qu'elle 
est  au  fond  un  procédé  de  développement  applicable  à  toutes  les  fonctions 
qui  peuvent  s'exprimer  en  séries  de  termes  proportionnels  aux  sinus  et  co- 

(*)  Voir  un  Mémoire  de  M.  Le  Verrier  dans  la  Connaissance  des  Temps  pour  i844- 


( 53a  ) 

sinus  des  multiples  d'un  ou  de  plusieurs  angles.  Aussi,  en  modifiant  un  peu 
ses  calculs,  j'ai  pu  arriver  à  la  forme  que  l'on  donne  habituellement  à  la 
série  de  la  fonction  perturbatrice,  et  qui  se  prête  facilement  aux  dérivations 
dont  on  a  besoin.  Ainsi  j'ai  pu  donner  par  l'emploi  de  cette  méthode  une 
solution  nouvelle  et  élégante  du  problème  de  Kepler  (*). 

»  Dans  le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie,  je  m'oc- 
cupe de  la  partie  la  plus  importante  de  la  fonction  perturbatrice,  c'est-à- 
dire  de  l'inverse  -  de  la  distance  mutuelle  des  deux  planètes  considérées, 
P 

et  je  prépare  tous  les  calculs  nécessaires  pour  obtenir  les  termes  généraux 
des  divers  ordres.  On  verra  que  les  nouvelles  transcendantes  de  M.  Cauchy 

sont  évitées  et  remplacées  par  les  b\°  de  Laplace  ;  les  nombres  Nt>  *,  /  sont 

calculés  pour  la  première  fois  et  pour  toutes  les  valeurs  des  indices  dont  on 
puisse  avoir  besoin  ;  la  disposition  adoptée  est  d'ailleurs  telle,  que  les  erreurs 
sont  à  peu  près  impossibles.  Après  cela,  toutes  les  difficultés  du  problème 

du  développement  de  -sont  ramenées  à  la  résolution  d'un  système  d'égalités 

et  d'inégalités  du  premier  degré  en  nombres  entiers.  Les  solutions  sont  fort 
nombreuses  quand  l'ordre  des  termes  est  élevé,  mais  toujours  aussi  faciles  à 
trouver. 

»  Dans  d'autres  Mémoires,  j'aurai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie 
l'application  de  ces  formules  générales  à  la  formation  du  tableau  des  termes 

de  -jusqu'au  septième  ordre.  » 

géométrie.  —  Nouvelles  remarques  sur  les  surfaces  à  aire  minima; 

par  M.  Ossian  Bonxet. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Géométrie.) 

«  Dans  une  Note  publiée  au  Compte  rendu  du  i4  niai  1 855,  j'ai  résolu  le 
problème  suivant  :  Trouver  la  surface  à  aire  minima  qui  touclte  une  sur- 
face donnée  suivant  une  courbe  donnée,  ou  mieux  Trouver  la  surface  à  aire 
minima  qui  passe  par  une  courbe  donnée  pour  les  différents  points  de  la- 
quelle on  connaît  la  direction  que  doit  avoir  la  normale  à  la  surface.  Ma 
solution,  basée  sur  la  considération  des  lignes  isothermes,  était  assez  compli- 
quée. Voici  une  solution  beaucoup  plus  simple. 


(*)  Compte  rendu  du  Ier  mai  i854- 


(  533  ) 
»  La  question  se  réduit  à  ceci  :  intégrer  l'équation 

de  façon  que,  pour 

j  =  9(x), 
on  ait 

9,  et  (pa  étant  des  fonctions  connues;  par  conséquent,  de  façon  que 

4>,  et  i{/2  étant  deux  autres  fonctions  connues,  car  ayant  les  équations  (2), 
lorsque  y  =  <p(x),  on  a,  pour  la  même  hypothèse, 

£+  *•<*>  =  *(*).       (g)-+(|)-=î>W; 
d'où 


dz 

= 

?'>q=?'\/(' 

!-+-?'2)<f,- 

3 

dx 

1 

+?" 

dl 

fftV±.v(ï 

-H?")*- 

-tl 

!) 

dy  1  -f-  y'2  " 

Or  l'intégrale  de  l'équation  (1)  est 

Ç  =/(*  +  1»  +/,  (ar  -  17  )  ; 
si  l'on  fait 

x  -+-  iy  =  m,       x  —  1/  =  y, 

e*  que  l'on  substitue  les  variables  u  et  v  à  x  et  7,  il  s'agira  de  déterminer 
les  fonctions/  et/j,  de  façon  que,  pour 

v  =  $(a), 
on  ait 

!=■*<<!*       £  =  ?>(«).■ 

$,  Y, ,  Y2  étant  trois  nouvelles  fonctions  se  déduisant  simplement  de  <p,  ty,,  ty 2. 
La  question  ainsi  posée  se  résout  immédiatement. 

C.  R.,  i856,   1"  Semestre.  (T.  XLFI,  N°  12.)  7* 


(  534  ) 

»  On  peut,  au  moyeu  de  ce  qui  précède,  trouver  une  surface  à  aire  mi- 
nima,  d'après  l'une  des  conditions  suivantes  : 

»    i°.   Connaissant  une  de  ses  lignes  géodésiques; 

»   20.  Connaissant  une  de  ses  lignes  asymptotiques; 

»  3°.  Connaissant  une  de  ses  lignes  de  courbure. 

«  En  effet,  dans  chacun  de  ces  cas,  on  connaît  les  directions  que  doivent 
avoir  les  normales  à  la  surface  tout  le  long  de  la  ligne  donnée.  Dans  le  pre- 
mier cas,  les  normales  à  la  surface  sont  les  normales  principales  de  la  ligne 
donnée;  dans  le  second  cas,  les  normales  à  la  surface  sont  les  binormales  de 
la  ligne  donnée;  enfin,  dans  le  troisième  cas,  les  normales  à  la  surface  sont 
l'un  des  systèmes  de  normales  à  la  ligne  donnée  qui  forment  une  surface 
développable. 

»  Faisons  quelques  applications. 

»  Cherchons,  en  premier  lieu,  la  surface  à  aire  minima  qui  admet  pour 
ligne  asymptotique  une  hélice  donnée.  Supposons  le  cylindre  sur  lequel 
l'hélice  est  tracée  parallèle  aux  ?  ;  représentons  sa  base  par  l'équation 

<7  =  f(x), 

où  a  désigne  l'arc  de  la  courbe  compté  à  partir  d'une  origine  fixe,  et  x 
l'angle  que  la  tangente  prolongée  du  coté  des  a  négatifs  fait  avec  l'axe 

des  |;  enfin,  appelons 0O  l'angle  que  les  tangentes  à  l'hélice  font  avec 

l'axe  des  £;  nous  trouverons  sans  difficultés  pour  la  surface  cherchée 

?  =  snk?*  ^x  f.  '(/ ~  ■*»)! +  ? i*  -  <(j  -  jo) J}, 

j0  dépendant  de  $0  par  la  condition  tang  -  0o  =  e/° 

»  Cherchons,  en  second  lieu,  la  surface  à  aire  minima  qui  admet  potir 
ligne  de  courbure  une  ligne  plane  donnée. 

»  Supposons  la  courbe  donnée  dans  le  plan  des  (£,  rj),  et  représentons-la 
par  l'équation 

o-  —  <p(.r), 

où  9  désigne  l'arc  de  la  courbe  compté  à  partir  d'une  origine  fixe,  et  x  l'angle 
que  la  normale  à  l'extrémité  de  a  fait  avec  l'axe  des£,  on  aura,  pour  l'équa- 
tion de  la  surface  cherchée, 


s  = 


2  COS 


asM&e$  ftff  ~  f°ft  n'f  te-^  &£  "  fifMJ? 


y0  étant  une  constante  arbitraire. 


(  5i5  ) 

»  On  peut  remarquer  que  les  deux  problèmes  précédents  fournissent 
une  représentation  géométrique  de  la  partie  réelle  et  de  la  partie  imagi- 
naire des  valeurs  que  prend  une  fonction  réelle  connue  pour  les  valeurs 
réelles  de  la  variable,  lorsqu'on  suppose  la  variable  imaginaire.  » 

géologie.  —  De  la  formation  et  de  la  répartition  des  reliefs  terrestres; 
pareil.  F.  deFrancq.  Second  Mémoire.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires   précemment  nommés  :  MM.  Élie  de  Beaumont, 
Dufrénoy,  de  Senarmont.) 

• 

«  J'ai  mentionné,  dans  mon  dernier  Mémoire  sur  la  formation  et  la 
répartition  des  reliefs  terrestres,  quelques-uns  des  caractères  que  les  reliefs 
terrestres  nous  présentent  sur  les  grands  cercles.  Ces  caractères  sont  loin 
d'être  les  seuls  que  nous  offrent  les  roses  de  grands  cercles  que  j'ai  cités. 

»  Ces  roses,  dont  les  grands  cercles  remontent  tous  successivement  de 
5  degrés  en  5  degrés,  de  l'équateur  jusqu'aux  pôles,  nous  donnent,  de 
zone  en  zone ,  les  moyennes  terrestres  suivantes  : 

moy.  terr. 

Les  17  grands  cercles  qui  remontent  de  l'équateur  jusqu'au  10e  degré  de  latitude.  84",79 

Les  24  *  " 

Les  24  »  » 

Les  24  »  » 

Les  16  »  » 

Les  16  »  » 

Les  16  »  » 

Les    4  *  T 

»  Ce  résumé  nous  montre  qu'il  existe  en  moyenne,  sur  les  grands  cercles, 
un  accroissement  progressif  de  surfaces  terrestres  de  l'équateur  jusqu'au 
65e  degré  de  latitude.  Cet  accroissement  s'arrète-t-il  à  ce  degré  de  latitude, 
ou  les  grands  cercles  qui  s'élèvent  plus  vers  les  pôles  ne  nous  offrent-ils  un 
décroissement  de  surfaces  terrestres  que  parce  que  je  n'ai  pas  pu  faire  men- 
tion des  arcs  terrestres  polaires  ?  Cette  question  serait  fort  importante  à 
résoudre,  car  elle  se  rattache  :  i°  à  l'évaluation  approximative  des  terres 
polaires  ;  a°  à  l'influence  que  ces  terres  ont  pu  exercer  sur  la  direction 
générale  des  plissements  de  l'écorce  terrestre  en  donnant  ou  en  ne  donnant 
pas,  en  moyenne,  aux  grands  cercles  polaires  un  plus  fort  développement  ter- 
restre que  celui  que  j'ai  mentionné  ci-dessus;  3°  cette  question,  enfin,  se  rat- 
tache encore  à  la  cause  elle-même  qui  a  pu  occasionner  le  développement 

71.. 


du  i5e  au  2s5e 

» 

88°,42  • 

du  3oe  au  4<>c 

» 

9'°>74 

du  45e  au  55e 

» 

94°,o6 

du  60e  au  65e 

» 

97°>44 

du  70e  au  *j5e 

» 

9i°,73jt2 

du  80e  au  85e 

» 

79V9** 

au  90e 

» 

77°>I9;rz 

(  536  ) 
progressif  de  surfaces  terrestres  que  j'ai  constaté  sur  les  grands  cercles  qui 
s'élèvent  de  l'équateur  jusqu'au  65e  degré  de  latitude.  Les  faibles  sommes  ter- 
restres des  grands  cercles  de  la  zone  équatoriale,  leurs  nombreux  arcs  marins 
rectangulaires  (qui  nous  dénotent,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  démontré,  des  arcs 
d'exhaussement  en  voie  de  dépression),  la  direction  plus  ou  moins  du  nord 
au  sud  que  prennent  si  fréquemment,  enfin  ,  les  alignements  terrestres  du 
globe,  tout  semble  nous  indiquer  que  la  moyenne  terrestre  des  grands 
cercles  polaires  est  beaucoup  plus  élevée  que  celle  que  nous  constatons  sur 
leur  parcours  connu,  et  qu'il  doit  exister  ainsi  des  surfaces  terrestres 
polaires  d'une  assez  grande  étendue. 

»  Ce'qui  viendrait  confirmer  encore  cette  opinion,  c'est  que  :  i°  de 
l'équateur  jusqu'au  65e  de  latitude,  tous  les  grands  cercles  qui  ont  moins  de 

98  à  i  oo  degrés  d'arcs  terrestres  trouvent  constamment  leur  somme  com- 
plémentaire d'arcs  d'exhaussement  dans  leurs  arcs  marins  rectangulaires , 
tandis  que  ce  fait  n'a  plus  lieu,  en  général,  à  partir  du  70e  degré  de  latitude  ; 
i°  les  alignements  parallèles  qui  forment,  jusqu'au  65e  degré  de  latitude, 
un  caractère  si  distinctif  des  grands  cercles  de  plus  de  102  degrés  ter- 
restres ,  existent  souvent  dans  des  proportions  considérables  sur  des 
grands  cercles  polaires  qui  ont  moins  de  100  degrés  terrestres  sur  leur  par- 
cours connu. 

«  Nous  ne  pouvons  guère  attribuer  ces  deux  faits  qu'à  l'existence  de 
terres  polaires  qui  viennent  donner  aux  grands  cercles  un  chiffre  terrestre 
plus  élevé  que  celui  que  nous  constatons  sur  leur  parcours  connu. 

»  Si  nous  admettions  que    les   grands   cercles   polaires  de   moins  de 

99  \  degrés  terrestres  qui  n'atteignent  pas  ce  chiffre  normal  par  leurs  arcs 
marins  rectangulaires  ont,  en  minimum,  leur  somme  terrestre  complémen- 
taire dans  les  régions  polaires,  le  minimum  terrestre  des  grands  cercles 
polaires  serait  en  moyenne  : 

moy.  lerr. 

Sur  les  grands  cercles  qui  s'élèvent  jusqu'au  70e  degré  de  latitude.  .   .      ioo°,  19 

»                     »                       au  75e                »  97°>44 

»                      »                       au  80e                »  920, 12 

au  85e               »  88°,65 

»                        «                         au  90e                  »  87°,8i 

.»  Mais  cette  évaluation  serait  évidemment  trop  faible ,  car  elle  n'attribue 
aucun  parcours  terrestre  polaire,  aux  grands  cercles  ,  de  plus  de  99^  de- 
grés terrestres. 

»  Que  si  l'on    évaluait,  au    contraire,    la  valeur  moyenne   des  arcs 


(  S37) 
terrestres  polaires  par  voie  de  proportion,  en  déterminant  la  latitude 
moyenne  à  laquelle  commencent  les  régions  polaires  inconnues  et  en  attri- 
buant aux  grands  cercles  polaires  qui  les  traversent  une  moyenne  terrestre 
proportionnelle  à  celle  qu'ils  ont  sur  leur  parcours  connu ,  on  obtiendrait 
les  chiffres  suivants  en  faisant  commencer  les  arcs  polaires  inconnus  au 
75e  degré  de  latitude  nord  et  au  65e  degré  de  latitude  sud  : 


ÉTENDUE 

DES   ARCS 

INCONNUS. 

POLAIRES 

ÉVALUATION   PROPORTIONNELLE. 

ANGLES 

des  grands 

cercles  à 

l'équateur. 

RÉGIONS 

arct. 

SOMME 

terrestre 

proport. 

des  grands 

RÉGIONS 

antarct. 

=  X. 

TOTAL. 

PARCOURS 

connus 

ARCS 

terrestres. 

PARCOURS 

inconnus. 

ARCS 

terrestres 

polaires 

proportion- 

nels. 

cercles. 

0 

70  S 

0 

0 

3o 

0 

3o 

33o° 

0 
93,5o 

0 

3o 

0 
8,20 

0 

ioi ,73 

75  s 

» 

4o 

4o 

320 

89>94 

4o 

11,24 

I0I,l8 

80  s 

22 

45 

67 

293 

81,72 

67 

18,68 

ioo,4o 

85  S 

28 

48 

76 

284 

76,53 

76 

20,48 

97>01 

9° 

3o 

5o 

80 

280 

77. '9 

80 

22,  o5 

99>24 

k 

ROSES 

du  méridien 

de  Paris 

et  du   180e  de 

longitude. 

Sommes 
terrestres. 

ROSES 

du  45e  E.   de 
longitude 

et  i35e  0.  de 
longitude. 

ROSES 

du  90e  de  lon- 
gitude 
et  90e  0.  de 
longitude. 

Sommes 
terrestres. 

ROSES 

du  i35°  E.  de 

longitude 

et  45e  O.  de 

longitude. 

Sommes 
terrestres. 

ÉCARTS. 

Sommes 
terrestres. 

Amérique  septenlr. ,  etc. 
Amérique  mérionale.  .  . 

367°  I 
334  1 

I25l    { 

888  -f 

78  1 

i57  \ 

45 1° 

3o8  j 

11 18  \- 

1091  f 

58  \ 

124  7 

54i°| 
610  { 
5a2 

"91  f 

47    7 

182  i 

4>3°{ 
868 

572  * 

234   T 

287  i 

0 

174 

559  \ 

729  t 
3o8 
176 
i63  i 

Europe,   Asie,  etc.... 

Grand  Océan,  etc 

38 

'8  7 

24   i 

2'     f 

9  1 

»  Il  semblerait  donc  que  nous  devons  attribuer  l'analogie  des  sommes 


(  538  ) 
terrestres  de  mes  roses  de  grands  cercles  à  la  similitude  d'effets  qu'a  en- 
traînée sur  l'ensemble  de  chacune  de  ces  roses  la  similitude  de  causes  d'ex- 
haussement qu'elles  ont  eue  entre  elles.  L'une  a  porté  sur  l'Afrique  ou  l'Aus- 
tralie l'excédant  terrestre  que  l'autre  a  porté  sur  l'Asie  ou  l'Amérique  ; 
mais  elles  sont  toutes  arrivées,  en  définitive,  à  des  résultats  presque  sem- 
blables. 

»  Ce  fait  nous  montre  l'équilibre  qui  s'est  maintenu  sur  le  globe  dans  la 
répartition  générale  des  reliefs  terrestres,  et  par  cela  même  aussi  la  valeur 
que  nous  devons  attacher  à  l'étendue  de  ces  reliefs  sur  les  grands  cercles. 

»  Cette  dernière  évaluation,  qui  me  paraît  être  plus  rationnelle  que  la 
première,  ferait  remonter  l'accroissement  moyen  des  reliefs  terrestres  sur 
les  grands  cercles  jusqu'au  70e  degré  de  latitude,  et  il  y  aurait  ensuite  des 
rnovennes  terrestres  presque  semblables,  depuis  le  75e  degré  de  latitude  jus- 
qu'aux pôles. 

»  Les  grands  cercles  des  roses  que  j'ai  formées  sur  l'équateur  ne  parcou- 
rant pas,  au  reste,  le  globe  en  nombre  suffisant  pour  nous  donner  des 
moyennes  terrestres  fort  exactes  dans  les  régions  polaires,  j'ai  pris  de 
10  en  10  degrés  sur  l'équateur  des  grands  cercles  qui  remontent  en  fais- 
ceau, de  5  en  5  degrés,  du  70e  degré  de  latitude  jusqu'aux  pôles. 

»  Ces  162  grands  cercles  polaires  nous  donnent,  en  résumé,  les  chiffres 
suivants  : 


ANGLES 

des 

grands 

cercles  avec 

l'équateur. 


70  S 
75  S 
80   S 

85  S 
9° 


1IIM1U  TERRESTRES 
DES     GRANDS     CERCLES. 


Arcs  terrestr. 
connus. 


lo5,o3  x 
g3,47  xz 
86,85  xz 
83,69  xz 
81,78  xz 


Minima 

terrestres 

des 

gr.  cercles. 


109, i3 

IOO, I I 

98>72 
97.  «8 
93>39 


Parcours 
connus. 


33o 

320 

293 

284 
280 


EVALUATION    PROPORTIONNELLE. 


Arcs 
terrestre» 
connus. 


Io5,o3x 
93,47  ^z 

86,85*z 
83, 6g  .rz 
81 ,78x2 


Parcours 
inconnus. 


3o 
4o 
67 
76 
80 


Arcs 
terrestre» 
proportion- 
nels. 


9.54 

I2,5o 

.9,86 

22,  t>4 

23,36 


Sommes 

terrestres 

proport* 

des  gr.  ccrcl. 


n4,57 
ii2,58 
106,70 
105,73 
1 o5 , 1 3 


»  Ces  chiffres  nous  font  voir,  à  leur  tour,  que  l'accroissement  progressif 
des  arcs  terrestres  remonte,  en  moyenne,  sur  les  grands  cercles,  non-seulement 
jusqu'au  70e  degré  de  latitude,  mais  presque  même  jusqu'au  75e  degré  de  lati- 


(539) 
tude,  et  qu'il  existe  au  delà  de  ce  dernier  point  une  zone  de  grands  cercles,  dont 
les  sommes  terrestres  moyennes,  tout  en  s' abaissant  un  peu  vers  les  pôles, 
restent  presque  stationnaires  et  conservent  un  chiffre  assez  élevé  pour  que 
nous  devions  admettre  qu'il  y  a  des  surfaces  terrestres  considérables  vers 
les  pôles,  et  que  l'ensemble  des  grands  cercles  polaires  a  exercé  par  son 
développement  terrestre  une  action  fortement  dépressive  sur  les  grands 
cercles  des  régions  équatoriales  et  tempérées. 

»  Mes  roses  de  grands  cercles  nous  présentent  un  autre  fait  remarquable  : 
leurs  sommes  terrestres  sont  presque  toutes  semblables  entre  elles, 


ROSES   DU    MÉRIDIEN    DE   PARIS 
ET    DU    l8o'    DE    LONGIT. 

KOSES    DU     45e   DE    LONGIT.    ET 
DU    l35e   0.   DE  LONGIT. 

ROSES   DU   90e   E.    DE   LONGITUDE 
ET   DU    90e    0.    DE    LONGIT. 

ROSES    DU     1 35e  E.    DE    LONGIT. 
ET    DU    45e    0.     DE    LONGIT. 

Sommes 

ter- 
restres. 

Minim. 
terrestre 
polaire. 

TOTAL. 

Sommes 

ter- 
restres. 

Minim. 
terrestre 
polaire. 

TOTAL. 

Sommes 

ter- 
restres. 

Minimum 
terrestre 
polaire. 

TOTAL. 

Sommes 

ter- 
restres. 

Minim. 
terrestre 
polaire. 

TOTAL. 

Total . 
Moy . . 

0 

3109  -J 

86,37 

i85°J 
5,i6 

0 
32g5 

9'  >35 

3i78°| 
88,29 

«9°! 
2,48 

3267"-!- 

9°, 77 

0 
3220 

89,40 

0 

'  ,44 

D 

32ÔI 

90 ,  5o 

3352° 

l 

a 

26  { 
0,73 

3378°  -; 
93,84 

et  leurs  étendues  de  parcours  sur  les  mêmes  continents  présentent  cepen- 
dant des  écarts  considérables.  » 

M.  A.  Breton  adresse  une  description  d'une  pile,  toujours  humide,  des- 
tinée aux  usages  médicaux ,  sur  laquelle  il  avait  dans  une  précédente  séance 
sollicité  le  jugement  de  l'Académie. 

«  Cette  pile,  dit  M.  Breton,  est  composée,  pour  l'un  des  pôles,  d'un  mé- 
lange de  poudres  de  cuivre  rouge,  avec  des  poudres  neutres  de  bois,  desti- 
nées à  diviser  les  parties  métalliques  ;  ces  poudres  sont  mélangées  ensemble 
dans  une  dissolution  saturée  de  chlorure  de  calcium  qui  en  lait  une  mixture 
toujours  humide,  le  chlorure  de  calcium  ayant  la  propriété  d'absorber  tou- 
jours l'humidité  de  l'air.  La  préparation  du  deuxième  mélange  qui  forme 
l'autre  pôle  de  la  pile,  est  identiquement  la  même,  sauf  que  la  poudre  de 
cuivre  est  remplacée  par  une  poudre  de  zinc.  Ces  deux  préparations,  mises 
dans  un  vase,  et  séparées  entre  elles  par  une  cloison  poreuse,  établissent  une 
pile  à  effet  constant  qui  garde  toujours  la  même  intensité  d'action,  vu  son 
état  d'humidité  constante  et  le  nombre  indéfini  de  ses  éléments.  » 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  nommés  pour  la  pile  de  M"e  Behrens; 

MM.  Becquerel  et  Pouillet.) 


(  54o  ) 

M.  Goubaux,  professeur  à  l'École  impériale  vétérinaire  d'Alfort,  et  M.  Fol- 
lin,  professeur  agrégé  à  l'École  de  Médecine  de  Paris,  adressent  pour  le 
concours  Montyon,  prix  de  Médecine  et  Chirurgie,  un  travail  qui  leur  est 
commun  et  qui  a  pour  titre  :  «  De  la  Crjptorchidie  chez  l  homme  et  les 
principaux  animaux  domestiques .  » 

(Réservé  pour  la  future  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

Deux  autres  Mémoires  destinés  au  même  concours  sont  adressés  : 

L'un  par  M.  Rochat  :  «  Essai  sur  la  médecine  préventive  »; 

L'autre  par  M.  Vanner.  Ce  dernier  Mémoire  est  intitulé  :  «  Du  degré 
constant  de  la  chaleur  animale  considérée  dans  l'homme  comme  loi  de  la 
santé;  des  effets  morbides  produits  par  les  variations  de  cette  chaleur,  et 
les  applications  à  en  déduire  pour  la  thérapeutique». 

Un  Mémoire  destiné  au  concours  pour  le  grand  prix  de  Mathématiques 
(question  concernant  le  théorème  de  Fermât)  est  parvenu  depuis  la  der- 
nière séance  et  a  été  inscrit  sous  le  n°  6. 

CORRESPONDANCE 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  autorise  l'Académie  à  prendre 
sur  les  fonds  restés  disponibles  les  sommes  demandées  pour  la  gravure  de 
planches  destinées  à  accompagner  un  Mémoire  de  M.  Schimper  sur  les 
Sphaignes,  et  pour  la  continuation  d'un  travail  de  M.  Sainte-Claire  Deville 
sur  le  bore,  le  silicium,  etc. 

M.  le  Ministre  de  la  Marine  met  à  la  disposition  de  l'Académie  une  série 
de  spécimens  du  fond  de  la  mer,  avec  l'indication  des  parages,  un  tableau 
des  coquilles  microscopiques  trouvées  dans  la  mer,  et  une  Notice  expli- 
cative. 

Cette  série,  que  M.  le  Ministre  a  jugée  de  nature  à  intéresser  l'Académie, 
fait  partie  d'une  collection  offerte  au  Gouvernement  français  par  le  Cabi- 
net de  Washington,  et  qui  a  été  apportée  par  M.  Benham,  capitaine  du 
génie  dans  l'armée  fédérale  des  États-Unis. 

Les  spécimens  sur  lesquels  M.  le  Ministre  appelle  l'attention  de  l'Acadé- 
mie seront  soumis,  ainsi  que  les  documents  qui  les  accompagnent,  à  l'exa- 
men d'une  Commission  composée  de  MM.  Élie  de  Beaumont,  Duperrey, 
de  Quatrefages  et  Bravais. 


(  54 1  ) 

M.  Elus,  au  nom  de  l'Administration  du  Muséum  Britannique,  remercie 
l'Académie  des  Sciences  pour  l'envoi  d'une  nouvelle  série  des  Comptes 
rendus. 

M.  .Io.m  u;i>,  en  adressant  un  Tableau  des  courbes  représentant  les  phé- 
nomènes de  l'atmosphère  dans  l'océan  Atlantique ,  dont  l'auteur  est  M.  le 
lieutenant  Makry,  directeur  de  l'Observatoire  de  Washington,  l'accompa- 
gne de  la  Lettre  suivante  : 

«  Je  suis  chargé  par  M.  Maury,  directeur  de  l'Observatoire  de  Washing- 
ton, de  faire  hommage  à  l'Académie  d'un  Tableau  montrant  la  proportion 
des  pluies,  calmes,  brouillards  et  tempêtes,  dans  les  hémisphères  nord  et 
sud,  sous  les  parallèles  correspondants  de  l'océan  Atlantique.  Les  divers 
résultats  que  présente  ce  tableau  figuré  sont  fournis  par  107277  observa- 
tions faites  dans  la  partie  nord  de  l'Atlantique  et  par  i58o25  observations 
faites  dans  la  partie  sud.  Il  résulte  de  ce  tableau  que  les  calmes  sont 
moins  fréquents  dans  l'hémisphère  sud  que  dans  l'autre.  Il  en  est  de  même 
des  autres  phénomènes  atmosphériques;  l'atmosphère  est  plus  variable,  et 
sujette  à  plus  de  pluies,  plus  de  brouillards,  plus  de  vents,  plus  de  tonnerre 
dans  l'hémisphère  nord  que  dans  l'hémisphère  sud,  particulièrement  entre 
l'équateur  et  le  cinquante-cinquième  parallèle.  » 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  communique  la  Lettre  suivante  qui  lui  a 
été  adressée  par  M.  Terquem  à  l'occasion  du  Rapport  fait  dans  la  séance 
du  10  mars,  sur  une  méthode  proposée  pour  le  calcul  des  distances  lu- 
naires observées  en  mer. 

«  Dans  les  Comptes  rendus  (n°  10,  p.  47$)»  on  exprime  le  désir  d'avoir 
une  Table  donnant  les  sinus  naturels  de  o  à  go  degrés,  de  10  secondes  en 
10  secondes,  et  on  propose  de  la  faire  calculer. 

»  Cette  Table  existe.  C'est  le  Thésaurus  mathematicus ,  etc. ,  s'ive 
Canon  sinuum  ad  radium  10 15  et  ad  dena  quœque  scrupula  secunda  qua- 
drantis  una  cum  sinibus  primi  et  postremi  gradus...,  Table  calculée  par  Pi- 
tiscus.  On  en  lit  une  description  dans  le  bulletin  de  Bibliographie,  d'His- 
toire et  de  Biographie  mathématiques,  t.  I,  p.  10  et  1 1  ;  1 855.  On  croit  aussi 
utile  de  rappeler  que,  parmi  les  grandes  Tables  déposées  à  l'Observatoire 
impérial,  on  trouve  une  Table  de  sinus  naturels  pour  chaque  seconde  déci- 
male avec  25  décimales,  et  à  7  ou  8  colonnes  de  différences. 

»  Il  est  bien  à  regretter  que  nos  astronomes  aient  quitté  la  division  déci- 
male du  cercle  et  du  jour;  si  l'on  avait  persisté,  cette  division  aurait  fini, 

C.  R.,  1856,  icr  Semestre.  (T.  XLII,  N»  12.)  72 


(  54a  ) 
tout  comme  notre  système  métrique,  par  être  généralement  adoptée.  On 
peut  y  revenir.  Dans  la  grande  carte  de  France,  cette  division  est  employée  ; 
excellent  exemple  à  suivre.  » 

optique.  —  Théorie  mathématique  des  effets  de  la  lentille  simple  employée 
comme  objectif  de  chambre  obscure  et  comme  besicle ;  par  M.  Bretos 
(de  Champ.) 

§  Ier.  —  Exposé  de  la  question. 

«  On  sait  par  expérience  que  l'effet  obtenu  d'une  lentille  simple,  de 
longueur  focale  donnée,  dépend  des  courbures  des  deux  surfaces  réfrin- 
gentes, de  l'ordre  dans  lequel  ces  deux  surfaces  agissent  sur  les  rayons 
de  lumière,  et  aussi  de  la  position  et  de  l'ouverture  du  diaphragme  qui 
limite  l'amplitude  des  pinceaux  incidents.  Le  docteur  Wollaston  a,  le  pre- 
mier, essayé  de  déterminer  les  dispositions  les  plus  convenables  pour  le  cas 
où  la  lentille  doit  être  employée  comme  objectif  de  chambre  obscure.  Il  a 
trouvé  que  l'on  obtient  de  très-beaux  effets  en  faisant  la  lentille  concave 
du  côté  des  objets  et  convexe  vers  l'image,  et  le  rayon  de  courbure  de  la 
surface  antérieure  égal  à  deux  fois  celui  de  la  surface  postérieure.  Quant  au 
diaphragme,  Wollaston  le  place  au  devant  de  la  lentille,  c'est-à-dire  du 
côté  concave,  à  une  distance  égale  à  ■£•  de  la  longueur  focale.  Enfin  le  dia- 
mètre d'ouverture  de  ce  diaphragme  est  fixé  à  —  de  la  même  longueur. 
Toutefois  cette  dernière  proportion  ne  résulte  pas  aussi  explicitement  que 
les  précédentes  de  la  description  donnée  par  ce  célèbre  physicien  (*), 
auquel  on  doit  aussi  l'indication  de  la  disposition  périscopique  préférée 
aujourd'hui  par  un  assez  grand  nombre  de  personnes  pour  les  verres  de 
besicles. 

»  Les  recherches  de  Wollaston  ont  été  reprises  par  notre  excellent  opti- 
cien M.  Cauchoix.  Il  a  obtenu  des  résultats  analogues;  seulement  le  rapport 
des  rayons  de  courbure  des  surfaces  antérieure  et  postérieure  de  la  lentille 
lui  a  paru  devoir  être  de  8  à  5  plutôt  que  de  i  à  i  (**).  Il  est  incontestable 
que  quand  l'appareil  est  ainsi  construit,  l'image  est  incomparablement  plus 
belle  et  plus  étendue  qu'on  ne  l'obtiendrait  avec  la  lentille  biconvexe  plus 
communément  employée.  Mais  personne  encore,  que  je  sache,  n'a  donné  la 
théorie  mathématique  de  ces  effets  remarquables,  lesquels  sont  évidemment 
une  conséquence  des  relations  spéciales  qu'il  faut  établir  entre  les  éléments 

(*)   Transactions  philosophiques  de  la  Société  Royale  de  Londres,  pour   l'année    181  t., 
pages  370  et  suivantes. 
(**)  Précis  de  physique  expérimentale ,  par  M.  Bibt,  3e  édition,  lome  II,  page  356. 


(  543  ) 
de  l'appareil  pour  que  les  images  produites  soient  à  la  fois  étendues,  nettes 
et  fidèles.  La  solution  de  ce  problème  est  implicitement  renfermée  dans 
mes  précédentes  communications  relatives  à  l'optique  instrumentale  (*)  ; 
c'est  elle  que  je  me  propose  de  développer  ici,  comme  premier  exemple  de 
l'application  des  principes  nouveaux  que  j'ai  formulés  jusqu'à  présent  d'une 
manière  trop  abstraite  pour  que  l'on  en  vît  l'utilité.  J'appliquerai  ensuite 
les  mêmes  principes  à  la  lentille  simple  employée  comme  besicle. 

§  II.  —  Relation  de  laquelle  dépend  l'étendue  de  Vimage. 

»  La  condition  à  laquelle  nous  devons  avant  tout  satisfaire,  est  d'obtenir 
un  champ  étendu.  Cela  exige  que  les  pinceaux  obliques  soient  transformés 
par  la  lentille  en  pinceaux  coniques,  de  même  que  les  pinceaux  émanés  de 
points  situés  sur  l'axe  de  l'objectif.  Les  relations  à  établir  entre  les  éléments 
de  l'appareil  pour  cet  objet  sont  celles  que  j'ai  données  le  22  janvier  1 855. 
Je  les  reproduis  ici  en  les  restreignant  au  cas  de  deux  surfaces  : 

=  "  LU  ~  r,)  [i^,~  fj  +  ^\,~  m$ï+ P;  \¥^r  i)  J 

L~  ^  fc  ~  y  +  a,a>c,,  ~  7â  +  j\  [^  —  t,j  J 

*  [~  A  fè  ~  ty   +  A^"^^  fc~^)  ] 

"'  L-  a  fe  "~  rj  +  a,a'c,,  T.  7j\ +  yt  ($*  ~  3  j  J 


« 


«. 


rJ 


i'r.3  =u[i-i] 


A2=A\-hht  Ac>2=.A'Cjl  +  ^. 


(*)  Voyez  les  Comptes  rendus  des  séances  des  18  septembre  i854,  22  janvier  i855  et 
i  o  mars  1 856. 

72.. 


(  5/,4  ) 
»  Afin  de  simplifier  la  question,  je  supposerai  la  lentille  assez   mince 
pour  que  l'on  puisse  considérer  sans  erreur  sensible  son  épaisseur  h,  comme 

nulle.  J'admettrai  aussi  que  —  el—  sont  nuls,  ce  qui  revient  à  supposer 

que  les  points  rayonnants  sont  situés  sur  un  plan  perpendiculaire  à  l'axe  de 
la  lentille.  Retranchant  alors  la  troisième  équation  de  la  première  et  la  qua- 
trième de  la  seconde,  il  vient 

2u/l  'Y—2"'/     ■  '  V  /'  '  \/     '  •  V 

V  te  ~  -?l)   ~  ^  te   -  -r,J    *  "'   [l   -   l)  te   -   %)  ' 

La  condition  de  conicité  des  pinceaux  émergents  est  p\  =  p'2.  Supposons-la 
remplie,  et  ajoutons  ces  deux  équations  membre  à  membre,  on  trouve 

a,  u.«    a/  +  z,  te  ~  *}  ~~~  r,  te  ~~  v  +  ?  Uv  *> : 

y  étant  la  longueur  focale  de  la  lentille,  on  a 

_u,  —  m/i  i\  I_l  I  1  I  I 


i 

7 


u,  .       u,  —  a         a  i  u,  —  i   i         u       i 


à',  fi  A,         A',,,  ~         u,        r,  «,    AC;, 

d'après  cela  notre  équation  devient 

/   i  i\'         au     |~i    /m, — u        u\        u, /i        i\T  /   i  i\ 

\A.,i  /•,/  u,  — ul_u,  \      r,  A,/  u   \7         vJ  W'  r,) 

UU,         I    Ti     /u, —  u  u\  U,  /l  I  \~| 

ou,  ce  qui  revient  au  même, 

(I  I  \  !  2  U        ['  I  H,     I   "j      /     I  I  \  UU,  1    Tl  U,      I  "I 

A,,,  .      ?J    ~  «,  — «  L?,         IT  Â7 J    te  *~  rj    ~  («,—  «)'/  |_Z,  ~  •  ?J  ' 

d'où  l'on  tire,  en  laissant  les  coefficients  de  l'inconnue  ; sous  leur 

forme  explicite, 

i  i  a       jfi     /u, —  u         u\         u,  / 1  i  \~J 

A,,i         r,         u,  — u{|_«,\     r,  A,/         u   \/        A,/J 


(  545) 
On  voit  par  là  que  la  valeur  de  ACi,  ne  sera  réelle  qu'autant  que  les  deux  fac- 
teurs sous  le  radical  seront  de  même  signe.  Si  nous  considérons  en  particu- 
lier le  cas  le  plus  ordinaire,  où  les  objets  sont  assez  éloignés  pour  que  l'on 

puisse  faire  sans  erreur  appréciable  —  =  o,  on  a 


I        _  M,  -+-  U      I  «i  I      ,  «  /«i — «i      1     /«i — «I  «i  I 

4,,,"         a,  r,         a, —  uf         «, —  u\  a,  r,  \      a,       r,         uf 

»  La  valeur  de  f  étant  négative  pour  une  lentille  convergente,  si  l'on 
suppose  que  /',  est  positif,  ou  que  la  surface  antérieure  de  la  lentille  est 

concave  vers  les  objets,  la  valeur  du  facteur  - '^sera  positive,  et 

J       7  a,      r,         u  f  * 

par  suite  on  aura  pour  Ac>,  deux  valeurs  réelles.  Quand  la  valeur  de  -  est 

négative. et  presque  nulle,  le  facteur-1 -7  a  le  signe  de  —  -^y  et 

conséquemmenl  est  positif.  Donc  Ac>)  est  alors  imaginaire.  Cette  imaginante 
persiste  lorsqu'on  donne  à-  des  valeurs  absolues  de  plus  en  plus  grandes, 
jusqu'à  ce  que  l'on  ait 

a,  —  «  I  «,    I  «  («i  —  «■)     r 

'  7  =  o,     ou     r,  =s  -J — - — '  /, 

ce  qui  nous  apprend  que,  dans  ce  cas,  la  lentille  tourne  sa  convexité  vers 
les  objets. 

»  De  la  relation  ~  =  "'"~"  (  ~  ~"  ~  )  '   on   *'re'   aPrès   y   avoir  substitué 

cette  valeur  de  r, ,  ra  = f.  La  surface  postérieure  tourne  donc  sa  con- 
cavité vers  l'image,  de  sorte  que  la  lentille  est  encore  un  ménisque.  Et  il 
est  évident  que  cette  forme  restera  toujours  telle  pour  des  valeurs  absolues 

de  -  plus  grandes  que  celles  que  nous  venons  de  considérer. 

»  Ainsi  donc,  aucune  lentille  biconvexe ,  employée  comme  objectif  de 
chambre  obscure  pour  former  l'image  d'objets  éloignés ,  ne  satisfait  à  la 
condition  mathématique  de  laquelle  dépend  l'étendue  des  images. 

»  Et  si  l'on  emploie  une  lentille  plan-convexe,  la  face  plane  doit  être 
tournée  vers  les  objets. 

»  Il  est  facile  de  reconnaître  ce  qui  arriverait  si  —    n'était  pas   nul  ;  je 

laisse  le  lecteur  faire  lui-même  cette  discussion.  » 


(  546  ) 

astronomie.  —  Sur  deux  étoiles  variables  ;  par 'M.  Erxest  Liouville. 

«  1.  On  sait  qu'il  existe  des  étoiles  dont  l'éclat  change  périodiquement. 
La  première  de  ces  étoiles  variables  dont  on  ait  déterminé  la  période  est  s 
de  la  Baleine.  Plus  tard,  la  durée  de  la  période  a  été  trouvée  pour  quelques 
autres,  par  exemple  pour  Algol,  yj  de  l'Aigle,  a  d'Hercule,  a  d'Orion,  etc. 
Mais  quoique  le  nombre  des  étoiles  reconnues  variables  soit  assez  grand, 
on  n'a  de  données  à  peu  près  certaines  que  pour  un  petit  nombre  d'entre 
elles. 

»  Voici  une  nouvelle  étoile  qu'il  sera  aisé,  je  crois,  d'ajouter  à  ces  der- 
nières. Elle  porte  le  numéro  4°4°  dans  le  catalogue  de  Groombridge, 
qui  a  le  premier  déterminé  sa  position;  ses  coordonnées  au  ier  janvier  i856 
sont  : 

jr  =  a3h  i2m4lS> 
A.P.N  =  170    5'  40". 

»  Elle  varie  de  la  6e  grandeur  à  la  10e  :  on  peut  conjecturer  une  pé- 
riode d'environ  n5  jours;  mais  je  ne  présente  ce  nombre  qu'avec  lapins 
grande  réserve,  car  mes  observations  (faites  au  méridien  seulement  et  pour 
un  autre  objet)  sont  malheureusement  peu  nombreuses.  Dans  l'espoir  de 
déterminer  exactement  la  durée  de  la  période  par  des  recherches  nouvelles, 
j'avais  différé  jusqu'à  ce  jour  de  publier  mes  résultat*.  Mais  les  moyens 
de  travail  me  manquent.  Je  me  décide  donc  à  donner  ici  mes  observations 
qui,  dans  l'état  même  où  les  circonstances  m'ont  forcé  de  les  laisser,  ne 
paraîtront  pas,  je  le  crois,  tout  à  fait  dépourvues  d'intérêt. 

i853.  »4  janvier.  L'étoile  est  de  7e  grandeur. 


a5  février. 

— 

6' 

1 2  mars . 

— 

r 

6  avril . 

— 

9e  à  10' 

17  avril. 

— 

7e  à  8e 

27  avril. 

— 

? 

23  juillet. 

— 

8' 

12  septembre. 

— 

i 

17  septembre. 

— 

6e  à   7' 

20  septembre. 

— 

6e  à   7' 

1 2  octobre . 

— 

6e 

»  2.  Il  est  encore  une  autre  étoile  variable  sur  laquelle  j'appellerai  l'at- 
tention des  astronomes.  C'est  l'étoile  1706  du  catalogue  de  l'Association 


(547) 
Britannique  dont  les  coordonnées  au  ier  janvier  1 856  sont  : 

m  =   5h  2om  36s , 
A.P.N  =  i5°    3'  4i". 

»  Dans  ce  catalogue  elle  est  marquée  comme  appartenant  à  la  5e  gran- 
deur. Voici  quelle  grandeur  je  lui  attribuais  successivement  en  i853  : 


18  janvier 6e  à  f 

19  janvier 6°  à  7e 

28  janvier 6e  à  7e 

12  février 7e 

2i   février 6e  à  7e 


23  avril 6e 

3o  avril 6e 

7  juin  . 6e 

21  juin 6e 

27  juin 6e 


»  On  ne  peut  déduire  aucune  période  de  ces  observations  ;  je  les  men- 
tionne cependant,  parce  qu'elles  pourront  servir  de  termes  de  comparaison 
et  se  combiner  utilement  avec  des  observations  postérieures.   » 

zoologie.  —   Document  pour  servir  à  la  monographie  des   Chéiroptères 
sud-américains  ;  par  M.  Paul  Gervais. 

«  Le  Mémoire  dont  j'ai  l'honneur  d'adresser  le  résumé  à  l'Académie  a 
pour  objet  principal  la  description  des  nombreuses  espèces  de  chauves- 
souris  que  M.  Francis  de  Castelnau  et  son  compagnon,  feu  M.  Emile 
Deville,  ont  recueillies  pendant  leur  longue  expédition  dans  l'Amérique  du 
Sud.  Mon  but,  en  le  rédigeant,  n'a  pas  été  de  faire  une  monographie  défi- 
nitive des  Chéiroptères  qui  vivent  dans  l'Amérique  méridionale,  mais  de 
préparer  des  documents  pour  cette  monographie,  en  réunissant  les  nom- 
breuses observations  scientifiques  auxquelles  pouvait  donner  lieu  l'étude 
des  matériaux  mis  à  ma  disposition.  Outre  les  chauves-souris  rapportées 
par  MM.  de  Castelnau  et  Deville,  j'en  ai  décrit  quelques  autres  que  M.  de 
Castelnau  lui-même  a  plus  récemment  trouvées  aux  environs  de  Bahia,  ou 
que  M.  Westphal  a  reçues  du  même  lieu. 

•a  Pallas,  Et.  Geoffroy- Saint- Hilaire,  Frédéric  Cuvier  et  de  Blainville 
avaient  déjà  tiré  un  excellent  parti  des  caractères  que  fournit  le  système 
dentaire  pour  la  détermination  spécifique  et  la  classification  des  Chéiro- 
ptères. En  poussant  plus  loin  cette  analyse,  commencée  parDaubenton  (1), 
j'ai  pu  obtenir  plusieurs  résultats  nouveaux  qui  seront  à  la  fois  utiles  pour 


(1)  Histoire  de  l'Académie  des  Sciences  pour    1759. 


(  548  ) 
l'ostéologie  et  pour  la  zoologie  des  Chéiroptères.  Ces  résultats  permettront 
aussi  d'arriver  à  une  notion   des  chauves-souris  fossiles  en  Amérique  plus 
parfaite  que  celle  que  nous  possédons  encore. 

»  J'énumère  dans  mon  Mémoire  une  soixantaine  d'espèces  vivantes  qui 
appartiennent  toutes  à  la  faune  de  l'Amérique  méridionale,  et  je  donne, 
pour  la  plupart  d'entre  elles,  des  descriptions  détaillées  ainsi  que  des  figures 
odontographiques.  Grâce  à  l'obligeance  de  M.  Isidore  Geoffroy-Saint- 
Hilaire,  j'ai  pu  comparer  ces  espèces,  (et  plus  particulièrement  celles  que 
que  je  crois  nouvelles,  aux  types  en  partie  décrits  par  son  père  ou  par  lui, 
que  possède  le  collection  du  Muséum  de  Paris. 

»  Tous  les  Chéiroptères  américains  appartiennent  aux  deux  familles  des 
Phyllostomidés  et  des  Vespertilionidés.  On  n'a  encore  rapporté  de  ce  con- 
tinent aucune  espèce  de  la  famille  des  Ptéropodidés  ou  Roussettes,  ni  de 
celle  des  Rhinolophidés,  et  il  ne  paraît  pas  qu'il  y  en  existe.  Les  Phyllosto- 
midés ou  les  chauves-souris  de  la  famille  des  Sténodermes,  des  Phyllostomes 
et  des  Vampyres,  sont  exclusivement  propres  à  l'Amérique,  et  nulle  part 
ailleurs  on  n'en  trouve  des  espèces.  Au  contraire,  les  Vespertilionidés  sont 
des  animaux  cosmopolites;  toutefois  leurs  espèces  américaines  et,  dans 
certaius  cas,  les  genres  formés  par  ces  espèces,  sont  différents  de  ceux  qui 
vivent  sur  les  autres  continents.  Il  en  est  cependant  qui  rentrent  dans  des 
genres  européens. 

»  Je  ne  parlerai  dans  cette  première  Note  que  des  Phyllostomidés. 

»  Ces  chauves-souris,  qu'on  a  aussi  nommées  Vampyridés,  peuvent 
ètre'partagées  en  quatre  tribus  :  les  Desmodins,les  Sténodermins ,  les  Glos- 
snphagins  et  les  Vampjrins. 

»  l.  On  ne  connaît  encore  parmi  les  Desmodins  que  le  seul  genre 
Desmodus ,  qui  est  si  remarquable  par  son  système  dentaire.  Je  montre  que 
dans  le  premier  âge  il  a  deux  paires  d'incisives  supérieures,  comme  la  plu- 
part des  autres  Phyllostomidés,  et  que  ces  dents  sont  alors  fort  différentes, 
quant  à  la  forme,  de  la  paire  unique  qui  les  remplacera. 

»  2.  Les  Sténodermins  sont  plus  nombreux,  et  l'on  en  reconnaît  aisé- 
ment plusieurs  genres.  Ils  rappellent  plus  ou  moins,  par  la  forme  de  leurs 
dents  et  par  la  brièveté  de  leur  membrane  interfémorale,  le  Sténoderme 
d'Et.  Geoffroy-Saint-Hilaire.  C'est  à  cette  tribu  qu'appartiennent  les 
Phyllostomidés  frugivores.  Les  molaires  de  quelques-uns  d'entre  eux  res- 
semblent, par  les  tubercules  émoussés  de  leur  couronne,  à  celles  de  certains 
singes  ou  même  des  kinkajous,  qui  ont  un  régime  analogue.  Chez  d'autres, 
elles  ont  leur  bord  externe  très-relevé,  principalement  les  antérieures.  Leur 


(  549) 

nombre  varie  suivant  les  formules  -.,  ^  et  p»  caractères  qui,  joints  à  ceux  de 

la  queue  courte  ou  nulle  et  de  la  membrane  interfémorale,  rendent  facile  la 
distinction  des  genres  de  Sténodermins. 

»  J'ai  étudié  en  nature  six  de  ces  genres  :  les  Brachyphylla,  J.-E.  Gray  ; 
les  /' Ueroderma _,  P.  Gerv.  (établis  pour  le  Phyllostoma perspicillatum);  les 
Artibœus,  Leach;  les  Dermanura,  P.  Gerv.  (pour  le  Stenoderma  undatum, 
Blainv.);  les  Stenoderma,  E.  Geoffr.,  et  les  Sturnira,  Gray.  Ces  derniers 
comprennent  les  espèces  qui  ont  les  dents  les  plus  émoussées  [Phjllostoma 
lilium,  E.  Geoff.,  etc.). 

»  3.  Les  Glossophagins  ,  qui  répondent  au  genre  Glostophaga 
d'E.  Geoffroy,  ne  m'ont  fourni  qu'un  petit  nombre  de  remarques  nou- 
velles. C'est  après  avoir  exposé  leur  classification  actuelle  que  j'ai  parlé  du 
Phjllostoma  brevicaudum,  espèce  dénommée  par  le  prince  de  Neuwied. 
Cette  espèce,  dont  la  synonymie  maintenant  est  fort  embrouillée,  a  été  quel- 
quefois confondue  avec  les  Glossophages,  dont  elle  se  distingue  cependant 
par  certains  caractères  tirés  de  la  forme  du  crâne,  de  la  dentition,  etc., 
caractères  qui  la  rattachent  simultanément  aux  Sténodermins  et  aux  Vam- 
pyrins.  Je  la  regarde  comme  devant  servir  de  type  à  un  genre  distinct  qui 
pourra  prendre  le  nom  d'  Hemiderma. 

»  4.  La  quatrième  tribu  des  Phyllostomidés  est  celle  des  Vampyrins, 
qui  réunit  aussi  plusieurs  genres  et  particulièrement  ceux  des  Vampyrus, 
Jxach,  et  des  Phyllostoma,  tels  qu'ils  ont  dû  être  modifiés  par. suite  des 
derniers  progrès  de  la  science.  Plusieurs  autres  divisions,  de  valeur  égale- 
ment générique,  peuvent  y  être  pareillement  rapportées  :  tels  sont  les  Lo- 
phostoma,  que  M.  d'Orbigny  et  moi  avons  fait  connaître  ;  les  Macrophyllus , 
genre  établi  par  M.  Gray  pour  le  Phyllostoma  macrophyllum  du  prince 
de  Neuwied  ;  et  deux  autres  genres  encore,  les  Tylostoma  et  les  Schizostoma, 
caractérisés  ici  pour  la  première  fois. 

»  Les    Tylostoma   comprendront    les    Phyllostoma    bidens,    Spix,    et 

Phyllostoma   crenulatum,  E.  Geoffr.,  qui  ont  -g  molaires   et  seulement 


2    . 

-  incisives. 

i 


»  Les  Schizostoma  ont  ~  molaires  et  -  incisives.   L'espèce  sur   laquelle 

j'établis  ce  genre  m'a  paru  nouvelle;  je  lui  donne  le  nom  de  Schizostoma 
minutum. 

»  5.  J'ai  rapproché  des  Vampyrins,  mais  sans  le  ranger  définitivement 

C.  R.,  i856,  i"  Semestre.  (T.  XLH,  N°  12.)  73 


(  55o  ) 
dans  la  même  tribu,  un  autre  genre  nouveau  que  j'appelle  Spectrellum.  Je 
l'établis  sur  une  chauve-souris  de  Bahia  qui  m'a  été  remise  par  M.  Westphal. 

Sa  formule  dentaire  est  la  suivante  :  -  incisives,  -  canines,  »  molaires;  sa 

2  '   I  '  o 

queue  est  longue  et  complète,  comme  celle  des  Macrophylles  ;  mais  ses  trois 
vertèbres  intermédiaires  sont  beaucoup  plus  longues  et  beaucoup  plus 
grêles  que  les  autres;  ses  proportions  générales  rappellent  celles  des  Vam- 
pyrins.  Toutefois  cette  chauve-souris,  qui  paraît  devoir  occuper  le  dernier 
rang  parmi  les  Phyllostomidés,  manque  de  la  feuille  nasale  qui  caractérise 
les  autres  animaux  de  cette  famille;  je  l'ai  décrite  sous  le  nom  de  Spectrel- 
lum macrurum.  » 

géologie.  —  Sur  un  gisement  de  pouzzolane,  récemment  découvert  dans  la 
Haute-Loire.  (Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Bertraxd,  de  Lom.) 

«  Les  pouzzolanes  communes,  déjections  volcaniques  incohérentes,  em- 
ployées à  la  préparation  des  mortiers  pour  les  besoins  de  la  maçonnerie 
ordinaire,  se  trouvent  fort  répandues,  comme  tout  le  monde  sait,  dans  plu- 
sieurs de  nos  départements.  Mais  il  restait  à  découvrir,  en  France,  la  pouzzo- 
lane vraie,  la  pouzzolane  de  la  géologie,  possédant  toutes  ses  affinités  chi- 
miques, qui  la  font  rechercher  pour  les  constructions  des  grands  travaux. 
Cette  découverte  est  aujourd'hui  un  fait  accompli  ;  j'ai  constaté,  en  effet, 
l'existence  de  cette  pouzzolane  dans  un  point  du  département  de  la  Haute- 
Loire. 

»  Les  échantillons  que  j'adresse  à  l'Académie  la  mettront  à  même  de 
reconnaître  l'origine  géologique,  la  nature  et  les  qualités  chimiques  de  cette 
matière  ;  ces  échantillons,  à  l'état  argiloïde,  happant  fortement  à  la  langue, 
l'enferment  encore  une  notable  quantité  de  grains  ou  fragments  non  décom- 
posés des  matières  de  projections  qui  sont  le  cachet  de  leur  origine. 

m  Ce  gisement  est  situé  dans  les  communes  de  Mazairat  et  de  Saint-Eble, 
près  Langeac  (Haute-Loire),  daus  la  région  dite  Coupet,  si  riche  en  osse- 
ments et  en  corindons,  et  dont  j'ai  déjà  entretenu  l'Académie,  en  avril  1 855. 
Qu'il  me  soit  permis  de  lui  rappeler  la  demande  que  je  lui  adressai  à  cette 
époque,  tendant  à  obtenir  des  ressources  pécuniaires,  pour  continuer  l'ex- 
ploration de  ce  gîte  précieux  ;  mon  intention  étant  de  livrer  à  l'École  impé- 
riale des  Mines  ou  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  tous  les  fossiles  prove- 
nant des  fouilles  qui  seraient  poursuivies  sous  les  auspices  de  l'Académie.  » 

Conformément  à  une  décision  déjà  ancienne  de  l'Académie,  toute  de- 


(  55,  ) 
mande  de  fonds  ne  peut  être  renvoyée  à  la  Commission  administrative  qu'a- 
près avoir  été  appuyée  par  la  Section    compétente;  en  conséquence,  la 
Lettre  de  M.  Bertrand,  de  Lom,  sera  soumise  à  l'examen  de  la  Section  de 
Minéralogie  et  de  Géologie. 

M.  Schroeder  adresse,  en  date  des  12  et  16  mars,  deux  Notes  sur  les  sou- 
lèvements absolus  de  la  surface  du  globe. 

M.  Liouville  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette  communication 
et  à  faire  savoir  à  l'Académie  si  elle  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un 
Rapport. 

M.  Duriau,  à  l'occasion  d'une  Note  sur  l'absorption  cutanée  présentée 
par  M.  Poulet  dans  la  séance  du  3  mars  dernier  et  insérée  par  extrait  dans  le 
Compte  rendu  de  cette  séance,  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  lui  accor- 
der prochainement  la  parole  pour  lui  soumettre  les  résultats  des  expérien- 
ces qu'il  a  faites  sur  la  même  question,  résultats  dont  quelques-uns  ont  été 
déjà  l'objet  d'une  publication  qui  paraît  n'avoir  pasété  connue  de  M.  Poulet. 

M.  Taupenot  demande  également  un  tour  prochain  de  lecture  pour  la 
description  de  Y  anémomètre  enregistreur  mentionné  dans  sa  Lettre  du 
10  mars. 

Cet  appareil,  déjà  installé  dans  la  pièce  qui  précède  la  salle  des  séances, 
y  restera  jusqu'au  lundi  suivant,  jour  auquel  M.  Taupenot  espère  que  l'Aca- 
démie voudra  bien  lui  accorder  la  parole,  ses  fonctions  de  professeur  ne 
lui  permettant  pas  un  long  séjour  à  Paris. 

M.  Millot,  auteur  d'un  Mémoire  sur  une  méthode  d'arboriculture  ayant 
pour  objet  de  faire  développer  un  bourgeon  sur  un  point  déterminé  d'un 
rameau ,  annonce  qu'il  vient  d'adresser  à  la  Commission  chargée  de  l'exa- 
men de  son  Mémoire  une  série  de  pièces  à  l'appui  de  sa  méthode,  Sur 
laquelle  il  espère  obtenir  prochainement  un  Rapport. 

M.  Cancalon  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter  le  travail  de  la  Com- 
mission qui  a  été  chargée  de  l'examen  de  son  Mémoire  sur  les  modifi- 
cations éprouvées  par  le  climat  de  l'Italie,  de  la  France  et  de  l'Amérique. 

(Renvoi  à  la  Commission   nommée,  qui    se  compose  de  MM.  Babinet, 

Duperrey  et  Bravais.) 


(  552  ) 

Ml,e  Behrens  adresse  une  nouvelle  Lettre  relative  à  sa  pile  magnétique 
portative  destinée  aux  usages  médicaux. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment   nommés  : 
MM.  Becquerel  et  Pouillet.) 

M.  Elvart  transmet  de  nouveaux  documents  imprimés  relatifs  aux 
effets  obtenus,  dans  le  traitement  du  choléra-morbus,  de  la  méthode  de 
M.  Tironi. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  constituée  en  Commission  spéciale  du 

legs  Bréant.) 

A  4  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

COMITÉ  SECRET. 

La  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie  déclare,  par  l'organe  de  son 
doyen  M.  Serres,  qu'elle  maintient  la  liste  qu'elle  a  présentée  dans  la  séance 
précédente,  ainsi  que  les  ex  cequo  qui  s'y  trouvaient. 

Voici  cette  liste  : 


MEDECINE. 


,  (M.  Cruveilhier,) 

.  (M.   PoiSEUU.LE.) 

Au  2e  ran^...{^r   _  )  ex  œquo. 

°        (M.  PlORRY,  )  7 


CHIRURGIE. 


.  (  M.  Jorert,  de  Lamballe,) 

Aux  '^Im.j^esg™»*,       !)•*•*■ 

!M.  Baudejns,     \ 
M.  Laugier,      \  ex  cequo. 
M.  Malgaigve,  ) 


La  majorité  de  la  Section  recommande  à  l'Académie  la  liste  de  Médecine. 
Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés.  L'élection   aura  lieu  dans  la 
prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  7  heures.       .  E.  D.  B. 


■»88i 


•     COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  31  MARS  1856. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  BINET. 


RAPPORTS. 

chimie  appliquée.  —  Rapport  relatif  à  la  découverte  de  la  soude  artificielle 

(Commissaires,   MM.  ïhenard,  Chevreul,  Pelouze,   Regnault,    Balard   et 

Dumas  rapporteur.) 

«  S.  E.  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  adressait  à  l'Académie 
la  Lettre  suivante,  le  1 7  novembre  dernier  : 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  communiquer  ci-joint  une  pétition  adressée  à 
»  Sa  Majesté  par  M.  le  marquis  de  Mano.ury  d'Ectot,  au  nom  de  la  famille 
»  de  Nicolas  Le  Blanc,  tendant  à  obtenir  une  réparation  du  dommage  que 
»  Le  Blanc  aurait  éprouvé  par  suite  du  séquestre  mis  par  ordre  de  la  Con- 
»  vention  sur  son  usine,  et  de  la  divulgation  du  procédé  dont  il  était  l'in- 
»  venteur  pour  la  fabrication  de  la  soude  artificielle. 

»  Je  vous  prie  de  vouloir  bien  inviter  l'Académie  à  examiner  cette  péti- 
»  tion  et  à  m'adresser  prochainement  un  Rapport  où  elle  fera  connaître  son 
»  avis  sur  la  légitimité  de  la  réclamation  de  la  famille  Le  Blanc.  » 

»  La  pétition  adressée  par  les  enfants  Le  Blanc  à  Sa  Majesté,  désignée 
dans  la  Lettre  précédente,  est  ainsi  conçue  :  . 

«  Sire, 

»  Nicolas  Le  Blanc,  l'inventeur  de  la  soude  artificielle,  a  donné  l'essor  à 
»  toutes  les  applications  de  la  chimie  aux  arts. 

»  Sa  découverte  mémorable  est  la  première  dont  la  science  pure  ait  doté 

C.  R.,  i85(i,  i'r  Semestre.  (T.  XLII,  N°  15.)  74 


(  554  )  | 

»  l'industrie;  c'est  la  seule  que  soixante  ans  de  pratique  n'aient  pas  rriodi- 
»  fiée;  c'est  celle  dont  les  applications  ont  le  plus  grandi. 

»  L'Europe  fabrique  aujourd'hui  trois  cents  millions  de  kilogrammes  de 
»  soude  artificielle,  qui  donnent  à  tous  les  arts  chimiques  une  matière 
»  première  indispensable.  * 

»  La  première  usine  fondée  par  Le  Blanc  fut  mise  sous  le  séquestre  en 
»  1793.  Son  procédé  fut  publié  par  la  Convention  comme  étant  d'utilité 
»  publique,  et  l'inventeur  dépouillé  du  fruit  de  son  génie. 

»  Le  Blanc  mourut  dans  la  détresse  à  la  suite  de  ces  malheurs  immérités. 

»  Le  moment  n'est-il  pas  venu,  Sire,  de  rendre  à  la  mémoire  de  Le  Blanc 
»  un  hommage  qui  lui  est  dû  à  tant  de  titres  et  qui  serait  à  la  fois  une 
»  consolation  pour  sa  famille  et  une  réparation  pour  les  souffrances  que 
»   ses  contemporains  lui  ont  infligées? 

»  La  France  et  l'Europe  lui  doivent  une  reconnaissance  dont  Votre  Ma- 
»  jesté  seule  peut  trouver  l'expression  et  dont  il  n'appartient  qu'à  elle  de 
»  se  faire  l'interprète. 

»  Les  enfants  de  Le  Blanc.   » 

a  La  science  et  l'industrie,  accoutumées  à  tant  de  sollicitude  et  de  bien- 
veillance de  la  part  de  Sa  Majesté  en  enregistreront  avec  reconnaissance 
une  nouvelle  preuve.  Cette  pétition,  datée  du  g  novembre,  était  remise 
quatre  jours  après,  dès  le  i4  novembre,  par  l'Empereur  lui-même  en  con- 
seil, à  S.  E.  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  pour  faire  commencer 
immédiatement  l'information  qu'elle  rendait  nécessaire. 

»  La  Section  de  Chimie,  chargée  de  ce  soin  par  l'Académie,  aurait  à 
s'excuser  d'avoir  employé  quatre  mois  à  remplir  sa  mission,  si  les  circon- 
stances qui  se  sont  produites  ne  lui  avaient  fait  une  loi  de  réclamer  des 
pièces  authentiques  pour  l'obtention  desquelles  des  formalités  et  même  un 
jugement  d'une  date  récente  ont  été  indispensables. 

»  En  effet,  dès  le  3o  novembre,  l'Académie  recevait  la  Lettre  suivante  du 
représentant  des  héritiers  Dizé  : 

«  Je  viens  d'être  informé  que  la  famille  de  Le  Blanc  s'occupe  de  faire 
»  valoir  auprès  de  l'Empereur,  les  services  que  son  chef  a  rendus  à  l'État  en 
»  créant  l'industrie  de  la  soude  artificielle  et  que  l'Académie  est  saisie  de 
»  l'examen  de  ses  titres. 

»  Je  viens  au  nom  de  la  veuve  de  M.  Dizé  et  de  ses  enfants  réclamer  pour 
»  M.  Dizé  la  part  qui  lui  revient  dans  la  découverte  de  la  soude  artificielle 
»  et  dans  la  création  de  cette  importante  industrie. 

»  Les  titres  de  M.  Dizé  résultent  d'un  grand  nombre  de  pièces  authen- 


(  555  ) 
»  tiques  imprimées  et  manuscrites  que  je  tiens  à  la  disposition  de  l'Aca- 
»  demie.   » 

»  L'Académie  était  donc  appelée  à  se  prononcer  sur  la  propriété  d'une 
découverte,  et,  malgré  toutes  les  difficultés  dont  la  discussion  de  ce  genre  de 
questions  est  souvent  entourée,  elle  a  dû  accepter  la  mission  qui  lui  était 
donnée,  car  elle  est  aussi  chargée  de  veiller  à  la  garde  des  droits  de  l'inven- 
tion et  des  privilèges  de  la  pensée. 

»  La  Section  de  Chimie  n'ignorait  pas  que  la  première  manufacture  de 
soude  artificielle,  créée  à  la  Maison-de-Seine  près  Saint-Denis,  l'avait  été  par 
une  société  dont  Le  Blanc  et  Dizé  faisaient  partie.  Elle  savait  aussi  que  Dizé, 
après  la  mort  de  Le  Blanc,  avait  publié  en  1810  un  historique  de  la  décou- 
verte de  la  soude  où  la  part  faite  à  Le  Blanc  n'était  pas  d'accord  avec  celle 
qui  lui  était  accordée  par  l'opinion  publique.  Mise  en  présence  des  prétentions 
élevées  par  deux  familles  animées  d'un  égal  respect  pour  les  droits  et  pour  la 
gloire  de  leurs  auteurs,  la  Section  a  pensé  que  lorsqu'il  s'agissait  d'événe- 
ments accomplis  il  y  a  soixante  ans,  dont  les  auteurs  et  les  témoins  ont  tous 
disparu,  elle  devait  faire  son  opinion  sur  pièces,  sans  accorder  une  trop  large 
part  à  des  traditions  souvent  altérées  ou  à  des  réclamations  personnelles  qui 
ne  seraient  pas  appuyées  de  preuves  authentiques  ;  elle  a  donc  voulu  sur 
tous  les  points  remonter  aux  documents  originaux. 

»  La  découverte  de  la  soude  facti  ce  a  été  provoquée  par  un  concours  comme 
celle  de  l'outremer  artificiel,  comme  celle  de  la  filature  du  lin  à  la  mécanique. 
»  L'ancienne  Académie  des  Sciences  avait  mis  au  concours,  en  effet,  un 
prix  de  deux  mille  quatre  cents  francs  que  le  Gouvernement  l'avait  chargée 
de  décerner  à  l'auteur  du  meilleur  travail  sur  la  fabrication  de  la  soude  au 
moyen  du  sel  marin.  Il  s'agissait  de  soustraire  l'industrie  du  blanchiment, 
celle  du  verre  et  celle  des  savons,  aux  effets  fâcheux  résultant  du  renchéris- 
sement croissant  des  potasses,  de  la  hausse  des  soudes  naturelles  de  l'Es- 
pagne et  de  la  rareté  des  gîtes  de  natron  naturel. 

»  Encore  bien  que  ce  prix  n'ait  point  été  décerné,  on  peut  affirmer  qu'en 
dirigeant  les  esprits  vers  l'étude  de  cette  question,  la  mesure  qui  le  mettait 
au  concours  a  été  le  point  de  départ  de  la  découverte  du  moyen  propre  à 
fournir  la  soude  artificielle,  c'est-à-dire  d'une  des  plus  importantes  inven- 
tions des  temps  modernes. 

»  Le  sel  marin  étant  indiqué  comme  la  matière  première  de  la  soude, 
divers  procédés  furent  proposés  pour  l'en  extraire  directement,  soit  par  la 
chaux,  soit  par  l'oxyde  de  plomb,  mais  sans  résultat  pour  l'industrie. 

»>  Dès  1 777,  le  Père  Malherbe,  bénédictin,  indiquait  de  convertir  d'abord 
le  sel  marin  en  sulfate  de  soude.  Il  agissait  sur  ce  dernier  sel  et  il  faisait 

74- 


(  556  } 

fondre  ensemble  du  sulfate  de  soude,  du  charbon  et  du  fer.  Il  se  forme 
ainsi  un  composé  particulier  de  soufre,  de  sodium  et  de  fer,  qui  se  délite  à 
l'air  et  qui  donne  du  carbonate  de  soude,  quand  on  le  lessive.  M.  Ropp  a 
proposé  récemment  l'emploi  sur  une  grande  échelle  de  ce  procédé  qui  n'a- 
vait jamais  été  exploité,  mais  qui  au  moyen  de  quelques*  perfectionnements 
le  serait,  d'après  lui,  près  de  Manchester,  et  fournirait  aujourd'hui  plu- 
sieurs milliers  de  tonnes  de  soude  par  an. 

»  Le  procédé  du  Père  Malherbe  suppose  la  conversion  préalable  du  sel 
marin  en  sulfate  de  soude,  comme  nous  l'avons  dit.  Dans  les  premiers  mois 
de  17S9,  de  la  Métherie  proposait  à  son  tour  le  procédé  suivant  qui  admet 
aussi  cette  conversion  préalable  :  nous  le  citons  textuellement,  parce  que, 
d'après  Le  Rlanc  lui-même,  il  forme  l'un  des  incidents  de  la  découverte  de 
la  soude  factice. 

«  Il  y  a,  disait-il,  une  manière  de  faire  cette  décomposition  du  sel  ma- 
»  rin,  qui  seroit  très  sûre,  mais  elle  seroit  peut  être  trop  chère.  Ce  seroit 
»  dans  des  appareils  convenables  de  verser  de  l'acide  vitriolique  sur  le  sel 
»  marin  ;  l'acide  marin  se  dégageroit  et  passeroit  dans  les  ballons  et  le 
»  résidu  seroit  du  vitriol  de  natron  ou  sel  de  Glauber.  On  décomposeroit  en- 
»  suite  ce  vitriol  de  natron  en  le  calcinant  avec  du  charbon.  L'acide  vitrio- 
»  lique  se  dégageroit  sous  forme  d'acide  sulfureux  et  le  natron  demeure- 
»  roit  pur.  On  le  dissoudrait  dans  l'eau,  filtrerait  et  ferait  cristalliser....  On 
»  pourrait  ne  pas  perdre  l'acide  sulfureux  pour  le  reconvertir  en  acide  vi- 
»  triolique.  Ce  seroit  en  chauffant  le  vitriol  et  le  charbon  dans  des  vais- 
»  seaux  fermés,  par  exemple  dans  des  cornues  dont  le  col  aboutirait. 
»   dans  de  grandes  chambres  semblables  à  celles  où  l'on  brûle  le  soufre 

»  Peut-être  l'acide  vitriolique  ne  seroit-il  pas  tout  changé  en  acide  sul- 
«  fureux  et  qu'une  portion  le  seroit  en  soufre,  ce  qui  formerait  un  hépar. 
»  Cet  hépar  pourrait  à  la  vérité  être  décomposé  par  l'acide  acéteux  ou  tout 
»  autre  acide  végétal  et  on  obtiendrait  un  sel  acéteux  de  natron  :  et  comme 
»  cet  acide  se  décompose  très  facilement  par  le  feu,  en  chauffant  ce  sel 
»  acéteux  on  obtiendrait  l'alcali  pur;  mais  ces  acides  végétaux  seraient  dis- 
»  pendieux.  » 

»  Si  de  la  Métherie  eût  tenté  l'expérience  qu'il  propose,  il  aurait  re- 
connu :  i°  que  le  sulfate  de  soude  traité  par  le  charbon  ne  se  change  pas 
en  acide  sulfureux  et  en  soude  pure  ;  i°  que  c'est  en  sulfure  qu'il  se  con- 
vertit ;  3°  que  l'emploi  de  cet  acide  végétal  qu'il  recommande  comme  moyen 
auxiliaire  de  purification  eût  été  indispensable,  comme  moyen  principal  de 
traitement,  pour  la  totalité  de  la  soude  à  obtenir. 

»  Le  sulfate  de  soude  traité  par  le  charbon  seul  se  convertit ,  en  effet,  en 


(  557  ) 
sulfure  de  sodium,  qui,  ainsi  obtenu,  ne  peut  être  converti  économique- 
ment en  carbonate  de  soude  qu'au  moyen  de  l'acide  carbonique.  Dizé  fa  1 1 
connaître  que,  dans  le  cours  de  leurs  études  communes,  des  essais  clans  ce 
sens  auraient  été  tentés  par  Le  Blanc  et  par  lui  au  Collège  de  France,  et  cela 
semble  très-probable  en  effet.  Repris  par  Pelletan  vers  1827  et.  1828,  ce 
procédé  devint  la  base  de  la  création  d'une  usine  aux  environs  de  Paris; 
l'entreprise  n'eut  pas  de  succès.  Dans  ces  derniers  temps,  M.  Valerio  l'a  sou- 
mis à  une  nouvelle  étude,  qui  n'a  pas  encore  reçu  d'application.  Jusqu'ici 
la  formule  que  nous  venons  d'examiner  n'est  donc  pas  entrée  dans  la  pra- 
tique, chose  regrettable,  puisque  le  sel  marin  étant  changé  en  sulfate  au 
moyen  de  l'acide  sulfurique,  le  sulfate  en  sulfure  au  moyen  du  charbon,  le 
sulfure  en  carbonate  à  l'aide  de  l'acide  carbonique,  l'hydrogène  sulfuré  en 
gaz  sulfureux  par  la  combustion,  et  le  gaz  sulfureux  en  acide  sulfurique  par 
les  agents  ordinaires,  le  soufre  employé  à  la  fabrication  de  la  soude  factice 
ne  serait  pas  perdu  comme  c'est  le  cas  aujourd'hui,  et  se  retrouverait  en  en- 
tier au  contraire,  sauf  les  déchets  inévitables. 

»  Ce  procédé  diffère  beaucoup,  comme  on  voit,  de  celui  qu'avait  conçu 
de  la  Métherie.  Il  représente  très-exactement,  du  reste,  l'ensemble  de  réac- 
tions qu'on  aurait  pu  imaginer  théoriquement  pour  convertir  le  sel  marin 
en  carbonate  de  soude. 

»  Mais  la  soude  factice  devait,  comme  tant  d'autres  inventions,  prendre 
naissance  à  la  suite  d'essais  et  d'efforts  opiniâtres  dont  la  théorie  n'avait  pas 
su  devancer  les  résultats. 

»  Si  l'on  retire  aujourd'hui  la  soude  du  sel  marin,  comme  l'indiquait  le 
programme  du  prix  à  décerner  par  l'Académie;  si  Ton  se  sert  du  sel  marin 
converti  en  sulfate  de  soude  ainsi  que  le  faisait  le  Père  Malherbe  et  que  le 
conseillait  de  la  Métherie,  on  calcine  ce  sulfate  de  soude  avec  de  la  craie  et 
du  charbon,  ce  qui  donne  un  oxysulfure  de  calcium  insoluble  et  du  carbo- 
nate du  soude  soluble  ;  c'est  là  le  secret  du  succès  de  cette  industrie;  c'est 
là  qu'est  la  découverte  capitale  qui  a  donné  naissance  à  la  soude  artificielle. 

»  Supprimez  la  craie,  vous  n'obtenez  que  du  sulfure  de  sodium  soluble; 
ajoutez  la  craie,  le  soufre  est  rendu  insoluble  par  la  chaux,  et  la  dissolution 
obtenue  avec  le  produit  ne  retient  que  du  carbonate  de  soude.  Voyons  à 
qui  appartient  l'invention  ainsi  caractérisée  : 

»  Vers  1 787,  un  homme  éminent,  Nicolas  Le  Blanc,  chirurgien  de  la  maison 
d'Orléans,  connu  bientôt  par  des  travaux  remarquables  sur  la  cristallisation 
des  corps  et  par  d'autres  travaux  de  chimie  d'un  caractère  élevé,  prélu- 
dait déjà  aux  recherches  sur  l'extraction  de  la  soude,  à  l'occasion  du  pro- 
gramme publié  par  l'Académie.  «  J'ai  trouvé,  dit-il,  en  général,  que  les  pro- 


(  558  ) 
»  cédés  connus  étaient  incomplets,  insuffisants  ou  bien  trop  dispendieux.  » 
Il  ajoute  :  «  Le  citoyen  Lamétherie  inséra  dans  le  Journal  de  Physique 
»  des  observations  sur  la  décomposition  du  sulfate  de  soude  par  l'incinéra- 
»  tion  avec  le  charbon  ;  il  ne  doutoit  pas  que  de  nouvelles  expériences  pro- 
»  curassent  un  jour  le  moyen  de  décomposer  complètement  ce  sulfate  appelé 
»  sel  de  Glauber.  Je  m'attachai  à  cette  idée,  et  l'addition  du  carbonate  de 
»  chaux  remplit  parfaitement  mon  objet.  J'en  prévins  Lamétherie  ;  c'était  à 
»  ses  observations  que  je  devois  ce  premier  succès,  puisqu'elles  avoient  été 
»  l'occasion  de  mon  dernier  travail.  » 

»   La  publication  de  la  Métherie  est  de  1789. 

»- Le  Blanc  aurait  proposé  bientôt,  en  1789  même,  l'exploitation  en 
grand  de  ses  procédés  au  duc  d'Orléans;  ce  prince  aurait  voulu  avoir  à  ce 
sujet  l'avis  de  d'Arcet,  professeur  au  Collège  de  France,  dont  le  prépara- 
teur Dizé,  chargé  de  suivre  les  épreuves  du  procédé,  se  serait  ainsi  trouvé 
en  rapport  avec  Le  Blanc.  Ces  circonstances  sont  justifiées  et  expliquées  par 
les  actes  suivants,  comme  on  va  le  voir. 

m  En  effet,  le  12  février  1790,  par-devant  Jacques  Lutherland,  notaire 
public  à  Londres,  le  duc  d'Orléans,  Nicolas  Le  Blanc,  Dizé  et  Henri  Shée, 
signaient  les  traités,  conventions  et  associations  qui  suivent  : 

«  Art.  1.  —D'autant  que  lesd.  S"  Leblanc  et  Dizé  sont  auteurs  d'un 
»  procédé  secret  pour  la  confection  de  soude,  de  sel  ammoniac  et  de  blanc 
»  de  plomb,  et  que  la  conduite  desdits  procédés  exige  une  somme  considé- 
»  rable  d'argent,  lesd.  Srs  Le  Blanc  et  Dizé  ont  demandé  à  Sad.  Altesse 
»  Sérénissime  qu'il  leur  fournisse  la  somme  de  deux  cent  mille  livres  tour- 
»  nois  pour  les  mettre  en  état  de  poursuivre  lesd.  procédés  avantageusement... 
»  Art.  7.  —  Lesd.  S"  Le  Blanc  et  Dizé  conviennent  et  s'engagent  envers 
»  Sad.  A.  S.,  c'est-à-dire  le  Sr  Le  Blanc  de  mettre  en  dépôt  le  secret  pour 
»  faire  de  la  soude  dont  il  est  auteur,  et  le  Sr  Dizé  le  secret  pour  faire  le 
»  blanc  de  plomb  dont  il  est  aussi  auteur,  lesquels  procédés,  ainsi  que 
»  celui  pour  la  confection  du  sel  ammoniac,  seront  donnés  par  écrit  et 
»  certifiés  par  M.  d'Arcet,  et  puis  cachetés  des  cachets  de  S.  A.  S.  le  duc 
»  d'Orléans  et  des  StsLe  Blanc  et  Dizé,  et  déposés  entre  les  mains  du  Sr  Bri- 
»  chard,  Nre  à  Paris,  pour  n'être  ouverts  qu'en  cas  de  mort  ou  abandonne- 

»   ment  de  fait  des  auteurs » 

»Sile  premier  article  de  cette  convention  confond  en  un  seul  le  procédé 
pour  la  confection  de  soude,  de  sel  ammoniac  et  de  blanc  de  plomb, 
l'art.  7,  comme  on  voit,  rétablit  les  choses  dans  une  situation  plus  lo- 
gique et  plus  précise,  en  expliquant  qu'il  y  a  trois  procédés  distincts  : 
l°  celui  pour  la  soude,  dont  Le  Blanc  est  l'auteur;  20  celui  pour  le  blanc 


I  559  ) 
de  plomb,  dontDizé  est  l'auteur;  3°  celui  pour  le  sel  ammoniac,  qui  n'est 
attribué  à  personne  en  particulier  :  on  en  verra  plus  loin  le  motif. 

»  Votre  Commission  avait  naturellement  mis  un  grand  intérêt  à  retrouver 
la  pièce  que  nous  venons  d'analyser,  puisqu'elle  est  le  point  de  départ  de  l'af- 
faire qui  nous  occupe. Toutes  les  recherches  faites  à  Londres  dansl'éfude  du 
successeur  du  notaire  Lutherland  ayant  été  inutiles,  malgré  les  soins  empres- 
sés de  MM.  Hoffmann,  Grove  et  de  la  Rue,  qui  ont  mis  à  cette  enquête  tout 
le  zèle  qu'on  devait  attendre  de  leur  respect  pour  les  désirs  de  l'Académie, 
nous  avons  pensé  que  les  archives  de  la  maison  d'Orléans  auraient  con- 
servé quelque  trace  de  cette  transaction.  Par  les  soins  de  M.  Bocher,  on  y 
a  trouvé,  en  effet,  une  copie  authentique  de  l'acte  passé  à  Londres  qu'il 
s'est  empressé  de  mettre  à  la  disposition  de  l'Académie.  Nous  venons  d'en 
indiquer  les  conditions  essentielles. 

«  Afin  de  suivre  la  marche  naturelle  du  progrès  de  l'affaire,  il  fallait  ensuite 
obtenir  l'ouverture  du  paquet  cacheté  annoncé  dans  l'acte  précédent,  le- 
quel a  été  déposé,  le  27  mars  1790,  chez  le  notaire  Brichard,  où  il  avait  été 
abandonné  par  les  intéressés  et  par  leurs  familles.  Un  jugement  ayant  été 
rendu  à  cet  effet,  à  la  requête  de  la  famille  Le  Blanc,  le  paquet  cacheté  a  été 
ouvert,  et  nous  en  avons  obtenu  une  copie  en  forme  authentique. 

»  Ce  paquet  contenait  :  i°  la  description  du  procédé  pour  la  fabrication 
de  la  soude  et  pour  celle  du  sel  ammoniac,  par  Le  Blanc,  et  un  certificat  de 
d'Arcet  qui  s'y  rapporte  ;  20  la  description  du  procédé  pour  la  fabrication 
du  blajic  de  plomb  par  Dizé,  et  un  certificat  de  d'Arcet  qui  s'y  rapporte 
également. 

»  Dizé  n'y  figure  donc  qu'à  titre  d'inventeur  du  procédé  pour  ce  nou- 
veau blanc  de  plomb.  Voici  d'ailleurs  le  texte  exact  du  paquet  cacheté  : 

Procédé  de  Nicolas  Leblanc  pour  la  conversion  du  sel  marin  en  soude,  et  les  Notes  qui  ont 
raport  à  cette  opération;  le  tout  rédigé  pour  être  déposé  entre  les  mains  de  Mtre  Brichard, 
notaire  à  Paris,  ainsi  qu'il  a  été  stipulé  dans  l'article  septième  de  l'acte  d'association  passé 
à  Londres,  le  douze  février  mille  sept  cent  quatre-vingt-dix,  en  l'étude  du  sieur  James  Lu- 
therland, notaire  public. 

«  On  décompose  le  sel  marin  par  le  procédé  de  Glauber,  c'est-à-dire 
»  par  l'acide  vitriolique;  il  est  aisé  d'imaginer  des  appareils  suffisants  pour 
»  opérer  sur  de  grandes  masses. 

»  Il  faut  pour  décomposer  entièrement  le  sel  marin  presque  le  même 
»  poids  d'acide  concentré. 

»  Pour  obtenir  le  meilleur  parti  possible  de  l'acide  marin,  il  faut  le  con- 


(  56o  ) 
»   vertir  en  sel  ammoniac,  et  pour  cela  on  peut  faire  passer  immédiatement 
»   le  gaz  marin  dans  un  bain  d'alcali  volatil,  ou  bien  faire  le  mélange  après 
»  l'avoir  reçu  à  part. 

»  La  masse  de  sel  de  Glauber  qui  résulte  de  cette  décomposition,  doit 
»  être  "ensuite  poussée  au  grand  feu  pour  être  entièrement  purgée  d'acide  ; 
»  ensuite  on  la  pulvérise  pour  l'opération  suivante. 

»  On  prend  une  quantité  donnée  de  ce  sel  de  Glauber,  la  moitié  de  son 
»  poids  de  terre  calcaire  (craie)  et  le  quart  du  poids  de  ce  même  sel,  de 
»  charbon  en  poudre;  le  tout  bien  pulvérisé  et  bien  mêlé;  on  met  le  mé- 
»  lange  dans  des  creusets,  observant  de  laisser  au  moins  un  tiers  de 
»  vuide;  on  couvre  ces  creusets,  de  manière  qu'il  reste  des  ouvertures  que 
»  l'on  peut  pratiquer  de  plusieurs  manières  sur  les  couvercles  ou  à  leur 
»  bord,  il  se  forme  une  quantité  considérable  de  matière  inflammable  qui 
»  brûle  à  sa  sortie  à  mesure  que  l'on  donne  le  feu;  après  avoir  ainsi  gradué 
»  le  feu  pendant  quelque  temps,  on  pousse  à  la  fusion,  de  manière  à  don- 
»  ner  une  fonte  pultacée;  alors  la  matière  se  trouve  convertie  en  soude 
»  aérée;  on  retire  cette  matière  des  creusets. 

»  On  peut  extraire,  ou  purifier  cette  soude,  en  pulvérisant  la  matière  et  la 
»  faisant  ensuite  bouillir  dans  une  suffisante  quantité  d'eau  ;  après  quoi  on 
»  retire  le  sel  de  soude  à  mesure  qu'il  cristallise  pendant  l'évaporation  ; 
»  cette  soude  peut  être  mise  sur  des  aires  chaudes  pour  être  desséchée. 

»  On  peut  encore,  la  matière  étant  refroidie,  la  casser  grossièrement  et 
»  l'amonceler  sous  des  hangars;  elle  devient  pulvérulente,  s'efflevirit  au 
»  bout  de  quelques  mois,  et  ensuite  la  lotion  peut  en  être  faite  comme  nous 
»  l'avons  dit.  La  terre  calcaire  et  le  charbon  qui  n'a  pas  brûlé  dans  l'opé- 
»   ration  se  séparent  de  la  liqueur  par  le  repos  ou  par  la  filtration. 

»  On  retire  l'alcali  volatil  de  la  combustion  des  substances  animales,  et 
»  le  sel  ammoniac  s'obtient  par  sublimation.  Toutes  ces  dernières  opéra- 
»  tions,  ainsi  que  la  méthode  de  Glauber  pour  la  décomposition  du  sel 
»  marin,  sont  connues  partout  en  chimie  et  même  dans  les  arts.  » 


«  Je  soussigné,  professeur  de  chymie  au  Collège  roïal  de  France  et  de 
l'Académie  roïale  des  Sciences,  etc.,  certifie  que  le  procédé  décrit  cy» 
dessus  et  aux  autres  parts,  est  exactement  le  même,  qui  a  été  pratiqué 
sous  mes  ïeux  à  différentes  reprises  et  avec  succès,  tant  dans  mon  labo- 
ratoire particulier,  que  plus  en  grand  dans  le  laboratoire  du  Collège  roïal 
de  France;  en  sorte  que  par  ce  procédé  on  décompose  le  sel  marin,  et 
l'on  en  met  à  part  la  base  ou  sel  de  soude,  dans  un  état  de  très  grande 


(  56i  ) 
»  pureté;  comme  aussi  je  certifie  qu'avec  ce  même  procédé  il  sera  facile 
»  d'établir  une  fabrique  de  sel  ammoniac.  En  foi  de  quoi  j'ai   signé  à 
»  Paris,  le  vingt-quatre  mars  mil  sept  cent  quatre-vingt-dix. 

»  Signé  d'Arcet.  » 

Procédé  de  Michel- Jean- Jérôme  Dizé  pour  la  fabrication  d'un  blanc  de  plomb,  rédigé 
pour  être  déposé  entre  les  mains  de  Me  Brichard  ,  notaire  h  Paris,  ainsi  qu'il  a  été  stipulé 
dans  l'article  septième  de  l'acte  d'association  passé  à  Londres  le  douze  février  mille  sept 
cent  quatre-ving-dix ,  en  l'étude  du  Sr  James  Lutherland,  notaire  public. 

«  Prenés  cent  livres  de  plomb,  faites  les  fondre,  jettes  les  ensuite  dans 

»  une  cuve  d'eau ,  cette  opération  divise  le  plomb  et  le  met  en  grenailles. 

»  Enlevés  ce  plomb  ainsi  granulé,  mettes  le  sécher  sur  des  planches.  Quand 

»  il  sera  sec,  faites-le  dissoudre  dans  une  suffisante  quantité  d'acide  nitreux 

»  ou  eau  forte  ordinaire,  on  donne  un  peu  de  chaleur  pour  accélérer  cette 

»  dissolution.  La  dissolution  finie,  on  décante  la  liqueur  dans  un   autre 

»  vase.  Il  arrive  quelquefois  que  pendant  la  dissolution  il  se  précipite  une 

»  poudre    blanche,  il  faut  avoir  soin  de  verser  de  l'eau  sur  cette  poudre 

»  blanche  pour  la  faire  dissoudre  et  on  la  mêle  avec  la  dissolution  que  l'on 

«  a  décantée.  On  laisse  reposer  la  liqueur  pour  l'éclaircir.  Quand  elle  est 

»  arrivée  dans  un  état  de  limpidité  parfaite,  on  la  transvase.  Alors  on  y 

»  verse  de  l'acide  vitriolique  ordinaire  jusqu'à  ce  qu'il  ne  se  précipite  plus 

»  deblanc.  On  laisse  rasseoir  le  blanc  qui  s'est  formé,  on  décante  la  liqueur, 

»  qu'on  évapore  à  moitié.  Quand  elle  est  ainsi  concentrée  on  y  ajoute 

»  encore  du  plomb  granulé,  jusqu'à  ce  qu'elle  ne  puisse  plus  en  dissoudre. 

»  On  décante  la  liqueur  et  on  la  laisse  s'éclaircir,  on  la  décante  de  nou- 

»  veau.  Enfin  on  précipite  avec  l'acide  vitriolique.  Quand  le  blanc  est  bien 

»  tombé  au  fond  on  concentre  de  nouveau  la  liqueur  et  on  y  fait  redis- 

»  soudre  du  plomb  granulé,  enfin  l'on  poursuit  le  travail  comme  dessus 

»  jusqu'à  ce  que  l'eau  forte  soit  épuisée.  On  rassemble  ensuite  tout  le  blanc, 

»  on  le  lave  à  grande  eau.  Cela  fait,  on  fait  dissoudre  dix  livres  d'alcali 

»  pur  dans  suffisante  quantité  d'eau  bouillante,  capable  de  délayer  la  masse 

»  de  blanc  de  plomb.  On  entretient  la  chaleur  jusqu'à  ce  que  l'on  s'aper- 

«  çoive  qu'il  n'y  a  plus  d'effervescence,  on  décante  alors  la  liqueur,  mais 

»  il  faut  avoir  soin  de  laisser  reposer  le  blanc.  On  le  lave  deux  fois  à  l'eau 

»  bouillante  et  quatre  fois  à  l'eau  froide  bien  claire,  ensuite  on  le  fait  sécher 

»  dans  des  bassins  ou  aires  de  plomb  qu'on  chauffe  par  dessous.  » 

«  Je  soussigné,  professeur  de  chymie  au  Collège  roïal  de  France  et  de 
»  l'Académie  roïale  des  Sciences,  etc.,  certifie  que  le  procédé  du  blanc  de 

C.  R.,  i856,  ier  Semestre.  (T.  XL1I,  N°  13.)  7$ 


(  56a  ) 
»  plomb  que  M.  Dizé  a  décrit  cy-dessus  et  en  l'autre  part,  est  très-exacte- 
»  ment  celui  qu'il  emploie  pour  faire  le  blanc  de  plomb  d'une  blancheur 
»  éclatante  et  d'une  bonne  qualité.  Eu  foi  de  quoi  j'ai  signé.  A  Paris,  le 
»  vingt-quatre  mars  mil  sept  cent  quatre-vingt-dix. 

«  Signé  d'Arcet.  » 

»  L'examen  attentif  de  ce  dépôt  donne  lieu  à  quatre  observations  : 
i°  le  nom  de  Dizé  n'y  est  prononcé  qu'à  l'occasion  de  son  blanc  de  plomb 
dont  l'invention  lui  est  réservée  exclusivement  :  il  n'est  pour  rien  dans  le 
procédé  relatif  à  la  soude;  i°  si,  dans  ce  paquet  cacheté,  les  procédés 
pour  la  soude  et  pour  le  sel  ammoniac  sont  attribués  à  Le  Blanc  seul,  la 
négligence  avec  laquelle  Le  Blanc  décrit  le  moyen  d'obtenir  le  sel  ammo- 
niac, l'indication  qu'en  ce  qui  concerne  ce  dernier  sel,  il  s'agit  de  procédés 
connus  et  déjà  pratiqués,  expliquent  comment,  dans  l'acte  passé  à  Londres, 
on  ne  l'attribuait  à  personne  en  particulier,  et  prouve  une  fois  de  plus  que 
c'est  la  soude  seule  que  Le  Blanc  prétend  se  réserver  ;  3°  si  Le  Blanc  décrit 
très-exactement  la  marche  générale  de  l'opération  propre  à  fournir  la  soude 
artificielle,  si  la  pensée  du  procédé  est  nettement  indiquée,  si  l'invention 
est  déjà  tout  entière  dans,  cet  acte,  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  le  dosage 
du  sulfate  de  soude,  de  la  craie  et  du  charbon  tel  qu'il  le  donne  est  encore 
inexact,  car  il  y  indique  deux  fois  plus  de  sulfate  de  soude  qu'il  n'en  em- 
ploiera plus  tard  dans  le  procédé  définitif;  4°  Le  Blanc  parle  du  traitement 
qu'il  a  effectué  comme  ayant  eu  lieu  dans  un  creuset,  et  rien  n'indique 
dans  sa  description  qu'il  eut  la  pensée  de  substituer  plus  tard  un  four  à 
réverbère  au  creuset,  comme  cela  est  indispensable  dans  une  opération 
manufacturière. 

»  Ces  dernières  circonstances  peuvent  expliquer  le  long  intervalle  qui 
sépare  l'acte  de  Londres  et  le  dépôt  du  paquet  cacheté  effectués  coup  sur 
coup,  des  actes  suivants. 

»  En  effet,  c'est  dix  mois  après  l'acte  de  dépôt,  le  i5  janvier  1 79 r , 
l'installation  de  la  manufacture  étant  déjà  commencée  et  Le  Blanc  étant 
déjà  établi  dans  l'usine,  que  Le  Blanc  et  Dizé  règlent  leurs  intérêts  respec- 
tifs par  un  acte  notarié,  rédigé  en  prévision  de  l'acte  d'association  définitif 
dont  il  va  être  question  plus  loin. 

»  Dans  cet  acte  préparatoire,  il  est  dit  : 

«  Article  2.  —  A  quelque  somme  que  s'élève  la  portion  des  bénéfices 
»  nets  qui  sera  allouée  aux  sieurs  Le  Blanc  et  Dizé  dans  l'entreprise  de  la 
»  confection  de  soude  et  blanc  de  plomb,  il  sera  fait  distinction  de  chaque 


(  5G3  ) 
»  nature  de  bénéfice,  savoir  :  celui  résultant  de  la  fabrication  delà  soude 
»  et  du  sel  ammoniac  seulement  formant  une  somme  quelconque  de  béné- 
»  fice  net  sera  divisé  en  cinq  parts,  dont  trois  parts  appartiendront  au 
»  sieur  Le  Blanc,  ses  héritiers  ou  représentants;  les  deux  parts  restantes 
»  appartiendront  au  sieur  Dizé,  ses  héritiers  ou  représentants. 

»  Le  bénéfice  net,  au  contraire,  résultant  de  la  fabrication  de  blanc  de 
»  plomb,  formant  aussi  une  somme  distincte  et  séparée,  sera  divisé  égale- 
»  ment  en  cinq  parts;  mais  dont  trois  appartiendront  au  sieur  Dizé, 
»  et  les  deux  parts  restantes  au  sieur  Le  Blanc ,  leurs  héritiers  ou  repré- 
»  sentants.  » 

»  Après  ce  nouvel  acte  qui  reproduit  et  confirme  les  droits  respectifs 
de  chacun  des  auteurs,  l'un  à  la  découverte  d'une  méthode  propre  à  fournir 
la  soude  et  le  sel  ammoniac,  l'autre  d'une  méthode  applicable  à  la  fabri- 
cation d'un  blanc  de  plomb  plus  économique,  il  ne  restait  plus  qu'à 
régler  les  bases  de  l'association  projetée. 

«  Tel  est  l'objet  de  l'acte  de  société  définitif  passé  à  Paris  le  27  jan- 
vier 1791  entre  le  duc  d'Orléans,  Le  Blanc,  Dizé  et  Shée;  nous  nous  bor- 
nerons à  en  donner  l'analyse. 

»  On  y  rappelle  d'abord  qu'il  s'agit  de  l'établissement  et  de  l'exploi- 
tation des  procédés  dont  Le  Blanc  et  Dizé  sont  les  auteurs;  savoir  : 
Le  Blanc  de  celui  pour  la  fabrication  de  la  soude  par  la  décomposition 
du  sel  marin,  et  Dizé  de  celui  pour  la  fabrication  d'un  blanc  de  plomb 
plus  économique,  les  secrets  desquels  ont  été  déposés  entre  les  mains  de 
Me  Brichard. 

»  Le  duc  d'Orléans  s'engage  à  fournir  200000  livres  tournois  entre  les 
mains  du  Sr  Shée,  qui  joue  ici  le  rôle  d'administrateur  des  deniers  du 
prince. 

»  Il  est  assigné  à  Le  Blanc  un  traitement  de  4ooo  livres  et  à  Dizé  un  trai- 
tement de  2000  livres,  tant  que  leur  part  dans  les  bénéfices  ne  s'élèvera  pas 
à  cette  somme. 

»  Le  duc  d'Orléans  devait  être  remboursé  de  son  capital  et  des  intérêts 
à  ]o  pour  100  sur  les  premiers  bénéfices  de  l'entreprise. 

»  Ensuite,  les  bénéfices  devaient  être  partagés  entre  les  associés  dans 
la  proportion  suivante  :  neuf  vingtièmes  pour  le  duc  d'Orléans;  neuf  ving- 
tièmes pour  Le  Blanc  et  Dizé,  à  répartir  entre  eux  dans  les  proportions  pré- 
cédemment stipulées;  deux  vingtièmes  pour  M.  Shée. 

»  Si  le  bénéfice  annuel  s'élevait  à  plus  d'un  million,  clause  qui  témoigne 
de  l'importance  attribuée  par  les  associés  à  la  nouvelle  industrie,  l'excédant 

75.. 


(  564  ) 
du  premier  million  devait  être  partagé  entre  eux,  selon  des  bases  un  peu 
différentes,  sans  qu'il  fût  rien  modifié  à  ce  qui  concerne  le  partage  à  effec- 
tuer entre  Le  Blanc  et  Dizé. 

»  Pour  terminer  l'analyse  des  pièces  authentiques  qui  concernent  cette 
affaire,  il  ne  reste  qu'à  mentionner  le  dernier  acte  auquel  elle  ait  donné 
lieu. 

»  Il  s'agit  d'un  brevet  d'invention  délivré  à  Le  Blanc  dans  les  circon- 
stances suivantes,  dont  nous  trouvons  l'énoncé  circonstancié  au  registre  du 
directoire  des  brevets  d'invention  intitulé  :  Brevets  secrets. 

»  Sur  un  arrêté  du  i  septembre  1791  du  Comité  d'Agriculture  et  du  Com- 
merce de  l'Assemblée  nationale,  le  Ministre  de  l'Intérieur  prenait  lui-même 
une  décision,  en  date  du  12  septembre,  pour  charger  d'Arcet,  Desmarets 
et  de  Servières  :  i°  de  procéder  à  l'examen  des  moyens  inventés  par 
Nicolas  Le  Blanc  pour  extraire  en  grand  la  soude  du  sel  marin,  moyens 
pour  lesquels  il  a  formé  la  demande  d'un  brevet  d'invention  de  quinze  ans; 
20  et  de  plus  de  procéder  à  la  vérification  de  l'exactitude  de  la  description 
fournie  par  lui. 

»  La  demande  du  brevet  de  quinze  ans  résulte  du  procès-verbal  de  dépôt, 
fait  au  Secrétariat  du  département  de  Paris,  le  19  septembre. 

»  Les  Commissaires  firent  leur  rapport  le  23  septembre  et  le  brevet  fut 
expédié  au  nom  de  Le  Blanc,  le  a5  du  même  mois. 

»  Voici  le  texte  de  cette  pièce  remarquable  : 

Procédé  de  conversion  du  sel  de  Glauber  en  soude. 

«  Au  moyen  d'un  rouleau  de  fonte  établi  à  l'instar  des  égrugeoirs  qui 
»  servent  à  écraser  les  fruits ,  on  réduit  en  poudre  très-fine  et  on  mêle  bien 
»   ensemble  les  différentes  matières  dans  les  proportions  suivantes  : 

»  Sel  de  Glauber  desséché,  100  livres. 

»  Terre  calcaire  pure,  100  livres.  (C'est  la  craie  telle  qu'on  la  prépare  à  * 
»  Meudon.) 

»  Charbon  en  poudre,  5o  livres. 

»  On  étend  ce  mélange  dans  un  fourneau  de  réverbère,  dont  je  vais  faire 
»  la  description  dans  un  instant,  on  bouche  les  ouvreaux  et  l'on  donne  le 
»  feu  ;  la  matière  entre  en  fonte  pultacée,  bouillonne  et  se  convertit  en 
»  soude,  qui  ne  diffère  de  la  soude  du  commerce  que  par  une  richesse  infi- 
»  niment  plus  grande.  La  matière  a  besoin  d'être  remuée  pendant  la 
»  fusion  ;  on  se  sert  pour  cela  de  râteaux  de  fer,  rabots,  ringards,  etc. ,  et  il 


(  565  ) 
»  s'établit  sur  la  surface  de  la  matière  en  fusion  une  multitude  de  jets  de 
»  flamme,  pareils  aux  jets  d'une  chandelle.  Lorsque  le  phénomène  com- 
»  mence  à  disparaître  l'opération  est  finie.  On  retire  la  matière  avec  des 
»  rabots  de  fer,  et  l'on  pourrait  la  recevoir  dans  des  vases  de  tôle,  par 
»  exemple,  ou  dans  tout  autre  vase,  si  on  vouloit  lui  donner  la  forme  de 
»  blocs  de  soude  du  commerce,  etc. 

»  Cette  opération  peut  se  faire  dans  des  vaisseaux  fermés,  mais  elle  de- 
»  vient  alors  plus  dispendieuse  ;  on  peut  aussi  varier  les  doses,  par  exem- 
»  pie  diminuer  les  proportions  de  la  terre  et  du  charbon  ;  mais  les  quan- 
«  tités  qui  viennent  d'être  prescrites  sont  celles  qui  m'ont  paru  les  plus 
»  convenables  pour  assurer  davantage  le  succès  de  l'opération.  Les  quan- 
»  tités  que  je  viens  de  donner  dans  l'exemple  fournissent  au  delà  de 
»  1 5o  livres  de  soude,  qui  donnent  plus  de  soixante-quinze  au  quintal 
»  d'une  soude  d'excellente  qualité. 

»  Les  fourneaux  de  réverbère  doivent  être  construits  solidement  en 
»  briques  de  Bourgogne,  et  soutenus  par  des  armures  de  fer.  Les  dimensions 
»  de  l'âtre  de  ceux  dont  je  me  sers  sont  de  six  pieds  du  foyer  à  la  che- 
»  minée;  quatre  pieds  deux  pouces  dans  la  largeur,  voûte  presque  plate 
»  ayant  dix-neuf  pouces  dans  sa  plus  grande  hauteur  ;  le  foyer  dans  la  pro- 
»  portion  de  sa  largeur,  etc.  Du  reste,  ces  fourneaux  sont  généralement 
»  connus. 

»  Il  existe  une  multitude  de  moyens  de  perfectionnement  sur  les- 
»  quels  je  fais  chaque  jour  des  recherches. 

»  Il  résulte  de  la  découverte  qui  vient  d'être  décrite  que  la  France  qui 
»  consomme  une  quantité  prodigieuse  de  soude  tous  les  ans,  pour  savon- 
»  nerie,  verrerie,  blanchissage,  etc.,  etc.,  et  qui  exporte  un  numéraire  con- 
»  sidérable  pour  l'acheter  à  l'étranger,  gardera  son  argent,  et  les  arts  et  les 
»  manufactures  ne  seront  plus  exposés  à  manquer  de  cet  objet  de  première 
»  nécessité,  par  les  vicissitudes  d'une  guerre,  ou  les  disettes  de  récolte  de 
»  la  plante  avec  laquelle  jusqu'à  présent  on  s'approvisionne  de  soude; 
»  qu'on  fera  au  contraire  valoir  avec  bénéfice  le  sel  marin,  qui  est  une  de 
»  nos  richesses  territoriales;  que  les  arts  qui  consomment  aussi  une  très- 
»  grande  quantité  d'acide  marin,  en  seront  abondamment  pourvus  et  à  bon 
»  marché,  et  qu'enfin  la  portion  très-considérable  de  même  acide  qui  ne 
»  trouverait  pas  d'emploi  serait  très-utilement  et  aisément  convertie  en  sel 
»  ammoniac,  dont  les  arts  ont  également  besoin  et  qu'ils  payent  aussi  fort 
»  cher  à  l'étranger.  On  peut  même  ajouter  qu'à  raison  de  l'abondance  des 
»  matières  premières  et  deleurbas  prix  en  France,  les  nations  voisines  devien- 


(  566  ) 
»  tiraient  en  peu  de  temps  tributaires  de  la  nôtre  pour  ces  différents  objets.  » 

»  La  fermeté  de  cette  description,  l'exactitude  du  dosage  qui  n'a  plus 
changé  depuis  lors,  l'emploi  du  four  à  réverbère  dont  il  n'avait  pas  été 
question  jusque-là  ,  enfin  les  considérations  économiques  et  commerciales 
qui  terminent  le  brevet,  considérations  dont  le  temps  s'est  chargé  de  con- 
sacrer la  haute  exactitude  ,  tout  révèle  qu'entre  l'acte  primitif  passé  à  Lon- 
dres et  le  brevet  pris  dix-neuf  mois  plus  tard,  il  s'est  fait  des  essais  au  la- 
boratoire et  des  travaux  en  fabrique  à  la  manufacture  de  Saint-Denis  qui, 
sans  changer  le  caractère  du  procédé ,  lui  assurent  toute  sa  valeur,  et 
ne  laissent  plus  de  doute  à  l'auteur  sur  le  succès  de  sa  méthode  et  sur 
l'importance  de  l'entreprise  qu'il  va  former. 

»  Mais  bientôt  les  événements  de  la  révolution  amenaient  le  séquestre 
des  biens  du  duc  d'Orléans  et  par  suite  celui  de  la  fabrique  de  soude  dans 
laquelle  il  était  intéressé. 

»  Les  travaux  de  cette  usine  étaient  donc  compromis  dès  sa  naissance , 
soit  faute  des  fonds  nécessaires  à  sa  marche,  la  source  en  étant  tarie,  soit 
par  suite  des  embarras  résultant  du  séquestre. 

»  En  même  temps,  sur  la  proposition  de  Carny,  possesseur  d'un  procédé 
pour  l'extraction  de  la  soude  dont  il  faisait  l'abandon  ,  tous  ceux  qui  ex- 
ploitaient des  usines  pour  la  préparation  de  cet  alcali  furent  tenus  de  faire 
connaître  la  situation  de  leurs  travaux ,  l'importance  de  leur  fabrication  et 
la  nature  de  leurs  procédés.  Le  Comité  de  Salut  public  demandait,  dit  le 
Rapport ,  le  sacrifice  généreux  de  toute  espèce  de  secret  pour  la  patrie. 

»  La  Lettre  suivante  écrite  à  Le  Blanc  par  Shée,  à  la  date  du  i3  pluviôse 
an  II,  fait  connaître  la  situation  que  ces  deux  mesures  combinées  créaient 
à  la  nouvelle  industrie  : 

»  Je  viens  dans  le  moment  de  lire,  dans  la  feuille  intitulée  le  Moniteur, 
»  en  date  d'hier,  que  tous  les  Républicains  possesseurs  de  quelques  secrets 
»  ou  procédés  pour  la  fabrication  de  la  soude  par  la  décomposition  du  sel 
»  marin  ,  étoient  invités  à  en  faire  part  au  Comité  de  Salut  public  ,  Section 
»  des  Armées,  parce  que  la  patrie  pouvoit  en  retirer  des  avantages  précieux 
»  pour  ses  moyens  de  défense. 

»  J'imagine  que  tu  es  parfaitement  au  fait  de  cette  affaire,  et  ton  patno- 
»  tisme  t'aura  suggéré  sur-le-champ,  j'en  suis  sûr,  le  sacrifice  de  ton  secret, 
»  fruit  de  tes  longues  et  laborieuses  recherches . 

»  Néanmoins ,  réfléchissant  que  ta  délicatesse  pourroit  te  présenter  quel- 
»  ques  scrupules  dans  l'entreprise  de  la  fabrication  de  la  soude ,  je  m'em- 
»  presse  det'assurer  pour  ma  part,  que  de  tout  mon  cœur  je  consens,  et 


(567) 
»  même  t'invite,  s'il  en  étoit  besoin,  à  révéler  à  la  nation  tout  ce  que  tu 
»  sais  sur  cet  important  objet.  Je  suis  persuadé  que  le  citoyen  Dizé  trouvera 
»  dans  son  civisme  tous  les  motifs  nécessaires  pour  approuver  cette  dé- 
»  marche;  au  reste  tu  es  à  portée  d'en  conférer  avec  lui.  Mais  quant  à  ce 
»  qui  regarde  mon  intérêt  personnel,  je  m'en  rapporte  entièrement  à  tout 
»  ce  que  te  dicteront  ta  prudence  et  ta  probité. 

»  Je  fais  des  vœux  bien  sincères  pour  que  ton  secret  ait  la  gloire  de  con- 
»  tribuer  d'une  manière  grande  et  efficace  au  salut  de  la  patrie. 

»  P.  S.  —  Ta  Lettre  du  6  courant  ne  m'est  parvenue  que  le  8  au  soir;  ce 
»  soir-là  même  les  citoïens  de  Flandre,  La  Treille  et  un  autre ,  sont  venus 
»  de  la  part  du  district  et  de  la  municipalité  de  Franciade  à  la  manufacture 
»  et  ont  dressé  un  inventaire  général  de  tout.  Je  ne  puis  plus  disposer  de 
»  la  moindre  chose  sans  un  ordre  légal  et  par  écrit.   » 

»  Sous  le  coup  du  séquestre  qui  frappait  leur  établissement ,  et  qui  en 
avait  immédiatement  arrêté  les  opérations,  Le  Blanc  ,  Dizé  et  Shée  eurent  la 
douleur  de  voir  les  matières  premières  et  le  matériel  réunis  ou  créés  par 
leurs  soins,  vendus  à  l'encan  et  dispersés. 

»  Le  Blanc ,  dont  le  consentement  n'était  du  reste  qu'une  formalité ,  au- 
torisa la  publication  du  procédé  suivi  dans  la  manufacture  qu'ils  avaient  ex- 
ploitée. Il  est  décrit  par  Le  Blanc  lui-même  (du  moins  telle  était  l'opinion 
de  son  fils)  dans  le  Bapport  publié  le  2  messidor  de  l'an  II  par  d'Arcet  père^ 
Pelletier  et  Lelièvre. 

»  Ainsi  en  quelques  jours  la  société  de  la  Maison-de-Seineavait  tout  perdu, 
frappée  comme  par  la  foudre.  Elle  n'avait  plus  ni  fonds,  ni  manufacture, 
ni  brevet.  I^es  circonstances  étaient  si  déplorables,  d'ailleurs,  qu'il  ne  lui 
restait  aucune  chance  de  se  relever. 

»  Nous  ne  suivrons  pas  les  trois  associés  dans  les  carrières  diverses  que 
chacun  d'eux  essaya  de  s'ouvrir,  jusqu'au  retour  de  temps  plus  prospères. 
Nous  attachant  seulement  à  ce  qui  concerne  la  soude  artificielle  et  son  his- 
toire, nous  dirons  qu'en  l'anvin,  le  17  floréal,  par  décision  ministérielle  Le 
Blanc  fut  mis  en  possession  de  l'usine  de  Franciade  comme  indemnité  du 
dommage  à  lui  causé  parla  publicité  donnée  à  son  brevet,  et  que,  deux  jours 
après,  la  société  qui  avait  existé  entre  Le  Blanc,  Dizé  et  Shée  fut  rompue  par- 
devant  le  Préfet  de  la  Seine.  A  cette  même  époque ,  le  Ministre  des  Finances 
chargeait  le  Tribunal  de  Commerce  d'évaluer  le  dommage  subi  par  la  société 
et  les  indemnités  qui  pouvaient  leur  être  dues.  Ce  tribunal  s'étant  reconnu  in- 
compétent, l'affaire  fut  reprise  administrativement  par  le  Préfet  de  la  Seine, 
qui  chargea  Vauquelin  et  Deyeux  de  lui  adresser  un  Bapport  à  ce  sujet.  Malgré 


(  568  ) 
les  conclusions  favorables  de  ce  travail,  en  date  du  17  brumaire  an  xiv,  et 
malgré  l'ordonnance  ministérielle  conforme  du  ieraoùt  1806.  il  fut  décidé 
que  les  comptes  de  l'État  vis-à-vis  de  Le  Blanc  étaient  réglés  par  la  resti- 
tution qui  lui  était  faite  à  titre  gratuit  de  l'usine  de  Franciade. 

»  Demeuré  libre  d'agir,  mais  sans  capitaux  pour  le  faire,  redevenu  pos- 
sesseur d'une  usine  démantelée  dont  la  possession  même  semblait  bien  pré- 
caire ,  Le  Blanc  ne  parvint  pas  à  y  monter  une  grande  fabrication  ,  la  seule 
qu'il  eût  été  profitable  d'y  organiser. 

a  Après  avoir  réparé,  dit  un  Bapport  fait  à  cette  époque,  les  désordres 
»  inévitables  résultant  d'une  interruption  de  travail  qui  avoit  duré  quelques 
»  années,  après  avoir  fait  des  restaurations  assez  considérables  et  des  amélio- 
«   rations  utiles  dans  plusieurs  genres,  Le  Blanc  avoit  épuisé  ses  ressources.  » 

»  Combien  d'efforts  pourtant  Le  Blanc  ne  tente-t-il  pas?  Comme  tous 
les  inventeurs,  il  se  montre  plein  d'abnégation,  de  ténacité  et  de  confiance. 
Sa  correspondance  prouve  qu'il  n'est  pas  de  démarche  qu'il  n'ait  essayée 
pour  assurer  le  succès  de  son  œuvre.  Ses  économies,  le  fruit  de  quelques 
travaux  entrepris  au  jour  le  jour,  tout  est  consacré  à  ce  grand  objet  ; 
quand  il  est  réduit  à  la  dernière  extrémité,  il  frappe  à  toutes  les  portes. 

»  Dès  le  19  fructidor  an  11,  il  obtient  quatre  mille  livres  du  Comité  de  Salut 
public  pour  satisfaire  aux  avances  qu'il  a  faites  relativement  au  procédé 
dont  il  est  l'inventeur,  pour  la  décomposition  du  sel  marin. 

»  Le  9  ventôse  an  vu  ,  le  Ministre  de  l'Intérieur  François  de  Neufchàteau 
lui  accorde  3ooo  francs  dans  le  désir  de  faciliter  les  moyens  de  relever  son 
ancienne  fabrique  de  soude  artificielle.  Il  est  vrai  de  dire  qu'ils  ne  furent 
pas  payés. 

»  Le  i4  brumaire  an  vin,  le  Ministre  de  l'Intérieur  Quinette  écrivaifau 
Ministre  des  Finances  «  pour  l'inviter  fortement  à  fixer  une  attention  par- 
»  ticulière  sur  le  bien  général  qui  pourrait  résulter  de  la  reprise  des  travaux 
»  de  l'usine  séquestrée.  »  Il  ajoutait  «  que  le  produit  de  la  vente  de  cette 
»  manufacture  ne  compenserait  jamais  les  services  que  Le  Blanc  pourrait 
>•  rendre  à  te  Bépublique  s'il  lui  étoit  permis  de  reprendre  ses  travaux  et 
»  de  leur  donner  une  nouvelle  activité.   » 

»  Le  12  frimaire  an  IX,  Fourcroy  lui  annonce  un  commencement  de 
justice,  grâce  à  la  bonne  volonté  de  Chaptal  alors  ministre. 

»  Le  1 1  prairial  an  XI,  sur  le  Bapport  de  trois  de  ses  membres,  Vauque- 
lin,  Molard  et  Guyton-Morveau,  la  Société  d'Encouragement  alors  nais- 
sante décidait  qu'une  somme  de  aooo  francs,  ses  premières  économies,  se- 
rait confiée  à  Le  Blanc  pour  l'aider  à  mettre  de  nouveau  en  activité  la  ma- 


(  569  ) 
nufacturc  dont  il  avait  repris  possession.  «  Ce  secours  s'adresse,  disent-ils, 
»  à  l'homme  probe  et  intelligent  qui  pendant  la  Révolution  a  rempli  avec 
»  honneur  diverses  fonctions  publiques  fort  importantes,  qui  le  premier  a 
»  conçu  l'idée  d'une  fabrique  de  soude  artificielle,  qui  l'a  exécutée  en 
»  grand  avec  tout  le  succès  qu'on  pouvoit  désirer,  et  qui  par  son  exemple 
»  auroit  affranchi  la  France  du  tribut  qu'elle  paye  à  l'étranger  si  les  mal- 
»  heurs  de  la  Révolution  n'eussent  interrompu  ses  travaux.  »  Cette  somme 
que  la  Société  d'encouragement  n'eût  jamais  réclamée,  lui  a  été  religieuse- 
ment restituée  par  le  fils  de  Le  Blanc,  sur  les  premiers  produits  du  travail 
de  ses  mains. 

»  Dans  ces  pièces,  soit  officielles,  soit  particulières,  se  manifeste  de  la 
part  de  tous  les  hommes  éminents  de  cette  époque  le  sentiment  de  la  plus 
vive  sympathie  pour  Le  Blanc,  de  la  plus  grande  confiance  dans  le  succès 
du  procédé  qu'il  recommande,  l'estime  et  l'affection  la  mieux  sentie  pour 
le  collègue  et  le  collaborateur,  car  Le  Blanc  faisait  partie  de  toutes  les  as- 
sociations libérales  où  s'étaient  réfugiés  les  amis  de  la  science. 

»  Le  Blanc  mourut  en  180G.  Longtemps  sa  famille  ne  garda  de  ses 
efforts  pour  créer  l'industrie  de  la  soude  factice  qu'un  souvenir  cruel.  Là 
où  la  France  et  l'Europe,  là  où  l'Angleterre  surtout  chez  qui  le  nom  de 
Le  Blanc  est  si  populaire,  voyaient  un  glorieux  effort  de  la  science,  rivale 
heureuse  de  la  nature,  réduisant  l'Espagne  à  recevoir  de  nos  mains  ces 
soudes  qu'elle  dispensait  au  reste  du  monde  autrefois,  les  enfants  de  Le 
Blanc  ne  trouvaient  dans  leur  mémoire  que  des  tourments  sans  nombre,  de 
longues  années  de  misère,  des  démarches  sans  cesse  renouvelées  et  presque 
toujours  vaines,  une  catastrophe  enfin.  Si  Le  Blanc  obtient  place  à  l'hon- 
neur aujourd'hui,  c'est  bien  justice,  car  sur  lui  a  pesé  tout  entier  le  fardeau 
de  la  peine. 

»  La  famille  de  Le  Blanc  reçut  de  la  part  de  tous  les  hommes  qui  culti- 
vaient les  sciences  ces  mêmes  témoignages  d'intérêt  qu'ils  avaient  prodigués 
à  son  infortuné  chef.  Les  soins  d'un  Membre  de  cette  Académie,  M.  Héron 
de  Villefosse,  développèrent  et  mirent  en  lumière  les  rares  talents  du  fils  de 
Le  Blanc,  l'artiste  à  qui  est  dû  X Atlas  de  la  richesse  minérale,  dont  la  pu- 
blication a  fait  époque  dans  l'art  de  reproduire  par  le  dessin  les  machines 
et  les  appareils  de  l'industrie. 

»  Le  Blanc  fils  devint  professeur  de  dessin  au  Conservatoire  des  Arts  et 
Métiers,  et  personne  n'ignore  combien  l'industrie  française  est  redevable 
à  ses  savantes  leçons. 

»  Si  Le  Blanc  succomba  dans  sa  tentative,  il  faut  eu  accuser  la  situation 

C.  R.,  i85G,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  43.)  7^ 


(  57o  ) 
extraordinaire  que  lui  firent  les  événements  de  la  Révolution  et  l'inexpérience 
générale  alors  des  travaux  et  des  choses  de  l'industrie  qui  en  rendait  tous 
les  procédés  d'une  difficile  application. 

»  Pendant  la  vie  de  Le  Blanc,  il  ne  semble  pas  que  ses  droits  comme 
inventeur  du  procédé  relatif  à  la  fabrication  de  la  soude  artificielle  aient 
été  mis  en  doute  par  personne.  Mais  en  1810,  Dizé  publia  dans  le  Jour- 
nal de  Physique  un  Mémoire  ou  plutôt  une  réclamation  où  il  cherche  à 
établir,  en  exposant  la  marche  suivie  dans  les  essais  qui  auraient  amené 
cette  invention  remarquable,  que  Le  Blanc  fut  étranger  à  la  pensée  capitale 
qui  la  caractérise.  Le  Blanc  aurait  pour  lui  le  droit,  non  la  vérité.  Or,  la 
Section  tenait  à  savoir  où  était  la  vérité. 

»  Selon  Dizé,  voici  la  part  à  faire  à  chacun  dans  l'invention  de  l'art 
d'extraire  la  soude  du  sel  marin  :  i°  Tout  le  monde  savait  que  le  sel  marin 
contient  de  la  soude  ;  i°  de  la  Métherie  aurait  le  mérite  d'avoir  conseillé 
d'essayer  la  calcination  du  sulfate  de  soude  avec  le  charbon  ;  3°  Le  Blanc 
et  Dizé  auraient  vainement  essayé  de  faire  intervenir  la  craie  sur  le  résidu 
de  cette  calcination  par  voie  humide  soit  à  froid,  soit  à  chaud;  4°  Dizé  au- 
rait remarqué  qu'en  évaporant  et  chauffant  au  rouge  dans  une  marmite 
un  mélange  de  soude  sulfurée,  de  charbon  et  de  craie,  le  résultat  était  sa- 
tisfaisant; 5°  d'Arcet,  à  qui  Dizé  aurait  rendu  compte  de  cet  essai,  lui  aurait 
conseillé  de  chauffer  au  rouge  le  mélange  de  sulfate,  de  charbon  et  de 
craie.  L'essai  ainsi  conduit  aurait  réussi  et  la  soude  factice  serait  née  presque 
à  l'insu  et  sans  la  participation  de  Le  Blanc,  à  qui  Dizé  n'accorde  d'autre 
mérite  que  d'avoir  formé  des  projets,  dès  1787,  touchant  la  décomposi- 
tion  du   sel  marin  pour  en  retirer  la  soude. 

»  A  la  lecture  de  la  Note  très-spécieuse  de  Dizé,  il  se  présente  une  foule 
de  difficultés  à  l'esprit,  quand  on  connaît  les  actes  que  la  Section  de 
Chimie  est  parvenue  à  retrouver  : 

i°.  D'après  Dizé,  ce  n'est  qu'au  mois  d'août  1790  qu'aurait  eu  lieu  la 
découverte  du  procédé  déjà  si  clairement  décrit  par  Le  Blanc  dans  le  pa- 
quet cacheté  du  27  mars  de  la  même  année.  Dizé  aurait  dit  plus  lard  à  ses 
alentours,  assure-t-on,  que  les  premiers  cristaux  de  carbonate  de  soude 
avaient  été  recueillis  au  bruit  du  canon  de  la  Bastille,  c'est-à-dire  le 
i4  juillet  1789.  Mais  Le  Blanc  ne  parle  jamais  de  cette  coïncidence  qu'il 
n'avait  nul  motif  de  taire.  Dizé,  de  son  côté,  avait  oublié  à  la  fois  et  le 
mois,  et  l'année,  et  cette  coïncidence  historique  dont  il  a  parlé  plus  tard, 
lorsqu'il  place  au  mois  d'août  1790,  dans  son  Mémoire  imprimé,  l'époque 
où  Le  Blanc  se  présenta  à  lui  avec  des  moyens  de  procéder  dérivés  de  la 
publication  de  la  Métherie,  lorsqu'il  répète  ailleurs  que  le  premier  essai 


(57i  ) 
de  ces  procédés  fut  effectué  dans  les  premiers  jours  d'août  1790,  loisqu'il 
revient  plus  loin  encore  sur  cette  date  pour  la  confirmer. 

20.  Dizé  ne  parle  pas  des  quatre  actes  privés,  qu'il  connaissait  bien 
puisqu'ils  sont  signés  .par  lui,  où  il  reconnaît  les  droits  de  Le  Blanc,  l'acte 
de  Londres,  le  dépôt  cacheté,  l'acte  de  partage  et  l'acte  de  société.  Il  cite 
au  contraire  le  brevet  obtenu  par  Le  Blanc,  c'est-à-dire  le  seul  acte  auquel 
il  n'ait  pas  participé  ;  il  accuse  Le  Blanc  de  l'avoir  obtenu  par  surprise. 

»  Nous  avons  établi  plus  haut,  par  des  pièces  authentiques,  que  l'acte 
passé  à  Londres  est  du  ia  février  1790,  que  le  paquet  cacheté  est  du 
27  mars  1790,  que  l'acte  de  partage  est  du  i5  janvier  1791  et  l'acte  d'asso- 
ciation du  27  janvier  1 79 1 . 

■»  Or  ces  dates  certaines,  soit  qu'on  accepte  la  date  de  1790,  qui  est  si 
formellement  précisée  par  Dizé,  soit  qu'on  reporte  l'événement  à  1 789, 
ainsi  que  le  voudrait  le  représentant  de  sa  famille,  sont  toutes  inconcilia- 
bles avec  le  résumé  suivant  fait  par  Dizé,  qui  dit,  en  s' adressant  à  de  la 
Métherie  : 

«  Feu  Le  Blanc  avoit  formé  des  projets  pour  la  décomposition  du  sel 
»  marin  en  1787,  puisqu'il  m'en  parla  à  cette  époque. 

»  En  1789,  vous  avançâtes  l'idée  principale,  savoir,  de  décomposer  le 
»  sel  marin  par  l'acide  suljurique  et  incinérer  le  tout  avec  du  charbon. 
»   Le  Blanc  s'attacha  à  cette  idée  et  il  travailla  d'après  ces  principes. 

»  En  1790,  il  présenta  à  M.  d'Arcet  le  résultat  de  ses  travaux  qui  n'é- 
«  toient  au  fond  que  l'exécution  de  vos  observations  imprimées  en  1789. 
»  Le  Bianc  incinéroit  à  l'air  libre,  ce  procédé  étoit  mauvais 

»  L'addition  du  carbonate  de  chaux,  procédé  jugé  le  meilleur  aujour- 
»  d'hui,  a  été  faite  pour  la  première  fois  dans  le  laboratoire  du  Collège  de 
»  France,  après  des  recherches  suivies  avec  opiniâtreté  pendant  trois  mois.  » 

»  Comme  ces  recherches  avaient  été  commencées,  d'après  Dizé,  dans  les 
premiers  jours  d'août,  ce  serait  vers  le  Ier  novembre  1790  qu'il  faudrait 
fixer  l'époque  où  le  premier  échantillon  de  soude  artificielle  aurait  été  ob- 
tenu, c'est-à-dire  dix  mois  après  l'acte  de  Londres! 

»  Dizé  ajoute  :  «  Une  nous  resta  plus  qu'à  établir  les  doses  du  charbon  et 
»  du  carbonate  de  chaux,  qui  furent  fixées,  après  bien  des  tâtonnements, 
»  à  100  de  sulfate  de  soude  sec,  100  de  carbonate  de  chaux  et  5o  de  char- 
»  bon  en  poudre.  » 

»  Ces  doses  sont  bien  celles  que  Le  Blanc  donne  dans  son  brevet  en 
1791;  mais,  comme  on  l'a  vu  plus  haut,  celles  qu'il  indiquait  en  1790 
à  l'origine  de  l'affaire  sont  tout  autres,  et  cependant  Dizé  prend  bien  ici 


l'affaire  à  l'origine  ! 


76. 


(  572  ) 

j>  Dizé  ajoute  encore  qu'aprèsavoir  opéré  dans  de  grands  creusets  de  10  à 
12  livres,  on  jugea  ce  moyen  peu  praticable  en  grand.  Il  construisit,  dit-il, 
lui-même  alors  au  Collège  de  France  un  petit  fourneau  à  réverbère,  dans 
lequel  on  pouvait  décomposer  des  mélanges  plus  considérables.  On  fabriqua 
une  masse  de  3o  livres  de  soude  brute,  et  une  autre  de  70  livres  en  cristaux. 
Ces  deux  produits  servirent  enfin ,  d'après  Dizé,  de  base  au  Rapport  de 
M.  d'Arcet,  et  le  duc  d'Orléans  promit  alors  un  capital  de  200000  francs. 

»  Selon  Dizé,  la  découverte  aurait  donc  été  complète  du  premier  coup, 
tant  au  point  de  vue  scientifique  qu'an  point  de  vue  industriel.  Avant  le 
Rapport  de  d'Arcet  et  la  promesse  du  prince,  tout  était  trouvé. 

»  Partons-nous  des  actes,  nous  trouvons  tout  le  contraire.  Les  six  points 
suivants  y  sont  clairement  établis.  En  février  et  mars  1790,  Le  Blanc  con- 
naissait l'emploi  de  la  craie ,  mais  il  dosait  encore  mal  ses  matériaux  ;  il 
employait  le  creuset,  mais  il  ne  parlait  pas  du  four  à  réverbère;  cependant 
d'Arcet  donnait  son  certificat,  et  le  duc  d'Orléans  assurait  200000  francs. 

»  Ainsi  le  récit  de  Dizé  s'applique-t-il  à  1 789,  comme  on  pourrait  le  croire, 
puisque  ce  qu'il  raconte  aurait  précédé  le  certificat  de  d'Arcet  et  l'assurance 
donnée  par  le  duc  d'Orléans  de  fournir  les  fonds,  comment  le  dosage  exact 
est-il  indiqué  dans  son  récit,  tandis  que  nous  avons  trouvé  dans  le  paquet 
cacheté  de  1790,  un  dosage  tout  à  fait  inexact  encore? 

»  Le  récit  de  Dizé  s'applique-t-il  à  la  fin  de  1  790,  comme  le  ferait  croire 
la  connaissance  qu'il  suppose  du  bon  emploi  du  four  à  réverbère  pour  la 
fabrication  de  la  soude  et  celle  du  dosage  le  plus  exact  des  matières  pre- 
mières; mais  alors,  comment  contester  à  Le  Blanc  la  priorité  de  l'emploi  de 
la  craie  si  bien  précisé  dans  ce  paquet  cacheté  de  mars  1790? 

»  Nous  ne  nous  chargeons  pas  d'expliquer  les  difficultés  du  récit  de  Dizé. 

»  Sa  réclamation,  reproduite  en  1819,  à  l'occasion  de  l'exposition  des 
produits  de  l'industrie,  fut  portée  devant  le  Jury  par  le  Ministre  de  l'In- 
térieur. Le  Jury  y  répondit  de  la  manière  suivante  : 

«  Monsieur  le  Comte, 

»   Le  Jury  central  de  l'Exposition  a  pris  connaissance  de  la  Lettre  que 

»  M.  le  Préfet  du  département  de  la  Seine  a  adressée  à  Votre  Excellence 

»  relativement  à  la  réclamation  faite  par  le  sieur  Dizé  pour  participer  aux 

»  distributions  promises  par  l'ordonnance  du  9  avril  dernier.  Il  était  in- 

»  struit   des  titres  qu'aurait  eus  le  Sr  Le  Blanc,  s'il  existait  encore,  à  cette 

»  récompense  pour  la  découverte  d'un  procédé  de  décomposition  du  mu- 

«  riate  de  soude,  pour  en  extraire  la  soude;  il  savait  combien  le  sieur  Dizé 

»  était  étranger  à  cette  découverte. 


(573) 

»  La  découverte  du  sieur  Le  Blanc  est  ancienne;  cet  artiste  étant  mort, 
»  le  Jury  central  de  l'Exposition  croit  n'avoir  rien  à  exposer  au  Ministre  à 
>  cet  égard.  Mais  il  pense  devoir  se  joindre  à  M.  le  Préfet  de  la  Seine  et  au 
»  Jury  du  même  département  pour  appeler  la  bienfaisance  de  Votre  Excel- 
»  lence  sur  la  famille  de  cet  artiste,  qui  a  rendu  à  l'industrie  des  services 
»  aussi  réels,  par  une  découverte  qu'on  peut  placer  au  nombre  des  décou- 
»  vertes  les  plus  utiles  faites  depuis  trente  ans. 

»  J^e  2  septembre  1819. 

'  »  Signé  Le  Duc  de  Larochefoucault.  » 


'a' 


»  En  i85a  parut  une  Notice  sur  la  découverte  de  la  soude,  écrite  d'après 
des  Notes  fournies  parDizé,  qui  vivait  encore  alors,  où  se  trouvent  repro- 
duites et  développées  les  assertions  du  Mémoire  de  18 10;  mais  l'auteur  delà 
Notice  ne  connaissait  aucun  des  actes  authentiques  cités  dans  ce  Rapport. 

»  Enfin  l'Académie  ayant  été  saisie  de  l'examen  de  la  lettre  adressée  à 
S.  M.  par  la  famille  Le  Blanc,  une  réclamation  de  la  famille  Dizé  lui  est  im- 
médiatement parvenue,  comme  nous  l'avons  dit  précédemment. 

»  La  Section,  dans  son  impartialité,  a  demandé  à  chacun  des  représen- 
tants de  ces  deux  familles  la  production  des  pièces  authentiques  annoncées 
comme  étant  en  leur  possession  ou  à  leur  disposition. 

»  I-.a  famille  Ije  Blanc  a  produit  avec  empressement  toutes  les  pièces 
qu'on  lui  a  demandées,  et  en  particulier  l'acte  de  Londres,  le  dépôt  ca- 
cheté, l'acte  de  partage  des  bénéfices  entre  T^e  Blanc  et  Dizé,  l'acte  de  société 
définitif,  le  brevet  d'invention,  et  nombre  d'actes  ou  de  pièces  contempo- 
rains parfaitement  d'accord  entre  eux,  justificatifs  des  droits  de  son  auteur. 

»  La  famille  Dizé,  de  son  côté,  s'appuie  sur  la  réclamation  produite  par 
Dizé  en  1810  et  sur  la  persistance  avec  laquelle  il  n'a  cessé  jusqu'à  la  fin  de 
sa  vie  d'essayer  de  faire  prévaloir  ses  prétentions.  Mais  le  représentant  de 
la  famille  Dizé,  appelé  par  la  Section  de  Chimie  et  mis  en  demeure  de 
fournir  les  pièces  authentiques  établissant  les  droits  de  Dizé  qu'il  avait 
annoncées,  a  déclaré  n'avoir  rien  à  donner  de  plus  que  l'écrit  où  il  analyse 
et  commente  le  Mémoire  publié  en   1810  par  Dizé. 

»  Si  le  représentant  de  la  famille  Dizé  eût  fourni  les  pièces  qu'il  avait 
annoncées',  ou,  à  leur  défaut,  qu'il  eût  retiré  sa  Lettre,  ainsi  que  le  désirait  la 
Section,  il  eût  rendu  notre  tâche  moins  pénible,  et  il  aurait  épargné  à  l'Aca- 
démie l'obligation  d'entendre  tous  les  détails  qui  précèdent;  mais,  comme 
nous  l'avons  dit,  il  ne  suffisait  pas  à  la  Section  de  savoir  où  était  le  droit, 
elle  voulait  savoir  surtout  où  était  la  vérité. 

»  Il  est  évident,  en  effet,  que  s'il  s'agissait  de  reconnaître  que  Dizé  a  été 


(  574> 

mêlé  aux  essais  effectués  par  Le  Blanc  pour  perfectionner  le  dosage  des  ma- 
tières employées  dans  la  fabrication  de  la  soude,  qu'il  est  devenu  son  associé 
et  qu'il  en  aurait  les  droits  commerciaux,  qu'il  a  pris  une  part  importante 
dans  l'organisation  des  fourneaux  et  du  matériel  de  la  fabrique  de  la  Mai- 
son-de-Seine, qu'il  aurait  spécialement  droit  aux  deux  cinquièmes  de  tous 
les  bénéfices  résultant  pourLe  Blanc  de  l'invention  de  la  soude,  il  n'y  aurait 
aucune  difficulté,  car  tout  cela  est  constaté  et  authentique. 

»  Mais,  comment  la  Section  de  Chimie  pourrait-elle  admettre  que  Le  Blanc 
n'est  pas  l'auteur  du  procédé  par  lequel  la  soude  factice  a  été  obtenue,  lorsqu'il 
est  reconnu  pour  tel  parDizé,  par  d'Arcet,  par  Shée  dans  cinq  actes  sérieux  et 
authentiques  et  dans  toute  leur  correspondance,  lorsque  les  contemporains 
sont  unanimes  à  lui  attribuer  ce  mérite,  lorsque  l'enchaînement  des  faits 
produits  par  lui  est  logique  et  que  rien  n'y  offre  d'obscurité,  lorsque  sa  vie 
durant  aucunes  réclamations  de  ce  genre  ne  se  sont  produites,  quand  on  a 
attendu  sa  mort  pour  les  faire  entendre,  lorsque  ces  réclamations  enfin  re- 
posent uniquement  sur  un  récit  plein  de  contradictions  fait  par  la  personne 
intéressée? 

»  Tout  en  respectant  les  sentiments  de  la  famille  Dizé,  la  Section  de  Chi- 
mie appelée  à  exercer  les  devoirs  d'une  véritable  magistrature,  déclare  donc, 
en  vue  du  droit,  mais  non  moins  en  vue  de  la  vérité,  qu'à  ses  yeux  les  actes 
authentiques  établissent  tous  que  Le  Blanc  est  l'auteur  de  la  découverte  du 
procédé  relatif  à  la  fabrication  de  la  soude  artificielle,  et  que  les  témoi- 
gnages contemporains  dont  elle  a  eu  connaissance  sont  tous  d'accord  avec 
la  teneur  de  ces  actes. 

»  En  ce  qui  concerne  de  la  Métherie,  en  particulier,  dont  le  nom  est^i 
souvent  invoqué,  il  a  lui-même  publié  plusieurs  fois  que  Le  Blanc  était  l'au- 
teur de  la  découverte  de  la  soude  artificielle,  et  que  c'est  lui  qui  a  introduit 
la  craie  dans  cette  opération. 

»  La  découverte  de  la  soude  factice  a  mis  à  la  disposition  des  arts  indus- 
triels un  alcali  puissant,  à  bas  prix,  dont  la  production  ne  connaît  pas  de 
limite,  puisqu'elle  a  pour  base  le  sel  marin.  Son  exploitation  a  donné  un 
essor  immense  à  la  fabrication  de  l'acide  sulfurique  dont  elle  assurait  le 
débouché,  et  elle  a  été  de  la  sorte  l'occasion  de  tous  les  progrès  qui  s'y  sont 
introduits.  La  fabrication  de  la  soude  artificielle,  en  faisant  naître  de  prodi- 
gieuses quantités  d'acide  chlorhydrique,  a  donné  une  matière  première  à  bas 
prix  propre  à  la  création  du  chlorure  de  chaux,  que  les  blanchisseries  des 
fils  ou  des  toiles  de  coton,  de  chanvre  ou  de  lin,  ainsi  que  les  papeteries, 
consomment  en  quantités  prodigieuses.  Les  verreries  et  les  savonneries, 
depuis  qu'elles  peuvent  disposer  de  ces  soudes  factices  qu'on  approprie  si 


(  575  ) 
facilement  et  si  exactement  à  leurs  besoins  variés,  ont  fait  des  progrès 
immenses  pour  la  qualité  et  pour  le  bon  marché  de  leurs  produits. 

»  Depuis  le  commencement  du  siècle,  toute  l'industrie  des  produits  chi- 
miques en  Europe  pivote  autour  des  manufactures  de  soude  artificielle  et 
s'empare  de  leurs  procédés  ou  vit  de  leurs  produits.  On  peut  estimer  qu'en 
i855  les  usines  à  soude  ont  produit  en  Angleterre  i5o  millions  de  kilo- 
grammes de  cet  alcali  à  divers  états  et  ont  mis  en  mouvement  une  valeur  de 
3o  millions.  En  France,  la  production  s'est  élevée  à  60  ou  80  millions  de 
kilogrammes,  et  elle  peut  être  considérée  comme  égale  au  moins  à  ce  chiffre 
pour  le  reste  de  l'Europe. 

»  La  découverte  de  la  soude  artificielle  est  donc  un  des  plus  grands  bien- 
faits, sinon  le  plus  grand,  dont  les  arts  chimiques  aient  été  dotés  depuis 
soixante  ans.  Pour  s'en  faire  une  juste  idée,  il  faudrait  ajouter  que  la  valeur 
vénale  de  la  soude,  ainsi  que  celle  des  produits  qui  se  rattachent  immédia- 
tement à  sa  fabrication  ayant  baissé  depuis  le  commencement  du  siècle 
dans  le  rapport  de  10  :  1,  si  le  commerce  et  la  consommation  reçoivent  en 
Europe  maintenant  pour  100  millions  de  marchandise  par  cette  voie,  il  fau- 
drait, pour  être  exact,  dire  que  si  la  soude  factice  n'eût  pas  été  inventée,  les 
jouissances  que  le  consommateur  se  procure  à  son  aide  lui  coûteraient  un 
milliard. 

»  L'importance  de  l'objet  dont  nous  venons  d'entretenir  l'Académie,  les 
scrupules  qui  nous  ont  arrêtés  plus  d'une  fois  dans  cet  examen  de  titres 
inconnus  jusqu'ici  et  de  prétentions  mal  appréciées,  expliqueraient  la  lon- 
gueur de  ce  Rapport  et  les  détails  où  nous  sommes  entrés,  lors  même  que 
la  Section  ne  trouverait  pas  ailleurs  son  excuse.  Mais,  consultée  au  nom  de 
Sa  Majesté,  toujours  aussi  empressée  de  fermer  les  plaies  et  de  réparer  les 
maux  du  passé  qu'elle  l'est  d'ouvrir  les  grandes  perspectives  de  l'avenir,  la 
Section  ne  devait  rien  négliger  pour  se  mettre  en  mesure  de  signaler  avec 
certitude  à  sa  justice  et  à  sa  bonté  la  mémoire  du  véritable  inventeur  de  l'in- 
dustrie qui  a  si  justement  excité  son  intérêt. 

Conclusions. 

»  La  Section  de  Chimie  est  d'avis  d'adopter  les  conclusions  suivantes  : 

»  i°.  La  découverte  importante  du  procédé  par  lequel  on  extrait  la  soude 
du  sel  marin  appartient  tout  entière  à  Le  Blanc; 

»  i°.  Dizé  n'a  fait  de  recherches  en  commun  avec  Le  Blanc  que  pour 
mieux  déterminer  les  proportions  des  matières  à  employer  dans  la  fabrica- 
tion de  la  soude  et  pour  établir  la  fabrique  de  Saint-Denis  ; 

»  3°.  Si  donc,  comme  le  désire  la  famille  Le  Blanc,  il  s'agit  de  rendre  un 


(  &6  ) 
juste  hommage  à  l'auteur  de  la  découverte  de  la  soude  factice,  c'est  à  la 
mémoire  de  Le  Blanc  qu'il  est  dû,  c'est  à  sa  famille  que  le  témoignage  doit 
en  être  adressé  ; 

»  4°-  S'il  s'agissait,  en  outre,  d'indemnités  à  accorder  en  raison  des 
pertes  éprouvées  par  suite  du  séquestre  mis  sur  la  fabrique  de  Saint-Denis 
ou  de  la  divulgation  du  brevet  de  Le 'Blanc  et  de  son  annulation,  sauf  avis 
d'une  autorité  plus  compétente,  la  Section  penserait  que  ces  indemnités 
doivent  être  partagées  entre  les  divers  associés,  aux  termes  de  l'acte  d'asso- 
ciation du  27  janvier  1 791 . 

»  Elle  a  l'honneur  de  soumettre  son  Rapport  et  ses  conclusions  à  l'appro- 
bation de  l'Académie.  » 

Après  une  discussion  à  laquelle  prennent  part  MM.  Thenard,  Morin, 
Poinsot  et  Poncelet ,  le  Bapport  est  adopté. 

Avant  que  ce  Rapport  ait  été  mis  aux  voix,  l'un  des  Membres  de  la 
Commission,  M.  Chevregl,  a  lu  la  Note  suivante,  dans  laquelle  il  expose 
son  opinion  particulière  sur  la  question  débattue  : 

«  En  donnant  mon  opinion  séparément  de  la  Section  de  Chimie  sur 
l'affaire  dont  l'Académie  a  été  saisie,  je  ne  viens  pas  combattre  la  conclu- 
sion du  Bapport  en  ce  qui  est  de  faire  droit  à  la  demande  adressée  par 
M.  le  marquis  de  Manoury  d'Ectot  à  S.  M.  l'Empereur  pour  obtenir  une 
réparation  du  dommage  que  Le  Blanc  aurait  éprouvé  par  suite  du  séquestre 
mis  par  ordre  de  la  Convention  sur  son  usine  et  de  la  divulgation  du  procédé 
dont  il  était  l'inventeur  pour  la  fabrication  de  la  soude  artificielle.  Mais 
par  la  raison  que  cette  indemnité  est  juste,  l'associé  de  Le  Blanc,  Dizé,  y  a 
un  droit  incontestable. 

»  Voulant  épargner  le  temps  à  l'Académie,  et  rien  à  mon  sens  n'étant 
plus  oiseux  que  des  appréciations  de  plus  on  de  moins  de  participation  à 
une  découverte,  lorsqu'on  présente  un  acte  notarié  où  deux  parties  inté- 
ressées reconnaissent  que  l'une  a  une  propriété  différente  de  celle  de  l'autre 
partie,  je  garde  ces  appréciations  pour  les  exposer  ailleurs  (1).  Je  me  borne 
à  dire  maintenant  que  ma  conviction  est  que  Dizé  a  coopéré  aux  expé- 
riences qui  ont  servi  de  base  à  lajabrication  de  la  soude  avant  tout  acte 
notarié. 

»  Cette  déclaration  faite,  je  demande  si  la  famille  Dizé  n'a  pas  un  droit 
parfaitement  établi  pour  réclamer  une  indemnité?  Mon  opinion  repose  sur 
les  faits  suivants  : 

(1)  Dans  mes  Considérations  générales  sur  l'Histoire  de  la  Chimie. 


1 577  ) 

»  Dizé  était  associé  au  duc  d'Orléans,  à  Le  Blanc  et  à  Shée,  en  vertu  de 
deux  actes  notariés,  le  premier  passé  à  Londres  le  1  a  de  février  1 790,  le 
second  passé  le  27  de  janvier  1791  à  Paris.  En  outre,  un  acte  passé  entre 
Le  Blanc  et  Dizé,  à  la  date  du  i5  de  janvier  1791,  établissait  leurs  parts 
respectives  dans  les  bénéfices  nets  des  deux  procédés. 

»  Pour  la  soude  et  le  sel  ammoniac,  le  bénéfice  net  est  partagé  en 
cinq  parts,  dont  trois  à  Le  Blanc,  ses  héritiers  ou  ses  représentants,  et  deux 
à  Dizé,  ses  héritiers  ou  ses  représentants. 

»  Pour  la  fabrication  de  la  céruse,  le  bénéfice  net  est  partagé  en  cinq 
parts,  dont  trois  à  Dizé,  ses  héritiers  ou  ses  représentants,  et  deux  à 
Le  Blanc,  ses  héritiers  ou  ses  représentants. 

»  Quant  à  d'autres  produits  qu'on  pourrait  fabriquer,  le  bénéfice  net 
serait  partagé  également  entre  les  deux. 

»  Si,  respectant  le  temps  de  l'Académie,  je  n'ai  pas  voulu  exposer  les 
raisons  que  j'ai  d'accorder  une  part  de  coopération  à  Dizé  dans  la  décou- 
verte même  du  procédé  de  la  fabrication  de  la  soude  à  une  époque  qui 
précéda  l'acte  d'association  passé  à  Londres  le  1  a  de  février  1 790,  je  ne  puis 
me  dispenser  de  montrer  la  part  de  Dizé  depuis  cette  époque. 

»  Le  procédé  de  fabrication  de  la  soude  certifié  par  d'Arcet,  à  la  date  du 
24  de  mars  1 790,  consiste  à  chauffer  dans  des  creusets, 

Sel  de  Glauber  calciné.  . .      100  parties. 

Craie 5o       » 

Charbon 25       » 

»  Dans  le  brevet  d'invention  pris  par  Le  Blanc  seul  le  a5  de  septembre 
1 791,  on  n'opère  plus  dans  des  creusets,  mais  dans  des  fours  de  réverbère,^ 
et  les  proportions  sont  : 

Sel  de  Glauber  calciné.  .  .      100  parties. 

Craie.  .' 100  au  lieu  de  5o. 

Charbon 5o  au  lieu  de  25. 

»  Sans  examiner  si  Le  Blanc  avait  le  droit  de  prendre  un  brevet  en  son 
nom  après  avoir  pris  part  à  une  association  avec  Dizé,  Shée  et  le  duc  d'Or- 
léans, association  reposant  sur  trois  actes  notariés,  je  demande  si  Dizé  n'a 
pas  eu  une  grande  part  dans  la  modification  apportée  au  procédé  certifié  par 
d'Arcet  à  la  date  du  a4  de  mars  1790?  La  réponse  à  cette  question  est  fa- 
cile :  Dizé,  âgé  de  vingt  et  quelques  années,  était  le  chimiste  de  la  société, 
et  c'est,  selon  moi,  à  ce  titre  seulement  qu'il  se  trouve  associé  avec  un  prince 
du  sang,  avec  un  des  médecins  de  la  maison  du  prince,  âgé  de  l\o  ans,  et  avec 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  K<>  15.)  77 


(578) 
un  de  ses  hommes  d'affaires.  Il  est  si  bien  le  chimiste  de  la  société,  que,  dans 
le  Rapport  officiel  fait  au  Comité  de  Salut  public  au  nom  d'une  Commis- 
sion composée  de  Lelièvre,  Pelletier,  d'Arcet  et  Alexandre  Giroud,  et  publié 
en  messidor  de  l'an  H  par  ordre  de  ce  Comité,  il  est  dit  : 

«  L'établissement  est  déjà  tout  formé  à  Franciade;  le  cit.  Dizé,  l'un  des 
»  co-associés,  en  a  dirigé  particulièrement  la  construction  :  elle  est  faite  de 
»  manière  qu'il  peut  servir  également  à  toute  espèce  d'usages  et  de  procédés 
»  de  ce  genre.  C'est  une  justice  que  lui  rendent  ses  co-associés.  » 

»  Ce  jugement  porté  sur  Dizé,  et  par  une  Commission  du  gouvernement, 
et  par  ses  co-associés,  met  hors  de  doute  le  vrai  motif  de  l'association  du 
jeune  préparateur  du  Collège  de  France  avec  le  duc  d'Orléans,  Le  Blanc  et 
Shée. 

»  En  définitive,  i°  si  une  réparation  du  dommage  que  Le  Blanc  aurait 
éprouvé  par  suite  du  séquestre  mis  par  ordre  de  la  Convention  sur  son  usine 
est  due  à  sa  famille,  la  famille  de  Dizé,  le  co-associé  de  Le  Blanc,  a  un  droit 
égal  à  cette  réparation,  puisque  le  coup  qui  frappa  l'un  a  frappé  l'autre. 
Je  conclus  donc  à  ce  sujet  comme  mes  collègues  de  la  Section  de  Chimie. 

»  20.  Mais  reconnaître  que  la  découverte  de  la  fabrication  de  la  soucie 
appartient  tout  entière  à  Le  Blanc  serait  contraire  à  ma  conviction  :  car, 
conformément  à  tout  ce  que  j'ai  entendu  dire  à  propos  de  la  réclamation 
que  fit  Dizé  en  1810  (1),  et  parce  que  j'ai  toujours  eu  foi  en  sa  loyauté,  je 
ne  doute  point  de  sa  coopération  avec  Le  Blanc  avant  leur  acte  d'association .  » 

NOMINATIONS 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Mem- 
bre qui  remplira ,  dans  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie ,  la  place  va- 
cante par  suite  du  décès  de  M.  Magendie. 

Au  premier  tour  de  scrutin ,  le  nombre  des  votants  étant  57, 

M,  Jobert,  de  Lamballe,  obtient.   .   .   .     2 3  suffrages. 

M.  Longet 18 

M.  Cruveilhier '.      i3 

MM.  Baudens  ,  Poiseuille  et  Laugier,  chacun  1 . 

Aucun  des  candidats  n'ayant  obtenu  la  majorité  absolue  des  suffrages,  on 
procède  à  un  deuxième  scrutin. 


(1)  S'il  existe  une  erreur  de  date  dans  cette  réclamation,  il  en  est  une  plus  grave,  à  mon 
sens,  dans  un  écrit  de  Le  Blanc. 


(579) 
Le  nombre  des  votants  restant  67, 

M.  Jobert  obtient 28  suffrages. 

M.  Longet •.   .    .      a3 

M.  Cruveilhier 5 

Il  y  a  un  billet  nul. 

Aucun  des  candidats  n'ayant  obtenu  la  majorité  absolue,  on  procède  à 
un  scrutin  de  ballottage  (1). 

Le  nombre  des  votants  étant  encore  57, 

M.  Jobert  obtient 29  suffrages. 

M.  Longet a8 

M.  Jobert,  deLamballe,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages, 
est  proclamé  élu. 

Sa  nomination  sera  soumise  à  l'approbation  de  l'Empereur. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

ohganogknie  végétale.  —  Mémoire  sur  l 'origine  et  le  développement  de  la 
cuticule  (première  partie);  par  M.  A.  Trécul.  (Extrait.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Botanique.) 

«  Les  parties  encore  jeunes  des  végétaux  ligneux  et  les  plantes  herbacées 
sont  revêtues  à  l'extérieur  d'une  membrane  mince,  à  laquelle  on  a  donné 
le  nom  de  cuticule.  Cette  cuticule  recouvre  immédiatement  les  cellules  à 
matière  verte  chez  certaines  espèces  (Ex.  Ceratopteris  thalictroïdes,  Fega- 
tella  conica,  etc.),  qui  n'ont  pas  d'épiderme  proprement  dit;  ailleurs  elle 
est  appliquée  sur  les  cellules  de  l'épiderme  (Pistia,  etc.)  ;  mais  le  plus  sou- 
vent cette  cuticule  est  séparée  des  cellules  sous-jacentes  par  une  couche  plus 
ou  moins  épaisse  dont  les  caractères  anatomiques  et  chimiques  varient  sui- 
vant les  plantes  que  l'on  examine.  Dans  le  Ceratophjllum  demersum,  le 
Vallisneria  spiralis,  etc.,  cette  couche  intermédiaire  est  fort  mince  et  bleuit 
au  contact  du  réactif  proposé  par  M.  Payen  pour  dévoiler  la  présence  de  la 
cellulose  (l'iode  et  l'acide  sulfurique);  dans  le  Dianthus plumarius,  etc.,  elle 

(  1  )  A  ce  troisième  tour  de  scrutin ,  une  irrégularité  signalée  au  moment  où  les  bulletins 
étaient  déjà  comptés,  mais  avant  qu'on  en  eût  commencé  le  dépouillement,  a  déterminé 
l'Académie  à  annuler  ces  bulletins  et  à  faire  recueillir  une  seconde  fois  les  votes. 

11- 


(  58o  ) 
est  plus  épaisse  et  bleuit  aussi  tout  entière  ;  dans  X Amaranthus  viridis,  la 
partie  la  plus  externe  de  cette  substance  médiane  ne  bleuit  que  difficilement; 
dans  une  multitude  de  végétaux,  la  partie  placée  près  de  la  cuticule  jaunit 
ou  brunit  comme  cette  dernière  sous  l'influence  des  réactifs  indiqués;  dans 
le  Viscwn  album,  la  couche  entière,  qui  est  verte,  brunit.  Ce  sont  les  pro- 
priétés de  ces  diverses  parties,  leur  origine  et  celle  de  la  cuticule  qui  font 
le  sujet  de  ce  travail.  Avant  d'aller  plus  loin  dans  l'exposition  de  mes  ob- 
servations, je  dirai  brièvement  ce  que  l'on  a  pensé  jusqu'ici  de  la  nature  de 
ces  diverses  couches. 

»  La  cuticule  fut  découverte  en  1757  par  Ludwig;  elle  fut  entrevue  par 
Duhamel  en  1758,  et  observée  de  nouveau  en  176a  parBén.  de  Saussure. 
Hedwig,  en  1793,  la  crut  composée  de  deux  membranes  entre  lesquelles  il 
s'imaginait  voir  un  sytème  de  vaisseaux  lymphatiques.  Sprengel,  puis  deMir- 
bel,  Rudolphi,  montrèrent  que  ces  prétendus  vaisseaux  ne  sont  que  des  lignes 
correspondant  aux  parois  latérales  des  cellules  de  l'épiderme,  et  ils  ont  dit 
que  la  cuticule,  qu'ils  appelèrent  aussi  épiderme,  n'était  que  la  paroi  exté- 
rieure des  cellules  superficielles.  Jusqu'en  i834,  on  discuta  sur  l'existence 
de  la  cuticule ,  mais  depuis  le  Mémoire  de  M.  Ad.  Brongniart,  qui  fit  voir  la 
généralité  de  son  existence,  la  discussion  n'eut  pins  pour  objet  que  l'ori- 
gine et  la  constitution  de  cette  membrane.  Depuis  cette  époque_,  plusieurs 
opinions  ont  été  émises  pour  expliquer  sa  nature.  La  première  consiste  à 
regarder  la  cuticule  comme  une  membrane  essentiellement  indépendante 
des  cellules  sous-jacentes.  Déjà,  en  1829,  Turpin  l'avait  considérée  comme 
une  immense  cellule  dans  laquelle  se  développeraient  toutes  les  autres  par 
une  multitude  de  générations  successives.  Cette  idée  fut  reproduite  par 
MM.  Hartig,  Rarsten  et  Garreau.  20.  M.  H.  Mohl,  après  avoir  dit  que  la 
cuticule  était  formée  par  de  la  matière  intercellulaire,  qu'il  considérait  alors 
comme  préexistant  aux  cellules,  annonça,  en  1842,  que  la  cuticule  était  for- 
mée par  la  réunion  de  la  membrane  primaire  ou  externe  des  cellules  super- 
ficielles, doublée  à  l'intérieur  par  des  couches  secondaires  ou  d'épaississe- 
ment.  Il  est  important  de  noter  qu'alors  M.  Mohl  n'avait  pas  encore  eu 
l'idée  de  son  utricule  primordiale.  M.  Wigand  a  sur  la  cuticule  un  avis 
analogue  à  cette  opinion  de  M.  Mohl.  3°.  Treviranus  prétendit,  en  i835,  que 
la  cuticule  devait  être  attribuée  à  une  matière  coagulable  versée  à  l'extérieur 
par  les  cellules  de  l'épiderme  et  concrétée.  A  cette  manière  de  voir  se  sont 
ralliés  MM.  Valentin,  Payen,  Schleiden,  et  enfin  M.  Mohl  lui-même.  Cette 
opinion  a  pour  elle  les  apparences,  ainsi  que  nous  le  verrons.  4°-  Une  autre 
théorie  est  soutenue  par  M.  Schacht.  Cet  anatomiste  admet  avec  M.  Mohl, 


(  58i  ) 
pour  chaque  cellule ,  une  utricule  primordiale  azotée,  non  composée  de 
cellulose,  qui  sécrète  à  l'extérieur  des  couches  d'épaississement  formées  de 
cellulose.  Ce  serait  la  première  de  ces  couches,  la  plus  externe,  qui  consti- 
tuerait la  cuticule  proprement  dite;  les  autres,  plus  internes,  qui  brunissent 
par  l'iode  et  l'acide  sulfurique,  sont  nommées  par  lui,  avec  M.  Mohl,  couches 
cuticulaires  ;  celles  qui  ne  bleuissent  pas  et  qui  sont  plus  rapprochées  de  l'u- 
tricule  primordiale  sont  appelées  couches  d'épaississement.  Cette  théorie  de 
l'utricule  primordiale  (sans  cellulose)  génératrice  pourrait  être  soutenue 
avec  succès,  si  je  n'avais  pas  prouvé,  dans  la  séance  du  6  novembre  i85/j, 
qu'il  peut  se  former  des  couches  secondaires  à  l'extérieur  de  la  première 
membrane  de  cellulose  aussi  bien  qu'à  son  intérieur.  Je  ferai  voir  d'ailleurs, 
dans  la  deuxième  partie  de  ce  travail,  qu'il  peut  y  avoir  épaississement  con- 
sidérable loin  de  cette  prétendue  utricule  primordiale,  et  dans  des  circon- 
stances dans  lesquelles  il  est  impossible  d'invoquer  son  action.  Dans  le  même 
Mémoire,  j'ai  établi  un  autre  principe,  que  je  n'ai  pas  donné  comme  géné- 
ral, parce  qu'il  ne  l'est  pas  :  c'est  celui  du  dédoublement  des  membranes 
cellulaires.  Depuis  ma  publication,  ce  principe  a  été  admis  par  M.  Hartig, 
qui,  abandonnant  son  ancienne  théorie,  l'a  généralisé  bien  à  tort.  Eh  bien  , 
c'est  un  tel  dédoublement  de  la  paroi  extérieure  des  cellules  de  l'épiderme 
qui  donne  naissance  à  la  cuticule.  Je  dis  qu'il  y  a  un  dédoublement  de  la 
membrane  cellulaire,  et  non  une  excrétion  proprement  dite,  parce  que  les 
deux  membranes,  au  moment  de  leur  séparation,  ont  la  même  épaisseur  et 
le  même  aspect,  tandis  que  les  parties  excrétées  ont  une  apparence  différente 
de  la  partie  sécrétante.  C'est  ainsi  que  la  matière  intercellulaire  se  distingue 
de  la  paroi  de  l'utricule  qui  lui  a  donné  naissance;  c'est  ainsi  également  que 
les  couches  qui  s'interposent  souvent  entre  la  cuticule  et  la  paroi  cellulaire 
se  différencient  de  l'une  et  de  l'autre,  à  l'origine  du  moins;  et  c'est  précisé- 
ment l'excrétion  de  ces  couches  qui  a  fait  croire  à  celle  de  la  cuticule.  Au 
reste,  je  me  suis  expliqué  plus  longuement  dans  mon  Mémoire  cité  précé- 
demment sur  le  sens  que  j'attache  aux  mots  excrétion  et  dédoublement. 

»  On  a  beaucoup  parlé  jusqu'ici  de  l'origine  de  la  cuticule;  cependant 
peu  d'anatomistes,  en  réalité,  l'ont  décrite,  et  aucun  ne  l'a  figurée  à  sa  nais- 
sance dans  les  végétaux  élevés  en  organisation.  J'ai  l'honneur  de  mettre  sous 
les  yeux  de  l'Académie  un  grand  nombre  de  figures  qui  la  représentent  à 
cette  époque  et  dans  toutes  les  phases  de  son  développement.  Voici  com- 
ment elle  apparaît.  Les  cellules  superficielles  ne  sont,  dans  l'origine,  munies 
que  d'une  paroi  parfaitement  homogène  et  qui  paraît  simple;  mais  d'ordi- 
naire, quelque  jeunes  que  soient  ces  cellules,  la  paroi  externe  se  dédouble 


(  582  ) 
quand  elle  est  mise  en  contact  avec  l'iode  et  l'acide  sulfurique  ;  la  pellicule 
externe  jaunit  ou  brunit,  c'est  la  cuticule;  tandis  que  l'interne  devient  bleue 
et  se  gonfle  plus  ou  moins.  C'est  cette  membrane  bleuissante  qui  sécrète  ou 
excrète,  si  on  l'aime  mieux,  les  couches  que  l'on  voit  s'interposer  plus  tard 
entre  elle  et  la  cuticule.  Si  je  n'avais  que  de  tels  faits,  la  vérité  de  mon  asser- 
tion ne  serait  pas  démontrée,  et  il  serait  difficile  de  prouver  que  la  cuticule 
n'est  pas  une  membrane  indépendante  des  cellules  qu'elle  revêt,  ou  une 
cellule  enveloppante,  mère  de  toutes  les  autres  ;  mais  j'ai  trouvé  des  plantes 
qui  ne  laissent  rien  à  désirer  à  cet  égard,  car  elles  présentent  à  la  fois  des 
parties  pourvues  d'une  cuticule  et  des  parties  qui  n'en  ont  pas.  Dans  celles 
qui  n'ont  pas  de  cuticule,  la  paroi  cellulaire  reste  simple  et  bleuit  tout  entière 
sous  l'influence  de  l'iode  et  de  l'acide  sulfurique.  Un  bel  exemple  de  ce 
phénomène  est  offert  par  les  feuilles  du  Tillandsia  zonata  :  leur  épidémie 
est  environné  d'une  cuticule  qui  se  colore  en  jaune  ou  en  brun  par  l'action 
des  réactifs  cités,  tandis  que  les  innombrables  écailles  peltées  qui  ornent  ces 
feuilles  n'en  sont  pas  munies;  la  paroi  extérieure  de  chaque  cellule  de  ces 
écailles  reste  simple  et  devient  du  plus  beau  bleu.  La  cuticule  n'est  donc 
pas  une  cellule  enveloppant  toute  la  plante,  puisque  ces  écailles  n'en  sont 
pas  revêtues.  Je  citerai  bientôt  des  preuves  d'une  autre  nature.  Le  Pistia, 
qui  vit  à  la  surface  de  l'aquarium  du  Muséum  d'Histoire  naturelle,  est  non 
moins  intéressant,  car  l'épiderme  du  limbe  de  ses  feuilles,  ainsi  que  les  poils 
qu'il  supporte,  ne  paraissent  pas  avoir  de  cuticule  quand  on  les  examine  sans 
le  secours  de  l'iode  et  de  l'acide  sulfurique;  quand  on  se  sert  de  ces  réactifs, 
on  rencontre  quelquefois  des  cellules  dont  la  paroi  externe  bleuit  sans  se 
dédoubler  ;  le  plus  souvent  cependant  la  paroi  externe  se  divise  en  deux 
membranes:  l'une  interne  se  gonfle  et  bleuit;  l'autre  externe  (la  cuticule) 
paraît  bleue,  jaune  ou  brune,  suivant  son  âge  et  suivant  le  degré  de  concen- 
tration de  l'acide,  qui  l'altère  facilement,  ainsi  que  le  tissu  cellulaire  qu'elle 
enveloppe.  En  agissant  avec  précaution,  on  obtient  fréquemment  une  cuti- 
cule très-bleue.  Cela  prouve  que,  dans  le  principe,  cette  membrane  est  for- 
mée de  cellulose,  ce  qui  n'avait  pas  été  démontré  directement.  Pour  obtenir 
ce  résultat,  il  faut  opérer  de  la  manière  suivante.  On  place  les  coupes  trans- 
versales dans  la  teinture  aqueuse  d'iode,  on  ajoute  ensuite  de  l'acide  sulfu- 
rique dilué  au  contact  de  l'air,  puis  un  peu  d'acide  plus  fort,  mais  pas  trop 
concentré.  Bientôt  on  peut  distinguer  la  membrane  cellulaire  delà  cuticule; 
la  première  se  gonfle  et  bleuit;  la  seconde  reste  mince,  mais  bleuit  aussi,  si 
elle  est  assez  jeune.  Si  l'on  se  servait  tout  de  suite  d'acide  assez  concentré, 
la  cuticule  deviendrait  jaune-brun,  le  tissu  cellulaire  bleuirait,  puis  brunirait 


(  583  ) 
à  son  tour,  quelquefois  même  deviendrait  brun  sans  avoir  bleui,  et  finirait 
par  se  dissoudre  (i). 

»  Ainsi,  la  membrane  qui  doit  produire  la  cuticule  est  d'abord  simple, 
homogène,  puis  elle  se  partage  en  deux  membranes  parallèles,  d'égale  épais- 
seur, et  présentant  le  même  aspect.  L'extérieure  est  la  cuticule  de  la  cellule 
correspondante.  La  cuticule  générale  est  donc  composée  d'autant  de  parties 
qu'il  y  a  de  cellules  superficielles,  au  moins  à  l'époque  de  sa  formation;  car 
dans  le  Viscum  album,  par  exemple,  la  pellicule  externe  d'un  rameau  déjà 
âgé  a  certainement  moins  de  parties  qu'il  y  a  de  cellules  dans  l'épiderme  de 
ce  rameau  au  moment  de  l'observation  ;  mais  la  cuticule  végète,  s'étend,  à 
mesure  que  les  cellules  se  multiplient. 

»  Je  terminerai  cette  première  partie  en  indiquant  comment  on  doit  con- 
cevoir l'union  intime,  la  continuité  de  ces  parties.  A  l'époque  à  laquelle  s'ef- 
fectue le  dédoublement  de  la  membrane  cellulaire  primitive,  les  cloisons  qui 
séparent  les  cavités  utriculaires  de  l'épiderme  sont  aussi  formées  d'une 
membrane  simple,  qui  ne  se  divise  pas  par  l'action  de  l'acide  sulfurique  ; 
ce  n'est  que  postérieurement  qu'elles  se  partagent  en  deux  pellicules  appar- 
tenant à  chacune  des  cellules  collatérales,  et  que  de  la  matière  dite  inter- 
cellulaire est  sécrétée  par  elles.  Ces  cloisons  ou  parois  latérales  des  cel- 
lules étant  simples  ou  très-intimement  unies  dans  l'origine,  il  est  évident 
que  la  cuticule  qui  se  sépare  de  chaque  cellule  doit  être  parfaitement  conti- 
nue avec  les  cuticules  partielles  qui  naissent  des  cellules  adjacentes.  » 

chimie  physiologique.  —  Sur  l'absence  de  l'acide  hippurique  dans  l'urine 
de  cheval;  par  M.  Roussix.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Boussingault,  Payen.) 

«  Des  analyses  d'urine  de  cheval,  qui  semblent  exécutées  avec  beaucoup 
de  soin,  notamment  celles  de  MM.  de  Bibra  et  Boussingault,  offrent  dans  le 
chiffre  de  l'acide  hippurique  de  si  fortes  différences  (2),  qu'on  ne  peut 
raisonnablement  les  attribuera  des  erreurs  de  calculs  ou  d'expériences.  Il 
convenait  d'en  rechercher  la  cause,  et  c'est  dans  ce  but  qu'ont  été  insti- 
tuées les  expériences  qui  font  l'objet  de  notre  Mémoire  :   les  résultats 


(1)  Pour  faciliter  l'observation  ,  on  peut  chauffer  un  peu  dans  l'eau  les  coupes,  afin  d'en 
dégager  l'air  retenu  entre  les  poils. 

(2)  M.  Boussingault  admet  4sr,7  d'hippurate  de  potasse,  et  M.  de  Bibra  i2«r,6o  d'acide 
hippurique  par  kilogramme  d'urine  de  che?af. 


(  584  ) 
qu'elles  ont  donnés  sont  consignés  dans  le  tableau  suivant  où  nous  met- 
tons en  regard  les  proportions  d'urée,  dosées  sous  forme  d'azotate  sec. 


NUMEROS 

des 
expériences 


i. 

2. 
3. 
4. 
3. 
6. 
7. 
8. 
9. 


Chevaux  d'omnibus 

Chevaux  de  spahis  travaillant 

Étalons  arabes  complètement  oisifs 

Étalons  arabes  complètement  oisifs 

Étalons  arabes  complètement  oisifs 

Étalons  arabes  complètement  oisifs 

Chevaux  de  spahis  travaillant 

Cheval  arabe  fatigué  après  une  longue  course.  . .  , 
Cheval  arabe  fatigué  après  une  très-longue  course 


AC.     HIPPCRIQEE 

AZOTATE  |d'iRÉE 

pour 
i   litre. 

pour 
i    litre. 

7.8 

Non  déterm. 

io,o 

i8«r 

o,o 

32 

o,o 

35 

o,o 

33 

o,o 

34 

5,0 

ii 

i3,o 

12 

i4,o 

i5 

iV.  B.  —  Ainsi  qu'on  le  sait,  tous  les  chevaux  arabes  sont   entiers.    Les  chevaux  désignés   comme 
étalons  sont  ceux  qui  ont  l'habitude  de  saillir. 


»  Les  conclusions  ressortent  du  tableau  même.  Les  chevaux  qui  fatiguent 
beaucoup  produisent  beaucoup  d'acide  hippurique  et  peu  d'urée  compa- 
rativement. Les  chevaux  bien  nourris  et  oisifs  ne  produisent  que  peu  ou 
point  d'acide  hippurique;  l'urée,  au  contraire,  envahit  les  urines  dans  une 
forte  proportion.  La  limpidité  de  l'urine  peut  servir  d'indice.  Si  ce  liquide 
est  clair  et  laisse  déposer  peu  de  carbonate  calcaire,  il  contient  beaucoup 
d'urée  et  fort  peu  d'acide  hippurique.  L'urine  des  chevaux  est-elle  trouble 
et  jumenteuse,  on  peut  être  assuré  qu'elle  contient  d'assez  fortes  propor- 
tions d'acide  hippurique. 

»  L'activité  respiratoire  et  l'emploi  des  forces  musculaires  semblent  donc 
transformer  l'urée  en  acide  hippurique.  Le  repos,  au  contraire,  laisse 
l'urée  intacte  et  paraît  peu  propice  à  sa  transformation  en  acide  hip- 
purique. » 

M.  I  h-.iiPiN  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  ayant  pour 
titre  :  Des  causes  commerciales  et  administratives  de  T insuffisance  et  de 
la  surabondance  périodique  de  la  production  du  blé  en  France. 

Ce  Mémoire  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 


(  585  ) 
MM.  Boussingault,  de  Gasparin,  Payen,  Commission  qui  appréciera  si,  d'a- 
près la  nature  des  questions  traitées  et  le  point  de  vue  auquel  se  place  l'au- 
teur, le  travail  ne  serait  pas  plutôt  du  domaine  de  l'Académie  des  Sciences 
morales  et  politiques. 

M.  Laurent  adresse,  de  Chaumont,  une  Note  sur  un  nouveau  procédé 
d'aimantation  qu'il  désigne  sous  le  nom  d'aimantation par  condensation. 

Cette  Note,  dont  l'analyse  serait  difficilement  comprise  sans  le  secours 
d'une  figure,  est  renvoyée  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM    Pouillet  et  Babinet. 

M.  Clauzure  adresse,  d'Angoulème,  une  réclamation  de  priorité  à  l'occa- 
sion d'une  Note  de  M.  Leclerc,  relative  à  X action  des  infusions  végétales  sur 
le  sang  veineux  fraîchement  sorti  de  la  veine,  Note  présentée  à  l'Académie 
dans  la  séance  du  3  mars  1 856. 

«  C'est  moi,  dit  M.  Clauzure,  qui  le  premier  ai  institué  ce  mode  de  re- 
cherches. Dès  l'année  dernière,  j'en  ai  communiqué  les  principaux  résultats 
à  M.  Leclerc,  ainsi  que  le  montrent  les  Lettres  qui  sont  en  ma  possession. 
Comme,  cependant,  le  Compte  rendu  paraît  n'avoir  donné  qu'un  extrait  de 
la  Note,  j'aime  à  croire  que  dans  la  Note  complète  se  trouve  la  preuve  que 
M.  Leclerc  n'a  pas  eu  l'intention  de  publier  ces  résidtats  en  son  propre 
nom,  sans  en  indiquer  l'origine,  ou  au  moins  sans  mentionner  ma  partici- 
pation. » 

(Renvoi  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Flourens,  Coste, 
Bernard,  Commission  qui  est  également  chargée  de  prendre  connaissance 
de  la  Note  de  M.  Leclerc.) 

M.  lîoi  \ici.Ai  envoie  son  septième  Mémoire  sur  YHirudo  sanguisuga. 
(Commission  précédemment  nommée.) 

L'Académie  reçoit  et  renvoie  à  l'examen  des  Commissions  compétentes 
les  Mémoires  suivants  destinés  à  des  concours  pour  les  prix  de  l'année  1 856, 
prix  sur  des  questions  proposées  ;  savoir  : 

Grand  prix  des  Sciences  mathématiques  :  question  concernant  le  dernier 
théorème  de  Fermât;  deux  Mémoires  inscrits  sous  les  n09  6  et  7. 

C.  R.,  i856,  1"  Semestre.  (T.  XLH,  N°  15.)  7^ 


(  586  ) 

Grand  prix  des  Sciences  mathématiques  :  question  concernant  le  perfec- 
tionnement de  la  théorie  mathématique  des  marées;  un  Mémoire  inscrit 
sous  le  n"  i . 

Grand  prix  des  Sciences  physiques  :  question  concernant  le  développe- 
ment de  l'embryon;  un  manuscrit  intitulé  :  Recherches  d 'embryologie  com- 
parée sur  le  développement  de  la  truite,  du  lézard  et  du  limitée.  Cet  ouvrage, 
qui  est  accompagné  d'un  atlas,  a  été  inscrit  sous  le  n°  i. 

L'Académie  reçoit  également  divers  travaux  destinés  à  concourir  pour 
divers  prix  delà  fondation  Montyon,  savoir  : 

Pour  les  prix  de  Médecine  et  Chirurgie  les  Mémoires  dont  les  titres 
suivent  : 

Anatomie  ornalographique  :  Collection  de  dessins  représentant,  de  gran- 
deur naturelle,  des  coupes  des  principales  régions  du  corps  humain,  d'après 
des  sections  pratiquées  sur  des  cadavres  congelés;  par  M.  E.  Legexdke. 

Mémoire  sur  un  nouvel  urétrotome  sur  conducteur,  pour  pratii/uer  l'uré- 
trotomie  d'avant  en  arrière  et  sans  dilatation  préalable;  par  M.  Boinet. 

Considérations  sur  les  variations  anatomiques  et  pathologiques  du  poids 
de  l'utérus;  par  M.  Gariel. 

Considérations   sur  la   literie  des  établissements  hospitaliers  ;  par  le 

MÊME. 

Recherches  sur  l'asphyxie;  par  M.  Faure. 

Concours  pour  le  prix  dit  des  Arts  insalubres  : 

Mémoire  sur  les  accidents  que  développe,  chez  les  ouvriers  en  caoutchouc , 
l'inhalation  du  sulfure  de  carbone  en  vapeur  ;  par  M.  A.  Delpech. 

Notice  sur  les  appareils  et  procédés  de  blanchissage  à  la  vapeur  libre  et 
sans  pression;  par  M".  S.  Charles. 

Concours  pour  le  prix  de  Mécanique  (fondation  Montyon)  : 

Description  de  divers  instruments  anémométriques  en  usage  à  l'observa- 
toire météorologique  de  la  Flèche;  par  M.  Taupenot,  professeur  au  Pryta- 
née  militaire. 


(  587) 

M.  Renault,  directeur  des  études  à  l'École  vétérinaire  d'Alfort,  prie 
l'Académie  de  vouloir  bien  admettre  au  concours  pour  les  prix  de  Méde- 
cine et  de  Chirurgie  deux  ouvrages  qu'il  lui  adresse,  l'un  déjà  publié  de- 
puis longtemps,  Mémoire  sur  une  des  causes  les  plus  fréquentes  de  la 
gangrène  traumatique  ;  l'autre,  tout  récent,  sur  la  question  de  savoir  si  le 
typhus  contagieux  du  gros  bétail  peut  naître  spontanément  sur  les  animaux 
de  l'espèce  bovine  étrangère  à  la  race  dite  des  Steppes. 

M.  Renault  prie,  en  outre,  l'Académie  de  vouloir  bien  comprendre  éga- 
lement parmi  les  pièces  du  concours  un  Mémoire  précédemment  présenté 
par  lui  :  Etudes  expérimentales  sur  l'absorption  des  virus.  Ce  Mémoire 
ne  s'étant  pas  retrouvé  dans  les  papiers  de  M.  Magendie,  à  qui  il  avait 
été  envoyé,  M.  Renault  espère  que  l'Académie,  prenant  en  considération 
le  temps  nécessaire  pour  faire  une  nouvelle  rédaction  d'après  les  registres 
où  ont  été  consignés  les  résultats  des  expériences,  voudra  bien  prolonger 
jusqu'à  la  fin  d'avril  le  temps  où  son  Mémoire  pourra  encore  être  admis. 

M.  Figuier  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  admettre  au  concours ,  pour 
un  des  prix  de  la  fondation  Montyon ,  deux  ouvrages  qu'il  adresse  et  qui 
ont  pour  titre  ,  l'un  «  l'Alchimie  et  les  Alchimistes...  »  ,  l'autre  «  Exposition 
et  Histoire  des  principales  découvertes  scientifiques  modernes  ». 

M.  Figuier  présente  au  concours ,  pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie, son  Mémoire  sur  l'origine  du  sucre  contenu  dans  le  foie,  et  sur  la 
présence  normale  du  sucre  dans  le  sang  de  l'homme  et  des  animaux  ;  il  y 
jointe  conformément  aune  obligation  imposée  aux  concurrents,  une  indi- 
cation de  ce  qu'il  considère  comme  neuf  dans  son  travail. 

(Réservé  pour  la  future  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.  ) 

M.  Marie  adresse  de  même  un  résumé  en  double  expédition  de  son  Mé- 
moire sur  les  rapports  numériques  qui  existent  chez  l'adulte  à  l'état  normal 
et  à  l'état  pathologique  entre  le  pouls  et  la  respiration,  et  de  son  Mémoire 
sur'  Xhydrocele  enkystée  spermatique. 

(Même  Commission.  ) 

M.  Duplay  adresse  de  même  des  analyses  de  deux  Mémoires  qu'il  pré- 
sente pour  ce  concours ,  l'un  Sur  les  changements  et  les  altérations  que 

78.. 


(  588  ) 

présente  chez  les  vieillards  l'appareil  sécréteur  et  excréteur  du  sperme; 
l'autre  Sur  le  sperme  des  vieillards. 

(Même  Commission.  ) 

M.  A.  Verga,  en  adressant  de  Milan,  pour  le  même  concours,  un  recueil 
de  Mémoires  anatomiques,  signale,  dans  la  Lettre  d'envoi,  les  principaux 
faits  nouveaux  qu'il  y  présente.  Pour  un  de  ces  faits,  X existence  d'un  nou- 
veau ventricule  dans  le  cerveau,  il  en  avait  déjà  signalé  l'existence ,  mais 
dans  le  présent  recueil  le  sujet  est  exposé  d'une  manière  plus  complète. 

M.  Filhol  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  admettre  au  concours,  pour 
les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  les  divers  travaux  qu'il  lui  a  précé- 
demment présentés,  et  qui  sont  relatifs  à  la  composition  chimique  et  aux 
propriétés  médicales  des  eaux  sulfureuses  des  Pyrénées. 

M.  Knapp  adresse,  de  Cincinnati,  un  opuscule  sur  le  scorbut,  des  nour- 
rices, ou  anémie  puerpérale,  et  demande  que  ce  travail  soit  annexé  à  un 
Mémoire  qu'il  avait  précédemment  présenté  au  concours  pour  le  prix  Bréant 
sur  le  choléra -morbus ,  parce  que  plusieurs  des  considérations  qu'il  pré- 
sente sur  les  causes  des  affections  épidémiques  sont  également  applicables 
au  choléra  asiatique  ;  il  annonce  l'envoi  prochain  d'un  travail  sur  le  choléra 
des  enfants  qu'il  désire,  pour  de  semblables  raisons,  voir  annexé  à  ses  deux 
premiers  Mémoires. 

M.  Fonssagrives  ,  professeur  à  l'école  de  médecine  navale  de  Brest,  pré- 
sente au  concours,  pour  le  prix  dit  des  Arts  insalubres,  un  Traité  d'Hygiène 
navale  qu'il  vient  de  publier,  et  y  joint  une  indication  des  principales  amé- 
liorations qu'il  a  proposées,  et  des  faits  qui  par  leur  nouveauté  semblent  de 
nature  à  appeler  plus  spécialement  l'attention  de  l'Académie. 

(Réservé  pour  la  future  Commission.) 

M.  Leroy,  d'Etiolles ,  envoie,  en  double  exemplaire,  une  collection  de 
trois  opuscules  imprimés,  relatifs  aux  moyens  d'extraire  de  la  vessie  les 
corps  étrangers  autres  que  les  pierres  ou  leurs  débris .  En  priant  l'Académie 
d'admettre  ces  écrits  au  concours  pour  le  prix  de  Médecine  et  de  Chirur- 
gie, l'auteur  s'excuse  de  n'y  pas  joindre,  conformément  à  ce  qu'exige  le 
programme,  une  indication  de  ce  qu'il  considère  comme  nouveau  dans  ses 
recherches;  il  lui  a  été  impossible,  dit-il,  de  fournir  une  semblable  indica- 


(589) 
tion,  les  procédés  opératoires  qu'il  soumet  au  jugement  de  l'Académie  et  les 
instruments  employés  étant  tous  également  nouveaux. 

M.  Moysen  présente  au  concours,  pour  le  prix  de  Mécanique  de  la  fon- 
dation Montyon,  divers  opuscules  imprimés  ou  autographiés  concernant 
des  instruments  aratoires  de  son  invention. 

(Réservé  pour  la  future  Commission.) 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics 

invite  l'Académie  à  lui  faire  connaître  le  jugement  qui  aura  été  porté  sur  un 
Mémoire  présenté  par  M.  Cheval,  à  la  séance  du  3i  décembre  1 855,  Mé- 
moire ayant  pour  titre  :  «  Nouveau  procédé  pour  la  conservation  des  bois- 
sons au  moyen  de  la  pression  du  liquide  sur  et  par  lui-même». 

La  Commission  chargée  de  prendre  connaissance  de  ce  Mémoire,  Com- 
mission qui  se  compose  de  MM.  Pelouze,  Balard  et  Peligot,  est  invitée  à 
présenter  aussi  promptement  qu'elle  le  pourra  le  Rapport  demandé  par 
M.  le  Ministre. 

L'Académie  renvoie  à  la  même  Commission  une  Lettre  de  M.  Cheval, 
qui  demande  que  son  travail  soit  compris  dans  le  nombre  des  pièces  ad- 
mises au  concours  pour  le  prix  dit  des  Arts  insalubres. 

astronomie.  —  Observations  de  la  planète  @,  Jaites  à  l'observatoire  de 
Gottingue;  par  M.  Kli\rerfues.  (Présentées  au  nom  de  l'auteur  par 

M.  LEJEUNE  DlRICHLET.) 


1 856.    Mars 


1 

P.   M.  à  (intlingue. 

a. 

s. 

1 

h        m       s 
II. 59.IO, 9 

h        m       s 
II.    2.35,45 

0     ,    « 
-+-8. 20. 41 ,2 

observ.  mérid 

1 1 

I I .4o.24,0 

i 0 . 5g . 3 1 , 68 

4-8. 5i.  0,8 

— 

12 

I I . 35.43,1 

io.58.46,53 

-1-8.58.23,7 

— 

i3 

1 1 . 3 1 .   2,6 

10. 58.    1,82 

+9.  5.47,4 

— 

16 

11.17.   3>8 

10. 55. 5o, 47 

+9.27.22,7 

— 

»7 

I I . 12.25,5 

io.55.  7,88 

+9,34.22,2 

— 

»  Les  observations  suivantes  de  quelques  étoiles  occultées  par  la  Lune 


(  5yo  ) 

pourront  être  utiles  si  elles  correspondent  à  des  observations  faites  à  Paris  ; 
elles  sont  des  immersions  au  limbe  obscur. 


Temps  sidéral 

h         m       i 

i856,  Mars  10 

45  Arietis 

7.34.44,7 

46  Arietis 

7.43.27,9 

1 1 

33  Tau  ri 

9-36   46,6 

i3 

i36  Tauri 

9.10.17,0 

ASTRONOMIE.  —  M.  Le  Verrier  communique  les  éléments  et  une  épbémé- 
ride  de  Léda,  calculés  par  M.  Pape,  et  transmis  par  M.  Peters.  Ces  déter- 
minations, qui  reposent  sur  les  observations  du  24  janvier  (Bilk,  Berlin  et 
Liverpool),  des  i5  à  17  février  (Berlin  etLeyde),  et  du  i3  mars  (Berlin),  ont 
donné  : 

Époque  :   i856,  Février  i6,43o47,  T.  M.  de  Berlin. 
M  =     23°  i4'  I2",0 
ir  =     90.43.  6,4  )  , 

Q=  296.28.39,6  |equin0Xem°yende  ,856'°- 
*'  =      6 .  5g .  1 8 , 1 

ç=         8.59.     1,2 

Loga  =  0,437765 
Log  p  =  2 , 8g3 36o 

»  On  en  conclut  l'éphéméride  suivante  pour  le  T.  M.  de  Berlin,  i2h  : 


i856,  Mars  23 

a  =  8h3°'44! 

s  =  + 

i& 

«9',3 

log  A 

=  o,25i3 

»     27 

5.4o 

9.7 

0 , 2Ô3o 

»     3i 

7-59 

-+- 

i5 

.59,2 

0,2746 

Avril    4 

10.40 

473 

0,2863 

»        8 

i3.43 

35,4 

0,2978 

»      12 

17.  5 

22,0 

0,3092 

»      16 

20.46 

7,4 

o,32o3 

zoologie.  —  Documents  pour  servir  à  la  monographie  des  Chéiroptères 
sud-américains  ;  par  M.  Paul  Gervais.  (Deuxième  partie.) 

«  La  famille  des  Vespertilionidés,  envisagée  dans  l'ensemble  de  ses  ca- 
ractères distinctifs,  paraît  être  la  moins  parfaite  de  celles  qui  composent 
l'ordre  des  Chéiroptères;  elle  est  aussi  celle  dont  les  espèces  sont  dispersées 
sur  un  plus  grand  nombre  de  points  à  la  surface  du  globe.  Il  y  a  des  Ves- 
pertilionidés, non-seulement  dans  les  trois  parties  principales  de  l'ancien 
continent,  mais  aussi  dans  le  nouveau  monde,  ainsi  qu'en  Australie  et  même 


(  5|i  ) 
à  la  Nouvelle-Zélande.  Les  Mammifères  de  cette  famille  qui  vivent  dans 
l'Amérique   méridionale  appartiennent  aux  cinq  tribus  des  Noctilionins, 
des  Molossins,  des  Emballonurins ,  des  Nycticéins  et  des  Vespertilionins, 
dont  j'expose  dans  mon  Mémoire  les  caractères  principaux. 

»  1.  Les  Noctilionins  ne  comprennent  que  le  seul  genre  des  Noctilio 
dont  les  espèces,  d'ailleurs  peu  nombreuses,  n'ont  encore  été  observées 
qu'en  Amérique. 

»  2.  Les  Molossins  sont. répandus  dans  les  deux 'continents.  Ceux  de 
l'Amérique  sont  de  trois  genres  différents:  les  Molossus,  E.  Geoffr.;  les 
Promops,  P.  Gerv.  et  les  Nyctinomus,  E.  Geoffr.  J'examine  les  caractères 
de  chacun  de  ces  genres ,  soit  ceux  que  fournissent  les  organes  exté- 
rieurs, soit  ceux  du  crâne  et  des  dents.  Je  parle  aussi  des  espèces  de  chacun 
d'eux  que  j'ai  pu  observer  en  nature,  et  je  donne  l'énumération  de  celles, 
décrites  par  les  auteurs,  qu'il  m'a  été  impossible  de  me  procurer  jusqu'à  ce 
jour.  Les  Molosses  ne  sont  connus  qu'en  Amérique;  les  Promops  ont  pour 
unique  espèce  le  Molossus  ursinus  de  Spix  et  de  de  Blainville,  qui  habite  les 
mêmes  contrées;  lesNyctinomes  américains,  dont  j'ai  observé  trois  espèces 
(Nyctinomus  brasiliensis,  I.  Geoffr.;  N.  nasutus,  Spix,  et  N.  macrotis, 
Gray)  paraissent,  au  contraire,  comme  M.  Isidore  Geoffroy  en  avait  fait  la 
remarque,  devoir  être  réunis  dans  un  même  genre  avec  les  Nyctinomes  du 
Bengale,  des  îles  Mascareignes  et  de  l'Afrique,  qui  sont  eux-mêmes  assez  peu 
différents  du  Tadarida  ou  Dinops,  le  seul  Molossin  qui  vive  en  Europe. 

»  5.  Les  Emballonurins  sont  des  Vespertilionidés  à  queue  rudimen- 

taire,  à  incisives  -,  et  dont  le  crâne  présente  aussi  des  caractères  particuliers. 

Le  genre  Emballonura,Kiûù,  qui  a  donné  son  nom  à  la  tribu,  fournit  des 
espèces  à  l'Inde  insulaire,  à  l'Afrique,  ainsi  qu'à  l'Amérique  méridionale 
(Emb.  canina,  Neuwied,  et  E.  brunnea,  P.  Gerv.).  Ce  n'est  que  dans 
cette  dernière  partie  du  monde  que  l'on  a  trouvé  les  genres  suivants  :  Uro- 
crjptus ,  Teram.;  Diclidurus,  Neuwied;  Saccopteryx,  Illiger;  Proboscidea, 
Spix ,  et  Centrony cteris,  Gray. 

»  Les  Centronycteres  ont  ^  incisives. 

»  Les  Furies  (Furia,  Fréd.  Cuvier  ;  Furipterus ,  Ch.  Bonaparte,  et  Mosia, 
Gray),  qui  sont  dans  le  même  cas,  ressemblent  en  outre  aux  Vespertilio- 
nins  par  l'absence  d'apophyses  postorbitaires  et  doivent  être  séparées  des 
Emballonurins  dont  elles  ont  cependant  la  queue  rudimentaire.  Ce  sont 
aussi  des  chauves-souris  sud-américaines. 


(  59*  ) 
»  4.  Les  Nycticéins  ne  forment  que  deux  genres  :  les  Njcticejus,  Ra- 
fmesque,  dont  il  y  a  des  espèces  dans  l'Inde,  en  Afrique  et  dans  les  deux 
Amériques,  et  les  Alalapha,  qu'on  ne  trouve  qu'en  Amérique.  Je  décris  le 
Nycticée  de  l'Amérique  méridionale  sous  le  nom  de  Nicticejus  Ega,  d'après 
un  exemplaire  rapporté  par  M.  de  Castelnau. 

»  5.  La  tribu  des  Vespertilioîsins  est  la  seule  de  tout  l'ordre  des  Chéi- 
roptères qui  fournisse  des  espèces  à  l'Europe,  à  l'Amérique  méridionale  et 
aux  diverses  antres  parties  du  monde,  quelquefois  même  des  espèces  ap- 
partenant aux  mêmes  divisions  génériques. 

»  C'est  au  groupe  des  Vespertilionins  à  trente-deux  dents,  et  particulière- 
ment au  genre  Vesperus,  dont  notre  Noctnle  fait  partie,  qu'appartiennent 
les  Vespertilio  dutertrœus  (synonyme  de  V.  caroliniensis),  innoxius ,  jiiri- 
nalis,  Hilarii  et  ferrugineus ,  qui  ont  été  dénommés  d'après  l'examen  de  di- 
verses chauves-souris  recueillies  au  Pérou,  au  Brésil  ou  à  la  Guyane. 

»  J'en  rapproche,  mais  en  en  faisant  un  genre  à  part  sous  le  nom  d'His- 
tiotus,  l'Oreillard  voilé  (Pleiotus  velatus,  Is.  Geoffr. )  dont  les  oreilles  sont 
comparables,  pour  la  grandeur,  à  celles  des  Oreillards  de  l'Europe  ou  de 
l'Amérique  septentrionale,  mais  dont  les  dents  sont  différentes  de  celles  de 
ces  animaux  par  leur  formule. 

»  Je  ne  connais  parmi  les  chauves-souris  de  l'Amérique  méridionale 
qu'une  seule  espèce  de  Vespertilionins  pourvue  de  trente-quatre  dents, 
comme  la  Noctule,  la  Pipistrelle  et  quelques  autres  chauves-souris  euro- 
péennes qui  forment  le  genre  Vesperugo  de  MM.  Keyserling  et  Blasius  :  c'est 
le  Vespertilio  leucogaster  de  M.  Temminck. 

»  Le  Vespertilio  ruber  du  Brésil,  qu'E.  Geoffroy  a  signalé  d'après  d'Azara 
et  sur  lequel  M.  d'Orbigny  et  moi  avons,  depuis  lors,  donné  de  nouveaux 
détails,  a  bien  le  même  nombre  de  dents  molaires  que  les  Vesperugo  et  en 
même  temps  les  autres  caractères  principaux  de  ces  animaux,  mais  il  n'a 
qu'une  seule  paire  d'incisives  supérieures,  ce  qui  le  fera  sans  doute  séparer 
sous  un  nouveau  nom  par  les  naturalistes  qui  ne  craignent  pas  de  trop  multi- 
plier les  coupes  génériques.  Il  faudra  toutefois  constater  qu'il  n'y  a  bien, 

dans  tous  les  individus,  que  |  incisives.  Aucune  des  espèces  propres  à  l'A- 
mérique du  Sud  que  j'ai  pu  examiner  ne  m'a  encore  présenté  la  formule 
dentaire  des  Pleiocus  véritables  et  des  Miniopterus . 

»  Je  trouve,  au  contraire,  celle  des  Vespertilionins  murinoïdes  (G.  mjo- 
tis,  Kaup)dans  plusieurs  des  chauves-souris  qu'on  a  observées  dans  cette 
vaste  région  ou  que  j'y  ai  moi-même  signalées.  Les  Vespertilio  arsinoë, 


I  593) 
olythrix ,    chiloensis  ,  hjrpothrix ,  Isidori   et  Kinnamon  ont   en    effet  g 

molaires  à  chaque  mâchoire. 

»  Le  Vespertilio  lepidus,  de  Cuba,  que  j'ai  autrefois  décrit  dans  l'ouvrage 
de  M.  de  la  Sagra,  diffère  notablement  des  Myotis  quoiqu'il  en  ait  la  for- 
mule dentaire,  et  j'ai  dû  en  faire  un  genre  à  part  sous  le  nom  de  Nyctiellus . 

»  Si  je  ne  craignais  d'outre-passer  les  limites  d'une  simple  analyse,  je 
montrerais  comment  dans  chacune  des  tribus  de  l'ordre  des  Chéiroptères, 
c'est-à-dire  dans  chacun  des  groupes  naturels  auxquels  on  donne  souvent 
le  nom  de  genres  Linnéens,  les  divisions  secondaires,  ou  les  petits  genres  des 
naturalistes  actuels,  se  subordonnent  d'une  manière  plus  ou  moins  régu- 
lière et  se  correspondent,  dans  beaucoup  de  cas,  comme  autant  de  termes 
homologues  appartenant  à  des  séries  distinctes,  mais  parallèles,  à  certains 
égards.  C'est  ce  qui  paraît  surtout  évident  lorsqu'on  examine  ces  animaux 
ou  ceux  de  la  plupart  des  autres  groupes  de  Mammifères  sous  le  rapport  du 
système  dentaire.  Mais  cet  exposé  exigerait  des  développements  trop  éten- 
dus, et  j'ai  dû  me  borner  à  n'indiquer  ici  que  les  principaux  faits  zoolo- 
giques auxquels  j'ai  été  conduit  par  l'étude  des  chauves-souris  propres  à 
l'Amérique  méridionale.    » 

météorologie.  —  Sur  la  quantité  de  pluie  tombée  à  Montpellier  du  1 1  au 
20  mars  i856;  par  M.  Ch.  Martins. 

«  Du  11  au  20  mars,  c'est-à-dire  en  neuf  jours,  il  est  tombé  la  quantité 
extraordinaire  de  364  millimètres  d'eau  distribués  de  la  manière  suivante  : 


MARS. 

PLUIE. 

MARS. 

PLB1E. 

II 

3œm 

l6 

,0mm 

12 

60 

'7 

21 

i3 

36 

18 

IO9 

4 

» 

'9 

83 

i5 

3 

20 
364mm 

39          ' 

»  Mon  pluviomètre  est  à  29™,  5  au-dessus  de  la  mer.  Le  récipient  se 
trouve  au  ras  du  sol,  et  entouré  de  gazon,  comme  l'udomètre  de  l'observa- 

C  R.,  1856,  Ier  Semestre.  (T.  XLII,  N°  15.)  79 


(  5g4  ) 
tôire  de  Greenwich.  La  surface  est  de  10  décimètres  carrés.  Un  autre  plu- 
viomètre de  même  surface,  mais  élevé  sur  un  piédestal  d'un  mètre  de  haut 
et  entouré  d'un  rebord  saillant  de  om,20,  a  recueilli  3go,  millimètres  dans 
le  même  espace  de  temps. 

»  Le  vent  pendant  les  dix  jours  de  pluie  a  toujours  soufflé  de  l'est  ou 
du  sud-est,  et  souvent  par  rafales  très-violentes. 

»  J'ai  dit  que  la  quantité  d'eau  tombée  du  1 1  au  20  mars  était  extraor- 
dinaire; même  pour  le  midi  de  la  France,  où  les  pluies  torrentielles  sont  si 
communes  :  en  effet,  si  l'on  consulte  la  thèse  que  M.  Marié-Davy  a  présentée 
en  1 85 1  à  la  Faculté  de  Médecine,  sur  le  climat  de  Montpellier  ,  on  y  trouve 
l'analyse  des  séries  de  Poitevin  père,  1767  à  1791  et  1796  à  1802  ;  Poitevin 
fils,  1806  à  18 12  ;  Junius  Castelnau,  i835  à  i85o;  en  y  ajoutant  celle  que 
j'ai  commencée  en  1 852,  c'est  un  total  de  55  ans.  Dans  cette  période,  le  mois 
de  mars  1808  est  celui  où  il  est  tombé  le  plus  d'eau;  savoir  :  241  milli- 
mètres, quantité  moindre  que  celle  de  1 856,  de  123  millimètres.  La  moyenne 
de  mars  (si  toutefois  on  peut  parler  de  moyennes  quand  une  quantité  varie 
de  o  à  364)  est  de  62mm,5  :  elle  est  déduite  de  67  ans  d'observations  en 
ajoutant  aux  55  années  que  nous  avons  indiquées  les  moyennes  mensuelles 
de  1806  à  18 17,  données  par  M.  Creuzé  de  Lesser  dans  sa  statistique  de 
l'Hérault. 

»  Les  mois  de  janvier  et  de  février  ont  été  également  pluvieux  à  Mont- 
pellier, car  il  est  tombé  76  millimètres  d'eau  dans  le  premier,  160  milli- 
mètres dans  le  second.  Ainsi  donc  la  quantité  totale  de  pluie  dans  les  trois 
premiers  mois  de  i856  s'est  élevée  à  600  millimètres.  C'est  plus  que  dans 
le  cours  de  certaines  années  sèches,  où  la  somme  annuelle  n'atteint  pas 
4oo  millimètres  ;  ce  n'est  pas  la  moitié  des  années  pluvieuses,  où  elle  dépasse 
1200  millimètres.  Tels  sont,  en  effet,  les  extrêmes  d'après  lesquels  l'agricul- 
teur et  l'ingénieur  doivent  instituer  leurs  travaux  dans  le  midi  de  la  France. 
Faute  d'y  avoir  égard,  ils  s'exposeraient  à  des  mécomptes  qui  ne  sont  pas 
à  craindre  dans  le  nord  de  l'Europe.  Les  chiffres  suivants  en  sont  la 
preuve. 

»  Si  nous  adoptons  546  millimètres  comme  étant  la  moyenne  pluviomé- 
trique  de  Paris,  nous  voyons  que  cette  moyenne  est  inférieure  à  la  somme 
des  pluies  de  janvier,  février  et  mars  i856  à  Montpellier.  Dans  cette  der- 
nière ville,  les  extrêmes  anrtuels  de  1806  à  1841  ont  été  de  388  millimètres 
(1816)  et  1 1  5ï  millimètres  (181 1).  Dans  le  même  espace  de  temps,  le  mini- 
mum annuel  a  été  d'après  Bouvard,  à  Paris,  de  379  millimètres  en  1820,  et 
le  maximum  de  6i5  millimètres  en  1819.  Ainsi  l'amplitude  de  la  variation 


(  595) 
pluviométrique  annuelle,  qui  à  Paris  n'a  pas  dépassé  236  millimètres  dans 
ces  trente-cinq  années,  a  atteint  à  Montpellier  764  millimètres.  En  prenant  un 
plus  grand  nombre  d'années,  je  trouve  des  écarts  encore  plus  considérables, 
puisqu'en  i85o  il  n'est  tombé  que  289  millimètres  d'eau,  et  en  i853, 
1278  millimètres  :  différence,  989  millimètres.  Ces  chiffres  montrent  que  la 
quantité  annuelle  de  pluie  est  infiniment  plus  variable  dans  le  midi  que  dans 
le  nord  de  la  France.  » 

physique  appliquée.  —  Note  sur  un  nouveau  système  d'horloge  électrique  se 
réglant  elle-même  a" après  la  marche  du  soleil;  par  M.  Th.  du  Moncel. 

«  Le  prix  élevé  des  régulateurs  chronométriques  et  la  difficulté  de  régler 
les  horloges  dans  les  lieux  où  ces  régulateurs  manquent,  m'ont  fait  recher- 
cher le  moyen  d'obtenir  de  la  part  d'une  horloge  ordinaire  une  régularisa- 
tion basée  sur  la  marche  du  soleil.  En  un  mot,  j'ai  cherché  à  combiner  les 
indications  du  cadran  solaire  avec  celles  d'une  horloge  ordinaire. 

»  Pour  résoudre  ce  problème,  plusieurs  conditions  étaient  indispensables 
à  réaliser.  Il  fallait  :  i°  que  l'action  solaire  à  un  moment  donné  pût  exercer- 
un  effet  électrique  assez  énergique  pour  réagir  sur  un  mécanisme  d'horlo- 
gerie; 20  que  le  système  employé  pour  traduire  électriquement  l'influence 
solaire  pût  être  dans  les  mêmes  conditions  par  tous  les  temps  ;  3°  que  le 
système  électrique  pût  réagir  sur  les  aiguilles  de  l'horloge  seulement,  sans 
troubler  la  marche  du  mécanisme;  4°  que  l'appareil  fût  d'une  construc- 
tion assez  simple  pour  être  économique  et  facilement  applicable. 

»  Voici  comment  j'ai  résolu  le  problème  : 

»  J'ai  placé  l'un  à  côté  de  l'autre,  sur  une  même  planche,  deux  thermo- 
mètres à  tube  ouvert,  réglés  le  plus  exactement  possible,  l'un  par  rapport  à 
l'autre.  L'un  de  ces  thermomètres  est  construit  comme  celui  que  j'ai  employé 
pour  mon  régulateur  de  chaleur,  et  porte  un  flotteur  en  verre,  auquel  est 
attaché  un  fil  de  platine.  Ce  fil,  après  s'être  recourbé  deux  fois  à  angle  droit, 
présente  son  extrémité  libre  au  même  niveau  que  le  mercure  du  thermo- 
mètre ;  toutefois  il  est  soutenu  par  un  contre-poids  attaché  à  l'extrémité  d'un 
fil  de  soie  enroulé  sur  une  poulie. 

»  Le  second  thermomètre,  de  même  diamètre  que  le  précédent,  est  placé 
de  manière  que  l'extrémité  libre  du  fil  de  platine,  dont  nous  venons  de 
parler,  puisse  s'enfoncer  dans  son  tube  et  que  le  niveau  du  mercure  soit  le 
même  dans  les  deux  thermomètres  ;  enfin  un  fil  de  platine  soudé  dans  les 

79- 


(596  ) 
boules  de  ces  thermomètres  permet  d'établir  une  liaison  électrique  avec  le 
mercure  qu'ils  contiennent. 

»  En  face  de  la  boule  oblongue  du  second  thermomètre,  que  nous  ap- 
pellerons transmetteur,  se  trouve  fixée,  sous  un  angle  convenable,  une  len- 
tille à  court  foyer,  et  l'appareil  entier  se  trouve  exposé  au  midi,  de  manière 
que  le  plan  conduit  par  la  ligne  focale  de  la  lentille  et  l'axe  du  thermo- 
mètre correspondant  se  trouve  exactement  dans  le  plan  du  méridien. 

»  Tel  est  l'appareil  destiné  à  réagir  sur  l'organe  électrique  de  l'horloge. 
Pour  en  comprendre  le  jeu,  il  suffit  d'observer  que  chaque  jour,  à  midi,  les 
rayons  du  soleil  étant  concentrés  sur  la  boule  du  thermomètre  transmetteur 
en  dilatent  considérablement  le  mercure,  et  celui-ci,  en  rencontrant  alors 
le  fil  de  platine  porté  par  l'autre  thermomètre,  peut  fermer  un  courant 
électrique  à  travers  un  électro-aimant.  On  conçoit  seulement  que  pour 
éviter  toutes  causes  de  perturbation,  il  est  essentiel  de  cacher  les  boules 
des  deux  thermomètres  et  de  ne  laisser  devant  chacune  d'elles  qu'une  étroite 
rainure  correspondant  pour  le  thermomètre  transmetteur  au  plan  de  la 
ligne  focale  de  la  lentille.  11  faut,  de  même,  que  l'extrémité  du  fil  de  platine 
soit  raccourcie  d'une  quantité  suffisante,  pour  que  les  petites  variations  |qui 
pourraient  exister  dans  la  marche  des  deux  thermomètres  n'aient  pas  pour 
effet  de  produire  une  fermeture  anormale  du  courant. 

»  Le  mécanisme  électromagnétique,  au  moyen  duquel  les  aiguilles  de 
l'horloge  se  trouvent  chaque  jour  rappelées,  à  midi,  sous  l'influence  d'une 
fermeture  du  courant,  consiste  dans  un  électro-aimant  placé  au-dessus 
de  l'horloge,  et  dont  l'armature  porte  un  levier  à  double  fourchette, 
mis  à  cheval  sur  les  deux  axes  des  aiguilles.  Celles-ci  sont  montées 
sur  leurs  axes,  comme  la  tête  des  clefs  de  montre  Bréguet  (à  rochet); 
seulement  les  rochets  sont  dentés  beaucoup  plus  finement.  En  outre,  ces 
aiguilles  sont  munies  de  contre-poids  assez  lourds  pour  qu'étant  aban- 
données à  elles-mêmes,  elles  puissent  être  rappelées  suivant  la  verticale. 

»  Quand  l'appareil  ne  fonctionne  pas,  le  levier  à  fourchette  sollicité  par 
le  ressort  antagoniste  de  l'armature  appuie  l'un  contre  l'autre  les  rochets 
des  aiguilles  de  l'horloge,  et  celles-ci  marchent  sous  l'influence  du  mouve- 
ment d'horlogerie;  mais  aussitôt  que  le  courant  est  fermé,  les  fourchettes 
de  l'électro-aimant  déjoignent  ces  rochets,  et  les  contre-poids  entraînent  les 
aiguilles  suivant  la  verticale.  En  ce  moment  un  rhéotome  coupe  le  courant 
à  travers  l'électro-aimant,  et  la  marche  de  l'horloge  se  continue  comme  à 
l'ordinaire. 

»  Pour  obtenir  le  temps  moyen  d'après  les  indications  d'une  horloge 


(^97) 
ainsi  réglée,  il  suffit  de  se  reporter  aux  Tables  astronomiques  ou  d'adapter  à 
cette  horloge  un  second  cadran,  qui  opérerait  lui-même  la  transformation 
du  temps  vrai  en  temps  moyen.  « 

M.  Labourdette  annonce  être  parvenu  à  rendre  médicamenteux  le  lait 
destiné  à  V alimentation  d'enfants  malades  sans  nuire  à  la  santé  des  ani- 
maux qui  fournissent  ce  lait.  On  sait  que  dans  certains  cas  où  il  eût  semblé 
utile  de  pouvoir  administrer  l'iodure  de  potassium  à  des  enfants  à  la  ma- 
melle, on  a  imaginé  de  faire  absorber  le  sel  par  les  nourrices,  dont  le  lait 
devient  ainsi  médicamenteux;  l'expérience  a  montré  qu'on  n'obtient  qu'un 
succès  passager.  En  effet,  un  mois  environ  après  que  la  femme  acommencé  à 
être  soumise  à  ce  régime,  son  lait  diminue,  au  point  de  rendre  impossible 
la  continuation  de  ce  traitement  indirect  du  nourrisson,  traitement  qui, 
cependant,  ne  peut  être  efficace  que  s'il  est  longtemps  suivi. 

L'iodure  de  potassium  donné  dans  les  mêmes  vues  à  des  vaches,  des  chè- 
vres, des  ânesses,  à  la  dose  de  3  à  6  grammes  par  jour,  suivant  la  taille  des 
animaux,  produit  des  effets  tout  semblables  à  ceux  qui  viennent  d'être  si- 
gnalés pour  la  femme  :  après  deux  ou  trois  mois  de  son  administration 
il  survient  de  l'amaigrissement,  de  l'inappétence,  et  enfin  une  véritable 
gastro-entérite  qui,  si  la  quantité  de  ce  sel  est  portée  de  6  à  io  grammes  par 
jour,  se  termine  par  la  mort  des  animaux. 

C'est  à  prévenir  cette  intoxication  que  M.  Labourdette  s'est  attaché,  et  il 
annonce  y  être  parvenu  à  la  suite  de  recherches  entreprises  de  concert  avec 
M.  Duménil.  Il  désigne  sous  le  nom  à' entraînement  médical  ce  régime  pré- 
paratoire, qui  exige  certaines  précautions  qu'il  n'indique  point,  et  l'emploi 
de  diverses  substances  qu'il  ne  spécifie  pas,  se  contentant  de  dire  que  les 
unes  appartiennent  au  règne  végétal  et  les  autres  au  règne  animal. 

11  ne  pourra  être  donné  suite  à  cette  communication  que  quand  l'au- 
teur aura  jugé  convenable  de  faire  connaître  sa  méthode. 

M.  G  and  adresse  une  Lettre  relative  à  ses  précédentes  communications 
sur  des  expériences  faites  avec  le  pendule  irrigateur. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée.) 

M.  Marques  envoie,  en  date  du  27  et  du  29  mars,  deux  suppléments  à 
sa  précédente  communication  sur  un  moyen  de  diriger  les  aérostats  par  une 
action  de  recul. 

M.  Brachet  continue  ses  communications  relatives  à  l'aérostatique. 


(593) 

M.  Decken  envoie  une  Note  intitulée  :  «  Étude  du  fluide  magnétique,  de 
ses  attributs  et  de  ses  fonctions  dans  la  nature. 

Cette  communication  ne  paraît  pas  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un 
Rapport. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  F. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  1 7  mars  1 856,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Cours  d'Hygiène;  par  M.  le  Dr  A.  Tessereau.  Paris,  i855;  1  vol.  in-12. 
(Adressé  pour  le  concours  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie.) 

Recherches  expérimentales  sur  l'absorption  et  l'exhalation  par  le  tégument 
externe,  sur  la  température  animale,  la  circulation  et  la  respiration,  ou  essai  sur 
l'action  physiologique  des  bains  d'eau  ;  par  M .  le  Dr  F.  Duriau.  Paris,  1 856  ;  br . 
in-8°.  (Adressé  pour  le  concours  Montyon,  prix  de  Médecine  et  Chirurgie, 
et  prix  de  Physiologie  expérimentale.) 

De  l'abstinence  dans  les  maladies;  par  le  même.  Paris,  i856;  br.  in-8°. 
Expériences  sur  la  végétation  des  plantes  épiphyles ,  et  conséquences  qui  en 
découlent  relativement  à  la  culture  de  ces  plantes;  par  M.  P.  Dughartre; 
1  feuille  in-8°. 

Des  accidents  sur  les  chemins  de  fer  et  les  moyens  de  les  prévenir.  Ve  Partie  : 
Description  d'un  appareil  auto-télégraphique  et  d'un  appareil  distanceur;  par 
M.  A.  Paquerée.  Bordeaux,  i856;  br.  in-4°. 

Sur  le  télégraphe  des  trains  de  M.  Bonelli,  et  le  parti  qu'on  pourrait  en  tirer 
comme  moyen  de  sûreté  dans  l'exploitation  des  chemins  de  fer;  par  M.  C. 
Couche.  Paris,  1 856  ;  br.  in-8°. 

Annexe  au  Mémoire  adressé  à  l'Académie  des  Sciences  et  soumis  à  l'examen 
de  la  Commission  des  prix  Bréant,  sous  le  titre  de  Prophylaxie  et  curation  du 
choléra  par  le  mouvement;  par  M.  N.  Dally.  Paris,  i855;  br.  in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  de  Physique  et  d'Histoire  naturelle  de  Genève  ;  t.  XIV, 
ire  Partie.  Genève,  i855  ;  in-4°. 

Atti...  Actes  de  l'Académie  desSciences  et  Lettres  dePalerme.  Nouvelle  série, 
vol.  II.  Palerme,  i853;  in-4°-  (3  exemplaires.) 

Elogio...  Éloge  de  Pietro  Calcara;par  M.  Frédéric  Lancia;  br.  in-4°. 
(4  exemplaires.) 


(  599  ) 

Reddiconto...  Compte  rendu  statistique  des  Ecoles  communales  d'enseigne- 
menlmuluel  à  Palerme,  pour  l'année  i854;  par  M.  F.  Lancia.  Palerme,  i855  ; 
br.  in-8°.  (9  exemplaires.) 

Esposizione...  Exposition  statistique  et  administrative  du  mont-de-piéte  de 
Santa-Venera;  par  le  même.  Palerme,  i854  ;  br.  in-8°.  (8  exemplaires.) 

Royal  astronomical...  Société  royale  astronomique  de  Londres;  vol.  XVI; 
n"  3  et  4  ;  in-8°. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  il\  mars  i856,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Traité  théorique  et  pratique  sur  l'épuisement  pur  et  simple  de  l'économie 
humaine  et  sur  les  maladies  chroniques  les  plus  répandues  qui  ont  cette  origine; 
parM.  le  D'Sallenave.  Bordeaux,  i855  ;  in-8°. 

Des  tumeurs  fibreuses  du  maxillaire  inférieur;  par  M.  L.-J.  Bauchet.  Paris, 
1 854  5  br.  in-8°.  (Adressépour  le  concours  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie.) 

De  la  glycogénie  hépatique;  par  M.  J.-L.  Brachet.  Lyon,  i856;  br.  in-8°. 

Note  sur  i éclipse  de  soleil  observée  à  Tai-o-Hae,  île  de  Nouka-Hiva,  archipel 
des  Marquises ,  le  3o  novembre  1 853;  par  M.  Edelestan  Jardin;  br.  in-8°. 

Notcsurles  tremblements  de  terre  ressentis  en  i854,  avec  suppléments  pour  les 
années  antérieures  ;  par M.  Alexis  Perrey;  br.  in-8°. 

Trattato...  Traité  analytique  sur  la  doctrine  du  calendrier;  par  M.  T. 
Mandoj.  Naples,  1841  ;  in-8°. 

Sul  calendario...  Sur  le  calendrier  hébraïque;  par  le  même;  br.  in-8°. 

(Ces  deux  ouvrages  ont  été  renvoyés  à  l'examen  de  M.  Chasles  pour  en 
faire  l'objet  d'un  Rapport  verbal.) 

Sperienze...  Expériences  électrodynamiques;  Mémoire  de  M.  A.  Pal&gi. 
Rome,  i855;  1  feuille  in-8°. 

The  transactions...  Transactions  de  i  Académie  royale  d Irlande  ;  vol.  XXII, 
partiesletll.  Dublin,  i855;  a  vol.  in-4°. 

Report...  Rapport  sur  le  relevé  hydrographique  des  cotes  des  Etats-Unis; 
br.  in-8°. 

Microscopical...  Examen  microscopique  des  fonds  rapportés  par  la  sonde 
dans  le  levé  des  côtes  des  États-Unis  (océan  Atlantique);  par  M.  J.-W.  Bailey; 
br.  in-4°. 

Ces  deux  opuscules  sont  adressés  par  M.  le  Ministre  de  la  Marine  avec 
une  collection  des  échantillons  de  fonds  obtenus  clans  les  sondages  prati- 
qués le  long  des  côtes  des  Etats-Unis. 


(  6oo  ) 

Neues. . .  Nouveau  Magasin  de  la  Lusace ,  publié  par  la  Société  scientifique  de 
la  Haute-Lusace ;  XXXIIe  vol.,  parties  I  à  IV. 

Monatsbericht...  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Sciences  de  Prusse; 
janvier  i856;  in-8°. 

Nachrichten. . .  Nouvelles  de  l'Université  et  de  l'Académie  royale  des  Sciences 
de  Gôttingue ;  n°  3  ;  17  mars  1 856  ;   in-8°. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  3 1  mars  i856,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Institut  impérial  de  France.  Recueil  des  discours,  rapports  et  pièces  diverses  lus 
dam  les  séances  publiques  et  particulières  de  l  Académie  française ,  i85o-i85çj; 
première  partie  :  i85o-i854.  Paris,  i856;  1  vol.  in-4°. 

Des  anévrismes  et  de  leur  traitement;  par  M.  Paul  Broca.  Paris,  i856; 
j  vol.  in-8°.  (Adressé  pour  le  concours  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie.  ) 

Traité  d' hygiène  navale,  ou  de  l'influence  des  conditions  physiques  et  morales 
dans  lesquelles  l'homme  de  mer  est  appelé  à  vivre,  et  des  moyens  de  conserver 
sa  santé;  par  M.  le  Dr  J.-B.  FoNSSAGMVES.  Paris,  i856;  1  vol.  in-8°. 
(  Adressé  pour  le  même  concours.) 

Recherches  statistiques  sur  les  causes  et  les  effets  de  la  cécité;  par  M.  G. 
Dumont.  Paris,  i856;  in-8°.  (Adressé  pour  le  même  concours.) 

Gangrène  traumatique.  Mémoire  et  observations  cliniques  sur  une  de  ses  causes 
les  plus  fréquentes  dans  les  animaux  domestiques;  par  M.  Renault.  Paris, 
18ZJ0;  in-8°. 

Typhus  contagieux  du  gros  bétail;  par  le  même.  Paris,  i856;  br.   in-8°. 

(Ces  deux  ouvrages  sont  adressés  pour  le  même  concours.) 

Mémoire  sur  la  mort  par  suffocation;  par  M.  le  Dr  Ambkoise  Tardieu.  Paris, 
1 855 ;  br.  in-8°.  (Adressé pour  le  même  concours.) 

Des  moyens  d'extraire  de  la  vessie  les  corps  étrangers  autres  que  les  pierres  et 
leurs  débris;  par  M.  le  Dr  Leroy  (d'Étiolles);  br.  in-8°.  (Adressé  pour  le 
même  concours.) 

Des  kystes  spermatiques,  ou  de  l'hydrocèle  enkystée  spermatique ;  thèse  pour  le 
doctorat  en  médecine;  par  M.  L.-V.  Marge.  Paris,  i855;  br.  in-4°. 

Recherches  sur  les  rapports  numériques  qui  existent  chez  l'adulte,  à  l'état  nor- 
mal et  à  l'état  pathologique ,  entre  le  pouls  et  la  respiration;  par  le  même;  br. 
jn-8°.  (Ces  deux  ouvrages  sont  adressés  pour  le  même  concours.) 

Recherches  sur  le  sperme  des  vieillards  ;  par  M.  le  Dr  A.  Duplay;  br-  in-8°. 

Recherches  sur  les  changements  et  les  altérations  que  présente  chez  les  vieillards 


(  6oi  ) 
l'appareil  sécréteur  et  excréteur  du  sperme;  parM.  A  Duplay;  br. in-8°. (Ces deux 
brochures  sont  adressées  pour  le  concours  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie.) 

Mémoire  sur  l'origine  du  sucre  contenu  dans  le  foie,  et  sur  l'existence  normale 
du  sucre  dans  le  sang  de  l'homme  et  des  animaux  ;  par  M.  Louis  Figuier  ;  br. 
in-8°.  (Adressé  pour  le  même  concours.) 

Exposition  et  histoire  des  principales  découvertes  scientifiques  modernes;  par 
le  même.  Paris,  1 855  ;  3vol.in-ia. 

L'^4lchimie  et  les  alchimistes.  Essai  historique  et  critique  sur  la  philosophie 
hermétique; parle  même;  2e édition;  1  vol.  in- 12. 

Etude  clinique  de  l'emploi  et  des  effets  du  bain  d'air  comprimé  dans  le  traite- 
ment des  diverses  maladies^  selon  les  procédés  médico-pneumatiques  ou  d'atmo- 
sphénede  M.  Emile  Tabarié  ;  par  M .  E.  BERT1N.  Paris,  1 855  ;  in-8°.  (Adressé 
pour  le  même  concours.) 

Parallèle  entre  les  dépôts  siluriens  de  Bohême  et  de  Scandinavie  ;  par  M.  Joa- 
CHIM  DURRANDE.  Prague,  i856;  br.  in-4°- 

Nouvelle  culture  de  la  vic/ne  en  plein  champ  sans  échalas  ni  attaches;  par 
M.  Éloi  Trouillet.  Paris  i856;  br.  in-12. 

Etudes  sur  le  lactate  de  zinc  dans  iépilepsie;  par  M.  le  Dr  Herpin  (de  Ge- 
nève). Paris,  i856;br.  in-8°. 

Nouveaux  instruments  aratoires  inventés  et  décrits  par  M.   MOYSEN.  Paris 
i854  ;  br.  in-8°.  (Adressé  pour  le  concours  du  prix  de  Mécanique.  ) 

Memorie...  Mémoires  anatomiques  ;  par  M.  le  Dr  A.  Verga.  Milan,  i856; 
in-4°. 

Philosophical . . .  Transactions  philosophiques  de  la  Société  Royale  de  Londres, 
pour  l'année  i855;  vol.  CXLV,  IIe  partie.  Londres,  1 855  ;  in-40. 

Proceedings...  Procès-verbaux  de  la  Société  Royale  de  Londres;  vol.  VII, 
n°'  16  et  17;  vol.  VIII,  n°  18;  in-8°. 

Description...  Description  d'instruments  de  navigation  et  d'astronomie, 
nouveaux  ou  perfectionnés,  présentés  à  l Exposition  universelle  de  Paris;  par 
M.  Piazzi  Smyth,  astronome  royal  d'Ecosse.  Edimbourg,  i855;  br.  in-8°. 

The  quarterly...  Journal  trimestriel  de  ta  Société  géologique  de  Londres; 
vol.  XII,  partie  I  ;  n°  45;  in-8°. 

An  inquiry...  Recherches  sur  la  nature  de  l'affection  connue  aux  États-Unis 
sous  le  nom  de  scorbut  des  nourrices ,  ou  anémie  puerpérale;  parM.  L.  KnapP; 
br.  in-8°.  (Adressé  comme  pièce  à  consulter  pour  un  précédent  travail  de 
l'auteur  sur  le  choléra,  et  renvoyé  à  la  Commission  Bréant.) 

Die  Befruchtung. . .  Fécondation  des  phanérogames;  parM.  L.  Badlkofer. 
Leipsig,  i856;  br.  in-4°. 

C  R.,  i856,   î"  Semestre.  (T.  XLH, N°  15.  )  80 


(    6o2    ) 

PUBLICATIONS     PÉRIODIQUES     REÇUES     PAR     l'aCADEMIE     PENDANT 
LE    MOIS    DE    MARS    1856- 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique;  par  MM.  CHEVREUL,  Dumas,  Pelouze, 
Boussingault,  Regnault,  DE  Senarmont  ;  avec  une  Revue  des  travaux  de 
Chimie  et  de  Physique  publiés  à  l'étranger,  par  MM.  Wurtz  et  Verdet  ; 
3e  série,  t.  XLVI  ;  février  et  mars  i856;  in-8°. 

Jnnales  de  l Agriculture  française,  ou  Recueil  encyclopédique  d  Agriculture  ; 
t.  VII,  n°44et  5;  in-8°. 

Annales  de  la  Propagation  de  la  Foi;  t.  XXVIII,  IIe  partie  ;  in-8°. 

Annales  des  Sciences  naturelles ,  comprenant  la  Zoologie,  la  Botanique,  l'Ana- 
lomie  et  la  Physiologie  comparée  des  deux  règnes  et  l'histoire  des  corps  organisés 
fossiles;  4e  série,  rédigée,  pour  la  Zoologie,  par  M.  MlLNE  Edwards  ;  pour 
la  Botanique,  par  MM.  Ad.  Brongniart  et  J.  DECAISSE;  tome  IV;  n°  3; 
in-8°. 

Annales  forestières  et  métallurgiques  ;  février  1 856  ;  in-8°. 

Annuaire  de  la  Société  météorologique  de  France;  t.  III  ;  IIe  partie.  Bulletin 
des  séances,  feuilles  24-26;  in-8°. 

Bibliothèque  universelle  de  Genève;  février  i856;  in-8°. 

Boletin...  Bulletin  de  [Institut  médical  de  Valence;  janvier  et  février  1 856; 
111-80. 

Bulletin  de  i Académie  royale  des  Sciences ,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de 
Belgique;  tome  XXIII,  n°  2  ;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  de  l'Industrie  minérale;  t.  Ier,  2e  livraison,  in-8°; 
avec  atlas  in-folio. 

Bulletin  de  la  Société  d'Encouragement  pour  l'Industrie  nationale;  février 
i856;  in -4°. 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie;  mars  i856;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France;  t.  XII,  feuilles  52-6o;  in-8ï. 

Bulletin  mensuel  de  la  Société  impériale  zoologigue  d'acclimatation;  t.  Ier, 
année  i854;  t.  II,  année  1 855  ;  janvier  et  février  1 856  ;  in-8°. 

Journal  d'Agriculture  pratique  ;  t.  V,  noa  5  et  6;  in-8°. 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie ,  de  Toxicologie;  mars  i856; 
in-8°. 


(  6o3  ) 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées,  ou  Recueil  mensuel  de  Mémoires 
sur  les  diverses  parties  des  Mathématiques;  publié  par  M.  Joseph  Liou  ville  ; 
décembre  ( 855,  et  janvier  1 856;  in-4°. 

Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'Horticulture  ;  février  i856; 
in-8°. 

Journal  de  Pharmacie  et  de]Chimie  ;  mars  i856;  in-8°. 

Journal Aes  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  nos  16-18;  in-8°. 

La  Revue  thérapeutique  du  Midi,  Gazette  médicale  de  Montpellier  ;  nos  4-6; 
in-8?. 

Le  Technotogiste ;  mars   i856;  in-8°. 

Magasin  pittoresque  ;  mars   1 856;  in-8°. 

Nouveau  Journal  des  Connaissances  utiles;  n°  11;  in-8°. 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques,  journal  des  Candidats  aux  Ecoles  Po- 
lytechnique et  Normale  ;  mars  i856  ;  in-8°. 
Répertoire  de  Pharmacie  ;  mars  i856;  in-8°. 

Revue  des  spécialités  et  des  innovations  médicales  et  chirurgicales  ;  2  e  série; 
mars  1 856  ;  in- 8°. 

Société  impériale  et  centrale  d  Agriculture.  Bulletin  des  séances,  compte  rendu 
mensuel,  rédigé  par  M.  Payen,  secrétaire  perpétuel;  2  e  série  ;  tome  XI  ;  n°  3  ; 
in-8°. 

La  Presse  Littéraire.  Echo  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  nos  7-9; 


in-8° 


L'Agriculteur  praticien;  n°  1 1  ;  in-8°. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale  ;  n°  6;  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  impériale  de  Médecine;  t.  XXI,  n03  10-12;  in-8°. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences;  ie'  se- 
mestre i856;  nos  9-1 1. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et 
de  leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie;  t.  VIII  ;  9e- 1 2e  livraisons. 

Gazette  des  Hôpitaux  civils  et  militaires  ;  nQS  26-38. 

Gazette  hebdomadaire  de  Médecine  et  de  Chirurgie  ;  nos  io-i3. 

Gazette  médicale  de  Paris;  nos  9-1 3. 

L'Abeille  médicale;  nos  7-9. 


(  6o4  ) 

La  Lumière.  Revue  de  la  Photographie  ;  n0"  g-i  3 

L Ami  des  Sciences;  n°*  9-1 3. 

La  Science;  n°*  1-9. 

La  Science  pour  tous  ;  nos  i3-i6. 

L'Athenœum  français.  Revue  universelle  de  la  Littérature,  de  la  Science  et 
des  Reaux-Arts;  n°»9-i3;  accompagné  du  Rulletin  archéologique  du  mois 
de  février  1 856. 

Le  Moniteur  des  Hôpitaux;  nosa6-38. 
Le  Progrès  manufacturier;  nos  42-46. 
Réforme  agricole,  scientifique,  industrielle;  n°  87. 
Revue  des  Cours  publics;  n°*  9-1 3. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  7  AVRIL  1856. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  BINET. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  transmet  une  ampliation  d'un 
décret  impérial,  en  date  du  5  avril,  qui  confirme  la  nomination  de  M.  Jo- 
bert,  de  Lamballe,  à  la  place  vacante  dans  la  Section  de  Médecine  et  de 
Chirurgie,  par  suite  du  décès  de  M.  Magendie. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Jobert,  de  Lamballe,  vient  prendre 
place  parmi  ses  confrères. 

M.  Biot  annonce  à  l'Académie  la  réimpression  du  Commercium  et  de 
ses  annexes,  qui  va  prochainement  paraître  publié  par  lui  en  commun  avec 
M.  Lefort,  ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées;  et  il  donne  lecture 
d'une  Note  où  il  expose  l'intérêt  particulier  qui  s'attache  aujourd'hui  à  cet 
ouvrage. 

astronomie.  —  M.  Le  Verrier  présente  à  l'Académie  le  tome  premier 
d'une  nouvelle  publication  ayant  pour  titre  :  annales  de  l'Observatoire 
impérial  de  Paris. 

«  Aux  termes  du  décret  impérial,  en  date  du  3o  janvier  1 854?  et  por- 
tant réorganisation  de  l'Observatoire  de  Paris,  le  Directeur  doit  : 

«  Préparer  et  soumettre  à  l'approbation  du  Ministre  le  plan  qu'il  se  pro- 
»  pose  de  suivre  dans  la  direction  des  Observations  ; 

C.  R.,  i856,  i"  Semestre.  (T.  XIII ,  N°  14.)  8f 


i  606  ) 

»  Signaler  les  améliorations  dont  l'établissement  est  susceptible  ; 

»  Publier  chaque  année  les  Observations  faites  dans  l'année  précédente, 
»  ainsi  que  la  réduction  de  ces  Observations  et  leur  comparaison  avec  la 
»  Théorie  ; 

»  Pourvoir  à  l'instruction  des  Fonctionnaires.  » 

»  Pour  me  conformer  aux  deux  premières  prescriptions,  dit  M.  Le 
Verrier,  j'ai,  en  décembre  i854,  adressé  au  Ministre  de  l'Instruction  pu- 
blique un  Mémoire  intitulé:  Rapport  sur  l'Observatoire  impérial  de  Paris, 
et  Projet  d  Organisation,  Rapport  qu'on  trouvera  plus  loin  et  qui  sert  de 
préambule  au  présent  Recueil.  Les  propositions  qui  y  sont  contenues  ont 
été  approuvées  par  le  Gouvernement,  et  elles  seront  mises  à  exécution  à 
mesure  que  les  ressources  de  l'établissement  le  permettront. 

»  La  fondation  des  Jnnales  de  l'Observatoire  impérial  de  Paris  est  des- 
tinée à  pourvoir  d'une  manière  convenable  à  la  publication  des  Observa- 
tions de  toute  nature,  et  à  celle  des  Travaux  de  calcul  qui  sont  indispen- 
sables pour  faire  acquérir  aux  résultats  une  valeur  scientifique  réelle.  La 
discussion  des  Observations  et  leur  comparaison  avec  la  Théorie  ne  peuvent 
être  correctes  et  fructueuses  qu'autant  que  l'on  part  de  données  certaines 
et  qu'on  dispose  de  Tables  dont  la  préparation  est  longue  et  pénible. 

»  Entre  la  simple  observation  du  passage  d'un  astre  par  le  méridien  et  la 
dernière  opération  théorique  par  laquelle  on  en  conclut  soit  la  vérification 
des  éléments  de  l'orbite  que  l'astre  décrit  autour  du  Soleil ,  soit  les  données 
relatives  aux  actions  secondaires,  la  distance  à  parcourir  est  très-grande. 
Nous  pouvons  la  diviser  en  trois  sections  distinctes.  Dans  la  première,  on 
calcule  les  ascensions  droites  et  les  déclinaisons  d'un  astre  en  s'appuyant 
uniquement  sur  les  données  de  la  théorie.  Dans  la  deuxième,  on  réduit 
l'ensemble  des  observations  pour  en  tirer  les  ascensions  droites  et  les  décli- 
naisons. Dans  la  troisième,  enfin,  on  cherche  les  corrections  qu'il  est  néces- 
saire d'apporter  à  la  théorie  pour  en  faire  concorder  les  positions  qu'elle 
assigne  aux  astres,  avec  celles  qui  résultent  des  observations.  Mais  chacune 
de  ces  parties  du  travail  est  elle-même  fort  complexe.  Bornons-nous  à  le 
faire  comprendre  par  un  seul  exemple  ;  et,  laissant  de  côté  tout  ce  qui  con- 
cerne les  étoiles,  la  détermination  des  constantes  de  la  précession,  de  la  nu- 
tation  et  de  l'aberration  ,  la  théorie  sans  fin  de  la  Lune,  et,  en  général,  les 
satellites,  considérons  le  travail  exigé  par  la  théorie  des  mouvements  d'une 
seule  planète,  la  Terre,  pour  fixer  les  idées. 

»  La  connaissance  du  mouvement  de  la  Terre  autour  du  Soleil  exige  qu'on 
détermine  la  situation  du  plan  dans  lequel  elle  se  meut  ;  la  forme  et  la  po- 


(  &>7  ) 
sition  de  l'ellipse  qu'elle  parcourt  dans  ce  plan;  enfin  le  lieu  de  la  Terre  à 
une  époque  connue  et  la  durée  de  sa  révolution  autour  du  Soleil.  Les  don- 
nées nécessaires  à  cet  objet  sont  ce  qu'on  nomme  les  éléments  de  l'orbite 
terrestre. 

»  Ces  éléments  resteraient  invariables  si  la  Terre  se  trouvait  seule  en 
présence  du  Soleil;  la  détermination  du  mouvement  héliocentrique  de 
notre  planète  serait  alors  assez  simple.  Mais  les  perturbations  produites 
par  les  actions  ,des  autres  planètes  changent  le  problème  et  le  com- 
pliquent beaucoup.  Le  développement  analytique  des  perturbations  est 
extrêmement  laborieux  :  dans  un  travail  où  nous  l'avons  poussé  jusqu'au 
septième  ordre,  il  ne  s'est  pas  rencontré  moins  de  469  termes  distincts  par 
leur  forme  ou  par  celle  des  coefficients  dont  ils  dépendent  ;  coefficients  qui 
contiennent  d'ailleurs  une  même  variable  à  laquelle  on  doit  attribuer  un 
certain  nombre  de  valeurs  entières,  ce  qui  multiplie  le  nombre  des  termes. 
Enfin  nous  avons  montré  qu'il  est  quelquefois  nécessaire  d'aller  jusqu'au 
onzième  ordre,  et  au  delà.  Ce  travail  analytique  une  fois  exécuté,  il  reste  à 
en  faire  l'application  aux  données  particulières  à  la  Terre,  et  conformément 
aux  valeurs  admises  pour  les  masses  des  planètes  perturbatrices.  Or  cette 
application  numérique  est  elle-même  très-longue  et  délicate.  Les  perturba- 
tions étant  représentées  analytiquement  par  des  séries  multiples,  il  faut 
choisir  avec  soin  ceux  des  termes  qui  peuvent  être  sensibles,  et  éliminer  du 
calcul,  par  un  examen  attentif,  ceux  qui  doivent  être  négligeables,  de  ma- 
nière à  éviter  d'omettre  aucun  terme  important,  sans  cependant  tomber 
dans  des  opérations  numériques  interminables.  On  parvient  ainsi  à  des  for- 
mules numériques  dans  lesquelles  le  temps  reste  seul  indéterminé,  et  qui 
permettront,  en  attribuant  à  cette  variable  des  valeurs  convenables,  de  cal- 
culer à  toute  époque  les  changements  que  les  perturbations  font  subir  aux 
coordonnées  héliocentriques  de  la  Terre. 

»  Les  formules  des  perturbations  étant  ainsi  obtenues,  leur  complication 
est  encore  trop  grande,  à  cause  des  termes  nombreux  qu'elles  renferment, 
pour  qu'il  soit  possible  de  les  appliquer  directement  au  calcul  de  toutes  les 
positions  qu'on  peut  avoir  à  considérer.  On  construit  donc  des  Tables  au 
moyen  desquelles  on  abrège  le  calcul  nécessaire  pour  trouver  la  position 
héliocentrique  de  la  planète,  et  qui,  donnant  le  même  résultat  qu'on  obtien- 
drait au  moyen  des  formules,  sont  d'un  usage  plus  rapide.  La  formation  des 
Tables  demande,  à  son  tour,  de  longs  calculs;  mais,  tandis  que  la  détermi- 
nation des  formules  des  perturbations  ne  peut  être  confiée  qu'à  un  habile 

81.. 


(  608  ) 

astronome,  la  construction  des  Tables  peut,  dans  de  certaines  limites,  être 
abandonnée  à  de  simples  calculateurs. 

»  Comme  les  astronomes  répètent  leurs  observations  autant  de  fois  qu'ils 
le  peuvent,  pour  arriver  à  une  compensation  des  erreurs  inhérentes  à  toute 
mesure  individuelle,  on  calcule,  à  l'avance,  des  éphémérides  des  positions 
des  astres  pour  tous  les  jours  de  l'année.  Les  Tables  dont  nous  venons  de 
parler  font  connaître  les  positions  des  planètes  telles  qu'elles  seraient  vues 
du  centre  du  Soleil.  Mais  l'observateur  est  situé  sur  la  Terre  :  il  est  donc  en- 
core nécessaire  de  passer  des  positions  héliocentriques  obtenues  par  la 
théorie,  aux  positions  géocentriques  correspondantes,  c'est-à-dire  à  celles 
qui  pourront  être  directement  comparées  aux  observations.  Cette  dernière 
opération  nécessite  la  résolution  trigonométrique  d'un  triangle  rectiligne 
pour  chaque  position  que  l'on  considère. 

»  Ainsi  donc  la  détermination  des  ascensions  droites  et  des  déclinaisons 
des  planètes,  par  la  théorie,  nécessite  quatre  opérations  :  i°  le  développe- 
ment analytique  des  formules  conformément  au  principe  de  la  gravitation 
universelle  ;  2°  l'application  de  ces  formules  aux  données  relatives  à  chacune 
des  planètes;  3°  la  formation  des  Tables  des  mouvements  héliocentriques; 
4°  la  construction  des  éphémérides  des  positions  héliocentriques  et  géocen- 
triques. 

»  Le  calcul  des  ascensions  droites  des  astres  et  de  leurs  déclinaisons,  au 
moyen  des  observations  effectuées  dans  le  méridien,  conformément  aux 
principes  exposés  ci-dessus,  réclame  de  son  côté  les  opérations  suivantes  : 

»  Considérant  d'abord  les  observations  faites  au  cercle  mural,  on  déter- 
mine, au  moyen  des  étoiles  circumpolaires,  la  situation  du  pôle  sur  l'instru- 
ment, ce  qui  permet  d'évaluer  les  déclinaisons  des  étoiles  et  celle  du  Soleil. 
Au  moyen  de  ces  dernières,  et  du  passage  du  Soleil  et  des  étoiles  par  le  mé- 
ridien, on  conclut  les  ascensions  droites  des  étoiles  qui,  jointes  à  leurs  décli- 
naisons, constituent  les  catalogues.  On  part  ensuite  des  positions  connues 
des  étoiles  pour  en  déduire,  par  comparaison,  les  ascensions  droites  et  les 
déclinaisons  du  Soleil,  de  la  Lune  et  des  planètes. 

»  Reste  enfin  à  tirer  des  conclusions,  au  moyen  de  la  comparaison  des 
positions  théoriques  avec  les  positions  observées.  La  formation  des  équa- 
tions de  condition  nécessaires  pour  cet  objet  est  un  travail  matériel  qui 
n'offre  d'autre  difficulté  que  la  longueur  des  calculs  quand  le  nombre  des 
observations  à  comparer  est  considérable.  La  discussion  des  équations  est 
au  contraire  très-délicate  :  elle  réclame  toute  la  sagacité  de  l'astronome; 


(  6o9) 
elle  exige  aussi  que,'  sans  accorder  une  confiance  aveugle  aux  méthodes  gé- 
nérales de  résolution^  il  se  fraye,  suivant  les  circonstances,  une  route  nou- 
velle et  propre  à  le  conduire  à  la  connaissance  des  vérités  qu'une  grande 
habitude  de  la  discussion  scientifique  peut  seule  lui  faire  entrevoir. 

»  La  question  de  la  réduction  des  observations  étant  ainsi  posée  d'une 
manière  sérieuse  et  scientifique,  voyons  ce  qui  a  été  fait  jusqu'ici  dans 
cette  voie. 

»  La  route  a  été  brillamment  ouverte,  il  y  a  vingt  ans,  par  l'astronome 
royal  actuel  d'Angleterre,  M.  Airy,  qui  a  eu  le  bonheur  de  rencontrer  dans 
la  rédaction  scientifique  du  Nautical  Almanac  un  puissant  auxiliaire.  Le 
Nautical  contenant  des  éphémérides  de  toutes  les  planètes,  calculées  jour 
par  jour,  et  avec  une  approximation  portée  jusqu'aux  centièmes  de  seconde 
de  temps,  ce  qui  est  indispensable  aux  besoins  de  l'astronomie,  M.  Airy 
s'est  dispensé  de  calculer  des  éphémérides,  et  il  a  procédé  immédiatement  à 
la  comparaison  de  ses  observations  aux  positions  fournies  par  le  Nautical 
Almanac.  Dix-sept  gros  volumes  in-folio,  comprenant  la  réduction  d'un 
nombre  immense  d'observations  et  leur  comparaison,  des  catalogues  d'é- 
toiles, des  Tables  de  réduction,  des  discussions  théoriques  et  pratiques  et 
des  descriptions  d'instruments,  ont  été  publiés  par  M.  Airy  depuis  1 836 
jusqu'en   i852,  année  dont  le  volume  vient  de  paraître. 

»  Outre  cet  immense  labeur,  M.  Airy  entreprit  de  réduire  les  observa- 
tions de  ses  prédécesseurs,  depuis  Bradley.  Toutes  les  observations  plané- 
taires depuis  1750  jusqu'en  i83o  ont  été  calculées  par  ses  soins  et  compa- 
rées directement  aux  Tables,  le  Nautical  publié  dans  cet  intervalle  étant 
insuffisant.  Le  résultat  de  ces  travaux  a  paru  dans  un  volume  in-folio  de  plus 
de  700  pages.  Les  observations  lunaires  ont  été  l'objet  d'une  entreprise 
encore  plus  vaste,  dont  les  conclusions  sont»comprises  dans  deux  volumes 
in-folio  contenant  ensemble  plus  de  i5oo  pages! 

»  Magnifique  ensemble  de  travaux,  que  tout  astronome  doit  avoir  sans 
cesse  devant  les  yeux  comme  un  admirable  modèle!  que  notre  pays  doit 
connaître,  afin  de  mieux  apprécier  les  conditions  auxquelles  il  pourra  à  son 
tour  entrer  honorablement  dans  la  carrière. 

»  Car,  nous  avons  le  regret  de  le  dire,  rien  n'a  encore  été  fait  en  France 
pour  la  réduction  des  observations.  On  les  a  jusqu'ici  publiées  à  l'état  brut 
et  sans  réduction  aucune,  laissant  même  à  d'autres  le  soin  d'en  déduire  les 
ascensions  droites  et  les  déclinaisons. 

»  Tout  est  donc  à  entreprendre  aujourd'hui,  et  dans  des  conditions  plus 


(6io  ) 
difficiles  que  celles  où  se  trouvait  l'observatoire  de  Greenwich  en  1 836. 
Nous  ne  disposons  pas  comme  lui  d'éphémérides  construites  à  l'avance.  La 
Connaissance  des  Temps,  qui  devrait  les  contenir,  n'est  plus  depuis  long- 
temps un  ouvrage  scientifique.  Les  positions  des  planètes  n'y  sont  données 
qu'à  la  minute  de  temps,  fait  qui  étant  constaté  dispense  de  toute  autre 
discussion  à  ce  sujet.  Pour  exécuter  la  prescription  du  décret  qui  nous 
enjoint  avec  tant  de  raison  de  ne  publier  nos  observations  qu'en  y  joignant 
leur  comparaison  avec  la  théorie,  il  nous  faudra  donc,  indépendamment  de 
la  réduction  des  observations,  calculer  les  éphémérides  théoriques  qui  nous 
manquent. 

»  Ce  travail  préliminaire  est  en  cours  d'exécution,  et  ses  principaux  ré- 
sultats, destinés  à  servir  de  bases  à  nos  opérations  ultérieures,  paraîtront 
d'abord  dans  les  Annales.  Aussitôt  après,  nous  commencerons  la  publica- 
tion annuelle  et  régulière  des  Observations. 

»  Je  venais  de  réunir  et  de  coordonner  des  matériaux  assez  nombreux 
sur  les  Théories  du  Système  planétaire  lorsque  la  Direction  de  l'Observatoire 
me  fut  confiée.  Comme  je  m'étais  efforcé  de  donner  à  ma  rédaction  la  suite 
et  la  régularité  nécessaires  pour  en  relier  toutes  les  parties  entre  elles, 
elle  se  trouva  susceptible,  moyennant  quelques  additions,  de  concourir 
utilement  à  l'instruction  de  nos  Fonctionnaires.  Ces  additions  ont  été  faites, 
et  il  en  est  résulté  un  travail  comprenant,  outre  des  Mémoires  sur  plusieurs 
points  de  la  science,  un  certain  nombre  de  Chapitres  didactiques,  destinés 
à  résumer  d'une  manière  concise  l'ensemble  des  Formules  et  des  Théories 
auxquelles  l'Astronome  a  fréquemment  recours.  Je  publierai  successivement 
dans  les  Annales,  et  sous  le  titre  commun  Recherches  astronomiques ,  les 
diverses  parties  de  ce  travail  ;  espérant  qu'il  pourra  être  de  quelque  utilité 
par  les  exposés  méthodiques  qu'il  présente,  par  les  discussions  et  les  re- 
cherches scientifiques  qu'il  contient. 

»  I^'ouvrage  est  imprimé  chez  M.  Mallet-Bachelier,  par  les  soins  du  très- 
habile  directeur  de  l'imprimerie,  M.  Bailleul.  C'est  dire  assez  que  rien  n'aura 
été  négligé  de  ce  qui  peut  contribuer  à  la  valeur  de  l'ouvrage  sous  le  rapport 
de  l'exactitude  et  de  la  pureté  typographique  (i).  » 


(  i  )  Par  Décret  impérial  du  i4  novembre  i855 ,  M.  Bailleul  a  été  nommé  Chevalier  de  la 
Légion  d'honneur,  pour  services  rendus  à  la  typographie. 


(6m  ) 

M.  Eue  de  Beaumont  communique  quelques  passages  d'une  Lettre 
qu'il  a  reçue  de  M.  de  Humboldt  en  date  du  l\  mars  i856. 

L'illustre  voyageur  se  plaît  à  donner  des  nouvelles  du  voyage  que  font 
actuellement  dans  l'Inde  MM.  Schlagintweit.  Il  annonce  que  l'un  d'eux 
est  encore  dans  l'Assam,  et  que  ses  deux  frères  sont  allés  par  Agra  aux 
mines  de  diamant.  Ils  retourneront  dans  l'Himalaya  dès  le  commencement 
de  l'été. 

«  M.  Auguste  de  la  Rive  présente  à  l'Académie  le  second  volume  de 
l'édition  anglaise  de  son  ouvrage  sur  l'électricité.  Il  entre  à  cette  occasion 
dans  quelques  détails  sur  la  manière  dont  il  a  traité  les  deux  parties  de  l'é- 
lectricité qui  font  l'objet  de  ce  volume,  savoir  :  les  effets  de  la  transmission 
de  l'électricité  dans  les  corps,  et  les  sources  de  l'électricité  {actions  phy- 
siques, mécaniques  et  chimiques)  Les  sources  naturelles  de  l'électricité  et 
les  phénomènes  naturels  auxquels  elles  sont  intimement  liées  doivent,  ainsi 
que  les  applications  de  l'électricité,  faire  l'objet  du  troisième  et  dernier 
volume. 

»   M.  de  la  Rive  donne  communication  à  l'Académie  de  deux  observa- 
tions nouvelles  favorables  à  la  manière  dont  il  considère  dans  son  traité  la 
propagation  de  l'électricité.  La  première  est  relative  à  une  désagrégation 
qu'on  observe  dans  un  conducteur  de  platine  qui  a  transmis  l'électricité 
plusieurs  mois  de  suite,  sans  qu'il  y  eût  cependant  étincelle  ni  arc  voltaïque  ; 
preuve  que  la  propagation  du  courant  électrique,  même  par  voie  de  con- 
ductibilité ordinaire,  se  fait  de  molécule  à  molécule,  sous  une  forme  ana- 
logue à  celle  d'un  arc  voltaïque,  sauf  que  la  décharge  a  lieu  à  des  dis- 
tances infiniment   petites,   an  lieu   de  s'opérer  à  des  distances  finies.   La 
seconde  observation  est  destinée  à  montrer  que  la  propagation  de  l'électri- 
cité dans  l'eau  pure  est   toujours    accompagnée,  même  lorsqu'elle  n'est 
qu'une  conséquence  de   la  décomposition  par  influence  de  l'électricité, 
d'une  décomposition  électrolytique,  et  que  par  conséquent  l'eau  n'est  pas 
susceptible  de  conduire  l'électricité,  même  dans  les  phénomènes  d'électri- 
cité statique,  à  la  façon  des  conducteurs  métalliques.  L'idée  de  l'expérience 
appartient  à  M.  Soret,  avec  qui  M.  de  la  Rive  l'a  réalisée;  elle  consiste  à 
prendre  de  l'eau  pure  pour  armures  intérieure  et  extérieure  d'une  bouteille 
de  Leyde  dont  la  couche  isolante  est  formée  par  un  bocal  de  verre  très- 
élevé,  verni  avec  soin  en  dedans  et  en  dehors,  afin  que  l'isolement  soit 
complet.  Une  lame  de  platine  qui  sert  à  conduire  dans  le  sol  l'électricité 


(612) 

positive  développée  par  influence  dans  l'eau  qui  sert  d'armure  extérieure, 
est  constamment  polarisée  positivement;  preuve  qu'elle  a  été  recouverte 
d'une  couche  d'hydrogène  provenant  de  la  décomposition  électrolytique 
de  l'eau  qui  a  accompagné  le  mouvement  de  l'électricité  dans  cette  eau. 
Le  phénomène  est  parfaitement  régulier  et  constant,  et  toutes  les  précau- 
tions ont  été  prises  pour  éviter  les  erreurs  qui  pourraient  provenir  soit  d'un 
défaut  d'isolement,  soit  d'un  défaut  de  propreté  dans  la  surface  des  lames 
de  platine  employées.  » 

physique  du  globe.  —  Inclinaison  de  l'aiguille  aimantée;  Lettre  de 
M.  Ant.  d'Abbadie  à  M.  Élie  de  Beaumont. 

«  Urrugne,  26  mars  1806. 

»  Par  mon  observation  d'hier,  j'ai  trouvé  63°  20', 06  pour  l'inclinaison 
de  l'aiguille  aimantée  dans  cette  partie  de  la  commune  d'Urrugne  où  la 
latitude  est  43°  21' 44"  et  la  longitude  i6m  i6s  à  l'ouest  de  Paris.  Comme  la 
recherche  préalable  du  méridien  magnétique  demande  de  longs  tâtonne- 
ments, et  que  ce  méridien  peut  varier  pendant  l'observation,  j'ai  préféré 
déterminer  l'inclinaison  dans  six  plans  également  espacés  en  azimut.  Au 
moyen  de  quarante-huit  lectures  symétriques  et  en  renversant  les  pôles  après 
les  vingt-quatre  premières,  on  obtient  l'inclinaison  par  la  formule  connue 
dont  le  calcul  n'est  guère  plus  long,  tandis  que  l'observation  est  plus  courte 
que  dans  la  méthode  ordinairement  usitée  en  France.  En  comparant  mon 
observation  d'hier  avec  celle  du  i3  avril  dernier  faite  avec  la  même  aiguille, 
on  obtient  3',  1  pour  la  diminution  de  l'inclinaison  magnétique  pendant  ces 
douze  mois.  Je  dis  la  même  aiguille,  car  une  autre  aiguille  observée  hier 
avec  le  même  soin  et  de  la  même  manière  m'a  donné,  deux  heures  plus  tôt 
seulement,  63° 4', 8  ou  près  de  16'  en  moins.  J'ai  remarqué  depuis  long- 
temps de  pareilles  différences,  et  dans  l'état  encore  imparfait  de  nos  théories 
magnétiques,  il  est  prématuré  de  voir  des  discordances  là  où  la  même  aiguille 
n'a  pas  toujours  été  employée.  » 

conchyliologie.    —    Observations  sur  le  Pecten  glaber; 
par  M.  d'IIombres  Fi  h  ma  s. 

«  Après  avoir  traité  de  coquilles  rares  et  curieuses,  il  paraîtra  certaine- 
ment étrange  que  je  parle  d'une  des  plus  communes  et  des  plus  générale- 
ment connues ,  le  peigne ,  appelée  coquille  de  Saint- Jacques,  parce  que  les 
pèlerins  en  ornaient  leur  chapeau  et  leur  camail. 


(6i3) 

»  Les  conchyliologistes  en  comptent  une  centaine  d'espèces  dans  les  mers 
d'Europe.  Il  ne  s'agit  dans  cette  Notice  que  d'une  seule,  le  Pecten  glaber, 
que  je  confondrai  ici,  comme  les  pêcheurs,  avec  le  Pecten  jacobœus  et  d'au- 
tres peignes  bruns,  vivant  en  grande  quantité  dans  les  étangs  auprès  de 
Cette.  C'est  la  conservation  de  ces  coquillages  et  la  localité  où  je  les  ai  ren- 
contrés qui  me  les  ont  fait  remarquer  :  ils  ne  sont  point  fossiles,  mais  leurs 
valves,  toutes  séparées,  sont  disséminées  dans  une  terre  labourable  au  quar- 
tier du  Colombier,  au  bord  du  chemin  de  fer  de  la  Grand'Combe,  à  a  ki- 
lomètres au  nord  d'Alais. 

»  Chacun  distinguera  toujours  le  Pecten  maximus ,  incomparablement 
plus  grand  et  dont  la  valve  supérieure  est  aplatie  :  mais  les  Pecten  glaber 
et  varius,  le  jacobœus  même,  peuvent  être  confondus .  Leur  grandeur,  varia- 
ble selon  leur  âge,  ne  dépasse  jamais  om,o8  en  longueur  comme  en  lar- 
geur, et  leur  plus  grande  hauteur  est  de  om,oi4-  Leur  couleur  ne  peut  pas 
être  considérée  comme  un  caractère  ;  les  Pecten  glaber,  qui  abondent  'dans 
nos  étangs,  sont  généralement  bruns;  ceux  qui  vivent  dans  la  mer  sont  d'un 
blanc  sale  ou  jaunâtre.  Le  Pecten  varius,  tout  aussi  commun  dans  les 
étangs,  est  également  brunâtre  ;  dans  la  mer  il  y  en  a  de  diverses  nuances  de 
jaune  et  de  rouge,  et  j'en  ai  vu  de  tachetés  et  de  rayés  irrégulièrement.  Le 
Pecten  varius  offre  intérieurement  une  teinte  violacée,  tandis  que  le  Pecten 
glaber  est  blanc  en  dedans,  ce  qui  prouve  que  c'est  ce  dernier  qui  se  trouve 
auprès  d'Alais.  Il  aurait  pu  se  décolorer  à  la  longue,  mais  il  n'aurait  pas 
alors  conservé  l'éclat  nacré  qui  le  distingue. 

»  Du  reste,  ce  n'est  ni  de  leur  description,  ni  de  leurs  rapports  que  j'ai  à 
m'occuper. 

»  Les  terres  des  environs  du  Colombier,  bonifiées  par  la  culture  et  les 
amendements,  font  partie  du  grand  bassin  lacustre  qui  traverse  le  départe- 
ment du  Gard  du  nord  au  sud,  et  s'étend  dans  la  Provence. 

»  Il  renferme  beaucoup  dé  coquilles  calcaires  ou  siliceuses,  mais  les 
Pecten  glaber  y  sont  arrivés  plus  récemment  ;  leur  transport  et  leur  présence 
sont  tout  à  fait  étrangers  à  la  formation  lacustre,  et  il  n'y  a  qu'une  manière 
de  les  expliquer:  c'est  d'admettre  que  d'anciens  habitants  de  la  colonie  Ni- 
moise  qui,  disent  les  vieux  géographes,  remontaient  les  rives  du  Gardon 
pour  chercher  la  fraîcheur,  faisaient  venir  pour  leur  table  ces  coquilles  dont 
ils  étaient  friands,  qu'ils  appelaient  des  pétoncles,  nom  donné  à  présent  à 
un  autre  genre. 

»  Il  n'y  a  point  de  bâtisse,  point  de  ruines  dans  le  champ  qui  contient  les 
peignes;  le  château  appelé  le  Colombier  en  est  assez  éloigné,  mais  il  est 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLI1,  N°  14.1  82 


(6i4) 
bien  plus  élevé,  et  l'on  peut  supposer  que  des  coquilles  amoncelées  à  côté 
aient  été  entraînées  à  la  suite  de  fortes  gelées,  des  ouragans  impétueux,  ou 
d'autres  causes  de  bouleversements  extraordinaires,  dont  je  pourrai  citer 
des  exemples,  plutôt  que  de  les  expliquer.  Chacun  conviendra  que  l'aspect 
du  terrain  peut  changer  en  une  douzaine  de  siècles ,  quand  les  hommes  de 
mon  âge  se  rappellent  avoir  vu  des  terres  complantées  d'arbres  sur  des  rocs 
aujourd'hui  nus,  des  ravins  assez  profonds  comblés  maintenant.  Les  peignes 
peuvent  donc  avoir  été  charriés  ;  ceux  qui  restèrent  à  la  surface  du  sol  dispa- 
rurent, ceux  qui  furent  enterrés  se  sont  conservés,  et  c'est  après  les  la- 
bours suivis  de  pluies  qu'on  en  voit  le  plus. 

»  Oh  en  a  trouvé  de  semblables  dans  la  campagne  d'Arles,  de  Narbonne, 
de  Nîmes,  etc.,  indubitablement  proche  des  anciennes  demeures  de  quel- 
ques colons  romains,  qui  savaient,  dit  Horace,  dans  quelles  mers  étaient 
les  meilleurs  coquillages,  et  s'en  procuraient  à  tout  prix. 

»  Ausone,  qui,  au  milieu  du  IVe  siècle,  enseignait  la  rhétorique  à  Bor- 
deaux, sa  ville  natale,  parle  de  ces  coquilles  de  mer  qu'on  trouvait  dans 
les  terres  des  environs  ;  nous  expliquerons  leur  présence  de  la  même  ma- 
nière, quoique  d'autres  pensent  qu'il  a  voulu  parler  des  coquilles  fossiles, 
si  abondantes  dans  ce  pays. 

»  Les  tests  de  Pecten  glaber  devraient  alors,  m'objectera-t-on,  être  très- 
communs  auprès  des  villes  anciennes,  tandis  qu'il  n'y  en  a  point.  N'ou- 
blions pas  que  des  constructions  nombreuses,  presque  continuelles,  exhaus- 
sent le  terrain  et  font  disparaître  les  débris  de  sa  surface  ;  à  Arles,  on  fait 
visiter  aux  voyageurs  curieux  une  vaste  construction  romaine,  composée  de 
portiques  et  d'une  double  galerie  voûtée  autour  d'une  place,  qu'on  pré- 
sume être  un  ancien  jorum  enfoui  dans  les  caves  des  maisons,  entre  la 
place  Saint-Lucien  et  la  rue  du  Collège.  En  certains  quartiers  de  Nîmes, 
on  découvre  de  temps  en  temps  des  pavés  en  mosaïque,  ou  des  restes 
de  fondations  antiques  à  om,5o,  om,75  et  i  mètre  en  contre-bas  du  sol  ;  cha- 
cun peut  voir  que  la  Maison  Carrées*,  la  Porte  d' Auguste  sont  près  de  i  mè- 
tre plus  basses  que  les  places  attenantes,  et  qu'il  a  fallu  ménager  une  pente 
considérable  du  boulevard  depuis  la  Bouquerie  jusqu'aux  arènes.  Je  puis 
ajouter  un  fait  plus  extraordinaire  :  en  creusant  un  puits  au  delà  du  Cours 
Neuf,  on  a  trouvé,  à  6  mètres  de  profondeur,  des  arbres,  non  renversés  et 
entraînés,  mais  enfouis  sur  la  place  où  ils  avaient  végété  jadis.  Nous  les 
avons  reconnus  pour  des  oliviers  ;  le  propriétaire  m'en  a  donné  un  morceau. 

»  Dans  les  lieux,  au  contraire,  que  les  terres  mouvantes  n'ont  pu  recou- 
vrir, du  côté  du  Fort  et  de  la  Tour  Magne,  particulièrement  entre  les  rochers 


(6.5) 
derrière  le  Temple  de  Diane,  où  M.  Pellet  a  dirigé  les  nouvelles  fouilles  si 
intéressantes,  on  a  remarqué,  m'a-t-il  dit,  de  nombreuses  coquilles  de  pè- 
lerin. Elles  ne  peuvent  y  avoir  été  apportées  que  pour  la  consommation  des 
habitants  de  ce  quartier.  M.  J.  Tessier  pense  absolument  comme  moi. 

»  Nous  ne  concevons  pas,  il  faut  le  dire  ici,  comment  un  mets  si  recher- 
'ché  anciennement  l'est  si  peu  de  nos  jours.  On  nous  apporte  beaucoup  de 
clonisses,  de  moules,  de  grosses  huîtres  de  la  Méditerranée,  et  même  de 
petites  de  Bordeaux,  qui  arrivent  fraîches  par  les  chemins  de  fer,  mais  des 
peignes  jamais  :  on  n'en  voit  point  habituellement  sur  les  ports  de  Cette  et 
de  Marseille  avec  les  donaces,  les  moules,  les  oursins,  deux  clonisses  ou  ve- 
nus, la  decussata  et  la  Virginia,  et  d'autres  coquillages.  Il  paraît  que  ce  n'est 
point  ainsi  dans  le  Nord,  que  les  Pecten  maximus ,  jacobœus  de  la  Manche 
sont  recherchés  et  colportés  à  Paris  et  à  Londres.  Si  nos  pêcheurs  les  trou- 
vent coriaces  et  les  dédaignent,  c'est  qu'ils  ont  alors  quelque  chose  de 
mieux  :  le  lendemain  ils  sont  moins  difficiles.  Les  plus  pauvres  non-seule- 
ment s'en  contentent,  mais  s'en  régalent;  ils  en  forment  un  tas  mêlé  avec 
de  la  paille,  quelques  brindilles  de  sarment  ou  d'olivier,  et  y  mettent  le 
feu,  autour  duquel  se  réunit  toute  leur  famille  ;  chacun  a  son  morceau  de 
pain  :  c'est  l'affaire  de  quelques  minutes  pour  préparer  le  repas;  le  feu 
éteint,  les  coquilles  s'entre-bâillent,  les  mollusques  s'en  détachent  facile- 
ment, et  cette  demi-cuisson  les  rend,  dit-on,  excellents.  Il  y  a  parfois  quel- 
ques peignes  mêlés  dans  un  panier  de  clonisses  ou  de  moules;  j'en  ai  goûté 
de  crus  et  de  cuits  assaisonnés  avec  des  épinards  ou  gratinés  :  je  les  ai  trou- 
vés assez  bons. 

»  Il  faut  avouer  qu'il  y  a  des  circonstances,  des  saisons  de  l'année,  où 
toutes  les  coquilles,  même  les  huîtres,  peuvent  occasionner  des  coliques,  des 
vomissements,  les  mêmes  symptômes  morbides  qu'un  violent  poison.  Les 
médecins  et  les  chimistes,  après  beaucoup  de  recherches,  attribuent  ces 
effets  à  l'époque  du  frai,  à  réchauffement  des  coquillages  dans  les  cabas  ou 
entassés,  si  on  les  a  gardés  plusieurs  jours  pour  les  transporter  ou  les  mieux 
vendre;  au  temps  plus  ou  moins  prolongé  que  les  huîtres  ont  passé  dans 
les  parcs,  à  leur  séjour  dans  les  eaux  insalubres,  au  cuivre  qui  a  pénétré  les 
huîtres  fixées  sur  des  vaisseaux  qui  en  étaient  doublés.  Des  ordonnances  de 
police,  qui  remontent  à  1731,  prescrivaient  de  les  examiner  avant  d'en 
permettre  la  vente,  et  de  jeter  au  fond  de  l'eau  celles  qui  contenaient  un  suc 
jaunâtre,  glaireux,  celles  dont  l'odeur  particulière  serait  suspecte  aux  com- 
missaires. Généralement  les  amateurs  s'en  privent  les  mois  où  n'entre  pas 
te  lettre  r  ;  mai,  juin,  juillet  et  août. 

82. 


(6i6) 

»  J'ai  avancé  que  notre  grand  bassin  lacustre  renfermait  plusieurs  espèces 
de  coquilles  fossiles;  leur  description  m'entraînerait  trop  loin  :  je  ne  ferais 
d'ailleurs  que  répéter  ce  que  j'ai  déjà  dit  dans  différents  Mémoires;  je  ne 
peux  cependant  pas  me  dispenser  d'indiquer  ici  à  ceux  qui  ne  les  connaî- 
traient pas,  ce  que  cette  formation  offre  de  plus  intéressant. 

»  J'ai  décrit  les  petits  galets  qu'on  rencontre  dans  quelques  couches  de 
ce  terrain,  particulièrement  à  Saint-Hippolyte  de  Caton  ;  les  lymnées,  les 
cjclades,  les  paludines  y  sont  fort  communes,  et  quelques-unes  ont  con- 
servé leur  test;  plus  bas  sont  des  empreintes  de  feuilles,  d'insectes  et  de 
poissons,  qui  avec  nos  menilites  montrent  l'analogie  de  ce  terrain  avec  celui 
d'Aix,  incomparablement  plus  riche  pour  le  paléontologiste.  Dans  un  étage 
inférieur  on  trouve  de  jolies  pyramidelles  et  des  potamides  siliceuses.  On  y 
rencontre  fréquemment  des  rognons  et  des  veines  de  silex  pyromaque  noi- 
râtres. 

»  Vers  l'est,  aux  limites  de  la  commune  et  du  lac  d'eau  douce,  sont  dé- 
posés des  ossements  de  palœotherium,  d ' antracotherium ,  de  pterodon,  de 
tjlodon,  que  j'ai  fait  connaître.  Au  lieu  d'indiquer  ces  quadrupèdes  par  rang 
de  taille,  j'aurais  dû  citer  le  tylodonle  premier.  M.  le  professeur  Gervais,  à 
qui  j'avais  adressé  un  paquet  de  ces  ossements,  ayant  reconnu  des  mandi- 
bules d'un  carnassier  entre  le  raton  et  le  coatis,  qui  était  indéterminé,  lui 
donna  le  nom  d'Hombresii.  Je  ne  saurais  oublier  cette  marque  de  sympa- 
thie de  ce  savant  zoologiste,  et  je  saisis  cette  occasion  de  lui  exprimer  com- 
bien j'y  suis  sensible. 

»  C'est  dans  un  ravin,  derrière  le  Colombier,  que  M.  Robert  du  Puy  dé- 
couvrit des  dents  et  des  os  humains  qu'il  crut  pétrifiés  et  qu'il  annonça 
comme  tels  à  l'Institut...  J'écrivis  à  M.  Arago,  qui  m'avait  demandé  quel- 
ques renseignements  à  ce  sujet,  et  je  répétai  au  congrès  scientifique  de 
Nîmes,  où  cette  découverte  souleva  quelques  discussions,  que  ces  osse- 
ments appartenaient  indubitablement  à  notre  espèce,  mais  n'étaient  point 
fossiles  ;  l'endroit  où  M .  Robert  les  a  pris  était  le  cimetière  de  la  maladre- 
rie  établie  en  1 254  entre  la  ville  et  l'abbaye  des  Fonts,  pour  les  lépreux  qui 
revenaient  des  croisades. 

»  J'ai  décrit  aussi  une  localité  curieuse  à  4kllom,5  au-dessus  d'Alais  :  le 
Serre  de  la  Justice,  ainsi  nommée  à  cause  des  piliers  patibulaires  bâtis  autre- 
fois au  sommet.  On  distingue  parfaitement  sur  son  penchant  méridional  la 
ligne  où  s'arrêta  le  courant  qui  submergea  toute  la  plaine,  au  milieu  de 
laquelle  ressortent,  comme  des  îles,  les  sommités  néocomiennes  des  autres 
collines.  Le  Spatangus  retusus  et  YExogira  subsinuata  sont  très-communs 


(6i7) 
sur  le  Serre  de  la  Justice.  En  y  cherchant  souvent  et  avec  soin,  j'y  ai  trouvé 
des  coquilles  plus  rares  :  c'est  de  là  que  je  rapportai  le  Pecten  quinquecos- 
tatus  et  le  Pecten  multicostatus ,  réunis  dans  un  seul  échantillon,  l'un  des 
plus  curieux  de  mon  cabinet  géologique  des  Cévennes.  C'est  dans  un  ravin 
vers  l'est,  proche  Mazac,  qu'est  ce  gîte  admirable  de  chaux  carbonatée 
cristallisée,  où  je  conduisais  jadis  tous  les  naturalistes  voyageurs  qui  pas- 
saient à  Alais. 

»  Les  fossiles  caractéristiques  du  terrain  lacustre  plus  ou  moins  com- 
muns dans  ces  couches  sont  quelquefois  amoncelés  d'une  manière  fort 
remarquable  ;  ainsi,  par  exemple,  sur  le  chemin  de  Barjac  à  Monclus,  oh 
voit  une  quantité  innombrable  de  cyrènes  bien  conservées,  leurs  valves 
toujours  ouvertes,  mais  réunies. 

»  Si,  comme  au  Serre  de  la  Justice,  nous  étendions  nos  explorations  hors 
du  bassin  lacustre,  sur  les  collines  qu'il  entoure,  sur  les  chaînes  de  mon- 
tagnes qu'il  ne  dépasse  point,  il  faudrait  des  volumes  pour  décrire  ce  que 
nous  pourrions  recueillir. 

»  Plus  au  nord,  du  côté  de  Servas  et  d'duzon  et  à  Saint-Jean  de  Mar- 
vejol,  on  exploite  des  lignites  bitumineuses  et  de  Y  asphalte;  un  Mémoire 
que  j'avais  présenté  à  la  Société  des  Sciences  naturelles  de  Genève  en  1818, 
détermina  M.  Th.  de  Saussure  à  visiter  les  divers  gisements  de  notre  pays; 
je  l'accompagnai  partout. 

»  Les  eaux  dites  sulfureuses  ou  bitumineuses  des  Fwnades,  de  la  Rougne, 
de  la  Pego,  la  Font  pudento,  la  Font  negro,  surgissent  du  bassin  lacustre 
au  nord-est  de  l'arrondissement  d'Alàis.  Le  professeur  de  Sauvages  pensait 
qu'elles  étaient  de  même  nature,  ainsi  que  les  eaux  d'Euzet  et  de  Saint-Jean 
de  Seirargues,  qui  en  sont  à  i3kilom,5  de  distance.  La  source  des  Fumades 
est  la  plus  considérable  et  sans  contredit  la  plus  forte  ou  la  plus  minéralisée 
et  la  plus  efficace  ;  les  plus  éloignées  sont  mitigées  par  des  filets  d'eau  douce 
qu'elles  rencontrent  dans  leur  trajet.  Les  eaux  d'Euzet  sont  néanmoins  les 
plus  anciennement  en  vogue  ;  il  y  a  un  très-vaste  et  très-confortable  établis- 
sement, et  il  s'y  rend  beaucoup  de  monde  dans  la  saison. 

»  Un  habile  médecin,  qui  a  comparé  les  effets  de  nos  diverses  sources, 
plus  ou  moins  fortes,  a  fait  observer  qu'on  pouvait  rendre  plus  faibles  celles 
qui  avaient  le  plus  d'intensité;  niais  que,  dans  plusieurs  cas,  les  résultats 
étaient  plus  prompts  et  plus  certains  en  les  employant  naturelles.  Il  pressa 
le  propriétaire  des  Fumades  de  faire  les  constructions  nécessaires  pour  y 
recevoir  ses  pratiques 

»  J'ai  annoncé  que  je  me  bornerai  à  de  simples  indications  sur  ce  que 


(6,8) 

j'avais  observé  en  parcourant  notre  grand  bassin  lacustre  ;  la  dernière  et  la 
plus  essentielle  à  noter  ici,  c'est  que  depuis  le  Rhône  jusqu'à  l'extrémité 
nord-est  du  département  du  Gard,  et  à  Vallon  dans  celui  de  l'Ardèche, 
plus  de  106  kilomètres  de  longueur  sur  une  largeur  variable  de  6  jusqu'à 
10  kilomètres,  je  n'ai  trouvé  le  Pecten  glaber  que  dans  le  champ  que  j'ai 
fait  connaître.  » 

M.  de  Wràngell,  récemment  nommé  à  une  place  de  Correspondant, 
Section  de  Géographie  et  de  Navigation,  adresse  ses  remercîments  à  l'Aca- 
démie. 

RAPPORTS. 

M.  Recqcerel,  au  nom  de  la  Commission  qui  avait  été  chargée  de  faire 
un  Rapport  sur  les  perfectionnements  apportés  par  M.  Lenoiraux  procédés 
galvanoplastiques  pour  la  reproduction  des  sculptures  en  ronde  bosse, 
donne  de  vive  voix  une  indication  des  modifications  qui  ont  été  faites  à  ce 
Rapport,  en  vue  des  réclamations  adressées  à  l'occasion  de  la  première  lec- 
ture de  ce  Rapport,  faite  dans  la  séance  du  3  mars.  Voici  le  Rapport  dans  sa 
forme  actuelle. 

galvanoplastie.   —    Rapport  sur  un  perfectionnement  apporte'  à  la 
reproduction  des  rondes  bosses  par  la  galvanoplastie. 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Babinet,  Becquerel  rapporteur.) 

«  La  galvanoplastie,  ou  l'art  de  reproduire  des  reliefs  et  des  creux  en 
métal,  au  moyen  de  l'électricité,  a  fait  de  grands  progrès  depuis  sa  décou- 
verte. On  est  parvenu  aujourd'hui  à  donner  une  très-grande  dureté,  en  même 
temps  que  plus  d'homogénéité,  au  cuivre  déposé,  et  à  le  rendre  ainsi  plus 
résistant  à  l'influence  des  agents  atmosphériques  ;  les  moules  ont  été  perfec- 
tionnés, en  prenant  pour  matière  plastique  la  gutta-percha  ;  enfin  les  artistes 
étant  devenus  plus  habiles  ont  pu  reproduire  des  bronzes  d'art  et  des  objets 
d'orfèvrerie  en  ronde  bosse  soutenant  la  comparaison  avec  les  mêmes  sujets 
obtenus  par  la  fonte  et  la  ciselure  :  les  uns  y  sont  parvenus  en  employant 
la  soudure  pour  réunir  les  diverses  parties  prises  séparément,  et  d'où  ré- 
sultent des  déformations  qui  nuisent  à  l'effet  artistique  ;  les  autres,  pour 
suppléer  à  la  soudure,  ont  employé  des  procédés  qui  laissent  à  désirer, 
ou  des  procédés  qu'ils  n'ont  pas  décrits  et  dont  nous  ne  pouvons  appré- 
cier les  avantages. 


(  6.9  ) 

»  Parmi  les  personnes  qui  exercent  cet  art  avec  succès,  on  doit  distinguer 
M.  Lenoir,  qui  a  apporté  une  notable  amélioration,  en  opérant  des  dépôts 
métalliques  partout  de  même  épaisseur  sur  des  moules  d'objets  en  ronde 
bosse,  de  manière  à  reproduire  immédiatement  des  statuettes  sans  soudures 
et  aussi  parfaites  que  les  modèles.  Quelques-unes  des  reproductions  qu'il  a 
obtenues,  ainsi  que  le  Mémoire  descriptif  du  procédé  qu'il  a  présenté  à 
l'Académie,  ont  été  renvoyés  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Dumas,  Babinet  et  moi,  laquelle  m'a  chargé  de  la  rédaction  du  Rap- 
port que  je  vais  avoir  l'honneur  de  lui  communiquer. 

»  M.  Lenoir  a  atteint  le  but  qu'il  s'est  proposé  en  moulant  les  objets  en 
deux  parties  avec  de  la  gutta-percha  et  réunissant  ces  parties  comme  il  sera 
dit  ci-après. 

»  La  gutta-percha  n'est  pas  employée  pure  comme  on  le  fait  ordinaire- 
ment: elle  est  composée  d'un  mélange  de  5oo  parties  de  cette  substance,  de 
200  parties  de  saindoux  et  de  25o  parties  de  résine.  Ce  mélange  présente 
plus  de  ductibilité  et  en  même  temps  d'élasticité  que  la  gutta-percha. 

»  Qn  commence  par  couler  du  plâtre  gâché  autour  de  la  moitié  de  l'objet 
à  mouler  ;  quand  le  plâtre  est  pris,  on  pratique  çà  et  là,  à  quelque  dis- 
tance de  la  pièce  et  à  la  partie  de  la  surface,  du  plâtre  qui  doit  servir  de 
jonction  avec  celle  du  moule  de  la  seconde  partie,  de  petites  cavités  ou 
points  de  repère.  Cette  opération  faite,  on  ramollit  de  la  gutta-percha,  pré- 
parée comme  il  a  été  dit,  dans  une  étuve  sèche  chauffée  vers  100  degrés, 
puis  on  l'applique  sur  la  partie  de  l'objet  non  recouverte  de  plâtre,  en  la 
moulant  par  la  pression  seule  de  la  main,  qui  suffit,  d'après  M.  Lenoir, 
pour  reproduire  les  linéaments  les  plus  délicats  du  modèle. 

»  Quand  l'objet  est  ainsi  recouvert,  moitié  en  plâtre,  moitié  en  gutta- 
percha,  on  brise  le  plâtre  et  on  l'enlève.  La  moitié  ainsi  mise  à  nu  est  re- 
couverte de  nouveau  de  gutta-percha  de  la  même  manière  que  l'autre.  La 
solidification  faite,  on  réunit  parfaitement  les  deux  parties  du  moule  à 
l'aide  des  points  de  repère  qui  sont  en  relief  sur  l'une  des  parties  du  moule, 
et  en  creux  sur  l'autre  ;  mais  avant,  on  métallisé  avec  de  la  plombagine  les 
surfaces  sur  laquelle  doit  être  déposé  le  métal.  On  fixe  à  un  point  le  plus 
inférieur  de  cette  surface  un  fil  de  cuivre,  qui  est  mis  en  communica- 
tion avec  le  pôle  négatif  de  l'appareil  voltaïque;  un  fil  de  platine  devant 
servir  d'électrode  positive  est  disposé  dans  l'intérieur  du  moule,  de  manière 
à  suivre  autant  que  possible  et  à  la  même  distance  les  principaux  contours, 
afin  de  donner  partout  la  même  épaisseur  au  dépôt;  ce  fil  est  recouvert  de 
gutta-percha  dans  les  parties  où  l'on  craint  qu'elles  ne  touchent  le  moule < 


(  620    ) 

La  pièce  est  plongée  ensuite  dans  une  dissolution  saturée  de  sulfate  de 
cuivre. 

»  Le  dépôt  métallique  effectué,  on  détache  le  moule  et  on  enlève  avec 
soin  les  bavures  qui  en  général  ont  peu  d'étendue.  On  a  alors  la  repro- 
duction parfaite  des  pièces. 

»  M.  Lenoir,  comme  on  le  voit,  n'emploie  pas  d'électrode  soluble,  mais 
il  supplée  à  cet  inconvénient  en  pratiquant  de  part  en  part  dans  le  moule 
plusieurs  ouvertures ,  les  unes  en  haut,  les  autres  en  bas,  afin  d'établir  pen- 
dant le  dépôt  une  circulation  de  la  dissolution.  Le  liquide,  en  se  décompo- 
sant, devenant  moins  dense,  s'élève  et  s'écoule  par  les  ouvertures  supé- 
rieures ,  tandis  que  le  liquide  inférieur  du  bain  s'élève  aussi  pour  remplacer 
le  précédent.  Le  dégagement  de  gaz  sur  le  fil  de  platine  contribue  au  mou- 
vement ascendant  du  liquide. 

»  L'acide  sulfurique  reste  en  totalité  dans  le  bain,  ce  qui  n'est  pas  sans 
inconvénient  pour  l'état  moléculaire  du  précipité  métallique,  car  cet  état 
peut  être  modifié,  suivant  que  la  dissolution  de  sulfate  est  plus  ou  moins 
acide;  on  peut  y  parer  cependant,  comme  nous  l'avons  conseillé  àJVI.  Le- 
noir, en  mettant  au  fond  du  bain  du  bioxyde  de  cuivre  obtenu  par  la  cal- 
cination  de  rognures  de  ce  métal,  dont  il  reste  toujours  une  certaine  quan- 
tité dans  les  préparations,  lequel  se  combine  peu  à  peu  avec  l'excès  d'acide. 

»  Cette  manière  de  procéder  exige  l'emploi  de  piles  situées  en  dehors 
des  cuves  :  aussi  ne  peut-on  pas  se  servir  d'appareils  simples  qui  ont  été 
employés  dans  différents  établissements.  La  dépense  en  électricité  est 
donc  plus  forte  que  par  les  procédés  ordinaires,  mais  aussi  on  évite  les 
soudures  qui  sont  des  causes  de  destruction  quand  les  objets  sont  expo- 
sés aux  influences  atmosphériques,  ainsi  que  la  main-d'œuvre  qu'exige 
la  réunion  des  parties  reproduites  séparément.  Le  procédé  a  donc  un  avan- 
tage réel  sur  tous  ceux  qui  ont  été  publiés  jusqu'ici  lorsqu'il  s'agit  de 
ronde  bosse. 

»  A  la  vérité  M.  Lenoir  n'a  reproduit  encore  que  de  petits  et  de  moyens 
bronzes,  mais  il  est  probable  que  rien  ne  s'opposera  à  ce  qu'il  applique 
son  procédé  aux  grands  bronzes.  Nous  entendons  ici  par  bronzes,  non  des 
reproductions  en  alliage  de  cuivre  et  d'étain,  mais  des  reproductions  en 
cuivre  pur. 

»  D'un  autre  côté,  on  sait  que  pendant  ces  dernières  années,  comme  on 
a  pu  le  voir  à  l'Exposition  universelle,  l'orfèvrerie  a  tiré  un  parti  très-avan- 
tageux de  l'emploi  des  procédés  galvanoplastiques  pour  la  reproduction  des 
pièces  d'argent.  Les  dispositions  employées  par  M.  Lenoir  permettront  bien 


(6a,  ) 
certainement  d'étendre  les  applications  électrochimiques  au  dépôt  des  mé- 
taux précieux.  On  emploiera  alors  de  préférence  à  l'intérieur,  comme  le 
fait  M.  Lenoir,  une  électrode  soluble  d'or  ou  d'argent,  au  lieu  d'une  élec- 
trode en  platine. 

»  Les  détails  dans  lesquels  la  Commission  vient  d'entrer,  prouveront  à 
l'Académie  l'utilité  du  perfectionnement  que  M.  Lenoir  a  apporté  à  la  re- 
production par  la  galvanoplastie  des  objets  en  ronde  bosse:  aussi  vous  pro- 
pose-t-elle  de  donner  son  approbation  au  travail  qu'il  lui  a  présenté,  en  le 
remerciant  de  son  intéressante  communication.    » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

M.  Becquerel,  après  la  lecture  de  ce  Rapport,  dépose  le  Mémoire  dans 
lequel  M.  Lenoir  a  décrit  ses  procédés,  conformément  au  désir  qu'avait  ex- 
primé M.  Thenard  de  voir  imprimer  cette  description  dans  le  Recueil  des 
Savants  étrangers. 

M.  Thenard  fait  remarquer  qu'il  n'avait  exprimé  ce  désir  que  dans  la 
supposition,  qui  s'est  trouvée  mal  fondée,  que  les  produits  présentés  dans 
la  séance  du  1 1  février  étaient  accompagnés  d'une  description  du  procédé 
opératoire. 

*  • 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

orgaînogénie  végétale.  —  Mémoire  sur  L'origine  et  le  développement  de 
la  cuticule  (deuxième  partie);  par  M.  A.  Trécul.  (Extrait.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Botanique.) 

«  Dans  la  dernière  séance,  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie 
mes  observations  sur  l'origine  de  la  cuticule,  et  j'ai  dit  qu'entre  elle  et  la 
membrane  cellulaire  il  se  développe  le  plus  souvent  une  couche  plus  ou 
moins  épaisse,  dont  les  propriétés  physiques  et  chimiques  sont  variables. 
Ces  propriétés  ont  été  bien  étudiées  dans  plusieurs  cas  par  divers  auteurs,  tels 
que  MM.  Payen,  H.  Mohl,  Schacht,  etc.  ;  mais  ces  savants  ayant  fait  leurs 
observations  sur  des  parties  adultes,  ou  dans  un  âge  voisin  de  cet  état,  ou 
sur  des  plantes  qui  ne  pouvaient  pas  les  instruire  de  tous  les  faits  intéres- 
sants, n'ont  pu  apercevoir  certains  phénomènes  importants.   C'est  pour 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLH,  N°  14.)  83 


(    6*2    ) 

remplir  les  lacunes  qu'ils  ont  laissées  que  je  viens  soumettre  au  jugement  de 
l'Académie  le  résultat  de  mes  recherches  sur  ce  sujet. 

»  Lors  donc  que  la  cuticule  proprement  dite  est  séparée  par  dédouble- 
ment de  la  paroi  de  chaque  cellule  superficielle,  celle-ci  sécrète  à  sa  face 
externe  une  série  de  couches  très-minces,  disposées  concentriquement  et 
parallèlement  à  la  surface  de  la  cellule  génératrice.  Ces  couches  fort  souvent 
ne  semblent  constituer  qu'un  dépôt  homogène  tel,  que  l'on  ne  distingue  pas 
leur  stratification;  mais  chez  certaines  plantes  (Iris  germanica,  Helleborus 
fœtidus,  H.  lividus,  etc.),  ces  diverses  couches  se  voient  très-bien  sur  des 
tranches  minces.  Une  ligne,  souvent  très-nette,  perpendiculaire  à  la  cuticule, 
établit  fréquemment  aussi  une  démarcation  entre  les  séries  de  couches  concen- 
triques qui  appartiennent  aux  cellules  adjacentes.  Quand  cette  démarcation 
n'existe  pas,  on  peut  très-souvent  la  faire  apparaître  par  l'emploi  de  l'iode 
et  de  l'acide  sulfurique.  Dans  ce  cas,  il  règne,  vis-à-vis  la  cloison  qui  sépare 
les  cavités  cellulaires,  une  ligne  blanche,  diffuse,  qui  contraste  avec  la  cou- 
leur bleue  que  prennent  les  couches  de  sécrétion  dont  il  s'agit,  et  qui  sont, 
dans  l'origine,  toutes  composées  de  cellulose  pure.  Cette  ligne  blanche  ou 
bleu  clair  résulte  de  l'écartement  des  produits  de  chaque  cellule,  qui,  gon- 
flés par  le  réactif,  tendent  à  s'isoler,  ce  qui  détermine  une  raréfaction  de  la 
substance  aux  lignes  de  jonction,  et  quelquefois  à  une  substance  interposée 
comme  je  le  dis  plus  loin,  substance  qui  bleuit  moins  aisément  que  les 
couches  elles-mêmes.  Cette  ligne  diffuse  apparaît  surtout  quand  on  se  sert 
d'acide  un  peu  dilué;  si  l'on  ajoute  ensuite  de  l'acide  plus  concentré,  les 
lignes   blanches   disparaissent,    et  toute  la  zone  sous-cuticuîaire  devient 
uniformément  bleue.  Cette  zone,   formée  de  couches  minces  de  cellu- 
lose, prend  parfois  une  grande  épaisseur;  alors  il  arrive,   chez  beaucoup 
de  plantes,  que  ses  couches  constituantes  les  plus  externes,  celles  qui  sont 
nées  les  premières,  perdent  la  propriété  de  bleuir  au  contact  de  l'iode  et  de 
l'acide  sulfurique;  elles  deviennent,  au  contraire,  jaunes  ou  brunes  comme 
la  cuticule.  Cette  propriété  nouvelle  est  due  principalement  à  un  phénomène 
physiologique,  comme  l'a  dit  déjà  M.  Payen,  et  non  à  la  seule  influence  des 
agents  atmosphériques.  Cette  couche,  qui  brunit  par  l'emploi  de  l'iode  et  de 
l'acide  sulfurique,  ne  peut  s'accroître,  suivant  MM.  Mohl  et  Schacht,  que  par 
la  modification  chimique  graduelle  des  couches  de  cellulose  plus  intérieures. 
C'est,  suivant  M.  Mohl,  en  une  telle  métamorphose  chimique,  qu'accom- 
pagne un  changement  d'organisation,  que  consisterait  cette  transformation. 
Suivant  M.  Schacht,  «  ces  couches  meurent,  c'est-à-dire  qu'elles  sont  chan- 
gées en  substance  subéreuse.  »  Cependant  j'ai  observé  en  elles  quelque 


(  6*3  ) 

chose  de  plus  qu'un  simple  changement  chimique;  il  y  a  un  phénomène 
vital  des  plus  curieux,  et  dans  certaines  plantes  un  accroissement  indépen- 
dant de  la  modification  des  couches  placées  au-dessous,  ainsi  que  ce  qui 
suit  va  le  démontrer.  Toutefois  cette  modification  est  évidente.  Voici  com- 
ment elle  se  manifeste.  La  transformation  commence  dans  la  partie  la  plus 
voisine  de  la  cuticule;  elle  s'annonce  souvent  par  l'apparition  d'une  série 
de  très-petits  granules  (A 'gave  americana,  Helleborus  fœtidus,  lividus,  etc.), 
à  laquelle  succède  une  teinte  légèrement  fauve  ou  verdâtre,  suivant  les  cas  ; 
la  série  de  granules,  quand  il  en  existe,  se  renouvelle  vers  l'intérieur,  à  me- 
sure que  la  couche  modifiée  s'épaissit.  Il  est  des  plantes  dans  lesquelles  tout 
se  borne  à  cette  modification.  On  a  alors  à  l'extérieur  la  cuticule,  puis  ce 
que  M.  Schacht  nomme  les  couches  cuticulaires,  qui  brunissent  par  l'iode  et 
l'acide  sulfurique,  et  au-dessous  les  couches  dites  cl 'epaississement ,  qui  de- 
viennent bleues  sous  l'influence  des  mêmes  agents  chimiques. 

»  Voici  maintenant  comment  apparaît  le  phénomène  vital  que  j'ai  signalé. 
Quand  la  couche  transformée  comme  je  viens  de  le  dire  a  acquis  une  cer- 
taine épaisseur,  elle  se  délimite  nettement,  et  chez  beaucoup  de  plantes  on 
voit  se  former  à  cette  limite  une  bordure  claire  qui  devient  une  pellicule 
semblable  à  la  cuticule  (Physosiphon  Loddigesii,  Lepanthes  cochlearifolia, 
P leurothallis  racemiflora,  Glaucium  fulvum,  Agave  americana,  etc.).  Or- 
dinairement la  substance  qui  sépare  cette  nouvelle  membrane  de  la  cuti- 
cule ne  paraît  plus  stratifiée  ;  elle  est  homogène,  plus  rarement  granuleuse. 
Chez  X Agave  americana,  etc.,  cette  couche  modifiée  s'avance  en  décrivant 
des  sinuosités  profondes  à  la  limite  des  produits  de  la  sécrétion  de  chaque 
cellule  jusqu'auprès  de  la  cloison  formée  par  les  parois  latérales  des  cellules. 
Dans  quelques  cas,  cette  membrane  interne  n'est  pas  très-évidente  ;  on  ne 
remarque  parfois,  après  l'action  de  l'iode  et  de  l'acide  sulfurique,  qu'une 
coloration  rouge  ou  brune  plus  foncée  à  la  place  qu'elle  occupe;  mais  dans 
beaucoup  de  plantes  son  existence  ne  peut  être  révoquée  en  doute.  Dans  le 
Glaucium  fulvum,  j'ai  souvent  dissous  par  l'acide  sulfurique  concentré  la 
matière  qui  sépare  les  deux  membranes;  il  restait  ensuite  deux  pellicules 
libres,  d'égale  épaisseur  et  colorées  en  jaune  plus  ou  moins  foncé.  L'inté- 
rieur présentait  quelques  sinuosités  correspondant  à  celles  de  la  surface  des 
cellules  de  l'épiderme.  Les  plantes  dont  je  viens  de  parler  ont  donc  une 
cuticule  composée,  formée  de  trois  parties  :  i°  de  deux  pellicules  minces; 
i°  d'une  substance  intermédiaire  plus  épaisse. 

»  On  pourrait  être  porté  à  croire  que  ce  sont  des  cuticules  de  cette  nature 
qui  ont  suggéré  à  M.  Hartig  sa  théorie  sur  cet  organe.  On  sera  convaincu  du 

83.. 


(  m  ) 

contraire  si  l'on  fait  attention  que  la  description  qu'il  donne  de  son  déve- 
loppement, empruntée  à  M.  Schleiden  (il  le  dit  lui-même),  pour  donner  plus 
de  force  à  son  argumentation,  se  rapporte  à  une  plante  qui  n'offre  pas  une 
telle  cuticule  composée.  En  effet,  celle  du  Hyacinthus  orientalis  est  une 
pellicule  simple,  mince,  placée  sur  une  couche  de  cellulose  peu  épaisse.  De 
plus,  dans  tous  les  cas  que  j'ai  étudiés,  l'apparition  des  membranes  de  ces 
cuticules  composées  a  lieu  de  la  circonférence  au  centre,  tandis  que,  sui- 
vant la  théorie  de  M.  Hartig,  elle  se  ferait  du  centre  à  la  circonférence. 
C'est  que  cette  théorie  est  fondée  sur  un  fait  particulier,  le  développement 
centrifuge  des  membranes  de  certaines  cellules,  et  que  M.  Hartig  con- 
sidère la  cuticule  comme  la  première  cellule  de  l'embryon,  qui  se  serait 
agrandie. 

»  La  vie  se  manifeste  d'une  manière  plus  remarquable  encore  dans  la  for- 
mation de  la  cuticule  composée  de  plusieurs  Aloès,  peut-être  même  chez 
toutes  les  espèces.  Parmi  celles  que  j'ai  étudiées,  trois  surtout  sont  très-fa- 
vorables à  l'observation  ;  ce  sont  :  les  Aloe  glauca,  verrucosa,  et  une  espèce 
que  je  crois  être  VA.  subverrucosa  {Gasteria  subverrucosa  =  Aloe  subtuber- 
culata,  Hort.  Par.).  Dans  ces  Aloès,  on  observe  très-bien  le  dédoublement 
de  la  membrane  cellulaire  :  il  commence  à  la  jonction  des  cellules.  Quand 
il  est  effectué,  de  la  cellulose  est  déposée  entre  les  deux  membranes;  arrivée 
à  une  certaine  épaisseur,  cette  couche  de  cellulose  se  déchire  irrégulièrement 
dans  sa  partie  moyenne,  et  un  intervalle  souvent  considérable  sépare  les 
deux  parties  qui  adhèrent,  l'une  à  la  cuticule,  l'autre  aux  cellules.  Malgré 
cette  scission,  la  moitié  externe  attachée  à  la  cuticule  continue  à  végéter; 
d'abord  mince,  elle  devient  fréquemment  très-épaisse  [Aloe  verrucosa, 
subverrucosa,  etc.).  C'est  là  un  phénomène  fort  important,  en  ce  qu'il  prouve 
de  nouveau  qu'il  peut  y  avoir  épaississement  des  membranes  végétales  sans 
l'addition  de  nouvelles  couches  sécrétées  par  une  prétendue  utricule  pri- 
mordiale génératrice;  car  cet  épaississement  s'effectue  ici  loin  du  siège  sup- 
posé de  cette  utricule,  et  dans  un  lieu  qui  en  est  séparé  par  des  membranes 
épaisses  et  par  une  fissure  quelquefois  très-large. 

.  »  Les  cuticules  composées  présentent  souvent  des  éminences  coniques 
plus  ou  moins  grandes  à  leur  face  interne,  vis-à-vis  la  jonction  des  cellules  de 
l'épiderme,  entre  lesquelles  elles  peuvent  même  s'avancer;  ces  éminences 
et  toute  la  couche  sous-cuticulaire  sont  traversées  par  une  ligne  ordinaire- 
ment plus  pâle  que  le  reste  de  la  masse;  cette  ligne  a  été  prise  par  divers  ana- 
tomistes  pour  la  continuation  de  la  membrane  primaire  des  cellules,  qui 
forme,  suivant  eux,  la  cuticule  proprement  dite  ou  pellicule  externe.  Il  ne 


(  6a5  ) 
peut  certainement  pas  en  être  ainsi,  puisqu'à  l'époque  du  dédoublement 
de  la  membrane  cellulaire,  au  moment  de  la  séparation  de  la  cuticule,  il  y 
a  une  scission  complète  tout  autour  de  la  feuille  ou  de  la  tige,  et  puisque, 
dans  beaucoup  de  plantes  [Agave  americana,  Aloe  glauca,  verrucosa, 
subverrucosa,  etc.,  etc.),  la  scission  ou  dédoublement  commence  à  la  cloi- 
son même  qui  sépare  les  cavités  cellulaires,  c'est-à-dire  vis-à-vis  ces  mem- 
branes primaires  latérales  dont  M.  Mohl  avait  cru  reconnaître  le  prolonge- 
ment à  travers  les  couches  cuticulaires.  Il  y  a  donc  toujours  en  ce  point  une 
scission  complète  dès  le  principe  entre  la  cuticule  et  les  parois  latérales  des 
cellules,  et  comme  ces  cellules  ont  ordinairement  une  surface  un  peu  con- 
vexe, cette  scission  y  laisse  souvent  un  méat  triangulaire  d'abord  vide,  qui 
se  remplit  bientôt  d'une  matière  de  peu  de  densité.  Cette  matière  se  solidifie 
et  conserve  presque  toujours  une  teinte  différente  de  celle  des  couches  qui 
naissent  ensuite;  c'est  à  la  prolongation  de  cette  matière  qu'est  due  la  ligne 
pâle  qui  a  été  prise  pour  la  membrane  primaire  dans  certains  Aloès,  etc.  Il 
n'y  a  souvent  aussi  qu'une  simple  ligne  noire  accusant  la  juxtaposition  des 
couches  produites  par  les  cellules  voisines.  » 

botanique.  —  Observation  constatant  le  retour  simultané  de  la  descen- 
dance d'une  plante  hybride  aux  types  paternel  et  maternel;  par 
M.  Ch.  Naudin,  aide-naturaliste  au  Muséum. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Botanique.) 

«  Une  question  souvent  débattue  entre  les  botanistes  physiologistes,  et 
sur  laquelle  les  esprits  sont  encore  loin  d'être  fixés,  est  celle  de  savoir  si  la 
postérité  des  plantes  hybrides  fertiles ,  c'est-à-dire  capables  de  se  féconder 
par  leur  propre  pollen,  conserve  indéfiniment  les  caractères  mixtes  de  l'hy- 
bride ou  revient,  après  un  temps  plus  ou  moins  long,  au  type  de  l'un  des 
deux  parents.  Peu  d'expériences  suivies  ont  été  faites  en  vue  de  la  résoudre, 
et  les  conclusions  qu'en  faveur  de  Tune  ou  de  l'autre  hypothèse  on  a  tirées 
d'un  petit  nombre  de  faits,  peut-être  pas  suffisamment  authentiques  ou  in- 
complètement observés,  me  paraissent  encore  trop  aventurées  pour  qu'on 
doive  leur  donner  définitivement  place  dans  la  science.  Sans  exprimer  ici 
une  opinion  arrêtée,  je  crois  devoir  rapporter  une  observation  qui,  je  l'es- 
père, jettera  quelque  jour  sur  la  question  controversée,  en  prouvant  que, 
dans  certains  cas  au  moins,  la  postérité  des  hybrides  fertiles  manifeste  une 
tendance  incontestable  à  reprendre  les  caractères  des  espèces  dont  ces  hy- 
brides sont  issus. 


(  626  ) 

»  Les  plantes  qui  me  fournissent  le  sujet  de  cette  observation  descen- 
dent, par  première  génération,  d'une  primevère  hybride,  trouvée  en  1 854» 
dans  un  jardin,  par  M.  Weddell ,  qui  l'apporta  vivante  au  Muséum.  Cette 
plante  continua  à  y  fleurir  et  donna  quelques  graines  qu'on  eut  lieu  de 
croire  bien  conformées.  M.  Weddell  soupçonnait  avec  grande  probabilité 
que  l'un  des  parents  était  la  variété  à  fleurs  pourpres  du  Primula  grandi- 
flora,  qui  était  d'ailleurs  cultivée  en  plates-bandes  au  voisinage  de  l'hybride, 
mais  il  conservait  des  doutes  sur  l'espèce  de  l'autre  parent.  Quoi  qu'il  en 
soit,  M.  Decaisne,  en  prévision  des  changements  qui  pouvaient  s'opérer 
dans  la  descendance  de  l'hybride,  en  fit  peindre  les  fleurs  à  l'aquarelle, 
afin  qu'elles  restassent  toujours  comme  terme  de  comparaison.  Cette  pré- 
caution lut  d'autant  plus  utile,  que  l'hybride  périt  dans  le  courant  de 
l'année. 

»  Au  mois  de  novembre  i$54,  je  fis  semer  les  graines  qui  avaient  été  ré- 
coltées; j'en  obtins  dix  plantes,  dont  six  étaient  au  ier  avril  en  pleine  flo- 
raison. De  ces  six  plantes,  une  seule  a  conservé  les  caractères  à  peu  près 
intacts  de  l'hybride  ;  les  cinq  autres  Se  sont  séparées  en  deux  camps,  repro- 
duisant dans  l'un  le  type  du  Primula  officinalis  à  petites  fleurs  jaunes,  dans 
l'autre  celui  du  Primula  grandiflora,  à  grandes  fleurs  pourpres  ou  violacées. 
»  Deux  de  ces  plantes  peuvent  être  considérées  comme  entièrement  reve- 
nues au  type  du  Primula  officinalis.  La  comparaison  attentive  que  j'en  ai 
faite  avec  un  pied  fleuri  de  cette  dernière  espèce,  ne  m'a  fait  trouver  entre 
elles  et  lui  aucune  différence  appréciable,  si  ce  n'est  peut-être  que  le  pé- 
doncule commun  de  l'inflorescence  y  est  un  peu  plus  court.  C'est  de  part  et 
d'autre  le  même  feuillage,,  la  même  forme,  la  même  grandeur  et  le  même 
coloris  dans  les  fleurs.  Dans  les  trois  plantes,  le  pollen  était  exactement 
semblable,  et  également  bien  conformé;  tous  ou  à  peu  près  tous  les  grains 
de  ce  pollen  avaient  atteint  leur  développement  normal  et  paraissaient  aptes 
à  opérer  l'imprégnation. 

»  Une  troisième  plante  issue  de  l'hybride  touchait  encore  de  très-près  au 
P.  officinalis,  mais  ses  corolles,  du  double  plus  grandes  et  un  peu  plus 
étalées,  accusaient,  malgré  leur  coloris  jaune,  un  reste  déjà  sensible  de 
la  sève  du  Primula  grandiflora.  Le  pédoncule  commun  de  l'inflorescence, 
relativement  court,  était  un  autre  point  de  contact  avec  cette  seconde 
espèce,  chez  laquelle  il  est  rudimentaire  et  pour  ainsi  dire  nul.  La  presque 
totalité  des  grains  du  pollen  était  bien  conformée;  on  n'en  voyait  qu'un 
très-petit  nombre,  1  sur  5o  peut-être,  qui  n'était  arrivé  qu'à  demi-grosseur 
et  paraissait  impropre  à  opérer  la  fécondation. 


(  6*7  ) 

»  Un  quatrième  pied  a  seul  conservé  les  caractères  de  l'hybride  dont  il 
descend,  sa  corolle  est  intermédiaire  pour  la  grandeur  entre  celles  des 
P.  officinalis  et  grandiflora,  et  ce  caractère  mixte  n'est  pas  démenti  par  la 
coloration  mordorée  de  cet  organe  où  le  jaune  et  le  pourpre  des  deux  espèces 
se  fondent  l'un  dans  l'autre.  Le  pollen  présente  ici  un  déchet  considérable  : 
examiné  sous  le  microscope,  il  nous  a  présenté,  à  M.  Decaisne  et  à  moi , 
une  proportion  beaucoup  plus  forte  de  grains  mal  conformés  ou  arrêtés 
dans  leur  développement  que  de  grains  arrivés  à  l'état  parfait.  D'après  plu- 
sieurs calculs  que  nous  en  avons  faits,  nous  avons  trouvé  que  les  bons  grains 
étaient  aux  mauvais  comme  6 1  est  à  98,  ou,  en  chiffres  réduits,  comme 
3  est  à  5. 

»  Les  deux  dernières  plantes  reproduisent  presque  identiquement  la  variété 
à  fleurs  purpurines  du  P.  grandiflora ,  seulement  les  teintes  de  la  corolle  en 
sont  affaiblies;  dans  l'un  d'eux,  la  coloration  pourpre  est  seulement  un  peu 
moins  vive  que  dans  le  type  spécifique  ;  dans  l'autre,  elle  est  sensiblement 
plus  pâle  et  approche  de  la  couleur  lilas.  Dans  toutes  deux,  le  pédoncule 
commun  est  rudimentaire ,  et  les  pédicelles  particuliers  fort  allongés, 
comme  chez  le  P.  grandiflora;  mais,  chose  à  noter,  tandis  que  dans  l'échan- 
tillon à  corolle  plus  vivement  colorée  la  presque  totalité  des  grains  de  pol- 
len semble  bien  constituée,  dans  celui  où  la  coloration  est  affaiblie  la  pro- 
portion du  pollen  incomplètement  développé  est  au  contraire  presque 
double  de  celle  du  pollen  arrivé  à  grosseur  normale.  Nous  avons  effective- 
ment trouvé,  d'après  plusieurs  calculs,  112  bons  grains  contre  216  mau- 
vais ;  c'est  comme  l'on  voit,  à  peu  de  chose  près,  16  contre  3i ,  ou,  plus  sim- 
plement encore,  1  contre  2. 

»  Depuis  le  moment  où  ces  observations  ont  été  faites,  un  septième  pied 
de  notre  Primevère  issue  d'hybride  a  fleuri;  il  retourne,  comme  les  deux 
dont  je  viens  de  parler,  au  type  du  P.  grandiflora  dont  il  diffère  à  peine; 
je  n'en  ai  pas  examiné  le  pollen. 

»  Ainsi,  sur  sept  plantes  provenues  des  graines  d'un  hybride  fécondé  par 
son  propre  pollen,  une  seule  conserve  la  forme  intermédiaire  de  cet  hy- 
bride; trois  plantes  reviennent  au  type  du  père,  et  trois  à  celui  de  la  mère, 
et  cela  à  la  première  génération.  Ne  dirait-on  pas  que  la  nature  a  hâte  de 
faire  disparaître  des  formes  bâtardes  qui  n'entrent  pas  dans  son  plan ,  et 
qu'elle  y  arrive,  non-seulement  par  l'imperfection  du  pollen  chez  un  grand 
nombre  d'hybrides,  mais  aussi,  quand  ces  hybrides  sont  féconds,  par  la 
séparation  des  deux  essences  spécifiques  que  l'art  ou  le  hasard  ont  violem- 
ment réunies? 


(  6s>8  ) 

»  L'expérience  n'est  pas  encore  complète,  et  le  fait  que  je  viens  de  signa- 
ler ne  suffit  pas  pour  asseoir  un  jugement  définitif.  Il  faudrait,  pour  cela, 
suivre  la  descendance  des  plantes  pendant  plusieurs  générations  succes- 
sives ;  mais  il  est  permis  déjà  de  conjecturer  que  celui  des  deux  éléments 
spécifiques  qui  domine  dans  chacune  des  séries  divergentes  de  nos  Prime- 
vères hybrides  finira  par  éliminer  totalement  le  plus  faible,  et  qu'à  la 
longue  les  plantes  obtenues  par  voie  de  semis  ne  différeront  plus  des  types 
proprement  dits  du  P.  officinalis  et  du  P.  grandiflora ,  parents  de  l'hy- 
bride primitif. 

»  Je  suis  loin  de  prétendre  que  ce  soit  là  une  règle  générale;  je  crois 
au  contraire  que  les  lois  qui  régissent  l'hybridité,  chez  les  végétaux,  va- 
rient d'espèce  à  espèce,  et  qu'il  n'est  pas  permis  de  conclure  d'un  hybride 
à  un  autre.  C'est  ce  qui  résultera,  je  l'espère,  des  expériences  multipliées 
qui  m'occupent,  depuis  déjà  plus  de  deux  ans,  au  Muséum.  » 

géologie.  —  Sur  le  gisement,  l'âge  et  le  mode  de  formation  des  terrains 
à  meulières  du  bassin  de  Paris  ;  parM.  Mecgy.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Cordier,  C.  Prévost,  de  Senarmont.) 

«  J'ai  réuni  dans  ce  Mémoire  les  principaux  faits  que  j'ai  observés  dans 
les  nombreuses  carrières  de  pierre  meulière  que  j'ai  visitées  depuis  près  de 
quatre  ans.  Frappé  des  idées  contradictoires  que  l'étude  de  ces  terrains  fait 
naître,  j'ai  cherché  à  me  rendre  compte  des  traces  de  dislocations  et  de 
bouleversements  qu'ils  présentent  ;  je  me  suis  demandé  si  les  argiles  et 
les  sables  qui  accompagnent  les  meulières  sont  contemporains  du  dépôt  sili- 
ceux ou  s'ils  datent  d'époques  différentes,  enfin  dans  quelles  circonstances 
ces  matériaux  se  sont  déposés. 

»  J'établis  d'abord  que  les  deux  terrains  à  meulières,  quoique  séparés 
par  les  sables  de  Fontainebleau,  ont  entre  eux  des  rapports  intimes  non- 
seulement  par  les  caractères  minéralogiques  des  roches  qui  les  composent, 
mais  encore  par  leur  situation  géologique  et  leurs  limites  géographiques. 
Ainsi  le  terrain  des  meulières  supérieures  repose  sur  le  calcaire  lacustre  de 
Beauce,  comme  le  terrain  des  meulières  inférieures  repose  sur  celui  de 
Brie.  Tous  deux  se  trouvent  pour  ainsi  dire  exclusivement  concentrés  vers 
le  relèvement  septentrional  de  ces  deux  calcaires  et  sont  compris  dans  un 
seul  et  même  bassin,  dont  les  bords  semblent  avoir  été  déterminés  par  le 
relief  des  couches  inférieures  et  par  les  dénudations  que  le  sol  avait  éprou- 


(629) 
vées  antérieurement  à  leur  formation.  De  plus,  je  fais  remarquer  que  ces 
deux  terrains  sont  étroitement  liés  par  leur  constitution  physique  et  minéra- 
logique,  et  c'est  de  l'examen  minutieux  et  détaillé  de  l'allure  qu'ils  affectent 
que  découle  une  partie  de  mes  conclusions. 

»  En  général,  la  formation  des  meulières,  en  quelque  point  qu'on  l'ob- 
serve, se  compose  de  deux  assises  :  l'une  inférieure,  caractérisée  par  des 
bancs  plus  ou  moins  continus  dont  les  intervalles  très-irréguliers  sont  rem- 
plis par  de  la  glaise  compacte  grise  ou  rougeâtre  ;  l'autre  supérieure,  où  le 
sable  et  le  gravier  dominent,  et  où  la  meulière  est  disséminée  en  blocs  plus 
ou  moins  volumineux  et  confusément  disposés. 

»  Un  fait  important  à  signaler,  c'est  que  l'argile  qui  accompagne  les 
meulières  renferme  toujours  des  débris  plus  ou  moins  gros  de  la  même  ro- 
che. Ces  débris,  dont  les  plus  petits  ne  dépassent  pas  quelques  millimètres, 
sont  posés  tantôt  à  plat,  tantôt  de  champ,  tantôt  obliquement  dans  un  sens 
ou  dans  un  autre,  de  telle  sorte  qu'il  est  impossible  de  ne  pas  reconnaître 
qu'ils  ne  sont  pas  en  place,  c'est-à-dire  qu'ils  ont  dû  être  détachés  du  mas- 
sif et  amenés,  postérieurement  au  dépôt  de  la  meulière,  dans  l'emplacement 
qu'ils  occupent  aujourd'hui.  Et  comme  ces  débris  se  trouvent  à  tous  les 
niveaux,  aussi  bien  à  la  base  du  terrain  qu'à  sa  partie,  supérieure,  il  faut  né- 
cessairement conclure  que  l'argile  dans  laquelle  ils  sont  empâtés  est  plus 
récente  que  la  meulière  elle-même  (i). 

»  Un  autre  fait  non  moins  important  que  le  précédent  consiste  dans  le 
passage  des  meulières  de  Brie  au  calcaire  lacustre  inférieur;  mais  ce  passage 
ne  s'observe  que  vers  le  centre  du  bassin  où  ce  terrain  se  trouve  déposé. 
Ainsi,  dans  presque  toutes  les  exploitations  des  environs  de  Corbeil  et 
de  Villeneuve-Saint-Georges,  on  reconnaît  l'existence  du  calcaire  siliceux 
dans  l'intérieur  même  de  la  meulière,  et  il  est  même  certains  points  où  les 
bancs  calcairessont  seulement  cariés  dans  le  voisinage  des  fentes  qui  les  tra- 
versent. Il  paraît  donc  rationnel  de  supposer  que  les  meulières  dérivent 
des  calcaires  siliceux  auxquels  elles  sont  superposées. 

»  Mais  d'où  vient  l'argile  avec  lentilles  de  sable  qui  entre  comme  partie 


(  i  )  Une  opinion  toute  contraire  a  été  émise  par  M.  Constant  Prévost  dans  une  Note  insé- 
rée au  Bulletin  de  la  Société  Philomathique  1826,  et  intitulée:  «  Quelques  faits  relatifs  à  la 
formation  des  silex  meulières  » .  D'après  cet  auteur,  les  masses  siliceuses  seraient  contempo- 
raines des  argiles  qui  les  enveloppent  et  auraient  été  produites  à  la  manière  de  la  craie  par 
des  agglomérations  de  la  silice  au  sein  du  limon  argileux. 

C.  R.,  i856,  Ier  Semestre.  (T.  XLII,  N°  14.)  **4 


(  63o  ) 
essentielle  dans  ces  terrains?  D'où  viennent  les  sables  et  les  graviers  qui  la 
surmontent?  Je  fais  voir  que  ces  argiles,  ces  sables  et  ces  graviers  se  lient 
;t  ceux  de  Sologne  et  reposent  en  stratification  discordante  sur  les  deux  cal- 
caires siliceux.  Seulement  ces  matériaux  ne  renferment  de  meulière  qu'au- 
dessus  des  .points  où  cette  roche  existait  primitivement. 

»  Quant  au  mode  de  formation  des  meulières,  le  célèbre  Brongniart  avait 
déjà  annoncé  dans  sa  Description  géologique  des  environs  de  Paris  qu'il 
avait  fait  de  véritables  meulières  en  jetant  du  calcaire  siliceux  dans  de  l'a- 
cide nitrique.  Chacun  peut  répéter  cette  expérience  bien  simple,  et  l'on 
remarquera  que  l'acide  laisse  un  résidu  argileux  rougeâtre,  lequel  nous 
paraît  représenter  certaines  glaises  qui  remplissent  les  vides  de  la  pierre.  A 
une  certaine  époque  postérieure  au  calcaire  de  Beauce,  des  eaux  acides  se 
seraient  répandues  sur  les  calcaires  siliceux  et  les  auraient  décomposés  plus 
ou  moins  complètement,  en  laissant  pour  résidu  :  d'une  part,  le  squelette 
siliceux  du  calcaire,  et,  d'autre  part,  l'argile  ferrugineuse  primitivement  mê- 
lée d'une  manière  intime  au  carbonate  de  chaux.  Un  peu  plus  tard,  les  vides 
nombreux  et  irréguliers  existant  au  milieu  de  ce  squelette  ou  de  cette  espèce 
de  carcasse  du  calcaire  siliceux  (pour  nous  servir  de  l'expression  pittores- 
que de  Brongniart)  auraient  été  remplis  par  les  glaises  et  les  sables  du  ter- 
rain de  Sologne. 

»  C'est  ainsi,  suivaut  nous,  qu'on  peut  concevoir  cet  assemblage  vérita- 
blement bizarre  de  bancs  rompus  et  disloqués,  sans  aucune  liaison,  bien 
cpie  paraissant  avoir  appartenu  à  un  dépôt  régulier,  et  de  glaises  et  sables 
renfermant  aussi  des  fragments  détachés  de  la  même  roche. 

»  Nous  avons  aussi  établi  un  rapprochement  entre  les  glaises  des  meu- 
lières et  certaines  argiles  du  Nord  avec  grès  placées  sous  le  limon.  Cette  ma- 
nière de  voir  concorde  avec  les  observations  des  illustres  auteurs  de  la 
Carte  géologique  de  France,  qui  ont  indiqué  ces  argiles  comme  appartenant 
à  l'époque  miocène. 

»  Enfin  nous  terminons  en  jetant  un  coup  d'œil  sur  les  minerais  de  fer 
hydraté  qui  recouvrent  souvent  les  plateaux  où  affleurent  les  meulières  su- 
périeures, et  qui  semblent  avoir  été  produits  par  des  sources  après  le  dépôt 
du  diluvium  gris  à  ossements  qui  remplit  le  fond  des  vallées. 

»  En  résumé,  les  faits  exposés  dans  ce  Mémoire  conduisent  aux  consé- 
quences suivantes  : 

»  i°.  La  structure  particulière  de  la  pierre  meulière  est  due  à  la  réaction 
opérée  sur  les  deux  calcaires  lacustres  par  des  eaux  acides  qui  ont  afflué,  à 
une  époque  postérieure  au  dernier  calcaire  et  antérieure  aux  fahluns  de 


(  63,  ) 
Touraine,  dans  un  même  bassin   résultant  à  la  fois  du  relief  des  couches 
inférieures  et  des  dégradations  profondes  que  les  sables  de  Fontainebleau 
et  le  calcaire  de  Beauce  avaient  déjà  subies  de  la  part  des  eaux. 

»  -2°.  Lès  vides  de  la  carcasse  siliceuse  ainsi  produite  par  la  dissolution 
des  parties  calcaires  qui  s'y  trouvaient  primitivement  associées,  ont  été  rem- 
plis d'abord  par  le  résidu  provenant  de  la  décomposition  des  calcaires,  puis 
par  les  sables,  graviers  et  glaises  du  terrain  de  Sologne. 

»  3°.  Les  terrains  à  meulières  constituent  par  conséquent  des  dépôts 
mixtes  appartenant  à  des  époques  différentes. 

»  l\°.  Les  argiles  grasses  qui  empâtent  des  blocs  de  grès  tertiaires  dans 
le  nord  de  la  France  et  qui  sont  inférieures  au  limon,  semblent  être  con- 
temporaines des  argiles  à  meulières. 

»  5°.  Outre  les  meulières  associées  à  leurs  glaises  bigarrées  pures  ou 
veinées  de  sable,  il  en  existe  d'autres  qui  ont  été  reuianiées  à  l'époque  du 
limon. 

»  6°.  Les  grandes  vallées,  telles  que  celles  de  la  Seine  et  de  la  Marne, 
dont  les  rives  sont  bordées  par  des  plateaux  recouverts  d'argiles  à  meu- 
lières, ont  été  creusées  postérieurement  au  dépôt  de  ces  argiles.  Elles  ont 
reçu  successivement  le  diluvium  gris,  le  terrain  rougeâtre  à  cailloux,  puis 
le  limon  qu'on  trouve  souvent  superposé  aux  meulières  sur  1-es  points  les 
plus  élevés. 

»  70.  Enfin  les  minerais  de  fer  bydroxydé  qui  remplissent  des  poches  à 
la  surface  des  meulières  supérieures,  paraissent  dus  à  des  sources  carbo- 
natées  qui  ont  jailli  au  commencement  de  la  période  agitée  du  terrain  qua- 
ternaire, et  sont  par  suite  contemporains  du  terrain  à  cailloux  inférieur  à 
l'argile  sableuse  du  limon.  » 

CHIRURGIE.  —  De  l'influence  de  la  proportion  du  phosphate  de  chaux  con- 
tenu dans  les  aliments  sur  la  formation  du  cal;  par  M.  Alphonsk 
Milne  Edwards.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Rayer,  Claude  Bernard,  Jules  Cloquet.) 

«  L'idée  de  faciliter  le  travail  de  consolidation  des  fractures,  à  l'aide  de 
médicaments  pris  à  l'intérieur,  paraît  s'être  présentée  à  l'esprit  de  quelques 
chirurgiens  d'une  époque  déjà  assez  éloignée,  et  plusieurs  faits  tendent  à 
faire  croire  que,  parmi  les  substances  qui  ont  été  employées,  se  trouve  le 
phosphate  de  chaux,  ou  du  moins  des  sels  calcaires.  Cependant  la  descrip- 
tion que  Fabricius  de  Hilden  nous  donne  de  la  pierre  ostéocole,  est  trop 

84.. 


(  63a  ) 
vague  et  trop  obscure  pour  qu'on  puisse  avancer  avec  certitude  qu'elle 
renfermât  du  phosphate  de  chaux. 

»  Dans  ces  derniers  temps,  quelques  chirurgiens  essayèrent  de  l'emploi 
du  phosphate  de  chaux,  mêlé  aux  aliments;  M.  Gosselin ,  chirurgien  de 
l'hospice  Cochin,  eut  recours  à  ce  moyen,  surtout  dans  les  cas  de  fractures 
du  bras,  qui  quelquefois  sont  si  longues  à  se  consolider.  Les  résultats 
parurent  satisfaisants  sur  les  six  malades  dont  j'ai  pris  les  observations;  du 
vingt-septième  au  trentième  jour  on  pouvait  retirer  l'appareil;  la  fracture 
paraissait  entièrement  consolidée,  et  on  se  bornait  à  faire  porter  quelques 
jours  encore  une  écharpe  au  malade. 

»  Mais  ici  on  ne  pouvait  pas  examiner  les  cals;  on  ne  pouvait  juger  de 
leur  plus  ou  moins  grande  solidité  que  bien  approximativement;  aussi, 
d'après  les  conseils  de  M.  Gosselin,  qui  a  bien  voulu  vérifier  les  résultats 
de  mes  expériences,  ai-je  fait  quelques  recherches  sur  des  chiens  et  des 
lapins. 

»  Dans  ces  expériences,  je  prenais  tantôt  des  chiens,  tantôt  des  lapins, 
à  peu  près  dans  les  mêmes  conditions  d'âge,  de  force  et  de  taille  ;  je  leur 
fracturais  un  membre,  le  bras  ou  l'avant-bras,  d'une  manière  à  peu  près 
identique;  puis  à  l'un  je  donnais  du  phosphate  de  chaux,  tandis  que  je 
ne  changeais'  rien  au  régime  ordinaire  de  l'autre. 

»  Le  phosphate  de  chaux  employé  à  l'hospice  Cochin  et  pour  ces  expé- 
riences, provenait  de  la  calcination  des  os,  et,  par  conséquent,  était  mêlé  à 
du  carbonate  de  chaux  qui  ici  ne  pouvait  avoir  aucun  inconvénient,  et  pré- 
sentait même  des  avantages.  Ce  phosphate  de  chaux  (3  CaO  Pli  O5)  est  inso- 
luble dans  l'eau  ordinaire,  mais  facilement  soluble  dans  les  liqueurs  même 
faiblement  acides  :  or  les  liquides  de  l'estomac  sont  franchement  acides;  le 
phosphate  peut  donc  s'y  dissoudre  et  devenir  absorbable. 

»  Sur  les  lapins  et  sur  les  chiens,  j'ai  examiné  le  cal  :  i°  immédiatement 
après  la  mort,  c'est-à-dire  entouré  de  toutes  les  parties  molles;  i°  après  la 
macération,  c'est-à-dire  lorsqu'il  ne  restait  plus  que  des  parties  solides.  J'ai 
comparé  entre  eux  six  cals  de  lapins  dont  trois  avaient  été  mis  au  régime 
du  phosphate  de  chaux;  chez  ces  derniers,  l'ossification  était  plus  avancée 
que  chez  les  autres.  J'ai  comparé  dix  cals  de  chiens  dont  cinq  avaient  été 
mis  au  régime  du  phosphate  de  chaux,  tandis  que  les  autres  avaient  été 
nourris  de  la  manière  ordinaire  :  chez  ces  animaux,  il  était  impossible  de 
méconnaître  l'influence  du  phosphate  de  chaux;  les  résultats  étaient  ex- 
trêmement satisfaisants. 

»  Par  l'ensemble  de  ces  faits,  on  voit  que  l'abondance   de  phosphate 


(  633  ) 
de  chaux  contenu  dans  les  aliments,  et  par  suite  porté  dans  le  torrent  de 
la  circulation,  accélère  le  travail  d'ossification  :  d'ailleurs  ce  sel  est  sans 
danger  ;  il  n'exerce  aucune  action  fâcheuse  sur  l'économie. 

»  Il  s'en  faut  cependant  que  je  présente  ici  le  phosphate  de  chaux  comme 
un  moyen  infaillible  pour  empêcher  la  non-consolidation  des  fractures; 
et  quand  d'autres  causes  interviennent  pour  entraver  l'ossification  du  cal, 
telles  qu'une  constitution  affaiblie,  ou  des  mouvements  prématurés,  le  phos- 
phate de  chaux  ne  peut  à  lui  seul  déterminer  la  guérison  ;  je  le  présente  seu- 
lement comme  un  moyen  adjuvant,  qui,  uni  à  des  soins  bien  entendus, 
pourra  diminuer  le  nombre  des  non-consolidations,  et,  dans  les  cas  ordi- 
naires, hâter  la  marche  du  travail  de  l'ossification.  » 

sciences  naturelles  appliquées.  —  De  l 'examen  des  farines  et  des  pains . 

par  M.  L.-E.  Rivot. 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  BoussingauhyPeligot.) 

L'auteur,  en  soumettant  ce  travail  à  l'Académie,  l'accompagne  de  la  Note 
suivante  : 

«  Les  prix  élevés  atteints  par  les  farines,  après  deux  années  consécuti- 
ves de  récoltes  insuffisantes,  ont  déterminé  l'importation  de  quantités  assez 
considérables  de  blé  et  de  farines,  venant  des  pays  étrangers  et  notamment 
d'Amérique. 

»  L'Administration  de  l'Agriculture  et  du  Commerce  a  soumis  ces  im- 
portations à  des  expériences  suivies,  afin  de  constater  leur  qualité  et  de 
n'admettre  en  France  que  celles  reconnues  convenables  sous  tous  les  rap- 
ports. En  même  temps  de  nombreuses  expériences  ont  été  faites  par  ordre 
de  Sa  Majesté  au  sujet  de  plusieurs  procédés  nouveaux  de  panification,  pro- 
posés par  différentes  personnes,  qui  toutes  avaient  pour  but  de  livrer  le 
pain  à  un  prix  plus  modéré. 

»  Chargé  par  Son  Exe.  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce 
et  des  Travaux  publics,  de  l'examen  d'un  grand  nombre  de  farines  et  de 
pains,  j'ai  cherché  à  résoudre  les  questions  qui  m'étaient  posées,  principa- 
lement au  point  de  vue  pratique. 

»  L'analyse  chimique  est  impuissante  à  constater  elle  seule  la  qualité 
d'une  farine,  ou  d'un  pain,  car  les  mélanges  divers  qui  ont  pu  être  faits 
dans  les  farines,  leur  état  physique  exercent  sur  la  qualité  des  pains  une 
influence  beaucoup  plus  grande  que  leur  composition  chimique  prise  en 
valeur  absolue. 


(  634  ) 
»  La  chimie  doit  donc  appeler  à  son  aide  les  autres  sciences  naturelles 
et  principalement  la  physique,  dont  les  puissants  appareils  d'ohservation 
ont  reçu  dans  ces  dernières  années  des  perfectionnements  si  importants.   » 

astronomie.  —  Observation  sur  la  scintillations  des  étoiles  ; 
par  M.  Charles  Dcfour.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.   Pouillet,  Babinet,    Bravais.) 

«  Frappé  des  différences  que  ce  phénomène  présentait  d'un  jour  à  l'au- 
tre, j'ai  commencé  à  observer  la  scintillation  en  i85a.  J'ai  continué  mes 
observations  jusqu'à  présent,  sans  aucune  interruption,  toutes  les  nuits 
pendant  lesquelles  on  pouvait  voir  les  étoiles;  et  cela  dans  le  but  de  recher- 
cher quel  rapport  il  y  avait  entre  cette  scintillation  et  les  différents  phéno- 
mènes météorologiques. 

»  Après  avoir  essayé  et  abandonné  différents  scintillomètres,  j'ai  trouvé 
que  la  meilleure  manière  d'observer  était  de  regarder  avec  soin  l'astre  qui 
scintille,  et  d'apprécier  cette  scintillation  par  un  chiffre,  comme  en  météo- 
rologie on  apprécie  par  des  chiffres  l'état  de  clarté  du  ciel  ou  la  force  du  vent. 
Ce  procédé  est  imparfait  sans  doute,  mais  en  pareil  cas  on  peut  espérer  de 
voir  disparaître  les  erreurs  isolées  dans  les  moyennes  de  quelque  mille  ob- 
servations. D'ailleurs  l'appréciation  de  la  scintillation  n'est  guère  plus  diffi- 
cile que  celle  de  l'éclat  des  étoiles  variables;  et  cependant,  en  appliquant  à- 
cette  dernière  recherche  un  procédé  analogue  à  celui  qui  a  été  employé  ici, 
on  est  arrivé  à  des  résultats  remarquables,  qui  sont  admis  dans  la  science. 
Il  n'y  a  qu'à  citer  comme  exemple  le  beau  travail  de  M.  Argelander  sur  les 
singulières  variations  de  /S  de  la  Lyre. 

»  Actuellement,  mes  observations  sont  au  nombre  de  plus  de  treize 
mille;  mais  avant  de  les  discuter  au  point  de  vue  météorologique,  il  était 
nécessaire  de  rendre  comparables  entre  elles  celles  qui  n'avaient  pas  été 
faites  à  la  même  hauteur.  A  cet  effet,  j'ai  mis  à  part  toutes  les  journées 
de  beau  temps,  pendant  lesquelles  la  scintillation  paraissait  avoir  été  nor- 
male, sans  aucune  variation  bizarre  d'un  instant  à  l'autre,  quand,  sous 
tous  les  rapports,  une  journée  ressemblait  à  la  veille  ou  au  lendemain. 
Les  périodes  surtout  utilisées  à  cet  effet  ont  été  ces  séries  de  beau  temps 
que  l'on  a  eu  dans  le  canton  de  Vaud  en  octobre  1 853,  en  mars  et  en  sep- 
tembre i854-  En  éliminant  ensuite  toutes  les  observations  faites  au  crépus- 
cule, ou  lorsque  les  étoiles  étaient  dans  le  voisinage  des  nuages,  parce  que 
ces  deux  circonstances  tendent  en  général  à  rendre  la  scintillation  plus 


(  635  ) 
forte,  il  est  resté  ainsi  un  grand  nombre  d'observations  faites  dans  de  très- 
bonnes  conditions.  Maintenant,  en  réunissant  toutes  celles  qui  avaient  été 
faites  à  la  même  hauteur,  et  en  prenant  la  moyenne,  on  a  obtenu  pour  cha- 
que étoile  sa  scintillation  normale  à  différentes  hauteurs. 

»  Ce  calcul  a  conduit  aux  conclusions  suivantes  : 

»  i°.  Toutes  choses  égales  d'ailleurs,  les  étoiles  rouges  scintillent  moins 
que  les  étoiles  blanches. 

»  20.  L'intensité  de  la  scintillation  d'une  étoile  est  à  peu  près  proportion- 
nelle au  produit  obtenu  en  multipliant  la  réfraction  astronomique  pour  la 
hauteur  à  laquelle  se  trouve  cette  étoile  par  l'épaisseur  de  la  couche  d'air 
que  traverse  le  rayon  de  lumière  que  l'on  considère. 

»  3°.  Outre  le  fait  de  l'influence  des  couleurs ,  il  y  a  encore  entre  la  scin- 
tillation des  diverses  étoiles  des  différences  essentielles  qui  paraissent  pro- 
venir des  étoiles  elles-mêmes. 

a  Du  reste,  il  est  possible  peut-être  d'expliquer,  par  des  considérations 
théoriques,  ce  fait  que  les  étoiles  rouges  ne  scintillent  pas  autant  que  les 
étoiles  blanches  ;  du  moins  en  admettant  l'explication  de  la  scintillation 
donnée  par  M.  Arago,  c'est-à-dire,  en  la  considérant  comme  une  consé- 
quence du  principedes  interférences. 

»  Supposons,  en  effet,  quelques  rayons  des  sept  couleurs  primitives  tra- 
versant l'atmosphère,  et  dans  les  mêmes  conditions.  Il  pourra  arriver  que 
quelques-uns  d'entre  eux  soient  déviés  et,  après  avoir  fait  un  certain  détour, 
viennent  interférer  et  détruire  les  rayons  de  la  même  couleur  qui  ont  par- 
couru une  distance  moins  grande  d'une  demi-ondulation.  Mais  l'onde  rouge 
étant  la  plus  grande  des  ondes  lumineuses,  on  comprend  que,  pour  faire 
interférer  les  rayons  rouges,  il  faudra  une  déviation  plus  considérable, 
des  perturbations  atmosphériques  plus  grandes;  ou  enfin  que,  toutes  choses 
égales  d'ailleurs,  les  rayons  rouges  par  le  fait  des  déviations  atmosphéri- 
ques seront  moins  facilement  détruits  que  les  rayons  des  autres  couleurs, 
ou  que  la  moyenne  des  autres  couleurs. 

»  Donc  (en  admettant  toujours  la  théorie  de  M.  Arago)  une  étoile 
rouge  doit  scintiller  moins  qu'une  étoile  blanche. 

»  Quant  à  la  relation  qu'il  y  a  entre  la  scintillation  des  étoiles  et  les  diffé- 
rents phénomènes  météorologiques,  je  me  propose  d'en  faire  le  sujet  d'une 
communication  subséquente.   » 

M.  Bravais  ,  qui  a  été  chargé  de  présenter  ce  Mémoire  à  l'Académie, 
croit  devoir  faire  remarquer  qu'il  ne  faut  pas  confondre  l'auteur,  qui  est 


(  636  ) 

professeur  de  Mathématiques  à  Morges  (Suisse),  avec  un  autre  savant  du 
même  nom,  M.  Léon  Dujour,  professeur  de  Physique  au  Lycée  de  Lausanne, 
qui  s'est  occupé  surtout  des  phénomènes  du  mirage. 

acoustique.  —  Études  expérimentales  sur  les  mouvements  ries  fluides 
élastiques  :  théorie  nouvelle  des  instruments  à  vent  (deuxième  Mémoire, 
sixième  partie)  ;  par  M.  Masson. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Pouillet, 
Duhamel,  Despretz,  Cagniard  de  Latour.) 

PHYSIQUE.  —  Sur  la  loi  de  progression  suivant  la  température  de  la  tension 
de  la  vapeur  d'eau;  par  M.  P.-Ch.  Nesmond. 

(Commissaires,  MM.  Regnault,  Despretz.) 

M.  Bordoxe  soumet  au  jugement  de  l'Académie  la  description  et  la  figure 
d'un  nouveau  système  de  grilles  fumivores . 

«  Ce  système,  dit  l'auteur,  a  déjà  été  expérimenté  sur  des  générateurs  de 
diverses  espèces  et  fonctionne  également,  quoique  sur  une  petite  échelle, 
dans  le  four  d'un  atelier  de  céramique  à  Vincennes.  Je  suis  donc  en  mesure 
de  faire  fonctionner  devant  la  Commission  un  de  ces  appareils  qui  sont  à  ma 
disposition,  et  je  suis  également  prêt  à  étahlir  un  nouveau  foyer  fumivore 
dans  un  lieu  qui  me  serait  désigné.  » 

(Commissaires,  MM.  Regnault,  Combes,  Seguier.) 

M.  Frohlich  adresse,  à  l'occasion  d'une  communication  récente  de 
M.  Chatin,  une  Note  sur  la  structure  des  racines  des  Orchidées  épidendres. 

Le  but  de  cette  Note  est  de  revendiquer,  en  faveur  de  divers  botanistes 
allemands,  la  découverte  des  principaux  faits  d'organographie  présentés 
dans  le  Mémoire  du  1 4  janvier  1 856. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Botanique  déjà  saisie  du  Mémoire  de 

M.  Chatin.) 

M.  Roussin  envoie  de  Teniet-el-Had  (Algérie)  une  Note  intitulée  :  De 
Viodure  de  plomb  photographique. 

L'auteur  y  présente  les  résultats  auxquels  il  est  arrivé  en  cherchant  à  ap- 
pliquer à  la  formation  des  images  photographiques  des  substances  dont  on 


(  637  ) 
n'avait  pas  encore  songé  à  faire  une  semblable  application.  A  sa  Note  sont 
jointes  diverses  épreuves  sur  papier,  obtenues  au  moyen  de  l'action  de  la 
lumière  sur  l'iodure  de  plomb. 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Seguier.) 

M.  Carentin  adresse  de  Dellys  (Algérie)  une  Note  sur  un  procédé  agricole 
destiné  à  prévenir  le  développement  de  la  maladie  de  la  vigne. 

«  La  substance  que  j'emploie  à  cet  effet,  la  cendre  de  bois  ordinaire,  a 
été,  dit  l'auteur,  déjà  employée  avant  moi  ;  mais  par  la  manière  dont  j'en 
fais  usage,  je  parviens  à  prolonger,  pendant  tout  le  temps  nécessaire,  une 
influence  qui,  tant  qu'elle  n'était  que  passagère,  ne  pouvait  avoir  réellement 
aucun  résultat  utile.  » 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  dite  des  maladies  des  végétaux.) 

L'Académie  renvoie  aux  Commissions  compétentes  les  Mémoires  suivants 
adressés  pour  des  concours  et  parvenus  au  Secrétariat  avant  le  ier  mars  : 

Deux  Mémoires  destinés  au  concours  pour  le  grand  prix  de  Mathéma- 
tiques de  1 856,  question  concernant  le  dernier  théorème  de  Fermât  :  inscrits 
sous  les  nos  9  et  10  (i). 

Mémoire  destiné  au  concours  pour  le  grand  prix  de  Physique  de  1 856, 
question  concernant  la  théorie  mathématique  des  phénomènes  capillaires  : 
inscrit  sous  le  n°  2. 

M.  Isid.  Bourdon  présente  au  concours  pour  le  prix  de  Médecine  et  de 
Chirurgie  un  Mémoire  sur  divers  traitements  opposés  au  choléra,  et  plus 
particulièrement  sur  les  effets  thérapeutiques  de  la  strychnine. 

Les  auteurs,  dont  les  noms  suivent,  adressent,  conformément  à  une  des 
conditions  imposées  aux  concurrents,  une  indication  de  ce  qu'ils  consi- 
dèrent comme  neuf  dans  des  travaux  présentés  à  ce  concours;  ce  sont  : 

M.  Godard.  (  Recherches  sur  les  Monorchides  et  les  Cryptorchides  chez 
l'homme.) 

M.  Notta.  (Recherches  sur  la  cicatrisation  des  artères  à  la  suite  de  leur 
ligature.) 

(1)  Deux  Mémoires  adressés  pour  le  même  concours  à  la  précédente  séance  avaient  été 
inscrits  sous  les  nos  7  et  8  et  non  6  et  7,  comme  on  l'a  imprimé  par  erreur  page  585, 
dernière  ligne. 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  14.)  85 


C  638  ) 

M.  Th.  Herpix.  (Mémoire  sur  le  chlorate  de  potasse,  comme  spécifique 
contre  la  salivation  mercurielle.) 

M.  Schweitzer  ,  en  adressant  un  Traité  de  galvanocaustique  de  M.  Mid- 
deldorpf,  professeur  de  chirurgie  à  l'Université  de  Breslau,  demande,  au 
nom  de  l'auteur,  que  ce  livre  soit  admis  au  concours  pour  les  prix  de  Mé- 
decine et  de  Chirurgie. 

CORRESPONDANCE. 

astronomie.  —  Découverte  de  la  l\oe  petite  planète,  faite  à  Paris  par 
M.  Goldschmidt.  (Communication  de  M.  Le  Verrier.) 

«  Ce  nouvel  astre,  du  groupe  des  astéroïdes,  a  été  découvert  par 
M.  Goldschmidt  dans  la  soirée  du  3 1  mars,  et  dans  la  position  suivante  : 

i856,  Mars  3i;  T.  M.  de  Paris  =  ioh5m. 

Ascension  droite =  i3h  iS^o8. 

Déclinaison =  —  o°  2'. 

»  L'éclat  de  la  planète  est  comparable  à  celui  d'une  étoile  de  9e  à  10e 
grandeur. 

»  On  en  a  fait  à  l'Observatoire  impérial  de  Paris  trois  observations  mé- 
ridiennes, qui  ont  donné  : 

T.  M.  de  Paris.  Asc.  droite.  Déclinaison. 

i856,  Avril  ier  i2h3om24',39  1 3h  1 2™ 32S90  +  o°  6'38",2o 

»       »    4  12.15.43,43        i3.  9.39,19  0.23.43,60 

»         »      6  12.  5.55,77  '3«  7.43,o3  0.34.54,90 

astronomie.   —   Observations  méridiennes  des  planètes  Leda  et  La-titia, 
faites  à   Gottingue  par  M.   Klixkerfues.  (Présentées  par  M.  Lfjeuxe 

DlRICHLET.  ) 

LEDA. 


h 


i856,    Mars  24          8.  4-   7>8'  +16.17.29,4 

26               5.  5,47  I2  36,2 

V]                5.35,78  10.  6,0 

L.ETITIA. 

h        m       s  0        / 

Mars  24         1  o .  5o .  -27  , 7 1  -M  o .  20 .  20 ,9 

26              49  ' 5 , 3o  32 . 1 7 , 7 

27,              48 .4°)  4°'  38.  io;,6 


(639) 

M.  Elie  de  Beaumont  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la  corres- 
pondance, un  opuscule  intitulé  :  Lettre  adressée  à  MM»  les  membres  de 
la  IXe  classe  du  jurj  national  de  V Exposition  universelle  de  i855,  au  su- 
jet d'une  réclamation  de  priorité  élevée  par  M.  Stevenson,  relativement  à 
l'application  delà  réflexion  totale  aux  feux  tournants,  par  M.  L.  Rejnaud. 

M.  Elie  de  Beaumont  signale  parmi  les  pièces  imprimées  de  la  corres- 
pondance un  ouvrage  de  M.  J.  Barrande  imprimé  en  français,  et  intitulé  : 
Parallèle  entre  les  dépôts  siluriens  de  Bohême  et  de  Scandinavie. 

Dans  ce  travail,  M.  J.  Barrande  fait  connaître  les  ressemblances  et  les 
dissemblances  stratigraphiques  et  paléontologiques  que  présentent  entre 
eux  les  dépôts  siluriens  de  la  Bohème  et  de  la  Scandinavie.  Relativement  à 
ces  derniers  il  puise  ses  éléments  de  comparaison  dans  les  travaux  publiés 
récemment  par  M.  Angelin.  Le  nombre  aujourd'hui  considérable  des  fos- 
siles connus  dans  les  deux  pays  lui  permet  de  donner  à  cette  comparaison 
un  degré  tout  nouveau  de  précision.  Pour  en  donner  une  idée,  nous 
nous  bornerons  à  dire  qu'en  Bohême  la  faune  silurienne  prise  dans  sa  to- 
talité a  déjà  offert  à  M.  Barrande  de  i4oo  à  i5oo  espèces  de  toutes  classes. 
En  Scandinavie,  le  nombre  des  espèces  siluriennes  ne  saurait  encore  être 
évalué  d'une  manière  si  approchée,  mais  toutes  les  apparences  portent  à 
croire  qu'il  serait  à  peu  près  égal  à  celui  du  bassin  de  la  Bohême. 

M.  Elie  de  Beaumont,  en  présentant  au  nom  de  l'auteur,  M.  Pouriau, 
professeur  de  sciences  physiques  à  l'École  impériale  d'Agriculture  de  la 
Saulsaie  (Ain),  un  volume  intitulé  :  htwles  météorologiques  relatives  au 
climat  de  la  Saulsaie,  donne  dans  l'extrait  suivant  de  la  Lettre  d'envoi  une 
idée  des  résultats  principaux  qui  se  déduisent  des  observations  de  l'an- 
née 1 854-1 855  : 

«  i°.  Résultats  relatifs  à  l'analyse  des  eaux  pluviales  recueillies  à  la 
Saulsaie.  —  La  quantité  d'ammoniaque  contenue  dans  leseaux  de  pluie  de  la 
Saulsaie  est  beaucoup  plus  considérable  que  la  quantité  d'acide  azotique,  car, 
pendant  l'année  météorologique  1 854-1 855,  nous  avons  trouvé  a8  à  29 kilo- 
grammes d'ammoniaque  et  environ  7  kilogrammes  d'acide  azotique.  Si  l'on 
calcule  à  combien  de  fumier  de  ferme  moyen  correspond  cette  dose  d'am- 
moniaque, nous  trouvons  5  000  à  6  000  kilogrammes ,  en  supposant  le  fumier 
de  ferme  moyen  adopté  par  M.  Boussingault  comme  type  des  engrais, 

85.. 


(  64o  ) 
et  dosant  4  kilogrammes  d'azote  pour  i  ooo.  Si  l'on  suppose  une  fumure 
moyenne  de  4oooo  kilogrammes  par  hectare,  on  voit  que  cette  proportion 
correspond  à  un  huitième  de  fumure  environ,  ce  qui  représente  une  valeur 
de  5o  francs,  en  calculant  le  fumier  de  ferme  au  prix  de  86  centimes  les 
i  ooo  kilogrammes  (  i  ) . 

»  La  quantité  d'acide  nitrique,  6  à  7  kilogrammes  par  hectare,  corres- 
pondrait à  ik,8oo  d'azote,  ou  45o  kilogrammes  de  fumier  de  ferme.  Les 
eaux  les  plus  riches  en  ammoniaque  sont  celles  qui  correspondent  à  la 
saison  d'été  et  aux  deux  premiers  mois  d'automne.  Le  maximum  d'acide 
azotique  correspond  à  l'époque  des  orages  les  plus  fréquents. 

»  20.  Relations  de  L'ozone  avec  les  divers  phénomènes  météorologiques. 
—  La  marche  de  l'ozone  est  en  rapport  avec  la  température  :  le  maximum 
d'intensité  a  lieu  dans  la  saison  froide,  le  minimum  pendant  la  saison 
chaude;  dans  les  autres  saisons,  l'intensité  est  intermédiaire. 

»  Les  causes  qui  favorisent  l'intensité  de  l'ozone  sont  :  le  froid,  l'humi- 
dité, la  fréquence  des  pluies  à  intervalles  de  temps  à  peu  près  réguliers. 

»  Les  causes  qui  affaiblissent  cette  intensité  sont  :  la  chaleur  et  la  séche- 
resse qui  favorisent  la  fermentation,  source  de  produits  destructeurs  de 
l'ozone. 

*  Les  eaux  de  pluie  mensuelles  les  plus  riches  en  ammoniaque  corres- 
pondent, en  général,  avec  les  sommes  mensuelles  d'intensité  les  plus  faibles, 
et  vice  versa. 

»  Cette  proposition  est  également  vraie,  si  l'on  considère  la  richesse  de 
ces  eaux  en  acide  nitrique, 

»  Le  minimum  de  l'intensité  de  l'ozone  a  concordé  cette  année,  comme 
l'année  dernière,  avec  l'époque  où  les  fièvres  de  Bresse  ont  été  les  plus 
fortes.  » 

physique  chimique.  —  Sur  la  variation  du  pouvoir  rotatoire  du  sucre  de 
fécule;  par  M.  A.  Béchamp,  professeur-adjoint  de  Physique  à  l'École 
supérieure  de  Pharmacie  de  Strasbourg. 

«  Le  glucose  possède  la  curieuse  propriété,  découverte  par  M.  Dubrun- 
faut  [Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3e  série,  tome  XVIII),  de  varier 
dans  son  pouvoir  rotatoire  avec  le  temps.  C'est-à-dire  que  si  l'on  détermine 
le  pouvoir  rotatoire  du  glucose  cristallisé  immédiatement  après  l'avoir  fait 
dissoudre  dans  l'eau  froide,  on  trouvera  que  ce  pouvoir  est  double  environ 

(1)  Principes  d'Agronomie  dé  M.  Gasparin,  page  i3i. 


(64i  ) 
de  celui  qu'il  possédera  plus  tard  ;  et,  de  plus,  que  la  variation  se  fait  par 
degrés  insensibles  à  la  température  ordinaire. 

»  M.  Pasteur  a  confirmé  cette  observation  (Annales  de  Chimie  et  de 
Physique,  3e  série,  tome  XXXI,  page  92),  en  opérant  sur  le  glucosate  de 
sel  marin. 

»  Je  me  suis  aussi  occupé  de  cette  question  à  propos  de  mes  études  sur 
la  fécule  et  le  ligneux.  J'avais  préparé  du  glucose  de  fécule  avec  le  produit 
que  j'ai  appelé  fécule  soluble,  et  je  voulais  savoir  si  le  pouvoir  rotatoire  de 
ce  composé  répondait  à  celui  de  l'un  des  sucres  étudiés  par  M.  Biot  et 
rappelés  dans  la  Note  insérée  au  Compte  rendu,  n°  6,  du  mois  de  février 
dernier.  x 

»  Cette  étude  m'a  conduit,  je  le  crois,  à  l'explication  du  singulier  phé- 
nomène de  la  variation  du  pouvoir  rotatoire  avec  le  temps.  Mais,  avant 
d'exposer  mes  résultats,  il  est  nécessaire  de  constater  l'identité  ou  l'analogie 
du  produit  sur  lequel  j'opérais,  avec  les  produits  précédemment  examinés. 

»  Le  sucre  de  fécule  sur  lequel  j'ai  expérimenté,  était  relativement  bien 
cristallisé  ;  je  l'ai  laissé  séjourner  dans  le  vide  sec  jusqu'à  ce  que  son  poids 
fût  devenu  constant.  J'en  ai  pesé  2er,744  et  j'ai  dissous  les  cristaux  dans 
l'eau  distillée.  Mais  des  bulles  d'air  s'étant  attachées  aux  parois  du  tube,  j'ai 
été  obligé,  pour  les  faire  sortir,  de  chauffer  la  dissolution.  Après  le  refroi- 
dissement, le  volume  de  celle-ci  s'est  trouvé  être  de  42  centimètres  cubes  à 
t  =  120;  je  l'ai  observée  dans  un  tube  de  200  millimètres;  la  déviation  du 

plan  de  polarisation  était  ay  =  io°,i7.  A  l'aide  de  la  formule  de  M.  Berthe- 

y 
lot  [a]j  =  olj  -  et  des  données  suivantes  : 

a,-=io°,i7,     />  =  asr,744,     V  =  4acc  à  t  =  120,     /  =  200mm, 

on  trouve  [a]j  =  77°)8/*  pour  le  pouvoir  rotatoire  relatif  à  100  milli- 
mètres d'épaisseur. 

»  Quarante-huit  heures  après,  îa  même  liqueur  donnait  une  déviation 
de  6°,8  et  n'a  plus  varié  ensuite.  Les  éléments  pour  calculer  le  pouvoir 
rotatoire  moléculaire  de  la  solution  altérée  sont  maintenant  les  suivants  : 

(A)       ay  =  60,8,     />  =  2^44,     V  =  42cc  à  i  =  ia°,     l  =  200mm, 

d'où  [a]j  =  5çb°,o{[gf  pour  100  millimètres. 

»  Mais  cette  expérience,  exacte  quant  à  la  dernière  partie,  était  fautive 
quant  à  la  première,  puisque  j'avais  été  obligé  de  chauffer  la  dissolution; 
je  l'ai  donc  répétée.  Voici  les  éléments  de  cette  nouvelle  détermination.  La 


(  64i  ) 
durée  de  la  dissolution  dans  l'eau  froide  ayant  été  de  seize  minutes  : 

(B)       a/  =  t2°,75,     p=  1,997,     V  =  3occ,a  à  <  =  i4°,     /=aooram, 

d'où  [a]j  =  96°,4i  /  pour  100  millimètres. 

»  La  même  dissolution  a  été  rapidement  portée  à  l'éhullition,  refroidie 
par  un  courant  d'eau  froide,  ramenée  à  son  volume  primitif  et  observée, 
le  tout  dans  l'intervalle  de  vingt  minutes.  La  déviation  s'est  trouvée  être 
ctj :=  70, 63;  d'où,  à  l'aide  des  autres  éléments  de  (B),  [a],  =  5"j°,6g  /" 
pour  100  millimètres.  Six  heures  plus  tard,  j'ai  obtenu  a,  =3  6°, 89.  Les 
éléments  précédents  (B)  et  cette  nouvelle  mesure,  savoir  : 

a;  =  6°, 89,     p  es  1,997,     V  =  3occ,a  à  t  =  i4°,     l  =  aoomn\ 

donnent  pour  le  pouvoir  de   la  solution   altérée    [a]y- =  52°,o2/'   pour 
100  millimètres. 

66 
»  Enfin,  M.  Dubrunfaut  a  donné  le  rapport  ^  pour  le  rapport  du  pou- 
voir rotatoire  initial  au  pouvoir  rotatoire  final  du  glucose.  Or,  si  l'on  prend 
Je  nombre  moyen  5a°,o3  pour  le  pouvoir  final  du  sucre  de  fécule  sur 
lequel  j'ai  opéré,  la  proportion 

66  x 


35       52, o3 

nous  permettra  de  calculer  le  pouvoir  initial  ;  or  on  trouve  x  —  980, 1 1 ,  et 
j'ai  trouvé  96°,4i- 

»  De  ces  expériences,  il,  me  semble  qu'il  est  permis  de  conclure  que  le 
glucose  sur  lequel  j'ai  fait  mes  expériences  était  identique  à  celui  que 
M.  Dubrunfaut  avait  étudié. 

»  Si  j'ai  insisté  longuement  sur  ces  expériences  et  ces  mesures  prélimi- 
naires, c'était  pour  montrer  que  j'opérais  sur  un  produit  comparable  t  ;  et 
aussi  parce  que  je  me  servirai  des  données  précédentes  pour  essayer  d'ex- 
pliquer la  vraie  cause  de  la  variation  du  pouvoir  rotatoire  avec  le  temps. 

»  Reprenons  les  données  de  la  détermination  du  pouvoir  final  de  l'expé- 
rience (A),  savoir  : 

aj  =  6°,8,     p  —  2,744,     V  =  42cc,     l  =  2oomm,     d'où     [a}j  =  52°,o4. 

»  Il  est  clair  que  le  nombre.  5a°,o4  a  été  obtenu  en  supposant  que  le 
sucre  de  fécule  avait  conservé  sa  constitution  cristalline,  c'est-à-dire  la  for- 
mule C,2H,!'0,2,  a  HO  pendant  toute  la  durée  de  la  variation.  Mais  deman- 


(643  ) 
dons-nous  quel  serait  le  pouvoir  rotatoire,  si,  tout  le  reste  étant  semblable, 
on  faisait  l'hypothèse  que  la  molécule  C,2H,2012,  2  HO  se  soit  déshydratée 
et  transformée  en  C,2H,20,a;  c'est-à-dire  qu'en  présence  de  l'eau  le  glucose 
cristallisé  se  soit  transformé  en  glucose  anhydre.  Pour  cela,  il  suffit  de 
calculer  combien  de  ce  dernier  donnerait  2gr,744  du  premier;  on  trouve 
que  agr,744  de  glucose  cristallisé  correspondent  à  2gr,4o,44  de  glucose 
anhydre.  Or,  avec  cette  valeur  de  p  et  les  autres  nombres  de  (A),  savoir  : 

ay  ==  6°,  8,     p  —  2,49,44,     V  =  4acc,     l  —  200°"», 

on  obtient  [a]y  =  57°,6  pour  100  millimètres. 

»  Il  est  vrai  que  l'on  peut  objecter  contre  l'hypothèse,  qu'il  n'est  pas  du 
tout  certain  que  le  volume  de  C12  H12  O12,  2  HO  soit  le  même  que  celui 
de  C,2H'aO,a  +  2HO;  que,  par  conséquent,  le  volume  de  la  liqueur  a  pu 
varier,  ce  qui  est  probable.  Mais  je  réponds  :  i°  que  l'on  ne  peut  pas 
constater  de  variations  dans  le  volume  de  la  liqueur  ;  20  que  la  densité  ne 
devait  pas  et  n'a  pas  sensiblement  varié,  ni  pendant  la  variation  du  pouvoir 
rotatoire  ni  après  ;  et  3°  que,  dans  tous  les  cas,  si  des  variations  de  volume 
ont  lieu,  elles  tombent  dans  la  limite  dés  erreurs  d'observation,  et  n'in- 
fluent pas  sur  le  résultat  ni  sur  la  légitimité  de  l'hypothèse. 

»  Mais  c'était  là  une  vue  de  l'esprit  qu'il  fallait  vérifier  par  l'expérieuce. 
L'expérience  a  confirmé  le  résultat  du  calcul.  Voici  comment  j'ai  opéré: 
j'ai  pesé  igr,854  du  même  sucre  complètement  desséché  dans  le  vide  sec.  Je 
l'ai  exposé  pendant  un  temps  suffisant  (six  heures)  dans  une  étuve  à  eau  de 
Gay-Lussac,  dont  la  température  est  restée  constamment  aux  environs  de 
100  degrés;  son  poids  s'est  réduit  à  igr,684-  Il  a  perdu,  par  conséquent, 
l'eau  qu'il  devait  théoriquement  perdre.  J'ai  dissous  le  produit  desséché 
dans  l'eau  pure,  à  la  température  d'environ  25  degrés  ;  la  durée  de  la  disso- 
lution a  été  de  trente-cinq  minutes.  Le  pouvoir  rotatoire  a  été  déterminé 
à  l'aide  des  données  suivantes  : 

(C)      ay  =  6°,58,     p—  1,684,     V=  20,cc,5  à  t  =  120,     /  =  20oram, 

d'où  [a]y=  57°,63/'pour  100  millimètres. 

»  La  même  liqueur  conservée  dans  un  vase  bien  fermé,  déviait  de  6°,54 
après  quarante-huit  heures,  ce  qui  donne  [a]y  =  57°,33  / ' .  C'est-à-dire  que 
le  pouvoir  rotatoire  n'a  pas  varié  dans  l'intervalle  de  quarante-huit  heures. 

»  J'ai  répété  l'expérience  avec  cette  différence,  qu'au  lieu  de  prendre  du 
sucre  séché  dans  le  vide,  je  l'ai  pris  tel  que  je  l'avais  conservé,  c'est-à-dire 


(644) 
plus  humide  que  ne  le  suppose  la  formule  C1*  H,2012,  2  HO.  3  grammes 
de  ce  sucre  se  sont  réduits  à  2gr,638  après  une  exposition  suffisamment 
prolongée  à  la  température  de  100  degrés.  Dissous  dans  les  mêmes  condi- 
tions que  celles  de  la  précédente  expérience,  j'ai  obtenu  les  éléments  sui- 
vants pour  calculer  le  pouvoir  rotatoire  moléculaire  : 

°v  =  9°>97>    P  =  ag\638,     V  =  3occ,4  à  t  =  i4°,   /  =  2oomm, 

d'où  [a  h  =  57°,45  /  pour  ioo  millimètres. 

»  Vingt-quatre  heures  après,  la  même  solution  a  donné  cr.j  =  9°,ç)5  et, 
par  suite,  [a]y  =  57°,33  / . 

»  D'après  ces  mesures,  le  pouvoir  rotatoire  du  sucre  C,2H,2012  de 
fécule  serait  en  moyenne  environ  de  57°,44  /  pourioo  millimètres. 

»  Comme  vérification,  on  peut  faire  le  calcul  inverse  de  celui  que  j'ai 
fait  en  commençant  cette  discussion.  On  trouve,  par  exemple  (C),  qu'en 
réduisant,  par  le  calcul,  igr,684  de  glucose  desséché  à  ioo  degrés  en 
glucose  cristallisé,  on  obtient  igr,8524;  et,  à  l'aide  des  données  suivantes  : 


«; 


:,•  =  6°,38,     p  =  i,85a4,      V  =  29cc,5,      /  =  200"™, 


on  retrouve  [a]y  =  52°, 3  pour  100  millimètres,  c'est-à-dire,  à  fort  peu  de 
chose  près,  le  nombre  donné  par  l'expérience  pour  le  pouvoir  invariable 
du  sucre  de  fécule  supposé  avec  la  composition  C'2  H,20,a,  2  HO;  ce  qui 
devait  être,  puisqu'on  ne  fait  que  restituer  par  le  calcul  le  poids  de  l'eau 
que  l'on  supposait,  dans  le  premier  calcul,  faire  partie  constituante  de  la 
molécule  du  sucre. 

»  Cependant,  ne  voulant  pas  m'en  tenir  à  mes  propres  mesures  pour 
tirer  une  conclusion  dans  un  sujet  aussi  délicat,  je  me  suis  servi  des  expé- 
riences toujours  si  précises  de  M.  Pasteur,  pour  corroborer  les  miennes.  Or 
M.  Pasteur  a  fait  dissoudre  i5  grammes  de  glucosate  de  sel  marin  dans 
assez  d'eau  pour  obtenir  le  volume  de  1 1  décilitre  exactement.  Cette  liqueur, 
après  un  jour  de  repos,  a  donné,  dans  un  tube  de  5oo  millimètres,  une 
déviation  de  23°, 28  {Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3e  série,  t.  XXXI, 
p.  97).  Les  éléments  du  calcul  sont  donc  les  suivants  : 

a.j  =  23°,28,     p  =  1 5*%     Y  =  1 5occ,     l  =  5oomm, 

d'où  [a]y=  46°, 56  /'pour  100  millimètres.  Mais  si  nous  supposons  le 
glucosate  de  sel  marin  détruit  par  la  dissolution,  et  si  nous  calculons  la 
quantité  de  C,2H,2Ot2  qu'il  abandonne,    nous  trouvons  que  i5  grammes 


(  645  ) 
répondent  à  i2gr,367  de  glucose  anhydre.  Faisant  donc  cette  hypothèse, 
nous  obtenons  les  nouvelles  données  suivantes  : 

a, ■  =  23°,a8,     p=  12,367,     v=  *5°!"ï     l—  5oomm, 

d'où  [a]j  =  55°, 77  pour  100  millimètres,  nombre  qui  est  assez  peu  diffé- 
rent de  celui  que  j'ai  obtenu  directement  pour  le  pouvoir  du  glucose 
anhydre. 

»  Les  raisonnements  et  les  expériences  que  je  viens  d'exposer  conduisent, 
si  je  ne  me  suis  pas  trompé,  à  cette  conséquence  :  que  le  sucre  de  fécule 
cristallisé  (le  sucre  sur  lequel  j'ai  opéré  au  moins),  est  une  combinaison  qui 
ne  peut  exister  indéfiniment  qu'à  l'état  solide;  mais  qui,  en  dissolution,  se 
détruit,  perd  son  eau  en  présence  de  l'eau,  lentement  à  froid,  rapidement 
sous  l'influence  de  la  chaleur;  absolument  comme  l'hydrate  de  bioxyde 
de  cuivre  qui  se  déshydrate  instantanément  dans  l'eau  bouillante,  ou  bien 
encore  comme  l'hydrate  de  peroxyde  de  fer  qui  se  déshydrate  lentement 
dans  l'eau  froide,  et  immédiatement  ou  rapidement  à  la  température  de 
100  degrés.  La  méthode  d'investigation  créée  par  M.  Biot  aura  conduit 
ainsi,  une  fois  de  plus,  à  résoudre  un  problème  très-délicat  de  mécanique 
chimique,  qu'il  aurait  été  impossible  de  résoudre  autrement. 

»  Il  suit  de  ces  observations  que,  lorsqu'on  détermine  le  pouvoir  rota- 
toire  du  sucre  de  fécule  cristallisé  aussitôt  qu'il  a  été  dissous  à  froid,  on  a  le 
pouvoir  rotatoire  du  composé  C'2  H'2  O'2,  2  HO.  Après  un  certain  nombre 
d'heures,  variable  avec  la  température,  le  pouvoir  du  composé  C'2  H,a  O12 
a,  dans  l'intervalle,  un  pouvoir  mixte  qu'il  serait  possible  de  calculer. 

»  Je  reviendrai  sur  ce  sujet  dans  la  seconde  partie  d'un  travail  que  je 
termine  sur  la  fécule  et  le  ligneux,  et  où  je  comparerai  les  sucres  de  ces 
deux  principes  immédiats.  » 

chimie.  —   Conservation  du  jus  de  betteraves  par  la  chaux; 

par  M.  Maumené\ 

M.  Dumas,  en  présentant  ce  travail  au  nom  de  M.  Maumené,  pro- 
fesseur de  chimie  à  Reims,  en  donne,  d'après  l'auteur,  une  idée  par 
l'extrait  suivant  de  la  Lettre  d'envoi  : 

«  Les  jus  de  betteraves  bruts  que  l'on  considérait  comme  la  matière  orga- 
nique la  plus  difficile  peut-être  à  soustraire  aux  fermentations,  se  conser- 
vent parfaitement  au  moyen  de  la  chaux.  Ce  fait  est  démontré  par  des 

C.  R.,  i856,  1er  Semestre.  (T.  XLII,  N°  Î4.)  86 


(646) 
expériences  en  grand  qui  ont  plus  de  deux  mois  et  demi  de  date  et  qui 
ont  été  effectués  sur  800  hectolitres  de  jus.  Non-seulement  la  conservation 
est  parfaite,  mais  il  y  a  défécation  à  froid.  La  défécation  se  termine  aisé- 
ment par  l'acide  carbonique,  et  l'évaporation  à  l'air  libre  se  fait  très-bien, 
même  en  grand  ;  il  n'y  a  pas  de  coloration,  et  on  peut  se  passer  de  noir  si 
les  betteraves  n'ont  pas  vieilli.  Nous  avons  fait  une  défécation  par  l'acide 
carbonique,  chez  MM.  Bonzel,  à  Haubourdin,  après  huit  jours  de  conser- 
vation d'un  jus  extrait  dans  les  derniers  jours  de  janvier.  Tout  s'est  passé 
a  là  satisfaction  générale  :  le  rendement  a  été  aussi  grand  que  si  l'on  eût 
traité  les  betteraves  tout  de  suite  ;  les  sirops  ne  se  sont  pas  colorés  sa7is  noir;  la 
chute  de  mousse  a  eu  lieu  en  4  secondes  au  lieu  de  90  exigées  par  les  sirops 
de  la  maison  (au  même  degré,  35)  où  l'on  fait  usage  de  la  chaux  et  de 
l'acide  carbonique.  Enfin  la  cristallisation  a  été  bonne. 

»  Ce  procédé  fait  au  moins  disparaître  la  différence  de  rendement  qui 
s'observe  du  commencement  à  la  fin  des  campagnes;  elle  est  fixée  de  1  |  à 
a  pour  100  du  jus.  » 

PHYSIQUE  appliquée.    —   Sur  la  purification  du  phosphore  amorphe; 

par  M.  E.  Nicklès. 

«  On  sait  que  le  phosphore  non  spontanément  inflammable,  ou  phosphore 
amorphe,  s'obtient  en  maintenant  le  phosphore  ordinaire,  pendant  quelque 
temps,  à  une  température  comprise  entre  a3o  et  o.5o  degrés,  et  dans  une 
atmosphère  inerte.  Quelle  que  soit  la  durée  du  traitement,  il  y  a  toujours 
une  portion  de  phosphore  qui  échappe  à  la  transformation,  et  qu'il  faut 
ensuite  éliminer  complètement  si  l'on  ne  veut  pas  compromettre  les  qualités 
essentielles  du  phosphore  amorphe,  son  innocuité  et  son  inaltérabilité  à 
l'air. 

»  Le  mode  de  purification  proposé  par  M.  Schroetter  offre  des  inconvé- 
nients depuis  longtemps  reconnus;  il  est  basé  sur  l'action  dissolvante  que 
le  sulfure  de  carbone  exerce  sur  le  phosphore  ordinaire,  tandis  qu'il  est 
sans  effet  sur  la  variété  rouge.  Théoriquement,  l'opération  est  donc  des 
plus  simples,  mais  la  pratique  de  ce  procédé  est  pleine  de  désagréments  et 
de  dangers;  car  non-seulement  les  lavages  sont  interminables  et  exigent  de 
grandes  quantités  de  sulfure  de  carbone,  mais  encore  les  chances  d'inflam- 
mation et  d'incendie  augmentent  rapidement  avec  les  proportions  de  phos- 
phore mis  en  jeu. 

»  M.  Schroetter  a,  dès  l'origine,  cherché  à  parer  à  ces  dangers  en  recom- 


(647  ) 
mandant  de  maintenir  toujours  plein  de  sulfure  de  carbone  le  filtre  sur  le- 
quel se  font  les  lavages,  afin  d'empêcher  le  phosphore  ordinaire,  qui  se 
dépose  sur  les  bords  du  filtre  dans  un  grand  état  de  division,  de  déterminer 
l'inflammation  de  la  matière.  Mais  cette  précaution  même  ne  suffit  pas  tou- 
jours pour  écarter  les  accidents. 

»  Frappé  de  tous  ces  inconvénients,  j'ai  voulu  y  remédier  en  cherchant 
dans  les  caractères  différenciels  des  deux  phosphores  un  moyen  de  sépa- 
ration plus  prompt  et  moins  dangereux.  Les  nombreux  essais  entrepris  dans 
ce  but  m'ayant  ôté  l'espoir  de  réussir  par  la  voie  purement  chimique,  je  me 
suis  adressé  aux  propriétés  physiques  des  deux  corps  en  expérience, et  j'ai 
réussi  à  trouver  un  procédé  simple,  expéditif  et  suffisamment  pratique  pour 
pouvoir  être  confié  à  des  mains  même  inexpérimentées,  condition  impor- 
tante, aujourd'hui  que  le  phosphore  rouge  est  devenu  un  article  de  com- 
merce. Ce  procédé  de  séparation  est  fondé  sur  la  différence  des  densités  des 
deux  phosphores;  il  consiste  à  agiter  le  mélange  avec  un  liquide  d'une  den- 
sité intermédiaire  à  celle  des  deux  corps  à  séparer,  et  peut,  comme  on  voit, 
s'appliquer  à  bien  d'autres  séparations.  La  densité  du  phosphore  amorphe 
étant  de  a,  106,  celle  du  phosphore  ordinaire  de  1,77,  il  est  aisé  de  se  pro- 
curer une  dissolution  saline  d'une  densité  intermédiaire.  Une  dissolution 
de  chlorure  de  calcium  de  38  à  4o  degrés  Baume  remplit  parfaitement  ce 
but;  le  phosphore  ordinaire,  plus  léger,  venant  ensuite  à  surnager,  peut 
être  facilement  intercepté  par  un  peu  de  sulfure  de  carbone  qui  le  dissout, 
de  sorte  que  l'opération  peut  s'accomplir  en  vase  clos. 

»  Voici  les  détails  du  procédé  :  On  fait  arriver  un  peu  de  sulfure  de  car- 
bone dans  la  cornue  dans  laquelle  la  transformation  a  été  opérée;  si  la  sub- 
stance, très  adhérente  d'ordinaire,  ne  se  détache  pas,  on  trempe  le  fond  de 
la  cornue  dans  de  l'eau  tiède,  la  désagrégation  de  la  matière  se  produit 
aussitôt  et  se  manifeste  par  un  petit  bruit.  Lorsque  le  phosphore  est  dé- 
taché, on  ajoute  la  dissolution  saline,  on  ferme  et  l'on  agite;  au  bout  de 
dix  minutes,  la  séparation  des  deux  liquides  est  effectuée.  Le  phosphore 
rouge,  plus  dense,  se  trouve  au  fond  de  la  cornue,  et  la  dissolution  est  sur- 
nagée  par  le  sulfure  de  carbone  chargé  de  phosphore  ordinaire. 

»  Si  ce  dernier  ne  se  trouve  mélangé  au  phosphore  rouge  que  dans  la 
proportion  d'un  quart,  on  peut  l'éliminer  complètement  à  l'aide  d'un  seul 
lavage  pratiqué  comme  il  vient  d'être  dit,  quoiqu'il  soit  prudent  d'y  revenir 
une  seconde  fois  en  décantant  le  sulfure  de  carbone  phosphore  et  le  rem- 
plaçant par  une  nouvelle  quantité  de  sulfure  de  carbone  pur.  Cela  devient 

86.. 


(  648  ) 
même  nécessaire  si  les  deux  phosphores  sont  mélangés  en  proportions  égales. 
Trois  lavages  ainsi  faits  m'ont  toujours  suffi  pour  débarrasser  complètement 
la   modification    amorphe   des  moindres  traces  de  phosphore   ordinaire, 
quelles  que  fussent  les  proportions  du  mélange. 

»  Après  que  les  deux  liquides  ont  été  séparés  par  décantation,  on  n'a 
plus  qu'à  verser  sur  une  toile  la  dissolution  saline  dans  laquelle  le  phos- 
phore amorphe  s'est  déposé.  La  pureté  du  produit  est  alors  si  complète, 
qu'il  devient  inutile  de  le  faire  bouillir  avec  une  dissolution  de  potasse 
caustique.  Toute  l'opération  peut  être  terminée  au  bout  d'une  demi-heure 
et,  ce  qui  n'est  pas  sans  importance,  à  l'abri  de  tout  accident,  car  l'é- 
vaporation  se  fait  en  vase  clos,  ce  qui  empêche  le  sulfure  de  carbone 
de  se  vaporiser  et  de  déposer  le  phosphore  inflammable  qu'il  tient  en 
dissolution . 

»  D'après  des  observations  récemment  faites,  l'inhalation  du  sulfure  de 
carbone  ne  serait  pas  sans  inconvénient  pour  la  santé;  des  ouvriers  employés 
au  travail  du  caoutchouc  auraient  été  gravement  affectés  par  l'inhalation 
des  vapeurs  sulfocarboniques.  Dans  l'état  actuel  des  choses,  ce  liquide  est 
encore  le  dissolvant  le  plus  économique  du  phosphore  ;  restreindre,  dans 
cette  circonstance,  l'emploi  de  ce  dissolvant  et  diminuer  les  chances  d'inha- 
lation est  un  double  problème  que  le  procédé  qui  vient  d'être  décrit  permet 
de  résoudre  sans  difficulté. 

»  Les  chimistes  verront  peut-être  avec  intérêt,  dans  ce  procédé,  un 
moyen  de  séparation  opéré  entre  deux  corps  solides  à  l'état  de  mélange  sans 
le  secours  de  la  chaleur  ou  l'intervention  directe  d'un  dissolvant;  ce  mode 
de  séparation  étant  très-facile  et  surtout  très-prompt,  ils  trouveront  plus 
d'une  occasion  de  le  substituer  aux  lavages  prolongés  que  nécessitent  les 
séparations  ordinaires.  » 

électbophysiologie.    —  Recherches    sur    les   phénomènes  physiques   et 
chimiques   de   la   contraction    musculaire;    par  M.    Ch.    Matteucci. 

(Extrait.) 

«  Le  travail  de  l'auteur  se  compose  de  trois  parties  : 

»  Dans  la  première,  il  étudie  le  phénomène  qu'il  appelle  la  respiration 
musculaire  dans  l'acte  de  la  contraction  au  point  de.  vue  des  effets  chi- 
miques observés. 

»  Dans  la  seconde  partie  de  son  Mémoire,  l'auteur  étudie  les  phénomènes 


(649) 
de  la  respiration  musculaire  dans  leurs  rapports  avec  le  dégagement  de 
chaleur  et  d'électricité  qui  s'opère  dans  les  muscles. 

»  Enfin  dans  la  troisième  partie,  l'auteur  évalue  de  nouveau  la  quantité 
de  travail  mécanique  développé  dans  l'acte  d'une  contraction  de  la  gre- 
nouille ;  il  expose  ensuite  quelques  vues  théoriques,  qui  lui  paraissent  suffi- 
samment fondées,  sur  le  mécanisme  de  la  contraction  musculaire. 

»  Première  partie.  —  Phénomènes  chimiques  de  la  respiration  des  muscles 
de  la  grenouille.  —  L'auteur  rappelle  d'abord  les  expériences  électrophy- 
siologiques communiquées  en  i844  *  l'Académie,  notamment  sur  la  quan- 
tité de  travail  mécanique  développé  dans  l'acte  de  la  contraction  musculaire 
de  la  grenouille  sous  l'influence  de  l'électricité;  cette  quantité  de  travail 
se  trouvait  comparée  à  la  quantité  de  zinc  oxydée  et  dissoute,  c'est-à-dire  à 
l'action  chimique  qui  produisait  le  courant  excitateur  de  la  contraction.  En 
1847,  ^e  nouvelles  expériences  de  l'auteur  ont  été  entreprises  dans  le 
but  d'arriver,  par  des  moyens  empruntés  à  Watt  et  à  M.  Morin,  à  une  éva- 
luation plus  précise  de  la  durée  des  différents  actes  de  la  contraction  de  la 
grenouille  galvanoscopique. 

»  Tout  récemment,  l'auteur  est  encore  revenu  sur  ces  mêmes  recher- 
ches, en  employant  une  méthode  à  peu  près  semblable  à  celle  imaginée  par 
M.  Pouillet  pour  mesurer,  à  l'aide  de  l'électricité,  des  intervalles  de  temps 
très-courts  (1). 

»  Les  résultats  ont  été  tels,  qu'il  est  impossible  de  méconnaître  qu'il 
existe  une  énorme  disproportion  entre  l'intensité  de  l'action  chimique  don- 
nant naissance  au  courant,  et  le  travail  mécanique  qui  lui  correspond  dans 
l'acte  de  la  contraction  des  muscles  de  la  grenouille  galvanoscopique. 

»  Cette  conclusion  et  quelques  autres  qui  ont  été  émises  pour  la  première 
fois  dans  Y  Essai  de  statique  chimique  des  corps  organisés  de  M.  Dumas,  ont 
conduit  l'auteur  à  entreprendre  des  expériences  qui  vont  être  résumées 
très-brièvement,  et  qui  donnent,  suivant  lui,  la  mesure  du  phénomène  de 
la  respiration  musculaire  pendant  la  contraction. 

y>  L'auteur  décrit  les  moyens  employés  soit  pour  préparer  les  grenouilles 
tuées  pour  ces  expériences,  soit  pour  exciter  les  contractions  dans  les  mus- 


(1)  Les  résultats  de  ces  expériences  montrent  que  la  quantité  de  zinc  oxydé  et  dissoute 
dans  la  pile  et  suffisante  pour  exciter  chez  la  grenouille  une  contraction  d'une  durée  de 
1 


10  000 


de  seconde  correspond  à  o8r,oooooo7 . 


(  65o  ) 
clés  des  grenouilles  galvanoscopiques  placées  dans  un  volume  d'air  ou 
d'oxygène  limité  connu,  soit  pour  éloigner  les  conditions  perturbatrices  de 
la  respiration  musculaire  normale,  et  qui  produiraient  une  sorte  à1  asphyxie 
musculaire  capable  d'atténuer  l'énergie  des  contractions,  etc.  Les  gaz  ont 
été  analysés  après  l'expérience  par  les  moyens  et  avec  les  précautions  re- 
commandées par  M.  Regnault.  En  résumé,  les  expériences  prouvent  que  les 
muscles  de  grenouille  récemment  préparés  donnent  lieu  à  une  absorption 
d'oxygène  et  à  une  exhalation  d'acide  carbonique.  Le  volume  d'acide  car- 
bonique est  généralement  un  peu  moindre  que  le  volume  d'oxygène  dis- 
paru. Dans  le  plus  grand  nombre  des  cas,  il  y  a  eu  exhalation  d'azote.  On 
peut  substituer  l'oxygène  à  l'air  normal  sans  que  les  phénomènes  changent 
d'intensité  si  l'expérience  ne  dure  pas  longtemps;  cette  intensité  augmente 
si  l'expérience  se  prolonge  et  si  l'on  ajoute  un  morceau  de  potasse  dans  la 
cloche. 

»  L'exhalation  d'acide  carbonique  a  lieu  dans  une  atmosphère  d'hydro- 
gène, mais  s'arrête  rapidement.  La  respiration  musculaire  des  grenouilles 
tuées  avec  l'acide  sulfhydrique  ou  l'acide  sulfureux  est  considérablement 
diminuée.  Les  nombres  obtenus  pour  les  gaz  de  la  respiration  musculaire 
de  la  grenouille  s'accordent  avec  les  nombres  trouvés  par  MM.  Regnault  et 
Reizet  dans  leurs  belles  recherches  sur  la  respiration  (i). 

»  Pendant  la' contraction  musculaire,  l'absorption  de  l'oxygène  et  l'exha- 
lation de  l'acide  carbonique  augmentent  d'une  quantité  supérieure  au  dou- 
ble de  l'absorption  et  de  l'exhalation  observée  dans  les  mêmes  conditions 
pour  les  muscles  au  repos. 

»  L'auteur  admet  qu'il  y  a  encore  pendant  la  contraction  exhalation 
d'azote. 

»  Deuxième  partie.  —  Après  avoir  rappelé  les  expériences  de  MM.  Bec- 
querel et  Breschet,  ainsi  qu'une  expérience  récente  de  M.  Cl.  Bernard, 
l'auteur  annonce  qu'il  a  été  conduit  à  rechercher  si  la  contraction  des 
muscles  des  grenouilles  préparées  et.  dans  lesquelles  la  circulation  du  sang 
n'existe  plus,  était  accompagnée  d'un  dégagement  de  chaleur.  L'expérience 
directe  faite  à  l'aide  de  thermomètres  à  mercure  tres-sensibles  prouve  que 
la  température  peut  s'élever  d'une  quantité  qui  n'a  pas  été  moindre  de 

(i)  L'auteur  reconnaît  qu'il  a  été  devancé  par  la  publication  de  M.  Liebig  fils  et  celle  de 
M.  Valentin  sur  ce  sujet,  et  qu'il  ignorait  lorsqu'il  a  fait  ses  recherches;  mais  les  auteurs 
cités  n'ont  pas  examiné  les  effets  produits  pendant  la  contraction. 


(  65i  ) 
\  degré  dans  les  circonstances  où  l'on  a  expérimenté,  en  excitant  les  con- 
tractions. 

»  L'auteur  passe  ensuite  à  l'examen  du  développement  de  l'électricité 
dans  les  muscles.  Tout  le  monde  admet  aujourd'hui  l'existence  et  les  lois 
principales  du  courant  musculaire.  L'existence  des  phénomènes  chimiques 
de  la  respiration  musculaire  étant  établie,  l'auteur  pense  qu'on  trouvera 
encore  mieux  fondée  l'idée  qu'il  a  toujours  émise  sur  la  cause  du  dévelop- 
pement d'électricité  dans  les  muscles,  cause  inhérente  à  la  fibre  musculaire 
à  l'état  de  vie. 

»  La  même  explication  se  présente  naturellement  pour  le  phénomène 
que  l'auteur  a  appelé  autrefois  la  contraction  induite,  et  qui  a  été  aussi  le 
sujet  d'un  grand  nombre  d'expériences  délicates  de  M.  du  Bois-Reymond. 

»  L'auteur  a  repris  ses  anciennes  expériences;  il  les  a  variées,  et  il  pense 
qu'elles  aideront  à  concevoir  clairement  la  cause  de  la  contraction  induite. 

»  Cette  explication  se  présente  naturellement  d'ailleurs,  sachant  que  la 
respiration  musculaire  augmente  d'énergie  dans  l'acte  de  la  contraction. 

»  Les  résultats  des  expériences,  que  les  limites  de  cet  extrait  ne  permet- 
tent pas  de  rapporter,  rendent  évidente,  dit  l'auteur,  l'existence  d'un  cir- 
cuit fermé,  et  ne  peuvent  s'expliquer  que  par  un  phénomène  électrique  en- 
gendré dans  le  muscle  en  contraction. 

»  L'auteur,  après  l'exposé  et  la  discussion  de  ses  expériences,  pose  les 
conclusions  suivantes  pour  la  seconde  partie  de  son  travail  : 

»  i°.  Lorsqu'au  moment  de  la  contraction  la  respiration  musculaire 
devient  plus  active,  il  y  a  aussi  dégagement  de  chaleur  et  d'électricité  dans 
les  muscles. 

»  En  se  fondant  sur  l'analogie  qui  existe  entre  la  décharge  de  la  tor- 
pille et  la  contraction  musculaire,  on  peut  regarder  chaque  élément  de  la 
fibre  musculaire  comme  prenant,  au  moment  de  la  contraction,  un  état 
électrique  polaire  qui  donne  lieu  à  une  décharge  dont  les  lois  sont  les 
mêmes  que  celles  de  la  décharge  des  poissons  électriques. 

»  Troisième  partie.  —  Après  avoir  constaté  et  mesuré  les  phénomènes 
chimiques  de  la  respiration  musculaire  et  le  développement  correspondant 
de  la  chaleur  de  l'électricité  et  du  travail  musculaire,  l'auteur  a  pensé  qu'il 
était  naturel  d'essayer,  d'après  certaines  théories  modernes,  un  rapproche- 
ment entre  la  machine  animale  et  la  machine'  à  vapeur  ou  les  moteurs 
électromagnétiques 


(  65a  ) 

»  En  partant  des  travaux  récents,  soit  sur  la  chaleur,  soit  sur  l' électro- 
magnétisme, de  M.  Joule,  de  M.  de  la  Rive,  de  M.  Foucault,  de  M.  Favre,  et 
principalement  de  M.  Regnault,  et  en  admettant,  avec  ce  dernier,  423kgm,542 
pour  l'équivalent  mécanique  de  la  chaleur,  l'auteur  cherche  à  comparer  le 
travail  effectif  du  muscle  avec  ce  qu'il  appelle  le  travail  théorique  corres- 
pondant à  l'excès  de  la  respiration  musculaire  trouvé  dans  l'acte  de  la 
contraction. 

»  L'auteur  à  discuté  les  expériences  de  M.  Helmholtz  sur  le  travail  de  la 
contraction,  et  rend  compte  des  dernières  expériences  qu'il  a  faites  sur  le 
travail  correspondant  à  la  contraction  du  muscle  gastrocnémlen  de  la  gre- 
nouille. 

»  Il  adopte  le  nombre  0,00001457  kilogrammètre  pour  le  travail  méca- 
nique d'une  contraction  de  ce  muscle. 

»  En  partant  de  l'équivalent  dynamique  de  la  chaleur  423kgm,542  et  en 
s'appuyant  sur  la  quantité  de  chaleur  dégagée  par  1  gramme  d'oxygène  se 
transformant  en  acide  carbonique  (et  qui  est  de  3o3o  unités,  d'après 
MM.  Favre  et  Silbermann),  l'auteur  calcule  la  quantité  de  travail  mécanique 
dû  à  l'excès  d'oxygène  consommé  par  les  muscles  en  contraction. 

»  Dix  muscles  gastrocnémiens  donnent  une  quantité  de  travail  calculée 
égale  à  0,298  kilogrammètre,  au  lieu  de  0,262,  travail  musculaire  effectif 
trouvé  par  l'expérience. 

»  Tout  en  reconnaissant  qu'il  y  a  des  imperfections  dans  sa  méthode  de 
détermination,  l'auteur  admet  comme  prouvé  que  l'action  chimique  de 
la  respiration  musculaire  pendant  la  contraction  engendre  la  force  déve- 
loppée dans  les  muscles;  il  admet,  de  plus,  que  dans  les  machines  animales, 
comme  dans  celles  qui  sont  régies  par  la  chaleur  ou  l'électricité,  la  pro  • 
duçtion  de  la  force  est  soumise  aux  mêmes  lois. 

»  Sous  quelle  forme  l'action  chimique  donne-t-elle  lieu  à  la  contraction 
musculaire?  11  paraît  probable  à  l'auteur  que  l'action  chimique  doit  d'abord 
se  transformer  en  électricité  pour  produire  cet  effet.  » 

zoologie.  —  Notes  sur  la  mamnialogie  de  l'Algérie  ;  par  M.  A.  Pomel, 
ingénieur  des  mines  de  Gar-Rouban. 

«  On  s'étonne  avec  raison  que  l'histoire  mammalogique  du  nord  de 
l'Afrique  soit  encore  aussi  peu  connue,  et  le  naturaliste  qui  pourrait  recueil- 
lir tous  les  éléments  d'un  travail  sur  ce  sujet  rendrait  à  la  science  un  véri- 


(  653  ) 

table  service.  Mais  depuis  mon  séjour  en  Algérie  j'ai  pu  reconnaître  com- 
bien cette  tâche  est  difficile,  surtout  pour  les  petites  espèces  en  général 
peu  connues,  et  pour  celles  plus  curieuses  qui,  appartenant  à  la  faune  de 
l'intérieur,  viennent  du  Sahara  jusqu'au  pied  des  montagnes  qui  séparent 
le  Tell  de  la  région  des  hauts  plateaux  et  ne  se  présentent  que  trop  rare- 
ment aux  explorateurs.  En  attendant  que  je  puisse  donner  le  prodrome  de 
la  faune  algérienne,  je  crois  devoir  faire  part  de  quelques  observations  faites 
dans  la  province  d'Oran. 

»  Chéiroptères.   —  Je  n'ai  encore  vu  ici  que  des  espèces  européennes. 

»  Rkinolophus  Jerrum-equinum;  Rhinolophus  bïhastatus  ;  Vespertilio. 

»  La  première  de  ces  espèces  est  la  seule  qui  se  trouve  dans  les  immenses 
excavations  de  travaux  anciens  de  mines  à  Gar-Rouban. 

»  Insectivores  —  Aux  espèces  connues  de  macroscélide  et  hérisson 
s'ajoute  une  musaraigne  :  Sorex  mauritanicus .  Pelage  brun  lavé  de  roux, 
finement  tiqueté  en  dessus,  gris  cendré  en  dessous;  oreilles  découvertes; 
queue  concolore,  avec  des  cils  rares  aux  articulations,  queue  carrée  à  la 
base,  comprimée  au  bout;  dents  blanches  en  même  nombre  que  dans 
S.  araneus.  Le  corps  a  om,o58;  la  queue  om,o3o. 

»  Habite  les  trous  de  rats  qu'elle  dévore  quand  elle  les  trouve  pris  au 
piège. 

»  Rongeurs.  —  Myoxus  munbyanus.  Pelage  d'un  brun  un  peu  ardoisé 
en  dessus,  légèrement  teint  de  roux  sur  la  tête  et  mêlé  de  blanc  derrière 
les  oreilles  ;  partie  inférieure  du  corps  et  pieds  blanchâtres  ;  orbites  teints 
d'une  tache  noire  qui  remonte  jusqu'au  vertex  et  s'élargit  sous  l'oreille 
devant  laquelle  elle  encadre  une  petite  tache  blanchâtre;  queue  distique  à 
la  moitié  terminale,  brune  dessus  et  noircissant  vers  le  bout  qui  se  ter- 
mine de  blanc.  Le  corps  a  om,o85  ;  la  queue  om,075. 

»  Se  fait  un  nid  d'herbes  et  de  bourre  de  palmier  dans  les  genêts 
épineux. 

»  Mus  alexandrinus,  Geof.  Pelage  d'un  brun  roux  en  dessus,  formé  de 
trois  sortes  de  poils  :  les  uns  longs,  roides,  ciliant  tout  le  dessus  du  corps 
et  surtout  la  croupe  ;  les  autres  fins,  doux,  formant  le  fond  du  pelage  ;  d'au- 
tres enfin  de  même  longueur,  plats,  forts  et  piquants;  partie  inférieure 
blanchâtre  ;  oreilles  presque  nues,  brunes  ;  queue  écailleuse  avec  des 
anneaux  de  poils  roides.  Le  corps  mesure  om,2  ;  la  queue  om,2. 

t.  R.,  i856,  i"  Semestre.  (T.  XLII.N0  14.)  87 


(654  ) 

»  Il  se  tient  dans  les  maisons. 

»  Mus  algirus.  Pelage  d'un  gris  brunâtre,  teint  de  jaune  ou  de  roussâtre, 
mêlé  de  quelques  longs  cils  noirs;  parties  inférieures  du  corps,  face  interne 
des  membres  et  pieds  blanchâtres;  parfois  une  tache  rousse  à  la  poitrine; 
talon  brun  ;  oreilles  presque  rondes,  courtes,  avec  une  petite  touffe  devant  le 
méat;  une  tache  blanchâtre  derrière  l'oreille;  queue  grise  dessous,  brunis- 
sant de  plus  en  plus  vers  le  bout.  Le  corps  mesure  om,o75  ;  la  queue  om,o6o. 

»  Habite  des  terriers  dans  les  cultures  et  les  broussailles  ;  quelquefois 
entre  dans  les  maisons  des  campagnes. 

»  Gerbillus  Selljsii.  Pelage  doux,  luisant,  d'un  brun  clair,  lavé  de 
fauve,  plus  foncé  sur  la  tète  et  la  croupe,  plus  roux  sur  les  flancs  ;  parties 
inférieures  d'un  blanc  pur  remontant  un  peu  sur  lès  flancs,  à  la  face  anté- 
rieure de  la  jambe  et  extérieure  du  coude,  et  paraissant  un  peu  sur  les 
côtés  de  la  face  jusqu'aux  vibrisses;  partie  inférieure  de  la  jambe  brune; 
une  large  tache  orbitale  très-pâle,  plus  marquée  devant  l'oreille;  queue  de 
la  couleur  du  dos,  ciliée  à  son  tiers  postérieur  de  longs  poils  bruns  qui  for- 
ment une  touffe  peu  fournie. 

»  Habite  des  terriers  au  fond  desquels  il  se  fait  un  nid  d'herbes  sèches  et 
d'où  il  sort  à  certaines  heures  du  jour  pour  prendre  le  soleil. 

»  Lepus  mediterraneus .  Le  lièvre  d'Algérie  paraît  être  de  cette  espèce;  je 
l'ai  rencontré  sur  des  hauteurs  de  plus  de  i5oo  mètres. 

»  Carnassiers.  —  Lutra  vulgaris?  Une  espèce  de  loutre  habite  les 
rivières  d'Algérie;  j'ai  vu  une  peau  rapportée  du  Sig  qui  avait  été  malheu- 
reusement mutilée  ;  mais,  autant  que  j'ai  pu  en  juger  par  la  dentition,  elle 
m'a  paru  bien  voisine  de  la  loutre  d'Europe.  Très-rare. 

»  Putorius  africanus,  Desm.?  Pelage  roussâtre,  un  peu  cannelé,  clair  en 
dessus,  plus  foncé  sur  la  tête  et  le  museau;  gorge,  ventre,  parties  internes 
des  membres  d'un  jaune  tirant  au  roussâtre,  lavé  de  gris;  bords  de  la  lèvre 
supérieure,  dessous  de  la  tête  et  pieds  blanc-jaunâtre;  queue  concolore, 
brunissant  au  bout,  qui  forme  un  pinceau  peu  fourni.  Le  corps  a  om,a6,  la 
queue  om,i2.  Le  type  de  l'espèce  de  Desmarets,  dont  l'origine  est  mise  en 
doute,  a  une  bande  longitudinale  brune  au  ventre,  qui  peut  avoir  été  acci- 
dentelle. 

»  Fclis  guttata,  Herm.  Le  guépard  d'Afrique,  dont  l'existence  n'était  pas 
soupçonnée  au  nord  du  Sahara,  vient  quelquefois  en  Algérie.  Un  individu 
a  été  tué  aux  environs  de  Sebdou  par  M.  Coutay,  chef  du  bureau  arabe  de 


(  G55  ) 

ce  cercle,  qui  possédait  déjà  la  peau  d'un  autre.  Si  une  étude  comparative 
démontrait  sa  spécialité,  ce  que  je. ne  pourrais  infirmer,  ses  caractères 
le  rapprocheraient  beaucoup  plus  du  guépard  d'Afrique  que  de  celui  de 
l'Asie.  Des  renseignements  de  source  indigène  donneraient  à  penser  que 
les  Sahariens  dressent  cette  espèce  pour  la  chasse  des  antilopes. 

»   Felis  caligata,  Temm.  Espèce  commune. 

»  Canis  niloticus,  Geof.  Renard  doré  des  colons;  est  assez  commun 
partout.  » 

météorologie.  —  Observations  pluviométriques  faites  à   la  Havane  du 
ier  janvier  1 855  au  \"  janvier  i856;  par  M.  Casaseca. 


Janvier 

Février 

Mars 

Avril 

Mai 

Juin 

Juillet 

Août 

Septembre ...    

Octobre 

Novembre 

Décembre 

Totaux 


NOMBRE 

de  jours  de  pluie. 


II 

4 

3 

4 

4 

>7 

'7 

i3 

3 

8 

7 
•    5 


96 


QUANTITÉ   D  EAU 

tombée  dans  ces  jours 

de  pluie, 

exprimée  en  millimètres. 


96,8 
111,0 

90,5 
122,5 

67,0 
226,6 

253,6 

i88,5 

28,5 

2i3,5 

79>5 
28,3 


i5o6,3 


»  Il  est  donc  tombé  à  la  Havane  im,5o6  dans  toute  l'année  i855. 

»  Il  y  a  eu  dix  jours  de  pluie  de  moins  qu'en  i854,  et  il  en  est  résulté  ce- 
pendant une  augmentation  de  bien  près  de  moitié  dans  la  quantité  totale 
d'eau,  comparativement  avec  celle  qui  tomba  la  même  année  i854- 

87- 


(  656  ) 

»  Les  observations  de  ces  deux  années  ne  sont  pas  suffisantes  pour  que 
l'on  puisse  considérer  leur  terme  moyen  comme  celui  de  la  pluie  annuelle 
à  la  Havane.  On  ne  serait  pas  plus  autorisé  à  en  déduire  des  comparaisons 
avec  celles  qui  furent  faites  en  1826,  27,  28,  29,  3o  et  3i  par  M.  de  la 
Sagra  ;  mais  en  les  continuant  avec  persévérance,  j'espère  parvenir  à  des 
résultats  avantageux  pour  l'agriculture  de  ce  pays-ci. 

»  En  déduisant  de  mes  observations  journalières  pendant  ces  deux  an- 
nées la  part  qui  revient  à  chaque  saison,  voici  ce  qu'il  en  résulte  : 

Quantité  d'eau  de  pluie  tombée  en  chaque  saison  pendant  les  années  i854  et  i855  , 

exprimée  en  millimètres. 

ANNÉE    1854.  ANNÉE    185o. 

mm  mm 

Hiver m, 3  3.36, 1 

Printemps 3o2 ,6  44°  »8 

Été 344,5  5o7,9 

Automne.., 281,8  32i,5 

Totaux 1040,2  i5o6,3 

»  En  désignant  par  100  la  quantité  annuelle  de  pluie,  on  a 

1834.  1883 

Hiver 11  16 

Printemps 29  29 

Été 33  34 

Automne 27  21 

»  On  voit  que  la  part  échue  chaque  année  au  printemps  a  été  iden- 
tique par  rapport  à  la  quantité  annuelle  de  pluie;  que  la  proportion  reçut 
un  léger  surcroît  dans  l'été  de  1 855  ;' qu'elle  augmenta  de  près  de,  moitié 
dans  l'hiver  et  diminua  de  plus  d'un  cinquième  dans  l'automne  de  la  même 
année,  comparativement  avec  celle  de  l'année  précédente. 

»  Dans  le  cours  de  ces  observations,  j'ai  fait  une  remarque  assez  cu- 
rieuse, c'est  que  dans  les  deux  mois  de  mars  de  i854  et  i855  la  pluie  n'a 
commencé  que  le  22  du  mois.  » 

Un  auteur,  dont  le  nom  est  déposé  sous  pli  cacheté,  adresse  un  Mémoire 
qu'il  destine  au  concours  pour  un  des  prix  de  l'Académie,  et  qui  est  relatif 
à  des   expériences  devant  donner,   comme   l'expérience   du  pendule   de 


(657) 

M.  Foucault,  une  preuve  sensible  aux  yeux  du  mouvement  de  rotation  de  la 
Terre. 

M.  Bravais  est.  invité  à  prendre  connaissance  de  ce  Mémoire  et  à  faire 
savoir  à  l'Académie  s'il  doit  être  renvoyé  au  concours  pour  le  prix  de  Méca- 
nique. 

M.  H.  Nascio  adresse  de  Messine  un  Mémoire  intitulé  :  «  Projet  pour  la 
correction  définitive  du  calendrier  Grégorien  ». 

M.  Laugier  est  invité  à  prendre  connaissance  de  ce  Mémoire  et  à  faire 
savoir  s'il  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 

M.  Dosxox  annonce  l'envoi  d'une  série  de  couleurs  à  base  de  fer  desti- 
nées aux  usages  de  la  peinture  et  qui,  suivant  lui,  se  recommandent  autant 
par  leur  pureté  que  par  leur  inaltérabilité. 

M.  Peligot  prendra  connaissance  de  ces  échantillons  et  jugera  s'il  y  a  lieu 
de  demander  de  plus  amples  renseignements  à  M.  Dosnon.  Ces  produits, 
en  effet,  d'après  une  loi  que  s'est  imposée  l'Académie,  ne  pourront  devenir 
l'objet  d'un  Rapport  tant  que  les  procédés  employés  pour  leur  préparation 
resteront  secrets. 

M.  l'abbé  Demandée,  directeur  du  séminaire  d'Orléans,  transmet  une 
demande  que  l'auteur  ne  peut  présenter  directement  à  l'Académie,  puisque 
son  désir  est  d'être  compris  dans  le  nombre  des  concurrents  pour  un  des 
prix  où  l'une  des  conditions  imposées  aux  auteurs  est  de  ne  pas  faire  con- 
naître leur  nom.  Le  prix  dont  il  s'agit  ici  est  le  grand  prix  des  Sciences  ma- 
thématiques de  i856  (question  concernant  le  dernier  théorème  de  Fermât). 
La  personne  qui  désire  concourir,  n'ayant  eu  connaissance  du  programme 
que  depuis  peu  de  jours,  n'a  pu  encore  rédiger  son  Mémoire,  et  prie  l'Aca- 
démie de  vouloir  bien  prolonger  jusqu'à  la  fin  du  mois  l'époque  à  laquelle 
il  pourra  être  admis. 

Le  terme  de  la  clôture  étant  fixé  par  le  programme,  l'Académie  ne  peut 
le  changer;  on  en  informera  M.  l'abbé  Demandre. 

M.  Aubree  entretient  l'Académie  des  succès  qu'il  a  obtenus  dans  le  trai- 
tement des  brûlures  par  l'emploi  d'un  collodion  dont  il  donne  la  formule, 


(  658  ) 

et  dans  lequel  il  fait  entrer  du  tannin.  Il  pense  que  ce  médicament  pourrait 
être  employé  avec  avantage  dans  le  cas  de  la  variole,  pour  prévenir  les  ci- 
catrices difformes  au  visage,  si  on  l'appliquait  sur  les  pustules  avant  la  for- 
mation du  pus. 

M.  Passot  s'adresse  de  nouveau  à  l'Académie,  pour  obtenir  de  la  Com- 
mission à  laquelle  ont  été  renvoyées  ses  dernières  communications,  une 
réponse  à  la  question  de  savoir  si  ces  communications  sont  ou  ne  sont  pas 
de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 

A  5  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  6  heures.  E.  D.  B. 


(659) 

BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  7  avril  i856,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Annales  de  l'Observatoire  impérial  de  Paris,  publiées  par  M .  U.-J.  Le  Vebrier  ; 
tome  Ier.  Paris,  i855;  in-4°. 

Société  impériale  zoologique  d'acclimatation.  Rapport  sur  les  récompenses  et 
encouragements  de  la  Société;  par  M.  Is.  Geoffroy-Saint-Hilaire,  président 
de  la  Société,  et  règlement  des  concours  annuels;  br.  in-8°. 

Société  Pliilomathique  de  Paris.  Extraits  des  procès-verbaux  des  séances  pendant 
l'année  i855;  in-8°. 

Recherches  sur  les  Monorchides  et  les  Cryptorchides  chez  (  homme  ;  par  M.  Er- 
nest Godard.  Paris,  i856;  br,  in-8°.  (Adressé  pour  le  concours  Montyon, 
Médecine  et  Chirurgie.) 

Recherches  sur  la  cicatrisation  des  artères  à  la  suite  de  leur  ligature,  sur  la  pro- 
duction des  hémorragies  artérielles  secondaires  et  sur  leur  traitement;  par 
M.  Notta.  Paris,  i85o;  br.  in-4°-  (Envoyé  pour  le  concours  Montyon, 
Médecine  et  Chirurgie.) 

Mémoire  sur  l'oblitération  des  artères  ombilicales  et  sur  l'artérite  ombilicale; 
par  le  même. 

(Destiné  au  même  concours.) 

Du  chlorate  de  potasse  comme  spécifique  contre  la  salivation  mercurielle ;  par 
M.  Th.  Herpin.  Paris,  i856;  br.  in-8°.  (Adressé  pour  le  même  concours.) 

Théorie  analytique  du  système  du  monde;  par  M.  G.  DE  PoNTÉCOULANT  ; 
2e édition.  Paris,  i856;  1  vol.  in-8°. 

Etudes  météorologiques  relatives  au  climat  de  la  Saulsaie  (Àin);  par  M.  A. 
Pouriaij.  Lyon,  i855;  in-8°. 

Réduction  d'une  intégrale  multiple  qui  comprend  l'arc  de  cercle  et  l'aire  du 
triangle  sphérique  comme  cas  particuliers;  par  M.  Louis  SCHLAEFLl;  broch. 
in-4°. 

De  l'occlusion  des  paupières  dans  le  traitement  des  ophthalmies  et  des  maladies 
des  yeux.  Discours  de  M.  H.  LARREY,  à  t Académie  impériale  de  Médecine 
{séance  du  1 9  février  i856);  br.  in-8°. 


(  66o  ) 

Lettre  adressée  à  MM.  les  Membres  de  la  IXe  classe  du  Jury  international  de 
l'Exposition  universelle  de  1 855,  au  sujet  dune  réclamation  de  priorité  élevée  par 
M.  Th.  Stevenson,  relativement  à  l'application  de  la  réflexion  totale  aux  feux 
tournants;  par  M.  L.  Reynaud.  Paris,  1 855  ;  br.  in-8°. 

Description  de  quelques  instruments  météorologiques  et  magnétiques;  par 
M.  Fraincis  Ronalds.  Paris,  i85i;  in-8°,  avec  atlas  in-S°. 

A  treatise. . .  Traité  d'électricité  théorique  et  pratique;  par  M.  DE  LA  Rive  ;  tra- 
duit pour  l'auteur  par  M.  C.-V.  Walker  ;  t.  II.  Londres,  1 856;  in-8°. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

M  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DÛ  LUNDI  14  AVRIL  1856. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  BINET. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

physique  terrestre.  —  Extrait  d'un  Mémoire  sur  quelques-unes  des  prin- 
cipales causes  de  l'électricité  atmosphérique;  par  M.  Becquerel. 

«  Les  causes  qui  fournissent  constamment  à  l'air  un  excès  d'électricité 
positive  et  à  la  terre  un  excès  d'électricité  négative,  excès  capables  dans 
certaines  conditions  atmosphériques  de  produire  des  orages  et  d'autres 
phénomènes,  sont  encore  inconnues  malgré  les  recherches  des  physiciens 
pour  les  découvrir. 

•  »  C'est  en  m'occupant  de  cette  question,  il  y  a  quelques  années,  que  j'ob- 
servai les  effets  électriques  produits  dans  les  tissus  des  végétaux,  et  au  con- 
tact de  ces  mêmes  végétaux  et  du  sol;  dans  ce  contact,  le  sol  est  constam- 
ment positif  et  le  végétal  négatif,  quelles  que  soient  les  parties  du  végétal 
mises  en  communication  métallique  avec  lui.  J'indiquai  alors  ce  dégagement 
d'électricité  comme  étant  une  des  causes  de  l'électricité  atmosphérique.  En 
répétant  ces  expériences,  il  y  a  un  an,  je  fus  frappé  des  anomalies  qui  se 
manifestaient,  en  opérant  tantôt  sur  le  bord  d'une  rivière,  ou  dans  la  ri- 
vière même,  tantôt  à  une  certaine  distance  près  du  végétal  ;  je  fus  ainsi 
conduit  à  l'étude  des  effets  électriques  produits  au  contact  du  sol  et  d'une 
nappe  ou  d'un  cours  d'eau,  et  dont  je  compris  alors  toute  la  portée.  Je  com- 
muniquai à  l'Académie,  en  octobre  dernier,  les  premiers  résultats  de  mes 

C.  R.,  ,i856,  i«  Semestre.  (T.  XLH,  N°  18.)  88 


(  66*  ) 
expériences  ;  depuis,  je  n'ai  cessé  de  m'occuper  de  cette  question,  qui  met 
sur  la  voie  de  l'une  des  principales  sources  de  l'électricité  atmosphérique  ; 
question  des  plus  complexes,  à  raison  même  des  causes  nombreuses  qui 
concourent  à  l'effet  général. 

»  Les  appareils  employés  à  ces  recherches  se  composent  :  i°  de  dia- 
phragmes en  porcelaine  poreuse  ou  de  petits  sacs  en  toile  à  voile,  conte- 
nant chacun  une  lame  d'or  ou  de  platine  dépolarisée,  entourée  de  charbon 
de  sucre  candi,  afin  de  rendre  les  effets  électriques  constants  pendant  quel- 
ques instants  pour  les  mesurer  ;  i°  de  boussoles  des  sinus  d'une  assez  grande 
sensibilité,  appropriées  à  ce  genre  d'expériences  ;  3°  d'électromètres  atmo- 
sphériques destinés  à  recueillir  l'électricité  des  vapeurs  se  formant  au-des- 
sus de  l'eau  ou  du  sol;  4°  de  divers  accessoires,  entre  autres  de  bobines  de 
résistance,  de  fils  conducteurs  de  cuivre,  d'or  et  de  platine  récouverts  de 
gutta-percha,  etc. 

»  Les  effets  électriques  produits  au  contact  du  sol  et  de  l'eau  sont  com- 
plexes, ai-je  dit,  car  ils  varient  en  direction  et  en  intensité,  suivant  la  na- 
ture des  substances  dont  se  compose  le  sol  ou  qui  se  trouvent  en  dissolu- 
tion dans  l'eau  ;  pour  qu'il  y  ait  effets  électriques  de  produits,  il  faut  qu'il 
V  ait  hétérogénéité  entre  l'eau  de  la  rivière  et  celle  qui  humecte  le  sol. 
Quand  les  eaux  sont  légèrement  alcalines,  elles  sont  négatives;  quand  elles 
sont  acides,  comme  cela  a  lieu  avec  la  terre  de  bruyères,  elles  sont  posi- 
tives. Les  eaux  des  puits  de  Paris  présentent  fréquemment  des  effets  de  ce 
genre,  à  cause  des  infiltrations  des  eaux  ménagères  qui  changent  de  nature 
de  temps  à  autre  ;  aussi  voit-on,  dans  le  Cours  d'un  mois,  les  effets  électri- 
ques changer  d'intensité  et  de  signe,  sans  que  rien  ait  été  dérangé  dans  la 
disposition  des  appareils.  De  cet  état  des  choses,  il  résulte  que  quelquefois 
les  effets  électriques  sont  nuls;  ils  le  sont  également  quand  on  expérimente 
avec  l'eau  d'une  rivière  et  les  bords  sablonneux  ou  les  terres  adjacentes 
lavées  dans  les  inondations.  Il  est  nécessaire  d'établir  des  observatoires  per- 
manents pour  suivre  toutes  les  variations  auxquelles  sont  soumises  les  ac- 
tions de  contact,  et  se  mettre  en  garde  contre  les  effets  de  polarisation  qui 
sont  toujours  à  craindre  quand   on   opère  seulement   pendant  quelques 
instants.  Vingt -quatre  heures  après,  assez  ordinairement  la  polarisation  est 
détruite,  et  on  peut  alors  observer  les  effets  que  l'on  cherche.  Dans  des  cas 
exceptionnels,  le  courant  électrique  a  assez  d'intensité  pour  faire  fonction- 
ner un  télégraphe  à  aiguilles  sur  une  distance  de  quelques  kilomètres. 

»   Quand  l'eau  s'évapore,  soit  d'un  cours  d'eau,  soit  de  la  terre,  elle  doit 
nécessairement  emporter  avec  elle  un  excès  d'électricité,  de  nature  sembla- 


■ 


(  663  ) 

ble  à  celle  que  possède  l'une  ou  l'autre,  lequel  se  répand  dans  l'atmosphère; 
cette  électricité  peut  provenir  non-seulement  de  la  réaction  de  l'eau  de  la 
rivière  sur  celle  qui  humecte  le  sol ,  mais  encore  de  la  décomposition  des 
matières  organiques.  Dans  le  dernier  cas,  la  vapeur  est  toujours  positive, 
qu'elle  provienne  de  la  rivière  ou  du  sol  où  s'opère  la  décomposition  ; 
dans  le  premier,  les  deux  vapeurs  sont  de  signe  contraire  ;  les  effets  sont 
complexes. 

»  D'après  ce  qui  précède,  on  conçoit  pourquoi  les  orages  ont  lieu  en  gé- 
néral en  été  à  l'époque  de  l'année  où  la  décomposition  des  matières  orga- 
niques et  l'évaporation  sont  à  leur  maximum,  et  pourquoi  également  ils 
sont  si  fréquents  et  si  violents  sous  les  tropiques  à  l'époque  où  le  soleil 
s'approche  du  zénith.  Cela  est  tellement  vrai ,  que  dans  ces  régions  il  y  a 
toujours  un  orage  qui  éclate  à  chaque  instant  dans  une  localité  placée  con- 
venablement par  rapport  au  soleil. 

»  Les  phénomènes  dont  je  viens  de  parler  sont  tellement  variés,  qu'il 
est  indispensable,  avant  de  formuler  des  principes  généraux,  de  multiplier 
les  expériences  dans  un  lieu  servant  d'observatoire  permanent,  puis  en  pays 
de  plaines  et  en  pays  de  montagnes,  au  bord  des  fleuves,  des  cours  d'eau  et 
de  la  mer,  dans  les  contrées,  comme  la  Hollande,  où  il  existe  de  grandes  al- 
luvions,  dans  les  marais  salants,  etc.,  etc.  C'est  alors,  alors  seulement,  que 
l'on  pourra  juger  de  l'importance  du  sujet  dont  je  m'occupe  et  qui  se  rat- 
tache à  l'une  des  plus  grandes  questions  de  physique  terrestre.   » 

théorie  DES  fonctions.  —  Note  sur  un  théorème  de  M.  Puiseux; 

par  M.  Auc  Caccht. 

«  Un  Mémoire  sur  les  fonctions  continues,  que  j'ai  publié  dans  les 
Comptes  rendus  de   1 844  (l<;r  semestre),  renferme  la  proposition  suivante  : 

»  Désignons  par  z  une  variable  imaginaire  et  par  u  une  fonction  impli- 
cite de  z  qui  représente  une  racine  simple  de  l'équation 

(i)  .     f(i/,z)=o. 

Concevons  d'ailleurs  que  le  premier  membre  de  l'équation  (i)  renferme, 
avec  les  variables  z  et  «,  un  ou  plusieurs  paramètres,  et  que,  pour  une  cer- 
taine valeur,  par  exemple  pour  une  valeur  nulle  du  paramètre  a,  la  racine 
simple  u  reste  fonction  continue  de  z,  du  moins  tant  que  le  module  de  z  ne 
dépasse  pas  une  certaine  limite.  En  raisonnant  comme  dans  le  volume  II 
des  Exercices  d' Analyse,  on  prouvera  que,  si  le  paramètre  a  vient  à  va- 

88.. 


(  664  ) 
rier,  et  si,  tandis  qu'il  varie,  le  premier  membre  de  l'équation  (i)  reste 
fonction  continue  de  z,  u  et  a,  la  racine  simple  «  restera  généralement  fonc- 
tion continue  de  z,  jusqu'à  l'instant  où,  une  seconde  racine  devenant  égale 
à  la  première,  l'équation  (i)  acquerra  des  racines  multiples. 

»  Une  remarque  importante  à  faire,  mais  qui  n'était  pas  énoncée  dans 
mon  Mémoire,  c'est  qu'on  peut  établir  une  relation  entre  le  paramètre  a  et 
la  variable  imaginaire  z.  On  peut  supposer,  par  exemple,  que  cette  variable 
représente  l'affixe  d'un  point  mobile  qui  décrit  une  courbe  dont  la  forme 
change  avec  ce  paramètre.  On  peut  même  supposer  que  le  premier  membre 
de  l'équation  (i)  est  fonction  des  seules  variables  zetu,  z  étant  fonction 
de  a. 

»  En  partant  de  cette  remarque,  on  parvient  à  un  autre  théorème  que 
M.  Puiseux  a  énoncé  dans  les  termes  suivants  : 

»  Soit  f  (m,  z)  une  fonction  entière  de  «  et  de  variable  imaginaire  z.  Le 
point  Z  (dont  l'affixe  est  z)  allant  de  C  en  K  soit  par  le  chemin  CMK,  soit 
par  le  chemin  CNK,  la  fonction  u  qui  avait  en  C  la  valeur  b,  acquerra  dans 
les  deux  cas  la  même  valeur  h,  si  l'on  peut,  en  déformant  la  ligne  CMK,  la 
faire  coïncider  avec  la  ligne  CNK,  sans  lui  faire  franchir  aucun  point  pour 
lequel  la  fonction  u  devienne  infinie  ou  égale  à  une  autre  racine  de  l'équa- 
tion 

f  (u,  z)  es  o. 

»  Les  nouvelles  recherches  de  divers  géomètres,  particulièrement  de 
MM.  Briot  et  Bouquet,  ont  fait  ressortir  toute  l'importance  de  ce  beau 
théorème^  dont  l'auteur  lui-même  avait  déjà  su  tirer  un  parti  si  avantageux 
dans  ses  Mémoires.  Pour  ce  motif,  il  m'a  semblé  qu'il  ne  serait  pas  inutile 
de  donner  du  théorème  de  M.  Puiseux  une  démonstration  très-simple  qui 
se  déduit  de  la  considération  des  compteurs  logarithmiques.  Tel  est  l'objet 
de  la  présente  Note,  dans  laquelle  je  montrerai  d'ailleurs  comment  le  même 
théorème  peut  être  étendu  à  des  fonctions  implicites  déterminées  par  un 
système  d'équations  simultanées. 

analyse. 

»  Je  commencerai  par  établir  la  proposition  suivante  : 

»  Ier  Théorème.  Soient 
z       l'affixe  d'un  point  mobile  P  ; 
c       l'affixe  d'un  point  déterminé  C  ; 
/•       le  rayon  d'une  circonférence  de  cercle  KLM  tracée  dans  le  plan  des 

affixes,  et  ayant  pour  centre  le  point  C; 
u<>v  deux  fonctions  de  z,  dont  le  rapport  se  réduise  à  l'unité  pour  z  =  c, 


(  665  ) 

Supposons  d'ailleurs  que  les  deux  fonctions  w,  v  restent  monodromes, 
quand  le  point  P  se  meut  dans  l'intérieur  du  cercle  KLM,  et  que  sur  la  cir- 
conférence de  ce  cercle  la  différence 


offre  un  module  constamment  inférieur  à  l'unité.  Si  l'on  résout  par  rapport 
à  z  les  deux  équations 

(i)  u—o, 

(a)  ■  v  =  o, 

on  trouvera,  pour  l'une  et  pour  l'autre,  le  même  nombre  de  racines  corres- 
pondantes à  des  points  renfermés  dans  le  cercle  KLM. 
Démonstration.   Effectivement,  si  l'on  pose 

I  =  27ri, 

le  nombre  des  racines  dont  il  s'agit  sera  représenté  pour  l'équation  (1)  par 
le  compteur  logarithmique 

"T" 
pour  l'équation  (  2  )  par  le  compteur  logarithmique 

A  Te 

■    .  Tj 

et  dans  l'hypothèse  admise  ces  deux  compteurs  seront  évidemment  égaux, 
puisqu'en  posant 

a 

1  =  «, 

on  obtiendra  pour  u  une  quantité  géométrique  dont  le  module  sera  inférieur 
à  l'unité,  et  que  l'on  aura  par  suite 

À  la  —  Alf=  Al-  =  Al(i  4-  «)  =  o. 

»  Le  théorème  Ier  entraîne  la  proposition  suivante  : 
IIe  'Théorème.  Soit 

?7=f(w,  z) 


(666) 
une  fonction  des  variables  z  et  u,  qui  s'évanouisse  pour  les  valeurs 

z  =  z,     u  =  u 

de  ces  deux  variables,  et  qui,  dans  le  voisinage  de  ces  valeurs,  soit  mono- 
drome  par  rapport  à  z,  monodrome  et  monogène  par  rapport  à  u.  Si  la 
fonction  dérivée 

D„  U,  ; 

acquiert  pour  z  =  z,  u  —  u  une  valeur  finie  et  distincte  de  zéro,  on  pourra 
satisfaire  à  l'équation 

(3)  U=o 

par  une  valeur  de  u  qui,  se  réduisant  à  u  pour  z  =  z,  sera,  pour  une  va- 
leur de  z  voisine  de  z,  fonction  monodrome  de  z. 

Démonstration.  U  étant  monodrome  et  monogène  par  rapport  à  u, 
quand  z  et  u  diffèrent  très-peu  de  z  et  u,  sera,  dans  cette  hypothèse,  déve- 
loppable  suivant  les  puissances  ascendantes  de  u  —  u,  et  si  l'on  représente 
par  ^la  somme  des  deux  premiers  termes  du  développement,  on  aura 

(4)  f  =  f(u,z)  +  (K-u)F(u,  z); 

F  (u,  z)  pouvant  être  ou  la  dérivée  de  f  («,  z)  relative  à  u,  ou,  ce  qui  re- 
vient au  même,  une  fonction  déterminée  par  la  formule 

(5)  F(a,z)=f("'z)-f(u'"z), 

de  laquelle  on  tire,  pour  u  =  u, 

(6)  F{u,z)  =  T>uU. 
Si  maintenant  on  pose 

(7)  «=  u  —  8„,       S 

w  ;  F(u,  z) 

la  formule  (4)  donnera 

(8)  ^=(i-«)f(u,z), 
et,  eu  égard  à  la  formule  (  5  ),  on  trouvera 

U  =  ((u,  z)  =  f(u,  z)  -f-  (u  —  u)F(«,  z) 

(9)  '  =[--«^i] '<»">■  .     ■* 


On  aura  par  suite 


(667  ) 

u -— !_r,    ^("^n 

^_i-«L  F(u,«)J 


et 


,    ,  £/  i    rF(«,z)       "î 


i 
« 


Or  si  l'on  considère  la  nouvelle  variable  «  comme  l'affixe  d'un  point  mo- 
bile, et  si  l'on  attribue  à  cette  variable  un  module  x,  supérieur  à  l'unité,  par 
exemple  le  module  2,  il  suffira  d'attribuer  à  la  différence  z  —  z  un  module 
infiniment  petit  et  de  faire  converger  z  vers  la  limite  z,  pour  faire  converger 
f  (u,  z)  vers  zéro,  et,  par  suite,  en  vertu  des  formules  (7) et  (u),  la  va- 
riable u  vers  la  limite  u,  et  la  différence 

U 

vers  la  limite  zéro.  Donc  alors,  pour  un  module  suffisamment  petit  de 
z  —  z,  les  modules  des  différences 

U 
u-u,     --  1 

deviendront  aussi  petits  que  l'on  voudra;  et  le  second  de  ces  deux  mo- 
dules deviendra  inférieur  à  l'unité.  Alors  aussi,  en  vertu  du  théorème  II, 
si  l'on  résout,  par  rapport  à  »,  l'équation  (3)  et  la  suivante 

(11)  ^=0, 

on  obtiendra,  pour  l'une  et  pour  l'autre,  le  même  nombre  de  racines  cor- 
respondantes à  des  valeurs  de  a  dont  le  module  sera  inférieur  à  2;  et  comme, 
en  vertu  de  la  formule  (8),  l'équation  (1  1)  offrira  une  seule  racine  de  cette 
espèce,  savoir  la  racine  1 ,  l'équation  (3)  admettra  elle-même  une  seule  ra- 
cine de  la  même  espèce.  Si,  au  lieu  de  résoudre  les  équations  (3  )  et  (4)  par 
rapport  à  a,  oh  les  résout  par  rapport  à  u,  on  pourra  dire  que  chacune 
d'elles  offre,  pour  un  très-petit  module  de  z  —  z,  une  seule  racine  très-peu 
différente  de  u,  et  de  la  forme 


(  7  )  M  =  U  - 


,f("> z) 

F(u,z) 


le  module  de  a  étant  inférieur  à  2.  D'ailleurs,  de  ces  deux  racines  la  seconde, 
qu'on  obtiendra  en  posant  «  =  1 ,  et  qui  sera  en  conséquence  déterminée 


(  668  ) 
par  la  formule 

(12)  11  =  11  —  -},'   \, 

*      '  F(u,  «) 

pourra  être  considérée  comme  une  valeur  approchée  de  la  première,  et 
sera  précisément  la  valeur  de  u  déduite  de  l'équation  (3)  par  la  méthode 
d'approximation  linéaire  ou  newtonienne.  Enfin  la  propriété  qu'aura  la 
racine  m  de  l'équation  (3)  de  varier  infiniment  peu  quand  z  passera  de  la 
valeur  z  à  une  valeur  infiniment  voisine,  subsistera  encore,  et  pour  les 
mêmes  motifs,  quand  la  nouvelle  valeur  de  z  recevra  un  accroissement  in- 
finiment petit  A  z.  Donc  la  racine  u  de  l'équation  (3)  sera,  sous  les  condi- 
tions énoncées  dans  le  théorème  II  et  pour  des  valeurs  de  z  très-voisines  de  z, 
une  fonction  monodrome  de  la  variable  z. 
Corollaire.  Si  la  fonction 

U=î(u,z) 

est  non-seulement  monodrome,  mais  aussi  monogène  par  rapport  à  z,  et 
si  d'ailleurs  la  fonction  donnée 

conserve  une  valeur  finie  pour  z  =  z,  «  =  u,  alors  la  fonction  de  z  à  laquelle 
se  réduira  la  racine  u  de  l'équation  (3)  aura  pour  dérivée  une  fonction 
monodrome  et  finie  de  z  déterminée  par  la  formule  • 


(i3)  Bzu  = 


T>,U 


et  sera,  par  conséquent,  une  fonction  non-seulement   monodrome,  mais 
aussi  monogène.  On  peut  donc  énoncer  la  proposition  suivante  : 
»  IIIe  Théorème.  Soit 

U  =  f{Ujz) 

une  fonction  des  variables  z  et  «,  qui  s'évanouisse  pour  les  valeurs 

z  =  z,     u  =  u 

de  ces  deux  variables,  et  qui,  dans  le  voisinage  de  ces  valeurs,  soit  mono- 
drome et  monogène  par  rapport  à  chacune  des  variables  z  et  u.  Si  les  fonc- 
tions dérivées 

T>z  U,VUU 

acquièrent,  pour  z  =  z,  u  =  u,  des  valeurs  finies  dont  la  seconde  soit  dis- 


(  669  ) 
tincte  de  zéro,  on  pourra  satisfaire  à  l'équation 

U=o 

par  une  valeur  de  u,  qui,  se  réduisant  à  u  pour  z  =  z,  sera,  pour  une  valeur 
de  z  voisine  de  z,  fonction  monodrome  et  monogène  de  z. 
»   Lorsque  la  fonction 

U=f(u,  z) 

est  une  fonction  entière  ou  même  rationnelle  des  variables  z  et  «,  elle  ne 
cesse  jamais  d'être  monodrome  et  monogène  par  rapport  à  ces  deux  va- 
riables. Donc  alors  la  racine  u  de  l'équation  (3)  est,  sous  les  conditions  énon- 
cées dans  les  théorèmes  II  et  III,  une  fonction  monodrome  et  monogène 
de  z,  ce  qui  entraîne  évidemment  le  théorème  de  M.  Puiseux. 

»  Au  reste,  les  théorèmes  II  et  III  sont  compris,  comme  cas  particulier, 
dans  deux  théorèmes  généraux  que  l'on  peut  énoncer  comme  il  suit  : 

»  IV'  Théorème.  Soient 

z,    u,   v,    IV,..., 
n  +  i  variables,  dont  l'une  z  reste  indépendante,  les  n  autres 

u,  v,  w,..., 
étant  liées  à  z  par  n  équations, 

(i4)  u=o,   r=o,   rv=o,..., 

dont  les  premiers  membres 

représentent  des  fonctions  de 

Z,   U,   V,   w,..., 

monodromes  par  rapport  à  z,  monodromes  et  monogènes  par  rapport  à 
m,  v,  iv,....    Supposons  d'ailleurs  que,  pour  les  valeurs  particulières 

z,  u,  v,  w,... 
des  variables 

Z,   U,   V,  w,..., 
chacune  des  dérivées  comprises  dans  le  tableau 

T>UU,  BVU,  DWU,..., 

,  \\v,  dvv,  n„r,..., 


C.  R  ,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLU,  N°  18.)  89 


(  67o  ) 

conserve  une  valeur  finie,  et  que  la  valeur  correspondante  de  la  résultante 
algébrique  û,  formée  avec  les  divers  ternies  de  ce  même  tableau,  soit  distincte 
de  zéro.  On  pourra  satisfaire  aux  équations  (i4)  par  des  valeurs  de 

u,  t>,  w,..., 
qui,  se  réduisant,  pour  z  ■=.  z,  à 

U,    V,    w,..., 

seront,  dans  le  voisinage  de  z  =  z,  c'est-à-dire  pour  des  valeurs  suffisam- 
ment petites  du  module  de  z  —  z,  des  fonctions  monodromes  de  z. 

»  Démonstration.  La  résultante  û  des  termes  compris  dans  le  tableau  (i  5) 
est  déterminée  par  la  formule 

(.6)  «  =  LA^?ÎVl1' 

dans  le  cas  où  les  différentielles  du,  dv,  dw,...,  sont  prises  pour  clefs  an  a - 
strophiques  ;  et  puisque  aux  valeurs 

z,  u,  v,  w,... 
des  variables 


correspond  une  valeur  de  Q,  distincte  de  zéro,  les  valeurs  correspondantes 
des  termes  compris  dans  une  ligne  horizontale  de  ce  tableau,  par  exemple 
des  dérivées 

DUU,  DVU,  DWU,..., 

ne  pourront  s'évanouir  toutes  à  la  fois.  Concevons,  pour  fixer  les  idées, 
qu'alors  la  dérivée 

T>UU 

offre  effectivement  une  valeur  finie  distincte  de  zéro.  En  vertu  des  théo- 
rèmes II  et  III,  l'équation 

U=o, 

résolue  par  rapport  à  u,  fournira  pour  u  une  fonction  des  variables 

Z,    V,   w,..., 

qui  sera  monodrome  par  rapport  à  z,  monodrome  et  monogène  par  rapport 


(67i  ) 
à  chacune  des  autres  variables 

v,  w,...; 

et  si  l'on  substitue  cette  valeur  de  u  dans  les  équations  (i4)j  on  obtiendra 
n  —  i  équations 

(17)  «?=o,     «P=o,..., 
dont  les  premiers  membres  seront  des  fonctions  de 

Z,   V,   w,..., 

monodromes  par  rapport  à  z,  monodromes  et  monogènes  par  rapport,  à 
f,  w,...  D'ailleurs  la  résultante  algébrique  Q!  des  termes  compris  dans  le 
tableau 

D„<?,  Dw  <?,..., 

(18)  \  D,«>,  DWUP,.., 


sera  déterminée  par  la  formule 

(19)  Q^lff*».--!, 

si  l'on  y  considère  dp,  dtv,...  comme  des  clefs  anastrophiques;  et,  comme  il 
suffira  de  supposer  u  et  du  déterminés  par  les  formules 

*7=o, 
d  U= Da#d«  +  DvUdv  ■+-  Dw  *7d*v  -h... 


pour  réduire  les  différentielles 

dV,  dFF,... 

aux  différentielles 

d<?,  d«>,..., 

on  aura  nécessairement 

(~)        # 
(»0 

fi  =  Q'  D„  G, 

Donc,  puisqu'aux  valeurs 

z,  u,  v,  w,... 

de 

2,    M,    i»,    W,..., 

89.. 


# 


(67*) 
correspondent  par  hypothèse  des  valeurs  de 

n     et     Da  U, 

finies  et  distinctes  de  zéro,  la  valeur  correspondante  de  ù'  sera  elle-même 
finie  et  distincte  de  zéro.  Cela  posé,  il  est  clair  que  le  théorème  III  subsistera 
pour  n  équations  qui  renfermeront,  avec  z,  les  n  variables  «,  v,  w,...,  s'il 
subsiste  pour  n  —  i  équations  renfermant,  avec  z,  n  —  i  autres  variables 
u,  t>,  w,....  Donc,  puisque  ce  théorème  subsiste  pour  n  =  i,  il  subsistera 
pour  n  =  2,  puis  encore  pour  n  —  3,  puis  encore  pour  n  =  4, —  Donc  il 
subsistera  généralement  quel  que  soit  n. 

»   Corollaire.  De  même  que  le  théorème  II  entraîne  le  théorème  IV,  de 
même  le  IIIe  théorème  entraîne  la  proposition  suivante  : 

»  Ve  Théorème.  Les  mêmes  choses  étant  posées  que  dans  le  IVe  théo- 
rème, si  pour  les  valeurs 

z,  u,  v,  w,... 
des  variables 

z,  u,  v,  w,..., 
les  fonctions 

U,  V,  w,... 

sont  monodromes  et  monogènes,  non-seulement  par  rapport  à 

u,  v,  w,..., 

mais  aussi  par  rapport  à  z,  on  pourra  satisfaire  aux  équations  (i4)  par  des 
valeurs  de 

u,  v,  w,..., 

qui,  se  réduisant,  pour  z  =  z,  à 

u,  v,  w,..., 

seront,  dans  le  voisinage  de  z  =  z,  c'est-à-dire  pour  des  valeurs  suffisam- 
ment petites  du  module  de  z  —  z,  des  fonctions  monodromes  et  monogènes 
de  z. 

»  Corollaire.  Les  valeurs  de  u,  v,  w,...,  dont  il  est  ici  question,  étant 
des  fonctions  monodromes  et  monogènes  de  z,  seront,  pour  cela  même, 
développables  en  séries  convergentes,  ordonnées  suivant  les  puissances  as- 
cendantes de  z  —  z.  » 


(673) 

chimie  appliquée.  —  Etudes  théoriques  et  pratiques  sur  la  fixation  des 
couleurs  dans  la  teinture;  par  M.  Frédéric  Kuhlmann.  (Première 
partie.) 

«  Il  est  une  opinion  qui  a  été  des  plus  accréditées  parmi  les  chimistes 
qui  les  premiers  se  sont  occupés  de  l'étude  des  phénomènes  si  compliqués 
de  l'art  de  la  teinture  :  c'est  celle  qui  consiste  à  admettre  que  les  matières 
azotées  ontune  aptitude  plus  grande  à  recevoir  la  teinture  que  les  matières  non 
azotées  On  citait  à  l'appui  de  cette  opinion  la  teinture  plus  facile  de  la  soie 
et  de  la  laine  que  celle  du  coton  et  du  lin.  Dans  la  teinture  en  rouge  d'An- 
drinople,  on  a  considéré  l'emploi  des  bains  de  fiente  de  mouton  comme 
devant  donner  une  espèce  d'animalisation  au  coton.  Les  bains  de  bouse  de 
vache  pouvaient,  aux  yeux  des  teinturiers,  être  considérés  comme  devant 
produire  un  résultat  analogue.  Ces  idées,  en  ce  qui  concerne  la  bouse  de 
vache,  ont  dû  être  abandonnées  par  les  chimistes,  alors  surtout  que  plu- 
sieurs substances  salines,  et  en  particulier  le  silicate  de  soude,  ont  été  sub- 
stituées à  cette  matière  comme  moyen  de  fixation  des  mordants. 

»  L'ensemble  général  de  la  théorie  de  la  fixation  des  couleurs  sur  les 
tissus  a  été  l'objet  de  savantes  recherches  et  des  plus  judicieuses  observa- 
tions de  la  part  d'un  illustre  savant  bien  compétent  en  cette  matière. 
M.  Chevreul  a  fait  voir  que  cette  fixation,  plus  ou  moins  facile,  dépend  tan- 
tôt de  la  nature  du  tissu,  tantôt  de  la  nature  de  la  matière  colorante  elle- 
même.  Quoi  qu'il  en  soit  du  degré  de  fondement  de  la  doctrine  de  l'anima- 
lisation  des  tissus,  j'ai  voulu  m'assurer  si  du  coton  modifié  dans  sa  com- 
position par  sa  combinaison  avec  les  éléments  de  l'acide  nitrique  de  l'azote 
et,  par  conséquent,  sa  transformation  en  pyroxyline,  n'acquerrait  pas,  par 
ce  fait,  des  dispositions  particulières  à  absorber  les  matières  colorantes.  Je 
fis  préparer  avec  un  grand  soin  une  assez  grande  quantité  de  pyroxyline 
avec  du  tissu  de  coton  et  du  tissu  de  lin,  ainsi  qu'avec  du  coton  en  laine.  Je 
procédai  à  cette  préparation  par  le  procédé  de  M.  Meynier,  en  employant 
un  mélange  d'acide  nitrique  monohydraté  et  d'acide  sulfurique  concentré. 
La  pyroxyline  fut  lavée  plusieurs  fois  à  grande  eau,  et  même  trempée  pen- 
dant quelque  temps  à  froid  dans  une  dissolution  de  carbonate  de  soude  cris- 
tallisé pour  être  lavée  encore. 

»  Après  s'être  mis  ainsi  à  l'abri  de  toute  influence  de  l'acide  libre,  on  pro- 
céda à  différents  essais  comparatifs  d'impression  et  de  teinture  des  tissus  py- 
roxylés  et  de  tissus  non  azotés.  Pour  ces  essais,  j'eus  recours  aux  soins  obli- 


(  674  ) 
géants  et  à  l'habileté  de  M.  Dietz,  mon  élève  et  ancien  préparateur,  qui 
dirigeait  alors  une  grande  imprimerie  d'indiennes,  près  de  Bruxelles.  On 
prépara  les  tissus  par  le  traitement  suivant  :  on  fit  tremper  les  tissus  pyroxy- 
lés  pendant  vingt-quatre  heures  dans  l'eau  froide,  on  les  foula,  les  rinça,  les 
fit  tremper  ensuite  dans  de  l'eau  bouillante,  et,  après  un  nouveau  lavage  et 
une  demi-dessiccation,  on  les  soumit  au  calendrage  pour  l'impression. 

»  Divers  mordants  ont  été  imprimés  simultanément  sur  des  tissus  de 
coton  et  de  lin  pyroxylés  et  des  parties  des  mêmes  tissus  non  azotés;  ces 
derniers  avaient  été  parfaitement  débarrassés  de  tout  corps  étranger  par  une 
ébullition,  durant  trois  heures,  dans  un  bain  faible  de  carbonate  de  soude, 
lavés,  puis  traités  par  un  bain  légèrement  acidulé  par  de  l'acide  sulfurique, 
lavés  de  nouveau  et  enfin,  après  un  demi-séchage,  calendrés  pour  les  dispo- 
ser à  l'impression. 

»  L'impression  sur  les  tissus  azotés  et  non  azotés  eut  lieu  simultanément 
avec  les  mordants  suivants  : 


Noir 


Pyrolignrte  de  fer  à  7  degrés  Baume. 
Epaissi  à  l'amidon. 

12  parties  de  pyrolignite  de  fer  à  10  degrés. 
1  partie  de  pyrolignite  d'alumine  à  8  degrés. 
Epaissi  à  l'amidon. 
Pyrolignite  d'alumine  à  8  degrés. 
Epaissi  à  l'amidon  soluble. 

Pyrolignite  de  fer  à  1  degré. 
Epaissi  à  l'amidon  soluble. 

Pyrolignite  de  fer  à  j  degré. 
Epaissi  à  l'amidon  soluble. 

Décoction  de  cachou  avec  acide  acétique. 
Un  peu  de  nitrate  de  cuivre. 


Rouge 
Violet 
Lilas 
Bois 


»  Les  tissus  après  l'impression  sont  restés  suspendus  six  jours  dans  la 
chambre  à  oxyder  froide,  et  un  jour  dans  la  chambre  à  oxyder  chaude. 

»  On  'a  dégommé  au  bain  de  bouse  de  vache  et  craie  à  70  degrés  centi- 
grades pendant  dix  minutes,  bien  nettoyé,  dégommé  une  seconde  fois  dans 
un  même  bain  à  la  même  chaleur,  nettoyé,  rincé. 

»  La  teinture  s'est  faite  simultanément  avec  de  la  garancine  dans  un  bain 
d'eau  de  rivière  légèrement  acidulée;  on  est  entré  à  35  degrés  centigrades 
et  l'on  a  élevé  successivement  la  température  du  bain  pour  arriver,  en  trois 
heures,  à  85  degrés  ;  enfin  on  a  foulé,  rincé  et  séché. 


(675  ) 

»  Les  échantillons  teints  ont  été  divisés  par  moitiés,  et  l'une  des  moitiés  a 
été  soumise  au  blanchiment  par  le  chlorure  de  chaux. 

»  Toutes  ces  opérations  permirent  de  constater  les  faits  suivants  : 
»  Tous  les  tissus  azotés  restèrent  excessivement  pâles,  comparés  aux  tis- 
sus non  azotés,  malgré  la  surabondance  de  matière  tinctoriale.  Le  tissu 
azoté,  quoique  se  refusant  à  se  charger  des  mordants,  semble  posséder  la 
propriété  de  se  combiner,  sans  le  secours  de  ces  derniers,  avec  une  partie 
de  la  matière  colorante  de  la  garance,  à  en  juger  par  la  nuance  jaunâtre  qui 
persiste  même  après  le  passage  au  chlorure. 

»  Désireux  de  m' assurer  que  les  résultats  obtenus  n'étaient  pas  dus  à  des 
circonstances  exceptionnelles,  et  notamment  à  une  partie  d'acide  que  les 
lavages  exécutés,  si  complets  qu'ils  aient  été,  n'avaient  pas  entièrement  en- 
levée, je  fis  renouveler  les  essais  précédents  en  faisant  tremper  les  tissus 
azotés,  pendant  vingt-quatre  heures,  dans  un  bain  tiède  et  léger  de  carbo- 
nate de  soude  cristallisé,  rincer,  laver  à  différentes  reprises,  cylindrer,  hu- 
mecter et  imprimer  après  dessiccation. 

»  Après  l'immersion  des  mordants,  ces  tissus  ont  été  suspendus  dans  la 
chambre  à  fixer  pendant  huit  jours. 

»  Le  dégommage  et  la  teinture  ont  eu  lieu  comme  dans  l'expérience 
précédemment  décrite. 

»  Des  résultats  entièrement  identiques  ont  été  obtenus  et  les  mêmes  con- 
clusions doivent  en  être  tirées. 

»  D'autres  coupons  de  coton  et  un  de  lin  ont  été  traités  à  chaud  par  un 
bain  de  pyrolignite  de  fer  et  ensuite  passés  dans  un  bain  de  noix  de  galle. 
Les  tissus  azotés  ne  prirent  que  peu  de  mordant  et  restèrent  après  la  tein- 
ture fort  pâles  comparativement  aux  tissus  de  coton  et  de  lin  non  transfor- 
més en  pyroxyline. 

»  A  la  suite  de  ces  essais,  des  teintures  en  bleu  de  Prusse  furent  tentées 
sur  du  coton  en  laine.  Comme  pour  la  teinture  en  noir  par  la  noix  de  galle, 
le  coton  pyroxylé  ne  prit  qu'une  nuance  excessivement  pâle  en  la  compa- 
rant à  la  couleur  du  coton  non  pyroxylé.  Mêmes  résultats  dans  une  série 
d'essais  de  teinture  de  coton  en  laine,  en  remplaçant  la  garance  par  du  bois 
de  Brésil. 

»  Ainsi,  contrairement  à  toute  prévision,  et  surtout  à  la  doctrine  qui  ten- 
drait à  admettre  d'une  manière  absolue  l'efficacité  de  l'existence  de  l'azote 
dans  la  matière  à  teindre,  la  pyroxyline  se  refuse  à  la  teinture.  Cela  résulte 
d'une  manière  incontestable  des  faits  que  je  viens  de  consigner. 

«  Des  observations  récentes  de  M.  Béchamp  ayant  établi  la  possibilité  de 


(676) 
ramener  le  coton  pyroxylé  à  son  état  primitif,  je  voulus  m'assurer  si,  par 
cette  transformation, 'le  coton  reprenait  aussi  son  aptitude  à  recevoir  la  tein- 
ture. 

»  On  sait  que  le  procédé  de  M.  Béchamp  consiste  à  faire  bouillir  pen- 
dant assez  longtemps  la  pyroxyline  dans  une  dissolution  de  protochlorure 
de  fer  et  à  le  dépouiller  ensuite  de  l'oxyde  de  fer  qui  s'y  est  fixé  au  moyen 
des  lavages  à  l'acide  chlorhydrique.  Je  dois  à  l'obligeance  de  cet  habile 
chimiste  d'avoir  pu,  en  passant  il  y  a  quelques  mois  à  Strasbourg,  assister 
à  la  reproduction  des  remarquables  résultats  de  ses  recherches  sur  ce 
point. 

»  Des  expériences  comparatives  me  démontrèrent  bientôt  que  du  coton, 
dénitrifié  par  le  procédé  de  M.  Béchamp,  reprenait,  en  grande  partie  du 
moins,  la  propriété  de  recevoir  les  couleurs,  qui  appartient  au  coton  non 
azoté. 

»  Mon  opinion  sur  la  non-aptitude  du  coton  azoté  à  recevoir  la  teinture 
était  bien  fixée  à  la  suite  des  faits  révélés  parles  expériences  que  je  viens  de 
décrire,  lorsqu'une  circonstance  particulière  ramena  mon  attention  sur  ce 
point. 

»  Il  m'était  resté  de  mes  premiers  essais,  qui  ont  eu  lieu  en  janvier  1 853, 
une  assez  grande  quantité  de  tissus  de  coton  pyroxylé.  Ce  tissu,  plissé  en 
rouleau  serré,  avait  été  introduit  dans  un  bocal  à  large  ouverture,  fermé  par 
un  bouchon  de  liège.  Il  y  a  deux  mois  environ,  je  m'aperçus  que  le  bocal 
était  rempli  de  vapeurs  nitreuses  et  que  le  bouchon,  imprégné  d'acide  nitri- 
que, qui  l'avait  corrodé,  avait  été  soulevé  pour  laisser  passage  aux  vapeurs 
rutilantes. 

»  Ce  phénomène  de  décomposition  spontanée  attira  mon  attention.  Quelle 
a  été  la  cause  de  cette  décomposition  ?  C'est  ce  qu'il  m'est  encore  difficile 
d'apprécier,  car  du  coton  pyroxylé  qui  avait  été  teint  et  conservé  depuis  la 
même  époque,  n'avait  subi  aucune  altération. 

»  Je  fis  laver  à  grande  eau  la  pyroxyline  ainsi  décomposée;  le  tissu  était 
fortement  altéré  et  s'arrachait  sous  un  faible  effort  :  son  inflammabilité  était 
considérablement  diminuée. 

»  Divers  essais  analytiques  eurent  lieu  pour  établir  la  proportion  des 
principes  nitreux  restés  en  combinaison  avec  la  cellulose.  —  Ces  résultats 
furent  confirmés  par  M.  Wurtz.  Voici  les  chiffres  de  cet  habile  chimiste  : 

»  I.  ogr,4795  de  matière  desséchée  dans  le  vide  à  1 10  degrés  ont  donné 
o,5495  d'acide  carbonique  et  0,176  d'eau. 

»  II.  ogr,4i6  de  matière  desséchée  dans  le  vide  à  100  degrés  et  brûlés 
avec  l'oxyde  de  cuivre  ont  donné  a7°c,75  d'azote. 


(  677  ) 
»  Température,  9  degrés.  Pression,  om,76o3. 
»  Ces  chiffres  donnent,  en  centièmes  : 

Carbone 3i  ,25 

Hydrogène 4  >°8 

Azote 7 ,88 

»  Si  l'on  consulte  les  analyses  du  fulmi-coton,  on  trouve  : 

Carbone 28,5  (Démonte  et  Ménard)  28,5.  .  .   27,9  (Béchamp.) 

Hydrogène 3,5  3,5...     3,5 

Azote 11,6  io,5...    11, 1 

u  On  voit,  par  la  comparaison  de  ces  résultats,  que  le  coton  pyroxylé, 
altéré  spontanément,  renferme  environ  deux  tiers  d'acide  nitrique  de  moins 
que  le  fulmi-coton  non  altéré. 

»  J'eus  la  curiosité  d'essayer  comment  la  pyroxyline  ainsi  dénitrifiée  par- 
tiellement se  comportait  quant  à  la  fixation  des  couleurs.  Des  essais  de 
teintures  eurent  lieu  au  moyen  de  la  garancine  et  du  bois  de  Brésil  avec  ce 
coton  mordancé,au  moyen  de  l'acétate  d'alumine,  et  je  ne  fus  pas  peu 
étonné  de  voir  que,  non-seulement  il  ne  refusait  plus  de  prendre  la  teinture 
comme  le  coton  pyroxylé,  mais  qu'il  donnait  des  couleurs  infiniment  mieux 
nourries  et  plus  éclatantes  que  le  coton  non  azoté  et  traité  dans  les  mêmes 
conditions  de  mordançage  et  de  teinture. 

»  Le  phénomène  d'une  teinture  du  coton  nourrie  d'une  nuance  appro- 
chant de  l'écarlate  obtenue  par  le  bois  de  Brésil  avec  le.  mordant  d'acétate 
d'alumine  fixa  particulièrement  mon  attention,  et  aussitôt  j'entrepris  une 
série  de  recherches  tendant  à  produire  artificiellement  un  coton  nitré  avec 
des  propriétés  de  fixation  des  couleurs  aussi  énergiques  que  celle  de  la  py- 
roxyline décomposée  qu'une  circonstance  fortuite  avait  mise  en  mes  mains. 

«  Après  avoir  constaté  d'une  manière  irrécusable  que  dans  le  coton,  ré- 
sultat de  la  décomposition  de  la  pyroxyline,  les  éléments  nitreux  retenus 
étaient  restés  en  combinaison  chimique  avec  la  cellulose,  je  reconnus  bien- 
tôt que  ces  éléments  n'étaient  pas  entrés  dans  un  état  de>combinaison  aussi 
stable,  en  présence  des  sels  de  protoxyde  de  fer,  que  cela  existe  dans  la  py- 
roxyline. 

»  On  soumit  à  une  douce  chaleur  de  la  pyroxyline  décomposée  et  de  la 
pyroxyline  intacte,  dans  un  bain  de  sulfate  de  protoxyde  de  fer.  En  tres-peu 
de  temps,  la  pyroxyline,  qui  avait  perdu  une  partie  de  ses  éléments  nitreux, 
se  colora  en  jaune  chamois,  tandis  que  la  pyroxyline  prit  beaucoup  moins 

C.  R.,  I&56,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  K°  lo.)  0,0 


(  678) 
d'oxyde  de  fer  que  du  coton  ordinaire  placé  dans  les  mêmes  circonstances. 
Lorsqu'on  transforma  l'oxyde  de  fer  en  bleu  de  Prusse  par  un  bain  de  ferro- 
cyanure  de  potassium  légèrement  acidulé,  les  mêmes  différences  de  couleur 
se  reproduisirent.  Ainsi,  en  résumé,  la  pyroxyline,  en  perdant  une  partie  de 
ses  éléments  nitreux,  non- seulement  perd  sa  résistance  à  absorber  des  mor- 
dants et  des  couleurs,  mais. devient  même  infiniment  plus  apte  à  se  charger 
de  ces  corps  que  le  coton  non  azoté.  » 

chirurgie.  —  Nouveau  procédé  permettant  d'augmenter  à  volonté  la  hau- 
teur de  la  lèvre,  dans  les  opérations  de  bec-de-lièvre  et  de  cheiloplastie ,• 
par  M.  C.  Sédillot. 

a  II  est  des  procédés  souvent  côtoyés  et  presque  touchés,  dont  on  ne 
comprend  la  nouveauté,  les  ressources  et  l'importance,  qu'au  moment  où 
l'on  en  signale  les  indications  et  les  résultats.  Celui  que  nous  avons  l'hon- 
neur de  présenter  à  l'Académie  est  de  ce  genre,  et  c'est  par  une  de  ces  révé- 
lations pratiques  si  fréquentes  au  contact  des  indications,  que  nous  l'avons 
imaginé  et  appliqué  avec  le  plus  heureux  succès. 

»  On  sait,  et  c'est  un  desideratum  dont  nous  avons  fait  l'objet  d'une  re- 
marque spéciale  dans  la  deuxième  édition  de  notre  Traité  de  Médecine 
opératoire,  que  la  lèvre  manque  de  hauteur  chez  la  plupart  des  adultes  qui 
sont  porteurs  d'un  bec-de-lièvre.  Les  deux  moitiés  de  la  scissure,  entraî- 
nées en  dehors  par  la  contractilité  des  fibres  du  muscle  orbiculaire,  sem- 
blent avoir  subi  un  certain  degré  d'atrophie,  et  lorsqu'on  les  a  réunies,  on 
s'aperçoit  que  le  bord  libre  de  la  nouvelle  lèvre  est  concave  et  ne  recouvre 
qu'imparfaitement  l'arcade  dentaire.  La  disparition  de  l'encoche  labiale  par 
le  procédé  de  M.  Clémot,  de  Rochefort,  ne  modifie  en  rien  cette  disposi- 
tion, et  l'on  regrette  de  voir  persister  une  véritable  difformité  dépendant 
de  la  brièveté  de  la  lèvre  dans  le  sens  vertical. 

»  L'atrophie  dont  je  m'occupe  était  très-marquée  sur  une  jeune  fille  de 
vingt  ans,  que  j'opérai  à  la  clinique,  au  commencement  du  mois  dernier. 

»  L'arcade  dentaire  était  assez  élevée,  et  l'étroitesse  des  deux  moitiés  de 
la  lèvre  ne  permettait  pas  d'espérer  une  restauration  parfaite. 

»  Je  pensai  que  l'on  pourrait  convertir  une  partie  des  bords  horizontaux 
de  la  lèvre  en  surfaces  verticales,  destinées  à  être  affrontées,  et  qu'on  obtien- 
drait en  même  temps  l'avantage  de  diminuer  la  largeur  de  l'ouverture  buc- 
cale, et  de  la  rendre  plus  régulière  et  plus  gracieuse. 

»  Rien  de  plus  facile  à  remplir  que  l'indication  dont  je  parle;  il  suffit 


f 


(679) 

d'aviver  la  lèvre  par  deux  sections  obliques,  dont  la  première,  dirigée  de 
haut  en  bas  et  de  dedans  en  dehors,  s'arrête  à  1  centimètre  environ  de  dis- 
tance du  bord  libre,  tandis  que  la  deuxième,  commencée  à  ce  dernier  point, 
est  prolongée  plus  ou  moins  loin  en  dehors,  selon  que  l'on  veut  donner  à 
la  nouvelle  lèvre  une  plus  ou  moins  grande  hauteur.  On  détache  largement 
la  lèvre  de  l'arcade  dentaire  pour  augmenter  la  laxité  des  tissus,  et  en 
ramenant  à  une  direction  verticale  les  surfaces  obliquement  avivées  et  les 
affrontant  par  la  suture  entortillée  avec  ou  sans  la  modification  proposée 
par  M.  Clémot,  on  reforme  une  lèvre  épaisse,  d'une  hauteur  convenable, 
dont  la  réunion  immédiate  s'accomplit  aussi  bien  qu'à  la  suite  des  opéra- 
tions ordinaires. 

»  Ceux  qui  conserveraient  quelques  doutes  sur  la  précision  et  l'étendue 
des  ressources  du  procédé  dont  je  viens  d'exposer  les  principaux  traits, 
pourront,  comme  nous  l'avons  fait,  en  demander  la  démonstration  à  une 
simple  manœuvre  d'amphithéâtre. 

»  Pour  lever  les  dernières  objections  d'un  de  nos  collègues,  nous  le  con- 
duisîmes avec  nos  internes,  et  quelques  autres  élèves,  aux  salles  d'anato- 
mie.  Nous  mesurâmes  la  hauteur  de  la  lèvre  d'un  des  sujets  livrés  aux 
dissections.  Cette  lèvre  avait  16  millimètres  de  son  bord  libre  ou  labial  à  la 
racine  du  nez,  et,  après  l'opération  simulée  du  bec-de-lièvre  par  notre  nou- 
veau procédé,  cette  même  lèvre  présentait  25  millimètres,  et  avait  ainsi 
gagné  9  millimètres,  ou  un  peu  plus  de  moitié  de  la  hauteur  primitive. 

»  Nous  avons  revu  notre  malade  à  la  fin  de  mars,  et  la  bouche  était  restée 
petite,  régulière  et  gracieuse.  » 

RAPPORTS. 

chimie  générale.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  Georges  Ville,  ayant 
pour  titre  ;  Quel  est  le  rôle  des  nitrates  dans  l'économie  des  plantes? 
—  De  quelques  procédés  nouveaux  pour  doser  l'azote  des  nitrates,  en 
présence  des  matières  organiques. 

(Commissaires,  MM.  Balard,  Peligot,  Pelouze  rapporteur.) 

«  Le  travail  dont  nous  allons  avoir  l'honneur  de  rendre  compte  à  l'Aca- 
démie se  divise,  comme  l'indique  son  titre,  en  deux  parties  bien  distinctes. 

»  Dans  la  première,  l'auteur  fait  l'historique  des  travaux  relatifs  au  rôle 
que  les  nitrates  jouent  dans  la  végétation.  Il  analyse  succinctement  les  ex- 

90.. 


(  68o  ) 

périences  et  les  observations  faites  sur  ce  sujet  par  MM.  Liebig,  Kuhlmann, 
Gilbert  et  Lawes,  Isidore  Pierre  et  Bineau.  Il  fait  ressortir  le  peu  d'accord 
qui  existe  entre  les  vues  présentées  par  ces  divers  chimistes  ,  et  signale  une 
divergence  d'opinions ,  bien  naturelle  d'ailleurs  dans  des  questions  qui  ont 
trait  aux  phénomènes  si  complexes  et  encore  si  peu  étudiés  de  la  végé- 
tation. 

»  L'auteur  rappelle  enfin  que  dans  un  paquet  cacheté  adressé  à  l'Académie 
le  i3  août  i855  et  ouvert  le  26  novembre  dernier,  il  avait  annoncé  les  faits 
suivants  : 

»  i°.  Les  plantes  absorbent  et  décomposent  les  nitrates,  de  façon  que 
l'azote  de  ces  sels  devient  une  partie  constitutive  du  tissu  végétal. 

»  2°.-  A  égalité  d'azote,  le  nitrate  de  potasse  agit  plus  que  le  sel  ammo- 
niac. 

»  Notre  honorable  confrère  M.  Boussingault  avait  déjà  signalé 
(  Comptes  rendus  des  séances  de  l'académie  des  Sciences,  n°  21,9  no- 
vembre i855)  l'influence  des  nitrates  sur  le  développement  de  l'orga- 
nisme végétal,  et  il  avait  particulièrement  donné  la  démonstration  de 
ce  fait  important,  que  le  salpêtre  agit  très-favorablement  sur  la  vé- 
gétation par  suite  de  son  absorption  directe ,  ce  qui  lui  a  permis 
d'expliquer  comment  certaines  eaux  exercent  sur  les  prés  des  effets  extrê- 
mement marqués,  quoique  souvent  elles  ne  renferment  que  des  traces  à 
peine  dosables  d'ammoniaque  ;  c'est  que  ces  eaux  contiennent  ordinaire- 
ment des  nitrates,  qui  concourent,  comme  l'ammoniaque  et  même  mieux 
que  l'ammoniaque,  à  la  production  végétale. 

»  En  résumé,  comme  M.  Ville  se  propose  de  revenir  sur  la  première  par- 
tie de  son  Mémoire,  et  d'entrer  ultérieurement  dans  des  développements 
qu'il  n'a  pas  encore  fait  connaître,  votre  Commission  n'aura  à  s'occuper 
que  des  nouvelles  méthodes  proposées  par  ce  chimiste  pour  doser  les  ni- 
trates mêlés  à  des  matières  végétales  et  animales. 

»  C'était  là  un  problème  délicat  et  difficile,  que  M.  Ville,  hâtons-nous  de 
le  dire  ,  a  résolu  d'une  manière  très-satisfaisante. 

»  Lorsque  les  nitrates  sont  mêlés  avec  des  sulfates,  des  phosphates,  des 
chlorures  et  avec  un  grand  nombre  d'autres  matières  inorganiques,  on  peut 
déterminer  avec  exactitude  l'acide  nitrique  qu'ils  renferment,  par  un  pro- 
cédé fort  simple  qu'emploient  souvent  les  raffineurs  de  salpêtre  concur- 
remment avec  l'ancien  procédé,  qui  consiste  à  laver  le  nitre  brut  avec  de 
l'eau  saturée  de  nitrate  de  potasse  pur. 

»  Cette  méthode,  dont  l'auteur  est  un  des  Membres  de  cette  Commission, 


• 


(68!  ) 
consiste  à  décomposer  les  nitrates  par  un  poids  connu  de  fer  dissous  dans 
l'acide  chlorhydrique.  En  ajoutant  à  la  liqueur  un  poids  également  connu 
du  nitrate  qu'il  s'agit  de  doser  et  portant  pendant  quelques  instants  le  mé- 
lange à  l'ébullition,  il  se  dégage  du  bioxyde  d'.azote  pur,  tandis  que  le  fer  se 
peroxyde.  Ce  métal  ayant  été  employé  en  excès,  on  reconnaît  facilement  ce 
qu'il  en  reste  à  l'état  de  protoxyde,  au  moyen  d'une  dissolution  titrée  de 
permanganate  de  potasse,  qui  ne  cesse  de  se  décolorer  qu'au  moment  même 
ou  le  fer  tout  entier  a  été  peroxyde.  Le  calcul  indique  le  poids  de  l'acide 
nitrique  qui  a  concouru  à  cette  peroxydation. 

»  L'épreuve  ne  laisse,  en  général,  rien  à  désirer;  mais  on  comprend  que, 
s'il  s'agit  de  doser  les  nitrates  contenus  dans  une  plante,  le  procédé  dont  il 
s'agit  ne  puisse  plus  être  employé,  car  les  nitrates  sont  mêlés  alors  avec  des 
matières  qui  colorent  les  dissolutions  de  caméléon  ou  qui  décomposent  ce 
sel  en  le  désoxydant. 

»  Cette  dernière  circonstance  met  surtout  un  obstacle  à  l'extension  de 
ce  procédé,  car  une  foule  de  substances  organiques  décolorent  les  dissolu- 
tions de  permanganate  de  potasse. 

»  Récemment,  M.  Schlœsing  a  eu  l'idée  de  recueillir  le  bioxyde  d'azote 
provenant  de  la  réaction  des  nitrates  sur  le  protochlorure  de  fer,  et  de  con- 
vertir le  gaz  ainsi  obtenu,  en  lui  rendant  de  l'oxygène,  en  acide  nitrique,  que 
l'on  dose  avec  du  sucrate  de  chaux  titré.  Ce  chimiste  distingué  s'est  assuré 
qu'un  grand  nombre  de  matières  organiques,  et  principalement  celles  qui 
sont  les  plus  répandues  dans  les  végétaux,  peuvent  se  trouver  mêlées  aux 
nitrates,  sans  que  ceux-ci  apportent  un  trouble  notable  à  son  mode 
d'analyse. 

»  Parmi  ces  matières,  les  unes  sont  azotées,  telles  que  l'urée,  l'amandine, 
le  gluten,  l'asparagine,  l'indigotine,  la  gélatine,  etc.  ;  les  autres  ne  contien- 
nent pas  d'azote.  Nous  citerons  les  acides  malique,  tannique,  benzoïque, 
ulmique,  le  sucre  de  canne,  l'amidon,  la  mannite,  la  gomme  arabique,  la 
colophane  et  l'huile  de  ricin. 

»  Malgré  la  présence  dans  les  nitrates  des  diverses  matières  que  nous 
venons  de  citer,  M.  Schlœsing]  retrouvait  constamment  à  deux  ou  trois 
millièmes  près,  et  quelquefois  avec  plus  d'approximation  encore,  la  quan- 
tité de  nitrate  sur  laquelle  il  opérait  dans  le  but  de  vérifier  l'exactitude  de 
sa  méthode. 

»  Pour  être  juste,  on  doit  donc  reporter  à  M.  Schlœsing  le  mérite  d'avoir 
le  premier  imaginé  une  méthode  générale  pour  doser  les  nitrates  mêlés  à 
des  matières  organiques.  Ce  chimiste,    dans  un  travail   remarquable,  a 


(  682  ) 
appliqué  son  procédé  à  la  détermination  de  l'azote  contenu  à  l'état  de  ni- 
trate dans  les  feuilles  écôtées  et  dans  les  côtes  de  tabacs  de  dix-huit  prove- 
nances différentes.  Le  procédé  de  M.  Schlœsing  a  été  inséré  avec  détails 
dans  le  tome  XL  des  dnnales  de  Chimie  et  Physique  (  n°  d'août  1 854)  ;  de- 
puis cette  époque,  il  ne  paraît  pas  qu'il  ait  été  employé  par  d'autres  chi- 
mistes. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  celui  dont  nous  allons  rendre  compte  nous  paraît 
d'une  exécution  plus  sûre  et  plus  commode. 

»  Il  consiste  à  convertir  en  ammoniaque  le  bioxyde  d'azote  provenant 
de  l'action  des  nitrates  sur  le  protochlorure  de  fer  acide.  Depuis  longtemps 
M.  Ruhlmann  avait  signalé  aux  chimistes  la  grande  facilité  avec  laquelle 
l'acide  azotique  et  tous  les  oxydes  d'azote  peuvent  se  changer  en  ammo- 
niaque, mais  personne  n'avait  songé,  avant  M.  G.  Ville,  à  utiliser  cette  cu- 
rieuse transformation  pour  le  dosage  des  nitrates  mêlés  à  des  substances 
organiques. 

»  La  proportion  d'ammoniaque  déterminée  avec  un  acide  titré  donne 
celle  de  l'acide  nitrique  même.  La  réaction  conserve  la  même  netteté  et  le 
procédé  la  même  exactitude,  soit  que  les  nitrates  contiennent  exclusivement 
des  matières  inorganiques,  soit  qu'ils  aient  été  mêlés  à  une  matière  orga- 
nique telle  que  du  sucre,  de  l'acide  oxalique,  de  la  farine,  de  l'herbe  sèche, 
une  infusion  de  café,  etc.  Nous  nous  sommes  assurés  que  le  procédé  de 
M.  Ville  fonctionne  d'une  manière  satisfaisante  en  mêlant  aux  matières  que 
nous  venons  d'énumérer  une  certaine  quantité  de  nitrate  de  potasse  pur, 
dont  le  poids  était  inconnu  à  M.  Ville.  Toujours  ce  chimiste  nous  a  rapporté 
à  quelques  millièmes  près  la  quantité  de  salpêtre  que  nous  lui  avions  remise 
pour  en  faire  l'analyse. 

»  Son  procédé  est  si  exact,  qu'il  peut  être  employé  concurremment  avec 
celui  dont  il  a  été  fait  mention,  pour  établir  ou  contrôler  le  dosage  du  sal- 
pêtre brut  dans  les  raffineries. 

»  Son  exécution  prompte  et  peu  coûteuse  permettra  d'étudier,  mieux 
qu'on  ne  l'a  fait  jusqu'ici,  la  formation  de  l'acide  nitrique  sous  des  influences 
très-diverses,  les  proportions  de  cet  acide  dans  les  engrais,  les  plantes,  les 
eaux  de  toutes  sortes,  et  son  rôle  dans  la  végétation. 

»  Nous  ne  suivrons  pas  l'auteur  dans  la  description  minutieuse  qu'il  a 
donnée  de  son  procédé.  Nous  nous  bornerons  à  dire  que  des  divers  moyens 
qu'il  a  employés  pour  convertir  en  ammoniaque  le  bioxyde  d'azote,  celui 
auquel  il  donne  la  préférence  consiste  à  décomposer  ce  gaz  dans  un  tube 
rempli  de  chaux  sodée,  par  l'hydrogène  sulfuré.  La  chaux  et  la  soude 


(  683  ) 

retiennent  l'oxygène  du  bioxyde  d'azote  et  la  soude  de  l'hydrogène  sulfuré 
sous  la  forme  de  sulfates  et  des  sulfures,  tandis  que  l'azote  et  l'hydrogène 
se  réunissent  pour  produire  de  l'ammoniaque,  qui  se  rend  et  se  condense 
dans  un  tube  à  boule,  en  partie  rempli  d'un  acide  normal.  Une  demi-heure 
suffit  pour  faire  une  opération,  et  une  disposition  ingénieuse  des  appareils 
permet  de  multiplier  facilement  ces  sortes  d'analyses. 

»  En  résumé,  le  nouveau  mode  de  dosage  des  nitrates,  dont  nous  venons 
de  rendre  un  compte  sommaire,  est  très-exact,  d'une  exécution  à  la  fois 
prompte  et  facile.  Nous  croyons  qu'il  pourra  rendre  des  services  incontes- 
tables dans  les  recherches  de  chimie  appliquée  à  l'agriculture  et  à  la  physio- 
logie végétale. 

»  En  conséquence,  nous  avons  l'honneur  de  demander  à  l'Académie 
qu'elle  veuille  bien  remercier  M.  Georges  Ville  de  son  intéressante  commu- 
nication. » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 


MEMOIRES  PRESENTES 

L'auteur  d'un  Mémoire  admis  au  concours  pour  l'un  des  grands  prix  des 
Sciences  physiques  de  l'année  i856  (question  concernant  les  lois  de  la  dis- 
tribution des  corps  organisés  fossiles  dans  les  terrains  sédimentaires,  sui- 
vant leur  ordre  de  superposition),  adresse,  ainsi  qu'il  l'avait  précédemment 
annoncé,  une  traduction  française  du  Mémoire  original  qui  est  écrit  en 
allemand. 

(Renvoi  à  la  future  Commission,  qui  devra  s'assurer  que  cette  traduction, 
arrivée  après  la  clôture  du  concours,  ne  contient  rien  qui  ne  se  trouve 
dans  le  texte  allemand  parvenu  en  temps  utile.) 

mécanique  analytique.  —  Mémoire  sur  les  variations  de  la  pesanteur  dans 
une  petite  étendue  de  la  surface  terrestre,  et  sur  quelques  effets  qui  en 
résultent  ;  par  M.  V.  Puiseux.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  Dans  les  questions  relatives  à  l'équilibre  et  au  mouvement  des  corps 
pesants,  on  imagine  ordinairement  des  axes  de  coordonnées  liés  invariable- 
ment à  la  partie  solide  du  globe  terrestre,  et  on  rapporte  à  ces  axes  la  situa- 
tion des  points  mobiles  que  l'on  considère.  Le  plus  souvent  on  peut  se 
contenter  de  regarder  ces  axes  comme  immobiles  dans  l'espace,  et  les  points 


(  684  ) 
pesants  comme  sollicités  par  des  forces  proportionnelles  à  leurs  masses, 
parallèles  entre  elles  et  faisant  avec  les  axes  des  angles  constants.  Mais 
quand  on  veut  pousser  les  choses  à  la  rigueur,  on  est  forcé  d'abandonner 
ces  suppositions.  En  effet,  les  axes  de  coordonnées  participant,  en  réalité,  au 
mouvement  de  la  Terre,  il  n'est  permis  de  les  considérer  comme  fixes  qu'au- 
tant qu'on  applique  à  chaque  point  de  certaines  forces  fictives;  ces  forces 
dépendent  de  la  situation  et  surtout  de  la  vitesse  du  point  mobile,  et  c'est 
à  elles  qu'est  dû  le  déplacement  du  plan  des  oscillations  du  pendule  qui  a 
lieu  dans  la  belle  expérience  de  M.  Foucault.  Déplus,  l'attraction  terrestre 
n'a  pas  exactement  la  même  grandeur  et  la  même  direction  en  deux  points 
voisins  et  en  un  même  point;  elle  change  d'un  instant  à  l'autre  à  raison  de 
la  déformation  que  les  marées  occasionnent  dans  la  partie  fluide  du  globe. 
Enfin  le  Soleil  et  la  Lune  exercent  des  actions  qui  varient  aussi  avec  le 
temps  et  avec  la  situation  du  point  attiré. 

m  Les  conditions  d'équilibre  des  corps  pesants,  telles  qu'on  les  admet 
d'ordinaire,  doivent  donc  être  un  peu  modifiées,  et,  bien  que  les  effets  dus 
à  ces  modifications  soient  très-faibles  et  de  l'ordre  des  plus  petites  quantités 
que  nous  sachions  mesurer,  il  m'a  paru  curieux  de  rechercher  ceux  qui  sont 
susceptibles  d'être  énoncés  simplement,  ou  dont  la  vérification  expérimen- 
tale ne  paraît  pas  absolument  impossible.  L'analyse  que  j'ai  employée  con- 
duit d'ailleurs  à  des  expressions  fort  simples  des  variations  de  la  pesanteur 
dans  une  petite  étendue,  et  montre  comment  ces  variations  sont  liées  à 
l'aplatissement  de  la  Terre. 

»  J'indique  ici  quelques  conséquences  de  ces  formules.  Concevons 
qu'une  lunette,  mobile  dans  le  plan  du  méridien  et  munie  à  son  foyer  d'un 
fil  horizontal,  soit  dirigée  vers  un  bain  de  mercure  placé  au-dessous,  de  ma- 
nière que  l'image  du  fil  vue  par  réflexion  coïncide  avec  l'image  vue  direc- 
tement. Si  l'on  répète  la  même  expérience  avec  un  autre  bain  de  mercure 
situé  plus  haut  ou  plus  bas,  la  lunette  devra  changer  de  position,  attendu 
que  la  verticale  n'a  pas  exactement  la  même  direction  à  des  hauteurs  diffé- 
rentes. Je  détermine  le  petit  angle  dont  la  lunette  doit  tourner  ;  il  dépend 
de  la  latitude  et  de  la  différence  de  niveau  des  deux  bains.  En  supposant 
cette  différence  égale  à  1000  mètres  et  l'expérience  faite  au-dessus  du  sol, 
l'angle  dont  il  s'agit  serait  d'environ  o",i7  à  la  latitude  de  45  degrés. 

»  Un  fil  homogène,  suspendu  librement  par  une  extrémité,  ne  prend  pas 
une  forme  exactement  rectiligne  ;  il  se  confond  sensiblement  avec  un  arc 
de  parabole.  Le  paramètre  de  cette  courbe  change  avec  la  latitude  ;  mais  il 
est  indépendant  de  la  nature  et  de  la  longueur  du  fil. 


.(  685  ) 

»  Un  corps  solide  mobile  autour  d'un  axe  vertical  n'est  pas,  comme  on 
l'admet  communément,  dans  un  état  d'équilibre  indifférent;  il  tend  à  s'o- 
rienter dans  certaines  directions  qui  ne  changent  pas  avec  le  temps,  lorsque 
l'axe  de  rotation  coïncide  avec  la  verticale  du  centre  de  gravité.  Par 
exemple,  une  girouette  mobile  autour  de  la  verticale  de  son  centre  de  gra- 
vité et  partagée  par  cet  axe  en  deux  parties  symétriques,  ne  peut  être  en 
équilibre  qu'autant  qu'elle  est  dirigée  dans  le  plan  du  méridien  ou  dans  un 
plan  perpendiculaire;  l'équilibre,  instable  dans  le  premier  cas,  est  stable 
dans  le  second.  Ecartée  d'une  position  d'équilibre  stable,  la  girouette  oscil- 
lerait de  part  et  d'autre,  si  les  frottements  inhérents  au  mode  de  suspension 
pouvaient  être  assez  atténués  ;  mais  la  durée  des  oscillations,  qui  dépasserait 
huit  heures,  montre  combien  est  petite  la  force  qui  tend  à  les  produire. 

»  Enfin  la  même  analyse  donne  les  positions  d'équilibre  d'un  corps  mo- 
bile en  tous  sens  autour  de  son  centre  de  gravité.  Elle  montre,  par  exemple, 
qu'une  tige  suspendue  par  son  centre  de  gravité  tend  à  se  placer  dans  le 
plan  du  méridien,  de  manière  à  faire  avec  la  verticale  un  petit  angle  dont 
la  valeur  est  d'environ  6'  à  la  latitude  de  45  degrés;  dans  notre  hémisphère, 
la  partie  inférieure  de  la  tige  est  du  côté  du  nord.   » 

Dans  la  Lettre  qui  accompagne  cet  envoi,  M.  Puiseux  prie  l'Académie 
de  vouloir  bien  le  comprendre  dans  le  nombre  des  candidats  pour  la  place 
vacante  dans  la  Section  de  Géométrie. 

La  demande  de  M.  Puiseux  et  le  Mémoire  qu'il  présente  sont  renvoyés 
à  l'examen  de  la  Section  de  Géométrie. 

mécanique  appliquée.  —  Modification  apportée  au  frein  du  système 
Laignel;  par  M.  Perreul.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Piobert,  Morin,  Séguier.) 

«  Le  frein  de  M.  Laignel,  a  dit  un  savant  ingénieur,  se  différencie  complé- 
»  tement  des  appareils  ordinaires,  en  ce  qu'il  agit  sur  les  rails  mêmes....  Des 
»  manivelles  à  vis,  placées  sur  les  voitures,  permettent  de  faire  descendre 
»  les  sabots  dans  une  direction  verticale  et  de  les  presser  à  volonté  contre 
»  les  rails.  On  peut  ainsi  graduer  le  frottement  et  le  rendre  de  plus  en  plus 

»  grand,  jusqu'à  ce  que  l'on  ait  atteint  le  maximum  de  résistance Ce 

»  système  a  le  triple  avantage  de  la  solidité,  de  la  promptitude  d'action 
»  et....  » 

»  Voyons  maintenant  quels  obstacles  a  rencontrés  le  sjstème  par  pres- 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLli,  N<>  la.)  9* 


(  686  ) 
sion  verticale,  et  démontrons  qu'ils  proviennent  tous  du  point  d'appui  qu'on 
avait  choisi. . . .  C'est  de  la  nature  et  de  l'état  de  la  surface  choisie  que  viennent 
tous  les  ohstacles  à  la  réussite  complète  de  la  pression  verticale  ;  en  effet,  l'hu- 
midité boueuse  du  rail,  sa  surface  trop  lisse  par  le  passage  des  roues  et  dans 
des  conditions  défavorables  d'humidité,  trop  étroite  surtout  pour  qu'on 
puisse  en  obtenir  une  pression  puissante  :  ces  obstacles,  qui  ont  empêché  la 
généralisation  d'un  système  approuvé  depuis  dix  ans,  ne  se  rencontrent  pas 
dans  notre  système,  où  un  nouveau  point  d'appui  a  été  choisi. 

»  C'est  sur  le  sable  du  ballast,  étendu  sur  là  voie,  et  en  changeant  la 
forme  du  sabot,  que  nous  avons  trouvé  un  meilleur  point  d'appui,  complè- 
tement exempt  des  inconvénients  que  nous  venons  de  signaler.  Ce  sable  ne 
doit  jamais  cependant  pouvoir  être  amoncelé  d'une  manière  gênante,  ni 
projeté  sur  la  voie.  Il  doit  être  sillonné,  fendu,  pour  ainsi  dire,  par  l'appa- 
reil remplaçant  le  sabot,  et  qui  se  compose  d'un  épais  madrier  en  forme  de 
grand  patin;  plusieurs  lignes  de  fer  aigu,  parallèles  entre  elles  et  relevées  à 
l'avant,  remplaceraient  l'unique  ligne  enfer  qui,  dans  le  patin  proprement 
dit,  sert  à  glisser  sur  la  glace. 

»  Le  sable,  sillonné  d'abord  par.  les  lignes  du  patin,  qui  s'y  enfonceront 
peu  à  peu,  produira  un  frottement  qui  deviendra  de  plus  en  plus  grand  ;  les 
Signes  de  fer  arriveront  jusqu'aux  traverses  qu'elles  sillonneront,  sans  aucun 
danger  de  dérangement,  et  sur  lesquelles  elles  s'arrêteront  lorsque  l'arbre  à 
vis,  manœuvré  par  des  leviers  de  cabestan ,  pressera  le  madrier  formant  patin 
lui-même  sur  le  sable,  ce  qui  produira  un  maximum  de  résistance  assez 
puissant  pour  arrêter  un  convoi  rapidement,  en  cas  de  danger  imminent,  et 
bien  certainement  dans  un  espace  moindre  que  celui  exigé  jusqu'ici,  sous 
peine  de  catastrophe  semblable  à  celle  de  Moret,  déclarée  d'avancé  inévi- 
table, dans  les  mêmes  circonstances  et  dans  l'état  d'insuffisance  du  matériel 
actuel. 

»  Deux  appareils,  l'un  placé  sur  le  tender,  l'autre  sur  la  dernière  voiture, 
nous  paraissent  suffisants.  Le  dessous  du  madrier,  suspendu  à  l'arbre  à  vis 
et  complétant  le  frein,  devra  probablement  être  revêtu  d'une  plaque  de  fer; 
l'expérience  peut  seule  en  démontrer  la  nécessité.  » 

chimie  générale.  —  Faits  pour  servir  à  l'histoire  de  l'éthérification; 

par  M.  Alvaro  Retxoso. 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Dumas,  Payen.) 

«  Action  du  bioxyde  de  mercure  sur  VétJier  iodhjdrique  éthjlique.  — 
i°.  Quand  on  met  du  bioxyde  de  mercure  et  de  l'éther  iodhydrique  dans 


(687) 
un  tube  scellé  à  la  lampe,  et  que -l'on  chauffe  pendant  quatre  heures  à 
260  degrés,  une  réaction  très-énergique  a  lieu.  On  voit,  à  travers  les  parois 
du  tube,  la  masse  décomposée,  noircie,  contenant  quelques  globules  de 
mercure  métallique  au  fond  d'un  liquide  très-mobile.  À  l'ouverture  du 
tube,  un  grand  dégagement  de  gaz  a  lieu,  suivi  d'une  forte  explosion.  Il 
nous  a  été  impossible  d'étudier  cette  réaction  à  cause  de  l'explosion;  nous 
avons  constaté  seulement  qu'une  partie  de  l'iode  était  devenue  libre. 

»  20.  Du  bioxyde  de  mercure  mis  avec  de  l'éther  iodhydrique  dans  un 
tube  scellé  à  la  lampe  fut  maintenu  pendant  six  heures  à  la  température 
de  100  degrés;  le  bioxyde  de  mercure  passa  à  l'état  d'iodure,  et  en  ouvrant 
le  tube  nous  avons  constaté  :  i°  la  formation  d'une  petite  quantité  de  gaz 
oléfiant;  i°  production  d'éther  hydrique;  3°  formation  d'une  trace  d'é- 
ther  acétique;  4°  présence  d'un  excès  d'éther  iodhydrique  non  décomposé  ; 
5°  l'éther  tenait  en  dissolution  un  peu  d'iodure  de  mercure. 

»  3°.  Nous  avons  abandonné  pendant  dix-sept  mois  sur  une  table,  près 
d'une  fenêtre  par  où  entraient  facilement  les  rayons  du  soleil,  un  tube  con- 
tenant de  l'éther  iodhydrique  et  du  bioxyde  de  mercure.  Au  bout  de  quel- 
ques jours  déjà  la  réaction  avait  commencé,  à  en  juger  par  la  formation  de 
l'iodure  de  mercure;  nous  l'avons  laissée  cependant  se  continuer,  et  chaque 
jour  la  formation  d'iodure  s'accroissait,  et  il  se  déposait  contre  les  parois 
du  tube,  en  formant  de  beaux  cristaux.  En  ouvrant  le  tube,  une  assez 
grande  quantité  de  gaz  s'est  dégagée;  le  produit  liquide  était  composé 
d'une  proportion  considérable  d'éther  acétique  et  d'une  petite  quantité 
d'éther  hydrique.  Il  est  évident  que  la  formation  de  l'éther  acétique  n'a 
lieu  qu'en  vertu  d'une  réaction  secondaire,  et  que  le  bioxyde  de  mercure 
agit  d'abord  sur  l'éther  iodhydrique  en  le  transformant  en  éther  ordinaire. 
L'éther  acétique  proviendrait  d'une  oxydation  de  l'éther  hydrique,  oxyda- 
tion qui  ne  pourrait  avoir  lieu  qu'aux  dépens  de  l'oxygène  de  l'oxyde, 
car  l'oxygène  de  l'air  contenu  dans  le  tube  se  trouve  en  trop  petite  quan- 
tité pour  produire  cet  effet.  II  s'ensuivrait  la  formation  d'un  oxyde  infé- 
rieur, ou  de  mercure  métallique.  Il  est  probable  qu'il  y  a  du  mercure 
métallique  mis  en  liberté,  qui  alors  agit  à  son  tour  sur  l'éther  iodhydrique 
non  encore  décomposé  en  formant,  comme  l'a  démontré  Franckland,  de 
l'iodure  de  mercure,  ainsi  qu'un  mélange  gazeux  composé  d'éthyle,  d'hy- 
drure  d'éthyle  et  de  gaz  oléfiant. 

»  Si,  au  résultat  que  nous  venons  d'obtenir,  on  ajoute  la  production 
de  l'éther  hydrique  par  l'action  de  l'eau  (Franckland)  et  de  l'oxyde  d'ar- 


9 


(  688  ) 
gent  (M.  Wurtz),  on  est,  nous  le  croyons,  bien  fondé  à  espérer  obtenir  la 
même  action  avec  d'autres  oxydes. 

»  Cette  étude  générale  pourrait  ne  pas  avoir  un  très-grand  intérêt  sous 
le  point  de  vue  spécial  de  la  production  de  l'éther,  mais  il  n'en  est  pas 
de  même  si  l'on  considère  le  rôle  qu'il  pourrait  jouer  dans  l'explication  de 
l'action  de  plusieurs  corps  sur  l'alcool,  qui  l'éthérifient,  et  dont  la  véritable 
action  n'est  pas  bien  connue  aujourd'hui. 

»  Il  est  probable  que  d'autres  oxydes  réagiront  aussi  d'une  manière  ana- 
logue sur  les  éthers  chlorhydrique  et  bromhydrique. 

»  Actiondes  sulfates  sur  l'alcool.  —  Nous  avons  mis  avec  de  l'alcool,  dans 
un  tube  fermé  par  un  bout,  les  sulfates  de  magnésie,  de  manganèse,  de  fer, 
cobalt,  nickel,  cadmium,  zinc  et  cuivre;  le  tube,  scellé  à  la  lampe  par 
l'autre  bout,  fut  placé  dans  un  canon  de  fusil  et  chauffé  dans  un  bain  d'huile 
à  240  degrés.  Tous  ces  sulfates  ont  produit  l'éthérification  de  l'alcool  ; 
aucun,  excepté  ceux  de  nickel  et  de  cuivre,  n'a  subi  de  décomposition. 
Le  sulfate  de  nickel  passa  à  l'état  de  sous-sulfate,  et  celui  de  cuivre  fut  ré- 
duit en  partie  à  l'état  métallique.  Jamais  il  n'y  a  eu  dégagement  de  gaz, 
excepté  lorsqu'on  a  employé  le  sulfate  de  cuivre,  où  une  grande  quantité 
de  gaz  s'est  dégagée  à  l'ouverture  du  tube.  Les  sulfates  non  décomposés 
conservent  après  l'expérience  leurs  propriétés  chimiques,  et  ils  se  dissolvent 
complètement  dans  l'eau  On  a  toujours  expérimenté  sur  des  sulfates  cris- 
tallisés. Tous  ces  sulfates  perdent  par  l'action  combinée  de  la  température  et 
de  l'alcool  leur  eau  de  cristallisation,  et  dans  cet  état  anhydre  ils  tardent 
plus  longtemps  à  se  dissoudre  dans  l'eau. 

»  Iodures  et  bromures.  —  L'iodure  et  le  bromure  de  cadmium,  chauffés 
avec  de  l'alcool  à  2/J0  degrés,  produisent  de  l'éther.  Ils  ne  se  décomposent 
pas,  et  à  l'ouverture  du  tube  il  n'y  a  pas  de  dégagement  de  gaz. 

»  Le  bromure  de  mercure  fut  chauffé  avec  de  l'alcool  à  240  degrés.  La 
masse  noircit  fortement,  et  à  l'ouverture  du  tube  il  y  eut  un  grand  dégage- 
ment de  gaz  et  l'alcool  se  trouva  élhérifié.  Le  bromure  était  décomposé. 

»  Chlorures  et  chlorhydrates.  —  Les  chlorures  de  cobalt,  de  cadmium  et 
le  protochlorure  de  manganèse  chauffés  avec  de  l'alcool  à  a4o  degrés  restent 
sans  se  décomposer,  et  l'alcool  se  convertit  en  éther  sans  qu'il  y  ait  de  déga- 
gement de  gaz.  C'est  le  protochlorure  de  manganèse  qui  produit  la  plus 
grande  quantité  d'éther. 

»  Le  chlorure  de  nickel,  chauffé  avec  de  l'alcool  à  240  degrés,  passe  à 
l'état  de  sous-chlorure  insoluble;  l'alcool  produit  de  l'éther,  et  à  l'ouverture 
du  tube  on  constate  un  léger  dégagement  de  gaz. 


(689) 

»  Le  prolochlorwe  détain  fut  chauffé  à  a/jo  degrés  avec  de  l'alcool,  et 
après  l'expérience  le  liquide  contenu  dans  le  tube  se  trouva  partagé  en  deux 
couches  bien  tranchées  :  l'une,  supérieure,  limpide;  l'autre,  inférieure,  lai- 
teuse. A  l'ouverture  du  tube,  des  gaz  se  sont  dégagés,  et  l'on  a  constaté  la 
formation  d'une  grande  quantité  d'éther. 

»  Le  protochlorure  de  fer,  .chauffé  avec  de  l'alcool  à  240  degrés,  produit 
une  action  très-marquée.  Le  liquide  dans  le  tube  se  trouve  partagé  en  deux 
couches  fort  distinctes,  dont  la  supérieure,  très-considérable,  consiste  en 
éther  pur.  A  l'ouverture  du  tube  il  y  a  un  léger  dégagement  de  gaz. 

»  Le  protochlorure  de  cuivre  produit  aussi  à  240  degrés  l'éthérification 
de  l'alcool. 

»  Le  bichlorure  de  mercure,  chauffé  avec  de  l'alcool  à  240  ou  à  200  de- 
grés, se  décompose  ;  la  masse  noircit  fortement,  et  à  l'ouverture  du  tube 
une  grande  quantité  de  gaz  se  dégage,  et  on  constate  la  production  de 
l'éther. 

»  Les  chlorhydrates  de  morphine  et  de  cinchonine  chauffés  avec  de  l'al- 
cool à  200  degrés  noircissent;  à  l'ouverture  du  tube  il  n'y  a  pas  de  dégage- 
ment de  gaz,  et  la  liqueur  contient  de  faibles  proportions  d'éther.  L'odeur 
éthérée  est  plus  prononcée  avec  la  cinchonine  qu'avec  la  morphine.   » 

physique  appliquée.  —  Production  des  lames  diaphanes  minces ,  ttu 
moyen  de  dissolutions  résineuses,  et  sur  un  papier  à  couleurs  changeantes 
obtenu  par  l'application  de  ces  lames  (deuxième  Note)  ;  par  M.  Carrère. 
(Extrait.  ) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Pouillet,  Babinet, 

de  Senarmont.  ) 

«  Depuis  la  première  communication  que  j'ai  eu  l'honneur  de  faire  à 
l'Académie,  j'ai  cherché  à  produire  des  lames  minces  avec  différentes  ré- 
sines et  avec  d'autres  corps  solubles  dans  les  essences  ;  voici  les  résultats 
auxquels  je  suis  arrivé  :  i°  La  lame  produite  par  une  dissolution  de  bi- 
tume de  Judée  présente  le  maximum  d'éclat.  20.  On  obtient  encore  des 
lames  brillantes  avec  la  dissolution  d'un  des  corps  suivants  :  succin  fondu, 
gomme-gutte  fondue,  lésine-mastic.  3°.  En  général,  la  lame  mince  est  terne  ; 
c'est  ce  qui  a  lieu,  par  exemple,  pour  la  colophane  et  le  caoutchouc.  4°-  On 
ne  peut  pas  produire  de  lame  mince  avec  la  dissolution  de  certains  corps, 
par  exemple  de  la  résine  copal,  de  l'acide  stéarique,  de  la  cire.  5°.  Sous  le 


(  <w  ) 

rapport  de  l'application  des  lames  minces  à  la  coloration  du  papier,  j'ai 
obtenu  le  meilleur  résultat  en  employant  une  dissolution  de  succin  fondu 
et  de  résine-mastic  dans  un  mélange  de  benzine  et  d'essence  de  térében- 
thine. » 

A  cette  Note  sont  jointes  trois  feuilles  de  papier  coloré  par  l'application 
des  lames  minces,  au  moyen  du  procédé  indiqué  par  l'auteur  dans  la  pre- 
mière communication. 

physiologie.  —  action  de  divers  extraits  végétaux  sur  le  sang  veineux. 
Nouvelles  expériences  de  M.  Lecleuc  ,  et  réponse  à  une  réclamation  de 
M.  Clauzure. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Flourens,  Coste,  Cl.  Bernard.) 

«  Je  viens  de  lire  dans  le  Compte  rendu  des  séances  de  l'Académie  que 
M.  Clauzure,  médecin  à  Angoulême,  réclamait  la  priorité  des  expériences 
dont  j'ai  communiqué  les  résultats  dans  la  séance  du  3  mars  dernier.  Je  ne 
puis  accepter  les  réclamations  de  M.  Clauzure,  et  je  mets  à  la  disposition  de 
l'Académie  des  Lettres  de  ce  médecin  qui  prouvent  que  ses  assertions  ne 
sont  nullement  fondées. 

»  Qu'il  me  soit  permis  maintenant  de  faire  connaître  à  l'Académie  les 
conclusions  de  nouveaux  faits  que  j'ai  observés  le  8  avril  dernier. 

»  i°.  Le  sang  veineux  perd  sa  disposition  à  la  fermentation  putride  par 
son  mélange  avec  la  belladone  et  le  Datura  stramônium. 

»  a°.  L'atropine  ne  possède  point  la  propriété  d'arrêter  la  fermentation 
putride. 

»  3°.  La  noix  vomique,  la  strychnine  et  la  brucine  arrêtant  la  fermenta^ 
tion  putride,  mais  ne  conservent  nullement  les  globules. 

»  4°-  "L'extrait  d'ipecacuanha  est  dans  le  même  cas. 

»  5°.  Les  autres  substances  essayées  n'arrêtent  point  la  fermentation  pu- 
tride et  ne  conservent  point  les  globules. 

»  6°.  Le  sang  veineux  pur  et  conservé  à  l'abri  du  contact  de  l'air  pen- 
dant le  même  espace  de  temps  que  les  autres  mélanges  qui  précédent, 
éprouve  la  fermentation  putride  et  subit  la  destruction  des  globules.   » 


f  69>  ) 

CHIRURGIE.  —  Note  sur  la  dé  f  articulation  de  la  mâchoire  inférieure  ap- 
pln/uée  à  V extirpation  des  tumeurs  profondes  du  pharynx ,  de  la  langue 
et  du  voile  du  palais  ;  par  M.  Maisoxneuve.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Moquin-Tandon,  Jobert,  de  Lamballe.) 

«  L'idée  d'enlever  l'os  maxillaire  supérieur  sain,  dans  le  but  de  rendre 
possible  l'extirpation  de  certaines  tumeurs  profondes  du  pharynx  et  de  la 
zone  zygomatique,  excita  d'abord  parmi  les  chirurgiens  une  certaine 
émotion;  puis,  en  y  réfléchissant,  on  ne  tarda  pas  à  comprendre  que  s'il  était 
permis,  pour  sauver  la  vie  d'un  homme,  de  sacrifier  un  organe  malade,  le 
sacrifice  de  ce  même  organe  sain  ne  devait  pas  arrêter  davantage,  quand  le 
but  était  le  même. 

«C'est  en  procédant  d'après  ce  principe  que  jesuis  parvenu  à  sauver  d'une 
mort  imminente  plusieurs  malades  affectés  de  tumeurs  réputées  incurables. 
Deux  de  ces  malades  ont  été  présentés  .à  l'Académie  de  Médecine  et  sont 
restés  complètement  guéris. 

»  Frappé  de  ces  résultats,  j'ai  pensé.qu'on  pourrait,  en  appliquant  le  même 
principe  à  l'os  maxillaire  inférieur,  arriver  à  pratiquer  l'extirpation  de  quel- 
ques autres  tumeurs,  jusqu'alors  inaccessibles  à  nos  moyens  d'action. 

»  Les  deux  observations  suivantes  donneront  une  idée  de  ce  qu'on  peut 
obtenir  de  cette  nouvelle  méthode. 

»  Première  observation.  —  Homme  de  cinquante-huit  ans,  malade  depuis 
huit  mois,  nombreux  traitements  médicaux  sans  succès  ;  épithélioma  végé- 
tant et  ulcéré  qui  occupe  la  face  interne  de  la  joue  droite ,  l'amygdale,  la 
presque  totalité  du  voile  du  palais  et  surtout  les  parties  supérieure,  posté- 
rieure et  latérale  droite  du  pharynx,  avec  menaces  d'asphyxie. 

»  Opération  le  3  juillet  1 855,  après  désarticulation  préalable  de  la  moitié 
latérale  droite  de  l'os  maxillaire  inférieur  sain ,  Guérison  en  moins  de  six 
semaines. 

»  Deuxième  observation.  —  Homme  de  cinquante-deux  ans.  Affection  car-, 
cinomateùse  qui  avait  envahi  le  côté  droit*  de  la  base  de  la  langue,  la  por- 
tion voisine  du  pharynx  et  du  voile  du  palais,  ainsi  qu'un  des  ganglions 
sous-maxillaires.    —  Opération  le   12  février  1 856,  par  ablation  préalable 
de  la  moitié  latérale  droite  de  I'qs  maxillaire  inférieur  sain.  Guérison. 

Conclusions'. 

»  i°.  La  désarticulation  d'une  des  moitiés  latérales  de  l'os  maxillaire  infé- 
rieur rend  possible  l'extirpation  de  certaines  tumeurs  profondes  du  pha- 


(  69*) 
rynx,  de  la  langue  et  du  voile  du  palais,  inaccessibles  jusqu'alors  à  nos 
moyens  d'action. 

»  20.  Le  chirurgien  est  autorisé  à  la  pratiquer,  même  dans  les  cas  où  cet  os 
n'a  subi  aucune  altération,  du  moment  où  l'affection  qu'il  s'agit  d'extirper 
compromet  gravement  la  vie  du  malade.  » 

médecine  ,  —  Recherches  sur  la  cause  du  choléra  asiatique ,  sur  celle  du 
typhus  ictérode  et  des  fièvres  de  marécages  ;  par  M.  Beacperthuy. 

(Commissaires,  MM.  Serres,  Andral,  Boussingault.) 

M.  Flourens,  en  présentant  ce  travail,  au  nom  de  l'auteur  autrefois  voya- 
geur-naturaliste du  Muséum,  aujourd'hui  professeur  d'Anatomie  à  l'univer- 
sité de  Caracas  (Amérique  du  Sud),  en  donne  une  idée  d'après  les  extraits 
suivants  de  la  Lettre  d'envoi,  datée  de  Cumana,  1 8  janvier  i856  : 

«  Mes  observations  sur  le  choléra  ont  été  faites  dans  les  mois  de  no- 
vembre et  décembre  de  i854,  pendant  la  grande  épidémie  qui  ravagea  une 
partie  des  Antilles  anglaises  et  le  littoral  du  golfe  Triste  et  de  la  province  de 
Cumana.  En  décembre  i853,  j'ai  été  chargé  par  le  Gouvernement  Véné- 
zuélien de  porter  secours  aux  individus  attaqués  par  la  fièvre  jaune  à 
Cumana  et  ses  alentours.  Déjà,  depuis  1839,  de  longues  et  pénibles  re- 
cherches faites  dans  un  grand  nombre  de  localités  malsaines  des  provinces 
de  Cumana,  Barcelone  et  de  la  Guyane  espagnole,  m'avaient  porté  à 
croire  que  les  fièvres  des  marécages  étaient  dues  à  un  virus  végéto-animal, 
inoculé  dans  l'organisation  humaine  par  des  insectes  tipulaires....  Il  est 
digne  d'observation  que  les  produits  putrides,  accumulés  dans  le  tube  intes- 
tinal des  fébricitants,  sont  formés  presque  en  totalité  de  monades  et  de 
vibrions  semblables  à  ceux  qu'on  observe  dans  les  matières  animales  et  vé- 
gétales en  putréfaction.  Le  sulfate  de  quinine,  l'arséniate  dépotasse,  le  jus 
de  citron,  etc.,  paralysent  les  mouvements  de  ces  insectes. 

»  Je  dirai,  à  cette  occasion,  que  le  sulfate  de  quinine  administré  à  haute 
dose,  1 8  à  20  grains  par  jour,  m'a  très-bien  réussi,  dans  les  nombreuses 
applications  que  j'ai  faites  de  ce  remède,  chez  les  individus  que  j'ai  soignés 
d'accidents  consécutifs  à  la  piqûre  des  serpents. 

»  Les  accidents  de  la  fièvre  jaune  me  semblent  tenir  également  à  l'in- 
troduction dans  l'économie  des  sucs  septiqués  pompés  par  des  insectes  sur  le 
littoral.  Quant  à  la  matière  animale  noire  qui,  dans  une  période  avancée  de 
la  fièvre  jaune,  est  rejetée  par  les  vomissements,  elle  est  formée  d'une  multi- 
tude de  monades  d'une  extrême  ténuité.  Je  ne  puis  mieux  la  comparer 


(  6g3  ) 
qu'aux  globules  du  pigmentum  de  la  choroïde,  observé,  au  moyen  du  mi- 
croscope de  M.  Vincent  Chevalier,  en  employant" le  plus  fort  grossissement. 
Pour  bien  faire  cette  observation,  il  faut  délayer  une  très-petite  quantité  du 
pigmentum  dans  une  goutte  d'eau  distillée  et  placer  sur  le  porte-objet  une 
particule  de  ce  mélange.   » 

médecine.  —  Constitution  médicale  de  la  fin  de  tannée  1 855  ;  histoire  des 
épidémies  de  fièvre  muqueuse,  de  variole,  de  rougeole  et  de  coqueluche 
qui  ont  régné  en  1 855  dans  quelques  communes  de  l'arrondissement  de 
J^illefranche  [Haute-  Garonne)  ;  par  M.  Martin  Dcclacx. 

(Commissaires,  MM.  Andral,  Rayer,  Cl.  Bernard.) 

Dans  la  Lettre  qui  accompagne  l'envoi  de  ce  volumineux  travail,  l'au- 
teur prie  l'Académie,  lorsqu'elle  aura  à  nommer  un  Correspondant  pour  la 
Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  de  vouloir  bien  le  comprendre  dans 
le  nombre  des  candidats. 

Cette  demande  sera  réservée  pour  être  soumise  en  temps  opportun  à 
l'examen  de  la  Section  compétente. 

M.  Behthf.rand,  auteur  d'un  ouvrage  sur  la  médecine  et  l'hygiène  des 
Arabes  envoyé  précédemment  pour  le  concours  Montyon  (Médecine  et  Chi- 
rurgie), adresse,  conformément  à  une  condition  imposée  aux  concurrents, 
une  indication  en  double  copie  de  ce  qu'il  considère  comme  neuf  dans  cet 
ouvrage. 

M.  Boutigny,  d'Évreux,  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note 
jiyant  pour  titre  :  Sur  le  mouvement  de  rotation  d'un  corps  à  l'état  sphéroi- 
dal  autour  dun  point  fixe. 

(Commissaires,  MM.  Babinet,  Despretz,  Cagniard-Latour.  ) 

L'auteur  s'est  proposé  principalement  dans  cette  communication  de  dé- 
velopper les  conséquences  qui  découlent,  suivant  lui,  d'un  fait  qu'il  a  déjà 
depuis  longtemps  observé.  Ce  fait  ayant  déjà  été  décrit  dans  un  opuscule 
publié  en  1847  Par  ^-  Boutigny,  nous  ne  le  reproduirons  pas  ici;  et  quant 
aux  déductions,  nous  nous  bornerons  à  dire  que  l'auteur  croit  à  une  liaison 
entre  le  sens  de  la  rotation  du  sphéroïde  qu'il  produit  et  celui  de  la  rotation 
du  sphéroïde  terrestre. 

C.  R.,  i856,   1er  Semestre.  (T.  XLII,  N°  io.)  i)2 


(  694) 

M.  Gueyton  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  faire  examiner  par  une 
Commission  un  procédé  qu'il  a  imaginé  pour  obtenir  d'une  épreuve  photo- 
graphique sur  verre  ou  sur  métal  une  gravure  à  l'eau-forte  susceptible  de 
donner  des  épreuves  du  genre  des  estampes  en  taille-douce. 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Regnault,  Despretz.) 

M.  Salleron  présente  la  description  d'un  anémométrographe  inscrivant 
électriquement  la  direction  et  la  vitesse  du  vent  pour  chaque  instant  de  la 
journée. 

Cette  description,  qui  ne  peut  à  raison  de  son  étendue  être  reproduite 
textuellement  et  qui  serait  d'ailleurs  difficilement  comprise  sans  le  secours 
d'une  figure,  est  renvoyée  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Pouillet  et  Babinet. 

Un  appareil  construit  par  M.  Salleron,  et  conforme  à  la  description  qu'il 
présente  aujourd'hui,  est  exposé  dans  la  pièce  qui  précède  la  salle  des 
séances. 

M.  Despretz  demande,  au  nom  de  M.  Ruhmkorjf,  que  l'appareil  em- 
ployé par  cet  habile  constructeur  pour  mettre  le  feu  aux  mines  soit  admis 
au  concours  pour  le  prix  fondé  par  M.  de  Montyon  et  destiné  à  récom- 
penser les  inventions  qui  tendent  à  rendre  une  profession  moins  insalubre 
ou  moins  périlleuse. 

(Réservé  pour  la  future  Commission.) 

M.  Moysen  adresse  une  Note  destinée  à  servir  de  complément  à  sa  des- 
cription du  râteau  mécanique  pour  arracher  le  chiendent,  appareil' compris 
dans  le  nombre  des  instruments  aratoires  qu'il  a  précédemment  présentés 
au  concours  pour  le  prix  de  Mécanique. 

(  Réservé  pour  la  future  Commission .  ) 


CORRESPONDANCE. 

M.  Flourens  présente,  au  nom  de  l'auteur,  un  exemplaire  du  Rapport 
adressé  à  l'Empereur,  par  M.  le  Maréchal  Piaillant,  Ministre  de  la  Guerre, 
sur  la  culture  du  coton  en  Algérie,  année  i855. 


(695  ) 

M,  Flourejss,  en  présentant  au  nom  de  M.  Van  Monckhoven,  de  Gaud, 
un  volume  intitulé  :  «  Traité  général  de  Photographie,  suivi  de  l'application 
de  cet  art  aux  sciences  et  de  recherches  sur  l'action  chimique  de  la  lumière  », 
donne  dans  Les  extraits  suivants  de  la  Lettre  d'envoi  une  idée  des  résultats 
auxquels  est  arrivé  l'auteur  et  qui  font  l'objet  principal  de  son  livre. 

«  Comme  le  titre  de  l'ouvrage  l'indique,  j'ai  plutôt  essayé  une  description 
scientifique  de  la  photographie  qu'une  description  purement  pratique.  Les 
principaux  points  auxquels  je  crois  être  arrivé  sont  les  suivants  : 

»   i°.  Le  foyer  chimique  pour  un  même  objectif  varie  avec  la  nature  et 
même  l'état  de  la  surface  employée  (Note  de  M.  Secretan),  parce  que  le  . 
maximum  de  l'intensité  chimique  peut  varier  pour  une  même  substance 
entre  les  limites  du  bleu  prismatique  et  des  rayons  obscurs  les  plus  réfran- 
gibles. 

»  a0.  La  nature  du  pyroxyle  exerce,  dans  le  procédé  sur  collodion,  une 
influence  très-grande  sur  les  résultats.  Comme  M.  Hadow  l'a  prouvé,  il 
existe  quatre  variétés  de  pyroxyle  qui  diffèrent  de  composition,  fait  encore 
peu  connu.  M.  Hadow  admet  avec  raison,  à  ce  que  je  crois,  que  le  coton 
fixe  de  l'acide  hypoazotique  et  non  de  l'acide  azotique.  D'ailleurs  ces  re- 
cherches ont  reçu  une  grande  publicité  en  Angleterre. 

»  3°.  L'azotite  d'argent,  en  connexion  avec  le  nitrate,  forme  un  liquide 
sensibilisateur   qui  favorise  singulièrement   le  développement  de  l'image  ' 
latente  par  l'acide  pyrogallique. 

»  4°-  Les  insuccès,  qui  sont  le  complément  inévitable  des  procédés  pho- 
tographiques, peuvent  être  groupés  en  quelques  insuccès  types,  à  l'aide 
desquels  on  peut  y  obvier  avec  facilité. 

»  5°.  Plusieurs  méthodes  de  renforçage  d'épreuves  négatives  sur  collo- 
dion sont  à  rejeter.  Ainsi  quelques  photographes  blanchissent  les  épreuves 
formées  d'argent  pur  à  l'aide  du  bichlorure  de  mercure;  j'ai  reconnu  que 
l'image  blanchie  était  formée  de  protochlorure  de  mercure  et  de  chlorure 
d'argent  :  or  ces  deux  composés  sont  sensibles  à  la  lumière,  et,  par  consé- 
quent, l'épreuve  s'efface.  Il  en  est  de  même  si  l'on  noircit  l'épreuve  avec 
l'ammoniaque. 

»  6°.  Les  épreuves  positives  sur  papier  sulfurées  s'effacent.  J'ai  traité 
analytiquement  cette  question  ,  et  l'ai  développée  en  formules. 

»  Enfin,  je  n'ai  pas  cru  devoir  reculer  devant  les  applications  de  la  pho- 
tographie aux  sciences,  et  c'est  là  pour  moi  un  point  trop  important  ;  en 
effet,  quel  est  le  micrographe  qui  oserait  seulement  penser  à  reproduire  à 

9a- 


l'aide  de  sa  main  inhabile  les  merveilleuses  organisations  de  certains  êtres 
microscopiques?  Quel  est  l'observateur  qui  peut  rivaliser  avec  le  mystérieux 
travail  de  la  lumière  pour  enregistrer  régulièrement  les  variations  de  la 
colonne  barométrique  et  de  l'aiguille  aimantée?  Certes,  ce  sont  là  des  faits, 
qui  montrent  combien,  dans  un  avenir  peu  éloigné  peut-être,  la  photogra- 
phie pourra  être  d'une  utilité  dans  les  recherches  scientifiques.  J'ai  d'ailleurs 
consigné  dans  cet  ouvrage  plusieurs  expériences,  que  je  crois  nouvelles. 
M'occupant  de  la  photographie  en  amateur  libre  et  indépendant,  aucune 
considération  personnelle  n'a  dû  me  retenir  pour  décrire  les  procédés 
photographiques ,  ce  qui  n'arrive  pas  toujours  dans  les  publications  de  ce 
genre.  » 

M.  Flourens  fait,  au  nom  de  l'auteur,  hommage  à  l'Académie  d'un  exem- 
plaire de  la  Conquête  d'Alger,  écrite  sur  des  documents  inédits  et  authenti- 
ques par  M.  Alj.  Nettement. 

«  Si  ce  livre,  dit  M.  le  Secrétaire  perpétuel ,  est  présenté  par  moi  au  lieu 
de  l'être,  comme  on  pourrait  s'y  attendre,  par  M.  l'amiral  Du petit-Thouars, 
il  faut  en  chercher  le  motif  dans  la  modestie  de  notre  confrère,  qui  n'a  pas 
voulu  appeler  l'attention  sur  le  récit  d'une  expédition  dont  il  a  reconnu  et 
prouvé  la  possibilité,  alors  qu'elle  était  déclarée  impraticable  par  des 
hommes  dont  la  parole  avait  une  grande  autorité.   » 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  appelle  encore  l'attention  sur  un  ouvrage 
de  physique  mathématique,  envoyé  de  Turin  par  M .  Ménabréa,  et  com- 
munique l'extrait  suivant  de  la  Lettre  d'envoi. 

«  Par  une  Lettre  du  3o  mai  1 855,  insérée  par  extrait  dans  les  Comptes 
rendus,  j'annonçai  à  l'Académie  que  j'étais  parvenu,  par  une  méthode  d'une 
simplicité  élémentaire,  à  intégrer  un  système  d'équations  linéaires  aux  diffé- 
rences partielles,  et  à  obtenir  ainsi  des  formules  d'une  grande  généralité 
et  qui  comprennent,  comme  cas  particulier,  les  solutions  des  problèmes  qui 
se  rapportent  aux  vibrations  et  à  la  propagation  de  la  chaleur  dans  les 
corps  solides.  Le  Mémoire  qui  contient  ces  recherches  venant  d'être  imprimé, 
je  m'empresse  d'en  offrir  un  exemplaire  à  l'Académie  des  Sciences.  » 

La  Société  impériale  Zoologiqde  d'acclimatation  remercie  l'Académie, 
qui  l'a  comprise  dans  le  nombre  des  Institutions  auxquelles  elle  accorde 
les  Comptes  rendus  de  ses  séances. 

Un  exemplaire  du  Rapport  fait  à  cette  Société  dans  sa  séance  du  Ier  fé- 


(697  ) 
vrier,  par  M.  Isid.  Geoffroy -S 'aint-Hilaire ,  sur  les  mesures  relatives  aux 
récompenses  et  encouragements  à  accorder,  est  présenté  au  nom  du  Rap- 
porteur. 

La  Société  pour  les  secours  a  donner  aux  noyés,  instituée  à  Amsterdam, 
adresse  un  exemplaire,  en  langue  française,  d'un  aperçu  historique  rédigé 
par  un  de  ses  membres.  La  Société  accueillerait  avec  reconnaissance  toutes 
les  observations  faites  sur  ce  livre,  qui  seraient  de  nature  à  suggérer  des 
améliorations  à  obtenir  relativement  au  but  qu'elle  se  propose,  ou  à  indi- 
quer celles  déjà  obtenues  dans  quelques  pays. 

physique.  —  Note  sur  un  nouveau  système  de  relais  rhéotomique  destiné 
à  transmettre  simultanément,  à  travers  un  même  fil,  une  dépêche  à  plu- 
sieurs appareils  télégraphiques  différents  placés  en  dehors  de  la  ligne 
télégraphique;  par  M.  Th.  du  Moncel. 

«  Il  peut  arriver  qu'on  veuille  transmettre  simultanément  une  dépêche 
à  plusieurs  appareils  télégraphiques  disséminés  en  différents  points  d'une 
ville,  ou  dans  les  environs  de  grands  centres  télégraphiques  auxquels  ils  sont 
déjà  reliés.  Dans  ce  cas,  comme  dans  celui  où  l'on  veut  transmettre  instan- 
tanément une  dépêche  dans  plusieurs  directions  différentes,  on  peut  faire 
usage  des  relais  rhéotomiques  dont  nous  allons  parler. 

»  Il  y  a  déjà  longtemps,  M.  Wheatstone  avait  cherché  le  moyen  de  ré- 
soudre ce  problème,  et  il  avait  imaginé,  à  cet  effet,  un  appareil  fondé  sur 
la  persistance  de  la  déviation  du  galvanomètre  soumis  à  un  courant  inter- 
rompu à  des  intervalles  excessivement  rapprochés.  Mais  l'isochronisme  par- 
fait de  mouvement  que  ces  appareils  exigeaient  et  la  lenteur  de  la  trans- 
mission rendaient  la  solution  de  ce  problème  plutôt  théorique  que  pratique. 
J'ai  donc  cherché  à  résoudre  le  problème  d'une  autre  manière,  et  voici 
comment  je  m'y  suis  pris. 

»  Qu'on  imagine  à  la  station  centrale  éloignée  de  la  station  qui  transmet 
un  appareil  d'horlogerie  dont  le  mouvement  soit  le  plus  accéléré  possible, 
et  qui  ait  pour  effet  mécanique  de  mettre  en  mouvement  circulaire  ou  rec- 
tiligne  un  petit  frotteur  à  piston,  appliqué  sur  une  plaique  d'ivoire  fixe;  on 
concevra  facilement  que  si  cette  plaque  d'ivoire  porte  (sur  le  parcours  du 
piston)  autant  de  plaques  métalliques  qu'il  y  a  d'appareils  à  faire  mouvoir, 
le  piston,  à  chaque  révolution  qu'il  accomplira,  pourra  renvoyer  successi- 
vement un  même  courant  dans  ces  différents  appareils.  Or,  en  admettant 
que  le  mécanisme  d'horlogerie  soit  commandé  par  un  électro-aimant  inter- 


(698) 
posé  dans  le  circuit  d'un  relais  ou  même  dans  le  circuit  de  la  ligne,  et  que 
chaque  attraction  de  cet  électro-aimant  ait  pour  effet  de  permettre  au  frot- 
teur-piston  d'accomplir  une  révolution  entière,  il  arrivera  que  chaque  fer- 
meture de  courant  opérée  sur  le  relais  aura  pour  résultat  une  série  de 
fermetures  successives  à  travers  des  circuits  différents,  fermetures  qui  pour- 
ront se  succéder  infiniment  rapidement,  puisque  pour  être  effacées  elles 
n'ont  pas  besoin  d'être  en  rapport  avec  les  actions  mécaniques  produites. 

»  Quand  la  transmission  multiple  doit  se  faire  de  la  station  elle-même 
qui  transmet,  c'est  le  cas  de  la  station  de  Paris  quand  il  s'agit  d'envoyer 
une  grande  nouvelle  dans  les  départements,  le  rhéotome  pourrait  se  passer 
de  relais  et  de  l'électro-aimant  commandant  le  rhéotome.  Ce  serait  le  trans- 
metteur qui  réagirait  alors  directement  sur  le  mouvement  d'horlogerie. 

»  Pour  empêcher  la  confusion  qui  pourrait  résulter  du  déclanchement 
trop  lent  ou  trop  prompt  du  mécanisme  rhéolomique,  l'interrupteur  doit 
être  mis  en  mouvement  par  un  mécanisme  d'horlogerie,  calculé  de  manière 
à  marcher  d'accord  avec  le  mécanisme  du  rhéotome. 

»  Il  va  sans  dire  que  ce  système  de  relais  rhéotomique  ne  peut  s'appli- 
quer qu'aux  télégraphes  à  aiguilles.    » 

M.  Doxox  envoie  la  série  de  couleurs  à  base  de  fer  qu'il  avait  annoncée 
dans  La  précédente  séance  (le  nom  avait  été  écrit,  par  erreur,  Dosnon). 

M.  Dubois  adresse,  de  Clermont-Ferrand,  une  Lettre  écrite  avec  une 
encre  de  sa  composition,  qu'il  considère  comme  inaltérable.  Il  souhaiterait 
que  les  propriétés  qu'il  attribue  à  cette  encre  pussent  être  constatées  à  la 
suite  d'épreuves  faites  par  une  Commission  que  nommerait  l'Académie. 

On  fera  savoir  à  l'auteur  qu'il  est  de  règle  pour  l'Académie  de  ne  point 
s'occuper  des  produits  dont  on  ne  lui  a  pas  fait  connaître  d'avance  la  com- 
position. 

M.  de  Tiremois  signale  une  erreur  qui  a  été  commise  à  son  égard  dans  un 
des  précédents  volumes  des  Comptes  rendus  hebdomadaires .  Une  Note  sur 
un  procédé  pour  faire  du  bleu  d'outremer  avait  été  présentée  en  son  nom, 
le  23  mai  1842,  et  imprimée  dans  le  Compte  rendu  de  cette  séance;  mais 
dans  le  texte  de  ce  numéro  (t.  XIV,  p.  761)  comme  dans  la  Table  du  vo- 
lume, et  dans  la  Table  générale,  publiée  en  i853,  son  nom  a  été  écrit  de 
Tinnon. 

Il  est  impossible  de  ne  pas  commettre  parfois  de  semblables  erreurs, 
beaucoup  de  signatures  étant  peu  lisibles,  d'autres  étant  rendues  douteuses 


1t 


(699) 

par  le  paraphe  ;  dans  le  cas  présent,  par  exemple,  si  le  nom  ne  s'était  trouvé 
écrit  dans  le  corps  de  la  Lettre,  on  l'eût  difficilement  restitué  au  moyen 
de  la  seule  signature. 

M.  Marigny  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  se  faire  rendre  compte  d'un 
Mémoire  sur  la  Navigation  aérienne,  qu'il  lui  avait  adressé,  il  y  a  plusieurs 
années,  par  l'intermédiaire  de  M.  Arago. 

L'auteur  suppose,  d'après  des  renseignements  inexacts,  que  ce  Mémoire 
existe  dans  les  archives  de  l'Académie.  Il  est  certain,  au  contraire,  qu'il 
n'a  jamais  été  remis  au  Secrétariat,  et  on  peut  même  douter  qu'il  soit  par- 
venu à  M.  Arago,  qui  à  l'époque  indiquée  assistait  encore,  quoique  déjà 
très-souffrant,  aux  séances  de  l'Académie,  et  ne  manquait  point  de  présen- 
ter les  pièces  qui  lui  étaient  adressées  en  sa  qualité  de  Secrétaire  perpétuel. 

COMITÉ  SECRET. 

La  Section  de  Géométrie  propose,  par  l'organe  de  son  doyen  M.  Biot,  de 
déclarer  qu'il  y  a  lieu  d'élire  à  la  place  vacantepar  suite  du  décès  de  M.  Sturm. 
L'Académie  va  au  scrutin  sur  cette  proposition. 
Sur  49  votants, 

Il  y  a 46     oui 

et 3     non. 

En  conséquence,  la  Section  est  invitée  à  présenter  dans  la  prochaine 
séance  une  liste  de  candidats.  * 

La  Section  de  Chimie  présente,  par  l'organe  de  son  doyen  M.  Thenard, 
la  liste  suivante  de  candidats  pour  une  place  de  Correspondant  vacante  par 
suite  du  décès  de  M.  Braconnot  : 

.  i  M.  Gerhardt,  professeur  de  chimie  à  la  Faculté 

Au  Ier  rang \       ,      _  .  \    _       . 

0  (      des  Sciences  de  Strasbourg. 

.  |M.  Pasteur,  doyen  et  professeur  de  chimie  à  la 

°'"  "\      Faculté  des  Sciences  de  Lille. 

!M.  Bineac,  professeur  de  chimie  à  la  Faculté  des 
Sciences  de  Lyon  ; 
M.  Desaignes,  receveur  des  finances  à  Vendôme. 

Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés.  L'élection  aura  lieu  dans  la 
prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  6  heures  .  F. 


i 


•*  « 


(  7°°  ) 

BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  i4  avril  1 856,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Ministère  de  la  Guerre.  Rapport  adressé  à  ï Empereur  par  le  maréchal  Vail- 
lant, Ministre  de  la  Guerre,  sur  la  culture  du  colon  en  Algérie  (ï 855  ).  Paris, 
i856;br.  in-8°. 

Traité  c/énérat  de  Photographie,  comprenant  les  procédés  sur  plaque,  sur  pa- 
pier, sur  verre  à  l'albumine  et  au  collodion  ,  le  tirage  des  positifs  et  des  épreuves 
stéréoscopiques ,  la  gravure  héliographique ,  etc. ,  suivi  des  applications  de  cet  art 
aux  sciences  et  de  recherches  sur  l'action  chimique  de  la  lumière;  par  M .  D.  Van 
Monckhoven;  ie  édition.  Paris,  1 856  ;  ï  vol.  in-8°. 

Histoire  de  la  conquête  d'Alger  écrite  sur  des  documents  inédits  et  authen- 
tiques, suivie  du  tableau  delà  conquête  de  l'Algérie;  par  M.  Alfred  Nette- 
ment. Paris,  i856  ;  ï  vol.  in-8°. 

Aperçu  historique  'au  sujet  de  la  Société  pour  secourir  les  noyés,  instituée  à 
Amsterdam  ;  par  M.  J.-A.  Kool;  traduit  du  hollandais.  Amsterdam,  1 855  ; 
ï  vol.  in-8°. 

Etudes  de  la  circulation  chez  l'homme  et  les  animaux;  par  M.  le  Dr  JoiRE  ; 
br.  in-8°. 

Enumération  des  plantes  vasculaires  des  environs  de  Montbéliard ;  par  M.  Ch. 
Contejean.  Additions  et  rectifications.  Besançon,  i856;  br.  in-8°. 

Anatomie  comparée  des  végétaux,  par  M.  G. -A.  Chatin  ;  3e  livraison  ;  in-8°. 
Mémoire  sur  un  enfanta  deux  tètes  né  à  Bagnères-de-Luchon ,  le  16  septembre 
1 855;  par  M.  leDrH.  Laforgue.  Toulouse,  i856;  br.  in-8°. 

Lois  générales  de  divers  ordres  de  phénomènes  dont  l'analyse  dépend  d'é- 
quations linéaires  aux  différences  partielles,  tels  que  ceux  des  vibrations  et  de  la 
propagation  de  la  chaleur;  par  M.  L.-F.  MÉNABBÉA,  colonel  du  génie  mili- 
taire. Turin,  1 855 ;  br.  in-4°. 

Du  tremblement  des  mains  et  des  doigts,  et  description  de  deux  machines  ortho- 
pédiques, à  l'aide  desquelles  les  malades  qui  ont  été  amputés  du  poignet  droit  et 
qui  ont  un  tremblement  oscillatoire  de  la  main  droite ,  peuvent  écrire;  par  M.  J.-J. 
Cazenave,  médecin  à  Bordeaux.  Paris,  i855;  br.  in-8°.  (Adressé  pour  le 
concours  Monty on,  Médecine  et  Chirurgie.  ) 

Sviluppo...  Développement  et  traitement  du  choléra- morbus  et  de  deux  pré- 
cédentes épidémies  à  Oriolo,  arrondissement  de  Rome;  par  MM.  F.  Masi  et  Ph. 
Venditti.  Rome,  1 856 ;  br.  in-8°.  (Renvoyé  à  l'examen  de  la  Section  de 
Médecine  et  Chirurgie,  constituée  en  Commission  du  prix  Bréant.) 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


*  yiî"5' ^BSS      " 


* 


SÉANCE  DU  LUNDI  21  AVRIL  1856. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  BINET. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

mycologie.  —  Note  sur  l'appareil  reproducteur  multiple  des  Hypoxylées 
(Pyrenomycetes  Fr.);  par  M.  Tulasne. 

«  Si  l'on  réfléchit  à  la  prodigieuse  quantité  de  Micromycètes  différents 
qui,  grâce  aux  patientes  recherches  des  mycologues,  sont  aujourd'hui  réu- 
nis dans  les  collections  publiques  et  privées,  et  à  l'effrayante  multitude  de 
genres  et  d'espèces  qui  en  a  été  décrite,  on  excusera  sans  peine  le  plus  il- 
lustre représentant  actuel  de  la  mycologie  d'avoir,  dans  un  moment  de 
lassitude,  exprimé  la  crainte  que  la  science  ne  pérît  bientôt  accablée  sous  le 
poids  deses  richesses.  Assurément,  et  quoiqu'il  nous  en  coûte  de  le  recon- 
naître, nous  ne  pouvons  nous  dissimuler  que  la  nature  est,  à  notre  égard, 
infinie  comme  son  auteur,  et  que  le  botaniste  adonné  à  l'étude  des  plus 
humbles  et  des  plus  obscurs  végétaux  n'a  guère  plus  de  chances  d'épuiser 
son  sujet  qu'un  observateur  engagé  dans  un  ordre  de  recherches  plus  relevé  : 
mais  vouloir  qu'il  en  fût  autrement,  serait  évidemment  vouloir  l'impos- 
sible, et  il  ne  serait  pas  sage  de  s'en  affliger  longtemps.  Ce  qui  aura  bien 
plutôt  et  à  plus  juste  titre  attristé  l'esprit  pénétrant  de  M.  Fries,  c'est  la 
légèreté  regrettable  apportée  à  leurs  travaux  par  quelques  auteurs,  d'où  est 
résulté  pour  la  nomenclature  et  les  classifications  mycologiques  un  désordre, 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  16.)  93 


(  7°2  ) 
une  confusion,  qui  s'écartent  chaque  jour  davantage  de  l'harmonie  que 
nous  sommes  accoutumés  d'admirer  dans  les  œuvres  du  Créateur. 

»  A  vrai  dire,  ce  n'est  pas  du  tout  chose  facile  que  de  ranger  dans  un 
ordre  naturel  et  pleinement  satisfaisant  des  productions  aussi  variées  que 
le  sont  les  Micromycètes.  Les  difficultés  inhérentes  à  leur  étude  sont  ce- 
pendant moins  dues  à  l'exiguïté  habituelle  de  leurs  dimensions  qu'à  leur 
commune  polymorphie.  L'insuffisance  de  nos  classifications  actuelles,  leur 
inexactitude,  tiennent  surtout  à  l'ignorance  où  nous  avons  été  jusqu'à 
ce  jour  de  ce  dernier  caractère,  qui  n'est  pas  sans  analogie  avec  ce  que 
la  science  moderne  a  su  découvrir  dans  certaines  classes  inférieures  d'ani- 
maux. 

»  C'est  par  suite  de  cette  ignorance  que  dans  nos  catalogues  une  foule  de 
petits  champignons, d'Hypoxylées  principalement,  figurentàla  foisen  deux, 
trois,  ou  même  quatre  genres  qui  sont  tenus  pour  distincts  et  placés  le  plus 
souvent  en  des  familles  différentes.  La  réforme  de  ces  erreurs,  de  ces  dou- 
bles emplois  multipliés,  ne  saurait  résulter  que  d'une  étude  très-approfondie 
de  chaque  espèce  fongine,  et  réclamera  nécessairement  le  concours  de  bien 
des  mycologues  sagaces  et  prudents.  Qu'une  pareille  tâche  soit  réellement 
imposée  aux  futurs  observateurs,  c'est  ce  dont  il  n'est  plus  guère  permis  de 
douter  aujourd'hui;  les  preuves  que  j'en  ai  réunies  et  présentées  çà  et  là, 
laissent  encore  sans  doute  beaucoup  à  désirer,  cependant  les  détails  dans 
lesquels  je  vais  entrer  ici  au  sujet  des  Pyrénomycètes  justifieront  suffisam- 
ment, j'espère,  les  assertions  précédentes. 

»  I.  —  Après  l'examen  attentif  auquel  nous  avons  soumis,  mon  frère  et 
moi,  un  grand  nombre  de  ces  champignons,  je  crois  pouvoir  avancer  qu'ils 
possèdent  au  moins  quatre  appareils  distincts  de  reproduction,  et  qu'ils  sont 
ainsi,  pour  la  plupart,  quatre  fois  plus  riches  en  organes  de  propagation 
qu'on  ne  le  suppose.  Dans  l'ordre  successif  de  l'évolution  ou  de  l'apparition 
de  ces  organes,  les  conidies  tiennent  le  premier  rang.  Ce  sont  des  corpus- 
cules de  formes  très-variées,  et  qui,  le  plus  souvent,  naissent  directement  soit 
du  mycélium  ou  byssus  initial  constitutif  du  champignon,  soit  du  stroma 
ou  pulvinule  solide  que  ce  mycélium  engendre.  L'appareil  conidifère  des 
Hypoxylées  est,  sans  contredit,  celui  de  leurs  systèmes  d'organes  reproduc- 
teurs qui  a  donné  lieu,  par  suite  de  la  merveilleuse  variété  qu'il  offre  en  ses 
diverses  parties,  à  la  distinction  du  plus  grand  nombre  de  genres  et  d'espè- 
ces. On  est  fondé  à  supposer  qu'une  multitude  de  Gymnomycètes  et  d'Ha- 
plomycètes,  regardés  jusqu'ici  comme  des  productions  complètes  et  autono- 
mes, ne  représentent  réellement  que  l'état  conidifère  d'autant  d'Hypoxylées. 


(7o3) 
J'ai  acquis  la  preuve  qu'il  en  est  spécialement  ainsi  des  genres  Melanco- 
nium, Stilbospora ,  Stegonosporium,  Corjrneum ,  Exosporium ,  Cjlindro- 
sporium ,  Macrosporium,  J^ermicularia ,  Mystrosporium,  Cladosporium, 
Hebninthosporium,  Periconia,  Poljthrincium,  Tubercularia ,  Stilbum, 
Atractiwn,  Graphium,  et  autres  analogues  qui  tiennent  tant  de  place  dans 
nos  flores  mycologiques. 

r>  Pour  parler  d'abord  des  Melanconium ,  on  reconnaîtra  que  la  poussière 
de  spores  noires  qui  les  constituerait  à  elle  seule,  s'ils  étaient  des  champi- 
gnons autonomes,  naît  constamment  sur  les  parois  ou  dans  l'épaisseur  d'un 
stroma  qui  produit  en  outre  des  conceptacles  ascigères.  Le  Sphœria  stil- 
bostoma  a  Papula  Fr.  [Melanconis  stilbostoma  Tul.)  est,  auprès  de  Paris, 
l'exemple  le  plus  vulgaire  et  le  moins  douteux  de  cette  dualité  d'organes 
reproducteurs;  deux  autres  espèces  parisiennes  lui  sont  fort  analogues: 
l'une,  le  Melanconis  Jlni  Tul.,  croît  sur  les  branches  de  l'Aulne;  l'autre 
{Melanconis  spodiœa  Tul.),  dans  l'écorce  du  Charme.  Le  Stilbospora  Juglan- 
disFv.  appartient  à  notre  Melanconis  carthusiana;  le  Stilbospora  macro- 
spermaÇPers.)  Moug.  à  un  Melanconis  (M.  macrosperma  Tul.)  dont  les  spo- 
res endothèques  imitent  beaucoup  les  conidies.  Enfin  le  Melanconis  Ber- 
kelœi  Tul.  [Sphœria  inquinans  [Ulmi]  Berk.)  possède  sur  les  rameaux  de 
l'Orme  de  très-grosses  conidies  noires  qui  sont  également  pour  les  mycolo- 
gues une  sorte  de  Melanconium  ou  de  Stilbospora. 

»  Les  prétendus  Coniomycètes,  qualifiés  de  Coryneum,  diffèrent  surtout 
des  Stilbospora  par  plus  de  cohésion  dans  leurs  éléments,  et  constituent 
comme  eux  l'appareil  conidifère  de  certaines  Sphéries,  telles  que  les  Melan- 
conis lanciformis  (Fr.),  macrospora  (Desmaz.),  modonia  Tul.,  umbonata 
(Nées),  et  longipes  Tul.  [Corjtieurn  Kunzei  Cord.);  ces  trois  dernières 
n'ont  point  encore  été  observées,  que  je  sache,  à  l'état  parfait  ou  ascophore, 
tandis  que  les  deux  premières,  au  contraire,  n'ont  été  connues  jusqu'ici 
que  sous  cette  forme.  Je  donnerai  bientôt  ailleurs  une  description  complète 
des  unes  et  des  autres. 

»  On  peut  prendre  pour  type  des  Exosporium  la  production  la  plus  an- 
ciennement désignée  ainsi  par  Link  et  Nées,  Y  Exosporium  Tiliœ  Lk.  L'é- 
tude que  j'en  ai  faite  m'a  montré  que  ses  belles  spores  multiloculaires 
procèdent  du  sommet  capité  de  l'enveloppe  stromatique  commune  aux 
périthèces  du  Sphœria  Tiliœ  Pers.  Elles  naissent  aussi,  et  de  la  même  ma- 
nière, des  pycnides  de  cette  Sphérie,  c'est-à-dire  des  conceptacles  privés  de 
thèques,  qui  figurent  maintenant  dans  les  flores  mycologiques  sous  les  noms 
d' Hercospora  Tiliœ  Fr.  ou  de  Rabenhorstia  Tiliœ  Fr.  Ces  pycnides  sont 

93.. 


(  7°4  ) 
tellement  construites,  qu'elles  peuvent  envelopper  dans  leur  sein  des  con- 
ceptacles  ascophores. 

»  Les  Cyliudrosporium  (Grev.)  ou  Ramularia  (Ung.)  représentent  l'ap- 
pareil conidifère  de  très-petites  Sphéries  foliicoles,  de  celles  surtout  qui 
appartiennent  au  groupe  des  Depazea.  Parmi  ces  champignons,  dont  le 
nombre  est  immense,  le  Sphœria  Fragarîw  Tul.  (Septoria  Fragariœ  Desm. 
-+-[?]  Leplothjrium  Fragariœ  Lib.  -+-  Graphium  phfllogeuum  Desm.)  est 
celui  dont  j'ai  suivi  le  mieux  tout  le  développement,  qui  ne  demande  pas 
moins  de  sept  à  huit  mois.  L'état  parfait  ou  thécigère  de  ces  Sphéries 
paraît  terminer  leur  végétation,  et  s'observe  plus  rarement  que  leurs  formes 
antérieures,  que  je  qualifie  de  spermogonies  (Septoria),  d'appareil  conidi- 
fère (Cylindrosnorium)  et  de  pycnides  (Phjllosticta,  Phomà). 

»  Un  autre  groupe  de  Sphéries  aura  pour  type,  si  l'on  veut,  le  Sphœria 
Clavariarum  Desmaz.  [sub  Helminthosporio^  dont  les  périthèces  hérissés 
avaient  échappé  jusqu'ici  à  l'attention  des  observateurs;  c'est  une  hypoxv- 
lée  qui  n'est  pas  moins  favorable  à  notre  thèse  que  YAscotricha  Charta- 
rwn  Berk  et  les  Antennaria  ou  Fumago  (erti\es(Capnodium  Mntgn.;  Berk.). 

»  Pour  ne  pas  donner  à  cette  Note  plus  d'étendue  qu'il  ne  conviendrait, 
je  ne  dirai  rien  des  «utres  genres  de  Gymnomycètes  que  je  regarde  comme 
de  purs  appareils  conidifères  de  diverses  Hypoxylées;  toutefois  je  ne  puis 
ne  pas  mentionner  encore  l'un  des  plus  intéressants  de  ces  genres,  celui  des 
Stilbum,  dont  j'ai  eu,  dans  le  cours  de  cet  hiver,  l'occasion  de  reconnaître 
la  nature  conidique. 

»  Bien  qu'ils  soient  ordinairement  très-éloignés  les  uns  des  autres  clans 
les  classifications  mycologiques,  les  Stilbum  et  les  Tubercularia  ont  entre 
eux  une  analogie  évidente;  et,  si  l'on  se  rappelle  que  l'autonomie  de  ces 
derniers  a  été  maintes  fois  très-légitimement  critiquée,  on  sera  moins  surpris 
que  les  Stilbum  appartiennent  comme  eux,  et  au  même  titre,  à  certaines 
Sphéries.  Chez  les  Stilbum,  leslroma  conidifère,  au  lieu  de  rester  pulviné 
comme  dans  les  Tubercularia,  s'allonge  en  manière  de  columelle,  et  c'est 
de  la  base  renflée  de  celle-ci  qu'il  produit  des  groupes  de'conceptacles  asci- 
gères.  J'ai  rencontré  plusieurs  fois  dans  cet  état  de  perfection  le  Stilbum 
aurantiacum  Babingt.  et  le  St.  gracilipes  Tu!.  Le  Stilbum  (Atractium) 
flammeum  (Berk.  et  Rav.)  est  aussi  pourvu  de  conceptacles  ascophores, 
comme  je  l'ai  constaté  sur  les  spécimens  de  ce  champignon  que  M.  Berkeley 
m'a  obligeamment  communiqués.  Une  découverte  toute  récente  me  paraît 
confirmer  ces  observations.  M.  G.  Otth,  botaniste  de  Berne,  a  reconnu  que 
les  Rhizomorpha,  dont  la  fructification  était  restée  un  mystère  jusqu'à  pré- 


(  7°5) 
sent,  possèdent  an  moins  un  appareil  reproducteur  défini,  lequel  est  iden- 
tique par  son  organisation  avec  la  clavnle  conidiophore  des  Stilbum  on 
<les  Graphium. 

»  IL — La  nature  gongylaire,  si  manifeste  dans  les  conidies,  semble  moins 
caractérisée  dans  les  stylospoves ,  c'est-à-dire  dans  les  corps  séminiformes 
nus  et  primitivement  stipités  qui  s'engendrent  au  sein  de  ces  conceptacles 
auxquels  j'ai  donné  le  nom  de  pycnides.  La  forme  des  stylospores  est  plus 
constante  dans  chaque  espèce  fongine  que  celle  des  conidies,  mais  leur  vo- 
lume et  leur  couleur  varient  beaucoup  suivant  les  champignons  que  l'on 
considère.  Je  tiens  pour  des  pycnides  de  Sphériacées  le  plus  grand  nombre 
des  formes  de  Pyrénomycètes  réparties  dans  les  prétendus  genres  Diplodia, 
Sporocadus,  Sphœropsis,  Hendersonia,  Myxocycius ,  Phyllosticta,  Phoma 
et  autres  semblables.  Ces  Hypoxylées  imparfaites  se  voient  presque  toujours 
unies  à  la  forme  complète  ou  thécigère,  à  laquelle  elles  appartiennent  res- 
pectivement. 

»  111.  —  Aux  stylospores  s'associent  parfois  dans  le  même  conceptacle 
des  corpuscules  également  acrogènes,  mais  beaucoup  plus  ténus,  ordinai- 
rement linéaires,  courbes  ou  droits,  et  qui  composent  des  masses  pultacées 
ou  une  sorte  de  cire  de  couleur  jaune,  orangée,  rose,  blanche  ou  brunâtre. 
Ces  corpuscules  (spermaties)  naissent  plus  souvent  encore  dans  des  appareils 
spéciaux,  d'une  organisation  plus  ou  moins  complexe,  et  que  j'ai  appelés 
xpermogonies.  Les  soi-disant  genres  Cylispora,  Nœmaspora,  Liberté  lia, 
Septoria,  Cheilaria,  Leptothyrium  et  plusieurs  autres,  ne  renferment  guère 
que  des  spermogonies  de  Pyrénomycètes  divers. 

»  J'ai  regardé  comme  les  spermaties  des  Xylaria  Fr.,  les  corpuscules 
ovoïdes  qui  couvrent  d'une  abondante  poussière  les  sommités  de  leurs  cla- 
vules  encore  stériles.  Cette  poussière  est  très-blanche  dans  le  Xylaria  Hy- 
poxylon  (Ehrh.),  de  couleur  cendrée  dans  le  X.  carpophila  (Pers.),  d'un 
gris  verdàtre  dans  le  X.  polymorpha  (Pers.) et  le  Sphœria  deusta  Hoffm.; 
chez  le  Poronia  punctata  (Sow.),  elle  est  blanchâtre,  mais  formée  de  cor- 
puscules globuleux  qui  naissent  surtout  au  pourtour  de  la  cupule  stroma- 
tique.  Les  spermaties  sont  des  fils  déliés,  droits  ou  courbes,  chez  beaucoup 
de  Diatrype,  de  Melanconis ,  de  Fraisa;  dans  le  Sphœria  Melogramrna 
Pers.,  regardé  aujourd'hui  par  M.  Fries  comme  un  type  générique;  dans  le 
Sphœria  gast ri na  Fr.,  le  Sph.  rudis  Fr.,  notre  Dothidea  melanops  (Quer- 
cus),  et  une  multitude  d'espèces  appartenant  à  différents  groupes.  Files  sont 
au  contraire  ovoïdes  ou  globuleuses  et  extrêmement  petites  chez  les  Spbœiia 


(  7°6  ) 
conijormis  Fr.  (acuta  Hoffm.),  herbarum  Fr.,  obducens  Schum.,  Cjpri  Tui., 
sinopica  Fr.,  et  une  foule  d'autres. 

»  Les  surfaces  spermatophores  occupent  surtout  les  flancs  du  stroma 
pulviné  des  Diatrype  [v.  gr.  D.  quercina  Fr.)  et  des  Melanconis;  mais 
elles  peuvent  aussi  l'envahir  tout  entier  (ex.  c.  Melanconis  stilbostoma  Tul. 
et  M.  ianciformis  Tul.).  Ces  appareils  particuliers  de  reproduction  n'ont 
point,  d'ailleurs,  été  remarqués  jusqu'ici,  ou  n'ont  reçu  aucun  nom  spécial. 
11  n'en  est  pas  de  même  des  spermogonies  de  beaucoup  d'autres  Hy  poxylées. 
Celles  du  Diatrype  Stigma  Fr.  sont  connues,  si  je  ne  me  trompe,  sous  la 
désignation  de  Lïbertella  betulina  Desm.  ;  celles  des  Valsa  constituent  autant 
d'espèces  de  Cjtispora  ou  de  Nœmaspora,  mais  elles  n'ont  pas  toutes  une 
même  structure  et  leurs  rapports  avec  les  conceptacles  ascophores  varient. 
Les  plus  complexes  sont  multiloculaireset  pourvues  d'un  tégument  général 
plus  ou  moins  distinct  du  stroma  ambiant;  les  perithèces  se  groupent 
autour  d'elles,  comme  on  le  voit  chez  les  Valsa  ambiens  (Pers.),  corticis 
Fr.,  Sorbi  (Schm.),  leiphœmia  Fr.,  Xanthostroma  (Mntgn.),  projusa  Fr., 
notre  Sphœria  ditissima  de  l'Aulne,  et  autres  analogues.  Chez  le  Sphœria 
nivea  Hoffm.,  elles  sont  reçues,  ainsi  que  les  perithèces,  dans  une  cu- 
pule stromatique  distincte,  ou  bien  elles  partagent  leur  récipient  avec 
ces  conceptacles.  Les  spermogonies  du  Sphœria  Melogramma  Pers.  et  du 
Dothidea  ribesia  Fr.  sont  des  logettes  creusées  dans  la  couche  supérieure 
du  pulvinule  qui  plus  tard  offrira  de  nombreuses  chambres  ascophores.  Le 
Sphœria  sinopica  Fr.  et  ses  pareils  présentent,  à  la  manière  des  Tjmpanis , 
des  spermogonies  et  des  perithèces  qui  émergent  ensemble  du  même  stroma; 
tandis  que  ces  deux  sortes  d'organes,  chez  notre  Sphœria  Cjpri,  ne  sont 
soudés  que  par  leurs  becs,  s'ils  coexistent  dans  le  même  groupe.  En  d'autres 
cas,  les  spermogonies  et  les  perithèces  sont  seulement  juxtaposés  ou  mêlés 
ensemble  dans  des  proportions  diverses,  et  leurs  rapports  mutuels  sont  par 
là  plus  ou  moins  dissimulés  ;  c'est,  par  exemple,  ce  qui  a  lieu  dans  le 
Sphœria  gastrina  Fr.,  et  surtout  dans  les  Sphœria  rudis  Fr.,  salicina  Fr., 
obducens  Schum.,  coniformis  Fr.,  herbarum  Fr.,  et  autres  semblables. 

»  IV.  —  Enfin  le  dernier  et  le  plus  parfait  des  appareils  reproducteurs 
des  Hypoxylées,  celui  dans  lequel  la  puissance  génératrice  réside  sans  doute 
plus  énergique  ou  plus  complète,  a  pour  fonction  de  donner  naissance  aux 
spores  endothèques.  Toutefois  ces  derniers  corps  ressemblent  souvent  beau- 
coup soit  aux  conidies,  soit  aux  stylospores,  et  ils  ne  germent  pas  autre- 
ment qu'elles.  La  plupart  des  spermaties  au  contraire,  celles  du  moins  qui 


(  7°7  ) 
sont  ou  très-ténues  ou  finement  linéaires,  et  qui  sont,  par  conséquent,  le 
mieux  caractérisées,  ne  germent  point;  parla  nous  avons  été  conduit  à  leur 
supposer  un  rôle  physiologique  analogue  à  celui  qu'ont  les  anthérozoïdes 
dans  les  autres  végétaux  cellulaires;  mais  nous  avouons  que  cette  analogie 
est  incertaine  et  n'a  pas  encore  été  suffisamment  démontrée.  » 

physique.  —  Quelques  expériences  sur  cette  question  :  Le  courant  de  la 
pile  peut-il  traverser  l'eau  sans  la  décomposer?  par  M.  C.  Despketz. 

«  Dans  un  Mémoire  dans  lequel  je  cherchais  principalement  si  l'acide 
nitrique,  dans  la  pile  de  Grove  ou  dans  la  pile  de  Bunsen,  exerce  une  in- 
fluence sur  le  rapport  entre  le  travail  intérieur  et  le  travail  extérieur,  j'ai 
admis  que  s'il  passe  dans  le  voltamètre  une  quantité  d'électricité  inefficace, 
cette  quantité  est  très-petite  [Comptes  rendus,  t.  XXIII;  1 85 1).  Dansuneaddi- 
tion  à  ce  Mémoire,  j'ai  constaté  qu'un  courant  électrique  passant  à  travers 
plusieurs  voltamètres,  dont  un  est  rempli  avec  de  l'eau  distillée  et  dont  les 
autres  sont  remplis  avec  de  l'eau  acidulée  à  un  degré  quelconque,  dégage 
le  même  volume  de  gaz  dans  chacun  des  voltamètres  ;  ce  qui  montre  que 
le  pouvoir  conducteur  plus  ou  moins  grand  de  l'eau  ne  modifie  en  rien  la 
quantité  d'électricité  inefficace  qui  pourrait  traverser  les  voltamètres. 
Quelques  essais  me  portaient  toujours  à  penser  que  la  portion  de  l'élec- 
tricité à  laquelle  échappe  le  filet  liquide  qui  se  trouve  sur  son  passage  est 
très-petite  [Comptes  rendus,  t.  XXVIII  ;  1 854  )• 

»  Les  résultats  que  j'ai  aujourd'hui  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie 
me  semblent  de  nature  à  fortifier  cette  manière  de  voir. 

»  Déjà  à  plusieurs  reprises,  dans  les  années  passées,  j'ai  fait  quelques 
essais  avec  le  microscope  composé  et  avec  le  microscope  solaire  éclairé  par 
la  lumière  électrique.  J'ai  répété  ces  expériences  récemment;  les  réstdtats 
ne  me  paraissent  pas  indignes  d'être  présentés  à  l'Académie. 

»  J'ai  disposé  les  expériences  de  la  manière  suivante  :  J'ai  placé  au-dessous 
de  l'objectif  d'un  microscope  composé  de  M.  Nachez,  grossissant  70  fois, 
une  petite  cuve  circulaire  pleine  d'eau  distillée;  dans  cette  cuve  j'ai  fixé 
deux  fils  de  platine  d'environ  \  de  millimètre  en  diamètre,  soudés  dans  des 
tubes  de  verre.  La  longueur  de  la  partie  plongée  dans  l'eau  était  d'environ 
1  centimètre  et  la  distance  des  extrémités  des  fils  d'environ  3  millimètres. 
On  dirigeait  dans  cette  cuve  par  les  deux  fils  le  courant  d'une  pile  très-faible 
et  l'on  regardait  l'extrémité  des  fils  dans  le  microscope. 

»  Les  fils,  après  avoir  été  chauffés  au  rouge,  avaient  été  portés  dans 
l'acide  nitrique  chaud,  puis  agités  dans  de  l'eau  distillée. 


(  7«8  ) 

»  Chaque  élément  de  cette  pile  se  compose  d'un  vase  poreux  rempli  de 
sable  mouillé  et  d'une  lame  de  zincpliée  en  cylindre  autour  du  vase  poreux, 
enfin  d'un  bocal  en  verre  dont  le  vase  poreux  occupe  le  milieu.  On  versait 
de  l'eau  dans  le  bocal,  et,  lorsque  le  niveau  du  liquide  était  le  même  dans 
le  vase  poreux  et  dans  le  bocal,  on  posait  sur  le  sable  un  fragment  de  sul- 
fate de  cuivre  de  la  grosseur  d'une  noisette.  Le  courant  traversait  la  petite 
cuve  et  un  galvanomètre  à  quinze  cents  tours  de  la  fabrication  de  M.  Ruhm- 
korff.  Un  seul  élément  n'a  donné  qu'une  déviation  faible,  deux  éléments 
ont  donné  une  déviation  permanente  de  i5  à  20  degrés;  pendant  dix-huit 
minutes,  on  n'a  rien  aperçu  sur  les  fils. 

»  On  a  ajouté  un  troisième  élément  dont  on  avait  retiré  la  moitié  de  l'eau. 
La  déviation  permanente  du  galvanomètre  a  été  de  3o  degrés  ;  la  décom- 
position a  commencé. 

»  On  a  complété  le  troisième  élément;  la  déviation  permanente  a  été 
portée  à  5o  degrés  ;  la  décomposition  a  été  manifeste  aux  deux  fils. 

»  On  a  arrêté  l'expérience,  on  a  nettoyé  les  fils  avec  un  fil  fin  de  platine. 
On  a  recommencé  les  expériences  avec  2  et  3  éléments,  et  l'on  a  eu  sensible- 
ment les  mêmes  résultats. 

»  Dans  les  expériences  que  j'ai  répétées,  il  y  a  peu  de  jours,  j'ai  employé 
un  microscope  solaire  grossissant  environ  trois  cents  fois.  J'éclairais  ce  mi- 
croscope par  la  lumière  de  100  éléments  de  Bunsen  avec  l'appareil  de 
M.  Dubosq;  une  cuve  de  5  centimètres  d'épaisseur  remplie  d'une  dissolu- 
tion d'alun  éteignait  une  portion  notable  de  la  chaleur  rayonnante  émise 
par  l'arc  voltaïque. 

»  Deux  filsde  platine,  soudés  comme  les  fils  dont  il  a  étéquestion,  étaient 
fixés  dans  une  petite  cuve  à  lames  parallèles;  cette  cuve  renfermait  de  l'eau 
distillée  jusqu'au-dessus  des  fils.  La  distance  des  fils  était  d'environ  2  mil- 
limètres. 

»  Deux  des  éléments  décrits  ci-dessus  ont  donné  une  déviation  perma- 
nente de  i5  degrés  au  galvanomètre.  Il  n'y  a  pas  eu  de  décomposition. 

»  La  réunion  de  3  éléments  a  produit  une  déviation  de  /p  degrés,  et  la 
décomposition  a  été  évidente  aux  deux  fils. 

»  On  a  retiré  1  élément;  il  en  restait  2.  Le  galvanomètre  a  marqué  10  de- 
grés. On  a  éteint  la  lumière  électrique  et  l'on  a  laissé  marcher  l'expérience 
pendant  quinze  minutes  ;  puis  on  a  éclairé  le  microscope  et  l'on  n'a  rien  vu 
aux  fils. 

»  Dans  les  expériences  avec  2  et  avec  3  éléments,  les  fils  avaient  dû  se  cou- 
vrir de  tout  le  gaz  dont  ils  pouvaient  se  couvrir;  si  l'eau  avait  été  décom- 


(  7°9  ) 
posée  pendant  la  durée  de  la  dernière  expérience,  on  aurait  aperçu  quelques 
bulles. 

»  Il  est  indispensable  de  laisser  marcher  l'expérience  sans  diriger  la  lu- 
mière sur  le  microscope  et  sur  la  cuve.  La  chaleur  rayonnante  n'étant  pas 
absorbée  en  totalité  par  la  dissolution  d'alun,  il  en  arrive  encore  une  quan- 
tité suffisante  au  foyer  du  microscope  pour  déterminer  le  dégagement  de 
l'air  contenu  dans  l'eau  ;  cet  air  s'attache  aux  fils  et  peut  être  la  source 
d'erreurs  graves. 

»  On  a  répété  plusieurs  fois  ces  expériences  pour  des  degrés  différents 
du  galvanomètre,  et  l'on  a  obtenu  les  mêmes  résultats. 

»  Quand  la  pile  a  été  formée  de  4  éléments  le  dégagement  a  été  abon- 
dant au  fil  négatif,  c'est-à-dire  au  fil  communiquant  avec  l'extrémité  zinc. 
Le  dégagement  au  fil  positif  était  loin  d'être  proportionnel,  comme  nous 
l'avons  toujours  remarqué,  pour  des  intensités  faibles. 

»  Des  fils  d'or,  des  fils  de  platine  de  ifo  de  millimètre  de  diamètre  et  d'une 
longueur  de  i  millimètre  dans  la  partie  plongée,  ont  fourni  les  mêmes  résultats. 

»  Le  galvanomètre  à  quinze  cents  tours  a  une  sensibilité  suffisante  pour  ce 
genre  d'expériences.  Voici  d'ailleurs  quelques  nombres  propres  à  le  caracté- 
riser sous  le  rapport  de  la  sensibilité  :  un  fil  de  platine  de  i  millimètre  de 
diamètre  et  un  fil  de  cuivre  du  même  diamètre  produisent  une  impulsion  de 
4o  degrés;  quand  on  les  plonge  dans  l'eau  distillée  dans  une  étendue  de 
3  \  centimètres  et  à  i  centimètre  de  distance,  l'aiguille  revient  bientôt  à  2 
ou  3  degrés. 

»  Un  fil  de  zinc  et  un  fil  de  cuivre  de  1  millimètre  de  diamètre  donnent, 
dans  les  mêmes  circonstances,  une  déviation  permanente  de  60  degrés , 
après  une  impulsion  de  plus  de  90  degrés. 

»  Il  suit  des  expériences  dont  nous  venons  de  rapporter  les  résultats, 
qu'un  courant  voltaïque  faible ,  dune  intensité  exprimée  par  20  degrés  et 
au-dessous ,  indiqués  par  le  galvanomètre ,  que  nous  avons  défini ,  traverse 
Veau  pure  sans  la  décomposer.  Cette  quantité  est  assez  petite  pour  être  inap- 
préciable aux  boussoles  les  plus  sensibles.  Elle  décomposerait  des  liquides 
moins  stables  que  l'eau. 

»  J'avais  projeté  quelques  expériences,  disposées  de  manière  qu'on  pût 
faire  le  vide  au-dessus  de  la  cuve,  dans  laquelle  devaient  plonger  de  pe- 
tites cloches.  J'ai  pensé  que  ce  mode  d'expérimentation  offrait  moins  de 
certitude  que  les  procédés  que  j'ai  employés.  Il  se  dégagerait  trop  peu  de  gaz 
pour  qu'on  en  fît  l'analyse;  il  serait  donc  difficile  de  distinguer  le  gaz  pro- 
venant de  l'air  de  l'eau,  du  gaz  résidtant  de  la  décomposition  de  ce  liquide. 

C.  R.,  i856,  1er  Semestre.  (T.  XLII,  N°  16.)  94 


(  7IG  ) 
»  Dans  ces  expériences  on  a  occasion  de  faire  plusieurs  remarques  :  par 
exemple,  avant  que  la  décomposition  de  l'eau  ait  réellement  lieu,  on  voit 
souvent  le  fil  de  platine  positif  se  couvrir  de  plusieurs  bulles  de  gaz  ;  il  est 
probable  que  le  courant  qui  n'est  pas  assez  fort  pour  détruire  l'affinité  qui 
réunit  l'oxygène  et  l'hydrogène  dans  l'eau,  peut  très-bien  vaincre  la  faible 
affinité  qui  lie  l'oxygène  dessous  à  ce  liquide.  Cet  oxygène  se  porte  au  fil 
positif.  On  constate  souvent  ce  phénomène  dans  les  expériences  précéden- 
tes, surtout  quand  la  cuve  est  frappée  par  la  lumière  intense  du  microscope 
solaire.  Il  arrive  même  que  le  fil  négatif  se  couvre  de  quelques  bulles,  mais 
c'est  surtout  le  fil  positif. 

»  Au  contraire,  quand  la  décomposition  commence  et  que  le  courant  est 
un  peu  énergique,  par  exemple  quand  il  est  produit  par  4  petits  élé- 
ments ,  le  fil  négatif  se  couvre  de  bulles  d'hydrogène  dans  toute  son  éten- 
due, avant  qu'on  aperçoive  quelques  bulles  sur  le  fil  positif. 

»  Les  physiciens  sont  partagés  sur  la  question  sur  laquelle  je  présente 
cette  courte  Note  :  les  uns  ont  admis  et  admettent  que  des  courants  faibles 
peuvent  traverser  l'eau  sans  la  décomposer  ;  d'autres  ont  soutenu  et  sou- 
tiennent l'opinion  contraire.  Ainsi  je  n'ai  aucune  initiative  dans  ce  sujet, 
si  ce  n'est  peut-être  dans  le  mode  d'expérimentation.  J'ai  seulement  voulu 
voir  si  je  pourrais  décider  la  question  par  quelques  expériences  différentes 
de  celles  qui  ont  été  faites.  C'est  dans  cette  vue  que  j'ai  employé  le  micro- 
scope composé  et  le  microscope  solaire.  Je  n'ai  pas  constaté  la  dé- 
composition de  l'eau  dans  les  conditions  que  j'ai  indiquées,  je  dis  simple- 
ment que  je  n'ai  pas  observé  cette  décomposition;  j'aurais  dit  le  contraire 
avec  la  même  indifférence,  si  j'avais  constaté  le  contraire. 

»  Je  sais  bien  que  les  physiciens  qui  rejettent  d'une  manière  absolue 
la  possibilité  du  passage  du  plus  faible  courant  à  travers  l'eau,  sans  qu'il  y 
ait  décomposition,  expliqueront  les  résultats  de  mes  expériences  par  la  con- 
densation des  gaz  sur  les  électrodes.  Pour  ceux  qui  liront  cette  Note  avec- 
attention,  cette  condensation  paraîtra  peu  probable. 

»>  En  résumé,  j'ai  été  conduit  à  penser,  d'après  mes  expériences,  que  des 
courants  très-faibles  traversent  l'eau  sans  la  décomposer.  Les  physiciens 
qui  répéteront  mes  expériences  seront,  j'ose  le  penser,  conduits  à  la  même 
conséquence.   » 

Remarques  de  M.  Auguste  de  la  Rive  à  l'occasion  de  cette  communication. 

«  M.  Auguste  de  la  Rive  présente  quelques  observations  sur  la  commu- 
nication de  M.  Despretz.  Il  remarque  que  l'absence  de  gaz  visibles  n'est 


(7"  ) 
pas  une  preuve  que  l'eau  n'ait  pas  été  décomposée  ;  lorsque  les  courants 
transmis  sont  aussi  faibles  que  ceux  dont  a  fait  usage  M.  Despretz,  les  deux 
gaz  se  développent  sur  la  surface  des  électrodes  en  si  petite  quantité  et  en 
bulles  si  fines,  qu'ils  sont  dissous  dans  l'eau  à  mesure  qu'ils  sont  produits, 
en  même  temps  qu'il  en  reste  adhérente  à  la  surface  même  des  électrodes 
une  petite  proportion.  C'est  ce  qu'il  est  facile  de  démontrer,  ainsi  que 
M.  de  la  Rive  l'a  fait  en  i843  (i),  soit  en  s'assurant  que,  lors  même  qu'il 
n'y  a  pas  de  décomposition  apparente  de  l'eau,  les  électrodes  sont  forte- 
ment polarisées,  soit  en  opérant  sous  le  vide,  ce  qui,  en  permettant  aux 
gaz  de  s'échapper  un  peu  de  la  surface  des  électrodes,  rend  la  transmission 
du  courant  plus  facile.  » 

chimie  manufacturière.  —  Etudes  théoriques  et  pratiques  sur  la  fixation 
des  couleurs  dans  la  teinture  (deuxième  partie)  ;  par^H.  Fréd.  Ruhlmann. 

«  Dans  la  première  partie  de  ce  travail  (a)  j'ai  consigné  les  résultats  d'es- 
sais ayant  pour  but  de  déterminer  l'influence  sur  la  fixation  des  couleurs 
qui  résulte  de  la  transformation  des  fils  et  tissus  en  pyroxyline.  A  cette 
occasion  j'ai  été  à  même  de  constater  que  la  pyroxyline,  privée  par  une  dé- 
composition spontanée  d'une  partie  de  ses  principes  nitreux,  acquerrait  au 
point  de  vue  de  la  teinture  des  propriétés  entièrement  opposées  avec  celles 
que  mes  premiers  essais  tendaient  à  faire  admettre. 

»  Une  nouvelle  série  d'expériences  eut  lieu  en  remplaçant  les  tissus  for- 
més de  pyroxyline  spontanément  décomposée,  par  des  étoffes  de  coton  qui 
avant  de  recevoir  le  mordant  avaientété  mises  en  contact,  pendant  vin  temps 
plus  ou  moins  long,  soit  avec  de  l'acide  nitrique  à  divers  degrés  de  concen- 
tration, soit  avec  des  mélanges  variables  d'acide  nitrique  et  d'acide  sulfu- 
rique.  Les  résultats  de  ces  essais  furent  des  plus  remarquables.  Avec  le  bois 
de  Brésil,  l'acétate  d'alumine  donna  sur  coton  non  azoté  des  nuances  rouges 
violacées  ;  une  immersion  pendant  vingt  minutes  dans  de  l'acide  nitrique  à 
34  degrés,  suivie  d'un  lavage  à  grande  eau  et  d'un  passage  dans  une  faible 
dissolution  de  carbonate  de  soude,  au  préalable  de  l'application  du  mor- 
dant, donna  une  couleur  rouge  beaucoup  plus  nourrie  et  beaucoup  moins 
violacée  que  celle  que  prit  du  coton  non  préparé  à  l'acide.  Ce  résultat  a  été 

(1)  Le  travail  auquel  M.  de  la  Rive  fait  allusion  fut  communiqué  par  lui-même  à  l'Aca- 
démie des  Sciences,  et  un  extrait  en  fut  inséré  dans  le  Compte  rendu  du  mois  d'avril  1 843. 

(2)  Voir  le  Compte  rendu  de  la  séance  du  i4  de  ce  mois. 

94» 


(  712  ) 
confirmé  par  plusieurs  essais  successifs.  Un  effet  bien  sensible  fut  produit 
même  par  l'immersion  du  coton  pendant  une  demi-heure,  dans  le  même 
acide  étendu  de  deux  fois  son  volume  d'eau,  et  dans  ce  dernier  cas  le  coton 
ne  fut  pas  sensiblement  altéré  dans  sa  solidité. 

»  L'essai  comparatif  suivant  fut  l'un  des  plus  remarquables  par  ses 
résultats  : 

»  N°  i .  Coton  sans  préparation  à  l'acide. 

»  N°  2.  Coton  resté  cinq  minutes  dans  un  mélange  de  2  volumes  d'acide 
nitrique  à  34  degrés  et  i  volume  d'acide  sulfurique  à  66  degrés. 

»  N°  3.  Coton  resté  deux  minutes  dans  un  mélange  de  i  volume  acide 
nitrique  à  34  degrés  et  i  volume  d'acide  sulfurique  à  66  degrés. 

»  N°  4-  Coton  resté  vingt  minutes  dans  un  mélange  de  i  volume  d'acide 
nitrique  à  34  degrés  et  2  volumes  d'acide  sulfurique  à  66  degrés. 

»  N°  5.  Coton  resté  vingt  minutes  dans  un  mélange  de  i  volume  acide 
nitrique  à  34  degrés  et  a  volumes  d'acide  sulfurique  à  66  degrés  et  \  volume 
d'eau. 

»  Après  les  bains  acides,  les  tissus  furent  lavés  a  grande  eau,  passés  en 
un  bain  de  carbonate  de  soude,  puis  lavés  encore,  enfin  passés  dans  un 
mordant  d'acétate  d'alumine.  La  teinture  eut  lieu  dans  une  décoction  de 
bois  de  Brésil. 

»  Le  coton  n°  i  prit  une  couleur  rouge  pâle  violacée  ; 

»  Le  n°  2  prit  une  teinte  rouge  moins  violette,  mais  encore  assez  pâle  ; 

«  Le  n°  3  une  couleur  plus  nourrie  et  plus  vive  ; 

»  Le  n°  4  une  couleur  rouge  ponceau  beaucoup  plus  foncée,  assez  ana- 
logue à  celle  obtenue  parla  pyroxyline  décomposée; 

»  Enfin  le  n°  5  prit  une  couleur  rouge  foncé  d'une  richesse  extraordi- 
naire, la  plus  belle  nuance  qui  ait  été  obtenue  dans  tous  mes  essais.  L'essai 
n°  5  fut  reproduit  dans  les  mêmes  circonstances  en  augmentant  la  force  du 
bain  de  teinture,  et  l'on  obtint  une  couleur  d'un  rouge  éclatant  tellement 
foncé,  qu'il  paraissait  brun. 

»  Cette  série  d'essais  fut  répétée  plusieurs  fois,  et  les  mêmes  résultats 
furent  constamment  obtenus. 

»  Il  en  résulte  d'une  manière  manifeste  qu'un  mélange  d'acide  sulfurique 
et  d'acide  nitrique  donne  des  couleurs  se  rapprochant  davantage  de  l'écar- 
late,  que  le  bain  acide  qui  donne  les  meilleurs  résultats  consiste  en  un  mé- 
lange de  i  volume  acide  nitrique  à  34  degrés,  i  volumes  acide  sulfurique  à 
66  degrés  et  \  volume  d'eau. 

»  Quoique  la  cochenille  et  l'orseille  ne  soient  pas  des  couleurs  générale- 


(7*3) 
ment  applicables  à  la  teinture  du  coton,  je  fis  cependant  avec  ces  matières 
tinctoriales  quelques  essais  comparatifs. 

»  Le  mordant  fut  encore  de  l'acétate  d'alumine. 

»  Une  immersion  du  coton  pendant  vingt  minutes  dans  un  bain  d'acide 
nitrique  pur,  ou  d'un  mélange  de  i  volumes  acide  nitrique  et  i  volume 
acide  sulfurique,  donna  à  la  teinture  avec  la  cochenille  une  nuance  giroflée 
pâle,  peu  différente  de  celle  obtenue  sans  bain  d'acide. 

»  Une  immersion  pendant  vingt  minutes  dans  un  bain  de  i  volume  acide 
nitrique  et  de  i  volume  acide  sulfurique,  donna  une  couleur  beaucoup 
plus  foncée. 

»  Enfin  le  mélange  de  i  volume  acide  nitrique  et  de  i  volumes  acide 
sulfurique  donna  une  couleur  giroflée  d'une  intensité  de  couleur  au  moins 
double  de  celle  de  l'essai  précédent.  . 

»  Ces  résultats  sont  assez  concordants  avec  ceux  observés  pour  la  teinture 
au  bois  de  Brésil. 

»  Le  dernier  mélange  d'acide  permit  d'obtenir,  aussi  sur  coton,  une  cou- 
leur assez  nourrie  avec  l'orseille. 

»  On  essaya  enfin  l'emploi  de  la  garancine  comme  matière  tinctoriale. 

»  Un  bain  d'acide  nitrique  seul  donna  sur  coton  une  nuance  un  peu  plus 
jaune,  mais  pas  plus  foncée  qu'en  l'absence  de  tout  traitement  nitreux.  2  vo- 
lumes acide  nitrique  et  1  volume  acide  sulfurique  donnèrent  une  nuance 
pareille,  mais  plus  foncée  que  la  précédente.  1  volume  acide  nitrique  à 
34  degrés  et  1  volume  acide  sulfurique  donnèrent  une  très-belle  couleur 
d'un  rouge  brun,  comme  le  rouge  d'Andrinople  avant  l'avivage.  Par  1  vo- 
lume acide  nitrique  et  2  volumes  acide  sulfurique,  on  obtint  cette  même 
intensité  de  couleur,  mais  d'une  nuance  tirant  plus  sur  l'orange.  Enfin 
vingt  minutes  de  contact  du  coton  avec  un  mélange  de  1  volume  acide 
nitrique,  1  volumes  acide  sulfurique  et  ±  volume  d'eau,  donnèrent  une 
couleur  rouge  très-vive  et  beaucoup  plus  foncée  que  la  précédente. 

»  Tous  mes  essais,  qui  avaient  été  faits  avec  du  coton  nitré,  furent  ré- 
pétés avec  de  la  laine,  de  la  soie,  des  plumes,  du  crin,  en  soumettant  ces 
matières,  avant  la  teinture  et  le  mordançage,  aux  mêmes  traitements  par  les 
acides,  et  des  résultats  tout  aussi  remarquables,  au  point  de  vue  de  l'aug- 
mentation, de  l'intensité  et  de  la  richesse  des  couleurs  furent  obtenus.  Avec 
de  l'acide  nitrique  étendu  de  cinq  fois  son  volume  d'eau,  les  effets  sont  déjà 
très-prononcés. 

»  Comme,  dans  le  traitement  par  des  acides  concentrés,  les  fils  ou  tissus, 


(  7'4) 
surtout  ceux  de  coton  et  de  lin,  sont  sensiblement  altérés,  et  qu'ainsi,  dans 
la  pratique  de  la  teinture,  les  résultats  qui  précèdent  n'auraient  pas  d'appli- 
cation générale,  mes  essais  se  sont  dirigés  vers  la  fixation  sur  ces  fils  ou 
tissus  des  matières  azotées  diverses  qui  se  produisent  dans  l'action  de  l'a- 
cide nitrique  concentré  sur  certaines  matières  organiques,  en  vue  d'aug- 
menter leur  affinité  pour  les  matières  colorantes. 

»  L'acide  picrique,  qui  ne  se  fixe  pas  sur  coton  avec  un  mordant  d'alu- 
mine, donne  des  nuances  très-nourries,  lorsque  le  coton  a  été  nitré.  Dans 
ce  cas,  cet  acide  agit  comme  matière  colorante,  mais  il  agit  aussi  comme 
mordant,  surtout  pour  produire  des  couleurs  composées,  soit  en  donnant 
des  bains  d'acide  picrique,  après  l'application  sur  étoffes  des  mordants  or- 
dinaires, soit  en  mélangeant  cet  acide  en  quantité  variable  avec  la  couleur 
dans  le  bain  de  teinture.  Les  couleurs  ainsi  composées  sont  très-vives  et  pré- 
sentent les  nuances  les  plus  éclatantes,  mais  elles  sont  plus  particulièrement 
applicables  à  la  teinture  sur  laine  et  sur  soie,  car  dans  la  teinture  sur  coton 
l'acide  picrique  fixé  réagit  à  la  longue  sur  la  matière  colorante,  et  en  gé- 
néral l'altère  profondément,  en  la  faisant  virer  au  jaune. 

»  Il  est  encore  une  considération  très-importante  qui  devait  me  préoccu- 
per dans  mes  recherches  :  c'est  le  danger  de  l'emploi  de  grandes  quantités 
d'acide  nitrique  pour  préparer  les  étoffes  à  la  teinture.  Cet  acide,  en  for- 
mant avec  les  étoffes  une  véritable  combinaison  chimique  en  proportion 
variable,  combinaison  que  la  teinture  ne  détruit  pas,  augmente  leur  com- 
bustibilité. Je  n'ai  pas  besoin  d'insister  sur  cette  considération  ;  elle  s'a- 
dresse à  des  intérêts  trop  graves,  et  chacun  en  saisira  tout  d'abord  l'impor- 
tance. 

»  Au  point  de  vue  de  la  théorie  de  la  teinture,  il  est  un  fait  que  les  ré- 
sultats des  essais  que  j'ai  signalés  ont  mis  hors  de  doute.  Si  l'on  ne  peut 
faire  dépendre  la  fixation  des  couleurs  d'un  principe  à  application  constante, 
celui  par  exemple  qui  reposerait  uniquement  sur  la  composition  de  la  ma- 
tière à  teindre,  si,  comme  l'a  démontré  M.  Chevreul,  cette  aptitude  procède 
souvent  aussi  des  propriétés  particulières  de  la  matière  colorante  elle-même, 
se  fixant  mieux  sur  tel  ou  tel  tissu,  on  peut  dès  aujourd'hui  établir  que  la 
composition  chimique  du  corps  à  teindre  a  la  plus  grande  influence  sur 
cette  fixation  ;  que  les  teintures  sont  de  véritables  combinaisons  chimiques, 
et  que  les  effets  dus  à  la  capillarité  et  à  la  structure  particulière  de  la  ma- 
tière filamenteuse  ne  sont  que  secondaires.  C'est  du  reste  ce  que  je  mettrai 
plus  en  évidence  encore  dans  la  troisième  partie  de  ce  Mémoire.  » 


(  7'5) 


4 


économie  rurale.  —  Recherches  sur  la  distribution  des  matières  azotées 
dans  les  diverses  parties  de  la  betterave;  par  M.  J.  Isidore  Pierre. 

(Extrait.  ) 

«  De  toutes  les  plantes  cultivées  dans  nos  régions  tempérées,  la  betterave 
est  assurément  celle  qui,  depuis  un  demi-siècle,  et  surtout  dans  ces  derniers 
temps,  a  le  plus  vivement  attiré  l'attention  publique,  à  raison  de  l'impor- 
tance des  produits  qu'en  ont  su  tirer  la  science  et  l'industrie. 

»  Cependant  la  culture  de  la  betterave,  comme  matière  première  pour 
l'extraction  du  sucre  et  pour  la  fabrication  de  l'alcool,  est  encore  extrême- 
ment circonscrite,  tandis  que,  depuis  une  vingtaine  d'années,  la  culture  de 
la  betterave,  comme  plante  destinée  à  l'alimentation  des  animaux,  s'est 
répandue  sur  un  bien  plus  grand  nombre  de  points. 

»  Si  la  valeur  de  la  betterave  comme  aliment  du  bétail  n'est  contestée 
par  personne,  la  même  unanimité  ne  se  retrouve  plus  chez  les  agronomes 
pour  ce  qui  concerne  les  feuilles  de  cette  racine.  Mathieu  de  Dombasle  en 
avait  condamné  l'emploi,  sans  l'avoir  expérimenté  (1). 

»  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que,  depuis  vingt  ans,  la  culture  fourra- 
gère de  la  betterave  a  constamment  gagné  du  terrain,  et  que  l'emploi  de 
ses  feuilles  pour  la  nourriture  des  vaches  laitières  est  à  peu  près  général. 

»  M.  Boussaingault  avait  trouvé,  pour  la  disette  : 

Feuilles.  Racines. 

Matière  sèche 1 1 ,  îA  )  12,2 

Eau 88,86  |P°Ur  I0°       87,8 

Azote  pour  100  de  matière  sèche.  .  ^,5  1,65 

Azote  à  l'état  frais o,5  0,20 

»  MM.  Payen  et  Richard,  dans  leur  Traite'  d' agriculture  (a),  ont  égale- 
ment rapporté  les  résultats  de  l'analyse  de  la  betterave  blanche  de  Silésie 
et  de  la  betterave  rouge  à  sucre  ;  on  y  trouve  les  nombres  suivants  : 

Betterave  blanche  Betterave  rouge 

de  Silésie.  à  sucre. 

Matière  sèche 16,0  )  18,0  ) 

_,       }  pour  100  0         >  pour  100 

Eau 84,0  )  r  82,0  )  * 

Azote  pour  100  de  matière  sèche..  i,56  2,5o 

Azote  pour  100  de  matière  fraîche  o,25  o,45 

(1)  Annales  de  Roville ,  t.  V  ,  p.  4g8. 

(2)  Tome  II ,  p.  29. 


pour    100       „     q  >  pour  100 


(  7*6  ) 

»  Les  fabricants  de  sucre  et  d'alcool  ont  jusqu'à  présent  donné  la  pré- 
férence aux  variétés  de  betteraves  dont  la  racine  reste  presque  complète- 
ment enterrée,  tandis  que  les  agriculteurs  qui  ne  cultivent  la  betterave 
que  pour  la  nourriture  de  leurs  bestiaux,  préfèrent  les  variétés  volumi- 
neuses qui  s'élèvent  en  partie  au-dessus  de  terre. 

»  Cette  préférence  m'a  conduit  à  chercher  s'il  existe  une  différence 
appréciable,  dans  une  même  racine,  entre  la  partie  enterrée  et  celle  qui 
s'élève  au-dessus  du  sol,  si  cette  différence  se  manifeste  dans  toutes  les 
variétés  généralement  cultivées,  et  si  l'effeuillaison  exerce,  sous  ce  rapport, 
une  influence  sensible. 

»  Mes  études  ont  porté  sur  les  cinq  variétés  suivantes  : 

»    i°.  Betterave  de  Silésie,  blanche  à  collet  vert; 

»   20.  Betterave  jaune  longue  ; 

»   3°.  Betterave  globe  jaune; 

»   4°-  Betterave  globe  rouge  ; 

»   5°.  Betterave  globe  blanc,  ou  plate  d'Allemagne. 

»  Toutes  ces  betteraves  ont  été  récoltées  dans  le  même  champ,  dans  des 
conditions  identiques  de  soins  et  de  cultures  antérieures  ;  les  unes  n'avaient 
jamais  été  effeuillées  avant  l'époque  de  leur  arrachage,  lés  autres  l'avaient 
été  une  ou  plusieurs  fois,  plus  ou  moins  complètement. 

»  M.  Manoury  a  trouvé  pour  les  rendements  en  feuilles  ou  en  racines, 
rapportés  à  i  hectare,  les  nombres  suivants  : 

Betteraves  blanches  «le  Silésie,  à  collet  vert - 85  oookil- 

Betteraves  globe  jaune 75  ooo 

Betteraves  disette  (moyenne  de  plusieurs  variétés) 54  ooo 

Betteraves  globe  rouge 47  8oo. 

Betteraves  jaune  longue : ^5  8oo 

Betteraves  plates  d'Allemagne 35  o  oo 

feuilles.  —  Résultat  de  deux  ou  trois  effeuillaisons. 


kil. 


Betteraves  blanches  de  Silésie 240  à  25oiuint,,soit  24  5oo' 

Betteraves  globe  jaune 190  à  200           soit  19500 

Betteraves  disette  (moyenne  de  plusieurs  variétés) ,  de.  . .  160  à  200           soit  18  000 

Betteraves  jaunes  longues 160  à  180          soit  1 7  000 

Betteraves  globe  rouge 1 3o  à  1 40          soit  1 3  5oo 

Betteraves  plates  d'Allemagne.  .• "...  1 3o  à  1 4o          soit  1 3  5oo 

»  Ces  rendements,  pour  ce  qui  concerne  la  variété  disette,  sont  bien 


(  7'7  ) 
supérieurs  à  ceux  qu'avait  obtenus,  à  Béchelbronn,  M.  Boussingault;  mais  il 
est  important  de  remarquer  qu'ici  les  fumures  sont  plus  fortes  que  celles  de 
l'habile  agronome. 

»  En  présence  des  résultats  qui  précèdent,  on  comprend  parfaitement, 
dit  l'auteur,  comment  les  deux  premières  variétés,  la  blanche  de  Silésie  à 
collet  vert  et  la  globe  jaune,  gagnent  du  terrain  comme  plantes  fourra- 
gères ;  c'est  que  leur  rendement  d'une  part,  et  la  masse  de  fourrage  réel 
qu'elles  représentent,  font  plus  que  compenser  l'avantage  que  peuvent 
offrir  quelques  autres  variétés,  telles  que  la  jaune  longue,  sous  le  rapport  de 
leur  plus  grande  valeur  comme  aliment  à  poids  égal. 

»  Les  chiffres  qui  précèdent,  qu'il  ne  faut  considérer  que  comme  des 
approximations  locales,  nous  montrent  aussi  que  ce  n'est  pas  avec  des  fu- 
mures de  20  à  3oooo  kilogrammes  de  fumier  ordinaire  à  l'hectare  qu'il 
serait  permis  de  compter  sur  de  pareils  rendements. 

»  Enfin  on  comprend  encore  qu'une  récolte  de  feuilles  qui  représente, 
par  hectare,  l'équivalent  de  3  à  4000  ou  même  45oo  kilogrammes  de  four- 
rage fané  ordinaire  à  20  pour  100  d'eau,  mérite  bien  un  peu  de  l'intérêt 
que  lui  portent  la  plupart  des  cultivateurs. 

»  Reste  à  discuter  la  partie  délicate  de  la  question,  celle  des  avantages  et 
des  inconvénients  de  l'effeuillaison  avant  la  récolte  des  racines. 

»  Beaucoup  d'agronomes  recommandent,  avec  M.  de  Gasparin,  de 
n'enlever  que  les  feuilles  inférieures  qui  commencent  à  jaunir,  et  blâ- 
ment les  effeuillaisons  trop  abondantes.  Cette  opinion,  qui  paraît  assez 
rationnelle,  est  principalement  basée  sur  des  résultats  signalées  par 
Schwertz.  Ces  résultats,  les  voici  :  en  désignant  par  925  le  rapport  des 
bettaraves  non  effeuillées,  celles  qui  ne  l'ont  été  qu'une  fois  ont  rap- 
porté 859,  et  celles  qui  l'ont  été  deux  fois  n'ont  rapporté  que  58g;  en 
sorte  que  les  trois  récoltes  seraient  entre  elles  comme  les  nombres  100, 
93  et  58. 

»  Personne  n'est  plus  disposé  que  moi  à  rendre  hommage  aux  tra- 
vaux de  l'illustre  agronome  allemand;  mais  je  suis  porté  à  croire, 
d'après  ce  que  j'ai  vu  chez  M.  Mànoury,  que  l'effeuillaison  plusieurs 
fois  répétée  ne  diminue  pas  toujours  le  rendement  des  racines  de  deux 
cinquièmes  comme  l'indique  Schwertz;  car  deux  ou  trois  effeuillaisons 
abondantes  n'ont  pas  paru  diminuer  d'une  manière  sensible  les  rende- 
ments des  betteraves  de  l'Ébisey  en    i855;  et  si,  au  moment  de  l'arra- 

C.  R  ,  i856,  i«r  Semestre.  (T.  XLII,  N°  16.)  9$ 


(7i8) 
chage,  après  l'enlèvement  de  toutes  les  feuilles,  on  avait  été  obligé  de 
choisir,  à  première  vue,  entre  celles  qui  n'avaient  jamais  été  effeuillées  et 
celles  qui  l'avaient  été  plusieurs  fois,  on  se  serait  souvent  trompé,  tant  la 
différence  était  insignifiante. 

»  11  résulte  également  des  analyses  que  nous  avons  citées  précédemment 
que  l'effeuillaison  plus  ou  moins  répétée  ne  parait  pas  changer  d'une  ma- 
nière sensible  la  proportion  de  matière  azotée  contenue  dans  les  racines. 
En  serait-il  de  même  dans  un  sol  moins  fertile?  en  serait-il  même  toujours 
ainsi  sur  le  même  sol,  dans  des  années  différentes;  c'est  ce  que  l'expérience 
peut  seule  décider,  c'est  ce  que  je  ne  saurais  affirmer. 

»  Si  nous  observons  maintenant  ce  qui  se  pratique  dans  la  plupart 
des  pays  où  l'effeuillaison  de  la  betterave  est  passée  dans  les  habitudes, 
nous  voyons  presque  toujours  la  racine  dépouillée  non-seulement  de  ses 
feuilles  basses,  mais  encore  de  la  plupart  de  ses  feuilles  moyennes  un 
peu  grandes  ;  il  en  résulte ,  outre  la  quantité  ,  un  accroissement  réel 
dans  la  qualité  du  fourrage  ;  il  en  résulte  encore  une  petite  diminu- 
tion de  main-d'œuvre  et  moins  de  chances  de  froissement  des  racines, 
parce  qu'on  les  visite  alors  moins  souvent.  Enfin  la  remarque  faite  par 
M.  Manoury,  sur  le  peu  d'influence  de  l'effeuillaison  sur  le  rendement 
des  racines  a  été  également  faite  ailleurs;  peut-être  serait-il  intéressant 
d'examiner  de  nouveau  la  question  dans  des  circonstances  variées,  en  vue 
de  déterminer  l'influence  réelle  de  l'effeuillaison  sur  les  récoltes  des  bette- 
raves et  sur  celles  qui  les  suivront  sur  le  même  sol,  car  cette  effeuillaison, 
qu'elle  soit  unique  ou  multiple,  peut  contribuer  à  l'appauvrissement  du  sol 
dans  une  proportion  qu'il  est  important  de  déterminer.  Enfin  il  serait  inté- 
ressant et  utile  d'étudier  l'influence  du  mode  d'effeuillaison  sur  la  produc- 
tion totale  des  feuilles.  » 

astronomie.  —  Éléments  provisoires  de  la  planète  de  M.  Goldschmidt; 

Lettre  de  M.  Valz. 

«  Marseille,  le  12  avril  i85G. 

»  Pour  retrouver  plus  facilement  après  le  clair  de  lune  la  nouvelle  pla- 
nète de  M.  Goldschmidt,  je  viens  d'en  calculer  des  éléments  circulaires 
provisoires,  d'après  l'observation  que  j'en  ai  faite  hier  soir,  et  celle  de  Paris 
du  Ier  avril.  Comme  ils  pourraient  être  utiles  à  d'autres  pour  en  faciliter  la 
recherche  après  la  pleine  lune,  je  prends  la  liberté  de  vous  les  transmettre 


(  7l9  ) 
pour  les  communiquer  à  l'Académie,  ainsi  que  voici  : 

o        , 

Distance  au  Soleil 2.27  (i±}e)  pour  limites  extrêmes. 

Nœud  ascendant g3 .  i5 

Inclinaison 4  •   ■ 

Long,  hélioc.  ier  avril '94-49 

Mouvement  moyen  diurne 1037  .43 

»  Pour  ceux  qui  exigent  des  secondes  dans  les  éléments  provisoires,  tan- 
dis que  les  degrés  ne  sont  pas  même  certains,  je  dirai,  avec  M.  Gergonne 
dans  ses  Jnnales  de  Mathématiques,  que  je  ne  saurais  me  permettre  ici  le 
luxe  des  secondes ,  et  qu'on  pourrait  même  y  trouver  un  peu  de  char- 
latanerie,  comme  le  prétendait  le  baron  de  Zach,  pour  les  centièmes  de 
seconde.  » 

M.  Eudes  Deslongchamps  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  opuscule 
qu'il  vient  de  publier  sous  le  titre  de  :  «  Description  d'un  nouveau  genre 
de  coquilles  bivalves  fossiles  [Eligmus),  provenant  de  la  grande  oolithe 
du  département  du  Calvados  ». 

RAPPORTS. 

mécanique  appliquée.  —  Rapport  sur  les  appareils  proposés  pour  le  chauf- 
fage sans  combustible,  au  moyen  d  une  force  perdue  ou  non  employée, 
présentés  par  MM.  Reaumont  et  Mayer. 

(Commissaires,  MM.  Piobert,  Despretz,  Morin  rapporteur.) 

«  Les  appareils  proposés  par  MM.  Beaumont  et  Mayer  pour  produire, 
par  le  frottement,  des  quantités  de  chaleur  utilisables  dans  l'industrie  ou 
dans  l'économie  privée,  sont  destinés  à  être  mus  par  ce  qu'ils  appellent  des 
forces  perdues  ou  non  employées. 

»  Ils  déclarent,  dès  l'abord,  que  la  vapeur  produite  dans  leurs  appareils 
n'est  pas  destinée,  dans  l'état  actuel  de  leurs  ressources,  à  servir  de  force 
motrice,  mais  seulement  comme  moyen  de  chauffage,  et  ils  ajoutent  que 
pour  produire  le  mouvement  ils  ne  comptent  employer  que  des  forces 
naturelles  perdues.  Mais,  au  rang  de  ces  dernières,  lorsqu'il  s'agit  des  ap- 

95.. 


(  72°  ) 
pareils  qu'ils  proposent  pour  faire  cuire  les  aliments  des  soldats  aux  armées, 
ils  placent  la  force  musculaire  des  hommes  et  celle  des  chevaux,  qui  de- 
vraient être  employés  à  ces  appareils  après  des  marches  presque  toujours 
pénibles.  On  verra,  plus  loin,  quelle  serait  la  durée  de  travail  nécessaire 
pour  aboutir  à  un  résultat  même  insuffisant. 

»  Les  pièces  principales  des  appareils  de  MM.  Beaumont  et  Mayer  sont 
deux  cônes  concentriques,  dont  l'un  est  garni  de  tresses  de  chanvre  ou  de 
coton  lubrifiées  d'huile,  et  l'autre,  en  cuivre  rouge,  est  en  contact  avec  le 
liquide  qu'il  s'agit  d'échauffer.  Par  des  moyens  particuliers,  on  peut  régler 
la  pression  de  l'un  de  ces  cônes  sur  l'autre,  et,  selon  les  cas,  c'est  l'un  ou 
l'autre  qui  est  mobile. 

»  L'idée  d'utiliser  la  chaleur  développée  par  le  frottement  remonte, 
comme  on  le  sait,  aux  temps  les  plus  reculés,  mais  elle  n'a  eu  que  peu 
d'applications,  parce  qu'en  général  le  travail  mécanique  qu'il  faut  déve- 
lopper pour  produire  un  frottement  énergique  donnant  lieu  à  une  quantité 
de  chaleur  notable,  est  beaucoup  trop  considérable  par  rapport  au  résultat 
obtenu.  D'une  autre  part,  la  quantité  de  chaleur  développée  est  d'autant 
plus  grande,  que  le  frottement  lui-même  est  plus  considérable  et  que  les 
corps  s'usent  davantage.  C'est  ainsi  que  les  métaux  frottant  sur  la  pierre, 
sur  du  grès,  les  bois  et  les  métaux  frottant  les  uns  sur  les  autres  sans  en- 
duit, donnent  lieu  à  une  production  de  chaleur  très-sensible  et  susceptible 
parfois  d'occasionner  l'inflammation.  Ces  effets  sont,  en  général,  d'autant 
plus  énergiques,  que  les  corps  s'usent  davantage  :  ainsi  le  fer  et  l'acier 
s'échauffent  jusqu'à  s'enflammer  dans  l'air  par  leur  frottement  sur  les 
meules,  les  bois  se  charbonnent,  les  alliages  métalliques,  tels  que  celui  des 
boîtes  de  roues,  se  fondent  et  soudent  parfois  la  boîte  avec  la  fusée  de 
l'essieu. 

»  L'expérience  montre  donc  qu'en  général,  pour  produire  de  la  chaleur 
par  le  frottement,  il  faut  user  les  corps  frottants  d'une  manière  notable, 
et,  par  conséquent,  développer  un  travail  moteur  considérable. 

»  MM.  Beaumont  et  Mayer,  en  produisant  le  frottement  par  l'emploi 
d'une  matière  compressible,  graissée  et  qui  s'use  peu,  se  sont  donc  placés 
dans  des  conditions  peu  favorables,  mais  ils  ont  eu  sans  doute  pour  but 
de  ne  pas  détériorer  la  pièce  principale  de  leur  appareil,  dont  le  remplace- 
ment serait  en  effet  difficile,  et  afin  d'obtenir  la  même  quantité  de  chaleur 
avec  un  frottement  moindre  sur  chaque  élément,  ils  ont  augmenté  les  sur- 
faces de  contact. 


C  72'  ) 

»  Sans  discuter  le  principe  de  construction  de  leurs  appareils,  les  indi- 
cations précédentes  pourraient  déjà  suffire  pour  faire  penser  que  ces  ap- 
pareils seraient  bien  loin  de  répondre  au  but  qu'ils  s'étaient  proposé  ;  c'est 
du  reste  ce  que  démontrent  surabondamment  les  résultats  des  expériences 
dont  il  va  être  rendu  compte. 

»  Les  appareils  présentés  sont  de  deux  sortes  :  l'un  est  destiné  à  pro- 
duire de  la  vapeur,  l'autre  à  chauffer  directement  les  liquides,  et  particu- 
lièrement à  cuire  les  aliments.  Le  premier  a  été  exposé  dans  la  galerie  des 
machines,  à  l'Exposition  universelle,  où  il  a  été  expérimenté  de  la  manière 
suivante  : 

»  Le  cône  frottant  était  mis  en  mouvement  par  l'intermédiaire  d'un  dy- 
namomètre de  rotation  qui  servait  à  mesurer  le  travail  moteur  dépensé 
pour  produire  le  frottement,  et  par  suite  la  vapeur  obtenue,  qui  était  re- 
cueillie et  condensée,  afin  d'en  déterminer  la  quantité  et  la  température. 
Les  résultats  de  ces  expériences  sont  consignés  dans  le  tableau  suivant. 


Expérience»  sur  le  générateur  de  vapeur  de  MM.  Beaumont  et  Mayer. 


DATES. 

TRAVAIL 

MOTEUR. 

POIDS    D'EAU 

vaporisée 
à  l'heure. 

NOMBRE 

de  tours 

de  l'appareil 

en  une 

seconde. 

TEMPÉRATURE 

de  la 
vapeur. 

En  kilogr. 

élevés  à  i  met. 

en  une 

seconde. 

En  chevaux. 

4  septembre  i855. . 
22  octobre  i855. .  .  . 

7io\68 
563,  25 

9<4? 
7,5i 

•5,82' 

7  ,3oo 

245 

34, 36 

io3°,a8 
1 1 3  ,00 

• 

8,5o 

6,56 

i 

»  L'observation  de  la  quantité  d'eau  vaporisée  a  été  commencée  quand  la 
température  était  devenue  stationnaire  et  avait  atteint  le  chiffre  indiqué 
dans  la  sixième  colonne  ;  les  quantités  de  chaleur  produites  par  le  frotte- 
ment étaient  en  conséquence  uniquement  employées  à  développer  la  va- 
peur, et  relatives  à  la  chaleur  latente  ou  constitutive  de  cette  vapeur. 

»  En  faisant  abstraction  de  l'avantage  assez  sensible  qui  paraîtrait  ressor- 


(  722  ) 
tir  des  résultats  précédents  pour  l'emploi  d'une  plus  grande  vitesse  dans  la 
deuxième  expérience,  et  prenant  pour  termes  de  comparaison  les  résultats 
moyens  des  deux  expériences,  on  trouve  que,  le  travail  moteur  étant  de 
8,5o  chevaux,  la  production  de  vapeur  par  heure  serait,  avec  cet  appareil, 
de  6\56. 

»  Or,  une  très-bonne  machine  à  vapeur  à,  détente  prolongée  et  à  con- 
densation, dans  les  meilleures  conditions,  ne  consomme  guère  moins  de 
•2  kilogrammes  de  houille  par  force  de  cheval  et  par  heure;  de  sorte  que, 
pour  la  force  motrice  de  8,5o  chevaux,  il  faudrait  brûler  8,5o  X  2  =  \"f-  de 
houille  par  heure. 

»  Cette  quantité  de  houille  brûlée  dans  un  bon  foyer  pourrait  y  pro- 
duire par  heure,  à  raison  de  8  kilogrammes  d'eau  vaporisée  par  kilogramme 
de  houille,  17x8  =  i36k  de  vapeur  :  tandis  que  l'appareil  n'en  a  produit 
que  6k,56,  ce  qui  montre  que  l'appareil  générateur  de  MM.  Beaumont  et 

Mayer  n'utilise  que  — ^-  =  —  environ  de  la  chaleur  développée  par  le  com- 
bustible employé  pour  la  faire  marcher. 

»  Ce  résultat  est  bien  inférieur,  comme  on  le  voit,  à  celui  qui  était 
annoncé  par  les  inventeurs,  qui,  dans  les  renseignements  imprimés  qu'ils 
ont  fait  distribuer  au  Jury  de  l'Exposition,  annoncent  que  leur  appareil 
n'exige  que  la  force  motrice  de  a  chevaux-vapeur  pour  produire  celle  de 
1  cheval.  Toutes  choses  égales  d'ailleurs,  il  faudrait,  d'après  l'expérience  ci- 
dessus,  une  force  motrice  de  21  chevaux  pour  produire  la  vapeur  corres- 
pondante à  la  force  de  1  cheval. 

»  La  production  de  6k,56  de  vapeur  à  l'heure  ayant  exigé  une  force  mo- 
trice de  8,5o  chevaux,  et  les  6k,56  vaporisés  d'une  manière  régulière  cor- 
respondant à  6,56  x  55o  ==  36o8  unités  de  chaleur,  il  s'ensuit  que  les  mille 

unités  de  chaleur  produites  par  cet  appareil  exigeraient  ô-V-q  =  2,36  che- 
vaux de  force. 

»  Or  1  kilogramme  de  bois  développe  2800  unités  de  chaleur,  dont 
on  peut  facilement  utiliser  la  moitié  au  moins  dans  des  chaudières  or- 
dinaires; de  sorte  que,  pour  produire  1000  unités  de  chaleur  à  l'aide 
du  bois,  qui  coûte  au  plus  5  francs  en  forêt  dans  les  Vosges  (que  les  au- 
teurs ont  prises  pour  lieu  favorable  à  l'application  de  leur  système),  il 

faudrait  brûler  — -. —  =  ok,7i4  de  bois. 
1400  '»   ' 

»  Le  stère  coûtant  5  francs  et  pesant  environ  35o  kilogrammes,  le  ki- 


(7*3) 

5f 
logramme  de  bois  ne  revient  guère  dans  les  Vosges  qua  ^=-  =  of,oi42,  et 

en  définitive  les  1000  unités  de  chaleur  à  o,oi4a  x  0,714  =  of,oi  en- 
viron, ou  pour  une  production  continue  pendant  douze  heures  à  of,  12 
par  jour. 

»  Or.le  moteur  hydraulique,  qui,  dans  les  pays  de  montagnes  comme 
on  le  suppose,  fournirait  cette  force  de  a, 36  chevaux  pour  produire 
1000  unités  de  chaleur,  ne  saurait  coûter  d'établissement  pour  canaux,  bâ- 
timents, mécanisme,  etc.,  moins  de  200  francs  par  force  de  cheval,  dont 
l'intérêt  pour  entretien  et  usure  ne  peut  être  calculé  à  moins  de  10  pour 
100,  ce  qui  porte  la  dépense  pour  intérêts  à  5o  francs  environ  par  an  pour 
2,36  chevaux  à  of,  166  par  jour,  à  quoi  il  faut  ajouter  au  moins  autant  pour 
frais  dégraissage. 

»  On  voit  donc  que,  dans  les  conditions  exceptionnelles  indiquées  par 
les  auteurs,  il  n'y  a  pas  lieu  d'espérer  que  leur  appareil  pour  la-  production 
de  la  vapeur  puisse  être  employé  avec  avantage,  même  dans  les  pays  de 
montagnes,  où  l'abondance  des  cours  d'eau  pourrait  faire  regarder  la  puis- 
sance motrice  qu'ils  fournissent  comme  sans  valeur.  A  plus  forte  raison  en 
serait-il  de  même  pour  des  bains,  des  lavoirs,  et  pour  tous  les  établisse- 
ments placés  près  ou  dans  l'intérieur  des  villes,  où  la  force  motrice  des  cours 
d'eau  acquiert  une  valeur  de  5oo  à  1000  francs  et  plus  par  force  de 
cheval . 

»  Quant  à  l'emploi  que  MM.  Beanmont  et  Mayer  proposent  de  faire  de 
leur  appareil  pour  la  cuisson  des  aliments,  et  à  l'application  qu'ils  en  indi- 
quent pour  les  armées  en  campagne,  il  est  encore  plus  illusoire  que  le  pré- 
cédent. Les  expériences  suivantes,  faites  au  Conservatoire  des  Arts  et  Mé- 
tiers, suffisent  pour  le  démontrer. 

»  L'appareil  spécial,  proposé  pour  cet  usage,  se  compose  d'un  manège 
destiné  à  être  mû  par  des  hommes  ou  par  des  chevaux,  et  au  moyen  duquel 
on  fait  tourner  rapidement  un  cône  renversé  en  bois  garni  de  tresses  en 
chanvre;  ce  cône  en  reçoit  un  second  qui  est  en  cuivre  et  qui  forme  la 
chaudière  immobile  sur  la  surface  de  laquelle  les  tresses  frottent  et  déter- 
minent l'élévation  de  la  température  du  vase  et  du  liquide  qu'il  contient  : 
la  pression  de  ce  cône  intérieur  sur  celui  qui  l'enveloppe  est  réglée  et  modé- 
rée par  un  contre-poids  suspendu  à  l'extrémité  d'un  levier  à  fourche  auquel 
le  cône  fixe  est  suspendu  lui-même. 


(7*4) 

Expériences  sur  l'appareil  proposé  par  MM.  Beaumont  et  Mayer  pour  la  cuisson   des  légumes. 


VOLUME 

NOMBRE 

TEMPS 

TEMPÉRATURE 

DATES. 

d'eau 

contenu 

dans  la 

chaudière. 

de  tours 
du  cône 
mobile. 

NOMBRE 

d'hommes 
employés. 

ou 

durée 

de 

l'expérience. 

TEMPÉRATURES 

observées. 

a 

l'extérieur 

dji  lieu 

d'expérience 

3  décem.  i855.. 

5   litres. 

En  moyenne 

85  tours 
par  minute. 

8h 

h        m 
O.OO 

o.3o 
I  .oo 
i  ,3o 

2.O0 

2.3o 
3.oo 
3.3o 
4-oo 
4.3o 

5° 

25 

4o 

52 

58 
61 

70 
72 

74 
76 

8° 

4  décem.  i855.. 
s 

io  litres. 

8o 

8 

o.oo 
o.3o 
I  .oo 
i  .3o 

2.00 

2.3o 
3.oo 
3.3o 
4.00 
4.3o 
5.oo 
5.3o 
6.00 
6.3o 
7.00 
7-3o 
8.00 

4 
'4 
20 

25 
32 

37 
40 

48 

5i 
5i 
53 
56 
58 
60 
63 

64 

69 

3 

»  La  représentation  graphique  de  ces  résultats,  en  prenant  les  tours 
pour  abscisses  et  les  températures  de  l'eau  contenue  dans  la  chaudière  pour 
ordonnées,  montre  que  la  température  s'élève  d'autant  plus  lentement,  qu'il 
y  a  plus  d'eau  et  que  l'expérience  se  prolonge  davantage,  mais  qu'elle  pa- 


(7*5) 
raît  tendre  vers  une  limite  de  76  degrés,  au  delà  de  laquelle  les  pertes  de 
chaleur  compensent  l'effet  du  frottement. 

»  De  ces  expériences,  faites  au  moyen  dehuithommes  qui  tournaient  avec 
peine  le  manège  à  la  vitesse  d'environ  quatre  tours  en  une  minute,  et  qui 
ont  été  prolongées,  la  première  pendant  quatre  heures  trente  minutes,  la 
seconde  pendant  huit  heures,  sans  que  la  température  ait  dépassé  Gg  de- 
grés, ce  qui  est  tout  à  fait  insuffisant  pour  la  cuisson  des  légumes  et  de  la 
viande,  on  doit  conclure  que  cet  appareil  compliqué,  volumineux,  ne  sau- 
rait être  d'aucun  usage  aux  armées,  et  l'on  a  peine  à  comprendre  que  l'on 
ait  sérieusement  proposé  d'employer  à  un  travail  aussi  pénible  et  aussi  pro- 
longé des  hommes  fatigués  par  la  marche. 

»  En  résumé,  les  appareils  proposés  par  MM.  Beaumont  et  Mayer  sont 
loin  de  répondre  aux  résultats  annoncés;  ils  ne  paraissent  pas  susceptibles 
de  rendre  à  l'industrie,  et  encore  moins  aux  armées,  les  services  promis  : 
mais  il  faut  cependant  reconnaître  que  le  dispositif  qu'ils  ont  adopté  est  au 
moins  très-convenable  pour  permettre  de  déterminer  entre  certaines  limites 
restreintes,  à  100  et  quelques  degrés,  les  quantités  de  chaleur  développées 
par  le  frottement  ;  sous  ce  rapport,  en  le  modifiant  convenablement,  il 
pourrait  être  de  quelque  utilité.  » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 


NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Corres- 
pondant pour  la  Section  de  Chimie,  en  remplacement  de  feu  M.  Braconnot. 
A.u  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  5i, 

M.  Gerhardt  obtient l\i  suffrages. 

M.  Pasteur 7 

M.  Bineau 1 

M.  Desaignes.  . 1 

M.  Gerhardt,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  déclaré 
élu. 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  16.)  9^ 


(  7*6) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

botanique.  —  Monographie  de  la  famille  des  Urticées;  par  M.  H. -A. 
Weddell.  Première  partie  :  Ajfinités  de  cette  famille.  (Extrait  par 
l'auteur.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Botanique.) 

«  Il  n'est  peut-être  pas  de  fait  mieux  démontré  aujourd'hui  dans  la  bota- 
nique systématique,  que  la  connexion  intime  des  cinq  familles  qui  consti- 
tuent l'ordre  des  Urticées;  mais  il  s'en  faut  que  les  affinités  qui  peuvent 
exister  entre  cet  ordre  et  d'autres  groupes  du  règne  végétal  soient  aussi  net- 
tement établies  :  c'est  ce  problème  que  je  vais  chercher  à  résoudre,  en 
m'aidant  des  données  puisées  dans  les  travaux  de  mes  devanciers,  autant  que 
des  recherches  qui  me  sont  propres.  Et  d'abord,  est-ce  seulement  parmi 
les  familles  apétales,  auprès  desquelles  se  rangent  ordinairement  les  Urti- 
cées, que  l'on  doit  chercher  leurs  affinités;  ou  bien,  devons-nous,  en  fon- 
dant, à  l'exemple  de  M.  Brongniart,  les  apétales  dans  les  dialypétales, 
rechercher,  dans  ce  vaste  groupe  tout  entier,  les  types  auxquels  se  rattache, 
par  le  plus  grand  nombre  de  points  essentiels,  celui  que  nous  avons  en 
vue?  Les  exemples,  déjà  assez  nombreux,  d'alliances  heureuses  constatées 
entre  quelques  éléments  de  ces  séries,  jadis  séparées,  fournissent  la  meil- 
leure réponse  à  cette  question. 

»  Ceci  posé,  jetons  un  coup  d'œil  sur  les  rapprochements  signalés  par 
les  auteurs  entre  ce  que  l'on  peut  appeler  le  type  urticéen  et  d'autres  types 
végétaux. 

»  Pour  Laurent  de  Jussieu,  c'était  avec  les  Amentacées  que  les  Urticées 
avaient  le  plus  d'analogie,  manière  de  voir  encore  admise  aujourd'hui  par 
beaucoup  de  botanistes.  Que  l'on  remarque,  cependant,  que  les  plus  fortes 
preuves  apportées  par  de  Jussieu  à  l'appui  de  l'alliance  proposée,  telles 
que  l'absence  d'albumen  dans  les  Urticées,  et  la  similitude  des  inflorescences, 
sont  défectueuses;  on  se  convaincra  alors,  sans  peine,  que  le  rapprochement 
en  question  ne  peut  guère  être  maintenu  qu'à  la  faveur  des  liens  négatifs, 
analogues  en  un  mot  à  ceux  qui  unissent  entre  eux  les  éléments  du  groupe 
même  des  Amentacées. 

»  Laurent  de  Jussieu  indique  également  un  point  de  contact  entre  les 


(  727  )  . 
Urticées  et  les  Chénopodées,  et,  par  suite,  entre  elles  et  toutes  les  familles 
qui  constituent  le  groupe  des  Cyclospermées  ;  mais  il  paraît  attacher  moins 
d'importance  à  ce  rapprochement  qu'au  précédent,  bien  que,  parmi  les 
botanistes  de  nos  jours,  il  ait  obtenu  au  moins  autant  de  suffrages.  Je  rap- 
pellerai ici  une  opinion  sur  laquelle  M.  Brongniart  a  surtout  insisté  dans 
ces  derniers  temps,  à  savoir,  que  la  nature  (charnue  ou  farineuse)  de  l'albu- 
men a  plus  d'importance,  pour  la  distinction  des  familles  végétales,  que 
son  absence  ou  sa  présence;  l'étude  des  groupes  vraiment  naturels  a,  en 
effet,  démontré  que  la  nature  de  ce  corps,  lorsqu'il  existe,  est  constamment 
la  même  chez  toutes  les  espèces  de  ces  groupes;  il  semble  donc  que  ce 
caractère,  vu  sa  constance,  doive  être  regardé  comme  une  des  meilleures 
pierres  de  touche  pour  juger,  tout  d'abord,  des  affinités  d'une  famille. 
Or  Laurent  de  Jussieu  ne  connaissait  pas  l'albumen  des  Urticées,  dans  les- 
quelles il  n'existe,  en  effet,  pas  toujours;  il  pouvait  donc,  par  suite  de  la 
coïncidence  de  certains  autres  caractères,  être  tenté  de  rapprocher  ces 
plantes,  à  graines  toujours  oléagineuses,  des  Cyclospermées,  a  graines  fari- 
neuses. Mais  aujourd'hui  il  n'en  est  plus  ainsi,  et  je  crois  me  rapprocher 
davantage  de  la  vérité  en  cherchant  ailleurs  que  dans  ce  groupe  les  affi- 
nités réelles  des  Urticées.  J'ajouterai  que  la  tendance  des  étamines  à  deve- 
nir périgynes,  dans  les  Cyclospermées,  est  pour  moi  un  motif  de  plus  pour 
repousser  une  alliance  avec  un  ordre  à  étamines  essentiellement  hypogynes, 
comme  les  Urticées;  et,  àjortioii,  je  dois  repousser  toute  idée  de  connexion 
intime  entre  les  Urticées  et  les  familles  dialypétales  essentiellement  périgynes, 
telles  que  les  Mélastomacées,  par  exemple,  dont  quelques-unes  offrent, 
cependant,  dans  leurs  organes  végétatifs,  des  analogies  assez  frappantes 
avec  un  certain  nombre  des  plantes  que  nous  étudions. 

»  C'est  le  casde  dire  que  L.  de  Jussieu,  qui  semblait  prévoir  que  les Diclines 
iraient  grossir  un  jour  les  rangs  d'une  classe  supérieure,  indique  précisément 
les  dialypétales  hypogynes  comme  pouvant  offrir  un  point  de  contact  avec 
les  Urticées  ;  c'est  ainsi  qu'il  a  écrit  :  «  Magnoliam  habita  similem  œmulantur 
Ficus  et  Artocarpus,  twn  stipularum  tenminalium  convolutione ,  tum  earum- 
dem  caducarum  vestigiis,tum  et  seminum  aggregatione »;  ces  carac- 
tères sont  d'ailleurs,  avec  l'hypogynie  des  étamines,  les  seuls  traits  com- 
muns aux  plantes  comparées.  Le  grand  développement  de  l'embryon  dans 
les  Urticées,  relativement  à  l'albumen,  ainsi  que  la  persistance  de  l'enve- 
loppe florale,  constituent  dans  ces  végétaux  deux  caractères  saillants,  qui 
les  éloignent  non-seulement  de  la  classe  des  Magnolinées,  mais  aussi  bien 
de  celles  des  Papavérinées,  des  Berbérinées  et  des  Benonculinées  ;  par  la 

0- 


(7*8) 
structure  sui  generis  de  leurs  fruits  ou  de  leurs  graines,  les  Crucifères  et  les 
Nymphéinées  n'en  sont  pas  moins  distinctes. 

»  Ces  groupes  mis  de  côté,  nous  nous  trouvons  en  présence  des  familles 
nombreuses  dont  M.  Brongniart  a  constitué  ses  classes  des  Guttifères,  des  Té- 
rébinthinées,  des  Hespéridées,  des  Célastroïdées,  des  ^Esculinées,  des  Violi- 
nées,  des  Polygalinées,  des  Géranioïdées,  des  Malvoïdéeset  des  Crotoninées; 
classes  que  l'on  peut  assez  facilement  ranger  sous  deux  chefs,  à  savoir  :  celles 
où  le  calice  offre  toujours  une  préfloraison  imbriquée,  et  celles  où  cette 
enveloppe  présente  souvent  une  préfloraison  valvaire.  Or,  bien  que  dans 
les  Urticées  ce  dernier  caractère  ne  soit  pas  constant,  il  se  présente  assez 
fréquemment  pour  que  l'on  soit  fondé  à  en  conclure  une  plus  grande  affi- 
nité entre  elles  et  les  familles  où  il  se  montre  également,  qu'entre  elles  et  des 
groupes  où  il  ne  se  rencontre  jamais.  Par  l'application  de  ce  principe,  nous 
nous  trouvons,  en  définitive,  n'avoir  à  faire  qu'aux  deux  dernières  classes 
énumérées,  les  Malvoïdées  et  les  Crotoninées;  la  première  comprenant  les 
familles  des  Malvacées,  des  Buttnériacées,  des  Sterculiacées  et  des  Tiliacées; 
la  seconde  renfermant  les  familles  des  Euphorbiacées,  des  Antidesmées  et 
des  Scépacées  :  voilà  les  groupes  naturels  parmi  lesquels  nous  arrivons,  par 
voie  d'exclusion,  à  concentrer  les  affinités  les  plus  immédiates  des  Urti- 
cées. Je  m'empresse  d'ailleurs  de  reconnaître  que  la  connexion  qui  existe 
entre  les  Urticées  et  les  Euphorbiacées  en  particulier,  a  été  signalée  par* 
d'autres  bien  avant  que  je  me  sois  occupé  de  la  question,  et  M.  Lindley 
y  insiste  même  d'une  manière  toute  spéciale  ;  mais  je  ferai  observer  que 
l'auteur  que  je  viens  de  citer  considère  les  Urticées  comme  représentant  un 
type  beaucoup  moins  parfait  que  les  Euphorbiacées,  et  c'est  en  cela  que  je 
suis  surtout  porté  à  différer  de  son  opinion.  S'il  est  vrai,  en  effet,  que  les 
Euphorbiacées,  dont  personne  ne  nie,  je  pense,  aujourd'hui  les  étroites  re- 
lations avec  les  Malvacées,  sont  une  dégradation  de  ce  type,  par  l'inter- 
médiaire des  Buttnériacées  (les  Scépacées  occupant  un  rang  plus  inférieur 
encore),  je  serais  porté  à  admettre  que  les  Urticées  constituent  une  autre 
dégradation  du  même  type,  parallèle,  en  quelque  sorte,  à  la  précédente,  et 
s'opérant  par  l'intermédiaire  des  Tiliacées.  Peut-être,  enfin,  trouverait-on 
dans  ce  groupe  .hétérogène  des  Amentacées  quelques  végétaux  qui  forme- 
raient, côte  à  côte  avec  les  Scépacées,  l'échelon  inférieur  de  cette  seconde 
série. 

»  Je  n'entrerai  pas,  en  ce  moment,  dans  la  comparaison  détaillée  des 
groupes  dont  il  a  été  question  ;  qu'il  me  suffise  de  dire  que  les  seuls  carac- 
tères par  lesquels  les  Urticées  se  différencient  notablement  des  Tiliacées, 


(  729  ) 
sont,  d'une  part,  la  persistance  de  l'enveloppe  calicinale  (caractère  essentiel 
néanmoins  des  Malvacées  proprement  dites),  de  l'autre,  le  nombre  des  éta- 
mines,  toujours  égal  à  celui  des  segments  du  périgone  :  l'affinité  des  deux 
groupes  ne  me  semble  donc  pas  devoir  être  mise  en  doute,  et  j'ajouterai, 
pour  terminer,  que  leur  rapprochement  n'est  nullement  infirmé  par  la  com- 
paraison des  propriétés  des  plantes  qui  les  composent.  » 

M.  S.  E.  Coces  adresse,  de  Washington  (États-Unis  d'Amérique),  un  Mé- 
moire «  sur  une  variation  de  la  vélocité  du  Soleil,  qu'on  a  attribuée  à  une 
oscillation  du  périgée  solaire  ». 

Ce  Mémoire,  qui  était  arrivé  dans  les  derniers  jours  de  décembre,  mais 
dont  la  présentation  a  été  différée  par  suite  d'une  erreur,  est  renvoyé  à 
l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Le  Verrier  et  Delaunay. 

M.  Sasku  envoie,  de  Pesth  (Hongrie),  un  Mémoire  écrit  en  latin  et  ayant 
pour  titre  :  Areaparabolœ  pure  geometrice,  methodis  variis  juxta  diversas 
sectiones  determinata  :  item  longitudo  radii  vectoris  gêner  aliter  variis  modis 
definita. 

M.  Chasles  est  invité  à  prendre  connaissance  de  ce  Mémoire  et  à  en  faire, 
s'il  y  a  lieu,  l'objet  d'un  Rapport  à  l'Académie. 

M.  Poggioli  adresse  six  observations  recueillies  à  la  clinique  de  l'hôpital 
de  la  Charité,  concernant  des  cas  de  rhumatisme  et  de  sciatique.  Il  demande 
que  ses  observations  soient  jointes  à  deux  Mémoires  sur  le  traitement  de  ces 
sortes  de  maladies,  qu'il  a  soumis  au  jugement  de  l'Académie  en  i85i  et 
i853,  et  que  le  tout  soit  admis  au  concours  pour  le  prix  de  Médecine  et  de 
Chirurgie  de  l'année  1 856. 

(Réservé  pour  la  future  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

ÎM.  IVoiret  adresse,  de  Lambessa,  un  Mémoire  qui  se  lie  à  celui  qu'il  avait 
envoyé  de  Constantine  au  commencement  de  cette  année,  et  qui  concerne 
les  pénitentiers,  l'emprisonnement,  les  causes  principales  qui  l'amènent  et 
les  effets  qu'il  produit. 

M.  Andral,  déjà  chargé  de  l'examen  du  premier  Mémoire,  est  également 
invité  à  prendre  connaissance  de  celui-ci,  et  à  faire  savoir  à  l'Académie  si 
l'ensemble  de  ces  communications  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un 
Rapport. 


(  73o  ) 
Un  auteur,  dont  le  nom  est  consigné  sous  pli  cacheté,  adresse  au  concours 
pour  le  prix  de  Mécanique  un  Mémoire  intitulé  :  «  Suppression  des  ma- 
chines à  vapeur  à  feu  au  moyen  de  l'emploi  d'une  nouvelle  force  motrice  «. 

(Réservé  pour  la  future  Commission  du  prix  de  Mécanique.) 

CORRESPONDANCE 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  parmi  les  pièces  imprimées  de  la  Cor- 
respondance un  nouveau  fascicule  des  Mémoires  concernant  le  relevé  géo- 
logique de  la  Grande-Bretagne.  Ce  fascicule,  adressé  par  sir  Rodrick  Mur- 
chison,  actuellement  Directeur  du  Geological  Sutvej,  forme  la  décade  V 
des  «  Restes  organiques  fossiles  »  décrits  par  M.  Z.-W.  Salter. 

M.  Rayer  dépose  sur  le  bureau  plusieurs  ouvrages  offerts  à  l'Académie 
par  un  des  anatomistes  les  plus  distingués  de  l'Allemagne,  M.  Luschka  : 

i°.  Sur  la  Structure  des  glandes  de  Pacchioni  ;  i85a. 

2°.  Des  Nerfs  du  canal  vertébral  de  l'homme;  i  Pi.  Tubingue,  i85o. 

3°.  Les  Nerfs  de  la  dure-mère  cérébrale;  3  Pi.  Tubingue,  i85o. 

4°.  Structure  des  Membranes  séreuses  de  l'homme  ;  3  Pi.  Tubingue,  1 85 1 . 

5°.  Le  Nerf  phrénique  de  l'homme;  3  Pi.  Tubingue,  i853. 

6°.  Les  Plexus  vasculaires  du  cerveau  de  l'homme  ;  4  Ph  Berlin,  1 855. 

géologie.  —  Du  terrain  jurassique  dans  les  Pyrénées  françaises  ; 

par  M.  A.  Leymerie. 

«  Entre  le  grès  rouge  (grès  bigarré)  et  le  terrain  crétacé  inférieur,  il 
existe,  sur  le  versant  nord  des  Pyrénées,  un  ensemble  de  couches,  en 
général  calcaires,  partiellement  schistoïdes,  que  M.  Dufrénoy  a  rapporté 
avec  juste  raison  au  groupe  jurassique.  La  limite  inférieure  de  cet  en- 
semble est  nettement  marquée  par  le  grès  rouge  partout  où  cette  roche 
se  montre.  Dans  les  contrées  où  elle  n'existe  pas,  la  limite  est  un  peu 
moins  précise.  La  séparation  du  terrain  jurassique  et  du  terrain  crétacé  ne 
se  fait  pas  saisir  avec  autant  de  facilité  à  beaucoup  près.  Dans  la  partie 
centrale  de  la  chaîne,  là  où  le  terrain  jurassique  est  le  plus  développé,  ses 
couches  s'enchevêtrent  avec  celles  du  terrain  crétacé  inférieur,  et,  en  cer- 
tains points,  la  complication  est  telle,  qu'il  est  permis  de  douter  même  de 
l'existence  de  toute  ligne  de  démarcation. 

»  Sur  la  carte  géologique  de  France,  le  terrain  jurassique  des  Pyrénées 


(  #1  ) 

forme  une  bande  continue  entre  la  bastide  de  Serou  (Ariége),  un  peu  à 
l'ouest  de  Foix,  et  la  vallée  d'Asson  (Basses-Pyrénées).  Cette  bande,  large 
entre  Saint-Girons  et  Sarrancolin,  se  réduit  à  un  ruban  étroit  à  partir  de 
cette  dernière  ville  jusqu'aux  Basses-Pyrénées.  Mes  observations  me  con- 
duisent à  doubler  à  peu  près  la  largeur  de  ce  ruban  en  reculant  sa  limite 
méridionale  jusqu'à  Camous,  au  sud  de  Sarrancolin,  Campan  et  Argellez. 
Dans  la  vallée  d'Ossau,  il  y  a  des  calcaires  sans  fossiles  qui  pourraient  peut- 
être  dépendre  du  même  groupe;  mais  le  fait  est  assez  douteux  en  l'absence 
de  fossiles.  On  doit  avoir  plus  de  doute  encore  à  l'égard  des  calcaires  qui 
reposent  sur  le  grès  rouge  à  Saint-Jean-Pied-de-Port;  enfin  je  viens  d'ac- 
quérir la  certitude  que  le  terrain  jurassique  manque  absolument  dans  l'ar- 
rondissement de  Bayonne,  le  calcaire  à  Requiénies  y  reposant,  d'une 
manière  immédiate,  sur  le  grès  rouge  du  trias. 

»  Nous  venons  de  dire  que  la  zone  jurassique  du  versant  nord  des  Pyré- 
nées était  continue.  Il  faut  ajouter  toutefois  que  sa  partie  principale,  celle 
qui  occupe  le  milieu  de  la  longueur  de  la  chaîne,  est  habituellement  divisée, 
dans  le  sens  de  la  largeur,  par  des  relèvements  exceptionnels  de  terrain  de 
transition  et  même  de  terrain  granitique  (Sarrancolin,  Saléchan,  Géry  près 
de  Saint-Béat,  Milhas,  etc.). 

»  On  peut  distinguer  deux  étages  dans  ce  terrain.  L'étage  inférieur  com- 
mence généralement  par  des  calcaires  cellulaires  un  peu  jaunâtres,  peut- 
être  dolomitiques  en  partie,  et  qui  doivent  sans  doute  ces  caractères  à 
une  action  postérieure,  et  par  des  calcaires  noirs  ou  gris,  compactes,  ou 
subcristallins,  souvent  rayés  d'une  manière  parallèle  à  la  stratification.  Il  y 
a  des  couches  fissiles  (calschistes)  dans  cette  partie  du  terrain.  Au-dessus  de 
cette  assise  inférieure,  où  l'on  ne  trouve  jamais  de  traces  d'organisation, 
reposent  des  couches  que  la  présence  constante  des  fossiles  permet  de  ca- 
ractériser et  de  déterminer  ;  c'est  la  partie  la  plus  intéressante  de  la  forma- 
tion. Elle  se  compose  de  calcaires  noirs  ou  de  calcaires  marneux,  souvent 
schistoïdes,  et  de  calschistes.  Il  y  a  aussi  dans  cette  assise  des  schistes 
terreux  intercalés  dont  la  couleur,  originairement  grise,  passe  au  jaune  café 
au  lait  par  l'effet  de  l'air;  c'est  cette  dernière  couleur  qui  domine  dans  les 
affleurements,  et  c'est  la  seule  qu'on  remarque  dans  les  détritus.  Les  calcaires 
renferment  habituellement  des  coquilles;  on  en  trouve  aussi  dans  le  schiste. 
C'est  dans  l'Ariége  et  la  Haute-Garonne  que  se  trouvent  les  gîtes  les  plus 
riches  sous  ce  rapport. 

»  Dans  le  tableau  page  732,  on  trouvera  les  noms  des  principaux  genres 
et  ceux  de  quelques  espèces  que  nous  avons  pu  déterminer. 


(ffe) 

INDICATION     SES     PRINCIPAUX     GENRES     ET     ESPÈCES     FOSSILES      DU  TERRAIN 

JURASSIQUE    DES    PYRÉNÉES. 


L. 

L. 

Sch. 

L. 
L. 

L. 
L. 
L. 

.1.  m. 

L. 

L. 

L. 
J.  m. 

.1.  m. 
S.  m. 
i.  m. 

L. 

h. 

L. 

L. 

L. 

L. 

L. 


L. 
L. 

L. 
L. 

L. 

Ih 

L. 

L. 

L. 

L. 
Sch. 

L. 

L. 

Sch. 

L.,  Sch. 


L. 

L. 

L. 
Sch. 

L. 

L. 

L. 

L. 
J.  m. 

L. 

L. 


Sch. 

J.  m. 

J.  m.,  L 

J.  m. 

Sch. 


GENRES    ET    ESPECES. 


Ammonites  hifrons . . . . 

—  Davœi .  . . . 

—  Dunkani? . 


planicosta 

grande  espèce. 


—  3  espèces  non  déterm. 

—  i  espèce  non  déterm . . 
Nautilus  clausus 

—  indéterm 

Belemnites  Uipartitus 

—  autre  espèce 

Rostellaria  ? 

Nerinea  Bruntrutana  ? 


—  grande  espèce 

—  conttricta  ?? 

—  indéterm 

Trochus  duplicatas 

Pleurotomaria 

Tercbratula  bullata 

—  cynocephala. .  . 

—  loricata 

—  ornithocephala. 

—  ovum 


—  punctata  ou  subpunctata? 

—  quadrifida  ? 

—  voisine  de  la  T.  rimosa. 

—  voisine  de  la  T.  varians. 
Ostrea  gregaria  ? 

—     Marsh  ii  ? 


Gryphea  cymbium 

—  Knorii  ? 

—  Macculochii 

—  obliqua 

—  espèce  très-allongée. 

Plicalula  legutata  ?  ? ,  . 

Pecten  corneus 

—  œquivitlvis 

—  personatus  ?  ? 

—  simpli-costa 


—  espèce  à  côtes  ornées. 

—  autre  espèce 

Lima ,  grande  espèce 

—  petite  et  costulée 

—  proboscidea 

Nucula  Hausmani 

Trigonia 

Âstarte  non  déterm 

—  non  déterm 

Serpu la  lisse  ,  dentaloïde. . . 

—  striée 


Cidaris  Moreanus 

—      nobilis 

Vcntacrmites  scalaris?. 
Polypiers  indéterm.... 
Végétaux  indéterm.  . . . 


OBSERVATIONS. 


Large,  déprimée,  à  côtes  rondes,  grosses,  passant 
sur  le  dos.  Les  unes  sont  complètes ,  les  autres 
s'arrêtent  à  une  petite  distance  du  tour  intérieur. 


LOCALITÉS. 


Nous  désignons  par  ce  nom  une  Térebralnle  allon- 
gée, lisse,  simple,  plus  ovale  qne  Vovalis,  avec 
une  ouverture  ronde  moins  grande 

Espèce  assez  grande ,  plus  bombée  que  la  précé- 
dente ;  carrée  à  la  base 


Certaines  variétés  passent  à  la  cynocephaln. 


Un  peu  plus  rentrue 

La  nôtre  est  bien  plus  régulière  dans  sa  forme  et 
dans  ses  plis  et  n'a  pas  de  surrace  d'adhérence. . 

Ses  plis  sont  moins  larges,  plus  réguliers  et  ne 
présentent  pas  d'élargissement  è  la  base  dans  le 
se. .s  transversal  de  la  coqui.le 


Peut-être  par  compression. 


Nous  désignons  ainsi  un  Peigne  assez  petit,  à  côtes 
simples,  qui  ne  semble  être  qu'un  dfmfnuttr  du 
Pecfn  œquivaLi*  et  qui  est  très-répandu  dans 
notre  lias  (schiste  et  calcaire) 


Assez  petite,  à  grosses  côtes 

Petite 

Lisse,  à  section  circulaire,  peu  contournée 

Celle-ci,  moins  large  que  la  précédente  et  à  section 
circulaire,  est  striée  transversalement  et  est  tou- 
jours contournée 


Assez  nombreuses  espèces. 


Ariége,  Corbières. 
Hautes-Pyrénées  (Rebouc). 
Haute-Garonne   (Aspet,    Sauve- 
terre  ,  Ore  ). 
Hautes-Pyrénées  (Rebouc). 

Haute-Garonne,Ariége,  Corbières. 

Corbières,  Ariége. 

Ariége  (Montesquieu). 

Haute-Garonne  (Campels). 

Haute-Garonne  (Rieucazé). 

Partout 

Corbières. 

Corbières. 

Haute-Garonne,  Hautes- Pyrénées 

(Bize), 
Haute-Garonne  (Barbazan). 
Haute-Garonne  (Barousse). 
Haute-Garonne,  Hautes-Pyrénées. 
Corbières. 
Ariége  (Foix). 
Haute-Garonne,  Ariége. 
Ariége,  Corbières. 
Corbières. 
Ariége  (Fo;x). 

Haute-Garonne, Ariége, Corbières. 

Ariége  (Foix). 
Ariége  (Foix). 

Haute-Garonne,  Ariége  (Montes- 
quieu). 

Corbières. 

Corbières. 

Haute-Garonne,  Ariége. 

Corbières. 

Haute-Garonne,  Ariége. 

Corbières. 

Bagnères. 

Haute-Garonne. 

Corbières. 

Ariége,  Haute-Garonne,  Corbières, 

Haute-Garonne. 


Haute-Garonne,  Ariége,  Hautes- 
Pyrénées. 
Hautes  Pyrénées  (Rebouc). 
Ariége  (  Montesquieu  ). 
Ariége  (  Montesquieu  ). 
Ariége. 

Haute-Garonne,  Ariége. 
Corbières. 

Ariége  (  Montesquieu  ), 
Haute-Garonne  (Saleich). 
Haute-Garonne. 
Hautes-Pyrénées  (jBize). 

Haute  -  Garonne     (  Sauveterre  ) , 
Hautes-Pyrénées  (Bagnères). 
Haute-Garonne  (Aspet). 
Haute-Garonne  (Rieucazé). 
Ariége  (la  Cave),  etc. 
Partout. 
Haute-Garonne  (base  de  Cagère). 


Nota.  —Les  espèces. précédées  de  L.  sont  celles  qui  se  trouvent  dans  les  calcaires  et  dans  les  calschlstes  du  lias;  celles  des  schistes  terreux  sont 
particulièrement  désignées  par  le  signe  Sch-,  et  celles  du  terrain  jurassique  moyen  par  J.  m. 


(733) 

»  Il  est  évident,  d'après  l'ensemble  des  espèces,  que  l'étage  dont  il  s'agit 
doit  être  assimilé  au  lias  supérieur.  Nous  lui  rapportons  un  calcaire 
noir  ou  gris-violâtre  foncé,  qui  est  remarquable  par  les  serpules  dont  il  est 
comme  pétri  [Sauveterre  (Haute-Garonne),  Bagnères  de  Bigorre].  Il  y  a  aussi 
dans  cet  étage  des  brèches  généralement  pâles  et  uniformes.  Il  est  important 
de  remarquer  que  le  lias  inférieur,  caractérisé  par  la  Grjphœa  arcuata, 
manque  entièrement  dans  les  Pyrénées. 

»  L'étage  supérieur  n'est  pas  aussi  nettement  défini  et  caractérisé  que  le 
précédent.  Nous  le  composons  avec  des  éléments  assez  hétérogènes  que  l'on 
trouve  çà  et  là  dans  toute  l'étendue  de  la  chaîne  entre  le  terrain  précédent 
et  le  terrain  crétacé.  Ce  sont  des  calcaires  noirâtres,  devenant  grenus,  dolo- 
mitiques  et  bitumineux  par  métamorphisme,  et  des  calcaires  de  couleur 
plus  claire,  où  l'on  trouve  des  indices  de  fossiles  ordinairement  indétermina- 
bles, qui  ne  se  montrentqu'à  l'extérieur  desblocs  dans  les  parties  depuis  long- 
temps exposées  à  l'air  (Nérinées,  Astartes,  débris  d'Oursins,  Polypiers,  etc.}. 
Certains  de  ces  calcaires  offrent  même,  dans  la  cassure  fraîche,  des  linéa- 
ments courbes  qui  sont  des  sections  de  coquilles  qu'il  serait  bien  difficile 
de  rapporter  à  des  espèces  ou  même  à  des  genres  déterminés,  et  pas- 
sent à  l'état  de  lumachelle.  Ils  sont  quelquefois  accompagnés  de  dolo- 
mies.  L'élément  le  plus  caractérisé  de  ce  groupe  est  un  calcaire  à  Néri- 
nées (on  distingue  plusieurs  espèces,  et  notamment  une  assez  courte,  très- 
voisine  de  la  Nerinea  Bruntrutrana)  que  l'on  trouve  en  certaines  localités 
de  la  Haute-Garonne  et  des  Basses  et  Hautes-Pyrénées,  et  notamment  à 
Bizenistos. 

»  Il  existe  des  brèches  dans  cet  étage,  vers  son  plan  de  contact  avec  le 
lias.  C'est  dans  cette  position  que  paraissent  exister  la  brèche  de  Médous, 
près  de  Bagnères  et  les  brèches  qu'on  exploite  à  Sauveterre  (Haute-Ga- 
ronne) et  à  Bramebaque,  dans  la  vallée  de  Barousse.  Les  fragments  qui  con- 
stituent ces  roches  conglomérées,  ordinairement  très-anguleux  et  d'une 
assez  grande  étendue,  proviennent  des  calcaires  noirs,  gris  et  jaunes  de  la 
formation.  Le  ciment  est  habituellement  noirâtre.  Ces  brèches  ont  été  évi- 
demment formées  sur  place. 

»  La  présence  des  Nérinées  (i)  et  de  quelques  autres  fossiles  m'avaient 
porté  à  rapporter  ces  couches  supérieures  du  groupe  que  nous  étudions  à 


(1)  Ce  genre  ne  se  trouve  pas,  en  général,  parmi  les  fossiles  du  terrain  crétacé  incontes- 
table des  Pyrénées. 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  Î6.)  97 


(  7^4  ) 
l'étage  moyen  du  Jura.  Cette  prévision  se  trouve  pleinement  justifiée  par  la 
présence  du  Cidaris  nobilis  qui  vient  d'être  reconnue  par  M.  Cotteau  sur  un 
échantillon  que  je  lui  avais  adressé. 

»  J'ai  annoncé,  d'une  manière  générale,  que  la  limite  supérieure  du  ter- 
rain jurassique  des  Pyrénées  était  incertaine  dans  plusieurs  localités,  et 
qu'il  était  souvent  difficile  de  séparer  ce  groupe  du  terrain  crétacé  inférieur 
qui  commence  assez  habituellement  par  des  calcaires  ou  par  des  schistes 
plus  ou  moins  semblables  à  ceux  que  nous  venons  de  signaler  à  la  partie 
supérieure  du  premier  terrain. 

»  Dans  l'Ariége,  la  Haute-Garonne  et  les  Hautes-Pyrénées,  on  voit,  en 
effet,  l'étage  supérieur  du  terrain  jurassique  se  terminer  par  des  calcaires 
gris  pétris  de  fossiles  qui  semblent  être  des  débris  d'Ostracées  ou  de  Polypiers, 
le  tout  étant  comme  fondu  dans  la  pâte  et  formant  une  lumachelle  très- 
fréquemment  employée  comme  marbre  commun  dans  les  villes  voisines. 
On  serait  porté  à  rapporter  ces  marbres  au  terrain  crétacé  inférieur,  d'autant 
plus  qu'on  les  trouve  fréquemment  associés  à  des  calcaires  à  Requiénies,  et 
qu'eux-mêmes  offrent  des  tests  noirs  qu'on  pourrait  être  tenté  de  considérer 
comme  appartenant  à  ces  rudistes.  D'un  autre  côté,  ces  roches  se  lient  au 
terrain  jurassique,  et  on  y  trouve  quelquefois  desNérinées  analogues  à  celles 
du  calcaire  jurassique  moyen. 

»  La  même  incertitude  règne  encore  sur  la  véritable  place  des  schistes 
ardoisiers  des  Hautes-Pyrénées  (Labassère,  Lourdes)  et  de  certains  calcaires 
noirs  à  veines  blanches.  Ces  calcaires  incertains  touchent  souvent  le  calcaire 
à  Requiénies  et  le  calcaire  jurassique,  et  paraissent,  suivant  les  circonstances, 
devoir  être  réunis  tantôt  au  premier,  tantôt  au  second.  Il  en  est  de  même 
des  schistes.  Cette  difficulté,  au  reste,  a  frappé  deux  géologues  qui  ont  fait 
de  nombreuses  études  dans  les  Pyrénées,  MM.  les  ingénieurs  Vène  et 
François.  Ce  dernier  même  s'est  peut-être  laissé  un  peu  trop  influencer  par 
cet  état  de  choses,  en  confondant  le  terrain  jurassique  avec  le  terrain  cré- 
tacé inférieur  dans  sa  carte  des  mines  et  usines  à  fer  de  l'Ariége  (i).  L'exis- 
tence de  cette  pénombre  de  la  masse  jurassique  n'est  pas  la  seule  cause  de 
confusion  et  d'incertitude  qu'offre  l'étude  de  cette  partie  des  terrains  pyré- 
néens. Il  y  a  encore  une  autre  cause  qui  consiste  dans  l'enchevêtrement  du 
calcaire  à  Requiénies  au  sein  du  terrain  jurassique  le  mieux  caractérisé  et 

(i)  Recherches  sur  le  gisement  et  le  traitement  direct  des  minerais  de  fer  dans  les  Pyré- 
nées. Paris,,  i845. 


(  735) 
dans  le  lias  lui-même.  J'aime  à  penser  que  cet  enchevêtrement  est  acci- 
dentel. Toutefois  il  s'offre  de  la  manière  la  plus  claire  et  avec  une  cer- 
taine constance.  Je  l'ai  bien  reconnu  dans  l'Ariége,  près  de  Saint-Girons, 
et  dans  la  Haute-Garonne,  entre  Ore  et  Galier,  et  aussi  dans  les  Hautes- 
Pyrénées  aux  environs  de  Bizenistos  et  dans  la .  partie  inférieure  de  la 
vallée  d'Aure.  » 

M.  Bérenger,  de  l'Académie  des  Sciences  morales  et  politiques,  transmet 
deux  pièces  imprimées  qui  lui  ont  été  adressées  en  sa  qualité  de  Président 
de  l'Institut  pour  l'année  i856,  et  qui  sont  destinées,  par  leur  auteur 
M.  Trouillet,  au  concours  pour  le  prix  triennal.  Ces  pièces,  qui  ont  rapport 
à  une  méthode  pour  la  culture  de  la  vigne,  sont  renvoyées  à  l'examen  de  la 
Section  d'Économie  rurale. 

géographie  physique.  —  Mémoire  sur  le  huano  des  îles  de  Chincha  et  les 
oiseaux  qui  le  produisent;  parM..  A.  Raimondi,  professeur  d'histoire  natu- 
relle à  la  Faculté  de  médecine  de  Lima.  (Présenté  par  M.  Bussj.)  (Extrait.) 

«  L'origine  du  huano  était  connue  au  Pérou  dès  le  temps  des  Incas,  car 
on  lit  dans  Garcilaso  de  la  Vega  [Commentarios  reaies ,  lib.  V)  imprimé 
en  .1604  : 

«  Sur  la  côte  de  la  mer,  depuis  plus  bas  qu'Arequipa  jusqu'à  Tarapaca, 
"  ce  qui  fait  plus  de  200  lieues  de  côte,  on  n'emploie  d'autres  excréments 
»  (pour  engraisser  les  terres)  que  ceux  des  oiseaux  marins  qui  existent  sur 
»  toute  la  côte  du  Pérou,  grands  et  petits  ;  ils  vont  par  bandes  si  grandes, 
»  que  cela  est  incroyable  pour  qui  ne  l'a  pas  vu  ;  ils  pondent  dans  des  îlots 
»  déserts  qui  existent  près  de  cette  côte,  et  la  quantité  d'excréments  qu'ils 
»  y  déposent  est  également  incroyable.  De  loin,  ces  amas  de  matières  res- 
»  semblent  aux  sommets  de  montagnes  neigeuses.  Du  temps  des  rois  Incas, 
»  on  apportait  tant  de  vigilance  dans  la  garde  de  ces  oiseaux,  qu'au  mo- 
»  ment  de  la  ponte  personne  ne  pouvait  entrer  dans  les  îles,  sous  peine  de 
»  mort,  de  crainte  de  les  effrayer  et  de  leur  faire  quitter  leurs  nids.  Il  n'était 
»  pas  non  plus  permis  de  les  tuer  à  aucune  époque  ni  dans  les  îles,  ni  au 
»  dehors,  sous  la  même  peine.   » 

»  Ayant  été  nommé  par  le  gouvernement  péruvien  pour  accompagner  la 
Commission  d'ingénieurs  qui  fut  chargée  en  1 853  de  mesurer  la  quantité  de 
huano  existant  aux  îles  de  Chincha,  j'ai  pu,  pendant  un  séjour  de  plus  de 

97- 


(736) 
quarante  jours,  recueillir  quelques  observations  que  je  ne  crois  pas  sans 
intérêt,  et  que  je  vais  rapporter. 

»  Le  huano  des  îles  de  Chincha  existe  en  telle  abondance,  qu'en  certains 
endroits  la  couche  a  plus  de  3o  mètres  d'épaisseur.  Cette  circonstance  a 
fait  penser  à  MM.  Girardin  et  Bidard  que  la  formation  de  cette  matière  n'ap- 
partient pas  à  l'époque  actuelle,  et  qu'on  doit  la  considérer  comme  un  co- 
prolite  ou  excrément  fossile  d'animaux  antédiluviens.  Je  crois  le  contraire 
et  je  vais  faire  connaître  les  motifs  qui  ont,  fixé  mon  opinion. 

»  MM.  Girardin  et  Bidard  s'appuient  sur  la  relation  de  M.  de  Humboldt 
où  on  lit  :  «  Les  mêmes  îlots  sont  habités  d'une  multitude  d'oiseaux,  sur- 
»  tout  d ' Ardea,  de  Phenicopterus,  qui  y  couchent  la  nuit,  mais  leurs 
»  excréments  n'ont  pu  fournir  depuis  trois  siècles  que  des  couches  de  4  à 
»  cinq  lignes  d'épaisseur.    » 

»  Or,  je  ferai  remarquer  que  pendant  mon  séjour  aux  îles  de  Chincha,  je 
n'ai  pu  observer  ni  un  seul  Ardea,  ni  un  seul  Phénicoptère  :  ce  qui  doit  être 
attribué  au  hasard,  puisque  M.  de  Humboldt  a  observé  ces  mêmes  oiseaux. 
D'autre  part,  j'ai  pu  observer  une  innombrable  quantité  d'oiseaux,  qui 
tous  appartiennent  aux  palmipèdes  marins.  Une  des  îles  de  Chincha,  celle 
du  sud,  où  l'on  n'a  pas  encore  commencé  de  travaux  d'exploitation,  s'en 
trouve  quelquefois  entièrement  couverte,  sans  compter  ceux  qui  vivent  dans 
des  espèces  de  terriers  qu'ils  se  creusent  dans  le  huano. 

»  Ce  qui  prouve  que  le  huano  appartient  bien  à  l'époque  actuelle,  c'est 
qu'on  trouve  dans  la  partie  la  plus  élevée  de  cette  même  île  du  sud,  beau- 
coup de  cadavres  de  phoques  (Otaria),  dont  quelques-uns  sont  enterrés 
dans  le  huano  à  la  profondeur  de  quelques  pieds,  tandis  que  d'autres  sont 
à  peine  recouverts  ;  et  enfin  il  en  est  dont  les  cadavres  font  encore  saillie. 
J'ai  comparé  ces  restes  avec  les  Otarias  qui  vivent  actuellement  dans  les 
eaux  qui  baignent  les  îles  de  Chincha  et  je  les  ai  trouvés  identiques. 

»  J'ajouterai  enfin  qu'on  a  trouvé  dans  le  huano,  a  une  assez  grande 
profondeur,  quelques  débris  de  l'industrie  humaine,  comme  des  vases  de 
terre  et  des  morceaux  de  bois  légèrement  arqués  qui  paraissent  avoir  servi 
à  l'exploitation  du  huano. 

»  De  tous  ces  faits,  je  crois  pouvoir  conclure  que  le  problème  de  l'ori- 
gine du  huano  est  résolu;  que  ce  n'est  pas  un  coprolite,  mais  bien  une 
matière  dont  la  formation  appartient  à  l'époque  actuelle. 

»  Quant  aux  oiseaux  qui  produisent  le  huano,  voici  rémunération  des 


(737  ) 
espèces  que  j'ai  observées  pendant  mon  séjour  sur  les  îles  de  Chincha  : 

Noms  vulgaires. 

Pelecanus  thajus  (Molina) Alcatraz. 

Carbo  Gaimardii  (  Lesson  ) Pato  de  mar. 

Carbo  albigula  (Brandt) Cuervo  de  mar. 

Sula  variegata  (Tscliudi) Piquera. 

P lotus  anhinga  (Lin.) Zamargullon  choreado. 

Rhyncops  nigra[ÏÀn.) Arador  ou  Pico-tijera. 

Larus  modestus  (Tschudi) Gaviota. 

Spheniscus  Humboldtii  (Meyen) Pajaro  nlno. 

Pufflnuria  Garnotii  (  Lesson .) Potoyunco. 

Sterna  inca  (Lesson) Zarcillo. 

»  Toutes  ces  espèces  d'oiseaux  ne  vivent  pas  constamment  sur  les  îles  de 
Chincha  :  quelques-unes  viennent  seulement  à  l'époque  de  la  ponte.  Parmi 
les  sédentaires,  le  Pelecanus  thajus,  la  Sula  variegata,  le  Larus  modestus, 
le  Spheniscus  Humholdlii  et  la  Pufflnuria  Garnotii  sont  celles  qui  abondent 
davantage.  Ces  oiseaux  se  réunissent,  chaque  espèce  séparément  ;  ainsi  dans 
l'île  dite  du  nord,  la  partie  nord  est  habitée  par  les  Pelecanus,  la  partie  est 
par  les  Larus,  la  partie  ouest  par  les  Sulas  et  la  partie  sud  par  les  Puffl- 
nuria. 

»  Les  Pélicans  produisent  très-peu  dehuano,  parce  qu'ils  habitent  pres- 
que toujours  sur  les  récifs  qui  se  trouvent  autour  des  îles. 

»  Les  Carbos  ne  paraissent  pas  non  plus  concourir  pour  une  forte  part 
à  sa  formation,  car  on  les  voit  presque  toujours  dans  les  lieux  escarpés, 
dans  les  fentes  de  rochers,  de  sorte  que  le  plus  souvent  leurs  excréments 
tombent  à  la  mer. 

»  Les  Sulas  produisent  plus  de  huano  que  les  espèces  précédentes,  attendu 
leur  nombre  qui  est  plus  grand  et  aussi  parce  qu'ils  se  tiennent  dans  l'inté- 
rieur de  l'île. 

»  Les  Plotus  et  les  Rhyncops  sont  très-rares  :  je  ne  les  ai  vus  que  deux 
fois,  et  toujours  en  petit  nombre,  ce  qui  me  fait  croire  qu'ils  sont  de  pas- 
sage. 

»  Les  Larus  ne  se  rencontrent  pas  en  quantité  assez  grande  pour  qu'on 
puisse  leur  attribuer  un  rôle  important  dans  la  production  du  huano. 

»  Les  Sternas  qui  habitent  ces  îles  et  presque  toute  la  côte  du  Pérou, 
appartiennent  à  la  plus  jolie  espèce  du  genre.  Ces  oiseaux  ne  me  paraissent 
pas  habiter  toute  l'année  les  îles  de  Chincha.  A  mon  arrivée,  qui  eut  lieu  à 
la  fin  d'août,  je  n'en  observai  qu'un  petit  nombre  qui  volaient  continuelle- 
ment autour  des  îles  en  se  reposant  seulement  sur  les  récifs  voisins.  Le  12 


(738) 
septembre,  j'en  vis  apparaître  un  grand  nombre  dont  quelques-uns  vinrent 
se  poser  sur  l'île  nord  ;  mais  le  1 5  ils  apparurent  en  nombre  tellement  grand, 
qu'ils  couvraient  toute  l'île  sud,  et  une  grande  partie  de  celles  du  milieu  et 
du  nord,  ce  qui  me  fit  supposer  que  l'époque  de  la  ponte  approchait  :  il  est 
facile  de  comprendre  que,  tant  qu'elle  dure,  ces  oiseaux  doivent  déposer 
une  grande  quantité  de  huano. 

»  Les  Spheniscus  sont  abondants  dans  l'île  du  sud,  qui,  comme  je  l'ai 
dit,  est  inhabitée.  Il  est  probable  qu'ils  ont  été  chassés  de  l'île  du  nord  par 
les  navires  qui  s'y  rendent  en  grand  nombre,  et  parles  travaux  d'exploita- 
tion. Ces  oiseaux,  ne  pouvant  voler,  se  cherchent  un  abri  en  se  creusant 
dans  le  huano  même  une  demeure  souterraine.  A  l'époque  où  je  visitai  ces 
îles,  ils  étaient  occupés  à  couver  leurs  œufs,  qui  sont  de  la  grosseur  d'un 
œuf  de  dinde,  et  au  nombre  de  deux  à  quatre. 

»  Enfin,  les  Puffinurias  sont,  à  mon  avis,  les  oiseaux  qui  produisent  la 
plus  grande  quantité  de  huano  ;  leur  nombre  est  incalculable.  Il  paraît  que 
ces  oiseaux  abandonnent  également  peu  à  peu  l'île  du  nord,  car  on  ne  les 
y  rencontre  plus  que  dans  la  partie  sud-est,  tandis  que  dans  les  îles  du  mi- 
lieu et  dans  celle  du  sud  on  les  voit  de  toutes  parts.  Comme  les  précé- 
dents, ils  vivent  enterrés  dans  le  huano,  à  la  profondeur  d'un  pied  ou  deux, 
et  ont  tellement  miné  avec  leurs  galeries  la  partie  sud  de  l'île  du  nord  et 
celles  du  milieu  et  du  sud,  qu'on  n'y  peut  faire  un  pas  sans  enfoncer  jusqu'à 
la  cheville. 

»  Une  observation  fait  voir  que,  non-seulement  l'immense  dépôt  des  îles 
de  Chincha  a  été  formé  par  les  oiseaux  maritimes,  mais  encore  que  ces  oi- 
seaux n'ont  pas  changé. 

»  Dans  les  exploitations  de  huano,  on  rencontre,  à  une  grande  profon- 
deur, du  huano  pseudo-morphique  sous  forme  d'oeufs  ;  ces  œufs  semi-fos- 
siles (si  on  peut  les  appeler  ainsi)  sont  de  trois  dimensions  différentes  :  les 
uns  de  la  grosseur  d'un  œuf  de  perdrix,  les  autres  à  peu  près  égaux  à  un 
œuf  de  dinde,  et  enfin  d'autres  intermédiaires  entre  les  deux  premiers.  Si  l'on 
compare  ces  œufs  avec  ceux  des  espèces  qui  vivent  aujourd'hui  sur  les  îles, 
on  voit  que  les  premiers,  qui  sont  les  plus  communs,  ont  les  dimensions 
des  œufs  de  Puffinuria,  et  les  seconds  celles  des  œufs  de  Spheniscus,  seuls 
oiseaux  qui  vivent  comme  enterrés  dans  le  huano.  Quant  aux  œufs  de  gros- 
seur intermédiaire,  ils  sont  très-rares.  J'ai  trouvé  en  outre  à  une  grande  pro- 
fondeur, deux  os  de  l'aile  [humérus)  et  un  de  la  jambe  {tibia),  dont  les 
dimensions  égalent  celles  des  os  correspondants  des  Puffinurias  qui  habitent 
actuellement  les  îles.  » 


(  7%) 

chimie  optique.  —  Note  sur  la  rotation  variable  du  glucose  mamelonné' 
de  raisin  (i);  par  M..  Dubrunfabt. 

«  M.  Béchamp,  dans  l'un  des  derniers  numéros  des  Comptes  rendus,  a 
essayé  d'expliquer  les  deux  pouvoirs  rotatoires  du  glucose  dissous,  en  les 
rattachant  à  deux  états  chimiques  bien  connus  et  bien  définis  de  cette  espèce 
de  sucre.  Ainsi  il  a  cru  pouvoir  conclure  d'expériences  décrites  avec  dé- 
tail et  avec  soin,  que  le  pouvoir  rotatoire  le  plus  élevé  appartient  au  glucose 
hydraté  Cl2H,aOl2,  2HO,  tandis  que  le  plus  faible  serait  propre  au  com- 
posé C12  H12  O'2,  qui  se  trouverait  ainsi  déshydraté  par  la  dissolution. 

»  L'intérêt  qu'offre  la  Note  de  M.  Béchamp  nous  a  déterminé  à  vérifier  les 
expériences  qui  légitiment  les  conclusions  déduites  de  ses  expériences,  et 
nous  devons  dire  que  cette  vérification  nous  a  conduit  à  des  résultats  tout 
différents,  sans  que  nous  puissions  assigner  d'une  manière  précise  la  cause 
de  ces  différences. 

»  En  effet,  si  l'on  dessèche  avec  soin  du  glucose  hydraté,  de  manière 
à  lui  enlever  complètement  les  deux  équivalents  d'eau  qu'il  peut  perdre 
sans  subir  d'altération  dans  sa  constitution  cristalline,  il  conserve  intégra- 
lement ses  deux  pouvoirs  rotatoires,  et  ces  deux  pouvoirs,  mesurés  avec 
soin  et  rectifiés  par  le  calcul  comme  nous  l'avons  expliqué  (  Comptes  rendus, 
tome  XLII,  page  228),  conservent  bien  le  rapport  normal  f-,  que  nous 
avons  assigné  au  glucose  pur  (2).  Si  ces  résultats,  qui  diffèrent  de  ceux  de 
M.  Béchamp,  sont  corrects,  il  est  évident  que  l'eau  d'hydrate  du  glucose  n'a 
aucune  influence  sur  la  rotation  variable  de  ce  sucre. 

»  Voici  une  autre  observation  qui  justifie  notre  conclusion  et  qui  peut- 
être  pourrait  expliquer  en  quoi  les  expériences  du  savant  professeur  de 
Strasbourg  ont  pu  différer  des  nôtres. 

»  Si,  au  lieu  de  déshydrater  avec  soin  le  glucose,  on  fait  naître  les  phéno- 
mènes qui  sont  mentionnés  dans  le  Mémoire  de  Guérin  sur  les  glucoses  et 

(1)  Nous  distinguons  ici  le  glucose  à  rotation  variable  sous  le  nom  de  glucose  de  raisin 
pour  éviter  toute  équivoque.  On  peut  préparer  un  glucose  pareil  avec  la  fécule;  mais  on  peut 
aussi,  avec  cette  même  fécule,  préparer  un  glucose  que  nous  avons  désigné  sous  le  nom  de 
glucose  trirotaloire,  et  qui  dans  sa  dissolution  offre  une  rotation  invariable.  (  Voir  les 
Comptes  rendus,  tome  XXV,  page  3o8.) 

(2)  Nous  avons  établi  dès  1 846  ( Compte  rendu  du  6  juillet)  que  le  pouvoir  rotatoire  du 
glucose  appartenait  exclusivement  au  composé  C"  H12  0f',  et  qu'il  était  indépendant  de  l'eau 
d'hydrate  dans  le  composé  hydraté. 


(  74o  ) 
dans  plusieurs  Traités  de  Chimie,  c'est-à-dire  si  l'on  dessèche  le  glucose  avec 
fusion,  on  ohserve,  en  dissolvant  dans  l'eau  le  glucose  ainsi  traité,  les  faits 
signalés  par  M.  Béchamp,  et  soit  que  la  fusion  ait  été  faite  avec  ou  sans  perte 
de  l'eau  d'hydrate,  la  rotation  du  glucose  dissous  devient  invariable  et  elle 
donne  immédiatement  le  pouvoir  rotatoire  le  plus  faible. 

»  On  peut  légitimement  conclure  de  ces  faits  que  les  deux  rotations  du 
glucose  proviennent,  ainsi  que  nous  l'avons  supposé,  de  modifications  mo- 
léculaires profondes,  produites  successivement  et  alternativement  par  la 
cristallisation  et  par  la  dissolution  ou  la  fusion.  Cette  interprétation  est 
conforme  à  celle  qu'autorise  un  pareil  examen  appliqué  au  sucre  de  lait, 
elle  s'applique  au  glucosate  de  sel  marin,  et  nous  avons  lieu  de  croire 
qu'elle  sera  encore  justifiée  par  l'examen  au  même  point  de  vue  du  glucose 
de  sucre  de  lait  étudié  par  M.  Pasteur,  et  de  toutes  les  substances  cristallisées 
dans  lesquelles  on  découvrira  une  propriété  analogue  à  celle  qui  nous 
occupe.  Peut-être  arrivera-t-on  à  reconnaître  plus  tard  l'exactitude  d'une 
conjecture  que  nous  avons  émise,  savoir  :  que  cette  rotation  variable  ne 
serait  qu'une  manifestation  dans  des  cas  spéciaux  de  propriétés  générales  de 
la  cristallisation  et  delà  dissolution.  Ainsi,  pour  justifier  cette  conception, 
nous  avons  déjà  établi  que  le  sucre  de  lait  définitivement  dissous  diffère  du 
sucre  de  lait  cristallisé  non-seulement  par  un  pouvoir  rotatoire  moindre,  mais 
encore  par  une  solubilité  moindre.  Ces  distinctions  seules  suffiraient  au 
besoin,  alors  qu'on  ne  découvrirait  pas  ultérieurement  d'autres  propriétés 
différentes  pour  ces  deux  états  du  sucre  de  lait,  elles  suffiraient,  disons- 
nous,  pour  justifier  une  distinction  spécifique  conforme  à  la  définition  si 
nette  de  l'espèce  chimique  donnée  par  M.  Chevreul.  Le  glucose  mamelonné 
offre,  comme  le  sucre  de  lait,  deux  solubilités  différentes  dans  l'eau,  et  cette 
propriété  peut  être  démontrée  expérimentalement  pour  un  grand  nombre 
de  composés  cristallisables  d'origine  organique  et  inorganique.  T.es  faits 
nombreux  de  sursaturation  se  rattachent  évidemment  par  deux  liens  com- 
muns aux  phénomènes  qui  nous  occupent,  et  nous  invoquerions  leur  auto- 
rité au  besoin  pour  autoriser  notre  conception.  Nous  aurons  d'ailleurs  à  reve- 
nir avec  détails  sur  celte  question  dans  un  Mémoire  qui  nous  occupe  depuis 
longtemps  et  dans  lequel  nous  aurons  à  examiner  la  dissolution  comme  phé- 
nomène chimique  et  physique.  Nous  aurons  aussi  à  revenir  sur  les  glucoses, 
dont  les  pouvoirs  rotatoires  moléculaires  ont  été  généralement  établis  sui- 
des produits  qui  ne  sont  ni  simples  ni  purs,  et  nous  justifierons  par  la  même 
occasion  les  distinctions  que  nous  avons  apportées  clans  la  nomenclature 
des  glucoses.  Ces  distinctions,  qui  n'ont  pas  été  acceptées  par  les  savants, 


(  74i  ) 
étaient  cependant  de  nature  à  faire  disparaître  la  confusion  dont  M.  Eiol  se 
plaignait  à  juste  titre  dans  l'un  des  derniers  numéros  des  Comptes  rendus 
à  l'occasion  d'une  communication  intéressante  de  M.  Pasteur.  » 

optique.  —  Théorie  mathématique  des  effets  de  la  lentille  simple  employée 
comme  objectif  de,  chambre  obscure  et  comme  besicle;  par  M.  Breto\ 
(de  Champ). 

«  Il  n'aura  échappé  à  personne  que  la  formule  que  j'ai  donnée  le  24  mars 
dernier  (*),  pour  déterminer  l'emplacement  du  diaphragme  au  devant  d'une 
lentille  simple  employée  comme  objectif  de  chambre  obscure,  se  vérifie  d'une 
manière  très-remarquable  lorsqu'on  y  introduit  le  rapport  des  courbures 
des  surfaces  antérieure  et  postérieure  obtenu  par  Wollaston.  Supposant,  en 

effet,  »si,  m,  =  i,5,  ainsi  qu'on  le  fait  ordinairement,  et  -  =  1-1    les 


r-i  r. 


f  f 

deux  valeurs  de  âc.,  qui  résultent  de  ces  hypothèses  sont   —  ^-^  et  — »r^' 

en  ne  prenant  que  deux  décimales  pour  la  racine  carrée.  On  voit  que  la 

seconde  valeur  de  A,.,,  diffère  très-peu  de  celle  qui  a  été  trouvée  par  le 

célèbre  physicien.  La  proportion  indiquée  par  M.  Cauchoix  donne  pour  Ac>, 

f                  f 
deux  valeurs  qui  sont  —  ■= — p  et p-  L'ouvrage  dans  lequel  j'ai  puisé 

ce  renseignement  ne  faisant  pas  connaître  quelle  était  la  distance  du  dia- 
phragme à  la  lentille,  je  ne  puis  faire  ici  une  seconde  vérification.  Je  vais 
m'occuper  maintenant  des  conditions  relatives  aux  lentilles  employées 
comme  besicles,  ce  sera  l'objet  du  paragraphe  suivant. 

§  III    —  De  la  lentille  simple  employée  comme  besicle. 

»  On  sait  que,  dans  ce  cas,  la  longueur  focale  est  complètement  déterminée 
par  la  distance  de  la  vue  distincte  de  la  personne  à  l'usage  de  laquelle  la  len- 
tille est  destinée.  La  seule  question  à  résoudre  est  donc  ici  de  trouver  quelle 
est  la  combinaison  de  courbures  la  plus  favorable.  Pour  y  parvenir,  nous 
remarquerons  que  dans  l'acte  de  la  vision  naturelle,  les  pinceaux  de  rayons 
reçus  par  l'œil  sont  essentiellement  coniques.  D'après  cela,  il  paraît  ration- 
nel d'admettre  que  la  forme  de  lentille  la  plus  convenable  sera  celle  qui  ne 
détruira  pas  la  conicilé  des  pinceaux  émergents. 

»  Cette  condition  ne  pourra  être  remplie  qu'autant  qu'il  existera  dans 

(*)   Compte  rendu  de  la  séance  du  24  mars  i856. 

C.  R.,  »856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  16.)  98 


(  ?*»  ) 
l'oeil  un  point  pouvant  jouer  le  rôle  d'un  diaphragme.  Or  un  tel  point  existe 
en  effet,  c'est  le  centre  du  globe  oculaire.  Car  lorsqu'un  observateur 
veut  examiner  un  site,  un  tableau  ou  tout  autre  objet,  il  transporte  d'abord 
toute  sa  personne  vis-à-vis  de  la  partie  qui  appelle  spécialement  son  atten- 
tion, puis  tout  le  corps  étant  momentanément  immobile,  il  parcourt  de  l'œil 
successivement  tous  les  détails  que  cette  position  le  met  à  même  de  bien 
voir.  Les  seuls  mouvements  qui  ont  lieu  alors  sont  ceux  du  globe  oculaire, 
dont  l'axe  visuel  se  promène  sur  l'objet  examiné,  en  oscillant  autour  du 
centre  immobile  de  ce  globe.  Quand  cet  axe  est  fixé  sur  un  point,  il  se 
trouve  précisément  dans  la  direction  du  rayon  émané  de  ce  point,  et  con- 
séquemment  ce  rayon  est  dirigé  vers  le  centre  du  globe  oculaire,  du  moins 
si  l'on  admet  que  l'axe  de  la  vision  passe  lui-même  par  ce  centre.  Tel  est 
donc  le  point  qui  dans  la  circonstance  actuelle  joue  le  rôle  d'un  diaphragme, 
et  dès  lors  les  verres  de  besicles  doivent  être  préparés  de  manière  à  rendre 
coniques  les  pinceaux  émergents  dirigés  vers  ce  diaphragme  idéal. 

r>  D'après  les  mesures  de  l'œil  humain  qu'on  trouve  dans  divers  ouvrages, 
le  centre  du  globe  oculaire  est  à  environ  om,oia  en  arrière  de  la  surface  an- 
térieure de  cet  organe.  Cette  surface  est  elle-même  en  arrière  de  la  lentille, 
à  une  distance  dont  le  minimum  peut  être  évalué  à  om,oo8.  La  somme  de 
ces  deux  distances  donne  la  valeur  de  — A'  .2,  puisqu'il  s'agit  des  rayons 
réfractés  par  la  lentille.  On  aura  la  valeur  de  Ae.,  au  moyen  de  la  relation 

-n—  =  -?  H î  d'où  —  =  - ■?•  Aé  2  étant  négatif  et  sa  valeur  étant 

àc,         f         Ac.,  Ac.,  AC2         f         ci  * 

très-petite  vis-à-vis   des  longueurs  focales  usitées,  on  voit  que  A,.,,   sera 
négatif. 

»  On  observera  que  quand  A,..,  est  négatif,  le  diaphragme  devient  virtuel 
et  doit  être  remplacé  par  un  diaphragme  réel  placé  à  la  distance  A'c.a  de  la 
lentille.  C'est  ce  qui  arrive  pour  l'œil,  ainsi  que  nous  l'avons  expliqué 
ci-dessus. 

»  Pour  déterminer  la  valeur  de  ->  nous  reprendrons  l'équation  qui  a  été 

donnée  dans  le  §  II,  et  nous  la  mettrons  sous  la  forme 

2 «\   /  i  i  V         et  f  i         a,  +  u   i         i  a, (2a,  ■+■  11)  1  ~|  /  1  1  \ 

"1/    \A«.i         n)  it,\_bc,  u        A,  2     u  («,  —  «)    7J   \àCA        rj 

uu,     1  r(«,  —  u)  1       («,  —  «')  1      u,  i~i 

(«,—  «)'/ |_        u,         ACé1  uu,       A,  h  f] 

»  On  sait  que  J  est  négatif  quand  il  s'agit  de  besicles  de  presbyte.  D'un 


(743) 
autre  côté,  — -  étant  pareillement  négatif,  et  très-grand  en  valeur  absolue, 

"M 

rend  négatif  le  facteur  entre  crochets  du  dernier  terme,  de  sorte  que  ce  terme 
est  lui-même  négatif;  d'où  il  résulte  que  les  deux  racines  seront  réelles  dans 
le  cas  de  la  presbytie.  Pour  savoir  ce  qu'il  en  est  dans  celui  de  la  myopie, 
où  f  est  au  contraire  positif,  et  rend  pareillement  positif  le  dernier  terme  de 
notre  équation,  il  faut  résoudre  celle-ci.  Je  me  borne  à  écrire  le  polynôme 
que  l'on  trouve  sous  le  radical,  savoir  : 

«(»,+2n)  i    ["(«,  —  «)    i  [u\ — u1)   l         u,  il 

•  b1  r  i       («,  +  «)  i  '    i  u,(2.ut-+-u)  t'y 

U\   LACi,  U  A,  2      M  («,  —  «)    /J 

Supposant,  comme  on  le  fait  ordinairement,  que  les  verres  doivent  être  pré- 
parés pour  procurer  la  vision  distincte  des  objets  éloignés,  nous  aurons 

—  =  o.  Développant  ensuite,  ce  polynôme  devient,  après  quelques  réduc- 
tions, 

w1      i  a    i     i  u  (4«i  —  «)    I 

7\  ïj£  ~  «7 7  âT,  ""  4 («,-«)*  /»' 

et  par  la  décomposition  en  facteurs, 

|~  «     i         ii       \fut  (Mi  +  2«)  i"l  [  «    i         i    i       yUiju,  -+•  2  u)  i~| 

L«,    Ac.,   ~  if  2(«,  —  «)       /J   [«,   Ac>,  2     /  2  («,  —  «)       /] 

»  Le  premier  facteur  est  essentiellement  négatif.  Il  faut  donc  que  le  se- 
cond le  soit  aussi  ;  car  autrement  les  racines  seraient  imaginaires.  De  là 
résulte  la  condition 

u_  J_     _  l        y/«i(«i  +  2~â) 

»,    Ac.,  2  2~(«,  —  a)  ' 

ç 

ou,  en  remplaçant  —  par  —, -,  et  isolant  -/-> 

y  a,  -+-  2«        «,  yu,(«i+ 2«) 

A*  2  a  2«(«,  —  m) 

Si  l'on  fait  u,  =  1,5,  a  =  i,  la  condition  à  remplir  est 

/<-i,687A'M. 

Ce  qui  nous  apprend  que  les  besicles  de  myopes  ne  peuvent  pas  être  con- 

98.. 


(  744) 
struites  de  manière  à  fournir  des  pinceaux  coniques,  si  ce  n'est  pour  des 
portées  de  vue  excessivement  courtes.  Là  est  peut-être  l'explication  de  ce 
l'ait  remarqué  par  les  opticiens,  que  les  verres  périscopiques  sont  moins 
avantageux  pour  les  myopes  que  pour  les  presbytes.  » 

chirurgie.  —  Sur  un  nouveau  procédé  opératoire  qui  simplifie  les  cas 
graves  de  paraphimosis .  (Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Malgaigne.) 

a  ...  Pour  cet  étranglement,  comme  pour  les  étranglements  herniaires, 
on  cherche  d'abord  à  opérer  la  réduction,  et  l'on  y  réussit  le  plus  souvent. 
Mais  quand  la  réduction  est  impossible,  on  conseille  alors,  de  même  que 
dans  les  étranglements  herniaires,  de  diviser  la  bride  qui  étrangle,  et  au 
besoin  de  répéter  cette  section  sur  deux  ou  trois  points.  Or  on  diminue 
bien  ainsi  les  accidents  de  l'étranglement,  mais  la  réduction  n'en  demeure 
pas  moins  impossible;  du  moins,  pour  mon  compte,  je  ne  l'ai  jamais  vu 
obtenir  après  une  semblable  opération.  Quelle  est  la  raison  de  cet  insuccès? 
C'est  que  l'anneau  préputial,  en  déterminant  l'inflammation,  l'ulcération, 
quelquefois  même  la  gangrène  des  parties  qu'il  étrangle,  commence  par 
épaissir  le  tissu  cellulaire  sous-jacent,  et  par  organiser  des  adhérences  éten- 
dues entre  la  couche  tégumentaire  et  les  corps  caverneux.  Le  débridement, 
même  répété ,  ne  détruit  pas  ces  adhérences,  et  ne  suffit  pas  dès  lors  à  la 
réduction  ;  tandis  que  la  destruction  de  ces  adhérences,  même  sans  débri- 
dement, suffit  pour  permettre  de  ramener  les  parties  à  leur  place. 

»  Ainsi,  l'étude  de  l'affection  m'a  conduit  à  distinguer  un  élément  nou- 
veau, laissé  jusqu'à  présent  dans  l'ombre;  la  constatation  de  cet  élément 
entraînait  une  indication  nouvelle;  et  voici  maintenant  comment  j'ai  rempli 
cette  indication. 

»  Un  jeune  homme  est  entré  dans  mon  service  le  1 1  de  ce  mois  pour  un 
paraphimosis  datant  de  cinq  jours;  et  déjà  on  voyait  sur  le  dos  du  pénis  une 
ulcération  superficielle  embrassant  plus  de  la  moitié  de  la  circonférence  de 
l'organe.  Les  internes  essayèrent  vainement  la  réduction;  le  lendemain,  à 
la  visite,  je  ne  fus  pas  plus  heureux;  les  adhérences  des  téguments  avec  les 
corps  caverneux  y  opposaient  un  obstacle  insurmontable.  Je  glissai  à  plat, 
entre  les  téguments  et  les  corps  caverneux,  un  bistouri  étroit,  à  l'aide  du- 
quel je  divisai  ces  adhérences  dans  l'étendue  d'un  centimètre.  Cela  ne  suffit 
point.  Je  reportai  dans  l'incision  un  bistouri  boutonné,  pour  compléter  la 
division  des  adhérences  dans  toute  leur  étendue;  et  la  réduction  fut  obte- 
nue avec  la  plus  grande  facilité.  Dès  le  lendemain,  l'engorgement  du  pré- 


(  745  ) 
puce  avait  diminué;  le  troisième  jour,  l'ulcération  était  cicatrisée,  et  l'opéré 
est  sorti  le  ao  avril,  guéri  déjà  depuis  plusieurs  jours,  et  sans  avoir  éprouvé 
aucune  espèce  d'accident.  » 

M.  Hutin,  médecin  en  chef  des  Invalides,  envoie  plusieurs  nids  d'hiron- 
delle salangane,  recueillis  il  y  a  cinq  ans  dans  une  grotte  des  environs  de 
Java,  par  le  voyageur  qui  lui  en  a  fait  don.  M.  Hutin  a  pensé  qu'à  raison 
des  communications  qui  ont  été  faites  récemment  à  l'Académie  touchant 
la  composition  de  ces  nids,  il  pourrait,  y  avoir  quelque  intérêt  pour  la 
science  à  faire  examiner  ceux  qu'il  offre  aujourd'hui,  et  qui  sont  dans  un 
parfait  état  de  conservation. 

«  Les  habitants  du  pays,  dit  M.  Hutin,  pensent  généralement  que  les 
Salanganes  composent  ces  nids  avec  du  frai  de  poisson,  et  que  l'opinion  des 
personnes  qui  en  regardent  la  matière  comme  le  produit  d'une  sécrétion 
particulière  à  ces  petits  oiseaux,  est  due  à  ce  que  l'on  voit  des  fils  de  cette 
substance  visqueuse  pendre  souvent  de  leurs  becs  à  l'époque  où  ils  la  ramas- 
sent pour  s'en  servir.  Il  paraît  que  chaque  nid  reçoit  habituellement  deux 
œufs  seulement.  » 

Une  Commission,  composée  de  MM.  Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire,  Payen 
et  Montagne,  est  invitée  à  examiner  ces  nids. 

,  M.  Wanner  envoie  une  Note  ayant  pour  titre  :  «  Delà  capillarité,  théorie 
de  la  circulation  sanguine  » ,  Note  qui  fait  suite  à  celle  que  l'auteur  avait 
présentée  dans  la  séance  du  3i  décembre  dernier. 

M.  Compingt  père  prie  l'Académie  de  lui  faire  connaître  la  marche  à  suivre 
pour  faire  admettre  au  concours  pour  le  prix  annuel  du  legs  Bréant  un  re- 
mède de  son  invention  pour  la  guérison  des  dartres. 

M.  Compingt  devra  faire  connaître,  dans  un  Mémoire  suffisamment  déve- 
loppé, la  composition  de  son  remède  et  la  manière  de  l'administrer,  et  il 
joindra  quelques  observations  des  cas  où  ce  traitement  a  été  employé  avec 
succès. 

M.  le  Directeur  du  journal  la  Science  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 
le  comprendre  dans  le  nombre  des  personnes  auxquelles  elle  accorde  les 
Comptes  rendus  hebdomadaires. 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 


(  746) 

M.  Cochaux  envoie,  de  Bruges,  la  figure  et  la  description  d'un  manomètre 
destiné  à  faire  reconnaître  le  degré  de  profondeur  qu'un  bateau  sous-marin 
ne  doit  pas  dépasser. 

A  4  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

COMITÉ  SECRET. 

La  Section  de  Géométrie  présente,  par  l'organe  de  son  doyen  M.  Biot,  la 
liste  suivante  de  candidats  pour  la  place  vacante  par  suite  du  décès  de 
M.  Sturm. 

Au  Ier  rang M.  Bertrand. 

Au  ae  rang M.  If ermite. 

Au  3e  rang M.  Serret. 

Au  4e  rang  ex  aequo,  et  par  l  M.  O.  Bonnet. 
ordre  alphabétique.   .   .   .  (  M.  Pbiseux. 

Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés. 
L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  E.  D.  B. 


HCLLETIN    HIRLIOGRAPIIIQUE. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  21  avril  1 856,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Compte  rendu  annuel  adressé  à  S.  E.  M.  DE  Bkock,  Ministre  des  Finances, 
par  le  Directeur  de  l'observatoire  physique  central,  A. -T.  Kupffer ;  année 
1 854-  Supplément  aux  annales  de  l'observatoire  physique  central  pour  l'année 
i853.  Saint-Pétersbourg,  i855;  in-4°. 

Description  d'un  nouveau  genre  de  coquitles  bivalves  fossiles ,  Eligmus,  prove- 
nant de  la  grande  oolithe  du  département  du  Calvados ;)par  M.  Eudes-Deslong- 
CHamps.  Caen,  r856;  br.  in-4°. 

Mémoire  sur  le  Soudan,  rédigé  d'après  des  renseignements  entièrement  nou- 
veaux; par  M.  le  comte  d'Escayrac  DE  Lauture  ;  3e  cahier.  Examen  du  gou- 
vernement, des  institutions  militaires,  de  la  religion  et  des  superstitions  des  peuples 
du  Takrour.  Paris,  1 856  ;  br.  in-8°. 


(747) 

Méthode  pour  faire  avec  une  extrême  facilité  le  calcul  et  le  devis  des  chaînes  ; 
par  M.  Joseph  Cochaux.  Bruges,  i855;  br.  in-8°. 

Aperçu  de  la  distribution  du  terrain  tertiaire  dans  le  canton  de  Vaud;  par 
M.  R.  Blanchet.  Lausanne,  i854;  \  feuille  in-8°. 

Quelques  idées  sur  les  modifications  du  relief' de  la  terre,  dans  la  vallée  du 
Rhône  et  du  Léman  ;  par  le  même  ;  \  de  feuille  in-8°. 

Délie. . .  Des  lois  qui  régissent  le  choléra-morbus  et  de  la  manière  de  le  préve- 
nir dans  les  populations  et  chez  les  individus;  par  M.  O.  Turchetti.  Florence, 
i855  ;  br.  in-8°.  (Adressé  pour  le  concours  du  prix  Bréant.  ) 

Remarks. . .  Remarques  sur  le  gyroscope  en  relation  avec  «  une  suggestion  d'une 
»  nouvelle  expérience  qui  démontrerait  la  rotation  de  la  Terre  »  ;  par 'M.  Edw. 
Sang;  \  feuille  in-8°. 

Memoirs. . .  Mémoires  concernant  le  relevé  géologique  du  royaume-uni  de  la 
Grande-Bretagne.  Restes  organiques  fossiles  ;  Ve  décade  ;  par  M.  Z.-V.  Salter; 
br.  in-4°. 

Dienerven...  Des  nerfs  du  canal  vertébral  de  l'homme;  par  M.  Luschka. 
Tubingue,  i85o;in-8°. 

Die  nerven. . .  Les  nerfs  de  la  dure-mère  cérébrale  ;  par  le  même.  Tubingue, 
i85o;  in-4°. 

Die  structure...  Structure  des  membranes  séreuses  de  l'homme; par  le  même. 
Tubingue,  i85i  ;  in-4°. 

Ueber...  Sur  ta  structure  des  glandes  de  Pacchioni;  par  le  même;  broch. 
in-8°. 

Der  nervus...  Le  nerf  phrénique  de  t homme  ;  parle  même.  Tubingue,  i853; 
in-4°. 

Die  adergeflechte...  Les  plexus  vasculaires  du  cerveau  de  l'homme;  par  le 
même.  Tubingue,  i855;  in-4°. 


ERRATUM. 

(Séance  du  7  avril  i856.) 

Page  645,  ligne  2  ï ,  au  lieu  de  : 

Après  un  certain  nombre  d'heures,  variable  avec  la  température,  le  pouvoir  du  composé 
C'2H'20'2a,  dans  l'intervalle,  un  pouvoir  mixte ,  etc. , 

Lisez  : 

Après  un  certain  nombre  d'heures,  variable  avec  la  température,  on  a  le  pouvoir  du  com- 
posé ClîH"Olî,  et,  dans  l'intervalle,  un  pouvoir  mixte,  etc. 


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COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SEANCE  DU  LUNDI  28  AVRIL  1856. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  BINET. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

magnétisme  terrestre.  —  M.  le  Verrier,  en  communiquant  à  l'Aca- 
démie  les  résultats  obtenus  au  moyen  d'instruments  magnétiques  enregis- 
treurs, établis  à  l'Observatoire  impérial  de  Paris  par  M .  Liais,  présente  à  ce 
sujet  les  remarques  suivantes  : 

«  Il  existe  deux  systèmes  principaux  d'instruments  enregistreurs  :  ceux 
dans  lesquels  les  indications  sont  obtenues  par  des  appareils  mécaniques, 
et  ceux  dans  lesquels  l'inscription  se  fait  par  le  moyen  de  la  photographie. 
Dans  le  premier  système,  la  sensibilité  des  instruments  est  toujours  plus  ou 
moins  notablement  altérée  par  l'intervention  et  l'inertie  des  pièces  indica- 
trices ;  cette  considération  m'a  déterminé  à  recourir  au  système  photogra- 
phique. L'organisation  des  instruments  a  été  confiée  à  M.  Liais,  qui  s'est 
acquitté  de  cette  mission  avec  le  plus  grand  succès,  comme  l'Académie  en 
pourra  juger  par  les  documents  que  j'ai  l'honneur  de  mettre  sous  ses 
yeux. 

»  Les  éléments  à  observer  sont  au  nombre  de  trois  :  la  déclinaison  de 
l'aiguille  aimantée,  la  force  horizontale  du  magnétisme  terrestre,  la  force 
verticale.  L'inclinaison  se  déduit  de  ces  deux  derniers  éléments.  On  sait,  en 

C.  R.,  iS56,  Ier  Semestre.  (T.  XLII,  m  17.)  99 


(75o) 

effet,  que  le  rapport  de  la  force  verticale  à  la  force  horizontale  du  magné- 
tisme terrestre  n'est  autre  que  la  tangente  de  l'inclinaison. 

»  Il  a  donc  fallu  établir  trois  instruments  enregistreurs,  qui  sont  :  une 
boussole  de  déclinaison,  un  magnétomètre  bifilaire  de  Gauss,  une  balance  de 
force  verticale.  Le  système  d'enregistrement  est  semblable  à  celui  qui  a  été 
imaginé  par  M.  Brooke  de  Londres.  M.  Brooke,  qui  a  déjà  établi  les  appa- 
reils de  Greenwich  et  de  Toronto,  a  bien  voulu  se  charger  de  faire  con- 
struire également  les  appareils  de  Paris. 

»  Il  ne  faudrait  pas  conclure  de  ce  qui  précède,  que  l'observatoire  ma- 
gnétique de  Paris  est  une  copie  des  autres  établissements  de  ce  genre.  Il 
présente,  au  contraire,  dans  son  organisation  des  différences  importantes, 
et  spécialement  des  dispositions  entièrement  nouvelles  pour  les  observa- 
tions directes  et  les  déterminations  absolues.  Les  projets  et  les  plans  de  ces 
dispositions  ont  été  faits  par  M.  Liais. 

»  On  sait  que  lorsqu'on  veut  multiplier  beaucoup  les  observations  ma- 
gnétiques, on  est  obligé  d'avoir  recours  à  des  instruments  de  variation  qui 
font  connaître,  soit  au  moyen  de  microscopes  que  l'on  pointe  sur  des  fils 
portés  par  les  aiguilles,  soit  au  moyen  d'échelles  et  de  lunettes  fixes  et  de 
miroirs  assujettis  sur  les  barreaux  aimantés,  les  changements  des  éléments 
magnétiques.  Ces  instruments  sont  comparés  de  temps  en  temps  avec  d'au- 
tres instruments  susceptibles  de  donner  des  valeurs  absolues,  mais  qui  sont 
d'un  emploi  plus  long  et  plus  difficile. 

»  Dans  les  observatoires  magnétiques  où  les  indications  des  instruments 
sont  tracées  d'une  manière  continue  par  la  photographie,  ce  tracé  fournit 
les  observations  de  variation.  Il  semblerait  donc  inutile  de  conserver  les 
dispositions  usuelles  destinées  à  l'observation  directe  des  variations,  si  les 
positions  relatives  des  instruments,  des  points  lumineux  et  des  appareils 
enregistreurs,  présentaient  des  conditions  de  stabilité  égales  à  celle  que  l'on 
donne  aux  instruments  ordinaires  de  variation.  Mais  cela  n'ayant  pas  tou- 
jours eu  lieu  dans  les  observatoires  actuels,  on  a  dû  combiner  l'emploi 
du  tracé  photographique  avec  les  procédés  ordinaires ,  pour  l'observation 
directe  de  la  variation.  Le  contrôle  n'eût  pas  été  assez  fréquent  s'il  n'avait 
dû  être  effectué  qu'au  moyen  des  instruments  employés  pour  les  détermi- 
nations absolues.  Il  résulte  de  cet  état  de  choses  un  accroissement  du  ser- 
vice des  observations,  une  complication  des  réductions,  et,  ce  qui  est  le 
plus  grave,  une  moindre  exactitude. 

»  Ces  inconvénients  ont  été  évités  à  l'Observatoire  de  Paris,  et  pour  cela 


(75'  ) 
on  a  d'abord  donné  à  la  partie  photographique  une  stabilité  au  moins  égale 
à  celle  que  l'on  donne  ordinairement  aux  appareils  pour  l'observation  di- 
recte des  variations.  La  partie  directe  serait  dès  lors  devenue  inutile,  si  elle 
n'avait  fait  que  fournir  un  moyen  de  répéter  ce  que  l'on  avait  déjà  par  la 
photographie.  Mais  on  a  voulu  obtenir  davantage  et  on  a  pris  des  disposi- 
tions nouvelles  pour  rendre  les  observations  de  variation  indépendantes  de 
la  stabilité  des  piliers  et  des  lunettes,  ce  qui  leur  donne  un  degré  de  pré- 
cision supérieur.  De  plus,  on  a  voulu  que  ces  disposiiions,  destinées  à  l'ob- 
servation directe  des  variations,  pussent  servir  pour  des  mesures  absolues, 
promptes  et  faciles,  sans  être  obligé  de  recourir  à  l'emploi  d'autres  instru- 
ments. 

»  Le  pavillon  qui  renferme  les  instruments  magnétiques  est  à  l'angle  sud- 
est  de  la  terrasse  de  l'Observatoire.  L'une  de  ses  fenêtres  est  placée  dans  le 
méridien  du  cercle  mural  de  Fortin.  A  l'intérieur  du  pavillon,  sur  le  pro- 
longement de  l'axe  optique  de  la  lunette  de  ce  cercle,  se  trouve  un  pilier 
allongé  dans  le  sens  du  méridien.  C'est  sur  ce  pilier  que  se  font  les  observa- 
tions directes.  Il  porte  un  théodolite  avec  lunette  centrée.  Une  trappe  mé- 
nagée dans  le  toit  permet  d'apercevoir  la  polaire  avec  le  théodolite.  On 
voit  donc  que  l'on  a  deux  moyens  d'obtenir  la  direction  du  méridien  astro- 
nomique :  l'observation  directe  de  la  polaire,  et  le  pointé  au  cercle  mural 
de  Fortin,  employé  comme  collimateur.  Ce  dernier  procédé  est  très-com- 
mode, car  on  connaît  toujours  la  situation  du  cercle  de  Fortin  par  rapport 
au  méridien.  On  peut  donc  sans  inconvénient  déplacer  le  théodolite  sur 
son  pilier,  l'avancer  ou  le  reculer,  et  l'on  retrouve  toujours  le  méridien 
astronomique  en  moins  d'une  minute. 

»  Au  nord-ouest  du  pilier  qui  porte  le  théodolite  se  trouve  la  boussole 
de  déclinaison.  Le  barreau  aimanté  est  un  cylindre  creux  de  20  cen- 
timètres de  longueur.  Cette  disposition  présente  l'avantage  de  four- 
nir des  aimants  puissants  d'un  faible  poids  ;  car  on  sait  qu'à  partir  d'une 
certaine  limite  d'épaisseur,  un  fer  creux  s'aimante  à  peu  près  au  même 
degré  qu'un  fer  plein.  Il  est  important  d'avoir  des  barreaux  légers  et  puis- 
sants pour  augmenter  le  degré  de  précision  des  observations,  puisque  les 
erreurs  que  l'on  peut  avoir  à  craindre,  viennent  surtout  de  la  torsion  des 
faisceaux  de  suspension,  et  le  couple  de  cette  torsion  est  proportionnel  au 
poids  du  système  suspendu  (le  faisceau  a  d'ailleurs  à  porter,  outre  le  bar- 
reau, le  miroir  destiné  à  l'enregistrement  photographique).  On  a,  en  outre, 
un  avantage  évident  à  ce  que  le  couple  magnétique  soit  le  plus  grand 

99- 


(75*) 
possible  par  rapport  à  la  pesanteur.  Or  il  ne  faut  pas  tendre  à  ce  résultat 
par  un  accroissement  de  longueur  du  barreau,  accroissement  qui  ne  se 
ferait  pas,  au  reste,  sans  augmentation  de  poids,  et  qui,  en  écartant  les  pôles, 
aurait  l'inconvénient  d'augmenter  les  influences  réciproques  des  barreaux 
des  divers  instruments. 

»  Le  barreau  étant  creux,  on  en  a  fait  une  lunette  collimateur.  Il  porte  à 
l'une  de  ses  extrémités,  au  sud,  une  lentille  ;  à  l'autre,  au  nord,  une  échelle 
horizontale  divisée.  Cette  échelle  est  au  foyer  principal  de  la  lentille.  Les 
rayons  qui  en  émanent  sortent  parallèles,  de  sorte  que  l'échelle  est  visible 
avec  le  théodolite  et  observable  avec  la  même  position  du  réticule  que 
quand  on  vise  à  la  polaire  ou  au  cercle  de  Fortin. 

»  Ainsi  donc,  pour  obtenir  une  déclinaison  absolue,  il  suffit,  après  avoir 
visé  au  cercle  de  Fortin  avec  le  théodolite,  de  viser  au  zéro  de  l'échelle  du 
barreau  aimanté,  puis  de  renverser  ce  barreau  à  cause  de  l'angle  entre  l'axe 
optique  et  l'axe  magnétique,  de  viser  une  seconde  fois,  et  de  prendre  la 
moyenne  des  deux  lectures.  Au  reste,  il  n'est  pas  nécessaire  de  renverser  le 
barreau  chaque  fois.  Ayant  obtenu  l'angle  entre  l'axe  optique  et  l'axe  ma- 
gnétique par  une  observation,  on  peut  corriger  les  observations  à  une  seule 
lecture  à  l'aide  de  cette  valeur,  et  l'on  n'a  plus  à  opérer  de  retournement 
que  de  temps  en  temps  pour  juger  de  la  constance  de  l'angle  formé  par 
l'axe  optique  et  l'axe  magnétique. 

»  Les  mouvements  du  théodolite  sur  son  pilier  ont  permis  de  rendre 
fixe  le  centre  de  la  boussole.  Le  faisceau  de  suspension  a  i  mètres  de  lon- 
gueur :  on  sait  que  le  couple  de  torsion  est  en  raison  inverse  de  cette  lon- 
gueur. Le  cercle  de  torsion  est  muni  d'un  vernier  et  donne  les  minutes.  Il 
est  supporté  par  un  système  de  colonnes  en  cuivre.  Le  faisceau  traverse  un 
tube  de  verre,  et  la  boussole  est  renfermée  dans  une  boîte  octogone  formée 
par  des  glaces  à  renversement.  Des  lames  de  cuivre  sont  disposées  au-dessus 
et  au-dessous  du  barreau  pour  réduire  l'amplitude  des  oscillations  et  facili- 
ter par  là  les  observations  directes,  et  surtout  le  tracé  photographique.  Un 
barreau  de  cuivre  collimateur  peut  être  substitué  au  barreau  de  fer  pour 
anéantir  la  torsion. 

»  Le  tracé  photographique  s'opère  de  la  manière  suivante.  Le  barreau 
supporte  un  miroir  concave  en  métal  qui  se  meut  avec  lui.  A  65  centimètres 
de  ce  miroir  se  trouve  un  bec  de  gaz  dont  la  cheminée  présente  une  fente 
verticale  du  côté  du  miroir.  Les  rayons  émanés  de  cette  fente  et  réfléchis 
par  le  miroir  forment  à  3  mètres  du  miroir,  au  foyer  conjugué,  une  image 


(753) 
de  cette  fente  verticale.  La  fente  n'est  pas  sur  l'axe  même  du  miroir,  afin 
d'éviter  que  les  rayons  réfléchis  ne  soient  interceptés  par  la  cheminée; 
mais  elle  est  légèrement  déviée.  Par  cette  disposition,  on  voit  que  l'image 
de  la  fente  se  meut  horizontalement,  par  rapport  au  centre  de  la  boussole, 
d'un  angle  double  de  celui  du  barreau.  Un  système  de  deux  lentilles  cylin- 
driques de  3o  centimètres  de  longueur,  et  à  court  foyer,  construites  par 
M.  Beyerlé,  est  disposé  horizontalement  de  manière  à  concentrer  en  un 
point  lumineux  l'image  de  la  fente,  sans  cependant  réagir  sur  la  direction 
de  ce  point.  Ces  lentilles  auraient  été  inutiles  si  la  source  de  lumière  avait 
été  un  point,  au  lieu  d'une  fente,  mais  alors  on  n'aurait  pas  eu  assez  de  lu- 
mière pour  obtenir  un  tracé  photographique. 

»  Derrière  les  lentilles  cylindriques  se  trouve  un  cylindre  de  20  centi- 
mètres de  diamètre  recouvert  de  papier  photographique  et  auquel  un  chrono- 
mètre imprime  une  rotation  d'un  tour  en  vingt-quatre  heures.  Ce  cylindre 
reçoit  le  point  lumineux  dont  les  déplacements  ont  lieu  parallèlement  à  son 
axe.  Le  cylindre  étant  animé  d'un  mouvement  de  rotation,  le  point  lumi- 
neux décrit  à  sa  surface  une  courbe  qui  impressionne  le  papier  sensible. 

»  Sur  la  monture  du  cylindre  se  trouve  une  lentille  munie  d'un  prisme  au 
moyen  de  laquelle  un  second  bec  de  gaz,  fixé  sur  le  même  pilier  que  ce 
cylindre,  trace  photographiquement  une  ligne  de  repère.  C'est  la  variation 
de  la  distance  entre  cette  ligne  de  repère  et  la  courbe,  distance  indépen- 
dante de  la  position  donnée  au  papier  sur  le  cylindre,  qui  fait  connaître  les 
changements  de  la  déclinaison.  Un  obturateur  permet  de  faire  sur  la 
courbe  de  petites  interruptions  qui  servent  à  fournir  des  repères  pour  régler 
l'échelle  des  heures. 

»  Sur  le  même  cylindre  enregistreur  se  trouve,  du  côté  opposé  au  point 
lumineux  fourni  par  la  boussole  de  déclinaison,  un  troisième  point  lumineux 
qui  trace  la  courbe  des  variations  de  la  force  horizontale.  Ce  troisième  point 
est  fourni  par  le  magnétomètre  bifilaire,  placé  sur  un  pilier  à  l'angle  sud- 
ouest  du  pavillon. 

»  Un  barreau  semblable  à  celui  de  la  boussole  de  déclinaison  est  main- 
tenu par  une  suspension  à  deux  fils,  dans  un  plan  perpendiculaire  au  mé- 
ridien magnétique.  Son  pôle  nord,  celui  qui  porte  l'échelle  divisée,  est  à 
l'ouest.  Ce  barreau  est  observable  avec  le  même  théodolite  que  la  boussole 
de  déclinaison.  Cette  disposition  permet  de  déterminer  rapidement,  en  un 
instant  quelconque,  la  situation  exacte  de  l'axe  magnétique  de  ce  barreau 
par  rapport  au  méridien  astronomique.  En  faisant  cette  détermination  pour 


(  754) 
diverses  lectures  da  cercle  de  torsion,  on  en  peut  déduire  l'angle  de  torsion 
nécessaire  pour  amener  l'axe  magnétique  dans  le  plan  perpendiculaire  au 
méridien  magnétique.  Connaissant  alors  le  poids  de  l'appareil,  l'écartement 
des  crochets  de  suspension  et  la  longueur  du  faisceau,  on  a,  en  fonction  de 
la  pesanteur,  la  valeur  du  couple  de  torsion  qui  fait  équilibre  au  couple 
magnétique  :  ce  dernier  couple  a  pour  mesure  le  produit  du  moment  ma- 
gnétique du  barreau  par  la  force  horizontale  du  globe.  Si  alors  on  dévie, 
suivant  la  méthode  de  Gauss,  la  boussole  de  déclinaison  avec  le  barreau 
bifilaire,  pour  en  déduire  le  rapport  du  moment  magnétique  de  ce  barreau 
à  la  force  du  globe,  on  a  les  éléments  nécessaires  pour  obtenir  la  mesure  de 
la  force  horizontale  du  globe.  Cette  opération  a  été  faite  le  21  mars  dernier, 
entre  4  et  5  heures  du  soir,  par  M.  Liais.  Il  a  trouvé  1 ,8g44>  en  unités  mé- 
triques, pour  la  force  horizontale  magnétique  du  globe  à  cette  époque. 

»  Les  faisceaux  de  suspension  du  magnétomètre  bifilaire  sont  renfermés 
dans  un  tube  de  verre  ;  ils  ont  un  mètre  de  longueur.  Le  barreau  est  ren- 
fermé dans  une  boîte  octogone  en  glace,  semblable  à  celle  de  la  boussole 
de  déclinaison.  Le  barreau  est  également  placé  entre  deux  planches  de 
cuivre  et  porte,  pour  l'enregistrement  photographique,  un  miroir  concave 
en  tout  semblable  à  celui  de  la  boussole  de  déclinaison. 

»  Le  moment  magnétique  d'un  barreau  aimanté  changeant  avec  !a 
température,  et  la  situation  du  barreau  dépendant  du  produit  de  ce  mo- 
ment magnétique  par  la  force  du  globe,  il  en  résulterait  la  nécessité  de 
corriger  les  courbes  des  influences  de  la  température,  point  par  point,  si 
l'on  n'avait  compensé  l'instrument  contre  les  effets  de  la  chaleur.  M.  Brooke 
a  obtenu  cette  compensation  en  faisant  varier  le  couple  de  torsion,  sous  l'in- 
fluence de  la  température,  dans  le  même  rapport  que  le  magnétisme  du 
barreau  dont  les  variations  ont  été  préalablement  déterminées  par  expé- 
rience. Il  a  suffi  pour  cela  de  faire  en  sorte  que  les  deux  crochets  de 
suspension  se  rapprochent  quand  la  température  s'élève,  effet  que  l'on  a 
obtenu  par  l'inégalité  de  dilatation  du  verre  et  du  zinc.  L'instrument  peut 
à  volonté  fonctionner  avec  ou  sans  la  compensation. 

a  Le  magnétomètre  de  force  verticale  est  placé  à  l'est  du  pavillon.  11 
consiste  en  un  barreau  collimateur  semblable  (1)  à  ceux  des  deux  autres 


(1)  Les  trois  barreaux  sont  semblables  afin  de  pouvoir  être  substitués  l'un  à  l'autre 
dans  les  trois  instruments,  pour  les  comparer,  et  déterminer  dans  la  suspension  de  la 
boussole  de  déclinaison  la  situation  des  axes  magnétiques  par  rapport  aux  axes  optiques. 


(755) 
instruments,  et.  supporté  sur  plan  d'agate  par  une  suspension  de  balance  à 
couteaux  d'agate.  Ces  couteaux  sont  dans  le  méridien  magnétique,  de  sorte 
que  le  barreau  se  meut  dans  un  plan  perpendiculaire  au  méridien  magné- 
tique. Son  magnétisme  tendrait  alors  à  le  rendre  vertical,  mais  un  contre- 
poids le  maintient  horizontal.  Les  variations  de  la  force  verticale  du  magné- 
tisme font  incliner  cet  instrument  comme  une  balance  ;  sa  sensibilité  dépend 
de  l'abaissement  du  centre  de  gravité  et  se  règle  à  volonté.  Comme  pour  le 
magnétomèlre  bifilaire  il  faut  une  compensation  contre  les  effets  de  la 
température,  cette  compensation  est  obtenue  par  un  thermomètre  porté 
par  le  barreau,  et  dont  les  dimensions  ont  été  déterminées  par  M.  Brooke, 
d'après  l'étude  des  variations  du  magnétisme  du  barreau.  Quand  la  tempéra- 
ture s'élève,  l'élévation  du  thermomètre  augmente  le  poids  du  côté  du  pôle 
nord  du  barreau.  Ce  thermomètre  peut  être  enlevé  à  volonté.  La  situation 
de  l'axe  magnétique  par  rapport  à  l'horizon  et  au  méridien  magnétique  peut 
être  sans  cesse  déterminée  par  le  théodolite. 

»  L'enregistrement  photographique  se  fait  comme  pour  les  deux  autres 
instruments,  sauf  que  le  mouvement  du  point  lumineux,  au  lieu  d'avoir  lieu 
dans  un  plan  horizontal,  a  lieu  dans  un  plan  vertical.  Cette  condition  a  forcé 
à  employer  un  cylindre  différent  de  celui  qui  sert  aux  deux  autres  in- 
struments. 

»  La  préparation  des  papiers  photographiques  n'est  pas  un  obstacle  à 
l'emploi  des  instruments  à  indications  continues.  A  l'Observatoire  de  Paris, 
on  a  abandonné  les  procédés  humides  qui  obligeaient  à  préparer  le  papier 
chaque  jour  et  à  faire  paraître  immédiatement  les  épreuves;  on  a  également 
abandonné  les  papiers  cirés,  qui  sont  dispendieux  et  longs  à  préparer  à  cause 
du  séjour  prolongé  qu'il  faut  leur  faire  subir  sur  un  bain.  On  a  tenu  à  obtenir 
des  épreuves  sur  papier  ordinaire  et  sec.  En  quelques  heures  on  peut  pré- 
parer du  papier  pour  quinze  jours,  et  se  contenter  de  faire  paraître  les 
épreuves  à  l'acide  gallique  à  la  fin  de  chaque  semaine. 

»  Le  papier  est  sensibilisé  avec  l'iodure  et  le  bromure  d'ammonium,  le 
nitrate  d'argent  et  l'acide  acétique.  Après  avoir  été  séché,  il  est  conservé 
à  l'abri  de  la  lumière,  et  est  en  état  d'être  employé.  Les  feuilles  retirées 
des  cylindres  sont  conservées.  On  fait  paraître  les  images  avec  l'acide 
gallique  dilué,  et   on  les  fixe  à  l'hyposulfite  de  soude.   » 


(756) 

phycologie.  —  Noie  sur  deux  Algues  nées  pendant  les  expériences 
de  M.  Boussingault,  relatives  à  V action  du  salpêtre  sur  la  végétation; 
par  M.   C.   Montagne. 

«  Dans  une  des  séances  du  mois  de  novembre  dernier,  vous  avez  entendu 
la  lecture  de  l'important  Mémoire  de  M.  Boussingault  sur  un  sujet  qui, 
intéressant  à  un  égal  degré  la  physiologie  végétale,  la  chimie  organique  et 
l'agriculture,  ne  pouvait  manquer,  à  ces  différents  titres,  de  captiver  votre 
attention. 

»  Dans  le  cours  des  ingénieuses  expériences  sur  la  végétation  dont  vous 
a  entretenus  notre  savant  confrère,  il  s'est  produit  à  la  surface  extérieure 
de  l'un  des  pots  à  fleurs  où  étaient  déposées  les  plantes  en  expérience,  de 
petits  végétaux  foliacés,  verdàtres,  qu'il  en  a  pu  détacher,  tandis  que,  dans 
un  autre  vase,  le  sol  siliceux  factice  sur  lequel  il  opérait,  se  couvrit  peu  à 
peu  et  par  places  d'une  autre  végétation  verte  aussi,  mais  filamenteuse, 
également  étrangère  aux  plantes  qui  faisaient  l'objet  de  ses  curieuses 
recherches. 

»  M.  Boussingault  ayant  bien  voulu  me  remettre  des  exemplaires  de  ces 
deux  végétations  presque  microscopiques,  et  m'engager  à  les  étudier  pour 
en  rendre  compte  à  l'Académie,  c'est  pour  répondre  à  son  désir  que  je 
m'en  suis  occupé,  et  qu'après  un  scrupuleux  examen  je  viens  remplir 
aujourd'hui  cette  tâche.  Mais  avant  de  dire  en  quoi  elles  consistent,  il  est 
bon  de  rappeler  les  conditions  dans  lesquelles  elles  se  sont  produites. 

»  Pour  faire  germer  les  différentes  graines  qu'il  a  soumises  à  ses  essais, 
notre  confrère  s'est  servi  de  pots  à  fleurs  en  terre  cuite  préalablement 
chauffés  au  rouge,  comme  le  sol  arénacé  lui-même  dans  lequel  étaient 
déposées  ces  graines.  Les  pots  étaient  en  outre  abrités  contre  la  pluie,  mais 
de  façon  pourtant  à  ne  pas  empêcher  un  libre  accès  à  l'air  extérieur.  Les 
arrosements  ont  été  pratiqués  pendant  trois  mois  avec  de  l'eau  parfaitement 
pure,  en  sorte  qu'elle  ne  pouvait  renfermer  aucun  germe  étranger  aux 
plantes  en  expérimentation. 

»  Je  disais  tout  à  l'heure  que  deux  cryptogames  fort  différentes  s'étaient 
développées  pendant  les  expériences;  elles  appartiennent  l'une  et  l'autre  à 
la  grande  classe  des  Algues.  La  première,  qui  est  un  Nostoc  (i),  ne  s'est 

(1)  Nostoc  Boussingacltii  ,  Montg.  mss.  :  pusillus ;  fronde  papyraceo-membranacea , 
plana,    ambitu   laciniato-lobata  ,  primo   viridi-cœrulea ,    tandem  fulvescente ,   filis  dense 


(  757  ) 
montrée  qu'en  dehors  d'un  pot  dans  lequel  de  l'avoine  avait  végété  pen- 
dant trois  mois,  tandis  que  la  seconde  avait  exclusivement  fixé  son  habitat 
sur  le  sable  calciné  d'un  autre  pot  où  rien  n'avait  été  semé. 

»  Je  dois  encore  avertir  que  ces  deux  productions  ne  se  sont  montrées 
ni  sur  le  vase  à  fleurs,  ni  sur  le  sol  factice,  lorsque  l'expérience  avait  lieu 
dans  des  appareils  clos. 

»  Le  Nostoc  est  remarquable  par  sa  petitesse.  Les  plus  grands  individus 
ont  de  3  à  4  millimètres  de  diamètre,  mais  il  y  en  a  une  infinité  d'autres 
d'une  dimension  bien  inférieure,  quoique  sous  le  microscope  leur  organi- 
sation se  montre  identique  à  celle  des  premiers.  Ceux-ci  représentent,  à 
l'état  sec,  une  sorte  de  calotte  déprimée  dont  le  bord  évasé  et  retroussé 
prend  un  point  d'appui  sur  la  paroi  du  vase  ;  mais,  pendant  la  vie, 
M.  Boussingault  les  a  toujours  vus  planes  et  appliqués.  Ils  sont  membra- 
neux, d'une  excessive  ténuité,  presque  papyracés  et  déchiquetés  à  la  péri- 
phérie, qui  est  comme  frangée. 

»  Les  petits  individus,  incomparablement  plus  nombreux,  mesurent  à 
peine  un  demi-millimètre  dans  leur  diamètre  et  offrent  une  apparence  furf  u- 
racée.  Leur  couleur  est  d'un  vert  tirant  sur  le  bleu,  quand  on  les  examine 
par  transparence,  mais  elle  devient  fauve  ou  jaunâtre  dans  l'âge  adulte  du 
Nostoc.  Comme  chez  toutes  les  espèces  de  ce  genre,  la  fronde  gélatineuse 


implicatis  ,  diametro  inter  12  et  iS  millim.  secundum  cetatem  variantibus,  maxime  flexuosis, 
nrticulis'  globosis  approximatis ,  peridermide  achromatica  aut  fuscescente .  —  Hab.  Supra 
faciem  vasorum  fictilium  exteriorem  gregatim  expansum.  — Celeberrimo  inventori ,  ut  par 
erat,  dicatum. 

Si  quelque  Nostoc  pouvait  être  mis  en  parallèle  avec  celui  que  je  viens  de  signaler  ici, 
ce  serait  indubitablement  le  N.  papyraceum  C.  Ag. ,  caractérisé  par  ces  seuls  mots  dans  le 
Systema  Algaram  :  «  /ronde  membranacea  ,  Jîlis  crassissimis  »  ,  évidemment  insuffisants 
pour  le  faire  reconnaître  aujourd'hui ,  en  l'absence  d'exemplaires  authentiques.  Aussi  les 
monographes,  M.  Meneghini  entre  autres,  l'ont-ils  placé  parmi  les  espèces  douteuses,  ou 
qui  réclament  une  ultérieure  investigation.  M.  Kùtzing  est  le  seul  qui  en  tienne  compte  dans 
son  Species ,  mais  il  le  place  parmi  ses  Hormosiphons,  en  lui  assignant  pour  caractère  micro- 
scopique des  filaments  moniliformes ,  dont  les  articles  sont  reliés  entre  eux  par  une  gaîne 
mucilagineuse  d'un  diamètre  presque  double  ,  particularité  étrangère  à  notre  plante. 

Si  l'on  s'en  tenait  aux  termes  de  la  définition  que  Sulliard  donne  (  Hist.  des  Champignons , 
p.  226  ,  PL  499  ,  fig.  1  )  de  sa  Tremella  laciniata ,  espèce  que  de  Candolle  place  dans  les 
Nostocs ,  on  serait  tenté  d'y  rapporter  le  N.  Boussingaultii.  Toutefois  un  exemplaire 
authentique  du  champignon  de  Bulliard  ,  reçu  de  M.  Lenormand  ,  de  Vire ,  dissuade  sur-le- 
champ  de  faire  un  tel  rapprochement,  et  montre  plutôt  que  M.  Duby  pourrait  bien  avoir 
raison  quand  il  le  rejette  parmi  les  Collema  stériles.  Voyez  Bot.  Gall.  ,  t.  II,  p.  1020. 

C.  R.  i856,  1"  Semestre.  (T.  XLII,  N°  17.)  IOO 


(  758) 

se  ramollit  promptement  quand  on  l'humecte;  elle  est  aussi  composée 
comme  elles  de  globules  rapprochés  en  filaments  moniliformes,  nom- 
breux, agglomérés,  très-flexueux  et  contournés,  et  plongés  dans  une  sorte 
de  gelée  transparente  fort  avide  d'eau  Une  pellicule  épidermique  anhiste 
(périderme),  excessivement  mince,  relie  le  tout.  Les  globules  qui  consti- 
tuent les  filaments  de  notre  plante  varient  considérablement  de  grosseur 
selon  l'âge  où  on  les  observe.  Dans  l'état  de  parfaite  évolution,  ils  ont 
un  diamètre  d'environ  omm,oo25,  mais  dans  le  jeune  âge  ils  mesurent  à 
peine  la  moitié  de  cette  dimension.  Ils  semblent  reliés  en  colliers  par  un 
tube  anhiste  ou  une  sorte  de  gaîne  de  mucilage  qui  les  retient  dans  cette 
position.  On  voit  de  distance  en  distance  un  globule,  de  moitié  plus  gros, 
qui  achève  de  donner  à  ces  filaments  une  ressemblance  encore  plus  frap- 
pante avec  un  chapelet.  Je  reviendrai  plus  loin  sur  le  mode  de  reproduction 
de  cette  espèce.  . 

»  Confondus  par  Linné  lui-même  avec  les  Tremelles,  qui,  dans  une  série 
parallèle,  offrent  une  structure  différente  et  sont  de  vrais  champignons,  les 
Nostocs  sont  des  plantes  très-vulgaires  et  connues  de  tout  le  monde  (i).  La 
plus  commune  des  espèces  naît  abondamment  et  croît  avec  rapidité  après 
les  pluies  des  saisons  chaudes  au  milieu  des  prés,  dans  les  allées  et  sur  les 
plates-bandes  de  nos  jardins,  où  elle  est  désignée  sous  les  noms  populaires 
de  Perce-terre,  Crachat  de  mai  ou  de  lune,  et  plus  anciennement  sous  ceux 
de  Cœliflos,  Cœtijolium.  Il  en  est  d'autres  qui  vivent  attachées  aux  pierres  au 
fond  des  eaux  courantes  (/V.  verrucosum)  ou  fixées  aux  plantes  qui  nagent  à 
leur  surface.  Parmi  ces  derniers  Nostocs,  il  y  en  a  un  qui  croît  dans  les  ruis- 
seaux de  la  Tartarie  (N.  edulé)  et  dont,  au  rapport  de  Gaudichaud,  on  fait 
en  Chine  des  potages  fort  estimés. 

»  Il  ne  saurait  entrer  dans  mes  vues  de  m'étendre  plus  longuement,  sili- 
ce genre,  qui  a  cependant  mérité  de  fixer  l'attention  de  deux  Membres  de 
cette  Académie,  Geoffroy  (2)  et  l'illustre  Réaumur  (3)  et  de  quelques  autres 

(1)  Ce  nom  de  Nostoc  ou  Nostoch,  dont  Pétymologie  m'est  inconnue,  paraît  pour  la  pre- 
mière fois  dans  Paracelse  (tom.  II,  p.  5o3  b).  L'opinion  du  célèbre  alchimiste  sur  l'origine 
de  cette  production,  qu'il  croyait  engendrée  el  alimentée  par  l'air,  est  assez  curieuse  pour 
mériter  d'être  rapportée  ici  :  Sic  etiam  quidquid  aer  gignit  et  ex  aère  est  vivitque  vel  oritur, 
ut  Tereniabin,  Nostoch,  Manna,  Melissa,  etc.,  id  etiam  in  sese  virtutes  cœlicas  et  aerias  con- 
tinet  et  a  cœlo  vel  aère  sustentatur  veluti  aves,  quœ  in  aère  librantur  et  inde  vwunt. 

(2)  Observations  sur  le  Nostoc,  qui  prouvent  que  c'est  réellement  une  plante.  Mémoire,  de 
l'Académie  des  Sciences,  année  1 708,  p.  228. 

(3)  Observations  sur  la  végétation  du  Nostoc.  Ibid,  année  1722,  p.  161 . 


!(  7*9  ) 
naturalistes  fort  distingués,  parmi  lesquels  il  me  suffira  de  nommer  Vau- 
cher  (i)  de  Genève  et  M.  Meneghini  (2),  professeur  d'histoire  naturelle  à 
Pise. 

a  Mais  si  une  simple  délimitation  de  genres,  si  de  pures  distinctions  spé- 
cifiques, notamment  dans  cet  ordre  de  végétaux,  ne  doivent  pas  prétendre 
d'occuper  vos  précieux  moments,  il  n'en  peut  être  ainsi,  je  me  persuade,  de 
ce  qui  intéresse  particulièrement  l'organisation  et  la  biologie  des  êtres  natu- 
rels. Or,  la  description  que  je  viens  de  donner  du  nouveau  Nostoc  faisant 
assez  connaître  la  structure  générale  de  ces  plantes,  il  ne  me  reste  donc, 
pour  compléter  leur  histoire,  qu'à  indiquer  le  point  où  en  est  arrivée  une 
question  beaucoup  plus  importante,  celle  de  leur  mode  de  multiplication. 

»  Le  temps  n'est  pas  encore  bien  éloigné  où  l'on  croyait  que  les  grains 
les  plus  gros  des  filaments  moniliformes,  ceux  qui  représentent  les  Pater 
d'un  chapelet  ordinaire,  étaient  les  seuls  corps  reproducteurs  des  nouveaux 
Nostocs.  J'ai  moi-même  partagé  l'opinion  commune  (3\  C'est  l'analogie  qui 
conduisait  à  penser  ainsi,  car,  à  cette  époque,  nul  n'avait  essayé  d'isoler 
ces  globules  pour  en  suivre  à  part  la  germination,  ce  qui,  vu  leur  excessive 
exiguïté,  n'aurait  guère  été  possible  autrement  que  sous  le  miscroscope.  C'est 
aussi  l'idée  que  s'en  faisaient  et  que  s'en  font  encore  en  ce  moment  les  phy- 
cologistes  qui  les  nomment  Spermaties.  Mais  dès  1 838  M.  Dujardin,  dans 
sa  thèse  inaugurale,  avait  écrit  que  c'était  sans  preuves  qu'on  les  avait  re- 
gardés comme  des  organes  reproducteurs. 

»  Les  petits  corps  observés  par  Micheli  (4)  et  Réaumur  à  la  surface  de  la 
plante  quand  elle  végète,  et  dont  le  premier  de  ces  savants  compare  le  vo- 
lume et  la  forme  à  ceux  d'un  grain  de  millet,  ne  sont  pas  des  spores,  ni 
mêmes  des  gemmes,  mais  doivent  être  bien  plutôt  tenus  pour  de  jeunes 
Nostocs  ou  des  sortes  de  prolifications  de  la  plante  mère,  également  propres 


(1)  Histoire  des  Confervcs  d'eau  douce;  Genève,  i8o3,  in-4°. 

(2)  Monographia  Nostochinearum  italicarum,  in  Memorie  délia  R.  Acad.  dette  Scienze  di 
Torino,  ser.  II,  tom.  V. 

(3)  Voyez  Duchartre,  Revue  Botanique,  tom.  I,  p.  24 '•  Analyse  d'un  Nostoc  pruniformc 
communiqué  par  M.  Cauchy. 

(4)  In  superficie  planta;  primœ  speciei  (  Linkia  terrestris  =  Nostoc  commune)  interdum 
reperiuntur  nonnulla  corpora  (B.  t.  67)  grani  panici  magnitudine  et  forma,  ejusdem  cum  planta 
coloris  ac  naturœ Hujusmodi  corpora  progressu  temporis  possunt  evadere  tôt  plan- 
tée, vel  quod  sint  particulœ  vividœ  ejusdem  plantœ,  vel  quod  eodem  semine  sint  munitœ. 
Micheli,  Nova  Gênera  Plantarum,  p.  126. 

IOO.. 


(76o) 
à  propager  l'espèce.  Les  plus  gros  globules  des  filaments  moniliformes  aux- 
quels on  attribue  cette  fonction  et  qui  n'y  sont  peut-être  pas  toujours  étran- 
gers, ces  globules  ayant  tout  au  plus  un  centième  de  millimètre  de  diamètre, 
ne  sauraient  être  visibles  à  l'œil  nu  que  dans  le  seul  cas  où,  supposant 
vraie  l'opinion  qui  leur  accorde  la  faculté  de  reproduire  le  Nostoc,  la  ma- 
tière protoplastique  renfermée  dans  leur  périderme  se  serait  développée  en 
jeunes  plantes.  C'est  peut  être  là  ce  qu'ont  vu  les  grands  observateurs  que 
je  viens  de  nommer  et  Vaucher  lui-même  dans  son  Nostoc  jphœricum  (i). 

»  Voici,  selon  le  botaniste  genevois  .(2),  comment  s'effectue  cette  repro- 
duction :  «  Lorsque  ce  globule,  dit-il,  plus  rond  et  plus  gros  que  les  antres, 
»  avait  acquis  une  forme  à  peu  près  spbérique,  il  se  détachait  insensible - 
»  ment  du  reste  du  filet  ;  le  globule  suivant  montrait  les  mêmes  apparences, 

»  et  enfin  la  totalité  du  filet  était  réduite  en   globules Ce   sont 

»  ces  globules  que  je  crois  être  les  commencements  du  Nostoc.  J'imagine 

»  qu'après  être  séparés  les  uns  des  autres ,  ces  grains  grossissent 

»  insensiblement  au  lieu  de  se  détruire,  qu'il  se  forme  dans  leur  intérieur 
»  des  filets  semblables  à  ceux  dont  ils  faisaient  partie,  etc.  » 

»  Ces  mots  je  crois ,  j 'imagine ,  que  j'ai  exprès  soulignés,  montrent  suffi- 
samment que  Vaucher,  observateur  si  exact  et  si  consciencieux,  n'avait 
pas  acquis  une  complète  certitude  sur  ce  mode  de  multiplication. 

»  Le  doute  émis  à  cet  égard  par  M.  Dujardin  a  peut-être  éveillé  chez 
M.  Thuret  le  désir  de  s'assurer  par  l'observation  si  les  choses  se  passaient 
réellement  de  cette  façon.  Toujours  est-il  que  cet  habile  phycologiste  a  suivi 
avec  attention  toute  la  morphose  du  Nostoc  verrucosum  et  qu'il  y  a  décou- 
vert un  nouveau  mode  de  propagation  ignoré  jusqu'à  lui.  Il  a  constaté  que 
dans  cette  plante  le  jeune  Nostoc  ne  tire  pas  son  origne  d'un  seul  des  glo- 
bules les  plus  gros  des  filaments  moniliformes  nageant  dans  la  gangue  mu- 
cilagineuse,  mais  bien  d'un  certain  nombre  de  grains  ordinaires  restés  en 
place  dans  la  gaîne  transparente  qui  les  relie,  c'est-à-dire  des  chapelets 
eux-mêmes.  Je  renverrai  à  l'intéressante  Note  de  M.  Thuret  (3)  pour  les 
détails  relatifs  à  l'histoire  de  cette  bien  curieuse  métamorphose.  Mais  ce 


(1)  Loc.  cit.,  p.  224,  PL  XFI,Jig.  2,  e. 

(2)  Loc.  cit.,  p.  208. 

(3)  Voyez  Annales  des  Sciences  naturelles,  3e  série,  tome  II,  page  3 19,  PL  IX. 

Les  chapelets  reproducteurs  ainsi   métamorphosés  ont  quelque  ressemblance  avec  ces 
Diaptoscn  que  M.  Itzigsohn  a  représentées  aux  figures  64-66  de  son  Mémoire  sur  VHapalo- 
sip/wn  Braunii  N*g.,  in  Jet.  Acacl.  Natur.  Curios.  Vol.  XXV,  P.  I. 


(76i  ) 
qu'il  importe  surtout  de  faire  remarquer  ici,  c'est  que  le  Nostoc  Boussin- 
gaultii,  quoique  vivant  à  l'air  libre,  m'a  présenté  tous  les  phénomènes,  si 
bien  décrits,  qui  accompagnent  la  propagation  du  Nostoc  verrucosum , 
espèce  rivulaire,  son  exiguïté  n'ayant  point  été  un  obstacle  à  ce  que,  grâce 
aux  nombreux  individus  d'âge  différent  qui  me  sont  passés  sous  les  yeux, 
j'aie  pu  suivre  toutes  les  transformations  successives  des  fragments  de  cha- 
pelets en  jeunes  Nostocs,  absolument  comme  si  je  les  eusse  étudiées  dans 
l'état  dévie. 

•a  II  est  une  autre  question  sur  laquelle  l'histoire  de  la  végétation  des  deux 
Algues  qui  sont  l'objet  de  cette  communication  pourrait  peut-être  jeter  quel- 
que lumière  :  je  veux  parler  du  mode  de  dissémination  des  spores.  Ne  peut- 
on  pas,  en  effet,  se  demander  comment,  nonobstant  des  précautions  si 
soigneusement  prises,  ces  Algues  ont  pu  naître  et  se  développer  l'une  en 
dehors,  l'autre  au  dedans  des  vases  à  fleurs,  si  l'on  ne  veut  pas  admettre 
que  leurs  spores  ou  leurs  gemmes  ont  pu  y  être  transportées  par  l'air  atmo- 
sphérique. J'avouerai,  pour  mon  compte,  que  je  n'imagine  pas  un  autre 
moyen  de  translation.  Si  l'on  m'objecte,  et  l'objection  se  présente  assez 
naturellement,  que  des  spores  si  excessivement  petites  ont  pu  fort  bien  être 
semées  en  même  temps  que  les  graines  des  plantes  phanérogames  qu'on 
avait  le  dessein  d'expérimenter,  je  demanderai  à  mon  tour  pourquoi  celles 
du  Nostoc  ont  germé  à  l'extérieur  du  vase  et  non  pas  dans  le  vase  lui-même 
où  elles  auraient,  selon  l'hypothèse,  été  déposées  avec  les  graines.  La  même 
objection  ne  peut  d'ailleurs  être  faite  contre  la  seconde  Algue,  puisque, 
comme  nous  allons,  le  voir  dans  l'instant,  celle-ci  a  fait  son  apparition  là 
où  rien  n'avait  été  semé.  Au  demeurant,  ces  exemples,  comme  beaucoup 
d'autres,  semblent  démontrer  que  si  l'atmosphère  et  ses  courants  sont  un 
moyen  de  dissémination  puissant  pour  le  pollen  des  plantes  dioïques,  et 
pour  certaines  graines  de  phanérogames  munies  d'ailes  ou  d'aigrettes,  elle 
est  encore  l'immense  réceptacle  commun  où  voltigent  réunies  pêle-mêle 
d'innombrables  spores  de  plantes  cryptogames  et  en  même  temps  le  véhi- 
cule qui  les  transporte  là  où  elles  doivent  trouver  les  conditions  nécessaires 
à  leur  développement.  Il  serait  impossible  autrement  de  se  rendre  raison  de 
l'infection  successive  de  tous  les  vignobles  de  l'Europe  par  Y  Oïdium  Tuc- 
keri.  Nous  sommes  loin,  il  est  vrai,  de  connaître  encore  les  circonstances 
qui  favorisent,  diminuent  ou  même  anéantissent  cette  tendance  des  germes 
infectants  à  se  répandre  au  loin  et  à  envahir  de  si  grands  espaces.  Quoi 
qu'il  en  soit,  le  fait  de  leur  translation  par  l'air  n'en  paraît  pas  moins  hors 
de  toute  contestation. 


(  7^) 

»  La  seconde  des  deux  Algues  que  m'a  remises  notre  honorable  confrère, 
a  pris  naissance  sur  le  sol  factice  arénacé  d'un  des  pots  où  nulle  graine 
n'avait  été  semée,  et  qui  devait  seulement  servir  de  terme  de  comparaison 
pour  les  expériences.  Ce  vase  avait  été  néanmoins  arrosé  avec  le  même 
soin  et  avec  la  même  eau  bien  pure  dont  on  s'était  servi  pour  arroser  le 
cresson.  Celle-ci,  bien  différente  de  la  première,  appartient  aux  Algues 
filamenteuses  de  la  tribu  des  Leptothricées,  assez  voisine  des  Nostocinées  ; 
(•'est  même  un  véritable  Leptothrix  (i). 

»  L'espèce,  que  je  crois  nouvelle,  quoiqu'il  soit  bien  difficile  de  trouver 
des  caractères  certains  propres  à  signaler  des  différences  spécifiques  dans 
ces  infiniment  petits ,  se  présente  à  l'œil  nu  sous  forme  d'un  velouté  du 
plus  beau  vert  étalé  sur  toute  la  surface  du  sable  qui  remplissait  le  vase 
à  fleurs,  et  qui  en  relie  entre  eux  tous  les  grains,  de  manière  à  en  former 
une  sorte  de  croûte  assez  solide  et  résistante  pour  être  soulevée  dans  son 
entier. 

»  Ce  velouté  est  formé  d'un  nombre  infini  de  filaments  dressés,  cylin- 
driques, de  la  plus  excessive  ténuité,  paraissant  continus  même  vus  aux 
plus  forts  grossissements,  800  diamètres  par  exemple,  mais  renfermant,  vus 
à  la  lumière  oblique,  une  série  de  globules  espacés  et  incolores  comme 
eux.  Ces  filaments  ont  une  longueur  qui  ne  dépasse  guère  de  6  à  8  cen- 
tièmes de  millimètre  et  un   diamètre  qui  atteint  à  peine  omm,ooi5.   Les 


(1)  Leptothrix  agglutinans  ,  Montg.  :  strato  mucoso  tenui  lœte  viridi  velutino,  siccitate 
nitido  agglutinante ,  filis  continuis  erectis  tenuissimis  flexuosis ,  6-8  centimill.  longis,  diame- 
tro  onim,ooi5  œquantibus,  glabulos  hyalinos  laxe  seriatos,  non  nisi  augmenta  maximo  luce- 
quc  oblique  rejlexa  conspicuos  includentibus.  —  Hab.  In  solo  arenaceo  haud  inseminato  at 
aqua  purissima  assidue  irrigato. 

Te  ne  connais  aucune  espèce  congénère  que  je  puisse  comparer  à  celle-ci,  ni  avec  laquelle 
elle  puisse  être  confondue,  si  l'on  pèse  bien  toutes  les  circonstances  qui  accompagnent  sa  vé- 
gétation. Je  ne  vois  en  effet  dans  le  Species  Algarum  de  M.  Kùtzing  que  les  L.  lutea,  L.  lurida 
et  L.  tenuissima  dont  les  filaments  soient  aussi  remarquablement  déliés.  Mais  des  deux  pre- 
miers, l'un  se  distingue  sur-le-champ  par  sa  couleur  jaune  d'or  tirant  sur  le  brun,  l'autre 
par  sa  couleur  améthyste,  tous  deux  par  l'habitat.  Reste  donc  le  L.  tenuissima,  qui  se 
rapproche  encore  du  nôtre  par  la  couleur,  mais  qui,  si  nous  en  jugeons  par  la  figure 
(voyez  Tab.  phycol.  Band  I,  t.  65,  f.  III),  car  les  exemplaires  authentiques  nous 
manquent,  s'en  éloignerait  suffisamment  pourtant,  moins  encore  par  son  habitat  sur  les 
vieux  troncs  du  Tilleul  que  par  l'absence  de  ces  deux  caractères  que  j'ai  eu  soin  de  mettre 
en  relief  dans  ma  description  et  ma  diagnose  :  i°  la  mucosité  qui  enduit  les  filaments  et 
détermine  leur  forte  adhérence  aux  grains  de  sable;  i°  les  globules  sériés  qu'ils  renferment 
dans  leur  tube. 


(763) 
globules  ont  à  peu  près  cette  dernière  dimension  ,  car  ils  semblent  tou- 
cher la  paroi  du  tube  par  leur  périphérie.  On  ne  détache  pas  aisément 
des  grains  de  sable  la  couche  mince  des  filaments  qui  les  tapissent, 
même  après  les  avoir  laissés  quelque  temps  ramollir  dans  un  peu  d'eau 
pure,  ce  qui  paraît  tenir  à  une  substance  muqueuse  dont  ils  sont  comme 
enduits.  Quelque  moyen  que  j'aie  mis  en  usage,  je  n'ai  pas  été  capable 
de  reconnaître  de  cloisons  dans  ces  filaments.  Il  ne  m'a  pas  été  davantage 
possible  d'y  constater  une  véritable  ramification.  Il  y  a  bien  une  appa- 
rence de  division  dans  les  filaments ,  mais  elle  n'est  pas  réelle  et  dépend 
de  ce  que  deux  filaments  accolés  dans  une  partie  de  leur  longueur  se 
séparent  et  s'écartent  ensuite  l'un  de  l'autre  sous  un  angle  plus  ou  moins 
ouvert  pour  simuler  un  rameau  ou  une  bifurcation.  J'ai  observé  cela 
dans  beaucoup  d'autres  Algues  et  cherché  déjà  à  prémunir  les  observateurs 
novices  contre  cette  cause  d'erreur. 

»  Que  si  quelques  personnes,  trouvant  étrange  que  je  regarde  ces  deux  Al- 
gues comme  nouvelles,  me  demandaient  à  quel  titre  je  les  tiens  pour  telles, 
je  leur  répondrais  que  je  ne  prétends  pas  dire  qu'ejles  le  soient  absolument, 
ni,  en  d'autres  termes,  qu'elles  soient  le  produit  d'une  création  spontanée  ; 
mais  que  cela  signifie  tout  simplement  qu'elles  étaient  inconnues,  indécri- 
tes, parce  qu'il  est  vraisemblable  ou  quelles  étaient  restées  inobservées 
jusqu'ici,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  qu'elles  avaient  peut-être  été  vues 
par  des  personnes  qui  n'en  avaient  tenu  aucun  compte.  Combien  de  plantes 
plus  élevées  dans  la  série  végétale  se  révèlent  encore  journellement  à  nos 
yeux,  qui,  ne  s'étant  jamais  auparavant  montrées  dans  les  contrées  le  plus 
minutieusement  explorées,  ne  sont  nouvelles  qu'au  même  titre! 

»  Quant  à  la  distinction  des  espèces  végétales  entre  elles,  c'est  là  une 
question  si  ardue,  si  abstraite,  même  quand  il  s'agit  de  plantes  cotylédo- 
nées,  où  les  organes  appendiculaires  et  l'appareil  de  la  fleur  et  du  fruit  four- 
nissent pourtant  de  bons  et  solides  caractères,  qu'on  voudra  bien  me  dis- 
penser de  la  discuter  à  l'occasion  de  ces  plantes  cellulaires,  où  elle  est  en- 
core bien  plus  controversable  et  controversée,  et  me  permettre  de  renvoyer 
à  l'excellent  travail  sur  ce  sujet  publié  par  notre  savant  confrère,  M.  Che- 
vreul,  d'abord  dans  le  Journal  des  Savants  (décembre  1840),  puis  dans  les 
Annales  des  Sciences  naturelles  (3e  série,  tome  VI,  page  \!\i). 

»  Je  devrais  peut-être,  en  finissant,  m'excuser  d'avoir  occupé  l'Acadé- 
mie si  longtemps  de  deux  humbles  plantes  microscopiques,  coordonnées  sans 
doute  avec  le  reste  de  la  création,  mais  inutiles  à  l'homme  qui  n'estime 


(  764  ) 
guère  les  choses  qu'en  raison  du  degré  d'utilité  prochaine  qu'il  espère  en 
retirer.  Toutefois,  le  naturaliste  doit  se  laisser  guider  par  d'autres  principes 
que  le  vulgaire.  Sollicité  par  l'appel  de  notre  savant  confrère,  j'ai  pensé 
qu'il  était  de  mon  devoir  de  ne  pas  me  borner  à  donner  ici  le  nom  et  le  si- 
gnalement de  ces  plantes,  mais  d'exposer  quel  est,  à  l'époque  actuelle,  l'état 
de  nos  connaissances  à  l'égard  de  la  multiplication  des  Nostocs,  plantes 
encore  si  ambiguës,  si  litigieuses,  et  qui  par  cela  même  méritent  d'attirer  de 
nouveau  l'attention  des  observateurs  (i).  » 

zoologie.  —  Espèces  nouvelles  et  Oiseaux  d' Asie  et  d'Amérique,  et  ta- 
bleaux paralléliques  des  Pélagiens  ou  GAViiE;  par  Monseigneur  le 
prince  Ch.  Bonaparte. 

«  Le  Muséum  vient  de  recevoir  de  M.  Levraud,  consul  de  France  à 
Caraccas,  une  collection  presque  complète  des  Oiseaux  de  cette  province. 
Il  serait  très -important  pour  la  géographie  zoologique  qu'un  catalogue  dé- 
taillé en  fût  publié.  Au  moment  surtout  où  M.  Sclater,  d'Oxford  ,  vient  de 
nous  faire  si  bien  connaître  les  richesses  ornithologiques  des  hautes  régions 
de  Santa-Fé-de-Bogota  ,  la  comparaison  de  ces  volatiles  avec  ceux  des 
plaines  de  Carthagène  ne  peut  manquer  d'offrir  d'intéressants  résultats. 

»  Cette  collection  est  remarquable  surtout  par  le  nombre  et  la  beauté  de 
ses  Oiseaux  de  proie,  dont  elle  contient  plusieurs  exemplaires  très-rares  en 
plumage  non  décrit.  Elle  nous  offre  aussi  des  espèces  entièrement  nou- 
velles dans  les  divers  ordres.  Nous  n'avons  pu  résister  à  la  tentation  d'é- 
tablir dès.  à  présent  une  Tourterelle ,  qui  vient  enrichir  comme  troisième 
espèce  le  genre  Peristera  de  nos  Zénaidiens. 

»  C'est  M.  le  docteur  Pucheran  qui  nous  l'a  signalé,  comme  il  l'avait 
déjà  fait  pour  un  nouveau  Perroquet  de  la  même  collection  à  M.  de  Souancé 
qui  vient  de  le  nommer  Myiopsitta  TIGRINA. 


(i)  Consultez  encore  deux  Notes  de  M.  Itzigsohn  :  Die  Nostoc-Diamorphose  (sur  la  Dia- 
morphose  des  Nostocs),  Bot.  Zeit.  i853,  n°  4?»  P-  817  ;  Wic  verhàlt  sich  Collema  zu  Nos- 
toc,  etc.  (  quel  rapport  y  a-t-il  entre  le  Collema  et  le  Nostoc,  etc.)  ibid.  i854,  n°  3o,  p.  5a  1  ; 
et  en  outre  Skizzen  zu  einer  Lebengeschichtc  des  Hapalosiphon  Braunii  (Esquisse  d'une  bio- 
logie de  Y  Hapalosiphon  Braunii,  dans  les  Nov.  Jet.  Acad.  Nat.  Curios,  Bonn.  i855, 
vol.  XXV,  P.  I.)  ;  enfin  une  Dissertation  inaugurale  de  M.  L.  Fischer,  professeur  de  bota- 
nique à  Berne,  sous  le  titre  de  Beytrâge  zur  Kenntniss  der  Nostochaccen. 


(765) 

»  Notre  jolie  Tourterelle  ne  différant  que  par  la  poitrine  de  celle  dédiée 
par  Temminck  à  notre  grand  zoologiste  Geoffroy-Saint-Hilaire,  nous  nous 
félicitons  de  pouvoir  l'intituler  :  Peristera  mondetoura,  Simdlima  P. 
Geoffroyi,  sed  pectore  purpureo-castaneo,  en  l'honneur  de  sa  veuve, 
Mme  Pauline  Mondétour,  dont  les  vertus  et  le  noble  caractère  digne 
des  anciens  temps  sont  à  la  hauteur  de  la  gloire  scientifique  de  son 
mari. 

»  M.  Lefèvre,  l'habile  taxidermiste,  d'après  lequel  a  été  nommée  en 
Allemagne  la  Sula  qui  porte  ce  nom,  m'a  communiqué ,  pour  en  avoir  les 
déterminations ,  une  petite  collection  d'animaux  recueillis  en  Palestine  par 
M.  le  duc  de  Vallombrosa.  Malgré  les  croisades  et  les  pèlerinages  des  chré- 
tiens, la  zoologie  de  la  Terre-Sainte  ne  nous  est  pas  mieux  connue  que  celle 
de  la  Mecque.  Je  n'en  veux  d'autre  preuve  que  cette  collection.  Parmi  des 
Sciurus  syriacus,  des  Ammoperdix  heji  tués  dans  les  jardins  même  de 
Damas;  avec  des  Gavia  brunneiceps ,  des  Cerjle  rudis,  etc.,  j'ai,  à  mon 
grand  étonnement,  trouvé  plusieurs  espèces  appartenant  à  des  genres  ré- 
putés étrangers  à  ces  climats,  et  dont  trois  ou  quatre  paraissent  même  nou- 
velles pour  la  science.  Ce  sont  : 

»  1.  Un  Souimanga  très-brillant  des  plaines  de  Jéricho,  que  je  nomme- 
rai Cynnyris  osea,  Bp.  F'iridi-smaragdina ,  in  f route ,  in  pectore,  et  in 
uropjgio  cœrulans;  subtus  fuliginosa  penicillis  utrinque  duobus ,  primo 
rubro ,  alterojlavo. 

»  Il  ressemble  au  marattensis  :  sa  femelle  est  grise  comme  celle  de  l'es- 
pèce figurée  par  Ehrenberg  dans  ses  Sjmbolœ  physicœ. 

»  2.  Un  Crateropus  qui  se  rencontre  sur  les  bords  du  lac  de  Tibériade, 
près  de  Nazareth  :  d'un  gris  pâle  d'acier ,  sans  aucune  teinte  rousse  ou 
verdàtre  comme  dans  le  Cr.  acaciœ  et  le  Cr.  squamiceps  :  blanc-roussâtre 
en  dessous,  les  plumes  de  la  tête  écaillées,  brunes  au  milieu,  lisérées  de  blan- 
châtre, comme  dans  ce  dernier.  11  diffère,  par  sa  coloration  et  par  son  bec 
entièrement  noir,  de  l'oiseau  découvert  par  Rùppel  en  Arabie,  et  figuré 
par  lui  PI.  XII  de  son  Atlas.  Lesson  en  fait  le  type  de  son  genre  Argya. 
Nous  nommons  notre  espèce  Crateropus  chaljbeus. 

»  3.  Un  Ixos  ou  Pjcnonotus ,  différent  du  véritable  nigricans  venant 
d'Afrique,  mais  peut-être  identique  avec  le  xanthopygios ,  Ehrenberg,  d'A- 
rabie, qu'on  lui  rapporte  ordinairement  comme  synonyme.  Une  petite  mo- 
nographie de  ces  Ixode's  si  semblables  serait  indispensable  pour  bien  faire 

C  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLH,  N«  17.)  IOl 


(  766) 
distinguer  surtout  les  espèces  qui  se  représentent  réciproquement  en  Asie, 
en  Afrique  et  dans  les  îles  Malaisiennes.  La  nôtre,  commune  dans  les  jardins 
de  Jaffa,  où  son  chant  harmonieux  l'a  fait  croire  aussi  le  Boulboul,  est 
remarquable  par  ce  qui  suit  :  le  noir  de  sa  tête,  qui  s'étend  sur  la  gorge , 
est  très-bien  défini  quoique  peu  prolongé  supérieurement ,  et  tranche  avec 
le  gris  uniforme  de  la  nuque,  de  la  poitrine  et  des  flancs,  qui  ne  tend  ni  au 
roux,  ni  au  noirâtre,  ni  au  blanchâtre,  comme  dans  les  espèces  voisines. 
Le  sous-queue  est  d'un  beau  jaune-serin.  Si,  contre  notre  attente,  cet  Ixos 
différait  du  xanthopjgios ,  que  nous  ne  possédons  pas  d'Arabie,  on  pour- 
rait le  nommer  Ixos  vallombrosce,  du  nom  du  noble  personnage  auquel  la 
science  en  serait  redevable. 

»  Ixos  cinereus,  subtus  albo-griseus ,  crissojlavissimo  :  pileo,  genis,  gu- 
laque  nigerrimis ,  cauda  nigricante  obsolète  fasciolata ,  apice  grisescenle. 

«  4.  Une  Saxicola  typique  tuée  sur  la  montagne  de  la  Quarantaine  près 
Jéricho.  Elle  est  remarquable  par  son  sous-queue  couleur  de  cannelle. 

»  Nigra;  pileo,  tergo  latissime,  pectore,  abdomine,  remigibusque  interne 
albis ;  crisso  cinnamomeo  :  cauda  alba,  apicem  versus jin  rectricibus  mediis 
a  medio,  nigris. 

»  Elle  est  fort  voisine  d'une  des  espèces  crues  nouvelles  par  M.  de  Mul- 
ler;  mais  dans  tous  les  cas  elle  nous  semble  devoir  être  rapportée  à  la  Sax. 
erythrœa,  Ehrenb.,  sans  tenir  compte  du  doute  que  ce  puisse  être  un  hy- 
bride entre  S.  œnanthe  et  S.  lugens! 

»  5.  Un  petit  Saxicolien ,  également  des  plaines  de  Jéricho,  le  plus  dé- 
licatement formé  de  tous,  à  bec  qui  serait  grêle  même  parmi  les  Sylviens 
dont  il  se  rapproche  considérablement.  Je  le  publierai  comme  type  du  genre 
Cercomela,  dont  fera  partie  à  cause  de  ses  tarses  Sjlvia  Ijpura,  Ehr.,  sinon 
Saxicola  melanura,  Rùpp.,  qui  lui  ressemble  tant.  Des  à  présent,  je  lui 
donne  le  nom  spécifique  d'ASTHENiA.  Cinerea;  subtus  albida  :  cauda  cum 
tectricibus  superioribus  nigerrimis  :  rostro  a  basi  gracili,  ex  toto  niger- 
rimo. 

»  Le  nom  de  Passer  alpicola,  Pall.,  appartient  à  la  nouvelle  espèce  de 
Gould,  du  Caucase  (Montifringilla  leucura),  indiquée  par  moi  dans  ces 
Comptes  rendus;  et  non  pas  à  l'espèce  européenne  des  Alpes,  quoique  le- 
dit Pallas  cite  la  figure  de  Brisson  qui  représente  la  véritable  Monlifr.  niva- 
lis.  Le  nouveau  nom  devient  donc  inutile. 

»  Lanius  lugubris,  Hartl.  Mus.  Lugd.  ex  China,  ne  peut  être  autre  chose 


(  767  ) 

que  Lanius  infuscatus,  Less.,  dont  le  type  enfumé  se  conserve  au  Musée  de 
Paris. 

»  Les  trois  Roitelets  si  semblables,  deux  d'Eurcfpe,  un  de  l'Amérique 
septentrionale,  ne  sont  pas  les  seuls  que  comprenne  ce  petit  genre  restreint. 
Outre  le  R.  maderensis  que  décrit  M.  Harcourt  dans  les  Proceedings  de  la 
Société  zoologique  de  Londres  pour  i85/j,  outre  le  R.  japonicus,  si  difficile 
à  distinguer  du  R.  cristatus  d'Europe,  il  s'en  trouve  une  cinquième  espèce 
dans  l'Amérique  du  Sud.  Et  comme  si  ce  fait  seul  ne  renversait  pas  assez 
les  idées  préconçues  sur  ce  genre,  le  nouveau  Régulas  que  nous  nommons 
d'après  Gould  R.  surinamensis ,  de  la  localité  où  il  a  été  recueilli,  ressemble 
encore  plus  aux  espèces  d'Europe  qu'à  celle  de  l'Amérique  septentrionale, 
dont  il  n'a  pas  la  queue  allongée. 

»  Cauda  brevicula  :  fronte  concolore.  Simillimus  cristato  Europœ,  nec 
satrapse  Americae  borealis. 

»  Les  monts  Himalaya  nourrissent  aussi  une  nouvelle  espèce  que  Gould 
va  nous  figurer  dans  ses  Birds  of  Asia,  sous  le  nom  de  Reg.  hiinalajen- 
sis. 

»  Simdis  cristato ,  sed  major,  rostro  longiore  et  crista  citrina  vix  au- 
rantiaca,  superciliis  nigris  latissimis. 

»  M.  Hardy  de  Dieppe  a  aussi  observé,  à  ce  que  je  crois,  quelque  légère 
différence  de  teintes  dans  le  Roitelet  du  Kamtschatka  qu'il  faudra  comparer 
à  Yhimalajensis. 

»  Je  profite  de  cette  occasion  pour  compléter  mes  tableaux  comparatifs 
et  paralléliques  des  ordres  des  Pélagiens  (GavIjE)  et  des  Ptiloptères.  De 
leur  étude  approfondie  résultera  une  foule  de  faits  nouveaux  relatifs  à  la 
classification,  à  la  nomenclature,  à  la  synonymie  et  aux  divers  rapports  des 
espèces.  On  y  verra,  par  exemple,  combien  est  peu  fondée  l'audacieuse  as- 
similation que  voudrait  faire  M.  Bruch  de  mon  Procellarus  neglectus  avec 
Blasipus  heermanni!  On  y  verra  comme  quoi  le  genre  Thalassites ,  Sw., 
qui  peut  d'ailleurs  être  restreint  à  une  seule  espèce  comme  étendu  à  tous  les 
grands  Sterniens  à  gros  bec  courbé,  doit  plutôt  être  rapporté  au  genre  Sjlo- 
chelidon  qu'à  Phœtusa,  puisque  son  type  est  Th.  melanotis,  Sw.  On  y 
verra  surtout  que  les  Grèbes  d'Amérique  font  subir  un  nouvel  échec  à  la 
fameuse  théorie  suivant  laquelle  tout  être  vivant  se  rapetisse  et  dégénère  en 
Amérique.  En  tout  cas,  pas  plus  que  le  Grèbe  joue-gris,  ce  n'est  certes  ni 
l'Homme  ni  le  Héron.   » 

101.. 


(768) 


OR] 


Subfamilia  8.  Siomedeinee 

H.  diomedeejE. 

1.  Diomedea,  L. 

a.  Diomedea,  Reich. 
i.  exulans,  L. 
{spadicea,  Lath.) 

2.  brachyura,  Temm. 
{nigripes,  Audub.) 

b.  Thalassarche,  Reich. 

3.  cauta,  Gould. 

4.  melanophrys,  Temm. 

5.  culminata,  Gould. 

6.  olivaceirostris ,  Gould. 

7.  gibbosa,  Gould. 

8.  chlororhynchos ,  Gm. 
9?  chrysostoma,  Forsl. 

c.  Phœhetria ,  Reich. 
10.  fuliginosa,  Gm. 
{Jiisca,  Audub.) 


Tri 

F 

Su 


\.    FCLMAREfi. 

2.  Ossifraga,  Homhr.  et  1. 

1 1 .  gigantea ,  Gm. 

{  ossifraga ,  Forst.) 

5.  Majaqueus ,  Reich. 

12.  aequinoctialis,  L. 
{  nigra,  Forst. 

fuliginosa,  Soland.) 

,  i3.  conspicillatus,  Gould. 

{  larvata,  Less.) 

*4.  Pterodroma,  Bp. 
it\.  fuliginosa,  Banks. 
{grisea,  Kuhl  nec  Gm. 
lugens?  Soland. 
atlantica,  Gould.) 
i5.  macroptera,  Smith, 
{hrevirostris?  Less.) 

16.  aterrima,  Yerr. 

(  carhonaria  ?  Solander.) 

*S.  Pagodroma,  Bp. 

17.  nivea,  Gm. 


6.  Fulmarus,  Leach. 

18.  glacialis,  L. 
{hyemalis,  Brehm.) 

19.  minor,  Kjaerb. 
{glacialis?  Audub.) 

20.  meridionalis,  Lawrence, 
{hrevirostris,  olim,  Lawr.) 

21  ?  pacifica,  And. 

7.  Priocella,  Homhr.  et  J. 
22.  garnoti,  Homhr.  et  J. 


J.    F.HAXTISTE,E. 

8.  Rhantistes,  Kaup. 

23.  cooki,  Gr. 

ïl\.  velox,  Solander. 

{leucoptera,  Gould. 

cooki,  Gould.) 

25.  mollis ,  Gould. 
{solandri  ?  Gould. 
melanopus?  Gm.) 

26.  unicolor,  Gould. 

27.  raolensis,  Gould. 

28.  lessoni,  Garnot. 

{ leucocephala,  Temm. 

vagahunda,  Soland.) 
?  rostrata,  Peale. 
?  gelida,'Gnt. 
?  sandaliata,  Sol. 
?  parvirostris ,  Pealc. 


9.  Daption,  Steph. 

29.  capensis,  L. 
{nœvia,  Br.) 

iO.  Thalassoica,  Reich. 

30.  antarctica,  Gm. 
3i?  tenuirostris,  Aud. 

32.  glacialoides,  Smith. 

33.  polaris,  Bp. 

II.  Aestrelata,  Bp. 

34.  diabolica,  L'Herm. 
{l'herminieri,  Less.) 

35  ?  sericea ,  Less. 

36.  hasitata,  Temm. 

37.  flavirostris,  Gould. 

38.  desolata,  Lath. 
{fasciata,  Bonn. 
?  alita,  Gm. 
variegata,  Bonn.) 

?  gularis,  Peale. 
?  brevipes ,  Peale. 

3n?   inp^npr»tnt!i      Knrit 


K.    PRIOXEjE. 


12.  Prion,  Lacép. 

\o.  vittatus,  Forsl. 

{cœrulea,  Aliq.  nec  G 
forsteri,  Lath.  nec  Tel 
latirostris,  Sonn.) 

4i.  forsteri,  Temm.  nec  , 
{lamellirostris,  Delà  ] 

42.  banksii,  Smith. 

43.  ariel,  Gould. 

44.  turtur,  Soland. 
{velox,  Banks.) 

45?  rossi,  Gr. 

46.  brevirostris,G.,  nec  L 


'15.  Halobœna,  Is.  Geoffr 

47.  cœrulea,  Gm. 
{similis,  Forst. 

forsteri,  Smith.) 

48.  typica,  Bp. 


E. 

■ipesthtes. 

3LLARIIDJE. 


mamnÊÊÉÊÊÊÊÊm 


L.    PROCELLAUIE/E. 


Inguibus  compressis. 
eria,  Bp. 

jmbina,  Moquin. 
'weri,  Jardine. 
cko,  Heineken.) 


nodroma,  Reich. 
:ata,  Gm. 
enlalis,  Pall. 
rea,  Gould,) 
•nbyi,  Gr. 

assidroma,  Vig. 
chi ,  Temm. 
llocki,  Selby. 
orrhoa?  Vieill. 
lania,  Bp. 
liginosa  ?  Lath. 
mlata?  Brandt.) 

ellaria,  L. 
reis,  Gould. 
[ubris,  ISalter. 
lagica, t. 
Uanonyx  ?  Nilss. 
\itensis,  Schembri. 
uirostris,  Brehm. 
\or,  Brehm . 
oensis,  Brehm. 
ifasciata ,  Brehm.) 
hys,  Bp. 
lagica,  Néfcoux.) 


**  Unguibus  depressis. 
18.  Fregetta,  Bp. 

58.  tropica,  Gould. 

59.  grallaria,  Vieill. 
{leucogastra,  Gould. 

fregalta,  Kuhl.) 

60.  lawrencii,  Bp. 
(fregetta,  Lawrence.) 

61.  melanogastra,  Gould. 
{/régala,  Forst. 
grallaria,  Licht. 
oceanica,  Bp.) 


19.  Pclagodroma,  Reich. 
62.  frcgata,  L. 
{marina,  Lath. 
œquorea,  Solànd. 
hypoleuca,  Webb.) 


20.  Oceanites,  Keys.  et  Bl. 
63.  oceanica,  Banks. 

{wilsoni,  Gould.) 
6/|.  wilsoni,  Bp. 

{oceanica,  Kuhl. 

pelagica,  Wils.) 
65.  lineata,  Peale. 


M.    PUFFINEjE. 


21.  Priolinus,  Hambr.  et  1. 

66.  cinereus,  Gm. 
{tristis,  Forst.) 

67.  brevicaudus,  Brandt. 

68.  carneipes,  Gould. 

22.  Thiellus,  Gloger. 

69.  chlororhynchos,  Less. 

70.  sphenurus,  Gould. 

71.  leucomelas,  Temm. 


25.  Puflînus,  Br. 

72.  major,  Faber. 

{ cinereus  ?  Kuhl. 
/uliginosus  ?  Strickl.) 

73.  arcticus,  Faber. 
{cinereus,  Steph. 
puffinus,  Brunn.) 

74  PKuhli,  Boie. 
{puffinus,  Kuhl.) 

75.  anglorum,  Ray. 
{puffinus,  L.) 

76.  obseurus,  Gm. 
{yelkouan,  Acerbi.) 

77.  assimilis,  Gould. 
{nugax,  Sol  an  (1er. 
australis,  Eyton.) 

78  ?  munda ,  Banks. 
79.  barolii,  Bonelli. 
80  1  bailloni,  Bp. 

81.  tenuiroetris ,  Penn. 
{œquinoctialis,  Pall.  nec  L.) 

82.  curilicus,  Penn, 


Subfamilia  ÎO.  Haladrominn ■. 


N.     11  U .  1  l.iili-VI  L    i 


24.  Haladroma,  Lacép. 

83.  urinatrix,  Gm. 
{tridactyla,  Forst. 
garnoti,  Less.) 

84.  berardi,  Quoy  et  Gain» 
{melanoleuca,  Cuv.) 


(  77°  ) 


ORD 


FAMIX.IA  8.  CHIONIDJE 

Subl'amilia.   11.  Chioninec. 

0.    ChïONEJE. 

1.  Chionis,  Forst. 

i .  alba,   Forst. 

{vaginalis,  Gm.) 
2.  minor,  Sorti. 


Trll 
FAI) 


Subf.  12.  Xiestriginœ. 

P.    LESTEIGE^. 

1.  Cataracta,  Bp. 

i .  antarctica,  Less. 
{catarractes,  Quoy  et  G.) 

2.  Stercorarius,  Br. 
i.  catarractes,  L. 

{situa,  Brunn.) 


3.  Coprothercs,  Reich. 
3.  pomarinus,  Temm. 
{sphœriuros,  Brehm.) 


■4.  Lestris./M. 

l\.  parasiticus,  L. 
{parasita,  Brunn. 
richardsoni,  Sw. 
hoji,  Brehm. 
henichenii,  Brehm . 
macropteros,  Brehm. 
cepphus,  Degl.) 

5.  cephus,  Brunn. 
{crepidata,  Brehm. 
hrachyrhynchos,  Br. 
microrhynchos,  Br. 
buffbni,  Boie. 
schleepii ,  Brehm. 
lessoni,  Degland. 
longicaudalus ,  Degl.  ) 

6.  spinicaudus,  llaid 
■j.  hardyii,  Bp. 


S.  Procellarus,  Bp. 

8.  neglectus,  Bp. 

G.  Blasipus,  Bp. 

9.  crassirostris,  Vicill. 
{melanurus,  Temm.) 

10.  bridgesi,  Fraser, 
{modestus,  Tschudi. 
polios,  Natterer.) 

11.  heermanni,  Cassin. 

7.  Gabianus,  Bp. 

12.  pacificus,  l.aih. 
{leucomelas,\ie'M.,  adull. 

frontalis,  Vieill.,  /ne 
balhyrhynchus ,  Macgillivr.) 
i3.  georgi,  hing. 
{pacificus,  Gould.) 

8.  Dominicanus,  Bruch. 
i.'|.  marinus,  L. 

{maximus,  Brehm.) 
i5.  fritzei,  Bruch. 

16.  pelagicus,  Angl. 

17.  vetula,  Bâillon. 

18.  vociferus,  Bruch, 

{  dominicanus,  Licht. 
asarat,  Less.) 

9.  Leucus  ,  Kaup. 

19.  glaucus,  Brunn. 
{ consul,  Boie. 
gigameus?  Benicken. 
leuconotus  ?  Auct.) 

20.  minor,  Brehm. 

{ médius  !  Brehm . 

glacialis,  Benick.  an  Macgill?  ) 

21.  islandicus,  Edmondst. 
{glaucus,  Sab.) 

22.  chalcopterus,  Licht. 

23.  glaucescens,  Licht. 

{  brachyrhynehus,  Gould. 
glaucopterus.  Kittlitz.) 
st).  leucopterus,  Faler. 

{argentatus,  Sab.—arcticus,  Macg. 


10.  Laroides,  Brehm. 

25.  argentatus,  Brunn. 

{major,  Brehm. 

argenteus,  Brehm. 

argentaloides,  Brehm.) 
2C.  argen taceus ,  Brehm . 

{argentatoides  ex  Eur., 

27.  argentatoides ,  Richar, 
{argentatoides  ex  An., 
ajfinis,  Reinh.  ex  Holb 

28.  michahellesii,  Bruch. 
{leucophœus,  Licht.,  at 
epargyrus,  Licht.,  juv.) 

29.  borealis,  Brandi. 

30.  occidentalis,  Aud. 
3i.  californicus,  Laur. 

11.  Clupeilarus,  Bp. 

32.  fuscus,  L. 

{ argentatus,  Montag. 
Jlavipes,  Meyer. 
fuscescens  ?  Licht. 
melanotos  ?  Brehm. 
harengorum ,  Brehm.) 

33.  verreauxi,  Bp. 
{fuscus  ex  Chili,  Auct. 

34.  antipodum,  Gr. 

35.  cachinnans,  l'ail. 

12.  Gavina,  Bp. 

36.  audouini,  Payraud. 
{payraudeau,  Vieill.) 


E 

[PENNES." 

(JE. 


bfamiliu  13.  Iiarinœ. 


,,L. 

us,  L. 

rymosus,  Brehm,  nec  Licht- 
ii,  Homeyer.) 
ernus,  Cm. 
.us,  Auct. 
ellosus,  Brehm. 
scens,  Brehm. 
torhynchus,  Meyer.) 
orhynchns,  Reich. 
chyrhynchus,  Sw.  née  G.) 
chi,  Bp. 

itschatschensis,  Bp. 
irostris,  Schimper.) 


,  Brunit. 

actyla, L. 

\uatus,  Pall. 

i.Pall. 

\s,  Pall. 

alis  ?  Brehm. 

>r,  Brehm.) 

ea,  Pall. 

■chyrhyncha,  Gould.) 

lebuii ,  ]',/>. 

virostris  ?  BrandU) 


13.  Gelastes,  Dp. 

*   Atlantici. 
45.  lambruschinii,  Bp. 

'rubriventris?  Vieill. 

gelastes,  Licht. 

leucocephalus,  Boissonn. 

roseus,  Gêné,  nec  Sab. 

genei,  de  Brème. 

tenuirostris,  Aliq. 

melanotis  !  Reich.) 
40.  hartlaubi,  Bruch. 

{ tenuirostris,  Aliq. 

poiocephalui ,  hyemalis  ex  Ma- 
dagascar, Mus.  Paris.) 
47?  corallinus,  Bp. 

»*  Paeifci. 
48.  gouldi,  Bp. 

(pacifcus!  Mus.  Paris.) 
4g.  jamesoni,  Wils. 

(scopuliuus,  Forsl. 

novœ-hollandiat  ?  Steplï .  ) 
.5o?  andersoni,  Bruch. 

(canus,  Anderson  in  Cook's  Voy.) 
Si,  pomare,  Bruch. 

(schimperi ,  Bp.) 

16.  Pagophila,  Kaup. 
02.  eburnea,  Gm. 

(candida,  Fabric.) 
53.   nivea,  Brehm. 

'brachytarsa,  Holb.) 

17.  Rhodostthetia,  Macgill. 
5/|.  rossi,  Sabine. 

roiea,Macgill.    ' 
richardsoni,  Wilson.) 


R.    XEME/E. 


18.  Leucophœus,  Dp. 

55.  hœmatorhynchus,  Vig. 

(scoresbyi,  Traill.) 
56?  fuliginosus,  Gould. 

(  neptunus,  Bp.) 
5-j.  belcheri,  Vig. 

19.  Adelarus,  Bp. 
58.  hemprichi,  Bp. 

{crassirostris,  Hempr.  nec  Vieill.) 
5g.  leucophthalmus,  Riipp. 

20.  Ichthysetus,  Kaup. 
Go.  pallasii,  Kaup. 

(ichthyœtus,  Pall.) 


Si.  Atricilla,  Bp. 
Gi.  catesbaei,  Bp. 
(  atricilla,  L. 
ridihundus,  Wils. 
plumbiceps ,  Meyer.) 

62.  macroptera,  Bp. 
(serranus,  Bruch  nec  Tschudi, 
megalopterus ,  Bruch.) 

63.  minor,  Bp. 
(micropterus,  Bruch. 
poliocephalus?  Vfied.) 


23.  Cïrrhocephalus,  B.p. 

64.  major,  Bp. 
(maculipennis,  Licht. 
cirrrhocephalus,  Vieill.) 

65.  minor,  Bp. 
(poiocephalus,  Sw.,  excl.patria. 
poliocephalus?  Licht. 
phœocephalus ?  Strickl. 
plunibiceps  !  Bruch,  ex  Temm.) 


23.  Gavia,  Br. 
a.  Melagavia,  Bp. 

06.  pcrsonata,  Natter, 
(serranus,  Tschudi.) 

07.  melanocephala,  Natt. 

08.  cucullata,  Licht. 
Gg  ?  pipixan ,  Wagl. 

70.  i'ranklini,  Richards, 
{atricilla,  Franklin.) 

b.   Gavia,  Bp. 

71.  glaucotes,  Sleyen. 
{albipennis,  Pcale.) 

72.  kittlitzii,  Bruch. 
(  melanorhynchus  ?  Temm . 
maculipennis,  Bruch,  nec  Licht.) 

73.  brunneicephala,  lerd. 
(brunneiceps,  Caban. 
lacrymosus,  Licht.  nec  Brehm. 
caniceps?  Br. —  plumbiceps?  T.) 

74.  ridibunda,  L. 
(erythropus  et  cinerarius,  Gm. 
atricilla  et  nœvius,  Pall. 
pileatus,  Brehm .) 

75.  capistrata,  Temm. 

(  tenuirostris  ?  Temm.,  iiyern. 
minor  ?  Brehm.) 
c.  Chroicocephalus,hTjl. 

76.  bonapartii,  Sw. 
(  capistratus,  Bp. 
minutus,  Sabine. 
melanurus,  Ord.,  juv.) 

77?  subulirostris,  Bp. 

24.  Hydrocolœus,  Kaup. 
.78.  minutus,  Pall. 

(atricilloides,  Falck. 
pygmœus,  Bory. 
nigrotis,  Less. 
d'orhigny,  Audouin.) 

28.  Creagrus,  Bp. 

79.  furcatus,  Néboux. 

26.  Xema,  Leach. 

80.  Sabini,  Leach. 
(collaris.  Sabine.) 


(  772  ) 


ORI 


TRI 


TR 


Suhfamilia.   14 


S.    STERNE*. 


27.  Sylochelidon,  Br. 
*  Orbis  anl. 

81.  strenua,  Gould. 

82.  caspia,  Pall. 
{tschegrava,  Gm. 

~~~megarhyncha,  Mey. 
balthica,  Brehm. 
schillingiC?  Brehm.) 

83.  mclanotis,  Sw. 


**  Américaine. 


84.  cayennensis,  Gm. 
{caspica,  Laur.) 

28.  Phœtusa,  ïTagl. 

85.  magnirostris,  Licht. 
{  speculifera,  Cuv . 
simplex?  Gm. 
brevirostris?  Vieill.  ) 

86.  chloropoda,  Vieill. 
{  albifrons,  Cuv. 
sellowii?  Wicd.) 

87.  galericulata,  Licht.. 

88.  regia,  Gambel. 
{cayana,  Aud.  nec  Lath.) 


29.  Seena,  Blyth. 

89.  aurantia  Hardw. 
{seena,  Sykcs. 
brevirostris,  i  .Gr.) 


30.  Pelecanopus,  Wagl. 


'.  ,s»!iv>X 


. 


90.  pelecanoides,  King. 
{cristata,  Steph.  necSvf .) 

91.  poliocercus,  Gould. 

92.  nigripennis,  Bp. 
{  nova-hollandiœ  !  Cuv.) 

93.  torresii,  Gould. 

94.  velox,  Bupp. 
{rissa?  Mull.) 

95.  bergii,  Licht.  nec  Reich. 
{crislala,  Sw.  nec  Steph. 
longirostris,  Less.) 

31.  Haliplana,  Wagl. 

96.  fuliginosa,  Gm. 
[An.  l'herminicri,  Less.,  juv.) 

97.  serrata,  Forsl. 
(gouldi,  Reichenb. 
anasthœtus  ?  Scopoli.  ) 

98.  panayensis,  Gm. 
{pana? a,  Lath. 
oahuensis,  Bloxam. 
antarctica,  Cuv.,  adult. 
guttata,  Forst.,juv.) 

99.  infuscata,  Licht. 
{lunala?  Peale.) 

32.  Gelochelidon,  Brehm. 

100.  anglica,  Montagu. 
(stubberica,  Otto. 
balthica,  Brehm. 
risoria,  Brehm. 
agraria  ?  Brehm.) 

101.  meridionalis,  Brehm. 
{aranea,  Savi.) 

102.  aranea,  Wils. 
{procnbydris,  Pucher.) 

io3.  havelli,  Âudub. 

(nuttali?îiutt.ex  Aud.) 
104.  affinis,  Hors/,  nec  Bupp. 
to5.  macrotarsa,  Gould. 


33.  Thalasseus,  Boie. 

*  Orbis  an  t. 

106.  cantiacus,  Gm. 
{  boysii,  Lath. 
columbina,  Schrank. 
canescens,  Meyer. 
nubilosa,  Sparmm. 
aj ricana  ?  Gm .) 

107.  nilotica,  Hassclq. 

{pauli  de  Wurtemberg  ?  Br.) 

108.  maxuriensis,  Ehr. 

109.  affinis  Bupp.  nec  Hors/, 
{média,  Horsf. 
arabica,  Ehrenb .  ) 

110.  bengalensis,  Less. 

**  Americ. 
m.  acuflavida,  Cabot. 

(  boysii,  Stephens,  A  m. 

cantiaca,  Audub.) 
112.  elegans,  Gambel. 
n3.  trudeaui,  Âudub. 
"4-  Sȕ';  Bp- 


34.  Gygis,  Wagl. 

11 5.  alba,  Sparrm. 

116.  candida,  Forsl. 

117.  napoleonis,    Bp. 


35.  Sterna,  L. 

a.  Thalassea,  Kau 

118.  paradisea,  Brunn. 
{dougalli,  Montag.) 

1 19.  melanorhyncha,  Gi 
{  vclox,  Gould ,  nec 

120.  frontalis,  Gr. 
{albifrons,  Peale. 
slriata,  Gm.,  juv.) 

?  rectirostris,  Peale. 
121  ?  acutirostris,  Tschw 
122?  longipennis,  Ermai 
{camtschatica?  Peu 
123.  melanoptera,  Sw. 

b.  Sterna,  Kaup. 

*  Orbis  antia. 
125.  hirundo,  L. 

{arctica,  Temni. 

macroura,  Naum. 

argentata,  Brehm .  ) 
125.  fluviatilis,  Naum. 

{hirundo,  Temm. 

chelidon  ?  Licht. 

blasii,  Brehm.) 
I.2G.  nitzschi,  Kaup. 

(  brachylarsa,  Grabi 

127.  brachypus,  Sw. 

128.  senegalensis,  Sw. 

129.  gracilis,  Gould. 
i3o.  vittata,   Gm. 

**  Americ. 
i3i.  wiïsonî,  Bp. 

{hirundo,  Wils.) 
i32.  forsteri,  Nutt. 
1 33.  coccinirostris,  Bcic 

{arctica,  Audub.) 
i34-  pykii,  Lawrence. 
i35.  erythrorhyncha,  H 

{ hirundinacea,  Cuv. 

antarctica?  Peale.' 


FI/E. 


rcipœsranES. 


ISJZi. 


ternula,  Soie. 

*  Orbis  antiq. 
.  minuta,  L. 

( '  mctopoleucos,  Gm. 

parva,  Penn. 

pomarina,  Brehm. 

danubialis,  Brehm. 

meridionalis,  Brehm.) 
?  orientalis,  Licht. 
.  nereis,  Gould. 

(sincnsis  ?  Gm . ,  juv.) 
.  austral  is,  Gm. 

(média,  Forst.) 
?  antarctica,  Forst.  nec  Less. 
.  melanauchen,  Temm. 

(média,  Horsf.  Linn.  Tr. 

sumatrana,  Raffles.) 


**  Americ. 

i.  frenata,  Gambel. 

[minuta,  Wils.  nec.  L. 

argentea,  Natt.  nec  W. 

antillarum,  Less.) 
1  melanorhyncha ,  Less. 
\.  superciliaris,  Vieill. 

(argentea,  Wied. 

maculata?  Vieil]., juv.) 
5.  exilis,  Tschudi. 


57.  Hydrochelidon,  Bote. 
*  Orbis  antiq. 
i.'i'i.  fissipes,  L. 

(nigra  et  nœvia,  Br. 

pallida,  Brehm. 

obscura,  Brehm. 

meridionalis,  Brehm. 

nilotica,  Aliq.) 
147.  nigra,  L. 

(nœvia,  L.,  juv. 

Jîssipes,  Pall. 

leucoptera,  Temm. 

subleucoptera,  Brehm.) 
i48.  indica,  Sleph. 

(similis,  Gr. 

grisea,  Horsf.  ) 
i4g-  fluviatilis,  Gould. 
i5o.  hybrida,  Pall. 

(leucopareia,  Natt. 

delamottii,  Vieill. 

leucogenys,  Brehm.) 
i5i.  delalandii,  Bp. 

(  leucopareia  ex  Cap.  B.  Spei, 
Mus.  Par.) 
i52.  albigena,  Rupp. 
i53.  albistriata,  Gr. 
154.  melanogastra,  Temm. 

(acuticauàa,  Gr. 

javanica?  Horsf.) 


**  Àmericana. 

|55.  surinamensis,  Gm. 
(plumbea,  Wils. 
nigra,  ex  Amer.  Auct.) 


T.  Anoes. 
38.  Nïcnia,  Boic. 

■  56.  inca,  Less. 

59.  Anous,  Leach. 
157.  stolidus,  L. 

(fusca,  Br. 

niger,  Steph. 

leucoceps,  Sw.) 
i58.  pileatus,  Scopoli. 

(philippinus,  Lath. 

stolidus,  Gould. 

lenuirostris,  Blyth. 

unicolor?  Erman,  juv.) 
i5o.  melanogenys,  Gr. 

160.  senex,  Leach. 
(  tenuirostris,  Temm.) 

161.  melanops,  Gould. 
(minor,  Less.  ex  Gould  i844-) 

163.  leucocapillus,  Gould. 


40.  Procelsterna,  Lafr. 
t63.  albivitta,  Bp. 

(cinereus,  Gould,  nec  Neb.) 

pelecanoides  '  Gr.) 
164.  cinerea,  Neboux. 

(tereticollis,  Lafr. 

tenuirostris,  Less. 

parvulus,  Gould. 

gracilis,  Gr.  ex  Gould. 

tephrodes,  Rcichenb. 

plumbeus,  Peale.) 


Subfamilia  15.  Rhyncopinœ 
U    Rhvncope*. 
41.  Rhyncops,  L. 

i65.  nigra,  L. 

(Julva,  Gm. 

borealis,  Sw. 

cinerescens,  Spix. 

brevirostris,  Spix.) 
1G6.  albicollis,  Sw. 

167.  melanura,  Boie. 

168.  flavirostris,  Vieill. 
(  orientalis,  Rupp . 
albirostris,  Licht.) 


(  774) 


ORDO  VII.  GAVLE. 
TRIBUS  IV.  riux.vroKEs. 


Subf.  16.  Alcinœ. 

V.    ALCE*. 

Pinguinus,  Bonn. 
i.  impennis,  /.. 


Alca,  L. 
i.  torda,  L. 

(pica,  L. 

balthica ,  Brehm. 

glacialis,  Brehm. 

microrhynchos ,  Br.) 


FAMIUA  ÎO.  ALCIDJE. 


Subf.  17.  Phaleridinœ. 

W.    PIULERIDES. 

5.  Mormon,  lll. 

a.  Lunda,  Pall. 
3.  cirrhata,  Pall. 

b.  Fratercula,  Br. 
/|.  arctica,  L. 

[fratcrcula,  Temm. 
polaris  etgiabce,  Brehm.) 
5?  glacialis,  Leach. 

6.  corniculata,  Kiill. 
[glacialis,  Aud.) 

4.  Sagmatorhina,  Bp. 

7.  lathami,  Bp. 
[labradora!  Lath.) 

5.  Ceratorhyncha,  Bp. 

8.  occidentalis,  Bp. 
[monocerata,  Pall.) 

6.  Ciceronia,  Reich. 

9.  nodirostris,  Bp. 
[microceros,  Brandt.) 

7.  Tyloramphus,  Brandt. 

10.  pygmocus,  Gm. 
{pusilla,  Pall.) 

11.  tetracula,  Pall. 

12.  dubius,  Pall. 

i3.  camtschaticua,  Lepeeh. 
[mystacea,  Pall. 
superciliosa ,  Licbt. 
cristatella,  Temm.) 

8.  Simorhynchus,  Merr. 
■  4-  cristatellus,  Pall. 

9.  Ptychoramphus,  Brandi. 
i5.  aleuticus,  Pall. 

[cassini,  Gambel. 
cirrhocephatus?  Vig.) 

10.  Phaleris,  Temm. 
iG.  psittacula,  Pall. 


Subf.   18.  Uriinœ. 

X.    CRIES. 

IL  Uria,  Br. 

a.  Lomvia,  Brandt. 

17.  troile,  L. 
[minor,  Gm. 

swarbag et  lomvia,  Brunn.) 

18.  rhingvia,  Brunn. 
[leucopsis,  Brehm. 
lacrypians,  La  Pylaie. 
norwegica  ?  Brehm.) 

iq.  arra,  Pall. 

{pica,  Faber. 

brunnichi,  Sabine. 
francsi,  Leach. 

troile,  Brunn. —  polaris,  Br.) 
20.  unicolor,  Benicken. 

b.  Cephus,  Pall. 
ai.   grylle,  L. 

(columba,  Pall. — marmoratus,  Tr. 
scapularis,  Steph. —  lacteolus?  P . 
balthicus  etgrylloides,  Brunn. 
meisneri  etjerroensis,  Brehm.) 

22.  mandti,  Licht. 
[glacialis,  Brehm.) 

23.  carbo,  Pall. 

12.  Anobapton,  Brandt. 

a.  Brachyramphus,  Br. 
24-  marmoratus,  lath. 

[perdir,  Pall. —  brevirostris,  Vig. 

townsendi,  Aud.) 
20.  wrangeli,  Brandt. 

26.  brachyplerus,  Kitll. 

27.  kittlitzi,  Brandt. 

b.  Synthliboramphus,  Br. 

28.  antiquus,  Lath. 
[senicula,  Pall.) 

29.  wumizusume,  Temm. 
[  temmincki,  Brandt.) 

13.  Mergulus,  Ray. 

30.  aile,  L.  [  arcticus,  Brehm , 


FAMIUA  11.  COLYMB1 
Subf.   19.  Colymbinœ. 

Y.    COLVMBEiE, 

14.  Colymbus,  L. 

3i.  glacialis,/.. 

[hiemalis,  Brehm.) 

3î.  arcticus,  L. 

[megarhynchos,  Brehm. 
balthicus  ?  Hornschuch.) 

33.  septentrionalis,  L. 
[borealis,  Brunn. 
microrhynchos,  Brehm.) 


FAM1XIA   12.  PODICIPIDJE. 

Subfumilia  20.  Podicipinae. 
Z.   PODICIPE*. 


liceps,  Lalh. 

a.  Lophailhyia,  Kaup. 
ristatus,  L. 

rinator,  L. 

rnutus,  Br. 

\tagiatus,  Brehm .) 

>ngirostris,  Bp. 

UStralis,  Gould. 

homensis,  Gm. 

ayennensis,  Gm. 

tajor,  Bodd.) 

jicornis,  Licht.  nec  Brehm. 

leucopterus,  King.') 

b.  Pedeaithyia,  Kaup. 
ubcristatus,  laça. 
jriseigena,  Bodd. 
irolis,  Sparmann. 
ibricollis,  Lath.) 
ucullatus,  Pall. 
najor,  Schlegel.) 
lolboolli,  Reinh. 
nubricollis,  Aud.) 

e.  Dytes,  Kaup. 
luritus,  L. 
arcticus,  Boie. 
icornis?  Brehm.) 
:ornutus,  Gm. 
californiens?  Cassin.) 
iclavus,  Bp. 
cornutus,  Auct. 
bscurus,  Gm.,  jw. 
aspicus  ?  Gm . 
igricans,  Scopoli  ,juv. 
omosus,  Rang.—  minutus,  Pall. 
mbiguus?  Less.) 
nigricollis,  Sundev. 
auritus,  Auct.  necL. 
'ecurvirostris,  Brehm. 
>rientalis?  Brehm.) 


16.  Rollandia,  Bp . 

l\-j.  leucotis,  Cuv. 

(rollandi,  Quoy  et  Gaim.) 
48.  micra,  Bp. 

17.  Poliocephalus,  Selbr- 
4g.  occipitalis,  Less. 

(caliparcus,  Garnot.) 
5o.  nestor,  Gould. 

[poliocephalus,  Jard.) 
5i.  ruflpectus,  Gr. 

18.  Tachybaptus,  Reich. 
*   Orbis  anlioui. 

52.  minor,  L. 
(fluviatilis,  Br. 
hebridicus ,  Gm. 
pyrenaicus,  Lapeyr. 
pallidus  et  pygmœus,  Brehm.) 

53.  philippensis,  Bonn, 
[minor  var.  b.t  Lath.) 

54.  capensis,  Bp. 

55.  gularis,  Gould. 
(novœ-hollandiœ  ?  Steph.) 
**  Americani. 

56.  dominicus,  L. 

57.  americanus,  Garnot. 
(alhicollis,  Less.) 

58.  chilensis,  Garnot. 

19.  Sylbeocyclus,  Bp. 
5g.  podiceps,  L. 

(carolinensis,  Br. 
ludovicianus,  Lath .  ) 

60.  antarcticus,  Less. 
{ podicepSj  Licht. 
carolinensis  ?  Sptot. 
brevirostris  ?  Gr .  ) 

61.  lineatus,  Cassin. 


CONSPECTUS  PTILOPTERORUM  SYSTEMATICUS. 

ORDO  Vin.  PTILOPTERI. 

FAMILIA  13.  SPHENISCIDiE 


Subfamilîa  21.  Spheniscinœ. 

A.    APTENODYTEtë. 

1.  Aptenodytes,  Forst. 

1.  forsteri,  Gr. 
(patachonica,  Forst. 

imperaior,  Auct.) 

2.  pennanti,  Gr. 
(patagonica,  Penn. 
patachonica ,  Shaw. 
rex,  Auct. 
longirostris  ?  Scopoli .  ) 

?  magnirostris,  Peale. 

.  Eudyptula,  Bp. 

3.  minor,  Forst. 
II?  undina,  Gould. 

5.  Chrysocoma,  Steph. 

5.  catarractes,  Gm. 
(  demersus,  L.  sub  Phaeton. 
chrysocome,  Forst. 
cristtua,  Shaw. 
saltator,  Steph.) 

?  palpebrata  ,  Licht. 

6.  chrysolopha,  Brandi. 

7.  pachyrhynchus,  Gr. 

4.  Pygoscelys,  Wagl. 

8.  papua,  Forst. 
(  tœniata,  Peale.) 

9.  torquata,  Forst. 
(platyrhyngos,  Scopoli.) 

10.  antarctica,  Forst. 

11.  magellanica,  Forst. 
(  brasiliensis,  Lient. 

fuscirostris,  111.) 

12.  antipoda,  Hombr. 
{Jlavilarvata,  Peale.) 

?  chilensis,  Gm. 

B.   SPBEMSCK  I. 

5.  Spheniscus,  Br. 

.  i3.  demersus,  L.  sub  Diomedea. 
(chiloensis?  Molina. 
molince?  Lath.) 


Subfamilîa  22.  Dasyramphina-, 

C.    DASÏRAMPHE*. 

6.  Dasyramphus,  H.  et  J. 

i5.  adeliae,  Bombr.  et  J . 
{brevirostris,  Gr. 
longicauda,  Peale.) 


(776) 


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(  777  ) 


RAPPORTS. 

physique  terrestre.  —Rapport  sur  un  ouvrage  manuscrit  rfeM.  Tchihatchef, 
ayant  pour  titre  :  Études  climatologiques  sur  l'Asie  Mineure. 

(Commissaires,  MM.  Élie  de  Beaumont,  Decaisne,  Becquerel  rapporteur.) 

«  Quand  une  personne  appartenant  à  une  classe  élevée  de  la  société  aban- 
donne pays,  famille  et  dignités  pour  voyager  dans  l'intérêt  des  sciences 
physiques  et  naturelles,  réunir  des  observations,  les  coordonner  et  les  pu- 
blier à  ses  frais,  les  corps  savants  doivent  accueillir  favorablement  l'ouvrage 
dans  lequel  elles  sont  consignées,  lors  même  qu'il  ne  fournirait  que  des 
jalons  devant  servir  de  points  de  départ  pour  de  nouvelles  explorations. 
Telle  est  la  position  où  se  trouve  M.  Tchihatchef  vis-à-vis  de  l'Académie  des 
Sciences,  à  laquelle  il  vient  de  présenter  un  ouvrage  manuscrit  volumi- 
neux ayant  pour  titre  :  Etudes  climatologiques  sur  VAsie  Mineure,  lequel 
a  été  renvoyé  à  une  Commission  composée  de  MM.  Elie  de  Beaumont,  De- 
caisne et  moi.  Cet  ouvrage,  indépendamment  des  matériaux  qu'il  contient, 
et  dont  l'utilité  ne  saurait  être  contestée,  attendu  qu'on  n'a  pas  ou  que  très- 
peu  de  données  sur  l'état  climatérique  de  cette  contrée,  a  un  intérêt  de  cir- 
constance, à  raison  des  relations  plus  intimes  qui  vont  s'établir  entre  l'Oc- 
cident et  l'Orient. 

»  Rien  n'est  plus  difficile  que  de  définir  un  climat,  tant  sont  nombreux 
les  éléments  que  l'on  doit  prendre  en  considération.  Ces  éléments  com- 
prennent les  phénomènes  calorifiques,  aqueux,  lumineux,  aériens  et  élec- 
triques, la  constitution  et  l'état  physique  du  globe,  etc.,  etc.  La  question  est 
donc  des  plus  complexes.  M.  Tchihatchef,  malgré  les  difficultés  que  pré- 
sente cette  question,  a  essayé  de  l'aborder  à  l'égard  de  l'Asie  Mineure, 
pendant  un  séjour  de  cinq  années  qu'il  a  fait  dans  cette  contrée.  Avant  son 
départ  de  Paris,  il  s'était  pourvu  à  cet  effet  de  baromètres,  de  thermo- 
mètres, d'hygromètres  et  de  psychromètres  construits  par  Bunten  et  com- 
parés à  ceux  du  Collège  de  France.  Ces  instruments  ont  été  confiés  ensuite 
par  lui  à  des  personnes  recommandables  par  leur  position  sociale,  et  qu'il 
avait  exercées  préalablement  à  leur  usage.  Les  observations  barométriques, 
hygrométriques  et  psychrométriques  ont  été  discutées  par  MM.  Rupfer  et 
Rreil. 

»  M.  Tchihatchef  a  choisi  pour  lieux  d'observations  onze  localités  telles, 


(  77»  ) 
que,  réunies  par  des  lignes,  elles  formaient  un  réseau  embrassant  l'Asie  Mi- 
neure. Ces  onze  localités  sont  :  Constantinople,  Trébizonde,  Raisaria,  Tar- 
sus,  Smyrne,  Chios,  Brousse,  Erzeroum,  Erivan,  Ouroumia  et  Mossoul. 

»  M.  Tchihatchef  s'était  réservé  Constantinople,  où  les  observations 
étaient  faites,  pendant  qu'il  se  transportait  d'une  station  à  une  autre  pour 
surveiller  les  observations,  par  M.  Noë,  pharmacien  attaché  à  l'Ecole  mili- 
taire. Les  autres  observateurs  étaient  MM.  Gehringuer,  consul  d'Autriche 
à  Trébizonde;  M.  Suter,  consul  d'Angleterre  à  Raisaria;  M.  Rlaperton,  con- 
sul de  la  même  nation  à  Tarsus  :  quant  aux  observations  relatives  aux 
autres  localités,  M.  Tchihatchef  a  pris  celles  de  MM.  Silleman  et  Dana,  con- 
signées dans  Y  American  Journal  oj  Science  and  Arts  (1846);  celles  qui  se 
trouvent  dans  les  Comptes  rendus  de  V Académie  des  Sciences  (  présentées 
par  M.  Elie  de  Beaumont)  et  dans  les  tableaux  météorologiques  de  Mahl- 
mann.  Nous  ajouterons  enfin  que  M.  Rreil  avait  fait  faire  en  Autriche,  dans 
les  localités  les  plus  rapprochées  de  la  Turquie  d'Europe,  des  observations 
barométriques  aux  mêmes  heures  que  celles  qui  avaient  lieu  dans  l'Asie 
Mineure. 

»  Telles  sont  les  sources  où  M.  Tchihatchef  a  puisé  pour  présenter  des 
considérations  sur  les  divers  climats  de  cette  contrée;  mais  les  données 
qu'elles  lui  ont  fournies  n'étant  pas  suffisantes  pour  caractériser  les  climats, 
il  a  eu  recours,  à  l'exemple  de  M.  de  Ilumboldt  et  d'autres  voyageurs  : 

»  i°.  A  la  limite  des  neiges  perpétuelles; 

»   20.  A  celle  de  la  végétation  arborescente  ; 

»  3°.  Aux  effets  du  déboisement  ; 

»  4°-  A  l'abondance  des  marécages. 

»  A  l'aide  des  observations  barométriques,  thermométriques  et  psycho- 
métriques, M.  Tchihatchef  a  pu  comparer  entre  eux  les  divers  climats,  et 
ces  derniers  à  ceux  des  localités  de  l'Europe,  situées  sous  les  mêmes  lati- 
tudes et  dans  des  conditions  semblables.  Cette  comparaison  l'a  conduit  aux 
conséquences  suivantes  : 

»  Constantinople.  —  Cette  ville,  malgré  sa  position,  a  plutôt  un  caractère 
météorologique  continental  ou  exclusif  que  maritime. 

»  Trébizonde.  —  Quoique  la  distance  entre  cette  ville  et  Constantinople 
soit  peu  considérable,  que  leurs  latitudes  et  leurs  altitudes  présentent  de  très- 
petites  différences,  et  qu'il  y  ait  une  grande  similitude  entre  leur  tempéra- 
ture moyenne  annuelle,  néanmoins  leurs  caractères  climatologiques  ont  si 
peu  de  ressemblance,  qu'il  y  a  sous  ce  rapport  plus  d'analogie  entre  Trébi- 


(  779  ) 
zonde  et  les  points  de  l'Europe  les  plus  éloignés,  qu'entre  cette  ville  et 
Constat!  tinople. 

»  Kaisaria.  —  Son  climat  peut  être  considéré  comme  étant  relativement 
plus  doux  et  plus  régulier  que  celui  des  localités  de  l'Asie  Mineure  situées 
à  l'est  de  cette  ville,  telles  que  Erzeroum,  Erivan  et  Ouroumia. 

»  Tarsus.  —  Son  climat  paraît  tenir  à  la  fois  du  climat  continental  et  du 
climat  marin  ;  aussi  peut-on  le  qualifier  de  climat  maritimo-continental. 

»  Brousse  jouit  comparativement  d'un  climat  plus  doux  que  Constanti- 
nople,  et  beaucoup  plus  rigoureux  que  celui  de  Trébizonde. 

»  Smyrne.  —  Les  différences  considérables  entre  les  maxima  et  les  mi- 
nima  absolus,  et  entre  les  moyennes  de  l'hiver  et  de  l'été,  rapprochent  le 
climat  de  Smyrne  de  celui  de  Constantinople  et  lui  enlèvent  également  une 
partie  de  son  caractère  maritime.  Trébizonde,  au  contraire,  diffère  complè- 
tement de  Smyrne,  et  peut  être  considérée  comme  une  localité  maritime 
relativement  à  l'autre,  qui  aurait  un  climat  continental. 

»  Chios.  —  Cette  île  reproduit  assez  fidèlement  les  traits  saillants  du 
climat  de  Smyrne  :  ce  qui  montre  que  le  bras  de  mer  qui  la  sépare  de  l'Asie 
Mineure  ne  suffit  pas  pour  lui  donner  le  caractère  insulaire,  puisqu'il  con- 
serve celui  du  climat  continental  que  possède  celui  de  Smyrne. 

»  Erzeroum.  — Sa  température  moyenne  est  plus  forte  que  ne  le  ferait  sup- 
poser son  altitude ,  ce  qui  tient  aux  chiffres  très-élevés  de  ces  moyennes  de 
l'été  et  du  printemps;  mais  aussi  sa  moyenne  de  l'hiver  est  beaucoup  plus 
basse  que  celle  des  localités  de  l'Europe  situées  dans  des  conditions  ana- 
logues; elle  est  égale  à  celle  du  grand  Saint-Bernard,  dont  la  latitude  est  de 
plus  de  6  degrés  au  nord  et  l'altitude  de  5ia  mètres  plus  élevée.  Il  résulte 
de  là  des  différences  énormes  entre  les  moyennes  des  saisons  et  entre  les 
moyennes  mensuelles  extrêmes;  ainsi  les  différences  entre  les  moyennes  de 
l'été  et  de  l'hiver  sont  plus  fortes  qu'à  Moscou. 

»  Erivan.  —  Les  caractères  de  climat  excessif  y  sont  encore  bien  plus 
prononcés  qu'à  Erzeroum;  ils  atteignent  un  degré  inconnu  en  Europe, 
puisque,  outre  les  minima  absolus  de  l'hiver  et  les  maxima  absolus  de  l'été, 
la  différence  atteint  quelquefois  80  degrés. 

»  Ouroumia.  —  Cette  ville  paraît  avoir  un  climat  comparativement  plus 
froid  que  celui  d'Erzeroum,  mais  beaucoup  moins  que  celui  d'Érivan,  mal- 
gré l'altitude  bien  moins  considérable  de  cette  dernière  ville. 

»  Mossoul.  —  Sa  température  moyenne  annuelle  s'accorde  assez*  bien 
avec  celle  des  localités  de  l'Europe  ayant  à  peu  près  la  même  latitude, 


(78o  ) 
tandis  que  sa  moyenne  estivale  (33°, 06)  n'a  point  d'analogue  non-seulement 
en  Europe,  mais  encore  dans  aucune   des  localités  du  globe  où  l'on  ait 
observé;  d'un  autre  côté,  les  hivers  ne  sont  pas  en  moyenne  plus  froids 
qu'à  Rome. 

»  Lùnhe  des  neiges  éternelles  dans  l'Asie  Mineure.  —  Suivant  M.  Tchi- 
hatchef,  sur  le  versant  sud-ouest  du  mont  Argée,  les  neiges  perpétuelles 
ne  commencent  qu'à  34oo  mètres  ;  elles  ne  constituent  pas  de  grandes 
nappes  continues,  mais  se  présentent  seulement  en  stries  ou  en  lambeaux. 
Leur  limite  paraît  être  fort  élevée  eu  égard  à  leur  latitude.  En  admet- 
tant que  84  mètres  en  hauteur  correspondent  à  1  degré  de  latitude,  il 
s'ensuivrait  que  le  mont  Argée  l'emporterait  sur  la  plupart  des  montagnes  de 
l'Europe  et  de  l'Amérique  pour  la  hauteur  à  laquelle  se  trouve  la  limite  des 
neiges  éternelles,  et  ne  le  céderait  qu'aux  grandes  chaînes  de  l'Asie  Mineure, 
où  la  limite  dont  il  s'agit  paraît  s'élever  encore  davantage.  MM.  Charles  Koch 
et  Vagner,  qui  ont  évalué  approximativement  la  limite  des  neiges  perpétuelles 
de  quelques  montagnes  de  l'Arménie  et  du  Pont,  ont  reconnu  également 
qu'elle  est  remarquablement  élevée  relativement  à  leur  latitude,  ce  qui 
semblerait  montrer  que  ce  phénomène  est  assez  général  dans  la  portion 
orientale,  et  qu'il  y  règne  un  degré  assez  prononcé  de  sécheresse  atmosphé- 
rique. 

»  Limites  supérieures  de  la  végétation  arborescente,  frutescente.  —  Ces 
limites  n'ont  pas  été  plus  étudiées  en  Asie  Mineure  que  celles  des  neiges 
perpétuelles  ;  il  faut  en  excepter  toutefois  le  mont  Olympe,  qui  l'a  été  par 
Siebthorp,  Boëssier  et  surtout  Griescbach,  sous  le  rapport  de  la  géographie 
botanique.  Le  mont  Argée  ne  l'avait  pas  été  avant  M.  Tchihatchef  qui  a 
publié  un  aperçu  de  sa  flore  en  i852,  et  auquel  le  Muséum  d'Histoire  natu- 
relle doit  un  herbier  précieux  de  cette  contrée. 

»  La  limite  supérieure  de  la  végétation  arborescente  sur  le  mont  Olympe 
est  notablement  plus  basse  que  celle  sur  les  montagnes  de  l'Europe  situées 
sous  les  mêmes  latitudes  ;  sur  le  mont  Argée,  la  végétation  arborescente  est 
remplacée  par  des  buissons  de  Populus  grœca,  que  l'on  trouve  jusqu'à  en- 
viron 2900  mètres. 

»  Le  Boulgardagh,  en  Cilicie,  a  sa  limite  supérieure  !  de  végétation  arbo- 
rescente aussi  élevée  que  dans  les  montagnes  de  Grenade  en  Espagne. 

»  Les  monts  Alaguet  et  Ararat,  en  Arménie,  ont  leurs  limites  supérieures 
de  végétation  arborescente  à  peu  près  à  la  même  hauteur  que  sur  les  mon- 
tagnes de  l'Europe  situées  sous  les  mêmes  latitudes. 


(  78 1  ) 
»  Considérations  sur  le  déboisement  de  l'Asie  Mineure.  —  L'Asie  Mi- 
neure manque  de  grandes  forêts;  on  y  trouve  de  vastes  étendues  de  ter- 
rains dépourvues  de  toute  végétation  arborescente  et  même  frutescente. 
On  se  demande  dès  lors  s'il  en  a  toujours  été  ainsi  :  de  nombreux  témoi- 
gnages d'auteurs  anciens  prouvent  que  cette  contrée  était  beaucoup  plus 
boisée  qu'elle  ne  l'est  aujourd'hui.  Les  progrès  de  la  civilisation  et  les 
guerres  sont  les  causes  de  la  destruction  des  forêts  :  du  Gange  à  l'Euphrate 
et  de  l'Euphrate  à  la  Méditerranée,  sur  une  étendue  de  plus  de  mille  lieues 
en  longueur  ;  trois  mille  ans  de  guerre  ont  ravagé  ces  contrées  ;  Ninive  et 
Babylone,  si  renommées  par  leur  civilisation  avancée,  Palmyre  et  Balbeck 
par  leur  magnificence,  n'offrent  plus  aujourd'hui  aux  voyageurs  que  des 
ruines,  au  milieu  de  déserts  dans  lesquels  on  ne  rencontre  plus  que  çà  et 
là  des  traces  de  cette  riche  végétation  dont  parlent  les  anciens.  D'un  autre 
côté,  le  littoral  septentrional  de  la  mer  Noire,  du  temps  d'Hérodote,  était 
couvert  de  forêts,  là  où  il  n'en  existe  plus  aujourd'hui. 

»  M.  Tchihatchef  pense  que  la  destruction  de  toutes  ces  forêts  a  pu 
exercer  une  certaine  influence  sur  le  climat  de  l'Asie  Mineure,  en  abaissant 
la  moyenne  estivale  et  relevant  la  moyenne  hivernale;  il  appuie  son  opi- 
nion, à  cet  égard,  sur  plusieurs  passages  de  Théophraste,  dans  lesquels  ce 
philosophe  mentionne  certains  végétaux  que  le  défaut  de  chaleur  empêchait 
jadis  de  prospérer,  et  qui  viennent  aujourd'hui  parfaitement. 

»  M.  Tchihatchef,  en  exprimant  son  opinion  touchant  l'influence  exercée 
sur  la  température  par  le  déboisement  de  grandes  étendues  de  forêts,  aborde 
une  question  qui  est  encore  un  sujet  de  discussion ,  et  sur  laquelle  les 
meilleurs  esprits  ne  sont  pas  entièrement  d'accord.  En  effet,  MM.  Arago  et 
Gay-Lussac,  dans  le  sein  de  la  Commission  nommée  en  i836,  pour  exa- 
miner s'il  y  avait  lieu  ou  non  de  rapporter  l'art.  219  du  Code  forestier, 
s'exprimaient  ainsi  : 

«  Si  l'on  abattait  un  rideau  de  forêts  sur  la  côte  maritime  de  la  Nor- 
ia mandie  ou  de  la  Bretagne,  disait  M.  Arago,  ces  deux  contrées  devien- 
»  draient  accessibles  aux  vents  d'ouest,  aux  vents  tempérés  venant  de  la 
»  mer;  de  là  une  diminution  dans  le  froid  des  hivers.  Si  une  forêt  toute 
»  pareille  était  défrichée  sur  la  côte  orientale  de  la  France,  le  vent  d'est 
»  glacial  s'y  propagerait  plus  fortement,  et  les  hivers  seraient  plus  rigou- 
»  reux.  La  destruction  d'un  rideau  de  bois  aurait  donc  produit,  çà  et  là, 
»  des  effets  diamétralement  opposés.  » 

»  M.  Gay-Lussac  tenait  un  langage  bien  différent  : 

C.  R.,  î8?6,  1"  Semestre.  (T.  XLII.N"  17.)  Io3 


(  78»  ) 

«  A  mon  avis,  disait-il,  on  n'a  acquis  jusqu'à  présent  aucune  preuve  po- 
»  sitive  que  les  bois  aient,  par  eux-mêmes,  une  influence  réelle  sur  le  climat 
»  d'une  grande  contrée  ou  d'une  localité  particulière.  En  examinant  de 
»  près  les  effets  du  déboisement,  on  trouverait  peut-être  que,  loin  d'être 
»  un  mal,  c'est  un  bienfait  ;  mais  ces  questions  sont  tellement  compliquées, 
»  quand  on  les  examine  sous  le  point  de  vue  climatologique,  que  la  solu- 
»   tion  est  très-difficile,  pour  ne  pas  dire  impossible.  » 

»  D'un  autre  côté,  suivant  M.  de  Humboldt,  les  forêts  agissent  sur  le  cli- 
mat d'une  contrée  comme  cause  frigorifique,  comme  abris  contre  les  vents 
et  comme  servant  à  entretenir  les  eaux  vives. 

»  Il  n'est  pas  démontré  encore  que  le  déboisement  sur  une  grande  éten- 
due de  pays  améliore  la  température  moyenne.  Cependant  un  grand  nom- 
bre d'observations  tendent  à  le  faire  croire  :  nous  citerons  les  observations 
de  Jefferson  dans  la  Virginie  etla  Pensylvanie,  celles  beaucoup  plus  récentes 
faites  par  MM.  de  Humboldt,  Boussingault,  Hall,  Rivière  et  Roulin,  sous  les 
tropiques,  depuis  le  niveau  de  la  mer  jusqu'à  des  hauteurs  où  l'on  trouve 
des  climats  tempérés  et  polaires  ;  ces  derniers  ont  reconnu  que  l'abondance 
des  forêts  et  l'humidité  qui  en  résulte,  tendent  à  refroidir  le  climat,  et  que 
la  sécheresse  et  l'aridité  produisent  un  effet  contraire.  Il  pourrait  se  faire 
cependant  que,  la  température  moyenne  restant  la  même,  la  répartition  de  la 
chaleur  dans  le  cours  de  l'année  fût  changée,  et  dans  ce  cas  le  climat  se- 
rait modifié.  Mais,  nous  le  répétons,  on  ne  sait  encore  rien  de  bien  cer- 
tain touchant  l'influence  du  déboisement  sur  la  température  dans  les  con- 
trées situées  hors  des  tropiques.  L'influence  des  abris  toutefois  ne  saurait 
être  contestée;  un  grand  nombre  défaits  le  prouvent;  nous  en  citerons  un 
seul  :  dans  les  marais  Pontins,  un  bois  interposé  sur  le  passage  d'un  cou- 
rant d'air  humide  chargé  de  miasmes  pestilentiels,  préserve  les  parties  qui 
sont  derrière  elles,  tandis  que  celles  qui  sont  découvertes  sont  exposées  aux 
maladies.  Les  arbres  sembleraient  donc  tamiser  l'air  infecté,  en  lui  enlevant 
les  miasmes  qu'il  transporte. 

»  M.  Tchihatchef  avance  ensuite  que  le  déboisement  a  eu  pour  effet  le 
développement  des  marécages,  dont  l'extension  considérable  est  un  des  traits 
caractéristiques  de  l'aspect  de  l'Asie  Mineure.  Il  cite  des  témoignages  irrécu- 
sables d'auteurs  anciens  qui  prouvent  que  de  leurs  temps  les  marécages  qui 
infectent  aujourd'hui  l'Asie  Mineure,  n'étaient  pas  aussi  étendus  qu'ils  le 
sont  actuellement.  Ces  auteurs  ne  signalent  point,  par  exemple,  les  fièvres 
paludiennes  dans  les  régions  que  ces  affections  rendent  aujourd'hui  inha- 
bitables, et  qui  étaient  jadis  couvertes  de  cités  florissantes. 


(  783) 

»  L'opinion  émise  par  M.  Tchihatchef  touchant  la  production  des  maré- 
cages à  la  suite  de  grands  déboisements,  se  trouve  confirmée  par  de  nom- 
breux exemples  que  l'un  de  nous  a  signalés  dans  un  ouvrage  sur  les 
climats. 

»  Vient-on  à  défricher  une  forêt  à  sous-sol  imperméable  sans  cultiver  le 
sol,  la  terre  n'offre  plus  qu'un  accès  difficile  aux  eaux  pluviales,  qui,  ne  pou- 
vant plus  s'infiltrer,  restent  dans  les  parties  basses.  Le  pays  devient  alors 
marécageux  et  malsain,  et  les  habitants  sont  en  proie  aux  fièvres  paludien- 
nes.  C'est  ce  qui  est  arrivé  à  la  Sologne,  à  la  Brenne,  à  la  Dombe,  à  la 
Bresse,  etc.,  à  la  suite  de  grands  déboisements. 

»  Des  documents  authentiques  prouvent,  en  effet,  qu'il  y  a  mille  ans  la 
Brenne  était  couverte  de  forêts  entrecoupées  de  prairies  arrosées  d'eaux 
courantes  et  vives,  qu'elle  était  renommée  par  la  fertilité  de  ses  pâturages 
et  la  douceur  de  son  climat.  Aujourd'hui  il  n'en  est  plus  ainsi,  le  pays  est 
devenu  marécageux  et  malsain . 

»  M.  Tchihatchef  a  consigné  dans  un  tableau  (voir  ci-après  page  785) 
qui  a  très-peu  d'étendue,  le  résumé  des  principales  observations  météoro- 
logiques faites  dans  les  onze  localités  qu'il  a  prises  pour  observatoires. 
Ces  observations  ne  suffisant  pas  pour  donner  une  idée  générale  de  la 
climatologie  de  l'Asie  Mineure,  M.  Tchihatchef  a  réuni  encore  dans  son 
ouvrage  divers  documents  relatifs  à  des  observations  météorologiques  faites 
sur  différents  points  de  cette  contrée  et  ayant  de  l'analogie  sous  le  rapport 
de  l'altitude  et  de  la  latitude  avec  les  stations  qu'il  avait  choisies.  En  réu- 
nissant tous  ces  documents  et  les  comparant  entre  eux,  il  est  arrivé  aux  con- 
séquences suivantes,  qui  ne  pourront  manquer  d'intéresser  l'Académie,  si 
de  nouvelles  observations  surtout  viennent  en  confirmer  l'exactitude. 

»  Le  littoral  septentrional  de  l'Asie  Mineure  peut  être  divisé  en  deux 
parties  distinctes:  l'une  est  comprise  entre  Constantinople  et  Sinope  et  par- 
ticipe du  climat  de  la  première  ville  ;  c'est  pour  cette  raison  que  M.  Tchi- 
hatchef la  désigne  sous  la  dénomination  de  région  byzantine  ;  l'autre  est 
comprise  entre  Sinope  et  l'échancrure  orientale  delà  mer  Noire  et  jouit  d'un 
climat  auquel  celui  de  Trébizonde  sert  de  type.  M.  Tchihatchef  appelle 
cette  région,  région  trapézienne. 

»  Les  côtes  occidentales  et  méridionales  de  l'Asie  Mineure  paraissent  en 
général  avoir  des  hivers  plus  froids,  des  étés  plus  chauds  et  un  degré  d'hu- 
midité relative  plus  élevé  que  les  régions  littorales  de  l'Europe  placées  sous 
des  latitudes  correspondantes.  Le  nombre  et  l'élévation  des  montagnes  et 
des  plateaux  abaissent  tellement  la  température  moyenne  de  l'Asie  Mineure, 

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(  ?84  ) 
que,  bien  que  située  dans  une  zone  éminemment  tempérée  et  possédant 
même  des  points  à  température  tropicale,  l'ensemble  de  cette  péninsule 
possède  un  climat  boréal  ;  en  effet,  la  température  moyenne  annuelle  ne  s'é- 
lève pas  probablement  au-dessus  de  12  degrés  ;  la  moyenne  hivernale  est  de 
4°,8  et  la  moyenne  estivale  est  de  aa°,6. 

»  Les  régions  centrales  ont  pour  caractère  spécial  un  grand  degré  de  sé- 
cheresse atmosphérique  qui  offre  un  contraste  frappant  avec  l'humidité  re- 
lative des  côtes. 

»  L'influence  de  la  latitude  sur  la  température  moyenne  est  beaucoup 
plus  prononcée  en  Asie  Mineure  qu'en  Europe. 

»  Les  considérations  que  M.  Tchihatchef  a  présentées  sur  les  climats  de 
l'Asie  Mineure  et  dont  nous  venons  de  rendre  compte,  ne  reposent  pas 
toutes,  comme  lui-même  le  reconnaît,  sur  des  bases  solidement  établies, 
vu  le  petit  nombre  de  localités  où  les  observations  ont  été  faites;  mais  elles 
suffisent  néanmoins  pour  donner  une  idée  générale  de  ces  climats,  dont 
quelques-uns  sont  exceptionnels. 

»  Quand  on  songe  que  M.  Tchihatchef,  pendant  les  cinq  années  qu'il  a 
séjourné  en  Orient,  s'est  occupé  non-seulement  de  physique  terrestre,  mais  en- 
core des  diverses  branches  des  sciences  naturelles,  comme  on  peut  en  juger 
par  les  diverses  collections  qu'il  a  envoyées  à  des  établissements  publics, 
qu'il  a  tout  fait  avec  ses  propres  ressources,  ainsi  que  la  publication  de  ses 
travaux  pour  laquelle  il  s'est  adjoint  des  artistes  distingués,  comme  on  peut 
en  juger  en  jetant  les  yeux  sur  la  carte  de  l'Asie  Mineure  que  nous  présentons, 
l'Académie  n'hésitera  pas,  nous  le  pensons,  à  reconnaître  que  M.  Tchi- 
hatchef, bien  qu'il  n'ait  pu  faire  ni  discuter  par  lui-même  toutes  les  obsena- 
tions  dont  nous  venons  d'exposer  toutes  les  conséquences,  doit  être  néan- 
moins regardé  comme  le  promoteur  ou  l'âme  du  voyage  scientifique  qu'il  a 
entrepris  dans  l'intérieur  de  l'Asie  Mineure;  aussi  votre  Commission  vous 
propose- t-elle  d'approuver  la  direction  qu'il  a  donnée  à  ses  travaux  et  de  le 
remercier  de  son  désintéressement  et  de  son  dévouement  pour  l'avancement 
des  sciences  physiques.   » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 


(785) 


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(  786) 

A  la  suite  de  cette  lecture,  M.  Élie  de  Beaijmont  rappelle  que  le  travail 
actuel  de  M.  P.  de  Tchihatchef  n'est  qu'un  fragment  du  grand  ouvrage 
qu'il  prépare  sur  l'Asie  Mineure,  dont  il  a  déjà  publié  la  partie  géogra- 
phique et  qui  comprend  aussi  d'importantes  observations  géologiques  et 
botaniques. 

NOMINATIONS. 

L' Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Membre 
qui  occupera,  dans  la  Section  de  Géométrie,  la  place  vacante  par  la  mort 
de  M.  Sturm. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  54, 

M.   Bertrand  obtient 46  suffrages. 

M.  Puiseux 7 

M.  Hermite 1 

M.  Bertrand,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  pro- 
clamé élu 
Sa  nomination  sera  soumise  à  l'approbation  de  l'Empereur. 


MEMOIBES   PBESENTÉS. 

BOTANIQUE.    —    De  La  distribution  géographique  des  Urticées  ;  par 

H. -A.  Weddell. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Botanique.) 

«  Bien  que  parmi  les  Urticées  il  y  ait  plusieurs  espèces  qui  accompa- 
gnent l'homme  dans  ses  migrations  et  se  propagent  en  abondance  autour 
des  lieux  où  il  a  établi  son  habitation,  le  nombre  de  ces  espèces  est  si 
minime,  comparé  à  la  somme  totale  de  celles  qui  constituent  la  famille, 
que  la  généralisation  de  faits  semblables  entraînerait  à  des  idées  très-fausses. 
Ce  qui,  en  effet,  est  vrai  et  même  seulement  dans  de  certaines  limites  pour 
deux  ou  trois  espèces  vulgaires  que  nous  foulons  aux  pieds  sur  notre  con- 
tinent, ne  l'est  plus  quand  nous  étudions  le  véritable  domaine  des  Urticées, 
la  zone  intertropicale.  Là  aussi,  sans  doute,  on  rencontre  quelques  espèces 
largement  répandues,  mais  l'immense  majorité  obéit  au  contraire  à  des  lois 
de  distribution  relativement  sévères.  L'Europe,    nous  le  verrons,  est  de 


(787) 

toutes  les  parties  du  monde  la  plus  pauvre  en  espèces  d'Urticées;  mais 
aussi  faut-il  ajouter  que  ce  qu'elle  perd  sous  le  rapport  de  la  variété,  elle 
le  compense  en  partie  par  la  multiplicité  des  individus;  de  sorte  qu'il  n'y 
a  peut-être  pas  beaucoup  d'exagération  à  dire  que  les  cinq  ou  six  espèces 
d'Orties' et  de  Pariétaires  qui  pullulent  autour  de  nos  demeures,  couvrent 
presque  autant  de  terrain  que  les  nombreuses  espèces  répandues  sous  les 
climats  équatoriaux.  C'est  assez  dire  que  ces  Orties,  si  abondantes  chez 
nous,  ne  conservent  pas,  dans  tous  les  pays  où  elles  sont  transportées,  leur 
nuisible  fécondité,  et  que  la  réputation  de  cosmopolitisme  ou  d'ubiquité 
qu'on  leur  a  accordée  un  peu  légèrement,  ainsi  que  l'a  fort  bien  constaté 
M.  de  Candolle,  est  pour  le  moins  exagérée.  Le  genre  Urtica  possède,  il 
est  vrai,  des  représentants  sur  beaucoup  de  points  du  globe,  mais  les  es- 
pèces qui  le  composent  sont,  à  strictement  parler,  des  habitants  des  régions 
tempérées  ou  froides  ;  et  on  les  voit  à  ce  titre  préférer,  dans  les  deux  hémi- 
sphères, les  lieux  où  elles  rencontrent  la  température  qui  leur  convient,  ou 
bien  apparaître  dans  les  montagnes,  au  niveau  où  elles  se  trouvent  dans 
des  conditions  semblables.  Pour  n'en  citer  qu'un  exemple,  Y  Urtica  ma- 
gel/anica  (Poiret)  que  Commerson  observa  le  premier. dans  la  Terre-de-Feu, 
sous  le  56e  degré  de  latitude,  se  retrouve  dans  le  sud  du  Chili,  sous  un  ciel 
encore  tempéré  ;  puis  se  montre  au  Pérou,  sur  ces  échelons  de  la  Cordil- 
lère où  la  température  est  analogue,  et  paraît  enfin  presque  sous  l'équa- 
teur,  sur  le  plateau  de  Bogota. 

»  Ce  même  genre  nous  offre  encore  dans  les  Urtica  arens  et  australis 
(Hook.  fil.)  les  espèces  d'Urticées  qui  se  rapprochent  le  plus  des  pôles,  et 
dans  les  U.  hyperborca  (Jacquemont)  et  andicola  (  Wedd.  ),  celles  qui  at- 
teignent à  la  plus  grande  élévation  au-dessus  du  niveau  de  la  mer  :  la  pre- 
mière ayant  été  d'abord  rencontrée  par  Jacquemont,  dans  l'Himalaya 
occidental,  au-dessus  de  5ooô  mètres,  et  la  seconde  par  moi-même,  dans 
les  Andes  péruviennes,  au-dessus  de  45oo  mètres.  Il  n'est  pas  douteux 
enfin  que  les  U.  urens  et  dioica  ne  doivent  être  regardées  comme  les  es- 
pèces dont  la  diffusion  à  la  surface  du  globe  est  la  plus  considérable,  si  elle 
n'est  dépassée  par  celle  du  Parietaria  debilis  (Forster).  Cette  dernière, 
même  en  en  séparant  le  P.  lusitanica,  n'en  est  pas  moins  une  des  plantes 
phanérogames  dont  l'aire  est  la  plus  vaste  ;  et  sa  diffusion  géographique  est 
d'autant  plus  intéressante  à  constater  que  la  coopération  de  l'homme  paraît 
n'y  avoir  été  pour  rien.  Quelque  grande  d'ailleurs  que  soit  l'aire  qu'elle 
occupe,  elle  ne  dépasse  probablement  pas  de  beaucoup  la  moitié  de  la  sur- 
face du  globe,  et  offre  par  conséquent  un  exemple  de  plus  à  l'appui  de 


(  788) 
l'opinion  de  M.  Alph.  de  Candolle,  qui  limite  à  cette  étendue  ce  que  l'on 
est  convenu  d'appeler  le  cosmopolitisme  des  plantes. 

»  Si  l'on  écarte  maintenant  les  deux  genres  dont  il  vient  d'être  question, 
nous  voyons  que  tous  les  autres,  au  nombre  d'environ  34,  sont  essentielle- 
ment intertropicaux  ou  subtropicaux,  et  que  c'est  en  quelque  sorte  acciden- 
tellement que,  dans  l'un  ou  l'autre  continent,  on  en  voit  apparaître  quelque 
espèce  isolée  sous  des  latitudes  tempérées,  servant  en  quelque  sorte  de 
sentinelle  avancée  à  ses  sœurs  de  la  zone  torride.  Ainsi  l'Asie  nous  montre, 
au  nord  du  3oe  degré,  quelques  espèces  des  genres  Boehmeria,  Elatostema 
et  Debregeasia,  et  dans  l'Amérique  du  Nord  nous  voyons  le  Boehmeria 
cjlindrica  (Willd.),  le  Pilea  pumila  (A.  Gr.)  et  le  Laportea  canaclensis 
(Gehd.),  porter  bien  loin  de  leur  foyer  naturel  les  limites  géographiques 
de  groupes  essentiellement  tropicaux.  Deux  de  ces  Urticées,  appartenant 
l'une  et  l'autre  au  genre  Boehmeria,  méritent  encore  d'être  étudiées  a  un 
autre  point  de  vue  :  elles  présentent,  en  effet,  des  exemples  remarquables 
d'aires  longuement  étendues  du  nord  au  sud,  embrassant  des  latitudes  très- 
différentes  et  vivant  par  conséquent  dans  des  conditions  de  température 
bien  plus  variées  que  celles  qu'une  même  organisation  végétale  peut  ordi- 
nairement supporter.  L'une  de  ces  plantes  est  le  B.  cjlindrica,  dont  l'ha- 
bitation s'étend  du  Canada  jusqu'au  delà  du  tropique  du  Capricorne; 
l'autre  est  le  B.  nivea  que  nous  voyons  s'accommoder  également  bien  du 
ciel  tempéré  du  Japon  ou  du  nord  de  la  Chine,  et  des  chaleurs  de  l'Asie 
tropicale. 

»  Ces  exemples  de  grande  diffusion  de  certaines  espèces  font  naturelle- 
ment supposer  que  celle  des  genres  est  souvent  considérable  ;  il  en  est  ainsi, 
en  effet,  puisque  sur  les  trente-six  genres  qui  constituent  la  famille,  on  en 
compte  vingt  qui  ne  sont  pas  limités  à  une  seule  partie  du  monde.  Les  seize 
autres,  dont  plusieurs  sont  monotypes,  occupent  des  aires  de  moindre  éten- 
due, et  cinq  ou  six  d'entre  eux  sont  propres  à  des  flores  insulaires.  Il  est  à 
remarquer,  d'autre  part,  que  plusieurs  des  genres  qui  sont  représentés  sur 
deux  continents  le  doivent  à  la  disjonction  de  quelqu'une  de  leurs  espèces  : 
une  espèce  végétale  est  disjointe,  suivant  M.  de  Candolle,  quand  les  indi- 
vidus qui  la  composent  se  trouvent  répartis  «  entre  deux  ou  plusieurs  pays 
séparés,  «  sans  cependant  que  l'espèce  puisse  «  être  envisagée  comme  ayant 
été  transportée  de  l'un  à  l'autre.  »  Je  signalerai  comme  se  conformant,  en 
apparence  du  moins,  à  cette  définition  le  Lecanthus  Wightii  ( Wedd.),  le 
Girardinia  condensata  (ejusd.),  le  Debregeasia  hjpoleuca  (ejusd.)  et  le  Dro- 
guetia  urticoides  (ejusd.),  plantes  toutes  indigènes  de  la  péninsule  de  l'Inde, 


(  789  )    . 

et  que  j'ai  retrouvées  dans  les  collections  envoyées  de  l'Abyssinie  par 
M.  Schimper. 

«  Quant  à  la  distribution  numérique  des  Urticées  dans  les  différentes 
parties  du  monde,  je  me  contenterai  de  dire  que,  sur  cinq  cents  espèces, 
nombre  approximatif  de  celles  qui  sont  connues,  le  nouveau  monde  en 
compte  environ  un  tiers,  l'Asie  avec  la  Malaisie  un  autre  tiers,  et  l'Océanie 
et  l'Afrique,  à  parts  égales,  les  neuf  dixièmes  du  tiers  restant.  L'Europe  n'en 
revendique  qu'une  douzaine  d'espèces. 

»  Un  des  points  les  plus  intéressants,  il  me  semble,  à  constater  dans  cette 
distribution,  c'est  l'inégale  répartition  des  espèces  entre  les  continents  et  les 
îles  :  effectivement,  la  proportion  entre  les  Urticées  et  les  autres  phanéro- 
games, dans  les  archipels  équatoriaux,  est  souvent  de  5  à  6  pour  100,  tan- 
dis que,  sur  les  continents  voisins,  cette  proportion  n'est  plus  que  de  2 
pour  100.  Ces  données  permettraient  presque  d'assigner  à  priori  aux  Urti- 
cées un  double  foyer  d'irradiation  :  l'un  au  nouveau  monde,  dans  les  An- 
tilles; le  second  dans  l'ancien,  parmi  les  îles  de  l'archipel  Indien  :  hypothèse 
que  la  flore  de  ces  foyers  viendrait  pleinement  confirmer. 

»  Que  si,  enfin,  nous  comparons  les  chiffres  donnés  plus  haut  avec  ceux 
que  fournit  l'examen  des  groupe»  voisins,  nous  voyons  que  les  Artocarpées, 
par  exemple,  sont  réparties,  entre  les  deux  mondes,  à  peu  près  dans  la 
même  proportion  que  les  Urticées  elles-mêmes.  Cependant  parmi  les  vingt 
genres  qui  constituent  cette  dernière  famille,  il  n'en  est  qu'un  qui  soit  com- 
mun à  l'ancien  et  au  nouveau  continent  :  c'est  le  genre  Ficus,  qui  com- 
prend à  lui  seul  près  de  quatre  cent  cinquante  espèces,  c'est-à-dire  environ 
les  trois  quarts  de  la  somme  totale  des  Artocarpées,  aujourd'hui  connues.  La 
répartition  des  Ulmacées  entre  l'Amérique  et  notre  continent  est  peut-être 
encore  plus  comparable  à  celle  des  Urticées  ;  et  les  genres  communs  aux  deux 
mondes  y  sont  relativement  très-nombreux.  Les  Morées  et  le  petit  groupe 
des  Cannabinées  font  seuls  exception  à  la  règle  :  les  premières,  grâce  au 
genre  Dorstenia,  étant  très-évidemment  en  majorité  en  Amérique,  et  le 
second  appartenant,  au  contraire,  exclusivement  à  l'ancien  continent. 

»  L'Europe  en  particulier  n'a  reçu  en  partage  des  quatre  familles  dont  il 
vient  d'être  question  que  six  plantes  différentes,  à  savoir  :  le  Houblon  et  cinq 
espèces  d'Ormes  ou  de  Micocouliers.  Celles-ci,  ajoutées  aux  Urticées  vraies, 
permettent  à  peine  à  cette  partie  du  monde  de  compter  dans  sa  flore  plus 
de  vingt  types  distincts  ou  soit  un  soixantième  parmi  les  treize  cents  espèces 
qui  composent  l'ordre  tout  entier  des  Urticées. 

C.  R.,  j856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  17.)  Io4 


(  79°  ) 
»  On  trouvera,  si  je  m'abuse,  dans  les  comparaisons  que  je  viens  d'éta- 
blir, de  nouvelles  preuve  de  l'étroite  affinité  qui  unit  entre  eux  les  divers 
groupes  de  plantes  dont  je  me  suis  occupé.  » 

physiologie  végétale.  —  Recherches  expérimentales  sur  les  rapports 
des  plantes  avec  ïhumidité  atmosphérique  (deuxième  partie).  Rapports 
des  plantes  avec  l'eau  qui  mouille  leur  surface  aérienne;  par 
M.  P.  Duchartae.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(  Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Botanique.  ) 

«  Ce  Mémoire  est  divisé  en  deux  chapitres  relatifs,  le  premier  à  l'absorp- 
tion de  l'eau  par  les  feuilles,  le  second  à  celle  du  même  liquide  par  les 
racines  aériennes. 

»  Chapitre  I.  Absorption  de  l'eau  par  les  feuilles.  —  Divers  faits  qu'on 
a  souvent  occasion  d'observer  dans  la  nature ,  et  dont  je  rapporte  les  plus 
remarquables,  semblent  prouver  que  les  feuilles  ont  la  faculté  d'absorber 
l'eau  qui  les  mouille.  En  outre,  plusieurs  expériences  de  Mariotte,  de  Haies, 
de  Rudolphi,  de  Knight,  surtout  celles  de  Bonnet,  semblaient  démontrer 
directement  la  réalité  de  cette  absorption.  Cependant  la  plupart  des  physio- 
logistes modernes  ont  contesté  ou  nié  même  l'existence  de  cette  faculté 
dans  les  feuilles,  pour  la  généralité  des  cas,  et  ceux  d'entre  eux  auxquels 
on  doit  les  grands  Traités  classiques  de  physiologie  végétale,  de  Candolle, 
M.  Treviranus,  Meyen,  ont  expliqué  les  résultats  obtenus  par  Bonnet,  non 
à  l'aide  d'une  absorption  d'eau,  mais  par  l'impossibilité  où  l'on  avait  mis 
les  feuilles  de  transpirer.  Il  semblait  donc  y  avoir  un  intérêt  réel  à  ré- 
péter ces  expériences  avec  le  secours  de  la  balance  ;  c'est  ce  que  j'ai  fait 
en  prenant  pour  sujets  différentes  espèces  de  plantes.  Parmi  les  obser- 
vations que  j'ai  faites  dans  ce  but ,  celles,  au  nombre  de  douze,  que  je 
rapporte  dans  mon  Mémoire  semblent  prouver  que  les  feuilles  mises  en  con- 
tact avec  l'eau,  successivement  par  leurs, deux  faces,  peuvent  réellement  ab- 
sorber ce  liquide  par  l'une  d'elles,  mais  non  généralement  par  l'autre, 
puisqu'on  les  voit  gagner  du  poids  dans  le  premier  cas  et  en  perdre  d'ordi- 
naire dans  le  second. 

»  La  réalité  de  cette  puissance  d'absorption  accordée  aux  feuilles  par  la 
nature,  est  encore  démontrée  par  une  autre  série  d'expériences  rappor- 
tées dans  mon  Mémoire.  Des  branches  feuillées,  dont  la  section  avait  été 
soigneusement  mastiquée,  ont  été  plongées  pendant  quelque  temps  dans 


(  791  ) 
l'eau.  Elles  ont  également  augmenté  de  poids,  en  proportions  variables  se* 
Ion  les  espèces,  ce  qui  ne  peut  encore  être  expliqué  qu'au  moyen  d'une  ab- 
sorption d'eau  opérée  par  la  surface  des  feuilles. 

»  La  conclusion  générale  que  je  crois  pouvoir  déduire  de  cette  pre- 
mière partie  de  mon  travail,  c'est  que,  si  les  feuilles  sont  dépourvues  de 
la  faculté  d'absorber  la  vapeur  aqueuse  répandue  dans  l'air,  par  com- 
pensation elles  possèdent  celle  d'absorber  l'eau  liquide  qui  les  mouille 
et  qui,  dans  la  nature,  provient  des  pluies,  de  la  condensation  des  brouil- 
lards, de  la  rosée.  Par  là  se  trouve  expliquée  l'influence  de  ces  phéno- 
mènes météorologiques  sur  la  végétation.  Seulement  l'eau  introduite  ainsi 
dans  les  tissus  par  un  acte  principalement  physique  a  beaucoup  moins 
d'importance  pour  la  végétation  que  celle  qui  arrive  dans  les  plantes  par 
la  voie  des  racines. 

»  Chapitre  II.  Absorption  de  Veau  par  les  racines  aériennes.  —  Les 
expériences  rapportées  en  détail  dans  ce  chapitre  ont  porté  sur  plusieurs 
pieds  de  Dendrobiwn  moscbatum  et  nobile,  d'Epidendium  efongatum, 
d'Oncidium  atnpliatuin,  d 0 tnithidium  densijlorum,  pour  les  Orchidées 
épidendres,  sur  un  Tillandsia  pour  les  Broméliacées,  enfin  sur  des  pieds 
nombreux  de  Spironema  fragrans.  Ces  différentes  observations  m'ont 
prouvé  :  i°  que  les  plantes  épiphytes  peuvent  très-bien  végéter,  développer 
même  avec  vigueur  des  productions  nouvelles,  soit  racines,  soit  tiges  feuil- 
lées,  lorsqu'elles  se  trouvent  isolées  de  tout  corps  et  suspendues  simplement 
par  un  fil  de  plomb  au  milieu  de  l'atmosphère  d'une  serre,  à  la  seule  con- 
dition d'être  mouillées  chaque  jour  avec  de  l'eau  de  pluie  projetée  sur  leur 
surface  au  moyen  d'une  seringue  de  jardinier;  20  que,  traitées  ainsi,  elles 
augmentent  de  poids  dans  des  proportions  diverses,  quelquefois  considé- 
rables ;  3°  que  l'absorption  d'eau  qui  entretient  alors  leur  végétation  est  essen- 
tiellement opérée  par  leurs  racines  aériennes  et  même  par  toute  la  surface  de 
ces  organes.  J'ai  vu,  en  effet,  entre  autres  faits  plus  ou  moins  démonstratifs, 
un  faisceau  sans  tige  de  racines  d'un  Dendrobiwn,  enveloppées  jusqu'à 
l'extrémité  par  leur  couche  blanche  cellulaire  spéciale  (Velamen,  Schleid.), 
non-seulement  se  conserver  vivant,  sous  l'influence  de  seringages  quoti- 
diens faits  avec  de  l'eau  de  pluie,  mais  encore  donner  naissance  à  une  tige 
feuillée  vigoureuse  qui  nécessairement  recevait  de  ces  racines  toute  l'eau 
nécessaire  à  son  développement. 

»  De  ces  expériences,  réunies  à  celles  qui  étaient  exposées  dans  mon  pre- 
mier Mémoire,  j'ai  cru  pouvoir  tirer  la  conséquence  générale  que  la  végé- 
tation des  plantes  épiphytes,  considérée  relativement  à  l'eau,  leur  principal 

ioZj.. 


(  792  ) 
mais  non  unique  aliment,  doit  être  expliquée  d'une  autre  manière  qu'elle  ne 
l'a  été  généralement  jusqu'à  ce  jour,  et  que  l'eau  liquide  a  pour  elles  toute 
l'importance  attribuée  sans  motifs  suffisants  à  sa  vapeur.  J'ai  cru  pouvoir 
conclure  encore  de  ces  expériences  que,  dans  la  culture  de  ces  singuliers 
végétaux,  on  a  tort  de  compter  autant  qu'on  l'a  fait  sur  l'humidité  de  l'at- 
mosphère des  serres  comme  devant  contribuer  à  leur  nutrition,  et  qu'on 
doit  reporter  toute  cette  importance  nutritive  sur  l'eau  donnée  en  arrose- 
ments  et  en  seringages.  A.  l'appui  de  ces  conclusions  qui  découlent  de  l'en- 
semble de  mon  travail,  je  cite  l'exemple  d'horticulteurs  justement  renommés 
pour  leur  habileté  dans  la  culture  des  Orchidées  épiphytes,  qui  ont  été 
conduits  par-  de  longs  tâtonnements  à  donner  à  ces  plantes  un  traitement 
en  harmonie  parfaite  avec  les  résultats  de  mes  observations. 

»  Ce  second  et  dernier  Mémoire  se  termine  par  quelques  réflexions  géné- 
rales sur  la  végétation  considérée  au  point  de  vue  de  l'eau  nécessaire  à  son 
entretien.   » 

anatomie  comparée  des  végétaux.  —  Ordre  des  Orobanchées  (deuxième 
partie)  ;  par  M.  Ad.  Chatin.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Botanique.) 

«  J'ai  exposé,  dans  un  précédent  Mémoire,  l'anatomie  des  genres  Oro- 
banche  et  Phelipœa;  le  travail  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  aujourd'hui 
à  l'Académie  des  Sciences  porte  sur  l'anatomie  des  genres  Conopholis , 
Epiphegus,  Clandestina ,  Lathrœa ,  Boschniakia ,  JEginetia  et  Hjo- 
banche. 

»  Etant  donnée  la  structure  de  tous  les  genres  des  Orobanchées  dont  les 
plus  nombreux  ont  été  étudiés  dans  un  certain  nombre  d'espèces  choisies, 
je  recherche  les  rapports  de  celle-ci  avec  la  classification  générale  de  l'ordre, 
considéré  dans  ses  divers  éléments,  ce  qui  me  conduit  aux  résultats  sui- 
vants : 

»  Espèces.  —  Cette proposition,  déjà  formulée  par  nous  plusieurs  fois,  savoir 
que  les  petits  caractères  morphologiques  sur  lesquels  repose  la  distinction 
des  espèces  végétales  se  traduisent  à  l'intérieur  par  des  modifications  anato- 
miques  correspondantes,  est  pleinement  confirmée  par  ce  qui  existe  dans 
les  Orobanchées.  C'est  ainsi,  par  exemple,  que  le  mode  de  groupement 
des  vaisseaux  dans  la  couche  ligneuse  des  tiges  distingue  bien  les  Oro- 
banche  cruenta,  O.  epithymum,  0.  atrorubens  et  O.  Golii  l'un  de  l'autre, 
et  que  V  O.  pruinosa  diffère  de  ce  dernier  par  sa  moelle  à  cellules  ponctuées 


(  793) 
et  1'  0.  amcihystea  par  ses  tissus  rayés  d'une  façon  singulière.  On  ne  dis- 
tingue pas  avec  moins  de  facilité  les  uns  des  autres,  par  la  disposition  des 
éléments  des  faisceaux  fibro-vasculaires  et  par  la  nature  des  cellules  du 
parenchyme,  les  Phelipœa  cœrulea,  P.  arenaria,  P.  ramosa  et  P.  indien, 
morphologiquement  très-voisins,  ainsi  que  les  Anoplanthus  uniflorus,  A . 
comosus  et  A '.  Biebersteinii. 

»  Çà  et  là  on  trouve,  en  comparant  les  espèces  d'un  même  genre  aujour- 
d'hui reçu,  des  différences  anatomiques  qui  sortent,  par  leur  valeur  plus 
grande,  des  simples  différences  spécifiques.  C'est  ainsi  que  Y  Orobanche 
nmethjstea  s'éloigne,  par  la  structure  des  faisceaux  de  ses  écailles,  du  type 
de  V  Orobanche  pour  se  rapprocher  de  celui  du  Phelipœa  et  des  autres 
genres  de  l'ordre,  que  le  Phelipœa  ramosa  prend  une  place  isolée  par  sa 
couronne  de  vaisseaux  avec  laquelle  coïncide  le  manque  de  trachées,  de 
stomates,  etc.,  et  que  ¥ Anoplanthus  comosus  passe  lui-même  à  la  structure 
des  Rhinanthacées. 

»  Genres.  —  Les  genres  des  Orobanchées  se  distinguent  généralement 
bien  par  leur  anatomie. 

»  L' Orobanche  a  pour  caractères  ses  tiges  à  vaisseaux  formant  une  série 
circulaire  de  paquets  ou  faisceaux  au  milieu  d'une  couche  continue  de  fi- 
bres ponctuées  entourant  dans  les  écailles  un  paquet  de  fibres  minces. 

n  Le  Phelipœa  diffère  de  V  Orobanche  par  des  fibres  minces  placées  en 
dehors  des  paquets  vasculaires  de  la  tige  et  par  les  fibres,  toutes  minces  et 
non  ponctuées,  des  faisceaux  des  écailles. 

»  Le  Conopholis  et  VEpiphegus,  que  rapprochent  morphologiquement 
du  Phelipœa  leurs  bractéoles,  s'en  éloignent  beaucoup  par  l'existence  de 
communications  médullaires  qui  isolent  les  faisceaux  fibro-vasculaires  de 
leur  tige.  Ces  deux  genres  ont  d'ailleurs  pour  caractères  propres  :  le  Cono- 
pholis, des  faisceaux  ligneux  placés  sur  plusieurs  lignes  circulaires  dans  le 
rhizome  et  la  tige,  etc.;  VEpiphegus,  la  structure  très-complexe  de  chacun 
des  faisceaux  caulinaires,  la  disposition  éparse  des  vaisseaux  de  ses  écailles 
et  le  manque  de  trachées. 

»  h' Anoplanthus  est  un  composé  anatomique  de  V  Orobanche  et  du 
Phelipœa  ;  il  prend  au  premier  la  structure  de  sa  tige  et  au  second  celle  de 
ses  écailles. 

»  Le  Clandestina  et  le  Lathrœa,  intimement  rapprochés  par  leurs  carac- 
tères morphologiques,  et  anatomiquement  par  les  singulières  lacunes  pa- 
pillifères  de  leurs  feuilles  ainsi  que  par  le  manque  de  trachées  dans  leurs  or- 
ganes de  végétation,  se  distinguent  par  les  points  suivants,  auxquels  on  peut 


(  794) 
à  peine  reconnaître  une  valeur  générique.  Le  Clandestina  a  ses  suçoirs 
(formés  d'ailleurs  comme  dans  le  Lathrœa  d'un  cône  perforant  cellulaire 
doublé  à  l'intérieur  d'un  cône  vasculaire)  munis  de  replis  préhenseurs,  son 
rhizome  à  vaisseaux  isolés  et  arrondis,  sa  tige  à  quatre  paquets  de  vaisseaux 
étendus  circulairement  et  des  stomates.  Le  Lathrœa,  au  contraire,  a  des  su- 
çoirs sans  replis  préhenseurs  (?),  les  vaisseaux  de  son  rhizome  nombreux, 
contigus,  épais  et  polyédriques,  les  paquets  vasculaires  de  sa  tige  arrondis, 
nombreux  (douze  ordinairement),  et  manque  de  stomates. 

»  Le  Boschniakia,  dont  l'habitat  subaquatique  se  reconnaît  tout  d'abord 
aux  lacunes  dont  est  criblé  son  parenchyme,  est  bien  caractérisé  par  sa' 
couche  fibro-ligneuse  que  des  rayons  médullaires  coupent  en  plusieurs  seg- 
ments au  milieu  de  chacun  desquels  sont  plusieurs  paquets  de  vaisseaux  et 
par  l'absence,  dans  les  tiges,  dé  vaisseaux  spiraux  déroulables  qui  commen- 
cent seulement  à  se  montrer  dans  les  écailles. 

«  Enfin  Ytâginetia  et  YHyobanche,  genres  qui  prennent  rang  à  la  suite 
des  Orobanchées  auxquelles  ils  tiennent  par  leur  port,  mais  dont  ils  s'écar- 
tent par  leur  ovaire  à  deux  loges,  ont,  avec  de  larges  communications  mé- 
dullaires, des  faisceaux  dont  la  structure  s'éloigne  de  celle  de  tous  les  vrais 
genres  de  l'ordre.  S'il  est  prouvé  que  leur  ovaire  soit  typiquement  à  deux 
loges,  on  devra  les  rapprocher  de  Y  E pirhjzanlhus ,  genre  mis  aussi  par  plu- 
sieurs botanistes  près  des  Orobanchées,  mais  que  sa  structure  anatomique  in- 
.  dique,  parallèlement  à  la  composition  de  la  fleur,  comme  le  type  d'un  ordre 
intermédiaire  aux  Rhinantachées,  aux  Orobanchées  et  aux  Gesnériacées. 

»  Quant  à  YObolaria,  laissé  souvent  encore  avec  les  Orobanchées,  son 
anatomie  le  reporte  définitivement  parmi  les  Rhinanthacées. 

»  Les  rapports  anatomiques  de  Yordre  des  Orobanchées  avec  les  ordres 
voisins  seront  ultérieurement  indiqués;  pour  aujourd'hui,  nous  constatons 
seulement  que  cet  ordre  se  distingue  bien  en  général  de  celui  des  Rhinan- 
thacées par  le  groupement  de  l'élément  vasculaire  en  paquets  offrant  une 
disposition  symétrique  donnée.  » 

économie  rurale.  —  De  la  description  et  de  l'amélioration  des  principales 
races  françaises  de  V  espèce  bovine;  par  M.  J.-H.  Magne.  (Extrait  par 
l'auteur.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  d'Économie  rurale.) 

«  Nous  résumons  dans  les  propositions  suivantes  les  principes  émis  dans 
ce  Mémoire,  ainsi  que  les  moyens  d'amélioration  que  nous  avons  con- 
seillés : 


(795) 

»  i°.  Dans  l'état  actuel  de  notre  économie  rurale,  il  n'y  aurait  aucun  in- 
térêt à  élever  des  races  exclusivement  propres  à  donner  un  seul  produit. 

»  20.  Les  diverses  aptitudes  que  doivent  posséder  les  animaux  de  l'espèce 
bovine  ne  sont  pas  d'ailleurs  exclusives  les  unes  des  autres. 

»  3°.  Tous  les  animaux  très-bien  conformés  pour  travailler  et  pour 
donner  du  lait  sont  très-propres  à  s'engraisser,  ou  il  suffirait,  pour  les  rendre 
tels,  de  les  élever  convenablement. 

»  4°.  L'aptitude  à  produire  la  graisse  peut  exister  sur  des  animaux  qui  ne 
sont  aptes,  ni  à  travailler,  ni  à  donner  du  lait;  mais  cette  aptitude  résulte, 
dans  ce  cas,  d'un  état  de  mollesse  qu'il  est  rarement  avantageux  de  pro- 
duire. 

»  5°.  La  finesse  de  la  tête,  de  l'encolure  et  des  membres  est  une  qualité 
précieuse  :  elle  indique  que  les  animaux  donneront  une  grande  quantité  de 
viande  de  première  qualité  et  beaucoup  de  viande  relativement  à  leur 
poids  ;  aussi,  quoiqu'elle  ne  soit  pas  nécessaire  pour  constituer  des  bêtes 
d'un  engraissement  facile  et  de  bonnes  vaches  à  lait,  il  importe  beaucoup  de 
chercher  à  la  produire,  d'autant  plus  qu'elle  ne  saurait  jamais  être  nuisible; 
que  c'est  à  tort  que  l'on  considère  généralement  une  tète  forte  et  de  gros 
membres  comme  indispensables  aux  bonnes  bêtes  de  travail. 

»  6°.  La  finesse  de  la  peau  et  du  poil  indique  un  tempérament  lympha* 
tique  favorable  à  la  production  de  la  graisse;  mais  elle  est  la  conséquence 
du  mode  d'élevage,  du  régime  plus  que  de  l'hérédité,  et  il  ne  faut  cher- 
cher à  la  produire  qu'autant  que  l'on  peut  y  parvenir  sans  faire  perdre 
aux  animaux  la  vigueur  qui  leur  est  nécessaire,  non-seulement  pour  tra- 
vailler, mais  encore  pour  résister  au  climat  rude  de  la  plupart  de  nos  pro- 
vinces, pour  vivre  dans  des  pâturages  où  la  dépaissance  est  pénible,  et  pour 
se  contenter  d'une  nourriture  toujours  médiocre  et  quelquefois  mauvaise  et 
insuffisante. 

«  70.  Toutes  nos  races  peuvent  être  améliorées  au  point  de  vue  de  leur 
destination  à  la  boucherie,  quant  aux  formes  et  quant  au  tempérament,  à  la 
constitution. 

»  8°.  Les  formes  dans  quelques-unes  de  nos  races  sont  très-défectueuses. 
Dans  toutes,  il  serait  avantageux  de  les  perfectionner  pour  accroître  le  ren- 
dement en  viande  nette  et  en  viande  de  première  qualité. 

»  90.  La  constitution  graisseuse  doit  être  produite  avec  prudence;  elle 
pourrait  nuire  à  l'aptitude  au  travail  et  à  donner  du  lait.  Elle  se  développe 
naturellement  toutes  les  fois  que  les  animaux  sont  bien  soignés,  c'est-à- 
dire  sont  soumis  au  régime  perfectionné }  sans  lequel  elle  est  plus  nuisible 
qu'utile. 


(  796  ) 

»  io°.  Nous  pouvons  communiquer  à  nos  races  les  conditions  essen- 
tielles des  très-bonnes  bètes  de  boucherie,  sans  diminuer  leur  aptitude  au 
travail. 

»  ii°.  Dans  les  bêtes  bovines,  dont  la  valeur  dépend  en  grande  partie 
de  la  taille  et  du  poids,  le  croisement  des  races  ne  peut  être  qu'un  moyen 
secondaire  d'amélioration. 

«  12°.  Le  croisement  peut,  sans  être  poussé  très-loin,  servir  à  imprimer 
à  des  races  des  caractères  indélébiles,  et  par  conséquent  à  former  des  races 
fixes. 

»  i3°.  Quand  on  améliore  une  race  par  le  croisement,  le  choix  des  re- 
producteurs est  de  première  nécessité. 

»  i4°-  Une  amélioration  produite  par  le  croisement  se  conserve  avec 
autant  de  facilité  que  celle  qui  a  été  produite  par  le  régime. 

»  1 5°.  Plusieurs  de  nos  races  bovines,  la  Garonnaise ,  la  Béarnaise, 
YJriégeoise,  celle  A' Aubrac,  celle  de  Salers,  la  Bressanne,  la  Limousine, 
la  Poitevine,  doivent  rester  propres  à  travailler,  mais  il  n'est  pas  nécessaire 
de  se  préoccuper  de  leur  amélioration  à  cet  égard. 

»  i6°.  Plusieurs  races  aujourd'hui  employées  au  travail  devraient  dans 
un  temps  assez  court  ne  servir  qu'à  fournir  du  lait  et  de  la  viande;  nous 
citerons  :  la  Mancelle,  la  Maraichaine  et  la  Comtoise  jémiline,  en  ajoutant 
que  la  Normande,  la  Charolaise,  la  Comtoise  tourache,  sont  en  partie  dans 
le  même  cas. 

»  170.  Toutes  nos  races  doivent  être  améliorées  au  point  de  vue  de  la 
boucherie  et  de  la  lactation. 

»  180.  Au  point  de  vue  de  la  lactation,  les  races  de  Saint-Girons ,  de 
Lourdes,  de  Salers,  et  à  plus  forte  raison  celles  qui  sont  meilleures  pour  le 
lait,  doivent  être  perfectionnées  par  elles-mêmes;  mais  sans  l'emploi  du 
croisement,  il  serait  très-long  et  difficile  d'améliorer  la  Mancelle,  la  Poite- 
vine, la  Maraichaine,  la  Limousine,  la  Charolaise  ;  les  quatre  premières  de 
ces  races  seraient  avantageusement  croisées  avec  la  Flamande,  la  Hollan- 
daise ou  mieux  la  Normande  et  la  Charolaise  avec  la  Bressanne. 

»  190.  Nos  diverses  races  pourraient  acquérir  par  le  régime  et  le  choix 
des  reproducteurs  toute  la  perfection  dans  les  formes  et  toute  l'aptitude  à 
prendre  la  graisse  qu'il  serait  avantageux  de  leur  communiquer. 

»  ao°.  Cependant  le  croisement  avec  la  race  Durham  serait  avantageux 
sur  les  races  Mancelle,  Charolaise  et  Maraichaine;  il  en  serait  de  même 
pour  les  races  Normande  et  Flamande,  dans  quelques  exploitations,  dans 


(  797  ) 
quelques  communes  même  où  l'on  a  plus  d'intérêt  à  produire  des  bœufs 
de  boucherie  que  des  vaches  à  lait. 

»  ai°.  Plusieurs  races  françaises  peuvent  être  améliorées  par  le  croise- 
ment avec  d'autres  races  indigènes  :  la  Comtoise  tourache  avec  la  Comtoise 
fémiline  et  la  Bressanne ;  ces  deux  dernières  entre  elles  et  avec  la  Tourache; 
la  Morvandelle  et  la  Bourbonnaise  avec  la  Charolaise  ;  la  Gasconne  avec  la 
Garonnaise  ;  la  Béarnaise  avec  la  Bazadaise  ;  la  Maraichaine  avec  la 
Poitevine. 

»  22°.  Plusieurs  races  doivent  être  améliorées  par  le  croisement  de  leurs 
sous-races  entre  elles  :  sont  dans  ce  cas  les  races  Ariégeoise,  Béarnaise, 
Garonnaise,  Poitevine,  Bretonne. 

»  23°.  Enfin  plusieurs  doivent  être  améliorées  exclusivement  par  elles- 
mêmes,  parle  régime  et  par  le  choix  des  reproducteurs;  telles  sont  les  races 
d'Aubrac,  de  Salers,  du  Limousin,  de  la  Bretagne,  du  Poitou  et  celles  de 
la  Normandie  et  de  la  Flandre,  là  où  l'on  a  intérêt  à  les  conserver  princi- 
palement comme  laitières.    » 

M.  Perreaux  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  faire  examiner  par  une 
Commission  une  machine  à  diviser  qu'il  lui  présente. 

Cette  machine,  destinée  à  l'Institut  de  Florence,  et  qui  réunit  toutes  les 
conditions  voulues  pour  le  pointillage  des  disques,  la  fente  des  engrenages 
et  la  division  des  instruments  astronomiques,  est  renvoyée  à  l'examen  d'une 
Commission  composée  de  MM.  Despretz,  Morin,  Combes. 

M.  Massart  présente  au  concours,  pour  le  prix  de  Médecine  et  de  Ctn% 
rurgie  de  la  fondation  Montyon,  un  Mémoire  intitulé  :  «  Traité  théorique 
et  pratique  de  l'angine  de  poitrine,  d'après  la  découverte  de  son  siège  orga- 
nique. » 

(  Renvoi  à  la  future  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.  ) 

M.  Millière  adresse  au  concours  pour  le  prix  du  legs  Bréant  une  Note 
sur  le  traitement  du  choléra-morbus  et  sur  les  moyens  supposés  de  nature 
à  empêcher  l'apparition  de  la  maladie  dans  un  lieu  menacé. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine,  constituée  en  Commission 
spéciale  pour  le  prix  du  legs  Bréant.) 

M.  A.  Morel  adresse  de  Montdidierun  Mémoire  intitulé  :  «  Essais  aéro- 

C.  R.,  i856,  Ier  Semestre.  (T.  XLII,  N°  17.)  1  o5 


(798) 
nautiques  et  hydronautiques  basés  sur  l'étude  des  organes  des  animaux  qui 
se  meuvent  dans  l'air  et  dans  l'eau.  » 

(Commissaires,  MM.  Serres,  Milne  Edwards,  Piobert.) 

M.  Leclerc  communique  un  résultat  nouveau  de  ses  recherches  concer- 
nant les  substances  qui  agissent  sur  le  sang  veineux  ;  il  a  constaté  récemment 
que  le  chyle  rougit  le  sang  veineux. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  nommés  : 
MM.  Flourens,  Coste,  Claude  Bernard.) 


CORRESPONDANCE 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  pcrlique  accuse  réception  d'une  amplia- 
tion  du  Rapport  fait  à  l'Académie  dans  la  séance  du  10  courant  sur  la  décou- 
verte de  la  soude  artificielle  par  Nicolas  Le  Blanc.  Ce  Rapport  va  être  mis 
sous  les  yeux  de  l'Empereur. 

M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics 

adresse  cinquante-neuf  exemplaires  des  tomes  III  et  VII  du  Rapport  de  la 
Commission  française  du  jury  international  de  l'Exposition  universelle  de 
Londres.  Ces  exemplaires  sont  destinés  aux  différents  Membres  français  ou 
étrangers  de  l'Académie  qui  ne  reçoivent  pas  l'ouvrage  à  d'autres  titres. 

M.  Gerhardt,  récemment  nommé  à  une  place  de  Correspondant  pour  la 
Section  de  Chimie,  adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 

M.  Chasles  présente  à  l'Académie,  de  la  part  de  M.  Babbage,  Corres- 
pondant de  l'Institut,  un  écrit  intitulé  :  Observations  adressées  à  la  Société 
royale  de  Londres ,  dans  sa  dernière  séance  annuelle,  à  l'occasion  des  Mé- 
dailles décernées  par  la  Société. 

a  Cette  allocution,  dit-il,  a  pour  objet  l'ingénieuse  machine  Suédoise  pour 
le  calcul  et  l'impression  des  Tables  mathématiques  par  différences,  donl 
M.  Babbage  a  entretenu  l'Académie  dans  sa  séance  du  8  octobre  i855  : 
machine  qui  depuis  a  obtenu  la  médaille  d'honneur  à  la  grande  Exposition 
de  l'industrie  (i). 

(r)  Sur  le  Rapport  fait  par  M.  Mathieu,  au  nom  de  la  VIIIe  classe  du  jury  international. 


(  799  ) 
»  Dans  cet  écrit  se  trouve  une  courte  Notice  sur  l'inventeur,  M.  Scheutz, 
et  sur  les  difficultés  qu'il  a  eu  à  surmonter  pendant  près  de  vingt  ans,  pour 
accomplir  cette  œuvre  qui  se  distingue  de  tous  les  essais  tentés  jusqu'à  ce 
jour,  non-seulement  en  ce  que  la  machine  effectue  immédiatement  une  série 
d'opérations,  mais  surtout  en  ce  qu'elle  en  fixe  spontanément  les  résultats 
par  impression  sur  des  lames  de  plomb. 

a  Dans  des  questions  de  cette  nature,  le  jugement  de  M.  Babbage,  comme 
le  sait  l'Académie,  a  d'autant  plus  de  poids,  qu'il  est  difficile  de  réunir  tout 
à  la  fois,  au  même  degré  que  lui,  le  savoir  du  géomètre  et  les  connaissances 
technologiques  indispensables  pour  la  conception  et  l'exécution  effective 
d'une  machine  de  ce  genre. 

»  On  ne  lit  pas  sans  intérêt  dans  la  Notice  du  célèbre  Membre  de  la 
Société  royale  quelques  détails  qui  font  connaître,  en  même  temps  que  les 
difficultés  dont  nous  venons  de  parler,  l'appui  bienveillant  que  M.  Scheutz 
a  trouvé  près  de  la  haute  administration  et  du  premier  corps  savant  de  son 
pays. 

«  Après  de  longs  sacrifices  qui  n'avaient  pu  suffire  à  l'accomplissement 
»  de  son  œuvre,  M.  Scheutz  dut  réclamer  les  secours  de  la  Diète  de 
»  Stockholm.  La  Diète  voulut  bien  accorder  une  subvention  devenue  né- 
»  cessaire,  à  la  condition  toutefois  d'une  garantie.  Ici  nouvelle  difficulté  ; 
»  car,  dans  la  circonstance,  cette  garantie,  on  le  conçoit,  présentait  à 
»  M.  Scheutz  plus  de  difficultés  encore  que  l'invention  de  la  machine.  Si 
»  près  du  but,  il  se  voyait  donc  au  moment  de  renoncer  à  ses  espérances 
»  et  de  perdre  le  fruit  de  tant  d'années  d'études  et  de  travaux.  Mais  heu- 
»  reusement  parmi  les  professeurs  de  l'Académie  de  Stockholm  se  trou- 
»  vaient  non-seulement  des  hommes  éclairés,  mais  des  hommes  de  cœur, 
»  capables  d'éprouver  de  la  sympathie  pour  le  mérite  et  la  noble  persévé- 
»  rance  du  savant  mécanicien. 

»  A  l'honneur  durable  de  l'Académie  de  Stockholm,  chaque  membre, 
»  par  un  engagement  personnel,  s'empressa  de  concourir  à  la  réalisation 
»  de  la  garantie  réclamée.  Aussitôt  les  travaux  interrompus  furent  repris 
»  avec  une  nouvelle  ardeur  par  MM.  Scheutz  père  et  fils,  et  la  construction 
»  de  l'admirable  instrument  fut  terminée  dans  les  délais  prévus.  La  Diète 
»  voulut  alors  doubler  l'allocation  consentie  et  s'associ«r  ainsi  aux  suffrages 
»  éclatants  de  l'Académie  de  Stockholm.  » 


io5.. 


(  8oo  ) 

Remarques  de  M.  le  baron  Charles  Dcpin  à  l'occasion  de  cette  présentation. 

«  Quel  que  soit  le  mérite  éminent  de  la  machine  à  calculer  de  M.  Scheutz, 
je  ne  fais  aucune  difficulté  d'admettre  que  l'usage  de  cette  invention  est 
moins  expéditif  que  des  calculs  accomplis  par  les  plus  habiles  calculateurs, 
dans  l'Observatoire  de  Paris.  Mais  de  là  je  me  garderai  de  conclure  qu'il 
faille  décourager  les  auteurs;  je  serais  fâché  qu'on  les  détournât  de  pour- 
suivre la  recherche  des  perfectionnements  nouveaux,  parce  qu'on  n'espé- 
rerait pas  un  certain  degré  de  succès. 

»  Je  pourrais  citer  comme  exemple  ce  qui  s'est  passé,  depuis  si  peu  d'an- 
nées, pour  la  photographie.  Dans  le  principe,  il  fallait  un  assez  bon  nombre 
de  minutes  avant  d'obtenir  une  empreinte  quelque  peu  satisfaisante.  L'imper- 
fection des  premiers  essais  n'a  pas  rebuté.  On  a  cherché  des  procédés  plus 
expéditifs,  et  par  degrés  on  a  produit  des  photographies  de  plus  en  plus 
parfaites,  en  une  minute,  en  quelques  secondes.  Aujourd'hui  l'impression 
approche  à  tel  point  d'être  instantanée,  qu'on  parvient  à  reproduire  même 
l'aspect  des  eaux  incessamment  agitées,  comme  les  ondes  de  la  mer  et  le 
mouvement  des  cascades. 

»  Arrêtons  notre  pensée  sur  un  autre  exemple,  celui  des  machines  à 
mouvement  continu,  pour  remplacer  la  filature  à  la  main.  Dans  le  principe 
on  ne  pouvait  égaler  que  les  ouvrières  les  plus  médiocres  et  pour  un  gros- 
sier travail.  Mais,  avec  le  temps,  on  a  fait  moins  lentement  et  plus  habilement 
des  fils  dont  la  longueur  a  surpassé  cent  lieues  par  kilogramme  de  matière; 
les  plus  habiles  fileuses  ont  cessé  de  pouvoir  soutenir  la  concurrence,  et 
pour  l'égalité  mathématique  des  fils,  et  pour  l'économie  du  temps. 

»  Aux  yeux  de  l'Académie  des  Sciences,  le  premier,  le  plus  grand  mérite, 
c'est  l'invention.  Les  découvertes  du  génie  doivent  être  accueillies  sans  s'in- 
quiéter si  les  moyens  nouveaux  sont  plus  ou  moins  expéditifs  que  des  moyens 
préexistants.  Les  parties  où  les  machines  imaginées  sont  inférieures  à  d'an- 
ciens procédés  doivent  être  regardées,  non  comme  un  obstacle  devant  lequel 
il  faille  s'arrêter,  mais  comme  l'objet  de  recherches  ultérieures  et  de  décou- 
vertes nouvelles. 

»  C'est  dans  cet  esprit  qu'il  faut  accueillir  les  machines  à  calculer,  surtout 
quand  elles  ont  obtenu  le  suffrage  d'un  concurrent  aussi  éminent,  aussi 
désintéressé  que  l'illustre  M.  Babbage.  » 


(  8ai  ) 

M.  Duméril,  en  présentant  un  Mémoire  de  son  fils,  M.  le  Dr  Aug. 
Duméril ,  en  fait  connaître  l'objet  : 

«  Le  Mémoire  a  pour  titre  :  Description  des  Reptiles  nouveaux  ou  impar- 
faitement connus  du  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris,  et  remarques 
sur  la  classification  et  les  caractères  de  ces  animaux. 

»  Ce  Mémoire  a  été  inséré  dans  le  tome  VIII  des  Archives  du  Muséum; 
il  est  accompagné  de  huit  planches  et  fait  suite  à  un  autre  ,  qui  a  été  pu- 
blié dans  le  même  recueil  (VIe  volume).  Ce  dernier  passait  en  revue  les 
Tortues  et  deux  familles  de  l'ordre  des  Sauriens,  celles  des  Crocodiles  et  des 
Caméléons. 

»  Le  Mémoire  que  je  présente  est  consacré  à  l'examen  des  trois  familles 
des  Geckos,  des  Varans  et  des  Iguanes.  Ces  publications  serviront  de  Sup- 
pléments à  Y  Erpétologie  générale,  ouvrage  que  j'ai  achevé  de  faire  paraître 
avec  la  collaboration  de  mon  fils,  après  l'avoir  longtemps  préparé  avec 
l'aide  de  G.  Bibron,  si  prématurément  arrêté  dans  sa  carrière. 

»  L'accroissement  continuel  des  collections  zoologiques,  dû  aux  actives 
recherches  des  voyageurs  naturalistes,  force  sans  cesse  à  étendre  et  quel- 
quefois même  à  modifier  les  cadres  tracés  pour  l'arrangement  méthodique 
de  ces  animaux  qui  étaient  connus  à  l'époque  où  nous  avons  entrepris  de 
dresser  le  bilan  de  la  science  sur  cette  partie  de  la  zoologie.  Cependant  aucune 
modification  importante  n'est  devenue  nécessaire  pour  la  classification  gé- 
nérale que  nous  avons  adoptée.  Notre  ancienne  manière  de  voir  nous  semble 
même  se  rapprocher  le  plus  près  possible  de  la  méthode  naturelle. 

»  Je  dois  toutefois  signaler  un  nouveau  progrès  vers  ce  but  :  il  consiste 
dans  les  applications  qui  peuvent  être  faites  à  l'étude  des  divers  groupes  des 
Reptiles,  d'un  mode  spécial  de  classement  par  séries  parallèles.  Cette  mé- 
thode, signalée  d'abord  par  Cuvier,  qui  l'avait  appliquée  à  l'ordre  des 
animaux  à  bourse,  a  été  employée  avec  succès  dans  la  distribution  générale 
des  Mammifères  et  des  Oiseaux,  par  notre  confrère  M.  Isidore  Geoffroy- 
Saint-Hilaire,  qui  a  fait  connaître  les  avantages  de  ce  procédé  de  classifi- 
cation. Mon  fils  a  cherché  à  les  démontrer  pour  les  Reptiles,  dans  ce  travail 
et  dans  un  autre  Mémoire  {Revue  Zoologique,  i854),  où  ce  sujet  a  été  étudié 
avec  tous  les  détails  qu'il  comporte. 

»  Malgré  l'admirable  richesse  des  collections  erpétologiques  du  Musée 
de  Paris-,  toujours  visité  avec  empressement  par' les  naturalistes  étrangers, 


(    802    ) 

des  lacunes  peuvent  y  être  remarquées,  si  l'on  compare  le  nombre  total  des 
espèces  que  nous  possédons,  à  celles  qui  sont  décrites  par  les  zoologistes  de 
l'Allemagne,  de  l'Angleterre  et  surtout  des  États-Unis,  où,  depuis  quelques 
années,  beaucoup  de  Reptiles  nouveaux  ont  été  découverts  dans  les  régions 
successivement  explorées  de  ce  vaste  pays.  Toutes  ces  espèces,  récemment 
inscrites  dans  les  faunes,  ou  qui  ne  sont  pas  encore  parvenues  en  nature 
dans  nos  galeries,  malgré  le  système  d'échanges  établi  entre  plusieurs  musées 
et  le  nôtre,  sont  simplement  indiquées  dans  le  Mémoire  que  je  mets  sous  les 
yeux  de  l'Académie.  Il  ne  renferme  en  effet  de  descriptions  détaillées  que 
pour  les  Reptiles  nouveaux  ou  peu  connus,  conservés  dans  nos  cabinets  ; 
quant  aux  autres,  mon  fils,  qui  a  rappelé  leurs  dénominations,  a  présenté 
des  renseignements  suffisants  pour  mettre  en  évidence  leurs  affinités  avec 
les  espèces  déjà  connues. 

»  Ce  travail  contient  une  analyse,  faite  avec  soin,  des  nouveaux  systèmes 
de  classification  dont  l'introduction  dans  la  science  remonte  à  une  époque 
ultérieure  à  celle  de  la  publication  des  divers  volumes  de  notre  Erpétologie 
générale. 

»  Il  résulte  de  la  révision  des  trois  familles  de  Sauriens  étudiés  dans  ce 
Mémoire,  que  le  Musée  de  Paris  renferme  actuellement  parmi  les  Geckos, 
les  Varans  et  les  Iguanes,  cinquante-quatre  espèces  nouvelles  et  non  men- 
tionnées dans  les  IIP  et  IVe  volumes  de  mon  Erpétologie,  et  dans  ce 
nombre,  il  y  en  a  vingt-cinq  que  mon  fils  a  fait  connaître  pour  la  première 
fois,  parce  qu'elles  n'avaient  été  indiquées  par  aucun  zoologiste.  Parmi 
ces  dernières,  il  s'en  trouve  quatre  qui,  n'ayant  pu  être  rapportées  à  aucun 
des  genres  déjà  établis,  ont  dû  prendre  rang  sous  des  noms  génériques 
nouveaux. 

»  Si  à  ces  cinquante-quatre  espèces  on  en  joint  vingt-trois  autres  peu 
connues,  dont  sept  jusqu'alors  inédites  et  comprises  parmi  les  Tortues,  les 
Caméléons  et  les  Crocodiles,  étudiées  dans  le  Mémoire  auquel  celui-ci  fait 
suite,  il  résulte  de  ce  relevé  que  pour  la  portion,  encore  peu  considérable, 
de  la  classe  des  Reptiles  passée  en  revue  dans  les  deux  premiers  suppléments, 
soixante-dix-sept  espèces  y  sont  décrites.  En  outre,  sur  les  dix-sept  planches 
qui  les  accompagnent,  on  trouve  un  grand  nombre  de  figures  qui  repré- 
sentent soit  les  animaux  entiers,  soit  des  détails  importants  sur  les  carac- 
tères zoologiques  les  plus  essentiels  qu'il  était  nécessaire  de  développer.  » 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  que  MM.  Beaumont  et  Mayer  ont 
envoyé  une  Lettre  relative  au  Rapport  qui  a  été  fait  dans  la  dernière  séance 


(  8o3  ) 
sur  une  machine  de  leur  invention  ;  mais  que  cette  Lettre  étant  imprimée,  il 
n'y  a  pas  lieu  de  s'y  arrêter. 

La  Commission  fait  remarquer  que  cette  Lettre  est  une  réclame  plutôt 
industrielle  que  scientifique,  et  que  d'ailleurs  les  reproches  qu'elle  contient 
ne  reposent  que  sur  des  allégations  complètement  inexactes. 

chimie.  —  Note  sur  l'inuline;  par  M.  Dubrunfact. 

«  L'inuline,  découverte  par  Valentin  Rose,  a  été  l'objet  de  nombreux 
travaux,  et  MM.  Gaulthier  de  Claubry,  Payen,  Braconnot,  Bouchardat,  Par- 
nell,  Crokewitt  et  Mulder  ont  jeté  de  vives  lumières  sur  les  propriétés  de 
cette  substance.  Néanmoins  les  travaux  de  ces  savants  offrent  des  anomalies 
et  des  contradictions  qu'il  était  utile  de  faire  disparaître  ;  tel  est  surtout 
l'objet  de  cette  Note. 

»  Quelle  que  soit  l'origine  de  l'inuline,  elle  offre  les  mêmes  propriétés  phy- 
siques et  chimiques  quand  elle  a  été  amenée  à  l'état  de  pureté. 

»  Suivant  les  procédés  mis  en  œuvre  pour  la  sécher,  elle  affecte  deux 
états  physiques  distincts  :  elle  est  ou  diaphane  comme  la  gomme,  ou  opaque 
comme  l'amidon,  et  dans  ces  deux  états  elle  a  la  même  composition  chi- 
mique. 

»  Prise  dans  l'état  d'hydratation  stable  qu'elle  affecte  à  -+-  10  degrés, 
dans  une  atmosphère  où  l'hygromètre  marque  4°  degrés,  elle  subit  une 
perte  de  o,ii25  quand  on  la  place  dans  l'air  sec,  à  la  même  température. 
Séchée  à  ioo  degrés,  la  perte  s'élève  à  0,16.  On  peut  alors  la  chauffer 
jusqu'à  180 degrés  sans  l'altérer  et  sans  lui  enlever  une  nouvelle  proportion 
d'eau.  Au  delà  de  ce  terme,  l'inuline  jaunit;  elle  entre  en  fusion  vers  1  go  de- 
degrés,  et  il  y  a  alors  altération  évidente  avec  une  légère  perte  en  poids. 

»  L'inuline  séchée  à  1 00  degrés  offre  donc  le  maximum  de  déshydratation 
qu'on  puisse  obtenir  par  le  concours  de  la  chaleur  seule.  Dans  cet  état  elle 
nous  a  donné  pour  moyenne  de  trois  analyses  : 

Carbone 44>3ai, 

Eau 55,679  5 

d'où  l'on  déduit  la  formule 

C,2HT0O'0, 

qui  s'accorde  bien  avec  celle  de  Mulder  et  qui  peut  être  considérée  comme 
formule  de  l'inuline  anhydre.  On  ne  peut,  en  effet,  accorder  aucune  con- 


(  8o4  ) 
fiance  aux  nombres  qui  ont  été  déduits  des  combinaisons  plombiques.  L'inu- 
line  est  altérable  par  les  bases,  et  ses  composés  salins  analysés  ont  dû  don- 
ner des  nombres  qui  s'appliquent  à  l'inuline  altérée. 

»  On  déduit  de  l'analyse  ci-dessus  et  des  nombres  fournis  par  la  dessicca- 
tion, que  l'inuline  séchée  dans  l'air  sec,  à  -+-  10  degrés,  a  pour  formule 

C,aH,00'°,  HO, 

c'est-à-dire  une  composition  identique  à  celle  du  sucre  de  canne  et  du  sucre 
de  lait. 

»  L'inuline  anhydre  est  très-avide  d'eau.  Prise  à  l'état  diaphane  et  placée 
dans  l'eau,  elle  devienj;  opaque,  elle  se  gonfle  et  se  délite  en  s'hydratant. 
Dans  cet  état  elle  se  présente  sous  forme  de  granules  de  -~^  de  millimètre 
de  diamètre,  et  ces  granules  n'offrent  nul  indice  perceptible  de  la  double 
réfraction  qui  est  si  nette  pour  l'amidon.  , 

»  La  densité  prise  sur  l'inuline  hydratée  pure,  c'est-à-dire  dans  l'état  où 
elle  perd  0,16  d'eau,  a  été  trouvée  de  i,36i  ;  elle  correspond  à  peu  près 
alors  à  la  formule  C,a  H10  O10,  3HO.  La  densité  serait  1,462  pour  l'inuline 
anhydre. 

»  Cent  grammes  d'inuline  pris  à  l'état  qui  correspond  à  la  formule 
C,2H,oO<0,  3  HO,  dissous  dans  l'eau  de  manière  à  donner  un  litre  de 
volume,  puis  observés  à  l'œil  nu  avec  l'appareil  de  M.  Biot,  ont  donné  sous 
une  couche  de  om,5  une  rotation  de  —  19,3144  degrés  \. 

»  On  a  conclu  de  ces  éléments 

[a];  =  -  38,43  \ 
et 

[a]r  =  -  29,46  \  (♦). 

»  Les  pouvoirs  rôtatoires  moléculaires  de  l'inuline  prisera  l'état  C 2  H'  °  O  '  ° , 
seraient  ainsi 

[«]/  =  —  44,9\> 
[a]r=  — 34,42\. 

»  L'inuline  pure,  mise  en  présence  de  l'eau  à  la  température  de  +  10  de- 
grés de  manière  à  saturer  l'eau,  ne  s'y  dissout  que  dans  la  proportion  de 
o,oo5  du  poids  de  l'eau.  À  -+•  66  degrés,  elle  s'y  dissout  en  grande  propor- 
tion. La  dissolution,  faite  avec  100  grammes  d'inuline  par  litre,  ne  donne 

(*)  Ce  nombre  diffère  du  nombre  —  26,  i6\  qui  a  été  donné  par  M.  Bouchardat,  sans 
spécifier  l'état  d'hydratation  de  l'inuline  qui  a  servi  à  l'expérience. 


(  8o5  ) 
pas  de  précipité  par  le  refroidissement;  le  précipité  ne  se  forme  que  douze 
ou  vingt-quatre  heures  plus  tard.  L'eau  mère  séparée  à  cette  époque  retient 
encore  o,o4  à  o,o5  d'inuline,  et  dans  cet  état  elle  est  modifiée,  puisqu'elle 
ne  peut  se  séparer  incomplètement  de  l'eau  qu'après  un  temps  fort  long. 
Ce  phénomène  est  analogue  aux  faits  connus  de  sursaturation,  et  quoiqu'il 
ne  soit  accompagné  d'aucun  changement  dans  le  pouvoir  rotatoire  de 
l'inuline,  il  révèle  une  modification  moléculaire  de  même  ordre  que  celle 
que  nous  avons  observée  dans  la  dissolution  du  glucose  et  du  sucre  de  lait; 
il  explique  aussi  les  nombres  différents  qui  ont  été  donnés  par  les  expé- 
rimentateurs sur  la  solubilité  de  l'inuline. 

»  De  quelque  manière  que  nous  nous  y  soyons  pris,  il  nous  a  été  impos- 
sible de  faire  subir  la  fermentation  alcoolique  à  l'inuline  (*),  soit  que  nous 
l'ayons  mise  en  présence  de  ferment  de  bière,  en  suspension  dans  l'eau  ou 
en  dissolution  modifiée.  Nous  n'avons  pas  mieux  réussi  en  acidulant  légère- 
ment la  dissolution  avec  l'acide  tartrique  ou  avec  le  tartrate  acide  de  potasse. 
On  peut  donc  considérer  l'inuline  comme  étant  tout  à  fait  infermentescible. 

»  L'inuline,  chauffée  dans  l'eau  à  la  température  de  100  degrés  et  sans 
ébullition,  subit  une  saccharification  complète;  mais  contrairement  aux 
observations  de  Crokewitt,  il  faut  pour  achever  cette  réaction  un  temps  fort 
long,  tandis  que  la  même  transformation  s'opère  fort  rapidement  sous  l'in- 
fluence des  acides,  ainsi  que  l'ont  observé  MM.  Payen  et  Braconnot.  Le 
sucre  qui  se  forme  dans  cette  réaction  est  incristallisable  et  lévogyre,  selon 
les  observations  de  M.  Bouchardat;  il  est  identique  avec  le  sucre  que  nous 
avons  découvert  dans  le  sucre  de  fruits,  et  dans  son  similaire  le  sucre  inter- 
verti .  Sa  propriété  sucrante  sous  le  même  poids  est,  d'après  nos  observations, 
égale  à  celle  du  sucre  de  canne. 

»  La  rotation  de  l'inuline  augmente  beaucoup  par  la  saccharification,  ainsi 
que  l'a  observé  M.  Bouchardat.  Elle  s'élève  selon  nous  à  •§,  quand  la  sac- 
charification a  atteint  son  maximum  de  développement.  L'inuline  éprouve 
dans  cette  réaction  une  contraction  sensible,  analogue  à  celle  que  nous 
avons  observée  et  mesurée  pendant  l'inversion  du  sucre  de  canne.  Le  sucre 
d'inuline  sec  a  bien  pour  formule  C'2H,20,!!,  il  se  prête  sans  transforma- 
tion au  dédoublement  alcoolique,  ainsi  qu'on  pouvait  déjà  le  déduire  des 


(*)  Il  ne  s'agit  ici  que  de  l'inuline  bien  connue  des  chimistes ,  car  nous  avons  rencontré  dans 
un  grand  nombre  de  végétaux  un  produit  analogue ,  qui  peut  subir  la  fermentation  alcoo- 
lique; nous  ferons  connaître  ce  produit  à  l'occasion  d'expériences  faites  sur  les  topinam- 
bours. 

C.  R.,  i856,  i«r  Semestre.  (T.  XLII,  No  17.)  IOÔ 


(  806  ) 

analyses  de  MM.  Mitscherlich  et  Soubeiran  et  de  nos  observations  faites  sur 
la  constitution  du  sucre  interverti  qui  renferme  exactement  -|  équivalent  de 
sucre  d'inuline.  D'après  ces  faits,  on  voit  que  l'inuline  hydratée 
C'2  H'°O,0,HO  prend  i  équivalent  d'eau  pour  devenir  sucre  fermentescible. 

»  L'inuline  offre  donc,  sous  plusieurs  rapports,  une  analogie  remarquable 
avec  l'amidon,  dont  elle  est  un  congénère  organique,  et  cette  analogie  s'ob- 
serve surtout  dans  les  diverses  transformations  que  ces  deux  corps  subis- 
sent. Leurs  pouvoirs  rotatoires,  quoique  de  signes  contraires  et  d'inégales 
intensités,  offrent  ceci  de  remarquable,  que,  dans  la  transformation  sac- 
charine, le  plan  de  la  polarisation  primitive  se  déplace  dans  le  même  sens, 
c'est-à-dire  que  dans  les  deux  cas  il  marche  de  la  droite  vers  la  gauche, 
affaiblissant  ainsi  le  pouvoir  rotatoire  de  l'amidon  et  exaltant  celui  de  l'inu- 
line. 

»  L'inuline  existe  en  grande  proportion  dans  plusieurs  produits  qui  ser- 
vent à  la  nourriture  de  l'homme  et  des  animaux;  elle  pourrait  être  extraite 
avec  avantage  de  plusieurs  de  ces  produits,  et  prendre  ainsi  rang  dans 
l'industrie  et  le  commerce,  à  côté  de  l'amidon  et  de  la  fécule.  A  ce  titre, 
l'inuline  offre  un  grand  intérêt,  et  après  avoir  fait  connaître  sommairement 
nos  études  sur  les  propriétés  de  ce  produit  immédiat  du  règne  organique, 
il  nous  sera  plus  facile  d'exposer  celles  que  nous  avons  faites  sur  les  végé- 
taux qui,  à  l'exemple  des  topinambours  et  des  dahlias,  le  renferment  dans 
un  état  et  dans  des  proportions  tels,  que  ces  végétaux  pourraient  être  l'objet 
de  cultures  et  de  travaux  manufacturiers  exécutés  en  vue  de  l'extraction  de 
l'inuline.  « 

zoologie.   —    Sur  trois  espèces  de  Dauphins  qui  vivent  dans  les  régions 
du  haut  Amazone;  par  M.  Paul  Gervais. 

a  Pendant  leurs  longs  voyages  dans  la  région  de  l'Amazone,  Spix  et 
M.  Martius,  et  plus  tard  M.  Alcide  d'Orbigny,  avaient  eu  l'occasion  d'étu- 
dier un  Dauphin  assez  différent  par  ses  caractères  génériques  de  celui  du 
Gange,  mais  étranger,  comme  lui,  aux  eaux  de  la  mer.  Spix  et  M.  Martius 
en  parlèrent  sous  le  nom  de  Delphinus  amazonicus,  et  M.  d'Orbigny  sous 
celui  d'Inia  boliviensis. 

»  De  nouvelles  recherches  m'ont  conduit  à  admettre  l'identité  de  ce 
Dauphin  avec  celui  que  M.  de  Blainville  a  nommé  antérieurement  Delphinus 
Geo ff remis. 

»  Ulnia  ou  Delphinus  Gcojfiensis  vit  non-seulement  dans  une  grande 


(  8o7  ) 
partie  de  l'Amazone,  mais  aussi  dans  les  principaux  affluents  de  ce  fleuve 
et  dans  quelques-uns  de  ses  sous-affluents.  MM.  de  Castelnau  et  Deville 
ont  pris  l'Inia  dans  l'Uruguay,  assez  loin  de  son  confluent  avec  le  Tocantin 
qui  se  jette  dans  l'Amazone,  à  quelques  lieues  au-dessus  de  Para.  Ils 
l'ont  aussi  trouvé  dans  l'Ucayale  qui  coule  au  Pérou.  Précédemment 
M.  d'Orbigny  l'avait  signalé  dans  les  rivières  des  plaines  de  Moxos  et  de 
Santa-Cr.tz,  particulièrement  dans  le  Rio-Mamoré  et  dans  le  Guaporé,  qui 
versent  leurs  eaux  dans  le  Rio-Madeira,  qui  lui-même  parcourt  une  assez 
grande  étendue  de  pays  avant  de  rejoindre  l'Amazone. 

«  Il  est  probable  que  l'exemplaire  type  du  Delphinus  Geoff'rensis  que 
l'on  conserve  encore  au  Musée  de  Paris,  était  aussi  originaire  du  haut 
Amazone,  et  qu'on  a  été  dans  l'erreur  en  supposant  qu'il  venait  du  Canada. 
En  effet,  ce  Dauphin  était  antérieurement  conservé  à  Lisbonne,  dans  le 
musée  d'Ajuda,  ainsi  qu'un  nombre  considérable  d'objets  intéressants  de 
zoologie  (i)  appartenant  précisément  à  des  espèces  que  les  voyageurs,  et 
plus  particulièrement  MM.  de  Castelnau  et  Deville,  ont  retrouvées  depuis 
lors  dans  les  régions  occidentales  du  Brésil  et  dans  le  haut  Pérou. 

»  Dans  la  partie  mammalogique  du  Voyage  en  Amérique  de  M.  de  Cas- 
telnau, que  je  termine  en  ce  moment,  je  décris  l'Inia  Geoffrensis  et  en 
même  temps  deux  espèces  nouvelles  de  Dauphins  fluviatiles  qui  sont  éga- 
lement particulières  au  bassin  de  l'Amazone.  On  en  doit  la  découverte  à  ce 
savant  naturaliste,  ainsi  qu'à  feu  M.  Emile  Deville,  l'un  de  ses  compagnons 
de  voyage. 

»  Ces  deux  Dauphins  s'éloignent  moins  des  Dauphins  ordinaires  par 
l'ensemble  de  leurs  caractères  que  ne  le  fait  l'Inia,  et  l'on  doit  les  rapporter 
au  même  genre  que  le  Delphinus  delphis  ou  Dauphin  ordinaire,  dont  ils  ne 
se  distinguent  que  par  leurs  caractères  spécifiques.  J'en  donne  aussi  la 
figure  d'après  des  dessins  faits  sur  le  frais  par  M.  de  Castelnau. 

»  L'un  de  ces  nouveaux  Dauphins  d'eau  douce  prendra  le  nom  de 
Delphinus  pallidus.  M.  Emile  Deville  et  moi  avons  précédemment  appelé 
l'autre  Delphinus  Jluviatilis.  Leur  taille  est  inférieure  à  celle  de  l'Inia.  » 

Dans  la  Lettre  qui  accompagne  cette  Note,  M.  Gervais  indique  la  recti- 
fication suivante,  pour  une  de  ses  précédentes  communications  sur  les  Chei- 


(i)  Ces  objets  ont  fourni  à  E.  Geoffroy-Saint-Hilaire  le  sujet  de  plusieurs  Mémoires. 

106.. 


(  808  ) 
roptères  américains  (Compte  rendu  de  la  séance  du  24  mars,  page  249, 
ligne  6)  : 

a  Ce  n'est  pas  le  Stenoderma  undalum,  de  Blainville,  qui  sert  de  type  à 
mon  nouveau  genre  Dermanura  (de  la  tribu  des  Sténodermins),  mais  bien 
le  Stenoderma  cinereum  de  ce  célèbre  zoologiste.  » 

chimie  appliquée.  —  Propriétés  des  solutions  aqueuses  saturées  de  sul- 
fate de  zinc  pour  la  conservation  des  substances  animales;  Note  de 
M.  Strauss-Durckheim. 

«  J'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  une  tête  de  Rous- 
sette, poisson  de  la  famille  des  Squales,  conservée  depuis  seize  ans  dans 
un  liquide  conservateur  que  j'ai  fait  connaître  pour  la  première  fois  comme 
antiputride  dans  mon  Traité  pratique  d'Anatomie  comparative  publié  en 
1842.  Cette  liqueur  est  composée  de  14  parties  de  sulfate  de  zinc  dissoutes 
dans  10  parties  d'eau  (saturée). 

»  On  peut  voir  par  cette  préparation  que  le  corps  des  animaux  vertébrés 
se  conserve  si  bien  dans  ce  liquide,  que  ce  poisson  présente  en  apparence 
toutes  les  qualités  d'un  animal  frais,  et  cela  jusqu'à  son  odeur  de  marée 
fraîche.  Pour  mieux  reconnaître  la  propriété  conservatrice  de  cette  solu- 
tion, j'ai  laissé  pendant  les  seize  années  cette  tète  de  poisson  dans  un  bocal 
ouvert  à  l'air  libre,  en  y  remplaçant  de  trois  en  trois  mois  à  peu  près  le 
liquide  évaporé  par  de  l'eau  ordinaire  que  j'y  versais.  Je  vais  maintenant 
soumettre  cette  préparation  à  la  dessiccation  pour  la  momifier,  convaincu 
qu'elle  se  conservera  indéfiniment  dans  cet  état. 

»  Je  pense  que  cette  communication  peut  avoir  quelque  intérêt  pour 
l'Académie  ;  cette  liqueur  pouvant  servir,  d'une  part,  à  conserver  les  prépa- 
rations anatomiques  destinées  aux  dissections,  et,  d'autre  part,  à  la  momifi- 
cation des  corps,  en  l'injectant  dans  les  artères.  » 

chimie.  —  Observation  nouvelle  sur  le  soufre  mou; 
par  M.  Er\.  Baudrimont.  (Extrait.) 

«  Lorsqu'on  met  du  soufre  mou  récent  en  contact  avec  de  l'essence 
de  térébenthine  dans  un  tube  fermé,  et  qu'on  abandonne  celui-ci  à  lui- 
même  pendant  quelque  temps,  on  s'aperçoit  après  cinq  ou  six  jours 
que  les  fragments  de  ce  soufre  sont  devenus  opaques,  et  qu'ils  se  sont 
recouverts  d'un  très-grand  nombre  de  petits  cristaux  transparents  et  bril- 


(8°9) 
lants  qui  tapissent  aussi  les  parois  du  tube.  Après  quelques  mois,  ces  cris- 
taux ont  pris  une  grosseur  assez  notable,  qu'ils  semblent  ne  plus  dépasser 
ensuite.  Ce  sont  des  modifications  de  l'octaèdre  symétrique  que  donne  le 
soufre  toutes  les  fois  qu'il  cristallise  à  la  température  ordinaire. 

»  Ce  phénomène  de  cristallisation  ayant  lieu  à  la  surface  du  soufre  et 
non  dans  sa  masse,  il  n'était  pas  possible  de  l'attribuer  à  la  transformation 
directe  du  soufre  mou  en  soufre  octaédrique  ;  aussi  ai-je  pensé  qu'il  était 
dû  à  la  solubilité  plus  grande  du  soufre  mou  dans  l'essence  de  térében- 
thine comparativement  à  celle  du  soufre  ordinaire,  et  à  un  retour  du  pre- 
mier soufre  à  ce  dernier  état,  au  sein  du  liquide  même;  d'où  devait  ré- 
sulter la  précipitation  d'une  partie  du  corps  dissous  dans  l'essence. 

»  J'ai  constaté,  en  effet,  qu'à  la  température  de  1 5  degrés,  la  même  quan- 
tité d'essence  de  térébenthine  qui  dissout,  dans  l'espace  de  vingt-quatre 
heures,  ioo  parties  de  soufre  ordinaire,  en  dissout  162  de  soufre  mou.  Il 
n'en  est  pas  de  même,  d'ailleurs,  à  des  températures  élevées,  et  dans  des 
essais  faits  à  100  degrés  et  continués  seulement  pendant  une  heure,  les  rap- 
ports de  solubilité  des  deux  soufres  ont  été  trouvés  de  100  à  120  degrés,  ce 
qui  tient  probablement  à  ce  que  le  soufre  mou  se  transforme  à  100  degrés 
en  soufre  ordinaire. 

»  J'ajouterai,  en  terminant,  que  le  soufre  mou  m'a  paru  présenter  des 
degrés  différents  de  solubilité,  suivant  qu'il  avait  été  porté  à  des  tempéra- 
tures différentes,  et  qu'il  était  plus  ou  moins  récent.  » 

M.  Bouros  adresse  d'Athènes  une  réclamation  de  priorité  relative  à  deux 
communications  faites,  en  i854,  par  M.  Commaille  sur  les  propriétés 
toxiques  de  X  Atractylis  gummifera,  et  sur  plusieurs  cas  d'empoisonnement 
observés  en  Algérie  chez  des  enfants  qui  avaient  mangé  de  la  racine  de  cette 
plante. 

La  priorité  réclamée  par  M.  Bouros  est  parfaitement  constatée;  les 
Comptes  rendus  hebdomadaires  deï 'Académie  contiennent  en  effet,  tome  VI, 
page  34o,  l'indication  d'un  Mémoire  sur  ce  sujet  adressé  par  lui  et  qui  fut 
présenté  à  la  séance  du  12  mars  i838.  Aujourd'hui,  en  reproduisant  cette 
première  communication,  M.  Bouros  y  joint  l'observation  toute  récente  de 
cas  d'empoisonnement  qui  ont  présenté  des  symptômes  tout  semblables,  et 
qui  paraissent  dus  à  la  même  cause.  Nous  disons  qui  paraissent,  car  la 
plante  que  l'on  a  envoyée  comme  échantillon  de  ce  qu'avaient  mangé  les 
trois  enfants  empoisonnés  est  un  Échinops  et  non  un  Atractylis.  Mais, 
comme  le  remarque  M.  Bouros,  rien  ne  prouve  que  l'échantillon  que  l'on 


(8,o) 
a  été  chercher  dans  la  localité  où  les  trois  enfants  égarés  dans  la  cam- 
pagne avaient  fait  ce  funeste  repas,  et  d'après  les  indications  assez  vagues 
données  par  celui  des  trois  qui  succomba  le  dernier,  appartienne  réelle- 
ment à  la  même  espèce  que  celle  qui  a  causé  l'accident.  D'autre  part,  l'Atrac- 
tylis  n'est  pas  rare  dans  ces  parages,  et  rien  n'empêche  de  supposer  que  ce 
ne  fût  l'espèce  de  chardon  désignée  par  l'enfant. 

La  nouvelle  Note  de  M.  Bouros  est  renvoyée  à  l'examen  des  Commis- 
saires nommés  pour  les  deux  Mémoires  de  M.  Commaille,  MM.  Dumas, 
Pelouze,  Rayer,  auxquels  est  invité  de  s'adjoindre  M.  Serres,  qui  faisait  par- 
tie de  la  Commission  nommée  dans  la  séance  du  12  mars  i838. 

M.  Dahondeac  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  dans  le 
nombre  des  candidats  pour  la  place,  aujourd'hui  vacante,  de  membre  adjoint 
au  Bureau  des  Longitudes. 

«  Devant  partir  très-prochainement  pour  remplir  une  mission  hydrogra- 
phique qui  me  tiendra  éloigné  de  France  pendant  plusieurs  mois,  je  n'ai  pu, 
dit  M.  Darondeau,  attendre,  pour  adresser  ma  demande  à  l'Académie,  qu'elle 
ait  été  saisie  de  cette  présentation  de  candidats  par  M.  le  Ministre  de  l'In- 
struction publique;  mais  je  la  prie  de  vouloir  bien  réserver  cette  demande, 
ainsi  que  l'exposé  sommaire  de  mes  travaux  dont  elle  est  accompagnée,  pour 
être  renvoyée  à  la  Commission  qui  sera  nommée  alors.  » 

M.  Fojvssagrives  adresse  une  Lettre  relative  à  son  Traité  d' Fiygiène  na- 
vale, ouvrage  présenté  dans  la  séance  du  3 1  mars  dernier  et  qui  a  été  ren- 
voyé au  concours  pour  le  prix  dit  des  Arts  insalubres. 

M.  Busy  envoie  un  exemplaire  d'un  opuscule  publié  en  1754  par  M.  de 
Grante  et  relatif  à  des  expériences  supposées  analogues  à  celle  par  la- 
quelle M.  Foucault  a  rendu  sensible  aux  yeux  le  mouvement  de  rotation  de 
la  Terre. 

Les  expériences  de  M.  de  Grante  étaient  faites,  non  pas  avec  un  pendule 
oscillant,  mais  avec  un  fil  à  plomb  dont  l'extrémité  inférieure  décrivait,  dans 
l'espace  de  vingt-quatre  heures,  au  dire  de  l'observateur,  une  ellipse  ayant 
son  grand  axe  dirigé  d'occident  en  orient.  Pour  une  longueur  de  fil  de 
onze  pieds,  le  grand  axe  observé  aurait  été  d'une  demi-ligne  et  le  petit 
d'un  quart  de  ligne. 

M.  Nicklès  demande  et  obtient  l'autorisation  de  reprendre  un  paquet  ca- 
cheté dont  l'Académie  avait  accepté  le  dépôt. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  28  avril  i856,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Description  des  Reptiles  nouveaux  ou  imparfaitement  connus  de  la  collection  du 
Muséum  d'Histoire  naturelle,  et  remarques  sur  la  classification  et  les  caractères  des 
Reptiles;  IIe  Mémoire;  3e,  4e  et  5e  famille  de  l'ordre  de&  Sauriens  (Geckotiens , 
Varaniens  et  Iguaniens) ;  par  M.  le  Dr  AUGUSTE  DUMÉRIL;  in-4°. 

Esquisse  de  la  mammalogie  du  continent  africain  ;  par  M.  le  Dr  PuCHERAN; 
br.  in-8°. 

Observations...  Observations  adressées  au  Président  et  aux  membres  de  la 
Société  Royale,  après  la  distribution  des  médailles,  dans  la  deuxième  séance  géné- 
rale; par  M.  Ch.  Babbage.  Londres,  1 856;  br.  in-8°. 


(811  ) 
M.  de  Brvas,  en  adressant  un  exemplaire  de  la  troisième  et  dernière  partie 
de  ses  Etudes  pratiques  sur  le  (/minage,  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 
hâter  le  travail  de  la  Commission  à  laquelle  a  été  soumise  sa  Note  du  4  juin 
1 855,  sur  les  terres  propres  à  la  fabrication  des  tuyaux  de  drainage. 

(Renvoi  à  la  Section  d'Economie  rurale,  qui  a  été  chargée  de  prendre 
connaissance  de  cette  Note.) 

M.  Dudouit  prie  l'Académie  de  vouloir  bien,  quand  elle  aura  à  faire  une 
nomination  dans  la  Section  de  Géométrie,  se  rappeler  diverses  communica- 
tions qu'il  lui  a  faites,  et  qu'il  considère  comme  des  titres  pour  être  compris 
dans  le  nombre  des  candidats. 

M.  Cohendt  Martin  adresse  à  l'Académie  une  demande  à  l'effet  d'être 
autorisé  à  employer  comme  remède  secret  une  composition  dont  il  dit  avoir 
obtenu  d'excellents  résultats. 

Cette  demande  ne  peut  être  prise  en  considération,  l'Académie  des  Science^ 
n'ayant  point  qualité  pour  accorder  l'autorisation  de  faire  usage  de  remèdes 
secrets. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  F. 


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COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  5  MAI  1856. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  IS.  GEOFFROY- SAINT- HIL AIRE. 

0 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M .  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  transmet  une  ampliation  d'un 
décret  impérial  en  date  du  3o  avril  1 856  qui  confirme  la  nomination  de 
M.  Bertrand  à  la  place  vacante  dans  la  Section  de  Géométrie  par  suite  du 
décès  de  M.  Sturm. 

Il,  est  donné  lecture  de  ce  décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Bertrand  vient  prendre  place 
parmi  ses  confrères. 

agronomie.  —  Note  sur  un  fait  relatif  à  la  culture  de  la  garance; 
par  M.  le  comte  de  Gasparin. 

«  On  sait  l'extension  qu'a  prise  la  culture  de  la  garance,  la  pulvérisation 
de  sa  racine  et  l'extraction  de  sa  matière  colorante  dans  le  département  de 
Vaucluse.  Tant  d'intérêts  sont  liés  à  cette  industrie,  tant  d'esprits  éclairés  se 
sont  livrés  à  son  étude,  qu'elle  reçoit  chaque  jour  de  nouveaux  perfection- 
nements et  que  nous  pouvons  en  connaître  les  moindres  circonstances. 

»  Or  il  se  présente  un  fait  saillant,  confirmé  par  tous  ceux  qui  s'oc- 
cupent constamment  depuis  trente  ans  et  plus  du  commerce  et  du  traite- 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  18.)  IO7 


(  8'4  ) 
ment  de  cette  racine  :  c'est  la  diminution  graduelle  de  la  matière  colo- 
rante que  l'on  en  retire,  dans  les  cantons  où  elle  est  le  plus  anciennement 
cultivée. 

»  Les  garances  qui  proviennent  des  anciens  dépôts  paludiens  du  centre 
du  département  ont  toujours  été  réputées  comme  les  plus  riches  en  couleur, 
et  les  fabricants  les  plus  instruits  constatent  que,  depuis  l'époque  que  nous 
venons  de  citerr  la  propriété  colorante  de  ces  garances  a  baissé  de  2  5 
pour  too. 

»  Pendant  que  cette  grave  détérioration  se  produisait,  on  recevait  des 
garances  de  l'Asie  Mineure  conservant  toujours  leurs  mêmes  propriétés,  on 
en  récoltait  dans  d'autres  cantons  de  notre  pays  même  qui  avaient  gardé 
toute  leur  qualité.  Que  s'était-il  donc  passé  dans  les  paluds  qui  eût  pu  dé- 
tériorer ainsi  leur  racine?  Avait-on  négligé  la  culture?  avait-on  économisé 
Tes  engrais?  en  avait-on  changé  la  nature? 

»  Quant  à  la  culture,  ses  procédés  s'étaient  améliorés  sous  tous  les  rap- 
ports. On  avait  accru  la  quantité  d'engrais  employée  ;  et  pour  ce  qui  touche 
à  leur  nature,  on  avait  introduit,  il  est  vrai,  l'usage  du  tourteau  de  plantes 
oléagineuses  concurremment  avec  le  fumier  :  mais  les  cultivateurs  qui  avaient 
continué  à  faire  usage  de  fumier  d'écurie  seul  voyaient  décroître  la  qualité 
de  leurs  produits,  comme  ceux  qui  lui  associaient  le  tourteau  et  comme 
ceux  qui  se  servaient  presque  uniquement  du  dernier  engrais. 

»  Mais  une  circonstance  particulière  aux  paluds,  c'est  que  le  terrain 
très-meuble  facilite  beaucoup  les  travaux  si  coûteux  de  défoncement  qu'il 
faut  faire  pour  atteindre  la  racine,  et  qu'ainsi  les  produits  s'y  obtiennent  à 
un  prix  moindre  que  dans  les  terrains  compactes.  De  là  est  née  une  ten- 
dance, un  entraînement  à  répéter  cette  culture  le  plus  possible,  à  la  faire 
revenir  plusieurs  fois  de  suite  ou  à  de  très-courts  intervalles  sur  le  même 
terrain.  C'est  ce  qui  distingue  la  culture  des  paluds  de  la  culture  générale 
du  pays  ;  et  comme  la  diminution  de  matière  colorante  se  fait  aussi  remar- 
quer sur  les  terrains  ordinaires  où  la  culture  de  la  garance  est  fréquemment 
répétée  et  qu'elle  ne  se  montre  pas  dans  des  terrains  nouvellement  consa- 
crés à  cette  culture  ,  il  faut  en  conclure  que  ces  cultures  réitérées  coup  sur 
coup  sont  bien  la  cause  du  mal  dont  on  se  plaint. 

»  C'est  donc  à  un  véritable  épuisement  que  l'on  pouvait  attribuer  la  dé- 
croissance de  la  couleur.  Mais  épuisement  de  quoi?  Ce  ne  sont  ni  le  carbone, 
ni  l'azote  qui  manquent  à  un  terrain  abondamment  fumé  ;  ce  n'est  pas  l'oxy- 
gène, dans  un  sol  aussi  meuble  où  l'air  circule  avec  facilité;  ce  n'est  pas 
non  plus  l'humidité  :  les  paluds,  desséchés  à  leur  surface,  sont  un  vaste 


(  8.5  ) 
lac  souterrain  entretenu  par  les  filtrations  de  la  Sorgue  à  travers  un  sol 
perméable;  ce  n'est  pas  la  chaux,  ces  terres  en  contiennent  jusqu'à  90  pour 
100;  ni  les  phosphates,  qui  s'y  trouvent  en  quantité  très-appréciable;  ni  les 
sulfates,  qui  y  sont  transportés  par  toutes  les  eaux  qui  s'écoulent  des  mon- 
tagnes gypseuses  qui  entourent  ce  bassin;  ni  les  chlorures,  qui  s'effleurissent 
à  la  surface  dans  le  temps  des  grandes  chaleurs;  ce  n'est  aucune  des  sub- 
stances, dont  l'analyse  élémentaire  peut  rendre  compte,  qui  ont  été  enle- 
vées par  la  végétation.  Il  faut  donc  admettre  que  la  coloration  de  la  ga- 
rance tient  à  l'existence  dans  le  sol  d'une  substance  composée,  qui  se  forme 
peut-être  par  les  modifications  de  la  cellulose,  comme  on  en  voit  l'exemple 
dans  les  analyses  des  terres  de  Versailles,  faites  par  M.  Verdeil.  On  peut 
alors  faire  deux  hypothèses  :  ou  cette  substance  provient  d'un  dépôt  primor- 
dial que  les  réactions  actuelles  des  éléments  chimiques  ne  produisent  plus, 
parce  qu'elles  ne  sont  plus  favorisées  par  les  Circonstances  qui  existaient  à 
son  origine;  ou  bien  cette  substance  se  produit  encore,  mais  avec  une  len- 
teur qui  ne  peut  suivre  du  même  pas  la  consommation  qu'en  font  les  ré- 
coltes répétées  de  la  garance,  plante  qui  en  serait  très-avide. 

»  Ce  ne  serait  donc  pas  l'aliment  des  plantes  considéré  sous  le  rapport 
de  ses  principes  élémentaires,  mais  un  aliment  composé  de  ces  principes, 
préparé  par  les  forces  naturelles  et  dans  des  circonstances  particulières, 
qu'il  faudrait  fournir  à  la  garance  pour  en  obtenir  toujours  des  récoltes 
fortement  colorées,  et  cette  préparation  ne  paraît  pas  se  faire  partout,  dans 
tous  les  terrains,  avec  une  égale  facilité.  Dans  ceux  de  Vaucluse  où  elle  était 
le  plus  abondante,  elle  avait  trouvé  un  sol  très-calcaire,  porosité  très- 
grande,  fraîcheur  entretenue  par  capillarité  du  réservoir  inférieur  et  con- 
stant d'humidité.  La  preuve  que  des  circonstances  particulières  sont  néces- 
saires, c'est  qu'il  y  a  des  sols  où  cette  substance  ne  se  crée  pas,  qui  dès  la 
première  récolte  ne  produisent  que  des  racines  grises,  et  que  dans  les  paluds 
mêmes  chaque  pièce  de  terre,  pour  ainsi  dire,  produit  son  degré  spécial 
de  coloration. 

»  Réparera-t-on  le  mal  au  moyen  d'un  assolement  qui  n'admette  qu'à 
de  plus  longs  intervalles  le  retour  de  la  garance?  Si  la  substance  dont  la 
terre  s'épuise  par  la  culture  provient  d'un  dépôt  primordial,  ou  de  réac- 
tions qui  se  sont  passées  dans  des  circonstances  qui  n'existent  plus,  ce  moyen 
retardera  l'épuisement  du  sol,  le  rendra  plus  lent,  plus  insensible,  et  la  ga- 
rance pourra  se  maintenir  très-longtemps  sans  diminution  appréciable  de 
ses  principes  colorants.  Mais  si  la  substance  se  reproduit  encore,  quoique 

107.. 


(  816  ) 
avec  lenteur,  il  suffirait  de  proportionner  son  retour  au  temps  de  sa  pro- 
duction, pour  que  la  culture  de  la  garance  pût  continuer  indéfiniment 
sans  altération.  Nous  savons  bien  que  la  couleur  paraît  se  conserver  dans 
la  garance  des  agriculteurs  sages  qui  ne  la  font  revenir  que  tous  les  douze 
ans  sur  leurs  terres;  mais  comme  il  faudrait  cent  quarante-quatre  ans  pour 
la  ramener  douze  fois,  et  que  nous  n'avons  pas  une  si  longue  expérience, 
nous  ne  pouvons  affirmer  qu'il  n'y  ait  une  diminution  peu  appréciable  à 
chaque  retour,  qui  pourrait  finir  par  produire  ^  de  décoloration  au  dou- 
zième retour,  tandis  que  cette  diminution  a  pu  se  constater  en  trente  ans, 
dans  des  terrains  qui  probablement  ont  porté  plus  de  douze  récoltes  dans 
cet  intervalle  de  temps.  Cependant  le  plus  sûr  sera  d'adopter  la  seconde 
hypothèse,  puisque,  si  elle  est  vraie,  on  perpétuera  cette  riche  culture,  et 
que  si,  au  contraire,  la  substance  n'existe  qu'en  quantité  définie  et  non 
renouvelée,  on  la  prolongera  au  moins,  en  réservant  à  l'avenir  une  portion 
du  trésor. 

»  Le  fait  mis  en  lumière  par  l'observation  dont  je  viens  de  rendre 
compte,  nous  prouve  que  s'il  est  vrai  de  dire  que  les  aliments  des  plantes 
sont  identiquement  les  mêmes,  considérés  sous  le  rapport  de  leurs  princi- 
pes élémentaires,  il  n'en  est  pas  toujours  de  même,  au  moins  en  ce  qui  con- 
cerne les  garances  et  la  production  de  certains  sucs  propres,  sous  le  rapport 
des  combinaisons  diverses  dans  lesquelles  ces  éléments  peuvent  se  trouver 
engagés.  La  garance  croîtra  abondamment  sous  l'influence  des  fumiers,  et 
en  quantité  proportionnée  à  ces  fumures  elle  produira  des  tiges,  des  feuilles, 
des  racines  ;  mais  si  elle  ne  trouve  pas  dans  le  sol  certaines  substances  que 
l'on  n'a  pas  isolées,  dont  on  ignore  la  composition,  les  racines  ne  se  colo- 
reront pas.  Ce  fait  a  été  bien  pressenti  par  M.  Chevreul  qui,  voyant  multi- 
plier sous  ses  mains  le  nombre  des  espèces  chimiques  provenant  des  mêmes 
éléments,  émettait  des  doutes  sur  la  trop  grande  simplification  que  l'ana- 
lyse élémentaire  apportait  à  l'agriculture. 

»  Est-ce  à  dire  cependant  que  l'on  ait  fait  fausse  route?  Ne  faut-il  pas 
connaître  ces  parties  élémentaires  des  terres  et  des  engrais?  Ne  sont-ce  pas 
ces  éléments  dont  la  combinaison  fournira  les  substances  spéciales  que  de- 
mandent les  plantes?  D'ailleurs,  il  faut  en  convenir,  la  plupart  des  végétaux 
donnent  des  produits  tellement  en  rapport  avec  les  équivalents  des  engrais 
tirés  des  analyses  élémentaires,  qu'il  est  permis  de  croire  que  le  plus  grand 
nombre  d'entre  eux  n'exige  pas  pour  sa  nutrition  ces  composés  rares,  d'une 
difficile  formation,  que  la  garance  paraît  réclamer.  Ainsi  les  céréales  donnent 


(8i7  ) 
toujours  des  récoltes  proportionnées  aux  équivalents;  il  en  est  de  même  des 
plantes  des  prairies  et  d'un  grand  nombre  de  celles  qui  peuplent  nos  cul- 
tures: soit  que  ces  plantes  sachent  combiner  elles-mêmes  dans  leurs  tissus 
les  principes  élémentaires  dont  elles  forment  leur  fécule,  leur  albumine, 
leur  gluten,  etc.,  soit  que  les  combinaisons  qu'elles  absorbent  se  fassent 
avec  facilité  dans  le  sol  et  soient  pompées  en  solution  par  leurs  radicelles. 
Peut-être  si  l'on  examinait  attentivement  plusieurs  cultures  dont  on  regarde 
les  produits  comme  étant  en  décroissance,  plusieurs  autres  qui  semblent 
répugner  à  se  succéder  à  elles-mêmes  malgré  les  fumiers  abondants  qu'elles 
reçoivent,  ne  serait-il  pas  impossible  de  trouver  l'explication  de  ces  phéno- 
mènes dans  des  causes  semblables  à  celles  que  nous  signalons  pour  la  garance. 
Ces  considérations  me  semblent  ouvrir  un  nouveau  champ  de  recherches 
qui  conduiront  à  des  modifications  importantes  dans  la  théorie  de  la  nutri- 
tion des  plantes  et  dans  celle  des  assolements.  » 

«  astronomie.  —  Chargé  par  M.  Goldschmidt ,  auteur  de  la  découverte 
de  la  (\oe  petite  planète,  de  donner  un  nom  à  cet  astre,  M.  Le  Verrier  pro- 
pose le  nom  d'Harmonia. 

»  M.  Le  Verrier  rappelle  qu'au  début  de  la  guerre  la  28e  petite  planète 
reçut  le  nom  de  Bellone.  Il  semblait  donc  naturel  de  placer  aussi  dans  le 
ciel  un  témoignage  durable  de  l'heureux  rétablissement  de  la  paix.  » 

astronomie.  —  Note  de  M.  Le  Verrier  à  l'occasion  de  la  dernière 
communication  de  M.  Valz. 

«  M.  Valz,  en  envoyant  des  éléments  provisoires  de  la  planète  récem- 
ment découverte  par  M.  Goldschmidt,  a  ajouté  une  remarque  tendant  à 
faire  passer  pour  quelque  peu  charlatans  les  astronomes  qui  donnent  les 
éléments  des  orbites  des  astres  nouveaux  avec  une  approximation  poussée 
jusqu'aux  secondes.  Le  mot  a  été  emprunté  par  M.  Valz  au  baron  de  Zach, 
mais  il  en  a  fait  une  fausse  application. 

»  M.  Valz  n'est  pas  le  seul  qui  ait  éprouvé  quelque  scrupule  à  donner 
les  secondes  en  pareil  cas  ;  et  toute  personne  sérieuse  qui  sait  distinguer  une 
question  astronomique  d'un  exercice  de  mathématiques  pures  a  dû  s'en 
préoccuper.  Pourquoi  donc  presque  tous  les  astronomes  se  sont-ils  décidés  à 
donner  les  secondes?  Il  y  a  deux  motifs  : 

»    i°.  Les  éléments  obtenus  doivent  représenter  les  observations  dont  on 


(  8.8  ) 

les  a  déduits,  ainsi  que  les  autres  observations  de  la  même  époque,  dans  les 
limites  de  leurs  erreurs  et  aux  quantités  près  que  l'on  néglige  souvent  dans 
une  première  approximation.  Or  on  voit  d'un  seul  coup  d'œil  que  s'il  s'agit 
de  représenter  les  coordonnées  observées  à  quelques  secondes  près,  on 
n'y  parviendra  pas  généralement  en  faisant  usage  d'éléments  donnés  à  la 
minute  ronde.  La  longitude  héliocentrique,  par  exemple,  peut  être  considé- 
rée comme  égale  à  la  somme  de  deux  parties,  savoir  :  la  longitude  moyenne  et 
l'équation  du  centre.  Si  la  longitude  moyenne  est  imparfaitement  connue 
et  renferme  une  erreur  a,  il  résulte  du  mode  même  de  calcul  que  cette  er- 
reur se  retrouve  avec  un  signe  contraire  dans  la  valeur  de  l'équation  du 
centre  à  l'époque  des  observations  ;  et  ainsi  la  longitude  héliocentrique  est 
exactement  représentée  à  cette  époque  par  Y  ensemble  des  éléments,  à  cause 
de  la  dépendance  qui  existe  entre  les  erreurs  dont  ils  sont  affectés.  Si 
l'on  détruit  cette  dépendance,  en  retranchant  les  secondes  dans  chacun 
d'eux,  les  observations  ne  sont  plus  représentées,  même  à  l'époque  où 
elles  ont  servi  à  calculer  les  éléments.  Voir  un  autre  exemple  du  même 
genre  dans  les  éléments  provisoires  de  la  planète  Hébé  de  M.  Yvon  Vil- 
larceau,  Comptes  rendus,  tome  XXV,  page  170.  La  longitude  du  nœud 
est  donnée  à  la  minute  près,  mais  les  autres  longitudes  contiennent  des 
secondes. 

»  20.  Pour  ne  pas  multiplier  indéfiniment  les  éléments  provisoires,  il 
convient  de  les  calculer  de  manière  à  en  faire  la  base  d'éléments  corrigés 
que  Ton  obtiendra  ultérieurement.  Or  dans  ce  cas  il  est  absolument  néces- 
saire de  calculer  jusqu'au  j^  de  seconde  ceux  des  éléments  qui  ne  seront  pas 
des  fonctions  d'autres  éléments  pris  arbitrairement,  aux  minutes  et  degrés 
près,  dans  de  certaines  limites. 

»  Ces  considérations,  qui  sans  doute  ont  échappé  à  M.  Valz,  me  parais- 
sent suffisantes  pour  repousser  le  reproche  immérité  que  cet  astronome 
adresse  à  ceux  qui  s'occupent  des  mouvements  des  comètes  ou  des  planètes 
nouvelles,  et  qui  croient  devoir  donner  à  leurs  observations  et  à  leurs  cal- 
culs toute  l'exactitude  que  comporte  l'état  de  la  science.    » 

M.  Daussy  présente  à  l'Académie  la  Table  des  positions  géographiques 
des  principaux  lieux  du  globe } .  extraite  de  la  Connaissance  des  Temps 
pour  i858. 

«  L'insertion  de  cette  Table,  qui  a  lieu  tous  les  ans  dans  les  volumes  de  la 


(  8,9) 
Connaissatice  des  Temps,  lui  a  fourni  le  moyen  de  la  perfectionner  succes- 
sivement, depuis  vingt-trois  ans  qu'il  est  chargé  de  sa  rédaction. 

»  Il  croit  donc  devoir,  pour  faciliter  les  recherches  que  l'on  pourrait 
avoir  à  faire,  joindre  à  la  Table,  telle  qu'elle  a  été  publiée  dans  le  volume 
de  1 858,  la  suite  de  toutes  celles  qui  ont  été  successivement  données  dans  la 
Connaissance  des  Temps  depuis  i835.  » 

zoologie.  —  Observations  sur  la  zoologie  géographique  de  VJjrique,  et 
Description  d'un  nouveau  genre  et  de  nouvelles  espèces  d'Oiseaux;  par 
Monseigneur  le  Prince  Charles  Bonaparte. 

«  Dans  le  mois  de  septembre  de  l'année  dernière  (i855),  à  la  Section 
d'Histoire  naturelle  de  l'Association  Britannique  tenue  à  Glasgow,  je  crus 
devoir  prendre  la  parole  à  propos  d'un  intéressant  Mémoire  sur  la  zoologie 
de  l'Afrique  occidentale,  et  certes  on  ne  put  me  reprocher  de  ne  pas  faire 
une  assez  large  part  aux  travaux  des  Missionnaires,  puisque  à  propos  du 
Grand  Singe  (Gorilla 'savagesi),  j'allai  jusqu'à  mettre  en  pratique,  avec 
toute  la  loyale  énergie  dont  je  suis  capable,  un  de  mes  axiomes  favoris  : 

Amicus  Plato,  scd  inagis  arnica  veritas! 

»  Je  regrette  que  cette  improvisation  n'ait  pas  été  rendue  avec  l'exacti- 
tude habituelle  de  ces  réunions,  où  les  secrétaires  et  les  sténographes  sont 
tellement  laborieux,  habiles  et  bienveillants,  qu'il  n'est  pas  même  nécessaire 
de  corriger  ses  épreuves.  En  effet  je  parlai,  non  pas  principalement  d'In- 
sectes, comme  on  a  bien  voulu  le  dire,  mais  de  la  faune  générale,  et  plus 
, particulièrement  des  animaux  vertébrés,  à  propos  de  plusieurs  desquels 
j'entrai  même  dans  quelques  détails.  Ainsi  je  traitai  d'un  Suide  nouveau 
(Potamochœrus  penicillatus),  dont  je  rétablis  le  nom  légitime,  celui  donné 
par  les  Anglais  n'ayant  pas  la  priorité.  Parmi  les  Oiseaux,  je  ne  pus  passer  sous 
silence  ma  singulière  Scotopelia,  si  mal  appréciée  dans  ces  derniers  temps. 
Parmi  les  Reptiles,  je  citai  deux  Vipères  nouvelles,  dont  une  seule,  Vipera 
gabonensis ,  Duméril,  avait  été  publiée.  Je  m'étendis  moins  sur  les  Poissons, 
mais  ne  négligeai  aucun  des  animaux  vertébrés  intéressants  pour  la  science 
provenant  des  pays  en  question. 

»  Rectifiant  les  assertions  de  l'auteur  du  Mémoire  sur  les  découvertes  des 
Missionnaires  qui  n'avait  su  trouver  que  quelques  études  de  notre  honorable 
collègue  M.  Dureau  de  la  Malle  à  citer  parmi  ceux  des  nations  continen- 
tales sur  la  zoologie  de  l'Afrique  de  l'ouest,  je  m'efforçai  de  faire  connaître 


(  8ao  ) 

les  nombreux  travaux  des  Français,  des  Allemands,  des  Suédois,  des  Hollan- 
dais et  des  Américains.  Je  revendiquai  pour  le  voyageur  Pel  ses  découvertes 
dans  l'Ashantie,  illustrées  par  MM.  Temminck(i),Schlegel,  etc.  J'indiquai  les 
excellents  travaux  de  Hartlaub,  les  voyages  de  M.  du  Chaillu  dans  le  Gabon, 
les  descriptions  de  nouvelles  espèces  recueillies  par  lui,  et  les  détails  publiés 
sur  leurs  mœurs  par  MM.  Verreaux  en  France,  et  par  M.  Cassin  en  Amé- 
rique, dans  cette  Amérique  à  laquelle  la  petite  république  de  Libéria  elle-même 
fournit  tant  d'objets  précieux.  Je  prouvai  que  la  région  géographique  de 
Calabar  est  une  des  mieux  explorées,  et  je  m'étendis  surtout  longuement,  et 
avec  complaisance,  sur  les  belles  observations  de  M.  le  Dr  Pucheran,  obser- 
vations qui  l'ont  conduit  à  ses  remarquables  théories  sur  la  zoologie  afri- 
caine. Ces  renseignements,  qui  semblèrent  intéresser  l'auditoire,  furent 
loin  d'être  désagréables  à  l'auteur  du  Mémoire.  C'est  pourquoi  je  n'hésite  pas 
à  les  répéter  ici,  où  elles  ne  sont  pas  déplacées  comme  préambule  à  la  des- 
cription du  nouveau  genre  que  j'ai  à  faire  connaître. 

»  Il  s'agit  d'une  nouvelle  forme  intermédiaire  aux  Turdides,  aux  Lanides 
et  aux  Muscicapides,  auxquels  elle  appartient  probablement,  malgré  son 
aspect  robuste  et  son  bec  si  peu  déprimé. 

»  Genre  Moquinus,  Bp. 

»  Rostrwn  brève,  robustum,  rectum,  acutwn,  basi  dilatation;  maxilla 
incurva;  mandibula  naviculare  apice  subrecurva  :  nares  magnœ,  elongatœ, 
pervite,  basi  plumulis  dense  tectce.  Pedes  longissimi,  robusti,  scutellati; 
digiti  tarso  triplo  breviores,  internus  omnium  brevissimus,  liberus  ;  ungues 
falculœ  acutissimœ ,  posticus  robustior.  Alœ  longiculœ,  amplissimœ ,  rotun- 
datte;  remigum  prima  decimam  œquans;  secunda  longitudine  sextam  vix 
superans  ;  tertia,  quarta  et  quinta  omnium  brevissimœ.  Cauda  brevis,  an- 
gusta,  rectricibus  duodecim  mollibus,  striais. 

»  Nous  nommons  l'espèce  typique,  et  jusqu'à  présent  la  seule  connue 
du  genre, 

»  Moquinus  tandonus,  Bp.  Cinereo-ardesiacus ;  pileo,  genis,  alis,scuto 

(i)  Et  à  ce  propos  je  dirai  que  j'ai  moi-même  rendu  un  juste  hommage  à  M.  Temmincken 
publiant  sous  ses  noms  beaucoup  d'espèces  inédites  du  Musée  de  Leyde,  telle  qiïjlauda 
clot-bey,  Stria:  peli,  Merops  forsleni  et  cent  autres,  mais  que  ce  n'est  pas  une  raison  pour  les 
lui  attribuer  toutes,  plusieurs  n'ayant  été  ni  nommées  ni  distinguées  par  cet  illustre  ornitho- 
logiste, et  m'appartenant  sous  tous  les  rapports.  Je  réclame  spécialement,  avec  Centropus 
francisa,  Pyteneites  capitalba,  et  toutes  les  espèces  suivies  des  lettres  Bp.  dans  mon  Con- 
spectus  et  ailleurs. 


(8,i  ) 

pectorali,  rostro,  pedibusque  nigris;  lunula  frontali ,  collare  cervicale  inter* 
rupto,  gula,  jugulo,  linea  mediana  secus  abdomen,  ventre,  crisso,  ma- 
cula hinc  inde  scapulari,  speculo  alari,  remigum  primariarum  basi,secun- 
dariarum  apicibus,  caudaque  albis  :  rectricibus  mediis  macula  pyrijormi 
elongata  nigra. 

»  Elle  provient,  dans  notre  petite  collection  particulière,  d'une  partie 
de  la  côte  occidentale  d'Afrique  rarement  visitée  par  des  vaisseaux  euro- 
péens, très-loin  au  sud  des  possessions  portugaises,  mais  bien  au  nord  toute- 
lois  de  l'extrême  limite  de  la  colonie  du  Cap. 

»  C'est  à  notre  collègue  M.  le  professeur  Moquin-Tandon  que  nous 
consacrons  cet  oiseau.  Cet  illustre  botaniste  a  montré  que,  sans  faire  tort  à 
ses  études  principales,  un  phytologuc  peut  exceller  aussi  en  zoologie.  Ses 
beaux  travaux  sur  les  animaux  inférieurs  ne  le  cèdent  en  rien  à  ceux  d'es 
zoologistes  les  plus  savants  et  les  plus  exclusifs;  et  nous  lui  devons  même 
plusieurs  bonnes  espèces  ornithologiques  généralement  attribuées  à 
MM.  Webb  et  Berthelot,  Plût  au  ciel  que  tous  les  ornithologistes  pus- 
sent, comme  lui,  s'éclairer  du  flambeau  de  l'oologie  :  on  ne  commettrait 
pas,  en  plaçant  parmi  les  Turdiens  de  vrais  Saxicoliens  aux  œufs  bleus, 
d'erreurs  aussi  graves  qu'en  citant  parmi  les  œuvres  classiques  et  suran- 
nées de  l'ancienne  langue  romane  les  productions  littéraires  de  notre  spiri- 
tuel ami. 

»  En  dédiant  d'ailleurs  ce  genre  animal  à  un  des  plus  éminents  représen- 
tants de  la  science  des  végétaux,  nous  espérons  apaiser  l'injuste  opposition 
de  ces  botanistes  de  vieille  roche  qui  voudraient  réserver  pour  eux  seuls  le 
xlroit  d'honorer  un  savant  en  donnant  son  nom  à  un  genre. 

»  Nous  profitons  de  cette  occasion  pour  faire  remarquer  qu'en  remettant 
simultanément  en  Europe  et  en  Amérique  les  produits  de  ses  chasses  afri- 
caines, M.  Du  Challu  a  donné  lieu  à  l'établissement  de  plusieurs  espèces 
nominales.  Ainsi,  par  exemple  :  Barbatula  challui,  Cassin,  ne  diffère 
pas  de  Barbatula  Jormosa,  Verr.,  et  a  sur  ce  dernier  la  priorité  tout 
aussi  bien  que  Barbatula  juliginosa,  Cass.,  sur  Gjmnobucco  bonapartii, 
Verr. 

»  Le  genre  Py  renés  tes ,  Sw.,  qui,  restreint  dans  des  limites  naturelles, 
n'avait  qu'une  seule  espèce,  doit  en  contenir  trois,  semblables,  il  est  vrai, 
par  la  couleur,  mais  différentes  par  la  taille  et  par  la  forme  du  bec;  et  je  ne 
comprends  pas  dans  ce  nombre  Pyrenestes  cucullatus,  Dubus,  qui  est  essen- 
tiellement différent  de  ces  trois.  Heureusement  nous  n'avons  pas  besoin  de 

C.  R  ,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  18.)  (o8 


[    822    ) 

noms  nouveaux  pour  distinguer  les  trois  espèces  que  nous  n'hésitons  plus 
à  proclamer;  car  Pyrenestes  sanguineus,  Sw.,  se  rapporte  évidemment  à 
la  plus  grande,  tandis  que  Loxia  ostrina,  Vieill.,  est  indubitablement  la 
moyenne,  et  Pyrenestes  coccineus,  Cassin,  la  plus  petite.  Cette  circonstance 
expliquera  comment  on  a  soutenu  tour  à  tour  que  l'espèce  nouvelle  était  la 
petite  ou  la  grande,  suivant  qu'on  avait  sous  les  yeux  l'une  ou  l'autre  de 
celles  que  l'on  pouvait  réputer  telles. 

»  La  même  chose  se  reproduit  dans  le  genre  américain  Callirhynchus , 
Less.  L'espèce  que  nous  avons  décrite,  d'après  l'exemplaire  du  Muséum, 
n'est  nullement  l'espèce  type  dont  l'auteur  a  fait  présent,  je  crois,  à  un 
musée  de  Belgique;  j'en  ai  acquis  une  nouvelle  preuve  en  étudiant  les  ma- 
nuscrits de  Lesson ,  qui  contiennent,  avec  le  dessin  original  de  son  type, 
une  foule  d'autres  figures  et  de  renseignements  précieux  pour  la  science. 
Espérons  que  le  Muséum,  auquel  la  famille  du  défunt  offre  généreusement 
une  préférence  désintéressée,  ne  laissera  pas  fuir  l'occasion  d'acquérir  un 
pareil  trésor.  MM.  Verreaux  ont  décrit  une  troisième  espèce,  sous  le  nom 
de  Callirhjnchus  drovoni,  et  je  joins  ici  la  phrase  caractéristique  d'une 
quatrième,  qui  vient  d'être  déposée  dans  notre  grand  établissement  natio- 
nal avec  d'autres  Fringillides  non  moins  précieux. 

»  Callirhynchus  masesus,  Bp.  Majusculus;  cinereo-virescens  ;  subtus 
albidus ;  gula  pectoreque  nigris,  maculis  binis  jugularibus  albis  :  speculo 
alari  albo  :  cauda  ex  toto  cinerea  :  rostro,  subtus  prœsertim,  albicartte.  » 

ASTRONOMIE.  —  Note  sur  la  parallaxe  et  le  mouvement  d'un  nouveau  bolide; 

par  M.  F.  Petit. 

*  Ce  corps  fut  aperçu  le  24  décembre  i85o,  vers  6h3om  du  soir  :  de 
Foix,  par  M.  Berdot,  maître  adjoint  à  l'école  primaire;  et  de  Lussan  (Gers), 
par  M.  Edouard  Campardon,  avocat.  Pour  l'un  et  pour  l'autre  des  deux 
observateurs,  il  jeta  sur  la  terre  une  clarté  aussi  vive  que  celle  de  la  Lune 
au  premier  ou  au  dernier  quartier.  La  durée  de  l'apparition  fut  également, 
pour  tous  les  deux,  de  5  à  6  secondes:  et,  avant  de  s'éteindre,  le  bolide 
lança  des  étincelles  analogues  à  des  gerbes  de  feu.  M.  Campardon  le  trouva 
sensiblement  plus  éclatant  au  commencement  de  l'apparition;  il  remar- 
qua, après  l'extinction,  une  traînée  persistante  de  lumière  le  long  de  la 
trajectoire  parcourue;  le  météore  lui  parut  deux  fois  plus  gros  au  moins 
en  diamètre  que  les  plus  belles  étoiles;  enfin,  une  minute  environ  après 


(  8a3  ) 
l'extinction,  il  entendit  une  détonation  sourde  et  tout  à  fait  analogue  à 
l'explosion  souterraine  qui  serait  produite  par  la  poudre  dans  une  carrière 
de  pierres. 

»  Je  ne  m'arrêterai  pas  à  faire  remarquer  les  conséquences  qui  peuvent 
se  déduire  des  résultats  que  j'ai  obtenus  ;  et,  pour  abréger,  je  me  bornerai 
à  donner  aujourd'hui  ces  résultats  sans  commentaires,  me  réservant  de 
reprendre  plus  tard,  pour  les  discuter  avec  détail,  les  diverses  conséquences 
auxquelles  je  suis  successivement  arrivé  dans  mes  travaux  sur  les  bolides  ; 
j'ajouterai  seulement  que  les  observations  de  M.  Berdot  et  de  M.  Cam- 
pardon  n'ont  pas  eu  à  subir  de  trop  fortes  corrections  pour  devenir  bien 
concordantes  entre  elles,  et  que,  par  conséquent,  on  peut  accueillir  avec 
une  certaine  confiance  les  résultats  approchés  qu'elles  ont  fournis.  Voici 
ces  résultats,  avec  les  données  qui  leur  ont  servi  de  base  : 


Positions  des  observateurs. 


A  Foix.  A  Lussan. 

Latitude  boréale =      42°  58'  oo"        Latitude  boréale =      43°  %l'  3o" 

Longitude  occidentale.. .  .    = —    o°43'oo"        Longitude  occidentale.. .  .    = —    i°34'oo" 

Positions  apparentes  des  points  extrêmes  de  la  trajectoire. 

i 


Pour  M.  Berdot,  à  Foix.  Pour  M.  Campardon,  à  Lussan. 

Point  d'apparit.  I  R =  328°3i'oo"     Point  d'apparit.  I  & =  23°32'oo" 

du  bolide.  . . .  j  dist.  pol.  N.  =    370  10' 40"       du  bolide.  .    .  (  dist.  pol.  N.  =  72°43'oo" 

Point  de  dispar.  j  m. =  3o6°  io'oo".     Point  de  dispar.  j  m =  33°    7'  3o" 

'  du  bolide. .'. ..  j  dist.  pol.  N.  =    4l0°o'2o"       du  bolide.  .  . .  (  dist.  pol.  N.  =  g4°  3p/  10" 

,   ,,  ,  ..,._../  Le  commencement  et  la  fin  de  l'apparition 

Epoque  de  1  appar.  ten  temps  sider.  de  Pans  ,  \  .  , .  ... 

.       ,  ,.       ,         rili      . :  v  >#    «;»   a«  '    sont  un  tant  soit  peu  retardes  pour  lobser- 

le  24  décembre  i85o,  à  oh44m  33%33 )  ,    _  F  r 

<*  {    vateur  de  Lussan. 

Durée  de  l'apparition 5S,  5 

Distance  du  bolide  à  la  Terre  au  moment  où  M.  Berdot  l'aperçut  de  Foix io3Lil,2 

Distance  du  bolide  à  Foix  dans  le  même  moment 1  i8k,l,e 

Position  du  point  de  la  Terre  au-dessus  du-  j  Latitude  boréale ==       43°  i5'  17" 

quel  passait  alors  le  bolide )  Longitude  occidentale.  .  .  =  —    i°  17' 48" 

Distance  du  bolide  à  la  Terre  au  moment  où  M.  Berdot  cessa  de  le  voir 5okil,g 

Distance  du  bolide  à  Foix  dans  le  même  moment. 70kil,2 

Position  du  point  de  la  Terre  au-dessus  du-  j  Latitude  boréale =       4^°  1 1'  26" 

quel  passait  alors  le  bolide (  Longitude  occidentale.  .  =  —    i°  i3'  33" 

Distance  du  bolide  à  la  Terre  au  moment  où  M .  Campardon  l'aperçut  de  Lussan. .     8p,kil>9 

Distance  du  bolide  à  Lussan  dans  le  même  moment i02kil,4 

108.. 


(  8a4  ) 

Position  du  point  de  la  Terre  au-dessus  du-  (  Latitude  boréale ==      43°  >4'  2°" 

quel  passait  alors  le  bolide j  Longitude  occidentale. . .  =  —    i°  i6'44" 

Distance  du  bolide  à  la  Terre  au  moment  où  M.  Campardon  cessa  de  le  voir. . .  .      43kil>7 

Distance  du  bolide  à  Lussan  dans  le  même  moment n  ikil}8 

Position  du  point  de  la  Terre  au-dessus  du-  i  Latitude  boréale =       43*  10'  55" 

quel  passait  alors  le  bolide . . .  .  (  Longitude  occidentale. .  .  =  —    i°  12'  57" 

Position  du  point  où  la  trajectoire,  supposée  j  Latitude  boréale.    =       3i°  20'  56" 

rectiligne ,  vient  rencontrer  la  Terre |  Longitude  orientale  ....=  4-    1  °    4'  54" 

Vitesse  apparente  du  bolide ,  déduite  de  l'observation  de  M.  Berdot  à  Foix glil,65o 

Vitesse  apparente,  déduite  de  l'observation  de  M.  Campardon  à  Lussan 8k,I,5i8 

Moyenne  adoptée _  _        qkn  084 

»  Modifications  qui  résultent  de  cette  vitesse  moyenne  pour  les  évalua- 
tions sur  la  durée  du  phénomène  : 

A  Foix 5%84  au  lieu  de  5',5  ( La  d"rée  5%5  avait  été  ad°f)lée  elle-même  comme  une 

A  Lussan 5-,i6  au  lieu  de  5%5      moj*n"c  /ntre  ,es  deux  éva,uations  (5  °«  6  se' 

\    condes)  de  chacun  des  deux  observateurs. 

Vitesse  relative,  par  rapport  au  centre  de  la  Terre,  d'après  la  vitesse  apparente 

moyenne gtu,  1 27 

Angle  entre  la  vitesse  relative  et  le  rayon  vecteur 1 1°  26'  3t",5 

»  Ce  qui  donnerait  pour  les  éléments  de  l'orbite  décrite  par  le  bolide 
autour  de  la  Terre  au  moment  de  l'apparition,  abstraction  faite  de  la  résis- 
tance de  l'air,  sensiblement  nulle  à  la  hauteur  (io3  kilomètres)  où  était  le 
corps  lumineux  quand  il  fut  aperçu  par  M.  Berdot  : 

Excentricité 0,9825894 

Demi-grand  axe 9g49k,1,4 

Distance  apogée ig725kll,5 

Distance  périgée 1 73kiI,2 

Inclinaison  de  l'orbite  sur  l'équateur . . .        570  4°'  00" 
«.  du  nœud  ascendant  sur  l'équateur. . .  .      2260  2  3'  46" 

Instant  du  passage  à  l'apogée le  24  déc.  i85o,  à  5h  i5m  i2',3  (t.  m.  de  Foix). 

Durée  de  la  révolution  =  o'm,i  143612  ou  2h  44m  4°%8o2. 
Sens  du  mouvement  géocentrique  en  M direct. 

»  Enfin,  comme,  d'après  M.  Campardon,  le  diamètre  du  bolide  égalait 
deux  fois  au  moins  celui  des  plus  belles  étoiles,  si  l'on  remarque  que 
Vénus,  en  conjonction,  a  un  diamètre  de  1  minute  environ,  et  Jupiter,  en 
opposition,  un  diamètre  d'à  peu  près  5o  secondes,  il  semblerait  permis, 
sauf  les  effets  de  l'irradiation,  d'assigner  au  bolide  un  diamètre  angulaire  de 


(  Si5  ) 
2  minutes;  ce  qui  donnerait  environ  5o  mètres  pour  le  diamètre  réel.  Un 
pareil  corps,  tombant  sur  la  terre,  ne  saurait  manquer  d'être  remarqué. 
Il  est  vrai  que  celui  du  24  décembre  i85o  aurait  dû  tomber,  d'après  sa 
trajectoire,  très-loin  de  l'Europe  et  dans  l'intérieur  de  l'Afrique  ;  mais  les 
illusions  de  la  vue  entrent  sans  doute,  en  général,  pour  beaucoup  dans  la 
grosseur  attribuée  à  quelques  bolides,  à  moins  que  ces  corps  ne  soient  en 
partie  gazeux  :  ce  qui  pourrait  bien  être,  et  ce  que  je  discuterai,  avec  les 
détails  convenables,  dans  une  autre  occasion.  Pour  le  moment,  je  me  bor- 
nerai à  ajouter,  en  terminant,  qu'il  suffirait  d'introduire  une  faible  modi- 
fication dans  la  vitesse  relative,  d'élever  par  exemple  cette  vitesse  de  c/'1, 1 27 
à  1  ikl1, 100  pour  allonger  l'orbite  de  manière  à  faire  arriver  le  bolide  d'une 
région  du  ciel  où  l'action  du  Soleil  aurait  été  de  beaucoup  prépondérante 
sur  celle  de  la  Terre,  où,  par  conséquent,  le  bolide  aurait  circidé,  non  plus 
autour  de  notre  planète,  mais  autour  du  Soleil  lui-même.  Distrait  néan- 
moins, depuis  quelque  temps,  par  d'autres  occupations,  de  mes  recherches 
sur  les  bolides,  j'ai  dû  remettre  à  un  autre  moment  l'étude  de  ce  nouveau 
point  de  vue,  qui  paraît  promettre  d'avance  quelques  rapprochements, 
intéressants  à  plus  d'un  titre ,  avec  les  résultats  obtenus  pour  d'autres 
bolides  dont  j'ai  déjà  fait,  ou  dont  je  ferai  connaître  plus  tard  l'histoire  à 
l'Académie.  » 

physiologie.  —  application  du  compteur  à  gaz  à  la  mesure  de  la 
respiration;  par  M.  Bonnet  (i). 

a  On  sait  que  toutes  les  compagnies  d'éclairage  au  gaz  emploient  un 
instrument  désigné  sous  le  nom  de  compteur,  qui  permet,  à  l'aide  d'aiguilles 
marchant  sur  des  cadrans,  de  reconnaître,  par  une  inspection  rapide,  quelle 
est  la  quantité  de  gaz  qui  traverse  un  tuyau.  Indépendamment  de  ces  comp- 
teurs destinés  à  l'usage  ordinaire  et  mesurant  les  litres,  les  décalitres  et  les 
hectolitres,  etc.,  il  en  est  qui  ont  un  cadran  sur  lequel  op  peut  reconnaître 
jusqu'au  passage  d'un  soixantième  de  litre  d'air. 

»  Ces  compteurs,  dits  à  expériences,  sont  ceux  que  nous  avons  eu  l'idée 
d'appliquer  aux  études  physiologiques  et  médicales. 

»  Un  compteur  de  ce  genre,  convenablement  rempli  d'eau  et  muni  d'un 
tube  avec  une  embouchure,  permet  de  reconnaître  en  un  instant  la  quantité 


(1)  Ces  expériences  ont  été  faites  de  concert  avec  M.  Pomiès,  médecin  de  l'Hôtel-Dieu  de 
Lyon. 


(  826  ) 
d'air  que  l'on  y  fait  pénétrer  par  une  série  d'expirations,  quelque  faibles 
qu'elles  soient.  Pendant  qu'on  souffle  dans  le  tube,  les  aiguilles  marchent 
simultanément  sur  le  cadran  qui  marque  les  litres  et  sur  celui  qui  indique 
les  soixantièmes  de  litre;  elles  s'arrêtent  dès  que  cesse  l'impulsion,  et  per- 
mettent de  juger  immédiatement  de  la  quantité  d'air  qui  est  sortie  de  la 
poitrine. 

»  C'est  en  se  servant  du  compteur  à  gaz  pour  mesurer  l'air  énergique- 
ment  expiré  après  une  ampliation  du  thorax  aussi  complète  que  possible, 
qu'on  peut  le  mieux  reconnaître  quelle  est  la  différence  que  présentent,  sous 
le  rapport  de  la  capacité  pulmonaire,  des  individus  bien  portants,  de  taille 
et  d'âge  variés  ;  c'est  par  la  même  méthode  qu'on  peut  le  mieux  apprécier 
les  changements  que  la  maladie  entraîne  dans  l'amplitude  de  la  poitrine. 

»  Dans  les  applications  que  j'ai  faites  du  compteur  à  gaz  à  l'homme 
sain,  j'ai  été  conduit  à  reconnaître  la  justesse  des  observations  d'Hutchinson 
sur  le  rapport  de  la  capacité  pidmonaire  avec  l'âge  et  la  taille.  D'après  ces 
observations,  traduites  en  mesures  françaises  et  exprimées  en  nombres 
ronds,  on  peut  dire  que  de  vingt  à  trente-cinq  ans  le  maximum  de  la 
capacité  pulmonaire  est,  pour  une  petite  taille,  de  3  litres;  pour  une 
taille  moyenne,  de  3  {  litres;  pour  une  grande  taille,  de  t\  litres.  Si  le  sujet 
dépasse  trente-cinq  ans,  il  faut  retrancher  du  chiffre  obtenu  d'après  la  con- 
sidération de  la  taille,  autant  de  fois  33  millilitres  que  lé  nombre  de  ses  an- 
nées s'élève  au-dessus  de  trente-cinq. 

»  Soit  que  l'on  juge  de  la  respiration  normale  par  un  calcul  de  ce  genre, 
soit  qu'on  l'ait  mesurée  préalablement  dans  l'état  de  santé,  ce  qui  est  pré- 
férable, on  a  un  type  pour  déterminer  le  changement  que  la  maladie  a  pro- 
duit dans  la  quantité  d'air  mise  en  circulation. 

»  L'ensemble  des  mesures  prises  avec  des  gazomètres,  ou  avec  des  comp- 
teurs, et  appréciées  d'après  ces  principes,  permet  d'établir  qu'il  n'est  pas 
une  seule  altération  du  poumon  qui  ne  diminue  la  capacité  respiratoire  ; 
cette  diminution,  qui  oscille  ordinairement  entre  le  tiers  et  les  deux  tiers  de 
l'état  normal,  descend  beaucoup  plus  bas  quand  les  lésions  qui  ont  oblitéré 
les  vésicules  sont  graves  et  étendues;  ainsi,  dans  la  phthisie  avancée,  dans 
la  pneumonie,  dans  le  catarrhe  vésiculaire  et  dans  l'emphysème,  les  plus 
fortes  expirations  ne  peuvent  s'élever  au-dessus  de  i  litre  et  même  def  de 
litre.  Ainsi,  lorsqu'on  expérimente  sur  une  série  d'individus  sachant  dilater 
et  puis  resserrer  leur  poitrine  aussi  complètement  que  possible,  on  peut, 
en  tenant  les  yeux  sur  les  cadrans  du  compteur,  juger,  d'après  le  seul  mou- 
vement des  aiguilles,  quels  sont  ceux  dont  les  poumons  ont  conservé  leur 


(8*7) 
intégrité,  et  ceux  chez  lesquels  des  lésions  pulmonaires  entravent  la  circu- 
lation de  l'air. 

»  Chez  ces  derniers,  l'abaissement  de  la  capacité  respiratoire  ne  permet 
pas  sans  doute  de  distinguer  les  lésions  diverses  dont  ils  sont  affectés,  mais 
il  aide  à  juger  de  la  gravité  de  la  maladie  et  du  degré  auquel  est  conservée 
la  fonction  respiratoire. 

»  La  diminution  de  l'air  mis  en  circulation  fournirait  aussi  des  éléments 
précieux  si  l'on  voulait  déterminer,  dans  l'étal  morbide,  la  quantité  d'oxy- 
gène absorbé  et  celle  de  vapeur  d'eau  et  d'acide  carbonique  exhalés. 

»  La  spirométrie  peut  aussi  servir  à  l'appréciation  des  méthodes  théra- 
peutiques. C'est  même  dans  l'intention  de  reconnaître  la  valeur  d'un  appa- 
reil de  mouvement  destiné  à  augmenter  la  souplesse  des  côtes  et  agrandir 
l'amplitude  de  la  poitrine,  que  j'ai  été  conduit  à  rechercher  des  méthodes 
précises  et  commodes  pour  juger  de  la  quantité  d'air  inspiré  et  expiré; 
je  pense  que  l'exactitude  et  la  commodité  que  le  compteur  à  gaz  donne  à 
de  semblables  recherches  engagera  les  cliniciens  à  en  faire  usage,  et  que  la 
spirométrie,  qui  a  été  l'objet  de  beaux  travaux  en  Angleterre  et  en  Alle- 
magne, ne  tardera  pas  aussi  à  se  répandre  en  France.  » 

géologie.  —  De  l'époque  géologique  à  laquelle  on  doit  rapporter  le  dépôt 
des  spinelles  et  des  zircons  dans  les  sables  marins  de  Sauret,  près  de 
Montpellier;  par  M.  Marcel  de  Serres. 

«  Dans  notre  Note  du  3  mars  dernier  nous  avons  établi  que,  d'a- 
près les  circonstances  de  leur  gisement,  les  spinelles,  les  zircons  et  les 
cristaux  d'oxydide  de  fer  avaient  dû  être  déposés  plutôt  dans  les  temps 
géologiques  que  depuis  l'époque  historique.  Nous  n'avons  pas  cependant 
fixé  la  date  de  ce  dépôt,  aussi  nous  a-t-on  demandé  s'il  était  possible  de  la 
déterminer,  du  moins  d'une  matière  approximative.  Voici  notre  réponse  à 
cette  question. 

»  Le  transport  de  ces  pierres  dures  ne  peut  avoir  eu  lieu  à  l'époque  his- 
torique, puisqu'on  les  découvre  aussi  bien  dans  l'intérieur  des  masses  de 
sable  qu'à  leur  surface.  Aussi,  lorsqu'on  a  recueilli  les  échantillons  placés  à 
la  superficie  du  sol,  il  faut  en  fouiller  la  profondeur  ou  attendre  de  grandes 
pluies  pour  en  trouver  de  nouveaux.  Si  le  Lez  les  y  entraînait  chaque  jour,  on 
les  rencontrerait  indifféremment  sur  les  deux  rives  et  dans  d'autres  loca- 
lités que  celle  de  Sauret,  où  l'on  découvre  les  sables  tertiaires.  S'il  en  était 


(  828  ) 
ainsi,  on  se  demanderait  comment  ces  cristaux  pourraient  être  à  un  niveau 
élevé  que  cette  rivière  n'a  jamais  atteint  dans  les  temps  historiques. 

»  Les  spinelles  et  les  zircons  n'ont  donc  pas  été  entraînés  à  Sauret  par  les 
eaux  actuelles,  mais  ils  ont  été  déposés  en  même  temps  que  les  sables,  c'est- 
à-dire  pendant  les  temps  géologiques.  Il  s'agit  maintenant  de  savoir  à  quelle 
époque  on  peut  fixer  le  dépôt  de  ces  matériaux  de  transport.  D'après  leur 
position  et  les  espèces  fossiles  qu'ils  renferment,  ces  matériaux  appartien- 
nent aux  formations  pliocène  inférieures,  puisqu'ils  sont  immédiatement 
superposés  sur  le  groupe  tertiaire  miocène. 

»  Quoique  les  spinelles  et  les  zircons  aient  été  disséminés  à  Sauret  à  la 
même  époque  que  les  sables  dans  lesquels  on  les  rencontre,  ils  ne  s'y  trou- 
vent que  d'une  manière  accidentelle  et  n'y  sont  pas  dans  leur  gîte  primitif. 
Il  faut  donc  chercher  parmi  les  formations  qui  composent  le  sol  de  Mont- 
pellier, s'il  n'en  existerait  pas  où  seraient  disséminées  les  mêmes  espèces 
minérales  ou  d'autres  plus  ou  moins  analogues. 

»  Les  terrains  des  environs  de  Montpellier  sont  formés  par  les  groupes 
jurassiques  néocomiens  tertiaires  et  les  formations  volcaniques  d'épanche- 
ment.  Les  deux  premiers  n'ont  jamais  rien  offert  de  semblable  aux  cristaux 
dont  nous  cherchons  à  démêler  l'origine.  Il  n'en  est  pas  de  même  du  groupe 
tertiaire;  mais  les  zircons  qui  s'y  trouvent  y  sont  dans  un  gisement  em- 
prunté, en  sorte  que  l'on  doit  renoncer  à  y  découvrir  l'origine  des  espèces 
minérales  objet  de  cette  Note. 

»  Les  terrains  volcaniques  dépancbement  sont  les  seuls  où  l'on  puisse 
espérer  quelque  chance  de  succès,  avec  d'autant  plus  de  raison ,  que  ces 
terrains  sont  situés  à  une  lieue  en  amont  de  Sauret  et  sur  la  rive  droite 
du  Lez,  tandis  que  cette  localité  est  sur  la  rive  opposée.  Au  milieu  des  pé- 
pérines  et  des  tufas,  sortis  du  piton  volcanique  de  Montferrier,  on  découvre 
des  cristaux  de  spinelle  pléonaste  et  d'oxydule  de  fer.  Sans  doute  on  n'y  a 
pas  encore  aperçu  des  spinelles  rubis  ni  des  zircons,  mais  il  est  très-pro- 
bable, d'après  l'existence  des  premiers  cristaux  dans  les  tufas,  que  ces  roches 
sont  aussi  bien  la  gangue  des  uns  et  des  autres,  et  que  c'est  de  Montferrier 
qu'ils  doivent  provenir.  Il  est  donc  présumable  que  de  nouvelles  recherches 
feront  découvrir  les  mêmes  espèces  minérales  dans  les  différentes  forma- 
tions volcaniques  d'épanchement  des  environs  de  Montpellier,  dont  le 
nombre  s'élève  déjà  à  quatre. 

»  Les  terrains  volcaniques  sont  donc  le  véritable  gisement  des  spinelles 
et  des  zircons;  il  s'agit  seulement  de  savoir  à  quelle  époque  ils  ont  éjecté  au 


(  8*9) 
dehors  les  matériaux  dans  lesquels  on  les  découvre.  Cette  époque  est  évi- 
demment postérieure  aux  dépôts  d'eau  douce  anenthalassiques  ou  éocène 
supérieurs,  puisqu'ils  les  ont  soulevés  et  traversés  complètement.  Or  ces 
dépôts  lacustres  sont  antérieurs  aux  sables  marins  de  Sauret,  puisque  ceux- 
ci  contiennent  des  minéraux  qui  proviennent  des  terrains  d'épanchement 
et  que,  d'après  l'ensemble  de  leurs  caractères,  ils  appartiennent  aux  forma- 
tions pliocène. 

»  C'est  donc  entre  le  soulèvement  des  masses  d'eau  douce  et  le  dépôt  des 
sables  marins  de  Sauret  que  les  cristaux  de  spinelle,  de  zircon  et  d'oxydule 
de  fer  ont  été  entraînés  avec  ces  sables,  c'est-à-dire  entre  les  formations 
éocène  supérieures  et  les  formations  pliocène  inférieures.  » 

M.  Vicat  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  exemplaire  du  nouvel  ou- 
vrage qu'il  vient  de  publier  sur  Ja  composition  et  l'emploi  des  mortiers, 
ciments  et  silicates  de  chaux  grasse  et  pouzzolanes,  tant  en  eau  douce  qu'en 
eau  de  mer. 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  la  Com- 
mission qui  sera  chargée  d'examiner  les  pièces  adressées  au  concours  pour 
le  grand  prix  des  Sciences  physiques  (proposé  pour  i85o,  puis  pour  i853, 
enfin  pour  i856),  question  concernant  les  lois  de  la  distribution  des  corps 
organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sédimentaires,  suivant  leur 
ordre  de  superposition. 

MM.  Élie  de  Beaumont,  Flourens,  Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire,  Bron- 
gniart  et  Milne-Edwards  réunissent  la  majorité  des  suffrages. 

L'Académie  procède  ensuite,  également  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomi- 
nation de  la  Commission  chargée  de  l'examen  des  pièces  de  concours  pour 
le  grand  prix  des  Sciences  physiques  (proposé  en  1 854  pour  1 856),  ques- 
tion concernant  les  métamorphoses  et  la  reproduction  des  Infusoires  pro- 
prement dits. 

(Commissaires,  MM.  Milne-Edwards,  Flourens,  de  Quatrefages,  Duméril, 

Valenciennes.) 

C.  R.,  i856,   i«  Semestre.  (T.  XLH,  N°  18.)  I<>9 


(  83o  ) 

MÉMOIRES  LUS. 

BOTANIQUE.    —    Fragments  de  géographie  botanique   du   Chili; 
par  M.  Claude  Gay.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Botanique.) 

«  Si  la  manière  d'envisager  la  géographie  botanique  en  grandes  régions 
est  admissible,  aucun  pays  n'est  plus  propre  à  le  faire  comprendre  que  le 
Chili.  Parfaitement  limité  par  des  barrières  infranchissables,  au  nord  par  le 
vaste  désert  d'Atacama,  au  sud  et  à  l'ouest  par  l'océan  Pacifique,  et  à  l'est 
par  ces  grandes  Cordillères  qui  le  parcourent  dans  toute  sa  longueur,  et 
dont  les  pics  s'élèvent  à  des  hauteurs  telles,  que  celui  d'Aconcagua  dépasse 
de  plus  de  i5oo  mètres  le  Chimborazo ,  ce  pays  se  présente  dans  une  con- 
dition tout  à  fait  exceptionnelle  pour  donnera  l'ensemble  de  ses  productions 
naturelles  ce  caractère  spécial  que  l'on  ne  rencontre  ordinairement  que 
dans  certaines  îles.  La  végétation  surtout  offre  cela  de  particulier  qu'elle 
s'y  trouve  représentée  par  plusieurs  familles  et  par  une  foule  de  genres  que 
l'on  n'a  pas  encore  trouvés  ailleurs,  ou  qui  y  offrent  un  si  grand  nombre 
d'espèces  particulières,  que  l'on  peut  sans  crainte  les  considérer  comme 
placés  dans  leur  véritable  centre  de  création. 

»  Ce  qui  donne  encore  à  ce  pays  un  caractère  tout  spécial,  c'est  la  com- 
plication que  présentent  certains  phénomènes  physiques,  de  manière  quel- 
quefois à  porter  atteinte  ou  du  moins  à  contrarier  les  lois  établies  depuis 
longtemps  par  les  physiciens.  Ainsi  les  variations  diurnes  de  l'aiguille  ai- 
mantée signalent  constamment  un  troisième  mouvement  dans  leur  marche; 
le  baromètre  accuse  les  plus  grandes  hauteurs  du  mercure  dans  les  temps 
des  pluies;  beaucoup  de  reptiles  Lacertiens  et  Batraciens  sont  vivipares; 
des  Invertébrés  toujours  aquatiques,  tels  que  des  Planaires,  des  Sangsues 
même,  sont  terrestres;  enfin  une  foule  d'autres  phénomènes  de  grande 
importance  se  passent  journellement  dans  cette  région,  de  manière  à  pou- 
voir y  étudier  simultanément  les  questions  les  plus  importantes  de  cette 
force  vitale  qui  anime  notre  planète  et  qui  constitue  la  science  de  la  géogra- 
phie physique  ou  physiologie  du  globe. 

»  Ayant  mené  de  front  l'étude  de  la  botanique  et  celle  de  la  météoro- 
logie, j'ai  pu  aborder  quelques-unes  de  ces  questions.  Dans  ce  premier  Mé- 
moire, je  me  borne  à  parler  de  la  physionomie  du  Chili,  en  tant  que  cette 


(83i  ) 
physionomie  tient  son  caractère  de  l'ensemble  de  sa  végétation.  Sous  ce  point 
de  vue,  je  le  divise  en  trois  grandes  subrégions,  qui  comprennent  le  nord 
ou  la  zone  des  Légumineuses  et  des  Cactées,  le  centre  ou  la  zone  des  Com- 
posées et  surtout  des  Composées  labiatiflores  arborescentes,  et  le  sud  ou  la 
région  des  Protéacées,  des  Conifères  et  des  Bambusacées. 

»  Dans  le  nord,  où  les  pluies  sont  très-rares  et  qui  dans  certaines  loca- 
lités n'arrivent  même  que  tous  les  trois  ou  quatre  ans,  la  végétation  est 
faible  dans  son  ensemble,  robuste  dans  ses  détails.  Le  principe  de  vie  qui 
l'entretient  varie  suivant  les  lieux  ;  sur  la  côte,  c'est  l'eau  réduite  en  parti- 
cules très-minimes  que  les  vents  enlèvent  à  la  mer,  et  dans  l'intérieur,  c'est 
une  simple  rosée  flrovenant  de  ses  épais  brouillards  qui  couvrent  les  terrains 
enclavés  entre  la  mer  et  les  Cordillères.  Dans  le  premier  cas,  les  plantes  sont 
très-souvent  sociales  et  impriment  leur  caractère  à  la  côte;  dans  le  second 
cas,  ces  plantes  sont,  au  contraire,  très-dispersées  et  occupent  une  aire  de 
très-faible  étendue.  Comme  le  printemps  est  très-court,  les  Amaryllidées, 
Iridées ,  Dioscorées  y  croissent  avec  une  rapidité  telle,  que  trois  ou  quatre 
semaines  suffisent  pour  leur  faire  parcourir  toutes  leurs  phases  de  végéta- 
tion. Ainsi  la  nature  obtient  le  même  but,  en  employant  les  mêmes  moyens 
dans  des  climats  entièrement  opposés  ;  au  nord,  elle  hâte  la  végétation  et  la 
maturité  des  graines  pour  leur  faire  éviter  les  excès  du  froid  et  de  l'humi- 
dité, et  dans  les  déserts,  elle  opère  de  même  pour  éviter  les  excès  de  cha- 
leur et  de  sécheresse. 

»  Après  avoir  donné  quelques  détails  sur  cette  contrée,  montré  les  Cactus 
qui  y  arrivent  jusqu'à  la  région  des  neiges  perpétuelles,  signalé  peu  d'arbres 
qui  y  croissent,  et  en  si  petite  quantité,  qu'on  pourrait  craindre  leur  en- 
tière disparition,  comme  cela  est  déjà  arrivé  pour  le  sandal,  je  passe  à 
la  seconde  région,  à  laquelle  on  ne  trouve  aucun  caractère  de  végétation 
bien  prononcé.  Malgré  quelques  formes  assez  singulières  et  même  malgré 
la  présence  d'un  palmier,  le  paysage  s'y  ressent  de  ce  mélange  et  de  ce 
vague  que  l'on  trouve  dans  tout  ce  qui  dans  la  nature  sert  de  passage 
d'une  forme  à  l'autre.  Cependant  les  hautes  sommités  des  Cordillères  nous 
offrent  un  type  de  végétation  assez  particulier.  Par  suite  d'un  ciel  extrê- 
mement pur,  sec  et  toujours  sans  nuages,  et  de  la  grande  force  du  rayon- 
nement nocturne,  les  journées  y  sont  très-chaudes  et  les  nuits  très-froides. 
Ces  deux  causes  superposées,  jointes  à  l'action  incessante  de  ces  grandes 
rafales  que  les  gens  du  pays  appellent  tempêtes  de  vent,  et  qui  agissent  si 
puissamment  sur  l'évaporation  des  parties  aqueuses  que  les  feuilles,  etc., 
sécrètent,  ont  produit  sur  ces  végétaux  un  singulier  effet  :  au  lieu  de  cette 

109  A 


(  83a  ) 
élégance  de  forme  qu'on  leur  connaît,  ils  ne  présentent  plus  que  des 
masses  compactes,  plus  ou  moins  étendues  en  larges  tapis  composés  de 
feuilles  petites,  roides,  au  milieu  desquelles  se  trouvent  une  grande  quan- 
tité de  fleurs  souvent  bleuâtres  et  le  plus  souvent  d'une  vive  couleur,  à 
cause  de  la  grande  intensité  de  la  lumière  à  ces  hauteurs.  Toutes  les  plantes 
qui  façonnent  ces  tapis  sont  ligneuses  et  cachent  leurs  tiges  fortes  et  tor- 
tueuses sous  une  épaisse  couche  de  terre. 

*>  La  troisième  subrégion  botanique  du  Chili  nous  montre  la  végéta- 
tion arrivant  à  son  plus  haut  degré  de  luxe.  Des  forêts  vierges,  chargées  non 
pas  d'Orchidées  épiphytes,  comme  quelques  voyageurs  l'ont  avancé ,  mais 
de  Broméliacées,  Gesnériacées,  de  Lepidoceras,  Mjrsodcftdrum,  etc.,  cou- 
vrent une  grande  partie  de  ces  contrées,  et  donnent  lieu  à  un  paysage  un 
peu  monotone  dans  sa  forme,  mais  assez  varié  dans  sa  composition.  D'après 
les  arbres  qu'on  y  trouve,  je  comparerais  volontiers  cette  végétation  à  celle 
de  l'Australie.  On  y  trouverait  aussi  un  certain  air  de  parenté  avec  les  forêts 
des  tropiques,  non-seulement  par  la  similitude  de  plusieurs  familles,  mais 
encore  par  la  variété  des  espèces  botaniques;  car  les  genres  y  sont  assez 
nombreux,  et  les  individus  en  général  peu  groupés:  sauf  le  Myrtus  slipu- 
Inris,  qui  forme,  à  Chiloé,  des  massifs  impénétrables  appelés  Trepuales  par 
les  gens  du  pays,  je  ne  pourrais  pas  citer  dans  ces  forêts  un  véritable  arbre 
social. 

«Après  quelques  considérations  sur  la  végétation  des  llanos  et  des  pampas, 
sur  la  formation  des  chivines  ou  îles  flottantes,  j'appelle,  eu  terminant  mon 
Mémoire,  l'attention  sur  la  lutte  des  forêts  avec  les  plaines  des  Graminées  et 
sur  l'influence  de  la  civilisation  qui  favorise  l'envahissement  des  premiers. 
L'homme,  en  effet,  intervient  puissamment  dans  cette  lutte,  qui  existe  tout 
aussi  bien  entre  les  végétaux  qu'entre  les  animaux.  Poussé  par  son  inctinct 
de  civilisation,  il  change  à  son  bénéfice  la  constitution  primitive  du  pays  qu'il 
habite,  modifie  son  climat,  y  introduit  de  nouveaux  végétaux,  en  fait  dispa- 
raître d'autres,  et  prépare  ainsi  aux  botanistes  futurs  une  physionomie 
tout  à  fait  étrangère  à  celle  que  la  nature  lui  avait  donnée.  Il  est  donc  de  la 
plusgrandeutilité  que  des  botanistes  voyageurs  aillent  étudier  ces  pays  loin- 
tains encore  peufréquentés,  et  où  l'ouvragedu  Créateur  se  trouve  encore  dans 
toute  sa  pureté.  Des  questions  de  la  plus  grande  importance  sur  la  dissémi- 
nation des  espèces  végétales,  sur  les  centres  de  création  qu'elles  ont  pu 
occuper,  et  sur  une  infinité  d'autres  faits  d'un  intérêt  immense,  sont  dignes 
d'occuper  l'attention  des  botanistes,  et  de  leur  faire  étudier  la  science  aussi 
bien  dans  l'ensemble  des  phénomènes  qui  font  connaître  leurs  rapports  que 


(  833  ) 
dans  les  détails  qui,  en  définitive,  viennent  presque  toujours  y  aboutir; 
mais,  autant  que  possible,  on  doit  se  hâter  d'aller  étudier  ces  contrées, 
encore  à  l'abri  de  toute  civilisation.  Quoique  l'Araucanie,  connue  depuis 
trois  siècles,  soit  restée,  presque  toujours  à  l'état  d'indépendance,  cependant 
Je  voisinage  seul  de  l'homme  a  suffi  pour  exercer  le  plus  grand  ravage  dans 
la  nature  et  la  physionomie  de  quelques-unes  de  ses  forêts.  Le  pommier, 
introduit,  en  1 579,  sur  les  frontières  de  cette  nation,  a  trouvé  dans  son 
terrain  et  son  climat  une  condition  d'existence  si  favorable,  qu'il  s'y  est 
propagé  de  manière  à  former  des  bois  immenses  qui  envahissent  de  plus  en 
plus  cette  contrée  et  semblent  vouloir  subjuguer  les  véritables  hôtes  de 
ces  forêts  et  les  supplanter.  Vers  le  centre  de  l'Amérique  méridionale,  chez 
les  Indiens  Chuntaquiros,  Paucartambinos,  visités  jadis  par  des  Mission- 
naires, ce  sont  des  bois  d'orangers  et  de  citronniers  que  j'ai  vu  remplir  le 
même  rôle.  Ainsi,  en  tout  temps  et  en  tout  lieu,  l'influence  de  l'homme 
civilisé  sur  la  nature  des  pays  est  aussi  puissante  que  permanente,  et  il  est 
à  désirer  que  des  travaux,  non  de  grands  voyages,  mais  limités  à  certaines 
régions,  soient  au  plus  tôt  entrepris  par  des  botanistes  et  des  physiciens.  « 

physiologie  végétale.  —  Deuxième  série  d'observations  sur  la  direction 
descendante  de  certaines  tiges.  —  Bulbes  descendants  du  Muscari 
comosum ,  de  Z'Agraphis  nutans  et  de  fA.  campanulata;  par  M.  E. 
Germain  de  Saint-Pierue. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Botanique.) 

»  Dans  la  première  partie  de  ce  travail ,  j'ai  fait  connaître  le  mode  de 
végétation  particulier  à  certaines  tiges  dont  l'axe  constitue  alternativement 
une  tige  aérienne  ascendante  et  vine  tige  souterraine  descendante ,  c'est-à- 
dire  dont  le  bourgeon  terminal  indéfini  s'accroît,  pendant  une  saison,  selon 
la  direction  ascendante  (qui  appartient  à  la  plupart  des  tiges),  et,  pendant 
une  saison  suivante,  s'accroît  dans  le  sens  vertical  descendant  (le  bourgeon 
terminal  pénétrant  alors  dans  le  sol  et  s'y  enfonçant  directement  à  la  manière 
des  racines).  Ces  observations  m'ont  conduit  à  des  observations  analogues 
chez  les  organes  ou  appareils  souterrains  que  je  considère  comme  de  nature 
semi-axile  et  semi-foliaire,  et  que  j 'ai  désignés  sous  le  nom  d'appareils  axilo- ou 
axo-foliaires.  Dans  un  même  genre  de  plantes  bulbeuses,  j'ai  remarqué  que 
les  bulbes  de  certaines  espèces  vivent  et  se  reproduisent  à  une  très-faible  pro- 
fondeur dans  le  sol  ou  presque  à  sa  surface,  et  que  les  bulbes  appartenant  à 
d'autres  espèces  se  trouvent  dans  le  sol  à  une  profondeur  d'autant  plus  grande 


(  834) 
qu'ils  sont  plus  âgés.  Tels  sont  les  bulbes  chez  diverses  espèces  du  genre  Mus- 
cari;  les  bulbes  du  M.  racemosum  végètent  à  quelques  centimètres  de  pro- 
fondeur seulement,  et  sont  amenés  à  la  surface  du  sol  par  le  plus  léger  labour, 
tandis  que  les  bulbes  du  M.  comosum  se  trouvent,  lorsqu'ils  sont  âgés  de 
plusieurs  années,  à  une  profondeur  de  plusieurs  décimètres.  En  examinant 
l'état  des  bulbes  adultes  du  M.  comosum  dans  les  différentes  saisons  de  l'année 
et  en  les  comparant  aux  bulbes  du  M.  racemosum,  je  tentai  d'abord  vaine- 
ment de  saisir  le  mécanisme  naturel  à  l'aide  duquel  ce  bulbe  pénètre  à  une 
si  grande  profondeur  ;  en  effet,  je  voyais  chez  le  M.  comosum  comme  chez 
le  M.  racemosum,  la  base  du  rhizome  court,  que  l'on  désigne  sous  le  nom  de 
plateau,  se  détruire  par  sa  base  à  mesure  qu'il  s'accroissait  par  son  sommet, 
et  ce  mode  d'accroissement  de  l'axe  devait,  en  se  prolongeant  indéfiniment, 
tendre  également  chez  les  deux  espèces  à  amener  la  plante  à  la  surface  du 
sol,  et  non  à  l'y  faire  pénétrer  plus  profondément.   Pensant  que  là  cause 
organographique  de  la  profondeur  si  différente  à  laquelle  pénètrent  les 
bulbes  de  ces  deux  espèces  devait  être  mise  en  évidence  par  l'étude  suivie 
des  divers  modes  de  végétation  de  ces  plantes,  depuis  l'époque  de  la  ger- 
mination jusqu'à  l'état  adulte,  je  semai  dans  des  vases  de  verre  des  graines 
de  Muscari  comosum  que  je  plaçai  en  contact  avec  les  parois  transparentes 
du  vase  et  presque  à  la  surface  de  la  terre  ,  et  j'observai  leur  germination. 
Cette  germination  ne  présente  aucune  différence  sensible  avec  celle  de  la 
plupart  des  autres  Liliacées  bulbeuses  ;  la  feuille  cotylédonaire  de  l'embryon, 
en  s'allongeant,  éleva  le  tégument' de  la  graine  au-dessus  du  sol  et  fit  péné- 
trer le  collet,  ou  nœud  vital  de  la  plante,  un  peu  au-dessous  du  niveau  au- 
quel la  graine  avait  été  placée.  Un  peu  plus  tard,  la  base  de  la  feuille  co- 
tylédonaire, et  le  bourgeon  ou  gemmule  situé  à  sa  base,  se  renflèrent  en  un 
jeune  bulbe  ovoïde  qui  resta  stationnaire  jusqu'à  la  fin  de  l'automne.   Une 
seconde  phase  de  végétation  se  manifesta  alors,  ainsi  que  cela  a  lieu  chez 
la  plupart  des  tiges  souterraines,  et  je  vis  les  tuniques  du  bulbe  s'allonger 
au  niveau  de  leur  base,  tandis  que  la  partie  supérieure  de  ces  tuniques  n'é- 
prouvait aucune  modification.  Il  était  résulté  de  ce  mode  d'accroissement 
que  le  sommet  du  bulbe  et  même  le  bulbe  entier,  moins  sa   base,  était 
resté  à  la  même  place,  tandis  que  la  base  du  bulbe  s'était  enfoncée  dans  le 
sol  à  une  profondeur  égale  à  la  longueur  dont  le  bulbe  s'était  accru.  Le 
bulbe  primitivement  ovoïde  prit  en  s'allongeant  l'aspect  d'un  cylindre  plus 
ou  moins  renflé  vers  ses  deux  extrémités  :  le  renflement  supérieur,  moins 
saillant,  correspondait  à  la  partie  primitive  et  stationnaire  du  bulbe,  et  le 
renflement  inférieur,  plus  volumineux,  était   le  résultat  de  son  accroisse- 


(  835  )' 
ment  de  haut  en  bas.  Pendant  l'année  suivante,  les  tuniques  extérieures, 
et  notamment  la  partie  supérieure  du  bulbe  constitué  par  leur  sommet,  se 
détruisirent,  mais  les  tuniques  sous-jacentes  s'accroissant  à  la  manière  des 
précédentes,  le  plateau  du  bulbe  se  trouva  situé  à  une  plus  grande,  pro- 
fondeur que  pendant  la  période  antérieure.  Le  mécanisme  de  ce  trans- 
port de  l'axe  de  la  plante  à  une  profondeur  de  plus  en  plus  considérable 
consistait  donc  dans  l'élongation  de  la  base  des  feuilles  charnues  du  bulbe. 
Je  remarquai  cependant  qu'à  mesure  que  le  bulbe  devient  plus  volu- 
mineux et  passe  à  l'état  adulte,  c'est-à-dire  devient  apte  à  produire  une  tige 
florifère,  l'accroissement  basilaire  des  tuniques  est  de  moins  en  moins  con- 
sidérable, et  que  lorsque  le  bidbe  est  parvenu  à  une  certaine  profondeur 
qui  paraît  ne  pas  devoir  être  dépassée,  l'accroissement  de  haut  en  bas  cesse 
de  se  manifester,  et  le  bulbe  (  par  la  destruction  de  sa  partie  supérieure)  prend 
et  conserve  indéfiniment  une  forme  ovoïde  ou  globuleuse-subconique. 
J'ajouterai  que  le  M.  rricemosum,  qui  végète  presque  à  la  surface  du  sol, 
produit  chaque  année  un  nombre  considérable  de  bourgeons  axillaires 
bulbeux  ou  caïeux,  qui  multiplient  la  plante,  tandis  que  le  M.  comosum, 
qui  végète  à  une  grande  profondeur,  m'a  paru  en  produire  un  petit  nombre 
et  être  d'autant  moins  apte  à  en  produire  qu'il  est  enfoncé  plus  profondé- 
ment dans  la  terre  ;  la  plante  se  multiplie  alors  presque  exclusivement  par 
graines. 

»  L' Agraphis  nutans  m'a  offert  le  même  mode  de  végétation  que  le 
Muscari  comosum  ;  les  jeunes  bulbes,  par  suite  de  l'élongation  et  du  gros- 
sissement de  leur  partie  basilaire,  présentent,  à  une  certaine  période  de  leur 
développement,  la  forme  d'une  massue  fort  allongée  :  la  partie  supérieure 
conserve  la  forme  du  bulbe  primordial  et  n'est  constituée  que  par  des  tuni- 
ques vides  à  ce  niveau,  tandis  que  la  partie  inférieure,  plus  volumineuse  et 
terminée  par  le  plateau,  renferme  le  bourgeon  qui  doit  plus  tard  produire 
la  tige  florifère. 

»  Chez  un  autre  Agraphis,  VA.  patula,  les  caïeux  ou  jeunes  bulbes  se 
trouvent  plus  ou  moins  au-dessus  du  niveau  de  la  base  du  bulbe  mère,  et 
lorsqu'ils  ont  pris  un  certain  accroissement,  ils  se  rencontrent  à  la  même 
profondeur;  l'étude  suivie  du  bulbe  de  cet  Agraphis  m'a  donné  l'explica- 
tion de  ce  double  phénomène.  Les  tuniques  du  bulbe  mère  sont  soudées 
entre  elles  dans  une  certaine  étendue  au-dessus  de  leur  base,  et  les  caïeux 
ou  jeunes  bulbes,  au  lieu  de  naître  à  l'aisselle  normale  de  ces  tuniques,  nais- 
sent au  point  où  ces  tuniques  cessent  d'être  soudées,  point  qui  constitue 
une  fausse  aisselle;  les  tuniques  externes  du  bulbe  mère  se  détruisant  ensuite, 


•  (886  ) 
les  caïeux  devenus  libres  se  trouvent  échelonnés  à  des  hauteurs  différentes 
au-dessus  de  la  base  du  bulbe  mère;  plus  tard,  en  raison  de  l'accroissement 
de  la  base  de  leurs  tuniques,  les  jeunes  bulbes  sont  entraînés  dans  le  sol  à 
une  profondeur  qui  est  à  peu  près  celle  de  la  base  du  bulbe  mère. 

»  Ces  mêmes  phénomènes  sont  encore  bien  plus  évidents  chez  une  autre 
plante  qui  appartient  au  même  genre  :  YJgraphis  campanulata;  son  bulbe, 
dont  la  forme  exceptionnelle  était  à  peine  signalée  et  dont  le  mode  de  végé- 
tation n'était  pas  connu,  se  présente,  pendant  une  certaine  période  de 
l'année,  sous  la  forme  ovoïde,  et,  pendant  une  autre  période,  sous  la  forme 
d'un  rhizome  flexueux  et  allongé.  Si  l'on  retire  de  terre  le  bulbe  de  Y  A. 
campanulata  dans  le  courant  du  mois  d'avril,  il  se  présente  sous  la  forme 
d'un  longrhizome,  émettant, sur  différents  points  desalongueur,  des  feuilles 
à  sa  face  supérieure,  et  des  racines  à  sa  face  inférieure.  Une  section  longitu- 
dinale de  cette  production  souterraine  en  dévoile  la  structure  ;  le  rhizome 
est  formé  des  tuniques,  excessivement  accrues  en  longueur,  du  bulbe  flo- 
rifère de  l'année  précédente,  et  à  divers  niveaux  (à  des  points  qui  corres- 
pondent aux  fausses  aisselles,  résultats  de  la  soudure  des  tuniques)  se  sont 
développés  des  jeunes  bulbes  dont  le  bourgeon  a  déchiré  les  parois  du  bulbe 
mère  (où  il  était  renfermé  comme  dans  une  gaîne)  pour  se  faire  jour  au 
dehors,  tandis  que,  d'autre  part,  les  racines  de  ces  jeunes  bulbes  ont  perforé 
ces  mêmes  parois  pour  pénétrer  dans  le  sol.  Ces  jeunes  bulbes  sont  ovoïdes, 
les  plus  volumineux  produisent  une  tige  florifère,  les  moins  gros  ne  pro- 
duisent que  des  feuilles  et  ne  deviennent  florifères  que  l'année  suivante.  Les 
jeunes  bulbes  devenus  libres  par  la  destruction  du  bulbe  mère  qui  les  ren- 
fermait, changent  assez  rapidement  de  forme,  leurs  tuniques  s'allongent 
dans  toute  leur  étendue,  et  ils  revêtent  l'apparence  d'un  rhizome  cylindri- 
que plus  ou  moins  flexueux.  Une  section  longitudinale  met  alors  en  évidence 
la  soudure  des  tuniques  entre  elles.  Cette  soudure  a  lieu  dans  une  étendue 
d'autant  plus  grande  que  les  tuniques  sont  plus  extérieures ,  et  l'on  peut 
constater  que  l'insertion  des  bourgeons  (bulbes  ou  caïeux  pour  l'année  sui- 
vante) existe  au  niveau  des  fausses  aisselles  qui  sont  le  résultat  de  la  soudure 
des  tuniques  entre  elles.  Le  bulbe  rhizomorphe  reste  ensuite  stationnaire  de 
juillet  en  décembre;  à  cette  époque  les  bourgeons  des  jeunes  bulbes  com- 
mencent à  se  faire  jour  à  travers  les  parois  du  bulbe  devenu  bulbe  mère. 
Il  résulte  de*  l'élongation  de  ce  bulbe,  et  de  la  production  de  ses  caïeux 
à  diverses  hauteurs,  que  les  bulbes  de  Y  A graphis  campanulata  habitent  à  un 
niveau  variable,  mais  jamais  ni  trop  superficiel  ni  trop  profond,  et  qu'd 
s'établit  pour  les  années  qui  se  succèdent  un  parfait  équilibre.  » 


(837) 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  fait  hommage  à  l'Académie  des  deux  pre- 
mières livraisons  d'un  ouvrage  qu'il  publie  sous  le  titre  d! Archives  de 
biologie  végétale,  ouvrage  dans  lequel  il  a  consigné  ses  observations  sur 
le  développement  des  organes  souterrains  des  plantes. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

Un  Mémoire  destiné  au  concours  pour  le  grand  prix  des  Sciences  mathé- 
matiques, question  concernant  le  dernier  théorème  de  Fermât,  est  adressé 
avec  une  Lettre  dans  laquelle  l'auteur  fait  connaître  les  causes,  indépen- 
dantes de  sa  volonté,  qui  ont  empêché  que  ce  travail,  depuis  longtemps 
terminé,  ne  fût  présenté  avant  la  clôture  du  concours. 

Le  Mémoire,  qui  porte  pour  épigraphe  Hoc  erat  in  votis,  est  réservé  pour 
la  future  Commission  qui  jugera  si,  malgré  la  date  tardive  de  sa  présenta- 
tion, 11  peut  encore  être  admis. 

M.  Marie,  professeur  de  mathématiques  au  collège  de  Saint-Dizier  (Haute- 
Marne),  annonce  qu'il  vient  de  terminer  un  travail  sur  la  même  question 
et  exprime  le  désir  que  son  Mémoire,  quoique  non  compris  parmi  les  pièces 
admises  à  concourir,  soit  soumis  à  l'examen  de  la  Commission  appelée  à 
juger  le  concours. 

M.  Marie  sera  invité  à  envoyer  son  manuscrit,  qui  sera  soumis,  comme  il 
le  demande,  à  l'examen  de  la  Commission  chargée  de  décerner  le  prix. 

anatomie  végétale.  —  De  la  cuticule  à  l'intérieur  des  végétaux  ; 
.      par  M.  A.  Tréccl.  (  Extrait.  ) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Botanique.) 

«  Une  des  questions  qui  ont  le  moins  préoccupé  les  anatomistes  et  qui 
méritait  cependant  de  fixer  leur  attention,  est  celle  qui  consiste  à  savoir  si 
la  cuticule,  existant  au  travers  des  stomates,  se  prolonge  ensuite  dans  les 
méats  intercellulaires  et  dans  les  lacunes.  Le  silence  des  botanistes  à  cet 
égard,  après  le  jugement  porté  par  M.  H.  Mohl,  m'engage  à  penser  que 
cette  idée  fut  unanimement  rejetée.  Le  travail  que  j'ai  l'honneur  de  présenter 
à  l'Académie  a  pour  objet  de  prouver  qu'il  existe  à  l'intérieur  de  beaucoup 
de  végétaux  une  cuticule  analogue  à  celle  qui  est  à  l'extérieur. 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N»  18.)  !  IO 


(  838  ) 

»  Déjà,  dans  son  cinquième  Mémoire  sur  le  développement  des  végétaux 
présenté  à  l'Académie  en  1840,  M.  Payen  a  dit  que  la  cuticule  pénètre  dans 
toute  la  profondeur  de  l'ouverture  des  stomates;  il  a  trouvé  aussi,  dans  le 
Cactus  peruvianus ,  une  membrane  qui  a  les  propriétés  de  la  cuticule  qui  est 
continue  avec  elle,  mais  plus  mince,  et  qui  traverse,  sous  la  forme  d'un 
manchon,  1'épiderme  épais  de  cette  plante.  En  1842,  G.  Gasparrini  crut 
voir  dans  cette  pellicule  placée  au-dessous  des  stomates  un  organe  vésicu- 
laire  particulier,  composé  d'une  membrane  et  de  fibres  délicates  qui  forme- 
raient un  sphincter  auprès  de  ces  stomates;  il  le  nomma  cistome. 

»  Depuis  1842,  M.  Hartig  prétend  que  la  cuticule  est  toujours  composée 
de  trois  membranes;  que  la  membrane  interne,  dans  diverses  plantes,  se 
replie  plus  ou  moins  profondément  dans  le  tissu  cellulaire,  et  qu'elle  s'étend 
dans  les  méats  sous  la  forme  de  vaisseaux  intercellulaires.  M.  Hartig  semble 
deviner  les  phénomènes  plutôt  qu'il  ne  les  voit,  car  ses  exemples  sont  presque 
toujours  mal  choisis;  c'est  pourquoi  M.  Mohl  ne  put  vérifier  ses  observations 
en  i845,  mais  il  confirma  celles  de  M.  Payen.  Il  vit  de  plus  que,  da«s  les 
feuilles  des  Hellebortis  niger,  viridis,  de  YEuphorbia  caput  Medusœ,  du 
Betula  alba  et  de  Y Asphodelus  luteus,  la  cuticule,  après  avoir  traversé  les 
stomates,  se  prolonge  à  la  face  inférieure  de  l'épiderme  sous  la  forme 
d'une  membrane  interrompue  par  les  cellules  du  parenchyme,  de  manière 
que  l'épiderme  de  ces  plantes  est  revêtu  à  ses  deux  faces  par  une  cuticule. 
M.  H.  Mohl  se  prononce  nettement  contre  l'opinion  de  M.  Hartig  sur  l'exis- 
tence de  la,  cuticule  dans  les  méats  intercellulaires.  Je  n'admets  pas  la 
théorie  de  M.  Hartig,  mais  je  pense  comme  lui  que  dans  les  méats  de  plantes 
nombreuses,  que  même  dans  les  lacunes  de  beaucoup  de  végétaux,  il  y  a 
une  cuticule  qui  a  tout  l'aspect  de  la  cuticule  externe.  En  1848,  M.  Lind- 
ley  [Introduction  to  Botanj)  cita  les  observations  de  M.  Mohl  et  dit 
n'avoir  pu  vérifier  celles  de  M.  Hartig.  M.  Schacht,  dans  son  Die  Pflanzen- 
zelle  (p.  a3i),  dit  seulement  que  «  les  cellules  de  la  fermeture  des  stomates 
aussi  bien  que  les  cellules  de  la  cavité  respiratoire  sont  dans  la  plupart  des 
cas  garnies  d'une  très-mince  continuation  de  la  vraie  cuticule.  » 

»  J'ai  constaté  aussi  ce  phénomène  dans  un  grand  nombre  de  plantes, 
et  j'ai  remarqué,  comme  M.  Mohl,  que  cette  sorte  de  prolongement  de  la 
cuticule  ne  s'étend  pas  chez  toutes  les  plantes  à  la  même  profondeur.  Chez 
quelques-unes  il  ne  dépasse  pas  les  cellules  des  stomates  ;  chez  d'autres,  il 
s'arrête  dans  la  cavité  respiratoire  à  la  jonction  des  cellules  de  l'épiderme  avec 
celles  du  parenchyme  {Aloe  nigricans,  Buxus  sempervirens ,  Tradescantia 
fuscata,  Eremurus  spectabUis,  Amaryllis  Belladona,  etc.)  J'ai   vu  aussi 


(83g) 
dans  les  plantes  que  cite  M.  Mohl,  et  dans  les  Helleborus  fœtidus ,  orientalis, 
odorus,  purpurascens ,  Ruta  graveolens,  divaricata,  Asphodelus  tauricus, 
ramosus,  etc.,  une  cuticule  fort  mince  à  la  face  interne  de  1'épiderme.  J'ai 
observé  en  outre  des  faits  importants  que  ce  savant  n'a  point  aperçus  :  c'est 
i°  qu'il  est  des  végétaux  dans  lesquels  cette  cuticule  interne  forme  une 
membrane  parfaitement  continue,  ou  rarement  interrompue,  sous  les  cel- 
lules du  parenchyme  (vieilles  feuilles  du  Ruta  graveole?is ,  divaricata,  de 
Y  Helleborus  jbetidus);  que  dans  d'autres  végétaux  cette  pellicule  continue, 
et  visible  avant  l'emploi  de  l'iode  et  de  l'acide  sulfurique,  ne  se  colore  en 
jaune  ou  en  brun  que  vis-à-vis  les  méats  intercellulaires;  que  dans  Y  Iris 
germanica  cette  pellicule  subépidermique  jaunit  seulement  dans  les  parties 
contiguës  aux  cavités  respiratoires,  qu'elle  bleuit  et  se  dissout  sur  les  autres 
points. 

»  Dans  beaucoup  d'autres  cas,  la  cuticule,  au  lieu  de  revêtir  la  face 
interne  de  1'épiderme,  tapisse  la  cavité  respiratoire;  mais  alors  la  partie  de 
la  cuticule,  en  contact  avec  les  cellules  épidermiques  qui  bordent  cette 
cavité  près  du  stomate,  jaunit  seule  sous  l'influence  de  l'iode  et  de  l'acide 
sulfurique;  la  partie  qui  couvre  les  cellules  du  parenchyme,  au  contraire, 
bleuit  (  Kleinia  neriifolia,  Pleurothallis  racemiflora,  cochleata,  Phjsosiphon 
Loddigesii,  V anilla  planifolia ,  Cereus peruvianus,  etc. )Vour  bien  apprécier 
ces  faits,  il  faut  employer  l'acide  avec  précaution,  et  bien  constater,  avant  son 
emploi,  que  la  pellicule  est  parfaitement  continue  au  pourtour  de  la  cavité  à 
partir  du  stomate.  Si  l'on  se  sert  d'acide  trop  concentré,  la  membrane  con- 
tiguë  au  parenchyme  se  dissout;  celle  qui  touche  l'épiderme  persiste  seule 
et  jaunit  ou  brunit.  Quand,  au  contraire,  on  fait  usage  d'acide  un  peu  dilué, 
mais  trop  énergique  encore,  la  membrane  qui  est  voisine  de  l'épiderme,  et 
qui  a  jauni  ou  bruni,  est  séparée  de  celle  qui  couvre  le  parenchyme  et  qui 
est  devenue  bleue  ou  restée  incolore;  on  voit  alors  que  la  première,  celle 
qui  a  pris  la  couleur  jaune  et  brune,  s'amincit  graduellement  dans  le  voisi- 
nage de  sa  séparation  d'avec  la  partie  bleuie  qui  revêt  le  parenchyme;  mais  si 
on  emploie  de  l'acide  à  un  degré  de  concentration  convenable,  la  continuité 
de  ces  parties  jaune  et  bleue  de  la  pellicule  devient  tout  aussi  évidente 
qu'elle  le  paraissait  avant  l'addition  des  réactifs.  Par  des  observations  mul- 
tipliées, et  l'examen  des  divers  exemples  cités  précédemment,  on  s'assure 
que  la  membrane  jaunissante  est  une  partie  de  la  membrane  qui  bleuit, 
modifiée  de  manière  à  pouvoir  résister  à  l'action  dissolvante  de  l'acide 
sulfurique.  Ce  changement  s'effectue  à  partir  du  stomate  et  paraît  com- 
mencer par  la  surface   en  contact  avec  l'air;  aussi,   dans  beaucoup  de 

1 10.. 


(  84o  )  ■ 
cas,  peut-on  s'apercevoir  que  toute  l'épaisseur  de  la  membrane  n'est  pas 
modifiée.  La  partie  qui  ne  l'est  pas  étant  dissoute  par  l'acide  sulfurique, 
celle  qui  résiste  à  cet  acide  est  amincie  dans  les  endroits  où  elle  n'est  pas 
modifiée  dans  toute  son  épaisseur.  La  manière  dont  s'opère  cette  modifica- 
tion de  la  membrane  semble  accuser  une  influence  de  l'air,  mais  cet  agent 
n'agit  pas  seul,  car,  s'il  en  était  ainsi,  la  membrane,  partout  où  elle  existe 
au  contact  de  l'air,  perdrait  la  faculté  de  bleuir,  tandis  que  dans  un  grand 
nombre  de  plantes  cela  n'arrive  que  dans  le  voisinage  de  l'épidémie.  C'est 
pour  avoir  employé  de  l'acide  trop  concentré  que  les  anatomistes  que  j'ai 
cités  n'ont  trouvé  la  membrane  dont  il  s'agit  que  près  des  cellules  épider- 
miques.  Cependant  une  membrane  qui  a  tous  les  caractères  de  la  cuticule 
couvre  l'intérieur  des  lacunes  et  des  méats  intercellulaires  de  beaucoup 
d'autres  végétaux  ;  mais  cette  cuticule  interne  reste  fréquemment  incolore 
après  l'action  de  l'iode  et  de  l'acide  sulfurique,  de  même  que  beaucoup  de 
cuticules  externes  très-jeunes.  Il  y  en  a  aussi  qui  bleuissent  comme  la  très- 
jeune  cuticule  externe  du  Pistia.  Dans  Y  Iris  spectabilis  la  pellicule  qui  tra- 
verse le  stomate,  et  que  les  auteurs  qui  ont  étudié  cette  question  s'accordent 
à  considérer  comme  la  continuation  de  la  cuticule,  dans  Y  Iris  spectabilis, 
dis-je,  cette  pellicule  ne  brunit  ni  ne  jaunit  ;  elle  demeure  incolore  et  se 
dissout  dans  l'acide  sulfurique  concentré,  tandis  que  la  cuticide  externe 
seule  brunit  et  ne  se  dissout  pas;  la  couleur  brune  s'arrête  donc  à  l'ou- 
verture externe  du  stomate.  D'un  autre  côté,  nous  avons  vu  que  dans  les 
Ruta  graveolens,  divaricata,  Hellehorus  fœtidus ,  etc . ,  il  existe  une  cuti- 
cule sur  toute  la  face  interne  de  l'épiderme  des  feuilles  âgées,  que  dans  YAs- 
phodelus  rantosus,  luteus,  etc.,   cette  cuticule   n'existe   qu'au   fond    des 
méats  intercellulaires  ;  dans  les  HeUeborus  orientalis,  odorus,  les  cavités 
respiratoires  sont  entourées   par  une   cuticule  qui  jaunit.  Or  ces  cavités 
sont  des  lacunes  ordinaires  auxquelles  aboutissent  les  méats  intercellu- 
laires et  par  eux  les  autres  lacunes.  Il  n'est  donc  pas  surprenant  qu'il  y  ait 
une  cuticule  semblable  dans  les  méats  et  les  lacunes  de  certaines  plantes. 
Je  n'en  citerai  dans  ce  résumé  que  quelques  exemples  des  plus  remarquables, 
afin  qu'aucune  contestation  ne  puisse  avoir  lieu.  Que  l'on  compare  avec  la 
cuticule  externe,  par  exemple,  la  cuticule  interne  qui  tapisse  les  lacunes 
du  pétiole  du  Nymphœa  alba,  du  Nuphar  lutea,  celles  des  tiges  de  YHippu- 
ris  vulgaris,  du  Menjanthes  trifoliata,  du  Ceratophyllum  demersum,  etc., 
on  demeurera  convaincu  de  leur  similitude,  soit  qu'on  les  examine  avant 
ou  après  l'emploi  de  l'iode  et  de  l'acide  sulfurique.  Dans  les  lacunes  des 
jeunes  et  des  vieilles  tiges  de  YHippuris,  on  trouvera  sous  la  cuticule,  entre 


(  84i  ) 
elle  et  la  membrane  cellulaire,  une  couche  de  cellulose  fréquemment 
épaisse  ;  elle  est  assez  mince  dans  le  Nymphœa  alba  et  dans  le  Nuphar 
lutea,  mais  elle  se  gonfle  considérablement  par  l'action  de  l'acide  sulfurique, 
qu'il  ne  faut  pas  ajouter  trop  concentré  pour  mieux  observer  les  rapports 
des  diverses  parties.  Parmi  les  plantes  exotiques  que  j'ai  examinées,  le 
Lymnanthemum  Humboldt'd,  le  Nymphœa  stellata,  etc.,  sont  aussi  des 
exemples  assez  favorables  à  l'observation  de  la  cuticule  interne.  Le  seul 
caractère  par  lequel  elle  diffère  de  la  cuticule  externe,  c'est  qu'elle  est  plus 
altérable  que  cette  dernière  par  l'acide  sulfurique  concentré;  elle  se  colore 
aussi  moins  souvent  en  brun  lorsqu'on  la  traite  par  l'iode  et  par  cet  acide. 
Elle  participe  en  cela  des  propriétés  des  cuticules  externes  très-jeunes.  Du 
reste,  son  origine  est  la  même;  elle  résulte  du  dédoublement  de  la  paroi 
externe  de  chaque  cellule  adjacente  à  la  lacune. 

»  Si  l'on  examine,  sous  un  grossissement  de  4oo  diamètres,  les  méats  du 
pétiole  du  Nymphœa  alba,  etc.,  et  des  coupes  transversales  d'une  multitude 
d'autres  plantes  même  ligneuses,  on  les  trouvera  garnis  d'une  membrane 
semblable  qui  doit  probablement  être  rapportée  à  la  cuticule  interne.  Je  n'ai 
pas  suffisamment  étudié  son  origine  pour  avoir  une  certitude  parfaite  en 
ce  qui  la  concerne.  » 

physiologie  végétale.  —  Recherches  expérimentales  sur  le  pouvoir  d'ab- 
sorption, par  rapport  à  ïeau,  des  racines  des  plantes  aériennes  ;  par 
M.  Ad.  Chatin.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Botanique.) 

•  Les  recherches  anatomiques  auxquelles  je  me  livre  depuis  longtemps 
n'ont  pas  seulement  pour  objet  l'analomie  considérée  en  elle-même  et 
dans  ses  applications  à  la  classification  végétale  ou  à  l'histoire  des  plantes 
fossiles,  elles  doivent  aussi,  dans  ma  pensée,  servir  de  point  de  départ  et  de 
fil  conducteur  à  des  recherches  expérimentales  destinées  à  étendre  nos 
connaissances  en  physiologie. 

»  Je  viens  soumettre  à  l'Académie  des  Sciences  les  premiers  résultats  des 
expériences  que  j'ai  entreprises  pour  déterminer  les  fonctions  des  racines 
des  plantes  épiphytes  ou  aériennes;  De  ces  expériences,  qui  ont  pour  but 
l'appréciation  du  rôle  de  l'eau,  des  vapeurs  et  des  gaz,  je  n'exposerai  au- 
jourd'hui que  celles  touchant  le  premier  point. 

»  L'anatomie  m'ayant  appris,  d'une  part,  que  les  racines  des  plantes 
aériennes  ont  une  organisation  très-différente  suivant  qu'elles  se  développent 


(  84*  ) 
au  milieu  de  l'atmosphère  ou  au  sein  de  la  terre  (ou  de  masses  de  mousse 
humide)  ;  d'autre  part,  que  les  racines  placées  dans  l'atmosphère  diffèrent, 
suivant  les  espèces,  par  la  présence  (ce  qui  est  l'état  le  plus  commun)  ou  par 
l'absence  d'une  enveloppe  spongieuse  (vue  par  Dutrochet,  Linck,  Meyen, 
Schleiden,  Richard,  etc.)  à  leur  surface,  je  me  suis  proposé  de  déterminer 
tout  d'abord  quelle  influence  ont  sur  les  fonctions  des  racines,  par  rapport 
à  l'eau,  le  milieu  dans  lequel  se  développent  celles-ci  et  la  nature  de  leur 
enveloppe. 

»  Se  sont  ensuite  présentées,  à  mesure  que  j'avançais  dans  l'analyse  du 
problème  posé,  les  questions  suivantes,  que  je  me  suis  efforcé  de  résoudre  : 

»  L'enveloppe  spongieuse  sert-elle  directement  ou  indirectement  à  l'ab- 
sorption ? 

»  Les  extrémités  vertes  des  racines  aériennes,  vulgairement  désignées  sous 
le  nom  de  spongioles  (terme  bien  impropre,  puisqu'elles  sont  toujours  pri- 
vées d'enveloppe  spongieuse),  absorbent-elles  l'eau? 

»  Quels  sont  les  pouvoirs  d'imbibition  et  de  transpiration  de  l'enveloppe 
spongieuse  ? 

»  Dans  toutes  les  expériences,  je  me  suis  servi,  pour  y  engager  les  racines 
et  mesurer  l'absorption,  de  tubes  semblables  dans  lesquels  chaque  milli- 
mètre de  hauteur  répondait  sensiblement  à  ogr,5  d'eau.  Quelquefois  j'ai 
laissé  ouverts  les  tubes  où  plongeaient  des  racines,  mais  avec  la  précaution 
de  placer  à  côté  d'eux,  pour  faire  la  part  de  l'évaporation  dans  le  résultat 
général,  d'autres  tubes  à  blanc  ou  tubes-témoins ,  ne  contenant  que  de  l'eau  ; 
plus  souvent  j'ai  fermé  les  tubes  avec  un  bouchon  percé  et  bien  luté  à  la 
cire  molle. 

»  De  mes  expériences  multiples,  mais  en  général  concordantes,  je  ne 
rapporterai  ici  qu'un  petit  nombre,  qu'on  peut  regarder  comme  représen- 
tant les  moyennes  des  observations;  sur  plusieurs  points  même  je  me 
contenterai  d'énoncer  les  résultats. 

«  A.  Expériences  ayant  pour  objet  de  déterminer  comparativement,  chez 
les  plantes  épiphjtes,  le  pouvoir  d 'absorption  des  racines  Jlottant  dans  Vair 
et  des  racines  engagées  dans  la  terre  ou  dans  la  mousse. 

»  Sur  un  même  pied  de  Vanille  {Fanilla  planijolid)  étaient  des  racines, 
les  unes  pendantes  dans  l'atmosphère,  les  autres  développées  dans  la  terre 
de  bruyère  :  celles-là  n'ont  absorbé,  en  vingt-quatre  heures,  que  a  milli- 
mètres d'eau;  celles-ci  en  ont,  au  contraire,  absorbé  60  millimètres.  Dans 
une  autre  expérience,  faite  sur  la  même  plante,  mais  à  une  époque  de  plus 
active  végétation,  l'absorption  par  la  racine  terrestre  a  été  de  100  milli- 


I  8/,3  ) 
mètres;  celle  par  la  racine  aérienne,  de  3  millimètres  seulement.  Enfin  une 
racine  de  Vanille,  d'abord  formée  dans  l'air,  ensuite  peu  à  peu  engagée  dans 
le  sol,  où  elle  n'avait  qu'en  partie  perdu  sa  couleur  verte,  etc.,  absorbait 
55  millimètres  d'eau  pendant  que  la  racine  franchement  terrestre  en  absor- 
bait 1 10  millimètres. 

»  Un  pied  de  Sarcanthus  paniculatus  avait  des  racines,  les  unes  dans 
l'air,  les  autres  dans  la  mousse  humide  et  dans  la  terre  ;  en  vingt-quatre 
heures,  les  racines  dans  l'air  ont  absorbé  3  millimètres  ;  les  racines  dans  la 
mousse,  65  millimètres;  les  racines  dans  la  terre,  io3  millimètres. 
»  Les  résultats,  bien  nets,  de  ces  premières  expériences  sont  : 
n  Que  le  pouvoir  d'absorption,  par  rapport  à  l'eau,  des  racines  des 
plantes  aériennes  varie,  comme  leur  organisation,  avec  le  milieu  dans  le- 
quel elles.se  développent; 

»  Que  le  pouvoir  d'absorption  des  racines  venues  dans  la  terre  est  con- 
sidérable ; 

»  Que  le  pouvoir  d'absorption  des  racines  aériennes  est  faible  ; 
»  Que  le  pouvoir  d'absorption  des  racines,   incomplètement  aériennes  et 
incomplètement  terrestres,  répond  à  la  nature  mixte  de  ces  organes. 

»  B.  Expériences  ayant  pour  objet  de  mesurer  comparativement  le  pou- 
voir d absorption  des  racines  aériennes  pourvues  d'enveloppe  spongieuse  et 
des  racines,  aussi  aériennes,  mais  privées  de  cette  enveloppe. 

»  Il  résulte  des  expériences  faites  sur  des  Rodriguezia,  Oncidium,  Va- 
nilla,  etc.,  que  ce  pouvoir  ne  diffère  pas  sensiblement  dans  les  deux  classes 
de  racines.  Les  résultats  fournis  par  la  première  journée  d'observation 
donnent  bien  une  absorption  apparente  plus  forte  pour  les  racines  à  enve- 
loppe spongieuse  que  pour  les  autres  ;  mais  les  résultats  deviennent  ensuite 
uniformes,  et  les  différences  d'abord  observées  doivent  être  mises  au  compte 
de  la  faculté  d'imbibition  de  l'enveloppe  spongieuse,  dont  le  premier  effet 
est  de  se  saturer  d'eau. 

»  C.  L'enveloppe  spongieuse  absorbe-t-elle  directement?  Quelle  est  la 
part  des  extrémités  vertes  dans  le  phénomène  ? 

»  Si  l'on  plonge  des  racines  dans  l'eau,  les  unes  par  leur  extrémité  verte 
seulement,  les  autres  par  celle-ci  et,  de  plus,  par  le  reste  de  leur  longueur 
que  recouvre  l'enveloppe  spongieuse,  on  trouve  que  l'absorption  est  sensi- 
blement la  même  dans  les  deux  cas. 

»  L'absorption  est  encore  fort  semblable  quand  on  observe  comparati- 
vement des  racines  privées  d'enveloppe  spongieuse,  comme  celles  delà  Va- 
nille, et  des  racines  d'espèces  pourvues  de  cette  enveloppe. 


(  844) 

»  Donc  l'enveloppe  spongieuse,  si  apte  à  s'imbiber  d'eau,  ne  concourt 
pas  sensiblement  d'une  manière  directe  à  l'absorption. 

»  D.  L'enveloppe  spongieuse  sert-elle  indirectement  à  V absorption? 

»  Cette  question  est  résolue  affirmativement  par  une  jolie  expérience.  Si 
l'on  engage  par  son  milieu,  et  de  manière  à  en  laisser  au  dehors  l'extrémité 
verte,  une  racine  spongieuse  dans  un  tube  en  U  fermé  de  deux  bouchons, 
percés  et  lûtes  à  la  cire,  on  constate  que  l'absorption  a  lieu.  En  opérant  sur 
un  liquide  coloré,  on  voit  celui-ci  se  diriger  par  l'enveloppe  spongieuse  vers 
l'extrémité  verte,  où  nous  avons  reconnu  précédemment  qu'était  essentiel- 
lement le  siège  de  l'absorption. 

»  Si  donc  l'enveloppe  spongieuse  ne  transmet  pas  directement  l'eau  au 
tissu  qu'elle  recouvre  (ce  qui  cependant  peut  avoir  lieu  pour  une  faible 
part),  elle  concourt  très-efficacement,  quoique  d'une  manière  détournée,  à 
l'absorption,  en  s'imbibant  et  en  transmettant  ensuite  peu  à  peu  à  la  racine 
l'eau  dont  elle  s'est  imprégnée,  et  qu'elle  conserve  à  la  manière  d'un  ré- 
servoir. 

»  E.  L'enveloppe  spongieuse  cède-t-elle  aisément  à  l'atmosphère  l'eau  dont 
elle  s'est  chargée  ? 

»  Il  ressort  de  l'ensemble  de  mes  expériences,  et  notamment  de  l'équili- 
bre qui  s'établit  dans  le  pouvoir  d'absorption  des  racines  plongeant  dans 
l'eau,  les  unes  par  leur  seule  extrémité  verte,  les  autres  par  celle-ci  et  par 
une  petite  portion  de  leur  enveloppe  spongieuse  dont  la  plus  grande  lon- 
gueur reste  au  milieu  de  l'air,  que  l'évaporation  par  cette  enveloppe  est  sen- 
siblement nulle  dans  l'air  humide  des  serres  à  Orchidées-,  dans  un  air  sec, 
la  perte  par  évaporation  est  au  contraire  notable,  et  cette  circonstance  est 
Vune  de  celles  par  lesquelles  s'expliquent  les  bons  effets  des  vapeurs  dont  on 
cherche  à  saturer  ces  serres. 

»  F.   Quel  est  le  pouvoir  d'imhibition  de  l'enveloppe  spongieuse? 

»  On  a  la  mesure  de  son  énergie  en  plongeant,  par  un  point  de  sa  lon- 
gueur, une  racine  spongieuse  non  saturée  d'eau  dans  un  liquide  coloré.  A 
l'instant  même  ce  liquide  s'élance  et  recouvre  la  racine  dans  toute  sa  lon- 
gueur. 

»  Le  pouvoir  d'imbibition,  résultat  de  phénomènes  d'hygroscopicité  et 
de  capillarité,  se  maintient  dans  toute  sa  force  après  la  mort  de  la  racine. 
La  partie  vieillie  et  repoussée  en  dehors  des  enveloppes  spongieuses  est 
d'ailleurs  souvent  morte  quand  la  racine  est  encore  pleine  dévie. 


(  845) 

Conclusions  générales, 

»  i°.  Le  pouvoir  d'absorption  des  racines  aériennes  des  Orchidées  épi- 
phytes  est  à  peu  près  à  celui  des  racines  des  mêmes  végétaux  développées 
dans  la  terre  ::   i  :  4°- 

»  a°.  Le  pouvoir  direct  d'absorption  est  à  peu  près  le  même  pour  les  ra- 
cines aériennes  privées  d'enveloppe  spongieuse  et  pour  celles  munies  de 
cette  enveloppe. 

»  3°.  L'absorption  s'exerce  directement  par  les  extrémités  vertes  des  ra- 
cines aériennes. 

»  4°-  L'enveloppe  spongieuse  concourt  indirectement  à  l'absorption  en 
s'imprégnant  d'eau  qu'elle  cède  ensuite  peu  à  peu  à  la  racine. 

»  5°.  Le  pouvoir  d'imbibition  de  l'enveloppe  spongieuse  est  indépendant 
de  la  vie  de  ce  tissu,  et  de  la  vie  de  la  racine. 

»  6°.  La  transpiration  par  l'enveloppe  spongieuse  étant  nulle,  ou  très-fai- 
ble dans  une  atmosphère  humide,  l'eau  dont  ce  tissu  peut  être  imprégné 
passe  alors  presque  tout  entière  dans  la  racine. 

»  70.  La  faculté  qu'a  l'enveloppe  spongieuse  de  se  charger  d'eau  pour  la 
céder  ensuite  à  la  plante,  la  pratique  horticole  très-répandue  de  cultiver  les 
Orchidées  épiphytes  dans  des  paniers,  etc.,  remplis  de  terre  ou  de  mousse, 
et  le  pouvoir  énergique  d'absorption  pour  l'eau  des  racines  développées 
dans  ces  derniers  milieux,  expliquent  les  bons  effets  des  bassinages  ou  arro- 
sements.  » 

botanique.  —  Observations  relatives  à  la  fécondation  incomplète  et  à 
ses  conséquences,  dans  les  végétaux  phanérogames  ;  par  M.  Ch.  IV  ai  ihn. 
Aide-naturaliste  au  Muséum. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Botanique.) 

«  S'il  est  un  fait  de  physiologie  végétale  irrévocablement  acquis  à  la 
science,  c'est  la  nécessité  de  l'intervention  du  pollen  dans  l'acte  de  la  géné- 
ration proprement  dite  ou  reproduction  par  graines.  Ce  que  l'on  connaît 
moins,  c'est  l'effet  des  fécondations  incomplètes  par  suite  d'une  quantité 
insuffisante  de  pollen.  Existe-t-il  des  différences  appréciables  entre  les  fruits 
qui  succèdent  à  une  riche  fécondation  et  ceux  où  la  dose  de  pollen  appli- 
quée sur  le  stigmate  a  été  trop  faible  pour  imprégner  la  totalité  des  ovules? 

C.  R.  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  18.)  1 1 1 


(840) 

Y  a-t-il  surtout  moins  de  vigueur  chez  les  plantés  issues  de  graines  faiblement 
fécondées,  que  chez  celles  qui  proviennent  de  graines  dont  la  fécondation  a 
été  faite  d'une  manière  normale?  Telle  est  la  question  que  je  me  propose 
d'examiner  et  sur  laquelle  j'appellerai  un  instant  1  attention  des  physiolo- 
gistes. Sans  avoir  la  prétention  de  la  résoudre,  je  citerai  quelques  faits  qui, 
si  je  ne  m'abuse,  tendent  à  démontrer  que,  dans  certains  cas,  la  quantité 
relative  de  pollen  employée  à  la  fécondation  d'un  ovaire  influe  sur  le  déve- 
loppement de  ce  dernier  et  quelquefois  aussi,  lorsqu'il  est  uniovulé,  sur 
celui  de  la  plante  provenue  de  la  graine  qu'il  contient. 

»  Dans  le  cours  de  mes  expériences  sur  l'hybridation,  il  m'est  arrivé  fré- 
quemment de  castrer  des  fleurs  bien  avant  la  déhiscence  de  leurs  anthères, 
et  d'en  abandonner  ensuite  la  fécondation  aux  chances  du  hasard.  Dans  la 
plupart  des  cas,  l'ovaire  ne  prenait  aucun  accroissement;  le  plus  souvent 
même  la  fleur  se  détachait  tout  d'une  pièce,  au  bout  de  quelques  jours,  par 
désarticulation  ou  par  sphacélation  de  son  pédoncule.  Toutefois,  chez  les 
Nicotiatia,  les  Nicandra  et  les  Pétunia,  qui  ont  été  plus  particulièrement  le 
sujet  de  ces  observations,  il  arrivait  ordinairement  qu'un  petit  nombre  de 
fleurs  persistassent  et  que  leur  ovaire,  plus  ou  moins  accru,  se  transformât 
en  une  capsule  presque  toujours  fort  réduite  en  volume,  mais  contenant 
encore  un  certain  nombre  de  grainesbien  conformées,  puisqu'elles  germaient 
et  donnaient  naissance  à  des.  plantes  tout  aussi  vigoureuses  que  celles  qui 
provenaient  de  graines  tirées  de  capsules  de  grandeur  normale  et  succé- 
dant à  des  ovaires  richement  fécondés. 

»  Il  est  hors  de  doute  que,  dans  les  cas  que  je  viens  de  citer,  les  stigmates 
des  fleurs  castrées  avaient  reçu,  soit  par  l'intermédiaire  du  vent,  soit  plutôt 
par  celui  des  insectes,  une  faible  quantité  de  pollen,  suffisante  cepéndan! 
pour  féconder  plusieurs  ovules  et,  par  suite,  pour  vivifier  l'ovaire  lui-même, 
lime  paraît  permis  de  supposer  qu'ici  le  développement  de  l'ovaire,  dont 
ht  grosseur  variait  de  \  aux  £  du  volume  normal,  a  été  rigoureusement  pro- 
portionnel à  la  somme  de  pollen  reçue  par  le  stigmate.  Les  ovules  très- 
ténus  et  très-nombreux  des  plantes  sur  lesquelles  cette  observation  a  été 
faite,  n'ayant  pas  besoin  de  recevoir  plus  d'un  tube  pollinique  pour  être 
fécondés,  il  en  est  résulté  que  ceux  qui  ont  eu  la  chance  d'être  rencontrés 
par  l'organe  conducteur  du  fluide  spermatique  ont  été  aussi  puissamment 
fécondés  que  s'ils  se  fussent  trouvés  dans  un  cas  d'imprégnation  ordinaire, 
ce  qui  explique  la  vigueur  des  plantes  qui  en  sont  sorties.  L'insuffisance 
du  pollen  a  donc  porté  non  sur  la  qualité  des  «raines,  mais  sur  leurnombrc 
et,  par  suite,  sur  le  volume  du  fruit  lui-même. 


(  847  ) 

»  En  est-il  de  même  lorsqu'il  s'agit  d'ovaires  uniovulés  ou  qui  ne  doivent 
développer  qu'une  seule  graine?  Les  expériences  de  Gaertne'r  fils  établissent 
assez  positivement  le  contraire  pour  les  Malvacées  et  les  Tropéolées.  Il  a 
reconnu,  par  exemple,  que  pour  être  fécondés  les  carpelles  uniovulés  du 
Malva  mauritiana  exigeaient  au  moins  quatre  grains  de  pollen,  et  même 
qu'avec  ce  nombre  la  fécondation  était  peu  assurée.  Dans  le  Tro'pœolwn 
majus,  le  nombre  des  grains  de  pollen  nécessaires  pour  féconder  un  seul 
ovule  serait  encore  plus  considérable,  puisqu'une  dizaine  de  grains  au 
moins,  déposés  sur  le  stigmate,  laissent  l'ovaire  et  l'ovule  absolument  inertes. 
Il  est  cependant  des  plantes  à  ovaires  uniovulés  qui  font  exception  et  où  un 
seul  grain  de  pollen  suffit  rigoureusement  à  la  fécondation  ;  telles  sont  les 
Mirabilis,  si  communément  cultivés  dans  nos  jardins  (M.  jalapa  et  M.  lon- 
giflora),  plantes  chez  lesquelles,  il  est  vrai,  le  pollen  se  fait  remarquer  par 
sa  grosseur.  Rœlreuter  est  le  premier,  je  crois,  et  le  seul  peut-être  qui  ait 
annoncé  la  possibilité  du  fait;  ses  observations  m'étaient  inconnues  lof s- 
qu'il  y  a  deux  ans  j'entrepris  des  expériences  qui  devaient  les  confirmer. 

»  Dans  l'été  de  1 854,  ayant  enlevé  les  anthères  non  encore  ouvertes  d'une 
vingtaine  de  fleurs  de  M.  jalapa  que  je  laissai  sans  fécondation,  toutes  ces 
fleurs  tombèrent  dans,  les  trois  ou  quatre  jours  qui  suivirent.  La  même 
opération  répétée  sur  quatre  fleurs  de  M.  longiflora  amena  un  résultat 
semblable.  Ces  castrations  avaient  pour  but  de  servir  de  contre-épreuve  aux 
expériences  que  je  projetais,  en  démontrant  le  peu  de  chances  qu'ont  les 
fleurs  de  Mirabilis  d'être  fécondées  par  l'intermédiaire  du  vent  et  des 
insectes. 

;>  Du  12  au  i4  septembre  de  la  même  année,  neuf  fleurs  de  M.  jalapa 
ayant  été  castrées  dans  le  bouton,  un  seul  grain  de  pollen,  choisi  parmi  les 
plus  gros,  fut  déposé  sur  chaque  stigmate,  au  moment  où  ces  fleurs  s'épa- 
nouirent. Le  lendemain  de  l'opération,  lorsque  leur  calice  eorolliforme  se 
fut  refermé,,  je  m'assurai,  pour  plusieurs  d'entre  elles  au  moins,  que  l'unique 
grain  de  pollen  était  encore  en  place,  et  que  les  stigmates  n'en  avaient  pas 
reçu  d'autres. 

»  Les  neufs  ovaires  parurent  nouer  et  s'accroître  ;  cependant  sept  tom- 
bèrent successivement  dans  les  quinze  jours  qui  suivirent;  les  deux  survi- 
vants arrivèrent  à  un  volume  à  peu  près  normal  et  furent  récoltés  mûrs  vers 
le  milieu  d'octobre. 

»  A  la  même  époque  (du  12  au  r 4  septembre)  six  fleurs  de  la  même  plante 
furent  castrées  de  même  et  leurs  stigmates  reçurent  deux  grains  de  pollen. 

m.. 


(  848  ) 
Un  seul  ovaire  se  développa  et  me  donna  une  graine  bien  conformée  qui  fut 
récoltée  le  9  octobre. 

»  Le  1 8  septembre,  quatre  fleurs  préalablement  castrées  de  M.  longiflora 
furent  fécondées  par  un  seul  grain  de  pollen.  Les  quatre  ovaires  s'ac- 
crurent :  deux  arrivèrent  à  moitié  grosseur,  le  troisième  se  détacha  un  peu 
plus  tard,  ayant  atteint  environ  les  -|  de  son  volume  normal,  le  quatrième 
seul  persista  et  fut  récolté  mûr  le  26  octobre. 

»  Le  même  jour  (18  septembre),  quatre  autres  fleurs  de  la  même  plante 
ayant  été  castrées,  leurs  stigmates  reçurent  chacun  deux  grains  de  pollen. 
Trois  ovaires  tombèrent  dans  les  huit  jours  qui  suivirent  ;  le  quatrième  noua 
et  arriva  à  maturité,  bien  que  dans  le  cours  de  son  développement  il  eût  été 
fortement  endommagé  par  la  morsure  d'un  limaçon,  ce  qui  empêcha  plus 
tard  la  graine  de  germer. 

»  Les  quatre  graines  ainsi  obtenues  furent  semées  le  1 7  avril  de  l'année 
suivante  (1 855).  Il  n'y  en  eut  que  trois  qui  levèrent,  savoir  :  deux  graines 
de  Mirabilis  jalapa,  l'une  provenant  d'un  seul  grain  de  pollen,  l'autre  de 
deux  ;  la  troisième  de  M.  longiflora,  obtenue  au  moyen  d'un  seul  grain  de 
pollen.  Les  trois  jeunes  plantes,  d'abord  élevées  en  pots,  furent,  au  moment 
convenable,  transplantées  à  côté  l'une  de  l'autre  dans  une  même  plate-bande, 
où  elles  trouvèrent  des  conditions  identiques  de  sol  et  de  culture.  Un  qua- 
trième pied  de  M.  jalapa,  provenu  d'une  graine  richement  fécondée  l'année 
précédente,  y  fut  aussi  planté  pour  servir  de  terme  de  comparaison. 

»  L'individu  de  M.  longiflora  (issu  d'une  graine  fécondée  par  un  seul 
grain  de  pollen)  atteignit  à  la  taille  propre  à  son  espèce;  il  ne  différa  des 
plantes  sorties  de  graines  normalement  fécondées  ni  par  le  développement 
de  son  feuillage,  ni  par  le  nombre  ou  la  grandeur  de  ses  fleurs. 

»  Il  en  fut  autrement  des  deux  M.  jalapa  issus  de  graines  faiblement 
fécondées.  Tandis  que  la  plante  de  même  espèce  qui  servait  d'étalon  se  faisait 
remarquer  par  un  développement  peu  commun,  aussi  bien  que  par  le 
nombre  et  par  la  grandeur  de  ses  fleurs,  les  deux  premières,  quoique 
pleines  de  vigueur,  restaient  sensiblement  au-dessous  des  proportions  ordi- 
naires de  leur  espèce.  On  en  jugera  mieux  par  les  mesures  que  je  vais  don- 
ner et  qui  ont  été  prises  avec  toute  l'exactitude  possible. 

»  Le  25  septembre,  époque  où  les  trois  plantes  avaient  atteint  leur  plus 
grand  développement  et  étaient  en  pleine  floraison,  l'échantillon  type  s'éle- 
vait à  om,8o  ;  ses  nombreuses  ramifications  formaient  une  touffe  bien  fournie 
et  régulière,  dont  le  diamètre  transversal  était  de  om,85;  sur  vingt  fleurs 


(  849) 
prises  au  hasard  entre  un  très-grand  nombre,  le  diamètre  du  limbe  étalé  de 
la  corolle  (calice  corolliforme)  variait  entre  27  millimètres  au  minimum  et 
36  au  maximum  ;  la  moyenne  générale  a  été  trouvée  de  32  millimètres. 

»  L'échantillon  provenu  d'une  graine  fécondée  par  un  seul  grain  de 
pollen  n'avait,  au  25  septembre,  que  quatorze  fleurs  épanouies.  Le  diamètre 
de  leur  limbe  oscillait  entre  16  et  25  millimètres;  la  moyenne  générale  a 
été  2omm,6.  La  hauteur  totale  de  la  plante  ne  dépassait  pas  om,6o  et  le  dia- 
mètre transversal  de  sa  touffe  om,5o.  Environ  une  moitié  des  étamines  était 
mal  conformée,  les  autres  ne  contenaient  que  quelques  grains  de  pollen  ; 
aussi  un  très-grand  nombre  de  fleurs,  au  moins  les  trois  quarts,  tombèrent- 
elles,  par  ce  que  leur  ovaire  n'avait  pas  été  fécondé.  Les  feuilles,  à  en 
juger  à  la  simple  vue,  n'avaient  guère  en  surface  que  la  moitié  de  celles  de 
l'échantillon  type  dont  je  viens  de  parler. 

»  Le  troisième  pied  (sorti  d'une  graine  fécondée  par  deux  grains  de  pol- 
len) ressemblait  de  touts  points  au  précédent;  mais  il  était  encore  moins 
florifère.  Sa  hauteur  était  om,55;  sa  touffe,  irrégulière  et  peu  garnie,  me- 
surait om,6o  dans  son  plus  grand  diamètre.  Il  n'avait,  le  jour  du  mesurage, 
que  quatre  fleurs  ouvertes  dont  le  diamètre  moyen  s'est  trouvé  de  22mm,25. 
Très-peu  d'ovaires  ont  noué  par  suite  du  peu  d'abondance  ou  de  l'imper- 
fection du  pollen. 

»  Les  corolles  régulières  pouvant  être  assimilées  à  des  cercles  ou  à  des  poly- 
gones réguliers,  nous  pouvons  évaluer  leurs  valeurs  comparatives  en  superfi- 
cie par  le  même  procédé  que  celui  qu'on  applique  à  ces  figures  géométriques, 
c'est-à-dire  conclure  que  les  surfaces  des  limbes  sont  entre  elles  comme  les 
carrés  de  leurs  diamètres.  Partant  de  ce  principe,  nous  trouvons  que  les 
limbes  des  fleurs  des  trois  plantes  examinées  ci-dessus  étaient  entre  eux 
comme  les  nombres  1024»  426  et  4g5;  ce  qui  revient  à  dire  que  le  limbe 
moyen  des  fleurs  de  la  plante  type  (issue  d'une  abondante  fécondation) 
étant  représenté  par  1,  ceux  des  deux  autres  l'étaient  par  les  nombres  0,4 16 
et  o,483.  Les  fleurs  de  la  plante  richement  étoffée  étaient  donc  plus  que 
doubles  de  celles  des  deux  individus  qui  étaient  sortis  de  graines  faiblement 
fécondées. 

»  Un  fait  isolé  comme  celui  que  je  viens  de  citer  ne  suffit  sans  doute  pas 
pour  affirmer  que,  chez  le  M.  jalapa,  la  fécondation  par  un  seul  ou  par  un 
très-petit  nombre  de  grains  de  pollen  ait  pour  effet  constant  de  donner 
naissance  à  des  individus  rabougris,  peu  florifères  et  peu  féconds.  Il  se  peut 
que  l'affaiblissement  observé  dans  les  deux  plantes  ait  été  dû  à  une  cause 


(  85o  j 
toute  différente  ;  néanmoins  cela  me  paraît  peu  probable.  Dans  tous  les  cas, 
l'expérience  que  je  viens  de  rapporter  confirmerait  ce  qui  a  déjà  été  dit  de 
la  possibilité  de  la  fécondation  d'un  ovaire  uniovulé  par  un  seul  ou  par 
deux  grains  de  pollen.  » 

- 

GÉOLOGIE.  —  Etudes  sur  la  production  artificielle  des  minéraux  et  sur  les 

conséquences  qui  en  résultent  pour  la  géologie;  par  M.  J.  Dujiocher. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Berthier, 
Élie  de  Benumont,  Dufrénoy,  auxquels  est  adjoint  M.  de  Senarmont.) 

«  Dans  ces  dernières  années,  on  est  parvenu  à  former  artificiellement, 
avec  les  ressources  si  limitées  de  nos  laboratoires,  un  grand  nombre  des 
corps  cristallisés  qui  existent  dans  la  croûte  terrestre  :  ces  découvertes 
modernes  n'ont  pas  seulement  l'intérêt  propre  que  l'on  doit  attacher  aux 
efforts  de  l'homme,  lorsqu'il  cherche  à  imiter  le  pouvoir  créateur  de  la 
nature;  elles  ont,  en  outre,  une  importance  particulière  pour  le  géologue, 
car  elles  offrent,  pour  ainsi  dire,  une  reproduction  des  phénomènes  qui  ont 
eu  lieu  en  grand  dans  le  laboratoire  souterrain,  et  elles  fournissent  le 
moyen  le  plus  sûr  d'éclaircir  les  mystères  de  la  formation  du  globe.  Ainsi, 
la  plupart  des  minéraux  naturels  étant  insolubles,  non  volatils  et  souvent 
infusibles,  on  ne  pouvait  autrefois  se  rendre  compte  de  leur  origine  qu'au 
moyen  d'hypothèses  qui,  plus  tard,  ont  été  reconnues  dénuées  de  vraisem- 
blance, car  elles  impliquaient  des  températures  énormes,  ou  des  dissolu- 
tions presque  impossibles  à  réaliser. 

»  Gay-Lussac  a  le  premier  ouvert  une  voie  rationnelle,  en  produisant 
artificiellement  le  fer  oligiste,  et  en  montrant  que  la  cristallisation  de  ce 
minéral  dans  les  soupiraux  volcaniques  n'exige  point  la  chaleur  énorme 
qu'on  supposait  nécessaire  pour  le  volatiliser.  A  une  époque  plus  récente, 
M.  Daubrée,  suivant  la  même  voie,  a  obtenu  des  cristaux  d'oxyde  d'étain  et 
d'oxyde  de  titane,  par  un  procédé  semblable  à  celui  qu'avait  employé  Gay- 
Lussac  pour  produire  le  fer  oligiste.  De  son  côté,  M.  Ebelmen  est  parvenu 
à  composer  plusieurs  des  minéraux  employés  dans  la  joaillerie,  en  liquéfiant 
les  substances  amorphes  au  moyen  d'un  fondant  qui,  comme  l'acide  bori- 
que, peut  se  volatiliser  lentement  sous  l'influence  de  la  chaleur  :  ainsi  a  été 
expliquée  l'origine  de  diverses  gemmes  contenues  dans  les  roches  cris- 
tallines. Déjà  longtemps  auparavant,  M.  Becquerel,  mettant  à  profit  les 


(85i  ) 
combinaisons  lenles  que  déterminent  les  phénomènes  éjectrochimiques, 
était  parvenu  à  faire  cristalliser  des  substances  minérales  insolubles,  comme 
le  sulfate  de  baryte  ;  il  est  probable  que  telle  est  l'origine  des  cristaux  de 
barytine,  de  célestine  et  autres  minéraux,  qui  forment  des  nids  ou  des 
veines  irrégulières  dans  les  terrains  de  formation  aqueuse. 

»  Mais  l'origine  des  dépôts  métallifères  était  encore  très-obscure,  lorsque, 
par  des  rapprochements  ingénieux,  M.  Élie  de  Beaumont  fit  ressortir  la 
connexion  des  phénomènes  qui  avaient  rempli  les  filons  avec  les  causes 
volcaniques.  Toutefois  il  y  avait  à  expliquer  les  irrégularités,  les  bizarreries 
apparentes  des  gîtes  métallifères,  et  certaines  circonstances  dont  l'interpréta- 
tion a  été  l'objet  de  longues  controverses.  Il  fallait  aussi  tâcher  de  repro- 
duire artificiellement,  et  par  des  procédés  analogues  à  ceux  qu'avait  dû 
employer  la  nature,  les  principales  substances  métalliques  existant  dans  les 
filons.  Le  problème  présentait  donc  deux  parties  distinctes,  l'une  théorique, 
l'autre  expérimentale  :  l'une  et  l'autre  ont  été  l'objet  de  mes  recherches  ; 
et  la  solution  à  laquelle  je  suis  arrivé  me  paraît  véritablement  satisfaisante, 
sous  le  rapport  chimique  et  sous  le  rapport  géologique,  car  j'ai  pu  repro- 
duire les  minéraux  des  filons  avec  tous  leurs  caractères,  et  j'ai  pu  expliquer 
d'une  manière  très-simple  les  circonstances  qui  paraissaient  les  plus  étranges 
et  les  plus  difficiles  à  concevoir. 

»  Dans  un  Mémoire  présenté  à  l'Académie  [Comptes  rendus,  t.  XXVIII, 
p.  607),  j'ai  montré  que  les  dépôts  des  minerais  métalliques,  en  général, 
sont  le  produit  de  deux  ou  de  plusieurs  courants  ascensionnels,  distincts  à 
leur  origine,  se  mouvant  le  long  de  fissures  particulières  ou  suivant  les 
diverses  parties  d'une  même  fente,  se  rencontrant  en  certains  points  de 
leur  parcours,  et  contenant  deux  sortes  d'émanations,  les  unes  motrices, 
entraînant  les  composés  métalliques  en  vapeur  ou  en  dissolution,  les  autres 
fixatrices,  contenant  des  radicaux  destinés  à  fixer  les  métaux,  ordinaire- 
ment du  soufre  ou  de  l'arsenic.  Toutes  les  irrégularités  que  nous  offrent  les 
filons  métallifères,  non-seulement  deviennent  assez  faciles  à  expliquer, 
mais  elles  se  présentent  comme  des  conséquences  nécessaires  de  cette  con- 
ception :  ainsi  l'excessive  inégalité  de  richesse  des  différentes  parties  d'un 
filon,  la  brusque  interruption  du  minerai,  sa  plus  grande  abondance  dans 
les  parties  larges,  sa  concentration  habituelle  aux  intersections  des  fentes, 
qui  ont  dû  être  les  principaux  points  de  rencontre  des  deux  sortes  d'éma- 
nations, la  disparition  fréquente  du  minerai  dans  la  profondeur,  et  l'exis- 
tence des  veines  métallifères  presque  superficielles,  qu'on  a  pittoresquement 
nommées  des  coureurs  de  gazons,  etc.,  tous  ces  faits  étaient  difficilement 


(  85a  ) 
explicables  ;  et,  en  reconnaissant  que  les  métaux  avaient  dû  venir  de  bas  en 
haut,  on  ne  pouvait  concevoir  que  les  filons  s'appauvrissent  en  profondeur, 
ce  qui  malheureusement  est  incontestable  dans  beaucoup  de  cas.  Ces  bizar- 
reries me  semblent  très-simples  et  très-naturelles,  si  l'on  admet  que  le 
dépôt  des  sulfures  métalliques  dans  un  filon  a  exigé  le  concours  de  deux 
sortes  d'émanations. 

»  L'élément  moteur  des  émanations  métalliques  paraît  avoir  été,  en 
général,  le  chlore,  qui  joue  le  même  rôle  dans  les  phénomènes  volcaniques; 
et,  dans  mon  premier  Mémoire,  je  faisais  observer  que  les  chlorures  métal- 
liques sont,  à  très-peu  d'exceptions  près,  volatils  et  solubles,  de  façon  que 
le  même  véhicule  aura  pu  servir,  soit  pour  vaporiser  les  métaux,  soit  pour 
les  transporter  à  l'état  de  dissolutions,  et  il  aura  pu  arriver  souvent  que  les 
deux  cas  se  soient  réalisés,  l'un  après  l'autre,  dans  les  mêmes  fentes,  par 
suite  de  la  condensation  de  vapeur  d'eau. 

»  Dans  la  réalisation  du  programme  que  j'avais  ainsi  posé,  en  1849, 
pour  expliquer  la  génération  des  filons  métallifères,  il  y  avait  à  exécuter 
deux  systèmes  d'expériences;  il  fallait  produire  artificiellement  les  sub- 
stances minérales  des  filons,  i°  par  la  rencontre  de  deux  sortes  de  vapeurs, 
20  au  moyen  de  dissolutions.  Pour  le  second  cas,  relatif  à  l'emploi  de  la 
voie  humide,  j'ai  été  devancé  par  M.  de  Senarmont,  dont  le  beau  travail  a 
été  publié  dans  les  Comptes  rendus  de  l'Académie,  en  i85i  (t.  XXXII, 
p.  4°9)-  Mais  le  second  système  d'expériences  a  fait  l'objet  spécial  de  mes 
recherches,  dont  j'ai  présenté  des  extraits  à  l'Académie,  t.  XXXII,  p.  82^, 
et  t.  XXXIII,  p.  64  :  par  le  concours  de  deux  sortes  de  vapeurs,  j'ai  pu 
former  les  principaux  minéraux  de  fer,  zinc,  cuivre,  antimoine,  plomb, 
argent,  etc.,  avec  les  mêmes  formes  cristallines,  le  même  éclat,  les  mêmes 
caractères  physiques,  et  une  telle  ressemblance,  que  souvent  on  peut  les 
confondre  avec  les  minéraux  naturels. 

»  Aujourd'hui  on  peut  donc  regarder  comme  résolu  dans  ses  points 
essentiels  le  problème  de  la  formation  des  dépôts  métallifères,  problème  qui 
semblait  si  obscur,  il  y  a  peu  d'années.  On  peut  assigner  à  ces  dépôts  les 
origines  suivantes  : 

»  i°.  L'injection  d'un  magma  en  fusion,  qui  s'est  comporté  comme  une 
roche  éruptive;  on  peut  en  citer,  comme  type,  les  grands  amas  de  fer 
oxydulé  de  la  Scandinavie  et  des  monts  Oural  ; 

»  20.  La  rencontre  de  vapeurs  métallifères  et  d'autres  vapeurs  conte- 
nant, en  général,  de  l'acide  sulfhydrique  ; 

»   3°.   Des   sources   thermominérales,   contenant    des   sels   métalliques 


(  853  ) 
solubles  et  donnant  lieu  à  des  précipitations  de  métaux,  par  la  rencontre 
d'autres  dissolutions. 

»  D'ailleurs  le  rôle  fixateur  a  pu  être'rempli  par  des  substances  miné- 
rales faisant  déjà  partie  de  la  croûte  terrestre,  et  contenant  un  élément 
susceptible  .de  former  avec  les  métaux  des  composés  non  volatils  ou  inso- 
lubles. C'est  ainsi  que  le  zinc  a  pu  se  déposer  à  l'état  de  carbonate,  en 
rencontrant  des  masses  calcaires  ou  dolomitiques;  c'est  ainsi  que  des  éma- 
nations argentifères  ont  pu  être  fixées  au  contact  de  sulfures  métalliques 
préexistant  au  sein  des  roches,  comme  le  montre  l'observation  séculaire 
des  mineurs  de  Kongsberg,  et  comme  mon  savant  collègue  Malaguti  et 
moi  en  avons  donné  la  démonstration  expérimentale. 

»  Mais  quels  sont  les  gites  métallifères  qui  ont  été  formés  par  la  ren- 
contre de  vapeurs,  et  quels  sont  ceux  auxquels  on  doit  attribuer  une  ori- 
gine par  voie  humide?  Les  deux  modes  pouvant  produire  des  composés 
semblables  aux  minéraux  naturels,  c'est  par  des  considérations  géologiques 
qu'il  faut  se  guider  dans  cette  recherche  :  or  il  y  a  deux  genres  de  consi- 
dérations qui  me  semblent  pouvoir  servir  à  distinguer  les  gîtes  formés  par 
des  vapeurs  de  ceux  engendrés  par  des  dissolutions.  Le  premier  cas  im- 
plique une  température  un  peu  plus  élevée,  mais  le  plus  souvent  il  n'est  pas 
besoin  de  supposer  une  pression  beaucoup  supérieure  à  celle  de  l'atmo- 
sphère, tandis  que,  dans  le  second  cas,  une  forte  pression  paraît  habituel- 
lement nécessaire.  C'est  dans  les  roches  cristallines,  ou  modifiées  par  la 
chaleur,  que  doivent  surtout  se  trouver  les  gîtes  de  la  première  sorte  ;  ils 
doivent  se  rattacher  d'une  manière  plus  directe  aux  phénomènes  ignés  : 
ainsi  c'est  à  ce  groupe  qu'appartiennent  les  gîtes  de  sulfures  métalliques 
assocîés  aux  schistes  cristallins  du  nord  de  l'Europe,  et  il  en  est  de  même 
des  gîtes  stannifères,  dont  l'origine  a  été  ingénieusement  attribuée  par 
M.  Daubrée  à  des  vapeurs  contenant  du  fluor.  D'ailleurs  il  y  a  une  autre 
considération  qui  me  paraît  assez  importante  :  lorsque  des  substances  sili- 
catées  alcalifères  se  trouvent  en  contact  avec  des  vapeurs  métalliques  et 
sulfureuses,  elles  ne  paraissent  pas,  en  général,  être  notablement  altérées  ; 
mais  il  en  est  tout  autrement  lorsqu'elles  se  trouvent  en  présence  de  disso- 
lutions aqueuses,  sous  l'influence  de  la  chaleur  et  de  la  pression  :  alors 
l'inégale  tendance  à  se  dissoudre  des  bases  alcalines  et  des  bases  terreuses 
se  trouve  mise  en  jeu,  et  il  en  résulte  une  altération  de  la  masse,  qui  perd 
sa  consistance  et  tend  à  prendre  l'état  argileux  ;  en  même  temps  il  se  forme 
de  nouveaux  composés,  dans  lesquels  entre  de  l'eau,  tels  que  la  laumonite 
et  autres  hydrosilicates.  Par  conséquent,  les  gîtes  métallifères  dans  lesquels 

C.  R.,  i856,  t"  Semestre.  (T.  XLII.N»  18.)  "2 


(854) 
se  manifestent,  au  contact  des  roches  encaissantes,  des  traces  d'altération, 
non  exclusivement  inhérentes  aux  affleurements,  mais  se  prolongeant  à  des 
profondeurs  indéfinies,  les  gîtes  où  l'on  observe,  même  dans  les  points  les 
plus  profonds,  des  parties  pourries,  à  l'état  argileux;  les  filons  qui  sont 
constamment  bordés  de  salbandes  argileuses,  où,  avec  la  chaux  carbonatée, 
il  y  a  des  gangues  à  l'état  d'hydrate,  etc.,  ce  sont  ceux-là  qui  ont  dû  être 
formés  par  des  sources  thermominérales  :  une  partie  des  filons  des  terrains 
anciens,  surtout  les  veines  ou  amas  d'hydroxyde  de"fer  contenus  dans  les  ter- 
rains paléozoïques,  la  plupart  des  gîtes  des  terrains  secondaires  non  modifiés, 
appartiennent  à  ce  groupe.  On  y  remarque  souvent,  en  effet,  des  roches 
pourries,  comme  l'eurite  ou  porphyre  quartzifère  de  la  mine  d'Huelgoat, 
comme  le  diorite  décomposé  de  la  mine  de  Pontpéan,  ou  bien  des  masses 
argileuses  qui  forment  parfois  une  sorte  d'enveloppe  autour  des  gîtes,  ainsi 
qu'on  le  voit  à  l'exploitation  de  calamine  de  la  Vieille-Montagne  et  dans 
beaucoup  de  minières  de  l'ouest  de  la  France.  D'ailleurs  les  mêmes  fentes 
ont  pu  successivement  être  parcourues  par  des  émanations  à  l'état  de  va- 
peurs et  par  des  émanations  liquides,  et  ce  cas  a  dû  probablement  être  assez 
fréquent,  puisque,  dans  les  régions  volcaniques,  nous  voyons,  sur  des  points 
très-rapprochés,  des  fissures  du  sol  donner  issue  à  des  dégagements  de  gaz 
ou  de  vapeur  et  à  des  sources  thermominérales.  Ainsi  la  liaison  entre  les 
deux  sortes  de  gîtes,  le  passage  des  uns  aux  autres  n'a  rien  que  de  très- 
naturel.  » 

M.  l'abbé  Basiaco  adresse  une  Note  sur  un  moteur  hydraulique  de  son 
invention.  11  annonce  que  des  expériences  vont  être  faites  prochainement 
avec  son  appareil  en  présence  d'une  Commission  désignée  par  le  Gouverne- 
ment, et  émet  le  vœu  que  la  Commission  nommée  par  l'Académie  des 
Sciences  puisse  assister  à  cet  essai.  M.  Basiaco  désire  que  son  moteur  soit 
admis  à  concourir  pour  le  prix  triennal,  et  supposant  à  tort  qu'une  Com- 
mission aurait  été  déjà  nommée  pour  choisir  entre  les  diverses  inventions 
ou  découvertes  qui  sont  de  la  compétence  de  l'Académie  des  Sciences, 
celle  qui  semblerait  mériter  le  prix,  il  voudrait  que  ce  fût  à  cette  Commis- 
sion que  son  Mémoire  fût  dès  aujourd'hui  renvoyé. 

Cette  demande,  qui  repose  sur  des  renseignements  inexacts,  ne  peut  être 
prise  en  considération  :  la  Note  de  M.  Basiaco  est  renvoyée  à  l'examen 
d'une  Commission  composée  de  MM.  Morin  et  Séguier. 


(  855  ) 

M.  Mobot,  auteur  d'une  Note  sur  un  moteur  électromagnétique,  men- 
tionnée au  Compte  rendu  de  la  séance  du  27  août  1 855,  adresse,  comme 
complément  à  cette  première  communication,  un  exposé  d'expériences  dont 
les  résultats  tendent  à  justifier  l'emploi  qu'il  a  fait  de  fils  de  zinc  au  lieu  de 
fils  de  cuivre,  malgré  l'infériorité  reconnue  du  premier  métal  sous  le  rap- 
port de  la  conductibilité. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  déjà  nommés  :  MM.  Becquerel, 

Pouillet,  Séguier.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  transmet  un  opuscule  intitulé  : 
Saggio  di  calcolo  originale...  résolution  numérique  de  divers  problèmes 
de  géométrie  et  de  trigonométrie,  par  M.  O.  Gianotti,  de  Casale  (Etats 
Sardes),  avec  une  copie  de  la  Lettre  d'envoi  également  écrite  en  italien. 

M.  Chasles  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cet  opuscule  et  à  en  faire, 
s'il  y  a  lieu,  l'objet  d'un  Rapport  qui  puisse  être  adressé  à  M.  le  Ministre. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente  au  nom  de  l'auteur  M.  L.-R.  Lecanu, 
professeur  titulaire  à  l'Ecole  de  Pharmacie  de  Paris,  un  volume  intitulé  : 
«  Eléments  de  Géologie  ». 

physique.  —  Communication  faite  par  M.  Becquerel  au  nom  de  M.  Victor 
Doat,  sur  une  nouvelle  disposition  de  pile  voltaique  à  courant  con- 
stant. 

«  La  pile  que  j'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie,  dit 
M.  Doat,  offre  une  disposition  que  je  crois  nouvelle  et  qui  permet  de  régé- 
nérer facilement  les  produits  résultant  de  l'altération  des  substances  em- 
ployées. 

»  Dans  cette  pile,  le  zinc  des  piles  ordinaires  est  remplacé  par  le  mercure; 
l'eau  acidulée  ou  le  chlorure  de  sodium  par  Yiodure  de  potassium;  l'acide 
nitrique  ou  le  sulfate  de  cuivre  des  piles  à  deux  liquides  par  l'iode  dissous 
dans  l'iodure  de  potassium,  et  qui  mis  en  excès  à  l'état  solide  sert  à  mainte- 
nir la  constance.  Le  charbon  est  employé  comme  pôle  négatif. 

»  Une  auge  carrée  en  gutta-percha  renferme  le  mercure  et  l'iodure  alca- 
lin. Le  charbon  et  l'iodure  chargé  d'iode  sont  placés  dans  un  vase  poreux 

1 12.. 


(  856  ) 
carré,  lequel  est  immergé  dans  le  liquide  de  l'auge  à  a  centimètres  au- 
dessus  du  mercure. 

»  Quand  le  circuit  est  fermé,  l'iodure  de  potassium  attaque  le  mercure 
avec  une  très-grande  énergie,  forme  et  dissout  un  iodure  de  ce  métal.  Ce 
dernier  sel  attaque  à  son  tour  le  mercure  avec  rapidité  en  lui  cédant  un 
atome  d'iode,  de  sorte  que  la  surface  du  métal  est  toujours  brillante. 

»  Cette  pile  une  fois  montée  n'a  plus  besoin  d'aucun  autre  soin  que  celui 
de  soutirer  à  l'aide  d'un  siphon  en  verre  le  liquide  saturé  d'iodure  de 
mercure,  et  qu'il  faut  révivifier  pour  avoir  ses  éléments  primitifs.  La  révi- 
vification  s'opère  ainsi  qu'il  suit  : 

»  i°.  L'iodure  de  potassium  s'obtient  en  chauffant  à  une  chaleur  mo- 
dérée, dans  une  capsule  surmontée  d'une  cloche,  le  liquide  provenant  des 
auges.  Le  periodure  de  mercure,  qui  est  très-volatil,  se  sépare  de  l'iodure 
alcalin,  et  va  se  condenser  au  sommet  de  la  cloche. 

»  a°.  Le  mercure  se  révivifie  de  deux  manières  :  une  certaine  quantité 
dans  la  pile  même,  car  l'iodure  de  potassium  en  réagissant  sur  le  mercure 
le  fait  passer  à  l'état  de  protoiodure,  lequel,  en  présence  de  l'iodure  alcalin, 
abandonne  la  moitié  du  mercure  à  l'état  métallique  et  se  change  en  perio- 
dure. Ce  dernier  étant  une  des  substances  qui  réagissent  le  plus  vivement, 
cède  au  mercure  un  atome  d'iode  et  le  change  en  protoiodure  tout  en 
repassant  lui-même  au  même  état.  Ces  deux  protoiodures  abandonnent  à 
leur  tour  la  moitié  du  mercure,  repassent  à  l'état  de  periodure,  et  ainsi  de 
suite.  L'autre  portion  de  mercure  se  révivifie  en  traitant  le  periodure  par 
le  bioxyde  de  barium,  il  se  forme  de  l'oxyde  de  mercure  et  de  l'iodure  de 
barium.  L'oxyde  de  mercure  légèrement  chauffé  abandonne  l'oxygène  et  se 
change  en  mercure  métallique  qu'on  recueille. 

»  3°.  L'iode  s'obtient  en  chauffant  l'iodure  de  barium'  qui  repasse  à 
l'état  de  baryte  caustique,  et  en  le  recevant  sous  une  cloche  fermée. 

»  Pour  connaître  quels  pouvaient  être  les  avantages  de  cette  pile,  j'ai 
chargé  mon  fils  Edmond  de  déterminer  la  valeur  de  la  force  électromotrice 
et  celle  de  la  résistance  ;  il  l'a  fait  au  moyen  d'une  méthode  qu'il  fera  con» 
naître  incessamment  à  lAcadémie. 

»  Ce  couple  a  une  force  électromotrice  faible;  elle  est  un  peu  plus  de 
moitié  de  celle  d'un  couple  à  sulfate  de  cuivre,  et  le  tiers  de  celle  d'un  couple 
à  acide  nitrique.  Sa  résistance  est  telle,  que  pour  une  auge  de  5  décimètres 
carrés  environ,  et  avec  une  épaisseur  de  la  couche  d'iodure  de  potassium  de 
3  centimètres  environ,  elle  équivaut  à  iom,5  d'un  fil  de  cuivre  recuit  de 
i  millimètre  de  diamètre,  et  ce  fil  étant  supposé  à  o  degré  de  température.  » 


(857) 

chimie    ORGANIQUE.  —  Sur  Vhuile  essentielle  contenue   dans  l'alcool  de 
garance;  par  M.  F.  .Iiw.ii  w 

«  Depuis  quelques  années  on  fabrique,  dans  le  midi  de  la  France,  une 
quantité  d'alcool  assez  considérable  par  la  fermentation  des  matières  su- 
crées contenues  dans  la  racine  de  garance.  L'alcool  ainsi  obtenu  possédant 
toujours  une  odeur  très -désagréable  et  tout  à  fait  caractéristique,  il  m'a 
paru  intéressant  de  déterminer  la  nature  des  matières  étrangères  qui  y  sont 
contenues.  Les  recherches  entreprises  à  cet  effet  sous  la  direction  de 
M.  Chancel,  dans  le  laboratoire  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Montpellier, 
font  le  sujet  de  la  Note  que  j'ai  l'honneur  de  communiquer  à  l'Aca- 
démie. . 

»  Les  produits  que  j'ai  pu  me  procurer  étaient  accidentellement  colorés 
en  vert  par  des  sels  de  cuivre  provenant  du  vase  qui  les  avait  contenus. 
Cette  matière  était  moins  dense  que  l'eau  et  laissait  déposer  avec  le  temps 
des  lamelles  cristallines.  Soumise  à  la  distillation,  elle  donne,  jusqu'à  23o  de- 
grés, des  produits  liquides;  à  partir  de  ce  moment,  il  se  dépose  dans  le  col 
de  la  cornue  une  matière  blanche  solide,  et  si  l'on  arrête  alors  la  distilla- 
tion, la  panse  de  la  cornue  se  remplit  de  cristaux  présentant  l'aspect  de 
feuilles  de  fougère. 

»  En  observant  les  indications  fournies  parle  thermomètre  qui  plongeait 
dans  le  liquide  bouillant,  j'ai  dû  soupçonner  dans  les  premiers  produits  de 
la  distillation  la  présence  des  alcools  propionique  et  butyrique,  et  le  temps 
d'arrêt  du  thermomètre  vers  1 3o  degrés  m'a  signalé  la  présence  probable 
de  l'alcool  amylique.  Les  produits  bouillant  à  cette  température  se  trouvant 
en  plus  grande  quantité  que  les  précédents,  j'ai  pu  traiter  par  la  potasse, 
puis  par  le  chlorure  de  calcium  fondu,  toute  la  partie  séparée  vers  i3o  de- 
grés, la  purifier  et  la  soumettre  à  l'analyse,  qui  m'a  donné  des  résultats 
correspondant,  en  effet,  à  la  composition  de  l'alcool  amylique. 

»  La  matière  solide  qui  était  passée  à  la  distillation  à  23o  degrés,  expri- 
mée entre  des  feuilles  de  papier  Joseph,  lavée  à  grande  eau  et  purifiée  par 
plusieurs  cristallisations  dans  l'éther,  se  présente  sous  forme  d'une  poudre 
blanche,  d'une  odeur  poivrée,  mais  qui  rappelle  celle  du  camphre  ordi- 
naire; soumise  à  l'analyse,  ^Ue  a  donné  les  résultats  suivants  : 

i.  il. 

c  =  77>7  77>82 

•H=   12,2  I  1,9 

O  =  10,1  10,28 

qui  correspond  à  C20H,8Oa,  formule  du  camphre  de  Bornéo. 


(  858  ) 
»  Cette  substance  possède  une  saveur  chaude  et  brûlante,  et  donne  par 
sublimation  des  cristaux  qu'au  microscope  j'ai  pu  reconnaître  pour  des 
prismes  hexagonaux.  Projetée  sur  l'eau  en  petite  quantité,  elle  donne  nais- 
sance aux  mouvements  gyratoires  du  camphre;  elle  est  peu  soluble  dans 
l'eau,  mais  très-soluble  dans  l'acide  acétique  ordinaire,  ainsi  que  dans  l'al- 
cool et  l'éther,  d'où  l'eau  la  précipite.  Cette  substance,  distillée  sur  du  chlo- 
rure de  zinc  ou  de  l'acide  phosphorique  anhydre,  donne  naissance  à  un 
hydrogène  carboné  dont  l'odeur  rappelle  à  la  fois  celle  de  l'essence  de  citron 
et  celle  de  bergamote.  Enfin,  elle  se  transforme  en  camphre  des  Laurinées 
sous  l'influence  de  l'acide  azotique  bouillant,  comme  l'a  observé  M.  Pelouze 
sur  le  camphre  extrait  du  Drjobalanops  camphora. 

■  »  Les  cristaux  qui  se  déposent  naturellement  dans  l'essence  brute  ayant 
toutes  les  propriétés  que  je  viens  de  signaler  dans  la  matière  obtenue  par 
distillation,  j'ai  dû  penser  que,  comme  pour  le  camphre  solide  de  Bornéo 
extrait  des  autres  sources,  leur  formation  était  due  à  l'hydratation  d'un 
hydrogène  carboné  contenu  dans  l'essence.  Dans  le  but  de  l'isoler,  j'ai  re- 
pris le  liquide  passé  au-dessus  de  i/jo  degrés  à  la  première  distillation,  après 
l'avoir  mis  en  digestion  sur  de  la  potasse,  puis  sur  du  chlorure  de  calcium 
fondu,  et  l'avoir  distillé  plusieurs  fois,  afin  de  le  débarrasser  du  camphre 
qu'il  avait  entraîné;  j'ai  obtenu  un  liquide  bouillant  à  160  degrés,  et  dont 
l'odeur  était  celle  de  l'essence  de  garance  :  l'analyse  de  cette  substance 
m' ayant  donné 

C  =  88,23 

H=  11,81 

100,04 

• 

et  la  densité  de  sa  vapeur  étant  /j,85,  sa  formule  est  C20H,e  correspondant 
à  4  volumes  de  vapeur.  Cet  hydrogène  carboné  correspondrait  donc  au 
bornéenne,  et  serait  comme  lui  un  isomère  de  l'essence  de  térében- 
thine. 

»  J'aurais  voulu  pouvoir  déterminer  l'action  de  ces  deux  substances  sur 
la  lumière  polarisée;  malheureusement,  ce  qui  me  restait  de  l'hydrogène 
carboné  s'est  trouvé  insuffisant.  Quant  au  camphre,  j'ai  été  surpris  de  trou- 
ver qu'il  déviait  vers  la  gauche  le  plan  de  polarisation  de  la  lumière.  Une 
dissolution  de  0.0  grammes  de  camphre  dans  100  centimètres  cubes  d'alcool 
ayant  donné  une  déviation  de  12  degrés,  j'en  ai  conclu,  d'après  la  formule 
donnée  par  M.  Biot,  que  le  pouvoir  rotatoire  dece  camphre,  pour  une  lon- 
gueur de  1 00  millimètres,  est 

[a]  =  -34,5. 


(  859  ) 
En  résumé,  les  matières  sucrées  contenues  dans  la  racine  de  garance  donnent 
par  la  fermentation,  outre  l'alcool  ordinaire,  les  alcools  supérieurs  que  l'on 
trouve  également  dans  les  alcools  de  marc;  mais  ce  produit  contient  en 
outre  du  camphre  de  Bornéo  déviant  à  gauche,  et  un  hydrogène  carboné 
particulier,  isomère  de  l'essence  de  térébenthine.  » 

Note  de  M.  Biot. 

«  La  matière  solide  que  M.  Jeanjean  a  retirée  de  l'alcool  de  garance, 
s'étant  trouvée  identique  au  camphre  solide  de  Bornéo  de  M.  Pelouze,  par  sa 
composition  chimique,  le  sens  de  son  pouvoir  rotatoire,  l'intensité  égaie  ou 
très-approximativement  égale  de  ce  pouvoir,  et  l'aptitude  à  se  transformer 
en  camphre  des  Laurinées,  après  avoir  perdu  a  équivalents  d'hydrogène, 
cet  ensemble  de  caractères  communs  autorise  complètement  la  conclusion 
que  M.  Jeanjean  a  tirée  de  l'identité  moléculaire  de  ces  deux  corps. 

»  La  persistance  du  pouvoir  rotatoire,  avec  modification  d'intensité  ou  de 
sens,  après  qu'une  partie  des  éléments  constitutifs  a  été  enlevée,  ou  qu'une 
nouvelle  proportion  leur  a  été  ajoutée,  est  aujourd'hui  un  fait  qui  se  constate 
dans  une  multitude  d'exemples,  lorsque  l'action  chimique  par  laquelle  le 
changement  décomposition  est  opéré,  n'a  pas  été  assez  énergique  pour  désor- 
ganiser le  groupe  moléculaire,  auquel  la  propriété  rotatoire  est  attachée.  La 
belle  découverte  de  M.  Pasteur,  sur  l'existence  de  l'acide  tartrique  gauche, 
chimiquement  identique  à  l'acide  tartrique  droit,  avec  des  formes,  un  sens 
et  une  intensité  de  pouvoir  •complètement  symétriques,  a  été  encore  plus 
merveilleuse  et  inattendue,  à  cause  de  la  parfaite  parité  des  éléments  consti- 
tutifs. Un  second  exemple,  tout  semblable  à  celui-là,  a  été  constaté  depuis 
par  M.  Chautard  dans  le  camphre  gauche  de  la  Matricaire,  comparé  au 
camphre  droit  des  Laurinées;  et  il  en  a  formé  aussi  un  acide  camphorique 
gauche,  chimiquement,  ainsi  que  cristallographiquement  identique,  mais  sy- 
métrique, à  l'acide  camphorique  droit.  [T^ojez  le  tome  XXXVII  des  Comptes 
rendus,  page  i66.)Ce  genre  de  recherches,  associé  aux  études  chimiques, 
semble  promettre  une  ample  moisson  de  faits  et  d'aperçus  nouveaux,  à 
ceux  qui  voudront  les  faire  concourir.  » 

astronomie.  —  Note  sur  la  scintillation  des  étoiles;  par  M.  L.-L.  Vallée. 

«  D'après  une  communication  faite  à  l'Académie  dans  la  séance  du 
7  avril  dernier,  M.  Ch.  Dufour  a  fait  plus  de  i3ooo  observations  sur  la 
scintillation.  Il  résulte  de  ces  observations  que  les  étoiles  rouges  scintillent 


(  860  ) 
moins  que  les  étoiles  blanches;  et  M.  Dufour,  en  admettant  la  théorie  de 
M.  Arago,  qui  se  fonde  sur  les  interférences,  montre  que  ce  phénomène 
particulier  s'explique  très-bien. 

»  Il  s'explique  aussi  par  ma  théorie,  qui  est  fondée  sur  la  disposition 
des  diverses  parties  de  l'œil,  disposition  qui  paraît  être  telle,  que  le  noyau 
du  cristallin  peut  envoyer,  par  suite  de  la  trémulation  de  l'air,  des  rayons 
colorés  sur  la  rétine  à  l'endroit  de  l'image  de  l'étoile;  or,  parmi  ces  rayons, 
le  rouge  est  celui  qui  agirait  le  premier  et  le  plus  fréquemment,  et  comme 
il  produit  une  impression  très- visible  sur  une  image  blanche,  tandis  qu'il 
n'en  produit  qu'une  peu  sensible  sur  une  image  rouge,  il  est  clair  que,  dans 
la  scintillation,  et  surtout  quant  aux  couleurs,  les  étoiles  blanches  doivent 
présenter  plus  de  variations  que  les  rouges. 

»  Mais  ce  qui  importe  le  plus,  suivant  moi,  pour  faire  avancer  la  science, 
c'est  de  vérifier  les  expériences  qui  ont  fait  dire  à  Kepler  que  plusieurs 
observateurs  voient  en  même  temps  les  mêmes  changements  de  couleur. 
M.  Arago  a  contesté  ce  fait,  qui  est  absolument  contraire  à  sa  théorie;  mais 
il  l'a  contesté  par  de  faibles  raisons.  [Voir  les  Comptes  rendus,  séance  du 
16  mai  i853,  page  866.) 

»  J'ai  essayé  de  le  vérifier,  et  il  m'a  paru  vrai.  Toutefois,  mes  observations 
ayant  été  faites  sans  prendre  toutes  les  précautions  que  j'indique  dans  mon 
Cours  sur  l'œil  et  la  vision  (note  i3),  je  ne  considère  pas  ces  observations 
comme  convaincantes. 

»  Si  on  les  répète  soigneusement,  on  serti  fixé,  en  premier  lieu,  sur 
l'expérience  de  Kepler;  on  aura,  en  secolid  lieu,  des  lumières  précieuses 
sur  la  théorie  de  M.  Arago,  et  l'on  acquerra,  je  crois,  des  idées  utiles  sur  le 
daltonisme. 

»  En  effet,  ce  qui  êe  passe  accidentellement  pour  la  scintillation  dans  un 
œil  normal,  selon  ce  qui  est  exposé  dans  le  Cours  précité,  peut  se  passer 
journellement  chez  une  personne  dont  le  noyau  du  cristallin  est  trop  dense 
et  trop  rapproché  du  pinceau  efficace,  situé  du  côté  interne  de  ce  noyau, 
de  façon  que  si  cette  personne  regarde  un  point  blanc  situé  sur  un  tableau 
noir,  le  noyau  du  cristallin  peut  envoyer  de  la  lumière  colorée  sur  l'image 
de  ce  point.  Et  si,  en  cherchant  à  ajuster  son  œil  pour  discerner  le  vrai  du 
faux,  le  pinceau  efficace  se  rapproche  et  s'éloigne  du  noyau,  le  point  blanc 
peut  paraître  successivement  rouge,  vert,  jaune  ou  bleu.  De  même,  si  c'est 
un  point  d'un  vert  particulier  qui  est  vu  sur  du  blanc,  il  peut,  pour  de  cer- 
tains yeux,  être  toujours  blanc  ou  toujours  rouge. 


(  86.  ) 
»  On  serait  donc  conduit,  au  moyen  des  expériences  que  j'indique,  à 
étudier  le  daltonisme  en  partant  d'une  théorie  très-plausible,  ce  qui  pro- 
mettrait de  bons  résultats.  » 

anatomie  comparée.    —   Note  sur  V encéphale  de  V Aptéryx  ; 
par  M.  Camille  Dareste. 

«  La  galerie  d' Anatomie  comparée  du  Muséum  possède  deux  cerveaux 
d'aptéryx  provenant  de  la  mémorable  expédition  de  Dumont  d'Urville  au 
pôle  austral. 

»  Ces  cerveaux,  qui  n'ont  pas  encore  été  décrits,  m'ont  présenté  une  par- 
ticularité fort  remarquable.  Les  lobes  optiques,  organes  dont  la  conformation 
et  la  position  forment  le  trait  le  plus  remarquable  du  type  encéphalique  des 
oiseaux,  sont  rudimentaires  chez  l'aptéryx,  et  à  peine  visibles  à  l'extérieur, 
tandis  que  dans  toutes  les  autres  espèces  ils  ont  un  très-grand  volume,  et  se 
présentent  sous  l'aspect  de  deux  grosses  éminences,  occupant  les  parties  la- 
térales et  inférieures  de  l'encéphale. 

»  Cette  modification  de  l'encéphale  n'est  point  la  seule  que  nous  pré- 
sente la  classe  des  oiseaux.  Le  pont  de  Varole  existe  chez  l'autruche  dune 
manière  très-évidente  quoiqu'à  l'état  rudimentaire.  J'ignore  si  le  fait  a  été 
signalé.  Je  ne  l'ai  trouvé  indiqué  nulle  part.  Toutefois  il  me  paraît  difficile 
qu'il  ait  échappé  aux  anatomistes,  car  les  occasions  de  disséquer  des  au- 
truches ne  sont  pas  rares. 

»  Je  n'ai  pu  voir  d'ailleurs  sur  le  cerveau  de  l'autruche,  les  quatre  émi- 
nences mamillaires  que  Duvernoy  y  indique  [Comptes  rendus,  t.  XXXVIII, 
p.  369),  et  je  comprendrais  difficilement  leur  existence,  parce  qu'elle  est  liée 
à  celle  de  la  voûte,  et  que  la  voûte  manque  chez  les  oiseaux. 

»  Cette  modification  du  type  primitif,  très-remarquable  dans  une  classe 
dont  toutes  les  espèces  sont  liées  entre  elles  par  les  affinités  les  plus  intimes, 
trouve  son  application  dans  les  conditions  toutes  spéciales  des  organes  des 
sens  dans  l'aptéryx. 

»  Cet  oiseau,  que  nous  ne  connaissons  encore  que  d'une  manière  très- 
imparfaite,  a,  comme  un  certain  nombre  d'autres  espèces  de  la  même  classe, 
des  habitudes  nocturnes,  mais  qui  sont  le  résultat  d'une  disposition  des 
organes  des  sens,  très- différentes  à  beaucoup  d'égards. 

»  L'organe  de  la  vue,  très-développé  chez  les  oiseaux,  est  surtout  con- 
sidérable chez  les  oiseaux  de  nuit,  les  hiboux,  les  engoulevents,  etc.  Dans 
l'aptéryx,  au  contraire,  l'œil  est  très-petit,  beaucoup  plus  que  chez  aucun 

C.  tu,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  18.)  I  l3 


(  862  ) 
autre  oiseau.  Il  est  de  plus  moins  complètement  organisé.  D'après 
M.  Owen  (i),  qui  nous  a  donné  dans  un  de  ses  plus  beaux  Mémoires  les 
seuls  détails  anatomiques  que  nous  possédions  aujourd'hui  sur  l'aptéryx  (a), 
il  manque  du  peigne,  organe  qui  se  retrouve  dans  tous  les  autres  oiseaux, 
et  même  aussi  dans  certains  reptiles  (3).  Cette  imperfection  de  l'organe  de 
la  vue  est  compensée  parle  développement  considérable  de  l'organe  de  l'o- 
dorat. Tandis  que  chez  la  plupart  des  oiseaux,  même  ceux  dont  le  bec  est  le 
plus  long,  les  narines  n'occupent  qu'une  très-petite  portion  du  bec  supé- 
rieur, elles  occupent  chez  l'aptéryx  toute  l'étendue  de  cette  région,  qui  est, 
comme  on  le  sait,  fort  développée,  et  viennent  s'ouvrir  à  son  extrémité  an- 
térieure. L'organisation  des  narines  est  d'ailleurs  plus  complexe  que  dans 
les  autres  oiseaux  ;  l'ethmoïde,  au  lieu  d'un  simple  canal  pour  la  sortie  du 
nerf  olfactif,  y  présente  une  véritable  lame  criblée  comme  l'ethmoïde  de  la 
plupart  des  mammifères. 

»  Les  expériences  physiologiques  de  M.  Flourens  ont  prouvé  depuis 
longtemps  qu'il  existe  chez  les  oiseaux  une  liaison  physiologique  entre  les 
lobes  optiques  et  l'organe  de  la  vue ,  et  que  la  vision  est  détruite  par  les  lé- 
sions du  lobe  optique.  Magendie  a  confirmé  les  résultats  obtenus  par 
M.  Flourens,  en  montrant  que  l'atrophie  du  lobe  optique  se  produit  fré- 
quemment après  l'ablation  de  l'œil,  que,  par  conséquent,  ces  deux  or- 
ganes ne  sont  pas  uniquement  liés  par  les  fonctions  qu'ils  remplissent,  et 
qu'il  y  a  de  plus  entre  eux  une  véritable  relation  anatomique,  puisque  la 
destruction  de  l'organe  de  la  vue  amène  des  altérations  consécutives  dans 
les  lobes  optiques. 

»  La  disposition  anatomique  que  je  signale  dans  l'aptéryx,  nous  conduit 
par  une  voie  très-différente  à  un  résultat  semblable,  et  nous  montre  le  même 
fait  sous  une  autre  forme  (4). 

»  Il  serait  fort  intéressant  de  savoir  si  cette  diminution  de  volume  des 
lobes  optiques  s'accompagne  chez  l'aptéryx  d'une  augmentation  de  volume 

(i)  R.  Owen,  On  the  anatomy  of  the  southern  aptéryx,  dans  les  Transactions  ofthe  Zoolo- 
gical  Society  (tome  II  ). 

(2)  Les  parties  osseuses  de  l'orbite  sont  également  modifiées,  le  trou  optique  est  percé  dans 
le  frontal  et  non  dans  le  sphéroïde. 

(3)  Flourens,  Recherches  expérimentales  sur  le  système  nerveux.  —  Magendie ,  Journal  de 
physiologie  expérimentale  (  tome  III,  page  38o). 

(4)  Celte  relation,  si  manifeste  chez  les  oiseaux,  existe-t-elle  dans  les  autres  classes  du  type 
des  Vertébrés,  entre  l'appareil  de  la  vue  et  les  parties  de  l'encéphale  qui  correspondent  aux 
lobes  optiques  des  oiseaux  ?  C'est  l'opinion  de  plusieurs  physiologistes  modernes  et  particuliè- 


(  863  ) 
des  parties  de  l'encéphale  qui  servent  à  l'olfaction.  Mais  il  aurait  fallu  pour 
cela  des  dissections  que  je  n'ai  pu  faire.  J'appelle  sur  cette  question  l'atten- 
tion des  anatomistes  qui  seront  assez  heureux  pour  pouvoir  disposer  de 
cerveaux  d'aptéryx.  » 

chimie    —  Sur  la  précipitation  du  protochlorure  d'antimoine  par  l'eau; 
par  M.  Ernest  Baudrimont.    (Extrait.) 

«  Le  protochlorure  d'antimoine,  comme  on  le  sait,  se  liquéfie  par  son  expo- 
sition à  l'air  en  attirant  à  lui  l'humidité  qu'il  y  rencontre,  sans  pour  cela  se 
décomposer;  si,  dans  cet  état  de  déliquescence,  on  lui  ajoute  une  cer- 
taine quantité  d'eau,  ce  sel  donne  alors  un  précipité  blanc  abondant,  connu 
sous  le  nom  de  poudre  d'dlgaroth;  dans  cette  circonstance,  l'eau  a  partagé 
le  protochlorure  d'antimoine  en  un  précipité  d'oxychlorure  hydraté  du 
même  métal,  et  en  acide  chlorhydrique  qui  reste  dans  la  liqueur.  Mais  ce  ' 
qu'on  n'avait  pas  encore  fait  remarquer,  c'est  qu'on  peut  redissoudre  le 
précipité  de  poudre  d'Algaroth,  au  milieu  même  du  liquide  où  on  l'a  formé, 
par  l'addition  d'un  peu  d'acide  chlorhydrique,  puis  faire  reparaître  le  pré- 
cipité par  une  nouvelle  addition  d'eau.  J'ai  pu  répéter  jusqu'à  vingt  fois 
cette  expérience,  sans  en  voir  la  fin,  sur  une  même  quantité  de  protochlo- 
rure d'antimoine  ;  mais,  à  chaque  précipitation  ou  redissolution,  la  dose  du 
liquide  employé  a  dû  être  plus  forte  que  dans  l'expérience  précédente. 

»  J'ai  cherché  à  me  rendre  compte  de  ces  réactions  curieuses,  et  voici 
l'explication  que  je  croispouvoir  en  donner.  Le  protoxyde  d'antimoine  est 
un  de  ces  composés  qui  se  placent  sur  l'extrême  limite  des  acides  et  des 
bases,  dont  il  marque  la  transition  et  dont  il  peut  jouer  le  rôle  tour  à  tour. 
Vis-à-vis  de  l'acide  chlorhydrique,  il  jouira  d'une  propriété  en  antagonisme 
avec  celui-ci;  il  sera  basique.  En  présence  de  l'eau,  au  contraire,  il  chan- 
gera de  rôle,  et  deviendra  acide  par  rapport  à  celle-ci,  qui  agira  comme 
base.  Or  l'acidité  ou  la  basicité  de  Sb2  O3  dépendra  des  proportions  d'eau 
ou  d'acide  chlorhydrique  qu'il  rencontrera.  L'acide  est-il  prédominant, 
Sb203  devient  basique.  Si,  dans  ce  premier  mélange,  on  change  les  rap- 

rement  de  M.  Longet  (Anatomie  et  physiologie  du  système  nerveux,  tome  I,  page  455;  et 
Traité  de  Physiologie,  tome  II,  fasc.  2,  pages  a3  et  220  ). 

Toutefois,  si  cette  relation  paraît  exister  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas,  il  y  a  cepen- 
dant quelques  exceptions  dont  on  n'a  pas  jusqu'à  présent  donné  une  explication  satisfaisante. 

J'étudie  actuellement  cette  question,  mais  je  n'ai  pu  encore  réunir  un  nombre  de  maté- 
riaux suffisant  pour  pouvoir  faire  connaître  mes  idées  à  son  sujet 

n3.. 


(  864  ) 
ports  en  faisant  prédominer  l'eau,  alors  Sb2  O3  se  transformera  en  acide. 
Une  nouvelle  proportion  de  ClH  va,  dans  ce  deuxième  mélange,  intervertir 
de  nouveau  le  rôle  de  Sb2  O3,  et  ainsi  de  suite. 

»  J'ajouterai  qu'un  mélange  de  ioo  parties  d'eau  et  de  1 5  parties  d'acide 
chlorhydrique  à  16  équivalents  d'eau  maintient  le  protochlorure  d'anti- 
'  moine  en  une  dissolution  qui  est  sur  la  limite  de  la  précipitation  :  une 
goutte  d'eau  en  plus  la  blanchit;  puis  une  goutte  d'acide  lui  rend  sa  lim- 
pidité. Ces  proportions  d'eau  et  d'acide  sont  donc,  pour  ainsi  dire,  la 
mesure  respective  de  leur  force  comme  agents  chimiques.  » 

physique.  —  Nouvelle  machine  électrique.  Addition  à  une  précédente  Note 
sur  l  électricité  développée  par  le  papier  chauffé.  (Extrait  d'une  Lettre 
de  M.  J.  Thore.) 

«  J'ai  préparé  une  bande  de  papier  de  20  centimètres  de  largeur  environ, 
dont  j'ai  réuni  les  deux  bouts  en  les  collant  ensemble  de  manière  à  en 
former  un  ruban  sans  fin.  J'ai  tendu  ce  ruban  sur  deux  rouleaux  en  bois 
recouverts  de  soie  et  distants  l'un  de  l'autre;  puis  j'ai  imprimé  un  mouve- 
ment rapide  de  rotation  à  l'un  des  rouleaux,  en  appuyant  sur  lui  et  sur  le 
papier  qu'il  faisait  circuler,  un  fer  à  repasser  préalablement  chauffé.  J'ai 
vu  la  bande  de  papier  se  charger  bientôt  d'une  quantité  remarquable  d'é- 
lectricité; de  sorte  qu'il  m'est  bien  démontré  que  l'on  pourrait  construire 
ainsi  des  petites  machines  électriques  très-simples,  très-peu  coûteuses,  et 
pouvant  fonctionner  dans  des  conditions  atmosphériques  qui  neutralisent 
les  effets  des  machines  ordinaires  à  plateau  en  verre.  » 

La  Société  d'Horticulture  de  Londres  adresse  ses  remerchnents  à  l'Aca- 
démie pour  l'envoi  de  deux  nouveaux  volumes  des  Comptes  rendus  (les 
tomes  XL  et  XLI). 

M.  Doyère  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  exemplaire  d'un  opuscule 
dans  lequel  il  a  résumé  ses  travaux  sur  la  conservation  des  grains.  «  Le 
système  que  je  propose,  dit-il,  vient  d'être  mis  en  expérience  par  les  ordres 
de  M.  le  Ministre  de  la  Guerre,  et  je  suis  heureux  de  pouvoir  lui  en  témoigner 
ma  reconnaissance  comme  à  un  Membre  de  l'Académie.  J'attends  les  résul- 
tats de  ces  essais  avec  confiance;  mais  ce  que  je  crois  pouvoir  réclamer  dès 
à  présent,  c'est  d'avoir  montré  tout  le  parti  qu'il  y  avait  à  tirer  pour  ce 
grand  problème  de  la  considération  de  l'humidité  propre  au  grain.  » 


(  m  ) 

M.  Phipson  adresse  de  Bruxelles  un  exemplaire  d'un  opuscule  qu'il  a 
publié  récemment  «  sur  la  fécule  et  les  substances  qui  peuvent  la  remplacer 
dans  l'industrie  ». 

Conformément  au  désir  exprimé  par  l'auteur,  ce  travail  imprimé  est  ren- 
voyé, à  titre  de  renseignement,  à  la  Commission  chargée  d'examiner  un 
Mémoire  récent  de  M.  Dubrunfaut,  sur  l'inuline,  Commission  qui  est  com- 
posée de  MM.  Payen  et  Peligot. 

M.  Boucart  (Pierre)  annonce  avoir  inventé  un  nouveau  système  de  mo- 
teurs dans  lequel  l'air  remplace  la  vapeur,  système  qu'il  désire  soumettre 
au  jugement  de  l'Académie. 

Si  M.  Boucart  veut  envoyer  une  description  suffisamment  détaillée  de  son 
appareil,  cette  description  sera,  s'il  y  a  lieu,  renvoyée  à  l'examen  d'une 
Commission. 

M.  Riedl  Leuenstern  demande  et  obtient  l'autorisation  de  reprendre  deux 
Mémoires  sur  les  nombres  polygonaux  précédemment  adressés  par  lui  et 
mentionnés  dans  les  Comptes  rendus  des  séances  du  6  novembre  1 854  et 
i4  mai  i855.  Il  annonce  avoir  autorisé  M.  Franck,  libraire  à  Paris,  à  retirer 
en  son  nom  ces  manuscrits. 

M.  JViepce,  médecin  inspecteur  des  eaux  d'Allevard,  prie  l'Académie  de 
vouloir  bien  faire  constater  par  une  Commission  les  bons  effets  d'un  médi- 
cament qu'il  emploie  contre  le  goitre  et  dont  il  offre  de  fournir  les  quanti- 
tés suffisantes  pour  les  expériences  avec  les  indications  nécessaires  pour 
l'appliquer. 

Tant  que  M.  Niepce  n'aura  pas  fait  connaître  la  composition  du  médi- 
cament qu'il  emploie,  sa  demande  ne  pourra,  d'après  les  usages  constants 
de  l'Académie,  être  prise  en  considération. 

M.  J.-J.  Stuart  écrit,  de  Tyrnau  en  Hongrie,  pour  demander  les  moyens 
d'arriver  à  connaître  les  rapports  des  mesures  françaises  avec  les  mesures 
autrichiennes  et  quelques  autres  mesures  étrangères. 

L'auteur  trouvera  dans  l'annuaire  du  Bureau  des  Longitudes^  qu'il  lui 
sera  facile  de  se  procurer,  des  Tables  de  réduction  de  la  plupart  des  me- 
sures étrangères  en  mesures  françaises  du  système  métrique. 


(  866  ) 

M.  Duhamel  écrit  du  département  de  la  Charente-Inférieure  pour  offrir 
de  faire  connaître,  moyennant  une  rémunération,  des  méthodes  qu'il  dit 
avoir  découvertes  pour  obtenir  d'une  manière  facile  la  mesure  des  divers 
solides  à  forme  régulière. 

Cette  demande  ne  peut  être  prise  en  considération. 

A  5  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 


COMITE  SECRET. 

La  Section  de  Botanique  propose,  par  l'organe  de  son  doyen  M.  Bitox- 
oxi  art,  de  déclarer  qu'il  y  a  lieu  d'élire  à  la  place  vacante  par  suite  du  décès 
de  M.  de  Mirbel. 

L'Académie  va  au  scrutin  sur  cette  question. 

Sur  43  votants , 

Il  y  a 39  oui 

Et 4  non- 

En  conséquence,  la  Section  est  invitée  à  présenter  dans  la  prochaine 
séance  une  liste  de  candidats. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  É.  D.  B. 


(867  ) 

BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  28  avril  i856,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Essai  sur  les  principaux  points  de  physiologie  ;parM.  C.-F.  BOUCHER.  Paris, 
i856;  1  vol.  in-8°. 

Observations  sur  tes  effets  thérapeutiques  de  la  morphine  ou  narcéine  ;  par 
M.  V.  Bally;  br.  in-4°. 

Documents  et  mélanges  publiés  à  l'occasion  de  la  maladie  asiatique  introduite 
dans  les  Etats-Romains  et  les  Alpes  dauphinoises  ;  par  le  même.  Paris,  i855  ; 
1  vol.  in-8°. 

Eludes  anatomiques  sur  t  hydrhémo-choladrée ,  écoulement  de  l'eau  du  sang 
parle  tube  digestif ,  et  sur  la  fièvre  jaune,  autre  espèce  d' hémorrhée  ;  IIe  partie; 
parle  même.  Paris,  i856;br.  in-8°. 

Ces  trois  ouvrages  sont  adressés  au  concours  pour  le  prix  du  legs  Bréant. 

De  la  météorologie  dans  ses  rapports  avec  le  choléra  et  l'épidémie  de  certains 
végétaux;  par  M.  leDr  L.  Savoyen.  Chambéry,  i856;  br.  in-8°. 

Des  espèces  exotiques  naturalisées  spontanément  dans  le  Jardin  des  Plantes  de 
Montpellier;  par  M.  Gh.  Martins;  \  feuille  in-8°. 

Le  noir  animal,  analyse,  emploi,  vente;  par  M.  AD.  BOBIERRE.  Paris,  1 856; 
in-12.  (Destiné  par  l'auteur  au  concours  pour  le  prix  de  Statistique.) 

Note  sur  le  terrain  nummulitique  supérieur  du  Dego,du  Carcare,  etc.,  dans 
i Apennin  ligurien;  par  M.  le  professeur  Eue  SlSMONDA;  br.  in-4°. 

Exposé  des  travaux  de  drainage  et  de  dessèchement  exécutés  par  M.  Ch.  de 
Bryas,  dans  sa  propriété  du  Taillan.  Paris,  1 855  ;  in-16. 

Lettre  adressée  à  M.  le  Président  de  t  Académie  des  Sciences;  par  M.  Cl.  Gay, 
relative  à  ses  travaux  scientifiques;  br.  in-4°. 

Historia...  Histoire  physique  et  politique  du  Chili;  par  M.  Claude  Gay. 
Documents,  t.  Ier,  feuilles  a6-34,  et  t.  II;  Histoire,  t.  V;  Botanique,  t.  VI 
et  VIII;  Zoologie,  t.  VII,  feuilles  8-3o,  et  t.  VIII,  accompagné  de  cinq 
livraisons  de  planches  in-40. 

Jahrbuch...  Annuaire  de  l'Institut  Royal  et  Impérial  géologique  de  Vienne; 
6e  année  ;  ier  semestre  1 855  ;  in-4°. 


(  868  ) 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  5  mai  i856,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Table  des  positions  géographiques  des  principaux  lieux  du  globe  ;  par 
M.  Daussy  ;  in-8°.  (Extraits  de  la  Connaissance  des  Temps  pour  les  années 
> 836-i 858.) 

Eléments  de  Géologie;  par  M.  Lecanu.  Paris,  i856;  br.  in-8°. 

Mémoire  sur  la  mise  en  culture  des  terres  vagues  dans  le  département  des 
Landes;  par  M.  A.  DE  Lajonkaire.  Havre,  i856;  br.  in-8°. 

Mémoire  sur  l'ensilage  rationnel,  système  nouveau  pour  conserver  les  grains 
d'après  les  données  positives  de  la  science  et  de  la  pratique,  sans  déchet,  sans  perte 
de  qualité,  sans  travail  et  à  moindre  frais  que  dans  tout  autre  système  ;  par  M.  L. 
Doyère.  Paris,  i856;br.  in-8°. 

Mémoire  sur  la  fécule  et  les  substances  qui  peuvent  la  remplacer  dans  l'indus- 
trie; par  M.  leDrT.-L.  Phipson.  Bruxelles,  i855-i856;  br.  in-8°. 

archives  de  biologie  végétale,  ou  recherches  expérimentales  sur  les  divers  phé- 
nomènes de  la  végétation,  et  observations  nouvelles  sur  la  structure  et  les  mœurs 
des  plantes  ;  recueillies ,  décrites , figurées  et  gravées  par  M.  Germain  de  Saint- 
Pierre;  ire  et  2e  livraisons;  in-4°. 

Reforma...  Réforme  industrielle  et  mercantile,  ou  blocus  continental  européen 
et  américain  de  la  Grande-Bretagne  ;  par  M.  Matias  Gomez  DE  Villaroa. 
Madrid,  i855;br.  in-8°. 

Saggio. . .  Essai  de  calcul  original,  ou  solution  indéterminée  de  divers  problèmes 
de  géome'trie  et  de  trigonométrie;  par  M.  O.  GlANOTTl.  Casale  (États  Sardes), 
i856;  br.  in-8°. 

Address. . .  Discours  prononcé  à  la  séance  annuelle  de  la  Société  géologique  de 
Londres,  le  \6  février  i855  ;  par  le  Président  de  la  Société  M.  W.-J.  Hamil- 
ton.  Londres,  i855  ;  br  in-8°. 


(869) 

PUBLICATIONS     PERIODIQUES     REÇUES     PAR     l' ACADEMIE     PENDANT 

le  mois  d'avril  1836. 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique;  par  MM.  Chevreul,  Dumas,  PELOUZE, 
Boussingault,  Regnault,  de  Senarmont ;  avec  une  Revue  des  travaux  de 
Chimie  et  de  Physique  publiés  à  l'étranger,  par  MM.  Wurtz  et  Verdet  ; 
3e  série,  t.  XLVI;  avril  1 856  ;  in-8°. 

Annales  de  i Agriculture  française,  ou  Recueil  encyclopédique  d'Agriculture  ; 
t.  VII,  n056et  7;  in-8°. 

Annales  des  Sciences  naturelles ,  comprenant  la  Zoologie,  ta  Rotanique,  l'Ana- 
lomie  et  la  Physiologie  comparée  des  deux  règnes  et  l'histoire  des  corps  organisés 
fossiles;  4e  série,  rédigée,  pour  la  Zoologie,  par  M.  Milne  Edwards;  pour 
la  Rotanique,  par  MM.  Ad.  BRONGNIART  et  J.  DECAISSE  ;  tome  IV;  n°  4; 
in-8°. 

Annales  forestières  et  métallurgiques  ;  mars  1 856  ;  in-8°. 

Annales  médico-psychologiques  ;  avril  1 856  ;  in-8°. 

Annali...  Annales  des  Sciences  mathématiques  et  physiques,  publiées  par 
M.  B.  Tortouni;  novembre  et  décembre  i855;  in-8°. 

Annuaire  de  la  Société  météorologique  de  France;  t.  II  ;  IIe  partie.  Tableaux 
météorologiques;  feuilles  4-6  et  32-36;  in-8°. 

Ribliothèque  universelle  de  Genève;  mars  i856;  in-8°. 

Boletin...   Rulletin  de  t  Institut  médical  de  Valence;  mars  1 856;  in-8°. 

Rulletin  de  [Académie  royale  de  Médecine  de  Relgique;  tome  XV  ;  n°*  4 
et  5;  in-8°. 

Rulletin  de  l' Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Reaux-Arts  de 
Relgique;  tome  XXIII,  n°  3;  in-8°. 

Rulletin  de  la  Société  de  Géographie  ;  t.  XI;  n°*  61  et  62;  janvier  à 
mars  i856;  in-8°. 

Rulletin  de  la  Société  d'Encouragement  pour  l'Industrie  nationale;  mars 
i856;  in-4°. 

Rulletin  de  la  Société  française  de  Photographie;  avril  i856;  in-8°. 

Rulletin  de  la  Société  géologique  de  France;  t.  XII,  feuilles  62-65;  in-8°. 

Rulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mullwuse;  n°  i33;  in-8°. 

C.  B.,  i856,  1er  Semestre.  (  T.  XLII,  N°  18.)  X  I  4 


(87o) 

Bulletin  de  la  Société  médicale  des  Hôpitaux  de  Paris;  3e  série,  n08  i  et  2; 
in-8°. 

Bulletin  mensuel  de  la  Société  impériale  zoologigue  d'acclimatation;  mars 
i856;  in-8°. 

Edimburgh...  Journal  philosophique  d'Edimbow g;  nouvelle  série,  n°6; 
vol.  ITI,  n°  2;  avril  i856;  in-8°. 

Il  nuovo  Cimento...  Journal  de  Physique  et  de  Chimie  pures  et  appliquées  ; 
janvier  et  février  i856;  in -8°. 

Journal  d'agriculture  pratique  ;  t.  V,  nos  7  et  8;  in-8°. 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie ,  de  Toxicologie  ;  avril  i856; 
in-8°. 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées,  ou  Recueil  mensuel  de  Mémoires 
sur  les  diverses  parties  des  Mathématiques  ;  publié  par  M.  Joseph  Liou  ville; 
février  et  mars  1 856  ;  in-4°. 

Journal  de  ta  Société  impériale  et  centrcde  d' Horticulture  ;  mars  1 856  ;  in-8°; 
accompagné  de  la  liste  des  membres  de  cette  Société  au  Ier  avril  1 856. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie  ;  avril  1 856  ;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  n°*  19-20;  in-8°. 

Hv  AByivouz  ia.rpix.Yi  [ishciGa...  L'abeille  médicale  d' Athènes  ;  ire  série,  t.  III; 
livraisons  de  janvier  à  avril  1 856  ;  in-8°. 

La  Revue  thérapeutique  du  Midi,  Gazette  médicale  de  Montpellier;  nos  7  et  8  ; 
in-8°. 

L'Art  médical,  journal  de  Médecine  générale  et  de  Médecine  pratique;  avril 
i856;in-8°. 

Le  Moniteur  des  Comices  et  des  Cultivateurs;  n°  6. 

Le  Technologiste ;  avril    i856;in-8°. 

Magasin  pittoresque  ;  avril    1 856;  in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  d' Agriculture ,  des  Sciences,  Arts  et  Belles-Lettres  du 
département  de  l'Aube;  2e  série,  t.  VI,  n09  35  et  36;  2e  semestre  1 855;  in-8°. 

Mémoires  de  l'Académie  impériale  des  Sciences,  Arts  et  Belles-Lettres  de 
Dijon,-  2e  série,  t.  IV.  Année  t859;  1  vol.  in-8°. 

Monatsberrcht. . .  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  royale  des 
Sciences  de  Prusse  ;  février  1 856  ;  in-8". 

Nachricbten...  Nouvelles  de  l'Université  et  de  l'Académie  des  Sciences  de 
Goltingxie;  nos  4  et  5  ;  in -8°. 


(87r  ) 

Nouveau  Journal  des  Connaissances  utiles;  n°  12;  in-8°. 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques,  journal  des  Candidats  aux  Ecoles  Po- 
lytechnique et  Normale  ;  avril  i856  ;  ih-8°. 

Pharmaceutical...  Journal  pharmaceutique  de  Londres;  vol.  XV,  nos  9 
et  10;  in-8°. 

Répertoire  de  Pharmacie;  avril  i856;  in-8°. 

Revista...  Revue  des  travaux  publics  ;  4e  année;  n°7;  in-8°. 

Royal  astronomical...  Société  royale  astronomique  de  Londres  ;  vol.  XVI, 
n°5;  in- 8°. 

Société  agricole,  scientifique  et  littéraire  des  Pyrénées-Orientales  ;  IXe  volume. 
Perpignan,  1 854 ;  in-8°. 

La  Presse  Littéraire.  Echo  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  nos  10-12; 
in-8° 

L'Agriculteur  praticien;  nos  12- 14;  in-8°. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale;  n°  7;  in-8°. 

Bulletin  de  /' Académie  impériale  de  Médecine;  t.  XXI,  nos  i3  et  i4;  in-8°. 

Astronomische. . .   Nouvelles  astronomiques  ;  nos  96 1  -984  ;  in-4°. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences;  ie'  se- 
mestre i856;  ncs  12-17;  m"4°- 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et 
de  leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie;  t.  VIII;  1 3e- 16e  livraisons. 

Gazette  des  Hôpitaux  civils  et  militaires  ;  nos  3g- 5 1 . 

Gazette  hebdomadaire  de  Médecine  et  de  Chirurgie;  n05  14-17- 

Gazetle  médicale  de  Paris;  n04  1 4- 1 7 • 

L'Abeille  médicale;  noa  10-12. 

La  Lumière.  Revue  de  la  Photographie;  nos  14-17- 

L Ami  des  Sciences;  nos  1 4~  1 7 - 

La  Science  ;  n™  10-22. 

La  Science  pour  tous  ;  nos  17-20. 

L'Athenœum  français.  Revue  universelle  de  la  Littérature ,  de  la  Science  et 
des  Beaux-Arts;  nos  14-17;  accompagné  du  Bulletin  archéologique  du  mois 
de  mars  1 856. 

Le  Moniteur  des  Hôpitaux;  n0539-5i. 

Le  Progrès  manufacturier  ;  nos  47- 5o. 

Réforme  agricole,  scientifique,  industrielle;  avril  1 856. 

Revue  des  Cours  publics;  n"'  14-17. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  12  MAI  1856. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  IS,  GEOFFROY- SAINT- HILAIRE. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

A  l'ouverture  de  la  séance,  M.  Is.  Geoffroy-Saint-Hilaire  annonçait 
que  M.  Binet,  qui,  le  28  avril  dernier,  avait  encore  exercé  les  fonctions  de 
Président,  était  très-dangereusement  malade.  M.  Binet  est  mort  avant  que 
la  séance  fût  terminée.  L'Académie  a  appris  cette  triste  nouvelle  au  moment 
où  elle  allait  se  séparer. 

chimie.  —  M.  Chevreul  lit  une  introduction  au  septième  Mémoire  de  ses 
recherches  chimiques  sur  la  teinture.  Elle  a  pour  titre  :  Comparaison  de 
Vanalyse  minérale  avec  l'analyse  organique  immédiate,  et  conséquence 
quon  peut  en  déduire  pour  établir  une  méthode  de  cette  dernière  analyse. 

chimie  appliquée.  —  Nouvel  acide  extrait  d'une  plante  mexicaine,  et  qui 
paraît  pouvoir  être  employé  dans  la  teinture;  Lettre  de  M.  Ramon  de  la 
Sagra,  Correspondant  de  l'Académie  des  Sciences  Morales  et  Politiques,  à 
M.  le  Secrétaire  perpétuel. 

«  Je  viens  vous  prier  de  présenter  à  l'Académie  des  Sciences  l'échantillon 
ci-joint  d'un  nouvel  acide,  qui  se  trouve  cristallisé  dans  les  racines  sèches 

C.  R.,  iS56,  1er  Semestre.  (T.  XLH,  N°  19.)  I  I  5 


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d'une  plante  du  Mexique,  appelée  dans  le  pays  pipitzahoac,  où  elle  est  em- 
ployée comme  purgatif  drastique.  Le  Dr  Hernandez  en  a  fait  mention  dans 
l'ouvrage  intitulé  :  Historia  Plantarum  Novœ-Hispaniœ. 

»  Cet  acide  et  un  échantillon  de  la  plante  et  de  la  racine  se.  trouvaient 
dans  les  vitrines  de  l'Exposition  mexicaine  au  Palais  de  l'Industrie.  La  Com- 
mission mexicaine  a  eu  l'extrême  complaisance  de  me  les  céder,  pour  les 
faire  examiner  et  connaître. 

»  La  plante,  ayant  été  déterminée  par  M.  Weddell,  du  Muséum  d'His- 
toire naturelle,  se  trouve  être  la  Dumerilia  Humboldtia,  de  Lessing,  de  la 
famille  des  Synanthérées,  déjà  si  riche  en  produits  remarquables  et  utiles  à 
la  médecine. 

»  Le  nouvel  acide  a  été  étudié  au  Mexique  par  le  professeur  M.  Rio  de  la 
Loza,  qui  en  a  fait  le  sujet  d'un  Mémoire  lu  à  l'École  de  Médecine  du  pays, 
le  22  novembre  i852.  C'est  à  cause  de  cette  première  communication  scien- 
tifique, que  le  nouvel  acide  porte  le  nom  Riolozique,  tiré  de  celui  du  savant 
mexicain.  Il  en  a  reconnu  et  exposé  les  propriétés  physiques  et  chimiques. 
Parmi  celles-ci,  il  y  en  a  qui  recommandent  le  nouvel  acide  pour  la  tein- 
ture, car  il  se  combine  avec  les  alcalis  et  les  oxydes  métalliques,  formant 
des  sels  de  diverses  nuances  qui  se  fixent  bien  sur  les  étoffes  de  laine,  de  soie 
et  de  coton.  Si  l'Académie  juge  convenable  de  nommer  une  Commission,  je 
me  ferai  un  devoir  de  lui  transmettre  d'autres  renseignements.  » 

MM.  Chevreul  et  Pelouze  sont  invités  à  examiner  les  spécimens  présentés 
par  M.  Ramon  de  la  Sagra. 

M.  î/IIoMHius  Fiions  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  exemplaire  d'un 
opuscule  qu'il  vient  de  publier  sous  le  titre  de  :  Observations  sur  le  Pecten 
glaber. 

zoologie.  —    Tableaux  paralléliques  de  V ordre  des  Gallinacés  ; 
par  S.   A.  le  Prince  Bonaparte. 

«  Poursuivant  mes  études  sur  les  classifications  paralléliques,  j'en  suis 
venu  à  devoir  appliquer  aux  Précoces,  qui  constituent  la  seconde  sous- 
classe  des  Oiseaux,  les  mêmes  principes  à  l'aide  desquels  j'ai  divisé  les 
Altrices,  dont  est  formée  la  première. 

»  Je  donne  ici  les  tableaux  systématiques  du  neuvième  ordre,  de  l'ordre 
entier  des  Gallinacés,  c'est-à-dire  celui  de  la  tribu  des  Passerigalles,  et  ceux 


(  875  ) 
des  trois  cohortes  des  vrais  Gallinacés ,  dont  la  dernière  est  de  beaucoup 
la  plus  nombreuse.  On  sait  que  cet  ordre,  que  je  n'élève  dans  sa  série 
qu'au  niveau  de  celui  des  Pigeons,  l'un  des  derniers  de  ma  première  sous- 
classe,  n'en  commence  pas  moins  la  seconde,  dans  laquelle  il  est  suivi  par 
l'ordre  des  Êchassiers,  qui  correspond  à  celui  des  Herodes,  par  l'ordre  des 
Palmipèdes,  correspondant  aux  Gavies,  et  par  les  RuHipennes,  qui  terminent 
la  classe  des  Oiseaux,  correspondant  aux  Impennes,  les  derniers  aussi  de  leur 
série. 

»  Par  une  curieuse  coïncidence,  que  je  constate  avec  bonheur  pour  la 
première  fois,  il  se  trouve  que  tous  les  Oiseaux  désignés  par  les  chasseurs 
et  les  gastronomes  sous  le  nom  de  gibier,  appartiennent  à  la  seconde  sous- 
classe  des  Précoces,  qu'ils  constituent  même  en  entier,  tandis  que  la  pre- 
mière, celle  des  Altrices,  n'en  contient  pas  un  seul. 

»  La  synonymie  de  mes  tableaux  pourra  cette  fois  offrir  un  intérêt 
spécial,  attendu  que  M.  Pucheran  a  bien  voulu  s'en  rapporter  à  moi  pour 
l'indication  des  types  de  notre  Musée  qu'il  lui  restait  à  faire  connaître, 
comme  il  l'a  déclaré  lorsqu'il  a  clos  sa  publication  si  appréciée  en  Alle- 
magne et  partout  où  l'on  travaille  sérieusement.  Je  n'ai  accepté  cette  espèce 
d'héritage  que  sous  bénéfice  d'inventaire,  c'est-à-dire  que  j'ai  puisé  large- 
ment dans  ses  notes,  et  me  suis  éclairé  de  son  expérience. 

»  Deux  des  espèces  nouvelles  énumérées  dans  mon  second  tableau 
méritent  d'être  caractérisées  dès  à  présent;  les  autres  le  seront  dans  la 
dernière  partie  du  Conspectus,  dont  l'impression  se  continue  à  Leyde. 

»  i.  Pipile  (i)  argy rôtis,  Bp.,  de  Caraccas,  semblable  à  P.  marail, 
mais  la  face  encadrée  de  blanc  mat,  plus  étendu  et  plus  brillant  sur  la  ré- 
gion des  oreilles. 

■»  i.  Orlalida  montagnii(2),  Bp.,  de  la  Nouvelle-Grenade,  semblable 
pour  la  taille  et  pour  la  couleur  à  Chamœpetes  goudoti,  mais  à  poitrine 
d'un  gris  légèrement  olivâtre,  avec  les  plumes  bordées  de  blanc,  comme 
dans  les  vraies  Pénélopes  :  le  croupion  largement  lavé  de  roux.  » 


(i)  Le  genre  Pipile  est  établi  ici  en  remplacement  de  Pénélope ,  Wagler,  un  peu  modifie  ; 
le  genre  Pénélope,  Merrem  ,  correspondant  plutôt  à  Salpiza ,  Wagler,  groupe  artificiel 
affublé  d'un  nom  illégal.  —  J'ai  aussi  fait  subir  une  légère  modification  au  nom  Penelops , 
emprunté  à  Pline  par  Reichenbach ,  afin  de  pouvoir  lui  laisser  la  jouissance  de  son  genre  , 
d'ailleurs  à  peine  distinct  à? Ortalida. 

(2)   Gallieorum  Cryptogamistarum  facile  Principi ,  amicissimo  Montagno  dicata. 


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Subf.   11.  Argusaninee. 


K..    ARGBSANE*. 


26.  Argusanus,  Raf. 

68.  g'iganteus,  Temm. 
(pavoninus,  Vieill. 
argus,  L.) 

69.  ocellatus  ,  Yen.  ' 


ORDO  IX. 

TRIBUS  II. 
COUORS  II. 


FAMIX.IA  8.  PAVONIDffi. 


27.  Pavo,  t. 
70.  cristatus,  L. 

{assamensis,  Mac  Clell .)_' 


Subf.   12.   Favoninee. 


L.    PAVONE*. 


28.  Spiciferus,  B/j 
71.  muticus,  L. 

(  japonensis,  Br. 
javanicus,  Horsf. 
spiciferus,   Vieill. 
aldrovandi ,  Wils.) 


M.    POLÏPLECTREX.' 

29.  Polyplectron ,  Temm. 

72.  bicalcaratum ,  L. 
{malaccensis,  Scop. 
iris,  Bodd.  nec  Temm. 
argus,  Temm.) 

73.  hardwicki,  /.  Gr. 

{iris,  Temm.  nec  Bodd.) 
74-   thibetanus,  Br. 

(  bicalcaratus,  /3.  thibetanus,  L. 

chinquis,  Temm. 

albo-ocellatum ,  Cuv.) 
75?  lineatum,  /.  Gr. 


30.  Emphania,  Reich. 
76.  napoleonis,  Massena. 

(emphanum,  Temm.  mai.) 
77?  hypopyrus,  Bp. 


31.  Chalcurus,  Bp. 
78.  inocellatus,  Cuv. 

{P.  chalcurum,  Temm. 
napoleonis,  faem.  !  Reich.) 


N.    l'IlASUMl.ï. 

32.  Thaumalea,  Wagl. 

79.  picta ,  L. 

(aureus  sinensis,  Br.) 

80.  amherstise ,  Leadh . 

33.  Phasianus,  L. 

81.  colchicus,  L. 

82.  pallidus,  Biehm. 

83.  albo-torquatus,  Bonn, 
{torquatus  ?  Gm.) 

84.  mongolicus,  Pall. 
[torquatus,  Aliq.  ) 

85.  versicolor,  Yieili. 
(diardi,  Temm.) 

34.  Syrmaticus ,  Wagl. 

86.  reevesii,  Gr. 
(veneratus,  Temm.) 

3o.  Graphophasianus,  Reich. 

87.  soemmeringii ,  Temm. 

36.  Catreus,  Caban. 

88.  wallichi,  Hardw. 
(stacii,  Vig.) 

57.  Gennœus,  Wagl, 

89.  nycthemerus,  L. 
(argentatus,  Sw. 
lineatus,  Jard.  nec  Lath.) 


(879) 


GALLIN^E. 

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(.VI.IJ. 


Subf.  13.  Phasianinœ. 


38.  Gallus,  L. 

90.  ferrugineus ,   Gm. 
(bankivn ,  Temm. 
gallinaccus ,  Gesti. 
gallorum,   Less. 
cristatus,  L. 
ecaudatus,  L. 
morio ,  L. 
lanatus ,  L. 
crispus,  L. 

pus: I lus,   L. 

domesticus .  Gm. 
giganteus,  Temm. 
sylvaticus  ex  India,  Gr. 

91.  lafayettii ,  Le«. 
(kikirivulli ,  Temm.) 
lajresnayi,  Aliq.) 

93.  temmincki,  Gr. 

93.  varius,  S7iaw. 
[javanicus,  Horsf. 

furcatus,  Temm.) 

94.  aeneus,  Cuv. 

95?  anstrutheri ,  /.  Gr. 
96.  sonnerati,  Temm. 

{gallus,  Scop.  an  Gm  ? 

indicus,  Leach. 

stanleyi?  J.  Gr.) 


FAIHH.IA  9.  PHASIANIDJE. 


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59.  Gallophasis,  Hodgs. 

97.  leucomelanus,  Lath.. 
(hamiltoni,   J.  Gr.  ) 

98.  albicristatus,  Vig. 

99.  melanotus,  Blyth. 

100.  horsfieldi,  Gr. 
(lathami,  J.  Gr.) 

40.  Grammatoptilus,  Reich. 

101.  lineatus,  Lath.  nec  Auct. 
(reynaudi,  Less. 
fasciatus?  Mac  Clell.) 

41.  Alectrophasis,  Gr. 
roa.  cuvieri,  Temm. 

(melanion,  Vieil].) 
diardi,  Guérin.) 
io3.  personatus,  Temm. 

42.  Acomus,  Reich. 
104.  purpureus,  1.  Gr. 

erythrophthalmus,  i.  Gr.) 
io5.  erythrophthalmus,  Raffl. 

(pyronotus,  Gr. 

E.  diardi,  Temm.  ) 
106?  muthura,  /.  Gr. 
107?  crawfurdi,  ).  Gr. 

45.  Macartneia ,  Less. 

108.  ignita,  Shaw. 
(ru/us,  Radies,  fsem. 
macarineyi ,  Temm.) 

109.  vieilloti,  Gr. 

{ignitus,  Vieil],  nec  Shaw.) 


Subf    14     lophophorinee. 


P.    SATYRE*. 

44.  Pucrasia,  Gr. 
lie.  macrolopha  ,  Less. 

(purrasia,  Gr.) 
m.  castanea ,  Gould. 
lia.  duvauceli,  Temm. 

[pucrasial  Temm. 

nepalensis,  Gould.) 


48.  Satyra,  Less. 

1 1 3.  cornuta,  Br. 
(Meleagris  satyra,  L. 
lathami,  J.  Gr. 
pennanti,  J.  Gr.) 

114.  melanocephala ,  /.  Gr; 
(  PA.  nepalensiSf  J.  Gr. 
Pi.  castaneus,  J.  Gr. 
haslingsii,  Vig.) 

11 5.  temmincki,  J.  Gr. 


Q.    lOPHOPHORE/E. 

46.  Lophophorus,  Temm. 
116.  impeyanus,  iatA. 
(curviroslris,  Shaw. 
refulgetu,  Temm.) 


47.  Crossoptilon ,  Hodgs. 
117.  auritus,  Pu//. 

(thibetanus,  Hodgs.  nec  Br.) 


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V.    TETRA0GALI.E.E. 

Orbis  ant. 

61.  Tetraogallus ,  J.  Gr. 
164.  caspius,  Gm. 

(caucasicus,  Pall. 

nigelli ,  Jard.  t.  'fi.) 
1  ().">.  alpinus,  Molsch. 

(caucasicus ,  Aliq.  ) 
16G.  himalayensis ,  Gr. 

(nigelli,  J.  Gr. 

caucasicus ,  Gr.  nec  Pall.) 

167.  altaicus,  Gebler. 

(  caucasica ,  Eversm .  ) 

168.  thihotanus,  Gould. 

62.  Lerwa ,  Hodgs. 

169.  nivicola,  Hodgs. 

65.  Ithaginis,  Wagl. 

170.  cruentus,  Hardw. 
(gardneri,  Hardw.   foem.) 

64.  Galloperdix,  Blylh. 

171.  gularis,  Temm. 
(polygrammica ,  Val.) 

172.  zeylonensis,  Gm. 
(bicalcarata ,  Penn.  ) 

1 73.  oculea  ,  Temm. 
(ocellatas ,  Radies.  ) 

174.  sphenura,  /.  Gr. 

GS.  Hepburnia ,  Reich. 

175.  spadicea,  Gm. 
(madagascariensis  !  Gr.) 

176.  oleagina,  Bp. 

177.  northise  ,  /.  Gr. 
(spadicea,  fœm.  Auct.) 

178.  lunulata,  Val. 
(hardwicki  ?  Gr.) 


OBDO  IX. 

TRIBUS  II. 

COHORS    III. 
FAMXLIA  13. 


Subfamilia  19.  Perdicinœ. 


W.    FRANCOLINEiE. 


66.  Francolinus,  St. 
J79.  vulgaris,  Steph. 

(francolinus,  L.) 

180.  asiae,  Bp. 

(franc,  minor  ex  Asia,  Auct.) 

181.  henrici,  Bp. 

(franc,  major  alisbrev.  exScind.) 

182.  tristriatus,  Bp. 
(franc,  ex  1ns.  Chipr.) 

i83.  pictus,  Jard. 

(  hepburni,  J.  Gr.) 
184.  perlatus,  Gm. 

(chinensis,  Osbeck. 

maculata,  J.  Gr. 

phayrei,  Blyth.) 
i85.  madagascariensis,  Gm. 

(pinladeus ,  Scopoli  ) 

67.  Peliperdix.  Bp. 
186.  latharai,  Harll. 

(peli,  Temm.  ) 

68.  Ortygornis,  Reich. 
187    ponticerianus,  Gm. 

(orientalis,  Gr.) 

69.  Rhizothera,  Gr. 
88.  longirostris,  Temm. 

(curviroslris ,  Rafil.) 

70.  Pternistis,  Wagl. 

189.  imdicollis ,  Gm. 
(capcnsis ,  Steph.  nec  Gm.) 

190.  rubricollis,  Rùpp, 
(asialica  !  Lath.) 

191.  swainsoni,  Smith. 

192.  cranehi ,  Leach. 
(punclulalus,  Gr.) 


71.  Chœtopus,  Sw. 

a.  Didfmacis,  Reich. 
ig3.  bicalcaratus ,  L. 
(  scnegalensis ,  Br. 
adansoni,  Temm. 
albiscapus  ,  Reich. 

b.  Clamator ,  Blyth. 
194.  capensis,  Gm.  nec  L. 

(clamator,  Temm.) 
ig5.  natalcnsis,  Smith. 

(lechoho  ,  Smith.) 

196.  albigularis,  Gr. 

197.  subtorquatus,  Sm. 
(cor/ui,  Smith.) 

198.  pileatus,  Sm. 

(  scphacna,  Sm.) 

199.  clappertoni,  Chidren. 

200.  ruppelli,  Gr. 
(clappertoni,  Riipp.  nec  Childr 

201.  gutturalis,  Riipp. 


c.  Scleroptcra. 

202.  levaillanti ,  Temm. 

203.  afer ,  Lath. 

204.  erkeli,  Rùpp. 

205.  gariepensis,  Sm. 

(vaillantoïdes,  Sm.) 

206.  concentricus,  /.  Gr. 

207.  adspersus ,  Waterh. 

72.  Margaroperdix ,  R. 

208.  striata,  Gm. 
(madagascariensis ,  Scop. 
griscus,  Gm.    faem. 
pinladeus  I    Aliq.) 


X.    PERDICEiE. 

Orbis  ant. 
73.  Caccabis ,  Kaup. 
209.  rubra,  Dr. 

(rufa,  L.  excl.  syn.) 
210?  labataei ,  Bouteill. 

(  rufidorsalis  ?  Brehm. 

rubra,  part.  Auct.  ) 
211.  petrosa ,  Lath. 

(  rubra  barbarica  ,  Br. 

T.  rufus  var.  S.  Gm.  ) 


74.  Perdix,  Bp. 

212.  saxatilis,  Bechst. 
(rufa ,  part.  Gm. 
rupestris ,  Brehm. 
grecca  !  occident.  Auct.  ) 

21 3.  grajea,  Belon. 

(  chukar  ex  Eur.  Auct.) 
214?  altaica,  Bp. 

(saxatilis!  Brandt. 

chukar.  Aliq.) 
21 5.  chukar,  /.  Gr. 

(pugnax,  Hodgs.) 
21C.  synaica,  Bp. 

(  rupicola  ?  Licht.) 

217.  melanocephala ,  Rùpp. 
(botta,  Mus.  Par.) 

218.  yemensis,  Nicholson. 

(  Francolinus  yemensis.  Nichols.) 


7o.  Ammoperdix,  Gould. 

219.  heyi,  Temm. 
(Jlavirostris ,  Ehrenb. 
rupestris,  Aliq.) 

220.  bonhami ,  Gr. 
(griseogularis ,  Brandt.) 


(  883  ) 


GALLEViE. 

GAIiliDA.lC'F.i:. 

PERDICES. 
PERDICIDJE. 


Y.  STARNE.E. 

Orbis  ant. 

76.  Arboricola,  Hodgs. 
*  Indicœ. 
321.  torqueola,  Valette. 
(  olivacea  ,  J.  Gr. 
megapodia,  Temm.) 

222.  rufigularis,  Blyth. 

223.  intermedia  ,  Blyth. 

224.  brunneipectus ,  Tick 

225.  atrigularis,  Blyth. 
x*  Malasiœ. 

226.  javanica,  Horsf. 

227.  personata,  Bp. 


77.  Starna ,  Bp. 

228.  perdix ,  L. 
(cinerea ,  Lath.  nec  L. 
montana  ?  Gm. 
damascena?  Br. 
sylvestris,  Brehm. 
minor ,  Brehm.  ) 

229.  nov  sp.  Hodgs,  e\  Himal. 
a3o.  thoracica,  Temm. 

23i.  charltoni,  Eyt. 
î32?  scutala,  /.  Gr. 


78.  I'tilopachus  ,  Sw. 

233.  fuscus  ,  Vieill. 
(ventralis,  Valenc. 
erythrorhynchus ,  Sw.) 

234.  soperciliosus ,  /.  Gr. 
(ISollulus  supercil.  J.  Gr. ) 


Z.   ODONTOPHOREdî. 

Americanœ. 
79.  Dendrortyx,  Gould. 

235.  macroura ,  Jard. 
( ncevia?  Gm.) 

236.  leucophrys ,  Gould. 

237.  barbata  ,  Licht. 


80.  Odontophorus,  V/ei//. 
238.  guianensis  ,  Gm. 

(rufus,  Veill. 
rufina ,  Spix.  ) 
23g.  marmoratus,  Gould. 

240.  pachyrhynchus,  Tschudi. 

241.  speciosus,  Tschudi. 

242.  dentatus,  Licht.  vix  Temm. 
(guianensis,  Gr.) 

243  capueira,S/»'a:. 
(dentatus,  Auct.) 

244.  capistratus,  /«rd. 
(malurus?  Sw.) 

245.  stellatus,  Gould. 
(leucosticle,  Natter.) 

246.  guttatus ,  Gould. 

247.  balliviani ,  Gould. 

248.  veraguensis,  Gould. 

81.  Strophiortyx ,  B^. 

249.  columbianus,  Gould. 

250.  strophium ,  Gould. 

25 1.  Iineolatus,  Licht. 
(thoracicus,  Gambel.) 


Subfamilia  20.  Ortyginœ. 


Aa.    ORTYUE.S. 


Americanœ. 
82.  Cyrtonyx,  Gould. 

252.  massena ,  Less. 

(  montezutnœ ,  Vig. 
guttata,  Llave  |832. 
meleagris,  Wagl. 
perspicillata,  Licht.) 

253.  ocellata  ,  Gould. 


85.  Ortyx,  Steph. 

254.  virginiana,  L. 
(marilanda ,  L.  faeni. 
americana  ,  Br. 
novœ-angliœ ,  Br. 
Coi.  ludoviciana ,  Br. 
borealis ,  Temm.) 

255.  cubana,  Gould. 
(virginiana  !  d'Orb.  nec  L.) 

256.  texana,  Laurence, 
(mexicana?  L.) 

257.  nigrigularis,  Gould. 

258.  coyolcos,  Gm. 
(mexicana ,  Br. 
castaneal  Gould.  var.} 

25p.  pectoralis,  Gould. 


Ab.    CALLIPEPLE.€. 

Americanœ. 
84.  Eupsichortyx ,  Gould. 

260.  cristata,  L. 
(temmincki,  Stcph. 
neoxenus,  Vig.) 

261.  leucotis,  Gould. 

262.  sonninii ,  Temm. 
?    affinis,  Vig. 

263.  parvicristata,  Gould. 

264.  leucopogon ,  Gould. 

265.  thoracica ,  Garni. 
266  sclateri,  Bp. 

(  Eups.  gula  nigra.) 


83.  Philortyx,  Gould. 
367.  fasciata,  Gould. 

(perroliana,  O.  des  Murs.) 


86.  Callipepla  Wagl 

268.  squamata,  Vig. 
(cristata,  Llave  nec  L. 
strenua,  Wagl.) 

269.  elegans  ,  Less. 
(spilogastcr,  Vig. 

270.  douglasi,  V'g. 


87.  Lophortyx,  Bp. 

271.  californica  ,  Shaw. 

272.  gambeli,  Nutt. 
(venusla,  Gould.) 

273.  picta,  Douglas, 
(plumifera  ,  Gould.) 


Nota.  —  La  fin  de  l'ordre  des  Gallinacés  se  trouve  à  la  page  8Ji. 


Il6. 


(  884  ) 


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(  885  ) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  transmet  deux  Mémoires  de 
M.  Bïlliard,  médecin  à  Corbigny  (Nièvre),  Mémoires  ayant  pour  titres: 
l'un,  «  Théorie  de  la  phthisie,  »  l'autre,  «  Découverte  des  sources  de  l'ozone 
organique,  suite  du  Mémoire  sur  la  cause  secondaire  du  choléra  ». 

Ces  deux  Mémoires  sont  renvoyés  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine 
et  Chirurgie,  déjà  saisie  du  Mémoire  sur  le  choléra. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  transmet  également  un  Mémoire 
adressé  de  Buenos-Ayres,  par  M.  Bravard,  et  intitulé  :  «  Conspectus  de  la 
faune  fossile  de  l'Amérique  du  Sud  ». 

Ce  Mémoire,  dont  nous  devons  nous  borner  aujourd'hui  à  mentionner 
l'arrivée,  n'est,  comme  le  titre  l'indique,  que  le  cadre  d'un  immense  travail 
que  l'auteur  prépare  pour  la  publication.  Pour  faire  juger  de  son  impor- 
tance, il  nous  suffira  de  dire  que  la  collection  paléontologique  formée  dans 
le  nouveau  monde  par  M.  Bravard  ne  compte  pas  moins  de  six  mille  osse- 
ments ;  elle  donnera  lieu  à  l'établissement  d'un  grand  nombre  d'espèces 
nouvelles,  cinquante  au  moins,  suivant  l'auteur. 

(Commissaires,  MM.  Constant  Prévost,  de  Quatrefages.) 

chimie  organique.  —  Considérations  générales  sur  le  mode  de  constitution 
des  alcools  et  des  éihers  ;  par  M.  Blondeau. 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Balard.) 

physique.  —  Suppression  du  fil  de  cuivre  couvert  en  soie  pour  les  spirales 
des  multiplicateurs;  par  M.  Bonelli.  ' 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Despretz.) 

«  Pour  produire  les  phénomènes  de  l'électromagnétisme  et  du  magnéto- 
électricisme ,  c'est-à-dire  pour  obtenir  de  l'électricité  les  effets  des  aimants, 
et  des  aimants  les  effets  des  électromoteurs,  il  faut  toujours  employer  des 
spirales  de  fil  métallique  revêtu  d'une  substance  qui  l'isole  parfaitement, 
et  qui  consiste,  jusqu'à  présent,  en  une  enveloppe  de  fil  de  soie  ou  de 
coton.  Les  fils  métalliques  qui  composent  ces  spirales  doivent  être  plus  ou 
moins  gros  et  avoir  plus  ou  moins  de  longueur,  selon  les  phénomènes 


(  886  ) 
qu'on  veut  produire  et  selon  les  forces  employées,  mais  bien  souvent  il 
faut  donner  aux  spirales  une  très-grande  longueur,  et  aux  fils  le  plus  petit 
diamètre  possible.  Or  ces  fils  métalliques,  couverts  de  soie  ou  de  coton, 
ont  un  prix  considérable,  qui  est  une  des  objections  qui  rendent  plus  dif- 
ficiles les  applications  pratiques  de  l'électricité;  les  fils  très-fins  surtout 
coûtent  énormément  cher,  et  encore  y  a-t-il  des  limites  de  finesse  qu'on 
n'est  pas  parvenu  à  dépasser,  et  auxquelles  il  faut  se  tenir,  quelle  que  soit 
l'importance  d'avoir  une  plus  grande  finesse  et  une  plus  grande  résistance 
par  conséquent.  Il  y  a  plusieurs  expériences  qu'il  serait  très-important  de 
faire,  et  qui  ouvriraient  peut-être  un  nouveau  champ  à  l'étude  de  l'élec- 
tricité et  de  ses  applications,  et  qu'on  ne  peut  pas  exécuter  faute  de  fils 
très-minces  et  isolés  convenablement. 

»  Le  problème  que  je  suis  parvenu  à  résoudre  est  le  suivant  : 

»  i°.  Faire  à  très-bon  marché  les  spirales  pour  les  machines  électro- 
magnétiques ou  magnéto-électriques,  telles  que  relais,  électro-aimants  pour 
télégraphes,  galvanomètres,  etc. 

»  i°.  Faire  des  spirales  d'une  finesse  infiniment  supérieure  à  celles  des 
fils  les  plus  minces,  et  cela  en  diminuant  des  quatre  cinquièmes  le  prix 
actuel. 

»  Le  moyen  très-simple  d'obtenir  des  effets  d'une  si  haute  importance, 
consiste  dans  la  substitution  aux  fils  métalliques  des  bandes  de  papier  sans 
fin  à  lignes  métalliques. 

»  Que  l'on  suppose,  par  exemple,  une  bande  de  papier  AB  de  la  hauteur 
d'une  bobine  d'électro-aimant  ou  du  châssis  d'un  galvanomètre,  et  sur  la- 
quelle, par  des  moyens  bien  connus,  on  ait  tracé  des  lignes  métalliques 
aa',  hb ',  ce',  dd'  ;  il  est  clair  que  ces  lignes  restent  isolées  l'une  de  l'autre 
par  le  papier  qui  les  sépare,  et  que  le  courant  électrique  pourra  en  par- 
courir une  quelconque,  pourvu  qu'il  y  ait  continuité  dans  le  métal  dont 
elles  sont  faites.» 


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»  Si  donc  on  enroule  ce  papier  sur  la  bobine  ou  sur  le  châssis,  en 


(  887  ) 
faisant  communiquer  tous  les  bouts  a,  b,  c,  d  ensemble  et  avec  un  pôle 
d'une  pile,  et  les  autres  bouts  a',  b',  c\  d',  tous  avec  l'autre  pôle,  on 
aura  l'effet  même  que  donnerait  un  fil  dont  la  section  fût  égale  à  la 
somme  de  celles  de  ces  lignes  et  qui  eût  la  même  longueur  que  la  bande  de 
papier.  Si,  au  contraire,  on  laisse  en  dehors  l'extrémité  intérieure  de  cette 
bande  où  sont  les  bouts  a',  b',  c',  d' ,. . . ,  et  qu'on  réunisse  a'  avec  £,  b' 
avec  c,  c'  avec  d,  en  mettant  ensuite  en  communication  le  bout  a  avec  un 
pôle  de  la  pile,  et  le  bout  d'  avec  l'autre,  le  courant  passera  successivement 
dans  toutes  les  lignes  suivant  la  direction  aa\  bb',cc',  dd',  c'est-à-dire 
marchant  toujours  dans  le  même  sens,  et  donnera  le  même  effet  qu'un  seul 
fil  mince  dont  la  section  fût  égale  à  celle  d'une  des  lignes  susdites,  et  la  lon- 
gueur égale  à  la  somme  de  ces  lignes. 

»  Nous  avons  marqué  quatre  lignes  seulement,  pour  faire  mieux  com- 
prendre la  marche  du  courant,  mais  il  est  évident  qu'on  peut  donner  à  ces 
lignes  et  aux  intervalles  qui  les  séparent  l'épaisseur  de  i  millimètre  et  même 
moins  encore,  de  manière  à  en  faire  tenir  de  quarante  à  cinquante  sur  une 
bobine  ordinaire.  Le  papier  qui  est  entre  ces  lignes  et  au-dessous  d'elles 
les  tient  parfaitement  isolées,  et  comme  ce  papier  peut  être  très-fin  et  très- 
serré  sur  la  bobine,  dans  une  médiocre  épaisseur,  on  pourra  mettre  une 
longueur  très-considérable  de  spirales  métalliques,  qui  auront  par  consé- 
quent une  action  plus  grande  sur  le  fer. 

»  Nous  avons  construit  un  galvanomètre  et  un  électro-aimant  avec  le  sys- 
tème ci-dessus  indiqué,  qui  fonctionnent  à  merveille,  et  nous  nous  occu- 
pons de  fixer  dans  ce  moment,  par  les  calculs  nécessaires,  les  lois  à  suivre 
pour  la  meilleure  construction  des  appareils  électriques  d'après  le  nouveau 
système.  Nous  nous  empresserons  de  communiquer  les  résultats  de  nos 
recherches  à  l'Académie,  dont  nous  espérons  obtenir  l'honneur  d'un 
Rapport.  » 

chirurgie.  —  ablation  totale  de  mâchoire  inférieure,  pratiquée  par  suite  du 
développement  dans  l'intérieur  de  cet  os  d'une  énorme  tumeur  fibreuse  ,■ 
par  M.  le  Dr  Maisonneuve. 

(Commissaires,  MM.  Velpeau,  J.  Cloquet.) 

«  Cette  opération,  qui  n'avait  pas  encore  été  pratiquée  dans  les  hôpitaux 
de  Paris,  est  remarquable  par  la  promptitude  merveilleuse  de  la  guérison, 
par  la  perfection  du  résultat,  et  surtout  par  le  bonheur  avec  lequel  j'ai  pu 
conserver  complètement  le  périoste,  de  sorte  qu'il  ne  serait  pas  impossi- 


.  (  888  ) 

ble,  ainsi  qu'il  résulte  des  beaux  travaux  de  M.  Flourens,  que  l'os  ne  vînt 
à  se  reproduire.  Voici  les  détails  de  cette  opération. 

»  Tramât  (Jérôme),  âgé  de  33  ans,  vint  à  l'hôpital  de  la  Pitié,  le  1 1  avril 
i856,  me  consulter  pour  être  traité  d'une  affection  grave  de  la  mâchoire 
inférieure.  Cette  affection,  dont  le  malade  faisait  remonter  l'origine  à  plus 
de  huit  ans,  avait  débuté  par  le  côté  droit  de  la  mâchoire.  Elle  se  manifesta 
d'abord  par  un  gonflement  diffus  sur  le  trajet  du  corps  de  l'os  ;  puis  les 
gencives  se  tuméfièrent  ;  les  dents,  repoussées  de  bas  en  haut,  devinrent  va- 
cillantes, et  finirent  par  tomber.  A  leur  place  on  vit  [paraître  une  tumeur 
dure,  comme  fibreuse,  qui  envahit  peu  à  peu  l'intérieur  de  la  bouche,  pen- 
dant que  de  son  côté  l'os  continuait  à  grossir  et  formait  relief  à  l'extérieur. 
Tout  cela  s'accomplissait  lentement  et  sans  douleur,  de  sorte  que  le  malade 
ne  s'en  préoccupait  que  médiocrement.  C'est  seulement  depuis  dix-huit 
mois  que  la  gène  de  la  déglutition  et  de  la  parole,  jointe  à  la  difformité  hi- 
deuse de  son  visage,  l'engagèrent  à  se  soumettre  à  un  traitement  régulier. 
Pendant  un  au  environ,  il  fut  soumis  à  l'usage  de  préparations  mercurièlles, 
iodurées,  sulfureuses,  etc.,  sans  que  la  marche  du  mal  fût  en  rien  modifiée. 
C'est  alors  que  sur  les  conseils  des  médecins  de  son  pays,  il  se  décida  à  venir 
à  Paris  consulter  les  maîtres  de  l'art.  Tous  furent  d'avis  que  l'existence  était 
gravement  menacée,  et  qu'une  opération  seule  pouvait  offrir  au  malade  des 
chances  de  salut. 

»  La  maladie  envahissait  alors  la  presque  totalité  de  l'os  maxillaire  ;  seu- 
lement elle  avait  à  droite  un  développement  beaucoup  plus  considérable. 
De  ce  côté,  son  relief  antérieur  égalait  au  moins  le  volume  du  poing.  A  l'in- 
térieur, elle  refoulait  la  langue  et  le  voile  du  palais,  et  remplissait  la  plus 
grande  partie  de  la  cavité  buccale.  Du  côté  gauche,  elle  était  beaucoup 
moins  saillante;  mais  il  était  facile  de  reconnaître  qu'elle  s'étendait  jusqu'à 
la  base  de  la  branche  verticale  de  l'os.  Dans  tous  ses  points  la  tumeur  était 
ferme  et  résistante;  à  l'extérieur  elle  avait  la  dureté  osseuse,  tandis  que  dans 
l'intérieur  de  la  bouche  elle  donnait  plutôt  la  sensation  du  tissu  fibreux. 
Sa  face  gingivale,  entièrement  dépouillée  de  dents  molaires,  offrait  un  sillon 
profond,  dans  lequel  s'engageait  l'arcade  dentaire  supérieure.  En  avant,  au 
contraire,  et  à  gauche,  les  dents  étaient  complètes  et  seulement  un  peu  dé- 
viées de  leur  direction  normale.  Les  téguments  muqueux  et  cutanés  n'of- 
fraient aucune  altération,  ils  glissaient  facilement  sur  la  tumeur.  Aucun 
engorgement  n'existait  du  côté  des  ganglions  ;  la  santé  générale  était  excel- 
lente. Tel  était  l'état  des  choses,  lorsque  le  1 5  avril  je  procédai  à  l'opé- 
ration . 


(  889  ) 

»  Le  malade  étant  soumis  au  chloroforme,  j'incisai  verticalement  la  lèvre 
inférieure  sur  la  ligne  médiane,  et,  continuant  l'incision  horizontalement  du 
côté  droit,  je  divisai  profondément  les  parties  molles  jusqu'au  devant  du  mas- 
séter.  Dans  un  deuxième  temps,  je  divisai  l'os  maxillaire  sur  la  ligne  mé- 
diane au  moyen  de  la  scie  à  chaîne;  puis,  avec  le  hout  du  doigt  et  l'extrémité 
mousse  de  ciseaux  courhes,  je  détachai  les  parties  molles  tant  à  l'extérieur 
qu'à  l'intérieur,  en  ayant  soin  d'enlever  en  même  temps  le  périoste  :  ce  temps 
fut  long  et  laborieux,  à  cause  du  volume  de  la  tumeur  et  de  la  saillie  qu'elle 
faisait  du  côté  de  l'arrière-gorge.  Dans  un  quatrième  temps,  je  fis  basculer 
l'os  pour  amener  en  avant  l'apophyse  coronoïde;  mais  celui-ci,  devenu  trop 
fragile  par  suite  de  la  distension  de  ses  fibres,  se  brisa  au-dessous  de  l'apo- 
physe. Saisissant  alors  celle-ci  avec  un  davier,  je  l'attirai  en  avant,  divisai 
le  tendon  du  crotaphyte  et  du  ptérygoïdien  externe  avec  des  ciseaux  cour- 
bes, et  terminai  cette  première  partie  de  l'opération  en  extrayant  le  con- 
dyle.  Le  plus  difficile  était  fait  ;  l'autre  portion  du  maxillaire,  bien  qu'altérée 
profondément,  était  loin  d'offrir  la  même  tuméfaction.  Aussi  ne  crus-je  pas 
nécessaire  d'inciser  les  parties  molles  extérieures.  Après  avoir  délivré  la  mu- 
queuse gingivale  en  dedans  et  en  dehors  de  l'arcade  dentaire,  j'énucléail'os 
de  son  périoste,  divisai  d'un  coup  de  bistouri  le  nerf  mentonnier;  puis, 
quant  au  masséter  et  au  ptérygoïdien  interne,  je  les  déchirai  près  de  leur 
insertion  avec  le  bout  du  doigt  indicateur.  Faisant  ensuite  basculer  l'os  pour 
attirer  en  avant  l'apophyse  coronoïde,  je  divisai,  avec  des  ciseaux  courbes, 
le  tendon  du  temporal  et  celui  du  ptérygoïdien  externe,  et  par  un  brusque 
mouvement  d'arrachement  je  terminai  l'opération. 

»  L'extirpation  de  la  moitié  latérale  droite  avait  exigé  trois  ligatures  ;  celle 
de  la  moitié  gauche  n'en  réclama  aucune.  Quelques  bourdonnets  de  char- 
pie furent  seulement  introduits  dans  l'espèce  de  cul-de-sac  correspondant 
au  condyle;  puis  je  procédai  au  rapprochement  des  parties. 

»  Par  excès  de  prudence,  et  bien  qne  la  langue  n'eût  aucune  tendance  à 
se  porter  en  arrière,  je  crus  devoir  passer  un  fil  à  la  base  du  frein  ;  puis  je 
rapprochai  les  deux  moitiés  de  la  lèvre,  ainsi  que  les  bords  de  la  plaie  hori- 
zontale du  côté  droit  avec  des  points  de  suture  entortillée,  sur  lesquels  je 
fixai  le  fil  qui  retenait  la  langue. 

»  Immédiatement  après  le  pansement,  le  malade  put  avaler  sans  trop  de 
peine  quelques  gorgées  d'eau  et  de  vin  sucrés  ;  cependant  je  crus  devoir 
opérer  l'alimentation  pendant  les  deux  premiers  jours  avec  la  sonde  œso- 
phagienne. 

»  Les  suites  de  cette  opération  furent  d'une  simplicité  inespérée.  C'est  à 

C.  R.,  i856,  i«r  Semestre.  (T.  XLII,  N°  19.)  i  1 1 


(  89o) 
peine  si  le  malade  eut  la  fièvre  traumatique  ;  la  réunion  de  la  plaie  extérieure 
se  fit  par  première  intension  dans  les  neuf  dixièmes  de  son  étendue.  Dès  le 
deuxième  jour  je  pus  retirer  les  bourdonnets  de  charpie  de  l'intérieur;  le 
quatrième  jour  j'enlevai  les  épingles;  dès  lors  la  guérison  parut  assurée,  et 
en  effet  elle  ne  s'est  point  démentie. 

»  Aujourd'hui,  quatre  semaines  seulement  se  sont  écoulées  depuis  l'o- 
pération, et  la  guérison  est  tellement  parfaite,  qu'on  a  vraiment  peine  à  croire 
à  tout  ce  qui  s'est  passé.  Le  visage,  de  monstrueux  qu'il  était,  est  devenu  ré- 
gulier et  même  gracieux;  l'œil  le  plus  exercé  a  peine  à  y  retrouver  les  traces 
d'une  légère  cicatrice.  Les  mouvements  de  la  bouche  sont  conservés  intacts. 
La  langue  a  recouvré  tous  ses  mouvements  ;  la  parole  est  nette  et  facile  ;  la 
déglutition  s'opère  sans  obstacle,  et  déjà  même  à  la  place  de  l'os  maxillaire 
on  voit  qu'il  se  développe  un  tissu  dense  et  résistant  qui,  grâce  à  l'entière 
conservation  du  périoste,  pourrait  bien  plus  tard  subir  la  transformation 
osseuse. 

Description  de  la  pièce  anatomique* 

»  La  pièce  anatomique  représente  la  mâchoire  inférieure  tout  entière, 
complètement  dépouillée  de  son  périoste.  On  y  remarque  aux  condyles,  aux 
angles  et  à  l'apophyse  coronoïde  des  portions  de  fibres  musculaires  apparte- 
nant aux  masséters,  aux  deux  ptérygoïdiens  et  aux  crotaphytes. 

»  Du  côté  droit,  cet  os  forme  une  tumeur  du  volume  du  poing,  constituée 
par  la  présence  d'une  production  fibreuse,  qui  s'est  développée  dans  son 
intérieur,  et  en  a  écarté  les  fibres  au  point  de  les  réduire  à  une  couche 
mince  et  transparente.  Du  côté  gauche,  l'altération  est  moins  avancée;  ce- 
pendant l'os  a  triplé  de  volume,  et  la  production  fibreuse  s'est  creusé  dans 
toute  l'étendue  delà  portion  horizontale  un  long  canal  de  2  à  3  centimètres 
de  diamètre. 

»  Le  tissu  de  la  production  morbide  est  essentiellement  fibreux,  sans  au- 
cun mélange  de  corpuscules  cancéreux,  épithéliaux,  ou  fibroplastiques.  » 

physiologie.  —    De  la  faculté  asshnilatrice  des  différents  corps  gras; 
par  M.  Berthé.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Cl.  Bernard.) 

«  Les  belles  expériences  de  MM.  Dumas,  Persoz,  Liebig,  Boussingault  et 
autres  savants,  ont  fait  connaître  l'utilité  des  corps  gras  dans  la  nutrition 
comme  aliments  respiratoires.  Celles  de  M.  Claude  Bernard  nous  ont  ap- 


(8ç)i  ) 
pris  quels  agents  la  nature  mettait  en  œuvre  pour  digérer  ces  corps  et  les 
rendre  propres  à  l'assimilation. 

»  Mais  tous  les  corps  gras  ne  possèdent  pas  au  même  degré  la  faculté 
d'être  assimilés  :  les  uns  se  digèrent  avec  une  facilité  presque  inépuisable  ; 
pour  d'autres,  au  contraire,  l'organisme  arrive  promptement  à  un  état  qu'on 
pourrait  considérer  comme  voisin  de  la  saturation,  de  sorte  qu'après  un 
temps  déterminé  on  retrouve  dans  les  excréments  une  proportion  de  corps 
gras  sensiblement  égale  à  celle  qui  a  été  ingérée.  Y  a-t-il  des  règles  qui  ré- 
gissent cette  propriété  assimilatrice  ?  C'est  ce  que  je  me  suis  proposé  d'éclai- 
rer en  entreprenant  les  recherches  exposées  dans  le  présent  Mémoire. 

»  Les  corps  gras  que  j'ai  soumis  à  l'essai  sont,  outre  le  beurre,  les  huiles 
d'amande,  d'œillette,  d'olive,  de  baleine,  l'huile  de  foie  de  morue  dite 
anglaise,  l'huile  de  foie  de  morue  lavée  ou  décolorée  par  les  alcalis  et  le 
charbon,  l'huile  de  foie  de  morue  brune  pure;  toutes  ces  huiles  furent 
successivement  administrées  à  un  même  homme,  bien  portant  et  soumis  à 
un  régime  régulier,  depuis  la  dose  de  3o  grammes  jusqu'à  60  chaque  jour. 
Par  une  détermination  exacte  de  la  quantité  d'huile  contenue  chaque  jour 
dans  les  fèces,  je  suis  arrivé  à  reconnaître  que  la  moyenne  de  jours  néces- 
saires pour  arriver  à  une  saturation  complète,  c'est-à-dire  au  moment  où  la 
presque  totalité  du  corps  gras  se  retrouve  dans  les  excréments,  est  de  douze 
jours  pour  les  huiles  d'œillette,  d'olive,  d'amande;  d'un  mois  environ  pour 
le  beurre,  les  huiles  de  baleine,  de  foie  de  morue  anglaise,  décolorées  ou 
lavées;  et  qu'enfin  un  mois  d'administration  d'huile  de  foie  de  morue  brune 
et  pure  est  insuffisant  pour  qu'il  soit  possible  de  constater  une  augmenta- 
tion appréciable  de  matière  grasse  dans  les  excréments.  D'où  je  conclus  que 
les  corps  gras  peuvent  être  divisés  en  trois  classes  basées  sur  leurs  propriétés 
assimilatrices. 

»  ire  classe.  Corps  difficilement  assimilables.  —  Huile  d'œillette,  d'olive, 
d'amande  et  probablement  toutes  les  huiles  végétales. 

»  2e  classe.  Corps  assimilables.  —  Beurre,  huile  de  baleine,  de  morue 
blanche,  de  morue  décolorée  ou  lavée  et  probablement  toutes  les  graisses 
animales. 

"*  3e  classe.  Corps  très-assimilables.  —  Huile  de  foie  de  morue  brune  et 
pure.  » 


117. 


(  89a  ) 

médecine.  —  De  l'acide  arsénieux  dans  les  congestions  apoplectiques  ; 
parM.  Lamarhe-Picqcot.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Andral,  Balard.) 

L'auteur,  en  terminant  son  Mémoire,  résume  dans  les  propositions 
suivantes  les  résultats  auxquels  il  a  été  conduit  : 

«  La  disposition  à  l'apoplexie  dépend  communément  d'un  accroissement 
outre  mesure  des  globules  du  sang.  L'acide  arsénieux  paraît  avoir  pour 
premier  effet  de  rendre  le  sang  moins  riche  en  globules  et  moins  plas- 
tique, et  il  offre  en  effet,  dans  toutes  les  congestions  de  forme  apoplec- 
tique, un  agent  thérapeutique  des  plus  précieux. 

»  Il  est  indispensable,  avant  de  commencer  une  médication  arsenicale, 
chez  des  sujets  prédisposés  aux  affections  apoplectiques,  de  constater  l'état 
de  richesse  du  sang  ou  de  son  altération  ;  car,  dans  la  supposition  où  ce 
fluide  serait  pauvre  en  globules,  l'usage  de  l'acide  arsénieux,  essentielle- 
ment hyposthénisant,  accroîtrait  cette  condition  anormale. 

»  L'action  de  l'acide  arsénieux  se  liant  d'une  manière  intime  avec  le 
résultat  des  digestions,  on  est  conduit  à  en  faire  usage  au  moment  des  repas, 
afin  d'en  faciliter  la  tolérance  et  l'assimilation. 

»  Il  est  nécessaire  d'en  prolonger  l'usage  au  delà  du  terme  de  la  guéri  - 
son,  afin  d'avoir  plus  de  chances  de  durée.  Dans  le  cas  de  récidive  des 
.'ffections  apoplectiques,  alors  qu'il  s'agit  d'imprimer  une  modification  pro- 
fonde à  l'économie,  il  y  a  nécessité  absolue  de  continuer  le  traitement  pen- 
dant longtemps,  car  cette  modification,  se  liant  aux  actes  de  l'assimilation, 
ne  peut  devenir  stable  qu'à  la  longue. 

»  La  médication  arsenicale  a  pour  résultat  pratique  de  diminuer  les  con- 
séquences fâcheuses  des  congestions  cérébrales,  quand,  par  la  marche  seule 
des  années,  les  individus  sont  prédisposés  à  l'apoplexie  par  une  constitu- 
tion à  prédominance  sanguine. 

»  La  dose  de  l'acide  arsénieux  de  4  milligrammes  à  i  centigramme  par 
jour  a  été  généralement  suffisante  dans  le  traitement  des  affections  apo- 
plectiques. » 

M.  Laignel  adresse  une  réclamation  relative  à  un  Mémoire  présenté  par 
M.  Perreul  dans  la  séance  du  i4  avril  dernier,  et  ayant  pour  titre  :  «  Frein 
agissant  par  pression  verticale,  modification  apportée  au  système  Laignel.  » 

«  Je  ferai  remarquer  à  l'Académie,  dit  M.  Laignel,  que  j'avais  songé  long- 


(8g3) 
temps  avant  M.  Perreul  à  modifier,  dans  le  sens  qu'il  indique,  mon  système 
de  freins,  et  dès  le  Ier  juillet  j'avais  pris  un  brevet  d'invention  pour  une 
modification  qui  ne  me  paraît  différer  de  la  sienne  en  rien  d'essentiel.  Du 
reste,  je  ne  me  faisais  pas  d'illusion  sur  son  efficacité  tant  que  je  ne  serais 
pas  parvenu  "à  la  perfectionner  encore.  La  pièce  ajoutée  est  dans  l'état  ac- 
tuel de  peu  de  service,  parce  que  le  sable  entamé  a  trop  peu  de  profondeur 
et  oppose  trop  peu  de  résistance,  quand  le  temps  est  sec  et  que  la  vitesse  est 
petite;  quand  il  est  mouillé,  au  contraire,  et  que  la  vitesse  est  grande,  la 
pièce  ne  s'y  enfonce  point  et  éprouve  une  suite  de  soubresauts  comme  la 
herse  du  laboureur.  » 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  nommés  pour  le  Mémoire  de 
M.  Perreul  :  MM.  Piobert,  Morin,  Séguier.) 

M.  Isambert  prie  l'Académie  de  voidoir  bien  admettre  parmi  les  pièces  de 
concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  un  opuscule  qu'il  vient 
de  publier  «  sur  l'emploi  thérapeutique  du  chlorate  de  potasse,  spéciale- 
ment dans  les  affections  diphthériques  ».  Conformément  à  une  condition 
imposée  aux  concurrents,  M.  Isambert  joint  à  son  livre  une  Note  manuscrite 
qui  en  offre  l'analyse  raisonnée. 

(Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  Balegcer  adresse  de  Cawnpore  (Bengale)  plusieurs  opuscules,  qu'il  a 
publiés  dans  l'Inde  relativement  à  l'origine  du  choléra  asiatique  et  du  mode 
de  traitement  auquel  il  a  recours  contre  cette  maladie. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie  constituée  en 
Commission  spéciale  du  concours  pour  le  prix  du  legs  Bre'ant.) 

M.  Comping  annonce  l'intention  de  présenter  au  concours  pour  le  prix 
annuel  du  legs  Bréant  un  remède  de  son  invention  pour  la  guérison  des 
dartres,  et  demande  quelles  sont  les  formalités  à  remplir  pour  être  inscrit 
parmi  les  concurrents. 

On  fera  savoir  à  l'auteur  qu'il  doit  faire  connaître  la  composition  du  re- 
mède qu'il  emploie,  et  donner,  s'il  se  peut,  des  observations  suffisamment 
détaillées  d'un  certain  nombre  de  cas  où  cette  médication  a  été  employée 
avec  succès. 


(  «94  ) 

M.  Moysex  adresse  deux  figures  à  joindre  à  sa  Note  sur  un  râteau  méca- 
nique de  son  invention. 

(Renvoi  à  la  Commission   chargée  de  juger  le  concours   auquel  ont  été 
présentés  les  appareils  de  labourage  et  de  jardinage  de  M.  Moysen.) 

CORRESPONDANCE. 

Lettre  de  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique. 

«  Le  roi  de  Hanovre,  voulant  honorer  le  célèbre  mathématicien  Gauss,  a 
fait  frapper  une  médaille  commémorative  et  a  ordonné  qu'elle  fût  distribuée 
aux  établissements  scientifiques  qui  ont  prêté  leur  utile  concours,  soit  à 
l'illustre  savant,  soit  à  l'Université  de  Goettingen.  A  ce  titre,  un  exemplaire 
que  vient  de  m'adresser  M.  le  Ministre  des  Affaires  étrangères,  a  été  des- 
tiné à  l'Académie  des  Sciences  de  l'Institut  impérial  de  France.  Je  m'em- 
presse de  vous  le  transmettre.  » 

A  la  Lettre  de  M.  le  Ministre  est  jointe  la  Lettre  de  la  Société  Royale  des 
Sciences  de  Gôttingue,  annonçant  également  l'envoi  de  la  médaille,  un 
exemplaire  en  argent  et  un  exemplaire  en  bronze. 

chimie  minérale.   —    Action  de  l'acide  iodhydrique  sur  l'argent; 
par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  La  place  qu'occupe  l'argent  parmi  les  métaux  nobles  dans  la  classifi- 
cation de  M.  Thenard  me  paraît  devoir  être  changée,  malgré  la  propriété 
que  possède  l'oxyde  d'argent  d'être  réductible  à  basse  température.  Je  ferai 
valoir  d'abord  à  l'appui  de  mon  opinion  l'observation  si  curieuse  de  M.  Re= 
gnault  (i),  d'après  laquelle  l'argent  décompose  l'eau  à  une  température  peu 
élevée  :  on  sait  qu'alors  il  absorbe  l'oxygène  de  l'eau  pour  produire  cette 
combinaison  instable  à  laquelle  il  faut  attribuer  le  phénomène  du  rochage. 
Il  est  difficile,  il  est  vrai,  de  prouver  que  la  température  de  dissociation  ou 
de  décomposition  spontanée  de  l'eau  est  supérieure  à  celle  qu'exige  l'expé- 
rience  de   M.    Regnault  et  que   l'oxygène    n'est  pas    libre  au    moment 

(i)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  tome  LXII,  page  367  (i836). 


(  895  ) 
où  l'argent  s'en  empare.  Mais  quelques  recherches  que  j'ai  commen- 
cées pour  fixer  approximativement  la  température  de  dissociation  de  l'eau 
et  de  quelques  corps  importants  de  la  chimie ,  me  font  penser  que  c'est 
bien  l'argent  qui  détermine  seul  la  séparation  de  l'eau  en  ses  éléments, 
dont  l'un,  l'oxygène,  est  employé  à  former  un  oxyde  d'argent.  Celui-ci, 
semblable  au  cuivre  oxydulé,  se  dissout  dans  le  bain  d'argent  métallique 
pour  former  une  sorte  de  rosette  qui  se  défait  au  moment  du  rochage. 

»  Ces  considérations  tendraient  déjà  à  rapprocher  l'argent  de  l'étain  et 
du  plomb.  Voici  un  nouveau  fait  qui,  je  crois,  n'a  pas  été  remarqué  et  qui 
conduit  à  la  même  conclusion. 

»  L'acide  iodhydrique  (i)  dissous  dans  l'eau  attaque  l'argent  avec  une 
énergie  extraordinaire,  en  produisant  de  l'hydrogène,  si  bien  qu'en  opérant 
dans  un  tube  de  verre  avec  de  l'argent  laminé  et  de  l'acide  concentré,  la 
liqueur  s'échauffe  et  peut  s'échapper  hors  du  vase,  par  suite  de  l'abondant 
dégagement  du  gaz  hydrogène.  A  froid,  l'action  s'arrête  à  peu  près  quand 
l'acide  est  saturé  d'iodure  d'argent;  mais  elle  recommence  dès  qu'on  chauffe, 
et  on  obtient  par  le  refroidissement  un  sel  cristallisé  en  larges  lames,  inco- 
lore, semblable  au  nitrate  d'argent.  Ce  sel,  très-altérable,  ne  peut  être  isolé 
de  la  liqueur  dont  il  est  imprégné.  C'est,  je  pense,  un  iodhydrate  d'iodure 
d'argent.  La  liqueur  qui  a  fourni  ces  cristaux,  abandonnée  à  elle-même  à 
l'air,  laisse  disposer  d'assez  gros  prismes  hexagonaux  réguliers,  bordés  de 
facettes  modifiant  les  arêtes  horizontales  du  prisme.  On  retrouve  ainsi  avec 
toutes  ses  faces  la  forme  de  l'iodure  d'argent  naturel,  telle  que  l'a  décrite 
M.  Descloizeaux  (2)  et  que  cet  habile  minéralogiste  à  reconnu%tsur  mes 
échantillons.  Analysée  par  M.  Appert,  l'un  de  mes  élèves,  suivant  l'élégant 
procédé  que  M.  Damour  (3)  a  appliqué  à  l'argent  iodé  du  Chili,  cette  ma- 
tière se  représente  par  la  formule  Agi.  Ainsi  donc  cet  iodure  est  tout  à 
fait  identique  à  l'iodure  d'argent  natif. 

(1)  Pour  préparer  facilement  et  sans  danger  plus  d'un  kilogramme  d'acide  iodhydrique 
que  j'ai  consacré  à  mes  expériences,  j'ai  eu  recours  au  procédé  que  j'ai  décrit  dans  les 
Annales  de  Chimie  et  de  Physique  (tome  LXXV,  page  46;  1840).  L'appareil  le  plus  commode 
consiste  en  une  petite  cornue  tubulée  et  bouchée  à  l'émeri,  au  col  de  laquelle  on  soude  un 
tube  recourbé  pour  éviter  tout  contact  entre  le  liège  et  l'acide.  On  y  introduit  d'abord  un 
peu  d'eau,  puis  successivement  du  phosphore  et  de  l'iode  en  excès  jusqu'à  ce  qu'on  ait  pro- 
duit la  quantité  d'acide  iodhydrique  dont  on  a  besoin. 

(2)  Voyez  les  Mémoires  de  M.  Domeyko,  Annales  des  Mines,  tome  VI,  page  i58,  et  de 
M.  Descloizeaux,  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  tome  XL. 

(3)  Annales  des  Mines,  tome  IV,  page  32g;  i853. 


(  896  ) 

»  Le  palladium,  comme  l'argent,  s'attaque  par  l'acide  iodhydrique  avec 
dégagement  d'hydrogène,  faible  à  là  vérité,  mais  très-facile  à  constater,  et 
la  dissolution  du  métal  est  lente.  L'or  et  le  platine  ne  dégagent  pas  d'hy- 
drogène en  quantité  sensible,  quoiqu'ils  se  dissolvent  avec  le  temps  dans 
l'acide  iodhydrique;  mais  tous  les  métaux  communs  que  j'ai  essayés  sont 
dissous  avec  une  énergie  singulière  par  cet  acide.  L'iodure  de  plomb  que 
l'on  forme  ainsi  cristallise  d'une  manière  remarquable. 

»  Je  reviendrai  plus  tard  sur  les  circonstances  curieuses  qui  accom- 
pagnent la  dissolution  de  l'argent  dans  les  acides  bromhydrique  et  chlorhy- 
drique.  Pour  le  moment,  je  me  bornerai  à  conclure  des  faits  contenus  dans 
cette  Note,  qu'il  faut  désormais  classer  l'argent  soit  à  côté  du  mercure,  soit 
même  à  côté  du  plomb  dont  les  combinaisons  ont  avec  les  composés  de 
l'argent  un  grand  nombre  de  ressemblances.  » 

chimie  optique.  —  Sur  la  cause  de  la  variation  du  pouvoir  rotatoire  du 
sucre  de  fécule  et  sur  V existence  probable  de  deux  variétés  de  glucose 
amorphe  ;  par  M.  A.  Béchajhp. 

«  Dans  une  Note  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  récemment  à  l'Aca- 
démie, j'ai  essayé  de  démontrer  que  la  rotation  du  sucre  de  fécule  cristallisé 
était  variable  dans  sa  dissolution  aqueuse,  parce  qu'il  s'y  transformait  peu 
à  peu  çn  sucre  non  cristallisable  C12  H'2  O'2.  On  peut  remarquer,  en  effet, 
que  la  variation  tend  sans  cesse  vers  un  pouvoir  plus  faible,  et  que  la  dé- 
viation devient  et  reste  constante  dès  que  cette  limite  inférieure  est  atteinte. 
J'ai  montré,  de  plus,  qu'en  présence  de  l'eau  la  déshydratation,  lente  à  froid, 
s'opérait  rapidement  à  la  température  de  ioo  degrés,  absolument  comme 
cela  arrive  pour  l'hydrate  ferrique,  et  que  le  pouvoir  rotatoire  immédiate- 
ment obtenu  était  très-voisin  du  pouvoir  le  plus  faible. 

«  M.  Dubrunfaut  {Compte  rendu  de  la  séance  du  21  avril  i855)  annonce 
que  la  vérification  à  laquelle  il  a  soumis  mes  expériences,  l'a  conduit  à  des 
résultats  tout  différents,  sans  qu'il  puisse  assigner  d'une  manière  précise  la 
cause  de  ces  différences.  I^a  critique  m'ayant  paru  très-sérieuse,  j'ai  dû 
chercher  la  cause  de  la  différence  des  résultats  auxquels  était  arrivé  un 
expérimentateur  si  habile  et  si  compétent. 

»  Les  expériences  qui  m'ont  conduit  à  l'explication  du  singulier  phéno- 
mène de  la  variation  du  pouvoir  rotatoire  avec  le  temps,  sont  évidemment 
la  conséquence  du  raisonnement  suivant  : 

w   i°.  Si  le  pouvoir  rotatoire  du  sucre  de  fécule  cristallisé  tend  sans  cesse 


(897) 
vers  une  limite  inférieure,  cela  ne  peut-il  pas  tenir  à  une  déshydratation? 

»  2°.  Si  cette  déshydratation  a  véritablement  lieu,  ne  faut-il  pas  que  le 
pouvoir  rotatoire  du  sucre  de  fécule  déshydraté  soit  invariable? 

»  3°.  S'il  y  a  déshydratation,  il  faut  prendre  pour  diviseur  de  la  fraction 

a  -    V 

— — ,  non  le  poids  du  sucre  cristallisé  déterminé  par  la  pesée,  mais  le  poids 

correspondant  calculé  de  glucose  anhydre. 

»  4°-  Si  le  pouvoir  rotatoire  ainsi  calculé  représente  le  pouvoir  du  sucre 
C,2H,2Ol2,  il  faut  que  ce  nombre  soit  le  même  que  celui  qu'on  obtiendrait 
directement  pour  le  pouvoir  rotatoire  du  glucose  déshydraté  à  dessein. 

»  Or  les  expériences  exposées  dans  le  travail  que  je  défends  ont  justifié 
ces  hypothèses.  Le  savant  chimiste  qui  m'a  fait  l'honneur  de  vérifier  mes 
expériences ,  confirme  d'ailleurs  le  résultat  principal  de  mon  travail  ;  en 
effet,  on  trouve  dans  sa  Note  le  passage  suivant  ;  «  Si  l'on  dessèche  le  glu- 
cose avec  fusion,  on  observe,  en  dissolvant  dans  l'eau  le  glucose  ainsi 
traité,  les  faits  signalés  par  M.  Béchamp,  et  soit  que  la  fusion  ait  été  faite 
avec  ou  sans  perte  de  l'eau  d'hydrate,  la  rotation  du  glucose  dissous  de- 
vient invariable  et  elle  donne  immédiatement  le  pouvoir  rotatoire  le  plus 
faible.  »  En  effet,  d'après  mon  interprétation  même,  le  pouvoir  doit  devenir 
invariable  dès  que  l'on  a  chauffé  à  ioo  degrés,  puisque  je  suppose  que  la 
combinaison  peut  se  détruire  instantanément  dans  l'eau  bouillante  ;  consta- 
tons seulement  que  lorsque  l'eau  d'hydrate  s'est  dégagée,  la  rotation  de- 
vient invariable  et  que  le  pouvoir  immédiatement  obtenu  est  le  plus  faible. 
Nous  sommes  donc  d'accord  sur  ce  point,  qu'il  existe  un  glucose  anhydre, 
non  cristallisé,  à  rotation  invariable,  dont  le  pouvoir  rotatoire  est  le  plus 
faible. 

»  La  question  se  réduit  donc  à  savoir  s'il  est  possible  de  déshydrater  (je 
ne  dis  pas  dessécher)  le  glucose  cristallisé  sans  le  faire  entrer  en  fusion, 
et  si  la  dissolution  de  ce  glucose  anhydre  possède  une  rotation  variable. 
Oui,  on  peut  déshydrater  le  glucose  sans  fusion,  et  la  rotation  du  produit 
déshydraté  est  variable,  quoique  je  n'aie  pas  réussi  à  obtenir  le  pouvoir 
rotatoire  le  plus  élevé.  Mais  l'auteur  n'ayant  pas  dit  à  quelle  température 
et  dans  quelles  conditions  il  avait  desséché  le  glucose  mamelonné  de  raisin, 
j'ai  dû  instituer  une  expérience  à  cet  égard  ;  voici  les  résultats  auxquels  je 
suis  parvenu  (i)  : 

(i)  Les  expériences  que  je  vais  rapporter  ont  été  faites  avec  du  glucose  du  commerce,  que 
j'ai  purifié  par  des  cristallisations  dans  l'alcool  à  96  degrés  centigrades.  Dans  tous  les  glucoses 

C.  R  ,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLll,  N°  19.)  '  I  8 


(  898) 

»  Quand  on  essaye  de  dessécher  du  glucose  cristallisé  de  fécule ,  sans 
soins  particuliers,  on  trouve  qu'il  entre  déjà  en  fusion  vers  70  ou  80  degrés; 
un  peu  plus  tard,  vers  go  ou  100  degrés,  lorsqu'il  a  été  préalablement  séché 
dans  le  vide  sec.  Après  plusieurs  tentatives  infructueuses,  supposant  que  le 
sucre  fondait  dans  l'eau  devenue  libre  par  suite  de  la  destruction  de  la 
combinaison,  j'ai  essayé  d'opérer  la  déshydratation  dans  un  courant  d'air 
sec  à  des  températures  graduellement  croissantes,  afin  d'enlever  au  fur  et  à 
mesure  l'eau  dégagée.  Au-dessous  de  5o  degrés,  le  sucre  ne  perd  que  l'eau 
hygroscopique ,  mais  l'eau  d'hydrate  ne  commence  à  se  dégager  qu'entre 
55  et  60  degrés.  11  faut,  en  opérant  sur  3  ou  4  grammes  de  matière, 
maintenir  pendant  deux  heures  la  température  de  60  degrés  avant  de 
l'élever;  sans  cette  précaution  le  sucre  fondrait  encore,  mais  alors  on  peut 
impunément  chauffer  le  produit  déshydraté  jusqu'à  80  et  même  jusqu'à 
100  degrés  sans  le  faire  entrer  en  fusion.  Après  trois  heures  de  dessicca- 
tion, 3gr,355  de  sucre  cristallisé  sec,  mais  non  séché  dans  le  vide,  s'étaient 
réduits  à  3gr,o26,  résultat  de  la  dernière  pesée.  Théoriquement  on  aurait 
dû  obtenir  3gr,o5. 

»  Voici  les  résultats  de  la  détermination  du  pouvoir  rotatoire  du  même 
sucre  déshydraté  dans  deux  expériences  distinctes. 

»  A.  Sucre  de  fécule  cristallisé  déshydraté  entre  60  et  80  degrés.  J'ai 

appliqué  la  formule  de  M.   Biot  (a)y=j^;   poids   du   sucre  déshydraté 

E  H-  1^,607  ;   somme  des  poids  de  l'eau  et  du  sucre,  P  -+-  E  =  25gr,i07  ; 
durée  de  la  dissolution  jusqu'au  moment  de  l'observation,  vingt-cinq  mi- 
nutes à  t  =  ii°.  Six  heures  du  soir. 
»  Données  : 

£  =  0,06401,    (?  =  1,02577,    l  =  200mra, 

a.j  =  1 2°,47 , .  d'où  [a)j  =  94°,o,6/'  pour  1  oomm  d'épaisseur. 
»  Le  lendemain  à  huit  heures  du  matin,  j'ai  trouvé 

aj=    8°,64,  d'où  (a)y  =  65°,79/ pour  »oomm  d'épaisseur. 

du  commerce  que  j'ai  examinés,  comme  dans  le  sucre  de  fécule  que  j'ai  préparé  moi-même, 
'1  existe  un  produit  non  fermentescible,  soluble  dans  l'alcool  bouillant  et  qui  se  sépare  sous 
forme  visqueuse  par  le  refroidissement.  Le  pouvoir  de  ce  produit,  qui  est  une  variété  de 
dextrine,  est  beaucoup  plus  élevé  que  celui  du  glucose  cristallisé.  J'insisterai  sur  ces  faits  avec 
plus  de  détails  dans  un  Mémoire  sur  la  fécule;  ce  que  j'en  dis  ici  est  pour  faire  voir  que  je  me 
suis  mis  à  l'abri  de  cette  cause  d'erreur. 


(  899) 
Le  même  jour  à  trois  heures  du  soir,  j'ai  trouvé 

a.j=    70, 02,  d'où  («);=  $7°, 26 /'pour  ioomm  d'épaisseur. 

»  B.  Sucre  de  fécule  cristallisé  déshydraté  entre  60  et  80  degrés,  puis 
chauffé  pendant  quatre  heures  à  100  degrés.  Le  sucre  n'a  plus  perdu  de  son 
poids  et  il  n'est  pas  entré  en  fusion. 

»  Poids  du  sucre  déshydraté,  E  =  2gr,o64  ;  somme  des  poids  de  l'eau  et 
du  sucre,  P  -f-  E  =  29^,197  ;  durée  de  la  dissolution  jusqu'au  moment  de 
l'observation,  vingt-huit  minutes  à  t  =  1 20.  Six  heures  du  soir. 

»  Données  : 

Z  —■  0,07069,    â  =    I  ,02926,    l  =  200mm, 

cr.j :=  c3°,  12,  d'où  (a)y  =  90°,02/' pour  iooram d'épaisseur. 
»  Le  lendemain  à  huit  heures  du  matin,  j'ai  obtenu 

ccy  =  9°,o5,  d'où  (a)y  =  65°, 20/* pour  ioomm  d'épaisseur. 
»  Le  même  jour,  à  six  heures  du  soir,  j'ai  obtenu 

«,-  =    8°,35,  d'où  (a);=  57°,38/pour  ioomm d'épaisseur. 

»  Remarquons  :  i°  que  le  pouvoir  le  plus  faible  est  précisément  celui  que 
j'ai  obtenu  en  employant  du  sucre  déshydraté  avec  fusion  ;  20  que  le  pou- 
voir le  plus  élevé  a  été  calculé  en  prenant  pour  E  le  résultat  de  la  pesée 
directe,  c'est-à-dire  le  poids  du  glucose  anhydre  C,2H,2Ol2,  tandis  que 
dans  ma  première  Note  le  pouvoir  le  plus  élevé  avait  été  obtenu  en  prenant 
pour  diviseur  /?,  le  poids  du  sucre  cristallisé,  c'est-à-dire  hydraté.  Pour 
rendre  les  résultats  comparables,  il  est  évident  qu'il  faut  prendre  dans  ces 
deux  expériences  le  poids  calculé  correspondant  à  C,2H,2012,  a  HO.  En 
faisant  cette  opération,  on  trouve  pour  le  pouvoir  le  plus  élevé  dans  l'expé- 
rience A,  (a)j  =  8i°,84,  et  dans  l'expérience  B,  (a),  =  86°,  33,  nombres  très- 
éloignés  du  double  du  pouvoir  le  plus  faible. 

»  Sans  m'arrêter  à  ces  différences,  qui  peuvent  tenir  à  ce  qu'une  partie 
du  sucre  déshydraté  dans  les  conditions  de  ces  expériences  a  passé  à  la 
modification  particulière  qui  donne  immédiatement  le  pouvoir  le  plus  faible, 
il  me  semble  que  les  résultats  précédents  conduisent  à  cette  conclusion, 
qu'il  existe  deux  modifications  distinctes  du  sucre  de  fécule  anhydre, 
C,2H,2012,  dont  l'une,  facilement  fusible  à  100  degrés,  possède  un  pouvoir 
propre  de  570, 3  et  invariable;  dont  l'autre,  infusible  à  100  degrés,  possède 
un  pouvoir  variable  qui  tend  avec  le  temps  vers  le  pouvoir  constant 
de57°,3. 

n8.. 


(  9°°  ) 

»  Quant  à  l'explication  du  phénomène,  elle  se  rattache  très-simplement  à 
celle  que  j'ai  donnée  dans  ma  première  Note.  La  modification  infusible  à 
100  degrés,  mise  en  contact  avec  l'eau,  reconstitue  momentanément  (i)  le 
composé  C,2H,2012,  aHO,  pour  passer  insensiblement  ensuite  à  la  modifi- 
cation fusible  du  glucose  C,2H12  O12.  Je  crois,  en  effet,  que  si  j'ai  obtenu  un 
pouvoir  rotatoire  initial  trop  faible,  cela  tient  à  ce  que,  malgré  les  précau- 
tions prises,  une  portion  du  sucre  avait  subi  la  fusion  ;  ce  qui  tend  à  le 
prouver,  c'est  qu'au  milieu  de  la  masse  du  produit  desséché  qui  était  par- 
faitement blanche,  il  existait  des  points  jaunes  agglomérés:  ces  points  repré- 
sentaient les  plus  gros  amas  dont  l'eau  n'avait  pas  été  enlevée  assez  rapide- 
ment par  le  courant  d'air  sec  et  qui,  par  suite,  avaient  subi  un  commence- 
ment de  fusion. 

»  Certainement,  comme  le  fait  remarquer  M.  Dubrunfaut,  il  existe  une 
différence  profonde  entre  le  sucre  cristallisé  et  le  sucre  amorphe.  Ce  sont 
deux  combinaisons  très-différentes,  caractérisées  par  la  spécialité  de  leur 
action  sur  la  marche  de  la  lumière  polarisée  et  par  leur  solubilité  :  tandis 
que  la  solubilité  de  l'une  est  limitée,  la  solubilité  de  l'autre  est  indéfinie; 
on  en  peut  préparer  des  sirops  très-concentrés  qui  ne  cristallisent  que  len- 
tement, et  dont  le  pouvoir  est  invariable  avant  la  cristallisation,  c'est-à-dire 
avant  la  formation  du  composé  C,2H,2042,  2HO  qui  est  seul  cristallisable. 

■  En  terminant,  je  dois  rappeler  que  dans  ma  première  Note  j'ai  eu  soin 
de  ne  rien  préjuger  sur  la  belle  observation  de  M.  Dubrunfaut,  je  veux  dire 
sur  l'existence  de  substances  mono,  bi  ou  trirotatoires  ;  je  n'ai  pas  affirmé 
que  toutes  les  espèces  de  sucres  à  pouvoirs  variables  dussent  se  comporter 
comme  le  sucre  que  j'ai  observé.  C'est  pour  cela  que  j'ai  expressément  indi- 
qué la  nature  du  produit  sur  lequel  j'opérais,  les  circonstances  spéciales  de 
l'expérimentation,  et  que  j'ai  remis  à  plus  tard  l'examen  général  que  cette 
question  comporte.  Je  sais  parfaitement  qu'une  expérience  isolée  ne  suffit 
pas  pour  établir  une  loi.  La  question  que  j'ai  soulevée  reste  donc  à  l'ordre 
du  jour.  J'ai  cherché  une  explication,  et  le  fait  sur  lequel  elle  est  fondée 
n'est  pas  isolé  dans  la  science,  puisque  l'on  connaît  des  corps  qui  se  déshy- 
dratent spontanément  dans  l'eau.    » 


(1)  Ce  qui  paraît  prouver  qu'il  en  est  ainsi ,  indépendamment  de  la  variation  de  la  rota- 
tion ,  c'est  que  le  glucose  fondu  attire  l'humidité  en  devenant  sirupeux,  tandis  que  la 
deuxième  modification  se  conserve  à  l'état  de  siccité.  Je  n'ai  pas  eu  le  temps  de  m'assurer  si 
le  sucre  reprenait  ainsi  la  quantité  théorique  d'eau. 


(  9QI  ) 

chimie  optique.  —  Note  sur  le  sucre  interverti;  par  M.  Dubrunfaiit. 

«  Nuls  faits  ne  nous  paraissent  mieux  établis  que  ceux  que  nous  avons  fail 
connaître  pour  établir  la  composition  du  sucre  interverti  [Comptes  rendus, 
septembre  1847  et  juillet  1849),  et  cependant  cette  composition  n'a  pas  été 
admise  par  les  savants.  Elle  a  passé  inaperçue  faute  de  vérifications,  et  peut- 
être  aussi  faute  d'explications  suffisantes  pour  répéter  les  expériences  sur 
lesquelles  nous  nous  sommes  appuyé.  Nous  nous  proposons  de  compléter 
aujourd'hui  notre  démonstration  de  1 84g,  et  de  le  faire  sous  une  forme  qui 
en  facilite  l'intelligence. 

»  Le  sucre  de  canne  sur  lequel  nous  avons  opéré  était  chimiquement 
pur;  il  ne  perdait  que  0,001  de  son  poids  par  une  dessiccation  à  +  100  de- 
grés, et  dans  cet  état  sa  densité  a  été  trouvée  égale  à  1 ,63o;  il  a  donné  pour 
moyenne  de  plusieurs  combustions  42,2  de  carbone,  ce  qui  correspond  bien 
à  la  formule 

C,aH,,On. 

Son  pouvoir  rotatoire  moléculaire,  pris  d'après  les  indications  de  M.  Biot, 
a  donné 

nombre  qui  est  un  peu  plus  grand  que  le  nombre  72  donné  par  M.  Biot. 
Cette  différence  peut  s'expliquer  par  l'état  de  pureté  du  sucre  qui  a  servi 
à  nos  expériences. 

»  Ce  sucre,  interverti  avec  soin  par  les  acides,  donne  bien  le  coefficient 
d'inversion  o,38o  reconnu  par  M.  Biot,  et  ce  coefficient,  qui  varie  conti- 
nûment avec  la  température  dans  toute  l'étendue  de  l'échelle  thermomé- 
trique où  les  observations  sont  possibles,  s'applique  à  la  température  de 
-t-  14  degrés. 

»  Par  conséquent,  le  sucre  interverti  pris  avec  la  constitution  C12  Hn  O" 
donnerait  : 

à  +  i4°  (a)y=  —  28,o5o,\. 

»  D'après  nos  observations,  ce  pouvoir  s'affaiblit  de  o,5  en  passant  de 
-l-  14  à  la  température  de  +52,  et  il  est  annulé  vers  -+-  90  degrés.  On  a 
donc  ainsi  pour  ce  sucre, 

à  +  5a°  (a )j=—  14,0295  \, 
à  -t-  900  {tt)j  —  o. 


(  9°2  ) 
»  Le  sucre  interverti,  séché  à  ioo  degrés  dans  le  vide,  offre  une  augmen- 
tation de  poids  de  o,o5  sur  le  poids  du  sucre  de  canne  qui  a  servi  à  le  pro- 
duire. Ce  fait  justifie  bien  la  transformation  et  la  formule  admises  : 

Cu  H.i  0n  +  H0  _  C.2H120)2 

Sucre  de  canne  Sucre  ferinentescible. 

non  fermenlescible. 

»  Par  conséquent,  le  pouvoir  rotatoire  moléculaire  du  sucre  interverti, 
rapporté  au  sucre  de  la  formule  C12  H42  O'2,  deviendrait 

à+i4°  (a)y  =  —  26,6)2 \. 
»  Ramené  à  la  constitution  du  glucose  cristallisé  hydratéC,2H,20,2,2HO, 
il  est 

à-f-i4°  {a)j  =  —  24,224\. 

»  En  faisant  concréter  un  sirop  concentré  de  sucre  interverti,  on  en 
sépare  un  glucose  à  rotation  à  droite,  qui,  convenablement  épuré,  perd 
par  dessiccation  à  100  degrés  o,oo,5  de  son  poids.  Analysé  dans  cet  état, 
il  donne  en  moyenne  3o,, 8  de  carbone,  ce  qui  correspond  à  la  formule 
C,2H,2Ol2.  Il  offre  les  deux  pouvoirs  rotatoires  dans  la  dissolution  dans 
l'eau,  et  ces  pouvoirs  nous  ont  paru  êlre  constants  et  identiques  à  ceux  qu'on 
trouve  dans  les  glucoses  de  diabète  et  de  raisin.  Nous  les  avons  trouvés  : 

Pour  le  composée12  H'  20,2(a),=  +  53,2/, 
Poiir  le  composé  C,a  H* *0,*(a)/  =  4-  48/. 

j>  Il  est  à  remarquer  que  ce  dernier  nombre  est  très-voisin  du  nombre 
-+-  47  /,  qui  a  été  donné  par  M.  Biot  comme  pouvoir  rotatoire  du  glucose 
de  diabète  bien  épuré.  Le  nombre  +  l\?>  /  est  celui  que  nous  avons  adopté 
pour  le  glucose  que  nous  avons  distingué  sous  le  nom  de  glucose  monoro- 
tatoire,  et  avec  cette  donnée  le  pouvoir  rotatoire  initial  de  ce  glucose 
dissous,  que  nous  attribuons  au  glucose  cristallisé,  devient 

PourC,2H,20,2(a)y=-r-  106,4/, 
PourC,2H,40M(a),=  +96/. 

»  Si  l'on  traite  10  grammes  de  sucre  interverti  dissous  dans  100  grammes 
d'eau  par  6  grammes  de  chaux  hydratée,  il  se  forme  d'abord  une  émulsion 
laiteuse  très-fluide;  mais  après  quelques  instants  d'agitation,  le  liquide  s'é- 
paissit et  acquiert  une  grande  consistance.  Cette  masse,  soumise  à  la  presse, 
donne  une  eau  mère  liquide,  qui  renferme  tout  le  glucose  à  droite  à  l'état  de 
glucosate  de  chaux  soluble,  et  la  partie  insoluble  lavée  se  trouve  être  un 


(«),= 

-  io6\; 

(«)y  = 

-  79.5  V 

(«)/  = 

-53\. 

(903  ) 

sucrate  basique  calcaire  cristallisé  (1),  d'où  l'on  peut  séparer  par  l'acide  oxa- 
lique le  sucre  liquide  sensiblement  pur  (2). 

»  Ce  sucre,  tout  à  fait  incristallisable,  identique  avec  le  sucre  d'inuline, 
peut  être  amené  par  la  dessiccation  dans  le  vide  à  une  constitution  identique 
à  celle  du  sucre  interverti  et  du  glucose,  et  qui  est  représentée  par  la  for- 
mule. C'2  H12  O12.  Dans  cet  état  encore  et  avec  cette  constitution,  l'expérience 
donne  pour  ce  sucre , 

à  +  i/j°    température 
à  -1-  5a  » 

à  4-  90  » 

»  Si  l'on  considère  que  le  pouvoir  rotaloire  du  glucose  mamelonné  n'est 
que  peu  ou  point  modifié  par  la  température,  et  si  l'on  rapproche  les  nombres 
que  nous  venons  de  donner  de  ceux  que  nous  avons  donnés  pour  le  sucre 
interverti,  on  admettra  avec  nous  que  ce  dernier  sucre  doit  exclusivement 
au  sucre  liquide  son  pouvoir  rotatoire,  variable  avec  la  tempéraiare.  On 
reconnaîtra  en  outre  que  ce  sucre,  que  nous  avons  isolé  par  la  chaux,  n'a 
subi  par  ce  traitement  aucune  altération,  et  qu'on  peut,  à  juste  titre,  le 
considérer  comme  l'un  des  matériaux  immédiats  constituants  du  sucre  inter- 
verti. 

»  Les  expériences  précédentes  prouvent  à  l'évidence  qu'on  peut  isoler 
du  sucre  interverti  par  des  moyens  simples  et  sans  altération  deux  sucres 
bien  distincts  par  leurs  propriétés  chimiques  et  par  leurs  rotations  antago- 
nistes. Elles  ne  prouvent  pas  cependant  que  la  constitution  du  sucre  inter- 
verti soit  réellement  celle  qui  est  représentée  par  la  formule  suivante,  ainsi 
que  nous  l'avons  énoncé  : 

2(C,2H,,0H)-^-2HO  =  (C,2H,20,2)  +  (C,2H,20,2) 

Sucre  de  canne.  Glucose    /  Sucre  liquide.  \ 

»  On  peut  fournir  diverses  démonstrations  des  faits  exprimés  par  cette 

(  1)  Ce  sucrate  ne  renferme  que  3  équivalents  de  base,  au  lieu  de  6  que  nous  lui  avons  attri- 
bués par  erreur  en  1849,  en  confondant  l'équivalent  simple  du  sucre  avec  l'équivalent 
double  proposé  par  M.  Peligot.  Plusieurs  fois  en  concentrant  ce  sucre,  séparé  de  la  chaux  par 
l'acide  oxalique,  il  nous  a  donné  des  traces  d'un  produit  gélatineux,  comparable  à  l'acide  pec- 
tique.  Ce  produit  est  sans  doute  étranger  à  la  réaction  principale  ;  mais  nous  avons  cru  devoir 
le  signaler  à  cause  des  conditions  remarquables  où  il  se  forme,  c'est-à-dire  dans  des  condi- 
tions analogues  à  celles  où  la  pectine  se  rencontre  dans  les  fruits. 

(2)  Nous  avons  reproduit  plusieurs  fois  cette  expérience  depuis  dix  ans  en  présence  de 
chimistes  éminents,  qui  ont  pu  en  vérifier  l'exactitude;  nous  citerons  entre  autres  MM.  Me' 
sens,  Stas,  Bussy,  Ruhlmann,  Magnus,  etc. 


(9°4) 

formule.  Nous  nous  bornerons  à  donner  la  suivante,  qui  nous  paraît  être 
une  démonstration  synthétique  rigoureuse. 

»  Le  sucre  interverti,  pris  avec  la  constitution  C42H,aO,:!  à  -t-140  a 
donné 

(«)y= -26,65a\. 

»  Si,  comme  nous  l'affirmons,  le  sucre  interverti  est  formé  de  \  équiva- 
lent de  glucose  monorotatoire  droit  (i)  et  de  {  équivalent  de  sucre  liquide 
gauche,  il  est  bien  évident  qu'en  sommant  les  pouvoirs  rotatoires  de  ces 
deux  demi-équivalents  de  sucres,  on  doit  reproduire  exactement  le  pouvoir 
rotatoire  du  sucre  interverti,  et  c'est  ce  qui  se  réalise;  en  effet 

106       53  a  \  v 

nombre  qui  diffère  fort  peu  du  nombre  —  a6,652  \  que  donne  l'expérience. 

»  Nous  n'abandonnerons  pas  ce  sujet  sans  appeler  l'attention  sur  un  rap- 
prochement fort  remarquable  qui  ressort  des  nombres  que  nous  venons  de 
donner  comme  expressions  des  pouvoirs  rotatoires  moléculaires  du  glucose 
cristallisé  et  du  sucre  liquide.  Ces  pouvoirs  sont,  en  effet,  représentés  pour 
la  température  -\-  iJ\°  et  pour  la  même  constitution  chimique  C'H^O12 
par  le  même  nombre  53, a  affecté  pour  chaque  sucre  d'un  signe  contraire. 
Ce  fait  rappelle  une  propriété  de  même  ordre  qui  a  été  découverte  avec 
une  si  admirable  sagacité  par  M.  Pasteur  dans  les  éléments  de  l'acide 
paratartrique. 

»  A  l'occasion  du  sucre  interverti,  nous  appellerons  l'attention  des  chi- 
mistes et  des  physiologistes  sur  un  fait  fort  remarquable  de  la  fermenta- 
tion alcoolique  du  sucre  interverti  que  nous  avons  fait  connaître  sous  le  nom 
de  fermentation  élective  {Comptes  rendus •,  tome  XXV,  page  307).  Pendant 
la  première  période  (première  moitié  exactement)  de  cette  fermentation,  les 
observations  optiques  faites  avec  soin  ne  révèlent  aucun  changement  dans 
la  rotation  du  liquide  vineux  et  sucré,  de  sorte  que  le  pouvoir  rotatoire  pri- 
mitif du  sucre  interverti  devient  exactement  celui  du  \  équivalent  de  sucre 
actif  non  décomposé,  ou,  en  d'autres  termes,  ce  sucre  a  pris  un  pouvoir 
rotatoire  double.  Ces  faits  prouvent  que  le  sucre  sur  lequel  le  ferment  porte 
d'abord  son  action  est  un  sucre  optiquement  neutre;  ils  s'expliquent  fort 
simplement  avec  la  constitution  que  nous  avons  assignée  au  sucre  interverti. 
En  effet,  on  peut  considérer  le  sucre  neutre  qui  se  dédouble  le  premier 
dans  la  fermentation  alcoolique  comme  un  composé  formé  de  1  équivalents 

(1)  Nous  adoptons  ici  pour  les  sucres  une  distinction  simple  que  M.  Pasteur  a  introduite 
dans  la  science  avec  les  acides  tartriques  droit  et  gauche. 


■        ,  '■  (  9o5  ) 

de  glucose  monorotatoire  et  de  i  équivalent  sucre  liquide.  En  voici  la  justi- 
fication : 

Glucose  de  raisin.  Sucre  liquide. 

d'où       ' 

96/'  —  96  \  =  o,  neutralité  optique. 

»  Quant  au  sucre  qui  se  décompose  dans  la  seconde  moitié  de  la  fermen- 
tation, sa  composition  peut  être  représentée  exactement  par  2  équivalents 
de  sucre  liquide,  plus  1  équivalent  de  glucose.  Donc  ce  sucre  C,aH,aO,s 
pris  à  -+-  i4  degrés  donne 

{a)j=  —  53,3o4\. 

»  Ce  nombre  est  le  similaire  symétrique  du  glucose  mamelonné  pris  avec 
la  même  composition  +  53,3o4/'. 

»  Ces  interprétations  rendent  parfaitement  compte  des  faits  au  point  de 
vue  purement  chimique  et  physique;  elles  laissent  entière  la  question  phy- 
siologique qui  touche  à  l'action  mystérieuse  du  ferment  alcoolique  consi- 
déré comme  être  vivant.  Nous  nous  réservons  d'examiner  cette  question  en 
exposant  ultérieurement  nos  recherches  sur  la  fermentation  alcoolique    » 

physique  du  globe.  —  Etat  actuel  des  éléments  du  magnétisme  terrestre 
à  Paris  et  dans  ses  environs  ;  parMAimovD-T&FFENDi ,  astronome  égyptien. 

«  Inclinaison  magnétique.  —  C'est  par  une  longue  série  d'observations 
faites  avec  tout  le  soin  possible,  dans  l'intérieur  de  Paris  et  dans  ses  envi- 
rons, que  je  suis  arrivé  aux  résultats  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Aca- 
démie. J'ai  déterminé  l'inclinaison  de  l'aiguille  aimantée  dans  sept  stations 
prises  dans  les  environs  de  Paris  et  trois  dans  l'intérieur  de  cette  ville. 

»  L'appareil  dont  je  me  suis  servi  est  une  boussole  de  Gambey,  con- 
struite par  M.  Secretan  à  Paris.  L'excellence  de  cet  appareil  a  été  éprouvée  par- 
diverses  méthodes  :  elle  a  été  confirmée  par  les  comparaisons  que  j'en  ai 
faites,  l'année  dernière,  avec  les  appareils  des  observatoires  de  Kew  et  de 
Bruxelles  (1),  et  avec  un  nouvel  instrument  d'inclinaison  destiné  à  M.  Han- 
steen,  de  Christiania,  lequel  se  trouvait  alors  à  Kew  pour  être  comparé  avec 
les  inclinatoires  de  l'établissement.  Le  tableau  suivant  contient  les  résultats 
de  mes  expériences,  tels  que  l'observation  les  donne,  jr  et  x  y  sont  les  coor- 
données de  la  station  relativement  au  méridien  astronomique  de  l'Observa- 
toire de  Paris  et  de  son  parallèle,  les  coordonnées  positives  étant  comptées 
dans  l'angle  ouvert  entre  le  nord  et  l'ouest. 

(1)    Voir  les  Bulletins  de  l'Académie  de  Bruxelles,  tome  XXII,  2e  partie,  page  i4- 
C.  R.,  i856,i«  Semestre.  (T.  XLH,N°  19.)  I>9 


(  9«6) 


NOUS    DES    LIEUX. 

DATES     DES     OBSERVAT. 

Avril  1856. 

INCLINAI 

sons 
magoétiq. 

X 

J 

REMARQUES. 

h      m 

0     / 

66.21 jgi 

66.20,54 

kll 
-+-  6,75 

-1-  5,97 

kil 
—  12,86 

-.3,43 

Les  observations  ont  été  faites 
sur  la  route  de  Versailles. 

Moyenne.  .  . . 

66.21,22 

-h  6,36 

— i3, 1 5 

Enghien 

5  à  2.00 

66.29,67 
66.28,81 

-h  3,64 

•+■  2,64 

-f-i4,37 
+i4,37 

Route  d'Argenteuil  à  coté  de 
l'étang. 

Moyenne..    . 

66.29,24 

-+-   2,64 

H-'4,37 

/Le    6  à  2.45 

Moyenne. . . . 

1 

66.29,60 

66.28,83 

-1-  7,01 
■+■  6,27 

•+-1 1 ,3i 
-t- 1 1 ,  5o 

Route  de  Besons  et  prés  du 
pont. 

66 . 29 , 2 1 

-+-  6,64 

+  11 ,40 

1 

/Le    i)  à  3 .  00 

Saint-Germain |          10  à  2-45 

Moyenne. . . . 

66.3o,52 
66.3i,o8 

-t-18,00 
H- 1 8 , 00 

+  8,17 
H-8,.7 

Dans  la  forêt  sur  la  route  de 
Pontoise ,  à  1  000  mètres  de 
la  gare. 

66.3o,8o 

4-18,00 

-+-8,17 

/  Le  12  à  2.40 

Versailles )          l3  à  midi'/,.. 

f             Moyenne 

1 

66.25,08 
66.26,29 

+  12,34 
+  12. 47 

-  4,44 

-  4,4* 

Entre   l'avenue  de    Paris   et 
Viroflay. 

66.25,68 

-Hi3,4o 

-  4,43 

1 

/   Le  i5  à  midi 

Villeneuve- St-Georges)          '6  à  2.06 

(             Moyenne. . . . 

1 

66.17,37 
66 . 1 7 , 1 5 

—  8,80 

-8,84 

— iî,oi 

—  12,9.3 

Entre  Villeneuve-Saint  Geor- 
ges et  Crosnes. 

66 . 1 7 , 26 

—  8,82 

->3,97 

/   Le  17  à  1 . 3o 

Chelles j         l8  à  I0° 

66.24,80 
66.22,70 

-18,45 
-i8,45 

Hi  5,5S 
-t-  5,58 

Route  de  Monlfcrmeil. 

Moyenne.  .  .  . 

66.23,75 

—  18,45 

-t-  5,58 

Paris, 
Champ  de  Mars 

■ 
Le  20  à  3 .  00 

66.24,68 

-+-  2,84 

-t-    2724 

Au  milieu  ,  entre  l'École  Mi- 
litaire et  le  pont. 

Paris , 
Jardin  du  Luxembourg 

Le  22  à  1 .00 

66.25,oi 

-t-   0,12 

-1-    l,l6 

A  l'ouest  du   café   Didier,  à 
côté  du  carré. 

Paris , 

Les  17  et  20  mars. 

66 . 2 1 , a3 

0,0 

0,0 

Pavillon  central,  sur  la  ter- 
rasse. 

(  9°7  ) 

»  Chacune  de  ces  inclinaisons  a  été  déterminée  d'après  quarante-huit  lec- 
tures faites  avant  et  après  le  renversement  des  pôles  magnétiques  de  l'ai- 
guille ;  chaque  moyenne  est,  par  conséquent,  le  résultat  de  quatre-vingt-seize 
lectures,  .ret  y  ont  été  déterminées  d'après  la  carte  des  environs  de  Paris, 
dressée  par  les  officiers  d'État-major. 

»  Soient  L  l'inclinaison  absolue  de  l'aiguille  aimantée,  à  l'Observatoire  de 
Paris,  origine  de  nos  coordonnées  (L  est  inconnu)  ;  z  l'inclinaison  obtenue 
par  l'observation  dans  une  station  quelconque,  (x,  r);  M,  N  enfin  les  ac- 
croissements de  l'inclinaison  sur  une  distance  d'un  kilomètre  dans  les  direc- 
tions de  x  et  de  y\  on  aura  sans  erreur  sensible 

équation  à  trois  inconnues,  L,  M  et  N,  et  dans  laquelle  il  faut  remplacer 
x,  y  et  z  par  leurs  valeurs  consignées  dans  le  tableau  précédent  pour  avoir 
les  équations  de  condition  ci-contre  : 

o 
L-f-    6, 36 M — i3,i5N— -66,354  =  °     correspondant  à  Palaiseau , 

L-f-    2, 64M+  i4,37N  —  66,487  =  0  »  àEnghien, 

L-f-   6,64M-+-  1 1 ,4°N  —  66,487=0  h  à  Argenteuil, 

L-+- i8,ooM-f-    8.17N  — 66,5i3  =  o  »  à  Saint-Germain  , 

L+i2,4oM—    4, 43N  — 66,428  =  0  »  à  Versailles, 

L—    8,82M— 12,97  N  — 66,288  =  0  »  àVilleneuve-S'-Georges, 

L-  i8,45M-(-   5,58 N  — 66,396=0  »  à  Chelles. 

Ces  équations  nous  donnent,  en  se  servant  de  la  méthode  des  moindres 
carrés , 

L  =  66°  24',  37,     M  =  0',  1866     et     N=o',348o. 

Remplaçons  L,  M  et  N  par  leurs  valeurs  dans  l'équation  (1),  on  aura 

(2)  66°  24',  37  +  o',  1866*  +  o',348or  =  z. 

Cette  équation  est  celle  de  la  ligne  isoclinique  dont  z  marque  le  nombre  de 
degrés  et  de  minutes  qu'elle  doit  représenter. 

»  L'angle  que  cette  ligne  fait  avec  le  méridien  est 

=  angle  (tang  =  =-Sj  =  6 1  •  48' , 

du  nord  à  l'est. 
»   L'expression 

V^M2  +  N2  =  ±0,395 

— , , p _ 

(*)  Voir  the  Eighth  Report  qf 'the  British  Association  for  the  advancement  of  science. 

II9.. 


(  9°s  ; 

est  la  variation  de  l'inclinaison  de  l'aiguille  aimantée  sur  une  distance  d'un 
kilomètre,  perpendiculairement  à  la  ligne  isoclinique. 

»  On  peut  se  servir  également  de  l'équation  (  2)  pour  déterminer  l'incli- 
naison magnétique  dans  un  point  quelconque  du  département  de  la  Seine, 
ou  de  ceux  qui  l'environnent,  z  sera  l'inconnue  qu'on  aurait  à  déterminer. 

»  Cherchons,  pour  savoir  le  degré  de  précision  de  nos  résultats  ,  l'erreur 
probable  dont  le  résultat  obtenu  dans  chaque  station  peut  être  affecté.  Cal- 
culons pour  cela,  par  la  formule  (2  ),  les  inclinaisons  dans  les  sept  stations 
prises  en  dehors  de  Paris,  et  formons  le  tableau  qui  suit  : 


Inclinaisons 
calculées. 

Inclinaisons 
observées. 

Différences 

0       , 

66 .  20 ,  98    - 

O                F 

-      66 . 2 1 , 22 

^z 

—  0,24 

pour  Palaiseau , 

66 . 29 , 86    - 

-    66  29,24 

== 

-+-  0,62 

•     Engliien , 

66.29,58    - 

-    66 . 29 , 2 1 

= 

■+-  0,37 

»     Argenteuil, 

66.3o,58    - 

-     66.3o,8o 

= 

—  0,22 

»     Saint-Germain , 

66.25, i5    - 

-    66.25,68 

ss 

—  0,53 

»      Versailles , 

66.18,21     - 

-    66 . r  7 . 26 

= 

-f-  0,95 

»     Villeneuve -Saint-Georges, 

66.22,86    - 

-    66.23,75 

= 

—  0,89 

»     Chelles. 

l'erreur  Drot 

•able  étants' 

0,45492 (inclin,  calcul.  —  inclin,  obser.)' 

où  n  indique  le  nombre   d'observations  ou  de  stations,  on   en  conclut 

e  =  ±o',44. 

»  Or  la  confiance  qu'on  doit  avoir  dans  la  précision  d'une  série  d'obser- 
vations étant  d'autant  plus  grande  que  l'erreur  probable  est  petite,  la  préci- 
sion de  nos  résultats  est  plus  grande  qu'on  ne  doit  s'y  attendre  dans  de  pa- 
reilles observations,  vu  que  notre  erreur  probable  ne  monte  pas  pour  cha- 
que station  à  une  demi-minute. 

»  Si  nous  calculons  les  inclinaisons  dans  les  stations  prises  dans  l'intérieur 
de  Paris,  pour  les  comparer  aux  résultats  directs  des  observations,  nous 


aurons 


Inclinaisons       Inclinaisons       Différences, 
calculées.  observées. 


o 


66.25,68      66.24,68       -)-  1,00     Champ  de  Mars , 
66.24,79       66. 25. 01        — 0,22     Jardin  du  Luxembourg, 
66.24,37       66.21,23       -r-3,i4     Observatoire. 

11  en  résulte  qu'il  n'y  a  pas  d'influence  locale,  du  moins  sensible,  dans  les 
stations  prises  dans  le  Champ  de  Mars  et  dans  le  jardin  du  Luxembourg  ; 
tandis  que  cette  influence  est  bien  sensible  sur  la  terrasse  de  l'Observatoire 


(  9°9  ) 
de  Paris,  puisqu'elle  réduit  l'inclinaison  absolue  66° 24', 37  à66°2i', a3, 
et  qu'elle  lui  imprime  un  défaut  de  3',  i4  ±  o',l\f\. 

»  La  conclusion  à  tirer  de  ce  qui  précède  est  :  i°  que  l'inclinaison  de 
l'aiguille  aimantée  augmente  de  o',348,  par  kilomètre,  en  allant  vers  le 
nord  ;  20  qu'elle  subit  une  augmentation  de  o',  1 866  par  kilomètre  en  allant 
vers  l'ouest';  3°  qu'elle  augmente  de  o',  3p,5  par  kilomètre  en  se  dirigeant  per- 
pendiculairement à  la  ligne  isoclinique,  qui  fait,  avec  le  méridien,  un  angle 
de  6i°48'du  nord  à  l'est;  4°  et  enfin,  qu'il  faut  ajouter  3',  14  sur  l'incli- 
naison obtenue  à  l'Observatoire  de  Paris  (au  pavillon  central)  pour  y  avoir 
l'inclinaison  absolue.  » 

M.  Leclerc  fait  hommage  à  l'Académie  de  la  deuxième  édition  de  soi» 
opuscule  intitulé  :  «  Delà  médication  curative  du  choléra  asiatique  ». 

«  Cette  seconde  édition,  dit  l'auteur,  est  augmentée  d'observations  four- 
nies par  divers  médecins  et  qui  démontrent  l'efficacité  de  la  médication 
par  la  belladone.  Je  serais  heureux  si  l'Académie  jugeait  ce  travail  digne 
d'être  admis  au  concours  pour  le  prix  triennal.    » 

M.  Bing  (Alfred)  signale  à  l'Académie,  comme  de  nature  à  être  admis 
au  même  concours,  une  invention  qui  a,  dit-il,  pour  résultat  d'abaisser  au 
profit  des  classes  peu  aisées  le  prix  d'un  pain  de  qualité  supérieure,  en  y 
introduisant  le  gluten  frais  qui  jusqu'à  présent  était  perdu  par  les  ami- 
donneries. 

Cette  demande  est  renvoyée  à  la  Section  d'Economie  rurale  qui  jugera 
s'il  y  a  lieu  de  demander  de  plus  amples  détails  sur  cette  invention,  dont 
M.  Bing  ne  nomme  pas  l'auteur. 

M.  Dosnon,  qui  avait  soumis  au  jugement  de  l'Académie  des  couleurs 
minérales  préparées  d'après  des  procédés  qui  lui  sont  propres,  déclare 
renoncer  à  obtenir  un  Rapport,  puisqu'il  n'y  peut  prétendre  qu'en  divul- 
guant ses  procédés  de  fabrication,  ce  qui  serait  pour  lui  la  cause  d'un  dom- 
mage pécuniaire. 

Mlle  Danger  demande  l'autorisation  de  retirer  quatre  paquets  cachetés 
précédemment  déposés  par  son  père  en  commun  avec  M.  Flandin. 

Cette  demande  étant  accompagnée  d'une  pièce  constatant  le  consente- 
ment de  M.  Flandin,  M1,e  Danger  est  autorisée  à  reprendre  les  quatre  pa- 
quets déposés. 


(  9TO  ) 

M.  Thomas  (Jean)  demande  et  obtient  l'autorisation  de  reprendre  une 
Note  et  des  dessins  concernant  des  roues  hydrauliques  et  autres  moteurs, 
pièces  présentées  par  lui  en  mai  et  octobre  1 855  et  qui  n'ont  pas  été  l'objet 
d'un  Rapport. 

M.  Gallo,  en  adressant  de  Turin  plusieurs  fascicules  d'un  ouvrage  qu'il 
publie  sous  le  titre  «  d'Introduction  à  la  Mécanique  et  à  la  Physique  »,  prie 
l'Académie  de  vouloir  bien  se  faire  rendre  compte  de  cet  ouvrage. 

M.  Regnault  est  invité  à  prendre  connaissance  de  l'ouvrage  de  M.  Gallo 
et  à  en  faire,  s'il  y  a  lieu,  l'objet  d'un  Rapport  verbal. 

M.  Taupinard  adresse  une  Note  sur  la  quadrature  du  cercle  et  la  trisec- 
tion de  l'angle. 

On  fera  savoir  à  l'auteur  que  ces  deux  questions  sont  spécialement  dési- 
gnées parmi  celles  dont  l'Académie,  par  une  décision  déjà  ancienne,  a  re- 
noncé à  s'occuper.  . 

A  4  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

COMITÉ  SECRET. 

La  Section  de  Botanique  présente  la  liste  suivante  de  candidats  pour  la 
place  vacante  par  suite  du  décès  de  M.  de  Mirbel  : 

Au  ier  rang M.  Duchartre. 

!M.  Chatev. 
M.  Lestiboudois. 
M.  Weddell. 

,  ,    ,  .  .  (M.  Gay(Claede). 

Au  3e  rang,  ex  œquo  et  par  ordre  alphabétique....  j__  ~,   ,  \ 

Au  4e  rang M-  Germaix   de    Sai.m- 

PlERRE. 

Les  titres  des  candidats  sont  discutés. 
L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  6  heures  et  demie. 


(9"   ) 

BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

i 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  12  mai  1 856,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Institut  impérial  de  France.  Académie  des  Beaux- Arts.  Discours  deM.  Halévy, 
secrétaire  perpétuel,  prononcé  aux  funérailles  de  M.  Adolphe  Adam,  le  lundi 
5  mai  i856;  \  feuille  in-4°. 

Traité  pratique  et  théorique  de  la  composition  des  mortiers,  ciments  et  gan- 
yues  àpouzzolanes,  et  de  leur  emploi  dans  toutes  sortes  de  travaux,  suivi  des  moyens 
d'en  apprécier  la  durée  dans  les  constructions  à  la  mer;  par  M.  L.-J.  Vicat. 
Paris,  i856;  br.  in-4°. 

Mémoire  sur  une  nouvelle  espèce  de  Belostoma  (B.  Algeriense)  et  réflexions  sur 
ce  genre  d'Hémiptères  aquatiques  ;  par  M.  LÉON  Dofour;  br.  in-8°. 

Observations  sur  le  Pecten  glaber;  par  M.  le  baron  d'Hombres-Fjrmas;  br. 
in-8°. 

Le  matériel  agricole,  ou  Description  et  examen  des  instruments,  des  machines, 
des  appareils  et  des  outils  au  moyen  desquels  on  peut  sonder,  défricher,  etc.,  etc.  ; 
par  M.  Auguste  Jourdieu ;  ae  édition.  Paris,  i856;  in-12. 

Etudes  chimiques,  physiologiques  et  cliniques  sur  l'emploi  thérapeutique  du 
chlorate  de  potasse  spécialement  dans  les  affections  diphthéritiques;  par  M.  E. 
Isambert.  Paris,  i856;  br.  in-8°.  (Adressé  au  concours  Montvon,  Méde- 
cine et  Chirurgie;  ) 

De  la  médication  curative  du  choléra  asiatique;  par  M.  Frédéric  Leclerc  ; 
2e  édition.  Tours,  i856;  br.  in-8°.  (Adressé  au  concours  du  prix  Bréant.) 

Choléra  asiatique,  où  il  prend  sa  source.  Conformité  d 'opinion  de  l'auteur 
sur  ce  point  avec  celle  des  médecins  du  gouvernement  de  la  Compagnie  des  Indes 
chargés  spécialement  défaire  des  recherches  sur  ce  cruel  fléau  ;  par  M.  F.  BalE- 
guer;  br.  in-8°. 

Claims...  Titres  à  la  confiance  publique,  ou  Becueil  de  témoignages  des  au- 
torités médicales  ojficielles  de  Calcutta  en  faveur  de  ma  méthode  de  traiter  quel- 
ques maladies  tropicales  et  principalement  le  choléra  asiatique;  par  le  même. 
Cawnpore  (Indes  anglaises),  1 855  ;  br.  in-8°. 

History...  Histoire  du  cholera-morbus  asiatique.  Bésultats  de  dix-sept  années 
d'observations  dans  diverses  parties  de  l'Inde  et  en  particulier  à  Hydrabad 
(Deccan),  où  la  maladie  existe  d'une  manière  permanente  ;  par  le  même;  br. 
hi-8°. 

Ces  trois  opuscules  sont  adressés  par  l'auteur  pour  le  Concours  du  prix 


(  912  ) 
Bréant,  avec  une  brochure  sur  le  choléra,  par  M.  Balfour,  chirurgien  à 
l'armée  de  Madras. 

De  l'influence  de  la  proportion  de  phosphate  de  chaux  contenu  dans  les  ali- 
ments sur  la  formation  du  cal;  par  M.   Alphonse  Milne-Edwards.  Paris, 
i856;  br.  in-8°. 

Anatomie  comparée  des  végétaux;  par  M.  G. -A.  Chatin  ;  4e  livraison, 
io-4°. 

Mémoires  d'Agriculture,  d' Economie  rurale  et  domestique ,  publiés  par  la 
Société  impériale  et  centrale  d'Agriculture;  année  1 855  ;  Pe  Partie.  Paris, 
r856;in-8°. 

Recueil  de  Mémoires  des  astronomes  de  l'observatoire  central  de  Russie,  etc., 
publié  avec  l'autorisation  de  l'Académie  des  Sciences;  vol.  I,  Saint-Pétersbourg, 
i853;  in-4°. 

Positions  moyennes  pour  l'époque  de  1790,0  des  étoiles  circompolaires ,  dont 
les  observations  ont  été  publiées  par  Jérôme  Lalande  dans  les  Mémoires  de  l'Aca- 
démie de  Paris  de  «789  et  1790;  par  M.  Ivan  Fedorenko,  astronome  surnu- 
méraire à  l'observatoire  de  Poulkova.  Saint-Pétersbourg,  1 854  ï  in-4°- 

Positions  géographiques  déterminées  en  1847  par  le  lieutenant-colonel  Lemm, 
dans  le  pays  des  Cosaques  du  Don,  Mémoire  de  M.  O.  Struve.  Saint-Péters- 
bourg, 1 8 5 5  ;  br.  in-4°. 

Positions  géographiques  déterminées  en  \"6!\%  par  le  lieutenant-colonel  Lemm, 
dans  le  gouvernement  de  Novogorod ,  Mémoire  de  M.  O.  Struve.  Saint- 
Pétersbourg,  1 855  ;  br.  in-4°. 

Expéditions  économétriques  de  1 845  et  1 846,  Ire  et  IIe  Partie;  par  le  même. 
Saint-Pétersbourg,  1 853  et  1 854  ;  br.  ù>4°. 

Beobachtungen. . .  Observations  de  la  comète  de  Biela  dans  l'année  1 852  ;  par 
le  même.  Saint-Pétersbourg,  1 854  ;  br.  in-4°. 

Résultats  d'observations  faites  sur  des  étoiles  doubles  artificielles  ;  par  le  même; 
br.  in-8°. 

Nachrichten . ..  Notes  sur  la  nouvelle  comète  de  M.  Schweizer ;  par  le  même; 
br.  in-8°. 

Positions  du  Soleil ,  de  la  Lune  et  des  planètes  observées  à  Dorpat  depuis  1 822 
jusqu'à  1 838 ,  calculées  par  MM.  W.  Struve  et  Liapounow  ;  Mémoire  deM.  W. 
Struve;  br.  in-4°. 

Sur  la  jonction  des  opérations  géodésiques  russes  et  autrichiennes ,  exécutées 
par  ordre  des  deux  Gouvernements ,  parle  même.  Saint-Pétersbourg,  1 853  ; 
br.  in-8°. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  19  MAI  1856. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  IS.  GEOFFROY-SAINT-HILAIRE. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

«  L'Académie  avait  appris  dans  sa  séance  dernière,  au  moment  de  se 
séparer,  le  malheur  qui  vient  de  la  frapper  dans  la  personne  de  son  Prési- 
dent, M.  Binet.  M.  le  Vice-Président,  exerçant  les  fonctions  de  Président, 
fait  connaître  que  le  Bureau  et  presque  tous  les  Membres  de  l'Académie, 
auxquels  s'étaient  joints  un  grand  nombre  de  Membres  des  autres  classes  de 
l'Institut,  ont  rendu,  le  mercredi  i4,  les  derniers  devoirs  à  leur  illustre  con- 
frère. M.  Lamé,  Membre  de  la  Section  de  Géométrie,  à  laquelle  M.  Binet 
appartenait  depuis  treize  ans,  et  M.  Cauchy  se  sont  rendus  les  interprètes 
des  sentiments  et  des  regrets  de  l'Académie,  et  ont  rappelé  sur  la  tombe  de 
M.  Binet  les  travaux  éminents  qui  feront  vivre  son  nom  dans  la  science.  » 

météorologie.  —  Actinographe  ,  instrument  qui  marque  les  instants  de  la 
journée  auxquels  le  soleil  se  montre  ou  se  cache,  et  la  durée  de  ses  ap- 
paritions ou  disparitions;  par  M.  Pouillet. 

«  Je  m'occupe  depuis  quelque  temps  d'un  travail  qui  touche  à  son  terme 
et  que  je  pourrai  très-prochainement  présenter  à  l'Académie  ;  c'est  un  en- 
semble de  recherches  sur  la  chaleur  solaire ,  ou  plutôt  sur  les  radiations 
solaires  en  général,  qui  fait  suite  à  mon  Mémoire  de  i838.  J'ai  été  ramené 
à  ce  sujet  par  les  discussions  météorologiques  auxquelles  l'Académie  a  prêté 
une  longue  et  bienveillante  attention  il  y  a  quelques  mois.  Comme  la  sai- 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  20.)  I  2° 


(  9'4  ) 
son  continue  à  être  très-peu  favorable  pour  ce  genre  d'expériences ,  il  m'a 
semblé  utile  d'extraire  dès  à  présent  de  ces  nouvelles  recherches  la  descrip- 
tion d'un  instrument  qui  se  perfectionnera  par  l'usage,  et  qui  peut,  je  crois, 
rendre  des  services  à  la  météorologie  ;  la  question  qu'il  doit  résoudre  est 
une  de  celles  qui  sont  discutées  dans  le  travail  que  j'annonce  ;  je  me  borne 
à  l'indiquer  ici  et  à  décrire  l'instrument. 

»  Mes  anciennes  expériences  ont  fait  connaître  la  quantité  de  chaleur 
cpie  le  soleil  donne  au  globe  de  la  terre,  dans  un  temps  donné,  et  la  quan- 
tité de  chaleur  qui  arrive  à  la  surface  du  sol  pour  l'échauffer  d'une  manière 
directe  et  pour  y  produire  le  développement  de  tous  les  phénomènes  or- 
ganiques. 

»  De  ces  deux  éléments,  le  premier  est  constant,  dans  l'état  actuel  du 
globe  du  soleil;  le  deuxième  est  variable,  parce  que  la  chaleur  absorbée 
par  les  nuages  se  dissipe  en  partie  dans  les  espaces  célestes,  sans  concourir 
d'une  manière  directe  aux  phénomènes  terrestres;  et  il  est  peu  probable 
que  chaque  année  il  y  ait,  en  somme,  la  même  quantité  de  chaleur  arrêtée 
par  les  nuages.  Si  l'ensemble  varie,  il  doit  à  plus  forte  raison  se  produire 
des  variations  considérables  dans  une  région  donnée.  On  ne  peut  pas  douter, 
par  exemple,  que  dans  la  plus  grande  partie  de  l'Europe,  la  culture  ne  soit 
d'une  année  à  l'autre  très-inégalement  favorisée  par  la  radiation  solaire. 

»  Après  les  questions  générales  que  je  viens  de  rappeler,  il  se  présente 
donc  une  question  plus  spéciale  et  non  moins  intéressante,  c'est  celle  de 
savoir,  pour  chaque  climat  et  pour  chaque  année,  combien  il  y  a  de  jours 
de  soleil  et  comment  ils  sont  répartis. 

»  Cette  question  n'est  aucunement  résolue  par  les  observations  météoro- 
logiques actuelles,  même  par  celles  qui  représentent  le  mieux  l'état  du 
ciel  ;  car  les  observateurs  ne  peuvent  inscrire  dans  leurs  tableaux  que  l'état 
apparent  du  ciel  aux  heures  convenues  :  ciel  serein  ou  couvert,  éclaircies, 
nuages  de  diverses  formes,  brouillards,  pluie,  neige,  etc.,  etc. 

»  Il  est  déjà  bon  sans  doute  de  connaître  le  nombre  des  jours  sereins  et 
des  jours  de  pluie;  mais  c'est  une  approximation  insuffisante. 

»  La  quantité  de  chaleur,  ou  pour  mieux  dire  la  quantité  de  radiation 
solaire  directe  qui  nous  arrive  par  intermittences  ou  par  éclaircies  quand  le 
ciel  est  nuageux,  n'est  peut-être  en  somme  ni  moins  considérable  ni  moins 
efficace  que  celle  qui  nous  arrive  par  un  ciel  serein  ;  il  est  indispensable 
d'en  tenir  compte. 

»  Il  faudrait  donc  avoir  un  instrument  qui  pût  nous  apprendre  chaque 
jour,  surtout  pendant  les  époques  de  végétation  active,  à  quelles  heures  le 
soleil  se  montre,  combien  de  temps  dure  son  apparition;  à  quelles  heures 


(9'5) 
et  combien  de  temps  il  reste  caché  par  les  nuages,  sans  que  ses  rayons  puis- 
sent en  percer  l'épaisseur. 

»  Le  problème  ainsi  posé,  tout  le  monde  comprend  qu'il  n'est  pas  in- 
soluble, et  tout  le  monde  comprend  que  c'est  à  la  photographie  qu'il  en 
faut  demander  la  solution. 

»  On  pourrait  y  employer,  comme  auxiliaire  mécanique,  un  équatorial 
ou  un  héliostat  ;  mais,  au  lieu  de  rechercher  une  exactitude  qui  serait  aujour- 
d'hui superflue,  j'ai  préféré  la  combinaison  la  plus  simple  et  la  plus  facile  à 
réaliser.  L'instrument  que  j'ai  fait  construire  d'après  cette  pensée,  agit  par 
lui-même,  sans  aucune  force  mécanique  et  même  sans  aucun  appareil  op- 
tique. C'est  une  simple  boîte  carrée  de  20  centimètres  de  côté  sur  10  centi- 
mètres de  hauteur  ;  elle  est  de  bois  mince,  ayant  le  dedans  peint  en  noir  et 
le  dehors  en  blanc.  Deux  guides  perpendiculaires  au  fond  servent  à  diriger 
une  pièce  mobile  intérieure  qui  peut  ainsi  s'élever  ou  s'abaisser  en  suivant 
l'axe  de  la  boîte  et  en  restant  parallèle  au  fond  et  au  couvercle;  cette  pièce 
a  2  centimètres  d'épaisseur  et  se  fixe  chaque  jour  à  une  hauteur  convenable, 
d'après  la  déclinaison  du  soleil. 

»  Cette  boîte  se  pose  et  s'oriente  à  la  manière  d'un  cadran  solaire  :  deux 
des  côtés  du  fond  étant  dans  la  méridienne,  et  les  deux  autres  dans  la  di- 
rection de  l'est  à  l'ouest  ;  seulement  elle  s'incline  suivant  la  latitude  du 
lieu  de  manière  que  son  axe  soit  parallèle  à  l'axe  de  la  terre.  Il  en  résulte 
que  la  pièce  mobile  dont  je  viens  de  parler  se  meut  parallèlement  à  l'équa- 
teur.  Au  centre  des  trois  faces  latérales  qui  regardent  le  midi,  l'est  et  l'ouest, 
se  trouve  une  ouverture  carrée  de  3  centimètres  de  côté,  fermée  par  un 
mince  diaphragme  de  métal,  portant  un  trou  central  de  4  millimètres  de 
diamètre. 

»  On  conçoit,  d'après  cela,  qu'aux  jours  de  l'équinoxe,  les  rayons  du  soleil 
doivent  entrer  de  6  heures  à  9  heures  du  matin  par  l'ouverture  du  dia- 
phragme de  l'est  et  venir  peindre  une  image  ronde  sur  la  tranche  de  la  pièce 
mobile,  placée  juste,  pour  ce  jour-là,  au  milieu  de  l'épaisseur  de  la  boîte 
et  vis-à-vis  les  centres  des  ouvertures  des  diaphragmes.  Pour  recevoir  cette 
image,  la  face  correspondante  de  la  pièce  mobile  est  une  portion  de  cylin- 
dre concave  de  6  centimètres  de  rayon  ,  ayant  son  axe  au  centre  de  l'ou- 
verture du  diaphragme ,  et  parallèle  à  l'axe  de  la  terre.  Ainsi,  pendant  ces 
trois  heures  le  centre  de  l'image  parcourt  sur  la  section  moyenne  de  la  sur- 
face cylindrique  un  angle  de  45  degrés,  formant  une  longueur  de  /j7mm,  1 ,  ou 
un  peu  plus  de  1  millimètre  par  quatre  minutes.  La  portion  du  cylindre  doit 
être  plus  grande  pour  les  jours  de  l'été,  et  il  convient  de  lui  donner  un  peu 

120.. 


(yi6  ) 

plus  de  90  degrés  de  développement.  En  face  des  diaphragmes  du  midi  et 
de  l'ouest,  la  pièce  mobile  présente  des  surfaces  cylindriques  pareilles,  de 
même  étendue  et  de  même  rayon. 

»  Ainsi  la  face  du  sud  commence  à  marquer  un  peu  avant  9  heures 
et  par  conséquent  avant  que  celle  de  l'est  ait  fini  ;  de  même  celle  de  l'ouest 
reprend  un  peu  avant  3  heures,  c'est-à-dire  avant  que  celle  du  midi  ait  cessé 
de  donner  son  image  sur  la  surface  cylindrique  correspondante. 

»  Le  même  instrument  reçoit  ainsi  l'image  du  soleil  dans  toutes  les  sai- 
sons et  à  tous  les  instants  de  la  journée. 

»  La  pièce  mobile  se  rapproche  du  fond  à  mesure  que  la  déclinaison  bo- 
réale augmente,  elle  se  relève  au  contraire  vers  le  couvercle  pendant  la 
déclinaison  australe,  afin  que  les  images  frappent  toujours  les  surfaces 
cylindriques  vers  le  milieu  de  leur  hauteur. 

»  Une  bande  de  papier  photographique,  d'une  longueur  suffisante  et  de 
2  centimètres  de  hauteur,  s'adapte  sur  les  trois  surfaces  cylindriques  des- 
tinées à  recevoir  les  images  solaires  ;  on  la  met  en  place  avant  le  lever  du 
soleil,  on  la  reprend  après  son  coucher  et  on  la  remplace  par  une  bande 
nouvelle  :  il  reste  seulement  à  fixer,  par  les  moyens  ordinaires,  les  impres- 
sions produites  par  la  lumière. 

»  Les  expériences  que  j'ai  faites  avec  cet  instrument,  et  dont  je  mets  les 
résultats  sous  les  yeux  de  l'Académie,  démontrent  que,  même  avec  ses  di- 
mensions restreintes,  il  n'y  a  aucune  difficulté  à  obtenir  un  enregistrement 
très-fidèle  de  toutes  les  apparitions  et  disparitions  du  soleil.  On  peut  donc 
l'appeler  Actinogvaplie. 

»  La  pratique  fera  connaître  s'il  y  aurait  de  l'avantage  à  augmenter  ou  à 
réduire  le  diamètre  du  faisceau  incident,  s'il  y  en  aurait  à  couvrir  l'ouver- 
ture des  diaphragmes  avec  des  verres  diaphanes  ou  diversement  colorés. 

»  Quant  aux  préparations  photographiques,  celles  que  j'ai  employées  se 
composaient  de  bains  anciens,  plus  ou  moins  altérés  par  le  temps  et  par  l'u- 
sage que  j'en  avais  fait  l'été  dernier  :  c'est  là  ce  qui  explique  tout  ce  qui 
manque  aux  épreuves  sous  le  rapport  de  la  délicatesse  et  de  la  gradation  des 
ombres;  mais  avec  ces  imperfections,  les  épreuves  démontrent  en  quelque 
sorte  d'une  manière  plus  complète  combien  il  est  facile  d'empêcher  que  la 
radiation  diffuse  des  régions  qui  avoisinent  le  soleil  et  qui  se  prolonge  pen- 
dant douze  ou  quinze  heures,  ne  vienne  jamais  se  confondre  avec  la  plus 
faible  radiation  directe  agissant  à  peine  pendant  une  seconde. 

»  S'il  y  avait  de  l'utilité  à  reproduire  photographiquement  le  résultat 
annuel  des  observations,  au  lieu  de  le  reproduire  par  la  gravure  ou  par 


(  9*7  ) 
la  lithographie,  il  suffirait  de  recevoir  les  images  sur  du  papier  négatif  con- 
venable pour  en  tirer  ensuite  des  épreuves  positives.  Douze  feuilles  de  3o 
centimètres  carrés  représenteraient  le  tableau  complet  des  douze  mois  de 
l'année.  A  l'aspect  de  ces  tableaux  il  serait  facile  de  composer  des  moyennes 
indiquant,  soit  le  nombre  total  des  heures  de  soleil,  soit  le  nombre  des 
heures  de  soleil  appartenant  à  telle  saison  ou  à  telle  ou  telle  période  de  la 
journée. On  voit,  par  exemple,  sur  les  épreuves  ci-jointes  que  dans  cette  der- 
nière semaine  il  y  a  eu  par  jour  une  centaine  d'éclaircies  plus  ou  moins 
longues,  et  qu'en  somme  la  radiation  solaire  diurne  a  été  de  plus  de  deux 
heures  pour  les  plus  mauvais  jours,  qui  étaient  vendredi  et  samedi.   » 

géologie.  —  Sur  un  gisement  de  platine  signalé  dam  unjilon  de  la  pro- 
vince d'Antioquia  [Nouvelle- Grenade).  Observations  inédites  sur  les 
alluvions  aurifères  et  platinijkres  du  Choco  ;  par  M.  Boussingaclt. 

«  Le  Dr  Jervis,  qui  a  résidé  pendant  longtemps  dans  l'Amérique 
méridionale,  m'a  remis  des  minerais  provenant  d'un  filon  de  la  province 
d'Antioquia,  dans  lesquels  on  a  rencontré  des  grains  de  platine.  Voici  la 
Note  qui  accompagnait  les  échantillons  : 

«  En  novembre  1 852,  dit  M.  le  Dr  Jervis,  un  Indien  que  j'employais  à 
»  rechercher  des  mines  d'or  m'a  rapporté  un  minerai  qui,  après  avoir  été 
»  broyé,  a  donné  par  le  lavage  des  grains  d'un  métal  blanc  offrant  tous  les 
«  caractères  du  platine.  De  plusieurs  centaines  de  livres  de  ce  minerai  on 
»  a  obtenu  les  quelques  parcelles  que  je  mets  à  votre  disposition  ,  en  vous 
»  priant  de  constater  si  ces  lamelles  métalliques  sont  bien  réellement  du 
»  platine. 

»  Le  filon  d'où  le  minerai  a  été  extrait  se  trouve  sur  les  hauteurs  de  la 
»  Cordillère  située  entre  la  rivière  de  Médellin  et  le  Cauca  ;  sa  direction  est 
»  de  l'est  à  l'ouest,  et  la  puissance  de  l'affleurement  de  70  à  80  centimètres. 
»  L'altitude  doit  approcher  de  25oo  mètres.  Quant  aux  matières  trouvées 
»  dans  l'affleurement,  elles  consistent  principalement  en  un  mélange  de 
»  quartz,  d'oxyde  de  fer  hydraté  [pacos),  d'argile  renfermant  des  cristaux 
»  de  pyrites.  La  roche  dans  laquelle  le  filon  est  encaissé  est  un  grùnstein  à 
»  grains  fins  supportant,  vers  le  fond  de  la  vallée  du  Cauca,  un  dépôt  aré- 
»  nacé  avec  couches  de  charbon  fossile.   » 

»  Les  échantillons  sont  conformes  à  cette  description.  Le  métal  blanc, 
comme  je  m'en  suis  assuré,  est  bien  du  platine.  Le  Dr  Jervis  fait  re- 
marquer que  le  terrain  dans  lequel  on  a  rencontré  le  nouveau  filon  plati- 
nifère  est  la  continuation  de  la  syénite  porphyrique  de  SantarRosa  de  Osos, 


(9'8) 
où,  «  il  y  a  bien  des  années,  j'ai  découvert  un  gisement  en  place  du  platine, 
»  que  jusqu'alors  on  n'avait  trouvé  que  dans  les  alluvions.  »  L'observation 
à  laquelle  le  Dr  Jervis  fait  allusion  est  consignée  dans  une  Note  écrite  en 
avril  1836,  et  dont  je  crois  devoir  reproduire  ici  un  extrait  (1). 

«  Le  terrain  de  Santa-Rosa  de  Osos  est  une  syénite  décomposée,  liée  à  la 
»  même  roche  non  altérée  dont  est  formée  la  vallée  de  Médellin.  Dans  les 
»  filons  exploités  près  de  Santa-Rosa,  l'or  est  disséminé  dans  du  fer  hydraté 
»  (pacos)  mélangé  de  quartz  et  d'argile.  Les  minerais  sont  broyés  et  lavés; 
»  la  quantité  d'or  qu'on  en  retire  est  considérable.  C'est  dans  cet  or  en 
»  poudre  sorti  d'un  filon  que  j'ai  rencontré  des  grains  de  platine  semblables 
»  par  leur  forme  et  parleur  aspect  à  ceux  qu'on  apporte  du  Choco.  Ce  fait 
»  du  gisement  du  platine  dans  un  filon  de  fer  oxydé  me  semble  devoir 
»  jeter  du  jour  sur  l'origine  du  même  métal  qu'on  rencontre  dans  les  allu- 
*  vions.  La  forme  de  lames  arrondies  sur  leurs  bords,  que  présentent  les 
»  petites  pépites  des  terrains  de  transport,  a  fait  présumer  que  ce  métal 
h  avait  été  roulé,  usé  ;  il  est  par  conséquent  bien  remarquable  que  le  pla- 
»  tine  de  Santa-Rosa,  dégagé  de  sa  gangue  sous  mes  yeux,  ait  ce  même  as- 
»  pect.  Au  reste,  cette  apparence  roulée  n'est  pas  particulière  au  platine  ; 
»  on  l'observe  très-souvent  sur  l'or  en  grains  retiré  des pacos.   » 

»  Ainsi  le  platine  rapporté  par  le  Dr  Jervis  aurait  été  trouvé  dans  des  cir- 
constances géologiques  absolument  semblables  à  celles  du  gîte  découvert  à 
Santa-Rosa  de  Osos  il  y  a  trente  ans.  Je  dois  cependant  signaler  une  dif- 
férence dont  j'ai  été  vivement  frappé.  A  Santa-Rosa,  c'étaient  seulement 
quelques  lamelles  de  platine  qu'on  apercevait  disséminées  dans  un  kilo- 
gramme de  poudre  d'or;  dans  le  nouveau  gisement,  au  contraire,  le  minerai 
n'a  fourni  que  du  platine.  Il  y  a  bien  les  matières  concomitantes  ordi- 
naires des  deux  métaux  précieux:  le  fer  titane,  le  zircon,  la  cimophane,  le 
quartz,  etc.,  mais  pas  un  grain  d'or.  Du  platine  non  accompagné  d'or  à  sa 
sortie  de  la  mine  était  pour  moi  un  fait  tellement  anormal,  que  je  me  serais 
permis  de  douter  de  l'origine  attribuée  à  l'échantillon  que  je  présente  à  l'A- 
cadémie, si  M.  le  Dr  Jervis  n'avait  pas  lui-même  extrait  ce  métal  du 
minerai  ;  mes  doutes  auraient  été  fondés  sur  l'étude  que  j'ai  faite  autrefois 
du  terrain  platinifère  de  la  Nouvelle-Grenade. 

»  C'est  en  1829  que  j'ai  exploré  le  Choco,  cette  terre  de  l'or,  forêt  à  peu 
près  impénétrable,  sans  espaces  cultivés,  sans  pâturages,  et  n'ayant  d'autres 
voies  de  communication  que  les  rivières,  le  bord  des  torrents  et  les  maré- 

(1)  Lettre  à  M.  de  Humboldt  sur  le  gisement  du  platine,  Annales  de  Chimie  et  de  Phy- 
sique, t.  XXXII,  p.  204,  2e  série. 


(  9'9  ) 
cages.  Les  vivres  tirés  delà  fertile  vallée  du  Cauca  sont  apportés  par  des  hom- 
mes nommés  cargiœros,  fonctionnant  à  la  manière  des  bêtes  de  somme.  Les 
tentatives  faites  pour  établir  des  cultures  dans  l'intérieur  ont  constamment 
échoué  ;  le  bétail  mis  dans  les  rares  éclaircies  ouvertes  dans  les  bois  a  été 
promptement  dévoré,  non  parles  tigres,  mais  par  les  mouches  {zancudos), 
par  ces  nuées  d'insectes  dont  la  voracité  n'est  bien  appréciée  que  par  ceux 
mêmes  qui  en  ont  souffert.  Un  tel  état  de  choses  a  nécessairement  pour 
conséquence  un  régime  alimentaire  déplorable;  aussi  les  mineurs  soumis 
aux  plus  rudes  travaux  sont-ils  nourris  avec  des  viandes  salées,  des  bananes 
sèches,  ou  du  biscuit  de  maïs. 

»  Au  Choco,  il  pleut  presque  continuellement.  Durant  les  quarante-deux 
jours  que  j'y  ai  passés,  je  n'ai  pu  prendre  qu'une  seule  hauteur  méridienne 
du  soleil,  et  bien  que  j'aie  veillé  pendant  bien  des  nuits  dans  l'espoir  d'ob- 
tenir des  hauteurs  circumméridiennes  d'étoile,  le  village  indien  de  Ghami  est 
la  seule  localité  dont  j'aie  fixé  la  latitude.  Malgré  la  fréquence  des  pluies  et  la 
nature  marécageuse  du  sol,  l'atmosphère  possède  une  température  assez 
élevée.  En  février,  le  thermomètre  a  oscillé  entre  24  e*  3o  degrés  centigrades. 

»  La  Cordillère  occidentale  des  Andes,  placée  entre  le  Choco  et  la  vallée 
du  Cauca,  est  en  grande  partie  formée  de  schiste  argileux  passant  sur  quel- 
ques points  à  une  grauwack  parfaitement  caractérisée.  Dans  le  lit  du  Rio- 
Timana,  affluent  du  San-Juan,  des  alluvions  composées  de  débris  de  syé- 
nite  et  de  syénite  porphyrique  reposent  sur  ce  schiste;  au  Real  de  Minas  de 
Agua  clara,  on  observe  le  contact  du  porphyre  syénitique  avec  la  roche 
schisteuse.  Dans  cette  exploitation,  l'or  extrait  par  un  lavage  exécuté  en 
ma  présence  renfermait  par  livre  espagnole  6  castcllanos  de  platine  en 
grains,  soit  6  pour  100.  A  Jgua  clara  comme  dans  toutes  les  mines  de 
transport  de  la  Nouvelle-Grenade,  les  travaux  des  orpailleurs  put  pour  but 
d'obtenir,  pour  la  soumettre  au  lavage,  la  partie  du  dépôt  voisine  de  la 
roche  en  place,  en  enlevant  le  terrain  supérieur  que  généralement  on  ne 
considère  pas  comme  suffisamment  riche  pour  être  traité.  Les  assises  infé- 
rieures sont  soumises  à  l'action  d'un  courant  d'eau  dans  des  espèces  de 
tables  dormantes  (canalones)  très-grossièrement  établies;  on  a  pour  résidu 
du  sable  noir  où  domine  le  fer  titane  [arenilla).  L'or  mêlé  de  platine  ex- 
trait de  ce  sable  lavé  à  la  sébile  (batea)  est  réuni  et  nettoyé  dans  une  tasse 
en  corne  ayant  la  forme  d'une  valve  de  coquille  (concha). 

»  Le  platine  est  séparé  de  l'or  par  un  lavage  à  la  sébile  (batea)  ;  mais,  quoi 
qu'on  fasse,  la  séparation  n'est  jamais  complète.  Aussi,  dans  la  fonderie  de 
Novita  où  l'or  du  Choco  est  mis  en  lingots  pour  être  envoyé  à  la  Monnaie, 


(  9*°  ) 
on  a  recours  à  l'amalgamation  pour  extraire  le  platine  que  le  lavage  n'a  pas 
enlevé.  Par  l'action  du  mercure,  on  retire  i  à  2  de  platine  de  100  parties 
de  poudre  d'or 

»  De  Novita,  j'ai  remonté  le  Rio  San-Juan  jusqu'au  point  où  il  cesse 
d'être  navigable.  Partout  j'ai  pu  observer  des  alluvions  très-productives 
quand  on  avait  de  l'eau  et  des  nègres  pour  les  exploiter. 

»  Dans  les  environs  de  Tadô,  les  lavages  {lavaderos)  fournissent  de  l'or 
beaucoup  plus  platinifère  que  celui  des  mines  situées  dans  la  proximité  de 
Novita;  ainsi  celui  du  Real  de  Pureto  contient  quelquefois  jusqu'à  10  de 
platine  pour  100. 

»  La  mine  de  Santa-Lucia,  qu'on  m'avait  indiquée  comme  fournissant 
l'or  renfermant  le  plus  de  platine,  est  placée  près  du  Rio-Platina. 

»  Les  travaux  des  mineurs  avaient  mis  à  découvert  un  escarpement  où 
j'ai  mesuré  : 

»    1  mètre  de  terre  végétale  ; 

m  10  mètres  de  galets  de  toutes  dimensions,  comprenant  un  grand 
nombre  de  variétés  de  syénite  porphyrique  ; 

»  om,a5  à  om,32  d'un  sable  argileux  mêlé  de  galets  et  veiné  de  nuances 
foncées  dues  à  la  présence  du  fer  titane  et  que  supporte  la  roche  en  place, 
sorte  de  grùnstein  porphyrique  profondément  altéré  dans  son  élément 
feldspathique.  C'est  cette  partie  inférieure  veinée  de  noir,  \zcinta,  le  ruban 
des  orpailleurs,  la  zone  en  un  mot,  où  sont  accumulés  les  métaux  précieux, 
qui  est  l'objet  principal  de  l'exploitation. 

»  On  voit  tout  de  suite,  d'après  cette  coupe,  combien,  quelquefois,  il  faut 
déplacer  de  terrain  à  peu  près  improductif  pour  rassembler  un  seul  mètre 
cube  de  sable  destiné  au  lavage;  mais  les  dépôts  n'ont  pas  toujours  une 
épaisseur  aussi  forte,  et  le  sable  que  l'on  prend  dans  le  lit  des  rivières  est 
lavé  directement  dans  la  sébile,  sans  aucune  concentration  préalable.  Après 
de  très-grandes  crues  du  Rio-San-Juan,  la  plage  est  recouverte  d'un  sable 
extrêmement  riche.  L'or  que  l'on  retira  pendant  mon  séjour  au  Reaide  Mi- 
nas de  Santa-Lucia  renfermait,  pour  100,  i4  de  platine,  et  les  orpailleurs 
m'assurèrent  que  fréquemment  on  y  obtenait  plus  de  platine  que  d'or. 

»  Le  village  de  Tadô  m'avait  été  désigné  comme  renfermant  plusieurs  mines 
d'où  l'on  n'extrayait  que  du  platine,  ces  mines  n'étant  d'ailleurs  exploitées 
qu'alors  que  de  fortes  demandes  faisaient  hausser  le  prix  de  ce  métal.  En  fé- 
vrier 1829 ,  elles  étaient  abandonnées;  mais  le  curé  de  Tadô,  le  padre  Ce- 
rezo,  voulut  bien  à  ma  prière  en  faire  exploiter  une.  Le  travail  commença 
près  de  l'église  ;  des  négresses  se  mirent  à  laver  à  la  sébile  (batea)  de  la  terre 


(  9*'  ) 
prise  à  environ  35  centimètres  au-dessous  de  la  surface  du  sol,  et,  en  très- 
peu  de  temps,  elles  obtinrent  un  quantité  notable  de  platine  sans  mélange 
de  grains  d'or.  Je  remarquai  que  ce  n'était  pas  du  sable  d'alluvion  qu'on 
lavait,  mais  de  la  terre  végétale  très-cbargée  d'humus.  En  continuant  le 
lavage  de  ce  singulier  minerai,  on  trouva,  avec  le  platine,  une  bague  en 
argent  et  plusieurs  de  ces  perles  en  verroterie  qu'on  échange  encore  aujour- 
d'hui contre  la  poudre  d'or  apportée  par  les  Indiens.  Le  travail  terminé,  je 
commençai  une  enquête  dans  laquelle  furent  entendues  un  assez  grand 
nombre  de  personnes;  il  en  résulta  que  le  platine  non  mélangé  d'or  qu'on 
rencontre  très-fréquemment  dans  la  terre  végétale,  se  trouve  seulement  là 
où  il  y  a  eu  des  habitations,  lorsque  ce  métal,  n'ayant  aucune  valeur,  était 
jeté  aux  ordures.  Il  ne  faut  pas  oublier  en  effet  qu'après  l'année  1741  >  époque 
à  laquelle  Wood  fit  connaître  le  platine,  ce  métal  longtemps  encore  est  resté 
sans  usage;  les  chasseurs  l'employaient  quelquefois  comme  cendrée  de 
plomb,  ou  bien  mis  dans  des  sacs  il  servait  de  contre-poids  dans  les  horloges. 

»  Ainsi,  dans  le  Choco,  l'or  accompagne  constamment  le  platine  dans 
les  alluvions,  en  même  temps  qu'il  domine  généralement  dans  le  mélange 
des  deux  métaux.  C'est  ce  fait  que  je  crois  parfaitement  établi,  qui  me  por- 
tait à  douter  de  la  réalité  du  nouveau  gisement  de  platine  non  mélangé  d'or 
de  la  Nouvelle-Grenade,  et,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  il  n'a  fallu  rien 
moins  que  la  déclaration  du  Dr  Jervis,  affirmant  qu'il  a  extrait  lui-même 
le  métal  que  je  mets  sur  le  bureau  de  l'Académie,  pour  dissiper  les  doutes 
que  j'avais  conçus. 

»  Dans  les  contrées  où  l'on  traite  des  terrains  de  transport  aurifères,  la 
production  du  métal  est  étroitement  liée  au  chiffre  de  la  popidation  des 
travailleurs.  C'est  que  l'or  en  poudre  est  surtout  le  résultat  d'un  travail 
personnel  :  car,  quoi  qu'on  jen  ait  dit  ,  l'art  ,  jusqu'à  présent ,  n'a  eu 
que  bien  peu  d'influence  sur  l'accroissement  des  produits  des  mines  d'al- 
luvions,  et  j'ai  eu  maintes  fois  l'occasion  de  constater  que  pour  extraire 
beaucoup  d'or  d'un  dépôt  arénacé,  alors  même  qu'il  est  d'une  grande  ri- 
chesse, il  faut  disposer  à  la  fois  et  d'un  volume  d'eau  considérable  et  de 
nombreux  ouvriers 

»  Un  recensement  fait  vers  l'année  1780,  par  ordre  de  l'archevêque  Gon- 
gora,  vice-roi  de  la  Nueva-Granada,  portait  à  3ooo  les  nègres  orpailleurs 
du  Choco,  retirant  annuellement  1 1000  marcs  de  poudre  d'or  (1).  A  cette 


(1)  Dans  celte  évaluation  il  s'agit  uniquement  de  l'or  ayant  payé  le  tjninto.  L'or  exporté 
en  contrebande  n'est  pas  compris  dans  ce  chiffre. 

C.  R.,  i856,   1"  Semestre.  (T.  XLII,  No  20.)  «21 


(  922  ) 
époque,  et  conformément  au  principe  énoncé  précédemment,  l'Administra- 
tion admettait  qu'on  arriverait  facilement  à  extraire  20000  marcs  de  métal, 
lorsque  la  population  noire  aurait  doublé. 

»  En  1829,  le  travail  des  mines  était  encore  exécuté  par  des  esclaves 
quoique  la  population  noire  eût  diminué  notablement.  On  attribuait  cette  di- 
minution à  la  guerre  de  l'indépendance.  L'État  avait,  il  est  vrai,  donné  la 
liberté  aux  esclaves  engagés  sous  les  drapeaux,  en  indemnisant  les  maîtres. 
Mais  ce  qui  contribua  le  plus  à  ce  résultat,  ce  furent  les  dispositions  législa- 
tives prises  en  1816  par  le  Congrès  constituant,  dispositions  équitables, 
d'une  extrême  prudence  dans  leur  application  et  qui  permirent  à  un  État 
de  l'Amérique  méridionale ,  peu  important  au  point  de  vue  politique  ,  de 
devancer  l'Angleterre  et  la  France  dans  l'acte  si  éminemment  chrétien 
de  l'abolition  de  l'esclavage.  Toutefois,  en  1829,  ce  n'était  pas  sans  une 
certaine  inquiétude  que  les  propriétaires  des  lavaderos  voyaient  se  ma- 
nifester les  effets  de  la  loi;  encore  quelques  années,  disaient-ils,  et 
l'on  n'aurait  plus  que  des  vieillards  incapables  de  travail,  tous  les  esclaves 
vigoureux  devant  bientôt  atteindre  l'âge  fixé  pour  leur  affranchissement. 
Qu'il  me  soit  permis,  à  cette  occasion,  de  rapporter  la  réponse  que  fit,  en 
ma  présence,  à  un  de  ces  maîtres  d'esclaves,  mon  vénérable  ami  le  padre 
Bonafonte,  curé  de  Riosucio  de  Engeruma,  resté  pauvre  au  milieu  des  lin- 
gots qu'on  agitait  autour  de  lui  :  ■  N'ayez  aucune  crainte  sur  l'avenir  des 
»  mines  :  les  blancs  attachent  un  si  haut  prix  à  la  possession  de  l'or,  qu'un 
»  jour  ils  viendront  laverie  minerai  à  la  place  de  ces  malheureux  nègres.  » 

»  La  prédiction  du  bon  missionnaire  s'accomplit.  De  toutes  les  parties 
du  monde,  les  blancs  se  jettent  sur  les  contrées  aurifères  de  l'Amérique,  et 
si  leur  migration  se  porte  jamais  vers  le  Choco,  il  est  difficile  de  prévoir 
quelles  seront  les  quantités  de  métal  que  fourniront  les  vallées  du  San-Juan 
et  le  bas  pays  de  la  province  d'Antioquia;  mais  alors  l'histoire  aura  un  jour 
à  supputer  ce  que,  sous  l'influence  de  climats  éminemment  insalubres,  cet 
or  aura  coûté  d'existences  d'hommes.   » 

astronomie.  —  Lettre  de  M.  Valz  en  réponse  à  la  Note  insérée  dans  le 
Compte  rendu  de  la  séance  du  5  mai  dernier. 

«  Je  viens  de  voir,  dans  le  Compte  rendu  de  la  dernière  séance  de  l'A- 
cadémie, que  M.  Le  Verrier  me  fait  dire  ce  que  je  n'ai  pas  dit,  et  veut 
bien  réfuter  ce  que  je  n'ai  pas  prétendu.  En  effet,  je  n'ai  nullement  voulu 
faire  passer  pour  charlatans  les  astronomes  qui  croient  devoir  reproduire 


(9*3) 
les  secondes  incertaines  résultant  du  calcul  des  éléments  ordinaires  des  or- 
bites; mais  j'ai  avancé  seulement  qu'on  pourrait,  comme  le  baron  de  Zach, 
trouver  un  peu  de  charlatanerie  dans  les  centièmes  de  secondes  pour  les 
éléments  provisoires  :  ce  qui  est  assez  différent,  parce  que  les  éléments 
provisoires  sont  tout  autres  que  les  éléments  ordinaires;  que  les  centièmes 
de  secondes  ne  sont  pas  des  secondes,  et  qu'enfin  on  peut  bien  faire  un 
peu  de  charlatanerie,  ce  qui  arrive  parfois  assez  naturellement  à  bien  des 
gens,  sans  être  pour  cela  de  vrais  charlatans,  des  charlatans  par  métier. 
J'ai  dit  aussi,  en  termes  précis,  que  dans  les  déterminations  où  les  de- 
grés ne  sont  pas  même  certains,  il  devient  assez  inutile  de  courir  après 
les  secondes  :  ce  qui  ne  me  paraît  guère  avoir  besoin  de  démonstra- 
tion; mais,  pour  le  montrer  par  le  fait  même,  je  n'aurai  qu'à  citer  les  trois 
déterminations  du  périhélie  obtenues  pour  Léda  par  M.  Pape,  qu'on  ne 
saurait  trop,  du  reste ,  louer  du  grand  zèle  qu'il  met  à  calculer  aussitôt  que 
possible  les  éléments  provisoires  des  nouvelles  planètes,  pour  en  faciliter 
la  recherche  aux  astronomes,  après  quelques  jours  de  mauvais  temps  ou 
de  clair  de  lune;  en  quoi  il  leur  rend  un  éminent  service,  en  leur  épar- 
gnant beaucoup  de  peine  inutile  et  de  temps  perdu,  qui  sont  toujours  fort 
regrettables  pour  les  observateurs. 
»  Il  a  trouvé  cette  longitude  : 

Par  les  observations  de  janvier,  de  gi°33'5i",3 
avec  celles  de  février,  de  126.1 8.1 3, g 
avec  celles  de  mars,       de       9g. 43.   6,4 

présentant  ainsi  une  différence  d'environ  35  degrés.  Comment  admettre 
alors  que  les  secondes  et  leurs  dixièmes  sont  également  indispensables 
dans  des  éléments  qui  diffèrent  autant  ;  et,  tandis  que  la  différence  entre 
les  éphémérides  qui  en  résultent  va  à  55  minutes,  celle  provenant  des  se- 
condes négligées  n'aurait  pas  la  moindre  importance. 

»  Toute  l'argumentation  de  M.  Le  Verrier  repose  sur  ce  que  les  éléments 
provisoires  établis  sur  les  premières  observations  ne  servent  qu'à  repré- 
senter des  observations  déjà  faites;  mais  ce  n'est  pas  là  leur  plus  grande 
utilité,  qui  consiste  surtout  à  en  déduire  des  éphémérides  qui  puissent  guider 
l'astronome  observateur  dans  ses  recherches  et  observations  futures,  et  lui 
épargner  beaucoup  de  temps  perdu  et  de  peines  inutiles  à  chercher  dans 
le  ciel,  sans  de  pareils  secours.  Bientôt  cependant  leur  erreur  devient  si 
grande,  que  la  petite  différence  résultant  des  secondes  négligées  ou  non 
dans  les  éléments  provisoires  n'a  plus  aucune  importance.  Ainsi,  d'après 

121.. 


(oM) 

mes  observations  d'hier  soir,  les  éphémérides  de  la  nouvelle  planète  de 
M.  Goldschmidt  seraient  en  erreur  de  26  minutes,  tandis  que  la  différence 
provenant  des  secondes  négligées  n'en  serait  qu'une  bien  faible  fraction. 

»  Il  ne  me  reste  plus,  je  pense,  qu'à  relever  l'opinion  émise  par  M.  Le 
Verrier,  que  les  considérations  qu'il  a  cru  devoir  présenter  m'auraient  sans 
doute  échappé,  ce  qui  n'est,  en  effet,  qu'une  supposition  toute  gratuite  de  sa 
part.  » 

chirurgie.  —  De  l'application  de  l'autoplastie  au  traitement  des  cicatrices 
vicieuses  ;  par  M.  C.  Sédillot. 

«  Le  remarquable  Mémoire  dont  M.  le  professeur  Jobert  (de  Lamballe) 
a  donné  lecture  à  l'Académie  des  Sciences,  dans  la  séance  du  10  mars  i856, 
sur  l'application  de  l'anaplastie  aux  brides  cicatricielles,  nous  a  rappelé 
quelques  faits  de  notre  pratique,  pleinement  confirmatifs  des  avantages  de 
cette  méthode.  Les  procédés  que  nous  avons  adoptés  depuis  plusieurs 
années  ne  sont  pas  entièrement  semblables  à  celui  de  notre  célèbre  con- 
frère, et  nous  signalerons  particulièrement  trois  points  sur  lesquels  nous 
ne  saurions  nous  ralliera  son  opinion.  Ainsi,  nous  hésitons  à  admettre  l'es- 
pèce de  greffe  du  lambeau  anaplastique  dans  l'épaisseur  du  tissu  cicatriciel 
que  semble  indiquer  M.  Jobert.  Nous  ne  croyons  pas  nécessaire  la  section 
du  pédicule  du  lambeau.  Enfin,  nous  doutons  de  la  facilité  de  la  réunion 
immédiate,  entre  les  bords  du  lambeau  et  ceux  de  la  cicatrice. 

»  La  première  condition  de  succès,  pour  le  redressement  des  parties  dont 
la  forme  et  la  mobilité  sont  compromises  par  la  rétraction  du  tissu  inodu- 
laire,  est  sans  contredit  à  nos  yeux  la  division  complète  de  ce  tissu  jusqu'aux 
couches  normales  subjacentes,  qui  deviennent  la  base  et  le  point  d'appui 
du  lambeau.  Si  toute  l'épaisseur  du  tissu  modulaire  n'est  pas  intéressée,  les 
difformités  persistent  invinciblement,  et  l'on  reconnaît  la  nécessité,  non- 
seuleïnent  de  diviser  la  bride,  mais  encore  de  la  séparer  dans  beaucoup  de 
cas  par  la  dissection  des  tissus  sains  plus  profondément  situés.  C'est  une 
corde  inextensible  que  l'on  sectionne,  et  il  faut  la  couper  en  totalité  si  l'on 
veut  en  faire  disparaître  les  effets.  Nous  remarquerons  en  outre  que  la  réu- 
nion du  lambeau  au  seul  tissu  inodulaire,  si  elle  était  obtenue,  présenterait 
de  bien  faibles  éléments  de  vascularité,  et  que  l'on  aurait  certainement  à 
redouter  la  gangrène  du  lambeau,  après  la  section  du  pédicule.  Nous  con- 
cluons de  ces  considérations,  que  le  lambeau  anaplastique  doit  être  large- 
ment mis  en  rapport  avec  des  tissus  sains,  et  que  c'est  le  seul  moyen  de  re- 


(9*5) 
médier  aux  difformités,  de  donner  une  base  suffisante  au  lambeau  dont 
l'allongement  et  l'expansion  deviennent  possibles  et  d'en  assurer  la  vitalité. 
»  M.  Jobert  est  partisan  de  la  section  du  pédicule  du  lambeau,  et  il  en  a 
exposé  les  avantages  dans  ce  passage  :  «  Aucun  changement  appréciable  ne 
»  se  manifeste  avant  la  section  du  pédicule  ;  mais,  lorsqu'elle  a  été  prati- 
»  quée,  la  bride  s'étale,  la  difformité  disparaît,  les  tiraillements  cessent,  et 
»  la  partie  inclinée  se  redresse  et  reprend  son  attitude.  » 

»  Il  nous  paraît  impossible  que  la  section  du  pédicule  ait  l'influence 
que  signale  M.  Jobert,  si  du  moins  nous  avons  bien  compris  le  sens 
de  sa  phrase.  En  intercalant  un  lambeau  de  téguments  sains  entre  les 
deux  bords  d'une  cicatrice  du  cou  transversalement  divisée,  l'allongement 
du  lambeau  s'opère  dans  le  sens  vertical,  et  ne  saurait  être  empêché  par  le 
pédicule,  qui  se  trouve  placé  latéralement  et  en  dehors  de  la  sphère  d'action 
de  la  cicatrice.  Nous  ne  voyons  pas  l'utilité  de  l'incision  du  pédicule,  et 
nous  le  conservons  intact  dans  toutes  nos  opérations  anaplastiques,  relevant 
des  méthodes  française  et  indienne.  Avec  la  précaution  de  faire  partir  de 
la  perte  de  substance  à  combler,  le  bord  correspondant  du  lambeau  auquel 
on  imprime  une  légère  torsion  de  a 5  degrés  environ  pour  l'amener  à  sa 
nouvelle  situation,  le  pédicule  est  uni  à  la  plaie,  et  s'y  confond  tellement, 
qu'il  n'est  bientôt  plus  reconnaissable  et  qu'il  n'y  a  pas  de  motif  de  le  divi- 
ser. Cette  manière  d'agir  abrège  et  simplifie  l'opération  et  en  rend  le  succès 
plus  assuré,  puisqu'on  n'a  plus  à  redouter  la  gangrène  du  lambeau  par  suite 
de  la  section  du  pédicule,  quelle  que  soit  d'ailleurs,  la  rareté  de  ce  redou- 
table accident. 

»  Enfin,  et  c'est  là  notre  troisième  point  de  dissidence,  M.  Jobert  an- 
nonce «  que  la  greffe  animale  se  réunit  aussi  bien  au  tissu  cicatriciel 
»  divisé  qu'aux  autres  tissus ,  et  que  c'est  un  fait  remarquable  que  ce 
»  travail  ne  donne  lieu  à  aucun  accès  d'inflammation ,  et  qu'il  se  main- 
»  tient  dans  de  justes  limites.  »  Notre  expérience  est  en  désaccord  absolu 
avec  cette  opinion,  et  nous  avons  toujours  observé  la  fonte  ulcérative  de 
la  plus  grande  portion  du  tissu  inodulaire ,  au  contact  du  lambeau ,  dans 
toutes  nos  anaplasties  de  ce  genre.  De  là  pour  nous  le  précepte  d'éviter  de 
multiplier  les  points  de  suture,  et  de  n'en  appliquer  que  le  nombre  indis- 
pensable, pour  maintenir  pendant  quelque  temps  le  lambeau  étalé  dans  la 
plaie  et  en  éviter  le  retrait  et  l'enroulement  spontanés.  Une  très-légère 
compression  centrale  faite  au  moyen  de  linges  ployés  en  plusieurs  dou- 
bles et  trempés  dans  l'eau  froide  est  aussi  d'un  utile  secours. 

»  L'ulcération  des  bords  de  la  cicatrice  nous  paraît  si  constante,  que 


(  9*6  ) 
nous  n'avions  pas  craint  de  l'annoncer  sur  un  des  malades  opérés  à  la 
clinique,  dont  nous  donnerons  l'histoire,  et  nous  avions  appelé  l'atten- 
tion des  élèves  sur  ce  phénomène,  en  signalant  le  peu  de  crainte  qu'il  en 
fallait  concevoir,  attendu  que  le  tissu  inodnlaire  se  reforme  alors  avec  la 
même  rapidité  qu'il  s'est  détruit.  Si  M.  Jobert  n'a  pas  fait  les  mêmes  remar- 
ques, nous  devons  l'attribuer  à  des  conditions  toutes  spéciales  qui  n'ont 
pas  été  suffisamment  révélées,  et  qui  réclament  de  nouvelles  recherches. 

»  Faits  confirmatifs.  —    i°.  Cicatrice  du  cou  produite  par  brûlure", 
avec  flexion  de  la  tête  sur  la  poitrine.  Heureuse  application  de  lautoplastie 
Observation  recueillie  par  M.  Picard)  interne. 

»  Fix  (Charles),  mégissier,  âgé  de  quarante-deux  ans,  fut  admis  à  la  cli- 
nique le  12  décembre  i855.  Cet  homme  a  eu  dans  sa  jeunesse  toutes  les 
portions  droites  et  médianes  de  la  poitrine  ,  du  cou  et  de  la  tête ,  profondé- 
ment brûlées.  Une  bride  cicatricielle,  large  et  saillante,  maintient  la  tête 
fléchie,  et  le  maximum  de  l'écartement  entre  le  bord  supérieur  du  sternum 
et  le  menton  est  de  10  centimètres.  La  face  est  complètement  asymé- 
trique par  défaut  de  développement  du  côté  droit  ;  l'oreille  est  en  partie 
détruite  et  réduite  à  une  espèce  de  moignon  ;  les  mouvements  du  bras  droit 
ne  sont  pas  gênés,  malgré  la  présence  d'une  large  cicatrice  étendue  sur 
toute  l'épaisseur  de  ce  côté. 

»  Le  malade  se  plaint  d'une  aggravation  notable  de  la  flexion  de  la  tète, 
qui  l'empêche  depuis  quelques  mois  de  se  livrer  à  ses  occupations  habi- 
tuelles, et  il  en  attribue  justement  la  cause  à  une  ulcération  du  tissu  modu- 
laire, survenue  au  bord  supérieur  du  sternum,  dont  un  point  nécrosé 
est  détaché  et  mobile  au  milieu  d'une  ulcération  cicatricielle. 

»  M.  Sédillot  essaye  le  18  décembre  la  section  sous-cutanée  de  la  partie 
profonde  de  la  bride  et  obtient  par  ce  moyen  un  allongement  immédiat  de 
i  centimètres;  mais  cette  amélioration  avait  déjà  disparu  au  bout  de  vingt- 
quatre  heures,  et  la  difformité  était  revenue  au  même  degré. 

»  Le  20  décembre,  M.  Sédillot  voulant  un  résultat  décisif  et  permanent, 
tailla  sur  la  partie  gauche  du  cou,  dans  un  point  où  la  peau  était  restée  in- 
tacte, un  lambeau  vertical  de  25  millimètres  de  .hauteur  sur  4o  millimètres 
de  largeur,  dont  la  base  était  inférieure  et  le  sommet  tourné  vers  le  menton. 
De  l'extrémité  droite  de  cette  base,  M.  Sédillot  fit  partir  une  incision  trans- 
versale qui  intéressa  toute  l'épaisseur  d'avant  en  arrière  de  la  cicatrice,  dont 
les  lèvres  furent  disséquées  en  haut  et  en  bas  de  manière  à  présenter  un 
écartement  assez  grand  pour  y  loger  le  lambeau  renversé  de  haut  en  bas  et 
de  gauche  à  droite.  Quelques  points  de  suture  en  réunirent  le  sommet  et 


(  9*7  ) 
les  bords  au  tissu  cicatriciel  correspondant.  Des  fomentations  froides  furent 
appliquées,  et  un  appareil  amidonné,  tel  que  M.  Sédillot  en  fait  usage  poul- 
ies plaies  du  cou,  immobilisa  la  tête. 

»  Le  24,  le  lambeau,  dont  la  face  saignante  et  profonde  est  déjà  adhé- 
rente, offre  l'état  le  plus  satisfaisant;  mais  il  semble  isolé  au  milieu  d'une 
vaste  ulcération  circulaire  de  plus  de  1  centimètre  de  diamètre.  On  continue 
le  pansement  à  plat. 

»  Le  7  janvier  1 856,  des  bourgeons  charnus  de  bonne  nature  réunissent 
les  bords  du  lambeau  au  tissu  cicatriciel  environnant.  Le  i5  du  même  mois, 
la  cicatrisation  est  achevée.  Le  lambeau  est  souple,  uni,  sans  tension  ;  le 
pédicule  à  peine  apparent ,  les  mouvements  de  la  tête  beaucoup  plus  libres, 
et  le  malade  quitte  l'hôpital.  Nous  avons  revu  l'opéré  deux  mois  plus  tard, 
et  il  continuait  à  se  féliciter  des  heureux  résultats  de  son  traitement. 

»  a°.  Destruction  de  la  paupière  inférieure  droite  par  une  cicatrice  étendue 
au  nez,  à  la  joue  et  à  une  partie  de  la  tempe  du  même  côté.  Ectropion  con-. 
sécutif,  porté  au  plus  haut  degré,  avec  larmoiement  et  sensibilité  morbide 
de  l'œil.  Blépharoplastie  par  intercalation  de  deux  lambeaux  tégumentaires 
dans  l'intervalle  du  tissu  inodulaire  profondément  divisé.  Guérison  défini- 
tive. Observation  recueillie  par  M.  Heer,  interne. 

»  C...,  âgé  de  vingt-quatre  ans  environ,  vint  réclamer,  au  commencement 
de  i854>  les  soins  de  M.  Sédillot,  pour  un  ectropion  de  la  paupière  inférieure 
droite,  qui  l'incommodait  depuis  son  enfance  et  était  la  conséquence  d'une 
brûlure  très-étendue  de  la  face.  La  chaleur,  le  froid,  la  lumière,  le  vent  et  la 
poussière  provoquaient  de  la  douleur,  du  larmoiement  et  des  inflammations 
douloureuses  de  l'œil,  dont  le  segment  inférieur  restant  découvert  était  à 
peine  protégé  par  l'abaissement  momentané  de  la  paupière  supérieure. 

»  Le  tissu  cicatriciel  couvrait  toute  la  joue,  depuis  le  nez  et  la  lèvre  su- 
périeure jusqu'aux  rares  cils  encore  adhérents  au  bord  de  la  paupière  dont 
le  revêtement  tégumentairen'existait  plus.  Après  plusieurs  tentatives  infruc- 
tueuses, dont  M.  Sédillot  a  consigné  les  détails  dans  son  Traité  de  Médecine 
opératoire,  ce  professeur  entreprit  la  restauration  de  la  paupière  inférieure, 
par  un  large  lambeau  emprunté  au  front  et  à  la  tempe,  et  interposé  dans 
l'intervalle  du  tissu  inodulaire  profondément  divisé  et  renversé  en  haut  et 
en  bas  par  la  dissection.  La  mortification  partielle  de  l'extrémité  du  lambeau, 
qui  était  fort  long,  exigea  la  formation  d'un  second  lambeau,  pris  sur  le  front 
au  côté  interne  du  sourcil,  et  l'on  réunit  par  la  suture  les  bouts  des  deux 
lambeaux  l'un  à  l'autre.  Le  tissu  inodulaire  environnant  s'ulcéra,  puis  se 
reproduisit,  et  la  paupière  inférieure,  restaurée  et  soutenue  de  chaque  côté 


(9*8  ) 
par  la  disposition  des  lambeaux,  permit  la  libre  et  parfaite  occlusion  de  l'œil. 
»  Depuis  deux  ans,  je  n'avais  plus  entendu  parler  de  ce  malade,  lorsqu'il 
vint  me  voir,  il  y  a  quelques  semaines,  et  je  profitai  de  l'occasion  pour  le 
faire  photographier.  L'Académie  pourra  juger  d'après  l'épreuve  que  j'ai  l'hon- 
neur de  lui  adresser  des  résultats  de  l'opération  (i).  Les  lambeaux  sont  un 
peu  arrondis  et  saillants  et  pourraient  être  rendus  plus  réguliers  par  l'abla- 
tion de  quelques  légers  plis  ;  mais  comme  le  malade  est  très-satisfait  du  réta- 
blissement de  sa  paupière  et  de  la  disparition  de  toute  gène  et  de  toute  fai- 
blesse dans  l'exercice  de  la  vision,  il  ne  s'est  pas  montré  disposé  à  subir 
aucun  essai  de  perfectionnement,  et  nous  ne  l'en  avons  pas  blâmé. 

»  Quelques  personnes,  trompées  par  le  titre  de  blépharoplastie  donné  à 
cette  observation,  hésiteront  peut-être  à  y  voir  un  exemple  d'allongement 
d'une  cicatrice  par  l'intercalation  d'un  lambeau  tégumentaire;  mais  si  le 
but  poursuivi  est  réellement  une  restauration  palpébrale,  on  reconnaîtra 
cependant  que  le  procédé  est  exactement  le  même  que  dans  notre  première 
opération,  et  que  les  seules  modifications  qu'on  y  rencontre  se  rapportent 
à  la  hauteur  plus  grande  du  siège  du  pédicule.  Nous  nous  étions  conformé 
en  cette  circonstance  à  un  principe  général  dont  nous  avons  depuis  long- 
temps démontré  l'importance,  et  qui  consiste  à  toujours  placer  l'origine 
ou  le  point  de  départ  des  lambeaux  anaplastiques  du  côté  opposé  au  bord 
libre  des  organes  que  l'on  se  propose  de  reconstituer.  C'est  une  règle  invaria- 
ble pour  les  paupières  et  les  lèvres,  et  nous  y  avons  conformé  nos  procédés. 
»  Nous  pourrions  citer  d'autres  cas  plus  ou  moins  analogues  aux  précé- 
dents, et  celui  entre  autres  d'un  soldat  de  la  garnison  de  Strasbourg,  dont 
le  bras  fléchi  par  une  bride  cicatricielle  du  pli  du  coude  ne  pouvait  être, 
étendu.  Ce  malade,  dont  la  blessure  eut  un  certain  retentissement  à  cette 
époque,  qui  remonte  au  moins  à  quatre  ou  cinq  ans,  fut  l'objet  d'une 
consultation  de  tous  les  médecins  militaires,  et  je  proposai  l'intercalation 
d'un  lambeau  anaplastique  entre  les  bords  du  tissu  inodulaire  transversale- 
ment divisé.  Cette  opération  ne  fut  pas  pratiquée,  et  M.  le  Dr  Sergent,  alors 
chirurgien-major  d'un  régiment  d'artillerie,  se  chargea  de  donner  des  soins 
au  malade  qu'une  simple  incision  de  la  bride  cicatricielle  ne  parvint  pas  à 
guérir.  Dans  une  autre  circonstance,  nous  eûmes  recoins  au  même  procédé 
pour  faciliter  le  redressement  du  pouce  fléchi  d'une  manière  gênante  par 
une  bride  inodulaire,  résultant,  je  crois,  d'une  plaie  avec  perte  de  substance 
et  suppuration  prolongée. 

(i)  Cette  image  photographiée  est  mise  sous  les  yeux  de  l'Académie. 


(  929  ) 
»  Je  partage,  comme  on  le  voit,  l'avis  de  M.  Jobert  sur  la  haute  valeur 
de  l'application  de  l'autoplastie  au  traitement  des  brides  cicatricielles,  et  l'on 
peut  espérer  que  nos  légères  objections  feront  surgir  des  faits  assez  nom- 
breux pour  éclairer  le  petit  nombre  des  propositions  sur  lesquelles  nous  ne 
nous  sommes  pas  complètement  rallié  aux  idées  de  notre  célèbre  con- 
frère. » 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  communique  la  Lettre  suivante  que  lui  a 
adressée  M.  Ostrogradski,  récemment  nommé  à  une  place  de  Correspon- 
dant pour  la  Section  de  Géométrie. 

«  Permettez-moi  de  recourir  à  votre  intermédiaire  pour  faire  agréer,  par 
l'illustre  compagnie  qui  m'a  honoré  de  son  suffrage,  ma  profonde  recon- 
naissance et  mes  sincères  remercîments.  Je  suis  touché  et  pénétré  de  la 
marque  de  sa  bienveillante  indulgence;  je  ferai  mes  efforts  pour  m'en 
rendre  digne.  Je  vous  prie  aussi,  Monsieur,  de  transmettre  mes  remercî- 
ments aux  géomètres  de  la  célèbre  Académie  que  j'eus  l'honneur  de  con- 
naître personnellement  :  à  M.  Cauchy,  mon  illustre  maître,  intelligence 
extraordinaire  qui,  embrassant  les  sciences  mathématiques  dans  toute  leur 
étendue,  en  fait  reculer  toutes  les  limites  comme  Euler  et  Lagrange;  à 
M.  Poinsot,  qui  eut  la  complaisance  de  m' exposer  les  principes  de  sa  belle 
Théorie  de  la  Rotation,  bien  avant  qu'elle  fût  publiée;  à  M.  Binet,  mon 
professeur  au  Collège  de  France,  géomètre  célèbre  et  président  actuel  de 
l'Académie;  à  M.  Sturm,  mon  ami,  qui  dota  l'algèbre  et  l'analyse  trans- 
cendante de  théorèmes  de  la  plus  grande  portée,  et  à  M.  Lamé,  qui 
agrandit  la  théorie  des  équations  linéaires  à  différences  partielles. 

»  Je  remercie  de  même  les  géomètres  que  je  n'ai  pas  connus  personnel- 
lement ;  parmi  eux  figurent  M.  Liouville  et  d'autres  noms  célèbres  et  d'au- 
tres hautes  capacités.  Je  vous  remercie  également,  Monsieur  le  Secrétaire  per- 
pétuel, vous  que  je  ne  puis  me  permettre  de  louer  dans  une  Lettre  qui  vous 
est  adressée. 

»  En  nommant  les  géomètres  qui  soutiennent  avec  éclat  la  grande  célé- 
brité de  l'Académie  des  Sciences,  je  ne  puis  m'empècher  de  rappeler  en 
même  temps  la  mémoire  de  deux  morts  illustres,  auxquels  je  ne  puis 
penser  sans  attendrissement  et  regret  :  Poisson,  qui  m'honora  de  sa  bien- 
veillante amitié,  et  Fourier,  qui  fut  mon  bienfaiteur;  leur  souvenir  et  la 
reconnaissance  que  je  dois  au  dernier  me  resteront  pour  toujours.  » 

C .  R . ,  i856 ,  1er  Semestre.  (  T.  XLH ,  N°  20.  ;  I  22 


(  93o  ) 

analyse  mathématique.  —  Note  sur  les  Jacteurs  égaux  de  polynômes 
entiers  ;  par  M.  Ostrogradski. 

«  Désignons  respectivement  par  X,  P,  Q,  R  un  polynôme  entier  de  la 
variable  x,  le  plus  grand  diviseur  commun  à  ce  polynôme  et  à  sa  dé- 

rivée  —  et  les  quotients 

X      rfX 
~Ë'     ~di' 
"P~ 

Le  plus  grand  diviseur  commun  aux  polynômes  Q  et  R  —  -^  est  précisé- 
ment le  produit  des  facteurs  simples  du  polynôme  X;  soient  q,  Q,  et  R, 
ce  produit  et  les  quotients 

q    2 i* 

<?'      i 

Le  plus  grand  diviseur  commun  aux  polynômes 

Q.    «    R,-** 

sera  le  produit  des  facteurs  doubles  de  X;  désignons  q{  le  produit  dont  il' 
s'agit,  et  faisons 

Q>  _  n       R         d^  -  R 
-_Q2,      R,___R2. 

Le  plus  grand  diviseur  commun  à  Q2  et  Ra ^  représentera  le  pro- 
duit des  facteurs  triples  de  X;  ainsi  de  suite. 

»  J'ai  démontré  ces  propositions  dans  une  Note  lue  à  l'Académie  de  Saint- 
Pétersbourg  le  ro  octobre  1849-  Après  l'impression  de  cette  Note,  j'ai  re- 
connu qu'on  peut  avoir  immédiatement  les  facteurs  du  polynôme  X,  d'un 
degré  quelconque  de  multiplicité.  En  effet,  les  facteurs  dont  k  est  le  degré 
de  multiplicité,  forment  le  plus  grand  diviseur  commun  aux  polynômes  Q 

et  R  —  k~,  il  n'y  aura  donc  qu'à  rechercher  ce  diviseur  pour  avoir  le 

facteur  dont  il  s'agit. 

»  Ainsi  le  produit  des  facteurs  simples,  doubles,  triples,  etc.,  seront  res- 
pectivement les  plus  grands  diviseurs  communs  aux  polynômes 

Qe.R-g,     Qe.R-4^«-4 


(93i  ) 
Je  supprime  la  démonstration,  qui  ne  présente  aucune  difficulté,  et  même 
elle  devient  tout  à  fait  évidente,  si  l'on  représente  le  polynôme  X  sous  la 
forme 


?fîf«5«- 


NOMINATIONS 


L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Mem- 
bre qui  remplira,  dans  la  Section  de  Botanique,  la  place  devenue  vacante 
par  suite  du  décès  de  M.  de  Mirbel. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  54, 

M.  Gay  (Claude)  obtient 23  suffrages. 

M.  Duchartre 22 

M.  Chatin.  . 7 

M.  Trécul 2 

Aucuu  des  candidats  n'ayant  obtenu  la  majorité  absolue  des  suffrages, 
l'Académie  procède  à  un  deuxième  tour  de  scrutin. 
Le  nombre  des  votants  étant  55, 

M.  Gay  obtient 27  suffrages. 

M.  Duchartre. 25 

M.  Chatin 2 

Il  y  a  un  billet  blanc. 

Aucun  des  candidats  n'ayant  encore  cette  fois  obtenu  la  majorité  absolue, 
l'Académie  procède  au  scrutin  de  ballottage. 
Le  nombre  des  votants  restant  55, 

M.  Gay  obtient 28  suffrages. 

M.  Duchartre 27 

M.  Gay  (Claude),  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  pro- 
clamé élu. 

Sa  nomination  sera  soumise  à  l'approbation  de  l'Empereur. 


122. 


o>  ) 


MEMOIRES  PRESENTES. 

GÉOMÉTRIE.   —  Mémoire  sur  la  théorie  géométrique  des  lignes  à  double 
courbure;  par  M.  Paul  Serret.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Chasles,  Bertrand.) 

«  La  théorie  des  lignes  à  double  courbure  ,  telle  qu'elle  résulte  aujour- 
d'hui des  travaux  de  Monge  et  de  plusieurs  géomètres  contemporains , 
comprend  deux  études    distinctes. 

»  La  première,  qui  constitue  en  quelque  sorte  l'anatomie  de  ces  lignes, 
a  pour  objet  la  recherche  des  propriétés  que  présente  en  chacun  de  ses 
points  une  ligne  à  double  courbure  quelconque ,  et  pour  résultat  des  for- 
mules nombreuses  exprimant  les  diverses  relations  de  grandeur  et  de  po- 
sition qui  existent  entre  les  éléments  correspondants  de  la  ligne  considérée, 
du  lieu  des  centres  de  courbure  ,  de  la  ligne  de  striction  de  la  surface 
gauche  des  normales ,  et  de  l'arête  de  rebroussement  de  la  surface  polaire. 

»  Dans  la  seconde,  on  considère,  dans  toute  leur  étendue,  la  ligne  à 
double  courbure  primitive  et  chacune  des  lignes  qui  en  dérivent  ;  les  déve- 
loppées de  cette  ligne;  la  nature  des  surfaces,  gauches  ou  développables  , 
formées  par  des  normales  principales,  par  les  droites  polaires  ou  recti- 
fiantes, etc.  A  cette  seconde  étude,  enfin,  se  rattache  essentiellement  la 
recherche  des  lignes  à  double  courbure  qui ,  considérées  dans  toute  leur 
étendue ,  jouissent  en  chacun  de  leurs  points  d'une  même  propriété  ,  mé- 
trique ou  descriptive;  le  résultat  de  cette  recherche  étant  la  définition  géo- 
métrique de  chacune  de  ces  lignes,  d'après  cette  propriété.  On  voit  que  ce 
dernier  problème,  qui  a  pour  objet,  pour  ainsi  dire,  de  reconstruire  d'une 
seule  pièce  une  ligne  à  double  courbure  d'après  les  propriétés  qu'elle  présente 
en  l'un  de  ses  points,  est  l'inverse  du  premier  qui  adule  précéder,  et 
qui  devrait  lui  fournir  les  éléments  de  cette  reconstruction.  Il  présente 
d'ailleurs  de  bien  plus  grandes  difficultés,  et  n'a  été  abordé  que  beaucoup 
plus  tard,  et  dans  ces  dernières  années,  par  un  petit  nombre  de  géomètres, 
parmi  lesquels  nous  citerons  M.  Serret,  qui  a  résolu,  par  une  méthode  ana- 
lytique très-élégante ,  plusieurs  des  questions  que  nous  aurons  à  étudier 
géométriquement;  M.  Puiseux  ,  qui  a  fixé  le  premier  la  nature  des  lignes 
dont  les  deux  courbures  sont  constantes,  et  M.  Bertrand  ,  à  qui  l'on  doit 
plusieurs  propositions  importantes  conduisant  à  la  classification  des  surfaces 


(933) 
gauches  formées  parles  normales  principales  d'une  ligne  à  double  courbure. 

»  Le  Mémoire  que  nous  avons  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie 
a  pour  objet  l'exposition  de  la  théorie,  ainsi  définie,  des  lignes  à  double 
courbure. 

»  La  marche  que  nous  avons  suivie  est  entièrement  géométrique  :  n'em- 
pruntant rien  de  l'analyse,  nous  n'emprunterons  rien  aussi  de  la  théorie 
des  surfaces,  si  ce  n'est  quelques  définitions  indispensables  pour  caracté- 
riser les  lignes  que  nous  aurons  à  considérer ,  et  un  théorème  découvert  par 
M.  Chasles  sur  la  distribution  des  plans  tangents  à  une  surface  gauche, 
menés  parles  différents  points  dune  même  génératrice  rectiligne  de  la  surface. 

»  Nous  ajouterons  qu'une  telle  sobriété  dans  les  moyens  employés  nous 
parait  due  à  l'intervention  de  certaines  lignes  sphériques  auxiliaires,  que  nous 
appelons  indicatrices  ,  et  que  nous  croyons  n'avoir  omis  aucune  des  pro- 
priétés déjà  acquises  à  cette  partie  si  intéressante  de  la  géométrie  générale.  » 

méganique.   —  Note  sur  l'élasticité'  du  caoutchouc  vulcanisé; 

par  M.   P.  Boileap. 

(Commissaires,  MM.  Despretz,  Séguier.) 

«  L'emploi  du  caoutchouc  vulcanisé  dans  la  construction  des  machines 
paraissant  devoir  prendre  une  grande  extension,  il  m'a  semblé  utile  de  faire 
connaître  quelques  résultats  d'observations  que  j'ai  obtenus  en  r853  sur  les 
variations  de  son  élasticité  mise  en  jeu  par  la  compression. 

»  Employé  depuis  dix  ans  environ  pour  la  construction  des  tampons  des 
tenderset  des  locomotives,  le  caoutchouc  vulcanisé  a  sans  doute  été  l'objet 
d'observations  antérieures  à  celles  que  je  vais  rapporter,  mais  je  n'en  ai  pas 
eu  communication  ;  il  convient  de  remarquer  d'ailleurs  que  le  mode  de  pré- 
paration de  cette  substance  influe  notablement  sur  son  élasticité  ,  et  que 
la  sulfuration  du  caoutchouc  est  souvent  effectuée  par  des  procédés  expé- 
ditifs  qui  la  rendent  incomplète  ou  même  seulement  extérieure,  en  sorte 
que  les  résultats  des  expériences  ,  pour  être  comparés  entre  eux,  paraissent 
devoir  se  rapporter  à  des  échantillons  provenant  de  procédés  de  fabrication 
identiques. 

»  Parmi  les  divers  dispositifs  qui  ont  été  proposés  pour  la  construction 
des  ressorts  en  caoutchouc  vulcanisé ,  le  plus  avantageux  est  celui  qui 
consiste  en  une  colonne  cylindrique  composée  de  rondelles  de  cette  sub- 
stance, alternées  avec  des  disques  minces  en  fer  doux,  et  traversée  dans  toute 
sa  longueur  par  une   tige  directrice   centrale;   c'est  sur  un  ressort  ainsi 


(  934  ) 
constitué  que  j'ai  opéré;  il  appartenait  à  un  marteau  pilon  à  came  du  pre- 
mier système  de  M.  Schmerber,  et  le  caoutchouc  avait  été  choisi  par  cet 
habile  ingénieur  chez  un  des  meilleurs  fabricants  de  l'Angleterre. 

»  Les  dimensions  des  rondelles ,  au  nombre  de  huit ,  étaient  les  suivantes 
avant  la  compression  : 

Diamètre  extérieur n3    mill. 

Diamètre  de  l'œil  central  pour  le  passage  de  la  tige  directrice 3g 

Epaisseur 23 

Aire  de  la  partie  pleine  de  la  section  transversale 55  ">,  q55 

»  Les  disques  en  fer  interposés  avaient  une  épaisseur  de  5  millimètres. 
Les  expériences  ont  été  faites  dans  l'un  des  ateliers  des  chemins  de  fer  de 
l'Est,  établi  à  Montigny;  M.  Tenbrink,  directeur  de  cet  atelier,  a  bien 
voulu  en  favoriser  l'exécution.  On  a  d'abord  fait  subir  aux  rondelles  une 
compression  progressive  par  l'intermédiaire  d'un  fort  levier  en  fer  chargé 
sans  à-coup  de  poids  variables;  puis,  en  diminuant  progressivement  ces 
poids,  on  a  produit  une  période  de  détente. 

»  J'ai  réuni  dans  le  tableau  suivant  les  compressions  observées  pour  dif- 
férentes charges  ;  chacune  de  ces  compressions  est  la  somme  de  celles  des 
huit  rondelles  élastiques. 


CHARGES    EN 

KILOGRAMMES. 

COMPRESSIONS 

observées. 

CHARGES   EN 

KILOGRAMMES. 

COMPRESSIONS 

observées. 

Totales. 

Sur  le  centimèt. 
carré. 

(En  millimètres. ) 

Totales. 

Sur  le  centimèt. 
carré. 

(En  millimètres.) 

166 

2>967 

8,4 

446 

7>97' 

30,9 

186 

3,324 

9»6 

466 

8,328 

32.0 

206 

3,68i 

11, 1 

486 

8,685 

33,3 

226 

4,o3g 

12,7 

5o6 

9,043 

34,2 

246 

4,396 

'4,6 

526 

9,400 

35,i 

266 

4,754 

16,7 

546 

9,758 

35,9 

286 

5,iii 

18,7 

566 

10, 1 i5 

37,1 

3o6 

5,469 

20,5 

586 

10,473 

37,8 

326 

5,826 

22,2 

606 

io,83o 

38,4 

346 

6,184 

23,8 

646 

i.,545 

39,o 

366 

6,54i 

25,4 

686 

1 2 , 260 

39,5 

386 

6,898 

26,9 

726 

12,975 

4»,o 

406 

7,256 

28,3 

766 

13,690 

4°, 5 

426 

7,6i3 

29,6 

806 

4,4°4 

40,9 

(935  ) 
»  Variation  de  la  compressibilité  du  caoutchouc.  —  Afin  de  déterminer 
ces  variations  ,  j'ai  construit,  à  une  grande  échelle,  une  courbe  ayant  pour 
abscisses  les  charges  sur  le  centimètre  carré,  et  pour  ordonnées  les  compres- 
sions correspondantes;  puis,  sur  cette  courbe,  j'ai  pris  les  dépressions 
dues  à  un  accroissement  de  charge  de  \  de  kilogramme  par  centimètre 
carré  :  les  résultats  de  cette  opération  composent  le  tableau  suivant  : 


ACCROISSEMENTS 

ACCROISSEMENTS 

PRESSIONS 

de  compression  corres- 

PRESSIONS 

de  compression  corres- 

sur le 

pondants  à  un 

sur  le 

pondants  h  un 

centimètre  carré. 

accroissement  de  charge 

centimètre  carré. 

accroissement  de  charge 

de  ok,i. 

de  0^,1. 

kll 

mm 

kll 

mm 

2,0 

0,6o 

8,5 

0,63 

2,5 

0,64 

9»° 

0,60 

3,0 

0,70 

9>5 

0,57 

3,5 

0,85 

10,0 

°,49 

4,0 

°>99 

io,5 

0,32 

4,5 

1  ,o5 

1 1 ,0 

0,20 

5,o 

1,04 

1 1 ,5 

o,i5 

5,5 

0,98 

12,0 

0,14 

6,0 

0,90 

12,5 

o,i3 

6,5 

0,80 

i3,o 

0, 12 

7»° 

o,73 

i3,5 

0,11 

7,5 

0,70 

i4,o 

0,  10 

8,0 

•  0,66 

»  La  courbe  construite  en  prenant  pour  coordonnées  les  résultats  de  ce  ta- 
bleau, courbe  qui  représente  la  loi  de  variation  de  la  compressibilité  des 
disques  en  caoutchouc,  montre  à  la  première  inspection  que  cette  loi  n'est 
ni  simple,  ni  même  constante.  Le  fait  principal  est  celui  d'un  maximum  de 
compressibilité,  qui  s'est  produit  pour  une  charge  de  4ki7°°  P^r  centi- 
mètre carré  :  en  deçà  et  au  delà  de  cette  charge,  ou  plutôt  de  celles  qui  lui 
sont  voisines,  la  compressibilité  augmente  et  diminue  rapidement;  mais  ces 
deux  périodes,  qui  s'étendent  depuis  la  charge  de  3  kilogrammes  jusqu'à  celle 
de  7  kilogrammes,  sont  l'une  précédée  et  l'autre  suivie  d'une  phase  dans  la- 
quelle les  variations  sont  beaucoup  moins  rapides;  en  outre,  depuis  la 
charge  de  1  tk,5o  jusqu'à. celle  au  delà  de  laquelle  les  rondelles  élastiques 
subissent  une  déformation  permanente,  le  décroissement  de  leur  compres? 


(936) 
sibilité  est  très-faible,  mais  cette  période  est  précédée  d'une  autre  dans 
laquelle  le  contraire  a  lieu  :  de  sorte  que  dans  l'étendue  des  expériences,  et 
probablement  depuis  les  plus  petites  charges  jusqu'à  celles  qui  produisent 
l'écrasement,  la  compressibilité  des  rondelles  en  caoutchouc  passe  par  une 
succession  de  périodes  à  variations  alternativement  lentes  et  rapides. 

»  Cette  complication  de  phénomènes  doit  provenir  en  partie  de  la  consti- 
tution moléculaire  de  la  substance  considérée,  et  le  calorique  mis  en  jeu 
par  la  compression  n'y  est  sans  doute  pas  étranger,  mais  elle  est  certaine- 
ment augmentée  par  les  renflements  latéraux  des  rondelles. 

«  Détente  des  ressorts  comprimés ,  conditions  qui  s'y  rapportent.  — 
Lorsque  partant  de  la  pression  totale  de  806  kilogrammes,  j'ai  déchargé 
lentement  et  progressivement  la  colonne  élastique,  elle  n'a  pas  repris  exac- 
tement les  hauteurs  correspondantes  à  des  pressions  égales  dans  la  période 
de  compression,  mais  elle  est  revenue  à  sa  hauteur  primitive  quand  tous  les 
poids  ont  été  enlevés.  Cette  dernière  circonstance  prouve  que  l'élasticité  du 
caoutchouc  n'avait  pas  subi  d'altération  permanente  par  sa  compression,  et 
que  si  auparavant  les  rondelles  n'ont  pas  entièrement  repris  l'épaisseur  cor- 
respondante aux  poids  dont  elles  restaient  chargées,  c'est  que,  malgré  qu'on 
opérât  sans  précipitation,  la  détente  des  ressorts  n'a  pas  eu  le  temps  néces- 
saire pour  s'effectuer  complètement. 

«  Il  est  important  dans  l'emploi  des  ressorts  de  limiter  les  pressions  de 
telle  sorte  que  leur  élasticité  ne  soit  point  altérée,  et  pour  certains  cas  que 
la  détente  de  ces  ressorts  puisse  reproduire  intégralement  les  quantités  de 
travail  absorbées  par  leur  compression.  Relativement  à  la  première  de  ces 
conditions,  les  résultats  précédents  montrent  que  la  pression  de  i4k,4°4 
par  centimètre  carré  n'était  point  trop  considérable;  dans  une  autre  expé- 
rience effectuée  postérieurement,  cette  charge  ayant  été  portée  à  i8k,ia, 
la  déformation  permanente  des  rondelles  est  devenue  très-sensible,  non-seu- 
lement par  leur  diminution  d'épaisseur,  mais  aussi  parce  que  les  arêtes  supé- 
rieure et  inférieure  ont  été  remplacées  par  des  surfaces  obliques  et  légèrement 
courbes  :  ainsi,  en  attendant  de  nouvelles  observations,  la  charge  des  cy- 
lindres en  caoutchouc  vulcanisé  de  bonne  qualité  paraît  devoir  être  limitée 
à  i4  kilogrammes  par  centimètre  carré,  lorsqu'elle  agit  sans  à-coup.  Dans 
le  cas  d'actions  brusques  ou  de  chocs  fréquemment  réitérés,  l'effort  moyen 
du  choc  ne  me  paraît  pas  devoir  excéder  10  kilogrammes  sur  la  même 
unité  de  surface  transversale. 

»  Quant  à  la  reproduction  du  travail  dynamique  par  la  détente  des  res- 
sorts moléculaires,  il  ne  suffit  pas,  pour  qu'elle  ait  lieu  complètement,  que 


:(  o3?  ) 

la  substance  considérée  soit  susceptible  de  reprendre  sa  forme  primitive; 
l'observation  présentée  plus  haut  montre  en  effet  qu'il  faudrait,  pour  que 
le  déchet  de  travail  dynamique  fût  nul,  que  la  détente  pût  s'opérer  très- 
lentement,  et  d'autant  plus  que  la  masse  à  mouvoir  serait  plus  considérable, 
condition  qui  ne  s'accorde  pas  en  général  avec  celles  des  mouvements  des 
machines.  La  détente  des  ressorts  métalliques  est  beaucoup  plus  rapide, 
mais  le  temps  qu'elle  exige  suivant  les  circonstances  dans  lesquelles  elle 
s'effectue  n'a  encore  été  l'objet  d'aucune  recherche  précise.  » 

Dans  la  suite  de  son  Mémoire,  l'auteur  examine  l'influence  de  l'épais- 
seur des  rondelles,  principalement  d'après  les  résultats  qui  lui  ont  été  com- 
muniqués, postérieurement  aux  expériences  dont  il  vient  d'être  question ,  par 
M.  Schmerber;  il  expose  enfin,  en  terminant,  les  conséquences  qui  se 
déduisent  de  ces  recherches  relativement  à  l'emploi  des  ressorts  en  caout- 
chouc vulcanisé. 

anatomie.  —  Recherches  anatomiques  et  physiologiques  sur  les  appareils 
érectiles.  Jppareil  de  l'adaptation  de  l'œil  chez  les  Oiseaux ,  les  princi- 
paux Mammifères  et  l'homme;  par  M.  le  Dr  Charles  Rouget.  (Présenté 
par  M.  Claude  Bernard.) 

(Commissaires,  MM.  de  Quatrefages,  Cl.  Bernard.) 

«  Dans  l'intérieur  du  globe  oculaire  existe  un  appareil  capable  de  pro- 
duire dans  les  milieux  dioptriques  les  modifications  nécessaires  à  l'adap- 
tation de  la  vue  aux  distances. 

»  Cet  appareil  se  compose  de  parties  ou  d'organes  musculaires,  tendi- 
neux ou  élastiques  et  vasculaires,  produisant  par  la  combinaison  de  la  con- 
traction musculaire  et  de  la  tension  des  vaisseaux  l'acte  complexe  propre 
aux  appareils  érectiles. 

»  La  forme  générale  de  l'appareil  de  l'adaptation  est  celle  d'un  sac  qui, 
revêtu  à  l'extérieur  par  l'appareil  de  protection  (sclérotique  et  cornée), 
enferme  et  contient  dans  sa  cavité  les  milieux  dioptriques  et  l'appareil  de 
la  sensation  visuelle. 

»  Simple  dans  les  régions  postérieure  et  moyenne  du  globe  oculaire  où 
il  est  constitué  par  la  choroïde  et  le  corps  ciliaire,  ce  sac  se  dédouble,  au 
niveau  de  l'union  de  la  cornée  à  la  sclérotique,  en  deux  lames  :  l'une,  sim- 
plement élastique,  la  membrane  de  Descemet  qui  s'accole  intimement  à  la 
cornée;  l'autre,  musculaire  et  vasculaire,  l'iris,  complète  l'enveloppe  active 
du  sphéroïde, cristallo-vitré. 

C.  K.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  20.)  ]  23 


(938) 

»  Dans  la  première  partie  de  mon  travail,  j'exposerai  sommairement  les 
faits  nouveaux  relatifs  à  la  structure  élémentaire  et  à  la  texture  des  diffé- 
rentes parties  de  l'appareil;  dans  la  seconde,  je  montrerai  l'appareil  en  action. 

»  Au  niveau  du  bord  adhérent,  ou  dos  des  procès  ciliaires,  se  montre  une 
couche  de  faisceaux  à  direction  transversale,  obliquement  entre-croisés  : 
c'est  la  couche  à  fibres  circulaires  du  muscle  ciliaire. 

»  Chez  les  Oiseaux,  cette  couche  est  constituée  en  avant  par  des  faisceaux 
striés  en  travers,  et  en  arrière  par  des  fibres  régulières,  arrondies,  très- 
réfringentes,  analogues  aux  fibres  du  tissu  jaune  élastique,  mais  dans 
lesquelles  on  peut  apercevoir  quelquefois  des  stries  transversales  fines  et 
régulières . 

»  Chez  les  Mammifères,  la  couche  circulaire  du  muscle  ciliaire  est  consti- 
tuée par  des  faisceaux  de  fibrilles  dartoïdes,  lisses  et  munis  de  noyaux  allon- 
gés, au  milieu  desquels  courent  des  divisions  plexiformes  des  nerfs  ciliaires. 

»  En  dehors  du  muscle  ciliaire  annulaire,  on  voit  sortir,  en  quelque 
sorte,  du  stroma  de  la  choroïde,  au  bord  postérieur  de  la  région  ciliaire, 
les  faisceaux  du  muscle  ciliaire  radié. 

»  Chez  les  Oiseaux,  ces  faisceaux,  constitués  par  des  fibres  striées  en 
travers,  forment  au  moins  deux  plans  musculaires  :  l'un,  externe  et  posté- 
rieur, s'insère  après  un  très-court  trajet  au  bord  postérieur  de  l'anneau 
osseux  de  la  sclérotique  ;  l'autre,  recouvert  à  son  origine  dans  la  choroïde 
par  le  précédent,  se  prolonge  en  avant  jusqu'au  bord  antérieur  de  l'anneau 
osseux,  où  s'insère  une  partie  de  ses  fibres,  tandis  que  le  reste  s'attache  au 
pourtour  de  la  membrane  de  Descemet,  véritable  tendon  élastique  du  plan 
antérieur  du  muscle  ciliaire  radié. 

»  Ce  muscle  n'est  autre  chose  que  celui  décrit  par  Crampton;  mais 
Crampton  et  tous  les  anatomistes  (entre  autres  Brùcke)  qui  ont  décrit  ce 
muscle  après  lui,  se  sont  trompés  sur  son  origine  et  sa  véritable  signification. 

»  Chez  les  Mammifères,  le  muscle  ciliaire  radié,  constitué  par  des  faisceaux 
musculaires  lisses  dartoïdes,  naît  également  du  stroma  de  la  choroïde,  et  se 
termine  au  niveau  du  sillon  keratosclérotical,  où  il  se  continue  en  grande 
partie,  sinon  en  totalité,  avec  la  membrane  de  Descemet. 

»  L'appareil  musculaire  de  l'iris  ri  est  que  la  continuation  du  plan  profond 
[à  fibres  circulaires)  du  muscle  ciliaire. 

»  Chez  les  Oiseaux,  les  faisceaux  striés  à  direction  transversale  pénètrent 
obliquement  dans  l'iris,  et  conservant  dans  toute  l'étendue  de  cette  mem- 
brane une  direction  généralement  circulaire,  ils  s'entre-croisent  tous  plus  ou 
moins  obliquement. 

»  J'ai  constaté  chez  tous  les  Mammifères  que  j'ai  examinés  (homme, 


(93g) 

carnassiers,  ruminants,  rongeurs)  une  disposition  tout  à  fait  analogue  à 
celle  de  l'iris  des  Oiseaux.  Au  bord  antérieur  du  muscle  ciliaire,  les  fais- 
ceaux de  la  couche  profonde  (annulaire)  de  ce  muscle,  continuant  leur 
direction  transversalement  oblique,  pénètrent  dans  l'iris,  et  là  couvrant 
la  face  externe  de  cette  membrane  et  enlaçant  les  vaisseaux  dans  leurs 
mailles,  ils  s'entre-croisent  pins  ou  moins  régulièrement  les  uns  avec 
les  autres,  coupent  généralement  sous  un  angle  de  45  degrés  la  direction 
des  rayons  du  cercle  irien,  atteignent  le  bord  pupillaire,  et  semblent,  après 
l'avoir  franchi,  former  à  la  surface  interne  de  l'iris  l'anneau  de  fibres  cir- 
culaires (sphincter  de  la  pupille). 

»  Un  réseau  admirable,  formé  surtout  par  les  divisions  et  enroulements 
multiples  des  veines  de  la  choroïde,  occupe  le  quart  postérieur  environ  de 
cette  membrane,  au  pourtour  de  l'entrée  du  nerf  optique.  Quand  ce  réseau 
est  rempli,  l'épaisseur  de  la  membrane  en  ce  point  est  plus  que  doublée. 
Cette  disposition  a  une  complète  analogie  avec  le  réseau  admirable  choroï- 
dien  des  Poissons. 

»  Les  veines  de  l'iris  sont  tellement  nombreuses,  que  ces  vaisseaux  et  les 
artères  couvrent  entièrement  [la  surface  de  l'iris,  et  semblent  à  l'oeil  nu  ne 
laisser  entre  eux  aucun  intervalle. 

»  Toutes  ces  veines  se  rendent  aux  vasa  vorticosa  par  les  procès  ciliaires, 
les  unes  en  se  portant  à  la  tête  et  au  bord  libre  de  ces  plis,  les  autres  en 
longeant  le  dos,  ou  les  intervalles  des  procès  ciliaires,  avec  lesquels  toutes 
communiquent  largement. 

»  On  voit,  d'après  cela,  que  tout  le  sang  apporté  à  l'appareil  vasculaire 
si  riche  de  la  choroïde  et  de  l'iris,  par  les  artères  ciliaires  courtes,  par  les 
artères  ciliaires  longues,  par  les  artères  ciliaires  antérieures,  n'a  d'autre  voie 
de  retour  que  les  quatre  troncs  où  aboutissent  les  vasa  vorticosa  de  la  cho- 
roïde, les  veines  ciliaires  courtes,  d'où  résulte  dans  tout  cet  appareil  une 
tension  constante,  nécessaire  à  l'exercice  régulier  de  la  vision. 

»  Si  nous  considérons  l'effet  de  la  contraction  des  muscles  de  l'iris  et  de 
la  choroïde  sur  le  système  vasculaire  de  ces  membranes,  nous  sommes  con- 
duits aux  conclusions  suivantes  : 

»  Quand  les  fibres  obliques  de  l'iris  se  contractent  pour  dilater  la  pu- 
pille, elles  diminuent  l'étendue  absolue  de  la  membrane,  dont  elles  compri- 
ment et  vident  plus  ou  moins  complètement  les  vaisseaux,  les  veines  surtout. 

»  Quand  cette  contraction  a  cessé,  l'afflux  brusque  du  sang  dans  les  vais- 
seaux agit  comme  la  détente  d'un  ressort  élastique,  distend  la  membrane 
irienne,  et  vient  en  aide  pour  produire  le  rétrécissement  de  la  pupille  au 
faible  sphincter  de  cet  orifice. 

ia3.. 


(  94o  ) 

»  Dès  les  premiers  moments  de  la  contraction  des  faisceaux  circulaires 
du  muscle  ciliaire,  les  veines  de  l'iris  qui  les  traversent  pour  se  rendre  au 
vnsa  vorticosa,  se  trouvent  comprimées;  dès  lors  tout  le  sang  qui  revient 
de  l'iris  doit,  pour  se  rendre  aux  troncs  veineux  de  la  choroïde,  passer  uni- 
quement par  les  procès  ciliaires,  et,  augmentant  la  tension  de  ces  plis  érec- 
tiles,  les  appliquer  fortement  aux  bords  de  la  lentille  cristalline  et  à  la  région 
ciliaire  du  corps  vitré. 

»  Mettons  maintenant  en  action  muscles  et  vaisseaux,  contraction  et 
érection,  pour  produire  l'adaptation  de  la  vue  à  courte  distance  par  l'aug- 
mentation de  courbure  de  la  lentille  cristalline  et  l'allongement  de  l'appareil 
dioptrique  cristallo-vitré. 

»  Le  muscle  ciliaire  circulaire  se  contracte  et  comprime  la  couronne  des 
procès  ciliaires;  ceux-ci,  distendus  par  le  sang  et  communiquant  tous  en- 
semble, peuvent  être  considérés  comme  un  anneau  liquide  élastique,  qui 
transmet  en  la  régularisant  la  contraction  exercée  par  le  muscle  ciliaire  aux 
bords  de  la  lentille  cristalline  et  à  la  zone  ciliaire  du  corps  vitré. 

»  L'effet  général  de  cette  contraction  annulaire,  qui  ne  s'exerce  que  sur 
la  partie  antérieure  du  sphéroïde  cristallo-vitré,  serait  un  refoulement  ex- 
centrique en  arrière,  surtout  dans  la  région  choroïdienne,  d'une  partie  de  la 
masse  dioptrique,  et  l'effet  serait  presque  nul  pour  l'augmentation  de  cour- 
bure du  cristallin  et  l'allongement  de  l'axe  de  l'appareil  ;  mais  ici  intervient 
l'action  .du  muscle  ciliaire  radié  :  la  choroïde  étant  solidement  fixée  en 
arrière  à  la  sclérotique,  la  contraction  de  ce  muscle  a  pour  effet  de  la  tendre 
circulairement  et  de  s'opposer  par  là  au  refoulement  excentrique  du  corps 
vitré  dans  ce  sens.  En  même  temps,  cette  tension  redresse  la  courbure 
de  la  partie  antérieure  de  la  choroïde,  ce  qui  étend  à  une  grande  surface 
la  compression  circulaire  des  milieux  dioptriques;  nécessairement  alors  la 
masse  de  ces  milieux  incompressibles  tend  à  s'échapper  en  avant  et  en 
arrière,  d'où  allongement  de  l'axe  et  propulsion  en  avant  de  la  face  anté- 
rieure de  la  lentille  cristalline,  dont  la  courbure  est  augmentée  par  la  com- 
pression circulaire  de  ses  bords.  Quant  à  l'iris,  immédiatement  appliqué  sur 
le  cristallin,  comme  le  prouve  sa  convexité  très-prononcée  chez  la  plupart 
des  animaux,  il  est  dans  l'adaptation  à  la  vue  de  près  et  à  une  lumière 
moyenne,  contracté  pour  accommoder  les  dimensions  du  diaphragme  à  la 
courbure  de  la  lentille  :  il  peut  même  jouer  un  rôle  important  pour  pro- 
duire cette  augmentation  de  courbure  de  la  face  antérieure  de  la  lentille,  car 
les  milieux  dioptriques,  comprimés  de  toutes  parts  dans  le  sac  irio-choroï- 
dien,  tendent  naturellement  à  s'échapper,  à  faire  hernie  par  l'orifice  unique 
de  ce  sac,  la  pupille. 


(94i  ) 

»  Érection  des  procès  ciliaires,  contraction  du  muscle  ciliaire  circulaire, 
du  muscle  ciliaire  radié,  tension  de  la  choroïde,  contraction  de  l'iris,  voilà 
sans  doute  bien  des  phénomènes  mis  en  jeu  pour  produire,  dans  les  mi- 
lieux dioptriques,  les  changements  si  peu  considérables  que  la  physique 
avait  depuis  longtemps  prévus,  et  dont  elle  a  pu  récemment  constater  l'exis- 
tence. (Expériences  de  Krâmer  et  d'Helmholtz,  de  Donders  et  Van  Trigt.) 
Mais  c'est  précisément  parce  que  des  éléments  multiples  entrent  en  ac- 
tion, que  la  part  de  chacun  d'eux  et  les  modifications  qu'il  subit  sont  pour 
ainsi  dire  inappréciables,  et  ont  si  longtemps  échappé  à  l'observation. 

»  Les  modifications  que  subissent  pour  l'adaptation  la  poche  irio-cho- 
roïdienne  et  son  contenu  sont  tout  à  fait  analogues  à  celles  d'un  muscle  qui 
se  contracte  :  il  n'y  a  ni  augmentation  ni  diminution  de  masse,  mais  un  sim- 
ple changement  de  forme  auquel  se  prête  la  sclérotique  en  arrière.  Quant  à 
la  chambre  antérieure,  la  saillie  du  cristallin  dans  sa  partie  moyenne  est 
compensée  par  l'élargissement  de  la  gouttière  irio-cornéenne,  etl'écartement 
des  parois  du  canal  de  Fontana.  Enfin  la  tension  augmentée  des  procès 
ciliaires  peut  trouver  sa  compensation  dans  la  compression  du  réseau  admi- 
rable choroïdien.    » 

Remarque  sur  le  Mémoire  de  M.  le  Dr  Charles  Rouget. 

«  M.  de  Quatrefages  prend  la  parole  pour  faire  connaître  à  l'Académie 
un  résultat  remarquable  résultant  des  recherches  de  M.  Dujardin  sur  la 
vision  chez  les  Insectes.  D'après  le  professeur  de  Rennes,  l'adaptation  chez 
ces  invertébrés  est  due  à  la  présence  d'un  réseau  de  trachées  qui  se 
vide  ou  se  gonfle  selon  les  besoins.  Ce  réseau  trachéen  remplirait  donc 
des  fonctions  analogues  à  celles  que  l'auteur  du  Mémoire  présenté  par 
M.  Bernard  attribue  au  réseau  admirable  choroïdien  qu'il  a  découvert. 
Le  sang  chez  les  Oiseaux  et  les  Mammifères,  l'air  chez  les  Insectes,  seraient 
ainsi  employés  pour  obtenir  un  résultat  semblable.  M.  Dujardin  n'a  pas 
encore  publié  ses  recherches  ,  mais  M.  de  Quatrefages  ne  croit  pas  être  in- 
discret en  prenant  ainsi  date  pour  un  confrère  absent.   » 

physique  DU  globe.  —  Note  concernant  la  découverte  des  sources 
de  V ozone  atmosphérique;  par  M.  Scoutetten.  (Communiquée  par 
M.  J.  Cloquet.) 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Begnault,  Cloquet.) 

n  Les  recherches  de  M.  Schœnbein,  celles  de  MM.  Marignac  et  de  la 
Rive,  et  surtout  l'important  Mémoire  de  MM.  E.  Fremy  et  Edm.  Becquerel, 


(  942  ) 
ont  constaté  que  l'oxygène  peut  être  électrisé  positivement  et  constituer  le 
corps  nommé  ozone  par  le  premier  de  ces  auteurs.  Un  grand  nombre  d'ob- 
servateurs a  constaté  la  présence  fréquente  de  l'ozone  dans  l'air  atmosphé- 
rique, mais  la  divergence  de  leurs  opinions,  l'absence  de  toute  corrélation 
entre  l'existence  de  l'ozone  atmosphérique  et  d'autres  phénomènes  de  la 
nature  ont  rendu  les  recherches  stériles  et  ont  faiblement  attiré  l'attention 
des  savants.  C'est  qu'en  effet  on  s'était  borné  à  signaler  un  fait  sans  en  in- 
diquer la  cause,  sans  en  préciser  l'importance. 

»  Nous  espérons  avoir  été  plus  heureux  en  découvrant  que  l'ozone  est 
formé  : 

»    i°.   Par  l'électrisation  de  l'oxygène  sécrété  par  les  végétaux; 

»   u°.  Par  l'électrisation  de  l'oxygène  qui  s'échappe  de  l'eau  ; 

»   3°.  Par  l'électrisation  de  l'oxygène  dégagé  dans  les  actions  chimiques  ; 

«  4°-  Par  des  phénomènes  électriques  réagissant  sur  l'oxvgène  de  l'air 
atmosphérique. 

»  L'expérience  suivante  constate  immédiatement  le  phénomène  signalé.  On 
se  munit  d'une  cloche  en  verre  blanc  au  sommet  de  laquelle  on  attache,  au 
moyen  d'un  peu  de  cire,  une  bandelette  de  papier  ozonoscopique  suspen- 
due à  un  fil  ;  on  pose  cette  cloche  sur  une  plante  quelconque,  fixée  au  sol 
ou  détachée  :  des  feuilles  d'arbre  suffisent  même  pour  l'expérience  ;  on  ex- 
pose le  tout  à  la  lumière  directe  et  l'on  constate  bientôt  les  phénomènes  sui- 
vants :  des  vapeurs  d'eau  se  répandent  dans  la  cloche,  bientôt  elles  forment 
gouttelettes  contre  les  parois  du  vase,  le  papier  commence  à  se  colorer;  il 
est  d'abord  jaune-paille,  il  passe  à  la  couleur  chamois  et,  s'il  y  a  beaucoup 
d'ozone,  à  la  couleur  feuille-morte.  L'expérience  terminée,  le  papier  trempé 
dans  l'eau  prend  une  couleur  bleue,  plus  ou  moins  foncée. 

»  Si  l'expérience  commence  à  sept  heures  du  matin,  le  papier  se  colore 
faiblement  vers  huit  heures  et  demie  ou  neuf  heures  ;  à  onze  heures,  la  colo- 
ration augmente  rapidement,  elle  progresse  jusque  vers  trois  heures  après 
midi  ;  au  delà  de  ce  temps,  on  ne  remarque  plus  de  progrès  sensible.  L'or- 
dre de  ces  phénomènes  est  constant,  mais  ils  se  produisent  avec  plus  ou 
moins  de  rapidité  et  d'intensité,  selon  l'élévation  de  la  température  et  la 
vivacité  de  la  lumière  solaire.  Nous  avons  vu  la  vaporisation  de  l'eau,  et, 
peu  de  temps  après,  la  coloration  du  papier  commencer  vers  sept  heures  et 
d'autres  fois  vers  dix  heures  du  matin.  Si  vous  répétez  la  même  expérience 
sur  l'eau  de  source,  de  rivière  ou  de  pluie  contenue  dans  des  vases  posés  sur  le 
sol  ou  soulevés  sur  des  pieds  en  verre,  vous  obtenez  des  résultats  identiques 
à  ceux  fournis  par  les  plantes.  Une  série  d'expériences  variées  et  fréquem- 
ment répétées  nous  ont  permis  de  constater  : 


(943) 

»  i°.  Que  les  végétaux,  ainsi  que  l'eau,  fournissent  constamment  à  l'at- 
mosphère de  l'ozone  pendant  le  jour; 

»   20.  Que  ce  phénomène  cesse  pendant  la  nuit  ; 

»  3°.  Qu'on  le  suspend  pendant  le  jour  en  soustrayant  l'eau  ou  les 
plantes  à  l'action  de  la  lumière  directe  ;  qu'il  suffit  pour  cela  de  mettre  un 
morceau  de  linge  ou  une  feuille  de  papier  sur  la  cloche  ;  qu'on  le  suspend 
encore  en  se  bornant  à  mettre  l'eau  ou  les  plantes  dans  un  appartement  où 
elles  ne  recevraient  que  la  lumière  diffuse; 

»  4°.  Que  l'ozone  ne  se  produit  pas  lorsqu'on  se  sert  d'eau  distillée 
bouillie  ;  qu'il  en  est  de  même  lorsqu'on  y  met  des  plantes  introduites  dans 
une  cloche  remplie  de  cette  eau  bouillie  ;  qu'on  peut  même  se  dispenser 
d'eau  distillée,  l'expérience  réussissant  également  avec  de  l'eau  ordinaire 
bouillie  et  sur  laquelle  on  jette  ensuite  une  couche  d'huile  pour  empêcher 
l'absorption  de  l'air  atmosphérique; 

»  5°.  Que  la  formation  de  l'ozone  a  également  lieu  lorsque  l'eau  ou  les 
plantes  sont  enfermées  dans  un  ballon  en  verre,  qu'on  suspend  loin  du  sol 
avec  une  corde  en  soie. 

»  En  ce  qui  touche  les  actions  chimiques,  nous  sommes  parvenu  à  dé- 
montrer, par  des  expériences  rigoureuses,  que  l'oxygène  naissant  est  de 
l'ozone,  et  que  c'est  aux  propriétés  que  l'oxygène  acquiert  par  l'électrisa- 
tion  positive  qu'il  doit  de  former  des  combinaisons  impossibles  avec  l'oxy? 
gène  pur.  Enfin  l'ozone  se  forme  dans  l'air  atmosphérique  sous  l'influence 
de  courants  électriques  continus  et  invisibles,  ou  par  une  succession  d'étin- 
celles plus  ou  moins  fortes  ;  mais  ces  derniers  faits  avaient  déjà  été  entrevus 
par  plusieurs  observateurs.  Il  décoide  de  ces  expériences  des  aperçus  nou- 
veaux, tout  à  fait  inattendus,  éclairant  tout  à  coup  des  actes  nombreux  de 
la  physiologie  végétale  et  animale,  expliquant  un  grand  nombre  de  phéno- 
mènes météorologiques  restés  obscurs,  ainsi  que  les  réactions  chimiques  où 
l'oxygène  joue  le  principal  rôle.  Nous  nous  réservons  de  présenter  ultérieu- 
rement les  faits  avec  tous  les  développements  qu'ils  nécessitent  et  d'en  tirer 
les  conséquences  qui  en  sont  une  suite  naturelle.    » 

Dans  une  Lettre  qui  fait  partie  de  la  Correspondance  de  cette  séance, 
M.  Scoutetten  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  faire  ouvrir  un  paquet 
cacheté  déposé  en  son  nom,  le  5  mai  dernier,  et  qui  renferme  une  Note 
également  relative  à  la  découverte  des  sources  de  l'ozone  atmosphérique. 

L'auteur  demande  que  cette  première  Note  et  celle  qu'a  bien  voulu  com- 
muniquer M.  Cloquet  soient  renvoyées  à  l'examen  d'une  Commission  ;  il 
joint  à  sa  Lettre  des  échantillons  de  papier  réactif,  sur  lesquels  on  peut  ob- 


(944) 
server  les  effets  produits  par  l'eau  et  les  végétaux,  et  un  paquet  de  papier 
préparé  pour  les  expériences  que  voudrait  faire  la  Commission. 

Les  deux  Notes  et  les  pièces  qui  y  sont  jointes  sont  renvoyées  à  l'examen 
d'une  Commission  composée  de  MM. Becquerel,  Regnault  et  Cloquet. 

physique  DU  GLOBE.  —  Ozone  atmosphérique  :  son  influence  sur  l'état  sani- 
taire d'un  pays;  Lettre  de  M.  Wolf  à  M.  Elie  de  Beaumont. 

«  Zurich,  16  mai  i85G. 

«  L'Académie  des  Sciences  a  bien  voulu  s'intéresser  aux  communications 
que  je  lui  ai  faites  l'année  dernière  sur  l'influence  de  l'ozone  relativement  à 
l'état  sanitaire.  J'ai  continué  ces  études,  et  je  viens  de  trouver,  par  le  dépouil- 
lement que  je  viens  de  faire  des  observations  de  l'ozone  à  Berne  en  1 855,  pour 
un  Mémoire  que  je  dois  communiquer  à  la  Société  d'Histoire  naturelle  de 
cette  ville,  quelques  résultats  que  je  crois  assez  intéressants  pour  en  faire 
une  communication  nouvelle  à  l'Académie. 

»  L'été  de  i855  a  été  marqué  à  Berne  par  une  dysenterie  épidémi- 
que,  qui  causa ,  aux  mois  d'août  et  de  septembre,  en  moyenne  six  à  sept 
décès  par  jour,  au  lieu  de  deux  et  demi,  moyenne  ordinaire.  En  comparant 
avec  ces  faits  les  indications  de  l'ozonomètre,  je  viens  de  trouver  les  nom- 
bres suivants  : 

8,46  pour  la  réaction  moyenne  de  tous  les  soixante  et  un  jours  des  mois  d'août  et  de 
septembre. 

9,55  pour  la  réaction  moyenne  des  trente  et  un  jours  où  il  avait  au  moins  cinq  décès  par 
dysenterie. 

8,14  pour  la  réaction  moyenne  des  quatorze  jours  avec  trois  à  quatre  décès  par  dy- 
senterie. 

7,12  pour  la  réaction  moyenne  des  seize  jours  restants. 

»  Je  dois  en  conclure  que  l'énergie  de  l'épidémie  a  augmenté  et  diminué 
avec  la  quantité  de  l'ozone. 

»  Les  observations  ozonométriques  faites  à  Saanen  (village  du  canton  de 
Berne,  45o  mètres  au-dessus  de  la  capitale),  depuis  le  mois  d'août  jusqu'à  la  fin 
de  l'année,  confirment  mes  conclusions.  Les  indications  de  l'ozonomètre  à 
Saanen  surpassaient  en  moyenne  des  cinq  mois  d'observations  celles  de 
Berne  de  1  degré  de  l'échelle  de  Schônbein  ;  mais,  pour  les  mois  d'août  et  de 
septembre,  elles  étaient  au  contraire  plus  faibles  de  2  degrés;  et  pendant 
la  période  du  6  au  10  septembre,  dans  laquelle  moururent  à  Berne,  en 
maximum,  neuf  personnes  de  dvsenterie  par  jour,  cette  différence  s'élevait 
jusqu'à  5  degrés.  » 


(945) 

physique.  —  Note  sur  la  chaleur  et  le  travail  mécanique  produits  parla 
fermentation  vineuse;  par  M..  Dcbrcnfact.  (Extrait  d'un  Mémoire  sur  la 
fermentation  vineuse.) 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée  :  MM.  Payen  et  Peligot.) 

o  Les  phénomènes  chimiques  si  nombreux  de  dédoublements  molécu- 
laires, depuis  le  plus  simple,  celui  des  corps  gras  neutres,  jusqu'au  plus 
complexe,  la  fermentation  amygdalique,  doivent  être  acompagnésde  change- 
ments tle  température  sensibles.  Aucun  de  ces  phénomènes  n'a  jusqu'à  pré- 
sent été  l'objet  d'examen  à  ce  point  de  vue.  Nous  avons  pensé  qu'il  pourrait 
être  utile  de  soumettre  à  un  tel  examen  la  fermentation  vineuse,  d'autant 
plus  que  cette  réaction  offre  la  réunion  remarquable  de  productions  de 
chaleur,  d'acide  carbonique  et  d'un  travail  mécanique  appréciable.  Cette 
étude  peut  fournir  l'occasion  de  rapprochements  utiles  dans  un  moment  où 
les  belles  observations  de  MM.  Regnault,  Joule,  Seguin,  Meyer,  Foucault,  etc., 
ramènent  sur  le  calorique  l'attention  des  savants  et  des  industriels. 

»  L'évaluation  de  la  quantité  de  chaleur  développée  pendant  la  fermen- 
tation vineuse  n'offre  pas  de  difficulté  sérieuse.  En  effet,  on  peut  facilement 
apprécier  l'élévation  graduelle  de  température  qui  se  produit  dans  un  liquide 
sucré  pendant  toute  la  durée  de  la  fermentation.  On  peut  constater  les  quan- 
tités d'alcool  et  d'acide  carbonique  qui  se  développent  pendant  la  même 
réaction.  On  peut,  en  outre,  tenir  compte  avec  exactitude  de  la  quantité  de 
chaleur  éliminée  par  l'acide  carbonique  et  par  les  vapeurs  dont  il  est  saturé 
pour  sa  température.  Un  seul  élément  semble  échapper  à  l'observation  di- 
recte, c'est  la  quantité  de  chaleur  qui  se  perd  par  rayonnement  ou  autrement 
par  les  parois  du  vase  vinaire.  La  formide  de  Newton  qui  donne  la  loi  du 
refroidissement  pourrait  être  utilisée  en  cette  circonstance;  nous  avons  pré- 
féré employer  un  mode  d'observation  directe  que  nous  devons  indiquer. 

»  Après  avoir  constaté  l'élévation  de  température  produite  dans  le  vin  pen- 
dant la  période  de  fermentation,  nous  avons  cherché  le  temps  qui  est  utile 
pour  ramener  le  liquide  à  sa  température  initiale,  le  milieu  environnant 
étant  maintenu  à  la  même  température;  et  avec  cet  élément  nous  avons  pu 
tenir  compte  du  refroidissement  qui  a  lieu  pendant  la  fermentation. 

»  La  cuve  sur  laquelle  nous  avons  expérimenté  était  placée  dans  un  atelier 
dont  la  température  n'a  oscillé  qu'entre  +  i2et+  1 6  degrés  pendant  la  durée 
de  l'expérience.  Cette  cuve  était  construite  en  bois  de  chêne;  elle  était  cou- 

C.  R.,  i856,  i"  Semestre.  (T.  XLII,  N°  20.)  I  ^4 


(946) 
verte,  elle  avait  la  forme  d'un  cône  tronqué;  le  diamètre  moyen,  était  de 
3m>07,  et  la  profondeur  de  3  mètres.  Le  volume  du  bois  était  de  imc,4  et  son 
poids  était  de  1 1 20  kilogrammes. 

»  Cette  cuve  a  été  chargée  de  21400  litres  d'un  moût  fermentescible  con- 
tenant a559  kilogrammes  de  sucre  cristallisable  introduit  sous  forme  de 
mélasses  indigènes  avec  les  éléments  utiles  pour  opérer  manufacturièrement 
une  fermentation  alcoolique  complète  en  quatre  jours. 

»  La  température  initiale  était  de  +  23°, 7  ;  elle  s'est  élevée  graduellement 
jusqu'à  -f-  33°, 70;  et  le  refroidissement,  calculé  d'après  les  données  men- 
tionnées, a  été  de  +  4  degrés  pour  les  quatre  jours  de  fermentation.  L'éléva- 
tion de  température  de  toute  la  masse  eût  donc  été  de  +  i4°,o5,  au  lieu 
de  io°,o5,  si  la  cuve  avait  été  à  l'abri  du  refroidissement. 

»  La  richesse  du  vin  en  alcool,  prise  à  l'aide  de  l'alambic  d'essai,  a  été 
de  6,9,  ce  qui  correspond  à  1  476IU,6  ou  1 181  kilogrammes  d'alcool  pur  pris 
à  la  température  de  -4-  i5  degrés.  Cette  production  alcoolique  correspond 
à  o,456  du  poids  du  sucre  mis  en  expérience;  il  diffère  du  nombre  o,536 
que  donnent  les  formules.  Un  déficit  analogue  est  à  peu  près  constant  dans 
toutes  les  fermentations  du  laboratoire  et  de  l'atelier  (1). 

»  Dans  les  conditions  où  nous  avons  opéré,  l'acide  carbonique  produit 
a  été  de  1  1 56  kilogrammes,  qui  correspondent  à  un  volume  de  614  8o,3  li- 
tres sous  la  pression  de  760  millimètres  et  à  la  température  de  -t- 1  5  degrés  (2). 

»  Avec  ces  éléments,  voici  les  quantités  de  chaleur  reconnues  : 

214  00  kilogrammes  de  vin  élevés  de  +  i4°,o5 ;=  300670  calories. 

Calorique  absorbé  par  le  bois =  7280 

1 1 56  kil.  CO2  éliminés  à  la  température  moyenne  de -+- 24°.    =  6096 

19236  grammes  d'eau  vaporisée  X  565° =  10869 

Total 324 9>5  calories. 

»  Cette  quantité  représente  la  chaleur  sensible  ou  latente  appréciées  avec 
les  éléments  connus  et  usités.  Si  l'on  considère  que  l'acide  carbonique 
soulève  le  poids  de  l'atmosphère  pour  se  dégager,  et  qu'il  produit  ainsi 
un  travail  mécanique  dans  des  conditions  qui  sont  analogues  à  celles  où 

(1)  C'est  ce  fait  qui  nous  a  autorisé  à  affirmer  qu'on  ne  peut  faire  expérimentalement 
l'équation  des  sucres  fermentescibles  avec  de  l'alcool  et  de  l'acide  carbonique. 

(2)  Le  rapport  de  l'acide  carbonique  à  l'alcool  diffère  aussi  fort  souvent  de  celui  qui  est 
donné  par  les  formules  chimiques.  Il  varie  surtout  avec  le  rapport  du  ferment  au  sucre.  Nous 
tâcherons  d'élucider  toutes  ces  anomalies  dans  notre  Mémoire  sur  la  fermentation. 


(947  ) 
plusieurs  expérimentateurs  ont  constaté  une  transformation  de  la  chaleur 
en  travail ,  on  reconnaîtra  qu'il  convient  de  faire  intervenir  cet  élément 
dans  la  question  qui  nous  occupe. 

»  En  représentant  parV  le  volume  du  gaz  COs  exprimé  en  mètres  cubes, 
et  par  P  la  pression  atmosphérique  exercée  sur  i  mètre  carré  de  surface 
exprimée  en  kilogrammes,  P  X  V  donnent,  en  kilogrammètres,  la  valeur 
du  travail  mécanique  produit  par  la  fermentation. 

»  Dans  notre  expérience  V  =  6i4mc,893;  donc  P  x  V  =  6  35 1  844  kilo- 
grammètres. 

»  En  admettant  avec  M.  Joule  le  nombre  437  pour  équivalent  mécanique 

de  la  chaleur,  on  a  — t4~^  =  1 4535  calories. 

437 

»  Ce  nombre,  ajouté  au  précédent,  donne  33g  45o  unités  pour  la  quantité 
totale  de  chaleur  développée  par  la  fermentation  de  2559  kilogrammes  de 
sucre  de  canne. 

»  Dans  cette  circonstance,  comme  dans  les  cas  de  production  de  travail 
mécanique  effectué  par  la  détente  de  la  vapeur  d'eau,  l'effet  utile  du  calo- 
rique représente  à  peu  près  —  de  l'effet  absolu. 

»  Il  peut  être  utile  de  rapprocher  les  nombres  qui  expriment  la  quantité 
de  chaleur  dégagée  par  la  fermentation  alcoolique  de  ceux  qui  seraient 
donnés  par  la  combustion  directe  du  carbone  équivalant  à  l'acide  carbonique 
produit  par  la  fermentation."  L'expérience  que  nous  avons  décrite  fournit 
les  éléments  de  ce  rapprochement. 

»  En  effet,  1 1 56  kilogrammes  CO2  =  3 1 5  C. 

»  En  admettant  pour  coefficient  calorifique  du  carbone  brûlé  en  acide 
carbonique  le  nombre  8000,  on  a 

3i5  X  8000  =  2  520000  calories. 

• 

»  On  reconnaît  ainsi  que  dans  le  dédoublement  alcoolique  du  sucre  la 
quantité  de  calorique  développé  ne  représente  que  0,1 34  de  celle  que 
donne  le  même  poids  de  gaz  produit  par  la  combustion  directe  du  carbone. 
Ce  fait  n'offre  rien  d'anormal  ;  on  pouvait  le  préconcevoir,  car  la  fermen- 
tation alcoolique  n'offre  aucun  caractère  qui  puisse  l'assimiler  à  une  com- 
bustion. 

»  Si  l'expérience  de  fermentation  que  nous  venons  de  décrire  s'était 
effectuée  à  vase  clos  et  sans  dégagement  de  gaz,  elle  aurait  pu  faire  naître 
dans  le  vase  une  pression  de  trente  atmosphères.  Ce  nombre  est,  en  effet, 
fourni  approximativement  par  le  rapport  qui  existe  entre  le  volume  du  vin 

ia4" 


(948) 
et  le  volume  de  l'acide  carbonique  produit.  En  faisant  un  pareille  expé- 
rience avec  une  proportion  de  sacre  double,  ce  qui  est  facilement  réalisable, 
la  fermentation  pourrait  développer  une  pression  double,  c'est-à-dire  soixante 
atmosphères  environ.  La  limite  de  cet  effet  doit  être  subordonnée  à  la  richesse 
alcoolique,  maxime  que  l'on  peut  donner  au  vin,  à  la  température  à  laquelle 
elle  s'accomplit  et  aux  conditions  physiques  dans  lesquelles  l'acide  carbonique 
peut  affecter  l'état  liquide  d'une  manière  permanente.  Dobereiner  a  fixé  à 
vingt-huit  atmosphères  la  limite  de  pression  où  la  fermentation  alcoolique 
s'arrête.  Nous  doutons  que  cette  donnée  soit  exacte  et  nous  avons  lieu  de  croire 
qu'elle  doit  se  produire  encore  sous  des  pressions  beaucoup  plus  considéra- 
bles. Toutes  les  expériences  que  nous  avons  tentées  pour  vérifier  cette  limite 
ont  été  rendues  impuissantes  par  la  rupture  des  vases  que  nous  avons  em- 
ployés ;  nous  comptons  néanmoins  reprendre  ces  expériences. 

»  La  chaleur  développée  par  la  fermentation  alcoolique  du  sucre  doit 
être  bien  moindre  que  celle  que  donne  la  fermentation  des  fumiers  et  des 
foins  humides.  En  effet,  les  premiers  produisent  une  sorte.de  carbonisation 
dans  le  bois  des  couches  des  fabriques  de  céruses,  et  les  autres  produisent 
l'incandescence  et  l'incendie.  Si  l'on  considère  que  la  chaleur  développée 
par  la  fermentation  du  sucre  ne  pourrait  élever  que  de  1 33  degrés  la  tem- 
pérature d'un  poids  d'eau  égal  au  poids  du  sucre,  on  reconnaîtra  que  la 
fermentation  des  fumiers  et  des  foins  doit  être  au  moins  quatre  à  cinq  fois 
plus  considérable  pour  justifier  les  phénomènes  observés.  Ne  devrait-on  pas, 
d'après  ces  rapprochements,  tenir  compte  du  calorique  développé  par  la 
fermentation  putride  et  peut-être  aussi  par  l'oxydation,  quand  on  étudie  le 
rôle  des  engrais  dans  l'économie  agricole  ?  » 

chirurgie.  —  Observation  de  périnéorapkie  pratiquée  avec  succès  par  la 
suture  entrecoupée  ;  par  M.  S.  Laugier.  (Extrait.) 

(Commissaires,  M.  Velpeau,  Jobert  [de  Lamballe].) 

«  J'ai  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  l'exposé  d'une  opération 
de  périnéoraphie,  que  j'ai  pratiquée  à  l'Hôtel-Dieu,  avec  un  succès  com- 
plet sur  une  femme  de  34  ans,  qui  avait  eu  le  périnée  et  la  cloison  recto- 
vaginale  profondément  divisés  dans  un  accouchement.  C'était,  comme  on 
pourra  le  voir  par  les  détails  que  je  donne  dans  cette  Note,  un  des  exemples 
les  plus  fâcheux  de  pareilles  ruptures,  un  de  ceux  dans  lesquels  l'art  chirur- 
gical échoue  le  plus  souvent. 

»  Ce  succès  remarquable,  parce  qu'il  est  complet,  après  une  déchirure 


(949) 
considérable  du  périnée,  ne  serait  cependant  que  l'analogue  des  succès  obte- 
nus par  M.  Roux,  s'il  ne  s'en  éloignait  par  la  méthode  opératoire  que  j'ai 
suivie.  L'Académie  ne  peut  avoir  oublié  la  lecture  du  Mémoire  qu'a  faite 
devant  elle  sur  la  périnéoraphie  l'illustre  chirurgien  qu'elle  regrette.  Dans  ce 
Mémoire,  M.  Roux  compare  pour  la  réunion  du  périnée  déchiré  la  suture 
entortillée  qu'il  avait  pratiquée  d'abord  à  la  suture  enchevillée  qu'il  avait 
fini  par  adopter  d'une  manière  exclusive,  bien  que  dans  plusieurs  de  ses 
observations  la  guérison  n'ait  pas  été  de  son  propre  aveu  obtenue  complète- 
ment, et  qu'un  orifice  fistuleux  entre  le  rectum  et  le  vagin  ait  persisté.  Quoi 
qu'il  en  soit,  on  conçoit  la  préférence  donnée  par  M.  Roux  à  la  suture 
enchevillée  sur  la  suture  entortillée  dans  la  réunion  qu'il  tentait;  mais  le 
célèbre  chirurgien  n'a  fait  aucune  comparaison  entre  la  suture  enchevillée  et 
d'autres  sutures,  qui  cependant  ont  réussi  dans  le  même  cas,  telles  que  la 
suture  entrecoupée  et  la  suture  à  surjet.  Il  cite,  il  est  vrai,  dans  son  Mémoire, 
les  observations  de  Guillemeau  et  de  Saucerotte,  mais  il  ne  s'y  arrête  pas  et 
ne  repousse  même  pas  par  des  raisons  théoriques  les  procédés  que  ces  chi- 
rurgiens ont  suivis.  Or  Guillemeau  a  employé  la  suture  entrecoupée,  et  Sau- 
cerotte la  suture  à  surjet. 

»  C'est  par  la  suture  entrecoupée  que  j'ai  traité  ma  malade,  et  cette  mé- 
thode m'a  paru  beaucoup  plus  sûre  et  plus  simple  que  les  sutures  entortillée 
et  enchevillée;  je  ne  comprends  même  pas  l'application  de  la  suture  enche- 
villée à  la  réunion  de  la  cloison  recto-vaginale;  je  l'admets  plus  volontiers 
pour  celle  du  périnée  lui-même. 

»  Quant  à  la  suture  entrecoupée,  elle  est  très-facile  à  appliquer  ;  elle  per- 
met de  multiplier  autant  qu'il  est  nécessaire  les  points  de  suture,  de  leur 
donner  la  situation  et  la  direction  qu'on  veut;  d'embrasser  dans  l'anse  des 
fils  autant  d'épaisseur  de  tissus  et  aussi  peu  qu'il  semble  utile  de  le  faire.  A 
ces  divers  titres,  je  la  crois  donc  préférable,  et  c'est  à  tort  qu'elle  a  été  né- 
gligée. 

»  Une  autre  modification  que  j'ai  apportée  dans  le  mode  opératoire 
usité,  c'est  que  j'ai  fait  l'opération  en  deux  temps.  Dans  une  première  ten- 
tative, j'ai  réuni  la  division  la  plus  profonde,  celle  de  la  cloison  vagino-rec- 
tale  déchirée  dans  une  longueur  de  plus  de  3  centimètres.  Trois  points 
de  suture  ont  suffi  pour  cela,  et  le  succès  a  été  complet. 

»  Une  seconde  opération  a  été  pratiquée  au  bout  d'un  mois.  Cinq  points 
de  suture  m'ont  permis  de  faire  une  réunion  parfaite  du  périnée  complè- 
tement rompu.  On  distingue  à  peine  la  cicatrice  linéaire  qui  maintient  rap- 
prochés l'un  et  l'autre  côté  de  la  déchirure. 


(95o) 

»  Une  des  grandes  difficultés  de  la  périnéoraphie  est  d'obtenir  à  la  fois  la 
réunion  de  la  cloison  recto-vaginale  et  du  périnée.  C'est  à  la  base  de  l'éperon 
de  la  cloison  que  persiste  l'orifice  fistuleux  dans  les  succès  partiels.  En  fai- 
sant l'opération  en  deux  temps,  il  est  plus  facile  d'en  surveiller  les  suites, 
d'enlever  les  points  de  suture  sans  tiraillements  dangereux  pour  le  succès  de 
la  réunion,  et  de  limiter  les  phénomènes  inflammatoires. 

»  En  résumé,  je  crois  préférable  la  suture  entrecoupée  pour  opérer  la  pé- 
rinéorapbie.  Cette  suture  est  d'ailleurs  d'un  usage  général  dans  la  restaura- 
tion d'autres  organes  à  l'aide  de  lambeaux  autoplastiques.  De  plus,  je  crois 
utile  dans  les  divisions  très-profondes  du  périnée  de  faire  l'opération  en 
deux  temps.    » 

chirurgie.  —  Nouvelle  méthode  opératoire  delà  cataracte  par débridement  ; 

par  M.  Tavignot. 

(Commissaires,  MM.  Velpeau,  Jobert  [de  Lamballe].) 

L'auteur  ayant  décrit  avec  détail  dans  un  journal  de  médecine  [Gazette 
médicale,  année  1 8 5o)  l'opération  sur  laquelle  il  appelle  aujourd'hui  de  nou- 
veau l'attention ,  nous  nous  bornerons  à  extraire  de  son  Mémoire  le  passage 
suivant  dans  lequel  il  indique  les  cas  où  ce  procédé  opératoire  lui  paraît 
devoir  être  préféré. 

«  L'opération  du  débridement,  telle  que  nous  la  comprenons  et  telle  que 
nous  l'avons  exécutée,  pourra  sans  doute,  dans  la  suite,  recevoir  une  exten- 
sion plus  grande  ;  jusqu'à  présent  nous  n'y  avons  eu  recours  que  dans  les  cas 
de  cataractes  lenticulaires  molles  ou  demi-molles  existant  sur  des  sujets 
plus  ou  moins  avancés  en  âge.  Or  on  sait  que  cette  espèce  de  cataracte  se 
prête  assez  mal  à  l'abaissement,  et  que  le  broiement  qu'il  faut  alors  souvent 
improviser  pour  achever  l'opération  ,  n'est  pas  pratiqué  dans  des  condi- 
tions très-favorables;  ce  qui  s'explique  assez  par  l'âge  du  sujet,  par  la  réac- 
tion qu'amènent  le  plus  souvent  les  manœuvres  de  l'aiguille  qui  a  traversé 
la  sclérotique,  enfin  par  la  quantité  même  des  matériaux  soumis  en  même 
temps  à  l'absorption.  Je  pense  avec  M.Sichelqne,  dans  les  cas  de  cataractes 
molles  ou  demi-molles,  l'extraction  est,  en  thèse  générale,  préférable  à  l'a- 
baissement et  au  broiement  ;  il  reste  à  savoir  maintenant  si  ce  que  nous 
appelons  la  métbode  par  débridement  n'est  pas  elle-même  préférable  à  l'ex- 
traction dans  le  cas  particulier  qui  nous  occupe.  Je  l'ai  cru  et  le  crois  en- 
core ;  ce  n'est  même  plus  pour  moi  une  simple  croyance,  c'est  une  conviction 


(9*i  ) 
fondée  sur  des  faits  observés  avec  soin   et  suffisamment  nombreux  pour 
lever  tous  les  doutes  et  faire  cesser  les  hésitations  les  plus  légitimes. 

»  La  méthode  par  débridement  n'est  pas,  j'en  conviens,  une  opération 
brillante  dans  son  exécution  :  on  ne  met  pas  le  cristallin  entre  les  mains  du 
malade,  comme  on  peut  le  faire  après  Y  extraction;  on  ne  le  fait  pas  jouir 
immédiatement  du  bénéfice  de  la  vision  ,  comme  on  le  permet  quelquefois 
après  Y  abaissement ,  sauf  quelques  rares  exceptions  ;  ce  n'est  qu'après  un  , 
deux  et  trois  mois  que  l'opéré  recouvre  la  faculté  de  voir  d'une  manière 
distincte.  Même  à  cette  période  de  la  guérison  ,  le  succès  n'est  pas  à  l'abri 
de  toute  critique.  En  effet,  la  pupille  n'a  plus  sa  position  normale;  elle 
est  externe  et  non  centrale  ;  elle  a  cessé  d'être  contractile  à  l'instar  de  la 
pupille  naturelle  ;  dans  le  champ  pupillaire  primitif  persistent  des  frag- 
ments capsulaires  opaques  qui  altèrent  plus  ou  moins  l'expression  du  re- 
gard ,  et  par  suite  le  jeu  de  la  physionomie.  Nous  convenons  de  tout  cela, 
et  nous  en  convenons  sans  regret.  En  effet ,  quel  problème  à  résoudre  nous 
pose  tous  le  jours  un  sujet  cataracte?  Celui  de  lui  rendre  la  vue,  en  em- 
ployant la  méthode  qui  offre  le  plus  de  chances  favorables  au  succès 
définitif.  Tout  se  réduit  donc  à  une  question  de  chiffres ,  à  un  relevé  com- 
paratif des  insuccès  et  des  succès  fournis  par  les  différentes  méthodes  ;  nous 
aborderons  plus  tard  cette  question  numérique,  qui  renferme  véritablement 

toute  la  partie  pratique  de  notre  sujet.  » 

i 

M.  Dujardin,  de  Lille,  envoie  pour  le  concours  Montyon  (prix  de  Mé- 
decine et  de  Chirurgie)  un  Mémoire  intitulé  :  Observation  d'œdème  de  la 
glotte  guéri  par  la  trachéotomie. 

(Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  Baglian  adresse  de  Sesia  (Piémont)  une  Note  concernant  une  méthode 
de  traitement  qu'il  annonce  avoir  employée  avec  succès  contre  la  rage,  et 
qu'il  croit  devoir  être  également  efficace  contre  le  choléra-morbus. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  constituée  en  Commission 
spéciale  pour  l'examen  des  pièces  destinées  au  concours  du  legs  Bréarit.  ) 

M.  Lotiiv  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  nouveau  système  de 
chaîne  galvanique  destinée  aux  usages  médicaux. 

(Commissaires,,  MM.  Becquerel,  Despretz.  ) 


(950 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la  cor- 
pondance,  le  VIe  volume  de  V Histoire  des  progrès  de  la  Géologie,  de  1 834  à 
i855,  par  M.dArchiac,  ouvrage  publié  par  la  Société  Géologique  de  France, 
sous  les  auspices  de  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique.  Ce  volume  est 
consacré  à  résumer  les  travaux  publiés  dans  les  différentes  langues  de  l'Eu- 
rope sur  la  formation  jurassique.  Il  n'est  ni  moins  clair  ni  moins  ^complet 
que  ceux  qui  le  précèdent;  plusieurs  planches  de  coupes  y  sont  annexées, 
et  l'abondance  des  travaux  disséminés  depuis  vingt  ans  dans  tous  les  recueils 
scientifiques  a  été  telle,  que  le  terrain  jurassique  ne  pourra  être  terminé  que 
dans  le  volume  suivant,  qui  paraîtra  incessamment. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  également  la  deuxième  partie  du  t.  V 

des  Mémoires  de  la  Société  Géologique  de  France.  Ce  volume  est  consacré 

à  deux  grands   travaux  paléontologiques  accompagnés  l'un  et  l'autre  de 

nombreuses  planches;  le  premier  intitulé  :  «  Paléontologie  de  l'étage  infé- 

»  rieur  de  la  formation  basique  de  Ja  province  de  Luxembourg,  Grand- 

»  Duché  (Hollande),  et  de  Hettange  du  département  de  la  Moselle,  par 

»  M.  0.  Terquem  »  ;  et  le  second  intitulé  :  «  Fossiles  de  la  craie  de  Meudon 

»  et  description  de  quelques  espèces  nouvelles,  par  M.  Hébert  ». 
I 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  l'auteur  qui  assiste  à  la 
séance,  un  ouvrage  écrit  en  italien  et  ayant  pour  titre  :  «  Recherches  analy- 
tiques sur  les  surfaces  annulaires  à  cône  directeur,  par  M.  V.  A.  Rossi, 
architecte,  professeur  de  mécanique  appliquée  à  l'Ecole  royale  militaire  de 
Naples,  etc.  » 

M.  le  Secrétaire  perpétcel  enfin  signale  une  nouvelle  livraison  (février 
i856)  des  Tableaux  publiés  mensuellement  par  l'observatoire  météorolo- 
gique de  l'Ecole  polytechnique  de  Lisbonne. 

«  Le  prince  Charles  Ronaparte  informe  ses  confrères  que  M.  Sclater, 
ayant  appris  qu'il  avait  été  fait  mention,  dans  une  de  leurs  dernières  séances, 
de  la  liste  qu'il  a  rédigée  des  Oiseaux  de  Bogota,  s'empresse  de  faire  hom- 
mage à  l'Académie  d'un  exemplaire  de  ce  travail  rçcent  ;  c'est  lui  que 
M.  Sclater  a  choisi  pour  interprète,  et  c'est  avec  plaisir  qu'il  s'acquitte  de 
cette  commission  ,  profitant  de  l'occasion  pour  déposer  en  même  temps 
sur  le  bureau  la  Note  explicative  suivante  de  ses  derniers  tableaux. 


(953) 
Note  sur  les  Tableaux  des  Gallinacés  ;  par  le  Prince  Ch.  Bonaparte. 

«  Plusieurs  zoologistes  m'ont  exprimé  le  désir  de  connaître  dès  à  présent 
les  nouvelles  espèces  de  Gallinacés  indiquées  dans  les  tableaux  que  j'ai  eu 
l'honneur  de  soumettre  lundi  dernier  à  l'Académie.  Je  réponds  à  cet  appel 
par  les  courtes  indications  que  l'on  va  lire  et  qui  suffiront,  j'espère,  à  in- 
troduire légalement  dans  le  domaine  de  la  science  les  espèces  en  question. 

i.  Mon  Francolinus  vulgaris  est  celui  deStephens,  Gould,  etc.,  de  Sicile. 

i.  Fr.  asiœ,  Bp.,  est  la  race  plus  petite  de  l'Inde,  à  peine  reconnaissable  à 
la  tache  blanche  auriculaire  moins  étendue  et  différemment  conformée. 

3.  Fr.  henrici,  Bp.,  est  une  grande  race  du  Scinde,  à  ailes  courtes,  dont 
nous  devons  la  connaissance  au  Dr  Henri  Goidd  ,  jeune  savant  enlevé  à  la 
science  et  à  ses  amis  au  moment  où  il  commençait  à  prouver  efficacement 
sa  reconnaissance  à  son  père,  pour  la  brillante  éducation  qu'il  en  avait 
reçue.  Puisse  ce  juste  tribut  payé  à  sa  mémoire  faire  couler  des  larmes 
moins  amères  à  sa  famille  inconsolable! 

4-  Fr.  tristriatus ,Bp.,  comme  son  nom  l'indique,  se  distingue  parles 
trois  bandes  blanches  qu'il  porte  le  long  des  côtés  de  la  tête.  Nous  le  devons 
à  M.  Gaudry ,  qui  l'a  rapporté  de  Chypre  au  Muséum ,  avec  une  Perdrix  à 
peine  différente  de  la  véritable  grœca.  On  sait  que  c'est  de  cette  île  prin- 
cipalement que  nous  venaient  les  Francolins  au  moyen  âge,  et  que  celui 
qu'a  figuré  Edwards  en  avait  été  apporté. 

N.  B.  Fr.  concentricus , Gr.,  n'est  pas  un  Francoliné,  maisbien  une  Hepbur- 
nia.  —  Les  Scleropterce  doivent  commencer  après  Ch.nalalensis,  ce  dernier 
étant  le  seul  vrai  Clamator  outre  le  type.  Jamais  la  convenance  scienti- 
fique des  séries  parallèles  n'a  été  mieux  démontrée  qu'à  l'occasion  des 
genres  Margaroperdix,  Ammoperdix  et  Ptilopachus.  Ces  Perdiciens  ont 
tous  la  plus  grande  affinité  avec  les  Cailles  ,  qu'ils  représentent  en  outre 
chacun  dans  son  groupe  analogiquement.  Ainsi  les  Ptilopachus  sont  les 
Cailles  des  Slarne's;  les  Ammoperdix,  les  Cailles  des  Perdicés;  et  les 
Margaroperdix ,  les  Cailles  des  Francolinés.  Ces  dernières  même  n'ont 
guère  de  Francolin  que  la  couleur,  et  n'était  le  terme  homologue  qu'elles 
constituent  si  bien  *  nous  les  rangerions  parmi  les  véritables  Coturnicés . 
En  tout  cas,  analogie  et  affinité  sont  portées  chez  elles  l'une  et  l'autre  à 
un  aussi  haut  degré,  que  ces  deux  sortes  de  rapports  semblent,  en  ce  cas  par- 
ticulier, se  confondre  ensemble. 

5.  La  nouvelle  espèce  de  Perdrix  grise  de  l'Himalaia  va  nous  être 
figurée  par  Gould,  sous  le  nom  de  P.  hodgsoniœ  ;  elle  est  le  parfait  repré- 
sentant de  la  nôtre.   St.  thoracica  s'en   éloigne  déjà  considérablement, 

C.  R.,  i856,  Ier  Semestre.  (T.  XLH,  N°  20.)  *  2^ 


(  9*4  ) 
et  chaiiloni  et  scutata,   que  nous  n'avons  pas  vues  en  nature,  probable- 
ment beaucoup  plus  encore. 

6.  Il  est  évident  que  sous  le  nom  de  dentatus ,  Temminck  avait  con- 
fondu plusieurs  Odontophorus ,  même  et  surtout  le  guianensis  [ru/us, 
Vieill.)  ,  et  le  dentatus  de  Lichtenstein  ,  qui  le  premier  a  séparé  les  deux 
espèces.  Quant  à  nous,  laissant  ce  nom  à  l'espèce  du  Para  (au  nord  du 
lîrésil),  qui  provient  au  Muséum  de  l'ancienne  collection  de  Lisbonne, 
nous  distinguons  comme  Od.  capueira ,  la  race  méridionale  plus  sombre 
en  dessous;  et  nous  appelons,  avec  Sir  William  Jardine,  Od.  capistratus , 
celle  du  Mexique  dont  les  parties  inférieures  sont  noirâtres,  et  que  nous  ne 
concevons  pas  qu'on  ait  pu  réunir  aux  précédentes. 

»  7.  Eupsichortjx  sclateri,  Bp.,  n'a  pas  besoin  de  description  :  c'est  la 
seule  espèce  du  genre  qui  ait  la  gorge  noire,  et  par  cette  circonstance  et  par 
son  aspect  général  elle  ressemble  à  Lophortyx  califomica  et  à  une  véritable 
Ortyx. 

»  8.  Nothocercus  bourcieri  et  N.  julius  ne  forment  qu'une  seule  espèce, 
bien  caractérisée  par  les  couvertures  inférieures  des  ailes  noires,  espèce 
que  j'ai  entendu  dédier,  non  pas  à  M.  Jules  Bourcier,  mais  à  M.  Jules  Ver- 
reaux!  Par  contre,  ajoutez  deux  espèces  à  la  liste  déjà  si  nombreuse  des 
Crjpturés  ou  plutôt  Tinamés  : 

»  Crypturus  megapodius ,  Bp.,  Mus.  Paris.,  ex  totofuliginoso-olivaceus, 
si  semblable  en  apparence  aux  Mégapodes ,  que  son  nom  seul  doit  le  faire 
reconnaître.  On  ignore  sa  patrie,  mais  j'ai  de  fortes  raisons  de  croire  que 
l'exemplaire  unique  du  Muséum,  qui  va  enfin  sortir  des  magasins,  prove- 
nait de  Cayenne. 

»  Nothura  punctulata,  Bp.  ex  Gay,  du  Chili,  semblable  à  ses  congénères  ; 
mais  à  bec  plus  recourbé  et  à  poitrine  violâtre  parsemée  de  points  blancs. 

»  Tinamus  weddelll  a  été  rapporté  des  forêts  vierges  de  la  Paz  en  Bolivie, 
par  le  botaniste  dont  je  lui  ai  donné  le  nom,  et  dont  les  travaux  viennent 
d'être  si  bien  appréciés  par  l'Académie.  C'est  pourquoi  nous  le  séparons 
de  T.  tao  avec  lequel  nous  n'avons  pas  les  moyens  de  le  comparer. 

»  Crypturus  cervinus,  Bp.,  est  la  race  pâle  du  tataupa  qui  provient  de 
Chiquitos,  et  se  montre  intermédiaire  à  cette  espèce  des  environs  de  Bio  et 
a\\  parvirostris ,  Wagler,  de  l'intérieur  du  Brésil.  Son  bec  est  fort  et  ses  cou- 
leurs peu  foncées. 

»  9.   Nothocernus  sailœï,  Bp.,  du  Mexique  (1).  Statura  N.  delattrii  vel 

(1)  Cette  belle  espèce  est  dédiée  à  l'infatigable  voyageur  M.  Auguste  Salle,  qui  vient 
encore  tout  récemment  de  rapporter  du  Mexique  une  magnifique  collection  d'Oiseaux,  ta- 


i  o55  ; 

cinnamomei  cui  similis  ;  sed  nigiicans,  rufo-undulatus ,  undulis  michalibus 
et  partium  corporis  posticarum  vegetioribus,  in  cervice  et  vertice  vice  ullis; 
gula  alba;  jugulo  plumbeo;  subtus  cinnamomeus,  lateribus  cinereo-vermi- 
culatis ,  postice  nigro-undulatis:  tectricibus  alarum  superioribus  omnibus 

massés  principalement  aux  environs  de  Cordova  dans  l'État  de  Vera-Crux,  et  autour  du  pic 
ou  volcan  d'Orizoba,  dans  l'État  de  Puebla.  Les  sexes  des  deux  cents  espèces  environ  dont  elle 
se  compose  s'y  trouvent,  pour  la  plupart,  constatés  et  appareillés  avec  une  exactitude  aussi 
rare  qu'utile  à  l'Ornithologie;  et  les  détails  sur  l'habitat  et  la  manière  de  vivre  accompagnent 
les  peaux  dans  l'état  le  plus  parfait  de  conservation.  Nothocercus  sallœi  n'est  pas  la  seule 
nouvelle  espèce  de  la  collection,  qui  en  contient  au  contraire  plusieurs.  Nous  y  trouvons  ainsi  : 

i°.  Un  splendide  Troconien,  Trogon  sallœi,  Bp.  Aureo-viridis  ;  fronte,  genis,  gulaquc 
nigris;  fascia  pectorali  macidaque  subalari  alba;  abdomine  crissoque  aurantiaeis ;  lateribus 
plumbeis;  alis  nigris  [subtus plumbeis);  remigibus  puris;  tectricibus  albo-vermiculatis ;  rec- 
tricibus  mediis  viridi-aureis,  fascia  apicali  nigra  ;  proximis  nigris,  pogonio  externo  tanturn, 
et  apice  ipso  e.xcepto,  aureo-viridibus  ;  cœtcris  externis  nigris  albo-lineatis;  rostro  rubro. 

Fœmina  ex.  toto  nigricans  ;  abdomine  tanturn  aurantio  ;  tectricibus  alarum  et  rectricum 
pogonio  externo  albo-lineatis;  rostro  fusco. 

La  bande  noire  terminale  de  la  queue  est  encore  très-marquée  dans  la  femelle,  le  noir  bril- 
lant tranchant  sur  le  noir  mat. 

L'excellente  Monographie  de  Gould  nous  a  mis  à  même  de  constater  de  suite  la  nouveauté 
de  ce  beau  Volucre.  M.  Salle  a  rapporté  des  mêmes  contrées  le  Trogon  xalappensis,  Dubùs, 
(  Tr.  luciani,  Less.  ex  Bp.  i83^  ),  qui  manque  aussi  dans  cet  ouvrage ,  ainsi  que  Trogon  ramo- 
nianus,  Deville.  Mini  mus  :  nigro-ardesiacus  ;  abdomine  crissoque  aureo-aurantiis  ;  orbitis 
stricte  albis ;  tectricibus  alarum  remigibusque  extus  albo-lim bâtis  ;  fiis  undique  nigris;  rectri- 
cibus  extimis  utrinque  tribus  pogonio  externo  albo  nigro-fasciolatis,  apieeque  candido.  Fœmina. 

2°.  Un  Fringillide  si  remarquable,  qu'il  nous  décide  à  fonder  un  nouveau  genre  composé 
de  cette  espèce  mexicaine  que  nous  nommons  mclanotis,  et  d'un  autre  Spizien  de  Colombie  que 
nous  avons  appelé  dans  nos  notes  à  la  collection  Delattre,  Passerculus  geospizopsis.  Ces  Passe- 
reaux ,  en  effet,  par  la  forme  de  leur  bec  très-court  et  trièdre,  par  la  brièveté  et  la  conforma- 
tion de  leurs  ailes,  dont  la  première  rémige  est  si  courte,  et  les  cinq  suivantes  de  longueur 
égale,  par  leurs  pattes  si  énormément  développées,  offrent  des  caractères  tout  particuliers. 
Nous  nommons  le  genre  Geospizopsis,  et  l'espèce  déjà  décrite  G.  typus ;  tandis  que  notre 
G.  mclanotis  peut  se  définir  ainsi  : 

Geospizopsis  nigricans,  plumis  singulis  margine  toto  rufo;  superciliis  latissimis  albidis  ; 
genis  et  regione  auriculari  nigris;  subtus  albo- cervinus ,  gula  pure,  pectore  dense  striato  : 
cauda  brevi ,  rectricibus  angustis. 

Presque  intermédiaire  entre  les  deux  familles  des  Fringiixides  et  des  Ictérides,  notre 
nouveau  genre  tient  à  la  fois  de  Dolichonyx,  Sw.,  tout  au  plus,  il  est  vrai,  le  dernier  des 
Agélaiés,  et  d'£mbernagra  placé,  mais  peut-être  à  tort,  parmi  les  Pipilonés. 

Nous  n'étendrons  pas  plus  loin  les  déterminations  d'espèces  nouvelles  ou  intéressantes  con- 
tenues dans  la  collection  de  M.  Sajlé,  puisque  M.  Sclater  a  bien  voulu  ,  à  noire  demande,  se 
charger  de  la  rédaction  d'un  Catalogue  raisonné  et  complet.  Contentons-nous  donc  d'un  coup 
d'oeil  rapide  sur  chaque  Ordre. 

125.. 


(9^6) 
cinnamomeo-undulatis  ;  inferioribus  cinereis,  quarum  exlernis  nigricanti- 
bus  :  remigibus  unicoloribus  :  rectricibus  rujo  nigroque  fasciatis  :  rostro 
corneo  :  pedibus  rubellis. 

Dans  le  premier,  celui  des  Perroquets,  on  remarque  un  beau  couple  de  Pionut  senilis,  et  la 
jolie  petite  espèce  de  Myiopsitta,  nommée  un  peu  trop  à  la  hâte  tigrina  par  M.  Souancé,  car 
c'est  évidemment  la  prétendue  Psittacula  lincola ,  Cassin,  Procced.  of  the  Acad.  Nat.  Se. 
Philad.  V,  p.  373  (i853).  Faisons  observer,  à  propos  de  cette  espèce  du  Mexique  et  de 
Venezuela  à  la  fois,  qu'une  autre  bien  plus  brillante,  notre  pyrilia,  forme  maintenant  avec 
Y amazonina ,  0.  des  Murs,  notre  genre  Pyrilia;  et  que  cette  Pyrilia  typica,  Bp.,  n'a  rien 
de  commun  avec  Psittacus  evops,  Wagl.  C'est  aussi  de  Bogota  et  non  pas  du  Pérou,  comme 
on  l'a  cru  jusqu'à  présent,  que  vient  l'élégant  Psittacus  hueti,  Temm.  ,  type  aujourd'hui  de 
notre  genre  Urochroma  à  substituer  à  Pirrhulopsis. 

Le  légitime  Ps.  hœmatogaster,  Gould  ,  malheureusement  échangé  en  nourrice,  étant  le 
même  oiseau  qu  'il  a  depuis  nommé  flaveolus,  nous  nous  voyons  obligé  de  proposer  pour  son 
nouvel  hœmatogaster  le  nom  de  Psephotus  hœmatorrhous.  Dans  un  précédent  volume  de  1 85o 
de  ces  Comptes  rendus,  on  nous  a  imprimé  par  erreur  hœmatonotus  au  lieu  de  hœmatogaster, 
ce  qui  n'a  pas  peu  contribué  à  brouiller  le  sujet  que  nous  éclaircissons  ici. 

Dans  l'Ordre  second,  des  Oiseaux  de  proie,  parmi  dix  espèces  toutes  intéressantes,  nous 
citerons  un  Falconide  et  trois  Strigides. 

1.  Butco  insignatus,  Cassin,  dont  on  ne  connaissait  jusqu'à  présent  que  le  seul  exem- 
plaire du  musée  de  Québec  que  nous  avons  admiré  à  Paris  parmi  les  merveilles  de  l'Exposi- 
tion. Avec  l'apparence  trompeuse  d'une  Asturina,  il  nous  semble  constituer  une  seconde 
espèce  du  genre  Buteola,  Dubus. 

2  et  3.  Ces  petites  Chouettes  de  notre  genre  Phalœnopsis  sont  probablement  les  exem- 
plaires mexicains  à'infuscata  et  de  ferruginea ,  d'après  lesquels  Lichtenstein  aura  fondé  ses 
Athenc  pusio  et  c.innamomea. 

Dans  le  troisième  Ordre,  les  Passereaux,  remarquons  d'abord  une  belle  série  conclusive 
pour  la  limitation  de  l'espèce,  de  huit  exemplaires  de  Psilorhinus  morio  tous  différents  par 
la  couleur  du  bec.  et  du  ventre. 

2.  Aphelocoma  floridana,  la  même  qu'aux  Florides,  distincte  de  celle  à  sourcils  de  Cali- 
fornie, et  des  autres  reçues  jusqu'ici  du  Mexique. 

3.  Bananicorus  affinis,  Bp.  ex  Lawr.  —  4-  Caryothra  listes  poliogaster,  Dubus. —  5.  Cya- 
noloxia  concreta,  Dubus,  que  nous  n'avions  jamais  viie,  et  d'autant  plus  précieuse  qu'elle 
est  accompagnée  de  E.  parellina  et  de  cœrulea.  —  6.  Pipilo  mesoteucus,  si  semblable  au 
fusais.  —  7.  Embernagra  rufivirgata,  Lawr.,  apportée  pour  la  première  fois  en  Europe. 

8.    Coturniculus  Iienslotvi,  Aud.,  espèce  rare  aux  États-Unis. 

q.  Passerculus  alaudi nus ,  Bp.,  et  ma  toute  nouvelle  espèce  P.  zonarius,  prise  à  tort  pour 
Pcncœa  bachmanni,  Audubon ,  puisque  cet  auteur  la  considère  comme  la  femelle  de  Peucœn 
lincolni  :  l'une  et  l'autre  de  ces  espèces  sont  plus  voisines  d' Ammodromus  que  de  Passerculus. 

10.  Phonipara  pusilla,  Bp.  ex  Sw.  —  1 1  et  12.  Chrysomitris  mexicana,  Sw.  et  la  notata, 
Dubus.  —  i3.  Pyrrhuiinota  hœmorrhoa ,  Bp.  ex  Licht.,  affublée  de  quatre  noms,  et  qu'il 
ne  faut  plus  confondre  &\w.frontalis,  Say,  aussi  sauvage  que  l'autre  est  familière. 

i4-  Une  nouvelle  espèce  à'Helinaja.  —  i5.  Une  autre  aussi  jolie  que  rare  du  groupe  des 


(  957  ) 
»  On  sait  que  dans  N.  julius  les  couvertures  inférieures  des  ailes  sont 
entièrement  noires  :  dans  d'autres  espèces,  au  contraire,  elles  se  montrent 
blanches,  grises,  ou  même  bicolores.  » 

Setophaga  à  ventre  rouge.  Set.  sallœi,  Bp.  et  Selater.  Cœrulco-plumbea,  superciliis  vix 
obscurioribus  ;  litura  postoculare  alba;  genis  gulaque  plumbeis ;  pectore.  abdomineque  cocci- 
neis;  lateribus postice  candidis  :  remigibus  rectricibusquc  supra  plumbeis,  unicoloribus  :  rostre 
validiculo,  incurva. 

Tous  ces  Passereaux  appartiennent  à  la  Tribu  des  Chanteurs  ;  celle  des  Volucres  est 
encore  bien  plus  riche.  Les  Trochilides  comptent  à  eux  seuls  vingt-six  espèces. 

Parmi  ses  Zygodactyles,  nous  avons  déterminé  quinze  espèces,  parmi  lesquelles  nous  cite- 
rons : 

i .  Dmmococeyx  mexicana,  Bp.,  à  peine  différente  de  l'espèce  méridionale. 

2.  Piara  viridirostris,  P.  Wurt.,  excellente  espèce  qui  remplace  au  Mexique  la  commune 
de  Cayenne. 

3,  4  et  5.  Les  très-intéressants  Picus  scalaris,  jardinii  et  cancellatus. 

6.  Chloronerpes  œruginosus,  Bp.  ex  Licht.,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  rubiginosus 
de  l'Amérique  du  Sud,  et  encore  moins  avec  celui  de  l'Inde. 

7  et  8.  Dryotomus guatemalensis  <y  et  0  et  Dr.  delattrii,  Bp.,  à  joues  grises,  à  bec 
blanc  et  court  comme  dans  le  scalaris,  Vig. ,  mais  à  ventre  rayé  et  à  couvertures  inférieures 
des  ailes  isabelle  et  non  jaunes. 

Dans  l'Ordre  V,  Pigeons,  entrent  une  dizaine  d'espèces;  on  appréciera  surtout,  à  cause 
de  la  localité  :  i.  Chlorœnos  flavirostris,  Wagl.  —  2.  Chl.  fasciata,  Say.  —  3.  Peristera 
geoffroyi ,  Temm.  —  4-  Oreopeleia  martinica  ,  Bp. 

Il  est  étonnant  que  P.  geoffroyi  du  Brésil  se  retrouve  identique  au  Mexique,  tandis  que  dans 
les  régions  intermédiaires  elle  est  remplacée  par  P.  mondetoura.  Nous  nous  empressons  d'a- 
jouter que  M.  Florent  Prévost  vient  de  découvrir  la  femelle  de  cette  nouvelle  espèce.  D'après 
l'exemplaire  qu'il  nous  a  montré,  peut-être  à  la  vérité  très-jeune,  elle  diffère  beaucoup  plus 
que  l'on  n'aurait  pu  s'y  attendre  et  de  son  propre  mâle,  et  des  femelles  de  ses  congénères.  Elle 
est  revêtue  d'un  roux  sombre  nuage  de  brun,  qui  s'éclaircit  sur  le  croupion,  la  poitrine,  les 
couvertures  inférieures  des  ailes  et  les  pennes  médianes  de  la  queue,  et  devient  isabelle  sur  le 
front  et  le  crissum  ;  la  gorge  et  le  ventre  sont  blanchâtres;  les  pennes  latérales  de  la  queue 
noirâtres,  et  blanches  pour  un  demi-pouce  à  l'extrémité.  Les  belles  taches  alaires  sont  à  pein? 
indiquées  par  une  teinte  plus  sombre. 

Dans  l'Ordre  VI,  Hcrodiones,  nous  n'avons  que  Botaurus  minor,  Gm.  et Butoridesvircscens,  L. 

Dans  l'Ordre  IX,  Gallinœ  ,  outre  le  Nothocercus  sallœi,  Bp. ,  décrit  ci-dessus,  nous  en- 
registrons les  Odontophorus  guttatus  et  lineolotus,  YOrtyx  pectoralis  et  YOrtalida  polioce- 
phala ,  Wagl. ,  dont  les  trois  premières  manquent  au  Musée  de  Paris-. 

Dans  l'Ordre  X,  Grallœ ,  nous  avons  une  Gallinago ,  que  nous  ne  saurions  éloigner  de 
notre  wilsoni ,  mais  qui  a  probablement  servi  de  type  à  une  ou  à  plusieurs  des  espèces  dou- 
teuses de  Wagler.  Nous  avons  trouvé,  en  outre,  Actitis  chloropygius,  Bp.  ex  Vieill.,  et 
Pelidna  pectoralis ,  Bp. 

Dans  l'Ordre  XI,  Anseres  finalement,  M.  Salle  n'a  rapporté  que  Pterocyanea  eeeru- 
tcata ,  Lichtenstein. 


(  958) 

ASTRONOMIE.  —  Lettre  du  P.  Secchi  à  M.  Elie  de  Beaumont  en  lui  adres- 
sant pour  ï Académie  une  image  photographiée  d'une  portion  de  la 
lune. 

«  Je  prends  l'occasion  d'un  ami  qui  va  à  Paris  pour  adresser,  par  votre 
moyen,  à  l'Académie  une  photographie  représentant  le  cratère  de  la  lune 
nommé  Copernicus.  Ce  travail,  commencé  pour  une  espèce  d'amusement, 
ayant  assez  bien  réussi,  je  me  suis  résolu  de  le  présenter  aux  astronomes, 
comme  possédant  quelque  intérêt  en  sélénographie. 

»  L'échelle  de  la  figure  est  en  proportion  jj^q^Tô  environ,  et  suffisante 
pour  y  exprimer  les  parties  les  plus  intéressantes  des  configurations  du  sol 
lunaire.  L'épreuve  photographique  n'a  pas  été  tirée  directement  de  la  lune 
par  voie  de  photographie,  ce  qui  a  été  trouvé  impossible  pour  de  pareilles 
dimensions,  mais  on  l'a  obtenue  d'un  dessin  exécuté  soigneusement  sur 
une  échelle  un  peu  plus  grande,  et  ayant  pour  base  une  triangulation  mi- 
crométrique des  points  principaux  de  la  tache  :  les  détails  ont  été  mis  à  vue  en 
employant  un  grossissement  de  760  à  1000  fois.  La  construction  de  ce  dessin, 
quoique  facile  en  apparence,  a  présenté  cependant  des  difficultés  sérieuses. 
Les  ombres changeantperpétuellement,  l'aspectdela  tache  se  trouve  différent 
dans  les  heures  successives  du  travail ,  et  la  libration  de  la  lune  dans  des 
lunaisons  différentes  change  notablement  sa  forme  et  fait  varier  le  rapport 
apparent  des  distances.  Pour  éviter  les  conséquences  de  toutes  ces  difficultés, 
on  a  fait  d'abord  un  dessin  général  des  masses  sous  le  point  de  lumière 
qu'on  voit  dans  la  figure ,  le  plus  convenable  pour  découvrir  tout  le  cra- 
tère, et  tel  qu'on  a  ordinairement  au  dixième  jour  d'âge  de  la  lune.  Après 
cela,  on  a  relevé  les  dessins  partiels  des  détails,  de  manière  à  se  mettre  en  état 
de  reconnaître  leur  forme  véritable,  et  de  toutes  ces  portions  réunies  en- 
semble on  a  composé  de  nouveau  la  figure  entière.  La  figure  ainsi  préparée 
a  été  achevée  et  harmonisée  après  plusieurs  comparaisons  générales  faites 
lorsque  la  tache  était  sous  le  point  de  lumière  primitif.  Ce  travail  a  ainsi 
occupé  un  dessinateur  de  profession  pendant  sept  lunaisons  consécutives, 
sans  compter  le  temps  employé  auparavant  à  prendre  une  pratique  suffisante 
à  cette  espèce  de  dessin  toujours  fait  à  la  lunette.  La  perfection  du  mouve- 
ment parallatique  de  l'équatorial  de  Merz  nous  a  été  d'un  grand  service. 

»  Le  but  principal  étant  celui  de  la  description  du  grand  cratère  central, 
le  cadre  n'est  pas  encore  tout  rempli  de  ce  qu'on  pourrait  y  placer,  surtout 
près  des  bords  ;  ce  qui  se  fera  après  dans  des  circonstances  favorables.  Les 


(9*9) 
parties  surtout  les  plus  éloignées  étant  placées  seulement  d'après  des  mesures 
moins  soignées ,  ne  peuvent  pas  être  regardées  comme  définitivement  déter- 
minées. Après  plusieurs  comparaisons  très-soignées,  ayant  acquis  la  convic- 
tion de  l'exactitude  du  dessin  dans  tout  ce  qui  regarde  la  partie  principale 
du  grand  cratère  et  ses  accessoires,  j'en  ai  fait  tirer  des  copies  en  photogra- 
phie, et  je  prie  l'Académie  d'en  vouloir  bien  accepter  une. 

L'inspection  même  partielle  de  la  tache  fait  voir  une  double  enceinte 
annulaire  de  montagnes.  L'extérieure,  qui  est  la  plus  basse,  a  un  diamètre 
moyen  de  48  secondes  (  i"  ±s  1820  mètres  à  peu  près),  l'autre,  intérieure,  et 
qui  forme  les  bords  du  cratère,  a  un  diamètre  moyen  de  38  secondes,  et  a 
à  sa  partie  occidentale  un  pic  très-élevé.  La  place  intérieure  a  20  secondes. 
L'intérieur  du  cratère,  assez  escarpé,  présente  une  triple  enceinte  lui-même 
de  rochers  brisés  et  un  grand  nombre  de  gros  fragments  amoncelés  au  pied 
de  l'escarpement,  comme  s'ils  étaient  des  masses  roulées  en  bas  des  mon- 
tagnes environnantes.  Le  cratère  présente  deux  grandes  échancrures,  ou 
plutôt  crevasses,  aux  extrémités  du  diamètre  nord  et  sud,  et  il  est  remar- 
quable que  sur  la  ligne  de  ces  échancrures  se  trouvent  placés,  au  dehors 
d'un  côté  et  de  l'autre,  des  cratères  plus  petits  accouplés. 

»  A  l'extérieur  du  grand  cratère  on  voit  une  foule  de  lignes  rayonnantes, 
composées  la  plus  grande  partie  de  petits  monticules  ou  cônes  alignés,  al- 
ternant avec  des  ravines  assez  profondes.  La  largeur  de  ces  lignes  saillantes 
ne  permet  pas  de  les  croire  toutes  courants  de  lave,  mais  elles  ont  plutôt  de 
l'analogie  avec  les  lignes  de  pente  semblablement  disposées  qu'on  voit  au- 
tour de  nos  montagnes  volcaniques  des  environs  de  Rome.  Vous  avez  déjà 
vous-même  indiqué  cette  analogie  en  parlant  de  la  carte  très-belle  que  les 
officiers  français  ont  faite  des  environs  de  Rome,  et  après  des  études  ré- 
pétées que  j'ai  eu  occasion  de  faire  dans  les  collines  du  Latium,  je  me  suis 
convaincu  de  la  similitude  parfaite  qui  existe,  même  dans  les  détails  les  plus 
minutieux,  entre  ces  volcans  et  les  formations  lunaires.  La  manière  la  plus 
simple  de  concevoir  leur  formation  est  d'admettre  que  les  bords  des  mon- 
tagnes circulaires  actuellement  visibles  ne  sont  que  les  résidus  d'immenses 
dômes  qui  se  sont  formés  et  écroulés  successivement,  de  sorte  cependant 
que  les  dômes  postérieurs  ont  eu  un  diamètre  toujours  décroissant.  La  mon- 
tagne annulaire  deCopernic  présente  la  même  double  enceinte  que  le  groupe 
de  volcans  Latins,  mais  seulement  sur  une  plus  grande  échelle.  La  question 
de  savoir  si  la  force  volcanique  sur  la  lune  est  actuellement  éteinte  ne 
pourra  se  résoudre  que  lorsqu'on  aura  le  dessin  très-exact,  en  grande 
échelle,  de  l'état  de  la  surface  lunaire  à  une  époque  certaine  :  les  travaux 


(96o) 
sélénographiques  faits  jusqu'au  présent  sont  bien  peu  de  chose  pour  nous 
servir  de  point  de  départ.  C'est  en  vue  d'arriver  à  cette  connaissance  que 
le  travail  que  je  poursuis  pourra  être  utile,  surtout  lorsque  après  de  nom- 
breuses vérifications  on  l'aura  corrigé  et  perfectionné  partout  où  il  peut 
en  avoir  besoin. 

»  Je  vous  adresse  encore  un  exemplaire  de  la  description  de  l'appareil 
Porro  pour  la  mesure  des  bases ,  et  je  vous  prie  de  présenter  à  l'Acadé- 
mie mes  remercîments  pour  les  Comptes  rendus  que  l'observatoire  con- 
tinue à  recevoir.  J'espère  pouvoir  bientôt  vous  envoyer  une  description 
du  nouvel  observatoire,  avec  une  suite  considérable  d'observations  que  j'ai 
faites,  surtout  d'étoiles  doubles.   » 

A  la  suite  de  cette  communication,  M.  le  Secrétaire  perpétuel  fait  passer 
sous  les  yeux  de  l'Académie  la  photographie  qui  est  mentionnée  dans  la 
Lettre  du  P.  Secchi.  M.  le  Président  décide  que  cette  photographie  sera 
déposée  à  la  bibliothèque. 

optique.  —  Sur  la  courbure  des  surfaces  focales  dans  le  cas  dun  objectij 
composé  dun  nombre  quelconque  de  lentilles  en  contact,  traversé  en  son 
centre  de  figure  par  des  pinceaux  ou  faisceaux  très-minces  de  rayons 
lumineux;  par  M.  Breton  (de  Champ). 

«  Dans  la  théorie  ordinaire  des  images  formées  au  foyer  des  instruments 
qui  servent  à  augmenter  la  puissance  de  la  vision,  on  suppose  que  les  rayons 
delumière  qui  tombentsur  l'objectif  font  avec  l'axe  de  l'instrument  des  angles 
très-petits,  et  par  suite  on  considère,  et  il  est  en  effet  permis  alors  de  consi- 
dérer l'image  d'une  figure  tracée  dans  un  plan  perpendiculaire  à  cet  axe, 
comme  située  tout  entière  dans  le  plan  focal.  Mais  lorsqu'on  veut  embrasser 
un  champ  de  quelque  étendue,  cette  théorie  devient  insuffisante,  car  il  ré- 
sulte de  la  loi  mise  en  évidence  par  M.  Sturm  (*),  à  laquelle  est  assujettie  la 
forme  d'un  faisceau  très- mince  de  rayons  homogènes  émanés  d'un  même 
point,  après  un  nombre  quelconque  de  réfractions,  qu'il  doit  exister  deux 
endroits,  réels  ou  virtuels,  où  sa  section  transversale  se  réduit  à  une  ligne 
droite.  L'une  de  ces  lignes  est  située  dans  le  plan  qui  passe  par  le  point 
rayonnant  et  par  l'axe  de  l'appareil.  La  seconde  est  perpendiculaire  à  ce 


(*)  Mémoire  sur  la  théorie  de  la  vision  [Comptes  rendus,  tome  XX,  pages  555-559  et 
1239-1243). 


(96.  ) 
plan.  Enfin  toutes  deux  sont  perpendiculaires  à  la  direction  du  faisceau 
émergent,  en  des  points  qui,  en  général,  ne  coïncident  pas;  quand  ces  deux 
droites  se  rencontrent,  leur  point  d'intersection  est  un  foyer  proprement 
dit. 

»  Il  m'a  paru  intéressant  d'étudier  de  quelle  manière  les  deux  lignes  de 
striction  dont  il  s'agit  s'éloignent  l'une  de  l'autre  à  mesure  que  l'obliquité 
du  pinceau  ou  faisceau  incident  augmente,  dans  le  cas  d'un  objectif  qui 
n'aurait  qu'une  épaisseur  infiniment  petite,  en  supposant  que  les  rayons 
ne  puissent  s'écarter  que  fort  peu  de  son  centre  de  figure.  Les  rayons  de 
courbure  des  lieux  géométriques  des  deux  points  où  la  section  transversale 
de  chaque  faisceau  émergent  se  réduit  à  une  ligne  droite,  lieux  que,  pour 
abréger,  j'appellerai  les  surfaces  focales,  sont  éminemment  propres  à  don- 
ner une  idée  de  ce  qui  se  passe  dans  la  région  focale.  Je  vais  faire  connaître 
les  formules  très-simples  qui  peuvent  servir  à  calculer  ces  rayons. 

»  Si,  dans  la  première  équation  du  §  II  de  la  théorie  mathématique  des 
effets  de  la  lentille  simple  employée  comme  objectif  de  chambre  obscure  et 
comme  besicle,  qui  a  fait  l'objet  d'une  précédente  communication  (*j ,  on  sup- 
pose ACil  nul,  après  avoir  préalablement  multiplié  tousses  termes  par  &l.lt 

on  trouve,  en  faisant  attention  que  — -  se  réduit  alors  à  — ,  la  relation 

1  Ar.l  *■ 

u  \A,         r,         pj         a,  \A,         r,  pj 

En  traitant  de  même  la  seconde  équation,  c'est-à-dire  en  multipliant  d'a- 
bord par  A'c.2,,  puis  faisant  A',.',  =  o,  ce  qui  est  une  conséquence  des  hypo- 
thèses Ac-4  =  o,  h,  =  o,  on  trouve 

i  / 1  _  i  + 1  )  =  i  (  i  _  i  +  i-  V, 

«.  \A',  r2  p'J         «  \A;  r2        'p',/' 

ajoutant  membre  à  membre  ces  deux  équations,  il  vient,  toutes  réductions 
faites, 

f.y  U     \      1  I  I 

3  -t-  -  )  7  + r  =  0. 

\  uJf        P2         Po 

Par  un  calcul  semblable,  on  tire  de  la  troisième  équation  du  paragraphe 


(*)  Voir\e  Compte  rendu  de  la  séance  du  24  mars  i856. 

C.  R.,^856,  1"  Semestre.  ( T.  XLII, N°  20.)  1 2* 


(    9&») 

précité  et  de  la  quatrième 


(,+^7 


i      i 

-v  —  -r  =  O. 

P»  Po 


»  Il  faut  se  rappeler  que  les  p'  et  les  p"  désignent  précisément  les  rayons 
de  courbure  cherchés,  et  que  p'0,  p"0  sont  les  rayons  de  courbure  ana- 
logues quand  le  faisceau  incident  a  déjà  cessé  d'être  conique  et  qu'il 
possède  des  lignes  de  striction.  La  question  est  donc  dès  à  présent  résolue 
pour  le  cas  d'une  seule  lentille.  Nous  voyons  que  pour  une  lentille  simple 
les  deux  rayons  de  courbure  des  surfaces  focales  sont  indépendants  du  rap- 
port des  courbures  des  faces  antérieure  et  postérieure. 

»  Si  l'on  suppose  -V  =  o,  4-  =  o,  ce  qui  a  lieu  quand  les  rayons  éma- 
nent de  points  situés  sur  un  plan  perpendiculaire  à  l'axe  de  l'appareil , 
on  a 

/  »  / 

p*--- — ï*     pi- rr 

3H i  -\ 

Ainsi  donc  les  deux  surfaces  focales  tournent  alors  leur  concavifé  vers  la 
lentille  ou  dans  le  sens  opposé,  suivant  que  la  lentille  est  convergente  ou 
divergente. 

»  Les  rayons  de  courbure  sont  dans  tous  les  cas  indépendants  de  la  dis- 
tance A(. 

»  Ces  propriétés  remarquables  appartiennent  aux  objectifs  composés, 
pourvu  que  leur  épaisseur  soit  négligeable.  Appelons  en  effet/,,  /a,...,  f^ 
les  longueurs  focales  des  lentilles  composantes  et  «,,  ra2,...,  n,,.  leurs  indices 
de  réfraction,  nous  aurons 

0i\iii  /  i  \  i        i         i 

3  +  -)T-t--r--:=0,  I  +  - 


"JA      h  -  P.  V        "■//'      p»      p 


2.\ii   1 

"Jf,         p, 


i  /  i  \    i  i  i 

p,  \        »»/  A      c       p* 


(3 -+- —  )  7V -t- v -t-^ — =  o,     (i+—  Y  y  4--»- 

V  "rfS?        Pa/»        Pa/*-a  V  'V/-4        Pua 


=  o: 


Pa/i         Pa/*—  2 

ajoutant  membre  à  membre  ces  deux  suites  d'équations,  il  vient 


i 

p'. 


v      «i//;     \      «.//i  v      'v/-^     paA 

hèrt-  —  15  +  (i  -H  —  J  7  +  • • ,  nJr  (  i  ■+■  —  ]  7  +  -î 'è  =  o. 

\  ">JA         \  "ij  A  \-         nr/f^        Pa/*        P» 


(  963  ) 
On  voit  que  les  rayons  p'2     et  ja2     sont,  comme  je  l'avais  annoncé,  indé- 
pendants de  la  distance  A,  et  des  rapports  des  courbures  antérieure  et  pos- 
térieure des  lentilles  composantes. 

»  Ces    deux    dernières    équations  étant   retranchées  l'une    de    l'autre 
donnent 

S»  {  7  rh  7  4r  •  «  •  rh- «■  )  -t#7- -r (  4-  —  -^  )  =  o. 

\f<     f>  SpJ      p3/i       pa/t       \p,      p./ 


»   Or  on  a 


ii  ii 

_  +  _  +  ...+  f, 


F  étant  la  longueur  focale  de  l'objectif;  d'où  il  résulte  que,  si  l'on  suppose 
-7-  =  o,  —  =  o,  la  différence  - * —  des  courbures  des  deux  surfaces 

P.  Pi  P2/a         Pa/* 

focales  est  égale  à  —  -•  Cette  différence  ne  peut  donc  jamais  être  nulle  quand 

l'objectif  reçoit  directement  les  rayons  lumineux. 
»  On  a  d'ailleurs  séparément,  pour  le  même  cas, 

i  3        /    i  i  i     \ 

I  I        /   I  I  I    \ 

géologie.  —  Note  sur  la  Carte  géologique  du  département  des  Vosges 
et  sur  quelques  accidents  géologiques  figurés  dans  ce  travail;  par 
M.  E.  de  Billy,  ingénieur  en  chef  des  Mines. 

«  Au  mois  de  décembre  i85a,  l'Académie  des  Sciences  a  bien  voulu 
agréer  l'hommage  d'un  exemplaire  de  ma  Carte  géologique  du  département 
des  Vosges  sur  l'échelle  du  8o  oooième.  Qu'il  me  soit  permis  de  lui  offrir  au- 
jourd'hui la  réduction  de  cette  carte  au  aoo  oooième. 

»  De  même  que  la  grande  carte,  ma  réduction  est  un  produit  de  l'Impri- 
merie impériale. 

»  Afin  d'y  rendre  les  indications  géologiques  plus  faciles  à  saisir,  j'y  ai 
supprimé  les  indications  topographiques  des  forêts  et  des  mouvements 
de  la  surface;  mais  on  peut  aisément  y  deviner  le  relief  du  sol  d'après  la 
direction  des  nombreux  cours  d'eau. 

«  En  parcourant  des  yeux  cette  carte,  on  est  frappé  de  l'influence  qu'ont 

126.. 


(  964) 
exercée  sur  le  relief  les  soulèvements  granitiques  et  notamment  les  pointe- 
ments  isolés  de  granit  qui  ont  surgi  dans  les  parties  centrales  et  vers  le  sud- 
ouest  du  département. 

»  L'étude  de  ces  pointements  suffit  bien  souvent  pour  expliquer  lançon- 
figuration  du  sol,  en  même  temps  qu'elle  révèle  la  nature  et  l'épaisseur  des 
roches  dont  le  granit  est  recouvert  encore  aujourd'hui. 

»  Dans  la  haute  chaîne  des  Vosges,  iious  voyons  les  roches  cristallines 
presque  exclusivement  au  contact  des  terrains  de  transition  appartenant  à 
plusieurs  époques.  Quelques  lambeaux  de  grès  rouge  et  de  grès  vosgien 
épars  à  la  surface  de  ces  roches  ne  sont  guère  que  des  témoins  isolés  consta- 
tant l'ancienne  extension  des  roches  arénacées  secondaires.. 

»  Dans  la  région  septentrionale  des  montagnes,  nous  trouvons  quelques 
rares  petits  dépôts  de  terrain  houiller,  et,  d'une  manière  beaucoup  plus 
prononcée,  les  grès  rouges  en  assises  de  puissance  fort  variable. 

»  Le  contact  du  granit  avec  les  grès  rouges  se  voit  également  près  de 
Remiremont  des  deux  côtés  de  la  Moselle. 

»  Plus  à  l'ouest,  les  roches  cristallines  sont  immédiatement  recouvertes  par 
le  grès  vosgien  dont  l'extension  a  été  considérable,  non-seulement  dans  le 
sens  de  l'axe  de  la  chaîne,  mais  encore  dans  le  sens  transversal;  et  nous 
voyons  ce  dépôt  de  grès  diminuer  d'épaisseur  de  plus  en  plus  à  mesure 
qu'on  avance  vers  l'ouest,  à  ce  point  que,  dans  les  vallons  à  l'ouest  dé 
Darney,  il  a  souvent  moins  d'un  mètre  de  puissance  et  qu'il  n'existe  plus 
du  tout  à  Passavant,  non  plus  qu'à  Chàtilldn-sur-Saône  où  les  pointements 
granitiques  n'ont  amené  au  jour  que  du  grès  bigarré. 

»  Plus  au  sud-ouest  encore,  ce  dernier  disparaît  à  son  tour  ;  c'est  ainsi 
que  dans  le  département  de  la  Côte-d'Or,  entre  le  souterrain  de  Blaisy  et 
Malain,  le  granit  se  montre  au  jour  immédiatement  recouvert  par  les 
marnes  irisées. 

»  Si  nous  mentionnons  ce  dernier  pointement,  c'est  que  nous  le  ratta- 
chons aux  nombreux  accidents  delà  surface  du  sol,  dont  la  plupart  signalés 
anciennement  par  M.  Elie  de  Beaumont,  ont  été  observés  et  décrits  par  nous 
dans  les  journaux  de  nos  courses  géologiques  dans  le  département  des  Vosges. 
Ces  mouvements  du  sol  ont  été  la  conséquence  du  soulèvement  de  la  Côte- 
d'Or  dontils  affectent  la  direction;  le  granit  de  Blaisy  en  particulier  se  trouve 
sur  le  prolongement  de  pointements  granitiques  auxquels  on  doit  attribuer 
plusieurs  chaînons  de  collines  dans  la  région  sud-ouest  du  département  des 
Vosges,  et  dont  l'un  notamment  se  dirige  depuis  les  granits  de  Thunimont 
(vallée  du  Coney)  par  ceux  du  Bas-du-Mont,  jusqu'à  celui  de  Passavant 


(965) 
(Haute-Saône)  ;  c'est  une  ligne  de  fracture  qui,  dirigée  suivant  un  arc  de 
grand  cercle,  s'infléchit  d'un  peu  plus  d'un  degré  vers  le  sud  (E.  3S°37'N. 
à  E.  4o°  N.)  à  l'approche  de  Blaisy  et  s'étend  sur  environ  140  kilomètres  de 
longueur. 

»  Il  n'est  pas  moins  digne  d'observation  que  nombre  de  ces  soulèvements 
granitiques  ont  été  accompagnés  de  dégagements  de  chaleur,  dont  les  roches 
stratifiées  superposées  au  granit  portent  les  traces  évidentes. 

»  Tantôt  les  grès  rouges  ont  changé  de  nature  d'une  manière  plus  ou 
moins  complète,  tantôt  les  grès  vosgiens  et  les  grès  bigarrés  amenés  au  jour 
ont  été  frittes,  quelquefois  même  fondus,  ce  qu'on  voit  entre  autres  d'une 
manière  bien  frappante  dans  certaines  assises  de  poudingues  du  grès  des 
Vosges,  comme  par  exemple  auprès  de  Plombières. 

»  Un  des  faits  d'altération  de  roches  secondaires  les  plus  dignes  d'atten- 
tion se  voit  à  peu  de  distance  de  Remiremont  dans  les  deux  lambeaux  du 
grès  rouge,  situés  l'un  à  droite  et  l'autre  à  gauche  de  la  vallée  de  la  Moselle. 
Ces  roches,  que  l'on  a  rapportées  à  une  époque  beaucoup  plus  ancienne, 
avaient  été  désignées  comme  vieux  grès  rouge,  bien  qu'elles  ne  présen- 
tassent ni  les  caractères  minéralogiques ,  ni  les  fossiles  de  ce  dernier 
terrain. 

»  Nous  citerons  principalement  sous  ce  rapport  la  vallée  des  Roches  en 
amont  du  val  d'Ajol,  près  Plombières,  où  l'une  des  roches  modifiantes  ap- 
paraît au  jour  sous  la  forme  d'un  puissant  filon  de  quartz  blanc,  qui  coupe 
obliquement  la  vallée  et  que  l'on  peut  faire  suivre  sur  25oo  mètres  de  lon- 
gueur affectant  une  direction  d'environ  E.  35°  N. 

»  Le  quartz,  en  remplissant  la  fente  pratiquée  dans  le  grès  rouge,  en  a  dé- 
taché de  nombreux  fragments  qu'on  y  trouve  empâtés,  en  même  temps  qu'il 
a  pénétré  dans  les  fissures  de  la  roche  encaissante  où  il  constitue  de  nom- 
breux petits  filons  blancs,  blanchâtres  ou  rougeâtres.  Il  y  a  tout  lieu  de 
penser  que  la  formation  de  ce  filon  a  été  accompagnée  de  sublimations  mé- 
talliques, telles  que  le  chlorure  de  fer  qui  par  double  décomposition  avec  la 
vapeur  d'eau  a  donné  naissance  au  fer  oligiste  qu'on  trouve  en  groupes  de 
petits  cristaux,  comme  dans  quelques-uns  des  phénomènes  volcaniques 
modernes. 

»  Et  quant  au  grès  rouge  encaissant,  il  a  été  modifié  d'une  manière  plus 
ou  moins  complète,  ayant  acquis  tout  au  moins  une  consistance  compacte 
qui  ne  lui  est  pas  habituelle. 

«  Le  granit  sous-jacent  traversé  par  le  filon  de  la  vallée  des  Roches, 
soulevé  «oit  à  la  même  époque,  soit  déjà  antérieurement,  a  donné  lieu  à  des 


(966) 
dénudations  très-variées  ;  tantôt  il  se  montre  complètement  à  découvert  ; 
tantôt  c'est  le  grès  rouge  qu'on  voit  à  la  surface  ;  tantôt  ce  sont  des  lam- 
beaux épars  de  grès  Vosgien  ;  tantôt  enfin  le  grès  bigarré  conserve  sa  posi- 
tion relative,  n'a  été  que  déplacé,  restant  superposé  au  grès  vosgien,  au 
grès  rouge,  ainsi  qu'au  granit  qui  constituait  originairement  le  sol  de  la 
contrée. 

»  A  l'occasion  de  la  présentation  de  ma  Carte  réduite,  qu'il  me  soit  per- 
mis de  rappeler  que,  dans  une  Notice  accompagnant  ma  Carte  géologique 
au  8ooooieme,  j'avais  émis  l'opinion  que  des  dépôts  sédimentaires  avec  osse- 
ments de  grands  mammifères ,  appartenaient  à  l'époque  tertiaire  la  plus 
moderne.  Mais  je  n'ai  pas  tardé  à  reconnaître  que  cette  assimilation  d'âge 
était  une  erreur;  l'espèce  d'éléphant  dans  les  débris  duquel  M.  Bayle  a  re- 
connu YElephas  primigenius ,  prouve  que  ces  dépôts  appartiennent  à  l'épo- 
que diluvienne.  »  , 

physique  du  globe.  —  Sur  le  mouvement  des  diverses  ondes  dont  se  compose 
la  marée;  Lettre  de  M.  Chazaixox  à  M.  Élie  de  Beaumont. 

«  La  dernière  fois  que  j'eus  l'honneur  de  vous  voir,  vous  me  fîtes  quel- 
ques questions  sur  le  mouvement  des  diverses  ondes  dont  l'ensemble  con- 
stitue la  marée,  et  ce  phénomène  semblait  vous  intéresser,  même  sous  le 
point  de  vue  géologique.  Il  serait  possible,  en  effet,  que  les  marées  aient 
joué  un  certain  rôle  dans  la  configuration  générale  de  la  croûte  terrestre 
lorsque  sa  fluidité  lui  permettait  de  se  laisser  mouler  en  quelque  sorte  par 
l'action  du  Soleil  et  de  la  Lune,  et  que  des  pluies  diluviennes  venaient  de 
temps  à  autre  solidifier  en  partie  la  crête  de  l'onde.  La  densité  relative  de 
cette  mer  de  feu  pouvait  d'ailleurs  être  telle,  qu'il  en  résultât  des  marées 
colossales,  et  quelque  jour  sans  doute  le  génie  des  mathématiques  saura 
faire  jaillir  des  formules  les  phénomènes  qui  ont  dû  se  produire. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  j'ai  pensé  qu'U  était  intéressant  de  présenter,  pour 
divers  points  consécutifs  du  littoral,  Y  établissement  (i)  des  ondes  dont  la 
période  est  un  demi-jour,  un  quart  de  jour  et  un  sixième  de  jour  lunaire, 
ainsi  que  la  grandeur  relative  de  ces  divers  flux. 

»  Les  résultats  suivants  sont  la  moyenne  de  cinq  à  six  journées  d'obser- 
vations (a)  faites  à  l'époque  des  syzygies,  et  les  formules  employées  sont 

(i)  C'est-à-dire  l'heure  du  maximum  de  chaque  onde  le  jour  de  la  syzygie  lorsque  le 
Soleil  et  la  Lune  sont  dans  l'équateur  et  dans  leurs  moyennes  distances  à  la  Terre. 

(i)  Pour  Cadix,  je  n'ai  pu  trouver  que  deux  journées  d'observations  assez  complètes. 


(967) 

celles  que  j'ai  données  page  1 76,  tome  VII  des  Annales  hydrographiques . 
Seulement,  comme  les  observations  n'ont  été  suivies  que  pendant  treize  à 
quatorze  heures  et  non  pendant  un  jour  lunaire  entier,  on  n'a  pu  éliminer 
l'effet  de  l'onde  diurne.  Nous  avons  donc  pris,  pour  yjx,  la  valeur  hx  et  non 
la  moyenne  de  hx  et  hi2+z,  puisque  cette  dernière  valeur  est  inconnue.  Elle 
diffère  peu  d'ailleurs  de  la  première,  car  nous  avons  choisi,  autant  que  pos- 
sible, les  observations  faites  vers  les  syzygies  de  septembre,  époque  où  l'onde 
diurne  est  nulle  ou  très-petite. 

»  Afin  de  rendre  les  comparaisons  plus  faciles,  nous  avons  pris  le  nom- 
bre 1000  pour  représenter,  dans  chaque  port,  la  grandeur  de  la  marée 
ordinaire. 


NOM    DU    PORT. 


Cadix 

Socoa 

Boucaut 

Cordouan   

Saiut-Nazaire 

Le  Palais 

Brest 

Boscoff 

Ile  Brehat 

Saint-Malo 

Les  Ecrehoux 

Ile  d'Aurigny 

Cherbourg 

La  Hougue.  ...... 

Port-eu-Bessin ,  .  . . 
Plage  de  Merville . . 

Le  Havre 

Fécamp 

Dieppe 

Boulogne 

Calais 

Dunkerque 

Ostende 


ANNEE 

de 
l'obser- 
vation. 


1807 
1826 
1826 
1826 
182! 
1820 

!8i6 
i837 
i83o 
182g 
i832 
i832 
i832 
i833 
i834 
i834 
i834 
i834 
i834 
i835 
i836 
i836 
i836 


ETABLISSE- 
MENT 

du 
port. 


h       a 
I  .26 

3.3o 
3.53 

3.53 

3.47 

3  34 

3.46 

3.52 

5.5o 

6. 10 

6.24 

6.57 

7.58 

8.5o 

g.  10 

9.45 

9.53 

10.44 

n.   8 

n  .26 

n. 49 

12.  l3 

12.33 


ETABLISSEMENT   DE   L  ONDE. 


f  jour. 


I  .29 

3.25 
4.  6 

3.44 
3.56 
3.34 

3-47 

4.  2 

5.54 

6.27 

6.43 

6.58 

8.  7 

9.25 

g.5o 

10.   5 

10.22 

10.40 

I  I  .  I'2 

n.58 
12.  i5 
12.47 
i3. 10 


-jour. 


8.  9 

1 1 .22 

2.46 

o  i3 

1 .26 

o.3i 

,.44 

i.33 

4.53 

5.  io 

5.28 

5.23 

6  22 

6.57 

7.25 

7.46 

8.16 

8.35 

9  5o 

10  35 

io.59 

1 1 .5i 

12  4' 


•jour. 


h      n 

I  I  .42 

1.34 

I  .     O 

I  I  .4l 

1  .     I 

n.56 
2.  5 
2.45 

3  42 

4  4o 
4.16 
5.25 
7.24 
7.35 
7.41 
8.    1 

7-44 

8.  8 

g.5o 

10.21 

1 1 . 3 1 

12.  i5 


AMPLITUDE    DE    L  ONDE. 


"2  J°ur. 


992 
IOO7 

97° 
97° 
980 

995 

980 

1040 

994 

99° 
1002 

1000 

1007 

1010 

io35 

1060 

io5i 

ioo5 

980 
1009 
1020 
1000 

960 


-jour, 


33 

25 

92 
35 

92 

64 

26 
5i 
33 
86 

•94 
38 

77 
106 

125 

i3o 
io5 

74 
100 

47 

134 

102 

67 


|jour. 


!9 

9 
34 


o 

18 

8 
8 
8 

l5 
23 

'9 

35 

67 

1 10 

9° 
64 

27 

39 

5o 

53 
96 


(968  ) 
»  Si  l'on  examine  la  marche  de  ces  ondes  entre  la  Hougue  et  Ostende,  on 
voit  que  le  temps  employé  est 


il       m  . 

3.55  pour  l'onde  de  -jour. 

5.44 

4.5i 


2  ■ 
1 

4 
1 

6 


Ainsi  l'onde  semi-diurne  se  propage  plus  rapidement  que  les  autres  ;  mais  ce 
fait  souffre  des  exceptions.  Il  serait  d'ailleurs  prématuré  d'en  tirer  quelque 
conséquence  générale,  car  vraisemblablement  chacune  de  ces  ondes  est  la 
résultante  de  plusieurs  autres  ondes  de  même  espèce,  dont  quelques-unes 
peuvent  se  propager  en  sens  inverse  et  produire  ainsi  des  irrégularités  appa- 
rentes dans  l'amplitude  et  le  mouvement  du  flux.   » 

A  l'occasion  de  celte  communication,   M.  Élie  de  Beaumont signale, 

parmi  les  pièces  imprimées  de  la  Correspondance,  un  Mémoire  sur  les 

marées  diurnes  solaires  et  lunaires  de  la  côte  de  l'Irlande,  par  M.  Sa- 
muel Haughton. 

physique.  —  Note  sur  la  température  à  laquelle  les  liquides  cessent  de 
mouiller  les  vases  qui  les  contiennent;  par  M.  C.  Wolf,  professeur  de 
physique  au  lycée  de  Metz. 

«  On  sait  depuis  longtemps  que  la  hauteur  à  laquelle  un  liquide  s'élève 
dans  un  tube  capillaire  décroît  à  mesure  que  la  température  augmente  ;  mais 
on  n'a  jamais  observé  la  loi  du  phénomène  au  delà  de  la  température  ordi- 
naire d'ébullition  du  liquide.  Il  serait  cependant  intéressant  de  savoir  si  la 
loi  se  continue  au  delà  de  cette  limite,  et  si,  par  conséquent,  il  est  une  tem- 
pérature à  laquelle  la  hauteur  capillaire  devient  nulle,  au  delà  de  laquelle 
l'ascension  se  change  en  dépression.  C'est  ce  fait,  intimement  lié  à  la  théorie 
si  controversée  de  l'état  sphéroïdal,  que  j'ai  essayé  de  vérifier. 

»  En  admettant  que  la  loi  du  décroissement  de  la  hauteur  capillaire 
obtenue  par  M.  Brunner  et  plusieurs  autres  physiciens  soit  vraie  au  delà 
des  limites  de  leurs  expériences,  on  arrive  à  cette  conséquence  que  l'eau 
cesserait  de  mouiller  le  verre  et  de  s'élever  dans  un  tube  vers  536  degrés, 
l'éther  sulfurique  vers  191  degrés.  Ne  pouvant,  d'après  ces  données,  opérer 
sur  l'eau,  j'ai  tenté  l'expérience  sur  l'éther  ordinaire  du  commerce. 


(969) 

»  Dans  un  tnbe  de  verre  de  1  centimètre  environ  de  diamètre  intérieur, 
et  à  parois  résistantes,  j'ai  introduit  un  tube  capillaire  et  de  l'éther  sulfu- 
rique,  puis  j'ai  fermé  à  la  lampe,  après  avoir  chassé  l'air.  Ce  tube  a  été  placé 
verticalement  dans  une  cloche  renversée  pleine  d'huile  de  lin,  à  côté  d'un 
second  tube  semblable,  mais  ouvert  et  plein  d'huile  dans  laquelle  plongeait 
un  thermomètre.  Un  double  agitateur  servait  à  établir  l'uniformité  de  tem- 
pérature. 

»  A  mesure  que  la  température  s'élève,  on  voit  la  colonne  liquide 
s'abaisser  rapidement  dans  le  tube  capillaire,  et  enfin  vers  J90  ou  191  de- 
grés disparaitre  complètement.  En  même  temps  la  surface  de  l'éther  dans  le 
large  tube,  d'abord  concave,  s'approche  de  plus  en  plus  d'être  plane,  et  le 
devient  enfin  à  cette  même  température. 

»  Si  l'on  continue  à  chauffer,  on  peut  apercevoir  le  ménisque  capillaire 
au-dessous  du  niveau  du  liquide  dans  le  vase  extérieur.  Vers  198  degrés,  la 
surface  de  l'éther,  fortement  convexe,  semble  se  couvrir  d  un  nuage  épais 
et  ne  présente  plus  qu'un  contour  mal  défini.  Enfin,  à  200  degrés,  comme 
l'a  déjà  observé  autrefois  M.  Cagniard-Latour,  le  liquide  est  complètement 
réduit  en  vapeurs.  Si  l'on  abaisse  alors  la  température,  le  liquide  réapparaît 
subitement,  et  les  mêmes  phénomènes  se  reproduisent  dans  l'ordre  inverse. 

«  Il  paraît  donc  exister  pour  chaque  liquide  une  température  à  laquelle 
il  cesse  de  mouiller  le  vase  qui  le  renferme,  température  variable  d'ailleurs 
avec  la  nature  du  liquide  et  celle  du  vase,  bien  supérieure  à  la  température 
ambiante  pour  quelques-uns,  mais  qui  pour  d'autres,  le  mercure  et  le  verre 
par  exemple,  serait  de  beaucoup  inférieure  à  cette  même  température. 
N'est-il  pas  permis  de  conclure  de  là  que  très-refroidi,  le  mercure,  s'il  res- 
tait encore  liquide,  pourrait  mouiller  le  verre  et  s'élever  dans  un  tube  ca- 
pillaire, au  lieu  de  s'y  déprimer,  et  d'établir  ainsi  une  liaison  toute  natu- 
relle entre  deux  ordres  de  phénomènes  jusqu'ici  isolés,  l'élévation  et  la 
dépression  capillaire?  » 

physique.  —  Pile  voltaïque  à  courant  constant.  (Extrait  d'une  Lettre  de 
M.  V.  Doat,  addition  à  la  communication  faite  dans  la  séance  du  5  mai.) 

«  Depuis  la  présentation  de  ma  pile  galvanique,  faite  par  M.  Becquerel 
dans  la  séance  du  5  mai,  j'ai  examiné  l'action  de  mes  liquides  excitants 
sur  les  divers  amalgames  et  les  métaux  purs,  et  je  suis  arrivé  à  obtenir 
des  éléments  de  pile  électrique  dépassant  en  énergie  les  éléments  de  pile  à 
acide  nitrique  portés  à  leur  maximum  de  force,  sans  que  la  constance  se 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  20.)  1  27 


(  97°  ) 
soit  montrée  inférieure  à  celle  de  mes  couples  à  mercure  pur,  et  en  restant 
toujours  dans  la  condition  d'une  révivification  prompte,  facile  et  écono- 
mique, o 

M.  Le  Coat  de  Saint-Haouen,  qui  en  novembre  1847,  Pr^s  ^e  partir 
pour  le  Maroc,  s'était  mis  à  la  disposition  de  l'Académie  pour  les  recherches 
scientifiques  qu'elle  jugerait  utile  de  faire  faire  dans  ce  pays,  annonce  l'en- 
voi prochain  d'un  liste  des  oiseaux  du  nord  de  l'Afrique  qu'il  lui  sera  pos- 
sible de  se  procurer,  et  une  collection  presque  complète  des  œufs  de  ces 
oiseaux.  Aujourd'hui  il  envoie  un  poisson,  appartenant  à  l'ordre  des  Plec- 
tognathes,  qu'il  s'est  procuré  à  Tanger. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Duméril.) 

M.  Raynot  envoie  de  Bruxelles  un  ouvrage  imprimé,  sur  la  géométrie  et 
la  trigonométrie  considérées  dans  leurs  applications  au  cadastre. 

L'auteur  désire  obtenir  le  jugement  de  l'Académie  sur  ce  travail,  dont  il 
avait  déjà  adressé  en  i85i  une  ébauche  manuscrite. 

On  fera  savoir  à  M.  Raynot  que,  d'après  une  décision  déjà  ancienne  de 
l'Académie,  les  ouvrages  imprimés  ne  peuvent  être  l'objet  d'un  Rapport. 

M.  Pons  adresse  de  Bez,  près  le  Vigan,  un  Note  sur  l'emploi  du  cautère 
actuel  dans  les  cas  de  tumeurs  blanches,  et  adresse  à  cette  occasion  une 
demande  qui  ne  peut  être  prise  en  considération. 

L'auteur  d'une  Note  sur  la  navigation  aérienne  demande  que  son  nom, 
écrit  sous  pli  cacheté,  ne  soit  découvert  qu'autant  que  l'Académie,  approu- 
vant son  système,  voudrait  en  recommander  l'adoption  au  Gouvernement. 

D'après  un  article  du  règlement  de  l'Académie  concernant  les  pièces 
anonymes,  cette  communication  est  considérée  comme  non  avenue. 

A  5  heures,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  E.  D.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  11  mai  1 856,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

M.  Liapounov.  Résultats  des  observations  sur  ta  (jrande  nébuleuse  d'Orion , 
faites  à  l'aide  de  la  grande  lunette  parallactique  de  Kazan  ;  Rapport  de  M.  W. 
StruvE;  br.  in-8°. 


(970 

De  orbita  comitœ  qui  anno  appariât  disputationem  academicam  permittente 
Imperialis  Alexandrœ  Universitatis  Fennicœ  amplissimo  Mathematicorum  et 
Phjsicorum  Ordine  Prœside  Nath.  Gerh.  a  Schullen;  p.  p.  auctor  Laur.  Leonh. 
Lindelôff:  br.  in-4°- 

Almœ  Universitati  Dorpatensi  diem  XII  decembris  anni  MDCCCLII,  quo 
quinquaginta  annos  inde  ab  origine  féliciter  perfectos  célébrât,  pie  gratulantur 
spéculas  in  Rossia  primariœ  director  et  astronomi.  Adjecta  est  Othonis Struvii  nar- 
ratio  deparallaxi  stellœ  a  Ljrœ .  Petropoli,  i852  ;  br.  in-4°. 

Rapport/ait  à  M.  le  Directeur  de  l'Observatoire  central  sur  les  travaux  de 
l'expédition  de  Ressarabie,  entreprise  en  i852  pour  terminer  les  opérations  de  la 
mesure  de  l'arc  du  méridien  ;  par  M.  Prazmovski,  astronome  de  l'observatoire 
de  Varsovie  ;  br.  in-8°. 

Ueber...  Sur  la  détermination  de  la  parallaxe  de  l'étoile  d'Argelander,  par 
M.  Wichmann;  Mémoire  de  M.  W.  Dôllen.  Saint-Pétersbourg,  i854;  br. 
in-4°. 

Nachricht...  Note  sur  l'achèvement  de  la  mesure  de  l'arc  compris  entre  le 
Danube  et  la  mer  Glaciale;  br.  in-8°. 

Uber  die...  Sur  le  degré  d'exactitude  et  les  corrections  à  faire  aux  distances 
d 'étoiles  observées  par  Hevelius  avec  son  grand  sextant  ;  par  M.  Lindeloef;  br. 
in-8°. 

Rettificazione...  Rectification  géométrique  et  rigoureuse  de  la  circonférence 
du  cercle  par  la  géométrie  élémentaire;  par  M.  J.-B.  Malacarne.  Vicence, 
i856;  br.  in-8°. 

Introduzione...  Introduction  à  la  mécanique  et  à  la  philosophie  de  la  nature; 
jjarM.  J.  Gallo;  vol.  I;  fasc.  3à  5.  Turin,  i856;  in-8°.  (M.  Regnault  est 
invité  à  en  faire  l'objet  d'un  Rapport  verbal.  ) 

Reply...  Réplique  aux  principes  de  Chimie  agricole  de  M.  Liebig ;  par 
MM.  J.-B.  Lawes  et  J.-H.  Gilrert.  Londres,  i855;  br.  in-8°. 

Kurze...  Courte  histoire  de  la  syphilisation ;  par  M.  Ernst  Kaufmann; 
br.  in-8°. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  19  mai  i856,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Institut  impérial  de  France.  Académie  des  Sciences.  Discours  prononcés  aux 
funérailles  de  M.  Rinet,  le  mercredi  14  mai  i856;  \  feuille  in-8°. 

Histoire  des  progrès  de  la  géologie  de  1 834  à  i855;  par  M.  A.  d'Archiac, 
publié  par  la  Société  Géologique  de  France,  sous  les  auspices  de  M.  le  Ministre 


(  972  ) 
de  l'Instruction  publique;  t.  VI;  formation  jurassique;  Ve  Partie.  Paris,  i856; 
in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  Géologique  de  France;  2e  série,  t.  V,  IIe  Partie.  Paris, 
i855;in-4°. 

Feuille  d'assemblage  de  la  carte  géologique  des  Vosges;  par  M.  E.  DE  Billy, 
Ingénieur  en  chef  au  corps  des  Mines;  1848. 

Discours  prononcés  sur  la  tombe  de  M.  A.-Th-A.  Vidal  (de  Cassis),  le 
17  avril  i856;  br.  in-8°. 

Recherche  de  l'origine  des  températures  pour  servir  à  la  construction  d  une 
échelle  thermométrique  complète  ;  par  M.  A.-L.***.  Marseille,  i856;  br.  in-8°. 

Recherches  géogéniques;  par  M.  E.-L.  GuiET.  Mamers,  i856;  br.  in-8°. 

Réflexions  sur  la  géométrie;  2e  édition  ;  parM.  F.  Raynot.  Bruxelles,  i856; 
br.  in-8°. 

Metodo...  Mètliodc  pour  trouver  quatre  racines  réelles  ou  imaginaires  d'une 
équation  ,  numérique  donnée  dans  un  ouvrage  publié  à  Vienne,  en  1 85a,  par 
M.  Riedlde  Leuenstern; par  M.  B.Tortolini.  Rome,  i855;  br.  in-8°. 

Ricerche...  Recherches  analytiques  sur  les  superficies  annulaires  à  cône  direc- 
teur; parM.  A.  Rossi.  Naples,  i85i;  in-4°. 

Descrizione...  Description  des  instruments  adoptés  pour  la  mesure  de  la  base 
romaine  le  long  de  l'antique  voie  Appienne;  par  le  Père  SECCHI.  (Corrispondenza 
scientifica  inRoma;  nos  22-23.) 

Con  quali  mezzi...  Sur  des  moyens  employés  à  partir  du  septième  mois  de  la 
grossesse  chez  les  femmes  affectées  d'une  difformité  du  bassin;  par  M.  Mina 
Palumbo.  Messine,  1846;  in- 12. 

Introduzione...  Introduction  à  l'histoire  naturelle  des  monts  Madoni  (Sicile); 
parle  même.  Palerme,  1 844 j  br.  in-8°. 

Sugli  effetti.. .  Sur  les  effets  du  buse  employé  par  les  femmes;  par  le  même  . 
Palerme,  i84i  ;  br.  in-8°. 

Su'...  Sur  les  cosmétiques;  par  le  même.  Palerme,  1846  ;br.  in-12. 
Cronaca...  Histoire  de  l'épizoo  lie  varioleuse  qui  a  frappé  les  bêtes  ovines  en 
Sicile,  en  i85a;par  le  même.  Palerme,  i853;  br.  in-8°. 

The  solar. . .  Les  marées  diurnes  solaires  et  lunaires  sur  les  côtes  de  l'Irlande; 
par  le  Révérend  Samuel  Haughton.  Dublin,  i855;  in-4°. 

On  the. . .  Sur  les  oiseaux  faisant  partie  de  collections  envoyées  de  Santa-Fé  de 
Bogota; parM.  Ph.  Lutley' Sclater ;  br.  in-8°. 

«s+O+SB 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  26  MAI  1856. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  IS.  GEOFFROY-SAINT-HILAIRE. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

physique  mathématique..  —  Du  frottement  considéré  comme  cause  de 
mouvements  vibratoires  ;  par  M.  Duhamel. 

«  Le  frottement  a  été  considéré  pour  la  première  fois  comme  produisant 
des  vibrations  et  des  sons,  dans  une  Note  que  j'ai  présentée  à  l'Académie 
en  1 836,  et  qui  avait  pour  objet  l'action  de  l'archet  sur  les  cordes.  Je  me 
propose  ici  de  généraliser  le  principe  qui  servait  de  base  à  cette  théorie  et 
d'en  faire  de  nouvelles  applications. 

»  Les  lois  du  frottement  n'étaient  pas  assez  connues  du  temps  de  Daniel 
Bernoulli,  pour  que  ce  grand  physicien  pût  penser  à  y  rattacher  cette  action  ; 
et  il  fut  obligé  d'en  chercher  une  explication  dans  une  sorte  d'assimilation 
de  l'archet  à  une  roue  dentée.  Je  crois  avoir  démontré,  dans  un  Mémoire 
présenté  en  i83g,  qu'elle  ne  saurait  être  admise;  et  je  n'en  ai  pas  eu  d'au- 
tre à  réfuter,  parce  que  tous  les  traités  d'acoustique  ou  de  physique  élémen- 
taire parlent  de  l'emploi  de  l'archet,  sans  chercher  à  rendre  raison  de  son 
action. 

»  Lorsque  j'eus  donné  la  véritable  cause  du  son  produit,  j'en  calculai  les 
effets,  et  je  parvins  à  cette  première  proposition  générale  : 

»  Le  mouvement  de  la  corde  par  rapport  à  la  position  d'équilibre  qu'elle 
prendrait  sous  l'influence  d'une  force  égale  à  celle  dujrottement,  est  le  même 

C.  R.,  i856,  i«r  Semestre.  (T.  XLII,  N°  21.)  I  28 


(  974  ) 
que  celui  de  la  corde  librement  abandonnée  à  elle-même  en  partant  d'une 
position  initiale,  qui  serait  relativement  à  sa  position  en  ligne  droite,  ce  que 
celle-ci  est  par  rapport  à  celle  d'équilibre  ci-dessus  déjinie. 

»  Il  résultait  d'abord  de  cette  proposition  que  sous  l'action  de  l'archet 
la  corde  devait  exécuter  des  vibrations  de  même  durée  que  lorsqu'elle  est 
pincée  et  abandonnée  librement  à  elle-même  ;  que  par  conséquent  elle  de- 
vait rendre  le  même  son  daas  les  deux  cas  :  ce  qui  est  conforme  à  l'expé- 
rience. 

»  Mais  il  se  présenta  immédiatement  à  mon  esprit  une  autre  conséquence 
nécessaire  qui  aurait  pu  m'inspirer  quelque  doute,  si  je  n'avais  été  bien  con- 
vaincu de  l'impossibilité  de  toute  autre  explication.  Cette  conséquence  con- 
siste en  ce  que  : 

»  Le  mouvement  de  la  corde  pincée  finissant  par  s'anéantir  par  suite  des 
communications  avec  l'air  et  les  supports,  celui  de  la  corde  frottée  par  l'ar- 
chet pendant  un  temps  indéfini  devrait,  malgré  la  persistance  de  la  cause, 
finir  lui-même  par  s'anéantir. 

»  Or,  ce  fait  n'ayant  jamais  été  énoncé,  et  pouvant  même  paraître  assez 
peu  vraisemblable,  il  était  nécessaire  de  le  produire  ou  d'abandonner  ma 
théorie. 

»  Bien  assuré  d'y  parvenir,  je  n'eus  à  m'occuper  que  de  la  recherche  des 
moyens  les  plus  simples  de  produire  un  frottement  constant  et  d'une  durée 
indéfinie.  Il  suffit  pour  cela  d'employer  une  roue  ayant  son  axe  fixe,  et 
parallèle  à  la  droite  qui  joint  les  deux  extrémités  fixes  de  la  corde.  Le 
frottement  de  la  roue  met  d'abord  la  corde  en  vibration,  et  fait  entendre 
le  son  fondamental.  Mais  si  on  la  fait  mouvoir  assez  rapidement  pour  que 
son  mouvement  relatif  soit  dans  un  sens  constant,  et  que  par  suite  la  direc- 
tion de  la  force  de  frottement  soit  constante,  on  voit  bientôt  le  son  dispa- 
raître ;  la  corde  reste  écartée  de  sa  position  naturelle,  et  par  conséquent  la 
force  de  frottement  continue  à  s'exercer,  en  même  temps  que  le  mouvement 
de  la  roue  continue  indéfiniment. 

»  Ce  fait  curieux,  que  je  venais  ainsi  de  découvrir  théoriquement  et  de 
vérifier  expérimentalement,  ayant  fortifié  mes  idées  sur  ce  point  important 
d'acoustique,  j'en  étudiai  de  nouveau  les  conséquences,  et  je  parvins  à  la 
découverte  d'un  nouveau  fait,  plus  singulier  encore  que  le  précédent,  mais 
qui  cependant  devait  être  réel  si  mon  explication  était  juste.  Ce  fait  consiste 
en  ce  que  Von  peut  établir  entre  la  vitesse  et  la  pression  de  l'archet  des  rap- 
ports tels,  que  le  son  produit  soit  plus  grave  que  le  son  fondamental.  Et  l'ex- 
périence m'a  fait  voir,  en  effet,  que  l'on  peut,  au  moyen  de  l'archet,  tirer 


(975) 
d'une  corde  une  multitude  de  sons  fort  au-dessous  de  celui  que  l'on  avait 
regardé  jusqu'ici  comme  le  plus  grave.  Ainsi  la  théorie  que  je  proposais  ré- 
sultait nécessairement  de  l'existence  évidente  de  la  force  de  frottement,  et 
non-seulement  elle  s'accordait  avec  les  faits  connus,  mais  encore  elle  avait 
conduit  à  deux  découvertes  singulières,  dont  la  Vérification  expérimentale 
en  donnait  une  confirmation  qui  ne  laissait  pas  place  au  doute. 

»  L'action  d'un  ou  de  plusieurs  archets,  ou  corps  frottants  quelconques, 
étant  remplacée  par  des  forces  connues,  les  petits  mouvements  d'un  sys- 
tème quelconque  de  points  soumis  à  des  actions  de  ce  genre  rentraient  dans 
les  questions  ordinaires  de  mécanique  ;  et,  d'après  cela,  le  problème  géné- 
ral pouvait  être  considéré  comme  résolu.  Il  n'était  pas  inutile  cependant 
de  reconnaître  les  propositions  générales,  auxquelles  on  parvient  pour  un 
système  quelconque,  et  d'en  faire  l'application  à  des  cas  simples,  différents 
de  celui  des  cordes  élastiques.  C'est  aussi  ce  que  je  fis  immédiatement.  Je  ne 
publiai  rien  sur  ces  recherches,  pensant  que,  d'après  ce  que  j'avais  fait  con- 
naître, chacun  pourrait  faire  ces  généralisations,  ainsi  que  ces  applications 
nouvelles.  Mais  personne  cependant  n'ayant  paru  s'en  occuper,  j'ai  jugé  à 
propos  d'appeler  ici  sur  ce  point  important  l'attention  des  physiciens  et  des 
géomètres. 

»  Je  dois  même  dire  que,  bien  loin  de  chercher  à  aller  au  delà  de  ce  que 
j'avais  énoncé,  on  n'a  pas  encore  introduit  dans  l'enseignement  de  l'acous- 
tique la  force  de  frottement  considérée  comme  cause  de  vibrations;  et  les 
recueils  académiques  étant  moins  lus  que  les  ouvrages  élémentaires,  il  est 
vraisemblable  que  beaucoup  de  professeurs  de  physique  sont  hors  d'état  de 
rendre  compte  du  son  produit  par  un  archet.  Us  doivent  en  être  presque 
tous  au  point  où  l'on  en  était  avant  la  publication  de  mon  Mémoire;  et  je  me 
souviens  qu'un  illustre  physicien  me  disait  à  cette  époque  qu'il  n'avait  jamais 
bien  compris  jusque-là  comment  le  contact  de  l'archet  ne  déterminait  pas 
un  nœud  dans  la  corde,  comme  le  contact  du  doigt  ou  d'un  chevalet. 

»  J'ai  cherché  à  me  rendre  compte  du  silence  des  auteurs  sur  un  sujet 
aussi  essentiel  et  aussi  élémentaire,  et  j'ai  pensé  que  cela  devait  tenir  aux 
procédés  de  démonstration  que  j'avais  employés.  Je  faisais  usage  des  équa- 
tions aux  différentielles  partielles  des  cordes  vibrantes,  et  les  traités  de  phy- 
sique ne  peuvent  supposer  au  lecteur  des  connaissances  aussi  élevées  en 
analyse. 

»  Dans  ce  Mémoire,  je  considérerai  la  force  de  frottement  d'une  manière 
générale,  qui  renfermera  comme  cas  particulier  ce  que  j'ai  dit  à  l'occasion 
de  l'archet;  mais  je  n'emprunterai  aux  mathématiques  que  le  principe  de  la 

128.. 


(976) 
superposition  des  petits  mouvements.  J'ai  donné  une  démonstration  aussi 
élémentaire  que  possible  de  ce  principe  dans  mon  Mémoire  sur  les  vibra- 
tions d'un  système  de  points  matériels.  D'ailleurs  il  est  énoncé  et  employé 
dans  tous  les  traités  élémentaires,  principalement  dans  la  théorie  de 
la  lumière  ;  il  n'y  a  par  conséquent  aucune  raison  pour  qu'on  n'en  fasse  pas 
usage  dans  l'acoustique. 

»  Après  avoir  exposé  la  théorie  générale,  j'en  fais  l'application  à  un  phé- 
nomène que  je  n'avais  pas  considéré  dans  mon  premier  Mémoire,  celui  du 
mouvement  longitudinal  des  verges  élastiques.  J'indique  le  moyen  le  plus 
régulier  de  le  produire,  et  je  démontre  que  le  son  doit  être  le  même  que 
quand  la  verge  est  abandonnée  à  elle-même  en  partant  d'un  certain  ébran- 
lement initial.  Je  démontre  que  si  le  corps  frottant  a  une  vitesse  constamment 
supérieure  à  celle  des  points  de  la  verge  qui  sont  en  contact  avec  lui,  le  son 
finit  par  disparaître  entièrement,  quoique  le  frottement  ait  constamment 
lieu;  j'ai  vérifié  ensuite  par  l'expérience  ce  phénomène,  analogue  à  celui  que 
présente  la  corde  vibrante.  Quant  au  phénomène  de  la  production  de  sons 
plus  graves  que  le  son  fondamental,  il  est  bien  indiqué  par  la  théorie;  mais 
il  doit  être  bien  moins  facile  de  le  réaliser,  parce  qu'il  exige  que  le  corps 
frottant  ait  une  vitesse  moindre  que  les  points  de  la  verge  :  or  le  mouve- 
ment de  ces  derniers  est  incomparablement  moindre  que  celui  qui  a  lieu 
dans  les  vibrations  transversales  des  cordes. 

»  Enfin  on  peut  encore  prendre  pour  exemple  le  cas  des  mouvements 
transversaux  des  verges;  le  frottement  produisant  toujours  le  même  effet 
qu'un  déplacement  initial  sans  vitesse,  on  devra  trouver  les  mêmes  lois 
pour  les  sons  produits  par  des  frottements  transversaux  que  par  tout  autre 
mode  d'ébranlement  transversal.  C'est  aussi  ce  que  l'expérience  confirme. 
Et  si  elle  est  faite  avec  une  précision  suffisante,  on  devra  constater  la  prompte 
disparition  du  son,  lorsque  la  roue  frottante  aura  une  certaine  vitesse; 
comme  aussi  l'abaissement  du  son  au-dessous  du  son  fondamental,  lorsque 
la  pression  sera  assez  considérable,  et  la  vitesse  de  la  roue  suffisamment 
petite. 

»  Au  reste,  toutes  ces  confirmations,  si  intéressantes  qu'elles  puissent  être, 
ne  sont  nullement  nécessaires  à  l'établissement  de  la  théorie  exposée  dans 
ce  Mémoire ,  et  si  quelquefois  elles  ne  se  vérifiaient  pas ,  il  n'y  aurait  pas 
lieu  pour  cela  de  douter  de  l'exactitude  de  cette  théorie,  mais  simplement 
de  rechercher  les  circonstances  inaperçues  qui  ne  permettraient  pas  d'en 
appliquer  les  conséquences. 


(  977  ) 

Introduction  de  la  force  de  frottement  dans  un  système  de  points  en  équilibre  stable. 

»  i .  Lorsqu'un  corps  exerce  une  pression  sur  un  autre  et  que  leurs  sur- 
faces glissent  l'une  sur  l'autre,  il  se  produit  sur  eux  deux  forces  tangentielles 
égales  et  opposées,  que  l'on  nomme  forces  de  frottement,  qui  dépendent  de 
la  nature  des  forces,  sont  proportionnelles  à  la  pression,  et  indépendantes 
de  la  vitesse  du  glissement.  Nous  admettons  ce  principe  comme  résultant 
d'un  grand  nombre  d'expériences  précises,  du  moins  dans  les  limites  où 
nous  nous  renfermerons. 

»  Cela  posé,  considérons  un  système  de  points  très-voisins  les  uns  des 
autres,  formant  soit  un  fil,  soit  un  corps  élastique  quelconque,  et  dans  un 
état  d'équilibre  stable.  Dans  une  ou  plusieurs  parties  plus  ou  moins  éten- 
dues de  sa  surface  établissons  des  contacts  avec  d'autres  corps  qui  les 
pressent,  et  glissent  en  même  temps.  Il  se  produira  alors  sur  la  surface  du 
système  donné  des  forces  tangentielles,  qui  seront  connues  de  direction  et 
d'intensité^  si  l'on  donne  la  nature  des  surfaces  en  contact,  la  pression  et  la 
direction  du  mouvement  relatif.  Dans  ce  cas,  la  recherche  des  différents 
états  par  lesquels  passera  le  système  rentre  dans  la  question  générale  de 
l'équilibre  et  du  mouvement  de  ce  système  sollicité  par  des  forces  données. 

»  Ainsi,  lorsque  l'on  promène  un  archet  sur  une  corde  tendue,  sur  une 
verge,  sur  une  plaque,  ou  un  corps  quelconque,  les  effets  produits  pour- 
ront être  calculés  en  introduisant  une  force  tangentielle,  proportionnelle  à 
la  pression  exercée,  et  appliquée  en  un  des  points  du  contact,  ou  plutôt  ré- 
partie sur  toute  l'étendue  de  la  petite  surface  de  contact.  On  supprimera 
alors  la  considération  de  l'archet,  et  l'on  n'aura  plus  qu'à  chercher  le  mou- 
vement des  points  d'une  corde  ou  d'un  corps  élastique  quelconque  sollicité 
par  des  forces  connues. 

»  Le  principe  de  la  théorie  de  l'action  de  l'archet  étant  ainsi  établi,  il 
ne  restera  plus  qu'à  effectuer  les  calculs  dans  chaque  cas  particulier.  Mais 
cette  manière  d'envisager  ces  phénomènes,  conduit  à  des  propositions  géné- 
rales que  nous  allons  faire  connaître,  et  dont  la  vérification  expérimentale 
servira  de  contrôle  à  cette  théorie. 

»  Nous  commencerons  par  rappeler  à  cet  effet  quelques  théorèmes  re- 
latifs aux  mouvements  très-petits  des  systèmes. 

Du  principe  de  la  superposition  des  petits  mouvements  des  systèmes. 

»  a.  Dans  mon  Mémoire  sur  les  vibrations  d'un  système  quelconque  de 
points  matériels,  j'ai  démontré,  sans  avoir  recours  à  aucune  intégration,  plu- 


(978) 
sieurs  théorèmes  généraux,  dont  quelques-uns  serviront  de  base  aux  dé- 
monstrations qui  vont  suivre.  Je  vais  rappeler  en  peu  de  mots  en  quoi  ils 
consistent. 

»  Ier  Théorème.  —  Considérons  un  système  de  points  matériels  dans  un 
état  d'équilibre  stable,  soumis  à  leur  action  mutuelle  et  à  des  forces  exté- 
rieures indépendantes  du  temps,  et  liés  par  des  équations  entre  leurs  coor- 
données. Si  on  les  écarte  de  leur  position  primitive,  de  telle  sorte  que  les 
distances  des  molécules  voisines  aient  varié  de  quantités  très-petites  relati- 
vement à  ces  distances,  et  qu'on  leur  imprime  en  outre  des  vitesses  arbi- 
traires ;  on  obtiendra  après  un  temps  quelconque  les  déplacements  de  cha- 
que point,  estimés  parallèlement  à  trois  axes  fixes,  en  faisant  la  somme 
algébrique  des  déplacements  qu'on  obtiendrait  pour  ces  mêmes  points  après 
un  temps  égal,  dans  tous  les  systèmes  en  nombre  quelconque  que  l'on  for- 
merait en  partant  de  déplacements  et  de  vitesses  assujettis  à  cette  seule  con- 
dition :  savoir,  que  la  somme  algébrique  des  déplacements  initiaux  recompose 
pour  chaque  point  le  déplacement  initial  proposé,  et  qu'il  en  soit  de  même 
pour  les  composantes  des  vitesses  iniales.  C'est-à-dire  qu'il  suffit  toujours 
que  la  superposition  des  systèmes  initiaux  reproduise  le  système  initial 
proposé,  pour  que  la  superposition  des  états  qu'ils  présentent  respective- 
ment après  un  temps  égal ,  forme  l'état  réel  du  système  proposé  après  ce 
temps. 

»  IIe  Théorème.  —  Si,  outre  le  dérangement  initial,  on  introduit  de 
nouvelles  forces,  indépendantes  des  déplacements,  et  que  même  quelques- 
uns  des  points  soient  maintenus  invariablement  dans  une  position  voisine 
de  celle  qu'ils  avaient  dans  la  position  d'équilibre,  on  pourra  d'abord  con- 
sidérer le  mouvement  comme  décomposé  en  deux  autres.  Le  premier  cor- 
respondra à  l'état  initial  proposé  des  points  mobiles,  en  laissant  fixement 
dans  leurs  premières  positions  les  points  qui  doivent  subir  un  déplacement 
fixe.  Le  second  se  rapportera  à  l'hypothèse  où  tous  les  points  mobiles  par- 
tiraient sans  vitesse  de  leur  position  d'équilibre,  où  les  points  dont  le  dépla- 
cement doit  être  fixe  auraient  pris  leur  nouvelle  position,  et  où  l'on  aurait 
introduit  les  forces  nouvelles. 

»  Le  premier  mouvement  peut  être  décomposé  en  une  infinité  d'autres, 
comme  l'exprime  le  premier  théorème.  Le  second  peut  aussi  être  décom- 
posé en  une  infinité  d'autres,  assujettis  à  la  seule  condition  que  les  déplace- 
ments fixes  et  les  forces  introduites  dans  chacun  d'eux  étant  composés 
ensemble  reproduisent  les  proposés.  Dans  ces  derniers  mouvements  on  par- 
tira de  déplacements  et  de  vitesses  nuls.  Mais  rien  n'empêcherait  de  sup- 


(  979  ) 
poser  des  états  initiaux  qui  se  détruiraient  par  leur  superposition  ;  car,  par 
une  décomposition  indiquée  précédemment,  ils  poliraient  être  remplacés 
par  des  systèmes  où  il  n'y  aurait  dans  l'état  initial  ni  déplacement  ni  vitesse; 
et  en  outre  par  des  systèmes  qui  se  détruiraient  constamment,  parce  que  les 
états  initiaux  superposés  se  détruiraient,  et  aucune  cause  de  mouvement 
n'existerait. 

»  Remarque.— Le  premier  de  ces  théorèmes  exprime  le  principe  de  la  com- 
position et  de  la  décomposition  des  petits  mouvements  dans  les  conditions 
les  plus  ordinaires.  Le  second  le  généralise  en  s'appliquant  au  cas  où  il  y 
a  non-seulement  dérangement  initial,  mais  introduction  de  forces  constantes 
et  déplacement  constant  de  certains  points.  Mais  ils  ne  donnent  aucun 
moyen  pour  ramener  ce  cas  à  celui  où  le  mouvement  est  dû  simplement  à 
nn  état  initial  donné.  Or  cette  importante  réduction  peut  se  faire  au  moyen 
d'une  proposition  générale  que  nous  allons  établir,  et  qui  se  trouve  encore 
dans  le  Mémoire  déjà  cité,  sur  les  vibrations  d'un  système. 

Comment  l'introduction  de  forces,  constantes  en  grandeur  et  en  direction,  et  de  déplacements 
constants,  peut  être  remplacée  par  un  simple  changement  dans  F  état  initial? 

»  3.  Le  système  proposé  ne  sera  plus  en  équilibre  lorsqu'on  y  introduira 
de  nouvelles  forces,  et  que  quelques-uns  des  points  seront  déplacés  d'une 
manière  permanente.  Mais  avec  ces  nouvelles  conditions  il  existe  un  état  d'é- 
quilibre possible;  et  nous  supposons  que  dans  ce  nouvel  état  toutes  les  dis- 
tances des  points  aient  varié  de  quantités  très-petites  par  rapport  à  elles- 
mêmes,'  et  que  les  directions  aient  elles-mêmes  infiniment  peu  changé.  Il 
résulte  de  là  que  si  l'on  avait  à  calculer  le  mouvement  des  points  par  rapport 
à  ce  nouvel  état  d'équilibre,  on  serait  conduit  aux  mêmes  équations  générales 
qu'en  partant  du  premier;  parce  que  les  coefficients  constants  qui  y  entre- 
raient ne  différeraient  des  correspondants  que  de  quantités  extrêmement 
petites,  que  l'on  pourrait  négliger  sans  erreur  sensible. 

»  Cela  posé,  rapportons  l'état  initial  proposé  aux  nouvelles  positions  d'é- 
quilibre. Les  composantes  des  vitesses  initiales  parallèlement  aux  mêmes 
directions  seront  évidemment  les  mêmes;  mais  les  déplacements  étant  comp- 
tés à  partir  d'origines  différentes  devront  être  augmentés  des  déplacements 
même  de  ces  origines,  pris  en  sens  contraires.  La  question  devient  donc  la 
même  que  lorsqu'il  n'y  a  ni  forces  nouvelles  introduites,  ni  déplacement 
fixe  d'aucun  point.  Il  n'y  a  qu'un  simple  changement  à  faire  dans  l'état  ini- 
tial, et  les  lois  générales  reconnues  dans  ce  premier  cas  subsisteront  dans 
l'autre. 


(  980  ) 

»  Si  maintenant  on  considérait,  relativement  à  la  première  position  d'é- 
quilibre du  système,  un  état  initial  identique  à  celui  dont  il  vient  d'être 
question  relativement  à  la  seconde,  les  équations  générales  du  mouvement 
étant  les  mêmes,  comme  nous  l'avons  remarqué  dans  ces  deux  systèmes,  le 
mouvement  de  chaque  point  serait  le  même  dans  l'un  et  dans  l'autre,  en  les 
rapportant  à  leurs  origines  respectives.  Et  comme  il  est  préférable  de  rap- 
porter tous  les  mouvements  à  la  position  primitive  donnée  d'équilibre  sta- 
ble, nous  énoncerons  de  la  manière  suivante  la  proposition  qui  vient  d'être 
établie  : 

»  Lorsque  les  points  d'un  système  sont  très-peu  écartés  de  leur  position 
»  d'équilibre  stable,  et  reçoivent  de  petites  vitesses  quelconques;  que  de  plus 
»  quelques-uns  d'entre  eux  sont  maintenus  fixement  dans  leur  nouvelle  posi- 
»  tion  et  que  l'on  introduit  des  forces  constantes  quelconques  :  le  mou- 
»  ment  de  chaque  point  du  système  sera  le  même  par  rapport  à  sa  nouvelle 
»  position  d'équilibré  stable,  qu'il  serait  par  rapport  à  l'ancienne,  si  on 
»  ajoutait  aux  composantes  de  son  déplacement  initial,  les  composantes, 
»  changées  de  signe,  du  déplacement  de  la  position  d'équilibre. 

Action  d'un  archet  sur  un  système,  lorsque  sa  vitesse  relative  est  toujours  de  même  sens. 

»  4-  Supposons  d'abord  que  la  pression  exercée  par  l'archet  sur  le  corps, 
soit  constante,  et  que  sa  vitesse  soit  toujours  plus  grande  que  celles  des 
points  qu'il  touche,  le  frottement  sera  alors  constant  en  direction  et  en  gran- 
deur, puisqu'il  est  indépendant  de  la  vitesse  relative.  On  a  donc  introduit 
ainsi  une  force  constante  en  grandeifr  et  en  direction.  Au  lieu  d'un  seul  ar- 
chet, on  en  peut  supposer  un  nombre  quelconque,  et  la  question  rentrera 
toujours  dans  celle  que  nous  venons  de  traiter.  Nous  pouvons  donc  énoncer 
la  proposition  suivante  : 

»  Lorsqu'un  corps  élastique,  de  forme  quelconque,  est  frotté  par  un  ou 
»  plusieurs  archets  exerçant  des'  pressions  constantes,  le  mouvement  de 
»  chacun  de  ses  points  par  rapport  à  la  position  d'équilibre  résultant  de  l'in- 
»  troduction  des  forces  de  frottement,  est  le  même  que  celui  qu'ils  auraient 
»  par  rapport  à  la  première  position  d'équilibre,  si  l'on  modifiait  convena- 
»  blement  l'état  initial.  Cette  modification,  consiste  simplement  à  retrancher, 
»  des  composantes  des  déplacements  initiaux  des  différents  points,  les  ac- 
»  croissements  que  subissent  les  coordonnées  de  ces  points  en  passant  de 
»  leur  seconde  position  d'équilibre  à  la  première, 

»  Si  !a  pression  de  l'archet  n'était  pas  constante,  mais  variait  très-len- 
tement, on  pourrait  la  considérer  comme  constante  pendant  un  intervalle 


(9*i  ) 
fini,  et  recevant  brusquement  le  petit  accroissement  qu'elle  aurait  acquis  à 
ce  moment.  On  rentre  alors  dans  le  premier  cas. 

»  5.  Lorsque  le  système  est  tel,  qu'un  état  initial  quelconque  produit  en 
général  un  mouvement  vibratoire  à  période  constante,  l'action  d'un  ou  de 
plusieurs  archets  produira  un  mouvement  vibratoire  de  même  période. 

»  En  effet,  l'action  de  ces  archets  peut  être  remplacée  par  une  modifica- 
tion dans  l'état  initial;  et,  par  hypothèse,  cette  modification  n'altère  pas  la 
périodicité  du  mouvement.  Ainsi,  par  exemple,  une  corde  élastique  pincée 
fait  entendre  le  même  son  fondamental,  de  quelque  manière  qu'elle  soit 
écartée  de  sa  position  rectiligne  entre  ses  deux  extrémités  fixes.  Donc  le 
frottement  de  V archet  sur  cette  corde jera  encore  entendre  ce  même  son  fon- 
damental, pourvu  toutefois  que  la  vitesse  relative  de  l'archet  et  de  la  corde 
soit  toujours  de  même  direction.  Si  la  pression  changeait  lentement,  elle 
pourrait  être  considérée  comme  la  même  pendant  un  assez  grand  nombre  de 
vibrations  de  la  corde.  Le  son  sera  donc  sensiblement  le  même  pendant 
toute  la  durée  du  frottement.  L'expérience  confirme  ces  indications  de  la 
théorie. 

Cessation  du  son  malgré  te  mouvement  de  l'archet. 

»  6.  Lorsque  la  vitesse  de  l'archet  surpasse  constamment  celle  des  points 
en  contact,  nous  avons  démontré  que  le  mouvement  était  le  même  par  rapport 
à  la  position  d'équilibre  sous  l'influence,  de  la  force  de  frottement,  qu'il  se- 
rait par  rapport  à  sa  position  primitive  d'équilibre,  en  partant  d'un  cer- 
tain état  initial.  Or  dans  ce  dernier  cas  l'expérience  montre  que,  par  suite 
des  résistances  négligées  dans  le  calcul,  le  mouvement  finit  promptement 
par  s'éteindre.  Il  résulte  donc  de  notre  théorie  qu'il  en  doit  être  ainsi  du 
mouvement  produit  par  l'archet  :  qu'il  doit  s'éteindre,  quoique  l'archet  con- 
tinue indéfiniment  à  se  mouvoir  en  produisant  le  même  frottement;  et  que 
l'état  final  de  repos  est  celui  dans  lequel  il  y  a  équilibre  entre  toutes  les  for- 
ces du  système  et  celle  que  produit  ce  frottement. 

»  Ce  phénomène,  que  rien  n'avait  annoncé  avant  cette  théorie,  a  été  véri- 
fié par  moi  dans  le  cas  particulier  des  cordes  vibrantes,  et  indiqué  dans  mon 
premier  Mémoire.  Il  se  trouve  établi  maintenant  avec  toute  la  généralité  dont 
il  est  susceptible. 

Action  d'un  archet  dont  la  vitesse  relative  n'est  pas  toujours  de  même  sens. 

»  7.  Si,  par  suite  de  l'état  initial  et  de  la  constitution  du  corps,  il  arrivait 
que  la  vitesse  des  points  en  contact  avec  l'archet  fût  tantôt  plus  grande  et 
tantôt  plus  petite  que  celle  de  ce  dernier,  la  force  changerait  de  sens,  et  les 

C.  R.,  im.i"  Semestre.  (T.  XLH,  N°.2I.)  l  29 


(98a  ) 
conséquences  précédentes  ne  subsisteraient  plus.  Il  faudrait  à  chaque  chan- 
gement concevoir  le  nouvel  état  d'équilibre  correspondant,  et  prendre  pour 
état  initial  l'état  actuel  du  système.  C'est  ainsi  que  l'on  calculerait  l'effet  d'un 
léger  obstacle  opposé  au  mouvement  par  le  frottement  sur  un  corps  immo- 
bile :  par  exemple,  lorsque  l'on  applique  légèrement  le  doigt  sur  une  corde 
mise  en  mouvement  par  un  archet,  la  résistance  change  alternativement  de 
sens,  et  pourvu  qu'elle  dépasse  une  certaine  limite,  le  point  de  contact  finit 
par  devenir  immobile,  et  forme  ce  que  l'on  appelle  un  nœud. 

»  Il  peut  encore  arriver  que  le  point  de  contact  parvenu  à  la  même  vi- 
tesse que  l'archet,  soit  obligé  de  le  suivre  à  cause  de  la  résistance  que  le  frot- 
tement lui  oppose,  ou  encore  parce  qu'il  aurait  atteint  sa  vitesse  maximum. 
Dans  ce  cas  la  durée  de  la  vibration  dans  ce  sens  peut  être  augmentée  d'une 
quantité  plus  ou  moins  grande,  dépendante  de  la  pression  et  de  la  vitesse  de 
l'archet.  Le  son  s'abaisse  alors,  puisqu'il  y  a  moins  de  vibrations  dans  le 
même  temps.  Cette  conséquence  de  ma  théorie  a  été  développée  dans  mon 
ancien  Mémoire  sur  l'action  de  l'archet  sur  ces  cordes.  Je  l'ai  vérifiée  par 
l'expérience,  et  j'ai  ainsi  prévu  et  constaté  ce  phénomène  inattendu,  de  sons 
nets  et  fort  au-dessous  du  son  fondamental. 

Vibrations  longitudinales  des  verges. 

»  8.  Lorsqu'une  verge  vibre  longitudinalement,  on  peut  supposer  ses  deux 
extrémités  fixes,  ou  bien  l'une  fixe  et  l'autre  libre,  ou  enfin  toutes  les  deux 
libres. 

»  Considérons  d'abord  le  premier  de  ces  cas,  et  supposons  qu'on  pro- 
duise un  frottement  constant  dans  une  partie  déterminée  de  sa  longueur, 
ce  qui  peut  être  facilement  réalisé  au  moyen  de  roues  situées  de  côtés 
différents  de  la  verge  et  tournant  autour  de  leurs  axes  respectifs,  en  exer- 
çant sur  elle  des  pressions  invariables;  plus  la  verge  sera  mince,  moins  il 
y  aura  d'inexactitude  à  supposer  que  les  forces  résultant  de  toutes  ces 
pressions  sont  réparties  uniformément  sur  toute  l'aire  de  la  section  trans- 
versale, au  lieu  de  l'être  seulement  sur  son  périmètre;  et  l'on  pourra,  par 
conséquent,  regarder  le  mouvement  général  comme  ayant  lieu  par  sections, 
et  dépendant  d'une  seule  coordonnée. 

»  Cela  posé,  les  forces  produites  par  les  divers  frottements  exercés  en 
un  nombre  quelconque  de  points  de  la  verge,  en  ayant  égard  à  la  fixité  de 
ses  deux  extrémités,  détermineraient  un  état  d'équilibre  dans  lequel,  en 
général,  toutes  les  sections  seraient  écartées  de  leur  position  naturelle, 
excepté  les  deux  extrêmes.  Or,  d'après  le  théorème  général  démontré  ci- 


(983) 
dessus,  le  mouvement  de  chaque  section,  par  rapport  à  la  position  qu'elle 
occupe  dans  cet  équilibre,  est  le  même  qu'il  serait  par  rapport  à  sa  position 
primitive,  si  on  l'écartait  de  celle-ci  d'une  quantité  égale  et  de  même 
sens,  que  celle-ci  l'est  de  sa  position  dans  l'équilibre  dont  il  vient  d'être 
question. 

»  La  question  proposée  du  mouvement  produit  par  les  frottements,  étant 
ainsi  ramenée  à  la  question  connue  du  mouvement  des  différentes  sections 
écartées  de  leur  position  naturelle  et  abandonnées  sans  vitesse,  se  trouve 
complètement  résolue. 

»  Et  il  en  serait  de  même  pour  les  deux  autres  cas  des  verges.  De  sorte 
que  les  lois  des  sons  produits  par  le  frottement  sont  absolument  les  mêmes 
que  ceux  que  produirait  toute  cause  qui  déplacerait  les  tranches  et  leur 
imprimerait  une  vitesse  quelconque,  comme  par  exemple  un  choc  longitu- 
dinal. L'expérience  vérifie  pour  les  verges  ce  résultat  de  la  théorie, 
comme  elle  l'avait  fait  pour  les  cordes. 

»  Nous  supposons  ici  que  les  forces  de  frottement  conservent  chacune 
leur  sens  et  leur  intensité;  et  il  faut  pour  cela,  non-seulement  que  la  pres- 
sion soit  constante,  mais  encore  que  la  vitesse  relative  du  corps  frottant  et 
de  la  partie  de  la  verge  en  contact  avec  lui  soit  toujours  de  même  direction. 
On  se  mettra  dans  ces  conditions,  en  donnant  à  ce  corps  une  vitesse  suffi- 
sante ;  mais  alors  il  devra  se  présenter  encore,  comme  dans  le  cas  des  cor- 
des, ce  phénomène  remarquable,  que  le  mouvement  et  le  son  devront 
s'affaiblir  et  disparaître  promptement,  quoique  les  roues  frottantes  conti- 
nuent leur  mouvement.  Les  positions  qu'occuperont  les  sections  de  la  verge 
dans  cet  état  limite,  seront  précisément  celles  de  l'équilibre  sous  l'action  des 
forces  de  frottement.  La  vérification  ne  peut  en  être  faite  aussi  facilement 
que  dans  le  cas  des  mouvements  transversaux  des  cordes,  vu  la  petitesse 
des  déplacements  longitudinaux  ;  mais  la  cessation  du  son  est  un  phéno- 
mène très-facile  à  constater,  et  V expérience  a  complètement  confirmé  les 
prévisions  de  ma  théorie. 

»  Enfin,  pour  les  verges  comme  pour  les  cordes,  on  peut  concevoir  que 
la  vitesse  de  la  roue  ne  soit  pas  toujours  supérieure  à  celle  que  les  sections 
en  contact  tendent  à  prendre  ;  et  alors  il  devra  y  avoir  abaissement  du  son. 
Mais  il  est  peut-être  un  peu  difficile  d'assujettir  la  roue  à  un  mouvement  plus 
lent  que  celui  des  sections  ;  je  ne  crois  pas  impossible  d'y  parvenir,  mais 
je  n'ai  pas  fait  usage  d'appareils  assez  précis  pour  produire  ce  curieux  résul- 
tat que  j'avais  constaté  facilement  dans  le  cas  des  cordes.  Je  serais  heureux 
d'apprendre  que  quelque  babile  expérimentateur  y  fût  parvenu. 

129.. 


(  9»4  ) 

Vibrations  transversales  des  verges. 

»  9.  Notre  théorie,  s'appliquant  à  tous  les  systèmes  de  points  et  à  tous  les 
frottements  qu'on  y  peut  appliquer,  on  peut  supposer  la  direction  du  frot- 
tement perpendiculaire  à  la  longueur  de  la  verge.  Les  mouvements  trans- 
versaux qui  en  résulteront  seront  donc  périodiques  comme  ceux  qui  pro- 
viennent d'un  écartement  transversal.  On  aura  les  mêmes  lois  pour  les  sons 
produits,  et  l'on  reconnaîtra,  comme  pour  les  cordes,  les  phénomènes  de  la 
disparition  du  son,  et  de  l'abaissement  au-dessous  du  son  fondamental. 

»  10.  Remarque.  — TNous  avons  supposé  les  vibrations  longitudinales  des 
cordes  ou  des  verges  produites  par  des  frottements  exercés  en  des  points 
invariables,  et  il  suffisait  pour  cela  de  prendre  pour  corps  frottants  des 
roues  tournant  autour  de  leurs  axes  immobiles.  Mais  le  plus  ordinairement 
on  ne  met  pas  une  si  grande  précision  dans  les  moyens  d'exécution,  et  le 
frottement  est  produit  par  un  corps  qu'on  fait  glisser  le  long  de  la  corde 
ou  de  la  verge. 

»  Plaçons-nous  dans  ces  conditions,  en  supposant  que  le  contact  du 
corps  frottant  ait  lieu  dans  une  assez  grande  longueur,  et  que  la  vitesse  de 
ce  corps  soit  très-petite.  Dans  un  intervalle  de  temps  très-court,  mais  dans 
lequel  cependant  les  sections  ont  pu  exécuter  un  assez  grand  nombre  de 
vibrations,  le  corps  frottant  aura  abandonné  d'un  côté  une  petite  étendue 
de  la  verge,  et  en  aura  gagné  une  égale  de  l'autre.  La  plus  grande  partie  de 
la  longueur  sur  laquelle  s'opère  le  frottement  sera  donc  restée  la  même 
pendant  ce  temps,  et  une  petite  partie  des  forces  se  trouvera  seule  déplacée 
et  portée  de  l'arrière  à  l'avant  On  peut  donc  se  regarder  comme  étant  sen- 
siblement dans  le  cas  de  forces  constantes  appliquées  à  des  points  constants, 
au  moins  pendant  le  temps  nécessaire  à  l'accomplissement  d'un  grand 
nombre  de  vibrations,  et,  par  conséquent,  ces  vibrations  doivent  être  sensi- 
blement les  mêmes  que  si  le  frottement  avait  rigoureusement  lieu  aux 
mêmes  points  du  corps. 

»  Toutefois,  on  doit  dire  que  ce  résultat  n'est  qu'approximatif;  et,  bien 
que  l'expérience  ne  fasse  pas  apercevoir  en  général  de  différence  entre  les 
effets  produits  dans  ces  différentes  circonstances,  il  est  certain  que  l'éten- 
due du  contact  et  le  mouvement  du  corps  frottant  pourraient  être  supposés 
tels,  que  le  déplacement  rapide  et  irrégulier  des  points  d'application  des 
forces  ne  permît  pas  l'établissement  d'un  son  constant,  ni  peut-être  même 
d'aucun  son.  Il  est  au  reste  bien  facile  de  reconnaître  qu'on  peut  pendant 
très-longtemps  frotter  une  verge  en  changeant  irrégulièrement  les  points 


(9«5  ) 
de  contact,  sans  qu'il  en  résulte  aucun  mouvement  vibratoire  régulier.  Il 
est  donc  à  désirer  que,  dans  les  appareils  destinés  à  des  expériences  pré- 
cises, le  frottement  soit  produit  au  moyen  de  roues  tournant  autour  de 
leurs  axes  immobiles.  On  aura  ainsi  l'avantage  de  produire  toujours  des 
sons  très-purs,  et  qui  pourront  être  entretenus  aussi  longtemps  qu'il  sera 
nécessaire.  » 

calcul  intégral.  —  Note  de  M.  Liouville. 

«   J'ai  démontré  ailleurs  (*)  que   la  considération   de  la  première  des 
fonctions 

,.  _      df         df  r        /•  df  df{,. 

que  l'on  doit  former  pour  développer  en  série  suivant  les  puissances  de  x 
ou  de  {jjc  —  a)  l'intégrale  de  l'équation 

peut  être  quelquefois  utile  à  un  autre  point  de  vue.  En  effet,  si  un  paramè- 
tre a  contenu  dans^/'se  trouve  avoir  disparu  dans/j ,  cela  indiquera  que 

est  une  différentielle  exacte,  en  sorte  qu'on  pourra  alors  écrire  de  suite  l'in- 
tégrale 

I  .%-^idy  —fdx)  =  constante 

de  l'équation  différentielle  proposée. 

»  Il  y  a  un  théorème  analogue  pour  un  système  d'équations  différentielles 
simultanées 

df Y       dL~\  —  —  7 

dt  ~  A'      dt  ~     '•••■     dt  ~L" 

quand  X,  Y,...,  Z  désignent  des  fonctions  de  t,  or,  y,...,  z  provenant  d'une 
même  fonction  S  par  des  dérivations  partielles  respectivement  relatives  à 
x,  j,...,  z  de  manière  que 

X  =  —      Y=—  •         Z— —  • 
dx  dy  '  dz 

(*)  Foir\e  Journal  de  Mathématiques,  année  i855,  page  i43. 


(  9»6  ) 
Les  premières  fonctions  qu'on  ait  à  former  ici  pour  développer  x,  y,.--,  t 
suivant  les  puissances  de  t  ou  de  (  t  —  a  )  sont 


z_£ZrfZ£Z  \  dZ 

dt         dx  djr  '"        dz     ' 

Or  s'il  arrive  qu'un  paramètre  a  contenu  dans  une  au  moins  des  fonctions 
X,  Y,...,  Z  ait  disparu  dans  toutes  les  fonctions  X, ,  Y,,...,  Z,  ,  je  dis 
qu'on  trouvera  aisément  un  système  de  facteurs  P,  Q,...,  R  rendant 

P  (dx  -  Xdt)  •+■  Q  (dy  -  Xdt)  + ...  -4-  R(dz  -  Zdt) 

une  différentielle  exacte  de  dy(t,  x,y,...,  z)  et  fournissant  en  conséquence 
une  intégrale 

tp  (t,  x,  y,...,  z)  =  constante 

du  système  d'équations  différentielles  posé  plus  haut.  Il  suffira  de  prendre 
p  _  dX  _    rf'S  „  _  £Y  _     rf'S  _  dZ  __   rf'S 

fl '  rt  fi 'nf  fi  r*  ^  fi  »v  f/*s  f/  «  An 


dct         dx  dy.        ^         da.         dy  du.  dv         dzdv. 

»  L'intégrale  sera  évidemment  de  la  forme 

-7-  =  fonct.  (t,  a)  -t-  C. 

«a  .      '•■  ' 

»  Ce  théorème  est  surtout  curieux  à  cause  de  l'usage  nouveau  et  singu- 
lier qu'il  montre  que  l'on  peut  faire  des  fonctions  X, ,  Y,  ,...,  Z, ,  dont  le 
calcul  est  indiqué  pour  un  tout  autre  objet  dans  les  traités  élémentaires.  Je 
n'ôterai  rien  de  l'intérêt  que  cette  circonstance  lui  donne  en  ajoutant  que 
l'on  pourra  aisément,  si  l'on  veut,  le  rattachera  des  théorèmes  connus,  bien 
qu'il  m'ait  été  fourni  d'abord  par  une  méthode  directe  fort  simple.  La  vé- 
rification à  posteriori  est  du  reste  si  facile,  que  je  supprime  pour  le  moment 
toute  autre  démonstration. 

»  En  premier  lieu,  il  est  clair  que,  pour  les  valeurs  de  P,  Q,...,  R  don- 
nées plus  haut,  les  conditions  d'intégrabilité  de  la  formule 

P(dx-Xdt)  +  Q(dy-  Ydt)  -+-...+  R{dz  -  Zdt) 


(  m  ) 

sont  remplies  d'elles-mêmes  quant  à  ce  qui  concerne  les  coefficients  des  dif- 
férentielles dx,  dy,...,  dz  comparés  entre  eux.  Restent  les  conditions  qui 
naissent  de  la  comparaison  de  ces  coefficients  avec  celui  de  dt  ;  or  elles  peu- 
vent aisément  s'écrire  ainsi  : 


da   ~~  °'       da   ~~  °'""'      da  ~~      ' 


et,  par  conséquent,  elles  reviennent  à  dire  avec  nous  que  a  ne  doit  plus  en- 
trer dans  les  fonctions  X, ,  Y, ,...,  Z,. 

»  On  comprendra  la  liaison  de  notre  théorème  avec  les  belles  recherches 
de  Jacobisur  la  mécanique,  en  observant  que  les  équations 

c/X,  dY,  rfZ, 

da  du  da. 

peuvent  être  remplacées  par  une  condition  unique,  à  savoir  que  la  quan- 
tité 

„,  cPS  <PS    dS  d>S    dS  d'S    rfS 

^--r-T--r  +•••+  -7-7-3-' 


dtda  dxda  dx        dyda  dy  dzda  dz 

qui  peut  être  mise  sous  la  forme 

1  -d*idt  +  *\dx)  +*\dr)  +---+  ■>.  \dt)  y 

ne  contienne  plus  x,  y,...,  z,  et  se  réduise  à  une  simple  fonction  de  t  et 
de  a. 

»  Remarquons  en  passant  que  si  les  équations  dont  nous  parlons,  sans 
avoir  lieu  en  général,  étaient  vérifiées  par  une  valeur  particulière  de  a,  ou, 
ce  qui  revient  au  même,  si  T  contenant  en  général  x, y,...,  z  et  t  se  rédui- 
sait pour  a  =  at  à  une  simple  fonction  de  t,  notre  théorème  subsisterait 
pour  cette  valeur  particulière  a». 

»  Je  n'ai  pas  besoin  d'ajouter  que  si  d'autres  constantes  |3,  7,...,  distinctes 
de  a,  disparaissaient  aussi  dans  le  passage  de  X,  Y,...,  Z  à  X, ,  Y, ,...,  Z, , 
cette  circonstance  fournirait  de  nouvelles  intégrales,  et  même  quelquefois 
toutes  les  intégrales  qu'on  a  à  chercher.  Mais  il  est  bon  d'observer  qu'on 
peut  tirer  le  même  parti  du  cas  où  une  des  variables  t,  x,y,...,  z  vient  à 
manquer  dans  X, ,  Y(  ,•••>  Z,.  Si,  par  exemple,^  disparaît  dans  ces  fonc- 
tions, vous  remplacerez  dans  l'expression  des  facteurs  P,  Q,...,  R  la  dériva- 
tion relative  à  a  par  une  dérivation  suivant  y.  Ce  cas,  du  reste,  se  ramène  à 
celui  où  c'est  un  paramètre  qui  a  disparu,  en  ajoutant  à  la  variable  une  con- 


(  988  ) 
stante  arbitraire  qui  disparaîtra  naturellement  avec  elle  et  qu'on  pourra 
ensuite  réduire  à  zéro  après  avoir  ensuite  remplacé  la  différentiation  qui 
la  concerne  par  une  différentiation  rapportée  à  la  variable  qu'elle  accom- 
pagne.  » 

analyse  mathématique.  —  Note  sur  les  fondions  elliptiques;  par 
M.  Stcrm.  (Tirée  des  papiers  de  l'auteur  et  communiquée  à  l'Académie 
par  M.  Liouville.) 

«  L'intégrale  sous  forme  algébrique  de  l'équation 

dx  dy 

, -  +    ,-l—  =o 

\/i  —  X*         \ji  — y'  » 

s'obtient  aisément,  comme  on  sait  [*],  au  moyen  d'une  intégration  par  par- 
ties. En  mettant  cette  équation  sous  la  forme 


dx  sj i  — y2  4-  dy  \ji  —  x2  =  o, 
on  en  déduit 

j  dx  s/ 1  —y2  -h  l  dy  s]  i  —  x2  ses  constante. 
Or,  en  intégrant  par  parties,  on  a 


j  dx  \/i  —  y2  =  x  sji  —  y2  +    /  -=^ 
Jdys/i  —  x*=  y  \ji  —  x2 -h   |<-j= 


■  dy 

et 


xy  dx 


Ajoutant  et  observant  que  les  termes  sous  le  signe    /  donnent  une  somme 

nulle  en  vertu  de  l'équation  différentielle  proposée,  on  trouve  l'intégrale 
algébrique 


x  \j\  —  y2  ■+■  y  \J i  —  x2  =  constante. 
»  La  constante  arbitraire  qu'elle  contient  est  la  valeur  de  y  pour  x  =  o. 

[*]  Voir,  par  exemple,  Lacboix,  Traité  du  Calcul  différentiel  et  du  Calcul  intégral,  tome  II, 
page  473. 


(989) 

Posons 

X*      dx  

/  _   ;  =  a,     xz=sma,     yi  —  x'  =  cosa, 

et  de  même 

rr     dy  

Jo    Jfr^  =  P'     J=sin|3,     y/i- j*=cosf3. 

Nous  aurons 

da-h  dfi  =  o, 
d'où 

a  +  j3  =  7, 

7  étant  une  constante.  D'ailleurs,  pour  a  =  6,  on  a 

x  =  o,     p  =  y,     ^=siny. 

La  constante  de  notre  intégrale  est  donc  siny.  Par  suite,  il  vient 

siny     ou     sin(ee  ■+■  /3)  =  sinacos/3  -4-  sin^cosa. 

C'est  la  formule  fondamentale  de  la  théorie  des  fonctions  circulaires. 

»  Le  même  procédé  s'applique  facilement  à  la  recherche  de  l'intégrale 
d'Euler  qui  donne  la  formule  fondamentale  de  la  théorie  des  fonctions 
elliptiques. 

»  Soit,  en  effet, 

dx  dy 

, , =   H"        , ; =     O. 

yi  —  x'  yi  —  c2x2      v1—  .r'v1 — c7x* 

En  multipliant  parle  produit  des  dénominateurs  et  divisant  par  1  —  c2x2j2, 
on  a 

/\ll—y7\]i — c'y7    ,             C\l i  —  x'  1/1  —  c7x~  j 
2 ,   ,  ,       dx-h    I- t~z—, — -dr  =  constante. 
1  —  c»  x7y7                      J          i  —  c7  x7y7  J 

Or,  en  intégrant  le  premier  terme  par  parties ,  on  obtient 

/y/] — y7  sjt  —  c7y7   ,     x  \/i  —  y'v'1 — c'y7 
i  —  c'a;2/2                 "  1  —  c7x7y7 

/{i-\- c7){i  +  c7x7y7)  —  lc7x7  ~  7.c7y7  rfj- 

W  '  (i-c>x>yy  ~  jTzrpfrirïy-* 


C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  21.) 


i3o 


(  99°  ) 
En  échangeant  entre  elles  les  deux  lettres  x  et  y,  on  aura  le  second  terme  ; 

ajoutant  donc  et  observant  que  les  termes  sous  le  signe   /  donnent   une 

somme  nulle  en  vertu  de  l'équation  différentielle  proposée,  on  trouvera 

— — J     ,,, ï =  constante. 

La  constante    du    second   membre  est   la    valeur    de    y   pour  x  =  o. 
Posons 

J,  ,  =  a,  âfsçS(a),  y/i  —  x2  =  C(a).  \Ji  —  c2x2  =  R(a), 

0      yi  —  x>  yi  —  r'x1 

et  de  même  *  » 

Jo    sji—y^i  —  c'r2 

Nous  aurons 

da  +  </j3  =  o, 

d'où 

a  -4-  |3  =  y, 

y  étant  une  constante.  D'ailleurs  pour  a  =  o,  on  a 

x=o,     /3  =  y,     7  =  S  (y). 
La  constante  de  notre  intégrale  est  donc  S  (y).  Par  suite  il  vient 
S(y)     ou     S(aH-l3)=SifflM)+igp^) 

C'est  la  formule  fondamentale  de  la  théorie  des  fonctions  elliptiques. 

»  Elle  donne  S  (a  —  (3)  en  changeant  le  signe  de  S  (/3  ).  On  peut  aussi  en 
déduire  C  (a  rt  |3)  et  R  (ait  /3).   » 

M.  Dumékil  informe  l'Académie  que  le  poisson  rapporté  de  Tanger  par 
M.  Le  Coat  de  Saint-Haouen,  et  présenté  dans  la  séance  du  19  mai  i856  à 
l'Académie,  qui  l'avait  renvoyé  à  son  examen ,  est  YEphippium  macula- 
tum,  Bibr.,  espèce  fort  rare,  dont  le  Muséum  ne  possède  qu'un  individu 
rapporté  de  Gorée. 


(  991  ) 

astronomie.  —   Eléments  elliptiques  de  la   planète    Harmouia; 
Lettre  de  M.  B.  Valz  à  M.  É lie  de  Beaumont. 

«  Je  viens  vous  transmettre ,  en  vous  priant  de  les  communiquer  à  l'Aca- 
démie, les  éléments  elliptiques  à'Harmonia  que  je  viens  d'obtenir,  et  qui 
pourront  être  utiles  pour  retrouver  plus  facilement  cette  planète  après  la 
pleine  lune  et  les  temps  couverts  s'ils  continuent  à  régner  comme  jusqu'à 
ce  jour ,  d'autant  que  cette  planète  se  trouvant  vers  sa  station  éprouve  une 
grande  déviation  dans  son  cours  apparent.  J'ai  conservé  les  secondes  don- 
nées par  le  calcul,  quoiqu'elles  soient  fort  illusoires  dans  ses  éléments  pro- 
visoires, ainsi  qu'on  peut  le  voir  en  les  comparant  avec  ceux  de  M.  Pape, 
qui  en  diffèrent  de  10  degrés  environ  sur  le  périhélie,  de  9  degrés  sur  le 
nœud,  et  de  12  degrés  sur  l'angle  de  l'excentricité  d'après  ce  qui  suit  : 

Époque  23.417  avril   i856.  T.  M.   de  Marseille. 

Anomalie  moyenne 175°  45'  36" 

Longitude  du  périhélie....  24-  29.   12. 

Nœud  ascendant g3.  3o.  fô. 

Inclinaison 4-    '6.   36. 

Angle  de  l'excentricité....  2.  4<>.    12. 

Demi-grand  axe 2.2709 

Mouvement  moyen  diurne.  io36",83 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède  par  la  voie  du  scrutin  à  la  nomination  de  la  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  l'examen  des  pièces  admises  au  concours  pour 
le  prix  de  Statistique. 

MM.  Bienaymé,  Ch.  Dupin,  Mathieu,  de  Gasparin  et  Boussingault  réu- 
nissent la  majorité  des  suffrages. 

MÉMOIRES  LUS. 

travaux  publics.  —  Moyens  de  forcer  les  torrents  des  montagnes  à  rendre 
à  l'agriculture  une  partie  du  sol  qu'ils  ravagent;  par  M.  Rozet. 
(Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,   MM.   Élie   de  Beaumont,  de  Gasparin,  M.  le   maréchal 

Vaillant.) 

«  L'établissement  et  l'existence  d'un  torrent  dépendent  principalement 
de  la  constitution  géologique  du  sol  ;  quand  celui-ci  offre  à  sa  base  des 

i3o.. 


(  99a  ) 
roches  d'une  facile  décomposition,  comme  dans  les  Alpes,  les  torrents  s'y 
établissent  très-facilement. 

»  Les  grands  torrents  prennent  généralement  naissance  dans  des  cir- 
ques, sur  le  fond  desquels  il  existe  toujours  une  quantité  de  débris  pier- 
reux tombés  des  escarpements.  Ce  sont  ces  débris  emportés  par  les  eaux, 
qui  vont  ravager  le  sol  des  vallées.  Dans  les  cirques,  les  parois  sont  sillon- 
nées par  de  nombreux  ravins  qui  viennent  aboutir  à  un  canal  creusé  dans 
le  fond,  sortant  du  cirque  par  une  gorge  étroite  comprise  entre  des  rochers 
escarpés.  L'ensemble  de  toutes  les  surfaces  qui  versent  leurs  eaux  dans  un 
cirque  et  ce  cirque  lui-même,  se  nomment  bassin  de  réception.  On  appelle 
canal  de  réception  celui  du  fond  du  cirque  dans  lequel  viennent  se  réunir 
les  eaux  et  les  pierres;  lit  de  déjection,  un  espace  plus  ou  moins  étendu 
au  sortir  de  la  gorge  du  cirque,  sur  lequel  le  torrent  dépose  en  éventail 
une  partie  des  matériaux  qu'il  charrie;  enfin  lit  d'écoulement,  l'espace  com- 
pris entre  la  fin  du  lit  de  déjection  et  la  rivière.  Sur  chaque  côté  d'une 
rivière  un  peu  considérable  il  existe  un  certain  nombre  de  torrents  présen- 
tant chacun  toutes  ces  parties. 

»  Le  lit  d'une  rivière  dans  les  montagnes  présente  une  suite  d'étrangle- 
ments et  de  renflements.  Les  étranglements  sont  des  canaux  étroits,  souvent 
compris  entre  des  rochers  très-élevés  qui  s'écartent  en  s'élevant.  Les  ren- 
flements offrent  de  grandes  plages  couvertes  de  cailloux  et  de  quelques 
dépôts  limoneux.  Dans  ces  plages,  la  rivière  suit  rarement  un  canal  unique  : 
elle  se  divise  ordinairement  en  plusieurs  branches.  C'est  dans  les  renfle- 
ments qu'il  est  possible  de  reprendre  à  la  rivière  une  partie  du  terrain  qu'elle 
dévaste. 

»  Dans  les  vallées  des  Alpes,  lors  des  chaleurs  de  l'été,  les  plages  cail- 
louteuses sont  presque  à  sec;  on  n'y  voit  que  de  minces  filets  d'eau,  qui 
n'empêchent  pas  le  piéton  de  passer  ;  les  grandes  rivières  elles-mêmes,  la 
Durance,  le  Drac,  le  Verdon,  etc.,  laissent  alors  à  découvert  une  immense 
quantité  de  terrain  qu'elles  inondent  à  la  première  grande  pluie. 

»  Lors  de  la  fonte  des  neiges  et  des  pluies  ordinaires,  les  eaux  se  rendant 
d'une  manière  continue  dans  le  canal  de  réception,  s'y  divisent  en  filets  à 
travers  les  débris  qui  l'encombrent  et  dont  elles  n'emportent  qu'une  petite 
quantité.  Mais  comme  une  rivière  un  peu  étendue  reçoit  les  eaux  d'un 
grand  nombre  de  torrents,  il  se  trouve  encore  une  assez  grande  quantité 
de  cailloux  dans  son  lit. 

»  Dans  les  orages  il  tombe  subitement,  souvent  en  moins  d'une  heure, 
une  grande  quantité  d'eau  dans  le  bassin  de  réception  ;  cette  eau  accumulée 


(993  ) 
dans  le  cirque,  dont  la  gorge  étroite  retarde  son  écoulement,  forme  une 
masse  d'une  grande  épaisseur,  dont  la  poussée  entraîne  les  débris  pierreux 
qui  sortent,  mêlés  d'eau  et  de  boue,  par  la  gorge,  avec  une  grande  vitesse. 
En  s' étalant  sur  le  lit  de  déjection,  le  liquide  dépose  une  partie  des  matériaux 
qu'il  charrie  et  emporte  le  reste  dans  la  rivière,  dont  le  niveau  s'élève  alors 
subitement.  Quand  la  crue,  après  avoir  traversé  une  gorge,  arrive  sur  une 
plage,  elle  la  couvre  d'une  nappe  qui  a  très-rarement  3  mètres  d'épaisseur. 
Dans  le  sens  vertical,  cette  nappe  se  divise  en  deux  zones  distinctes  :  une 
inférieure,  dont  l'épaisseur  n'atteint  jamais  la  moitié  de  celle  totale,  où  se 
trouvent  les  cailloux  ;  et  l'autre  supérieure,  où  il  n'existe  que  du  limon  et 
quelques  petites  pierres.  Sur  les  plages  restées  à  sec  après  les  crues,  j'ai  con- 
staté que  des  blocs  inférieurs  à  un  mètre  cube,  n'avaient  point  été  déplacés  et 
avaient  déterminé  autour  d'eux  de  notables  dépôts  de  cailloux,  et  dans  les 
anfractuosités  de  ceux-ci,  desdépôtsdelimon,  dont  l'épaisseur  dépassait  om,  i . 
Quand  plusieurs  blocs  se  sont  trouvés  assez  rapprochés  et  disposés  à  la  suite 
les  uns  des  autres  dans  la  direction  du  courant,  il  s'est  formé  à  leur  pied  une 
bande  de  cailloux  et,  du  côté  opposé,  une  de  limon. 

»  Ce  qui  précède  me  paraît  suffisant  pour  l'intelligence  du  système  de 
barrages  que  j'ai  inventé,  destiné  à  changer  complètement  le  régime  des  tor- 
rents, et  par  suite  celui  des  rivières  dans  lesquelles  ils  portent  leurs  eaux, 
et  faire  enfin  que  de  destructeurs  qu'ils  sont,  ils  deviennent  producteurs. 

»  En  commençant  les  travaux  à  la  source  et  les  étendant  dans  tout  le  lit 
de  la  rivière,  on  diminuera  la  vitesse  de  l'eau  progressivement,  jusqu'à  pou- 
voir facilement  la  forcer  à  s'étendre  en  nappes  peu  épaisses  sur  les  plages  des 
vallées.  Alors  à  peu  de  frais  il  sera  possible  de  la  forcer  à  déposer,  sur  une 
partie  donnée  de  ces  plages,  le  limon  qu'elle  transporte,  et  à  s'écouler,  d'un 
autre  côté,  dans  le  lit  qu'on  lui  aura  assigné. 

»  D'après  la  description  que  nous  avons  donnée  des  torrents  et  des  phé- 
nomènes qu'ils  présentent,  on  comprend  que  les  premiers  travaux  doivent 
avoir  pour  but  d'empêcher,  autant  que  possible,  les  débris  pierreux  de  s'ac- 
cumuler dans  les  canaux  de  réception  et  d'en  sortir  quand  ils  s'y  sont  ac- 
cumulés. En  disposant  convenablement  les  gros  débris  qui  se  trouvent  au  pied 
des  escarpements  sur  le  fond  des  bassins  de  réception,  il  sera  possible  d'ar- 
rêter une  grande  partie  des  matériaux  d'éboulement  en  les  forçant  à  se 
disposer  en  'nappes  coniques  qui  revêtent  et  préservent  les  talus  marneux. 

»  Si,  pour  empêcher  les  pierres  de  franchir  la  gorge  du  cirque,  on  em- 
ployait des  digues  pleines,  elles  seraient  bientôt  détruites.  La  gorge  d'un 
cirque  est  ordinairement  formée  par  des  rochers  élevés.  Au  moyen  de  la 


(994) 
poudre,  on  peut  jeter,  à  peu  de  frais,  une  partie  de  ces  rochers  dans  le 
canal,  l'obstruer  ainsi,  dans  une  assez  grande  étendue  et  jusqu'à  la  hauteur 
où  il  s'élargit  notablement  ;  les  quartiers  tombés  laisseront  entre  eux  des 
vides  qui,  en  permettant  à  l'eau  de  passer,  arrêteront  les  pierres  qu'elle 
charrie.  Quand  l'eau  s'élèvera  au-dessus  de  la  digue,  elle  coulera  dessus  en 
formant  une  nappe  mince  contenant  peu  de  pierres  et  ayant  perdu  une 
grande  quantité  de  la  vitesse  initiale.  Nous  aurons  ainsi  une  digue  criblante 
qui  forcera  le  lit  de  déjection  à  s'établir  dans  l'intérieur  même  du  cirque. 
Sur  les  points  rares  où  les  gorges  ne  sont  pas  formées  par  des  rochers, 
on  pourra  remplacer  ceux-ci  par  des  blocs  faits  avec  de  la  chaux  hydrau- 
lique et  les  débris  pierreux  qui  gisent  dans  les  canaux  de  réception. 

»  Les  étranglements  des  vallées  sont  tout  à  fait  semblables  aux  gorges 
des  cirques  ;  avec  la  poudre,  nous  jetterons  encore  dans  ces  étranglements 
une  partie  des  rochers  qui  les  forment,  et  nous  obtiendrons  encore  ainsi 
d'énormes  digues  criblantes  qui,  arrêtant  les  cailloux,  laisseront  passer 
l'eau  chargée  de  limon.  Cette  eau  ayant  perdu  une  grande  quantité  de  vitesse 
en  passant  à  travers  et  par-dessus  les  digues  criblantes,  il  nous  sera  facile 
de  la  forcer  à  s'étendre  en  nappes  peu  épaisses  sur  la  portion  de  la  plage  en 
aval  que  l'on  veut  rendre  à  l'agriculture.  De  tels  travaux,  exécutés  dans 
toutes  les  parties  du  cours  d'une  rivière  pouvant  lui  fournir  des  avalanches 
de  débris  pierreux,  amèneront  les  eaux  affluentes  à  ne  plus  transporter  que 
du  limon  qu'il  sera  facile  de  faire  déposer  où  l'on  voudra. 

»  Nous  avons  dit,  plus  haut,  que  les  nappes  d'eau  chargées  de  débris 
pierreux  qui  viennent  actuellement  envahir  les  plages,  n'ont  jamais  3  mètres 
d'épaisseur,  et  que  cette  épaisseur  présente  deux  étages  ;  nous  avons  dit 
aussi  qu'il  suffisait  d'un  bloc  de  i  mètre  cube  pour  résister  à  l'action  en- 
traînante de  l'eau  ;  c'est  sur  ces  principes  qu'est  fixé  mon  système  de  barrages 
pour  les  plages. 

»  La  largeur  du  lit  d'écoulement  étant  établie  sur  une  plage,  à  partir  du 
débouché  de  la  gorge,  en  amont,  où  est  établie  une  digue  criblante,  en 
partant  d'un  obstacle  naturel,  une  masse  de  rochers  par  exemple,  j'établis 
une  ligne  de  blocs  parallèle  à  l'axe  du  canal  que  j'ai  fixé  pour  l'écoulement 
de  l'eau.  L'expérience  m'a  prouvé  que  les  blocs  pouvaient  être  placés  jus- 
qu'à 10  mètres  de  distance  les  uns  des  autres.  En  leur  donnant  i  mètre  de 
base  et  im,5o  de  hauteur,  ils  seront  capables  de  résister  au  torrent,  et  leur 
sommet  dépassera  la  zone  des  cailloux.  Je  me  suis  assuré  qu'une  pareille 
ligne  de  blocs,  placée  sur  le  passage  d'une  masse  d'eau  torrentielle,  en  dimi- 
nue assez  la  vitesse,  en  déterminant  des  remous,  pour  forcer  les  cailloux 


(995) 
à  se  déposer  sur  toute  sa  longueur;  l'eau  qui  passe  à  travers  pour  aller 
inonder  la  portion  à  conquérir,  ne  contient  plus  que  du  limon  et  quel- 
ques petites  pierres;  nous  aurons  donc  encore  là  une  digue  criblante. 
En  traversant  la  ligne  des  blocs,  l'eau  n'aura  pas  encore  perdu  assez  de  vi- 
tesse pour  déposer  tout  le  limon  dont  elle  est  chargée  ;  mais  on  parvient 
facilement  à  cela  en  établissant  des  traverses,  élevées  et  distancées  propor- 
tionnellement à  la  pente  du  terrain.  Pour  ces  traverses,  il  suffira  d'ouvrir 
de  simples  fossés,  d'une  largeur  plus  ou  moins  considérable,  dont  on  re- 
jettera la  douve  en  aval,  pour  que  les  cailloux  ne  retombent  pas  dans  le 
fossé  par  la  poussée  des  eaux.  En  franchissant  chaque  traverse,  l'eau  perdra 
mie  partie  de  sa  vitesse  et  déposera  une  partie  de  son  limon.  Après  avoir 
dépassé  la  première,  elle  se  trouvera  entre  deux,  la  ligne  des  blocs  et  le  pied 
de  la  montagne  qui  limite  la  plage,  comme  dans  une  caisse  :  position  très- 
favorable  au  départ  du  limon. 

»  Le  plus  souvent  on  ne  pourra  se  procurer  à  bon  marché  des  blocs  de 
i  mètre  cube  ;  mais  avec  la  chaux  hydraulique  et  les  pierres,  qui  sont  sur 
les  lieux  mêmes,  on  construira  des  piliers  qui  remplaceront  avantageuse- 
ment les  blocs.  Quand  les  circonstances  l'exigeront,  on  pourra  mettre  une 
double  ligne  de  blocs. 

»  Tous  les  travaux,  dont  je  viens  de  parler,  étant  convenablement  exé- 
cutés le  long  d'une  rivière  torrentielle,  on  parviendra  eh  moins  de  deux 
ans,  dans  les  Alpes,  à  rendre  à  l'agriculture  la  plus  grande  partie  des  terrains 
que  cette  rivière  ravage  depuis  tant  de  siècles,  et  la  vie  à  la  contrée  qu'elle 
traverse. 

»  Les  moyens  que  je  propose  pour  arrêter  les  dégâts  des  torrents  dans  les 
montagnes,  ayant  pour  premier  résultat  de  retarder  considérablement 
l'écoulement  des  eaux  qui  tombent  dans  les  bassins  de  réception,  sont  de 
nature  à  empêcher  ces  grandes  inondations  des  fleuves  et  des  rivières,  qui 
viennent  de  désoler  une  partie  de  la  France.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

L'Académie  reçoit  un  Mémoire  destiné  au  concours  pour  le  grand  prix 
de  Sciences  mathématiques  de  1 856  (  question  concernant  le  perfectionne- 
ment de  la  théorie  mathématique  des  marées).  Ce  Mémoire,  qui  a  pour  titre: 
«  Importance  théorique  des  courants  de  marées,  »  est  réservé  pour  être 
soumis  à  l'examen  de  la  future  Commission  qui  aura  à  apprécier  la  date  de 
sa  présentation. 


(  996) 

physique.  —  Interrupteur  à  double  effet  et  perfectionnements  divers  appli- 
qués à  V appareil  de  Ruhmkorff)  par  M.  l'abbé  Laborde. 
(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Despretz. ) 

économie  rurale.    —   Description  dun  système  pour  augmenter  les  res- 
sources alimentaires  de  la  France  ;  par  M.  P.  Franconi. 

(  Commissaires,  MM.  de  Gasparin,'  Payen.  ) 

physiologie.  —  De  l'influence  de  la  crjptorchidie  sur  la  génération  ; 

par  M.  Puech. 

Ija  cryptorchidie  chez  l'homme  et  les  animaux  domestiques  ayant  été 
l'objet  d'une  communication  récente  de  la  part  de  MM.  Goubaux  et  Follin 
(  Compte  rendu,  séance  du  a4  mars  i856),  M.  Puech  adresse  quatre  obser- 
vations qu'il  avait  recueillies  sur  ce  sujet,  considéré  seulement  dans  l'espèce 
humaine. 

(  Commissaires,  MM.  Velpeau,  Cloquet.  ) 

physiologie.  —  Recherche  éleclrophjsiologique  sur  les  fonctions  des  muscles 
qui  meuvent  le  pied;  par  M.  Duchexxe,  de  Boulogne. 

Dans  ce  travail,  qui  se  lie  à  ses  précédentes  communications,  l'auteur 
poursuit  l'étude  des  fonctions  des  divers  muscles  de  l'appareil  locomoteur, 
en  déterminant,  au  moyen  de  l'électricité,  la  contraction  de  chaque  muscle 
isolément,  et  observant  le  mouvement  qui  en  résulte;  il  profite  ensuite  de 
ses  observations  pour  établir  le  diagnostic  des  paralysies  partielles,  et  savoir 
précisément  quelles  sont  les  parties  de  l'appareil  musculaire  sur  lesquelles  il 
convient  d'agir. 

MM.  Ossian  Henry  fils  et  A.  Chevalier  fils  adressent  au  concours  pour 
le  prix  dit  des  Arts  insalubres,  un  Mémoire  sur  le  phosphore,  Mémoire  dont 
ils  avaient  précédemment  communiqué  quelques  extraits:  ils  y  joignent  un 
supplément  contenant  les  résultats  des  recherches  qu'ils  ont  faites  posté- 
rieurement à  la  rédaction  de  leur  premier  travail. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  relatif  aux  Arts  insalubres.) 

M.  Isidore  Bourdox  adresse  un  supplément  à  une  précédente  communi- 
cation (  Compte  rendu  de  la  séance  du  7  avril  i850)  sur  les  divers  traite- 
ments opposés  au  choléra  et  particulièrement  sur  les  propriétés  thérapeu- 
tiques de  la  strychnine. 

«  J'ajoute  aujourd'hui,  dit  l'auteur,  à  ce  premier  Mémoire  et  à  l'analyse  que 


(  ','97  ) 
j'en  avais  envoyée  ultérieurement,  une  série  de  tableaux  statistiques 
sur  les  conditions  d'étiologie  aggravante,  et  sur  les  chiffres  de  mortalité 
de  l'épidémie  de  i85/j,  mais  ces  tableaux  ne  s'étendent  pas  au  delà  du 
personnel  des  hôpitaux  militaires  de  Paris.  J'ai  profité  d'une  circonstance 
exceptionnelle  qui  me  donnait  accès  dans  ces  établissements,  pour  prendre 
note  exacte  des  âges,  des  lieux  d'origine,  villes  ou  campagnes,  Nord  ou 
Midi,  etc.,  comme  aussi  du  régime  hygiénique  et  du  traitement  des  ma- 
lades :  éléments  d'observation  qu'il  serait  difficile  de  réunir  avec  autant 
d'ensemble,  avec  une  même  certitude  et  la  même  authenticité  dans  les  hô- 
pitaux civils  et  la  pratique  ordinaire.  Je  joins  à  ces  tableaux  la  récapitula- 
tion pure  et  simple  des  résultats  respectifs  et  de  l'objet  de  chacun.  C'est  donc 
quatre  sortes  de  pièces  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  au  jugement  de 
l'Académie  :  un  Mémoire  ;  le  résumé  et  les  conclusions  de  ce  Mémoire,  une 
suite  de  tableaux  statistiques  qui  comprennent  environ  2000  malades;  et 
enfin,  la  récapitulation  de  ces  tableaux  avec  quelques  corollaires.  » 

L'Académie  renvoie  à  la  même  Commission  un  Mémoire  de  M.  Poggioli, 
et  une  Note  de  M.  Leveau  se  rapportant  également  au  choléra-morbus. 

M.  Liégard  adresse,  de  Gaen,  pour  le  concours  Montyon  (  prix  de  Méde- 
cine et  dé  Chirurgie),  un  opuscule  imprimé  ayant  pour  titre  :  «  Quelques 
sujets  de  Médecine  et  de  Chirurgie  pratique;  »  il  y  joint,  pour  se  conformer 
à  une  condition  imposée  aux  concurrents,  l'indication  de  ce  qu'il  considère 
comme  neuf  dans  cette  publication. 

(Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.), 

M.  Lechevaixier  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  sur  la  di- 
rection des  aérostats. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  Aérostats.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Mixistre  de  l'Instruction  PUHMQUE  adresse  pour  la  bibliothèque 
de  l'Institut  un  exemplaire  de  la  nouvelle  édition  du  Commercium  episloli- 
eum  publiée  par  MM.  Biot  et  Lejort.  (Voir  au  Bulletin  bibliographique.) 

C.  R.,  iS56,  Ier  Semestre.  (T.  XLII,  N»  21 .  )  1 3  I 


Svs 
S\ 


(998) 

astronomie.  —  Eléments  de  l'orbite  de  la  planète  Amphitrite  et  Ephémé- 
ride  pour  l'opposition  de  i856;  par  M.  Yvox  Villarceau.  (Communica- 
tion de  M.  Le  Verrier.) 

«  Dans  la  séance  du  27  novembre  i854,  M.  Y  von  Villarceau  a  présenté 
le  résultat  auquel  l'avait  conduit  l'emploi  de  cent  vingt  observations  de  la 
planète  Amphitrite,  faites  durant  la  première  apparition;  il  a  publié  dans 
le  Compte  rendu,  tome  XXXIX,  page  1064,  une  éphéméride  très-étendue 
pour  l'opposition  de  i855.  lia  pu  depuis  comparer  les  observations  faites 
en  i855  à  son  éphéméride,  et  en  déduire  des  éléments  plus  approchés  pour 
l'opposition  de  i856. 

»  L'ensemble  des  observations  embrassant  un  intervalle  de  plus  de  dix<- 
huit  mois,  il  semblait  probable  que  l'indétermination  dont  sont  affectés  les 
premiers  éléments,  disparaîtrait  cette  fois;  pourtant  il  n'en  a  pas  été  ainsi. 

»  Pour  obtenir  le  degré  d'exactitude  nécessaire  en  pareil  cas,  M.  Yvon 
Villarceau  a  calculé  les  perturbations  par  Jupiter  et  Saturne  depuis  l'épo- 
que de  la  découverte  d' Amphitrite  jusqu'à  la  fin  de  1 856,  celles  de  Mars 
pendant  les  deux  apparitions  de  la  planète,  et  en  outre  celles  de  Vénus  et  de 
la  Terre  durant  l'opposition  de  1 854- 

»  Disposant  les  observations  par  groupes,  M.  Yvon  Villarceau  a  formé 
quarante-trois  équations  de  condition  qu'il  a  traitées  par  la  méthode  des 
moindres  carrés,  pour  en  déduire  les  corrections  des  éléments,  et  il  a  obtenu 
les  équations  suivantes,  que  nous  rapportons  afin  que  l'on  puisse  au  besoin 
vérifier  l'indétermination  qui  reste  encore. 

-+- 96,1985  <î>!  —    6,9519    fc-i-o, 57571     Sa  —  i5,4î6o        <?'N  —    0,81031        <?1  —  o,oo35/|     (JQ  =  —  1918,0 

—  6,9519  Sri  -+-  35, 8is3    <fj -f- 3,3i656    o"u-f-    9,6487        S'îi  •+-    0,27523        SI —  0,207804  s*Q  =  + io52, 5 
■+-    0,57571^17-1-   3 , 3 1 656  Se  -t-o, 324922  Jcr-f-   0,717993    tf'N  —    0,016914      S\  —  0,0261782^  =  -+-     74,00 

—  15,4260  Sri  •+-    9,6487    Ss  -+-  0,717993  Sts-h    4,539285    <J'N  -t-    0,00027345  <N  —  o,o4/o65o^Q  =  -+-   529,903 

—  o,8io2io>i  -f-    0,27522  Se  —  0,016914  S a-t-    o,ooo27345o""N -t-  17,97977        <?I  -t-  0,  i368i4  oQ  =  ■+•    210,27 

—  o,oo354<î>)  —    0,207804^!  —  o,026i782iîct—   0,0470650  J'N  -+-    o,i36Si4      SI  -+-  o,2g8338G(?Q=  -+-      10,187 

»  Les  quantités  <?yj,  o*£,  âts,  (J"N,  c?I,  dÇl  sont  les  corrections  que  doivent 
subir  les  éléments  considérés  comme  osculateurs  le  0,0  mars  i854-  En  dis- 
posant verticalement  ces  inconnues  dans  la  colonne  à  gauche,  on  a  voulu 
indiquer  que  les  équations  proviennent  de  la  multiplication  par  le  coeffi- 
cient de  l'inconnue  correspondante.  Si  on  laisse  de  côté  la  quatrième  équa- 
tion et  que  l'on  déduise  des  cinq  autres  les  valeurs  des  inconnues  en  fonc- 


(999  ) 
tion  de  e^N,  ces  valeurs  étant  transportées  dans  la  quatrième  conduisent  à 

—  0,00008  <î'N  =  -H  i",92, 

équation  dans  laquelle  le  coefficient  de  c?'N  dépendant  de  chiffres  significa- 
tifs du  sixième  ordre  est  lui-même  incertain.  La  correction  <?'N  est  égale  à 
1000  fois  celle  c?N  du  moyen  mouvement  héliocentrique  diurne;  et  il  est 
visible  que  l'équation  précédente  est  impropre  à  déterminer  cette  correction. 
»  En  substituant  d'ailleurs  les  valeurs  obtenues  dans  les  équations  de 
condition  primitives,  on  obtient  les  expressions  suivantes  des  différences 
entre  les  positions  observées  et  celles  déduites  des  éléments  corrigés: 


1834. 

Cos  D  (  JRobs.—  jRcalc.  ) 

D  obs.  —  D  cale. 

18S8. 

Co«D(jRobs.— jRcalc.) 

D  ob».  — 

9  cale. 

Mais 

1,5 

—  0*6  —  l4,3(?N 

// 

-+-  2,9  -+- 

7,2<W 

Juill. 

i4,5 

—  0%  —  j8,8<?N 

—    1,0  -+- 

■7,4<?N 

n,5 

+  0,8  —    9,9 

-  1,1  -+- 

8,0 

■9,5 

-+-  0,1   —  15,9 

—   2,5  •+- 

18,2 

21,5 

—  1,8  —    3,8 

—  ',9  -t- 

8,2 

24,5 

—  0,2  —  12,7 

-  1,1  + 

18,8 

Avril 

3i,5 
io,5 

—  4,6  -t-    2,9 

—  4,9  ■+■    9,2 

—  i,5  -4- 

-  i,3  -+- 

7,7 
7,° 

Juill. 
Août 

29,5 
3,5 

-  ','  -    7,8 

—    1,0  -+- 

"9,2 

20,5 

—  3,o  -t-  14,0 

-  .,6-H 

6,2 

Août 

8,5 

—  0,4  —     2,9 

0,0   -+- 

'9,2 

Mal 

io,5 

-t-  0,8  -+-  17,5 

-+-  0,7  +■ 

5,9 

i8,5 

—  3,o  -t-    2,9 

-4-  1,7  -+- 

18,5 

20,5 

■+  1,7  -t-  16,4 

-t-'3,6  -+- 

6,4 

28,5 

-   2,9  ■+■     7,6 

■+■  i,9  + 

'7,4 

3o,5 

-t-  3,2  -+■  14, 1 

+  4,3  ■+- 

7,2 

Sept. 

7,5 

-t-  °,4  ■+■  10,7 

■+-  0,7  ■+- 

'5,7 

Juin 

>9,5 

-t-  6,4  •+-    7,6 

-  1,7  ■+■ 

9,4 

Sept. 

'7.5) 

Juill. 

9>5 

-t-  5,i  -1-    0,6 

—  3,6  -+- 

",7 

22,5>-|-    2,5    -t-    12,1 

—  0,2  -+- 

12,2 

'9,5 

-t-  4,9  —    a, 6 

—  0,1  ■+- 

'2,7 

Oct. 

Nov. 

12,5) 

",5|-t-  7,7  +    ',9 

» 

» 

»  L'examen  de  ces  chiffres  montre  que  c?  N  peut  recevoir  des  valeurs  com- 
prises entre  des  limites  assez  étendues,  telles  que  o",2  à  o",»5  sans  que  les 
erreurs  deviennent  inadmissibles,  tant  sont  encore  défectueuses  les  observa- 
tions de  la  plupart  des  nouvelles  petites  planètes.  Ainsi  dix-huit  mois  d'ob- 
servations ne  suffisent  pas  pour  déterminer  le  moyen  mouvement  à  o",a 
près. 

»  Les  éléments  auxquels  M.  Y.  Villarceau  est  parvenu  sont  : 

Amphitrite.  —  Éléments  oscillateurs  le  5,5  décembre  i856. 


Anomalie moy.  le  5,5 déc.  i856,  t.  m.deParis.  8-45.53,65 — i24,5o*N 

Longitude  du  périhélie. 56.  6. 24, 82-4-816, 6£N      /  Equinoie  moyen 

Longitude  du  nœud  ascendant 356.24.24,64+     3, iÇ)33N  j  du  '"  J*nTlOT  1856 

Inclinaison 6.  7.54,25+   1 1 ,588<îN 

Angle ( sin  =  excentricité). ..  , 4-  9-56,i4+«32,48tfN 

Moyen  mouvement  héliocentrique  diurne. . .  .  869,2858  +  5N 

i3i.. 


(     IOOO    ) 

»   A  l'aide  de  ces  éléments,  M.  Yvon  Villarceau  a  calculé  l'éphéméride 
suivante  pour  l'opposition  de  1 856  : 

âphéméride  des  position»  géocentriques  apparentes  de  la  planète  AMPHITKITE  pour  l'oppo- 
sition de  1856 ,  calculée  au  moyen  des  précédents  éléments  en  y  posant  J  N  =  o. 


1836. 

ASC.  DROITE. 

DÉCLINAISON. 

LOG.  DIST. 

1836. 

\SC.  DROITE. 

DtTLIXAÎSOX. 

LOG.     DIST. 

T.  M.  de  Paris. 

à  la  Terre. 

T.  M.  de  Paris. 

à  la  Terre. 

h   m     s 

0     /     rr 

h     m     s 

°        t       II 

Oct.  3l,5 

4.19.52,33 

+30. i3.28,i 

0,164  54 

Nov.  3o,5 

3.49.24,96 

+3o.   0.2g,5 

0,l.'|5  42 

Nov.     i,5 

19.  6,88 

14.20,5 

162  83 

Dec.      i,5 

48.3I,2fi 

+29.57.42,7 

l46  o4 

2,5 

18.19,64 

16.   4,1 

161    19 

2,5 

47.18,42 

54.49,3 

,46  76 

3,5 

17.30,70 

17.38,6 

:      J'i)         6l 

3,5 

46.16,52 

5i -49,5 

i47  53 
148  42 

4,5 

16.40, 11 

■9     4,' 

'i58  10 

4,5 

45.15,66 

48.43/7 

5,5 

4.15.47,95 

-t-3o.2I    30,4 

o,i56  65 

5, 5 

3.44.15,91 

+29.45.32,5 

0,149  h 

fi,  5 

14.54,24 

23.37,1 

i55  27 

6,5 

43.17,34 

42. 16, 1 

i5o  40 

7,5 

i3.59, i3 

s3 . 24 , 6 

i53  96 

7,5 

43.20,05 

3S.55,o 

i5i  5. 

8,5 

i3.  2,68 

24-13,5 

i52  72 

8,5 

41.34,10 

35.29,7 

.52  69 

9,5 

13.  4,95 

24.5o,8 

i5i  55 

9,5 

40.39,55 

Î2.    0,5 

.53  g5 

io,5 

4.  n.  6,01 

-+-3o.25.i9,4 

o,i5o  45i 

•    io,5 

3. 3g. 36, 47 

+29.28.37,9 

0, 1 55  27 

1 1,5 

10.   5 , 93 

?5.37,9 

'49  43 

.1,5 

38.44,93 

24.52,3 

.56  67 

12,5 

9-  4,77 

25.46,5 

i.'iS  48 

.3,5 

37.54,96 

21.14,1 

.58  ij 

i3,5 

8.  2,62 

25,45,1 

.47  61 

i3,5 

37.   6,6', 

17.33,7 

i5g  67 

■4,5 

6.69,56 

25.33,5 

146  82 

'4,5 

36 . so , 00 

i3.5i,6 

ifii  27 

i5,5 

4.  5.55,67 

+3o.2j.  1 1 ,8 

II,  1  i'i  II 

i5,5 

3.35.35,1. 

+39.10.  8,2 

0,162  94 

ifi,5 

4 . 5 1 , o5 

34.39,8 

145  48 

i6,5 

34.52,o. 

6.33,9 

ifi.'t  67 

.7,5 

3.45,8o 

23.57,8 

'44  93 

'7,5 

3.',.. o,73 

■3.39,1 

166  46 

i8,5 

2.40,03 

23.  5,8 

•44  46 

18,5 

33.3i,33 

+28.58.54,2 

•168  3i 

'9>5 

i.33,8i 

32.    3,8 

'44  07 

'9,5 

32.53,84 

55.  9,7 

170   31 

20,5 

4-  0.37,26 

-t-3o .  20 . 5 1 , 9 

0,143  77 

20,5 

3.32.18,28 

+28.5i.25,8 

O.172    17 

21,5 

3.59.20,47 

ig.3o,2 

i43  55 

21 ,5 

31.44,71 

47.43,1 

■74  '9 

32,5 

58.i3,53 

17.58,9 

143  42 

33,5 

3i . i3,i3 

44-   .,8 

176  26 

33,5 

57.  6,54 

16.18,3 

143  37 

23,5 

30.43,59 

40.22,4 

178  38 

24,5 

55.59,6i 

14.28,2 

,43  4' 

24,5 

3o. 16, 1 1 

3ii.. ',.;.,-.) 

180  54 

s5,5 

3.54.52,84 

+3o.  13.39,3 

0,143  53 

3 . 29 . 5o , 70 

S. 10,5 

0, 182  76 

36,5 

53.46,36 

10.21,7 

.43  74 

2c;5 

29-27,39 

29.38,7 

.85  01 

27,5 

52 . 4o , 22 

8.  5,6 

i44  «3 

37,5 

29.   6,18 

26. .0,1 

187  3. 

28,5 

5l.34,54 

5.4i,3 

■44  4' 

28,5 

28.47,09 

23.45,1 

1S9  65 

29,5 

50.29,42 

3-   9,2 

'44  87 

29,5 

38.3o,i3 

1 9 .  23 , 8 

192  o3 

3o,5 

3.49.24,96 

+3o.  0.29,5 

0,145  43 

3o,5 
3. ,5 

3.28. .5,3. 
3.28.   3,62 

+38.16.  6,6 
+28.12.53,7 

0,194  45 
0,196  90 

»  Qu'il  nous  soit  permis  en  terminant  de  présenter  ici  des  observations 
méridiennes  de  la  planète  Amphitrite  sur  lesquelles  les  résultats  précédents 
sont  en  partie  fondés  et  que  M.  Reslhuber,  directeur  de  l'observatoire  de 
Rremsmunster,  a  bien  voulu  communiquer  à  M.  Yvon  Villarceau,  en  y  joi- 
gnant leur  comparaison  avec  l'éphéméride  insérée  aux  Comptes  rendus, 
tome  XXXIX,  page  1064. 


(    IOOI    ) 
Observation!  méridiennes  de  la  planète  AMPHXTXUTE. 


i8S8. 

T.    MOYEN 
do  Kremsmunster. 

ASC.    DR.    GÊOC. 

ÉPUÉM.  —  &. 

DÉCLIN.    CÉOC. 

PARALLAXE.     ËPHÉM.  —  D. 

h     m    s 

b     m    s 

S 

0      /        * 

n 

» 

juin.  i<) 

12.   7 . .  0 , 64 

31=19.55.42,73 

<?jl=-i7,o8 

D=— 29.38.40,88 

5,i3 

<?D=—  27,76 

24 

11.42.   6,64 

50.27,44 

—  17,00 

» 

B 

» 

Août  '  i 

II.    2.37,28 

42 . 24 , o5 

—17,25 

—29.47.52,36 

5,07 

-21,78 

2 

IO.57.44.5l 

4i  27,03 

—17,45 

— 29-47-36,35 

5,o6 

—  25,57 

3 

Kl., ri.    i'(,  '|] 

•  4°.3o,79 

—  17,41 

—29.47.22,64 

5,o5 

—19,28 

10 

10.19.19,34 

34-27,99 

—  >7,>4 

—29.41.34,34 

4,9<> 

'      — '7»73 

'9 

9. 38. 23, 08 

28.24,01 

— l6,97 

— 2g.25.5o,6g 

4,79 

—  '7,95 

22 

9.24.33,83 

26.52,40 

-16, 65 

—29.18.46,06 

4,73 

—2i,33 

23 

9.20.11,45 

26.25,61 

-.6,75 

—29.16.16,01 

4,7' 

—20,43 

25 

9.u.3i,33 

25.37,18 

—  16,69 

—29.10.59,24 

4,67 

— 20,57 

28 

8.58.44,5g 

24-37,99 

— i6,52 

—  2g.   2.28,62 

4,60 

—21,80 

Sept,    i 

8.42.   7,48 

23.44,37 

— 16,06 

— 28- 5o. 14,19 

4,5o 

—  '8,99 

10 

8.  6.3i,3i 

23.3i,34 

— l5,42 

—28.19.   9,66 

4,29 

—20,26 

astronomie.  —  Découverte  d  une  41e  petite  planète,  par  M.  13..  Goldschmidt. 
k  (  Communiqué  par  M.  Le  Verrier.  ) 

«  J'ai  l'honneur  d'annoncer  à  l'Académie  la  découverte,  faite  le  11  mai, 
par  M.  Goldschmidt ,  d'une  nouvelle  petite  planète. 

»  L'auteur  de  la  découverte  a  constaté  approximativement  les  positions 
suivantes  du  nouvel  astre  : 


i856,  Mai  22 

23 
25 


T.  m.  de  Paris, 
h       m 
IO.  20 

I  I  .  3o 

11.10 


Asc.  droite, 
h 


Déclinaison. 


10.22. I 5         -f-    11.11,7 
10.23.37        -+-    11.    9,2 

10.26. 10  -f-  11.  5., 7 
»  Bien  que  M.  Goldschmidt  ait  témoigné  le  désir  de  ne  communiquer  sa 
découverte  qu'après  s'être  plus  positivement  assuré  de  sa  réalité,  je  ne  crois 
pas  devoir  tarder  de  la  faire  connaître,  attendu  que  la  planète  étant  dans 
une  constellation  que  le  Soleil  va  bientôt  atteindre,  il  pourrait  suffire  de 
quelques  soirées  de  ciel  couvert,  pour  rendre  impossible  la  continuation 
des  recherches  avant  le  retour  de  la  Lune,  et  occasionner  ainsi  la  perte 
d'une  nouvelle  planète,  si  une  communication  faite  en  temps  utile  ne  ve- 
nait fournir  aux  astronomes  le  moyen  d'observer  la  planète  durant  l'appa- 
rition actuelle.   » 

Communication  de  M.  Montagne. 

«  En  faisant  hommage  à  l'Académie  des  Sciences,  au  nom  de  M.  TV.-P . 
Schimper,  l'un  de  ses  Correspondants,  du  soixante-cinquième  et  dernier 


(     I002    ) 

fascicule  de  la  Bryologie  d'Europe,  je  me  flatte  qu'elle  voudra  bien  me 
permettre  de  profiter  de  la  circonstance  pour  l'entretenir  un  moment  de 
cet  ouvrage  enfin  achevé. 

»  La  Brjologia  Europcea,  dont  cette  dernière  livraison,  impatiemment 
attendue,  contient  la  fin  du  CoroUarium ,  ne  forme  pas  moins  de  six  forts 
volumes  in-quarto,  ornés  de  640  planches  du  même  format  et  gravées  sur 
pierre  avec  une  rare  perfection. 

»  Cet  ouvrage  a  pour  objet  de  faire  connaître  dans  leur  organisation  et 
leurs  détails  les  plus  intimes  toutes  les  Mousses  qui  croissent  en  Europe, 
centre  botanique  de  cette  curieuse  et  jolie  famille.  Il  a  été  commencé  en 
1 835  par  M.  Schimper  en  collaboration  avec  un  autre  bryologiste  célèbre 
de  Deux-Ponts,  M.  Bruch.  Celui-ci  étant  mort  dans  l'intervalle,  l'auteur 
principal  s'est  adjoint  M.  Gùmbel  pour  le  terminer. 

»  Quels  que  soient  les  secours  que  M.  Schimper  ait  pu  recevoir  de  ses 
deux  collaborateurs,  nous  devons  reconnaître  qu'il  a  été  le  promoteur 
actif  et,  pour  tout  dire  en  un  mot,  l'âme  de  cette  publication.  Car,  ce  qui 
en  fait  le  principal  mérite,  c'est  l'iconographie  qui  l'accompagne  et  dont  il 
est  l'auteur.  Depuis  que  l'on  figure  par  le  burin  les  plantes  si  variées  et  si 
élégantes  de  cette  nombreuse  famille,  on  n'était  pas  encore  arrivé  à  une 
telle  perfection,  soit  pour  l'ensemble,  soit  pour  les  détails. 

»  Et,  sans  parler  du  désintéressement  profond  dont  M.  Schimper  a 
fait  preuve ,  quelle  persévérance  ne  lui  a-t-il  pas  fallu  pour  continuer 
pendant  vingt  ans  un  tel  travail  et  pour  en  surmonter  les  difficultés  sans 
nombre? 

»  Comme,  en  présentant  à  l'Académie  plusieurs  des  livraisons  précé- 
dentes, je  me  suis  déjà  étendu  sur  les  différents  genres  de  mérite  de  cette 
publication,  je  bornerai  à  ce  peu  de  mots  ce  qui  me  restait  à  en  dire.  Je 
ne  puis  cependant  terminer  sans  attirer  l'attention  sur  l'immense  et  signalé 
service  que  notre  confrère  M.  Schimper  et  ses  habiles  collaborateurs  ont 
rendu  à  la  bryologie  et  à  ceux  qui  la  cultivent  en  conduisant  à  bonne  fin 
ce  remarquable  et  magnifique  ouvrage.  » 

M.  Claude  Bernard  présente,  au  nom  de  l'auteur  M.  Castorani,  un  exem- 
plaire d'un  opuscule  ayant  pour  titre  :  De  la  kératite  et  de  ses  suites.  «  L'au- 
teur, dit  M.  Bernard,  présente  dans  ce  travail  quelques  questions  sous  un 
jour  nouveau.  Nous  citerons,  par  exemple,  ces  réflexions  sur  le  strabisme. 

»  Dans  le  strabisme  ordinaire,  l'auteur  croit  à  la  prédominance  d'action, 
par  suite  d'exercice  d'un  des  muscles  de  l'œil  strabique  sur  l'autre,  et  non 


(  ioo3  ) 
à  sa  contracture,  car,  s'il  n'en  était  pas  ainsi,  quand  on  vient  à  recouvrir 
l'œil  sain,  l'œil  qui  louche  ne  devrait  pas  se  redresser.  Comment  donc  l'œil 
malade  louche-t-il,  quand  il  fonctionne  avec  l'œil  sain?  Tout  simplement 
par  défaut  de  simultanéité  dans  la  vision  de  deux  yeux.  Ainsi,  dans  le  stra- 
bisme récent,  l'œil  ne  louche  que  pour  la  vue  des  objets  éloignés,  parce  que 
dans  ce  cas  il  y  a  myopie  de  l'œil  faible,  et  que  le  malade  ne  peut  exercer 
alors  les  deux  yeux  simultanément  pour  voir  de  loin.  De  près,  au  contraire, 
la  vision  simultanée  a  lieu;  aussi  les  symptômes  de  strabisme  disparaissent- 
ils.  Si  la  myopie  de  l'œil  faible  vient  à  augmenter  au  point  de  ne  plus  per- 
mettre la  vision  des  deux  yeux  même  de  près,  alors  on  constate  que  le  stra- 
bisme existe  pour  la  vision  des  objets  rapprochés  comme  pour  celle  des 
objets  éloignés. 

»  Un  petit  chapitre  spécial  sur  la  photophobie  termine  le  traité  de  la  kéra- 
tite. De  la  discussion  de  diverses  opinions  émises  sur  ce  sujet,  M.  Castorani 
conclut  que  la  photophobie  a  son  siège  dans  les  filets  de  la  5e  paire  et 
qu'elle  résulte  de  leur  état  d'irritation  dans  la  cornée,  ou  dans  l'iris.  Quant 
à  la  rétine,  il  ne  sait  si  elle  a  jamais  pris  part  à  sa  production.  Ce  qui  prouve 
au  moins  qu'elle  n'en  est  pas  le  siège  exclusif  comme  on  l'a  avancé,  c'est 
que  la  photophobie  se  produit  avec  une  grande  intensité  dans  les  affections 
de  la  cornée  et  de  l'iris,  lors  même  qu'une  cataracte  empêche  tout  rayon 
lumineux  d'arriver  jusqu'à  la  membrane  rétinienne.  » 

botanique.  —  Observation  relative  à  un  cas  d' hybridité  anormale  ; 

par  M.  Ch.  IVaudin. 

«  D'après  les  idées  généralement  reçues  aujourd'hui,  les  végétaux  hy- 
brides participent  toujours  sensiblement  des  deux  espèces  qui  leur  ont 
donné  le  jour.  On  admet  qu'ils  sont  tantôt  exactement  intermédiaires  entre 
leurs  ascendants,  et  tantôt  plus  rapprochés  de  l'un  des  deux,  mais  cepen- 
dant sans  que  le  type  qui  y  est  le  plus  faiblement  représenté  y  disparaisse 
d'une  manière  absolue.  Toute  plante  chez  qui  ne  se  montre  à  aucun  degré 
appréciable  le  mélange  de  deux  formes  alliées,  est  censée  pure  de  toute 
hybridité. 

»  Que  cette  opinion  soit  exacte  ou  non,  c'est  ce  que  je  n'examine  pas 
pour  le  moment  ;  ce  que  je  tiens  à  établir,  c'est  qu'il  peut  arriver  que,  par 
l'action  d'un  pollen  étranger  sur  un  ovaire  et  sur  les  ovules  qu'il  contient, 
il  naisse  des  plantes  chez  lesquelles  les  traits  du  père  sont  totalement  ef- 
facés, autant  du  moins  qu'on  en  peut  juger  par  le  témoignage  des  sens, 


(  ioo4  ) 
bien  que  toutes  les  autres  circonstances  se  réunissent  pour  mettre  hors 
de  contestation  l'influence  de  ce  pollen.  J'en  ai  eu  la  preuve  darts  un  fait 
que  j'ai  observé  pendant  les  années  1 854  et.  1 855,  et  sur  l'authenticité  du- 
quel je  ne  puis  conserver  aucun  doute  ;  il  m'a  été  fourni  par  les  Datura 
stramonium  et  ceratocaula  fécondés  l'un  par  l'autre. 

»  Avant  d'aller  plus  loin,  je  dois  dire  que  ces  deux  espèces  sont,  de  tout 
le  genre,  celles  qui  s'éloignent  le  plus  par  le  faciès,  et  que  ce  n'est  pas 
tout  à  fait  sans  raison  que  plusieurs  botanistes  les  ont  séparées  générique- 
ment.  Sans  parler  des  différences  notables  qu'elles  présentent  dans  leurs 
fleurs  et  leurs  fruits,  il  suffit,  pour  faire  sentir  combien  elles  ont  peu  d'af- 
finité l'une  avec  l'autre,  de  rappeler  que,  chez  le  D.  ceratocaula,  dont  les 
fleurs  sont  axillaires,  la  tige  est  toujours  simple,  débile  et  souvent  couchée 
sur  le  sol,  tandis  que  chez  le  D.  stramonium  elle  est  robuste,  verticale 
et  divisée,  ainsi  que  ses  ramifications,  en  dichotomies  successives,  dont 
l'angle  est  invariablement  occupé  par  une  fleur.  Ces  grandes  dissemblances 
pouvaient  induire  à  penser  qu'il  n'y  avait  aucune  possibilité  de  croiser 
l'une  de  ces  espèces  par  l'autre;  l'observation  que  je  vais  citer  établira 
nettement  le  contraire. 

»  Pour  donner  plus  de  certitude  à  mes  essais  d'hybridation,  j'ai  presque 
toujours  eu  soin  de  castrer  et  de  laisser  sans  fécondation  un  certain  nombre 
de  fleurs  des  plantes  sur  lesquelles  j'opérais;  c'étaient  autant  de  témoins 
auxquels  je  rapportais  les  phénomènes  consécutifs  de  l'expérience.  Lorsque 
j'entrepris  le  croisement  des  diverses  espèces  de  Datura  entre  elles,  je  fis 
les  contre-épreuves  suivantes  : 

»  i°.  Sur  divers  pieds  de  D.  ceratocaula,  sept  fleurs  furent  castrées 
le  25  août  1 854,  dans  le  bouton  près  de  s'ouvrir,  et  laissées  sans  féconda- 
tion ;  il  n'y  eut  chez  aucune  le  moindre  accroissement  de  l'ovaire. 

»  Huit  autres  fleurs,  soumises  à  la  même  opération  les  4  et  5  septembre, 
reçurent  en  abondance  du  pollen  de  D.  stramonium;  un  seul  ovaire  grossit 
quelque  peu,  puis  s'arrêta,  peut-être  parce  que  la  saison  était  déjà  trop 
avancée  ;  les  sept  autres  demeurèrent  dans  l'état  où  ils  étaient  au  moment 
de  l'ablation  des  étamines. 

>■>  Enfin,  six  nouvelles  fleurs,  castrées  le  7  septembre,  reçurent,  lors- 
qu'elles furent  complètement  épanouies,  du  pollen  de  D.  Jastuosa;  le  ré- 
sultat fut  nul,  comme  dans  le  premier  cas. 

»  i°.  Sur  le  D.  stramonium,  du  ao  août  au  1 4  septembre,  douze  fleurs 
furent  castrées  un  peu  avant  leur  épanouissement  et  laissées  sans  fécon- 
dation; elles  tombèrent  toutes,  dans  les  cinq  à  six  jours  qui  suivirent,  par 


(  ioo5  ) 
désarticulation  de  leur  pédoncule.  Beaucoup  d'autres  fleurs  intactes  et  ri- 
ches en  pollen,  qui  s'ouvraient  autour  d'elles,  ne  modifièrent  en  rien  les 
suites  de  l'opération. 

»  Le  25  août,  trois  fleurs  de  la  même  plante  reçurent,  après  castration, 
du  pollen  de  Nicandra  phjsalodes ;  elles  tombèrent  comme  les  précédentes. 
Il  en  fut  de  même  de  quatre  autres  fleurs  également  castrées,  sur  le  stig- 
mate desquelles  fut  déposé  du  pollen  de  D.  jastuosa,  et  d'une  cinquième 
qui  reçut  du  pollen  à'  Hyoscyamus  niger. 

»  3°.  Sur  le  Datura  tatula,  onze  fleurs  castrées  le  20  août  et  laissées 
sans  fécondation,  se  détachèrent  dans  les  cinq  ou  six  jours  qui  suivirent. 
Trois  autres  fleurs,  également  castrées  et  couvertes  par  le  pollen  du  D.  Jas- 
tuosa, périrent  de  même,  ainsi  que  deux  fleurs  qui  reçurent  du  pollen  de 
Nicotianatabacum,  et  une  autre  qui  en  reçut  du  Nicotiana  noctiflora. 

»  Au  total,  cinquante-huit  fleurs  prises  sur  les  trois  espèces  que  je  viens 
de  citer,  les  unes  laissées  sans  fécondation,  les  autres  couvertes  de  pollens 
étrangers,  mais  toutes  dépourvues  d'abri  contre  l'action  du  vent  et  des 
insectes,  restèrent  stériles,  sauf  une  seule  chez  qui  se  manifesta  un  commen- 
cement de  grossification.  Ce  nombre  me  paraît  suffisant  pour  attester  le 
succès  de  l'expérience  suivante,  et  légitimer  les  conclusions  que  j'en  tire. 

»  Du  2  au  8  septembre  de  la  même  année  (i854),  dix  fleurs  de  D.  stra- 
motiium,  prises  sur  deux  pieds  différents,  furent  castrées  dans  le  bouton 
avant  toute  déhiscence  des  anthères.  Lorsqu'elles  furent  épanouies,  leurs 
stigmates  parfaitement  vierges,  comme  il  était  facile  de  s'en  assurer  à 
l'aide  d'une  forte  loupe,  reçurent  une  grande  quantité  de  pollen  de  D.  ce- 
ratocaula.  Tous  les  ovaires  nouèrent  et  s'accrurent,  mais  beaucoup  plus 
lentement  que  ceux  qui  avaient  été  fécondés  par  le  pollen  de  l'espèce.  Les 
dix  capsules  furent  récoltées  mûres  du  3o  octobre  au  10  du  mois  suivant. 

»  Aucun  de  ces  fruits  n'avait  atteint  le  volume  normal;  leur  grosseur 
variait  de  celle  d'une  noisette  à  celle  d'une  noix.  A  en  juger  à  la  simple  vue, 
les  plus  développés  atteignaient  à  peine  à  la  moitié  du  volume  des  fruits 
normalement  fécondés.  Contrairement  à  ce  qui  se  passe  chez  ces  derniers, 
leurs  pédoncules  avaient  jauni,  et  leurs  valves  s'entre-bâillèrent  à  peine  ; 
toutefois,  les  graines  avaient  pris  la  teinte  brune  qui  annonce  la  maturité. 

»  Dans  ces  dix  capsules,  le  développement  des  graines  avait  été  très-inégal. 
Une  bonne  moitié  au  moins  des  ovules  n'avait  pas  pris"  d'accroissement  et 
se  réduisait  à  des  vésicules  aplaties  et  ridées;  les  autres,  en  nombre  variable 
suivant  que  les  fruits  étaient  plus  ou  moins  gros,  étaient  arrivés  à  l'état  de 
graines,  bien  conformées  extérieurement,  mais  de  moitié  plus  petites  que 

C.  R  ,  i856,  i"'Semestre.  (T.  XLIl,  N°  81.)  I  32 


(  ioo6  ) 
les  graines  normales  et  ne  contenant  aucun  embryon  dans  le  tissu  cellulaire 
périspermique  qui  les  remplissait.  Çà  et  là  pourtant,  sur  des  boursouflures 
du  placenta,  s'en  montraient  quelques-unes,  de  deux  à  dix  environ  par  cap- 
sule, qui  paraissaient  être  arrivées  à  leur  complet  développement.  L'analyse 
de  deux  ou  trois  de  ces  graines  me  fit  reconnaître  qu'effectivement  elles 
étaient  embryonnées.  Les  dix  capsules  m'en  donnèrent  une  soixantaine 
que  je  recueillis  et  qui  furent  semées  le  16  avril  i855. 

»  De  toutes  ces  graines,  il  n'y  en  eut  que  trois  qui  germèrent.  Une  des 
jeunes  plantes  fut  oubliée  dans  un  pot  trop  étroit  où  elle  resta  toujours  ché- 
tive  et  ne  put  pas  arriver  à  fleurir.  Les  deux  autres  furent  mises  en  pleine 
terre,  à  côté  de  plusieurs  pieds  de  D.  stramonium  de  race  pure,  qui  devaient 
servir  de  termes  de  comparaison.  Les  conditions  de  la  culture  ont  été  abso- 
lument les  mêmes  pour  toutes  ces  plantes. 

»  Les  deux  individus  hybrides  que,  d'après  les  règles  convenues  de  la 
nomenclature,  je  désignerai  par  le  nom  de  D.  ceratocaulo-stramoniwn,  se 
développèrent  avec  vigueur.  Par  leur  tige  robuste,  dressée  et  divisée  dicho- 
tomiquement,  par  leurs  feuillage  et  plus  tard  par  leurs  fleurs  et  leurs  fruits,  ils 
ne  différèrent  en  rien  des  D.  stramonium  proprement  dits,  qui  étaient  à  côté 
d'eux.  Aucun  caractère  appréciable  n'y  rappelait  les  formes  du  D.  cerato- 
caula.  On  aurait  donc  pu  croire,  au  premier  abord,  que  ce  dernier  n'était 
pour  rien  dans  leur  production  et  que  les  deux  plantes  étaient  issues  d'une 
fécondation  opérée  par  le  pollen  de  l'espèce  qu'elles  représentaient  ;  mais 
outre  les  circonstances  déjà  concluantes  que  j'ai  rapportées,  elles  manifes- 
taient des  caractères  d'un  autre  genre  qui  mettaient  hors  de  toute  contesta- 
tion l'illégitimité  de  leur  naissance. 

»  C'est  qu'effectivement  les  caractères  par  lesquels  se  révèle  l'hybridité 
sont  de  deux  sortes.  Les  uns,  que  j'appellerai  essentiels,  consistent  dans  le 
mélange  des  formes  des  deux  parents,  tous  deux  reconnaissables  dans  l'hy- 
bride; les  autres  que,  malgré  leur  importance,  nous  pouvons  qualifier  à' ac- 
cessoires, parce  qu'ils  ne  se  présentent  pas  d'une  manière  constante  et  qu'ils 
sont  étrangers  aux  types  spécifiques  producteurs  de  l'hybride,  affectent  la 
manière  de  végéter,  le  développement  moindre  ou  plus  grand  de  certains 
organes,  la  disposition  à  fleurir,  le  degré  de  perfection  de  l'appareil  repro- 
ducteur, etc.  Dans  certains  cas,  les  caractères  essentiels  seuls  existent  ;  plus 
ordinairement,  ils- s'accompagnent  de  quelques-uns  des  caractères  acces- 
soires. Dans  celui  qui  fait  l'objet  de  cette  Note,  ces  derniers  seuls  se  sont 
montrés,  mais  avec  une  évidence  telle,  que  tous  les  doutes  doivent  dispa- 
raître. 


(  ,007  ) 

»  Chez  les  Datura  hybrides,  au  moins  chez  ceux  des  D.  stramonium  et 
latula,  les  caractères  accessoires  consistent,  d'abord  dans  une  taille  beau- 
coup plus  élevée  que  celle  des  deux  espèces  types,  ensuite  dans  l'avorte- 
ment  constant  des  fleurs  des  premières  dichotomies.  J'en  ai  eu  un  remar- 
quable exemple  dans  une  autre  expérience  qui  se  faisait  simultanément 
et  sur  le  même  terrain.  A  côté  des  deux  échantillons  de  D.  ceratocaulo- 
stramonium,  étaient  cultivés  120  autres  Datura  hybrides;  savoir  96  qui 
provenaient  du  D.  tatula  fécondé  par  le  D.  stramonium,  et  24  qui 
étaient  issus  du  D.  stramonium  fécondé  par  le  D.  tatula.  Chez  tous  ces 
hybrides,  d'ailleurs  parfaitement  semblables  entre  eux,  se  trouvaient  réunis 
les  caractères  essentiels  et  les  caractères  accessoires  que  je  viens  de  désigner. 
Par  leurs  fleurs,  ils*  étaient  sensiblement  intermédiaires  entre  les  deux  pa- 
rents, mais  leur  taille  était  double  de  celle  de  ces  derniers,  et  leurs  pre- 
mières fleurs,  au  lieu  de  paraître  dans  la  première,  ou  tout  au  moins  dans 
les  secondes  dichotomies,  ne  se  sont  généralement  montrées  que  dans  celles 
du  5e  ou  du  6e  degré.  Presque  toutes  ces  plantes  dépassèrent  2  mètres  et 
ne  fleurirent  que  tardivement  et  seulement  à  leurs  sommités. 

»  Ce  double  caractère  se  manifesta  au  plus  haut  point  dans  les  deux 
échantillons  de  D.  ceratocaulo-stramonium ;  ils  s'élevèrent  à  im,70  et  ne 
commencèrent  aussi  à  fleurir  qu'à  partir  des  dichotomies  du  5e  et  du  6e  de- 
gré. Beaucoup  de  fleurs  d'ailleurs  avortèrent  encore  dans  celles  des  degrés 
supérieurs,  mais  celles  qui  s'épanouirent  nouèrent  leurs  ovaires  auxquels 
succédèrent  des  fruits  de  grandeur  normale  et  remplis  de  graines  bien  con- 
formées, puisque  celles  que  j'ai  semées  au  mois  d'avril  dernier  m'ont  donné 
une  quantité  de  jeunes  plantes  dont  je  me  propose  de  suivre  encore  les 
développements  cette  année. 

»  Voilà  donc,  à  n'en  pas  douter,  des  plantes  nées  par  voie  d'hybridité, 
chez  lesquelles  disparaissent  totalement,  et  dès  la  première  génération,  les 
les  traits  du  type  paternel.  Ce  fait  me  paraît  soulever  une  importante  ques- 
tion de  physiologie  :  on  peut  se  demander,  en  effet,  quel  est  le  rôle  de  la 
fovilla  dans  l'acte  de  la  génération  :  se  borne-t-elle  à  accroître  la  vitalité  de 
l'ovaire  et  de  l'ovule ,  ou  entre-t-elle  directement  dans  la  composition  de 
l'embryon?  Cette  dernière  hypothèse  semble  la  plus  admissible,  surtout 
lorsqu'on  se  rappelle  que  certains  hybrides  se  rapprochent  notablement  plus 
du  père  que  de  la  mère  ;  mais  ne  se  peut-il  pas  aussi  que,  dans  certaines  cir- 
constances, et,  par  exemple,  dans  le  cas  que  je  viens  de  signaler,  son  action 
soit  presque  toute  dynamique  et  comme  une  simple  extension  de  l'éner- 
gie vitale  imprimée  à  l'ovule  et  à  l'ovaire  lui-même.  Ce  qui  m'amène  à  faire 

l32.. 


(  ioo8  ) 
cette  supposition,  c'est  que,  plusieurs  fois  déjà,  j'ai  observé  la  grossification 
d'ovaires  stimulés  par  l'application  d'un  pollen  étranger,  sans  qu'il  en  ré- 
sultât la  formation  de  graines  embryonnées.  Ce  fait  a  été  particulièrement 
remarquable  sur  X Ecbalium  fécondé  par  le  pollen  du  Brjonia  alba.  Sous 
l'influence  de  ce  pollen,  les  ovaires  de  Y  Ecbalium  grossirent  presque  à 
l'égal  de  ceux  qui  avaient  été  légitimement  fécondés,  et  plusieurs  d'entre 
eux  donnèrent  un  petit  nombre  de  graines  de  la  plus  belle  apparence 
extérieurement,  mais  complètement  vides.  C'est  exactement  ce  qui  s'est  passé 
dans  les  ovaires  du  Datura  stramonium  fécondés  par  le  pollen  du  D.  ce- 
ratocaula,  à  l'exception  qu'ici,  au  milieu  d'un  nombre  ;mmense  de 
graines  vides  ou  restées  à  l'état  d'ovules  desséchés,  il  s'en  est  trouvé  quel- 
unes  qui  étaient  véritablement  embryonnées.  » 

physiologie.  —  Nouvelles  recherches  sur  la  question  glycogénique ; 

par  M.  Chapveau. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  un  très-bref  exposé  des  faits 
mis  en  lumière  par  les  expériences  récentes  auxquelles  je  me  suis  livré  en 
vue  d'éclaircir  cette  question,  expériences  qui  ont  été  faites,  parallèlement 
pour  ainsi  dire,  sur  des  herbivores  (ânes  ou  chevaux)  soumis  à  leur  régime 
habituel,  et  sur  des  chiens  nourris  exclusivement  à  la  viande. 

»  Premier  fait  :  Pendant  l'abstinence,  même  très-prolongée,  le  sucre  ne 
disparaît  point  dans  le  sang  des  vaisseaux  de  la  grande  circulation. 

»  Sur  quatre  chevaux  et  quatre  chiens  privés  d'aliments  depuis  une  épo- 
que plus  ou  moins  reculée,  je  retire  du  sang  à  la  veine  jugulaire  et  à  l'ar- 
tère carotide  ;  l'analyse,  faite  par  M.  le  Dr  Delore  pour  les  deux  premiers 
chevaux,  et  par  moi  pour  les  autres  animaux,  donne  les  résultats  indiqués 
dans  le  tableau  suivant  : 

Ier  cheval        (    ioo8r  de  sérum  du  sang  artériel  contiennent.  .  .      osr,o8o  de  glycose. 
(i2h  de  diète).  \     Id veineux oer,o66 

2e  cheval        j     ld artériel o8r,c>73 

(48h  de  diète).  |     Id veineux o8r,o68 

3"  cheval        j     Id artériel o8r,og3 

(3J  de  diète).     |     Id veineux o8r,obo 

4e  cheval        |     ld... .    artériel o'^ogo 

(6>  de  diète).    |     Id veineux ofr,o69 


(  i°°9  ) 

iw  chien        (   ioogr  de  sang  artériel  contiennent oBr,o53  de  glycose. 

(24h  de  diète ).  \     Id veîneux ogr,o33 

2e  chien        j     Id artériel o«r,o35 

(48h  de  diète).   (     Id veineux o*r,029 

3e  chien        j     Id artériel o*r,o5 1 

(3J  de  diète).    |     Id veineux.    ogr,o34 

4°  chien        1     Id artériel )  du  glycose  en  quantité 

(6J  de  diète).     |     ld veineux j  non  dosée. 

»  Deuxième  fait  :  Le  sucre  est  toujours  plus  abondant  dans  les  artères 
que  dans  leurs  veines  collatérales.  C'est  ce  que  prouve  la  comparaison 
des  quantités  signalées  dans  le  tableau  précédent. 

»  Troisième  fait  :  Le  sang  artériel,  quel  que  soit  le  point  de  l'appareil 
circulatoire  où  on  le  prend,  renferme  toujours,  chez  le  même  animal,  la 
même  proportion  de  glycose. 

»  Je  me  suis  convaincu  de  ce  fait  en  examinant  comparativement,  sur  plu- 
sieurs animaux  des  espèces  chevaline  et  canine,  à  jeun  ou  en  pleine  digestion, 
le  sang  des  artères  coccygiennes,  fémorale,  carotide  et  celui  du  ventricule 
gauche.  La  nécessité  d'abréger  cette  Note  me  force  à  supprimer  le  détail 
de  ces  analyses. 

»  Quatrième  fait  :  Le  sang  des  veines,  moins  celui  de  la  veine  porte 
pendant  la  digestion  des  matières  sucrées  et  amylacées,  moins  encore  celui 
des  vaisseaux  sus-hépatiques  et  de  la  portion  sus-diaphraginatique  de  la  veine 
cave  inférieure,  à  toutes  les  périodes,  ne  présente  point  non  plus  de  diffé- 
rences appréciables  sous  le  rapport  de  la  quantité  de  glycose  qu'il  renferme. 

»  Parmi  beaucoup  d'autres  preuves,  je  citerai  les  deux  analyses  suivantes  : 
i°  Un  cheval  est  mis  à  la  diète  pendant  quarante-huit  heures;  je  retire  du 
sang  à  la  jugulaire,  à  la  saphène  interne,  à  une  veine  de  l'intestin  grêle  :  le 
sang  du  premier  vaisseau  donne,  pour  i  oo  grammes  de  sérum,  ogr,o6o,  de 
sucre,  celui  du  second  0^,067,  et  celui  du  troisième  ogr,073  ;  20  sur  un 
chien  en  pleine  digestion,  je  prends  du  sang  de  la  jugulaire,  de  la  saphène 
externe,  de  la  céphalique  et  de  la  veine  porte  :  le  premier  fournit,  pour 
100  grammes,  osr,o65  de  glycose,  le  second  osr,o5o,,  le  troisième  osl\o6'j,  le 
quatrième  ogr,64. 

»  Cinquième  fait  :  Chez  les  animaux  à  jeun  ou  nourris  exclusivement  à 
la  viande,  le  sang  des  veines  sus-hépatiques  est  toujours  plus  sucré  que 


(     IOIO    ) 

celui  des  autres  vaisseaux,  y  compris  la  veine  porte.  Ce  fait  a  été  si  bien 
prouvé  par  les  expériences  de  M.  Bernard,  que  je  crois  pouvoir  me  dis- 
penser de  citer  celles  de  mes  analyses  qui  concourent  à  l'établir.  Je  ferai 
seulement  remarquer  que  les  conditions  dans  lesquelles  je  me  place  pour 
recueillir  le  sang  qui  sort  du  foie  sont  tout  à  fait  physiologiques,  et  ne  don- 
nent prise  à  aucune  objection,  puisque  j'extrais  ce  fluide,  chez  les  soli- 
pèdes,  en  pratiquant  sur  l'animal  debout  le  cathétérisme  des  vaisseaux  sus- 
hépatiques  par  la  jugulaire  et  les  veines  caves. 

»  Sixième  jait  :  La  quantité  de  sucre  contenue  dans  le  sang  des  deux 
cœurs  paraît  exactement  la  même. 

»  Sur  un  cheval  en  pleine  digestion,  je  vais  chercher  du  sang  dans  le 
cœur  gauche,  en  introduisant  une  sonde  par  la  carotide,  et  dans  l'artère 
pulmonaire,  en  ponctionnant  ce  vaisseau  au  moyen  d'un  trocart,  à  tra- 
vers le  quatrième  espace  intercostal;  il  y  a,  dans  ioo  grammes  de  sang 
rouge,  o8r,o75  de  glycose,  et  ogr,07î  dans  une  quantité  équivalente  de 
sang  noir.  Sur  un  chien  à  jeun  depuis  vingt-quatre  heures,  je  pratique 
la  même  opération  :  je  trouve  dans  le  sang  rouge  o6r,73  de  sucre,  et 
0^,072  dans  le  sang  noir.  L'analyse  ne  donne  plus  ces  résultats  quand 
on  puise  le  sang  du  ventricule  droit  directement  dans  cette  cavité,  au 
moyen  d'une  sonde  poussée  par  la  jugulaire  et  la  veine  cave  antérieure, 
après  ligature  préalable  du  premier  vaisseau;  on  empêche  ou  l'on  gêne 
ainsi  l'afflux  dans  le  cœur  droit  du  sang  peu  sucré  charrié  par  ces  veines, 
tandis  que  le  sang  très-sucré  de  la  veine  cave  postérieure  y  arrive  libre- 
ment; et  le  fluide  recueilli  de  cette  manière  donne  nécessairement  plus  de 
sucre  que  le  sang  puisé  dans  l'artère  pulmonaire. 

»  Septième  fait  :  La  lymphe  pure  est  toujours  sucrée,  même  après  une  très- 
longue  abstinence. 

»  La  lymphe  d'un  cheval  recueillie  douze  heures  après  le  repas,  sur 
un  vaisseau  du  cou,  contenait  0,102  de  glycose  pour  100.  Celle  du 
cheval  déjà  cité,  soumis  à  une  abstinence  de  six  jours,  en  renfermait 
0,186  pour  100.  M.  Delore  en  a  trouvé  0,093  pour  100  dans  la  lymphe  du 
cheval  n°  2  de  la  première  série  de  mes  expériences.  J'en  ai  découvert  éga- 
lement dans  la  lymphe  des  chiens  de  la  même  catégorie. 

«  Huitième  Jait  :  Le  sucre  de  la  lymphe  n'est  pas  absorbé  au  sein  des 
tissus  solides  par  les  radicules  des  vaisseaux  blancs,  car  on  ne  trouve  jamais 
de  glycose  dans  ces  tissus,  en  exceptant  toutefois  celui  du  foie. 

»  De  tout  ce  qui  vient  d'être  exposé,  je  crois  pouvoir  tirer  les  conclusions 
suivantes  : 


(  ion  ) 

»  i°.  Les  herbivores  et  les  carnivores  se  trouvent,  sous  le  rapport  du 
sucre  de  leurs  humeurs  nutritives,  dans  le  même  état  statique.  Le  glycose  est 
cependant  plus  abondant  chez  les  premiers. 

»  a0.  Le  sucre  que  renferme  le  sang  du  cœur  droit  n'est  jamais  détruit 
►par  le  poumon,  du  moins  d'une  manière  appréciable,  et  passe  intégralement 
dans  le  cœur  gauche,  puis  dans  les  artères  du  système  aor tique. 

»  3°.  Une  certaine  quantité  de  glycose  du  sang  artériel  disparaît  pendant 
le  passage  de  ce  fluide  dans  les  capillaires  de  la  circulation  générale.  Le 
sang  qui  est  ramené  des  organes  au  cœur  droit  par  les  veines  de  cette  même 
circulation  générale,  est  donc  moins  sucré  que  le  sang  du  cœur  gauche. 

»  4°-  Le  sucre  dont  le  sang  s'est  dépouillé  en  passant  par  les  capillaires 
ne  sort  point  de  ces  vaisseaux  pour  se  fixer  sur  les  solides  de  l'économie. 
Une  partie  de  ce  sucre  filtre  dans  les  lymphatiques,  incontestablement 
transvasée,  par  endosmose,  du  réseau  capillaire  sanguin  dans  le  réseau 
radiculaire  des  vaisseaux  blancs,  avec  les  autres  éléments  du  plasma  du 
sang.  La  grande  proportion  relative  de  ce  glycose  lymphatique  s'explique 
par  l'énergie  du  pouvoir  endosmotique  de  cette  substance.  Sa  quantité  ab- 
solue paraît,  du  reste,  fort  restreinte,  si  l'on  considère  la  lenteur  avec  la- 
quelle se  meut  le  sang  blanc,  et  qu'on  la  compare  à  la  rapidité  de  la  circu- 
lation sanguine  ;  le  calcul  enseigne,  en  effet,  même  en  partant  des  données 
les  plus  exagérées  sur  l'activité  de  la  circulation  lymphatique,  que  cette 
circulation  ne  verse,  dans  un  temps  déterminé,  à  l'intérieur  du  cœur 
droit  qu'une  quantité  de  sang  blanc  équivalente  au  plus  à  la  centième 
partie  du  sang  noir  ramené  par  les  veines  à  .ce  même  cœur.  Le  calcul  en- 
seigne également  que  le  sucre  de  la  lymphe  ne  représente  qu'une  partie  du 
glycose  disparu  dans  les  capillaires  de  la  grande  circulation.  Quant  à  l'autre 
partie,  elle  subit  une  métamorphose  dont  la  nature  reste  à  prouver. 

»  5°.  Versé  dans  le  cœur  droit,  le  sucre  lymphatique  concourt  à  augmen- 
ter la  proportion  de  glycose  contenu  dans  le  sang  peu  sucré  qui  afflue 
de  toutes  les  parties  du  corps  vers  cette  cavité. 

»  6°.  Ce  même  sang  de  la  circulation  générale  achève  de  reprendre  la 
quantité  de  sucre  qu'il  a  perdue  au  sein  du  réseau  capillaire,  en  se  mêlant, 
dans  la  veine  cave  postérieure  et  le  cœur  droit,  avec  le  sang  très-sucré  des 
veines  sus-hépatiques. 

»  70.  L'excédant  de  sucre  de  ces  derniers  vaisseaux  n'existant  pas  dans 
le  sang  de  la  veine  porte  chez  les  animaux  à  jeun  ou  nourris  exclusive- 
ment à  la  viande,  il  faut  conclure  que  ce  fluide  s'est  chargé  de  matière  gly- 


(     1012    ) 

cosique  pendant  son  passage  à  travers  le  foie;  cette  glande  se  trouve  donc 
être  véritablement  un  organe  producteur  du  sucre,  et  le  seul  organe  de  cette 
nature  qui  existe  dans  l'économie.  » 

• 

médecine.  —  De  l'efficacité  du  brome  dans  le   traitement  des  affections 
pseudo-membraneuses;  par  M.  Ozanam. 

«  Le  croup  et  les  angines  pseudo-membraneuses,  ordinairement  assez 
rares  à  Paris,  ont  pris  en  1 855  un  développement  subit,  et  presque  les  ca- 
ractères d'une  épidémie.  Leur  gravité  a  presque  toujours  été  fort  grande,  et 
la  terminaison  souvent  mortelle.  Des  familles  entières  ont  été  successivement 
atteintes,  et  plusieurs  médecins  sont  morts  en  soignant  leurs  malades. 
Parmi  eux,  nous  devons  citer  l'honorable  M.  Valleix,  et,  quelque  temps 
avant,  le  fils  de  M.  Blàche.  Il  importait  donc  de  chercher  et  de  formuler 
un  traitement  efficace  contre  une  maladie  si  grave.  Cette  difficulté,  je  crois 
l'avoir  résolue;  je  viens  proposer  aujourd'hui  un  remède  important,  qui 
répond  à  la  plupart  des  indications,  et  qui,  pendant  cette  période  épidé- 
mique,  m'a  rendu  d'éminents  services  :  je  veux  parler  du  brome. 

»  Le  brome  est  le  remède  spécifique  des  affections  diphtéritiques;  an- 
gines pseudo-membraneuses,  croup,  muguet.  Les  bromures  alcalins,  et 
notamment  le  bromure  de  potassium,  possèdent  également  cette  propriété. 

»  Telles  sont  les  propositions  que  je  viens  établir  :  la  théorie  des  affec- 
tions diphtéritiques  et  la  recherche  des  dissolvants  m'ont  conduit  à  ce  ré- 
sultat. En  effet,  les  dissolvants  des  fausses  membranes  peuvent,  d'après  mes 
expériences,  se  diviser  en  deux  classes  :  i°  les  corps  fluidifiants,  20  les 
corps  désagrégeants. 

»  Les  corps  fluidifiants  déterminent  le  ramollissement  plus  ou  moins  com- 
plet de  la  fausse  membrane;  les  alcalins  ont  été  décrits  comme  tels  et  ils  le 
sont,  mais  plusieurs  acides  le  sont,  même  à  un  degré  supérieur,  comme 
l'expérience  l'indique  pour  l'acide  clflorhydrique. 

»  Les  corps  désagrégeants  durcissent  d'abord  la  fausse  membrane,  puis 
la  rendent  friable  au  point  qu'elle  se  réduit  en  poussière  sous  l'influence  du 
moindre  contact. 

»  J'ai  donné  à  ce  phénomène,  inconnu  jusqu'ici ,  le  nom  de  désagréga- 
tion moléculaire.  Le  brome  seul  peut  le  produire.  Le  bichromate  de  potasse, 
il  est  vrai,  durcit  légèrement  la  pseudo-membrane,  mais  sans  la  rendre 


(  ior3  ) 
friable.  L'iode  la  durcit  et  la  brunit  au  point  de  la  faire  ressembler  à  un 
morceau  de  cuir  tanné,  mais  elle  n'en  est  que  plus  ferme.  Le  brome  seul 
détruit  le  force  coercitive,  sépare  les  éléments;  son  action  se  montre  même 
sur  les  pseudo-membranes  d'abord  traitées  par  l'iode,  qui  perdent  alors 
leur  couleur  brune  et  leur  ténacité  pour  redevenir  friables. 

»  Ne  pouvant  rapporter  ici  la  série  complète  de  mes  expériences,  je  donne 
seulement  les  deux  suivantes,  l'une  sur  le  brome,  l'autre  sur  le  bromure  de 
potassium. 

»  action  du  brome  sur  les  fausses  membranes.  —  Une  fausse  membrane 
de  i  centimètre  de  long  sur  \  de  large,  ferme,  élastique,  fut  plongée  dans 
un  verre  rempli  d'eau  bromurée;  elle  y  resta  douze  heures.  Au  bout 
de  ce  temps,  elle  n'avait  point  perdu  sa  couleur  nacrée,  et  tranchait  sur 
la  teinte  brune  du  liquide,  elle  paraissait  même  plus  dure;  mais  lorsque  je 
la  touchai  avec  un  bâton  de  verre,  pour  l'attirer  à  moi,  elle  tomba  tout  à 
coup  en  poussière  extrêmement  fine,  qui  s'écrasait  de  plus  en  plus,  en  sorte 
que  je  ne  pus  en  retirer  qu'une  très-petite  quantité.  J'examinai  ces  débris 
au  microscope,  au  grossissement  de  5oo  diamètres,  et  je  trouvai  lés 
éléments  de  la  fausse  membrane;  mais  la  force  coercitive  qui  organisait 
ces  éléments  avait  été  détruite,  en  sorte  qu'ils  étaient  complètement  dis- 
sociés et  réduits  en  un  amas  de  granulations  amorphes.  Ce  phénomène 
se  reproduisit  à  chaque  expérience  nouvelle  :  c'est  ce  que  j'ai  désigné  sous 
le  nom  de  désagrégation  moléculaire. 

»  Corollaire.  —  Le  brome  en  solution  dans  l'eau  ne  rend  point  la  fausse 
membrane  transparente,  il  n'agit  point  comme  Jluidi/ïant,  mais  il  modifie 
la  force  vitale  dans  son  acte  organisateur  pathogénique,  et  détermine  la 
désagrégation  de  la  fausse  membrane.  Le  brome  doit  donc  arrêter  et  guérir 
les  affections  pseudo-membraneuses. 

»  action  du  bromure  de  potassium.  —  Trois  plaques  diphtéritiques  blan- 
ches, fermes,  nacrées,  recueillies  sur  les  amygdales,  sont  plongées  dans  une 
solution  concentrée  de  bromure  de  potassium.  Au  bout  de  douze  heures 
elles  sont  complètement  transparentes,  molles  et  déjà  diffluentes,  laissant 
quand  on  les  soulève  de  longs  tractus  opalins,  évidemment  formés  par  les 
éléments  fluidifiés  de  la  fausse  membrane.  Au  bout  de  trois  jours  on  n'a- 
perçoit plus  aucun  vestige  de  la  fausse  membrane,  mais  un  dépôt  blan- 
châtre, granuleux,  qui  pendant  le  repos  gagne  le  fond  du  vase,  et  qui  est 
formé  par  quelques  granulations  amorphes  encore  existantes,  par  des  cris- 
taux de  bromure  de  potassium  et  par  les  filaments  nombreux  de  YOidium 
albicans ,  Mucédinée  parasite  décrite  par  Ch.    Robin   dans  le  muguet, 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  X.LH,  N»  21.)  ,  I  33 


(     K"4    ) 

retrouvée  constamment  par  moi,  dans  les  fausses  membranes  de  l'angine  et 
du  croup,  et  dont  les  innombrables  sporules  disséminées  dans  l'atmosphère 
à  chaque  expiration  expliquent  le  contage  des  affections  diphtéritiques. 

»  Corollaire.  —  Le  bromure  de  potassium  possédant  le  pouvoir  fluidi- 
fiant de  la  potasse,  et  la  faculté  de  désagrégation  particulière  au  brome,  doit 
arrêter  et  guérir  les  affections  diphtéritiques. 

»  Encouragé  par  ces  résultats,  j'essayai  le  brome  au  lit  du  malade,  en 
commençant  par  les  cas  où  tout  autre  remède  avait  échoué. 

»  L'eau  bromurée  récemment  préparée  à  la  dose  de  5  à  5o  centigrammes 
par  jour,  dans  une  potion  de  1 5o  grammes,  est  la  préparation  la  plus  facile 
à  administrer;  elle  doit  être  conservée  à  l'obscurité,  pour  éviter  la  forma- 
tion de  l'acide  bromhydrique. 

»  Le  bromure  de  potassium  agit  très-bien  aux  mêmes  doses. 

»  J'ai  recueilli-  depuis  six  ans  i4  observations,  toutes  couronnées  de 
succès,  savoir  : 

Angines  pseudo-membraneuses 1 1     dont  deux  compliquées  de  scarlatine  grave 

et  de  gangrène  des  amygdales. 

Group 2- 

Muguet  confluent i 

«  Observation  I.  —  Enfant  de  cinq  ans,  angine  très-grave,  pouls  à  140; 
•cautérisations  insuffisantes  avec  le  nitrate  d'argent  etYacide  chiot  hydrique; 
le  seizième  jour,  symptômes  de  croup  ;  emploi  du  brome,  guérison  le  vingt 
et  unième  jour. 

»  IL  —  Jeune  homme  de  vingt-huit  ans,  angine  maligne,  pouls  à  120; 
insuffisance  des  cautérisations  avec  le  nitrate  d'argent,  suffocations  et  défail- 
lances continuelles;  emploi  du  brome  le  cinquième  jour,  amélioration  le 
sixième  jour,  convalescence  le  quatorzième  jour;  plus  tard,  signes  de  para- 
lysie générale,  guérison. 

»  III.  —  Fille  de  neuf  ans,  angine  aigùe,  pouls  à  iao;  emploi  du  brome 
le  deuxième  jour,  convalescence  le  cinquième  jour. 

»  IV.  —  Demoiselle  de  quatorze  ans,  angine  grave,  délire,  pouls  à  i3o; 
emploi  du  brome  le  cinquième  jour,  amélioration  le  sixième,  guérison  le 
neuvième. 

»  V.  —  Femme  de  trente  ans,  angine  légère  prise  par  contage  de  la  précé- 
dente; emploi  du  brome  le  deuxième  jour,  guérison  le  cinquième  jour. 

»  VI.  —  Femme  de  trente  ans,  accouchement,  manie  puerpérale,  angine 
couenneuse  ;  emploi  du  brome  le  troisième  jour,  amélioration  au  bout  de 


(  ïoi5  ) 
vingt-quatre   heures,    guérison  le  dixième  jour.    (Communiquée    par    le 
Dr  Jousset.  ) 

»  VII.  —  Homme  de  trente-deux  ans,  angine  couenneuse  grave,  défail- 
lances et  syncopes,  gangrène  partielle  de  la  muqueuse  buccale,  pouls  lent  à 
5o;  emploi  du  brome  le  troisième  jour,  guérison  le  neuvième. 

»  VIII.  —  Homme  de  trente-huit  ans,  angine  couenneuse  légère;  emploi 
du  bromure  de  potassium  le  deuxième  jour,  guérison  le  cinquième. 

»  IX.  —  Enfant  de  cinq  ans,  angine  couenneuse  légère;  emploi  du 
bromure  de  potassium  le  deuxième  jour,  guérison  le  cinquième. 

»  X.  —  Jeune  fille  de  vingt  et  un  ans,  scarlatine  maligne,  pouls  à  i3o; 
gangrène  des  amygdales,  angine  couenneuse;  emploi  du  brome  le  cinquième 
jour,  guérison  de  l'angine  le  dix-huitième  jour;  endocardite,  albuminurie, 
guérison. 

»  XI.  — Enfant  de  cinq  ans,  scarlatine  grave,  gangrène  d'une  amygdale, 
abcès  énorme  sous-maxillaire,  angine  couenneuse;  emploi  du  brome  le 
quatrième  jour,  disparition  des  fausses  membranes  le  seizième  jour,  conva- 
lescence, guérison. 

»  XII.  —  Enfant  de  trois  ans,  croup,  pouls  à  ii5;  insuffisance  des  cau- 
térisations avec  le  nitrate  d'argent  au  |  ;  emploi  du  brome  le  quatrième 
jour,  amélioration  le  cinquième,  convalescence  le  neuvième. 

»  XIII.  —  Enfant  de  sept  ans,  croup,  pouls  à  i3o;  emploi  immédiat  du 
brome,  guérison  le  troisième  jour  ;  l'enrouement  persiste  jusqu'au  neuvième. 

»  XIV.  —  Femme  de  soixante  ans,  très-débile,  pneumonie  grave,  mu- 
guet confluent;  emploi  du  brome  le  quatorzième  jour,  guérison  le  dix- 
huitième. 

»  En  résumé,  le  brome  et  le  bromure  de  potassium  paraissent  agir  comme 
spécifiques  dans  les  affections  pseudo-membraneuses.  Le  brome  agit  comme 
désagrégeant,  la  potasse  comme  fluidifiant,  mais  dans  tous  les  cas  l'action 
curative  paraît  appartenir  plus  particulièrement  au  brome,  qui,  donné 
seul,  s'est  montré  parfaitement  efficace.   » 

physique  appliquée.  —  Explosion  foudre ayante  à  Gand,  le  17  mai  i856; 

par  M.  Jobard.   (Extrait.) 

«  La  consternation  règne  à  Gand,  ce  Manchester  de  la  Belgique,  tout 
rempli  de  machines  à  vapeur  et  d'innombrables  ouvriers  qui  vivent  et  tra- 
vaillent côte  à  côte  avec  ces  puissants  appareils,  ordinairement  si  dociles, 
mais  si  terribles  quand  ils  sont  négligés. 

i33.. 


(   1016  ) 

»  Les  dégâts  occasionnés  par  l'explosion  foudroyante  de  la  petite  ma- 
chine de  MM.  Van  Heke  et  Cie  sont  terribles.  On  ne  sait  pas  encore  le 
nombre  des  rattacheurs  ensevelis  sons  les  décombres  ou  lancés  dans  le 
canal  ;  on  compte  déjà  neuf  ou  dix  morts  et  un  plus  grand  nombre  de 
blessés.  Ces  informes  débris  de  métiers,  de  tuyaux  et  d'arbres  de  couche 
rompus  et  pendants  à  travers  les  solives  et  les  débris  de  planches,  témoignent 
d'une  force  de  destruction  que  la  poudre  même  ne  saurait  égaler. 

»  Le  cylindre  reste  seul  debout  avec  son  balancier  cassé  en  deux,  près  d'une 
cheminée  carrée  qui  a  reçu  une  telle  secousse  à  sa  base,  que  plusieurs  mètres 
du  sommet  ont  été  déplacés  par  le  choc  et  mis  hors  d'aplomb,  tandis  que 
le  reste  de  la  cheminée  pyramidale  est  rentré  sur  son  assiette  ordinaire.  La 
chaudière,  de  im,ao  de  diamètre,  à  calottes  sphériques,  s'est  coupée  en  trois 
parties  à  peu  près  d'égale  longueur  ;  les  deux  extrémités  ont  été  lancées  à  la 
même  distance,  en  avant  et  en  arrière,  à  une  centaine  de  mètres  ;  l'une  a 
franchi  le  canal,  l'autre  a  passé  par-dessus  plusieurs  clôtures,  pour  aller 
s'abattre  sur  un  arbre  de  moyenne  grosseur  qu'elle  a  coupé  en  deux,  déra- 
ciné et  renversé.  La  portion  du  milieu  est  restée  sur  place  irrégulièrement 
déchirée.  La  chaudière  s'est  évidemment  soulevée  en  s' arrachant  de  ses  deux 
bouilleurs  qui  gisent  encore  sous  les  décombres,  dans  des  positions  autres 
que  celles  qu'ils  occupaient;  ils  doivent  avoir  été  enlevés  à  une  certaine 
hauteur  avant  de  retomber. 

»  Cette  chaudière  était  vieille  ;  certaines  parties  n'ont  plus  que  5  milli- 
mètres d'épaisseur.  A  l'endroit  où  se  réunissaient  les  flammes  des  deux  car- 
neaux  pour  entrer  dans  la  cheminée,  ilyades  traces  de  brûlures  évidentes, 
qui  prouvent  que  la  chaudière  manquait  d'eau.  On  suppose  que  le  chauffeur 
n'avait  pas  abaissé  son  registre,  de  sorte  que  le  feu  aura  continué  pendant 
la  nuit,  et  que  c'est  seulement  le  matin,  après  l'allumage,  au  moment  où 
s'apercevant  du  manque  d'eau,  il  mettait  la  pompe  alimentaire  enjeu,  que 
se  sera  produite  l'explosion.  Ce  ne  sont  là  que  des  conjectures;  mais  ce  qu'il 
y  a  de  positif,  c'est  que  le  sifflet  d'alarme  ne  s'est  fait  entendre  ni  la  nuit, 
ni  le  matin,  et  l'on  m'a  dit  à  ce  propos  que  certains  fabricants  font  quelque- 
fois condamner  le  sifflet  pour  ne  pas  jeter  la  terreur  parmi  les  ouvriers  qui  se 
croient  en  danger  dès  que  le  sifflet  joue.  Le  chauffeur  lui-même,  craignant 
d'avertir  les  patrons  de  sa  négligence,  se  charge  souvent  de  le  rendre  muet, 
ce  qu'on  devrait  chercher  à  empêcher  en  le  rendant  inaccessible,  comme 
la  soupape  légale. 

»  Cette  machine,  de  dix  à  quinze  chevaux,  était  faible  par  rapport  au 
nombre  de  métiers  qu'elle  avait  à  conduire,  et  on  devait,  dit-on,  souvent 


(  »oi7  ) 
forcer  de  vapeur.  On  prétend  qu'elle  était  munie  des  appareils  de  sûreté 
prescrits;  mais  cela  ne  sert  à  rien  quand  on  peut  les  paralyser.  Les  explo- 
sions foudroyantes  sont  assez  fréquentes  en  Belgique  et  très-rares  en  Prusse. 
Nous  dirons  à  quoi  cela  tient.  Quand  le  suçoir  de  la  pompe  alimentaire 
cesse  d'amener  de  l'eau  par  un  accident  quelconque,  elle  donne  de  l'air; 
l'eau  baisse,  les  flancs  de  la  chaudière  rougissent,  et  sur  ces  flancs  vient  se 
coller,  comme  un  emplâtre,  l'espèce  de  crème  formée  des  détritus  végétaux 
et  animaux  qui  surnagent  toujours  l'eau  des  chaudières-  après  un  certain 
temps  de  service.  On  comprend  que  ces  substances  huileuses,  en  contact 
avec  les  surfaces  brûlantes  de  la  chaudière,  se  décomposent  comme  du 
charbon  dans  une  cornue  et  produisent  du  gaz  hydrogène,  tandis  que  la 
pompe  injecte  de  l'oxygène  et  prépare  le  mélange  détonant  connu  sous  le 
nom  de  grisou.  La  décomposition  achevée,  le  charbon  qu'elles  laissent  de- 
vient incandescent,  pyrophorique  et  scintillant;  ce  qui  suffit  pour  enflam- 
mer ce  grisou  comprimé  et  chauffé  qui  constitue  certainement  le  plus  vio- 
lent des  pyroxyles  détonants.  Ses  effets  doivent  être  bien  supérieurs  à  ceux 
que  produit  l'explosion  déjà  si  terrible  du  grisou  à  l'air  libre. 

»  Les  fabricants  qui  se  plaignaient  des  nombreuses  précautions  et  de  la 
quantité  de  moyens  préventifs  qu'on  leur  imposait,  sont  unanimes  en  ce 
moment  pour  en  réclamer  d'autres,  et  certes  nous  n'en  manquons  pas;  le 
Bulletin  de  la  Société  d'Encouragement  est  rempli  de  propositions  qui  n'ont 
trait  qu'à  la  marche  normale  de  la  vaporisation  ;  mais  on  n'y  trouve  rien 
contre  les  causes  exceptionnelles,  imprévues  et  encore  peu  connues,  telles 
que  l'état  sphéroïdal,  le  grisou  et  l'électricité.  Tout  le  mal  vient,  en  somme, 
de  l'abaissement  du  niveau  d'eau  dans  la  chaudière.  Il  est  urgent  que  l'Ad- 
ministration tourne  ses  vues  de  ce  côté,  en  exigeant  des  réservoirs  alimen- 
taires supérieurs  self  acting,  et  le  placement  de  la  pompe  d'alimentation 
dans  une  bâche  remplie  d'eau  sous  les  yeux  du  chauffeur.  Il  faut  interdire 
de  puiser  l'eau  au  fond  d'un  puits  ou  d'un  réservoir  inférieur,  pour  la  re- 
fouler directement  dans  la  chaudière;  il  faut  donc  exiger  deux  pompes  au 
lieu  d'une. 

»  Dans  la  plupart  des  accidents  graves,  nous  avons  constaté  l'absence  de 
cette  station  intermédiaire  que  les  règlements  prussiens  imposent,  ce  qui 
les  a  jusqu'ici  préservés  des  explosions  foudroyantes.  On  ne  doit  également 
pas  permettre  de  placer  des  ouvriers  directement  au-dessus  des  bouilleurs, 
comme  cela  existait  ici  et  existe  encore  dans  beaucoup  de  petites  usines.  Les 
fourneaux  et  les  chaudières  devraient  toujours  être  isolés  des  bâtiments  de 
travail  et  établis  dans  des  fosses  en  contre-bas  du  niveau  du  sol.  Le  chauffeur 


(  ioi8  ) 
serait  alors  l'unique  victime,  et  il  serait  la  victime  de  son  imprudence,  en* 
touré,  comme  il  le  serait,  de  tous  les  instruments  de  sûreté  qui  se  contrô- 
lent les  uns  par  les  autres.  Les  accidents,  on  doit  l'espérer,  deviendraient  de 
plus  en  plus  rares,  si  surtout  un  essayeur  ambulant  parcourait  les  usines  et 
essayait  sur  place  chaque  chaudière  au  moins  deux  fois  par  an,  par  le  sim- 
ple procédé  de  la  dilatation  de  l'eau  chauffée  au-dessous  de  100  degrés.  Il 
n'aurait  besoin  que  d'un  petit  manomètre  de  poche  de  Desbordes,  pour  ac- 
complir sa  mission,  sans  causer  aucun  dérangement  dans  les  usines;  il  suf- 
firait de  faire  remplir  la  chaudière  d'eau  froide  après  le  travail,  de  condam- 
ner les  soupapes,  de  visser  le  manomètre  sur  la  tubulure  d'attente,  et  de 
chauffer  légèrement ,  jusqu'à  ce  que  la  dilatation  du  volume  d'eau  ait  mar- 
qué le  nombre  d'atmosphères  voulu.  Gela  se  ferait  la  nuit  ou  le  matin,  sans 
aucun  embarras  ni  danger.  Plusieurs  essais  faits  par  un  conducteur  des  mi- 
nes de  France  ont  parfaitement  réussi;  à  60  degrés,  le  manomètre  mar- 
quait douze  atmosphères  et  demie.  » 

M.  Pinart  annonce  être  parvenu  à  obtenir  de  l'antimoine  plusieurs 
nuances  de  jaune  de  Naples,  que  leur  pureté  et  leur  solidité  rendent  pré- 
cieuses pour  la  peinture  à  l'huile  ;  il  demande  quelles  sont  les  formes  à 
suivre  pour  obtenir  de  l'Académie  un  jugement  sur  ces  produits. 

Si  l'auteur  veut  envoyer  une  description  suffisamment  détaillée  de  ses 
procédés  de  préparation,  sa  Note  sera  renvoyée  à  l'examen  d'une  Com- 
mission. 

M.  Gianotti  adresse  de  Casale  (Piémont)  de  nouvelles  feuilles  imprimées 
faisant  suite  à  celles  que  l'Académie  avait  reçues  dans  la  séance  du  5  mai 
dernier,  et  qui  se  rapportent  également  à  la  résolution  numérique  de  divers 
problèmes  de  géométrie. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Chasles,  déjà  chargé  de  prendre  connaissance 
des  premières  parties  de  ce  travail.) 

M.  Buzairies  adresse  un  opuscule  qu'il  vient  de  publier  sur  l'Apiculture, 
et  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  soumettre  à  l'examen  d'une  Commis- 
sion. 

On  fera  savoir  à  l'auteur  qu'une  décision  déjà  ancienne  de  l'Académie 
ne  permet  pas  de  renvoyer  à  l'examen  d'une  Commission  lesouvrages  écrits 
en  français  et  publiés  en  France. 

Une  semblable  réponse  sera  faite  à  M.  Allemand  Lenovy  qui  a  adressé 


(  '»i9  ) 
de  Salon  (Bouches-du-Rhône),  un  opuscule  imprimé,  sur  lequel  il  avait 
espéré  obtenir  un  Rapport.  Cet  opuscule  est  intitulé  :  «  Recherches  sur 
»   l'origine  des  températures  pour  servir  à  la  construction  d'une  échelle 
»   thermométrique  complète.   » 

M.  Passot  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  compléter  la  Commission  à 
l'examen  de  laquelle  a  été  renvoyé  son  dernier  Mémoire,  en  nommant  un 
nouveau  membre  en  place  de  M.  Binet  récemment  décédé. 

(Renvoi  à  M.  Liouville  qui  demandera,  s'il  le  juge  nécessaire,  l'adjonction 

d'un  deuxième  Commissaire.) 

M.  Watson  adresse  une  Lettre  écrite  en  anglais  sur  les  étoiles  doubles  et 
leur  déplacement  relatif  qui,  suivant  lui,  ne  serait  qu'apparent. 

Cette  communication  n'a  pas  paru  de  nature  à  être  renvoyée  à  l'examen 
d'une  Commission. 

A  4  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  6  heures.  F. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  26  mai  1 856,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Commercium  Epistolicum  J.  Collins  et  aliorum,  de  analysi  promota,  etc., 
ou  Correspondance  de  J.  Collins  et  d'autres  savants  célèbres  du  1 7e  siècle,  relative 
à  l'analyse  supérieure,  réimprimée  sur  l'édition  originale  de  17 12  avec  l'indication 
des  variantes  de  l'édition  de  1 722 ,  complétée  par  une  collection  de  pièces  justifi- 
catives et  de  documents,  et  publiée  par  M.  J.-B.  BlOT,  membre  de  l'Institut,  et 
M.  F.  Lefort,  Ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées.  Paris,  i856; 
in-4°. 

Administration  générale  de  l'assistance  publique  à  Paris.  Rapport  sur  le  traite- 
ment des  maladies  cancéreuses,  par  la  méthode  ditjy  Landolfi,  à  l'hospice  de  la 
Salpêtrière,  1 855.  Paris,  1 856  ;  in-4°.  (Offert  par  M.  Moissenet,  rapporteur 
de  la  Commission.) 

Brjohgia  europœa,  seu  gênera  Muscorum  europœorum  monographia  illustrata, 
auctoribusBnvcn,W.-P.  Schimper  et  Th.  Gumbel.  Fasciculus  LXV  ;  in-4°. 


(  ioao  ) 
Observations  météorologiques  faites  à  Nijné-Taguilsk  [monts  Ourals),  gouver- 
nement de  Perm;  année  1 854;  br.  in-8°. 

Etudes  sur  l'Apiculture;  par  M.  L.-A.  Buzairies.  Limoux,  i856;  broch. 


in-8°. 


De  l'adhésion  etde  la  spongiolie ;  par  M.  Ch.  Brame.  Tours,  1 856;  broch. 
in-8°. 

Lettres  sur  la  rage  humaine,  par  M.  le  Dr  Bellenger.  Bar-le-Duc,  1 852  ; 
br.  in-8°.  (Adressé  au  concours  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie.) 

Quelques  sujets  de  médecine  et  de  chirurgie  pratiques;  par  M.  le  Dr  A. 
Liégard.  Caen,  1 856  ;  br.  in-8°.  (Adressé  au  même  concours.) 

De  la  kératite  et  de  sessuites;  par  M.  le  Dr  B.  Castorani.  Paris,  i856;  br. 
in-8°. 

Société  impériale  et  centrale  d'Agriculture.  Séance  publique  annuelle,  tenue 
le  dimanche  ao  avril  ib56;  présidence  de  M.  Chevreul.  Paris,  i  856;  broch. 
in-8°. 

Nuovo...  Nouvelle  méthode  pour  faciliter  les  calculs,  à  l'usage  des  comptables, 
administrateurs,  commerçants,  etc.;  par  M.  F.  Marchi.  Lucques,  i856;  br. 
in-8°. 

GF  imponderabili...  Les  impondérables,  ou  nouvel  examen  des  mutations 
dynamiques  de  l'univers; par  M.  BONUCCI.  Florence,  i856;  br.  in-12. 

Materialen...  Matériaux  pour  servir  à  la  minéralogie  de  la  Russie;  pai 
M.  N.  de  Kokscharow;  IIe  vol.,  livraisons  16  à  20.  Saint-Pétersbourg, 
i856;  texte  in-8°  et  atlas  in-4°- 


■r»»o+ 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  2  JUIN  1856. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  IS.  GEOFFROY-SAINT-RTLArRE. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  puelique  transmet  une  ampliation  d'un 
décret  impérial,  en  date  du  26  mai  dernier,  qui  confirme  la  nomination  de 
M.  C.  Gaj  à  la  place  vacante  dans  la  Section  de  Botanique,  par  suite  du 
décès  de  M.  de  Mirbel. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  C.  Gay  prend  place  parmi  ses 
confrères. 

mécanique.  —  Note  sur  le  gyroscope  de  M.  Foucault  ;  par  M.  J.  Bertrand. 

«  Beaucoup  d'explications  ont  été  données  des  belles  expériences  de 
M.  Foucault  sur  le  gyroscope  ;  en  venant,  après  plusieurs  géomètres  habiles, 
entretenir  l'Académie  de  cette  importante  question,  je  ne  crois  pas  cepen- 
dant faire  une  chose  inutile.  Les  travaux  parvenus  à  ma  connaissance  sont 
purement  analytiques,  et,  malgré  le  mérite  très-grand  de  quelques-uns 
d'entre  eux,  et  particulièrement  des  recherches  présentées  récemment  par 
M.  Bour,  aucune  des  explications  proposées  ne  paraît  avoir  ce  caractère  de 
simplicité  qui  permet  de  comprendre  les  détails  de  cette  belle  expérience, 
en  suivant  le  jeu  des  forces  qui  agissent  sur  l'appareil. 

C.  R.,  1856,  Ier  Semestre.  (T.  XXII,  N»  22.)  l34 


(  IO*2  ) 

»  C'est  dans  les  principes  découverts  par  M.  Poinsot  qu'il  faut  chercher 
l'explication  presque  intuitive  des  phénomènes  observés,  et  la  Note  que  je 
vais  lire  n'est  qu'un  corollaire  de  l'admirable  Mémoire  composé  il  y  a  vingt 
ans  par  l'illustre  géomètre. 

»  Je  dois  déclarer,  en  outre,  que  les  explications  très-simples  auxquelles 
je  suis  conduit,  sont  parfaitement  d'accord  avec  les  idées  de  M.  Foucault, 
et  qu'en  les  lui  exposant,  j'ai  pu  m'apercevoir  que  je  ne  lui  apprenais  rien 
d'essentiellement  nouveau,  si  ce  n'est  peut-être  les  formules  qui  traduisaient 
sa  pensée. 

»  Le  gyroscope  est  un  instrument  connu  aujourd'hui  de  tous  les  savants. 
Je  n'en  donnerai  pas  la  description. 

»  Je  suppose  l'appareil  disposé  de  telle  sorte,  que  l'axe  de  rotation,  qui 
est  l'axe  de  symétrie  du  tore,  soit  assujetti  à  rester  sur  un  plan  P,  fixe  par 
rapport  à  la  Terre.  Soit  o  le  centre  de  l'instrument,  que  nous  supposerons 
fixe.  Ne  nous  occupons  que  du  mouvement  du  système  autour  de  ce  point, 
et  réduisons,  par  conséquent,  toutes  les  forces  aux  couples  qu'elles  pro- 
duisent. 

»  Soient  oA  la  position  actuelle  de  l'axe  de  rotation  dans  le  plan  P  et  ol 
la  parallèle  à  l'axe  du  monde  menée  par  le  point  o. 

»  Pour  que  l'axe  o  A  reste  en  repos  apparent  sur  le  plan  P,  il  faut  qu'en 
réalité  il  tourne  autour  de  o\  avec  une  vitesse  égale  à  celle  de  la  Terre, 
et  décrive  en  vingt-quatre  heures  un  cône  de  révolution.  Soit,  sur  ce  cône, 
oA'  la  position  infiniment  voisine  deoA.  Dans  le  premier  instant,  le  gy- 
roscope tournant  autour  de  oA,  le  couple  qui  l'anime  a  son  axe  dirigé 
suivant  oA  et  égal  au  produit  du  moment  d'inertie  p.,  par  la  vitesse  angu- 
laire w.  Pour  que  cet  axe,  que  nous  représenterons  par  oG,  devienne  dans 
l'instant  suivant  oG'  (dirigé  suivant  oA'),  il  faut  que,  pendant  l'instant 
infiniment  petit  dt,  le  système  ait  été  sollicité  par  un  couple  dont  l'axe  soit 
dirigé  suivant  GG',  et  dont  l'intensité  soit  représentée  par 

GG' 

dt  ' 

Or,  la  seule  action  qui  s'exerce  directement  sur  l'instrument  est  la  réaction 
du  plan  fixe  P;  cette  réaction  ne  peut  produire  que  des  forces  perpendi- 
culaires au  plan  P,  et,  par  suite,  un  couple  dont  l'axe  sera  situé  dans  ce 
plan  ;  il  faut  donc  que  la  droite  GG'  soit  parallèle  au  plan  P,  et,  pour  cela, 
que  ce  plan  soit  tangent  au  cône,  et,  par  suite,  perpendiculaire  au  plan  loA. 
Nous  avons  donc  ce  premier  théorème  : 


(     1023    ) 

»  L'axe  du  gyroscope  étant  assujetti  à  rester  sur  un  plan  P,  il  ne  peut 
rester  en  équilibre  que  s'il  coïncide  avec  la  projection  sur  le  plan  de  la 
parallèle  à  l'axe  du  monde. 

»  Lorsque  la  coïncidence  dont  nous  venons  de  parler  n'a  pas  lieu  à  l'o- 
rigine, l'équilibre  relatif  est  impossible,  et  l'instrument  fait  des  oscillations 
dont  nous  devons  calculer  les  lois. 

»  Et  d'abord  remarquons  que,  quelle  que  soit  la  position  initiale  oA  de 
l'axe,  on  peut  appliquer  à  l'instrument  le  couple  nécessaire  pour  maintenir 
l'axe  en  repos  apparent  sans  changer  la  vitesse  de  rotation,  pourvu  que 
l'on  applique  le  couple  égal  et  contraire.  Or  ce  couple,  d'après  la  démons- 
tration du  théorème  précédent,  a  pour  axe  une  perpendiculaire  au  plan  IoAt 
et  en  nommant 

|x  le  moment  d'inertie  du  gyroscope  ; 
u  la  vitesse  de  rotation  de  la  Terre; 
w4    la  vitesse  angulaire  de  l'instrument; 

le  moment  de  ce  couple  est,  comme  on  le  voit  immédiatement, 

p.(ù(,y,  sinloA; 

et,  puisque  ce  couple  maintient  l'axe  du  gyroscope  en  repos  apparent,  c'est 
le  couple  égal  et  contraire  qui  fait  glisser  l'instrument  sur  le  limbe. 

»  Ce  couple  est  décomposable  en  deux  autres,  l'un  dont  l'axe  est  situé 
dans  le  plan  du  limbe  et  qui  sera  détruit,  l'autre  seul  efficace,  dont  l'axe 
perpendiculaire  au  plan  du  limbe  est  représenté  par 


JU.WU,  sin!oAsin(P,  IoA), 


(P,  IoA)  désignant  l'angle  dièdre  formé  parle  plan  P  avec  le  plan  IoA< 
Or,  dans  le  trièdre  formé  par  les  droites  oA,  ol  et  par  la  projection  oH 
de  ol  sur  le  plan  P,  on  a 

sin  IoA  sin  (P,  IoA)  =  sinloH  sin  AoH; 

et  comme  l'angle  IoH  est  constant,  on  voit  que  le  couple  accélérateur 
est  proportionnel  au  sinus  de  l'écart  entre  la  position  actuelle  de  l'axe  et  sa 
position  d'équilibre.  De  là  résulte  que  la  loi  des  oscillations  est  celle  du 
pendule  simple,  et  que  leur  durée  est  proportionnelle  à  la  racine  carrée  du 
sinus  de  l'angle  formé  par  l'axe  du  monde  avec  le  plan  P. 

»  Telle  est  l'explication  très-simple  des  phénomènes  observés.  Je  dois 

i34.. 


(  >oa4  ) 
faire  remarquer,  toutefois,  qu'après  avoir  trouvé  l'expression  du  couple  qui 
pousse  l'instrument,  il  faut  encore  expliquer  pourquoi  la  vitesse  acquise 
tend  à  se  conserver,  car  il  n'y  a  pas  là,  comme  dans  le  cas  d'un  point  ma- 
tériel, inertie  proprement  dite.  On  sait,  en  effet,  que  l'axe  oA  étant  animé 
d'un  mouvement  de  translation  sur  le  limbe,  l'instrument  ne  tourne  pas 
rigoureusement  autour  de  oA,  mais  autour  d'un  axe  faisant  un  petit  angle 
avec  oA  et  situé  dans  le  plan  mené  par  oA  perpendiculairement  au  limbe. 
Cet  axe  de  rotation  n'étant  pas  un  axe  principal  d'inertie,  tend  à  se  déplacer 
et  à  décrire  un  petit  cône  ;  mais  pour  décrire  ce  cône,  il  lui  faudrait  péné- 
trer à  travers  le  limbe,  dont  le  plan  résiste  et  produit  un  couple  qui  le  relève 
et  lui  conserve  purement  et  simplement  sa  vitesse  tangente  au  plan  P,  et 
que  vient  accroître  le  couple  accélérateur  calculé  plus  haut. 

»  J'ajouterai,  enfin,  que  le  petit  angle  formé  par  l'axe  du  gyroscope  avec 
l'axe  véritable  de  rotation  ayant  été  négligé,  les  formules  trouvées  ne  sont 
que  très-approximatives,  et  c'est  pour  cela  qu'elles  ne  coïncident  pas  avec 
les  résultats  rigoureux  obtenus  par  la  méthode  très-savante,  mais  beaucoup 
plus  difficile,  de  M.  Bour.  » 

• 

embryogénie  comparée.  —  Note  sur  les  développements  primitifs.  Formation 
de  l'œuf.  —  Vésicule  ovigène  et  germinative.  Condition  primordiale  de 
la  duplicité  monstrueuse  ;  par  M.  Serres. 

«  Dans  les  Mémoires  que  j'ai  présentés  à  l'Académie  sur  les  développe- 
ments primitifs  des  animaux,  je  me  suis  attaché  à  procéder  de  la  formation 
des  organes  à  celle  de  l'embryon,  et,  par  cette  méthode  simple  et  rigoureuse, 
j'ai  montré  que  ni  l'embryon  ni  les  organes  n'étaient  préformés  dans  l'œuf. 
J'ai  établi  au  contraire,  non-seulement  que  les  animaux  se  formaient  de  tou- 
tes pièces  des  éléments  constitutifs  de  l'œuf,  mais  encore  que  cette  formation 
était  assujettie  à  des  règles  dont  la  nature  ne  s'écartait  jamais,  même  dans 
les  écarts  que  nous  lui  supposions  dans  le  développement  de  la  mons- 
truosité. 

»  Mais  là  ne  s'arrête  pas  l'étude  des  développements  primitifs  des  ani- 
maux. Après  avoir  démontré  que  tout  ce  qui  a  vie  provient  d'un  œuf,  reste 
à  déterminer  d'où  vient  l'œuf  lui-même,  quelle  est  son  origine  et  quel  est 
son  mode  propre  de  formation. 

m  La  solution  de  ce  nouveau  problème  dont  les  prémices  ont  si  bien  été 
posées  par  Graaff  et  Malpighi,  intéresse  au  plus  haut  degré  la  zoogénie, 
celle  particulièrement  des  animaux  invertébrés  dont  les  rapports  avec  les 


(     1025    ) 

vertébrés  sont  encore  si  vaguement  déterminés.  En  rappelant  que  les  pre- 
miers termes  de  l'ovogénie  ont  été  anciennement  posés,  on  a  reconnu  que 
nous  voulons  désigner  le  follicule  de  Graaff.  C'est  en  effet  ce  follicule  qui -est 
l'organe  formateur  de  l'œuf,  et,  depuis  longtemps,  nous  lui  avons  donné  le 
nom  de  vésicule  ovigène,  afin  de  caractériser  le  rôle  important  qu'il  remplit 
dans  la  génération  des  animaux.  Mais  ce  rôle,  tout  évident  qu'il  soit,  a  néan- 
moins été  méconnu  :  premièrement,  par  la  raison  que  les  belles  vues  de 
Graaff  tombèrent  dès  leur  origine  dans  le  domaine  du  système  des  préexis- 
tences; secondement,  parce  que  l'école  de  Haller  nia  la  présence  de  l'o- 
vule dans  l'intérieur  du  follicule,  pour  la  rapporter  dans  l'oviducte;  et  troi- 
sièmement enfin,  par  la  raison  que  la  découverte  de  la  vésicule  germinative 
absorba  pendant  des  années  toute  l'attention  des  physiologistes  et  des  mi- 
crographes. 

»  A  l'aide  de  cette  découverte  capitale,  on  éclaira  d'abord  la  composi- 
tion de  l'œuf  des  oiseaux,  puis  celle  de  l'œuf  des  mammifères,  des  reptiles 
et  des  poissons,  puis  celle  de  l'œuf  des  invertébrés  jusqu'aux  polypes.  On 
arriva  ainsi,  à  la  suite  des  recherches  les  plus  persévérantes  et  les  mieux 
combinées,  à  reconnaître  et  à  établir  Y  analogie  de  composition  de  C  œuf  dans 
toute  la  série  animale. 

»  La  vésicule  germinative  servit  de  cette  manière  de  régulateur  et  de 
guide  à  l'ovologie  comparée.  Mais  on  fut  trop  loin,  et  on  dépassa  les  limites 
de  l'observation  microscopique,  lorsque  MM.Baer  et  Barry  s'efforcèrent  de 
faire  de  cette  vésicule  le  point  générateur  de  l'œuf.  Les  observations  nom- 
breuses et  si  précises  qu'ils  invoquèrent  à  l'appui  de  leur  opinion,  firent 
ressortir  avec  évidence  l'erreur  de  leur  interprétation.  Cette  erreur  avait  en 
effet  sa  source,  dans  la  négligence  apportée  par  ces  illustres  embryologistes, 
dans  l'ordre  de  formation  et  de  succession  des  parties  constituantes  de  l'œuf 
à  l'époque  où  il  est  enclavé  dans  le  stroma  de  l'ovaire.  En  rétablissant  cet 
ordre,  en  suivant  pas  à  pas  le  développement  de  l'œuf  ovarien,  et  analysant 
avec  soin  les  parties  qu'il  renferme  dans  ses  divers  temps  déformation, 
on  détermine  avec  exactitude  les  parties  primitives  de  l'œuf,  de  ses 
parties  consécutives,  et,  comme  on  va  le  voir,  on  parvient  à  reconnaître 
que  le  follicule  de  Graaff  est  l'organe  formateur  de  l'œuf  ou  la  vésicule  ovi- 
gène. 

»  Si  l'on  place  sous  le  microscope  des  tranches  minces,  coupées  à  la  sur- 
face de  l'ovaire  des  mammifères,  on  remarque,  à  un  grossissement  de  200  à 
3oo  diamètres,  une  myriade  de  petits  corps  granuleux,  qui  sont  de  plus  en 
plus  volumineux  à  mesure  que  l'on  se  rapproche  de  la  surface  extérieure  de 


(    1026  ) 
l'organe.  Sur  cette  surface  extérieure,  et  au-dessous  du  péritoine,  on  voit, 
même  à  l'œil  nu,  dix  ou  douze  de  ces  petits  corps  qui  ont  un  aspect  vésicu- 
leux. 

»  Ces  petits  corps  sont  la  vésicule  de  Graaff,  à  des  degrés  divers  de  déve- 
loppement ou  de  maturité.  Le  premier  degré  est  constitué  par  l'état  granu- 
leux; le  second  représente  un  follicule,  et  le  troisième  est  l'état  parfait  de  la 
vésicule. 

»  Dans  l'état  granuleux,  on  ne  distingue  pas  d'enveloppe  membraneuse; 
cette  enveloppe  est  au  contraire  très-distincte  chez  le  follicule,  et  d'une 
transparence  qui  rappelle  celle  des  membranes  séreuses.  L'intérieur  du  fol- 
licule renferme  un  liquide  limpide,  de  nature  albumineuse,  et  des  globules 
particuliers  ronds  ou  aplatis,  dans  lesquels  Barry  a  aperçu  un  nucleus. 

»  Le  passage  de  l'état  folliculeux,  à  l'état  de  vésicule  parfaite,  est  le  temps 
le  plus  remarquable  de  la  vésicule  ovigène;  c'est  le  moment  de  la  formation 
de  la  vésicule  germinative,  le  moment  de  la  formation  du  vitellus,  le  mo- 
ment, par  conséquent,  où  les  éléments  fondamentaux  de  l'œuf  se  constituent. 
Comment  se  constituent  ces  éléments  fondamentaux  de  l'œuf?  Par  quel  mé- 
canisme? Par  quel  procédé? 

»  Suivons  toujours  la  nature,  et  nous  la  verrons  elle-même  répondre  à  ces 
questions. 

»  En  effet,  si,  après  l'apparition  des  globules  prolifères  huileux,  on  ob- 
serve attentivement  les  phénomènes  qui  se  passent  dans  l'intérieur  de  la  vé- 
sicule ovigène,  on  voit  d'abord  ces  globules  se  multiplier,  puis  un  d'entre 
eux  se  dilater,  s'éclaircir,  assembler  autour  de  lui  d'autres  globules  et  des- 
siner ainsi  nettement,  au  milieu  de  ces  derniers,  une  petite  vésicule  incluse 
dans  la  grande  ;  cette  petite  vésicule  de  nouvelle  formation  est  la  vésicule 
germinative,  née  au  milieu  de  la  masse  de  globules  prolifères  dont  l'aspect 
grisâtre  les  fait  ressembler  à  des  gouttes  d'huile,  et  dont  quelques-uns  for- 
ment une  double  ceinture  au  pourtour  du  corps  nouveau  et  si  important  qui 
vient  d'apparaître. 

»  La  vésicule  germinative  n'apparaît  donc,  dans  la  vésicule  ovigène  de 
Graaff,  que  lorsque  les  globules  prolifères  huileux  se  sont  montrés;  ceux-ci, 
les  globules  prolifères  huileux,  ne  se  montrent  qu'après  le  liquide  transpa- 
rent qui  remplit  la  vésicule  ovigène,  et  cette  dernière  enfin  n'est  que  la  trans- 
formation du  granule  par  lequel  a  débuté  ce  petit  appareil. 

»  Chez  les  oiseaux,  les  reptiles  et  les  poissons,  le  développement  de  la 
vésicule  ovigène  suit  le  même  ordre  que  chez  les  mammifères.  On  observe, 
cnez  ces  animaux,  les  granules  en  premier  lieu  ;  en  second  lieu,  les  follicules 


(  I027  ) 
avec  leur  liquide  transparent;  en  troisième  lien,  les  globules  prolifères  à  as- 
pect huileux,  moins  nombreux  que  chez  les  mammifères  ;  et  en  quatrième 
lieu  enfin,  la  vésicule  germinative. 

»  Chez  les  invertébrés,  la  vésicule  ovigène  ne  se  sépare  pas  de  son  pro- 
duit; elle  fait  partie  intégrante  de  l'œuf,  et  remplit  dans  le  développement 
de  leur  embryon  l'office  de  la  vésicule  blastodermique  chez  les  vertébrés. 
De  même  que  cette  dernière,  elle  est  composée  de  trois  lames,  l'une  séreuse 
et  externe,  la  seconde  vasculaire  et  moyenne,  et  la  troisième  interne  et 
muqueuse.  L'introduction  de  cet  élément  nouveau  dans  l'étude  des  dé- 
veloppements primitifs  des  polypes,  des  annélides,  des  mollusques,  des 
crustacés  et  des  insectes,  nous  a  servi  à  éclairer  leur  embryogénie  comparée. 

»  La  vésicule  germinative  est  donc  le  produit  de  la  vésicule  ovigène  ;  elle 
prend  naissance  dans  le  fluide  que  renferme  cette  dernière  vésicule,  et,  sitôt 
après  sa  naissance,  elle  devient  le  centre  de  formation  autour  duquel  se  dé- 
veloppe le  cumulus  prolifère,  le  vitellus  et  sa  membrane  propre,  en  un  mot 
l'appareil  d'où  provient  l'embryon  après  la  fécondation. 

»  Dans  l'état  ordinaire,  il  ne  se  développe,  dans  chaque  vésicule  ovigène, 
qu'une  seule  vésicule  germinative;  par  conséquent  qu'un  seul  cumulus, 
qu'un  seul  jaune  et  qu'un  embryon  unique.  Quelquefois  cependant  il  s'en 
forme  deux,  trois  et  même  quatre,  très-étroitement  logés  dans  la  même  vési- 
cule ovigène.  Or,  comme  chaque  vésicule  germinative  appelle  autour  d'elle 
son  cumulus  d'une  part,  et  son  vitellus  de  l'autre,  il  se  forme  ainsi  des  ovules 
doubles,  triples  ou  quadruples,  contenus  toujours  dans  une  vésicule  ovigène 
unique. 

»  On  conçoit  la  confusion  qui  s'établirait  parmi  tous  ces  éléments  orga- 
niques, si  chacun  d'eux  ne  se  formait  à  part,  ne  s'attachait  à  la  vésicule  ger- 
minative dont  il  est  le  satellite,  pour  constituer  d'abord  son  individualité 
propre.  Mais  on  conçoit  aussi  qu'à  raison  de  l'étroitesse  de  la  loge  où  ils 
sont  renfermés,  ces  ovules  sont  facilement  amenés  au  contact  les  uns  des 
autres,  et,  par  ce  contact,  amenés  également  à  se  pénétrer  et  à  s'unir.  C'est 
là,  la  condition  physique  et  primordiale  de  la  duplicité,  de  la  triplicité  et 
de  la  quadruplicité  monstrueuses. 

y>  Valentin  a  observé  trois  ovules  dans  la  même  vésicule  ovigène  ;  Baer, 
deux  et  trois  chez  le  chien  ;  Barry,  deux  et  quatre  chez  le  même  animal,  deux 
chez  le  saumon.  J'en  ai  rencontré  deux  chez  la  poule,  jamais  chez  l'homme. 
Chez  une  poule  qui  avait  pondu  des  œufs  à  doubles  jaunes,  j'ai  rencontré 
un  ovule  double  dans  le  même  calice,  dont  les  deux  vitellus  s'étaient  réunis, 
quoique  les  deux  cicatricules  rapprochées  fussent  distinctes.  Chez  un  pi- 


(  1028  ) 
geon,  j'ai  rencontré  l'inverse.  Les  deux  cicatricules  s'étaient  pénétrées, 
quoique  les  deux  vitellus  fussent  inférieurement  séparés.  Ainsi  l'œuf  ovarien 
est  le  produit  de  la  vésicule  ovigène.  L'ordre  de  succession  des  parties 
constitutives  de  cet  appareil,  indépendamment  des  preuves  fournies  par  l'ob- 
servation directe,  est  confirmé  de  plus  par  la  loi  de  solidescence  des  parties. 
Le  fait  général  de  cette  loi  est  que,  dans  le  développement  de  tous  les  orga- 
nismes, la  solidité  des  parties  développées  est  toujours  en  raison  directe  de  leur 
âge,  de  sorte  que  cette  solidescence  représente  exactement  l'époque  relative 
de  leur  avènement.  Pour  l'appareil  qui  nous  occupe,  la  solidité  des  tissus  est 
plus  marquée  dans  les  parois  de  la  vésicule  ovigène  que  dans  le  reste  de  l'ap- 
pareil, puis  vient  la  vésicule  germinative,  puis  le  cumulus  et  sa  membrane, 
puis  le  vitellus,  puis  enfin  la  zone  transparente  chez  les  mammifères. 

»  Ainsi  :  i°  l'œuf  est  le  produit  de  la  vésicule  ovigène  ;  a0  la  vésicule  ger- 
minative est  la  première  partie  de  l'œuf  qui  se  développe;  3°  puis  autour  de 
la  vésicule  germinative  apparaissent,  en  premier  lieu,  le  cumulus  prolifère,  et 
en  second  lieu,  le  vitellus  et  sa  membrane  propre  ;  4°  chez  les  vertébrés,  l'œuf 
se  détache  de  la  vésicule  ovigène,  et  il  se  développe,  ainsi  que  l'embryon,  en 
dehors  de  l'influence  de  cette  vésicule  ;  5°  chez  les  invertébrés,  au  contraire, 
la  vésicule  ovigène  reste  inhérente  à  l'œuf,  et  elle  prend  part  à  son  dévelop- 
pement ainsi  qu'à  celui  de  l'embryon  ;  6°  de  la  présence  ou  de  l'absence  de 
la  vésicule  ovigène,  dans  la  composition  de  l'œuf  des  deux  embranchements 
du  règne  animal,  résultent  des  différences  notables  dans  leur  embryogénie 
comparée,  différences  que  nous  chercherons  à  apprécier  plus  tard;  70  la 
vésicule  germinative  est,  chez  les  vertébrés,  l'élément  fondamental  de  l'œuf 
et  le  radical  de  leur  embryon  :  le  cumulus  prolifère  et  le  vitellus  sont  les  sa- 
tellites de  cette  vésicule  primordiale;  8°  de  l'unité  ordinaire  de  la  vésicule 
germinative  dans  la  vésicule  ovigène,  résultent  l'unité  du  cumulus,  l'unité 
du  jaune  et  l'unité  de  l'embryon  ;  90  de  la  pluralité  des  vésicules  germina- 
tives,  dans  l'intérieur  d'une  même  vésicule  ovigène,  résulte  à  son  tour  la 
pluralité  des  cumidus  et  des  vitellus  :  il  y  a  toujours  autant  de  vitellus  et  de 
cumulus  qu'il  y  a  de  vésicules  germinatives  ;  io°  qu'il  y  ait  une  ou  plusieurs 
vésicules  germinatives  dans  la  même  vésicule  ovigène,  les  développements 
de  l'œuf  et  de  l'embryon  s'opèrent  toujours  de  la  même  manière,  et  d'après 
les  mêmes  règles:  seulement,  dans  les  cas  de  pluralité  d'ovules  dans  une 
vésicide  ovigène  unique,  l'étroitesse  du  champ  des  développements  fait  que 
les  ovules  s'associent  pour  accomplir  leurs  évolutions:  n°  enfin,  dans  ces 
derniers  cas  encore,  la  condition  primordiale  de  l'association  des  ovules  et 
des  embryons  a  lieu,  tantôt  par  la  réunion  homœozygique  des  deux  vitellus, 


(  i°29  ) 
tantôt  par  celle  des  deux  allantoïdes,  selon  que  la  réunion  s'opère  par  le 
plan  supérieur  au  diaphragme,  ou  qu'elle  s'effectue  par  le  plan  inférieur  à 
cette  cloison.   » 

zoologie.  —  Considérations  générales  sur  les  classifications  en  histoire 
naturelle,  et  exposé  sommaire  du  plan  de  Zlchthyologie  analytique  (i); 
par  M.  Ditméril. 

«  J'ai  l'honneur  de  faire  hommage  à  l'Académie  du  volume  que  je  mets 
sous  ses  yeux,  et  je  crois  devoir  saisir  cette  occasion  pour  lui  présenter 
quelques  observations  générales  sur  la  marche  qui  me  semble  la  plus  con- 
venable à  suivre  dans  l'étude  de  l'histoire  naturelle. 

»  Lorsqu'on  se  livre  à  l'examen  des  êtres  nombreux  qui  se  rencontrent  sur 
la  terre  et  dans  les  eaux,  il  suffit  souvent  de  regarder  l'objet  qui  se  présente 
une  première  fois  à  l'observation,  pour  reconnaître  qu'il  est  différent  de 
tout  autre.  C'est  qu'on  l'a  comparé  à  ceux  que  l'on  a  déjà  vus  et  auxquels 
il  paraît  ressembler  davantage.  Au  moyen  de  cette  comparaison,  on  ne 
tarde  pas  à  être  convaincu  que  le  corps  soumis  à  un  examen  de  détail  offre 
quelque  particularité  qui  le  distingue  et  le  caractérise  d'une  manière  spé- 
ciale. Cette  particularité  découverte  sur  l'objet,  comme  si  elle  y  avait  été 
inscrite  et  pour  ainsi  dire  lue,  s'opposera  efficacement,  par  la  suite,  à  ce 
qu'on  puisse  le  confondre  avec  tout  autre;  surtout  si  l'on  a  pu  constater  la 
réalité  ou  la  cause  formelle  de  cette  différence. 

»  Pour  parvenir  à  ce  résultat,  il  faut  connaître  un  peu  d'avance  les  affi- 
nités que  les  êtres  ont  entre  eux,  ou  avoir  une  idée  première  de  leurs  rap- 
ports de  conformité,  de  structure  ou  de  composition,  qui  doivent  en  auto- 
riser le  rapprochement.  C'est  un  premier  pas  vers  la  méthode  naturelle, 
ou  qui  semble,  du  moins,  y  conduire,  puisqu'on  joint  et  réunit  ainsi,  autant 
qu'il  est  possible,  les  objets  qui  ont  entre  eux  la  plus  grande  analogie.  Cet 
examen  se  trouve  très-abrégé  et  rendu  plus  facile  quand  on  est  guidé,  dans 
ses  observations  comparatives,  par  des  personnes  déjà  versées  dans  la  con- 
naissance des  êtres,  ou  quand  on  emploie  des  ouvrages  qui  ont  été  rédigés 
d'avance  pour  servir  à  l'étude  de  certaines  classes  de  corps  naturels;  car  les 
investigations  et  les  observations  à  faire  doivent  varier  suivant  la  nature  des 
objets  que  l'on  examine.  On  reconnaît  alors  que  la  plupart  des  formes  ap- 
parentes des  individus  sont  le  résultat  ou  la  conséquence  de  leur  structure 


(i)  Tome  XXVII  des  Mémoires  de  V Académie ,  première  partie. 

C.  R.,  iS56,  i"  Semestre.  (T.  XLH,  N°  22.)  l35 


(    io3a  ) 

interne.  Lorsque  ces  coïncidences  ont  été  analysées  avec  méthode,  elles 
fournissent  constamment  l'occasion  d'apprécier  ces  rapports  et  d'en  faire 
ressortir  toute  l'importance,  et  l'on  peut  ainsi  mettre  en  opposition  les  re- 
marques les  plus  frappantes  auxquelles  ils  peuvent  donner  lieu. 

»>  Pourquoi  ne  dirais-je  pas  que  je  parais  avoir  moi-même  acquis  quelque 
droit  de  faire  valoir  ces  moyens  d'analyse  comparée,  ou  de  diriger  cette 
marche  analytique,  puisque  je  l'ai  suivie  et  employée  d'abord  pour  mes 
propres  études,  et  que,  selon  le  témoignage  honorable  de  plusieurs  natura- 
listes, je  l'ai  appliquée  avec  succès  dans  la  plupart  des  ouvrages  que  j'ai 
publiés  depuis  l'année  1799,  soit  sur  l'histoire  naturelle  en  général,  soit  en 
particulier  sur  les  Insectes,  sur  les  Reptiles  et  même  sur  tous  les  animaux, 
dans  l'ouvrage  intitulé  :  Zoologie  analytique ,  dont  la  date  est  de  1 806. 

»  Après  plus  de  cinquante  années  de  professorat  au  Muséum  d'histoire 
naturelle,  qui  ont  exigé  de  moi  des  études  persévérantes  sur  les  animaux 
de  la  classe  des  Poissons,  je  viens  aujourd'hui  présenter  à  l'Académie  le  ré- 
sultat de  la  partie  de  mes  travaux  qui  se  trouve  ici  dirigée  uniquement  sur 
les  genres  établis  par  les  auteurs.  C'est  un  volume  in-4°  de  plus  de 
5oo  pages  ;  il  a  pour  titre  :  Ichthjologie  analytique.  Mon  principal  but  a 
été  de  rendre  plus  faciles  la  connaissance  et  la  distinction  des  Poissons,  à 
l'aide  de  tableaux  synoptiques  qui  font  parvenir  à  la  détermination  des 
genres,  dont  j'expose  ensuite  les  caractères  essentiels. 

»  D'après  l'autorisation  que  j'en  ai  reçue  de  l'Académie,  qui  avait  bien 
voulu  accueillir  le  prodrome  et  les  considérations  préliminaires  dont  je 
lui  avais  donné  lecture,  ce  travail  se  trouve  inséré  en  entier  dans  le 
XXVIIe  volume  de  nos  Mémoires,  et  je  le  soumets  à  votre  jugement 
éclairé. 

«  Je  n'ai  pas  inventé  le  système  que  je  propose;  mais,  sous  de  nouvelles 
formes  et  à  l'aide  de  l'analyse  ou  de  la  comparaison,  je  suis  parvenu  à  en 
faire  des  applications  qui,  je  l'espère,  pourront  faciliter  l'étude  et  la  déter- 
mination des  espèces  nombreuses  de  la  classe  des  Poissons.  J'ai  surtout 
cherché,  et  je  crois  y  être  parvenu,  à  rassembler  les  individus  qui  paraissent 
avoir  le  plus  de  rapports  entre  eux  par  l'ensemble  de  leur  conformation. 
Cette  marche  naturelle,  que  le  zoologiste  est  appelé  presque  instinctivement 
à  suivre,  m'a  conduit  à  prendre  pour  guides  les  notions  anatomiques  et  phy- 
siologiques pour  me  gouverner  et  arriver  à  la  distinction  raisonnée  et  au 
rapprochement  de  la  plupart  des  genres.  Je  ne  parle  au  reste  que  de  ceux 
qui  ont  été  établis  jusqu'à  présent,  car  j'ai  évité  d'en  augmenter  le  nombre. 
Mais,  avant  d'entrer  dans  les  détails  de  cette  classification,  je  crois  devoir 


(  io3i  ) 
faire  connaître  l'ordre  que  j'ai    suivi  dans  la  rédaction  de  cet  ouvrage. 

»  Un  premier  chapitre  contient  le  précis  de  l'histoire  naturelle  et  physio- 
logique de  la  classe  des  Poissons.  Toutes  les  formes  des  organes  et  les  modi- 
fications des  fonctions  vitales  de  ces  animaux  y  sont  successivement  passées 
en  revue.  Outre  les  détails  sur  leur  structure  et  sur  les  différences  qu'elle 
présente,  cette  partie  du  livre  renferme  quelques  considérations  nouvelles 
relatives  aux  effets  physiologiques  produits  par  l'action  des  organes,  de  ma- 
nière à  en  donner  une  idée  générale,  quoique  très-abrégée.  Ainsi  on  y 
trouve,  brièvement  indiqués  et  décrits,  les  instruments  de  la  vie  destinés  à 
produire  la  locomotion  et  à  modifier  l'équilibre  de  la  masse  du  corps  ou  de 
ses  parties,  en  raison  des  variations  de  la  pesanteur  hydrostatique,  résultant 
de  l'admirable  faculté  dont  jouissent  les  Poissons  d'exécuter  et  de  diriger 
avec  rapidité  dans  l'eau  tous  les  mouvements  nécessaires  à  leur  translation 
aux  diverses  hauteurs  ou  profondeurs  du  milieu  dans  lequel  ils  sont 
plongés. 

»  De  semblables  développements  ont  été  donnés  à  l'étude  des  organes 
de  la  sensibilité  en  général,  et  en  particulier  de  ceux  des  sens  qui,  chez  les 
Poissons,  présentent  nécessairement  de  grandes  modifications  exigées  par 
leur  séjour  constant  et  leur  habitation  forcée  dans  des  espaces  liquides. 
Elles  sont  surtout  frappantes,  lorsque  l'on  compare  la  forme  et  la  position 
relatives  de  ces  mêmes  instruments  avec  ceux  des  animaux  obligés  de  res- 
pirer et  de  vivre  dans  l'air  atmosphérique.  Il  en  provient  nécessairement 
des  changements  dans  la  nature  et  le  résultat  des  sensations  éprouvées  par 
le  Poisson.  Ce  sont  principalement  les  organes  du  goût,  de  l'odorat  et  de 
l'audition,  qui  offrent  le  plus  grand  intérêt  aux  physiologistes,  quand 
ils  en  observent  la  structure,  l'arrangement  et  le  mécanisme.  On  conçoit 
d'avance  que  ces  sens,  dont  l'action  ne  s'exerce  plus  dans  un  fluide 
gazeux,  aient  été  mis  en  relation  plus  directe  avec  les  diverses  qualités  qui 
ne  peuvent  se  manifester  que  dans  les  liquides. 

»  Ce  séjour  forcé  dans  l'eau  a  certainement  exercé  aussi  son  influence 
sur  les  organes  et  les  fonctions  de  la  vie  générale,  nécessaires  à  la  conserva- 
tion des  individus  et  de  leur  race.  Ces  modifications  sont  faciles  à  observer 
dans  les  différents  actes  qui  servent  à  la  respiration,  à  la  circulation,  à  la 
nutrition  en  général,  et  même  de  la  reproduction,  dans  la  classe  entière  des 
Poissons. 

»  Nous  avons  cru  devoir  faire  connaître  avec  quelques  détails  les  résul- 
tats physiologiques  de  cette  organisation  modifiée,  et  nous  y  avons  attaché 
une  grande  importance;  car  elle  nous  a  servi  d'abord,  comme  point  de  dé- 

i35.. 


(  io3a  ) 

part,  pour  la  classification  générale  des  Poissons  et  ensuite  pour  l'établisse- 
ment et  la  coordination  de  chacune  des  quarante-trois  familles  dont  les 
formes  et  les  actes  de  la  vie  ont  été  plus  particulièrement  étudiés.  Les  dif- 
férences notables  que  peuvent  offrir  les  branchies  dans  leur  structure  in- 
time, leur  position,  et  même  dans  leur  apparence  extérieure,  sont  dénotées 
par  le  nombre,  la  forme,  la  composition  partielle  des  orifices  destinés  à 
donner  issue  ou  à  laisser  sortir  la  portion  d'eau  qui  est  sans  cesse  employée 
pour  la  respiration. 

»  La  totalité  du  deuxième  chapitre  est  consacrée  au  développement  des 
procédés  dont  nous  avons  fait  usage  pour  diriger  l'observation  sur  les 
points  les  plus  importants  de  l'organisation,  et  pour  y  parvenir  nous  avons 
eu  recours  à  l'emploi  simultané  de  la  méthode  et  du  système.  La  significa- 
tion attribuée  par  nous  aux  termes  dont  nous  nous  sommes  servi  pour  dé- 
signer constamment  les  mêmes  organes,  définis  une  première  fois,  nous  a 
permis  d'appliquer  assez  brièvement  à  l'étude  collective  des  Poissons,  la 
marche  combinée  de  l'observation  et  de  l'analyse,  à  l'aide  de  tableaux  sy- 
noptiques, sorte  d'échafaudage  provisoire  très-nécessaire  d'abord,  mais 
qui  nous  devient  inutile  ensuite  et  qui  doit  être  détruit  lorsque  la  construc- 
tion est  achevée. 

»  Ainsi,  après  avoir  rappelé  les  caractères  généraux  de  la  classe  des  Pois- 
sons, nous  insistons  plus  particulièrement  sur  les  rapports  et  les  usages 
essentiels  des  branchies,  dont  l'action  physiologique  est  liée  intimement  à 
toute  l'économie  organique  de  ces  animaux,  afin  de  faire  concevoir  l'ex- 
trême importance  de  ce  mode  de  respiration.  Ces  organes,  qui  restent  cachés 
à  l'intérieur  et  qui  varient  par  leur  structure,  le  nombre  des  lames  et  la 
disposition  de  la  trame  vasculaire  qui  les  constitue,  sont  surtout  essentiels 
à  étudier,  parce  qu'ils  fournissent  au  simple  observateur  naturaliste  un 
moven  très-utile  pour  reconnaître  et  distinguer  entre  eux  les  Poissons  au 
premier  aperçu.  Les  branchies  sont  toujours  renfermées  dans  un  sac  mem- 
braneux dont  les  parois  motiles  contribuent  essentiellement  au  mécanisme 
de  leur  action.  Cette  bourse  charnue,  visible  près  de  la  tête,  présente  deux 
modifications  principales,  dont  chacune  correspondre  la  maniéré  la  plus 
évidente,  à  des  différences  très-notables  dans  l'organisation  des  espèces. 

»  Les  Poissons  que  je  propose  de  nommer  Poljclides  (i)  sont  différents 
de  tous  les  autres  par  l'adhérence  de  leurs  branchies  aux  parois  du  sac, 
complètement  membraneux,  qui  les  renferme,  et  dont  les  enveloppes  molles 

(i)  tloXuxXiiîsg ,  qui  sert  à  ouvrir  et  à  fermer  plusieurs  portes. 


(  io33  ) 
suffisent  pour  attirer  et  repousser  la  portion  d'eau  nécessaire  à  l'acte 
de  la  respiration.  C'est  surtout  la  présence  des  trous,  dont  les  poches  bran- 
chiales sont  percées,  qui  nous  les  avait  fait  désigner  depuis  longtemps  sous 
le  nom  de  Trématopnés.  D'ailleurs  l'ensemble  de  leur  squelette  diffère,  par 
sa  consistance  et  par  ses  articulations,  de  celui  des  autres  Vertébrés.  Ce  sont 
des  Poissons  cartilagineux  ou  des  Chonclrichthes .  Ils  appartiennent  à  une 
sous-classe  distincte,  dont  les  limites  et  les  caractères  sont  très-nettement 
déterminés. 

»  Tous  les  autres  Poissons,  qui  sont  pour  nous  des  Diclides  (i),  n'ont 
que  deux  issues  aux  branchies.  Ces  organes  respiratoires  sont  renfermés  dans 
des  cavités  à  parois  plus  ou  moins  solides  et  compliquées,  remplissant 
l'office  de  panneaux  mécaniques  mobiles,  destinés  à  produire  alternative- 
ment leur  dilatation  et  leur  contraction. 

»  Le  peu  de  consistance  des  parties  du  squelette  qui  restent  molles  et 
flexibles  chez  un  grand  nombre,  et  surtout  l'absence  de  véritables  écailles, 
quelquefois  remplacées  par  des  pièces  tégumentaires  dures  ou  cornées, 
mais  jamais  superposées,  puis  beaucoup  d'autres  particularités  de  leur 
organisation,  ont  autorisé  les  naturalistes  à  former  une  division  séparée 
ou  une  deuxième  sous-classe  des  espèces  dites  Jîbro-cartilagineuses,  que 
nous  nommons  les  Chondrostés  ou  Chondrostichthes . 

»  Enfin  les  Poissons  dont  il  nous  reste  à  parler  sont  en  nombre  immense 
comparativement  aux  espèces  des  deux  sous-classes  précédentes.  Ils  sont 
caractérisés  par  un  squelette  plus  solide  ou  dont  les  parties  résistantes  sont 
dites  osseuses;  ce  sont  ceux  que  nous  désignons  sous  le  nom  d' Ostichthes 
ou  d'IcHTHYOSTÉs.  Ils  diffèrent  d'ailleurs  de  tous  les  .autres  Poissons, 
par  l'ensemble  de  leur  conformation  extérieure  et  de  leur  organisation  in- 
terne qui  varient  à  l'infini,  quoiqu'elles  soient  constamment  en  rapport  avec 
les  habitudes,  les  mœurs  et  le  séjour  ;  car  ces  circonstances  paraissent  indi- 
quer d'avance  leurs  formes  particulières.  Cette  induction  primitive,  déter- 
minée tout  d'abord  par  le  simple  aspect  de  ces  animaux,  permet  de  recon- 
naître des  genres  bien  distincts,  ou  des  réunions  d'espèces  ayant  entre  elles 
beaucoup  de  ressemblance.  Cette  même  analogie  évidente  a  souvent  très- 
heureusement  servi  pour  établir  certaines  familles  que  nous  regardons 
comme  naturelles  et  pour  les  désigner,  ainsi  qu'on  le  verra,  sous  des  déno- 
minations par  lesquelles  nous  avons  cherché  à  les  dénoter  ou  à  les  caractériser. 


(i)  àaiktf,   i<Jo;,  valva  bijoris ,   utrinquc  c/ausa  :  de  Ai;,   deux,  et  de  K)siç,   qui  sert  à 
fermer,  fores  géminée. 


(  >o34  ) 

»  Voici  les  principales  divisions  de  la  sous-classe  des  Trématopnés,  à 
ouvertures  branchiales  multiples,  parmi  les  Poissons  essentiellement  carti- 
lagineux. Nous  les  avons  partagés  en  deux  tribus  et  en  quatre  familles.  Les 
uns  n'ont  pas  de  nageoires  paires,  et  le  pourtour  de  la  bouche  est  circulaire. 
Ce  sont  nos  Cyclostomes  (1),  comme  les  Lamproies;  les  autres  ont  quatre 
nageoires  latérales,  comme  les  Squales  et  les  Raies  dont  la  bouche  est  élargie 
en  travers,  et  que  nous  avons  nommés  les  Plagiostomes. 

»  Les  Chondrostés,  ou  les  Poissons  fibro-cartilagineux,  ont  deux  ouver- 
tures branchiales.  Tantôt,  comme  dans  les  Hippocampes,  la  bouche  s'ouvre 
à  l'extrémité  d'un  long  museau,  et  les  branchies  offrent  une  organisation 
particulière  qui  les  a  fait  appeler  des  Lophobranches ;  tantôt,  et  tels  sont  les 
Esturgeons,  cette  bouche  est  au-dessous  de  la  tète  :  on  les  nomme  Jlypo- 
stomates.  Ces  premières  particularités  ne  se  retrouvent  plus  dans  les  autres 
familles.  Chez  plusieurs  de  ces  Poissons,  les  os  des  mâchoires  sont  tout  à 
fait  hors  de  la  bouche,  comme  dans  les  Quatre-dents  ou  Tétrodons  :  ce  sont 
des  Gjmnognathes ;  ou  les  dents  sont  recouvertes  parles  lèvres,  tels  sont 
les  Coffres  et  les  Balistes,  chez  lesquels  les  nageoires  paires  sont  simples  et 
auxquels  nous  conservons  le  nom  de  Sclérodermes  ;  ou  bien  ces  organes, 
bizarrement  conformés,  servent  aux  espèces  comme  des  pieds;  c'est  ce  qu'on 
voit  chez  les  Baudroies,  les  Cycloptères  :  ce  sont  les  Ptéropodes. 

n  Je  pourrais  poursuivre  cette  analyse,  en  l'appliquant  à  la  sous-classe 
des  Poissons  osseux  ou  Ichthyostés;  mais  l'exposé  de  ces  divisions  ne  serait 
qu'une  simple  table  de  matières.  Je  présente  ici  quelques-uns  de  ces  tableaux 
synoptiques.  Tout  l'ouvrage  a  été  conçu  et  exécuté  sur  ce  plan.  Non-seule- 
ment l'analyse  conduit  à  la  distinction  des  familles,  mais  elle  s'applique  à 
tous  les  genres  dont  quelques-unes  des  espèces  ont  été  décrites  et  figurées 
dans  des  ouvrages  indiqués.  Je  regrette  de  n'avoir  pas  trouvé  dans  cette  salle 
les  moyens  de  développer  ces  tableaux  dans  leur  ensemble;  mais  ce  simple 
résumé  suffira,  je  l'espère,  pour  faire  connaître  d'une  manière  générale  la 
marche  que  j'ai  suivie  dans  ce  travail. 

»  Je  ne  dois  pas  craindre  d'avancer  que  cette  branche  de  la  zoologie  avait 
offert  jusqu'ici  les  plus  grandes  difficultés,  et  j'ose  me  flatter  que  l'emploi 
des  procédés  systématiques  facilitera  beaucoup  son  étude,  en  dirigeant  vers 
une  classification  méthodique  et  naturelle.  » 

(i)  Cette  distinction,  établie  par  nous  en  1800  [Anatomie  comparée  de  Cuvier,  tome  Ier),  a 
été  ensuite  consignée  dans  la  Zoologie  analytique,  où  j'ai  proposé  les  noms  de  Cyclostomes  et 
de  Plagiostomes,  qui  sont  aujourd'hui  universellement  adoptés. 


{  io35  ) 

zoologie.  —  Sur  une  nouvelle  espèce  de  Panthère  tuée  par  M.  Tchihatcheff 
à  Ninfi,  village  situé  à  huit  lieues  est  de  Smyrne;  par  M.  A.  Valencienxes. 

«  Les  Panthères  forment,  dans  le  grand  genre  des  Feus,  une  famille  na- 
turelle, que  tout  le  monde  reconnaît  à  leur  pelage  plus  ou  moins  fauve, 
couvert  de  taches  noires.  On  confond  encore  ces  dangereux  carnassiers 
sous  la  dénomination  commune  des  Tigres;  ils  ont  toujours  existé  en  très- 
grand  nombre  sur  la  surface  de  la  terre.  Leur  abondance  est  constatée 
depuis  les  temps  les  plus  éloignés  de  nous.  On  sait,  en  effet,  que  les  Romains 
montraient  les  Panthères  par  centaines  dans  leurs  jeux  cruels  ;  et  si  de  nos  jours 
on  n'en  tient  plus  que  quelques  individus  dans  nos  ménageries,  cela  dépend 
plutôt  d'un  changement  d'habitudes  dû  à  la  douceur  de  notre  civilisation, 
qu'au  manque  de  ces  animaux  et  à  la  difficulté  qu'on  aurait  d'en  réunir  un 
très-grand  nombre  ;  on  peut  en  juger  par  la  quantité  considérable  de  peaux 
de  ces  animaux  que  le  commerce  exporte,  tous  les  ans,  d'Afrique,  des 
Indes  ou  des  grands  ports  d'Amérique. 

»  Toutes  ces  Panthères  tachetées  appartiennent-elles  à  une  seule  espèce, 
ou  diffèrent-elles  entre  elles  par  des  caractères  constants,  selon  les  pays  dont 
elles  proviennent.  Cette  question,  dont  la  solution  semblerait  facile,  est  au 
contraire  si  difficile  à  résoudre,  que  les  plus  grands  naturalistes  n'ont  pas 
encore  éclairé  complètement  cette  belle  question  de  philosophie  zoologique. 
Peu  à  peu  cependant  nos  maîtres  en  ont  resserré  l'étendue,  et  aujourd'hui, 
si  je  n'ai  pas  la  prétention  de  faire  mieux  qu'eux,  je  crois  que  les  observa- 
tions que  je  vais  présenter  faciliteront  les  recherches  à  ceux  qui  viendront 
à  s'occuper,  après  moi,  de  la  distinction  de  ces  animaux. 

»  Buffon  a  distingué  d'abord,  avec  cette  hauteur  de  vue  qui  lui  a  fait 
traiter  de  l'histoire  des  animaux,  le  Tigre  d'Amérique,  de  nos  Panthères 
de  l'ancien  monde.  Si  ce  grand  homme  n'a  pas  donné  une  diagnose  suffi- 
sante de  ces  animaux,  dont  il  ne  pouvait  voir  qu'à  des  époques  des  indivi- 
dus dans  les  petites  ménageries  de  son  temps,  il  a  posé  en  termes  précis  que 
les  Jaguars  sont  américains.  En  lisant  avec  attention  les  admirables  chapitres 
de  Buffon,  dans  lesquels  il  expose  ses  idées  sur  les  animaux  de  l'ancien  et 
du  nouveau  continent,  il  me  semble  qu'on  ne  doit  pas  dire  que  ce  grand 
naturaliste  n'a  pas  distingué  le  Jaguar.  Mais  il  l'a  mal  connu.  Quant  aux 
Panthères,  il  a  bien  jugé  que  les  anciens  ont  confondu,  à  peu  près  comme 
nous,  sous  les  noms  de  Pardalis,  de  Pardus,  de  Panthera,  et  même  de 
Leopardus,  tous  les  grands  chats  à  corps  tacheté. 


(  io36  ) 

»  Cuvier  n'a  pas  été  plus  heureux,  quoiqu'il  ait  voulu  paraître  plus  pré- 
cis en  cherchant  à  établir  une  diagnose  pour  faire  reconnaître  la  Panthère 
[Felis  P ardus  Lin.),  le  Léopard  [Felis  Leopardus  Lin.),  espèces  nominales 
que  Linné  avait  aussi  établies  dans  le  Sjstema  Naturce. 

»  La  grande  difficulté  de  ce  genre  de  travail  consiste  à  savoir  trouver 
l'organe  vraiment  caractéristique  et  sur  lequel  le  zoologiste  fixera  l'examen 
comparatif  des  espèces  voisines  les  unes  des  autres.  Quand  on  a  étudié  un 
grand  nombre  d'espèces  dans  les  classes  où  les  familles  sont  très-naturelles, 
on  reconnaît  aisément  l'exactitude  de  cette  vérité.  On  pourrait  citer  de  la 
classe  des  Oiseaux  ou  des  Poissons  plusieurs  genres  dont  les  espèces  se  res- 
semblent par  l'aspect  général,  par  la  distribution  des  couleurs,  et  qui  ont 
cependant  un  organe  qui  peut  servir  à  les  distinguer.  Or,  c'est  précisément 
les  cas  des  Panthères.  C'est  à  M.  Etienne  Geoffroy-Saint-Hilaire  que  l'on 
doit  cette  remarque,  et  c'est  lui  qui  a  fixé  l'attention  des  naturalistes  sur  la 
facilité  de  caractériser  ces  animaux  par  l'examen  des  couleurs,  non  de  leur 
corps,  mais  de  leur  queue,  et  sur  les  rapports  de  longueur  entre  le  tronc  et 
la  queue. 

»  Quand  M.  Geoffroy  eut  reconnu  que  le  Jaguar  a  la  queue  courte,  moins 
longue  que  le  tronc,  et  que  les  taches  noires  de  cet  organe  forment  à  son 
extrémité  deux  ou  trois  cercles  ou  anneaux  complets;  que  la  Panthère  a,  au 
contraire,  la  queue  égale  au  moins  à  la  longueur  du  tronc,  que  le  dessous  est 
blanc  et  sans  taches,  parce  que  les  taches  ne  s'étendent  que  sur  le  dos  de 
cet  organe,  l'illustre  savant  a  indiqué  aux  zoologistes  la  partie  du  corps 
où  l'on  trouverait  des  caractères  pour  donner  la  diagnose  de  ces  espèces. 
M.  Frédéric  Cuvier,  suivant  ces  principes,  a  observé  que  les  Panthères 
venues  de  l'Inde  dans  nos  ménageries,  c'est-à-dire  de  la  côte  de  Malabar, 
ou  de  Ceylan,  ont  la  queue  plus  longue  encore  que  la  Panthère  de  Barbarie; 
et  il  a  nommé  cette  espèce  Panthère  à  longue  queue  (  Felis  longicaudata).^ 

»  En  poursuivant  ces  recherches  dans  cet  esprit,  j'ai  remarqué  une  Pan- 
thère originaire  du  Gabon  et  vivante  dans  la  ménagerie  du  Muséum  ;  elle  a  la 
queue  beaucoup  plus  longue  encore  que  les  espèces  prénédentes,  car  un  de 
nos  exemplaires  mesure,  de  la  nuque  à  l'origine  de  la  queue,  om,65,  et  la 
queue  a  om,77  de  long.  Cette  partie  du  corps  est  d'ailleurs  couverte  de 
taches  noires  en  dessous  comme  sur  le  dos.  Les  flancs  de  l'animal  sont 
aussi  couverts  d'un  nombre  plus  considérable  de  taches.  On  peut  la  dési- 
gner sous  le  nom  de  Panthère  à  queue  tachetée  (  Felis  pœcilura  Val.). 

»  J'ai  fait  la  revue  des  variétés  ou  peut-être  même  des  espèces  incer- 
taines qui  sont  réunies  dans  les  galeries  du   Muséum,   pour   fixer    les 


,(  i°37  )t 
caractères  de  l'animal  dont  je  vais  donner  une  description  succincte; 
nous  le  devons  à  M.  Tchihatchcff.  On  sait  avec  quelle  ardeur  il  a  ex- 
ploré l'Asie  Mineure  pour  nous  faire  mieux  connaître  ces  contrées  si 
pleines  de  souvenirs.  La  géologie  et  la  météorologie  ont  toujours  appelé 
l'attention  de  ce  savant  voyageur,  mais  il  n'a  rien  négligé  de  ce  qui  pouvait 
nous  faire  mieux  connaître  sa  géographie  physique. 

«  On  savait  par  les  récits  des  anciens  et  de  quelques  modernes  que  les  con- 
trées montueuses  à  l'est  de  Smyrne  recèlent  encore  aujourd'hui  desPanthères. 
M.  Pichon,  consul  de  France  de  Smyrne,  a  souvent  parlé  à  son  parent  M.  Bron- 
gniart  des  Panthères  qui  se  rencontrent  près  de  Smyrne  ;  mais  M.  Tchihatcheff 
a  fait  plus,  il  a  rapporté  la  peau  d'un  individu  atteint  dans  une  chasse  près  de 
Ninfi,  petit  village  situé  à  /jo  kilomètres  est  de  Smyrne.  Nous  avons  pu  faire 
monter  ce  précieux  Mammifère,  et,  en  le  comparant  à  notre  Panthère 
algérienne  [Felis  Pardus),  nous  lui  avons  trouvé  des  caractères  très-distinc- 
tifs.  L'animal,  aussi  grand  que  nos  plus  grandes  Panthères  africaines,  a  le 
pelage  cendré  ou  gris  légèrement  roussâtre,  peu  chargé  de  taches  en  larges 
roses  ou  cercles  mal  fermés  sur  les  flancs  ;  sur  les  épaules  et  sur  les  cuisses 
elles  sont  un  peu  plus  petites;  à  partir  du  poignet  ou  du  tarse,  les  taches 
deviennent  des  gros  points  noirs,  que  l'on  retrouve  sur  la  tête  et  un  peu 
sur  le  cou.  Les  taches  en  roses  arrondies  se  continuent  sur  le  dos  de  la 
queue.  Celle-ci,  très-caractéristique,  est  plus  longue  que  le  corps  entier 
de  l'animal  ;  le  poil  fin  qui  la  recouvre  s'allonge  de  plus  en  plus  à  mesure 
qu'il  s'approche  de  l'extrémité,  de  sorte  que  le  dernier  tiers  de  la  queue  de 
cette  Panthère  est  plus  gros  ou  plus  touffu  que  la  racine  :  c'est  précisé- 
ment le  contraire  de  ce  qui  existe  chez  toules  les  autres  Panthères  indiennes 
ou  africaines  dont  nous  avons  parlé.  La  distance  du  bout  du  nez  à  sa  racine 
ou  à  la  hauteur  du  nez  est  aussi  un  peu  plus  longue.  Cet  ensemble  de 
caractères  nous  paraît  suffisant  pour  bien  reconnaître  cette  Panthère,  très- 
distincte  de  toutes  celles  que  nous  avons  signalées  plus  haut. 

»  Elle  nous  a  vivement  intéressé,  en  nous  rappelant  qu'elle  a  été  tuée  dans 
une  localité  très-voisine  de  celles  d'où  les  Romains  ont  tiré  beaucoup  de  Pan- 
thères pour  les  faire  paraître  dans  les  combats  des  animaux  dans  le  Cirque. 

»  En  effet,  dans  les  Lettres  familières  de  Cicéron,  nous  trouvons  plu- 
sieurs passages  qui  prouvent  qu'à  Rome  il  était  ordinaire  de  faire  chercher 
des  Panthères  en  Lycie,  en  Lycaonie  ou  en  Cilicie.  Car  Cicéron,  en  se  ren- 
dant au  gouvernement  de  cette  province,  traversa  la  Méditerranée  pour 
aborder  à  Éphèse,  d'où  il  gagnait  Laodicée  pour  être  près  de  son  camp, 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  22.)  l36 


(  io38  ) 
établi  à  Iconiurn,  aujourd'hui  Koni.  Or  Cœlius,  qui  briguait  alors  l'édilité, 
ne  cesse  de  lui  demander  des  Panthères  pour  les  faire  paraître  aux  jeux  qu'il 
sera  obligé  de  donner  s'il  est  revêtu  de  cette  charge.  Il  lui  dit  dans  une 
première  Lettre  (  i  )  :  «  Aussitôt  que  vous  aurez  appris  que  je  suis  désigné,  je 
»  vous  prie  de  penser  sérieusement  aux  Panthères.  » 

»  Dans  une  autre  Lettre  reçue  par  Cicéron,  arrivé  à  Laodicée,  Cœlius  (a) 
lui  rappelle  encore  les  Panthères  : 

«  N'oubliez  pas  non  plus  les  Panthères,  et  donnez  ordre  aux  Cibyrates 
»  qu'elles  me  soient  envoyées.  » 

»  Cœlius  (3)  y  revient  plus  loin,  en  termes  qui  prouvent  combien  il  était 
ordinaire  de  faire  prendre  des  Panthères  en  ces  contrées  : 

«  Vous  n'avez  pas  reçu  de  moi  une  seule  Lettre  où  je  ne  vous  aie  parlé 
»  des  Panthères.  Il  serait  bien  honteux  que  Patiscus  en  eût  envoyé  dix  à 
»  Curion,  et  que  je  n'en  obtinsse  pas  un  plus  grand  nombre  de  vous,  qui 
»  pouvez  en  tirer  de  quantité  d'endroits.  Curion  m'a  donné  celles  de  Patiscus 
»  et  dix  autres  qu'il  avait  reçues  d'Afrique;  car  sa  libéralité  ne  se  borne 
»  pas  à  donner  des  maisons  de  campagne.  Pour  vous,  si  vous  avez  la  bonté 
»  seulement  de  vous  souvenir  de  ma  prière,  et  de  donner  des  ordres  aux 
»  Cibyrates  et  en  Pamphylie,  où  l'on  dit  qu'il  s'en  prend  beaucoup,  vous 
»   m'en  procurerez  autant  qu'il  vous  plaira.  » 

»  Et  Cœlius  (4)  reproduit  encore  cette  demande,  sous  la  forme  de  plai- 
santerie : 

«  Mais  songez  qu'il  serait  honteux  pour  vous  que  je  n'eusse  pas  de  Pan- 
»   thères  grecques.  » 

»  Cicéron  répond  au  sujet  de  ces  demandes,  dans  une  de  ses  admira- 
bles Lettres  confidentielles  à  Atticus,  où  il  lui  fait  connaître  son  désinté- 
ressement dans  l'administration  de  sa  province,  et  son  indignation,  qu'il  n'a 
pas   manqué  de  transmettre  à  Cœlius,  sur  les  taxes  qu'il  voulait  faire  im- 


(i)  Tu  tamen  simul  ac  me  designatum  audieris ,  ut  tibi  curae  sit,  quod  ad  Pantheras 
attinet,  rogo.  {Ad.  Div.  VIII,  2.) 

(2)  Item,  de  Pantheris,  ut  Cibyratas  arcessas,  curesque  ut  mihi  venentur.  (  Ad. 
Div    VIII,  4.) 

(3)  Fere  litteris  omnibus  tibi  de  Pantheris  scripsi.  ïurpe  tibi  erit,  Patiscum  Curioni 
decem  Pantheras  misisse,  te  non  multis  partibus  plui-es.  Quas  ipsas  Curio  mihi  et  alias 
africanas  decem  donavit;  ne  putes  illum  tantum  prsedia  rustica  dare  scire  Tu,  si  modo 
memoria  tenueris,  et  Cibyratas  arcessieris,  itemque  in  Pamphyliam  litteras  miseris  (nam 
ibi  plures  capi  aiunt) ,  quod  voles  efficies.  (  Ad.  Div.  VIII,  g.  ) 

(4)  Turpe  tibi  erit,  Pantheras  grsecas  me  non  habere.  {Ad.  Div.   VIII,  6.) 


(  >°39  ) 
poser  à  la  province  du  gouvernement  de  Cicéron  :  toutefois,  dans  une  autre 
correspondance  avec  Cœlius,  Cicéron  promet  gracieusement  de  lui  faire 
prendre  des  Panthères  (i)  : 

«  Je  vous  fais  chercher  soigneusement  des  Panthères  par  ceux  qui  sont 
accoutumés  à  cette  chasse,  etc.,  etc. 

»  De  Laodicée ,  4  avril ,  l'an  de  Rome  703.  » 

»  Nous  espérons  que  ces  citations,  et  plusieurs  autres  qui  pourraient  être 
empruntées  à  Pline,  prouveront  que  les  Panthères  étaient  abondantes  dans 
l'Asie  Mineure;  on  peut  remarquer  qu'à  Rome  on  distinguait  et  l'on  dé- 
sirait voir  les  Panthères  grecques  autant  que  les  Panthères  africaines.  C'est 
pour  rappeler  ces  souvenirs,  que  je  propose  de  donner  à  cette  nouvelle 
espèce  de  Panthères  la  dénomination  de  Felis  Tulliana. 

»  Je  crois  que  cette  Notice  pourra  engager  les  consuls  de  notre' pa- 
trie ou  les  hommes  zélés  pour  les  progrès  de  l'histoire  naturelle,  qui  se 
trouveront  à  Smyrne,  de  faire  leurs  efforts  pour  envoyer  au  Muséum  d'His- 
toire naturelle  une  de  ces  Panthères  vivantes.  On  pourra  mieux  juger 
encore  de  la  constance  des  caractères  que  j'ai  signalés  plus  haut.  Ce  se- 
rait un  vrai  service  rendu  à  l'histoire  naturelle  des  animaux ,  et  à  celle  de 
cette  famille  des  Panthères,  qui  embarrassera  encore  longtemps  les  natu- 
ralistes. » 

météorologie.  —  Note  sur  un  système  régulier  d'observations  météorolo- 
giques j  établi  en  France  par  les  soins  de  V administration  des  lignes 
télégraphiques  et  de  l'Observatoire  impérial  de  Paris.  (Communication 
de  M.  Le  Verrier.  ) 

«  Il  y  a  environ  un  an,  nous  avons  eu  l'honneur  de  communiquer  à  l'Aca- 
démie quelques  relevés  d'observations  météorologiques  simultanées,  recueil- 
lies à  la  surface  de  la  France  par  les  soins  de  l'Administration  des  lignes  télé- 
graphiques. A  cette  époque,  le  but  de  l'Observatoire  impérial  de  Paris  et  de 
l'Administration  des  lignes  télégraphiques  avait  été  d'essayer  s'il  serait  pos- 
sible, sans  nuire  au  service  administratif,  d'établir  un  système  régulier  d'ob- 
servations dont  une  partie  serait  transmise  chaque  jour  par  le  télégraphe.  Cette 
possibilité  ayant  été  admise,  les  deux  Administrations  se  sont  entendues,  con- 
formément aux  intentions  du  Gouvernement,  et  suivant  les  ordres  de  MM.  les 

(»)  De  Pantheris ,  per  eos  qui  venari  soient,  agitur    mandato  meo  diligenter. 
Scrib.  Laodiceœ,  prid.  non.  Apr.  A.  V.  C.  7<)3.    {Ad.  Div.  II,  11.) 

i36.'. 


(  io4o  ) 
Ministres  de  l'Intérieur  et  de  l'Instruction  publique,  pour  mener  à  bonne  fin 
une  entreprise  qui  ne  laissait  pas  que  de  présenter  de  grandes  difficultés. 

»  Il  fut  d'abord  reconnu  qu'il  importait  à  la  régularité  du  nouveau 
service,  que  les  observations  fussent  faites  dans  les  postes  télégraphiques, 
qui  devraient  être  à  cet  effet  munis  d'instruments.  Nous  n'ignorions 
pas  que  dans  un  certain  nombre  de  localités,  nous  pouvions  compter 
sur  le  zèle  de  quelques  amis  de  la  science  ;  mais  nous  n'avons  pas  voulu  leur 
imposer  une  aussi  lourde  charge  que  celle  d'une  transmission  quotidienne, 
régulière  et  à  heure  fixe,  de  leurs  observations  aux  postes  télégraphiques. 
Malgré  le  dévouement  des  observateurs  météorologistes  des  départements, 
il  aurait  été  impossible,  à  cause  de  leurs  autres  occupations,  d'arriver  à 
une  uniformité  suffisante,  et  des  irrégularités  se  seraient  inévitablement 
produites.  De  plus,  les  observatoires  particuliers  ne  pouvaient  présenter  les 
garanties  de  durée  et  de  permanence  des  stations  administratives.  Enfin, 
l'addition  des  nouveaux  postes  présentait  le  grand  avantage  de  multiplier  le 
nombre  des  stations  météorologiques  à  la  surface  de  la  France. 

»  Ce  premier  point  ayant  été  arrêté,  il  fut  convenu  avec  M.  le  directeur 
général  DE  VOUGY,  que  l'Administration  des  lignes  télégraphiques  ferait  re- 
cueillir les  observations  par  ses  agents,  et  les  ferait  transmettre  à  l'Observa- 
toire impérial  de  Paris,  partie  par  le  télégraphe,  partie  par  la  poste;  tandis 
que,  de  son  côté,  l'Observatoire  fournirait  les  instruments  et  les  instructions, 
réduirait  les  observations  et  les  ferait  publier. 

»  Enfin ,  chacune  des  deux  Administrations  chargea  l'un  de  ses  fonc- 
tionnaires de  mettre  ce  plan  à  exécution.  L'Administration  des  télégraphes 
a  délégué  M.  Pouget-Maisonneuve,  connu  pour  les  importantes  amé- 
liorations qu'il  a  introduites,  notamment  dans  les  appareils  électrochimi- 
ques. Du  côté  de  l'Observatoire  impérial,  M.  Liais  était  naturellement 
désigné. 

»  Les  instruments  ont  dû  remplir  des  conditions  particulières.  Il  était 
nécessaire  qu'ils  fussent  aisément  et  rapidement  observables,  tout  en  conser- 
vant la  précision  des  instruments  ordinaires.  M.  Liais  a  donc  fait  construire 
un  système  de  baromètre  à  une  seule  lecture,  se  graduant  par  comparaison 
avec  un  étalon  sous  la  machine  pneumatique,  et  qui  remplit  parfaitement 
le  but  proposé  :  ce  baromèlre  a  exigé  la  formation  de  nouvelles  Tables  de 
réduction.  Les  thermomètres  ont  été  gradués  sur  tige,  numérotés  sur  plaque 
d'émail,  ce  qui  les  rend  toujours  très-aisés  à  lire.  De  plus,  ils  ont  leur  ré- 
servoir couvert  d'une  feuille  métallique  destinée  à  diminuer  les  effets  de  la 
radiation. 


(  io4i  ) 

»  Outre  les  instruments,  les  divers  postes  ont  reçu  des  registres  inscrits  à 
leur  inventaire  et  dont  ils  conserveront  toujours  la  collection  ;  en  sorte  que 
chaque  station  possédera  dans  l'avenir  l'ensemble  de  ses  observations  passées. 
Indépendamment  des  transmissions  télégraphiques,  les  observations  sont 
envoyées  journellement  parla  poste  à  l'Observatoire  au  moyen  de  bulletins. 

»  L'instruction  particulière  que  possèdent  les  employés  de  l'Administration 
des  télégraphes  est  un  sûr  garant  que  les  observations  seront  bien  faites  : 
les  connaissances  de  ceux  qui  sont  chargés  de  ces  observations  les  porteront 
à  s'intéresser  à  une  opération  scientifique  et  utile,  et  déjà  nous  avons  la 
satisfaction  d'ajouter  que  le  but  a  été  complètement  atteint.  Pour  ne  pas 
trop  surcharger  les  employés,  trois  observations  seulement  par  jour  ont  été 
ordonnées,  à  l'ouverture  du  bureau,  à  3  heures  et  à  g  heures  du  soir,  avec 
invitation  d'observer  plus  fréquemment,  s  il  était  possible.  Nous  sommes 
heureux  de  dire  que  dans  presque  toutes  les  stations  il  existe  plusieurs 
observations  supplémentaires.  Le  Havre,  Abbeville,  Strasbourg,  Châlons- 
sur-rMarne,  Bayonne,  fournissent  même  six  observations  par  jour. 

»  Le  directeur  général  des  lignes  télégraphiques,  M.  de  Vougy,  a  tenu  à 
signer  lui-même  l'instruction,  qui  a  été  insérée  au  Recueil  administratif.  Elle 
est  ainsi  devenue  article  du  règlement. 

»  Les  stations,  au  nombre  de  vingt-quatre,  ont  été  réparties  entre  les 
divers  bassins  du  Rhin,  de  la  Seine,  de  la  Loire,  de  la  Gironde  et  du  Rhône, 
de  manière  à  faire  connaître  le  mieux  possible  l'ensemble  de  l'état  atmo- 
sphérique de  chacun  de  ces  cinq  grands  bassins.  Quoique  des  considéra- 
tions non  scientifiques,  telles  que  le  parcours  des  fils  télégraphiques, 
la  multiplicité  des  dépêches  sur  certaines  lignes,  la  situation  des  postes  dans 
les  villes,  ne  nous  aient  pas  toujours  permis  de  placer  nos  stations  sur  les 
points  que  nous  aurions  préférés,  nous  pensons  que  les  stations  désignées 
rempliront  le  but  que  nous  nous  sommes  proposé. 

»  Nous  possédons  ainsi,  y  compris  Paris,  vingt-cinq  stations  réparties 
comme  il  suit,  par  ordre  de  bassins  :  Mulhouse,  Strasbourg,  Mézières,  Dun- 
kerque;  Tonnerre,  Paris,  Châlons-sur-Marne,  Abbeville,  le  Havre;  Clermont- 
Ferrand,  Nevers,  le  Mans,  Limoges,  Napoléon -Vendée,  Saint-Brieuc,  Brest; 
Rodez,  Montauban,  Bayonne,  Rochefort;  Besançon,  Lyon,  Avignon,  Dra- 
guignan,  Narbonne. 

»  Treize  de  ces  stations  transmettent,  par  le.  télégraphe,  une  observation 
faite  à  l'ouverture  du  bureau;  ce  sont  :  Strasbourg,  Mézières,  Dunkerque, 
Tonnerre,  le  Havre,  Limoges,  Napoléon-Vendée,  Brest,  Montauban, 
Bayonne,  Besançon,  Lyon,  Avignon.  Ces  treize  stations,  jointes  à  Paris,  suf- 


(     IO/J2    ) 

firont  à  donner  chaque  jour  une  idée  de  Fétat  de  l'atmosphère  en  France. 
On  n'a  pas  cru  devoir  demander  l'extension  de  la  transmission  télégraphi- 
que à  un  plus  grand  nombre  de  stations,  pour  ne  pas  entraver  le  service 
administratif. 

»  Des  mesures  vont  être  prises  pour  que,  très-prochainement,  ces  obser- 
vations soient  données  au  public  immédiatement  après  leur  arrivée.  Elles 
seront  en  outre  insérées  dans  plusieurs  journaux  et  dans  une  forme  propre 
à  faire  ressortir  les  changements  survenus  depuis  la  veille. 

»  Malgré  le  bon  vouloir  que  l'on  a  rencontré  de  toutes  parts,  l'organisa- 
tion des  stations,  sur  une  grande  étendue  de  pays,  a  été  longue  et  difficile. 

»  Les  baromètres  surtout  ayant  par  trop  souffert,  quand  on  les  remet- 
tait aux  voitures  publiques,  il  a  fallu  en  faire  porter  une  partie  par  un 
fonctionnaire  de  l'Observatoire.  D'autres  ont  été  confiés  à  diverses  person- 
nes, à  M.  Caillet,  examinateur  de  la  marine,  à  M.  Petit,  directeur  de  l'Ob- 
servatoire de  Toulouse,  qui  ont  bien  voulu  s'en  charger.  MM.  les  ingénieurs  ' 
des  ponts  et  chaussées  nous  ont  tres-obligeamment  fourni  l'altitude  exacte 
des  postes.  Toutes  les  stations  télégraphiques  sont  présentement  en  état  de 
fonctionner,  moins  Brest,  dont  toutefois  les  instruments  sont  prêts. 

»  On  comprend  qu'il  y  aurait  grand  intérêt  à  relier  à  l'étranger  l'organi- 
sation que  nous  venons  d'établir  en  France.  Quelques  ouvertures  ont  déjà 
été  faites  dans  ce  sens,  et  partout  elles  ont  été  parfaitement  accueillies. 

»  Il  nous  reste  à  pourvoir  à  la  publication  de  l'ensemble  des  documents 
recueillis,  afin  que  ces  documents  étant  promptement  mis  entre  les  mains  de 
tous  les  amis  de  la  science,  leur  discussion  soit  à  la  fois  plus  rapide  et  plus 
fructueuse.  Nous  nous  occupons  de  ce  complément  indispensable  de  la 
nouvelle  organisation.  » 

«  M.  Pouillet  présente  à  l'Académie  les  figures  des  radiations  solaires 
.telles  qu'elles  ont  été  données  par  l'actinographe  («oyez  les  Comptes  rendus, 
19  mai  i856,  page  ()i3)  pour  chacun  des  quinze  derniers  jours.  On  peut  re- 
marquer que  dans  cette  période  il  y  a  eu  un  seul  jour  absolument  sans  so- 
leil, le  vendredi  3o  mai;  qu'il  y  a  eu  quatre  jours,  le  jeudi  22,  le  dimanche  23, 
le  jeudi  29  et  le  samedi  3i,  pendant  lesquels  les  rayons  du  soleil  ont  percé 
les  nuages  pendant  quelques  secondes  ;  que  tous  les  autres  jours,  y  compris 
le  dimanche  Ier  mai,  présentent  des  alternatives  très-nombreuses  de  radia- 
tions solaires  et  de  ciel  couvert.  M.  Pouillet  a  fait  ces  observations  à  sa  mai- 
son de  campagne,  Épinay  (Seine).   » 


(  io43  ) 


NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Vice- 
Président  pour  la  fin  de  l'année  r 856  et  l'année  1857,  M.  Geoffroy-Saint- 
Hilaire,  Président  désigné  pour  l'année  1 857,  se  trouvant,  par  suite  du  décès 
de  M.  Binet,  chargé  des  mêmes  fonctions  pour  la  fin  de  l'année  i856. 

Le  choix  de  l'Académie  doit  se  porter  sur  un  Membre  appartenant  à  l'une 
des  Sections  de  Sciences  mathématiques. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  49, 

M.  Despretz  obtient 28  suffrages. 

M.  Duhamel i5 

M.  Chasles 4 

M.  Bravais 1 

Il  y  a  un  billet  blanc. 

M.  Despretz,  ayant  réuni  la  majorité  des  suffrages,  est  proclamé  élu. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

L'Académie  reçoit  une  seconde  addition  à  un  Mémoire  précédemment 
présenté  au  concours  pour  le  grand  prix  de  Sciences  physiques  de  i856 
(question  concernant  le  dernier  théorème  de  Fermât). 

Ce  supplément,  qui,  de  même  que  le  Mémoire  original,  porte  pour  épi- 
graphe Hoc  erat  in  votis,  sera  soumis  au  jugement  de  la  Commission  com- 
pétente avec  mention  de  la  date  de  l'envoi. 

médecine.  —  Sur  le  typhus  de  Crimée;  Lettre  de  M.  Baitdexs  à  M.  le 

Président  de  l'Académie. 

(Commissaires,  MM.  Velpeau,  Cloquet.) 

«  Constantinople,  5  mai  i856. 

»  Les  nombreux  documents  que  j'ai  recueillis  en  Crimée  et  à  Constanti- 
nople me  permettraient  de  traiter  in  extenso  l'importante  question  du 
typhus  des  armées.  Pour  le  moment,  je  demande  à  l'Académie  des  Sciences 
la  permission  de  me  borner  à  l'examen  sommaire  de  l'identité  et  de  la  non- 
identité  du  typhus  et  de  la  fièvre  typhoïde.  Ce  point  de  vue  divise  encore  la 


(  io44  ) 

science  ;  mais  à  l'armée  d'Orient,  on  peut  dire  que  tous  les  médecins  sont 
aujourd'hui  convaincus  de  la  non-identité. 

«  Étiologie.  —  On  s'accorde  généralement  à  reconnaître  que  la  fièvre 
typhoïde  et  le  typhus  ont  pour  cause  le  miasme  organique.  C'est  incontes- 
fable,  au  moins  pour  le  typhus  :  il  est  engendré  par  la  misère,  par  l'accu- 
mulation, par  l'encombrement  dans  les  prisons,  dans  les  navires,  dans  les 
camps,  dans  les  hôpitaux  ;  on  pourrait  le  faire  naître  et  mourir  à  volonté.  Il 
n'en  est  pas  de  même  de  la  fièvre  typhoïde,  ni  des  maladies  épidémiques, 
telles  que  le  choléra,  qui,  quoi  qu'on  fasse,  apparaissent  fatalement  et  dis- 
paraissent sans  qu'on  sache  pourquoi.  Une  fois  né  spontanément  sous  l'em- 
pire des  causes  précitées,  le  typhus  se  propage  ensuite  par  infection.  La 
contagion,  encore  mise  en  doute  pour  la  fièvre  typhoïde,  n'est  pas  contes- 
table pour  le  typhus.  A  l'ambulance  de  la  première  division  du  troisième  corps, 
presque  tout  le  personnel  hospitalier,  presque  tous  les  soldats  entrés  pour 
d'autres  maladies  et  quinze  médecins  sur  seize  ont  eu  le  typhus.  Entre  la  Cri- 
mée et  Constantinople,  trente-sept  médecins,  vingt  sœurs  de  Charité,  huit 
aumôniers,  des  centaines  d'infirmiers,  tous  pleins  de  santé,  sont  morts 
empoisonnés  au  souffle  des  malades  typhiques. 

»  Qu'il  y  ait  infection  ou  contagion,  vraisemblablement  les  deux  à  la  fois, 
n'importe,  le  résultat  est  le  même  :  l'infection,  qui  bien  certainement  a  la 
plus  grande  part,  est  bien  plus  redoutable  que  la  contagion,  puisqu'il  suffit 
de  respirer  l'air  contaminé  par  les  typhiques,  dans  le  premier  cas,  tandis 
qu'il  n'y  aurait  qu'à  ne  pas  les  toucher  pour  être  préservé  dans  le  second. 
C'est  par  ces  propriétés  contagieuses  que  le  miasme  du  typhus  se  révèle  ;  il 
est  attesté  par  la  propagation  du  fléau  et  une  grande  mortalité  partout 
où  il  a  été  apporté.  Nos  hôpitaux  de  Constantinople  l'ont  reçu  de  la  Cri- 
mée. 

m  La  différence  qu'il  y  a  entre  le  typhus  et  les  maladies  épidémiques 
'  ordinaires,  c'est  que  celles-ci  n'ont  qu'une  durée  passagère  dépendante 
de  l'action  et  de  l'état  atmosphérique,  tandis  que  le  typhus  dure  tant 
qu'on  ne  s'est  pas  rendu  maître  de  l'infection.  Aussi,  tandis  que  le  médecin 
d'hôpital  se  borne  à  traiter  les  typhiques,  le  médecin  en  chef  d'armée  doit 
arrêter  le  fléau  par  des  mesures  de  haute  prophylaxie.  L'incubation  du 
miasme  organique  paraît  être  en  moyenne  de  six  jours.  Mon  secrétaire  a 
contracté  le  typhus  sept  jours  après  avoir  visité  avec  moi  l'hôpital  russe  de 
la  Balbec  où  il  régnait.  L'empoisonnement  miasmatique  a  marché  quelque- 
fois lentement  en  Crimée,  quand  il  rencontrait  une  très-grande  puissance 
de  réaction,  et  pendant  le  temps  qui  précède  son  apparition  complète,  on 


(  io45  ) 
peut  suivre  sur  la  physionomie  des  médecins,  où  la  stupeur  a  laissé  sa  trace 
visible,  les  progrès  du  mal.  Ces  cas  d'infection  lente  et  progressive  ont  été 
presque  toujours  mortels. 

»  Marche.  —  Le  typhus  de  Crimée  a  offert  une  marche  moins  uniforme 
et  moins  régulière  que  le  typhus  d'ailleurs,  si  bien  décrit  par  Hildembrand. 
L'irrégularité  du  typhus  de  Crimée  tient  à  diverses  causes,  parmi  lesquelles 
il  faut  noter  en  première  ligne  :  le  scorbut,  la  dyssenterie,  les  fièvres  inter- 
mittentes dues  surtout  aux  marais  de  la  vallée  de  la  Tchernaïa.  C'est  à  par- 
tir du  1er  janvier  1 856  que  le  typhus,  qui,  l'année  précédente,  avait  com- 
mencé à  poindre,  a  pris  de  grands  développements  ;  mais  dans  les  derniers 
temps  du  siège  de  Sébastopol,  la  pourriture  d'hôpital,  ce  typhus  des  plaies, 
avait  fait  de  grands  ravages.  Pour  éclater,  le  typhus  contagieux  n'attendait 
plus  que  la  concentration  et  l'accumulation,  que  la  rigueur  de  l'hiver  a 
amenées  naturellement.  Les  soldats,  blottis  dans  leurs  tentes  hermétique- 
ment fermées,  dont  le  sol  était  humide  et  imprégné  d'impuretés,  ont  subi 
l'empoisonnement  du  miasme  organique. 

»  Le  typhus  régulier  de  Hildembrand  aurait  pu  se  montrer  sur  les  méde- 
cins, sur  les  aumôniers  et  sur  le  personnel  hospitalier  de  Constantinople 
dont  la  constitution  n'était  pas  altérée.  Ici  encore  l'irrégularité  a  été  la  règle; 
aussi  les  huit  périodes  décrites  par  Hildembrand  n'ont-elies  peut-être  pas 
été  observées  une  seule  fois. 

»  L'état  prodrcrmal  :  lassitude,  sommeil  non  réparateur,  douleurs  lom- 
baires, horripilations,  tension  douloureuse  de  la  tête,  vertiges,  si  commun 
dans  la  fièvre  typhoïde,  a  souvent  manqué.  Le  typhus,  assez  souvent,  débute 
d'emblée  par  un  frisson  initial  et  par  la  période  inflammatoire,  marquée  par 
un  état  catarrhal,  plus  ou  moins  prononcé,  des  yeux,  des  fosses  nasales  et 
des  bronches;  par  une  forte  céphalalgie  frontale,  vertigineuse,  comme  dans 
l'ivresse;  par  la  stupeur,  qui  est  le  cachet  du  typhus;  par  un  délire  calme 
ou  furieux  ;  par  une  grande  prostration  des  forces;  par  une  soif  intense  et 
souvent  par  un  état  saburral  des  voies  digestives.  La  peau  brûlante  se  couvre, 
après  deux  ou  trois  jours,  d'une  éruption  exanthémateuse  qui  n'a  manqué 
que  chez  les  sujets  déjà  épuisés  par  d'autres  maladies  et  qui  diffère  essen- 
tiellement de  celle  de  la  fièvre  typhoïde.  Elle  se  montre  au  tronc  et  aux 
membres  par  groupes  irréguliers  de  taches  arrondies  d'un  rouge  foncé  sans 
relief,  moins  grandes  qu'une  lentille,  ne  disparaissant  pas  par  la  pression; 
sans  pétéchies,  sans  sudamina,  que  je  n'ai  vus  que  trois  ou  quatre  fois  sui- 
des milliers  de  malades. 

C.  H.,  .i856,  i"  Semestre  (T.  XLII,  N»  22.;  I  $7 


(  io46  ) 

»  La  continuité  de  la  fièvre  avec  pouls  de  cent  à  cent  trente  pulsations,  plus 
ou  moins  développé  ou  déprimé  même,  soit  par  une  débilité  antérieure, 
soit  par  une  oppression  réelle  des  forces  vitales,  a  été  souvent  interrompue 
par  un  et  plus  rarement  par  deux  paroxysmes  réguliers  en  vingt -quatre 
heures,  assez  semblables  à  des  accès  de  fièvre  rémittente,  qui  ont  donné  au 
typhus  de  Crimée  un  caractère  particulier.  Le  ventre  est  souple,  sans  dou- 
leur, sans  météorisme,  sans  ce  gargouillement  dans  la  fosse  iliaque  droite,  si 
caractéristique  de  la  fièvre  typhoïde.  La  constipation  a  toujours  remplacé  le 
flux  intestinal  de  la  fièvre  typhoïde  quand  la  dyssenterie  n'existait  pas  déjà 
avant  l'invasion  du  typhus.  Après  la  période  inflammatoire,  qui  dure  cinq  à  six 
jours,  survient  la  période  nerveuse,  marquée  par  les  phénomènes  ataxiques 
ou  adynamiques,  et  souvent  par  un  mélange  des  deux  à  la  fois;  elle  ne  dure 
que  de  quatre  à  cinq  jours  et  est  peu  prononcée  quand  la  convalescence 
doit  être  franche. 

»  La  durée  du  typhus  a  présenté  des  caractères  bien  tranchés  avec  ceux 
de  la  fièvre  typhoïde.  La  mort  est  survenue  souvent  le  troisième  jour,  même 
le  deuxième  et  quelquefois  le  premier.  Il  était  alors  foudrovant,  dans  la 
force  du  mot.  Rarement  il  a  persisté  au  delà  de  douze  à  quinze  jours,  à 
moins  de  complications,  telles  que  des  congestions  organiques  de  l'une  des 
trois  cavités  splanchniques. 

»  Le  retour  à  la  santé  a  presque  toujours  eu  lieu  dans  les  dix  premiers 
jours.  Le  malade  passait  tout  à  coup  du  trépas  à  la  vie;  le  délire,  la  stupeur 
tombaient  tout  d'un  coup  comme  par  magie,  mais  le  malade  conserve  en- 
core des  cauchemars  très-pénibles,  de  la  surdité,  un  affaiblissement  de  la 
vue  et  une  perte  plus  ou  moins  complète  de  la  mémoire.  Toutefois  on  ne 
remarque  pas,  comme  dans  la  fièvre  typhoïde,  la  chute  des  cheveux.  Ces 
heureux  changements  sont  souvent  précédés  d'épistaxis,  de  sueurs,  d'urines 
critiques  et  quelquefois  de  parotidites. 

»  La  convalescence,  si  lente  dans  la  fièvre  typhoïde,  marche  rapidement 
dans  le  typhus,  et  les  écarts  de  régime  sont  peu  redoutables;  ce  qui  s'ex- 
plique par  l'absence  de  plaques  de  lésion  des  follicules  intestinaux  et  d'en- 
gorgement des  glandes  mésentériques  dont  la  constance  est  l'un  des  princi- 
paux caractères  de  la  fièvre  typhoïde.  Des  centaines  d'autopsies  ont  con- 
stamment donné  des  résultats  négatifs  de  ce  côté,  sauf  des  granulations 
miliaires  et  quelques  plaques  pointillées  de  noir,  comme  les  grains  d'urj# 
barbe  fraîche,  à  la  fin  de  l'intestin  grêle. 

»  On  trouve  la  rate  et  le  foie  souvent  gorgés  de  sang  et  ramollis.  Les  pou- 
mons, quand  il  y  a  eu  vers  eux  une  congestion  locale,  sont  engoués  ou  hépati- 


(  i°47  ) 
ses,  surtout  à  la  partie  déclive,  et  quelquefois  le  siège  de  petits  noyaux  apo- 
plectiques. Les  lésions  les  plus  constantes  sont  du  côté  du  cerveau  :  forte 
injection  sanguine  des  méninges,  épanchement  séreux,  teinte  opaline  de  l'a- 
rachnoïde, et  quelquefois  avec  plaques  pseudo-membraneuses;  substance 
cérébrale  piquetée,  ou  ramollie,  ou  suppurée  à  la  surface.  Les  auteurs  s'accor- 
dent sur  la  non-récidive  de  la  fièvre  typhoïde.  Deux  médecins,  MM.  Lardy  et 
Laval,  ont  succombé  au  typhus,  bien  qu'ils  eussent  eu  quatre  ou  cinq  ans 
auparavant  la  fièvre  typhoïde,  dont  on  a  pu  retrouver  les  traces  dans  la 
cicatrice  d'ulcères  intestinaux.  C'est  encore  là  une  preuve  de  la  non- 
identité  du  typhus  et  de  la  fièvre  typhoïde. 

»  Traitement.  —  Avant  tout,  de  l'air  pur  sans  cesse  renouvelé;  respecter 
la  période  inflammatoire  comme  une  effort  suprême  de  la  nature  pour 
chasser  au  dehors  le  poison  miasmatique  par  une  poussée  exanthématique 
à  la  peau;  ne  saigner  que  si  le  sujet  est  très-fort,  s'il  y  a  menace  d'apoplexie 
cérébrale;  préférer  le  plus  souvent  à  une  saignée  générale,  dont  il  faut  être 
très-sobre,  quelques  sangsues  aux  apophyses  mastoïdes  ou  quelques  ven- 
touses entre  les  épaules;  recourir  aux  mêmes  moyens  quand  la  petitesse  du 
pouls  trahit  l'oppression  des  forces  vitales,  qui  se  relèvent  après  une  déplé- 
tion  sanguine  modérée.  Quand,  dès  le  début,  comme  dans  le  typhus  de 
Crimée,  il  y  a  des  paroxysmes  rémittents,  les  couper  par  quelques  doses  de 
sulfate  de  quinine  pour  rétablir  la  continuité  de  la  fièvre  qui  tombe  alors 
d'elle-même  après  quelques  jours,  quand  elle  n'est  pas  entretenue  par  une 
lésion  organique  accidentelle.  Cette  complication  a  fréquemment  lieu  quand 
on  ne  prend  pas  soin  d'anéantir  tout  d'abord  les  paroxysmes.  Au  début  du 
typhus,  un  éméto-cathartique  est  avantageux,  quand  surtout  il  existe  de 
l'embarras  gastro-intestinal  ;  boissons  mucilagineuses  ou  acidulées,  et  même 
eau  vineuse.  Dans  la  période  nerveuse,  recourir  aux  remèdes  usités  contre 
l'ataxie  et  l'adynamie.  Dans  ce  dernier  cas,  les  toniques,  tels  que  le  vin  de 
Malaga  et  de  Porto,  ont  eu  un  grand  succès. 

»  Tel  est  le  traitement  qui  a  donné  les  résultats  les  plus  avantageux  à 
l'armée  d'Orient  et  auquel  se  sont  ralliés  les  praticiens  les  plus  expérimen- 
tés, tels  que  M.  le  médecin  principal  Cazalas,  qui  a  préconisé  l'un  des  pre- 
miers le  sulfate  de  quinine  pour  régulariser  la  période  inflammatoire  et  la 
débarrasser  de  l'élément  palustre,  qui  a  eu  une  grande  influence  sur  les  ma- 
ladies de  la  Crimée.  » 


,37.. 


(  '°48  ) 

balistique.  —  Des  lois  de  la  résistance  de  l'air  sur  les  projectiles  animés 
de  grandes  vitesses  ;  par  M.  Didion.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Poucelet,  Morin,  M.  le  maréchal  Vaillant.) 

«  La  recherche  des  lois  de  la  résistance  de  l'air  a  été  de  la  part  de  l'Aca- 
démie, en  1837,  le  sujet  d'un  grand  prix  des  Sciences  physiques,  qui  a  valu 
à  MM.  les  généraux  Piobert,  Morin  et  à  moi,  la  récompense  la  plus  flat- 
teuse. C'est  la  suite  de  ce  travail  que  je  présente  aujourd'hui. 

»  Les  lois  de  la  résistance  de  l'air  sont  la  base  des  applications  de  la  ba- 
listique au  tir  des  bouches  à  feu  ;  leur  recherche  présente  beaucoup  de  dif- 
ficultés, parce  que  la  résistance  ne  peut  pas  être  mesurée  directement,  et 
qu'on  doit  l'apprécier  par  la  diminution  de  la  vitesse  des  projectiles  tirés  à 
des  distances  différentes  sur  un  pendule  balistique. 

»  Les  premières  expériences,  faites  sur  des  balles  de  fusil  par  Robins, 
sont  antérieures  à  1742;  sont  venues  ensuite  celles  de  Hutton,  en  1788  et 
1 789,  sur  des  boulets  de  petit  calibre  ;  enfin,  celles  de  Metz,  en  1 83g  et  1 840, 
sur  des  boulets  des  plus  forts  calibres  en  usage.  Euler  n'a  pu  tirer  parti  des 
premières  ;  Hutton  n'est  pas  parvenu  à  formuler  utilement  les  résultats  de 
ses  expériences;  mais  celles  de  Metz  ont  fourni  des  résultats  assez  précis  et 
d'une  application  sûre. 

»  La  loi  de  Newton,  d'après  laquelle  la  résistance  de  l'air  serait  propor- 
tionnelle à  l'aire  d'un  grand  cercle  de  la  sphère  et  au  carré  de  la  vitesse, 
n'est  pas  applicable  aux  grandes  vitesses  des  projectiles;  et,  si  l'on  divise 
par  le  produit  de  ces  deux  quantités  la  résistance  observée,  on  obtient  un 
coefficient  variable  avec  la  vitesse  suivant  une  loi  dont  il  s'agit  de  trouver 
l'expression. 

»  Hutton  avait  mesuré  les  vitesses  des  boulets  à  sept  distances  différentes, 
de  3o  à  43o  pieds  (9™,  <4  à  i3i  mètres),  et  il  en  avait  déduit  les  coefficients 
de  résistance  pour  une  série  régulière  des  vitesses  sans  en  formuler  l'expres- 
sion ;  ce  résultat  a  été  pendant  longtemps  la  seule  base  des  applications  de 
la  balistique  au  tir  des  bouches  à  feu.  M.  le  général  Piobert  a  proposé  une 
expression  linéaire,  et  déterminé  les  coefficients  des  deux  termes  d'après  ces 
expériences  sur  de  petits  calibres. 

»  Dans  les  expériences  de  Metz  en  i83g  et  1 84o,  on  tira  des  boulets  de  8, 
de  1 2  et  de  24  sur  un  pendule  balistique  à  une  distance  do  1 5  mètres,  puis 
à  des  distances  de  25,  5o,  'jB  et  100  mètres  au  delà. 

»  La  perte  des  forces  vives  comparée  à  la  longueur  du  trajet,  donnait  la 


(  i°4g  ) 

résistance  moyenne  durant  le  trajet,  et,  par  suite,  le  coefficient  de  la  résis- 
tance. On  a  eu  de  cette  manière  autant  de  coefficients  que  de  charges  de 
poudre  ou  de  vitesses  .'différentes  ;  et,  prenant  celles-ci  pour  abscisses  et 
les  coefficients  pour  ordonnées,  on  a  eu  un  pareil  nombre  de  points;  il  n'y  a 
plus  eu  alors  qu'à  rechercher  la  ligne  qui  représentait  le  mieux  leur  en- 
semble. Pour  cela,  on  a  fait  un  groupe  des  plus  petites  vitesses,  un  autre 
des  moyennes  et  un  des  plus  grandes.  On  a  eu  ainsi  trois  points  à  peu  près 
en  ligne  droite,  qui  ont  fourni  les  deux  termes  des  expressions  cherchées. 
De  son  côté,  M.  le  général  Piobert,  d'après  les  expériences  de  Hutton  sur 
les  petits  calibres,  trouvait  le  même  rapport  entre  les  deux  termes,  mais  le 
premier  terme  était  plus  grand.  L'augmentation  aurait  pu  être  attribuée  à  la 
différence  des  calibres.  C'était  un  point  important  à  éclaircir.  L'observa- 
tion de  la  trajectoire  des  balles  de  fusil  et  d'autres  applications  me  portaient 
cependant  à  croire  que  ce  terme  était  indépendant  du  calibre  du  projectile. 

»  Dans  cet  état  de  la  question,  j'ai  repris  toutes  les  expériences;  j'ai  eu 
le  soin  de  corriger  toutes  les  vitesses  observées  de  l'effet  du  choc  des  gaz  de 
la  poudre  et  de  l'inclinaison  de  la  trajectoire  à  la  rencontre  du  pendule. 

»  Si  l'on  ne  tenait  pas  compte  du  choc  des  gaz  sur  le  pendule  balistique, 
effet  qui  est  particulièrement  sensible  aux  grandes  charges  et  aux  petites 
distances,  on  arriverait  à  une  diminution  de  vitesse,  et  par  conséquent  à 
une  résistance  trop  grande.  D'un  autre  côté,  lorsqu'on  calcule  les  vitesses 
sans  tenir  compte  de  l'inclinaison  de  la  trajectoire  au  but,  on  obtient  une 
vitesse  trop  grande,  et  l'augmentation  est  d'autant  plus  sensible,  que  la  vi- 
tesse est  plus  faible  et  la  distance  plus  grande  ;  la  correction  peut  aller  jusqu'à 
une  augmentation  de  o,o3  de  la  résistance  à  mesurer. 

»  Par  la  méthode  qui  a  été  indiquée  plus  haut,  j'ai  trouvé,  pour  les  expé- 
riences sur  les  boulets  de  12  et  de  24  (de  om,  12  et  om,ia  de  diamètre)  aux 
vitesses  habituelles  et  à  la  densité  moyenne  de  l'air  1 ,2o83 ,  v  étant  la  vitesse 
du  projectile,  et  en  prenant  le  mètre,  le  kilogramme  et  la  seconde  pour 
unités,  l'expression  0,027(1  +o,oo23v),  laquelle  doit  être  multipliée  par 
le  carré  de  la  vitesse  et  l'aire  d'un  grand  cercle  du  projectile  pour  donner 
la  résistance.  Le  calibre  de  24,  considéré  isolément,  donnait  un  terme  con- 
stant un  peu  plus  fort,  et  celui  de  12  un  terme  un  peu  plus  faible. 

»  En  recherchant  la  valeur  du  premier  terme  qui,  pour  la  vitesse  initiale  ob- 
tenue directement,  représentait  le  mieuxla  trajectoire  delà  ballede  fusil  obser- 
véesur  4oo  mètres  de  longueur,  j'ai  trouvé  0,0275.  Les  expériences  deRobins 
sur  des  balles  de  om,oio,  donnaient  aussi  à  peu  près  0,027.  Il  n'y  avait  donc 
pas  lieu,  d'après  cela,  d'admettre  une  variation  du  premier  terme  avec  le  dia- 


(   io5o  ) 
mètre  des  projectiles.  Pour  mieux  le  reconnaître,  j'ai  repris  les  résultats  de 
toutes  les  expériences,  et  j'ai  employé  une  nouvelle  méthode  qui  consiste  à 

supposer  que  dans  l'expression  Ai  +  -  )  de  la  résistance,  on  connaît  le  rap- 
port -des  deux  termes,  au  moins  approximativement,  en  se  réservant  de  le 

vérifier  et  de  le  modifier  s'il  en  était  besoin.  A  est  alors  la  seule  quantité  à 
déterminer. 

»  En  cherchant  la  relation  entre  les  vitesses  d'un  même  projectile  à  deux 
distances  différentes,  on  trouve  que  les  vitesses  décroissent  de  telle  sorte,  que 

si  les  vitesses  sont  exactes,  l'accroissement  de  log(  i  +  -)  est  proportionnel 
aux  distances,  et  que,  si  l'on  considère  dans  chaque  expérience  les  points  dé- 
terminés, en  prenant  les  distances  pour  abscisses  et  logf  i  +  -  )  pour  or- 
données, ceux-ci  doivent  être  en  ligne  droite.  L'inclinaison  de  cette  droite, 
ou  le  rapport  de  l'accroissement  à  la  distance,  multiplié  par  le  rapport  de  la 
masse  du  projectile  à  l'aire  de  son  grand  cercle,  donne  la  valeur  cherchée 
de  A.  Mais,  si  les  vitesses  résultent  de  l'observation,  elles  présentent  toujours 
certaines  inégalités  ;  on  trace  alors  la  ligne  de  manière  à  représenter  le  mieux 
possible  l'ensemble  des  points.  L'inclinaison  de  cette  ligne  sur  l'axe  des  ab- 
scisses donne  l'accroissement  cherché,  et  par  suite  le  terme  A.  De  plus,  s'il 
a  été  fait  aux  mêmes  distances  des  expériences  à  diverses  charges  de  poudre, 
comme  il  ne  s'agit  que  d'une  inclinaison  à  déterminer,  on  peut  prendre 

pour  chaque  distance,  les  moyennes  arithmétiques  des  valeurs  de  log(  i  -+-  -) 

aux  diverses  charges  de  poudre,  et  obtenir  une  seule  ligne  et  une  seule  va- 
leur de  A  pour  représenter  l'ensemble  de  toutes  les  expériences  avec  le  même 
calibre. 

»  Par  ce  moyen,  j'ai  retrouvé,  pour  les  expériences  avec  le  boulet  de  24, 
aux  vitesses  habituelles,  inférieures  à  5oom:s,  A  =  0,02713  ;  et  pour  celles 
avec  le  boulet  de  12,  A  =  o,o26o3;  le  boulet  de  8  a  donné  des  résultats  un 
peu  plus  forts,  et  l'ensemble  des  expériences  sur  les  trois  calibres  a  donné 
A  =  0,02705.  Lorsqu'on  y  comprend  les  vitesses  de  5oom:8  et  au  delà,  on 
trouve  A  =  0,02682,  qui  diffère  à  peine  du  premier. 

»  En  appliquant  la  même  méthode  aux  expériences  de  Hutton  sur  les 
boulets  d'une  livre  (om,o5  de  diamètre),  j'ai  trouvé  A  =  0,0274  aux  petites 
vitesses,  et  A  =  0,0278  aux  grandes  vitesses. 

»  Cet  accord,  dans  l'ensemble  des  résultats,  est  très-satisfaisant,  et  il  n'y 
a  plus  dans  ceux  qui  proviennent  des  expériences  de  Hutton  qu'une  diffé- 


(  io5i  ) 
rence  de  peu  d'importance.  Cette  différence  s'explique  d'ailleurs  par  de  pe- 
tites erreurs  qui  proviennent  de  la  moindre  rigidité  du  pendule  de  Hutton. 
Cette  moindre  rigidité  rend  compte  aussi  du  léger  excès  que  donnent  pour  A 
les  expériences  avec  les  boulets  de  3  livres  et  de  6  livres.  On  avait  donc  toute 
raison  de  s'en  rapporter,  pour  l'application  au  service  de  l'artillerie,  à 
l'expression  résultant  des  expériences  de  Metz,  faites  d'ailleurs  avec  les  pro- 
jectiles en  usage. 

»  Recherchant  alors  les  coefficients  de  la  résistance  de  l'air,  à  l'aide  de  la 

valeur  de  A  résultant  de  chaque  expérience,  c'est-à-dire  celle  de  A  (  i  -4-  -  ) 

et  les  comparant  entre  elles,  on  trouve  qu'ils  seraient  mieux  représentés  en 

prenant  -  =  o,oo25,  ou  r  =  /|00m:s  ;  on  obtient  alors  A  =  0,0260  pour  les 

expériences  de  Metz,  et  0,0268  pour  celles  de  Hutton  sur  le  boulet  de  1  livre 

à  toutes  les  vitesses.  Le  rapport  plus  simple  de  -  a  en   outre  l'avantage  de 

faciliter  les  calculs  et  l'usage  des  Tables  de  balistique. 

»  En  résumé,  le  résultat  des  expériences  de  Metz  en  1839  et  1840,  obtenu 
en  premier  lieu,  s'est  trouvé  confirmé  par  ces  nouvelles  recherches,  et  celui 
des  expériences  de  Hutton  s'est  trouvé  ne  présenter  avec  les  premières 
qu'une  très-petite  différence,  dont  on  trouve  l'explication  naturelle  dans 
la  moindre  perfection  de  la  suspension  du  pendule  employé. 

»  On  a  donc  maintenant  une  expression  simple  de  la  résistance  de  l'air 
sur  les  projectiles,  et  qui  s'étend  à  tous  les  calibres  et  à  toutes  les  vitesses. 
Les  expériences  en  cours  d'exécution  à  Metz,  qui  se  font  avec  des  pré- 
cautions et  des  moyens  nouveaux,  et  comprennent  des  projectiles  oblongs, 
compléteront  la  solution  de  l'importante  question  de  la  résistance  de  l'air 
sur  les  projectiles  animés  de  grandes  vitesses.  » 

physique.  —  applications  d'un  nouveau  système  de  robinet  à  des  machines 
pneumatiques  aspirantes  et  foulantes  ;  parM.  J.-J.  Sii.bermax.v  jeune. 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Regnault,  Despretz.) 

«  J'ai  l'honneur  de  soumettre  au  jugement  de  l'Académie  un  système  de 
pompe  aspirante  et  foulante,  que  j'ai  imaginée  pour  pouvoir,  non-seulement 
réunir  en  un  seul  appareil  la  machine  pneumatique  ordinaire  et  la  pompe 
de  compression,  mais  encore  pour  la  rendre  susceptible  de  se  prêter  à  toutes 
les  combinaisons  dont  les  physiciens  et  les  chimistes  peuvent  avoir  besoin, 


(  io5a  ) 
soit  dans  leurs  recherches  scientifiques,  soit  pour  les  expériences  de  dé- 
monstration dans  les  cours.  Ainsi  elle  permet  de  faire  le  vide  à  simple  ou 
à  double  épuisement,  indifféremment  sur  quatre  platines,  et  simultanément 
dans  un  ou  deux  récipients.  Il  en  est  de  même  pour  la  compression. 

»  Il  résulte,  en  outre,  de  ces  dispositions,  qu'on  peut  transvaser  des 
fluides  de  un  ou  deux  récipients  dans  un  ou  deux  autres  ;  et,  en  reliant  les 
récipients  un  à  un,  on  peut  aussi  déterminer  un  ou  deux  courants  de  gaz. 
Ces  dispositions  peuvent  être  utiles,  soit  pour  des  analyses  chimiques,  soit 
pour  plusieurs  expériences  de  physique,  touchant  les  propriétés  des  gaz , 
comme  chaleur  spécifique,  etc.,  etc. 

»  Il  ne  m'a  été  permis  de  faire  atteindre  ces  propriétés  aux  pompes  aspi- 
rantes et  foulantes,  que  par  l'emploi  des  propriétés  de  nouveaux  systèmes  de 
robinets  que  j'ai  imaginés,  et  dont  l'un  de  ces  systèmes,  à  parties  concen- 
triques, a  été  présenté  par  moi  à  l'Académie.  Une  machine  à  deux  corps  de 
pompe,  munie  de  ce  robinet,  se  trouve  sous  les  yeux  de  l'Académie.  Elle  a 
été  exécutée,  ainsi  qu'un  petit  modèle  décrit  plus  bas,  dans  les  ateliers  de 
deux  jeunes  et  habiles  constructeurs,  MM.  Favre  et  Runemann,  successeurs 
de  M  Pixii. 

»  Dans  le  but  d'être  utile  à  M.  Regnault,  mon  illustre  maître,  j'imaginai, 
en  1 842,  pour  ses  recherches,  une  pompe  plus  commode  que  celles  utilisées 
jusqu'alors  (1).  Cette  pompe  était  à  la  fois  aspirante  et  foulante,  et  avait, 
pour  rétablir  l'équilibre  de  pression,  un  robinet  ordinaire,  outre  les  deux 
conduits  de  soupapes.  J'avais  confié  aux  soins  de  M.  Golaz,  mécanicien,  la 
construction  de  cette  pompe  qui  est  aujourd'hui  très-répandue  dans  les  la- 
boratoires de  physique  et  de  chimie.  Mais  aspirant  à  faire  encore  mieux,  je 
crus  inutile  d'en  donner  communication  à  l'Institut.  L'interversion  des  sou- 
papes exigeait  une  série  d'opérations  que  je  supprime  à  présent  par  l'appli- 
cation des  propriétés  d'une  nouvelle  espèce  de  robinet.  Ce  dernier  n'exige 
pour  cela  qu'une  fraction  de  tour,  et  supplée  à  lui  seul  aux  trois  robinets 
nécessaires  dans  les  précédentes  pompes. 

»  La  machine  à  un  seul  corps  de  pompe  se  compose  d'un  cylindre  verti- 
cal, dans  lequel  se  meut  un  piston  plein,  composé  de  rondelles  de  cuir  ser- 
rées entre  deux  disques  en  laiton  visses  contre  la  tige  du  piston.  Ce  cylindre 
porte  à  sa  base  deux  soupapes  coniques,  l'une  d'aspiration,  l'autre  d'injec- 
tion ou  de  refoulement.  Chacune  de  ces  soupapes  fonctionne  dans  une  pe- 


(1)  Savoir  :  les  petites  pompes  aspirantes  de  Gay-Lussac,  et  les  pompes  de  compression  à 
soupape  latérale. 


(  io53  ) 
tite  boîte  vissée  sur  un  conduit  vertical  traversant  le  boisseau  d'un  gros 
robinet  situé  en  dessous.  L'axe  horizontal  de  ce  robiuet  est  parallèle  à  la  li- 
gne qui  joint  les  centres  des  soupapes  et  dans  le  plan  des  deux  perforations 
précédentes. 

»  i°.  La  clef  du  robinet  est  d'abord  percée  diamétralement,  de  manière 
à  continuer  chacun  des  conduits  verticaux  des  soupapes  jusqu'à  la  partie 
inférieure  du  boisseau,  où  ils  divergent  horizontalement  au  dehors  pour 
pouvoir  s'adapter  à  deux  récipients. 

»  2°.  Outre  ces  deux  canaux  parallèles,  la  clef  porte  deux  perforations 
obliques  à  l'axe  et  croisées  en  X,  mais  coudées  en  sens  contraire  au  milieu, 
pour  ne  point  se  rencontrer.  Ces  trous  obliques  sont  forés  selon  un  plan 
passant  par  l'axe,  et  formant  un  angle  de  3o  degrés  avec  le  plan  qui  contient 
les  deux  conduits  précédents.  Ces  conduits  en  X  servent  à  intervertir  les 
communications  allant  des  récipients  aux  soupapes. 

»  3°.  Enfin  dans  un  plan  passant  de  même  par  l'axe  du  robinet  et  faisant 
avec  le  précédent  encore  un  angle  solide  de  3o  degrés,  se  trouvent  les  ori- 
fices de  deux  conduits  parallèles  à  l'axe  du  robinet  et  disposés  en  paren- 
thèses renversées  f=^. 

»  Ces  conduits,  tout  en  interceptant  la  communication  entre  le  corps  de 
pompe  et  les  récipients,  établissent  ainsi,  d'une  part,  la  communication 
entre  les  deux  soupapes,  à  la  partie  supérieure  du  robinet;  et,  d'autre  part, 
à  la  partie  inférieure,  la  communication  entre  les  conduits  d'aspiration  et 
de  compression.  Ces  conduits  servent  ainsi  à  rétablir,  au  besoin,  l'équilibre 
de  pression  entre  les  deux  récipients  ou  bien  entre  un  des  récipients  et 
l'atmosphère;  car  chacun  des  conduits  parallèles  à  l'axe  du  robinet,  outre 
la  communication  bifurquée  en  parenthèse,  peut  communiquer  avec  l'air 
extérieur  :  pour  cela  on  n'a  à  ouvrir  qu'un  petit  bouchon  conique  vissé  à 
l'extrémité  de  prolongements  pratiqués  au  bout  des  conduits  parallèles  à 
l'axe  et  débouchant  à  la  face  opposée  à  la  poignée  du  robinet. 

»  Pour  éviter  toute  méprise  dans  la  manœuvre  du  robinet,  la  poignée  est 
en  forme  d'étoile  à  six  rayons  correspondants  aux  trois  plans  diamétraux 
contenant  les  orifices.  Sur  chacun  de  ces  rayons,  se  trouve  gravé  l'un  des 
signes II,  X,  j=J,  qui  indiquent  ainsi  le  genre  de  communication  correspon- 
dant. Dans  les  positions  intermédiaires,  le  robinet  ferme  toute  commu- 
nication. A  la  partie  inférieure  du  boisseau  du  robinet,  ou  base  de  la  pompe, 
la  continuation  de  chacun  des  conduits  verticaux  vient  aboutir  à  l'extérieur, 
comme  il  a  déjà  été  dit,  par  un  tube  horizontal,  au  bout  duquel  se  visse,  à 

C.  R  ,  iS5G,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N«  22.)  '  38 


(  io54  ) 
écrou,  l'ajutage  pouvant  établir  la  communication  avec  un  récipient  ou 
circuit  quelconque. 

»  Machine  à  deux  corps  de  pompe.  —  Chacun  de  ces  corps  de  pompe  est 
muni  d'une  soupape  d'aspiration  et  de  compression.  Ces  quatre  soupapes 
sont  dans  un  même  plan  vertical.  Les  parties  inférieures  des  conduits  des 
soupapes  les  plus  rapprochées  de  chacun  de  ces  corps  de  pompe  sont  reliées 
entre  elles  par  un  tube  ou  conduit  foré  dans  le  massif  de  la  base  des  deux 
corps  de  pompe.  Les  conduits  des  soupapes  les  plus  éloignées  sont  de  même 
reliés  par  un  tube  horizontal.  Aux  deux  points  de  jo'nction  de  ces  deux  con- 
duits horizontaux  avec  chacun  des  quatre  conduits  verticaux,  se  trouve  un 
robinet  à  trois  issues  en  forme  de  T,  reliées  au  moyen  d'un  conduit  hori- 
zontal avec  ajutage  aune  platine  mobile.  On  a  ainsi,  vis-à-vis  de  chacune 
des  quatre  soupapes,  un  orifice  au  bout  duquel  on  peut  adapter  un  récipient 
quelconque. 

»  Chaque  corps  de  pompe  est  muni  d'un  manomètre  et  d'une  éprouvette. 
Les  manomètres  et  éprouvettes  attenant  au  corps  de  pompe  sont  fixés  laté- 
ralement à  chacun  des  cylindres,  et  communiquent  à  l'intérieur  au  moyen 
d'un  petit  conduit  horizontal  atteignant  le  conduit  vertical  de  chacune  des 
soupapes,  entre  celles-ci  et  le  robinet.  De  cette  façon,  les  manomètres  et 
les  éprouvettes  se  trouvent  indépendants  des  interversions  des  robinets. 

»  Les  tubes  de  ces  manomètres  et  éprouvettes  sont  fixés  chacun  sur  un 
trou  axial  d'un  petit  robinet  communiquant  avec  des  conduits,  transversaux 
en  forme  de  T.  La  boîte  de  ce  robinet  est  perforée,  à  l'opposite  du  corps 
de  pompe,  d'un  trou  qu'on  ouvre  en  tournant  de  90  degrés  le  robinet  qui 
porte  le  manomètre  sur  son  axe.  On  opère  de  cette  façon,  quand  il  s'agit  de 
faire  simultanément  le  vide  ou  la  compression  dans  deux  récipients  à  la  fois. 

»  Le  système  de  communication  du  robinet,  décrit  ci-dessus,  peut  aussi 
être  appliqué  comme  moyen  de  communication  électrique,  en  substituant 
au  métal  un  corps  non  conducteur,  et  en  remplissant  les  perforations  par 
des  fils  conducteurs. 

»  En  développant  ce  système  de  communication  sur  un  plan,  il  en  résulte 
encore  un  tiroir  jouissant  des  mêmes  propriétés  que  le  robinet.  » 

géologie.  —  De  Information  et  de  la  répartition  des  reliefs  terrestres  (troi- 
sième Mémoire);  par  M.  F.  de  Francq.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(  Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Élie  de  Beaumont,  Dufrénoy, 

de  Senarmont.  ) 

«  Les  sommes  terrestres  des  grands  cercles  de  mes  roses  se  groupent  de 


(  io55  ) 
la  manière  suivante  sur  les  cent  cinq  grands  cercles  qui  s'inclinent  de  l'équa- 
teur  jusqu'au  65e  degré  de  latitude. 


Grands  cercles  groupés  par  sections  de  sommes  terrestres. 

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16 

1  1 

II 

29 

27 

78 

»  Ce  résumé  nous  montre,  i°  que  lesminima  et  maxima  terrestres  des 
grands  cercles  se  contre-balancent  entre  eux;  20  que  les  grands  cercles  de 
moins  de  102  degrés  terrestres  sont  en  nombre  si  dominant,  qu'ils  ont  dû 
imposer  leurs  exhaussements  communs  aux  autres  grands  cercles,  et  qu'ils 
ont  pu  les  contraindre  à  répartir  ainsi  leur  somme  d'exhaussement  sur 
plus  de  102  degrés. 

»  Les  vingt-trois  grands  cercles  dont  la  somme  terrestre  se  maintient 
entre  92  \  et  102  degrés  qui  nous  offrent  ainsi  des  sommes  terrestres  pres- 
que normales  (cette  somme  étant  de  99  |  degrés)  passent  si  régulièrement 
sur  tous  nos  continents,  qu'ils  en  motiveraient  à  eux  seuls  déjà  les  contours 
généraux.  Les  grands  cercles  de  moins  de  92  -  degrés  terrestres  (qui  attei- 
gnent tous  le  chiffre  de  98  à  100  degrés  parleurs  arcs  marins  rectangulaires), 
viennent  compléter  largement,  à  leur  tour,  ce  premier  réseau  en  nous  pré- 
sentant des  triples  et  quadruples  entre-croisements  sur  presque  toutes  les 
surfaces  terrestres. 

»  Les  grands  cercles  de  plus  de  102  degrés  terrestres  ne  forment,  au  con- 
traire, que  trois  faisceaux  sur  mes  roses. 

»  Le  premier  de  ces  faisceaux  part  à  l'équateur  du  90e  degré  est  et  ouest 
de  longitude.  U  présente  une  moyenne  terrestre  de  126°, 45  xz  sur  cinq 
grands  cercles  qui  remontent  du  60e  au  80e  degré  de  latitude.  Le  deuxième 

i38.. 


(  io56  ) 
part  à  l'équateur  du  45e  degré  ouest  et  i35e  degré  est  de  longitude.  Il 
présente  une  moyenne  terrestre  de  i38°,88  xz  sur  quatorze  grands  cercles 
qui  remontent  du  10e  au  75e  degré  de  latitude.  Enfin,  le  troisième  part  à 
l'équateur  du  méridien  de  Paris  et  du  r8oe  degré  de  longitude.  Il  présente 
une  moyenne  terrestre  de  iio°,5g  sur  huit  grands  cercles  qui  remontent 
du  25e  au  60e  degré  de  latitude. 

»  Le  premier  de  ces  faisceaux  longe  toutes  les  chaînes  orientales  de  l'Asie, 
depuis  le  Birman  et  l'An-Nam  jusqu'au  Kamtschatka  ;  il  passe  ensuite  sur 
l'Amérique  septentrionale  dont  il  longe  tout  le  grand  système  occidental 
depuis  l'Amérique  russe  jusqu'au  golfe  du  Mexique. 

»  Le  deuxième  de  ces  faisceaux  longe,  dans  notre  hémisphère,  la  chaîne 
de  la  Guinée  septentrionale  et  l'Atlas,  en  passant  sur  tout  le  Sahara;  il 
longe  ensuite  plus  au  nord  l'alignemeut  général  formé  par  la  Méditerranée, 
la  mer  Noire,  la  mer  Caspienne,  le  lac  d'Aral,  etc.,  celui  formé  par  les  côtes 
delà  Manche,  de  la  Hollande,  du  Danemark  et  de  la  Suède,  par  la  Baltique, 
le  golfe  de  Finlande  et  les  lacs  Ladoga  et  Onega. 

»  Enfin,  le  grand  cercle  qui  remonte  le  plus  au  nord  dans  ce  deuxième 
faisceau,  longe  l'alignement  formé  par  les  Héhrides  et  les  Shetland,  par  les 
côtes  de  la  Norwége,  de  la  Laponie,  etc. 

»  Notre  deuxième  faisceau  suit  en  Asie  les  alignements  généraux  for- 
més par  les  chaînes  de  l'Asie  Mineure,  par  celles  de  l'Afghanistan,  et  enfin 
parcelles  de  l'Himalaya  ;  il  longe  ensuite  la  côte  orientale  de  l'Australie 
ainsi  que  presque  tous  les  alignements  du  centre  de  l'Amérique  méri- 
dionale. 

»  Le  troisième  faisceau,  qui  part  à  l'équateur  du  méridien  de  Paris,  suit 
en  Asie  l'alignement,  i°  de  l'Altaï,  20  du  Thia-Shan,  3°  du  Péling,  4°  de 
plusieurs  chaînons  du  Balouchistan  et  du  Népaul,  5°  de  la  chaîne  du 
Vindhya,  etc. 

»  Ce  faisceau  vient  donc  motiver  avec  le  faisceau  précédent  la  plupart 
des  grands  alignements  qui  se  dirigent  plus  ou  moins  de  l'est  à  l'ouest  en 
Asie,  tandis  que  le  premier  longe  les  alignements  plus  ou  moins  nord-sud 
de  la  côte  orientale  de  ce  continent,  et  ceux  de  la  côte  occidentale  de 
l'Amérique  septentrionale. 

»  Mes  faisceaux  de  grands  cercles  polaires  viennent  compléter  cet  aperçu 
des  causes  qui  ont  pu  provoquer  la  formation  des  principales  chaînes  du 
globe. 

«  Ces  faisceaux  nous  montrent,  ainsi,  qu'il  existe  à  l'équateur,  du  80e  au 
iaoe  degré  est  de  longitude,  une  large  bande  de  grands  cercles  polaires  de 


(  lo57  ) 
plus  de  102  degrés  terrestres  qui  se  dirigent,  du  nord  au  nord-est  en  Asie. 
Cette  bande  de  grands  cercles,  dont  la  moyenne  terrestre  est  de 

io5°,6,j  xz  sur  3  grands  cercles,  au  70e  degré  est  de  longitude, 

ii2°,75  xz  sur  5  grands  cercles  au  80e  degré  est  de  longitude, 

i26°,45  xz  sur  5  grands  cercles  au  90e  degré  est  de  longitude, 

i4i°j6i  xz  sur  7  grands  cercles  au  ioo°  degré  est  de  longitude, 

i35°,64  xz  sur  7  grands  cercles  au  119e  degré  est  de  longitude, 

iii°,8i  xz  sur  4  grands  cercles  au  120e  degré  est  de  longitude, 

coupe  l'équateur,  depuis  les  îles  Maldives  jusqu'à  l'île  Célèbes,  et  suit  tout  le 
grand  système  oriental  de  l'Asie  en  passant  en  même  temps  sur  toutes  ses 
mers  cotières  et  sur  le  grand  archipel  de  la  Malaisie.  Cette  bande  de  grands 
cercles  longe  ensuite  les  chaînes  occidentales  de  l'Amérique  septentrionale, 
ainsi  que  celles  de  l'Amérique  méridionale,  en  passant  sur  le  golfe  du  Mexi- 
que et  la  nier  des  Antilles.  De  nombreux  grands  cercles  de  plus  de  102  de- 
grés terrestres  se  dirigent  en  Asie  du  nord  au  nord-nord-ouest  et  occupent 
également  à  l'équateur  une  base  qui  s'étend  du  70e  degré  est  de  longitude 
jusqu'au  i3oe  degré  est  de  longitude.  Mes  faisceaux  de  grands  cercles  nous 
offrent  dans  cette  direction  les  chiffres  suivants  : 
»  Moyenne  terrestre  de  : 

io3°,87#    sur  2  grands  cercles  au  70e  degré  est  de  longitude, 

11 6°       x    sur  3  grands  cercles  au  80e  degré  est  de  longitude, 

il 3°, cfixz  sur  6  grands  cercles  au  100e  degré  est  de  longitude, 

i2g°,o8.rz  sur  6  grands  cercles  au  110e  degré  est  de  longitude, 

i3i°,46xz  sur  6  grands  cercles  au  120e  degré  est  de  longitude, 

125°      xz  sur  6  grands  cercles  au  i3oe  degré  est  de  longitude. 

»  Ces  faisceaux  longent  la  plupart  des  alignements  qui  se  dirigent  :  i°  du 
nord  au  nord-nord-ouest  en  Asie;  a°  du  nord  au  nord-nord-est  dans  l'A- 
mérique septentrionale,  et  3°  du  sud  au  sud-sud-ouest  dans  l'Amérique 
méridionale.  Ces  faisceaux  passent  aussi  dans  leur  parcours  sur  le  grand 
archipel  de  la  Malaisie,  sur  une  partie  des  mers  qui  bordent  la  côte  orien- 
tale de  l'Asie,  ainsi  que  le  golfe  du  Mexique  et  la  mer  des  Antilles.  Les 
grands  cercles  de  plus  de  102  degrés  terrestres  viennent  donc  motiver  non- 
seulement  la  direction  des  principaux  alignements  terrestres  du  globe, 
mais  encore  la  dépression  des  arcs  marins  rectangulaires  que  j'ai  constatés 
sur  mes  roses  de  grands  cercles. 

»  Le  résumé  ci-joint  fera  ressortir  ce  dernier  point  ainsi  que  le  rapport 
qui  existe  entre  les  arcs  marins  rectangulaires  et  les  actions  volcaniques. 


(  io58  ) 


.Résumé  des  arcs  marins  rectangulaires  de  mes  roses  de  grands  cercles  et  des  volcans  qui  ont  été 
constatés  sur  les  alignements  rectangulaires  de  ces  arcs  marins. 


i°.  Mer  des  Antilles,  golfe  du  Mexique,  etc 

2°.   Des  iles  Galapagos  à  l'Amérique  méridionale 

3°.  Golfe  de  Californie 

4°.  Mer  de  Kamtschatka 

5°.   Mer  d'Okhotsk 

6° .   Mer  du  Japon 

7° .  Mer  Jaune  et  mer  de  Corée 

8°.  Canal  de  Formose,  merde  Chine,  elc 

9°.   Détroit  de  Malacca,  mer  de  Java,  etc 

io°.   De  la  Nouvelle-Guinée  aux  îles  Carolines,  etc 

ii°.   De  la  Nouvelle-Guinée  aux  iles  Salomon,  etc 

12°.   De  la  Nouvelle-Calédonie  et  des  iles  Witi  vers  l'équateur,  etc 

i3°.  Golfe  du  Bengale 

1 4°  •  Canal  de  Mozambique ,  etc 

i5°.  Golfe  d'Aden,  mer  Rouge  et  golfe  Persique 

i6°.  Méditerranée,  etc 

170.  Côtes  occidentales  de  l'Europe,  mer  du  Nord,  Islande,  etc... 
180.  Côte  occidentale  de  l'Afrique : 

Totaux 


i53 


ARCS    MARINS 

VOLCANS. 

rectangulaires. 

21 

55 

4 

■9 

3 

2 

6 

54 

3 

i3 

3 

11 

4 

6 

18 

27 

35 

77 

8 

1 

8 

4 

7 

6 

6 

5 

5 

6 

7 

23 

7 

12 

5 

10 

3 

9 

340 


»  Ce  résumé  nous  mentionne  des  bassins  qui  nous  présentent  presque 
tous  les  mêmes  caractères. 

»  Ces  bassins,  dont  les  arcs  marins  terminés  par  des  alignements  rec- 
tangulaires nous  représentent  des  arcs  terrestres  sous  tous  les  rapports;  ces 
bassins,  dont  les  alignements  rectangulaires  sont  toujours  plus  ou  moins 
volcaniques  ;  ces  bassins  qui  paraissent  n'être  que  des  surfaces  continen- 
tales immergées  ou  des  surfaces  marines  en  voie  d'exhaussement  ;  ces  bas- 
sins, dis-je,  sont  tous  croisés,  ainsi  que  nous  venons  de  le  voir,  par  de 
nombreux  grands  cercles  de  plus  de  100  degrés  terrestres  qui  en  motivent 
la  dépression.  Tout  semble  donc  nous  indiquer  que  l'écorce  terrestre  est  en 
travail  sur  ces  points  du  globe,  et  que  les  actions  volcaniques  ne  sont  que 
des  effets  secondaires  de  ce  travail  qui  tend  à  exhausser  ou  à  déprimer  des 
bassins  tout  entiers.   » 


(  1(>59  ) 

mécanique  céleste.  —  Mémoire  sur  le  développement  en  série  d'une  partie 
de  Injonction  perturbatrice  ;  par  M.  Bourget.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Liou- 
ville,  Delaunay,  et  M.  Bertrand  en  remplacement  de  M.  feu  Binet.) 

«  La  fonction  que  Laplace  appelle  perturbatrice  est 


-■> 


.  ,  -D        XX'+YY'+ZZ'  r 

(0  R  = v? ?> 

dans  laquelle 

X,  Y,  Z,  X',  Y',  Z'     désignent  les  coordonnées  héliocentriques, 
r,  r1  •      »        les  rayons  vecteurs, 

p  »         la  distance  mutuelle. 

»  Hamilton  a  fait  voir  dans  un  Mémoire  bien  connu  des  géomètres  (*), 
qu'on  peut  la  remplacer  par  la  suivante  : 

(2)  Q  =  —, ;(DtXD,X'+D,YDfY'  +  D,ZD,Z)  - -, 

f*(*  P 

dans  laquelle  fx,  pi  désignent  respectivement, 

1  -h  m,      1  +  m'. 

»  La  substitution  de  £2  à  R  ne  change  rien  aux  formules  qui  donnent  les 
variations  des  éléments,  et  dans  les  deux  systèmes  les  perturbations  des 
coordonnées  ont  les  mêmes  valeurs.  Mais  ù  étant  symétrique  par  rapport 
aux  deux  planètes,  cette  substitution  abrège  d'une  manière  notable  le  cal- 
cul des  inégalités.  Il  paraît  donc  important  d'ajouter  au  développement 

de  -  celui  de 

P 

(3)  A  =  -,(D(XDtX'+DJDtY'+  DtZD,Z'), 

f*P* 

en  une  série  de  termes  proportionnels  aux  sinus  et  cosinus  des  multiples 
des  anomalies  moyennes  T,  T'  des  deux  planètes. 

»  Si  l'on  applique  à  cette  fonction  la  méthode  ordinaire,  basée  sur  l'em- 
ploi de  la  série  de  Taylor,  on  obtient  sans  beaucoup  de  peine  tous  les  termes 

(*)  On  a  gênerai  methodin  dynamics,  Transact.  philos.,  i834  et  i835.  —  Ce  Mémoire  a 
été  l'objet  de  l'étude  de  M.  Houel  dans  sa  thèse  présentée  à  la  Faculté  de  Paris,  en  i855. 


(  io6o  ) 

qui  ne  dépassent  pas  le  quatrième  ordre;  mais  au  delà  les  calculs  deviennent 
extrêmement  compliqués.  J'ai  cherché  à  effectuer  ce  même  développement 
en  évitant  la  série  de  Taylor,  par  la  méthode  des  quadratures.  J'ai  été  assez 
heureux  pour  trouver  une  formule  générale  extrêmement  simple,  et  dont 
on  déduit  avec  la  même  facilité  tous  les  termes  quel  que  soit  leur  ordre. 

»  Pour  montrer  le  détail  de  toutes  les  opérations  à  effectuer,  leur  symé- 
trie et  leur  simplicité,  pour  donner  eu  même  temps  aux  astronomes  les 
moyens  d'utiliser  dans  leurs  recherches  la  fonction  perturbatrice  d'Hamil- 
ton,  j'offre  ici  le  tableau  complet  de  tous  ses  termes  jusqu'au  sixième  ordre. 
Je  prolongerais  sans  peine  ce  tableau,  si  le  calcul  de  quelque  inégalité  à 
longue  période  l'exigeait.  De  nombreuses  vérifications  résultent  de  la  symé- 
trie même  des  formules,  et  permettent  d'affirmer  l'exactitude  complète  des 
résultats  obtenus. 

»  Dans  cette  application  étendue,  la  première  qu'on  ait  faite  de  la  mé- 
thode des  quadratures  au  développement  série,  j'ai  introduit  encore  avec 
succès  les  nombres  N  de  M.  Cauchy,  dont  j'ai  formé  une  Table  dans  un 
autre  Mémoire  (*).  On  peut  donc  affirmer  que  ces  nombres  se  présentent 
naturellement  dans  la  formation  des  suites  trigonométriques  propres  à  repré- 
senter les  fonctions  que  l'on  trouve  en  astronomie. 

»  En  résumé,  il  me  semble  que  l'Académie  verra  avec  satisfaction  des  cal- 
culs faciles,  élégants,  dans  la  résolution  d'un  problème  où  les  méthodes  ha- 
bituelles conduisent  à  des  opérations  fastidieuses  par  leur  complication  et 
par  l'emploi  de  séries  auxiliaires  sans  loi  manifeste.   » 

chimie.  —  Note  sur  la  préparation  et  les  propriétés  de  l'acide  arsénique ; 

parM.E.  Kopp. 
(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Dumas.) 

«  Le  procédé  suivant  a  été  trouvé  le  plus  avantageux  pour  préparer  de 
grandes  quantités  d'acide  arsénique. 

»  Sur  /joo  kilogrammes  d'acide  arsénieux  en  poudre,  on  fit  couler  très-, 
lentement  3oo  kilogrammes  d'acide  nitrique  de  i ,  35  p.  sp.  On  opérait  dans 
une  citerne  d'environ  1 5oo  litres  de  capacité  ;  la  réaction  commence  presque 
immédiatement,  la  température  s'élève  de  plus  en  plus,  et  il  se  manifeste  une 
ébullition  très- vive,  accompagnée  d'un  très-grand  dégagement  de  vapeurs 
nitreuses.  Pour  ne  point  laisser  celles-ci  se  perdre  dans  l'atmosphère,  où  leur 
abondance  aurait  pu  exercer  une  action  très-nuisible  sur  la  végétation  envi- 


(*)   Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Sciences;  mars  i856. 


(  io6i  ) 
ronnante,  on  profita  de  l'appel  énergique  d'une  très-haute  cheminée  de 
fabrique  pour  faire  passer  les  vapeurs  rutilantes,  conjointement  avec  de 
l'air  atmosphérique  et  de  la  vapeur  d'eau,  à  travers  plusieurs  serpentins  con- 
densateurs. Ces  serpentins  étaient  formés  de  très-gros  tuyaux  en  grès  remplis 
de  coke  bien  épuré,  et  arrosé  continuellement  par  un  filet  d'eau  ou  d'acide 
nitrique  faible,  provenant  d'une  condensation  antérieure.  On  réussit  ainsi 
à  reproduire  un  acide  nitrique  de  i,  i5  à  i,  18  p.  sp.  et  représentant  des 
deux  tiers  aux  trois  quarts  de  l'acide  employé.  Au  bout  de  vingt-quatre  à 
trente-six  heures,  l'acide  arsénique  liquide,  parfaitement  limpide  et  ayant 
la  consistance  de  l'acide  sulfurique  concentré,  fut  soutiré  de  la  citerne  par 
un  siphon  en  plomb.  Ayant  eu  soin  de  maintenir  toujours  un  petit  excès 
d'acide  arsénieux  dans  la  réaction,  l'acide  arsénique  en  renfermait  une  petite 
quantité  en  solution  ;  mais  il  suffit  de  -^  à  T^  d'acide  nitrique  con- 
centré, ajouté  à  la  liqueur  encore  tiède,  pour  obtenir  une  oxydation  com- 
plète. 

»  L'acide  arsénique  liquide  ainsi  obtenu,  abandonné  quelque  temps  à 
lui-même,  lorsque  la  température  extérieure  ne  dépasse  pas  1 5  degrés  cen- 
tigrades, se  prend  souvent,  surtout  lorsqu'on  l'agite,  en  masse  semi-liquide, 
par  suite  de  la  formation  d'une  quantité  de  cristaux  limpides  et  trans- 
parents. Ces  cristaux  se  présentent  tantôt  sous  forme  de  prismes  allongés, 
tantôt  sous  forme  de  lames  rhomboïdales.  Ils  sont  extrêmement  déliques- 
cents, se  dissolvent  presque  instantanément  dans  l'eau  en  produisant  un 
froid  considérable  (l'abaissement  de  température  est  d'environ  i5  degrés 
centigrades),  et  renferment  24  pour  100  d'eau.  Ils  sont  donc  As205-+-  4Aq. 
C'est  Kacide  arsénique  tribasique  avec  1  atome  d'eau  de  cristallisation.  J'ai 
plusieurs  fois  obtenu  de  magnifiques  cristallisations,  ressemblant,  à  s'y  mé- 
prendre, à  une  belle  cristallisation  de  sulfate  sodique.  Les  cristaux,,  chauffés 
à  100  degrés,  se  liquéfient;  de  l'eau  se  dégage,  et  bientôt  on  voit  se  former 
un  dépôt  blanchâtre  qui  devient  plus  abondant  en  laissant  refroidir  la  li- 
queur. Ce  dépôt,  ayant  l'apparence  d'une  crème  épaisse,  est  constitué  par 
une  multitude  de  petites  aiguilles  qui,  exprimées  fortement  entre  des  feuilles 
de  papier  buvard,  renferment  environ  19  pour  100  d'eau  et  sont 
AsaOs+3Aq. 

»  Cet  hydrate  s'obtient  très-facilement,  même  en  opérant  sur  de  petites 
quantités,  en  évaporant  longtemps  au  bain-marie  une  dissolution  quel- 
conque d'acide  arsénique.  Il  se  dissout  facilement  dans  l'eau,  mais  sans 
produire  de  changements  notables  de  température. 

»  Cet  acide  peut  servir  pour  obtenir  As2Os  +  4Aq,  dont  la  préparation 

C.  R.,  i856,  Ier  Semestre.  (  T.  XLII,  N°  22.)  I  39 


(  io6i  ) 
en  petit  présente  quelque  difficulté.  A  cet  effet,  on  évapore  au  bain-marie 
une  solution  d'acide  arsénique,  jusqu'à  ce  que  sa  densité  soit  d'environ  2,2. 
Par  le  refroidissement,  As2Os  -+-  3Aq  se  dépose  abondamment  sous  forme 
de  crème  blanche,  au-dessus  de  laquelle  se  trouvent  des  eaux-mères  lim- 
pides et  de  consistance  presque  huileuse.  On  prend  alors  parties  égales 
d'eaux  mères  et  de  dépôt  blanc  ;  on  dissout  ce  dernier  dans  un  peu  moins 
de  moitié  de  son  volume  d'eau,  et  on  verse  la  solution  dans  les  eaux  mères. 
Au  bout  de  quelque  temps  on  voit  se  former  une  abondante  cristallisation 
de  As205-h/4Aq. 

»  Si,  au  lieu  d'évaporer  une  solution  d'acide  arsénique  à  100  degrés,  on 
élève  la  température  à  1 4.0  ou  180  degrés,  on  voit  apparaître  peu  à  peu  une 
nouvelle  espèce  de  cristaux  (paraissant  former  des  prismes  droits)  durs, 
brillants,  adhérents  fortement  les  uns  aux  autres,  qui  ne  renferment  plus 
que  i3,5  pour  100  d'eau  et  constituent  l'acide  As205  -+-  2Aq. 

»  Les  eaux  mères  de  ces  cristaux  ont  à  16  degrés  2,365  p.  sp.  A  100 
degrés,  leur  densité  n'est  plus  que  de  2,277.  C'est  donc  une  des  solutions 
aqueuses  les  plus  denses. 

»  L'acide  arsénique  bihydraté  se  dissout  encore  assez  facilement  dans 
l'eau,  et  produit  une  forte  élévation  de  température,  en  opérant  sur  des 
quantités  un  peu  considérables.  Si  l'on  maintient  une  solution  très-con- 
centrée de  cet  acide  pendant  quelque  temps  à  200  degrés,  et  qu'ensuite 
on  monte  lentement  vers  206  degrés,  on  observera  à  un  instant  donné 
la  transformation  de  l'acide  bihydraté  en  acide  monohydraté.  Le  li- 
quide qui  ne  dégageait  que  très-faiblement  de  la  vapeur  d'eau,  se 
trouble  tout  à  coup,  devient  pâteux  et  se  convertit  en  une  masse  nacrée, 
d'un  blanc  éclatant.  Il  se  forme  en  même  temps,  après  une  période  de  pro- 
jection très-courte,  des  espèces  de  cratères,  par  lesquels  se  dégage,  en  sif- 
flant, la  vapeur  d'eau,  avec  une  force  considérable. 

»  La  masse  nacrée,  soustraite,  dès  qu'elle  paraît  sèche,  à  l'action  de  la 
chaleur,  renferme  environ  7,3  pour  100  d'eau,  et  constitue  l'acide  arsé. 
nique  monohydraté,  As205  -+-  Aq.  Cet  acide,  qu'il  est  un  peu  difficile  d'ob- 
tenir tout  à  fait  exempt  d'acide  anhydre,  est  lent  à  se  dissoudre  dans  l'eau 
froide  ;  en  le  mettant  en  contact  avec  l'eau  un  peu  chaude,  la  dissolution 
se  fait  encore  assez  facilement  et  avec  un  grand  dégagement  de  chaleur. 

»  Dans  toutes  ces  dissolutions,  l'acide  arsénique  passe  à  l'état  d'acide  ar- 
sénique trihydraté  ordinaire. 

>>  Les  différents  acides,  chauffés  à  une  température  voisine  du  rouge 
obscur,  fournissent  l'acide  arsénique  anhydre.  Celui-ci  n'est  plus  un  acide, 


(  io63  ) 
c'est  un  corps  inerte,  sans  action  sur  le  tournesol,  insoluble  dans  l'eau, 
l'ammoniaque,  etc.. Il  peut  rester  des  journées  entières  exposé  au  contact 
de  l'air  humide,  sans  s'humecter;  cependant,  à  la  longue,  il  se  liquéfie 
et  reproduit  l'acide  trihydraté  ordinaire.  Chauffé  au  rouge,  il  se  décompose, 
sans  fondre,  en  acide  arsénieux  et  oxygène  qui  se  dégagent.  Pour  le  fondre, 
il  faut  en  soumettre  très-brusquement  une  quantité  notable  à  une  tempé- 
rature rouge -cerise.  La  majeure  partie  se  décompose  et  se  volatilise,  mais  le 
reste  forme  un  culot  blanc-jaunâtre  ;  la  présence  d'une  faible  quantité  d'al- 
cali favorise  extrêmement  la  fusibilité. 

»  Avant  de  remettre  la  préparation  et  l'usage  de  l'acide  arsénique  entre 
les  mains  des  ouvriers,  j'ai  cru  devoir  en  expérimenter  moi-même  l'action 
sur  l'organisme.  Voici,  en  résumé,  ce  que  j'ai  observé  : 

»  L'acide  arsénique  hydraté,  appliqué  sur  la  peau,  y  produit  bientôt  des 
ampoules,  tout  à  fait  semblables  à  des  brûlures;  les  ulcères  qui  en  sont  ré- 
sultés ont  guéri  sans  la  moindre  difficulté. 

»  En  laissant  les  mains  fréquemment  en  contact  avec  une  solution  d'acide 
arsénique,  assez  étendue  pour  ne  pas  agir  comme  caustique,  on  reste  assez 
longtemps  sans  rien  ressentir.  Peu  à  peu  on  éprouve,  sous  les  ongles  princi- 
palement, une  sensation  pénible  qui  finit  par  devenir  franchement  et  for- 
tement douloureuse  ;  enfin  il  se  déclare  un  gonflement  considérable  ;  les 
doigts  doublent  de  volume,  le  gonflement  s'étend  graduellement  à  la 
main  entière  et  même  à  l'avant-bras;  en  même  temps  se  déclarent  des  mou- 
vements fébriles.  En  usant  de  précaution  et  surtout  en  lavant  fréquemment 
les  mains  dans  de  l'eau  de  chaux,  ces  symptômes  disparaissent  rapidement. 

»  J'ai  constaté  la  présence  de  l'arsenic  dans  les  excrétions  liquides  et 
solides.  Du  reste,  je  n'ai  éprouvé  aucune  altération  de  la  santé  générale  ;  seu- 
lement, dans  les  deux  mois  pendant  lesquels  je  maniais  presque  journellement 
l'acide  arsénique,  j'observai  une  augmentation  du  poids  du  corps  de  près 
de  10  kilogrammes.  Ayant  cessé  de  m'occuper  de  cet  acide,  au  bout  de 
neuf  à  dix  semaines  le  corps  est  revenu  au  poids  ordinaire  de  ^5  kilo- 
grammes. » 

A  la  Note  de  M.  Ropp  est  joint  un  échantillon  d'étoffe  de  coton  impri- 
mée en  rouge,  dans  laquelle  les  dessins  blancs  ont  été  enlevés  au  moyen  de 
l'acide  arsénique. 

C'est  en  cherchant  à  substituer  pour  cet  usage  industriel  l'acide  arsé- 
nique à  l'acide  tartrique  que  M.  Ropp  a  été  conduit  aux  recherches  dont 
quelques-uns  des  résultats  sont  exposés  dans  la  précédente  Note.  «  La  nou- 

i3g.. 


(  io64  ) 
velle  application,  quoique  restreinte  à  un  cas  très-particulier  et  d'une  im- 
portance secondaire,  n'en  a  pas  moins  causé,   remarque  l'auteur  dans  la 
Lettre  d'envoi,  une  consommation  de  plusieurs  milliers  de  kilogrammes  d'a- 
cide arsénique  par  an.  » 

tératologie.  —  Note  s ur  un  monstre  exencéphalien  ;  par  M.  E.  Gintrac. 

(Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Serres,  Is.  Geoffroy-Saint-Hilaire,  Rayer.) 

«  Le  fœtus  qui  fait  le  sujet  de  cette  Note  était  du  sexe  masculin,  et  né  à 
terme  à  l'hôpital  de  la  Maternité  de  Bordeaux,  à  la  suite  d'un  accouche- 
ment laborieux.  Il  présentait  une  dépression  considérable  de  la  voûte  du 
crâne  et  une  tumeur  volumineuse,  aplatie  et  allongée,  sur  le  côté  droit  du 
cou,  s'étendant  sur  le  même  côté  du  thorax,  en  soulevant  le  scapulum. 

»  L'examen  anatomique  de  cette  éminence  anormale  a  fait  reconnaître 
qu'elle  était  due  à  la  présence  d'une  partie  du  cerveau  dont  les  circonvolu- 
tions et  la  texture  étaient  parfaitement  reconnaissables.  Les  côtes,  les  muscles 
intercostaux  étaient  recouverts  par  cette  couche  épaisse  de  substance  céré- 
brale qui  s'enfonçait  profondément  dans  la  région  cervicale.  Là,  un  inter- 
valle de  i  à  a  centimètres  séparait  la  troisième  vertèbre  de  la  quatrième; 
les  deux  artères  vertébrales  étaient  conservées.  La  droite  marchait  au  mi- 
lieu de  la  matière  cérébrale.  Les  nerfs  cervicaux  qui  concouraient  à  la 
formation  du  plexus  brachial  étaient  très-distincts. 

»  Dans  l'intervalle  des  troisième  et  quatrième  vertèbres  du  cou  se 
voyaient  la  moelle  épinière  et,  à  son  extrémité  supérieure,  un  renflement 
manifeste  où  il  était  possible  de  distinguer  le  bulbe,  le  mésocéphale  et  les 
rudiments  du  cervelet. 

»  Le  crâne  et  les  trois  premières  vertèbres  cervicales  ayant  été  divisés  sur 
la  ligue  médiane,  il  devint  évident  qu'une  portion  de  l'encéphale  avait 
conservé  sa  position  normale  :  c'était  l'hémisphère  gauche  du  cerveau. 
Le  déplacement  d'une  portion  considérable  de  cet  organe  mentionné  dans 
cette  Note,  n'a  pu  être  attribué  à  des  violences  extérieures.  Les  tégu- 
ments et  le  tissu  cellulaire  ne  portaient  l'empreinte  d'ancune  lésion.  La 
conservation  des  vaisseaux  du  cou,  l'absence  de  tout  épanchement  sanguin 
profond,  prouvent  bien  qu'il  ne  s'agissait  que  d'une  aberration  congénitale. 
J'ai  donné  à  ce  monstre  le  nom  de  Pleurencéphale  (TrXeupa.  côte,  7rM'jpxç 
de  côté).  C'est  un  genre  nouveau  dont  ce  fait  donne  le  premier  exemple.  » 

Une  figure  lithographiée  accompagne  le  Mémoire  du  monstre  pleuren- 
céphale. 


(  io65  ) 

M.  Brame  présente  un  Mémoire  sur  les  moyens  de  préparer  et  de  con- 
server \esjumiers,  en  y  appliquant  des  matières  terreuses  et  même  de  la 
marne,  et  faisant  intervenir  des  pailles  et  ajoncs. 

Le  but  que  s'est  proposé  l'auteur  est  d'éviter  la  déperdition  de  l'ammo- 
niaque et  de  remplir  ainsi  plusieurs  conditions  utiles  à  la  salubrité  comme 
à  l'économie  des  engrais.  Il  cite  plusieurs  faits  qui  lui  paraissent  établir  les 
avantages  de  ses  procédés  appliqués  dans  la  colonie  de  Mettray  pour  la 
confection  des  litières  et  la  conservation  des  fumiers. 

(Commissaires,  MM.  de  Gasparin,  Payen.) 

MM.  Follin  et  Godbakx,  auteurs  d'un  Mémoire  sur  la  cryptorchidie, 
présenté  au  concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  adressent, 
pour  se  conformer  à  une  condition  imposée  aux  concurrents,  une  indica- 
tion de  ce  qu'ils  considèrent  comme  neuf  dans  leur  travail. 

(Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  Avenier  Delvgrée  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire 
ayant  pour  titre  :  «  Machine  motrice  en  métal,  en  argile  et  en  asbeste,  jouis- 
»  sant  de  la  propriété  de  produire,  au  moyen  des  gaz  chauds  que  dé- 
»  veloppe  la  combustion,  près  du  quadruple  du  travail  des  machines  à 
»  vapeur  et  d'être  beaucoup  moins  altérable  parla  chaleur.  » 

(Commissaires  précédemment  nommés   :    MM.  Poncelet,    Regnault, 

Combes.  ) 

M.  Rodier  adresse,  du  Mans,  un  fragment  d'un  ouvrage  qu'il  a  composé 
sur  la  chronologie  égyptienne.  «  Cette  partie,  dit  l'auteur,  est  celle  qui  a  rap- 
port aux  vérifications  astronomiques,  et  j'appellerai  principalement  l'atten- 
tion de  l'Académie  sur  deux  formules  graphiques  que  j'ai  été  obligé  d'éta- 
blir pour  trouver,  avec  une  approximation  suffisante,  les  variations  dans  la 
longueur  de  l'année  tropique  et  dans  la  précession  des  équinoxes  à  ces 
époques  reculées.   » 

(Commissaires,  MM.  Delaunay,  Largeteau.) 


(  io66  ) 

CORRESPONDANCE. 

«  M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente  à  l'Académie,  de  la  part  des  au- 
teurs, la  carte  géologique  de  l'Europe,  par  sir  Roderick  Impey  Murchison, 
directeur  général  du  Geological  Survey,  et  M.  James  Nicol,  professeur 
d'Histoire  naturelle  à  l'université  d'Aberdeen. 

»  Cette  carte,  dressée  par  M.  A.  Reith  Johnston,  géographe  de  la  Reine, 
à  l'échelle  de  i  :  48i636o,  est  composée  de  quatre  feuilles  dont  la  réunion 
constitue  un  rectangle  de  im,o4  *  de  im,27  de  côté.  La  Russie  a  été  figu- 
rée d'après  la  carte  géologique  de  ce  pays  publiée  par  MM.  Murchison,  de 
Verneuil  et  de  Reyserling,  à  la  suite  de  leurs  voyages.  Il  en  a  été  de  même 
de  la  Suède,  de  la  Norwége  et  du  Danemark,  pour  lesquels,  indépendam- 
ment des  résultats  des  explorations  de  MM.  Murchison  et  de  Verneuil,  on  a 
encore  fait  usage  de  la  carte  géologique  de  la  Suède  par  M.  Hisinger,  de 
celle  de  la  Norwége  par  M.  Keilhau,  et  de  celle  du  Danemark  par  M.  Fors- 
hammer.  Pour  l'Allemagne,  on  a  employé  les  cartes  géologiques  assez  nom- 
breuses, publiées  récemment  et  déjà  résumées  en  partie  dans  la  carte  dite  de 
Schropp,  dessinée  par  M.  de  Ruch,  et  dans  la  carte  géologique  de  l'Europe 
centrale  publiée,  il  y  a  quelques  années,  par  M.  de  Dechen.  La  Suisse  a  été 
figurée  d'après  la  carte  géologique  de  MM.  Escher  et  Studer,  et  la  Bel- 
gique d'après  celle  de  M.  Dumont.  Pour  les  Iles  Britanniques,  les  cartes  de 
MM.  Greenough,  Griffith,  et  Mac  Culloch,  les  travaux  personnels  de 
M.  Murchison  et  les  cartes  du  Geological  Smvey  ont  fourni  des  matériaux 
plus  que  suffisants.  Pour  la  France,  on  a  suivi  la  carte  géologique  générale 
publiée  par  MM.  Dufrénoy  et  Elie  de  Beaumont. 

»  L'Espagne  a  été  coloriée  d'après  une  carte  géologique  de  ce  rovaume 
préparée  par  les  soins  de  M.  de  Verneuil  et  de  ses  compagnons  de  Aroyage, 
MM.  Collomb  et  de  Lorière.  C'est  à  la  suite  de  nombreuses  excursions  entre- 
prises dans  le  but  spécial  d'étudier  la  géologie  de  cette  péninsule,  et  en  s'ai- 
dant  des  travaux  de  MM.  Casiano  de  Prado,  F.  de  Lujan,  Esquerra  del  Bayo, 
Schulz,  Pellico,  Botella,  Leplay,  Paillette,  Elie  de  Beaumont  et  Dufrénoy, 
que  M.  de  Verneuil  et  ses  amis  ont  essayé  de  jeter  les  bases  d'une  carte 
qu'ils  ne  considèrent  que  comme  une  ébauche,  mais  qui,  malgré  ses  imper- 
fections, donne  cependant  l'idée  de  la  répartition  générale  des  terrains.  Les 
voyages  de  M.  de  Verneuil  ayant  été  consacrés  principalement  aux  royaumes 
d'Aragon,  de  Valence  et  de  Murcie,  la  géologie  de  ces  contrées,  ainsi  qu'on 
peut  en  juger  en  jetant  les  yeux  sur  la  carte,  y  est  traitée  avec  plus  de 
détail. 


(  1067  ) 

»  L'Italie  a  été  dessinée  par  M.  Pentland,  d'après  les  cartes  publiées  par 
MM.  de  Collegno,  Pareto,  Sismonda,  et  la  Sardaigne  a  été  extraite  du  grand 
travail  de  M.  le  général  Albert  de  la  Marmora.  Pour  la  Grèce,  on  a  suivi  les 
cartes  de  MM.  Boblaye  et  Virlet  et  de  M.  Fiedler.  La  Turquie  d'Europe  a 
été  coloriée  d'après  les  cartes  géologiques  publiées  par  MM.  Boue  et  Vi- 
quesnel,  et  les  Principautés  danubiennes  d'après  celle  de  M.  Hommaire  de 
Hell. 

»  La  carte  géologique  de  MM.  Murchison  et  Nicol  n'est  pas  restreinte  aux 
limites  de  l'Europe.  L'Oural  y  est  figuré  en  entier  d'après  les  recherches  de 
MM.  Murchison,  de  Verneuil  et  de  Reiserling.  Pour  les  régions  cauca- 
siennes, on  a  employé  les  cartes  de  MM.  Dubois  de  Montpereux,  Hom- 
maire de  Hell,  etc.  ;  pour  l'Asie  Mineure,  l'Arménie,  la  côte  méridionale  de 
la  mer  Caspienne,  les  travaux  de  MM.  de  Tchihatcheff,  Roch  et  Hamilton. 
La  Syrie  et  la  Palestine  ont  été  figurées  d'après  les  cartes  de  M.  Russegger, 
et  l'Algérie  d'après  celle  de  M.  Renou. 

o  Pour  opérer  le  dépouillement  de  si  nombreux  matériaux,  M.  Murchi- 
son, dont  les  cartes  personnelles  embrassaient  à  elles  seules  la  moitié  en- 
viron de  l'Europe,  a  trouvé  un  secours  très-utile  dans  le  concours  d'un  géo- 
logue aussi  exercé  que  M.  Nicol,  déjà  connu  par  son  excellent  ouvrage 
intitulé  :  Guide  to  the  geologj  of  Scotland.  La  carte  a  été  imprimée  en 
couleur  par  le  procédé  introduit  en  Angleterre  par  M.  Johnston,  à  l'instar 
de  celui  qui  a  été  établi  à  l'Imprimerie  impériale  de  France  par  M.  Dere- 
nemesnil.  » 

M.  Goldschmidt  annonce  que  la  découverte  de  la  4ie  petite  planète,  dont 
M.  Le  Verrier  avait  entretenu  l'Académie  dans  la  précédente  séance,  s'est 
pleinement  confirmée. 

géométrie.  —  Note  sur  les  surfaces  dont  toutes  les  lignes  de  courbure  sont 
planes;  par  M.  Ossian  Bonnet. 

«  Indépendamment  de  la  sphère  dont  tous  les  points  sont  des  ombilics, 
on  sait  qu'il  existe  une  infinité  de  surfaces  imaginaires  jouissant  de  la  même 
propriété.  Seulement  pour  la  sphère  les  deux  lignes  de  courbure  ne  se  con- 
fondent pas;  au  contraire,  par  chaque  point  de  cette  surface,  on  peut  faire 
passer  une  infinité  de  lignes  de  courbure;  tandis  que  dans  les  surfaces  ima- 
ginaires il  n'y  a  pour  chaque  point  qu'une  seule  ligne  de  courbure,  et  les 
ombilics  sont  de  même  nature  que  ceux  que  l'on  rencontre  dans  l'ellipsoïde, 


(  io68  ) 
J'ai  reconnu  que  ces  dernières  surfaces  avaient  leurs  lignes  de  courbure 
planes,  de  telle  sorte  que  les  surfaces  imaginaires  dont  tous  les  points  sont 
des  ombilics  constituent  une  nouvelle  classe  de  surfaces  à  lignes  de  cour- 
bure planes,  qu'il  faut  joindre  à  celles  que  j'ai  fait  connaître  dans  un  Mé- 
moire présenté  à  l'Académie  le  10  janvier  i853. 

»  x,  y,  z  étant  des  coordonnées  rectangles,  posons 

dz  _  dz  _  ePz  _  d'z  d'z  _ 

dx~P'      dP~<f'       dT'~  r'       l^dy  —  *\       dj'=t- 

L'équation  qui  détermine  les  rayons  de  courbure  principaux  sera 


[rt-s2)  R2 -  V  J  4-/>2H-  q2[{i  +  p2)  t-ipqs+{i-hq2) r]  R+(i  -+- p2+f)2  =  o; 

et  si  l'on  veut  que  tous  les  points  de  la  surface  soient  des  ombilics,  c'est-à- 
dire  que  les  rayons  de  courbure  principaux  soient  partout  égaux  et  de  même 
signe,  il  faudra  que 

[(i  +p')t-  ■±pqs+(i  +  q2)r]2  =  k(rt-s2)(i+p2  +  q2)2, 
que  l'on  peut  écrire 

[(l+^)r_(l+^),+2^(T^Lî_^]2+4f.  +  ^+<7ï)(^-^)2=o, 
ou  bien 

[(,+72)r-(i+^-^7(^-^)J  +  4(i  +  />ï+9a)(^-;-^=o. 
De  là  on  tire,  soit 

soit 

(I+f)r-(i+p*)t=-z{l+flS-p<fr(Pq±iS!l-+-p>  +  q>), 

les  signes  allant  ensemble  évidemment. 
»  Ainsi,  posant  pour  simplifier, 

{a)     (i+q2)s-  pqt  =  M,  (i  +  92)/--(i+/)2)f  =  N,    -{\-hp2)s+pqr=P, 

on  a,  pour  définir  les  surfaces  considérées,  l'une  ou  l'autre  des  équations 

(,)  N=aMJ»?T'V.±g+j.'. 

«  i  +  <jr- 

(0  N  =  aP^±ivI±Z±I\ 


(  Io69  ) 
Maintenant  l'équation  des  lignes  de  courbure  est 

M  dy2  -+-^dxdy  -+■  Vdx2  =  o  ; 

et  comme  N2  =  4MP,  on  peut  la  remplacer  par 

îMd,/  +  N^=o, 
ou  par 

iV  dx  +  ^dy—  o, 

c'est-à-dire,  à  cause  des  équations  (i)  et  (i'), 


(a)  (i  -Jrq2)dy  +  (pq  q:  i  V1  +  P2  +  <72)  dx  =  o, 


(2')  (1  -+■  p2)dx  +  (p?  ±:  ï'v/i  +/3a+  ça)  <//  =  o. 

D'ailleurs,  a  cause  des  égalités  (a),  on  a 

dpdx  -\-  dq  dy  =  o. 
En  effet,  des  égalités  (a),  on  tire 

Mr+  P<  —  ~Ns  =  o. 


Or 

N  dy         P  rf^: 

donc 


2  rfx  '      M         rfxa  ' 


refo:2  +  2iÉfaj(^+  < dy1  =  0     ou     dp dx  -+-  dq dy  =  o. 
Cela  posé,  les  équations  (2)  et  (2')  donnent 


(1  +  q')dp-  {pq+  iy/i+p*-i-q*)dq  =  o, 
(1  4-  p2)dq  —  (pq  ±  i\ji  4-  p1  ■+-  q2)  dp  =  o. 
Ajoutant  à  la  première  la  seconde  multipliée  par  1,  il  vient 
[1  ■+■  q2  ±  \J  1  -h  p2-h  q2  —  ipq]dp-hi  \\-\- p2  ±\l î-\- p2  +  q2  +  ipq\dq  =  o, 
ou 

dp  ■+■  idq  _  p  dp  -f-  q  dq 

Intégrant,  on  a 


P  +  'f/  I  +/>2  +  <7J±  s/l-hp'  +  q' 


p-h  iq  =  c(j  ±.\Ji  -+-/r  +  q2), 

C.  R.  i856,   1er  Semestre.  (T.  XL1I,  N°  22.)  l4° 


(  io7°  ) 
ou,  en  chassant  le  radical,   pour  réunir  les  deux  équations  résultant  du 
double  signe , 

(p-h  iq)  [(i  —  c2)p-h  (i  +  c2)iq  —  ic]  =  o, 

c'est-à-dire  l'intégrale  particulière  p  -+-  iq  =  o  et  l'intégrale  générale 

(3)  (r  —  c2)  /?  -+-  (i+  c*)iq  —  ic  —  o; 

mais,  en  appelant  R  le  rayon  de  courbure  principal  de  la  surface,  on  a 

n      y  !  -+-  p7  -+-  q2  H       \Ji  -t-/>J+  q7  K       ^i+p'-t-q' 

les  différentielles  étant  prises  pour  un  déplacement  effectué  sur  la  ligne  de 
courbure;  de  plus,  l'équation  (3)  donne 


(t-(?)d -=£==+ i(i+c*)d-=â==-*cd-== 


donc 

(i-c!)à,  +  j'(i  +  c1)(f/+acà=  o, 

et,  par  conséquent, 

(i  —  c*)x  -+-  i{\  -+-  c2)j -h  icz  —  d. 
Ce  qui  prouve  bien  que  les  lignes  de  courbure  sont  toutes  dans  des  plans.  » 

chimie   générale.    —  Faits  pour  servir  à   l'histoire  de   l'éthérification; 

par  M.  Alvaro  Reynoso. 

«  Action  de  l'acide  chlorhydrique  sur  l'alcool.  —  De  l'acide  chlorhydrique 
en  dissolution  aqueuse  fut  mélangé  avec  un  excès  d'alcool,  et  le  mélange, 
introduit  dans  un  tube  scellé  à  la  lampe,  fut  chauffé  à  a4o,  à  200,  à  180, 
à  1 60  degrés  et  même  seulement  à  1 00  degrés.  A  ces  cinq  températures  diffé- 
rentes, j'ai  toujours  obtenu,  comme  résultat  de  réaction,  de  l'éther  hydrique 
mêlé  à  de  l'éther  chlorhydrique. 

»  Action  des  e'thers  bromhjdrique  et  iodhjdrique  sur  l'alcool.  —  Ces 
éthers,  mêlés  en  petite  quantité  à  un  grand  excès  d'alcool,  l'éthérifient 
complètement,  sans  que  tout  l'éther  bromhydrique  ou  iodhydrique  dispa- 
raisse. Une  partie  se  décompose,  tandis  qu'une  autre  se  retrouve  sans  avoir 
subi   de  décomposition. 


(  «Q71  ) 

»  Les  proportions  d'éther  hydrique  obtenu  sont  si  considérables,  qu'on 
dirait  que  c'est  une  action  qui  se  renouvelle  plusieurs  fois. 

»  Sulfate  d'alumine.  —  Le  sulfate  d'alumine  pur  et  cristallisé  fut  mêlé  à 
de  l'alcool,  et  le  mélange  introduit  dans  un  tube  scellé  à  la  lampe,  fut 
maintenu  pendant  huit  heures  à  la  température  de  200  degrés.  L'alcool 
s'éthérifia  complètement,  et  tout  le  sulfate  d'alumine,  à  l'exception  d'une 
petite  quantité  qui  fut  transformée  en  sous-sulfate,  se  conserva  sans  se 
décomposer  et  sous  la  forme  d'une  belle  cristallisation. 

»  Aluns.  —  Les  aluns  de  potasse,  d'ammoniaque,  de  fer  et  de  chrome 
chauffés  avec  de  l'alcool  à  200  degrés,  l'éthérifient  complètement. 

»  Sulfate  durane.  —  Chauffé  à  il\o  degrés  avec  de  l'alcool,  il  produit 
une  quantité  notable  d'éther  sans  subir  de  décomposition. 

»  Sulfate  de  peroxyde  de  fer.  —  Chauffé  à  a4o  degrés  avec  de  l'alcool, 
il  l'éthérifie  en  se  décomposant  et  donnant  naissance  à  des  gaz  en  assez 
grande  quantité. 

»  Ethérification  avec  de  l'acide  sulfurique  étendu  d'eau.  —  De  l'eau  con- 
tenant 10,  5  et  3^  pour  100  d'acide  sulfurique,  éthérifie  l'alcool  à  des  de- 
grés plus  ou  moins  considérables,  à  la  température  de  200  degrés.  De  l'eau 
contenant  2  et  1  pour  100  d'acide  produit  des  quantités  notables  d'éther, 
quand  on  la  chauffe  à  200  degrés  avec  de  l'alcool. 

»  Je  montre,  dans  le  Mémoire  dont  je  présente  ici  un  extrait,  que  l'acide 
sulfurique,  à  partir  de  la  température  de  100  degrés,  commence  à  éthérifier 
l'alcool,  et  je  fais  voir  l'influence  de  la  proportion  d'eau  et  de  la  tempéra- 
ture sur  l'énergie  de  cette  réaction  et  sur  les  quantités  d'éther  obtenu.  » 

mécanique.  —  Des  turbines  eulériennes,  et  du  parti  qu'on  en  peut  tirer; 
Lettre  de  M.  Ordinaire  de  Lacolonge. 

«  Quelques  recherches  récemment  faites,  en  me  basant  sur  la  théorie  et 
sur  les  résultats  présentés  par  des  expériences  authentiques,  m'ont  amené  à 
la  conviction  la  plus  intime  sur  les  faits  suivants. 

»  Les  rouets  volants  et  les  roues  à  cuves,  moteurs  si  fréquents  dans  le 
Midi,  peuvent  être  avantageusement  remplacés,  et  à  très-peu  de  frais,  par 
des  turbines  eulériennes,  dépourvues  des  vannages  habituellement  em- 
ployés par  les  constructeurs.  Les  rouets  volants  auraient  un  simple  moteur, 
avec  un,  deux  ou  trois  injecteurs,  suivant  le  cas,  et  se  rapprocheraient  de 
la  turbine  de  Borda.  Cette  idée  n'est  pas  nouvelle.  Les  roues  à  cuves  au- 
raient un  moteur  et  un  distributeur  ordinaires  ;  une  simple  pelle  en  bois, 

i4o.. 


(  *"72  ) 
placée,  soit  en  amont,  soit  en  aval  de  la  roue,  rendrait  la  charge  d'eau, 
agissant  sur  le  moteur,  constante  et  égale  à  celle  pour  laquelle  il  est  calculé. 
Avec  cet  agencement,  quand  la  chute  disponible  augmente,  elle  n'est  utili- 
sée qu'en  partie.  En  tenant  compte  de  cette  perte,  le  rendement  n'est 
cependant  que  de  5  à  6  pour  ioo  inférieur  à  celui  que  fournirait  en 
pareil  cas  une  turbine  à  vannes  partielles  marchant  avec  orifices  réduits. 

»  Mon  Mémoire  est  terminé  et  contient,  en  particulier,  des  règles  prati- 
ques de  construction  ;  mais  avant  de  le  publier,  je  désire  faire  des  expé- 
riences sérieuses,  qui  puissent  me  fixer  sur  la  valeur  réelle  de  ces  recher- 
ches, entreprises  surtout  dans  le  but  d'être  utile  a  l'industrie  des  campagnes. 
Ces  expériences  ne  pourront  avoir  lieu  que  dans  quelques  mois,  et  je  désire, 
en  livrant  ces  idées  à  la  publicité,  empêcher  que  d'autres  ne  puissent  pren- 
dre, d'ici  là,  un  brevet  onéreux  aux  petits  meuniers.  Si  cette  communication 
peut  porter  quelques  esprits  éminents  à  faire  des  recherches  analogues,  loin 
de  regretter  d'être  devancé,  je  serai  heureux  d'avoir  contribué  à  faire  mar- 
cher cette  question.  Je  n'ai  jamais  eu  l'intention  de  la  travailler  dans  un  but 
d'intérêt  personnel. 

»  Le  brevet  de  M.  Fontaine  (vannes  partielles)  étant  du  22  septembre 
1849.  et  ceuii  de  M.  Jonval  du  27  octobre  1841,  sont,  le  premier  dans  le 
domaine  public,  et  le  second  au  moment  d'y  tomber  lui-même.  La  turbine 
d'Euler  appartient  depuis  longtemps  à  la  science.  Rien  ne  peut  donc  empê- 
cher les  constructeurs  d'en  faire,  comme  par  le  passé,  tel  usage  qu'ils  vou- 
dront. » 

M.  Jobard,  de  Bruxelles,  rappelle,  à  l'occasion  d'une  communication 
récente  de  M.  Rouget  sur  l' appareil  dadaption  de  l œil  des  Vertébiés,  qu'il 
a  lui-même,  dans  une  Note  lue  à  l'Académie  le  18  juin  1 855,  fait  pressentir 
la  nécessité  d'appareils  servant  à  produire  ce  qu'il  désignait  sous  le  nom  de  la 
mise  au  point  de  ïœil.  M.  Jobard  soupçonne  que  l'œil  est  muni  de  divers 
appareils  qui  le  rendent  propre  à  la  vision  distincte  de  loin  comme  de  près  ; 
depuis  longtemps  même  il  a  émis  l'idée  que  les  muscles  moteurs  de  l'œil 
pouvaient  contribuer  à  produire  cet  effet,  n'ayant  pas  seulement  pour  fonc- 
tion de  changer  la  direction  de  l'organe,  mais  agissant  aussi  de  manière  à 
le  modifier  dans  sa  forme. 

,  M.  Ramon  de  la  Sacjka,  qui  avait  présenté  à  la  séance  du  1 2  mai  un  nou- 
vel acide  provenant  d'une  plante  mexicaine,  et  applicable  à  la  teinture, 
adresse  aujourd'hui,  pour  être  soumis  à  la  Commission  chargée  de  prendre 


(  io73  ) 
connaissance  de  ce  produit,  un  catalogue  des  objets  envoyés  par  le  Mexique 
à  l'Exposition  universelle  de  1 855,  catalogue  qui  contient,  sous  forme  d'ap- 
pendice, une  Notice  sur  le  nouvel  acide  fourni  par  la  plante  en  question,  la 
Dumerilia  Humboldti. 

(Renvoi  comme  document  à  la  Commission  déjà  nommée,  Commission  qui 
se  compose  de  MM.  Chevreul  et  Pelouze.) 

La  Société  batave  de  Philosophie  expérimentale  de  Rotterdam  remercie 
l'Académie  d'avoir  bien  voulu  la  comprendre  dans  le  nombre  des  institutions 
auxquelles  elle  fait  don  de  ses  Comptes  rendus. 

M.  de  Paravey  présente  des  remarques  sur  le  nom  de  tot-choux,  nom  par 
lequel  étaient  désignées  dans  les  Pyrénées,  au  siècle  dernier,  les  tailles  qui 
servaient  de  registres  dans  beaucoup  de  communes  rurales  pour  la  percep- 
tion de  certains  impôts.  M.  de  Paravey  rattache  cette  dénomination  au  nom 
de  Thot,  divinité  égyptienne  que  l'on  trouve  figurée  sur  les  monuments 
portant  à  la  main  un  bâton  crénelé  (une  sorte  de  taille),  et  à  qui  était 
attribuée  l'invention  de  l'écriture,  des  caractères  numériques,  etc. 

M.  Castorani  adresse  la  description  et  la  figure  d'un  ophthalmoscope, 
instrument  construit  d'après  ses  indications  par  M.  Soleil  fils. 

M.  Babinet  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette  Note. 

M.  Schrœder,  auteur  d'une  Note  sur  les  soulèvements  absolus  de  la  sur- 
face du  globe,  adresse  aujourd'hui  un  nouveau  travail  intitulé  :  «  Rotation 
souterraine  de  la  masse  ignée,  ses  causes  et  ses  conséquences.  » 

M.  Liouville,  qui  avait  été  chargé  de  l'examen  de  la  première  communi- 
cation, est  invité  à  prendre  également  connaissance  de  celle-ci. 

M.  Le  Coat  de  Saint-Haouen  prie  l'Académe  de  vouloir  bien  lui  donner 
des  Instructions  qui  puissent  le  diriger  dans  les  recherches  d'histoire  na- 
turelle qu'il  se  propose  de  faire  pendant  son  séjour  dans  le  Maroc,  où  il 
retourne  prochainement. 

On  remettra  à  M.  Le  Coat  un  exemplaire  de  chacune  des  Instructions  pré- 
parées pour  les  voyages  scientifiques  par  diverses  Commissions  de  l'Acadé- 
mie ;  le  Muséum  d'Histoire  naturelle  pourra  lui  fournir  aussi  un  exemplaire 
de  ses  Instructions  pour  les  voyageurs. 


(  1074  ) 
M.  Bon  art  envoie  une  courte  indication  relative  à  un  moteur  dont  il 
avait  précédemment  fait  mention  comme  désirant  le  soumettre  au  jugement 
de  l'Académie,  une  roue  mue  par  le  vent,  et  disposée  de  manière  à  ce  que 
toutes  les  ailes,  sauf  une  seule,  se  trouvent  soustraites  à  l'action  du  courant 
aérien. 

M.  Combes  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette  Note  et  à  faire 
savoir  à  l'Académie  si  elle  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 

M.  Curtault  entretient  l'Académie  des  moyens  qu'il  a  employés  avec 
succès  pour  délivrer  la  vigne  de  l'Oïdium. 

(  Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  nommée  pour  les  communications 
relatives  aux  maladies  des  plantes  usuelles.) 

M.  Compingt,  qui  avait  exprimé  le  désir  d'obtenir  le  jugement  de  l'Aca- 
démie sur  l'efficacité  d'un  remède  qu'il  emploie  pour  le  traitement  des 
dartres,  annonce  qu'il  ne  peut,  pour  le  présent,  faire  connaître  la  compo- 
sition de  son  remède  sur  lequel  l'Académie  de  Médecine  est  appelée  à  se 
prononcer. 

M.  Rieva  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  lui  désigner  une  Commission 
à  l'examen  de  laquelle  il  soumettra  un  nouveau  système  d'armes  à  feu. 

La  Commission  ne  pourra  être  nommée  avant  que  l'auteur  ait  fait  con- 
naître, par  une  description  suffisamment  détaillée,  le  système  qu'il  désire 
soumettre  au  jugement  de  l'Académie. 

M.  Thiebriat  envoie  un  Mémoire  sur  les  mouvements  et  l'équilibre  des 
corps  célestes. 

M.  Le  Verrier  est  invité  à  prendre  connaissance  de  ce  Mémoire  et  à  faire 
savoir  à  l'Académie  s'il  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 

M.  Coinze  adresse  un  exemplaire  du  premier  volume  d'un  ouvrage  qu'il 
publie  sous  le  titre  de  «  Révélation  des  lois  de  la  nature,  ou  Science  de  la 
vraie  physique  »  et  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  renvoyer  cet  ouvrage 
à  l'examen  d'une  Commission. 

On  fera  savoir  à  l'auteur  qu'une  décision  déjà  ancienne,  relativement  aux 
ouvrages  écrits  en  français  et  imprimés  en  France,  ne  permet  pas  à  l'Aca- 
démie d'accéder  à  cette  demande. 


(  io75  ) 
M.  I  >i  i.aisi  ni;  soumet  au  jugement  de  l'Académie  des  figures  relatives  à  la 
trisection  de  l'angle,  et  sur  lesquelles  il  désirerait  obtenir  un  Rapport. 

On  fera  savoir  à  M.  Delaistre  que  la  question  dont  il  s'est  occupé  est  du 
nombre  de  celles  pour  lesquelles  l'Académie  ne  nomme  point  de  Commis- 
sion . 

■  M.  Brachet  adresse  une  Note  relative  à  la  construction  des  microscopes. 

Renvoi  à  M.  Babinet,  comme  l'ont  été  les  précédentes  communications 
de  l'auteur. 

A  4  heures  trois  quarts,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  6  heures.  É.  D.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  2  juin  i856,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Institut  impérial  de  France.  Académie  des  Inscriptions  et  Belles- Lettres.  Dis- 
cours prononcé  par  M.  Laeoulaye,  Président  de  l'Académie,  aux  funérailles 
de  M.  Augustin  Thierry,  le  samedi  i[\  mai  i856;  \  feuille  in~4°. 

Institut  impérial  de  France.  Iclithyologie  analytique,  ou  Essai  d'une  classifica- 
tion naturelle  des  Poissons,  à  l'aide  de  tableaux  synoptiques  ;  par  M.  A.-M.-C. 
Duméril.  Paris,  i856;  in-4°.  (Extrait  du  tome  XXVII  des  Mémoires  de  l'A- 
cadémie des  Sciences.  ) 

Compagnie  universelle  du  canal  de  Suez .  L'isthme  de  Suez;  par  M.  Barthé- 
lemï  Saint-Hilaire.  Paris,  i856;  br.  in-8°. 

Réforme  de  la  géométrie;  par  M.  Charles  Bailly.  Paris,  i856;  1  feuille 
in-8°. 

Notice  historique  et  chronologique  sur  l' innocuité  du  phosphore  rouge  introduit 
dans  l'économie  animale  ;  par  M .  A.  Chevallier.  Paris,  i856;  br.  in-8°. 

De  la  cryptorchidie  chez  l'homme  et  les  principaux  animaux  domestiques-;  par 
MM.  Armand  Goubaux  et  E.  Follin.  Paris,  i856;  br.  in-8°. 


(  1076  ). 

Révélations  des  lois  de  la  nature,  ou  Science  de  la  vraie  physique,  etc.; par 
M.  F.-V.  Coinze;  t.  Ier.  Metz,  i855;  in-8°. 

Physiologie  hygiénique  pour  bien  se  nourrir  avec  peu  de  nourriture,  etc.  ;  par 
M.  LUTTEKBACH;  br.  in-12. 

Catalogue  des  produits  naturels ,  industriels  et  artistiques  exposés  dans  la  Sec- 
tion mexicaine  à  l'Exposition  universelle  de  1 855.  Paris,  i855;  br.  in-8°.  (Ren- 
voyé comme  pièce  à  consulter  à  la  Commission  chargée  de  l'examen  d'un 
acide  végétal,  présenté  par  M.  Ramon  de  la  Sagra,  dans  la  séance  du 
11  mai.) 

Congrès  scientifique  de  France;  XXIIIe  session .  Programmeur.  in-8°- 

On  cystic...  Sur  des  entozoaires  cystiques  du  rein  humain;  par  M.  T. 
Herbert  Barrer.  Londres,  i856;  br.  in-8°. 

Geological  map. . .  Carte  géologique  de  l'Europe  montrant  les  différents  sys- 
tèmes de  roches,  d'après  les  recherches  les  plus  récentes  et  d'après  des  matériaux 
inédits;  par  sir  N.-I.  Murchison,  directeur  général  du  Relevé  géologique  de 
la  Grande-Bretagne  et  de  l'Irlande,  et  James  Nicol,  professeur  d'Histoire 
Naturelle  à  l'Université  d'Aberdeen;  carte  dressée  par  M.  A.  Rfith  JohnstON, 
géographe  de  S.  M.  ;  i856;  4  feuilles,  format  atlas. 


(  io77  ) 

PUBLICATIONS     PERIODIQUES     REÇUES     PAR     L'ACADEMIE     PENDANT 
LE    MOIS    DE    MAI    1886. 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique;  par  MM.  Chevreul,  Dumas,  Pelouze, 
BoussiNGAULT,  Regnault,  DE  Senarmont ;  avec  une  Revue  des  travaux  de 
Chimie  et  de  Physique  publiés  à  [étranger,  par  MM.  Wurtz  et  Verdet  ; 
3e  série,  t.  XLV1I;  mai  i856;  in^8°. 

Annales  de  l' Agriculture  française,  ou  Recueil  encyclopédique  d Agriculture  ; 
t.  VII,  nos  8  et  9  ;  in-8°. 

Annales  de  la  Propagation  de  la  Foi;  t.  XXVIII,  IIIe  partie  ;  in-8°. 

Annales  des  Sciences  naturelles,  comprenant  la  Zoologie,  la  Botanique,  l'Ana- 
tomie  et  la  Physiologie  comparée  des  deux  règnes  et  l'histoire  des  corps  organisés 
fossiles;  4e  série,  rédigée,  pour  la  Zoologie,  par  M.  Milne  Edwards;  pour 
la  Botanique,  par  MM.  Ad.  Brongniart  et  J.  DECAISSE;  tome  IV;  n°  5; 
in-8°. 

Annales  forestières  et  métallurgiques  ;  avril  1 856  ;  in-8°. 

Annuaire  de  la  Société  météorologique  de  France  ;  t.  III;  IIe  partie.  Bulletin 
des  séances;  feuilles  27-29;  in-8°. 

Bibliothèque  universelle  de  Genève;  avril  i856;  in-8°. 

Boletin...  Bultetin  de  l'Institut  médical  de  Valence;  avril  1 856  ;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie;  avril  i856  ;  in-8°. 

Bulletin  de  ta  Société  de  [Industrie  minérale;  3e  livraison  ;  in-8°,  avec 
atlas  in-fol. 

Bulletin  de  la  Société  d' Encouragement  pour  l'Industrie  nationale;  avril 
i856;  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie;  mai  i856;  in-8°. 

Bulletin  mensuel  de  la  Société  impériale  zoologigue  d'acclimatation;  avril 
i856;  in-8°. 

Journal  d'Agriculture  pratique  ;  t.  V,  n05  9  et  10;  in-8°. 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie ,  de  Toxicologie;  mai  1 856  ; 
in-8°. 

Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'Horticulture;  avril  i856;  in-8°. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  mai  i856;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  nos  21-24;  in-8°. 

La  Revue  thérapeutique  du  Midi,  Gazette  médicale  de  Montpellier  ;  n°  9  ;  in-8°. 

L'Art  médical,  journal  de  Médecine  générale  et  de  Médecine  pratique;  mai 
1 856;  in- 8°. 

C.  R.,  i856,  ier  Semestre.  (T.  XLII,  N°  22.)  '41 


(  ">78  ) 

Le  Moniteur  des  Comices  et  des  Cultivateurs;  n°  7  ;  in-8°. 

Le  Technologisle ;  mai  i856;  in-8°. 

Magasin  pittoresque  ;  mai  1 856;  in-8°. 

Mémoires  de  l'Académie  impériale  des  Sciences,  de  [ Agriculture  et  des  Arts 
de  Lille.  Supplément  à  l'année  i853,  et  Table  générale  de  la  ire  série. 

Monatsbericht. . .  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  royale  des 
Sciences  de  Prusse  ;  mars  i856;  in-8°. 

Nouveau  Journal  des  Connaissances  utiles;  n°  1  ;'in-8°. 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques,  journal  des  Candidats  aux  Ecoles  Po- 
lytechnique et  Normale  ;  mai  i856  ;  in-8°. 

Pharmaceutical...  Journal  pharmaceutique  de  Londres;  vol.  XV,  n°  11; 
in-8°. 

Proceedings...  Procès-verbaux  de  la  Société  royale  de  Londres;  vol.  VIII; 

n°9- 

Proceedings...  Procès-verbaux  de  ta  Société  de  géographie  de  Londres  ; 

nos  1  et  2  ;  in-8°. 

Proceedings...  Procès-verbaux  de  la  Société  zoologiquede  Londres;  nos  2o5- 
298;  in-8°. 

Répertoire  de  Pharmacie  ;  mai  i856;  in-8°. 

Revista...   Revue  des  travaux  publics  ;  4e  année;  nos8-io;  in-8°. 

Revue  des  spécialités  et  innovations  médicales  et  chirurgicales;  mai  i856; 
in-8°. 

Royal  astronomical...  Société  royale  astronomique  de  Londres  ;  vol..  .XVI, 
n°6;  in-8°. 

Société  impériale  et  centrale  d'Agriculture.  Rulletin  des  Séances.  Compte  rendu 
mensuel,  rédigé  par  M.  Payen,  secrétaire  perpétuel;  2e  série,  t.  XI;  n°4; 
in-jB°. 

The  Journal...  Journal  de  la  Société  royale  de  Dublin;  n°  1  ;  in-8°. 

The  Quarterly . . .  Journal  de  la  Société  chimique  de  Londres;  vol.  IX ,  n°  33  ; 
in-8°. 

La  Presse  Littéraire.  Echo  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  n05  1 3- 1 5  ; 
in-8° 

L'Agriculteur  praticien;  nos  i5  et  16;  in-8°. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale  ;  n05  8-10;  in-8°. 

Rulletin  de  l'Académie  impériale  de  Médecine;  t.  XXI,  n°  i5;  in-8°. 

Astronomische...   Nouvelles  astronomiques  ;  nos  985-1008  ;  in-4°- 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences;  Ier  se- 
mestre i856;  nc5  18-21  ;  in-4°. 


(  '°79  ^ 
Cosmos.    Revue   encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et 

de  leurs  applications  auxArtset  à  l'Industrie;  t.  VIII;  \f-2ie  livraisons. 

Gazette  des  Hôpitaux  civils  et  militaires  ;  nos  52-6/j. 

Gazette  hebdomadaire  de  Médecine  et  de  Chirurgie;  n°»  18-22. 

Gazette  médicale  de  Paris;  nos  18-22. 

L'Abeille  médicale;  nos  i3-i5. 

La  Lumière.  Revue  de  la  Photographie;  nu*  18-22. 

L'Ami  des  Sciences  ;  n°*  1 8-2 1 . 

La  Science;  nos  23-36. 

La  Science  pour  tous;  n03  2 1  -25.  ■ 

L'Athenœum  français.  Revue  universelle  de  la  LiUérauue,  de  la  Science  et 
des  Reaux-Arts;  nos  18-22;  accompagné  du  Rulletin  archéologique  du  mois 
d'avril  1 856. 

Le  Moniteur  des  Hôpitaux;  n°' 52-65. 

Le  Musée  des  Sciences;  n°  1 . 

Le  Progrès  manufacturier  ;  nos  5i-54. 

Revue  des  Cours  publics;  n°*  18-21 . 


ERRATA. 
(Séance  du  26  mai  i856.) 

Page  977,  ligue  5,   au  lieu  de  forces,  lisez  surfaces. 

Page  980,  ligne  4  en    remontant,   au  lieu  de   en    passant   de   leur   seconde   position 

d'équilibre  à  la  première,  lisez  en  passant  de  leur  première  position  d'équilibre  à  la 
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COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  9  JUIN  1856. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  IS.  GEOFFROY-SAINT-HILAIRE. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

A  l'ouverture  de  la  séance,  M.  le  Secrétaire  perpétuel  donne  des  nou- 
velles de  la  santé  de  M.  de  Gasparin,  qui,  frappé  d'une  maladie  subite  au 
commencement  delà  semaine  dernière,  est  aujourd'hui  dans  un  état  beau- 
coup plus  satisfaisant. 

M.  Rayer,  qui  a  soigné  l'honorable  Académicien  depuis  le  début  de  sa 
maladie,  est  invité  à  lui  transmettre  les  vœux  que  forment  ses  confrères  pour 
son  prompt  rétablissement. 

chimie  organique.  —  Sur  la  saponification  des  corps  gras  par  les  oxydes 
anhydres;  par  M.  J.  Pelouze. 

«  On  admet  généralement  que  la  saponification  des  corps  gras  ne  saurait 
s'accomplir  sans  la  présence  de  l'eau. 

»  Les  expériences  dont  j'ai  l'honneur  d'entretenir  l'Académie  prouvent 
que  cette  opinion  n'est  pas  rigoureusement  exacte,  et  que  les  oxydes  métal- 
liques anhydres  sont  aptes  à  former  des  savons  tout  aussi  bien  que  les  mêmes 
bases  hydratées  ou  mêlées  à  l'eau. 

»  Le  corps  gras  que  j'ai  le  plus  souvent  employé  est  le  suif;  mais  j'ai 

C.  R.,i856,ierSerae«w.  (T.  XLH,  N°  23.)  l4^ 


(   io8a  ) 

aussi  opéré  sur  les  huiles,  et  mes  résultats  peuvent  être  considérés  comme 
s'appliquant  aux  diverses  classes  des  corps  gras  neutres. 

»  La  chaux  anhydre  mêlée  au  suif  en  détermine  vers  i5o  degrés  la  sapo- 
nification complète.  Le  savon  calcaire  décomposé  par  un  acide  donne  une 
quantité  d'acide  gras  représentant  p,5  à  96  pour  100  du  poids  du  suif  soumis 
à  l'expérience. 

»  Ces  acides  gras  mont  paru  en  tout  point  identiques  avec  ceux  retirés 
du  suif  par  M.  Chevreul. 

«  Le  même  savon  cède  à  l'eau  de  la  glycérine  mêlée  avec  une  très-petite 
quantité  d'un  sel  calcaire  formé  par  un  acide  soluble  dans  l'eau  .dont  je  n'ai 
pas  déterminé  la  nature. 

»  Pendant  la  réaction,  il  se  dégage  du  mélange  de  matière  grasse  et  de 
chaux  anhydre  une  fumée  blanche  d'une  odeur  de  sucre  brûlé,  dans  laquelle 
on  distingue  aussi  celle  de  l'acétone. 

»  Ces  vapeurs,  dont  le  poids  n'excède  pas  en  général  1  à  3  pour  100  de 
celui  du  suif,  ont  été  condensées.  On  y  a  trouvé  de  l'eau,  de  l'acétone  et  de 
la  glycérine. 

»  Il  suffit  de  10  parties  de  chaux  anhydre  pour  en  saponifier  complète- 
ment 100  de  suif;  avec  12  ou  14,  la  saponification  se  produit  avec  une  faci- 
lité beaucoup  plus  grande. 

»  Lorsqu'on  opère  sur  une  quantité  considérable  de  mélange,  il  devient 
très-difficile,  même  en  retirant  la  masse  du  feu  quand  le  thermomètre  qui 
sert  d'agitateur  marque  a5o  ou  260  degrés,  d'empêcher  que  l'action  ne 
devienne  très-tumultueuse.  Le  mélange  se  boursoufle,  répand  des  fumées 
excessivement  épaisses,  la  température  s'élève  rapidement,  et  la  décompo- 
sition prend  le  caractère  d'une  destruction  ordinaire  par  le  feu.  Il  ne  reste 
plus  qu'une  niasse  noire  carbonisée. 

»  La  baryte  et  la  strontiane  anhydres  effectuent  la  saponification  du  sud 
et  des  huiles,  comme  la  chaux. 

»  L'oxyde  de  plomb  lui-même  détermine  d'une  manière  très-nette  le 
même  mode  de  décomposition  des  corps  gras. 

»  Il  est  très-facile,  en  élevant  graduellement  la  température  d'un  mélange 
de  massicot  ou  de  litharge  et  de  suif,  de  produire  un  savon  de  plomb  dont 
l'acide  azotique  faible  extrait  des  acides  margarique,  stéarique  et  oléique  or- 
dinaires, dont  le  poids  s'élève,  comme  avec  la  chaux,  à  g5  et  96  pour  100  du 
poids  du  suif. 

»  La  formation  des  acides  gras  avec  le  suif  et  les  oxydes  métalliques  an- 
hydres est  un  fait  nouveau  et  intéressant,  mais  qui  ne  change  rien,  je  me 
hâte  de  le  dire,  à  la  théorie  de  la  saponification  de  M.  Chevreul,  ni  aux  ex- 


(  jo83  ) 
périences  si  nombreuses  et  si  précises  sur  lesquelles  elle  s'appuie.  En  effet, 
M.  Chevreul,  en  démontrant  que  dans  l'acte  de  saponification  les  éléments 
de  l'eau  se  fixent  sur  la  glycérine  et  sur  les  acides  gras,  a  envisagé  ces  acides 
non  pas  dans  leurs  sels,  mais  seulement  dans  leur  état  de  liberté,  c'est-à-dire 
après  qu'ils  avaient  été  éliminés  des  savons,  opération  pendant  laquelle  on 
sait  que  les  acides  se  combinent  avec  l'eau.  J'ajouterai  même  que  loin  de 
modifier  les  vues  de  M.  Chevreul,  mes  expériences  leur  donnent  en  quel- 
que sorte  un  nouvel  appui. 

»  En  effet,  lorsqu'on  saponifie  le  suif  par  l'oxyde  de  calcium,  si  les  acides 
anhydres  qu'on  peut  supposer  tout  formés  dans  la  matière  grasse  sont 
respectés  entièrement,  il  n'en  est  pas  de  même  de  la  glycérine.  Le  suif  perd 
2  pour  100  au  moins  de  son  poids,  et  on  ne  peut  attribuer  cette  perte  qu'à 
une  décomposition  correspondante  de  la  glycérine. 

»  En  résumé,  si  la  saponification  par  les  bases  anhydres  est  complète  eu 
égard  aux  acides  gras,  elle  indique  relativement  à  la  glycérine  un  ordre  de 
phénomènes  plus  compliqué. 

»  Les  acides  anhydres  saponifient  aussi  les  corps  gras  neutres  à  une  tem- 
pérature élevée,  mais  l'action  est  lente,  difficile  et  incomplète. 

»  On  a  fait  passer  pendant  plusieurs  heures  un  courant  de  gaz  acide 
chlorhydrique  sec  dans  du  suif  entretenu  à  25o  degrés.  Il  s'est  produit  des 
vapeurs  abondantes  de  chlorhydrine  dont  la  découverte  récente  est  due  à 
M.  Berthelot.  Le  résidu  a  cédé  aux  alcalis  la  moitié  environ  de  son  poids 
d'acides  gras.  Une  partie  considérable  de  suif  n'était  pas  saponifiée,  elle  était 
mêlée  à  des  matières  colorantes  qui  n'ont  pas  été  examinées.  J'avais  pensé 
d'abord  que  la  fabrication  des  bougies  stéariques  pourrait  tirer  quelque 
parti  des  observations  précédentes,  en  ce  sens  que  la  saponification  du  suif 
se  fait  beaucoup  plus  rapidement  avec  la  chaux  anhydre  que  par  les  procédés 
ordinaires,  et  qu'elle  exige  d'ailleurs  moins  de  chaux  et  subséquemmentmoins 
d'acide  sulfurique  pour  la  décomposition  du  savon  ;  mais  j'ai  bientôt  trouvé 
dans  la  chaux  éteinte  ou  monohydratée  une  autre  modification  aux  procédés 
actuels  bien  préférable  à  la  précédente,  et  qui  est  appelée,  si  je  ne  me 
trompe,  à  rendre  quelque  service  à  la  belle  industrie  dont  il  s'agit. 

»  La  chaux  provenant  de  la  cuisson  de  la  pierre  à  chaux,  éteinte  par 
l'eau  à  la  manière  ordinaire,  mêlée  au  suif  dans  la  proportion  de  10  à  la 
pour  ioo,  en  détermine  entre  aïo  et  aa5  degrés  la  saponification  complète. 

»  La  glycérine  reste  intimement  mêlée  avec  le  savon  calcaire.  Celui-ci 
est  blanc,  amorphe,  demi-transparent,  presque  incolore  ;  il  cède  à  l'eau  de 
la  glycérine.  Les  acides  chlorhydrique  et  sulfurique  faibles  en  séparent  des 


(  io84  ) 
acides  gras  qui  représentent  encore  96  pour  100  du  poids  du  suif  soumis  à 
l'expérience. 

»  En  opérant  sur  1  kilogramme  de  suif  et  120  grammes  de  chaux  mono- 
hydratée  en  poudre  fine,  et  en  maintenant  le  mélange  vers  ai 5  et  110  de- 
grés, la  saponification  est  terminée  en  moins  d'une  heure;  elle  n'exige  que 
quelques  minutes  si  on  porte  rapidement  la  température  à  25o  degrés. 

»  Lorsqu'on  force  un  peu  la  proportion  de  chaux  éteinte  et  qu'on  l'élève 
à  1 5o  grammes  par  kilogramme  de  suif,  la  saponification  s'effectue  avec 
beaucoup  plus  de  facilité  encore.  Ce  dernier  savon  est  plus  dur,  plus  blanc, 
plus  facile  à  pulvériser  que  celui  fait  avec  moins  de  chaux.  Les  acides  en 
séparent  des  acides  gras  d'une  grande  blancheur  et  d'une  grande  pureté. 

»  Exécutée  à  la  manière  ordinaire,  c'est-à-dire  avec  un  lait  de  chaux  à  la 
température  de  l'ébullition  du  mélange,  la  saponification  d'une  pareille 
quantité  de  suif  n'exige  pas  moins  de  vingt  à  trente  heures.  Il  y  a  plus  :  pour 
l'effectuer  d'une  manière  complète  dans  cette  dernière  condition,  il  serait 
nécessaire  d'employer  une  plus  forte  proportion  de  chaux. 

»  Dans  les  usines,  la  saponification  par  le  lait  de  chaux  dure  ordinaire- 
ment une  journée  entière. 

»  La  saponification  si  facile,  si  prompte,  si  complète,  du  suif  par  la  chaux 
éteinte  ne  peut  manquer  d'exciter  l'attention  des  fabricants  de  bougies. 
Dans  tous  les  cas,  elle  pourra  être  utilisée  dans  l'enseignement. 

»  Dans  un  précédent  travail,  j'ai  fait  voir  que  la  saponification  des  huiles 
dans  une  dissolution  alcoolique  de  potasse  ou  de  soude,  s'effectuait  en  peu 
d'instants.  Aujourd'hui  on  pourra  supprimer  l'intervention  del'alcool  et  sa- 
ponifier en  quelques  minutes  le  suif  ou  une  huile  par  la  chaux  monohydratée, 
et  rendre  témoins  les  auditeurs  d'un  cours  d'une  saponification  entière,  car 
le  professeur  pourra  leur  montrer  non-seulement  les  acides  gras,  mais  en- 
core la  glycérine  provenant  de  cette  opération.    » 

analyse  mathématique.  —  Sur  la  théorie  générale  des  équations  différen- 
tielles. (Note  de  M.  Liouville.) 

«  On  sait  que  les  systèmes  d'équations  différentielles  de  la  forme 


dx 

dV 

dx1  __ 

dV 

"dt 

— 

dx' 

dt  ~ 

dx 

dy 

dV 

dy'  _ 

d\ 

dt 

2?' 

dt 

"d? 

dt 

dV 

dz'  _ 

dV 

di 

S" 

dt  "~ 

~    *' 

(  io85  ) 

où  V  désigne  une  fonction  de  t,  x,y,...,  z,  x',  y',-..',  z',  jouissent  d'un 
grand  nombre  de  propriétés  remarquables,  et  offrent  des  facilités  particu- 
lières pour  l'intégration.  Deux  intégrales  d'un  tel  système  étant  connues, 
on  pourra  quelquefois  en  déduire  une  troisième,  une  quatrième,  arriver 
même  à  obtenir  ainsi  toutes  les  intégrales  du  problème.  Dans  certains  cas 
où  le  procédé  que  nous  rappelons  ne  réussirait  plus,  on  peut  tirer  un  autre 
parti  des  intégrales  déjà  trouvées.  M.  Bour  a  sur  ce  point  beaucoup  ajouté 
aux  ressources  dont  les  géomètres  disposaient  avant  lui.  Je  pense  donc  faire 
une  chose  utile  en  indiquant  un  moyen  très-simple  de  ramener  à  la  forme 
ci-dessus  un  système  donné  quelconque  d'équations  différentielles  simulta- 
nées. A  la  vérité,  il  faut  augmenter  pour  cela  le  nombre  des  variables  et 
par  conséquent  le  nombre  des  équations,  mais  cet  inconvénient  sera  souvent* 
plus  que  compensé  par  les  commodités  qu'offrira  la  forme  canonique  dont 
nous  parlons. 

»  Considérons  donc  un  nombre  quelconque  d'équations  différentielles 
d'ordres  quelconques  entre  un  nombre  égal  de  fonctions  ou  d'inconnues 
qu'elles  doivent  déterminer  et  une  variable  indépendante  t.  On  réduira 
d'abord  ce  système  à  un  autre  où  toutes  les  dérivées  seront  du  premier 
ordre  en  ajoutant,  s'il  le  faut,  comme  inconnues  nouvelles,  les  dérivées 
successives  des  inconnues  anciennes  jusqu'à  l'ordre  inférieur  d'une  unité  à 
celui  qui  figure  dans  les  équations  données.  Cela  fait,  soit 

dx  _  y      d?  —  v  dz  —  7 

dt  —  A'     dJ—  *'••"     Tt  —  L' 

le  système  final  que  l'on  a  à  traiter,  et  où  X,  Y,...,  Z  représentent  des  fonc- 
tions de  t  et  des  inconnues  tant  anciennes  que  nouvelles  x,j,...,  z.  Dési- 
gnons par  x',  y,...,  z'  des  variables  auxiliaires  conjuguées  respectivement 
à  x,  y,...,  z,  et  pour  la  détermination  desquelles  nous  introduirons  un 
nombre  égal  d'équations  différentielles  :  je  dis  qu'on  peut  choisir  ces  équa- 
tions, qui  sont  à  volonté,  de  telle  manière  qu'en  les  joignant  à  celles  que 
nous  venons  d'écrire  nous  ayons  un  groupe  canonique.  Prenons  à  cet  effet 

V  =  jc'X-h/Y+...  +  z'Z, 

ou  plus  généralement 

V  =  *'X  +  j'Y  -K..-1-rfZ  +  ?(<,*,;,..,:), 
et  posons 


dx'  _         dX 

tty  _       dx 

dz'  _            dX 

dt   ~ "'  ~"   (ir  ' 

dt    ~~         rly'"' 

dt   ■              dt 

(  io86  ) 


Nous  aurons  évidemment 


par  conséquent 


dv  dv  dv 

A.   — ,  >         I    —  >  •  •  •  ;        L  =   — ,  5 

rf.Z  dy1  dz' 


dx  _dV        dy  _  d\  dz  _  dV 

~dt  ~  dx'''      dt  ~  dy'"'""'      It  ~  dz1' 


Nous  voilà  donc  conduits,  comme  nous  le  voulions,  au  système  canonique 


dx_(W  cte  _  dv 

de          rfx''  dt   ~  dx'' 

dy  _dV_  df  _  dV 

dt         dy'"'  dt  ~  rf/' 


dz  _  dy  dz'  _  d\ 

dt        dz'"1  dt  ~  di' 


»  J'ai  donné  ce  procédé  et  développé  diverses  conséquences  intéres- 
santes qui  en  découlent,  dans  mes  Leçons  au  Collège  de  France,  2e  se- 
mestre de  l'année  scolaire  1 852-1 853.  Mon  cours  ayant  alors  pour  objet 
la  formation  et  l'intégration  des  équations  différentielles,  je  devais  naturel- 
lement m'occuper  beaucoup  des  équations  à  forme  canonique  écrites  plus 
haut  et  dont  on  connaît  toute  l'importance  dans  les  questions  de  Méca- 
nique. 

»  A  cette  occasion,  il  est  bon  de  rappeler  que,  dans  les  théories  géné- 
rales concernant  de  telles  équations,  on  peut  admettre  sans  inconvénient 
que  la  variable  indépendante  manque  dans  la  fonction  dont  les  seconds 
membres  dépendent;  car  s'il  n'en  est  point  ainsi  d'abord,  on  fera  que  cela 
soit  en  introduisant  deux  variables  nouvelles  t  et  t'  :  la  première  t  est  sup- 
posée égale  à  t  -f-  constante,  en  sorte  que 

dt 

l'autre  est  définie  par  l'équation 

dt'  _         dv 

rfr  dt 

Soit,  en  effet, 

R  =  V  -\-t'. 

Comme  t  et  t'  n'entrent  pas  dans  V  qui  est  une  fonction  de  t,x,y,...,  z,  .r', 


(  io87  ) 
/',...,  z'  seulement,  on  a 


dR  _       __  dt 
~dl  ~~  l  ~Tx 


D'ailleurs  les  dérivées  de  V  et  celles  de  R  par  rapport  à  t,  x, y,...,  z,  x', 
y,...,  z'  sont  égales.  Enfin  dt  =  dt.  On  peut  donc  poser  ce  système 


dt       dR 

rfT  _  ~dt'  ' 

de  l 

dr  ~ 

dR 

dx  __  dR 
d~x  ~~  dx1"1 

dx'  _ 

7Ï  ~ 

dR 

dx 

dy  _dR 

dz~  dy1' 

dy>  _ 
dt 

dR 

dz         dR 
dï=~  dz7' 

dz'  _ 
dx    ~ 

dR 

dz 

et  cela  démontre  notre  assertion,  puisque  t,  qui  est  ici  la  variable  indépen- 
dante, n'entre  pas  dans  la  fonction  R  au  moyen  de  laquelle  on  forme  les  se- 
conds membres.  Comme  ce  système  a  naturellement  l'intégrale 
■ 

R     ou     V  -+-  t'  =  constante  , 

analogue  à  celle  des  forces  vives  en  Mécanique,  on  voit  qu'on  pourrait  défi- 
nir par  l'équation 

Y  -r- 1'  =  constante 

la  variable  t'  qu'on  n'a  introduite  d'abord  que  par  une  équation  différen- 
tielle. 

»  Je  dirai  maintenant  deux  mots  de  la  Note  sur  l'intégration  de  l'équa- 
tion des  fonctions  elliptiques 

dx  dy 


=  O 


\/i — X*  ^ i  —  c'x'         \/i — y1  y/i — c'y7 

insérée  dans  un  des  derniers  Comptes  rendus  [voir  page  988),  bien. qu'elle 
n'ait  aucune  liaison  spéciale  avec  l'objet  qui  vient  de  nous  occuper.  Ayant 
trouvé  dans  un  très-ancien  cahier  cette  Note  écrite  par  M.  Sturm  sans  indi- 
cation de  nom  d'auteur,  et  voyant  qu'ailleurs  M.  Sturm,  quand  il  étudie  un 
Mémoire  ou  un  ouvrage,  cite  habituellement  le  nom  du  savant  qui  l'a  com- 
posé, j'ai  pensé  qu'elle  était  son  œuvre  propre  et  je  l'ai  présentée  comme 
telle  à  l'Académie.  Mais  depuis  j'ai  appris  que  la  méthode  que  M.  Sturm  y  ex- 


(  1088  ) 

pose  appartient  à  M.  Despeyrous,  professeur  à  la  Faculté  de  Dijon,  et  faisait  par- 
tie d'un  Mémoire  sur  la  théorie  des  fonctions  elliptiques  dont  le  manuscrit  est 
resté  longtemps  entre  les  mains  de  notre  confrère.  Élève  et  ami  de  M.  Sturm, 
M.  Despeyrous  recherchait  avec  raison  des  conseils  qu'on  lui  donnait  tou- 
jours avec  bienveillance,  et  dont  il  garde  un  souvenir  profondément  recon- 
naissant. En  lisant  ce  Mémoire,  M.  Sturm  a  transcrit  et  arrangé  pour  son  usage 
particulier  le  calcul  par  lequel  M.  Despeyrous  arrive  à  l'intégrale  d'Euler, 
Une  Lettre  de  M.  Sturm  en  date  du  Ier  avril  1849,  que  M.  Despeyrous  m'a 
communiquée,  ne  laisse  aucun  doute  à  cet  égard.  Je  terminerai  en  appelant 
l'attention  des  géomètres  sur  le  travail  de  M.  Despeyrous,  que  M.  Sturm 
approuvait  comme  on  voit,  et  que  l'Académie  de  Dijon  a  inséré  dans  le 
recueil  de  ses  Mémoires.   » 

géométrie.   —  Démonstration  géométrique  de   quelques  théorèmes   de 
M.  Gauss;  par  M.  J.  Bertrand. 

«  Le  célèbre  Mémoire  de  M.  Gauss,  intitulé  Disquisitiones  générales 
circa  superficies  curvas,  a  ouvert  dans  la  théorie  des  lignes  tracées  sur 
les  surfaces  une  voie  entièrement  nouvelle.  Ce  beau  Mémoire  est  aujour- 
d'hui connu  de  tous  les  géomètres;  M.  Liouville,  en  le  réimprimant  à  la 
suite  de  la  cinquième  édition  de  l'ouvrage  de  Monge,  en  a  commenté  et 
simplifié  plusieurs  points  importants;  M.  Bonnet  a  également  contribué  à 
répandre  les  belles  formules  qui  s'y  trouvent,  par  l'usage  continuel  qu'il  a 
su  en  faire  dans  ses  importantes  recherches  sur  la  théorie  des  surfaces  ;  il 
existe  enfin,  dans  le  Journal  de  Crelle,  un  grand  nombre  de  Notes  et  de  Mé- 
moires qui  doivent  leur  origine  à  cette  œuvre  capitale  de  l'illustre  géo- 
mètre de  Gottingue. 

»  Les  résultats  consignés  dans  ce  mémorable  Mémoire  sont  de  deux 
espèces  :  les  uns  se  résument  en  propositions  simples  et  générales  qui 
doivent  être  comptées  parmi  les  plus  belles  que  possède  la  géométrie  ; 
les  antres  consistent  en  un  système  de  formules  qui  sont  comme  des 
instruments  préparés  pour  des  recherches  ultérieures  de  géométrie  ana- 
lytique. Mon  but  est  de  détacher,  dans  cette  Note,  les  théorèmes  découverts 
par  M.  Gauss,  et  d'en  donner  une  démonstration  géométrique  tellement 
simple,  qu'elle  puisse  être  comprise  immédiatement  par  tous  ceux  qui 
connaissent  les  premiers  principes  de  la  théorie  des  courbes  et  des  surfaces; 
les  raisonnements  sont  purement  géométriques,  et  n'exigent  même  pas, 
pour  la  plupart,  l'emploi  des  infiniment  petits. 


(  io89  ) 

»  I.  Je  prendrai  pour  point  de  départ  le  théorème  suivant  dû  à  M.  Bonnet  : 

»  Si  sur  la  surface  d'une  sphère,  on  trace  une  ligne  fermée  quelconque, 
et  qu'en  chaque  point  de  cette  ligne,  on  mène  un  arc  dé  grand  cercle  tan- 
gent égal  à  un  quadrant,  le  lieu  des  extrémités  de  ces  arcs  partage  la  sphère 
en  deux  parties  équivalentes. 

»  La  démonstration  donnée  par  M.  Bonnet  est  fort  simple,  mais  elle  ne 
s'applique  pas  facilement  au  cas  où  le  contour  donné  est  tel,  que  la  courbe 
fournie  par  la  construction  se  compose  de  branches  qui  se  coupent  mu- 
tuellement. 

»  Je  proposerai  d'y  substituer  le  raisonnement  suivant  :  Soit  ABCDEF  un 
polygone  sphérique;  supposons  que  l'on  prolonge  chacun  des  côtés  AB,BC, 
CD, . . . ,  et  que  l'on  forme  des  triangles  isocèles  ayant  pour  angles  les  angles 
extérieurs  du  polygone,  et  dont  les  côtés  qui  comprennent  ces  angles  soient 
égaux  à  un  quadrant.  En  calculant  la  somme  de  ces  triangles,  et  ajoutant 
cette  somme  au  polygone  ABCDEF,  on  aura  pour  résultat  quatre  triangles 
trirectangles,  c'est-à-dire  une  demi-sphère.  On  voit  tout  aussi  facilement,  et 
c'est  l'avantage  de  ce  mode  de  démonstration,  que  si  le  polygone  a  des 
angles  rentrants,  le  même  résultat  subsiste,  pourvu  que  les  triangles  cor- 
respondants soient  retranchés  au  lieu  d'être  ajoutés. 

»  De  là  on  passe  facilement  au  théorème  de  M.  Bonnet,  en  considérant 
le  contour  donné  comme  un  polygone  d'un  nombre  infini  de  côtés. 

»  On  doit  observer,  enfin,  que  si  le  contour  proposé  présentait  un  point 
anguleux,  il  faudrait  adjoindre  à  la  courbe  formée  par  les  extrémités  de 
l'arc  de  grand  cercle  d'un  quadrant  tangent  au  contour  donné,  l'arc  de 
grand  cercle  décrit  du  point  anguleux  comme  pôle,  et  terminé  aux  deux 
arcs  tangents  en  ce  point,  aux  portions  du  contour  qui  s'y  rencontrent. 

»  II.  On  déduit  du  théorème  précédent  la  proposition  suivante,  l'une  des 
plus  importantes  que  contienne  le  Mémoire  de  Gauss  : 

»  Si  sur  une  surface  quelconque  on  considère  un  triangle  ABC Jbriné  par 
trois  lignes  géodésiques,  que  par  le  centre  d'une  sphère  on  considère  des 
rayons  parallèles  aux  normales  menées  à  la  surface  par  les  différents 
points  du  contour  de  ce  triangle,  les  extrémités  de  ces  rayons  déterminent 
sur  la  sphère  un  triangle  dont  la  surface  est  égale  à  l'excès  de  la  somme 
des  angles  du  triangle  ABC  sur  deux  droits. 

»  Pour  plus  de  netteté,  nous  supposerons  que  la  surface  donnée  soit 
une  surface. convexe.  Concevons  par  le  centre  delà  sphère,  des  parallèles 
aux  diverses  tangentes  menées  aux  côtés  du  triangle  ABC,  en  chaque  point 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XL1I,  N°23.)  1 4^  . 


(  i°9°  ) 
de  son  contour;  les  extrémités  de  ces  parallèles  formeront  sur  la  sphère 
trois  courbes  MN,  PQ,  RS  ;  joignons  NP,  QR,  SM,  par  des  arcs  de  grand 
cercle  de  manière  à  former  un  hexagone  MNPQRS,  dont  trois  côtés  seront 
des  arcs  de  grand  cercle,  et  les  trois  autres  des  courbes  à  double  cour- 
bure. Il  est  facile  de  voir  que  les  six  angles  de  cet  hexagone  sont  droits. 
Considérons,  en  effet,  l'angle  N  par  exemple  ;  le  grand  cercle  tangent  à  MN 
est  parallèle  au  plan  oscillateur  de  la  courbe  AB  au  point  B,  et  le  grand 
cercle  NP  est  lui-même  parallèle  au  plan  tangent  de  la  surface  ABC  au 
même  point;  ces  deux  grands  cercles  se  coupent  donc  à  angles  droits. 

»  Cela  posé,  si  l'on  applique  à  cet  hexagone  le  théorème  de  M.  Bonnet, 
on  obtiendra  immédiatement  la  démonstration  de  la  proposition  énoncée;  on 
voit,  en  effet,  que  le  contour  qui,  en  vertu  de  ce  théorème,  partage  la  sphère 
en  deux  parties  équivalentes,  se  compose  de  neuf  arcs  de  grand  cercle  et  de 
trois  courbes  à  double  courbure.  Les  neuf  arcs  de  grand  cercle  correspon- 
dent aux  six  sommets  de  l'hexagone  et  aux  côtés  NP,  QR,  SM,  ils  forment 
trois  triangles  birectangles,  dont  les  angles  non  droits  sont  respectivement 
II  —  A,  II — B,  II  —  C;  quant  aux  trois  autres  courbes  qui  correspondent  aux 
côtés  MN,  PQ,  RS,  ce  sont  précisément  celles  qui  sont  définies  dans  l'é- 
noncé du  théorème  de  Gauss  ,  et  en  nommant  T  le  triangle  qu'elles  forment, 
on  a,  d'après  le  théorème  de  M.  Bonnet, 

n-A  +  n-B+n-c  +  T  =  an, 

d'où 

T  =  A  +  B  +  C-n. 

»  III.  Si  l'on  trace  sur  une  surface  un  contour  fermé  quelconque,  on 
nomme  courbure  totale  de  l'aire  comprise  dans  ce  contour,  la  portion  de 
la  sphère  comprise  dans  l'intérieur  de  la  courbe,  lieu  des  extrémités  des 
rayons  parallèles  aux  normales  menées  à  la  surface  par  les  points  du  contour 
donné. 

»  On  voit  tout  de  suite  que  la  courbure  totale  d'un  rectangle  infiniment 
petit  formé  par  quatre  lignes  de  courbure  est  égale  à  la  surface  da.  d$ 
de  ce  rectangle,  divisée  par  le  produit  RR'  des  rayons  de  courbure  de  la 
surface.  On  en  conclut  que  la  courbure  totale  d'une  surface  infiniment 
petite  quelconque  est  égale  à  l'aire  de  cette  surface,  divisée  par  le  produit 
des  rayons  de  courbure  au  point  considéré.  D'après  cela,  si  on  considère 
un  triangle  infiniment  petit  ABC  formé  par  trois  lignes  géodésiques,  on 
aura  deux  expressions  de  la  courbure  totale,  qui  devront  être  égales  entre 


(  io9j  ) 
elles, 

•      !^_C  =  A  +  B-4-C-ri; 

mais,  si  l'on  vient  à  déformer  la  surface  sans  altérer  les  longueurs  des  lignes 
qui  y  sont  tracées,  le  triangle  ABC  ne  cessera  pas  d'être  formé  par  trois 
lignes  géodésiques  de  la  surface  déformée.  A  +  B-4-C  —  II  ne  changera 
pas,  non  plus  que  surf.  ABC;  donc  BB'  doit  rester  constant. 

»  Ainsi  donc,  quand  on  déforme  une  surface  sans  altérer  la  longueur  des 
lignes  qui  y  sont  tracées,  le  produit  des  rayons  de  courbure  en  chaque  point 
reste  invariable. 

»  IV.  Connaissant  l'expression  de  la  courbure  totale  d'un  triangle  formé 
par  trois  lignes  géodésiques,  on  peut  en  déduire  immédiatement  celle  de  la 
courbure  totale  d'un  polygone  formé  par  de  pareilles  lignes.  Cette  courbure 
est  mesurée  par  l'excès  de  la  somme  des  angles  sur  autant  de  fois  deux 
droits  qu'il  y  a  de  côtés  moins  deux. 

»  Si  l'on  considère,  sur  une  surface,  deux  lignes  géodésiques  infiniment 
voisines,  soient  A  une  fonction  proportionnelle  à  la  distance  qui  les  sépare, 
et  S  la  longueur  de  l'arc  compté  sur  l'une  d'elles,  M.  Gauss  a  montré  que 
l'on  a 

£A  -         _L  A 

rfS'  1       RR'     ' 

»  Pour  démontrer  ce  théorème,  il  suffit  de  calculer  la  courbure  totale 
d'un  rectangle  infiniment  petit  compris  entre  les  deux  lignes  géodésiques 
et  deux  trajectoires  orthogonales  infiniment  voisines,  après  avoir  substitué 
à  ce  rectangle  l'hexagone  que  l'on  obtient  en  remplaçant  les  deux  trajec- 
toires orthogonales  par  les  lignes  géodésiques  menées  tangentiellement  à  leurs 
extrémités. 

»  Je  supprime  la  démonstration  qui  exige  seulement  les  premières  no- 
tions de  la  théorie  importante  à  laquelle  M.  Liouville  a  donné  le  nom 
expressif  de  théorie  de  la  courbure  géodésique. 

»  V.  Si  Ion  considère  sur  une  surface  deux  systèmes  de  courbes  se 
coupant  orthogonalement  et  une  ligne  géodésique  qui  les  rencontre,  soient 
MM'  un  arc  infiniment  petit  de  cette  ligne  et  0,  Q'  les  angles  qu'il  forme 
aux  points  M  et  M'  avec  deux  courbes  d'un  même  système;  soient  ds,  ds'  les 
côtés  du  triangle  rectangle  MM'P  dont  MM'  est  l'hypoténuse,  et  les  côtés 
sont  les  courbes  orthogonales  menées  par  les  points  M  et  M';  on  a,  d'a- 
près une  formule  importante  de  Gauss ,  interprétée  géométriquement  par 

i43.. 


(  1092  ) 

î.  Liouville, 

». 

6'- 

-°  =  ciQ%-ai 

en  nommant  -  et  — ,  les  courbures  géodésiques  des  deux  courbes  orthogonales. 

Or  cette  formule  s'obtient  immédiatement  en  calculant  la  courbure  totale 
du  triangle  MM'P,  et  écrivant  qu'elle  est  infiniment  petite  du  second  ordre, 
et  que  par  suite  les  infiniment  petits  du  premier  ordre  qui  figurent  dans  son 
expression  donnent  une  somme  égale  à  zéro.   » 

embryogénie  comparée.  —  Sur  V  ordre  de  formation  de  la  vésicule  ovigène 
et  de  la  vésicule  germinative.  Etiologie  de  la  duplicité  monstrueuse  ;  par 
M.  Serres. 

a  L'ovogénie  constitue  le  premier  terme  de  l'embryogénie  comparée; 
elle  a  pour  objet  capital  de  rechercher  d'abord  l'origine  de  l'œuf. 

»  L'œuf  naît-il  spontanément  dans  le  stroma  de  l'ovaire?  ou  bien  est-il 
le  produit  d'un  organisme  qui  le  précède,  le  follicule  de  Graaf,  follicule 
que  nous  avons  nommé  vésicule  ovigène  ? 

»  Cette  question,  je  l'ai  résolue  expérimentalement  dans  la  Note  que  j'ai 
présentée  lundi  dernier  à  l'Académie,  et  dont  la  conclusion  est  que  la  vé- 
sicule germinative  prend  naissance  dans  le  fluide  que  renferme  la  vésicule 
ovigène  et  que,  sitôt  après  son  apparition,  elle  devient  le  centre  de  forma- 
tion autour  duquel  se  développent  le  cumulus  prolifère,  le  vitellus  et  sa 
membrane  propre.  Ce  mode  de  formation  est  différent  de  celui  exposé  par 
MM.  Baer et  Barry.  Selon  ces  illustres  embryologistes,  la  vésicule  germina- 
tive précéderait  la  vésicule  ovigène,  et,  autant  que  j'ai  pu  le  saisir,  c'est  aussi 
l'opinion  de  l'auteur  de  la  Note  qui  vient  d'être  lue. 

»  Si  la  vésicule  germinative  se  forme  dans  l'intérieur  de  la  vésicule  ovi- 
gène, comment  a-t-on  pu  supposer  le  contraire?  comment  a-t-on  pu  avan- 
cer que  la  vésicule  germinalive  précédait  dans  sa  formation  la  vésicule 
ovigène? 

»  L'examen  de  cette  question  éclairera  peut-être  ce  problème  si  difficile 
de  l'ovogénie. 

»  Baer  est  le  premier  auteur  de  cette  opinion,  non  moins  préjudiciable  à 
l'étude  des  développements  primitifs  que  ne  l'a  été  celle  qu'il  a  émise  sur  la 
ligne  primitive  à  laquelle  il  a  donné  le  nom  de  corde  dorsale. 

»  Toutefois,  en  relevant  les  erreurs  de  cet  illustre  observateur,  devons- 


(  i°93  ) 
nous  oublier  que  dans  les  sciences  d'observation  la  difficulté  capitale  con- 
siste à  faire  les  premiers  pas?  Devons-nous  oublier  que  la  présence  de  l'œuf 
dans  l'ovaire  des  mammifères  découverte  par  Graaf,  il  y  a  cent  soixante- 
dix  ans,  et  confirmée  par  Cruisckank,  avait  été  perdue  pour  faire  place  à 
l'opinion  émise  par  Haller  que  l'œuf  était  formé  dans  l'oviducte  en  dehors 
de  l'ovaire?  Devons-nous  oublier  qu'en  1824,  Prévost  et  Demas  entrevirent 
l'œuf  dans  cet  organe,  et  que  Baer  l'y  découvrit  et  le  reconnut  en  1827? 
Une  découverte  de  cette  importance  et  dans  un  sujet  si  difficile  couvre  par 
son  importance  même  les  erreurs  que  l'on  peut  commettre  en  parcourant 
une  route  si  ténébreuse.  Or,  pour  faire  produire  à  cette  découverte  les 
vérités  qu'elle  renferme,  n'est-il  pas  nécessaire  de  la  dégager  des  erreurs  qui 
peuvent  faire  méconnaître  son  origine? 

»  Purkinjé,  ouvrant,  par  la  découverte  de  la  vésicule  germinative,  1ère 
nouvelle  de  l'ovogénie,  dit  qu'elle  constitue  la  partie  primitive  de  l'œuf. 
Pour  lui,  l'œuf  se  composant  du  vitellus  et  de  sa  vésicule,  la  vésicule  ovi- 
gène  de  Graaf  était  en  dehors  de  ses  recherches.  Baer,  croyant  que  l'ovule 
des  mammifères  représentait  la  vésicule  germinative  des  oiseaux,  supposa 
en  outre  qu'elle  précédait  la  formation  de  la  vésicule  de  Graaf.  L'ordre  de 
succession  de  ces  parties  était,  selon  lui,  la  vésicule  germinative  d'abord, 
puis,  en  second  lieu,  la  vésicule  ovigène.  Purkinjé  mit  çn  doute  l'analogie  que 
Baer  avait  supposée  entre  l'ovule  des  mammifères  et  la  vésicule  germina- 
tive des  autres  animaux,  doute  qui  fut  confirmé  par  la  découverte  faite  par 
Coste  en  France,  par  Jones  en  Angleterre,  par  Valentin  et  Bernhard  en 
Allemagne ,  d'une  vésicule  germinative  entrant  dans  la  composition  de 
l'ovule  des  mammifères.  En  examinant  le  travail  de  M.  Coste,  à  qui  revient 
cette  découverte,  nous  reconnûmes  avec  Dutrochet  et  M.  Flourensque  Baer 
avait  entièrement  méconnu  la  vésicule  germinative  dans  l'état  primitif  de 
l'œuf  de  la  première  classe  des  vertébrés.  Lors  donc  que  Baer  dit  que  la 
formation  de  la  vésicule  germinative  précède  celle  de  la  vésicule  ovigène 
de  Graaf,  c'est  l'ovule  en  entier  qu'il  faut  entendre. 

»  Mais  que  ce  soit  l'ovule  ou  la  vésicule  germinative  qui  pour  Baer  ne 
faisait  qu'un  seul  organisme,  cet  auteur  l'a-t-il  réellement  vu  précéder  dans 
sa  formation  celle  de  la  vésicule  ovigène?  Nullement.  Gest  même  après  les 
tentatives  infructueuses  auxquelles  il  se  livra  pour  connaître  cette  succes- 
sion des  parties,  qu'il  écrivit  cette  phrase  qui  traduit  son  découragement  : 
Je  doute  qu'il  soit  jamais  possible  à  l'homme  de  s'en  convaincre  par  l'observa- 
tion. Et  en  effet,  comment  l'observation  pourrait-elle  dévoiler  à  l'homme  un 
ordre  de  succession  des  parties  qui  est  l'inverse  de  celui  suivi  par  la  nature  ? 


(  '<%<  ) 

Barry,  néanmoins,  crut  pouvoir  être  plus  heureux  que  Baer,  et  les  efforts 
qu'il  fit  n'aboutirent  qu'à  mettre  en  opposition  ses  observations  si  remar- 
quables sur  les  premiers  développements  de  la  vésicule  de  Graaf,  avec  la 
supposition  qui  le  préoccuppait  dans  cette  difficile  investigation.  Barry, 
moins  circonspect  que  Baer,  comme  ce  dernier,  suppose  que  la  vésicule  ovi- 
gène,qu'il  nomme  ovisac,  doit  précéder  la  vésicule  germinative,  et  aussitôt, 
délaissant  ce  que  l'observation  lui  a  montré,  il  conclut  en  sens  inverse  de  ce 
qu'il  a  observé.  Sa  conclusion,  toutefois,- renferme  l'aveu  de  la  formation 
primitive  de  la  vésicule  ovigène  de  Graaf,  tant  la  nature  est  impérieuse  dans 
ses  commandements.  On  en  jugera  par  cette  citation  : 

«  Chacun  des  ovisacs  (vésicule  de  Graaf)  contenait  probablement,  en 
r>  outre,  des  granules  particuliers  visibles  dans  leur  intérieur,  une  partie 
»  cachée  non  visible,  la  vésicule  germinative,  qui  paraît  être  l'élément  le 
»  plus  primitif  de  l'œuf.  » 

»  En  rendant  à  la  conclusion  de  Barry  sa  légitime  expression ,  nous  pou- 
vons donc  la  remplacer  par  la  nôtre  eu  disant  qu'à  ce  second  temps  de 
développement  la  vésicule  ovigène  est  déjà  formée  avec  son  liquide,  avec 
les  granules  contenus  dans  son  intérieur,  tandis  que  la  vésicule  germinative 
n'est  pas  encore  développée?  La  légitimité  de  cette  dernière  conclusion  est 
justifiée  encore  parles  efforts  que  fait  l'auteur  pour  expliquer  l'invisibilité  de 
la  vésicule  germinative  à  une  époque  où  elle  n'existe  pas,  et  le  mécanisme 
de  son  apparition  quand  enfin  elle  se  développe.   «  Après  la  formation  de 
»  l'ovisac,  ajoute-t-il,  la  vésicule  germinative  est  généralement  cachée  pen- 
»  dant  un  certain  temps.  Cela  est  dû  peut-être  en  partie  aux  petits  globules 
»  ressemblant  à  des  gouttes  d'huile,  qui  sont  mêlés  aux  granules  particu- 
»  liers  de  l'ovisac  (vésicule  ovigène)  et  causent  une  grande  réfraction. 
»  Cependant  la  liquéfaction  de  quelques  granules  paraît  avoir  lieu,  ou 
»  bien  il  s'ajoute  un  fluide  de  quelque  autre  source,  et  alors  la  vésicule  ger- 
»  minative  estvuedans  ou  près  le  centrede  l'ovisac.  »  Comment,  d'une  part, 
quelques  granules  épars  pourraient-ils  cacher  et  rendre  invisible  une  vési- 
cule ?  et  d'autre  part,  pourquoi  supposer  la  liquéfaction  de  quelques-uns 
d'entre  eux  pour  la  rendre  visible  ?  et  si  cette  liquéfaction  rend  visible  la 
vésicule,  à  quoi  bon  faire  intervenir  un  fluide  provenant  d'une  source  in- 
connue? Ne  sent-on  pas  dans  ces  suppositions  tout  l'embarras  de  l'obser- 
vateur pour  se  rendre  compte  de  ce  qu'il  voit  et  de  ce  qu'il  ne  voit  pas? 
L'embarras  devient  plus  grand  encore  quand,   croyant  avoir  établi  que  la 
vésicule  germinative  est  primitive  et  la  vésicule  de  Graaf  (ovisac)  secondaire, 


(  '°95  ) 
il  cherche  à  expliquer  la  formation  de  cette  dernière  autour  des  granules 
qui  environnent  la  première?  Ici  Barry  se  met  en  contradiction  avec  ses 
propres  observations,  ainsi  qu'avec  celles  de  tous  les  observateurs.  Qui  ne 
sait  en  effet  que  la  vésicule  ovigène  est  contenue  à  l'état  de  granule  dans 
le  stroma  de  l'ovaire  des  mammifères  ?  Qui  mieux  que  Barry  a  mis  ce  fait 
microscopique  en  évidence?  «  La  surface  d'un  ovaire,  dit-il,  présente  à  l'œil 
»  nu  peut-être  dix,  vingt  ou  cinquante  vésicules  de  Graaf,  tandis  qu'avec 
»  le  microscope  on  en  voit  des  millions.  Chez  le  bœuf,  par  exemple,  un 
»  pouce  cube  de  son  ovaire  contiendrait  environ  deux  cents  millions  d'o- 
»  visacs  ou  de  vésicules  de  Graaf.  La  petitesse  de  ces  vésicules  est  in- 
»  croyable.   » 

»  Après  avoir  si  bien  démontré  l'existence  primitive  des  ovisacs  ou  de  la 
vésicule  de  Graaf  dans  le  stroma  de  l'ovaire,  à  quoi  bon  lui  chercher  plus 
tard  une  autre  origine?  et  la  chercher,  cette  origine,  après  l'apparition  de  la 
vésicule  germinative,  quand  déjà  vos  observations  la  représentent  toute  for- 
mée chez  le  bœuf,  chez  le  chien,  chez  le  pigeon  avant  qu'il  existe  aucun 
vestige  de  cette  même  vésicule  germinative? 

»  Les  observations  de  Barry  prouvent,  avec  la  dernière  évidence,  qu'à 
l'état  granuleux  primitif  de  la  vésicule  ovigène  de  Graaf  succède  l'état  folli- 
culeux  avec  son  liquide  transparent  dans  l'intérieur.  Elles  prouvent  que 
dans  ce  liquide  transparent  apparaissent  en  troisième  lieu  des  globules 
grisâtres  ayant  un  aspect  huileux.  Elles  prouvent  enfin  que  ce  n'est  que 
lorsque  toutes  ces  parties  se  sont  montrées,  que  les  rudiments  de  la  vésicule 
germinative  commencent  à  se  développer.  L'ordre  de  succession  des  parties 
est  donc  le  même  que  celui  que  nous  avons  énoncé,  et  nous  pouvons  éta- 
blir, d'après  les  observations  même  de  Barry,  que,  par  sa  destination  et  ses 
fonctions,  la  vésicule  de  Graaf  justifie  le  nom  de  vésicule  ovigène  que  nous 
lui  avons  donné. 

»  Quant  à  la  question  de  l'étiologie  de  la  duplicité  monstrueuse,  consé- 
cutive à  la  duplicité  de  la  vésicule  germinative  et  du  vitellus  dans  une  vési- 
cule ovigène  unique,  je  l'ai  si  longuement  traitée,  il  y  a  vingt-cinq  ans, 
dans  le  travail  sur  Ritta-Christina,  que  je  me  bornerai  à  transcrire  ici  quel- 
ques-uns des  corollaires  qui  en  renferment  les  éléments.  Ces  corollaires 
sont  relatifs  à  l'influence  qu'exercent  sur  la  duplicité  monstrueuse,  la  veine 
ombilicale  qui  représente  le  vitellus,  et  les  artères  du  même  nom  qui  repré- 
sentent l'allantoïde. 

»  Vous  verrez  (i)  la  duplicité  de  la  veine  ombilicale  produire  la  dupli- 

(i)  Théorie  des  formations  et  des  déformations  organiques  appliquée  à  l'anatomie.  de  Ritta- 
Christina  et  de  la  duplicité  moustrueuse,  pages  176  et  177;  i832. 


(  io96  ) 
»  cité  de  tous  les  organismes  du  plan  supérieur  à  l'ombilic,  et  l'unité  des 
»  artères  ne  donner  naissance  qu'aux  développements  ordinaires  dans  le 
»  plan  inférieur. 

»  Vous  verrez,  par  contre,  la  duplicité  des  artères  ombilicales  doubler  le 
»  plan  inférieur,  tandis  que  le  supérieur  restera  simple,  si  simple  est  la 
»  veine  ombilicale. 

»  Vous  verrez  encore,  dans  la  duplicité  des  veines  ombilicales,  l'une 
»  d'elles,  l'antérieure,  presque  toujours  pins  volumineuse  que  la  posté- 
»  rieure,  d'où  résultera  la  prédominance  du  foie,  du  cœur,  des  poumons, 
»  du  thorax,  du  col,  de  la  tête  situés  en  avant,  et  l'avortement  plus  ou 
»  moins  marqué  des  mêmes  parties  situées  en  arrière. 

»  Vous  verrez  enfin,  dans  la  duplicité  des  artères  ombilicales,  les  anté- 
»  rieures  plus  prononcées  ordinairement  que  les  postérieures;  d'où  résul- 
»  tera,  si  les  bassins  sont  coalescents,  la  prédominance  de  l'antérieur  sur 
»  le  postérieur,  la  prédominance  de  la  vessie  et  de  l'utérus  situés  en 
»  avant  sur  l'utérus  et  la  vessie  placés  en  arrière.  Tous  ces  rapports  se 
»  suivent. 

»  Or  tous  ces  rapports  ont  un  condition  générale  et  commune  dans  la 
»  disposition  primitive  des  placenta. 

»  Si  les  placenta  sont  libres,  les  deux  embryons,  indépendants  l'un  de 
»  l'autre,  peuvent  parcourir  leurs  évolutions  respectives,  et  venir  à  terme 
»  bien  conformés.  C'est  le  cas  des  jumeaux  ordinaires. 
'  »  Ou  bien,  des  deux  embryons  le  plus  fort  peut  se  développer  aux  dépens 
»  du  plus  faible;  c'est  le  cas  si  fréquent  d'un  enfant  bien  conformé,  coexis- 
»  tant  dans  le  même  utérus  avec  un  acéphale,  et  toujours  avec  un  acéphale 
»  libre.  Si,  au  contraire,  les  deux  placenta  sont  confondus  et  coalescents, 
»  de  cette  coalescence  résulte  d'abord  une  communauté  d'enveloppes,  puis 
»  une  communauté  des  deux  cordons  ombilicaux.  Les  deux  embryons 
»  isolés  dans  le  principe,  sont  ainsi  suspendus  à  une  tige  commune. 

»  Or,  ainsi  suspendus,  on  conçoit  qu'il  est  encore  possible  que  les  deux 
«  enfants  se  développent  régulièrement,  et  que  de  ces  enveloppes  com- 
»  munes  sortent  des  jumeaux  bien  conformés;  mais  ils  n'en  sortent  et  ne 
»  peuvent  en  sortir  qu'à  une  condition,  celle  d'être  unis  par  leur  ombilic. 

»  C'est  le  cas  des  jumeaux  coalescents  comme  les  deux  Siamois  (Ompha- 
»  lo-dymes). 

»  On  conçoit  encore  que  de  deux  embryons  si  voisins,  le  plus  fort  atrophie 
»  le  pîus  faible,  d'où  résulte  un  enfant  ordinaire  et  un  acéphale,  unis  par 
»  l'ombilic,  par  l'intestin  et  des  vaisseaux.  C'est  l'acéphalie  parasite  consti- 
»  tuant  les  hétéradelphes. 


(.I097  ) 
»  On  couçoit  enfin  que  cet  acéphale  resté  parasite  par  privation  de  veine 
»  ombilicale,  et  venant  a  acquérir  cette  veine,  rentre  dans  ses  droits  par 
»  cette  acquisition  ;  il  devient  alors  l'égal  de  son  frère,  et  fournit  la  moitié  de 
»  son  contingent  pour  les  organismes  communs  qui  doivent  les  unir.  Les 
»  deux  enfants  n'en  forment  plus  qu'un  seul.  Ce  sont  les  monstres  doubles 
»  ou  les  hépato-dymes  ;  c'est  notre  Ritta-Christina.  Mais,  d'après  ce  qui 
»  précède,  ces  deux  enfants  sont  rarement  complets;  le  plus  souvent  il 
»  manque  quelques  parties  à  l'un  et  à  l'autre  ;  l'un  et  l'autre,  considérés  à 
»  part,  sont  des  monstres  par  défaut,  dont  l'association  donne  naissance 
»  aux  organismes  communs  qui  les  unissent  et  les  confondent  en  ramenant 
»  leur  dualité  à  l'unité.   » 

Ces  remarques  font  suite  à  la  Note  que  j'ai  communiquée  dans  la  der- 
nière séance. 

Géologie.  —  aperçus  relatifs  à  la  théorie  des  gîtes  métallifères  ; 

par  M.  F.  Fouknet. 

«  Durant  le  cours  de  mes  voyages  dans  la  forêt  Noire,  le  Palatinat,  les 
Vosges,  le  Morvan,  l'Auvergne,  le  Rouergue,  le  Lyonnais,  les  Cévennes, 
le  Languedoc,  les  Alpes  occidentales  et  maritimes,  le  Tessin,  le  Tyrol,  l'A- 
pennin étrusque,  l'île  d'Elbe,  la  Sardaigne  et  l'Algérie,  j'ai  pris  note  d'un 
grand  nombre  de  faits  relatifs  aux  filons  métallifères,  et  avant  de  les  déve- 
lopper dans  un  ouvrage  spécial  sur  la  matière,  il  me  paraît  convenable  d'en 
faire  part  aux  hommes  de  science,  afin  de  tenir  compte  des  objections  que 
mes  interprétations  auront  pu  soulever.  Dans  le  domaine  de  la  géologie 
les  produits  de  deux  laboratoires  sont  constamment  en  présence.  Les  agents 
du  premier,  se  trouvant  établis  au  sein  des  réceptacles  souterrains,  envoient 
leurs  combinaisons  vers  la  surface.  Ceux  du  second,  étant  placés  à  l'exté- 
rieur, les  remanient  incessamment  en  s'insinuant  au  travers  de  leurs  plus 
intimes  interstices,  de  leurs  pores,  de  leurs  fissures  ou  cassures,  pour  arriver 
à  toutes  les  profondeurs  qui  leur  sont  accessibles.  L'atmosphère  joue  le 
principal  rôle  parmi  les  effets  superficiels,  tandis  que  dans  les  entrailles  de 
la  terre,  c'est  à  la  chaleur  qu'est  dévolue  la  part  essentielle.  Mais  celle-ci 
pouvant  opérer  par  la  voie  de  la  vaporisation,  par  l'intermédiaire  des  eaux 
thermo-minérales,  ou  par  le  moyen  de  la  fusion,  il  faut  établir  la  part  des 
filons  qui  revient  à  chacune  de  ces  manières  d'effectuer  les  combinaisons  : 
je  suis  porté  à  accorder  la  prépondérance  à  la  liquéfaction  ignée  ;  les  autres 

C.  R.,  i356,  s"  Semestre.  (T.  XLII,  N°  25.)  '44 


(  io98  ) 
géologues   qui  combattent  en  faveur  de  la  gazéification  ou  des  sources 
chaudes,  défendront  les  bases  de  leurs  raisonnements  :  je  vais  m'occuper  des 
miennes. 

»  Première  partie.  Théorie  de  lajusion.  — 1°.  Les  filons  métallifères  sont 
associés  à  diverses  roches  plutoniques.  Ce  fait  observé  depuis  longtemps  par 
les  mineurs  de  l'Angleterre,  par  M.  de  Humboldt  pour  le  Mexique,  par 
M..d'Aubuisson  pour  les  Alpes,  a  été  généralisé  à  la  suite  de  mes  obser- 
vations faites  en  Auvergne,  dans  le  Rouergue  et  dans  la  Toscane.  Il  a  été 
repris  depuis  sur  une  plus  grande  échelle  par  M.  Murchison  à  l'occasion 
des  gîtes  aurifères;  enfin  il  vient  d'être  discuté  par  M.  de  Beust,  directeur 
général  des  mines  de  la  Saxe. 

»  20.  L'association  en  question  se  traduit  de  diverses  manières.  D'abord 
certaines  roches  éruptives  sont  métallifères  dans  toutes  leurs  parties.  A 
Chessy,  quelques  granulites  de  la  syénite  sont  chargées  de  pyrites  cuivreu- 
ses. Je  possède  des  protogines  de  la  Corse  dans  lesquelles  la  galène  est 
disséminée  à  peu  près  aussi  régulièrement  que  le  mica.  Dans  la  roche  grani- 
toïde  verte  et  très-chloriteuse  qui  est  en  surplomb  sur  le  lias  du  Champo- 
léon,  j'ai  trouvé  de  la  galène,  du  cuivre  gris  et  de  la  pyrite  platinifères. 
Pendant  mes  excursions  dans  les  Alpes,  j'ai  recueilli  des  serpentines  conte- 
nant du  fer  oxydulé  ;  enfin  les  granits  stannifères,  tantalifères  sont  géné- 
ralement connus.  Dans  d'autres  cas  j'ai  vu  les  métaux  inclus  au  milieu  même 
de  la  roche  plutonique  à  l'état  de  filets,  et  c'est  le  cas  pour  le  molybdène 
sulfuré  de  la  syénite  de  Chessy.  Ailleurs  de  grosses  lentilles  résultent  évi- 
demment de  la  compression  d'amas  développés  et  demeurés  englobés  pen- 
dant la  formation  de  l'ensemble  encaissant  et  encaissé.  Il  arrive  encore  que 
ces  parties  métallifères  sont  accolées  contre  l'une  des  parois  de  la  roche 
éruptive,  et  j'ai  fait  connaître  ces  relations  essentielles  en  les  désignant  sous 
le  nom  de  filons  de  contact.  Enfin,  les  gîtes  peuvent  se  trouver  sous  la  forme 
de  filons-fentes  ou  de  filons-couches ,  plus  ou  moins  éloignés  de  la  roche 
éruptive,  mais  en  demeurant  d'ordinaire  subordonnés  à  sa  sphère  d'action. 

»  3°.  De  ces  associations  il  est  permis  de  conclure  que  les  gîtes  métallifères 
ont  été  engendrés  sous  les  mêmes  influences  que  les  roches  mères  dont  ils 
sont  pour  ainsi  dire  des  ségrégations  particulières  effectuées  pendant  les 
cristallisations  souterraines.  En  effet,  la  tendance  générale  des  liquides  à 
opérer  des  dissolutions  permet  d'admettre  l'existence  de  fondants  quelcon- 
ques, de  dissolvants  par  la  voie  sèche,  de  liquéfacteurs  plutoniques  dont  le 
rôle  est  au  moins  aussi  positif  que  celui  des  vapeurs,  des  gaz  et  des  esprits 
métalliques.  Le  travail  intestin  et  habituel  qui  suit  son  cours  pendant  le 


(  '°99  ) 
refroidissement  subséquent,  autorise  également  à  concevoir  des  éliquations 
ou  des  ressuages  en  vertu  desquels  les  éléments  en  excès  dans  les  magmas 
primitifs,  ainsi  que  les  divers  autres  corps  étrangers  à  la  masse  rocheuse  en 
voie  de  se  constituer,  ont  dû  cherchera  s'isoler  et  à  former  des  calottes  plus 
ou  moins  distinctes,  à  peu  près  de  même  que  les  scories,  les  mattes  et  le  mé- 
tal se  séparent  dans  le  creuset  d'un  fourneau.  Au  surplus,  divers  phéno- 
mènes tendent  à  démontrer  qu'avant  leur  émission,  non-seulement  les  ser- 
pentines, mais  encore  plusieurs  masses  granitiques  et  porphyriques  déjà 
parvenues  à  un  état  de  mollesse  imparfaite,  se  trouvaient  pourvues  d'une 
texture  cristalline  prononcée.  Dès  ce  moment  donc,  les  matières  superflues 
étant  déjà  éliminées,  et  la  secousse  de  l'épanchement  survenant,  il  a  pu  en 
résulter  des  éjaculations,  séparées  ou  non,  de  la  masse  génératrice,  selon  les 
issues  qui  se  sont  présentées. 

»  If.  A  l'égard  de  l' infusibilité,  la  silice  surtout  a  été  un  sujet  d'embarras. 
Quand  j'eus  développé,  en  i844>  Ie  principe  de  la  surfusion  du  quartz, 
M.  Durocher  m'attribua  l'idée  d'assimiler  la  formation  du  granit  à  ce  qui 
arriverait  eu  prenant  un  mélange  de  quartz,  de  feldspath,  de  mica,  et  en 
élevant  la  température,  sans  permettre  à  la  silice  de  réagir  sur  les  autres 
composés  pour  l'abandonner  à  un  refroidissement  subséquent;  qu'alors  les 
parties  quartzeuses  se  consolideraient  avant  les  parties  feldspathiques,  bien 
qu'elles  pussent  s'abaisser,  avant  de  se  congeler,  jusqu'à  une  température 
un  peu  plus  basse  que  celle  qui  correspond  à  la  liquéfaction  de  la  silice. 
Partant  ensuite  de  cette  interprétation,  il  fit  la  critique  de  la  manière  dont 
j'envisageais  les  faits  [Comptes  rendus,  i845).  On  va  voir  pourtant  que 
mon  explication  est  précisément  celle  dont  M.  Durocher  s'attribue  l'inven- 
tion . 

»  Déjà,  en  i838  (Correspondance  des  élèves  brevetés  de  Saint-Etienne, 
ae  série,  tome  II),  j'ai  rappelé  les  données  de  la  chimie  d'après  lesquelles  di- 
vers alliages,  les  dissolutions  des  métaux  dans  les  sulfures,  celle  du  carbone 
dans  la  fonte,  les  excès  de  phosphore  des  phosphures,  etc.,  se  prêtent  à  des 
séparations  plus  ou  moins  complètes,  et  que  la  disjonction  des  éléments  du 
granit,  ainsi  que  celle  des  parties  du  porphyre,  n'est  qu'un  phénomène  du 
même  ordre.  Partant  ensuite  de  ces  indications  sommaires,  j'ai  procédé  à 
diverses  applications  parmi  lesquelles  il  me  faut  mentionner  entre  autres  les 
ségrégations  ainsi  que  les  cristallisations  du  quartz  et  du  feldspath  dans  cer- 
taines veines  de  pegmatite.  Après  des  énoncés  si  explicites,  était-il  néces- 
saire de  revenir  à  tout  propos  sur  mes  prémisses  ?  J'ai  cru  plus  utile  de 

«44- 


(    I I oo   ) 
continuer  de  travailler  au  perfectionnement  de  la  théorie  des  filons  que  de 
discuter  sur  des  faits  munis  de  leur  date  positive. 

»  5°.  Parmi  les  principes  particuliers  dont  dispose  la  voie  sèche,  il  en  est 
un  dont  la  généralisation  est  due  à  l'un  des  plus  illustres  professeurs  de 
l'Ecole  des  Mines,  M.  Berthier.  £t  cependant,  malgré  l'importance  de  ce 
principe  pour  la  théorie  des  filons,  il  a  été  complètement  perdu  de  vue  par 
les  partisans  des  émanations  gazeuses,  puisque,  suivant  eux,  la  qualité  ré- 
fractaire  de  certains  composés  salins  oblige  à  renoncer  à  l'idée  de  la  fusion 
pour  recourir  à  l'intervention  des  vapeurs  fluoriques,  sulfuriques  ou  autres. 
En  cela,  ils  n'ont  oublié  rien  moins  que  la  facile  fusibilité  des  sels  dou- 
bles ou  multiples.  Si,  par  exemple,  la  baryte  sulfatée  est  peu  fusible,  son 
compagnon  ordinaire,  le  fluorure  de  calcium,  bien  qu'il  soit  à  peu  près  éga- 
lement réfractaire,  suffit  pour  le  liquéfier.  Il  en  est  d'ailleurs  de  même  pour 
le  sulfate  de  chaux  et  pour  tant  d'autres  composés  du  même  ordre.  Ainsi 
donc,  loin  d'être  dépourvu  de  moyens  propres  à  produire  la  liquéfaction, 
le  géologue  est  plutôt  dans  l'embarras  du  choix. 

»  6°.  La  fusion  pure  et  simple  des  matières  d'un  filon  avec  ses  consé- 
quences naturelles  satisfait  à  toutes  les  conditions  de  sa  formation.  D'abord 
elle  se  concilie  admirablement  avec  les  effets  de  la  pression  qui  maintient 
dans  les  minéraux  divers  corps  volatils.  Ainsi,  la  persistance  des  persulfures, 
des  arséniures,  des  arséniosulfures,  s'explique  avec  la  plus  grande  facilité 
par  suite  de  l'obstacle  que  le  poids  et  la  viscosité  des  gangues  ont  dû  opposer 
au  dégagement  de  leurs  éléments  électronégatifs.  Les  expériences  de  Hall 
ont  suffisamment  démontré  comment  l'acide  carbonique  se  maintient  dans 
les  carbonates  en  les  rendant  en  même  temps  fusibles,  et  naturellement  les 
conditions  sont  les  mêmes  pour  certains  hydrosilicates.  D'ailleurs,  l'eau, 
divers  liquides  plus  ou  moins  huileux,  et  en  tous  cas  dépourvus  d'affinité, 
soit  pour  la  silice,  soit  pour  les  silicates,  ne  pouvant  entrer  en  combinaison 
avec  eux,  se  sont  nichés  dans  les  vacuoles  des  cristaux  du  quartz,  de  la 
topaze,  etc.,  qui  sont  devenus  guttifères,  anhydres,  aérohydres,  suivant  les 
circonstances.  Il  suffira  de  prendre  connaissance  des  très-intéressantes  ob- 
servations de  M.  Brewster  pour  comprendre  aussitôt  l'influence  que  ces 
dispersions,  souvent  microscopiques,  ont  pu  exercer  dans  les  analyses,  en 
faisant  croire  à  la  présence  de  l'eau  de  combinaison  dans  certains  composés. 
On  comprendra  également  les  doutes  qui  doivent  planer  sur  certaines  théo- 
ries atomiques  basées  sur  des  recherches  dans  lesquelles  on  n'a  pas  tenu 
compte  de  ces  intercalations  mécaniques.  Enfin  on  se  demandera  si  réel- 


(   noi   ) 
lement,  comme  le  supposent  quelques  chimistes,  l'eau  est  intervenue  d'une 
manière  notable  dans  la  fusion  de  certains  minéraux  des  filons. 

»  70.  La  fusion  est  ordinairement  suivie  de  la  surfusion,  état  très-admis- 
sible dans  le  repos  des  cavités  souterraines,  et  dans  lequel  peuvent  se  main- 
tenir non-seulement  la  silice  ainsi  que  les  silicates,  corps  généralement 
doués  d'une  fluidité  visqueuse,  mais  encore  une  foule  de  composés  sulfurés, 
salins,  etc.,  d'après  une  suite  d'observations  que  j'ai  pu  faire  à  cet  égard. 
Il  y  a  lieu  de  croire  que  les  vapeurs  ne  pourraient  pas  rendre  un  compte 
satisfaisant  des  particularités  occasionnées  par  cette  circonstance. 

»  Pour  le  moment,  je  dois  rappeler  qu'il  est  démontré  en  physique  qu'à 
l'instant  de  la  solidification  il  se  produit  un  dégagement  de  calorique  ca- 
pable de  ramener  le  corps  surfondu  à  la  température  qu'il  doit  posséder 
quand  il  est  arrivé  au  point  de  sa  solidification  ordinaire.  L'effet  étant  du 
moins  constaté  pour  l'eau  aussi  bien  que  pour  plusieurs  autres  corps,  il  n'y 
a  aucune  raison  pour  refuser  la  même  propriété  à  d'autres  substances.  Au 
surplus,  tous  les  pyrognostes  connaissent  la  vive  ignition  manifestée  par 
l'argent,  par  quelques  alliages  d'or  et  d'argent,  par  le  phosphate  de  plomb, 
par  le  titanate  de  soude,  au  moment  de  leur  solidification.  Mieux  encore, 
certaines  coidées  de  laves  sont  également  susceptibles  de  se  réchauffer  dans 
un  moment  donné,  et  que  le  phénomène  soit  complexe  ou  non,  je  n'en  ai  pas 
moins  été  en  droit  de  le  faire  contribuer  à  la  constitution  des  filons.  Ainsi 
l'on  peut  concevoir  qu'il  a  eu  pour  résultat  d'effectuer  la  refonte  de  diverses 
matières  solidifiées  avant  d'autres,  de  provoquer  certains  mouvements  mo- 
léculaires, de  faire  naître  des  ressuages,  des  résorptions  et  par  conséquent 
il  permet  d'expliquer  quelques  pseudomorphoses  conformément  à  ce  que 
j'ai  dit  dans  une  précédente  occasion.  Je  range  dans  cette  catégorie  les  sub- 
stitutions du  quartz  au  spath  fluor,  au  calcaire,  à  la  barytine  ;  celle  de 
l'oxyde  d'étain  au  feldspath  et  au  lungstate  de  chaux  ;  celle  du  spath  fluor 
au  carbonate  de  chaiix,  etc. 

»  8°.  L'état  vitroïde  ou  amorphe  est  un  des  résultats  de  la  solidification 
des  masses  fondues;  l'état  cristallin  en  est  un  autre,  et  l'établissement  dé 
celui-ci  est  accompagné  des  circonstances  les  plus  variées.  En  effet,  la  cris- 
tallisation peut  faire  naître  les  structures  granitoïdes,  potphyroïdes,  glo- 
baires,  qui  se  font  remarquer  dans  les  gîtes  métallifères,  aussi  bien  que 
dans  les  roches.  Quelques-uns,  par  l'ampleur  de  leurs  parties,  sont  capables 
de  rivaliser  avec  les  plus  belles  pegmatites  de  l'Oural  ;  de  même,  les  sphé- 
roïdes de  certains  autres  dépassent  en  dimension  ceux  des  granits  orbicu- 
laires  de  la  Corse.  La  même  force  produit  également  des  textures  irrégulières,, 


(     I 102    ) 

concrétionnées,  et  l'on  en  a  la  preuve  dans  l'état  de  certains  verres  et  lai- 
tiers dé  vitrifiés. 

»  90.  En  vertu  de  son  essence,  la  cristallisation  séparant  les  corps  qui 
ne  sont  que  dissous  les  uns  dans  les  autres,  il  reste  à  ajouter  qu'elle  permet 
d'expliquer  certaines  juxtapositions  minérales  pour  lesquelles  l'embarras  a 
été  tel,  que  Ton  a  cru  devoir  recourir  à  des  forces  nouvelles  et  inconnues. 
Les  énoncés  relatifs  à  l'argent  natif  placé  à  côté  du  cuivre  métallique  dans 
les  roches  du  lac  Supérieur  sont  la  preuve  des  difficultés  que  l'on  rencontre 
dans  les  autres  théories,  tandis  que  dans  le  cas  de  la  fusion  il  suffit  de  con- 
sidérer les  alliages  des  deux  métaux  en  question  comme  n'étant  que  des 
dissolutions.  On  remarquera  d'ailleurs  qu'il  existe  toute  une  hiérarchie  à 
cet  égard.  Le  bismuth  et  le  zinc  ne  s'allient  guère  plus  que  le  mercure  ne 
s'amalgame  avec  le  fer.  Le  cuivre  et  le  plomb  peuvent  bien  demeurer  con- 
fondus l'un  avec  l'autre  quand  le  refroidissement  est  brusque;  mais  si  peu 
qu'il  se  prolonge,  on  voit  dans  le  culot  plombeux  se  dessiner  des  grenailles 
cuivreuses.  Les  lingots  de  cuivre  et  d'or,  d'argent  et  d'or,  sont  rarement 
d'une  richesse  égale  dans  toute  leur  étendue.  La  difficulté  d'obtenir  des 
bronzes  homogènes  est  bien  connue.  Pourtant  dans  la  plupart  des  cas  sus- 
mentionnés, le  refroidissement  devant  être  considéré  comme  rapide,  il  est 
permis  d'attendre  quelque  chose  de  plus  des  abaissements  très-gradués  de 
la  température,  tels  qu'ils  se  conçoivent  dans  les  filons. 

»  io°.  Aidé  de  l'intervention  des  aspérités  ou  des  rugosités,  la  cristallisa- 
tion détermine  encore  la  condensation  de  certains  corps  contre  les  parois 
des  gîtes,  de  façon  à  faire  naître  une  sorte  de  rubannernent.  Par  la  même 
raison,  elle  a  donné  naissance  aux  dispositions  annidaires  des  minerais  au- 
tour des  fragments  étrangers,  dispositions  désignées  par  les  mineurs  alle- 
mands sous  le  nom  de  ringertz.  Ce  qui  surprendra  davantage,  c'est  que  la 
même  force  de  groupement  moléculaire  peut  dessouder  un  filon  au  point  de 
le  rendre  parfaitement  indépendant  de  ses  parois,  quand  bien  même  le 
gîte  ne  serait  muni  d'aucune  lisière  ou  salbande  argileuse.  Cependant,  d'a- 
près les  idées  vulgaires,  il  semblerait  que  des  matières  du  genre  des  silicates 
doivent  contracter  avec  l'encaissement  une  adhérence  non  moins  parfaite 
que  celle  du  verre  avec  le  creuset  d'argile  dans  lequel  il  a  été  fondu.  Sans 
doute  le  simple  retrait  peut  en  cela  agir  dans  certains  cas,  mais  j'ai  égale- 
ment des  preuves  à  l'appui  du  rôle  de  la  cristallisation,  de  façon  que  je  ne 
confonds  pas  ces  deux  causes,  quoiqu'elles  puissent  concourir  au  même  but. 

»  ii°.  La  fusion  n'est  nullement  incompatible  avec  l'établissement  des 
géodes,  dont  il  existe  d'ailleurs  plusieurs  espèces  qui  n'ont  pas  été  suffisam- 


(  no3  ) 
ment  distinguées  par  les  géologues.  Outre  cela,  on  remarquera  que  dans  ces 
cavités  hérissées  de  saillies  cristallines  ou  garnies  de  protubérances  mame- 
lonnées, sont  tombés  les  produits  du  ressuage  de  la  masse  des  filons.  Des 
cristallisations  adventives  ont  donc  été  semées  sur  les  faces  supérieures  de 
ces  parties  proéminentes,  c'est-à-dire  sur  celles  de  leurs  faces  tournées  vers 
le  ciel.  Cet  énoncé,  je  ne  l'ignore  pas,  est  en  contradiction  avec  la  théorie 
de  la  sublimation  d'après  laquelle  on  veut  que  les  corps  additionnels  en 
question  soient  adhérents  aux  faces  inférieures,  parce  qu'on  les  compare  à 
la  suie  d'une  fumée  ascendante  et  qui  doit  s'accrocher  surtout  en  dessous. 
Mais  pour  arriver  à  raisonner  ainsi,  on  n'a  pas  tenu  compte  de  la  position 
réelle  des  matières  respectives,  et  ce  n'est  pas  là  une  des  moindres  erreurs 
avancées  dans  les  livres. 

»  1 20.  Le  ressuage  peut  faire  naître  des  dendrites  métalliques  de  la  plus 
exquise  délicatesse.  Il  produit  de  même  des  fibrosités  plus  ou  moins  con- 
tournées, enroulées,  et  je  mentionne  expressément  ces  circonstances,  parce 
que  certains  géologues  n'appréciant  pas  assez  le  degré  de  subtilité  auquel 
peuvent  atteindre  les  effets  du  calorique,  déclarent  que  toutes  les  arborisa- 
tions du  cuivre,  de  l'argent  natif,  du  nickel  capillaire, etc.,  sont  des  produits 
d'origine  aqueuse. 

»  i3°.  L'endurcissement,  l'imbibition  pierreuse,  la  métallisation  des  pa- 
rois, sont  encore  des  conséquences  variées  de  la  liquéfaction  ignée.  Tous  les 
fondeurs  savent  que  la  galène  pénètre  dans  la  pâte  des  creusets  d'argile,  que 
la  fonte  de  fer  peut  transsuder  dans  les  grès  dont  les  creusets  des  fourneaux 
sont  constitués  et  que  la  litharge  s'infiltre  dans  les  coupelles.  Certains  cou- 
reurs de  gazon  ne  sont  pas  plus  difficiles  à  expliquer  que  ces  métallisations 
et  que  l'ensemble  de  l'organisation    des  autres  gîtes. 

»  i4°-  Des  masses  à  l'état  de  fusion  pâteuse,  telles  qu'ont  dû  l'être  assez 
ordinairement  celles  des  filons,  ont  été  capables  de  maintenir  en  suspen- 
sion les  fragments  des  parois  qu'elles  ont  entraînés  avec  elles  au  moment  de 
l'injection.  C'est  en  vertu  de  cette  cause  que  parmi  les  gangues  on  remarque 
si  souvent  des  masses  bréchoïdes,  plus  ou  moins  clair-semées,  et  placées  tan- 
tôt indifféremment  dans  toutes  les  parties  du  gîte,  ou  bien  concentrées  dans 
certains  rubans  voisins,  soit  du  toit,  soit  du  mur,  et  quelquefois  rangés 
dans  la  partie  médiane. 

»  1 5°.  Les  effets  mécaniques  de  l'injection  ainsi  que  des  tassements  subsé- 
quents ont  produit  les  miroirs,  les  cuirassés,  les  étirements,  les  rubanne- 
ments  des  filons.  D'ailleurs  les  conglomérats  de  frottement  fixés  contre  l'une 
ou  l'autre  paroi  rentrent  parmi  les  effets  du  même  ordre.  On  remarquera 


(  no4) 

de  plus  que  les  résultats  de  l'étireraent  sont  d'ordinaire  compliqués  de 
ceux  de  la  cristallisation,  et  que  par  cela  même  les  rubannements  ont  pu 
acquérir  un  caractère  sensiblement  différent  de  celui  des  laitiers  coulant  sur 
le  sol  des  fonderies,  ou  bien  encore  de  ceux  de  certains  verres  multicolores 
étendus  par  l'ouvrier.  Toutefois  les  configurations  sont  demeurées  assez 
nettes  pour  ne  laisser  aucune  prise  à  l'incertitude. 

»  i6°.  Imaginons  actuellement  des  culots  métalliques  d'un  volume  con- 
sidérable accumulés  çà  et  là  au  milieu  de  gangues  visqueuses.  Dans  ce  cas, 
l'étirement  aura  pu  former  les  colonnes  riches  que  l'on  observe  dans  divers 
gîtes,  où  elles  sont  étendues  à  diverses  distances  et  parallèlement  les  unes 
aux  autres.  M.  de  Beust  a  déduit  de  ces  arrangements  des  conclusions  ca- 
pitales pour  l'exploitation  des  mines  de  Freiberg.  Je  me  contenterai  d'ajouter 
que  ces  colonnes  peuvent  être  verticales,  plus  ou  moins  inclinées  comme 
c'est  le  cas  en  Saxe,  et  même  presque  horizontales  dans  d'autres  cas. 
D'ailleurs  les  miroirs  indiquent  de  même  des  injections  dans  ces  divers 
sens;  cependant  le  rapprochement  de  deux  faits  ne  doit  pas  être  poussé 
jusqu'à  l'absolu,  car  les  miroirs  résultent  aussi  de  tassements  subséquents, 
ainsi  que  le  démontrent  leurs  stries  souvent  dirigées  dans  deux  sens  diffé- 
rents. 

»  170.  La  combinaison  des  effets  de  l'étirage,  du  ressuage  et  de  la  cris- 
tallisation permet  de  donner  des  explications  satisfaisantes  de  certaines  accu- 
mulations minérales  dans  les  terminaisons  cunéiformes  des  filons.  Il  arrive, 
par  exemple,  qu'une  gangue  plus  ou  moins  rare  dans  les  parties  centrales  d'un 
gîte  est  concentrée  sur  ses  extrémités.  A  Sain-Bel,  l'orthose  est  dans  ce  cas. 
A  Chessy  comme  à  Romanèche,  la  baryte  sulfatée  devient  prédominante  à 
l'approche  de  la  fin  des  lentilles.  La  conséquence  de  ces  causes  est  que  les 
parties  métalliques,  d'ordinaire  plus  fusibles  et  plus  sujettes  que  les  autres  à 
se  maintenir  à  l'état  liquide,  occupent  l'étendue  moyenne  des  veines;  par  la 
même  raison,  elles  s'accumulent  dans  les  renflements,  qui  eux-mêmes  sont 
souvent  établis  vers  les  points  de  rupture,  à  partir  desquels  s'écartent  des 
branches  obliques  ou  perpendiculaires,  et  de  là  le  fait  de  l'enrichissement  des 
filons  autour  des  entre-croisements. 

»  1 8°.  Enfin  en  admettant,  dans  un  même  filon,  le  mélange  des  matières 
dont  les  unes  sont  capables  de  persister  à  l'état  liquide,  les  autres  étant  au 
contraire  sujettes  à  se  figer  avec  une  certaine  promptitude,  on  arrive  à  com- 
prendre l'écoulement  des  premières  dans  une  autre  crevasse  qui  se  serait 
ouverte  après  coup.  Telle  esf  du  moins  l'explication  que  je  crois  pouvoir 
donner  d'une  observation  capitale  de  M.  Beust  relativement  à  la  constitu- 


(  no5  ) 
tion  de  certains  gîtes  de  Freiberg,  qui  ont  été  enrichis  de  tout  ce  qui  leur 
a  été  cédé  par  d'autres.  J'accepte  d'ailleurs  ce  curieux  théorème,  d'autant 
plus  volontiers  qu'il  me  paraît  susceptible  d'être  appuyé  par  des  faits  pris 
dans  d'autres  pays* 

»  190.  Pour  clore  cette  série  d'énoncés  au  sujet  de  la  théorie  delà  fu- 
sion, je  dois  faire  remarquer  qu'étant  en  partie  basée  sur  la  connexion  des 
filons  avec  les  roches  éruptives,  il  a  été  nécessaire  de  s'occuper  du  classe- 
ment de  celles-ci.  A  cet  égard,  j'ai  fait  une  multitude  de  recherches  qui 
m'ont  permis  de  rattacher  à  divers  groupes  des  masses  de  structure  variée. 
Les  granits,  par  exemple,  ont  leurs  pegmatites,  leurs  granulites  et  leurs 
leptynites;  il  en  est  de  même  des  syénites  anciennes  et  des  porphyres  quar- 
zifères.  D'un  autre  côté,  il  a  fallu  séparer  des  masses  confondues  ensemble. 
Tels  sont  entre  autres  les  basaltes  et  les  mélaphyres  du  Tyrol,  ceux-ci  étant 
le  produit  de  métamorphisme  de  roches  sédimentaires  anciennes,  tandis 
que  les  autres  appartiennent  au  groupe  volcanique.  Par  suite  des  mêmes 
études,  je  suis  arrivé  à  constater  l'état  endomorphique  de  certaines  masses 
éruptives.  Les  granits  bleus  et  variés,  pinitifères  ou  non,  qui  se  montrent 
quelquefois  si  largement  développés  dans  la  chaîne  vivaraise,  depuis  les 
environs  de  Lyon  jusqu'au  Tanargue,  sont  des  produits  de  ce  genre;  il  en 
est  de  même  des  spilites  du  Dauphiné  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  les 
roches  agatifères  d'Oberstein.  Cependant  mes  observations  sont  loin  d'être 
complètes;,  car  s'il  est  bien  démontré  pour  moi  qu'il  existe  deux  syénites,  il 
n'en  reste  pas  moins  quelques  incertitudes  au  sujet  de  la  démarcation  qu'il 
faut  établir  entre  les  syénites  anciennes  et  ceux  jd'entre  les  granits  dont 
l'apparition  date  à  peu  près  de  la  même  période.  Je  n'ai  pas  davantage  pu 
mettre  la  dernière  main  à  l'établissement  de  l'ensemble  porphyrique  qui 
paraît  présenter  certaines  transitions  avec  les  granits  anciens,  et  celles-ci  se 
manifestent  eu  Sardaigne,  dans  le  Forez,  dans  leMorvan.  Les  serpentines  me 
laissent  également  divers  doutes,  en  ce  sens  que  j'arrive  à  croire  qu'il  existe 
des  roches  de  ce  nom  dont  les  unes  seraient  fort  anciennes  et  les  autres  très- 
modernes.  Les  protogines  me  semblent  également  susceptibles  d'être  distin- 
guées d'après  leur  âge  et  d'après  leurs  caractères  pétralogiques  ;  celles  du 
Mont-Blanc,  par  exemple,  diffèrent  très-notablement  de  celles  des  alentours 
du  Pelvoux.  » 


C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLH,  ÏS»  23.)  I  45 


(  no6  ) 

astronomie.  —  Détermination  de  l'orbite  de  la  planète  Harmonia. 
(Notes  de  M.  Benj.  Valz.) 

«  Marseille,  3  juin  i856. 

»  La  4 ie  petite  planète,  ayant  été  découverte  par  M.  Goldschmidt  dans 
sa  quadrature  même,  s'éloigne  rapidement  de  la  Terre,  et  se  rapproche  de 
plus  en  plus  de  l'horizon  et  du  crépuscule;  ce  qui  concourt  à  diminuer 
plus  promptement  son  éclat,  et  à  rendre  sa  recherche  et  ses  observations 
d'autant  plus  pénibles.  Ayant  pu  l'observer  avec  beaucoup  de  difficultés, 
parce  que  sous  l'apparence  de  la  1 2e  grandeur,  elle  ne  supporte  guère 
l'éclairage,  les  3i  mai  et  Ier  juin,  j'en  ai  déduit  l'orbite  circulaire  suivante, 
qui  pourra  être  utile  aux  astronomes  pour  les  guider  dans  sa  recherche 
parmi  le  grand  nombre  des  étoiles  de  cette  grandeur;  mais  je  crains  bien 
qu'elle  ne  soit  visible  encore  que  pour  bien  pende  temps,  vu  que  le  ierjuin 
elle  se  trouvait  bien  sensiblement  plus  faible  que  la  veille,  et  fort  pénible 
à  reconnaître  et  à  observer;  ce  qui  avec  le  moins  d'exactitude  des  obser- 
vations ne  permettra  guère  d'en  obtenir  des  éléments  elliptiques  satisfai- 
sants, qui  puissent  la  faire  retrouver,  non  sans  de  grandes  difficultés,  lors 
de  sa  réapparition  à  venir. 

Long,  hélioc.  dans  l'orbite  le  3i,  429  mai.  i83°3o' 

Nœud  ascendant 1 78°  3^ 

Inclinaison 190  3g 

Distance  au  Soleil 2,5765  (idro,i) 

Mouvement  moyen  diurne 1  io4",  25 

o  Marseille,  6  juin  i856 

»  N'ayaiit  pu  retrouver,  comme  je  le  craignais  fort,  la  L\\K  petite  planète, 
et  la  croyant  déjà  invisible  avec  les  faibles  instruments  auxquels  je  me 
trouve  réduit  pour  des  observations  aussi  délicates,  j'ai  cherché  à  rectifier, 
autant  que  possible,  les  éléments  circulaires  de  cette  nouvelle  planète,  à 
défaut  des  éléments  elliptiques,  qu'on  ne  pourra  guère  obtenir  avec  quelque 
exactitude;  afin  que  les  astronomes  qui  ont  eu  le  bonheur  d'obtenir  des 
instruments  plus  puissants  que  ceux  que  j'emploie,  puissent  la  trouver  plus 
facilement,  les  voici  : 

Long,  hélioc.  dans   l'orbite  le  31,429  mai.  i85°3o' 

Nœud  ascendant 1800    1' 

Inclinaison i7°5i' 

Distance  au  Soleil 2  ,o83  (  1  ±  o,  1  )  dans  l'ellipse 

Mouvement  héliocent.  diurne 1  180"  ,27 


(  "'07  ) 
»  L'incertitude  que  M.  Yillarceau  a  trouvée  sur  le  mouvement  d'Amphi- 
trite  après  un  intervalle  de  dix-huit  mois,  et  qui  parviendrait  à  atteindre  les 
minutes  de  la  longitude  moyenne,  montre  de  plus  en  plus  combien  les 
fractions  de  seconde  restent  incertaines.   » 

M.  Le  Verrier  annonce  à  cette  occasion  qu'une  /42e  petite  planète  a 
été  découverte  à  Oxfor,  le  23  mai,  par  M.  Pogson. 

géométrie.  —  Note  sur  la  théorie  des  parallèles;  par  M.  Vincent,  Membre 
de  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  La  révision  des  programmes  de  l'enseignement  universitaire  m'ayant 
fourni  l'occasion  de  soumettre  à  un  nouvel  examen  quelques-uns  des  prin- 
cipes fondamentaux  de  la  géométrie,  je  demande  à  l'Académie  la  permission 
de  lui  présenter  quelques  réflexions  sur  ce  sujet Je  veux  parler  de  cer- 
tains mouvements  des  figures,  dont  on  fait  usage  pour  les  démonstrations, 
surtout  dans  la  géométrie  moderne.  Je  dis  surtout,  parce  qu'il  n'est  pas 
exact  d'affirmer,  comme  on  le  fait  quelquefois,  qu'Euclide  se  soit  absolu- 
ment interdit  ces  mouvements  de  figure.  Je  ne  nie  pas  néanmoins  que  ces 
cas  ne  soient  très-rares  chez  le  géomètre  grec  ;  mais  je  ne  crains  pas  d'avancer 
que  l'enseignement  est  devenu  plus  simple  à  mesure  que  l'on  s'est  affranchi 
de  ce  joug  superstitieux....  L'étude  de  la  géométrie,  comme  l'écrivait  récem- 
ment M.  Saigey,  est  l'introduction  naturelle  et  nécessaire  de  Celle  de  la 
mécanique,  dont  le  rôle  est  ensuite  d'établir  les  relations  de  l'espace  au 
temps.  Ainsi  par  exemple  «  déterminer  la  courbe  engendrée  par  un  point 
»  qui  se  meut  suivant  des  conditions  données,  »  c'est  un  problème  de 
pure  géométrie  ;  et  «  déterminer  le  lieu  de  la  trajectoire  occupé  par  le 
»  point  décrivant  à  une  époque  quelconque  de  son  mouvement,  »  c'est  le 
problème  de  mécanique  correspondant;  cela  me  paraît  incontestable. 

»  L'idée  la  plus  nette  que  l'on  ait  donnée  de  la  ligne  droite  est  celle 
d'une  ligne  qui  ne  change  pas  de  lieu  quand  on  la  fait  tourner  sur  elle- 
même  en  passant  constamment  par  deux  de  ses  points —  Au  reste,  l'idée  du 
mouvement  en  ligne  droite  résulte  d'un  fait  d'expérience  commune  :  mar- 
cher droit  au  but  est  une  expression  que  comprend  l'homme  le  plus  gros- 
sier, et  à  laquelle  il  attache  indubitablement  l'idée  d'y  aller  par  le  plus 
court  chemin.  On  ne  se  tromperait  même  pas,  je  pense,  en  affirmant  que  les 
animaux  ont  le  sentiment  de  la  ligne  droite.  La  ligne  droite  jouit  de  plus  de 
cette  propriété,  qu'une  quelconque  de  ses  parties  peut  toujours  être  ap- 
pliquée ou  transportée  sur  une  autre  partie  de  la  même  ligne  droite  ou  de 

i45.. 


(  no8  ) 
tout  autre ,  et  Proclus  fait  remarquer  que  deux  espèces  de  lignes  courbes 
partagent  avec  elle  cette  propriété,  savoir  le  cercle  (pourvu  qu'il  soit  censé 
toujours  décrit  du   même  rayon)   et  l'hélice  (pourvu  qu'elle  ait  le  même 
rayon  et  le  même  pas). 

a  Une  droite  assujettie  à  pivoter  autour  d'un  de  ses  points  sans  sortir 
d'un  même  plan ,  engendre  ce  que  l'on  nomme  un  angle.  On  n'a  nul 
besoin  de  considérer  la  droite  comme  indéfinie  ;  on  peut  supposer  un  seg- 
ment de  droite  (comme  serait  une  règle)  pivotant  autour  d'une  de  ses  ex- 
trémités. Chaque  homme  porte  également  en  soi,  comme  fait  d'expérience, 
le  sentiment  de  ce  mouvement  de  pivotement  ou  de  rotation,  et  cela  pres- 
que au  même  degré  que  celui  de  la  marche  en  ligne  droite.  L'unité  naturelle 
de  cette  espèce  de  grandeur  est  la  rotation  complète  effectuée  par  la  droite 
lorsqu'elle  est  revenue  à  sa  position  initiale.  Néanmoins  l'unité  usuelle  n'est 
que  le  quart  de  la  rotation  totale,  nommé  angle  droit.  On  pourrait  à  la  ri- 
gueur considérer  l'angle  comme  une  portion  de  plan  (ainsi  que  je  l'avais 
fait  moi-même  autrefois  d'après  Bertrand  de  Genève)  ;  mais  on  a  reproché 
à  cette  définition,  non  sans  quelque  raison,  d'impliquer  l'idée  de  l'infini 
comme  le  plan  lui-même,  et  par  suite  de  conduire  à  l'impossibilité  de  com- 
parer les  angles  entre  eux  sans  comparer  des  grandeurs  infinies.  Cet  incon- 
vénient, qui  n'existe  pas-  quand  on  considère  en  eux-mêmes  la  droite  ou  le 
plan  (parce  que  toutes  les  droites,  tous  les  plans,  sont  superposables),  est 
réel  quand  il  s'agit  de  l'angle.  Aussi  fait-on  bien,  à  l'exemple  de  Bezout,  de 
définir  l'angle  simplement  comme  Yécartement  de  deux  droites,  ce  qui  re- 
vient, comme  je  l'ai  dit,  à  le  considérer  comme  engendré  par  le  pivotement 
d'une  droite  ou  d'une  portion  de  droite 

»  La  considération  du  mouvement  de  rotation,  ou,  ce  qui  est  la 
même  chose,  du  mode  de  génération  des  angles,  suffit  pour  démontrer  di- 
rectement que  l'a  somme  des  angles  extérieurs  de  tout  polygone  convexe, 
par  exemple  du  triangle  ABC,  est  égale  à  quatre  droits,  et  que  par  suite  la 
somme  des  angles  intérieurs  de  tout  triangle  est  égale  à  deux  droits. 


(  iio9  ) 

»  En  effet,  i°  faisons  glisser  la  droite  AB  sur  sa  direction,  de  manière  que 
le  point  A  vienne  se  placer  en  B;  ia  faisons-la  pivoter  autour  du  point  B  de 
manière  qu'elle  prenne  la  position  BC  ;  3°  faisons-la  glisser  sur  sa  nouvelle 
direction  de  manière  que  le  point  B  vienne  se  placer  en  C;  4°  faisons-  la  pi- 
voter autour  du  point  C  de  manière  qu'elle  prenne  la  position  CA  ;  5°  fai- 
sons-la derechef  glisser  sur  elle-même  de  manière  que  le  point  C  vienne  de 
nouveau  se  placer  en  A;  enfin  6°  faisons  pivoter  la  droite  autour  du  point 
A  de  manière  qu'elle  reprenne  la  position  AB.  Or  cette  position  est  identi- 
quement sa  position  primitive  ;  donc  la  droite  a  nécessairement  exécuté  une 
rotation  entière,  c'est-à-dire  une  somme  de  rotations  partielles  égale  à  quatre 
angles  droits.  De  là  évidemment  la  somme  des  angles  intérieurs  égale  à 
deux  droits. 

»  Je  ne  m'arrête  point  à  cette  objection,  qu'à  la  vérité  la  droite,  consi- 
dérée en  quelque  sorte  comme  matérielle,  a  bien  pivoté  autour  d'un  seul  et 
unique  de  ses  points  qui  s'est  transporté  successivement  de  A  en  B,  puis  en 
C,  puis  enfin  est  revenu  en  A,  mais  que  ce  point  ne  demeure  pas  en  position 
identique  sur  le  plan  de  la  figure,  et  que  l'on  n'aurait  pas  le  droit  d'ajouter 
ainsi  des  angles  dont  les  sommets  sont  différemment  situés.  Je  ne  m'arrête 
point,  dis-je,  à  cette  objection  ;  car.  si  elle  pouvait  avoir  quelque  valeur,  il 
s'ensuivrait  qu'on  ne  pourrait  non  plus  considérer  les  trois  angles  inté- 
rieurs du  triangle  comme  faisant  une  somme  unique  égale  à  deux  droits;  en 
un  mot,  l'énoncé  même  de  la  proposition  serait  un  non-sens  (i).  C'est  au  con- 
traire un  avantage  propre  à  notre  manière  de  considérer  les  angles,  de  per- 
mettre d'en  placer  le  sommet  et  le  plan  partout  où  l'on  veut  dans  l'espace. 
En  un  mot,  la  question  n'est  pas  de  savoir,  à  ce  qu'il  me  semble,  si  les  so- 
phistes de  Socrate  n'eussent  rien  trouvé  à  dire  sur  notre  théorie,  mais 
simplement  si  elle  est  accessible  aux  intelligences  les  plus  ordinaires,  aux 
notions  les  plus  vulgaires  du  sens  commun. 

»  De  là  on  déduit  rigoureusement,  comme  tout  le  monde  le  sait,  ce 
que  l'on  nomme  la  théorie  desr  parallèles,  au  sujet  de  laquelle,  dans  ses 
leçons  modèles  à  l'École  Normale,  Laplace  dit  qu'elle  laisse  peut-être  quel- 
que chose  à  désirer  du  côté  de  la  rigueur,  mais  que  l'on  doit  en  abandonner 
la  discussion  aux  métaphysiciens  géomètres,  du  moins  jusqu'à  ce  quelle  ait 
été  suffisamment  éclaircie. 

»  Pouvons-nous,  Messieurs,  nous  flatter  d'avoir  réalisé  le  vœu  de  Laplace? 


(i)  L'angle,  dit  avec  beaucoup  de  raison  M.  Poinsot,  est  un  nombre  et  non  une  quantité* 


(  «no  ) 
Il  me  semble  du  moins  que  nous  avons  ici  allié  la  rigueur  à  la  simplicité. 
Nous  serions  donc  bien  loin  d'avoir  mérité  le  reproche  d'abaisser  le  niveau 
de  l'enseignement.  Et  que  l'on  me  permette  de  faire  une  profession  de  foi 
qu'autorise  peut-être  de  ma  part  une  étude  particulière  des  géomètres  de 
l'antiquité  :  c'est  que  je  regarde  comme  un  véritable  bienfait  pour  l'ensei- 
gnement des  sciences,  ou  du  moins  de  la  géométrie  en  particulier,  de  se 
trouver  affranchi  des  formes  sophistiques  qui,  sans  rien  ajouter  en  réalité  à 
la  rigueur  du  raisonnement,  ne  font  qu'entraver  la  marche  de  l'esprit  et 
paralyser  son  initiative.  D'ailleurs,  je  ne  manquerais  pas  d'exemples  si  je 
voulais  prouver  que,  tout  en  croyant  raisonner  bien  rigoureusement,  il  est 
arrivé  souvent,  aux  géomètres  modernes  tout  aussi  bien  qu'aux  anciens,  de 
se  faire  illusion  sur  la  véritable  logique  de  la  sience,  sur  la  rigueur  et  l'effi- 
cacité de  certains  procédés  de  démonstration,  et  de  poser  comme  principe 
absolu  telle  proposition  qui  n'était  en  réalité  qu'un  véritable  postulation , 
admissible,  il  est  vrai,  dans  la  plupart  des  circonstances,  mais  radicalement 
faux  dans  telle  autre.  Que  l'on  me  permette  d'en  citer  un  cas,  celui  du  prin- 
cipe admis  comme  fondement  de  la  théorie  des  limites,  que  deux  grandeurs 
sont  égales  quand  on  peut  prouver  que  leur  différence  est  moindre  que  toute 
quantité  assignable .  J'ai  démontré  il  y  a  longtemps  (i)  la  fausseté  de  cette 
proposition,  fausseté  qui  avait  beaucoup  frappé  un  célèbre  géomètre  de  cette 
Académie,  Lacroix,  mon  maître,  auquel  on  ne  peut  contester  le  mérite  d'a- 
voir établi  l'enseignement  mathématique  sur  des  bases  véritablement  lo- 
giques. Le  principe  que  je  viens  de  rappeler  est  vrai,  incontestable,  pour  les 
grandeurs  variables,  dès  qu'elles  sont  soumises,  dans  leur  variation,  à  la 
loi  de  continuité  ;  mais  il  est  impropre  à  établir  par  lui-même  la  continuité 
dans  chaque  cas;  de  sorte  que  son  emploi  pour  cette  fin  se  réduit  à  un  vé- 
ritable cercle  vicieux.  La  continuité  d'une  fonction  peut  être  considérée 
comme  une  de  ces  choses  que  le  calcul  vous  rend  quand  on  les  y  a  mises  d'a- 
vance; mais  sa  raison  d'être  ne  se  trouve  point  ailleurs  que  dans  le  mode 
de  génération  de  la  fonction.  La  continuité^  quand  elle  existe)  est  avant  tout, 
que  l'on  me  passe  le  mot,  une  vérité- de  sentiment  ,•  on  doit  l'admettre 
purement  et  simplement  quand  il  n'apparaît  aucune  raison  pour  qu'elle 
n'existe  pas;  de  sorte  qu'ainsi  ce  n'est  pas  la  continuité  qui  a  besoin  d'une 
démonstration,  mais  que  tout  au  contraire  c'est  la  discontinuité.    « 


(i)  Annales  de  Gergonne  (1824,  tome  XV,  paj;e  2,5). 


(  *»I  ) 

MÉMOIRES  LUS. 

chimie  organique.  —  Sur  les  combinaisons  des  matières  sucrées  avec  les 
acides,  deuxième  Mémoire  :  Mannite ;  par  M .  Berthfxot. 

(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Dumas,  Peligot.) 

«...  .4-  Si  j'ai  été  conduit  à  étendre  aux  matières  sucrées  les  résultats 
obtenus  avec  la  glycérine,  c'est  en  raison  des  caractères  suivants,  communs 
pour  la  plupart  à  la  glycérine  et  aux  matières  sucrées  :  toutes  ces  substances 
sont  neutres,  sucrées,  très-solubles  dans  l'eau.  La  chaleur,  les  alcalis,  l'a- 
cide nitrique  les  décomposent  d'une  manière  semblable.  Le  carbone  con- 
tenu dans  leur  équivalent  est  un  multiple  de  6  ;  elles  renferment  environ 
moitié  de  leur  poids  d'oxygène,  et  l'hydrogène  s'y  trouve,  tantôt  dans  la 
proportion  convenable  pour  produire  de  l'eau  avec  l'oxygène  du  com- 
posé, tantôt  en  léger  excès  sur  cette  proportion.  Toutes  les  matières 
sucrées  forment  avec  les  bases  énergiques  des  combinaisons  particulières. 
J'ajouterai  que  les  matières  sucrées  s'unissent  aux  acides  en  plusieurs  pro- 
portions, de  façon  adonner  naissance  à  des  combinaisons  neutres, analogues 
aux  corps  gras  :  les  combinaisons  neutres  de  l'ordre  le  plus  élevé  renfer- 
ment en  général  un  équivalent  d'acide  pour  chaque  double  équivalent  de 
carbone  contenu  dans  la  matière  sucrée. 

»  D'après  cet  ensemble  de  propriétés,  les  substances  sucrées,  leurs  dérivés 
et  les  corps  neutres  essentiels  du  règne  végétal  auxquels  elles  se  rattachent, 
me  paraissent  constituer  un  groupe  naturel  de  composés  chimiques,  ana- 
logue au  groupe  des  corps  dérivés  des  carbures  d'hydrogène  et  des  alcools. 

<>  5.  Les  matières  sucrées  peuvent  se  partager  en  deux  grandes  catégories  au 
point  de  vue  de  leur  stabilité  :  la  première  catégorie  comprend  la  glvcérine, 
la  mannite,  la  dulcine,  la  pinite,  la  quercite,  l'érythroglucine,  etc.,  tons 
composés  assez  stables,  en  général  plus  ou  moins  volatils,  susceptibles  de 
résister  à  l'influence  d'une  température  de  aoo  à  25o  degrés,  ainsi  qu'à  l'ac- 
tion des  acides  et  des  alcalis  puissants  à  la  température  de  i  oo  degrés.  Toutes 
ces  substances  renferment  un  excès  d'hydrogène  sur  la  proportion  néces- 
saire pour  former  de  l'eau  avec  leur  oxygène. 

»  La  seconde  catégorie  renferme  les  sucres  fermentescibles  au  contact 
de  la  levure  (sucre  de  canne,  sucre  de  fruits,  giucoses,  sucre  de  lait,  lactose, 
mélitose,  etc.),  et  les  corps  isomères,  non  susceptibles  d'éprouver  la  fer- 
mentation alcoolique  au  contact  de   la  levure  (sorbine,   eucalyne.   etc.). 


(  ma) 
Toutes  ces  substances  sont  détruites  sous  l'influence  d'une  température 
de  aoo  degrés;  les  acides  minéraux  énergiques  les  décomposent  à  ioo  de- 
grés, et  la  plupart  sont  altérées  à  la  même  température  sous  l'influence  des 
alcalis.  Tous  ces  corps  renferment  l'hydrogène  et  l'oxygène  dans  les  pro- 
portions convenables  pour  former  de  l'eau. 

»  6.  Dans  le  présent  travail,  je  décrirai  seulement  les  combinaisons  que 
forment  les  acides  avec  la  mannite,  l'une  des  substances  sucrées  du  premier 
groupe. 

»  Mes  recherches  sur  la  mannite  comprennent  les  objets  suivants  :  his- 
toire chimique  de  la  mannite  (CH'O8),  de  la  mannitane  (C6  H6  Os),  du 
mannide  (CH'O4);  description  d'une  mannite  acétique,  de  deux  mannites 
butyriques,  d'une  mannite  palmitique,  d'une  mannite  oléique,  de  deux 
mannites  stéariques,  de  deux  mannites  benzoïques,  d'une  mannite  chlorhy- 
drique  (G8  H5  Cl  O3)  composé  volatil  et  cristallisable,  d'un  acide  mannitar- 
trique  tribasique  (C'°  H15  R3  O35)  (i),  d'un  acide  manniphosphorique  et  d'une 
éthylmannite.  Sans  m'étendre  ici  sur  l'histoire  individuelle  de  ces  composés, 
que  j'ai  déjà  signalés  pour  la  plupart  [Comptes  rendus ,  séance  du  17  sep- 
tembre i855),  je  vais  exposer  le  résumé  et  les  conclusions  de  mon  travail  : 

»  i°.  Les  composés  mannitiques  s'obtiennent  par  l'union  directe  de  leurs 
deux  principes  :  acide  et  mannite.  L'union  de  ces  composants  s'opère  en 
général  sous  l'influence  d'un  contact  prolongé  en  vases  clos  avec  le  concours 
d'une  température  comprise  entre  200  et  25o  degrés.  Ces  conditions  sont 
exactement  les  mêmes  que  celles  dans  lesquelles  j'ai  préparé  les  corps  gras 
neutres  et  les  éthers.  —  Les  composés  mannitiques  se  forment  également 
dans  la  réaction  de  la  mannitane  sur  les  acides. 

»  i°.  Tous  les  composés  mannitiques  se  dédoublent  dans  les  circonstances 
les  plus  variées  et  notamment  sous  l'influence  des  alcalis,  de  l'eau  ou  de 
l'alcool  mêlé  d'acide  chlorhydrique  :  on  reproduit  par  là  l'acide  primitif  et 
la  mannitane  avec  fixation  des  éléments  de  l'eau. 

»  La  formation  de  la  mannitane  dans  la  décomposition  des  combinai- 
sons mannitiques  est  un  fait  général  :  seulement  à  la  longue  la  mannitane 
régénérée  fixe  de  l'eau  et  se  transforme  en  partie  en  mannite  cristallisée.  On 
voit  que  c'est  la  mannitane  qui  joue  réellement  le  rôle  de  la  glycérine  :  les 
formules  des  composés  mannitiques  confirment  d'ailleurs  cette  manière 
de  voir. . .  . 

»   3°.  D'après  les  faits  qui  précèdent,  les  composés  mannitiques  présen- 

(1)  J'ai  également  préparé  les  acides  glucotartrique  et  glucocitrique. 


(  "<3  ) 
tent  l'analogie  la  plus  frappante  avec  les  corps  gras  neutres.  Les  propriétés 
tant  physiques  que  chimiques  des  combinaisons  formées  avec  un  même 
acide,  soit  par  la  glycérine,  soit  par  la  mannite,  sont  tellement  analogues, 
qu'on  pourrait  les  confondre. 

«  4°-  •  •  Ces  divers  faits  établissent  un  rapprochement  étroit  entre  les 
composés  mannitiques,  les  corps  gras  neutres  et  les  éthers  :  formation 
directe  de  corps  neutres  à  200  degrés  par  l'union  d'un  acide  et  de  l'alcool, 
de  la  glycérine  ou  de  la  mannitane,  avec  séparation  simultanée  des  éléments 
de  l'eau  ;  régénération  de  l'acide  et  de  l'alcool,  de  la  glycérine  ou  dé  la 
mannitane,  sous  l'influence  des  alcalis,  de  l'eau  ou  des  acides;  enfin  décom- 
position des  corps  gras  neutres  et  des  composés  mannitiques  par  l'alcool 
avec  formation  équivalente  d'un  éther  et  mise  en  liberté  du  corps  sucré 
lui-même,  tels  sont  les  phénomènes  qui  établissent,  tant  par  l'analyse  que 
par  la  synthèse,  une  extrême  analogie  de  constitution  entre  les  éthers,  les 
corps  gras  neutres  et  les  composés  mannitiques. 

»  Toutefois,  si  la  mannite  vient  se  ranger  à  côté  de  l'alcool  par  la  nature 
générale  des  combinaisons  auxquelles  les  acides  donnent  naissance,  l'exis- 
tence de  plusieurs  composés  neutres  formés  entre  la  mannite  et  un  même 
acide  établit  entre  la  mannite  et  l'alcool  une  différence  profonde  ;  mais  de 
là  même  résulte  entre  la  mannite  et  la  glycérine  un  nouveau  rapproche- 
ment. En  effet,  tandis  que  l'alcool  ne  forme  avec  les  acides  qu'une  seule 
série  de  combinaisons  neutres,  la  mannite  produit  trois  séries  distinctes, 
analogues  aux  trois  séries  glycériques. 

»  L'une  de  ces  séries  est  analogue  aux  éthers,  comme  eux  elle  est  formée 
par  l'union  de  1  équivalent  d'acide  et  de  1  équivalent  de  mannitane 
avec  perte  de  2  équivalents  d'eau  :  mannites  monobutyrique,  monoben- 
zoïque,  chlorhydrique,  etc.  Une  autre  série  résulte  de  l'union  de  2  équi- 
valents d'acide  et  de  1  équivalent  de  mannitane;  avec  séparation  soit  de 
4,  soit  de  2  équivalents  d'eau  :   mannites  dibutyrique,  distéarique,  etc. 

»  La  troisième  série,  analogue  aux  corps  gras  naturels,  est  formée  par 
l'union  de  3  équivalents  d'acide  et  de  1  équivalent  de  mannitane,  avec 
élimination  de  6  équivalents  d'eau  :  mannites  tristéariqne,  tribenzoïque; 
acide  mannitartrique. 

»  Ces  faits  montrent  que  la  mannite,  de  même  que  la  glycérine,  présente 
vis-à-vis  de  l'alcool  précisément  la  même  relation  que  l'acide  phosphorique 
vis-à-vis  de  l'acide  azotique.  En  effet,  l'acide  azotique  ne  produit  qu'une 
seule  série  de  sels  neutres  :  les  azotates,  monobasiques;  tandis  que  l'acide 

C.  R.,  i856,  itr  Semestre.  (T.  XLII,  N°  85.)  1 4^ 


(  i"4) 

phosphorique  donne  naissance  à  trois  séries  distinctes  de  sels  neutres  :  les 
phosphates  ordinaires,  tribasiques  ;  les  pyrophosphates,  bibasiques,  et  les 
métaphosphates,  monobasiques.  Ces  trois  séries  de  sels,  décomposés  par  les 
acides  ou  par  les  alcalis  énergiques  en  présence  de  l'eau,  reproduisent  un 
seul  et  même  acide  phosphorique. 

»  De  même,  tandis  que  l'alcool  ne  produit  qu'une  série  d'éthers  neu- 
tres, la  mannite  donne  naissance  à  trois  séries  distinctes  de  combinaisons 
neutres.  Ces  trois  séries  par  leur  décomposition  totale  en  présence  de  l'eau 
reproduisent  un  seul  et  même  corps,  la  mannitane  :  la  mannitane  est  donc 
comme  la  glycérine  une  sorte  d'alcool  triatomique,  pourvu  que  l'on  veuille 
bien  me  permettre  de  donner  ce  nom  d'alcool  à  toute  substance  susceptible 
de  former  avec  les  acides  des  corps  neutres  distincts  des  sels  et  analogues 
aux  éthers. 

»  La  théorie  des  éthers  acquiert  par  là  une  variété  et  une  complexité 
tout  à  fait  imprévues  :  en  effet,  ou  est  conduit  à  admettre  que  la  mannite, 
la  glycérine  et  les  matières  sucrées  analogues,  peuvent  donner  naissance  à 
des  séries  aussi  nombreuses  et  plus  variées  peut-être  que  celles  des  amides 
et  des  alcaloïdes,  dont  l'ammoniaque  est  le  point  de  départ.  C'est  par  là 
qu'aux  matières  sucrées  se  rattachent  un  grand  nombre  de  composés  natu- 
rels dont  la  suite  des  présentes  recherches  permettra  de  fixer  la  constitu- 
tion. Sans  m'étendre  plus  longuement  sur  ces  divers  points,  il  me  suffira  de 
remarquer  dès  à  présent  que  si  la  mannite  et  la  glycérine  sont  des  alcools 
triatomiques,  les  composés  de  leur  première  série,  formés  par  l'union  de 
i  équivalent  d'acide  et  de  i  équivalent  de  mannite  ou  de  glycérine,  peuvent 
être  regardés  jusqu'à  un  certain  point  comme  des  alcools  biatomiques  (i); 
et  chacun  des  composés  de  la  deuxième  série  formée  par  l'union  de 
i  équivalents  d'acide  et  de  i  équivalent  de  mannite  ou  de  glycérine,  peut 
être  envisagé,  dans  le  sens  indiqué  plus  haut,  comme  une  sorte  d'alcool 
monoatomique,  analogue  à  l'alcool  ordinaire. 

»  Je  développerai  bientôt  l'application  de  ces  mêmes  idées  aux  combi- 
naisons que  forment  les  acides  avec  les  diverses  matières  sucrées,  ainsi 
qu'avec  un  grand  nombres  d'autres  principes  immédiats  neutres,  de 
nature   organique.  » 


(i)  L'existence  de  la  benzochlorhydrine,  de  la  stéarochlorhydrine,  de  la  butyrochlorhy- 
drine,  celle  de  l'oléomargarine  naturelle,  etc.,  confirment  cette  manière  de  voir. 


(  iMS') 

physique  du  GLOBE.  —  Observations  ozono  métriques  Jattes  avec  le  papier 
Schœnbein,  autour  de  la  caserne  de  Saint- Cloud  (du  6  octobre  au  5  no- 
vembre i855);  par  M.  Békigny,  de  Versailles. 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Cl.  Bernard,  J.  Cloquet.) 

«  Je  dois  dire  d'abord  que  j'ai  choisi  ce  lieu  d'expérimentation,  parce 
que  ce  bâtiment  me  présentait  intérieurement  et  extérieurement  des  condi- 
tions d'un  grand  intérêt  scientifique,  à  cause  des  différents  états  météorolo- 
giques qu'il  m'offrait  par  ses  expositions  diverses,  par  l'état  hygrométrique 
dépendant  du  cours  de  la  Seine,  et  par  l'agglomération  d'hommes  logés  dans 
ce  bâtiment. 

»  La  caserne  de  Saint-Cloud  se  compose  de  quatre  étages  donnant  une 
hauteur  totale  de  ai  mètres  :  le  premier  est  à  n  mètres  au-dessus  du 
sol  :  le  troisième  est  à  I7ra,70  au-dessus  de  ce  même  niveau.  Je  fais  mention 
de  ces  deux  étages  seulement,  parce  que  je  n'ai  placé  mes  appareils  qu'à  ces 
deux  altitudes.  Il  m'a  semblé  que  ces  deux  positions  pouvaient  embrasser 
les  conditions  de  l'air  de  l'étage  intermédiaire.  Quant  au  rez-de-chaussée, 
il  est  formé  par  des  écuries  qui  occupent  toute  la  longueur  des  deux  bâti- 
ments de  la  caserne.  Voyons  ce  qui  concerne  les  appareils,  et  les  résultats 
qu'ils  ont  donnés. 

»  Quatorze  appareils  ont  enveloppé,  pendant  trente  et  un  jours,  la  ca- 
serne de  Saint-Cloud,  et  j'ai  renouvelé  toutes  les  douze  heures,  ainsi  que  le 
conseille  M.  Schœnbein,  les  papiers  ozonométriques  contenus  dans  ces 
appareils  ou  abris.  Sur  la  cour,  à  chacune  des  deux  ailes  du  bâtiment,  quatre 
appareils  établis  au  premier  étage,  quatre  autres  situés  au  troisième,  parta- 
geaient en  parties  égales  la  longueur  de  chacune  des  deux  ailes.  Sur  la 
façade  regardant  la  Seine,  même  disposition  des  appareils  ;  mais  sur  la  façade 
faisant  face  au  sud-ouest,  je  n'ai  pu  établir  des  appareils,  attendu  qu'au 
moment  où  nous  faisions  nos  expériences,  la  construction  de  la  nouvelle 
caserne,  située  derrière  cette  aile,  nécessitait  un  bitumage  qui  développait 
toute  la  journée  une  grande  quantité  de  fumée. 

»  Chaque  appareil  était  suspendu  à  l'extrémité  d'une  tige  ayant  70  centi- 
mètres de  longueur,  l'autre  extrémité  de  cette  tige  était  fixée  dans  les  baies 
des  croisées,  de  sorte  que  chaque  appareil  faisait  saillie  de  1 5  centimètres  en 
dehors  des  fenêtres.  Cette  disposition  avait  été  choisie  afin  que  les  papiers 
fussent  autant  que  possible  sous  l'influence  de  l'air  qui  entrait  par  les  fe- 
nêtres. Maïs  pour  que  les  expériences  fussent  complètes,  il  fallait  aussi  con- 

146.. 


(  • • «6  ) 
naître  l'influence  de  l'air  du  milieu  de  la  cour,  c'est  pourquoi  j'ai  pensé 
qu'il  était  urgent  de  l'éprouver  en  cet  endroit.  En  effet,  il  n'était  pas  indif- 
férent de  savoir  si  l'air  atmosphérique  du  milieu  de  la  cour  était  de  même 
nature  que  celui  qui  glissait  le  long  des  murs  de  la  caserne,  et  qui  pénétrait 
même  dans  l'intérieur.  Et,  pour  que  toutes  nos  expériences  fussent  compa 
râbles  entre  elles,  nous  avons  fait  placer,  à  23  mètres  de  la  grande  aile  du 
bâtiment,  et  à  l\,-j  mètres  de  la  petite,  un  mât,  le  long  duquel  ont  été  hissés 
deux  appareils  correspondants  au  niveau  de  chacun  des  deux  étages  auxquels 
nous  opérions.  Seulement,  après  onze  jours  d'observations,  j'ai  cru  devoir 
abaisser  l'appareil  n°  1,  celui  qui  était  placé  au  niveau  du  premier  étage,  de 
façon  à  ce  qu'il  ne  fût  plus  qu'à  3  mètres  du  sol  ;  je  désirais  m'assurer 
par  ce  moyen  si  l'influence  du  sol  se  ferait  sentir  sur  le  papier  ozonomé- 
trique,  et  c'est  précisément  ce  qui  a  eu  lieu. 

»  Il  résulte  des  expériences  que  nous  avons  faites  : 

»   i°.  Qu'il  y  a  plus  d'ozone  le  jour  que  la  nuit,  lorsque  l'on  opère  sans 
tenir  compte  de  l'exposition  des  papiers  ozonométriques. 

,    J -'*»}  Différence  o,25. 

Pour  la  nuit 6 ,  70  ) 

»  a°.  Que  l'on  trouve,  au  contraire,  plus  d'ozone  la  nuit  que  le  jour  du 
côté  de  la  Seine. 

Pour  le  J'0ur 5'6*  |  Différence  o  ni 

Pour  la  nuit 6,38  j  umerence  °>74- 

»  3°.  Qu'il  y  a,  comme  dans  le  premier  cas,  plus  d'ozone  le  jour  que  la 
nuit  du  côté  de  la  cour. 

^0Ur!ej°Ur ''56  I  Différence  o,65. 

Pour  la  nuit 6,91   ) 

»  Si  maintenant  nous  examinons  les  résultats  que  fournissent  nos  expé- 
riences par  rapport  aux  deux  altitudes  auxquelles  nos  appareils  étaient 
situés,  nous  constatons  les  suivants  : 

»  i°.  Qu'il  y  a  moins  d'ozone  au  premier  qu'au  troisième  étage,  lorsque 
l'on  opère  sans  tenir  compte  de  l'exposition  des  papiers  ozonométriques. 


Premier 
Troisième 


1er  étage,  la  cour  et  la  rivière  ensemble 6,77  ) ...  „ 

,          ,                 ,      .  .,                .,  1  Différence  o,23. 

leme  étage,  la  cour  et  la  rivière  ensemble 7  ,00  ) 


»  20.  Que  si,  au  contraire,  nous  recherchons  les  résultats  fournis  sépa- 

■ 


( 


(  »"?)) 

rément  du  côté  de  la  cour  et  du  côté  de  la  rivière  au  premier  et  au  troisième 
étage,  nous  trouvons  : 

»  3°.  Qu'il  y  a  dans  les  deux  cas  plus  d'ozone  au  troisième  qu'au  premier 
étage. 

Du  côté  de  la  cour  au  premier  étage 7  ,  i5  )  ,..„, 

,   ,    ,                      .  ..        ,  „     )  Différence  0,17. 

Du  cote  de  la  cour  au  troisième  étage 7 ,  il  ) 

Du  côté  de  la  Seine  au  premier  étage 5,82  )  _„,  „_ 

,,,,„.  .  . .        ,  n         i  Différence  o ,  38. 

•    Du  cote  de  la  Seine  au  troisième  étage .......      0, 20  ) 

»  Pendant  que  nous  examinons  le  rôle  que  joue  l'ozone  par  rapport  à 
l'altitude  des  appareils  et  aux  diverses  situations  qu'ils  occupent,  je  rappel- 
lerai que  précédemment  nous  avons  dit  qu'après  onze  jours  d'observations 
nous  avions  abaissé  l'appareil  n°  1  placé  le  long  du  mât,  de  telle  sorte  qu'il 
fût  plus  rapproché  du  sol.  Voici  les  différences  que  j'ai  obtenues  dans  ce 
cas  : 

Premier  cas,  1 1  mètres  au-dessus  du  sol 8 ,  38 


Deuxième  cas,  3  mètres  au-dessus  du  sol 6, 38 

»  Ici,  comme  dans  tous  les  cas  qui  concernent  l'altitude,  nous  retrou- 
vons la  même  loi  qui  démontre  que  plus  on  s'élève,  plus  on  rencontre 
d'ozone. 

»  Une  preuve  qui  vient  à  l'appui  de  l'influence  que  l'ozone  exerce  sur  la 
santé  se  trouve  dans  l'examen  d'un  état  indiquant  le  nombre  des  malades 
survenus  depuis  le  12  septembre  jusqu'au  3i  octobre  dernier.  Cet  état,  que 
j'ai  fait  établir  de  telle  sorte  qu'il  indique  la  situation  des  malades  par  étage, 
fournit  les  résultats  suivants  sur  49  malades  : 

Pour  le  premier  étage 21    | 

Pour  le  deuxième  étage 12      „      ,    , 

„,..,.  }  Total  4q. 

Pour  le  troisième  étage    12  l  ~ 

Pour  le  quatrième  étage 4  / 

»  D'où  il  suit  que  le  nombre  de  ces  malades  a  été  beaucoup  plus  fort  au 
premier  étage  qu'au  troisième. 

»  J'ai  voulu  m'assurer  si  la  marche  de  l'ozone  à  Saint-Cloud  était  la 
même  que  celle  de  Versailles,  et  pour  atteindre  ce  but,  j'ai  choisi,  afin  que 
les  résultats  fussent  comparables,  celui  des  appareils  de  Saint-Cloud  qui, 
par  sa  situation,  me  paraissait  le  mieux  placé  pour  être  en  harmonie  avec 
celui  de  Versailles;  l'appareil  n°  2,  hissé  au  haut  du  mât,  m'a  semblé  réu- 
nir ces  conditions.  M.  Richard  a  tracé  un  plan  graphique  représentant  ces 


(  "'S) 
deux  courbes-rapproches,  et  il  résulte  de  ce  rapprochement  que  la  marche 
de  l'ozone,  à  très-peu  d'exceptions  près,  est  exactement  la  même  à  Saint- 
Cloud  qu'à  Versailles.  Ce  fait  est  important,  parce  qu'il  prouve  que  la  pré- 
sence de  l'ozone  subit  la  même  loi  que  les  autres  phénomènes  météorolo- 
giques, en  s'exerçant  également  dans  un  certain  rayon.  » 

M.  Rambossox  lit  une  Note  intitulée  :  Recherches  sur  l'enseignement 
de  la  parole  aux  sourds-muets  :  moyen  simple  et  facile  probablement  em- 
ployé par  les  premiers  inventeurs  de  cet  art.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  And  rai,  Cl.  Bernard.) 

«  Les  résultats  que  l'on  obtient  de  nos  jours  dans  l'enseignement  de  la 
parole  aux  sourds  sont,  dit  l'auteur,  si  peu  satisfaisants,  qu'on  est  d'abord 
porté  à  croire  qu'il  y  a  eu  de  l'exagération  dans  ce  qu'on  nous  rapporte  des 
succès  obtenus  par  les  premiers  inventeurs.  Cependant,  en  y  réfléchissant, 
j'ai  été  porté  à  croire  véritables  les  récits  qui  nous  ont  été  transmis,  et  à  sup- 
poser seulement  qu'on  avait  oublié  d'y  mentionner  des  circonstances  qui 
avaient  une  grande  importance  sur  la  réussite  de  l'enseignement. 

»  Lorsque  j'étais  chargé  de  la  direction  de  l'Institution  royale  des 
Sourds-Muets  à  Chambery,  je  remarquai  que  les  sourds-muets  les  plus  jeunes 
arrivaient  sans  beaucoup  d'efforts  à  prononcer  des  mots;  mais  pour  ceux 
qui  étaient  déjà  d'un  certain  âge,  c'était  une  perte  de  temps  et  une  peine 
incroyable  pour  arriver  à  presque  rien. 

»  Ce  fait  m'ayant  frappé,  je  m'informai  ensuite,  dans  les  différentes  insti- 
tutions que  je  visitai,  lorsque  j'entendais  un  sourd-muet  parler  un  peu  mieux 
que  les  autres,  à  quel  âge  on  avait  commencé  à  lui  enseigner  la  parole;  et  il 
se  trouva,  sans  aucune  exception,  que  la  parole  avait  été  enseignée  à  ces  sourds- 
muets  dès  la  première  enfance.  J'entrevis  tout  de  suite  ce  qui  empêchait 
l'essor  de  cet  enseignement.  Je  m'empressai  d'aller  visiter  l'établissement  de 
M.  Dubois,  rue  de  Courcelles,  à  Paris.  M.  Dubois  père,  homme  admirable 
de  dévouement,  et  dont  les  amis  des  sourds-muets  pleurent  la  mort  récente, 
m'ouvrit  les  portes  de  l'établissement  avec  la  plus  grande  obligeance,  fit 
exercer  les  élèves,  et  me  permit  de  les  exercer  moi-même.  J'eus  de  nouveau 
la  satisfaction  de  voir  la  justesse  de  mon  observation. 

»  Je  fis  part  de  mes  réflexions  à  ce  maître  distingué  ;  elles  se  trouvèrent 
en  parfaite  harmonie  avec  sa  manière  de  voir.  Il  me  cifa  plusieurs  faits  qui 
vinrent  les  corroborer,  entre  autres  celui  de  l'éducation  de  son  fils,  qui  est 
sans  doute,  pour  le  moment,  le  sourd-muet  du  monde  qui  parle  le  mieux. 


(  »»9) 
Il  est  lui-même  professeur  d'articulation  à  l'Institution  impériale  des  Sourds- 
Muets  de  Paris.  Son  éducation  pour  la  parole  fut  commencée  aussitôt 
qu'on  se  fut  aperçu  qu'il  était  sourd-muet.  J'ai  fait,  dit  M.  Dubois,  quelques 
autres  éducations  de  sourds-muets  pour  la  parole,  en  les  prenant  dès  la  plus 
tendre  enfance,  à  l'âge  où  les  autres  enfants  commencent  à  parler;  elles 
ont  aussi  et  sans  beaucoup  de  peine  parfaitement  réussi. 

»  A  l'âge  où  l'on  commence  en  général  l'éducation  du  sourd-muet,  les 
résultats  que  l'on  obtient  par  tant  de  travaux  sont  peu  de  chose,  si  on  les 
compare  à  ceux  obtenus  dans  un  âge  plus  tendre.  Ce  serait  à  la  mère, 
lorsqu'elle  tient  son  petit  enfant  sur  ses  genoux,  ou  à  ceux  qui  la  rempla- 
cent dans  les  soins  maternels,  à  commencer  cet  enseignement.  C'est  là,  sans 
aucun  doute  pour  moi,  les  moyens  employés  par  les  premiers  inventeurs 
de  l'art,  et  la  solution  de  ce  problème  si  plein  d'intérêt.  » 

M.  Gomès  de  Souza  commence  la  lecture  d'un  Mémoire  intitulé  :  Addition 
à  un  Mémoire  sur  la  détermination  des  fonctions  inconnues  qui  rentrent 
sous  le  signe  d'intégration  définie. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Liouville,  Lamé,  Bienaymé.) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  Dufrénoy  présente  au  nom  de  MM.  Chatoney,  ingénieur  des  Ponts  et 
Chaussées,  et  Rivot,  ingénieur  des  Mines,  la  première  partie  d'un  Mémoire 
intitulé  :  Considérations  générales  sur  les  matériaux  employés  dans  les 
constructions  à  la  mer. 

«  Leur  Mémoire  est  divisé  en  deux  parties  :  la  première  comprend  les 
procédés  d'analyse,  les  résultats  numériques  et  la  discussion  théorique  des 
résultats  obtenus;  elle  est  due  plus  spécialement  à  M.  Rivot. 

»  Dans  la  seconde  partie,  M.  Chatoney  fera  connaître  les  résultats  des 
expériences  pratiques,  entreprises  au  Havre,  et  les  précautions  nécessaires 
dans  la  préparation  et  la  mise  en  œuvre  des  différents  matériaux  hydrau- 
liques. 

»  Les  analyses  des  nombreux  échantillons  et  la  discussion  des  résultats 
analytiques  conduisent  aux  conclusions  suivantes  : 

»  Les  calcaires  argileux  ou  siliceux,  les  mélanges  artificiels  de  calcaire, 


(  i\ao  ) 
de  sable  fin,  de  silex  porphyrisé  ou  d'argile,  ne  peuvent  donner  par  la  cuis- 
son des  produits  de  bonne  qualité,  chaux  hydrauliques  ou  ciments,  qu'à 
la  condition  d'une  très-grande  homogénéité.  Un>  grand  nombre  de  bancs 
calcaires,  facilement  exploitables,  présentent  une  très-grande  hétérogénéité 
dans  la  dissémination  du  sable  et  de  l'argile.  On  ne  peut  utiliser  les  produits 
de  l'exploitation  qu'après  les  avoir  pulvérisés  et  rendus  homogènes  par  des 
procédés  mécaniques;  ces  opérations  doivent  précéder  la  cuisson. 

»  Les  mortiers  et  les  ciments  ne  peuvent  être  stables  que  s'ils  présentent 
une  texture  assez  compacte,  et  en  même  temps,  vers  les  surfaces  des  con- 
structions, une  proportion  de  carbonate  de  chaux  assez  grande,  pour  que 
l'eau  de  mer  ne  puisse  pas  se  renouveler  facilement  dans  leur  intérieur.  Les 
conditions  à  remplir  présentent  des  difficultés  variables  avec  la  nature  des 
constructions  et  avec  la  composition  de  l'eau  de  mer  dans  les  différents 
ports. 

»  On  ne  peut  déterminer  les  conditions  pratiques  les  plus  convenables, 
la  meilleure  composition  chimique  des  matériaux  à  employer,  que  par  des 
expériences  spéciales  faites  dans  les  localités  elles-mêmes,  dans  des  condi- 
tions très-voisines  de  celles  dans  lesquelles  les  constructions  seront  placées. 
Les  expériences  dans  des  cuves  ne  peuvent  donner  que  des  indications 
incomplètes.  Les  précautions  pratiques  dans  la  mise  en  œuvre  ont  une  im- 
portance au  moins  aussi  grande  que  la  composition  chimique  des  matériaux. 

»  Les  chaux  hydrauliques  siliceuses,  analogues  à  celles  du  Theil,  font 
prise  par  l'hydratation  du  silicate  de  chaux,  produit  par  la  cuisson  ;  l'hy- 
drosilicate  a  une  composition  nettement  définie,  représentée  par  la  formule 

SiO3+30aO  +  6HO. 

»  Les  précautions  qu'il  faut  prendre  dans  l'emploi  de  ces  chaux  hydrau- 
liques sont  relatives  à  la  proportion  de  chaux  libre  contenue.  Elle  doit  être 
en  excès  d'autant  moins  grand,  que  l'eau  de  mer  contient  moins  d'acide 
carbonique  et  d'hydrogène  sulfuré. 

»  On  peut  obtenir  d'excellentes  chaux  hydrauliques  artificielles  en  sou- 
mettant à  une  cuisson  modérée  un  mélange  intime  de  calcaire  à  peu  près 
pur  avec  du  sable  fin,  avec  du  silex  porphyrisé,  dans  les  proportions  de  20 
à  25  de  silex  ou  sable  fin,  et  80  à  75  de  calcaire.  Ori  obtiendra  des  produits 
d'autant  meilleurs,  qu'on  aura  pris  plus  de  soins  pour  rendre  le  mélange 
intime  et  homogène. 

»  Les  chaux  hydrauliques  qui  proviennent  de  k  cuisson  des  mélanges 
naturels  ou  artificiels  de  calcaire  et  d'argile  et  dans  lesquelles  la  chaux 


(     H21     ) 

est  encore  en  excès,  présentent  un  peu  plus  de  difficultés  dans  l'emploi. 

»  Les  chaux  hydrauliques  artificielles  peuvent  être  au  moins  aussi 
bonnes  que  les  chaux  naturelles;  elles  sont  même  beaucoup  meilleures  dans 
certains  cas;  quand  les  bancs  calcaires  sont  hétérogènes  et  quand  on  ne 
prend  pas  les  précautions  nécessaires  pour  établir  l'homogénéité  parfaite 
avant  la  cuisson,  les  chaux  naturelles  sont  nécessairement  de  très-mauvaise 
qualité. 

»  La  proportion  de  ao  à  21  d'argile  pour  80  de  calcaire  paraît  être  la 
plus  convenable  dans  la  plupart  des  cas. 

»  Dans  la  composition  des  mortiers  on  peut  introduire  du  sable  un  peu 
argileux,  dans  le  cas  seulement  où  la  chaux  hydraulique  employée  contient, 
un  trop  grand  excès  de  chaux,  libre.  Les  mortiers  ont  plus  de  liant,  sont 
plus  compactes  après  la  prise  et  résistent  mieux  à  l'action  de  la  mer.  Un 
excès  d'argile  serait  très-nuisible;  par  conséquent,  ce  n'est  qu'avec  une 
grande  prudence,  et  en  s'appuyant  sur  des  expériences  spéciales,  qu'on  doit 
employer  le  sable  argileux. 

»  Les  ciments  à  prise  rapide,  obtenus  à  une  température  modérée,  sont 
toujours  d'un  emploi  difficile  à  la  mer.  Le  composé  qui  détermine  princi- 
palement la  solidité  est  l'hydrosilicate  de  chaux,  pour  lequel  les  analyses 
indiquent  encore  la  composition  : 

SiOs  +  3CaO-+-  6HO. 

»  Les  ciments  rapides  ne  contiennent  pas  de  chaux  libre,  et  par  suite  ne 
peuvent  être  préservés  de  la  pénétration  de  l'eau  de  mer  que  par  leur  com- 
pacité ou  par  des  circonstances  extérieures. 

»  On  peut  les  employer  avec  plus  de  certitude  en  les^nélangeant  avec  une 
certaine  proportion  de  chaux  hydratée  et  faisant  digérer  le  mélange  pen- 
dant un  temps  assez  long. 

»  Les  ciments  naturels  ou  artificiels  fortement  cuits  et  ne  contenant 
qu'une  faible  proportion  de  chaux  libre,  analogues  à  ceux  de  Parker,  Mé- 
dina, Portland,  doivent  principalement  la  solidité  qu'ils  acquièrent  sous 
l'eau  à  l'hydrosilicate  de  chaux  Si03-4-  3CaO+  3HO  Ce  composé  ren- 
ferme moins  d'eau  que  les  combinaisons  correspondantes  auxquelles  don- 
nent lieu  les  chaux  hydrauliques  et  les  ciments  portés  dans  la  cuisson  à  une 
température  moins  élevée. 

»  Les  ciments  fortement  cuits  ont  donné  de  bons  résultats  pour  les 
blocs  constamment  immergés;  dans  des  constructions  exposées  sur  leurs 
deux  parements  à  des  charges  d'eau  très-différentes  ou  variables,  les  mêmes 
ciments  ne  résisteraient  peut-être  pas  aussi  bien. 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N»  25.)  l47 


.: 


(     I 122    ) 

Les  pouzzolanes  artificielles  peuvent  très-rarement  donner  des  résultats 
favorables.  Avec  les  pouzzolanes  naturelles  on  doit  employer  les  chaux 
grasses  de  préférence  aux  chaux  hydrauliques.  Les  réactions  qui  déterminent 
la  prise  sont  assez  complexes,  et  ne  peuvent  être  régularisées  que  par  une 
très-longue  digestion  préalable  de  toutes  les  matières  intimement  mélangées 
en  présence  d'une  très-petite  quantité  d'eau. 

»  Cette  précaution  est  adoptée  par  les  ingénieurs  hollandais  et  paraît  être 
la  condition  indispensable  de  la  stabilité  des  mortiers  à  pouzzolanes. 

»  L'eau  de  mer  exerce  sur  les  mortiers  et  les  ciments  des  actions  très- 
différentes  de  celles  de  l'eau  douce,  non-seulement  par  suite  des  mouve- 
ments plus  répétés  et  plus  violents  des  marées  et  des  vagues,  mais  encore, 
et  principalement,  en  raison  des  sels,  de  l'acide  carbonique,  et  quelquefois 
de  l'hydrogène  sulfuré  qu'elle  tient  en  dissolution. 

»  Le  sel  marin  retarde  en  général  la  prise  des  ciments  et  des  mortiers  ;  les 
sels  de  magnésie  exercent  une  action  faible,  et  sensiblement  la  même  dans 
tous  les  ports,  sur  la  chaux  non  combinée  et  sur  raluminate  de  chaux. 
L'acide  carbonique  et  l'hydrogène  sulfuré  existent  en  proportions  très-va- 
riables dans  les  différentes  localités;  ils  agissent  depuis  le  premier  moment 
de  l'immersion  jusqu'à  la  décomposition  complète,  ou  bien  jusqu'à  ce  que 
les  mortiers  ou  ciments  soient  devenus  solides  et  imperméables.  Leur  action 
se  porte  d'abord  sur  la  chaux  libre,  et  ensuite  sur  la  chaux  combinée  avec 
l'alumine  et  avec  la  silice. 

»  Les  cas  de  décomposition  des  mortiers  à  la  mer  n'ont  été  bien  constatés 
que  depuis  un  petit  nombre  d'années,  à  la  suite  d'un  emploi  plus  général 
des  grandes  masses  de  béton.  Les  différences  d'action  de  l'eau  de  mer  et  de 
l'eau  douce  ne  sont^tas  d'une  nature  telle,  qu'on  puisse  admettre  que  les 
fondations  en  béton,  employées  maintenant  en  eau  douce,  soient  à  l'abri  de 
tout  danger.  » 

Le  Mémoire  de  MM.  Chatoney  et  Rivot  est  renvoyé  à  l'examen  d'une 
Commission  composée  de  MM.  Chevreul,  Poncelet,  Dufrénoy,  et  de  M.  le 
Maréchal  Vaillant. 

économie  rurale.  —  Du  pain  et  de  sa  préparation; par  M.  Mègf.-Moiriès. 

(Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Dumas,  Pelouze,  Payen,  Peligot.) 

«  Poursuivant  des  recherches  que  l'Académie  a  encouragées  il  y  a  trois  ans, 
en  adoptant  les  conclusions  d'un  Rapport  de  M.  Chevreul,  je  suis  parvenu 


(   na3  ) 
à  faire  du  pain  blanc  irréprochable  avec  tonte  la  substance  assimilable  du 
froment.  Ce  résultat,  si  intimement  lié  à  l'intérêt  public,  vient  de  l'applica- 
tion des  observations  suivantes  faites  sur  le  froment  et  sur  la  panification. 

»  Le  froment  est  composé  de  trois  enveloppes  :  i°  l'épicarpe,  tégument 
ligneux  et  très-léger,  pesant  i  pour  ioo  du  poids  du  blé;  i°  l'endocarpe, 
recouvert  par  les  débris  du  sarcocarpe  chargé  de  matière  extractive  jaune 
et  d'huile  essentielle;  cette  membrane  pèse  3,2  pour  100;  3°  l'épisperme 
adhérent,  très-azoté  et  incolore,  pesant  3,3;  4°  l'embryon  et  l'endosperme 
farineux,  plus  friable  au  centre  qu'à  la  circonférence,  complètement  assi- 
milables et  donnant  ensemble  91, 5  pour  100. 

»  La  farine  de  première  qualité  vient  du  centre  de  l'endosperme  et  ne 
contient  qu'un  millième  de  débris  de  son  ;  les  farines  inférieures  sont  pro- 
duites par  la  zone  voisine  de  l'épisperme  plus  dure  et  plus  riche  en  gluten  ; 
elles  contiennent  de  8  à  12  millièmes  de  ces  débris  de  pellicules. 

»  Le  son  est  composé  dé  Tépicarpe,  de  l'endocarpe  et  de  l'épisperme 
qui  retient  toujours  de  la  substance  farineuse.  L'épisperme  le  rend  très- 
azoté  et  peu  nutritif. 

»  Du  pain  bis.  —  Les  farines  inférieures  ne  produisent  du  pain  bis  que 
parce  qu'elles  entraînent  inévitablement  des  débris  du  péricarpe  et  de 
l'épisperme;  le  premier  agit  par  son  huile  essentielle  et  sa  matière  extractive 
jaune  très-altérables  ;  le  deuxième  par  la  céréaline  qu'il  retient  à  sa  surface 
interne.  Ce  principe,  décrit  dans  la  première  partie  de  ce  travail,  est  un 
double  ferment  lactique  et  glucosique.  C'est  sous  l'influence  de  ces  causes 
que  la  farine  s'altère  et  produit  les  pains  inférieurs  caractérisés  par  l'aci- 
dité, la  couleur  brune,  le  mauvais  goût,  l'état  pâteux  et  hygrométrique,  ainsi 
que  par  sa  faiblesse  alimentaire. 

»  La  céréaline,  comme  ferment  lactique  des  plus-  puissants,  fait  prédo- 
miner la  fermentation  acide  et  fait  aigrir  la  pâte  et  le  pain. 

»  Le  gluten,  désagrégé  et  en  partie  dissous  par  l'acide  au  milieu  des  fer- 
ments en  activité,  se  décompose  en  produisant  de  l'ammoniaque,  dont  la 
formation  explique  dans  les  pains  bis  la  présence  des  sels  ammoniacaux 
qui  n'existent  pas  dans  les  farines  qui  les  produisent. 

»  Le  gluten  dénaturé  se  transforme  aussi  en  ferments  vineux  ou  lacti- 
ques. C'est  sur  cette  altération  qu'est  fondée  la  fabrication  des  levains, 
c'est  cette  perte  souvent  considérable  qui  fait  d'une  farine  riche  en  gluten 
un  pain  bis  peu  nourrissant. 

»  La  matière  extractive  jaune  se  transforme  en  une  matière  brune  ana- 
logue à  ce  qu'on  a  appelé  acide  ulmique;  ce  changement  est  plus  rapide  à 

147.. 


(   »ia4  ) 
l'air  et  à  la  chaleur  :  c'est  pourquoi  la  croûte  est  toujours  noirâtre,  indé- 
pendamment de  sa  densité  et  de  sa  sécheresse,  tandis  que  la  mie  a  une  cou- 
leur brune  plus  légère. 

»  L'huile  essentielle  si  douce  du  froment  semble,  par  des  modifications 
successives,  prendre  une  odeur  herbacée  et  contribuer  à  donner  au  pain 
bis  la  saveur  qu'on  lui  connaît. 

»  Au  four,  la  céréaline  jouant  le  rôle  du  ferment  glucosique  transforme 
entre  5o  et  80  degrés  centigrades  une  partie  de  l'amidon  en  dextrine  et  en 
glucose.  La  présence  du  glucose  rend  le  pain  pâteux  et  hygrométrique,  et 
la  décomposition  partielle  de  l'amidon  et  du  gluten  empêche  le  pain  bis 
de  se  gonfler  dans  l'eau  ou  dans  le  bouillon. 

»  Les  gaz  et  les  vapeurs  qui  soulèvent  la  pâte  brisent  ses  cellules  au  lieu 
de  les  élargir,  parce  que  le  gluten  altéré  et  en  partie  dissous  ne  lui  commu- 
nique plus  l'élasticité  nécessaire  pour  obéir  à  l'expansion  du  gaz  ;  de  là 
vient  l'état  compacte  et  serré  de  ce  pain. 

»  Ces  par  ces  réactions  qu'une  petite  quantité  de  farines  impures  dans 
la  pâte  suffit  pour  changer  entièrement  la  nature  et  la  qualité  du  pain. 

»  Du  pain  blanc,  —  La  différence  qui  existe  entre  le  pain  blanc  et  le  pain 
bis  provient  de  ce  que  la  farine  de  première  qualité  ne  contenant  que  des 
traces  de  péricarpe,  ce  pain  ne  brunit  pas  et  la  croûte  reste  jaune;  elle  pro- 
vient aussi  de  ce  que  la  céréaline  n'existant  pas,  grâce  à  l'absence  de  l'épi- 
sperme,  elle  ne  contient  que  de  la  caséine  végétale,  ferment  lactique  faible 
et  ferment  glucosique  nul  ;  l'absence  du  glucose  et  surtout  la  faiblesse  de  la 
fermentation  lactique  épargnent  une  plus  forte  partie  de  gluten;  la  pâte 
peut  prendre  au  four  tout  $00  développement,  et  le  pain  conserver  plus  de 
force  alimentaire. 

»  Il  faut  donc,  pour  empêcher  les  farines  impures  de  produire  du  pain 
bis,  i°  prévenir  la  formation  de  la  matière  brune;  a°  enlever  à  la  céréaline 
ses  propriétés  de  ferment  glucosique  et  de  ferment  lactique;  3°  séparer  les 
débris  de  pellicules  par  une  opération  mécanique. 

»  On  parvient  à  ce  résultat  en  partageant  le  blé  broyé  en  trois  parties  : 
le  son  qu'on  rejette,  la  farine  de. première  qualité  et  les  gruaux  impurs. 
Aces  gruaux  ou  fait  subir  une  fermentation  vineuse  à  basse  température 
dans  quatre  parties  d'eau  acidulée;  on  tamise  le  liquide  et  on  s'en  sert  de 
levain  pour  faire  la  pâte  avec  la  farine  de  première  qualité.  On  peut  par  ce 
moyen  faire  du  pain  blanc  avec  toute  la  substance  assimilable  du  grain, 
moins  4  à  5  pour  100  adhérents  au  son,  c'est-à-dire  élever  le  rendement  du 
blé  en  farine  de  première  marque  de  70  à  88  pour  100  ;  supprimer  les  pains 


(  na5  ) 
bis;  élever  de  20  pour  100  environ  la  production  du  pain  blanc,  et  donner 
à  tous  du  pain  de  première  qualité  avec  une  économie  assez  forte  pour 
atténuer  les  effets  des  récoltes  insuffisantes.  » 

anatomje  comparée.  —  De  l'appareil  circulatoire  sanguin  chez  le 
serpent  Python;  par  M.  Jacqcart.  (Extrait  par  l'auteur  présenté  par 
M.  de  Quattefages.) 

(Commissaires,  MM.  Duméril,  Serres,  de  Quatrefages.) 

«  J'ai  injecté  et  disséqué  trois  Pythons  Molures,  tous  trois  de  forte  taille. 
C'est  dans  le  laboratoire  de  M.  le  professeur  Serres,  et  aidé  de  ses  conseils, 
lorsqu'il  occupait  encore  la  chaire  d'Anthropologie,  que  j'ai  exécuté  ces 
préparations.  Sur  l'une  d'elles,  en  collaboration  avec  M.  le  Dr  Duméril 
fils,  nous  avons  disséqué  le  système  nerveux  que  nous  devons  publier  plus 
tard.  Dans  le  résumé  que  je  présente,  je  ne  ferai  pas  de  bibliographie.  On 
la  trouvera  tout  entière  dans  mon  opuscule  qui  a  pour  titre  :  «  De  l'appareil 
circulatoire  sanguin  chez  le  Python.  »  Forcé  de  condenser  en  un  petit  es- 
pace la  substance  de  mon  Mémoire,  je  ne  retracerai  que  les  points  les  plus 
importants. 

»  Dans  la  description  du  cœur,  que  j'ai  éclaircie  par  huit  figures,  je  si- 
gnale dans  le  ventricule  droit  une  disposition  valvulaire  que  je  crois  avoir 
découverte  le  premier.  C'est  celle  de  la  valvuve  qui  ferme  l'entrée  du  sinus 
formé  par  la  veine  cave  postérieure,  et  la  jugulaire  droite  qui  réserve  un 
tiers  environ  de  son  étendue  pour  abriter  et  fermer  aussi  la  jugulaire 
gauche,  dont  l'orifice  est  adossé  à  celui  du  sinus  veineux  précédemment 
indiqué.  Ainsi  trois  orifices  veineux  fermés  par  une  seule  valvule!  Quel 
procédé  simple  et  ingénieux!  Je  doute  qu'on  puisse  trouver  une  plus  heu- 
reuse application  de  la  loi  d'économie  exposée  par  M.  le  professeur  Milne 
Edwards,  dans  son  ouvrage  intitulé  :  «  Introduction  à  la  zoologie  générale.  » 
Plus  d'une  fois,  dans  le  cours  de  ce  Mémoire,  nous  aurons  l'occasion  de 
déférer  à  cette  loi.  A  priori  ne  devait-on  pas  s'y  attendre?  Chez  les  Ophi- 
diens, les  organes  resserrés,  pressés  les  uns  contre  les  autres  par  la  forme 
allongée  à  laquelle  ils  sont  soumis,  ont  pu  recevoir  directement  des  bran- 
ches artérielles  uniques,  placées  dans  leurs  intervalles,  ou  réunir  en  un  seul 
tronc  les  veines  qui  en  rapportent  le  sang.  Mais  je  reviens  à  l'anatomie  du 
cœur,  et  j'indique  ici  seulement  les  points  que  je  crois  nouveaux  ou  plus 
complètement  étudiés  qu'on  ne  l'avait  fait  jusqu'alors. 

»  Le  ventricule  droit  fixe  surtout  notre  attention.  Une  colonne  charnue 


(     1126    ) 

s'étendantde  la  pointe  du  cœur  vers  sa  base,  soudée  par  son  côté  supérieur, 
libre  par  l'inférieur,  le  divise  en  deux  loges,  une  supérieure,  où  prennent 
naissance  les  deux  aortes,  l'autre  inférieure,  d'où  part  l'artère  pulmonaire. 
La  loge  inférieure  est  beaucoup  plus  grande  que  l'autre,  et  sillonnée  par  dés 
colonnes  charnues  peu  marquées.  L'autre,  au  contraire,  à  parois  très- 
épaisses,  est  rétrécie  par  des  piliers  musculeux  très-forts.  Puis  ensuite  se 
présente  un  ventricule  gauche  qui  communique  avec  l'oreillette  pulmo- 
naire, mais  il  n'en  part  aucun  vaisseau. 

»  J'ai  cherché  à  décrire  avec  soin  et  à  bien  faire  connaître  les  valvules 
auriculo-ventriculaires  droite  et  gauche,  ainsi  que  le  passage  qui  fait  com- 
muniquer les  deux  ventricules.  Mais  ces  détails  ne  sauraient  trouver  place  ici. 
L'épaisseur  des  parois  du  ventricule  gauche  produit  un  effet  qui  n'a  pas  été 
suffisamment  apprécié.  11  est  bien  vrai  qu'au  moment  où  la  communication 
interventriculaire  s'ouvre,  les  deux  ventricules  en  train  de  se  contracter  sont 
également  pleins,  l'un  de  sang  artérialisé  venant  des  poumons,  l'autre  de  sang 
veineux.  Si  les  deux  ventricules  étaient  aussi  épais,  il  auraient  la  même  force 
d'impulsion,  et  le  sang  ne  tendrait  pas  plus  à  passer  du  ventricule  gauche  dans 
le  droit  que  de  celui-ci  dans  le  gauche.  Mais  ce  dernier,  beaucoup  plus  épais, 
lance  par  l'ouverture  interventriculaire  dans  la  loge  supérieure  du  ventricule 
droit  le  sang  artérialisé,  qui  balaye  en  quelque  sorte  le  sang  veineux  qui  s'y 
trouve,  le  chasse  de  cette  loge  vers  celle  de  l'artère  pulmonaire,  d'où  l'uti- 
lité d'une  communication  entre  elles,  et  il  s'engage  dans  les  deux  aortes  qui 
sont  situées  tout  près  de  l'ouverture  interventriculaire.  Il  y  a  cependant 
mélange  partiel  des  deux  sangs.  Ainsi  chez  les  Ophidiens  et  les  Mammifères 
les  oreillettes,  à  part  quelques  détails  de  minime  importance,  sont  calquées 
sur  le  même  modèle.  Même  structure  de  parois,  mêmes  rapports  de  formes 
et  de  dimensions,  mêmes  vaisseaux  qui  viennent  s'y  aboucher,  mêmes 
communications  avec  les  ventricules!  Puis  quand  il  s'agit  de  ceux-ci,  qui 
ont  conservé  cependant  avec  les  oreillettes  leur  position  et  leur  épaisseur 
respectives,  toute  analogie  semble  rompue  !  Le  ventricule  gauche  ne  fournit 
aucun  vaisseau,  les  deux  aortes  qui  devraient  en  provenir  prennent  leur 
origine  dans  le  ventricule  droit,  et  celui-ci,  par  contre,  donne  naissance  en 
même  temps  à  l'artère  pulmonaire. 

»  Mais  ne  serait-il  pas  possible  de  démontrer  que  cette  infraction  à  la  loi 
d'unité  de  plan  n'est  qu'apparente?  Supposons  pour  un  instant  que  la  cloi- 
son incomplète  du  ventricule  droit  des  Ophidiens  représente  la  paroi  inter- 
ventriculaire complète  des  Mammifères,  ainsi  modifiée,  pour  des  raisons 
que  nous  avons  déjà  fait  pressentir.  Alors  tout  s'explique.   L'unité  de  plan 


(  i,27  ) 
n'est  plus  détruite  :  il  y  a  seulement  variété  dans  l'unité;  et  la  loi  des  con- 
nexions vient  nous  aider  à  ressaisir  les  analogies  qui  nous  échappaient.  La 
loge  inférieure  du  ventricule  droit,  d'où  naît  l'artère  pulmonaire,  représente 
le  ventricule  droit  tout  entier  des  Mammifères.  La  loge  supérieure  de  ce 
ventricule  droit  n'est  plus  qu'un  diverticulum  ou  appendice  du  ventricule 
gauche,  divisé  en  deux  compartiments,  bilobé  en  quelque  sorte,  rétréci, 
comme  étranglé  au  niveau  du  passage  interventriculaire,  par  des  nom- 
breux piliers  charnus  qui  traversent  sa  cavité. 

»  Le  ventricule  gauche  recouvre  les  origines  de  vaisseaux  aoftiques. 
C'est  qu'ici,  comme  chez  les  Mammifères,  le  ventricule  gauche  empiète  sur 
le  droit  en  arrière,  tandis  qu'en  avant  c'est  le  droit  qui  couvre  en  partie 
le  gauche.  Ce  qui  vient  encore  appuyer  cette  vue,  c'est  que  les  valvules  de 
la  base  des  ventricules  étant  relevées,  ces  cavités  communiquent  entre  elles, 
non  plus  par  une  ouverture  rétrécie,  mais  par  un  passage  assez  large,  qui 
rend  admissible  l'hypothèse  d'un  rétrécissement  entre  les  deux  loges  du 
ventricule  gauche. 

»  Ainsi  pour  nous  le  cœur  des  Ophidiens  peut  être  ramené  à  celui  des 
Mammifères,  dont  la  cloison  interventriculaire  ne  se  serait  pas  soudée  par 
son  bord  inférieur  aux  parois  du  cœur,  et  dont  le  ventricule  gauche  serait 
divisé  en  deux  loges  communiquant  ensemble  par  un  passage  rétréci. 

»  Pressé  de  terminer,  pourrai-je  esquisser  ici  quelques-uns  des  faits  les 
plus  saillants  sur  le  reste  du  système  circulatoire  ?  montrer  toutes  les  artères 
de  la  tête  fournies  par  un  seul  tronc,  la  carotide  commune?  faire  voir  com- 
ment cette  artère,  arrivée  à  la  tète,  se  divise  en  deux  troncs,  dont  l'un  con- 
tinue son  trajet  et  l'autre,  passant  de  l'autre  côté,  s'y  distribue  en  maintenant 
ainsi  la  loi  de  symétrie  ?  Devons-nous  trouver  là  une  des  applications  les 
plus  remarquables  de  la  loi  d'économie?  Ne  serait-ce  pas  plutôt  un  effet  de 
la  dégradation  dans  l'échelle  des  êtres,  par  défaut  de  division  du  travail, 
comme  M.  le  professeur  Milne  Edwards,  ouvrage  cité,  chap.  III,  nous 
l'indique.  Je  n'oublierai  pas  non  plus  les  anastomoses  entre  les  veines  portes 
rénales  et  la  veine  porte  hépatique,  si  nombreuses  et  si  volumineuses,  qu'on 
peut  dire  qu'il  n'y  a  pas  seulement  anastomose,  mais  presque  fusion  des 
deux  systèmes  avec  mélange  partiel  du  sang  qu'ils  charrient.  Je  signalerai, 
en  outre,  le  défaut  de  parallélisme  des  ramifications  des  nerfs  pneumogas- 
triques avec  les  vaisseaux  pulmonaires,  et  enfin  je  me  demanderai  avec 
M.  le  professeur  Serres,  si  la  partie  beaucoup  plus  considérable  de  ces  pou- 
mons qui  n'est  ni  vasculaire,  ni  aréolaire,  outre  ses  usages  comme  réser- 


(     1128    ) 

voir  aérien,  ne  pourrait  pas  être  considérée  pour  le  grand  poumon  chez  la 
femelle,  par  son  contact  avec  l'ovaire  correspondant,  comme  un  appareil 
d'incubation?  a 

embryogénie.    —    Sur  les   monstres  doubles.   Extrait  d'une    Note  de 

M.  ScHULTZE. 

(Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

«  L'intérêt  qui  s'attache  à  l'importante  question  de  l'origine  des  monstres 
doubles,  intérêt  qui  s'est  manifesté  au  sein  de  l'Académie  des  Sciences  par 
les  discussions  qui  ont  eu  lieu  dans  les  séances  de  mars  et  avril  1 855  entre 
les  hommes  les  plus  éminents  en  embryogénie  et  en  tératologie,  m'a  porté  à 
taire  hommage  à  l'Académie  de  deux  opuscules  que  j'ai  publiés  sur  ce  sujet 
et  à  lui  présenter  un  petit  résumé  de  l'ensemble  de  mes  recherches. 

»  Partant  de  ce  principe  que  l'embryogénie  pathologique  est  le  seul  fon- 
dement de  la  tératologie,  j'explique  les  monstres  doubles  par  la  duplicité 
totale  ou  partielle  de  la  bande  primitive  [Bandelette  embryonnaire  Lere- 
boullet,  Axenplatte  Remak).  Il  ressort  évidemment  des  observations  de 
MM.  Jacoby,  V.  Baer,  Reichert,  Valentin,  Coste,  sur  les  œufs  des  poissons, 
des  oiseaux  et  des  crustacées,  que  cette  double  disposition  des  organes  de 
l'axe  embryonnaire  se  forme  à  la  surface  d'un  seul  vitellus. 

»  En  outre,  il  est  prouvé,  par  une  observation  d'Etienne  Geoffroy  et  un 
tait  rapporté  par  moi,  que  chez  les  oiseaux,  et  probablement  aussi  chez  les 
reptiles,  dont  les  œufs,  sortant  de  l'ovaire  sans  chorion,  s'enveloppent  dans 
les  oviductes  d'une  coque  dure,  qu'il  y  a  une  seconde  condition  pour  la  for- 
mation des  monstres  doubles,  c'est  que  deux  vitellus  soient  renfermés  dans 
une  seule  coque. 

»  Tous  les  animaux  dont  l'œuf  quitte  l'ovaire  enveloppé  du  chorion,  les 
mammifères,  y  compris  l'homme,  les  amphibies  et  les  poissons,  manquent 
des  conditionsd'une  fusion  secondaire  de  deux  vitellus  ou  de  deux  em- 
bryons s'y  formant;  des  monstres  doubles  ne  peuvent  naître  chez  eux  que 
sur  un  seul  vitellus. 

»  Quelles  sont  donc  les  conditions  sous  l'empire  desquelles  une  bandelette 
embryonnaire  en  partie  ou  entièrement  double  se  montrera  dans  un  vitel- 
lus? Un  tel  vitellus  diffère-t-il  de  l'ordinaire,  et  par  quoi  ?  Déjà  F.-W.  Beneke, 
dans  sa  Disquisitio  de  ortu  et  causis  monstrorum,  propose  l'hypothèse  que 
la  coexistence  de  deux  vésicules  germinatives  dans  un  vitellus  devient  la 


(  ii*9  î 
cause  de  la  naissance  d'un  monstre  double.  Moi  je  l'ai  prononcé  pour  la 
première  fois  avec  assurance  dans  mon  traité  :  Ueber  anomale  Duplicitat 
der  dxenorgane  (douzième  résultat)  que  les  monstresdoubles  naissent  par 
une  différenciation  primitive  et  simultanée  dans  des  œufs  dont  le  vitellus 
contient  deux  vésicules  germinatives.  M.  Coste,  dans  la  séance  de  l'Académie 
du  16  avril  1 855,  s'est  prononcé  pour  la  même  opinion.  Des  faits  embryolo- 
giques dissipent  tous  les  doutes  qui  pourraient  rester  à  ce  sujet.  La  grande 
importance  de  la  vésicule  germinative  pour  la  segmentation  et  pour  la  for- 
mation de  l'embryon  est  reconnue  par  tous  lesembryologistes.  Des  vitellus 
sans  vésicule  germinative  ne  sont  pas  fécondables.  La  manière  dont  la  vési- 
cule germinative  se  répartit  dans  tous  les  globules  de  fractionnement  du 
vitellus  n'a  été  observé  qu'une  seule  fois  par  M.  J.  Muller  chez  V  Entoconites 
mirabilis.  Ordinairement  la  vésicule  germinative  n'a  pu  être  observée  dès  le 
commencement  du  phénomène  de  segmentation.  Chez  les  animaux  dont  une 
partie  seulement  du  vitellus  subit  la  segmentation,  chez  la  plupart  des  pois- 
sons, chez  les  reptiles  et  les  oiseaux,  c'est  celle  qui  entoure  la  vésicule  ger- 
minative, et  la  bande  primitive  occupe  précisément  la  place  de  la  vésicule 
germinative.  11  est  très-probable  que  chez  les  amphibies,  les  mammifères, 
et,  parmi  les  poissons,  chez  les  pétromyzons  dont  les  œufs  éprouvent  une 
segmentation  totale,  la  fonction  de  la  vésicule  germinative  est  encore  la 
même  pour  la  formation  de  l'embryon. 

»  D'après  cela,  il  semble  évident  que  la  place  de  la  vésicule  germina- 
tive doit  être  plus  tard  le  centre  de  la  formation  de  l'embryon.  Dans  le 
blastoderme  d'un  œuf,  dans  lequel  se  développe  un  monstre  double, 
existent  deux  centres  de  formation  plus  ou  moins  rapprochés  ou  éloignés. 
La  fonction  de  la  vésicule  germinative  pour  le  développement  normal  étant 
prouvée,  il  en  résulte  la  preuve  de  l'existence  de  deux  vésicules  germi- 
natives dans  les  œufs  où  naissent  des  monstres  doubles.  L'existence  pa- 
thologique de  deux  vésicules  germinatives  dans  un  œuf  est  souvent  obser- 
vée, tandis  que  le  développement  de  ces  œufs  ne  l'a  été  jamais;  cependant 
l'anatomie  comparée  nous  fournit  un  fait  qui  s'y  rapporte  :  les  œufs  d'une 
petite  turbellariée,  du  Vortex  balticus}  qui  contiennent  deux  vésicules 
germinatives,  produisent  toujours  deux  embryons,  selon  les  observations  de 
Max  Schultze. 

»  Chez  tous  les  animaux  dont  le  développement  des  œufs  a  été  observé,  la 
vésicule  germinative  est  la  première  formation  et  la  plus  essentielle  de  l'œuf. 
Chez  les  vertébrés,  une  partie  des  cellules  de  l'ovaire  embrvonnaire  se  dé- 
veloppe en  vésicules  germinatives,  tandis  que  le  reste  forme  le  parenchyme 

C.  R.  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  85.)  '48 


(  n3o  ) 
de  l'ovaire.  L'espace  autour  de  la  cellule  germinative  s'agrandit  et  forme 
le  follicule  de  Graaf.  Autour  de  la  vésicule  se  dépose  le  vitellus,  et  autour 
de  celui-ci  naissent  la  membrane  vitelline  çt  les  autres  formations  secon- 
daires. Si  des  cellules  primitives  deux  qui  sont  très-rapprochées  se  changent 
en  vésicules  germinatives,  ou  si  en  général  le  développement  du  paren- 
chyme n'a  pas  lieu  entre  deux  vésicules,  elles  seront  situées  dans  un  seul 
follicule.  Ici  elles  peuvent  encore  se  développer  en  deux  œufs.  Mais  si  elles 
sont  couchées  assez  près  l'une  de  l'autre,  un  seul  vitellus  les  enveloppera, 
une  seule  membrane  vitelline  et  un  seul  oolemma  en  fera  un  seul  œuf,  dans 
lequel  cependant,  s'il  est  fécondé,  deux  centres  de  formation  se  montreront. 
Par  conséquent,  il  y  naîtra  un  monstre  double. 

»  La  position  primitive  des  vésicules  germinatives  aura  une  grande  in- 
fluence sur  le  degré  et  l'espèce  de  la  duplicité,  parce  qu'elle  détermine  la 
place  des  centres  de  formation.  Sur  les  œufs  dans  lesquels  par  leur  figure 
même  on  peut  remarquer  des  axes  différents,  l'embryon  est  toujours  paral- 
lèle à  un  même  axe  de  l'œuf.  Par  conséquent,  les  deux  bandes  primitives 
qui  composent  le  monstre  double  seront  opposées  ou  par  leurs  têtes  ou 
par  leurs  queues,  si  la  ligne  qui  joint  les  deux  vésicules  germinatives  est 
parallèle  à  cet  axe;  elles  seront  couchées  parallèlement  l'une  près  de  l'autre, 
si  cette  ligne  est  perpendiculaire  à  cet  axe. 

»  Il  faut  supposer  aussi  qu'un  certain  axe  de  la  vésicule  germinative  déter- 
mine la  position  de  l'embryon.  Quand  même  il  n'y  aurait  pas  d'observations 
à  ce  sujet,  cet  axe  pourrait  être  reconnu,  parce  que  la  tache  germinative  est 
située  toujours  près  de  la  paroi  de  la  vésicule.  Normalement,  il  faut  que  cet 
axe  soit  parallèle  à  l'axe  embryonnaire  de  l'œuf.  Quand,  au  contraire,  ces 
axes  de  deux  vésicides  germinatives  situées  l'une  à  côté  de  l'autre  sont  des 
obliques  qui  s'écartent  également  de  l'axe  embryonnaire  de  l'œuf,  de  ma- 
nière que  les  queues  sont  rapprochées,  il  se  formera  une  queue  simple  et 
moyenne  et  une  tête  double  dont  les  extrémités  seront  divergentes;  quand 
les  tètes  des  axes  sont  convergentes,  une  simple  tète  et  une  double  queue  se 
formeront.  Delà  différente  grandeur  de  l'angle  formé  par  les  axes  des  vé- 
sicules germinatives  et  de  la  distance  plus  ou  moins  grande  entre  les  vé- 
sicules se  déduisent  deux  séries  de  formes  différentes  de  la  bande  primitive 
double.  Si  nous  y  ajoutons  les  positions  des  axes  déterminées  plus  haut, 
tous  les  monstres  doubles  s'expliqueront  facilement. 

»  En  effet,  dans  les  observations  dont  nous  avons  fait  mention,  la  bande- 
lette embryonnaire  a  toujours  montré  une  des  trois  formes  nommées  plus 
haut.  Par  leurs  modifications  expliquées  par  moi  et  réduites  aux  différentes 


(  >i3«  ) 
positions  des  vésicules  germinatives,  la  forme  extérieure  et  toute  l'organi- 
sation des  monstres  doubles  connus  jusqu'à  ce  jour,  s'expliquent  d'après  les 
lois  du  développement  normal,  comme  je  l'ai  fait  voir  dans  les  Mémoires 
imprimés  qui  accompagnent  cette  Note.  C'est  ainsi  que  j'ai  montré  comme 
tous  les  monstres  doubles  autositaires,  y  compris  ceux  à  deux  ombilics,  en 
outre,  tous  les  parasitaires,  y  compris  les  endocymiens  difficiles  à  expli- 
quer, naissent  sur  un  seul  vitellus. 

»  En  adoptant  les  noms  donnés  par  les  tératologistes,  nous  dirons  que  les 
monstres  doubles  se  rangent,  eu  égard  à  leur  genèse,  dans  les  trois  séries 
mentionnées  plus  haut,  de  la  manière  suivante  :  Première  série,  duplicité 
antérieure;  deuxième  série,  duplicité  postérieure  ;  troisième  série,  duplicité 
parallèle.  » 

L'auteur  considère  successivement  ces  trois  cas.  Le  défaut  d'espace  ne 
nous  permet  pas  de  reproduire  cette  partie  de  la  Note. 

» 

physique.  —  Des  courants  induits,  considérés  relativement  à  leur  pouvoir 
chimique  :  application  à  V  électricité  employée  comme  force  motrice;  par 
M.  E.  Lacombe. 

(Commissaires,  MM.  Duhamel,  Despretz.) 

chimie.  —  Action  dés  acides  azotique  et  chlorhjdrique  sur  le  chlorure  de 
barium  et  l'azotate  de  baryte;  par  M.  E.  Baudrimont. 

(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Dumas,  Pelouze.) 

chimie  organique.  —  Considérations  sur  la  génération  des  produits  orga- 
niques par  leurs  éléments  simples,  le  carbone,  l'hydrogène  et  l'azote; 
par  M.  E.  Baudrimont. 

(Renvoi  à  la  même  Commission.) 

M.  Joire  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  admettre  au  concours  pour  les 
prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  un  opuscule  dont  il  lui  a  précédemment 
offert  deux  exemplaires,  et  qui  a  pour  titre  :  «  Études  sur  la  circulation  ». 

(Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  Liegard  adresse  une  nouvelle  analyse  d'un  recueil  de  Mémoires  sur 
diverses  questions  de  médecine  et  de  chirurgie  pratique,  précédemment 
présenté  au  concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie. 

(Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

i48.. 


(     Ïl32    ) 

M.  Lecuevallier  envoie  un  complément  à  sa  précédente  communication 
sur  la  navigation  aérienne. 

(Renvoi  à  la  Commission  déjà  nommée.  ) 

M.  Bouniceau  soumet  au  jugement  de  l'Académie  la  VIIIe  partie  de  ses 
recherches  sur  le  mode  de  propagation  de  la  sangsue  médicinale. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée.) 

ML  Cadet  envoie  de  Rome  une  nouvelle  série  de  corrections  relatives 
à  ses  précédentes  communications  sur  le  choléra-morbus  et  sur  les  ento- 
zoaires  observés  dans  les  déjections  des  cholériques. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  constituée  en  Commission  du 

prix  du  legs  Bréant.  ) 

M.  Rioolo  adresse  de  Bédizzole,  canton  de  Brescia,  royaume  Lombardo- 
Vénitien,  une  Note  écrite  en  italien  sur  la  maladie  de  la  vigne. 

L'auteur,  d'après  les  résultats  des  essais  qu'il  a  faits  dans  ses  propriétés, 
et  les  renseignements  qu'il  a  pu  se  procurer  sur  les  tentatives  faites  dans  les 
différents  pays  pour  arrêter  la  marche  de  l'oïdium,  est  arrivé  à  conclure 
que  tous  les  moyens  employés  jusqu'ici  sont  absolument  insuffisants,  et  que 
le  seul  qui  présente  des  chances  de  réussite,  c'est  la  plantation  de  nouvelles 
vignes  après  extirpation  des  anciennes,  extirpation  indispensable  non-seule- 
ment dans  les  lieux  où  s'est  montrée  la  maladie,  mais  encore  dans  tous  ceux 
où  les  ceps  n'offrent  pas  un  aspect  vigoureux.  Il  pense  que  les  Sociétés  sa- 
vantes rendraient  un  grand  service  à  l'économie  rurale  en  proposant  comme 
sujet  de  prix  la  recherche  des  moyens  les  plus  propres  à  obtenir  ce  renou- 
vellement des  vignobles. 

M.  Tacpinard  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  ayant  pour 
titre  :  «  Nouvelle  manière  de  mesurer  les  distances  au  moyen  de  la  vitesse  du 


son.  » 


L'auteur  pense  qu'on  peut  tirer  parti  de  ce  moyen,  en  campagne,  dans 
beaucoup  de  circonstances  où  l'on  a  besoin  d'évaluer  la  distance  d'un  point 
inaccessible,  et  où  l'important  est  d'obtenir  promptement  cette  mesure, 
non  de  l'obtenir  avec  une  grande  exactitude. 

(Renvoi  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  M.  Despretz  et  de 

M.  le  Maréchal  Vaillant.) 


(  n33  ) 


CORRESPONDANCE. 

La  Société  royale  des  Sciences  de  Gœttingue  adresse,  pour  la  biblio- 
thèque de  l'Institut,  le  volume  VI  de  ses  Mémoires,  et  remercie  l'Académie 
pour  l'envoi  de  deux  nouveaux  volumes  des  Mémoires  et  des  Savants  étran- 
gers. 

Les  Curateurs  de  l'Université  de  Leyde  adressent,  au  nom  des  Univer- 
sités Néerlandaises  et  des  Athénées  d'Amsterdam  et  de  Deventer,  un  exem- 
plaire de  leurs  Annales  pour  l'année  i85i-5a. 

• 

physique.  —  Sur  un  appareil  destiné  à  démontrer  et  mesurer  la  différence 
de  conductibilité  du  bismuth  cristallisé;  Note  de  M.  Ch.  Matteucci. 

(Extrait.) 

«  Dans  la  séance  du  6  mars  i855,  j'ai  eu  l'honneur  de  communiquer 
à  l'Académie  l'extrait  d'un  Mémoire  (i)  sur  les  propriétés  physiques  du 
bismuth  cristallisé  et  principalement  sur  la  différence  de  conductibilité 
pour  le  courant  électrique.  Les  tiges  de  bismuth  étaient  coupées  sur  des 
masses  de  bismuth  cristallisé,  distinguées  en  deux  catégories,  suivant  que 
les  plans  du  clivage  principal  étaient  perpendiculaires  ou  parallèles  à  la 
longueur  des  tiges.  J'ai  trouvé  que  le  rapport  de  la  conductibilité  des  pre- 
mières à  celle  des  secondes  était  i  :  1,16.  Afin  de  pouvoir  opérer  sur  des 
tiges  assez  longues,  j'avais  été  obligé  de  réunir  bout  à  bout  plusieurs  tiges 
de  la  même  catégorie.  Les  extrémités  des  tiges  étant  amalgamées,  l'union 
était  établie  par  l'interposition  d'une  couche  excessivement  mince  de  mer- 
cure entre  une  tige  et  l'autre.  Quoique  je  me  fusse  assuré  que  cette  union 
était  parfaite,  j'ai  néanmoins  désiré  de  vérifier  mes  résultats,  n'ayant  recours 
qu'à  une  seule  tige.  J'ai  réussi  dernièrement  à  obtenir  des  tiges  longues  à 
peu  près  de  5i  millimètres,  et  qui  étaient  d'une  structure  homogène  dans 
toute  leur  longueur.  Ces  tiges  ont  été  réduites  aux  mêmes  dimensions  à  l'aide 
d'un  comparateur  de  M.  Froment  qui  donne  distinctement  jj-Js  de  milli- 
mètre. Une  bonne  manière  de  s'assurer  de  l'homogénéité  de  la  structure 
de  ces  tiges  est  de  les  suspendre  à  un  fil  de  cocon  entre  des  armatures  très- 

(i)  Nuovo  Cimento,  tomel,  page  26. 


(  n34) 
larges,  en  fer  doux,  d'un  fort  électro-aimant;  il  faut  que  ces  armatures  ren- 
ferment en  quelque  sorte  les  tiges  qui  se  trouvent  ainsi  dans  un  champ 
que  MM.  Faraday  et  Verdet  ont  appelé  d'égale  intensité  magnétique.  Les 
tiges  qui  ont  les  clivages  en  travers  doivent  se  placer  axialement  suivant 
la  ligne  des  pôles,  et  les  tiges  qui  ont  les  clivages  longitudinaux  se  placent 
équatorialement,  et  cela  avec  plus  de  force  lorsque  les  clivages  sont  verti- 
caux. »> 

M.  Matteucci  donne  ensuite  ici  la  description  d'un  petit  appareil  qui 
lui  sert  à  démontrer  l'inégale  conductibilité  des  tiges  de  bismuth  axiales  ou 
équatoriales.  Cet  appareil  passe  sous  les  yeux  de  l'Académie;  mais  quoiqu'il 
soit  très-simple,  il  serait  difficile  d'en  faire  comprendre  les  dispositions  sans 
l'aide  d'une  figure.  On'se  contentera  de  dire  que  l'expérience  consiste  essen- 
tiellement à  introduire  une  tige  de  bismuth  dans  chacune  des  branches  d'un 
courant  bifurqué,  d'ailleurs  parfaitement  égales,  et  enroulées  en  sens  con- 
traire sur  un  galvanomètre. 

L'appareil  permet  de  placer  et  de  déplacer  très-facilement  les  tiges  de 
bismuth,  ou  même  de  les  remplacer  par  deux  tiges  de  cuivre.  Après  s'être 
préalablement  assuré  de  l'égalité  parfaite  des  deux  circuits  dérivés  au  moyen 
de  ces  tiges  de  cuivre,  on  les  remplace  par  des  tiges  de  bismuth  toutes  deux 
axiales  ou  toutes  deux  équatoriales,  et  le  galvanomètre  continue  à  demeu- 
rer immobile.  Si,  au  contraire,  l'une  est  axiale,  l'autre  équatoriale,  on  obtient 
des  déviations  galvanométriques  de  3o  degrés  et  plus,  et  ces  déviations 
changent  de  sens  lorsqu'on  échange  les  tiges  de  situation  relative. 

astronomie  mathématique.  —  Note  sur  In  condition  de  convergence  des 
séries  qui  se  présentent  dans  la  théorie  du  mouvement  elliptique  des 
planètes;  par  M.  J.-A.  Sekret. 

«  Laplace  a  démontré  le  premier  que  le  rayon  vecteur  d'uue  planète, 
l'anomalie  excentrique  et  l'anomalie  vraie  sont  développables  en  séries  con- 
vergentes ordonnées  suivant  les  puissances  croissantes  de  l'excentricité  de 
l'orbite,  toutes  les  fois  que  cette  excentricité  ne  dépasse  pas  une  certaine 
limite  dont  la  valeur  approchée  est  o,66io,5 M.  Cauchy  a  retrouvé  en- 
suite ce  résultat  par  une  méthode  qui  lui  est  propre,  et  M.  Puiseux  y  est 
arrivé  de  son  côté  par  des  considérations  du  même  genre.  Mon  attention 
ayant  été  appelée  sur  cet  objet  à  l'occasion  du  Cours  dont  je  suis  chargé 
en  ce  moment  à  la  Faculté  des  Sciences,  j'ai  reconnu  qu'en  se  fondant  sur 


(  n35  ) 
les  théorèmes  généraux  dus  à  M.  Cauchy,  on  pouvait  établir  la  condition 
de  convergence  trouvée  par  Laplace  beaucoup  plus  simplement  qu'on  ne 
l'a  fait  jusqu'ici.  C'est  ce  que  je  me  propose  de  montrer  dans  cette  Note. 

»  Soient  Ç  une  constante  réelle  donnée  et  z  une  variable  réelle  ou  ima- 
ginaire; l'équation  transcendante 

(i)  u  —  zsinw  =  £, 

a  une  infinité  de  racines  qui  dépendent  de  z  et 'deux  de  ces  racines  devien- 
nent égales,  lorsque  z  prend  une  valeur  telle  que  l'équation  (i)  puisse  être 
satisfaite  en  même  temps  que  sa  dérivée  relative  à  u,  savoir 

(a)  i  —  z  cosm  =  o. 

Cela  posé,  si  le  module  de  z  reste  inférieur  au  plus  petit  des  modules  qu'd 
faudrait  attribuer  à  cette  variable  pour  que  les  équations  (i)  et  (a)  pussent 
avoir  une  racine  commune,  celle  des  racines  u  de  l'équation  (i)  qui  se  réduit 
à  Ç  pour  z  =  o,  sera  une  fonction  parfaitement  déterminée  de  z  ;  et,  d'après 
un  théorème  de  M.  Cauchy,  cette  quantité  u  et  les  fonctions  continues  de 
u  seront  développables  en  séries  convergentes  ordonnées  suivant  les  puis- 
sances croissantes  de  z.  Lorsque  z  est  réel,  l'équation  (i)  coïncide  avec  celle 
dont  dépend  la  détermination  des  éléments  du  mouvement  elliptique  des 
planètes,  z  est  alors  l'excentricité,  Ç  désigne  l'anomalie  moyenne  et  u  l'a- 
nomalie excentrique  ;  enfin  l'anomalie  vraie  et  le  rayon  vecteur  sont  des 
fonctions  continues  de  u. 

»  Des  équations  (i)  et  (2),  on  tire 

(3)  u  —  tangw  =  £, 

(4)  z  =  — , 

v    '  cos« 

et  la  question  qui  nous  occupe  se  réduit  évidemment  à  déterminer  quelle 
est  celle  des  racines  de  l'équation  (3  )  à  laquelle  répond  le  plus  petit  module 

de  z. 

»  Posons 

u  =  x  -+-  y\j  —  i> 

x  et  y  étant  deux  variables  réelles;  l'équation  (3)  se  décompose  en  deux 
autres  débarrassées  d'imaginaires  et  que  l'on  peut  comprendre  dans  la  for* 
mule  suivante  : 

-_,  sin2x         eV  —  e~v  ey  .+-<>-»/ 

(5) ==  =  COS2.T  H -j 

v   /  x  —  Ç  7.  y  2 


(i486) 

où  e  désigne  la  base  des  logarithmes  népériens.  En  outre,  on  tire  de  l'équa- 
tion (4) 

(mod.  z)2  = 


2  2 


et,  d'après  la  formule  (5), 

ev  —  irv 


(6)  (mod.  zf  ■=.  i 


2X2J  ,     (î/)1     ,         (2^)' 

1.2.3  1 .1. ..5 


On  voit  que  la  plus  petite  valeur  de  (mod.  z)  correspond  à  la  plus  grande 
des  valeurs  de  y  ;  donc,  pour  résoudre  dans  toute  sa  généralité  la  question 
que  nous  avons  en  vue,  il  nous  faudrait  trouver  celle  des  racines  de  l'équa- 
tion (3)  dans  laquelle  le  coefficient  y  de  \J—  i  a  la  plus  grande  valeur.  Mais 
si  l'on  veut  seulement  connaître,  ce  qui  est  le  point  essentiel,  le  maximum 
de  toutes  les  plus  grandes  valeurs  de  y  qui  répondent  aux  diverses  valeurs 
de  la  constante  £,  il  suffira  de  comparer  entre  elles  les  valeurs  dey  qui  sont 
telles  qu'on  puisse  tirer  des  équations  (5)  des  valeurs  réelles  de  x  et  de  Ç. 
Comme  les  équations  (5)  donneront  toujours  pour  Ç  une  valeur  réelle,  si 
ki  valeur  de  x  est  elle-même  réelle,  on  peut  se  borner  à  considérer  cette 
dernière  variable.  On  tire  immédiatement  de  la  formule  (  5  ) 

et  +-e~r  Ver-*-  e~r       «T  —  err'\  er  ■+■  e~rV    sr'  4r*  1 

1  L  2  2/J  2  |_I.2.3  1.2.  ..5 

&  —  e-r  fer  +  er?      0  —  é~r    1       ttr  —  r9  \~         r'         3.T4        5  r6  1 

cos'ar  = y     = i  — —f —r.  — ...    • 

7.y  2  2  J  2jr       L        !-2       '"*4      l«"8 

La  valeur  de  sin2  x  est  toujours  positive  ou  nulle  ;  donc  pour  que  x  soit 
réel,  il  suffit  que  cos2.r  ne  soit  pas  négatif,  et  la  condition  pour  qu'il  en  soit 
ainsi  est  que  la  fonction 

Y  =  i        ^  3r'  5y° 

1.3  I  .2.3-4         I  .  •  .6 

soit  positive  ou  nulle.  Cette  fonction  Y  est  constamment  décroissante  et  elle 
n'a,  par  suite,  qu'une  seule  racine  positive;  on  trouve  aisément  que  la 
valeur  de  cette  racine  est  égale  à  1,1996....  On  voit  ainsi  que  1,1996... 
est  la  plus  grande  des  valeurs  de  y  auxquelles  répondent  des  valeurs  réelles 
de  x  et  de  £;  en  donnant  à  y  cette  valeur  dans  l'équation  (6)  on  ob- 
tient 

mod.  z  ==  0,66195..., 


(  "37  ) 
en  sorte  que  si  le  module  de  z  reste  inférieur  à  cette  limite,  l'équation  (i) 
n'aura  point  de  racines  égales,  quel  que  soit  Ç. 

»  Il  est  démontré  par  ce  qui  précède  que  si  l'excentricité  de  l'orbite  d'une 
planète  est  inférieure  à  0,66  ig5 —  l'anomalie  excentrique,  l'anomalie  vraie 
et  le  rayon  vecteur  seront  développables  en  séries  convergentes  procédant 
suivant  les  puissances  croissantes  de  l'excentricité.  » 

Géométrie.  —  Note  sur  la  courbure  géode'sique  ;  par  M.  Ossian  Bonnet. 

«  On  connaît  l'importance  de  l'élément  que  M.  Liouville  a  nommé  cour- 
bure géodésique.  Cet  élément  qui  remplace  la  courbure  ordinaire,  lorsqu'on 
considère  une  ligne  comme  tracée  sur  une  surface  déterminée,  a  été  mis 
sous  différentes  formes.  Je  me  propose  de  faire  connaître  une  forme  nou- 
velle qui,  en  raison  de  son  élégance  et  de  sa  symétrie,  me  semble  offrir 
quelque  intérêt. 

»  Soient  u,  v  les  deux  variables  indépendantes  au  moyen  desquelles  on 
fixe  les  différents  points  de  la  surface,  et  supposons,  comme  d'habitude,  l'é- 
lément linéaire  ds  de  la  surface  déterminé  par  l'égalité 

ds'  =  Edu2  -f-  lYdudv  +  Gdv*. 

Considérons  deux  séries  de  lignes  orthogonales  représentées  respectivement 
par  les  équations 

a  =  const. ,     jS  =  const. 
Posons,  pour  simplifier, 

da  =  mdu  +  ndv,     d(ï  =  pdu  -f-  qdv, 
nous  aurons,  k  étant  un  certain  facteur 

(1)  i(E«-F/n)  =  />,      i(F«-Gm)=î, 
d'où 

(2)  E«*  -  aFmrc  +  Gm*  =  EG^.F,(Eg*  -  zFpq  +  Gp2). 

»  Or,  s  et  t  étant  les  arcs  des  courbes  a  =  const.,  ]3  =5  const.,  la  caracté- 
ristique da  indiquant  les  différentielles  prises  en  laissant  /3  constant  et  fai- 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XXII,  JV>  93.)  l49 


(   "38  ) 
sant  varier  aàeda,  et  la  caractéristique  d?  les  différentielles  prises  en  lais- 
sant a  constant  et  faisant  varier  /3  derf/3,  on  a,  d'après  une  formule  connue, 
pour  la  courbure  géodésique  -  des  courbes  a  =  const., 


d    d.s 

a     S 


p  d    s.d    t 

Mais 

d2s=z.-JMEïllL  d  t==  foG-F'r/s 

V^È>— aF/^-f-G/T''        .?  ^E««— aFmii-hG/»'' 

donc 

JL  —  y/FTy'-  2FW  +  G^  y/ËT^-  2  F»;/?  +  G/t>'  y/EG  -  F' 

PK  (EG— F'jrfa  "« 


\/F.7'—  aF/^  +  G^' 

et,  en  se  rappelant  l'égalité  (2), 

J En!-  2Fran  +  Gm'  j 

P«"  ^FG-F'rf*"     "7Ê«'-aFiW«  +  G»i'' 

D'ailleurs 


aV/E«!-2Fm/!+Gm!  ^T att  H f ff*v. 


-_,/-•_•, ■ ; — (1~u  _i 1 _ 

puis 

#»efK  u  -t-  «r/K  i>=  da, 
pd„.  u  -+-  qda  v  =  o, 
d'où 

d   u  =    ~  y^a    —      —  (F«  —  G/«)rfq 

N/>  —  «y  "  E/i'—  2F/n/i-f-Gm'' 

d   v  —      pda  (En  —  F  m)  do, 

np  —  mq~  E««— aF/Hn-t-Gw"2' 

On  a  donc  encore 


Efl  —  Fm       __y/E//'— 2F//»«  -+-  G/ 
*  rfe 

F/<  —  Gw         ^/En'-2F»w+G»i: 


pK      \Zeg-fj  ^ 


(  n39) 


ou  bien  enfin 


Pu     \/m  —  f 

en  remarquant  que 


[En —  Fm  Fn—Gm  ~1 

v'Es'-îFw/i  +  Gra'  \JEri1  —  afron  +  G  m*  I 


d~(En  —  ¥m)        d-(Fn  —  G  m) 

n  fi 

dv  du 


Si  les  courbes  a  ==  const.  sont  des  lignes  géodésiques,  leur  courbure  géodé- 
sique  est  nulle  en  chaque  point.  Donc 


En— Fin  ,  Fn  —  Gm 

d  —  d- 


v/Ë/i'—  2Fm«+Gffl!  sJEn1—  3.Fmn+~Gm* 


dv  du 

Ainsi  on  connaît  alors  le  facteur  qui  rend  intégrable  l'équation 
(En  —  Fm)du  +  (En  —  Gm)dv  =  o 

des  trajectoires  orthogonales  des  courbes  considérées  a  =  const.  » 

physiologie  végétale.  —  Recherches  sur  l'accroissement  en  grosseur  des 
Dicotylédones  ligneux;  par  fit.  V.  Mathieu.  (Extrait.) 

«  Les  discussions  qui  eurent  lieu  il  y  a  quelques  années,  dans  le  monde 
savant,  relativement  à  la  question  de  l'accroissement  en  diamètre  des  Dico- 
tylédones ligneux,  avaient  retenti  jusque  dans  ma  province,  et  comme  de 
ces  discussions  n'était  pas  sortie  pour  moi  une  solution  bien  claire  de  la 
question,  je  fus  conduit  à  chercher  de  mon  côté.  En  cherchant,  j'ai  trouvé 
et  je  ferai  voir  que,  contrairement  à  une  certaine  école  (celle  du  cam- 
bium  se  dédoublant),  un  corps  étranger  passé  dans  le  liber,  ou  entre  le 
liber  et  l'aubier,  se  retrouve  toujours  entre  deux  couches. d'aubier.  Ce 
phénomène  a  été  visible,  même  au  bout  de  dix  jours.  Ce  que  je  passais 
était  ordinairement  une  bande  de  papier  de  2  centimètres  de  large,  et, 
pour  la  recouvrir,  le  ligneux  procédait  souvent  du  bas  comme  du  haut 
pour  se  joindre  vers  le  milieu,  en  passant  non  au  contact  du  papier,  mais 
entre  deux  feuillets  de  liber,  et  en  y  pénétrant  comme  par  les  mailles  d'un 
filet.  Plus  tard,  je  donnerai  une  description  détaillée  du  phénomène,  de  son 
mécanisme  et  de  l'arrangement  des  tissus. 

i49.. 


(  i'4o  ) 

»  En  cherchant,  j'ai  trouvé  encore  qu'une  surface  d'écorce  étant  parfai- 
tement isolée  par  l'enlèvement  d'un  cercle  de  cette  même  écorce,  et  cette 
surface  étant  parfaitement  lisse  et  sans  bourgeons,  des  couches  ligneuses  et 
corticales  n'en  ont  pas  moins  continué  à  se  former  sans  le  secours  ni  du  haut, 
ni  du  bas,  ni  latéralement.  Le  tronc  de  l'arbre  lui-même  a  donc  émis  laté- 
ralement et  horizontalement  tout  ce  qui  était  nécessaire  à  la  continuation 
de  son  accroissement  en  diamètre.  Ce  mode  de  grossissement  me  paraît 
bien  contraire  à  la  théorie  de  M.  Dupelit-Thouars. 

»  Bien  plus,  j'ai  vu  plusieurs  fois  une  décortication  assez  étendue  se 
cicatriser  sans  le  secours  des  parties  environnantes  et  par  la  formation 
d'îles  corticales  et  puis  ligneuses.  Point  de  scions  ni  de  radicules,  point  de 
liber,  point  de  cambium —  » 

hydraulique.  —  Note  sur  le  lac  de  Genève,  à  l'occasion  des  inondations 
de  la  vallée  du  Rhône;  par  M.  L.-L.  Vallée,  inspecteur  général  des 
Ponts  et  Chaussées,  en  retraite. 

«  Les  malheurs  qu'éprouve  en  ce  moment  la  vallée  du  Rhône  me  rappel- 
lent un  projet  que  l'Académie  a  vu  avec  intérêt  par  plusieurs  communica- 
tions que  j'ai  eu  l'honneur  de  lui  faire  depuis  les  débordements  de  ce  fleuve 
en  i84o.  C'est  la  création  d'une  réserve  du  Rhône  dans  le  lac  de  Genève, 
projet  qui  est  décrit  dans  mon  ouvrage  intitulé  :  Du  Rhône  et  du  lac  de 
Genève.  Des  questions  graves  préoccupaient  alors  (fin  de  1840);  et  entre 
autres,  pour  Genève,  celle  de  savoir  si  les  fortifications  seraient  démolies. 
On  pensait  aussi  à  rendre  le  Rhône  navigable  du  lac  à  Seyssel.  Ces  préoc- 
cupations empêchèrent  que  j'achevasse  la  mission  qui  m'avait  été  donnée 
officiellement  de  me  concerter  avec  les  autorités  suisses  ;  je  fus  rappelé,  et  on 
ajourna  mon  projet.  Aujourd'hui  il  n'est  plus  question  de  rendre  le  Rhône 
navigable  du  lac  à  Seyssel,  et  la  démolition  des  fortifications  de  Genève  est 
décidée.  De  là,  un  moyen  de  rendre  la  réserve  du  lac  beaucoup  plus  avan- 
tageuse, en  dérivant,  dans  les  moments  d'inondation,  l'Arve  dans  le  lac  par  un 
canal  de  2000  mètres  de  longueur,  partant  de  l'amont  de  Carotige  et  allant 
en  ligne  droite  dans  le  Léman  par  les  fortifications  de  l'est  de  la  ville.  L'exé- 
cution de  ce  canal  est  parfaitement  praticable. 

»  L'ensemble  des  ouvrages  ne  coûterait  au  plus  que  3  millions,  y  com- 
pris une  digue  dans  le  lac,  laquelle  serait  un  grand  embellissement  pour  le 
pays,  et  deux  barrages  mobiles,  l'un  à  Genève  et  l'autre  à  Carouge. 


(  "4«  ) 

»  Avec  ces  ouvrages,  sur  les  ordres  télégraphiques  donnés  de  Lyon, 
en  raison  des  circonstances  pluviales,  les  eaux  du  Rhône  seraient  arrêtées  à 
Genève  ;  celles  de  l'Arve,  jetées  dans  le  lac,  le  seraient  également  ;  Lyon,  au 
lieu  de  recevoir  par  le  Rhône  5ooo  mètres  d'eau  par  seconde,  n'en  recevrait 
que  4ooo>  et  Avignon  qui  en  reçoit  12000  n'en  recevrait  que  11000. 

»  Or,  d'après  les  calculs  et  les  détails  très-développés  donnés  dans  mon 
ouvrage,  il  est  aisé  de  voir  : 

»  i°.  Qu'à  Lyon,  en  supposant  la  vitesse  moyenne  du  fleuve  de  3  mètres 
et  sa  largeur  de  25o,  la  hauteur  des  eaux  aurait  été  diminuée  d'envi- 
ron im,45; 

»  20.  Que,  vers  Avignon,  la  vitesse  étant  supposée  aussi  de  3  mètres  et  la 
largeur  de  5oo,  la  hauteur  de  la  crue  aurait  été  diminuée  de  om,iy8; 

»  3°.  Que  la  superficie  du  lac  étant  de  600  millions  de  mètres  carrés, 
l'arrêt  à  Genève  de  86,400,000  mètres  cubes  d'eau  en  un  jour .(  1000  mètres 
par  seconde),  n'aurait  gonflé  le  lac  que  d'une  hauteur  de  i44  millimètres, 
et  que  son  plein  en  été,  qui  s'élève  quelquefois  jusqu'à  2m,95  au-dessus  de 
son  plus  bas  niveau,  n'arrivant  que  du  16  juillet  au  29  septembre,  l'arrêt 
aurait  pu,  dans  la  saison  où  nous  sommes,  se  prolonger  pendant  un  temps 
de  beaucoup  plus  long  que  la  durée  des  maux  qui  viennent  de  désoler  et  de 
dévaster  le  pays. 

»  De  cet  aperçu  et  de  mon  ouvrage  il  suit  qu'avec  une  dépense  de  3  mil- 
lions, en  soulageant  les  riverains  du  lac  que  les  hautes  eaux  gênent  dans 
le  pays  de  Vaud  et  dans  le  Valais,  en  améliorant  la  navigation  du  Léman, 
défectueuse  auprès  de  Genève  en  basses  eaux,  en  embellissant  Genève,  en 
donnant  une  bonne  navigation  sur  le  Rhône  français  pendant  l'automne  et 
l'hiver,  on  réduirait  toutes  les  grosses  eaux  de  ce  fleuve  à  des  crues 
inoffensives  jusqu'à  Lyon,  inclusivement,  et  presque  inoffensives  au-des- 
sous; car  c'est  la  dernière  goutte  qui  fait  déborder  le  vase.  Tel  est  le  ser- 
vice immense  qui  peut  être  rendu  à  la  France  et  à  la  vallée  du  Rhône.  Jamais 
peut-être  les  circonstances  ne  seront  aussi  favorables  qu'aujourd'hui  à  l'exé- 
cution de  ce  projet,  tant  à  cause  de  l'état  des  choses  à  Genève,  qu'à  cause  de 
la  sollicitude  éclairée  du  Gouvernement  pour  les  besoins  des  populations 
souffrantes. 

»  Il  y  a  pour  le  Rhône  un  lac  de  Genève,  avantage  que  n'a  malheureu- 
sement pas  la  Loire;  la  mission  providentielle  de  ce  lac  est  au  grand  jour, 
le  zèle  paternel  des  autorités  fera  le  reste  !   » 


(    H42    ) 

météorologie.   —  Relation  entre  les  inondations  en  France  et  le  Siroco 
d'Afrique;  par  M.  Fabre.  (Extrait.) 

«  Par  une  Note  de  novembre  1 852 ,  j'ai  eu  l'honneur  d'appeler  l'attention 
de  l'Académie  sur  la  relation  qui  paraît  exister  entre  les  débordements  de 
nos  fleuves  et  ces  puissantes  émissions  de  vent  chaud,  connues  dans  toutes 
les  contrées  qui  avoisinent  la  Méditerranée  sous  le  nom  de  Siroco.  Je  pense 
que  ce  vent,  si  sec  en  Afrique,  et  que  rend  visible  la  fine  poussière  dont  il 
est  chargé,  enlève,  en  traversant  la  mer,  une  quantité  considérable  de  va- 
peur, arrive,  avec  cette  vapeur  pénétrée  de  la  chaleur  qu'il  a  partagée  avec 
elle,  jusqu'à  nos  montagnes  du  centre,  de  l'est  et  du  midi,  et,  là,  donne 
lieu  à  d'immenses  effluves,  soit  par  l'eau  qu'il  abandonne  en  se  refroidis- 
sant, soit  par  la  fusion  de  neiges  qu'il  provoque.  Aussi  ce  météore  me  pa- 
raît-il être  surtout  redoutable  à  l'entrée  et  à  l'issue  de  l'hiver,  quand  il 
rencontre,  sur  les  Alpes,  les  Cévennes  et  les  Pyrénées,  des  neiges  molles 
dont  il  entraîne  de  grandes  quantités  à  la  fois.  Il  est  moins  à  craindre  en 
plein  été,  quand  la  température  de  nos  contrées  du  nord  s'est  élevée  et 
que  la  saison  a  fait  écouler  les  neiges  qui  ne  sont  pas  éternelles. 

»  Que  l'Académie  veuille  bien  me  permettre  d'appeler  de  nouveau  son  at- 
tention sur  cette  question  :  les  désastres  qui  nous  affligent  donnent  à  cette  de- 
mande une  douloureuse  opportunité.  Nous  sommes,  je  lésais  trop,  bien  loin 
encore  des  possibilités  pratiques  d'attaquer  le  fléau  à  son  origine  ;  mais  on 
peut  les  entrevoir,  et  s'il  en  est  ainsi,  la  science  doit  entreprendre  dès  à 
présent  l'étude  des  redoutables  phénomènes  qui  font  l'objet  de  la  présente 
communication.  D'ailleurs,  nous  allons  être  en  correspondance  électrique 
avec  les  contrées  où  le  Siroco  prend  naissance.  N'est-ce  donc  rien  qued'ètre 
avisé  de  sa  venue  trois  ou  quatre  jours  à  l'avance,  et  si  la  relation  que 
j'ai  cru  reconnaître  existe  en  effet,  n'est-ce  rien  que  de  prévoir,  d'après  la 
température  et  l'intensité  du  vent,  d'après  la  température  et  l'état  de  nos 
montagnes,  le  fléau  qui  menacerait  nos  vallées? 

»  Les  observateurs  intelligents  et  dévoués  qui  tiennent  des  à  présent  des 
journaux  météorologiques  en  Algérie  se  feraient  un  devoir,  j'en  suis  cer- 
tain, de  ne  rien  négliger  de  ce  qui  peut  nous  instruire  sur  la  marche  du 
Siroco  et  sur  ses  effets,  si  l'Académie  leur  désignait  cette  étude  comme 
utile.  » 

La  Note  de  M.  Fabre  est  renvoyée  à  l'examen  de  M.  Le  Verrier. 


(  n43  ) 

M.  Darlu  présente  quelques  considérations  sur  les  inondations  et  sur 
les  moyens  dont  l'effet  serait  le  plus  prompt  pour  empêcher  le  retour  de 
désastres  semblables  à  ceux  qui  marquent  si  tristement  cette  année. 

«  On  parle,  dit-il,  de  reboisements,  d'endiguements,  etc.  Les  reboisements 
retarderont  les  futurs  atterrissements;  les  endiguements  s'opposeront  à  un 
subit  envahissement  des  eaux;  mais  ces  palliatifs  n'empêcheront  pas  le  lit 
des  rivières  de  s'exhausser  insensiblement.  Il  faut  des  mesures  qui  aient  des 
effets  beaucoup  plus  prompts.  Qu'on  recherche  donc  d'abord  les  barrages 
naturels  survenus  dans  les  courbes  des  fleuves  et  qu'on  les  dégage.  Il  ne 
s'agit  pas  de  draguer  un  chenal  sous  les  eaux  tout  le  long  des  rivières  :  ce  ne 
pourrait  être  l'œuvre  d'un  petit  nombre  d'années.  Mais  on  peut  commencer 
par  surmonter  les  obstacles  les  plus  imminents  ;  plus  tard  on  calculera  les 
moyens  d'abréger,  par  l'addition  de  canaux  formant  la  corde  des  arcs  en- 
gravés,  l'écoulement  des  eaux  envahissantes,  de  déblayer  les  barrages  inu- 
tiles, et  si  la  navigation  en  réclame  d'artificiels,  de  les  fermer  par  des  écluses 
faciles  à  ouvrir  en  tout  temps,  car  les  glaces  en  France  ne  sont  pas  un  em- 
barras invincible.   » 

médecine.  —  Note  sur  Vanesthésie  du  sens  du  goût;  par  M.  Guyot.  (Extrait.) 

«  La  chirurgie  fait  un  fréquent  usage  de  la  glace ,  de  mélanges  réfrigé- 
rants employés  comme  anesthésique  local.  Ces  réfrigérants,  qui  abolissent 
la  sensibilité  à  la  douleur,  sont-ils  aussi  propres  à  étendre  la  sensibilité 
spéciale,  celle  du  goût,  par  exemple?  A  priori,  on  est  porté  à  le  croire  ainsi, 
mais  aucune  expérience,  à  notre  connaissance  du  moins,  ne  l'a  encore 
démontré.  C'est  le  hasard  qui  nous  a  fait  reconnaître  qu'un  morceau  de 
glace,  conservé  dans  la  bouche,  enlève  presque  complètement  aux  mu- 
queuses linguale  et  buccale  leur  aptitude  à  percevoir  les  saveurs.  C'est  là  un 
résultat  qui  peut,  si  nous  ne  nous  trompons,  avoir  son  application  pratique. 

»  Ainsi,  chacun  sait  que  le  Colombo  est  doué  d'une  grande  amertume. 
Or,  au  moyen  de  la  glace  conservée  dans  la  bouche  avant  de  prendre  ce 
médicament  et  pendant  qu'on  en  fait  la  déglutition,  on  ne  sent  que  très- 
peu  son  amertume,  et  il  est  probable  qu'on  ne  la  sentirait  pas  du  tout  si, 
au  lieu  de  glace  commune,  on  employait  quelque  mélange  d'une  tempé- 
rature plus  basse.   » 

M.  Piorry  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  comprendre  dans  le  nombre 
des  pièces  admises  à  concourir  pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie 


(  "44  ) 

un  Mémoire  qu'il  a  lu  dans  la  séance  du  3  mars,  et  qui  a  pour  titre  :  «  du 
Dessin  des  organes,  ou  de  l'Organographisme  ». 

(  Renvoi  à  la  Commission  des  prix  de  Médecine  et  Chirurgie.  ) 

M.  Oedry  présente  divers  spécimens  d'applications  électro-métallurgiques 
sur  le  fer,  la  fonte  et  le  bois,  tant  applications  immédiates,  qu'applications 
au  moyen  d'un  enduit  intermédiaire. 

Ces  produits,  n'étant  point  accompagnés  d'un  Mémoire  descriptif,  ne  peu- 
vent être  renvoyés  à  l'examen  d'une  Commission. 

M.  Pietricola  adresse  de  Laterza,  province  d'Otrante,  un  Mémoire  écrit 
en  latin  sur  la  trisection  de  l'angle,  Mémoire  sur  lequel  il  sollicite  le  juge- 
ment de  l'Académie. 

On  fera  savoir  à  l'auteur  que  cette  question  est  du  nombre  de  celles  que 
l'Académie,  d'après  une  décision  déjà  ancienne,  ne  prend  point  en  consi- 
dération. 

M  Korilski  entretient  de  nouveau  l'Académie  de  la  possibilité  de  con- 
naître assez  longtemps  d'avance  la  constitution  météorologique  d'un  pays  à 
une  époque  donnée. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  F 


ERRATA. 

(Séance  du  i  juin  i856.) 

Page  1023,  ligne  23,  au  lieu  de  sin(P,  IoA),   lisez  cos(P,  IoA). 
»  ligne  27,  au  lieu  de  sin(P,  IoA),     lisez  cos(P,  IoA), 

»  ligne  27,  au  lieu  de  sinloH,   lisez  cosIoH. 

»  ligne  32,  au  lieu  de  sinus,  lisez  cosinus. 


►»«■«■< 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  16  JUIN  1856. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  IS,  GEOFFROY-SAINT-HILAIRR 

MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

théorie  des  nombres.    —  Sur  la  représentation  des  nombres  entiers  par 
la  forme  quadratique  x2  -+-  aj2  -t-  bz2  -+■  abt2.  Note  de  M.  Lioitville. 

«  La  forme  quadratique  à  quatre  indéterminées, 

x2  -+-  a  y2  -t-  bz2  ■+■  abt2, 

jouit,  comme  on  sait,  de  la  propriété  de  se  reproduire  par  la  multiplication, 
aussi  bien  que  la  somme  de  quatre  carrés  qui  n'en  est  qu'un  cas  particu- 
lier. Si  l'on  veut  que  cette  forme,  où  nous  supposerons  a  et  b  entiers  et 
positifs,  a  étant  au  plus  égal  à  b,  représente  tous  les  nombres  i,  2,  3, 
4,  etc.,  sept  cas  seulement  seront  possibles,  savoir  ceux  de  a  =  1  et  b  =  1, 
2  ou  3,  et  de  a  =  2,  b  =  2,  3,  4  ou  5.  Les  nombres  2  et  3  empêchent 
d'aller  plus  loin;  l'un  d'eux  au  moins  cesserait  d'être  exprimable  par  la 
forme  indiquée,  si  l'on  prenait  pour  aoui  des  valeurs  plus  grandes.  Le 
premier  cas  [a  =  1,  b  =  1)  répond  au  théorème  sur  la  décomposition  des 
nombres  en  quatre  carrés  au  plus  que  Lagrange  a  démontré  dans  les  Mé- 
moires de  V  Académie  de  Berlin  pour  1770.  Le  cinquième  (celui  de  a  =  2, 
6  =  3),  qui  répond  au  théorème  tiré  d'abord  par  Jacobi  de  la  théorie  des 
fonctions  elliptiques,  que  tout  nombre  M  est  de  la  forme 

x2  4-  2  y 2  4-  3z2  +  6t2, 

C.  R.,   i856,   Ier  Semestre.  (T.  XL»,  No  24.)  I  5o 


(  n46) 
se  ramène  au  premier  et  vice  versa,  ainsi  que  je  l'ai  fait  voir  ailleurs  (*). 
On  peut  en  dire  autant  du  deuxième,  du  quatrième  et  du  sixième  :  la  déduc- 
tion est  même  plus  facile  encore.  Pour  traiter  le  troisième  cas  et  prouver 
que  l'équation 

M  =  x2+j2  +  3z2  -f  lt* 

est  toujours  possible,  on  pourra  se  servir,  pour  ainsi  dire  sans  y  rien  chan- 
ger, de  la  méthode  même  que  Lagrange  donne  pour  le  premier  cas  dans  le 
Mémoire  cité  plus  haut.  Cette  méthode  un  peu  modifiée  fournirait  aussi  une 
démonstration  directe  du  théorème  de  Jacobi  :  elle  s'appliquerait  égale- 
ment au  deuxième,  au  quatrième  et  au  sixième  cas.  Mais  le  septième  et 
dernier  cas  lui  échappe  :  j'ai  pu  seulement  en  conclure  que  tout  nombre  ou 
son  double  est  de  la  forme 

JC2  -4-   7.J2  -+■  OZ2  ■+■    lOt2. 

mécanique  analytique.  —  Expression  remarquable  de  la  quantité  qui, 
dans  le  mouvement  d'un  système  de  points  matériels  à  liaisons  quelcon- 
ques, est  un  minimum  en  vertu  du  principe  de  la  moindre  action.  Note 
de  M.  Lioitville. 

«  Le  principe  de  la  moindre  action  n'est  applicable  que  dans  les  systèmes 
où  l'intégrale  des  forces  vives  a  lieu.  Soient  donc  m,  m',  m",...  les  masses 
des  points  matériels  qui  forment  un  système  donné  remplissant  cette  con- 
dition, v,  t/,  v",...  leurs  vitesses,  ^mv2  la  force  vive  totale,  et  U  la  fonc- 
tion des  forces.  L'intégrale  des  forces  vives  pourra  s'écrire 

^mc2  =  2(U  +  K), 

K.  étant  une  constante  qui  dépend  de  la  force  vive  initiale.  Nous  supposons 
cette  constante  déterminée,  et  nous  suivons  le  système  depuis  son  départ 
d'une  certaine  position  (i)  jusqu'à  son  arrivée  à  une  autre  position  (a). 
Dans  la  position  (i)  la  force  vive  est  connue  par  hypothèse,  et  dès  lors  dans 
la  position  (2),  comme  dans  toutes  les  autres,  elle  peut  se  calculer  au  moyen 
de  la  fonction  des  forces. 

»  Soit  ds  l'élément  décrit  pendant  l'instant  infiniment  petit  dt  par  le 

(*")  Journal  de  Mathématiques,  cahier  d'avril  1 84-5 ,  page  16g. 


(  "47  ) 
point  matériel  m.  On  aura 


ds 
"  =  *• 


Substituant  cette  valeur  dans  l'intégrale  des  forces  vives,  on  en  tirera  ensuite 


^  =  \/2(U  +  K)' 

ce  qui  permettra  d'éliminer  partout  où  on  le  jugera  convenable  l'élément  dt 
du  temps. 

»  La  quantité  que  l'on  considère  dans  le  principe  de  la  moindre  action 
est  l'intégrale,  prise  depuis  la  position  (i)  jusqu'à  la  position  (2),  delà 
somme  des  produits  mvds  de  la  quantité  de  mouvement  de  chaque  point 
matériel  par  l'élément  ds  qu'il  décrit  pendant  chaque  instant  dt  sur  sa  tra- 
jectoire. C'est  donc 

'  mvds, 


ou 


/2' 


/ 


dtS 


mv 


2 


en  remplaçant  ds  par  vdt.  Mais  pour  se  faire  une  idée  vraiment  nette  du 
principe  dont  nous  parlons,  il  faut  remplacer  "S  mv2  et  dt  par  leurs  valeurs 
ci-dessus.   On  a  de  cette  manière 


dt  ^  mv1  =  i/a  (U  +  K)  J mds*  5 
et  c'est  l'intégrale  de  cette  dernière  quantité 

i/a(U  +  K)2""fc2 

que  le  principe  de  la  moindre  action  concerne  proprement.  Il  faut  comparer 
la  valeur  qu'elle  prend  dans  le  mouvement  réel  qui  transporte  le  système  de 
la  position  (1)  à  la  position  (2)  aux  valeurs  qu'elle  pourrait  prendre  dans  tout 
autre  mouvement  fictif  propre  à  effectuer  ce  même  transport.  Imaginons 
qu'on  ait  exprimé  les  coordonnées  des  divers  points  du  système  au  moyen 
d'un  certain  nombre  de  variables  indépendantes  a,  /3,...,  7,  de  manière  à 
vérifier  les  équations  de  condition  fournies  par  les  liaisons:  a,  |3,...,  7  va- 
rieront ensemble  dans  le  passage,  tel  qu'il  s'opère  en  effet,  de  la  position  (1) 
pour  laquelle  on  a 

a  =  a,,     /3  =  p,,...,     7  =  7,, 

i5o.. 


(  n48) 
à  la  position  (a)  pour  laquelle 

a  =  a»,     P  — /32,...,     y  =  y2. 

On  pourra  regarder  ces  quantités  comme  des  fonctions  de  l'une  d'elles  a, 
en  sorte  que 

/9  =  f(a),...,     y  =/(a). 

Les  fonctions  {,...,  J  dépendent,  je  le  répète,  de  la  loi  du  mouvement  qui 
s'exécute;  elles  sont  parfaitement  déterminées.  En  mettant  pour  /3,...,  y  leurs 
valeurs  en  a  dans  la  quantité 


i/a(U-t-K.)2*»Kfr» 
cette  quantité  prendra  la  forme 

X(a)f/a, 
et  son  intégrale  sera  "s 

X(â)  da. 

a, 

»  Maintenant,  dans  cette  même  quantité 


y/a(u  +  K)2wi</r», 

faisons 

|3  =  <p(a),...,     7  =4.  (a), 

les  fonctions  <p,...,  ^  donnant  toujours  /3  =  /3, ,...,  y  =  y,  pour  cc  =  a,  , 
et  |3  =  |32,...,  y=ya  pour  a  =  a2,  mais  étant  d'ailleurs  différentes  de 
f,...,  y,  et  répondant  par  conséquent,  non  plus  au  mouvement  réel,  mais  à 
un  mouvement  fictif,  entre  les  mêmes  positions  extrêmes.  Nous  aurons  une 

autre  différentielle 

Ts(a)da 
et  une  autre  intégrale 

zs{a.)dct.. 
«i 

»  Or  le  principe  de  la  moindre  action  consiste  en  ce  que  l'intégrale 

est  moindre  que  toutes  les  autres 

Ts{v.)da.; 


(  n49) 
ou  plutôt,  il  consiste  en   ce  que  c'est  pour  |3  —  f  (a),...,    y  =f(a)  que 
l'intégrale  de 


i/2(U  +  K)Jrf, 


prise  de  la  position  (i)  à  la  position  (a),  a  une  variation  nulle,  les  variations 
provenant  du  changement  des  fonctions  par  lesquelles  on  exprime  arbitrai- 
rement p,...,  y  en  fonction  de  a  dans  l'intervalle  indiqué. 
»  Cela  posé,  je  me  propose  de  mettre  la  quantité 

a(U  -I-  ^JoiA*, 

dont  la  racine  carrée  figure  dans  l'énoncé  précédent,  sous  une  forme  re- 
marquable de  laquelle  naîtront  des  conséquences  intéressantes  et  des  théo- 
rèmes nouveaux. 

»  Les  coordonnées  des  points  m,  m',  m",...  du  système  étant  exprimées 
au  moyen  des  variables  indépendantes  a,  |3  ,...,  7,  il  est  clair  que 

>*  mas* 

est  une  fonction  homogène  du  second  degré  des  différentielles  da ,  r//3,..., 
dy.  Représentons  donc  sa  valeur  par 

Eda*  ■+■  iYdad$  +  Gdfi*  -+-  -ïHdixdy  ■+-.... 

Comme  elle  est  essentiellement  positive,  on  pourra  la  mettre  sous  la  forme 
d'une  somme  de  carrés: 

(Prf'a  H-  Qrf|3  +  ...+  Rdyf  +  (V'da  H-  Q'rf/3  +...+  R'dyY  +  ..., 

P,  Q,  etc.,  étant  comme  E,  F,  etc.,  des  fonctions  de  a,  /3,...,  7. 

»  Désignons  par  p,q,...,  r,  p',  q',...,  /',  etc.,  d'autres  fonctions  de  a, 
/3,...,  7  liées  à  P,  Q,  etc.,  au  moyen  d'équations  de  deux  formes  distinctes, 
les  unesà  lettres  semblables, 

Vp+  P'// +...=  F,   ■ 
Q9+QV +..=  1, 


Br+  R'  #•'+...=  1, 
ayant    pour   second    membre    l'unité,   et    les    autres   à    lettres   dissem- 


(  u5o  ) 

blables, 

vq  -+- py -+-...  =  o, 

Pr  +  PV  -+-...  =  o, 
Qp  ■+■  Q'P'  +  . . .  =  o, 


dont  le  second  membre  est  zéro.  On  peut  toujours  satisfaire  à  ces  équa- 
tions, dont  on  verra  plus  bas  l'origine. 
»  Posons 

Vda  +QJ/3  -h...  +  Rdy  =  l, 
V'dcr.  +  Q'r/p  +  . . .  +  R'dy  =  l', 
Vda  +  Q"dp  + . . .  -t-  R"dy  =  /", 

et 


d<,               d'j 

dQ 

,dQ           ,dQ 

,dB 

„dO           ,,dô 

L_    W'd6 

Q  désignant  une  fonction  de  a,  jS,...,  y.  D'après  la  manière  dont  nous  avons 
pris  les  coefficients  p,  q,...,  r,  p',  q',...,  r',...,  on  aura 

ni  4-  n'V  +  n"l"  +  ...  =  dQ, 

et  c'est  en  exprimant  que  le  premier  membre  égale  identiquement  le  second 
membre  développé 

dQ    ,  dQ  Ja 

qu'on  obtient  entre  p,  q, . .  .  et  P,  Q, . . .  les  relations  admises  plus  haut. 
»  Actuellement  prenons  pour  Q  une  solution  complète  de  l'équation  aux 

différences  partielles 

/    d9  d9  d9\->       (   ,dQ         ,d&  ,dQ\'  ,.        u. 

c'est-à-dire  de  l'équation 

n»  +  n'2  +  n"2  -+-...  =  2  (U  -+-  R). 


(  "5.  ) 
Cela  étant,  et  puisque  déjà  l'on  a 

2  mds*  =  l*  +  l'2  +  r  ■+■  ■  ■  ■  * 
le  produit 

deviendra 

(9i  +  „"  +  „«»  +  .  . .)  (#  +  fi  +  £i  +  ...), 

par  suite 

(»Z  +  «'/'  -+-  /2"/"  4-  ■■■)*  -+-  ("/'-  /«')2  +  {ni"-  ln"f  +  («7"  -  /'«")*+  ..., 

ou  enfin 

(</5)2  -t-  (ni  -  In')2  -+-  (ni"  -  In")  '■+  («'/"  -  l'n"f  -4-  . . . . 

»  Les  carrés  qui  viennent  après  (dQ)a  s'annulent  tous  si  l'on  pose 

l        V        l" 


D'après  les  valeurs  de  l,  /',  /",...,  n,  «',  «",...,  les  équations  que  je  viens 
d'écrire  sont  des  équations  différentielles  du  premier  ordre  qui  donneraient 
par  l'intégration  les  valeurs  de  a,  /3,...,  y  en  fonction  de  l'une  de  ces  va- 
riables, a  par  exemple.  Or  si  vous  les  joignez  à  l'intégrale  des  forces  vives, 
vous  aurez  précisément  ce  que  M.  Hamilton  nomme  les  intégrales  intermé- 
diaires des  équations  dijférentielles  du  second  ordre,  que  la  mécanique  ana- 
lytique fournit  pour  le  mouvement  du  système  de  points  matériels  dont  nous 
nous  occupons.  Nos  équations  an  premier  ordre  ne  sont  qu'en  même  nom- 
bre que  ces  équations  du  second  ordre  :  aussi  contiennent-elles,  outre  la 
constante  K,  les  constantes  arbitraires  A ,  B,  e»c.,  que  S  doit  renfermer 
pour  fournir  une  solution  complète  de  l'équation  aux  différences  partielles 

l         M  d®  d0V  ,TT  U\ 

(^+^+-"-  +  r^)  +---  =  2(U+K). 

En  les  différentiant,  et  éliminant  les  constantes  K,  A,  B,  etc.,  on  retrouve- 
rait les  équations  du  second  ordre,  telles  que  Lagrange  les  a  données.  C'est 
ce  qu'on  pourrait  vérifier  sans  peine;  mais  il  est  plus  simple  encore  d'établir 
directement  nos  équations  du  premier  ordre  par  le  principe  même  de  la 
moindre  action,  en  profitant  de  la  forme  commode  que  nous  venons  de 
donner  à  l'expression  de  la  quantité 


V' 


a  (U  +  R)  2  mds*i 
dont  l'intégrale  doit  être  un  minimum,  ou  plutôt  doit  avoir  une  variation 
nulle  en  vertu  de  ce  principe. 


(  ii5a  ) 
»  On  fera  qu'il  en  soit  ainsi,  en  posant  les  équations 

L     L  -  il 

n  ~  ri  ~  ri7  ' 

parce  que  dd  étant  une  différentielle  exacte,  la  variation  de  son  intégrale  en- 
tre des  limites  fixes  est  égale  à  zéro.  On  n'a  du  reste  aucun  besoin  de  recourir 
ici  aux  règles  du  calcul  des  variations,  et  tout  peut  s'obtenir  sans  calcul,  par 
un  raisonnement  facile  qui  s'offre  de  lui-même.  Toutefois,  pour  être  entiè- 
rement clair  et  rigoureux,  il  faudrait  entrer  à  ce  sujet  dans  quelques  expli- 
cations. Mais,  dans  le  désir  d'abréger,  j'abandonne  pour  le  moment  ces 
détails  à  la  sagacité  du  lecteur.  J'y  reviendrai  dans  une  autre  occasion. 
J'ajoute   seulement  que  les   conditions   exigées    aux    limites,  savoir   que 

/3  =  /3,,...,    7  =  7,    pour    a  =  a,,    et    f3  =  /3a,...,    7  =  y2    pour    «=«.,, 

seront  remplies  en  disposant  pour  cela  des  constantes  arbitraires  introduites 
par  l'intégration  des  équations  différentielles 

/  _     V_        l" 

n~  ri  ~  ri1  ' 

et  des  constantes  A,  B,...,  que  la  fonction  $  contient,  comme  nous  l'avons 
déjà  remarqué. 

»  Un  théorème  de  Jacobi  permet  de  passer  aisément  des  intégrales 
intermédiaires  d'un  problème  de  dynamique  aux  intégrales  finales  entre 
les  seules  variables  a,  /3, . . . ,  7.  Je  me  borne  à  écrire  ces  intégrales  finales, 
qui  sont 

Jl  =  A  f         J»  =  B  »  etC- 

• 

Pour  déterminer  a,  j3,...,  7  en  fonction  de  t,  on  y  joindra  l'intégrale  des 
forces  vives  qui  donne  dt,  et  par  suite  t,  au  moyen  d'une  quadrature,  quand 
on  a  exprimé  /3,...,  7  en  a.  C'est  ainsi  qu'il  faudra  nécessairement  opérer, 
si  la  fonction  6  n'a  été  obtenue  que  pour  une  valeur  donnée  de  K.  Mais  si  K 
reste  dans  6  sous  forme  algébrique,  on  obtiendra  t  au  moyen  de  la  dérivée 
partielle  de  6  par  rapport  à  K. 

»  En  voilà  assez  sur  ce  sujet.  Au  fond  je  ne  me  proposais  qu'un  seul  but, 
et  il  est  atteint  :  je  voulais  appeler  l'attention  des  géomètres  sur  l'expres- 
sion curieuse 

{d9f  f  (ni'  -  In')3  +  . . . , 

que  j'ai  trouvée  pour  le  produit 

2  (U  -+-  K)  2  mds\ 


(  n53  ) 

et  qui  rendant,  pour  ainsi  dire,  intuitives  les  propriétés  de  l'intégrale  à  la- 
quelle le  principe  de  la  moindre  action  se  rapporte,  ouvre  les  voies  à  une 
étude  plus  approfondie.  On  comprendra  aisément  qu'on  peut  en  tirer  un 
théorème  nouveau  de  minimum  concernant  la  quantité 

i{V  +  K)]?  mds», 

si,  partant  d'une  position  (a,  /3,...,  -y)  pour  aller  à  une  autre  position  infi- 
niment voisine,  et  prenant  dQ  constante,  on  veut  rendre  l'expression  citée 
la  plus  petite  possible;  les  valeurs  de  da,  d(Z,...,  dy  propres  au  minimum 
seront  évidemment  fournies  par  les  équations  de  la  Dynamique 

1  -.  l'  -.  l" 

n  ~~  ~n~'  ~~  V'  ~  *  '  '  ' 

et  par  celle  qui  exprime  que  dQ  a  la  valeur  assignée;  de  même,  si  l'on  se 
donnait  la  somme 

{dey -h  {rd'  -  In')2  +  ..., 

c'est  encore  aux  équations 

L        L       il 

n  ~~  n'  ~  n" 

qu'il  faudrait  recourir  pour  rendre  dQ  un  maximum. 

»  J'ai  développé  longuement  cette  théorie  dans  mon  cours  au  Collège  de 
France  (année  scolaire  i852-i853).  Mais  elle  m'était  connue,  et  je  l'avais 
communiquée  à  plusieurs  de  mes  amis  longtemps  avant  cette  époque.  L'idée 
d'introduire  la  fonction  Q  pour  exprimer 

2(U+K)2mé2 

par  une  somme  de  carrés  dont  le  premier  terme  soit  le  carré  d'une  diffé- 
rentielle exacte,  m'est  venue  en  lisant  (en  1847)  un  Mémoire  manuscrit  de 
M.  Schlaefli  (*),  professeur  à  l'université  de  Berne,  où  ce  géomètre  distin- 
gué donnait  une  forme  semblable  au  carré  de  l'élément  de  longueur  d'une 
ligne  géodésique  sur  l'ellipsoïde.  Je  suis  heureux  de  reconnaître  ce  que  je 
dois  à  M.  Schlaefli  et  de  rendre  hommage  à  son    haut  mérite.   Toute- 


(*)  Voir  un  extrait  de  ce  Mémoire,  Comptes  rendus,  tome  XXV,  page  391 .  Voir  aussi  le 
Journal  de  Crelle ,  tome  XLIII ,  page  23. 

C.  R.,  i856,  1"  Semestre.  (T.  XLII,  N»  24.)  l5l 


(  i>54  ) 

fois  sa  méthode  est  fort  différente  de  la  mienne,  et  moins  générale.  Je  ne 
sache  pas,  en  effet,  que  M.  Schlaefli  ait  jamais  songé  à  se  servir  de  la 
fonction  6  et  de  l'équation  aux  différences  partielles  qu'elle  vérifie.  Cette 
fonction,  dont  l'importance  est  connue  aujourd'hui  de  tous  les  géomètres, 
grâce  aux  travaux  de  M.  Hamilton  et  de  Jacohi,  joue  au  contraire  dans  ma 
méthode  le  plus  grand  rôle.  » 

Mathématiques.  —  Observations  au  sujet  de  L'écrit  intitulé  :  Note  sur  la 
théorie  des  parallèles,  lu  par  M.  Vincent,  flans  la  dernière  séance 
de  l'Académie,  et  inséré  dans  le  Compte  rendu  de  la  séance;  par 
M.   Chasles. 

«  Je  regrette  beaucoup  d'avoir  à  exprimer  ici  l'étonnement  et  le  senti- 
ment pénible  que  m'a  causé  la  lecture  de  cet  écrit.  J'aurais  cru  naturelle- 
ment que  l'auteur  l'aurait  supprimé,  d'après  le  conseil  très-positif  que  lui 
en  avait  donné,  après  la  séance,  le  juge  si  éminemment  compétent  dans 
ces  matières,  notre  illustre  confrère  M.  Poinsot,  ou  du  moins  qu'il  aurait 
pu  s'abstenir  des  réflexions  qui  accusent  le  jugement  de  ceux  qui  ont  cultivé 
les  sciences  mathématiques  jusqu'à  ce  jour,  réflexions  qui  tendraient  à  jeter 
du  doute  sur  les  principes  mêmes  qui  leur  servent  de  bases. 

»  Sans  parler  du  raisonnement  proposé  comme  levant  la  difficulté  inhé- 
rente à  la  théorie  des  parallèles,  raisonnement  qui  probablement  n'a  pas 
plus  d'avenir  que  beaucoup  d'autres  tentatives  semblables  qui  ont  toujours 
échoué,  je  relèverai  seulement  la  censure  que  notre  confrère  s'est  cru  en 
droit  de  prononcer  contre  les  géomètres  anciens  et  modernes  qui,  jusqu'à  ce 
jour,  auraient  entouré  la  science  de  formes  sophistiques,  se  faisant  illusion 
sur  la  véritable  logique  qui  lui  convient,  et  sur  la  rigueur  et  l'efficacité  de 
certains  procédés  de  démonstration  dont  ils  ont  fait  usage. 

»  On  pensera  sans  doute  que,  dans  tous  les  temps,  il  n'a  guère  appartenu 
qu'aux  géomètres  eux-mémes(et  il  faut  entendre  par  ce  mot  ceux  qui  ont  cul- 
tivé la  science  à  fond  et  l'ont  enrichie  de  vérités  nouvelles),  d'apprécier  les 
premières  notions  et  les  principes  qui  l'ont  constituée  à  l'état  de  véritable 
science,  et  en  ont  fait  le  plus  sûr  auxiliaire  de  l'esprit  humain  » 

a  Après  cette  lecture,  M.  Poinsot  prend  la  parole  et  déclare  qu'il  approuve 
les  observations  présentées  par  M.  Chasles.  Il  s'élève  alors  à  des  considéra- 
tions plus  générales,  et,  développant  en  peu  de  mots  sa  pensée,  s'attache  à 
bien  marquer  le  vrai  caractère  de  la  géométrie  et  de  toute  la  science  mathé- 
matique. » 


(  n55  ) 
«  A  la  suite  de  cette  discussion,  M.  Le  Verrier  déclare  qu'ayant  été 
chargé,  il  y  a  plusieurs  mois,  d'examiner  le  livre  de  géométrie  qui  a  donné 
lieu  au  débat  actuel,  il  n'avait  point  été  d'avis  que  les  principes  sur  lesquels 
il  repose,  pussent  être  recommaudés  aux  professeurs  des  établissements 
d'instruction  publique.  » 

Réponse  de  M.  Vincent. 

«  Je  regrette  beaucoup  l'incident  auquel  j'ai  donné  lieu.  En  traitant  une 
question  de  méthode,  je  n'avais  aucune  intention  d'incriminer  qui  que  ce 
soit;  et  la  date  du  travail  que  j'ai  cité  (1824  *)  m^  justifie  surabondamment 
de  la  pensée  que  M.  Chasles  (dont  personne  plus  que  moi  n'estime  les  belles 
recherches)  a  dû  me  supposer  pour  parler  comme  il  l'a  fait  au  sujet  de  ma 
communication. 

»  Derechef  je  demande  pardon  à  l'Académie  d'être  venu  l'occuper  d'un, 
sujet  qui  est,  je  le  reconnais,  peu  en  rapport  avec  ses  travaux  habituels. 
Mon  excuse  est  dans  les  graves  questions  soulevées  par  la  révision  du  pro- 
gramme des  études  mathématiques,  sur  lequel  des  personnes  fort  bien  pla- 
cées pour  le  savoir  m'avaient  induit  à  penser  que  l'Académie  pouvait  se 
trouver  appelée  à  prononcer  ;  et  cette  assertion  était  assez  conforme  à  la 
haute  position  de  l'Académie  et  à  sa  dignité,  pour  être  acceptable. 

»  L'idée  de  l'angle  et  celle  du  parallélisme  sont  certainement  plus  com- 
plexes que  celle  de  la  droite  isolée;  aussi,  depuis  Euclide  le  père  de  la 
science,  a-t-on  eu  constamment  recours  à  un  postulatum  pour  en  établir 
la  théorie.  L'idée  si  simple  de  la  rotation,  qui  a  déjà  fourni  en  mécanique  à 
la  doctrine  des  couples  une  base  aussi  solide  qu'ingénieuse,  nous  a  paru 
avoir  le  même  avantage  en  géométrie  pour  la  théorie  précitée  ;  et  nous  la 
maintenons  comme  préférable  à  toutes  celles  qui  ont  pu  être  proposées 
pour  le  même  but,  et  qui  ont  été  plus  ou  moins  justement  critiquées.  Libre 
à  chacun  d'être  d'un  avis  différent ,  même  à  ceux  dont  nous  avons  cru  ne 
faire  que  partager  les  idées. 

»  On  nous  avertit  que  nous  ne  sommes  pas  les  premiers  à  entrer  dans 
cette  voie  ;  nous  en  accueillerons  la  preuve  avec  une  véritable  satisfaction,  car 
ce  n'est  point  une  découverte  que  nous  avons  eu  la  prétention  d'apporter 
à  l'Académie.  Une  simple  notion  empruntée  au  domaine  du  sens  commun 

*  Voyez  aussi  dans  les  Mémoires  de  Lille  pour  i832  :  Recherches  sur  l'analyse  des  fonc- 
tions exponentielles  et  logarithmiques. 

i5i.. 


(  n56  ) 

était  à  la  portée  de  tout  le  monde;  l'habitude  de  procéder  différemment 
pourra  seule  en  retarder  l'adoption.  Au  reste,  la  question,  n'ayant  pu  être 
ici  discutée  à  fond,  ne  sera  suffisamment  éclaircie  que  par  le  livre  où  sont 
exposées  nos  méthodes.   » 

physique  du  globe.  —  Mémoire  sur  les  alluvions  des  fleuves  dans  le  bassin 
de  la  Méditerranée  et  notamment  sur  les  atterris sements  du  Rhône; 
par  M.  Texier.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  Des  trois  périodes  de  la  formation  du  globe  signalées  par  les  géolo- 
gues, la  période  plutonienne,  la  période  neptunienne  et  la  période  dilu- 
vienne, le  deux  premières  ne  se  manifestent  plus  par  des  phénomènes 
actuels  ;  la  seconde  a  pris  fin  du  moment  que  les  bassins  actuels  des  mers 
se  sont  constitués,  et  l'auteur  regarde  comme  un  fait  acquis  en  géologie  le 
synchronisme  des  bassins  actuels.  Ainsi  le  Bosphore,  les  Dardanelles,  le 
détroit  de  Gibraltar  appartiennent  à  la  période  géologique  qui  a  vu  former 
les  continents.  Mais  les  côtes  maritimes  sont  toujours  soumises  à  la  loi  des 
atterrissements;  c'est  l'étude  des  alluvions  fluviales  du  bassin  de  la  Méditer- 
ranée qui  fait  l'objet  de  ce  Mémoire. 

»  Après  ayoir  examiné  le  régime  de  l'Euphrate  et  du  Tigre,  et  décrit 
les  travaux  faits  par  les  anciens  peuples  pour  se  mettre  à  l'abri  des  inon- 
dations, l'auteur  s'exprime  ainsi  au  sujet  du  Nil  : 

»  Outre  le  Delta  qu'il  a  formé  et  dont  l'étendue  s'accroît  chaque  année, 
le  Nil  a  accumulé  tous  les  bancs  sous-marins  qui  s'étendent  jusqu'à  Alexan- 
drie. Cinq  de  ses  embouchures  sont  aujourd'hui  comblées  au  point  qu'on  en 
cherche  en  vain  la  trace  positive.  Les  sables  charriés  par  le  Nil  se  déposent 
à  son  embouchure  et  forment  une  barre  qui  s'accroît  au  point  d'obstruer 
l'entrée  du  fleuve.  Les  mariniers  du  Nil  ont  une  expression  pour  désigner 
cet  état  de  choses;  ils  disent  :  Il  y  a  boghaz  (canal)  quand  on  peut  passer, 
ou  :  Il  n'y  a  pas  boghaz.  Dans  d'autres  moments,  sous  l'influence  de  cer- 
tains vents  et  de  certains  courants,  la  barre  est  en  partie  enlevée  et  le  canal 
est  praticable. 

»  Pour  se  mettre  à  l'abri  des  inondations  trop  fortes,  les  Égyptiens 
avaient  creusé  le  lac  Mœris  qui  avait  une  étendue  immense  et  qui  recevait 
l'excédant  des  eaux  du  fleuve. 

»  La  ville  d'Hippone-Regius,  à  laquelle  a  succédé  la  ville  de  Bône  en 
Algérie,  avait  autrefois  un  vaste  port  ;  mais  les  atterrissements  formés  par 
la  rivière  la  Seibouse  ont  non -seulement  comblé  ce  port,  mais  formé  la 


(  n57) 
plaine  de  Bône  qui,  selon  toute  apparence,  n'existait  pas  dans  l'antiquité. 

»  L'auteur  signale  ensuite  les  atterrissements  qui  ont  formé  la  plaine  de 
la  Métidja,  près  d'Alger,  et  réuni  au  continent  le  massif  du  Sahel  qui,  à  une 
époque  reculée  ,  formait  une  île.  Il  donne  pour  preuve  un  phénomène  ana- 
logue qui  s'accomplit  à  La  Calle. 

»  L'auteur  décrit  en  détail  les  alluvions  qu'il  a  observées  sur  les  côtes 
d'Asie,  et  signale  en  même  temps  les  magnifiques  ports  de  Marmarice, 
Macri,  Antiphilo,  etc.,  qui  ne  sont  pas  ensablés. 

»  La  côte  d'Afrique  était,  dans  le  principe,  aussi  échancrée  que  la  côte 
d'Asie;  mais  sous  l'influence  des  vents  du  nord,  régnant  pendant  huit  mois 
de  l'année,  les  alluvions  ont  pris  sur  la  côte  d'Afrique  un  développement  tel, 
que  tous  les  ports,  golfes  ou  criques  qui  recevaient  des  cours  d'eau  ont  été 
comblés. 

»  L'auteur  décrit  les  mouvements  des  terres  qui  ont  changé  la  physio- 
nomie des  côtes  dans  certaines  provinces  d'Asie. 

»  Il  cite  des  ports  comblés,  et  il  ajoute  :  L'Hermus  charrie  dans  le  golfe 
de  Smyrne  une  telle  quantité  de  limon,  que,  si  l'on  ne  fait  pas  de  travaux 
pour  s'y  opposer,  le  golfe  de  Smyrne  sera  ensablé  avant  peu  d'années.  Les 
côtes  d'Italie  sont  ensuite  l'objet  d'un  examen  détaillé.  L'auteur  établit  qu'à 
l'embouchure  du  Tibre,  en  1 750  années,  les  terres  d'alluvion  se  sont  éten- 
dues dans  une  profondeur  de  1780  mètres. 

»  Le  régime  du  Rhône  est  ensuite  soumis  à  un  examen  non  moins  minu- 
tieux. 

»  Il  est  établi  que  des  auteurs  anciens  ont  compté  cinq  embouchures  du 
Rhône,  puis  trois,  puis  deux. 

»  Par  sa  nature  torrentueuse,  le  Rhône  doit  être  rangé  dans  la  classe  des 
fleuves  dont  le  lit  est  sujet  à  s'exhausser;  recevant  l'eau  provenant  de  la 
fonte  des  neiges,  les  grandes  crues  ont  toujours  lieu  pendant  l'été. 

»  Les  terrains  qu'il  parcourt,  composés  de  cailloux  roulés,  sont  d'une  dés- 
agrégation lacile,  les  terres  sont  portées  à  l'embouchure,  où  elles  se  dépo- 
sent sous  forme  de  barre,  les  galets  restent  dans  le  lit  du  fleuve  qu'ils  ten- 
dent à  exhausser. 

»  Les  anciens  ont  parfaitement  connu  ce  régime,  et  ont  fait  de  grands 
travaux  pour  y  remédier. 

»  Les  villes  anciennes,  notamment  Lyon,  Vienne,  Avignon,  etc.,  étaient 
bâties  sur  des  hauteurs,  et  à  l'abri  des  inondations;  ce  n'est  que  dans  le 
moyen  âge  que  leshabitants  sontdescendus  dans  la  presqu'île.  Les  travaux  de 
Perrache,en  prenant  les  terrains  du  lit  du  Rhône,  ont  commencé  à  rendre  le 


(  n58  ) 

danger  des  inondations  plus  grand;  les  ponts  et  les  viaducs  qu'on  a  jeté* 
sur  le  fleuve,  depuis  vingt-cinq  ans,  en  arrêtant  les  galets  tendent  à  exhaus- 
ser le  lit  du  fleuve. 

»  Le  moyen  de  parer  à  cet  inconvénient  serait,  selon  l'auteur,  d'enlever, 
au  moyen  de  dragues,  la  barre  du  Rhône,  et  de  creuser  le  lit  du  fleuve;  les 
terres  enlevées  serviraient  à  faire  des  levées  sur  ses  rives.  » 


NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  parla  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  l'examen  des  pièces  admises  au  concours  poul- 
ies prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  de  la  fondation  Montyon. 

MM.  Rayer,  Velpeau,  Andral,  J.  Cloquet,  Cl.  Bernard,  Jobert  (deLam- 
balle),  Duméril  et  Flourens  réunissent  la  majorité  des  suffrages. 

MEMOIRES  LUS. 

physique.  —  Recherches  sur  le  dégagement  de  l'électricité  dans  les  piles 
voltaïques.  Première  partie  :  Force  électromotrice  ;  pareil.  E.  Becquerel. 
(Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Despretz.) 

«  Depuis  la  découverte  de  la  pile,  il  y  a  peu  de  sujets  qui  aient  plus  at- 
tiré l'attention  des  physiciens  que  celui  qui  est  relatif  au  dégagement  de 
l'électricité  lorsque  deux  corps  sont  en  présence  et  peuvent  réagir  chimique- 
ment l'un  sur  l'autre;  mais,  malgré  les  travaux  importants  publiés  sur  cette 
question,  principalement  en  ce  qui  concerne  la  force  électromotrice,  il  y 
a  beaucoup  de  points  qui  ne  sont  pas  erfcore  éclaircis. 

»  D'après  la  théorie  actuelle  de  la  pile  voltaïque,  il  y  a  deux  sortes  d'élé- 
ments à  prendre  en  considération  dans  l'étude  des  effets  produits  :  i°  la 
force  électromotrice  ou  la  force  en  vertu  de  laquelle  la  production  de  l'é- 
lectricité a  lieu  dans  chaque  couple;  elle  résulte  en  général  de  plusieurs 
réactions  donnant  lieu,  chacune  séparément,  à  un  dégagement  d'électricité; 
a°  la  résistance  à  la  conductibilité  qui  suit  des  lois  régulières,  dépend  delà 
nature,  de  l'état  physique  et  des  dimensions  des  conducteurs,  et  qui  paraît 
indépendante  de, l'intensité  du  courant  électrique  et  des  réactions  produites 


(  "59  ) 
dans  l'intérieur  de  la  pile,  pourvu  que  la  composition  et  la  température  des 
liquides  ne  varient  pas. 

»  J'ai  dû  étudier  séparément  ces  deux  sortes  d'éléments,  et  le  travail  dont 
j'ai  l'honneur  de  communiquer  l'extrait  à  l'Académie  est  uniquement  rela- 
tif à  l'examen  de  la  force  électromotrice  ;  il  forme  la  première  partie  des 
recherches  que  j'ai  entreprises  sur  le  dégagement  de  l'électricité  dans  les 
piles  voltaïques. 

»  Après  avoir  étudié  les  différentes  méthodes  proposées  jusqu'ici  pour 
comparer  les  forces  électromotrices  des  piles,  il  a  été  facile  de  reconnaître 
qu'elles  ne  pouvaient  permettre  d'analyser  complètement  les  phénomènes, 
soit  parce  que  la  force  électromotrice  n'était  pas  la  seule  variable  donnant 
lieu  aux  résultats  observés  directement,  soit  parce  que  l'unité  de  comparai- 
son n'était  pas  suffisamment  fixe,  soit  enfin  parce  que  l'on  ne  pouvait  éva- 
luer l'influence  de  la  polarisation  électrique  qui  se  présente  souvent  sur  les 
électrodes  des  couples.  Je  me  suis  alors  arrêté  à  un  procédé  d'expérimenta- 
tion auquel  ces  objections  ne  peuvent  être  adressées  et  conduisant  rapide- 
ment, et  d'une  manière  précise,  à  la  comparaison  des  forces  électromotrices. 
Ce  procédé  est  fondé  sur  l'emploi  de  la  balance  électromagnétique  imagi- 
née par  mon  père,  et  qui  permet  de  rapporter  les  actions  des  courants  aux 
effets  de  la  pesanteur;  les  résultats  obtenus  de  cette  manière  donnent  di- 
rectement la  mesure  des  forces  électromotrices  comprises  entre  des  limites 
très-éloignées  de  l'échelle  des  intensités  électriques,  puisque  les  effets  sont 
toujours  proportionnels  aux  poids  nécessaires  pour  ramener  le  fléau  de  la 
balance  à  la  même  position  d'équilibre,  et  que  l'on  peut  comparer  directe- 
ment l'action  exercée  par  une  pile  thermo-électrique,  et  celle  que  produit 
une  pile  de  Bunsen  de  cinquante  à  soixante  éléments. 

»  Les  phénomènes  de  polarisation  électrique  qui  jouent  un  rôle  si  impor- 
tant dans  les  effets  de  décomposition  électrochimique,  ont  été  examinés 
d'abord  avec  détail;  ils  sont  cause,  comme  on  le  sait,  delà  diminution  ra- 
pide dans  l'intensité  des  courants  des  couples  simples,  tels  que  ceux  de  Volta 
et  de  Wollaston  ;  en  les  détruisant,  on  forme  les  piles  à  courant  constant. 
On  a  trouvé,  par  l'application  delà  méthode  décrite  plus  haut,  que  la  force 
électromotrice  résultant  du  transport  électrochimique  d'une  couche  ga- 
zeuse sur  des  lames  métalliques,  peut  acquérir  une  valeur  assez  forte  (jusqu'à 
deux  éléments  d'une  pile  à  acide  nitrique),  mais  qu'elle  dépend,  non-seu- 
lement de  la  nature  de  l'élément  transporté,  mais  encore  de  la  nature  et  des 
dimensions  des  lames  sur  lesquelles  les  couches  gazeuses  se  déposent,  et 


(  u6o  ) 
de  l'intensité  du  courant  électrique  qui  traverse  le  liquide  sur  lequel  on  opère. 

»  Ainsi,  le  courant  secondaire  inverse  qui  se  manifeste  dans  un  voltamètre 
à  eau,  dont  les  lames  sont  en  or  ou  en  platine,  après  le  passage  d'un  courant 
initial  d'une  intensité  déterminée,  varie  avec  cette  intensité  ;  en  général,  plus 
le  courant  électrique  est  intense,  plus  l'effet  de  la  polarisation  est  énergique. 
Si  l'on  examine  séparément  les  effets  dus  à  la  présence  de  l'hydrogène  et 
de  l'oxygène,  on  trouve  qu'avec  l'oxygène  ils  sont  très-variables,  tandis 
qu'avec  l'hydrogène  ils  sont  compris  dans  des  limites  plus  restreintes. 

»  A  intensité  électrique  égale,  les  métaux  se  polarisent  différemment,  et 
quand  on  opère  avec  des  lames  à  surface  polie  et  avec  l'hydrogène,  c'est  l'or 
qui  offre  les  effets  les  plus  marqués,  et  le  zinc  qui  donne  l'action  la  moins 
énergique. 

»  Le  chlore  présente,  comme  l'oxygène  et  l'hydrogène,  des  effets  de 
polarisation,  mais  à  un  plus  faible  degré.  D'autres  corps  transportés  électro- 
chimiquement  à  la  surface  des  lames  métalliques,  offrent  des  réactions  ana- 
logues. 

»  En  examinant  l'influence  de  la  chaleur  sur  la  puissance  électromotrice  de 
différents  métaux,  on  a  reconnu  que  la  faible  augmentation  observée  quand 
la  température  varie  de  o  à  ioo  degrés,  tient  plutôt  aux  changements  qui 
ont  lieu  dans  les  dissolutions  salines  en  contact,  qu'au  changement  dans  la 
force  électromotrice  produite  dans  la  réaction  exercée  sur  le  métal. 

»  L'action  des  liquides  entre  eux  exerce  sur  le  dégagement  de  l'électricité, 
une  influence  plus  grande  qu'on  ne  le  suppose  habituellement,  malgré  les  re- 
cherches déjà  publiées  sur  ce  sujet,  et  dans  les  piles  à  deux  liquides,  l'effet  qui 
en  résulte  forme  une  partie  notable  de  l'action  totale  observée.  Le  procédé 
d'expérimentation  employé  dans  ces  recherches  a  permis  d'évaluer  cette  ac- 
tion dans  toutes  les  circonstances,  et  indépendamment  de  la  polarisation  élec- 
trique des  lames  métalliques  ;  on  a  trouvé  alors  des  résultats  dépendant  de 
la  nature  des  liquides,  et  qui  sont  rapportés  dans  ce  Mémoire.  Pour  se  bor- 
ner à  citer  quelques  exemples,  on  peut  dire  qu'avec  la  pile  à  acide  nitrique 
et  eau  acidulée  séparée  par  un  vase  poreux,  l'action  des  deux  dissolutions, 
l'une  sur  l'autre,  est  environ  le  ~  de  celle  du  couple,  et  s'ajoute  à  l'action  de 
l'acide  sulfurique  sur  le  zinc;  avec  la  pile  à  eau  acidulée  par  l'acide  sulfuri- 
que  et  sulfate  de  cuivre,  l'action  des  liquides  au  contraire  n'est  que  leyj-de 
l'action  totale,  à  la  température  ordinaire,  et  a  lieu  en  sens  inverse  de  celle 
qui  s'exerce  sur  le  zinc.  D'un  autre  côté,  la  pile  à  deux  liquides  ayant  pour 
dissolution  du  persulfure  de  potassium  et  de  l'acide  azotique,  offre  l'exem- 


(  n6i  ) 
pie  d'une  pile  dans  laquelle  la  nature  du  métal  positif  influe  peu  sur  l'inten- 
sité électrique  du  couple,  puisque  avec  le  zinc  ou  le  platine  dans  le  sulfure 
les  deux  résultats  obtenus  ne  diffèrent  environ  que  de  i;  dans  ce  cas, 
l'action  des  liquides  entre  eux  forme  donc  plus  de^  de  l'action  totale  du 
couple. 

»  On  doit  faire  observer  toutefois  que  la  force  électromotrice  due 
aux  réactions,  change  non-seulement  avec  la  nature  et  la  concentration 
des  liquides  en  présence,  mais  encore  avec  leur  température  ;  elle  con- 
stitue la  partie  éminemment  variable  de  la  force  électromotrice  des  cou- 
ples, et  surtout  des  couples  à  deux  liquides,  nommés  couples  à  courant  con- 
stant. 

»  On  n'a  pas  eu  égard  assez  généralement  à  ces  actions,  et  c'est  pour  ce 
motif  que  la  plupart  des  résultats  obtenus  par  les  physiciens  qui  se  sont  oc- 
cupés des  phénomènes  de  polarisation  présentent  entre  eux  des  différences 
assez  notables. 

«  D'après  ces  résultats,  et  comme  cela  se  déduit  des  recherches  de  mon 
père,  il  est  facile  de  comprendre  comment,  à  la  surface  de  la  terre,  les 
actions  mutuelles  des  dissolutions  d'inégale  composition  qui  humectent 
différents  terrains  donnent  lieu  à  un  dégagement  continuel  d'électricité, 
et  cela  avec  une  intensité  d'action  plus  considérable  qu'on  ne  saurait  le 
croire. 

»  On  a  comparé  ensuite  dans  ce  travail  les  effets  électriques  dus  aux  réac- 
tions exercées  par  diverses  dissolutions  sur  les  métaux  plus  ou  moins  altéra- 
bles, et  sur  les  amalgames;  dans  les  tableaux  d'observations,  les  résultats 
sont  rapportés  à  l'effet  produit  par  une  dissolution  normale  sur  le  zinc  pur 
fondu.  On  reconnaît  aisément,  comme  cela  devait  être,  que  l'action  chimi- 
que est  la  cause  prédominante  du  dégagement  de  l'électricité,  puisque  toute 
les  fois  que  l'action  chimique  est  plus  vive  la  force  électromotrice  est  plus 
grande. 

»  Les  causes  productrices  du  dégagement  de  l'électricité  dans  les  piles 
voltaïques  ayant  été  étudiées  séparément,  on  a  déterminé  les  forces  électro- 
motrices des  couples  formés  par  deux  lames  de  métaux  différents  plon- 
gés dans  des  liquides  également  différents,  et  il  a  été  facile  de  montrer 
que  l'action  totale  est  la  résultante  des  effets  partiels  déterminés  séparé- 
ment. 

»  On  sait  que,  d'après  les  lois  du  dégagement  de  la  chaleur  par  suite  du 
passage  de  l'électricité  dans  les  circuits  fermés,  les  nombres  exprimant  les 

C  F..,   i856,  Ier  Semestre.  (T.  XI.II.  N<>  24.)  I  5î 


(  n6a  ) 
forces  électromotrices  devraient  être  proportionnels  à  ceux  qui  représentent 
les  quantités  de  chaleur  dégagée  dans  les  combinaisons  chimiques  des  équi- 
valents des  corps  ;  bien  que  les  recherches  sur  le  dégagement  de  la  chaleur 
ne  conduisent  pas  en  général  à  des  nombres  proportionnels  aux  forces  élec- 
tromotrices, cependant  on  peut  remarquer  que,  relativement  à  plusieurs 
métaux,  cette  proportionnalité  existe.  Il  serait  nécessaire  de  déterminer  di- 
rectement les  quantités  de  chaleur  dégagées  lors  des  reactions  chimiques 
produites  dans  les  couples  voltaïques  eux-mêmes,  cardans  bien  des  cas  il  se 
manifeste  plusieurs  réactions  donnant  lieu  à  des  dégagements  de  chaleur  dif- 
férents, surtout  quand  on  opère  avec  des  métaux  offrant  plusieurs  degrés 
d'oxydation.  Ce  sujet  mérite  d'autant  plus  d'être  examiné,  que  les  effets 
dont  il  s'agit  sont  relatifs  aux  causes  productrices  des  agents  physiques  et 
chimiques  les  plus  puissants,  et  qu'ils  semblent  montrer  quelles  sont  les 
relations  intimes  qui  existent  entre  eux. 

»  La  seconde  partie  de  ce  travail,  que  j'aurai  l'honneur  de  présenter 
dans  quelque  temps  à  l'Académie,  est  relative  à  la  conductibilité  des  piles 
voltaïques  et  à  l'intensité  des  courants  électriques  que  ces  appareils  peu- 
vent développer  quand  on  fait  varier  leurs  dispositions  et  leurs  dimen- 
sions. » 

MÉMOIRES   PRÉSENTÉS. 

L'Académie  reçoit  une  addition  à  un  Mémoire  précédemment  présenté 
au  concours  pour  le  grand  prix  des  Sciences  physiques.  Cette  addition 
contient,  avec  une  partie  manuscrite  rédigée  en  latin,  une  série  de  planches 
en  couleur  exécutées  avec  le  plus  grand  soin. 

(Renvoi  à  la  future  Commission.  ) 

L'Académie  reçoit  également  une  troisième  addition  à  une  Note  envoyée 
au  concours  pour  le  grand  prix  des  Sciences  mathématiques  (question 
concernant  le  dernier  théorème  de  Fermât). 

(Renvoi  à  la  future  Commission.) 

L'Académie  renvoie  à  l'examen  de  la  même  Commission,  mais  non  comme 
pièce  de  concours,  un  Mémoire  adressé  par  M.  Maris,  professeur  de  mathé- 
matiques à  Saint-Dizier ,  qui,  n'ayant  pu  en  terminer  la  rédaction  en  temps 
utile,  avait  déclaré  d'avance  que  son  seul  désir  était  d'obtenir  sur  ce  travail 
le  jugement  de  l'Académie. 


(  n63  ) 

travaux  publics.  —  Canal  de  l'isthme  de  Suez.  (Extrait  d'une  Lettre 
de  M.  Ferdinand  de  Lesseps.) 

(Commissaires,  MM.  Cordier,  Diipiii,  Élie  de  Beaumont,  Duf'rénoy, 

Du  Petit-Thouars. 

«  J'ai  l'honneur  d'adresser  à  l'Académie  des  Sciences  une  série  d'échan- 
tillons qui  proviennent  des  sondages  exécutés  dans  l'isthme  de  Suez  par 
ordre  de  S.  A.  le  vice-roi  d'Egypte.  Ces  sondages  avaient  pour  but  de  re- 
connaître la  nature  des  terrains  dans  lesquels,  devra  être  creusé,  entre  Suez 
et  Péluse,  le  canal  de  jonction  des  deux  mers. 

»  Je  joins  à  cet  envoi  :  i°  un  cahier  donnant  pour  chaque  forage  l'épais- 
seur des  couches  traversées  et  leur  niveau  relativement  à  celui  de  la  Médi- 
terranée ;  i°  un  plan  de  l'isthme  sur  lequel  est  indiquée  la  position  de  ces 
différents  forages;  3°  les  procès-verbaux  des  travaux  de  la  Commission  in- 
ternationale d'ingénieurs,  où  se  trouvent  (page  25)  les  résultats  de  l'explo- 
ration qu'elle  a  faite  dans  l'isthme  entier;  4°  enfin  le  profil  en  long  du  canal 
projeté  de  Suez  à  Péluse. 

»  Quoique  le  voyage  de  la  Commission  internationale  eût  surtout  pour 
but  de  vérifier  le  tracé  du  canal  maritime  entre  la  mer  Rouge  et  la  Médi- 
terranée, j'ai  pensé  qu'il  était  bon  de  ne  pas  laisser  perdre  une  occasion 
aussi  précieuse  pour  la  science.  La  géologie  de  ces  pays,  si  elle  n'est  pas 
tout  à  fait  ignorée,  est  certainement  peu  connue.  Elle  paraît  cependant  cu- 
rieuse; et  j'espère  que  les  échantillons  que  je  vous  transmets  contribueront 
à  la  faire  connaître  davantage.  Il  est  assez  facile,  même  dans  ces  solitudes, 
de  recueillir  les  matériaux  qui  sont  à  la  surface  du  sol,  mais  la  composition 
du  sous-sol  est  bien  moins  accessible.  Plus  tard,  quand  les  travaux  du  grand 
canal  seront  en  pleine  activité,  j'aurai  soin  que  l'on  conserve  avec  vigi- 
lance tout  ce  que  les  déblais  poiirront  faire  découvrir;  mais  en  attendant, 
je  n'ai  pas  voulu  laisser  perdre  les  renseignements  réels  qu'on  a  déjà  pu 
recueillir;  et  je  désire  que  cette  communication  soit  de  nature  à  intéresser 
l'Académie.  » 

GÉOLOGIE.  —  Note  sur  la  constitution  géologique  de  l'isthme  de  Suez;  par 
M.  Renaud,  membre  de  la  Commission  de  l'isthme  de  Suez. 

«  L'état  physique  de  l'isthme  de  Suez  est  connu.  On  sait  que  sa  plus 
grande  élévation  au-dessus  de  la  Méditerranée  n'est  pas  de  plus  de  16  mè- 
tres, et  encore  ne  présente-t-il  cette  hauteur  que  sur  une  étendue  de  quel- 

l52.. 


(  n64  ) 
ques  kilomètres.  Entre  cette  partie  élevée  et  le  golfe  de  Suez,  sur  la  mer- 
Rouge,  il  présente  deux  dépressions,  l'une  d'environ  4o  kilomètres  de  lon- 
gueur, d'une  largeur  variant  entre  2  et  12  kilomètres,  et  d'une  superficie 
de  33o  000  000  de  mètres  carrés,  connue  sous  le  nom  de  bassin  des  lacs 
amers,  et  l'autre,  le  lac  Timsah,  d'une  superficie  d'environ  2000  hectares. 
Le  bassin  des  lacs  amers  est  à  sec,  mais  le  lac  Timsah  a  de  l'eau  qu'y  vient 
verser  le  Nil,  à  l'époque  de  ses  grandes  crues,  par  la  vallée  de  l'Ouadée- 
Toumilah. 

»  Ces  deux  bassins  sont  séparés  par  un  seuil  élevé  d'environ  1  1  mètres 
au-dessus  des  basses  mers  de  la  Méditerranée,  et  le  bassin  des  lacs  amers 
n'est  lui-même  séparé  du  golfe  de  Péluse  que  par  une  élévation  d'environ 
9  mètres. 

»  Dans  toute  l'étendue  de  l'isthme,  qui  est  d'environ  1 13  kilomètres,  me- 
surés suivant  une  ligne  droite,  joignant  la  partie  la  plus  septentrionale  du 
golfe  de  Suez  au  fond  du  golfe  de  Péluse,  on  ne  rencontre  à  la  superficie 
que  des  sables,  plus  ou  moins  mélangés  avec  du  gravier  et  plus  ou  moins 
stériles. 

»  En  partant  de  Suez  et  jusqu'à  environ  6  kilomètres  de  cette  ville,  les 
sables  sont  sans  mélange  de  galet  et  paraissent  avoir  été,  sinon  déposés,  au 
moins  étendus  par  les  eaux  de  la  mer.  En  avançant  vers  le  nord,  le  gravier 
se  montre  peu  à  peu  et  devient  assez  abondant  vers  la  partie  la  plus  élevée 
du  seuil  qui  sépare  la  mer  Rouge  du  bassin  des  lacs  amers  :  mais  il  ne  se 
trouve  à  peu  près  qu'à  la  surface  ;  on  le  retrouve  encore,  mais  déjà  plus 
petit,  dans  le  bassin  des  lacs,  et  surtout  au  pourtour  de  ces  bassins  où  il 
forme  des  bourrelets  qu'ont  laissé  autrefois  les  eaux.  Au  fur  à  mesure  que 
l'on  avance  vers  le  nord,  il  devient  de  plus  en  plus  petit,  et  disparaît  com- 
plètement à  la  hauteur  du  lac  Ballah. 

»  Le  sol  est  de  la  stérilité  la  plus  complète  dans  toute  la  partie  méridio- 
nale de  l'isthme  jusque  vers  le  milieu  des  lacs  amers.  Dans  l'autre  partie, 
il  produit  en  plus  ou  moins  grande  abondance  l'espèce  de  végétation  par- 
ticulière au  désert  et  qui  sert  de  nourriture  aux  chameaux.  Aux  abords  du 
lac  Timsah,  dans  les  parties  desséchées  de  son  lit  et  dans  le  lit  du  canal  ou- 
vert autrefois  dans  la  vallée  de  I'Ouadée-Toumilah,  les  tamarins  croissent  en 
assez  grande  abondance. 

»  Les  sables  présentent  partout  une  grande  fixité,  excepté  en  quelques 
points  aux  abords  du  lac  Timsah  et  dans  le  sud  du  lac  Ballah,  où  il  existe 
des  dunes  mobiles.  Cette  fixité  est  attestée  par  les  traces  encore  parfaite- 


(  n65  ) 
ment  visibles  de  travaux  exécutés  avant  la  domination  grecque,  par  l'état 
de  conservation  des  dignes  de  l'ancien  canal  ouvert  par  les  rois  égyptiens  et 
recreusé  par  les  califes,  enfin  parla  forme  même  des  ondulations  très-allon- 
gées que  présente  le  terrain,  forme  qui  diffère  essentiellement  de  celle  que 
le  vent  donne  aux  dunes  ou  sables  voyageurs. 

»  On  trouve  aussi  en  quelques  points  : 

»  i°.  A  la  surlace  du  sol,  du  sulfate  de  chaux  soit  en  lames,  soit  en 
rhomboïdes  disséminés,  soit  en  dépôts  de  i5  à  /jo  centimètres  d'épaisseur, 
cristallisés  en  aiguilles  ; 

»  2°.  Sur  le  seuil  compris  entre  Suez  et  le  bassin  des  lacs  amers,  des 
moellons  calcaires  dispersés  à  la  surface  des  sables  ; 

»  3°.  Sur  le  sommet  de  quelques  monticules  de  sable,  une  ou  deux  cou- 
ches d'un  calcaire  ayant  toute  l'apparence  du  silex. 

»  Pour  connaître  d'une  manière  aussi  certaine  que  possible  les  terrains 
de  l'isthme  dans  lesquels  sera  creusé  le  canal  de  jonction  des  deux  mers,  des 
forages  au  nombre,  de  dix-neuf  ont  été  exécutés  entre  Suez  et  Péluse  et  ont 
été  poussés  au  moins  à  8  mètres  au-dessous  des  basses  mers  de  la  Méditer- 
ranée. La  position  de  ces  forages  et  la  nature  des  terrains  constatés  sont 
indiqués  sur  le  profil  en  long  levé  sur  l'axe  du  canal  et  joint  à  la  présente 
Notice. 

»  On  peut  voir  que  le  seuil  qui  sépare  le  bassin  des  lacs  amers  de  la  met- 
Rouge,  présente  au-dessous  du  sable  des  argiles  compactes,  des  argiles  sa- 
bleuses, du  sable  et  du  gravier,  des  argiles  feuilletées,  etc.  Le  sondage  n°  i 
accuse  un  banc  calcaire  sur  un  banc  de  sable  qui  se  trouve  en  face  de  Suez 
de  l'autre  côté  du  port.  On  a  trouvé  l'argile  marneuse  dans  le  sondage  n°  3  ; 
mais  en  général  les  autres  argiles  font  à  peine  effervescence  avec  les  acides. 
On  retrouve  également  les  argiles  dans  la  première  partie  du  bassin  des  lacs 
amers;  ces  argiles  sont  plus  ou  moins  marneuses.  Au  delà  du  grand  bassin 
des  lacs  amers,  on  ne  trouve  que  dessables,  à/ l'exception  du  sondage  n°  19 
qui  a  accusé  des  bancs  de  marne. 

»  Les  terrains  de  l'isthme  appartiennent  donc  incontestablement  à  la 
formation  tertiaire  qui  constitue  le  sol  de  toute  la  basse  et  la  moyenne 
Egypte,  et  tout  le  grand  plateau  du  désert  Libyque. 

»  On  trouve  dans  le  bassin  des  lacs  amers  des  coquilles  de  l'espèce  de 
celles  que  produit  la  mer  Rouge;  des  Hélices,  des  Spondilles,  des  Rochers, 
mais  surtout  des  Mactra.  Ces  dernières  en  tapissent  littéralement  le  fond 
sur  des  étendues  plus  ou  moins  considérables.  Ces  coquilles  ont-elles  con- 


(  n66  ) 
tinué  à  vivre  dans  ces  lacs,  après  leur  entière  séparation  de  la  mer  Rouge? 
Cela  est  peu  probable,  parce  que  sous  le  ciel  brûlant  de  l'Egypte  ces  lacs  ont 
dû  assécher  promptement.  Il  est  vrai  qu'au  temps  de  Strabon  et  même  très- 
probablement  à  l'époque  où  Hérodote  visitait  l'Egypte,  les  lacs  amers  con- 
tenaient de  l'eau,  mais  c'était  de  l'eau  douce  qu'y  amenait  du  Nil  le  canal 
de  jonction  de  ce  fleuve  avec  la  mer  Rouge. 

»  Une  question  fort  controversée  est  celle  de  savoir  si,  à  l'époque  où  les 
Hébreux  fuyaient  de  l'Egypte,  sous  la  conduite  de  Moïse,  les  lacs  amers 
faisaient  encore  partie  de  la  mer  Rouge.  Cette  dernière  hypothèse  s'accor- 
derait mieux  que  l'hypothèse  contraire  avec  le  texte  des  livres  sacrés,  mais 
alors  il  faudrait  admettre  que  depuis  l'époque  de  Moïse  (1-471  ans  avant 
Jésus-Christ)  le  seuil  de  Suez  serait  sorti  des  eaux. 

»  Dans  la  partie  septentrionale  du  bassin  des  lacs  amers,  qui  est  en 
même  temps  la  plus  profonde,  on  trouve  un  dépôt  de  sel  marin  qui  a  été 
trouvé  de  7m,5o  d'épaisseur  au  sondage  n°  10.  Il  repose  sur  des  vases  qui 
paraissent  venir  du  Nil.  Ce  sel  a  vraisemblablement  été  amené  par  des  eaux 
de  source  qui  l'y  ont  déposé  en  s'évaporant.  On  retrouve  également  ces  sels 
au  sondage  n°  9,  mais  recouverts  par  une  couche  de  sulfate  de  chaux  cris- 
tallisé en  très-fines  aiguilles. 

»  Les  rivages  de  la  mer  ne  paraissent  pas  plus  que  le  sol  de  l'isthme  avoir 
éprouvé  de  notables  changements  depuis  les  temps  les  plus  reculés.  Ainsi 
dans  le  golfe  qui  s'étend  au  sud  et  à  l'ouest  de  Suez,  le  dépôt  sableux  de 
soulèvement  diffère  entièrement  d'aspect  et  de  forme  de  celui  que  la  mer  a 
ajouté  au  rivage,  et  ne  peut  être  confondu  avec  lui.  Il  contient  d'ailleurs 
une  quantité  considérable  de  coquilles  qui  ne  se  trouvent  pas,  même  en 
petite  quantité,  dans  le  premier.  Ces  sables  ainsi  rapportés  par  la  mer  n'ont 
nulle  part,  dans  tout  le  développement  du  golfe,  plus  de  iqo  mètres  de 
longueur. 

»  La  stabilité  du  rivage  a  été  encore  plus  grande  dans  le  golfe  de  Péluse. 
Toute  la  plaine  qui  entoure  les  ruines  de  cette  ville  antique  est  formée  d'al- 
luvions  du  Nil  :  elle  est  séparée  de  la  mer  par  un  lido  ou  cordon  littoral  de 
sable  qu'il  est  impossible  de  confondre  avec  elle.  La  largeur  de  ce  lido  varie 
de  80  à  120  mètres;  comme  elle  ne  pouvait  être  sensiblement  moindre 
dans  les  temps  anciens  pour  protéger  la  plaine  moins  élevée  qui  est  en  ar- 
rière, il  faut  bien  en  conclure  que  les  choses  sont  sensiblement  aujourd'hui 
dans  l'état  où  elles  étaient  autrefois.  Cette  observation  s'applique  à  toute 
l'étendue  du  cordon  littoral  qui  borde  le  lac  Manzalch.  Ainsi  se  trouvent 


(  "67  ) 
vérifiées  les  conclusions  auxquelles  est  arrivé  M.  Elie  de  Beaumont,  dans 
son   Cours  de  Géologie  pratique,  relativement  à  la  stabilité  des  rives  du 
Delta.   » 

Ce  Mémoire,  accompagné  des  pièces  mentionnées  dans  la  Lettre  précé- 
dente de  M.  F.  de  Lesseps,  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  com- 
posée de  MM.  Cordier,  Dupin,  Elie  de  Beaumont,  Dufrénoy  et  Du  Petit- 
Thouars. 

géologie.  —   Recherches  sur  les  produits  des  volcans  de  V Italie 
méridionale  ;  par  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville. 

(Commissaires  précédemmeut  nommés.) 

«  Me  disposant  à  retourner  dans  l'Italie  méridionale  pour  y  poursuivre 
mes  études  sur  les  formations  volcaniques  de  cette  contrée,  je  désire  pré- 
senter à  l'Académie  le  résumé  très-succinct  des  recherches  encore  inachevées 
que  j'ai  entreprises  cet  hiver  sur  les  matériaux  recueillis  dans  mes  deux 
premiers  voyages. 

»  Ces  recherches  ont  porté  sur  deux  points  principaux. 

»  Un  premier  travail,  consacré  à  l'étude  des  substances  gazeuses,  et  exé- 
cuté avec  la  collaboration  de  MM.  Leblanc  et  Lewy  (i),  a  eu  pour  objet 
l'examen  des  gaz  suivants  : 

»  i°.  Gaz  recueillis  en  mai,  juin,  septembre  et  octobre  i855,  sur  divers 
points  du  courant  de  lave  sorti  du  Vésuve  le  ier  mai  de  la  même  année.  Il 
résulte  de  nos  analyses  que  le  gaz  qui  accompagne  les  fumerolles  que  j'ai 
appeléesfumerolles  sèches,  et  qui  entraîne  uniquement  des  chlorures  alcalins 
anhydres  et  une  petite  quantité  de  sulfates,  est  un  courant  d'air  pur  ou  privé 
peut-être  d'une  faible  proportion  d'oxygène,  la  teneur  de  ce  dernier  gaz 
ayant  varié,  dans  les  diverses  prises  de  gaz,  entre  ao,i  et  ao,6  pour  ioo. 
La  même  conclusion  s'applique  au  gaz  qui  s'exhalait,  en  octobre,  des  por- 
tions inférieures  de  la  lave  en  même  temps  que  le  chlorhydrate  d'ammo- 
niaque et  la  vapeur  d'eau. 

i°.  Gaz  recueillis  en  septembre,  dans  celles  des  fumerolles  du  cratère 
supérieur  du  Vésuve  qui,  placées  dans  la  petite  plaine  centrale,  donnaient 


(i)  Tous  les  gaz,  sans  exception,  ont  été  analysés  par  M.  Leblanc  et  moi,  au  moyen  de 
l'appareil  de  M.  Doyère;  en  outre,  pour  quelques-uns  d'entre  eux,  mon  ami  M.  Lewv  a  bien 
voulu  mettre  à  ma  disposition  sa  grande  expérience  de  l'eudiomètre  de  M.  Regnault. 


(  n68  ) 
issue  à  de  la  vapeur  d'eau,  accompagnée  de  soufre  et  d'une  trace  presque 
imperceptible  d'acide  sulfhydrique  et  dont  la  température  variait  de  60 
à  79  degrés.  Deux  échantillons  de  ce  gaz  ont  donné,  l'un  3,5i,  l'au- 
tre 9,26  pour  100  d'acide  carbonique.  Le  reste  était  de  l'air  sensible- 
ment pur  ou  privé  d'une  faible  proportion  d'oxygène.  Ce  dernier  résultat 
me  paraît  offrir  quelque  intérêt,  car  c'est  la  première  fois,  si  je  ne  me 
trompe,  que  l'on  a  indiqué  la  présence  du  gaz  acide  carbonique  au  som- 
met du  Vésuve.  Il  vient,  en  outre,  à  l'appui  de  la  classification  que  j'ai  éta- 
blie, dans  mes  précédentes  communications,  entre  les  divers  ordres  de 
fumerolles,  qui  peuvent,  à  un  moment  donné,  se  localiser  en  divers  points 
d'un  même  appareil  volcanique  en  activité.  On  en  peut  conclure  avec  cer- 
titude que  certaines  fumerolles  du  cratère  du  Vésuve,  en  1 855,  présentaient 
une  composition  analogue  à  celle  que  M.  Boussingault  a  signalée  dans  les 
cratères  des  volcans  de  la  Nouvelle-Grenade  en  i83o,  tandis  que  d'autres 
étaient  riches  en  acide  chlorhydrique,  gaz  qui,  d'après  ce  savant  voyageur, 
était  alors  étranger  aux  émanations  des  volcans  américains. 

»  3°.  Gaz  recueillis,  en  septembre  et  octobre,  dans  celles  des  fumerolles 
qui,  au  sommet  de  l'Etna  et  du  Vésuve,  présentaient  un  mélange  de  vapeur 
d'eau,  d'acide  chlorhydrique  et  d'acide  sulfureux,  s' échappant  à  de  hautes 
températures  (90,12^  et  180  degrés).  Ce  gaz  était  uniquement  composé 
d'air  atmosphérique,  paraissant  présenter  toujours  un  léger  défaut 
d'oxygène. 

»  /j°.  Gaz  recueillis,  en  septembre,  sur  le  pourtour  supérieur  du  cône 
d'éruption  de  l'Etna  en  i85a.  Ce  bord  supérieur  donnait  encore  issue,  au 
mois  de  juin,  à  d'abondantes  fumerolles  chlorhydrosulfureuses,  à  une  tem- 
pérature de  83  degrés.  En  septembre,  elles  se  réduisaient  à  de  faibles  quan- 
tités de  vapeur  d'eau  à  61  degrés,  ne  réagissant  ni  sur  le  papier  de  tournesol, 
qi  sur  l'acétate  de  plomb,  et  le  gaz  qui  les  accompagnait  était  aussi  de  l'air 
atmosphérique. 

»  La  présence  constante  de  l'air  atmosphérique  en  proportions  considé- 
rables dans  toutes  les  émanations  du  sommet,  que  ces  émanations  contien- 
nent de  l'acide  carbonique,  du  soufre  et  de  l'acide  sulfhydrique,  ou  les 
acides  chlorhydrique  et  sulfureux,  prouvent,  ce  qu'on  pouvait  prévoir 
à  priori,  qu'un  dôme  fissuré  comme  celui  du  Vésuve  ou  comme  celui  de 
l'Etna,  et  présentant,  dans  son  intérieur  ou  à  sa  base,  des  points  incandes- 
cents ou  au  moins  doués  d'une  très-haute  température,  peut  être  assimilé  à 
une  véritable  cheminée  d'appel,  pour  le  milieu  atmosphérique  qui  l'entoure. 
La  même  conclusion  s'applique  aux  laves  rejetées  par  les  volcans. 


a 


(   1169) 
5°.  Gaz  recueillis,  les  5  et  22  octobre,  dans  le  lago  di  naftia  ou  lac  de 
Palici,  en  Sicile.  L'analyse  a  donné  pour  ces  deux  gaz  la  composition  sui- 
vante : 

5  octobre.  21  octobre. 

Acide  carbonique »  5 ,00 

Oxygène i7>36  15,77 

Azofe 82,64  79>23 

100,00  100,00 

et  confirme  exactement  ce  que  j'avais  annoncé  (1)  sur  la  variabilité  de 
composition  du  gaz  de  Palici,  d'après  les  recherches  faites  par  moi  sur  les 
lieux. 

»  Dans  ce  dernier  gaz,  comme  du  reste  dans  tous  les  précédents,  nous 
avons  recherché,  M.  Leblanc  et  moi,  les  gaz  combustibles,  mais  toujours 
inutilement.  Nous  nous  proposons  de  soumettre  à  l'Académie  un  Mémoire 
clans  lequel  seront  exposées  les  méthodes  suivies  pour  l'analyse  des  gaz, 
aussi  bien  que  les  moyens  qui  ont  été  employés  pour  les  recueillir. 

>•  Dans  un  second  travail,  j'ai  entrepris  d'examiner  les  produits  solides 
de  l'éruption  de  i855,  comparés  entre  eux  et  avec  les  autres  matériaux  four- 
nis à  diverses  époques  par  le  Vésuve  ou  par  d'autres  bouches  volcaniques. 
Ce  travail  est  encore  inachevé,  et  je  n'indiquerai  ici  que  quelques-uns  des 
résultats  que  j'ai  obtenus. 

»  i°.  J'ai  analysé  comparativement  les  deux  variétés  de  laves  sorties  en 
i855,  que  j'ai  distinguées  dans  mes  précédentes  communications.  Les  nom- 
bres fournis  par  l'analyse  n'auront  un  intérêt  réel  que  lorsque  les  compa- 
raisons dont  il  s'agit  pourront  être  faites  :  je  me  bornerai  à  citer  deux  cir- 
constances qui  s'y  rattachent. 

»  Des  deux  variétés  de  laves,  celle  sortie  la  dernière,  qui  présente  une 
couleur  foncée  et  qui  a  comme  un  enduit  vitreux,  n'agit  pas  sur  l'aiguille 
aimantée,  tandis  que  l'autre,  grise,  plus  cristalline,  est  fortement  magnétique. 
Ces  deux  variétés,  quoique  à  peu  près  également  riches  en  fer,  ne  contien- 
nent donc  pas  ce  corps  au  même  état  moléculaire. 

»  Toutes  deux  m'ont  donné  une  proportion  notable  d'acide  phospho- 
rique  :  l'une  contient  i  ,4,  l'autre  2,2  pour  1 00  de  phosphate  de  chaux. 

»  Toutes  deux  présentent  une  petite  quantité  de  chlore,  dont  une  partie 
au  moins  est  à  l'état  de  chlorure  soluble  et  en  mélange,  pour  ainsi  dire, 


(1)  Lettre  à  M.  Dumas  sur  quelques  produits  d'émanations  de  la  Sicile  [Comptes  rendus, 
tome  XLI,  page  887  ). 

C.  R  ,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XL1I,  N°24,)  '53 


(  n7o  ) 
moléculaire.  Pour  en  citer  un  exemple,  6gr,77  de  la  lave  noire  sub- 
vitreuse, pulvérisés  et  bouillis  avec  l'eau  distillée,  ont  donné  ogr,oa2  de 
chlorure  d'argent,  correspondant  à  osr,oo55  de  chlore  ;  cette  même  poudre, 
soumise  quatre  fois  de  nouveau  à  la  porphyrisation  et  lavée  après  chacune 
de  ces  opérations,  a  toujours  donné  une  liqueur  qui  se  troublait  par  le  ni- 
trate d'argent.  Enfin,  agr,5  du  dernier  résidu,  chauffés  avec  le  bisulfate  de 
potasse,  ont  laissé  ogr,o2D  de  chlorure  d'argent,  ou  ogr,oo6  de  chlore.  La 
lave  contenait  donc  en  tout,  probablement  à  deux  états  différents,  un  peu 
plus  des  trois  millièmes  de  son  poids  en  chlore. 

»  La  présence  concomitante,  dans  ces  laves,  du  chlore  et  du  phosphore, 
me  paraît  un  fait  digne  d'intérêt.  Elle  me  semble  expliquer  l'une  des  expé- 
riences que  j'ai  faites  l'année  dernière  sur  les  fumerolles  de  la  lave  in- 
candescente, et  dont  j'ai  rendu  compte  dans  ma  première  Lettre  à  M.  Élie 
de  Beaumont  [Comptes  rendus,  t.  XL,  p.  1228).  Ayant  exposé  à  l'action  de 
ces  émanations  un  vase  contenant  de  l'eau  de  chaux,  j'ai  obtenu  de  très- 
petits  cristaux  blancs,  solubles  sans  effervescence  dans  l'acide  chlorhydrique, 
donnant  par  le  chlorure  de  barium  un  précipité  soluble  dans  l'acide.  Il  de- 
vient infiniment  probable  que  cette  substance,  qui  était  en  trop  petite  quan- 
tité pour  être  analysée,  était  un  phosphate  de  chaux  ou  un  chlorophos- 
phate  de  chaux,  analogue  à  celui  qui  est  fixe  dans  la  lave.  La  petite  quantité 
de  fluor  décelée  aussi  dans  l'une  de  mes  expériences  sur  la  lave  joue  vrai- 
semblablement un  rôle  du  même  genre.  Il  s'était  sans  doute  déterminé  au 
contact  de  la  chaux  une  réaction  semblable  à  celle  par  laquelle  M.  Daubrée 
a  reproduit  l'apatite  dans  ses  ingénieuses  recherches  sur  la  formation  des 
minéraux.  La  présence  du  phosphate  de  chaux,  et  probablement  du  chloro- 
phosphate  de  chaux  ou  de  l'apatite  dans  les  laves,  semble  un  fait  presque 
général.  Je  l'ai  signalée,  dès  1 845,  dans  les  laves  anciennes  de  Fogo  (  Voyage 
aux  Jntilles  et  aux  îles  de  Te'néiiJJe  et  de  Fogo,  t.  I).  Depuis,  le  phos- 
phate de  chaux  a  été  retrouvé  dans  les  laves  de  Niedermendig.  Enfin,  dans 
quelques  expériences  récentes,  j'en  ai  reconnu  qualitativement  l'existence,  au 
moyen  du  molybdate  d'ammoniaque,  dans  plusieurs  produits  volcaniques, 
entre  autres  dans  la  roche  du  Puracé,  recueillie  par  M.  Boussingault,  et  dans 
la  lave  rejetée  par  l'Etna  en  1 853.  Des  deux  variétés  de  la  lave  sortie  du 
Vésuve  en  i855,  c'est  la  variété  cristalline  qui  paraît  être  la  plus  riche  en 
phosphate. 

»  J'ai  trouvé  aussi  le  chlore,  soit  en  très-petites  proportions,  soit  en  quan- 
tités assez  notables,  dans  la  roche  du  Puracé,  dans  une  couche  amphigé- 
nique  de  la  Somma  et  dans  une  assise  scoriacée  de  cette  dernière  montagne, 


(  "71  ) 
mais  surtout  dans  la  lave  rejetée  par  l'Etna  en  i85a.  Celle-ci  en  contient  les 
deux  millièmes  de  son  poids. 

»  a°.  J'ai  fait  quelques  recherches  pour  déterminer  la  nature  du  minéral 
blanc  en  petites  masses  arrondies,  d'apparence  dodécaédrique,  mais  ne  pré- 
sentant jamais  aucune  face  de  cristallisation  qui,  dans  les  laves  du  Vésuve, 
joue  le  rôle  de  feldspath.  Je  l'ai  examiné  concurremment  dans  la  lave  de 
i855  et  dans  une  des  plus  anciennes  laves  du  Vésuve,  qui  paraît  même  avoir 
été  épanchée  avant  la  formation  ou  du  moins  avant  l'approfondissement  du 
Fosso-Grande  dont  elle  forme  en  grande  partie  le  bord  gauche.  La  densité  des 
petits  fragments  du  minéral  extrait  de  ces  deux  laves  est  2,48,  c'est-à-dire 
celle  de  l'amphigène.  Le  rapport  de  l'oxygène  de  l'alumine  à  celui  de  la  si- 
lice est,  d'après  la  moyenne  de  quatre  analyses,  3'.  8,2;  c'est-à-dire  sensi- 
blement le  rapport  qui  caractérise  l'amphigène.  Mais  dans  les  deux  analyses 
où  j'ai  dosé  les  protoxydes,  j'ai  toujours  trouvé  pour  leur  oxygène  un  nom- 
bre supérieur  au  tiers  de  l'oxygène  de  l'alumine.  La  difficulté  très-grande 
avec  laquelle  on  extrait  ces  petits  fragments  ne  permettant  pas  toujours  de  les 
avoir  entièrement  dégagés  de  la  roche  environnante,  il  pourrait  se  faire  que 
l'excès  des  bases  provînt  d'un  mélange.  Néanmoins,  certaines  anomalies  du 
même  genre,  que  j'ai  constatées  depuis  longtemps,  mais  que  je  n'ai  point 
encore  publiées,  sur  les  feldspaths  des  roches  du  Chimboraço,  del'Antisana, 
du  Puracé,  du  volcan  de  l'île  Bourbon,  me  laissent  encore  quelques  doutes, 
que  je  me  propose  de  lever  par  de  nouvelles  recherches  sur  des  matières 
irréprochables.  Dans  tous  les  cas,  si,  comme  il  est  probable,  le  feldspath  des 
laves  du  Vésuve  est  un  amphigène,  il  diffère  notablement  de  celui  de  la 
Somma,  où  l'on  n'a  jusqu'ici  signalé  que  des  traces  ou  de  très-petites  quan- 
tités de  soude  :  car  dans  le  minéral  de  la  lave  de  1 855  l'oxygène  de  la  soude 
est  à  celui  de  la  potasse  comme  2, 09: 1  ;  dans  le  minéral  de  la  lave  du  Fosso- 
Grande,  comme  8,21:1;  enfin,  dans  les  cristaux  d'amphigène  parfaitement 
terminés,  rejetés  par  ce  volcan  le  22  juin  18/17,  et  dont  je  dois  à  M.  Damour 
l'obligeante  communication,  comme  1,67:  1.  » 

médecine.  —  Sur  des  cas  de  typhus  observés  à  l'hôpital  de  Neufchâteau 
(Vosges)  chez  des  soldats  revenant  de  Crimée.  (Extrait  d'une  Note 
de  M.  Garcin.) 

(Renvoi   à  l'examen   des  Commissaires   nommés   pour    un   Mémoire  de 
M.  Baudens,  sur  le  typhus  de  Crimée  :  MM.  Velpeau,  J.  Cloquet.) 

«  Dans  le  Compte  rendu  de  la  séance  de  l'Académie  des  Sciences  du 
2  juin  courant,  je  viens  de  lire  la  Lettre  qui  vous  a  été  adressée  par  M.  l'in- 

i53.. 


(  'i72  ) 
specteur  Baudens  sur  le  typhus  de  Crimée.  Veuillez  me  permettre  de  vous 
présenter,  à  cette  occasion  ,  quelques  observations  qui  ne  sont  peut-être  pas 
dépourvues  d'intérêt,  et  que  j'ai  eu  tout  récemment  l'occasion  de  re- 
cueillir sur  cette  maladie,  dans  mon  service  à  l'hôpital  de  Neufchâteau, 
chez  des  soldats  du  64e  régiment  d'infanterie  de  ligne. 

»  Ce  régiment  s'est  embarqué  à  Balaclava  le  29  avril.  Après  une  tra- 
versée non  interrompue,  il  est  arrivé  à  Marseille  le  10  mai,  puis  à  Ville- 
franche  le  12  au  moyen  du  chemin  de  fer,  et  enfin,  à  pied,  le  16,  à  Chalon- 
sur-Saône,  où  le  débordement  des  eaux  l'obligea  à  séjourner  pendant 
quatre  jours.  Depuis  le  départ  de  Crimée  jusqu'au  it\  mai,  aucun  cas  de 
typhus  ne  s'était  déclaré  ;  mais  à  dater  de  ce  jour  le  colonel  dut  abandonner, 
à  chaque  étape,  de  nouveaux  malades,  et  en  arrivant  à  Neufchâteau  l'hô- 
pital en  reçut  neuf,  chez  qui  l'on  observait,  à  un  haut  degré,  tous  les  carac- 
tères indiqués  par  la  Lettre  de  M.  l'inspecteur  Baudens.  Un  dixième  soldat, 
du  62e  de  ligne,  qui  avait  fait  la  traversée  en  même  temps  que  le  64e,  avait 
été  admis  par  moi  dès  la  veille,  également  affecté  de  typhus. 

»  La  maladie  datait  de  un  à  trois  jours  lors  de  leur  entrée  à  l'hôpital  de 
Neufchâteau  le  28  mai.  On  observait  chez  tous  les  symptômes  suivants  : 
stupeur,  céphalalgie  intense,  surdité,  vertiges,  prostration  des  forces  (la  plu- 
part ne  pouvaient  se  tenir  debout)  ;  pouls  fréquent  et  dépressible,  peau  brû- 
lante, soif  intense,  voix  éteinte  (à  peine  s'ils  pouvaient  parler);  état  sabur- 
ral  très-prononcé  des  voies  digestives,  plus  tard  langue  sèche  et  noire,  pas 
de  gargouillements  dans  la  fosse  iliaque  droite.  Dans  quatre  cas,  la  maladie 
avait  débuté  par  des  accès  de  ^fièvre  intermittente,  qui  se  sont  renouvelés 
deux  ou  trois  jours  de  suite  avec  frissons,  chaleur  et  sueurs,  et  dans  deux 
autres,  par  un  état  catarrhal  des  voies  respiratoires.  Trois  ont  eu  du  délire, 
dont  un  furieux  pendant  quatre  jours;  deux,  des  épistaxis;  et  deux  seule- 
ment quelques  rares  pétéchies;  trois  ont  éprouvé  des  douleurs  abdominales 
et  du  dévoiement;  les  autres  étaient  constipés. 

»  J'avais  donné  tout  d'abord  à  cette  maladie  le  nom  de  typhus,  ne  pou- 
vant la  rattacher  à  un  autre  genre  ;  mais  deux  jours  après,  la  dernière  co- 
lonne de  ce  régiment  arriva  à  Neufchâteau  (sans  nous  laisser  de  malades); 
je  priai  M.  le  médecin  aide-major  de  venir  faire  la  visite  avec  moi,  et  il  re- 
connut immédiatement  le  typhus  de  Crimée.  En  voyant  ces  militaires  si  gra- 
vement atteints,  il  me  dit  :  «  Vous  serez  bien  heureux  si  vous  n'en  perdez 
que  quatre  ou  cinq.  »  Ce  pronostic  ne  s'est  heureusement  pas  confirmé. 

»   Dès  le  premier  jour  je  prescrivis  à  tous:  eau  de  Sedlitz,  à  laquelle  on 
dut  revenir  plusieurs  fois  chez  la  plupart  des  malades;  application  d'eau 


(  "73) 
fraîche  sur  la  tête,  incessamment  renouvelée;  solution  de  sirop  de  groseilles, 
et  boissons  mucilagineuses  pour  ceux  qui  étaient  affectés  de  bronchite  ;  la- 
vements et  cataplasmes;  enfin,  sinapismes  et  vésicatoires  aux  membres 
inférieurs,  chez  ceux  qui  avaient  du  délire  ou  un  état  comateux  très-prononcé. 
Je  n'ai  eu  recours  ni  aux  saignées  ni  aux  sangsues;  la  nature  de  la  maladie 
et  la  dépression  du  pouls  m'ont  paru  contre-indiquer  ces  moyens.  Je  pen- 
sais faire  usage  du  sulfate  de  quinine,  mais  les  purgatifs  ont  fait  justice  de 
l'intermittence  qui  s'était  manifestée  chez  quatre  malades. 

»  Aucun  de  ces  militaires  n'a  succombé,  malgré  l'intensité  de  cette  affec- 
tion, ce  qu'il  faut  attribuer  surtout,  je  crois,  à  l'éloignementdu  foyer  d'in- 
fection, à  l'influence  favorable  de  l'air  natal,  et  aussi  aux  soins  de  tous  les 
instants  qui  leur  ont  été  prodigués  par  les  Sœurs  de  notre  hôpital.  La  conva- 
lescence a  marché  rapidement;  du  huitième  au  douzième  jour,  les  yeux  des 
malades  se  rouvrirent;  la  figure  reprit  de  l'expression,  et  la  parole  redevint 
facile;  puis  l'appétit  se  prononça;  enfin,  aujourd'hui  1 3  juin,  seize  jours 
depuis  l'entrée  à  l'hôpital,  notre  dernier  malade  a  pu  être  levé  pendant 
quelques  heures,  et  j'espère  pouvoir  incessamment  leur  faire  rejoindre  leur 
régiment,  en  garnison  à  Phalsbourg.    » 

chimie  appliquée.  —Études  sur  les  céréales  ;  par  M.  Duvivier,  de  Chartres. 
(Commissaires,  JMM.  Pelouze,  Payen.) 

Ce  Mémoire  devant  être  l'objet  d'un  prochain  Rapport,  nous  nous  bor- 
nerons pour  le  présent  à  en  reproduire  les  conclusions,  que  l'auteur  pré- 
sente dans  les  termes  suivants  : 

«  Il  résulte  des  recherches  exposées  dans  ce  Mémoire  que  la  partie 
extérieure  de  l'enveloppe  des  céréales  est  récouverte  de  matières  grasses  et 
de  matières  odorantes  et  azotées,  dans  un  état  particulier  de  combinaison, 
n'ayant  aucun  rapport  avec  les  enduits  qui  se  trouvent  sur  les  feuilles  et  à 
la  surface  des  fruits,  et  qui  paraissent  être  toutes  différentes  de  celles  que 
contient  la  farine  avec  lesquelles  elles  ne  doivent  pas  être  confondues; 
le  son  ne  doit  donc  plus  être  considéré  comme  contenant  seulement  des 
matières  azotées  et  des  quantités  variables  de  cellulose  et  de  farine. 

»  Mais  il  importe  moins  de  savoir  en  quel  état  se  trouvent  ces  matières 
à  la  surface  des  grains  que  de  chercher  à  connaître  le  rôle  qu'elles  jouent, 
tant  dans  l'économie  domestique  que  dans  l'économie  végétale  des  céréales. 
Dans  l'emploi  des  céréales,  comme  base  principale  de  la  nourriture  de 
l'homme,  elles  sont  presque  entièrement  éliminées  avec  le  son.  Les  ani- 


(  "74) 
maux,  au  contraire,  les  absorbent  en  totalité  en  recevant  comme  nourriture 
le  son  et  les  grains.  Ces  matières  sont  toutes  assimilables  :  les  éléments  des 
corps  gras,  la  chaux  et  le  fer,  sont  destinés  à  alimenter  à  la  fois  les  parties 
graisseuses,  les  os  des  animaux,  et  à  donner  à  leur  sang  une  vitalité  nor- 
male. Elles  forment  sur  les  grains  un  enduit  naturel,  très-tenace,  leur  ser- 
vant de  préservatif  en  même  temps  qu'elles  leur  communiquent  une  odeur 
particulière  sui  generis.  Ce  sont  elles  qui  donnent  au  blé  sa  valeur  vénale  ; 
ce  sont  elles  qui  rehaussent  sa  couleur,  qui  lui  donnent  ce  brillant,  cet 
onctueux,  connus  des  marchands  sous  les  noms  techniques  d'œil  et  de 
main,  que  possèdent,  au  suprême  degré,  les  qualités  supérieures,  et  qui 
forment  le  pivot  des  transactions  et  en  favorisent  la  vente,  et,  sous  ce  rap- 
port, ces  matières  sont  d'un  grand  intérêt.  Cela  est  si  vrai,  que  le  blé  gardé 
trop  longtemps  perd  cet  aspect  qui  le  fait  rechercher;  il  devient  terne  et 
rude  au  toucher  par  une  longue  dessiccation  de  ces  matières;  alors  il  est 
moins  estimé.  » 

anatomie  comparée.   —  Mémoire  sur  la  dentition  des   Cétacés; 

par  M.  Em.  Rousseau. 

• 
Une  partie  considérable  de  ce  travail  est  relative  à  la  Baleine  franche  et 

à  la  position  qu'occupent  les  fanons  dans  la  bouche  de  ces  Cétacés.  L'au- 
teur y  joint  comme  pièces  justificatives  cinq  Lettres  écrites  par  des  naviga- 
teurs avant  une  grande  expérience  de  la  pêche  de  la  Baleine,  et  dont  les 
témoignages  confirment,  quant  aux  rapports  des  fanons  et  de  la  mâchoire 
inférieure,  l'opinion  soutenue  par  M.  Rousseau,  opinion  qui  est  d'ailleurs 
celle  des  naturalistes  les  plus  illustres,  les  Cuvier,  les  Camper,  etc. 

(Commissaires,  MM.  Duméril,  Serres.) 

M.  Oudry  adresse  une  description  des  procédés  au  moyen  desquels  il 
obtient  les  applications  électrométallurgiques  dont  il  avait  présenté  des 
spécimens  dans  la  dernière  séance  et  qu'il  met  de  nouveau  sous  les  yeux 
de  l'Académie. 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Pouillet,  De  Bonnard,  Du  Petit-Thouars.  ) 

M.  Lostalot-Bachoue  envoie  de  Lembége  (Basses- Pyrénées)  une  Note 
sur  un  système  agricole  qu'il  dit  avoir  appliqué  avec  grand  succès  depuis 
dix  ans  et  qui  aurait,  suivant  lui,  l'avantage  non-seulement  d'augmenter  d'un 


(  "75  ) 
tiers  environ  le  produit  des  domaines  ruraux ,  mais  encore  d'écarter  pour 
le  pays  le  danger  des  inondations. 

M.  Pitheki  adresse  une  Note  sur  les  résultats  auxquels  il  est  arrivé  en  ré- 
pétant des  expériences  de  M.  Fremy  sur  les, fluorures. 

Cette  Note  est  renvoyée  à  l'examen  des  Commissaires  désignés  pour  le 
Mémoire  de  M.  Fremy  :  MM.  Thenard,  Chevreul  et  Pelouze. 

M.  Poujade  présente  au  concours  pour  le  prix  du  legs  Bréant  un  Mé- 
moire imprimé  ayant  pour  titre  :  «  Recherches  théoriques  et  pratiques  sur 
l'affection  typhoïde  intense,  générale,  dite  choléra  épidémique.   » 

(Commission  du  legs  Bréant.  ) 

M.  Marigny  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  sur  la  navi- 
gation aérienne. 

(Commission  des  aérostats.) 

M.  Cauchy  est  adjoint  à  la  Commission  chargée  d'examiner  un  Mémoire 
présenté  par  M.  Gomès  de  Souza  dans  la  séance  précédente. 

CORRESPONDANCE. 

M.  Cl.  Rernabd  présente  un  Mémoire  imprimé  de  M.  Denis,  de  Commercy, 
ayant  pour  titre  :  «  Nouvelles  études  chimiques,  physiologiques  et  médicales 
sur  les  albuminoïdes  qui  entrent  comme  principes  immédiats  dans  la  com- 
position des  solides  et  des  fluides  organiques  tant  animaux  que  végétaux.  » 

M.  Bernard  donne  de  vive  voix  une  idée  de  ce  travail,  qui  est  destiné 
par  l'auteur  au  concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie. 

M.  Recquerel  présente  au  nom  de  M.  du  Moncel  le  premier  volume  de 
la  seconde  édition  d'un  ouvrage  ayant  pour  titre  :  «  Exposé  des  applications 
de  l'électricité.  » 

«  Dans  la  première  édition,  dit  M.  Becquerel,  l'auteur  avait  omis  les  ren- 
seignements technologiques  ayant  rapport  aux  moyens  d'exécuter  et  à  la 
réalisation  de  certains  effets  particuliers  aux  applications.  Le  premier  vo- 
lume de  la  nouvelle  édition  est  consacré  à  l'exposition  de  ces  rensei- 
gnements.  » 


(  "76) 

M.  le  Secrétaire  perpétuée  présente,  au  nom  de  l'auteur  M.  Darcy  ,  un 
exemplaire  d'un  ouvrage  récemment  publié,  et  ayant  pour  titre  :  Les  Fon- 
taines publiques  de  la  ville  de  Dijon 

«  Cet  ouvrage,  dit  l'auteur  dans  la  Lettre  d'envoi,  comprend  à  la  fois 
l'exposition  et  l'application  des  principes  à  suivre  et  des  formules  à  employer 
dans  les  questions  de  fourniture  d'eau.  L'utilité  de  semblables  travaux  a  été 
depuis  longtemps  proclamée  par  l'illustre  Arago,  par  lord  Brougham;  et, 
à  l'occasion  de  la  fourniture  d'eau  de  Dijon,  un  savant  académicien, 
M.  Chevreul,  a  publié  une  brochure,  véritable  cours  d'hygiène  à  l'usage  des 
cités  populeuses.  C'est  sous  l'autorité  de  ces  trois  noms  que  j'ai  cru  devoir 
entrer  eu  matière. 

»  Mon  ouvrage  se  compose  d'une  introduction,  de  quatre  parties  dis- 
tinctes et  d'un  appendice.  L'introduction  énumère  la  série  des  questions  à 
résoudre  par  l'ingénieur  chargé  d'une  distribution  d'eau. 

»  Dans  la  première  partie,  j'ai  cru  devoir  analyser  d'abord  tous  les  efforts 
tentés  à  Dijon  pour  arriver  au  but  proposé,  dans  les  temps  anciens  :  la  des- 
cription et  l'évaluation  des  travaux  jadis  exécutés  m'ont  permis  de  faire 
connaître  comment  on  entendait,  à  cette  époque,  les  questions  de  four- 
niture d'eau;  j'ai  rappelé  accessoirement  les  moyens  de  rapporter  au  taux 
actuel  les  évaluations  des  anciens  marchés. 

»  J'ai  ensuite  indiqué  quelle  devait  être  la  formule  générale  d'où  l'on 
pouvait  déduire  la  quantité  d'eau  nécessaire  à  l'alimentation  d'une  ville,  et 
j'ai  trouvé  pour  l'expression  de  ce  volume  par  habitant  : 


90  litres  +  ïj(ï+/e)' 


-  représentant  le  rapport  du  développement  des  rues  à  la  population;  v  le 

volume  débité  par  minute  et  par  borne-fontaine;  t  la  durée  de  l'écoule- 
ment; m  un  coefficient  dépendant  du  nombre  de  bornes  à  placer  pour  une 
longueur  déterminée  de  ruisseaux;  l  la  largueur  moyenne  des  rues;  e  l'é- 
paisseur de  la  lame  d'eau  affectée  aux  arrosages  par  jour  et  par  mètre  carré. 

»  La  recherche  de  la  valeur  du  rapport  -»  dans  une  soixantaine  de  villes 

étrangères  et  françaises,  m'a  conduira  des  résultats  assez  curieux  sur  une  ques- 
tion d'économie  publique  :  j'ai  trouvé  que  le  rapport  du  développement  des 
rues  au  chiffre  de  la  population  variait  entre  o,/|0  et  2,43;  les  chiffres  limites 
o,4o  et  2,43  s'appliquent  d'une  part  à  Paris,  et  de  l'autre  à  Versailles,  c'est- 


(  «i77  ) 
à-dire  à  la  population  condensée  dune  ville  qui  progresse  et  à  la  population 
restreinte  d'une  ville  qui  décroît.  L'accroissement  de  la  population  et  les 
enceintes  fortifiées  sont,  on  en  comprend  aisément  les  motifs,  les  conditions 

qui  tendent  le  plus  à  affaiblir  le  rapport  -  >  lequel,  dans  le  plus  grand  nombre 

de  cas,  est  à  peu  près  égal  à  l'unité.  La  discussion  de  cette  formule  m'a  con- 
duit à  trouver  pour  le  volume  qu'il  est  nécessaire  de  distribuer  par  habitant 
le  nombre  cent  cinquante  litres  par  jour. 

»  Je  passe  ensuite  aux  qualités  que  doit  présenter  l'eau  potable,  à  sa  na- 
ture chimique,  à  sa  température,  à  son  degré  de  limpidité.  La  question  de 
température  m'a  fourni  l'occasion  de  présenter  des  expériences  que  j'ai  faites 
relativement  à  la  permanence  de  température  des  grandes  masses  d'eau.  Celle 
de  la_  limpidité  m'a  engagé  à  étudier  les  procédés  de  filtration  en  usage  ;  je 
reviendrai  tout  à  l'heure  sur  cette  question. 

»  On  avait  songé  à  Dijon  à  alimenter  la  ville  au  moyen  de  puits  arté- 
siens. . .  ;  j'ai  donc  dû  examiner  avec  soin  les  questions  que  la  théorie  de  ces 
derniers  comporte.  J'aicherché  à  déterminer,  un  puits  artésien  étant  donné, 
si  le  volume  qu'il  débite  pouvait  être  négligé  en  présence  du  produit  de  la 
nappe  aquifère,  ou  si,  par  son  importance,  ce  volume  se  rapprochait  du 
produit  précité;  j'ai  indiqué  aussi  les  lois  suivies  par  l'accroissement  de 
débit  d'un  puits  lorsqu'on  abaisse  son  niveau  de  déversement,  ainsi  que 
l'influence  exercée  sur  ce  débit  par  l'accroissement  du  diamètre  du  forage. 
Le  forage  que  l'on  exécute  en  ce  moment  à  Passy  pour  l'alimentation  des 
bassins  du  bois  de  Boulogne  donne  à  cette  question  une  sorte  d'actualité. 

»  La  deuxième  partie  de  cet  ouvrage  concerne  les  travaux  exécutés  à 
Dijon. 

»  La  troisième  renferme  l'exposition  et  l'application  des  formules  à  em- 
ployer dans  les  questions  de  distribution  d'eau.  Cette  partie  comprend  de 
nombreuses  expériences  faites  au  moyen  des  conduites  et  des  réservoirs  de 
Dijon,  et  notamment  des  recherches  ayant  pour  objet  de  déterminer  l'effet 
de  la  résistance  de  l'air  sur  les  jets  d'eau. 

»  Dans  la  quatrième  partie,  j'ai  présenté  la  solution  des  questions  admi- 
nistratives et  judiciaires  que  rencontre  habituellement  l'ingénieur  chargé 
d'une  distribution  d'eau. 

»  L'appendice  qui  termine  cet  ouvrage  contient  plusieurs  notes  sur  les- 
quelles je  ne.  m'arrêterai  point.  Je  dirai  quelques  mots  seulement  de  la 
note  relative  au  filtrage. 

»  La  question  de  filtrage  des  eaux  m'a  fourni  l'occasion  de  rechercherqueile 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLH,  N°  24.)  '  ^4 


(  "78  ) 
était  la  loi  de  l'écoulement  de  l'eau  à  travers  une  couche  sablonneuse  ;  et  j'ai 
trouvé  que  le  débit  était  proportionnel  à  la  charge  et  en  raison  inverse  de 
l'épaisseur  de  la  couche.  Les  ingénieurs  anglais  nient  en  général  l'influence 
de  la  pression  sur  les  filtres  ;  d'autres  ingénieurs  admettent  qu'elle  est  seu- 
lement proportionnelle  à  la  racine  carrée  de  la  pression.  Je  n'ai  pas  besoin 
de  faire  remarquer  l'importance  que  la  loi  précitée  expérimentée  dans  les 
plus  larges  limites  présente  en  ce  qui  concerne  la  question  de  filtrage  des 
eaux  destinées  à  l'alimentation  d'une  grande  ville.  Elle  est  telle,  que  l'on  peut 
regarder  le  filtrage  en  grand  comme  une  opération  facilement  praticable. 
Ainsi  une  cuve  filtrante,  telle  que  je  la  décris  dans  mon  ouvrage,  et  d'un 
rayon  de  7  mètres,  peut  filtrer  i5ooo  mètres  cubes  en  vingt-quatre  heures, 
volume  nécessaire  à  une  population  de  100000  âmes.  Or,  dans  le  système 
anglais  où  les  filtres  débitent  seulement  4  mètres  cubes  par  mètre  ca#é  et 
par  vingt-quatre  heures,  on  voit  que,  pour  arriver  au  résultat  ci-dessus,  une 
superficie  de  terrain  égale  à  4ooo  mètres  serait  nécessaire. 

»  Je  présente  aussi  dans  cette  note  des  considérations  générales  sur  les 
sources,  et  je  cherche  à  déterminer  la  loi  que  suit  l'augmentation  de  leur 
produit  par  l'abaissement  de  leur  niveau  et  celle  de  leur  décroissement,  à 
partir  de  leur  étale.  » 

télégraphie.  —  M.  i.e  Maréchal  Vaillant  signale  à  l'attention  de  l'Aca- 
démie un  nouveau  télégraphe  fondé  sur  l'emploi  des  rayons  solaires.  Ce 
télégraphe,  présenté  aux  Ministères  de  la  Guerre  et  de  l'Intérieur  par 
M.  Leseurre,  fonctionnaire  du  service  télégraphique  d'Algérie,  a  été,  par  ordre 
des  deux  Ministères,  étudié  et  expérimenté  à  l'Observatoire  impérial,  sous  la 
direction  de  M.  Le  Verrier. 

«  Le  succès  complet  des  expériences  permet  d'affirmer  que  l'Algérie 
trouvera  dans  ce  système  un  télégraphe  peu  coûteux,  rapide,  et  partout  apte 
à  franchir  directement  les  plus  longues  distances.  Le  sud  de  l'Algérie,  qui 
se  refuse  à  l'établissement  des  autres  télégraphes,  est,  au  contraire,  parfaite- 
ment approprié  à  celui-ci.  Les  postes  pourraient  être  situés  à  vingt  lieues 
les  uns  des  autres  dans  les  oasis  qui  dominent  ces  plaines  de  sable. 

»  La  rapidité  d'installation  et  le  peu  de  poids  des  appareils  en  font  d'ex- 
cellents télégraphes  ambulants. 

»  Nous  extrayons  du  Mémoire  de  l'auteur  et  du  Rapport  du  Directeur 
de  l'Observatoire  la  description  et  les  résultats  suivauts  : 

»  Le  système  repose  sur  la  réflexion  du  soleil  par  un  miroir  plan .  Trois  choses 


(  "79  ) 
sont  à  considérer  :  i°  l'intensité  de  la  lumière  réfléchie  à  longue  distance; 
20  la  facilité  de  direction  de  cette  lumière  vers  un  point  donné;  3° la  nature 
des  signaux. 

»  L'intensité  de  la  lumière  est  celle  que  donnerait  une  portion  du  disque 
solaire  égale  au  miroir  et  mise  à  sa  place. 

»  Le  faisceau  réfléchi  formant  un  cône  de  32',  diamètre  apparent  du 
soleil,  offre  un  champ  assez  grand  pour  que  de  petites  erreurs  dans  l'orien- 
tation soient  sans  inconvénient.  Pour  reconnaître  la  direction  du  faisceau 
émergent,  on  place  dans  son  intérieur  une  petite  lunette  astronomique 
dont  l'oculaire  projette,  sur  un  écran  fixé  en  arrière,  l'image  du  soleil  réflé- 
chi et  les  fils  croisés  du  réticule.  La  position  relative  du  disque  solaire  pro- 
jeté et  du  point  de  croisée  des  fils  correspond  à  celle  du  faisceau  par  rapport 
à  l'axe  optique  de  la  lunette.  Si  le  point  de  croisée  est  au  centre  du  disque, 
c'est  que  l'axe  optique  de  la  lunette  occupe  l'axe  du  cône  émergent.  Si  ce 
point  de  croisée  est  sur  le  bord  du  disque,  c'est  que  l'axe  optique  est  voisin 
de  la  surface  du  cône. 

»  Si  donc  on  connaît  la  direction  de  l'axe  optique  de  la  lunette  d'épreuve, 
on  jugera  de  la  position  du  faisceau  réfléchi.  Dans  ce  but,  la  lunette  d'é- 
preuve est  montée  sur  une  plus  forte  lunette,  à  la,  manière  des  chercheurs. 
Les  deux  lunettes  ont  leurs  axes  optiques  parallèles,  mais  regardant  en 
sens  inverse.  Lorsque  l'on  voudra  diriger  l'axe  optique  de  la  lunette  d'é- 
preuve vers  un  point,  on  visera  ce  point  avec  la  forte  lunette.  L'orientation 
de  la  lunette  d'épreuve  se  trouvera  par  là  même  effectuée,  et  à  la  seule  in- 
spection de  l'écran  on  verra  à  quel  moment  le  point  visé  est  enveloppé  par 
le  cône  de  lumière,  à  quel  moment  il  en  sort. 

»  La  question  de  direction  est  tellement  simplifiée,  par  ce  procédé,  qu'une 
fois  la  lunette  d'épreuve  bien  placée,  le  miroir  peut  être  dirigé  à  la  main, 
ou  pour  plus  de  commodité  monté  sur  un  pied  et  mû  par  deux  vis  tan- 
gentes. 

»  Dans  les  triangulations  de  l'État-Major,  il  suffirait  d'ajouter  aux  instru- 
ments de  chaque  brigade  une  glace  de  quelques  décimètres  carrés  pour 
faire  des  mires  visibles  à  de  très-grandes  distances. 

»  Vocabulaire.  —  Les  signaux  sont  composés  de  séries  d'éclairs  brefs  ou 
longs  que  l'on  forme  en  écartant  pendant  des  temps  courts  ou  prolongés  un 
écran  qui  intercepte  habituellement  le  faisceau  réfléchi.  Dans  l'écriture,  les 
éclairs  brefs  sont  représentés  par  des  points,  et  les  longs  par  des  barrés, 
comme  dans  le  système  électrique  Morse,  auquel  on  peut  emprunter,  du 
reste,  complètement  son  alphabet.  Le  soleil  pourrait,  sans  doute,  peindre 

1 54-  - 


(  1180  ) 

lui-même  ces  points  et  ces  lignes  sur  un  papier  photographique  glissant 
d'un  mouvement  uniforme  au  foyer  d'un  objectif. 

»  Tel  qu'il  vient  d'être  indiqué,  le  télégraphe  solaire  souffre  une  objec- 
tion :  c'est  que  vers  le  lever  et  le  coucher  du  soleil,  le  quart  de  l'horizon 
opposé  à  cet  astre  ne  peut  recevoir  que  des  éclairs  très-faibles.  Car  la  surface 
du  miroir,  qui  forme  alors  un  angle  trés-aigu  avec  les  rayons  réfléchis,  ne 
présente  plus  qu'une  surface  apparente  presque  insensible. 

»  On  y  remédie  par  l'addition  d'un  second  miroir.  Cette  complication 
apparente  simplifie  par  le  fait  la  manœuvre  de  l'appareil  et  présente  d'im- 
p*ortantes  ressources. 

»  L'appareil  forme  alors  un  héliostat  à  deux  miroirs,  dont  l'un,  mobile, 
réfléchit  les  rayons  du  soleil  dans  la  direction  polaire;  l'autre,  fixe,  reçoit  ces 
rayons  et  les  renvoie  dans  la  direction  voulue. 

»  En  avant  de  ce  second  miroir  est  placée  la  lunette  d'épreuve  ;  comme 
elle  accuse  la  direction  finale  du  faisceau  émergent,  elle  dispense  de  toute 
précision  dans  l'orientation  de  l'arbre  du  premier  miroir.  Le  seul  inconve-r 
nient  d'une  orientation  inexacte  serait  de  forcer  à  recourir  de  temps  à  autre 
à  la  vis  de  déclinaison  pour  ramener  le  disque  solaire  sur  le  point  de  croisée 
des  fils.  » 

»  La  première  réflexion  peut  être  dirigée  vers  le  pôle  boréal  ou  vers'le 
pôle  austral  ;  on  choisit  celle  des  deux  qui  fait  avec  la  seconde  réflexion  un 
angle  aigu. 

»  Dans  le  cas  d'une  ligne  télégraphique  fixe,  l'orientation  de  l'arbre  s'ob- 
tient très-approximativement  par  l'observation  des  astres;  le  reste  de  l'instal- 
lation présente  peu  de  difficultés.  L'interrupteur  est  formé  par  une  per- 
sienne  métallique  à  lames  très-minces,  ajustées  à  tourillons  dans  leurs  mon- 
tants, de  façon  à  pouvoir  tourner  toutes  ensemble  au  moyen  d'une  tige  qui 
les  relie.  Cette  persienne,  fixée  sur  l'arbre  tournant,  arrête  habituellement 
l'arrivée  des  rayons  solaires  sur  le  miroir  mobile.  Lorsqu'on  veut  produire 
un  éclair,  on  presse  du  doigt  la  tige.  Les  lames  se  présentent  de  champ 
au  soleil  qu'elles  laissent  pénétrer  et  reviennent  à  leur  position  première 
dès  que  la  pression  cesse.  Les  glaces  ne  sont  ainsi  exposées  au  soleil  que 
pendant  le  temps  très-court  des  éclairs. 

»  Une  expérience  faite  le  3o  mars  i856,  à  3  heures,  entre  la  tour  de 
Saint-Sulpice  et  la  tour  de  Montlhéry,  en  présence  de  MM.  Le  Verrier,  di- 
recteur de  l'Observatoire,  Liais,  astronome  au  même  Observatoire,  etStruve, 
astronome  de  l'Observatoire  russe  de  Poulkova,  a  donné  les  résultats  sui- 
vants : 


(  n8i  ) 

»  Éclairs  presque  éblouissants  à  l'œil  nu,  malgré  les  brumes  de  la  saison. 
Correspondance  rapide  et  sans  aucune  hésitation.  Lueur  sensible  à  l'œil  nu, 
très-brillante  à  la  lunette,  lorsque  le  soleil  était  voilé  par  des  nuages 
blancs. 

»  Les  miroirs  étaient  des  glaces  du  commerce  de  omq,  1 2,  exposées  depuis 
quatre  mois  à  toutes  les  intempéries,  et  montées  sur  de  grossiers  appareils 
exécutés  par  un  serrurier  et  un  charpentier. 

»  Le  télégraphe  portatif  pèse  8  kilogrammes,  se  monte  sur  un  trépied 
eu  bois  et  s'oriente  à  l'aide  d'une  boussole  et  d'un  niveau  à  bulle  adaptés  à 
l'appareil.  Son  installation  prend  à  peine  une  minute.  Pour  simplifier,  on 
supprime  l'interrupteur  que  l'on  remplace  corrAne  il  suit  :  le  miroir  fixe  est 
habituellement  éoarté  de  la  position  d'éclair  par  un  petit  ressort,  on  l'y 
amène  par  la  pression  du  doigt  qui  le  fait  buter  contre  un  arrêt  fixe  ;  sui- 
vant que  la  pression  est  courte  ou  prolongée,  un  éclair  bref  ou  long  se  pro- 
duit. 

»  Deux  personnes  placées  en  vue  l'une  de  l'autre,  à  dix  lieues  de  distance 
et  ignorant  leurs  positions  respectives,  peuvent  à  l'aide  de  cet  appareil  se 
reconnaître,  puis  entrer  en  correspondance.  La  disposition  de  l'appareil 
permet,  en  effet,  de  placer  verticalement  l'un  des  axes  de  rotation  du  se- 
cond miroir,  en  rendant  horizontal  l'arbre  du  premier.  La  lumière  solaire, 
réfléchie  horizontalement  par  le  premier  miroir,  tombe  sur  le  second  qui, 
en  tournant  autour  d'un  axe  vertical,  couvre  de  lumière  une  zone  horizon- 
tale d'un  demi-degré  de  hauteur.  On  peut  ainsi  balayer  tout  l'horizon  et 
éveiller  l'attention  de  la  personne  que  l'on  cherche.  Celle-ci  reconnaît  le 
point  d'où  partent  les  éclairs,  s'oriente  sur  ce  point,  et  lui  envoie  un  éclair 
fixe  sur  lequel  on  peut  s'orienter  à  son  tour. 

»  Dans  cette  recherche,  on  est  encore  guidé  par  la  lunette  d'épreuve  qui 
corrige  toutes  les  erreurs  d'une  installation  précipitée. 

»  Ce  télégraphe  portatif,  expérimenté  à  l'Observatoire,  en  présence  de 
M.  le  Ministre  de  la  Guerre,  de  M.  le  directeur  général  des  lignes  télégra- 
phiques et  du  directeur  de  l'Observatoire,  a  donné  les  plus  heureux 
résultats.   » 

hydraulique.    —   Note   sur  la   réserve  du   lac   de    Genève; 
par  M.  L.-L.  Valide. 

«  Je  n'ai  pas  parlé  dans  la  Note  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Aca- 
démie, le  9  de  ce  mois,  d'un  avantage  important  de  la  réserve  du  lac.  Cet 
avantage  résulterait  de  ce  que  le  produit  du  Rhône  en  basses  eaux  serait 


(  n8a  ) 
considérablement  augmenté  à  Lyon,  et  même  en  aval  de  Lyon,  ce  qui  don- 
nerait au  fleuve,  pour  s'approfondir,  une  grande  puissance. 

»  La  Loire,  à  Roanne,  donne  5ooo  mètres  par  seconde  en  grosses  eaux, 
et  en  basses  eaux  5  seulement  (un  millième).  Or,  dès  qu'une  crue  est  on 
décroissance,  les  vitesses  diminuent  et  les  sables  se  déposent;  mais  vers  les 
sources,  où  les  déclivités  sont  fortes,  elles  continuent  d'amener  des  allu- 
vions  qui  s'accumulent  de  Digoin  à  Orléans  et  au-dessous,  ce  qui  oblige  à 
exhausser  les  levées  et  rend  les  malheurs  de  plus  en  plus  redoutables. 

»  Le  Rhône  est  plus  heureux,  parce  que  son  produit  à  Lyon,  grâce  au 
lac  tel  qu'il  est,  se  trouve  en  basses  eaux  du  vingt  et  unième  de  son  pro- 
duit dans  les  grandes  crues*C'est  cet  avantage  qui  serait  augmenté  par  un 
approvisionnement  d'eau  à  former  dans  le  lac  d'un  milliard  de  mètres  cubes. 
De  là  une  puissance  de  curage  immense;  car  elle  agirait  de  Genève  à  la  mer 
sur  un  parcours  dont  la  pente  totale  est  de  37  5  mètres,  et  pendant  une 
durée  d'environ  cent  jours,  ce  qui  donnerait  une  force  de  1 17,400,000  che- 
vaux travaillant  pendant  vingt-quatre  heures. 

»  On  peut  dire  que,  en  peu  d'années,  soit  qu'on  eût  recours  à  des  moyens 
d'action  qui  commencent  à  s'employer  et  qui  sont  très-susceptibles  d'être 
améliorés,  soit  qu'on  abandonnât,  comme  aujourd'hui,  la  force  draguante  du 
courant  à  ses  effets  naturels,  le  régime  du  fleuve  deviendrait  tout  autre  qu'il 
n'est,  et  de  beaucoup  plus  avantageux  à  la  navigation  et  aux  propriétaires 
de  la  vallée  en  cas  d'inondations. 

»  Des  avantages  aussi  manifestes  ont  pu  malheureusement  être  négligés 
eu  1840;  Us  doivent  aujourd'hui  être  pris  en  grande  considération.  » 

analyse  mathématique.  —  Sur  les  racines  imaginaires  de  l équation 
u  —  tang  u  =  Ç;  par  M.  J.-A.  Serret.  (Addition  à  une  Note  insérée  dans 
le  Compte  rendu  de  la  séance  du  9  juin  i856.) 

a  Dans  une  Note  insérée  au  Compte  rendu  de  la  dernière  séance,  j'ai  dit 
que  celle  des  racines  u  de  l'équation  u  —  z  siuu  =  £,  qui  se  réduit  à  la 
constante  réelle  £  pour  z  =  o,  est  développable  en  série  convergente  or- 
donnée suivant  les  puissances  croissantes  de  la  variable  réelle  ou  imagi- 
naire 2,  tant  que  le  module  de  z  reste  inférieur  à  la  racine  carrée  de  la 

quantité  _,  ;  e  désigne  la  base  des  logarithmes  népériens,  et^  le  coef- 


ficient de  \/—  1  dans  celle  des  racines  x  +  y  \f*—  1  de  l'équation 
(0  "  —  tangM==£, 


(  u83  ) 
pour  laquelle  la  valeur  de  y  est  la  plus  grande.  Pour  l'objet  que  j'avais  en 
vue,  il  n'était  pas  nécessaire  de  connaître  le  nombre  total  de  ces  racines 
imaginaires;  mais  il  n'est  pas  sans  intérêt  de  remarquer  que  l'équation  (i), 
qui  a,  comme  on  sait,  une  infinité  de  racines  réelles,  n'a  en  outre  que  deux 
racines  imaginaires,  lesquelles  sont  conjuguées  l'une*  de  l'autre  et  se  ré- 
duisent à  zéro  pour  Ç  =  o. 

»  En  mettant  x  -+-y  y/—  i  au  lieu  de  u,  l'équation  (1)  se  décompose  dans 
les  deux  suivantes  : 

(a)  — *?= — : =  cosa.r-4- 


— W3    -S   xAs      T      , 

X  —  Ç  2/  2 

supposons  Ç  variable,  et  considérons  y  et  Ç  comme  des  fonctions  de  la  va- 
riable indépendante  x\  on  obtiendra  aisément  les  valeurs  suivantes  : 


t%\                                                          rfÇ_2V" 

^>                                             dx~  W"' 

dy       2sin2x 

dx~      y\"  ' 

en  posant,  pour  abréger, 

e1/  —  (TV 

V  =  — — =  i  + 

îX  2J 

1.2.3     '      1.2.  ..5^ 

• 

dV  d'V 

et  en  désignant  par  V  et  V"  les  dérivées  —   et  — • 

»  Pour  chaque  valeur  réelle  de  x,  l'équation 

e,r—  er'r        e'r  -t-  e~7r 
(A)  cos  2.X  = 

donne  deux  valeurs  réelles  de  y  égales  et  de  signes  contraires  ;  mais  nous 
considérons  seulement  la  valeur  positive. 

»  La  valeur  de  Ç  reste  finie  tant  que  la  variable  x  n'est  pas  infinie,  et  la 

dérivée  -j-  n'est  jamais  négative;  il  s'ensuit  que  Ç  est  une  fonction  constam- 
ment croissante  de  x;  ce  qui  montre  que  l'équation  (i)  ne  peut  avoir 
qu'un  seul  couple  x  ±y\J  —  i  de  racines  imaginaires. 

»  La  formule  (  a  )  montre  que  x  et  Ç  se  réduisent  en  même  temps  à  o,  -  > 

71,  —  »  2  7r,  etc.  ;  si  x  et  Ç  croissent  de  o  à  -  »  -—-  est  constamment  positive, 
et  y  croît  depuis  zéro  jusqu'à  sa  valeur  maxima,  qui  est  i ,  1996. . .  ;  si  x  et  £ 
croissent  de  -  à  %\  -j-  devient  négative,  et  y  décroît  de  1,1996...  à  zéro; 
les  mêmes  variations  se  reproduisent  périodiquement.  Il  suit  de  là  que  l'é- 


(  i.84) 

quation  (i)  a  effectivement  un  couple  x±y\j—\  de  racines  imaginaires; 
toutefois  la  partie  imaginaire  s'évanouit,  lorsque  Ç  devient  égal  à  zéro  ou  à 
un  multiple  de  n.   » 

analyse  algébrique.  —  Note  à  l'occasion  d'un  théorème  de  M.  Serret; 

par  M.  E.   Catalan. 

«  La  Note  très-intéressante  de  M.  Serret,  communiquée  à  l'Académie 
dans  la  dernière  séance,  m'a  paru  susceptible  de  deux  simplifications  aux- 
quelles l'auteur  n'a  peut-être  pas  songé,  et  que  je  va^indiquer  en  peu  de 
mots. 

»  M.  Serret  prouve  que  le  rayon  vecteur,  l'anomalie  excentrique  et  l'ano- 
malie vraie  sont  développables  suivant  les  puissances  de  l'excentricité,  toutes 
les  fois  qu'une  certaine  variable  y  ne  surpasse  pas  la  racine  positive  de 
l'équation 

I  .2  I  .2.5.4 

»  Pour  trouver  le  maximum  p.  de  l'excentricité,  M.  Serret  substitue  la 
valeur  approchée  de  cette  racine,  dans  l'équation 

^(mod.z)^;^^. 

Or,  i°  l'équation  Y  =  o  équivaut  à  cos2  x  =  o,  c'est-à-dire  à  l'équation 
(A)  e2'-+-  i  -^e*r—I)y  =  Q, 


ou  encore  à  celle-ci 


\y 


(B)  <iy  —  lJ—^-=o. 


»  2°.  De 

..i 

i[ 

on  tire,  à  cause  de  cos2  x  =  o, 


^   ""  i  r  «V+e->/ 

cos  ix  ■' 


2 


puis,  au  moyen  de  l'équation  (A) , 


(€)  ^  =  sir* 


i. 


(  n85) 

»  Conséquemment,  quand  on  aura  calculé  la  racine  positive  de  l'équa- 
tion (B),  la  formule  (C)  donnera  le  maximum  [i  de  l'excentricité. 

»  Le  calcul  de  jr  devient  très-rapide  si  l'on  remplace  les  logarithmes 
népériens  par  des  logarithmes  vulgaires  :  on  obtient 

J=  ','99678--> 
et,  par  suite, 

|x  =  0,662742. . . . 

1 
physiologie,  —  Etude  de  l'œil  sur  le  vivant;  Note  de  M.  Walleb. 

«  J'ai  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  une  description  très- 
succincte  d'un  procédé  qui  permet  d'observer  sur  l'œil  de  l'animal  vivant 
les  images  des  objets  lumineux  qui  se  forment  sur  le  fond  du  globe  ocu- 
laire, et  d'examiner  dans  les  vaisseaux  de  l'iris,  du  corps  et  des  procès 
ciliaires  et  dans  la  choroïde,  la  circulation  du  sang  sous  le  microscope. 

»  Pour  observer  les  images  du  fond  de  l'œil,  je  produis  Y  exophthalmose 
artificielle  du  globe  de  l'œil,  ce  qui  se  pratique  aisément  sur  le  lapin,  le  co- 
chon d'Inde  et  le  surmulot,  en  écartant  fortement  les  paupières.  Sur  l'œil 
luxé,  en  présentant  obliquement  devant  lui  un  objet  lumineux,  on  aperçoit 
aisément,  à  travers  la  sclérotique,  son  image  renversée  dont  les  mouvements 
en  sens  opposé  correspondent  à  ceux  de  l'objet  extérieur.  On  reproduit  à 
volonté  sur  le  même  animal  cette  expérience,  qu'il  est  facile  de  varier  de 
différentes  manières  pour  apprécier  les  effets  de  l'éloignement  sur  l'inten- 
sité lumineuse  de  l'objet. 

»  En  maintenant  l'œil  dans  un  état  immobile,  il  est  très-adapté  pour 
toutes  les  expériences  physico- physiologiques  sur  ces  images. 

»  Pour  observer  la  circulation  du  sang  sous  le  microscope  dans  les  vais- 
seaux de  l'œil,  le  surmulot  convient  beaucoup  mieux  que  le  lapin  et  le 
cochon-d'Inde,  à  cause  de  la  grande  transparence  de  la  sclérotique  et  de 
la  forte  convexité  de  l'iris.  Sur  cet  animal,  j'ai  pu  employer  jusqu'à  des 
grossissements  de  4°°  diamètres  pour  observer  l'état  des  vaisseaux.  Les 
procès  ciliaires  qui  se  distinguent  depuis  leur  origine  près  de  Yoraserrata 
jusqu'à  leur  extrémité  antérieure,  et  dont  l'ensemble  forme  une  enceinte 
circulaire  autour  de  l'iris,  la  circulation  du  sang,  si  active  dans  les  conduits 
vasculaires  afférents  et  efférents  de  l'iris  contenu  dans  cette  enceinte,  le  jeu 
alternatif  de  la  pupille,  et  les  changements  qui  se  produisent  dans  la  forme 
des  vaisseaux,  constituent  dans  leur  ensemble  un  des  plus  beaux  objets  de 
la  microscopie;  en  même  temps,  l'importance  scientifique  et  pratique  de 

C.  R.,  i85G  ,  i«r  Semestre.  (T.  XLII,  N°  24.)  I  55 


(   .i86) 

l'étude  de  l'organe  de  la  vue  excusera  peut-être  l'empressement  avec  lequel 
j'ai  envoyé  cette  courte  Note  à  l'Académie. 

»  A  une  époque  très-prochaine  je  communiquerai  dans  un  Mémoire  plus 
détaillé  les  résultats  que  j'ai  obtenus  sur  la  circulation  dans  les  canaux 
veineux  et  artériels  dans  l'iris  depuis  son  bord  pupillaire  jusqu'à  sa  grande 
circonférence;  sur  l'état  de  ces  vaisseaux  suivant  la  constriction  et  la  dila- 
tation de  la  pupille  ;  sur  les  canaux  veineux  et  artériels  du  corps  ciliaire  et 
de  la  membrane  choroïde.    » 

physique.  —  Note  sur  la  construction  du  baromètre  et  Vébullition  du 
mercure  dans  le  vide;  par  M.  Taupesot. 

«  Pour  bien  purger  d'air  un  tube  barométrique,  il  faut  que  le  mercure 
soit  maintenu  en  ébullition  pendant  quelques  minutes  sur  toute  la  longueur 
du  tube.  Dans  la  méthode  ordinaire,  décrite  aujourd'hui  encore  dans  tous 
les  traités  de  physique,  on  recommande  avec  raison  de  fractionner  l'opéra- 
tion en  trois  parties.  On  fait  bouillir  un  premier  tiers,  puis  un  second,  et 
l'on  remplit  avec  du  mercure  bouilli.  L'opération  est  longue,  et  il  y  a  un  in- 
convénient à  ne  pas  faire  bouillir  le  dernier  tiers  comme  les  deux  autres.  La 
couche  d'air,  adhérente  au  verre,  peut  donner  des  bulles  qui,  après  quelque 
temps,  par  suite  des  secousses  imprimées  à  l'instrument,  arrivent  jusque 
dans  la  chambre  barométrique.  En  outre,  l'ébullition  du  premier  et  du  se- 
cond tiers  demande  assez  de  précaution  pour  peu  que  le  verre  soit  épais  et 
d'un  faible  diamètre  intérieur.  La  haute  température  à  laquelle  il  faut  porter 
le  verre,  les  fortes  oscillations  de  la  colonne  mercurielle  qui  passe  sur  des 
parties  ou  plus  chaudes  ou  plus  froides,  déterminent  souvent  la  rupture  du 
tube.  Les  éprouvettes  de  machine  pneumatique  présentent  surtout  de  gran- 
des difficultés  sous  ce  rapport. 

»  Tous  ces  inconvénients  disparaissent,  ou  sont  au  moins  grandement 
diminués,  si  l'on  fait  le  vide  sur  le  mercure  pendant  l'ébullition.  Avec  cette 
précaution,  il  n'est  plus  besoin  de  scinder  l'opération  en  trois  parties  :  on 
peut  remplir  entièrement  le  tube,  et  si  l'on  veut  faire  bouillir  jusqu'à  l'ori- 
fice même,  ce  qui  est  une  bonne  précaution  et  n'allonge  que  très-peu  l'opé- 
ration, on  prend  un  tube  ayant  10  à  i5  centimètres  en  plus  de  la  longueur 
habituelle;  on  le  façonne  à  la  lampe  si  cela  est  nécessaire,  par  exemple  si 
on  le  destine  à  une  cuvette  de  Fortin,  et  l'on  pratique  un  ou  deux  étran- 
glements dans  la  partie  supplémentaire  de  10  à  i5  centimètres,  qui  doit  être 
coupée  plus  tard.  Cette  précaution,  qui  n'est  pas  d'ailleurs  indispensable, 
a  pour  but  de  gêner  les  oscillations  du  mercure  quand  on  arrive  à  faire 
bouillir  les  portions  supérieures. 


(  n»7) 

»  Ayant  rempli  le  tube  jusqu'au  premier  étranglement,  c'est-à-dire  un  peu 
au-dessus  de  l'endroit  où  il  doit  être  coupé,  on  adapte  à  l'extrémité  ouverte 
un  tube  de  caoutchouc  communiquant  avec  la  machine  pneumatique.  Le 
tube  plein  de  mercure  étant  d'ailleurs  disposé,  comme  à  l'ordinaire,  sur 
une  grille  inclinée,  on  fait  le  vide  et  l'on  chauffe  la  partie  inférieure  du 
tube.  L'ébullition  se  produit  promptement,  presque  sans  oscillations  ni 
soubresauts,  et  on  la  conduit  de  proche  en  proche  avec  une  telle  facilité, 
qu'en  moins  de  vingt-cinq  minutes  l'opération  est  complètement  terminée. 

»  On  gagne  aussi  à  cette  manière  d'opérer  d'être  moins  exposé  à  oxyder 
le  mercure.  Il  est  bon  de  prévoir  qu'en  cas  de  rupture  du  tube  tout  le  mer- 
cure qui  serait  au-dessus  de  la  rupture  serait  porté  jusque  sous  les  pistons 
de  la  machine.  Quoique  les  chances  d'accidents  soient  beaucoup  moindres 
que  dans  la  méthode  ordinaire,  puisque  l'on  n'a  pas  besoin  d'une  tempéra- 
ture aussi  élevée,  et  que  les  soubresauts  sont  à,  peine  sensibles,  il  est  bon 
cependant  de  prendre  une  précaution  très-simple  qui  consiste  à  placer  vers 
le  milieu  du  tube  de  caoutchouc,  supposé  coupé  en  deux  parties,  un  tube 
cylindrique  de  verre  un  peu  gros  et  étiré  aux  deux  bouts,  comme,  par 
exemple,  une  pipette  maintenue  verticalement.  Le  caoutchouc  venant  du 
tube  barométrique  est  ajusté  à  la  partie  inférieure  et  celui  de  la  machine 
pneumatique  à  la  partie  supérieure  de  cette  pipette.  Le  mercure,  s'il  était 
refoulé,  arriverait  dans  le  tube,  où  il  se  logerait,  et  serait  traversé  par  l'air, 
comme  cela  arrive  dans  les  tubes  ordinaires  de  sûreté. 

»  La  raréfaction  de  l'air  au-dessus  du  mercure  donnant  réellement  de 
grandes  facilités  pour  la  construction  du  baromètre,  il  devenait  intéressant 
de  déterminer  à  quelle  température  se  produit  alors  l'ébullition  :  pour  cela, 
,  on  a  employé  un  appareil  simple  consistant  en  un  long  tube  de  verre,  fermé 
d'un  bout  et  assez  effilé  à  l'autre,  pour  y  pouvoir  adapter  un  tube  de  caout- 
chouc. Ce  tube  de  verre  était  assez  large  pour  contenir  deux  thermomètres 
disposés  en  sens  contraire,  c'est-à-dire  de  manière  que  le  réservoir  de  l'un 
reposait  au  fond,  tandis  que  celui  de  l'autre  était  à  l'opposé.  Ayant  versé  un 
peu  de  mercure  pour  recouvrir  le  réservoir  du  premier  thermomètre,  on  a 
fait  le  vide,  puis  produit  l'ébullition  du  mercure  jusqu'à  ce  que  les  thermo- 
mètres fussent  devenus  stationnaires.  Correction  faite  de  l'indication  du 
premier  thermomètre,  il  est  résulté  pour  la  température  de  l'ébullition  du 
mercure  sous  la  pression  de  8  à  io  millimètres  une  différence  de  90  degrés 
environ  avec  la  température  de  l'ébullition  à  l'air  libre.  Ce  résultat  est  assez 
conforme  à  ce  qu'indiquait  par  avance  la  loi  de  Dalton,  bien  que  cette  loi 
ne  soit  pas  exacte  quand  on  s'écarte  beaucoup  des  températures  d'ébullition 
à  l'air  libre.  » 

i55.. 


(  n88  ) 

MM.  Guérijï  et  Eue  Robert,  en  adressant  un  exemplaire  d'un  ou- 
vrage qu'Us  ont  publié  en  commun,  sous  le  titre  de  «  Guide  de  l'éleveur  de 
vers  à  soie  »,  appellent  l'attention  de  l'Académie  sur  les  efforts  qu'ils  n'ont 
cessé  de  faire  depuis  plusieurs  années  pour  répandre  parmi  les  petits  édu- 
cateurs, c'est-à-dire  parmi  les  hommes  qui  produisent  les  neuf  dixièmes  de  la 
soie  récoltée  en  France,  les  connaissances  qui  doivent  rendre  plus  profitable 
pour  eux  ce  genre  d'industrie. 

«  C'est  dans  ce  but  que  nous  avons  publié  un  Manuel  dont  le  prix  fût 
accessible  au  moindre  paysan  ;  et  la  même  idée  a  présidé  à  la  fixation  du  prix 
du  thermomètre  guide  des  magnaniers,  qui  deviendra  ainsi,  nous  l'espé- 
rons, un  instrument  populaire.  Ayant  remarqué  surtout  que  les  gens  des 
campagnes  attachaient  peu  d'importance  à  un  changement  de  température 
de  deux  ou  trois  degrés,  parce  que,  dans  les  thermomètres  ordinaires,  chaque 
degré  est  à  peine  visible,  nous  avons  imaginé  d'en  faire  construire  un,  spécia- 
lement destiné  aux  petits  éducateurs,  et  ne  marquant  que  les  températures 
qu'ils  ont  besoin  de  bien  connaître  pour  conduire  sûrement  leurs  vers  à 
soie,  ce  qui  a  permis  d'avoir  des  degrés  de  près  d'un  centimètre  de  longueur. 
Au  moyen  de  ces  grandes  divisions,  le  magnanier  verra  toujours,  même  à  dis- 
tance, s'il  doit  chauffer  ou  raffraîchir  son  atelier,  et  une  instruction  impri- 
mée, placée  sur  la  tablette  de  son  thermomètre,  lui  rappellera  constamment 
ce  qu'il  a  à  faire  pour  bien  conduire  son  éducation.  Avec  ce  petit  livre  et  ce 
thermomètre,  tout  agriculteur,  dans  quelque  condition  qu'il  se  trouve, 
pourra  conduire  une  éducation  de  vers  à  soie,  et  la  mener  à  bien,  s'il  suit 
les  conseils  qui  lui  sont  donnés,  et  s'il  imite  ainsi  la  pratique  simple  et  facile 
au  moyen  de  laquelle  nous  faisons  constamment  réussir  les  éducations  chez 
les  agriculteurs  que  nous  pouvons  visiter.  » 

M.  Tricaud,  qui  avait  soumis  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  sur 
un  moteur  à  air  comprimé  et  dilaté  par  la  vapeur,  demande  que  la  Com- 
mission qui  a  été  chargée  de  l'examen  de  ce  Mémoire  veuille  bien  attendre, 
pour  présenter  son  Rapport  sur  cette  invention,  des  éclaircissements  impor- 
tants qu'il  lui  fera  très-prochainement  parvenir. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée,  Commission  qui  se  compose  de 
MM.  Morin,  Combes  et  Séguier.) 

M.  Ritz  adresse  de  Dûren,  près  d'Aix-la-Chapelle,  une  nouvelle  Lettre 
relative  à  son  Mémoire  sur  la  direction  des  aérostats  par  le  moyen  de  l'hélice. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  des  aérostats,  Commission  qui  se 
compose  de  MM.  Poncelet,  Piobert,  Séguier.) 


(  n89) 

M.  Leveau  renouvelle  une  demande  qu'il  avait  déjà  adressée  en  annon- 
çant des  expériences  destinées,  suivant  lui,  à  jeter  du  jour  sur  les  causes  du 
choléra-morbus.  Il  avait  exprimé  le  désir  qu'à  la  Section  de  Médecine , 
Commission  commune  pour  prendre  connaissance  de  toutes  les  communi- 
cations relatives  au  prix  Bréant,  on  adjoignît,  pour  juger  ses  expériences, 
un  Membre  de  la  Section  de  Physique.  Il  n'avait  pas  été  donné  suite  à  cette 
demande,  l'Académie  laissant  à  la  Section  le  soin  de  demander  l'adjonction 
d'un  nouveau  Membre  si  elle  le  jugeait  utile.  Toutefois,  à  l'occasion  de  la 
nouvelle  demande,  qui  indique  la  nature  des  expériences  projetées,  M.  Serres 
ayant  déclaré  que  le  concours  d'un  physicien  lui  paraîtrait  en  effet  dési- 
rable, M.  Babinet  est  invité  à  s'adjoindre  à  la  Section  de  Médecine  pour 
l'examen  dés  expériences  de  M.  Leveau. 

M.  Landois  annonce  l'intention  de  soumettre  au  jugement  de  l'Académie 
une  découverte  relative  aux  causes  de  la  coloration  des  corps,  et  à  la  nature 
du  principe  colorant. 

Si  M.  Landois  adresse  une  exposition  suffisamment  détaillée  des  obser- 
vations qui  l'ont  conduit  à  la  découverte  annoncée,  sa  Note  sera  renvoyée, 
s'il  y  a  lieu,  à  l'examen  d'une  Commission. 

M.  du  Margat  demande  quelles  sont  les  formalités  à  suivre  pour  le  dépôt 
d'un  paquet  cacheté. 

On  fera  savoir  à  l'auteur  de  la  Lettre  que  la  seule  condition  à  remplir  con- 
siste à  apposer  sa  signature  sur  l'enveloppe  du  paquet  cacheté,  qu'il  fera 
parvenir,  de  la  manière  qui  lui  semblera  la  plus  sûre,  au  Secrétariat  de 
l'Institut. 

M.  Schrœder  adresse  une  Lettre  relative  à  ses  précédentes  communica- 
tions sur  l'état  intérieur  du  globe  terrestre,  et  prie  l'Académie  de  vouloir- 
bien  lui  faire  savoir  si  ces  communications  ont  été  jugées  de  nature  à  être 
soumises  à  l'examen  d'une  Commission. 

(Benvoi  à  M.  Liouville,  qui  a  été  consulté  par  l'Académie  sur  oette 

question.) 

Un  réfugié  polonais,  dont  la  signature  n'a  pu  être  lue,  présente  des  con- 
sidérations sur  les  corps  célestes  ,  et  sur  les  changements  auxquels  on  peut 
les  supposer  soumis  dans  la  suite  des  temps. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  E.  D.  B. 


(  i>9°  ) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  9  juin  i856,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Nouvelles  études  chimiques,  physiologiques  et  médicales  sur  les  albumi- 
noïdes,  qui  entrent  comme  principes  immédiats  dans  la  composition  des  solides  et 
des  fluides  organiques,  tant  animaux  que  végétaux;  par  M.  P.-S.  Denis  (de 
Commercy).  Paris,  i856;in-8°.  (Présenté  au  nom  de  l'auteur  par  M.  Claude 
Bernard  et  destiné  au  concours  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie.) 

Essai  sur  l'emploi  médical  et  hygiénique  des  bains;  par  M.  £.  OssiAN  Henry. 
Paris,  i855;  in-4°. 

Note  sur  la  composition  de  certains  dépôts  qu'abandonnent  les  eaux  minérales 
de  Luxeuil ;  par  le  même.  Paris,  i856;  br.  in-8°. 

Monographie  de  la  famille  des  Batistides;  par  M.  Hollard  (suite  et  fin); 
br.  in-8°. 

Notice  biographique  sur  Edouard  Adam;  par  M.  J.  Girardin  ;  ie  édition. 
Rouen,  i856;  br.  in-8°. 

Discours  prononcé  aux  obsèques  de  M.  Amussat,  le  1  6  mai  1 856  ;  par  M.  le  ba- 
ron H.  Larrey,  au  nom  de  l'Académie  impériale  de  Médecine.  Paris,  i856; 
br.  in-8°. 

Nouveau  Manuel  simplifié  de  photographie  sur  plaque,  verre  et  papier,  albu- 
mine et  collodion,  suivi  d'un  petit  Traité  sur  les  instruments  d'optique  appliqués  à 
la  photographie  ;  par  M.  Ed.  DE  Latreille  ;  nouvelle  édition.  Paris,  i856; 
in-180. 

Société  d'Agriculture,  Commerce,  Sciences  et  Arts  du  département  de  la 
Marne.  Séance  publique  tenue  à  Châlons,  le  i^aoûl  i855.  Travaux  divers  de 
i855.  Rapport  sur  les  travaux  du  congrès  des  délégués  des  Sociétés  savantes  de 
France  (session  de  i856).  Année  i855.  Châlons,  1 856  ;  in-8°. 

Rapport  sur  les  travaux  du  Conseil  central  d' hygiène  publique  et  de  salubrité 
du  département  de  la  Loire-Inf érieure ,  pendant  i année  i854-  Nantes,  i855; 
br.  in-8°. 

Société  d 'Agriculture ,  Belles-Lettres,  Sciences  et  Arts  de  Poitiers.  Séance  pu- 
blique du  14  mai  i856.  Poitiers,  i856;  br.  in-8°. 

Flora  balava;  179e livraison. 

Academia  Lugduno-Batava .  Annales  academ ici.  Année  i85i-i85a;  in-4°. 

Almanaque...  Almanach  nautique  pour  1857,  calculé  par  ordre  de  S.  M.  à 
l'observatoire  de  la  marine  de  la  ville  de  San  Fernando.  Cadix,  1 856  ;  in-8°. 


(  nQi  ) 

Nuovo...  Nouveau  remède  antiscorbutique;  par  M.  Grimelli.  Modène, 
i856;  br.  in-8°. 

Lettere...  Lettres  sur  un  moyen  prophylactique  contre  le  choléra;  par  le 
même;  br.  in-8°. 

Calore. . .  Chaleur  et  froid  appliqués  à  la  guérison  du  choléra  ;  par  le  même  ; 
br.  in-8°. 

Il  mal  di  mare. ..  Le  mal  de  mer;  par  le  même  ;  br.  in-8°. 

Abhandlungen...  Mémoires  de  la  Société  Royale  des  Sciences  de  Gôltingue; 
t.  VI,  i853-i855;  in-4°. 

Uber  die. . .  Sur  les  changements  déformes  produits  par  les  mouvements  mo- 
léculaires dans  les  corps  inorganiques  ;  par  M.  J.-F.-L.  Hausmann.  Gôttingue, 
i856;in-4°. 

Ùber  die...  Sur  la  duplicité  anormale  des  organes  de  l'axe;  par  M.  B. 
Schultze.  Berlin,  i855;  br.  in-8°. 

Ùber  die...  Sur  la  genèse  des  monstres  doubles;  par  le  même.  Berlin, 
i856;br.  in-8°. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  16  juin  i856,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Les  Fontaines  publiques  de  la  ville  de  Dijon.  Exposition  et  application  des  prin- 
cipes à  suivre  et  des  formules  à  employer  dans  les  questions  de  distribution  d'eau; 
ouvrage  terminé  par  un  appendice  relatif  aux  fournitures  d'eau  de  plusieurs 
villes,  au  filtrage  des  eaux  et  à  la  fabrication  des  tuyaux  de  fonte,  de  plomb- 
de  tôle  et  de  bitume;  par  M.  Henry  Darcy.  Paris,  j856;  i  vol.  in-4°,  avec 
Atlas  in-fol.  oblong. 

Exposé  des  applications  de  l' électricité  ;  par  M.  le  vicomte  Th.  Du  Moncel  ; 
t.  Ier  :  Notions  technologiques  ;  ae  édition.  Paris,  i856;  in-8°. 

Mémoire  sur  la  maladie  de  la  vigne;  par  M.  Mares.  Paris,  1 856  ;  broch. 
in-8°. 

Du  progrès  en  thérapeutique  par  V homœopathie  ;  deuxième  Lettre  adressée  en 
réponse  au  Dr  Perry  ;  par  le  Dr  Audouit.  Paris,  1 856  ;  br.  iu-8°. 

Moyens  de  libérer  les  céréales  et  la  pomme  de  terre  de  l'impôt  en  nature  pré- 
levé sur  elles  par  l'industrie;  par  MM.  Thirierge  et  Dr  REMlLLY(de  Versailles)  ; 
br.  in-8°. 


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COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  23  JUIN  1856. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  IS.  GEOFFROY-SAINT-HILAIRE. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

physiologie  végétale.  —  Note  sur  la  composition  immédiate  de  l'épiderme 
et  de  la  cuticule  épidermique  des  végétaux  ;  par  M.  Payew 

«  Parmi  plusieurs  lois  générales  de  la  composition  chimique  des  tissus 
des  plantes  et  de  la  distribution  des  matières  minérales  dans  des  organismes 
spéciaux,  j'avais  indiqué  la  présence  constante  et  les  proportions  notables 
de  matière  azotée  et  de  silice  dans  l'épiderme  et  dans  la  cuticule  épider- 
mique des  racines,  tiges,  feuilles,  poils,  et  généralement  dans  toutes  les 
parties  superficielles  et  jusqu'à  une  certaine  profondeur  de  l'intérieur  des 
stomates  (i). 

»  En  signalant  œs  faits  à  l'attention  des  physiologistes,  je  faisais  remar- 
quer que  la  forte  cohésion  des  pellicules  ou  tissus  superficiels  contribuait, 
avec  la  silice  et  la  matière  azotée,  dont  la  cellulose  se  montrait  injectée  dans 
ces  parties,  à  faire  résister  la  cuticule  et  l'épiderme  à  certaines  réactions 
chimiques  capables  de  désagréger  toutes  les  parties  des  tissus  sous-jacents  ; 

(i)  Voyez  tome  IX  des  Mémoires  présentés  à  l'Académie  des  Sciences  par  divers  savants, 
pages  n4  à  123,  et  tome  XX  des  Mémoires  de  l'Institut  de  France,  pages  5n-5i2,  et 
tome  XXII,  page  527  et  PI.  I,  fig.  io  et  1 1. 

C.  R.,  i856,i«  Semestre.  (T.  XLII,N°23.)  I  56 


(  "94  ) 
qu'il  était  facile  de  mettre  à  profit  ces  différences  dans  les  effets  des  réactifs 
pour  discerner  plus  nettement  qu'on  n'avait  encore  pu  jusqu'alors  le  faire, 
sous  le  microscope,  les  limites  entre  les  parties  épidermiques  douées  de  ces 
caractères  et  les  cellules  sous-jacentes  qui  ne  les  possédaient  pas.  J'avais 
montré  enfin  que  l'application  successive  de  l'iode  en  solution  et  de  l'acide 
sulfurique  isolait  la  cuticule  ou  l'épidémie  résistants  et  colorés  en  jaune,  des 
tissus  internes  désagrégés,  et  souvent  bleuis  par  la  réaction  qui  caractérise 
la  cellulose  pure  ou  faiblement  injectée,  en  la  transformant  par  degrés  en 
matière  amylacée,  dextrine  et  glucose. 

»  Ces  faits  et  les  moyens  mis  en  usage  pour  les  observer  ont  été  constatés 
et  étendus  par  plusieurs  savants  physiologistes,  notamment  MM.  Brongniart, 
de  Mirbel,  Hugo,  Mohl,  Trécul,  etc. 

»  De  mon  côté,  je  me  suis  occupé  en  maintes  occasions  de  vérifier  et  de 
compléter  les  premiers  résultats  que  j'avais  obtenus  en  étudiant  les  lois 
générales  de  la  composition  des  végétaux,  et  je  me  propose  de  commu- 
niquer à  l'Académie  les  faits  nouveaux  que  j'ai  observés  dans  cette  direc- 
tion. 

»  En  ce  qui  touche  la  constitution  chimique  de  la  cuticule  et  de  l 'épi- 
derme,  j'ai  reconnu  que  toujours  la  première,  ainsi  que  les  cellules  épider- 
miques caractérisées  par  la  coloration  jaune  et  la  résistance  à  l'action  com- 
binée de  l'iode  et  de  l'acide  sulfurique,'renferment  à  l'état  normal,  outre  la 
cellulose,  la  silice  et  la  matière  azotée,  des  sels  calcaires  et  alcalins,  plus 
une  matière  grasse  qui  augmente  sa  résistance  aux  agents  extérieurs  (i). 

»  Les  mêmes  caractères  se  remarquent  dans  la  cellulose  superficielle  de 
tous  les  organismes  extérieurs  des  plantes;  je  les  ai  observés  dans  la  pel- 
licule externe  des  fruits  vésiculeux  du  Colutea  arborescens  et  de  divers 


(i)  On  sait  que  M.  Chevreul  a  découvert  dans  le  liège  (voyez  Annales  de  Chimie, 
tome  XCV-XCVI,  page  i4')>  couche  subéreuse  sous  l'épiderme  du  Quercus  suber,  une 
résine  et  plusieurs  matières  grasses,  et  dans  les  feuillets  péridermiques  sous  l'épiderme  du 
bouleau,  une  substance  résinoïde,  labétuline,  qui  joue  un  rôle  important  relativement  à  la 
production,  à  une  certaine  température,  de  la  matière  aromatique  propre  au  cuir  de  Russie, 
ainsi  que  l'a  démontré  notre  confrère  (l'impératrice  Joséphine  avait  pour  cette  odeur  aroma- 
tique développée  dans  le  produit  de  labétuline  torréfiée  une  prédilection  toute  particulière). 

Les  feuilles  de  diverses  plantes  et  les  tiges  des  Cactées  offrent  en  général,  sous  la  cuticule 
superficielle,  des  cellules  épidermiques  formées  de  cellulose  peu  injectée,  qui  se  désagrège 
et  bleuit  dans  ces  circonstances,  laissant  apparaître  les  saillies  anguleuses  de  la  cuticule  entre 
les  joints  des  cellules  qu'elles  recouvrent  et  montrant  la  pénétration  de  la  cuticule  dans  les 
stomates. 


(  "95) 
autres  fruits,  dans  la  cuticule  des  poils  et  des  glandes,  dont  la  membrane 
enveloppante  se  compose  ordinairement  de  deux  parties  :  l'une  externe, 
résistante,  et  l'autre  interne,  douée  d'une  cohésion  moins  forte,  susceptible 
de  se  désagréger  en  se  gonflant  et  prenant  une  coloration  bleue  ou  verdâtre, 
lorsque  l'acide  sulfurique  assez  concentré  pénètre  après  l'iode  jusqu'à 
elle(i). 

»  J'ai  retrouvé  encore  ces  caractères  dans  les  membranes  externes  des  cel- 
lules que  l'enlèvement  de  la  cuticule  ou  de  l'épiderme  avait  exposées  à  l'air 
et  qui,  sous  l'influence  de  la  végétation,  s'étaient  injectées  de  matières  miné- 
rales de  substances  grasses  et  azotées. 

»  Des  caractères  distinctifs  semblables  se  sont  nettement  prononcés  sur 
la  cuticule  des  excroissances  coniques  développées  par  suite  de  la  piqûre 
d'un  insecte  à  la  surface  des  feuilles  de  tilleul;  je  les  ai  retrouvés  encore  sur 
les  poils  implantés  à  l'extérieur  de  ces  excroissances. 

»>  J'ai  repris  à  cette  occasion  avec  MM.  Vilain  et  Thiboumery  l'analyse 
quantitative  de  la  cuticule  épidermique  d'une  tige  de  Cactus  peruvianus,  et 
de  l'épiderme  de  la  pomme  de  terre  dite  patraque  jaune.  Nous  avons  trouvé 
les  nombres  suivants  pour  ioo  parties  à  l'état  sec  : 


Azote  ou  mat.  azotée. 

M.  grasse.      Silice. 

Sels. 

2,01             l3 

9,0g        2,66 

6,67 

i,3g          9,o35 

3,4o (2)  1 ,i35 

10,40  (3) 

Cuticule  du  Cactus 

Epidémie  de  la  pomme  de  terre. 

»  La  proportion  de  cellulose,  déduite  par  différence  et  calculée  égale- 
ment sur  100  parties,  serait  représentée  par  68,58  pour  la  cuticule  du 
Cactus,  et  par  76,03  relativement  à  l'épiderme  de  la  pomme  de  terre. 

»  Ces  nouvelles  observations  confirment,  tout  en  les  complétant,  mes 
premières  recherches  sur  la  composition  immédiate  de  l'épiderme  et  de  la  cu- 
ticule épidermique  des  végétaux  ;  elles  étendent  la  loi  générale  de  cette  com- 
position aux  parties  superficielles  de  productions  anormales  accidentellement 
développées  sur  les  feuilles.  » 


(1)  La  couleur  verte  résulte  du  mélange  de  matières  azotées  jaunies  par  l'iode  avec  la  cel- 
lulose plus  abondante  bleuie  par  les  mêmes  réactifs. 

(2)  La  matière  grasse  de  cet  épiderme  était  colorée  en  jaune. 

(3)  La  quantité  trop  faible  de  matière  n'a  pas  permis  de  doser  les  sels  calcaires  et  alcalins, 
parmi  lesquels  on  a  reconnu  la  présence  des  phosphates. 


i56. 


(  "96) 

chimie  industrielle.  —  Note  sur  les  huiles  employées  à  la  fabrication  du 
rouge  turc;  par  M.  J.  Pelopze. 

«  Les  huiles  fixes  ne  sont  pas  toutes  également  propres  à  la  prépara- 
tion des  teintures  connues  sous  le  nom  de  rouge  turc  ou  de  rouge  d' An- 
drinople. 

»  Celles  employées  généralement  à  cet  usage  sont  des  huiles  d'olive  pro- 
venant, pour  la  plus  grande  partie,  des  États  du  Levant,  de  l'Italie  ou  du 
midi  de  la  France.  On  les  distingue  des  autres  corps  gras  par  la  dénomina- 
tion à' huiles  tournantes,  qui  rappelle  la  propriété  qu'elles  présentent,  étant 
mêlées  à  une  faible  dissolution  alcaline,  de  produire  une  émulsion  lac- 
tescente. Une  huile  de  cette  nature  est  d'autant  plus  estimée  que  cette  émul- 
sion est  plus  parfaite,  et  que  sa  partie  grasse  met  plus  de  temps  à  se  séparer 
du  liquide  aqueux.  Pour  distinguer  une  huile  tournante  d'une  huile  ordi- 
naire ou  flambante,  il  suffit  d'en  laisser  tomber  une  ou  deux  gouttes  dans 
un  verre  à  expérience  en  partie  rempli  d'une  dissolution  de  soude  causti- 
que marquant  i  {àa  degrés  :  la  première  devient  opaque,  la  seconde  reste 
transparente.  C'est  le  procédé  que  suivent  ordinairement  les  industriels  qui 
vendent  ou  qui  achètent  les  huiles  tournantes,  et  ils  jugent,  d'après  le  plus 
ou  moins  d'opacité  des  gouttes  oléagineuses,  si  la  propriété  qu'ils  recher- 
chent est  plus  ou  moins  développée  dans  l'échantillon  d'huile  soumise  à 
l'essai. 

»  Les  huiles  propres  à  la  fabrication  du  rouge  turc  étant  d'un  prix  très- 
élevé,  on  a  cherché  à  les  remplacer  par  des  huiles  de  qualités  inférieures  et 
d'une  valeur  vénale  moindre,  en  mêlant  celles-ci  au  jaune  d'œuf,  en  les 
traitant  par  l'acide  nitrique,  etc.,  etc.;  mais  il  ne  paraît  pas  que  ces  essais 
aient  été  suivis  de  succès,  car  l'industrie  des  toiles  peintes  en  rouge  d'An- 
drinople  consomme  encore  aujourd'hui  des  quantités  énormes  d'huiles 
d'olive  naturellement  tournantes. 

»  Lorsque  j'ai  eu  l'honneur,  en  mars  1 855,  de  présenter  à  l'Académie  un 
travail  dans  lequel  j'ai  fait  voir  qu'il  suffit  d'abandonner  à  elles-mêmes  les 
graines  broyées,  pour  que  les  corps  gras  neutres  qu'elles  renferment  se 
changent  en  acides,  j'ai  annoncé  une  prochaine  application  de  ces  huiles 
partiellement  acidifiées  à  la  fabrication  du  rouge  turc.  Je  savais  déjà  que  les 
huiles  tournantes  du  commerce  n'étaient  autre  chose  que  des  mélanges 
d'un  corps  gras  neutre  avec  un  corps  gras  acide;  mais  je  voulais  que  la 
question  industrielle  fût  jugée  industriellement,   c'est-à-dire  en  fabrique. 


(  "97  ) 
Aujourd'hui  que  j'ai  reçu  les  renseignements  qui  me  manquaient,  je  m'em- 
presse de  communiquer  à  l'Académie  mes  expériences,  dont  je  n'avais 
retardé  la  publication  que  pour  les  rendre  complètes  au  point  de  vue  de  leur 
application  à  l'art  de  la  teinture. 

»  Je  me  suis  procuré  des  huiles  d'olive  tournantes  provenant  de  divers 
pays;  je  les  ai  traitées  par  l'alcool,  et  je  me  suis  assuré  que  toutes  lui  cèdent 
une  quantité  notable  d'acides  oléique  et  margarique.  La  proportion  de  ces 
acides  varie"  de  5  à  1 5  pour  ioo.  On  retire  également  ces  acides  des  mêmes 
huiles  en  faisant  chauffer  celles-ci  pendant  quelques  minutes  avec  un 
alcali. 

»  L'huile  d'olive  ordinaire,  celle  qui  sert  aux  usages  de  la  table,  ne 
contient  pas  d'acide  gras,  ou  n'en  contient  que  des  quantités  insignifiantes; 
il  est  facile  de  s'en  assurer  en  les  traitant  comme  il  vient  d'être  dit  pour 
l'huile  tournante. 

»  Les  faits  que  j'ai  fait  connaître  sur  la  saponification  spontanée  des  corps 
gras  permettent  d'expliquer  facilement  la  composition  différente  des  deux 
huiles  d'olive  dont  je  viens  de,  parler.  Les  huiles  pures  s'obtiennent  par  la 
division  et  la  compression  immédiate  des  olives  arrivées  à  leur  point  de 
maturité. 

v  Le  remaniement  des  tourteaux  et  autres  résidus,  la  fermentation  des 
olives  en  tas,  ou  toute  manipulation  qui  aura  pour  effet  de  multiplier  les 
points  de  contact  de  l'huile  avec  les  matières  qui  l'accompagnent,  et  de 
prolonger  ce  contact,  déterminera  l'acidification  de  l'huile,  et  celle-ci  de- 
viendra tournante. 

»  Indépendamment  des  huiles  tournantes  naturelles,  on  trouve  depuis 
quelques  années,  dans  le  commerce,  des  huiles  de  diverses  espèces  égale- 
ment propres  à  la  fabrication  du  rouge  turc.  Ces  dernières  sortent  de  la 
maison  de  MM.  Boniface  frères,  de  Rouen,  la  seule  en  France  qui  sache  pré- 
parer artificiellement  des  huiles  tournantes.  Ces  négociants  n'.ont  pas  fait 
connaître  les  procédés  à  l'aide  desquels  ils  arrivent  à  ce  résultat  important. 

»  J'ai  constaté  dans  les  huiles  provenant  de  l'usine  de  MM.  Boniface  des 
proportions  très-notables  d'acide  oléique  et  margarique.  Il  est  résulté  pour 
moi,  de  ces  diverses  expériences,  la  conviction  que  la  seule  différence  entre 
les  deux  catégories  d'huiles  commerciales,  considérées  au  point  de  vue  de 
l'art  de  la  teinture,  tient  à  ce  que,  celles  dites  tournantes  sont  mêlées  à  des 
acides  gras,  tandis  que  les  autres  en  sont  exemptes. 

»  M.  Chevreul  a  fait,  il  y  a  plus  de  vingt  ans,  une  observation  qui  cadre 
parfaitement  avec  cette  manière  de  voir.  Il  a  extrait  du  coton  teint  en  rouge 


(  "98  ) 
d'Andrinople  deux  matières  huileuses,  l'une  neutre  au  tournesol,  l'autre  qui 
le  rougit  et  qui  est  formée  d'acides  oléique  et  margarique,  c'est-à-dire  des 
mêmes  acides  dont  je  viens  de  signaler  la  présence  dans  les  huiles  employées 
à  la  fabrication  du  rouge  turc. 

»  Si  l'huile  d'olive  tournante  est  presque  exclusivement  employée  à  la 
préparation  du  rouge  d'Andrinople  ,  cela  tient  surtout  à  ce  que  les  olives 
se  prêtent  mieux  que  les  graines  oléagineuses  à  la  réaction  qui  donne  nais- 
sance aux  acides  gras  ;  mais  aujourd'hui  que  le  rôle  de  cette  huile  est  bien 
connu ,  il  sera  facile  de  la  remplacer  avec  économie  par  des  huiles  à  bas 
prix ,  telles  que  celles  d'ceillette ,  de  sésame,  de  colza,  de  palme,  etc.  Il 
suffira  de  broyer  les  graines  ou  les  amandes  qui  les  contiennent  et  de  les 
abandonner  un  certain  temps  à  elles-mêmes  avant  d'en  extraire  l'huile.  Un 
second  moyen,  plus  simple  encore,  consiste  à  ajouter  directement  aux  huiles 
ordinaires  quelques  centièmes  de  leur  poids  d'acide  oléique  et  margarique 
provenant  des  fabriques  de  bougies  stéariques. 

»  Je  recommande  ce  dernier  moyen  aux  fabricants  de  rouge  turc ,  il  a 
réussi  entre  les  mains  de  M.  Steiner,  qui  en  a  fait  faire  l'essai  dans  sa  fa- 
brique de  toiles  peintes  de  Manchester.  Personne  en  Europe  ne  fabrique  au- 
tant de  rouge  turc  que  cet  habile  industriel,  et  personne  n'était  mieux  placé 
que  lui  pour  juger  du  mérite  de  l'application  que  je  propose  à  l'art  de  la 
teinture  en  rouge. 

»  Je  joins  aussi  à  ma  Note  une  Lettre  de  MM.  Henry  et  fils,  fabricants 
de  rouge  turc  à  Bar-le-Duc,  dans  laquelle  les  personnes  que  cette  industrie 
intéresse  trouveront  d'utiles  renseignements  sur  la  substitution  des  huiles 
acidifiées  artificiellement  aux  huiles  tournantes  naturelles. 

«  Les  applications  que  je  viens  d'indiquer  n'auront  pas  seulement  un  ré- 
sultat économique  au  point  de  vue  de  la  fabrication  des  toiles  peintes  en 
rouge,  elles  permettront  encore  de  remplacer  par  des  huiles  indigènes  des 
huiles  dont  la  plus  grande  partie  nous  vient  de  l'étranger. 

»  J'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  des  échantillons 
de  tissus  de  coton  teint  en  rouge  turc.  La  couleur  a  été  appliquée  sur  les  uns 
avec  de  l'huile  d'olive  tournante,  sur  les  autres  avec  des  mélanges  d'huiles 
neutres  et  d'acide  oléique. 

»  Des  juges  plus  compétents  que  moi,  des  fabricants  de  tissus  très-habiles, 
ont  déclaré  qu'ils  ne  trouvaient  pas  de  différences  sensibles  entre  ces  divers 
échantillons. 

»  Je  joins  à  ces  tissus  un  échantillon  de  coton  filé,  préparé  à  Bar-sur- 


(  \m } 

Seine  avec  de  l'huile  de  colza  mêlée  d'acide  oléique,  qui  a  été  également 
reconnu  d'une  bonne  nuance  et  d'une  bonne  qualité  commerciale. 

»  En  résumé,  il  résulte  de  mes  recherches  : 

»  i°.  Que  les  huiles  propres  à  la  fabrication  du  rouge  turc,  et  qu'on 
connaît  sous  la  dénomination  commerciale  d'huiles  tournantes,  sont  des 
mélanges  d'huiles  neutres  et  d'acides  gras  ; 

»  2°.  Qu'on  peut  obtenir  des  huiles  semblables  et  également  propres  à 
la  fabrication  du  rouge  turc,  soit  par  l'acidification  spontanée  des  huiles 
en  présence  des  seules  matières  qui  les  accompagnent  dans  les  graines,  soit 
par  le  mélange  direct  des  huiles  neutres  du  commerce  et  des  acides  gras , 
particulièrement  de  l'acide  oléique  provenant  des  fabriques  de  bougies 
stéariques. 

»  Il  est  extrêmement  probable  que  le  traitement  de  certaines  huiles  et 
plus  particulièrement  de  celle  de  colza,  par  quelques  centièmes  de  leur 
poids  d'acide  sulfurique,  donnerait  naissance  à  des  mélanges  d'huiles  neu- 
tres et  d'acides  gras  qui,  bien  lavés,  seraient  propres  à  la  fabrication  du 
rouge  turc.  » 

Lettre  de  MM.  Henry  et  fils  à  M.  Pelouze,  sur  le  rouge  turc. 

«  Savonnières  devant  Bar-le-Duc,  12  juin  i856. 

»  Nous  sommes  heureux  de  vous  faire  connaître  les  résultats  satisfaisants 
que  nous  venons  d'obtenir  en  suivant  les  indications  que  vous  nous  avez 
données  pour  faire  tourner  différentes  sortes  d'huiles,  c'est-à-dire  pour 
leur  donner  la  propriété  des  huiles  d'olive  dites  tournantes  servant  à  la 
teinture  du  rouge  d'Andrinople,  par  l'addition  d'une  certaine  quantité 
d'acide  oléique. 

»  La  proportion  de  l'acide  oléique  varie  suivant  les  huiles  ;  nous  avons 
fait  tourner  avec  une  addition  de  5  parties  de  ce  dernier  produit  pour  ioo 
d'huile.  I)ans  d'autres  circonstances,  cette  proportion  a  dû  aller  jusqu'à  io 
ou  i5  pour  ioo,  et  quelquefois  une  addition  de  2  pour  ioo  a  suffi  pour 
rendre  tournante*l'huile  expérimentée.  L'expérience  seule  peut  indiquer  la 
proportion  ;  car  une  trop  grande  quantité  d'acide  oléique  empêche  l'huile  de 
bien  tourner.  Nous  avons  remarqué  aussi  qu'il  fallait  employer  des  huiles 
ayant  subi  déjà  .un  certain  degré  d'épuration,  et  que  des  huiles  brutes  ainsi 
préparées  se  coupaient  moins  bien  avec  la  lessive  de  soude. 

»  Nous  vous  adressons  un  échantillon  de  fil  de  coton  teint  en  rouge  d'An- 
drinople au  moyen  d'huile  ainsi  préparée  ;  l'essai  fait  en  petit  sur  io  kilo- 


(    1200    ) 

grammes  de  cotons  filés  a  donné  une  bonne  nuance  moyenne  et  courante, 
et  proportionnée  au  poids  de  garance  employé;  pour  cette  petite  partie, 
nous  avons  employé  3  kilogrammes  d'huile  de  colza  épurée  et  60  grammes 
d'acide  oléique,  c'est-à-dire  seulement  2  pour  100.  Nous  sommes  convaincus 
que  nous  pourrons  aussi  bien  réussir  en  grand.  » 

travaux  publics.  —  Note  touchant  l'action  saline  de  Veau  de  mer  sur  les 
composés  hydrauliques  en  général;  par  M.  Vicat. 

«  Dans  l'ouvrage  que  je  viens  de  publier  à  ce  sujet,  j'ai  été  conduit  par 
des  expériences  suivies  avec  constance  pendant  treize  ans  à  distinguer  trois 
classes  de  composés  hydrauliques  par  rapport  à  l'action  saline  (page  81), 
savoir  : 

»  i°.  Ceux  qui  résistent  par  l'effet  d'un  changement  de  constitution  chi- 
mique intégral  ou  limité  en  profondeur,  que  la  mer  y  opère  spontanément, 
et  qui  n'ont  par  conséquent  besoin  d'aucun  enduit  préservateur; 

»  20.  Ceux  qui  ne  subsistent  et  ne  peuvent  subsister  que  sous  la  protec- 
tion de  ces  mêmes  enduits  ; 

»  3°.  Ceux  enfin  sur  lesquels  ces  enduits  ne  peuvent  se  maintenir  et  qui 
périssent  par  l'effet  même  des  transformations  chimiques  que  la  mer  tend  à 
y  introduire. 

»  Les  premiers,  ai-je  dit,  peuvent  être  reconnus  et  appréciés  par  certaines 
expériences  de  laboratoire,  à  l'aide  desquelles  on  exerce  sur  eux  une  action 
purement  saline,  c'est-à-dire  indépendante  des  éléments  conservateurs  que 
renferme  la  mer  libre;  on  peut  donc,  quand  ils  résistent  à  cette  épreuve, 
conclure  à  jortiori  qu'ils  résisteront  en  mer  libre,  puisqu'ils  y  trouvent  des 
auxiliaires  qui  viendront  ajouter  à  leur  valeur  intrinsèque. 

»  Quant  aux  composés  de  la  deuxième  et  de  la  troisième  catégorie,  ai-je 
dit  encore  (page  81),  les  essais  de  laboratoire  ne  peuvent  que  les  classer  par 
ordre  de  stabilité,  attendu  que  l'eau  de  mer  naturelle  ou  artificielle  que  l'on 
y  emploie  ne  possède  plus  cette  espèce  de  vitalité  qui  produit  les  végétations 
sous-marines  et  les  sécrétions  d'origine  animale  dont  eile  enveloppe  les 
corps  immergés.  Donc,  pour  ces  derniers,  il  n'y  a  que  la  mer,  dans  toute 
la  liberté  de  ses  courants  et  de  son  agitation  et  avec  tous  ses  éléments  hété- 
rogènes, constants  ou  accidentels,  qui  puisse  répondre  aux  questions  de 
stabilité  ou  de  non-stabilité. 

»  Dans  cette  longue  série  d'expériences,  j'ai  passé  en  revue  :  i°  toutes  les 
pouzzolanes  volcaniques  de  Rome,  de  Naples  et  de  France;  i°  toutes  les 


(    1201     ) 

pouzzolanes  artificielles  que  fournissent  les  argiles,  depuis  les  terres  à  briques 
jusqu'aux  argiles  exemptes  de  fer  et  de  carbonate  de  chaux,  c'est-à-dire  aux 
argiles  blanches  réfractaires  ;  3°  tous  les  ciments  actuellement  dans  le  com- 
merce ;  4°  et  enfin  toutes  les  variétés  possibles  de  chaux  hydrauliques  ;  et 
dans  cette  grande  diversité  de  matériaux  élémentaires  des  composés  hy- 
drauliques, je  n'ai  trouvé  d'absolument  capables  de  résister  à  l'action  des- 
tructive de  la  mer,  et  sans  exception,  que  les  silicates  doubles  d'alumine  et 
de  chaux  fournis  par  la  combinaison  de  1 5  à  20  parties  de  chaux  caustique 
avec  100  parties  de  ces  pouzzolanes  artificielles  peu  cuites,  fournies  par  les 
argiles  blanches,  et  par  exception  par  quelques  argiles  ocreuses  d'une  ori- 
gine géologique  particulière,  et  de  plus  quelques  ciments. 

»  Je  ne  puis  donc  en  conscience  laisser  passer  cette  assertion  de  MM.  Ri- 
vot  et  Chatoney,  que  je  trouve  dans  le  Mémoire  qu'ils  ont  présenté  à  l'Aca- 
démie (Compte  rendu  de  la  séance  du  9  juin  courant,  page  1122),  savoir 
«  que  les  pouzzolanes  artificielles  peuvent  très-rarement  donner  des  résul- 
tats favorables.  » 

• 

»  Aucune  de  celles  qui  m'ont  été  fournies  par  les  nombreuses  variétés 
d'argiles  pures  que  j'ai  essayées  n'a  fait  exception  à  la  règle;  et  je  conserve 
en  eau  de  mer,  dans  les  circonstances  où  sa  puissance  destructive  a  le  plus 
d'intensité,  et  depuis  plus  de  dix  ans,  des  silicates  composés  comme  je  l'ai 
dit  tout  à  l'heure,  parfaitement  intacts  dans  leur  cohésion  physique,  et  cela 
par  l'effet  de  cette  substitution  de  principes  dont  je  parle  (pages  81,  82  et 
89),  et  qui,  sans  nuire  en  rien  à  leur  stabilité,  en  élimine  presque  toute  la 
chaux  attaquable  qu'elle  remplace  par  la  magnésie  et  l'acide  carbonique.  En 
voici  deux  exemples  pris  entre  plusieurs  autres  : 

Composition  initiale  des  silicates  Composition  définitive  des  silicates 

avant  leur  immersion.  après  transformation  complète. 

S  Chaux 1 3 ,  90  \  I  Chaux  combinée  avec 

Silice 55,65/  R  l      la  pouzzolane.  .. .      2,231 

|  Alumine  et  traces  de  |9J>9  ^0  ,_  /Carbonate  de  chaux.      3,87)99,32 

fer 3o,43/  I Magnésie 7>42' 

\  Pouzzolane 85 ,80  ; 

Chaux 1 3 ,  o^  \  /  Chaux  combinée  avec 

Silice 42>64j  1      la  pouzzolane. ..  .     2,43  J 

Alumine  et  traces  de  N°  2. 1  Carbonate  de  chaux.      2,61  \  99,97 

fer 28,3ir99'99  Klagnésie 6,37! 

Magnésie 2,00  1  (  Pouzzolane 88,56 J 

Sable  de  l'argile 14,00/ 

»  On  a  fait  abstraction  de  l'eau  dans  ces  analyses. 

C.  R.,  i856,  ier  Semestre.  (T.  XLII,N°2S.)  1^7 


?ï°2 


(  iaoa  ) 
»  C'est  sur  cette  remarquable  propriété  des  silicates  composés  avec  les 
pouzzolanes  d'argiles  blanches  très-peu  cuites  que  je  fonde  la  solution  gé- 
nérale du  problème  de  résistance  des  composés  hydrauliques  à  l'eau  de 
mer  (i),  solution  dont  l'importance  ne  serait  contestée  par  personne. 

»  On  trouvera  d'ailleurs,  page  90  de  l'ouvrage  récemment  adressé  par 
nous  à  l'Académie,  lequel  ouvrage  est  aussi  entre  les  mains  de  queiques-uns 
de  ses  honorables  Membres,  mon  opinion  sur  l'emploi  d'autres  composés 
hydrauliques  attaquables  dans  le  laboratoire,  et  que  néanmoins  la  mer  libre 
peut  respecter  par  des  moyens  dont  elle  est  dépourvue  quand  on  l'enferme 
dans  les  cuves  ou  baquets. 

»  Je  n'insisterai  pas  sur  le  procédé  proposé  (page  1 120  des  Comptes  ren- 
dus) par  MM.  Chatoney  et  Rivot  pour  obtenir  d'excellentes  chaux  hydrau- 
liques; ce  moyen  n'est  évidemment  pas  pratique  et  ne  le  sera  jamais,  à  moins 
qu'on  ne  trouve  tout  formé  dans  la  nature  du  quartz  porphyrisé  et  en  quan- 
tité convenable. 

»  Je  dois  vivement  regretter  que  les  nombreuses  occupations  de  la  Société 
d'Encouragement  pour  l'industrie  nationale  ne  lui  aient  pas  encore  permis  de 
s'occuper  du  Mémoire  que  je  lui  ai  transmis  en  1 854,  touchant  cette  épineuse 
question  de  l'action  saline  sur  les  constructions  sous-marines,  Mémoire  dont 
la  quatrième  partie  de  ma  récente  publication  n'est  qu'un  extrait  très-suc- 
cinct ;  je  pense  que  si  la  Commission  désignée  pour  l'examen  du  travail  de 
MM.  Chatoney  et  Rivot  le  désirait,  la  Société  d'Encouragement  ne  refuserait 
pas  de  lui  communiquer  momentanément  les  recherches  qui  dans  leur  en- 
semble complet  jettent  une  vive  lumière  sur  toutes  les  phases  du  problème 
en  s' appuyant  sur  des  exemples  empruntés  aux  travaux  antiques  et  modernes 
exécutés  en  mer  libre,  tant  sur  l'Océan  que  sur  la  Méditerranée.  » 

astronomie.  —  Eléments  elliptiques  de  la  l\ie  petite  planète;  Lettre 

de  M.  Valz. 

«  Marseille,  le  19  juin  i856. 

»  D'après  une  observation  du  6  juin  de  la  4«e  petite  planète,  j'ai  pu  en 
calculer  les  éléments  elliptiques  suivants;  mais  comme  les  observations, 
difficiles  à  faire,  ne  sauraient  avoir  une  assez  grande  rigueur,  et  que  les 
intervalles  de  temps  ne  sont  pas  non  plus  assez  considérables,  ces  éléments 

(i)  Ces  argiles  sont,  en  effet,  très-répandues;  on  en  compte  en  France  de  nombreux  gise- 
ments; io  à  12  centièmes  de  sable  quartzeux  n'en  altèrent  pas  sensiblement  les  qualités. 


(  i ao3  ) 
îe  peuvent  avoir  loute  l'exactitude  désirable,  et  ne  pourront  être  de  quel- 
pie  utilité  qu'à  défaut  d'autres  établis  sur  de  plus  grands  intervalles  de 
emps,  ce  qui  est  bien  à  craindre. 

Epoque  3i  ,429  mai  i856  T.  M.  de  Marseille. 

0   o  '    " 
Anomalie  moyenne 343.38.  9 

Longitude  du  périhélie 247  .   7  •  4a 

Nœud  ascendant 180.37.12 

Inclinaison 1 3 .  3g.  5i 

Angle  de  l'excentricité 1  o .  1 3 .  48 

Demi  grand  axe 2 .  3905 

Mouvement  moyen  diurne 966"  ,g6 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  que  M.  DemidoffdL  demandé  à  être 
porté,  comme  Correspondant  de  l'Académie,  sur  la  liste  de  l'Institut,  dans 
la  souscription  pour  les  inondés.  M.  Jaimez,  correspondant  de  M.  Demi- 
doff,  fait  savoir  qu'une  somme  de  2000  francs  lui  a  été  remise  pour  cette 
destination. 


r 


NOJMEXATIOIVS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  la  Com- 
mission appelée  à  décerner  le  prix  d'Astronomie  (fondation  Lalande)  pour 
l'année  i856. 

MM.  Liouville,  Laugier,  Mathieu,  Delaunay  et  Le  Verrier  obtiennent  la 
majorité  des  suffrages. 

L'Académie  procède,  également  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination 
de  la  Commission  appelée  à  juger  les  pièces  adressées  au  concours  pour  le 
prix  de  Physiologie  expérimentale  (fondation  Montyon). 

MM.  Cl.  Bernard,  Flourens,  Rayer,  Serres,  Milne  Edwards,  obtiennent 
la  majorité  des  suffrages. 

L'Académie  avait  nommé,  dans  sa  précédente  séance,  la  Commission  des 
prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.  Dans  cette  Commission,  qui  se  compose 
de  neuf  Membres,  le  premier  des  noms,  celui  de  M.  Serres,  a  été  omis  à 
l'impression.  La  liste  complète  doit  donc  être  lue  ainsi  qu'il  suit  : 

Commissaires,  MM.  Serres,  Rayer,  Velpeau,  Andral,  J.  Cloquet,  Cl.  Ber- 
nard, Jobert  de  Lamballe,  Duméril  et  Flourens. 

157.. 


(     I204    ) 


MÉMOIRES  LUS. 

physique  du  globe.  —  Note  sur  la  grande  inondation  de   la  Loire; 

par  M.  Rozet. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Élie  de  Beaumont, 
de  Gasparin,  M.  le  Maréchal  Vaillant.) 

«  Persuadé  que  les  désastres  dont  la  vallée  de  la  Loire  vient  d'être  le 
théâtre,  m'offriraient  de  nombreux  faits  à  l'appui  du  Mémoire  que  j'ai  lu  le 
26  mai  dernier  à  l'Académie  des  Sciences,  «  Sur  les  moyens  d'arrêter  les  dé- 
vastations des  torrents  dans  les  montagnes,  et  de  prévenir  les  grandes  inon- 
dations des  fleuves  et  des  rivières,  »  je  suis  allé  visiter  une  partie  de  cette 
malheureuse  contrée,  la  plus  horriblement  dévastée  de  toutes  celles  qui 
viennent  de  l'être  par  les  débordements  de  nos  grands  cours  d'eau. 

»  Ce  n'est  qu'au-dessous  de  Blois  que  j'ai  commencé  .mes  études.  Immé- 
diatement en  aval  de  cette  ville,  les  eaux,  qui  avaient  débordé,  çà  et  là,  sur 
la  digue  de  la  rive  droite,  sans  la  rompre,  s'étaient  précipitées  de  l'autre 
côté,  en  lames  minces,  et  avaient  inondé  le  terrain  plat  situé  au-dessous, 
sans  renverser  un  seul  mur,  bien  qu'elles  se  fussent  élevées  à  4  mètres  de 
hauteur,  jusqu'aux  toits  des  maisons.  Dans  les  jardins  et  les  vergers  en- 
clos de  haies,  les  arbres  paraissaient  tous  morts,  bien  qu'ils  n'aient  pas  été 
déracinés.  Le  sol  de  ces  enclos  était  recouvert  d'une  couche  de  limon,  plus 
épaisse  que  celle  qui  couvrait  les  champs  contigus.  Ce  fait  est  le  résultat 
de  l'amortissement  du  courant  par  les  haies.  Nulle  part  je  n'ai  remarqué  de 
dépôts  de  graviers  :  l'eau  n'avait  pas  eu  la  force  de  les  monter  par-dessus 
la  digue. 

»  La  première  brèche  que  j'ai  rencontrée  est  celle  d'Onzain,  moitié  che- 
min entre  Blois  et  Amboise.  Elle  s'est  ouverte  en  face  la  station  du  chemin 
de  fer.  Il  en  est  sorti  un  énorme  cône  de  déjection  formé  de  pierres,  de  gra- 
viers et  de  sables,  qui  s'étend  jusqu'au  delà  des  bâtiments  de  la  station.  A 
l'ouest  de  ce  cône,  un  petit  bois  taillis,  dont  les  plants  n'ont  pas  3  mètres  de 
haut,  a  suffi  pour  arrêter  les  graviers  ;  ceux-ci  ne  l'ont  pas  envahi  sur  une 
largeur  de  plus  de  10  mètres.  Mais  le  cône  de  déjection,  en  suivant  deux 
lisières  perpendiculaires,  s'est  étendu  fort  loin  à  l'ouest  et  au  nord.  Dans  le 
bois,  au  delà  des  graviers,  il  s'est  formé  un  dépôt  limoneux  ayant  plus  de  om,  1 
d'épaisseur.  Près  du  chemin  de  fer,  à  l'est  des  graviers,  une  vigne  les  a  en- 


(     1205    ) 

core  arrêtés,  et  ses  ceps  l'ont  fait  recouvrir  d'une  couche  de  limon  presque 
aussi  puissante  que  celle  du  bois.  Les  graviers  et  les  sables  sont  venus  se  dé- 
poser contre  les  haies  du  chemin  de  fer,  qui  n'ont  pas  1  mètre  de  hauteur, 
en  formant  une  longue  bande  dans  le  sens  du  courant.  Les  dépressions  qui 
séparaient  les  sillons  des  champs,  perpendiculaires  à  ce  même  courant, 
ont  été  comblées  par  des  dépôts  de  limon  et  de  sable,  tandis  que  celles  qui 
se  trouvaient  dans  sa  direction  ont  été  creusées.  Les  colzas,  les  blés  eux- 
mêmes,  ont  été  recouverts  d'un  dépôt  de  limon,  déterminé  par  la  faible  ré- 
sistance de  leurs  tiges. 

»  A  Amboise,  une  immense  brèche  s'est  ouverte,  encore  en  face  de  la 
station  ;  le  flot  qui  l'a  traversée  à  emporté  vingt  maisons  qui  avoisinaient  la 
gare,  fait  crouler  plusieurs  bâtiments  de  celle-ci,  détruit  la  voie  ferrée  en 
l'affouillant  sur  une  grande  longueur  et  en  se  creusant  un  lit  profond,  que 
l'on  ne  pourra  peut-être  jamais  dessécher.  Ici  le  lit  de  déjection  est  im- 
mense, il  se  compose  de  pierres,  de  débris  de  murailles,  de  graviers  et  de 
sables,  sur  une  longueur  de  plus  de  4oo  mètres.  A  côté  de  ce  cône,  se  trou- 
vent des  vignes  et  des  jardins  bordés  de  haies,  recouverts  d'un  dépôt  limo- 
neux, et  dans  l'intérieur  desquels  des  maisons  sont  restées  debout. 

»  Près  le  viaduc  de  Mont-Louis,  une  vaste  brèche  s'est  ouverte  sur  la 
rive  gauche  du  fleuve,  et,  au-dessous,  les  cultures  sont  enfouies  sous  une 
masse  de  pierres,  de  graviers  et  de  sables. 

»  A  Saint-Pierre-des-Corps,  à  l'embouchure  du  canal  qui  joint  la  Loire  et 
le  Cher,  l'eau,  passant  sous  le  pont,  se  précipite  dans  le  canal,  en  affouillant 
les  culées,  et  pratique  une  large  brèche  dans  la  digue  de  la  Loire.  Le  flot,  ar- 
rêté par  la  première  écluse  qui  était  fermée,  s'élève  rapidement  entre  les  deux 
digues  qui  contiennent  le  canal.  Une  masse  de  travailleurs  était  alors  occu- 
pée à  consolider  celle  de  l'occident,  dont  la  destruction  eût  inévitablement 
entraîné  celle  de  Tours.  Malgré  tous  les  efforts,  cette  digue  croulait,  quand 
avec  un  fracas  épouvantable  celle  de  l'est  céda,  en  donnant  passage  à  une 
montagne  d'eau,  qui  se  précipite  sur  le  village  et  emporte  dix  maisons.  Le 
courant,  amorti  par  les  haies  des  jardins,  inonda  les  autres  jusqu'aux  toits 
sans  les  renverser.  Suivant  alors  la  levée,  l'eau  s'étendit  dans  la  plaine  jus- 
qu'aux remblais  du  chemin  de  fer  d'Orléans  ;  mais  venant  à  rencontrer  celle 
du  Cher,  qui  avait  passé  par  la  brèche  de  Roche-Pinard,  il  s'ensuivit  un 
exhaussement  considérable  :  les  deux  ondes  réunies  tombent  dans  le  canal, 
le  comblent  et  crèvent  en  deux  endroits  la  levée  de  l'occident.  Tout  est 
rasé  en  face  des  brèches,  d'où  partent  maintenant  deux  cônes  de  déjection. 


(     I20Ô    ) 

Ici  encore  de  simples  haies,  de  2  mètres  de  haut,  ont  préservé  des  mai- 
sons et  déterminé  de  puissants  dépôts  de  limon  dans  les  enclos  qu'elles 
limitent.  La  Loire  et  le  Cher  réunis  couvrent  la  Varenne  jusqu'à  la  levée 
de  Grand-Mont,  route  de  Bordeaux  ;  la  belle  gare  de  Tours  est  inondée 
jusqu'à  3  mètres  de  hauteur,  et  l'eau  pénètre  dans  la  ville  par  plusieurs 
issues.  Quand  un  mur  s'oppose  à  son  passage,  elle  s'élève  contre,  le  ren- 
verse et  anéantit  la  maison  qui  est  derrière;  c'est  ainsi  que  plusieurs  mai- 
sons du  faubourg  Saint-Etienne  ont  été  emportées  :  deux  ont  été  tellement 
affouillées,  qu'il  existe  à  la  place  de  profondes  excavations  remplies  d'une 
eau  noire  et  puante. 

»  La  levée  de  Grand-Mont  résistant  à  la  fureur  du  flot,  il  la  suit  et  va  se 
précipiter  sous  l'arcade  du  chemin  de  fer  de  Nantes.  En  affouillant  les 
culées,  il  renverse  le  pont  et  s'ouvre  un  passage  de  80  mètres  de  large. 
Toute  la  plaine  de  Saint-Sauveur  et  le  faubourg  Saint-Eloys  sont  aussitôt 
dévastés,  le  chemin  de  fer  est  détruit  sur  plus  de  3oo  mètres,  toutes  les 
constructions  qui  existaient  devant  la  brèche  sont  emportées,  et  leurs 
débris  gisent  maintenant  dans  le  cône  de  déjection  qui  en  est  sorti.  A 
100  mètres  au-dessous,  une  petite  pépinière  entourée  d'une  haie  qui  n'a 
pas  im,5o  de  haut,  a  détourné  les  graviers  du  cône,  qui  se  sont  jetés  à 
droite  en  décrivant  une  courbe  ;  il  s'est  formé  dans  son  intérieur  un  puis- 
sant dépôt  de  limon,  et  une  cabane  en  bois,  qui  s'y  trouve  encore,  a  été  pré- 
servée. Au-dessous,  les  haies  des  jardins  ont  encore  sauvé  des  maisons,  bien 
qu'elles  aient  été  inondées  jusqu'aux  toits  :  elles  ont  empêché  les  affouil- 
lements. 

»  Sur  la  levée  de  la  route  de  Chinon,  entre  le  pont  Saint-Sauveur  et  le 
hameau  de  Pont-Cher,  des  peupliers  qiii  ont  om,4  à  om,5  de  diamètre,  plantés 
sur  le  bord  oriental  de  cette  levée,  l'ont  tellement  préservé,  en  déterminant 
des  remous,  que  l'herbe  n'a  pas  même  été  enlevée.  Du  côté  opposé,  l'eau  se 
précipitant  d'une  hauteur  de  t\  mètres,  la  levée  a  été  fortement  excavée  et 
les  maisons  qui  se  trouvaient  au-dessous  en  partie  détruites.  Sur  les  deux 
levées  du  canal  de  Saint-Pierre- des-Corps,  où  les  arbres  ne  sont  pas- plus 
gros  que  le  bras,  les  remous  n'ayant  pu  se  produire,  le  sol  a  été  profondé- 
ment raviné. 

»  Ces  divers  obstacles,  qui  viennent  de  produire  de  si  grands  effets,  sont 
bien  inférieurs  aux  blocs  et  aux  piliers  de  pierre  que  je  propose  d'établir 
le  long  des  torrents,  avec  des  traverses  de  cailloux,  pour  en  arrêter  les  dé- 
gâts et  les  forcer  à  colmater  le  sol.  Mes  digues  criblantes,  placées  dans  les 


(  i2°7  ) 
gorges  des  bassins  de  réception  et  dans  les  étranglements  des '-vallées,  empê- 
cheront certainement  l'eau  de  s'élever  subitement  dans  le  lit  en  aval, 
comme  il  arrive  actuellement  à  la  suite  des  pluies.  Les  moyens  décrits  dans 
mon  Mémoire  peuvent  donc  non-seulement  prévenir  les  grandes  crues,  mais 
aussi  diminuer  les  dégâts  qu'elles  causent  dans  les  plaines,  quand  ces 
moyens  n'auraient  pas  été  employés  dans  les  montagnes  d'où  sortent  les 
cours  d'eau. 

»  Il  n'y  a  eu  de  grands  désastres  dans  la  vallée  de  la  Loire  que  sur  les 
points  où  les  digues  ont  crevé  ;  à  Savonnière,  à  Villandry,  à  la  Chapelle-sur- 
Loire  où  plus  de  cent  maisons  ont  été  rasées,  et  jusqu'à  Nantes,  ils  proviennent 
de  la  même  cause.  Puisque  c'est  le  système  d'endiguement  employé  depuis 
tant  de  siècles  qui  produit  de  si  grands  maux,  il  faut  l'abandonner  complè- 
tement. Je  ne  doute  point  que  celui  que  j'ai  eu  l'honneur  de  proposer  à  l'Aca- 
démie, appliqué  au  cours  de  la  Loire,  ne  préservât  ses  rives  des  grandes  inon- 
dations et  ne  rendît  ce  fleuve  navigable,  pendant  toute  l'année,  sur  des  points 
que  de  légers  bateaux  ne  peuvent  pas  maintenant  franchir  en  été.  De  plus,  il 
permettrait  de  cultiver  une  assez  grande  partie  du  sol  compris  entre  ses  di- 
gues, et  de  celui  dévasté  dans  les  montagnes  par  le  fleuve  et  ses  affluents, 
pour  payer,  au  delà,  toutes  les  dépenses  qu'entraîneraient  les  travaux.  » 

hydrographie.  —  Carte  hydrographique  souterraine  de  la  ville  de  Paris  ; 
par  M.  Delesse.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Élie  de  Beaumont,  Pelouze.) 

«  La  ville  de  Paris  est  traversée  par  quatre  nappes  d'eau  superficielles  : 
la  Seine,  la  Bièvre,  le  ruisseau  de  Ménilmontant  et  le  canal  Saint-Martin. 
Le  ruisseau  de  Ménilmontant,  dont  le  cours  est  tracé  sur  les  anciens  plans 
de  Paris,  descendait  de  la  colline  qui  porte  le  même  nom  ;  il  se  dirigeait 
vers  la  rue  des  Filles-du-Calvaire,  et,  décrivant  de  ce  point  un  arc  de  cercle 
autour  du  centre  actuel  de  Paris,  il  allait  se  jeter  dans  la  Seine,  au  quai  de 
Billy.  Les  travaux  exécutés  dans  Paris  ont  complètement  changé  le  régime 
de  ce  ruisseau;  il  est  d'ailleurs  dissimulé  par  les  constructions  qui  le  re- 
couvrent, mais  il  continue  à  couler  dans  le  grand  égout  de  ceinture  en  le- 
quel il  a  été  transformé.  La  Bièvre  et  l'ancien  ruisseau  de  Ménilmontant 
sont  renfermés  dans  une  cuvette  parfaitement  étanche,  et  par  conséquent 
ces  deux  cours  d'eau  ne  donnent  lieu  à  aucune  nappe  d'infiltration. 


(     1208    ) 

»  Indépendamment  des  nappes  superficielles ,  il  existe  des  nappes  souter- 
raines qu'on  rencontre  lorsqu'on  pénètre  dans  l'intérieur  de  la  terre  ;  ce 
sont  elles  qui  alimentent  les  puits.  Elles  ont  déjà  été  étudiées  par  Buache, 
Bonami,  Girard,  ainsi  que  par  MM.  Mary,  Belgrand  et  de  Fourcy. 

»  La  carte  que  je  présente  à  l'Académie  fait  connaître  d'une  manière 
complète  les  nappes  souterraines  des  puits  ordinaires  de  Paris.  Elle  les  re- 
présente pour  une  époque  d'étiage  de  la  Seine,  le  i5  mars  ï854- 

»  La  surface  supérieure  de  ces  nappes  souterraines  est  déterminée  par 
des  courbes  horizontales  tracées  de  mètre  en  mètre.  Des  cotes  indiquent 
la  hauteur  des  courbes  au-dessus  du  niveau  moyen  de  la  mer. 

»  La  nappe  souterraine  en  communication  immédiate  avec  la  Seine  est  ce 
que  l'on  appelle  sa  nappe  d'infiltration.  Cette  nappe  s'étend  sous  Paris,  et 
c'est  elle  qui  fournit  même  de  l'eau  à  presque  tous  les  puits.  Ses  courbes 
horizontales  sont  des  lignes  ondulées  à  peu  près  parallèles  :  elles  sont  dispo- 
sées symétriquement  sur  chaque  rive  de  la  Seine,  et  elles  vont  se  raccorder 
avec  la  nappe  superficielle;  elles  se  coupent  d'ailleurs  deux  à  deux  sous  des 
angles  très-aigus  qui  s'engagent  l'un  dans  l'autre,  et  qui  ont  leurs  sommets 
dirigés  vers  l'amont. 

»  Le  niveau  de  la  nappe  d'infiltration  est  généralement  supérieur  à  celui 
de  la  Seine;  il  s'élève  à  mesure  qu'on  s'éloigne  des  bords  du  fleuve.  Près 
de  ces  bords,  il  s'abaisse  jusqu'à  ijm,5  en  amont  de  Paris,  à  la  barrière  de 
la  Gare,  et  même  jusqu'à  25m,5  en  aval,  près  de  la  barrière  de  la  Cu- 
nette.  Sur  la  rive  gauche,  la  différence  de  niveau,  entrg  le  point  le  plus 
haut  et  le  point  le  plus  bas  de  la  nappe  souterraine,  est  au  plus  de  5  mètres. 
Sur  la  rive  droite,  cette  différence  s'élève  jusqu'au  double. 

»  La  pente  moyenne,  à  la  surface  de  la  nappe  souterraine,  est  supérieure 
à  om,ooi  par  mètre.  Dans  les  parties  contiguës  à  la  Seine,  elle  est  beaucoup 
plus  grande  et  elle  atteint  même  ora,oi .  La  pente  moyenne  de  la  Seine,  dans 
la  traversée  de  Paris,  est  seulement  de  om,oooa  ;  par  conséquent,  elle  est  bien 
moindre  que  celle  de  la  nappe  d'infiltration.  Cette  différence  dans  les 
pentes  des  deux  nappes  tient  à  ce  que  l'eau  ne  peut  s'écouler  qu'avec  de 
très-grandes  difficultés,  même  à  travers  les  terrains  les  plus  perméables. 

»  La  nappe  d'infiltration  reçoit  bien  Teau  d'infiltration  de  la  Seine  qui 
s'y  répand  à  l'époque  des  crues,  mais  elle  est  surtout  alimentée  par  les  eaux 
provenant  des  collines  qui  environnent  Paris.  Les  nappes  souterraines  qui 
se  trouvent  à  un  niveau  supérieur  y  déversent  aussi  leurs  eaux. 

»  La  forme  de  la  nappe  d'infiltration  dépend  essentiellement  de  la  Seine. 


(  iao9  ) 
Elle  change  lorsque  la  Seine  s'élève  ou  s'abaisse  ;  elle  reproduit  toutes  ses 
variations.  Elle  dépend  également,  bien  qu'à  un  moindre  degré,  d'éléments 
constants  qui  sont  :  le  bassin  hydrographique  avec  lequel  elle  communique, 
le  relief  du  sol,  et  la  disposition  des  couches  imperméables  sur  lesquelles 
elle  repose.  La  nappe  d'infiltration  a  donc  une  origine  très-complexe. 

»  Les  îles  Saint-Louis  et  Notre-Dame  ont  une  nappe  souterraine  distincte, 
qui  est  également  une  nappe  d'infiltration.  Ses  courbes  horizontales  sont 
concentriques  et  à  peu  près  parallèles  à  leurs  contours.  La  nappe  souter- 
raine forme  par  conséquent  une  surface  qui  s'élève  vers  la  partie  centrale 
de  chaque  île,  et  qui  s'incline  au  contraire  sur  ses  bords.  La  pente  de  cette 
nappe  est  d'ailleurs  très-considérable,  car  elle  dépasse  om,oi  par  mètre. 

»  Près  de  la  barrière  Blanche,  quelques  puits  de  Paris  sont  alimenté.s  par 
une  nappe  souterraine  dont  la  cote  est  supérieure  à  l\i  mètres.  Cette  nappe 
est  toute  différente  de  la  nappe  d'infiltration  de  la  Seine  :  on  retrouve  cette 
dernière  au-dessous,  à  la  cote  de  32  mètres. 

»  Près  des  barrières  Rochechouart  et  de  Fontarabie,  des  nappes  souter- 
raines s'élèvent  à  la  cote  de  37  mètres;  elles  sont  également  au-dessus  de  la 
nappe  d'infiltration. 

»  La  carte  hydrographique  montre  comment  s'opère  l'écoulement  des 
eaux  dans  les  nappes  souterraines.  Si  l'on  considère,  par  exemple,  la  nappe 
d'infiltration  de  la  Seine  qui  s'étend  partout  au-dessous  de  Paris,  il  est  visi- 
ble que  l'eau  se  dirigera  nécessairement  d'un  point  plus  élevé  vers  un  point 
plus  bas;  par  conséquent  elle  se  déversera  des  barrières  vers  la  Seine.  Sa 
pente  est  surtout  très-grande  sur  les  bords  du  fleuve.  Ainsi^  bien  que  cela 
puisse  paraître  paradoxal  au  premier  abord,  la  Seine  joue,  à  l'égard  de  la 
nappe  souterraine,  le  rôle  d'un  canal  de  dessèchement;  elle  détermine  l'é- 
coulement de  ses  eaux  et  elle  opère  le  drainage  de  la  ville  de  Paris. 

»  Les  eaux  qui  tombent  sur  la  surface  d'un  cimetière  pénètrent  à  travers 
des  cadavres  en  décomposition  et  se  réunissent  ensuite  aux  eaux  de  la  nappe 
souterraine  qui  est  la  plus  rapprochée  de  la  surface.  Malgré  la  filtration  na- 
turelle à  laquelle  elles  sont  soumises,  qui  les  débarrasse  rapidement  de  la 
plus  grande  partie  des  matières  qu'elles  tiennent  en  suspension,  ces  eaux 
sont  nécessairement  très-impures  et  peuvent  être  nuisibles  à  la  salubrité. 
Il  était  donc  utile  de  rechercher  dans  quelle  direction  s'écoulent  les  eaux 
qui  ont  traversé  les  immenses  ossuaires  de  Paris.  Un  coup  d'œil  jeté  sur  la 
carte  fait  voir  que  le  choix  de  l'emplacement  de  ces  ossuaires  laisse 
à  désirer;  car  les  eaux  du  cimetière   Mont-Parnasse,  par  exemple,  s'é- 

C.  R.  i856,   i«  Semestre.  (T.  X.LII,  N°  23.)  I  58 


(  iaio  ) 
coulent  dans  la  nappe  d'infiltration  de  la  Seine,  et  il  est  visible  qu'elles  se 
rendent  ensuite  clans  le  fleuve,  en  traversant  une  partie  du  faubourg  Saint- 
Germain. 

»  Les  indications  précédentes  suffisent  pour  montrer  que  la  carte  hydro- 
graphique de  Paris  permet  de  résoudre  un  grand  nombre  de  questions  im- 
portantes qui  sont  relatives  à  la  salubrité,  aux  inondations,  au  drainage,  à 
l'écoulement  des  eaux,  à  l'établissement  deségouts  et  à  l'exécution  de  tous 
les  travaux  souterrains.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

chimie  organique.  —  Mémoire  sur  les  produits  de  la  transformation  de  la 
fécule  et  du  ligneux  sous  Vinjluence  des  alcalis,  du  chlorure  de  zinc 
et  des  acides  (i);  par  M.  A.  Béciiamp.  (  Extrait  par  l'auteur.  ) 

(Commissaires,  MM.  Biot,  de  Senarmont.  ) 

«  Ce  travail  est  divisé  en  deux  parties.  Dans  la  première  je  me  suis  pro- 
posé de  démontrer  les  propositions  suivantes  : 

»  I.  L'insolubilité  de  la  fécule  est  indépendante  de  l'état  organisé  de 
cette  substance;  mais  la  propriété  qu'elle  possède  de  former  de  l'empois, 
dépend  de  son  organisation  naturelle. 

»  En  effet,  sous  l'influence  de  dissolutions  concentrées  de  potasse  caus- 
tique ou  de  chlorure  de  zinc,  la  fécule  se  transforme  en  empois;  par  l'action 
de  la  chaleur,  cet  empois  se  liquéfie  de  plus  en  plus,  au  point  de  traverser 
les  filtres  de  papier  et  de  produire  des  dissolutions  transparentes.  De  ces 
dissolutions  on  retire  de  la  fécule  désorganisée  qui  est  insoluble  dans  l'eau 
bouillante,  et  qui  ne  forme  plus  d'empois.  Si  la  formation  de  l'empois  est 
due  à  un  gonflement  des  grains  de  fécule,  il  est  clair  que  la  liquéfaction 
de  cet  empois  doit  être  attribuée  à  la  destruction  de  la  cause  qui  détermine 
sa  formation  sous  ces  influences,  savoir  l'organisation.  J'ai  donc  raison  de. 
dire  que  les  dissolutions  alcalines  se  bornent  à  désorganiser  la  fécule. 


(i)  Quelques-uns  des  résultats  de  cette  étude  ont  déjà  été  consignés  dans  une  Note  insérée 
au  Compte  rendu  de  la  séance  de  l'Académie  du  2  octobre  i854-  Après  la  présentation  de 
celle  Note,  j2ai  été  assez  heureux  pour  recevoir  les  conseils  bienveillants  de  M.  Biot  et  de 
M.  Regnault.  Ces  conseils  ont  donné  l'étendue  d'un  Mémoire  au  travail  que  je  soumets  au- 
jourd'hui au  jugement  de  l'Académie,  travail  qui  ne  devait  avoir  que  quelques  pages. 


(  >a"  ) 

»  II.  La  fécule  se  modifie  insensiblement  sans  changer  de  nature  pour 
passer  de  l'état  insoluble  à  un  état  particulier  où  elle  est  capable  de  se 
dissoudre  dans  l'eau. 

»  III.  i°.  Que  la  fécule  soluble  est  un  principe  particulier  qui  possède 
toutes  les  propriétés  de  la  fécule,  moins  l'insolubilité  ;  i°  que  cette  substance 
diffère  de  la  dextrine. 

»  IV.  Lorsque  la  fécule  a  été  transformée  en  dextrine,  celle-ci  subit  à 
son  tour  des  modifications  insensibles  pour  se  transformer  finalement  en 
sucre. 

»  En  effet,  ces  trois  propositions  sont  démontrées  par  les  faits  suivants  : 

»  i°.  La  fécule  à  l'état  d'empois  se  liquéfie  brusquement  sous  l'influence 
de  l'acide  sulfurique  étendu  ou  de  la  diastase  et  de  la  chaleur.  Le  résultat  de 
la  liquéfaction  a  été  appelé  dextrine.  Or,  en  analysant  le  phénomène  avec 
soin,  je  suis  parvenu  à  saisir  :  i°  l'instant  de  la  désorganisation  où  la  fécule 
est  encore  insoluble  ;  20  son  passage  insensible  à  un  état  particulier  carac- 
térisé par  une  solubilité  que  je  discute,  par  la  propriété  de  bleuir  par  l'iode, 
et  surtout  par  la  grandeur  constante  de  son  pouvoir  rotatoire  qui  est  de  2 1 1 
à  2 1 2  degrés  ;  3°  le  passage  insensible  de  ce  produit  à  l'état  de  dextrine, 
c'est-à-dire  à  l'état  d'un  composé  ne  bleuissant  plus  par  l'iode  et  possédant 
un  pouvoir  rotatoire  plus  petit  que  celui  de  la  modification  précédente  : 
4°  enfin  la  transformation  de  cette  dextrine  en  un  produit  non  fermentes- 
cible  qui  en  diffère  notablement  et  en  sucre. 

«  20.  Les  acides  sulfurique  et  nitrique  concentrés  conduisent,  sui- 
vant la  durée  de  leur  action  à  la  température  ordinaire,  à  des  résultats 
analogues. 

»  3°.  L'acide  acétique  déconcentration  moyenne,  entre  100  et  i3o  de- 
grés de  température,  modifie  la  fécule  sans  la  transformer  en  sucre,  ce  qu'a- 
vaient déjà  reconnu  M.  Biot  et  M.  Persoz.  J'ai  obtenu  un  produit  ou  des  pro- 
duits non  fermentescibles  et  non  colorables  en  bleu  par  la  teinture  d'iode. 
Pour  étudier  cette  action,  j'ai  formé  une  liqueur  acétique  qui  contenait 
ogr,846  de  fécule  pure  et  séchée  à  1 20  degrés  sur  1  o  centimètres  cubes.  Cette 
liqueur  a  été  partagée  dans  huit  tubes  qui  ont  été  scellés.  Le  tableau  sui- 
vant résume  l'expérience.  Pour  calculer  le  pouvoir  rotatoire  on  a,  en  se 

servant  de  la  formule  (a)y=  &j-  de  M.  Berthelot, 

p  =  0,846,     v  =  iocc     à     £=I2°, 

et  pour  ctj  les  nombres  du  tableau. 

i58.. 


(  iaia  ) 


NATURE    DE    LA    LIQUEUR 

et  circonstances  qui  lai  sont  particulières. 


A.  Chauffé  pendant   ih    à    ioo°.  Li- 

queur encore  un  peu  louche  que 
la  tiltration  n'éclaircit  pas  com- 
plètement  

B.  Chauffé  pendant  a*1  à  ioo°.   Liq. 

transparente 

C.  Chauffé  pendant  4h  à   ioo°.   Liq. 

transparente 

D.  Chauffé  pendant  8h  à  ioo°.   Liq. 

limpide  et  fluide  comme  de  l'eau. 

E.  Chauffé  pendant  I2h  à  ioo0/Liq. 

limpide 

F.  On  a  mis  du  CICa  dans  le  bain  et 

on  a  continué  de  chauffer,  I2*1  à 
100°  et  2*1  entre  no  et  1200.  . . . 

G.  Chauffé  encore  pendant  6h  entre 

120  et i3o° 

H.  Chauffé  encore  pendant  8*1  entre 
1 20  et  1 3o° 


ACTION 

de  la 
teinture  d'iode. 


Bleu  franc . 

Id. 

Id. 

Bleu  tr.-peu  violacé 

Id. 

Violet  rougeàtre. 

Brun  jaunâtre. 

Id. 


ACTION  DE  L'ALCOOL, 

25cc  sur  iocc 
de  liqueur. 


Précipité  abondant. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 

Trouble  peu  abond 

Ne  trouble  plus. 

Id. 


I 


DEVIATION 

relative 
à  la  teinte 
de  passage, 

;  =  200"". 


35,64 
35,35 
35, 11 

34,9i 
34,9' 

a7)38 
26,88 
26,88 


POUVOIR 

rota  loi  re 
relatif 
à  100— . 


210,63^ 

208,92 

207.50 

206,32 

206,32 

161,82^ 

i58,86 

i58,86 


DIFFÉRENCES 

consécutives 

des  pouvoirs 

rotatoires. 


',7' 
1,42 
1 ,  18 
0,00 

44, 5o 
2,96 


»  Le  produit  de  H  a  été  évaporé  et  desséché  à  1 10  degrés;  mis  en  contact 
avec  la  levure  de  bière  en  présence  d'une  quantité  convenable  d'eau  et 
sous  l'influence  d'une  température  de  25  à  3o  degrés,  il  n'a  pas  fermenté. 
Le  pouvoir  rotatoire  de  la  fécule  soumise  à  l'action  des  acides  peut  donc 
baisser  sans  qu'il  se  forme  du  sucre;  avant  de  se  transformer  en  sucre,  la 
fécule  peut  donc  engendrer  des  produits  dont  la  solubilité  va  sans  cesse  en 
augmentant,  tandis  que  le  pouvoir  rotatoire  devient  de  plus  en  plus  petit. 

»  4°-  Lorsque  l'on  saccharifie  la  fécule  par  l'acide  sulfurique  étendu,  une 
partie  de  la  dextrine  résiste.  En  reprenant  par  l'alcool  des  glucoses  de  di- 
verses provenances,  j'en  ai  toujours  séparé  un  produit  non  fermentescible, 
voire  même  deux  produits  caractérisés  par  un  pouvoir  rotatoire  relativement 
petit,  et  par  la  propriété  d'attirer  l'humidité.  Je  donne  dans  mon  Mémoire 
un  tableau  des  pouvoirs  rotatoires  de  diverses  dextrines,  compris  entre  i8r 
et  iï5  degrés,  d'où  il  paraît  résulter  qu'il  existe  au  moins  deux  produits 
différents  distincts  de  la  fécule  soluble. 

»  En  relisant  avec  attention  les  Mémoires  où  M.  Biot  a  traité  la  ques- 
tion qui  m'occupe,  il  m'a  paru  évident  que  j'appelle  fécule  soluble  le  produit 


(  i>i3) 
que-  l'illustre  doyen  de  l'Académie  des  Sciences  a  appelé  dextrine,  et  dont 
le  pouvoir  rotatoire  est  de  -f-  212  degrés.  Par  conséquent  la  dextrine,  dans 
l'ordre  historique  de  sa  découverte,  est  le  composé  dont  le  pouvoir  rotatoire 
est  de  212  degrés.  Cependant  comme  toutes  les  méthodes  qui  m'ont  fourni 
un  produit  de  transformation  à  pouvoir  rotatoire  aussi  élevé,  me  l'ont  fourni 
bleuissant  par  l'iode,  comme  d'ailleurs  tous  les  ouvrages  de  chimie  présen- 
tent la  dextrine  comme  un  composé  ne  bleuissant  pas  par  l'iode,  je  conser- 
verai le  nom  de  fécule  soluble  au  produit  à  pouvoir  très-élevé 

» Dans  la  deuxième  partie  de  ce  travail,  j'étudierai  le  ligneux  sous  le 

même  point  de  vue. 

»  Les  acides  concentrés,  tels  que  le  sulfurique  ou  le  chlorhydrique,  dis- 
solvent le  coton  après  l'avoir  transformé  en  une  masse  pultacée.  Suivant  la 
durée  de  l'action  de  l'acide  sulfurique,  on  peut  obtenir  divers  produits  fa- 
ciles à  caractériser  :  i°  le  ligneux  désagrégé  et  dissous  par  l'acide  sulfurique 
ou  le  chlorhydrique  peut  en  être  séparé  par  l'eau  sous  la  forme  d'une  masse 
gélatineuse  insoluble;  2°le  ligneux,  sans  perdre  ses  propriétés  essentielles, 
peut  être  séparé  de  l'acide  sous  la  forme  d'une  masse  gélatineuse  soluble 
dans  l'eau  froide;  c'est  ce  produit,  analogue  à  celui  que  j'ai  appelé  fécule 
soluble,  sans  me  prononcer  sur  la  nature  de  la  solution,  que  je  propose 
d'appeler  ligneux  soluble;  3°  le  ligneux  peut  engendrer  un  deuxième  pro- 
duit soluble,  que  Braconnot  avait  appelé  une  gomme,  que  l'on  a  confondu 
plus  tard  avec  la  dextrine,  mais  qui  en  diffère  par  un  pouvoir  rotatoire 
beaucoup  plus  petit,  je  l'appelle  dextrine  de  ligneux;  If  ces  produits  solu- 
bles  peuvent  se  transformer  en  sucre  sous  l'influence  de  l'acide  sulfurique 
étendu  et  de  la  chaleur.  Le  ligneux  peut  donc  engendrer  une  série  parallèle 
à  celle  de  la  fécule. 

»  Mais  ce  qu'il  y  a  de  remarquable  et  de  très-digne  d'être  noté,  c'est  que 
tandis  que  le  pouvoir  rotatoire  de  la  fécule  soluble  est  le  plus  grand  qui 
soit  connu,  le  pouvoir  rotatoire  du  ligneux  soluble  est  nul,  dans  des  limites 
assez  étendues  de  concentration  des  liqueurs  et  de  longueur  des  tubes.  Et 
ce  qui  n'est  pas  moins  remarquable  dans  l'histoire  des  pouvoirs  rotatoires, 
le  ligneux  soluble,  corps  optiquement  inactif,  devient  actif  vers  la  droite 
en  se  transformant  en  dextrine  et  en  sucre.  L'inactivité  paraît  appartenir 
au  ligneux  insoluble  lui-même  ;  car  une  dissolution  de  coton  dans  l'acide 
chlorhydrique  fumant,  d'où  l'eau  sépare  du  ligneux  insoluble  sous  forme 
gélatineuse,  ne  dévie  pas  le  plan  de  polarisation.  » 


(  iai4  ) 

météorologie.  —  Observations  sur  les  tempêtes }  les  coups  de  vent  et  les 
orages,  dans  la  partie  de  la  mer  Méditerranée  comprise  entre  les  côtes 
de  France  et  celles  de  l'Algérie;  par  M.  Lartigce. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.   Pouillet,  Duperrev, 

Le  Verrier,  Bravais.) 

o  Pendant  l'été,  les  vents  polaires  du  nord  au  nord-ouest  dominent 
entre  les  côtes  de  France  et  les  îles  Baléares  :  alors  le  temps  est  beau,  le 
baromètre  élevé,  quoique  par  intervalles  ces  vents  acquièrent  une  grande 
intensité.  Entre  les  Baléares  et  les  côtes  de  l'Algérie,  le  temps  est  beau,  les 
vents  sont  modérés;  ils  soufflent  le  plus  ordinairement  du  nord,  près  de  ces 
îles,  du  nord-est  à  mi-canal,  et  de  l'est-nord-est  à  l'est  près  des  côtes 
d'Afrique.  Les  vents  de  toute  autre  direction  qui,  dans  ces  parties  de  la 
Méditerranée,  remplacent  ceux  du  nord-ouest  au  nord  ou  du  nord  à  l'est, 
sont  rarement  forts,  et  les  orages  qui  s'y  élèvent  n'ont  donné  lieu  à  aucune 
observation  importante. 

»  Les  vents  secs  et  brûlants  du  sud-est  nommés  sirocco  régnent  par  inter- 
valles sur  les  côtes  de  l'Algérie;  parfois  ils  parviennent  sur  les  côtes  de 
France.  Il  semblerait  exister  quelque  relation  entre  ces  vents  et  ceux  de 
même  direction  observés  dans  les  orages  les  plus  violents  qui  se  font  ressen- 
tir dans  la  partie  nord-ouest  de  la  France. 

»  Pendant  l'hiver,  les  vents  du  nord  au  nord-ouest  soufflent  sou- 
vent sur  les  côtes  de  France,  en  même  temps  que  ceux  du  nord  au  nord-est 
régnent  sur  les  côtes  d'Italie  et  dans  le  golfe  de  Gènes.  A  la  même  époque , 
les  vents  tropicaux  sont  fréquents  sur  les  côtes  de  l'Algérie;  leur  direction 
est  toujours  plus  près  de  l'ouest  sur  la  partie  occidentale  de  ces  côtes  que 
sur  la  partie  orientale;  assez  souvent  même  ils  varient  entre  le  sud  et  le  sud- 
est  du  côté  de  Bone,  lorsqu'ils  soufflent  entre  le  sud  et  le  sud-ouest  du  côté 
d'Oran.  Ils  s'étendent  plus  ou  moins  près  des  côtes  de  France,  et  si,  lors- 
qu'ils ont  une  certaine  force,  ils  rencontrent  des  vents  polaires  intenses, 
ils  peuvent  déterminer  soit  un  coup  de  vent,  soit  une  tempête  (i).  Dans  ce 
cas,  les  veuts  de  toutes  directions  augmentent  d'intensité  à  mesure  qu'ils  se 
rapprochent  les  uns  des  autres,  et  ils  acquièrent  leur  plus  grande  force  sur 
les  points  vers  lesquels  ils  convergent  ;  de  manière  que  les  vents  peuvent  ne 

(  i)  Exposition  du  système  des  vents,  par  M.  Lartigue,  2e  édition,  page  3 1 . 


(    I2l5    ) 

pas  être  très-forts  sur  les  côtes,  et  souffler  en  tempête  au  milieu  de  la  Médi- 
terranée. Au  surplus,  il  est  reconnu  que  les  tempêtes  se  font  assez  rare- 
ment ressentir  en  même  temps,  dans  toutes  les  parties  de  mer  comprises 
entre  la  France  et  l'Algérie  :  souvent,  lorsque  les  vents  sont  violents  entre  la 
France  et  les  Baléares,  ils  sont  modérés  entre  ces  îles  et  l'Algérie;  récipro- 
quement, lorsqu'ils  sont  violents  dans  cette  dernière  partie  de  mer,  ils  peu- 
vent ne  pas  être  très-forts  entre  les  Baléares  et  la  France  (i). 

»  Assez  souvent,  en  hiver,  les  vents  tropicaux  ne  rencontrent  les  vents 
polaires  que  dans  l'intérieur  de  la  France  :  alors  les  premiers  peuvent  être 
modérés  sur  les  côtes  et  souffler  en  coup  de  vent  ou  en  tempête  aux  points 
où  ils  se  trouvent  en  contact  avec  les  vents  polaires,  qui  eux-mêmes  augmen- 
tent aussi  d'intensité  à  mesure  qu'ils  se  rapprochent  de  ces  points. 

»  La  dépression  du  baromètre  est  en  rapport  avec  la  force  du  vent  ;  dans 
quelques  cas  même,  elle  peut  indiquer  approximativement  la  distance  à  la- 
quelle la  tempête  souffle  avec  plus  de  violence  :  ainsi  lorsque,  sur  les  côtes 
de  France,  la  dépression  est  considérable  avec  des  vents  du  nord  au  nord- 
ouest,  la  tempête  est  peu  éloignée;  mais  elle  est  à  une  grande  distance, 
quand  avec  ces  mêmes  vents  le  baromètre  est  élevé. 

»  Lorsque  les  vents  qui  concourent  à  déterminer  la  tempête  ont  à  peu 
près  la  même  intensité,  le  point  de  leur  grande  violence  se  rapprochera 
tantôt  des  côtes  de  l'Algérie,  tantôt  de  celles  de  France  ;  mais  s'il  y  a  une 
différence  sensible  d'intensité,  le  foyer  de  la  tempête  se  transportera  dans 
la  direction  soit  du  vent  le  plus  fort,  soit  de  la  résultante  des  vents  qui  sont 
en  lutte. 

»  Dans  les  tempêtes,  les  vents  soufflent  du  nord  au  nord-ouest  ou  entre 
l'est-sud-est  et  le  sud-sud-ouest,  sur  les  côtes  de  France,  entre  le  nord-ouest 
et  le  nord-est  sur  celles  de  l'Algérie  ;  mais  au  large  des  côtes,  les  vents  peu- 
vent varier  du  nord-ouest  au  nord-est  ou  de  l'est-sud-est  au  sud-sud-ouest  : 
les  vents  de  nord-ouest  sont  souvent  très-forts  sur  la  partie  de  côte  comprise 

(1)  Les  tempêtes  de  la  mer  Noire  sont  produites,  comme  celles  de  la  Méditerranée,  par  la 
rencontre  des  vents  polaires  du  nord-ouest  au  nord-est  avec  les  vents  tropicaux  du  sud-ouest 
au  sud-est;  elles  se  font  rarement  ressentir  en  même  temps  dans  toutes  les  parties  de  la 
mer  Noire.  Lorsque  les  vents  soufflent  en  tempête  sur  les  côtes  d'Europe,  ils  sont  souvent 
modérés  sur  celles  d'Asie,  et  réciproquement.  Il  se  peut  aussi,  quand  la  tempête  est  au  milieu 
de  la  mer  Noire,  que  les  vents  ne  soient  pas  très-forts  sur  lt's  deux  côtes  opposées.  La  tem- 
pête du  i4  novembre  i854,  entre  Balaclava  et  Eupatoria,  paraît  avoir  été  déterminée  parle 
conflit  de  ces  mêmes  vents;  mais  les  effets  produits  démontrent  que  ceux  du  sud  au  sud- 
ouest  étaient  les  plus  forts. 


(  iai6  ) 
entre  le  cap  Lardier  et  l'embouchure  du  Var  ;  mais  ils  acquièrent  rarement 
la  violence  de  la  tempête. 

»  Quelquefois  sur  les"  côtes  de'France  et  aux  environs  de  la  Sardaigne, 
le  mouvement  des  nuages  indique  les  vents  qui  déterminent  les  tempêtes. 
Si  ces  vents  soufflent  du  nord-ouest,  on  aperçoit  assez  souvent  des  nuages 
chassant  du  sud-ouest  :  la  tempête  est  alors  produite  par  les  vents  du  nord- 
ouest  et  du  sud-ouest  ;  d'autres  fois  les  nuages  chassent  du  sud-est  :  dans  ce 
cas,  la  tempête  est  causée  par  les  vents  de  cette  direction  en  conflit  avec  ceux 
du  nord-ouest. 

»  Souvent,  au-dessus  des  nuages  poussés  par  les  vents  de  sud-est,  il 
existe  une  autre  couche  de  nuages  se  dirigeant  vers  le  nord-est  :  alors  la  tem- 
pête est  déterminée  par  les  vents  du  nord  au  nord-ouest,  à  leur  rencontre 
avec  ceux  du  sud-est  au  sud-ouest.  Parfois,  lorsque  la  tempête  souffle  de 
l'une  de  ces  dernières  directions,  les  nuages  accusent  des  vents  de  nord- 
ouest  dans  les  régions  élevées. 

»  Pendant  la  durée  des  tempêtes,  qui  sont  toujours  accompagnées  de 
pluies  très-abondautes,  souvent  d'éclairs  et  de  tonnerre,  et  quelquefois 
même  de  neige,  les  vents  supérieurs  tendent  à  se  rapprocher  de  la  surface 
de  la  terre,  souvent  même  ils  y  remplacent  les  vents  inférieurs,  qui  alors 
vont  souffler  dans  les  régions  élevées  (i).  Ce  changement  ne  s'opère  pas  de  la 
même  manière  sur  toutes  les  parties  de  la  Méditerranée  dont  il  est  ici  ques- 
tion :  dans  certains  cas,  principalement  loin  des  côtes,  les  vents  se  suc- 
cèdent à  la  surface  par  un  revirement  plus  ou  moins  brusque;  leur  violence 
ne  diminue  pas,  lorsque  ce  sont  les  vents  polaires  qui  remplacent  les  vents 
tropicaux  ;  tandis  que  d'ordinaire  il  se  manifeste,  dans  l'intervalle,  un  affai- 
blissement considérable,  sinon  un  calme  complet,  quand  ce  sont  les  vents 
tropicaux  qui  remplacent  les  vents  polaires  (a). 

»  Parfois,  aux  divers  points  où  s'opère  le  changement,  il  se  forme  des 
tourbillons  occupant  chacun  tres-peu  d'étendue,  mais  susceptibles  de  dé- 
terminer, en  certains  cas,  des  effets  désastreux,  quoiqu'ils  ne  paraissent 
pas,  en  hiver  surtout,  de  même  nature  que  les  tourbillons  observés  dans  les 
ouragans. 

»  Quelquefois  les  vents  du  nord  au  nord-est  qui  régnent  souvent  en 
hiver  sur  les  côtes  d'Italie  et  dans  le  golfe  de  Gênes,  parviennent  sur  les 
côtes  de  Provence;  si  alors  les  vents  du  sud  au  sud-est  soufflent  du  côté  de 

(1)  Exposition  du  système  des  vents,  page  64.  » 

(2)  Exposition  du  système  des  vents,  pages  28,  29,  48  et  64- 


(  I217  ) 
Bone,  et  ceux  du  sud  au  sud-ouest  du  côté  d'Oran,  les  vents  du  nord  au 
nord»est  varient  à  l'est-nord-est  et  à  l'est,  à  mesure  qu'ils  avancent  vers  le 
sud  et  vers  l'ouest  :  ils  tournent  ensuite  vers  le  nord-ouest,  soufflant  alors 
de  l'est  au  sud-est  dans  le  golfe  de  Lyon.  S'ils  ne  rencontrent  aucun  obstacle, 
ils  continuent  ainsi  jusqu'à  l'Océan;  là  ils  remontent  graduellement  vers 
le  nord  et  le  nord-est,  de  manière  à  former  un  courant  circulaire  oc- 
cupant une  grande  étendue  (i).  Dans  ce  cas,  les  vents  n'acquièrent  pas 
une  grande  puissance;  mais  si,  comme  cela  arrive  fréquemment  dans 
cette  saison,  les  vents  du  nord  à  l'ouest-nord-ouest  régnent  le  long  des 
Pyrénées,  l'espace  occupé  par  le  courant  se  resserre  (2),  et  les  vents  de 
toute  direction,  mais  principalement  ceux  du  sud-est  à  l'est,  peuvent  de- 
venir violents.  Au  surplus,  dans  le  golfe  de  Gênes,  sur  les  côtes  d'Afrique, 
sur  celles  d'Espagne,  ainsi  que  sur  celles  de  la  Sardaigne,  les  vents  peuvent 
ne  pas  être  très-forts;  mais  ils  augmentent  progressivement  de  force  à 
mesure  qu'ils  avancent  vers  les  côtes  de  France,  en  même  temps  que  leur 
direction  se  rapproche  de  celle  du  sud-est  ou  de  l'est. 

»  Des  courants  circulaires,  semblables  aux  précédents,  s'établissent  sur 
divers  points  de  la  côte  d'Europe  dans  la  Méditerranée,  souvent  même  dans 
l'intérieur  de  la  France;  ils  se  forment  d'une  manière  analogue,  et  sont 
soumis  aux  mêmes  lois.  Les  vents  n'y  acquièrent  pas  une  très-grande  inten- 
sité lorsqu'ils  ne  rencontrent  pas  d'obstacle,  mais  ils  deviennent  violents 
s'ils  sont  contrariés  dans  leur  course. 

»  Ces  courants  diffèrent  essentiellement  de  ceux  qui  constituent  les  ou- 
ragans ou  les  tempêtes  tournantes  :  dans  le  premier  cas,  les  vents  qui  suivent 
le  cours  ordinaire  de  l'air  (3)  tendent  plutôt  à  se  rapprocher  du  sol  qu'à 
s'en  éloigner;  dans  le  second  cas,  les  vents  tournent  en  sens  inverse  du 
mouvement  naturel  de  l'air,  en  même  temps  qu'ils  s'élèvent  en  tourbillon- 
nant, de  manière  à  produire  une  aspiration  plus  ou  moins  puissante.  Toute- 
fois les  tempêtes  qui  se  manifestent  dans  la  Méditerranée,  quelle  que  soit 
d'ailleurs  la  manière  dont  elles  se  produisent,  sont  quelquefois  plus  vio- 
lentes que  certains  ouragans.  » 

(i)  Exposition  du  système  des  vents,  pages  29  et  3o- 

(2)  Une  partie  de  ce  courant,  ainsi  resserré,  est  figurée  sur  la  carte  des  vents  dominants 
en  hiver. 

(3)  Exposition  du  système  des  vents,  pages  1S,  16  et  34. 

C.  R,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N»  28.)  M*$ 


(    «2l8   ) 

anaïOMIE.  —  Réclamation  de  priorité  adressée  par  M.   Henry  Miller 

à  l'occasion  d'une  communication  récente  sur  l'appareil  d'adaptation  de 
l'œil. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  nommés  pour  la  communication  de 
M.  Rouget  :  MM.  de  Quatrefages,  Cl.  Bernard.) 

«  Dans  la  séance  du  19  mai,  M.  Cl.  Bernard  a  présenté  à  l'Académie  des 
Sciences  un  Mémoire  de  M.  Ch.  Rouget  sur  l'appareil  de  l'adaptation  de 
l'œil.  Le  résumé  de  ce  Mémoire  [Compte  rendu  eu  3o  mai  i856)  contient 
entre  autres  la  description  d'un  muscle  ciliaire  annulaire,  qui  se  montre 
au  niveau  du  bord  adhérent  des  procès  ciliaires  en  dedans  des  faisceaux  du 
muscle  ciliaire  radié.  La  description  de  ce  muscle  paraissant  donnée  dans 
ce  résumé  comme  un  fait  nouveau,  je  me  vois  obligé  à  adresser  à  l'Académie 
la  réclamation  suivante  : 

»  La  partie  annulaire  du  muscle  ciliaire  a  été  découverte  par  moi  en 
automne  i855.  Le  a4  du  mois  de  novembre,  je  fis  une  première  communi- 
cation sur  ma  découverte  à  la  Société  Physico-Médicale  de  Wurzbourg, 
qui  se  trouve  mentionnée  dans  les  comptes  rendus  de  la  Société  {voyez 
tome  VI,  cahier  3,  p.  xxvi,  publié  au  mois  d'avril  i856)  dans  les  termes 
suivants  .*  «  M.  H.  Mùller  communique  une  Note  sur  une  couche  annulaire 
dans  le  muscle  ciliaire  de  l'homme  qui,  d'après  son  opinion,  est  d'une  impor- 
tance spéciale  pour  l'accommodation  de  l'œil.  Cette  couche  est  couverte 
de  faisceaux  longitudinaux  ou  radiaires  du  muscle  ciliaire  et  située  sur  la 
partie  antérieure  du  corps  ciliaire.  »  Donc  je  me  crois  en  droit  de  réclamer 
formellement  la  priorité  de  ce  muscle  dont  l'importance  pour  le  mécanisme 
de  l'adaptation  est  si  évidente. 

»  Quant  aux  autres  détails  contenus  dans  la  communication  de  M.  Rou- 
get, je  crois  devoir  attendre  la  publication  de  son  Mémoire,  et  je  me  con- 
tente aujourd'hui  de  constater  les  faits  suivants  : 

»  Dans  la  séance  de  la  Société  Physico-Médicale  du  i5  décembre  i855, 
j'ai  donné  une  exposition  détaillée  du  mécanisme  de  l'accommodation  chez 
l'homme;  et  dans  la  séance  du  26  avril  i856,  j'ai  décrit  l'appareil  de  l'ac- 
commodation dans  l'œil  des  oiseaux.  Les  comptes  rendus  de  ces  séances 
vont  être  publiés. 

»  Le  7  du  mois  d'avril  i856,  j'ai  envoyé  deux  Mémoires,  qui  traitent 
des  mêmes  sujets,  à  M.  Graefe,  à  Berlin,  pour  les  faire  insérer  dans  la  cin- 
quième livraison  des  Archives  dOphthalmologie  qui  sera  publiée  sous  peu. 


(  i2i9  ) 
»  La  communication  de  M.  Rouget  n'ayant  été  faite  que  le  19  du  mois 
de  mai  i856,  je  me  crois  autorisé,  à  regarder  toutes  les  observations  conte- 
nues dans  mes  Mémoires,  sinon  comme  antérieures,  au  moins  comme  datant 
v  de  la  même  époque  et  indépendantes  de  celles  de  M.  Rouget.  » 

analyse  mathématique.  —  Seconde  addition  au  Mémoire  sur  la  détermi- 
nation des  Jonctions  inconnues  qui  entrent  sous  le  signe  d  intégration 
définie  ;  par  M.  Gomez  de  Souza. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Cauchy,  Liouville,  Lamé, 

Bienaymé.) 

Dans  la  Lettre  qui  accompagne  cet  envoi,  l'auteur  demande  l'autorisa- 
tion de  reprendre  trois  Notes  présentées  par  lui  le  16  juillet  i855.  Ces  Mé- 
moires n'ayant  pas  été  l'objet  d'un  Rapport,  l'auteur  est  autorisé  à  les 
reprendre. 

M.  Lion  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  sur  un  moyen  de 
communication  télégraphique  directe  entre  des  personnes  parlant  des  lan- 
gues différentes. 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  de  Senarmont.) 

M.  Ch.  15  ully  adresse  une  Note  sur  de  nouvelles  solutions  de  quelques 
problèmes  de  géométrie  élémentaire. 

M.  Chasles  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette  Note,  et  à  faire  sa- 
voir à  l'Académie  si  elle  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 

M.  Zaliwski  présente  une  nouvelle  rédaction  de  son  Mémoire  ayant 
pour  titre  :  «  Attraction  universelle  des  corps,  au  point  de  vue  de  l'élec- 
tricité ». 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  nommés  dans  la  séance  du 
24  septembre  1 855  :  MM.  Biot,  Babinet,  Bravais.) 

M.  Joire,  auteur  d'un  Mémoire  imprimé,  présenté  au  concours  pour  les 
prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  (  «  Études  sur  la  circulation  chez  l'homme 
et  chez  les  animaux  »),  adresse,  pour  se  conformer  à  une  des  conditions  im- 
posées aux  concurrents,  une  indication  de  ce  qu'il  considère  comme  neuf 


dans  son  iravail. 


15g.. 


(     1220    ) 

31.  Ayre  envoie,  de  Hull  (Angleterre),  un  opuscule  imprimé,  destiné  au 
concours  pour  le  prix  du  legs  Bréant.       • 

Cet  opuscule  se  compose  :  ip  d'une  Lettre  en  français,  adressée  aux  Mem- 
bres de  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie  sur  sa  méthode  de  traite- 
ment du  choléra  par  l'administration  du  calomel  à  petites  doses  répétées 
fréquemment  pendant  toute  la  période  de  collapsus;  5s0  de  documents  rela- 
tifs aux  résultats  obtenus  de  cette  méthode  en  diverses  parties  de  la  Grande- 
Bretagne  et  des  États-Unis  d'Amérique;  3°  d'un  certain  nombre  d'observations 
prises  sur  des  sujets  de  différents  âges  (depuis  dix-huit  mois  jusqu'à  quatre- 
vingt-dix  ans). 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  constituée  en  Commission 
spéciale  pour  le  concours  du  prix  Bréant.) 

M.  Siccahd  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  comprendre  ses  travaux  sur 
le  Sorgho  à  sucre  de  la  Chine  parmi  ceux  qui  seront  discutés  à  l'occasion 
du  concours  pour  le  prix  triennal. 

L'auteur  joint  à  cette  Lettre  plusieurs  exemplaires  d'un  opuscule  dans 
lequel  il  a  exposé  les  résultats  de  ses  recherches  sur  ce  Sorgho. 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics 

adresse,  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut,  un  exemplaire  du  LXXXIV  vo- 
lume des  brevets  d'invention  pris  sous  l'empire  de  la  loi  de  1791 ,  et  un  du 
XXIe  volume  des  brevets  pris  sous  l'empire  de  la  loi  de  1 844- 

M.  le  Ministre  d'Etat  consulte  l'Académie  sur  l'utilité  que  peut  avoir  un 
vernis  de  l'invention  de  M.  Duchier,  vernis  présenté  par  l'inventeur  comme 
propre  à  préserver  de  l'action  des  flammes  les  toiles  peintes  dont  l'emploi 
dans  les  théâtres  est  si  général  et  expose  à  de  si  grandes  chances  d'incendie. 

M.  le  Ministre  envoie  avec  sa  Lettre  divers  échantillons  de  papiers  et  de 
toiles  enduites  du  vernis  en  question.  Avant  de  renvoyer  ces  produits  à  l'exa- 
men d'une  Commission,  on  informera  M.  le  Ministre  que  l'Académie, 
d'après  un  article  de  son  règlement,  ne  doit  point  s'occuper  des  produits 
dont  les  auteurs  ne  font  pas  connaître  la  composition. 

M.  Antonini,  Ministre  du  roi  des  Deux-Siciles  à  Paris,  transmet  divers 


(    122!    ) 

spécimens  d'écriture  tracés  avec  une  encre  que  l'inventeur,  M.  Tito  Angelli, 
pharmacien  napolitain,  considère  comme  indélébile,  et  qu'il  désire  sou- 
mettre au  jugement  de  l'Académie. 

On  fera  connaître  à  M.  le  Ministre  des  Deux-Siciles  l'article  du  règlement 
de  l'Académie  qui  ne  permet  pas  qu'on  s'occupe  des  spécimens  adressés  par 
M.  Angelli,  tant  qu'il  n'aura  pas  fait  connaître  la  composition  de  son  encre. 

L'Académie  royale  des  Sciences  de  Bavière  remercie  l'Académie  pour 
l'envoi  d'une  nouvelle  série  des  Comptes  rendus,  et  indique  quelques  la- 
cunes qui  se  trouvent  dans  sa  collection  des  diverses  publications  de  l'Insti- 
tut. Elle  annonce  en  même  temps  l'envoi  de  nouveaux  volumes  de  ses  Mé- 
moires et  de  divers  opuscules  offerts  par  quelques-uns  de  ses  Membres. 

M.  Auer,  directeur  de  l'Imprimerie  impériale  de  Vienne  et  Membre  de 
l'Académie,  adresse  un  exemplaire  de  la  Flore  autrichienne  exécutée  au 
moyen  d'un  nouveau  procédé  iconographique,  par  MM.  d'Ettingshausen 
et  Pokornj.  {Voir  au  Bulletin  bibliographique.) 

«  Cet  ouvrage,  dit  M.  Auer,  est  le  premier  qui  ait  été  exécuté  par  le  pro- 
cédé de  l'impression  naturelle,  procédé  qui  a  été  inventé  par  l'Imprimerir 
impériale  de  Vienne.  Cet  établissement  attacherait  une  valeur  infinie  à 
l'opinion  qu'une  compagnie  aussi  illustre  que  l'Académie  énoncerait  sur  les 
avantages  que  cette  méthode  peut  présenter  pour  la  science,  et  j'ose  vous 
prier  de  bien  vouloir  faire  nommer  une  Commission  pour  examiner,  d'après 
la  Flore  autrichienne,  le  procédé  dans  son  application  aux  publications 
d'histoire  naturelle.  » 

L'ouvrage  est  renvoyé   à   l'examen    d'une   Commission    composée   de 
.MM.  Pouillet,  Decaisne  et  Payer. 

analyse  mathématique.  —  Nouveau  théorème  servant  pour  le  calcul  des 
racines  comprises  entre  deux  nombres  donnés.  (Extrait  d'une  Note  de 
M.  Rouget.) 

«  Fx  représentant  un  polynôme   privé  de  facteurs  multiples,   le 

nombre  des  racines  positives  de  l'équation  Fx  =  o  est*égal  au  nombre 
des  fois  que  la  disparition  des  variations  s'opère  une  par  une,  ou,  plus 
généralement,  par  voie  de  nombre  impair,  dans  la  suite  des  fonctions  Fx, 
F'x,  F"x,  F'"x,  etc.,  etc.,  lorsque  l'on  fait  passer  x  par  degrés  insensibles 
de  zéro  à  la  limite  supérieure  des  racines. 


(    1222    ) 

»  Pour  abréger,  il  est  loisible  de  ne  considérer  avec  F x  qu'un  nombre  de 
fonctions  égal  au  nombre  des  variations  de  l'équation.  Ces  fonctions  sont  : 
la  -première  des  dérivées  successives  de  F.r  qui  présente  une  variation  de 
moins  que  Fa:,  la  première  des  dérivées  successives  de  Fx  qui  présente 
deux  variations  de  moins  que  F  x,  la  première  des  dérivées  successives  de 
Fx  qui  présente  trois  variations  de  moins  que  Far,  et  ainsi  de  suite. 

«  A  l'aide  de  ce  théorème,  et  de  la  règle  des  signes  de  Descartes  dont  il 
est  un  complément,  on  peut  procéder  au  calcul  des  racines  comprises  entre 
deux  nombres  donnés.  » 

TOxrcoLOGiE.  —  addition  à  une  précédente  communication  sur  des  cas 
d empoisonnement  qu'on  avait  cru  pouvoir  attribuer  à  la  racine  de  l'A- 
tractjlis  gummifera.  (Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Bouros.  hoirie  Compte 
rendu  de  la  séance  du  28  avril  1 855.) 

«  M.  Sartoris,  pharmacien  de  la  Cour,  homme  très-versé  dans  la  connais- 
sance de  la  Flore  grecque,  a  été  envoyé  à  l'île  de  Myconos  pour  y  recueillir 
des  renseignements  exacts  sur  toutes  les  circonstances  relatives  à  l'empoison- 
nement des  trois  enfants,  et  y  faire  des  recherches  botaniques  sur  les  plantes 
qui  poussent  à  l'endroit  où  cet  accident  avait  eu  lieu.  Il  résulte  de  ses  infor- 
mations que,  outre  les  symptômes  relatés  par  le  médecin  de  la  commune, 
les  enfants  avaient  tous  présenté  du  délire  et  des  convulsions.  Quant 
à  la  plante  qui  avait  donné  la  mort  à  ces  enfants,  M.  Sartoris,  après  un 
examen  soigneux,  a  trouvé  que,  parmi  les  plantes  reconnues  comme  toxiques, 
il  ne  pousse  à  l'endroit  indiqué  que  la  Mandragora  vernalis  L.  et  VEuphorbia 
paralias  L.  Outre  ces  plantes  vénéneuses,  il  y  a  trouvé  une  grande  quantité 
à'Echinops  viscosus,  ainsi  que  V  Atractylis  gummifera  L. 

»  M.  Sartoris  .pense  que  niV  Atractylis  gummifera  ni  VEuphorbia  n'ont 
été  la  cause  de  la  mort  :  il  n'est  point  possible  de  manger  de  l'Euphorbia  ;  et 
pourl'Atractylis,  il  croit  qu'à  l'époque  où  l'accident  avait  eu  lieu,  elle  n'avait 
encore  poussé  ou  du  moins  n'était  pas  encore  assez  développée.  On  ne 
saurait  donc  soupçonner  qiie  l'Echinops  ou  la  Mandragore.  M.  Sartoris  a 
apporté  de  Myconos  une  grande  quantité  d' Echinops  viscosus;  j'en  ai  fait 
préparer  un  extrait  aqueux  et  un  extrait  alcoolique;  on  a  administré  à  un 
jeune  chien  de  fortes  doses  des  deux  extraits  sans  en  obtenir  des  effets 
toxiques.  Encouragé  par  ces  expériences,  un  vétérinaire  a  avalé  une  cuil- 
lerée à  bouche  d'extrait  aqueux  sans  éprouver  le  moindre  dérangement. 

»  Il  résulte  de  ces  expériences  que  ce  n'est  pas  probablement  à  l'Atrac- 


(  iaa3  ) 
tylis,  mais  bien  à  la  Mandragore  que  l'on  doit  attribuer  la  mort  des  trois 
enfants,  ce  qui  me  paraît  d'autant  plus  vraisemblable  qu'à  la  suite  de  l'in- 
gestion de  la  plante  vénéneuse,  tous  ces  enfants  avaient  été  pris  de  délire  et 
de  convulsions.   » 

hygiène  publique.  —  De  l'emploi  de  la  chaux  comme  moyen  de  dessécher 
et  d'assainir  les  lieux  ravagés  par  l'inondation  ;  par  M.  Moride. 

M.  La  vallée  adresse  une  «  Note  sur  des  canaux  d'infiltration  à  exécuter 
dans  le  but  de  prévenir  les  inondations  ». 

L'auteur  a  pensé  qu'on  pourrait  profiter  des  cours  d'eau  souterrains  pour 
faire  écouler  une  partie  de  l'eau  qui  coule  à  la  surface.  Il  pense  qu'on  ob- 
tiendrait ce  résultat  en  creusant  des  tranchées  d'une  certaine  étendue  dans 
les  terrains  au  travers  desquels  s'infiltre  l'eau  qui  va  alimenter  les  eaux 
souterraines. 

M.  Tekquem  adresse  des  objections  contre  une  partie  de  la  Note  sur 
la  théorie  des  parallèles,  lue  par  M.  Vincent  dans  la  séance  du  9  juin 
dernier. 

M.  Lecot,  à  l'occasion  d'une  communication  récente  de  M.  Rambossoît, 
rappelle  un  travail  sur  l'éducation  des  sourds-muets  qu'il  a  5*0110148  pré- 
cédemment au  jugement  de  l'Académie,  et  sur  lequel  il  espère  pouvoir 
obtenir  prochainement  un  Rapport. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  nommés  : 
MM.  Rayer,  Velpeau,  Cl.  Bernard.) 

M.  ue  Bryas  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter  le  travail  de  la  Com- 
mission qui  a  été  chargée  de  faire  un  Rapport  sur  sa  Note  concernant  la 
qualité  des  terres  propres  à  la  fabrication  des  tuyaux  île  drainage. 

(Renvoi    à    la    Commission    nommée,    Commission  qui    se   compose   de 
MM.  Boussingault,  de  Gasparin,  Payen,  Decaisne,  Rayer  et  Peligot.) 

M.  Petit-Jean,  qui  avait  présenté  en  septembre  1 855  une  Note  sur  un 
moyen  supposé  propre  à  empêcher  la  vigne  de  geler,  prie  aujourd'hui 
l'Académie  de  vouloir  bien  remplacer  par  un  autre  Membre,  dans  la  Com* 


(   iaa4  ) 
mission  chargée  de  l'examen  de  sa  Note,  M.  de  Gasparin,  que  l'état  de  sa 
santé  empêche  momentanément  de  prendre  part  aux  travaux  de  ses  con- 
frères. 

La  Note  ayant  été,  à  l'époque  de  sa  présentation,  renvoyée  à  l'examen  de 
la  Section  d'Economie  rurale,  il  n'y  a  évidemment  pas  lieu  de  prendre  en 
considération  la  demande  de  M.  Petit-Jean. 

M.  Ccrtault  adresse  une  nouvelle  Lettre  relative  à  des  questions  de  viti- 
culture. Cette  nouvelle  communication  n'a  pas  paru  plus  que  celle  du  a  juin 
dernier  de  nature  à  être  renvoyée  à  l'examen  d'une  Commission. 

M.  Lesecq  présente  des  considérations  sur  la  nature  des  astéroïdes  et  sur 
les  effets  qui  peuvent  résulter  de  leur  entrée  dans  l'atmosphère  terrestre. 

M.  Hitette,  qui  adresse  régulièrement  chaque  année  un  relevé  des  obser- 
vations météorologiques  qu'il  fait  à  Nantes,  envoie  le  tableau  des  observa- 
tions de  l'année  i855. 

M.  Millot-Brelé  demande  et  obtient  l'autorisation  de  reprendre  une 
Note  d'arboriculture  présentée  par  lui,  «  Découverte  du  bouton  opposé  » , 
Note  sur  laquelle  il  n'a  pas  été  fait  de  Rapport. 

M.  Coinze  demande  de  nouveau  que  son  livre  intitulé  :  a  Révélation  des 
lois  de  la  nature  »,  soit  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission. 

L'Académie  n'a  pas  trouvé  dans  les  nouveaux  motifs  allégués  par 
M.  Coinze  de  cause  suffisante  pour  faire  une  exception  à  la  règle  qu'elle 
s'est  imposée  relativement  aux  ouvrages  écrits  en  français  et  imprimés  en 
France. 

M.  Kouyi.sk i  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  renvoyer  à  l'examen  de 
M.  Le  Verrier  ses  communications  précédentes,  relativement  à  la  possibilité 
de  prévoir  assez  longtemps  d'avance  l'état  météorologique  d'un  pays  déter- 
miné. 

Cette  Lettre  est  renvoyée  à  M.  Le  Verrier,  qui  se  fera  représenter,  s'il  le 
juge  nécessaire,  les  précédentes  communications  de  l'auteur. 

M.  A.  de  Robiano  adresse,  de  Vilvorde  (Belgique),  des  figures  annoncées 


(    1225    ) 

comme  une  «  construction  générale  de  tous  les  polygones  réguliers,  avec  la 
génération  des  voûtes  ogivales  qui  en  découle.  » 

La  Lettre  qui  accompagne  cette  planche  ne  faisant  pas  suffisamment  con- 
naître le  but  que  s'est  proposé  l'auteur  dans  ces  constructions,  il  n'a  pas 
paru  qu'il  y  eût  lieu  à  nommer  une  Commission. 

M.  Brachet  adresse  une  Note  concernant  la  presse  hydraulique. 

A  5  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  6  heures.  F. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  16  juin  i856,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Dell'orologio. . .  De  l'horloge  à  pendule  de  GalUée  et  de  deux  suppositions  ré- 
centes-concernant  le  mécanisme  imaginé  par  lui;  br.  in-8°.  (Extrait  du  volume 
de  Supplément  aux  Œuvres  complètes  de  Galilée,  éditées  par  E.  Alberi.) 

Memoirs...  Mémoires  de  la  Société  Royale  astronomique  de  Londres; 
vol.  XXIV.  Londres,  i856;  in-4°. 

Monthly...  Bulletin  mensuel  de  la  Société  astronomique  de  Londres;  vol.  XV. 
Novembre  1 854  à  juin  i855;in-8°. 

ïhe  nature...  Sur  les  grandeurs  relatives  des  planètes;  sur  la  grandeur  abso- 
lue du  Soleil  et,  par  suite,  sur  la  fausseté  des  opinions  admises  par  les  astronomes 
relativement  aux  dimensions  de  ces  corps;  par  M.  A.  Habpur.  Dublin,  i856; 
br.  in-8°. 

Die  Salzsauerlinge. . .  Sur  la  fabrique  d'acide  hydrochlorique  de  Neuhaus;  par 
M.  Aloys  Martin  (de  Bamberg).  Munich,  i856;  br.  in-8°. 


C.  R.,  il>56,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  25. 


160 


(     I22Ô    ) 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  23  juin  i856,  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Description  des  machines  et  procédés  pour  lesquels  des  brevets  d'invention  ont 
été  pris  sous  le  régime  de  la  bi  du  5  juillet  i844j  publiée  par  les  ordres  de 
M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics;  t.  XXI. 
Paris,  i855;  in-4°. 

Description  des  machines  et  procédés  consignés  dans  les  brevets  d'invention, 
de  perfectionnement  et  d'importation  dont  ta  durée  est  expirée,  et  dans  ceux  dont 
la  déchéance  a  été  prononcée;  publiée  par  les  ordres  de  M.  le  Ministre  de  l'Agri- 
culture, du  Commerce  et  des  Travaux  publics;  t.  LXXXIV.  Paris,  i855; 
in-4°. 

Comptes  rendus  des  séances  et  Mémoires  de  la  Société  de  Biologie.  Tome  il 
de  la  2e série;  année  i855.  Paris,  i856;  in-4°.  (Présenté  par  M.  Rayer.) 

Monographie  de  la  canne  à  sucre  de  la  Chine,  dite  Sorgho  à  sucre;  par  M.  le 
Dr  Adrien  Sicard.  Marseille,  i856;  br.  in-8°. 

Essai  d ' ichthyologie  des  côtes  océaniques  et  de  l'intérieur  de  la  France,  ou  Dia- 
gnose  des  poissons  observés;  par  M.  A.-N.  Desvaux.  Angers,  i85i  ;  broch. 
in-8°. 

De  l'ablation  curative  des  loupes  ,  lipomes  et  tumeurs  analogues,  sans  opéra- 
tion sanglante;  par  M.  A.  Legrand.  Paris,  i856;  in-8°. 

Lettre  sur  le  traitement  du  choléra;  par  M.  le  Dr  Ayre  ;  br  in-8°.  (Renvoyé 
à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  et  Chirurgie,  constituée  en  Commis- 
sion du  prix  Bréant.) 

Illustrationes  plantarum  orientalium ;  par  M.  le  comte  Jaubert  et  M.  Ed. 
Spach;  48elivraison;  in-4°. 

Lezioni...  Leçons  orales  de  Chimie  générale  professées  en  l'année  i84o,-i85o; 
parM.  le  professeur  Cav.-G.  Taddei;  vol.  IV.  Florence,  i853;  in-12. 

Monografia...  Monographie  du  Bombjx  Mori;  par  M.  E.  Cornalia.  Milan, 
i856;  1  vol.  in-4°-  Mémoire  couronné  par  l'Institut  lombard  des  Sciences, 
Lettres  et  Beaux-Arts.  (M.  Milne  Edwards  est  invité  à  faire  de  cet  ouvrage 
l'objet  d'un  Rapport  verbal.) 

Memoria...   Mémoire  sur  la  vraie  valeur  des  fonctions  d'une  variable  qui  se 

présente  sous  la  forme  -,  — ;  par  M.   P.-D.  Marianini.  Modène,   i855;  br. 

in-4°. 

Sopra...  Sur  une  manière  devoir  avec  facilité  les  coideurs  accidentelles;  par 
M.  Stef.  Marianini.  Modène,  i855;  br.  in-4°. 


(  1237  ) 

Physiotypia  plantarum  austriacarum...  Flore  d'Autriche  exécutée  par  le 
procédé  de  gravure  naturelle;  par  MM.  D'ETTINGSHAUSEN  et  AloiS  POKORNY. 
Vienne,  i856;  i  vol.  in-4°,  avec  un  atlas  en  5  vol.  in-folio. 

Fôrhandlingar...  Travaux  de  la  Société  des  Sciences  naturelles  de  Scandina- 
vie; 6e  session  annuelle  tenue  à  Stockholm,  du  1 1  au  19  juillet  i85i  ;  1  vol.  in-8°. 

Gelehrte...  Notices  scientifiques  publiées  par  l'Académie  royale  des  Sciences 
de  Bavière;  XL  et  XLP  vol.  ;  in-4°- 

Abhandlungen . . .  Mémoires  de  l'Académie  royale  des  Sciences  de  Bavière; 
Classe  d'Histoire;  t.  VII,  partie  III.  Munich,  i855;  in-4°. 

Abhandlungen...  Mémoires  de  l'Académie  royale  des  Sciences  de  Bavière; 
Classe  de  Philosophie  et  Philologie  ;  t.  VII,  partie  III.  Munich,  1 855  ;  in-4°. 

Ueber.. .  De  la  division  des  populations  du  royaume  de  Bavière;  discours  pro- 
noncé par  M.  F.-B.-W.  DE  Hermann,  dans  la  séance  du  28  novembre  i855. 
Munich,  i855;br.  in-4°. 

Dr  Lorentz  Hùbner's...  Notice  biographique  du  Dr  Laurent  Hubner;  par 
M.  Joseph  Wissmayr.  Munich,  i855  ;  br.  in-4°- 

Rede...  Discours  prononcé  à  la  séance  publique  tenue  le  28  novembre  i855 
par  [Académie  Boyale  des  Sciences  de  Bavière,  sur  la  classification  des  Sciences; 
par  le  même.  Munich,  i855;br.  in-4°. 

Rede...  Discours  prononcé  par  M.  F.  DE  Thiersch  dans  la  séance  publique 
du  28  mars  i855.  Munich,  1 855  ;  br.  in-4°. 

Jahresbericht...  Compte  rendu  annuel  de  la  Société  physique  de  Francfort- 
sur- le-Mein,  pour  l'année  scolaire  1 854-1 855;  br.  in-8°. 

Anmàrkningar. . .  Bemarques  sur  l'antrum  pylori  chez  l'homme  et  chez 
quelques  animaux; par  M.  A.  Retzius.  Stockholm,  i855;  br.  in-8°. 

Ueber...  De  la  déformation  artificielle  du  crâne  dans  l'ancien  monde;  par  le 
même;  br.  in-8°. 

Cranium, . .  Sur  un  crâne  d'Indien  Pampas;  par  le  même  ;  br.  in-8°. 

Ueber. . .  Des  grosses  gouttes  de  graisse  contenues  dans  les  œufs  des  poissons; 
par  le  même  ;  br.  in-8°. 

Om...  Dissertation  sur  l'os  luz;  parle  même;  br.  in-8°. 


ERRATUM. 

(Séance  du  16  juin  i856.) 
Page  1 175,  ligne  7,  au  lieu  de  M.  Poujade  lisez  M.  Pujade. 


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COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  30  JUIN  1856. 

PRÉSIDENCE  DE  II.  IS.  GEOFFROY-SAINT-HILAIRE 

MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

A  l'ouverture  de  la  séance,  M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  que  la 
santé  de  M.  de  Gasparin  est  notablement  améliorée  :  vine  Lettre  de 
M.  Agénor  de  Gasparin ,  qui  renvoie  un  Mémoire  resté  entre  les  mains  de 
son  père,  donne  à  l'Académie  cette  nouvelle,  qui  a  été  reçue  avec  une 
grande  satisfaction. 

«  M.  Le  Verrier  annonce  que  M.  Chacornac,  chargé  par  M.  Goldschmidt 
de  donner  un  nom  à  la  41e  petite  planète,  a  choisi  le  nom  de  Daphné. 

»  M.  Le  Verrier  fait  ensuite  remarquer  que  le  Bulletin  météorologique 
des  divers  points  de  la  France,  recueilli  par  voie  télégraphique,  est  main- 
tenant complet  ,  et  qu'il  est  publié  chaque  jour  dans  le  journal  du  soir 
la  Patrie.  » 

géométrie.  —  Note  relative  à  la  démonstration  des  théorèmes  de  M.  Gauss 
présentés  dans  une  séance  précédente  ;  par  M.  J.  Bertrand. 

«  J'ai  reçu,  à  l'occasion  de  ces  démonstrations,  une  Lettre  dans  laquelle 
M.  O.  Terquem  m'indique  une  seconde  Note  relative  à  cette  théorie,  insérée 
par  Jacobi  dans  les  Nouvelles  astronomiques  de  Schumacher  pour  îiSfri. 
Cette  Note,  comme  le  remarque  judicieusement  M.  Terquem,  contient  une 
démonstration  qui  diffère  peu  de  celle  que  j'ai  proposée  pour  le  premier 
théorème  de  Gauss,  dont  je  déduis  ensuite  tous  les  autres.  J'aurais  pu  y 

C.  R.,  iS56,   i«r  Semestre.  (T.  XL»,  N°  26.)  l6  I 


(  ia3o  ) 
renvoyer  si  j'en  avais  eu  connaissance;  je  pense,  néanmoins,  que  l'inter- 
vention du  théorème  de  M.  Bonnet  rend  la  démonstration  plus  simple  et 
plus  nette.  Ce  théorème  est  d'ailleurs  équivalent  à  une  proposition  énoncée 
par  Jacobi  à  la  fin  de  la  Note  citée  par  M.  Terquem;  mais  il  me  semble 
précisément  qu'il  y  a  un  avantage  de  simplicité. à  le  placer  au  commen- 
cement pour  en  déduire  la  proposition  de  Gauss  comme  un  corollaire 
immédiat.  » 

physique  du  globe.  —  Recherches  sur  les  variations  que  l'eau  de  la  mer 
Morte  semble  subir  dans  sa  composition;  par  M.  Bocssixgault.  (Extrait.) 

«  La  mer  Morte,  ou  lac  Asphaltite,  ainsi  nommée  parce  que  son  degré  de 
salure  ne  permet  pas  aux  poissons  de  vivre  dans  ses  eaux,  et  que  de  temps 
à  autre  on  voit  flotter  de  l'asphalte  à  sa  surface,  est  la  limite  d'une  énorme 
crevasse  dans  laquelle  le  Jourdain  coule  à  un  niveau  bien  inférieur  à  celui 
de  l'Océan.  Cette  profonde  dépression  du  sol  sur  un  point  assez  étendu  de 
la  Syrie  méridionale,  à  une  distance  de  60  milles  de  la  Méditerranée,  est, 
comme  l'a  dit  M.  de  Humboldt,  un  phénomène  si  extraordinaire,  que 
ceux-là  même  qui  l'ont  constaté  ont  tout  d'abord  douté  de  l'exactitude 
de  leurs  observations. 

»  Dans  sa  longueur,  dirigée  du  nord  au  sud,  la  mer  Morte  a  près  de 
4i  milles  marins,  et  9  milles  dans  sa  plus  grande  largeur.  Un  promontoire, 
détaché  de  la  côte  orientale,  forme  un  détroit  de  2  milles  de  large,  à  peu 
de  distance  de  l'extrémité  sud,  près  de  la  montagne  de  sel  d'Usdum. 

«  Dans-  les  vingt  dernières  années,  plusieurs  tentatives  de  navigation  ont 
été  faites  par  de  hardis  voyageurs,  malgré  le  proverbe  arabe  qui  dit  :  «  Celui 
»  qui  tient  à  la  vie  ne  doit  pas  s'aventurer  sur  cette  mer.  » 

»  En  i835,  un  Irlandais,  M.  Cottigan,  exécuta  des  sondages  sur  une 
barque  avec  laquelle  il  avait  descendu  le  Jourdain.  Après  cinq  jours  de 
navigation,  Cottigan  alla  mourir  d'épuisement  à  Jérusalem.  A  la  fin  de 
mars  1837,  MM.  Moor  et  Beek  conduisirent  avec  des  peines  infinies,  de  Jaffa 
à  Jéricho,  le  canot  dans  lequel  ils  naviguèrent  jusqu'au  1 7  avril  ;  c'est  à  eux 
que  l'on  doit  la  première  notion  de  la  dépression  du  bassin  de  la  mer  Morte, 
que  leur  avait  révélée  la  température  de  l'eau  bouillante.  Abandonnés  des 
Arabes,  accablés  par  la  maladie,  ils  furent  forcés  de  renoncer  à  leurs  pro- 
jets d'exploration.  M.  Moor  passa  en  Egypte. 

»  M.  de  Bertou,  que  le  hasard  mit  en  relation  avec  M.  Moor,  vérifia  en 
1837  et  i838,  par  des  observations  barométriques,  la  dépression  qu'avaient 
signalée  les  deux  voyageurs  anglais.  Ensuite,  le  lieutenant  Symond  de  la 
marine  britannique,  par  une  triangulation  terminée  en  1841,  a  définitive- 


(   ia3i   ) 
ment  adopté  4°°  mètres  pour  la  différence  de  niveau  entre  les  deux  mers. 

»  L'année  1847  v^  une  nouvel'e  tentative  et  compta  une  nouvelle  vic- 
time, le  lieutenant  Molyneux,  qui,  après  avoir  fait  de  nombreux  sondages, 
mourut  de  la  fièvre,  bien  qu'il  n'eût  passé  que  quelques  jours  sur  le  lac 
Asphaltite>  Mais  l'expédition  qui  a  jeté  le  plus  de  lumières  sur  le  climat  et 
la  topographie  de  la  mer  Morte,  est,  sans  aucun  doute,  celle  que  comman- 
dait le  lieutenant  Lynch  de  la  marine  des  Etats-Unis,  et  je  ne  saurais  mieux 
faire  que  de  citer  quelques  passages  du  journal  tenu  par  cet  habile  officier. 

»  C'est  le  18  avril  1847  ^ue  l'expédition,  montant  deux  canotsen  métal, 
entra  du  Jourdain  dans  la  mer  Morte,  alors  violemment  agitée.  Les  marins 
furent  bientôt  couverts  d'un  enduit  salin,  dont  l'âcreté  causait  une  sensation 
pénible,  presque  intolérable  sur  les  lèvres  et  dans  les  yeux.  Malgré  une 
tempête  des  plus  violentes  dans  une  enceinte  resserrée  de  montagnes  noires 
et  arides  d'où  coulent  des  eaux  sulfureuses  d'une  extrême  fétidité,  l'équi- 
page ne  perdit  pas  courage,  car,  comme  l'écrit  le  lieutenant  Lynch,  l'éton- 
nement  frappe,  mais  n'épouvante  pas.  La  mer  se  calma  aussi  rapidement 
qu'elle  s'était  déchaînée,  et,  quand  elle  fut  en  repos,  on  put  vérifier  la  res- 
semblance d'aspect  avec  le  plomb  fondu  que  les  Arabes  lui  attribuent. 

»  Le  20  avril,  dans  la  matinée,  par  une  légère  brise  du  sud,  la  tempéra- 
ture de  l'air  était  27°,8  centigrades;  la  mer  avait  l'apparence  d'un  miroir, 
tant  elle  était  tranquille.  A  ioh  3om  du  matin,  sous  une  tente  dressée  sur  la 
côte,  le  thermomètre  marquait  3i°,7  ;  un  peu  de  vent  du  nord  le  fit  tomber 
à  a6°,7. 

»  Entre  8  et  9  heures  du  soir,  la  nuit  étant  très-obscure,  la  mer  se  cou- 
vrit d'une  écume  phosphorescente,  et  les  vagues  en  se  brisant  éclairaient 
d'une  lumière  sépulcrale  le  bois  mort  et  les  blocs  de  roche  épars  sur  la 
plage.  Phénomène  d'autant  plus  remarquable,  qu'on  n'a  pas  découvert  d'a- 
nimalcules dans  l'eau  du  lac  Asphaltite. 

»  La  sonde,  et  ce  fait  s'est  reproduit  plusieurs  fois,  rapporta  des  cristaux 
cubiques  de  sel  marin,  mêlés  au  sable  ou  à  l'argile  du  fond. 

»  Le  21  avril,  on  trouva,  sur  la  côte  occidentale,  une  source  d'eau  douce 
ayant  une  température  de  23°, 9;  c'était  près  de  Ain-Turabeh  où  croissent 
des  Pistachia  terebent.hinus .  Le  sable  supportait  un  dépôt  de  soufre. 

»  Dans  la  nuit  on  sentait  assez  fréquemment  une  odeur  sulfureuse,  et 
comme  l'eau  du  lac  est  absolument  inodore,  le  lieutenant  Lynch  attribue 
cette  odeur  aux  sources  sulfureuses  et  aux  marais  environnants.  Le  24  avril, 
dans  le  jour,  le  vent  étant  très-faible,  on  sentit  l'odeur  sulfureuse  ;  la  tem- 
pérature était  de  33°,3  centigrades,  a  et  chacun  de  nous,  »  dit  le  lieutenant 
Lynch,  «  eut  à  résister  à  un  profond  sentiment  d'abattement  ;  on  voyait 

161.. 


(  i23a  ) 
»  l'embouchure  de  l'Arnou,  dont  les  eaux  coulent  sur  du  grès  rouge.  Le 
»  26,  à  4  heures  du  matin,  le  thermomètre  marquait  3o  degrés.  On  était 
»  alors  à  une  petite  distance  de  la  montagne  d'Usdum  en  présence  d'une 
»  scène  de  désolation  ;  d'un  côté  l'imposante  masse  de  sel  gemme,  de  l'autre 
»  les  roches  stériles  de  Moab  ;  au  sud  la  plaine  de  sel  où  plusieurs  fois  les 
»  Israélites  défirent  leurs  ennemis,  et  au  nord  la  mer,  que  voilait  un  brouil- 
»  lard  pourpre,  recouvrait  les  ruines  de  Sodome  et  de  Gomorre.  L'éclat  de 
»  la  lumière  blessait  la  vue,  et  l'on  respirait  péniblement  dans  une  atmo- 
»  sphère  embrasée.  Pas  un  oiseau  ne  fendait  cet  air  raréfié,  pas  un  pois- 
»  son  ce  mystérieux  élément  sur  lequel  nous  voguions  et  qui,  seul  de 
»   toutes  les  œuvres  du  Créateur,  ne  contient  pas  un  être  vivant.  » 

»  Dans  cette  localité,  l'attention  des  équipages  fut  attirée  par  une  sorte 
de  colonne  de  sel,  rappelant  le  pilier  mentionné  par  l'historien  Josèphe 
comme  étant,  d'après  la  tradition,  la  statue  de  la  femme  de  Loth.  M.  de 
Saulcy,  qui  a  visité  Usdum,  fait  observer  que,  sans  chercher  beaucoup,  on 
trouverait  probablement  plus  de  deux  cents  femmes  de  Loth,  les  blocs  de 
sel  isolés  et  cylindriques  étant  assez  communs  dans  le  voisinage  des  grands 
dépôts  salifères  analogues  à  celui  d'Usdum. 

»  Entre  3  et  4  heures  de  l'après-midi,  la  chaleur  devint  oppressive.  La 
température  de  l'air  atteignit  39  degrés;  celle  de  la  mer,  prise  à  la  surface, 
3  a0, 2.  Les  rameurs  étaient  épuisés  de  fatigue  ;  on  débarqua  au  sud  du  pro- 
montoire, près  de  Wady-Humeir,  l'endroit  le  plus  triste  où  jamais  l'on  ait 
campé.  Les  armes,  les  boutons  des  uniformes  étaient  brûlants.  A  8  heures 
du  soir,  le  thermomètre,  placé  à  5  pieds  au-dessus  du  sol,  marquait  4'°>I 
centigrades.  A  4  heures  du  matin,  le  27,  l'équipage  se  plaignit  du  froid,  la 
température  étant  descendue  à  28  degrés. 

»  Le  28,  l'expédition  campa  près  Engaddi.  Au  coucher  du  soleil  on 
trouva  qu'un  cheval  pouvait  se  soutenir  dans  le  lac  sans  chavirer,  sans  être 
jeté  sur  le  côté.  Un  homme  vigoureux  surnagea,  plongé  jusqu'à  la  poitrine, 
sans  faire  le  moindre  effort  pour  se  maintenir  sur  l'eau  salée. 

»  Le  4  mai,  la  sonde  indiqua,  à  peu  près  au  milieu  du  lac,  une  profon- 
deur de  194  fathoms. 

»  Des  observations,  faites  avec  un  thermomètre  enregistreur,  montrèrent 
l'existence  d'une  couche  d'eau  froide  entre  la  surface  et  le  fond 

A  la  surface,  température 24°>4 

A  18  mètres i5,o 

A  3i8  mètres 16,7 


(  iî33  ) 

»  La  plus  forte  température  de  l'air  a  été  observée  le  8  mai  ;  à  midi,  elle 
était,  à  l'ombre,  de  43°, 3. 

»  Les  nombreux  torrents  alors  desséchés  reconnus  par  l'expédition 
prouvent  que  la  mer  Morte  reçoit,  à  certaines  époques  de  l'année,  une 
quantité  considérable  d'eau  douce.  Les  rivières  qui  ne  tarissent  pas  éprou- 
vent de  très-grandes  crues  dans  la  saison  pluvieuse.  Le  Jourdain  devient  une 
mer,  comme  disaient  les  Arabes  à  M.  de  Bertou. 

«  Le  lieutenant  Lynch  a  vu,  près  du  Wady-Mukaddam,  une  marque  in- 
diquant que  le  niveau  du  lac  avait  dû  monter  de  7  pieds  anglais  au-dessus 
du  point  où  il  se  trouvait  le  22  avril. 

»  Si  l'on  considère  combien  la  mer  Morte  peut  s'étendre  vers  le  nord 
en  regorgeant  dans  la  vallée  basse  du  Jourdain,  et  vers  le  sud  en  inon- 
dant la  plaine  salée,  on  comprend  quelle  énorme  masse  d'eau  elle  doit  re- 
cevoir avant  que  son  niveau  s'élève  de  2  mètres. 

»  L'exploration  de  la  mer  Morte  étant  terminée,  l'expédition  se  dirigea 
sur  Beyrout,  non  sans  avoir  payé  son  tribut  à  l'insalubrité  du  climat.  Un 
des  officiers  les  plus  actifs,  le  lieutenant  Deale,  près  d'arriver  au  port,  suc- 
comba à  la  maladie  dont  il  avait  contracté  le  germe  dans  cette  mémorable 
campagne.  C'est  un  nom  de  plus  à  inscrire  sur  cette  longue  liste  de  voya- 
geurs morts  pour  la  science. 

»  L'analyse  la  plus  ancienne  de  l'eau  de  la  mer  Morte  a  été  faite  en  1 788 
par  une  Commission  de  l'Académie  des  Sciences,  formée  de  Lavoisier, 
Macquer  et  Sage.  Dans  cette  eau  envoyée  par  le  chevalier  Tolès,  les  Com- 
missaires trouvèrent  : 

Sel  marin  ,  à  base  de  magnésie 21 ,786 

à  base  de  chaux 16, 32g 

Sel  marin  ordinaire 6 ,  25o 

44,375 

Eau. ...    55,625 

— « 

100,000 

»  En  #807,  Marcet  publia  une  nouvelle  analyse.  La  densité  de  cette  eau 
était  1,211  :  aussi  les  sels  trouvés  dans  100  parties  ne  sont  plus  44i 
comme  dans  les  résultats  donnés  par  les  académiciens,  mais  24,  5  seu- 
lement. 

»  En  180g,  Klaproth  examina  une  eau  dont  la  densité  était  1,245,  et  il 
constata  ^1,6  pour  100  de  sels  secs. 

»  De  l'eau  de  la  mer  Morte,  prise  en  octobre  18 17  par  le  comte  Forbin 


(  i*34  ) 
pendant  son  voyage  dans  le  Levant,  fut  analysée  par  Gay-Lussac:  elle  avait 
une  densité  de   i,2283,  et  renfermait,  sur  100  parties,  26,24  de  matières 
salines.  Sa  composition  différait  d'ailleurs  très-notablement  de  celle  qu'a- 
vait donnée  Marcet. 

Marcet.  Gay-Lussac. 

Chlorure  de  magnésium 10, 246  1 5 , 3 1 

Chlorure  de  sodium »..*      io,36o  6,q5 

Chlorure  de  calcium 3, 920  3, 98 

Chlorure  de  potassium o  ,000  traces 

Sulfate  de  chaux o ,  o54  traces 

24,58o  26,24 

Eau ;.        75,420  7^76 

100,000  100,000 

»  Frappé  de  la  grande  différence  de  ces  résultats,  Gmelin  crut  devoir 
entreprendre  "une  nouvelle  analyse  de  l'eau  de  la  mer  Morte,  puisée  au 
printemps  de  1822  par  M.  Jacob  Leutzen .  Cette  eau,  pesant  1,212,  laissa 
sur  100  parties,  24,  54  de  sels  secs. 

»  Gmelin  y  constata  la  présence  du  brome  que  M.  Balard  venait  de  dé- 
couvrir, et  il  conclut  d'expériences  exécutées  avec  un  grand  soin  que  cette 
eau  ne  renfermait  pas  de  nitrates.  Quant  au  résultat  de  son  analyse,  il  n'est 
d'accord  ni  avec  celle  de  Marcet,  ni  avec  celle  de  Gay-Lussac. 

»  Depuis  Gmelin,  les  chimistes  ont  continué  à  s'occuper  de  la  mer 
Morte.  L'eau  rapportée  par  le  lieutenant  Lynch,  d'une  densité  de  1,  2274, 
contenait,  d'après  MM.  Booth  et  Muckle,  26,42  sur  100  de  sels. 

»  Dans  de  l'eau  prise  par  M.  Dunoyer  sur  là  rive  occidentale  du  lac 
Asphaltite,  le  2  avril  i85o,MM.  Boutron-Charlard  et  O.Henry  n'ont  trouvé, 
sur  100  parties,  que  i4?9^  de  sels;  il  est  vrai  que  la  densité  de  cette  eau 
ne  dépassait  pas  1 ,0992. 

»  Enfin,  M.  Moldenhauser  vient  de  donner  une  analyse  faite  sur  de  l'eau 
puisée  en  juin  i854,  dont  la  densité  était  1, 1 160  ;  de  100  parties  d'eau  on 
obtint  i3, 88  de  substances  salines. 

»  Il  est  certainement  très-singulier  que  huit  analyses  faites  su^nne  eau 
prise  à  la  même  source,  par  des  chimistes  dont  on  ne  saurait  contester 
l'habileté,  ne  s'accordent  pas  mieux  entre  elles.  Le  motif  qui  avait  porté 
Gmelin  à  entreprendre  l'examen  de  l'eau  de  la  mer  Morte  subsistait  donc 
toujours.  J'avais  d'ailleurs  un  autre  motif  pour  faire  une  nouvelle  étude  de 
cette  eau. 

»  Depuis  que  la  présence  de  l'acide  nitrique  dans  les  rivières  a  été  dé- 


(  1235  ) 
montrée  par  les  intéressants  travaux  de  MM.  Bineau  et  Sainte-Claire  Deville, 
il  nie  parut  bien  extraordinaire  qu'une  eau  de  mer,  et  particulièrement 
l'eau  de  la  mer  Morte,  à  cause  de  la  constitution  géologique  de  son  bassin, 
ne  contînt  pas  de  nitrates,  ainsi  que  Gmelin  l'avait  reconnu;  et,  sans 
élever  le  moindre  doute  sur  la  netteté  des  résultats  annoncés  par  cet  ana- 
lyste éminent,  je  désirais  vivement  vérifier  un  fait  dont  l'importance  au- 
jourd'hui est  évidemment  plus  grande  qu'elle  ne  l'était  en  1826. 

»  L'eau  que  j'ai  examinée  a  été  rapportée  par  un  jeune  Américain, 
M.  Domingo  Arosamena;  elle  est  sans  odeur  et  très-limpide. 

»  Mon  analyse  s'accorde  assez  bien  avec  celle  de  Gmelin . 


Densité  de  l'eau 

Chlorure  de  magnésium. 
Chlorure  de  sodium. .  .  . 
Chlorure  de  calcium  .  . . 
Chlorure  de  potassium. . 
Bromure  de  magnésium. 

Sulfate  de  chaux 

Sel  ammoniac 

Chlorure  de  manganèse. 
Chlorure  d'aluminium. . 

Nitrates 

.Iodures 

Eau 


Boussingault. 

Gmelin. 

!>!94 

1  ,212 

10,7288 

11,7734 

6, 4964 

7,0777 

3 , 55g2 

3,2l4' 

1 ,6110 

1,67 38 

o,33o6 

o,43g3 

0 , 0424 

0,0527 

o,ooi3 

0,0075 

0,0000 

0,2117 

0,0000 

0  ,08961 

0,0000 

0 , 0000 

0,0000 

0,0000 

22,7697 

24,5398 

77,23o3 

75,4602 

100,0000 

100,0000 

»  Pour  rechercher  les  nitrates  dans  l'eau  du  lac  Asphaltite,  je  me  suis 
arrêté  à  l'emploi  du  sulfate  d'indigo.  Dans  mes  premiers  essais'je  m'étais 
servi  de  l'or,  comme  l'avait  fait  Gmelin,  et  même  pendant  quelque  temps 
je  l'ai  cru  préférable  au  protosulfate  de  fer  et  à  l'indigo  pour  découvrir  des 
nitrates  mêlés  à  des  chlorures  alcalins;  mais  je  n'ai  pas  tardé  à  reconnaître 
que  les  iridiées  fournis  par  ce  métal  pouvaient  être  erronés,  parce  que  l'acide 
chlorhydrique  concentré,  considéré  comme  pur  et  tel  qu'on  le'prépare  dans 
les  laboratoires,  l'attaquait  quelquefois.  Les  remarques  que  j'ai  faites  à  ce 
sujet  méritent,  je  crois^  d'être  consignées,  et  je  soupçonne  que  pour  avoir 
échappé  à  certains  observateurs,  on  a  pu  signaler  des  nitrates  là  où  il  n'y 
en  avait  pas,  ou  évaluer  trop  haut  ceux  qu'on  a  dosés  d'après  la  production 
du  chlorure  d'or. 


(  1236  ) 

»  Ainsi,  en  laissant  une  lame  d'or  dans  5  centimètres  cubes  d'une  disso- 
lution saturée  de  sel  marin,  mélangée  à  5  centimètres  cubes  d'acide  chlor- 
hydrique  concentré  et  considéré  comme  pur,  la  liqueur,  au  bout  de  quel- 
ques jours,  avait  acquis  une  teinte  jaune,  très-faible  à  la  vérité,  mais  assez 
prononcée  cependant  pour  conclure  à  la  dissolution  d'une  faible  quantité 
du  métal,  et,  par  suite,  à  la  présence  de  nitrates  dans  le  sel  marin,  si  l'on 
n'eût  pas  été  certain  de  sa  pureté.  Cette  expérience  a  été  répétée  maintes 
fois,  et  toujours  on  put  reconnaître  des  indices  évidents  de  la  dissolution 
de  l'or. 

»  En  colorant  par  quelques  gouttes  de  sulfate  d'indigo  un  mélange  formé 
de  volumes  égaux  d'eau  distillée  et  d'acide  chlorhydrique  considéré  comme 
pur,  la  teinte  bleue  s'est  effacée  graduellement. 

»  Dans  l'acide  chlorhydrique  dont  je  disposais,  acide  préparé  d'ailleurs 
par  les  procédés  ordinaires,  il  y  avait  donc  un  principe  capable  de  déterminer 
la  dissolution  de  l'or  et  la  destruction  de  l'indigo  ;  était-ce  du  chlore,  était-ce 
un  composé  nitreux  ?  Cette  dernière  supposition  paraîtra  la  plus  probable, 
si  l'on  considère  dans  quelles  circonstances  l'acide  chlorhydrique  est  pro- 
duit. 

»  L'acide  sulfurique  intervient  toujours,  et  l'on  sait  que  dans  la  plupart 
des  cas,  c^t  acide  renferme  des  composés  nitreux,  quelquefois  même  en 
très-notable  proportion.  Aussi  est-ce  une  précaution  en  quelque  sorte  élé- 
mentaire que  de  commencer  par  priver  l'acide  sulfurique  de  ces  composés 
avant  de  l'employer  soit  à  dessécher,  soit  à  purifier  un  courant  de  gaz; 
autrement  le  gaz  entraînerait  des  vapeurs  nitreuses,  pour  si  peu  qu'il  en 
existât  dans  l'acide  purificateur. 

w  Au  reste,  je  n'ai  pas  déterminé  le  principe  qui  rend  l'acide  chlorhy- 
drique impropre  à  déceler  les  nitrates;  je  me  suis  uniquement  assuré  qu'on 
l'élimine  très-facilement,  puisqu'il  suffit  de  faire  bouillir  l'acide  jusqu'à  ce 
qu'il  ait  éprouvé  une  réduction  d'environ  un  quart  de  son  volume.  L'acide 
chlorhydrique  bouilli  n'a  pu  décolorer  l'eau  teinte  par  le  sulfate  d'indigo, 
et  l'on  peut  dès  lors  en  faire  usage  conjointement  avec  ce  dernier  réactif 
pour  rechercher  les  nitrates  dans  une  dissolution  de  chlorures  alcalins. 

»  C'est  à  M.  Liebig  que  l'on  doit  l'application  de  l'indigo  comme  réactif 
des  nitrates,  et  l'on  admet  qu'il  est  possible  par  ce  moyen  de  découvrir  dans 
un  liquide  —^  d'acide  nitrique.  En  suivant  la  méthode  décrite  dans  mon 
Mémoire,  je  crois  pouvoir  affirmer  que  la  sensibilité  du  réactif  est,  pour 
ainsi  dire,  illimitée;  ainsi  on  décèle  dans  i  centimètre  cube  d'eau  salée  l'a- 
cide équivalent  à  oBr,ooooo3i  de  nitrate  de  potasse.  De  nombreuses  expé- 


(  i*37  ) 
riences  synthétiques  ne  laissent  aucun  doute  à  cet  égard;  cependant  je  n'ai 
pu,  à  l'aide. de  ce  réactif  rendu  si  sensible,  trouver  le  moindre  indice  de 
nitrate  dans  l'eau  de  la  mer  Morte.  Néanmoins,  lorsqu'il  s'agit  de  substances 
que  la  mer  pourrait  tenir  en  dissolution,  s'il  est  permis  d'indiquer  une 
limite,  il  ne  faut  pas,  à  cause  de  l'immensité  du  dissolvant,  prononcer  l'ex- 
clusion dune  manière  absolue. 

»  L'absence  des  nitrates  dans  l'eau  de  la  mer  Morte  m'a  porté  à  recher- 
cher si  le  réactif  indigo  indiquerait  ces  sels  dans  l'eau  d'une  autre  mer. 
M.  Bineau,  dont  l'exactitude  est  bien  connue  de  l'Académie,  a  dosé  dans  un 
litre  d'eau  puisé  sur  la  côte  d'Aigues-Mortes,  une  quantité  de  nitrates  repré- 
sentant ogt,ooi  de  nitrate  d'ammoniaque,  tandis  qu'il  n'a  point  rencontré 
de  nitrates  dans  l'eau  du  port  de  Marseille. 

»  L'eau  de  mer  que  j'ai  examinée  avait  été  prise,  le  8  mai,  par  M.  Reiset, 
sur  la  plage  de  Dieppe,  assez  loin  du  port  pour  éviter  l'influence  de  la 
rivière  d'Arqués. 

»  Dans  cette  eau  réduite  au  dixième  par  l'évaporation,  l'indigo  a  indiqué 
de  la  manière  la  plus  nette  une  très-faible  proportion  de  nitrates,  à  peu 
près  ogr,ooo3  pour  un  litre  d'eau. 

»  Il  résulte  des  essais  multipliés  auxquels  je  me  suis  livré  depuis  quelques 
mois,  que  le  sulfate  d'indigo,  convenablement  appliqué,  est,  non-seulement 
d'une  extrême  sensibilité  comme  réactif  qualitatif,  mais  qu'il  offre  encore 
comme  agent  de  dosage  des  avantages  incontestables,  puisqu'on  détermine 
avec  une  précision  suffisante  et  presque  sans  appareils  les  nitrates  contenus 
dans  l'eau  des  mers,  l'eau  des  rivières,  les  eaux  pluviales  et  les  eaux  sortant 
des  draines.  C'est  ce  que  je  me  propose  d'établir  dans  une  instruction  spé- 
ciale que  je  publierai  prochainement. 

»  Par  une  belle  série  d'expériences,  MM.  Malaguti,  Durocher  et  Sarzeatt 
ont  prouvé  que  l'Océan  renferme  du  chlorure  d'argent;  ioo  litres  d'eau  pui- 
sée à  plusieurs  lieues  de  la  côte  de  Saint-Malo,  ont  donné  i  milligramme 
de  métal.  Un  savant  du  plus  grand  mérite,  M.  Forchammer,  de  Copen- 
hague, a  confirmé  le  fait  en  opérant  sur  l'eau  de  la  Baltique. 

»  Comme  l'eau  de  la  mer  Morte  est  beaucoup  plus  chargée  de  sels  que 
l'eau  de  l'Océan,  il  y  avait  quelque  raison  pour  croire  qu'elle  contiendrai! 
une  plus  forte  proportion  de  chlorure  d'argent.  J'ai  prié,  en  conséquence, 
mon  savant  confrère  M.  Becquerel  d'y  rechercher  l'argent  au  moyen  des 
procédés  électrochimiques;  et  quoiqu'il  n'ait  pas  été  possible  d'obtenir  un 
dépôt  métallique  sur  un  des  électrodes,  la  question  n'est  cependant  pas 

C.  F,.,   1856,   i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  26.)  I  62 


(  i*38  ) 
résolue,  par  la  raison  que  l'essai  n'a  pu  être  tenté  que  sur  trop  peu  de  ma- 
tière. C'est  un  sujet  d'observation  que  je  me  permets  de  recommander  à 
ceux  qui  pourront  se  procurer  quelques  litres  d'eau  de  la  mer  Morte. 

»  Ce  qui  caractérise  l'eau  de  cette  mer,  c'est  la  forte  proportion  de  brome 
qu'elle  renferme,  puisque  i  mètre  cube  contiendrait,  d'après  l'analyse, 
3  à  4  kilogrammes  de  bromure  de  magnésium.  Si  un  jour  le  brome  trou- 
vait une  large  application  industrielle,  c'est  dans  la  mer  Morte  qu'il  fau- 
drait l'aller  chercher. 

»  Pline  rapporte  que  de  riches  habitants  de  Rome,  que  d'ailleurs  il  taxe 
d'extravagance,  faisaient  apporter  pour  se  baigner  de  l'eau  du  lac  Asphaltite, 
à  laquelle  ils  attribuaient  des  vertus  médicinales.  Galien  remarque  que  ces 
baigneurs  se  seraient  épargné  bien  de  l'embarras,  en  dissolvant  du  sel 
dans  de  l'eau  douce;  mais  il  semble  hors  de  doute  qu'en  raison  de  la  dose 
considérable  de  brome  qui  s'y  trouve,  cette  eau  doit  nécessairement  être 
douée  de  certaines  propriétés  thérapeutiques. 

»  L'analyse  semble  donc  établir  que  l'eau  de  la  mer  Morte  n'a  pas  la 
même  composition  à  toutes  les  époques  de  l'année,  et  que  les  substances 
salines  qu'elle  tient  en  dissolution  varient,  non-seulement  sous  le  rapport 
de  la  quantité,  ce  qu'expliquerait  la  plus  ou  moins  grande  affluence  des 
eaux  douces,  mais  encore  dans  leur  nature.  Au  reste,  pourrait-on  affirmer 
aujourd'hui  que  l'Océan  n'éprouve  pas  des  changements  du  même  ordre? 
Est-il  certain  que  ses  eaux  conservent,  pendant  toute  l'année,  la  même  con- 
stitution ;  que  leur  composition  est  la  même  en  pleine  mer  et  près  des  côtes, 
dans  les  régions  polaires  comme  sous  la  zone  équatoriale,  à  la  surface 
comme  à  une  grande  profondeur?  Ces  questions  ne  seront  résolues  que 
lorsque  la  chimie  sortant  du  laboratoire,  interviendra  plus  qu'elle  ne  l'a 
fait  jusqu'à  présent  dans  l'étude  de  la  physique  du  globe.    » 

géométrie.  —  Note  de  M.  Vincent  en  réponse  aux  observations  présentées 
dans  V avant-dernière  séance  par  M.  Chasles. 

«  Je  me  fais  un  devoir  de  reconnaître  devant  l'Académie  l'exactitude  d'un 
renseignement  que  notre  confrère  M.  Bienaymé  a  bien  voulu  me  donner, 
relativement  au  postulatum  sur  la  somme  des  angles  du  triangle.  Le  tome  XV 
des  archives  de  Grunert  (page  36 1  et  suivantes)  contient  un  Mémoire  du 
docteur  en  théologie  Germar  (de  Heide)  relatif  à  l'objet  qui  m'a  occupé,  et 
où  cet  auteur  rapporte  à  un  professeur  nommé  Thibaut  une  démonstration 
identique  à  celle  que  j'ai  proposée.  D'après  la  traduction  que  je  dois  à  la 


(  i*3q  ) 
complaisance  de  M.  Alf.  Maury,  la  seule  différence  consiste  en  ce  que  Thi- 
baut écartait  l'objection  déduite  de  la  différence  des  centres  de  rotation, 
par  une  considération  tirée  des  mouvements  relatifs  des  corps  célestes,  ce 
qui  donne  à  sa  théorie  une  teinte  de  mécanique  concrète,  tandis  que  je  me 
suis  tenu  dans  la  pure  abstraction  mathématique.  Cette  coïncidence,  dont 
je  me  félicite  sincèrement,  prouve  que  l'idée  n'est  pas  aussi  déraisonnable 
qu'on  a  paru  le  croire.  Pourquoi  n'a-t-elle  pas  eu  plus  de  succès?  C'est  ce 
que  la  nature  du  débat  actuel  suffit  peut-être  à  expliquer.  Mais  c'en  est 
assez  sur  ce  sujet. 

»  Je  ne  puis  laisser  passer  cette  occasion  sans  témoigner  à  mon  tour 
V étonnement  et  le  sentiment  pénible  que  m'a  fait  éprouver  la  lecture  du 
Compte  rendu  contenant  la  Note  de  M.  Chasles.  Je  n'avais  pas  bien  saisi  à 
l'audition  le  sens  et  la  portée  des  paroles  de  notre  confrère,  car  j'y  aurais 
répondu  autrement.  Comment  M.  Chasles,  qui  avait  ma  communication 
sous  les  yeux,  qui  avait  eu  huit  jours  pour  rédiger  ses  observations,  peut-il 
dire  que  mes  réflexions  «  accusent  le  jugement  de  ceux  (ce  qui  ne  pour- 
»  rait  s'entendre  que  de  tous  ceux)  qui  ont  cultivé  les  sciences  mathéma- 
»  tiques  jusqu'à  ce  jour?  »  et  plus  loin  :  que  «  j'ai  prononcé  une  cen- 
»  sure   contre   les  géomètres  anciens  et  modernes  (ce  qui    signifierait, 
»  encore  une  fois,  contre  tous  les  géomètres,  sans  aucune  exception),  »  et 
cela  quand  j'avais  dit  simplement  :   «  Je  ne  manquerais  pas  d'exemples 
»  si  je  voulais  prouver  qu'il  est  arrivé  souvent  aux  géomètres...)»  M.  Chasles 
raisonne  comme  si  ma  proposition  eût  été  absolue  et  universelle,  et  ensuite, 
ce  qui   n'est  pas  plus  admissible ,   comme  si   toutes  les  démonstrations 
précédemment  tentées  étaient  également  irréprochables,  ce  qui  implique 
une   contradiction.   Je   ne  veux   point   insister   sur  cet   objet    auquel   je 
pourrai  revenir  ailleurs  :  je  me  borne  à  dire  et  à  répéter  ici  que  je  n'ai 
prétendu  parler  que  d'auteurs  de  géométrie  élémentaire  et  classique,  dont 
aucun  n'est  vivant,  ce  qui  n'empêche  pas  que  plusieurs  d'entre  eux  ne 
soient  encore  des  auteurs  modernes;  et  j'étais  complètement  dans  mon 
droit  en  critiquant  leurs  doctrines. 

»  Que  dire  ensuite  de  cette  assertion  :  que  mes  réflexions  «  tendraient  à 
»  jeter  du  doute  sur  les  principes  mêmes  qui  servent  de  base  aux  sciences 
»  mathématiques?  »  Et  depuis  quand  donc  des  vérités,  bien  prouvées  d'ail- 
leurs, se  trouveraient-elles  compromises  dès  l'instant  seulement  qu'un 
mauvais  logicien  en  aurait  proposé  une  fausse  démonstration? 

»  Mais  une  prétention  contre  laquelle  je  regarde  par-dessus  tout  comme 
un  devoir  de  protester  au  nom  de  la  raison  publique,  est  la  prétention  for- 

162.. 


(     <24o    ) 

muléede  mettre  un  interdit  sur  les  principes  philosophiques  de  la  science, 
et  de  soutenir  que,  pour  avoir  le  droit  de  les  discuter ,  il  faut  avoir  fait  acte 
de  grand  géomètre.  La  géométrie,  a  dit  avec  beaucoup  de  raison  M .  Poinsot, 
dont  je  regrette  de  ne  pouvoir  reproduire  dans  leur  véritable  texte  les  hautes 
considérations,  est  comme  un  arbre  dont  les  rameaux  s'étendent  vers  l'in- 
fini, mais  qui  par  son  pied  touche  et  commence  à  la  terre.  Rien  n'est  plus 
vrai.  Je  reconnais  que  les  branches  et  les  fruits  appartiennent  aux  grands 
géomètres  qui  ont  su  s'y  élever;  mais  le  pied  appartient  à  tout  le  monde,  et 
surtout  à  ceux  qui  y  sont  restés  enchaînés  toute  leur  vie.  Sans  avoir  suivi 
la  voie  qui  conduit  à  la  géométrie  supérieure,  on  peut  très-bien  savoir 
qu'il  est  pour  y  arriver  des  moyens  plus  rapides  et  plus  hardis  que  ceux 
d'Euclide. 

»  Enfin,  comment  qualifier  le  procédé  par  lequel,  au  sujet  d'une  commu- 
nication plus  ou  moins  digne  d'attention,  on  est  venu  mettre  à  l'index  un 
ouvrage  dont  il  n'avait  en  rien  été  question  dans  le  débat,  et  qui  ne  contient 
même  pas  la  démonstration  proposée,  et  attaquée  bien  que  conforme  aux 
principes  établis  dans  le  programme  des  études?...  Mais  autre  chose  est  d'é- 
tablir des  principes,  et  autre  chose  d'en  poursuivre  les  conséquences —  » 

«  Après  cette  lecture,  M.  Chasles  dit  qu'il  s'en  réfère  aux  observations 
mêmes  qu'il  a  présentées  à  l'Académie,  et  qu'un  seul  point  de  la  communi- 
cation actuelle  de  M.  Vinceut  lui  donne  lieu  de  prendre  la  parole.  Il  veut 
simplement  faire  remarquer  que  ses  observations  se  rapportaient  exclusive- 
ment à  l'écrit  lu  par  M.  Vincent  sous  le  titre  de  Note  sur  la  théorie  des 
parallèles,  et  qu'il  n'a  fait  allusion,  en  aucune  manière,  à  l'ouvrage  publié 
récemment  par  son  confrère. 

»  M.  Vincent  s'empressant  de  déclarer  qu'en  effet  le  passage  dont  veut  par- 
lerM.  Chasles  nele  concerne  pas,  M.  Chasles  répète  qu'il  n'a  rien  à  ajouter.  » 

M.  Floubens,  en  faisant  hommage  à  l'Académie  d'un  volume  qu'il  vient 
de  publier,  s'exprime  dans  les  termes  suivants  : 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  un  exemplaire  du  premier 
volume  des  Eloges  historiques,  que  j'ai  lus  dans  ses  séances  publiques. 

»  Ce  volume  contient,  après  une  Introduction  sur  l'Histoire  de  l'Aca- 
démie et  sur  Fontenelle,  les  éloges  de  George  Cuvier,  Blumenbach,  Geof- 
froy-Sain t-Hilaire,  Blainville  et  Léopold  de  Buch. 

»  Le  second  volume  est  sous  presse,  et  paraîtra  bientôt. 


(   i*4i   ) 
»  En  écrivant  ces  éloges,  je  me  suis  imposé  la  loi  de  rechercher,  dans  la 
vie  des  hommes  illustres  auxquels  ils  sont  consacrés,  tout  ce  qu'il  y  a  eu 
de  plus  honorable  et  de  plus  digne  d'être  conservé,  et  dans  leurs  écrits  tout 
ce  qu'il  y  a  de  vrai. 

Quid  verum  atque  decens  euro  et  rogo  et  omnis  in  hoc  sum.  » 

M.  Éme  de  Beacmont  présente,  au  nom  de  l'auteur  M.  J.  Plateau,  un 
exemplaire  d'un  opuscule  publié  par  le  savant  Correspondant  de  l'Acadé- 
mie sous  le  titre  de  «  Recherches  expérimentales  et  théoriques  sur  les 
figures  d'équilibre  d'une  masse  liquide  sans  pesanteur  » . 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède ,  par  la  voie  du  scrutin ,  à  la  nomination  de  la 
Commission  qui  aura  à  examiner  les  pièces  admises  au  concours  pour  le 
prix  fondé  par  M.  de  Montyon ,  et  destiné  à  récompenser  les  inventions 
tendant  à  rendre  un  métier  ou  une  profession  moins  insalubre. 

MM.  Rayer,  Dumas,  Chevreul ,  Pelouze  et  Roussingault  réunissent  la 
majorité  des  suffrages. 

L'Académie  procède  ensuite,  également  par  la  voie  du  scrutin ,  à  la  no- 
mination de  la  Commission  qui  aura  à  décerner  le  grand  prix  des  Sciences 
mathématiques  (  question  concernant  la  théorie  mathématique  des  phéno- 
mènes capillaires). 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Despretz,  Biot,  Regnault  et  Duhamel.) 

MÉMOIRES  LUS. 

hydraulique.  —  Note  relative  aux  inondations  ;  par  M.  Baisse. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée  précédemment  pour  les  Mémoires  de 
M.  Rozet,  et  à  laquelle  M.  Poncelet  est  invité  à  s'adjoindre  [i].) 

«  Encouragé  par  l'accueil  que  l'Académie  vient  de  faire  à  deux  commu- 
nications de  M.  Rozet  touchant  les  inondations,  je  désire  d'autant  plus  lui 
soumettre  aussi  sur  ce  sujet  quelques  réflexions,  qu'elles  sont  d'accord 

(i)  Cette  Commission  se  trouvera  ainsi  composée  de  MM.  Poncelet,  Élie  de  Beaumont, 
de  Gasparin,  M.  le  Maréchal  Vaillant. 


(     124»    )  t 

avec  les  conclusions  de  mon  savant  camarade.  C'est,  du  reste,  le  simple 
résumé  de  ce  que  j'ai  eu  à  exposer,  le  16  de  ce  mois,  au  Conseil  général  des 
Ponts  et  Chaussées,  que  je  réclame  l'honneur  de  lire  ici. 
.  »  Les  inondations  surprenantes  qui  se  répètent  depuis  1840  et  causent 
de  si  grandes  et  de  si  douloureuses  pertes,  provoquent  naturellement  la 
question  de  savoir  si  la  science  ne  peut  pas  conjurer  ce  fléau  dans  l'avenir 
et  d'abord  si  l'on  est  bien  dans  la  voie  pour  cela. 

»  On  construit  beaucoup  de  digues  nouvelles,  on  en  entretient,  on  en 
relève  d'anciennes  plus  étendues  encore,  le  tout,  comme  on  sait,  à  grands 
frais  pour  l'Etat  et  les  riverains  ;  mais,  après  avoir  plus  ou  moins  longtemps, 
de  la  sorte,  préservé  nos  vallées  et  nos  villes,  voici  que  des  crues  de  plus 
en  plus  hautes  surpassent  toutes  ces  digues  dites  insubmersibles  (c'est  le 
nom  usuel,  consacré,  de  celles  que  j'ai  en  vue)  et  commettent,  à  proportion 
même  de  la  hauteur  donnée  aux  digues,  de  plus  grands  ravages. 

»  Non-seulement  nul  ne  proteste  contre  la  qualification  qui  vient  d'être 
rappelée,  mais  de  vastes  projets/récemment  adoptés,  s'exécutent  sous  nos 
yeux  suivant  ce  système  de  plus  en  plus  dominant  et  toujours  ainsi  désigné. 

»  Et  aujourd'hui  encore,  quelle  leçon  sortira  des  événements?.  .  .  En 
refaisant  à  la  hâte  les  digues  emportées,  ne  va-t-on  pas,  sur  ces  points  et 
partout  ailleurs,  les  relever  de  nouveau  de  quelques  pieds  de  plus,  et  peut- 
être,  au  demeurant,  après  bien  des  discussions  éphémères,  en  rester  là  ? 

»  C'est  du  moins  ainsi  qu'on  s'est  engagé  toujours  davantage  dans  ce  sys- 
tème des  digues  ou  levées  insubmersibles  qu'il  est  temps,  je  crois,  de  recon- 
naître pour  illusoire,  ruineux,  funeste. 

»  Oubliant  la  portée  des  mots,  on  ne  prend  pas  garde  qu'on  encourage 
par  celui  qui  désigne  expressément  le  système  dont  il  s'agit  ici,  les  contruc- 
tions  qu'on  voit  se  multiplier  dans  nos  vallées  endiguées;  et  l'on  fait  d'ail- 
leurs soi-même,  dans  celles  surtout  où  la  plupart  des  crues  nuiraient  encore 
aux  récoltes,  non  plus  par  débordement  sur  les  digues,  mais  par  infiltra- 
tion en  dessous,  de  grands  canaux  d'assainissement  qui  supposent ,  en  effet, 
l'insubmersibilité  des  digues  ;  car  ils  seraient  autrement  un  nouveau  lit  tout 
préparé  pour  la  rivière  à  son  premier  débordement  imprévu,  nouveau  lit 
qu'elle  pourrait  bien,  l'élargissant  et  l'achevant  en  vingt-quatre  heures, 
s'approprier  et  garder. 

»  C'est  assez  dire  qu'il  y  a  sur  ce  point  un  examen  radical  à  faire,  et 
qu'avant  d'aller  si  loin,  d'urgence  en  urgence,  dans  le  malheureux  système 
de  l'endiguement  excessif  des  rivières,  on  eût  bien  dû  se  demander  s'il 
y  a  une  limite  assignable  à  leurs  plus  grandes  crues  :  question  première  et 


(  ia43  ) 
capitale,  quoique  presque  puérile  à  force  d'être  naturelle,  et  que  pourtant 
je  puis  dire  en  toute  sincérité  n'avoir  jamais  vu  poser  par  personne. 

»  Considérons  celle  de  nos  rivières  qu'on  a  le  plus  longtemps  observée  : 
la  Seine,  à  Paris. 

»  La  plus  grande  crue  qu'elle  présente  depuis  qu'on  note  chaque  jour  sa 
hauteur,  c'est-à-dire  depuis  1777,  ou  près  de  quatre-vingts  ans,  est  la 
crue  du  3  janvier  1802,  qui  monta  à  7m,45  à  l' hydromètre  du  pont  de  la 
Tournelle,  auquel  les  hauteurs  dont  il  s'agit  ont  toujours  été  prises. 

»  La  moyenne  des  80  maxima  annuels,  ou  la  crue  moyenne,  n'est  que  de 
4m,56  :  elle  est  donc  de  beaucoup  (de  près  de  3  mètres)  inférieure  à  la  crue 
de  1802. 

»  Mais  il  y  a  eu  dans  le  passé  des  crues  bien  plus  hautes.  En  effet,  celle 
du  25  décembre  1740  est  montéeà  7m,o,o;  celle  du  ier  mars  i658,  jusqu'à 
8m,8o,  et  la  plus  grande  dont  on  ait  conservé  la  mesure,  celle  du  1 1  juillet 
1 61 5,  plus  haut  encore  de  om,24,  ou  jusqu'à  o,m,o4  :"hauteur  qui  va,  comme 
on  voit,  à  peu  près  au  double  de  la  crue  moyenne. 

»  Une  telle  crue  donne  :  im,5o  d'eau  sur  la  place  de  l'Hôtel-de-Ville; 
im,o5sur  la  place  du  Palais-Royal;  im,33  sur  la  place  de  la  Concorde  à 
l'entrée  de  la  rue  Royale  ;  2  mètres  au  commencement  du  Cours  la  Reine 
(Champs-Elysées);  3m,25  près  la  petite  entrée  du  palais  du  Corps  législatif, 
par  la  rue  de  Bourgogne;  2™, go  entre  les  palais  delà  Légion  d'honneur 
et  de  la  Cour  des  Comptes,  rue  Bellechasse;  2m,8o  devant  le  milieu  du 
palais  du  Conseil  d'État,  rue  de  Poitiers;  im,77  rue  du  Bac,  à  la  rencontre 
des  rues  de  Lille  et  de  l'Université;  2m,i2  à  l'angle  des  rues  Bonaparte  et 
Jacob;  2m,7g  à  l'angle  des  rues  de  Seine  et  des  Marais;  om,76  sur  le  seuil 
de  la  porte  de  l'Institut  donnant  sur  le  quai. 

»  Ma  statistique  des  rivières  de  France,  dont  l'Académie  a  daigné  cou- 
ronner les  premiers  essais  en  i84o,  et  qui  toucherait  à  son  terme  si  je  n'é- 
prouvais d'indicibles  difficultés  à  faire  les  vérifications  et  corrections  qu'elle 
exige,  montre  que  sur  toutes  les  rivières  et  sur  tous  les  points  de  leur  cours, 
un  fait  pareil  à  celui  qui  vient  d'être  cité  pour  la  Seine  a  été  constaté;  c'est- 
à-dire  que  sur  toutes  on  a  vu  des  crues  presque  sans  rapport  avec  les  états 
ordinaires  de  ces  rivières. 

»  Sans  doute,  ces  crues  démesurées  sont  rares,  mais  il  n'en  est  pas  moins 
vrai  que  nul  ne  sait  la  cause  ou  la  loi  de  leur  apparition.  L'Isère  en  a  eii 
cinq  dans  le  XVIIIe  siècle:  en  171 1,  1733,  1740,  1764  et  1778.  Dans  notre 
siècle,  elle  a  présenté  deux  crues,  sinon  aussi  fortes,  du  moins  encore  trop 
mémorables  :  en  1816  et  tout  récemment.  La  crue  de  18 16  est  montée,  à 


(  1244  ) 

Grenoble,  à  3m,7o;  celle  de  i856  vient  de  s'élever  à  3m,8o.  Mais  la  crue 
de  1778  alla  à  5m,io  et  donna  im,7o  d'eau  à  l'entrée  de  l'Hôpital.  Dans 
d'autres  quartiers,  il  y  en  eut  davantage. 

»  La  crue  moyenne  n'est  que  de  am,4o. 

»  Ces  quelques  faits  posés,  je  demande  pourquoi  nous  ne  revenions  pas 
des  crues  aussi  hautes  ou  même  plus  hautes  que  celles  de  1718  pour  l'Isère, 
ou  que  celle  du  1 1  juillet  161 5  pour  la  Seine  ? 

»  Le  climat  n'a  pas  changé,  que  l'on  sache,  et,  pour  ce  qui  concerne 
l'Isère,  son  lit  a  été,  sur  plus  de  i5  lieues  de  longueur,  rien  qu'en  amont 
de  Grenoble,  resserré  entre  de  hautes  digues;  au  lieu  d'une  vaste  plaine 
où  elle  faisait  lac  à  chaque  crue,  elle  n'a  plus  ainsi  qu'un  canal  étroit  entre 
d'énormes  levées. 

»  D'où  proviennent  les  crues? 

»  De  pluies  abondantes  qui  se  prolongent  et  embrassent  une  région 
étendue,  et  auxquelles  se  joignent  parfois  de  rapides  fontes  de  neige;  pluies 
et  fontes  de  neige  qui  résultent  elles-mêmes  de  certains  vents  dont  personne 
n'oserait  affirmer  que  la  durée  n'eût  pas  pu  être  de  douze  ou  vingt-quatre 
heures  plus  longue  qu'à  l'époque  des  crues  les  plus  hautes. 

»  En  juillet  1 85  r ,  uri  vent  de  sud-ouest  apporta,  quarante-huit  heures 
durant,  contre  les  cimes  calcaires  voisines  de  la  Grande-Chartreuse,  un  air 
humide  et  tiède  venant  d'Afrique  et  ayant  rasé  la  Méditerranée  :  le  refroi- 
dissement que  cette  masse  d'air,  qui  se  renouvelait  sans  cesse,  éprouvait  à  la 
rencontre  de  ces  montagnes,  les  plus  hautes  et  conséquemment  les  plus 
froides  qu'elle  eût  trouvées  jusque-là  sur  sa  route  à  travers  notre  conti- 
nent, produisait  une  précipitation  d'eau  tellement  abondante,  que  ce  n'é- 
taient plus  des  gouttes  grosses  et  pressées  qu'on  voyait  tomber,  mais  de 
véritables  filets  d'eau  continus —  Je  ne  rappelle  pas  les  désastres  qu'occa- 
sionna cette  pluie  torrentielle;  j'observe  seulement  que  si  le  vent  qui  l'ap- 
portait eût  persisté  douze  heures  ou  vingt-quatre  heures  de  plus,  nous  eus- 
sions vu  assurément  recommencer  un  véritable  déluge,  sans  qu'aucune  loi 
physique  connue  s'y  opposât  le  moins  du  monde. 

»  Mémorable  exemple,  d'où  je  tire  cette  conséquence  bien  simple,  bien 
incontestable,  et  néanmoins  inaperçue  jusqu'ici,  quoique  d'une  immense 
importance  :  à  savoir  qu'il  n'y  a  pas  de  limite  assignable  aux  grandes  crues 
de  nos  rivières,  et  partant  que  les  levées  de  la  Loire,  comme  celles  du 
Rhône,  du  Pô  et  autres,  ne  sont  point  insubmersibles  comme  on  les  sup- 
pose aveuglément  toujours,  et  comme  on  a  le  tort  de  les  nommer. 

»  Je  pourrais  citer  une  vallée  dans  laquelle  nos  pères  se  contentaient  de 


(  1245  ) 
fixer  les  berges,  et  puis,  à  une  plus  ou  moins  grande  distance,  de  part  et 
d'autre,  d'élever  des  bourrelets  de  terre  un  peu  au-dessus  des  crues  ordi- 
naires. Entre  les  bourrelets  et  les  rives  étaient  les  cultures  qui  craignent  le 
n^oins  une  immersion  passagère  ;  derrière  les  bourrelets,  les  cultures  plus 
délicates.  Les  grandes  crues,  qui  sont  les  plus  chargées  de  limon,  cou- 
vraient tout.  Sans  doute,  elles  avariaient  quelquefois  les  récoltes,  mais 
comme  elles  laissaient  un  engrais  qui  dispensait,  les  années  suivantes,  de 
fumer  la  terre  inondée,  les  dommages  causés  aux  récoltes,  une  année  sur 
dix  ou  sur  vingt,  se  trouvaient  plus  que  compensés. 

»  Plus  tard,  poussé  à  relever  les  digues  d'un  cran  de  plus  à  chaque  nou- 
veau débordement,  on  en  est  venu  à  ne  vouloir  plus  rien  risquer  du  tout,  c'est- 
à-dire  aux  prétendues  digues  insubmersibles,  avec  ces  canaux  d'assainisse- 
ment qui  sont  le  complément  et  la  perfection  du  système  dans  les  cas  les  plus 
rebelles.  A  la  vérité,  le  prix  de  ces  digues  colossales  et  de  ces  canaux  fait 
payer  une  seconde  fois  la  terre  ;  leur  entretien  est  un  impôt  écrasant,  et 
il  n'y  a  plus  d'engrais  naturel  de  temps  à  autre;  mais  parfois,  et  au- 
jourd'hui même,  des  ravages  désastreux,  que  le  modeste  système  de  nos 
pères  eût  évités. 

»  Alors  aussi  les  lits  délaissés  qu'on  trouve  dans  toutes  les  vallées  se 
comblaient  peu  à  peu  et  finissaient  par  devenir  cultivables,  tandis  qu'avec 
les  digues  insubmersibles  ils  demeurent  d'éternels  marais,  en  même  temps 
que  les  terres  basses  et  froides  sont  dans  l'impossibilité  de  s'élever  jamais. 

»  Je  pourrais  citer,  toujours  dans  la  même  vallée,  une  presqu'île  que  les 
crues  ont  colmatée  d'elles-mêmes  et  exhaussée  de  près  de  i  mètre  en  cin- 
quante ans,  et  qui,  au  lieu  des  joncs  et  vernaies  qu'elle  donnait  uniquement 
autrefois,  produit  aujourd'hui  des  blés  et  des  chanvres  magnifiques,  très- 
rarement  atteints  par  les  crues. 

»  Dans  la  partie  inférieure  de  la  vallée  du  Rhône,  l'espace  compris  entre 
la  berge  du  fleuve  et  la  haute  levée  qui  couvre  de  vastes  terrains,  a  un  nom 
particulier,  celui  de  ségoneaux.  Eh  bien,  ces  ségoneaux  sont  aujourd'hui, 
rien  que  par  l'effet  du  colmatage  naturel,  beaucoup  plus  élevés  que  la  plaine 
close  ;  ils  donnent  de  beaucoup  plus  riches  récoltes  et  le  fonds  se  vend  moitié 
plus  et  même  deux  fois  plus  que  les  fonds  préservés.  Ce  fait,  avec  beaucoup 
d'autres  non  moins  concluants,  a  été  cité  à  l'Académie  par  l'un  de  ses 
Membres  les  plus  éminents,  M.  de  Gasparin,  dans  un  remarquable  travail 
dont  cette  Note  n'est  qu'un  faible  écho  (Comptes  rendus,  séance  du  22  jan- 
vier 1 844)- 

»  Lors  de  l' avant-dernière  inondation  de  la  plaine  d'Avignon,  les  pro- 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  26.)  ■  63 


(  1*46  ) 
priétaires  éperdus  jetèrent  les  hauts  cris  et  obtinrent  de  l'État  d'abondants 
secours:  ce  qui  n'empêcha  pas  que,  les  années  suivantes,  le  limon  laissé  par 
le  Rhône  leur  donnât,  sans  nul  engrais,  de  merveilleuses  récoltes.  Je  tiens 
ce  fait  curieux  de  M.  l'inspecteur  général  Mallet. 

»  Or  non -seulement  les  digues  dites  insubmersibles  privent  les  vallées 
de  ces  limons,  engrais  naturels  généralement  très-féconds,  mais  lorsqu'elles 
sont  rapprochées,  ce  que  veulent  les  derniers  progrès  du  système,  elles  aug- 
mentent extrêmement  la  hauteur  des  crues  ;  et  lorsqu'elles  sont  en  même 
temps  trop  sinueuses,  disposition  qui  leur  a  été  longtemps  imposée  par  prin- 
cipe, elles  ont  à  essuyer,  dans  les  grandes  eaux,  le  choc  de  courants  violents 
qui  souvent  les  culbutent  sans  avoir  besoin  pour  cela  de  les  surmonter  :  je 
m'abstiens  des  preuves  encore  patentes. 

»  Dans  l'ancien  système,  au  contraire,  les  crues,  s'étendant  sur  toute  la 
plaine,  sont  diminuées  à  proportion  de  sa  largeur,  et  les  cultures,  les  haies, 
les  arbres,  les  bourrelets  transversaux  surtout,  si  l'on  en  fait,  comme  en 
Egypte  depuis  de  longs  siècles,  modèrent  la  vitesse  de  la  nappe  d'inonda- 
tion, et  celle-ci,  loin  de  raviner  le  sol,  ne  fait  qu'y  laisser  un  dépôt  précieux. 
»  Qu'on  garde  donc  désormais  les  digues  insubmersibles,  en  les  faisant, 
autant  que  possible,  véritablement  telles,  pour  les  villes,  bourgs,  villages 
malheureusement  bâtis  dans  des  lieux  trop  bas  :  là,  il  y  va  de  la  vie   des 
hommes,  il  n'y  a  pas  à  balancer;  mais  que  pour  les  vallées  elles-mêmes  on  se 
contente  de  digues  arrasées  à  la  hauteur  des  berges,  les  fixant  et  redressant 
convenablement,  et  réservant  un  lit  ni  trop,  ni  trop  peu  large;  et  puis  qu'à 
une  certaine  distance  de  ce  lit,  la  plus  grande  possible,  on  élève  des  bour- 
relets de   terre  jusqu'un   peu   au-dessus  des  crues  ordinaires;   qu'on  re- 
nonce, s'il  le  faut,  à  certaines  cultures  ou  qu'on  les  restreigne  aux  terrains 
les  moins  exposés  ;  s'il  y  a  des  affluents  torrentiels  qui  risquent  d'encom- 
brer la  rivière,  qu'on  ait  grand  soin  d'allonger  leur  cours  afin  de  les  faire 
aboutir  presque  parallèlement  à  la  rivière  et  avec  une  pente  peu  différente 
de  la  sienne,  et  qu'on  les  jette  pour  cela,  autant  qu'il  se  peut,  dans  les  lits 
délaissés;  que  les  redressements  soient  étudiés  avec  grand  soin  dans  cette 
vue  et  non  sans  avoir  longuement  entendu  les  riverains  qui  savent  seids 
une  foule  de  faits  dont  il  importe  extrêmement  de  tenir  compte  :  jamais 
autrement  on  ne  saurait  tous  les  prévoir  et  les  prendre  en  considération 
comme  il  faut. 

»  Et  puis  enfin  que,  pour  parer  aux  risques  inévitables  résultant  des 
grandes  crues,  le  Gouvernement  favorise  la  formation  de  compagnies  d'as- 
surance mutuelle.  L'homme  ne  possède  rien  ici-bas  qui  ne  soit  sujet  à  au- 


(   ,247  ) 
cune  chance,  et  il  en  est  des  récoltes  qu'il  attend  de  sa  terre  comme  de 
tous  ses  autres  biens.  S'évertuer  contre  une  telle  loi  immuable,  et  deman- 
der à  la  scieuce  de  l'effacer,  selon  moi ,  c'est  errer. 

»  Dira-t-on  que  tout  ceci  peut  être  bon  pour  les  vallées  encore  sans 
digues,  mais  que  pour  celles  qui  en  ont,  et  au  nombre  desquelles  sont  les 
principales,  c'est  autre  chose? 

»  Je  réponds  qu'il  faut  d'abord,  pour  la  vallée  de  la  Loire,  par  exemple, 
conserver  très-soigneusement  le  jeu  de  la  digue  de  Pinay,  qui,  à  chaque  crue 
de  la  haute  Loire,  fait  de  la  plaine  du  Forez  comme  un  lac ,  et  rechercher 
toutes  les  autres  applications  possibles  de  cet  admirable  palliatif. 

»  Il  faut  voir  les  parties  marécageuses  ou  basses ,  étendues  et  de  moindre 
rapport ,  que  peuvent  présenter  les  plaines  endiguées ,  et  en  faire  des  réser- 
voirs ,  qu'on  ouvrirait  aux  crues  à  certain  moment. 

»  Il  faut,  en  général,  loin  de  se  contenter  d'une  digue  unique,  les  mul- 
tiplier diversement,  comme  on  le  fait  dans  la  vallée  du  Pô. 

»  Il  faut  tâcher  de  réaliser  la  pensée  de  M.  Elie  de  Beaumont ,  qui  vou- 
drait qu'on  élargît  le  canal  de  Savière  pour  jeter  les  crues  du  Rhône  supé- 
rieur dans  le  lac  du  Bourget. 

>•  Il  faut  voir  si  les  Genevois  voudront  consentir  à  recevoir  dans  leur  lim- 
pide Léman,  comme  M.  Vallée  le  leur  demande,  le  torrent  d'Arve,  malgré 
ses  eaux  troubles  et  tous  les  cailloux  qu'il  entraîne. 

»  Il  faut  chercher  toutes  les  applications  qu'on  peut  faire  de  l'idée  de 
M.  Rozet,  de  retarder  le  cours  supérieur  des  affluents  de  nos  fleuves,  dans 
les  défilés  rocheux  où  la  mine  pourrait  aisément  entasser  blocs  sur  blocs, 
pour  obstruer  leur  passage. 

»  Il  faut  rechercher  les  localités  qui  peuvent  se  prêter  à  des  moyens 
quelconques  de  retenir  ou  ralentir  les  crues  des  cours  d'eau  qui  les  tra- 
versent. 

»  Il  faut  surtout  reboiser  et  gazonner,  tant  qu'on  pourra,  les  terrains  en 
pente,  et  même  le  roc,  comme  on  l'a  entrepris,  non  sans  succès,  dans  les 
Hautes-Alpes  ;  parce  que  c'est  là ,  sans  nul  doute ,  le  plus  général  et  le  plus 
puissant  de  tous  les  palliatifs. 

»  Mais  il  faut  par-dessus  tout,  selon  moi,  peu  à  peu,  en  revenir  au  sys- 
tème économique ,  simple,  raisonnable  ,  que  je  viens  de  signaler,  et  se  bien 
garder  de  recourir  encore  aux  digues  insubmersibles. 

m  Et  puis  enfin ,  là  où  il  n'y  a  moyen  de  mettre  à  couvert  les  habitations, 
il  faut  soigneusement  proscrire  les  constructions  peu  solides ,  comme  l'Ad- 

i63.. 


ia48  ) 
ministration  vient  de  le  faire  pour  le  pisé,  dans  la  plaine  basse  auprès  de 
Lyon.  Il  faut  même  examiner  s'il  ne  conviendrait  pas  de  renouveler  ces  ha- 
bitations et  de  relever  leur  sol ,  comme  l'ont  fait  les  rois  de  l'antique  Egypte 
pour  des  cités  tout  entières;  car  là,  bien  qu'on  n'eût  jamais  négligé  de 
s'établir  au-dessus  des  plus  grandes  crues  du  fleuve ,  le  continuel  exhausse- 
ment du  lit  et  de  la  vallée  annuellement  inondée ,  rendit  ce  parti  jusqu'à 
trois  ou  quatre  fois  nécessaire  en  trente  ou  quarante  siècles. 

»  Je  me  résume  : 

»  Depuis  trente-six  ans  que  je  suis  du  métier,  je  n'ai  jamais  vu  faire  cette 
remarque,  pourtant  bien  simple,  que  les  grandes  crues  de  nos  rivières  n'ont 
pas  de  limite  assignable.  Conséquemment  le  système  des  digues  dites  insub- 
mersibles est  illusoire  en  même  temps  que  ruineux  et  funeste,  pour  plusieurs 
raisons  dont  j'ai  cité  quelques-unes.  Il  suffit  de  fixer  le  lit  des  rivières  au 
moyen  de  digues  arrasées  à  la  hauteur  des  berges  et  complétées  par  des 
bourrelets  de  terre  préservant  des  crues  ordinaires  les  cultures  qui  craignent 
le  plus  l'immersion.  Ainsi  les  vallées  profitent  des  troubles  des  rivières,  c'est- 
à-dire  du  véritable  or  qu'elles  roulent  toutes,  et  qui  autrement  va  se  perdre 
dans  la  mer.  Ainsi  seulement  le  lit  et  la  vallée  des  fleuves  se  maintiennent 
dans  un  convenable  rapport  de  hauteur.  Le  système  économique  et  simple 
que  je  propose  prévient  les  catastrophes  que  l'autre  système,  au  contraire,  pré- 
pare à  coup  sûr  et  d'autant  plus  désastreuses  que  les  levées  ont  été  portées  à 
Tine  plus  grande  hauteur.  Il  n'y  a  qife  les  assurances  mutuelles  à  opposer  aux 
dommages  causés  de  temps  à  autre  par  les  crues  extraordinaires,  dommages 
que  diminueront,  mais  ne  préviendront  jamais  entièrement  tous  les  palliatifs 
imaginables.  Les  digues  hautes  et  vraiment  insubmersibles  doivent  être  ré- 
servées pour  mettre  à  tout  prix  à  couvert  les  populations  qui  ont  fait 
la  faute  de  s'établir  sur  des  lieux  bas.  Enfin,  là  où  de  hautes  digues  exis- 
tent, il  faut  bien  étudier  tous  les  moyens  praticables  d'atténuer  les  crues, 
mais  il  faut  aussi,  et  surtout,  peu  à  peu  et  en  toute  occasion  favorable, 
passer  d'un  système  à  l'autre. 

«  Si  l'Académie  veut  bien  envisager,  d'une  part ,  les  difficultés  que  la 
routine,  les  préjugés,  l'intérêt  opposent  en  toute  chose  aux  changements  même 
les  plus  motivés  et  les  plus  désirables,  et,  d'autre  part,  l'impression 
extraordinaire  que  les  derniers  débordements  ont  produite  et  les  chances 
inouïes  de  succès  que  donnerait  en  ce  moment  la  vive  et  puissante  sollici- 
tude du  Souverain,  j'aime  à  espérer  qu'elle  daignera  prendre  en  considéra- 
tion cet  écrit,  quelque  sommaire  et  imparfait  qu'il  soit.  » 


(  ia49  ) 

M.  Brandt,  Membre  de  l'Académie  impériale  des  Sciences  de  Saint-Pé- 
tersbourg et  Directeur  du  Musée  zoologique  de  l'Académie,  présente  divers 
Mémoires  qu'il  a  publiés  sur  des  questions  d'histoire  naturelle  et  en  indique 
le  sujet  dans  les  termes  suivants  : 

«  C'est  avec  la  permission  de  M.  le  Président  et  de  MM.  les  Secrétaires 
que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  impériale  des  Sciences  quel- 
ques Mémoires  récemment  publiés  par  moi. 

»  Ces  Mémoires  se  rapportent  à  trois  catégories  :  les  uns  sont  réunis  sous 
le  titre  général  de  Beitrage;  un  autre  forme  l'Appendix  d'un  Voyage ,  et  un 
troisième  constitue  un  ouvrage  à  part. 

»  Sous  le  titre  Beitrage  zur  nahern  Kenntniss  der  Saugethiere  Russ- 
lands ,  j'ai  publié  : 

»  i°.  Une  description  zoologique  très-détaillée  de  la  marte  zibeline  (Mus- 
tela  zibellina),  d'après  les  exemplaires  du  Muséum  de  Saint-Pétersbourg, 
accompagnée  de  trois  planches  représentant  les  différentes  variétés  de  cet 
animal  tant  estimé. 

•»  2°.  Un  second  Mémoire  offre  une  énumération  des  chauves-souris  de 
la  Russie,  sous  le  rapport  de  leur  distribution  géographique. 

»  3°.  Un  troisième  Mémoire  prouve  les  différences  nombreuses  cranio- 
logiques  qui  existent  entre  le  Castor  de  l'Europe  et  celui  de  l'Amérique. 

»  4°-  Un  quatrième  Mémoire  traite  de  la  grande  variabilité  de  forme  des 
os  du  crâne  dans  le  genre  Castor,  et  augmente  le  nombre  des  exemples  qui 
se  rapportent  à  la  variabilité  individuelle  des  crânes  des  Mammifères. 

»  5°.  Un  cinquième  Mémoire  expose  l'histoire  de  la  classification  de 
l'ordre  des  Rongeurs,  et  surtout  du  genre  Castor  chez  les  différents  peuples 
anciens  et  modernes. 

»  6°.  Un  sixième  Mémoire  s'occupe  de  la  craniologie ,  de  la  classification 
et  de  l'affinité  des  différents  genres  de  l'ordre  des  Rongeurs.     . 

»  70.  Le  septième  Mémoire  contient  des  recherches  sur  le  nom  du  Castor 
et  du  Castoréum  chez  plusieurs  souches  des  peuples  Ariens ,  Sémites ,  Mon- 
gols et  Finnois. 

»  8°.  Le  huitième  Mémoire  s'occupe  des  connaissances  que  les  Arabes 
avaient  sur  le  Castor.  Audit  Mémoire  est  ajouté  un  autre  par  M.  Stanislas  Ju- 
lien, sur  la  connaissance  des  Loutres  chez  les  Chinois. 

»  Un  Appendix  zoologique  du  Voyage  de  M.  Hofmann  dans  l'Ural,  donne 


(  ia5o  ) 

un  aperçu  de  la  zoologie  géographique  des  Vertébrés  desdites  contrées.  J'y 
ai  ajouté  de  nombreuses  remarques  sur  la  distribution  générale  des  Mammi- 
fères en  Russie. 

»  J'espère  que  l'appendice  en  question  pourra  fournir  de  nombreux 
matériaux  relativement  à  la  patrie  des  Mammifères  les  plus  répandus  de 
l'Europe  et  de  l'Asie  boréale. 

»  Un  Mémoire  sur  la  distribution  géographique  du  tigre  royal  en  con- 
tient non-seulement  la  statistique,  ainsi  que  ses  relations  physiques  et  biolo- 
giques et  les  types  généraux  des  animaux  vertébrés  qui  l'accompagnent, 
mais  il  offre  en  même  temps  des  recherches  très-détaillées  sur  les  rapports 
dans  lesquels  se  trouvaient  ou  se  trouvent  encore  avec  lui  les  différentes 
tribus  des  peuples  Ariens,  Sémites,  Indiens  et  Chinois;  et  prouve  en  même 
temps  combien  le  combat  contre  ce  redoutable  ennemi  exerça  d'influence 
plus  ou  moins  considérable  sur  le  développement  de  la  culture. 

»  En  général  il  résulte  de  ces  recherches  que  c'est  le  tigre  qui,  parmi 
tous  les  animaux  sauvages  que  nous  connaissons,  possède  au  plus  haut 
degré  la  capacité  de  supporter  les  changements  les  plus  considérables  du 
climat,  car  on  le  rencontre  depuis  le  ciel  ardent  de  Java  jusqu'à  Nertschinsk, 
où  l'on  voit  souvent  geler  le  mercure. 

»  Je  me  permets  d'ajouter  à  ces  communications  quelques  remarques  sur 
un  animal  qui  fut  extirpé  par  les  hommes,  et  dont  quelques  restes  ne  se 
trouvent  qu'au  Muséum  de  Saint-Pétersbourg. 

»  Les  zoologistes  savent,  qu'outre  les  genres  des  Dugongs  et  des  Manatis, 
il  existait  autrefois  dans  l'océan  Pacifique  boréal  un  autre  genre  de  Cétacés 
herbivores  dépourvus  de  dents,  observés  par  Steller  près  de  l'île  de  Behring 
(Novi  Comm.  Petrop.,  tome  II,  page  294),  genre  dont  les  derniers  restes 
furent  détruits  vers  le  milieu  du  xvme  siècle,  selon  les  recherches  de 
M.  de  Baer  (Mémoires  de  l'académie  de  Saint-Pétersbourg,  viesérie,  Sciences 
naturelles,  tome  III,  page  58).  Mes  propres  recherches  sur  le  genre  Rhytina 
(Mémoires  de  l'Académie  de  Saint-Pétersbourg,  1846)  ont  ajouté  aux  ob- 
servations de  Steller,  outre  la  connaissance  exacte  de  la  lame  palatine  cornée , 
la  description  d'un  fragment  du  crâne. 

»  Plus  tard ,  le  Muséum  de  l'Académie  de  Saint-Pétersbourg  reçut  par 
M.  Wosnezerski ,  l'un  des  élève9  du  Laboratoire  zoologique,  qui  a  voyagé 
pendant  une  dizaine  d'années  dans  les  colonies  russes  de  l'Amérique ,  un 
crâne  complet  de  l'animal  en  question  ,  dont  j'ai  l'honneur  de  présenter  à 
l'Académie  des  dessins  exacts,  ainsi  que  plusieurs  figures  de  deux  vertèbres, 
d'un  atlas  et  d'une  vertèbre  du  cou. 


(     I25l    ) 

»  On  observe,  en  général,  ce  que  j'ai  déjà  remarqué  dans  mes  Spicile- 
gia  Sirenologica,  que  le  crâne  de  la  Rhytine  ressemble  à  celui  d'un  Manati; 
mais  comme  la  Rhytine  avait,  selon  Steller,  la  queue  semblable  à  celle  du 
Dugong,  elle  devrait  être  considérée  comme  forme  édentée  intermédiaire 
entre  les  Dugongs  et  les  Manatis.  » 

MÉMOIRES   PRÉSENTÉS. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  transmet  un  Mémoire  «  sur 
la  résolution  des  équations  d'un  degré  quelconque  » ,  adressé  d'Alger  par 
M.  Piarron  de  Mondésir. 

Ce  Mémoire  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Lamé  et  Bertrand. 

M.  C.-J.  Serret  continue  à  envoyer  la  suite  de  ses  Recherches  sur  les 
grandes  perturbations  du  système  solaire  ;  il  annonce  une  communication 
prochaine  qui  complétera  enfin  le  Mémoire. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  nommés  à  l'époque  de  la  présen- 
tation des  premières  parties  de  ce  travail  :  MM.  Mathieu,  Liouville, 
Laugier.) 

GÉOLOGIE  .  —  Remarques  sur  les  gîtes  métallifères  et  sur  la  disposition  re- 
lative des  cristaux  de  quartz  et  de  feldspath  dans  les  roches  granitiques  ; 
par  M..  J.  Durocher. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  nommés  : 
MM.  Berthier,  Elie  de  Beaumont,  Dufrénoy,  de  Senarmont.) 

«  Dans  le  Mémoire  qu'il  vient  de  présenter  à  l'Académie  (séance  du  9  juin 
i856),  M.  Fournet  émet  des  assertions  qui  me  concernent  personnellement, 
et  que  je  nepuism'abstenir  de  rectifier.  Dans  mon  dernier  Mémoire  [Comptes 
rendus,  tome  XLI1,  page  85o),  j'ai  rappelé  que  les  gîtes  métallifères  ont  été 
produits  de  différentes  manières,  les  uns  par  voie  de  fusion  ignée,  les 
autres,  soit  par  des  sublimations,  soit  par  des  sources  thermominérales.  Je 
ne  chercherai  point  à  discuter  tous  les  raisonnements  que  développe 
M.  Fournet  pour  faire  voir  que  l'on  doit  considérer  comme  ayant  été  à 
l'état  de  fusion  ignée  la  généralité  des  filons  métallifères,  même  ceux  que 
l'on  a  appelés  concrétionnés  ;  je  vais  seulement  exposer  quelques  faits  pour 


(   I25a  ) 

montrer  que  les  résultats  de  l'observation  et  de  l'expérience  ne  semblent 
pas  favorables  aux  vues  du  savant  professeur  de  la  Faculté  de  Lyon. 

»  Comparons,  en  effet,  les  caractères  des  filons  concrétionnés  avec  ceux 
des  filons  que  l'on  pourrait  appeler  massifs,  et  dont  l'origine  par  voie  d'in- 
jection est  généralement  admise  ;  examinons  s'il  n'y  a  pas  des  différences 
assez  graves  pour  entraîner  une  dissimilitude  d'origine.  En  France  et  en  Alle- 
magne, de  même  qu'en  Angleterre,  il  est  rare  de  voir  des  filons  métallifères 
qui  soient  évidemment  le  produit  d'injections  ;  mais,  pendant  mes  voyages 
dans  le  nord  de  l'Europe,  j'ai  observé  quelques  centaines  de  gîtes,  soit  de 
fer  oxydulé,  soit  de  fer  chromé,  dont  l'origine  ignée  est  difficile  à  contester. 
Or  leurs  caractères  ne  justifient  pas  les  conceptions  de  M.  Fournet  :  ainsi, 
par  la  cristallinité  que  l'on  remarque  dans  toute  leur  masse,  par  la  disposi- 
tion relative  du  minerai  et  des  gangues,  qui  semblent  s'être  séparés  d'un 
magma  pâteux,  et  qui  présentent  la  texture  des  roches  de  granit  ou  de 
porphyre,  par  la  nature  de  ces  gangues  qui,  pour  la  plupart,  sont  des  sili- 
cates, et  dont  l'ensemble  est  assez  facilement  fusible,  par  leur  soudure  avec 
les  parois  encaissantes,  ces  gîtes  sont  tout  à  fait  comparables  à  des  masses 
plutoniques,  à  des  filons  de  phorphyre  ou  de  basalte,  et  c'est  ce  qui  a  con- 
duit à  leur  attribuer  une  origine  analogue.  En  eux  tout  indique  une  forma- 
tion simultanée,  un  dépôt  en  masse,  tandis  que  les  caractères  les  plus  sail- 
lants des  gîtes  concrétionnés  manifestent  une  formation  par  dépôts  succes- 
sifs, comme  l'ont  admis  la  plupart  des  observateurs  depuis  Werner  :  je  n'ai 
qu'à  citer  cet  isolement  si  fréquent  des  diverses  gangues  et  des  minerais,  par 
couches  successives,  lequel  donne  à  la  masse  une  disposition  rubanée,  dont 
n'approchent  point  les  effets  de  ségrégation  qui  ont  eu  lieu  dans  les  véritables 
gîtes  d'injection,  de  même  que  dans  beaucoup  de  roches  ignées.  Je  men- 
tionnerai, en  outre,  l'existence  d'espaces  restés  vides  dans  la  partie  mé- 
diane des  veines,  et  auxquels  on  ne  saurait  comparer  les  géodes  que  peuvent 
offrir  les  masses  ignées;  je  ferai  aussi  remarquer  la  séparation  des  gîtes 
concrétionnés  d'avec  les  roches  encaissantes,  séparation  qui  a  lieu  fort  sou- 
vent par  une  salbande  ou  couche  argileuse,  et  qu'il  me  semble  impossible 
d'envisager  comme  une  dessoudure  produite  soit  par  retrait,  soit  par  cris- 
tallisation. Cette  hypothèse  d'une  dessoudure  avancée  par  M.  Fournet  est 
opposée  aux  faits,  car  ce  qu'il  y  a  de  remarquable  dans  les  filons  de  fer 
oxydulé  produits  par  injection,  c'est  leur  parfaite  soudure  avec  les  roches 
encaissantes. 

»  A  l'objection  de  l'infusibilité  de  certaines  substances  existant  abon- 
damment dans  les  filons,  M.  Fournet  a  répondu  en  faisant  observer,  ce  qui 


(  IÀ63  ) 
est  admis  sans  conteste,  que  beaucoup  de  ces  substances  deviennent  fusibles 
par  leur  association,  ainsi  le  sulfate  de  baryte  par  le  mélange  de  fluorure  de 
calcium  :  mais  il  faudrait  que  ces  substances,  dont  le  mélange  est  fusible, 
fussent  constamment  réunies  ou  du  moins  placées  à  peu  de  distance,  et  dans 
de  telles  proportions,  que  leur  liquéfaction  eût  pu  avoir  lieu.  Or  il  y  a 
beaucoup  de  filons  dont  la  masse  totale  serait  infusible,  du  moins  à  la  tem- 
pérature de  nos  fourneaux,  parce  qu'ils  sont  composés  d'une  ou  de  deux 
gangues,  dont  la  réunion  n'est  pas  fusible  :  ainsi  les  filons  si  communs  de 
galène  à  gangue  presque  exclusivement  quartzeuse,  ceux  à  gangue  de  sul- 
fate de  baryte  et  de  spath  calcaire,  sans  spath-fluor,  etc.  De  plus,  même 
parmi  les  filons  où  l'ensemble  de  la  masse  pourrait  être  considéré  comme 
susceptible  de  fusion,  beaucoup  se  décomposent  en  colonnes  d'une  assez 
grande  épaisseur,  qui,  prises  individuellement,  sont  à  peu  près  infusibles. 

»  D'ailleurs,  comment  concevoir  que  des  fragments  de  la  roche  encais- 
sante, plus  ou  moins  fusible,  se  trouvent  souvent  englobés  au  milieu  des 
filons  et  ne  présentent  aucune  trace  de  ramollissement  ou  de  modification, 
s'il  est  vrai  que  ces  gîtes  aient  été  à  l'état  de  fusion  ;  beaucoup  d'exemples 
de  ces  faits  sont  offerts  par  les  filons  qui  traversent  des  roches  de  schiste  et 
de  grauwacke  facilement  fusibles,  comme  le  filon  de  Poullaouen  en  Bre- 
tagne ;  dans  les  fragments  de  schiste  qui  y  sont  empâtés,  les  feuillets  ne 
sont  ni  contournés,  ni  modifiés,  comme  cela  a  lieu  dans  l'empâtement  par 
des  roches  ignées.  On  sait,  d'ailleurs,  que  l'on  trouve  quelquefois  même 
des  débris  d'êtres  organisés  dans  les  fragments  des  roches  encaissantes  qui 
se  trouvent  à  l'intérieur  des  gîtes  métallifères. 

»  Voici  une  autre  objection  non  moins  grave  :  Si  les  filons  concrétionnés 
avaient  possédé  un  état  de  liquidité  ignée,  concevrait-on  que  l'action  de  la 
pesanteur  n'eût  exercé  aucune  influence  sur  la  disposition  relative  de  ma- 
tières aussi  différentes  par  leur  densité  que  les  minerais  métalliques  et  la 
plupart  des  gangues  pierreuses?  Les  molécules  qui  composaient  ces  filons 
ont  dû  jouir  d'une  grande  mobilité,  si  la  cristallisation  et  autres  forces  in- 
voquées par  M.  Fournet  ont  pu  opérer  des  séparations  assez  prononcées 
pour  produire  le  rubanement  des  filons.  Or,  en  présence  de  toutes  ces  ac- 
tions qui  écartaient  à  leur  gré  les  particules  minérales,  est-il  admissible  que 
la  pesanteur  seule  soit  restée  impuissante  ;  que,  sans  aucune  trace  d'oppo- 
sition, elle  ait  laissé  se  produire  des  effets  qui  lui  étaient  directement  con- 
traires, tels  que  la  concentration  du  minerai,  c'est-à-dire  des  parties  les  plus 
denses  sur  le  toit  de  certains  gîtes.  Tous  les  faits  de  ce  genre  n'ont  rien 
que  de  très-naturel  pour  ceux  qui  regardent  les  matières  métalliques  comme 

C.  R.,  i856,  1er  Semestre.  (T.  XL1I,  N°  26.)  •  °7j 


(  >254  ) 
ayant  été  apportées  par  des  vapeurs  ou  des  sources  thermales,  car  le  dépôt 
a  eu  lieu  graduellement  et  successivement,  à  mesure  que  chaque  particule 
se  détachait  du  r.ourant  gazeux  ou  de  la  dissolution,  pour  prendre  la  forme 
de  grains  cristallins. 

»  D'ailleurs,  dans  la  théorie  que  j'ai  donnée  des  filons,  un  observateur 
impartial  se  rend  bien  pins  clairement  raison  de  l'excessive  inégalité  de  ri- 
chesse des  filons  concrétionnés  et  de  l'irrégularité  apparente  qu'y  offre  la 
distribution  des  sulfures  métalliques  :  sans  entrer  dans  des  développements 
qui  m'entraîneraient  trop  loin,  je  me  borne  à  rectifier  une  assertion  qui 
me  semble  peu  fondée.  M.  Fournet  affirme  (p.  i  io4)  que,  «  dans  les  filons, 
»  les  parties  métalliques,  d'ordinaire  plus  fusibles  et  plus  sujettes  que  les 
«  autres  à  se  maintenir  à  l'état  liquide,  occupent  l'étendue  moyenne  des 
n  veines  »,  et  ce  géologue  cherche  à  expliquer  par  là  l'accumulation  du  mi- 
nerai dans  les  renflements,  les  entre-croisements,  etc.  Mais  le  fait  qui  sert 
de  base  à  ces  raisonnements  n'a  pas  le  degré  de  généralité  que  lui  attribue 
M.  Fournet,  car  le  minerai  se  trouve  dans  les  filons  aussi  souvent  concentré 
près  des  parois  que  dans  la  partie  médiane  ;  tantôt  il  est  couché  sur  le  mur, 
tantôt  il  est  accolé  au  toit,  et,  quant  à  son  accumulation  aux  points  d'entre- 
croisement, on  l'explique  avec  la  plus  grande  clarté  en  l'attribuant  à  deux 
sortes  d'émanations  qui  s'élevaient  suivant  des  conduits  différents  et  dont 
la  réaction  a  dii  avoir  son  siège  principal  aux  points  d'intersection  de  ces 
conduits. 

»  M.  Fournet  cite,  d'après  M.  Beust,  un  autre  fait  consistant  dans  l'en- 
richissement d'un  filon  aux  dépens  de  son  voisin,  et  il  cherche  à  l'expliquer 
en  supposant  le  déversement  de  la  matière  métallique  en  fusion  d'un  filon 
dans  l'autre.  Un  tel  enrichissement,  dont  j'ai  cité  des  exemples  il  y  a  déjà 
sept  ans  à  propos  des  mines  de  Kongsberg  (  annales  des  Mines,  4e  série, 
t.  XV,  p.  35g,  1849),  est  bien  plus  facile  à  comprendre  dans  ma  manière 
de  voir;  car  s'il  y  a  communication  entre  plusieurs  fentes  voisines,  le  long 
desquelles  se  meuvent  des  courants  métalliques,  il  est  évident  que  le  dépôt 
du  miserai  aura  lieu  principalement  dans  la  portion  de  ces  fentes  qui  aura 
contenu  la  plus  forte  proportion  de  principes  fixateurs,  tels  que  le  soufre  et 
l'arsenic,  principes  dont  le  concours  était  nécessaire  pour  arrêter  dans  leur 
marche  ascendante  les  particules  métalliques. 

»  Je  m'abstiens  de  beaucoup  d'autres  considérations,  par  lesquelles  je 
pourrais  faire  ressortir  la  concordance  de  mes  vues  théoriques  avec  les 
observations  recueillies  dans  l'exploitation  des  mines;  je  me  bornerai  à  un 
dernier  argument,  dont  la  valeur  est  capitale,  c'est  la  preuve  par  l'expé- 


(  1255  ) 
rience  :  jusqu'à  ce  jour,  parmi  les  substances  contenues  dans  les  filons 
métallifères  il  en  est  bien  peu  que  l'on  soit  parvenu  à  produire  artificielle- 
ment, par  voie  de  fusion,  avec  les  caractères  physiques  des  minéraux  natu- 
rels; tandis  que  les  partisans  de  la  production  des  filons  par  des  sources 
thermominérales  et  par  des  vapeurs,  en  suivant  de  point  en  point  les  indi- 
cations de  leur  ,théorie,  ont  pu  former  une  grande  partie  des  substances 
minérales  contenues  dans  les  filons,  et  avec  les  mêmes  caractères  que  nous 
offrent  les  produits  de  la  nature.  » 

anatomie  comparée.  —  Réponse  dé  M.  Ch.  Rouget  à  une  réclamation  de 
priorité,  adressée  par  M.  Mûller  à  l'occasion  du  Mémoire  sur  V appareil 
d'adaptation  de  ïœil,  présenté  à  la  séance  précédente. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  de  Quatrefages,  Cl.  Bernard.) 

«  M.  H.  Mùller  réclame  pour  lui  la  découverte  du  muscle  ciliaire  annu- 
laire chez  l'homme,  que  j'ai,  dit-il,  donné  comme  un  fait  nouveau. 

»  Je  ne  connaissais  pas  les  recherches  de  M.  H.  Mùller  (publiées  seule- 
ment en  avril  i856),  néanmoins  je  n'ai  jamais  prétendu  m'attribuer  la  dé- 
couverte du  muscle  ciliaire  annulaire  :  cette  découverte  n'appartient  en 
effet,  ni  à  M.  Mùller  ni  à  moi,  mais  bien  à  Clay  Wallace,  et  à  Van  Reeken. 
Dès  i836  Clay  Wallace  a  nettement  indiqué  les  deux  couches  du  muscle  ci- 
liaire sous  les  noms  de  muscle  ciliaire  externe  (outer  ciliaiy  muscle),  et 
muscle  ciliaire  interne  (inner  ciliary  muscle). 

»  Au  commencement  de  l'année  1 855,  six  mois  au  moins  avant  l'époque 
que  M.  Mùller  assigne  lui-même  à  sa  découverte,  Van  Reeken  donnait  une 
description  détaillée,  et  des  figures  exactes  du  muscle  ciliaire  annulaire 
(juillet  i855.  Physiologisch  laboratorium  der  Utrechtsche  Hoogschool).  Ce 
que  j'ai  d'ailleurs  annoncé  comme  faits  nouveaux,  ce  n'est  pas  l'existence 
du  muscle  ciliaire  annulaire  chez  l'homme,  objet  de  la  réclamation  de 
M.  Mùller,  c'est  :  i°  l'étude  de  ce  muscle  chez  différents  ordres  de  mammi- 
fères^et  chez  les  oiseaux; 

»  2°.  La  continuité  des  faisceaux  de  ce  muscle  avec  ceux  du  muscle  obli- 
que de  l'iris; 

»  3°.  Les  rapports  des  veines  irio-chloroïdiennes  avec  le  même  muscle, 
rapports  d'où  résultent  leur  compression  et  l'érection  des  procès  ci- 
liaires. 

»  M.  Mùller  annonce  ensuite  qu'il  a  fait,  à  la  Société  Physico-Médicale  de 

164.. 


(  ia56  ) 
Wùrtzbourg,  différentes  communications  sur  l'accommodation  de  l'œil  chez 
l'homme  et  les  oiseaux,   et  oppose  la  date  de  ces  communications  (  i5  dé- 
cembre 1 855  et  2f>  avril  i856)  non  encore  publiées  à  la  date  de  ma  commu- 
nication publiée  dans  les  Comptes  rendus  de  l'Académie  (  19  mai  1 856). 

0  Je  réponds  qu'antérieurement  à  ma  communication  à  l'Académie,  j'ai 
fait  connaître  le  résultat  de  mes  recherches  sur  l'adaptation,  à  la  Société  de 
liiologie  de  Paris,  dans  les  séances  du  10  novembre  1 855,  du  26  avril  et 
3  mai  1 856,  et  que  les  Comptes  rendus  de  ces  séances  vont  être  publiés. 

»  Il  résulte  évidemment  de  la  comparaison  de  ces  dates,  que  lors  même 
que  les  résultats  obtenus  par  M.  Millier  seraient,  ce  que  j'ignore,  complète- 
ment identiques  à  ceux  que  j'ai  annoncés,  nos  travaux  n'en  sont  pas  moins 
complètement  indépendants,  et  que  ni  l'un  ni  l'autre  dé  nous  n'est  fondé  à 
réclamer  la  priorité.  » 

M.  de  Lamotte  Tarchand  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire 
"  sur  les  aurores  polaires  » . 

(Commissaires,  MM.  Babinet,  Bravais.) 

M.  Valadier  présente  au  concours,  pour  le  prix  du  legs  Bréant,  une  Note 
«  sur  la  nature  et  le  traitement  du  choléra-morbus  ». 

(Benvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  constituée 

en  Commission  spéciale.  ) 

M.  Moquin -Tandon  ,  qui  avait  été  chargé,  conjointement  avec  M.  Jobert 
de  Lamballe  ,  de  l'examen  d'un  Mémoire  de  M.  Maisonneuve  «  sur  la  désar- 
ticulation de  la  mâchoire  inférieure  »  ,  dépose  sur  le  bureau  ce  Mémoire, 
qui,  ayant  été  imprimé  depuis  l'époque  de  sa  présentation,  ne  peut  plus, 
d'après  les  usages  de  l'Académie,  devenir  l'objet  d'un  Bapport. 

M.  Moquin-Tandon  remet  également,  comme  ne  nécessitant  pas  un  Bap- 
port, une  Lettre  adressée,  il  y  a  quelques  mois,  par  M.  Frôhlich,  et  qui 
avait  été  renvoyée  à  l'examen  de  la  Section  de  Botanique. 

L'auteur,  ainsi  qu'il  a  été  dit  dans  le  Compte  rendu  de  la  séance  du  7  avril 
dernier,  faisait,  à  l'occasion  d'un  Mémoire  de  M.  Chatin  «  sur  la  structure 
des  Orchidées  »  ,  la  remarque  que  cette  organisation  avait  été  étudiée  et 
décrite  par  plusieurs  savants  allemands,  particulièrement  par  Link  (1824) 
et  par  Meyer  (1828  et  i83o).  Pour  l'exactitude  historique,  ajoute  M.  Mo- 
(juin-Tandon ,  il  convient  d'ajouter  qu'une  partie  de  ces  faits  mêmes  avait 
été  vue  un  peu  auparavant  par  Dutrochet  (  Mém.  du  Mus.,  t.  VII  ). 


(  '257  ) 


CORRESPONDANCE . 

M.  l'amiral  Du  Petit-Thouars  fait  hommage,  au  nom  de  l'auteur  sir 
Edw.  Bclcher,  d'un  exemplaire  de  la  relation  publiée  par  cet  officier  d'une 
expédition  aux  régions  arctiques  exécutée  sous  son  commandement. 

Cet  ouvrage  a  pour  titre  :  «  Les  derniers  voyages  aux  régions  "arctiques, 
relation  de  l'expédition  faite  parle  navire  de  S.  M.  l'Assistance,  commandé 
par  le  capitaine  sir  Edw.  Belcher,  à  la  recherche  de  sir  John  Franklin  du- 
rant les  années  i852-53-54,  avec  des  Notes  sur  l'histoire  naturelle,  par 
MM.  Richardson,  Owen,  Th.  Bell,  Salter  et  Lovell  Reeve.  2  vol.  in-8°  avec 
Atlas.  » 

M.  Du  Petit-Thouars  et  M.  Babinet  sont  invités  à  faire  de  cet  ouvrage 
l'objet  d'un  Rapport  verbal. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  offre,  au  nom  de  l'auteur  M.  Miniscalchi 
Erizzo,  un  exemplaire  d'un  ouvrage  publié  récemment  à  Venise  sous  le 
titre  de  «  Histoire  des  découvertes  arctiques  » . 

Cet  ouvrage,  qui  est  transmis  par  M.  Pentland,  est  destiné  à  faire  con- 
naître les  découvertes  successives  qui  ont  été  faites  dans  ces  régions  à  par- 
tir des  temps  les  plus  reculés. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente  encore,  au  nom  de  M.  Ferd.  de 
Lesseps,  deux  volumes  in-8°,  intitulés  :  «  Percement  de  l'isthme  de  Suez  ; 
exposé  et  documents  officiels  publiés  par  M.  F.  de  Lesseps  ».  Paris,  i855- 
i856. 

Ces  deux  volumes  sont  renvoyés,  à  titre  de  documents,  à  la  Commission 
précédemment  nommée  pour  les  communications  relatives  au  même  sujet. 

La  Société  Géologique  de  Londres  remercie  l'Académie  pour  l'envoi  d'une 
nouvelle  série  des  Comptes  rendus. 

L'Académie  royale  des  Sciences  de  Rerlin  adresse  un  exemplaire  du 
supplément  au  volume  de  ses  Mémoires  pour  l'année  1 854-  Elle  signale 
une  lacune  qui  existe  dans  sa  collection  des  Comptes  rendus. 


(   ia58  ) 

géologie.  —  Sur  le  puits  foré  de  Tamerna  {Algérie).  Lettre  deM.  Rozet 

à  M.  Elie  de  Beaumont. 

«  Vous  savez  que  l'on  doute  généralement  des  déductions  tirées  des  ob- 
servations géologiques  qui  n'ont  pu  être  confirmées.  Il  vous  souvient 
qu'en  i83o,  après  avoir  étudié  les  terrains  des  environs  d'Alger,  à  la  suite 
de  notre  belle  conquête,  j'allai  étudier  ceux  du  bassin  de  Médéa,  au  sud 
de  la  première  chaîne  de  l'Atlas ,  marchant  avec  la  division  de  l'armée  fran- 
çaise, qui,  après  avoir  vaincu  le  bey  de  Titerie  au  col  de  Ténia,  s'empara 
de  cette  ville.  Dans  cette  expédition  ,  ayant  vu  le  terrain  tertiaire  sub-atlan- 
tique,  si  développé  sur  le  littoral,  remplir  tous  les  intervalles  que  les  divers 
chaînons  de  l'Atlas  laissent  entre  eux,  depuis  la  Métidja  jusqu'au  delà  de 
Médéa ,  tant  que  j'avais  pu  avancer  vers  le  sud  avec  de  faibles  escortes, 
les  différents  rapports  stratigraphiques  des  roches  m'avaient  dès  lors  porté 
à  conclure  que  ce  sont  les  sables  de  l'étage  supérieur  du  terrain  sub-atlan- 
tique  qui  doivent  constituer  le  sol  du  grand  désert  du  Sahara,  à  dix  jours 
de  marche  au  moins  des  points  que  j'avais  pu  visiter.  Cette  première  con- 
clusion a  été  ensuite  vérifiée  par  tous  les  géologues  qui  ont  eu  le  bonheur 
d'aller  jusqu  au  désert  de  Sahara.  A  mon  retour  en  France,  je  communi- 
quai mes  observations  à  la  Société  Géologique,  qui  en  consigna  les  princi- 
paux résultats  dans  son  Bulletin  (i).  En  i83a,  je  les  publiai  toutes  dans  les 
Nouvelles  Annales  du  Muséum  d'Histoire  naturelle.  On  peut  lire  dans  ce 
recueil  (a)  : 

«  D'après  le  mode  de  formation  du  terrain  tertiaire,  par  bassins  et  sur 
»  les  rivages ,  le  grand  développement  de  ce  terrain ,  au  nord  et  au  sud 
»  du  petit  Atlas,  et  les  renseignements  qui  m'ont  été  donnés  par  M.  Bené 
»  Caillé ,  je  crois  pouvoir  dire  que  c'est  lui  qui  constitue  le  sol  du  grand 
»  désert  du  Sahara.  Les  grès  et  les  calcaires  tertiaires  sont  là  en  couches 
»  horizontales ,  et  recouverts  par  une  grande  masse  de  sables  qui  ne  sont 
»  autre  chose  que  ceux  que  l'on  trouve  à  la  partie  supérieure  du  terrain 
»  sub-atlantique;  seulement,  au  sud  du  grand  Atlas,  ces  sables  ont  pris  un 
»  développement  extrêmement  considérable. 

»  La  marne  argileuse,  qui  doit  exister  à  la  partie  inférieure  du  terrain 
»  tertiaire,  aussi  bien  dans  le  Sahara  qu'entre  les  Atlas,  retenant  facilement 


(i)  Tome  II,  ire  série,  page  364- 
(2)  Tome  II,  page  3i4- 


(  >a59  ) 
»  les  eaux,  il  est  probable  qu'en  creusant  à  une  certaine  profondeur  on 
»  obtiendrait  des  sources  abondantes  :  on  pourrait  peut-être  établir  des 
»  puits  forés?  Ce  serait  un  immense  avantage  pour  cette  malheureuse  con- 
»  trée  et  les  caravanes  qui  sont  obligées  de  la  traverser.  » 

»  Il  a  fallu  vingt-six  ans  pour  vérifier  cette  prévision.   Enfin  elle  vient 
d'être  complètement  confirmée ,  à  ma  grande  satisfaction  ! 

»  Le  Moniteur  du  a5  juin  contient  un  Rapport  du  général  Desvaux,  com- 
mandant la  subdivision  de  Batna,  au  gouverneur  général  de  l'Algérie,  où 
il  est  dit  :  «  Le  9  juin ,  à  trois  heures  de  l'après-midi,  l'eau  a  jailli  du 
»  forage  de  Tamerna,  dans  le  Sahara.  La  profondeur  du  puits  est  de 
»  60  mètres;  il  donne  36oo  litres  d'eau  à  la  minute.  Un  tel  événement, 
»  dit  le  général,  démontre  mieux  que  tout  ce  que  l'on  pourrait  dire,  les 
»  grands  progrès  accomplis  en  Algérie  depuis  quelques  années,  qui  pro- 
»  mettent,  dans  un  avenir  prochain,  les  plus  merveilleuses  transforma- 
»   tions.   » 

»  Pendant  l'année  i852,  lorsque  j'exécutais  des  travaux  géodésiques  dans 
la  partie  des  Etats-Romains  occupée  par  nos  troupes ,  la  présence  du  même 
terrain  tertiaire  qu'en  Algérie,  au  pied  sud  de  l'Apennin,  m'avait  aussi  fait 
concevoir  la  possibilité  d'établir  des  puits  forés  dans  toute  la  zone  comprise 
entre  cette  chaîne  de  montagnes  et  la  Méditerranée.  Je  proposai  alors  au 
général  Gémeaux  de  faire  venir  de  France  un. équipage  de  sonde,  pour 
tenter  des  essais  aux  environs  de  Civita-Vecchia ,  dans  le  but  d'alimenter 
cette  place,  qui  manque  de  bonne  eau  pendant  l'été,  et  d'arroser  sa  cam- 
pagne, qui  deviendrait  ainsi  très-fertile  ;  mais  il  ne  fut  donné  aucune  suite 
à  ma  proposition.  Je  suis  toujours  persuadé  qu'il  est  possible  d'établir  des 
puits  forés  dans  la  bande  de  terrain  sub-apennin  comprise  entre  Rome  et  la 
frontière  de  Toscane.   » 

chimie  moléculaire.  —  lsomorphisme  entre  des  corps  isomères ,  les  uns 
actifs,  les  autres  inactifs  sur  la  lumière  polarisée  ;  par  M.  L.  Pasteur. 

«  Le  travail  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  fait  connaître 
une  exception  remarquable  à  la  loi  des  corrélations  de  l'hémiédrie  et  du 
phénomène  rotatoire  moléculaire,  établie  par  mes  précédentes  recherches. 
L'Académie  se  rappellera  peut-être  que  l'étude  des  formes  cristallines  des 
corps  actifs  sur  la  lumière  polarisée  m'avait  conduit  à  reconnaître  que  ces 
formes  offraient  toutes  une  dissymétrie  que  j'ai  caractérisée  par  l'expression 
hémiédrie  non  superposait  le,  parce  que  leur  image  ne  peut  leur  être  superpo- 


(  i  '.«6o  ) 
sée,  pas  plus  que  le  gant  de  la  main  droite  ne  s'adapteraità  la  main  gauche. 
En  d'autres  termes,  ces  formes  n'ont  pas  de  plan  de  symétrie.  Tous  les 
tartrates,  tous  les  malates,  un  grand  nombre  d'autres  produits,  le  sucre  de 
canne,  le  sucre  de  lait,  la  tartramide,  l'asparagine,...  possèdent  de  pareilles 
formes.  Certains  corps  actifs  ne  m'ayant  pas  présenté  habituellement  ce 
genre  d'hémiédrie  ,  et  présumant  que  ce  n'était  là  qu'un  accident,  j'ai  cher- 
ché à  faire  apparaître  les  faces  hémiédriques,  en  modifiant  les  conditions 
de  la  cristallisation  ;  et,  dans  tous  les  cas  où  j'ai  poursuivi  cette  étude,  je  suis 
arrivé  à  déterminer  diverses  circonstances  qui  ont  provoqué  l'hémiédrie 
non  superposable. 

»  Jusque-là,  par  conséquent,  la  loi  de  la  corrélation  du  phénomène  rota- 
toire  et  de  l'hémiédrie  paraît  générale.  Est-elle  nécessaire  ?  Une  substance 
peut-elle  être,  quoique  active,  homoédrique  de  forme  et  de  structure?  On 
sait  que  l'inverse  est  possible.  Un  corps  peut  avoir  une  forme  et  une  struc- 
ture cristalline  hémiédriques,  sans  posséder  le  pouvoir  rotatoire  molécu- 
laire. Le  quartz  est  dans  ce  cas.  Il  en  est  de  même  du  formiate  de  strontiane 
et  du  chlorate  de  soude  de  MM.  Rammelsberg  et  Marbach.  Se  peut-il  inver- 
sement que  le  pouvoir  rotatoire  moléculaire  existe  et  que  la  forme  et  la 
structure  cristallines  ne  l'accusent  pas?  On  comprend  tout  l'intérêt  que  peut 
offrir  la  découverte  de  semblables  produits.  Le  travail  que  je  soumets  à 
l'Académie  donne  le  premier  exemple  d'une  substance  active,  privée  de 
l'hémiédrie  non  superposable  dans  les  formes  cristallines  de  ses  combi- 
naisons. Cette  propriété  appartient  à  l'alcool  amylique  actif. 

»  J'ai  prouvé  l'année  dernière  que  l'alcool  amylique  qui  jusqu'à  présent 
a  fait  le  sujet  des  études  des  chimistes,  était  un  mélange  à  proportions  va- 
riables de  deux  alcools  isomères,  l'un  actif  sur  la  lumière  polarisée,  l'autre 
inactif  comme  tous  les  alcools  connus.  J^a  similitude  profonde  de  ces  deux 
alcools  s'étend  à  toutes  leurs  combinaisons.  Ce  que  l'on  fait  avec  l'un,  on 
peut  le  produire  avec  l'autre  dans  les  mêmes  circonstances.  Leurs  tempé- 
ratures d'ébullition  et  celles  de  tous  leurs  dérivés  volatils  sont  si  voisines, 
qu'il  est  impossible  de  les  séparer  par  des  ébullitions  fractionnées.  Le  seul 
moyen  de  les  isoler  consiste  à  préparer  une  grande  quantité  de  sulfamylate 
de  baryte  avec  l'alcool  du  commerce  rectifié,  et  de  soumettre  à  des  cris- 
tallisations répétées  le  sulfamylate  brut.  On  accumule  ainsi  dans  les  eaux 
mères  le  sulfamylate  actif,  qui  est  plus  soluble  que  l 'inactif;  et  celui-ci  reste 
dans  les  dernières  cristallisations.  Au  lieu  de  sulfamvlate  de  barvt  e,  on  peut 
choisir  d'autres  sulfamylates  ou  d'autres  dérivés  cristallisables  des  deux 
alcools,  mais  le  sel  de  baryte  est  préférable. 


(     1201     ) 

»  Cela  posé,  voici  la  particularité  curieuse  de  tous  ces  corps  cristallisa- 
bles,  actifs  et  inactifs.  Le  corps  actif  a  toujours  la  même  forme  cristalline 
que  le  corps  inactif  correspondant,  sans  que  l'hémiédrie  vienne  apporter  la 
moindre  différence.  Dans  mes  recherches  antérieures  j'avais  déjà  rencontré 
des  corps  actifs  et  inactifs  isomères,  de  même  forme  cristalline;  par  exemple 
les  bimalates  de  chaux  et  les  bimalates  d'ammoniaque.  Mais  les  bimalates 
actifs  se  reconnaissent  à  un  ensemble  de  faces  qui,  sur  le  cristal,  tombent 
plus  d'un  côté  que  de  l'autre,  tandis  que  dans  les  bimalates  inactifs  ces  faces 
sont  redressées.  En  un  mot,  les  actifs  ont  l'hémiédrie  non  superposable  ;  les 
inactifs  ne  la  possèdent  pas  :  c'est  là  toute  leur  différence. 

»  Dans  les  sulfamylates  actifs  et  inactifs  l'identité  des  formes  est  au  con- 
traire absolue;  circonstance  d'autant  plus  remarquable  que  l'identité  des 
formes  cristallines  ne  s'était  montrée  jusqu'à  présent  que  dans  des  produits 
où  l'arrangement  moléculaire  était  le  même,  c'est-à-dire  dans  les  corps  iso- 
morphes. Ici  l'arrangement  moléculaire  diffère  et  la  forme  ne  l'accuse  pas  ; 
et  cette  identité  de  formes  et  de  composition  chimique  coïncide  avec  des  dif- 
férences de  solubilité  qui  vont  du  simple  au  double  et  au  triple. 

»  Mais  une  objection  se  présente  tout  de  suite.  J'ai  rappelé  moi-même  en 
commençant  cette  lecture  que  l'hémiédrie  dans  les  corps  actifs  n'était  pas 
toujours  accusée  naturellement;  que  souvent,  pour  la  faire  apparaître,  j'avais 
été  obligé  de  modifier  les  conditions  de  leur  cristallisation,  afin  de  provoquer 
la  naissance  de  nouvelles  faces  dans  l'ensemble  desquelles  se  trouvaient  des 
faces  hémiédriques.  On  pourrait  donc  objecter  que  si  les  formes  des  combi- 
naisons amyliques  ne  m'ont  pas  offert  l'hémiédrie  géométrique,  leur  struc- 
ture cristalline  ne  possède  pas  moins  la  dissymétrie  que  cette  hémiédrie 
géométrique  accuse  le  plus  ordinairement.  Il  n'en  est  rien.  En  effet,  une  con- 
séquence de  l'existence  de  la  structure  hémiédrique  dans  un  produit  organi- 
que, jointe  à  l'absence  de  ce  caractère  dans  le  produit  isomère  correspondant, 
paraît  être  l'impossibilité  d'une  association  des  molécules  individuelles  de  ces 
corps,  en  diverses,  ou  en  toutes  proportions.  Supposons,  par  exemple,  que  les 
bimalates  actifs  et  inactifs  de  chaux,  isomères,  soient  mélangés  en  dissolution, 
et  qu'en  cristallisant  leurs  molécules  individuelles  se  réunissent  à  la  manière 
de  celles  de  deux  corps  isomorphes.  Il  faudra  dès  lors  que  l'hémiédrie  de  la 
forme  nouvelle  accuse  la  nouvelle  structure,  non  plus  comme  fait,  mais 
comme  valeur  et  comme  proportion.  On  ne  voit  pas  à  priori  qu'il  y  ait 
impossibilité  nécessaire  de  pareilles  conditions  dans  la  cristallisation.  Ce 
serait  néanmoins  un  fait  bien  inattendu  dans  l'état  actuel  de  nos  connais- 
sances. Quoi  qu'il  en  soit,  c'est  à  l'expérience  de  répondre.  J'ai  donc  essayé 

C.  R.,  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  26. )  1 65 


(    I2Ô2    ) 

de  faire  cristalliser  ensemble  des  corps  actifs  et  inactifs,  isomères  et  de 
mêmes  formes  cristallines,  sauf  la  différence  due  à  l'hémiédrie,  et  j'ai  vu 
que  dans  tous  les  cas  ils  se  séparaient  l'un  de  l'autre,  comme  se  séparent  en 
cristallisant  deux  sels  différents,  non  isomorphes,  qui  obéissent  aux  lois 
de  leurs  solubilités  respectives.  On  dirait  même  que  le  plus  souvent  ces 
corps  actifs  et  inactifs  se  repoussent.  Quand  l'un  se  dépose,  l'autre  reste 
dissous.  Ce  n'est  pas  qu'il  ne  puisse  cristalliser,  car  si  l'on  vient  à  décanter 
l'eau  mère,  encore  bien  qu'on  ne  l'évaporé  pas  de  nouveau,  on  voit  l'autre 
corps  se  déposer  rapidement,  et  fournir  en  quelques  instants  une  abon- 
dante cristallisation. 

»  Or  il  arrive,  au  contraire,  que  toutes  les  combinaisons  amyliques  actives 
et  inactives  correspondantes  ont  la  même  composition,  la  même  forme  cris- 
talline, et  montrent  l'isomorphisme  le  plus  absolu,  le  plus  décidé.  Non-seu- 
lement les  sulfamylates  de  baryte  sont  dans  ce  cas,  il  en  est  ainsi  de  ceux  de 
plomb,  de  strontiane,  et  des  aluns  d'amylamine  active  et  inactive,  qui,  pour 
le  dire  en  passant,  ne  se  sont  jamais  offerts  dans  mes  expériences  sous  la 
forme  d'octaèdres  réguliers,  comme  on  l'a  annoncé,  je  crois  par  erreur,  il 
y  a  quelques  années. 

»  Je  conclus  de  cet  isomorphisme  absolu  des  dérivés  amyliques  actif  et 
inactif  que  la  structure  hémiédrique  n'existe  pas  dans  les  produits  actifs. 
Mais  cette  preuve  ne  suffit  pas  encore.  La  structure  hémiédrique  pourrait 
exister  dans  les  conditions  que  j'assignais  tout  à  l'heure  par  raisonnement. 
La  forme  restant  la  même,  cette  structure  varierait  dans  ses  proportions  avec 
les  proportions  des  deux  corps  qui  se  combinent,  et  une  face  hémiédrique 
pourrait  l'accuser  par  une  inclinaison  variable  sur  les  faces  restantes  et  fixes 
du  cristal.  Les  difficultés  que  présente  l'étude  des  formes  cristallines  des 
sulfamylates  de  baryte  et  des  aluns  d'amylamine,  dont  les  cristaux  sont  des 
lames  minces  où  plusieurs  faces  échappent  forcément  à  l'examen,  me  fai- 
saient tin  devoir  d'aller  beaucoup  plus  loin  dans  les  preuves  d'un  phéno- 
mène de  chimie  moléculaire  aussi  imprévu  que  celui  qui  fait  l'objet  de  mon 
travail. 

»  J'ai  cherché  alors  à  produire  forcément  l'hémiédrie  dans  le  sel  prove- 
nant de  la  réunion  des  deux  amyliques  actif  et  inactif,  non  plus  seulement 
par  le  fait  du  groupe  amylique,  mais  par  celui  d'un  autre  corps.  L'hémiédrie 
du  groupe  amylique,  si  elle  existe,  devrait  sans  doute  se  montrer  dans  le  nou- 
veau produit,  soit  matériellement,  soit  en  empêchant  l'isomorphisme  des 
deux  groupes  amyliques.  Or  les  choses  ne  se  sont  point  passées  selon  ces  pré- 
visions. J'ai  réussi  à  préparer  des  cristaux  bien  déterminables  de  sulfamy- 


(  1263  ) 

lates  de  cinchonine,  c'est-à-dire  d'une  base  active,  qui  a  l'habitude  de  com- 
muniquer à  ses  dérivés,  comme  la  plupart  des  corps  actifs,  l'hémiédrie  de 
forme  et  de  structure.  Les  sulfamylates  actif  et  inactif  de  cinchonine  ont  en- 
core eu  les  mêmes  formes  exactement,  et  il  ont  présenté  aussi  l'isomorphisme 
absolu  des  autres  sulfamylates  à  bases  inactives  ;  toutefois,  avec  cette  particu- 
larité très-démonstrative  que  ces  sulfamylates  sont  toujours  hémiédriques, 
que  leur  hémiédrie  est  constamment  la  même,  accusée  par  les  mêmes  faces, 
quelle  que  soit  la  proportion  des  deux  sels  réunis.  Evidemment  l'hémiédrie 
est  ici  le  fait  seul  de  la  cinchonine,  et  le  groupe  amylique  n'intervient  pour 
aucune  part  dans  la  structure  hémiédrique  de  tous  ces  cristaux. 

»  Enfin,  comme  je  ne  dois  rien  omettre  dans  un  sujet  aussi  délicat  de 
tout  ce  qui  peut  faire  penser  que  je  ne  me  suis  pas  trompé,  je  suis  heureux 
de  pouvoir  ajouter  que  les  sulfamylates  de  cinchonine  qui  m'ont  servi  lors- 
qu'ils sont  préparés  avec  tous  les  soins  que  j'indiquerai,  sont  des  sels  admi- 
rables par  la  limpidité,  la  régularité  et  le  volume  de  leurs  cristaux.  L'A- 
cadémie pourra  en  juger  par  les  échantillons  que  je  mettrai  prochainement 
sous  ses  yeux. 

»  C'est  vraiment  une  chose  bien  digne  de  remarque  que  de  voir  des  cris- 
taux absolument  identiques  par  leurs  formes,  correspondre  à  des  arrange- 
ments moléculaires  très-dissemblables  qui  varient,  pour  ainsi  dire,  à  volonté 
dans  leur  dissemblance,  et  dont  la  solubilité  diffère  également  d'une  ma- 
nière progressive  entre  des  limites  très-éloignées. 

»  En  résumé,  de  même  que  des  corps  dépourvus  de  toute  dissymétrie 
dans  l'arrangement  atomique  de  leurs  molécules,  le  quartz,  le  formiate  de 
strontiane,  le  chlorate  de  soude,  peuvent  s'agréger  de  façon  à  avoir  une 
structure  cristalline  et  une  forme  hémiédriques,  de  même,  inversement, 
des  corps  peuvent  ne  montrer  ni  structure  ni  forme  hémiédriques  et  être 
pourtant  constitués  par  des  groupes  moléculairement  dissymétriques.  Dans 
le  cas  du  quartz,  du  formiate  de  strontiane  et  du  chlorate  de  soude,  nous 
nous  représentons  les  molécules  de  silice,  de  formiate  ou  de  chlorate  se 
groupant  au  moment  de  leur  cristallisation  suivant  des  dispositions  dissy- 
métriques. L'édifice,  c'est-à-dire  le  cristal,  est  lui-même  alors  dissymétrique, 
mais  les  matériaux  qui  ont  servi  à  le  construire  ne  le  sont  pas.  Et  ce  qui  le 
prouve,  c'est  que,  dans  la  dissolution,  lorsque  le  cristal  n'existe  plus,  toute 
dissymétrie  disparaît,  et  la  recristallisation  de  cristaux  de  formiate  ou  de 
chlorate,  exclusivement  droits  ou  exclusivement  gauches,  donne  les  deux 
sortes  de  cristaux  droits  et  gauches. 

»  De  même  et  inversement,  dans  les  nouveaux  produits  que  je  viens  de 

i65.. 


(  1264  ) 
faire  connaître,  les  chimistes  et  les  physiciens  verront  sans  doute  des  mo- 
lécules individuellement  dissymétriques  (le  pouvoir  rotatoire  de  leur  disso- 
lution le  manifeste)  qui  s'agrègent  au  moment  de  leur  cristallisation  par 
groupes  secondaires,  lesquels  se  disposent  suivant  les  lois  de  la  structure  ho- 
moédrique,  de  telle  manière  que  la  forme  et  la  structure  de  l'édifice  ou  du 
cristal  n'offrent  plus  aucune  dissymétrie.  C'est  ainsi,  par  exemple,  que  l'on 
pourrait  figurer  un  cube  ou  toute  autre  forme  homoédrique  avec  des  tétraè- 
dres irréguliers.  Mais  vient-on  à  détruire  l'édifice  par  dissolution,  les 
matériaux  qui  le  composent  manifestent  leur  dissymétrie  individuelle  dans 
leur  action  optique  sur  la  lumière  polarisée.  » 

PHYSIQUE.  —  Note    sur    les    propriétés   'électriques    de    la     tourmaline; 

par  M.  J.-M.  Gacgain. 

«  De  nombreuses  recherches  ont  été  faites  sur  les  propriétés  électriques 
des  tourmalines;  mais  les  physiciens  qui  se  sont  occupés  de  ce  sujet  ont, 
en  général ,  opéré  sur  des  cristaux  isolés  (  ne  communiquant  pas  avec  le 
sol  ),  et  il  résulte  de  cette  circonstance  qu'ils  n'ont  mis  en  évidence  qu'une 
très-petite  partie  de  l'électricité  que  les  tourmalines  sont  susceptibles  de 
développer. 

»  On  sait  que  la  tourmaline  devient  électrique  quand  on  la  refroidit  ou 
qu'on  l'échauffé  entre  certaines  limites  de  température  ;  mais  je  me  suis 
exclusivement  occupé  d'abord  du  développement  d'électricité  qui  accom- 
pagne le  refroidissement.  Le  mode  d'expérimentation  que  j'ai  adopté  est 
très-simple  :  je  suspends  à  deux  supports  isolants  la  tourmaline  que  je  veux 
étudier  au  moyen  de  deux  fils  fins  de  platine  ou  de  cuivre  enroulés  sur 
les  extrémités  du  cristal  ;  puis,  après  avoir  mis  l'un  de  ces  fils  en  commu- 
nication avec  un  électroscope  à  feuille  d'or  ordinaire,  et  l'autre  fil  en  com- 
munication avec  le  sol,  j'échauffe  la  tourmaline  d'une  manière  quelconque, 
et  la  laisse  ensuite  refroidir  à  l'air  libre.  Si  le  cristal  mis  en  expérience  a 
été  porté  à  une  température  très-élevée,  les  feuilles  d'or  restent  immobiles 
pendant  quelques  instants;  mais  dès  que  la  température  de  la  tourmaline 
s'est  abaissée  au-dessous  d'une  certaine  limite,  elles  commencent  à  diver- 
ger, s'écartent  de  plus  en  plus,  finissent  par  atteindre  les  tiges  métalliques 
destinées  à  les  décharger,  puis,  après  s'être  dépouillées  de  l'électricité  qu'elles 
possédaient,  retombent  dans  la  position  verticale,  pour  diverger  de  nou- 
veau. Ce  mouvement  se  continue  jusqu'à  ce  que  le  refroidissement  soit 
complet,   et  le  nombre  des  décharges  effectuées  peut  mesurer  avec  assez 


(  ia65  ) 
d'exactitude  la  quantité  d'électricité  développée  dans  des  conditions  déter- 
minées. Si  l'on  répète  l'expérience  que  je  viens  de  décrire  après  avoir  sup- 
primé la  communication  établie  entre  le  sol  et  la  tourmaline,  les  feuilles 
d'or  ne  bougent  pas,  ou  si  elles  divergent,  leur  angle  d'écartement  ne  dé- 
passe pas  cinq  ou  six  degrés. 

»  M.  Becquerel,  dans  un  de  ses  Mémoires  sur  la  pyro-électricité  [Ann. 
de  Chim.  etdePhys.,  ae  série,  tome  XXXVII,  p.  10),  a  exprimé  l'opinion  que 
la  tourmaline  ne  laisse  point  échapper  d'électricité  ni  n'en  prend  aux  corps 
environnants,  et  il  fonde  cette  manière  de  voir  sur  ce  fait,  qu'il  n'a  pu 
parvenir  à  charger  un  excellent  condensateur  de  Volta  au  moyen  d'une 
tourmaline  dont  il  élevait  la  température.  On  ne  réussit  pas,  en  effet,  à 
charger  d'une  quantité  notable  d'électricité  un  condensateur  même  excel- 
lent, lorsqu'on  se  borne  à  mettre  l'un  des  pôles  de  la  tourmaline  en  rap- 
port avec  l'un  des  plateaux  du  condensateur;  mais  on  parvient  aisément  à 
charger  non-seulement  un  condensateur  de  Volta,  mais  même  un  conden- 
sateur à  lame  isolante  de  verre  (un  carreau  fulminant),  lorsqu'on  met  les 
deux  pôles  en  communication  respective  avec  les  deux  plateaux;  on  peut 
même,  au  moyen  d'une  combinaison  que  je  vais  indiquer  tout  à  l'heure, 
obtenir  des  charges  assez  fortes  pour  produire  des  étincelles  de  deux  à  trois 
millimètres. 

»  Quand  on  opère  sur  une  tourmaline  isolée,  on  ne  trouve  d'électricité 
sensible  qu'aux  deux  pôles,  toute  la  région  moyenne  du  cristal  paraît 
être  à  l'état  naturel;  mais  les  choses  se  passent  différemment  quand  on 
établit  une  communication  entre  la  tourmaline  et  le  sol.  Si  l'on  met  une 
tourmaline  en  rapport  avec  un  électroscope,  au  moyen  d'un  fil  métallique 
enroulé  sur  le  milieu  du  cristal,  on  n'observe  pendant  le  refroidissement 
aucun  signe  d'électricité  tant  que  la  tourmaline  reste  isolée  ;  mais  en  tou- 
chant l'un  ou  l'autre  de  ses  pôles,  on  peut  charger  à  volonté  l'électroscope 
d'électricité  vitrée  ou  d'électricité  résineuse. 

»  L'analogie  qui  existe  entre  une  tourmaline  qui  se  refroidit  et  une  pile 
thermo-électrique,  m'a  tout  naturellement  conduit  à  essayer  de  former  des 
piles  de  tourmalines;  j'ai  accouplé  d'abord  un  certain  nombre  de  tour- 
malines, en  les  réunissant  bout  à  bout  par  leurs  pôles  de  noms  contraires, 
de  manière  à  former  ce  qu'on  a  coutume  d'appeler  une  pile  de  tension;  j'ai 
trouvé  que  cette  espèce  de  pile  produit  à  peu  près  autant  d'électricité  que 
l'un  des  éléments  qui  la  composent,  lorsque  ces  éléments,  pris  séparément, 
peuvent  fournir  eux-mêmes  des  quantités  égales  d'électricité ,  mais  que 
dans  le  cas  où  l'on  associe  des  tourmalines  qui  ont  des  propriétés  électri- 


(   rc*66  ) 
ques  très-différentes,  la  pile  donne  moins  d'électricité  que  ceux  de  ses  élé- 
ments qui  sont  les  plus  énergiques. 

«  J'ai  formé  en  second  lieu  des  piles  de  quantité  en  réunissant  un  certain 
nombre  de  tourmalines  par  leurs  pôles  de  même  nom  :  de  cette  manière  j'ai 
obtenu  un  accroissement  d'effets  très-considérable;  quand  le  nombre  des 
tourmalines  associées  est  de  trois  ou  quatre  seulement,  la  quantité  d'élec- 
tricité développée  par  la  pile  est  sensiblement  égale  à  la  somme  des  quan- 
tités que  peuvent  fournir  les  éléments  séparés.  Lorsqu'on  réunit  un  nombre 
plus  considérable  de  tourmalines,  la  quantité  d'électricité  développée  con- 
tinue à  croître,  mais  elle  cesse  d'être  égale  à  la  somme  des  quantités  que 
produiraient  les  éléments  séparés,  et  s'écarte  d'autant  plus  de  cette  somme 
que  le  nombre  des  éléments  employés  est  plus  considérable.  C'est  en  em- 
ployant une  pile  formée  de  quinze  cristaux  que  je  suis  parvenu,  comme  je 
l'ai  dit  plus  haut,  à  charger  un  petit  carreau  fulminant  de  manière  à  produire 
des  étincelles. 

»  Une  longue  tourmaline  pouvant  être  considérée  comme  le  résultat  de 
l'association  de  plusieurs  tourmalines  plus  courtes,  il  paraissait  résulter  de  mes 
observations  sur  les  piles  de  tension  que  la  longueur  des  cristaux  doit  être 
sans  influence  sur  la  quantité  d'électricité  produite;  cette  conclusion  n'a 
pas  été  justifiée  par  l'observation  directe.  J'ai  brisé  quatre  échantillons  de 
tourmalines  appartenant  à  des  variétés  différentes,  et  j'ai  toujours  trouvé 
que  les  fragments  d'un  cristal  développaient  moins  d'électricité  que  le  cris- 
tal entier;  j'ai  constaté,  en  outre,  que  dans  le  cas  où  les  fragments  d'un 
même  cristal  étaient  inégaux,  le  plus  long  était  celui  qui  fournissait  le  plus 
d'électricité  :  il  me  paraît  donc  certain  que  la  quantité  d'électricité  déve- 
loppée croît  avec  la  longueur  des  cristaux. 

»  La  quantité  d'électricité  que  développe  une  tourmaline  ou  une  pile 
de  tourmalines  ne  dépend  pas  seulement  de  la  variation  de  température  à 
laquelle  elle  se  trouve  soumise.  J'ai  constaté ,  par  un  grand  nombre  d'ob- 
servations, que  la  quantité  d'électricité  correspondant  à  un  refroidissement 
de  n  degrés  peut  varier  entre  des  limites  très-étendues ,  suivant  que  la 
vitesse  du  refroidissement  est  plus  ou  moins  grande. 

»  On  a  dit  que  les  tourmalines  brunes  sont  les  plus  électriques;  ce  sont, 
au  contraire,  les  tourmalines  du  Brésil  vertes  ou  bleues  qui,  toutes  choses 
égales  d'ailleurs,  m'ont  fourni  les  plus  grandes  quantités  d'électricité,  et  en 
général  j'ai  trouvé  que,  dans  les  échantillons  de  la  même  teinte,  les  plus 
limpides  et  les  plus  volumineux  étaient  ceux  qui  donnaient  les  effets  les 
plus  marqués. 


(  i*67  ) 

»  J'ai  fait  quelques  expériences  dans  le  but  d'apprécier  la  conductibilité 
des  tourmalines  à  diverses  températures,  et  j'ai  trouvé  que  cette  conducti- 
bilité, presque  nulle  à  la  température  ordinaire,  va  en  croissant  rapidement 
à  mesure  que  la  température  s'élève.  Lorsqu'une  tourmaline  est  assez  for- 
tement échauffée  pour  ne  plus  donner  de  signes  électriques,  sa  conducti- 
bilité est  telle,  qu'elle  peut  décharger  instantanément  un  électroscope  élec- 
trisé  d'avance,  lorsqu'on  l'emploie  comme  intermédiaire  pour  établir  une 
communication  entre  l'électroscope  et  le  sol;  ce  fait  explique  tout  natu- 
rellement la  disparition  des  signes  électriques  aux  températures  élevées. 
En  supposant,  en  effet,  qu'à  une  haute  température  le  refroidissement  con- 
tinuât à  développer  de  l'électricité,  il  est  clair  que  cette  électricité  ne 
serait  pas  manifestée  par  l'électroscope,  puisqu'elle  pourrait  immédiatement 
s'échapper  dans  le  sol. 

»  J'ai  essayé  de  comparer  la  quantité  d'électricité  qui  résulte  d'un 
échauffement  de  n  degrés,  à  celle  qui  provient  d'un  refroidissement  égal; 
mais  cette  comparaison  offre  d'assez  grandes  difficultés,  et  je  me  propose 
d'étudier  ultérieurement  ce  point  délicat.  » 

chimie.  —  Note  sur  un  hyposulfite  double  de  soude  et  de  cuivre; 

par  M.  W.  Schùtte. 

«  En  ajoutant  une  dissolution  assez  concentrée  d'hyposulfite  de  soude  à 
une  dissolution  ammoniacale  d'un  sel  cuivrique,  il  se  dépose  un  sel  bleu 
violacé.  Ce  sel  se  forme  à  froid,  mais  plus  rapidement  à  chaud,  à  mesure 
que  l'ammoniaque  se  volatilise.  11  cristallise  en  petites  aiguilles  prisma- 
tiques, dont  il  a  été  impossible  de  déterminer  exactement  la  forme  cristal- 
line. On  obtient  le  même  sel  en  versant  une  dissolution  d'hyposulfite  de 
soude  dans  une  dissolution  d'un  sel  cuivrique,  et  ajoutant  après  de  l'ammo- 
niaque, ou  en  traitant  une  dissolution  ammoniacale  de  protochlorure  de 
cuivre  par  l'hyposulfite  de  soude.  Dans  ces  deux  cas,  le  sel  bleu,  plus  ou 
moins  violacé,  se  forme  en  absorbant  l'oxygène  de  l'air,  et  présente  géné- 
ralement une  nuance  plus  foncée  que  le  même  sel  obtenu  par  la  première 
méthode,  surtout  lorsqu'on  avait  opéré  à  chaud  ou  avec  des  dissolutions 
fort  concentrées. 

»  J'ai  trouvé  par  l'analyse,  outre  l'acide  hyposulfureux,  la  soude,  l'am- 
moniaque et  l'oxyde  cuivrique,  une  proportion  considérable  d'oxyde  cui- 
vreux. Il  est  très-probable  que  le  protoxyde  et  le  deutoxyde  de  cuivre  s'y 
remplacent  l'un  l'autre,  ce  qui  explique  les  différences  de  nuances  du  sel 


(  ia68  ) 

provenant  de  diverses  préparations,  et  les  résultats  obtenus  par  l'analyse 
quantitative.  Le  sel  est  anhydre  et  inaltérable  à  l'air.  Chauffé  à  100  degrés, 
il  brunit  en  dégageant  de  l'ammoniaque,  mais  sans  perdre  de  l'eau.  A  une 
température  plus  élevée,  de  l'ammoniaque,  du  sulfite  ammonique  et  du 
souffre  se  dégagent,  et  il  se  forme  une  masse  noire  contenant  du  sulfure  de 
cuivre  et  du  sulfate  de  soude.  Le  sel  se  décompose  avec  l'eau  froide.  Il  se 
dissout  dans  l'eau  chaude;  mais  en  chauffant  quelque  temps,  on  précipite 
tout  le  cuivre  à  l'état  de  sulfure.  Les  acides  le  décomposent  à  la  température 
ordinaire  en  précipitant  du  soufre  et  en  dégageant  de  l'acide  sulfureux,  ce 
qui  prouve  la  présence  de  l'acide  hyposulfureux. 

»  L'analyse  quantitative  a  présenté  quelques  difficultés  à  cause  du  peu  de 
stabilité  à  la  fois  de  l'acide  et  de  la  base,  et  de  la  sulfuration  facile  du  cuivre 
par  l'acide  hyposulfureux.  Le  soufre,  le  cuivre,  la  soude  et  l'ammoniaque 
ont  été  dosés  d'après  des  procédés  connus  ;  mais  la  détermination  des  pro- 
portions relatives  d'oxyde  cuivrique  et  cuivreux  a  présenté  pour  ce  sel  des 
difficultés  particulières.  On  a  été  obligé  de  changer  par  l'hydrogène  sulfuré 
les  oxydes  cuivreux  et  cuivriques  en  sulfures  correspondants  dont  l'analyse 
a  permis  de  conclure  aux  proportions  relatives  des  oxydes. 

»  Voici  la  moyenne  de  plusieurs  analyses  : 

NH*  =    9,897 

NaO  =  i5,758 

S*02  =  47,689 

Cu20  =  22,63 

CuO  =    4>°°7 

99' 98  ' 
Elle  correspond  le  mieux  à  la  formule  suivante  : 

4S2 O2,  NaO  +  3S*02,  Cu2  O  4-  S202,  CuO  4-  4NH», 

qui  exige  : 

NH3  =  8,3 

NaO  —  14,9 

S202  =  46,a 

Cu20  =  25,8 

CuO  =  4,8 

100,0 

»  La  différence  existant  entre  la  quantité  d'oxyde  cuivreux  trouvée  par 


(  ^69  ) 
l'analyse  et  celle  calculée,  s'explique  en  observant  que  la  substitution 
d'oxyde  cuivrique,  par  l'oxyde  cuivreux,  produit  le  remplacement  de 
i  équivalent  de  cuivre  par  a  équivalents  du  même  corps.  La  notation  sui- 
vante représente  la  constitution  de  ce  sel  d'une  manière  à  la  fois  simple  et 
rationnelle  : 

S202,  NaO+S202  j^u2°|-f-NH8. 
(  Cn  O  j 

physique  du  globe.  —  Sur  la  présence  de  l'ammoniaque  dans  certaines 
eaux  minérales  ;  par  M.  Jules  Bons. 

«  En  cherchant  à  me  rendre  compte  des  diverses  hypothèses  émises  sur 
la  formation  des  eaux  sulfureuses ,  j'ai  été  amené  à  me  demander  s'il  ne 
serait  pas  possible  de  fournir  à  la  science  une  donnée  de  plus  pour  cette 
discussion,  en  déterminant  la  quantité  d'ammoniaque  que  les  eaux  naturelles 
peuvent  contenir;  car,  dans  mon  opinion,  certaines  eaux  devaient  en  être 
exemptes. 

»  Cette  question,  qui  intéresse  si  vivement  les  physiciens  et  les  géologues, 
n'aurait  certainement  pu  être  abordée  si  j'avais  dû  recourir  aux  procédés 
ordinaires  pour  doser  l'ammoniaque;  mais  M.  Boussingault  s'était  déjà  oc- 
cupé de  cette  détermination  à  un  autre  point  de  vue,  et  je  ne  pouvais  avoir 
un  meilleur  guide.  Aussi  ai-je  suivi  avec  la  plus  scrupuleuse  exactitude  sa 
méthode  si  simple,  si  rapide  et  si  précise.  Je  dois  même  ajouter  que  pour  tous 
mes  essais  je  me  suis  servi  de  l'appareil  même  dont  M.  Boussingault  a  fait 
usage,  et  que  ce  savant  a  bien  voulu  mettre  à  ma  disposition. 

»  Ce  procédé,  comme  on  le  sait,  consiste  à  distiller  l'eau  que  l'on  veut 
soumettre  à  l'analyse  avec  une  dissolution  de  potasse,  à  recueillir  les  pre- 
miers produits  de  la  distillation  et  à  doser  l'ammoniaque  par  les  méthodes 
alcalimétriques.  La  grande  habitude  de  ces  essais,  que  depuis  plusieurs  an- 
nées j'ai  acquise  auprès  de  M.  Peligot,  m'autorise  à  dire  que  l'on  peut  ré- 
pondre de  la  quantité  d'ammoniaque  contenue  dans  i  litre  d'eau  à  -~  de 
milligramme  près. 

»  J'ai  commencé  par  examiner  les  eaux  thermales  sulfureuses  des  Pyré- 
nées, et  comme  type  j'ai  choisi  des  eaux  sortant  directement  des  terrains  plu- 
toniques  bien  caractérisés,  comme  on  les  rencontre  à  Olette,  Amélie-les-Bains, 
Vernet,  etc.  Ces  eaux  renferment  en  dissolution  des  proportions  assez  con- 
sidérables d'une  matière  organique  azotée  dont  j'ai  déjà  entretenu  l'Acadé- 
mie, et  l'on  aurait  pu  craindre  que  cette  substance  azotée,  en  présence  de  la 

C.  R.  i856,  i«  Semestre.  (T.  XLII,  N°  26.)  !66 


(  127°  ) 
potasse,  ne  vînt  jeter  le  trouble  dans  les  résultats  en  fournissant  de  l'ammo- 
niaque ;  mais  il  n'en  a  point  été  ainsi,  comme  on  le  verra  par  les  nombres 
suivants,  et  d'ailleurs  on  aurait  remédié  à  cela  en  remplaçant  la  potasse 
par  la  chaux  ou  la  magnésie.  L'absence  totale  d'ammoniaque  dans  ces  eaux 
puisées  récemment  ou  conservées  à  l'abri  de  l'air  depuis  longtemps  prouve 
encore  que  la  substance  azotée  n'a  pas  subi  d'altération  apparente,  et  je  serai 
bientôt  en  mesure  de  vérifier  si  les  mêmes  eaux  conservées  au  contact  de 
l'air  se  comportent  de  la  même  manière. 

»  Je  représente  sous  forme  de  tableau  les  résultats  de  quelques  essais  faits 
sur  les  eaux  sulfureuses. 


NOM   DES   LOCALITES 

des  sources. 

AMMONIAQUE 

par  litre. 

SATURE    DES    TERRAINS. 

Olette 

mllllgr 
0,00 

0,00 

0,00 

0,00 
0,00 
0,00 

0,53 

o,58 

I  ,25 

5,06 

11,96 

Terrain  granitique. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Peu  éloigné  des  ophytes ,  près  des  couches  de 

sel  gemme  et  de  gypse. 
Terrain  schisteux  de  transition. 
Terrain  tertiaire  gypseux. 
Id. 
Id. 

Cauterets  (  la  Raillère). 

Eaux-Bonnes 

Challes,  en  Savoie.  . . 

»  L'inspection  du  tableau  indique,  parmi  les  eaux  des  Pyrénées,  de  très- 
petites  quantités  d'ammoniaque  dans  les  Eaux-Bonnes  et  dans  celles  de 
Labassère.  Ce  résultat,  en  apparence  contradictoire,  trouve  son  explication 
dans  la  nature  des  eaux  et  dans  la  différence  des  terrains  d'où  elles  sour- 
dent.  En  utilisant  les  renseignements  très-précis  fournis  sur  ces  sources 
par  M.  Filhol,  nous  observons  avec  cet  auteur  que  les  Eaux-Bonnes  ne  res- 
semblent pas,  sous  le  rapport  chimique,  aux  autres  eaux  sulfureuses  de 
la  chaîne.  Elles  sont  remarquables  par  la  forte  proportion  de  chlorure 
de  sodium,  de  sulfate  de  chaux  et  par  leur  faible  alcalinité.  Elles  se  trouvent 
dans  le  voisinage  des  sources  salées  de  Salies,  en  Béarn,  et  M.  Filhol  sup- 
pose, je  crois  avec  raison,  qu'elles  renferment  du  sulfure  de  calcium  pro- 


(  '27i  ) 
venant  de  la  décomposition  du  sulfate  de  chaux,  sous  l'influence  de  la 
matière  organique. 

»  Quant  à  l'eau  de  Labassère,  M.  Filhol  nous  l'apprend  encore,  «  elle  sort 
»  d'un  terrain  schisteux  de  transition,  portant  alternance  de  schiste  carbo- 
»  nifère  éclatant  et  de  calcaire  avec  le  sulfure  ferrugineux,  quelques  cris- 
»  taux  de  macle  monochrone  et  beaucoup  d'alun  en  efflorescence.  »  L'eau 
de  Labassère,  quoique  renfermant  du  sulfure  de  sodium  et  du  carbonate 
de  soude,  se  distingue  encore  par  la  faible  proportion  de  silice  et  la  forte 
proportion  de  chlorure  de  sodium. 

»  La  différence  qui  vient  d'être  signalée  dans  la  quantité  d'ammoniaque 
se  trouve  bien  plus  marquée  si  l'on  passe  à  l'examen  des  eaux  sulfureuses 
que  nous  voyons,  pour  ainsi  dire,  se  former  sous  nos  yeux  ;  et  comme  inter- 
médiaire nous  citerons  l'eau  de  Challes  en  Savoie.  Cette  eau  diffère  encore 
par  sa  composition  des  eaux  de  la  chaîne  des  Pyrénées;  elle  sort  d'un  ter- 
rain tertiaire  gypseux ,  et  sa  sulfuration ,  d'après  les  observations  de 
M.  O.  Henry,  a  doublé  depuis  sa  découverte,  au  détriment  des  sulfates, 
qui  ne  s'y  trouvent  plus  qu'en  très-faibles  traces. 

»  Enfin,  dans  la  dernière  catégorie  j'ai  pris  pour  type  les  eaux  d'Enghien 
et  quelques-unes  du  bassin  parisien  ;  parmi  ces  dernières,  je  ferai  une  men- 
tion spéciale  d'une  eau  très-sulfureuse  depuis  peu  découverte  aux  portes 
de  Paris,  aux  Thèmes.  M.  Beaude,  médecin  inspecteur  des  eaux  de  la 
Seine,  a  bien  voidu  m'en  remettre  une  bouteille  sur  laquelle  j'ai  fait  une 
détermination  d'ammoniaque;  j'ai  trouvé  umilh,96  par  litre  d'eau. 

»  Les  eaux  de  cette  classe  sont  toutes  chargées  de  sulfate  de  chaux,  et 
leur  sulfuration  est  due,  d'après  la  majorité  des  chimistes,  à  la  décomposi- 
tion d'une  partie  du  sulfate  par  les  matières  organiques  des  terrains  avec 
lesquels  elles  sont  en  contact.  Elles  contiennent  toutes  une  proportion 
d'ammoniaque,  relativement  considérable,  et  des  expériences  que  j'ai  en- 
treprises me  portent  à  admettre  que  la  proportion  d'alcali  est  d'autant  plus 
forte  que  l'eau  est  plus  chargée  de  sulfure;  c'est  du  moins  ce  que  j'ai  déjà 
constaté  sur  les  eaux  d'Enghien  et  des  Batignolles  examinées  à  différentes 
époques  de  l'année. 

»  Toutes  ces  eaux,  comme  l'a  fort  bien  remarqué  M.  O.  Henry,  offrent, 
à  côté  de  l'odeur  hépatique ,  une  odeur  marécageuse  ;  mais  c'est  surtout 
dans  les  produits  de  la  distillation  avec  la  potasse  qu'elle  acquiert  une 
intensité  telle,  que  l'on  est  porté  à  l'attribuer  à  un  de  ces  alcaloïdes  dont 
l'existence  nous  a  été  révélée  par  M.  Wurtz. 

»  Pendant  l'ébullition  de  l'eau,  il  se  produit  une  mousse  abondante  qui 

166.. 


(  I272  ) 
peut  gêner  l'opération,  et  le  liquide  distillé  renferme  une  petite  quantité 
d'une  matière  huileuse  qui  empêche  le  verre  d'être  mouillé  par  l'eau. 

»  J'ai  commencé  l'examen  des  eaux  ferrugineuses  et  des  eaux  alcalines, 
et  je  pense  que  l'on  pourra  leur  appliquer  des  observations  analogues  aux 
précédentes,  si  je  me  base  sur  les  résultats  obtenus  avec  les  eaux  de  Plom- 
bières, Vichy,  Saint-Galmier,  d'une  part;  Contrexeville,  Niederbronn,  Pou- 
gues,  Auteuil,  Passy,  de  l'autre. 

»  Au  moment  où  les  établissements  d'eaux  minérales  sont  visités  par  les 
savants  de  tous  les  pays,  il  n'est  peut-être  pas  inutile  d'appeler  leur  atten- 
tion sur  cette  question  importante  de  physique  du  globe  que  je  formule  de 
la  manière  suivante  : 

»  I.  Les  eaux  thermales  sulfureuses  ne  contiennent  pas  la  moindre  trace 
d'ammoniaque,  lorsqu'elles  sortent  directement  des  terrains  granitiques. 
(Olette,  Amélie-les-Bains,  la  Preste,  Vernet,  Baréges,  etc.) 

»  II.  Les  eaux  sulfureuses,  même  dites  naturelles,  mais  dont  la  sortie 
hors  du  sol  n'a  pas  lieu  directement  du  granit  et  qui  contiennent  une  pro- 
portion de  chlorures  et  de  sulfate  de  chaux  plus  forte  que  les  eaux  de  la 
première  série,  renferment  des  proportions  diverses  d'ammoniaque.  (Eaux- 
Bonnes,  Labassère.) 

»  III.  Les  autres  eaux  sulfureuses  sortant  de  terrains  bien  moins  anciens, 
et  dont  l'origine  doit  être  attribuée  à  la  réaction  des  sulfates  sur  les  matiè- 
res organiques,  contiennent  des  proportions  notables  d'ammoniaque;  tel  est 
le  cas  d'Enghien,  de  Belleville,  des  Thèmes,  etc. 

»  Ces  expériences  sur  la  présence  ou  l'absence  de  l'ammoniaque  dans  les 
eaux  minérales  tendent  à  démontrer,  en  ce  qui  concerne  les  eaux  sulfu- 
reuses, que  si  pour  un  certain  nombre  on  peut  admettre  que  leur  sulfure 
provient  de  la  décomposition  des  sulfates  par  des  matières  organiques,  cette 
hypothèse  ne  peut  s'appliquer  aux  véritables  eaux  sulfureuses  naissant  di- 
rectement des  roches  primitives.  » 

travaux  publics.  —  Sur  les  moyens  employés  dans  les  Pays-Bas  pour 
combattre  les  inondations.  (Extrait  d'une  Lettre  de  M.  deParavey.) 

«  Dans  la  Hollande  et  Nord-Hollande,  aux  endroits  les  plus  menacés 
par  la  mer  ou  les  fleuves,  un  syndicat,  bien  organisé  en  ces  lieux,  fait 
établir  des  briques  en  gazonnage,  faciles  à  transporter  et  à  placer  les  unes 
à  côté  des  autres,  pour  exhausser  la  levée,  lorsque  les  vagues  vont  la  sur- 


(  "373  ) 
monter,  par  l'effet  d'une  tempête.  A  côté  de  ces  approvisionnements  en 
briques  de  gazon,  sont  des  voiles  de  rebut  ou  de  grosses  toiles,  goudron- 
nées et  roulées  en  cylindres,  faciles  aussi  à  transporter,  comme  les  briques 
taillées  en  gazon.  Lorsqu'un  danger  est  signalé,  le  syndic  convoque  tous 
les  paysans  valides  du  sol  menacé,  qui,  réunis  sur  la  digue,  y  forment 
un  mur  suffisamment  élevé,  avec  ces  briques  de  gazonnage.  La  mer,  en  le 
frappant,  renverserait  bientôt  ce  mur  provisoire  ;  mais,  sur  ce  mur  de  gazon- 
nage,  on  déroule  les  cylindres  de  forte  toile  goudronnée.  Dès  lors,  la  digue 
ancienne  et  le  mur  provisoire  qui  la  surmonte  forment  une  masse  inébran- 
lable, et  les  propriétés  des  habitants  des  polders,  enlevées  à  la  mer,  sont  pré- 
servées des  ravages  de  cette  mer  furieuse  du  Nord. 

»  A  Jargeau,  près  à' Orléans,  des  terres,  des  fascinages,  n'ont  pas  eu 
cette  cohésion,  étant  apportés  et  remués  à  la  hâte;  et  si,  après  la  rupture 
des  levées  en  cet  endroit,  MM.  les  ingénievirs  d'Orléans  avaient  connu 
et  employé  les  procédés  usités  en  Hollande,  ce  riche  pays,  à  peine  cultivé 
de  nouveau,  n'aurait  pas  vu  récemment  ses  champs  de  nouveau  ravagés 
et  rendus  encore  une  fois  stériles.  » 

Dans  une  autre  Lettre,  l'auteur  s'occupe  d'astronomie  ancienne  à  l'occa- 
sion de  la  découverte  récente  d'un  manuscrit  égyptien  en  écriture  démotique, 
qui  a  donné  les  noms  de  plusieurs  planètes  et  des  signes  des  constellations 
zodiacales  :  on  y  apprend  que  la  figure  d'un  coutelas  remplaçait  le  signe 
de  nos  almanachs  qui  représente  la  croupe  et  la  queue  du  Lion  de  la  sphère 
grecque.  M.  de  Paravey  tire  de  ce  fait,  et  des  renseignements  fournis  par  les 
livres  chinois,  un  argument  à  l'appui  de  la  thèse  qu'il  soutient  relativement 
à  l'origine  des  sciences  de  la  Chine,  sciences  qui  y  auraient  été  apportées, 
suivant  lui,  de  la  Chaldée  et  de  l'Egypte. 

analyse  mathématique.  —  Exposition  d'une  nouvelle  méthode  qui  permet 
d'obtenir  avec  telle  approximation  que  Von  veuille,  les  coefficients  des 
facteurs  du  second  degré  correspondant  à  ce  qu'on  appelle  les  racines 
imaginaires  des  équations  numériques  ;  par  M.  Rouget. 

M.  Legkand  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  comprendre  dans  le  nombre 
des  pièces  admises  à  concourir  pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie, 
un  Mémoire  sur  l'ablation  des  tumeurs  sans  opération  sanglante,  Mémoire 
dont  il  a  récemment  adressé  un  exemplaire. 

Dans  cette  Lettre,  l'auteur  signale,  pour  se  conformer  à  une  condition 


(  1274  )  • 

imposée  aux  concurrents,  ce  qu'il  considère  comme  neuf  dans  la  méthode 
de  traitement  qu'il  cherche  depuis  plusieurs  années  à  répandre  et  qui  fait  le 
sujet  de  cet  écrit. 

(Renvoi  à  la  Commission  de  Médecine  et  Chirurgie.) 

M.  Boum  adresse  une  semblable  demande  pour  son  opuscule  «  sur  le 
traitement  des  adénites  cervicales  au  moyen  de  l'électricité  localisée  ». 

M.  de  Hedocville  demande  et  obtient  l'autorisation  de  reprendre  des 
pièces  qu'il  avait  précédemment  soumises  au  jugement  de  l'Académie, 
concernant  une  invention  destinée  à  prévenir  le  déraillement  des  véhicules 
marchant  sur  chemins  de  fer. 

M.  Marigny  adresse,  de  Domfront,  une  Note  et  plusieurs  Lettres  relatives 
à  un  moyen  qu'il  a  imaginé  pour  la  direction  des  aérostats. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  Aérostats.) 

M.  Pons  présente  des  considérations  sur  les  avantages  divers  qu'offri- 
raient les  éducations  de  vers  à  soie  faites  en  automne,  et  spécialement  en 
tant  qu'elles  tendraient,  suivant  lui,  à  rendre  les  races  plus  robustes  et 
moins  sujettes  aux  maladies. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Milne  Edwards.  ) 

Une  seconde  Lettre  de  M.  Pons,  relative  à  diverses  questions  de  phy- 
sique générale,  de  physique  du  globe  et  de  météorologie,  est  renvoyée  à 
l'examen  de  M.  Babinet. 

M.  Schrœder,  en  adressant  un  opuscule  intitulé  :  «  La  rotation  souter- 
raine de  la  masse  ignée,  ses  causes  et  ses  conséquences  »,  prie  l'Académie 
de  remarquer  que  ce  travail  ne  doit  pas  être  considéré  comme  étant  publié, 
et  qu'il  ne  l'a  fait  imprimer  que  pour  en  mettre  plus  aisément  des  exem- 
plaires à  la  disposition  des  Membres  de  l'Académie. 

(Renvoi  à  M.  Liouville,  déjà  chargé  de  prendre  connaissance  des  commu- 
nications manuscrites  de  l'auteur  sur  le  même  sujet.  ) 

A  5  heures,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 


(  '*75  ) 


COMITE  SECRET. 

La  Section  de  Géométrie  propose  de  déclarer  qu'il  y  a  lieu  d'élire,  à 
la  place  vacante  dans  son  sein,  par  suite  du  décès  de  M.  Binet. 
L'Académie  va  au  scrutin  sur  cette  proposition. 
Sur  35  votants, 

Il  y  a 34  oui 

Et 1  non. 

En  conséquence,  la  Section  est  invitée  à  présenter,  dans  la  prochaine 
séance,  une  liste  de  candidats. 

La  séance  est  levée  à  6  heures  É.  D.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  3o  juin  i856,  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Eloges  historiques,  lus  dans  les  séances  publiques  de  V  Académie  des  Sciences  ; 
par  M.  P.  FLOURENS;  Ire  partie.  Paris,  i856;  in-ia. 

Percement  de  l'isthme  de  Suez,  exposé  et  documents  officiels;  publiés  par 
M.  Ferdinand  de  Lesseps.  Paris,  1 855- 1 856;  1  vol.  in-8°. 

Expédition  dans  les  parties  centrales  de  l'Amérique  du  Sud,  de  Rio-de- Janeiro 
à  Lima  et  de  Lima  au  Para,  exécutée  par  ordre  du  Gouvernement  français,  pen- 
dant les  années  1 843  à  1847,  sous  ^a  direction  du  comte  Francis  de  Castel- 
NAU;  VIe  partie.  Botanique,  3e  livraison;  in-4°;  VIIe  partie.  Zoologie,  i5e  à 
1 8e  livraisons  ;  in-4°- 

Des  moyens  de  reconnaître  les  empoisonnements  par  le  phosphore;  par 
M.  Victor  Meurin.  Toulouse,  i856;  br.  in-8°. 

Traitement  des  adénites  cervicales  chroniques  au  mojen  de  l'électricité  loca- 
lisée; parM.  le  DrBouLU.  Paris,  i856;  br.  in-8°.  (Adressé  pour  le  concours 
Montyon,  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 


(   '276  ) 

Notions  générales  de  paléontologie  végétale;  traduit  de  l'allemand  du  Dr  M. 
Seubert;parM.  A.-P.  DE  BORRE;  br.  in-8°. 

Moyen  facile  et  économique  d'obtenir  cette  année,  dans  le  courant  de  l'au- 
tomne, une  quantité  de  produite  alimentaires  de  deux  à  [quatre  fois  supérieure  à 
celle  qu'eussent  donnée  sur  les  mêmes  terrains  les  récoltes  détruites  par  l'inonda- 
tion ;  par  M.  V.  Chalet,  de  Vire  ;  {  de  feuille. 

Sur  la  culture  des  pommes  de  terre  précoces;  par  le  même  ;  \  de  feuille. 

Lettre  de  M.  Bréon  à  M.  Chalet  ;  \  de  feuille. 

Symbolœ  sirenologicœ  quibus  prœcipue  rhjtinœ  historia  naturalis  itlustralur; 
auctore  Joanme-Frederico  Brandt.  Petropoli,  1846;  in-4°. 

Beitrage. . .  Matériaux  pour  servir  au  perfectionnement  des  connaissances  sui- 
tes Mammifères  de  la  Russie;  par  M.  Brandt,  membre  de  l'Académie  des 
Sciences  de  Saint-Pétersbourg,  directeur  du  Musée  zoologique  de  l'Acadé- 
mie. Saint-Pétersbourg,  1 855  ;  1  vol.  in-4°. 

Untersuchungen...  Recherches  sur  l'étendue  du  parcours  géographique  du 
Tigre  et  sur  les  conséquences  de  ce  fait  par  rapport  à  l'homme;  par\e  même. 
Saint-Pétersbourg,  t856;  br.  in-4°-  . 

Bemerkungen.. .  Remarques  sur  les  Vertébrés  des  parties  septentrionales  de  la 
Russie,  principalement  du  nord  de  l'Oural;  par  le  même;  br.  in-4°. 

Posvonotclmuia...  Les  animaux  vertébrés  du  nord  de  la  Russie  d'Europe  et 
en  partiadier  de  l'Oural  septentrional  ;  par  le  même;  br.  in-4°. 

Le  scoperte...  Histoire  des  découvertes  arctiques  ;  par  M.  le  comte  F.  Minis- 
calchi  Erizzo.  Venise,  1 855  ;  1  vol.  in-8°;  accompagné  de  quatre  cartes 
géographiques. 

Notomia...  Anatomie  morale,  ou  Calcul  de  probabilité  des  sentiments  hu- 
mains;parM.  Jos.  Mastriani.  Naples,  i855;  a  vol.  in-ia. 

Un  numéro  détaché  de  /'Indicatore  contenant  les  éléments  de  la  planète 
Léda. 

Description...  Description  de  la  lunette  zénithale  réflexe  de  l'observatoire 
royalde  Greemvich ;  parM.  G.  BlDDEL-AlRY.  Londres,  i856;  br.  in-4°- 

Account. . .  Exposition  des  expériences  du  pendule  entreprises  dans  le  charbo- 
nage  de  Harton,  pour  la  détermination  de  la  densité  moyenne  de  la  Terre;  parle 
même.  Londres,  1 856 ;  br.  in-4°. 

Address...  Discours  de  [astronome  royal  aux  membres  du  Comité  d'inspection 
de  l'observatoire  royalde  Greenwich ,  prononcé  te  18  octobre  1 855,  et  Rapport 


(  i277  ) 
au  Comité  lu  à  la  visite  annuelle  de  l'observatoire,  le  7  juin  i856;  br.  in-4°. 
The  last...  Le  dernier  des  voyages  arctiques.  Narration  de  l'expédition  du 
navire  de  S.  M.  l'Assistance  commandé  par  le  capitaine  sir  Edouard  Belcher  : 
Voyage  à  la  recherche  de  sir  John  Franklin,  pendant  les  années  1 852-1 854; 
publié  avec  l'autorisation  de  l' Amirauté ,  par  sir  Ed.  Belcher.  Londres,  i855; 
a  vol.  in-8°. 

Abhandlungen...   Mémoires  de  V Académie  royale  de  Berlin;  année  i854; 
Ier  supplément.  Berlin,  i856;  in-folio. 


PUBLICATIONS      PÉRIODIQUES     REÇUES      PAR     l'aCADEMIE     PENDANT 
LE    MOIS    DE    JUIN    1836. 

Annales  de  l' Agriculture  française ,  ou  Recueil  encyclopédique  d'Agriculture; 
t.  VII,  n°  10;  in-8°. 

Annales  forestières  et  métallurgiques  ;  mai  1 856  ;  in-8°. 

Annuaire  de  la  Société  météorologique  de  France;  t.  II  ;  II*  partie.  Tableaux 
météorologiques;  feuilles  '5r]-li\  ;  in-8°. 

Bibliothèque  universelle  de  Genève;  mai  i856;  in-8°. 

Boletin. ..   Bulletin  de  l'Institut  médical  de  Valence;  mai  «856;  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences ,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de 
Belgique;  t.  XXIII,  n°  4;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d' Encouragement  pour  l'Industrie  nationale,  mai 
i856;  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie;  juin  i856;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France;  t,e  série;  t.  XIII,  feuilles  8-i4 
(3  décembre  1 855-4  février  i856)  ;  in-8°  ;  accompagné  de  la  liste  des  membres 
de  la  Société. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse  ;  n°  i34;  in-8°. 

Bulletin  mensuel  de  la  Société  impériale  zoologique  d'Acclimatation;  mai 
i856;  in-8°. 

Il  nuovo  Cimento...  Journal  de  Physique  et  de  Chimie  pures  et  appliquées; 
mars  et  avril  1 856  ;  in-8°. 

C.  R.,  i856,  >"  Semestre.  (T.  XLU,  N»26.)  (67 


(   '278  ) 
Journal  a" Agriculture  pratique;  t.  V,  n°*  1 1  et  11;  in-8°. 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées,  ou  Recueil  mensuel  de  Mémoires 
sur  les  diverses  parties  de  mathématiques;  publié  par  M.  JOSEPH  LiOUVlLLE; 
avril  et  mai  i856;  in-4°. 

Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'Horticulture;  mai  i856;  in-8°. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie  ;  juin  i856;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  n°'  a5-27;  in-8°. 

Hv  Aôyvouç  io.xpw.ri  p.ùi<77a...  L'abeille  médicale  d' Athènes  ;  ire  série,  t.  III; 
mai  i856;  in-8°. 

La  Revue  thérapeutique  du  Midi,  Gazette  médicale  de  Montpellier;  nos  10 
et  1 1  ;  in-8°. 

Le  Technologiste ;  juin   i856;in-8°. 
Magasin  pittoresque  ;  juin   1 856;  in-8°. 

Monatsbericht. . .  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  royale  des 
Sciences  de  Prusse  ;  avril  et  mai  i856;  in-8°. 

Nachrichten...  Nouvelles  de  l'Université  et  de  l'Académie  des  Sciences  de 
Gôtlingue;  n°  6  à  8  ;  in-8°. 

Pharmaceutical...  Journal  pharmaceutique  de  Londres;  vol.  XV,  n°  ia; 
in-8°. 

Proceedings...  Procès-verbaux  de  la  Société  de  géograpfiie  de  Londres; 
n°3;  in-8°. 

Répertoire  de  Pharmacie;  juin  i856;  in-8°. 

Revista...   Revue  des  travaux  publics  ;  4e  année;  nos  1 1  et  12;  in-8°. 

Royal  âstronomical...  Société  royale  astronomique  de  Londres;  vol.  XVI, 
n°  7;  in- 8°. 

The  Qnarterly...  Journatde  la  Société  Géologique  de  Londres  ;  vol.  XII,  par- 
tie II;  n°46;in-8°. 

La  Presse  Littéraire.  Echo  de  la  Littérature,  des  Sciences  et  des  Arts;  n05  16-18; 
in-8° 

L'Agriculteur  praticien;  n°*  17  et  18;  in-8°. 

Revue  de  Thérapeutique  médico- chirurgicale  ;  n°  1 1  ;  in-8°. 
Rulletin  de  l'Académie  impériale  de  Médecine;  t.  XXI,  n°*  16  et  17;  in-8°. 
Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences;  1"  se- 
mestre i856;  nos  22-a5;  in-4°- 


(  "»79  ) 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et 
de  leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie;  t.  VIII;  22e- 25e  livraisons. 

Gazette  des  Hôpitaux  civils  et  militaires  ;  n°9  65-76. 

Gazette  hebdomadaire  de  Médecine  et  de  Chirurgie;  nos  23-20. 

Gazette  médicale  de  Paris;  nos  23-26. 

L Abeille  médicale;  n09  16-18. 

La  Lumière.  Revue  de  la  Photographie;  n*9  23-26. 

L'Ami  des  Sciences;  n09  22-26. 

La  Science;  n09  37-48. 

La  Science  pour  tous  ;  n°5  26-29. 

L'Athenœum  français.  Revue  universelle  de  ta  Littérature;  de  la  Science  et 
des  Beaux- Arts  ;  nos  23-26;  accompagné  du  Bulletin  archéologique  du  mois 
de  mai  1 856. 

Le  Moniteur  des  Hôpitaux;  nos 66-77. 

Le  Progrès  manufacturier;  nos  5 5- 5g. 

Réforme  agricole ,  scientifique ,  industrielle;  n°  89. 

Revue  des  Cours  publics;  n09  22-26. 


(   ia8o  ) 


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COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 
TABLES    ALPHABÉTIQUES. 

JANVIER  — JUIN   l856.  m     m 


TABLE  DES  MATIÈRES  DU  TOME  XUU. 


Pages. 

Acabiis  du  cheval. — Nouvelle  espèce  d'Acarus 
pouvant  transmettre  la  gale  à  l'homme; 
Note  de  MM.  Bourguignon  et  Delqfond...     ll\l 

Acide  arsénique.  —  Note  de  M.  Kopp  sur  la 

préparation  et  les  propriétés  de  cet  acide.  1060 

Acide  formique.  —  Sur  la  préparation  de  cet 

acide  ;  Note  de  M.  Berthelot 447 

Acide  hippurique.  —  Sur  les  causes  qui  chan- 
gent les  proportions  de  cet  acide  dans 
l'urine  de  cheval  ou  en  déterminent  l'ab- 
sence ;  Note  de  M.  Roussin 583 

Acide  iodbydriooe.  —  Son  action  sur  l'argent  ; 

Note  de  M.  H.  Sainte-Claire  Deville....     894 

Acide  nitrohématique.  —  Sur  l'identité  de  cet 
acide  et  de  l'acide  picramique;  Note  de 
M.  Girard 5g 

Acide  picramique.  Voir  l'article  précédent. 

Acide  tartrique.  —  Note   sur  l'acide  tartri- 
que  et  les  solutions  tartroboriques;  par0 
M.  Dubrunfaut lia 

Acoustique.  —  Remarques  de  M.  IVertheim 
à  l'occasion  d'une  Note  de  M.  Zamminer 
sur  les  mouvements  vibratoires  de  l'air 
dans  les  tuyaux 4g3 

—  Etudes  expérimentales  sur  le  mouvement 
des  fluides  élastiques  :  Théorie  nuuvelle 
des  instruments  à  vent;  Mémoire  de 
M.   Masson 636 

Actinocraphe  ,  instrument  qui  marque  les  in- 
stants de  la  journée  auxquels  le  soleil  se 
montre  ou  se  cache ,  et  la  durée  de  ses  ap- 
paritions ou  disparitions;  communica- 
tions de  M.  Pouillet 91 3- et  1042 

Action  de  présence.  —  Transformation  de  di- 
vers acides  organiques  due  à  une  action} 

C.  ».  i856,  i«  Semestre.  (T.XLII.) 


Page». 
de  présence;  Note  de  M.  Desaignes  (écrit 

par  erreur  Lassaigne) 494 

Aéronautique.  —  Lettre  de  M.  Piffer,  concer-    . 
nant  la  direction  des  aérostats '4 'a 

—  Lettre  de  M.  Porge  sur  le  même  sujet. . . .     49& 

—  Lettre  de  M.  L'Aigle  des  Masures  sur  un 

moyen  de  faire  monter  et  descendre  à  vo- 
lonté les  ballons  sans  perte  de  lest  et 
sans  perte  de  gaz 5i2 

—  Notes  de  M.  Marques,  concernant  un  moyen 

de  diriger  les  aérostats  par  une  action  de 
recul , 5ia  et    597 

—  Note  intitulée  :  «  Essais  aéronautiques  et 

hydronautiques  basés  sur  l'étude  des  ani- 
maux qui  se  meuvent  dans  l'air  et  dans 
l'eau  »  ;  par  M.  A.  Morel 797 

—  Sur  la  direction  des  aérostats;  Notes  de 

M.  Lechevallier 997  et   1*3» 

—  Lettres  de   M.  Ritz ,  concernant  son  Mé- 

moire sur  la  direction  des  aérostats  au 
moyen  de  l'hélice^ 4"   et  "88 

—  Note  et  Lettres  de  M.  de  Marignr  sur  la  di- 

rection des  aérostats.  ...     699,    117a  et  1274 

—  Lettres  de  M.  Brachet 498  et     ^97 

Aimantation.  Voir  l'article  Électricité. 
Alduminoïdes    (Substances)    entrant    comme 

principes  immédiats  dans  la  composition 
des  fluides  ou  des  solides  des  êtres  orga- 
nisés. Un  ouvrage  de  M.  Denis,  de  Com- 
mercy,  sur  ces  substances,  est  présenté 
par  M.  Cl.  Bernard ...   1176 

Alcools.  —  Recherches  sur  une  nouvelle  classe 

d'alcools  ;  par  MM.  Cahours  et  Hojffmann.    217 

-»■  Sur  l'huile  essentielle  contenue  dans  l'al- 
cool de  garance;  Note  de  M.  Jeanjean..     857 

l68 


(  I 

Pages. 
Alcools.  —  Remarques  de  M.  Biot  à  l'occasion 
de  la  communication  de  M.  leanjean  sur 
l'huile  essentielle  contenu  dans  l'alcool 
de  garance 85g 

—  Considérations  générales  sur  le  mode  de 

constitution  des  alcools  et  des  éthers;  par 

M.  Ch.  Blondeau 885 

Alimentaires  (Substances).  —  M.  Patentait 
hommage  d'un  exemplaire  de  la  3e  édi- 
tion de  son  ouvrage  sur  les  substances 
alimentaires 4>5 

—  Poudre  destinée  à  remplacer  le  café  :  spé- 

cimen adressé  par  M.  Tcermer 344 

—  Mémoire  intitulé  :  «  Description  d'un  sys- 

tème pour  augmenter  les  ressources  ali- 
mentaires de  la  France  »;  par  M.  Fran- 

coni 996 

Aluminium.  —  Préparation  et  propriétés  du  fluo- 
rure d'aluminium;  Mémvire  de  M.  11. 
Sainte-Claire  Deville 49 

—  Remarques  de  M.  de  Senarmont  à  l'occa- 

sion de  cette  communication 5a 

Alun.  —  Caractères  chimiques  des  vins  rouges 

additionnés  d'alun;  par  M.  Lassaignc .  \io 
Analyse  chimique.  —  Comparaison  de  l'analyse 
minérale  avec  l'analyse  organique  immé- 
diate, et  conséquence  qu'on  en  peut  dé- 
duire pour  établir  une  méthode  de  cette 
dernière  analyse;  Mémoire  de  M.  Chevreul.  873 
Analyse  mathématique.  —  Sur  une  formule 
très-simple  et  très-générale  qui  résout 
immédiatement  un  grand  nombre  de  pro- 
blèmes d'analyse  déterminée  et  d'analyse 
indéterminée;  Mémoire  de  M.  Cauchy...     366 

—  Note  sur  un  théorème  de  M.  Puiseux  ;  par 

le  même 663 

—  Remarques  sur  deux  Mémoires  de  Poisson; 

par  M .  Liouville 465 

—  Détermination  des  valeurs  d'une  classe  re- 

marquable d'intégrales  définies  multiples, 
et  démonstration  nouvelle  d'une  célèbre 
formule  de  Gauss,  concernant  les  fonc- 
tions gamma  de  Legenure  ;  par  le  même. .  5oi 
— -  Mémoire  >ur  la  réduction  de  classes  tfètf* 
.•tendues;  (l'întegraJea  tatdtipïesj  par  le 
même j'i5 

—  Note  sur  le  calcul  intégral;  par  le  même.,     ç>o"; 

—  Note  sur  la  théorie  générale  des  équations 

différentielles;  pur  le  même iu84 

—  Note  sur  la  représentation  des  nombres 

entiers  par  la  forme  quadratiqin?  : 

jr'-t-a.r'-l-ta'-r-a&f'  ; 
par  le  même 1 145 

—  Note  sur  les    fonctions   elliptiques  (ex- 

traite des  papiers  de  feu  M.  Siurm )....     g88 
■•—  M.  Liouville  annonce  que  cette  Note,  qu'il 
avait  -trouvée    écrite    de    la    main    de 
M,  Sturm,  et  qu'il  lui  avait  ainsi  attri- 


a8a  ) 


Page». 


buée,  fait  réellement  partie  d'un  Mémoire 
sur  les  fonctions  elliptiques  dont  l'auteur 

est  M.  Despeyrous 1087 

Analyse  mathématique.  —  Démonstration  géo- 
métrique de  quelques  théorèmesdeGauss; 
Note  de  M.  Bertrand 1088 

—  Sur  les  facteurs  égaux  des  polynômes  en- 

tiers ;  Note  de  M.  Ostrogradski g3o 

—  Sur  les  racines  imaginaires  de  l'équation 

u  —  tangu  =  Ç;  Note  de  M.  Serret 1181 

—  Note  de  M.  Catalan  à  l'occasion  d'un  théo- 

rème de  M.  Serret 1 184 

—  Sur  la  décomposition  des   polynômes  de 

degré  pair  en  facteurs  rationnels  du  second 
degré  ;  Mémoire  de  M.  Bouget a3 

—  Note  sur  un  nouveau  théorème  servant  pour 

lo«calcul  des  racines  comprises  entre  deux 
nombres  donnés  ;  par  le  même iaai 

—  Nouvelle  méthode   permettant   d'obtenir, 

avec  tel  degré  d'approximation  qu'on  vou- 
dra, les  coefficients  des  facteurs  du  se- 
cond degré  correspondant  aux  racines 
imaginaires  des  équations  numériques; 
par  le  même 1373 

—  Sur  les  restes  produits  par  la  recherche 

du  plus  grand  commun  diviseur  entre 
deux  polynômes  ;  Note  de  M.  Faa  de 
Bruno 4°7 

—  Additions   à   un  précédent    Mémoire   sur 

la  détermination  des  fonctions  inconnues 
qui  rentrent  sous  le  signe  d'intégration  dé- 
finie; par  M.  Gomez  de  Souza.  11 19, 1 175 et  1219 

—  Sur  la  résolution  des  équations  d'un  degré 

quelconque  ;  Mémoire  de  M.  Piarron  de 


—  Lettre  de  M.  Collins ,  concernant  une  pré- 

cédente communication  sur  une  ques- 
tion d'analyse  mathématique 356 

AnAtomie.  —  Sur  les  variations  anatomiques 
et  pathologiques  du   poids   de  l'utérus  ; 
(■Mémoire  de  M.  Gariel 586 

—  tSote    sur   l'encéphale   de    l'aptérix;    par 

M.   Doreile 861 

Recherches  anatomiques  et  physiologiques 

curies  appa  ■  tiles  :  appareil  d'a- 

'Lii'I.iIhmi    de    lVil    chei  les   vertèbres    a 

.  iiaud  ;  Meuioae  de  M.   Rouget..'. .     9:17 

—  A    l'occasion    de    cette    communication. 

M.  de  Quatre/âges  mentionne  des  obser- 
vations de  M.  Djfjardin,  concernant  un 
appareil  d'adaptation  pour  l'œil  des  in- 
sectes     941 

—  Réclamation  de  priorité  adressée,  à  l'occa- 

sion du  même  Mémoire,  par  M.  Huiler.  1218 

—  Réponse  de  M.  Bouget  à  la  réclamation  de 

M.  Muller '^55 

—  De  l'appareil  circulatoire  sanguin  chez  le 

serpent  Python  ;  Mémoire  de  M.  Jaefuart.  liai 


ànatomie.  —  Mémoire  sur  la  dentition  des 

Cétacés  ;  par  M.  Em.  Rousseau 1174 

—  Planches  d'aria  tomie  omalographique  don- 

nant les  positions  respectives  dos  organes 
telles  que  les  montrent  les  sections  pra- 
tiquées sur  le  cadavre  soumis  à  la  congé- 
lation; présentées  par  M.  Legendre 586 

Anémomètres.  —  Communications  de  M.  Tau- 
penot,  concernant  un  anémomètre  enregis- 
treur de  son  invention  et  autres  appareils 
analogues :.....    497»  55i  et    586 

—  Description  d'un  anémométrographe  in- 

scrivant électriquement  la  direction  et  la 
vitesse  du  vent  pour  chaque  instant  de  la 
journée;  Mémoire  de  M.  Salleron 694 

—  De  la  résistance  de  l'air  au  mouvement 

oscillatoire  du  pendule,  principe  d'un 
nouvel  anémomètre  ;  Mémoire  de  M.  Gi- 

rault 5l  1 

Animaux  domestiques.  —  Sur  les  moutons  de 
Car'amanie  donnés  à  la  Société  d'Acclima- 
tation par  M.  le  Maréchal  Vaillant;  Note 
de  M.  Texier 80 

—  Des  principales  races  françaises  de  l'espèce 

bovine  et  de  leur  amélioration  ;  Mémoire 

de  M.  Magne. 794 

—  Lettre  de  M.  Regnault,  concernant  son  Mé- 

moire sur  les  causes  de  la  gangrène  trau- 
ma  tique,  et  son  Mémoire  sur  la  question 
du  typhus  du  gros  bétail. — Lettre  concer- 
nant son  Mémoire  sur  l'absorption  des 

virus 587 

Anonymes  (Mémoires)  adressés  pour  des  con- 
cours pour  lesquels  les  auteurs  ne  doi- 
vent pas  se  faire  connaître  : 

—  Mémoire  écrit  en  latin  sur  la  question 

proposée  pour  le  grand  prix  de  Sciences 
physiques  de  i856  (Métamorphoses  et  re- 
production des  Infusoires).; i3  et  1162 

—  Mémoire  écrit  en  allemand  adressé  pour  le 

même  concours i3 

—  Mémoire  adressé  au  concours  pour  legrand 

prix  des  Sciences  mathématiques  de  i856 
(question  concernant  la  théorie  mathé- 
matique des  phénomènes  capillaires).. . .     438 

—  Mémoire  destiné  au  concours  pour  le  grand 

prix  de  Sciences  mathématiques  de  1856 
(question  concernant  le  dernier  théorème  * 
de  Fermât) 837,  1043  et  1162 

—  Mémoire  destiné  au  concours  pour  le  grrfnd 

prix  de  Sciences  mathématiques  de  i856 
(  question  concernant  le  perfectionnement         • 
de    la    théorie    mathématique   des"  ma- 
rées).      g95 

—  Mémoire  destiné  au  concours  pour  le  prix 

de  Mécanique,  et  dont  l'auteur,  par  igno- 
rance des  conditions  de  ce  concours,  a 
écrit  son  nom  sous  pli  cacheté j3o 


(  ia83  ) 


P«|M. 


Anonymes  (Mémoires)  .  —  Hemarques  touchant 
la  condition  imposée  aux  concurrents  de 
ne  pas  se  faire  connaître;  Lettre  de 
M.  Gros,  concernant  un  Mémoire  adressé 
par  lui  pour  un  de  ces  concours 356 

Anthropologie.  —  Note  sur  les  Touariks  ;  par 

M.  Serres 188 

—  Proportions  physiques  du  corps  humain 

exprimées  en  mesures   métriques;  Note 

de  M.  Silbermann 454  et    495 

•«-  M.  Babinet  présente  un  portrait  gravé  de 
'  ienkins,  batelier  anglais  qui  a  atteint  l'âge 
de  cent  soixante-neuf  ans 473 

Antimoine  (Composés  de  t').  —  Sur  la  précipi- 
tation du  protochlorure  d'antimoine  par 
l'eau  ;  Note  de  M.  Baudrimont 863 

—  M.  Pinart  annonce  avoir  obtenu  de  l'anti- 

moine plusieurs  nuances   très-pures   et 

très-Bolides  de  jaune  de  Naples 1018 

Appareils  divers — Description  et  figure  d'une 
machine  à  mouler  les  pâte^céramiques  ; 
par  M.  Huait 45 

—  Opuscules  imprimés  de  M.  Moysen,  concer- 

nant divers  instruments  aratoires  de  son 
invention 58g  et    694 

—  Description  et  figure  d'une  nouvelle  grilla 

fumivore  ;  par  M.  Bordone 636 

—  Appareil  destiné  à  produire  de  la  chaleur 

par  le  frottement;  présenté  par  MM. 
Beaumont  et  Mayer.  (Rapport  sur  cet  ap- 
pareil ;  Rapporteur  M.  Uorin.) 719 

—  Réclamation  adressée  par  MM.  Beaumont 

et  Marer  . , , 802 

—  Remarques  de  la  Commission,  concernant 

cette  réclamation 8o3 

—  Manomètre  destiné  à  faire  connaître  le  de- 

gré de  profondeur  qu'nji  bateau  sous- 
marin   ne   doit  pas  dépasser;   Note   de 

M.  Cochaux., 746 

■—  Lettre  de  M.  Perreaux   accompagnant  la 

présentation  d'une  machine  à  diviser. . . .     797 

—  Communication  de  M.  Chasles  en  présen- 

tant un  opuscule  de  M.  Babbage  sur  la 
machine  à  calculer  de  M.  Scheutz 798 

—  Remarques  de  M.  Ch.   Dupin  à  l'occasion 

de  cette  communication 800 

—  Application  d'un  nouveau  système  de  robi- 

nets à  des  machines  pneumatiques  aspi- 
rantes et  foulantes  ;  Note  de  M.  Silber- 
mann   i io5l 

—  Figure   et   description   d'un    ophlhalmo- 

scope j  par  M.  Castorani.. ..." 1073 

Argent.  —  Traitement  des  minerais  argenti- 
fères; Mémoire  de  M.  Poumarède,  trans- 
mis par  M.»  le  Ministre  de  l'Instruction 
publique : 362 

—  Sur  la  production  artificielle,  et  par  voie 

168..; 


(  1 

PagfS. 

humide,  de  l'argent  chloruré;  Note  de. 
M.  Kuhlmann ■' 3?4 

Argent.  —  Action  de  l'acide  iodhydrique"sur 
l'argent;  Note  de  M.  //.  Sainte-Claire 
Veville 89', 

Arithmétique.  —  Lettre  de  M.  Gautier,  rela- 
tive à  ses  précédentes  communications 
sur  la  numération  duodécimale 3or 

Lettre  de  M.  Riedl  de  Leuenslcrn,  concer- 
nant ses  précédentes  communications  sur 
les  nombres  polygonaux 865 

Arts  militaires.  —  Sur  un  moyen  destiné  à 
protéger  les  hommes  de  guerre  contre  les 
hlessures  faites  par  les  armes  blanches  et 
les  armes  à  feu  ;   Mémoire  de  M.  Basset.     498 

—  Lettre  de  M.  Rieva,  concernant  un  système 

d'armes  à  feu  de  son  invention 1074 

Aspdïxie.  —  Mémoire  de  M.  Faure 586 

Astéroïdes.  —  Sûr  leur  nature  et  les  effets  qui 
peuTcnt  résulter  de  leur  entrée  dans  l'at- 
mosphère terrestre  ;  Note  de  M.  Leseca.  1234 
Astronomie.  —  M.  Le  Verrier  annonce  que 
M.  Goldschmidi  a  fait  sur  une  étoile  va- 
riable une  suite  d'observations  propres 
à  en  déterminer  la  période 441 

—  Communication  de  M.  Le  Verrier  en  pré- 

sentant le  tome  Ier  des  «  Annales  de 
l'Observatoire  impérial  de  Paris  » 6o5 

—  Remarques  de  M.  Le  Verrier,  à  l'occasion 

d'un  passage  d'une  Lettre  de  M.  Vah, 
concernant  l'indication  des  secondes  dans 
les  éléments  provisoires  des  planètes...     817 

—  Note  de  M.  Valz,  relative  aux  remarques 

de  M.  Le  Verrier 92a 

—  Sur   la   parallaxe   et  le   mouvement  d'un 

nouveau  bolide ;^)ote  de  M.  F. Petit....     82a 

—  Note  de  M.  E.  Liouville  sur  deux  étoiles 

variables ."',;; 


284) 


P«se«. 


Astronomie.  —  Observations  sur  la  scintilla- 
tion des  étoiles;  par  M.  Ch.  Dufour 634 

—  Noie  sur  la  scintillation  des  étoiles  ;  par 

M.  Vallée 85g 

—  Lettre  sur  les  étoiles  doubles  et  leur  dé- 

placement apparent;  par  M.  Watson...    ioig 

—  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  Sur  une  va- 

riation de  la  vélocité  du  soleil,  qu'on  a 
attribuée  à  une  oscillation  du  périgée  so- 
laire; par  M.  S.-E.  Coues  » 739 

—  Formules  graphiques  pour  trouver  par  ap- 

proximation les  variations  dans  la  lon- 
gueurde  l'année  tropique  pourde3  époques 
très-reculéas  ;  Mémoire  de  M.  Rodier. . . .    io65 

—  Sur  les   mouvements    et    l'équilibre    des 

corps  célestes  ;  Mémoire  de  M.  Thierriat.   1074 
Voir  aussi  l'article  Planètes. 
Astronomie    nautique.  —  Rapport     sur    une 
Note  de  M.  Wils  Brovm  :    nouvelle  mé- 
thode pour  le  calcul  des  distances  lunaires 
observées  en  mer;  Rapporteur  M.  Bravais.     474 

—  Lettre  de  M.  Terquem,  à  l'occasion  de  ce 

Rapport 54l 

Voir  aussi  l'article  Géographie. 
Atracttlis  ci'mmifera.  —  Nouveaux  faits  d'em- 
poisonnement, et  réclamation  de  priorité 
relative  à  la  constatation  des  propriétés 
Uniques  de  cette  plante;  Mémoire  de 
M.   Bouros 80g 

—  Renseignements  -  ultérieurs    sur     les    cas 

d'empoisonnement  qu'on  avait  d'abord  at- 
tribués à  la  racine  de  l'Atractylis  ;  par  le 
même • laaa 

Attraction.  —  Nouvelle  rédaction  d'un  Mé- 
moire intitulé  :  «  Attraction  universelle 
des  corps,  au  point  de  vue  de  l'électri- 
cité »;   par  M.  Zaliwski iai9 

Aurores  bc;\éales.  —  Mémoire  de  M.  de  La- 
motte  Tarchand  sur  les  aurores]  polaires.   ia56 


Balistique. —  Des  lois  de  la  résistance  de 
l'air  sur  les  projectiles  animés  de  grandes 
vitesses  ;  Mémoire  de  M .  Didion 1048 

Barium  (Composés  du). —  Action  des  acides 
azotique  et  chlorhydrique  sur  le  chlorure 
de  harium  et  l'azotate  de  baryte  ;  Note 
de  M.  Baudrimont tl3l 

Baromètres.  —  Sur  la  construction  du  baro- 
mètre et  l'ébullilion  du  mercure  dans  le 
vide  ;  Note  de  M.  Taupenot 1186 

Bismuth.  —  Sur  un  appareil  destiné  à  démon- 
trer et  mesurer  la  différence  de  conducti- 
bilité électrique  du  bismuth  cristallisé; 
Note  de  M.  Matteucci n33 


Botanique.  —  Communication  de  M.  Monta- 
gne en  présentant  sa  Cryptogamie  de  la 
^iuyane  française 5oS 

—  Sur  deux   algues   nées   pendant  les  expé- 

riences de  M.  Boussingault,  relatives  à  l'ac- 
tion du  salpêtre  sur  la  végétation  ;  Note 
de    M.    Hlonlagne j56 

—  M.  Montagne,   en   présentant   au   nom  de 

M.  Schimper  la  dernière  livraison  de  la 
Bryologia  Europœa,  donne  quelques  dé- 
tails sur  cette  importante  publication...  root 

—  Sur  l'existence  de  deux  types  symétrique» 

distincts  chez  les  plantes  diplostémones 
Mémoire  deM.  Chatin l3 


(  ia85  ) 


Botanique.  —  Mémoires  «ur  l'ordre  des  Cus- 
cutacées  et  celui  des  Cassythacées  ;  par 
M.  Chatin^ 26g  et    339 

—  Mémoire    sur    les    genres    Orobanche  et 

•  Phelipœa  ;    par  le  même 488 

—  Fragments   de  géographie    botanique   du 

Chili;  par  M.  C.  Gar 83o 

—  Monographie   de  là  famille  des  Urticées; 

par  M.  Weddell 726  et    786 

—  Retour  simultané  de  la  descendance  d'uni; 

plante  hybride  au*  types  paternel  et  ma- 
ternel ;  Mémoire  de  M,  Naudin ^6a5 

—  Observation  relative  à  un  cas  d'hybridité 

anormale  ;  par  te  même ioo3 

—  Lettre  de  M.Courhon,  relative  à  un  herbier 


P»g« 


qu'il  a  formé  dans  les  environs  de  Monté- 
vidéo  et  dans  Pile  Saint-Gabriel 4" 

Botanique.  —  M.  Courbon  envoie  la  descrip- 
tion de  cet  herbier \<)  1 

Voir  au^si   les   articles    Organographie 
végétale  et  Economie  rurale.     .' 

Bromures.  —  Sur  la  préparation  des  chlorures 
et  des  radicaux  organiques  par  l'action  du    • 
protochlorure    et    du    protobromure   do 
phosphore  sur  les  acides   monohydratés 
correspondants;  Note  de  M.  Réchamp,..     aa4 

—  Sur  le  bromure  de   titanium  ;   Note    de 

M.  Hoffmann 35a 

Bulletin  bicliographique.  — 62, 117,  246,  3oa, 
359,  4!>9,  499,  5a4,  598,  65g,  700,  746, 
811,867,1911,970,  1019,1075,1190, 1225 et  1375 


Cit.  —  Influence  de  la  proportion  de  phos» 
phate  de  chaux  contenu  dans  les  aliments 
sur  la  formation  du  cal;  Note  de  M.  A. 
Milne  Edwards G3i 

Calendrier.  —  Mémoire  intitulé  :  «  Projet 
pour  la  correction  définitive  du  Calen- 
drier grégorien  ;  par  M.  //.  Ifascio 607 

Candidatures.  —  M.  Germain  de  Saint-Pierre 
prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  com- 
prendre dans  le  nombre  des  candidats 
pour  la  place  vacante  dans  la  Section  de 
Botanique 24 

—  M.    Cl.   Gay  adresse  une  semblable  de- 

mande     an 

—  M.  J.  Bertrand  prie  l'Académie  de  vou- 

loir bien  le  comprendre  dans  le  nombre 
des  candidats  pour  la  place  vacante  dans 
la  Section  de  Géométrie,  par  suite  du 
décès  de  M.  Sturm. 3^7 

—  MM.     Vallée,     Serret    et     Ossian    Bonnet 

adressent  chacun  une  semblable  demande. 
3ç)9  et    49' 

—  M.  Ehrmann  prie   l'Académie  de  vouloir 

bien  le  comprendre  dans  le  nombre  des 
candidats  pour  une  place  vacante  de  Cor- 
respondant (  Section  de  Médecine  et  de 
Chirurgie  ) an 

—  M.    Chazallon,  M.  Keller  et  M.  Darondeau 

demandent,  chacun  séparément,  à  être 
considérés  comme  candidats  pour  uno 
place  vacante  de  membre  adjoint  au  Bu- 
reau des  Longitudes 498  et    810 

—  M.   Dudouit  se  présente  comme  candidat 

pour  une  place  vacante  dans  la  Section 

de  Géométrie 811 

Cannelle  (  Essence  de  ).  —  Sur  la  formation  ^ 
artificielle    de    cette   essence;    Note  de 
M.  Chiosza,,. .......... ,.,,.., 22a 


Caoutchouc.  —  Recherches  sur  l'élasticité  du        \  . 
caoutchouc  vulcanisé;  par  M.  lk)ileau...     g3  5 

—  Sur  les  accidents  que  développe,  chqz  Içs    , 

ouvriers  en  caoutchouc,  l'inhalation  des 
vapeurs  de  sulfure  de  carbone;  Mémoire 
de  M.  A.  Dclpech ....     586 

Capillarité.  —  Sur  la  température  à  laquelle 
les  liquides  cessent  de  mouiller  les  vases 
qui  les  contiennent;  Note  de  M.  C.  Wolf.     gG8 

Chaleur.  —  Kote  sur  le  calcul  de  la  chaleur 

latente  des  vapeurs  ;  par  M.  Legrund a^3 

Chaleur  animale.  —  Sur  la  température 
moyenne  des  oiseaux  palmipèdes  du  nord 
de  l'Europe;  Note  de  M:Martins 5i5 

Champignons.  —  Etudes  chimiques  du  cham- 
pignon comestible,  suivies  d'observations 
sur  sa  valeur  nutritive;  par  M.  /.  Le/ort..      go 

—  Collection  de  champignons  en  cire  colo- 

riée préparés  et  décrits  par  MM.  Buchner 

et  Kirsch 1  iG 

Chauffage.  —  Rapport  sur  les  appareils  pro- 
posés pour  le  chauffage  sans  combusti- 
ble; par  MM.  Beaumont  et  Majer;  Rap- 
porteur M.  Morin 71g 

—  Réclamation  adressée  au  sujet  de  ce  Rap- 

port par  MM .  Beaumont  et  Mayer ■  802 

—  Remarques  d'un  Membre  de  la  Commis- 

sion relativement  à  cette  réclamation.. .     8oî 
Chaux.  —  Son  emploi  pour  la  conservation  du 

jus  de  betteraves;  Note  de  M.  Maùmené..     645 

—  Emploi  de  la  chaux  pour  dessécher  et  as- 

sainir les  lieux  inondés;  Note  de  M. Mo- 
nde  •• 1323 

Chemins  de  fer.  —  Sur  un  moniteur  électrique 
pour  les  chemins  de  fer  ;  Note  de  M.  Per- 
nelet • 37 

—  Mémoires   ayant  pour  titre  :  «  Les   chocs 

rendus   impossibles  sur  les  chemins  de 


(  1 

p«l«. 

fer  au  moyen  de  l'interrupteur  kilomé- 
trique »  ;  par  M.  Bellemare 45 

Chemins  de  fer.  —  Sur  un  moyeu  destiné  à 
permettre  d'arrêter  en  peu  de  temps  et 
sans  secousse  un  train  en  marche  sur  un 
chemin  de  fer;  Note  de  M.  Perreul a45 

—  Mémoire  sur.  un  frein  agissant  par  pres- 

sion verticale;  modifications  apportées  au 
système  de  M.  Laignel;  par  le  même 685 

—  Réclamation   adressée    par  M.   Laignel   à 

l'occasion  de  cette  communication ,     8g  ■ 

—  Sur  divers  moyens  tendant  à  prévenir  les 

déraillements  sur  les  chemins  de  fer;  Note 

de  M.  Carré  (écrit  par  erreur  Barré). , . .     344 

—  Dispositif  destiné  à  permettre  aux  voya- 

geurs sur  chemins  de  fer  de  se  mettre  à 
volonté  en  communication  avec  le  con- 
ducteur du  train  ;  Note  de  M.  Filippi. . . .     399 

—  Lettre  de  M.  Paquerée,  concernant  diverses 

inventions  destinées  à  diminuer  les  dan- 
gers des  chemins  de  fer 5a3 

—  Lettre  de  M.  Hedouville,  concernant  ses  in- 

ventions pour  prévenir  les  déraillements 

sur  les  chemins  de  1er 12-4 

Chirurgie.  —  Nouveau  procédé  de  chéiloplas- 
tie,  par  transport  du  bord  libre  de  la 
lèvre  saine  sur  la  lèvre  restaurée;  Mé- 
moire de  M.  Sédillot 189 

—  Note  sur  un  nouveau  procédé  qui  permet, 

dans  les  opérations  de  bec-de-lièvre  et  de 
chéilopastie ,    d'augmenter  à   volonté  la 

hauteur  de  la  lèvre;  par  le  même 678 

— *  Note  sur  l'application  de  l'autoplastie  au 
traitement  des  cicatrices  vicieuses;  par 
le  même 924 

—  Sur  une  opération  de  périnéoraphie  suivie 

de  complète  guérison;  Note  de  M.  Lau- 
gùr 948 

—  Sur  les  propriétés  du  tissu  cicatriciel  et 

l'application  dé  l'autoplastie  aux  brides; 
Mémoire  de  M.  Jobert,  do  Lamballe 47^ 

—  Sur  la  désarticulation  de  la  mâchoire  in- 

férieure appliquée  à  l'extirpation  des  tu- 
meurs profondes  du  pharynx ,  de  la  lan- 
gue et  du  voile  du  palais  ;  Mémoire  de 
M.  Maisonneuve. . . , 691  et  ia56 

—  Ablation  totale  de  la  mâchoire  inférieure 

pratiquée  par  suite  du  développement, 
dans  l'intérieur  de  cet  os,  d'une  énor- 
me tumeur  fibreuse  ;  par  le  même .......     887 

—  Sur  un  nouveau  procédé  opératoire  pour  le 

paraphimosis;  Note  de  M.  Malgaigne...     744 

—  Traitement  des  adénites  cervicales  par  un 

nouveau  procédé  d'acupuncture;  supplé- 
ment à  un  précédent  travail  présenté  par 
M.  Boulu... 398 

—  Sur   l'emploi  du   cautère  actuel  dans   le 

cas  de  tumeur»  blanches;  Note  de  M.  Pons.    970 


a86  ) 


Page». 


Chirurgie.  —  Lettre  de  M.  Baudeloeque  con- 
cernant un  moyen  d'abréger  les  douleurs 
de  l'accouchement 522 

—  Nouvel  urétrotome  pour  pratiquer  l'uré- 

trotomie  d'avant  en  arrière  et  sans  dila- 
tation préalable;  présenté  par  M.  Boinet.     586 

—  De  l'heureux  emploi,  pour  le  traitement 

des  brûlures  ,  d'une  préparation  de  collo- 
dion  au  tannin;  Note  <lc  M.  Aubrée 657 

—  Sur  les  tumeurs  et  les  fistules  lacrymales, 

nouveau  procédé  de  traitement  ;  Mémoire 

de  M .  Reybard. 5n 

—  Nouvelle  méthode  opératoire  de  la  cata- 

racte    par    débridem'ent;    Mémoire    de 

M.  Tavignot 950 

~  Communication  de  M»  Bernard  en  présen- 
tant un  opuscule  de  M.  Castorani  sur  la 
kératite 1002 

—  M.  Castorani  adresse  la  description  d'un 

ophlhalmoscopc  construit  d'après  ses  in- 
dications par  M.  Soleil^. 1073 

—  Observation  d'un  œdème  de  la  «lotte  guéri 

par  la  trachéotomie;  Note  de  M.  Dujar- 

d:n g5i 

Chloroforme.  —  Analyse  du  sang  d'une  femme 
morte  par  suite  d'inhalation  du  chloro- 
forme ;  Note  de  M .  Jackson 4" 

Chlorures.  —  Sur  la  préparation  des  chlo- 
rures et  des  bromures  des  radicaux  orga- 
niques par  l'action  du  protochlorure  et 
du  protobromure  de  phosphore  sur  les 
acides  monohydratés  correspondants; 
Note  de  M.  Réchamp 224 

—  Sur  la  production  artificielle  et  par  voie 

humide  de  l'argent  chloruré;    Note   de 

M»  Kuhlmann 374 

—  Action  des  acides  azotique  et  chlorhydri- 

que  sur  le  chlorure  de  bariuni  et  l'azotate 
de  baryte;  Note  de  M.  E.  Baudrimont.. .  n3i 
Cuoi.éi'.a-.Morbls.  —  Sur  l'eflicacité  des  bains 
généraux  chauds  de  chlorure  de  calcium 
dans  le  traitement  du  choiera  asiatique; 
Mémoire  de  M.  Sabbatini ....^. ......     a3 

—  Recherches    analytiques    sur  le    sang   de 

personnes  mortes  du  choléra  ;  par  M.  Be- 
reUi, ... 89 

—  Sur  djxers  traitements  opposés  au  choléra 

et  particulièrement  sur  les  effets  théra- 
peutiques de  la  strychnine  ;  Mémoire  de 
M.  Isid.  Bourdon 637  et    996 

—  Recherches  sur  les  causes  du  choléra ,  du 

typhus  et  des  fièvres  de  marais  ,  d'après 
des  observations  recueillies  dans  le  Ve- 
nezuela; Mémoire  de  M.  Beauperthuy...     69a 

—  «  Recherches  théoriques   et   pratiques  sur 

l'affection    typhoïde    générale,    intense, 
dite  choléra  épidémique  »  ;  Mémoire  de 
HM.  Pu  jade  (écrit  par  erreur  Poujade)....   1175 


(  ia87  ) 

P.R». 


Choléra-Mordus. —  Lettre  de  M.  Leoeau,  con- 
cernant des  expériences  ayant  poor  objet 
de  jeter  du  jour  sur  les  causes  du  choléra- 
morbus •  ••    '189 

—  Lettre  de  M.  Ayre  aux  Membres  de  la  Sec- 

tion de  Médecine,  sur  le  traitement  du 
choléra -inorbus  par  remploi  du  calomel 
à  petitcB  doses  fréquemment  répétées 
pendant  toute  la  période  de  collapsus...   1220 

—  Mémoire  intitulé  :  «Découverte  des  sources 

de  l'ozone  organique,  suite  du  Mémoire 
sur  la  cause  secondaire  du  choléra  »;  par 

M.  Billiard 885 

Ciments.  —  Mémoire  sur  les  matériaux  à  em- 
ployer dans  les  constructions  à  la  mer; 
par  JIM.  Chatoney  et  Rivot Il  19 

—  De  l'action  saline  de  l'eau  de  mer  sur  les 

composés  hydrauliques  en  général  ;  Note 
de  M.  Vicàt  adressée  à  l'occasion  de  la 
précédente  communication 1200 

Classifications.  —  Considérations  générales 
sur  les  classifications  en  histoire  natu- 
relle ;  et  exposé  sommaire  du  plan  de 
l'Ichthyologie  analytique  ;  communica- 
tion do  M.  Duméril 1029 

Climatologie.   —  Etudes  climalologiques  sur 

l'Asie  Mineure;  par  M.  P.  de  Tchihatcheff.     262 

—  Rapport     sur     ce     travail  ;    Rapporteur 

M.  Becquerel 777 

—  Remarques  de   M.    Elie  de  Beaumont  sur 

l'ensemble  des  travaux  dont  fait  partie  le 
Mémoire  qui  a  été  l'objet  du  précédent 

Rapport 786 

Voir  aussi  l'article  Météorologie. 

Combustion  spontanée.  —  Rapport  fait  en  ré- 
ponse à  une  question  posée  par  M.  le  Mi- 
nistre de  la  Guerre,  concernant  la  possi- 
bilité d'une  combustion  du  foin  en  balles 
pressées  ;  Rapporteur  M.  Slorin 34 

Commission  administrative.  —  MM.  Chevreul 
et  Poncelet  sont  nommés  Membres  de 
cette  Commission  pour  l'année  i8i>6 3 

Commissions  mm  p«ii.—  1  ommission  du  grand 
prix  (fa  Sciences  physiques  de  i856  (lois 
de  la  distribution  îles  corps  organisés  l'os- 
sites  dans-  les  différents  terrains  sédimen- 
taires)  :  Commissaires,  MM.  Elie  de 
Beaumont,  Flourens,  Geoffroy,  Bron- 
gniart ,  Milne  Edwards 829 

—  Commission  du  grand  prix  de  Sciences  phy- 

siques de  l856  (métamorphoses  et  repro- 
duction des  Infusoires  proprement  dits)  : 
Commissaires,  MM.  Milne  Edwards, 
Flourens,  de  Quatrefages,  Duméril,  Va- 

lenciennes Ibid. 

m  Commission  du  prix  de  Statistique  :  Com- 
missaires, MM.  Bienaymo,  Ch.  Dupiu, 
Mathieu,  da  Gasparin,  Boussingault.. .,    991 


P«g«. 


Commission  des  prix.  —  Commission  des  prix 
de  Médecine  et  de  Chirurgie  :  Commis- 
saires, MM.  Serres,  Rayer,  Velpeau, 
Andral,  Cloquât,  Bernard,  Jobert,  Du- 
méril, Flourens n58et  no3 

— Commissioitdu  prix  d'Astronomie  (médaille 
Lalande):  Commissaires,  MM.  Liouville, 
Ijaugier,  Mathieu,  Delaunay,  Le  Verrier,   iloî 

—  Commission   du  prix  de  Physiologie  ex- 

périmentale :  Commissaires,  MM.  Ber- 
nard,  Flourens ,  Rayer,  Serres,  Milne 
Edwards Ibid. 

—  Commission  du  prix  dit  des  Arts  insalu- 

bres :  Commissaires,  MM.  Rayer,  Dumas, 
Chevreul,  Pelouze,  Boussingault 1241 

—  Commission  du  grand  prix  de  Sciences 

mathématiques  de  i856  (théorie  mathé- 
matique des  phénomènes  capillaires)  : 
Commissaires,  MM.  Pouillet,  Despretz , 
Biot,  Regnault,  Duhamel Ibid. 

—  Commission  chargée  de  proposer  le  sujet 

du  grand  prix  des  Sciences  naturelles  pour 
l'année  1867  ;  Commissaires,  MM.  Flou- 
rens, Geolfroy-Saint-Hilaire,  Milne  Ed- 
wards, Duméril,  Brongniart 12 

—  Commission  chargée  de  la   rédaction  du 
.       programme  pour  le  concours  concernant  le 

perfectionnement  de  la  navigation  :  Com-  . 
missaircs,MM.  Dupin,  Combes,  Poncelet, 
Duperrey,  Regnault 37 

—  Commission  chargée  de  proposer  une  ques- 

tion pour  le  sujet  du  prix  Bordin  (Sciences 
naturelles)  :  Commissaires ,  MM.  Flou- 
rens, Geoffroy -Saint-Hilaire,  Milne  Ed- 
wards, Elie  de  Beaumont Ibid. 

Commissions  spéciales.  —  Due  Commission 
formée  par  la  réunion  des  trois  Sections 
de  Géométrie,  d'Astronomie  et  de  Navi- 
gation,'présento  la  liste  suivante  de  can- 
didats pour  une  place  de  Géographe  va- 
cante au  Bureau  des  Longitudes  par 
lit  mort  de  M.  Beautenips- Beaupré  : 
i°  M.  Daussv  ;  u°  MM.  Begat  et  Peytier  ; 
3*  MM.  Chaxallou  et  Lieossou 357 

Couleurs  des  corps  naturels.  —  Lettre  da 
M.  Landais,  concernant  une  découverte 
qu'il  dit  avoir  laite  sur  les  causes  de  la 
coloration  des  corps 1 189 

Couleurs  pour  la  peinture  à  l'huile.  —  Lettres 
de  M.  Dosnon,  relatives  à  des  couleurs  à 
base  de  fer  qu'il  prépare  pour  la  peinture 
à  l'huile 657,  698  et    909 

—  Lettre  de  M.  Pinart,  concernant  la  prépa- 

ration de  plusieurs  nuances  de  jaune  de 
Naples  obtenues  de  l'antimoine 1018 

Couleurs  vour  la  teinture.  Voir  au  mot  Tein* 
ture. 

Cristal Li.xa   (fc'oiuit).  —  Recherches  sur  les 


formes  cristallines  de  quelques  composés 

chimiques;  par  M.  C.  Marignac 28S 

Cristalline  (Forme).  —  Note  sur  la  forme  cris- 
talline du  silicium  ;  par  M.  de  Senarmont.     3l3 


(    1288    ) 


l'ig». 


Cuivre  (Composé  do  ).  —  Note  sur  un  hypo- 
sulfite  doublejjde  soude  et  de  cuivre;  par 
M.  Schiitte , 1267 


Décès  de  Membres  et  de  Correspondants  de  VA» 
cadémie.  —  M.  Geqffroy-Sainl-Hilaire,  à 
l'ouverture  de  la's.vince  du  12  mai,  an- 
nonce à  l'Académie  que  son  Président, 
M.  Binet,  est  dangereusement  malade  ; 
au  moment  où  elle  allait  se  séparer,  l'A- 
cadémie apprend  que  M.  Binet  vient  de 
mourir 873 

—  M.  Geoffroy-Sain l-Hilaire,  dans  la  séance 
du  19,  rend  compte  des  obsèques  de 
M.  Binet.  MM.Cauchy  et  Laméy  ontporté 
la  parole  au  nom  de  l'Académie gl3 

Décrets  impériaux.  —  M.  le  Ministre  de  l'In- 
struction publique  transmet  les  amplia- 
tions  des  décrets' confirmant  la  nomina- 
tion deSj  Académiciens  dont  les  noms 
suivent  : 
-  La  nomination  de  M.  Jobert,  de  Lamballe 


(Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie),  en 
remplacement  de  M.  Magendie 6o5 

—  De  M.  /.  Bertrand  (Section  de  Géométrie), 

en  remplacement  de  M.  Sturm 81 3 

—  De  M.  Cl.  Gay  (Section  de  Botanique),  en 

remplacement  de  M.  de  Mirbel ioai 

Dextrine.  —  Sur  les  produits  de  la  transfor- 
mation de  la  fécule  et  du  ligneux  sous 
l'influence  des  alcalis,  du  chlorure  de 
zinc  et  des  acides;   Mémoire  de  M.  Bé- 

champ • 1210 

Diphtérautographie,  transport  sur  parchemin 
d'une  écriture  sur  papier.  (Rapport  fait 
sur  un  procédé  imaginé,  dans  ce  but,  par 
M.  Lachave ;  Rapporteur  M.  Seguier.)  ..  36 
Drainage.  —  Lettre  de  M.  de  Bryas,  concer- 
nant sa  Note  sur  les  terres  propres  à  la 
fabrication  des  tuyaux  de  drainage 811 


Eaux  de  la  mer  Morte.  —  Recherches  sur  les 
variations  que  ces  eaux  semblent  présen- 
ter dans  leur  composition  ;  Mémoire  de 
31.  Boussingaull ia3o 

Eaux  minérales.  —  Sur   les  eaux  thermales  de 

Nauheim;  Mémoire  de  M.  Rotureau....     jJ38 

—  Lettre  de  M.  Filhol,  concernant  ses  travaux 

sur  la  composition  chimique  et  les  pro- 
priétés médicales  des  eaux  sulfureuses 
des  Pyrénées .' 5S8 

—  Sur  la  présence  de  l'ammoniaque  dans  les 

eaux  minérales  ;  Note  de  M.  Bouis 1269 

—  Lettre  de  M.  Gez,  concernant  un  Rapport 

fait  en  181 1  à  l'Académie  snr  des  eaux 
minérales  de  la  commune  de  Siradan 
(Haute-Garonne) 28 

Eaux  potables.  —  M.  Elie  de  Bcaumont,  en 
présentant  un  ouvrage  d#M.  Darcy  sur 
les  fontaines  publiques  de  Dijon,  donne, 
d'après  la  Lettre  d'envoi ,  une  idée  du 
plan  de  l'ouvrage 1176 

Économie  rurale.  —  Mémoire  de  M.  Thirault, 

concernant  la  maladie  de  la  vigne 344 

—  Documents  imprimés  à  l'appui  des  com- 

munications de  M.  Tortella  sur  la  mala- 
die de  la  vigne 5l3 

—  Méthode  pour  la  culture  de  la  vigne;  pièces 


adressées  par  M.  Trouillet  pour  le  con- 
cours du  prix  triennal ^35 

Economie  rurale.  —  Sur  un  procédé  agricole 
destiné  à  prévenir  le  développement  de  la 
maladie  de  la  vigne  ;  Note  de  M.  Carentin.     637 

—  Lettres    de   M.   Curtault,  concernant   ses 

procédés   pour  combattre   la   maladie  de 

la  vigne 1074   et  1224 

—  Note  de  M.  Ridolo  sur  le  même  sujet n3a 

—  Lettre   de   M.  Petit-Jean,  concernant  une 

précédente  communication  sur  un  moyen 
destiné  à  empêcher  la  vigne  de  geler...   1223 

—  Fabrication  d'une  liqueur  vineuse  avec  les 

tiges  du  topinambour;  Note  de  M.  De- 
charmes  ., 438 

—  Sur  la  conservation   du  blé  dans  les  silos 

souterrains)  Mémoire  de  M.  Herpin 4^9 

—  Sur  la  conservation  des  grains   dans   des 

silos  souterrains  en  maçonnerie  et  à  dou- 
ble enceinte  ;  Mémoire  de  M.  Carmignac 
Descombes 44* 

—  Etudes  sur  les  céréales  ;  par  M.  Duvivier.   1173 

—  Conservation  du  jus  de  betterave  par   la 

chaux  ;  Note  de  M.  Maumené »     645 

—  Recherches  sur  la  distribution  des  matiè- 

res azotées  dans  les  diverses  parties  de  la 
betterave;  Mémoire  de  M.  Isid.  Pierre...     715 


(  «*89  ) 


Kconomie  reiule.  — Sur  un  fait  relatif  à  lacul- 

turedola  garance;  INoiede  M.  de  Gasparin.     S 1 3 

—  Rapport  adri'ssc  à  l'Empereur   par  M.  le 

Ministre  de  la  Guerre,  le  Maréchal  Vail- 
lent, sur  la  culture  du  coton  en  Algérie..     694 

—  Lettre  de  M.  Lostalnt-Bachoué,  concernant 

un  système  agricole  qu'il  annonce  avoir 
mis  en  pratique  avec  succès  depuis  plu- 
sieurs années '  '74 

—  Lettre  de  .M.  de  Bryas,  concernant  sa  Note 

sur  les  terres  propres  ù  la  fabrication  des 
tuyaux  de  drainage 1223 

—  Addition  à  une  précédentecommunication 

de  M.  Moysen  sur  son  râteau  mécanique..     8t)4 

—  Lettre  de  M.  Millot,  concernant  sa  précé- 

dente communication  sur  une  méthode 
d'arboriculture 5:">l 

—  Sur  la    préparation  et  la  conservation  des 

fumiers  ;  Note  de  M.  Brame Io'i5 

—  Sur  le  guano  des  ilesChincha  elles  oiseaux 

qui  le  produisent  ;  Note  de  M.  Raimondi. .     ^35 

—  De  l'amélioration   des  espèces  végétales; 

Mémoire  de  M.  Malingre 491 

—  Sur  les  moulons  de  Caramanie  donnés  à  la 

Société  d'Acclimatation  par  M.  le  Maré- 
chal Vaillant  ;  Note  de  M.  Texier 80 

—  Mémoiie  sur  les   laines  de  l'Algérie;  par 

M.  Baudement... 264 

—  Des  principales  races  françaises  de  l'espèce 

bovine  et  de  leur  amélioration  ;  Mémoire 

de  M .   Mngne 794 

—  Sur  l'emploi  des  feuilles  de  vigne,  d'orme 

et  de  peuplier  comme  fourrage  ;  Mémoire 

de  M.  Is.  Pierre 3 [7 

—  Note  sur  le  rempoissonnement  des  cours 

d'eau  ;  par  M.  Millet 209 

—  Empoissonnement  des   eaux    du   bois  de 

Boulogne  ;  Note  de  M.  Caste 3i2 

Élasticité.    —  Recherches  sur  l'élasticité  du 

caoutchouc  vulcanisé;  par  M.  Boileau...  933 
Elections.  —  L'Académie  choisit  par  la  voie 
du  scrutin  les  deux  candidats  qu'elle  est 
appelée  à  présenter  pour  une  place  de 
géographe  vacante  au  Bureau  des  Longi- 
tudes :  en  1"  ligne  M.  Daussy,ea  a«  ligne 

M .  Pejrtier 377 

Voir  aussi  l'article  Nominations. 
Electricité.  —  Sur  quelques-unes  des  prin- 
cipales causes  de  l'électricité   atmosphé- 
rique ;  Mémoire  de  M.  Becquerel.  ......     661 

—  Expériences   sur  celte  question  :   le  cou- 

rant de  la  piie  peut-il  traverser  l'eau  sans 

la  décomposer;  Note  de  M.  Desprett...  .     707 

—  Remarques  de  M.  A.  de  la  Rive  à  l'occasion 

de  ceLte  communication 710 

—  Communication  de   M.  A.  de  la   Rire   en 

présentant  le  11e  volume  de  l'édition  an- 
glaise de  so;i  ou vrage sur  l'électricité.. . .     611 

C.  R.,  1S66,  Ier  Semestre.  (T.  XLII.) 


P-s<. 


Électricité.  —  M.  Becquerel  présente  en  son 
nom  et  celui  de  son  fils  le  IIIe  volume  du 
Traité  d'Électricité  et  de  Magnétisme 
qu'ils  publient  en  commun 29 

--  De  J'électricité  dégagée  par  le  frotte  mer!  t  ; 

Note  de  M.  Edm.  Becquerel 4^ 

—  Recherches  sur  le  dégagement  de  l'électri- 

cité dans  les  piles  voltatques.  Première 
partie:  force  éleptromotrice  ;  par  le  même.    u58 

—  Sur    les   soupapes    électriques  ;    Note  de 

M.  Gauçain 17 

—  Réclamation  adressée  par  M.  Riest  ù  l'oc- 

casion  de  la  précédente  Note 299 

—  Sur  la  force  électromotrice  des  pi'esdans 

lesquelles  on  emploie  des  métaux  amal- 
gamés; Note  de  M.  Gaugain £!• 

—  Note  sur   l'électricité   de  la  tourmaline; 

par  le  même 1264 

—  Sur   un     aimant   temporaire    obtenu    au 

moyen  de  la  seule  action  du  magnétisme 
terrestre  ;  Note  de  M.  Giardini 37! 

—  Sur  l'association  de  plusieurs  condensa- 

teurs entre  eux  pour  manifester  les  fai- 
bles doses  d\  loctricité  ;  Lettre  de  M.  Vol- 
picelli 402 

—  Sur  un  procédé  d'aimantation  dit  par  con- 

densation ;  Note  de  M.  Laurent. 585 

—  Pile    vollaïque    construite    sur  un    nou- 

veau principe;   analyse  d'un  Mémoire  de 

M.  Doal  par  M.  Becquerel 855 

—  Pile  voltaïque  à  courant  constant  ;  Noteda 

M .  Doat 9S9 

—  Sur    une   nouvelle    machine    électrique; 

Note  de  M.J.Thore 864 

—  Suppression   du   fil   de  cuivre  couvert  en 

soie  pour  les  spirales  des  multiplicateurs; 
Note  de  M.  Bonelli 885 

—  Interrupteur  à  double  effet,  et  perfection- 

nements divers  apportés  à  l'appareil  de 
RuhmkorfT;  Mémoire  de  M.  l'abbé  Laborde.    996 

—  «  Des  courants   induits  considérés  relati- 

vement à  leur  pouvoir  chimique:  applica- 
tion à  l'électricité  employée  comme  force 
motrice  ;  »  Mémoire  de  M.  Lacombe.  . . .   ii3i 

—  Sur  un  appareil  destiné  à  démontrer  et  me- 

surer la  différence  de  conductibilité  du 
bismuth  cristallisé;  Mémoire  de  M.  Mat- 
teucci 1 1 33 

—  Etudes  sur  l'emploi  des  appareilsd'induc- 

tion;  effets  des  machines  multiples;  Note 

de  M.  FoucauU 21 5 

—  M.  Despreli    demande   que  l'appareil   de 

M.  Ruhmliorff,  pour  mettre  le  feu  aux  mi- 
nes, soit  admis  an  concours  pour  le  prix 
dit  des  Arts. insalubres 694 

—  Sur  un  nouveau  système  d'horloges  électri- 

ques se   réglant  d'elles-mêmes;  Note  de 

M.  du  Moncet 5g5 

169 


(  '29°  ) 

Pages. 

électricité. — Note  sur  un  nouveau  système  de 
relais  rhéotomiqties  destiné  à  transmettre 
simultanément,  à  travers  un  même  lil,  une 
-    dépêche  à  plusieurs  appareils  télégraphi- 
ques différents;  par  M.  du  Sloncet 697 

—  Sur  un  moniteur  électrique  des  chemins 

de  fer;  Note  do  M.  Pernelet 27 

—  Recherches  électro-physiologiques  sur  les 

fonctions  des  muscles  qui  meuvent  le 
pied  ;  Mémoire  de  M.  Duchenne,  de  Bou- 
logne       996 

—  Lettre  et  NotedeM.  A.  Breton, concernant 

une  pile  électrique  de  son  invention  des- 
tinée à  l'usage  médical .  356  et     53o, 

—  Note  et  Lettre  sur  la  composition  d'une 

pile  voltaïque  portai ivo  destinée  à  l'u- 
sage médical;  par  M"e  Behrens. .    3()()  et     552 

—  Chaîne  galvanique  destinéeà  l'usage  médi- 

cal ;  présentée  par  M.  Lonlin  (écrit  par 
erreur  Lolin) ç)5l 

—  Note  intitulée  :  «  Elude  du  fluide  magné- 

tique, de  ses  attributs  et  de  ses  fonctions 

dans  la  nature  »  ;  par  M.  Decken 5o,8 

Voir  aussi  les  articles  Magnétisme  ter- 
restre  et  Galvanoplastie. 
.  Embryogénie.  —  Sur  les  développements  pri- 
mitifs: formation  de  l'oeuf,  vésicule  ovi- 
gène  et  germinative,  condition  primor- 
diale de  la  duplicité  monstrueuse;  Mé- 
moires de  Al.  Saies. 10.24  et  109a    | 


P.g««. 
Embryogénie.  —    Sur  le  développement    des 

pétromyzons;  Nute  de  M.  Schullge 336 

—  Déclaration  de  M.  Duméril  à  l'occasion  de 
celte  communication 5io 

Encres  inoelerii.es.  —  Lettre  de  M.  Dubois...     69S 

—  Lettre  de  M.  le  Ministre  du  royaume  des 
Deux-Siciles,  concernant  une  encre  com- 
posée par  M.  T.  Angelli 1220 

Épigékies.  —  Sur  la  production  artificielle  et 
par  voie  humide  de  l'argent  chloruré,  et 
sur  diverses  épigénies  par  réduction 
d'oxyde  ou  de  sels  métalliques  naturels; 
Note  de  M.  Kuhlmann 3j4' 

Épizooties.  —  Fièvre  typhoïde  détruisant  la 
plus  grande  partie  des  lièvres  d'un  parc  ; 
Note  de  M.  A.  Becquerel ,  présentée  par 
M.  Moquin-Tandon 312 

Errata. —  Page  340,  ligne  7,  au  lieu  de  Guil- 
lon,  lisez  Guyon.  Voir  aussi  aux  pages  120, 

_       3<>4,  463,  524,  747,  i"7*  1144  et  1227. 

Éthérification.  —  Sur  l'huile  douce  du  vin  et 
sur  les  produits  secondaires  qui  prennent 
naissance  à  la  suite  de  réiherificalion  ; 
Mémoire  de  M.  Blondeau 44° 

—  Faits  pour  servir  à  l'histoire  de  l'élhérifica- 
tion;  Mémoire  de  M.  A.Rernoso.     686  et  1070 

—  Considérations  générales  sur  la  constitu- 
tion des  alcools  et  des  éthers;  par  M.  Ch. 
Blondeau 88» 


Farines.  —   De  l'examen  des  farines  et   des 

pains  ;  Note  de  M.  itiVot 633 

Fécule.  —  Sur  les  produits  de  la  transforma- 
tion de  la  fécule  et  du  ligneux  sous  l'in- 
fluence des  alcalis,  du  chlorure  dp  zinc  et 
des  acides;  Mémoire  de  M.  Béchamp....   1210 

Fer  (Composés  du).  —  Rapport  sur  un  Mémoire 
de  M.  Pean  de  Saint-Gilles,  concernant  les 
hydrates  m  acétates  ferriques;  Rapporteur 
M.  Thenard    3l 

Fermentation  vineuse  —  Sur  la  chaleur  et  la 
force  mécanique  produites  par  la  fermen- 
tation vineuse;  Note  de  M.  Dubrunfaut..     gj5 

Fluorures.  —  Note  de  M.  Pttheki,  concernant 
les  résultats  auxquels  il  est  ai  rivé  en  ré- 
pétant des  expériences  de  M.  Fremy  sur 
les  flurrures II75 

Forages.  —  Sur  le  forage  artésien  pratiqué  à 
Passy  par  M.  Kind;  Note  de  M.  Al- 
phand , 332 

—  Remarques  de  M.  Éliede  Beaumont  à  l'oc- 
casion de  cette  communication 336 

Forestière  (Propriété).  —  Mémoire  sur  la  si- 


tuation   de    la    propriété    forestière    en 

France;  par  M.  Becquerel  (fuite) |85 

Fossiles  (Restes  orcaniques).  —  Communica- 
tion de  M.  Geoffroy  Saint- Hilaire  à  l'oc- 
casion de  la  présentation  d'un  nouvel  œuf 
d'Epyornis 3»5 

—  Sur  l'exploitation  du  gllc  fossilifère  de  Pi- 

kermi  (  Allique);  par  M.  Gaudry 291 

—  Observations  sur   le  Pecten   glaber;    par 

M.  d  llombres- Fumas   612  et     874 

—  Description   d'un    nouveau    genre    de  co- 

quilles bivalves  fossiles  provenant  de  la 
grande  oolithe  du  département  du  Calva- 
dos; par  M.  Eudes  Drslongchamps 719 

—  Coiispectus  de  la  faune  fossile  du  Brésil; 

par  M .  Bravard 885 

Frottement. — Du  frottement  considéré  comme 
cause  de  mouvements  vibratoires;  Mé- 
moire de  M.  Duhamel 9j3 

Fumiers.  —  Expériences  sur  la  putréfaction  et 

sur  la  forma  lien  des  fumiers;  par  M.  Reiset.       53 

—  Sur  la  préparation  et  la  conservation  des 

fumiers;  Note  de  M.  Brame «o65 


(  Ia9'  ) 


Pago 

GAlVA!«>r>USTi0CE.  —  M.  Babinet  présente  des 
bronze»  en  ronde  bosse  obtenus  pur  M .  Le- 
noir  au  moyen  delà  galvanoplio-lique.. . .     a63 

»■  Rapport  sur  les  procèdes  au  moyen  des- 
quels M.  Lenoir  a  obtenu  ces  brome»; 
Rappoiteur  M.  Becquerel. .     4'5,  4'(>  et     618 

—  Réclamations  adressées   à  l'occasion  de  ce 

Rapport,  par  M.  Guerton  cl  par  M.  Zier. 
41/2)  5i  1  et    5ia 

—  M.  Becquerel  dépose  le  Mémoire  dan»  le- 

quel M .  Lenoir  a  décrit  ses  procédés 621 

—  Applications  électro-métalliques; commu- 

nications de  M.  Oudry 1 1 44  et  1174 

Garance.  —  Sur  un  fait  relatif  à  la  culture  de 

la  garance;  Note  de   M.  de  Gasparin  ...     8i3 

—  Sur  l'huile  essentielle  contenue  dans  l'al- 

cool de  garance;    Note  de  M.   Jeanjean..     85^ 

—  Remarques  de  M.  Biol  à  l'occasion  Je  cotte 

communication 85y 

Gaz.  —  Expériences  sur  la  durée  comparative 
de  l'écoulement  des  gaz;  par  M.  £.  Bau- 

drimont 398 

Géographie.  —  Détermination  de  la  latitude 
par  les  azimuts  extrêmes-  de  deux  étoiles 
circompolaires;    Note  do  M.   Babinet   . .  6 

—  Solution  trigonométrique  de  la  méthode  de 

M.  Babinet  pour  la  détermination  des  la- 
titudes ;  Note  de  M.  Housel io3 

—  Sur  le  calcul  de  la  latitude  par  la  méthode 

de  M.  liabinet;  Note  de  M.  Catalan 287 

—  Sur  la  résolution  des  équation»  auxquelles 

donne  lieu  la  méthode  de  M.  Babinet  pour 
la  détermination  des  latitudes;  Note  de 
M .  Tissot lbid. 

—  Sur  la  position  géographique  de  quelque» 

lieux  dans  le   sud  de  l'Algérie;  Note  de 

M.  GoeUe 3gg 

—  Altitudes  de  ces  stations  déterminées  par 

les  hauteurs  comparées  du  baromètre; 
Note  de  M.  Benou 45a 

—  M.  Daussy  présente  la  Table  des  positions 

géographiques  des  principaux  lieux  du 
globe  extraite  de  la  «  Connaissance  de» 
Temps  pour  i858  » 818 

—  M.  l'Amiral  du  Petit-Thouars  présente,  au 

nom  de  l'auteur  M.  le  capitaine  Bclcher, 
la  Relation  de  l'expédition  faite  sous  son 
commandement  à  la  recherche  du  capi- 
taine Franklin ia57 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom 

de  l'auteur  M.  Miniscalcki  Erizzo,  une 
Histoire  des  découvertes  dans  le»  région» 
arctiques lbid. 

—  Feuilles  de  la  carte  de  la  Prusse  Rhénane 


P«50«. 
de  M.  dé  Dechen,  présentées  par  M.  Élie 
de  Beaumont.  . . .. loo 

Géographie.  —  Carte  de  l'Ile  de  Suez,    par 

M.  de  Lesseps;  présentée  par  M.  Jumard.       4^ 

Géolocie.  —  Do  la  formation  et  de  la  réparti- 
tion des  relief»  terrestres  ;  Mémoire»  de 
M.  de  Franco 378,  535  et  Io54 

—  Etudes  sur  l'orographie  et  sur  la  constitu- 

tion géologique  du  Chili;  recherche»  sur 
les  systèmes  de  soulèvement  de  l'Amé- 
rique du  Sud  ;  par  M.  Pissis 3ç)I 

—  Notice  minéralo<»iqiie  sur  le  cercle  de  La- 

ghotiat;  par  M.  Ville 3c/5 

—  Sur  le  gisement,  l'âge  et  le  mode  de  for- 

mation des  terrains  a  meulières  du  bassin 

de  Paris  ;  Note  de  M.  Meugy 6a8 

—  Du  terrain  jurassique  dans  le»  Pyrénées 

françaises  ;  Mémoire  de  M.  Lcymerie . . . .     730 

—  Note  sur  la  carte  géologique  du  départe- 

ment des  Vosges;  par  M.  de  Billy g63 

•—  Sur  les  alluvions  des  fleuves  dans  le  bassin 
de  la  Méditerranée,  et  notamment  sur  les 
alterrissements   du   Rhône;   Mémoire  de 

M.  Texier II 56 

— •  Sur  la  géologie  de  l'isthme  de  Suez;  Mé- 
moire de  M.  Renaud Il63 

—  Recherches  sur  les  produits  des  volcans  de 

l'Italie  méridionale;  par  M.  Ch.  Sainte- 
Claire  Deville 1167 

—  Mémoires  et  Notes   de  M.  Schroeder   sur 

la  rotation  souterraine  delà  masse  ignée 
du  globe  terrestre,  ses  causes  et  ses  con- 
séquences      55i,  1073,  ii8jet  W74 

—  M.  Éliede  Beaumor.t  appelle  l'attention  sur 

un  ouvrage  de  M.J.  Barande,  intitulé: 
«  Parallèle  entre  les  dépôts  siluriens  de 
Bohême  et  de  Scandinavie  » 639 

—  M.  Élie  de  Beaumont,  en   présentant  le 

VIe  volume  de  «  l'Histoire  des  Progrès  de 
la  Géologie  depuis  i834»>  Par  M.  d'Ar- 
chiac ,  et  le  V"  volume,  "ie  partie,  dos 
Mémoires  de  la  Société  Géologique  de 
France,  donne  une  idée  du  contenu  de  ces 
deux  volumes 953 

—  M.  Élie  de  Beaumont  présente,  au  nom  de 

MM.   Murchison  et  JSicol ,  un  exemplaire 

de  leur  carte  géologique  de  l'Europe I06S 

Voir  aussi  l'article  Minéralogie. 
Géouétkie.  —  Note  sur  la  théorie  des  paral- 
lèles ;  par  M .  Vincent 1 107 

—  Remarque  de  M.   Chasles  à   l'occasion  de 

celte  communication ii5.|Ct   1240 

—  M.  Poinsot  déclare  qu'il  approuve  les  ob- 

servation» présentées  par  M.  Chasles... .  Il54 

169.. 


(  i*9 


Pages • 
Géométrie.  —  M.  Le  Verrier  est  d'avis  que  les 
priwipes  qui  ont  donné  lieu  à   ce  débat 
ne   peuvent  être  recommandés  pour  l'en- 
seignement     Ii55 

—  Réponses   de  M.    Vincent    aux    remarques 

faites  sur  sa  Note. ii55,   iq38  et  12^0 

—  Remarques    adressées  par    M.  Terquem  à 

l'occasion  de  la  même   communication..    133} 

—  Noie   sur    la    mesure  des  triangles;   par 

M    Ch.  Bailly 117 

—  Nouvelles  sol. liions  de  quelques  problè- 

mes de  géométrie  élémentaire;  par  le 
même 1219 

—  Nolede  M.  l'abbé  liondon,  ayant  pour  titre  : 

n  Les  neuf  partages  égaux  de  la  surface  de 
la  sphère».  — Lettres  relatives  à  cette 
communication ?.\~,  toi   et     \\-<. 

—  Note  sur  une  construction  graphique  par 

laquelle  on  obtient  directement,  à  une 
très-petite  fraction  près,  le  côté  du  carré 
équivalent  à  un  cercle  donné;  Note  de 
M.  Willich 3g8 

—  Sur  la  mesure  des  surfaces  paraboliques  et 

autres  surfaces  à  périmètre  curviligne; 
Mémoires  de  M.  Sasku 117  et     729 

—  Résolution  numérique  de  divers  problèmes 

de  géométrie   et  de  trigonométrie;   par 

M.  O.  Gianotti 855 

—  Lettre  concernant  la  mesure  des  solides  à 

formes  géométriques  ;  par  M.  Duhamel  (de 

la  Charente-Inférieure) 866 

—  «Construction  générale  de  tous  les  poly- 

gones réguliers,  avec  la  génération  des 
voûtes  ogivales  qui  en  découle»;  commu- 
nication de  M.  de  Robiano ' l'2'i\ 

Géométrie  analytique Démonstration  géo- 

métiique  de  quelques  théorèmes  de 
M.  Gauss;  Note  de  M.  i.  Bertrand. .. 
io83  et  1239 

—  Sur    les    trajectoires    orthogonales    d'une 

sphère  mobile.  —  Sur  les  surfaces  dont 
les  1 11; ues  de  Tune  des  courbures  sont 
spheriques;  Notes  de  M.  Serret,      io5  et     109 


i    )         . 

Géométrie  analytique.—  Snr  les  surface*  pour 
lesquelles  la  somme  des  deux  principaux 
rayons  de  courbure  est  épale  au  double 
de  la  normale;   Note  de  M  .  O.  Bonnet .  .     no 

—  Sur  les  surfacesdont  les  lignes  de  l'une  des 

courbures  sont  spheriques.  —  Sur  les  sur- 
faces dont  les  lignes  de  l'une  des  courbu- 
res sont  planes;  No.es  de  V. Serret,  tijoct     ig4 

—  Note  sur  un  genre  particulier  de  surfaces 

réciproques;  par  M.  O.  Bonnet ^85 

—  Nouvelles  remarques  sur  les  surfacesà  aire 

minima;  pai  le  même. 533 

—  Sur   la    théorie   geoméirique  des   lignes  à 

double  courbure;  Mémoire  de  M.  Serret.     933 

—  Sur  les  surfaces  dont  toutes  les  lignes  de 

courbure  sont  planes;  INotedeM.  Bonnet.   1067 

—  Note  sur  la  courbure  géodésique;  par  le 

même 1137 

Glucose.  —  Sur  la  rotation  variable  du  glu- 
cose mamelonnéde  raisin;  Nolede  M.  Du- 

brunfaut ; 73q 

Voir  aussi  au  mot  Sucres, 
Gras   (Coups).  —  Sur  la  saponification    des 
corps  gras  par  les  oxydes  anhydres  ;  Note 
de  M.  Pelouse 1081 

—  Emploi  du  sulfure  de  carbone  pour  l'ex- 

traction du  suif  des  os  et  de  l'huile  des 
graines  oléagineuses,  et  pour  le  dégrais- 
sage des  laines  ;  Mémoire  de  M.  Deiss.  . .     307 

—  Mémoire  intitulé  :  «  De  la  faculté  assimi- 

lalrice  des  corps  gras  »;  par  M.  Bcrthè. . .     890 

Gravure  obtenue  par  l'inlermediaire  de  l'ac- 
tion photographique.  Voir  au  mot  Photo- 
graphie. 

Gravure  naturelle,  procédé  employé  à  l'Im- 
primerie impériale  de  Vienne  pour  l'At- 
las de  la  Flore  autrichienne;  Lettre  de 
M.Auer accompagnant  l'envoi  de  cet  Alla».  1221 

Guano  —  Mémoire  sur  le  guano  des  lies  de 
Chincha  et  les  oiseaux  qui  le  produisent; 
par  M.  Baimondi 7Î5 

Gïroscope.  —  Note  de  M.  /.  Bertrand  sur  le 

gyroscope  de  M.  Foucault 1021 


H 


Histoire  des  sciences.  —  M.  Biot  annonce  la 
réimpression  du  Commercium  epistolicum 
et  de  ses  annexes,  livre  qu'il  publie  avec 
la  collaboration  de  M.  Leforl 6o5 

—  M.    le   Minisire    de    l'Instruction    publique 

adresse,  pour  la  bibliothèque  de  l'Insti- 
tut, un  exemplaire  dû  celle  nouvelle  edi- 

tion 997 

—  Sur  un  passage  de  Proclus  indiqué  comme 

se   rapportant    aux    ponsmes;    Note  de 

M.  Breton,  de  Champ .j'10 


Histoire  des  sciences. — Sur  le  nom  de  Pléiades 
appliqué  parfois  à  la  constellation  de  la 
grande  Ourse  ;  Note  de  M.  de  Paravey. . .     3oo 

—  Remarques  sur  l'origine  ancienne  du  nom 
par  lequel  on  désignait  au  siècle  dernier, 
dans  lesPyrénée»,   les  tailles  employées 
comme  registres  pour   la  perception  de 
certains  impôts  ;  par  le  même. 107 3 

Huiles.—  Sur  les  huiles  employées  à  la  fabri- 
cation du  rouge  turc;  Nolede  M.  Velouté.   1 196 

Hciles  essentielles.  —  Sur  la  production  ar- 


(  9 

P*$f. 

tilicielle  de  l'essence  de  cani  elle  ;  Noie  de 

M.  Cli-oss* 223 

Huiles  essentielles.  —  Effets  de  l'inhalation 
do  l'es»*,!)**  de  térébenthine  ;  Note  de 
M.  Lelellier 243 

—  Sur  l'huile  essentielle  contenue  dans  l'al- 

cool d«  garance;  Note  de  M.  Jeanjean. .      85j 

—  Remarques  de  M.  Biol  à  l'occasion  de  celte 

communication 85g 

Hydrauliques  (  Moteurs). —  Des  turbines  eulë- 
riennes  et  du  parti  qu'on  en  peut  tirer; 
ÎNote  de  M.  Ordinaire  de  Lacolonge 1071 

—  Mole  de  M.  l'abbé  Basiaco  sur  un  moteur 

hydraulique  de  son  invention S54 

—  Lettre  de  M.  Mazeran,  concernant  i.n  mo- 

teur hydraulique  de  son  invention 357 


0») 

Hydrauliques  (  Moteurs  ). —  M.  Thomas  est  au- 
torisa à  reprendre  une  précédente  Note 
sur  des  roues  hydrauliques  et  autres  mo- 
teurs de  son  invention. tjio 

Hydrauliques  (Ciments).  Voir  au  mot  Ciments. 

HydrograI'Uie.  —  Carte  hydrographique  sou- 
terraine de  la  ville  de  Paris  ;  communica- 
tion de  M.-Delesse 1207 

Hygiène  —  Falsification  des  vins  par  l'alun  : 
caractères   chimiques  que  présentent  les, 
vins  rouges  dans   lesquels  on  a  introduit 
une  petite  quantité  de  ce  sel;  Note  de 
M.  Lassaigne. 4 10 

—  Sur  des  appareils  et  procédés  nouveau! 
pour  le  blanchissage  à.  la  vapeur  libre  et 
sans  pression  ;  Mémoire  de  M"le  Charles.     586 


Incendies.  —  Documents  adressés  par  M.  Du- 
jardin,  de  Lille,  concernant  l'emploi  de 
la  vapeur  d'eau  pour  éteindre  les  incen- 
dies         37 

—  Sur  la  question  de  possibilité  d'une  com- 

bustion spontanée  dans  du  foin  en  balles 
pressées.  (Rapport  fait  en  réponse  à  une 
question  posée  par  M.  le  Ministre  de  la 

Guerre  ;  Rapporteur  M.  Marin) 34 

Inondations.  —  Moyens  de  forcer  les  torrents 
des  montagnes  de  rendre  à  l'agriculture 
nno  partie  du  sol  qu'ils  ravagent;  Mé- 
moire de  M..  Bojei ggi 

—  Note  sur  la  grande  inondation  de  la  Loire; 

par  le  même 1204 

—  Note  sur  le  lac  de  Genève,  à  l'occasion  des 

inondations  de  la  vallée  du   Rhône;  par 

M. Vallée 1140 

—  Note  sur  la  réserve  du  lac  de  Genève  ;   par 

le  même 1181 

—  Note     relative     aux      inondations  ;     par 

M .    Dausse 124' 

—  Relation     entre    les     inondations    de    la 

France  et  le  siroco  d'Afrique;   Lettre  de 

M.  Foire 1143 

—  Sur  les  moyens  de  prévenir  le  retour  des 

grandes  eaux;  Lettre  de  M.  Darlu..  . . . .    1 1  ^3 

—  Emploi   de  la    chaux    pour    dessécher   et 


assainir    les    lieux     inondés  ;    Nota   de 

M.  Moride 1  3j3 

Inondations. —  Etablissement  de  canaux  d'in- 
filtratious,  moyen  proposé  comme  pou- 
vant contribuer  à  diminuer  la  violence 
de»  inondations;  Note  de  M.  Lavallée...    Ibid. 

—  Sur  les  moyens  employés  dans  les  Pays-Ras 

pour  combattre  les  inondations  ;  Note  de 

M.  de  Paravey 1273 

Inhline.  —  Note  sur  l'inuline;  par  M.  Vubrun- 

faut 8o3 

—  M.  l'hipson,  à  l'occasion  de  celte  commu- 

nication, rappelle  ce  qu'il  a  publié  d'a- 
nalogue dans  un  ouvrage  récent  sur  la 
fécule  et  sur  les  substances  qui  peuvent  la 

remplacer  pour  l'industrie £65 

Istiiue  DE  Suez.  —  M.  Ferd.  de  Lesseps  adresse 
uue  série  d'échantillons  provenant  des 
sondages  exécutés  dans  l'isthme,  et  diver- 
ses pièces  manuscrites,  cartes  et  plans, 
concernant  le  canal  projeté  entre  Suez  et 
Peluse u63 

—  M.  Ferd  de  Lesseps  fait  hommage  à  l'Aca- 

démie d'un  ouvrage  en  deux  volumes  in- 
titulé :  «  Percement  de  l'isthme  de  Suez  ».   1357 

—  Mémoire  sur  la  constitution  géologique  de 

l'isthme  de  Suez  ;  par  M.  Renaud 116J 


Lait.  —  Lettre  de  M.  Labourdetle,  concer- 
nant un  moyen  destine  à  rendre  médica- 
menteux le  lait  ile<  ruminants  sans  nuire 
à  la  santé  des  animaux 597 


Legs  Bf.éant. —  L'Académie  a  reçu  et  renvoyé 
à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine, 
constituée  en  Commission  spéciale,  des 
communications  sur  le   cholera-morbus 


adressées  par  les  auteurs  dont  les  noms 
suivent:  MM.  Sabbatini,  Erssartier,  Gi- 
rard de  Vallonné  ,  Onèsime  Simon  ,  Be- 
rrtli,  Delfrayssè,  Cadet,  Tironi ,  Leveau  , 
l'abbé  Carmentrez,  Hansotte,  Bourdon, 
Beauperlbuy,  Millière,  Baleguer,Compingt, 
Baglian,  Poggioli,   Leveau,  Pu  jade   (écrit 

par  erreur  Poujade) ,  Valadier. 

23,  62,  89,  210,  344,  5 12,  552,  637,  692, 

797»  8<A  <fôl>  997-  io74»   Il32>  "75  et 
LiCNEtx.  —  Sur  les  produits  de  la  transforma- 


(    «94    ) 

Page». 


1256 


P»J».. 


tion  de  la  fécnle  et  du  ligneux  sons  l'in- 
fluence des  alcalis,  du  chlorure  de  zinc 
et  des  acides;  Mémoire  de  M.  Béchamp. .    uio 

Lits  d'hôpitaux  et  de  casernes. —  Nouveau  sys- 
tème de  literie  proposé  par  M    Gariel. .  .      586 

Longévité.  Voir  l'article  Anthropologie. 

LiTMiÈr.E.  Voir  les  articles  Optique  et  Vision, 

Lune.  —  Lettre  du  P.  Secchi,  accompagnant 
l'envoi  d'une  image  photographique  du 
groupe  annulaire  de  montagnes  de  la  lune 
designé  sous  le  nom  de  Copernic g5$ 


M 


Machines  avapevr.  —  Note  do  M.  Lemonnier 
de  la  Chennaye,  relative  à  une  machine  à 
vapeur  construite  par  M.  Sauvage,  ma- 
chine dont  la  chaudière  est  entretenue 
par  l'eau  résultant  de  la  condensation  de 
la  vapeur "6 

—  Note  de  M.  Jobard  sur   l'explosion  fou- 

droyante survenue  à  Gand,  le  ijmai  i856.  ioi5 
Magnétisme  terrestre.  —  Communication  de 
M.  te  Verrier,  relative  à  un  travail  do 
MM.  Goujon  et  Liais  pour  la  détermina- 
tion des  éléments  magnétiques  a  l'Obser- 
vatoire  impérial  de  Paris 74 

—  IN'ole  sur  quatre  observations  de  la  décli- 

naison magnétique  faites  à  Paris  en  18Î4, 
sur  le  contour  de  l'enceinte  continue: 
comparaison  de  ces  observation»  avec  dif- 
férentes déclinaisons  mesurées  en  1 855  à 
l'Observatoire  impérial;  Mémoire  de 
M.  Laugier,  première  partie 1^3 

—  Remarques   de   M.  Le  Verrier  à  l'occasion 

de  cette  communication a5o 

■»  Réponse  de  M.  Laugier 257 

Deuxième  partie  du  Mémoire  de  M.  Lau- 
gier (Observations  de  la  déclinaison  ma- 
gnétique faites  à  Paris  en  i8j4) 3o5 

—  Remarques  de  M .  Le  Verrier  à  l'occasion 

de  cette  dernière  communication 3io 

—  Sur  le  changement  qu'éprouve  la  boussole 

dans  sa  direction  lorsqu'on  la  transporto 
d'un  point  à  un  autre  de  l'Observatoire 
impérial  de  Paris;  Mémoire  de  M.  Le 
Verrier 36l 

—  Remarques  faites,  à  l'occasion  delà  précé- 

dente communication,  par  M.  Mathieu,  en 
l'absence  de  M.  Laugier 365 

—  Résultats  obtenus  au  moyen  d'instruments 

magnétiques  enregistreurs  établis  à  l'Ob- 
servatoire impérial,  par  M.  Liais;  com- 
munication de  M.  Le  Verrier 749 

—  Etat  actuel   des  éléments  du  magnétisme 

terrestre  à  Paris  et  dans  ses  environs;  par 
Mahmoud-Ej/endi go5 


Magnétisme  terrestre.—  Observations  de  l'ai- 
guille aimantée  ;  Lettre  de  M.  d'Âbbadie 
à  M.  Élie  de  Beaxmont 61s 

—  Sur  un  aimant  temporaire  obtenu  au  moyen 

de  la  seule  action  du  magnétisme  ter- 
restre ;   Note  de  M.  Giardini   3^3 

Manganèse  (Composé  dc).  —  Recherches  sur 
les  oxydes  et  acides  dc  manganèse ,  les 
manganates  et  hypermanganales  ;  Mé- 
moire de  M.  P.  Thenard 38a 

Marées.  —  Sur  le  mouvement  des  diverses 
ondes  dont  se  compose  la  marée;  Lettre 
de  M.  Chazallon  à  M.  Elie  de  Reaumont.     g66 

—  M.  Elie  de  Beaumont  signale  à  cette  occa- 

sion, parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
correspondance,  un  Mémoire  de  M.  Sa- 
muel Haughton  sur  les  marées  diurnes, 
lunaires  et  solaires,  observées  sur  les 
côtes  de  l'Irlande 968 

Mécanique.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de 
M.  l'hillips,  concernant  le  calcul  de  la  ré- 
sistance des  solides  prismatiques  soumis 
&  l'action  d'une  charge  en  mouvement; 
Rapporteur  M.  Combes • 3î5 

Mécanique  analytique.  —  Expression  remar- 
quable de  la  quantité  qui,  dans  le  mou- 
vement d'un  système  de  points  matériels 
à  liaisons  quelconques,  est  un  minimum 
en  vertu  du  principe  de  la  moindre  ac- 
tion ;  Mémoire  de  M.  Liouville 1146 

—  Noie  sur  lo  gyroscope  de  M.  Foucault;  par 

M.  /.  Bertrand I03J 

—  M.  Delaunay,  en  présentant  un  exemplaire 

du  Traité  de  Mécanique  rationnelle  qu'il 
vientde  publier,  fait  connaître  le  but  qu'il 

s'est  proposé  en  écrivant  cet  ouvrage 349 

•    Sur  le  calcul  de  l'effet  des  machines  ;  Note 

de  M.  Burdin 9 

—  Mémoire  sur  les  mouvements  relatifs  ;  par 

M.  Bour 383 

—  Note    sur    les   mouvements   lelatifs;   par 

M.  Quct 5tfl 

—  Des  lois  de  la  résistance  de  l'air  sur  les 


(  i295  ) 


P«6«s . 
projectiles   animes   de  grandes  vitesses; 

Mémoire  du  M.  Didion 10 \8 

Mécanique  céleste.  —  Sur  le  mouvement  de 
la  terre  autour  de  son  centre  de  gravité; 
Mémoire  de  M.  lullien aa 

—  Sur  le  développement  de  la  fonction  per- 

turbatrice; Mémoire  de  M.  Bourget.  53oel  io5g 

—  Note  sur  la  condition  de  convergence  des 

séries  qui  se  présentent  dans  la  théorie 
du  mouvement  elliptique  des  planètes; 
Mémoire  de  M.  J.-A.  Serret u34 

—  Suite  des  recherches  sur  les  grandes  per- 

turbations du  système  solaire;  par  le 
mAne ia5i 

Médaille  frappée  en  l'honneur  de  Gauss.  — 
Lettre  de  M.  le  Minisire  de  l'instruction 
publique  et  Lettre  de  la  Société  royale  des 
Sciences  de  Gœttingue,  relativement  à 
cette  médaille 89,4 

Médecine.  —  Lettre  de  MM.  Bourguignon  et 
Deta/ànd,  concernant  leur  travail  sur  la 
pathologie  comparée  de  la  gale 6t 

—  Lettre  de  M.  Raciborski,  accompagnant  l'en- 

voi de  son  ouvrage  sur  la  menstruation..  Ibid. 

—  Mémoire  sur  l'ulcère  simple  de  l'estomac  ; 

par  M .  Cruveilhicr Si  et    421 

—  Recherches  expérimentales  sur  la  produc- 

tion d'une  affection  convulsive  épilepli- 
forme,  à  la  suite  de  lésions  de  la  moelle 
épinière;  Note  de  M.  Brown-Séquaid.,  86 
— »  Emploi  des  vapeurs  d'acide  sulfureux 
contre  la  teigne  faveuse  de  l'homme  et 
contre  la  muscardinc  des  vers  à  soie; 
Notede  M.  Grun a38 

—  Sur  la  curabilité  de  la  phthisie  ;   Mémoire 

do  M.  Kœnig 345 

—  Empoisonnements  causés   dans    les   pays 

tropicaux  parla chairde certains  poissons  ; 
Note  de  M.  Guyon ,* 340 

—  Sur  les  symptômes  cl  le  traitement  du  co- 

ryza des  nouveau-nés  ;  Noie  do  M.  Bou- 
chut 354 

—  Action  du  levain   de   bière  sur  un  diabé- 

tique; Note  de  M.  E.  Baudrimont 355 

—  Essai    sur    la    médecine   préventive;   par  • 

M.  Rochat 540 

—  Histoire  de  diverses  épidémies  qui  ont  ré- 

gné en  i855  dans  quelques  communes  de 
l'arrondissement  de  \illefranche;  par 
M.  Mai  tin   Duel  aux 6g3 

—  Observations  concernant  des  cas  de  rhuma- 

tisme et  de  sciatique  ,  recueillies  à  la  cli- 
nique de  l'hôpital  de  la  Charité ,  par 
M .  l'oggioti 72g 

—  Lettres  de  M.  Compingt,  concernant  un  re- 

mède de  son  invention  pour  le  traitement 

des  dartres 745,  8o,3  et  1074 


P«g«. 


Médecine.  —  Traité  de  l'angine  de  poitrine, 
d'après  la  découverte  de  son  siège  orga- 
nique;  Mémoire  de  M.  Massart 797 

—  Lettre  de  M.  Niepce,  concernant  un  médi- 

cament qu'il  emploie  contre  le  goitre.. . .     865 

—  Théorie  de  la  phthisie;  par  M.  Billiard..     885 

—  De  l'emploi  do  l'acide  arsénicux  dans  les 

congestions  apoplectiques  ;  par  M.  La~ 
marre-l'icquol 89» 

—  De  l'eflficacilé  du  brome  dans  le  traitement 

désaffections  pseudo-membraneuses;  Mé- 
moire de  M.  Ozanam 1013 

—  Etude    sur     le   typhus   de    Crimée;     par 

M.Baudens Io43 

—  Cas  de  typhus  observés  chez  des  soldats  re- 

venant de  Crimée  ;  Lettre  de  M.  Garcin.   1171 

—  Sur   l'emploi  du  froid  pour  produire  l'a- 

neslhésiede  la  langue;  Notede  M.  Guyot.  i>43 

—  Ouvrages,  manuscrits  ou  imprimés  présen- 

tés au  concours  Montyon:  analyses  en- 
voyées par  les  auteurs  dont  les  noms  sui- 
vent : 

—  M.  Beaupoil  ( Entéropalhie  métallique).,     aïo 

—  M.  Renault  (divers  Mémoires  de  médecine 

vétérinaire  et  de  physiologie) 587 

—  MM.    Marie,  Duplay  et   Verga   (diverses 

Recherches  d'anatomie  et  de  physiologie).  Ibid. 

—  M.  Knapp  (Scorbut  des  nourrices  ) 588 

—  M.  Fonssagrives  (Traité  d'hygiène  navale). 

588  et    810 

—  M.  Leroy,  d'Eliolles (Mémoires  relatifs  à  la 

lithotritie) 588 

—  M.  Godard  (Recherches  sur  les  monor- 

chides  et  les  cryptorchides  chez  l'homme).     637 

—  M.  Noua  (Sur  la  cicatrisation  des  artères 

à  la  suite  de  la  ligature) Ibid. 

—  M.  Herpin  (Du  chlorate  de  potasse  contre 

la  salivation  mercurielle) 638 

—  M.  Isambert    (Emploi    thérapeutique  du 

chlorate  de  potasse  ) 8g3 

—  M.  Schweitser  (Traité  de  galvanocaustlque 

de  M.  Middcldorpf) 638 

—  M.  Bertherand  (  Médecine  et  hygiène  des 

Arabes) 6g3 

—  M.  Liégard  (Sujets  divers  de  médecine  et 

de  chirurgie  pratiques) 997  et  ll3l 

—  M.  Joire  (Circulation  chez  l'homme  et  cher 

certains  animaux) Ii3i  et  1319 

—  M.  Lcgrand(  Ablation  des  tumeurs  au  moyen 

des  caustiques  ) U73 

—  Boulu  (Traitement  des  adénites  cervicales 

par  l'électricité  localisée.) 1274 

Mesures  françaises  et  étrangères.  —  Lettre 
de  M.  J-.J.  Stuart,  concernant  des  Tables 
qui  donneraient  les  rapports  de  ces  me- 
sures entre  elles 865 

Métallurgie.  —  Mémoire  de  M.  Poumarède 
sur  le  traitement  des  minerais  argentt- 


(   Ia96  ) 

P   rrs 


fères;    transmis  par  M.    le   Ministre  (le 

l'Instruction  publique aGa 

Métaux.  —  M.  Thenard,  au  nom  de  la  Com- 
mission chargée  d'examiner  un  Mémoire 
de  M.  Ti/fereau,  ayant  pour  titre,  «  Les 
métaux  no  sont  pas  des  corps  simples  », 
déclare  que  ce  Mémoire  ne  sembl"  pas  de 
nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. . .      4?^ 

—  Lettre  de  M.  Tif/ereau  à  l'occasion  de  cette 

déclaration 5a3 

—  Etnd'-c  sur  la   production   artificielle  des 

minéraux  et  sur  les  conséquences  qui  en 
résultent  relativement  à  la  géologie  et 
spécialement  h  la  théorie  des  dépôts  mé- 
tallifères ;  Mémoire  de  M.  Durocner.. .  .     85o 

—  Aperçus  relatifs  à  la  théorie  des  gîtes  mé- 

tallifères ;  Mémoire  de  M.  Eournet 1097 

—  Remarques  sur  les  gîtes  métallifères  et  sur 

la  disposition  relative  des  cristaux  de 
quartz  et  de  feldspath  dans   les   roches 

granitiques  ;  Note  de  M.  Durocher 1331 

Météores  iimirEcx.  —  Sur  un  météore  observé 
au  Havre  le  7  janvier  i85fi  ;  Lettre  de 
M.  Lecadre Gl 

—  Observation    du  même  météore    à    Caen; 

Lettre    de    M.    Eudes    Dnlongchamps   à 

M.  Elie  de  Beanmont 78 

—  Sur  un  bolide  v-j   à  l'Observatoire  impé- 

rial de  l'aria  dans  la  soirée  du  3  février 
18M}  Note  de  M.  Dien   23r 

—  Observation  du  môme  bolide  faite,  égale- 

ment à  l'Observatoire  i'npérial  ,  par 
M.  Besse-Bergier  (communiquée  par  M.  Le 
Verrier) 279 

—  M.  Elie  de  Beaumont  communique  diver- 

ses Lettres  qui  lui  ont  été  adressées  con- 
cernant ce  même  bolide 281 

—  Sur  un  halo  lunaire  observé  en  Ukraine  ; 

deuxième  Note  de  M.  Ardrighetli aj3 

—  Bolide    observé  le  29  février    i85fi,    par 

M.  Saigey ;  Note  de  M.  Coulvier-Gravier.     4°4 

—  Mémoire   sur   les  aurores  polaires  ;     par 

M.  de  Lamotte-Tarehand 1256" 

Météorologie.  —  Note  sur  les  marronniers 
précoces  des  Tuileries  ;  par  M.  Elie  de 
Beaumont   • foi 

—  M.  Elie  de  Beaumont  met  sous  les  yeux  de 

l'Académie  des  branches  qui  ont  été 
rompues  par  l'action  du  vent  sur  les  ar- 
bres chargés  de.  verglas;  Notes  concer- 
nant ce  phénomène  par  M.  Champigny  et 
par  M.  Chantreau   274 

—  Résultats  obtenus  par  M.  Liais  au   moyen 

d'instruments  magnétiques  enregistreurs 
établis  à  l'Observatoire  impérial;  com- 
munication de  M.  Le  Verrier 7^9 

—  Sur    un    système    régulier   d'observations 

météorologique.!  établi  en  ï'runce  par  les 


H»S» 


soins  de  l'Administration  des  Télégra- 
phes et  de  l'Observatoire  impérial  de 
Paris  ;  communication  de  M.  Le  Verrier.  1039 
Météouolocie.  —  M.  Le  Verrier  annonce  que 
le  Bulletin  météorologique  des  divers 
points  de  la  France,  recueilli  p.ir  lit  voie, 
du  télégraphe,  se  publie  chaque  jour. .     1229 

—  Sur  les  tempêtes,  les  coups  de  vent  et   les 

orages  dans  la  partie  de  la  Méditer- 
ranée comprise  entre  les  côtes  de  France 
et  celles  de  l'Algérie;  Mémoire  de 
M.  Larligue ...    12.14 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente  des  ta- 

bleaux météorologiques  et  autres  docu- 
ments Fcientifiques  que  publie  l'Observa- 
toire météorologique  de  Lisbonne a3 

—  M.  Êliede  Beaumont,  en  présentant,  au  nom 

de  M.  Pouriau,  un  exemplaire  des  «Etu- 
des météorologiques  relatives  au  climat 
de  la  Saulsaie»,  donne  une  idée  des  con- 
séquences qui  se  déduisent  de  ces  obser- 
vations      63j) 

—  Observations    pluviomctriques  faites  à  la 

Havane  ;  par  M    Casûseca 6fo 

—  Sur  If.  quantité  de  pluie  tombée  à  Mont- 

pellier, du   11  au  20  mars   i856;  Note  de 

M.   Marlins 59} 

—  Sur  un    bruit  dans  les  airs  entendu,  sans 

cause  apparente,  à  Pau  et  dans  les  envi- 
rons; Lettre  de  M.  de  lajonquiere 356 

—  Sur  certaines  habitudes  des  araignées  en 

rapport  avec  l'étal  présent  ou   prochain 

de  l'atmosphère;  Note  de  M.  Caraguel  .. .     457 

—  Sur    la    possibilité    de     prévoir   quelque 

temps  a  l'avance  la  constitution  météoro- 
logique d'un  pays  à  une  époque  donnée; 
Lettres  de  M.  Korylski 1144  et   I2ï4 

—  Lettre  île  M.   Pons  sur  diverses  questions 

concernant  la  météorologie  et  la  physique 

du  globe.' 1274 

MÉTÉouotociguEs  (Obseiwatioss)  faites  à  l'Ob- 
servatoire impérial  de  Paris  pour 

Janvier  i856 748 

Février 812 

Mars 1 0S0 

Avril ngî 

Mai 1228 


Juin. 


1280 


—  Tableau  des  observations  recueillies  en  |8.Î5 

à  Constanlinople;  adressé  par  M.   Grel- 

lon 5s3 

—  Lettre  de  M.  Jomard,   en   adressant  un  ta- 

bleau des  courbes  représentant,  les  phéno- 
mènes de  l'atmosphère  dans  l'océan  At- 
lantique, tableau  dressé  par  M.  Maury,  de 
l'observatoire  de  Washington 5  jt 

—  Observations  météorologiques  faites  à  Nan- 

tes pendant  l'année  l8">5  ;  par  M.  Huette.   il'.  \ 


(  M 

Pag.-.. 

Minéralogie.  —  Sur  diverses  épigénies  par  ré- 
duction d'oxydes  ou  de  sels  naturels;  Note 
de  M .  Kuhlmann 3^4 

—  Notice  minéralogique  sur  le  cercle  de  La- 

;;houal  ;  par  M.  Ville 396 

—  Sur  la  présence  de  zircons  dans  les  sables 

tertiaires  (le  Saurcl;  Note  de  J\3.  Marcel 

de  Serres .'  .     4^4 

Minéraux  (Phodcction  artificielle  des). — 
Etudes  sur  la  production  artificielle  des 
minéraux  et  sur  les  conséquences  qui  en 
résultent  pour  la  géologie  ;  Mémoire  de 
M.  Durocher S5o 

Moti  it.s.  —  Etudes  sur  l'emploi  des  appareils 
d'induction  :  effets  des  machines  multi- 
ples ;  Note  de  M.  Foucault 21 5 

—  Addition  à  une  précédente  Note  sur  un 

moteur  électromagnétique  ;   par  M.  Mo- 

ror 855 


97  ) 


Puin 


Moteirs.  —  Moteur  à  air  comprime  et  di- 
laté 'par  la  Tapeur;  Note  et  Lettre  de 
M.  Tricaud 273  et   1 18N 

—  -(Sur  une  nouvelle  force  motrice  dont  l'em- 

ploi doit  conduire  à  la  suppression  des 
machines  à  vapeur  »  ;  Mémoire  adressé  au 
concours  pour  le  prix  de  Mécanique  et 
portant  le  nom  de  l'auteur  sous  pli  ca- 
cheté  • .     7^0 

—  Note  et  Lettre  de  M.  Roucart,  concernant 

un  moteur  de  son  invention  dans  lequel 
l'air  remplace  la  vapeur 865  et  107/1 

—  Mémoire    sur    un    nouveau   moteur  à  air 

chaud  ;  par  M.  Ai'rnier-Delagrêc Iofi5 

Voir  aussi  Partiels  Hydrauliques  (  Mo- 
leurs). 
Moi'VF.ment  perpétuel.  —  Lettre  do  M.  Man- 
chet. . 5a3 


Nitrates.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de 
M.  fille,  ayant  pour  litre  :  Quel  est  le 
rôle  des  nitrates  dans  l'économie  des 
plantes?  De  quelques  procédés  nouveaux 
pour  doser  l'azote  des  nitrates  en  pré- 
sence des  matières  organiques;  Rappor- 
teur M.  Pelouze 679 

Nominations  de  Membres  et  de  Correspondants 
de  l'Académie.  —  M.  Jobert,  de  Lamballe, 
est  nommé  Membre  de  l'Académie,  Sec- 
lion  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  en 
remplacement  de  M.  Magendie 578 

—  M.  Bertrand  est  nommé  Membre  do  l'Aca- 

démie, Section  de  Géométrie,  en  rempla- 
cement de  M.  Slurm 786 

—  M.  Gar  (Claude)  est  nommé   Membre   de 


l'Académie.    Section    de    Botanique,    en 

remplacement  de  M.  de  Mirbel i)3' 

Nominations. —  M.  Guron  est  nommé  Corres- 
pondant pour  la  Section  de  Médecine  etde 
Chirurgie,enremplacementdeM.iVttnW/e.    .178 

—  M.  Osirogradsti  est  nommé  Correspondant 

pour  la  Section  de  Géométrie,  en  rempla- 
cement de  M.  Lejeune-Dirichlct,  devenu 
Associé  étranger  de  l'Académie 4'6 

—  M.  l'Amiral  de  PFrangell  est  nommé  Cor- 

respondant pour  la  Section  de  Géographie 
et  Navigation,  en  remplacement  du  capi- 
taine Parry 5io  et     618 

—  M.  Gerhardt  est  nommé  Correspondant  de 

l'Académie,  Section  de  Chimie,  en  rem- 
placement de  M.  Rraconnot 725  et     718 


o 


Œil.  —  Appareil  de  l'adaptation  de  l'oeil 
chez,  les  oiseaux,  les  principaux  mammifè- 
res et  l'homme;  Mémoire  de  M.  Rouget.     937 

—  M.  de  Quatre/ages  mentionne  à  cette  occa- 

sion  les   observations    de    M.   Dujardin, 
concernant  un  appareil  d'adaptation  pour         , 
les  yeux  des  insectes 9.^1 

—  Remarques  de  M.  Jobard  a  l'occasion   du 

même  Mémoire 1072 

—  Réclamation   de   priorité  adressée,  égale- 

ment  à   l'occasion   de  la  communication 

de  M.  Rouget,  par  M.  H.  Muller 121S 

—  Etude    de    l'œil   sur   le    vivant;   Note  de 

M.  ÏVnller Il85 

C.  t!.,  iS5(i,  i«  Semestre.  (T.  XI.II.j) 


OEufs.  —  Sur  les  œufs  à  plusieurs  jaunes 
contenus  dans  la  même  coque;  Note  de 
M.  Valenciennes 3 

Optique.  —  Recherches  sur  la  double  réfrac- 
tion ;  Note  de  M.  de  Senarmont 65 

—  Description  d'un  nouvel  appareil  de  re- 

cherches  fondé    sur    les    interférences; 
Note  de  M.  famln ^Sl 

—  Isomorphisme  entre  des  corps   isomères, 

les  uns  actifs,  les  autres  inactifs  surla  lu- 
mière polarisée  ;  Note  do  M.  Pasteur 12^9 

—  Sur  les  conditions  auxquelles  il  faut  satis- 

faire dans  la  construction  des  appareils 
optiques  pour  obtenir  des  images  exemp- 

170 


(  • 

l'aï". 

tes  de  déformation  ;  Mémoire  de  M.  lire- 
ton,  de  Champ 4^S 

Optique.  —  Théorie  mathématique  des  effets 
de  la  lentille  simple  employée  comme 
objectif  de  chambre  obscure  et  comme  be- 
sicle;  par  le  même 5^2  et     J^l 

—  Snr  la  courbure  des  surfaces  focales  dans 

le  cas  d'un  objectif  composé  d'un  nombre 
quelconque  de  lentilles  en  contact,  tra- 
versé en  son  centre  de  figure  par  des 
pinceaux  ou  faisceaux  très-minces  de 
rayons  lumineux;  par  le  même 960 

—  Production  des  anneaux  colorés  au  moyen 

d'un  procédé  particulier,  application  de 
en  piocédé  à  la  fabrication  d'un  papier  à 
couleurs  changeantes;  Note  de  M.  Car- 
rère 689 

—  Sur  la  construction  des  microscopes  ;  Note 

de  M.  Rrachet I0j5 

Orcaniques  (Sit.stauces).  —  Propriété  des  so- 
lutions aqueuses  saturées  de  sulfate  de 
zinc  pour  la  conservation  des  substances 
animales; Note  de  M.  Slrauss-Durckheim.     808 

—  Sur  la  génération  des  produits  organiques 

par  leurs  éléments  simples,  le  carbone, 
l'hydrogène,  l'oxygène  et  l'azote;  Note  de 

M.  F.  Daudrimonl 1 13 1 

Okcanocrapiiie  végétale.  —  Note  sur  l'appa- 
reil reproducieur  multiple  des  Hypoxy- 
lécs;  par  M.  Tulasne 701 

—  Sur  la  composition  immédiate  de  l'épiderme 

et  de  la  cuticule  épidermique  des  végé- 
taux ;  Note  de  M.  Payen ug3 

—  Sur  les  plantes  aériennes  epidendres;  sur 

la  structure  des  racines  des  Orchidées; 
Mémoire  de  M.  Chatin 40 

—  Sur  la  structure  des  racines  des  Orchidées 

epidendres;  Note  adressée,  à  l'occasion 
de  la  précédente  communication  ,  par 
M.Frohlich 636  et  i25G 

—  OrganograpbiedesCuscutacées  et  des  Cas- 

sythacées;  Mémoire  de  RI.  Chatin.  361)  et    329 


,98  ) 


Pagrs. 

Or.r, vnocrapiuf.  végétale. —  Organograpliic  des 

Orobnnchées  ;  par  M.  Chatin 70,2 

—  Ue   la    direction     ascendante    considérée 

comme  caractère  distinctif  des  tiges  : 
observation  de  tiges  présentant  normale- 
ment la  direction  descendante;  Mémoire 
de  M.  Germain  de  Saint-Pierre ^U 

—  Deuxième  série   d'observations  sur  la  di- 

rection  descendante    de   certaines  tiges; 

par  le  même 833 

—  Recherches  sur  le  nombre  type  des  parties 

constituant  les  divers  cycles  hélicoïdaux, 
et  rapport  qui  existe  entre  ce  nombre  et 
le  nombre  type  des  diverses  parties  flora- 
les des  Dicotylédones  ;  Rlémoire  de 
M .  Fermond 19I 

—  Ntote  de  RI.  Trêcul  sur  les  biforines sG5 

—  De  la  cuticule  à  l'intérieur  des  végétaux; 

par  le  même. 837 

—  Mémoire  sur  l'origine  de  la  cuticule;  par 

le  même 579  et     C21 

Organograpiiisme  ou  dessin  des  organes  con- 
sidéré au  point  de  vue  du  diagnostic  et 
du   traitement  ;   Mémoire  et    Lettre   de 

RI.  Piorry 426  et   Il43 

Ozone. —  Note  de  M.  Scoute  «en,  intitulée  : 
ci  Découverte  des  sources  de  l'ozone  at- 
mosphérique ».  —  Lettre  relative  à  une 
Note  sur  le  même  sujet,  précédemment 
adressée  sous  pli  cacheté 941  et    94J 

—  Influence    des    proportions     d'ozone    sur 

l'état    sanitaire     d'un     pays;     Note    de 

M.  Wolf. 944 

—  Observations  ozonométriques  faites  avec  le 

papier Schœnbein  autour  de  la  casernede 
Saint-C'oud;  Rlémoire  de  M.  Dérigny...    m5 

—  Mémoire  intitulé  :  «Découverte  des  sources 

de  l'ozone  organique,  ouiie  du  Mémoire 
sur  la  cause  secondaire  du  choléra  »  ;  par 
M.  Rillard 835 


Pais.  —  De  l'examen  des  farines  et  des  pairs; 

Note  de  M.  Rivot 633 

—  Lettre  concernant  l'application  du  gluten 

fraisa  la  fabrication  du  pain  ;  parRI.  Ring.     909 

—  Du  pain  et  de  sa  préparation  ;  Mémoire  de 

M.  ilège-Mouriès 1 12Q 

Paléo.xtolocie    Voir  l'article  Fossiles  (Restes 

organiques). 
Papier. —  Fabrication  de  papiers  et  de  cartons 

dans  lesquels  entre  pour  une  grande  por- 

portion  le  tan  épuisé;  Note  de  îA.Couiwier.    3q8 


Papier.  —  Papiers   irisés   par  la  fixation  de 

lames  minces;  procédé  de  M.  Carrère. ..     689 

Paquets  cachetés.  —  M.  Nic/ilès  obtient  l'au- 
torisation de  reprendre  un  paquet  cacheté 
précédemment  déposé  par  lui 8to 

—  Mlle  Danger  obtient  l'autorisation  de  re- 

prendre des    paquets  cachetés  présentés 

par  son  père,  maintenant  décédé 909 

—  Lettre  de  M.  du    Margat,  concernant  les 

conditions  à  remplir  pour  le  dépôt  d'un 
paquet  cacheté 1 1  S.j 


(  I 

Page». 

Pendule.  —  Recherches  sur  le  pendule  co- 
nique ou  régulateur  à  force  centrifuge; 
par  M  .  Mahislre 387 

—  Recherches  sur  la   loi  des  oscillations  du 

pendule  à  suspension,  à  lames,  îles  chro- 
nomètres fixes  ;  Mémoire  de  M.  llesal. . . .     3go 

—  De  la   résistance  de  l'air  dans  le  mouve- 

ment oscillatoire  du  pendule;  principe 
d'un  nouvel  anémomètre  ;  Mémoire  de 
M.  Ch.  Girault 5i  1 

—  Expériences  faites  avec  un  pendule  désigné 

sous  le  nom  de  pendule  irrigaleur;  Notes 

de  M.  Ed.  Gand 355,  l\\o,  in\  et     597 

Pénitenciers.  —  Sur  le  régime   des   pénilen- 

ciers;  Mémoires  de  M.  Noiret...     2?3  et    729 

Pesanteur.  —  Sur  les  variations  do  la  pesan- 
teur dans  une  petite  étendue  de  la  surface 
terrestre,  et  sur  quelques  effets  qui  en 
résultent;  Mémoire  de  M.  Puiseux 683 

Phares.  —  M.  Elie  de  Beaumont  présente  un 
opuscule  de  M.  L.  Reynaud,  concernant 
une  réclamation  de  priorité  élevée  par 
M.  Stevenson  pour  l'application  de  la  ré- 
flexion totale  aux  feux  tournants 63g 

Pbosphop.es.  —  Sur  la  purification  du  phos- 
phore amorphe;  Note  do  M.  Nicklès... .     646 

—  De  l'action  que  le  phosphore  rouge  exerce 

sur  l'économie  animale;  Mémoire  de 
MM.  Orfilaet  Rigout aoi 

—  Emploi  du  phosphore  amorphe  ;  réclama- 

tion adressée,  a  l'occasion  de  la  précé- 
dente communication,  par  M.  A.  Che- 
vallier      27a 

—  Sur  le  phosphore  et  ses  préparations;  ré- 

clamation de  MM.  A.  Chevallier  fils  et 
0.  Henry  fils,  à  l'occasion  de  la  même 
communication 341 

—  Réclamation  de  M.  Duchesne  à  l'occasion 

du    même  Mémoire 437 

—  M.    Thenard,  au  nom  de  la  Commission 

chargée  de  prendre  connaissance  de  ces 
deux  réclamations ,  déclare  que  dans 
l'état  actuel  des  choses  il  n'y  a  pas  lieu  à 
en  faire  l'objet  d'un  Fapport 4?5 

—  Mémoire  sur  te  phosphore  ;  par  MM.  Os- 

sian  Henry  fils  et  A.  Chevallier  fils 996 

Photographie.  —  Emploi  de  la  photographie 
pour  les  instruments  magnétiques  enre- 
gistreurs ;  communication  de  M.  Le  Ver- 
rier, sur  les  résultats  obtenus  do  ces  in- 
struments   m\(\ 

—  Report  sur  pierre  des  épreuves  photogra- 

phiques ;  Note  de  M.  Poitevin  commu- 
niquée par  M.  Becquerel 20 

—  M.    Valenciennes    présente   deux    planches 

ainsi  obtenues  par  M.  l'oitevin  sur  des 
négatifs  de  M.  L,  Rousseau 32 


299  ) 


P.gn. 


Photographie.  —  Communication  de  M.  Flou- 
rens  en  présentant  au  nom  de  l'auteur, 
M.  Van  Moncklioven,  un  «  Traité  de  pho- 
tographie théorique  et  pratique  ■> 693 

—  Nouveau  procédé  de  fixage  pour  les  épreu- 

ves photographiques  au  moyen  du  chlo- 
rure acide  de  platine;  Note  de  M.  Ca- 
ranza 344 

—  Emploi  de  l'iodure  de  plomb  pour  la  pho- 

tographie ;  Note  de  M.  Roussin 636 

—  Moyen  d'obtenir,  d'une  épreuve  photogra- 

phique sur  verre  ou  sur  inétal,  une  gra- 
vure a  l'eau -forte  propre  à  donner  des 
épreuves  en  taille -douce;  Lettre  de 
M.  Gueyton 694 

—  Epreuves    photographiques   adressées    de 

Rome  par  M.  Volpicelli. ., 61 

Physiologie.  —  Sur  les  développements  primi- 
tifs :  formation  de  l'œuf.  —  Vésicule 
ovigèno  et  germinative.  Condition  pri- 
mordiale de  la  duplicité  monstrueuse; 
Mémoire  de  M.  Serres... 1024  et  1092 

—  Sur  la  contractilitc  tendineuse;  Mémoire 

de  M./.  Guérin 416 

—  M.  Flourens,  à  l'occasion  de  cette  commu- 

nication, indique  le  résultat  de  ses  pro- 
pres recherches  relativement  à  la  sensi- 
bilité des  tendons 42' 

—  Action  du  sucre  sur  les  alcalis  dans  l'éco- 

nomieanimale;  Note  de  M.  Poggiale....     198 

—  Recherches  sur  la  faculté  attribuée   à  la 

peau  d'absorber  l'eau  et  les  dissolutions 
aqueuses  ;  Mémoire  de  M.  Poulet 435 

—  Lettre  de  M.  Duriau  à  l'occasion  de  celte 

communication 5n 

—  Opuscule   intitulé  :   «  Recherches  expéri- 

mentales sur  l'absorption  et  l'exhalation 

par  le  tégument  externe»  ;  par  M.  Duriau.     55i 

—  De  l'influence  de  la  proportion  du  phos- 

phate de  chaux  contenu  dans  les  aliments, 
sur  la  formation  du  cal  ;  Note  de  M.  Alph. 
if  Une-Edwards 63l 

—  Sur  la  température  moyenne  des  oiseaux 

palmipèdes  du  nord  de   l'Europe;  Note 

de  M.  Ch.  Martins 5l5 

—  Recherches  sur  les  phénomènes  physiques 

et  chimiques  de  la  contraction  muscu- 
laire; Mémoire  de  M.  Matlcucci 648 

—  Du  sulfocyanure  de  potassium   considéré 

comme  un  des  cléments  de  la  salive; 
Note  de  M.  Longet 480 

—  Recherches  sur  la  sécrétion  biliaire;  par 

M.  Oré 497 

—  De  la  faculté  assimilatrice  des   différents 

corps  gras;  Note  de  M.  Berthé 890 

—  Etudes  sur  l'œil  vivant  ;  Note  de  M.   Wal- 

ler -u85 

I70.. 


(   i3oo  ) 

Pages 


Physiologie.  —  Application  du  compteur  à  gaz 
à  la  mesure  de  la  respiration  ;  Mémoire 
de  M.  Bonnet 8î5 

—  Notes  sur  les  causes  de  la  circulation  du 

sang;  par  M.  Vanner 244  et     jfô 

—  Effets  produits  sur  le    sang  fraîchement 

tiré  de  la  veine  par  diverses  infusions  vé- 
gétales; Noies  de  M.  Leclerc.  456,  690  et     798 

—  Réclamation  adressée  par  M.   Clauzure  à 

l'occasion  de  la  première  Note  de  M.  Le- 
clerc      585 

—  Nouvelles  recherches  sur  l'origine  du  sang 

existant  dans    l'économie  animale;    par 

M.  Chauvcau 1 008 

—  Lettre  de  M.  Girard  accompagnant  son  ou- 

vrage  intitulé  :  a  La  vie  au  point  de  vue 

physique  » 5l4 

Physiologie  végétale.  —  Du  rôle  des  nitrates 
dans  l'économie  des  plantes.  (Rapport  sur 
un  Mémoire  de  M.  Ville  ;  Rapporteur 
M.  Pelouze.) G79 

—  Recherches  expérimentales  sur  la  respira- 

tion   ik's   plantes  ;  par  M.  Duchartrc 3j 

—  Recherches  expérimentales  sur  les  rapports 

des  plantes  avec  l'humidité  atmosphéri- 
que ;  par  le  même 428  et     790 

—  Recherches  expérimentales  sur  le  pouvoir 

d'absorption,  par  rapport  à  l'eau,  des  ra- 
cines des  plantes  aérienne»  ;  Mémoire  de 
M.  Chatin 84l 

—  De   la   direction    ascendante  comme  ca- 

ractère distinclif  des  tiges  :  bulbes  des- 
cendants du  Muscari  comosum,  de  l'Agra- 
phis  nutuns  et  de  VA.  campanulata ;  par 
M.  Germain  de  Saint-l'ierre 42  et  833 

—  Retour  simultané  de  la  descendance  d'une 

plante  hybride  aux  types  paternel  et  ma- 
ternel ;  Note  do  M.  Naudin 6ï5 

-m  Observations  relatives  à  la  fécondation  in- 
complète et  à  ses  conséquences  dans  les 
végétaux  phanérogames  ;  par  le  même.. . .     845 

—  Observation  relative  à  un  cas  d'hybridité 

anormale  ;  par  le  même Ioo3 

—  Observations  relatives  à  l'accroissement  eu 

diamètre    des    Dicotylédones;    Note   de 

M.  Mathieu 1  r .',  ; 

Physique  du  globe.  —  Sur  certains  laits  at- 
tribues à  un  exhaussement  graduel  du  ni- 
veau de  la  mer;  Note  de  M.  Lauie 3oo 

—  Sur  les  eaux  thermales  de  Nauheim,  et  sur 

la  cause  de   leur  jaillissement  ;  Mémoire 

de  .M.  Rotursau 438 

—  Sur  le  mouvement  des  diverses  ondes  dont 

se  compose  la  marée  ;  Lettre  de  M.  Cha- 
tallon  à  M.  Élie  de  Beaumont 1)66 

—  A  l'occasion   de  ceue  Lettre,  M.   Elie  de 

Beaumont  signale  parmi  les  pièces  im- 
primées  do   la    correspondance   un   Mé- 


Pa6=i. 

moire  de  M.  Samuel  Haughton  sur  les 
marées  diurnes   solaires  et   lunaires  des 

côtes  de  l'Irlande 96S 

Voir  aussi  les  articles  Géologie  et  Mé- 
téorologie. 
Physique  générale.  —  Lettre  de  M.  Gallo  ac- 
compagnant l'envoi  de  la  ire  partie  d'un 
ouvrage  intitulé  :  «Introduction  à  l'élude 
de  la  physique  et  de  la  mécanique  » 910 

—  Lettre  de  M.  Coinze  accompagnant  l'envoi 

d'un  volume  intitulé  :  «  Révélation  des 
lois  de  la  nature,  ou  science  de  la  vraie 

physique  > >°74 

Planètes.  —  M.  Le  Verrier  annonce  la  dé- 
couverte d'une  nouvelle  petite  planète 
faite  à  l'Observatoire  impérial  par 
M.  Chacornac,  dans  la  soirée  du  12  jan- 
vier i850 3i 

—  M.  Le  Verrier  annonce  la  découverte,  faite 

par  M.  Chacornac,  le  8  lévrier  ib56,  d'une 
nouvelle  petite  planète.  —  Observations 
faites  à  Liverpool  de  la  planète  du  ^jan- 
vier i856  (Léda) 279 

—  M.  Le  Verrier  annonce  que  la  planète  dé- 

couverte le  8  février  |S")6,  par  31.  Cha- 
cornac, portera  le  nom  de  Lœlitia 5ot 

—  Observations   de  la    planète  (39)  faites   à 

Vienne  par  M.  Littrow,  et  à  Florence  par 

M.  Donali  (présentées  par  M.  Le  Verrier).     4i)3 

—  M.  LcjeuneDirichlet  présente  des  observa- 

tions de  la  planète  (39)  faites  à.  l'Obser- 
vatoire de  Gœttingue;  par  M.  Klinker- 
Jues 589 

—  M.  Le  Verrier  présente  des  observations  de 

la  planète  Léda,  calculées  par  M.  Pape..     590 

—  M.  Le  Verrier  annonce  la  découverte  de  la 

4oe  planète  faite  à  Paris,  le  3i  mars  ,  par 

M.  Goldschmidt 638 

—  M.  Le  Verrier  annonce  que  cette  planète  a 

reçu  le  nom  tTHarmonia 817 

—  Eléments  provisoires  de  celte  planète  ;  par 

M.  Valt 71S 

—  M.  Lejeune-Dirichlet  communique  des  ob- 

servations méridiennes  des  planètes  Léda 
et  Laetitia  laites  à  Geellingue  par  M.K/in- 
kerfues 638 

—  Eléments  elliptiques  de  la   planète  flar- 

monia;  par  M.  Valt 991 

—  Détermination    de  l'orbite  de    celte  pla- 

nète ;  par  le  même 1 1 06 

—  M.  Le  Verrier  communique,    au    nom  du 

M.  Yuon  Villarceau,  les  éléments  de  l'or- 
bite de  la  planèie  Amphilrite  et  l'éphé- 
méride  pour  l'opposition  de   1 856 5,98 

—  M.  Le  Verrier  annonce  la  découverte  d'une 

4ie  petite  planète  par  M.  Goldschmidt...    luot 

—  M.  Goldschmidt  confirme  la  réalité  de  cette 

découverts 106; 


(  i3oi 

PsBM. 


Planètes. — Eléments  elliptiques  de  la  4lc  pc- 

tilc  planète  ;  par  M.  Vali noi 

—  M.  Le  Verrier  annonce  que   la  4'e   petite 

planète  de  M.  Goldschmidta  reçu  le  nom 

de  Dnphné , 1 229 

—  M.  Le  Verrier  annonce  qu'une  42°  petite 

planèlo    a  été   découverte    à  Oxford,   le 

23  mai  iS56,  par  M.  Pogson 1 107 

—  Note  du  P.  Secchi  sur  les  anneaux  de  Sa- 

turne  • 28a 

Platine.  —  Sur  un  gisement  de  platine  si- 
gnalé dans  un  filon  de  la  province  d'An- 
tioquia  (Nouvelle-Grenade);  Mémoire  de 

M.  Boussingault 917 

Poids  et  Mesures*.  —  Note  de  M.  Durand  sur 
une  subdivision  proposée  pour  le  kilo- 
gramme      117 

—  Lettre  de  M.  /.-/.  Smart,  concernant  les 

Tables  do  concordance  des  mesures  fran- 
çaises et  étrangères 865 

Porcelaine.  —  Note  de  M.  Chevreul  sur  la  pu- 
blication faite  par  M.  Stanislas  Julien  d'un 
Traité  de  la  fabrication  de  la  porcelaine 
en  Chine 4-0 

Pouzzolane.  —  Note  sur  un  gisement  récem- 
ment découvert  dans  la  Haute-Saône;  par 
M;  Bertrand,  de  Lom 55o 

Présidence  de  l'Académie.  —  M.  Binet,  Vice- 
Président  de  l'Académie  pendant  l'année 
i855,  passe  aux  fonctions  de  Président. 
M.  Isidore  Geoffroy-Saint- Hilaire  est  élu 
Vice-Président  pour  l'année  1 856 1 

—  Par  suite  du  décès  de  M.  Binet,  M.  Geqf- 

frof-Suint-Ililuire  passe  aux  fonctions  de 
Président,  qu'il  occupera  jusqu'à  la  fin 
de  1857.  —  M.  Despreu  est  nommé  Vice- 
Président  pour  le  même  espace  de  temps.  io43 
Prix  décernés  dans  la  séance  du  28  janvier 
i856  (concours  de  l'année  i855)  : 

—  Prix  d'Astronomie  (fondation  de  Lalande), 

—  Médailles  décernées,  pour  la  décou- 
verte faite  en  i855  de  quatre  nouvelles 
planètes,  savoir  :  à  M.  Chacornac ,  pour 
la  découverte  de  la  planète  Circé;  à  M.  Lu- 
ther, pour  la  planète  Leucothée  et  la  pla- 
nète Fides;  à  M.  Goldschmidt,  pour  la  pla- 
nète .liai, inlr 121 

—  Prix  de  mécanique  (fondation  Monly on).  — 

Prix  décerné  à  T\\.Boileau,  pour  ses  recher- 
ches expérimentales  sur  l'hydraulique.  . .     122 

—  Prix  de  Statistique.  —  Prix  donné  sur  les 

fonds  de  i85/j,  à  M.  Le  Play,  pour  son 
ouvrage  intitulé  :  «  les  Ouvriers  euro- 
péens ».  —  Prix  donné  sur  les  fonds  de 
i855,  à  M.  Vicat,  pour  ses  «  Recherches 
statistiques  sur  les  substances  calcaires  à 
chaux  hydraulique  et  à  ciment  naturel»..     ia3 

—  Mentions  honorables:  à  M.  Jiemay,  pour  sou 


Pi 


l'âge». 

ic  Histoire  de  la  ville  de  Belleville  et  de 
ses  accroissements  »  ;  à  M.  Giraudet,  pour 
sa  ■  Statistique  do  la  ville  de  Tours,  de 
i632à  1S47»;  kM.Grangez,  pour  son  «Pré- 
cis historique  et  statistique  des  voies  na- 
vigables en  France  »;  à  M.  deWatteville, 
pour  son  «  Rapport  sur  l'administration 
des  bureaux  de  bienfaisance  cl  sur  la  si- 
tuation du  paupérisme  en  France  » 134 

IX  DÉCERNÉS.  —  Prix Jondé  par  M'nc  la  mar- 
quisede  Laplace.  —  Le  prix  a  été  obtenu 
par  M.  J.-tt.  Guy,  sorti  le  premier  de  l'E- 
cole Polytechnique  le  20  septembre  1 855 .  137 
Prix  de  Physiologie  expérimentale.  —  Prix 
décerné  à  M.  Brown-  Séquard,  pour  ses 
expériences  concernant  la  transmission 
des  impressions  sensitives  de  la  moelle 

épinière 137 

Prix  relatifs  aux  Arts  insalubres.  —  Prix 
de  2,5oo  francs,  décernés  M.  Duntery, pouf 
son  appareil  fumivore.  —  Prix  de  2,000  fr., 
à  M.  Sorel,  pour  ses  flotteurs  d'alarme, 
appareils  de  sûreté  des  machines  à  va- 
peur.—  PWx.le  2,000  francs,  à  MM.  Bou- 
tron  et  Baudet,  pour  leur  moyen  de  déter- 
miner la  proportion  des  sels  à  base  de 
chaux  dans  les  eaux  des  sources  et  des  ri- 
vières au  moyen  d'une  liqueur  savonneuse 
titrée.  —  Encouragement  de  la  valeur  de 
5oo  francs,  à  M.  Thibaut,  pour  son  tuyau 
respiratoire,  appareil  de  sauvetage  pour 
porter  secours  à  des  noyés  ou  asphyxiés..     141 

.  Prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.  —  11  n'y 
a  pas  de  prix  décerné  ;  dix  récompenses 
ont  été  données,  savoir  :  Récompenses  de 
la  valeur  de  i,5oo  francs,  à  M.  Hannover, 
pour  ses  «  Recherches  sur  l'analomie, 
la  physiologie  et  la  pathologie  de  l'oeil  »; 
à  M.  Lehmann,  pour  son  «  Traité  de  chi- 
mie physiologique  »;  à  M.  Bouquet,  pour 
son  «  Mémoire  sur  l'analyse  des  eaux  du 
bassin  de  Vichy  »;  à  M.  Beau,  pour  se» 

■  «Éludes  de  physiologie  et  de  pathologie 
sur  l'appareil  splénique  »  ;  àM.  Corvisart, 
pour  ses  «  Recherches  sur  l'action  théra- 
peutique de  la  pepsine  »  ;  à  M.  Beraud, 
pour  ses  «  Recherches  d'anatomie  et  de 
pathologie  sur  les  voies  lacrymales  ».  — 
Récompenses  de  la  valeur  de  1,000  francs: 
à  M.  Cazeaux,  pour  son  «  Mémoire  sur  la 
chloro-anémie  des  femmes  enceintes  »;  a 
M.  Dareste ,  pour  son  travail  «  Sur  les 
circonvolutions  cérébrales»;  à  M.  Tar- 
dieu,  pour  son  ouvrage  «  Sur  l'hygiène 
publique  et  la  salubrité  »  ;  à  M.  Foissac, 
pour  son  u  Traité  de  météorologie  dans 
ses  rapports  avec  l'hygiène  et  la  médecine 
publique  » i47 


(   '3 

Pages. 
Prix  proposés  (séance  publique  annuelle  du 

■j8  janvier  iS56). 
Grand  prix  de  Mathématiques,  proposé  pour 

1SO6 Iâ5 

—  Grand  prix  de  Mathématiques,  proposé  pour 

iS.î.'i  et  remis  à  i856 lhid. 

—  Grand  prix   de  Mathématiques ,  déjà  remis 

au  concours  pour  i853,  et  prorogé  jus- 
qu'en i85(i l56 

—  Grand  prix  de  Mathématiques,  déjà  remis 

au  concours   pour  1 853,  et  prorogé  jus- 
qu'en  iS">7 lhid. 

—  Grand  prix  de  Mathématiques,  proposé  pour 

1857,  puis  pour  i85/|,  et  remis  à  1857...     i5; 

—  Grand  prix  de  Mathématiques,  proposé  pour 

i855,  et  remis  au  concours  pour  1857...   lhid. 

—  Prix  extraordinaire  de  6, 000  francs  sur  l'ap- 

plication de  la  vapeur  à  la  marine  militaire, 
proposé  pour  1 857 ■  *>8 

—  Prix  d'Astronomie.  (Fondation  de  Lalande.)     139 

—  Prix  de  Mécanique.  (Fondation   Montyon.)  lhid. 

—  Prix  de  Statistique.  (Fondation  Monlyon).      1G0 

—  Prix  Dordin    (Sciences    mathématiques), 

pour  Tannée  i856 lhid. 

—  Prix  fondé  par  M""  la  marquise  de  Laplace.     161 

—  Grand  prix  des  Sciences  physiques ,  proposé 

pour  1837 lhid. 

—  Grand  prix  des  Sciences  physiques,  proposé 

en  i854  pour  iS56.. i63 


DO 

Pages. 
Paix  proposés.  —  Grand  prix  des  Sciencet  phy- 
siques,  proposé  en  iS5o  pour  i853,  et  re- 
mis au  concoms  pour  i856 164 

—  Grand  prix  des  Sciences  physiques,  proposé 

en    1847   pour    18Î9,  remis  au  concours 
pour  |853,  et  de  nouveau  pour  i85(> lhid. 

—  Prix  de  Physiologie   expérimentale.  (Fon- 

dation Montyon.) i65 

—  Divers  prix  du  legs  Montyon lhid. 

—  Prix  Cuvier 1 66 

—  Prix  Alhumberl  (Sciences  naturelles),  pro- 

posé en  1854  pour  i856 lhid. 

—  Prix  Bordin  (Sciences    naturelles),  pour 

18.57 '6? 

—  Prix  quinquennal  (Fondation  Uorogucs),  à 

décerner  en  i863 168 

—  lîapport  de  la    Section  de  Médecine  et  de 

Chirurgie  sur  le  legs  Iiréanl lhid. 

—  Condition  commune  à  tous  les  concours..     17a 
Proeïi.éne.  —  Note  de  MM.   Berthelot  et  de 

Luca  sur  le  propylêne  iodé. 233 

Puits  forés.—  Lettre  de  M.  llozet  sur  le  puits 

foré  de  Tamerna  (Algérie)   1258 

—  Sur  le  forage  artésien  pratiqué  à  Passy  par 

M.  Kind  ;  Note  de  M.  Alphand 33a 

—  Remarques  de  M.  Elie  de  Beaumont  à  l'oc- 

casion de  cette  communication 336 

Punaises. —  Sur  un  moyen  employé  avec  suc- 
cès pour  la  destruction  des  punaises  ;  Note 
de  M.  Chapoteau 5aa 


Quadrature  ddcercie. — Note  de  N.Stauffer.     357 
—  Lettre  de  M.  Pienos 4%) 


Quadrature  du  cercle.— Lettre deN.Anghera.     5a4 
—  Note  de  M.  Taupinard gio 


K 


Remèdes  secrets.  —  L'Académie  n'a  point 
qualité  pour  en  autoriser  l'emploi,  et  ne 
peut  prendre  en  considération  «ne  de- 
mande adressée  à  cet  effet  par  M.  Cohendt- 
Martin 81 T 

RoTATlOX  DIURNE  DU  GLOBE  TERRESTRE. N.BltSSy 

envoie  un  exemplaire  d'un  opuscule  pu- 
blié en  1754  par  M.  de  Grante  sur  des  ex- 
périences supposées  analogues  à  celles  de 

M.  Foucault 810 

Rotatoirb  (Pouvoir).  —  Sur  la  variation  du 
pouvoir  rotatoire  dans  le  sucre  de  lait; 
Note  de  M.  Duhrunfaut 228 


Rotatoire  (Pouvoir).  —  Note  de  M.  Pasteur 
,     sur  le  sucre  de  lait 347 

—  Remarques  M.  Biot  à  l'occasion  de  la  pré- 

cédente communication 35l 

—  Sur  la  variation  du  pouvoir  rotatoire   du 

sucre  de  fécule;  Note  de  M.  Béchamp. . . .     64o 

—  Sur  la  cause  de  la  variation  du  pouvoir  ro- 

tatoire du  sucre  de  fécule,  et  sur  l'existence 
probable  de  deux  variétés  de  glucose 
am  orphe  ;  par  le  me'me 896 

—  Sur  la  rolation  variable  du  glucose  mame- 

lonné de  raisin;   Note  de  M.  Dubrunfanl,     j3g 

—  Note  sur  le  sucre  interverti  ;  par  le  même.     901 


(  i3o3  ) 


Pages. 

Sangsues.  —  Sur  la  reproduction  do  ces  An- 
nélides;  Mémoires  de  SI.  Bounieeau. . 
345,  585  et     u32 

Saponification.  —  Sur  la  saponification  des 
•  corps  gras  par  les  oxydes  anhydres  ;  Noie 
de  M.  Pelouse 1081 

Sections  or.  l'Académie.  —  La  Section  de  Mé- 
decine et  de  Chirurgie  propose  de  décla- 
rer, et  l'Académie  décide,  qu'il  y  a  lieu 
de  pou  voir  au  remplacement  de  feu 
M .  Magendie 499 

—  La  Section   présente  la  liste  suivante  de 

candidatst  Médecine,  en  première  ligne  : 
MM.  Cruvcilhier  et  Longet;  en  deuxième 
ligne  :MM.Piorryct  Poissuillc.—  Chirur- 
gie, en  première  ligne  :  MM.  Jobert ,  do 
Lamballc,  et  Jules  Guérin;  en  deuxième 
ligne:  MM.Baudens,  Laugier, Malgaigne.     55a 

—  La  Section  de  Géométrie  propose  de  décla- 

rer, et  l'Académie  décide,  qu'il  y  a  lieu 
d'élire  à  la  place  vacante  p.ir  suite  du  décès 
de  M.  Sturrn 699 

—  La  Section  présente   la    liste  suivante  de 

candidats  :  i°  M.  J.  Bertrand;  2°  M.  Her- 
mite;  3°  M.  Serret;  4°  MM.  Bonnet  et 
Puiseux ,  ex  œquo "J^6 

—  La  Section  de  Botanique  propose,  et  l'A- 

cadémie décide,  qu'il  y  a  lieu  d'élire 
a  la  place  vacante  par  suite  du  décès  de 
M.  de  Mirbcl 8G6 

—  La  Section  présente  la  liste  suivante  de 

candidats  :  i°  M.  Ducbartre;  2°  MM.  Cba- 
tin,  Lestiboudois,  Weddell,  ex  cequo- 
3°  M  M .  Gay,  Trécul,  ex  œquo  ;  4°  M .  Ger- 
main de  Saint-Pierre 910 

—  La  Section  de  Géométrie  présente  la  liste 

suivante  de  candidats  pour  une  place  de 
Correspondant  vacante  parsuiledela  no- 
mination de  M.  Lejcune-Dirichlet  a  une 
place  d'Associé  étranger  :  i°  M.  Oslro- 
gradski  ;  a0  et  par  ordre  alphabétique  : 
MM.  Bour,  Cayley,  Gommer,  Richelol, 
Rosenhain,  Sarrus,  Sylvester,  Thomson.     4la 

—  La  Section  de  Médecine  présente  la  liste 

suivante  de  candidats  pour  une  place  de 
Correspondant  vacante  par  suite  du  dé- 
cès de  M.  Prunelle  :  i°  M.  Guyon; 
2°  M.  Bally  ;  3°  M.  Denis,  de  Commercy  ; 
4°  MM.  Ehrmann  et  Gintrac;  5°  M.For- 
get 357 

—  La  Section  de  Géographie  et  de  Navigation 

présente  la  liste  suivante  de  candidats  pour 
la  place  de  Correspondant  vacanteparsuite 


P.ifes 
du  décès  de  M.  le  capitaine  Parry.  En 
première  ligne  :  M.  de  Wr.ingell;  en 
deuxième  ligne,  M.  Wilkes;  en  troi- 
sième ligne,  M.  Lutké;  en  quatrième  li- 
gne, M.  Beechey;  en  cinquième  ligne, 
M.  Maury 4grj 

Sections  de  l'Académie.  —  La  Section  de  Chi- 
mie présente  la  liste  suivante  de  candi- 
dats pour  une  place  vacante  de  Correspon- 
dant :  i°  M.  Gerhardt;  2°  M.  Pasteur; 
3°  MM.  Bincau  et   Desaignes,  ex  œquo..     699 

Sélénocraphie.  —  Lettre  du  P.  Secchi  accom- 
pagnant l'envoi  d'un  dessin  photographi- 
que du  groupe  annulaire  de  montagnes  de 
la  lune  désigné  sons  le  nom  de  Copernic.     9r>8 

Sels  doubles.  — Sur  un  hyposuWitc  double  de 

soude  et  de  cuivre;   Note  do  M.   Schiilte.    1267 

Silicium.  —  Sur  un  nouveau  moyen  d'obtenir 
le  silicium  ;  Lettre  de  M.  Wôliler  à  M.  Du- 
mas        48 

—  Du    silicium    et  du   charbon    cristallisés; 

Mémoire  de  M.  H.  Sainte-Claire Deville . .       49 

—  Remarques    de   M.   de  Scnarmont  à  l'occa- 

sion do  celte  communication 5s 

—  Lettre  de  M.  Barse  à  l'occasion  d'un  Rap- 

port sur  son  Mémoire  concernant  un  pro- 
cédé supposé  propre  à  faire  distinguer 
par  des  réactions  spéciales  le  silicium  et 
le  tungstène  d'avec  l'argent 241 

Soie.  —  De  la  présence  de  la  chaux  dans  la 
soie,  et  de  ses  inconvénients  dans  l'opéra- 
tion du  décreusage;  Note  de  M.  Guinon. .     23g 

Son  (Vitesse  du) — Considérée  comme  moyen 
de  mesurer  des  distances  ;  Note  de  M.  Tau- 
pinard  1 1 3a 

Sorgho.  —  Lettre  de  M.  Siccard,  concernant 

ses  travaux  sur  le  sorgho  sucré 1710 

Soude  artificielle.  —  Rapport  fait  au  nom 
de  la  Section  de  Chimie  en  réponse  à  une 
question  posée  par  M.  le  Ministre  de 
l'Instruction  publique,  concernant  la  dé-' 
couverte  de  la  soude  artificielle;  Rap- 
porteur M.   Dumas 553 

—  M.  Chevreul,  Membre  de  la  Commission, 

lit  une  Note  dans  laquelle  il  expose  son 
opinion  particulière  sur  la  question  dé- 
battue      fi^G 

Soufre  —  Observation  nouvelle  sur  le  sou- 
fre mou;  par  M.  Ern.  Baudrimont 80S 

Sourds -muets.  —  Sur  le  moyen  de  rendre 
facile  l'enseignement  des  sourds-muets  ; 
Note  de  M.   Ramhosson 1118 

—  A    l'occasion    de  cette    communication, 


(  < 

M.  l'abbé  Lecot  rappelle  un  travail  qu'il 
a  antérieurement  présenté  sur  l'éJucation 
des  sourds-muets 1223 

Spbéroidal  (Etat).  —  Note  intitulée:  «  Sur 
le  mouvement  de  rotation  d'un  corps  à 
l'état  sphéroidal,  autourd'un  point  fixe»; 
par  M.   Boutigny. 6g3 

Statistique.  —  Sur  la  situation  de  la  pro- 
priété forestière  en  France;  Mémoire  de 
M.  Becquerel,  deuxième  partie i85 

—  Sur  les  causes  commerciales  et  adminis- 

tratives de  l'insuffisance  et  de  la  surabon- 
dance périodiques  de  la  production  du 
blé  en  France;  Mémoire  de  M.  Herpin..     584 

—  Mémoires  sur  le  régime  des  prfsons  et  des 

pénitenciers;  par  M.  Noiret.  ..     2}3  et     729 
Sucres. —  Action  des  alcalis  sur  le  sucre  dans 

l'économie  animale;  NoledeM.  Poggiale.     198 


3o4  ) 


Sucres.  —  Sur  la  cause  de  la  variation  du 
pouvoir  rotaloire  du  sucre  de  fécule  et 
sur  l'existence  prohable  de  deux  variétés 
de  glucose  amorphe  ;  par  M.  Béchamp. 
64o  et    896 

—  Sur   les   combinaisons  des   matières    su- 

crées avec  les   acides  :  deuxième  partie, 
Mannite;   Mémoire  de  M.    Berthelot. . .    im 

—  Note  de  M.  Duhrun/aut  sur  le  sucre  de  lait.     228 

—  Note  sur  le  sucre  interverti  ;  par  le  même. .     901 

—  Note  de  M.  Pasteur  sur  le  sucre  de  lait..      347 

—  Remarques    de    M.    fiiot    par    suite    de 

cette  communication 35i 

Sulfures.  —  Emploi  du  sulfure  de  carbo- 
ne pour  l'extraction  du  suif  des  os,  de 
l'huile  des  graines  oléagineuses,  etc.;  Mé- 
moire   de    M.    Deiss 207 


Tau.  —  Emploi  du  tan  épuisé  pour  la  fa- 
brication de  papiers  et  cartons  con- 
venables à  diverses  industries;  Note  de 
M.    Couturier 3gS 

Teintures.  —  Sur  les  huiles  employées  à  la 
fabrication  du  rouge  turc;  Note  de  M.  Pe- 
louse     1196 

—  Lettre  de  MM.  Henry  à  M.  Pelouse  sur 

le  rouge  turc "99 

—  Études  théoriques  et  pratiques  sur  la  fixa- 

tion des  couleurs  dans   la  teinture;  Mé- 
moire de  M.  Kuhlmann ...     (iy3  et     711 

—  Sur  un  nouvel  acide  provenant  d'une  plan- 

te  mexicaine,  et  applicable   a   la    tein- 
ture;  Note  de  M.  Bamon  de  la  Sagra...     873 

—  M.  Bamon  de  la  Sagra  transmet  une  No- 

tice   imprimée    contenant    une    analyse 

chimique  de  cet  acide 1073 

Télégraphie.  —  M.  le  Maréchal  Vaillant  si- 
gnale à  l'attention  de  l'Académie  un 
nouveau  télégraphe  fondé  sur  l'emploi  des 
rayons  solaires,  inventé  par  M.  Leseurre.    M78 

—  Sur  un  moyen  de  communication  télégra- 

phique directe  entre  des  personnes  parlant 

des  langues  différentes,  Note  deM.  Lion.   1119 

Température  animale.  —  Du  degré  constant 
de  la  chaleur  animale  considérée  dans 
l'homme  comme  loi  de  la  santé;  Mémoire 
de  M.  Vanner 54° 

Tératologie.  —  Condition  primordiale  de  la 
duplicité  monstrueuse  ;  Mémoires  de 
M.  Serres 1024  et  1092 

—  De  la  cryptorchidie   chez  l'homme  et  les 

principaux    animaux  domestiques;    Mé- 
moiredeMM.  Goubaux  et  Follin.     540  et   io65 


Tératologie. — Recherches  surlesmonorchidos 
et  les  cryptorchides  chez  l'homme;  par 
M.Godart 637 

—  De  l'influence  de  la   cryptorchidie  sur  la 

génération  ;  Note  de  M.  Puech 996 

—  Recherches  sur  les  monstres  doubles  ;  par 

M.  Schultse •..   1128 

—  Sur  deux  nouveaux  genres  tératologiques, 

les  genres  Ischiomèlc  et  Agnathocéphale  ; 
Note  de  M.  loly 342 

—  Remarques  de  M.   Geoffroy-Saint-Hilaire 

par  suite  de  cette  communication 343 

—  Sur  un  monstre  double  appartenant  à  la 

fois  aux  genres  Dérodyme,  Dérencéphale 
et  Dromèlc;  addition  à  un  précédent  tra- 
vail de  M.  Puech 343 

—  Sur  un  monstre  exencéphalien  (pleurcncé- 

phalc)  ;  Note  de  M.  Gintrac 1064 

Térébenthine.  —  Effets  de  l'inhalation  des  va- 
peurs d'essence  de  térébenthine;  Note  de 
M.  Letellier 2 J3 

TiTANiLM.  —  Note  de  M.    Hoffmann   sur  lo 

bromure  île  titanium 35a 

Torrents.  —  Moyens  de  forcer  les  torrents 
des  montagnes  de  rendre  à  l'agriculture 
une  partie  du  sol  qu'ils  ravagent;  Mé- 
moire de  M.  Bozet 991 

Toxicologie. — Réclamation  de  priorité  relative 
à  la  constatation  des  propriétés  toxiques 
de  l'Atraclylis  gummi/era  :  nouveaux  cas 
d'empoisonnement  produit  par  la  racine 
de  cette  plante;  Mémoire  de  M.  Bouros.     80g 

—  Doutes    concernant  l'espèce   végétale  que 

l'on  peut  considérer  comme  cause  ie  ces 
accidents;  Lettre  de  M.  Bouros 1222 


(  1 

Papes. 

Toxicologie.  —  Empoisonnements  causés, 
dans  les  pays  tropicanx,  par  la  chair  de 
certains  poissons;  Note  de  M.  Guyon.. .     34o 

Tremblements  de  terre.  —  Sur  le  tremble- 
ment de  terre  qui  en  août  i853  a  ren- 
sé  la  ville  de  Thèbes;  Lettre  de  M.  A. 
Gaudry ....       24 

—  Sur  les  tremblements  de  terre   ressentis 

dans  l'Empire  Ottoman  en  iS55  ;  Mémoire 

de  M .  Verollot g3 

—  Tableau  des  tremblements  de  terre  à  Con- 

stantinople  pendant  les  quinze  dernières 
années  ;  par  le  même '';  !  > 


3o5  ) 


Pi|e». 

Trisection  de  l'angle.  —  Communication  de 

M.    Delaistre io?5 

—  Note  de  M.  Pietricola. ...: u4't 

Tlbf.s  f.n  fer.  —  Note  de  M.  Pacaud  sur  des 
tubes  en  fer  doublés  de  plomb  ,  et  réci- 
proquement  » • 

Tungstène.  —  Recherches  sur  ce  métal  et  sur 
quelques-unes  de  ses  combinaisons;  par 
M.   Riche , 3o3 

Turbines.  —Des  turbines  eulériennes  et  du 
parti  qu'on  en  peut  tirer;  Note  de  N.  Or- 
dinaire de  Lacolonge 107 1 


18 


u 


Uranium.  —  Note  sur  la  préparation  de  l'alnminium;  par  M.  Peligot ............... 7^ 


Vapeur  d'eau.  —  Documents  adressés  par 
M.  Dujard'n,  de  Lille,  concernant  les 
heureux  effets  de  la  vapeur  d'eau  em- 
ployée pour  éteindre  les  incendies 27 

—  Sur  la  loi  de  progression,  suivant  la  tempé- 

rature, de  la  tension  de  la  vapeur  d'eau  ; 
Mémoire  de  M .  Ch.  Nesmond 636 

Vapeurs.  —  Note  sur  le  calcul   de  la  chaleur 

latente  des  vapeurs  ;  par  M.  Legrand. ...      2l3 

Vents.  —  Sur  les  tempêtes  ,  les  coups  de  vent 
et  les  orages  dans  la  partie  de  la  Médi- 
terranée comprise  entre  les  -côtes  de 
France  et  d'Algérie;  Mémoire  de  M.  Lar- 
tigue I2 '4 

Verglas.  —  Action  du  vent  sur  des  branches 
d'arbres  chargées  de  verglas  ;  spécimens 
recueillis  par  M.  A.  de  Campagne;  Notes 
de  MM.  Champigny  et  Chantreau  (commu- 
niqué par  M.  Elie  de  Beaumont) 574 

Vernis  ininflammable  présenté  par  l'inventeur, 
M.  Duchier,  comme  propre  à  écarter  une 
des  chances  d'incendie  les  plus  communes 
dans  les  théâtres.  —  M.  le  Minisire  d'Etat 
consulte  l'Académie  sur  la  valeur  de  celte 
invention 1230 

Vers  a  soif.  —  Emploi  des  vapeurs  d'acide 
sulfureux  contre  la  muscardine  des  versa 
soie;  Note  de  M.  Grun  238 

—  Lettre  de  M.  Guérin-Méneville  accompa- 

gnant l'envoi  d'un  exemplaire  du  «Guide 
de  l'éleveur  de  vers  à  soie  »  qu'il  a  publié 
en  commun  avec  M.  Eug.  Robert 1 188 

—  Lettre  de  M.  Pons,  concernant  les  avan- 

tages des  récoltes  d'automne "/4 

C.  B.,  i856,  Ier  Semestre  (T.  XLII.1 


Vibratoires  (Mouvements).  —  Du  frottement 
considéré  comme  cause  de  mouvements 
vibratoires;  Mémoire  de   M.  Duhamel. . .     973 

Vins.  —  Moyen  de  constater  dans  les  vins 
rouges  la  falsification  par  addition  de  pe- 
tites quantités  d'alun;  Note  de  M.  Las- 
saigne 410 

Vision.  —  Sur  l'appareil  d'adaptation  de  l'œil 
chez  les  oiseaux,  les  principaux  mammi- 
fères et  l'homme  ;  Mémoire  de  M.  Rouget.    937 

—  M.  de  Quatrefages  mentionne  à  cette  occa- 

sion les  observations  de  M.  Dujardin, 
concernant  un  appareil  d'adaptation  pour 
les  yeux  des  insectes ....     941 

—  Remarques  de   M.  Jobard  à  l'occasion  de 

la  communication  de  M.  Rouget 107» 

—  Réclamation  de  priorité  adressée,  à  l'occa- 

sion  de  la   même   communication ,   par 

M.  H.  Muller 1218 

—  Nouvelle  Note  de  M.  Verstraete,  concer- 

nant sa  théorie  de  la  vision 373 

—  Note  de  M.  Ruisson  sur  une  théorie  de  la 

vision   et    de    la    lumière    qui    lui    est 

propre 58ij 

Volatiles  (Combinaisons).  —  Méthode  géné- 
rale pour  la  production  de  quelques 
corps  simples  fixes  au  moyen  de  leurs 
combinaisons  volatiles;  Mémoire  de 
M.  H.  Sainte-Claire  Deville 49 

—  Remarques  de  M.  de  Senarmont  à  l'occasion 

de  cette  communication 52 

Volcans.  —  Renseignements  relatifs  à  deux 
volcans  et  à  une  solfatare  de  l'île  de  Java, 

I7I 


d'après  les  observations  récentes  des  Hol- 
landais; Note  de  M.  Perrey n5 

—  Recherches  sur  les  produits  des  volcans  de 
l'Italie  méridionale;  par  M.  Ci.  Sainte- 
Claire  Deville.* 1167 

Voyages^  scientifiques.  —  Lettre  de  M.  de 
llumboldi  à  M.  Elie  de  Beaumont  sur  le 


(  i3o6  ) 

Pages 


voyage  de  MM.  Schlagintweit  frères  dans 

l'Inde 61 1 

Voyages  scientifiques.  —  M.  Le  Coat  de  Saint- 
Haouen    demande   des    instructions    pour 
les  recherches  d'histoire  naturelle  qu'il  se 
proposede  faire  pendant  son  séjour  dans  le 
Maroc • 10^3 


Zoologie.  —  Considérations  générales  sur  les 
classifications  en  histoire  naturelle,  et 
plan  sommaire  de  l'ichthyologie  analy- 
tique; communication  de  M.  Dumèril...   1029 

Sur  une  nouvelle  espèce  de  panthère  tuée 

à  Ninfi  ,  près  de  Smyrne;  Note  de  M.  Va- 
lenciennes lo35 

—  Communication  de  M.  Dumiril  en  présen- 

tant au  nom  de  son  fils  uue  «  Description 
des  reptiles  nouveaux  ou  imparfaitement 
connus  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de 
Paris»  80» 

—  Communication  faite  par  M.  Moquin-Tan- 

don  en  présentant  le  premier  volume  de 
son  «  Histoire  des  Mollusques  terrestres  et 

fluviatiles  de  France foi 

Sur  les  perdrix  d'Europe;  Lettre  de  M.  le 

Prince  C'A.  Bonaparte  à  M.  Geoffroy  Saint- 
Hilaire 5og 

—  Espèces  nouvelles  d'oiseaux  d'Asie  et  d'A- 

mérique, et  tableaux    paralléliques  des 

Pélagicns  ou  Gaviœ;  par  le  même 764 

Tableaux     paralléliques    de    l'ordre    des 

Gallinacés,  et  Note  explicative  de  ces  ta- 
bleaux; par  le  même 8^4  et    g5a 

—  Observations  sur  la  Zoologie  géographique 

de  l'Afrique,  et  description  d'un  nouveau 
genre  et  de  nouvelles  espèces  d'oiseaux; 
par  le  même 819 

—  Communication  de  M.  le  Prince  Ch.  Bonn- 

/>ai(eonprésentant  un  ouvrage  deM.  Gray 

sur  les  Chcloniensdu  Musée  Britannique.     5i3 

—  Sur  les  caractères  zoologiques  des  cétacés; 

Note  de  M.  Pucheran, !\\j 


Zoologie.  —  Sur  trois  espèces  de  Dauphins 

du  haut  Amazone  ;  Note  de  M.  Gervais. .     8ùG 

—  Essai  d'une  monographie  des  Chéiroptères 

sud  américains;  par  M.  Gervais.     547  et     ^90 

—  Note  sur  la  mammalogie  de  l'Algérie;  par 

M.  Pomel > .     65a 

—  Indication    donnée    par    M.    Brandt    des 

questions  de  zoologie  traitées  dans  divers 
opuscules  dont  il  fait  hommage  à  l'Aca- 
démie     1249 

—  Sur  les  poissons  du  Don ,  du  Dnèpre,  du 

Dnestre  et  du  Boug;  Note  de  M.  P.  de 
Tchihalchef. 4  V 

—  Lettre  de   M.  Le   Coat  de  Saint-Haouen, 

concernant  l'ornithologie  du  nord  de 
l'Afrique  :  présentation  d'un  poisson 
rapporté  de  Tanger 970 

—  M.    Dumèril   fait    connaître    ce    poisson 

comme  appartenant  à  l'espèce  rare  nom- 
mée Ephippium  maculatum 99° 

—  Sur  un  nouvel  acarus  du  cheval  pouvant 

transmettre  la  gale  de  ce  solipède  k 
l'homme;  Note  de  MM.  Bourguignon  et 
Delafond *4l 

—  Sur  un  nouveau  genre  d'Annélide  tubicolé 

perforant,  le  genre  Stoa  ;  Note  de  M.  Mar- 
cel de  Serres 356 

—  Sur  certaines  habitudes  des  araignées  en 

rapport  avec  l'état  présent  ou  prochain  de 
l'atmosphère;  Note  de  M.  Caraguel 4-"7 

—  Lettre  de  M.  Butin  accompagnant   l'envoi 

de  nids  d'hirondelle  salangane 74& 


(  i3o7  ) 


TABLE  DES  AUTEURS. 


■H.  F«8"- 

ABBADÏE  (d').  —  Sur  des  observations  d'in- 
clinaison de  l'aiguille  aimantée  faites 
dans  la   commune  d'Urrugue;  Lettre  à 

M.  Élie  de  Beaumont 6ia 

ACADÉMIE  DE  NANCY  (t')  adresse  un 
exemplaire  du  volume  de  ses  Mémoires 

pour  l'année  l854 346 

ACADEMIE  ROYALE  DES  SCIENCES  DE 
BAVIÈRE  (l').  —  Motifs  qui  lui  font  dé- 
sirer d'obtenir  en  double  série  les  publi- 
cations des  Sociétés  savantes.  —  Indica- 
tion de  quelques  lacunes  qui  se  trouvent 
dans   sa   collection  des   publications    de 

l'Institut 61  et  1221 

ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES  DE 
BERLIN  (l')  adresse  un  exemplaire  du 
Supplément  au  volume  de  ses  Mémoires 

pour  l'année  i854 1257 

ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES  DE 
MADRID  (l')  envoie  deux  nouvelles  li- 
vraisons de  ses  Mémoires 312 

ALLEMAND   LENOVY.  —  Mémoire  inti- 
tulé :  «  Recherches  sur  l'origine  des  tem- 
pératures pour  servir  à  la  construction 
d'une  échelle  thermomélrique complète».   1018 
ALPHAND.  —  Sur  le  forage artésien  pratiqué 

à  Passy  par  M.  Kind 332 

ANDRAL  est  nommé  Membre  de  la  Comniis- 


mm.  p*8"- 
sion  du  concours  pour  les  prix  de  Mé- 
decine et  de  Chirurgie n58  et  iaoî 

ANGELLl,  inventeur  d'une  encre  supposée 

indélébile «2aI 

ANGHERA.  —  Lettre  concernant  des  précé- 
dentes Notes  sur  la  quadrature  du  cercle.     5î4 

ANONYMES  (MÉMOIRES).  Voir  à  la  table 
des  matières  au  mot  Anonymes. 

ANTON1NI  (Ministre  du  roi  des  Dcux-Sici- 
les)  transmet  divers  spécimens  d'écriture 
tracés  avec  une  encre  que  l'inventeur, 
M.  Angelli,  considère  comme  indélébile,    1220 

ARDR1GHETTI.—  Addition  à  une  précédente 
communication  sur  un  halo  lunaire  ob- 
servé en  Ukraine »7^ 

ARNUT.  —  Lettre  concernant  sa  Note  sur  un 
appareil  destiné  à  la  transmission  des 
forces 245 

ATJBRÉE.  —Sur  le  traitement  des  brûlures 
par  l'emploi  d'un  collodiondans  lequel  il 

entre  du  tannin 657 

ATJER.  —  Lettre  accompagnant  l'envoi  d'un 
exemplaire  de  la  Flore  autrichienne,  ou- 
vrage dont  l'Atlas  a   été  exécuté  par  le 

procédé  dit  d'impression  naturelle 1221 

AVENIER-DELAGRÉE.  —  Mémoire  sur  un 

moteur  à  air  chaud  do  son  invention io65 

AÏRE  envoie  un  opuscule  imprimé  destiné 

au  concours  pour  le  prix  du  legs  Bréaut..   1220 


BABINET.—  Détermination  de  la  latitude  par 
les  azimuts  extrêmes  de  deux  étoiles  cri- 
coœpolaires « 

M.  Babinet  fait   hommage   à   l'Académie 

d'un  exemplaire  du  second  volume  de  ses 
«  Études  et  lectures  sur  les  sciences  d'ob- 
servation et  leurs  applications  pratiques».     077 

M    Babinet  présente  des  bronzes  en  ronde 

bosse  obtenus  par  M.  Lenoir  au  moyen  de 

la  galvanoplastie 263 


—  M.  Babinet  met  sous  les  yeux  de  l'Académie 

un  portrait  gravé  de  ienkins,  l'homme  cité 
comme  l'exemple  le  plus  remarquable  de 
longévité 473 

BAGLIAN.  —  Note  destinée  au  concours  pour 

le  prix  du  legs  Bréant q5i 

BAILLY  (  Ch.  ).  —  Note  sur  la  mesure  des 

triangles , n> 

—  Note  sur  de  nouvelles  solutions  de  quelques 

problèmes  de  géométrie  élémentaire iaig 

171-. 


(  I 

MM.  Pages. 

BALARD  communique  l'extrait  d'une  Lettre 
quelui  a  adressée  M.  1.  Barse,  à  l'occasion 
du  Rapport  fait  dans  la  séance  du  17  dé- 
cembre i855  241 

BALEGUER  adresse  plusieurs  opuscules  qu'il 
a  publiés  dans  l'Inde  relativement  à  l'ori- 
gine et  au  traitement  du  choléra-morbus.     8g3 

BALLY  est  présenté  par  la  Section  de  Méde- 
cine et  de  Chirurgie  comme  l'un  des  can- 
didats pour  une  place  Tacante  de  Corres- 
pondant  • .* 358 

BARHE(Cn),  écrit  par  erreur  pour  Carré. 
Voir  à  ce  nom. 

BARSE.  —  Lettre  à  M.  Balard,  à  l'occasion 
d'un  Rapport  l'ait  dans  la  séance  du  17  dé- 
cembre i855 ,  sur  un  travail  présenté  par 
lui aijt 

BASIACO  (l'adbé).   —   Note  sur  un  moteur 

hydraulique  de  son  invention 854 

BASSAGET.  — Lettre  concernant  un  Mémoire 
qu'il  avait  adressé  à  l'Académie,  mais  qui 
n'a  pas  été  reçu 5a4 

BASSET.  —  Sur  un  moyen  destiné  à  dimi- 
nuer, pour  les  hommes  de  guerre,  les 
chances  de  blessures .      498 

BAUDELOCQCE.  —  Sur  un  moyen  d'abréger 

les  douleurs  de  l'accouchement 5m 

BAUDEMENT.    —   Mémoire  sur  les  laines 

d'Algérie 264 

BAUDEINS.  —  Etude  sur  le  typhus  de  Crimée.   io43 

—  M.  Baudens  est  présenté  par  la  Section  de 

Médecine  et  de  Chirurgie  comme  l'un  des 
candidats  )>o;ir  la  place  vacante  par  suite 

du  décès  de  M.  Magendie 55a 

BAUDRIMONT  (  E.).  —  Sur  certains  phéno- 
mènes observés  chez  un  jeune  diabétique 
soumis  à  l'action  du  levain  de  bière 355 

—  Expériences  sur  la  durée  comparative  de 

l'écoulement  des  gaz 398 

—  Observation  nouvelle  sur  le  soufre  mou. . .     808 

—  Sur  la  précipitation  du  prolochlorure d'an- 

timoine par  l'eau . . 863 

—  Action  des  acides  azotique  et  chlorhydrique 

sur  le  chlorure  de  barium  et  l'azotate  de 
baryte Il3l 

—  Considérations  sur  la  génération  des  pro- 

duits organiques  par  leurs  éléments  sim- 
ples, le  carbone,  l'hydrogène,  l'oxygène 
et  l'azote Ibid. 

BEAU.  —  Une  récompense  lui  est  accor  lée 
pour  ses  Eludes  analytiques  de  physiologie 
et  de  pathologie  sur  l'appareil  splenn-hé- 
patique  (  concours  pour  les  prix  de  Méde- 
cine et  de  Chirurgie  de  l'année  i855)....     i5o 

BEAUMONT  et  Mayer.  —  Appareils  proposés 
pour  le  chauffage  sans  combustibles,  au 
moyen  d'une   force  perdue  ou  non  em- 


3o8  ) 


P»6«>- 

7«9 

802 
8o3 

631 


ployée.  (Rapport  sur  ces  appareils;  Rap 

porteur  M.  Morin.  ) 

«*  MM.  Bcaumont  et  ifayer  adressent  un  opus- 
cule qu'ils  ont  publié  à  l'occasion  du  pré- 
cédent Rapport 

—  Remarques  d'un  des  Membres  de  la  Com- 

mission sur  cette  publication 

BEAUPERTHU Y.-  Recherches  sur  les  causes 
du  choléra,  du  typhus  et  des  fièvres  de 
marais, d'après  des  observations  recueil- 
lies dans  le  Venezuela 

BEAUPOIL.  —  Analyse  de  son  Mémoire  in- 
titulé :  «  De  l'entéropathie  métallique  ».     aïo 

BECHAMP. — Sur  la  préparation  des  chlo- 
rures et  des  bromures  des  radicaux  orga- 
niques par  l'action  du  protochlorure  cl 
du  prolubromure  de  phosphore  sur  les 
acides  monohydratës  correspondants....     224 

—  Sur  la  variation  du   pouvoir   rotatoire  du 

sucre  de  fécule G40 

—  Sur  la   cause  de  la   variation  du  pouvoir 

rotatoire  du  sucre  de  fécule,  et  sur  l'exis- 
tence probable  de  deux  variétés  de  glucose 
amorphe 896 

—  Sur  les  produits  de  la  transformation  de  la 

fécule  et  du  ligneux  sous  l'influence  des 
alcalis,  du  chlorure  de  zinc  et  des  acides.  1  jio 
BECQUEREL.  —  Suite  de  son  Mémoire  sur 
la  situation  de  la  propriété  forestière  en 
France,  appréciée  d'après  des  résultats 
statistiques 1 8  j 

—  Extrait  d'un  Mémoire  sur  quelques-unes 

des  principales  causes  de  l'électricité  at- 
mosphérique       661 

—  Rapport  sur  un  perfectionnement  apporté 

par  M.  Lenoirk  la  reproduction  des  rondes 
bosses  pai  la  galvanoplastie.    4 '5)476  et    61S 

—  M.  Becquerel  dépose  un  Mémoire  dans  le- 

quel M.  Lenoir  a  décrit  ses  procédés 6'Jt 

—  Rapport  sur  un  travail  de  M.  Tchihalchef 

ayant  pour  titre  :  «  Études  climatologiques 

sur  l'Asie  Mineure  » 777 

—  M.  Becquerel  présente,  en  son  nom  et  celui 

de  son  fils,  le  troisième  et  dernier  volume 
du  «  Traité d'Electricitéel de  Magnétisme» 
qu'ils  ont  publié  eu  commun 39 

—  M.  Becquerel  met  sous  les  yeux  de  l'Aca- 

démie une  pile  construite  sur  un  nouveau 
principe;  par  M.  Doat 85 j 

—  M.  Becquerel  présente  ,  au  nom  de  M.  du 

Moncel,  le  premier  volume  de  la  seconde 
édition  d'un  ouvrage  ayant  pour  titre  : 
<c  Exposé  des  applications  de  l'électri- 
cité » 11^5 

BECQUEREL (Edm.  ).  —  Noie  relative  au  dé- 
gagement de  l'électricité  par  frottement.       4^ 

—  Recherches  sur  le  dégagement  de  l'éleciri- 


(  i3o9  ) 


MM.  P'ges- 

cité  dan»  les  pile»  voltaïqucs.  Première 
partie  :  Force  électromotrice n58 

BEECHEY  est  présenté  par  la  Section  de 
Géographie  et  de  Navigation  comme  l'un 
dis  candidats  pour  une  place  vacante  de 
Correspondant 499 

M.  BÉGAT  est  présenté  comme  l'un  des  can- 
didats pour  une  place  de  géographe  va- 
cante au  Bureau  des  Longitudes . . .     357 

'BEHRENS  (M11").  —Notes  sur  la  composi- 
tion d'une  pile  voltaïque  destinée  à  l'usage 
médical ^99  et    552 

BEKKER.  —  M.  Geoffroy-Saint-Iîilaire ,  en 
présentant  un  opuscule  de  M.  Bckker  sur 
l'ongle  de  la  queue  du  lion  ,  donne  une 
idée  de  ce  travail   3^5 

BELLEMARE.  —  Mémoire  ayant  pour  titre: 
«  Les  chocs  rendus  impossibles  sur  les 
chemins  de  fer  au  moyen  de  l'interrupteur 
kilométrique  i> 43 

BÉRAUD.  —  TJne  récompense  lui  est  accordée 
pour  ses  «  Recherches  d'Anatomie  et  de 
Pathologie  sur  les  voies  lacrymales  »  (con- 
cours pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie de  i855) i5i  et    498 

BÉRE1NGER,  Président  de  l'Institut  pour 
l'année  i856,  rappelle  que  la  première 
séance  trimestrielle  des  cinq  Académies 
doit  avoir  lieu  le  mercredi  a  avril 4^5 

—  M.  le  Président  de  l'Institut  transmet  deux 

pièces  imprimées  qui  lui  ont  été  adressées, 
et  qui  sont  destinées  par  leur  auteur, 
M.  Trouillet,  au  concours  pour  le  prix 
triennal 7^5 

BERETTI.  —  Recherches  analytiques  sur  le 

sang  de  personnes  mortes  du  choléra. ...       89 

BÉRIONY.  —  Observations  oznnométriques 
faites  avec  le  papier  Schœnbein  ,  autour 
de  la  caserne  de  Saint-Clond Iil5 

BERNARD  (Ci..).  —  Rapport  sur  le  concours 
pour  le  prix  de  Physiologie  expérimentale 
de  i855.. i37 

—  Rapport  sur  le  concours  pour  les  prix  de 

Médecine  et  de  Chirurgie  de  i855 147 

—  Rapport  de  la  Section   de  Médecine  et  de 

Chirurgie  sur  le  legs  Bréant 168 

M.  Bernard  présente  un  opuscule  de  M.  Cas- 

torani  sur  la  kératite   1002 

—  Et  un  Mémoire  sur  les  albuminoïdes,  par 

M.  Denis,  de  Commercy 1175 

—  M.  Bernard  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission du  concours  pour  les  prix  de  Mé- 
decine et  de  Chirurgie 11 58  et   iao3 

—  Et  de  la  Commission  du  concours  pour  le 

prix  de  Physiologie  expérimentale. ....   iîo3 
BERTHÉ.  —  «  De  la  faculté  assimilatrice  des 

différents  corps  gras  » 890 


MM.  ''»«'■■ 

BERTHELOT.  —  Sur  le  propylèno  iodé  (en 

commun  avec  M.  de  Laça  ) 233 

—  Nouveau  procédé  pour  préparer  l'acide  for- 

mique r\\l 

—  Sur  les  combinaisons  des  matières  sucrées 

avec  les  acides nu 

BERTHERAND.  —  Analyse  de  son   ouvrage 

sur  la  médecine  et  l'hygiène  des  Arabes. .  6;)3 
BERTRAND  (J.).  —   Note  sur  le  gyroscope 

de  M.  Foucault 1021 

—  Démonstration  géométrique  de   quelques 

théorèmes  de  M.  Gauss 1088  et  1229 

—  M.    Bertrand  prie   l'Académie  de   vouloir 

bien  le  comprendre  dans  le  nombre  des 
candidats  pour  une  place  vacante  dans  la 
Section  de  Géométrie 347 

—  M.  Bertrand  est  présenté  par  la  Section  de 

Géométrie  comme  l'un  des  candidats  pour 

la  place  vacante 746 

—  M.  Bertrand  est  nommé  Membre  de  l'Aca- 

démie des  Sciences,  Section  de  Géomé- 
trie ,  en  remplacement  de  M .  Sturm 786 

—  Décret  impérial   confirmant  sa    nomina- 

tion      8i3 

BERTRAND,  de  Lom.  —  Sur  un  gisement 
de  pouzzolane  récemment  découvert  dans 
la  Haute-Loire 55o 

BIENAÏMÉ  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission du  concours  pour  le  prix  de  Sta- 
tistique     991 

BILLIARD.  —  Théorie  de  la  phlhisie.  —Dé- 
couverte des  sources  de  l'ozone  organique. 
—  Cause  secondaire  du  choléra 885 

BILLY  (de).  —  Note  sur  la  carte  géologique 
du  département  des  Vosges ,  et  sur  quel- 
ques accidents  géologiques  figurés  dans 
ce  travail 96' 

BINEAU  est  présenté  par  la  Section  de  Chimie 
comme  l'un  des  candidats  pour  une  place 
vacante  de  Correspondant 699 

B1NET.  —  M.  Binet,  Vice-Président  duraut 
l'année  i855,  passe  aux  fonctions  de  Pré- 
sident pour  l'année  i856 1 

—  La   mort  de  M.   Binet,  arrivée  le  12  mai 

i856 1  est  annoncée  le  même  jour  à  l'Aca- 
démie       3^3 

—  Obsèques  de  M.  Binet  :  MM.  Lamé  el  Cau- 

chj  y  ont  parlé  au  nom   de  l'Académie 

des  Sciences gi3 

B1NG.  —  Lettre  concernant  l'application  du 

gluten  frais  à  la  fabrication  du  pain. ...     909 

BIOT.  —  Remarques  à  l'occasion  d'une  com- 
munication de  M.  Pasteursur  le  sucre  de 
lait 35i 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  communica- 

tion de  M.  Jean  Jean  sur  l'huile  essentielle 
contenue  dans  l'essence  de  garance 85<) 


(  i3 

■H.  Pages. 

—  M.  Biot  annonce  la  réimpression  du  Com- 

mercium  epistolicum  et  de  ses  annexes  ;  il 
publie  ce  livre  en  collaboration  avec 
M.  Lefort 6o5 

—  M.  Biot  est  nommé  Membre  de  la  Commis- 

sion du  concours  pour  le  grand  prix  de 
Sciences  mathématiques  de  i856  (ques- 
tion concernant  la  théorie  mathématique 
des  phénomènes  capillaires) \ï\\ 

BLANCHET.  —  Lettre  concernant  le  mouve- 
ment perpétuel 523 

BLONDEAU.  —  Sur  l'huile  douce  du  vin  et 
sur  les  produits  secondaires  qui  prennent 
naissance  à  la  suite  de  l'éthérification. . .     44° 

—  Considérations    générales  sur  le  mode  de 

constitution  des  alcools  et  des  éthers.  ..     885 

BOILEAU.  —  Le  prix  de  Mécanique  de  la  fon- 
dation Monlyon  lui  est  accordé  pour  ses 
<t  Recherches  expérimentales  sur  l'hydrau- 
lique)       123 

Recherches   sur  l'élasticité  du  caoutchouc 

vulcanise g33 

BOINET.  —  Nouvel  urétrotome  pour  prati- 
quer l'urétrotomie  d'avant  en  arrière  et 
sans  dilatation  préalable ' 586 

BONAPARTE  (le   Prince  Ch.).  -  Note  sur 

les  Perdrix  d'Europe 5og 

Espèces  nouvelles  d'oiseaux  d'Asie  et  d'A- 
mérique, et  tableaux  paralléliquesdes  Pé- 
lagicns  ou  Gavia , 764 

Observations  sur  la  zoologie  géographique 

de  l'Afrique ,  et  Description  d'un  nouveau 
genre  et  de  nouvelles  espèces  d'oiseaux  . .     819 

Tableaux  paralléliques  de  l'ordre  des  Gal- 
linacés      874  et    952 

M.  lePrinceCA.  Bon«/M;feprésente,aunom 

de  M.  Grar,  un  exemplaire  du  Catalo- 
gue des  Reptiles  chéloniens  existant  dans 
la  collection  du  Muséum  britannique. . ..     5i3 

—  Et  au  nom  de  M.  Sclater,  un  opuscule  sur 

les  Oiseaux  compris  dans  les  collections 
envoyées  de  Sanla-Fé  de  Bogota. .......     g5ï 

BONELLI.  —  Suppression  du  fil  de  cuivre 
couvert  en  soie  pour  les  spirales  des  mul- 
tiplicateurs      885 

BONNET  (O.).  —  Note  sur  les  surfaces  pour 
lesquelles  la  somme  des  deux  rayons  de 
courbure  principaux  est  égale  au  double 
delà  normale 110 

—  Noie  sur  un  genre  particulier  de  surfaces 

réciproques 4°^' 

—  Nouvelles  remarques    sur   les    surfaces  à 

aire  minima 53a 

—  Sur  les  surfaces  dont  toutes  les  lignes  de 

courbure  sont  planes 1067 

—  Note  sur  la  courbure  géodésique 11 37 

—  M.    Bonnet    prie    l'Académie   de   vouloir 

bien  le  comprendre  dans  le  nombre  des 


IO) 

MM. 


Pages. 


candidats  pour  une  place  vacante  dans  la 
Section  de  Géométrie 491 

—  M.  Bonnet  est  présenté  par  la  Section   de 

Géométrie  comme  l'un  des  candidats 
pour  la  place  vacante  par  suite  du  décès 
de  M.  Stmm 545 

BONNET,  de  Lyok.  —  Sur  l'application  du 
compteur  à  gaz  à  la  mensuration  de  l'air 
respiré 8a5 

BORDONE.    —   Description   et   figure  d'un 

nouveau  système  de  grilles  fumivores. . .     636 

BOUCART.  —  Lettre  et  Note  relatives  à  un' 
nouveau  système  de  moteurs,  dans  lequel 
l'air  remplace  la  vapeur 865  et  1074 

BOUCHOT.  —  Sur  les  symptômes  et  le  trai- 
tement du  coryza  des  nouveau-nés 354 

BOUDET  et  Boutron.  —  Un  prix  leur  est 
accordé  pour  leur  moyen  de  déterminer 
la  proportion  des  sels  à  base  de  chaux 
dans  les  eaux  des  sources  et  des  rivières, 
au  moyeu  d'une  liqueur  savonneuse  titrée 
(concours  pour  le  prix  dit  des  Arts  insa- 
lubres, année  i855) 141  et    3oo 

BOU1S.  —  Sur  la  présence  de  l'ammoniaque 

dans  certaines  eaux  minérales 1260 

BOULU.  —  Traitement  des  adénites  cervi- 
cales, par  un  nouveau  procédé  d'acu- 
puncture      3gg  et  1274 

BOUN1CEAU.  — Recherches  sur  VHirudo  san- 
guisuga  et  son  mode  de  reproduction  .. 
245,  585  et  n3a 

BOUQUET.  —  Une  récompense  lui  est  ac- 
cordée pour  son  Mémoire  sur  l'analyse 
des  eaux  du  bassin  hydrologique  de  Vi- 
chy (  concours  pour  les  prix  de  Méde- 
cine et  de  Chirurgie  de  l'année  i855)....     i5a 

BOUR.  —  Mémoire  sur  les  mouvements  re- 
latifs      383 

—  M.  Bour  est  présenté  par  la  Section  de 

Géométrie  comme  l'un  des  candidats 
pour  une  place  vacante  de  Correspon- 
dant      4Ia 

BOURDON  (Isid.).  —  Mémoire  sur  divers 
traitements  opposés  au  choléra,  et  plus 
particulièrement  sur  les  effets  thérapeu- 
tiques de  la  strychnine 637  et    996 

BOURGET.  —  Mémoire  sur  le  développe- 
ment de  la  fonction  perturbatrice 53o 

—  Mémoire  sur  le  développement   en  série 

d'une  partie  de  la  fonction  perturba- 
trice    io5g 

BOURGUIGNON  et  Deiafond.  —  Lettre  con- 
cernant leur  travail  sur  la  pathologie  com- 
parée de  la  gale 61 

—  Note  sur  un  nouvel  acarus  du  cheval,  pou- 

vant  transmettre  la  gale  de  ce  solipèda 

à  l'homme s4* 


(  i3i 


MM.  Pajd. 

130UR0S.  —  Réclamation  de  priorité  relati- 
vement à  la  constatation  des  propriétés 
toxiques  de  VAtractylis  gummi/eru. Nou- 
veaux faits  d'empoisonnement  par  Ja  ra- 
cine de  cette  plante 8og 

—  Dis  renseignements  ultérieurs  sur  ces  der- 

niers cas  d'empoisoanc.Tieuts  portent  à 
attribuer  l'action  toxique    a    arie  plante 

autre  que  VAtractylis 1223 

BOUSSINGAULT.  —  Sur  un  gisement  de 
platine  signalé  dans  un  filon  de  la  pro- 
vince d'Antioquia  (Nouvelle-Grenade). . .     917 

—  Recherches  sur  les  variations  que  l'eau  de 

la  mer  Morte  semble  subir  dans  sa  com- 
position    n3o 

—  M.  Boussingault  e"st  nommé  Membre  de  la 

Commission  du  concours  pour  le  prix  de 
Statistique 991 

—  lit  de  la  Commission  du  concours  pour  le 

prix  dit  des  Arts  insalubres i'2.'\i 

BOUT1GNY.  —  Note  ayant  pour  titre  :  «Sur 
le  mouvement  de  rotation  d'un   corps  à 
l'état  sphéroïdal  autour  d'un  point  fixe  ».     693 
BOUTRON  et  Bocdet.   —  Un  prix  leur  est 
accordé  pour  leur  moyen  de  déterminer 
la  proportion   des  sels  à   base   de  chaux 
dans  les  eaux  des  sources  et  des  rivières 
au  moyen  d'une  liqueur  savonneuse  titrée 
(concours  pour  le  prix  dit  des  Arts  insa- 
lubres de  l'année  it>55).  .......      141  et     3oo 

BRACHET.  —    Lettre   et   Note   concernant 

l'aéronautique 49^  e'     ^97 

—  Note  sur  des  instruments  d'optique 1075 

—  Note  concernant  la  presse  hydraulique. . .    1225 
BRAME.  —  Sur  la  préparation  et  la  conser- 
vation des  fumiers lo65 

BRANUT,  en  présentant  divers  Mémoires 
de  Zoologie,  en  indique  sommairement 
le  sujet 1249 

BRAVAIS.  —  Rapport  sur  une  Note  de 
M.  Wils-Brown  :  «Nouvelle  méthode  pour 
le  calcul  des  distances  lunaires  observées 
en  mer  » 4?4 

—  M.  Bravais,   en  présentant,    au   nom    de 

til.Siljestrom,  un  volume  intitulé  :  «  Dis- 
sertation sur  des  matières  de  physique  et 
de  philosophie  »,  donne  une  idée  du  con- 
tenu de  cet  ouvrage 274 

BRAVARD.  —  Conspectus  de  la  faune  fos- 
sile de  l'Amérique  du  Sud 885 

BRETON  (A.).  —  Lettre  et  Note  concernant 
une  pile  électrique  de  son  invention  des- 
tinée à  l'usage  médical 356  et    53g 

RRETON,  de  Champ.  —  Sur  un  passage  de 
Proclus  qui  a  été  indiqué  récemment 
comme  se  rapportant  aux  porismes ......    4§° 


n 

MM.  IV.-k. 

BRETON,  deCbamp.  — Mémoires  sur  les  con- 
ditions auxquelles  il  faut  satisfaire  dans 
la  construction  des  appareils  d'optiqua, 
pour  obtenir  des  images  exemptes  de 
déformations fô$ 

—  Théorie  dos  effets  de  la  lentille  simple  em- 

ployée comme  objectif  de  chambre  obscure 

et  comme  bcsicle 542  et     741 

—  Sur  la  courbure  des  surfaces  focales  dans 

le  cas  d'un  objectif  composé  d'un  nom- 
bre quelconque  de  lentilles  en  contact, 
traversé  en  son  centre  de  figure  par  des 
pinceaux    oa    faisceaux    très-minces   de 

rayons  1  umineux 960 

BRONGNIART  est  nommé  Membre  de  la 
Commission  chargée  de  proposer  le  sujet 
du  grand  prix  des  Sciences  naturelles, 
pour  l'année  1857 13 

—  Et  de  la  Commission  du  grand  prix  des 

Sciences  physiques  de  îojij  (question 
concernant  les  lois  de  la  distribution  des 
restes  organiques  dans  les  terrains  de  sé- 
diment)      829 

BROWN  (VVils-). — Nouvelle  méthode  pour  le 
calcul  desdistances  lunaires  observées  en 
nier.  (Rapport sur  ce  Mémoire;  Rappor- 
teur,  M..  Bravais.) 4/4 

BROWN-SEQUARD.  —  Recherches  expéri- 
mentales sur  la  production  d'une  affec- 
tion eonvulsive,  épileptiforme,  h  la  suite 
de  lésions  de  la  moelle  épinière 86 

—  Le  prix  de  Physiologie  expérimentale  lui 

est  décerné  pour  ses  expériences  concer- 
nant la  transmission  des  impressions 
sensitives  de  la  moelle  épinière  (con- 
cours de  i855) i37 

—  Lettre  concernant  une  erreur  typogra- 
phique qui    le  concerne  dans  le  Compte 

rendu  de  la  séance  du  3  décembre  i855. .     3oi 

BRYAS  (de).  —  Lettres  concernant  sa  Note 
sur  les  terres  propres  à  la  fabrication  des 
tuyaux  de  drainage 811  et  122Ï 

BUISSON.  —  Considérations  sur  la  lumière 

et  sur  la  vision 4->8 

BURDJ.N.  —  Sur  le  calcul  des  effets  des  ma- 
chines        9 

BUSSY  transmet  un  opuscule  publié  en  1754 
par  M.  de  Granle,  sur  des  expériences 
supposées  analogues  à  celle  par  laquelle 
M.  Foucault  rend  sensible  aux  yeux  le 
mouvement  de  rotation  de  la  terre 810 

BDZAIR1ES.— Demande  concernant  un  opus- 
cule qu'il  vient  de  publier  sur  l'agricul- 
ture   ie>8 


(     l3l2    ) 


«■•  Pas«. 

CADET,  —  Supplément  à  de  précédente» 
coininumcalions  sur  le  choléra-morbu» 
et  sur  la  classification  des  corps  naturels. 
210,  344  et   Uj'j 

CAHOURS.  — Recherches  sur  une  nouvelle 
classe  d'alcools  (encommunavecM.  Hoff- 
mann}          217 

CANCALON.  —  Lettre  concernant  son  Mé- 
moire sur  les  modifications  éprouvées  par 
le  climat  de  l'Italie,  de  la  France  et  de 
l'Amérique 55i 

CARAGUEL.  —  Observations  sur  certaines 
habitudes  des  araignées  en  rapport  avec 
l'état  de  l'atmosphère 4^7 

CARANZA.  —  Nouveau  procédé  de  fixage 
pour  les  épreuves  photographiques  au 
moyen  du  chlorure  acide  de  platine 344 

CARENTIN.  —  Sur  un  procédé  agricole  uti- 
lement employé  en  Algérie  pour  préve- 
nir le  développement  de  la  maladie  de  la 
vigne 637 

CARMEINTREZ  (l'abbé).  —  Nouvelle  Note 
relative  aux  moyens  de  prévenir  l'inva- 
sion du  choléra-morbus 344  et     5l2 

CARMIGNAC-DESCOMBES  père.  —  Per- 
fectionnement apporté  à  un  procédé  de 
conservation  pour  les  céréales. ... 44° 

CARRÉ  (Ch.).  —  Mémoire  sur  divers  moyens 
tendant  à  empêcher  les  déraillements  sur 
les  chemins  de  fer 344 

CARRÉRE. —  Sur  la  production  des  anneaux 
colorés  par  un  procédé  particulier,  et  sur 
l'application  de  ce  procédé  à  la  forma- 
tion d'un  papier  à  couleurs  changeantes.     689 

CARRET.  —  Nouvel  appareil  pour  le  traite- 
ment des  fractures  des  membres 1  o3 

CAS ASECA.  —  Observations  pluviomélriques 
faites  à  laHavane,  du  ier  janvier  iS55  au 
ier  janvier  i85G G55 

CASTORANI.  —  Son  Mémoire  intitulé  :  k  De 
la  kératite  et  de  ses  suites  »,  est  présenté 
et  analysé  par  M.  Cl.  Bernard 1002 

—  Description  et  figure  d'un  ophthalmoscope.  1073 
CATALAN.  —  Sur  le  calcul  de  la  latitude  par 

la  méthode  de  M.  Babinet 287 

—  Note  à  l'occasion  d'un  théorème  de  M.  Ser- 

ret 1184 

CAUCrTY.  —  Sur  une  formule  très-simple 
et  très-générale  qui  résout  immédiate- 
ment un  grand  nombre  de  problèmes 
d'analyse  déterminée  et  d'analyse  indéter- 
minée       3(i0 

—  Note  sur  un  théorème  de  M.  l'uiseux.. ..     CG3 


mm.  Pas„. 

—  Déclaration    de   M.  Cauchy    à    l'occasion 

d'une  demande  de  Rapport  adressée  par 

M.  Passot ...     189 

—  M.   Cauchy    est  adjoint  à    la  Commission 

chargée  d'examiner  un  Mémoire  présenté 
par  M.  Gomcz  de  Sousa  dans  la  séance 
du  23  juin  i85S  1175 

CAYLEY  est  présenté  par  la  Section  de  Géo- 
métrie comme  l'un  des  candidats  pour 
une  place  vacante  de  Correspondant. . . .     412 

CAZEAUX.  —  Une  récompense  lui  est  accor- 
dée pour  son  Mémoire  sur  la  chloro-ané- 
mie  des  femmes  enceintes  (concours 
pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie 
de  i855) i5i 

CHACORN  AC.  —  Découverte  d'une  nouvelle 
petite  planète  faite  à  l'Observatoire  de 
Paris  ,  le  1 1  janvier  1 856 3l 

—  Découverte  d'une  nouvelle  petite  planète 

faite  le  S  lévrier  |85G  (communication 

de  M.  Le  Verrier) 278 

—  Une  médaille  du  prix  d'Astronomie  de  la 

fondation  de  Lalande  lui  est  décernée 
pour  sa  découverte  de  la  planète  Circè . . .      172 

CHAMP1GNY.  —  Note  sur  un  verglas  singu- 
lier observé  dans  les  environs  de  Chàtel- 
lerault  (  Vienne) 2-5 

CHANTREAU.  —  Effets  du  verglas  dan»  cer- 
tains cantons  du  département  des  Deux- 
Sèvres  276 

CHAPOTEAU.  —  Sur   un  procédé   employé 

avec  succès  pour  détruire  les  punaises. . . .     5a» 

CHARLES  (Mme).  —Sur  des  appareils  et  pro- 
cédés de  son  invention  pour  le  blanchis- 
sage à  la  vapeur  libre  et  sans  pression..      586 

CHASLES.  —  Remarques  à  l'occasion  d'une 
Note  de  M.  Vincent  sur  la  théorie  des 
parallèles 1 154  et   1240 

—  M.Chasles  communique  une  Lettre  que  lui 

a  adressée  M.  Catalan,  sur  le  calcul  de  la 
latitude  par  la  méthode  de  M.  Babinet..      287 

—  M.  Cn«j/ej présente  au  nom  de  M.  Babbaçe, 

une  Notice  imprimée  sur  la  machine  à 

calculer  de  M .  Scheutz 798 

CHATIN.  —  De  l'existence  et  des  caractères 
de  deux  types  symétriques,  distinct»  chez 
les  plantes  diplostémones iî 

—  Sur  les  plantes  aériennes  épidendres;  sur 

la  structure  des  racines  des   Orchidées.  .       4° 

—  Sur  Tordre  des  Cuscutacées 2G9 

—  Anatofnle  des  Cassylhacées 3ay 

—  Mémoire  sur  les  genres  Orohanche  et  l'he- 

lipœa ...•»• 4"^ 


(  i3i3  ) 


MM.  ÎW«. 

CHATIN.—Organographio  des  Orobanchéos.     79a 

—  Recherches  expérimentales  sur  le  pouvoir 

d'absorption,  par  rapport  à  Peau,  des 
racines  des  plantes  aériennes 8}i 

—  M.  Chatin  est  présenté  par  la  Section  de 

Botanique  comme  l'un  des  candidats  pour 
la  place  vacante  par  suite  du  décès  do 
M.  de  Mirbel 910 

CHATONETt.  —  Mémoire  sur  les  matériaux 
à  employer  dans  les  constructions  à  la 
mer  ( en  commun  avec  M .  liivoi ) Mtg 

CHALVEAU.  —  Nouvelles  recherches  sur  la 

question  glycogénique. 1O0S 

CHAZALLON.  —  Sur  le  mouvement  des  di- 
verses ondes  dont  se  compose  la  marée.     96G 

—  il.  Chazallon  est  porté  sur  la  liste  des  can- 

didats qui  peuvent  être  proposés  pour  la 
place  de  géographe  vacante  au  Bureau  des 
Longitudes,  par  suite  du  décès  de  M.  Beau- 
iemps-Beituprê 35^ 

—  M-  Chazallon   prie   l'Académie  de  vouloir 

bien  le  comprendre  dans  le  nombre  des 
candidats  pour  une  place  vacantode  mem- 
bre-adjoint au  Bureau  des  Longitudes...     4&8 

CHEVAL.  —  Mémoire  intitulé  :  a  Nouveau 
procédé  pour  la  conservation  des  bois- 
sons au  moyen  de  la  pression  du  liquide 
sur  et  par  lui-même  » 58g 

CHEVALLIER  (A.).  —  Emploi  du  phosphore 
amorphe  ;  réclamation  de  priorité  à  l'oc- 
casion d'uneNoledeMM.Or/i/aet/i/gou«.     272 

—  Sur  le  phosphore  et  ses  préparations  (en 

commun  avec  M.  O.  Henry)....     34'  ct    99^ 
CHEVREUL.  —  Rapport  sur  le  concours  pour 
le   prix  relatif  aux  Arts  insalubres  pour 
l'année  i855 l4' 

—  Comparaison  de  l'analyse  minérale   avec 

l'analyse  organique  immédiate,  et  consé- 
quence qu'on  en  peut  déduire  pour  établir 
une  méthode  de  cette  dernière  analyse..     8j3 

—  Communication  de   M.  Chevreul ,  en  pré- 

sentant, au  nom  de  M.  S.  Julien,  un  Traité 

de  la  fabrication  de  la  porcelaine  en  Chine.     47° 

—  M.  Chevreul,  Membre  delà  Commission 

chargée  de  répondre  a  une  question  po- 
sée par  M.  le  Ministre  de  l'Instruction 
publique,  concernant  la  découverte  de  la 
soude  artificielle  ,  lit  une  Note  dans  la- 
quelle il  expose  son  opinion  particulière 
sur  la  question  débattue 5?6 

—  M.  Chevreul  est    nommé  Membre   de   la 

Commission  administrative  pour  l'année 
i85G 3 

—  Et.  Membre  de  la  Commission  du  concours 

pour  le  prix  dit  des  Arts  insalubres 1241 

CHIOZZA.  —  Sur  la  production  artificielle  de 

l'essence  de  cannelle a.a 

C.  R.,  1856,  i«  Semestre.  (T,  XLII.) 


MM,  P'gU. 

CLAUZURE.  —  Réclamation  à  l'occasion 
d'une  Note  de  M.  Leclerc ,  relative  à  l'ac- 
tion des  infusions  végétales   sur  le  sang 

veineux  fraîchement  tiré  de  la  veine 585 

CLOQUET  (J.  )  présente  un  Mémoire  de 
M.  Longet  sur  les  liquides  digestilsde  l'é- 
conomie animale 4$° 

—  M.  Cloquet  est  nommé  Membre  de  la 
Commission  du  concours  pour  les  prix 
de  Médecine  et  de  Chirurgie.. .  1  i5S  et  iao3 
COCHAUX.  —  Manomètre  destiné  à  l'aire 
connaître  le  degré  de  profondeur  qu'un 
bateau  sous-tnarin  ne  doit  pas  dépasser.  746 
COHENDT  MARTIN.  — Leltre  concernant 
un  médicament  composé  dont  il  dit  avoir 

obtenu  d'excellents  résultats 811 

COINZE.  —  Lettres  concernant  un  livre  in- 
titulé :  «  Révélations  des  lois  de  la  nature, 
ou  Science  de  la  vraie  physique».   1074  B'  iaï4 
COLLINS.  —  Leltre  concernant  une  précé- 
dente Note   sur   une  question    d'analyse 

mathématique 355 

COMBES.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de 
M.  l'hillipps,  concernant  le  calcul  de  la 
résistance  des  solides  prismatiques  sou* 
mis  à  l'action  d'une  charge  en  mouve- 
ment      3a5 

—  M.  Combes  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission chargée  de  la  rédaction  du  pro- 
gramme pour  le  concours  concernant  le 

Perfectionnement  de  la  Navigation 37 

COMP1NGT.  — Lettres  concernant  un  remède 
de   son  invention   pour  la   guérisou   des 

dartres 745 ,   893  et  «074 

CORBON,  écrit  par  erreur   pour    Courbon. 

Voir  à  ce  nom. 
CORV1SART.  —  Une  récompense  lui  est  ac- 
coraée   pour  ses  recherches  sur  l'action 
thérapeutique  de  la   pepsine    (concours 
pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie 

de  i855.) i53 

COSTE.  —  Note  sur  l'empoissonnement  des 

eaux  du  bois  de  Boulogne 3i3 

COUES  (S.-E.).  —  Mémoire  sur  une  variation 
de  la  vélocité  du  soleil,  qu'on  a  attribuée 

à  une  oscillation  du  périgée  solaire 739 

COOLVIEK-GRAV1ER.  —  Bolide  observé  le 

29févier  i856 454 

COURBON  prie  l'Académie  de  faire  examiner 
une  collection  qu'il   a  faite  des  plantes 
croissant  dans  les  environs  de  Montevideo.     4" 
—  Mémoire  sur  la  flore  des  environs  de  Mon- 
tevideo et  de  l'île  de  Saint-Gabriel jrji 

COUTURIER.  —  Note  sur  l'emploi   du  tan 
épuisé  pour  la  fabrication  de  papiers  ou  de 
carions  convenables  à  diverses  industries.     3g8 
CRUVEILHIER.  —  Mémoire  sur  l'ulcère  sim- 
ple de  l'estomac........... 81  et    4-1 

17a 


(  i3i4  ) 


MM.  Pages. 

—  M.  Cruveilhier  est  présenté  par  la  Section 
de  Médecine  et  de  Chirurgie  comme  l'un 
des  candidats  pour  la  place  vacante  par 
suite  du  décès  de  M .   Magendie 55a 

CURATbURS  DE  L'UNIVERSITÉ  DE 
LEYDE  (les)  adressent,  au  nom  des  Uni- 
Tersitcs  néerlandaises  et   des  Athénées 


HM.  WBM. 

d'Amsterdam  et  de  Deventer,  un  exem-     ' 
plaire  de  leurs  Annales  pour  l'année  i85i- 

i85î u33 

CURTAULT.  —  Sur  des  moyens  employés 
par  lui  avec  succès  pour  délivrer  la  vigne 
de  l'oïdium 1074  e'  ,334 


DANA  adresse  l'Atlas  de  son  ouvrage  sur  les 
Mollusques  observés  dans  le  voyage  de 
circumnavigation  exécuté  par  ordre  des 
Etals-Unis  d'Amérique  dans  les  années 
i838-i8^2 q7 

DANGER  (M11")  demande  et  obtient  l'autori- 
sation de  retirer  quatre  paquets  cachetés 
présentés  par  feu  son  père  et  par  M.  Flan- 
din •     9°9 

DARCY.  — En  présentant  son  ouvrage  sur  les 
fontaines  publiques  de  la  ville  de  Dijon, 
M.  Élie  de  Deaumont  donne,  d'après  la 
Lettre  d'envoi,  une  idée  du  travail  rela- 
tif à  l'approvisionnement  en  eau  de  cette 
ville    iij6 

DARESTE.  — Une  récompense  lui  est  accor- 
dée pour  son  travail  sur  les  circonvolu- 
tions cérébrales  (concours  pour  les  prix 
■de  Médecine  et  de  Chirurgie  de  i855  ). . .      149 

—  Note  sur  l'encéphale  de  l'aptéryx 861 

DARLU.  —  Sur  les  moyens  de  prévenir   le 

retour  des  grandes  inondations Il43 

DARONDEAU  prie  l'Académie  do  vouloir 
bien  le  comprendre  dans  le  nombre  des 
candidats  pour  une  place  vacante  de  Mem- 
bre adjoint  au  Bureau  des  Longitudes.  .  810 
DAUSSE.  —  Note  relative  aux  inondations.  vi\i 
DAUSSY  présente  à  l'Académie  la  Table  des 
positions  géographiques  des  principaux 
lieuxdu  globe,  extraite  de  la  Connaissance 
des  Temps  pour  i858 S18 

—  M.  Daussy  est  porté  sur  la  liste  des  candi- 

dats qui  peuvent  être  présentés  pour  la 
place  de  géographe  vacante  au  Bureau  des 
Longitudes  par  suite  du  décès  de  M.  lieau- 
temps-Beauprè 35? 

—  M.  Daussy  est  désigné  par  la  voie  du  scru- 

tin comme  le  candidat  qui  sera  présenté 
en  première  ligne  par  l'Académie  pour  la 
place  vacante 37* 

DECHARMES.  —  Fabrication  d'une  liqueur 
alcoolique  avec  les  tiges  de  VHelianihus 
luberosus  (topinambour) /J38 

DECHEN. —  Carte  géologique  de  la  province 
Rhénane  et  de  la  province  de  Westphalie  ; 
M.  Elie  de  Beaumont  résume  les  rensei- 
gnements fournis  par  cette  carte 100 


DECKEN.  —  Note  intitulée  :  «  Etudes  du 
fluide  magnétique,  de  ses  attributs  et  de 

ses  fonctions  dans  la  nature» 5q8 

'DEISS.  —  Mémoire  sur  l'emploi  du  sulfure  de 
carbone  comme  moyen  d'extraction  du 
suif  des  os,  de  l'huile  des  graines  oléagi- 
neuses et  pour  le  dégraissage  des  laines  .     307 

DELAFOND  et  Bourguignon  demandent  l'au- 
torisation de  reprendre  un  travail  sur  la 
pathologie  comparée  de  la  gale 61 

—  Note  sur  un  nouvel  acarus  du  cheval  pou- 

vant transmettre  la  gale  de  ce  solipède  à 
l'homme 341 

DELAISTRE.  —  Sur  la  trisection  de  l'angle.  1075 

DE  LA  JONQUIÉRE.  —  Sur  un  phénomène 
atmosphérique,  un  bruit  sans  cause  con- 
nue, qui  a  été  observé  à  Pau  et  dans  les 
environs 356 

DE  LAMOTTE-TARCHAND.  —   Mémoire 

sur  les  aurores  polaires ia56 

DE  LA  RIVE  (Atc.  )  présente  à  l'Académie 
le  second  volume  de  l'édition  anglaise  de 
son  ouvrage  sur  l'électricité 6ti 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  communica- 

tion de  M.  Despreti  sur  cette  question  : 
Le  courant  de  la  pile  peut-il  traverser 

l'eau  sans  la  décomposer? 710 

DELAUNAY,  en  présentant  un  exemplaire 
d'un  Traitéde  Mécanique ralionnellcqu'U 
vient  do  publier,  fait  connaître  le  but 
qu'il  s'est  proposéen  écrivant  cet  ouvrage.     349 

—  M.    Delaunay  est   nommé   Membre  de  la 

Commission  appelée  à  décerner  le  prix 
d'Astronomie  (fondation  Lalande)  pour 
l'année  io56. ..    I3û3 

DELESSE.  —   Carte  hydrographique  souler- 

raino  de  la  ville  de  Paris 1307 

DELFRAYSSÉ.  —  Note  sur  le  traitement  du 

choléra  épidémique 89 

DELPECH.  —  Sur  les  accidents  quedéveloppe 
chez  les  ouvriers  on  caoutchouc  l'inhala- 
tion des  vapeurs  de  sulfure  de  carbone..     586 

DE  LUCA.  —  Sur  le  propylène  iodé  (en  com- 
mun avec  M.  Berthelot) a33 

DEM  ANDRE  (l'abbé)  transmet  une  demande 
que  l'auteur  ne  peut  présenter  dirtete- 
ment,  se  proposant  de  concourir  pour  un 


(  i3i5  ) 


MM.  l'agw. 

des  prix  où  Tune  des  condilions  imposées 
aux  concurrents  est  de  ne  pas  faire  con- 
naître leur  nom  avant  le  jugement  de  la 
Commission ; 65? 

DEMAY  (V.-P.).—  Une  mention  honorablo 
lui  est  accordée  pour  son  «  Histoire  do  la 
vil  le  de  Bel  levi  Ile  et  de  ses  accroissements, 
ou  Examen  des  divers  rapports  de  la  ban- 
lieucdc  Paris  avec  la  capitale»  (concours 
de  Statistique  pour  l'année  1 855) i34 

DENIS,  de  Commercy.  —  Nouvelles  études 
chimiques,  physiologiques  et  médicales 
sur  les  albuminoïdes  qui  entrent  comme 
principes  immédiats  dans  la  composition 
des  corps  organisés   11^5 

—  M.  Denis  est  présenté  par  la  Section  de  Mé- 

decine et  de  Chirurgie  comme  l'un  des  can- 
didats pour  une  place  vacante  de  Corres- 
pondant      358 

DESA1GNES.  —  Transformation  de  divers 
acides  organiques  due  à  une  action  de 
présence  (Mémoire  inscrit  par  erreur 
sous  le  nom  de  Lassaigne) 49Î  e^    5-*4 

—  M.  Desaignes  est  présenté  par  la  Section  do 

Chimie  comme  l'un  des  candidats  pour 
une  place  vacante  de  Correspondant  ....     699 
DESLONGCH.AMPS    (Ecdes).  —  Lettre  à 
M.  Êlie  de  Beàumont  sur  le  météore  lumi- 
neux du  7  janvier  iN56 78 

—  Description  d'un  nouveau  genre  de  coquil- 

les bivalves  fossiles  (Eligmus),  provenant 
de  la  grande  oolithe  du  département  du 
Calvados.. .' 51g 

DESPEYKOUS  est  reconnu  pour  auteur  d'une 
Note  sur  les  fonctions  elliptiques  d'abord 
attribuée  à  feu  M.  Sturm,  dans  les  papiers 
de  qui  elle  avait  été  trouvée 988  et  1087 

DESPRETZ .—  Quelques  expériences  sur  cette 
question  :  Le  courant  de  la  pile  peut-il 
traverser  l'eau  sans  la  décomposer? 707 

—  M.  Desprelz  demande  que  l'appareil  em- 

ployé par  M.  Ruhmkorjf pour  mettre  le  feu 
aux  mines  soit  admis  au  concours  pour  le 
prix  dit  des  Arts  insalubres 1 . . .     6  )4 

—  M.   Desprelz    présente    un    Mémoire    de 

M.  Ga'ugain  sur  la  force  électromolrice 
des  piles  dans  lesquelles  on  emploie  des 
métaux  amalgamés [fio 

—  M.  Desprelz  est  élu  Vice-Président  en  rem- 

placement de  M.  Geqffroy-Saint-Hilaire, 
qui,  par  suite  du  décès  de  M.  Binet ,  est 
appelé  aux  fonctions  de  Président i©43 

—  M.  Desprelz  est  nommé  Membrede  laCom- 

mission  du  grand  prix  des  Sciences  ma- 
thématiques de  18Ï6  (question  concer- 
nant la  théorie  mathématique  des  phéno- 
mènes capillaires) ia4l 

DEVILLE.  Voira  SainteXlaire Deville, 


UM.  f.EC. 

DE  VRIJ  rappelle  une  demande  qu'il  a  précé- 
demment adressée  au  nom  de  la  Société 
de  Physique  expérimentale  do  Rotterdam.     497 

DIDION.— Dos  lois  de  la  résistance  de  l'air  sur 

les  projectiles  animés  de  grandes  vitesses.   1048 

DIEN.  —  Sur  un  bolide  vu  à  l'Observatoire 
impérial  de  Paris  dans  la  soirée  du  3  fé- 
vrier i856. 337 

DIRECTEUR  DU  JOURNAL  LA  SCIENCE 
(le)  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le 
comprendre  dans  le  nombre  des  personnes 
auxquelles  elle  accorde  les  Comptes  rendus.     745 

DOAT.  —  Pile  construite  sur    un   nouveau 

principe    855 

•.—  Pile  vol  laïque  à  courant  constant 969 

DON  ATI.  —  Observation  faite  à  Florence  de 

la  planète  (3<)) 4ï)3 

DONON.  —  Sur  des  couleurs  à  base  de  fer 

destinées  aux  usages  de  la  peinture.  698  et  909 

DOSNON  ,  écrit  par  erreur  pour  Donon.  Voir 
l'article  ci-dessus. 

DOYÈRE.— Lettre  accompagnant  l'envoi  d'un 

exemplaire  de  son  Mémoire  sur  l'ensilage.     864 

DOUBLET  DE  B01STH1BAULT.  —  Obser- 
vation faite  à  Chartres  du  bolide  du  3  fé- 
vrier iS'iO 28a 

DUBOIS.  —  Lettre  écrite  avec  une  encre  de 

sa  composition  supposée  inaltérable....     698 

DUBRUNFAUT.— Note  sur  l'acide  tarlrique.     lia 

—  Note  sur  le  sucre  de  lait. aaS 

—  Note  sur  la  rotation  variable  du  glucose 

mamelonné  de  raisin   739 

—  Note  sur  l'inuline 8o3 

—  Note  sur  le  sucre  interverti 901 

—  Note  sur  la  chaleur  et  la  force  mécanique. 

produites  parla  fermentation  vineuse..     945 
DUCHARTRE.  —  Recherches  expérimentales 

sur  la  respiration  des  plantes 3y 

—  Recherches  expérimentales  sur  les  rapports 

des  plantes  avec  l'humidité  atmosphé- 
rique. . ., 42$  e'  79° 

—  M.  Duchartre  est  présenté  par  la  Section 

de  Botanique  comme  l'un  des  candidats 
pour  la  place  vacante  par  suite  du  décès 
de  M.  de  Uirbel 910 

DUCHENNE.  —  Recherches  éleclrophysio- 
logiques  sur  les  fonctions  des  muscles 
qui  meuvent  le  pied 996 

DUCHESNE.  —  Réclamation  de  priorité  à 
l'occasion  d'un  passage  du  Mémoire  de 
MM.  Orjila  et  Rigout  sur  le  phosphore 
rouge  et  l'empoisonnement  par  le  phos- 
phore       4^7 

DUCLAUX  (Martin).  — Histoire  des  épidé- 
mies de  lièvre  muqueuse,  de  variole,  de 
rougeole  et  de  coqueluche  qui  ont  régné 
en  i855  dans  quelques  communes  de  l'ar- 
rondissement de  Villefraoche 6g3 

I73.. 


(  1 

MM.  Pag«. 

DDOOUIT.  —  Bemarques  relatives  au  pro- 
gramme de  l'un  des  prix  de  Mathéma- 
tiques proposés  pour  l'année  i85(î 4Ia 

—  M.  Dudouit  demande  à  être  compris  dans 

le  nombre  des  candidats  pour  une  place 
vacante  dans  la  Section  de  Géomrtt  ie. . .      81 1 

DUFOUR  (Cb.)  —  Premierrosultatdesesob- 

servations  sur  la  scintillation  des  étoiles.     634 

DUFRENOY  prësenleun  Mémoire  de  MM.  M- 
vot  et  Chatoney  sur  les  matériaux  em- 
ployés dans  les  constructions  à  la  mer..    1119 

DUHAMEL.  —  Du  frottement  considéré  com- 
me cause  de  mouvements  vibratoires...     973 

—  Présentation  du  1er  volume  des  Eléments 

de  calcul  infinitésimal  de  M.  Duhamel...      igo 

—  M.    Duhamel  est    nommé,   Membre  d«    la 

Commission  du  grand  prix  de  Sciences 
mathématiques  de  i85G  (question  con- 
cernant la  théorie  mathématique  des  phé- 
nomènes capillaires) 124 

DUHAMEL,  de  la  Charente-Inférieure.  — 
Lettre  concernant  la  mesure  des  solides 

à   forme   géométrique S66 

DUJAHDIN  adresse  une  pièce  à  l'appui  de  ses 
précédentes  communications  sur  l'emploi 
de  la  vapeur  pour  éteindre  les  incendies.       27 
DUJAHDIN.  —   Observation  d'œdème  de  la 

glotte  guéri  par  la  trachéotomie g5r 

DUMAS.  —  Rapport  fait  au  nom  de  la  Sec- 
tion de  Chimie  en  réponse  à  une  question 
posée  par  M.  le  Ministre  de  l'Instruction 
publique,  concernant  la  découverte  de  la 
soude  artificielle 553 

—  M.  Dumas  communique  une  Lettre  que  lui 

a  adressée  M.  Wôhler  sur  un  moyen  nou- 
veau d'obtenir  le  silicium 48 

—  Et  une  Note  de  M.  H.  Sainte-Claire  Deville 

sur  le  silicium  et  sur  la  préparation  du 
fluorure  d'aluminium 49 

—  M.  Dumas  présente  une  Note  deM.  Alphand 

sur  le  forage  du  puits  artésien  de  Passy.     33a 

—  Et   une  Note  de  M.  Maumenè  sur  la  con- 

servation dujusde betterave  par  la  chaux.     645 

—  M.  Dumas  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission du  concours  pour  le  prix  dit  des 

Arts  insalubres I2j4i 

DDMÉIUL.  —  Détermination  spécifique  d'un 
poisson  rapporté  de  Tanger  par  M.  Le 
Coat  de  Saini-Haouen ngo 

—  Considérations  générales  sur  les  classifica- 

tions en  histoire  naturelle  :  exposé  som- 
maire du  plan  de  Plein  hyologie  analytique.  1029 

—  Remarque  faite  au  nom  de  la  Commission 

nommée  pour  une  communication  de 
M.  Schulise  sur  le  développement  des  Pé- 
tromyzons 5,0 

—  M.   Duméril   présente  au  nom  de  son  fils 

une  «  Description  des  reptiles  nouveaux 


3i6  ) 


MM.  P.|tt. 

ou  imparfaitement  connus  de  la  collec- 
tion du  Muséum  d'Histoire  naturelle  de 
Paris,  et  remarques  sur  la  classification 
et  les  caractères  de  cette  classe  d'ani- 
maux » 801 

—  M.  Duméril  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission chargée  de  proposer  le  sujet  du 
grand  prix  des  Sciences  naturelles  pour 
l'année  i85;.  ...    12 

—  Et  de  la  Commission  du  concours  pour  les 

prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  de  i856. 

1 158  et  iQo3 

DUMÉRY.— Un  prix  lui  est  accordé  pour  son 

appareil  fumivore  (concours  pour  le  prix 

dit  des  Arts  insalubres  de  l'année  i855).  •  44 
DU  MONCEL.  —  Nouveau  système  d'horloge 

électrique  se  réglant  d'elle-même 5g3 

—  Nouveau  système  de  relais    rhéotomique 

destiné  à  transmettre  simultanément  à 
travers  un  même  fil  ,  une  dépêche  à  plu- 
sieurs appareils  télégraphiques  différents 
placés  en  dehors  delà  ligne  télégraphique.     697 

DUPERREY  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission chargée  de  la  rédaction  du  pro- 
gramme pour  le  concours  concernant  le 
Perfectionnement  de  la  Navigation 37 

DDPETIT-THOUAliS  (l'Amiral)  fait  hom- 
mage, au  nom  de  l'auteur,  Sir  Edw.  Bel- 
cher,  d'un  exemplaire  de  la  relation  du 
voyage  aux  régions  arctiques  exécuté  sous 
le  commandement  de  cet  officier 1257 

DUPIN.  —  Rapport  sur  le  concours  pour  le 

prix  de  Slastitique  de  i855 123 

—  Remarques  à  l'occasion  de  la  présentation 

d'une  Notice  imprimée,  de  M.  Bahbage, 

sur  la  machine  à  calculer  de  M.  Scheuts.     800 

—  M.  Dupin  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission chargée  de  la  rédaction  du  pro- 
gramme pour  le  concours  concernant  le 
Perfectionnement  delà  Navigation 37 

—  Et  de  la  Commission  du  concours  pour  le 

prix  de  Statistique 991 

DUPLAY.  —  Analyse  de  deux  Mémoires  sur 

l'appareil  spermatique  et  sur  le  sperme.     58; 

DURAND.  —  Note  sur  une  subdivision  pro- 
posée pour  le  kilogramme 117 

DUUIAU.  —  Recherches  expérimentales  sur 
l'absorption  et  l'exhalation  cutanées,  etc. 
(  Analyse  d'un  ouvrage  destine  au  con- 
cours Montyon.) 5il   et    55i 

DUROCH12K.  —  Éludes  sur  la  production 
artificielle  des  minéraux  et  sur  les  consé- 
quences qui  en  résultent  pour  la  géologie.     85o 

—  Remarques  sur  les  gîtes  métallifères  et  sur 

la  disposition  relative  des  cristaux  de 
quartz  et  de  feldspath  dans    les   roches 

granitiques I25i 

DDVIVIER.  -  Études  sur  les  céréales 1173 


(  i3i7  ) 


E 


MM.  P«gM. 

EI1RMANN  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 
le  considérer  comme  candidat  pour  une 
place  de  Correspondant  vacante  clans  la 
Section  de  Médecine 3!  I 

—  M.  Ehrmann  est  présenté  par  la  Section  de 

Médecine  et  de  Chirurgie  comme  l'un 
des  candidats   pour   la  place  vacante  de 

Correspondant 358 

ÉLIE  DE  BliAUMONT  donne  des  nouvelles 
satisfaisantes  de  la  santé  de  M.  de  Gas- 
parin 1229 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  communica- 

tion de  M.  Alphand  sur  le  forage  artésien 
pratiqué  à  Passy 336 

—  Communication  relative  aux  marronniers 

précoces  des  Tuileries 47' 

—  Remarques  sur  l'ensemble  d'un  travail  de 

M.  Tchihatchef  ayant  pour  ti tre  :  «Etudes 
climatologiques  sur  l'Asie  Mineure»...     786 

—  M.  Élie  du  Beaumont  présente  des  extrait» 

de  Lettres  qui  lui  ont  été  adressées,  con- 
cernant le  bolide  du  3  février 281 

—  M.  Élie  de  Beaumont  met  sous  les  yeux  de 

l'Académie  des  branches  et  lêtes  d'arbres 
rompues  par  l'action  du  vent  sur  ces  ar- 
bres chargés  de  verglas.  Ces  spécimens, 
recueillis  par  M.  A.  de  Campagne  près 
Châtellerault  (Vienne),  sont  accompa- 
gnés d'une  Note  de  M.  Champigny,  notaire 
à  Châtellerault,  et  d'une  Lettre  de  M.  Chan- 
treau  sur  les  effets  de  ces  verglas  dans  une 
partie  du  Poitou  et  de  la  Vendée 2?4 

—  M.  Élie  de  Beaumont  signale  deux  récla- 

mations adressées,  l'une  par  M.  Guey- 
ton,  l'autre  par  M.  Zier,  à  l'occasion  du 
Rapport  fait  à  l'Académie  sur  les  procé- 
dés galvanoplastiques  de  M.  Lenoir Ç92 

—  M.  Élie  de  Beaumont  communique,  d'après 

sa  correspondance  privée,  des  extraits  des 
Lettres  adressées  par  les  auteurs  dont  les 
noms  suivent  : 

—  M.  de  Humboldt,  sur  le  voyage  dans  l'Inde 

de  M  M .  Schlaginlweil  frères 611 

—  M.  Eudes  Deslongchamps,  sur  l'observation 

faite  à  Caen  du   météore   lumineux  du 

7  janvier  i856 j8 

—  M.d'Abbadie,  sur   des   observationsd'in- 

clinaison  de  l'aiguille  aimantée 612 

—  M.  Valc,  cléments  elliptiques  de  la  pla- 

nète liai  monta 091 

—  M.  Gaudry,  sur  l'exploration  du  gîte  fos- 

silifère de  Pikermi  (  Allique) 191 

—  M.  Pissis,  sur  l'orographie  et  la  constitu- 


ai!. P.6M. 

tion  géologique  du  Chili.  —  Sur  les  sys- 
tèmes de  soulèvement  de  l'Amérique  du 
Sud ''.iji  et    3gi 

—  M.  Jackson,  sur  la  décomposition  du  sang 

par  le  chloroforme 4  •  ' 

—  M.  Terquem,  sur  une  méthode  proposée  pour 

le  calcul  des  distances  lunaires  observées 

en  mer 5^1 

—  M.  Wolf,   sur    l'ozone  atmosphérique    et 

son  importance  pour  l'état  sanitaire  d'un 

pays 944 

—  Le  P.  Secchi,  sur  les  anneaux  de  Saturne. 

—  Sur  la  configuration  de  certaines  por- 
tions de  la  surface  lunaire  (Lettre  accom- 
pagnant l'envoi  d'une  photographie  de  la 
lune).. 282  et    g58 

—  M.  Rozet,  sur  le  puits  foré  de  Tamerna 

(Algérie) 1258 

—  M.  Elie  de  Beaumont  signale  des  tableaux 

météorologiques  et  autres  documents  scien- 
tifiques, publiés  périodiquement  par  l'ob- 
servatoire météorologique  de  l'École  po- 
lytechnique de  Lisbonne,  sous  la  direction 
de  M.  Dias  Begado 2j,  492  et    gSa 

—  M.  Elie  de  Beaumont  met  sous  les  yeux  do 

l'Académie  des  feuilles  de  la  carte  géolo- 
gique de  la  Prusse  Rhénane,  qu'il  vient 
de  recevoir  de  M.  de  Dechen 100 

—  M.   Elie  de  Beaumont   signale   parmi    les 

pièces  imprimées  de  la  correspondance 
une  Lettre  de  M.  L.  Beynaudt  concernant 
une  réclamation  de  priorité  élevée  par 
M.  Stevenson  relativement  à  l'application 
de  la  réflexion  totale  au  feux  tournants. .     63g 

—  M.  Élie  de  Beaumont  appelle  l'attention  de 

l'Académie  sur  un  ouvrage  de  M.  J.  Ba- 
rande  ayant  pour  titre  :  «  Un  parallèle 
entre  les  dépôts  siluriens  de  Bohême  et 
de  Scandinavie  » Ibid. 

—  En  présentant,  au  nom  de   M.   l'ouriau  , 

un  exemplaire  des  «  Etudes  météorologi- 
ques relatives  au  climat  de  la  Saulsaie 
(Ain)  »,  M.  Elie  de  Beaumont  donne, 
d'après  la  lettre  d'envoi,  une  idée  des 
principaux  résultats  de  ces  observations.  Ibid. 

—  M.  Elie  de    Beaumont  signale,  parmi   les 

pièces  imprimées  delà  correspondance, 
un  nouveau  fascicule  des  Mémoires  se  rat- 
tachantau  relevé  géologique  de  la  Grande- 
Bretagne  ;3o 

—  A  l'occasion  d'une  Note  de  M.  Chaialton 

sur  le  mouvement  des  diverses  ondes  dont 
se  compose  la  marée ,  M.  Elie  de  Beau- 


■II. 


mont  mentionne  une  pièce  imprimée  ap- 
partenantàla  correspondance  de  la  rr.ême 
séance,  un  Mémoire  de  M.  Samuel Haugh- 
ton  sur  les  marées  diurnes,  solaires  et  lu- 
naires des  côtes  d'Irlande g68 

—  En  présentant  un   ouvrage  de  M.  Darcy 

sur  les  fontaines  publiques  de  Dijon, 
M.  Elie  de  Beaumont  donne,  d'après  la 
Lettre  d'envoi ,  une  idée  du  plan  de  l'ou- 
vrage     1176 

—  M.  Êlie  de  Beaumont  met  sous  les  yeux  de 

l'Académie  divers  volumes  des  publica- 
tions faites  par  l'Académie  impériale  des 
Sciences  de  Vienne 49' 

—  M.   Êlie  de  Beaumont  fait   hommage,  au 

nom  des  auteurs,  des  ouvrages  suivants: 

—  Synopsis   des  roches  paléozoïques  de   la 

Grande-Bretagne;  par  M.  Sedgwick loa 

—  Eléments  de  Géologie;  par  M.  L.-R.  Lecanu.     855 

—  Histoire  des  progrès  de  la  Géologie  depuis 

■  834,  par  M.  d'Archiac,  VIe  volume.  — 
Mémoires  de  la  Société  Géologique  de 
France,  Ve  volume,  ae  partie.  —  Recher- 
ches analytiques  sur  les  surfaces  annu- 
laires à  cône  directeur,  par  M. -t.  Rossi..     g5l 

—  Carte  géologique  de  l'Europe;  par  MM.  Ni- 

col  et  Murchison 1066 


i3i8  ) 

Page».  MM.  p.,,,. 

—  Recherches  expérimentales  et  théoriques 
sur  les  figures  d'équilibre  d'une  masse  li- 
quide sans  pesanteur;  par  M.  1.  Plateau,   1241 

—  Histoire  des  découvertes  arctiques  ;  par 
M .  Miniscalchi  Erizzo 1257 

—  Percement  de  l'isthme  de  Suez  ;  par 
M.  Ferd.  de  Lesseps iq5t 

—  M.  Êlie  de  Beaumont  est  nommé  Membre 
de  la  Commission  chargée  de  proposer 
une  question  pour  suj?t  du  prix  Bordin 
de  i856  (Sciences  naturelles) 3j 

—  Membre  de  la  Commission  du  grand  prix 
des  Sciences  physiques  de  i856  (ques- 
tion concernant  les  lois  de  la  distribution 
des  corps  organisés  fossiles  dans  les  dif- 
férents terrains  sédimenlaires  suivant 
leur  ordre  de  superposition) 829 

ELUS,  au  nom  de  l' Administration  du  Mu- 
séum britannique,  remercie  l'Académie 
des  Sciences  pour  l'envoi  d'une  nouvelle 
série  des  Comptes  rendus 51i 

ELWART  transmet  des  documents  à  l'appui 
des  précédentes  communications  de 
M.  Tironi  sur  le  traitement  du  choléra- 
morbus 210  et     552 

EYSSARTIER.  —  Mémoire  sur  le  traitement 

du  choléra-morbus a3 


FAA  DE  BRUNO.  —  Sur  les  restes  produits 
par  la  recherche  du  plus  grand  commun 
diviseur  entre  deux  polynômes 4°7 

FABRE.  —  Relation  entre  les  inondations  en 

France  et  le  siroco  d'Afrique 1142 

FAIRBAIRN.  —  M.  Poncelet  présente,  au 
nom  de  M.  Fairhairn,  un  ouvrage  inti- 
tulé :  «  Renseignements  utiles  pour  les 
ingénieurs  » 99 

FAURE.  —  Recherches  sur  l'asphyxie 586 

FERMOND.  —  Recherches  sur  le  nombre 
type  des  parties  constituant  les  divers  cy- 
cles hélicoïdaux,  et  rapport  qui  existe 
entre  ce  nombre  et  le  nombre  type  des 
diverses  parties  florales  des  Dycolylé- 
dones 195 

FIGUIER  prie  l'Académie  d'admettre  au 
concours  pour  les  prix  de  la  fondation 
Montyon  ses  deux  ouvrages  intitulés  : 
«l'Alchimie  et  les  Alchimistes  »  et  «  Ex- 
position et  Histoire  des  principales  dé- 
couvertes scientifiques  modernes» 587 

—  Analyse  de  son  Mémoire  sur  l'origine  du 
sucre  contenu  dans  le  foie ,  et  sur  la  pré- 
sence normale  du  sucre  dans  le  sang  de 
l'homme  et  des  animaux 587 


FILHOL.  —  Lettre  concernant  ses  divers  tra- 
vaux relatifs  à  la  composition  chimique 
et  aux  propriétés  médicales  des  eaux  sul- 
fureuses des  Pyrénées 588 

FILIPPI  (de).  —  Note  sur  un  dispositif  des- 
tiné à  établir,  à  un  instant  quelconque, 
la  communication  entre  toute  personne 
voyageant  par  chemins  de  fer  et  le  con- 
ducteur du  train 3gg 

FLOURENS.  —  Eloge  historique  de  Leopotd 

de  Buch 172 

—  M.    Flourens  fait  hommage  à  l'Académie 

d'un  exemplaire  de  l'Eloge  historique  de 
Léopold  de  Buch,  qu'il  a  prononcé  dans 
la  séance  publique  du  28  janvier 349 

—  M.  Flourens   fait  hommage  à  l'Academio 

d'un  exemplaire  du  1er  volume  de  ses 
Eloges  historiques 134a 

—  A    l'occasion    d'une    communication    de 

M.  /.  Guérin  sur  la  contraclilité  tendi- 
neuse, M.  Flourens  indique  le  résultat 
de  ses  propres  recherches  relativement  à 
la  sensibilité  des  tendons 411 

—  M.  Flourens  donne  des  nouvelles  satisfai- 

santes de  la  santé  de  M.  de  Gasparin...^.   1081 

—  M.  Flourens  annonce  que    M.   Demidoff 


(  i3i 


t.  p.g«.. 

demande  à  être  porté,  en  sa  qualité  de 
Correspondant  do  l'Académie,  sur  la  liste 
de  l'Institut,  pour  la  souscription  au  pro- 
fit des  inondés laoî 

M.  Ftourens  présente  au  nom  de  M.  Rayer, 
président  de  la  Société  de  Biologie,  un 
exemplaire  des  Mémoires  de  cette  So- 
ciété      an 

M.  Flourens  présente,  au  nom  de  M.  Duha- 
mel, le  Ier  volume  de  ses  «Eléments  de 
calcul  infinitésimal  » 190 

M.  Flourens  communique  l'extrait  d'una 
Lettre  de  M.  Girard,  de  Washington, 
accompagnant  l'envoi  d'un  ouvrage  inti- 
tulé :  «  La  vie  au  point  de  vue  physique  ».     5i4 

M.  Flourens  appelle  l'attention  de  l'Acadé- 
mie sur  une  publication  de  la  Société 
d'Hydrologio  médicale  de  Paris 345 

M.  Flourens  présente,  au  nom  de  l'auteur, 
un  exemplaire  du  Rapport  adressé  à  l'Em- 
pereur par  M.  le  Maréchal  Vaillant,  Mi- 
nistre de  la  Guerre,  sur  la  culture  du 
colon  en  Algérie 694 

M.  Flourens  présente  un  Mémoire  adressé 
du  Venezuela  (Amérique  du  Sud),  par 
M.  Bcaupcrthuy,  concernant  les  causes 
du  choléra- morbus,  de  la  fièvre  jaune  et 
des  fièvres  de  marais 692 

M.  Flourens  présente,  au  nom  des  auteurs, 
les  ouvrages  dont  les  titres  suivent  : 

Histoire  des  épidémies  du  nord  de  l'A- 
frique ;  par  M.  Guyon 345 

Expériences  sur  les  plantes  épiphyles  ,  et 
conséquences  qui  en  découlent  relative- 
ment à  la  culture  de  ces  plantes;  par 
M.  Duchartre 5>4 

Traité  de  Photographie  théorique  et  pr«- 
tique;    par  M.  Van  Monckhoven Gg5 

La  conquête  d'Alger;   par  M.  Nettement..     696 
-  Lois  générales  de  divers  ordres  de  phéno- 
mènes dont  l'analyse  dépend  d'équations 
linéaires   aux  différences  partielles  ;  par 
M.  Ménabréa 696 

•  Lettre  de  MM.  Beaumont  et  Mayer  à  l'oc- 

casion du  Rapport  fait  dans  la  séance  du 
ai  avril  i856,  sur  leur  appareil  pour 
produire  de  la  vapeur  au  moyen  du  frot- 
tement      80a 

•  M.  Flourens  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission chargée  de  proposer  le  sujet  du 


9) 

MM.  Pige», 

grand  prix  des  Sciences  naturelles  pour 
l'année  1807 1% 

—  Membre  de  la  Commission  chargée  de  pro- 

poser une  question  pour  sujet  du  prix 
Bordin  de  i856  (Science*  naturelles).. . .  37 
— ■  Membre  des  Commissions  des  deux  grands 
prix  des  Sciences  physiques  pour  i856 
(question  concernant  la  répartition  des 
restes  organiques  fossiles  dans  les  diffé- 
rents étages  de3  terrains  de  sédiment;  — 
question  concernant  les  métamorphosai 
et  la  reproduction  des   infusoires) 8ao 

—  Membre  de   la  Commission  du  concours 

pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirur- 
gie--      i!58etuo3 

—  Et  delà  Commission  du  concours  pour  le 

prix  de  Physiologie  expérimentale iao3 

FOISSAC.  —  Une  récompense  lui  est  accor- 
dée pour  son  «  Traité  de  la  Météorolo- 
gie dans  ses  rapports  avec  la  Médecine  et 
l'Hygiène  publique»  (concours  pour  les 
prix  de  Médecine  ctde  Chirurgie  de  i855).     i53 

FOLLIN.  —  De  la  cryptorchidie  chez  l'homme 
et  les  principaux  animaux  domestiques 
(en  commun  avec  M.  Goubaux).  5/(o  et  io65 

FONSSAGRIVES.  —  Analyse  de  son  Traité 

d'hygiène  navale 588  et    810 

FORGET  est  présenté  par  la  Section  de  Méde- 
cine et  de  Chirurgie  comme  l'un  des  can- 
didats pour  une  place  vacante  de  Corres- 
pondant      358 

FOUCAULT.  —  Etudes  sur  l'emploi  des  ap- 
pareils d'induction  ; — effets  des  machines 
multiples 2|5 

FOORNET.— Aperçus  relatifs  à  la  théorie  des 

gites  métallifères l°Çf} 

FRANCK. ,  comme  fondé  de  pouvoirs  de 
M.  de  Leuenstern ,  demande  et  obtient 
l'autorisation  de  reprendre  un  Mémoire 
de  cet  auteur  sur  les  nombres  polygo- 
naux    3oo 

FRANCONI.  —  Exposition  d'un  système  ten- 
dant à  augmenter  les  ressources  alimen- 
taires de  la  France gg6 

FRANCQ(de).  —  De  la  formation  et  de  la 

répartition   des  reliefs  terrestres 

378,  535  et  io54 

FROHLICH.  —  Note  sur  la  structure  des  ra- 
cines des  Orchidées  épidendres  ;  remar- 
ques adressées  a  l'occasion  d'une  commu- 
nication de  M.  Chatin 636 


GALLO.  —  Lettre  concernant  l'ouvrage  qu'il 
publie  sous  le  titre  de  «  Introduction  à 
la  Mécanique  et  à  la  Physique  » 910 


GAND(Ed.).  —  Expériences  faites  avec  un 
pendule  désigné  sous  le  iroin  do  pendule 
irrigateur 355,    44°j   tr-  '  el 


5ç)7 


(  i3 

MM.      ,.  Pa;c>. 

GARCIN.  —  Surdes  cas  de  typhus  observés  à 
Neufchâteau  (Vosges),  chez  des  soldats  re- 
venant de  Crimée 1 171 

GARIEL.  —  Sur  les  variations  anatomiques 

et  pathologiques  du  poids  de  l'utérus. . . .     536 

—  Sur  la  literie  des  hôpitaux  et  des  casernes.     586 
GASPARIN  (de).  —  Note  sur  un  fait  relatif 

à  la  culture  de  la  garance 8|3 

—  M.  de  Gasparin  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  du  concours  pour  le  prix  de 

Statistique i);)i 

GAUDRY.  —  Sur  le  tremblement  de  terre  qui, 
en  août  i853 ,  a  renversé  la  ville  lie 
Thèbes 24 

—  Sur   l'exploitation    du    gite   fossilifère  de 

Pikermi  (  Attique) 391 

GAUGAIN.  —  Note  sur  les  soupapes  élec- 
triques          17 

—  Note  sur  la   force  électromotrico  des  piles 

dans  lesquelles  on  emploie  des  métaux 
amalgamés ]  3o 

—  Note  sur  les  propriétés  électriques  de  la 

tourmaline 1264 

GADT1ER.  —  Lettre  relative  à  se*  précé- 
dentes communications  sur  la  numéra- 
tion duodécimale 3oi 

GAY  (Cl.).  —  Fragments  de  géographie  bo- 
tanique du  Chili SjO 

—  M.  Gay   prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le 

comprendre  dans  le  nombre  des  candi- 
dats pour  une  place  vacante  dans  la  Sec- 
tion de  Botanique 311 

—  M.  Gay  est  présenté    par  la   Section  do 

Botanique  comme  l'un  des  candidat; 
pour  la  place  vacante Qio 

—  il. Gay  est  nommé  Membre  de  l'Académie, 

en  remplacement  de  M.  de  Mirbel g3i 

—  Décret  impérial  confirmant  sa  nomination.  1021 
GAY  (  J.-B.  ).  —  Prix  fondé  par  Mme  la  Mar- 
quise de  Laplace,  accordé  à  M.  J.-B,  Gay, 
sorti  le  premier  de  l'Ecole  Polytechnique, 

le  20  septembre  i85ï 137 

GEOFFROY-  SAINT  -  H1LAIRE  (Isid.  )  — 
Communication  à  l'occasion  de  la  pré- 
sentation d'un  nouvel  oeuf  d'Epyornis. . .     3i5 

—  Remarques  au  sujet  d'une  communication 

de  M.  Joly,  sur  deux  nouveaux  genres  té- 
ratologiques ,  les  genres  Ischiomèle  et 
Agnalhocéphale 3^3 

—  M.    Geoffroy  -  Saint  -  Hilaire    présente  un 

opuscule  allemand  de  M.  Bekker,  sur  les 
appendices  cornés  existant  à  l'extrémité 
de  la  queue  de  divers  mamrnitères,  et  ac- 
compagne celte  présentation  de  quelques 
remarques 345 

—  M.    Geqffroy-Sainl-Hilaire    présente  ,    au 

nom  de  l'auteur,    7)1.' P.  de  Tchihatchef, 

une  Noie  sur  la  chèvre  d'Angora 346 


20   ) 


—  M.Geoffroy-Saint-Hilaire  est  nommé  Vice- 

Présidentdel'Académiepourl'année  i856.         1 

—  M.  Geqffroy*Saint-Hilaire  annonce,  en  sa 

qualité  de  Vice-Président ,  la  maladie, 
puis  la  mort  de  M.  Binel 873 

—  Par  suite  de  ce  décès,  M.  Geqffioy-Saint- 

Hilaire  passe  aux  fonctions  de  Président, 
qu'il  remplira  jusqu'à  la  fin  de  décem- 
bre 18.57.. io43 

—  M.  Geoffroy  -Saint-Hilaire  rend  compte  des 

obsèques  de  M.  Binel,  dans  lesquelles 
MM.  Lamé  etCauchy  ont  parlé  au  nom  de 
l'Académie gi3 

—  M.    Geoffroy -Saint- Hilaiire  est   nommé 

Membre  de  la  Commission  chargée  de 
proposer  le  sujet  du  grand  prix  des 
Sciences  naturelles,  pour  l'année  1857..       11 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  proposer 

une  question  pour  sujet  du  prix  Bordin 

de  i85G  (Sciences  naturelles) 37 

—  M.    Geoffroy  -Saint  -  Hilaire    est    nommé 

Membre  de  la  Commission  du  concours 
pour  le  grand  prix  des  Sciences  physiques 
de  i856  (question  concernant  les  lois  de 
la  distribution  des  corps  organisés  fossiles 
dans  Us  divers  étages  de  terrains   séili- 

mentaires) 82g 

GERHARDT  est  présenté  par  la  Section  de 
Chimie  comme  l'un  des  candidats  pour 
une  place  vacante  de  Correspondant. . . .     699 

—  M.  Ocrhardt  e6t  nommé  Correspondant  de 

l'Académie,  en  remplacement  de  M.  Bra- 
connot 7^5 

—  M.  Gerhardt  adresse  ses  remercîments  à 

l'Académie 798 

GERMAIN  DE  SAINT-PIERRE.— De  la  di- 
rection ascendante  considérée  comme  ca- 
raclèi •(•  distiuctif  des  tiges  ;  observation» 
de  liges  présentant  normalement  la  di- 
rection descendante 4'J 

—  Deuxième  série  d'observations  sur  la  di- 

rection descendante  de  certaines  tiges  : 
bulbes  descendants  du  Muscari  comosum, 
de  VAgraphis  nutans  et  de  l'A.  campanulata.     833 

—  M.  Ceimain  de  Saint-Pierre  fait  hommage 

à  l'Académie  des  deux  premières  livrai- 
sons d'un  ouvrage  qu'il  publie  sous  le 
titre  de  «  Archives  de  Biologie  végétale  ».    837 

—  M.  Germain  de  Saint-Pierre  prie    l'Aca- 

démie de  vouloir  bien  le  comprendre 
dans  le  nombre  des  candidats  pour  une 
place  vacante  dans  la  Section  de  Botani- 
que, et  adresse  une  Notice  sur  ses  tra- 
vaux botaniques '4 

—  M.  Germain   de    Saint-Pierre  est  présenté 

par  la  Section  de  Botanique  comme  l'un 
des  candidats  pour  la  place  vacante  par 
suite  du  décès  de  M.  de  ilirbel 910 


(  i3a 

■H.  l'uges. 

GERVAIS.  —  Documents  pour  servir  à  la  mo- 
nographie des  Chéiroptères  de  l'Améri- 
que du  Sud 547  et.    5go 

—  Sur  trois  espèces  de  Dauphins  qui  vivent 

dans  les  régions  du  haut  Amazone S06 

GEZ.  — Lettre  concernant  la  composition  des 
eaux  minérales  de  Sainte-Marie-de-Sira- 
dan  (Haute-Garonne) j8 

GIANOTTI.  —  Résolution  numérique  de  di- 
vers problèmes  de  géométrie  et  de  trigo- 
nométrie       855  et  1018 

GIARD1NI.  —  Sur  un  aimant  temporaire  ob- 
tenu au  moyen  de  la  seule  action  du  ma- 
gnétisme terrestre 2^3 

GINTRAC   —  Note  sur  un  monstre  esencé- 

phalicn  ( pleurencéphale  ) 1064 

—  M.  Gintrac  est  présenté  par  la  Section  de 

Médecino  et  de  Chirurgie  comme  l'un  des 
candidats  pour  une  place  vacante  de  Cor- 
respondant      358 

GIRARD.  —  Note  sur   l'identité  des  acides 

nitrohématique  et  picramique 5n 

GIRARD,  de  Washington.  —  M.  Flourens ,  en 
présentant  un  ouvrage  de  ce  médecin, 
communique,  d'après  la  Lettre  d'envoi, 
une  observation  relative  à  la  structure  de 
la  fibrine  du  caillot  sanguin 5i4 

GIRARD  DE  VALBONNE.  —  Lettre  concer- 
naut  son  ouvrage  sur  l'origine,  la  marche 
et  lo  traitement  du  choléra  épidémique. .       6a 

G1RADDET.  —  Une  mention  honorable  lui 
est  accordée  pour  sa  «  Statistique  de  la 
ville  de  Tours,  ou  Recherches  historiques 
et  statistiques  sur  le  mouvement  de  sa 
population  depuis  i63a  jusqu'en  1847  " 
(concours  de  t855) i35 

G1RAULT  (Cb.)—  De  la  résistance  de  l'air 
dans  le  mouvement  oscillatoire  du  pen- 
dule :  principe  d'un  nouvel  anémomètre.    5n 

GODARD.  —  Analyse  de  ses  recherches  sur 
les  monorchides  et  les  cryptorchides  chez 
l'homme 637 

GOETZE.  —  Sur  la  position  géographique  de 

quelques  lieux  dans  le  sud  de  l'Algérie..     399 

GOLDSCHMIDT.  —  Une  des  médailles  de 
la  fondation  Lalande  lui  est  accordée  pour 
sa  découverte  de  la  planète  Atalante.. . .     122 

—  M.   Goldschmidt  adresse  ses  remercîments 

à  l'Académie 3oo 

—  Découverte  de  la  40e  petite  planète  faite  à 

Paris,  le  3i  mars  i856 638 

—  Découverte  faite  le  aï  mai  i856  d'une  nou- 

velle petite  planète 1001  et  1067 

—  M.  le  Verrier  annonce  que  M.  Goldschmidt 

a  fait  sur  une  étoile  variable  une  suite 
d'observations  propres  à  en  déterminer 
la  période A 441 

C.  R.,  1856,  1»  Semestre.  (T.XLII.) 


I    ) 

GOMEZ  DE  SOUZA.  —  Addition  à  un  pré- 
cédent Mémoire  sur  la  détermination  des 
fonctions  inconnues  qui  rentrent  sous  le 
signe  d'intégration  définie 1 119  et  1219 

GOUBAOX.  —  De  la  cryptorchidio  chez 
l'homme  et  les  principaux  animaux  do- 
mestiques (  en  commun  avec  M.  Follin).. 
540  et  io65 

GOUJON.  —  M.  Le  Verrier  communique  un 
travail  de  MM.  Liais  et  Goujon,  relatif 
à  la  détermination  des  éléments  magné- 
tiques à  l'Observatoire  impérial  de  Paris.       74 

CHANGEZ  (E.).  —  Une  mention  honorable 
lui  est  accordée  pour  son  n  Précis  histo- 
rique et  statistique  des  voies  navigables 
de  la  France  »  (concours  de  i855) i34 

GRELLON.  —  Tableau  des  observations  mé- 
téorologiques recueillies  à  Constantinople 
en  i855 5^3 

GROS.  —  Lettre  relative  à  un  travail  adressé 

par  lui  pour  un  concours 356 

GRUN.  —  Sur  l'emploi  des  vapeurs  d'acide 
sulfureux  contre  la  teigne  faveuse  de 
l'homme  etcontrela  muscardine  des  vers 
à  soie *       a38 

GUÉRIN-MÉNEVILLE.  —  Lettre  accompa- 
gnant l'envoi  d'un  exemplaire  du  «  Guide 
de  l'éleveur  de  vers  à  soie  11,  ouvrage  qu'il 
a  publié  en  commun  avec  M.  E.  Bobert.    1188 

GUEJUN  (J.).  —  Mémoire  sur  la  conlractilité 

tendineuse ^(j 

—  M.  /.  Guerin  est  présenté  par  la  Section  de 

Médecine  et  de  Chirurgie  comme  l'un  des 
candidats  pour  la  place  vacante  par  suito 

du  décès  de  M.  Magendie 552 

GUEYTON. —  Réclamation  de  priorité  à  l'oc- 
casion d'un  Rapport  fait  dans  la  séance  du 
3  mars  i856,  sur  les  procédés  galvano- 
plas tiques  de  M.  Lenoir £na 

—  Note  relative  à  ses  procédés   de  moulage 

galvanoplastique,  adressée  à  l'appui  de  la 
précédente  réclamation 5ll 

—  Lettre   sur    un    moyen    d'obtenir,    d'une 

épreuve  photographique  sur  verre  ou  sur 
métal,  une  gravure  à  l'eau-forte  suscep- 
tible de  donne  des  épreuves  en  taille- 
douce 6g4 

GU1LLON ,  écrit  par  erreur  pour  Guyon. 
Voir  à  ce  nom. 

GUINON.  —  Delà  présence  de  la  chaux  dans 
la  soie,  et  de  ses  inconvénients  dan» 
l'opération  du  décreusage j3q 

GUÏON.    —  Empoisonnements   causés    par 

certains  poissons  dans  les  pays  tropicaux.     34o 

—  M.  Guyon  est  présenté  par  la  Section  de 

Médecine  et  de  Chirurgie  comme  l'un 
des  candidats  pour  une  place  vacante  do 
Correspondant 35g 

.73 


(     l322    ) 

Page» 


M.  Guyon  est  nommé  Correspondant  de 
l'Académie,  Section  de  Médecine  et  de 
Chirurgie,  en  remplacement  de  M.  Pru- 
nelle   


378 


MU.  Paie». 

—  M.  Guyon  adresse  ses  remercîmenls  à  l'A- 
cadémie     5|3 

GUYOT.  —  Note  sur  l'anesthésie  du  sens  du 

goût it43 


H 


HAIDINGER  remercie  l'Académie  qui  l'a 
nommé  un  de  ses  Correspondants  pour  la 
Section  de  Géologie 24 

HANNOVER.  —  Une  récompense  lui  est 
accordée  pour  l'ensemble  de  ses  re- 
cherches sur  l'anatomie,  la  physiologie 
et  la  pathologie  de  l'oeil  (  concours  de 
i85ri) '47  et    441 

HANSOTTE.  —  Lettrée  meernant  un  remède 
contre  le  choléra  dont  il  a  envoyé  précé- 
demment un  échantillon 344 

HEDOUVILLE  (de)  obtient  l'autorisation  de 
reprendre  des  pièces  précédemment  pré- 
sentées, concernant  une  invention  desti- 
née à  prévenir  les  déraillements  sur  che- 
mins de  fer I274 

HENRY  et  Fils.  — Lcilre  sur  le  rouge  turc.   1199 

HENRY  (O.). —  Sur  le  phosphore  et  ses  pré- 
parations (en  commun  avec  M.  A.  Che- 
vallier ) 341  et    99G 

HERMITE  est  présenté  par  laSection  de  Géo- 
métrie comme  l'un  des  candidats  pour  la 
place  vacante  par  suite  du  décès  do 
M.  Sturm jlfî 

HERPIN  (Cb.).  —  Analyse  de  son  Mémoire 
sur  le  chlorate  do  potasse,  comme  spéci- 
fique contre  la  salivation  mercurielle.    ..     G38 

HERPIN.  —  Sur  la  conservation  du  blé  dans 

les  silos  souterrains ]'•  j 

—  Des  causes  commerciales  et  administra- 


tives de  l'insuflisance  ou  de  la  surabon- 
dance périodique  de  la  production  du  blé 
en  France 584 

HESSE  adresse  une  collection  de  champignons 
imités  en  cire  coloriée ,  et  décrits  par 
MM.  Bùchner  et  Kirsch 116 

HESSE.  —  Remarques  concernant  l'extrait 
qui  a  été  donné  dans  les  Comptes  rendus 
de  son  Mémoire  sur  les  Ancées 4->8 

HOFFMANN.  —  Recherches  sur  une  nou- 
velle classe  d'alcools  (en  commun  avec 
M.  Cahours  ) 217 

—  Note  sur  le  bromure  de  titanium 35a 

HOMBRES-F1RMAS    (d').    —    Observations 

sur    le  Pecten  glaber 612  et     874 

HOUSEL.  —  Solution  trigonométrique  delà 
méthode  de  M.  Babinet  pour  la  détermi- 
nation des  latitudes  io3 

HOART.  —  Figure  et  description  de  sa  ma- 
chine pour  lo  moulage  des  pâtes  céra- 
miques         45 

HOETTE.  —  Tableau  des  observations  mé- 
téorologiques faites  à  Naites  pendant 
l'année  ib.')5 1224 

HUMBOLDT.—  Sur  le  voyage  dans  l'Inde  de 
Mùl.Schlagintweit  frères  ;  Lettre  à  M.  Élie 
de  Bcauniont. 611 

HUTIN.  —  Lettre  accompagnant  l'envoi  de 

quatre  nids  d'hirondelle  salangane 745 


ISAMBERT.  —  Analyse  de  ton  Mémoire  sur  l'emploi  thérapeutique  du  chlorate  de  potasse 8g3 


JACKSON.  —  Analyse  chimique  du  sang 
d'une  femme  morte  à  la  suite  de  l'inha- 
lation du  chloroforme 4'  ' 

JACQUART.  —  De    l'appareil   circulatoire 

sanguin  chez  le  serpent  Python 1  ia5 

JAMIN,  —  Description  d'un  nouvel  appareil 
rta  recherches,  fondé  aur  les  interférence»,    4,82. 


ÏEANJEAN.  —  Note  sur  l'huile  essentielle 

contenue  dans  l'alcool  de  garance 857 

JOBARD.  —  Explosion  foudroyante  survenue 

aGand,  le  17  mai  i856 ioi5 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  communi- 
cation de  M.  Rouget  sur  l'appareil  d'adap- 
tation de  l'ouil  ches  les  Vertébrés. , . ,  . .  1072 


(  i3a3  ) 

Page» 


JOBERT,  di  Lawialle.  —  Mémoire  sur  les 
propriétés  ilu  i  issu  cicatriciel  et  l'appli- 
cation  de  l'autoplastic  aux  brides.    476 

—  M.  Jobert  est  présenté  par  la  Section  de 

Médocine  et  de  Chirurgie  comme  l'un  des 
candidats  pour  la  place  vacante  par  suite 
du  décès  de  M.  Magendie 55a 

—  M.  Jobert  est  nommé  Membre  de  l'Acadé- 

mie, Section  de  Médecine  et  de  Chirur- 
gie      5;8 

—  Décret  impérial  confirmant  sa  nomination.     6o5 

—  M.  Jobert  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission du    concours   pour   les   prix  de 

Médecine  et  de  Chirurgie i58  et  i2o3 

JOIRE.  —  Lettre  et  Note  concernant  son  ou- 
vrage intitulé:  «  Études  sur  la  circula- 
tion » u.'ii  et  1219 


MM.  PagM. 

JOLY.  —  Sur  deux  nouveaux  genres  tératolo- 
giques,  les  genres  Ischiomèle  et  Agnatho- 
eéphale 34a 

JOMAUD  présente,  au  nom  de  M.  Ferdimn.û 
de  Lesseps ,  une  carte  de  l'isthme  de 
Suez 45 

—  M.  lomard  transmet  un  tableau  des  cour- 
bes représentant  les  phénomènes  de  l'at- 
mosphe  e  dans  l'océan  Atlantique,  par 
M.  Slaurr,  do  l'observatoire  de  Washing- 
ton.'.         54 1 

JULIEN  (Stanislas).  —  M.  Chevreul  entre- 
tient l'Académie  d'un  ouvrage  chinois  sur 
la  porcelaine  traduit  par  M.  Stanislas  Ju- 
lien et  annoté  par  M.  Salvétat 47° 

JULLIEN.  —  Mémoire  sur  le  mouvement  de 

la  terre  autour  de  son  centre  de  gravité. .       M 


KELLER  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le 
comprendre  dans  le  nombre  dos  candidats 
pour  une  place  vacante  de  Membre  ad- 
joint au  Bureau  des  Longitudes 49^ 

K.LINK.ERFUES.  —  Observations    faites    à 

Gcettingue  de  la  planète  (3g) 58g 

—  Observations    méridiennes    des    planètes 

Le  du  et  Lœlitia 638 

KNAPP. —  Opuscule  sur  le  scorbut  des  nour- 
rices, ou  anémie  puerpérale 588 

KOENIG.  —  Lettre  concernant  son  Mémoire 

sur  la  curabilité  de  lapbthisie '2  p 

KOPP.  —  Note  sur  la  préparation  et  les  pro- 

»  '     prictés  de  l'acide  arsénique 1060 

KOR'ÏLSKl.—  Sur  la  possibilité  de  connaître 


d'avance  la  constitution  météorologique 
d'un  canton  à  une  époque  donnée,    n'i'iet  1224 

KUHLMANN  (F.).  —  Note  sur  la  produc- 
tion artificielle  et  par  voie  humide  d'ar- 
gent chloruré;  sur  'liverscs  épigénies 
par  réduction  d  u\>  iks  ou  de  sels  métalli- 
ques naturels 3^4 

—  Études  théoriques  et  pratiques  sur  la  fixa- 
tion des  couleurs  dans  la  teinture.  G73  et     711 

KUHN. —  Observation    faite  à   Niederbronn 

(Bas-Rhin)  du  bolide  du  3  février  i856..     281 

K.UMMER  est  présenté  par  la  Section  de  Géo- 
métrie comme  l'un  des  candidats  pour 
une  place  vacante  de  Correspondant 41  x  . 


EABORDE  (  l'abbé).  —  Interrupteur  à  double 
effet  et  perfectionnements  divers  appli- 
qués à  l'appareil  de  Ruhmkorff 996 

LABOORDETTE.  —  Lettre  concernant  les 
moyens  d'obtenir  un  lait  médicamenteux 
sans  nuire  à  la  santé  des  animaux  qui 
fournissent  ce  lait 597 

LACHAVE.  —  Transport  sur  vélin  d'une 
écriture  tracée  sur  papier.  (  Rapport  sur 
cette  invention  ;  Rapporteur  M.  Seguier.)       36 

LACOMBE.  —  Des  courants  induits  considé- 
rés relativement  à  leur  pouvoir  chimique; 
application  à  l'électricitéemployéecomme 
force  motrice Ii3i 

L'AIGLE  DES  MASURES.  —  Note  sur  u» 
moyen  de  faire  monter  et  descendre  à  vo- 


lonté les  ballons  sans  perle  de  lest  et  sans 
perte  de  gaz 5i2 

LAIGNEL.  —  Réclamation  adressée  à  l'occa- 
sion d'un  Mémoire  de  M.  Perreul  sur  un 
frein  pour  les  ehemins  de  fer 89» 

LAMARUE-PICQUOT.  —  Emploi  thérapeu- 
tique de  l'acide  arsénieux  contre  les  con- 
gestions apoplectiques 8;)2 

LAN  DOIS.  —  Lettre  concernant  une  décou- 
verte   qu'aurait   faite    l'auteur  relative-       "^ 
ment  aux  causes  de  la  coloration  des  corps.   i#8q 

LARTIGUE.  —  Sur  les  tempêtes,  les  coups 
de  vent  et  les  orages  dans  la  partie  de  la 
Méditerranée  comprise  entre  les  côtes  de 
France  et  celles  de  l'Algérie Ul^ 

LASSAIGNE.  —  Des   caractères   chimique» 

173.. 


(  î 

"*•  p.g„. 

que  présentent  les  vins  rouges  additionné» 
d'alun,  et  application  de  ces  caractères  à 
la  constatation  de  petites  quantités  de  ce 

sel  introduites  dans  le  vin 4'0 

LAUGIhR.   —  Rapport  sur  le  concours  pour 

le  prix  d'Astronomie  de  iH5:> 121 

—  Note  sur  quatre  observations  de  la  décli- 

naison magnétique  faites  à  Paris  en  18.Î4 
sur  le  contour  de  l'enceinte  continue. 
Comparaison  de  ces  observations  avec 
différentes  déclinaisons  mesurées  en  i855 
à  l'Observatoire  impérial 173  et     3o5 

—  Réponse  aux  remarques  faites,  a  l'occasion 

deceitocommunication,  par  M.  Le  Verrier.     o.5-j 

—  M.Laugier  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission du  prix  d'Astronomie  (fondation 

de  Lalande)  pour  l'année  i856 1203 

LAUGIER  (Stanislas). —  Note  sur  une  opé- 
ration de  périnéographie  suivie  de  com- 
plète guérison qj8 

—  M.  Laugier  est  présenté  par  la  Section  de 

Médecine  et  de  Chirurgie  comme  l'un  des 
candidats  pour  la  place  vacante  par  suite 
du  décès  de  M.  Magendie 55a 

LAURE.  —  Sur  certains  faits  qui  sembleraient 
indiquer  un  exhaussement  graduel  du  ni- 
veau de  la  mer 3oo 

LACRENT.  —  Note  sur  un  procédé  d'aiman- 
tation par  condensation 585 

LAVALLEE.  —  Note  sur  des  canaux  d'infil- 
tration à  exécuter  dans  le  but  de  prévenir 
les  inondations 1223 

LECADRE.  —  Sur  un  météore  lumineux  ob- 
servé au  Havre  le  7  janvier  i856 61 

LECHEVALL1ER.  —  Note  sur  la  direction 

des  aérostats 997  et  ii3î 

LE  CLERC.  —  Effets  produits  sur  le  sang  vei- 
neux par  différentes  infusions  végétales. .     456 

—  Nouvelles  recherches  sur   le  même  sujet; 

réponse  à  une  réclamation  de  M.  Clauzure.     690 

—  Recherches  concernant  les  'substances  qui 

agissent  sur  le  sang  veineux;  action  du 
cby'e 798 

—  Lettre  accompagnant  l'envoi    d'un   opus- 

cule intitulé  :  «  De  la  médication  cura- 

tive  du  choléra  asiatique  » 909 

LE  COAT  DE  SAINT-HAOUEN.  —  Lettre 
concernant  l'ornithologie  du  nord  de  l'A- 
frique. —  Poisson  de  l'ordre  des  Plecto- 
gnathes  venant  de  Tanger 970 

—  M.  Le  Coat  demande  k  l'Académie  des  in- 

structions qui  puissent  le  diriger  dans  les 
recherches  d'histoire  naturelle  qu'il  se 
propose  de  faire  pendant  son  séjour  dans 

le  Maroc ,0-3 

LECOT.  — Lettre  concernant  une  précédente 
communication  sur  l'éducation  des  sourds- 
muet 1223 


3^4) 


LEFORT  (  J.  ).  —  Etudes  chimiques  du  cham- 
pignon comestible,  suivies  d'observations 
sur  sa  valeur  nutritive go 

LEGENDRE.  —  Anatomie  omalographiquc 
donnant  les  positions  respectives  des  or- 
ganes telles  que  les  montrent  des  sections 
pratiquées  sur  le  cadavre  soumis  à  la  con- 
gélation      586 

LEGRAND.  —  Note  sur  le  calcul  de  la  cha- 
leur latente  des  vapeurs aiî 

LEGRA1SD.  —  Lettre  concernant  ses  recher- 
ches sur  l'ablation  des  tumeurs  au  moyen 
des  caustiques   ....    1273 

LEHMANN.  —  Une  récompense  lui  est  accor- 
dée pour  son  «  Traité  de  Chimie  physio- 
logique »  (  concours  pour  les  prix  de  Mé- 
decine et  de  Chirurgie  de  i855)..      149  et    346 

LEJEUNE-DIRICHLET  présente  des  obser- 
vations de  la  planète (3g),  faites  à  l'obser- 
vatoire de  Gottingue  par  M.  Klinkerfues.     58g 

—  Et  des  observations  méridiennes  des  pla- 

nètes Lé.da  et  Lœiilia ,  faites  à  Gottingue 

par  M.  Klinkerfues 638 

LEMONNIER  DE  LA  CHENNAÏE.  —  Note 
relative  à  une  machine  à  vapenr  construite 
par  M.  Sauvage,  dans  laquelle  la  chaudièra 
est  alimentée  par  l'eau  résultant  de  la 
condensation  de  la  vapeur u0 

LEP»OIR.  —  Communications  de  M.  Babinet 
relatives  aux  moulages  galvanoplastiques 
de  M.  Lenoir 263 

—  Rapport  sur  un  perfectionnement  apporté 

par  M.  Lenoir  à  la  reproduction  des  ron- 
des bosses  par  la  galvanoplastie;  Rap- 
porteur M.  Becquerel 4'5et     618 

—  M.  Becquerel  dépose  un  Mémoire  dans  le- 

quel M.  Lenoir  a  décrit  ses  procédés  gal- 
vanoplastiques      6at 

LE  PLAY.  —  Le  prix  de  Statistique  lui  est  ac- 
cordé pour  son  ouvrage  intitulé  :  '<  Les 
Ouvriers  européens  » 123  et    399 

LEROY,  d'Étiolles.  —  Lettre  accompagnant 
trois  Mémoires  imprimés  relatifs  au 
moyen  d'extraire  de  la  vessie  les  corps 
étrangers  autres  que  les  pierres  ou  leurs 
débris 588 

LESECQ.  —  Sur  la  nature  des  astéroïdes  et 
sur  les  effets  que  peut  amener  leur  en- 
trée dans  l'atmosphère  terrestre 1224 

LESSEPS  (Ferd.  de)  adresse  une  série  d'é- 
chantillons provenant  des  sondages  exé- 
cutés dans  l'isthme  de  Suez,  et  diverses 
pièces  manuscrites,  cartes  et  plans  se 
rapportant  au  canal  projeté  entre  Suez 
et  Péluse n63 

LESTIBOUDOIS  est  présenté  par  la  Section 
de  Botanique  comme  l'un  des  candidats 


(    132 


M*.  Page». 

pour  la  place  vacante  par  suite  du  décès 

de  M.  de  Mirbel 910 

LETELL1ER.  —  (Effets  de  l'inhalation  des 

vapeurs  d'essence  de  térébenthine 243 

LETELLIER  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 
lui  accorder  la  parole  pour  présenter  un 
exposé  de  sa  Théorie  du  langage. . , 4^8 

LEVEAU.  —  Lettres  et  Note  relatives  a  une 
précédente  communication  sur  le  traite- 
ment du  choléra-morbus 210,  997  et  1 189 

LE  VERRIER.  —  Communication  relative  à 
un  travail  de  MM.  Goujon  et  Liais  pour 
la  détermination  des  éléments  magnéti- 
ques à  l'Observatoire  impérial  de  Paris.       74 

—  Remarques  à  l'occasion  d'un  Mémoire  de 

M.  Laugier  sur  des  observations  de  la  dé- 
clinaison  magnétique   faites  à  Paris  en 

i854 25o 

Réponse  à  M.  Laugier  dans  le  cours  de  la 

discussion  sur  le  sujet  de  la  déclinaison 
magnétique 3io 

—  Sur  le  changement  qu'éprouve  la  boussole 

dans  sa  direction  lorsqu'on  la  transporte 
d'un  point  à  un  autre  de  la  terrasse  de 
l'Observatoire  impérial  de  Paris 36l 

—  Résultats  obtenus  au  moyen  d'instruments 

magnétiques  enregistreurs,  établis  à  l'Ob- 
servatoire de  Paris  par  M.  Liais 749 

—  Sur    un    système  régulier  d'observations 

météorologiques  établi  en  France  par  les 
soins  de  l'Administration  des  Télégraphes 

et  de  l'Observatoire  de  Paris 1039 

M.  Le  Verrier  annonce  que  le  Bulletin  mé- 
téorologique des  divers  points  de  la  France, 
recueilli  par  voie  télégraphique,  sepublie 
chaque  jour  dans  un  journal  du  soir 1229 

—  M.  Le  Verrier  annonce  la  découverte  d'une 

nouvelle  petite  planète  laite  à  l'Observa- 
toire impérial  par  M.  Chacornac  dans  la 
soirée  du  12  janvier  i856 3l 

—  M.  Le  Verrier  annonce  la  découverte  d'une 

petite  planète  faite  à  l'Observatoire  im- 
périal de  Paris,  par  M.  Chacornac,  le 
8  février  i856.  —  Observations  de  cette 
planète.  —  Observations  faites  à  Liver- 
pool  de  la  planète  du  12  janvier  i855 
(  Lida  ) a;  8 

—  M.   Le   Verrier  annonce   que   le  nom  de 

Laetitia  a  été  donné  à  la  planète  décou- 
verte par  M .  Chacornac,  le  8  février  1 856.     5oi 

—  M.  Le  Verrier  présente  des  observations  de 

la  planète  (39),  faites  à  Vienne  par  M.  Lit- 
trow,  et  à  Florence  par  M.  Donati 493 

—  M .  Le  Verrier  présente  les  éléments  et  une 

éphéméride  de  la  planète  Léda  calculés 

par  M.  Pape 5go 

—  M.  Le  Verrier  annonce  la  découverte  de  la 


5) 

MM.  F«Ç'«. 

planète  (4o),  faite  à  Paris  le  3r.  mars  par 

M.  GoUschmidl 638 

—  M.  Le  Verrier  annonce   que,   chargé  par 

M.  Goldschmidt,  auteur  de  la  découverte 
de  la  planète  (/|0),  de  donner  tin  nom  à 
cet  astre,  il  Va  nommé  Harmonia 817 

—  Le  Verrier  communique  les  éléments    de 

l'orbite  de  la  planète  Amphitrite  et  l'éphé- 
méride  pour  l'opposition  de  1856,  par 
M.  Yvon  Villarceau 998 

—  M.  Le  Verrier  annonce  la  découverte  de  la 

planète  (41)  parM.H.  Goldschmidt 1001 

—  M.  Le  Verrier  annonce  que  la  planète  (4») 

découverte  par  M.  Goldschmidt  a  reçu  le 
nom  de  Daphné 1729 

—  M.  Le  Verrier  annonce  que  la  planète  (42) 

a  été  découverte  à  Oxford  le  23  mai  par 

M.  Pogson 11 07 

—  M.  Le  Verrier  annonce  que  M.  Goldschmidt 

a  fait  sur  une  étoile  variable  une  suite 
d'observations  propres  à  en  déterminer  la 
période 441 

—  M.  Le  Verrier  communique  une  observa- 

tion du  bolide  du  3  février,  faite  à  l'Ob- 
servatoire par  M.  Besse-Bergier 179 

—  Note  à  l'occasion  dune  Lettre  de  M.  Valt 

sur  le  degré  d'approximation  à  donner 
aux  éléments  provisoires  des  orbites  des 
astres  nouveaux 817 

—  Remarque    à    l'occasion    d'une    Note    de 

M.  Vincent  sur  la  théorie  des  parallèles. .   n55 

—  M.    Le  Verrier   présente  à  l'Académie   le 

tome  1er  d'une  nouvelle  publication  ayant 
pour  titre  :  «  Annales  de  l'Observatoire 
impérial  de  Paris  a 6o5 

—  M.  Le  Verrier  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  appelée  à  décerner  le  prix 
d'astronomie  (  fondation  Lalande)  pour 
l'année  i856 !2o3 

LEYMER1E.  —  Du  terrain  jurassique  dans 

les  Pyrénées  françaises 730 

LIAIS.  —  M.  Le  Verrier  communique  un  tra- 
vail de  MM.  Goujon  et  Liais  pour  la  dé- 
termination des  éléments  magnétiques  à 
l'Observatoire  impérial  de  Paris 74 

LIEGARD.  —  Analyse  d'un  opuscule  sur  di- 
vers sujets  de  Médecine  et  de  Chirurgie 
pratique,  présenté  au  concours  pour  les 
prix  de  la  fondation  Montyon...     997  et  n3i 

LIEUSSOU  est  présenté  comme  l'un  des  can- 
didats pour  une  place  de  Géographe  va- 
cante au  Bureau  des  Longitudes 357 

LION.  —  Sur  un  moyen  de  communication 
télégraphique  directe  entre  des  personnes 
parlant  des  langues  différentes 1219 

LIOU  VILLE.  —  Sur  la  représentation  des 
nombres  entiers  par  la  forme  quadratique 
x'  ■+■  ay'  ■+■  bi'  -+-  aU* » i45 


(  i326  ) 


LI0UV1LLE.  —  Expression  remarquable  de 
la  quantité  qui,  dans  le  mouvement  d'un 
système  de  points  matériels  à  liaisons 
quelconques  ,  est  un  minimum  en  vertu 
du  principe  de  la  moindre  action 1 1  :jG 

Note  sur  deux  Mémoires  de  Poisson <j65 

—  Détermination  des  valeurs  d'une  classe re- 

marquabled'intégrales  définies  multiples, 
et  démonstration  nouvelle  d'une  célèbre 
formule  deGauss  concernant  les  fonctions 

gamma  de  Legendre 5oi 

— é  Mémoire  sur  la  réduction  de  classes  très- 
étendues  d'intégrales  multiples 5a5 

—  Note  sur  le  calcul  intégral g85 

—  Sur  la  théorie  générale  des  équations  diffé- 

rentielles     1084 

—  M.  Liouville  est   nommé    Membre   de   la 

Commission  du  concours  pour  le  prix 
d'A6tronoroie  (fondation  Lalande)  de 
l'année  i856 iao3 

LIOUVILLE  (E.).  —  Sur  deux  étoiles  varia- 
bles      54« 

HTTROW.  —  Observation  faite  à  Vienne  de 

la  planète  (3g) 493 


MM.  Page. 

LONGET.  —  Du  sulfocyanure  de  potassium 
considéré  comme  un  des  éléments  nor- 
maux et  constants  do  la  salive !fto 

—  M.  Longel  est  présenté  par  la  Section  de 

Médecine  et  de  Chirurgie  comme  l'un  des 
candidats  pour  la  place  vacante  par  suite 
du  décès  de  M.  Magendie 55î 

LONTIN.  — Nouveau  système  de  chaîne  gal- 
vanique destinée  aux  usages  médiiaux. . .     g5t 

LOSTALOT-BACHOUÉ.  —  Note  sur  un  sys- 
tème agricole  destiné  à  augmenter  les  pro- 
duits du  sol  et  à  écarter  le  danger  des 
inondations 117  J 

LOTIN  ,  écrit  par  erreur  ponr  tonlin.  Voir  à 
ce  nom. 

LUTK.E  (Fred.)  est  présenté  par  la  Section  de 
Géographie  et  de  Navigation  comme  l'un 
des  candidats  pour  une  place  vacante  de 
Correspondant 499 

LCTHER.  —  Une  médaille  de  la  fondation 
Lalande  lui  est  accordée  pour  sa  décou- 
verte des  planètes  Leucothée  et  Fides. ...      123 

—  M.  Luther  adresse  ses  remerciments  à  l'A- 

cadémie       3oo 


M 


MAC-ARTHUR  adresse,  au  nom  de  l'auteur 
M.  Threlkeld,  deux  ouvrages  sur  la  langue 
des  habitants  de  la  Nouvelle-Hollande  . .     244 

MAGNE.  —  Des  principales  races  françaises 
de  l'espèce  bovine  et  de  leur  améliora- 
tion      794 

MAHISTRE.  —  Mémoire  sur  le  pendule  co- 
nique, ou  régulateur  à  force  centrifuge..     387 

MAHMOUD-EFFENDI.  —  État  actuel  des 
éléments  du  magnétisme  terrestre  à  Paris 
et  dans  ses  enviions go5 

MAISONNEUVE.  —  Note  sur  la  désarticula- 
tion de  la  mâchoire  inférieure  appliquée 
à  l'extirpation  des  tumeurs  profondes  du 
pharynx,  de  la  langue  etdu  voiledu  palais.     691 

—  Ablation  totale  de  la  mâchoire  inférieure, 

pratiquée  par  suitedu  développementdans 
l'intérieur  de  cet  os  d'une  énorme  tumeur 

fibreuse 887 

MALGAIGNE.  —  Sur  un  nouveau  procédé 
opératoire  pour  les  cas  graves  de  paraphi- 
mosis. ^44 

—  M.  Malgaigne  est  présenté  parla  Section  de 

Médecine  et  de  Chirurgie  comme  l'un  des 
candidats  pour  la  place  vacante  par  suite 

du  décès  de  M.  Magendie 55a 

MALINGRE.  —  Mémoire  ayant  pour   litre  : 

«  De  l'amélioration  des  espèces  végétales».    491 


MARCEL  DE  SERRES.  —  Sur  un  nouveau 
genre  d'Annélide  tubicolé  perforant,  le 
genre  Stoi 356 

—  Sur  la  présence  des  zircons  dans  les  sables 

tertiaires  de  Sauret 4-H 

—  De  l'époque  géologique  à  laquelle  on  doit 

rapporter  le  dépôt  des  spinelles  et  des 
zircons  dans  les  sables  marins  de  Sauret, 
près  de  Montpellier 827 

MARGAT  (do).  —  Lettre  concernant  les  for- 
malités pour  le  dépôt  d'un  paquet  ca- 
cheté     ....    1189 

MARIE.  —  Analyse  de  deux  opuscules  relatifs 
à  la  physiologie  et  à  la  pathologie  chi- 
rurgicale, présentés  au  concours  pour  les 
prix  de  la  fondation  Montyon 58? 

MARIE  demande  qu'un  Mémoire  qu'il  vient 
de  terminer  soit  soumis  à  l'examen  de  la 
Commission  du  gTand  prix  de  Sciences 
mathématiques  de  i856  (question  con- 
cernant le  dernier  théorème  de  Fermât), 
bien  que  ce  Mémoire  ne  puisseêtre  com- 
pris parmi  les  pièces  de  concours,  n'ayant 
pas  été  envoyé  en  temps  utile 83j 

MARIGNAC  (C).  —  Recherches  sur  les  for- 
mes cristallines  de  quelques  composés 
chimiques 288 

MAR1GN  Y. —  Mémoires  sur  la  navigation  aé- 
rienne, et  Lettre  relative  a  l'envoi  d'un 


MM. 


(  i32?  ) 

P=8ei. 


premier  Mémoire  qui  n'est  pas  parvenu  à 
l'Aca.lémie 699,   1175  et  1274 

MARQUES  (F.)'— Notes  sur  un  moyen  d'im- 
primer aux  ballons  une  impulsion  dans 
une  direction  voulue 5t2  et    597 

MART1NS.  —  Sur  la  température  moyenne 
des  oiseaux  palmipèdes  du  nord  de  l'Eu- 


rope. 


5i5 


—  Sur  la  quantité  de  pluio  tombée  à  Mont- 

pellier du  1 1  au  20  mars  t856 5g3 

MASSART.  —  Traité  théorique  et  pratique 
de  l'angine  de  poitrine,  d'après  la  décou- 
verte do  son  siège  organique 797 

MASSON .  —  Etudes  expérimentales  sur  le 
mouvement  des  fluides  élastiques  :  Théo- 
rie nouvelle  des  instruments  à  vent 636 

MATHIEU ,  en  l'absence  de  M.  Laugier,  ré- 
pond à  M.  Le  Verrier  pour  ramener  à  6on 
véritable  objet  la  question  relative  aux 
observations  de  déclinaison  magnétique 
faites  à  Paris  en  i854  365 

—  M.  Mathieu  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission du  concours  pour  le  prix  de  Sta- 
tistique       99 1 

—  Et  de  la  Commission  du  concours  pour  le 

prix  d'Astronomie  de  l'année  i856 iao3 

MATHIEU.  —  Observations  relatives  à  l'ac- 
croissement en  diamètre  des  Dicotylé- 
dones    njy 

MATHIEU.— Observation  du  bolide  du  3  fé- 
vrier i856,  faite  à  Vitry  en  Perthois 
(Marne);   communiquée  par  M.  Élie  de 

Beaumont 281 

MATTEUCCI  (Ch.).  —  Becherches  sur  les 
phénomènes  physiques  et  chimiques  do  la 
contraction  musculaire 648 

—  Sur  un    appareil  destiné  ù  démontrer  et 

mesurer  la  différence  de  conductibilité  du 
bismuth  cristallisé Ii33 

MAUMENÉ.  —  Conservation  du  jus  de  bette- 
raves par  la  chaux 645 

MAURY  (F.).  —  Tableau  des  courbes  repré- 
sentant les  phénomènes  de  l'atmosphère 
dans  l'océan  Atlantique 541 

—  M.Maury  est  présenté  par  la  Section  de 

Géographie  et  de  Navigation  comme  l'un 
des  candidats  pour  une  place  vacante  de 

Correspondant 499 

MAYER  et  Beabmont.  —  Appareils  proposés 
pour  le  chauffage  sans  combustible  au 
moyen  d'une  force  perdue  ou  non  em- 
ployée. (Rapport  sur  ces  appareils  ;  Rap- 
porteur M.  Marin.) '. 719 

—  Opuscule  publié  par  MM.  Mayer  et  Beau- 

mont  à  l'occasion  de  ce  Rapport S02 

—  Remarques  sur  cette  publication  par  un 

des  Membres  de  la  Commission ,,,,,.,,    80?, 


MM.  H.jw. 

MAZERAN.—  Lettre  concernant  une  précé- 
dente communication  sur  un  moteur  hy- 
draulique de  son  invention 357 

MÈGE-MOURIÊS.  —  Mémoire  intitulé  :  «  Du 

pain  et  de  sa  préparation  » naa 

MELLER  (V.).  —  Note  ayant  pour  titre  : 
«  Proposition  relative  aux  courants  at- 
mosphériques et  aux  nuages  » 38 

MENABREA.  —  Lettre  accompagnant  l'envoi 
d'un  Mémoire  imprimé  sur  diverses  ques- 
tions de  physique  mathématique 696 

MEUGY.  —  Sur  le  gisement,  l'âge  et  le  mode 
de  formation  des  terrains  à  meulières  du 
bassin  de  Paris 638 

MILLET.— Note  sur  le  rempoissonnement 

des  cours  d'eau 109 

MILLIÉKE.  —  Note  destinée  au  concourspour 

le  prix  du  legs  Bréant 797 

M1LLOT-BRULÉ.  —  Lettres  concernant  sa 
Note  intitulée  :  «  Découverte  du  bouton 
opposé  » 55 1  et  1224 

M1LNE  EDWARDS  est  nommé  Membre  de 
la  Commission  chargée  de  proposer  lo 
sujet  du  grand  prix  des  Sciences  natu- 
relles pour  l'année  1857 1* 

—  Membre   de    la   Commission  chargée    de 

proposer  une  question  pour  sujet  du  prix 
Bordin  de  i856  (  Sciences  naturelles  ). . . .       37 

—  De   la    Commission   du   grand    prix    des 

Sciences  physiques  de  i856  (question 
concernant  la  répartition  des  fossiles  or- 
ganiques dans  les  divers  étages  des  ter- 
rains sédimentaires) 829 

Et  de  la  Commission  du  concours  pour  le 

prix  de  Physiologie  expérimentale iao3 

MILNE-EOWARDS  (Alph.).  —  De  l'influence 
de  la  proportion  du  phosphate  de  chaux 
contenu  dans  les  aliments  sur  la  forma- 
tion du  cal 63 1 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  (ut)  annonça 
qu'il  a  maintenu  MM.  Poncelel  et  Le 
Verrier  comme  Membres  du  Conseil  de 
perfectionnement  de  l'Ecole  Polytech- 
nique ,  au  titre  de  l'Académie  des 
Sciences •      99 

—  M.  le  Ministre  adresse,  pour  la  bibliothèque    

de  l'Institut,  un  exemplaire  du  tome  XIV 
de  la  deuxième  série  du  Recueil  des  Mé- 
moires de  Médecine ,  de  Chirurgie  et  de 

Pharmacie  militaires 345 

Voir  aussi  l'article  Vaillant  (le  Maré- 
chal). 
MINISTRE  D'ÉTAT  (le)  consulte  l'Académie 
sur  l'utilité  que  peut  avoir  un  vernis  de 
l'invention  de  M.  Duchier,  pour  préserver 
de  l'action  de»  flammes  les  décors  de» 
théine»,  ,..i,,ii.„,.„l.,'»tvfn  IMf. 


(  I 

WV.  Pages. 

MINISTRE  DEiLA  MARINE  (le)  met  à  la 
disposition  de  l'Académie  une  série  de 
spécimen*  du  fond  de  la  mer,  recueillie 
par  M.  Benham ,  du  corps  du  Génie  des 
Etats-Unis,  avec  l'indication  des  parages, 
un  tableau  des  coquilles  microscopiques 
trouvées  dans  la  mer,  et  une  Notice  ex- 
plicative      5^0 

MINISTRE  DE  L'AGRICULTURE  ET  DU 
COMMERCE  (le)  adresse,  pour  la  biblio- 
thèque de  l'Institut,  un  exemplaire  du 
Catalogue  des  brevets  d'invention  pris  en 
i854i  —  un  exemplaire  du  LXXXlVe  vo- 
lume des  brevets  d'invention  pris  sous 
l'empire  do  la  loi  de  1791,  et  un  du  XXIe 
volume  des  brevets  pris  sous  l'empire  de 
la  loi  de  1844 ai  1  et  1220 

—  M.   le  Ministre  adresse  des  billets  pour  la 

séance  de  distribution  des  prix  qui  doit 
avoir  lieu  à  Poissy  à  ls  suite  du  concours 
d'animaux  de  boucherie iyi 

—  Lettre   de  M.  le  Ministre,  concernant  un 

Mémoire  de  M.  Cheval,  intitulé  :  c  Non- 
veau  procédé  pour  la  conservation  des 
boissons  » 58i) 

—  M.  le  Ministre  adresse  pour  les  Membres  de 

l'Académie  des  exemplaires  des  tomes  III 
et  VII  duRapportde  la  Commission  fran- 
çaise du  jury  international  de  l'Exposi- 
tion universelle  de  Londres 798 

MINISTRE  DE  L'INSTRUCTION  PUBLI- 
QUE (le)  approuve  le  choix  du  jour  in- 
diqué par  l'Académie  pour  sa  séance  an- 
nuelle qui,  en  conséquence, aura  lieu  le 
lundi  28  janvier 99 

—  M.  le  Ministre  invite  l'Académie  i»lui  pré- 

senter deux  candidats  pour  la  place  va- 
cante ,  au  Bureau  des  Longitudes ,  par 
suite  du  décès  de  M.  Beautemps-  Beaupré.  Ibiâ. 

—  M.  le  Ministre  autorise  l'Académie  à  pré- 

lever sur  les  fonds  restés  disponibles  di- 
verses sommes  destinées  à  augmenter 
trois  des  prix  afférents  à  l'année  i85.î,  et 
à  couvrir  les  frais  de  divers  travaux  scien- 
tifiques     an,  274,  5ia  et    540 

—  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  ac- 

cuse réception  d'une  amplialion  du  Rap- 
port fait  à  l'Académie  dans  la  séance  du 
3i  mars  i856  sur  la  découverte  de  la 
soude  artiuciellc  par  Nicolas  Le  Blanc. . .     798 

—  M.  le  Minisire  transmet  une  ampliationde 

décrets  impériaux  confirmant  les  nomi- 
nations suivantes  faites  par  l'Académie  : 

—  Nomination  de  M.  Jobert,  de  Lamballe,  à 

la  place  vacante  par  suite  du  décès  de 
,  Migendie Go") 

—  Nomination  de  M.  Bertrand  à  Ja  place 


3a8  ) 


»*■  P.ge.. 

vacante  dans  la  Section  deGéométrio  par 
suite  du  décès  de  M.  Sturm 8i3 

—  Nomination  de  M.  Claude  Gay  à  la  place 

vacante  dans  la  Section  de  Botanique  par 
suite  du  décès  de  M.  de  Mirbel 1021 

—  M.  le  Ministre  transmet  les  Mémoires  dont 

les  titres  suivent  : 

—  Mémoire  de  M.  Onésime  Simon  sur  le  trai- 

tement du  choléra  inorbus  au  moyen  d'un 
remède  de  son  invention 80 

—  Mémoire  de  M.  Ch.  Girault  ayant  pourti- 

tre  :  «  De  la  résistance  de  l'air  dans  le 
mouvement  oscillatoire  du  pendule  :  prin- 
cipe d'un  nouvel  anémomètre» 5ll 

—  Mémoires  de  M.  Billiard,  ayant  pour  ti- 

tres ,  l'un  :  «  Théorie  de  la  phthisie  »; 
l'autre,  «  Découverte  des  sources  de  l'o- 
zone organique;  suite  du  Mémoire  sur  la 
cause  secondaire  du  choléra  » 885 

—  Mémoire  intitulé:  «Conspectus  de  la  faune 

fossile   de    l'Amérique  du    Sud  »  ;    par 

M.  Bravard , ,  Hid. 

—  Mémoire  de  M.  Piarron  de  Mondcsir,    sur 

la  résolution  des  équations  d'un  degré 
quelconque xiSi 

—  M.  le  Ministre  adresse,  pour  la  bibliothèque 

de  l'Institut,  un  cxemplaire'de  la  nouvelle 
édition  du  Commercium  ûpistolicum  t  pu- 
bliée par  MM.  Biot  et  Le  fort 997 

—  M.  le  Ministre  transmet  un  opuscule  inti- 

tulé :  «  Résolution  numérique  de  divers 
problèmes  de  géométrie  et  de  trigono- 
métrie )) ,  par  M.  0.  Gianotti,  de  Casale.     855 

—  M.  le  Ministre  annonce  l'envoi  fait  à  l'Aca- 

démie des  Sciences  de  la  médaille  frap- 
pée en  l'honneur  de  Gauss  par  ordre  du 
roi  de  Hanovre 894 

MINISTRE  DES  AFFAIRES  ÉTRANGÈRES 
(le)  transmet  un  Mémoire  sur  le  traite- 
ment des  minerais  argentifères,  par 
M.  Poumarède 36a 

MINISTRE  DES  DEUX-SICILES(M.  le),  à 
Paris,  transmet  trois  exemplaires  des  Mé- 
moires de  l'Académie  de  Palerme,  et  di- 
vers documents  imprimés  relatifs  à  la  sta- 
tistique de  quelques  établissements  pu- 
blics de  la  même  ville 5i4 

MONTAGNE.  —  Note  sur  deux  algues  nées 
pendant  les  expériences  de  M.  Boussin- 
gaull  relatives  à  l'action  du  salpêtre  sur 
la  végétation j56 

—  M.  Montagne  fait  hommage  à  l'Académie 

de  sa  Ciyptogamie  de  la  Guyane  fran- 
çaise     5o8 

—  M.  Montagne,  en  présentant  au  nom  de  l'au- 

teur, M.  Schimper    la  dernière  livraison 


(  i3ag  ) 


**•  Ptge». 

de  la  Bryologia  Europψ,  donne  quelques 
détails  sur  cette  importante  publication,   iooi 

MOQUIN-TANDON.  —  Déclaration  relative 
à  un  Mémoire  do  M.  Maisonneuve,  qui  ne 
peut  plus  être  l'objet  d'un  Rapport,  ayant 
été  imprimé  depuis  l'époque  de  sa  pré- 
sentation. —  Déclaration  relative  à  une 
Lettre  de  M.  Frôhlich ,  concernant  des 
travaux  déjà  anciens  sjir  l'organisation 
des  Orchidées 1256 

—  En  présentant  un  Mémoire  de  M.  A.  Bec- 

querel, sur  le  développement  de  la  fièvre 
typhoïde  chez  des  animaux  (lièvres), 
M.  Moquin-Tandon  donne  une  idée  de  ce 
travail 212 

—  M.   Moquin-Tandon   fait  hommage  à  l'A- 

cadémie du  premier  volume  de  son  «  His- 
toire des  Mollusques  terrestres  et  lluvia- 
tiles  de  France» iji3 

MOREL  (A.).  —  «Essais  aéronautiques  et 
hydronauliques  basés  sur  l'étude  des  or- 
ganes des  animaux  qui  se  meuvent  dans 
l'air  et  dans  l'eau  » 797 

MORIDE.  —  De  l'emploi  de  la  chaux  comme 
moyen  de  dessécher  et  d'assainir  les  lieux 
ravagés  par  l'inondation , 1223 


MM.  P»(!". 

MORIN.  —  Rapport  fait  en  réponse  à  une 
question  poséo  par  M.  le  Ministre  de  la 
Guerre  sur  la  combustion  spontanée  du 
foin  en  balles  pressées 34 

—  Rapport  sur  les  appareils   proposés  pour 

le  chauffage,  sans  combustible,  au  moyen 
d'une  force  perdue  ou  non  employée,  pré- 
sentés par  MM.  Beaumont  et  Mayer 719 

MOROT.  —  Addition  à  une  précédente  Note 

sur  un  moteur  électromagnétique 855 

MCTXSEN. —  Opuscules  imprimés  ou  autogra- 
phiés  concernant  divers  instruments  ara- 
toires de  son  invention 58g 

—  Note  et  figures  servant  de  complément   à 

sa  «  Description  du  râteau  mécanique 
pour  arracher  le  chiendent  »... .     694  et    8g{ 

MULLER  (H.).  —  Réclamation  de  priorité' 
adressée  à  l'occasion  d'une  Note  de 
M.  Rouget  sur  l'appareil  d'adaptation  de 
l'œil tai8 

MURCHISON.  —  Communication  de  M.  Élie 
de  Beaumont,  en  présentant  la  carte  géo- 
logique de  l'Europe  par  MM.  Murchison 
et  Nicol. 10G6 


N 


NASCIO  (H.  ).  —  Mémoire  intitulé  :  «  Projet 
pour  la  correction  définitive  du  calendrier 
Grégorien  » 657 

NAUDIN  (Ch.) Observations  constatant 

le  retour  simultané  de  la  descendance 
d'une  plante  hybride  aux  types  paternel 
et  maternel 625 

—  Observation  relative  à  un  cas  d'hybridité 

anormale ioo3 

—  Observations  relatives  à  la  fécondation  in- 

complète et  à  ses  conséquences  dans  les 

végétaux  phanérogames 845 

NESMOND  (  P.-Ca.  ) .  —  Sur  la  loi  de  progres- 
sion suivant  la  température  de  la  tension 
de  la  vapeur  d'eau..... 636 


N1COL.  Voir  plus  haut  l'article  Murchison. 
N1CKLÈS  (E.  ).  —  Sur  la  purification  du 

phosphore  amorphe 646 

—  M.  Nicklès  demande  et  obtient  l'autorisa- 

tion de  reprendre  un  paquet  cacheté  dont 
l'Académie  avait  accepté  le  dépôt 810 

NIEPCE  priel'Académie  de  vouloir  bien  faire 
constater  par  une  Commission  les  bons 
effets  d'un  médicament  quïl  emploie 
contre  le  goitre 865 

NOIRET. — Mémoire  sur  les  pénitenciers..     273 

—  Mémoire  sur  les  prisons 729 

NOTTA.  —  Résumé  de  ses  recherches  sur  la 

cicatrisation  des  artères  à  la  suite  de  la 
ligature 63; 


o 


ORDINAIRE  DE  LACOLONGE.—  Mémoire 
intitulé  :  «  Des  turbines  eulériennes  et  du 
parti  qu'on  en  peut  tirer  » 107 1 

ORE.  —  Recherches  sur  la  sécrétion  bi- 
liaire  j 497 

ORF1LA.  —  Note  concernant  l'action  que  le 
phosphore  rouge  exerce  sur  l'économie 
animale  (en  commun  avec  M.  Rigout).    201 

C.  R.,  i856,  i«  Semeitret  (T.  XLH.) 


OSTROGRADSKI  est  présenté  par  la  Section 
de  Géométrie  comme  l'un  des  candidats 
pour  une  place  vacante  de  Correspon- 
dant      413 

—■  M.  Ostrogradski  est  nommé  Correspondant 
de  l'Académie  en  remplacement  de  M.  Le 
jeune-Dirichlet,  élu  à  une  place  d'Associé 
étranger 41  G 


174 


(  i33o  ) 


■M.  PiS<». 

—  M.  Ostrogradski  remercie  l'Académie ,  et 
lui  envoie  une  Note  sur  les  facteurs  égaux 
des  polynômes  entiers i.y.ç)  el    g3o 

ODDRY  présente  divers  spécimen»  d'applica- 
tion éloctrométallurgique  sur  le  fer,  la 
fonte  et  le  bois 1144 


P»gM. 


MM. 

OODRY.— Description  des  procédés  employés 
pour  ces  applications  électrométallur- 
giques    1  «74 

OZANAM.  —  De  l'efficacité  du  brome  dans 
le  traitement  des  affections  pseudomem- 
braneuses    ion 


PACACD  soumet  au  jugement  de  l'Académie 
des  tubes  en  fer  doublés  en  plomb,  et  ré- 
ciproquement       j8 

PAPE.  —  Eléments  et  éphémérides  de  la  pla- 
nète Lèda 5oo 

PAQUEREE.  —  Appareils  de  son  invention 
destinés  à  prévenir  certains  accidents 
communs  sur  les  chemins  de  fer 5a3 

PARAVEY  (de).  —  Demande  et  obtient  l'au- 
torisation de  reprendre  diverses  Noies 
qu'il  a  successivement  adressées  à  l'Aca- 
démie et  qui  n'ont  pas  été  l'objet  de  Rap- 
ports       „7 

—  Sur  le  nom  de  Pléiades  désignant  parfois 

la  constellation  de  la  grande  Ourse 3oo 

—  Rapprochement   établi   entre   le   nom   du 

dieu  Thot  et  le  mot  Tot-choun  employé 
dans  les  Pyrénées  pour  désigner  les  tailles.   1073 

—  Sur  les  moyens  employés  dans  les  Pays- 

Bas  pour  combattre  les  inondations;  sur 
l'origine  des  sciences  delà  Chine 127a 

PASSOP.  —  Lettres  concernant  une  commu- 
nication sur  laquelle  il  n'a  pas  encore  été 
fait  de  Rapport 6a,  458,  658  et  1019 

PASTEUR.  —  Note  sur  le  sucre  de  lait 347 

—  Isomorphisme   entre  des  corps  isomères, 

les  uns  actifs,  les  autres  inactifs  sur  la 
lumière  polarisée .  laSg 

—  M.  Pasteur  est  présenté  par  la  Section  de 

Chimie  comme   l'un  des  ;candidats  pour 
une  place  vacante  de  Correspondant....     699 
PAYEN.  —  Note  sur  la  composition  immé- 
diate de  l'épiderme  et  de  la  cuticule  épi- 
dermique  des  végétaux ng3 

—  M.  l'ayen  fait  hommage  à  l'Académie  d'un 

exemplaire  de  la  3e  édition  de  son  ouvrage 
j    sur  les  substances  alimentaires {i5 

PEAN  DE  SAINT-GILLES  —  Mémoire  sur 
l'hydrate  et  l'acétate  ferriques.  (Rapport 
sur  ce  Mémoire;  Rapporteur  M.  Thenard.)      3i 

PELIGOT.  —  Note  sur  la  préparation  de  l'u- 
ranium        03 

PELOUZE.  —  Note  sur  les  huiles  employées 

à  la  fabrication  du  rouge  turc 1196 

—  Bapport   sur  un   Mémoire  de  M.   George 

Tille,  ayant  pour  titre.  «  Quel  est  le  rôle 
des  nitrates  dans  l'économie  des  plantes? 


De  quelques  procédés  nouveaux  pour 
doser   l'azote  des   nitrates ,  en   présence 

des  matières  organiques.» ,     679 

PELOUZE.  —  Sur  la  saponification  des  corps 

gras  par  les  oxydes  anhydres 1081 

—  M.  Pelouze  lit  au  nom  de  M.  Thenard,  ab- 

sent pour  cause  de  santé,  un  Rapport  sur 

un  Mémoire  de  M.  Péan  de  Saint-Gilles.       3l 

—  M.  Pelouze  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission du  concours  pour  le  prix  dit  des 
Arts  insalubres ia4i 

PERNELET.  —  Note  sur  un  moniteur  élec- 
trique des  chemins  de  fer 27 

PERREAUX  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 
faire  examiner  par  une  Commission  une 
machine  à  diviser  qu'il  lui  présente. . . .     797 

PERREUL.  —  Note  sur  un  moyen  permettant 
d'arrêter  rapidement  et  sans  secousse  un 
convoi  en  marche  sur  un  chemin  de  fer.     a45 

—  Sur  un  frein  agissant  par  pression  verti- 

cale; modification  apportée  au  système 
Laignel. .■ 685 

PERREY.  —  Renseignements  relatifs  à  deux, 
volcans  et  à  une  solfatare  de  l'île  de  Java, 
d'après  les  observations  faites  par  des 
Hollandais lia 

PETIT.  —  Note  sur  la  parallaxe  et  le  mou- 
vement d'un  n&m  eau  bolide 8aa 

PETIT-JEAN.  —  Lettre  concernant  une 
précédente  communication  sur  un  moyen 
pour  empêcher  la  vigne  de  geler iaa3 

PEYilER  est  compris  dans  le  nombre  des 
candidats  qui  peuvent  è'.re  présentés  pour 
la  place  de  Géographe  vacante  au  Bureau 
des  Longitudes,  par  suite  du  décès  de 
M .  Bcautemps-Beaupré 357 

—  M.  Peytier  est  choisi  comme  l'un  des  can- 

didats que  présente  l'Académie  pour  cette 
place 377 

PHILLIPPS.  —  Mémoire  sur  le  calcul  de  la 
résistance  des  solides  prismatiques  sou- 
mis à  l'action  d'une  charge  en  mouve- 
ment. (Rapport  sur  ce  Mémoire;  Rap- 
porteur M.  Combes.  ) 3*5 

PHIPSON  adresse,  à  l'occasion  d'une  Note  de 
M.  Vubrunfaut  sur  l'inulinc,  un  exem- 
plaire d'un  opuscule  qu'il  a  publié  récent- 


(  i33i  ) 

Pa|et 


ment  sur  la  fécule  et  les  substances  qui 
peuvent  la  remplacer  dans  l'industrie. . .     865 

PIARRON  DE  MON  DÉSIR.  — Mémoire  sur 
la  résolution  des  équations  d'un  degré 
quelconque » >a5i 

PIENOZ  annonce  avoir  adressé  à  l'Académie 

une  Note  6ur  la  quadrature  du  cercle. ..     4^9 

PIERRE  (  Isidore  ).  —  Sur  l'emploi  des  feuil- 
les de  vigne,  d'orme  et  de  peuplier  comme 
fourrage 3i7 

—  Recherches  sur  la  distribution  des  matières 

azotées  dans  les  diverses  parties  de  la 
betterave "j  '  ■  ' 

PIETRICOLA.  —  Mémoire  sur  la  trisection 

do  l'angle "44 

PIFFER  annonce  avoir  construit  le  modèle 
d'un  appareil  destiné  à  diriger  les  aérostats 
et  dans  lequel  il  fait  usage  de  l'hélice ...     412 

P1NART  annonce  être  parvenu  à  obtenir  de 
l'antimoine  plusieurs  nuances  de  jaune 
de  Naples ioiS 

PIORRY.  —  Du  dessin  des  organes  considéré 
au  point  de  vue  du  diagnostic  et  du  traite- 
ment  ,, 42(>  et  "43 

—  M.  Piorry  est  présenté  par  la  Section  do 

Médecine  et  de  Chirurgie  comme  l'un 
des  candidats  pour  la  place  vacante  par 
suite  du  décès  de  M.  Magendie. 55a 

PISSIS.  —  Eludes  sur  l'orographie  et  sur  la 
constitution  géologique  du  Chili.  —  Re- 
cherches sur  les  systèmes  de  soulèvement 
de  l'Amérique  du  Sud 3gt  et    3g2 

PITHEKI  fait  connaître  les  résultats  auxquels 
il  est  arrivé  en  répétant  des  expériences 
de  M.  Frémy  sur  les  fluorures 11^5 

PLATEAU  (J.  ),  —  Recherches  expérimen- 
tales et  théoriques  sur  les  figures  d'équi- 
libre d'une  masse  liquide  sans  pesanteur.   1241 

POGGIALE. —  Action  des  alcalis  sur  le  sucre 

dans  l'économie  animale. 198 

POGGIOLI  —  Lettre  relative,  à  une  récla- 
mation de  priorité  dans  laquelle  l'Acadé- 
mie ne  peut  intervenir 28 

—  Observations  recueillies  à  la  clinique  de 

l'hôpital  de  la  Charité,  concernant  des  cas 

de  rhumatisme  et  de  sciatique 729 

—  Mémoire  sur  le  choléra-morbus 997 

POGSON  —  M.  Le  Verrier  annonce  qu'une 

4ae  petite  planète  a  été  découverte  à  Ox- 
ford le  23  mai  i856,  par  M.  Pogson 1 107 

POINSOT  déclare  qu'il  approuve  les  observa- 
tions présentées  par  M.  Chastes  à  l'occa- 
sion d'une  Note  de  M.  Vincent  sur  la 
théorie  des  parallèles 1 1:">4 

POISEUILLE  est  présenté  par  la  Section  de 
Médecine  et  de  Chirurgie  comme  l'un  des 
candidats  pour  la  place  vacante  par  suite 
du  décès  de  M.  Magendie ,, 55a 


MU.  I'â|e.. 

POITEVIN.  —  Report  6ur  pierres  des  épreu- 
ves photographiques  (communiqué  par 
M.   Becquerel) !M> 

POMEL  (A.).  —  Notes  sur  la  mammalogie 

de  l'Algérie 65a 

PONCELET  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission administrative  pour  l'année  i856.        3 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  la  rédac- 

tion du  programme  pour  le  concours  con- 
cernant le  Perfectionnement  de  la  Navi- 
gation       37 

—  M.  Poncelet,  au  nom  de  M.  Fairbairn,  fait 

hommage  à  l'Académie  de  l'ouvrage  inti- 
tulé :  «  Renseignements  utiles  pour  les 
ingénieurs  » 99 

PONS.  —  Note  sur  l'emploi  du  cautère  actuel 

dans  les  cas   de  tumeurs  blanches 970 

PONS.  —  Sur  les  avantages  divers  qu'offri- 
raient les  éducations  de  vers  à  soie  faites 
en  automne  ;  sur  diverses  questions  de 
physique  du  globe  et  de  météorologie. . .    U74 

PORGE  annonce  l'intention  do  soumettre  à 
l'Académie  un  système  qu'il  a  imaginé 
pour  la  direction  des  aérostats 498 

PODILLET.  —  Actinographe,  instrument 
qui  marque  les  instants  de  la  journée 
auxquels  le  soleil  se  montre  ou  se  cache, 
et  la  durée  de  ses  apparitions  ou  dispari- 
tions   , . .     qi3 

—  M.  Pouillet  présente  les  ligures  des  radia- 

tions solaires  telles  qu'elles  ont  été  don- 
nées par  l'actinographe  pour  chacun  des 
quinze  derniers  jours  de  mai 104a 

—  M.  Pouillet  communique   une   Lettre   de 

M.  Volpicclli  sur  l'association  de  plu- 
sieurs condensateurs  pour  manifester  de 
faibles  doses  d'électricité 402 

—  M.  Pouillet  est  nommé  Membre  do  la  Com- 

mission chargée  de  décerner  le  grand  prix 
des  Sciences  mathématiques 1341 

POUJADE,  écrit  par  erreur  pour  Pujade.  Voir 
à  ce  nom. 

POULET.  —  Recherches  expérimentales  sur 
cette  question  :  «  L'eau  et  les  substances 
dissoutes  sont-elles  absorbées  par  la 
peau»? 435 

POUMARÈDE.  —  Mémoire  sur  le  traite- 
ment des  minerais  argentifères a6a 

PRESIDENT  de  l'Académie.  Voyez  aux  noms  de 
M.  Binet  et  de  M.  Geofjroy-Saint-Hilaire. 

PUCHERAN.  —Note  sur  les  caractères  zoolo- 
giques de  quelques  espèces  de  Cétacés. .     445 

PCECH.  —  Sur  un  monstre  double  apparte- 
nant à  la  fois  aux  genres  Dérodymes, 
Dérenccphale  et  Uromèle  (deuxième  par- 
tie)     343 

—  De  l'influence  de  la  cryptorchidie  sur  la 

génération 996 


174. 


""■  Pages. 

PUISEUX.  —  Mémoire  sur  les  variations  de 
la  pesanteur  dans  une  petite  étendue  de 
la  surface  terrestre,  et  sur  quelques  effets 
qui  en  résultent 683 

—  M.  Puiseax  est  présenté  par  la  Section  de 
Géométrie   comme  l'un    des   candidats 


(  i33a  ) 

HH. 


Pages. 

pour  la  place  vacante  par  suite  du  décès 

de  M.  Sturm j46 

PDJADE.  —  Mémoire  ayant  pour  titre  :  <t  Re- 
cherches théoriques  et  pratiques  sur  l'af- 
fection typhoïde  intense,  générale,  dite 
choléra  épidémique  » 1 175 


QCATREFAGES  (de),  à  l'occasion  d'un  Mé- 
moire de  M.  Rouget  sur  l'appareil  de  l'a- 
daptation des  yeux  chez  les  oiseaux,  rap- 
pelle les  observations  de  M.  Dujardin  sur 
l'appareil  d'adaptation  des  yeux  des  in- 
sectes  


94' 


—  M.  de  Quatre/ages  présente  l'extrait  d'un 
Mémoire  de  M.  iacauan  sur  l'appareil 
circulatoire  du  serpent  Python na5 

QUET.  —  Note  sur  les  mouvements  relatifs..     5iç> 


RACIBORSKI.  —  Lettre  jointe  à  l'envoi  de 
son  ouvrage  intitulé  :  a  Rôle  de  la 
menstruation  dans  la  pathologie  et  la 
thérapeutique  » 61 

RAIMONDI.  —  Mémoire  sur  le  guano  des 
lies  de  Chincha  ,  et  les  oiseaux  qui  le 
produisent y35 

RAMBOSSON.  —  Sur  le  moyen  de  rendre 
facile  l'enseignement  de  la  pa  oie  aux 
sourds-muets Il  18 

RAMON  DE  LA  SAGRA.  —  Sur  ur  nouvel 
acide  provenant  d'une  plante  mexicaine 
et  applicableà  la  teinture 873 

—  Envoi  d'un  opuscule  ou   se  trouvent  des 

recherches  sur  cette  substance  tinctoriale,  107a 
RAYER    présente,     au     nom    de     l'auteur 
M.  Luschka,  six  opuscules  sur  autant  de 
points  de  l'anatomie  humaine j3o 

—  M.  Rayer  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission du  concours  pour  les  prix  de  Mé- 
decine et  de  Chirurgie n58  et  !2o3 

—  Membre  de  la  Commission  du  concours 

pour  le  prix  de  Physiologie  expérimentale.  iao3 

•-  Et  de  la  Commission  du  concours  pour  le 

prix  dit  des  Arts  insalubres la^i 

RAYNOT.  —  Lettre  accompagnant  l'envoi 
d'un  opuscule  imprimé  ayant  pour  titre  : 
«  Réflexions  sur  la  Géométrie  » 070 

REGNAULT.  —  Avant  de  quitter  le  fauteuil 
de  la  Présidence ,  M.  Regnault  rend 
compte  de  ce  qui  s'est  fait  pendant  l'an- 
née i855,  relativement  aux  publications 
de  l'Académie 1 

—  M.  Regnault  présente,  au  nom  de  M.  Belle- 
mare,  un  Mémoire  portant  pour  titre  : 
«  Les  chocs  rendus  impossibles  sur  les 


chemins  de  fer  au  moyen  de  l'interrup- 
tcur  kilométrique  » 4$ 

—  M.    Regnault  est   nommé  Membre  de  la 

Commission  chargée  de  la  rédaction  du 
programme  pour  le  concours  concernant 
le  Perfectionnement  de  la  Navigation. ..       37 

—  Et  de  la  Commission  du  concours  pour  le 

grand  prix  de  Sciences  mathématiques  de 
i856  (  question  concernant  la  théorie  ma- 
thématique des  phénomènes  capillaires).   1241 

REIGNATJLD  demande  et  obtient  l'autorisa- 
tion de  reprendre  une  Note  précédem- 
ment présentée  sur  un  nouveau  mode  de 
cautérisation 2^5 

REISEX.  —  Expériences  sur  la  putréfaction 

et  sur  la  formation  des  fumiers 53 

RENAUD.  —  Mémoire  sur  la  constitution 

géologique  de  l'isthme  de  Suez 1 163 

RENAULT.  —  Lettres  concernant  son  Mé- 
moire sur  une  des  causes  de  la  gangrène 
traumatique,  sur  la  question  du  typhus 
contagieux  du  gros  bétail,  et  sur  l'absorp- 
tion des  virus 587 

RENOU.  —  Altitudes  de  quelques  lieux  dans 
le  sud  de  l'Algérie,  déterminées  par  les 
hauteurs  comparées  du  baromètre 4-*2 

RÉSAL.  —  Recherches  sur  la  loi  des  oscil- 
lations du  pendule  à  suspension,  à  lames, 
des  chronomètres  fixes 3go 

REYBARD.  —  Mémoire  sur  les  tumeurs  et 
les  fistules  lacrymales  ;  nouveau  procédé 
de  traitement 5il 

REYNOSO  (Alvaeo).  —  Faits  pour  servir  à 

l'histoire  de  l'éthérification 686  et  1070 

RICHE.  —  Recherches  sur  le  tungstène  et 

quelques-unes  de  ses  combinaisons.. . ..    ao3 


(  i333  ) 

Pa|«s 


ira. 

RICHELOT  est  présenté  par  la  Section  de 
Géométrie  comme  l'un  des  candidats 
pour  une  place  vacante  de  Correspon- 
dant      4'3 

RIDOLO.  —  Note  sur  la  maladie  de  la  vigne.  1 1 3a 

RIEDL  DE  LEUENSTtiRN  demande  et  ob- 
tient l'autorisation  de  reprendre  deux 
Mémoires  sur  les  nombres  polygonaux, 
précédemment  déposés  par  lui 865 

RIESS.  —  Lettre  à  l'occasion  d'une  Note  de 

M.  Gaugain  sur  les  soupapes  électriques.     299 

KIEV  A.   —  Lettre   concernant    un    nouveau 

système  d'armes  à  feu l0>4 

R1GODT.  —  Note  concernant  l'action  que  le 
phosphore  rou2e  exerce  sur  l'économie 
animale  (en  commun  avec  M.  Orfila)...     201 

R1TZ.  —  Lettres  concernant  sa  Note  sur  la 
direction  des  aérostats  au  moyen  de  l'hé- 
lice      4"  et  "88 

RIVOT.  —  Mémoire  sur  les  matériaux  à  em- 
ployer dans  les  constructions  à  la  mer 
(en  commun  avec  M.  Chatoney) H'9 

—  De  l'examen  des  farines  et  des  pains 633 

ROBERT  (E.).  -  Guide  de  l'éleveur  de  vers 
à  soie  (  en  commun  avec  M.  Guérin- 
MéneWlle) 1 188 

ROB1AINO  (de).  —  Mémoire  intitulé  :  «  Con- 
struction générale  de  tous  les  polygones 
réguliers,  avec  la  génération  des  voûtes 
ogivales  qui  en  découle  » 1234 

ROCHAT.  —  Essai  sur  la  médecine  préven- 
tive      54o 

RODIER.  —  Formules  graphiques  donnant 
avec  une  approximation  sullisante  les  va- 
riations dans  la  longueur  de  l'année  tro- 
pique, pour  les  époques  les  plus  reculées 
de  l'histoire  égyptienne 10Ô5 

RONDON  (l'abbé).  —  Notes  ayant  pour  titre  : 
«  Les  neufs  partages  égaux  de  la  surface 
du  globe  » 245,  3oi  et    4ia 


"M.  Plgtf. 

ROSENHAIN  est  présenté  par  la  Section  de 
Géométrie  comme  l'un  des  candidats 
pour  une  place  vacante  de  Correspon- 
dant      4'2 

ROTUREATJ.  —  Sur  les  eaux  thermales  de 

Nauheim ^38 

ROUGET.  —  Recherches  anitomiques  et  phy- 
siologiques sur  les  appareils  érectiles; 
appareil  de  l'adaptation  de  l'œil  chez  les 
oiseaux ,  les  principaux  mammifères  et 
l'homme g3^ 

—  Note  en  réponse  à  une  réclamation  de  prio- 

rité adressée,  à  l'occasion  de  cette  com- 
munication, par  M.  Huiler 1255 

ROUGET.  —  Nouvelle  méthode  pour  obte- 
nir, avec  telle  approximation  que  l'on 
veuille,  les  coefficients  des  facteurs  du 
second  degré  correspondant  a  ce  qu'on 
appelle  les  racines  imaginaires  des  équa- 
tions numériques i2t3 

—  Mémoire  sur  la  décomposition   des  poly- 

nômes de  degré  pair  011  facteurs  ration- 
nels du    second  degré a3 

—  Nouveau  théorème  servant  pour  le  calcul 

des  racines  comprises  entre  deux  nom- 
bres donnés 1221 

ROUSSEAU  (Em  ).  —  Mémoire  sur  la  denti- 
tion des  Cétacés u»i 

ROUSSIN.  —  Sur  l'absence  de  l'acide  hippu- 
rique dans  l'urine  de  cheval..' 583 

ROUSSIN.— Note  intitulée  :  «  De  l'iodure  de 

plomb  photographique  » 636 

ROZET.  —  Moyens  de  forcer  les  torrents  des 
montagnes  à  rendre  à  l'agriculture  une 
partie  du  sol  qu'ils  ravagent ggi 

—  Note   sur    la     grande   inondation    de    la 

Loire 1204 

—  Sur  le  puits  foré  de  Tamerna  (Algérie).,  1258 


SABEATINI.  —  Sur  l'efficacité  des  bains  gé- 
néraux chauds  de  chlorure  de  calcium 
dans  le  traitement  du  choléra  asiatique.. 

SAINTE-CLAIRE  UEV1LLE  (H.).  —  Du  si- 
licium et  du  charbon  cristallisés.  Méthode 
générale  pour  la  production  de  quelques 
corps  simples  fixés  au  moyen  de  leurs 
combinaisons  volatiles.  Préparation  et 
propriétés  du  fluoré  d'aluminium 

—  Action  de  l'acide  iodbydrique  sur  l'argent. 

SAINTE-CLA1RE  DEVILLE  (Cfl.).  —  Re- 
cherches sur  les  produits  des  volcans  de 
l'Italie  méridionale ,..,.,..  11G3 


33 


49 

894 


SALLERON.  —  Description  d'un  anémomé- 
trographe  inscrivant  électriquement  la 
direction  et  la  vitesse  du  vent  pour  chaque 
instant  de  la  journée 6g4 

SARRUS  est  présenté  par  la  Section  de  Géo- 
métrie comme  l'un  des  candidats  pour 
une  place  vacante  de  Correspondant 4*a 

SASK.U. —  Mémoire  écrit  en  latin  sur  la  me- 
sure des  surfaces  paraboliques 73g 

—  Note  sur  la  quadrature  des  surfaces  à  pé- 
rimètre curviligne 117 

SCBROEDER.  —  Notes  sur  les  soulèvements 
absolus  de  la  surface  du  globe 55i 


9*4 


36 


(  ï334  ) 

»■•  Pages. 

SCHROEDER.  —  Note  intitulée  :  «  Rotation 
souterraine  de  la  masse  ignée,  ses  causes 
et  ses  conséquences  »  et  Lettres  relatives 
àcetleNote.. 1073,   1189  et  1274 

SCHULTZE.  —  Note  sur  le  développement 

des  Pétromyzons 336 

—  Recherches  sur  les  monstres  doubles 1 128 

SCHUTTE.  —  Note  sur  uu  hyposulûte  dou- 
ble de  soude  et  de  cuivre 1267 

SCHWEITZER.— Lettre  concernant  unTraité 

de  galvanocaustique  par  M.  Middeldorpf.     638 

SCLATER.  —  Opuscules  sur  les  oiseaux 
compris  dans  les  collections  envoyées  de 
Sa  nia -Fé  de  Bogota g5a 

SCOCTETTEN.  —  Note  sur  la  découverte 

des  sources  de  l'ozone  atmosphérique.. .    oii 

—  Lettre  relative  à  un  paquet  cacheté  déposé 

le  5  mai  dernier,  et  envoi  d'échantillon» 

de  papier  réactif g^3 

SECCHI.  —  Sur  les  anneaux  de  Saturne 282 

—  Lettre  accompagnant  l'envoi  d'une  image 

photographique  du  groupe  annulaire  des 
montagnes  de  la  lune  désigné  sous  le  nom 
de  Copernic q58 

SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS  (MM.  les). 
Voyez  les  articles  de  MM.  Flourens  et 
Elie  de  Beaumont. 

SEDGWICH.  —  M.  Élie  de  Beaumont  pré- 
sente, au  nom  de  ce  géologue,  une  clas- 
sification des  roches  paléozoïques  de  la 
Grande-Bretagne ." 1 02 

SEDILLOT.  —  Nouveau  procédé  de  chéilo- 
plastie,  par  transport  du  bord  libre  de  la 
lèvre  saine  sur  la  lèvre  restaurée 189 

—  Nouveau  procédé  permettant  d'augmenter 

à  volonté  la  hauteur  de  la  lèvre  dans  les 
opérations  de  bec-de-lièvre  et  de  cliéilo- 
plastie 678 

—  Application  de  l'jutoplastie  au  traitement 

des  cicatrices  vicieuses 

SËGTJIER.  —  Rapport  sur  une  invention  de 

M.  Lachave  pour  le  transport   sur  vélin 

d'une  écriture  tracée  sur  papier.; 

SENARMONT  (de).  —   Recherches   sur  la 

double  réfraction g5 

—  Note  sur  la  forme  cristalline  du  silicium,     3i3 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  communica- 

tion de  M.  H.  Deville ,  sur  les  fluorures 

d'aluminium 52 

SERRES.  —  Note  sur  les  Touariks 188 

—  Note  sur   les   développements   primitifs. 

Formation  de  l'œuf.  Vésicule  ovigène  e( 
germinative.  Condition  primordiale  de  la 
duplicité Ioa;j 

—  Sur  l'ordre   de  formation  de  la  vésicule 

ovigène  et  de  la  germinative.  Etiologie  de 

Ja  diiplicito  monstrueuse 109a 


—  M.  Serres  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission du  concours  pour  les  prix  de  Mé- 
decine et  de  Chirurgie 

—  Et  de  la  Commission  du  concours  pour  le 
prix  de  Physiologie  expérimentale 

SERRET  (Cb.-J.),  —  Suite  à  ses  précédentes 
communications  sur  les  grandes  pertur- 
bations du  système  solaire 

—  Note  sur  la  condition  de  convergence  des 
séries  qui  se  présentent  dans  la  théorie 
du  mouvement  elliptique  des  planètes. . . 

SERRET  (  J.-A.).  —  Sur  les  trajectoires  or- 
thogonales d'une  sphère  mobile 

—  Sur  les  surfaces  dont  les  lignes  de  l'une 
des  courbures  sont  sphériques. .     109  et 

—  Sur  les  surfaces  dont  les  lignes  de  l'une 
des  courbures  sont  planes 

—  Sur  les  racines  imaginaires  de  l'équation 
u  —  tangn  =  Ç 

—  M.  Serret  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 
le  comprendre  dans  le  nombre  des  can- 
didats pour  la  place  vacante  dans  la  Sec- 
tion de  Géométrie 

—  M.  Serret  est  présenté  par  la  Section  de 
Géométrie  comme  l'un  des  candidats  pour 
la  place  vacante  par  suite  du  décès  de 
M.  Sturm 

SERRET  (  P.  ).  —  Mémoire  sur  la  théorie 
géométrique  des  lignes  à  double  cour- 
bure..   

SICCARD  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 
comprendre  ses  travaux  sur  le  sorgho  à 
sucre  de  la  Chine»  parmi  ceux  qui  seront 
discutés  par  la  Commission  du  concours 

pour  le  prix  triennal , 

SILBERMANN.  —  Proportions  physiques  ou 
naturelles  du  corps  humain  exprimées  en 

mesures  métriques ,    454  et 

—  Applications  d'un  nouveau  système  de  ro- 
binets à  des  machines  pneumatiques  aspi- 

rantes  et  foulantes \ 

SIMON  (Onesime).—  Mémoire  sur  le  traite- 
ment du  choléra-morbus  au  moyen  d'un 

remède  de  son  invention 

SOCIÉTÉ  GÉOLOGIQUE  DE  LONDRES 
(la)-  remercie  l'Académie  pour  l'envoi 
d'une  nouvelle  série  des  Comptes  rendus.. 
SOCIÉTÉ  DE  PHILOSOPHIE  EXPÉRI- 
MENTALE DE  ROTTERDAM  (la) 
remercie  l'Académie  d'avoir  bien  voulu 
la  comprendre  dans  le  nombre  des  insti- 
tutions auxquelles  elles  fait  don   de  ses 

Comptes  rendus. 

SOCIÉTÉ  ROYALE  DES  SCIENCES  D'UP- 
SAL  (la)  adresse  à  l'Académie  le  pre- 
mier volume  d'une  troisième  série  de  ses 
Àcta 


1203 

Ibid. 

I25l 

n34 
10S 
190 

'94 
1182 

399 

746 
93a 


495 
io5i 

89 
1257 

1073 


(I 

Ml.  P»ge«. 

SOCIÉTÉ  D'AMSTERDAM  POUR  SE- 
COURS A  DONNER  AUX  NO^ÉS  (la) 
adresse  un  exemplaire  en  langue  française 
d'un  Aperçu  historique  sur  la  Société, 
publié  par  un  de  ses  Membres 697 

SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE 
D'ACCLIMATATION  (la)  adresse  les 
deux  premiers  volumes  du  Recueil  qu'elle 
publie,  et  exprime  le  désir  d'obtenir  de 
l'Académie  ses  Comptes  rendus . . .     5l4 

—  La  Société  remercie  l'Académie  qui  l'a  com- 

prise dans  le  nombre  des  institutions 
auxquelles  elle  fait  don  de  ses  Comptes 
rendus « 696 

—  La  Société  régionale  pour  la  zone  du  nord- 

est  de  la  France  adresse  plusieurs  exem- 
plaires d'un  opuscule  sur  les  noms  à  im- 
poser aux  animaux  nouveaux,  acclimatés 
ou  supposés  acclimatables io3 

SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  DES  NATURALIS- 
TES DE  MOSCOU,  (la)  envoie  deux  nou- 
veaux numéros  de  son  Bulletin 212 

SOCIÉTÉ  ROÎALE  DES  SCIENCES  DE 
GOTTINGUE  (la)  annonce  à  l'Académie 
l'envoi  de  la  médaille  frappée  en  l'hon- 
neur de  Ga'uss  par  ordre  du  roi  de  Hanovre.     89^ 

—  La  Société    adresse  pour  la  Bibliothèque 

de  l'Institut  le  volume  VI  de  ses  Mémoi- 
res, et  remercie  l'Académie  pour  l'envol 
de  deux  nouveaux  volumes,  l'un  des  Mé- 
moires et  l'autre    du  Recueil  des  Savants 
étrangers 1 133 


) 
H*.  P«gu. 

SOCIÉTÉ  D'HORTICULTURE  DE  LON- 
DRES (la)  remercie  l'Académie  pour 
l'envoi  de  deux  nouveaux  volumes  des 
Comptes  rendus 864 

SOCIÉTÉ  LINNÉENNE  DE  LONDRES  (la) 
envoie  la  continuation  des  procès-verbaux 
de  ses  séances ,  et  remercie  l'Académie 
pour  l'envoi  d'une  nouvelle  série  des 
Comptes  rendus 31a 

SOREL.  —  Cn  prix  lui  est  accordé  pour  ses 
flotteurs  d'alarme,  appareils  de  sûreté  des 
chaudières  à  vapeur  (  concours  pour  le 
prix  dit  des  Arts  insalubres,  de  l'année 
i855) i/,4 

STAUFFER.  —  Note  sur  la  quadrature  du 

cercle 357 

STRAUSS-DURCKHE1M.  —  Propriétés  de» 
solutions  aqueuses  saturées  de  sulfate 
de  zinc  pour  la  conservation  des  substan- 
ces animales 808 

STUART  (J.-J.).  —  Lettre  concernant  les 
rapports  des  mesures  françaises  avec  les 
mesures  étrangères 865 

STDRM.  —  Note  sur  les  fonctions  ellipti- 
ques (  tirée  des  papiers  de  l'Auteur  et 
communiquée  par  M.  Liouville) 988 

SYLVESTER  est  présenté  par  la  Section  de 
Géométrie  comme  l'un  des  candidats 
pour  une  place  vacante  de  Correspon- 
dant.   4ia 


TARDIEU.  —  Une  récompense  lui  est  ac- 
cordée pour  sou  ouvrage  sur  l'hygiène 
publique  et  la  salubrité  (concours  de 
Médecine  et  de  Chirurgie  pour  i855)....     i53 

TAUPENOT.  —  Lettres  concernant  un  ané- 
momètre enregistreur,  établi  par  lui  au 
Prytanée  militaire  de  la  Flèche.. .  /J97  et    55i 

m r  Description  de  diversinstrumentsanémo- 

métriques  de  son  invention 586 

—  Note  sur  la  construction  du  baromètre  et 

sur  l'ébullition  du  mercure  dans  le  vide..  1186 
TAUPINARD.  —  Note  sur  la  quadrature  du 

cercle  et  la  trisection  de  l'angle 910 

—  Note  sur  la  mesure  des  dislances  au  moyen 

de  la  vitesse  du  son ii32 

TAVIGNOT.  —  Nouvelle  méthode  opératoire 

de  la  cataracte  par  débridement g5o 

TCHIHATCHEF  (P.  de).  — Études  climato- 

logiques  sur  l'Asie  Mineure 36a 

^.  Rapport    sur   ce    Mémoire;    Rapporteur 

M.  ifec^uercl... ...... ..,,....,, 777 


TCHIHATCHEF  (de).  — Note  sur  la  chèvre 

d'Angora 346 

—  Considérations  sur  les  poissons  du  Don, 

du  Dnèpre,   du  Dnestre,  du  Boug  et  du 

Danube 44  ' 

TERQUEM.  —  Lettre  relative  an  Rapport  fait 
dans  la  séance  du  10  mars  i856,  sur  une 
méthode  proposée  pour  le  calcul  des  dis- 
tances lunaires  observées  en  mer 54< 

—  Remarques   à    l'occasion    d'une    Note  de 

M.  Vincent  sur  la  théorie  des  parallèles..   iaa3 
TEX1ER.  —  Sur  les  moutons  de  Caramanie 
donnés  à  la  Société  d'Acclimatation  par 
M.  le  Maréchal  Vaillant 80 

—  Sur  les  alluvions  des  fleuves  dans  le  bas- 

sin de  la  Méditerranée,  et  notamment  sur 

les  atterrissemenls  du  Rhône Ii56 

THENARD Rapport  sur  un  Mémoire  de 

M.  L.  Péan  de  Saint-Gilles  sur  l'hydrate  et 
sur  l'acétate  ferriques. •       3l 

—  $&.\Thenardt  au  nom  de  la  Commission  char- 


(  i336  ) 

P.ge» 


6a  i 


38a 


gée  d'examiner  un  Mémoire  de  M.  Tif- 
Jereau  ayant  pour  titre  :  «  Les  métaux  ne 
sont  pas  des  corps  simples  »,  déclare 
qu'il  n'y  a  pas  lieu  à  faire  de  Rapport  sur 
cette  communication tflb 

—  M.  Thenard,  au  nom  de  la  Commission 
saisie  d'une  réclamation  de  MM.  A.  Che- 
vallier fils  et  O.  Henry  fils,  à  l'égard  de 
MM.  Orfila  et  Rigout,  déclare  qu'il  n'y  a 
pas  lieu,  dans  l'état  actuel  des  choses,  de 
faire  un  Rapport lbid. 

Remarques     à   l'occasion  du    dépôt   d'un 

Mémoire  contenant  la  description  des 
procédés  galvanoplastiques  de  M.  Lenoir 
pour  la  reproduction  des  rondes  bosses. . 

THENARD  (P.).  —  Conclusions  d'un  travail 
sur  les  oxydes  et  acides  du  manganèse, 
les  manganates  et  les  hypermanganales. 

THIBOUT.  —  Un  encouragement  lui  est  ac- 
cordé pour  son  appareil  de  sauvetage  des- 
tiné à  porter  secours  aux  asphyxiés  (con- 
cours pour  le  prit  dit  des  Arts  insalu- 
bres,  année  i855) i45 

TH1ERRIAT.  —  Mémoire  sur  les  mouve- 
ments et  l'équilibre  des  corps  célestes...    1074 

TH1RAULT.  —  Nouveau  Mémoire  concernant 

la  maladie  de  la  vigne 344 

THOMAS  demande  et  obtient  l'autorisation 
de  reprendre  une  Note  et  des  dessins  con- 
cernant des  roues  hydrauliques  et  autres 
moteurs  de  son  invention 910 

THOMSON  est  présenté  par  la   Section   de 

•        Géométrie  comme  l'un  des  candidats  pour 

une  place  vacante  de  Correspondant  ... .     4ia 

THORE(J.).  —  Nouvelle  machine  électri- 
que :  électricité  du  papier  chauffé 864 


MM.  Pas". 

TIFFEREAU.  —  Réponse  à  des  remarques 
faites  par  la  Commission  chargée  de  l'exa- 
men de  ses  Mémoires  sur  les  métaux  con- 
sidérés comme  des  corps  composés 523 

TIREMOIS  (de)  signale  une  erreur  de  nom 
qui  a  été  commise  à  son  égard  dans  un 
des  premiers  volumes  des  Comptes  rendus.     698 

TIR0N1. — Documents  à  l'appui  de  précéden- 
tes communications  sur  le  traitement  du 
choléra-morbus 5ia 

T1SS0T.  —  Sur  la  résolution  des  équations 
auxquelles  conduit  la  méthode  de  M.  Ba- 
binet  pour  la  détermination  des  latitudes.     287 

TCERMER.  —  Sur  une  poudre  supposée  pro- 
pre à  remplacer  le  café 344 

TORTELLA.  —Documents  imprimés  à  l'ap- 
pui de  précédentes  communications  sur 
la  maladie  de  la  vigne 5ia 

TRÉCUL.  —  Note  sur  les  biforines a65 

—  Mémoire  sur  l'origine  et  le  développement 

de  la  cuticulo 579  et    621 

—  De  la  cuticule  à  l'intérieur  des  végétaux..     837 

—  M.  Trécul  est  présenté  par  la  Section  de 

Botanique  comme  l'un  des  candidats  pour 
la  place  vacante  par  suite  du  décès  de 
M.  de  Mirbel 910 

TRICAUD.  —  Moteur  à  air  comprimé  et  di- 
laté par  la  vapeur 273  et  1188 

TRIQUET  demande  et  obtient  l'autorisation 
de  reprendre  son  Mémoire  sur  les  polypes 
de  l'oreille 5a3 

TROUILLET.  —  Méthode  pour  la  culture  de 

la  vigne 735 

TDLASNE.  —  Note  sur  l'appareil  reproduc- 
teur multiple  des  Hypoxylées  (Pyrénomy- 
cètes,Fr.) 701 


VAILLANT  (le  Maréchal)  signale  un  nou- 
veau télégraphe  fondé  sur  l'emploi  des 
rayons  solaires  dont  l'inventeur  est  M.  Le- 
seurre II -8 

VALAD1ER.  —  Note  sur  la  nature  et  le  trai- 
tement du  choléra-morbus ia56 

VALENCIENNES.  —  Sur  les  œufs  à  plu- 
sieurs jaunes  contenus  dans  la  même 
coque 3 

—  Sur  une  nouvelle  espèce  de  panthère  tuée  à 

Ninfi  près  de  Smyrne lo35 

—  A    l'occasion    d'une    communication     de 

M  Poitevin,  relative  au  transport  sur  pierre 
des  épreuves  photographiques,  M.  Valen- 
tiennes  met  sous  les  yeux  de  l'Académie 
deux  planches  ainsi  obtenues  par  M.  Poi- 
tevin sur  des  négatifs  de  M.  L.  Rousseau..      32 


VALLÉE.  —  Note  sur  la  scintillation   de» 

étoiles 85q 

—  Note  sur  le  lac  de  Genève,  à  l'occasion  dos 

inondations  de  la  vallée  du  Rhône 11 '|0 

—  Note  sur  la  réserve  du  lac  de  Genève 1181 

—  M.  Vallée  prie  l'Académie  devouloir  bien  le 

comprendre  dans  le  nombre  des  candidats 
pour  la  place  vacante  dans  la  Section  de 

Géométrie 399 

VALZ.    —   Eléments  provisoires  de  la  pla- 
nète (4o),  Harmonia,  de  M.  Goldschmidt.     718 

—  Note  concernant  la  discussion  sur  le  degré 

d'approximation  à  donner  aux  éléments 
provisoires  des  orbites  des  astres  nou- 
veaux      932 

—  Éléments  elliptiques  de  la  planète  Ham  o- 

nia 99> 


(i3 

MM.  P»  <ff- 

VALZ.— Détermination  de  l'orbite  de  la  pla- 
nète Harmonia I  toG 

—  Eléments  elliptiques  de  la  4'°  petite  pla- 
nète     1203 

VALLER  ,  écrit  par  erreur  pour  Waller. 
Voir  à  ce  nom. 

VANNER.  —  Supplément  à  une  précédente 
Note  sur  les  causes  de  la  circulation  du 
sang 244 

—  Note  ayant  pour  titre:  «De  la  capillarité, 

théorie  de  la  circulation  sanguine  » •}!£> 

—  Du  degré  constant  de  la  chaleur  animale 

considérée,  dans  l'homme,  comme  loi  de 
la  santé  :  effets  morbides  produits  par  les 
variations  de  cette  chaleur,  et  applica- 
tions à  en  déduire  pour  la  thérapeutique.  5^0 
VELl'EAU  présente,  au  nom  de  M.  Cartel,  un 
appareil  nouveau  pour  le  traitement  des 
fractures  des  membres  ,  et  dépose  sur  le 
bureau  un  ouvrage  de  M.  Pettenhqfer,  où  . 
l'auteur  résume  ses  recherches  sur  la  mar- 
che du  choléra-morbus io3 

—  M.  Velpeau  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission du  concours  pour  les  prix  de  Mé- 
decine et  de  Chirurgie n58  et  iao3 

VERGA  (  A.  )  adresse  pour  le  concours  Mon- 
lyon  un  recueil  de  Mémoires  anatomi- 
ques 588 

VEROLLOT Sur  les  tremblements  de  terre 

ressentis  dans  l'Empire  Ottoman  en  l855.       g3 

—  Tableau  des  tremblements  de  terre  à  Con- 

stantinople  pendant  les  quinze  dernières 

années  ag3 

VERSTRAETE.  —  Note  faisant  suite  à  une 
précédente  communication  sur  la  nature 
de  la  lumière , 373 


-7) 


«M.  P.gM. 

VICAT.  —  Un  prix  do  Statistique  lui  est  ac- 
cordé pour  ses  Recherches  statistiques  sur 
les  substances  calcaires  à  chaux  hydrau- 
lique et  à  ciment  naturel ia3 

—  M.  Vicat  adresse  sas  remercîments  à  l'Aca- 

démie     au 

—  Note  touchant  l'action  saline  do  l'eau  de 

mer  sur  les  composés  hydrauliques  en 
général 1200 

—  M.  Vicat  fait  hommage  à  l'Académie  d'un 

exemplaire  de  son  Traité  pratique  et  théo- 
rique de  la  composition  des  mortiers,  ci- 
ments et  gangues  a  pouzzolanes,  et  de 
leur  emploi  dans  toute  sorte  de  travaux.     82g 

VILLARCEAU  (Yvoti).  —  Éléments  de  l'or- 
bite de  la  planète  Amphitrite,  et  éphé- 
méride  pour  l'opposition  de  i856 998 

VILLE  (G.).  —  Du  rôle  des  nitrates  dans  l'é- 
conomie des  plantes.  De  quelques  pro- 
cédés nouveaux  pour  doser  l'azote  des 
nitrates,  en  présence  des  matières  orga- 
niques. (Rapport  sur  ce  Mémoire;  Rap- 
porteur M .  Pelouze  ) 67g 

VILLE.  —  Notice  minéralogique  sur  le  cercle 

de  Laghouat ' 3gG 

VINCENT.  —  Remarques  relatives  à  un  pré- 
cédent Mémoire  sur  la  théorie  de  la 
gamme 30 

—  Note  sur  la  théorie  des  parallèles 1107 

—  Réponses  aux  remarques  dont  cette  Note 
a  été  l'objet n55,  1 238  et  1240 

VOLPICELLI  adresse  de  Rome  deux  épreuves 

photographiques 61 

—  Note  sur  l'association  de  plusieurs  con- 
densateurs entre  eux  pour  manifester  les 
faibles  doses  d'électricité 40a 


W 


WALLER.  —  Études  de  l'oeil  sur  le  vivant..   n85 

WANNER,  écrit  par  erreur  pour  Vanner.  Voir 
à  ce  nom. 

WATSON.  —Lettre  sur  les  étoiles  doubles  et 

sur  leur  déplacement  apparent inio 

WATTEV1LLE  (de).— Une  mention  hono- 
rable lui  est  accordée  pour  son  •  Rapport 
sur  l'Administration  des  Bureaux  de  bien- 
faisance et  sur  la  situation  du  paupérisme 
en  France  »  (concours  de  Statistique  de 
•855) l36 

WEDDELL.  —  Monographie  de  la  famille  des 

Urticées _ag 

—  De  la  distribution  géographique  des  Urti- 

céos 78Q 

—  M.  Weddell  est  présenté  par  la  Section  de 

C.  R.,  i856,  i«r  Semestre.  (T.  XLII.) 


Botanique  comme  l'un  des  candidats  pour 
la  place  vacante  par  suite  du  décès  de 
M.  de  Mirbel gio 

WERTHEI M .  —  Remarques  à  l'occasion  d'une 
Note  de  M.  Zamminer  sur  le  mouvement 
vibratoire  de  l'air  dans  les  tuyaux 4g3 

W1LKES  (Cn.)est  présenté  par  la  Section  de 
Géographio  et  de  Navigation  comme  l'un 
des  candidats  pour  une  place  vacante  de 
Correspondant /qq 

WILLICH.  —  Note  sur  une  construction  gra- 
phique par  laquelleon  obtient,  à  une  très- 
petiie  fraction  près,  la  longueur  du  côté 
du  carré  équivalent  à  un  cercle  donné. . .     3g8 

WOIILER.  —  Sur  un  nouveau  moyen  d'obte- 
nir le  silicium. , xq 

i75 


(  i338  ) 

Pages. 


WOLF.  —  Influence  îles  proportions  d'ozone 

sur  l'état  sanitaire  d'un  pays 944 

WOLF  (C).  —  Note  sur  la  température  à 
laquelle  les  liquides  cessent  de  mouiller 
les  vases  qui  les  contiennent 960* 

WRANGELL  (Ferd.  de)  est  présenté  par  la 
Section  de  Géographie  et  de  Navigation 


MM,  Pages. 

comme  l'un  des  candidats  pour  une  place 
vacante  de  Correspondant 499 

—  M.  de  Wrangell  est  nommé  Correspondant 

de  l'Académie  en  remplacement  de  feu 

M.  Parry 5l0 

—  M.  de  Wrangell  adresse  ses  remerciments 

à  l'Académie 618 


ZAL1WSRI.  —  Nouvelle  rédaction  de  son 
Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  Attraction 
universelle  des  corps  au  point  de  vue  de 
l'électricité.  » 1219 

ZIER.  —  Réclamation  de  priorité  adressée  à 


l'occasion  d'une  communication  sur  les 
moulages    galvanoplastiques    en     ronde 

bosse  exécutés  par  M.  Lenoir 499 

—  Note  à  l'appui  de  cette  réclamation 5ia 


PARIS.-  t-  IMPRIMERIE    DE    MALLET-BACHEXIER, 

rue  du  Jardinet,  ia. 


I*'