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COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
, DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
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— — __
PARIS. — IMPRIMERIE DE MALLET-BACHELIER ,
rue du Jardinet, 12.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PUBLIAS
CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE
«Lu. date vil 4$ vuilleb *835
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME QUARANTE-DEUXIEME.
JANVIER — JUIN 18SC.
PARIS,
MALLET -BACHELIER, IMPRIMEUR -LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Augustins, n° 55.
1856
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
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SÉANCE DU LUNDI 7 JANVIER 1856.
PRÉSIDENCE DE M. BINET.
RENOUVELLEMENT ANNUEL DU BUREAU ET DE LA
COMMISSION ADMINISTRATIVE.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Vice-
Président qui, cette année, doit être pris parmi les Membres des Sections de
Sciences Naturelles.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 5i,
M. Isidore Geoffroy-Saint-IIilaire obtient. . 29 suffrages.
M. de Senarmont 20
M. Cordier 1
M. Coste 1
M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, ayant réuni la majorité absolue
des suffrages, est proclamé Vice -Président pour l'année i856.
M. Binet, Vice-Président pendant l'année i855, passe aux fonctions de
Président.
Conformément au Règlement, le Président sortant des fonctions doit,
avant de quitter le Bureau, faire connaître à l'Académie l'état où se trouve
l'impression des Recueils qu'elle publie; M. Regnaclt, Président pendant
l'année i855, donne à cet égard les renseignements suivants :
Publications de l'Académie.
« Tome XXV des Mémoires de l'académie : il y a quatorze feuilles en
épreuves, dont huit bonnes à tirer.
C. R., i856 i« Semestre. (T. XLU, N° 1.) I
( 3)
» Tome XXVI, commencé en mars 1 855 : il y a vingt feuilles tirées et
vingt feuilles composées.
» Tome XXVII, l'impression vient d'en être commencée tout récemment.
» Tome XIV des Savants étrangers : est à la feuille quatre-vingt-treize.
» Comptes rendus : le second semestre de i854 a été distribué; le pre-
mier semestre de 1 855 est entièrement terminé, et il reste à publier la table
du second semestre de la même année.
» Volume de Prix, Supplément aux Comptes rendus, tome Ier : il y a
quarante- sept feuilles tirées et huit composées; l'imprimerie a reçu la
copie pour terminer l'impression de ce volume.
Changements arrivés parmi les Membres et les Correspondants de
V Académie depuis le \n janvier 1 855.
» Membres décédés : M. Gauss, Associé étranger, le 23 février;
M. Duvernoy, le Ier mars; M. Magexdif., le 7 octobre; M. Sturm, le 18 dé-
cembre.
» Membres élus : M. Delaunay, le 12 mars; M. Dacssy, le 9 avril;
M. J. Cloquet, le 1 1 juin; M. le Vice-Amiral Du Petit-Thouars, le 6 août.
» associé étranger élu : Sir John Herschel, le 23 juillet.
» Correspondants décédés : M. Fodera (le décès est de 1848, mais n'a
été annoncé qu'en 1 855) ; M. Braconxot, 23 janvier i855; M. IVeli.de
Breauté, 3 février; M. de la Bêche, i3 avril; Sir Edw. Parrv, 8 juillet;
M. Michaux, iZ octobre.
» Correspondants élus : M. Haussmaxx, le 19 février; M. Malaglti, le
5 mars; M. Boxnet, le a3 avril; Delezenxe, le 4 jiun; M. Marshall
Hall, le 3 décembre; M. Haidixger, le 24 décembre.
» Membres à remplacer : M. Elie de Beaumost, Section de Minéralo-
gie, élu secrétaire perpétuel le 19 décembre 1 853 ; M. de Mirbel, Section
de Botanique, décédé le 1 2 septembre 1 854 j M- Magendie, Section de
Médecine et de Chirurgie, décédé le 7 octobre 1 855 ; M. Sturm, Section
de Géométrie, décédé le 18 décembre i855.
» Correspondants à remplacer : M. Lejeuxe-Dirichlet, Section de Géo-
métrie, nommé Associé étranger le 17 avril i854; M. Lixdexau, Section
d'Astronomie, décédé le 21 mai i854; M. Herschel, Section d'Astronomie,
nommé Associé étranger le 23 juillet i855;M. Nell de Breauté, Section
d'Astronomie, décédé le 3 février 1 855 ; Sir Edw. Parrv, Section de Géo-
graphie et Navigation, décédé le 8 juillet 1 855 ; M. Melloxi, Section de
Physique générale, décédé le 1 1 août 1 854 5 M- Wallich, Section de Bota-
nique, décédé le 3 mai 1 854; M. Prunelle, Section de Médecine et de
(3)
Chirurgie, décédé le 20 août i853; M. Braconnôt, Section de Chimie,
décédé le 1 3 janvier 1 855; M. Michaux, Section d'Économie rurale, décédé
le a 3 octobre i855. »
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de deux
Membres appelés à faire partie de la Commission centrale administrative.
MM. Chevreul et Poncelet réunissent la majorité absolue des suffrages.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
zoologie. — Note sur des œufs à plusieurs jaunes contenus dans la
même coque; par M. Valenciennes.
« Les recherches que nous avons entreprises, M. Fremy et moi, sur les
œufs des Ovipares, nous ont conduit à en examiner un très-grand nombre,
depuis deux ans. Il s'est présenté quelques cas extraordinaires que nous
croyons devoir signaler à l'attention de l'Académie.
» Celui qui se montre le plus rarement est un œuf à trois jaunes. Nous
en avons observé trois exemplaires, et nous les avons fait dessiner après avoir
durci ces œufs par la cuisson, et les avoir ouverts. Nous avons ainsi fixé
les rapports des trois vitellus dans leur coque unique. On doit remarquer
que ces jaunes sont petits, et sont loin d'avoir atteint leur grosseur nor-
male. La sphère vitelline n'est pas régulière; ces jaunes sont déformés,
ils ne se touchent pas entre eux : des couches plus ou moins épaisses d'al-
bumine les séparent les uns des autres. Chaque vitellus était enveloppé dans
sa membrane vitelline propre; dans l'un de ces œufs, une portion d'un des
jaunes avait quelque peu flué, et avait formé un nuage jaunâtre dans la
substance albumineuse. Leur grosseïir était celle des œufs ordinaires.
Avant de les casser, je les ai fait couver pendant huit jours, afin de m'as-
surer si la chaleur de l'incubation développerait les premiers linéaments
du poulet, et par conséquent ferait naître quelque vaisseau de la figure
veineuse. Je ne me suis décidé à les ouvrir qu'après m'ètre convaincu par
cette expérience préalable que ces trois vitellus étaient sans vésicule ger-
minative, ou, en d'autres termes, qu'ils étaient inféconds.
» Pour faire comprendre comment nous avons pu nous procurer ces
œufs remarquables, et comment nous espérons obtenir ceux qui arriveront
à Paris dans le même état, je dois dire que tous les œufs qui arrivent
au marché de la halle de Paris sont comptés et mirés par des hommes
chargés de cette fonction par les soins prévoyants et intelligents de la po-
1..
(4)
lice municipale de Paris. Ces compteurs ont une telle habitude, qu'ils
reconnaissent à l'instant même l'état des œufs. Je saisis cette occasion de re-
mercier ici publiquement devant l'Académie les différents contrôleurs de
l'Administration municipale des complaisances qu'ils ne cessent d'avoir pour
faciliter les recherches que je fais depuis tant d'années sur nos marchés.
» Le nombre d'œufs consommés (i) l'année dernière a été de cent qua-
rante et un millions. Les compteurs estiment qu'ils ne trouvent, dans
l'année, que cinq ou six œufs contenant trois jaunes.
» La rareté de ce fait m'a engagé à le communiquer à l'Académie.
» Le nombre des œufs renfermant deux vitellus est un peu plus com-
mun ; cependant, comparativement au grand nombre d'œufs livrés à la
consommation, on ne tarde pas à reconnaître que cette duplicité n'est pas
aussi commune qu'on le dit quelquefois. Sur le chiffre de cent quarante mil-
lions, il faut réduire à deux ou trois cents au plus le nombre d'œufs ren-
fermant deux jaunes ; on a remarqué que cette duplicité des jaunes dans
une même coque paraît plus fréquente dans les arrivages du Mans, c'est-à-
dire dans les œufs de poules de Normandie ou des départements de l'Ouest
» J'ai fait couver un assez grand nombre de ces œufs, et ils n'ont jamais
rien produit. Leurs jaunes ne se touchent pas; je n'ai pas trouvé les
membranes vitellines réunies 5 leurs sphères sont toujours déformées. L'une
d'elles est près du petit bout, et recouverte par l'autre; or, j'ai tou-
jours vu la chambre aérienne de l'œuf se creuser et s'agrandir du côté du
gros bout. Une seule des deux sphères vitellines serait donc placée près de
l'air que le fœtus respire. Je n'ai pas trouvé de chalazes pour que la vésicule
germinative soit nécessairement placée en dessus, et près du corps de la
couveuse. Ce sont autant de causes qui doivent s'opposer au développement
du petit, ou le rendre au moins incertain. Si j'entre dans ces détails, c'est
que j'ai souvent entendu répéter qu'en faisant couver un œuf de deux jaunes,,
on obtient deux poulets. Je crois que cette réussite doit être très-rare.
» On a cherché aussi une explication pour rendre raison de la présence
de deux jaunes dans une même coque. Je l'ai entendu attribuer au genre de
nourriture, et surtout à ce que l'on donnait de la viande à manger aux poules.
I^a séparation simultanée de l'ovaire et leur entrée commune dans l'oviducte
sont dues à d'autres causes, car les expériences que j'ai faites dans ce but
n'ont amené aucun résultat. On sait qu'il y a des poules-qui pondent presque
toujours des œufs à deux jaunes ; mais elles sont libres, nourries comme
(1) Voici le chiffre exact des œufs comptés, mirés et vendus snr le grand marché de la
halle de Paris, relevé sur les contrôles authentiques : en i852, i35ji477° œufs, — en i853,
142582625, — en i854, 141955990.
*
(5)
les autres volailles : la chute de deux vitellus, quand elle est fréquente chez
une même poule, dépend de quelque constitution organique que je n'ai pas
pu apprécier.
» Nous avons trouvé d'ailleurs, pendant nos investigations sur les diffé-
rentes espèces d'oiseaux, dans la classe entière, des exemples variés de cette
duplicité. Je l'ai observée dans le Moineau domestique (Fringilla domes-
tica , Lin.), dans l'Alouette des champs (Alauda cristata, Lin.), dans le
Pigeon ramier (Columba palumbus, Lin.), dans la Tourterelle des bois (Co-
lumba turtur, Lin.), dans le Canard musqué (Anas moschata, Lin.), et dans
le Cygne [Anas olor, Lin.).
» Puisque je suis conduit à donner ces détails sur les œufs d'oiseaux, j'en
extrairai quelques autres de notre Mémoire; ils sont relatifs à la classe des
Mollusques. Je n'ai jamais observé de cas de multiplicité de jaunes dans
une même coque chez les œufs des Céphalopodes, et j'en ai ouvert un très-
grand nombre.
» Parmi les Gastéropodes pulmonés, dont les œufs sont très-gros dans
quelques espèces, car dans le Bulimus ovatus, ils ont om,oi6 dans leur
plus grand diamètre, je n'ai jamais trouvé d'œufs doubles. Ces œufs mul-
tiples sont au contraire très-fréquents, et je dirai presque une condition
normale, chez les Gastéropodes pectinibrancb.es. Il y a plus de quinze ans
que je montre dans mes cours, et que l'on peut voir dans la collection
du Muséum, des œufs doubles de Mollusques de genres et d'espèces diffé-
rents. Le Fasciolaria persica, Lam., ne contient que deux jaunes qui se
développent chacun séparément dans la même coque. Des capsules d'œufs
de Fuseau de la Nouvelle- Hollande renferment régulièrement neuf petits;
la grosse Turbinelle, Turbinella scoljmus , Lam., contient jusqu'à cin-
quante-six œufs dans chaque coque.
» J'ai ouvert un très-grand nombre d'œufs de cette espèce, et j'ai toujours
trouvé les coquilles ayant déjà trois tours de spire réguliers, leurs plis carac-
téristiques sur la columelle, et sans remarquer la moindre déviation dans
la forme et dans le développement de l'animal. Je n'ai jamais observé rien
qui ressemblât aux cas signalés dans le développement des Buccins qui ont
aussi des œufs multiples. J'ai ouvert un très-grand nombre de coques
d'œufs de Buccin , j'en ai vu éclore dans de grands baquets remplis d'eau
de mer, et je n'ai pas été assez heureux pour rencontrer un de ces cas de
monstruosités si extraordinaires. Les faits que je viens de citer ajoutent au
Mémoire fort intéressant que M. Lacaze-Duthiers a publié dans la séance
précédente.
» Si je signale ces faits avec tant de détails, c'est que je crois de plus en*
(6)
plus utile de recommander aux jeunes gens pleins d'ardeur et de dévoue-
ment pour l'étude de se mettre en garde contre la séduction du mer-
veilleux.
p Ces coques d'œufs de Mollusques, dont la forme est constante dans
chaque espèce, n'ont pas été assez recherchées par les voyageurs, ni étudiées
par les naturalistes. On les a considérées quelquefois comme des productions
d'animaux de classes très-éloignées de celle des Mollusques. Les coques d'un
Fuseau ont été regardées comme un Eschare (Eschara angulosa, Esper.)
» J'ajouterai en terminant que je ne veux parler dans cette Note que de
l'inclusion de deux ou trois, ou même davantage, vitellus isolés, plus ou
moins entourés d'albumen, et renfermés dans une même coquille: Je me
tais à dessein sur un autre cas tératologique, qui a cependant beaucoup
d'analogie, celui d'un petit œuf à coquille dure et calcaire enfermé dans un
autre, et dont plusieurs anatomistes ont parlé, en intitulant leurs Notices
Ovum ovo prœg7ians . On en trouve plusieurs exemples cités dans le Recueil
des Curieux de la Nature. »
astronomie ET voyages. — Détermination de la latitude par les azimuts
extrêmes de deux étoiles circompolaires; par M. Babixet.
« Toutes les étoiles qui n'atteignent pas le zénith d'un lieu présentent,
dans leur azimut, un maximum oriental et un maximum occidental sus-
ceptibles d'être observés avec la plus grande précision, et qui constituent
le moyen le plus exact de déterminer une latitude quand on suppose connue
la distance polaire de l'étoile dont on observe les excursions extrêmes en
azimut. On est alors à l'abri des incertitudes de la réfraction, de celles des
pointés par des fils horizontaux qui, à cause de la dispersion et de l'absor-
ption de l'atmosphère, causent de graves incertitudes; enfin la mesure du
double azimut étant faite par le même pointé à droite et à gauche sur un
même point lumineux pris à la même hauteur, l'erreur personnelle disparaît,
comme dans le pointé du baromètre à siphon où les erreurs de pointé en haut
et en bas de la colonne mercurielle sont égales et se compensent. J'ajouterai
encore que les erreurs d'axe, tant pour l'axe horizontal et ses tourillons que
pour l'axe vertical et ses inclinaisons variables, sont ou nulles dans ce cas,
ou facilement rectifiables; il faut seulement admettre que les deux obser-
vations d'azimuts extrêmes soient faites toutes deux de jour ou de nuit,
ce qui est rendu de plus en plus indispensable par les nouvelles études
faites en Angleterre et en Amérique où les équations de jour et de nuit
viennent d'être simultanément indiquées.
» Je m'étais, depuis longtemps, arrêté à ce procédé pour avoir la
(7)
latitude d'un lieu, et j'en avais entretenu divers savants praticiens ; mais,
depuis quelques années, M. Sawitch a mis en pratique cette méthode non
indiquée dans l'ouvrage de Baily et en a tiré le parti le plus avantageux
possible.
» Quant à ce qui est de la méthode qui fait l'objet de la présente Note,
nous dirons que si l'on choisit une étoile dont la distance polaire & soit
moindre que le complément de la latitude, elle présentera de part et
d'autre du méridien deux azimuts extrêmes -4- A et — A séparés par une
distance azimutale égale à a A. Cette distance étant mesurée et indépendam-
ment de la réfraction, on a
sine? = cosX sinA ,
X étant la latitude (1).
» Il ne s'agit point ici d'une détermination qui puisse prétendre à une
excessive précision. On veut une détermination géographique ou de
voyage qui comporte une exactitude suffisante, et qui puisse s'obtenir
en peu de minutes, sans baromètre, sans thermomètre, sans Tables de réfrac-
tion et sans connaissance préalable du méridien.
» Pour cela on observera. deux étoiles choisies de manière que pour la
latitude où l'on se trouve, elles arrivent presque en même temps l'une à son
excursion extrême en azimut du côté de l'orient, et l'autre à son amplitude
azimutale maximum du côté de l'occident; et on mesurera sur le cercle ho-
(1) Si l'on imagine un triangle sphérique ayant pour sommets le zénith Z, le pôle P et l'é-
toile E ; le côté ZP sera le complément de la latitude , ou go° — X , le côté PE sera la distance
polaire S de l'étoile, l'angle en Z sera l'azimut A de l'étoile, et si l'on appelle E l'angle à
l'étoile, on aura, par l'opposition des sinus,
sin E : sin (go° — \) : : sin A : sin S,
d'où
sin A ss sin E.
cos A
Pour avoir A maximum, il faut que sin E soit à son maximum, ce qui donne E = 90°. Alors
pour l'azimut extrême A on a
sin S = cos \ sin A ,
comme il a été admis dans le texte; de plus dans le triangle rectangle ZPE , on aura l'angle
horaire/» de l'étoile par la formule
cos p = tang S tang \ ,
tandis que la distance zénithale z , au moment de l'amplitude maximum en azimut, sera
donnée par
sin \ — cos z cos S.
(8)
rizontal de l'instrument la distance azimutale qui sépare ces deux excur-
sions extrêmes des deux étoiles de part et d'autre du méridien. Cette obser-
vation seule, cet arc seul mesuré, joint aux distances polaires à et c?' des
deux étoiles, donnera la latitude X du lieu. En effet, si l'on nomme A et A'
les excursions maxima en azimut des deux étoiles choisies, on aura
sine? = cosXsin A,
sind*'= cosXsin A,'
et si l'on nomme q l'arc mesuré sur le limbe horizontal entre les deux azi-
muts dont l'amplitude est A et A', on aura de plus
A + A' = q ;
éliminant A et A' entre ces trois équations, on en tire la valeur de X. Comme
cet élément est toujours connu très-approximativement à l'avance, on
pourra, sans faire de calculs difficiles, trouver ce qu'une variation hypothé-
tique de cinq minutes, par exemple, dans la valeur de X produit sur la
somme A -f- A' des deux azimuts, et voyant de combien la valeur q obtenue
pour cette somme diffère de la valeur trouvée par une des hypothèses pré-
cédentes, on calculera la correction à faire à la latitude X pour que la
somme A -H A' soit précisément égale à q. Quand le calcul est préparé con-
venablement, une ou deux minutes suffisent pour établir cette correction
par une proportionnalité (i).
(i) Soit X la latitude présumée trop petite, et \ + s une autre latitude présumée plus grande
que celle du lieu où l'on observe. Je calcule A, et A', , puis Ai et A', pour les latitudes 1 et À -t- t :
ce qui me donne
A, -+- A', = qt ,
A2 + A', = q,.
Ainsi une variation e dans la latitude introduit une variation
q,— q,
dans la somme des azimuts. Si maintenant l'observation donne cette somme égale à q, on
trouvera l'addition x à faire à la plus petite latitude \ pour avoir la vraie latitude par la
proportion
*: qi — q,'.'. * : q — q,-~
Au reste, l'élimination algébrique a été faite par M. Cauchy, et ensuite au moyen de la for-
mule
tang(r + z)
tang y -+- tang z = — ■>
D ° cosjcosz
qui sert à rendre calculables par logarithmes toutes les expressions binômes ou même tri-
nômes, on fera, si l'on veut, le calcul arithmétique sans supposer aucune approximation
préalable.
(9)
» J'ai employé pour cette détermination avec M. Emile Brunner, qui a
mis à ma disposition un petit théodolite de voyage, et qui a fait lui-même
les lectures et les rectifications d'instrument, les deux couples d'étoiles
suivants :
S de Cassiopée passant à son azimut extrême occidental vers 9b 26"° du soir.
0 de la grande Ourse, qui est à son azimut extrême oriental vers. . . gh 53m »
et puis
s de Cassiopée dont l'azimut extrême est vers ioh 2im »
h de la grande Ourse, dont l'excursion extrême a lieu vers iob 38m »
le tout vers l'époque du commencement de janvier et vers 49 degrés
de latitude, de sorte que dans le premier cas on obtient sa latitude par des
observations qui n'exigent une station et un ciel découvert que pendant
vingt-sept minutes, et dans le second pendant dix-sept minutes seulement.
» Comme il suffit de deux minutes au plus pour calculer la latitude
d'après la lecture de l'angle azimutal q = A + A', il est évident qu'on
pourra tout de suite déterminer l'un des azimuts, A par exemple, au moyen
de l'équation
, sin S
sin A = — -1
cosx
ce qui permettra de placer la lunette de l'instrument dans le méridien, et par
suite d'avoir l'heure du lieu au moyen de la première étoile intertropicale
connue et cataloguée qui viendra passer au fil du milieu de cette lunette.
Ainsi un voyageur, au moyen d'un choix convenable de couples d'étoiles,
pourra, dans chaque saison et dans chaque pays, obtenir en peu de mi-
nutes la latitude et l'heure du lieu, et par suite sa longitude chronométri-
que. Il évitera toutes les chances de dérangement d'instrument, d'incon-
stance atmosphérique, d'accidents et de fatigue physique qui accompagnent
toutes les observations faites aux étoiles.
» Il serait facile de prouver que l'exactitude de ce procédé peut atteindre
la précision des déterminations de la géodésie elle-même ; mais il sera tou-
jours préférable, dans les installations géodésiques, d'observer la même
étoile à ses deux excursions extrêmes à l'orient et à l'occident. »
Mécanique. — Sur le calcul des effets des machines ; par M. Bukdiiv.
« En 181 5, dans le n° 221 du Journal des Mines, le premier avant
MM. Navier, Poncelet , Coriolis, Morin, Combes et autres savants qui de-
puis ont tant fait pour la science des machines, je publiai ce qu'on a appelé
C. R., i856, ier Semestre. (T. XLI1, N° 1.) 2
( io)
assez improprement le principe des forces vives appliqué à l'évaluation des:
effets produits parles divers moteurs : qu'il me soit donc permis aujourd'hui
d'ajouter un dernier mot à ce sujet, bien que nos principaux mécaniciens,
bien que M. Poncelet surtout, si haut placé parmi eux, aient à diverses re-
prises traité et presque épuisé cette importante matière.
» Tous les moteurs J^ I Vdp-{ -^ m, — '- (disais-jeen i8i5) dépensés
dans une machine quelconque se transforment en effets produits ou en tra-
vaux utiles et inutiles \* / Qdq + "N m —
/» _// y» ' /» // yj
» Cette équation \ P4'+2m' ~~2 / Qdq — ^ m — = o,
ayant lieu même avec les chocs, avec les extensions ou compressions de
matières (puisque ces compressions ne sont que des effets inutiles redevenant
plus ou moins moteurs suivant le degré d'élasticité), cette relation, dit-on,
est peut-être le principe le plus important, le plus fécond et le plus utile
des mathématiques appliquées; en effet, dans ce moment, il ne serait plus
' possible d'économiser, d'améliorer ou d'étudier avec un peu de fruit les
moteurs employés en grand dans les usines, dans la navigation, dans les
mines, dans l'agriculture, sur les chemins de fer et autres, si l'on ne recou-
rait pas tout de suite à cette conversion générale des travaux des puis-
sances en ceux des résistances que j'aurais dû appeler, en i8i5, le principe
d'égalité entre les moteurs dépensés dans toute machine possible et leurs
effets produits.
» Les illustres savants Lagrange et- Poisson ont appliqué, avant moi bien
entendu, le principe de d'Alembert à celui des vitesses virtuelles pour arriver
à l'équation dite des forces vives, d'après laquelle un système de corps
soumis à des forces X, Y et Z suivant trois axes rectangulaires (la différen-
tielle Xdx-i-Ydq -j-Zdz étant complète et intégrable), reprend la même
somme de forces vives V m — en revenant aux mêmes points ; mais ces grands
géomètres ne pensèrent nullement à cette constante égalité des moteurs et
des effets, dont la découverte cependant devait comme révolutionner la
mécanique appliquée en grand, ainsi que l'observa, en i843, au nom de sa
Section, feu M. Coriolis, en me présentant comme Correspondant aux hono-
rables suffrages de l'Académie.
» Revenant à l'objet de la présente Note, j'observerai qu'on s'est beau-
coup occupé des moteurs et travaux mécaniques, que notamment les effets
inutiles produits dans les machines par suite des frottements, résistances de
( »,' )
fluides, compressions de matières, inertie, vibrations et autres causes ont
été, il est vrai, étudiées avec soin; mais comme jusqu'à présent aucun savant,
à ma connaissance, n'a cru nécessaire de revoir en détail ou de reproduire
mes calculs ou démonstrations de 1 8 1 5 , bien que cependant depuis cette
époque les petites objections suivantes ont semblé jeter quelques doutes sur
la complète généralité de l'égalité entre les moteurs et les effets, je suis doue
aujourd'hui forcé de dissiper moi-même ces légers nuages planant encore
sur une œuvre à laquelle on voudra bien me laisser attacher un peu de
gloire, seid prix, jusqu'à ce jour, d'assez grands efforts et sacrifices en mé-
canique.
» Le célèbre Lagrange, son digne continuateur M. Poisson et bien d'au-
tres encore, ont dit que pour appliquer le principe de d'Alembert à celui
des vitesses virtuelles, il fallait, bien entendu, que les liaisons matérielles
du système fussent indépendantes du temps ou restassent les mêmes avant
et après chaque instant infiniment petit dt, afin que la différentielle du che-
min décrit parles mobiles pût alors être prise pour leurs vitesses virtuelles.
» Maintenant cette indépendance du temps existera-t-elle pour toutes les
machines possibles? A cette question on peut, sans hésiter répondre oui,
puisque dans le cas de pièces extensibles avec le temps, compressibles, dila-
tables ou variables de forme en exerçant des efforts plus ou moins grands
dans certains sens, on n'aura qu'à comprendre (comme je l'ai d'ailleurs fait
pour les chocs) parmi les moteurs et les effets, ces intermédiaires plus ou
moins analogues, dans ces cas, à des pistons que pousserait la vapeur ou
qu'arrêterait l'air comprimé d'un cylindre soufflant.
» Et si, comme le dit encore M. Poisson (en généralisant à l'excès ses
suppositions ou abstractions), des mobiles doivent se trouver constamment
sur une surface elle-même en mouvement, on voit qu'en considérant alors
les vitesses absolues et non celles relatives, qu'en calculant aussi les espaces
décrits d'une manière absolue, on n'aura plus à s'inquiéter ensuite de
cette superposition de mouvements.
» Il va sans dire que dans ces cas, comme dans tous ceux où l'on rai-
sonne avec rigueur, il faut faire rémunération complète des données de la
question, sans oublier surtout ni aucune force du système ni aucun de ses
effets.
» Sans doute une machine fonctionnant sur un vaisseau ou sur une voi-
ture en mouvement pourra dans certains cas, par réaction ou autrement,
communiquer des forces vives à son propre véhicule, mais s'il s'agit d'un
petit moteur, comme celui d'une horloge, on négligera cet effet étranger, et
2..
( 12 )
on se considérera opérant dans l'espace absolu. Au reste, cela se fait ainsi
lorsque avec un canon on convertit le moteur dû à la poudre enflammée
en des effets et forces vives (celles du boulet, des gaz enflammés, du canon
reculant), sans s'inquiéter de celle due au globe acquérant dans ce cas
une vitesse infiniment petite en sens contraire du boulet.
» Supposons, par exemple, deux poids P et Q suspendus par un fil autour
d'une poulie tournant dans le plan de ces poids.
» Si l'axe horizontal et non fixe de cette poulie est enlevé verticalement
par un deuxième fil enroulé sur une deuxième poulie à axe fixe suspendant
un troisième poids R plus grand que P + Q, on sera probablement dans
un des cas de M. Poisson, puisque P et Q se meuvent en sens contraire
l'un de l'autre dans le plan vertical d'une poulie qui elle-même est entraînée
de bas en haut par le fil de R.
» Or notre principe d'égalité entre les moteurs et les effets se vérifiera
sur ce double système comme sur tout autre, pourvu bien entendu qu'on
considère à la fois les trois forces parallèles P, Q, R avec leurs vitesses ab-
solues V, V et V", et pourvu qu'on appelle dp, dq et dr les différentielles
des espaces p, q et r absolus et non relatifs décrits de haut en bas ou de
bas en haut par les trois poids P, Q et R.
» En d'autres termes, dp, dq et dr représentant le dérangement subit des
mobiles ou leurs vitesses virtuelles, auront encore le même rapport entre
eux après l'instant dt qu'avant.
» La même chose aurait lieu si l'on remplaçait les deux poulies qui pré-
cèdent par deux treuils montés sur les axes de ces poulies et autour des-
quels seraient enroulés, avec des rayons différents, les trois fils suspendant
les trois poids P, Q et R.
» Bref, le grand et fécond principe de l'égalité entre les moteurs et les
effets présente une certitude analogue à celle de nos théorèmes de géomé-
trie ou du moins, sous ce rapport, il marche de pair avec le principe des
vitesses virtuelles, démontré, comme on sait, par des mathématiciens aussi
infaillibles que Laplace et Poisson. »
NOMINATIONS
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com-
mission de cinq Membres qui sera chargée de proposer le sujet du grand
prix des Sciences Naturelles pour l'année 1857.
MM. Flourens, Geoffroy-Saint-Hilaire, Milne Edwards, Duméril et
Brongniart réunissent la majorité absolue des suffrages.
( i3)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
L'Académie a reçu depuis sa dernière séance, mais avant l'expiration de
l'année i855, deux Mémoires destinés au concours pour des prix qui se-
ront décernés en 1 856, savoir :
i°. Un Mémoire écrit en latin et accompagné dé trois volumes de plan-
ches sur la question proposée concernant les métamorphoses et la repro-
duction des Infusoires proprement dits. Ce Mémoire a été inscrit sous le
n° 3 ;
2°. Un Mémoire écrit en allemand et accompagné d'un volume de
planches sur la question concernant la distribution des corps organisés fos-
siles dans les terrains de sédiment.
L'auteur du dernier Mémoire annonce que, pour faciliter le travail de la
Commission à laquelle son travail doit être soumis, il enverra prochaine-
ment une rédaction française du texte qui ne sera d'ailleurs, comme on
pourra aisément s'en assurer, que la reproduction fidèle de ce qui est
exposé dans le présent manuscrit parvenu en temps utile à l'Académie.
organographie végétale. — Sur les types obdiplostémone et diplosté-
nione direct, ou de l'existence et des caractères de deux types symé-
triques distincts chez les plantes diplostémones ; par M. Ad. Chatix.
(Extrait par l'auteur. )
(Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.)
« Le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui à l'Académie
des Sciences, a notamment pour objet : i° de mettre en relief un type floral
( le type que je nomme diplostémone direct ou diplostémone proprement dit)
qui, bien qu'observé par MM. Rob. Brown, Lindley, Adr. de Jussieu, Le
Maout, etc., sur le Limnanthes, le Floerkea et le Coriaria, n'avait pas été
apprécié dans sa signification morphologique, diamétralement opposée à
celle du type (obdiplostémone) qu'on rencontre habituellement chez les
Dicotylédones; a° d'établir que l'hypothèse du dédoublement des pétales
pour former les étamines superposées à ceux-ci dans les Caryophy liées, '
les Géraniacées, etc., n'est pas fondée. Une planche, relative à l'anatomie
d'une fleur de Géranium, accompagne le présent travail ; je renvoie, pour
l'anatomie de la fleur des Limnanthes, aux dessins annexés à mon Mémoire
sur les Limnanthées et les Coriariées ( Comptes rendus, il\ avril i854).
( >4 )
» I. Les fleurs à deux verticilles d'étamines de la grande majorité des
Dicotylédones ( Géraniacées, Oxalacées, etc.) offrent, comme on sait, la
symétrie suivante, avec laquelle s'accorde la loi de de Candolle sur l'oppo-
sition des carpelles aux pétales et sur laquelle Aug. de Saint-Hilaire a cru
pouvoir élever la théorie des Disques et celle du Dédoublement staminal des
pétales : un verticille de sépales; un verticille de pétales; un verticille
d'étamines superposé aux sépales ; un verticille de carpelles qui, lorsqu'il
est complet, se superpose aux étamines extérieures et aux pétales dont il
est séparé par celles-ci ; enfin, souvent, un verticille de glandes situées
entre les étamines du rang extérieur et les sépales, là même où semblerait
devoir exister une rangée d'étamines qui, plus extérieure que celle des éta-
mines oppositipétales elles-mêmes, ferait rentrer la symétrie florale dans la
loi d'alternance. J'avais autrefois cru pouvoir distinguer ce type floral sous
le nom de type triplostémone, ce qui supposait que les glandes représentaient
réellement un premier verticille de l'androcée resté rudimentaire; mais
considérant, d'une part, que jamais on n'a vu ces glandes se changer en
étamines, que l'organogénie (M. Payer, Traité d'Organogénie comparée,
et nous-même, Recherches fies lois ou rapports entre l'ordre de naissance
des étamines, etc.) et l'anatomie s'accordent pour établir qu'elles ne sont
qu'une dépendance des étamines oppositipétales; d'autre part, que les
deux verticilles des étamines naissent dans l'ordre centrifuge et non dans
l'ordre centripète qu'on peut regarder comme étant l'expression du déve-
loppement normal, je pense qu'il est convenable de le désigner par le nom
de type obdiplostérnone, qui exprime simplement le fait de l'existence de
deux verticilles d'étamines se développant de dedans en dehors, sans rien
préjuger sur la structure théorique de la fleur.
» II. Les fleurs des Coriariées et des Limnanthées parmi les Dicotylédones^
colles des Liliacées, des Asparaginées, des Amarvllacées-, des Palmiers, des
Joncées, etc., parmi les Monocotylédones, présentent au contraire la struc-
ture ci-après indiquée, contraire à la loi de de Candolle sur l'opposition
des carpelles aux pétales, et absolument inconciliable avec la théorie d'Au-
guste de Saint-Hilaire sur le dédoublement des pétales : un verticille de sé-
pales, un verticille de pétales alternes aux sépales, un premier verticille
d'étamines alternes aux pétales, un deuxième rang d'étamines alternes à
celles du rang extérieur, enfin un verticille de carpelles alternes aux éta-
mines de la rangée intérieure. Ajoutons que les deux verticilles de l'andro-
cée naissent ordinairement dans l'ordre centripète, et nous reconnaîtrons
dans le type diplostémone direct ou diplostémone proprement dit les
( '5)
trois caractères suivants, réciproquement inverses des caractères du type
obdiplostémone : i° le plus extérieur des deux verticilles dé l'androcée al-
terne avec celui des pétales; i° le verticille des carpelles alterne aussi avec
celui des pétales; 3° l'évolution de l'androcée est centripète et non centri-
fuge. En se servant, comme critérium, de ces caractères, dont les deux
premiers ont une valeur absolue, pour rechercher si d'autres Dicotylé-
dones que les Coriariacées rentrent dans le type diplostémone direct ,
on reconnaît que l'on peut rattacher à ce type : les Papillonacées et les
Cassiées par les rapports de position des deux verticilles de l'androcée (ca-
ractère de valeur absolue) et par l'ordre d'évolution de celui-ci (caractère
secondaire) observés par M. Schleiden, par M. Payer et par nous-même ;
les Primulacées, chez lesquelles le verticille unique des étamines qui se su-
perpose aux pétales est indiqué par l'organogénie comme représentant le
verticille intérieur d'un androcée diplostémone dont le verticille extérieur,
dernier né, avorte complètement ou est représenté par les languettes du Sa-
molus et du Soldanella [ici le caractère secondaire tiré de l'évolution est
renversé comme dans les Commélinées et les Loasées (Payer, Traité d'Or-
gariogénie comparée) qui appartiennent, les premières au type diplostémone,
les secondes au type obdiplostémone]; les Campanulacées enfin, qui n'of-
frent qu'un rang d'étamines superposées aux sépales sans que jamais le
verticille interne apparaisse, mais qui ont dans celles de leurs espèces
isocarpellées (Campamila Médium, etc.), les carpelles superposés aux
carpelles. Arrivé à ce point je fais remarquer que si quelques Primulacées
et Campanulacées n'offraient pas, les premières l'indication du deuxième
verticille d'étamines dans les premiers âges de la fleur, les secondes quel-
ques espèces pourvues d'un verticille complet de carpelles, il eût été impos-
sible de savoir auquel des deux types elles devaient être rattachées, et j'en
conclus que le type diplostémone direct pourrait bien être encore plus
fréquent chez les plantes Dicotylédones que ne l'établissent les présentes
recherches.
» III. Aug. de Saint-Hilaire a formé deux hypothèses sur la symétrie
des fleurs diplostémones. La première, ou l'hypothèse des disques, tend à
faire admettre dans ces fleurs un verticille calicinal, un verticille corollin,
vin verticille d'étamines, plus deux disques formant chacun un verticille, et
enfin les carpelles. Mais cette hypothèse, qui conduit souvent à admettre
que l'androcée normal manque pour être remplacé par un androcée acci-
dentel et qui n'est aucunement-applicable au type diplostémone direct, ne
prenant quelque fondement, en ce qui touche le type obdiplostémone lui-
( i6)
même, qu'en s!appuyant sur la seconde hypothèse, celle du dédoublement
staminal des pétales, elle ne peut se soutenir qu'avec cette dernière, à
laquelle je fais les objections suivantes livrées à l'appréciation des bota-
nistes :
» i°. Beaucoup de Caryophyllées, etc., offrent, comme l'ont signalé
MM. Dunal et Moquin-Tandon, de véritables pétales dédoublés; mais le
limbe interne provenant du dédoublement ne porte pas d'anthères et
coexiste avec les étamines qu'Auguste de Saint-Hilaire présume fournies
par dédoublement.
» 2°. La situation extérieure des étamines oppositipétales s'explique par
l'évolution centrifuge d'un androcée diplostémone ordonné sur le verticille
des carpelles (lequel naît toutefois après ceux de l'androcée).
» 3°. Si l'adhérence des étamines aux pétales (Caryophyllées) est un
caractère de leur formation par le dédoublement de ceux-ci, pourquoi cette
adhérence existe-t-elle dans les Corolliflores à étamines alternes aux
pétales (Solanacées, etc.)?
» 4°- Si l'adhérence et l'opposition des étamines aux appendices floraux
est une preuve de leur origine par dédoublement, les Liliacées, etc., chez
lesquelles les deux verticilles des étamines sont respectivement adhérents
et opposés aux éléments des deux enveloppes florales, manquent donc
d'androcée normal ?
» 5°. L'organogénie établit péremptoirement que les étamines super-
posées aux pétales dans les Géraniacées, Caryophyllées, etc., naissent
d'abord loin de ceux-ci et ont une origine aussi indépendante que les
étamines superposées aux sépales.
» 6°. J'ai vu dans le Cucubulus baccifer les pétales n'apparaître qu'a-
près les étamines, auxquelles ils devraient, dans l'hypothèse, donner nais-
sance.
» 70. Chez plusieurs Caryophyllées et dans une Géraniacée, le Rhjrncho-
theca, les deux verticilles des étamines existent, mais la corolle manque.
Comment le verticille alternisépale de l'androcée serait-il engendré par ce
qui n'existe pas? »
( »7)
physique. — Deuxième Note sur les soupapes électriques. Réponse aux
Observations de M. Riess; par M. J.-M. Gaugain. (Présentée par
M. Despretz.)
(Commissaires précédemment nommés : MM. Becquerel, Pouillet, Regnault.)
« Le journal l'Institut, dans son numéro du 1 9 décembre dernier, rend
compte d'un Mémoire qui a été présenté par M. Riess à l'Académie des
Sciences de Berlin, et dans lequel il est question de l'appareil que j'ai nommé
soupape électrique. D'après le résumé de Y Institut, M. Riess a répété, en les
modifiant, les expériences qui se trouvent décrites dans la Note que j'ai eu
l'honneur de présenter à l'Académie le 19 mars dernier, et il a constaté
l'exactitude des résultats que j'ai annoncés, mais il leur attribue une signifi-
cation différente de celle que je leur ai assignée ; j'ai regardé comme établi que
les courants induits inverses (les courants de fermeture) ne concouraient en
aucune façon à la production des phénomènes observés, et en conséquence
j'ai cru pouvoir dire que l'appareil décrit dans ma Note remplit le rôle d'une
soupape par rapport aux courants directs (courants d'ouverture), puisqu'il
laisse passer ces courants lorsqu'ils marchent à travers l'œuf de la boule
couverte à la boule nue, et qu'il cesse de les transmettre lorsqu'ils ont une
direction opposée. M. Riess explique au contraire les faits observés, en
disant que le courant direct passe seul quand la boule couverte, est rendue
positive par ce courant, et que les deux courants, direct et inverse, sont
successivement transmis quand la boule couverte est négative pour le
courant direct; je vais essayer de justifier l'interprétation que j'ai admise et
exposer en même temps de nouveaux faits.
» D'abord il serait extrêmement étrange que le courant inverse, qui ne
peut pas traverser l'air raréfié de l'œuf électrique quand les deux boules sont
nues, pût se propager entre ces deux boules quand l'une des deux est presque
complètement recouverte d'une substance isolante; mais voici une obser-
vation qui me paraît absolument incompatible avec l'interprétation propo-
sée par M. Riess : on sait que les courants induits directs que fournit l'ap-
pareil de Ruhmkorff peuvent traverser, sous forme d'étincelles, des couches
d'air assez épaisses lors même que l'air est à la pression ordinaire, tandis
que les courants inverses ne donnent jamais d'étincelles et ne peuvent pas
franchir la plus mince couche d'air sous la pression ordinaire; d'après cela,
lorsque le circuit induit de l'appareil de Ruhmkorff présente quelque part
une solution de continuité et que cette solution de continuité se trouve
plongée dans l'air non raréfié, il est hors de doute que les courants directs
C R., i856, ier Semestre. (T. XLII, N° 1.) 3
( i8)
peuvent seuls la franchir; or, si après avoir disposé les appareils de la manière
que j'ai indiquée dans la Note citée plus haut {Comptes rendus, tome XL,
p. 640), on ménage quelque part, en dehors de l'œuf et à l'air libre, une
solution de continuité dans le circuit induit, la marche du galvanomètre est
absolument la même que dans le cas où le circuit se trouve interrompu à
l'intérieur de l'œuf seulement, et cependant, comme je viens de le dire, il
est certain qu'alors les courants inverses sont exclus.
» L'opinion de M. Riess me paraît exclusivement basée sur ce fait, que
l'on aperçoit de la lumière à l'intérieur de l'œuf soupape, lors même que
le courant direct est dirigé de la boule nue à la boule couverte et que l'ai-
guille du galvanomètre se tient à zéro; mais cette observation n'est nulle-
ment concluante. Si, au lieu de laisser à nu une petite partie de la surface de
la boule couverte, on enveloppe complètement cette boule avec une sub-
stance isolante, on ne cesse pas pour cela d'apercevoir de la lumière, bien
qu'alors les courants directs aussi bien que les inverses soient complètement
arrêtés au passage; la lumière électrique peut donc se manifester sans qu'il
y ait à proprement parler de courant transmis.
» J'ai fait un certain nombre de recherches sur les aspects variés que
présente la lumière électrique à l'intérieur de l'œuf soupape; mais je n'avais
pas cru devoir les publier, parce que je me proposais de faire une étude plus
approfondie de la question. Des circonstances indépendantes de ma
volonté m'en ont empêché : voici toutefois les observations que j'ai pu
faire; elles sont peu d'accord avec celles de M. Riess, mais cela tient sans
doute en très-grande partie à la différence des appareils dont nous avons
fait, usage. M. Riess a trouvé que la lumière électrique présentait à peu près
les mêmes apparences, quelle que fût la direction du courant induit ; que
seulement dans le cas où il y avait déviation de l'aiguille, la lumière était
plus calme et plus uniforme que dans l'autre cas : j'ai trouvé, au contraire,
que les apparences lumineuses variaient non-seulement avec la direction
du courant, mais encore avec la pression de l'air raréfié.
» Quand le courant marche à travers l'œuf de la boule couverte à la
boule nue, les apparences lumineuses sont les mêmes que si les deux boules
étaient nues; on observe une gerbe lumineuse rouge, plus ou moins
dilatée, qui semble s'échapper du petit trou de la boule couverte, une gaine
de lumière bleue qui enveloppe la boule nue, et une couche obscure qui
sépare la lumière rouge de la lumière bleue. Quand le courant marche de
la boule nue à la boule couverte, la disposition de la lumière varie avec la
pression de l'air contenu dans l'œuf, et les transformations qu'elle subit ont
une corrélation remarquable avec la marche du galvanomètre. Si l'on fait
( >9)
varier la pression depuis 7 à 8 millimètres jusqu'au vide le plus parfait
qu'on puisse obtenir, la déviation du galvanomètre va d'abord en augmen-
tant, comme je l'ai précédemment indiqué ; puis, après avoir atteint une
valeur maximum, elle décroît, devient nulle pour une certaine pression,
et change de signe enfin pour une pression plus faible. Or, pendant que
l'aiguille du galvanomètre exécute ces divers mouvements, la lumière de
l'œuf présente successivement trois aspects différents : elle affecte d' abord
une certaine disposition qu'elle conserve depuis l'instant où l'on commence
à observer jusqu'au moment où la déviation du galvanomètre atteint son
maximum; alors une transformation s'opère, et l'on voit se produire un
nouvel arrangement des couches lumineuses, qui persiste jusqu'au moment
où l'aiguille du galvanomètre franchit le zéro : à ce moment la lumière subit
une seconde transformation.
» Pour décrire les trois aspects différents dont je viens de parler, il est
indispensable d'indiquer les dispositions particulières de l'œuf soupape dont
je me suis servi. Cet œuf était un œuf électrique ordinaire, tel que les construit
M. Ruhmkorff , seulement la boule supérieure et sa tige étaient enfermées
dans une petite cloche de verre de 2 centimètres environ de diamètre, qui
était mastiquée à sa base avec de la gomme laque ; un petit trou de 1 milli-
mètre environ de diamètre avait été foré au sommet de la calotte sphérique
qui terminait la cloche, et cette calotte touchait la boule de laiton.
» Voici maintenant les trois aspects que présente successivement la
lumière. Pendant la première des périodes dont j'ai parlé (depuis le com-
mencement des observations jusqu'au moment où la déviation du galvano-
mètre atteint son maximum), la disposition des couches lumineuses est à
peu près la même que si les boules étaient nues; pendant la deuxième
période, cette disposition devient très-complexe : i° la boule inférieure et
sa tige sont enveloppées d'une auréole bleue ; 20 une gerbe de lumière rouge
s'étend entre les deux boules ; 3° tout l'espace compris entre la boide
supérieure et la cloche qui lui sert d'enveloppe est rempli de lumière
bleue ; 4° la partie sphérique de la cloche est extérieurement enveloppée
d'une auréole bleue; 5°enfin,la partie cylindrique de cette même cloche est
extérieurement enveloppée d'une ^couche de lumière rouge. Pendant la
troisième période, les couches lumineuses que je viens de décrire sous les
numéros 1 , a et 3 persistent, la calotte bleue n° 4 disparaît, et le cy-
lindre n° 5 devient bleu, de rouge qu'il était; en même temps on voit
apparaître un petit jet de lumière rouge qui semble s'élancer du trou de la
cloche de verre.
» Il me serait impossible d'expliquer dans tous leurs détails les phénomènes
3..
(»o)
compliqués que je viens de décrire rapidement; mais l'apparition de la
lumière bleue, qui se manifeste pendant la deuxième et la troisième période
sur la boule positive, me paraît une raison suffisante de croire qu'il se pro-
duit successivement, à l'intérieur de l'œuf, deux mouvements électriques
de directions opposées, quand le vide est suffisamment parfait et que le
courant est dirigé de la boule nue à la boule couverte. Sur ce point je suis,
comme on le voit, d'accord avec M. Riess; seulement, au lieu d'admettre
avec ce savant que les deux mouvements électriques contraires qui se
succèdent sont dus au passage des courants direct et inverse, je crois que le
courant direct pénètre seul dans l'œuf, et que, rencontrant là un obstacle
qu'il ne peut franchir, il éprouve une sorte de réflexion. En d'autres
termes, je crois que l'œuf soupape, dans les circonstances indiquées, joue le
rôle d'un carreau fulminant.
» En terminant, je crois devoir indiquer une application des soupapes
électriques que le défaut d'instruments m'empêche de tenter, et que je serai
heureux de voir réaliser. Tout le monde s'accorde à penser que les courants
induits d'ordres supérieurs, et les courants induits par la décharge de la
bouteille de Leyde, sont formés d'une succession de courants ayant des
directions opposées ; mais, bien qu'il n'y ait guère de doute sur ce point de
théorie, ;1 serait assurément intéressant de dédoubler (si je peux m'expri-
mer ainsi) les courants dont je viens de parler. Je crois qu'on pourrait
atteindre ce but au moyen des soupapes électriques en procédant de la ma-
nière que j'ai indiquée ( Comptes rendus, tome XL, page 641 )• »
arts graphiques. —Nouveau procédé de gravure dit hélioplastie, et impres-
sion photographique aux encres grasses sur pierre et autres surfaces ;
par M. A. Poitevin. (Communication faite par M. Becquerel.)
(Commissaires, MM. Becquerel, Regnault, Séguier.)
« L'action réductrice de la lumière sur les sels formés par l'acide chro-
mique avec les diverses bases, et principalement sur le bichromate de po-
tasse en présence des matières organiques, a été utilisée depuis longtemps
par M. Ponton pour les positifs sur papier, et par M. Edmond Becquerel
pour des études sur l'action chimique de la lumière; plus récemment
M. Talbot l'a employée pour la gravure chimique des planches d'acier,
et M. Testud de Beauregard s'en est servi pour obtenir des images de diffé-
rentes teintes sur papier. Dans ces diverses applications, l'acide chro-
mique réduit par la lumière forme le corps colorant qui doit produire le
dessin, ou bien il transforme une matière organique en vernis impénétrable
(■* )
a l'agent chimique qui doit creuser l'acier dans les parties non impres-
sionnées.
» M. Poitevin a fait deux nouvelles applications de cette action de la
lumière sur les mélanges des sels à acide chromique et des matières
organiques gélatineuses et gommeuses pour produire immédiatement des
gravures en relief ou en creux, ou pour appliquer par leur intermédiaire les
corps gras ou les encres grasses sur les parties impressionnées des surfaces
qui en ont été recouvertes.
» Le procédé de gravure que M. Poitevin nomme hélioplastie repose
sur la propriété qu'a la gélatine sèche et imprégnée d'un chromate ou bi-
•chromate, et soumise à l'action de la lumière, de perdre la propriété de se
gonfler dans l'eau, tandis que la gélatine ainsi préparée et non impression-
née s'y gonfle d'environ six fois son volume.
» On applique une couche plus ou moins épaisse de dissolution de géla-
tine sur une surface plane, de verre par exemple, on la laisse sécher et on la
plonge ensuite dans une dissolution d'un bichromate, dont la base n'ait pas
d'action directe sur la gélatine; on laisse sécher de nouveau, et on impres-
sionne, soit à travers un cliché photographique, soit à travers un dessin po-
sitif, soit même au foyer de la chambre noire. Après l'impression qui doit
varier selon l'intensité de la lumière, on plonge dans l'eau la couche de gé-
latine ; alors toutes les parties qui n'ont pas reçu l'action de la lumière se
gonflent et forment des reliefs, tandis que celles qui ont été impressionnées
ne prenant pas d'eau, restent en creux. On transforme ensuite cette surface
de gélatine gravée en planches métalliques en la moulant, ou en plâtre avec
lequel on obtient par les procédés connus des planches métalliques, ou bien
on la moule directement par la galvanoplastie après l'avoir métallisée.
» Par ce procédé, les dessins négatifs au trait fournissent des planches-
métalliques en relief pouvant servir à l'impression typographique, tandis
que les dessins positifs donnent des planches en creux pouvant être impri-
mées en taille-douce.
» Le second procédé que M. Poitevin emploie pour appliquer photographi-
quement les corps gras sur le papier, la pierre, les surfaces métalliques, etc.,.
par l'intermédiaire de l'action de la lumière sur les mélanges des sels à acide
chromique avec les matières organiques gommeuses ou mucilagineuses, con-
siste à appliquer une ou plusieurs couches de ce mélange sur les surfaces,
et, après dessiccation, à les impressionner à travers les négatifs des dessins
à reproduire. En appliquant ensuite l'encre grasse au moyen d'un tampon
ou d'un rouleau, elle ne restera adhérente que sur les parties qui auront
subi l'action de la lumière. Il a également appliqué sur diverses surfaces et
( M )
en se basant sur le même principe des couleurs quelconques soit en pou-
dre, soit liquides.
» M. Poitevin prie M. le Secrétaire perpétuel d'ouvrir le paquet cacheté
qu'il a déposé dans la séance du 10 décembre i855, et qui renferme une
Note relative à ces deux nouveaux procédés et des épreuves de gravures et
de lithographies obtenues de cette manière sans aucune retouche. »
photographie. — Communication d'épreuves de gravures sur pierre obtenues
par M. Poitevin , d'après les photographies faites au Muséum d Histoire
naturelle par M. L. Rousseau, faite par M. Valencie.\nes.
(Renvoi à la Commission de Photographie.)
« A la suite de la communication de M. Becquerel, du procédé de M. Poi-
tevin, M. Valenciennes met sous les yeux de l'Académie des épreuves de
gravures sur pierre, faites par M. Poitevin, obtenues sur des négatifs dus aux
soins de M. L. Rousseau, qui a déjà montré à l'Académie avec quelle persévé-
rance il cherche à appliquer la photographie à l'usage de l'histoire naturelle.
L'une des deux planches représente le Dobb d'Algérie, espèce de Fouette-
Queue, voisine de Y Uromastix spinipes , si ce n'est le même. L'autre est la
reproduction du grand et beau Stylaster, Edw., rapporté de Bourbon, dès
i8o3, par Péron, et que Lamarck a fait connaître sous le nom de Oculina
flahelliformis . »
mécanique céleste. — Mémoire sur le mouvement de la Terre autour de
son centre de gravité ; par M. Jullien.
(Commissaires, MM. Poinsot, Cauchy, Liouville, Binet.)
L'auteur, en adressant de Rome ce Mémoire, y joint l'indication sui-
vante :
« Un illustre Membre de cette Académie a montré récemment comment
la méthode des couples conduit par une voie facile à des formules qui repré-
sentent le mouvement de la rotation de la Terre, d'une manière approchée,
quant à ses traits les plus apparents. Poursuivant la même voie, j'arrive,
à l'aide d'une analyse extrêmement simple, non-seulement aux formules du
mouvement de la Terre données par Laplace, mais aussi aux formules plus
complètes dues à Bessel, dont les astronomes se servent actuellement dans
les recherches qui exigent la plus grande précision.
(a3)
» Tout le calcul se réduit à des compositions de couples suivant la loi du
parallélogramme, et à des intégrations immédiates de fonctions circu-
laires. »
analyse mathématique.— Mémoire sur la décomposition des polynômes de
degré pair en facteurs rationnels du second degré; par M. Rouget.
« En adressant à l'Académie, dit l'auteur dans la Lettre d'envoi, la
démonstration d'un théorème énoncé depuis longtemps, je demande la
permission de faire remarquer que l'emploi des symboles imaginaires se
trouve rigoureusement banni des raisonnements et des calculs tendant à
établir ce principe fondamental : peut-être l'Académie jugera-t-elle qu'il y
aurait lieu de l'introduire dans les éléments d'algèbre. »
(Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Liouville, Lamé
et Chasles. )
L'Académie renvoie à l'examen de la Section de Médecine constituée
en Commission spéciale du concours pour le prix du legs Bréant :
i°. Un Mémoire adressé de Rome par M. Sabbatlvi ,îMr l'efficacité des
bains généraux chauds de chlorure de calcium dans le traitement du cho-
léra-morhus asiatique.
Ce Mémoire, écrit en italien, est accompagné de deux opuscules sur le
même sujet, publiés par l'auteur, et d'un opuscule également relatif à sa
méthode de traitement et imprimé à Venise.
20. Un Mémoire sur le traitement du choléra, adressé de Montbron
(Charente) par Me Eyssartier.
Ce Mémoire est transmis par la Faculté de Médecine, à laquelle il avait
été adressé par erreur.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel met sous les yeux de l'Académie un certain
nombre de tableaux imprimés et autres documents relatifs à la météorologie,
publiés par X Observatoire météorologique de V Ecole Polytechnique de Lis-
bonne, tant d'après les observations faites à cet observatoire sous la direc-
tion de M. Dias Pegado (mai à octobre i855), que d'après des renseigne-
ments authentiques puisés à d'autres sources nationales ou étrangères.
Une Commission, composée de MM. Becquerel, Pouillet, Le Verrier, est
invitée à prendre connaissance de ces documents et à en faire, s'il y a lieu,
l'objet d'un Rapport à l'Académie.
( *4 )
M. Haidinger , nommé récemment à une place de Correspondant pour
la Section de Géologie, adresse ses remercîments à l'Académie.
M. Germain de Saint-Pierre prie l'Académie de vouloir bien le com-
prendre dans le nombre des candidats pour la place vacante dans la Section
de Botanique, et adresse un exemplaire d'une Notice sur ses travaux bota-
niques publiée à l'occasion de cette candidature.
physique du globe. — Sur les tremblements de terre qui ont renversé, en
août i853, la ville de Thèbes. (Extrait d'une Lettre de M. Gaudry.)
« Pikermi , i5 décembre i855.
» J'arrivai en Grèce peu de temps après l'époque où cette cité célèbre
fut détruite, et je recueillis à Athènes des récits détaillés sur l'événement;
mais alors je n'eus pas le temps d'aller jusqu'en Béotie vérifier leur exacti-
tude et je m'abstins de les transmettre. Cette année, j'ai pu visiter les
ruines de Thèbes, et obtenu des renseignements précis que je vous prie,
Monsieur le Secrétaire perpétuel, de vouloir bien communiquer à l'Acadé-
mie des Sciences.
» La Grèce et les îles Ioniennes sont très-sujettes aux tremblements de
terre ; il est rare d'y voyager longtemps sans ressentir quelques secousses ;
nous-même, il y a peu de jours (10 décembre), étant à Kalamaki, nous
avons éprouvé une commotion qui dura environ deux secondes. C'est aux
mouvements du sol qu'il faut attribuer la destruction du plus grand nombre
des monuments antiques de la Grèce. L'histoire de la Grèce est remplie de
récits des tremblements du sol. Pour ne parler que de la Béotie, je rappel-
lerai que Strabon signale en plusieurs passages de sa Géographie des
secousses survenues dans cette contrée. Il attribue sa séparation d'avec
l'île d'Eubée à un violent tremblement de terre, et il cite à ce sujet les vers
d'un ancien poète. Les peuples de la Béotie ont conservé la tradition de
plusieurs tremblements : au temps de la domination turque, Thèbes fut
complètement renversée. Depuis un grand nombre d'années, cette ville
jouissait d'une tranquillité parfaite; seulement, vers l'année 1840, elle res-
sentit un très-faible tremblement, et en i85i Delphes éprouva une légère
secousse.
» La destruction de Thèbes a eu lieu le 18 août 1 853. C'était un diman-
che. Selon l'usage oriental, les habitants étaient pour la plupart réunis dans
les rues. A io^ao™ du matin, trois petits tremblements se font sentir:
le peuple en émoi s'enfuit dans la campagne. Dix minutes après ,
(a5)
s'élève un bruit sourd, comparable à celui que produit une voiture
courant sur du pave. Presque en même temps, une terrible secousse
dirigée de bas en haut ébranle la ville. En treize secondes (temps que
dura le tremblement) Thèbes devient un amas de ruines; tous les habi-
tants ne s'étaient pas enfuis lors des trois petites commotions précurseurs
du sinistre: dix-sept périssent écrasés par les maisons qui s'écroulent;
soixante blessés reslent au milieu des décombres. Les bestiaux brisent les
cordes qui les retiennent dans les étables et courent en mugissant à travers
les rues et les campagnes. Les volailles elles-mêmes s'envolent effrayées.
Contre la ville s'élève une grande tour carrée : 'un prince français,
Othon de la Roche, baron d'Athènes, l'avait bâtie en 1 2o5 ; dans cette
cité, plusieurs fois ruinée par les commotions du sol, elle était le débris le
plus antique. Elle s'ébranle, et toute sa partie supérieure se renverse sur
un troupeau de brebis qui s'abritait contre ses murailles. Un homme, en
s'enfuyant dans la campagne, tombejmort sur la voie sans aucune marque
de blessure : on prétendit qu'il avait péri de peur.
» Ce n'est pas à Thèbes seulement que le mouvement s'est fait sentir.
Dans le village de Syrtzi, peu éloigné de la ville, aucune maison ne resta
debout. La plupart des villages de la Béotie furent gravement endommagés :
un grand nombre de maisons se renversèrent et plusieurs hommes périrent.
Dans la mer d'Eubée, éloignée de Thèbes de deux heures de marche envi-
ron, les pêcheurs ont vu les vagues s'élancer de bas en haut. Sur le lac Co-
païs, les eaux furent également projetées de bas en haut. Sur les montagnes,
beaucoup de pierres lurent détachées et tombèrent dans les vallées (i).
Le tremblement a été fortement ressenti dans Athènes, au Pirée et dans
l'île de Syra. A Delphes et aux environs du Parnasse, il a été très-faible.
Dans l'île d'Eubée, un village voisin de Chalcis a été fortement endommagé.
La commotion s'est propagée d'une part jusqu'au delà du golfe de Lépante,
à Patras, et d'autre part jusqu'à Brousse, en Asie. Cette direction de Patras
à Brousse s'accorderait assez bien avec la ligne volcanique que M. Alexan-
dre de Humboldt a signalée en Grèce.
» Les secousses continuent après la catastrophe du 18 août, et les habi-
tants, n'osant point rentrer dans leur ville, demeurent dans les jardins.
Le 29 août, vers les iih3om du soir, Thèbes est de nouveau ébranlée
presque aussi violemment que le 1 8 : mais comme ses habitants ont quitté
(1) En Grèce, on peut expliquer par la fréquence des tremblements de terre la présence
d'un grand nombre d'énormes blocs de pierre disséminés dans les vallées ou sur le versant
de montagnes.
C. R„ 385'6, ie' Semestre. (T. XLH, N° I.; 4
( a6)
la ville, on n'a à déplorer aucune mort et même aucune blessure. Cepen-
dant un grand nombre de personnes sont renversées par ta commotion ;
M. Demetrios Calopès, notaire de la ville de Thèbes, m'a dit que, réfugié
alors dans son jardin, il avait été lancé à terre. Le mouvement est venu de
bas en haut, comme me l'ont assuré des témoins dignes de foi, et comme le
démontre l'inspection des maisons ruinées.
» Des phénomènes singuliers se sont manifestés dans la destruction de la
ville : des murs ont été renversés dans leur partie centrale, tandis qu'à
droite et à gauche les^ pierres sont restées en place. Depuis nh3om du soir
jusqu'au point du jour, les tremblements durèrent avec une grande vio-
lence; en une heure, on en a compté quatre-vingt-douze. Le soleil en se
levant révéla aux Thébains que leurs désastres étaient à leur comble : le
tremblement du 29 avait achevé la ruine de leur ville : aucune maison n'é-
tait debout.
» Les commotions durèrent quinze mois environ; elles se renouvelèrent
jusqu'à trois fois par vingt-quatre heures. Pendant plusieurs mois, les
44oo habitants de Thèbes campèrent dans les champs ou dans les jardins ,
et eurent à éprouver de grandes souffrances durant les pluies d'automne
et d'hiver. Peu à peu les tremblements devinrent plus rares et moins violents;
on s'y habitua, et l'on rentra dans la ville : actuellement toute commotion
a cessé.
» Thèbes a profité de sa catastrophe ; elle a été reconstruite sur un plan
uniforme; des rues tirées au cordeau ont remplacé des passages tortueux; à
l'ancienne cité a succédé une ville régulière, qui, dans la suite des temps,
pourra s'embellir.
» Dans Athènes, aux environs de cette ville et surtout au Pirée, le second
tremblement de Thèbes a été ressenti beaucoup plus violemment que le
premier. Il a duré quatre secondes environ, et a présenté ce phénomène
fort remarquable, que le mouvement a été horizontal, tandis qu'au même
moment il était vertical en Béotie. La frayeur fut extrême ; des femmes sor-
tirent dans les rues en criant. Dans Athènes, plusieurs maisons furent lézar-
dées ; mais aucune n'a été renversée. Au Pirée, deux ou trois maisons ont
été détruites; la plupart ont été crevassées, et dans l'intérieur des habita-
tions un grand nombre de meubles ont été brisés. Les navires qui étaient
en rade ont entendu un bruit sourd dans la mer, et l'on a vu des vagues
lancées de bas en haut. Pendant deux ou trois mois, les principaux tremble-
ments de Thèbes ont été ressentis à Athènes; ils se renouvelaient en
moyenne une fois tous les dix jours ; cependant en une seule nuit on en a
ressenti jusqu'à trois.
( 27 )
» Tel est, Monsieur le Secrétaire perpétuel, le récit exact des phénomènes
qui ont si vivement préoccupé la Grèce. C'est par erreur que des journaux
de Paris ont annoncé des apparitions de feux pendant les tremblements de
Thèbes. On n'a vu se produire ni feux, ni fumée. C'est également par er-
reur que l'on a signalé la formation d'un cratère après la grande commo-
tion : aucun indice volcanique ne s'est manifesté par des éjections de ma-
tière quelconque; et même aucune crevasse d'une certaine importance,
aucun changement notable ne se sont produits dans les collines si variées
qui supportent et entourent la ville de Thèbes.
» Lors de la dernière éruption du Vésuve, on n'a observé aucune corres-
pondance entre ce volcan et les divers points de la Grèce qui sont sujets à
des tremblements de terre ou sont des centres d'actions volcanique. »
M. Dana adresse, de New-Haven ( Connecticut), un exemplaire de
l'atlas destiné à accompagner son travail sur les Crustacés observés dans
le Voyage d'exploration fait par ordre du gouvernement des États-Unis
d'Amérique sous le commandement du capitaine C. Wilkes, dans les années
i838-i842.
Les deux volumes de texte ont été depuis longtemps reçus par l'Aca-
démie.
M. Dujardin adresse un exemplaire du numéro du 2 janvier i856 du
Journal de Lille, qui constate qu'un commencement & incendie a été éteint
au moyen de la vapeur, et assez complètement pour rendre inutiles les
secours des pompiers.
Déjà M. Dujardin a transmis, à plusieurs reprises, des documents desti-
nés à prouver l'efficacité de ce moyen sur lequel il n'a cessé depuis plu-
sieurs années d'appeler l'attention.
M. Pernelet adresse une Note sur un moniteur électrique des chemins
de fer qu'il désire soumettre au jugement de l'Académie.
11 annonce être prêt à donner de vive voix, aux Commissaires qui lui
seraient désignés, tous les renseignements nécessaires pour compléter les
indications succinctes fournies par sa Note.
L'Académie ne pourra, d'après ses usages, renvoyer à l'examen d'une
Commission l'invention de M. Pernelet, que lorsqu'il l'aura fait connaître
par une description suffisamment détaillée pour ne pas exiger de dévelop-
pements oraux.
( 28 )
M. Pacacd présente des spécimens de tubes en fer doublés en plomb et
de tubes en plomb doublés de fer; il y joint une Note descriptive qui
n'est que la transcription d'un brevet d'invention pris pour ces produits.
M. Gez, médecin à Siradan (Haute-Garonne), s'adresse à l'Académie
dans l'espoir d'en obtenir une analyse, des eaux minérales de Sainte-Marie
qui sont situées dans la commune de Siradan. Cette source ayant été,
en 181 1 , l'objet d'un Rapport fait à l'Académie, il y a lieu de croire que la
pièce, si elle existe aux archives, doit fournir quelques renseignements sur
la composition des eaux.
M. Poggioli adresse un exemplaire d'un opuscule qu'il a publié sous le
titre de « Nouvelle application de l'électricité » , opuscule annoncé comme
la reproduction d'un Mémoire lu à l'Académie des Sciences, le 3i dé-
cembre i853, et sur lequel il appuie une réclamation de priorité qu'il pré-
sente à l'occasion d'un livre nouvellement offert par M. le Dr Briard.
Les auteurs, en livrant leurs travaux à l'impression, font appel au juge-
ment du public et n'ont plus à réclamer le jugement de l' Académie.
M. P. Meixeb envoie de Bordeaux une Note manuscrite ayant pour titre:
« Proposition relative aux courants atmosphériques et aux nuages ».
L'auteur y indique la marche que devrait, selon lui, suivre l'Académie
pour arriver à la connaissance de certaines lois générales sur les mouvements
de l'atmosphère.
Cette Note n'a pas paru de nature à être renvoyée à l'examen d'une Com-
mission.
Une personne qui se dit en possession d'une méthode très-efficace de
traitement pour la guérison des loupes, excroissances, etc., offre de faire
connaître cette méthode, moyennant une compensation pécuniaire.
Cette demande ne peut être prise en considération.
A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 6 heures. É. D. B.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 14 JANVIER 1856.
PRÉSIDENCE DE M. BINET.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Électricité. — Communication de M. Becquerel.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie, en mon nom et en celui de
mon fils Edmond, le troisième et dernier volume du Traité a" Électricité et
de Magnétisme, et des applications de ces sciences à la Chimie, à la Phy-
siologie et aux Arts, dont la publication a commencé dans les premiers
mois de l'année dernière.
» L'électricité est devenue aujourd'hui, à raison de son importance
scientifique, de ses nombreuses applications et de ses rapports intimes avec
la chimie, une des parties les plus cultivées de la physique. L'agent dont
elle expose les propriétés, se présentant à nous, tantôt comme chaleur,
comme lumière, tantôt comme force chimique, comme puissance magné-
tique, et tantôt enfin comme force intervenant dans les phénomènes phy-
siologiques, doit naturellement attirer l'attention de toutes les personnes
qui cultivent les sciences physiques sous le point de vue théorique et de
leurs applications.
» Les rapports qui lient les forces électriques aux affinités sont tellement
bien établis aujourd'hui, que l'on peut déjà, dans un grand nombre de cas,
remplacer celles-ci par les premières. L'étude de ces rapports constitue une
C. R., i856, Ier Semestre. (T. XLII,N° 2.) 5
■
• ( 3o y
science nouvelle, l'électrochimie, à l'exposition de laquelle nous avons
consacré un volume entier, le deuxième;. le traitement électrochimique des
minerais d'argent, de cuivre et de plomb en fait parlie. Cette question a été
traitée avec des développements suffisants pour que les personnes qui vou-
dront appliquer ce procédé à l'industrie ne soient.pas arrêtées par desdiffi-*
cultes de détails. Nous nous bornons à dire que les expériences ont- été
faites sur une grande échelle avec plus de 5ooo "kilogrammes de minerais
venus des différents points du globe.
» Le troisième volume comprend le magnétisme, le magnétisme ter-
restre, l' électromagnétisme et ses applications à la télégraphie, aux hor-
loges et aux machines de tous genres qui peuvent être mises en mouvement
par les forces électromagnétiques.
» Dans le magnétisme, indépendamment des notions générales sur la
constitution des aimants et sur la distribution du magnétisme, ont été trai-
tées les différentes questions relatives à l'action du magnétisme sur tous les
corps et qui ont été étudiées dans ces dernières années par divers phy-
siciens.
« Le livre relatif au magnétisme terrestre contient la description des
différentes boussoles et des magnétomètres qui servent aux observations des
composantes de la force terrestre. Nous avons également donné le résumé
des travaux exécutés jusqu'ici dans différents lieux du globe, ainsi que le
tracé des principales cartes magnétiques.
» L'électromagnétisme a reçu des développements suffisants pour que
l'on puisse bien comprendre les différents effets des courants par induction,
ainsi que le jeu des appareils qui sont fondés sur le dégagement de l'élec-
tricité induite.
» Quant au douzième livre, qui est le dernier de l'ouvrage, il est consa-
cré uniquement aux principales applications de l'électromagnétisme, c'est-à-
dire à la télégraphie, à l'horlogerie électrique, à tous les appareils fondés
sur l'action des électro-aimants et aux électromoteurs.
» L'étendue même de l'ouvrage ne permettait pas que l'on pût décrire
tous les instruments qui ont été imaginés; on s'est borné seulement à la
description des principaux appareils en usage dans la plupart des applica-
tions faites jusqu'ici de l'électromagnétisme. »
M. Vincent signale une inversion dans la dernière partie de son Mémoire
sur la théorie de la gamme, l'inversion des deux premiers paragraphes de la
page iai3 [Compte rendu de la séance du 3i décembre i855).
(3i )
M
astronomie. — Découverte dune 38e petite planète, faite à l Observatoire
impérial de Paris par M. Chacornac.
« M. Le Verrier annonce à l'Académie que dans la soirée du la jan-
vier 1 856, à qh33m, M. Chacornac a découvert une nouvelle petite planète.
» Cet astre, situé, comme les précédents, entre Mars et Jupiter, ainsi
qu'on en juge par son mouvement apparent, est le 38e du groupe. Il brille
comme une étoile de o,e-roe grandeur et a été découvert dans la constel-
lation de l'Écrevisse, un peu au sud-est du groupe Praesepe. En voici les
positions suivant les observations du nau i3 :
T. m. de Paris. Asc. droite. Déclinaison. Nomb. des comparaisons,
fa m s m s i y
i856. Janvier 12 ii.5a.43 S* — 2.11,9 3
12 12.18.22 a*-+4-36,7 ... 2
i3 9.54.32 a* +3.46,9 4
i3 10.21. 6 3* — 2.37,6 '6
i3 10 43. 4 a * 4- 3.45,3 2
Positions de l'étoile de comparaison (8e grandeur) d'après une observation méridienne du i3.
a = 8h35mi9',99 <J=-+-i7°23'53",5
RAPPORTS.
chimie générale. — Rapport sur un Mémoire de M. Léo\ Péan de
Saint-Gilles sur l'hydrate et sur l acétate f étriqués .
[Commissaires, MM. Pelouze, Balard, ïhenard rapporteur (i)].
« M. Walter-Crum, dans un Mémoire lu en 1 853 à la Société Philoso-
phique de Glascow, a signalé l'existence d'un hydrate d'alumine qui lui a
semblé soluble dans l'eau pure, et.qu'il avait obtenu de l'acétate d'alumine
soumis à l'influence d'une température voisine de 100 degrés, pendant un
espace de temps assez long.
» Comme le peroxyde de fer a de grands rapports avec l'alumine,
M. Léon Péan de Saint-Gilles a voulu savoir si cet oxyde était susceptible
de présenter les mêmes propriétés de solubilité que cette base terreuse.
Dans son travail, M.Léon Péan de Saint-Gilles est parvenu à des résultats
(i) Dans l'absence de M. Thenard, qu'une indisposition tient en ce moment éloigné de
l'Académie , le Rapport a été In par M. Pelouze.
5..
I 32 )
tout nouveaux. Vos Commissaires en ont été frappés; et pour s'éclairer, ils
ont invité quelquefois l'auteur à faire de nouvelles recherches, qu'il s'est
toujours empressé d'exécuter avec le plus grand soin ; c'est même l'une des
causes pour lesquelles ce Rapport n'a point été soumis plus tôt à l'Aca-
démie.
» Trois séries d'expériences, que nous allons rapporter successivement,
dominent toute la question qu'il s'agit de résoudre.
» i°. Lorsqu'on place une dissolution d'acétate de peroxyde de fer dans
un bain-marie chauffé à la température de l'ébullition pendant dix à
douze heures, la liqueur prend une couleur d'un rouge brique, conserve
sa transparence, vue par transmission, et paraît, au contraire, opaque, vue
par réflexion ; elle perd totalement la saveur métallique des sels de fer pour
prendre celle de vinaigre et l'odeur très-prononcée de cet acide.
» Ces propriétés sont déjà très-remarquables ; les suivantes le sont bien
plus encore.
» Si l'on verse du cyanoferrure de potassium dans la dissolution d'acé-
tate ainsi modifié, on n'obtiendra pas de bleu de Prusse, il ne se produira
qu'un précipité brun ocreux ; c'est un précipité de cette couleur qui aura
lieu également avec le tannin; le sulfocyanure de potassium lui-même ne
décèlera pas la plus minime quantité de fer.
» Des traces d'acide sulfurique, phosphorique et de beaucoup d'autres,
• et des traces de sel à base de potasse, de soude, de baryte, de strontiane,
de chaux, suffiront pour précipiter tout le fer de la liqueur sous forme
d'un dépôt rouge-brun, insoluble à froid dans tous les acides, même les
plus concentrés. Les acides chlorhydrique et nitrique y produiront aussi un
précipité rouge et grenu, mais qui disparaîtra par une addition d'eau dis-
tillée.
» 2°. Il était important de rechercher si l'hydrate ordinaire de peroxyde
de fer pourrait se modifier sous l'influence de l'eau seule et d'une chaleur
d'environ iod degrés. L'auteur s'est convaincu que cet hydrate, placé dans
ces conditions, se modifiait peu à peu complètement et donnait ensuite, au
contact de l'acide acétique ou des acides chlorhydrique et nitrique étendus
d'eau, une liqueur trouble par réflexion, limpide par transmission, et for-
tement colorée en rouge brique. Il a vu de plus que cet hydrate possédait
deux propriétés très-distinctes : l'une de ne contenir que f o pour ioo d'eau,
tandis que l'hydrate ordinaire en contient i5; l'autre de ne pas présenter
le phénomène d'incandescence que l'hydrate ordinaire présente tout à coup
quand on le chauffe jusqu'au rouge sombre.
(33)
» 3°. Restait un dernier point essentiel à examiner. C'était de rechercher
si, entre l'hydrate de peroxyde modifié et les acides, il y avait une combi-
naison intime. A cet effet, l'auteur a précipité tout l'oxyde de fer du nouvel
acétate par l'addition de quelques gouttes d'acide sulfurique; puis il a
recueilli le précipité sur un filtre, l'a lavé à grande eau et l'a analysé :
il n'y a trouvé aucune trace d'acide.
» Craignant que l'eau n'eût entraîné l'acide sulfurique, qui aurait pu
être uni à l'oxyde, il a fait l'expérience suivante : Après avoir versé dans
une dissolution d'acétate modifié, de l'acide chlorhydrique assez concentré
pour la troubler, et avoir agité la liqueur, il l'a placée dans un tube gradué
et l'a laissée déposer. Le dépôt étant fait, il a enlevé la partie supérieure
qui était transparente, et a déterminé comparativement les quantités de
chlore contenu dans l'une et l'autre; il les a trouvées à peu près égales, ou
plutôt l'inférieure en contenait sensiblement moins.
» Beaucoup d'autres observations, mais secondaires, ont encore été
laites par l'auteur. Nous ne croyons pas utile de les citer.
» Maintenant quelles conséquences tirer de ces faits si extraordinaires?
» Que l'hydrate de peroxyde de fer modifié ait des propriétés tout autres
que celles de l'hydrade de peroxyde de fer ordinaire : c'est ce qui est mis
hors de doute.
» Mais comment se fait-il que l'acétate de peroxyde de fer modifié ne
donne pas de bleu de Prusse avec le cyanoferrure de potassium, ne forme
pas un précipité noir avec le tannin, et ne prenne pas une teinte rouge
foncée avec les sulfocyanures alcalins? C'est que l'hydrate modifié ne joue
pas le rôle de base comme l'hydrate ordinaire : aussi est-il précipité de sa
dissolution acétique par des traces d'acides sulfurique, phosphorique, etc.,
et par des traces d'un sel neutre à base alcaline? L'oxyde est là, pour ainsi
dire, comme isolé et non point dans le même état que le peroxyde de fer
dans les sels ferriques.
» Enfin l'hydrate de peroxyde de fer modifié constitue-t-il avec l'acide
acétique une véritable dissolution ? L'auteur ne le pense pas, et nous parta-
geons son opinion. Lorsque l'eau tient réellement un sel en dissolution, la
liqueur, placée toujours dans les mêmes conditions, ne se défait pas. Au
bout de longtemps, elle contient tout autant de matières salines à la partie
supérieure qu'à la partie inférieure. Mais il n'en est pas de même de la dis-
solution de l'acétate de peroxyde de fer modifié; il s'y forme peu à peu
un dépôt très-sensible, et la liqueur supérieure prend une teinte beaucoup
moins foncée que la liqueur inférieure.
( 34 )
» Telles sont les principales observations qui sont contenues dans le Mé-
moire de M. Péan de Saint-Gilles; mais il s'en faut de beaucoup que le sujet
soit épuisé. On devra rechercher s'il n'y a pas des oxydes de fer naturels
qui présentent les mêmes propriétés que le nouvel hydrate, et s'il n'est pas
possible d'obtenir de semblables corps avec quelques autres oxydes métal-
liques.
» Ces recherches sont importantes et pour la théorie et pour l'analyse,
qui, avant la connaissance des phénomènes que nous venons de signaler,
aurait pu méconnaître l'existence du fer dans une liqueur qui en aurait
contenu des quantités très-notables.
» Toutefois, dans l'état où se trouve son travail , l'auteur est très-digne
d'encouragement. On aime à voir en lui un jeune homme, riche des dons
de la fortune, se livrer avec ardeur à la culture des sciences.
» Votre Commission, d'après l'importance des faits que nous a fait
connaître M. Péan de Saint-Gilles, est d'avis que son Mémoire soit imprimé
dans le Recueil des Savants étrangers. Elle a l'honneur d'en faire la pro-
position à l'Académie. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
physique. — Rapport sur la combustion spontanée dujoin en balles pressées.
(Commissaires, MM. Dumas, Boussingault , Morin rapporteur.)
« Un incendie s'étant déclaré à bord du navire anglais William Mit-
calfe, chargé de foin pour le compte de l'Administration de la Guerre, et
stationné en rade de Bône , M. le Maréchal Ministre de la Guerre a soumis
an jugement de l'Académie la question de savoir si le foin en balles pressées,
à la densité de 280 kilogrammes au mètre cube, est susceptible de com-
bustion spontanée, et si cet accident peut être causé par la présence du
sable mouillé.
» L'usage de presser le foin , à l'aide d'appareils à vis ou de presses hy-
drauliques, en balles d'une densité qui s'élève parfois jusqu'à 4oo kilo-
grammes au mètre cube, pour en faciliter le transport par mer, remonte
à une époque assez éloignée, puisque l'armée anglaise approvisionnait sa
cavalerie, en Portugal, dès 1809 et 1810, à l'aide de ce procédé. Les per-
fectionnements qui y ont été apportés dans ces derniers temps, et à l'aide
desquels on a pu augmenter la densité des balles et la rapprocher de celle
des bois de peuplier et de sapin, datent de plus de dix ans, et des expédi-
tions immenses de foin pressé ont été faites dans ces dernières années, et
( 35 )
tout récemment en Orient, sans qu'aucun fait connu de combustion spon-
tanée soit jamais venu donner à penser que le foin ainsi préparé fût suscep-
tible d'un semblable accident.
» Il existait encore, il y a quelques années, à Paris, chez un habile mé-
canicien , qui avait fourni des presses hydrauliques pour l'expédition d'Alger,
en i83o, une balle de foin pressée à cette époque, et qui paraissait avoir
conservé toutes ses propriétés.
» Dans une expérience faite à Paris, en 1849, surla combustibilité du foin
comprimé, des balles de roo kilogrammes, pressées à la densité de 3oo ki-
logrammes environ, furent mises en tas et disposées de manière à en faciliter
la combustion, au moyen de canaux d'aérage, et l'on y mit le feu avec des
copeaux préparés à cet effet. L'incendie, qui se propagea rapidement à la
surface extérieure, se réduisit bientôt à une combustion lente et sans flam-
mes, qu'il fut très-facile d'éteindre en quelques minutes. En ouvrant les
balles, on reconnut que ni le feu, ni la fumée, ni même son odeur, pas
plus que l'eau qui avait servi à arrêter la combustion, n'avaient pénétré
à l'intérieur, dont on put retirer, en ouvrant les balles, 5o pour 100 de
foin que les chevaux, si difficiles pour l'odeur, mangèrent sans répugnance.
» Il est à la connaissance de l'un de nous que des balles de foin impar-
faitement pressées avec des vis, et 'qui avaient été envoyées en Grèce,
lors de l'expédition de Morée, ayant été avariées par immersion dans l'eau
de mer, et par la fermentation de leur surface extérieure, ont été rapportées
en France, livrées à la consommation dans un régiment de cavalerie, et
purent être ainsi utilisées en partie.
» On sait qu'en Angleterre et en Allemagne on forme avec des foins
qui ne sont pas encore secs de grandes meules , dans lesquelles ils subis-
sent une fermentation qui en altère complètement la couleur et les fait
passer à un état qu'on désigne sous le nom de join brun.
» De l'ensemble de ces faits il résulte :
» Que le foin fortement comprimé, dans lequel l'air ne pénètre que
difficilement et ne peut circuler, ne brûle que très-lentement;
» Que son immersion dans l'eau, malgré l'altération et la fermentation
qui peuvent en résulter à l'extérieur, ne provoque pas son inflammation
spontanée, même quand il est empilé en balles dans des navires, ainsi qu'il
le fut lors de l'expédition de Morée ;
» Que le foin incomplètement séché et mis en grandes meules pour la
préparation du foin brun, subit une certaine fermentation, mais ne s'en-
flamme pas spontanément.
( 36)
» Il ne semble donc pas admissible à vos Commissaires que, dans les
circonstances relatives au bâtiment William Mitcalje, le feu ait pu se
déclarer spontanément : ils pensent qu'il convient d'en attribuer l'ori-
gine soit à une imprudence, soit peut-être même au désir de faire dis-
paraître les traces de la fraude qui avait été commise par l'introduction
de corps étrangers dans l'intérieur des balles de foin.
» Telle est la réponse que vos Commissaires vous proposent d'adres-
ser à M. le Maréchal Ministre de la Guerre. »
Ce Rapport est adopté par l'Académie.
chimie appliquée. — Bapport sur un procédé de l invention de M. Lâcha ve,
pour le transporteur vélin de l'écriture tracée sur papier ordinaire.
(Rapporteur M. Seguier.)
« M. Lachave vous a présenté des procédés de transport d'écriture que
vous avez renvoyés à notre examen. Nous avons mis l'auteur de ces pro-
cédés à même d'opérer devant nous, et nous avons reconnu qu'en suivant
exactement la méthode consignée dans le Mémoire qu'il a déposé sur
votre bureau, on atteignait facilement et sûrement le but qu'il s'est pro-
posé, but très-honorable sans doute, puisque M. Lachave annonce ne
vouloir appliquer ses procédés qu'à la multiplication des autographes des
personnages augustes et des hommes célèbres.
» Néanmoins l'abus que , dans une intention criminelle , on pourrait
faire de cette méthode dont la simplicité d'exécution est un des caractères,
nous conseille de ne pas vous proposer d'en consigner la description dans
nos Comptes rendus ; nous pensons que les faussaires ont déjà assez de
moyens de commettre des faux sans leur fournir des enseignements nou-
veaux pour leur criminelle industrie. Nous nous bornerons donc à re-
connaître que M. Lachave a fidèlement exécuté devant nous plusieurs
transports d'écritures par les procédés qu'il vous a soumis, et qu'il désigne
par le mot diphtérautographie.
» Nous plaçons sous vos yeux, à l'appui de notre déclaration person-
nelle, puisque nous avons été seul chargé de cette constatation, une pièce
d'écriture par nous tracée et par M. Lachave transportée sur peau de vélin
et sur papier ordinaire. La complète conformité des trois épreuves suffit
pour attester la réussite du procédé. Nous vous proposons donc de re-
mercier M. Lachave de la communication de la méthode dite par lui
diphtérautographie. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
137 )
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une
Commission de cinq Membres qui sera chargée de la rédaction du pro-
gramme pour le concours concernant le perfectionnement de la navi-
gation.
MM. Dupin, Combes, Poncelet, Duperrey et Regnault réunissent la
majorité des suffrages.
L'Académie procède également, par la voie du scrutin, à la nomination
de la Commission qui sera chargée de proposer une question pour sujet du
prix Bordin, question qui devra être prise cette année dans le domaine des
Sciences naturelles.
MM. Flourens, Geoffroy-Saint-Hilaire. Milne Edwardset Élie de Beau mont
obtiennent la majorité des suffrages.
MEMOIRES LUS.
physiologie végétale. — Recherches expérimentales sur la respiration
des plantes (premier Mémoire); par M. P. Ducu autre. (Extrait par
l'auteur. )
(Renvoi à l'examen de la Section de botanique.!
« Ces recherches ont été faites dans le but d'étudier plusieurs questions
d'un haut intérêt que soulève l'histoire physiologique de la respiration végé-
tale. Elles ont porté sur un grand nombre d'espèces, parmi lesquelles l'au-
teur en a choisi quarante qui appartiennent aux différentes catégories des
plantes herbacées annuelles, bisannuelles et vivaces, terrestres et aquatiques,
à feuilles minces et charnues, ainsi qu'à celles des végétaux ligneux, sous-
arbrisseaux, arbrisseaux et arbres, soit feuillus, soit résineux ou conifères.
Elles ont été faites : i° en variant l'intensité lumineuse, et, pour cela, en
mettant les plantes simultanément les unes au saleil, d'autres à une ombre
complète, d'autres enfin de même espèce, et semblables aux premières, der-
rière des écrans d'opacités différentes ; i° en tenant compte des températures
dans ces différentes circonstances; 3° en relevant pour chaque espèce
l'étendue de la surface des feuilles, la répartition, le nombre et la grandeur
C. R., i?56, i"r Semestre. (T. XLII, N° %.) 6
(38)
de leurs stomates; 4° dans quelques cas particuliers, en opérant comparati-
vement sur des feuilles les unes jeunes, les autres adultes; 5° en essayant la
richesse en oxygène des gaz dégagés ; etc. Les tableaux détaillés qui accom-
pagnent le Mémoire , présentent le résumé de ces différentes observations
et des quantités de gaz dégagées dans les diverses circonstances dans les-
quelles les plantes ont été placées. "Voici un aperçu des principaux résultats
qu'ont donnés ces expériences.
» I. Iîifluence de l'intensité de la lumière diurne sur la respiration des
plantes. — Les physiologistes ont généralement admis, jusqu'à ce jour, la
nécessité de la lumière directe du soleil pour la décomposition de l'acide
carbonique et le dégagement de l'oxygène, ou du moins d'un air fortement
oxygéné par les organes foliacés. MM. Ingen-Housz, Sénebier, Grischow,
Unger, etc., se sont exprimés d'une manière formelle à ce sujet. Cependant
des laits nombreux rapportés dans son Mémoire, l'auteur croit pouvoir
déduire les conclusions suivantes :
» i°. Le dégagement d'un gaz fortement oxygéné par les feuilles s'opère,
pendant le jour, non-seulement à la lumière directe du soleil, mais encore
derrière des écrans verticaux formés avec des tissus plus ou moins serrés,
même à l'ombre portée par des murs et sous un feuillage touffu.
» 2°. La quantité de gaz dégagé est proportionnelle à l'intensité de la
lumière; elle devient ainsi peu considérable à l'ombre.
« 3°. Le gaz dégagé dans cette dernière circonstance est souvent assez
riche en oxygène pour rallumer et faire brûler avec une flamme vive
une allumette simplement rouge de feu à son extrémité.
» 4°- Les plantes qui croissent habituellement à l'ombre paraissent êlré
moins sensibles que les autres à la privation de la lumière directe.
» 5° Les conifères se trouvent à peu près dans le même cas.
» II. Rapport entre la quantité de gaz dégagée par les feuilles pendant le
jour et le nombre ainsi que la grandeur des stomates. — Après avoir pensé
pendant longtemps que les stomates avaient pour destination spéciale de ser-
vir à l'exhalation aqueuse ou à la transpiration, on en est généralement venu,
de nos jours, à leur attribuer un autre rôle et à les regarder comme les ou-
vertures par lesquelles passent les matières gazeuses de la respiration des
plantes. Pour permettre de juger si cette dernière théorie est rigoureusement
exacte, et si les stomates sont la seule voie respiratoire que possèdent les
feuilles, l'auteur donne un tableau dans lequel il met en regard, d'un côté,
les quantités de gaz dégagées par trente espèces de plantes, au soleil, rame-
nées à une unité de surface foliaire pourvue de ces petits organes, égale à un
•
(39)
décimètre carré, et à un espace dune heure pris pour unité de temps; d'un
autre côté, le nombre de stomates que portent les feuilles de ces diverses
plantes ainsi que leur grandeur. La comparaison et la discussion de ces
différentes données l'amènent à conclure :
» i°. Qu'il n'existe pas de relation fixe entre le nombre ni la grandeur
des stomates et les quantités de gaz dégagées au soleil par les plantes des
différentes catégories;
» 20. Que, dans certains cas, comme pour les arbres dont les feuilles ont
un tissu sec et coriace, il y a rapport inverse entre le nombre considérable
des stomates et la faiblesse du dégagement gazeux;
» 3°. Qu'outre les stomates, on doit dès lors regarder comme interve-
nant dans l'accomplissement des phénomènes respiratoires les cellules de
l'épiderme. Cette dernière conclusion est directement appuyée par ce fait,
qu'on voit sortir, de ces cellules sous l'eau, une quantité très-appréciable et
souvent même considérable de gaz, à la face supérieure de feuilles qui ne
sont pourvues de stomates qu'à leur face inférieure.
» III. Influence de l'âge des jeuilles sur la quantité d'oxygène dégagée
à la lumière. — Divers physiologistes ont admis que les feuilles jeunes ne dé-
gagent pas du tout d'oxygène à la lumière ou n'en produisent qu'une très-
faible quantité. Les expériences de l'auteur lui semblent, au contraire,
établir que, si cette idée est applicable aux feuilles formées, même à l'état
adulte, d'un tissu mince ou herbacé, elle ne l'est pas à celles qui deviennent
sèches et coriaces à l'état de développement complet; que celles-ci dégagent,
dans leur jeunesse, une assez forte proportion de gaz à la lumière solaire;
que, par conséquent, elles décomposent une quantité proportionnellement
considérable d'acide carbonique, fait qui, du reste, semble pouvoir expli-
quer la consolidation rapide de leur tissu, dont il serait difficile de se rendre
compte autrement.
» IV. Respiration des feuilles flottantes. — Contrairement à ce qui a été
professé par plusieurs physiologistes, les feuilles des plantes aquatiques qui
flottent à la surface de l'eau, dégagent à la lumière un gaz fortement oxy-
géné, non-seulement par leur face supérieure pourvue de stomates et en
contact avec l'air, mais encore par leur face inférieure qui est habituelle-
ment en rapport avec l'eau et qui se montre généralement privée de ces
petits appareils. »
6..
(4o)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
anatomiE comparée des végétaux. — Plantes aériennes ou Epidendres ;
structure des racines des Orchidées ; par M. Ad. Chatin. (Extrait par
l'auteur.)
(Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.)
. « Le mode de végétation si singulier des plantes Epidendres donne de
l'intérêt à tout ce qui se rapporte chez elles aux phénomènes de la vie,
phénomènes sur lesquels l'anatomie jette une vive lumière. La structure
des racines, à laquelle est consacré le présent Mémoire, m'a mis en parti-
culier sur la voie d'observations et d'expériences physiologiques qui tendent
à faire accorder un rôle spécialement important, pour la nutrition de la
plante, à l'enveloppe spongieuse de ces organes, habituellement flottants
dans l'atmosphère.
» Les racines aériennes des Orchidées offrent, à considérer les parties
suivantes, que j'énumère dans l'ordre de leur position, en allant de la cir-
conférence au centre: i° une enveloppe spongieuse; a° une membrane
cpidermoïdale; 3° un parenchyme vert; 4° un cercle ou étui fibro-vascu-
laire; 5° enfin un parenchyme central qu'on peut désigner sous le nom de
moelle.
» L enveloppe spongieuse est formée le plus souvent par un assez grand
nombre d'assises d'utricules spiralées élastiques, dont l'ensemble constitue
une sorte de feutre épais ou de peau blanche qui se détache aisément par la
dessiccation du tissu sous-jacent. Parfois cette enveloppe se réduit à une seule
rangée de grosses utricules dressées comme des bornes sur la membrane
épidermoïdale (Oncilium intermedium, O. junceum, Vanda recurva); plus
rarement elle manque, comme on le voit surtout dans le Vanilla plani-
folia et dans quelques autres plantes à racines aériennes, le plus souvent
alors fort longues et avides de s'engager dans le sol. Les cellules spiralées
de l'enveloppe spongieuse se renouvellent du côté interne de celle-ci en
repoussant au dehors les utricules plus vieilles, qui finissent souvent par
s'érailler et cesser elles-mêmes de vivre, tout en conservant leurs propriétés
d'absorption et d'imbibition. Une grande analogie de structure et de pro-
priétés existe entre l'enveloppe spongieuse des racines aériennes et le tissu
des Sphagnum, mousses si utilement employées dans nos serres pour la
culture des Orchidées, à la nutrition desquelles elles concourent par leurs
qualités physiques.
» Sous-jacente à l'enveloppe spongieuse quand celle-ci existe, et super-
ficielle dans le cas contraire, la membrane épidermoïdale que forment des
cellules miuces, vides et à parois le plus souvent simples, varie par le nom-
bre de ses éléments composants. En règle générale, la membrane épider-
moïdale est formée par une seule rangée de cellules quand l'enveloppe
spongieuse se compose d'assises multiples 'Catasetum, Epidendrum, etc.);
elle est au contraire formée de plusieurs assises, lorsque l'enveloppe ou peau
spongieuse est constituée par une couche simple de cellules ; elle est for-
mée de plusieurs couches, quand l'enveloppe spongieuse manque; enfin,
elle se réduit à une simple assise chez les racines de cette dernière
catégorie qui viennent à s'enfoncer dans la terre.
» Des poils se produisent soit aux dépens de la membrane épidermoïdale,
soit aux dépens de l'enveloppe spongieuse, lorsque les racines aériennes
rencontrent un point d'appui, etc. En ce cas, si l'enveloppe spongieuse se
compose d'une seule rangée de cellules, celles-ci forment les poils, mais,
par une sorte de compensation, l'enveloppe spongieuse multiplie ses assises
dans le voisinage des points envahis par les poils {J^anda, Oncidium). L'o-
rigine des poils ajoute aux rapports qui lient la membrane épidermoïdale
à l'enveloppe spongieuse.
» Le parenchyme externe, qu'on peut aussi nommer le parenchyme
vert, contient ordinairement de la chlorophylle jusque vers sa portion cen-
trale. Il n'offre pas de vraies lacunes, mais souvent de grands méats, et se
compose de cellules à parois, les unes simples, les autres ponctuées, ou
rayées, ou réticulées, ou spiralées, etc. Les ponctuations, spirales, etc., des
cellules commencent tantôt par la région externe (Liparis), tantôt par la
région interne (Pleurothallis spatulata), tantôt enfin par la région moyenne
(Cymbidium sinense) du parenchyme.
» On trouve dans le parenchyme, à côté de la matière verte, des masses
cristallines et les corpuscules de matière azotée jaunissant par l'iode, de-
puis longtemps signalés par M. Payen dans tous les jeunes tissus.
» Le système ligneux forme une sorte d'étui placé entre le parenchyme
externe et la moelle. On y distingue, en général : i° un mince cercle fibreux
périphérique; 1° les fibres du bois proprement dites, ponctuées le plus
souvent comme celles du cercle externe, mais plus étroites et à parois
plus minces; 3° de petits paquets de fibres allongées, minces et non
ponctuées, alternant avec les lignes des vaisseaux (Cataselum lingulatum,
i.
(42)
Cjmbidium sinense); 4° les vaisseaux, presque toujours disposés dans les
fibres du bois en lignes qui s'irradient du centre à la circonférence. Les plus
gros des vaisseaux sont ordinairement placés à l'intérieur ; je n'ai observé
de trachées déroulables que dans le Vanilla.
» Le parenchyme central, qui mérite, à tous égards, le nom de moelle,
forme dans les racines aériennes des Orchidées, comme dans les tiges des
plantes dicotylédones, un cylindre axile. Franchement parenchymateuses et
vides dans le Vanilla, encore parenchymateuses et féculifères dans le Cjm-
bidium sinense, YEpidendrum cochleatum et YE. crassifolium, les cellules
de la moelle passent insensiblement à l'état prosenchymateux dans le Catt-
leja, le Maxillaria, etc. La moelle, enfin, disparaît complètement dans le
Phjsosiphon Loddigesii et le Pleurothallis spatulata.
» En résumé, les racines aériennes des Orchidées sont remarquables par les
points suivants et tout à fait caractéristiques de cette classe d'organes: pré-
sence d'une enveloppe spongieuse; matière verte dans le parenchyme
externe et parfois jusque dans la moelle; système ligneux formant un étui
et non un cylindre ; existence d'une moelle. Comme les racines terrestres,
les racines aériennes manquent d'ailleurs de stomates, se dirigent vers l'axe
de la terre, etc.
» Des expériences que je poursuis, et pour lesquelles le temps est un élé-
ment important, donneront la mesure de certaines propriétés importantes
des racines et notamment de l'enveloppe spongieuse dont le pouvoir d'im-
bibition, d'absorption et de condensation par rapport aux vapeurs et aux
gaz, paraît être de première valeur pour l'alimentation de la plante. Qu'il
me suffise d'indiquer ici que l'enveloppe spongieuse contient toujours des
composés nitreux ainsi que des composés ammoniacaux, et que le pouvoir
d'absorber les liquides est très-différent chez les racines aériennes et chez
les racines terrestres.
physiologie végétale. — De la direction ascendante considérée comme
caractère distinctif des tiges; observations de tiges présentant normale-
ment la direction descendante. Premières observations (Calystegia
sepium et Sagittaria sagittœfolia) ; par M. Germain de Saint-Piebre.
(Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.)
« Au nombre des caractères physiologiques qui distinguent les tiges des
racines, la direction a été placée en première ligne; on désigne même géné-
ralement la tige sous la dénomination d'axe ascendant, et la racine sous la
(43)
dénomination d'axe descendant. On sait néanmoins vulgairement que d'une
part, chez un grand nombre déplantes, les ramifications de la racine prin-
cipale s'étendent plus ou moins horizontalement dans le sol , que d'autre
part un grand nombre de tiges souterraines, désignées sous le nom de
rhizomes, s'accroissent ou se succèdent indéfiniment au-dessous de la sur-
face du sol en conservant une direction parfaitement horizontale; et que
les tiges aériennes et ascendantes de ces plantes ne sont que des rameaux
qu'elles émettent à l'aisselle de feuilles rudimentaires d'une coloration
spéciale et d'une forme déterminée. La direction ne fournit donc aucun
caractère distinctif des tiges et des racines pour les cas où ce caractère
serait le plus utile, ceux où la tige est souterraine comme les racines et pré-
sente la même coloration et le même aspect. Les caractères tirés de la pré-
sence des feuilles et de la disposition des bourgeons fournissent seuls, en
effet, les différences réellement essentielles entre la tige et la racine.
» Chez un certain nombre d'espèces, j'ai observé une direction normale
franchement descendante chez les tiges pendant une certaine période de la
vie du végétal. Ces tiges pénètrent ou s'enfoncent verticalement de haut en
bas dans le sol et présentent la direction, la coloration, et, jusqu'à un
certain point, l'aspect de véritables racines. Pendant une période suivante,
des rameaux , nés à l'aisselle de feuilles rudimentaires de la tige descen-
dante, sont franchement ascendants et vont constituer des tiges aériennes
florifères. La période de direction descendante et souterraine a pour objet
la conservation de l'individu et sa reproduction par bourgeons ; la période
de direction ascendante et aérienne a pour objet la multiplication de l'es-
pèce par les graines.
» Dans une série d'expériences que j'ai continuées pendant plusieurs
saisons, je me suis assuré que les tiges qui offrent la direction descendante
présentent une résistance incessante à l'accroissement dans le sens ascen-
dant, lorsque par le renversement du vase où l'on fait végéter la plante,
on la place dans une direction opposée à sa direction normale ; cette résis-
tance est égale à celle que l'on rencontre dans le cas contraire, lorsque l'on
dirige de haut en bas une tige qui s'accroît normalement de bas en haut.
» Un même axe peut néanmoins, selon l'époque de l'année et le milieu
où il se trouve placé, présenter alternativement les deux directions et s'ac-
croître pendant une première période comme axe ascendant, pendant une
seconde période comme axe descendant, pendant une troisième période
comme axe ascendant, et continuer indéfiniment cette marche alternante.
» Tel est le cas que j'ai fait connaître chez le Caljrstegia sepium (Lise-
(44)
ron des haies); chez cette plante, les tiges volubiles chargées de feuilles
vertes et foliacées, après avoir grimpé dans les buissons et avoir parcouru
les phases de la floraison et de la fructification, continuent à s'allonger
verticalement de bas en haut, si la longueur du support le permet, puis sont
frappées de mort, à l'air libre, dès les premières gelées. Mais un grand nom-
bre de ces tiges manquent d'appui, et en s'allongeant deviennent pendantes
vers le sol : cette première direction descendante n'est que le résultat de la
faiblesse do la tige ou du rameau: mais, arrivée au contact du sol, ou même
seulement au voisinage de la terre humide, l'extrémité du rameau présente
insensiblement un axe plus épais et plus charnu, et les feuilles tendent à
devenir squamiformes. Bientôt on voit ce rameau, ou l'extrémité de cette
tige pendante, s'introduire par son sommet, de haut eu bas, dans le sol à
mesure qu'elle s'allonge. Cette partie de la tige, développée dans le sol, est
de couleur blanche et de consistance charnue , les feuilles qu'elle présente
restent réduites à des écailles, et l'ensemble de cette extrémité de tige cons-
titue réellement une sorte de rhizome charnu, ou tubercule grêle, simple ou
rameux, à rameaux cylindriques. Cette tige pénètre à une assez grande pro-
fondeur dans le sol, où elle s'est préparé, en quelque sorte, un abri contre la
rigueur du froid ; mais, dès le printemps, son extrémité et l'extrémité de ses
rameaux axillaires s'allongent en prenant une direction inverse, et vont
constituer de nouvelles tiges ascendantes ou rameaux aériens qui se com-
porteront plus tard, à leur tour, comme la tige mère.
» Chez une plante commune qui fait l'ornement du bord de nos étangs
et de nos rivières, le Sagittaria sagittœfolia, j'ai observé des mœurs hiver-
nantes analogues à celles du Liseron des haies. La plante mère émet, à
l'aisselle de ses feuilles foliacées, deux sortes de rameaux; les uns sont
ascendants, aériens, florifères et fructifères ; les autres sont de couleur
blanche- nacrée et d'aspect radiciforme; ils présentent des feuilles réduites
à des écailles membraneuses, leur longueur dépasse quelquefois 5 à 8 dé-
cimètres, et est en rapport avec la profondeur du terrain et de l'eau. Ces
rameaux ou rhizomes, qui s'enfoncent verticalement de haut en bas dans le
sol, sont, pendant leur premier état, cylindriques dans toute leur étendue;
ils se terminent par une extrémité aiguë, qu'une coupe longitudinale
montre constituée par de jeunes feuilles emboîtées, et qui constitue un bour-
geon terminal. L'axe de ce bourgeon se renfle insensiblement, devient
charnu et prend une forme globuleuse; cet accroissement de volume a lieu
dans le courant de l'automne. Dès les premiers froids, la plante mère,
frappée de mort, disparaît après avoir disséminé ses graines; les rhizomes
(45)
racidiformes eux-mêmes se détruisent, et leur bourgeon terminal charnu,
enfoncé de haut en bas dans la vase, est la seule partie de la plante qui
reste vivante. Ces corps charnus, d'aspect bulbiforme, reproduisent chacun
la plante au printemps suivant, le bourgeon qui les termine s'allonge en se
recourbant de bas en haut, et s'épanouit en une rosette de feuilles folia-
cées qui émet des fibres radicales à sa base. Une nouvelle plante mère
est dès lors constituée, et joue le même rôle que la plante de l'année
précédente. »
M. Regnault présente, au nom de M. Bellemare, employé au Ministère
de la Guerre, un Mémoire portant pour titre : « Les chocs rendus impos-
sibles sur les chemins de fer, au moyen de Y interrupteur kilométrique, qui
permet à tout train de faire connaître, sans l'intervention de l'homme, aux
stations d'avant et d'arrière, la position qu'il occupe sur la voie. »
( Renvoi à l'examen de la Commission déjà chargée de prendre connaissance
des diverses communications relatives aux moniteurs électriques des
chemins' de fer, Commission qui se compose de MM. Poncelet, Piobert,
Regnault, Morin.)
M. Huart adresse la figure et la description de sa machine pour le mou-
lage des pâtes céramiques.
(Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Regnault
et Séguier.)
L'Académie renvoie à l'examen de la Commission compétente une Note
destinée au concours pour le grand prix de Physique à décerner en i856,
(question concernant le dernier théorème de Fermât).
CORRESPONDANCE.
« M. Joihard fait hommage à l'Académie, au nom de M. Ferdinand de
Lesseps, d'une Carte spéciale de l'Isthme de Suez, imprimée en lithochromo-
graphie, ce qui a permis de distinguer les différentes sortes de terrains dont
se compose cette intéressante localité, en même temps que sont exprimés
tous les détails du parcours du canal maritime, ainsi que du canal de jonc-
tion dérivé du Nil, servant à rattacher le canal maritime avec le Nil. »
C. R., i856, ier Semestre. (T. XLII, N» 2.) 7
(46)
physique. — Note relative au dégagement de C électricité par frottement ;
par M. Edmond Becquerel.
« J'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie, le i5 juin 1 855, un Mé-
moire relatif aux effets électriques dus au contact des solides et des liquides
en mouvement. A l'occasion de ce travail, j'ai été à même d'observer quel-
ques faits relatifs à l'influence de différents corps en poudre sur le dévelop-
pement de l'électricité statique et dont je n'avais pas fait mention, espérant
avoir l'occasion de donner plus de développement à l'étude de ces phéno-
mènes ; mais n'ayant pu jusqu'ici reprendre cette question et les observa-
tions que j'ai faites me paraissant assez intéressantes pour en faire l'objet
d'une Note, je vais en rapporter ici succinctement les résultats.
» Dans les machines électriques ordinaires, on a reconnu que les amal-
games oxydables donnent lieu à un plus grand dégagement d'électricité
que les autres corps; de là on avait été conduit à penser que peut-être
l'action chimique intervenait dans là manifestation du phénomène. Aussi
plusieurs physiciens se sont-ils servis d'appareils placés dans le vide et dans
différents milieux gazeux pour examiner l'influence de l'air sur le dégage-
ment de l'électricité par frottement. Dufay et Bovle ont observé que le dé-
gagement se fait aussi bien dans le vide que dans l'air. Wollaston, au con-
traire, en établissant un petit appareil dans un récipient fermé pouvant
contenir à volonté de l'air ou de l'acide carbonique et en exerçant le frot-
tement entre le verre et des amalgames très-oxydables, trouva que le déga-
gement d'électricité n'était appréciable que lorsque le frottement avait lieu
dans l'air; il en tira la conséquence que l'action chimique exercée par l'air
sur les corps frottés devait avoir une influence. Mais comme Gay-Lussac et
M. Péclet ont été conduits à des conclusions opposées et semblables à celles
de Dufay et de Boyle, on peut en conclure, ainsi que Gay-Lussac l'avait
montré, que Wollaston avait fait usage d'acide carbonique humide dans ses
recherches.
» Dans les expériences dont je vais rapporter les résultats, on n'a pas
fait varier le milieu environnant la machine électrique, mais bien la nature
et l'état physique des substances qui donnent lieu au dégagement d'élec-
tricité par leur frottement contre le verre.
» Une machine électrique permettant de recueillir les électricités déga-
gées sur le verre et sur le frottoir a été disposée de façon à ce que sur les
frottoirs on pouvait fixer des morceaux d'étoffe de soie sur lesquels on
(47 )
faisait adhérer les corps en poudre qui devaient frotter contre le verre. Les
corps étaient maintenus sur la soie à l'aide d'un peu de graisse ou simplement
par adhérence, suivant leur nature. On tournait alors la roue de la machine
avec une vitesse uniforme d'un tour par seconde et on notait l'écartement
extrême de deux boules en cuivre entre lesquelles éclataient les étincelles
électriques. Ce procédé de mesure ne peut servir qu'à montrer les diffé-
rences que l'on obtient dans les effets produits par les divers corps. Le pla-
teau en verre de la machine avait 65 centimètres de diamètre et les boides
de cuivre chacune l\ centimètres.
SUBSTANCES EN POUDRE
Placées sur le frottoir et prenant l'électricité négative.
LONGUEUR MAXIMUM DES ÉTINCELLES.
Amalgames de zinc et d'étain ; deutosulfure d'étain .
Talc; sulfure d'antim. ; peroxyde de mang. ; farine. .
Charbon de cornue en poudre impalpable; plombagine;
Variable entre i4o et 100 inillim .
Variable entre i oo et 70 millim .
Variable entre 5o et 4o millim .
Variable entre 4» et 20 millim .
Effets assez faibles .
Feuilles d'étain ; fleur de soufre
» Ces résultats montrent que l'état moléculaire des corps frottés influe
beaucoup plus sur les effets produits que la nature même des corps, puis-
que avec du talc, de la farine, ou du charbon de cornue, placés sur les cous-
sins de la machine, on obtient des effets qui se rapprochent de ceux que
donnent l'or mussif et les amalgames, quoique moins énergiques qu'avec ces
derniers.
» On a opéré ici le frottement dans l'air ; il eût été préférable d'agir
dans un autre gaz, mais la disposition de l'appareil n'a pas permis de faire
l'expérience.
» On savait déjà, d'après les recherches faites par mon père sur le déga-
gement de l'électricité de frottement, que plusieurs causes augmentent la
tendance négative des corps: i° l'état de division des molécules; 20 un
frottement plus grand ; 3° un accroissement de température ; 4° une sur-
face dépolie ou couverte d'aspérités ou bien une constitution fibreuse.
On peut également ajouter à ces conclusions que l'influence de l'état phy-
sique moléculaire est tel, que les corps doux au toucher, comme le deuto-
sulfure d'étain, le talc et la plombagine, donnent des effets énergiques.
7-
(48 )
» Je mentionnerai une dernière observation qui est intéressante au point
de vue de la physique moléculaire et qui résulte non-seulement de ces expé-
riences, mais encore des recherches déjà publiées dans le Mémoire cité plus
haut : c'est qu'en général les substances comme le zinc , l'étain ou leurs
combinaisons qui sont oxydables et qui donnent, lors des actions chimiques,
des effets électriques énergiques, sont aussi celles qui dans le frottement
présentent les effets les plus marqués, quoique, dans ce cas, elles agissent
par une action toute spéciale et en dehors des réactions chimiques qui
pourraient s'opérer sur elles. «
chimie. — Sur un nouveau moyen d'obtenir le silicium. (Lettre de
M. Wohler à M. Dumas.)
« Gottingue, 9 janvier i856.
« Monsieur,
» Permettez-moi de vous entretenir un moment d'une observation qui
m'a fait du plaisir, parce qu'elle est une des conséquences des beaux tra-
vaux de M. Sainte-Claire Deville sur l'aluminium et le silicium. En faisant
préparer de l'aluminium à l'aide delà kryolithe (3NaF -+- Al F3), selon le
procédé nouvellement indiqué par M. H. Rose, j'essayai d'employer des
creusets de Hesse au lieu des creusets de fer. Alors j'obtins souvent des
globules d'aluminium couverts et traversés de cristaux hexagonaux d'une
matière noire à l'éclat métallique. En traitant cet aluminium par l'acide hy-
drochloriqne, il était facile d'obtenir cette matière sous forme de paillettes
à l'éclat métallique, très-semblable au graphite, mais avec une nuance
bleuâtre de plomb. C'était, vous le devinez, du silicium sous cette forme
remarquable qui a été découverte par M. Deville.
» En réfléchissant sur le procédé par lequel, dans ce cas, le silicium est
réduit sous cette forme, il m'a paru probable que, par le contact du fluorure
alcalin avec la silice du creuset, il s'est formé du fluorure double de silicium
et de sodium, et que c'est cette combinaison de laquelle le silicium est ré-
duit par l'aluminium. En effet, cette idée s'est parfaitement confirmée, et à
présent je suis maître du procédé par lequel on obtient à volonté le silicium
à cet état cristallisé. On n'a qu'à fondre ensemble de l'aluminium avec un
excès du fluorure double de silicium et de potassium (3KF -t- 2 Si F3) dans
un creuset ordinaire à la chaleur qui suffit à peu près pour fondre de l'ar-
gent. Après le refroidissement, en cassant le creuset, on trouve toujours,
au milieu du sel fondu, un culot bien arrondi, très-cassant, d'une texture
très-cristalline et d'une couleur de fer foncée. Cela paraît être cette combi-
( 49)
naison de silicium et d'aluminium déjà observée par M. Deville, contenant
dans ce cas une très-grande quantité de silicium à l'état de graphite. Elle
en contient, selon la durée de la fusion, de ^5 à 80 pour 100. On l'obtient
aisément en traitant le culot cassé par l'acide hydrochlorique. Ainsi, grâce
à M. Deville, on est en état à présent d'étudier de plus près les proprié-
tés d'un corps, qui est si remarquable en ce qu'il est un des ' éléments
constituants de notre globe. Je regrette infiniment que moi-même, faute
d'aluminium, je ne sois pas en état de poursuivre ces recherches. »
« Lorsque cette Lettre m'est parvenue, dit M. Dumas en la présentant
à l'Académie, j'avais entre les mains une Note de M. Deville dans laquelle
cet habile chimiste exposait les résultats de ses nouvelles recherches sur
le silicium, recherches dans lesquelles, comme on va le voir, il est aussi
arrivé de son côté à la connaissance de faits plus décisifs encore que ceux
qui ont été observés par notre illustre confrère, M. Wôhler, en ce qui
concerne la préparation du silicium cristallisé. »
chimie minehale. — Du silicium et du charbon cristallisés : Méthode
générale pour la production de quelques corps simples fixes au moyen
de leurs combinaisons volatiles. Préparation et propriétés du fluorure
d'aluminium; par M. H. Sainte-Claire Deville.
« J'ai eu l'honneur, dans le courant de l'année dernière, de montrer à
l'Académie du silicium cristallisé en pyramides à six faces courbes et dont
les formes ressemblaient beaucoup à celles du diamant. Les analogies chi-
miques qui ont fait ranger le bore et le silicium à côté du charbon, m'a-
vaient fait penser que le silicium pouvait avoir son diamant comme il a
son graphite : l'analogie cristallographique, sur laquelle on base dans notre
science les rapprochements les plus incontestables, donnerait ainsi com-
plètement raison à la classification des métalloïdes le plus généralement
adoptée. Mais la mesure des cristaux à faces courbes étant impossible, j'ai
dû à cette époque ajourner la solution définitive de ce problème de chimie
générale.
» De nouvelles expériences me permettent aujourd'hui de soumettre à
l'examen de l'Académie des cristaux de silicium complets et définis par
des mesures précises. Ces cristaux , en aiguilles longues de 6 à 7 milli-
mètres, sont tantôt des prismes hexagonaux surmontés d'une pyramide très-
aiguë à faces courbes et non mesurables, tantôt des rhomboèdres enfilés en
chapelet suivant leur axe de figure et dont les angles aux arêtes culminantes
(5o)
sont d'environ 690 3o' avec une incertitude de a5 à 3o minutes. Ces observa-
tions, que je dois à l'aide bienveillante de M. deSenarmont, ont été faites sur
des cristaux d'une ténuité telle, que je n'aurais jamais songé à les mettre
sur le goniomètre. Plus tard, ayant obtenu quelques rhomboèdres un peu
plus gros, j'ai pu mesurer un angle de 690 10' et même son supplément,
ce qui indique que le rhomboèdre a de la tendance à se compléter dans
chacun des grains qui forment le chapelet dont j'ai déjà parlé.
;> Le silicium rhomboédrique ressemble par sa couleur au fer oligiste
de l'île d'Elbe avec toutes ses irisations : il raye fortement le verre, et ses
aiguilles ont assez de rigidité pour percer l'épiderme des doigts lorsqu'on
les saisit par leurs pointes.
» Ces cristaux sont d'une pureté absolue, comme j'ai pu le constater par
plusieurs analyses qui m'ont toutes donné le même résultat; ils fondent
à une température peu élevée, intermédiaire entre le point de fusion de l'or
et le point de fusion de la fonte, et alors ils prennent avec la plus grande
facilité la forme analogue au diamant à faces courbes qui paraît particulière
au silicium obtenu par fusion. Cette forme est-elle identique au rhom-
boèdre que je viens de décrire ou en est-elle différente? C'est ce que les
propriétés physiques pourront me permettre de démontrer lorsque j'aurai à
ma disposition assez de silicium pour pouvoir les déterminer avec préci-
sion, car le silicium fondu ne possède pas de clivages.
» Pour préparer le silicium rhomboédrique, j'introduis de l'aluminium
placé sur une nacelle dans un tube de porcelaine que traverse un courant
d'hydrogène saturé des vapeurs de chlorure de silicium. Celui-ci est placé
dans un flacon tubulé que l'on chauffe légèrement en approchant avec
précaution un charbon incandescent. On porte le tube au rouge-cerise clair
et l'on continue l'opération jusqu'à ce qu'en regardant dans l'appareil par
l'extrémité béante d'une allonge qui le termine, on ne voie plus de vapeurs
épaisses de chlorure d'aluminium. On retire des nacelles les aiguilles de
silicium que l'on purifie des impuretés qui peuvent y adhérer en les trai-
tant successivement par l'eau régale, l'acide fluorique bouillant et le bisul-
fate de soude fondu. On trouve aussi, lorsque l'opération n'est pas com-
plète, de petits globules de siliciure d'aluminium dans lesquels il y a de
4o à 5o pour 100 de silicium, ce qui correspond à la combinaison Si Al2.
» Voici ce qui se passe dans cette opération : le chlorure de silicium est
décomposé par l'aluminium qui s'empare du silicium déplacé , d'où résulte
une véritable dissolution. Chaque molécule de chlorure qui survient en
opère la concentration, et lorsque la saturation du bain métallique est com-
(5i )
plète, le silicium, plus léger, vient cristalliser à la surface, comme le ferait
du camphre à la surface d'une solution alcoolique.
» On comprend qu'un pareil procédé est susceptible, en se généralisant,
de s'appliquer à la préparation de tous les corps simples fixes pouvant
former des combinaisons volatiles et décomposables par une matière ca-
pable elle-même de les dissoudre; on peut alors les obtenir cristallisés.
» Ainsi , le bore est soluble dans l'aluminium et peut être préparé de la
même manière que le silicium. Mais je ne puis encore rien affirmer sur cette
substance, que l'on n'obtient pure qu'avec des difficultés inouïes. Je n'ai
pas encore analysé les petits cristaux obtenus ainsi au moyen de chlorure
de bore.
» Le charbon ne se combine pas à l'aluminium; aussi, lorsqu'on dé-
compose le chlorure de carbone (i) par ce métal, on obtient simplement du
noir de fumée. Le chlorure de carbone est décomposé également par le so-
dium, et on n'obtient encore que du charbon amorphe, lors même qu'on
a fortement calciné le produit brut de la réaction. C'est qu'en effet le so-
dium ne dissout pas non plus le charbon.
» Mais si l'on traite le fer (et mieux de la fonte de fer), qui a la propriété
de dissoudre le charbon, par le même chlorure de carbone, on obtient une
substance cristallisée bien différente par son aspect du graphite de la fonte,
lequel se produit dans des circonstances tout autres.
» Le charbon cristallisé est en petites lames ordinairement irrégulières,
mais beaucoup sont manifestement hexagonales : leur éclat est complète-
ment métallique. Plusieurs présentent des stries ou plutôt des froncements
parallèles qui s'épanouissent à droite et à gauche d'une nervure rectiligne,
à la manière des barbes d'une plume, et cette disposition annonce généra-
lement un groupement de cristaux. On sait que le graphite naturel est éga-
lement hexagonal.
» J'ai fait sur le titane et le zirconium des expériences analogues, que j au-
rai l'honneur de soumettre bientôt à l'Académie. La difficulté de produire
le zirconium parfaitement exempt de titane et d'aluminium, et la crainte de
décrire ses propriétés d'après des échantillons impurs, m'empêchent seuls
d'en parler aujourd'hui.
» Lorsqu'on remplace, dans la préparation du silicium rhomboédrique,
(i) J'obtiens le chlorure de carbone par l'action du chlore sur la vapeur du sulfure de
carbone au rouge et de la potasse sur le produit condensé pour en séparer le chlorure de
soufre.
(5a)
le chlorure de silicium par le fluorure, on obtient, en même temps que le
sicilium, une matière cristallisée en cubes dont l'angle a été mesuré et qui
n'exercent aucune action sur la lumière polarisée, transparente et fortement
réfringente. Des cristaux de cette matière, appliqués en forme de géode sur
des morceaux d'aluminium intacts, ressemblent, à s'y méprendre, à de la
chaux fluatée. Ces cristaux sont inattaquables par l'acide fluorique, l'acide
nitrofluorique, qui peut servir à les débarrasser du silicium adhérent; par
l'acide sulfurique, même bouillant, qui n'en dégage que des traces d'acide
fluorique ; enfin ils ne se volatilisent qu'au rouge vif. Cette substance nou-
velle est le fluorure d'aluminium parfaitement exempt de silicium,' comme
me l'ont prouvé un grand nombre d'analyses faites par plusieurs méthodes
différentes. Elle contient 33,3 pour ioo d'aluminium, et la théorie indique
33,2 pour ioo pour le fluorure d'aluminium Al2 Fl3. Toutes ces propriétés
sont contraires àcellesqu'on aurait pu présumer par analogie. Bien plus, on
peut le préparer directement par un procédé qui, ce me semble, doit faire pa-
raître moins certaine l'analogie de l'acide chlorhydrique et de l'acide fluorique ;
il suffit, en effet, de verser sur de l'alumine calcinée de l'acide fluorique pur en
excès, de sécher fortement le mélange et de l'introduire dans un tube de
charbon (i) ou de platine, qu'on fait traverser par un courant d'hydrogène
et qu'on chauffe au rouge blanc, pour voir se sublimer du fluorure d'alu-
minium, qui vient se déposer en cristaux ou en trémies cubiques de plu-
sieurs centimètres de longueur sur les parties froides du tube. Ainsi, le
fluorure d'aluminium est une des plus belles matières cristallisées de la
chimie et peut-être la plus inattaquable à la plupart des réactifs. »
« M. de Senarmoxt ajoute quelques mots aux détails donnés par
M. Dumas sur les produits divers présentés par M. Deville.
t> Depuis longtemps il a examiné les alliages cristallins, à cassure lamel-
leuse, d'aluminium plus ou moins saturé de silicium, préparés par fusion ;
et depuis plus de quinze jours il connaît les produits purs et nettement
définis que M. Deville présente aujourd'hui à l'Académie ; il a même mesuré
les premiers cristaux de silicium obtenus par la réaction sur l'aluminium,
soit du chlorure, soit du fluorure de silicium; M. Deville avait bien voulu
les lui réserver, quoiqu'il eût pu lui-même, et tout aussi bien, en détermi-
ner la forme.
(i) On trouvera la description de ces nouveaux vases dans un des prochains cahiers des
Annales de Chimie et de Physique.
( 53 )
» Ces cristaux en aiguilles très-déliées, longues de 6 à 7 millimètres,
sont tantôt des prismes hexagonaux réguliers, surmontés d'une pyramide
très-aiguë, à faces courbes, se raccordant insensiblement avec les faces du
prisme, et non mesurable; tantôt de petits rhomboèdres très-aigus, enfilés
en chapelet, suivant leur axe de figure, et dans une situation parallèle.
» Les prismes sont striés perpendiculairement à leur longueur, de sorte
que la flamme d'une bougie, vue par réflexion, est accompagnée latérale-
ment de spectres de diffraction, qui d'ailleurs ne nuisent en rien à l'exacti-
tude des mesures.
« Quant aux rhomboèdres, leurs angles aux arêtes culminantes sont
d'environ 6g°,3o', avec une incertitude de 25 à 3o minutes. Quoiqu'on effet
les faces soient très-réfléchissantes, comme elles sont faiblement striées
parallèlement aux arêtes culminantes, des spectres de diffraction allongent
dans le sens vertical les images réfléchies, et s'opposent à l'exactitude
absolue des coïncidences. »
chimie agricole. — Expériences sur la putréfaction et sur la formation des
fumiers; par M. Jules Reiset.
« La décomposition spontanée des matières végétales et animales privées
de vie, la fermentation, la putréfaction, sont les moyens puissants que la
nature met sans cesse en œuvre pour dégager et rendre libres les éléments
qui doivent, sous une nouvelle forme, concourir à la vie des végétaux et des
animaux. Le carbone, l'hydrogène, l'oxygène, l'azote ne se détachent des
êtres désorganisés par la mort, que jpour rentrer de nouveau dans cet ad-
mirable système de circulation. C'est là un des plus grands phénomènes
naturels que la science moderne a maintenant les moyens d'observer et de
suivre dans ses différentes phases. Les fumiers, les terreaux, les houilles,
les lignites, les tourbes, sont les produits fixes et immédiatement utiles de
ces transformations qui, sous l'influence d'une décomposition lente, s'ac-
complissent chaque jour sur de grandes proportions, soit au contact de
l'air, soit à l'abri de l'air, au sein même de la terre et des eaux.
» D'un autre côté, des produits gazeux prennent naissance pendant la
décomposition lente des matières organisées. L'étude et l'analyse de ces gaz
fourniraient de précieuses indications sur la marche du phénomène de la
putréfaction. Au nombre des questions intéressantes que soulève cette étude,
se place en première ligne celle de savoir ce que devient l'azote des matières
en voie de putréfaction ou de décomposition lente. L'azote contenu primi-
C. R., i856, 1" Semestre. (T. XLII, N° 2.) 8
( 54 )
hvement dans ces matières se retrouve-t-il tout entier sous forme de sels
ammoniacaux, de nitrates, de produits azotés fixes, ou bien cet élément,
devenant libre et prenant la forme gazeuse, retourne-t-il dans l'atmo-
sphère ? Les expériences que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui au
jugement de l'Académie ont pour but d'apporter quelque lumière sur cette
question.
» La méthode expérimentale que nous avons adoptée avec M. Regnault
pour nos recherches sur la respiration des animaux, s'applique de tous
points à l'étude du phénomène de la putréfaction. L'appareil, décrit alors
dans notre Mémoire {Annales de Chimie et de Physique, tome XXVI,
3e série), remplit toutes les conditions convenables pour permettre d'ob-
server jour par jour les progrès de cette désorganisation qui met en mouve-
ment jusqu'aux dernières molécules de la matière.
» Je rappellerai succinctement que cet appareil se compose de trois par-
ties essentielles : i° d'une cloche en verre dans laquelle on place la matière
en voie de putréfaction ; i° d'un condenseur de l'acide carbonique formé ;
3° d'un appareil qui remplace constamment l'oxygène absorbé. Une masse
de fumier ou de viande peut ainsi séjourner pendant plusieurs semaines dans
un volume d'air limité, dans des circonstances telles, que le jeu même des
appareils tend à ramener cet air à la composition de l'air normal.
» Il est important de faire remarquer encore que les conditions de tem-
pérature et de pression peuvent être facilement réglées de manière qu'à la
fin d'une expérience, au moment de procéder à la prise du gaz à analyser,
l'air renfermé dans l'appareil présente rigoureusement le même volume
qu'au commencement. On comprend que si pendant la putréfaction d'une
matière organique azotée, il ne s'absorbe que de l'oxygène, et s'il ne se
dégage que de l'acide carbonique, l'air de la cloche présentera encore à la
fin de l'expérience la composition de l'air normal; si, au contraire, il y a
dégagement d'azote, on trouvera dans cet air une quantité d'oxygenc
moins considérable; c'est d'ailleurs un fait que l'analyse eudiométrique
décidera nettement.
PREMIÈRE SÉRIE D'EXPÉRIENCES.
Formation des fumiers , putréfaction de la viande au contact de l'air.
» Expérience n° i . — Dans la grande cloche de 4o litres, on a introduit
une masse de fumier pesant environ 8 kilogrammes et disposée préalablement
sous forme de pyramide dans un large vase de faïence. Ce fumier, peu
( 55)
consommé, se composait presque en totalité de crottin de cheval mélangé
de débris de paille.
» On a interposé plusieurs couches de craie dans la masse du fumier, qui
a été en outre fortement arrosée avec de l'eau. Avant de commencer l'ex-
périence, l'appareil, muni de ses différents tubes et robinets, était soumis à
des épreuves donnant toute sécurité sur la solidité des fermetures ; puis un
courant d'air rapide était établi dans la cloche au moyen d'une puissante
machine pneumatique.
» Durée de l'expérience, six jours; volume de l'oxygène fourni, 39ht,5;
air normal au début de l'expérience; température, 1 4 degrés, ioo volumes de
l'air recueilli à la fin contiennent : acide carbonique, o,54 ; oxygène, io,,3o;
azote, 80, 1 6. On n'a pas trouvé de gaz combustibles.
» L'azote en excès est de 10 pour 100.
» L'expérience n° 2, qui est la continuation et la suite de celle qui pré-
cède, commence immédiatement après la prise du gaz, l'air de la cloche
contenant ^alors, comme nous venons de le dire, acide carbonique, o,54;
oxygène, 19, 3o; azote, 80,16.
» Le volume de l'oxygène fourni est de £\ç}A,5 environ; durée de l'expé-
rience, dix jours; température, 14 degrés. 100 volumes de l'air recueilli à la
fin contiennent : acide carbonique, o,34; oxygène, 17,91; azote, 81,75.
On n'a pas trouvé de gaz combustibles.
» L'azote en excès est de i,5g pour 100.
» Expérience n° 3. — Même masse de fumier; aucun changement dans
la disposition de l'appareil ; air normal au commencement de l'expérience ;
température, 1 2 degrés. 1 00 volumes de l'air recueilli à la fin contiennent :
acide carbonique, 0,10; oxygène, 18,20; azote, 81,70. Durée de l'expé-
rience, vingt-six jours ; volume de l'oxygène fourni, io3m,4- On n'a pas
trouvé de gaz combustibles.
» L'azote en excès est de 2,6 pour 100.
» Expérience n° 4- — Une nouvelle couche de fumier de cheval est
disposée dans la grande cloche de manière à laisser circuler l'air au centre
même delà masse. Le poids du fumier est de 10 kilogrammes environ ; ou
ajoute une certaine quantité de craie délayée dans l'eau. Durée de l'expé-
rience, vingt et un jours; volume de l'oxygène fourni, i 54 litres; air normal
au commencement; température, ! 1 degrés. 100 volumes de l'air recueilli à
la fin contiennent: acide carbonique, 0,72; oxygène, 17, 38; azote, 81,90.
On n'a pas trouvé de gaz combustibles.
» L'azote en excès est de 2,8 pour 100.
8..
(56)
Expérience n° 5. — Même masse de fumier; aucun changement dans
l'appareil; air normal au commencement de l'expérience; tempéra-
ture, 22 degrés, ioo volumes de l'air recueilli à la fin contiennent : acide car-
bonique, o,23; oxygène, i8,85; azote, 80,92. On n'a pas trouvé de gaz
combustibles. Durée de l'expérience, seize jours; volume de l'oxygène
fourni, 5iUt,4°-
» L'azote en excès est de 1,8 pour 100.
» Expérience n° 6. — Dans le grand appareil transporté à la campagne
et monté à nouveau, on a disposé une couche de 10 kilogrammes environ
d'un bon fumier de ferme mélangé de fumier de cheval et de mouton ; l'air
pouvait circuler de toutes parts; on avait ajouté, dans la masse du fumier,
de la marne en petits morceaux. Durée de l'expérience, vingt-trois jours;
volume de l'oxygène fourni, environ 104 litres; air normal au commence-
ment de l'expérience; température, 24degrés. 100 volumes de l'air recueilli
à la fin contiennent : acide carbonique, 0,39; oxygène, i8,83; azote, 80,78.
On n'a pas trouvé de gaz combustibles.
» L'azote en excès est de 1,7 pour 100.
» Expérience n° 7. — Dans une cloche de 8 litres environ de capacité
sont placées, sur un petit bâtis en bois, des tranches de viande de bœuf;
entre ces tranches on a interposé d'assez gros morceaux de craie. Le poids
de la viande est de 1 5oo grammes. Durée de l'expérience, trente-trois jours ;
volume de l'oxygène fourni, 27"', 6; air normal au commencement de l'expé-
rience; température, 1 5 degrés. 100 volumes de l'air recueilli à la fin con-
tiennent : acide carbonique, 0,37; oxygène, 12,37; azote, 87,26. On n'a
pas trouvé de gaz combustibles.
» L'azote en excès est de 8,1 pour 100.
» La viande était dans un état de putréfaction bien caractérisé; une
coloration d'un vert livide s'étendait sur une grande partie de la masse
devenue gluante; son odeur était infecte.
» Expérience n° 8. — Pendant un mois après l'expérience n° 7, cette
même viande déjà putréfiée a été abandonnée dans la cloche qui est restée
mastiquée dans sa rainure. On a alors de nouveau monté l'appareil pour
étudier les produits gazeux formés pendant cette période de putréfaction
avancée.
» Au moyen d'une forte pompe aspirante et foulante on a fait circuler
dans la choche plus de i5o litres d'air. La masse de viande putréfiée se
trouvait donc dans l'air normal au commencement de l'expérience.
» La température maintenue à 23 degrés. 100 volumes de l'air recueilli à
(57 )
la fin contiennent : acide carbonique, 1,10; oxygène, i6,83; azote, $£,{17.
On n'a pas trouvé de gaz combustibles.
« Durée de l'expérience, dix-sept jours; volume de l'oxygène fourni,
8 litres environ.
» L'azote en excès est de 2,9 pour 100.
» Expérience n° 9. — Dans un appareil en tout semblable à celui ayant
servi à étudier la respiration des petits animaux et des insectes, on a placé
3o grammes de viande de bœuf coupée en longs filaments et disposée sur
une espèce de gril en verre; l'air de l'appareil, dont le volume est de
900 centimètres cubes environ, peut ainsi circuler de toutes parts. Durée
de l'expérience, douze jours; volume de l'oxygène fourni, ioa5 centimètres
cubes; air normal au commencement; température, 22 degrés. 100 volumes de
l'air recueilli à la fin contiennent : acide carbonique, o_,i3 ; oxygène, i4>28;
azote, 85,09. On n'a pas trouvé de gaz combustibles.
» L'azote en excès est de 6,5 pour 100.
» La viande, entièrement putréfiée à la fin de l'expérience, avait pris une
couleur noire; son odeur était fétide; l'absorption de l'oxygène, très-
rapide dans les premiers jours de l'expérience, s'est ralentie peu à peu, au
point de devenir presque nulle.
» Expérience n° 10. —Dans la cloche de 8 litres, on a placé environ 5 ki-
logrammes d'un fumier de ferme très-consommé et réduit. à l'état de beurre
noir. Un vase de verre à large ouverture contenait cette masse de fumier,
très-humide, très-compacte et plongeant en grande partie dans l'eau.
» Durée de l'expérience, sept jours; volume de l'oxygène fourni, 6 litres ;
air normal au commencement de l'expérience; température, 25 degrés.
100 volumes de l'air recueilli à la fin contiennent : acide carbonique,
o,43 ; hydrogène protocarboné, 7,14; azote, 92,43; on n'a pas trouvé
d'oxygène. L'hydrogène protocarboné était parfaitement pur.
» L'azote en excès est de i3,3 pour 100.
» Expérience n° 1 1 . — Même disposition dans l'appareil ; air normal au
commencement de l'expérience; température, 21 degrés. 100 volumes de
l'air recueilli à la fin contiennent: acide carbonique, 1,92; oxygène, 4^7;
hydrogène protocarboné, 8,54; azote, 84,97. Durée de l'expérience, neuf
jours; volume de l'oxygène fourni, 12 litres environ.
» L'azote en excès est de 5,87 pouf 100.
» Expérience ?i° 12. — Même fumier; même disposition de l'appareil.
Durée de l'expérience, neuf jours; volume de l'oxygène fourni, environ 14 li-
tres; air normal au commencement de l'expérience ; température, 22°, 5.
( 58 )
ioo volumes de l'air recueilli à la fin contiennent : acide carbonique.
2,35 ; oxygène 2,64 ; hydrogène protocarboné, 1 ,55 : azote, o,3,46.
» L'azote en excès est de i4,3 pour 100.
» Des expériences qui précèdent, on peut tirer les conclusions suivantes :
» Les matières organiques en voie de décomposition ou de putréfaction,
au contact de l'air, absorbent une quantité considérable d'oxvgène et pro-
duisent de l'acide carbonique.
» La quantité d'oxygène qui a disparu étant exactement connue et l'acide
carbonique dégagé se déterminant par l'analyse de la dissolution de potasse
placée dans l'appareil condenseur, on peut déterminer rigoureusement le
rapport entre la quantité d'oxygène consommée et la quantité d'oxvgène
qui s'est dégagée à l'état d'acide carbonique; ces détails seront consignés
dans mon Mémoire.
« Les sels ammoniacaux, les nitrates, le matières azotées fixes qui peuvent
prendre naissance pendant la combustion lente ou la putréfaction des ma-
tières organiques azotées ne représentent pas tout l'azote contenu primitive-
ment dans ces matières.
» La formation des fumiers, la putréfaction de la viande, au contact de
l'air, sont toujours accompagnées d'un dégagement très-notable d'azote à
l'état gazeux.
» Aucun gaz combustible ne se produit lorsque la putréfaction s'effectue
dans un milieu contenant une suffisante proportion d'oxygène.
» La décomposition d'un fumier en partie plongé sous l'eau a donné
lieu à un dégagement abondant d'hydrogène protocarboné et d'azote : en
se reportant aux expériences qui ont fourni ces curieux résultats, on verra
que l'air puisé dans la cloche ne contenait que peu ou point d'oxygène. Il
est intéressant devoir que, même dans ce cas, l'azote peut encore se dégager
à l'état de gaz.
» Je ferai remarquer que dans toutes ces expériences j'ai eu soin d'ajou-
ter des carbonates terreux pour faciliter la formation des nitrates, et que
néanmoins le dégagement de l'azote l'a toujours emporté de beaucoup sur
la fixation de ce gaz, en admettant qu'elle ait eu lieu.
» Dans une seconde série d'expériences, j'espère pouvoir suivre l'étude
de la putréfaction et de la formation des fumiers à l'abri du contact de l'air,
soit sous une couche d'eau, soit au sein d'une masse de terre.
» Les matières organiques en voie de décomposition lente ou de putré-
faction déversent incessamment dans l'atmosphère un volume considérable
d'azote : c'est là un fait qui me paraît maintenant hors de doute. D'un autre
(59)
côté, ainsi que l'ont démontré tout récemment les expériences si intéres-
santes de M. Ville [Comptes rendus des séances de V Académie des Sciences,
tomeXLI, page 757) et de M. Cloëz [Comptes rendus des séances de l'A-
cadémie des Sciences, tome XLI, page 935), la végétation vient puiser une
nouvelle vie dans cette source inépuisable, en s'appropriant l'azote atmo-
sphérique, soit directement à l'état gazeux, soit indirectement à l'état de
nitrates par suite de transformations successives.
» Limité par les bornes de cet extrait, et réservant pour mon Mémoire
une discussion plus étendue des faits nouveaux qui résultent de mes expé-
riences, je termine en signalant cette nouvelle harmonie de la nature, qui
tend à conserver l'équilibre dans la proportion des éléments qui constituent
l'air atmosphérique. »
chimie organique. — Note sur l'identité des acides nitrohématique et
picramique ; par M. Aimé Girard.
<« Dans un Mémoire que j'ai précédemment eu l'honneur de présenter à
l'Académie, j'ai établi que l'hydrogène sulfuré, en exerçant sur l'acide
picrique son action réductrice, engendrait un acide rouge facilement cris-
tallisable et donnant naissance à des sels parfaitement définis. En terminant
ce Mémoire , j'annonçais l'intention d'étudier cet acide comparativement
avec celui qu'avait trouvé M. Wôhler en traitant l'acide picrique par les
proto-sels de fer, mais dont aucune étude n'avait été faite. Je pensais dès
lors qu'il y avait entre les deux acides identité parfaite, et cette opinion a
été émise depuis par M. Gerhardt qui, dans son Traité de Chimie organi-
que, considère l'acide nitrohématique comme de l'acide picramique impur.
» Récemment, les Annales de MM. Liebig, Wôhler et Kopp ont inséré
un Mémoire de M. Pugh de Philadelphie, qui a entrepris de démontrer
cette identité; mais les procédés suivis par M. Pugh pour y parvenir ne
peuvent inspirer une confiance absolue. Ce chimiste a, en effet, opéré
exactement comme l'avait fait M. Wôhler avant que j'eusse démontré la
formation de l'acide picramique au moyen de l'hydrogène sulfuré. Son pro-
cédé consiste à mélanger l'acide picrique avec du protosulfate de fer, à faire
bouillir avec un excès de baryte, à précipiter le sel barytique soluble par
de l'acétate de plomb ammoniacal, et enfin à décomposer lé" sel de plomb par
l'hydrogène sulfuré. Or il est évident que, dans ces circonstances , quand
bien même le protoxyde de fer n'eût pas amené l'acide picrique à l'état
d'acide picramique, l'hydrogène sulfuré eût à lui seul produit cette
réduction.
(6o)
» J'ai donc ci'u devoir communiquer le procédé que j'ai suivi pour
éviter l'emploi de l'hydrogène sulfuré, ainsi que les résultats auxquels
je suis parvenu.
» Lorsqu'on fait bouillir ensemble deux solutions, l'une d'acide picrique,
l'autre de protosulfate de fer, aucun changement ne se produit; mais dès
qu'en ajoutant un alcali on détermine la précipitation de l'oxyde, il y a
transformation, la liqueur se colore fortement en rouge, et l'on obtient un
abondant précipité de peroxyde de fer; après avoir séparé la liqueur am-
moniacale par filtration, et l'avoir légèrement concentrée, il suffit d'y ajou-
ter un excès d'acide acétique, pour obtenir presque immédiatement de
beaux cristaux rouges offrant dans leurs formes et dans leurs réactions
tous les caractères de l'acide picramique. C'est ce procédé que j'ai suivi, et
il m'a donné d'excellents résultats. Néanmoins, malgré l'analogie que pré-
sentait cet acide avec l'acide picramique obtenu par l'hydrogène sulfuré,
j'ai, pour plus de sûreté, fait une combustion qui m'a donné les nombres
suivants :
Trouré. Calculé pour l'acide picramique.
Carbone 36 36, i
Hydrogène 2,7 2,5
» Voici les nombres provenant de la calcination du sel d'argent :
Trouvé. Calcule.
Oxyde d'argent. ..37,3 37,6
Acide 62,7 62,4
» Le protosulfate de fer réduit donc, comme l'hydrogène sulfuré, l'acide
picrique à l'état d'acide picramique. J'ai essayé également sur cet acide
l'élégant procédé de réduction dû à M. Béchamp, l'acétate de protoxyde de
fer, et je suis arrivé aux mêmes résultats.
» L'acide picramique [C,2H5 O2 (NO*)2N] dérive de l'acide picrique
[G,2Hs02(NO,)3j , par la destruction d'un équivalent d'acide hypoazo-
tique accompagnée de la fixation de deux équivalents d'hydrogène. J'ai
cherché à voir si, en faisant réagir sur l'acide picrique d'autres agents réduc-
teurs énergiques, il ne me serait pas possible de le modifier plus profon-
dément et de détruire les autres équivalents d'acide hypoazotique; mais
jusqu'ici je n'ai pu y parvenir et j'ai toujours eu comme résultat de l'acide
picramique.
» C'est ce que j'ai obtenu très-nettement avec les sulfures alcalins, l'hy-
drogène naissant, le protochlorure d'étain, le protochlorure de cuivre, etc.
(6i )
Il est à remarquer que la réaction avec ces deux derniers agents n'a lieu
qu'après qu'ils ont été précipités par l'ammoniaque. Pour que ces résultats
soient certains, il faut, bien entendu, éviter dans les opérations l'emploi
de l'hydrogène sulfuré, a
M. Lecadhe adresse quelques renseignements sur un météore lumineux
qu'il a eu occasion d'observer au Havre, le 7 janvier. « A cinq heures cinq
minutes du soir, le ciel étant clair, le thermomètre centigrade indiquant 7 de-
grés au-dessus de zéro, on a aperçu, dans la direction de l'est-sud-ouest,
au-dessus de la mer et à une assez grande élévation, Un météore lumineux
jetant une vive clarté et qui s'est épanoui comme une fusée, laissant après
lui une sorte de sillon blanchâtre, en forme d'S, qui a été perceptible pen-
dant environ un quart d'heure; aucun bruit n'a accompagné ou suivi l'ap-
parition lumineuse. »
M. Volpicelli adresse, de Rome, deux épreuves photographiques qui
permettent de juger du degré de perfection auquel l'art est arrivé dans les
États Romains. L'une de ces épreuves, qui représente le groupe antique du
Laocoon, est due à M. Mac-Pherson; l'autre, une reproduction du Jugement
dernier, de Michel, à la chapelle Sixtine, a été obtenue par M. Lupergh.
L'Académie royale des Sciences de Bavière, en remerciant l'Académie des
Sciences pour l'envoi d'une nouvelle série des Comptes rendus, fait con-
naître les motifs qui rendraient dorénavant très-important pour elle le don
d'une double série des publications des Sociétés savantes. Elle annonce que
plusieurs de ces Sociétés lui ont déjà accordé cette faveur; elle serait
heureuse de l'obtenir également de l'Académie.
(Renvoi à la Commission administrative.)
MM. Bourguignon et Delafond demandent l'autorisation de reprendre
momentanément uu travail sur la pathologie comparée de la gale, qui a été
honoré par l'Académie d'un encouragement au concours pour les prix de
Médecine et de Chirurgie de 1 854, travail qu'ils se proposent de complé-
ter conformément aux indications données dans le Rapport sur ce concours.
M. Baciborski, en adressant pour le concours de Médecine et de Chi-
rurgie un exemplaire de l'œuvre qu'il a publiée sous le titre de « Rôle de la
menstruation dans la pathologie et la thérapeutique » , fait remarquer que
C. R., i856, 1" Semestre. (T. XLII, N° 2.) 9
(6a )
ce nouveau travail est en quelque sorte le développement de ses recherches
sur Y ovulation chez la femme, recherches qui dans un précédent concours
ont été l'objet d'une mention honorable.
( Renvoi à la future Commission . )
M. Passot adresse une Lettre relative à une communication qu'il a faite
à l'Académie, et sur laquelle il n'a pas été fait de Rapport.
M. Girard de Yalboxne exprime le désir de connaître le jugement qu'aura
porté la Commission du legs Bréant sur un ouvrage concernant l'origine,
la marche et le traitement du choléra épidémique, ouvrage qu'il a précé-
demment adressé à l'Académie. L'ensemble des communications présen-
tées à ce concours doit être l'objet d'un Rapport général qui n'a pas
encore été fait.
A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 6 heures et demie. F-
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 1 4 janvier i856, les ouvrages
dont voici les titres :
Traité d'Électricité et de magnétisme; par MM. BECQUEREL et Edmond Bec-
querel; t. III. Magnétisme et Electromagnétisme. Paris, i856; in-8°.
Des rapports de la médecine avec la philosophie ; parM. le Dr Ch. Sédillot.
Strasbourg, 1 855 ; in-8°.
Carte de l'isthme de Suezpour servir à l'intelligence du Mémoire et de l'avant-
projet relatifs à la communication à établir entre la mer Rouge et la Méditerra-
née, par le percement direct de l'isthme au moyen d'un canal maritime de Suez à
Péluse, par MM. Linant-Bey et Mougel-Bey. (Offerte au nom de M. deLes-
sepsparM. Jomard.).
Le canal de Suez et la question du tracé; Lettre à M. le baron de Bruck, mi-
nistre des finances en Autriche; par MM. ALEXIS et Emile Barrault. Paris,
i 855 ; br. in-8°.
(63)
Essai d'une institution médicale basée sur la science de l'homme; par M. le
Dr J. Fournet. Paris, i855,; br. in-8°.
Anatomie comparée des végétaux; par M. Chatin ; ire livraison ; in-8°.
Du rôle de la menstruation dans la pathologie et la thérapeutique; par M. A.
Raciborsk.1, Paris, i856; in-8°. (Adressé pour le concours Monty on, Mé-
decine et Chirurgie. )
Etudes tératologiques sur un encéphale anoure appartenant à l'espèce bovine;
par M. N. Joly et A. Lavocat; br. in-8°.
Note tendant à réfuter les assertions de Richard Owen sur le système digital des
Equidés , improprement appelés Monodactyles; par le même; \ de feuille
in-8°.
Notice surf es Mémoires et les ouvrages de botanique publiés par M. E. Ger-
main de Saint-Pierre. Paris, j 855 ; br. in-4°.
Note sur une circonstance où il y a production de chaleur ; par M. Viard ;
| feuille in-4°.
Nouvelle application de l'électricité par frottement, sans commotion sur
l'homme sain et sur l'homme malade {cause et traitement rationnel du choléra);
par M. P. Poggioli. Paris, i854; br. in-8°.
Index paleontologicus oder ûbersicht... Coup d œil sur les organismes fos-
siles connus jusqu'à ce jour; par M. H. Bronn. Stuttgardt, 1 848 et 1849;
2 vol. in-8°.
Folia orchidacea, ou Ènumération des espèces d'Orchis connus; par M. LlND-
ley ; parties VI et VII ; in-8°,
Specimina zoologica Mosambicana, cura J. Josephi Bianconi ; fasciculi 7,
8, 9 et 10; in-4°.
Sul colera... Sur le choléra asiatique à Rome; par M. LÉOPOLD Sabbatini;
br. in-8°.
Sulla cura... Sur la cure spécifique du choléra asiatique; par le même;
br. in-8°.
Brani... Extraits dune Lettre de M. Sabbatini à M. H. sur la cure spéci-
fique du choléra asiatique; par le même; br. in-4°.
(Ces trois opuscules sont adressés pour le concours Bréant.)
Annali... Annales des Sciences mathématiques et physiques ; par M. B. Tor-
tolini. Août et octobre i855; in-8°.
Transactions... Transactions de la Société royale d'Edimbourg; vol. XXI ;
partie II; session 1 854-1 85 5; in-4°.
(64)
Proceedings. . . Procès-verbaux de la Société royale d'Edimbourg; session
1 854-i 855; in-8°.
Pharmaceutical... Journal pharmaceutique de Londres; vol. XV; n° 6;
in-8°.
Monatsbericht... Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences de
Prusse; novembre i855; in-8°.
Neue méthode... Nouvelle méthode pour éviter et découvrir les fautes de cal-
cul; par M. A. Krônig. Berlin, i855; br. in-8°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE [/ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 21 JANVIER 1856.
PRÉSIDENCE DE M. BINET.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DF.S MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
optique. — Recherches sur la double réfraction; par M. de Senarmont.
« Je demande à l'Académie la permission de lui soumettre quelques
résultats d'un travail encore inachevé. Peut-être aurais-je dû en attendre
le terme; mais la constatation expérimentale de divers faits, pris au hasard
dans une longue série de conséquences dérivées du même principe, et
théoriquement enchaînées , me semble déjà une présomption de vérité
suffisante pour tous les autres. J'ai d'ailleurs rencontré dans ces recherches
des difficultés qui tiennent surtout au manque de matériaux propres à
réaliser les phénomènes; ils peuvent me faire défaut longtemps encore,
et en signalant cet obstacle, je prends peut-être le meilleur moyen de le
voir disparaître.
» Je me suis proposé de soumettre les lois de la double réfraction à
une épreuve fondée, non sur des séries isolées de mesures disjointes, bor-
nées à certaines directions particulières, ou sur des déterminations numéri-
ques sans lien ; mais sur une méthode d'investigation capable d'envelopper
dans une manifestation commune tout un ensemble d'effets simultanés, de
façon que l'expérience elle-même devînt une traduction matérielle, et une
représentation graphique de leurs conditions de continuité.
» J'ai emprunté ce mode expérimental aux phénomènes de la réflexion
C. R., i856, ier Semestre. (T. XLII, N° 5.) ' °
(66 )
totale. Déjà ce corollaire important des règles de Descartes est pour les lois
de la réfraction simple une épreuve démonstrative; elle.ne paraîtra pas, je
pense, moins concluante et moins caractéristique pour les lois de la double
réfraction.
» Si un point lumineux est plongé dans un milieu monoréfringent,
séparé lui-même par une surface plane d'un second milieu monoréfringent
comme lui, mais dont l'indice ait une valeur moindre; les rayons diver-
gents qui arrivent au second milieu, sous toutes sortes d'incidences, n'y pé-
nètrent que par une région du plan de contact adjacente au pied du rayon
normal, et cette région centrale fonctionne comme une ouverture transpa-
rente, découpée dans une paroi opaque qui partout ailleurs les réfléchit à
la manière d'un miroir étamé. Ces deux parties si différentes du plan ré-
fringent correspondent l'une à la réflexion partielle accompagnée de ré-
fraction, l'autre à la réflexion totale, et sont séparées par une ligne de
démarcation circulaire, unique et continue, correspondante à la réfraction
limite. Dans la lumière blanche, cette ligne est frangée des couleurs de l'iris.
» Si le second milieu est biréfringent, les choses 'ne peuvent plus se
passer d'une manière aussi simple.
» Le rayon qui tombe en chaque point du plan réfringent peut être
censé composé de deux rayons confondus qui se sépareront ensuite, en y
pénétrant partiellement, l'un en vertu de la réfraction ordinaire, l'autre en
vertu de la réfraction extraordinaire. Mais quand cette pénétration cesse
d'être possible pour l'un, elle peut et doit souvent persister pour l'autre,
de sorte qu'il devra en général se former sur le plan réfringent des iris de
réflexion limite doubles, distincts, et coexistants.
» Chacun de ces iris est un lieu géométrique des points où les rayons,
émanés du foyer de divergence extérieur au cristal, demeurent, après leur
réfraction, soit ordinaire, soit extraordinaire, compris dans le plan ré-
fringent; or les points où s'établit cette transition de la réfraction à la
, réflexion totale, diffèrent, non-seulement, dans chaque azimut, pour l'un et
l'autre rayon, mais varient dans les azimuts divers; le nombre, et aussi la
forme des iris autour du pied de la normale, sont donc des conséquences
immédiates des lois mêmes de la double réfraction, et doivent en traduire
graphiquement toutes les particularités.
» La théorie, d'accord avec l'observation, confirme cette induction
logique, et sans entrer ici dans des détails qui ne seraient pas à leur place,
je résumerai les résultats qu'on peut en déduire, brièvement et sous forme
géométrique.
(67)
Cristaux à un axe optique,
» Si le cristal est attractif,
» i°. Lorsque l'indice du milieu superposé est plus grand que l'indice
maximum du cristal :
» Le premier iris est circulaire; il correspond aux rayons ordinaires. Le
second est concentrique au premier, et généralement elliptique; son
diamètre maximum est perpendiculaire à la section principale, et inva-
riable, quelle que soit l'inclinaison du plan réfringent sur l'axe optique ;
l'iris elliptique enveloppe d'ailleurs constamment l'iris circulaire.
» Si le plan réfringent était normal à l'axe optique, le second iris devien-
drait circulaire comme le premier et lui serait extérieur.
» Si ce plan était parallèle à l'axe optique, le second iris demeurant
elliptique serait tangent à l'iris circulaire ^aux extrémités de son diamètre
minimum.
» 2°. Lorsque l'indice du milieu superposé est égal au plus grand des
deux indices principaux du cristal :
» Le premier iris est circulaire; il correspond aux rayons ordinaires.
Le second est concentrique au premier, mais se réduit à un système de
deux droites perpendiculaires à la section principale et extérieures au cercle.
» Si le plan réfringent était normal à l'axe optique, ces droites disparaî-
traient, parce qu'elles s'éloignent à l'infini.
» Si ce plan était parallèle à l'axe optique, les deux droites seraient tan-
gentes au cercle.
» 3°. Lorsque enfin l'indice du milieu superposé est compris entre les
deux indices principaux du cristal :
» Le premier iris est circulaire ; le second, concentrique au premier, ne
peut commencer à se développer que sous une inclinaison déterminée du
plan réfringent sur l'axe optique. Il est alors hyperbolique; son plus petit
diamètre réel est parallèle à la section principale, et ce diamètre est généra-
lement plus grand que celui du cercle. Il lui deviendrait égal, et les deux
courbes seraient tangentes, si le plan réfringent était parallèle à l'axe
optique.
» Si le cristal est répulsif,
» i°. Lorsque l'indice du milieu superposé est plus grand que l'indice
maximum du cristal :
» Le premier iris est circulaire; il correspond aux rayons ordinaires. Le
io.,
(68)
second est généralement elliptique, concentrique au premier; son diamètre
minimum est perpendiculaire à la section principale, et invariable quelle
que soit l'inclinaison du plan réfringent sur l'axe optique. L'iris elliptique
est d'ailleurs constamment enveloppé par l'iris circulaire.
» Si le plan réfringent était normal à l'axe optique , le second iris devien-
drait circulaire comme le premier et lui serait intérieur.
» Si ce plan était parallèle à l'axe optique, le second iris demeurant ellip-
tique serait tangent à l'iris circulaire aux extrémités de son diamètre maxi-
mum.
» 2°. Lorsque l'indice du milieu superposé est égal au plus grand des
deux indices principaux du cristal :
» L'iris circulaire disparaît; le second iris est généralement elliptique, et
son plus grand diamètre est parallèle à la section principale.
h Si le plan réfringent était normal à l'axe optique, ce deuxième iris
deviendrait circulaire.
» Si le plan réfringent était parallèle à l'axe optique, le second iris se
réduirait à deux droites parallèles à la section principale.
» 3°. Lorsque l'indice du milieu superposé est compris entre les deux in-
dices principaux du cristal :
» Le premier iris disparaît; quant au second, il a toujours l'un de ses
diamètres principaux normal à la section principale, et de longueur inva-
riable, quelle que soit l'inclinaison du plan réfringent sur l'axe optique.
» Il serait d'ailleurs circulaire si ce plan réfringent était normal à l'axe
optique, deviendrait de plus en plus elliptique, avec son plus grand dia-
mètre parallèle à la section principale, à mesure que le plan réfringent
prendrait sur le même axe une inclinaison croissante; il se changerait en
deux droites parallèles à la section principale lorsque cette inclinaison pas-
serait par une valeur déterminée; et prendrait ensuite la forme hyperbo-
lique, avec son plus petit diamètre réel normal à la section principale, et
une augmentation progressive d'excentricité, à mesure que le plan réfrin-
gent s'approcherait d'être parallèle à l'axe optique.
Cristaux à deux axa optiques.
» Lorsqu'il s'est agi des cristaux à un axe optique, j'ai supposé au pian
réfringent une direction quelconque. Pour les cristaux à deux axes opti-
ques, ce cas général conduirait probablement à des résidtats beaucoup plus
compliqués; je me suis borné, quant à présent, aux phénomènes particu-
liers, et nécessairement plus simples, qui correspondent à la réfraction
(69)
limite sur des plans parallèles aux trois sections principales de la surface de
l'onde.
» Sur un plan réfringent normal à l'axe de plus grande élasticité,
» i°. Lorsque l'indice du milieu superposé est plus grand que le plus
grand des trois indices principaux du cristal :
» Le premier iris est un cercle, le second est une ellipse concentrique
qui enveloppe entièrement ce cercle, et dont le diamètre maximum est dirigé
suivant l'axe de moyenne élasticité.
» 20. Lorsque l'indice du milieu superposé est égal au plus grand des
trois indices principaux du cristal:
» Le premier iris est toujours un cercle, le second se réduit à un système
de deux droites concentriques à ce cercle et parallèles à l'axe de moyenne
élasticité.
» 3°. Lorsque l'indice du milieu superposé est compris entre l'indice
maximum et moyen du cristal :
» Le premier iris est un cercle, le second une hyperbole concentrique et
extérieure à ce cercle, et dont le plus petit diamètre réel est l'axe de plus
petite élasticité.
» 4°- Lorsque enfin l'indice du milieu superposé est égal ou inférieur à
l'indice moyen du cristal , tout en restant plus grand que l'indice minimum :
« L'iris circulaire est le seul qui continue à subsister.
» Sur un plan réfringent normal à l'axe de plus petite élasticité,
» i°. Lorsque l'indice du milieu superposé est plus grand que le plus
grand des trois indices principaux du cristal :
» Le premier iris en un cercle; le second est une ellipse concentrique,
entièrement enveloppée par le cercle, et dont le diamètre maximum est
dirigé suivant Taxe de plus grande élasticité.
» 2°. Lorsque l'indice du milieu superposé est égal au plus grand des
trois indices principaux du cristal :
» Le premier iris disparaît; le second est elliptique, avec son diamètre
maximum dirigé suivant l'axe de plus grande élasticité.
» 3°. Lorsque l'indice du milieu superposé est égal à l'indice moyen
du cristal :
» Le premier iris disparaît; le second se réduit à deux droites parallèles à
l'axe de plus grande élasticité.
» 4°- Lorsque enfin l'indice du milieu superposé est plus petit que l'in-
dice moyen du cristal :
( 7°)
» Le premier iris disparaît; le second se réduit à une hyperbole dont le
plus petit diamètre réel est parallèle à l'axe de moyenne élasticité.
» Sur un plan réfringent normal à l'axe de moyenne élasticité,
» i°. Lorsque l'indice du milieu superposé est plus grand que le plus
grand des trois indices principaux du cristal :
» Le premier iris est un cercle ; le second est une ellipse concentrique
dont le diamètre maximum est parallèle à l'axe de plus grande élasticité.
» Le rayon du cercle est intermédiaire entre les diamètres maximum et
minimum de l'ellipse; de sorte que ces courbes concentriques se coupent en
quatre points sur des diamètres parallèles aux axes optiques proprement dits
( axes de réfraction conique intérieure, uniradiale ou cylindrique extérieure).
» 20. Lorsque l'indice du milieu superposé est égal au plus grand des trois
indices principaux du cristal :
» Le premier iris est circulaire ; le second se réduit à un système de deux
droites concentriques au cercle et parallèles à l'axe de plus grande élasticité :
elles coupent le cercle en quatre points sur les diamètres parallèles aux axes
optiques.
» 3°. Lorsque l'indice du milieu superposé est compris entre l'indice
maximum et l'indice moyen du cristal :
» Le premier iris est circulaire; le second est une hyperbole concentri-
que, qui a son diamètre réel minimum parallèle à l'axe de plus petite élas-
ticité. Elle coupe le cercle en quatre points sur les diamètres parallèles aux
axes optiques.
■o 4°- Lorsque enfin l'indice du milieu superposé est égal ou inférieur à
l'indice moyen du cristal :
» Le premier iris disparaît; le second est hyperbolique : son diamètre
réel minimum est parallèle à l'axe de plus petite élasticité.
» Ce plan réfringent présente donc jusqu'ici des phénomènes généraux
comparables à ceux qui s'observent sur les deux autres, mais avec des
restrictions et des particularités tout à fait caractéristiques, qui nous res-
tent à exposer.
» Les deux nappes coniques, qui ont leurs sommets au point lumineux et
leurs bases sur les deux iris, ont quatre génératrices communes qui abou-
tissent aux intersections de ces courbes.
» Ces quatre génératrices appartiennent donc à la fois aux deux lieux
géométriques des rayons incidents sous l'angle de réflexion limite; les
quatre rayons correspondants échappent cependant à cette réflexion.
( V )
« Ils éprouvent en pénétrant dans le cristal la réfraction conique inté-
rieure, et en s'épanouissant ainsi sur la nappe superficielle d'un cône, ils
cessent d'être compris dans le plan réfringent.
» Si donc Je cristal est limité par deux surfaces parallèles, ces rayons as-
sortiront, parallèlement à leur direction d'incidence primitive, en formant
un cylindre émergent à base hyperbolique.
» Cette hyperbole est en même temps la base du faisceau conique inté-
rieur incident, et du faisceau cylindrique extérieur émergent; elle est con-
centrique aux deux iris, et a pour asymptotes la direction de l'un des axes
optiques proprement dits, et la direction de l'un des axes optiques secon-
daires [axes de réfraction uniradiale intérieure, conique extérieure}.
» Ce n'est pas tout^encore :
» Des groupes particuliers de rayons, dont les points d'incidence sont
extérieurs aux deux iris, en dehors par conséquent du lieu des réfractions
limites, et dans le champ généralement réservé à la réflexion totale, échap-
pent cependant à cette réflexion, et n'éprouvent en réalité que la réfraction
limite.
» Ces rayons forment autour des axes optiques secondaires des cônes de
révolution; ils tombent ainsi sur le plan réfringent sous des incidences
très-diverses , mais toutes convenables à la réfraction conique extérieure et
uniradiale intérieure; ils pénètrent donc dans le cristal pour y prendre
cette direction uniradiale, sans sortir du plan réfringent.
j> Le lieu géométrique des points où chacun de ces groupes de rayons
exceptionnels rencontre le plan réfringent, est une hyperbole concentrique
aux deux iris, tangente à ces deux courbes, et dont le diamètre principal
réel est parallèle à un axe optique secondaire. Les lieux géométriques de
ses points de contact avec les deux iris sont d'ailleurs les deux génératrices
d'intersection du plan réfringent avec la surface conique que forment, à
l'intérieur du cristal, les directions de propagation normale, en nombre
infini, correspondantes à la direction uniradiale du rayon réfracté.
» Les deux iris de réfraction limite seront, dans toutes les circonstances
que nous venons,.d'examiner, d'autant plus séparés que les trois indices du
milieu biréfringent seront plus inégaux. Une propriété spéciale servira en-
core à les caractériser, et aidera l'observateur à les démêler lorsqu'ils seront
presque superposés et paraîtront confondus.
» Chacun de ces iris est, comme on l'a dit, un lieu géométrique des
points où commence la réfraction limite, pour la portion de lumière inci-
( 7* )
dente destinée à fournir le rayon soit ordinaire, soit extraordinaire; ces
iris seront, par conséquent, polarisés à l'angle droit.
» C'est aussi à la réflexion totale d'une seule de ces portions de la lu-
mière incidente que l'intervalle interposé entre les deux iris emprunte son
aspect de miroir étamé ; il doit donc perdre cette apparence, si la lumière
réfléchie totalement, pour laquelle il a fonctionné ainsi, vient s'éteindre
dans un analyseur. Pendant la rotation de l'analyseur, cette région du plan
réfringent présente alternativement le singulier phénomène d'une paroi
tantôt opaque et comme métallique, tantôt vitreuse et transparente. Cet
effet est surtout manifeste toutes les fois que l'un des iris subsiste seul , et
partage le champ du cristal en deux parties où la réflexion se montre ainsi
avec un caractère absolument opposé.
» Les phénomènes que nous venons de parcourir offrent autant de
traits caractéristiques de la double réfraction; malheureusement la théorie,
qui les fait prévoir, montre en même temps que les données physiques né-
cessaires à la manifestation expérimentale de plusieurs particularités essen-
tielles doivent satisfaire à des conditions difficiles à concilier.
» D'une part, en effet, le double iris ne peut apparaître que si l'indice
unique du milieu monoréfringent est supérieur aux trois, ou au moins à
deux des trois indices principaux du cristal; et d'une autre part, il faut
entre ceux-ci une inégalité marquée, pour que ces iris soient nettement
séparés. Où trouver des liquides dont la réfraction soit assez forte, et des
cristaux dont les trois réfractions principales soient en même temps assez
faibles et assez différentes pour réunir ces conditions presque contradic-
toires?
» On ne peut guère, en effet, superposer aux cristaux d'autres milieux
monoréfringents que des liquides. J'ai surtout employé le sulfure de car-
bone, préférable à tout autre, à cause de l'énergie de son pouvoir réfrin-
gent, s'il n'était accompagné d'un énorme pouvoir dispersif. Cette disper-
sion élargit immodérément, dans la lumière blanche, les iris de réfraction
limite; et leurs contours deviennent d'autant plus fondus et plus vagues
qu'il faut les observer aux incidences presque rasantes. Une lumière homo-
gène remédie en partie à ces inconvénients, mais s'applique mal à des expé-
riences qui exigeraient une certaine intensité.
» Quant aux cristaux, il en est très-peu, même parmi ceux qui se prêtent
le mieux aux usages ordinaires de l'optique, qu'on puisse faire servir à ces
recherches; presque tous sont trop réfringents, leurs indices sont supérieurs
ou égaux à l'indice du sulfure de carbone.
( ?3 )
» Les expériences de réflexion totale, sur les cristaux, ne sont donc pas
seulement difficiles et délicates par elles-mêmes ; les principaux obstacles,
je le répète, viennent plus encore du manque de matériaux liquides ou soli-
des réunissant les qualités désirables. Quoique j'aie éprouvé divers liquides,
il est douteux qu'aucun puisse avec avantage être généralement substitué
au sulfure de carbone ; il est possible, au contraire, que l'on parvienne à
rencontrer, parmi les sels, et surtout parmi les sels hydratés, des cristaux
possédant une double réfraction suffisante, avec une réfringence assez faible
en valeur absolue.
» Mais ici survient un empêchement nouveau : il faut que ces cristaux
soient homogènes et assez volumineux pour qu'on puisse tailler et polir des
surfaces planes de quelque étendue; les arts n'en fournissent qu'un petit
nombre qui satisfassent à cette dernière condition, et pour en obtenir
d'autres il faudrait les préparer en grand, et appliquer à ce but spécial des
moyens qui n'appartiennent guère qu'à l'industrie. »
chimie. — Note sur la préparation de l'uranium ; par M. Eue Peijgot.
« J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie quelques mor-
ceaux d'uranium, fondus à une haute température.
» Lorsque j'ai fait connaître ce métal à l'état isolé, en 1842» j'ai montré
qu'en traitant le protochlorure d'uranium par le potassium, on l'obtient,
partie en poudre noire, partie à l'état aggloméré, sous forme de plaques
ayant un éclat métallique comparable à celui de l'argent : mais, comme
cette opération était faite dans un creuset de platine, on devait craindre
la formation d'un alliage d'uranium et de platine. J'ai constaté, en effet, la
présence d'une petite quantité de platine que j'ai signalé dans les parties
douées de l'éclat métallique. J'avais essayé à plusieurs reprises, à cette
époque, de produire l'uranium dans des creusets non métalliques; mais
ceux-ci étaient constamment brisés par l'élévation trop subite de tempé-
rature que développe la réaction.
» La facilité avec laquelle on se procure aujourd'hui le sodium, grâce
aux perfectionnements heureux introduits par M. H. Deville dans la pré-
paration de ce métal, m'a engagé à reprendre mes essais, en substituant le
sodium au potassium. Après plusieurs tentatives infructueuses, j'ai réussi
à obtenir l'uranium pur et fondu, avec des caractères vraiment métalliques,
en procédant de la manière suivante :
»> On introduit dans un creuset de porcelaine vernie la quantité de sodium
nécessaire pour décomposer le protochlorure vert d'uranium préparé,
C. R., i856, i« Semestre. (T. XIII, N° 3.) ' I
( 74 )
comme je l'ai indiqué, en soumettant un des oxydes de ce métal à l'action
simultanée du chlore et du charbon. On recouvre le sodium avec du chlo-
rure de potassium bien sec, puis avec un mélange de ce même sel et du
chlorure d'uranium à décomposer : le creuset, muni de son couvercle, est
placé dans un creuset en terre brasqué, qu'on remplit avec du poussier de
charbon, et qu'on ferme aussi avec son couvercle en terre. L'addition du
chlorure de potassium a pour objet de rendre la réaction moins instantanée
et moins vive.
» Le creuset est chauffé jusqu'à ce que la réaction se manifeste; on en
est averti par le bruit qu'on entend à ce moment; on porte immédiate-
ment ce creuset dans le fourneau à vent et on le chauffe au rouge blanc
pendant quinze à vingt minutes ; quand il est refroidi, on trouve dans le
creuset de porcelaine une scorie fondue qui renferme plusieurs globules
d'uranium.
» Ainsi préparé, ce métal est doué d'une certaine malléabilité ; quoique
dur, il est facilement rayé par l'acier; sa couleur rappelle celle du nickel
ou du fer. Il prend à l'air une teinte un peu jaunâtre, par suite d'une
légère oxydation superficielle. Chauffé au rouge, il présente subitement
une vive incandescence et il se recouvre d'un oxyde noir volumineux, dans
l'intérieur duquel on retrouve le métal non encore oxydé, si l'action de
la chaleur a été arrêtée à temps.
» Sa densité est fort remarquable; elle est égale à 1 8,4- Ainsi c'est, après le
platine et l'or, le corps le plus dense que nous connaissions. Cette pesan-
teur spécifique justifie peut-être aussi l'équivalent élevé que j'ai attribué à
ce métal.
» J'ai constaté qu'on peut obtenir également l'uranium au moyen du
même chlorure vert et de l'aluminium. Son isolement par cette réaction
est dû sans doute à la grande volatilité du chlorure d'aluminium.
» Je me propose de continuer l'étude de ce métal, dont les propriétés
physiques et chimiques diffèrent beaucoup de celles des autres métaux. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — M. Le Verrier, en communiquant un travail fait
par MM. Goujon et Liais, pour la détermination des éléments magnétiques
à l'Observatoire impérial de Paris, présente à ce sujet les considérations
suivantes :
« Les éléments magnétiques, en un point déterminé du globe, éprouvent
des changements compris dans des périodes diverses : i° des variations
séculaires; c'est ainsi que l'aiguille de déclinaison qui, jusqu'au commen-
cement du siècle, s'éloignait du pôle nord, s'en rapproche maintenant;
( 75 )
2° des variations annuelles ; 3° des variations diurnes. Outre ces varia-
tions périodiques et quelques autres, que des travaux récents semblent
indiquer, il se produit encore des perturbations accidentelles.
» Voulant introduire à l'Observatoire de Paris un système complet
d'observations magnétiques, conforme à l'état actuel de la science, j'ai re-
connu la nécessité d'établir des instruments à indications continues pour
l'étude des variations à courtes périodes et des perturbations accidentelles.
D'un autre côté, il m'a paru indispensable de rechercher avant tout les
influences des fers de l'Observatoire et des environs sur les déterminations
faites dans cet établissement, afin de corriger les observations et d'obtenir
des données précises pour l'étude des périodes séculaires.
» Des instruments à indications continues, donnant les trois composantes
du magnétisme, viennent d'être installés à l'Observatoire. Leur description
fera l'objet d'une prochaine communication. Aujourd'hui je me bornerai à
entretenir l'Académie de la détermination des corrections nécessitées par la
présence du fer dans les environs.
» En i85/j, des observations faites dans les pavillons de l'est et de l'ouest
de la terrasse nous avaient indiqué une différence de 6' 55" entre los décli-
naisons obtenues en ces deux points. Or rien ne prouvait que la déclinaison
réelle fût comprise entre les deux valeurs ainsi obtenues ; elle pouvait aussi
bien se trouver en dehors d'elles, et c'est, au reste, ce que l'expérience a
montré postérieurement, comme on le verra plus loin. De là l'indispensable
nécessité d'une étude approfondie de l'état magnétique de notre Observa-
toire. Une semblable recherche serait sans doute utile dans d'autres éta-
blissements, et particulièrement dans ceux qui sont situés à proximité de
grandes villes.
» J'ai donc chargé MM. Goujon et Liais de la détermination de l'ensemble
descorrectionsàappliquer aux éléments magnétiques obtenusà l'Observatoire.
Leur travail a été exécuté avec des soins et une exactitude extrêmes. Aussi est-
il remarquable par la précision et la concordance des résultats.
» Les trois éléments magnétiques ont été déterminés en plusieurs points de
l'enceinte de l'Observatoire et en outre dans quatre stations situées au nord,
au sud, à l'est et à l'ouest de l'Observatoire, mais àdes distances assez grandes
pour qu'on fût assuré d'arriver à des conclusions sensiblement indépendantes
du voisinage de Paris. Ces stations sont : i° Montrouge, enceinte de la
mire de l'Observatoire établie dans cette localité; a° plaine Saint-Denis, à
200 mètres au nord des fortifications; 3° parc de Saint-Cloud, à 4oo mètres
ouest de la Lanterne de Diogène ; 4° polygone de Vincennes, à 5oo mètres
sud-est du donjon.
il..
(76)
» Les instruments employés étaient des boussoles de Gambey.
» Pendant les diverses déterminations absolues, les indications d'instru-
ments de variation (déclinaison, inclinaison et force horizontale) ont été
suivies régulièrement à l'Observatoire. Les valeurs des divisions de tous ces
instruments et les corrections dépendantes de la température des aiguilles
ont été mesurées avec un grand soin.
» Dans chacune des stations le méridien astronomique a été, par une trian-
gulation, déduit de celui de l'Observatoire. Dans l'enceinte même de l'Ob-
servatoire, on s'est servi du cercle de Gambey comme d'un collimateur, et
l'on a ensuite déterminé, à l'aide d'observations astronomiques, la situation
de cet instrument par rapport au méridien.
» Les courants d'air pouvant influer sur la situation de l'aiguille, les ob-
servations ont été faites sous une tente que nous a donnée M. le Maréchal
Vaillant.
» L'ensemble de ces opérations, rapportées à l'aide des instruments de
variation au même instant, savoir le 7 septembre à ah 3om du soir, a donné
les résultats suivants :
Résultat déduit des quatre stations extérieures
Pavillon ouest '
Pavillon central
Enceinte de l'Ob- J Nouveau pavillon magnétique
servatoire J Pavillon est
Station placée à 20 mètres de la face
sud de l'Observatoire
Déclinaison.
1 9" 57' 45"
20 . o . 6
20. 4-24
20. 5.53
20. 6.22
20. 18 27
Inclinaison.
66° 3o' 6"
66.29.4
66.24.3
66.29.3
66 . 29 . o
66.i5.8
» Au moyen des inclinaisons observées dans chaque station, MM. Goujon
et Liais ont calculé les intensités totales résultant des intensités horizontales.
La comparaison des déterminations faites à l'Observatoire et aux environs
de Paris a montré que l'intensité est trop faible, savoir :
Au pavillon de l'ouest, de o,oo328 de sa valeur.
Au pavillon central, de 0,00147 '
Au cabinet magnétique (pilier du magnétomètre bifilaire), de o ,0023 1 »
Au cabinet magnétique ( pilier du magnétomètre de force
verticale), de 0,00226 »
A 20 mètres de la face sud du bâtiment, de o,oo5i4 »
» En résumé, les conclusions à tirer du travail de MM. Goujon et Liais
sont les suivantes :
» i°. Tant que les grandes masses de fer existant à l'Observatoire et dans
(77)
les environs ne subiront pas de changements, on pourra obtenir dans cet
établissement les vrais éléments magnétiques correspondant à ce lieu, en
retranchant des déclinaisons observées :
i
8' 37" au pavillon de l'est ;
8' 8" au nouveau cabinet magnétique ;
6' 3g" au pavillon central ;
7.' 21" au pavillon de l'ouest.
» Pour les inclinaisons, sauf au pavillon central et près du bâtiment, les
corrections sont petites et à peu près de l'ordre des erreurs d'une observa-
tion; car on sait que la détermination des inclinaisons ne comporte pas
autant de précision que celle des déclinaisons. MM. Goujon et Liais ont
cependant eu soin de faire usage d'une aiguille de Gambey tellement bien
équilibrée, que les deux inclinaisons ne diffèrent que de i5 minutes avant
et après le retournement des pôles, circonstance qui élimine presque com-
plètement l'influence de l'intensité du magnétisme de l'aiguille.
» 20. Les déterminations antérieures devraient subir des corrections.
Mais à partir de quelle époque faut-il appliquer les corrections actuelles? Il
est assez difficile de le préciser. Peut-être pourrait-on admettre que ces
corrections ont conservé la même valeur depuis la construction du grand
toit en fer au-dessus de la tour de l'est, et dans ce cas les mesures prises au
pavillon central devraient être diminuées de 6' 39" pour la déclinaison et
augmentées de 6' 3" pour l'inclinaison.
n 3°. Les observations faites à Vincennes et à Saint-Cloud ont, suivant
la remarque de MM. Goujon et Liais, donné, pour les variations de
déclinaison et d'intensité dépendantes de la longitude, des valeurs plus
fortes que celles qu'on avait déduites d'observations antérieures faites en
France. Cette anomalie, dont l'exactitude des observations ne permet pas
de douter, semble difficile à expliquer par la seule action des fers de Paris.
Il y a donc intérêt à poursuivre, aux environs de la capitale, l'étude des
changements des éléments magnétiques avec la longitude. On se propose
de faire à ce sujet de nouvelles recherches dans des stations plus éloignées. »
« A la suite de cette communication , M. Le Verrier annonce que des
mesures viennent d'être prises pour l'installation immédiate d'études météo-
rologiques et magnétiques à Alger. Après avoir entretenu l'Académie de cette
question, dans la séance du 19 mars i855, il avait adressé un projet
d'organisation à MM. les Ministres de la Guerre et de l'Instruction publi-
que. C'est ce projet que Leurs Excellences, éclairées par une discussion
( 7»)
récente et à£laquelle M. le Maréchal Vaillant a pris une part décisive,
ont bien voulu adopter. Deux arrêtés ont mis à la disposition du
Directeur de l'Observatoire de Paris les fonds nécessaires pour un premier
établissement. »
météorologie. — Observation faite à Caen du météore lumineux du
7 janvier (i); Lettre de M. Eudes Deslongchamps à M. Élie de
Beaumont.
« Je viens d'être témoin du passage d'un météore igné sur notre ville.
Comme j'ai pu l'observer avec quelque précision, je m'empresse de vous
en communiquer l'observation avec tous les détails que j'ai pu y rattacher,
dans l'espérance qu'elle pourra être de quelque utilité.
» Aujourd'hui 7 janvier, à 5 heures moins un quart (à ma montre qui
comme toutes les horloges de notre ville est en retard de douze minutes sur
l'horloge de la gare de notre chemin de fer, laquelle doit être réglée sur
l'heure de Paris , ou au moins sur les horloges des chemins de fer), je pas-
sais, accompagné de mon fils, rue de Bayeux ; nous n'étions que de quel-
ques pas engagés dans cette rue qui commence à la place dite des Petites-
Boucheries ( la rue de Bayeux, à Caen, est à peu près orientée de l'est à
l'ouest); nous marchions vers l'ouest. L'atmosphère était alors très-calme;
aucune haleine de vent ne se faisait sentir. Le ciel, dans les points que nous
pouvions apercevoir, était entièrement dégagé de nuages. La nuit n'était pas
encore venue, quoique la clarté du jour fût notablement diminuée ; la
journée avait été fort humide, et les pavés de la rue étaient mouillés d'hu-
midité. Mes yeux étaient en ce moment dirigés vers le sol, à quelques pas
devant moi. Tout à coup une clarté subite est venue éclairer les pavés vers
lesquels se dirigeaient mes yeux, et les a rendus miroitants d'une lumière
intense, de couleur rougeâtre. Une seconde ou une seconde et demie après
la disparition de cette clarté, qui a été instantanée, j'ai entendu, et mon
fils aussi, un bruit ressemblant au crépitement rapide et successif que pro-
duirait une forte fusée volante, dont on serait très-près. Machinalement
j'ai porté mes yeux vers le ciel, et j'ai vu au ciel à une hauteur de 1)5
à 5o degrés environ au-dessus de l'horizon , une traînée lumineuse
formée d'étincelles, et ressemblant entièrement à celle que produirait
une fusée volante, mais plus fournie, et d'une assez grande longueur.
(1) Voir pour l'observation du même météore au Havre la Lettre de M. Lecadre [Compte
rendu du vl\ janvier).
(79)
* Cette traînée m'a paru couper la direction de la rue de Bayeux , de
manière à ce qu'elle eût marché du nord-est ou du nord-nord-est vers le
sud-ouest ou sud-sud-ouest; elle s'avançait assez rapidement Vers ce point,
mais pas plus que ne le ferait une fusée volante. Bientôt (après une demi-
seconde environ) la traînée étincelante a paru s'arrêter dans sa partie pos-
térieure; mais sa partie antérieure, ou sud-ouest, s'est allongée et comme
étirée, en continuant sa marche, puis il est sorti de son extrémité sud-ouest
un corps d'une forme à peu près globuleuse, qui paraissait au moins du
volume des deux poings réunis. Ce globe a continué de s'avancer dans la
direction de la traînée, mais sans en être suivi ; il faisait tache obscure sur
le fond du ciel; cependant il montrait sur ses côtés, et peut-être aussi en
arrière, de larges plaques incandescentes, rougeàtres, brillantes ; et, con-
tinuant sa marche, il a bientôt été caché à mes yeux par les toits des
maisons. Il s'est à peine écoulé une seconde depuis l'instant où le globe
obscur s'est dégagé de la traînée lumineuse, jusqu'au moment où j'ai cessé
de le voir.
» Dans tout ce que je viens de retracer, il n'y a rien qui diffère beau-
coup de ce que présente la marche d'une fusée volante que l'on aurait pu
tirer de quelque point de la ville. Aussi, pendant l'intervalle très-court
écoulé depuis l'apparition de la traînée jusqu'au moment où le globe obscur
a disparu, l'idée d'une fusée volante me préoccupait uniquement; mais
cette idée a dû faire place à celle d'un météore igné, lorsque, reportant mes
yeux vers le ciel, j'ai vu que la traînée lumineuse, alors extrêmement lon-
gue, persistait. Toujours très-brillante, elle semblait formée d'étincelles ac-
cumulées qui oscillaient les unes sur les autres. Un peu après, la partie anté-
rieure d'où le globe obscur était sorti s'est allongée lentement en se courbant
en divers sens. Bestée d'abord brillante, elle a pâli, toujours en s'allongeant,
mais beaucoup moins ; ses contours et son extrémité étaient très-nettement
coupés sur le fond du ciel. La partie postérieure, plus volumineuse, s'est
allongée aussi; d'abord brillante, elle a pâli aussi, elle s'est contournée, et
ses circonvolutions se rapprochaient les unes des autres : bref, on pouvait
à la fin comparer l'ensemble de la traînée à un petit nuage fort allongé, in-
testiniforme. brillant dans quelques points, mat ou obscur dans d'autres. Il
ne faut pas oublier que l'ensemble de la traînée, après la sortie du globe
obscur, a cessé entièrement son mouvement de translation vers l'ouest; elle
est restée en place et visible pendant plus de vingt minutes. Comme le ciel
était sans nuages dans le point qu'elle occupait, il a été facile de suivre
toutes ses transformations. Nous ne sommes pas les seuls à avoir vu ce
( 8o )
phénomène. Toutes les personnes présentes dans la rue au moment du
passage du météore ont été frappées d'étonnement, et bientôt tous les
habitants des maisons sont sortis, regardant la traînée et faisant leurs
commentaires. Tout le monde a pu voir la taînée ; mais peu de personnes
ont pu voir la première apparition du phénomène, laquelle n'a duré, je le
répète, que quelques secondes.
» Nous tournions le dos au météore quand il a commencé à traverser la
direction de la rue de Bayeux. C'est évidemment au moment où il passait
an-dessus de nos têtes qu'il a vivement éclairé les pavés formant la partie du
sol de la rue où nous nous trouvions. Or, le bruit accompagnant le mé-
téore s'est fait entendre à nous une seconde, ou tout au plus une seconde et
demie après la clarté; le météore lui-même n'était donc pas à une très-
grande hauteur. Le noyau obscur qui s'est dégagé des vapeurs ignées, dans
lequel il était plongé, et qu'il entraînait avec lui, me fait présumer que ce
météore est un aérolithe qui se sera dégagé de ses vapeurs quand la résistance
de l'air, en approchant de la surface de la terre, s'est opposée à leur mou-
vement de translation. Cet aérolithe n'a pas dû tomber loin de Caen, peut-
être à Vénoix, à Bretteville-la-Pavée, à Carpiquet, villages situés à peu près
dans la direction présumée qu'il a dû parcourir. La distance de Caen au
lieu de la chute est plus ou moins grande, suivant le degré d'obliquité de la
trajectoire, par rapport à la surface du sol ; mais je n'ai aucune donnée sur
cette obliquité. Il y a tout lieu de croire que des renseignements autres que
ceux que je puis fournir viendront bientôt lever les incertitudes; car ce
phénomène a dû frapper l'attention dans un grand nombre de points dans
notre canton.
)- Ma Lettre est écrite à la hâte, et le rapport qu'elle contient est informe;
mais j'ai cru qu'il pourrait intéresser les hommes qui s'occupent de météo-
rologie, et leur fournir quelque renseignement utile. »
économie rurale. — Note sur les moutons de Caramanie, envoyés à la
Société impériale d'acclimatation par M. le Maréchal Vaillant;
par M. Texier. (Extrait par l'auteur. )
« Le nom de Caramanli, donné à ces moutons, indique qu'ils sont ori-
ginaires de Caramanie. Cette province centrale de l'Asie Mineure occupe le
territoire de toute l'ancienne Cappadoce ; elle se distingue par un caractère
complet de déboisement : ce ne sont du nord au sud que de vastes steppes
( 8i )
parcourues en tous sens par les tribus de Turcomans nomades qui con-
duisent d'innombrables troupeaux.
» Les moutons de cette contrée sont remarquables par une particularité
qu'on n'observe pas en Europe. Leur queue forme une énorme masse de
graisse qui pèse jusqu'à 5 ou 6 kilogrammes. Cette race de moutons existe
dans ce pays de temps immémorial, car elle est citée par Hérodote,
liv. m, 1 13.
» La laine de ces moutons est assez grossière, elle ne sert que pour la fa-
brication des tapis et des gros vêtements.
» Les bergers donnent à leurs moutons une notable quantité de sel.
» L'auteur ne pense pas que l'acclimatation de cette race soit difficile,
mais il faudrait qu'ils reçussent chaque jour une petite ration de sel. »
MÉMOIRES LUS.
MÉDECINE. — Mémoire sur l'ulcère simple de l'estomac ;
par M. Cruveilhier.
(Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie.)
« Le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie a pour objet
une maladie de l'estomac généralement confondue dans la pratique avec le
cancer de cet organe , quelquefois avec la gastralgie ou avec diverses formes
de la gastrite chronique.
» Cette maladie, dont l'anatomie pathologique pouvait seule donner la
détermination , je l'ai désignée sous le nom d'ulcère simple ou d'ulcère chro-
nique simple de l'estomac , pour indiquer, d'une part, sa nature ou plutôt
sa forme ulcéreuse et sa marche généralement chronique ; d'une autre part,
sa curabilité, sa bénignité, par opposition avec l'incurabilité, la malignité
(on me pardonnera ce vieux et métaphorique langage) de l'ulcère cancéreux
del'estomac. Qu'il me soitpermisde dire que c'est dans laXelivraison démon
grand ouvrage d' Anatomie pathologique , avec planches, livraison qui a paru
en i83o, que cette maladie a été pour la première fois décrite comme ma-
ladie spéciale et définitive , séparée du cancer de l'estomac, avec lequel elle
avait été confondue jusqu'alors, que j'y ai ajouté de nouveaux faits et de
nouvelles figures dans la XXe livraison. Et je suis heureux de dire qu'en i83g
M. le professeur Rokitanski, de Vienne , est venu enrichir la science de faits
C. B., -8*fi, t*tSmeiir*: 'T. XUI,N°3.) 12
( 8a )
nombreux et positifs sur cette maladie dans un excellent Mémoire , intitulé
de X Ulcère perforant de l'estomac.
» La description générale de l'ulcère simple de l'estomac, qui doit faire
l'objet de cette lecture, comprendra : i° ses caractères anatomiques , qui
établissent son existence comme espèce morbide; 20 ses caractères de phy-
siologie pathologique ou caractères chroniques, qui établissent la possibilité
de reconnaître cette lésion au lit du malade; 3° ses caractères thérapeuti-
ques, qui établissent non-seulement sa curabilité, mais encore sa tendance
à la guérison sous l'influence de la soustraction
» Ire partie. Caractères analomiques de l'ulcère simple de l'estomac. —
Anatomiquement considéré, l'ulcère simple de l'estomac consiste dans une
perte de substance, ordinairement circulaire, à bords indurés, coupés à
pic ou en talus, à fond grisâtre et également induré, de dimension variable
depuis quelques millimètres jusqu'à plusieurs centimètres de diamètre.
» Presque toujours solitaire, l'ulcère simple de l'estomac occupe ordi-
nairement soit la paroi postérieure, soit la petite courbure de cet organe.
Il est en général plus rapproché de l'extrémité pylorique que de l'extrémité
cardiaque.
» L'ulcère simple de l'estomac s'étend en surface; mais en même temps
il creuse en profondeur, et lorsqu'il a triomphé de la résistance que la tu-
nique fibreuse oppose à son envahissement, la tunique musculeuse d'a-
bord, puis la tunique péritonéale, ne tardent pas à être usées par le travail
ulcératif ; d'où la perforation de l'estomac et la mort par épanchement dans
le péritoine des gaz et des matières alimentaires, à moins que des adhé-
rences salutaires ne préviennent les effets de la perforation.
» La série des faits m'a permis d'observer tous les degrés du travail ulcé-
reux perforateur, depuis une érosion folliculeuse jusqu'à la destruction de
toute la tunique de l'estomac , qui est alors remplacée par les organes en-
vironnants, avec lesquels il a contracté des adhérences intimes. L'idcère
chronique simple de l'estomac ne présente qu'une similitude grossière avec
l'ulcère cancéreux , avec lequel cependant il a presque toujours été con-
fondu. La base qui le supporte n'offre aucun des attributs ni du cancer
squirreux ni du cancer encéphaloïde. La meilleure preuve, d'ailleurs,
que l'ulcère chronique simple n'est pas cancéreux, c'est sa curabilité.
Cette curabilité, c'est encore l'anatomie pathologique qui l'a démontrée
en nous faisant connaître les caractères des cicatrices de ces ulcères, cica-
trices qui ont été souvent considérées comme appartenant au cancer squir-
reux.
( 83)
» Caractères des cicatrices des ulcères chroniques simples de V estomac. —
Ces cicatrices sont toutes fibreuses et constituées par une couche plus ou
moins épaisse de tissu fibreux de nouvelle forme. Jamais ces cicatrices ne
présentent le moindre caractère du tissu des membranes muqueuses. La
membrane muqueuse de l'estomac se termine abruptement à la circonfé-
rence de la perte de substance, sous la forme d'un bourrelet circulaire.
» La cicatrisation des pertes de substance de l'estomac, de même que
celle de la peau, se fait par un double mécanisme : i° par le rapprochement
des bords de la solution de continuité ; i° par la production de toutes pièces
d'un tissu cicatriciel.
» Il n'est pas rare de voir l'ulcère simple de l'estomac, après avoir détruit
successivement toutes les tuniques de l'estomac, franchir les limites de cet
organe, dont la perte des substances est alors remplacée par les organes en-
vironnants, avec lesquels la surface péritonéale de l'estomac avait préalable-
ment contracté les adhérences les plus intimes. Non-seulement les viscères
qui avoisinent l'estomac réparent les brèches qu'il a subies par l'ulcéra-
tion, mais encore, devenus partie constituante de cet organe, ils finissent
par participer au travail d'ulcération.
» De l'ulcération consécutive des cicatrices de l'ulcère simple de V esto-
mac.— Au point, de vue fort important sous lequel les cicatrices de l'estomac
doivent être envisagées, c'est celui de la facilité avec laquelle elles deviennent
le siège d'un travail ulcéreux consécutif, et alors reparaissent tous les symp-
tômes morbides de l'ulcère simple ; de là ces récidives que j'ai vues se repro-
duire un an, deux ans, cinq ans, huit ans, et même davantage, après une
guérison qui paraissait définitive, et si le traitement le plus sévère ne vient
mettre un terme à ce travail d'ulcération, les malades peuvent succomber
soit à la perforation de l'estomac, soit à une hémorragie.
» La perforation, \' hémorragie, voilà les deux grands accidents, les deux
grands dangers auxquels expose l'ulcère simple de l'estomac, et ce double
danger survit à la cicatrisation la plus parfaite de l'ulcère. L'une et l'autre
peuvent se produire primitivement, c'est-à-dire pendant le travail primitif de
l'ulcération, ou consécutivement, c'est-à-dire après la formation de la cica-
trice.
» i°. De la perforation spontanée de l'estomac dans l'ulcère simple de
cet organe. — L'ulcère simple me paraît la cause la plus fréquente des per
forations spontanées de l'estomac. En compulsant les principales observa-
tions qui ont été publiées sur ce sujet, il m'a été facile de reconnaître dans
les détails de l'autopsie tous les caractères de l'ulcère simple aigu ou
19...
{ 84 )
chronique de l'estomac. Or les accidents rapidement mortels qui sont la
suite de la perforation de l'estomac survenant brusquement, quelque-
fois immédiatement après l'ingestion d'aliments ou de boissons, la ques-
tion d'empoisonnement a été soulevée un assez grand nombre de fois.
Il n'est pas rare de voir la perforation survenir consécutivement, c'est-
à-dire après la cicatrisation complète de l'estomac : je crois même pouvoir
affirmer que les perforations consécutives de l'estomac sont beaucoup plus
fréquentes que les perforations primitives. 3e regarde, en outre, comme
démontrée cette proposition que la perforation spontanée de l'estomac
s'observe incomparablement plus souvent dans l'ulcère simple aigu ou
chronique que dans l'ulcère cancéreux de l'estomac.
» 20 De l'hémorragie dans l'ulcère simple de l'estomac. — L'hémorragie de
l'estomac, de même que sa perforation, est tantôt primitive, tantôt consécutive.
On pourra diviser les gastrorragies en faibles, en moyennes et en foudroyantes.
L'hémorragie faible est presque inévitable dans l'ulcère simple de l'esto-
mac, jusqu'à la formation de la cicatrice. En examinant sous une couche d'eau
limpide la surface de cet ulcère, on verra sur cette surface de petits vaisseaux
érodés et coupés à pic, dont les uns sont obstrués par des caillots solides,
dont les autres sont obstrués par des caillots mous, qui se détachent avec
la plus grande facilité. C'est par ces derniers vaisseaux qu'ont lieu les hémor-
ragies quotidiennes, dont le produit se mêlant aux aliments donne lieu soit
à des selles noires, soit à des vomissements noirs, qui seront très-souvent
le premier symptôme révélateur de la maladie.
» Mais il arrive quelquefois que l'ulcère simple, rencontrant pour ainsi
dire sur son passage une grosse artère, l'entame, la perfore ; et alors, si un
caillot obstruant, d'une grande solidité, ne prévient pas l'issue du sang au
dehors, il en résulte des vomissements aussi bien que des déjections san-
glantes, plus ou moins considérables suivant le calibre du vaisseau, d'où
la mort par hémorragie, et l'hémorragie peut-être foudroyante.
» La source la plus ordinaire des gastrorragies graves et surtout des
gastrorragies foudroyantes, c'est la lésion de l'artère splénique. J'ai vu aussi
une hémorragie mortelle produite par la perforation de l'artère coronaire
stomachique.
» Tels sont les caractères anatomiques de l'ulcère simple de l'estomac.
« Pour compléter l'histoire de cette maladie, il me resterait encore à
exposer : i° les caractères de physiologie pathologique à l'aide desquels on
peut la reconnaître au lit du malade; a° les moyens thérapeutiques à
l'aide desquels on peut la guérir. Ce sera, si l'Académie veut bien me le
( 85 ) ^ J
permettre, l'objet d'une seconde lecture. Je termine cette première pffrtie
de mon travail par les conclusions suivantes :
Conclusions.
» i°. Il existe une maladie de l'estomac qui est anatomiquement carac-
térisée par un ulcère simple de cet organe ;
» 2°. Cette maladie ou plutôt cette lésion, qui me paraît assez fréquente,
est essentiellement différente de l'ulcère cancéreux de l'estomac, avec lequel
elle avait été confondue jusque dans ces derniers lemps et avec lequel elle
est encore tous les jours confondue dans la pratique;
» 3°. En opposition avec le cancer de l'estomac qui suit fatalement sa
marche envahissante et destructive, et qui, dans l'état actuel de la science,
est marqué au sceau de l'incurabilité la plus radicale, l'ulcère simple de
l'estomac tend essentiellement à la guérison ;
» 4°- L'ulcère simple de l'estomac est susceptible d'une cicatrisation
parfaite, et cette cicatrisation se fait, non à l'aide d'une membrane
muqueuse accidentelle, mais bien à l'aide de la production d'un tissu
fibreux, très-résistant, très-dense, qui diffère essentiellement du cancer
squirreux avec lequel il avait été confondu ;
» 5°. Lorsque l'ulcère simple, après avoir détruit toutes les tuniques de
l'estomac, a franchi les limites de cet organe, la perte des substances est
réparée par les organes environnants que recouvre un tissu cicatriciel et
qui finissent eux-mêmes quelquefois par participer au travail d'ulcération ;
» 6°. La gravité de l'ulcère simple de l'estomac survit en quelque sorte
à sa guérison, attendu que la cicatrice de cet ulcère est souvent le siège
d'un travail d'ulcération consécutif qui renouvelle tous les accidents de la
maladie;
» 70. L'ulcère simple de l'estomac est une des causes les plus fréquentes
des vomissements noirs et des déjections noires, est la cause plus ordinaire
de la mort par gastrorragie avec ou sans hématémèse ;
» 8°. L'ulcère simple de l'estomac, est la cause la plus ordinaire de Lla.
mort par perforation spontanée de cet organe ;
» 90. Les deux grands accidents de l'ulcère simple de l'estomac, savoir
l'hémorragie et la perforation, ont plus souvent lieu consécutivement,
c'est-à-dire par l'ulcération de la cicatrice, que primitivement, c'est-à-dire
pendant la formation de l'ulcère. »
( 86)
physiologie pathologique.— Recherches expérimentales sur la produc-
tion dune affection commlsive , épileptiforme , à la suite de lésions de
la moelle épinière ; par M. Brown-Séquard. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.)
« J'ai trouvé, en i85o, que certaines lésions de la moelle épinière, sui-
des mammifères, sont suivies, au bout de quelques semaines, d'une affection
convulsive, épileptiforme. Depuis cette époque, j'ai fait un très-grand
nombre d'expériences à ce sujet, et je vais exposer sommairement ici les
principaux résultats que j'ai obtenus.
» I. J'ai trouvé que toutes les lésions que je vais énumérer peuvent pro-
duire cette affection convulsive: i° section transversale complète ou presque
complète d'une moitié latérale de la moelle épinière; 2° section transver-
sale simultanée des cordons postérieurs, des cornes grises postérieures et
d'une partie des cordons latéraux ; 3° section transversale des cordons pos-
térieurs seuls; 4° section transversale des cordons latéraux; 5° section trans-
versale des cordons antérieurs; 6° section transversale de la moelle épinière
tout entière dans les régions dorsale ou lombaire; 70 piqûre de la moelle
épinière. De toutes ces lésions, celles qui ont le plus d'efficacité pour pro-
duire l'affection convulsive que j'ai étudiée, sont la première et la seconde.
La première surtout, à savoir la section d'une moitié latérale de la moelle,
produit constamment cette maladie chez les animaux qui survivent plus de
trois ou quatre semaines à l'opération. L'intensité et la fréquence des accès
convulsifs, après cette lésion, sont beaucoup plus grandes qu'après toute
autre lésion de la moelle épinière.
« II. De toute la partie de la moelle étendue entre son extrémité caudale
et le milieu de la région dorsale, c'est la portion comprise entre la septième
ou la huitième vertèbre dorsale et la troisième lombaire, dont les lésions
produisent le plus souvent cette maladie convulsive. En arrière de cette
portion de la moelle, les lésions paraissent être de moins en moins capables
de produire cette affection à mesure qu'elles sont faites plus près de l'extré-
mité caudale de ce centre nerveux.
» III. L'époque d'apparition de cette affection se trouve presque tou-
jours dans la troisième semaine après l'opération. Dans quelques cas, j'ai
vu le premier accès survenir vers la fin de la première semaine.
» IV. Les parties du corps où se montrent les convulsions, varient suivant
le siège de la lésion. Lorsque celle-ci se trouve au niveau des dernières ver-
(87 )
tèbres dorsales ou des premières lombaires, et qu'elle consiste dans la section
d'une moitié latérale de la moelle, les convulsions ont lieu dans toutes les
parties du corps, à l'exception du membre postérieur du côté où la section a
été faite. Si la lésion consiste dans la section des deux cordons postérieurs,
les convulsions ont lieu partout. Si la lésion consiste dans la section, soit
des cordons antérieurs, soit des cordons latéraux, soit de la totalité de la
moelle, les convulsions n'ont lieu, en général, que dans les parties non pa-
ralysées. Cependant quelquefois les parties paralysées se convulsent aussi,
mais c'est un spasme tonique qui s'y montre et non des convulsions clo-
niques comme dans les parties non paralysées.
» V. Les convulsions ont lieu quelquefois sans excitation extérieure;
mais on peut, en général, les provoquer très-aisément par certaines excita-
tions. De toutes les parties du corps, il n'en est qu'une qui, lorsqu'on l'irrite,
occasionne un accès. Cette partie consiste seulement dans un des côtés de
la face, dans les cas où la lésion n'existe que sur une moitié latérale de la
moelle. Quand la lésion existe sur les deux moitiés latérales de cet organe,
l'irritation des deux moitiés de la face peut causer un accès. Il est très-re-
marquable que quand la lésion est à droite sur la moelle, ce ne soit que la
moitié droite de la face qui puisse, par suite d'une irritation, causer des
convulsions, et que quand c'est la moitié gauche de la moelle, ce ne soit
que la moitié gauche de la face qui ait cette puissance. Le degré d'irrita-
tion nécessaire pour causer un accès varie beaucoup : quelquefois il suffit de
souffler sur la face ou de la toucher aussi légèrement que possible; d'autres
fois, il faut ou pincer très-fortement, ou brûler, ou galvaniser la face.
» VI. En général, on peut produire l'accès par un autre moyen : il suffit
d'empêcher l'animal de respirer pendant un temps très-court. Chez un ani-
mal à l'état de santé, une asphyxie soudaine et complète produit des con-
vulsions au bout d'une minute et demie ou de deux minutes. Chez un ani-
mal atteint de l'affection convulsive dont je m'occupe, l'asphyxie produit
l'accès au bout de dix à trente secondes, et il dure assez longtemps, dès qu'il
a commencé, bien qu'on permette à l'animal de respirer, tandis que chez un
animal non malade, les convulsions cessent presque aussitôt quand on lui
permet de respirer .
» VII. Les premiers accès que l'on produit après une lésion de la moelle
épinière, consistent seulement dans des convulsions des muscles de la
face et du globe oculaire. Quelques jours après ces premiers accès, les
muscles du larynx, du col et du thorax se convulsent aussi, et enfin les
muscles des membres et du tronc participent aux convulsions. Un des pre-
(88)
miers phénomènes d'un accès complet consiste dans le spasme de la glotte
ou des muscles inspirateurs.
» VIII. Cette affection convulsive ressemble beaucoup à l'épilepsie. On
pourrait croire cependant qu'elle en diffère en ceci que pendant l'accès, si
l'on pince l'animal, il crie quelquefois. S'il était démontré que le cri est
une preuve que l'animal n'a pas perdu connaissance, cette affection convul-
sive différerait de l'épilepsie, puisque la perte de connaissance est un carac-
tère essentiel de cette dernière maladie. Mais les cris, ainsi que je l'ai mon-
tré dans un Mémoire lu à l'Académie en 1849 (Comptes rendus, t. XXIX,
p. 672), peuvent ne pas être des signes de douleur et n'être que des phéno-
mènes réflexes.
» Si ce n'est pas de l'épilepsie véritable que je produis en lésant la moelle
épinière, c'est au moins une affection épileptiforme appartenant au groupe
des affections convulsives dans lesquelles l'accès peut avoir sa cause à l'exté-
rieur, telles que celles dans lesquelles il existe une aura, ou dans lesquelles
la lésion d'un nerf, due à une tumeur ou à toute autre cause, produit
l'épilepsie ou des convulsions épileptiformes. En effet, l'irritation du nerf
trijumeau sur les animaux chez lesquels j'ai lésé la moelle produit l'accès,
comme chez les enfants l'irritation des nerfs dentaires.
» IX. Nombre d'auteurs, parmi lesquels surtout. Esquirol , Portai,
M. Calmeil, MM. Bouchet et Cazauvielh, ont signalé la coexistence assez
fréquente de l'épilepsie et d'altérations de la moelle épinière. Georget et
d'autres pathologistes n'ont voulu voir dans ce cas que de simples coïnci-
dences. Les faits que j'ai observés sur les animaux, en démontrant directe-
ment que des altérations de la moelle peuvent être la cause première d'une
affection épileptiforme, rendent extrêmement probable que l'épilepsie, dans
nombre des cas mentionnés par les auteurs que j'ai cités, dépendait de l'alté-
ration de la moelle que l'autopsie a fait voir.
» X. J'ai constaté que le nombre des accès augmentait considérablement
chez les animaux que j'enfermais dans un étroit espace et auxquels je don-
nais beaucoup de nourriture. Dans ces conditions, quelques-uns avaient
spontanément 3o, !\o ou 5o accès par jour. Les mêmes animaux, soumis à
un régime tout à fait opposé et laissés libres dans une vaste chambre, ne
paraissaient plus, après quelques semaines, capables d'avoir des accès
spontanés, et il était difficile de leur en donner. Il m'a semblé que ce traite-
ment par la diète a suffi quelquefois pour les guérir.
» XL A l'autopsie des animaux atteints de cette affection convulsive,
j'ai trouvé, outre là lésion que j'avais faite à la moelle épinière, un état de
( 89)
congestion de la base de l'encéphale et du ganglion de Gasser, des deux
côtés quand la lésion existait sur les deux côtés de la moelle épinière, et
seulement du côté de la lésion quand elle n'existait que sur une moitié
latérale de la moelle.
Conclusions.
» Des faits rapportés dans ce Mémoire, je crois pouvoir tirer les conclu-
sions suivantes :
» i°. Des lésions variées de la moelle épinière peuvent produire, chez les
mammifères, une affection convulsive, ayant beaucoup d'analogie avec
l'épilepsie. Il semble, en conséquence, que chez l'homme ce n'est pas
seulement par une simple coïncidence qu'on a rencontré des altérations de
la moelle épinière chez des épileptiques ;
« a°. Des lésions de la moelle épinière peuvent produire un change-
ment tel dans la vitalité du nerf trijumeau ou de la partie de l'encéphale où
ce nerf aboutit, que l'excitation des ramifications de ce nerf à la face
occasionne des convulsions. De plus, la moitié droite de la moelle épinière
a cette influence sur le nerf trijumeau ou l'encéphale du côté droit, et la
moitié gauche de la moelle sur l'une ou l'autre de ces parties du côté
gauche. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS
M. le Ministre de l'Instruction purlique transmet un Mémoire de
M. Onésime Simon, demeurant à Port-Louis (île Maurice), sur le traitement
du choléra au moyen d'un remède de son invention.
Ce Mémoire, avec les pièces justificatives manuscrites et imprimées dont
il est accompagné, est renvoyé à l'examen de la Section de Médecine et de
Chirurgie, constituée en Commission spéciale du concours pour le prix
du legs Bréant.
L'Académie renvoie à la même Commission un Mémoire , écrit en
italien, de M. Beretti, pharmacien à Rome, concernant les résultats de ses
recherches analytiques sur le sang de personnes mortes du choléra.
Et une Note de M. Delfrajrssé 'sur le traitement du choléra épidémique.
C. R., i856, i" Semestre. (T. XLII, N° 3.) l3
(9o)
chimie appliquée. — Études chimiques du Champignon comestible ,
suivies d'observations sur sa valeur nutritive; par M. Jules Lefort.
(Extrait.)
(Commissaires, MM. Payen, Decaisne, Peligot.)
« A l'époque où les chimistes se livraient avec le plus d'ardeur à l'exa-
men des végétaux, Braconnot entreprit de faire connaître la composition de
plusieurs espèces de Champignons. Ce travail, dans lequel on retrouve à
chaque pas l'esprit d'investigation qui distinguait ce regrettable savant,
comprend l'analyse de X Agaricus volvaceus, de X A. piperatus, de X A.
cantharellus , de XHjrdnum rependum, de XH. hybridum et du Boletus
viscidus. Peu de temps après, Vauquelin indiqua la composition de XAga-
ricus bulbosus, de X A. theogalus, de X A. muscarius et enfin de X A. cam-
pestris.
» Lorsqu'on compare les résultats obtenus par ces deux savants, on y
trouve des différences si peu sensibles, que l'on est tenté de croire que toutes
ces variétés possèdent les mêmes principes constituants.
» Nous donnons seulement ici la composition de X Agaricus campestris ,
comme se rapportant tout à fait au sujet que nous traitons, et telle que Vau-
que l'a trouvée :
Adipocire.
Huile ou graisse.
Albumine.
Matière sucrée.
Osmazome.
Substance animale insoluble dans l'eau.
Fungine ou partie fibreuse.
Acétate de potasse.
» Ainsi que le montre l'analyse de Vauquelin, le Champignon comestible
ne contiendrait pas moins de quatre principes gras, dont trois d'origine
animale, et auxquels il faudrait attribuer la propriété nutritive qu'on lui
connaît.
» Il est assez digne de remarque que, depuis Braconnot et Vauquelin,
on n'ait entrepris aucun travail suivi, non- seulement sur les Champignons
alimentaires, mais encore sur ceux qui sont reconnus nuisibles à la santé.
» Mettant à profit, d'une part, la facilité de se procurer à Paris le Cham-
pignon comestible ou de couche ( Agaricus edulis), et, d'une autre part, les
documents laissés par nos devanciers, nous avons pensé qu'il ne serait pas
sans intérêt de recommencer l'analyse de ce Cryptogame, d'y rechercher la
nature des substances auxquelles il doit sa propriété nutritive, la répartition
dans ses différentes parties des principes qui le constituent, et enfin sa
( 9» )
valeur comme aliment. C'est le résultat de ce travail que nous avons l'hon-
neur de présenter à l'Académie.
» D'après nos recherches, le Champignon de couche contient :
De l'eau.
De la cellulose.
De la marmite.
De l'albumine végétale.
Du sucre fermentescible.
Une matière grasse azotée.
Des acides fuinarique , citrique et ma-
lique.
Une matière colorante.
Un principe aromatique.
De la silice.
De l'alumine.
De la potasse.
De la soude.
De la chaux.
De la magnésie.
De l'oxyde de fer.
Du chlore.
Des acides sulfurique et phosphorique.
» Nous indiquons, dans notre Mémoire, toutes les expériences que nous
avons faites pour isoler et reconnaître chacune de ces substances.
» Contrairement à ce qui a été avancé par Vauquelin, le Champignon de
couche, d'après nos recherches, ne contient pas de matière animale propre-
ment dite.
» On n'ignore pas que, pour les anciens chimistes, toute substance végé-
tale qui dégageait en brûlant une odeur de viande grillée et des principes
azotés, entre autres du carbonate d'ammoniaque, et enfin qui répandait
une odeur putride lorsqu'on l'abandonnait à elle-même, était supposée
contenir un principe d'origiqe animale.
» De toutes les substance que nous avons pu reconnaître dans le Cham-
pignon de couche, une seule, plus ou moins privée de ses principes colorant
et aromatique, se comporte de la sorte, c'est l'albumine végétale ; or on sait
maintenant que cette dernière possède à peu près tous les caractères de
l'albumine animale.
» La matière grasse azotée du Champignon comestible, que Vauquelin
ne considère pas comme d'origine animale, joue un grand rôle dans les
réactions que l'on fait subir à ce végétal. C'est elle qui avec une petite quan-
tité de marmite a produit la substance à laquelle Vauquelin a donné le nom
de adipocire. Nous en dirons autant de l'osmazome, signalée par ce chi-
miste et qui nous a paru être un mélange de mannite, de principe colorant
et de matière grasse azotée, décomposée pendant l'évaporation des liqueurs.
» Cette matière grasse se présente, dans son état de pureté, sous la forme
d'une matière butvreuse, fusible à 35 degrés, d'odeur désagréable et non
i3..
(g*)
saponifiable par les alcalis. Elle est composée de :
Carbone 56 , 62
Hydrogène 10 ,84
Oxygène 3i ,95
Azote o , 5g
1 00 , 00
» § II. Considérés an point de vue nutritif, les Champignons comestibles
en général constituent, pour beaucoup d'habitants de la France, un aliment
assez avantageux. A Paris, ils forment une branche de commerce assez éten-
due; ainsi, d'après des documents certains qui nous ont été communiqués,
avec une extrême bienveillance, par M. Husson, chef de division à la Pré-
fecture de la Seine, il en a été consommé dans cette ville, pendant chaque
jour de l'année i853 (dernier relevé), 5235 maniveaux. Chaque maniveau
se compose de 6 à 1 2 individus, et s'est vendu en moyenne 1 8 centimes, ce
qui représente une valeur de 1000 francs à peu près.
» Il y a quelques années, MM. Schlossberger et Dopping, désirant se
rendre compte de la valeur nutritive de ces végétaux, dosèrent l'azote de
quelques espèces les plus alimentaires. Voici les résidtats qu'ils ont obtenus
pour 100 parties de Champignons desséchés à 100 degrés :
Azote.
Agaric délicieux 4 >68
Agaric comestible 7 , 26
Russule 4 > 3-5
Chanterelle 3,22
Ceps noir 4)7°
» Partant de ces données, ces chimistes émirent l'opinion que les Cham-
pignons constituaient un aliment par excellence et supérieur aux haricots,
qui ne contiennent que 3 à 5 pour 100 d'azote.
» Nous devons dire tout de suite qu'il y a, entre, les résultats de
MM. Schlossberger et les nôtres, des différences tellement sensibles, que
nous avons dû recommencer plusieurs fois nos analyses ; mais toujours nos
dosages ont été identiques.
» Un Champignon de couche, entier, dans un parfait état de maturité,
desséché à 1 10 degrés, réduit en poudre et enfin analysé lorsqu'il ne per-
dait plus d'eau, nous a donné, dans trois expériences, 2,83, 2,91 et 2,90
pour 100 d'azote.
» Le chapeau et le pédoncule possèdent, comme on sait, au goût et à
(93)
l'odorat des différences assez tranchées; aussi beaucoup d'habitants ne
mangent-ils que le premier, comme étant plus tendre et plus aromatique.
» Nous avons voulu nous assurer si le goût était un bon guide dans cette
circonstance et si l'azote se trouvait également réparti dans toutes les parties
du végétal. Pour cela, nous avons analysé séparément le chapeau, le pédon-
cule et les spores adhérents à l'hyménium, desséchés à 1 10 degrés.
» Nous avons obtenu les résultats suivants :
Chapeau. Pédoncule. Spores et hyraénium.
3 , 5 1 °)34 2,10
pour 100 d'azote.
» Le chapeau, muni de ses organes reproducteurs, est donc la partie la
plus nutritive du Champignon.
» Les principes nutritifs sont dus tout à la fois à l'albumine végétale et à
la matière grasse qu'il contient.
» En résumé, quoique l'eau et la cellulose forment les parties prédomi-
nantes dans le Cbampignon, par les principes azotés et par le sucre et la
mannite qu'il renferme, il forme encore un aliment plastique et réparateur
très-avantageux. Cependant nous le croyons inférieur à beaucoup d'autres
végétaux féculents, qui peut-être moins riches en azote sont plus facilement
assimilables, et surtout aux haricots auxquels on le compare. Sous le
rapport de l'azote seulement, il vient se ranger entre le pain brun et les
pois» »
physique du globe. — Tableau des tremblements de terre qui ont eu
lieu dans l'Empire Ottoman en i855; par M. P. Verrollot.
(Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Dufrénoy, C. Prévost.)
« Constantinople, i[\ janvier, 4h 5om du matin , plusieurs oscillations
horizontales de l'est à l'ouest avec tremblement du sol, comme si une
charrette pesamment chargée passait dans la rue.
» Samos , 18 février, de minuit à 5 heures du matin, tremblement
de terre remarquable, non par la violence des secousses, mais par leur
durée et leur régularité.
» Baghla Jgatch, village à huit heures de Macri (partie sud-ouest de
l'Anatolie), ai février, jour, les habitants furent effrayés par un bruit
souterrain assez fort, lequel fut suivi d'une secousse verticale, mais peu
intense et de courte durée.
(94)
» Macri, sur la côte sud-ouest de l'Anatolie, en face l'île de Rhodes, 11
février, 5 heures du soir, on ressentit deux fortes secousses, mais sans
accidents.
» a8 février, 3 heures du soir, violent tremblement de terre. Il fut
ressenti sur une vaste surface comprenant Smyrne et Andrinople ou plus de
trois degrés de latitude. Suivant les rapports qui me sont parvenus, la plus
forte secousse aurait eu lieu : à Smyrne, à 2fc 5om; à Brousse /a ih 5r]m, où
sa durée fut estimée 5o à 60 secondes; à Gallipoïi, à ah35m; à Constan-
tinople, à 3 heures; sa durée y fut estimée généralement de l\o à 5o se-
condes, jmais elle ne paraît avoir été en réalité que de 1 3 à 1 7 secondes ;
à Loulé-Bourgas, à 3 heures et quelques minutes ; sa durée fut estimée de
3o secondes; à andrinople, à ib 46™. (J'ai appris qu'à Tokat on n'avait
rien ressenti.) On s'accorde généralement à dire que la direction des oscil-
lations fut du sud-ouest au nord-est.
» Brousse paraît être le point central de cette violente secousse. Cette
ville et ses environs sont du moins les lieux qui en ont éprouvé le plus de
mal. Au moment où la secousse eut lieu, on entendit uu bruit souterrain
et l'on crut sentir dans l'air une odeur qu'on caractérise comme celle du
soufre et du fer brûlé. L'ébranlement du sol commença par un mouvement
oscillatoire de l'est à l'ouest, auquel succéda bientôt une série de trente à
quarante violents soubresauts; puis il se termina par une nouvelle oscil-
lation plus sensible encore que la première. Les secousses verticales furent
tellement fortes, que des personnes ont été lancées en l'air et renversées. Des
mosquées, des khans , un grand nombre de maisons s'écroulèrent avec
fracas; presque toutes les sources thermales et non thermales tarirent et ne
reparurent que six à huit jours plus tard. Le sol fut crevassé en plusieurs
endroits. Pendant vingt-quatre heures, le terrain oscilla comme le pont
d'un navire, et des détonations souterraines se faisaient entendre de quart
d'heure en quart d'heure. A Smyrne, la secousse parut très-longue, dans la
direction nord et sud; mais elle ne produisit aucun accident sérieux. Aux
Dardanelles , on n'eut à regretter que la perte des dépôts de poteries
qu'on y fabrique, et qui furent brisées par le choc. A Gallipoïi, la commo-
tion fut beaucoup plus forte, car trois minarets s'écroulèrent en partie, et
presque toutes les maisons éprouvèrent des dommages. A Constantiriople ,
la plus forte secousse fut presque verticale et composée de violents soubre-
sauts qui, comme à Brousse, furent précédés et suivis d'une secousse plus
faible et horizontale, dans la direction du sud-ouest au nord-est, suivant
les uns, mais qui m'a paru plutôt dans le sens de l'est à l'ouest. Immédia-
(95)
tement avant la commotion, on entendit un mugissement souterrain. Tou-
tefois on n'eut à déplorer aucun accident grave. A Andrinople, on ne si-
gnala non plus rien de bien fâcheux.
» Dans tous ces lieux on ressentit d'autres secousses moins fortes pendant
les jours suivants (1). Je vais noter toutes celles qui sont parvenues à ma
connaissance :
» Constantinople , 28 février, 3h 35m du soir, une petite secousse; 3h 55m
du soir, une secousse forte mais très-brève; 6h3om du soir, une secousse
faible et courte ; i ih 45m du soir, une secousse un peu plus forte. ier mars,
i heure du matin, une secousse faible; 4 heures du matin, une secousse
un peu plus forte ; 8 heures du matin, une secousse faible; nh45m du ma-
tin, une secousse faible ; 4h 55m du soir, une secousse plus forte, durée de
3 à 4 secondes; 7h i5m du soir, une secousse très- faible.
» Pendant ces mêmes jours on sentit plusieurs secousses aux Dardanelles
et à Gallipoli. A. Brousse, elles furent fortes et fréquentes.
» Constantinople, a, 17, 24, 26, 27, 28 mars, secousses faibles ; une un
peu plus forte le 3i.
» Gallipoli, 17 mars, une secousse modérée.
» A Brousse, il y eut chaque jour (du 28 février au 3i mars) cinq à six
secousses plus ou moins fortes, la plupart verticales, les autres horizontales
dans le sens du sud-ouest au nord-est. Du ier au 4 avril, on n'y ressentit
aucune secousse.
» Rhodes, 6 avril, 1 heure du matin, on y sentit une première se-
cousse assez forte qui dura près de 6 secondes; puis une deuxième plus
faible : leur direction était de l'est à l'ouest.
» PhiUppopoli, 3 avril, il y eut plusieurs secousses assez fortes.
» Brousse, 5 avril, une secousse assez forte, mais sans accidents.
Le 6, 7, 8, 9 et to avril, secousses faibles.
» 1 1 avril, 7h4oœ du soir. Ce jour fut signalé par une violente secousse
qui fut sentie sur tout le littoral de l'Archipel et dans les mêmes lieux
que le tremblement de terre du 28 février.
» A Brousse , la secousse fut verticale et dura environ 25 secondes ( dit-
on). Elle fut précédée d'un bruit souterrain. Certaines personnes estiment
qu'elle fut trois fois plus forte que celle du 28 février. Aussi des maisons en
bois, qui avaient résisté à la première secousse, ont été en partie renversées
(1) Ainsi, à Constantinople, pour peu qu'on y fit attention, on sentait le sol trembler
presque constamment sous les pieds, pendant près de huit jours.
(96)
par celle-ci. Pas une mosquée, pas un minaret, pas un édifice en pierres ne
resta debout. Les secousses se succédaient avec une telle rapidité, qu'en
moins de i5 heures on en compta environ cent cinquante, dont quelques-
unes étaient assez fortes pour renverser des murs. Les sources qui ali-
mentent la ville tarirent comme la première fois pendant plusieurs jours;
mais les sources d'eaux thermales, tant sulfureuses que ferrugineuses,
éprouvèrent au contraire une augmentation de volume. De nouvelles sour-
ces chaudes surgirent même à côté des anciennes et continuèrent jusqu'à la
fin du mois, époque à laquelle elles disparurent.
» A Smjrne, la secousse fut trouvée très-longue et précédée d'un bruit
souterrain. Sa direction était de l'est à l'ouest avec tendance du sud-ouest
au nord-est. A Nasildi (province d'Aïdin), on ressentit six ou sept secousses
en quelques heures. A Métélin, la secousse fut suivie d'un coup de vent du
sud. A Andrinople, la secousse a été très-forte et suivie également d'un
coup de vent. D'autres secousses se sont ensuite succédé de loin en
loin. A Constantinople , la secousse fut violente, mais certainement moins
intense que celle du 28 février. Elle fut surtout moins longue, car sa durée
a été de moins de 8 secondes. Cette violente commotion fut suivie d'autres
beaucoup plus faibles dans la même soirée; savoir: à 7h5om, 8b3on>et
10 heures.
» Constantinople, 12 avril, 1 heure du matin, une secousse faible.
» Constantinople, i3 avril, deux secousses à 8bao™, et secousses assez
faibles le 10, le 19, le 22 et le 23 à 10 heures du soir.
» Brousse, 17 avril, forte secousse verticale, suivie d'autres qui se
succédèrent d'heure en heure. Le 18, deux fortes secousses horizontales.
Le 19, une forte secousse horizontale. Le 20, dans la nuit, une forte se-
cousse horizontale. iih20m du matin, quatre fortes secousses horizon-
tales. Le 22 avril, deux faibles secousses. Le 22 avril, 5h20m du matin, une
très-faible secousse. A 8h 5om du matin, bruit souterrain, sans secousse.
Rien le 24 et 25, mais le 26, une forte secousse. Le 28 il y avait eu, de grand
matin, un léger balancement du sol. A 81' 20™, les chiens aboient, et presque
aussitôt on entend un bruit souterrain qui est suivi d'une secousse horizon-
tale, laquelle dura près de 20 secondes et fut assez forte pour renverser
des murailles. Le 29, une forte secousse. Depuis lors jusqu'au i3 mai
il y eut chaque jour plusieurs secousses et des bruits souterrains.
» On a observé, à Brousse, que les secousses avaient lieu plus fréquem-
ment la nuit que le jour, et fréquemment par un vent du sud. Après
une forte secousse,, la terre conservait pendant quelque temps une trépida-
(97)
tion comparable à celle qu'on éprouve sur le pont d'un bateau à vapeur.
Presque toujours les secousses étaient précédées ou accompagnées de bruits
souterrains; mais souvent aussi, quoique le sol n'éprouvât aucun ébranle-
ment, on entendait, principalement du côté du mont Olympe, des mugisse-
ments, des sifflements et de sourdes détonations semblables aux décharges
lointaines d'une batterie d'artillerie.
» Quant aux dégâts matériels produits par tant de chocs violents, ils sont
immenses dans la seule ville de Brousse. Sans compter toutes les mosquées
et leurs cent soixante minarets qui se sont écroulés, sans compter les khans
et le grand nombre de maisons jetés à terre, deux fois l'incendie a éclaté,
une première fois après la secousse du 28 février, une seconde fois après
celle du 1 1 avril, et il a dévoré près de quinze cents maisons. Sur une popu-
lation de soixante-dix mille habitants, treize cents environ ont trouvé la
mort sous les ruines de leurs maisons.
» Ces terribles effets se sont fait sentir presque exclusivement dans les
districts voisins de l'Olympe. De nombreux villages ont été détruits de fond
en comble, surtout ceux qui se trouvaient dans la direction du sud-ouest au
nord-est. La violente secousse du 28 février paraît avoir produit le plus de
désastres dans l'espace compris entre Brousse et Mouhalitch. Celle du
1 1 avril aurait été plus sentie dans la contrée au nord de Brousse. Un fait
digne de remarque, c'est que certains villages ont particulièrement souf-
fert, tandis que d'autres, très-voisins, n'ont éprouvé aucun dommage;
comme si les commotions souterraines avaient eu lieu dans des foyers cir-
conscrits ne communiquant entre eux que par des canaux très-étroits.—
Ainsi, on cite le village de Tépéïdjik, situé à 7800 mètres environ au nord-
nord-est de Brousse, qui fut complètement détruit, tandis que celui de
Démir-tach, à i3oo mètres au nord-nord-ouest du précédent, et celui de
Kélécèr, qui en est à 2600 mètres au nord-est, n'ont rien éprouvé de
fâcheux.
» Brousse, 16 mai, 8hi5m du matin, une secousse assez forte, sans
accident. Depuis ce jour, des secousses ont continué à se faire sentir de
temps en temps, mais avec une intensité décroissante.
» Salonique, i3 juin, une secousse horizontale de l'est à l'ouest. Le
3 juillet, 6 heures du matin, une faible oscillation de l'est a l'ouest.
» Brousse, 28 juillet, plusieurs secousses horizontales, peu intenses, vers
1 1 heures du matin et 2 heures du soir. A 4h3om du soir, plusieurs secousses
verticales.
» Brousse, 20 août, 2h3om du soir, après plusieurs jours de tran-
C R., i856, i« Semestre. (T. XLH, N°5.) '4
(9» )
quillité, on sentit trois secousses horizontales du sud-ouest au nord-est,
assez fortes pour renverser des pans de murailles. Secousses le 21 et le 27,
cette dernière assez forte.
» Constantinople, 20 et 21 août, faibles secousses horizontales de l'est à
l'ouest, qui durèrent moins d'une seconde.
» Sahnique, 28 août, secousse horizontale assez forte, sans accident. Le
29 une secousse faible.
» Rhodes, 3o août, deux oscillations nord et sud.
» Métélin, 9 septembre, secousse horizontale assez forte, mais sans cau-
ser d'accident.
» Sahnique, 21 septembre, matinée, une secousse assez forte.
» Brousse, 9 octobre, 2 heures du matin, une forte secousse. On y
ressent toujours de temps en temps, surtout lorsque le vent du sud souffle,
des secousses plus ou moins fortes et on y entend des bruits souterrains.
Les habitants n'osent pas encore rentrer en ville ; ils habitent sous des tentes
ou dans des maisons de campagne.
» Smyrne, 18 novembre, une forte secousse horizontale du sud au nord,
avec bruit souterrain.
» Smjme, 19 novembre, deux secousses faibles.
» Brousse, i4 décembre, 9h3om du soir, une secousse brève, mais assez
forte pour alarmer de nouveau la population dont la plus grande partie
était rentrée en ville : mais il n'y eut point d'accidents.
» Constantinople, 14 décembre, 9h3om du soir, j'ai senti deux oscil-
lations du sud au nord très-courtes, de force moyenne, avec craquement
de boiseries. Je n'ai entendu aucun bruit souterrain.
» Brousse, i5 décembre, secousse plus faible que celle du \l\.
» Brousse, 16 décembre , même secousse.
Résumé.
» Les tremblements de terre notés dans ce tableau ont eu lieu depuis le
24 janvier jusqu'au 16 décembre i855 dans les quinze lieux suivants compris
entre Philippopoli et Rhodes :
Constantinople 3o secousses.
Brousse . 25
Salonique 5
Smyrne 4
Rhodes 2
Gallipoli ... 2
Andrinople 2
Macri 1
Baghla-aghatch .
Samos
Métélin
Nasildi
Dardanelles. . .
Loulé-bourgas.
Philippopoli. . .
(99)
Sur cinquante-huit secousses dont l'heure est indiquée,
10 ont eu lieu de 6 heures du matin à midi
12
.,../., , • } 22 le jour,
midi a b heures du soir )
iq » 6 heures du soir à minuit. . . i _. ,
■ jh lu nu 1 1
1 7 » minuit à 6 heures du matin . . (
CORRESPONDANCE .
M. le Ministre de l'Instruction publique approuve le choix du jour in-
diqué par l'Académie pour sa séance annuelle; en conséquence, cette
séance aura lieu lundi prochain a8 janvier.
M. le Ministre de l'Instruction publique invite l'Académie à lui présenter
deux candidats pour la place vacante au Bureau des Longitudes, par suite
du décès de M. Beautemps-Beaupré .
Une Commission, formée par la réunion des Sections de Géométrie,
d'Astronomie, de Géographie et de Navigation, s'occupera de la préparation
d'une liste de candidats pour la présentation demandée.
M. le Ministre de la Guerre annonce qu'il a maintenu MM. Poncelet
et Le terrier comme Membres du Conseil de perfectionnement de l'École
Polytechnique, au titre de l'Académie des Sciences.
« M. Poncelet présente, au nom de l'auteur, M. William Fairbairn,
Correspondant de l'Académie des Sciences, un ouvrage en anglais publié
récemment , à Londres, sous le titre : Renseignements usuels pour les ingé-
nieurs, etc., et qui contient une série de recherches expérimentales ou
théoriques, très-importantes, sur la construction, la consommation de
combustible et l'explosion des chaudières ; sur l'utilité de la création d'é-
coles où les connaissances pratiques seraient alliées aux notions et aux
théories scientifiques ; sur les constructions métalliques appliquées princi-
palement aux navires ; enfin sur les lois de la formation et de la constitution
de la vapeur d'eau à différentes pressions et températures; plus spécialement
sur la nouvelle théorie de la chaleur, envisagée au point de vue de l'éta-
blissement des chaudières de machines à vapeur. Cet ouvrage est en outre
suivi, sous forme d'Appendices, d'une série d'articles, de notes relatives à la
résistance de la fonte et du fer diversement constitués ou assemblés, notam-
ment dans les chaudières et les bouilleurs des locomotives, etc. Tous ces
articles et les chapitres du texte qui s'y rapportent, doivent être considérés
«4..
( ioo )
comme le résumé, le résultat des longues recherches expérimentales, entre-
prises, à diverses époques, par le célèbre et infatigable auteur de ce très-
utile ouvrage. »
« géologie. — M. Èlie de Beaumont met sous les yeux de l'Académie,
de la part de M. de Dechen, président du conseil des mines de Bonn
(Prusse Rhénane), les deux premières feuilles de la Carte géologique de la
province Rhénane et de la province de Westphalie. Ces deux feuilles sont
les sections de Wesel et de Dortmund de la carte topographique au -5 ?
publiée par le gouvernement prussien, que M. de Dechen a coloriées géo-
logiquement. Elles font partie de la grande carte géologique que les géo-
logues ont admirée l'été dernier dans l'annexe du Palais de l'Industrie, et
dont les autres parties vont être publiées successivement.
» Les couleurs géologiques sont appliquées par impression avec le plus
grand soin. Des lettres placées dans les soixante et onze compartiments de
la légende et reproduites dans les diverses parties de la carte permettent
à l'œil de reporter partout sans hésitation les indications de la légende, sans
être arrêté par les ressemblances qu'il est impossible d'éviter entre les dif-
férents termes d'une si nombreuse série de teintes.
» Voici, avec les lettres désignatives de chaque couleur, la traduction des
explications qui les accompagnent. Leur réunion présente un tableau com-
plet de la classification adoptée par M. de Dechen pour les terrains si va-
riés qui forment le sol de la province Rhénane et de la province de West-
phalie, depuis Sarrebruck et le bassin de Mayence jusqu'à la Porta-West-
phalica, en comprenant la région des volcans éteints des bords du Rhin.
/ a Cailloux roulés, sable, limon (Lehm) dans les vallées des ri -
\ vières.
Almjvium / a' Tourbe et minerais de fer des gazons [Rasen-eisenstein).
a1 Tuf calcaire.
a3 Marne coquillière.
Îb Cailloux roulés, sable, limon ( Lehm, Lues) \i une- étendue con-
sidérable ) .
* Limite de la dispersion des blocs erratiques du nord.
c Sable coquillier de Crefeld, sable de Grafenberg.
c' Argile de Ratingen.
Terrain miocène J c- Lignites du Rhin et du Westerwald , sable , argile et grès.
du groupe tertiaire, j c3 Calcaire à cérithes • \
i* Argile et marne bleues inférieures ... \ Dans le ],n«in Uè M.yence
cs Sable marin et conglomérat ostrifère.
( loi )
J d Craie tuffeau de Maestricht.
d> Roches sableuses de l'âge de la craie
blanche
d2 Roches calcareo-argileuses de l'âge de
la craie blanche
d' Sable d'Aix-la-Chapelle ( sable de l'A-
chenerwald et du Lousberg )
Groupe crétacé / d' Calcaire blanc de Groes, près Ahaus
(Planer supérieur)
ds Planer avec couches subordonnées de
grès vert
d6 Tourtia ( grès vert d'Kssen) Flammen-
mergel.
d' Gaùlt.
d' Néocomien ( hils, grès vert inférieur) .
e Argile wealdienne ( wâlderthen ).
Couches wealdiennes. { _, ° , ,. , '
el Grès wealdien ( diester sandstein ) .
Sénonien de
M. d'Orbigny.
Turonien
de M. d'Orbigny.
Groupe jurassique .
Groupe uu Trias
/ Couches partlandiennes (et kimméridiennes) ( jura blanc de
f1 Coralrag I M.Léopoldde Buch.
| /' Jura moyen comprenant l'argile d'Oxford.
Jura brun de M. T^éopold de Buch.
\f3 Lias.
/' Grès de Luxembourg ou grès inférieur du lias ( gris à car-
dinies).
g Keuper.
g' Muschelkalk .
g1 Rôth ( argiles schisteuses).
g* Grès bigarré.
g* Conglomérat de Menden et de Malmedy.
G Gypse du Trias.
h Zechstein ( comprenant la Rauchwacke et le Kupfersehiefer ).
Groupe mermien j G' Gypse du Zechstein.
h' Rothliegendes .
i Couches supérieures , dépourvues de houille , du terrain houil-
ler.
i' Terrain houiller avec couches de houille [cûal measures).
Groupe carbonifère. ^ /» Grès dépourvus de houille (millstone-grit).
P Culm (Phtanite, schiste, grès, calcaire schisteux, schiste à Possi-
donomyes).
i* Calcaire carbonifère.
Schistes à cypridines
de
Groupe dévoniew.
( ioa )
h Schistes de Verneuil (roches argilo-sableuses avec Spirifet
verneuilli au sud d'Aix-la-Chapelle).
X' Kramenzcl (grès , schistes avec modules
calcaires et clymenies
A' Flinz (schistes à goniatites de Budesheim .
etdeNehden) ) M. Sandberger
/ Calcaire de l'Eifel (-comprenant les calcaires de Paffrath et d'El-
berfeld et le calcaire à strigonocéphales ) et couches calcaires
subordonnées aux schistes de Lenne.
P Schistes de Lenne (roches argilo-sableuses au sud de la zone
calcaire rheino-westphalienne de M. F. Romer).
m Schistes de Wissenbach.
m' Schistes de Coblenz ( grau wacke rhénane ancienne de M. F. Ro-
mer; grès à spirifers de M. Sandberger).
m* Couches calcaires dans les schistes de Coblenz.
n Schistes de l'Ardenne (schistes semi-cristallins dépourvus de
fossiles).
D Bancs d'ardoises du groupe dévonien.
0 Pierres ponces incohérentes.
* Limite de la dispersion des pierres ponces incohérentes,
o' Conglomérat pooceux (grès d'Eugers).
o' Trass (Duckstein dans la vallée de Brôhl).
p Tuf augitique, sable volcanique.
S Scories volcaniques.
L Lave augitique (lave basaltique en coulées).
1 Tuf leucitique.
P Phonolithe, roche à leucite et à sodalite.
r Conglomérat trachitique et basaltique.
B Basalte.
T Trachyte.
M Melaphyes, mandelstein ( Trapp) 1. Dans la masse du
F Porphyre feldspathique avec quartz ) terrain houiller.
s Schaalstein .
Gr Grunstein (d'une composition minéralogique incomplètement
connue).
L Porphyre labradorique.
H Roche d'hypesthène.
F1 Porphyre feldspathique schisteux et sans quartz, dans la masse
1 . ' du groupe dévonien.
M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de M. le professeur Sed-
gwick, un ouvrage intitulé « Synopsis d'une classification des roches paléo-
zoïques britanniques , avec une description des fossiles paléozoïques existant
au Muséum géologique de l'Université de Cambridge. »
L'ouvrage se compose d'un volume in-4° de texte, dont l'introduction
Roches voloahiques.
Roches plctoniques.
( io3 )
présente un tableau des couches paléozoïques de la Grande-Bretagne, par
M. le professeur Sedg\vick,et qui est principalement consacré à la description
des fossiles paléozoïques de la Grande-Bretagne, par M. Mac Coy, actuel-
lement professeur de sciences naturelles à l'Université de Melbourne; de
nombreux diagrammes sont intercalés dans le texte, et l'ouvrage est accom-
pagné d'un atlas de planches lithographiées exécutées avec un très-grand soin .
« M. Velpeau présente à l'Académie, au nom de l'auteur, M. Carret,
chirurgien de l'Hôtel-Dieu de Chambéry, une Note imprimée sur un appa-
reil nouveau pour le traitement des fractures des membres.
» Rien n'est plus simple et moins dispendieux que cet appareil : il se
compose d'une feuille de carton ramolli pour emboîter le membre et de
quelques tours de bande pour fixer le carton pendant sa dessiccation. En
se durcissant, le carton s'amincit, se moule sur les parties et s'y colle, en
les régularisant. Par son retrait, il exerce une légère compression perma-
nente, en même temps qu'il devient inflexible et inamovible. Si une expé-
rience plus longue et plus variée n'y fait découvrir aucun inconvénient sé-
rieux et vient à confirmer de tels avantages, l'appareil de M. Carret devra
certainement être admis comme un perfectionnement utile des bandages
inamovibles, pourtant déjà si simples, employés aujourd'hui dans le traite-
ment des diverses fractures des membres. »
« M. Velpeau dépose en outre sur le bureau un ouvrage de M. Petten-
kofer, professeur à l'université de Munich. Dans ce travail, l'auteur résume
toutes ses recherches sur la marche du choléra là où il a pu le suivre, et
sur les rapports de ce fléau avec la constitution géologique des localités
qu'il a envahies. »
La Société régionale d'Acclimatation pour la zone du nord-est de la
France adresse plusieurs exemplaires d'un opuscule sur les noms à imposer
aux animaux nouveaux, acclimatés ou supposés acclimatables {voir au Bul-
letin bibliographique).
astronomie. — Solution trigonométrique de la méthode de M. Babinet
pour la détermination des latitudes [Comptes rendus, n° i , 7 janvier t856) ;
par M. ï loi six.
« Étant données les trois équations
sine? = sin A cosX,
sinc^= sinA'cosX,
A + A' = q,
on demande de calculer X au moyen de o\ â' et q.
( io4 )
» Pour cela, soient N et N' deux angles auxiliaires, tels que l'on ait
N ■+- N' = q,
puis
tang;J (*-<?')
tang-(N-N')=tang^ \-
tang - ^ + S')
7
on tirera de cette seconde équation la valeur de N — N'. Ayant celle de
N -+- N', on trouvera N et N'. Enfin on aura X par la formule
i sinâ sinS'
COSA = -r-t = - ,-
smN sinN %
En effet, reprenons les deux équations
sinc? = cosXsinA,
sintfrz: cosXsinA',
auxquelles il faut joindre la relation
A -+• A' = q.
» Il s'agit d'éliminer A et A', afin d'obtenir X.
« Posons, pour abréger,
sintf = n, sin^' == n\
il vient
sin? = sinAcosA' -+- sinA'cosA = "-cosA' + £»£■
cosX
d'où
Sin^ = ^n ["' (» -£ï) +> {*-£ï) + WcosAcosA']-
Mais
cosq = cosA cosA' — sin A sinA' = cosA cosA' ?ffU
COS' A
puisque
sinAsinA*=sin*sin*'
COS:X COSJA
donc
a/m' cosA cos A' == 2 coso . nn! -+- *"'"
* cos1).
( io5)
ce qui, transporté dans la valeur qu'on vient d'obtenir pour sin2^, donne,
en réduisant,
sin2<7 cosaX = na -+- n'2 + inn' cosq.
» On voit alors que sin q cosX sera le côté d'un triangle ayant pour angle
opposé 1800 — q et dont les deux autres côtés comprenant l'angle 1800 — q
seraient n et n'. Soient alors N et N' les angles opposés respectivement à n
et «', on aura
TVT IV, / ' /TIT HT/S ! " "' *. ' SiQ^ Sïn^'
N + M' = fl, tang-(N-N) = tang-g.^7=:tang;?.>iBj + iin^
et, par conséquent,
• tang-(S — S')
tang i (N - N') = tangi q ,
tang !(*.+ *')
ce qui permet de calculer N — N' par logarithmes, puis N et N' par une
somme et une différence.
» Ensuite on a
sin 17 cos^ _ n n'
sin q ~ sinN sinN'
par l'opposition des sinus, car sinç cos X est le côté opposé à l'angle 1 8o° — q.
Il vient donc
, sin S sin S'
cosX = -7~s ='•• us
sinN sinN'
» Nota. Cet artifice de calcul pourra, en général, servir à calculer par
logarithmes x dans l'expression trinôme
x — P + Q + R,
lorsque i° P et Q seront de même signe, et i° lorsqu'en faisant
2s/PQ.* = R,
le nombre k sera plus petit que l'unité. »
géométrie. — Sur les trajectoires orthogonales d'une sphère mobile ;
par M. J.-A. Serret.
« La recherche des surfaces dont les lignes de l'une des courbures sont
situées sur des sphères normales à la surface, se ramène immédiatement à
la détermination des trajectoires orthogonales d'une sphère mobile, et ce
C. R., i856, 1" Semestre. (T. XLII,N05.) ï5
( ïo6 )
dernier problème se réduit lui-même très-aisément à la détermination des
trajectoires orthogonales d'un plan mobile, question dont j'ai donné une
solution très-simple dans le Compte rendu de la séance du 3i dé-
cembre i855. C'est ce que je me propose d'établir ici (*).
» Soit
(i) {x-af + {j-bf+{z-cY = ri
l'équation d'une sphère en coordonnées rectangulaires ; <z, b, c, r désignent
des fonctions d'un paramètre variable t. Les trajectoires orthogonales de
cette sphère mobile auront pour équations différentielles
, . dx dy dz
^ ' x — a y — b z — c •
Soient a, 6, -y les angles formés avec les axes par une droite arbitraire va-
riable avec le paramètre t ; désignons aussi par u une nouvelle fonction de
t et posons
/0> , , cos a ,, , cosê , , cosv
(i) da = rud > do = rud > de = rud -. — '•
x ' u u u
Enfin, au lieu des variables x, y, z, prenons-en trois autres xt, /,, z, telles
que l'on ait
(4) • \j = b + r(^^-co^),
- cos 7 \i
d'où l'on tire, en ayant égard à l'équation (1),
u(x — a + rcossc)
1 [x — a)cosa + (_y — 6)cosë-4-(z — c)cosy-+-r
_ u{y — è-f-rcosë)
\^ I \ 3K (x — a)cosa-h(/ — è)cosë-f-(z — c)cosy-hr
u(z — c + rcosy)
[x — a)cosa-f- (y — b) cosê -+- (z — c)coS7 -+- r
(*) M. Ossian Bonnet s'est occupé le premier de la recherche des surfaces dont il s'agit ici.
Mais les formules qu'il a données me paraissent trop compliquées pour qu'on puisse en tirer
parti ; aussi je crois faire une chose utile en publiant le résultat si simple que j'ai obtenu. On
verra d'ailleurs que l'analyse dont je fais usage s'applique sans difficulté au cas général, non
encore résolu, des surfaces dont les lignes de l'une des courbures sont sphériques.
( io7 )
» Au moyen des équations (3) et (4) les équations (i) et (2) se rédui-
sent aux suivantes :
(6) x, cosa -+- y, cosS + z, cosy = u,
. . dxt dyt dz{
^ ' ' cosa cosê cosy '
on voit que si l'on considère x, , yt, z, comme des coordonnées rectangu-
laires, les équations (7) appartiendront aux trajectoires orthogonales du
plan mobile représenté par l'équation (6).
» Nous conserverons toutes les notations de l'article inséré au Compte
rendu du 3i décembre dernier. Ainsi nous désignerons par £, u, Ç, X, pi, v
les angles formés avec les axes par le rayon de courbure et par l'axe du
plan oscillateur de la trajectoire du plan (6); par ds l'angle de deux tan-
gentes infiniment voisines et par dt\ l'angle de deux plans osculateurs infi-
niment voisins. Désignant en outre par A et B deux constantes arbitraires,
et posant
U = Asinyj + Bcosrj — <p (yj),
les trajectoires orthogonales du plan (6) seront représentées par l'équa-
tion (6) jointe aux deux
(8) xs cosX + y{ cos/i+ z, cosv = t),
(9) JC, COSÇ ~hjt COSU -+- Z, COSÇ = -z- •
» Si, dans les équations (8) et (9) on remplace x{, yt, z, par leurs va-
leurs tirées de ( 5), on aura deux nouvelles équations qui, jointes à l'équa-
tion (1), feront connaître les trajectoires orthogonales de la sphère (1).
Enfin, si l'on exprime A et B en fonction d'un paramètre 0 et d'une fonc-
tion arbitraire de ce paramètre, les mêmes trois équations représenteront
les surfaces dont les lignes de l'une des courbures sont, situées sur des
sphères normales à la surface. Les équations que nous formons ainsi con-
tiennent seize quantités fonctions du paramètre t, savoir : a, b, c, r,
u ou <p(>j) et les onze angles a, ê, y; £, w, Ç; X, fj., v; z et yj. Toutes ces
seize quantités peuvent s'exprimer immédiatement, dans le cas général, en
fonction du paramètre t et de trois fonctions arbitraires de ce paramètre;
cela peut se faire d'une infinité de manières; le choix du paramètre et des
i5..
( io8)
fonctions arbitraires doit être subordonné aux convenances du cas parti-
culier que l'on veut étudier.
» Considérons, par exemple, le cas où les sphères qui contiennent les
lignes de courbure ont leurs centres en ligne droite. On pourra faire ici
a = o, b = o, cosa = o, cosê = o, cosy=i;
alors les équations (7) se réduisent à
dxi = o, dyi = o,
et nous pouvons poser
(10) x\+j\ = Y<
F désignant une fonction arbitraire. Faisant ensuite
C = t, U=z\J-j(t),
on a
et si l'on pose
S/<5>:-!"(5
z — t+ v^'-+- y ■+• (z — *)
l'équation (10) se réduit à V = o en vertu de (5). La surface que nous con-
sidérons ici sera donc représentée par l'équation V = o jointe à l'équa-
tion (1); il est aisé de s'assurer qu'elle peut l'être aussi par les deux
équations
o, — = o
dt
7
résultat que j'ai donné déjà dans mon Mémoire sur les surfaces dont toutes
les lignes de courbure sont planes ou sphériques.
» Remarquons encore le cas où les sphères qui contiennent les lignes de
courbure ont seulement leurs centres dans un même plan. Ce cas se ramène
immédiatement, d'après ce qui précède, au cas des surfaces dont les lignes
de l'une des courbures sont dans des plans parallèles à une droite fixe et
normaux à la surface. »
( io9 )
géométrie. — Sur les surfaces dont les lignes de Vune des courbures soni
sphe'riques ; par M. J.-A. Serret.
« Soient x, y, zdes coordonnées rectangulaires et a, b, e, r, l des fonc-
tions d'un paramètre t, dont la dernière l contient le facteur \J — i. Si l'on
pose dz = pdx -+- qdy, l'équation différentielle des surfaces dont il s'agit
sera le résultat de l'élimination du paramètre t entre les deux équations
(i) {x-ay + {y-by + {z-cy = r*-l\
(u) -{x-a)p-{y — b)q+ {z-c) =l^-i-p*-u\
Soient x0, ' y0, z0, v0 quatre fonctions inconnues de t, assujetties à vérifier
les équations
(3) (x0 - af + (Jo - bf + (z0 - cf + (v0 - l)> = r\
ir\ dx" — dfo — dz° — dv"
et posons
(5) Y=(x0-a)(x-a) + (jr0-b){r-b) + {z0-c)(z-c)-l(»0- /)->■».
» Il est aisé de s'assurer que l'équation V — o satisfait à l'équation (a) ;
elle sera donc une intégrale complète de celle-ci, si les valeurs de x0, y0,
z0, v0 tirées des équations (3) et (4) renferment dans leurs expressions deux
constantes arbitraires. Si, en outre, on exprime les deux constantes dont il
s'agit en fonction d'un paramètre 0 et d'une fonction arbitraire de ce para-
mètre, l'intégrale générale de l'équation (2) sera le résultat de l'élimination
de 9 entre les deux équations
(6) V=o, £ = 0.
» Enfin l'équation intégrale des surfaces dont nous nous occupons sera
le résultat de l'élimination de t et Q entre les équations (1) et (6).
» Soient a, , b, , c, , /, et u cinq fonctions de t , choisies de manière
que l'on ait
(7) a\ + b\ + c\ +/» = !,
( 8 ) da — rud — ■> db = rud — » de = nid —•> dl= rud- ■>
' - ' II II U II
( »/? )
et prenons, au lieu de x0,j0, z0, v0, quatre nouvelles variables sctijrtfzi9.vti
telles que
(x^a + r^-^^-^^-a,), j^b + r^^^^-b,),
Au moyen des équations (7), (8), (9), les équations (3) et (4) se rédui-
sent à
(10) a, x, 4- b,j<-, ■+- c, z, -h lt v, — 11,
, >. dfh <h\ d^_ dt^
{lI> a, ~ b, ~ c, ~X'
et la question est ramenée à trouver des valeurs de xt,y,, zt, vt] qui satis-
fassent à ces équations et qui renferment dans leurs expressions deux
constantes arbitraires.
» Remarquons d'abord le cas où les sphères qui contiennent les lignes
de courbure ont leurs centres dans un même plan. En prenant ce plan pour
celui des xj, on a c = o, puis on peut faire c, = o et z, = o, ou = une
constante. On voit alors que le problème est immédiatement ramené à la
détermination des trajectoires orthogonales d'un plan mobile. »
géométrie. — Note sur les surfaces pour lesquelles la somme des deux
rayons de courbure principaux est égale au double de la normale; par
M. Qssian Bonnet.
« Je me propose d'appliquer les formules que j'ai fait connaître dans le
tome XXX VII, page 34g, des Comptes rendus, à la détermination d'une
classe de surfaces qui ont une analogie remarquable avec les surfaces à aire
minima.
» Les surfaces dont il s'agit sont telles, que la somme des rayons de cour-
bure principaux est égale en chaque point au double de la normale. D'a-
près cela, si l'on conserve les notations de la Note citée, on aura pour
l'équation aux différentielles partielles de la surface
dz
(0
ou
2
(Pz ifz . . dz dr
_)- -)- 2 1 tani* 1 y -+- z -+- ... - —
dx' dy2 ° J dy i sin iy cos iy
U7
d2z d'z . . dz
-r- -f- -j—, — 2 / cot 1 y — - -4- Z ; = 0.
dx* dy •' dy
( III )
Pour intégrer cette équation, posons
z = fi sin if udf;
substituant et différentiant par rapport à y , il viendra
d'u rf*« _
d'où
« = \ [/(* + (r) ■+-/(* - '»] + ; [/ '(* + '» -/. (* - ?/)]«
/ et /j étant deux fonctions réelles quelconques ; par conséquent
a = f i sin ij^-UX* + i» -+-/(* - if)] -+- 1 [ft (x+iy)-ft {x-if)]\df,
la fonction arbitraire de x qui entre dans l'intégrale devant être déterminée
par la condition que l'équation (i) soit satisfaite.
» On se rappelle que l'on a pour les surfaces à aire minima
(2) z = fco&if^[f(x+ir)+f(x-if)]+ ~[j\{x+if)- ft{x-if)^df,
ainsi, en supposant que les fonctions / &X.ft soient les mêmes, la première
valeur de z se déduira de la seconde, en changeant, sous le signe /, cos//
en / sin if.
» Si l'on cherche les lignes de courbure des surfaces représentées par
l'équation (1), en se rappelant l'équation générale
d'z d7z
/rfjrV d^~dy + zdy _
\dx) T ' "rf'g dx • l — °'
dxdy
que nous avons obtenue (tome XXXVII, page 35o, des Comptes rendus),
on trouve
± Y _ o ''[/> + '>)-/'(* -'»]-[/'■(*- '» +£*{* - '/)] *
■y ? '•[/'(*+
1
Or cette équation est aussi celle des lignes de courbure des surfaces à aire
minima. Nous pouvons donc conclure qu'à chaque surface à aire minima
correspond une surface ayant en chaque point la somme des deux rayons
de courbure principaux égale au double de la normale, et pour laquelle les
lignes de courbure sont respectivement parallèles à celles de la surface à aire
( «a )
rainima. Ainsi, au plan correspond la sphère, à l'hélicoïde à plan directeur
correspond la surface dont les coordonnées Ç, >), Ç satisfont aux équa-
tions
'% sin x — c cos x — — a cos iy,
■- . ax
c cosx -+- V5 sinx = ?
cos iy
l = aix tang/r-
Etc., etc. »
chimie ORGANIQUE. — Note sur l'acide tartrique ; par M. Dcbrusfact.
« Si l'on sature d'acide borique des dissolutions d'acide tartrique faites
en diverses'proportions et à diverses températures (de + 10 à + 25 degrés),
et que l'on observe les rotations de ces dissolutions aux températures pour
lesquelles elles ont été saturées d'acide borique, on trouve un pouvoir
rotatoire constant|et proportionnel aux quantités d'acide tartrique contenues
dans les dissolutions.
» Dans toutes ces dissolutions, l'acide tartrique possède le maximum de
rotation que peut lui imprimer l'acide borique, et son pouvoir dispersif
anomal est rentré intégralement dans la loi générale que M. Biot a reconnue
au cristal de roche et aux autres substances optiquement actives, ce qui
n'est jamais réalisé d'une manière parfaite pour ces composés quand on
n'a pas satisfait aux conditions que nous venons d'énoncer.
» On peut donc, en ayant soin de réaliser ces conditions, doser avec
précision l'acide tartrique qui se trouverait en dissolution dans l'eau en
proportions inconnues, et l'on peut dès lors employer pour ces dosages les
mesures angulaires ay recommandées par M. Biot, ou les mesures équiva-
lentes fournies par le saccharimètre de M. Soleil.
» Si l'on examine la composition chimique des dissolutions tartro-
boriques constituées comme nous venons de l'énoncer, on trouve que
toutes renferment, à peu de différence près , i équivalent d'acide bo-
rique BO% 3 HO pour 2 équivalents d'acide tartrique C8H*0'°, 2HO.
Nous disons que telle est à peu près la constitution chimique de toutes ces
dissolutions; car l'analyse permet de reconnaître dans les dissolutions tar-
troboriques diluées une proportion d'acide borique un peu plus grande.
» Cette différence dépend, ainsi que cela résulte de l'ensemble de nos
observations, de l'affinité de l'eau pour l'acide borique, affinité qui est
modifiée par la présence du composé tartroborique dans les solutions con-
X "S)
centrées et qui ne trouble plus la composition définie de ce composé quand
elle est satisfaite.
» En effet, quand on étend d'eau pure une solution tartroborique bien
constituée, le pouvoir rotatoire de l'acide tartrique perd de sa valeur et
son pouvoir dispersif est changé; il les recouvre intégralement, quand on
sature la dissolution d'acide borique.
» Si, au lieu d'ajouter de l'eau pure à une solution tartroborique bien
constituée, on ajoute de l'eau préalablement saturée d'acide borique, le
pouvoir dispersif et le pouvoir rotatoire ne changent pas.
» Il est impossible, en présence de ces faits, de ne pas admettre que les
acides tartrique et borique dissous dans l'eau subissent au milieu de ce
liquide une combinaison chimique définie; et cette combinaison, rappro-
chée des autres combinaisons connues, ne peut appartenir à aucune des
séries de tartrates doubles.
» Ces faits et ces interprétations expliquent d'une manière satifaisante
les belles et importantes observations faites par M. Biot sur les propriétés
optiques des composés tartroboriques ; seulement ils les expliquent à un
point de vue différent de celui qui a servi de point de départ aux re-
cherches de l'illustre académicien, c'est-à-dire au point de vue purement
chimique des combinaisons définies en proportions multiples.
» Les mêmes faits, aidés des observations si précises de M. Fremy, expli-
quent d'une manière aussi satisfaisante les observations faites par M. Biot sur
les propriétés optiques des acides tartriques modifiés par la chaleur quand ils
sont mis en présence de l'acide borique. M. Biot a prouvé que les acides tar-
tralique et tartrélique possèdent, en dissolution dans l'eau, des propriétés
optiques qui sont identiques avec celles de l'acide tartrique normal placé dans
les mêmes conditions. Il a prouvé que cette identité n'existe plus quand on
ajoute de l'acide borique à la dissolution ; dans ce cas, la rotation initiale de
la dissolution est accrue par la présence de l'acide borique, mais elle l'est
moins que pour l'acide normal, et l'identité de pouvoir rotatoire ne se ré-
tablit que sous l'influence du temps, c'est-à-dire dans les conditions qui re-
génèrent l'acide tartrique avec toutes ses propriétés caractéristiques.
» En considérant, comme nous l'avons fait, le composé tartroborique
comme un composé chimique défini possédant un pouvoir rotatoire con-
stant, quand rien ne vient altérer sa constitution, en admettant, en outre,
avec M. Fremy, que les acides tartriques modifiés parla chaleur possèdent
une capacité de saturation moindre que celle de l'acide normal, ce qui
C. R., i856, ifr Semestre. (T. XLII, N°3.) l6
( m)
n'est controversé par aucun chimiste, parce que ce sont des faits vrais et
indépendants des interprétations différentes qu'on peut leur donner; en
admettant ces faits, disons-nous, on comprend que dans les expériences de
M. Biot, le composé tartroborique régulier, celui qui possède le maximum
de rotation, n'a pu se former que sous l'influence du temps. Le composé
initial était donc autre chose et les modifications successives des rotations
convergeant vers le maximum de rotation qui convient au composé tartro-
borique défini, ont dû suivre les progrès du retour des acides modifiés à
l'état d'acide normal, état qui pouvait seul restituer à ces acides la capacité
de saturation qui convient à ce dernier, et favoriser en même temps sa com-
binaison définie avec l'acide borique qui se trouvait dans le mélange, soit
libre, soit combiné avec les acides tartralique ou tartréhque, conformément
à la capacité de saturation de ces acides.
» Les rotations diverses, observées par M. Biot pendant la durée de la
réaction, n'étaient donc que des résultantes de rotations appartenant à des
composés différents, jusqu'à ce qu'enfin se soit révélée la rotation maximum,
qui convenait au composé tartroborique défini qui a pu se former.
» Il est fort digne de remarque que, ce qui se produit pour l'acide tar-
trique dissous dans l'eau en présence de l'acide borique employé dans les
conditions que nous avons spécifiées, se produit encore d'une manière ana-
logue quand l'acide a été préalablement combiné, soit avec un ou deux équi-
valents d'une base énergique, comme la soude ou la potasse. Dans ces con-
ditions encore, le pouvoir dispersif de l'acide rentre intégralement dans la
loi générale; le pouvoir rotatoire, accru parla présence delà base, est con-
stant pour le même composé, et les combinaisons se trouvent être dans
toutes les dissolutions parfaitement définies.
» Il restera à expliquer les anomalies singulières que les dissolutions tar-
triques pures ont offertes à M. Biot, au point de vue des combinaisons défi-
nies. Ces anomalies, qui se rattachent plus au phénomène chimique si peu
étudié des dissolutions et à la constitution spéciale et exceptionnelle de
l'acide tartrique, sollicitent un examen particulier de la part des chimistes.
Nous reviendrons sur ce fait dans une autre Note, en même temps que nous
aurons à examiner la propriété si remarquable de l'émétique surchauffé,
découverte par MM. Liebig, Dumas et Piria. »
( "5 )
GÉOLOGIE. — Sur des volcans et solfatares de l'île de Java , renseigne-
ments puisés dans des observations récentes des Hollandais ; par M. A.
Perrey.
« Dans le district d'Onderandir, à quelques milles de la station de poste
de Tjitrap, à une hauteur de 80 pieds environ au-dessus du niveau de la mer,
se trouve une mare, à peu près de a5o pieds carrés, qui s'annonce, à une
certaine distance, par une odeur pénétrante d'acide sulfnrique. Cette mare
est recouverte d'une vase argileuse; une partie est divisée par des digues
en compartiments qu'on utilise comme rizières. L'eau rassemblée dans
ces compartiments émet une faible odeur sulfureuse, due sans doute aux
bulles du gaz qu'on y voit partout et incessamment s'y développer. Çà et
là, le développement du gaz est si violent, que l'eau y est soulevée avec
force et mise en mouvement d'une manière très-sensible. Partout où la
vase n'est pas recouverte d'eau, on aperçoit le même bouillonnement qui
soulève et perce la boue.
» Une cavité profonde et de forme triangulaire, au côté est de cette sol-
fatare, offre un spectacle curieux. Au milieu de ce bassin dont une vase
glissante recouvre les bords, et dans une espèce de tufa, il s'en est formé
un autre d'environ i4 pieds de diamètre, et qui, sans canal apparent d'ali-
mentation, est rempli jusqu'au bord d'une eau trouble et blanchâtre, de la
couleur et de la consistance d'un épais lait de chaux. Le développement
des gaz est si considérable dans cet endroit, que la masse entière de l'eau
est dans un mouvement continuel ; c'est à la fois un mouvement gyratoire
et ondulant, un véritable bouillonnement tel, que sur plusieurs points
l'eau est lancée constamment à la hauteur de 1 et même 1 4 pied. On
entend en même temps le sifflement ou bruissement particulier qui carac-
térise l'ébullition ; en un mot, toute la matière paraît se trouver dans un
état de coction, quoiqu'elle n'accuse qu'une température de 81 degrés
Fahrenheit, celle de l'atmosphère étant d'ailleurs de o,5 degrés Fahrenheit.
La profondeur de ce bassin est de 4 à 5 pieds ; cependant, en soulevant les
pierres du fond avec un bambou, on apercevait des crevasses qui descen-
daient à une plus grande profondeur.
» La pierre tufacée, où se forme cette espèce de lait de chaux, est con-
nue des indigènes sous le nom de wadas ; elle se montre au jour dans
tout le nord du Banten (Bantam) sous un croûte plus ou moins épaisse de
terre arable. C'est un conglomérat volcanique, formé de grains de quartz,
de petits et de gros fragments de pierres ponces, et d'un ciment argileux
16..
( "6)
Sa couleur passe par des nuances nombreuses du blanc, au gris et au rou-
geâtre. Il a une faible pesanteur spécifique ; il est sonore et se laisse facile-
ment briser, mais il est rude et difficile à fendre. Partout où on le rencon-
tre, on trouve au-dessous, à quelques pieds de profondeur, une couche
marneuse.
» L'eau rassemblée dans le bassin décrit plus haut et dont nous avons
signalé l'odeur piquante et acide, a désagrégé une partie de ce tuf, qu'elle
tient en suspension par un mouvement incessant sans que cette masse ter-
reuse puisse se clarifier. L'eau a donc l'aspect d'une bouillie, peu épaisse,
d'un blanc grisâtre qui se dépose sous forme d'un sédiment en une couche
grise, granulée, d'un sable plus ou moins terreux, dont se sépare une ma-
tière blanche et transparente.
» En divers endroits de cette solfatare, le soufre s'est déposé sur les pier-
res, sur l'argile, sur le bois et sur d'autres objets. 11 y forme des cris-
taux qui varient d'épaisseur depuis quelques millimètres jusqu'à x centi-
mètre.
» Quoique l'air, l'eau et le sol soient imprégnés de gaz acides sulfureux,
la végétation n'en parait pas souffrir. Les rizières environnantes sont dans
un état florissant, et partout où le sol présente à la surface une terre arable,
la végétation est aussi luxuriante qu'en aucune autre partie du pays. »
Deux autres Notices qui font partie de l'envoi de M. A. Perrey sont rela-
tives à deux des volcans de l'île de Java.
M. Le.mo.vmeu de la Che.vnaye adresse une Note relative à une machine à
vapeur, construite par M. Sauvage, dans laquelle la chaudière est alimentée
par l'eau résultant de la condensation de la vapeur.
M. Sauvage a déjà présenté, au concours pour le prix extraordinaire
concernant le Perfectionnement de la Navigation, un Mémoire sur une ma-
chine construite dans ce système. La Lettre de M. Lemonnier est renvoyée, à
titre de document, à la Commission chargée de l'examen des pièces admises
à ce concours.
M. Hesse, commissaire de la Prusse à l'Exposition universelle, adresse
une collection de champignons, imités en cire coloriée, et décrits par
MM. Bùchner et Kirsch. Cette collection, qui a figuré à l'Exposition, est
accompagnée d'une description imprimée, en allemand, et d'une Notice ma-
nuscrite en français.
( «.'7 )
M. de Paravey demande et obtient l'autorisation de reprendre diverses
Notes qu'il a successivement adressées à l'Académie, et qui n'ont pas été
l'objet de Rapports.
M. Durand présente une Note sur une subdivision du kilogramme qui lui
semblerait d'un usage plus commode que la division adoptée.
Cette communication n'a pas paru de nature à devenir l'objet d'un
Rapport.
M. Saskc adresse de Pest une nouvelle Note, écrite en latin, sur la qua-
drature des surfaces à périmètre curviligne.
Cette Note est renvoyée, comme l'ont été les précédentes communications
du même auteur, à l'examen de M. Chasles.
M. Ch. Bailly présente une Note sur la mesure des triangles.
(Renvoi à l'examen du même Académicien.)
A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures et demie. E. D. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du ai janvier i856, les ouvrages dont
voici les titres :
Institut impérial de France. Académie des Beaux-Arts . Discours de M. F.
Halévy, secrétaire perpétuel de l'Académie, prononcé aux funérailles de
M. David (d'Angers) , le mardi & janvier 1 856 ; -§• feuille in-4°.
Exposé des titres et des travaux de M. Jobert de Lamballe, à l'appui de sa
candidature à l'Académie des Sciences. Paris, i856; in-4°.
L'art de découvrir les sources; par M. l'abbé Paramelle. Paris, i856;
i vol. in-8°.
Des Hermodactes au point de vue botanique et pharmaceutique. Thèse pré-
sentée et soutenue à l'Ecole de Pharmacie de Paris, le 8 janvier i856; par
M. J.-E. Planchon. Paris, i856; br. in-4°.
Document pour l'histoire de la Botanique. Notice sur les écrits botaniques de
François Bajle;par M. le Dr CLOS; br. in-8°.
( "8)
Mémoire sur la nécessité qu'il/ a d'en arriver, quoique d'une façon normale,
et sans choquer les règles de la dérivation française, à imposer aux nouveaux
animaux soit acclimatés , soit regardés comme acclimatables , des noms commodes
et réellement susceptibles de devenir vulgaires. Nancy, i855; br. in-8°.
Notice sur le moulin de Salles [Dordogne); par M. Ordinaire de Laco-
longe. Bordeaux, 1 855 ; br. in-8°,
Rapport sur l'emploi de l'air comprimé de M. Duburguet, lu à l'Académie des
Sciences et Arts de Bordeaux, le ao mars 1 855; par le même. Bordeaux,
i855;br. in-8°.
Appareil nouveau de fracture pour les membres ; par M. le Dr Carret ;
br. in-8°.
Ouvrages offerts par l'Institut Lombard des Sciences, Lettres et Arts :
Memorie... Mémoires de l'Institut national italien ; années 1806 à 1 8 1 3;
6 vol. in-4°-
Memorie... Mémoires de l'Institut impérial et royal lombardo-vénitien ;
années 1819 à i838; 5 vol. in-4°.
Memorie... Mémoires de l'Institut impérial et royal lombard des Sciences,
Lettres et Arts; années 1841 à 1847; t. T à IV; in-4°.
Giornale... Journal de l'Institut impérial et, royal lombard des Sciences,
Lettres et Arts; années 1841 à 1847; ^ vol. in-8°; et nouvelle série, t. I
à VII; années 1847 à t855; fascicules 1 à t\i , in-4°.
Mémoires couronnés par l'Institut Lombardo- Vénitien .
Memoria. . . . Mémoire sur la cultwe des bois et sur les moyens de reboiser les
montagnes de la Haute-Lombardie ; par M. MEGUSCHER. Milan, 1847; 1 vol.
in -8°.
Sulla... Mémoire sur la construction des toits des édifices; par M. Merlini.
Milan, 184a; in-8°.
Sulla... Mémoire sur l'éducation des vers à soie et la culture des mûriers;
par M. C. Stradivari ; in-8°.
Dell' influenza... De l'influence des associations industrielles et commerciales
sur la prospérité publique ; par M. F. Restelli ; broch. in-8°.
Memoria... Mémoire sur les poteries fabriquées avec des terres du royaume
Lombardo- Ténitien ; par M. G. Rosina; in-8°.
Délia... Expériences sur la cémentation et la fonte de l'acier; par M. G.
Vismara; in-8°. '
( "9)
Monografia... Monographie des morts subites; par M. N.-M. SORMANi;
in-8°.
Statistica. . . Statistique des morts subites, particulièrement des morts par apo-
plexie dans la ville de Milan et sa banlieue, de 1 75o à 1 834 ; par M. J. FERRARIO;
in-8°.
Recherches sur l'asthme; parM. G. Bergson, Milan, 1 855 ; in-4°.
Elogio... Éloge de Bonaventure Cavalier i , prononcé par M. GABRIEL PlOLA,
à [inauguration du monument élevé à ce savant, à l'occasion du sixième congrès
scientifique italien. Milan, 1 844 î in-4°-
Useful... Renseignements utiles pour les ingénieurs , cours fait aux ingénieurs
mécaniciens du Yorkshire et du Lancashire; par M. William FairbaIRN.
Londres, i856; i vol. in-8°.
A synopsis... Synopsis d'une classification des roches paléozoïques de la
Grande-Bretagne ; parla révérend Adam Sedgwich; avec une description systé-
matique des fossiles paléozoïques britanniques existant au Muséum géologique de
l'Université de Cambridge; par M. F. Mac Coy. Londres, 1 855 ; in-4° ; avec
avec un adas du même format.
Tide... Tables des marées des principaux ports des Etats-Unis ; par M. Bach.
New-York, i855; br. in-8°.
Zwei und... Trente-deuxième Compte rendu annuel des travaux de la Société
nationale silésienne ; année 1 854- Breslau, i855; in-4°.
Untersuchungen. . . Recherches et observations sur la propagation du choléra ;
par M. Max Pettenkofer. Munich, 1 855 ; in-8°.
Zur... Sur la question concernant la marche du choléra; par le même. Mu-
nich, i855;in-8°.
Deutscher... Sur lafabrication et le commercedu vin; par M. S. ENGLERTH.
Wurzbourg, 1849; in-8°.
DrGall's... Sur l'amélioration des vins du IF Gall; par le même; in-8°.
Erste... Description des champignons esculents et vénéneux; par MM. le
Dr Buchner etC. Kirsch. Hildburghausen, i854; in-12.
Hv A6r,vouç... L'Abeille médicale d Athènes , journal mensuel de médecine;
publié par M. le D'Gouda; années i853, i85/j, et ier semestre de i855;
in-8°.
( lao )
ERRATA.
0
(Séance du \l\ janvier 1 856.)
Pa"e 3i, ligne 5 du Rapport de M. Thenard sur un Mémoire de M. Léon Péan de Saint-
Gilles sur l'hydrate et l'acétate ferriques.
Au lieu de espace de temps assez long, lisez espace de temps très-hng (plusieurs jours)
Page 45, ligne 10 en remontant, au lien de physique, lisez mathématiques.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE PUBLIQUE DU LUNDI 28 JANVIER 1855.
PRÉSIDENCE DE M. REGNAULT.
La séance s'ouvre par la proclamation des prix décernés et des sujets de
prix proposés.
PRIX DÉCERNÉS
pocr l'année 1858.
SCIENCES MATHÉMATIQUES.
RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE PRIX D'ASTRONOMIE.
FONDÉ PAR LALANDE.
(Commissaires, MM. Mathieu, Liouville, Delaunay, Le Verrier,
Laugier rapporteur.)
« Depuis la clôture du dernier concours, quatre nouvelles petites pla-
nètes ont été découvertes pendant l'année i855, ce qui porte à trente-sept
le nombre des planètes qu'on observe entre Mars et Jupiter.
» Les auteurs de ces découvertes sont bien connus de l'Académie, qui,
plusieurs fois déjà, leur a accordé le prix d'Astronomie fondé par La-
lande.
« La première de ces nouvelles planètes, Circé, a été découverte le
C. R., i856, Ier Semestre. (T. XLII, N°4.) *7
( 122 )
6 avril 1 855 par M. Chacornac:, l'un des astronomes de l'Observatoire
impérial de Paris.
» La deuxième, Leucothée, a été trouvée le 19 avril 1 855 par M. Luther,
astronome de l'observatoire de Bilk, près de Dusseldorf.
» Enfin, la troisième et la quatrième, Atalante et Fldes, ont été vues le
même jour, 5 octobre i855 : Atalante, par M. Hermann Goldschmidt,
peintre d'histoire à Paris; Fides, par M. Luther.
» Nous proposons à l'Académie de partager le prix d'Astronomie fondé
par Lalande entre MM. Luther, Chacornac et Goldschmidt. »
L'Académie adopte les conclusions de la Commission.
RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE PRIX DE MÉCANIQUE
DE L'ANNÉE i855.
FONDÉ PAR M. DE MONTYON.
(Commissaires, MM. Piobert, Combes, Morin, Charles Dnpin,
Poncelet rapporteur. )
« La Commission décerne le prix de Mécanique de la présente année à
M. ISoileau, professeur à l'École d'Application de Metz, pour l'ensemble de
ses utiles recherches expérimentales sur l'hydraulique; science qui, malgré
de nombreux, de persévérants et remarquables travaux entrepris à diverses
époques en Italie, en France, en Allemagne et aux États-Unis d'Amérique,
n'est point encore arrivée, dans ses différentes parties, à un degré de perfec-
tion et de certitude qui permette d'en faire une application précise aux cas
si variés, si distincts de l'art de l'ingénieur.
» La Commission croit devoir aussi mentionner les appareils délicats
imaginés par ce savant professeur pour ses études sur l'écoulement de l'eau
dans les canaux découverts et par-dessus les barrages, ainsi que ses recher-
ches expérimentales sur le sciage des bois, également soumises au jugement
de l'Académie des Sciences, et qui sont devenues, pour l'auteur, le point de
départ d'une combinaison nouvelle de scieries à doubles fraises circulaires,
destinées au débit rapide des plus fortes pièces, ainsi que de plusieurs autres
machines à scier transversalement les bois ou les pierres ; machines qui,
malheureusement, n'ayant pas été exécutées, n'ont pu, jusqu'ici, recevoir la
sanction de l'expérience. »
( Itf)
RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE PRIX DE STATISTIQUE
POUR L'ANNÉE i855.
FONDÉ PAR M. DE MONTYON.
(Commissaires, MM. Bienaymé, Mathieu, Boussingault, de Gasparin,
Dupin rapporteur.)
PRIX DE STATISTIQUE DONNÉ SUR LES FONDS DE L'ANNÉE 1 854 (0 A
L'OUVRAGE PORTANT POUR TITRE : LES OUFR1ERS EUROPÉENS;
PAR M. LE PLAY.
« Nous avons examiné l'ouvrage de Statistique composé par M. Le Play,
ingénieur en chef des Mines et. professeur de Métallurgie à l'École impériale
des Mines de Paris.
» Autorisé par le gouvernement français, il a, depuis un certain nombre
d'années, inspecté les mines importantes qui sont possédées dans les monts
Oural par M. le comte Demidoff, Correspondant de l'Académie. Pour rem-
plir cette'mission, il a fallu que M. Le Play traversât à plusieurs reprises le
continent de l'Europe. Il a combiné ses itinéraires de manière à parcourir
les principaux États de cette partie du monde. En i85i, membre delà
Commission française envoyée pour faire partie du Jury de l'Exposition
universelle à Londres, il a visité les provinces* les plus importantes de la
Grande-Bretagne, et continué dans cette île les recherches qu'il avait com-
mencées sur le continent.
» Une épigraphe empruntée à l'Éloge de Vauban par Fontenelle est l'in-
dication sommaire du but de l'auteur. « Il s'informait, dit l'ingénieux se-
crétaire en parlant du grand ingénieur, il s'informait de la valeur des terres,
de ce qu'elles rapportaient, de la manière de les cultiver,' des facultés des
paysans, de ce qui faisait leur nourriture ordinaire, de ce que leur pouvait
valoir en un jour le travail de leurs mains; détails méprisables et abjects
en apparence, et qui appartiennent cependant au grand art de gouverner. »
» Les voyages d'exploration de M. Le Play ont commencé dès i836;
c'est une œuvre entreprise depuis vingt années qu'il soumet à notre exa-
men .
(i) En i854, 'e Pfix annuel de Statistique n'avait pas été décerné; cette circonstance a
permis de donner un prix de plus en i855. La Commission a déclaré que les deux prix qui
se rapportent à des sujets sans termes de comparaison ne comportaient ni premier ni second
prix, ni ex œquo.
17..
( «M ) *#'
» Des collaborateurs volontaires, nombreux, instruits, zélés, ont secondé
ses efforts. Les uns ont pris part à ses voyages ; les autres, par des excur-
sions isolées, ont examiné pour lui des pays intéressants, dont il n'a pas pu
lui-même parcourir toutes les parties. Il cite au premier rang M. le comte
de Saint-Léger, habile agronome et membre du conseil général delà Nièvre.
« Les observations que nous avions faites en commun, dit-il, sur les popu-
lations agricoles du Morvan ont été le point de départ des monographies
groupées dans l'Atlas de cet ouvrage. » Il cite aussi des étrangers célèbres,
dont il a reçu des documents précieux.
» L'auteur était guidé dans son travail par le désir de connaître les causes
d'un grand contraste qu'il signale. Suivant lui (nous faisons cette réserve),
suivant lui, deux régions extrêmes de l'Europe présentent le spectacle le
plus différent. Les populations du Nord et de l'Orient vivent, pour la plu-
part, satisfaites de leur sort et dans un état de quiétude qui frappe tous les
observateurs ; celles de l'Occident, poussées par la nécessité ou excitées par
une sorte de vertige, ne cessent de s'agiter pour modifier leurs habitudes et
leurs institutions.
» Les monographies recueillies par l'auteur fournissent des résultats pré-
cis sur le bien-être relatif des diverses populations; elles donnent, suivant
l'auteur, l'explication du contraste qu'il s'efforce d'établir.
» Si nous voulions sortir de la statistique, c'est-à-dire de la science qui
se borne à constater, à bien exposer des résultats numériques, nous aurions
beaucoup d'observations et de réserves à faire sur de graves assertions. Nous
nous abstenons d'entrer dans cette voie, et voici pourquoi :
» Le point de vue que nous devons mentionner dès le principe, et qui pour
l'auteur était un point de départ, ce point de vue a pour ainsi dire absorbé
l'attention des personnes, qui placent avant tout, des idées, des intérêts ou
des passions politiques. Elles ne sauraient approuver un ouvrage s'il ne con-
duit pas à des idées, a des sentiments qui soient selon leurs sympathies ; c'est
à cette condition seulement, satisfaite ou non, qu'ils y trouvent du mérite,
ou qu'ils le déprécient et le condamnent.
» L'Académie des Sciences physiques et mathématiques doit juger autre-
ment les travaux de statistique soumis à son examen.
» Des recherches sont-elles neuves? portent-elles sur des objets impor-
tants? les faits ont-ils été soigneusement observés? sont-ils exposés avec mé-
thode, et surtout sont-ils rendus avec fidélité?... Voilà les seules conditions
dont nous devions nous préoccuper.
» L'Académie des Sciences morales et politiques aurait sans doute à
£.$ ( » 25 )
remplir une autre mission ; son point de vue serait différent, et son juge-
ment s'étendrait sur des conséquences qui ne sont pas ici de notre domaine.
Nous croyons devoir nous borner à la statistique traitée comme une science
d'observation physique et mathématique, en la dégageant des théories, des
systèmes dont ses travaux peuvent être ensuite le sujet.
» L'auteur constate trois conditions d'existence chez les populations eu-
ropéennes. A l'orient, c'est le régime qu'il appelle des engagements forcés .
Ce régime impose le travail à l'ouvrier d'après des conditions fixées par la
loi et par la fortune. En même temps il soumet le patron à l'obligation de
pourvoir en toute éventualité aux besoins de l'ouvrier et de sa famille; il
attribue à ce dernier une véritable hypothèque légale sur les produits du
travail
» Au nord, au centre, le régime des engagements volontaires prend en
grande partie la place des engagements forcés; mais il faut encore que des
institutions protectrices concilient (nous citons toujours les expressions de
l'auteur) concilient la liberté nécessaire aux individualités les plus distin-
guées, avec la protection dont ne sauraient se passer les classes placées,
sous le rapport de la moralité, de l'intelligence et de l'énergie, à un niveau
moins élevé. Ici la tradition et les mœurs suppléent à la loi, qui n'est plus
impérative, pour assurer le meilleur sort des ouvriers.
» Le troisième et dernier régime est celui des engagements momentanés.
Dans ce régime, les biens et les maux semblent mélangés chez diverses na-
tions et dans les diverses provinces d'une même nation, suivant les progrès
des arts et de l'industrie.
» Aux yeux de l'auteur, ce nouvel ordre de choses semble envahir fata-
lement toutes les régions industrielles de l'occident, en même temps qu'un
progrès incontestable se manifeste à sa suite dans toutes les branches de
l'activité humaine.
» Après avoir ainsi nettement posé les divisions de son sujet, il établit
avec raison cet axiome : Les réformes que commande la situation actuelle
des ouvriers doivent être fondées sur la connaissance des faits qui les con-
cernent. C'est l'objet du second paragraphe de son introduction.
» Mais comment parvenir à cette connaissance ?
» L'auteursignaleetfait contraster deux méthodes. La première, celle des
statisticiens, a, selon lui, jusqu'à ce jour, pour base principale les docu-
ments numériques fournis par l'autorité publique en ce qui concerne les fi-
nances, la guerre, la justice, etc. ;lesstatitisciens en déduisent des moyens de
comparer sous divers rapports la puissance relative des États.
( I2Ô )
» Ces moyens, dit-il, sont incomplets. Il affirme que les tentatives faites
pour rattacher à la statistique les opérations de l'agriculture, de l'industrie
et du commerce, ont ordinairement échoué : il signale les erreurs qu'on
peut commettre en prenant pour point de départ des résultats de statistique
officielle recueillis en des lieux divers, et sans être accompagnés des obser-
vations essentielles sur les conditions particulières des populations aux-
quelles sont rapportés des chiffres qui n'expriment par eux-mêmes que des
résultats abstraits, desquels on ne peut pas tirer des conséquences absolues
et rigoureuses.
» Il est un point de vue plus juste et plus élevé, sous lequel on doit con-
sidérer la statistique obtenue chez les diverses nations sur un même ordre
de faits et par des moyens officiels ou privés. Le véritable esprit scienti-
fique consiste à ne demander à chaque ordre d'observations et de consta-
tations que ce qu'il peut établir positivement.
» Supposons, par exemple, que chez des peuples divers, ou chez le même
peuple, à des époques différentes, on ait recensé d'une part le nombre des
habitants, de l'autre le nombre des naissances et des décès annuels; et qu'on
en déduise la longueur de la vie moyenne égale dans un premier cas à
vingt années, dans un deuxième à trente, et dans un troisième à quarante.
Non-seulement une cause, mais cent causes diverses peuvent concourir à
produire trois effets si différents. Si l'on assigne ces causes sans en avoir fait
l'étude, et l'étude par l'observation consciencieuse, on peut être un sophiste,
un esprit faux ou systématique ; on peut vouloir tromper les hommes pour
abuser de leur confiance ou de leur crédulité ; on peut être un visionnaire,
un imposteur même : on n'est plus un statisticien, c'est-à-dire un observateur
mathématique et consciencieux de la vérité des faits pour ce qu'ils sont,
et rien de plus.
» A des constatations empruntées aux travaux des gouvernements, M. Le
Play préfère des études particulières faites, pour chaque question impor-
tante, par des hommes en même temps éclairés et spéciaux. Ajoutons que
plus d'une fois les gouvernements eux-mêmes ont choisi des hommes ayant
ce double mérite, et les ont chargés de recueillir certains ordres de faits dont
la statistique était déclarée indispensable.
» Le savant auteur n'avait pas besoin d'une théorie, et surtout trop ex-
clusive, pour recommander la méthode qu'il a suivie ; nous en reconnais-
sons le vrai mérite, et notre devoir est d'en faire apprécier la valeur.
» Afin de comparer le sort des ouvriers dans les diverses parties de l'Eu-
rope, il ne fait pas seulement entrer en ligne de compte les salaires en ar-
( "7)
gent ; il y joint toutes les recettes en nature, de quelque source qu'elles ar-
rivent à la famille. C'est précisément cette variété de recettes que l'auteur
s'est efforcé de rechercher et d'apprécier.
» L'étude simultanée du sort des classes ouvrières dans les pays situés à
l'orient, au centre, à l'occident de l'Europe, équivaut réellement à l'étude
de trois époques différentes : l'état ancien, l'état transitoire et l'état récent
des peuples les plus avancés dans l'industrie, dans les arts et dans les
sciences. De pareils rapprochements faits avec conscience, avec habileté,
ne sont pas un pur objet de curiosité. L'histoire des populations, consi-
dérée sous un tel point de vue, est pleine d'enseignements.
» L'auteur consacre la première partie de son ouvrage à l'exposé de sa
méthode appliquée à l'observation du sort des ouvriers. Il les subdivise en
sept classes :
» Les ouvriers domestiques, les journaliers, les tâcherons, les ouvriers
tenanciers, les ouvriers chefs de métiers, les ouvriers propriétaires et les
propriétaires ouvriers. Il caractérise ces sept subdivisions : d'abord chez
les peuples nomades, à l'orient de l'Europe, et dont il n'a pas parlé précé-
demment; puis chez les peuples sédentaires où subsistent les trois systèmes :
i ° d'engagements forcés ; 2° d'engagements volontaires permanents ; 3° d'en-
gagements à courts termes et de travail sans engagement.
» Cette classification est développée dans un grand tableau synop-
tique, avec le renvoi aux monographies qui sont propres à chaque caté-
gorie.
» L'auteur spécifie l'organisation de la famille dans les quatre systèmes
sociaux que distingue son tableau synoptique.
» A l'égard des travaux opérés par voie d'association, il distingue les
travaux effectués par des communautés ou par des corporations.
» Les corporations qu'il considère plus spécialement sont celles dont
l'objet est de garantir les ouvriers contre les privations qu'occasionnent les
maladies, les chômages, les disettes, les incendies, les concurrences exces-
sives : en un mot, les inconvénients fortuits qui peuvent compromettre
l'existence des familles.
» Dans le huitième paragraphe sont définis la nature, l'organisation et
les effets du patronage.
» Dans le neuvième, sont établis les caractères distinctifs des ouvriers
qui prospèrent par l'exercice du libre arbitre dans les diverses parties de
l'Europe. L'énoncé d'un pareil titre suffit pour en montrer l'importance.
L'auteur regarde les pas qu'il a faits dans cette carrière comme un premier
( .38 )
effort, comme l'indication d'une voie dans laquelle il invite d'autres obser-
vateurs à marcher, pour arriver à des résultats complets.
» Une pareille invitation nous apparaît comme une des preuves de bonne
foi du statisticien; il ne craint pas d'appeler de toutes parts des observa-
tions destinées à contrôler celles qui lui sont propres.
» Jamais sujet plus important ne fut offert aux amis de l'humanité et de
la paix intérieure des nations. C'est par une étude bien faite du sort com-
paré des familles laborieuses dans les diverses contrées de notre Europe oc-
cidentale, c'est par là qu'on pourra constater et les maux soufferts et les
remèdes que doit suggérer une étude sérieuse.
» L'auteur résume ainsi la méthode d'exposition qu'il a suivie. « Éta-
» blir pour chaque famille soumise à l'observation un budget annuel com-
» posé de deux parties dont le cadre reste invariable pour toutes les loca-
» lités et pour toutes les catégories d'ouvriers. Faire précéder ce budget
» dune introduction dans laquelle soient définies dans un ordre constant
» toutes les conditions d'existence de la famille. Donner ensuite des docu-
» ments et des notes qui comprennent les détails importants de technologie
>. et d'économie domestique. Enfin, pour éclairer cet ensemble, y joindre
» les considérations générales qui n'auraient pas pu prendre place dans le
» cadre même de l'introduction sans en détruire l'harmonie. »
» Le second chapitre contient l'analyse des .moyens d'existence que
possèdent les ouvriers, et l'établissement du budget des recettes d'une
famille.
» Rien ne paraît plus circonscrit, plus uniforme et plus simple, au pre-
mier abord, que le budget d'une famille d'ouvriers; rien n'est plus divers
et plus étendu, si l'on veut tout embrasser.
» Il faut excepter seulement le cas des ouvriers domestiques. D'ordi-
naire, en leur faveur, le maître prend à sa charge une foule de frais divers;
cela simplifie d'autant la portion qui reste au compte des gens de sa maison.
» Pour les autres ouvriers, il faut ajouter les subventions, c'est-à-dire
toutes les rétributions qui ne sont point mesurées sur la durée ou la quan-
tité du travail accompli, et qui diffèrent en cela du salaire. Tantôt elles
sont annuelles, tantôt elles sont réservées pour les besoins, soit accidentels,
soit extraordinaires; d'autres fois elles sont accordées dans les chômages,
dans les maladies, et lors des infirmités précoces : elles vont chercher la
femme et les enfants, même du mauvais sujet tombé dans l'inconduite.
» L'ouvrier chef de famille, outre son industrie principale, et quand son
travail obligatoire est accompli, se livre à d'autres travaux, ou pour sa fa-
( I29 )
mille, on pour un second chef d'industrie. Sa femme, ses enfants, de leur
côté, font quelque chose; et l'ensemble des bénéfices constitue l'avoir com-
plet de la famille.
» S'il y a des biens communaux, s'il y a des secours publics, c'est encore
une addition qu'il faut faire au budget des recettes.
» La famille peut posséder quelque bien, un morceau de terre, une ha-
bitation; elle peut avoir quelques animaux domestiques, nourris par un
chef d'industrie ou par le bien communal. Elle a ses meubles, ses outils;
elle en a parfois qu'elle prête à louage ; elle peut avoir des économies pla-
cées qui lui procurent quelque revenu, comme celui des caisses d'épargne.
Voilà diverses sources de propriétés; toutes sont examinées.
» L'auteur, qui tient compte du salaire avant ces autres genres de re-
cettes, distingue ainsi par catégories les sources du budget de la famille ou-
vrière ; chacune de ces catégories a son degré d'importance et produit des
effets inégaux.
» L'auteur présente ensuite, § i4 et § i5, des considérations importantes
sur les travaux et les salaires spéciaux des divers membres de la même fa-
mille, sur les industries que les familles d'ouvriers entreprennent à leur
propre compte, et sur les bénéfices qu'elles en retirent. Dans les diverses
contrées, et suivant la constitution de la société générale, les entreprises
pour le compte de la famille ont une importance fort inégale, et l'auteur
s'efforce de la faire ressortir.
» Le budget des familles ouvrières distingue avec soin les recettes en ar-
gent et les recettes en nature d'objets, i° consommés par la famille ; i° ven-
dus par elle, et dès lors donnant une autre recette en argent.
» Le chapitre 3, qui présente l'établissement du budget des dépenses,
fait connaître par cela même le mode d'existence des ouvriers.
» La première section comprend les dépenses qui concernent la nour-
riture.
» On constate ici des différences essentielles sur les ouvriers des diffé-
rentes régions, sur l'importance relative des consommations, en céréales,
en corps gras ou caséeux, en viandes de toute nature, y compris la chair
des poissons; en fruits, en légumes; ensuite viennent les condimeuts, les
stimulants, les boissons distillées ou fermentées.
» La seconde section comprend les dépenses relatives à l'habitation, pos-
sédée ou non par l'ouvrier ; puis au mobilier, au chauffage.
» La troisième section concerne le vêtement. Ici la différence est infinie
entre les usages des peuples, dans l'occident et l'orient de l'Europe. Chez
C. R., i856, Ier Semestre. (T. XLII, Tf° 4.) l8
( *3o)
les Orientaux, la famille confectionne elle-même ses vêtements plus ou
moins primitifs ; chez les Occidentaux, les tissus sont préparés en manufac-
ture par des industries spéciales, et vendus ensuite à l'universalité des ha-
bitants. La nature des tissus ne diffère pas moins que le mode suivi pour
les fabriquer; de là des différences infinies dans le bien-être des familles.
» Le blanchissage, lorsqu'il est fait dans la famille, ajoute au bien-être,
à l'économie; il doit également être compté.
» Une quatrième section des dépenses concerne ce que l'auteur appelle
les besoins moraux, les récréations et le service de santé. Au nombre des
besoins moraux qui nécessitent des dépenses chez la famille ouvrière, il faut
compter les secours religieux pour les vivants, les honneurs et les prières
réclamés pour les défunts. L'auteur place également au rang des plus no-
bles besoins celui de venir en aide aux nécessiteux, aux infirmes, à ceux que
frappe un grand et soudain accident. La classe ouvrière, quelle que soit la
modicité de ses recettes, s'honore ainsi de pouvoir compter dans son bud-
get un chapitre formé par les secours qu'elle accorde au malheur, avec une
sympathie qui naît du besoin qu'elle éprouve souvent d'obtenir de sem-
blables bienfaits. Nous signalons ce chapitre comme un des plus honorables
pour les sentiments de l'auteur.
» La cinquième et dernière section comprend les 'dépenses qui con-
cernent les industries pratiquées, les dettes, les impôts et les assurances.
» Par dépenses concernant les industries, l'auteur entend l'achat des
objets nécessaires à l'exercice des industries poursuivies en famille. Ce sont,
à proprement parler, des avances couvertes avec bénéfice par la vente des
produits qu'il faut compter à part. Certains ouvriers empruntent pour payer
les matières des ouvrages qu'ils confectionnent ; d'autres livrent Jeurs effets
transitoirement au mont-de-piété, sauf à payer un véritable intérêt en les
retirant; d'autres empruntent, comme nos paysans, pour acheter des terres
qu'ils comptent payer par leur travail; ils supportent, par anticipation, le
fardeau d'un intérêt usuraire et trop souvent ruineux. Tous ces intérêts
font partie de la dépense annuelle.
» Enfin, des assurances établies sur la vieillesse on sur la vie peuvent
contribuer au bien-être des familles ouvrières, qui ne craignent pas de
grever ainsi leur budget des dépenses actuelles, en attendant les budgets à
venir.
» Un cinquième chapitre clôt la première partie. Il concerne la balance
du budget des ouvriers, pour constater ceux qui prospèrent par la prépon-
dérance des recettes et ceux qui s'obèrent par l'excès de la dépense. Ce
( i3i )
dernier cas, dit l'auteur, ne se présente que pour les ouvriers propriétaires
exploitant sans discernement un capital acquis par l'héritage, ou cédant avec
irréflexion au désir d'étendre leurs entreprises au delà du cercle tracé par
leurs ressources pécuniaires ou par leur aptitude. Les ouvriers de certaines
professions ne peuvent subvenir régulièrement aux besoins essentiels de
l'existence. Ce cas a lieu surtout quand la population s'est accrue en pré-
sence d'industries qui sont restées stationnaires, et lorsqu'une grande amé-
lioration dans certains procédés d'industries nouvelles a considérablement
réduit le salaire de la profession qui vivait de l'industrie primitive. Le dé-
ficit permanent du budget est alors caché par les privations imposées à la
famille ouvrière, déficit en partie comblé par la charité publique.
» On doit voir maintenant avec quel esprit d'observation et de recher-
ches l'auteur s'est efforcé de traiter son sujet sous toutes les faces essen-
tielles. La marche qu'il a suivie est un modèle de méthode.
» La seconde partie, sous le nom peut-être trop ambitieux d'atlas, jus-
tifié cependant par le format du livre, cette seconde partie contient trente-
six budgets spéciaux et complets.
» Le premier est puisé chez un peuple à moitié nomade, celui des Bas-
kirs, établi sur le versant asiatique de l'Oural : il n'appartient pas à l'Europe.
» Quatre budgets sont tirés de la Russie i° méridionale, 2° centrale,
3° septentrionale, 4° occidentale : les deux premiers pour des familles agri-
coles, les deux.suivants pour des familles industrielles.
» Les États Scandinaves. sont représentés par deux tableaux, un pour
la Suède, un pour la Norwége, et tous deux empruntés aux travaux des
mines.
» Sous le titre d'Europe centrale, l'auteur comprend même la Turquie
d'Europe, représentée par un ouvrier bulgare.
» Vient ensuite pour la Hongrie un paysan à corvée, puis un fondeur de
métaux.
» Les États propres d'Autriche fournissent les budgets de trois industriels
empruntés à la Carinthie, à la Carniole, à Vienne.
» Dans le Hanovre, les célèbres mines du Hartz sont représentées par
un ouvrier.
» Viennent ensuite les régions limitrophes de la France; elles fournissent,
pour la Prusse rhénane, deux ouvriers en métaux, plus un tisserand. La
Suisse donne deux horlogers, choix motivé par la célébrité de l'industrie
propre aux pays de Neufchâtel et de Genève.
» Le midi de l'Europe est représenté seulement par deux agriculteurs es-
18..
( i3a )
pagnols, l'un de la Vieille-Castille, l'autre de la Galice, et ce dernier émi-
grant périodique.
» L'Angleterre donne matière à quatre budgets : deux empruntés à Schef-
field, dont la coutellerie si parfaite n'est pas plus remarquable que l'orga-
nisation de ses classes ouvrières; un budget de la coutellerie par fabrication
collective à Londres; un autre du fondeur de fer à la houille dans le comté
de Derby.
» Enfin, la France a fourni douze budgets empruntés soit aux villes, soit
aux campagnes de l'Auvergne, du Nivernais, du Maine, de la Mayenne, de
la Bretagne et du département de la Seine.
» Les observations spéciales dont chaque budget est accompagné en font
connaître le véritable esprit et les conséquences : l'auteur a soin de citer
les collaborateurs qui se sont chargés de contrôler, de vérifier chaque bud-
get-
» La collection des trente-six budgets que nous venons -d'énumérer suf-
fit amplement pour montrer l'esprit des recherches de l'auteur ; elle donne
la mesure du travail auquel il s'est livré; elle justifie la récompense que
nous aurons l'honneur de proposer à l'Académie.
» Nous exprimons le regret que l'auteur n'ait pas publié cinquante-trois
autres budgets de familles ouvrières, qu'il a complétés et. qui rempliraient
déjà beaucoup de lacunes regrettables.
» Nous ne trouvons aucun budget établi pour l'Italie, qui présente des
diversités si remarquables dans la condition des classes laborieuses en Sa-
voie, en Piémont, en Ligurie, en Lombardie, en Vénitie, en Toscane et
dans les principautés circonvoisines, dans les États romains, si peu connus
en ce qui concerne la contrée des Apennins, et dans les Deux-Siciles : voilà
pour la seule Péninsule italique les contrées qui nous laissent le plus à
désirer.
» Pour le centre de l'Allemagne, nous devons souhaiter aussi de con-
naître le budget des classes ouvrières dans la Saxe, le Wurtemberg, la Ba-
vière et le grand-duché de Bade ; peut-être y trouverons-nous la triste clef
de ces émigrations devenues prodigieuses qui, chaque année, enlèvent au
centre de l'Europe non-seulement des familles disséminées, mais des com-
munes entières transplantées à l'ouest de l'océan Atlantique.
» Des budgets de Slaves, de Grecs, de Latins et de Musulmans, dans les
provinces de la Turquie européenne, en y comprenant les exactions du plus
fort sur le plus faible, jetteraient une vive lumière sur le sort présent et
sur l'avenir de contrées où sont aujourd'hui débattus les destins du monde.
( i33 )
» Telles sont les indications sommaires que no#us croyons devoir présen-
ter aux personnes qui, dans les diverses parties de l'Europe, voudront suivre
la route ouverte par M. Le Play.
» Nous souhaitons qu'il publie sans retard les budgets qu'il tient en ré-
serve. Nous voudrions qu'une édition à petit format et sans luxe, de l'ou-
vrage complet, mît à la portée de tous les acheteurs une statistique qui
touche à de si nombreux et si grands intérêts.
» Les développements dans lesquels nous avons cru devoir entrer mon-
trent le cas que nous faisons de l'ouvrage dont nous rendons compte à l'A-
cadémie. Ce travail est nouveau par son point de vue, par son ensemble,
par son esprit mathématique à l'égard des faits Constatés ; par l'esprit de
modération avec lequel les idées propres à l'auteur sont présentées, soit à
titre d'explications, soit à titre de conséquences.
» Nous avons l'honneur de proposer à l'Académie qu'elle accorde à
M. Le Play un. prix de Statistique, en remplacement du prix qui n'a pas
été décerné en i85/j.
PRIX DONNÉ SUR LES FONDS DE i855.
RECHERCHES STATISTIQUES SUR LES SUBSTANCES CALCAIRES A CHAUX
HYDRAULIQUE ET A CIMENT NATUREL, PAR M. VICAT.
» L'Académie a déjà récompensé par un prix spécial la belle découverte
de M. Vicat sur les chaux hydrauliques et les ciments naturels.
» Les recherches statistiques aujourd'hui soumises à votre examen ont
eu pour objet de compléter les services rendus aux constructions hydrau-
liques dans les diverses parties de notre territoire, en indiquant les ressources
minéralogiques dont nos constructeurs peuvent tirer parti;
» Partout le savant ingénieur a trouvé lès substances propres à des con-
structions éminemment solides; partout, grâce à son livre, on les connaît,
on sait s'en servir. Elles sont entrées dans le commerce journalier comme
élément indispensable de cette foule d'édifices qui s'élèvent avec tant de
rapidité. Si les sciences physiques n'habituaient pas les yeux à de continuels
miracles, ne serait- on pas étonné delà révolution que la publication statis-
tique de M. Vicat a permis d'opérer dans l'art de bâtir?
» C'est à l'architecture comme application, à la chimie pour les principes,
qu'appartient désormais cette collection de faits si ingénieusement décou-
verts et recueillis par l'auteur.
» Il serait superflu de faire ici de. nouveau l'éloge des belles recherches
( i34 )
de M. Vicat. Il n'est pas un traité de chimie qui ne les expose dans leurs
parties essentielles. Nous ne pourrions rien ajouter d'essentiel au Rapport si
lumineux de l'illustre Secrétaire perpétuel dont l'Académie regrette encore
la perte prématurée. Votre Commission ne peut que renvoyer à ce Rapport
les personnes qui voudront savoir de quelles immenses économies une dé-
couverte scientifique peut doter un pays tout entier.
» En accordant le prix à M. Vicat, votre Commission acquitte la dette
que lui avait léguée la Commission chargée de l'examen du concours de i83g.
« Lorsque la tâche de M. Vicat sera remplie, disait-elle dans son Rapport de
» 1840, il pourra faire valoir ses droits aux récompenses de l'Académie :
» nous pensons que ces droits doivent être réservés. »
» L'ouvrage alors ne s'étendait qu'à quarante-deux départements. Il en
embrasse aujourd'hui soixante-seize ; et l'on doit le regarder comme ter-
miné, car ce sont maintenant tous les hommes que M. Vicat a instruits qui
complètent journellement ce catalogue des richesses calcaires de la France.
Il n'est pas douteux que l'industrie particulière n'en ait multiplié de tous
côtés les produits destinés à l'utilité publique.
» Après les ouvrages importants qui ont mérité les prix, votre Commis-
sion croit devoir mentionner honorablement, mais à un rang bien différent,
plusieurs travaux déposés pour le concours de i855. Ce sont tous des ou-
vrages d'un volume considérable : malheureusement, les résultats qu'on peut
en déduire ne répondent pas au travail que cette étendue a dû imposer à
leurs auteurs.
» Tel est le manuscrit de i5aa pages in-folio que M. V.-P. Demay a ré-
digé sous le titre de : Histoire de la ville de Belleville et de ses accroisse-
ments, ou Examen des divers rapports de la banlieue de Paris avec la capi-
tale.
» L'auteur a souvent perdu de vue hi, véritable statistique, et n'a fait que
réunir des matériaux historiques : tel qu'il est cependant, son recueil de
pièces administratives renferme une foule de renseignements*parmi lesquels
les économistes trouveront utile de puiser au besoin. L'auteur aurait pu
présenter un bien plus grand nombre de chiffres intéressants au plus haut
degré. A peine trente-cinq ans se sont écoulés, et ces collines, qui n'offraient
que des habitations isolées au milieu d'une campagne véritable, sont cou-
ronnées aujourd'hui par une ville de quarante-six mille âmes : Relleville
est, par rapport à la population, la vingt-cinquième cité" de France. La sta-
tistique qui ferait pénétrer profondément dans les sources de l'accroissement
si rapide de cette commune, expliquerait en même temps beaucoup de faits
r
( i35 )
économiques dont l'œil ne saisit que l'aperçu général dans le développement
de la population de Paris. Chaque année qui s'écoule fait regretter l'oubli
dans lequel tombent les renseignements numériques sur les changements
insensibles et sur les améliorations rapides de la capitale. Il semble qu'il
eût été possible de faire pour Belleville ce que l'étendue de Paris rendait
impraticable peut-être. Ajoutons que l'auteur, en donnant à son manuscrit
le nom d'histoire, reconnaît que la statistique n'a pas été son premier et
principal objet.
» Il n'en est pas de même d'un second manuscrit que l'auteur, M. le
docteur Giracdet désigne sous un double titre : Statistique de la ville de
Tours, ou Recherches historiques et statistiques sur le mouvement de sa
population depuis 16^1 jusqu'à 1847.
» L'ouvrage ne répond point au titre général : on se fait une autre idée
de la statistique d'une ville, et surtout d'une ville telle que Tours, dont la
position topographique et la haute antiquité réveillent tant de souvenirs.
L'ouvrage est mieux désigné sous le titre de Recherches historiques sur la
population.
» Votre Commission aurait voulu placer à un rang plus élevé dans ce
concours un travail tout à fait statistique ; mais l'exécution des recherches
numériques et la mise en œuvre des nombres recueillis ne nous ont pas paru
exemptes de graves objections. Il serait difficile d'accorder à l'auteur les
conséquences qu'il veut faire sortir de ses chiffres. Heureusement les appré-
ciations dont vous chargez votre Commission de Statistique n'exigent pas
qu'elle suive les auteurs sur le terrain des conjectures. Tout en laissant à
M. Giraudet, comme à bien d'autres, le soin de défendre leurs conclusions,
votre Commission n'en a pas moins voulu encourager les efforts consacrés
à la réunion de collections numériques dont quelques modifications accroî-
traient beaucoup l'intérêt. Si l'auteur dépose ce travail dans quelque biblio-
thèque ou dans les archives, il fera bien d'y réunir les éléments de ses
recherches primitives. Ces documents primitifs intéresseront surtout les
économistes futurs et les historiens. On sent mieux, de jour en jour, com-
ment il est impossible de fonder des sciences réelles sur des résumés qui
revêtent les observations, les opinions des auteurs, et ne laissent plus aper- .
cevoir les faits originaux.
» M. Ernest G rangez a soumis à l'Académie un exemplaire d'un ouvrage
vraiment utile ; c'est un volume de 800 pages, qu'il intitule : Précis histo-
rique et statistique des voies navigables de la France.
» Presque tous les renseignements que peut désirer un administrateur,
( '36)
un commerçant, un industriel, sur les canaux et les rivières de notre pays,
ont été réunis avec soin dans ce volume. C'est une compilation aussi exacte
qu'on le puisse désirer d'une foule de documents administratifs : mais tout
l'intérêt qu'elle présente, toute l'utilité qu'on y trouvera certainement ne
peuvent lui ôter ce caractère, et par conséquent ne peuvent la placer au
même rang que les travaux qui présentent des parties tout à fait originales.
On pourrait même, en se plaçant rigoureusement au point de vue statis-
tique, exiger davantage de la forme donnée par l'auteur à ses résultats. Quoi
qu'il en soit, il a paru digne d'une mention honorable.
« Jusqu'à quel point vos concours doivent-ils être considérés comme
embrassant des Rapports et des Mémoires administratifs? C'est une question
délicate que votre Commission ne veut nullement regarder comme résolue
par la mention honorable qu'elle fait ici de l'ouvrage dont le titre précède,
et de celui que M. de Watteville a présenté pour le concours. Ce dernier
est un Rapport à S. E. le Ministre de l'Intérieur, sur l'administration des
bureaux de bienfaisance et sur la situation du paupérisme en France.
» Les 1 162 tableaux réunis par M. de Watteville font connaître, pour tous
les départements de la France, la situation financière des bureaux de bien-
faisance, et le nombre des indigents secourus ou plutôt inscrits sur les regis-
tres de ces bureaux. Mais il y a bien loin de cet indice à la connaissance
véritable de la situation du paupérisme en France. Pour peu qu'on ait étudié
les diverses parties de notre pays, on s'aperçoit combien les tableaux offi-
ciels envoyés par chaque préfecture, et réunis par l'auteur, sont peu propres
à fournir des idées exactes qu'ils sont censés indiquer. Telle partie du terri-
toire qui prétend ne pas tolérer de mendiants, en contient très-certainement
encore ; telle autre partie qui a laissé porter un septième de sa population
sur la liste du bureau de bienfaisance, fait savoir en même temps qu'il n'est
rien donné à la plupart des personnes qualifiées du nom d'indigents. On
révèle par cela même que des causes étrangères à l'indigence viennent
grossir abusivement les listes dont il s'agit. L'auteur explique, au surplus,
qu'il n'a pas entendu donner la proportion rigoureuse des indigents, mais
qu'il a cru approcher plus près de la vérité que ses prédécesseurs en regar-
dant le nombre des pauvres comme une quatrième proportionnelle à la po-
pulation de la France, aux indigents des communes qui possèdent des bu-
reaux de bienfaisance, et à la population des communes qui n'ont pas de
bureaux. On peut concevoir une opinion peu favorable à cette proportion,
lorsqu'on arrive à lire le fait le plus saillant que l'auteur ait mis en lumière :
c'est que dans les neuf à dix mille bureaux les registres contiennent
( i37 )
1 329659 indigents, et que la moyenne des secours accordés n'fest que de
10 fr. 42 c. par tête et par année.
» Il n'y a donc pas un secours réel dans la plupart des bureaux. L'admi-
nistration supérieure doit voir dans ce fait certain un sujet sérieux de re-
cherches nouvelles, et plus approfondies que ne l'est une réunion de simples
bordereaux de situation annuelle. Ne fît-elle ressortir que ce seul Fait
certain, la collection statistique de M. de Wàtteville mériterait d'être
signalée. La Commission, fidèle aux limites qu'elle s'est imposées, rappelle
en finissant qu'il doit demeurer bien entendu qu'elle ne s'est pas préoccupée
des idées contenues dans le Rapport de vingt-cinq pages qui forme une
espèce d'introduction aux 1 162 tableaux statistiques, lesquels forment seuls
le droit de l'ouvrage à figurer dans ce concours. »
PRIX FONDÉ PAR M"16 LA MARQUISE DE LAPLACE.
« Une ordonnance royale ayant autorisé l'Académie des Sciences à accep-
ter la donation, qui lui a été faite par Madame la Marquise de Laplace,
d'une rente pour la fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la col-
lection complète des ouvrages de Laplace, prix qui devra être décerné
chaque année au premier élève sortant de l'École Polytechnique,
» Le Président remettra les cinq volumes de la Mécanique céleste,
Y Exposition du système du monde, et le Traité des probabilités, à
M. Gav (Jean-Baptiste), sorti le premier de l'École Polytechnique le
20 septembre i855, et entré à l'École impériale des Ponts et Chaussées. »
SCIENCES PHYSIQUES.
CONCOURS POUR l' ANNÉE ifioiî.
RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE PRIX DE PHYSIOLOGIE
EXPÉRIMENTALE DE L'ANNÉE i855.
FONDÉ PAR M. DE MONTYON.
(Commissaires, MM. Flourens, Serres, Rayer, Magendie, •
Cl. Bernard rapporteur.)
« Déjà, dans l'antiquité, les physiologistes et les médecins avaient soup-
çonné que les divers phénomènes qui ont leur siège dans le système ner-
veux, et particulièrement la sensibilité et le mouvement, devaient avoir des
C. R. i856, i« Semestre. (T. X.LII, N» 4.) 19
( >38)
organes de transmission anatomiquement distincts. C'est à la physiologie
moderne, qui a poussé si loin l'analyse expérimentale dans les fonctions des
nerfs, que revient la gloire d'avoir fait cette grande découverte, et d'avoir
établi par des preuves inébranlables que les racines antérieures de la moelle
épinière sont des nerfs moteurs, et que les racines postérieures sont des nerfs
sensitifs. Ce qui veut dire, en d'autres termes, que lorsqu'un mouvement
volontaire s'accomplit dans un membre, par exemple, l'influence motrice
qui se propage du centre encéphalique à la moelle épinière ne peut être
transmise aux muscles que par les racines rachidiennes antérieures, et que
quand une impression sensitive se propage dans un sens inverse, c'est-à-dire
de la périphérie du corps vers le centre nerveux, elle ne peut être trans-
mise à la moelle épinière, et de là à l'encéphale, que par les racines
rachidiennes postérieures.
» Mais si tous les physiologistes sont d'accord aujourd'hui sur la manière
dont sont localisées les fonctions motrices et sensitives dans les nerfs rachi-
diens, il n'en est pas de même quand il s'agit de la moelle épinière. Le
sentiment et le mouvement se propagent-ils par des conducteurs distincts
dans la moelle épinière? et, dans ce cas, quelles sont les parties qui trans-
mettent l'influence motrice, quelles sont celles qui transmettent les impres-
sions sensitives? Ces questions importantes ont été abordées par les expéri-
mentateurs les plus habiles, et elles étaient restées indécises. Les uns, vou-
lant que la substance blanche de la moelle fût impropre à transmettre le
sentiment ou le mouvement, admettaient que la substance grise centrale
était seule douée de cette double propriété, ou qu'elle la partageait avec la
substance blanche; les autres, au contraire, soutenant que la substance
blanche de la moelle était seule conductrice, croyaient avoir établi que les
faisceaux postérieurs qui sont en rapport avec les racines rachidiennes pos-
térieures étaient les conducteurs exclusifs des impressions sensitives, tandis
que les faisceaux antéro-latéraux qui sont en contiguïté avec les racines ra-
chidiennes antérieures étaient les organes de transmission du mouvement.
Et, il faut le dire, cette dernière opinion est celle qui avait été le plus géné-
ralement adoptée, au moins en France.
» M. Brown-Séquard a repris, dans ces derniers temps, cette question
difficile de la transmission des impressions sensitives et motrices dans la
moelle épinière, et, pour mieux limiter son sujet, cet expérimentateur a di-
visé le problème en deux, pour ne s'occuper d'abord que de la détermina-
tion des parties de la moelle qui sont chargées de conduire les impressions
sensitives des racines postérieures au centre encéphalique. C'est donc
( i3g)
exclusivement à la transmission des impressions sensitives dans la moelle
épinière que se rapportent les recherches actuelles de M. Brown-Séquard ,
ainsi que les expériences que ce savant physiologiste a répétées devant la
Commission.
» La première proposition que M. Brown-Séquard veut établir, c'est que
les faisceaux postérieurs de la moelle épinière ne sont pas, comme on l'avait
dit, les agents exclusifs de la transmission des impressions sensitives. Pour
le prouver, M. Brown-Séquard a fait deux expériences principales.
» La première expérience consiste à couper en travers les deux faisceaux
postérieurs de la moelle épinière au niveau de la région dorsale sur un
animal vivant. Lorsqu' après cette section on pince les membres postérieurs,
l'animal le sent parfaitement, et manifeste aussitôt par des cris la douleur
qu'il éprouve. Ce résultat montre évidemment que les faisceaux postérieurs de
la moelle ne sont pas exclusivement chargés de conduire la sensibilité, puisque
l'impression sensitive ou douloureuse faite dans les membres postérieurs a été
transmise à l'encéphale, après la section complète de ces faisceaux au-des-
sus de l'origine des nerfs des membres postérieurs, et conséquemment faite
dans un point intermédiairement placé entre le nerf pincé d'où part la dou-
leur et l'encéphale où elle arrive pour être perçue.
» Mais un autre phénomène des plus intéressants, qui a été découvert par
M. Brown-Séquard, c'est que si dans cette expérience on pince ou l'on irrite
les faisceaux postérieurs de la moelle dans l'endroit où ils ont été coupés, on
voit non-seulement que les deux bouts du faisceau postérieur divisé sont
sensibles, mais on remarque ordinairement que le bout inférieur ou caudal
est plus sensible que le bout supérieur ou céphalique, qui cependant est
seul resté en continuité directe avec l'encéphale.
» Il n'est pas besoin de dire que ce fait nouveau est encore en opposition
avec la théorie de la transmission exclusive de la sensibilité par les faisceaux
postérieurs. D'après cette théorie, en effet, il aurait dû se passer, après la
section des faisceaux postérieurs, ce qui a lieu après la section des racines
postérieure rachidiennes, à savoir, que le bout qui reste en continuité di-
recte avec le centre encéphalique demeure seul sensible, tandis que le
bout périphérique devient complètement insensible.
» La deuxième expérience de M. Brown-Séquard est en quelque sorte
la contre-épreuve de la première.
» Nous venons de voir précédemment que les faisceaux postérieurs de
la moelle ont été coupés afin de montrer que, sans leur intervention, les
impressions sensitives peuvent parvenir à l'encéphale par les autres parties
19..
( i4o )
de la moelle épinière restées intactes. On peut prouver de plus qu'avec les
faisceaux postérieurs seuls, quand les, autres parties de la moelle épinière
ont été coupées, la transmission des impressions sensitives ne peut plus
s'opérer. Cette expérience a été réalisée par M. Brown-Séquard : il a divisé
sur un animal vivant, au niveau de la dixième vertèbre dorsale environ,
toute la moelle épinière, excepté les faisceaux postérieurs, qui furent laissés
intacts. Aussitôt après cette section, les membres postérieurs furent com-
plètement paralysés, et les pincements produits sur eux ne furent plus
perçus par l'animal ; c'est-à-dire que la transmission des impressions sensi-
tives n'eut plu^lieu, malgré que les faisceaux postérieurs eussent été res-
pectés,
» Ces deux expériences s'enchaînent donc logiquement pour prouver
que les faisceaux postérieurs ne sont pas les organes de transmission des,
impressions sensjtives dans la moelle épinière. Les expériences ont été
reproduites sous les yeux de la Commission par M. Brown-Séquard avec
beaucoup d'habileté sur des animaux chez lesquels la moelle épinière
n'avait été mise à nu que dans une très-petite étendue, de manière à ne pas
les affaiblir par l'hémorragie et à obtenir des résultats plus concluants.
» M. Brown-Séquard examine ensuite dans son Mémoire quel est le rùle
de la substance grise, ainsi que celui des cordons antérieurs et latéraux de
la moelle épinière relativement à la transmission des impressions sensitives.
Il a fait des expériences très-nombreuses, il a agi sur les cordons antérieurs
et latéraux de la même façon que sur les cordons postérieurs, et il est arrivé
à des résultats tout à fait analogues. M. Brown-Séquard a vu, en effet, qu'a-
près la section des cordons postérieurs, des cordons latéraux et des cor-
dons antérieurs de la moelle, les impressions sensitives peuvent encore être
perçues, tandis que lorsqu'on détruit la substance grise, cette transmission
cesse aussitôt d'avoir lieu quand même on laisse la plus grande partie des
faisceaux médullaires intacte, autant que possible. Par toutes ces recher-
ches très-nombreuses, M. Brown-Séquard a été amené à conclure qu'aucune
des parties blanches de la moelle épinière ne possède la fonction de trans-
mettre les impressions sensitives au centre de perception, mais que c'est par
la substance grise médullaire, et surtout par sa partie centrale, que cette
transmission s'opère. Ces résultats sont d'un haut intérêt pour la physio-
logie des centres nerveux, eu ce qu'ils apprennent que des parties insensi-
bles comme la substance grise de la moelle peuvent transmettre les impres-
sions sensitives, tandis que des parties très-sensibles comme les cordons
postérieurs ne les transmettent pas.
( i4i )
» Dans la deuxième partie de son Mémoire, M. Brown-Séquard a cher-
ché à déterminer expérimentalement comment les fibres des racines
rachidiennes postérieures qui apportent les impressions sensitives de la
périphérie pénètrent dans la moelle épinière pour arriver jusqu'à la sub-
stance grise. Ici M. Brown-Séquard, s'appuyant, d'une part sur l'anatomie
microscopique de la moelle, et d'autre part sur des expériences physiolo-
giques ingénieusement instituées, a été conduit à émettre, sur cette propa-
gation de la sensibilité à la substance grise centrale de la moelle, des vues
nouvelles qu'il expose dans son Mémoire, et qui prouvent que ce phéno-
mène paraît plus compliqué qu'on n'aurait été porté à le supposer au pre-
mier abord.
» En résumé, les expériences de M. Brown-Séquard ont éclairé une des
questions les plus importantes et les plus difficiles de la physiologie de la
moelle épinière, celle qui est relative à la transmission des impressions sen-
sitives dans cette portion de l'axe cérébro-spinal. Si quelques faits étaient
déjà connus sur ce point, M. Brown-Séquard en a ajouté beaucoup de nou-
veaux; il a varié ses expériences, et en a coordonné les résultats de façon à
résoudre d'une manière très-satisfaisante la question qu'il s'était proposé
de traiter. En conséquence, la Commission, à l'unanimité, lui décerne le
prix de Physiologie expérimentale pour l'année 1 855. »
B APPORT SUR LE CONCOURS POUR LES PRIX RELATIFS AUX
ARTS INSALUBRES,
pour l'année 1855.
FONDATION. MONTYON.
(Commissaires, MM. Dumas, Bayer, Boussingault, Pelouze, Combes,
Chevreul rapporteur.)
« Cinq pièces (nos i, 2,3, 4> 5) pour le concours du prix des Arts insalu-
bres ont été adressées à l'Académie dans le délai prescrit par le pro-
gramme, c'est-à-dire jusqu'au ier d'avril de cette année i855.
» Huit autres pièces (nos 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, i4), venues après ce
terme, doivent, conformément au programme, être renvoyées au con-
cours de i856.
» Une pièce n° i3, présentée l'année dernière (par M. Thibout) et ajour-
née, a été prise cette année en considération.
( !{fl )
» Enfin, la Commission a examiné un appareil qui fait l'objet d'un
Mémoire envoyé à l'Académie dans le courant de mars, et qui conséquem-
ment est dans la condition du concours. Cet appareil (de M. Duméry) a
pour but de rendre les foyers fumivores.
» Parmi les pièces nos i, 2, 3, 4 et 5, la Commission a pris en considé-
ration la pièce n° 2, présentée par MM. Boutron et Boudet, et la pièce n° 4,
présentée par M. Sorel.
» MM. Boutron et Boudet, pièce n° 2, se sont proposé de déterminer
rapidement la proportion des sels de chaux et de magnésie qui se trouvent
dans les eaux potables, et celles dont l'industrie peut tirer parti. Cette
détermination se fait au moyen d'une solution titrée ou normale de savon,
qui précipite complètement les sels calcaires et magnésiens, avec cette
circonstance que la liqueur complètement précipitée présente une limpi-
dité parfaite avec la propriété de mousser, sans tenir pour cela un excès
d'eau de savon. Dès lors il est aisé d'évaluer le précipité par le volume de
l'eau de savon normale employé à le produire.
» Mais la Commission, en accordant à MM. Boutron et Boudet tm prix,
qu'elle propose à l'Académie de porter à 2000 francs, se croit obligée de
dire que ce prix est donné au procédé tel qu'elle vient de le définir ; qu'en
conséquence elle ne récompense pas la méthode appelée par les auteurs
hydrotimétrie, c'est-à-dire le moyen de mesurer la valeur des eaux de
source et de rivière. Car évidemment la méthode qui mériterait la qualifi-
cation hydrotimétrie supposerait que les bonnes qualités des eaux ne pro-
viendraient que de l'absence des sels à base de chaux et de magnésie, et
leurs inconvénients de la présence de ces mêmes sels, conséquence que la
Commission ne peut admettre.
» Les considérations relatives aux pièces suivantes, concernant particu-
lièrement la mécanique, ont été rédigées par M. Combes.
APPAREIL DBMÏBÏ.
» Depuis quelques années, les administrations publiques se préoccupent
avec raison, en Angleterre et en France, des inconvénients occasionnés par
la fumée qui se dégage des foyers industriels et même des foyers domesti-
ques alimentés avec de la houille. Une enquête ordonnée par la Chambre
des Communes de la Grande-Bretagne, et dont les procès-verbaux ont été
publiés en i843, fait connaître à peu près tous les moyens que l'on avait
essayé d'appliquer antérieurement dans ce pays, en vue de prévenir ou de
brûler la fumée. Des appareils plus ou moins semblables avaient été égale-
( î43 )
ment appliqués chez nous; ils sont décrits dans divers recueils de techno-
logie, tels que les Annales des Mines, le Bulletin de la Société d'Encoura-
gement, etc.
» Plusieurs des dispositions proposées ayant paru efficaces, un acte du
parlement britannique, du 20 août 1 853, a prescrit à tous les propriétaires
de chaudières à vapeur, de verreries, brasseries, raffineries de sucre et
autres manufactures établies dans la métropole de l'Angleterre, ainsi qu'aux
propriétaires de bateaux à vapeur naviguant sur la Tamise en dessus du
pont de Londres, de brûler la fumée de leurs foyers. Une ordonnance de
police, du 1 1 novembre 1 854, soumet à la même obligation les propriétaires
d'usines où l'on fait usage d'appareils à vapeur, dans le département de la
Seine. Ces mesures ont donné lieu, des deux côtés de la Manche, à un grand
nombre de combinaisons plus ou moins nouvelles, ayant pour but d'éviter
le dégagement de la fumée, dont quelques-unes ont été soumises par leurs
auteurs au jugement de l'Académie. Parmi ces dernières, l'appareil fumivore
sur lequel M. Duméry a appelé l'attention de l'Académie dès le mois de
mars, dans un Mémoire lu le a3 avril (1), a été l'objet d'expériences suivies
pendant longtemps et avec beaucoup de soin dans les ateliers des chemins
de fer de l'Est, à la Villette, où il 'a été installé par l'auteur, à la place de
l'ancien foyer de Tune des deux chaudières qui fournissent alternative-
ment la vapeur à la machine motrice.
» M. Duméry, au lieu de jeter la houille nouvelle par la porte du foyer
sur le combustible incandescent et en très-grande partie carbonisé qui
reste sur la grille, ainsi que cela se pratique dans les foyers ordinaires, la
fait arriver par-dessous ce combustible en poussant la charge, au moyen de
refouloirs mus à la main, dans des espèces de cornets recourbés, dont les
parois sont à claire-voie, vers l'extrémité voisine de la grille. Nous devons
dire que l'efficacité du chargement opéré en dessous du combustible incan-
descent, en vue de prévenir le dégagement de fumée, est connu depuis fort
longtemps. Ce mode de chargement, dont les avantages avaient été déjà
indiqués par- Franklin, a même été appliqué en Angleterre, antérieurement
à l'année i843, aux foyers domestiques et aux foyers de chaudières à
vapeur, par M. le docteur Neil Arnott et par Edward Foard, qui a pris une
patente pour un foyer qui est chargé de cette manière, en juillet 184 1 . Les
dispositions spéciales au moyen desquelles M. Duméry opère le chargement
(1) Dans le compte rendu de cette séance, il faut lire , page g34 : Duméry , au lieu de
Duméril.
( «44 )
sont autres que celles que ses devanciers ont mises en œuvre, et atteignent
parfaitement le but qu'il s'est proposé. Dans les expériences faites aux ate-
liers de la Villette, on a brûlé sur la grille du foyer Duméry, présentant
une surface de 6a décimètres carrés, depuis 60 jusqu'à 120 kilogrammes
de houille de Saarbrùcken (houille tout-venant), sans donner lieu, dans
aucun cas, à la moindre trace de fumée; la vaporisation a été de 5ht,34
à 6Ht,27 d'eau par kilogramme de houille. En faisant usage de gaillette de
Saarbrùcken sans menu, on a pu pousser la combustion jusqu'à i5o kilo-
grammes par heure. La vaporisation a été de 6Ut,55 par kilogramme de
houille, et la fumée absolument nulle.
» Une chaudière entièrement semblable à celle dont le foyer avait été
remplacé par celui de M. Duméry, a été l'objet d'essais comparatifs faits
avec des charbons pris au même tas. La grille de cette chaudière a une
surface de 68 décimètres carrés. On a brûlé sur cette grille depuis 56 jus-
qu'à 107 kilogrammes de houille tout-venant par heure, avec production
de beaucoup de fumée dans tous les cas ; on n'a pu pousser la combustion
au delà de 107 kilogrammes par heure. La vaporisation a été inférieure à
5 litres d'eau par kilogramme de houille, sauf une seule expérience, celle
où la combustion a été la plus lente (56 kilogrammes par heure), et où l'on
a obtenu 51U,23 d'eau vaporisée par kilogramme de houille; en faisant
usage de gaillette de Saarbrùcken, on n'a pu pousser la combustion au delà
de 112 kilogrammes par heure, et la vaporisation test restée inférieure à
5 litres d'eau par kilogramme de houille.
» Votre Commission, sans rien préjuger sur l'efficacité des autres appa-
reils destinés à prévenir ou à brûler la fumée, ayant acquis la certitude que
ce but est parfaitement atteint, sans accroissement de dépense de combus-
tible, par l'appareil de M. Duméry, vous propose d'accorder à M. Dcméry
un prix de la valeur de a5oo francs.
FLOTTEURS d' ALARME DE M. SOREL.
» La Commission propose à l'Académie de décerner un prix de
2000 francs à M. Sorel pour la combinaison d'un flotteur et du sifflet
dont sont munies les chaudières des machines locomotives, qui constitue
les appareils connus sous le nom de flotteurs d'alarme, dont l'application
à toutes les chaudières à vapeur établies à demeure est prescrite par l'or-
donnance réglementaire du 22 mai i843. Cette combinaison a été imaginée
et présentée à l'Académie, en 1837, par M. Sorel qui, dès cette époque,
l'a appliquée à plusieurs chaudières à vapeur.
i45 )
TUBE RESPIRATOIRE DE M. THIBOUT.
« M. Thibout, au Neubourg (Eure), a présenté à l'Académie, dans le cou-
rant du mois de février 1 85/|, un appareil de sauvetage au moyen duquel
on peut pénétrer et séjourner sous une petite profondeur d'eau ou dans des
lieux remplis de gaz méphitique, pour porter secours à des noyés ou
asph\ xiés.
» Cet appareil consiste en une petite boîte métallique divisée en trois com-
partiments par deux cloisons percées chacune d'une ouverture circulaire,
sur laquelle s'applique une soupape formée d'une petite sphère en liège. La
paroi du compartiment intermédiaire entre les deux cloisons est percée
d'un orifice avec tubulure à laquelle s'adapte un tuyau flexible et court,
terminé par une embouchure que l'opérateur introduit dans sa bouche ou
applique sur sa bouche. Les compartiments extrêmes de la petite boîte sont
munis aussi de tubulures auxquelles s'adaptent des tuyaux flexibles en
toile imperméable, maintenus ouverts par un ressort intérieur en hélice,
et qui se prolonge jusqu'au dehors de l'eau ou de l'excavation infestée de
gaz irrespirables où l'on veut pénétrer. L'opérateur applique sur son nez
une pince qui ferme l'ouverture des narines, de façon que, ne respirant que
par la bouche, il aspire l'air atmosphérique extérieur qui arrive par le tuyau
branché sur un des compartiments extrêmes, tandis que l'air expiré s'écoule
par le tuyau branché sur l'autre compartiment.
» Cet appareil si simple n'a rien de nouveau. On a fait usage depuis bien
longtemps de tubes respiratoires pour descendre sous l'eau, ou séjourner
dans des cuves ou des excavations remplies de gaz acide carbonique. C'est
ainsi que Pilâtre du Rosier, en 1785, a pu descendre au fond d'une cuve
de brasseur, y rester des heures entières, agissant et marchant sans aucune
gêne, tandis que des animaux mis auprès de lui ont été promptement as-
phyxiés. (Voyez Description et usage du respirateur antiméphitique, ima-
giné par Pilâtre du Rosier, avec un précis des expériences faites parce phy-
sicien sur le méphitisme des fosses d aisance, des cuves à bière, etc., par
M. Delaunaye, Paris, 1 785, chez Laurent, libraire, rue de Tournon. — Jour-
nal de physique, 1786. — Journal des mines, t. III.)
» L'appareil de Pilâtre du Rosier ne comportait qu'un tuyau unique
terminé par une sorte de masque appliqué sur la bouche ou sur le nez.
L'opérateur aspirait l'air pur amené par le tuyau, et expirait l'air vicié, dans
le milieu où il se trouvait, par la bouche, s'il avait aspiré par le nez, ou
vice versa. M. Delaunaye propose, dans le Mémoire cité, d'ajouter à l'em-
C. R., i856, 1" Semestre. (T. XLII, N« 4.) 20
( *46 )
bouchure du tuyau qui s'adapte à la bouche un petit tube métallique con-
tenant deux soupapes (Instruction sur l'emploi des lampes de sûreté dans
les mines et sur les moyens de pénétrer sans danger dans les lieux méphi-
tisés, publiée par M. le conseiller d'État directeur général des ponts et
chaussées et des mines. — Jnn. des mines j 1825, Ire série, t. X, p. 3y et sui-
vantes). C'est précisément l'appareil présenté par M. Thibout , sauf l'addi-
tion d'un second tube adapté à la tubulure par laquelle sort l'air expiré, et
prolongé jusque dans l'air pur.
» Cet appareil ne constitue pas une invention nouvelle, il est au moins cer-
tain qu'il a été jusqu'ici bien peu employé, malgré les recommandations
dont il a été l'objet à diverses reprises de la part des physiciens et de l'admi-
nistration des mines; cependant son usage aurait pu prévenir de nombreux
accidents. Il est donc à désirer qu'il se vulgarise, que les hommes chargés
de porter secours aux noyés et asphyxiés en soient généralement pourvus
et s'habituent à s'en servir. C'est surtout en vue d'attirer de nouveau l'at-
tention sur le service qu'il peut rendre, que la Commission propose à l'Aca-
démie d'accorder à M. Thibout, simple ouvrier qui ne connaissait pas les
essais antérieurement faits, à titre de récompense et d'encouragement, une
somme de 5oo fr.
CONCLUSIONS.
» La Commission a l'honneur de proposer à l'Académie :
» i°. D'accorder un prix de 25oo fr. à M. Duméry, pour un appareil pro-
pre à rendre les foyers fumivores ;
» 20. D'accorder un prix de 2000 fi", à M. Sorel, pour la combinaison du
flotteur des chaudières à vapeur avec le sifflet des chaudières des locomo-
tives, combinaison connue sous le nom dejlotteur d'alarme, que M. Sorel
a imaginée en 1 837 ;
» 3°. D'accorder un prix de 2000 fr. à MM. Boutron et Boudet pour leur
moyen de déterminer la proportion des sels à base de chaux et de magnésie
dans les eaux des sources et des rivières au moyen d'une liqueur savon-
neuse titrée ;
» 4°- Un encouragement de 5oo fr. à M. Thibout, de Neubourg (Eure),
pour un tuyau respiratoire au moyen duquel on peut pénétrer et séjourner
sans danger sous l'eau, et dans des atmosphères irrespirables. »
Ces conclusions sont adoptées par l'Académie.
( '47 )
RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE PRIX DE MÉDECINE
ET DE CHIRURGIE DE L'ANNÉE i855.
FONDATION MONTYOJN.
(Commissaires, MM. Serres, Andral, Velpeau, Rayer, Duméril, Magendie,
Flourens, Milne Edwards, Cl. Bernard rapporteur.)
« La médecine çt la chirurgie reposent en grande partie sur les sciences
anatomiques et physiologiques; celles-ci , à leur tour, puisent leurs
moyens d'investigation dans la physique, la chimie et les sciences natu-
relles. Toutes les fois que les sciences qui précèdent effectuent quelque
progrès dans leurs points de contact avec la médecine ou la chirurgie, elles
contribuent par cela même aux progrès de l'art de guérir. C'est d'après ces
considérations que la Commission a toujours récompensé les travaux d'ana-
tomie, de physiologie, de physique, de chimie, etc., quand ceux-ci s'appli-
quaient utilement à la médecine.
» La Commission vient proposer à l'Académie d'accorder des récompenses
dans ces diverses branches des sciences médicales. Elle n'a pas cru devoir
proposer de prix pour cette année.
ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE.
» La structure intime des différentes parties constituantes de l'organe de
la vision a été l'objet des recherches d'un grand nombre d'anatomistes mo-
dernes. Les travaux de M. Hannover, médecin à Copenhague, sont au nom-
bre de ceux qui ont le plus puissamment contribué à avancer nos connais-
sances sur cette anatomie délicate de l'œil, anatomie intéressante à un très-
haut degré, non-seulement pour le physiologiste, qui cherche à comprendre
le rôle de chacune de ces parties dans les phénomènes de la vision, mais
encore pour le pathologiste, qui doit toujours essayer de relier les symptô-
mes morbides qu'il observe aux altérations de structure anatomique surve-
nues dans les organes.
» Déjà en 1840 M. Hannover a publié ses premières recherches sur la
structure de la rétine. Par une méthode d'investigation exacte et en har-
monie avec la délicatesse extrême de l'objet de son observation, M. Hanno-
ver a rectifié diverses opinions erronées qui avaient été émises sur la struc-
ture microscopique de la rétine; et les résultats nouveaux qu'il a fait
connaître sont restés dans la science, et sont devenus le point de départ de
20..
( «48 )
travaux qui ont été entrepris depuis sur le même sujet par des anatomistes
également très-habiles.
» Plus récemment, M. Hannover a publié un ouvrage renfermant un
grand nombre de faits et d'observations propres à éclairer l'anatomie, la
physiologie et la pathologie de l'œil. Il y a un chapitre entier relatif à la
découverte de la structure du corps vitré. L'auteur a fait ses recherches sur
les yeux de l'homme et sur ceux de divers animaux vertébrés, au moyen de
l'acide chromique étendu, qui a la propriété de coaguler la membrane de
l'humeur vitrée. A l'aide de ce réactif, M. Hannover a préparé des pièces
qu'il a mises sous les yeux des Membres de la Commission, et qui prouvent
que chez les mammifères le corps vitré est constitué par des couches con-
centriques, s'emboîtant les unes dans les autres. Chez l'homme, la disposi-
tion est un peu différente, en ce que ces cloisonnements du corps vitré, au
lieu d'être sous forme de couches concentriques, constituent des cônes
dont les bases sont tournées en dehors, et dont les sommets, dirigés en
dedans, rayonnent tous vers la partie centrale qui est occupée par le canal
hyaloïdien.
» Ce même ouvrage de M. Hannover contient en outre beaucoup d'au-
tres recherches anatoiniques, physiologiques et pathologiques sur l'organe
de la vision.
» C'est en considérant les découvertes que M. Hannover a faites sur
divers points de l'anatomie de l'œil, et les applications importantes qui en
découlent pour la pathologie, que la Commission propose d'accorder a
M. Hawvover, pour l'ensemble de ses travaux sur l'œil, une récompense de
i 5oo francs.
» Les services que la chimie rend à la physiologie et à la pathologie ne
sont contestés par personne. Cependant on comprendra que, pour avoir
toute leur utilité, il ne suffit pas que les analyses chimiques des divers flui-
des ou tissus animaux soient exécutées par des hommes habiles, il faut en-
core qu'elles soient faites dans des conditions physiologiques bien circon-
stanciées et bien déterminées. Sans cette précaution indispensable, les
résultats des analyses discordent sans cesse : et comment en serait-il autre-
ment, puisqu'à chaque instant les fluides animaux changent et se modifient
en circulant dans l'économie?
» Le Traitéde Chimie physiologique de M. Lehmann se distingue de tous
ceux qui l'ont précédé, par ce rapprochement que l'auteur a constamment
cherché à établir entre les analyses chimiques et les conditions physiologi-
ques exactes dans lesquelles elles étaient effectuées.
( '49 )
» M. Lehmann a repris tous les travaux de ses devanciers à ce point de
vue, et il y a ajouté un grand nombre de découvertes et d'observations nou-
velles, particulièrement sur l'urine, sur le sang et sur les divers fluides
digestifs, etc. De sorte que M. Lehmann a non-seulement rendu un grand
service à ceux qui cultivent la physiologie et la médecine, en rassemblant
méthodiquement dans son ouvrage toutes nos connaissances sur la chimie
physiologique, en les coordonnant avec clarté et d'après une saine critique ;
mais l'auteur a encore enrichi la science et contribué à ses progrès par des
découvertes qui lui sont propres.
» C'est en considérant cet ouvrage à ce double point de vue que la Com-
mission le juge digne d'être récompensé, et elle propose d'accorder à
M. Lehmann, pour son Traité de Chimie physiologique (ouvrage publié en
allemand sous le titre de Lehrbuch der physiologischen Chemie, 3 vol.,
Leipzig), une récompense de i5oo francs.
» Un grand nombre d'anatomistes se sont occupés des circonvolutions
cérébrales : les uns, considérant ces plis cérébraux comme des caractères
anatomiques et zoologiques d'une grande importance; les autres, en fai-
sant la base de théories physiologiques plus ou moins spécieuses. M. Da-
reste a repris ce sujet déjà tant de fois exploré, et il a pu encore y découvrir
des faits nouveaux.
» Les conclusions principales du travail de M. Dareste sont : i° que les
circonvolutions cérébrales ne semblent avoir que peu d'importance au point
de vue zoologique, car dans chaque famille naturelle on peut trouver des
espèces ayant des cerveaux à circonvolutions et d'autres espèces ayant des
cerveaux sans circonvolutions; i° que les circonvolutions cérébrales ne
paraissent pas non plus avoir une grande signification au point de vue
physiologique, car on ne signale pas de différences bien marquées entre
les actes des espèces à cerveaux lisses et ceux des espèces à cerveaux
plissés.
» En outre, M. Dareste pense pouvoir établir que, dans chaque famille
naturelle des mammifères, l'état des circonvolutions est en rapport avec la
taille des espèces animales ; il dit que les cerveaux lisses se rencontrent tou-
jours dans les petites espèces, et qu'à mesure que la taille augmente, on
voit s'accroître le nombre et la complication des circonvolutions.
» Comme le travail de M. Dareste est lait avec soin, et qu'il se rattache à
des études qui tendent à éclairer diverses questions importantes de physio-
logie et de pathologie , la Commission le juge digne d'être récompensé. En
conséquence, elle propose d'accorder à M. Dareste, pour ses Recherches
sur les circonvolutions cérébrales, une récompense de iooo francs.
( <5o)
PATHOLOGIE 1 STERNE ET EXTERNE.
» La Commission a fixé son attention sur un travail de M. Beau, intitulé :
Etudes analytiques de physiologie et de pathologie sur F appareil spléno-
hépatique. Il s'agit ici d'une application directe des connaissances physio-
logiques à la pathologie. M. Beau a pris pour point de départ physiologique
de son travail les expériences bien connues sur l'absorption des substances
alimentaires par la veine porte , qui prouvent que les matières absorbées
doivent nécessairement traverser le foie. Pendant l'état de santé , le passage
de ces substances solubles alimentaires ou autres, à travers le foie, se fait
sans être accompagné d'aucune sensation spéciale. Mais, dans certains états
morbides, M. Beau pense que le foie peut acquérir une susceptibilité spé-
ciale (hépatalgie), et qu'alors ce passage des substances dans le foie peut
être accompagné de douleurs vives survenant dans la région du foie, au mo-
ment de la digestion. Ces douleurs pourraient simuler alors la colique hé-
patique, déterminée par la présence de calculs dans les voies biliaires;
mais la cause en serait cependant ici, comme on le voit, très-différente.
M. Beau appuie son opinion par un certain nombre d'observations clini-
ques qui se trouvent à la fin de son Mémoire. , -
» La Commission, espérant que l'auteur ne s'en tiendra pas là, et qu'il
cherchera à confirmer encore ses vues par des observations nouvelles, juge
son travail digne d'une récompense, comme renfermant des faits nouveaux
propres à éclairer l'étiologie encore si obscure des maladies du foie, et par-
ticulièrement celle des coliques hépatiques.
» Elle propose d'accorder à M. Beau, pour ses Etudes analytiques de
physiologie et de pathologie sur l'appareil spléno- hépatique, une récompense
de i 5oo francs.
» M. Béraud a soumis au jugement de la Commission un Mémoire qui
est relatif à l'anatomie et à la pathologie des voies lacrymales.
» Au point de vue anatomique, M. Béraud signale d'abord deux ordres
de glandes siégeant dans le sac lacrymal. Il décrit ensuite très-exactement
les valvules du conduit lacrymo-nasal.
» La Commission a fixé particulièrement son attention sur une valvule
signalée par M. Béraud à l'orifice inférieur du canal lacrymo-nasal, et dont
la connaissance est importante relativement à l'opération du cathétérisme
du canal nasal par les narines.
» M. Béraud , s'appuyant sur ses dissections d'anatomie normale et pa-
thologique, croit pouvoir établir qu'il faut admettre quatre espèces de tu-
( '5. )
meurs lacrymales différentes par leurs symptômes, et réclamant chacune un
traitement également différent. L'auteur s'est surtout élevé contre l'emploi
de la canule dans le traitement des fistules lacrymales ,
» La Commission, considérant que M. Békaud a signalé dans son travail
des faits nouveaux importants pour le traitement chirurgical de la fistule
lacrymale , propose de lui accorder, pour son Mémoire sur l'anatomie et la
pathologie des voies lacrymales, une récompense de j 5oo francs.
» Les troubles de la circulation qu'on observe dans la grossesse étaient
généralement rapportés à un état de pléthore'. M. Cazeaux a établi, dans un
travail sur la chloro-anémie des femmes enceintes, que ces troubles de la
circulation pouvaient aussi être dus à un état du sang en quelque sorte op-
posé à celui de la pléthore, c'est-à-dire à la chloro-anémie. Ce dernier état
est accompagné de bruits de souffle dans les carotides, et par divers trou-
bles fonctionnels du système nerveux et de l'appareil digestif, tout à fait
analogues à ceux qu'on observe chez les femmes chlorotiques.
» M. Cazeaux est même arrivé à cette conclusion , que la chloro-anémie
serait la cause la plus fréquente des troubles fonctionnels qu'on avait attri-
bués jusqu'ici à la pléthore. L'auteur appuie son opinion sur l'examen chi-
mique qui a montré la diminution des globules du sang, et sur" les heureux
effets qu'on retire dans ces cas d'un traitement tonique.
» Ce travail, qui met en lumière un point très-important de la pathologie
des femmes enceintes, a paru à la Commission digne d'être récompensé, et
elle propose d'accorder à M. Cazeaux, pour son travail sur la chloro-anémie
des femmes enceintes, une récompense de i ooo francs.
EAUX MINÉRALES, THÉRAPEUTIQUE, HYGIENE, PHYSIQUE MEDICALE.
» L'Académie se rappelle le Rapport fait par notre savant confrère M. de
Senarmont, au nom d'une Commission composée de MM. Thenard, Che-
vreul, Balard et Dufrénoy, sur un Mémoire de M. Bouquet, intitulé : Histoire
chimique des eaux minérales et thermales de Vichy, Cusset, Vaisse, Hau-
terive et Saint-Yorre ; Analyses chimiques des eaux minérales de Médague ,
Châteldon, Brugheas et Seuillet.
» La Commission ci-dessus nommée renvoya ce Mémoire à la Commis-
sion des prix Montyon. Celle-ci, adoptant pleinement les conclusions du
premier Rapport, reconnaît,, avec la première Commission, « que le Mémoire
» de M. Bouquet est une véritable histoire chimique du bassin hydrolo-
» gique de Vichy, appuyée sur tous les documents qu'on est aujourd'hui
» en droit de demander à la science.
( ï5» )
» Ce Mémoire renferme par conséquent des études longues et conscien-
» cieuses sur l'un des agents les plus actifs de la thérapeutique. L'expé-
» rience médicale trouvera d'utiles enseignements dans cet ensemble d'a-
» nalyses comparatives qui montrent partout, et presque en égale proportion,
» les principes supposés des propriétés caractéristiques de quelques sources,
» qui font connaître la dose d'arsenic propre à chacune d'elles, y détermi-
» nent la quantité de strontiane, et paraissent retrancher plusieurs prin-
» cipes énergiques à la liste de leurs principes minéralisateurs. »
» La Commission, prenant en considération la haute importance de sem-
blables recherches pour la thérapeutique, propose d'accorder à M. Bouquet,
pour ses Etudes -chimiques des eaux minérales du bassin hydrologique de
Vichy , une récompense de i 5oo francs.
» M. Corvisart a soumis au jugement de la Commission un travail dans
lequel il pense établir qu'on peut traiter avec succès certaines affections de
l'estomac, dans lesquelles la digestion est troublée ou suspendue, par l'em-
ploi de la pepsine préparée artificiellement avec la caillette du veau ou du
mouton.
» Si cette idée de favoriser la digestion chez l'homme à l'aide du suc
gastrique naturel ou artificiel des animaux n'est pas absolument neuve ,
M. Corvisart l'a cependant réellement introduite dans la médecine prati-
que, et il a le mérite d'avoir fait des expériences et d'avoir recueilli des faits
pour prouver l'efficacité de ce mode de traitement, dont la réalisation avait
d'ailleurs été préparée par les belles expériences de Réaumur et Spallanzani
sur les digestions artificielles. D'autres recherches importantes avaient été
faites dans ces derniers temps sur la digestion stomacale, et avaient permis
d'isoler la pepsine, qui, ainsi qu'on le sait, est un des principes actifs essen -
tiels du suc gastrique.
» Il s'agit encore ici, comme on le voit, d'une application des connais-
sances physiologiques à la thérapeutique; et c'est toujours avec satisfaction
que la Commission accueille de semblables travaux. Mais précisément parce
qu'elle pense que la voie est bonne et scientifique, elle désire ne pas en
compromettre les résultats par des conclusions prématurées, et elle veut
laisser au temps et à l'expérience le soin de prononcer définitivement sur
l'importance de cet agent thérapeutique.
>> C'est d'après ces considérations que la Commission propose de récom-
penser M. Corvisart des efforts qu'il a faits pour introduire la pepsine dans la
pratique médicale; elle pense ainsi encourager les médecins à s'en servir,
espérant que bientôt ils pourront préciser les circonstances dans lesquelles
ce médicament pourra être employé avec succès.
( -53)
» La Commission propose donc d'accorder à M. Corvisart, pour ses re-
cherches sur l'action thérapeutique de la pepsine, une récompense de
i5oo francs.
» L'hygiène publique possède 'aujourd'hui une quantité considérable de
matériaux qui restent disséminés dans les recueils périodiques. Un ouvrage
qui résumerait ces travaux et les coordonnerait d'après une critique juste et
intelligente rendrait un service incontestable aux médecins, et contribuerait
a répandre les connaissances hygiéniques si importantes pour la médecine
prophylactique. Cet ouvrage a été exécuté avec une connaissance approfondie
du sujet et une grande clarté d'exposition par M. Tardieu, dans son ouvrage
sur V hygiène publique et la salubrité, qui renferme en outre un certain
nombre d'observations importantes propres à l'auteur.
» En conséquence, la Commission propose d'accorder à M. Tardieu une
récompense de iooo francs.
» Les influences météorologiques et climatériques diverses exercent une
action incontestable sur l'homme, soit à l'état de santé, soit à l'état de ma-
ladie; mais les observations dans cette partie de la science médicale sont
très-difficiles à faire, et celles que l'on possède aujourd'hui à ce sujet sont le
plus souvent incomplètes ou défectueuses. Cependant un ouvrage qui ras-
semblerait tous les faits connus, en cherchant à les apprécier et à les coor-
donner*autant que le permet l'état actuel de la science, aurait déjà rendu un
véritable service à la médecine; les médecins y trouveraient réunis des
matériaux qui pourraient leur être utiles pour de nouvelles observations, et
le goût pour ces sortes d'études se répandrait ainsi davantage.
» Parmi les ouvrages faits dans ce but, la Commission a distingué Je
Traité de la météorologie dans ses rapports avec la science de l'homme, et
principalement avec la médecine et l'hygiène publique ; publié par M. Foissac.
La Commission propose, en conséquence, d'accorder à l'auteur une ré-
compense de iooo francs
» En résumé, la Commission propose d'accorder dix récompenses,
savoir :
» i°. Une récompense de i5oo fr. à M. Hânnover, pour l'ensemble de
ses recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie de l'œil.
» 2°. Une récompense de 1 5oo fr. à M. Leiimaxx, pour son Traité de
chimie physiologique.
» 3°. Une récompense de i5oo fr. à M. Bouquet, pour son Mémoire sur
l'analyse des eaux du bassin hydrologique de Vichy.
C. R., 1*56,1" Semeslre. (T. XLII, N° 4. ) 9I
( »54 )
» 4°- Une récompense de i5oo fr. à M. Beau, pour ses études analy-
tiques de physiologie et de pathologie sur l'appareil spléno-hépatique.
» 5°. Une récompense de i5oo fr. à M. Corvisakt, pour ses recherches
sur l'action thérapeutique de la pepsine.
» 6°. Une récompense de i5oo fr. à M. Béraud, pour ses recherches
d'anatomie et de pathologie sur les voies lacrymales.
» 70. Une récompense de iooo fr. à M. Cazeaux, pour son Mémoire sur
la chloro-anémie des femmes enceintes.
» 8°. Une récompense de iooo f. à M. ]>a reste, pour son travail sur les
circonvolutions cérébrales.
» 90. Une récompense de iooo fr. à M. Tardieu, pour son ouvrage sur
l'hygiène publique et la salubrité.
» io°. Une recompense de iooofr. à M. Foissac, pour son Traité de la
météorologie dans ses rapports avec la science de l'homme et principalement
avec la médecine et l'hygiène publique. »
Ces conclusions sont adoptées par l'Académie.
( i55)
PRIX PROPOSÉS
POUR LES ANNÉES 18S6, 1887 ET 1865.
SCIENCES MATHÉMATIQUES.
GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES,
PROPOSÉ POUR 1886.
(Commissaires, MM. Cauchy, Lamé, Binet, Chasles,
Liouville rapporteur.)
Perfectionner dans quelque point essentiel la théorie mathématique
des Marées.
Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs.
Les Mémoires destinés à ce concours devront être remis, francs de port,
au Secrétariat de l'Institut, le Ier mai i856 : ce terme est de rigueur. Les
noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés, qu'on n'ouvrira
que si la pièce est couronnée.
GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES,
PROPOSÉ POUR 1834, ET REMIS A 1886.
(Commissaires, MM. Cauchy, Lamé, Liouville, Biot, Binet, Regnault,
de Senarmont rapporteur.)
Reprendre V examen comparatif des théories relatives aux phénomènes
capillaires ; discuter les principes mathématiques et physiques sur lesquels
on les a fondés; signaler les modifications qu'ils peuvent exiger pour s'a-
dapter aux circonstances réelles dans lesquelles ces phénomènes s'accom-
plissent, et comparer les résultats du calcul à des expériences précises
faites entre toutes les limites d'espace mesurables , dans des conditions
telles, que les effets obtenus par chacune d'elles soient constants.
Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs.
Les Mémoires devront être déposés , francs de port, au Secrétariat de
l'Institut, le ier avril i856 : ce terme est de rigueur. Les noms des auteurs
seront contenus dans des billets cachetés qui ne seront ouverts que si la
pièce est couronnée.
ai..
( '56 )
GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES,
DÉJÀ REMIS AU CONCOURS POUR 1833 ET PROROGÉ JUSQU'EN 1836.
(Commissaires, MM. Binet, Liouville, Lamé, Sturm ,
Cauchy rapporteur.)
•
L'Académie a prorogé le concours relatif au théorème de Fermât ,
jusqu'en 1 856.
Elle maintient le programme précédemment publié, dans les termes
suivants :
Trouver, pour un exposant entier quelconque n, les solutions en nom-
bres entiers et inégaux de l'équation
xn + y" = z",
ou prouver qu'elle n'en a pas, quand n est > 2.
Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs.
Les Mémoires devront être remis, francs de port, au Secrétariat de
l'Institut, avant le ier avril 1 856 : ce terme est de rigueur. Les noms des
auteurs devront être contenus dans des billets cachetés qui ne seront ou-
verts que si le Mémoire est couronné.
GRAND PRIX DE MATHEMATIQUES ,
DÉJÀ REMIS AU CONCOURS POUR 1835 ET PROROGÉ JUSQU'EN 1837.
(Commissaires, MM. Binet, Lamé, Liouville, Sturm,
Cauchy rapporteur.)
Trouver les intégrales des équations de l'équilibre intérieur d'un corps
solide élastique et homogène, dont toutes les dimensions sont finies, par
exemple, d'un parallélipiphde ou d'un cylindre droit; en supposant connues
les pressions ou tractions inégales exercées aux différents points de sa
surface.
Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs .
Les Mémoires devront être remis, jrancs de port, au Secrétariat de l'In-
stitut, avant le ier avril 1857 : ce terme est de rigueur. Les noms des auteurs
devront être contenus dans des billets cachetés, qui ne seront ouverts que
si le Mémoire est couronné.
( i57)
GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES,
proposé pour 1847, puis pour 1884, et remis a 18S7.
(Commissaires, MM. Lamé, Cauchy, Binet, Chasles,
Liouville rapporteur. )
Etablir les équations des mouvements généraux de l'atmosphère terrestre
en ayant égard à la rotation de la terre, à l'action calorifique du soleil, et
aux forces attractives du soleil et de la lune.
Les auteurs sont invités à faire voir la concordance de leur théorie avec
quelques-uns des mouvements atmosphériques les mieux constatés.
Lors même que la question n'aurait pas été entièrement résolue, si l'au-
teur d'un Mémoire avait fait quelque pas important vers la solution, l'Aca-
démie pourrait lui accorder le prix.
Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs.
Les Mémoires devront être remis, francs de port, au Secrétariat de
l'Institut, avant le Ier janvier 1857 : ce terme est de rigueur. Les noms des
auteurs seront contenus dans des billets cachetés qui ne seront ouverts que
si la pièce est couronnée.
GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES,
PROPOSÉ POUR 1833, ET REMIS AU CONCOURS POUR 1837.
(Commissaires, MM. Liouville, Lamé, Binet, Duhamel,
Cauchy rapporteur.)
L'Académie avait proposé, comme sujet de prix, pour i852, et remis au
concours pour i855, la question du refroidissement d'un ellipsoïde qui
rayonne dans un milieu donné.
Aucune pièce n'ayant été remise au Secrétariat, la Commission propose
de remettre encore une fois la question au concours pour l'année 1857, et
dans les termes suivants :
Trouver l'intégrale de l'équation connue du mouvement de la chaleur,
pour le cas d'un ellipsoïde homogène, dont la surface a un pouvoir rayon-
nant constant, et qui, après avoir été primitivement échauffé d'une manière
quelconque, se refroidit dans un milieu dune température donnée.
Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs.
Les Mémoires devront être déposés, francs de port, au Secrétariat de
l'Institut, avant le Ier octobre 1857 : ce terme est de rigueur. Les noms des
auteurs seront contenus dans des billets cachetés qui ne seront ouverts que
si la pièce est couronnée.
( >58 )
PRIX EXTRAORDINAIRE DE SIX MDLLE FRANCS
SUR l'aPPLICATIOX DE LA VAPEUR A LA MARIXE MILITAIRE, PROPOSÉ POUR 1857.
(Commissaires, MM. Combes, Poncelet, Duperrey, Regnault,
Baron Ch. Dupin rapporteur.)
Le premier prix de 6000 francs, fondé pour exciter au progrès de la va-
peur appliquée à la marine militaire, ayant été signalé par le succès obtenu
dans la construction des vaisseaux de ligne à grande vitesse et mus au
moyen de l'bélice, l'Académie des Sciences a témoigné le désir que le Gou-
vernement fondât un nouveau prix d'égale valeur, pour récompenser un
grand pas qui serait fait dans la même carrière.
Sa Majesté, toujours empressée de favoriser les sciences et leurs applica-
tions aux arts, s'est fait un généreux plaisir de satisfaire à' ce vœu, et de
mettre le crédit demandé à la disposition de l'Académie.
La navigation par la vapeur ne comptera que l'année prochaine un demi-
siècle d'existence. Il a fallu qu'une partie notable de ce temps s'écoulât
avant que les bateaux à vapeur quittassent les rivières et les fleuves, pour
s'essayer sur la mer; il a fallu d'autres années avant que le commerce osât
construire des navires à vapeur qui traversassent l'Atlantique.
A son tour est venue la marine militaire, plus difficile en ses conditions et
plus circonspecte en ses précautions, parce qu'elle a des dangers plus divers
et plus redoutables à courir.
Arrivée plus tard, mais demandant aux sciences des secours plus pro-
fonds et plus méthodiques, elle a fait des progrès plus rapides, fondés sur
sur des expériences rigoureuses ; et nous les avons couronnés.
Il faut se garder de croire qu'il ne reste plus rien à découvrir, ni rien à
perfectionner.
La dépense de combustible à bord des bâtiments de guerre n'offre jus-
qu'à ce jour que des économies insignifiantes ; une révolution est à produire
sous ce point de vue. Cette révolution serait surtout favorable à la France,
où le combustible est plus dispendieux que chez nos émules les plus émi-
neuts.
A la vue des locomotives de terre, si puissantes et si peu pesantes, on est
frappé du poids énorme des mécanismes à vapeur à bord de nos vaisseaux ;
là nous attendons encore et nous appelons un grand changement.
D'autres parties, que nous n'avons pas la prétention d'énumérer, sont
susceptibles des perfectionnements les plus remarquables; surtout en ce
qui concerne l'architecture navale.
( i59)
Une guerre glorieuse vient de produire des faits nouveaux ; elle a révélé
des besoins de navigation et de combat que l'on soupçonnait à peine : c'est
aux loisirs de la paix à résoudre les problèmes posés par les exigences de
de la guerre. Nous préparerons ainsi les succès d'une guerre future, si la civi-
lisation et l'humanité n'en reculent pas de plus en plus le terme.
Au commencement de la lutte actuelle, les vaisseaux les mieux munis des
plus puissantes bouches à feu ne luttaient qu'avec inégalité contre des forts
de granit à triple étage de feux incendiaires. Une idée fournie par le chef
de l'État a fait construire des batteries flottantes à feu rasant , bordées,
pontées en fer; les forteresses de terre se sont trouvées inférieures à ces
nouveaux navires à vapeur: On a cessé de regarder comme imprenables des
places hérissées de canons, derrière lesquelles s'abritaient des marines
entières. Cette persuasion, toute nouvelle, compte peut-être parmi les motifs
auxquels nous allons devoir la cessation des combats.
L'Académie désire surtout récompenser des inventions, des perfection-
nements constatés, éprouvés par l'expérience. Elle laisse aux concurrents
une latitude illimitée ; elle ira chercher un grand progrès en quelque lieu
qu'il se montre, s'il porte avec lui sa démonstration au moins pratique, et
s'il se peut théorique.
Les Mémoires et les plans qui feront connaître les travaux des concur-
rents devront être adressés, francs de port, au Secrétariat de l'Institut,
avant le Ier novembre 1857, terme de rigueur; afin que le prix soit dé-
cerné, s'il y a lieu, dans la séance publique de 1857.
PRIX D'ASTRONOMIE,
FONDÉ PAR M. DE LALANDE.
La médaille fondée par M. de Lalande, pour être accordée annuelle-
mentà la personne qui, en France ou ailleurs (les Membres de l'Institut
exceptés), aura fait l'observation la plus intéressante, le Mémoire, ou le
travail le plus utile aux progrès de l'Astronomie, sera décernée dans la pro-
chaine séance publique de i856.
PRIX DE MÉCANIQUE,
FONDÉ PAR M. DE MONTYON. *
M. de Montyon a offert une rente sur l'État, pour la fondation d'un
prix annuel en faveur de celui qui, au jugement de TAcadémie des Sciences,
s'en sera rendu le plus digne en inventant ou en perfectionnant des instru-
( »6o )
nients utiles aux progrès de l'agriculture, des arts mécaniques ou des
sciences.
Ce prix consistera en une médaille d'or de la valeur de quatre cent cin-
quante francs.
Le terme de ce concours est fixé au Ier avril de chaque année.
PRIX DE STATISTIQUE,
FONDÉ PAR M. DE MONTYON.
Parmi les ouvrages qui auront pour objet une ou plusieurs questions re-
latives à la Statistique de la France, celui qui, au jugement de l'Académie,
contiendra les recherches les plus utiles sera couronné dans la prochaine
séance publique de 1 8 5.6 . On considère comme admis à ce concours les
Mémoires envoyés en manuscrit, et ceux qui, ayant été imprimés et publiés,
arrivent à la connaissance de l'Académie ; sont seuls exceptés les ouvrages
des Membres résidants.
Le prix consiste en une médaille d'or équivalente à la somme de quatre
cent soixante-dix-sept francs .
Le terme du concours est fixé au ier janvier de chaque année.
PRIX BORDIN.
(Commissaires, MM. Liouville, Lamé, Cauchy, Duhamel, Biot rapporteur.)
Feu M. Bordin, ancien notaire, ayant légué à l'Académie une rente de
trois mille jrancs pour la fondation d'un prix annuel « à la meilleure com-
position sur des sujets ayant pour but: l'intérêt public, le bien de l'huma-
nité, les progrès de la science et l'honneur national,
L'Académie a décidé que ce prix serait décerné alternativement dans les
Sections des Sciences mathématiques et dans celles des Sciences physiques.
Elle propose en conséquence, pour l'année i856, la question suivante
pour sujet de prix dans les Sections des Sciences mathématiques :
Un thermomètre à mercure étant isolé dans une masse d'air atmosphé-
rique, limitée ou illimitée, agitée ou tranquille, dans des circonstances telles
qu'il accuse actuellement une température fixe , on demande de déterminer
les corrections qu'il faut appliquer à ses indications apparentes, dans les
conditions d'exposition où il se trouve, pour en conclure la température
propre des particules gazeuses dont il est environné.
Ce prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs.
Les Mémoires devront être déposés, francs de port, "au Secrétariat de
l'Institut avant le ier octobre 1 856, terme de rigueur.
( i6i )
PRIX FONDÉ PAR MADAME LA MARQUISE DE LAPLACE.
Une ordonnance royale a autorisé l'Académie des Sciences à accepter la
donation qui lui a été faite, par Madame la marquise de Laplace, d'une
rente pour la fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la collection
complète des ouvrages de Laplace.
Ce prix sera décerné, chaque année, au premier élève sortant de l'École
Polytechnique.
SCIENCES PHYSIQUES
GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES,
PROPOSÉ POUR 1887.
(Commissaires, MM. Flourens, Geoffroy-Saint-Hilaire, Milne Edwards,
Duméril, Ad. Brongniart rapporteur. )
Etudier le mode de formation et la structure des spores et des autres
organes qui concourent à la reproduction des Champignons, leur rôle phy-
siologique, la germination des spores, et particulièrement pour les Cham-
pignons parasites, leur mode de pénétration et de développement dans les
autres corps organisés vivants.
La question que l'Académie met ici au concours est vaste et complexe;
mais son intérêt physiologique est tel, qu'elle n'hésite pas à l'offrir comme
sujet d'étude aux naturalistes, même quand ils ne devraient pas la résoudre
dans toutes ses parties.
La grande classe des Champignons comprend des végétaux liés intime-
ment entre eux parleur mode de végétation, par la présence du mycélium,
et par les phénomènes physiologiques de leur nutrition, mais différant
beaucoup par leurs organes reproducteurs.
L'Académie désire qu'on étudie avec soin le mode de formation, le déve-
loppement et la structure intime des spores dans quelques espèces des prin-
cipaux groupes de Champignons, soit exosporés, sont endosporés. On ne
possède d'observations précises sur ce sujet que pour un petit nombre
d'espèces; des recherches spéciales dirigées vers ce but, avec les moyens
d'investigation que fournissent actuellement le microscope et l'emploi des
réactifs chimiques, pourraient jeter beaucoup de jour sur la formation et la
structure de ces corps reproducteurs dans les diverses familles de cette
classe.
C. R., i856, i"Semesiie. (T. XLII, N° 4.) 22
■ • r 16a )
Plusieurs groupes de Champignons présentent sur le même individu des
spores dont le mode d'origine n'est pas le même, et qui souvent diffèrent
sensiblement les unes des autres, quoique paraissant avoir la même desti-
nation définitive. Il serait essentiel de déterminer avec précision les diffé-
rences que peuvent présenter ces deux espèces de spores, soit dans leur
structure, soit dans leur mode de germination et de développement pos-
térieur.
La découverte dans les lichens et dans plusieurs familles de Champignons
de corpuscules (spermaties) se développant en grande abondance, sou-
vent dans des organes spéciaux (spermogonies), et ne paraissant pas servir
directement à la propagation de la plante, porte beaucoup de naturalistes à
admettre dans ces cryptogames l'existence d'organes fécondateurs.
Ces organes se retrouvent-ils dans tous les groupes naturels de Champi-
gnons d'une manière constante? La constatation de leur existence générale,
leur mode de développement, leur structure et surtout leur rôle physiolo-
gique pourraient être l'objet de recherches dignes du plus haut intérêt.
Enfin, la germination des spores, maintenant observée dans un assez
grand nombre de cas, a rarement été suivie jusqu'à la formation d'un my-
célium parfait et prêt à fructifier ; il y a là une série de phénomènes qui se
lient intimement au problème plus spécial que l'Académie considère comme
un des points les plus importants de la question qu'elle met au concours,
et qui consiste à déterminer comment s'opère la propagation des Champi-
gnons parasites, de familles diverses, si fréquents sur les végétaux vivants,
et qui se montrent aussi quelquefois sur les animaux.
Comment s'opère la pénétration des germes reproducteurs de ces Cham-
pignons, ou des organes qui en proviennent, dans l'intérieur du tissu des
plantes annuelles, vivaces ou même ligneuses, chez lesquels plus tard on
les voit apparaître sous l'épiderme des feuilles ou dans divers organes de la
fleur ou du fruit? Comment se conservent et se disséminent ensuite les
corps reproducteurs des Champignons parasites sur la surface externe des
feuilles ?
Ces recherches, si intéressantes au point de vue physiologique et par
leurs rapports intimes avec l'agriculture, si souvent frappée par les mala-
dies causées par ces parasites, ont été trop négligées dans ces derniers temps ;
et depuis Benedict Prévost, qui, en 1807, avait fait sur la carie du blé des
expériences pleines d'intérêt, personne n'a cherché a résoudre ce problème,
difficile sans doute, mais bien plus susceptible d'être abordé avec succès à
l'époque actuelle, avec les connaissances bien plus étendues qu'on possède
( i63)
sur le mode de végétation et de reproduction des Champignons, et avec les
moyens d'observation plus parfaits que les naturalistes ont à leur dispo-
sition.
On voit que la question mise au concours, quoique toutes ses parties
soient liées intimement entre elles, peut se scinder en trois questions secon-
daires :
i°. Formation, développement et structure comparée des spores et des
spermaties dans les divers groupes de Champignons ;
a°. Nature des spermaties et rôle physiologique de ces corps dans la re-
production des Champignons, déterminé par des expériences positives ;
3°. Germination des spores et propagation des Champignons parasites,
soit à l'intérieur, soit à l'extérieur des végétaux et animaux vivants.
L'Académie pourrait accorder le prix à l'auteur d'un Mémoire qui répon-
drait d'une manière satisfaisante à une de ces trois questions.
Les Mémoires devront être déposés, francs de port, au Secrétariat de
l'Institut, avant le 3i décembre 1857, terme de rigueur.
Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille
francs.
GRAND PRIX DES SCUENCES PHYSIQUES,
proposé en 1884 pour 18S6.
( Commissaires, MM. Flourens, Duméril, Geoffroy-Saint-Hilaire ,
Ad. Brongniart, Milne Edwards rapporteur. )
Etudier d'une manière rigoureuse et méthodique les métamorphoses et la
reproduction des Infusoires proprement dits. ( Polj gastriques de M. Ehren-
berg. )
L'Académie désirerait obtenir la solution de quelques-unes des questions
encore pendantes au sujet des générations hétéromorphes ou générations
alternantes dans la classe des Infusoires proprement dits. Elle voudrait con-
naître aussi d'une manière plus précise les affinités naturelles de ces êtres,
dont les uns paraissent appartenir au règne végétal, tandis que les autres
sont bien évidemment des animaux, et semblent se rattacher en partie à
l'embranchement des Zoophytes, et en partie au groupe des Molluscoïdes.
Les observations et les expériences devront être suivies de façon à ne
laisser aucune incertitude sur la filiation des individus que l'on considére-
rait comme étant produits les uns par les autres, ou sur l'identité des indi-
vidus dont les variations ne seraient attribuées qu'à des métamorphoses. Les
2a..
( i64)
résultats obtenus devront être applicables à plusieurs groupes importants
de la division des Infusoires pol y gastriques, et les faits sur lescpicls ces ré-
sultats reposent devront être, autant que possible, représentés à l'aide de
figures.
Les Mémoires ont dû être déposés au Secrétariat de l'Institut le Ier jan-
vier i856.
Le prix: consiste en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs.
GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES,
PROPOSÉ EN 18S0 POUR 1883, ET REMIS AU CONCOURS POUR 185G.
(Commissaires, MM. Elie de Beaumont, Ad. Brongniart, Constant Prévost,
Flourens, Duvernoy rapporteur. )
Etudier les lois de la distribution des corps organises fossiles dans les
différents terrains sedimentaires , suivant leur ordre de superposition.
i°. Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition succes-
sive ou simultanée.
3°. Rechercher la nature des rapports qui existent entre l'état actuel du
règne organique et ses états antérieurs.
L'Académie désirerait que la question fût traitée dans toute sa généra-
lité, mais elle pourrait couronner un travail comprenant un des grands
embranchements, ou même seidement une des classes du règne animal,
et dans lequel l'auteur apporterait des vues à la fois neuves et précises, fon-
dées sur des observations personnelles et embrassant essentiellement toute
la durée des périodes géologiques.
Le prix consiste en une médaille d'or de.la valeur de trois mille francs.
Les Mémoires ont dû être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le
ier janvier 1 856.
GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES,
PROPOSÉ EN 1847 POUR 1849, REMIS AU CONCOURS POUR 1855, ET DE NOUVEAU POUR 1836.
(Commissaires, MM. Flourens, Serres, Milne Edwards, Geoffroy
Saint-Hilaire, Coste rapporteur. )
Etablir, par l 'étude du développement de V embryon, dans deux espèces,
prises, l'une dans V embranchement des Vertébrés, et Vautre, soit dans
V embranchement des Mollusques, soit dans celui des Articulés, des bases
pour V embryologie comparée.
( •»..)
L'objet essentiel que, par le choix de cette question, l'Académie propose
aux efforts des naturalistes et des anatomistes, est la détermination positive
de ce qu'il peut y avoir de semblable ou de dissemblable dans le dévelop-
pement comparé des Vertébrés et des Invertébrés.
Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs.
Les Mémoires devront être déposés, francs de port, au Secrétariat de l'In-
stitut, avant le ier avril i856 : ce terme est de rigueur.
PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENT ALE ,
FONDÉ PAR M. DE MONTYON.
Feu M. de Montyon ayant offert une somme à l'Académie des Sciences,
avec l'intention que le revenu en fût affecté à un prix de Physiologie expé-
rimentale à décerner chaque année, et le Gouvernement ayant autorisé cette
fondation par une ordonnance en date du 22 juillet 1818,
L'Académie annonce qu'elle adjugera une médaille d'or de la valeur de
huit cent cinq francs à l' ouvrage, imprimé ou manuscrit, qui lui paraîtra
avoir le plus contribué aux progrès de la physiologie expérimentale.
lie prix sera décerné dans la prochaine séance publique.
Les ouvrages ou Mémoires présentés par les auteurs doivent être envoyés
au Secrétariat de l'Institut le ier avril de chaque année, terme de rigueur.
DIVERS PRIX DU LEGS MONTYON.
Conformément au testament de feu M. Auget de Montyon , et aux or-
donnancés du 29 juillet 1 82 1 , du 2 juin 1 824 et du 23 août 1 829 , il sera dé-
cerné un ou plusieurs prix aux auteurs des ouvrages ou des découvertes qui
seront jugés les plus utiles à Yart de guérir, et à ceux qui auront trouvé les
moyens de rendre un art ou un métier moins insalubre.
L'Académie a jugé nécessaire de faire remarquer que les- prix dont il
s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions propres à
perfectionner la médecine ou la chirurgie, ou qui diminueraient les dangers
des diverses professions ou arts mécaniques.
Les pièces admises au concours n'auront droit aux prix qu'autant
qu'elles contiendront une découverte parfaitement déterminée.
Si la pièce !a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son
travail où cette découverte se trouve exprimée : dans tous les cas, la Com-
mission chargée de l'examen du concours fera connaître que c'est à la dé-
couverte dont il s'agit que le prix est donné.
( i66)
Les sommes qui seront mises à la disposition des auteurs des décou-
vertes ou des ouvrages couronnés ne peuvent être indiquées d'avance avec
précision, parce que le nombre des prix n'est pas déterminé; mais la libé-
ralité du fondateur a donné à l'Académie les moyens d'élever ces prix à une
valeur considérable, en sorte que les auteurs soient dédommagés des expé-
riences ou recherches dispendieuses qu'ils auraient entreprises, et reçoi-
vent des récompenses proportionnées aux services qu'ils auraient rendus,
soit en prévenant ou diminuant beaucoup l'insalubrité de certaines profes-
sions, soit en perfectionnant les sciences médicales.
Conformément à l'ordonnance du a3 août, il sera décerné aussi des prix
aux meilleurs résultats des recherches entreprises sur les questions pro-
posées par l'Académie, conséquemment aux vues du fondateur.
Les ouvrages ou Mémoires présentés par les auteurs doivent être en-
voyés, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le Ier avril de
chaque année, terme de rigueur.
PRIX CUVIER.
La Commission des souscripteurs pour la statue de Georges Cuvier ayant
offert à l'Académie une somme résultant des fonds de la souscription restés
libres, avec l'intention que le produit en fût affecté à un prix qui porterait
le nom de prix^Cuvier, et qui serait décerné tous les trois ans à l'ouvrage le
plus remarquable, soit sur le règne animal, soit sur la géologie, et le Gou-
vernement ayant autorisé cette fondation par une ordonnance en date du
9 août i83g,
L'Académie annonce qu'elle décernera, dans la séance publique de '857,
un prix (sous le nom de prix Cuvier) à l'ouvrage qui sera jugé le plus re-
marquable entre tous ceux qui auront paru depuis le Ier janvier 1 854 jus-
qu'au 3 1 décembre ? 856, soit sur le règne animal , soit sur la géologie.
Ce prix sera de la valeur de quinze cents francs.
PRIX ALHUMBERT,
POUR LES SCIENCES NATURELLES,
proposé en 1884 pour 1856.
(Commissaires, MM. Flourens, Is. Geoffroy Saint-Hilaire, Duméril,
Ad. Brongniart, Milne Edwards rapporteur.)
Étudier le mode de fécondation des œujs et la structure des organes de
la génération dans les principaux groupes naturels de la classe des Polypes
ou de celle des Acalèphes.
( i67 )
Les zoologistes n'ont constaté jusqu'ici qu'un petit nombre de faits isolés
relatifs à la reproduction sexuelle chez les animaux inférieurs, et l'Aca-
démie désirerait appeler l'attention des observateurs sur cette partie impor-
tante de l'histoire anatomique et physiologique des Zoophytes. Elle laisse
aux concurrents le choix des espèces à étudier, mais elle voudrait que ce
choix fût fait de manière à donner des résultats applicables à l'ensemble
de l'une ou de l'autre des grandes classes indiquées ci-dessus, ou à l'une
des familles les plus importantes dont elles se composent, savoir : celles des
Acalèphes hydrostatiques, des Médusaires, des Zoanthaires ou des Polypes
hydroères.
La partie anatomique des travaux adressés à l'Académie pour ce con-
cours devra être accompagnée de figures dessinées avec précision.
Les Mémoires ont dû être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le
ier janvier i856.
Le prix consiste en une médaille d'or de la valeur de deux mille cinq
cents francs.
PRIX BORDIN,
PROPOSÉ POUR 1887.
(Commissaires, MM. Flourens, Is. Geoffroy-Saint-Hilaire, Milne Edwards,
Élie de Beaumont rapporteur. )
L'Académie propose pour le sujet du prix Bordin, à décerner en 1857, la
question du métamorphisme des roches.
Les auteurs devront faire l'historique des essais tentés depuis la fin du
siècle dernier, pour expliquer par un dépôt sédimeutaire suivi d'une altéra-
tion plus ou moins grande, l'état dans lequel se présentent à l'observation
un grand nombre de roches.
Ils devront résumer les théories physiques et chimiques proposées pour
l'explication des faits de ce genre, et faire connaître celles qu'ils adoptent.
L'Académie leur saura gré surtout des expériences qu'ils auront exécutées
pour vérifier et pour étendre la théorie des phénomènes métamorphiques.
Ce prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille
francs.
Les Mémoires devront être déposés, jrancs de port , au Secrétariat de
l'Institut, avant le ier octobre 1857 : ce terme est de rigueur.
( i68)
PRIX QUINQUENNAL A DÉCERNER EN i863.
FONDÉ PAR FEU M. DE MOROGUES.
Feu M. de Morogues a légué, par son testament en date du a5 oc-
tobre 1 834-, une somme de 10 ooo francs, placée en rentes sur l'État, pour
faire l'objet d'un prix à décerner, tous les cinq ans, alternativement : par
l'Académie des Sciences physiques et mathématiques, à l'ouvrage qui aura
fait faire le plus de progrès à V agriculture en France, et par l'Académie des
Sciences morales et p olitiques, au meilleur ouvrage sur l'état du paupé-
risme en France et le moyen d'y remédier.
Une ordonnance en date du 26 mars 1842 a autorisé l'Académie des
Sciences à accepter ce legs.
L'Académie annonce qu'elle décernera ce prix, en i863, à l'ouvrage rem-
plissant les conditions prescrites par le donateur.
Les ouvrages, imprimés et écrits en français, devront être déposés, francs
de port, au Secrétariat de l'Institut avant le ier avril 1 863, terme de
rigueur.
RAPPORT DE LA SECTION DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE SUR
LE LEGS RRÉANT.
^Commissaires, MM. Magendie, Serres, Andral, Velpeau,
Cl. Bernard rapporteur. )
« La Section de Médecine et de Chirurgie a été chargée de rédiger .un pro-
gramme destiné aux personnes qui aspireront à remporter le prix de
100 000 francs fondé par M. Bréant, pour être décerné à l'auteur d'un re-
mède souverain contre le choléra asiatique.
» La première obligation d'un pareil programme est de se renfermer stric-
tement dans les volontés du fondateur. Or ces volontés se trouvent expri-
mées dans l'extrait du testament de M. Bréant, que nous transcrivons litté-
ralement ci-après :
« J'institue et donne, après ma mort, pour être décerné par l'Institut de
» France, un prix de 1 00 000 francs, à celui qui aura trouvé le moyen
» de guérir du choléra asiatique, ou qui aura découvert les causes de ce
» terrible fléau.
» Dans l'état actuel de la science, je pense qu'il y a encore beaucoup de
» choses à trouver dans la composition de l'air et dans les fluides qu'il con-
( 169)
» tient : en effet, rien n'a encore été découvert au sujet de l'action qu'exer-
» cent sur l'économie animale les fluides électriques, magnétiques ou au-
» très ; rien n'a été découvert également sur les animalcules qui sont ré-
» pandus en nombre infini dans l'atmosphère, et qui sont peut-être la
» cause ou une des causes de cette cruelle maladie.
» Je n'ai pas connaissance d'appareils aptes, ainsi que cela a lieu pour
» les liquides, à reconnaître l'existence dans l'air d'animalcules aussi petits
» que ceux que l'on aperçoit dans l'eau en se servant des instruments mi-
» crospiques que la science met à la disposition de ceux qui se livrent à
» cette étude.
» Comme il est probable que le prix de 100 ooo francs, institué comme
» je l'ai expliqué plus haut, ne sera pas décerné de suite, je veux, jusqu'à
» ce que ce prix soit gagné, que l'intérêt dudit capital soit donné par l'In-
» stitut à la personne qui aura fait avancer la science sur la question du
» choléra ou de toute autre maladie épidémique, soit en donnant de meil-
» leures analyses de l'air, en y démontrant un élément morbide, soit en
» trouvant un procédé propre à connaître et à étudier les animalcules qui
» jusqu'à ce moment ont échappé à l'œil du savant, et qui pourraient bien
» être la cause ou une des causes de ces maladies.
» Si l'Institut trouvait qu'aucun des concurrents ne méritât le prix an-
» nuel formé des intérêts du capital, ce prix pourra être gagné par celui
« qui indiquera le moyen de guérir radicalement les dartres ou ce qui les
m occasionne, en faisant connaître l'animalcule qui, dans ma pensée,
» donne naissance à cette maladie, ou en démontrant d'une manière po-
» sitive la cause qui la produit.
» L'Institut sera juge souverain des conditions accessoires et d'aptitude
» à imposer aux concurrents et des sujets à proposer en concours, mais
» seulement dans les limites que je viens de poser : je lui confie ma pensée,
» convaincu que les lumières de ses Membres assureront la pleine exécu-
» tion de mon intention. »
» Ce testament, dicté au milieu de l'épidémie cholérique de 1849, a été
conçu sous l'influence d'une pensée hautement philanthropique, qui place
le nom de M. Bréant à côté de ceux des autres bienfaiteurs de l'humanité
qui ont légué à l'Institut le soin de remplir leurs vœux.
» Le testateur a eu pour but d'appeler les efforts des savants et des méde-
cins sur les maladies sans contredit les plus terribles qui affligent l'espèce
humaine. Néanmoins, et précisément à cause de l'importance de la mission
C. R., i856, i«r Semestre. (T. XLII, N° 4.) 23
( i7o )
qu'elle doit remplir, la Section de Médecine et de Chirurgie eût désiré que
M. Bréant, étranger aux sciences médicales, eût évité d'insister sur certaines
idées populaires qui, forçant les compétiteurs à rester dans les termes de
son testament , placent quelquefois la Section sur un terrain où il lui de-
vient plus difficile d'accomplir les excellentes intentions du testateur.
» Quoi qu'il en soit, l'idée du testament comprend une idée principale et
une autre qui lui est accessoire.
» La première pensée est évidemment de donner un prix de ioo ooo francs
à la personne qui, comme l'indique le testament, aura trouvé le moyen de
guérir du choléra asiatique, ou qui aura découvert les causes de ce terrible
fléau. Mais il est bien clair que, par cette expression guérir du choléra asia-
tique, le testateur n'entend pas désigner une méthode de traitement ana-
logue à celles aujourd'hui mises en usage, et qui comptent pour elles une
proportion plus ou moins notable de succès; il veut qu'on trouve une mé-
dication d'une efficacité incontestable, qui guérisse le choléra asiatique
dans l'immense majorité des cas, d'une manière aussi sûre que le quin-
quina, par exemple, guérit la fièvre intermittente.
» Relativement à la recherche des causes du choléra, si leur connaissance
pouvait amener leur suppression ou conduire à une prophylaxie évidente,
comme on en voit un exemple dans la vaccine pour la variole, le prix de
100000 francs serait également mérité et les vœux du testateur accomplis.
» Quant à présent, la Section de Médecine et de Chirurgie doit déclarer
qu'aucune des conditions précédentes n'a été remplie dans les très-nom-
breuses communications qu'elle a reçues sur le choléra asiatique.
» Sans préjuger de l'avenir, M. Bréant a compris que la solution des ques-
tions relatives au prix de i oo ooo francs pouvait encore être lointaine, et
c'est dans cette sage pensée qu'il a institué accessoirement un prix annuel
de 5 ooo francs représentant la rente du capital, et destiné à récompenser
les travaux qui auront fait avancer la question du choléra asiatique ou des
autres maladies épidémiques, en découvrant dans le milieu ambiant leurs
causes organiques ou autres.
» Les termes par lesquels le testateur exprime sa pensée prouvent, de la ma-
nière la plus formelle, qu'il veut attirer ici l'attention des savants et des mé-
decins sur de nouvelles analyses de l'air spécialement entreprises pour la
recherche des matières qui pourraient s'y rencontrer, et qui seraient ca-
pables de jouer un rôle dans la production ou la propagation des maladies
épidémiques.
» Cette idée n'est, du reste, pas nouvelle, et elle s'est manifestée par divers
( *;V )
essais qui indiquent la préoccupation où l'on a été, à ce sujet, à différentes
époques de la science.
» En considérant jusqu'à quel degré de précision a été poussée dans ces
derniers temps la connaissance des éléments inorganiques de l'air, M.Bréant
a pu penser que, précisément à cause de cette perfection des procédés
physiques et chimiques, on pouvait entreprendre aujourd'hui des recher-
ches sur les principes organiques morbifiques contenus dans l'atmosphère,
. principes qu'il conviendrait toutefois de soumettre beaucoup moins à l'a-
nalyse chimique que de chercher à les séparer sans les altérer, afin de pou-
voir étudier leur action sur les êtres vivants.
» Si la Section de Médecine et de Chirurgie doit demander que de sem-
blables recherches soient faites avec toute la rigueur et toute l'exactitude
qu'on est en droit d'attendre des sciences modernes, elle reconnaît, d'un
autre côté, que ces études sont entourées de difficultés sans nombre. Ces
difficultés, déjà énormes pour le physicien et pour le chimiste chargé de re-
chercher et d'isoler les principes morbifiques dans l'air, deviendront peut-
être encore plus grandes pour le physiologiste et pour le médecin, qui
devront en constater les effets délétères sur l'homme et les animaux.
» En résumé, le Programme à établir sur le testament précédemment
mentionné et interprété dans ce qu'il a de formel, peut se réduire aux con-
ditions suivantes, auxquelles les compétiteurs devront satisfaire:
» i°. Pour remporter le prix de 100000 francs, il faudra :
» Trouver une médication qui guérisse le choléra asiatique dans l'im-
mense majorité des cas ;
» Ou
» Indiquer d'une manière incontestable les causes du choléra asiatique,
de façon qu'en amenant la suppression de ces causes on fasse cesser
l'épidémie ;
» Ou enfin,
» Découvrir une prophylaxie certaine, et aussi évidente que l'est, par
exemple, celle de la vaccine pour la variole.
» 2°. Pour obtenir le prix annuel de 5ooo francs, il faudra, par des pro-
cédés rigoureux, avoir démontré dans l'atmosphère l'existence de matières
pouvant jouer un rôle dans la production ou la propagation des maladies
épidémiques.
» Dans le cas où les conditions précédentes n'auraient pas été remplies, le
prix annuel de 5ooo francs pourra, aux termes du testament, être accordé
( *1*)
à celui qui aura trouvé le moyen de guérir radicalement les dartres , ou qui
aura éclairé leur étiologie. »
Les Mémoires destinés au concours pour le Prix du legs Bréant devront
porter ostensiblement le nom de l'auteur. Ils devront être déposés, Jrancs
de port, au Secrétariat de l'Institut.
Les prix annuels qui seront décernés jusqu'au moment où le prix de
iooooo francs aura été obtenu, seront décernés chaque année dans la
séance publique. Le jugement de la Commission portera exclusivement sur
les Mémoires qui auront été reçus du ier janvier au 3i décembre de l'année
précédente.
CONDITION COMMUNE A TOUS LES CONCOURS.
Les concurrents pour tous les prix sont prévenais que l'Académie ne
rendra aucun des ouvrages envoyés aux concours ; les auteurs auront la
liberté d'en faire prendre des copies au Secrétariat de l'Institut.
LECTURES.
M. Flourens, Secrétaire perpétuel pour les Sciences physiques, a lu,
dans cette séance, l'éloge historique de LÉOPOLD de Buch.
. F. et E. D. B.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 4 FÉVRIER 18S6.
PRÉSIDENCE DE M. BINET.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
magnétisme terrestre. — Note sur quatre observations de la déclinaison
magnétique faites à Paris en 1 854 sur le contour de l'enceinte fortifiée .
Comparaison de ces observations avec différentes déclinaisons mesurées
en i855 à V Observatoire impérial; par M. Lacgier (i ).
« Dans l'avant-dernière séance de l'Académie, M. Le Verrier a commu-
niqué un travail de MM. Goujon et Liais sur la détermination des éléments
magnétiques de l'Observatoire impérial. Si j'avais été présent à la séance,
j'aurais demandé la permission de présenter sur cette communication quel-
ques observations que je vais soumettre aujourd'hui à l'Académie.
» Les auteurs du travail en question ont déterminé les éléments magné-
tiques de quatre stations des environs de Paris situées au nord, au sud, à
l'est et à l'ouest de l'Observatoire, et ils en ont conclu pour l'Observatoire
des éléments magnétiques qui sont, disent-ils, indépendants des causes
perturbatrices locales. En communiquant ce résultat, M. Le Verrier n'a
pas cité des observations de déclinaison magnétique que j'ai faites, il y a
quinze mois, avec M. Charles Mathieu en quatre points de l'enceinte con-
(1) L'Académie a autorisé l'insertion du Mémoire dans son entier, quoiqu'il dépassât les
limites assignées aux communications des Membres.
C. R., [856; i" Semestre. (T. XL1I, N° g.) 2^
( '74 )
tinue. Ces observations ont été publiées dans X Annuaire du Bureau des
Longitudes pour 1 855 et réimprimées dans celui de 1 856.
» Je ne viens pas me plaindre de cet oubli; j'ai une entière confiance
dans la bonne loi et la probité scientifiques de MM. Goujon et Liais, et je
suis convaincu que dans leur Mémoire ils n'ont pas manqué de mentionner
notre travail dont ils ont adopté le plan et le principe. Je viens aujourd'hui
donner à ce travail des développements que ne comportait pas le cadre
adopté pour Y Annuaire.
» Si l'on considère le méridien magnétique passant par l'église Saint-
Germain l'Auxerrois, prise comme centre de Paris, et le plan qui lui est
perpendiculaire, on aura star l'enceinte continue quatre points qui peuvent
être considérés comme étant à peu près le nord, le sud, l'est et l'ouest
magnétiques de la ville. C'est dans le voisinage de ces points situés assez
loin des chemins de fer que nous avons déterminé, M. Charles Mathieu
et moi, la déclinaison de l'aiguille aimantée. Nous eussions désiré, afin de
rendre ces recherches plus complètes, observer également l'inclinaison et
l'intensité horizontale, mais n'ayant pu nous procurer une boussole d'incli-
naison en bon état, nous nous sommes bornés à la mesure de la déclinaison
absolue.
» Dans chaque station, nous avons employé simultanément deux théodo-
lites-boussoles de M. Brunner, dont les aiguilles sont montées sur pivots,
et l'on s'est assuré que ces deux instruments donnaient la même déclinaison
qu'une grande boussole de Gambey dont l'aiguille est suspendue à un fil
sans torsion. Les deux résultats obtenus en chaque station ont présenté un
accord' satisfaisant, et c'est la moyenne des deux qui a été adoptée pour la
déclinaison magnétique. Dans nos différentes stations, nous avons employé
la méthode des relèvements astronomiques, qui consiste, comme on sait,
à déterminer successivement pour un même signal les azimuts magnétique
et astronomique.
» Jj'azimut magnétique a toujours été observé de tah45m à ih3om,
époque du maximum diurne de la déclinaison à Taris. Cette partie de l'ob-
servation dure au plus vingt minutes : à chaque lecture de la direction de
la pointe nord et de la pointe sud de l'aiguille, nous nous assurions que la
lunette de repère était exactement dirigée sur le signal que nous avions
choisi. On la ramenait à l'aide de la vis du pied dès qu'elle paraissait s'en
être écartée de la plus petite quantité; dirigeant alors la lunette du théodo-
lite sur ce signal, nous obtenions pour son azimut magnétique un angle
entièrement indépendant des petits mouvements du pied.
( "]5)
» Pour déterminer l'azimut astronomique du signal, nous attendions que
e Soleil fût parvenu aux environs du premier vertical, position la plus favo-
rable à la mesure de l'azimut, et prenant les précautions rapportées plus
haut pour annuler les mouvements du pied, nous observions, au moins
à trois reprises, l'heure du passage du Soleil par le plan vertical décrit par
la lunette du théodolite, au moyen d'une montre marine de Winnerl, dont
la marche, réglée au départ et au retour par des observations méridiennes
faites chez M. Brunner, a été aussi régulière que possible. La latitude de
chaque station a été déterminée, soit directement par les hauteurs méri-
diennes du Soleil, soit à l'aide de la carte des environs de Paris dressée par
les officiers d'État-Major. J'entre dans tous ces détails sur la méthode que
nous avons suivie pour convaincre de son exactitude les personnes aux-
quelles elle ne serait pas familière. Les azimuts astronomiques déterminés
de cette manière ont rarement présenté des écarts d'une minute, écarts que
l'on rencontre parfois dans les opérations géodésiques de la méridienne de
France. Quant aux azimuts magnétiques, leur exactitude, dans les bous-
soles dont les aiguilles sont montées sur pivots, dépend en grande partie
de la bonté des pivots et de la perfection des plans en pierre dure avec
lesquels ils sont en contact. Or à chaque excursion que nous avons faite,
M. Brunner a pris soin de visiter lui-même toutes les parties délicates des
instruments, et nous avons toujours été satisfaits de la constance des lec-
tures successives que nous faisions après avoir soulevé l'aiguille pour faire
varier le contact du pivot et de la pierre dure enchâssée dans la chappe.
Grâce à ces précautions, nous croyons pouvoir compter que nos déclinai-
sons magnétiques sont exactes à une minute près, et je ne sache pas qu'il
soit possible d'atteindre une exactitude plus grande. Ajoutons que pendant
la durée des observations, de 7 heures du matin à 6 heures du soir, la
marche de l'aiguille a été suivie, soit par notre confrère M. Mathieu, soit
par M. Delarue, calculateur du Bureau des Longitudes, de quart d'heure en
quart d'heure, à l'aide d'une grande boussole de variations diurnes de Gam-
bey, qui avait été solidement établie sur un support en pierre, dans un
jardin de la rue Notre-Dame-des-Champs, près du boulevard Mont-Parnasse
à Paris. Cette marche a toujours été fort régulière, et les nombres indiquant
la plus grande excursion occidentale de l'aiguille n'ont différé d'un jour à
l'autre que d'une petite fraction de minute. Nous nous trouvions alors dans
cette série extraordinaire de beaux jours qui a duré à Paris plusieurs se-
maines des mois d'août et de septembre i854, pendant lesquels le ciel est
constamment resté sans le plus petit nuage.
( 176)
» Ces explications données, je transcris les déclinaisons magnétiques des
quatre stations de l'enceinte continue, telles qu'elles se trouvent imprimées
dans Y Annuaire du Bureau des Longitudes pour 1 855, page 35q.
STATIONS.
. DATE ET HEURE
de
l'observation.
DÉCLIXA1S0X
magnétique.
TEMPÉRA-
TURE.
i°. Montmartre, au nord .
Terre-plein du bastion n° 3g
0
de l'enceinte
i854. Sept. 1 à ih iom
20. 3,5 N.O.
22. 7
2°. Maison- Blanche, au sud.
Terre-plein du bastion n° 88 .
i854. Août 3i à ib iom
20. 9,1 N.O.
25.4
3°. Prés-S'- Gervais, à l 'est .
Terre-plein du bastion n° 24.
i854 Août 29 à ih i5m
20 . 2 , 0 N . 0 .
24,6
4°. Vaugirard, à l'ouest.
Terre-plein du bastion n°7i .
i854. Août 27 à ih 20m
20 . 1 1 , 7 N.O.
20,6
» Indépendamment de ces observations, nous en avons fait une cin-
quième dans le grand jardin de la Maternité, en un point situé à i3o mètres
environ au nord de la face septentrionale de l'Observatoire impérial.
» Le 2 septembre i854, vers ih iom après midi, par une température de
22°,6 la déclinaison magnétique a été trouvée {Annuaire de i855) de
20° io',8 N. O.
» Ces observations sont accompagnées dans Y Annuaire du Bureau des
Longitudes de la remarque suivante :
« On peut remarquer que la moyenne 20°6',3 des déclinaisons des sta-
» tions diamétralement opposées Montmartre et la Maison-Blanche, est sen-
» siblement égale à la moyenne 200 6', 8 des déclinaisons observées à Vau-
» girard et aux Prés-Saint-Gervais également situés aux extrémités d'un dia-
» mètre magnétique. »
» S'il n'y a pas d'erreur constante dans nos observations, la moyenne
20° 6',6 des deux nombres précédents peut être considérée comme la dé-
clinaison de Saint-Germain l'Auxerrois, centre des quatre stations ; et l'ac-
cord des deux nombres 20°6',3 et 200 6', 8 semble indiquer que l'action de
Paris n'est pas sensible, car cet accord aurait lieu à fortiori si la ville n'exis-
tait pas. Il est donc établi, d'après nos observations, que l'on peut obtenir la
( '77 )
déclinaison magnétique d'un lieu sans s'y transporter. Cette remarque va
nous fournir le moyen de lier entre elles les déclinaisons de l'enceinte con-
tinue et de l'intérieur de Paris.
» Imaginons qu'on ait figuré sur une carte de Paris la trace du méridien
magnétique (i) passant par l'église Saint-Germain l'Auxerrois et celle du plan
qui lui est perpendiculaire. Prenons la première droite pour axe des y et la
seconde pour axe des x, les coordonnées positives étant situées dans l'angle
ouvert au nord-est ; nous rapporterons à ces deux axes tout point situé sur
la carte et nous obtiendrons pour les diverses stations les coordonnées sui-
vantes exprimées en kilomètres :
Bastion n° 3g
Bastion n° 88
Bastion n° 24
Bastion n° 71
Observatoire.
Maternité. . . ,
COORDONNÉES
X
X
k
k
-H 0,81
+ 4,26
— °,!9
-4,74
-4- 4,72
H- I ,52
- 4,89
— 1,27
— £ ,25
- 2,37
— I ,IO
— 2,l5
» Au moyen des quatre observations faites sur l'enceinte continue, et en
opérant par approximations successives, on trouve :
» i°. Que la variation de la déclinaison magnétique correspondante à
un changement est-ouest de 1 kilomètre dans la position de l'observateur
est égale à -+- o',86o6;
» 20. Que pour un changement nord-sud de 1 kilomètre dans la position
de l'observateur, la variation de la déclinaison magnétique est de -f-0',5267.
» De ces nombres et des déclinaisons observées dans ces quatre stations, je
conclus la déclinaison magnétique de l'église Saint-Germain l'Auxerrois,
comme il suit :
0 ,
Par le bastion n° 39 ,...,. 20. 6, 44
— n°88 20.6,44
— n°24 20.6,79
— n°7i , , 20.6,75
Moyenne 20.6,61
(1) Nous nommons ici plan méridien magnétique de Saint-Germain l'Auxerrois, le plan
vertical mené par l'axe magnétique de l'aiguille de déclinaison.
( 178)
» Et poui' un point de coordonnées X et y situé dans l'intérieur de
l'enceinte continue, on aura le i septembre vers ih iom:
Déclinaison magnétique = 200 6',6i — o',86o6x — o',So.&^. y.
Cette formule, qui représente les observations de l'enceinte continue, peut
servir à calculer les déclinaisons des différents points situés dans l'intérieur
de la ville ; mais il est bien entendu qu'une interpolation de ce genre ne
peut être applicable que dans un espace assez peu étendu.
» Si l'on y substitue à la place de x et de y les coordonnées relatives à
la station de la Maternité, on obtient, pour le 2 septembre 1 854 :
Déclinaison magnétique au jardin de la Maternité 200 8',6q
L'observation directe nous a donné pour le même point. . 20. 10 , 80
Différence ■+- 2,11
Ainsi a', 1 1 représentent la somme de toutes les erreurs, savoir : celles qui ont
été commises sur les observations, celle qui provient du mode de calcul,
et enfin l'erreur qui résulterait des attractions locales.
» On trouve de la même manière, par la formule précédente :
Déclinaison magnétique le 2 septembre i854, à l'Observatoire impérial, 2o°8',94-
A défaut d'observation directe faite le 2 septembre i854 à l'Observatoire,
je me servirai de six observations de déclinaison magnétique que j'ai faites
à diverses époques, lorsque j'étais encore astronome de l'Observatoire de
Paris, et de l'observation du 7 septembre 1 855 relative au pavillon central
et publiée dans le Compte rendu du 21 janvier dernier, page 76.
» Je transcris ci-dessous ces données de l'observation, empruntées, saut
la dernière, aux Annuaires du Bureau des Longitudes :
Dates. Déclinaison magnétique.
1848 déc.
. 22 à
h m
1.45
2004l'
1849 nov"
. 3o
i .25
20.34,3
i85o déc.
.. 4
..45
20.30,7
i85i nov.,
. 16
i . 2
20.25,0
i852 déc.
. 3
2.12
20. 19,0
i853 déc.
• •4
2.3o
20. 17,0
i855 sept.
• 7
2.3o
20. 4,4
et j'en déduis les équations suivantes dans lesquelles m désigne le mouve-
ment annuel de la déclinaison, et z la quantité qu'on devra ajouter à l'ob-
( ï79 )
servation du 4 décembre i853, pour avoir la déclinaison magnétique qui
résulte, pour cette époque, de l'ensemble des sept observations.
DÉCLINAISONS CALCULÉES
iMdi !
EQUATIONS DE CONDITION.
moins
DÉCLINAISONS OBSERVÉES.
1848
z — 4)94^-'" — 24 == °
0,62
1849
z — 4»01 ' •m — 17.3 = 0
+ I ,21
i85o
z — 3 , 000 . m — 1 3 . 7 = 0
— 0,45
i85i
Z — 2,o5o.7W 8.0 = 0
-+- o,3f
i852
Z — I ,000. M — 2.0 = 0
-t- 0,84
i853
Z — o,ooo./w — 0.0 = 0
— 2,3(»
■ 855
z H- 1 ,761 .m ■+• 12,6 = 0
+ 1,08
Les équations normales de ce système sont
7.Z — i3,248.z« — 52, 4o = o
— t3,248 z -+- 57,87. m -h 269,83 = o;
elles donnent pour valeurs des inconnues,
m = — 5',2o3 ± o',i6o,
z = - a',36 afc o',46.
La déclinaison magnétique, le 4 décembre i853, à 2h-3om, est donc
20°i4',64,
et pour une autre époque comptée à partir du l\ décembre i853, on a
Déclinaison magnétique = 200 i4'>64 — 5',2o3 t.
Cette expression donne, pour la déclinaison magnétique à l'Observatoire
impérial, le 1 septembre i854,
20°io',75 ±: o',48;
elle s'accorde parfaitement avec l'observation de la Maternité.
» Rapprochons de ce nombre la déclinaison magnétique de I Observa-
toire fournie par les observations de l'enceinte continue, 200 8', 94.
« La différence -+- i',8i est, comme on devait s'y attendre, presque iden-
tique à la différence + 2', 1 1 qui a été trouvée plus haut, entre les nom-
bres analogues relatifs à la station de la Maternité.
( '8o )
» Il résulte donc des rapprochements que je viens de faire qu'une diffé-
rence de i' environ se manifeste entre les déclinaisons observées, soit à l'Ob-
servatoire, soit à la Maternité, et les déclinaisons magnétiques conclues pour
les mêmes points des observations faites en i854 sur l'enceinte continue. Or,
comme ces dernières semblent être indépendantes des causes perturbatrices
locales, on peut en inférer que ces causes, jointes aux erreurs d'obser-
vations et aux erreurs de la méthode de calcul, forment à l'Observatoire
un total de 2 minutes.
« En outre, l'identité entre la déclinaison directement observée à la Ma-
ternité le 1 septembre i854 et la déclinaison magnétique résultant des ob-
servations faites à l'Observatoire pendant les sept dernières années, prouve
que ces causes perturbatrices locales, si leur effet est sensible, ont agi de
la même manière sur l'aiguille de déclinaison dans ces deux stations, quoi-
qu'elles se trouvent situées l'une au nord, l'autre au sud du bâtiment.
o Comme à la rigueur ou pourrait concevoir quelques doutes sur la par-
faite exactitude de la déclinaison déduite pour le 2 septembre i854 des
observations de 1848 à 1 855, et par conséquent sur la réalité de l'accord que
nous venons de signaler pour cette déclinaison, il m'a paru utile de com-
parer la formule
2o°6', 61 — o,86o6x — 0,5267 y,
à l'observation faite le 7 septembre i855, par MM. Goujon et Liais, dans
le pavillon central du jardin de l'Observatoire, bien que cette observation
soit postérieure d'une année à nos observations de l'enceinte continue sur
lesquelles la formule est fondée.
» Pour effectuer cette comparaison, il faut d'abord retrancher 5',a5 de
la déclinaison 20°6',6i de Saint-Germain l'Auxerrois, qui se rapporte au
2 septembre i854, afin de la transporter au 7 septembre i855, puis ajouter
2', 33 au résultat, afin de tenir compte de la différence entre l'Observatoire
et l'église. On aura donc :
Déclinaison magnétique à Saint-Germain l'Auxerrois , le 2 septem-
bre i854 20° 6',6i
Variation en déclinaison, du 2 septembre i854 au 7 septembre i855, à
raison de 5',2o3 par an — 5 , ?5
Différence en déclinaison, entre l'Observatoire et l'église -(- 2, 33
Déclinaison magnétique au pavillon central du jardin de l'Observatoire,
le 7 septembre i855 (d'après la formule) 20 3 ,69
L'observation directe de MM. Goujon et Liais donne 20 4 '4°
Différence — o , 7 1
( 181 )
Ainsi la formule empirique s'accorde avec la déclinaison observée à l'Ob-
servatoire le 7 septembre i855, à sept dixièmes de minute près.
» Cette concordance du calcul avec une observation qui doit être bonne,
car elle a été faite dans des circonstances bien plus favorables que celles où
se trouvaient MM. Goujon et Liais, lorsqu'ils opéraient loin de toutes les
facilités qu'on a dans un observatoire, augmente la confiance que doivent
inspirer les rapprochements qui précèdent : et comme le nombre qu'ils dé-
duisent de leurs observations faites aux environs de Paris, diffère de 6 mi-
nutes de la déclinaison magnétique qui résulte de la formule, je ne puis
m'empècher d'émettre quelques doutes sur l'exactitude de leur résultat.
» La précision remarquable avec laquelle la formule basée exclusivement
sur nos quatre observations de l'enceinte continue représente soit la posi-
tion déterminée à la Maternité par M. Charles Mathieu et moi, soit la décli-
naison magnétique conclue de l'ensemble des observations des sept dernières
années, soit enfin l'observation du 7 septembre 1 855 de MM. Goujon et Liais
à l'Observatoire, prouve que ces observations ne sont entachées d'aucune
erreur locale.
» Alors que je pouvais croire le contraire, j'ai dû, dans la formation de
l'équation empirique, n'employer uniquement que les observations faites
sur les quatre bastions ; mais actuellement qu'il résulte de mes recherches
que les différentes observations s'accordent et doivent satisfaire aux mêmes
conditions, il y aura avantage à chercher une équation empirique plus
exacte que celle qui a servi dans la précédente discussion.
» Je vais donc déterminer, par l'ensemble des observations, les compo-
santes du changement en déclinaison, suivant les deux axes coordonnés
auxquels les différentes stations ont été rapportées.
» Sept déclinaisons magnétiques peuvent concourir à la détermination
des inconnues; ce sont :
» i°. Les quatre déclinaisons des bastions nos 39, 88, a4 et 71 ;
» 20. La déclinaison de la Maternité;
» 3°. La déclinaison conclue , pour le pavillon central du jardin de
l'Observatoire, de l'ensemble des observations des dernières années:
» 4°- L'observation du 7 septembre 1 855 relative au même point.
» Ces observations conduisent aux sept équations suivantes dans les-
quelles r désigne la correction à faire à la valeur 200 6', que je suppose
pour la déclinaison magnétique à l'origine des coordonnées; u et i> re-
présentent respectivement les composantes du changement en déclinaison
C R., .856, !<"■ Semestre. (T. XLII, N° S.) 25
( i8a )
suivant l'axe des x et l'axe des^-:
1 ' -(- O ,8l .U ■+■ 4,26.C H- 2,5 = o,
r— 0,19 « — 4,74. c — 3,1 =0,
/•+ 4>72-K + ! ,5à.c + 4,o =0,
r — 4>8g.« — 1 ,27.^ — 5,7 =0,
r — i,io.« — 2,i5.c — 4>8 = 0,
r — I,25.« — 2,37.c — 4-75 = 0,
r— 1,25.« — 2,37.C — 3,65 =rO,
» On en déduit pour équations normales :
7 . r — 3 , 1 5 . « — 7,12c — i5,5 =0,
• 47 ,22. m -+- 26,o3.c -+- 65, i5 = o,
- 26,o3.« + 60, 3g c + 68,89=0,;
— 3, i5 r -
— 7,12./-
» Les inconnues sont :
r = + i',i8±o',48,
« = — o',g822± o, 1261 ,
c= — o, 5777 ±0, 1 170.
» On obtient enfin pour l'équation empirique qui donne la déclinaison
magnétique d'un point de Paris en fonction des coordonnées x et y de ce
point :
Déclinaison = 200 7', 18 — 0,9822.x — 0,5777 • X
» Voici maintenant, pour chaque station, le tableau des différences entre
le calcul et l'observation :
STATIONS.
DÉCLINAISON
observée.
DÉCLINAISON
calculée
CALCIL
moins observation.
0 1
20. 3,5
20. 9, 1
20. 2,0
20. 1 1 .7
20 . 1 0 . 8
20. 10,75
20. 4>4°
20. o, 10
20. 5, go
20. 6,37
0 1
20. 3,92
20 . I 0 , I I
20. 1,66
20. 12,71
20. g,4g
20. g, 77
20. 4>53
20. 4 )53
20. 4>53
20. 4)53
-+- 0,42
-+- 1 ,OI
- 0,34
-f- 1 ,0!
- .,3,
- °>98
-+- o,i3
+ 443
- 1,37
- i,84
Observatoire ( déclinaisons des
dernières années )
Observatoire (observation du 7
septembre i855, pavillon Cen-
tral )
Nouveau pavillon magnétique. .
Pavillon de l'Est
( i83)
» En présence de ces résultats, il m'est impossible d'admettre les con-
clusions suivantes que M. Le Verrier a tirées du travail de MM. Goujon et
Liais (Comptes rendus , tome XLH, page 77) :
« Tant que les grandes masses de fer existant à l'Observatoire et dans les
» environs ne subiront pas de changements, on pourra obtenir dans cet
» établissement les vrais éléments magnétiques correspondant à ce lieu, en
» retranchant des déclinaisons observées :
8.37 au pavillon de l'Est ;
8. 8 au nouveau cabinet magnétique;
6 . 3g au pavillon Central ;
2.21 au pavillon de l'Ouest. »
■ Quant à moi, je persiste à croire, au contraire, que l'influence des
attractions locales n'est pas sensible, ou du moins qu'il faudra attendre de
nouvelles observations pour la déterminer, si tant est qu'on y parvienne.
» J'ajoute que l'influence des attractions locales nous avait naturelle-
ment préoccupés. On trouvera dans le dernier registre des observations
magnétiques de l'Observatoire, à la date du mois de novembre i85o, si ma
mémoire ne me trompe pas, des observations de déclinaison que j'ai faites
dans le pavillon Central et dans le pavillon de l'Est, avec MM. Mauvais et
Brunner, qui présentent une discordance constante, à laquelle nous avons
eu la prudence de ne pas nous arrêter. On trouvera en outre, à une époque
antérieure de quelques années, des observations d'intensité faites en divers
points du jardin, qui n'ont pas présenté de discordances notables, dès
qu'on s'est établi à une certaine distance de la balustrade en fer qui, à cette
époque, entourait la belle terrasse en pierre qui domine le jardin. La dis-
tance est indiquée dans le registre. J'ajoute ici, comme renseignements,
que M. Arago a toujours observé ou fait observer la déclinaison, l'inclinai-
son et l'intensité dans le pavillon Central du jardin de l'Observatoire, qu'il
a fait construire les pavillons magnétiques de l'Est et de l'Ouest quelques
années avant sa mort, afin de les mettre à la disposition des voyageurs qui
venaient s'exercer à l'Observatoire au maniement des instruments, et qu'au-
cune série d'observations n'a été faite dans ces deux pavillons.
» L'harmonie qui règne entre nos divers résultats m'enhardit à me servir
delà dernière formule empirique pour calculer les déclinaisons magnétiques
des quatre stations choisies par MM. Goujon et Liais. J'aurais désiré en faire
la comparaison immédiate avec les nombres qu'ils, ont obtenus au nord, au
sud, à l'est et à l'ouest de Paris; malheureusement ces nombres n'ont pas
25..
( i84)
été publiés dans la Note de M. Le Verrier. Au reste, on comprendra que
la formule ne doit pas les représenter, puisque leur moyenne diffère d'en-
viron 7 minutes des autres observations. L'éloignement de deux de ces sta-
tions du centre de Paris, l'incertitude qui doit nécessairement affecter les
valeurs de leurs coordonnées prises sur des indications un peu vagues, et
d'autres causes sans doute, doivent en tout cas s'opposer à une grande
exactitude. Quoi qu'il en soit, je rapporte ici ces quatre déclinaisons telles
qu'elles résultent de la dernière formule; peut-être ne seront-elles pas en-
tièrement inutiles.
Ire STATION AU SUD.
Mire de l'Observatoire
à Montrouge.
X = — 3, 18
/ = — 2,6o
o /
Déclinaison 20 6
2me STATION AU NORD.
Plaine de Saint-Denis
à 300 mètres au nord
des fortifications.
k
I ,3o
X =
r = -+-4>42
o I
iq 58
3rae STATION A L'OUEST.
Parc de Saint-Cloud
à 400 mètres à l'ouest
de la
Lanterne de Diogène.
X = — 10, OO
y = + 0,466
20 1 1
4me STATION A L'EST.
Polygone de Vincennes
à 5oo mètres sud-est
du donjon.
x = -+- 5,20
,r = — 3,90
O ;
"9 59
» La formule qui donne la déclinaison magnétique d'un point situé dans
l'intérieur de l'enceinte continue pour le 2 septembre 1 854» en fonction
des coordonnées de ce point, permet de tracer sur la carte différentes li-
gnes passant par des points qui jouissent de propriétés communes.
» Elle donne., par exemple, pour les points de déclinaison égale à celle
de Saint Germain-l'Auxerrois, un diamètre passant par l'église, et faisant
avec la- méridienne astronomique un angle d'environ 5i degrés nord-ouest.
La déclinaison serait encore la même sur les lignes parallèles à ce diamètre,
mais elle varierait, bien entendu, en passant d'une droite à une autre.
Il résulterait donc de là que les points d'égale déclinaison ne sont pas si-
tués sur la trace du méridien magnétique, mais sur une ligne qui en dif-
fère notablement.
» Si, par hasard, nous eussions choisi pour stations les points où ce
diamètre rencontre l'enceinte continue, nous y aurions trouvé deux décli-
naisons égales, et, au premier abord, cette circonstance nous eût peut-être
embarrassés dans nos conclusions.
b Le diamètre perpendiculaire au précédent fait un angle d'environ 39 de-
('85)
grés nord-est avec le méridien astronomique. Il représente, ainsi que les
droites qui lui sont parallèles, la direction suivant laquelle on observerait
la plus forte variation de la déclinaison en s'avançant d'une quantité donnée :
d'après la dernière équation empirique, cette variation serait d'environ
i minute par kilomètre.
» Ces directions peuvent être utiles à connaître, lorsqu'on se propose
d'étudier le magnétisme terrestre, non d'un point isolé, comme on le fait
habituellement dans les observatoires, mais d'une localité assez étendue.
Ainsi, par exemple, il serait intéressant de rechercher directement si le
nombre qui exprime la plus grande variation de la déclinaison pour l'unité
de distance est variable avec les saisons, s'il éprouve quelque changement
avec le temps; on pourrait également rechercher directement quelles sont
les modifications qui surviennent dans la direction suivant laquelle il faut
marcher pour trouver ces variations maxima de la déclinaison ; enfin, en
admettant que cette direction fût celle d'égale inclinaison, ce qu'on pour-
rait vérifier, des observations d'intensité et d'inclinaisons faites en différents
points et dans différents lieux lèveraient l'incertitude qui existe encore dans
l'esprit de quelques physiciens relativement à la non-coïncidence des lignes
d'égale inclinaison et d'égale intensité. J'aurais désiré m'occuper de ces re-
cherches pour Paris, et c'est, comme on dit, pour prendre date, que j'avais
publié dans X Annuaire les observations de 1 854 î mais j'ai été arrêté mo-
mentanément dans l'exécution de ce projet par des obstacles matériels.
Aujourd'hui que M. Le Verrier s'empare de la question, il m'a paru utile
de publier les résultats que j'ai obtenus; je désire d'ailleurs qu'on les sou-
mette aune vérification qui me semble utile, car ce n'est pas avec quatre
observations seulement qu'on peut avoir le dernier mot sur une question
aussi complexe. Dans ce genre de recherches, les instruments de travail
sont les premiers ennemis qu'on ait à combattre; on y rencontre des erreurs
mystérieuses accidentelles ou constantes, qui affectent parfois les observa-
tions faites avec le plus de soin au moyen des meilleurs instruments, et
dont on n'a donné jusqu'ici aucune explication satisfaisante. »
statistique. — Deuxième Mémoire sur la situation de la propriété
forestière en France; par M. Becquerel. (Extrait.)
« La situation de la propriété forestière en France intéressant la fortune
publique et éprouvant en outre, depuis quelques années, de graves pertur-
bations, je présentai, il y a trois ans, à l'Académie un travail statistique et
f 186 )
économique sur la consommation des divers combustibles dans la ville de
Paris ; question dont la solution a fourni les moyens de faire des tracés
graphiques qui ont conduit aux conséquences suivantes.
» i°, Parmi les causes qui ont influé sur la consommation des bois et
par suite sur leur prix, il faut mettre en première ligne l'introduction de la
houille dans le chauffage, la rigueur des hivers et les événements politiques
qui , en ébranlant le crédit public, ont causé une perturbation dans toutes
les branches d'industries.
» 2°. En 1824, la consommation individuelle de la houille n'était en-
core que de oq,,75 de carbone provenant de ce combustible; cette quantité
était employée en grande partie dans le petit nombre d'usines qui exis-
taient alors à Paris. Aujourd'hui la quantité répartie par individu s'élève à
n^go, c'est-à-dire est devenue quatre fois plus considérable.
» Le tracé graphique de la consommation de la houille de 1816 à i85i ,
en prenant pour abscisses les années et pour ordonnées les quantités con-
sommées, puis faisant passer une ligne par les points correspondants à la
consommation moyenne, donne une courbe qui tourne sa convexité vers
l'axe des abscisses. Cette courbe a pour équation
y =z 719,1 16 -4- 6ooxs,5a.
» 3°. La consommation individuelle du charbon de bois n'ayant pas
changé depuis cinquante ans la quantité qui entre dans Paris, croît donc
proportionnellement à la population, et continuera à croître tant que la
houille ne sera pas substituée au charbon de bois dans les usages domes-
tiques.
» Le tracé graphique met bien en évidence cette proportionnalité.
» Tel était l'état des choses en i85a.
» J'ai cherché depuis, à l'aide des documents qui m'ont été fournis ré-
cemment par l'Administration et que j'ai rapportés dans mon Mémoire, si
les premières conclusions devaient être modifiées ou non.
» En reportant sur les tracés graphiques les nombres relatifs aux années
i852, t 853, 1 854 et 1 855, on constate, à la seule inspection des courbes, les
faits suivants :
» !°. C'est sous l'ère consulaire, de 1801 à 1804, que la consommation
du bois a été la plus considérable à Paris; sous l'ère impériale, elle a été
fortement en baisse, avec des alternatives de hausse et de baisse ; elle s'est
relevée sous la restauration avec de semblables alternatives pour redescen-
dre de 1826 à 1 834 ; de 1 834 à 1837, il y a eu hausse, et la baisse est de-
( i87)
venue de plus en plus considérable jusqu'en 1848 ; enfin, depuis cette épo-
que jusqu'en i855, le mouvement de hausse est devenu de plus en plus
sensible, à tel point que la consommation est revenue ce qu'elle était sous
l'ère consulaire, bien que la population soit aujourd'hui double de ce qu'elle
était alors.
» Le bois blanc et les menus bois participent à ce mouvement de hausse;
le bois blanc surtout atteint le chiffre des années les plus favorisées depuis
181 5, tandis que la consommation des menus bois, quoiqu'en hausse, n'a
pas encore atteint le chiffre qu'elle présentait avant i85a. Cette hausse
moins considérable ne peut être attribuée qu'à l'emploi de la houille dans
le chauffage des classes peu aisées.
» 20. La consommation du charbon de bois continue à croître propor-
tionnellement à la population, conséquence inévitable de ce que ce com-
bustible n'a pas encore été substitué sensiblement à la houille dans les
usages domestiques.
» 3°. La consommation de la bouille, depuis surtout i852, tant dans
l'industrie que dans le chauffage des particuliers, cesse d'être représentée
par la formule que j'avais donnée et qui s'appliquait à la consommation
de 1816 à i85i; la courbe de convexe qu'elle était est devenue concave, ce
qui montre que la consommation suit maintenant une loi beaucoup plus
rapide qu'avant, preuve du très-grand développement de l'industrie depuis
quatre ans; car la consommation du bois allant en augmentant, malgré
qu'on ait brûlé beaucoup de vieux bois provenant des démolitions, on ne
saurait admettre que l'emploi de la houille dans les foyers domestiques ait
augmenté sensiblement.
» La consommation toujours croissante du charbon de bois et des menus
bois, et les prix élevés de ces deux combustibles, portent naturellement les
particuliers à couper leurs bois à douze ou quinze ans au lieu de dix-huit à
vingt. Cet état de choses, s'il dure, amènera, à ne pas en douter, le dépéris-
sementfdes forêts en France. (En effet, les coupes multipliées altèrent de plus
en plus les souches et font disparaître les brindilles qui, en se décomposant,
fournissent avec les feuilles l'humus indispensable à la végétation ; les ré-
serves étant plus jeunes croissent moins en hauteur que dans les taillis plus
âgés et deviennent trapues; il en résulte que si ces coupes anticipées conti-
nuent à prendre de l'extension, elles feront disparaître ces chênes séculaires,
qui s'élèvent majestueusement dans les taillis de vingt à vingt-cinq ans, et
qui sont si recherchés pour les besoins de la marine et de l'industrie. »
( i88)
anthropologie. — Note sur les Touariks; par M. Serres.
« L'immense plaine du Sahara est habitée çà et là par la tribu des
Touariks, dont les peuplades sont différentes les unes des autres. Les
Touaregs, dont quatre se sont présentés dernièrement au gouverneur de
l'Algérie, en forment une des plus singulières, par l'usage où sont les hom-
mes de se voiler entièrement la figure à l'instar des femmes musulmanes, et
avec plus de soin encore.
» Cet usage si bizarre, et unique chez les hommes au milieu des cou-
tumes infinies des diverses races humaines, est un obstacle à leur étude
anthropologique dont la tête fournit les caractères les plus significatifs. Il est
si rigoureusement observé, que les quatre Touaregs ne se sont pas décou-
verts un instant, même devant le gouverneur général de l'Algérie.
« Toutefois, m'écrit M. Guyon, inspecteur du service des armées, l'un
» d'eux se trouvant malade, j'ai pu lui voir un peu la figure au moment où
» il me montrait la langue. J'ai pu aussi lui palper la tête, en cherchant
» sur cette partie le point où il souffrait. Voici le résumé des observations
» superficielles qu'il m'a été possible de faire sur nos quatre Touaregs.
» Taille moyenne, plutôt petite que grande ; tête peu forte, globuleuse,
» tenant sous ce rapport de celle du Kabyle ou Berbère; front médiocre-
» ment large et élevé ; orbite large, pommettes un peu saillantes, dents
» courtes, moins bien rangées et moins belles que celles de l'Arabe ; mains
» et pieds petits, peau olivâtre, cheveux soyeux, noirs et tendant à se
» boucler; barbe peu fournie et tendant à se boucler comme les
» cheveux. »
» En comparant cette courte description à celle donnée par Hornemann
qui, le premier, a fait connaître les rapports des Touariks avec les Berbères
ou Kabyles, on reconnaît leur parenté, bien qu'ils en diffèrent par la
petitesse des pieds et des mains, et surtout par la couleur olivâtre de la
peau.
» Les Touariks sont un rameau de fa race caucasique; ils s'avancent à
l'est de l'Afrique jusqu'aux confins de l'Egypte : ils se croient les habitants
les plus anciens de la terre ; leur langage n'est pas arabe, et ils affirment
qu'il est le plus ancien dans le monde.
» M. Guyon, qui nous a fait connaître l'usage de l'inoculation chez les
Kabyles ou Berbères, a remarqué que cette opération si hardie était prati-
quée également par les Touaregs. Ces derniers ne se la pratiquent pas seule-
( i8ç>)
meut entre le pouce et l'index, comme les Kabyles, mais encore sur d'autres
parties du corps, notamment sur les avant-bras et les jambes.
» A ces détails, M. Guyon joint une autre observation médicale curieuse.
« Une maladie très-répandue chez les Touaregs est le dragonneau ou ver
» de Messine. C'est à ce qu'il paraît le fléau du pays. Aussi est-ce la seule
» maladie pour laquelle nos voyageurs m'aient témoigné le désir d'avoir un
» remède. »
» Ce fait est un de plus à ajouter à ceux que j'ai déjà recueillis sur la
spécialité des maladies qui affectent de préférence telle race ou telle
variété de la grande famille humaine. »
Déclaration de M. Cauchy à l'occasion dune récente demande de
M. Passot.
« Depuis plusieurs années, M. Cauchy n'a cessé de se récuser quand il a
» été appelé à faire partie de Commissions chargées d'examiner des
» Mémoires de M. Passot. Il demande que sa récusation formelle soit
» mentionnée dans le Compte rendu. »
chirurgie. — Nouveau procédé de cheiloplastie par transport du bord
libre de la [lèvre saine sur la lèvre restaurée. (Extrait d'une Note de
31. Sédillot.)
« Schmidl (jHenry), âgé de 65 ans, fut reçu à la clinique le 3o novem-
bre 1 855. Les trois quarts gauches de la lèvre inférieure avaient été détruits
par un cancer épithéliàl à marche aiguë, qui datait seulement de six mois.
Là muqueuse buccale siégeant en dedans de la commissure gauche était
altérée et formait un bourrelet dur et épais. Les procédés ordinaires de
cheiloplastie offraient peu de chances de réussite, et voici l'opération que
je pratiquai le 18 décembre i855.
» Tout le cancer fut circonscrit entre deux incisions en V continuées
jusqu'au contour cervical du maxillaire. Les joues furent ensuite fendues
horizontalement, au niveau des commissures, par une section plus prolongée
à gauche que du côté droit.
» Le bord libre de la lèvre supérieure, qui était très-large, fut partielle-
ment détaché de dehors en dedans sur une longueur de 1 5 à 20 millimètres,
puis renversé et fixé sur la surface des lambeaux destinés à reconstituer la
lèvre inférieure. Celle-ci se trouva ainsi revêtue de chaque côté par le lam-
beau muqueux emprunté à la lèvre supérieure, et au milieu et un peu à
droite par la petite portion de membrane muqueuse conservée sur Je quart
droit de la lèvre inférieure, resté intact.
C R., i856, i« Semestre. (T. XLH, N° S.) 26
( »9° )
» Des épingles réunirent les parties dénudées de la lèvre supérieure tirée
en arrière à la portion inférieure de la joue, qui avait été divisée horizon-
talement et fortement tirée en avant pour remplacer la lèvre enlevée. D'au-
tres épingles maintinrent sur la ligne médiane l'affrontement des deux moi-
tiés de la nouvelle lèvre, et quelques points de suture entrecoupée assujettirent
la membrane muqueuse.
» Le 29 du même mois, onzième jour de l'opération, le malade fut photo-
graphié, ce qui me permet d'en placer une épreuve sous les yeux de l'Aca-
démie; et il quitta la clinique le 1 4 janvier, complètement guéri. Les plis de
cicatrice, encore un peu saillants vers les commissures, disparaîtront; mais
déjà tel qu'il a été représenté, le malade offrait une lèvre régulière, d'une
hauteur suffisante, ayant un rebord libre muqueux , lisse et arrondi ; les
dents étaient bien cachées, et la salive n'avait aucune tendance à s'écouler
involontairement. Les commissures étaient bien marquées, et l'ouverture
buccale également rétrécie supérieurement et inférieurement, sans qu'il en
résultât aucun obstacle pour l'introduction des aliments ou l'émission de la
voix.
» Une importante recommandation, que nous nous permettrons d'adres-
dresser à ceux qui seraient tentés d'imiter ce procédé, est de diviser le bord
libre de la lèvre saine à plusieurs millimètres au delà de la membrane mu-
queuse. En laissant sur le lambeau une petite portion du tégument externe,
on en assure mieux la vitalité, et on obtient surtout des réunions plus faciles
et des cicatrices plus régulières et moins apparentes. »
M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de M. Duhamel, un exem-
plaire dû 1er volume des Eléments de calcul infinitésimal. (Voir au Bul-
letin bibliographique.)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
okométrie. — Sur les sur/aces dont les lignes de l'une des courbures sont
sphériques ; par M. J.-A Serret. (Suite.)
(Renvoi à l'examen de la Section de Géométrie.)
'< Considérons maintenant le cas général. Nous poserons
a, b, p c,
-. = cos a, .. = cos S, -; — çqs 7;
Vi-
l'\
7f T *•■' fi
en outre, pour n'avoir clans nos formules que des quantités réelles, nous
remplacerons p, par v{ \/~ i. Les équations (10) et (i i) deviennent alors
(la) .r, cosa -+- yt cosS -+- z, cosy = /'c, + u',
, ô\ dx< (fy> d*i _ ''"'
* ' COSa COsê COS7 l'
On peut regarder a, jS, y comme les angles que fait avec les axes la tan-
gente d'une courbe arbitraire; nous désignerons par |, u, Ç; X, pc, v les
angles formés avec les mêmes axes par le rayon de courbure et par l'axe
du plan osculateur de cette courbe arbitraire; par (h l'angle de deux tan-
gentes infiniment voisines, et par dr] l'angle de deux plans osculateurs infi-
niment voisins.
» Cela posé, pour intégrer les équations (i3), nous poserons
(i4) xt cosX 4- y, cosp. + z, cosv = U.
Différentiant trois fois cette équation et ayant égard aux équations (r a)
et (i3), ainsi qu'aux formules rappelées dans mon article du 3i décembre
dernier, il vient
(i5) xt eos£ + y\ cosu -t- z, cosÇ = —5
(i6) v> = -T>-TTs\d*+l}),
,' \ ' ï dn dp, dn d V dn /d'il TT\1 dV
dy étant prise pour la différentielle constante. Posons, pouf abréger,
dV
dv,
si l'on tire de l'équation (16) la valeur de -p pour la porter dans l'équa-
tion (17), on obtiendra
» Désignant par <p (ïj ) une fonction arbitraire, nous poserons
26..
'( «92 )
et, en faisant
U = U, + ?(>,),
l'équation (18) se réduit à
(20) rf(U,) = o.
Cette équation devient intégrable , si on la multiplie par le facteur
2 (-rr1 -t- U4 ) > et l'on obtient, en intégrant,
(»■) (^-■)(^)'(^+u')'-("),-^ = —
» Nous pouvons supposer la constante nulle, car il suffit pour notre
objet que l'expression de U, renferme deux constantes arbitraires; alors si
l'on désigne par A une constante arbitraire, par >j0 une valeur initiale quel-
conque de Y], par e la base des logarithmes népériens, et que l'on pose
l'équation (21) devient
, x d\], { UJ + i dï, TT
» Désignons par tj>(vj) une fonction arbitraire, par <\>'(y)) la dérivée de
cette fonction, et déterminons V par l'équation
il
posons aussi
l'équation (22) devient
(24) -7— — 1 r Lu = o.
Cette équation (24) est linéaire et l'on en tire immédiatement
B étant une constante arbitraire.
( i93 )
» On obtiendra donc ainsi sans difficulté une valeur de U renfermant
deux constantes arbitraires A et B ; la valeur de U étant connue, l'équa-
tion (16) donnera vK et on aura ensuite x,, j,, z, au moyen des équations
(i2),(.4)et(i5).
» Si l'on pose
COS > COS [A COS V
on pourra exprimer immédiatement les angles X, p., v; |, u, Ç; a, S, y; yj et e
en fonction du paramètre t et de la fonction arbitraire ^ \i) ; si l'on met
ensuite <b[t) et W (t) au lieu de ç(ïj) et + (*?), et que l'on désigne enfin la
quantité r par F(<), toutes les quantités qui figurent dans nos équations
pourront s'exprimer facilement au moyen du paramètre t et des quatre
fonctions arbitraires J{t), F{t), $(t). "V (t). Le problème que nous nous
étions proposé se trouve donc résolu dans toute sa généralité. Il reste
nombre de détails à examiner ; je les étudierai ailleurs.
» Il faut remarquer un cas particulier qui, par sa nature, se distingue
essentiellement du cas général ; je veux parler du cas de r = o. En chan-
geant l en l \J— f, les équations (i) et (2) deviennent
{x - a)2 + (j - b)2 + (z - c)2 = l2
- p{x-a)-q{j-b) + {z-c) = l sj 1 -f- p2 + q2 ;
en éliminant l, il vient
[(x - a) 4- p(z - c)]2 +[{jr-b) + q{z- c)]2+ [q{x - a) -p(j- b)]2 = o,
et pour obtenir une surface réelle, il faut que l'on ait
x — a + p(z — c) = o, (j~— b) -f- q(z — c) = o.
» Si donc M désigne l'expression (x — a)2 -f- ( j — b)2 -f- (z — c)2 — l2,
dt
on aura —r = o, et notre surface, qui est alors représentée par les équations
M = °' -dl = °i
sera l'enveloppe d'une sphère mobile et variable de grandeur. Les lignes de
courbure sphériques sont ici des circonférences.
» Si le cas de r = o échappe à notre analyse, les surfaces à lignes de
courbure circulaires n'en sont pas moins données par notre méthode
générale. Ces surfaces correspondent effectivement à l'intégrale complète de
( '94 )
l'équation (2) qui nous a servi de point de départ ; je dois même ajouter
que c'est par la considération à priori des surfaces à lignes de courbure
circulaires que j'ai été conduit à l'intégrale complète dont il s'agit. »
géométrie. — Sur les surfaces dont les lignes de l'une des courbures sont
planes; par M. J.-A. Serret.
« Au moyen de la transformation dite par rayons vecteurs réciproques ,
on passe immédiatement des surfaces dont les lignes de l'une des courbures
sont sphériques aux surfaces dont les lignes de l'une des courbures sont
planes (*). La recherche de ces dernières surfaces, déjà faite par M. Ossian
Bonnet, est donc comprise implicitement dans ce qui précède; mais il n'est
pas sans intérêt de remarquer que cette recherche se ramène immédiate-
ment à l'intégration des équations (i3) de l'article précédent. Effective-
ment, jc, y, z désignant des coordonnées rectangulaires; a, S, y, u, l des
fonctions d'un paramètre t, si l'on pose dz = pdx -4- qdy, l'équation diffé-
rentielle des surfaces dont il s'agit sera le résultat de l'élimination du para-
mètre t entre les équations
(1) .x cosa -+- ^"cosë -+- zcosy = u,
(2) —pcosa — ^cosê + cosy = / yi -+- p* -+- q9.
» Soient xt, yif z,, t>, quatre fonctions inconnues de t, assujetties à
vérifier les équations
(3) jr,tosa +y, cosê -+- s, cosy = Iv, + «,
(4)
dx, djr, dz, dt>,
cosa cosê cosy "' l
et posons
V = (x - X,)' -4- (jr -ytf -+- (z --z,)2-
l'équation V = o satisfera à l'équation (2) et elle en sera une intégrale
complète si les valeurs de x,,yt, zt, v, tirées des équations (3) et (4) ren-
ferment dans leurs expressions deux constantes arbitraires. Le problème
est donc ramené à l'intégration des équations (4), intégration qui se trouve
effectuée dans l'article précédent. »
(*) Il suffit effectivement de supposer que les sphères qui contiennent les lignes de cour-
bures passent toutes par un même point, et de prendre ce point pour centre de transfor-
mation.
( i95)
botanique. — Recherches sur le nombre type des parties constituant
les divers cycles hélicoïdaux, et rapport qui existe entre ce nombre
et le nombre type des diverses parties florales des dicotylédones ;
parM. Ch. Feumond. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.)
« Si les diverses parties de la fleur, avons-nous dit dans l'une des deux
communications faites sur ce sujet au sein de cette Académie, ne sont que
des transformations ou métamorphoses des feuilles, il faut qu'il y ait xine
relation simple entre le nombre des parties de la fleur et le nombre des
feuilles constituant un verticille, une rosette ou un cycle hélicoïdal.
» Nous avons démontré comment il fallait considérer les feuilles
opposées pour arriver au but général que nous nous proposons ; ici nous
examinons les faits relatifs aux cycles hélicoïdaux et aux rosettes, et nous
croyons démontrer qu'il existe une relation numérique simple entre leur
composition et celle des verticilles floraux. Notre Mémoire est divisé en six
sections.
» i°. Dans la première, nous faisons voir que les feuilles alternes quin-
conciales, en revenant à l'opposition, comme nous l'indiquons pour les
Ficus et Colutea, revêtent complètement le caractère de la véritable oppo-
sition : c'est ainsi que les paires opposées qui se suivent sont toujours en
croix les unes par rapport aux autres; que même les feuilles qui ne sont
plus opposées et qui sont comprises entre deux paires de feuilles, conser-
vent une position, relativement à ces feuilles opposées, qui fait nettement
reconnaître qu'elles devaient être opposées; de sorte que la disposition
quinconciale disparaît complètement.
» 2°. Dans la deuxième section, nous cherchons à démontrer que, si
l'on fait l'opération inverse sur les plantes à feuilles opposées, telles que les
Syringa vulgaris, Phlox, Ligustrum, f^eronica, etc., on trouve que l'op-
position passe à la forme quinconciale, et qu'alors elle ne laisse plus trace
de son existence. Cette observation nous a conduit à l'idée que chaque
cycle quinconcial pouvait avec raison être regardé comme formé de deux
verticilles déplacés, l'un de deux feuilles, l'autre de trois, et cette idée a été
en quelque sorte confirmée par ce fait, que bien souvent les tiges ftHe-
lianihus tuberosus qui sont à feuilles opposées et qui passent à l'alternance,
donnent la disposition quinconciale ; tandis que les tiges de la même plante
qui sont à feuilles verticillées par trois, donnent plutôt la disposition re-
( '96)
présentée par la forme f et même quelquefois la forme insolite -f . C'est
comme si nous avions, dans le premier cas, un verticille de deux feuilles
et un de trois ; et dans le second, un verticille de deux feuilles et deux de
trois, ou, d'après la forme f , trois verticilles de trois feuilles.
» D'après cette manière d'envisager les cycles hélicoïdaux :
- = 2 + 3, c'est-à-dire i verticille de 2 feuilles et i de 3 ;
| = 2+3X3) ou i verticille de 2 feuilles et 2 de 3 ;
Jj=2X2 + 3x3,ou2 verticilles de 2 feuilles et 3 de 3 ;
^ = 2X3 + 3x5, ou 3 verticilles de i feuilles et 5 de 3 ,
et ainsi de suite pour les formes les plus élevées dans lesquelles il est facile
de reconnaître que le nombre des verticilles de trois feuilles est à celui des
verticilles de deux dans un rapport plus grand que les \ et un peu plus
petit que les -f. D'où il résulte qu'en somme, dans cet ordre d'idées, le
verticillisme par trois, qui deviendrait le nombre type, serait bien plus
fréquent que le nombre a.
» 3°. Dans la troisième section, nous cherchons à confirmer par plu-
sieurs exemples cette idée, que chaque hélicule des cycles hélicoïdaux doit
être regardé comme un verticille déplacé. Nous signalons spécialement,
entre autres, une variété du Cucurbita pepo, chez laquelle les feuilles
alternes arrivent très-souvent au verticillisme par trois, et Y ffieracium
virosum, où les feuilles forment des groupes disposés autour de la tige en
laissant entre chaque groupe des mérithalles assez longs ; tandis qu'au
contraire, ils sont très-courts entre les feuilles de chaque groupe. Il est
néanmoins, facile d'y reconnaître des verticilles par trois avec un léger
déplacement. Une liste des principaux exemples de tiges à feuilles alternes,
où nous avons constaté la formation de verticilles par trois, vient appuyer
l'idée que nous avançons. Enfin nous citons un certain nombre de plantes
à feuilles alternes présentant trois cotylédons.
» 4°- Dans la quatrième section, nous donnons la description détaillée
de quatre échantillons d'une variété du Cucurbita pepo et de trois échan-
tillons de Colutea arboreseens , pour démontrer comment l'alternance
revient à l'opposition ou au verticillisme. Nous faisons voir que le nombre
a se retrouve dans deux échantillons du Colutea, et que le nombre 3
apparaît dans le troisième échantillon de cette même plante, ainsi que dans
les exemples que nous donnons du Cucurbita pepo.
a 5°. Dans la cinquième section, nous faisons remarquer que les nom-
bres 3, 6, q et 12 sont ceux qui représentent le plus souvent les parties
( '97)
constituantes des rosettes examinées dans les plantes à feuilles alternes,
particulièrement les Cerisiers, Pommiers, Poiriers, Coignassiers, Groseilliers,
Sorbiers, Kerria japonica, Berberis, Cytisus laburnum. A la vérité, on
trouve quelquefois les nombres 2, 4 et 5, mais ils nous ont paru moins
fréquents.
» 6°. Enfin, dans la sixième section, nous faisons observer que, de même
que l'on trouve des tiges à feuilles opposées présentant une suite successive
de verticilles par trois, de même aussi, sur bien des plantes à feuilles
alternes, on trouve que la disposition quinconciale est remplacée par la
forme insolite £ , qui pourtant serait celle de toutes les formes verticillées
par trois, en admettant que chacune des parties d'un verticille appartienne à
trois hélices différentes marchant toutes trois parallèlement dans un même
sens. C'est ce que nous avons parfois observé dans les Rosiers, les Campa-
nules, les Framboisiers, les Bouleaux, les Topinambours, les Hieracium,
Y Heliotropium peruvianum, etc. Or l'esprit, sans effort, peut regarder cette
disposition comme le résultat du déplacement de deux verticilles par trois,
à peu près comme nous avons vu les feuilles opposées des Veronica,
Sjringa, Ligustrum, passer à la disposition quinconciale.
» En résumé, nous croyons avoir démontré que, conformément au
principe qui nous a servi de point de départ, il y rapport simple entre les
diverses parties florales des dicotylédones et les cycles quand on les exa-
mine les uns et les autres dans leur composition type. Le nombre 6 serait
le type des parties florales des dicotylédones, et 3 le nombre type du
verticillisme des feuilles, lequel verticillisme se retrouverait assez souvent
dans les feuilles dites alternes pour laisser découvrir ou supposer que l'al-
ternance n'est qu'une déviation de l'opposition ou du verticillisme, et que,
conséquemment, les feuilles alternes peuvent être considérées comme
formées de verticilles par deux ou par trois avec déplacement; mais chez
lesquelles le nombre 3 domine le nombre 2. Il y a donc rapport
simple entre les nombres 3 et 6, et l'esprit n'a plus qu'à admettre un
simple dédoublement des parties foliaires pour constituer les six parties
florales, ou une simple métamorphose pour former les verticilles floraux de
quelques dicotylédones qui n'ont, comme les monocotylédones, que trois
parties à chaque verticille floral. »
C. R., i856; i« Semestre. (T. XLII, N<> S.) 27
( 198 )
chimik médicale. — Action des alcalis sur le sucre dans l'économie
animale; par M. Poggiale. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à l'examen de la Commission précédemment nommée pour les
communications relatives à l'origine du sucre dans l'économie animale,
Commission de M. Figuier, 27 août i855j de M. Semmola, 10 septembre,
qui se compose de MM. Dumas, Pelouze, Rayer.)
« Quelques observateurs admettent que le concours des carbonates alca-
lins est nécessaire pour la destruction du sucre dans l'économie, et, comme
conséquence de cette théorie, ils supposent que, dans le diabète, le passage
du sucre dans les urines est dû au défaut d'alcalinité du sang. Cette opi-
nion se rattachant à une affection extrêmement grave, et aux moyens thé-
rapeutiques qui ont été proposés pour la combattre, j'ai institué une série
d'expériences pour vérifier ce fait. J'expose dans mon Mémoire les procé-
dés que j'ai employés pour la détermination du sucre contenu dans le sang
et dans le foie.
» Dans mes expériences les' animaux ont été nourris, tantôt avec de la
viande, tantôt avec des aliments féculents ou sucrés, additionnés de
bicarbonate de soude de manière à rendre les urines très-alcalines.
» Première série d'expériences. — Des chiens ont été nourris pendant
plusieurs jours avec de la viande additionnée de bicarbonate de soude.
On les sacrifia ensuite et on détermina le sucre contenu dans le sang et
dans le foie. Voici quelques-uns des résultats obtenus :
Ire oxpér. IIe expér. IIIe expér.
Sang de l'artère crurale 0,048 0,027 o,o35
» de la veine cave inférieure. .. . o,io3 0,096 o,io3
» des veines hépatiques 0,173 0,1 5o 0,139
Foie 2»02g 3, 1 1 5 »
» Il est facile de saisir la conséquence générale qui découle de ces expé-
riences : c'est que la transformation du sucre en eau et en acide carbonique
n'est pas favorisée, comme on l'a cru, dans l'économie, par la présence
d'une proportion considérable d'alcali. On voit, en effet, en comparant
ces résultats avec ceux que j'ai consignés dans mon travail sur l'origine
du sucre dans l'économie animale et avec d'autres obtenus par divers ob-
servateurs, que le sang des animaux nourris à la viande, avec ou sans bi-
carbonate de soude, contient sensiblement la même quantité de sucre.
» Deuxième série d'expériences. — Des chiens ont été nourris avec des
( i99 )
aliments féculents ou sucrés mêlés avec le bicarbonate de soude. Voici les
résultats fournis par trois expériences :
SUCIIE POUR IUO DE SANG.
lre expér. IIe expér. IIIe expér.
Sang de la veine cave inférieure .... o, 1 98 o, 1 53 »
» de l'artère carotide o, 1 00 » »
» de l'artère crurale » o,o44 o,o54
» des veines hépatiques ■> 0,245 o,?.3q
» Dans la dernière expérience j'ai examiné tous les jours les urines qui
ont fourni de 5 à 7 grammes de glucose pour 1000, quoiqu'elles fussent
fortement alcalines. Ces expériences démontrent que le sucre peut exister
dans le sang et dans les urines même en présence des alcalis.
» Dans le cours de ces recherches, j'ai observé que, lorsqu'on soumet
les animaux à une abstinence complète, la proportion du sucre con-
tenu dans le foie décroît lentement et ne disparaît pas même chez les chiens
à jeun depuis vingt-deux jours et voués à une mort certaine. Dans plusieurs
expériences j'ai trouvé, après dix jours d'abstinence, 1,710 de sucre pour
100 de foie; après quatorze jours, 1,628; après quinze jours, 1,71a; après
dix-huit jours, 1,61 3; et après vingt et un jours, 1 ,624. Le chien avait perdu
dans la dernière expérience plus de 40 pour 100 de son poids.
» Troisième série d'expériences. — J'ai injecté, comme l'avaient fait
avant moi MM. Bernard et Lehmann, un | gramme de glucose dissous
dans l'eau distillée, et j'ai retrouvé le sucre dans les urines. Dans
une expérience comparative, j'ai injecté la même quantité de glucose
additionné de 1 gramme de bicarbonate de soude, et les résultats ont été
identiques. Si l'on remplace dans cette injection le bicarbonate de soude par
l'acide tartrique, le plus souvent le sucre ne paraît pas dans les urines. Il
résulte de ces expériences, qui ont été répétées plusieurs fois, et de celles
que j'ai fait connaître précédemment, que les alcalis du sang ne favori-
sent pas l'oxydation du sucre.
» Quatrième série d expériences . — Les expériences qui précèdent ont
montré que la présence des carbonates alcalins dans le sang et dans les urines
est compatible avec celle du glucose. Pour donner plus de valeur à ces faits,
j'ai étudié avec soin l'action des alcalis, des carbonates et des bicar-
bonates alcalins sur le glucose en dehors de l'organisme. Voici quelques-
unes des expériences que j'ai exécutées :
» i°. J'ai ajouté à 100 grammes d'eau distillée 1 gramme de glucose
et 2 grammes de carbonate de soude, j'ai abandonné la solution au con-
27..
( zoo )
tact de l'air, pendant quelques jours, et j'ai retrouvé la quantité de glu-
cose qu'on y avait ajoutée.
» 2°. J'ai augmenté la proportion du carbonate de soude, et j'ai suc-
cessivement élevé la température de la liqueur à 3y, à 60, à 80, à
90 degrés, et dans toutes ces expériences la solution sucrée est restée inco-
lore et le glucose n'a éprouvé aucune altération.
» 3°. J'ai dissous dans 1 00 grammes d'eau distillée 2 grammes de glu-
cose et 8 grammes de carbonate de soude, et après avoir fait bouillir pendant
quinze minutes la liqueur qui s'était colorée d'abord en jaune, puis en jaune
rougeâtre, j'y ai trouvé encore igr,a8i de glucose.
» 4°- Le bicarbonate de soude agit [avec moins d'énergie sur le glucose.
Une dissolution de potasse contenant 4 pour 100 d'alcali ne l'attaque qu'au-
dessus de 5o degrés.
» Ces expériences suivant moi sont décisives et permettent d'affirmer
que dans le laboratoire, comme dans l'organisme, les carbonates alcalins
n'agissent pas sur le glucose, et qu'il faut élever la température du mé-
lange à environ g5 degrés pour que l'action ait lieu.
» applications des expériences précédentes au diabète. — Suivant quel-
ques physiologistes, si le sang perd par une cause quelconque ses propriétés
alcalines, le sucre, n'étant pas brûlé, passe dans les urines, d'où l'indica-
tion thérapeutique de rétablir l'état normal des liquides animaux en intro-
duisant dans l'organisme les alcalis qui lui manquent. Les faits consignés
dans ce Mémoire ne nous permettent pas d'adopter cette théorie, qui
ne repose que sur des analogies. Nous avons vu, en effet, dans les
nombreuses expériences que nous avons exécutées, qu'en augmentant
considérablement l'alcalinité du sang le sucre ne diminue pas, et que
la proportion de ce principe peut s'élever à 7 pour 1000 dans les urines
alcalines, lorsqu'on nourrit les animaux avec des aliments féculents ou
sucrés, additionnés de bicarbonate de soude.
» Nous avons démontré aussi, avec MM. Bernard et Lehmann, qu'en in-
jectant dans la veine jugulaire d'un lapin une solution de sucre et de bicar-
bonate de soude, on retrouve dans les urines autant de sucre que lorsque
l'injection se fait avec une dissolution sucrée seulement. Enfin, nous avons
prouvé par des faits irrécusables que, même en dehors de l'économie ani-
male, les carbonates alcalins n'agissent pas sur le glucose au-dessous de
g5 degrés, et qu'à cette température il éprouve si lentement les métamor-
phoses qui le convertissent en eau et en acide carbonique, qu'on trouve
encore dans la liqueur beaucoup de sucre après une ébullition longtemps
prolongée.
( 20) )
» Les recherches de MM. Lehmann et Bonchardat sur le sang des dia-
bétiques et de MM. Bernard et Reynoso sur la production du diabète ar-
tificiel donnent un puissant appui aux expériences qui font l'objet de ce
Mémoire et à la conclusion qui en découle. »
chimie appliquée. — Note sur l'action que le phosphore rouge exerce sur
l'économie animale et sur l'empoisonnement par le phosphore ordinaire;
par MM. Orfila et Rigout.
(Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Cl. Bernard.)
« Cette Note est un fragment détaché d'un travail que nous avons entre-
pris sur l'empoisonnement par le phosphore et les différentes questions qui
s'y rattachent. La nature des' recherches que nous avons crues nécessaires
pouvant éloigner encore longtemps le terme de notre travail, nous nous
sommes décidés à faire connaître, dès aujourd'hui, celles de nos expériences
qui ont trait à l'action exercée par le phosphore amorphe sur l'économie
animale. C'est sur des chiens que nous avons expérimenté, en leur admi-
nistrant le phosphore rouge, intimement mélangé, au moyen du pilon, avec
le fromage d'Italie dont nous les nourrissions.
» Première expérience. — Du 28 au 3o juillet, nous avons donné, par
doses de 2 grammes chaque jour, 6 grammes de phosphore rouge à un chien
vigoureux. Le 3i, nous avons porté la dose à 5 grammes. Nous avons at-
tendu jusqu'au 7 août, et alors, voyant que la santé de l'animal n'était point
troublée, nous avons recommencé à lui administrer 1 grammes par jour jus-
qu'au 19. A cette date l'animal avait avalé 36 grammes de phosphore rouge
depuis le commencement de l'expérience. Comme aucun accident ne surve-
nait, nous lui avons introduit, le ai août, dans l'estomac 2 grammes de
phosphore ordinaire, et nous lui avons lié l'œsophage. Le lendemain, à
9 heures du matin, l'animal succombait.
» Pendant toute la durée de l'expérience, ce chien rendait avec ses fèces
du phosphore rouge parfaitement reconnaissable, et, après l'ingestion du
phosphore ordinaire, les matières fécales répandaient des vapeurs phospho-
rescentes.
» Deuxième expérience. — Le même jour, nous avons fait avaler à une
chienne, très-jeune il est vrai, 5o centigrammes de phosphore ordinaire sus-
pendu dans de l'huile d'olive, et l'animal n'a survécu qu'un quart d'heure.
» Troisième expérience. — Le 28 novembre, nous administrons à une
chienne robuste et très-bien portante 10 grammes de phosphore rouge.
( ioi)
Elle n'achève les aliments qui lui étaient offerts que le lendemain ; mais elle
ne donne d'ailleurs aucun signe de souffrance. Le 3o, la dose est portée à
5o grammes; l'animal dévore tout son repas en un moment, mais bientôt il
vomit. Dès le lendemain, cependant, il est gai et mange avec appétit. Les 4,
5, 6 et 7 décembre, la même chienne avale ao grammes par jour. Le 8 et
le io, 3o grammes; et enfin, le 1 1, elle mange très-bien sa ration, à laquelle
nous avions mélangé 5o grammes de phosphore; cette fois elle ne vomit
pas. Le lendemain 12, elle mange avec appétit. En somme, cette chienne,
sans compter les 5o grammes qu'elle a vomis, a donc avalé en douze jours
aoo grammes de phosphore rouge.
» Nous la pendons le 12 à 6 heures du soir : à l'autopsie, nous ne trou-
vons aucune lésion ; l'œsophage, l'estomac et le tube digestif présentent
une coloration rouge qui ne peut être attribuée qu'au phosphore amorphe.
» Quatrième expérience. — Le 21 décembre à 4 heures, nous avons
introduit dans l'estomac d'un chien vigoureux 1 grammes de phosphore
ordinaire grossièrement pulvérisé dans l'eau chaude. Le lendemain matin,
l'animal était mort.
» Voulant rechercher pendant combien de temps le phosphore peut res-
ter après la mort dans les organes à l'état de phosphore libre, nous avons
retardé l'ouverture jusqu'au L\ janvier. Quelle n'a pas été notre surprise,
lorsque nous avons vu que les organes de cet animal étaient aussi frais que
si la mort ne datait que de quelques minutes! tandis qu'un autre chien, qui
n'avait pas été empoisonné par le phosphore, abandonné seulement depuis
trois jours à coté du premier, était déjà dans un état de putréfaction
avancée.
» Dans l'œsophage et dans l'estomac du chien empoisonné se trouvait
une matière jaunâtre spumeuse qui répandait des vapeurs de phosphore.
Placée sur une lame métallique chauffée au rouge, cette matière brûle sur
quelques points avec une flamme blanche vive et des vapeurs épaisses. A
ces caractères il est facile de reconnaître la présence du phosphore libre.
» Nous réservons cette matière pour faire quelques réactions.
» La membrane muqueuse de l'œsophage et de l'estomac présente une
rougeur vive. Les valvuves auriculo-ventriculaires gauches offrent dans toute
leur longueur, aux points d'insertion aux parois cardiaques, une ecchy-
mose très-nette. Les valvuves auriculo-ventriculaires droites sont vivement
injectées.
» Pour séparer le phosphore mêlé au liquide trouvé dans l'estomac et
mieux le caractériser, nous avons placé ce liquide en digestion avec du sul-
( ao3 }
fate de carbone dans un ballon bouché. Le lendemain nous filtrons ; la
liqueur qui passe parfaitement limpide se partage en deux couches : l'une
aqueuse, l'autre oléagineuse, formée par le sulfure de carbone. Celle-ci est
placée dans une capsule et abandonnée à l'évaporation spontanée. Quand
tout le sulfure de carbone s'est dégagé, il reste une masse jaune possédant
tous les caractères du phosphore : lumineuse dans l'obscurité, répandant
une odeur alliacée, brûlant avec une flamme blanche vive accompagnée de
vapeurs blanches épaisses, laissant enfin après sa combustion un résidu
rouge.
» Cette expérience, qui montre déjà que i grammes de phosphore ordi-
naire suffisent pour tuer un chien, a fixé notre attention d'une manière
spéciale par quelques particularités que nous allons signaler; elle indique,
en effet, qu'à la suite d'un empoisonnement par le phosphore :
» i°. Ce corps peut exister dans les organes, à l'état libre, quinze jours
après la mort. Ce fait, s'il a été entrevu ou vaguement prévu, n'a pas été jus-
qu'à présent, que nous sachions, observé. Il est possible, d'ailleurs, que le
phosphore se conserve encore plus longtemps dans le même état, et il est
facile de comprendre quel parti peut tirer de cette observation, dans des
cas analogues, l'expert chargé de constater l'empoisonnement.
» a°. La putréfaction est, dans certains cas, singulièrement retardée.
» 3°. Le sulfure de carbone est un bon dissolvant pour séparer le phos-
phore libre des matières avec lesquelles il est mélangé dans l'estomac et qui
masquent les propriétés caractéristiques de ce métalloïde.
» Les remarques précédentes nous ont paru mériter une mention, mais
nous avons cité cette dernière expérience surtout parce qu'elle concourt
avec les autres à démontrer que l'action exercée sur l'économie animale
par le phosphore amorphe n'est pas comparable à celle que produit le
phosphore ordinaire ; il est même permis de dire que le premier de ces
corps n'est pas vénéneux. Cette assertion, déjà avancée par d'autres obser-
vateurs sans preuves suffisantes, n'a été incontestablement établie pour
nous que par l'ensemble des expériences que nous venons de rapporter. »
chimie. — Recherches sur le tungstène et quelques-unes de ses combinaisons ;
par M. A. Riche.
(Commissaires, MM. Peligot, Despretz, Balard.)
« Pour préparer le tungstène métallique, j'ai eu recours à la réduction
de l'acide tungstique par l'hydrogène et à l'attaque du chlorure par le so-
( 204 )
dium. Si l'on fait passer un courant d'hydrogène pur et sec dans un tube de
porcelaine luté contenant de l'acide tungstique et qu'on chauffe au rouge
pendant deux heures au moins, au moyen de coke cassé en petits fragments,
on obtient une matière qui ne renferme plus d'oxygène. Quand on opère
à une température plus basse, il reste toujours une quantité plus ou moins
considérable d'oxydes inférieurs.
» Le tungstène produit à cette haute température n'est point fondu, pas
même agrégé ; il se présente en petits grains cristallisés, susceptibles de
prendre l'éclat métallique par le frottement et rayant le verre avec facilité :
placé dans un feu de forge assez violent pour ramollir et déformer le creu-
set, il y est resté à l'état solide ; c'est grâce à M. Despretz, qui a bien voulu
mettre à ma disposition la pile de la Faculté des Sciences, que je suis par-
venu à le fondre, et il m'a fallu pour atteindre ce résultat le soumettre à l'ac-
tion de 200 éléments Bunsen ordinaires ; dans ces circonstances, une por-
tion notable du métal s'oxyde et donne dans sa combustion une flamme
bleue qui, projetée sur un écran blanc dans l'obscurité, présente de très-
belles teintes.
» Le tungstène ne s'oxyde qu'à une température très-élevée dans l'air
ou même dans l'oxygène sec, et encore l'action est lente. Il ne brûle pas
dans le chlore sec, et il faut que sa température soit portée à 3oo degrés en-
viron pour que l'attaque ait lieu.
» L'acide azotique tenu à 70 ou 80 degrés le change, au bout de trois à
quatre jours, en acide tungstique. L'eau régale agit avec un peu plus de
rapidité. Les acides sulfurique et chlorhydrique concentrés le transforment
en oxyde bleu, et à la longue cet oxyde se change en acide tungstique.
» L'eau aérée distillée ou ordinaire paraît sans action sur lui, même
après un contact d'un mois et demi : il en est de même d'une eau alcaline,
tandis que cette même eau contenant un peu d'acide sulfurique se colore
en bleu; mais l'action est lente et très-faible. Ce métal n'attaque pas l'eau
à 100 degrés, mais au rouge la décomposition de l'eau se fait avec la plus
grande énergie, le tungstène se gonfle et bientôt tout est transformé en
oxyde.
» Si l'on place du tungstène avec de l'iodure d'éthyle dans un tube scellé
à la lampe et qu'on chauffe à la température de 240 degrés environ, ce
métal est à peine altéré au bout de dix jours de contact : cependant on voit
nager dans la liqueur de petites aiguilles nacrées qui sont de l'oxy-iodure
de tungstène.
» Si l'on remplace l'oxyde d'éthyle par de l'iodure de méthyle, l'action
( 205 )
est plus nette; le liquide distillé donne, outre de l'iodure de méthyle non
attaqué, une liqueur visqueuse bouillant à une température élevée. Si on
l'agite avec de l'alcool éthéré un peu chaud, il se sépare une huile, tandis
quel'éther abandonne parévaporation une substance qui, convenablement
purifiée, cristallise en larges plaques incolores, fond vers 1 10 degrés et pré-
sente à l'analyse la composition
3(C2H3)Tu, 1.
Cet iodure, agité avec de l'oxyde d'argent récemment précipité, produit une
poudre blanche qui est l'oxyde :
3(C2Hs)Tu, O.
» Ce corps se combine aux acides et donne naissance à des sels incristal-
lisables, restant, si on les concentre, à l'état d'un liquide visqueux, d'où les
alcalis reprécipitent l'oxyde précédent. Ces sels se produisent de même
en attaquant l'iodure par les acides correspondants.
» Pour déterminer l'équivalent du tungstène, je me suis basé sur la ré-
duction par l'hydrogène pur de l'acide tungstique Tu O3, dont la composition
est généralement admise. Le poids de l'eau recueillie, celui du tungstène
restant, conduisent au nombre 87; ce chiffre est un peu plus faible que celui
qu'on a admis jusqu'alors, et cela devait être, car on avait employé pour
cette détermination de l'acide tungstique mêlé d'alcali (parce qu'il a été
préparé au moyen du carbonate de soude) ; tandis que j'ai opéré sur de l'a-
cide pur retiré par calcination d'un sel ammoniacal ou précipité par l'eau
du chlorure pur et sublimé.
» Voulant obtenir le tungstène par l'action de son chlorure sur le so-
dium, j'ai dû d'abord me préoccuper de la préparation sur une échelle
un peu grande de la matière rouge connue sous le nom de chlorure de
tungstène, qu'on s'était procurée jusqu'alors par l'attaque du tungstène au
moyen du chlore; j'y suis parvenu aisément en dirigeant un courant de
chlore sec sur un mélange de 1 partie d'acide tungstique et de 3 parties de
charbon en poudre, placé dans une cornue en grès bitubulée chauffée au
rouge sombre. Pour l'obtenir à l'état de pureté, on n'a plus qu'à le redis-
tiller avec soin dans un courant d'hydrogène ; comme il est plus volatil
que les autres composés produits dans cette réaction, il s'en sépare avec
facilité.
» Ce composé chauffé avec du sodium dans un tube rempli d'hydrogène
me donnant toujours de l'eau et de l'oxyde de tungstène, j'ai été naturelle-
C. R., i856, i« Semestre. (T. XLI1, N° S.) 28
( ao6 )
ment amené à penser que ce prétendu chlorure contenait de l'oxygène; en
effet, soumis à l'analyse, il m'a donné des nombres conduisant exactement
à la formule
TuCl'O.
Traité par l'eau, ce composé se décompose rapidement en acide tungstique
et acide chlorhydrique ; mais si l'on fait l'expérience dans un tube bouché et
sur le mercure, on constate de plus qu'il ne se dégage pas d'hydrogène;
cette réaction, inexplicable en admettant la formule Tu Cl* , se comprend
très-bien au contraire si l'on reconnaît à cette matière la composition repré-
sentée plus haut. En effet, on a
TuCl20 + 2HO = Tu03 + aHCl.
Il existe cependant des chlorures de tungstène, et si jusqu'à présent on n'en
a pas constaté la présence, cela tient à ce qu'ils se changent en oxychlorure
rouge en présence des plus petites quantités d'eau.
» Trichlorure de tungstène. — Ce composé s'obtient abondamment en
dirigeant un courant de chlore sec sur du tungstène bien pur placé dans un
tube de porcelaine chauffé, et où l'on a fait passer à l'avance de l'hydro-
gène desséché dans le but d'enlever l'air et l'humidité. 11 constitue une ma-
tière cristallisant par sublimation err longues aiguilles gris d'acier qui fon-
dent à la température de 218 degrés, et donnent un liquide uoir se concré-
tant en un culot gris dont l'aspect, la cassure, ont toute l'apparence de
l'iode. L'eau le décompose instantanément. Son analyse conduit exactement
à la formule
Tu Cl3.
» Bichlorure de tungstène. — Ce corps se prépare en très-petites quan-
tités quand on réduit par l'hydrogène le chlorure précédent placé dans un
tube en verre. On s'arrête quand il ne se dégage plus d'acide chlorhydrique.
Il reste une petite quantité d'un produit brun-noirâtre qui présente à l'ana-
lyse la composition Tu Cl*. Il est assez difficile de se tenir dans les limites
restreintes de température où cette réaction a lieu. Si l'on chauffe trop, le
trichlorure est volatilisé et le produit souillé par du tungstène métallique
dont une partie se dépose sur les parois du tube en un bel anneau mi-
roitant.
» Bisulfure de tungstène.— Le sulfure de tungstène correspondant à l'a-
cide tungstique s'obtient assez facilement ; mais il n'en est pas de même pour
le bisulfure de ce métal. Je suis parvenu à le préparer à l'état de pureté par
un moyen très-simple, qui consiste à chauffer ensemble poids égaux dé bi-
( ™7 )
tungstate de potasse et de soufre dans un creuset en terre jusqu'à fusion
tranquille de la matière. On traite le résidu par l'eau qui dissout le tung-
state de potasse, et on lave sur un filtre le sulfure qu'on dessèche ensuite.
C'est une matière noire, cristallisée en petites aiguilles, s'oxydant au rouge
au contact de l'air, ou à 5o degrés en présence de l'acide nitrique, et
présentant exactement la composition du bisulfure de tungstène. »
chimie industrielle. — Mémoire sur l'emploi du sulfure de carbone
comme moyen d 'extraction du suif des os, de l'huile des graines oléagi-
neuses, et du dégraissage des 'aines ; par M. E. Deiss. (Extrait. )
(Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Payen.)
« . . En 1 84o, le sulfure de carbone était encore préparé dans les labo-
ratoires, soit dans des canons de fusil recourbés, soit dans des petites cor-
nues en grès. Le prix commercial à cette époque variait de 5o à 60 francs
le kilogramme ; j'ai rapidement descendu le prix de ce produit, et déjà en
1848 je l'ai vendu au prix de 8 francs le kilogramme à MM. Perroncel et
Gérard, pour la vulcanisation du caoutchouc par le sulfure de carbone et
le chlorure de soufre. Aujourd'hui, avec un appareil composé de trois cor-
nues, je fabrique, dans mon établissement de Pantin, l'énorme quantité de
5oo kilogr. de sulfure en vingt-quatre heures. Le même fourneau, les mêmes
cornues avec le même chauffage, il y a à peine un an, ne produisaient que
i5o kilogrammes dans le même laps de temps ; et ce produit, qui naguère,
comme je le disais, valait 60 francs le kilogramme, me revient aujourd'hui
à 5o centimes le kilogramme; et je ne doute pas que, fabriqué dans de
plus grandes proportions, il ne puisse bientôt être livré à l'industrie au prix
de 4o francs les 1 00 kilos.
» A cet excessif bon marché se joint sa facile régénération. Le sulfure de
carbone exige 4^ degrés pour son point d'ébullition : que l'on en remplisse
un flacon, qu'on le place dans un bain chaud, dans lequel on peut facile-
ment tenir la main, le sulfure entrera rapidement en ébullition, l'absorption
de calorique spécifique est presque nulle. Aussi facilement qu'il entre en
ébullition, aussi facilement se condensent ses vapeurs; sa distillation est ra-
dicale, entière et sans résidus ; en cela il diffère des essences et des éthers,
qui laissent derrière eux, les uns des résidus résineux, les autres des modifi-
cations d'éther, soit acides, soit alcools.
» M'étant trouvé, grâce au pouvoir productif de mon appareil, en pos-
session d'immenses quantités de sulfure de carbone tout à fait hors des pro-
28..
( 208 )
portions de vente, puisque jusqu'ici ce produit n'a été employé qu'à la
vulcanisation du caoutchouc, j'ai dû lui chercher d'autres applications
industrielles, et j'en ai découvert une, que je considère comme de la
plus haute importance, l'emploi du sulfure comme agent d'extraction des
corps gras.
» Paris produit 3oooo kilogrammes d'os par jour, lesquels des mains des
chiffonniers arrivent dans les fabriques de noir animal ou de gélatine. A
l'arrivée des os, ils sont triés, placés par catégories, les uns affectés à la fabri-
cation de noir animal , d'autres à la fabrication de la gélatine, et quelques-
uns enfin (tibia, péroné et fémur) sont revendus aux fabricants de bou-
tons; mais l'immense majorité des os est employée à la fabrication du noir
animal, on n'en emploie pasmoins de a 5 ooo kilogrammes par jour à cet usage;
ces os avant d'être livré à la calcination subissent un travail préparatoire qui
a pour but l'extraction du suif. Pour cela on casse les os à la hache, on les
fait bouillir dans des grandes chaudières avec de l'eau pendant trois heures
environ; la graisse vient à surnager, on l'écume, on retire les os ainsi dé-
graissés, on les'jette sur un tas pour leur faire subir une espèce de fermenta-
tion dans laquelle la production de la chaleur amène un certain état de
dessiccation qui permet à l'os d'être livré à la calcination.
» Dans les deux opérations qui précèdent, l'os subit une profonde alté-
ration : par la coction prolongée dans l'eau une grande quantité de gélatine,
si nécessaire à la fabrication d'un bon noir, se dissout ; mais c'est principa-
lement la fermentation et l'exposition forcée des os pendant quelques mois
à l'air qui amène la presque complète destruction de la matière animale,
de là un noir d'une mauvaise qualité; et tout cela pour ne donner que de
5 à 6 pour i oo de suif.
» J'arrive à des résultats bien plus avantageux par l'application du sulfure
de carbone : je concasse mes os presque en poudre, je les traite par cet agent
qui dissout presque instantanément tout le suif contenu dans les os, et ce
sans altération aucune de sa matière animale; je distille et j'obtiens de io
à la pour ioo de suif d'une qualité supérieure à celui obtenu parla coc-
tion.... »
L'auteur fait ensuite connaître les procédés qu'il a imaginés pour l'appli-
cation du sulfure de carbone à l'extraction des huiles provenant des graiues
oléagineuses, et au dégraissement des laines en suint. Le défaut d'espace
nous empêche de le suivre dans cette partie de son travail. Nous nous con-
tenterons de dire, relativement à ce dernier emploi, que le suint isolé par la
I 2°9 )
nouvelle méthode devient lui-même un produit utilisable ; il se présente
sons forme d'une substance butyreuse propre à entrer dans la composition
de certains savons.
économie rurale. — Note sur le r empoissonnement des cours d'eau;
par M. C. Millet, inspecteur des forêts. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à l'examen de la Commission précédemment nommée.)
« La Note résume les principaux résultats que j'ai obtenus, dans la gare
de Choisy-le-Roi, par l'emploi de moyens réellement pratiques destinés à
assurer l'empoissonnement des cours d'eau — Dans mes explorations sur
les rives de la Seine, j'ai reconnu que la gare de Choisy pouvait être utilisée
pour des travaux de pisciculture pratique. Cette gare, qui est creusée pa-
rallèlement au cours de la Seine, forme, sur la rive droite de ce fleuve, un
grand rectangle de 4°° mètres de longeur sur 60 mètres de largeur; elle
communique directement avec la Seine par un petit canal complètement
libre, sans écluse et sans barrage.
» Pendant ces trois dernières années, a partir du mois d'avril i852, j'ai
installé mes appareils dans la gare et j'y ai organisé des frayères artificielles,
placées sous la surveillance des employés de la gare. Mes frayères artifi-
cielles couvertes chaque année de plusieurs millions d'œufs, et mes appareils
flottants chargés chaque année de plusieurs milliers d'œufs des meilleures
espèces, ont produit des quantités considérables de jeunes poissons qui
peuplent aujourd'hui la gare, et qui, au fur et à mesure de leur dévelop-
pement, se répandent dans les cantons limitrophes sur tout le cours de la
Seine. Ces résultats, surtout cette qui se rapportent aux années 1 853 et i854,
pendant lesquelles la reproduction naturelle du poisson a été nulle ou
presque nulle dans la contrée, en raison des influences atmosphériques et
du régime des eaux, ont produit une heureuse impression sur les riverains,
pour la propagation et la conservation du poisson, et sur les nombreux
visiteurs qui ont suivi mes expériences, et qiii n'ont pas tardé à en appli-
quer les principes sur divers points de la France et de l'étranger.
» Pour ne laisser subsister aucun doute, aucune incertitude dans l'esprit
des riverains, même les plus incrédules, j'ai eu l'idée de faire éclore, dans
la gare, des œufs de poisson rouge ou Cyprin doré de la Chine. Dès le
printemps de i855, cette jolie espèce était abondamment répandue dans la
gare et dans la Seine, à plusieurs kilomètres de distance. Antérieurement à
cette importation, l'inspecteur de la navigation et les riverains qui habitent
( 2I° )
le pays depuis plus de trente ans, n'avaient pas vu ou péché un seul poisson
rouge.
» L'importance des résultats obtenus fixera, j'ose l'espérer, la bienveil-
lante attention de l'Académie, et pourra peut-être donner une nouvelle
preuve à l'appui de l'opinion que j'ai émise, à savoir que la pisciculture
pratique était facile et peu coûteuse sur les cours d'eau, et que leur empois-
sonnement pouvait être opéré sans avoir recours à des établissements spé-
ciaux. »
M. S. Cadet adresse, de Rome, un nouveau manuscrit contenant ;
i°. Des rectifications relatives a ses communications précédentes.
a°. Des considérations sur les causes de certaines monstruosités et de
certains cas de grossesse extra-utérine et de quelques cas de stérilité.
3°. Des observations sur les bons effets obtenus de l'éthiops minéral
dans le traitement du choléra-morbm et de quelques autres maladies. Dans
cet envoi sont comprises six planches relatives, les unes à son Mémoire sur
les déjections des cholériques, les autres à sa Note sur une nouvelle distri-
bution des corps naturels.
v Renvoi à l'examen des Commissaires nommés pour les précédentes com-
munications de l'auteur.)
M. Elwart transmet des documents à l'appui des précédentes commu-
nications de M. Tironi sur le traitement du choléra- morbus.
(Renvoi à l'examen de la Section de Médecine constituée en Commission
spéciale du concours pour le prix du legs Rréant. )
M. Leveap adresse une Lettre relative à sa précédente communication sur •
le traitement du choléra-morbus.
(Renvoi à la même Commission.)
M. Beavpoi'l envoie de Bruxelles, pour le concours Montyon (prix de
Médecine et de Chirurgie), un Mémoire imprimé portant pour titre: « De
l'entéropathie métallique », et y joint, conformément à une condition
imposée aux concurrents, une Note manuscrite indiquant ce qu'il considère
comme neuf dans son travail.
(Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. )
( an )
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel donne lecture d'une Lettre de M. le Minis-
tre de l'Instruction publique qui, en date du 22 janvier, autorisait l'Aca-
démie à prendre, sur les fonds restés disponibles, une somme destinée à
augmenter trois des prix qui devaient être décernés dans la séance du 28.
M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics
adresse, pour la bibliothèque de l'Institut, un exemplaire du Catalogue des
Brevets d'invention pris en 1 854-
M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de M. Rayer, président de
la Société de Zoologie, un exemplaire du tome Ier de la seconde série des
Comptes rendus et Mémoires de cette Société.
M. C. Gay prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nom-
bre des candidats pour la place aujourd'hui vacante dans la Section de
Botanique.
« Par la mort de M. Gaudichaud, la Section, dit M. Gay, se trouve privée
d'un botaniste voyageur, genre de mérite qui a été en quelque sorte tou-
jours représenté depuis la nouvelle organisation de l'Institut, d'abord par
Desfontaines et Labillardière, et ensuite par Auguste Saint-Hilaire et Gau-
dichaud. Si, comme je le pense, les intentions de l'Académie sont de con-
server dans cette Section un- voyageur toujours à même, par sa grande
expérience, de prendre une part très-active à la plupart des questions scien-
tifiques extra-européennes que la fréquence des voyages fait à tout moment
naître et auxquelles l'Académie s'intéresse si vivement, je vous prie,
Monsieur le Président, de vouloir bien me faire inscrire au nombre des
candidats pour la place aujourd'hui vacante. »
(La Lettre, avec l'Exposé des titres qui y est joint, est renvoyée à l'examen
de la Section de Botanique. )
M. Ehrmann, professeur d'anatomie pathologique à la faculté de Stras-
bourg, prie l'Académie de vouloir le considérer comme candidat pour la
place de Correspondant vacante dans la Section de Médecine. •
(Renvoi à l'examen de la Section de Médecine.)
M. Vicat, dont les recherches statistiques sur les substances calcaires à
( 212 )
chaux hydraulique et à ciment naturel ont obtenu un des prix décernés
dans la séance publique du 28 janvier dernier, adresse des remercîments
à l'Académie.
La Société royale des Sciences d'Upsal adresse à l'Académie le Ier vo-
lume d'une troisième série de ses Acta.
La Société impériale des Naturalistes de Moscou envoie deux nouveaux
numéros de son Bulletin.
L'Académie royale des Sciences de Madrid envoie deux nouvelles livrai-
sons de ses Mémoires (Sciences naturelles, t. Ier, partie III; Sciences ma-
thématiques, t. II, Ire partie); 20 un Résumé des Actes de l'Académie poul-
ies années i85i-i852 et i852-i853; 3" un programme des prix proposés
pour l'année i856.
La Société Linnéenne de Londres envoie une nouvelle série des procès-
verbaux de ses séances et remercie l'Académie pour l'envoi d'une nouvelle
série des Comptes rendus.
« M. Moquin-Tandon présente à l'Académie, de la part de M. A. Bec-
querel, médecin de. l'hôpital de la Pitié, agrégé à la Faculté, de médecine de
Paris, une Note manuscrite, intitulée : Du Développement de la Fièvre
typhoïde chez les animaux. M. Moquin-Tandon résume, dans les termes
suivants, le travail de M. Becquerel.
» Dans une vaste propriété, aux environs de Paris, appelée le Louvrel,
appartenant à M. Mainguet, se trouve un château entouré d'un parc. Ce
parc, placé à peu près en amphithéâtre sur les bords de la Seine, renfermait
une centaine de lièvres qu'on ne chassait pas. Depuis quatre ans , on
voyait, de temps en temps, certains de ces animaux, fatigués, qui ne
fuyaient pas l'approche de l'homme, et qui venaient mourir dans les allées.
Ils ne présentaient aucune blessure grave, mais ils étaient amaigris, efflan-
qués et avaient le ventre volumineux et ballonné. Cet automne, la mor-
talité augmenta considérablement. On consulta M. A. Becquerel, et on lui
envoya trois sujets. M. Becquerel examina ces lièvres avec soin. Il en donne,
aujourd'hui, dans sa Note, l'autopsie et l'anatomie pathologique. Il fait
remarquer que ces animaux présentent les lésions les mieux caractérisées
de i&jîèvre typhoïde. Il est mort de cette maladie, dans le parc dont il s'agit,
depuis quatre ans, de soixante-dix à quatre-vingts lièvres. »
(*i3)
physique mathématique — Note sur la chaleur latente des vapeurs; par
M. Li <;i(\\i), professeur d'Astronomie à la Faculté des Sciences de Mont-
pellier.
« Nous calculons mal la chaleur latente des vapeurs, parce que nous ne
prenons pas en considération leur chaleur spécifique; c'est ce qui nous
empêche d'apercevoir la loi très-simple qui paraît la régir. En effet, nous
concevons, souvent sans le dire, que la vapeur se condense à la température
où elle entre dans le serpentin, et nous établissons la formule comme si dès
ce moment elle possédait la même quantité de chaleur qu'un poids égal de
liquide à la même température. Mais il faut faire attention qu'au moment
où elle change d'état, elle change brusquement de chaleur spécifique et en
prend une plus forte. En opérant comme si c'était du liquide à même tem-
pérature, on lui attribue plus de chaleur libre qu'elle n'en avait à l'état de
vapeur, et l'on prend ce surplus à la chaleur latente qu'on trouve par suite
trop faible.
» Voici comment il me semble qu'il faut procéder. Soient t, m, c, la
température, le poids et la chaleur spécifique de la vapeur saturée ; t', m', c',
la température initiale, le poids et la chaleur spécifique du liquide employé
à la condensation (le serpentin compris); enfin t" la température finale de
ce liquide quand la condensation est opérée, et x la chaleur latente de
l'unité de poids de vapeur. Le liquide, après la condensation, a la masse
m -+- m' ; et sa quantité de chaleur au-dessus de zéro est {m -+- m') c' t". Elle
se compose de ce qu'elle était d'abord m'c't', plus de la chaleur libre met
de la vapeur au-dessus du même point, plus de la chaleur latente mx ; on
a donc :
met + mx -+- m' c' t' = {m + m')c' t",
d'où l'on tire
x = — {r-t')-ct+-c't"
pour la chaleur latente de l'unité de poids, et
m' c'
x-het ou X = — (? — t') + c't"
m » '
pour la chaleur totale. Par le raisonnement ordinaire on aurait
m' c'
J= — (t"-t')-Ct + c't"
C. R., i856, i" Semestre. (T. XLII, N° 3.) 29
( 214 )
pour la chaleur latente, et
r-hCt ou Y= — à"- ?) + &'?
pour la chaleur totale. Les formules coïncident pour la chaleur totale, et
diffèrent pour la chaleur latente ; mais c'est justement celle-ci qui paraît
suivre une loi très-simple. On voit bien sans doute que je suppose le liquide
condensant de même nature que celui d'où émane la vapeur. On voit égale-
ment que je compte le calorique de température de la vapeur à partir de
zéro ; il n'est pas difficile de modifier les formules de manière à le compter
de telle autre température qu'on voudra.; mais le point de départ que
j'adopte paraît mériter la préférence, du moins pour la vapeur d'eau que
j'ai surtout en vue.
» Pour appliquer la formule de la chaleur latente à la vapeur d'eau, je
ne puis mieux faire que d'emprunter les résultats que nous devons à M. Re-
gnault, ou plutôt la formule qui les représente. En appelant t la tempéra-
ture de la vapeur et l la chaleur totale pour l'unité de poids, il a trouvé que
de o degré à a3o degrés les expériences s'accordent de la manière la plus
satisfaisante avec la formule
/ = 6o6,5 -+- o,3o5 .t, ou 1 = o,3o5(i988,5 -+■ t).
» Pour déduire de là la chaleur latente, il faut de / retrancher et. Or c ne
peut être ici ni la chaleur spécifique sous pression constante, ni la chaleur
spécifique sous volume constant; car elles ne peuvent être prises sans faire
passer la vapeur ou à l'état de gaz ou en partie à l'état liquide. Pour les va-
peurs saturant l'espace, qui ne sont ni gaz ni liquide, il n'y a d'autre chaleur
spécifique que celle signalée et définie par M. Regnault [Recherches , etc.,
tome I, page 727); c'est la quantité de chaleur qu'il faut fournir à 1 kilo-
gramme de vapeur saturée pour élever sa température de 1 degré, lorsque
l'on comprime en même temps cette vapeur de manière à la maintenir à
l'état de saturation; en d'autres termes, c'est -? ou o,3o5. Or, si de / on
retrauche o,3o5.£, il reste 606, 5 ; c'est-à-dire que la chaleur latente, cal-
culée comme je l'ai expliqué, est constante. Quant aux termes, c'est la loi de
Southern; mais au fond, c'est assez différent. Entendue comme je le fais ici,
elle me parait devoir être admise comme une déduction ou interprétation
très-légitime des expériences de M. Regnault. 11 restera à voir, si elle peut
s'appliquer à d'autres liquides.
» Mais il importe de remarquer que le chiffre de la chaleur latente dé-
pend entièrement du point d'où l'on compte la chaleur de température et.
( «5 )
C'est 6o6,5 quand on la compte du zéro habituel; c'est 637, si on la compte
de too degrés; c'est o, si on la compte de — io,88°,5, comme on le voit tout
de suite par la seconde expression de /. Dans ce dernier cas, le point de
départ est comme un zéro absolu po,ur la vapeur. Il n'y a plus de chaleur
latente, mais seulement de la chaleur de température. L'expression de cha-
leur latente n'a été introduite que par la comparaison de la vapeur au
liquide d'où elle émane. Pour qu'elle eût un sens net ou précis, il faudrait
qu'il y eût une limite connue de température au-dessous de laquelle la va-
peur ne se forme plus. On prendrait naturellement cette limite pour origine
des températures de la vapeur ; et, quand celle-ci naîtrait à une température
quelconque, on ferait mentalement deux parts de la chaleur qu'elle prend
au liquide. L'une serait celle qu'il lui faudrait pour exister à l'état de vapeur
saturant l'espace à la température limite, et l'autre celle qui lui donne la
température du liquide ; la première serait la chaleur latente, et la deuxième
la chaleur de température entendue comme ci-dessus. En l'absence d'une
telle limite, l'expression de chaleur latente conserve un vague qu'on ne
peut faire disparaître qu'en en adoptant une arbitrairement; celle de zéro
paraît très-convenable, surtout pour la vapeur d'eau. »
physique. — Note sur l'emploi ries appareils d induction } effets des'
machines multiples ; par M. Léon Foucault.
« Les machines d'induction, telles que les construit aujourd'hui l'habile
artiste M. Ruhmkorff, passent parmi les hommes de science pour avoir
atteint le plus haut degré de puissance qu'elles comportent ; lorsqu'on veut
leur donner des dimensions plus considérables, l'effet ne croît pas propor-
tionnellement, et les organes d'interruption du courant inducteur se dé-
truisent avec une rapidité qui oblige à revenir au modèle consacré par
l'usage. Cependant ces sortes d'appareils remplaceraient sans doute avec
avantage l'ancienne machine électrique, si l'on parvenait à leur faire pro-
duire des effets plus puissants.
» Les étincelles qu'on obtient actuellement des machines inductives,
ne s'élancent guère au delà de 8 à 10 millimètres, et déjà pourtant
elles accusent dans le courant d'induction une forte tension, dont le
développement dépend de l'intensité du courant inducteur et de la lon-
gueur du fil induit; mais ce qui favorise surtout cette haute tension, c'est
la cessation plus ou. moins brusque du courant inducteur. Or il n'y a pas
de moyen connu d'interrompre instantanément un courant qui circule
•).
9-
( ai6)
avec intensité dans un long conducteur métallique. La séparation, quelque
rapide qu'elle soit, des pièces contigués destinées aux contacts, n'a jamais
lieu sans production d'une étincelle plus ou moins visible, qui montre
que tout courant qu'on voudrait arrêter court est effectivement prolongé
pendant quelques instants par un extra-courant dirigé dans le même sens.
Ces étincelles d'extra-courant sont plus vives, plus durables et plus nuisibles
à mesure que le courant interrompu parcourt un plus long circuit, et comme
celui-ci se développe nécessairement avec les dimensions de l'appareil, il
arrive qu'en cherchant à les accroître on finit par perdre d'un côté ce que
l'on gagne de l'autre.
» Tel est en réalité l'obstacle qui, malgré l'adjonction du condensateur
de M. Fizeau, est venu s'opposer à ce qu'on donnât une plus grande ex-
tension au phénomène révélé par l'admirable découverte dé M. Faraday.
« Cependant, en assimilant les appareils d'induction aux autres sources
connues d'électricité dynamique, qui toutes sont susceptibles d'être réunies
en série et de donner des effets de tension proportionnels au nombre des
éléments électromoteurs, j'arrivai à conclure qu'il en serait de même entre
plusieurs machines inductives, pourvu qu'elles fussent assujetties à fonc-
tionner d'une manière concordante.
» Si, en effet, cette condition était réalisée, chaque machine ayant ses
organes propres, tous les courants inducteurs se distribueraient isolément,
et les étincelles d'extra-courant, éclatant par hypothèse au même instant,
auraient toutes ensemble même durée que si chaque machine fonctionnait
seule; l'influence inductive s'exercerait donc simultanément dans tous
les appareils sans qu'il y eût réaction croissante et nuisible provenant de
l'ensemble des extra-courants.
» Toute la difficulté se trouve ainsi ramenée à établir entre plusieurs
machines une solidarité qui maintienne entre les phases des courants in-
ducteurs une concordance parfaite. Quand on opère avec deux machines,
ce résultat s'obtient d'une manière assez simple en alimentant les deux
courants inducteurs par une même pile, et en faisant communiquer
métalliquement les interrupteurs électromagnétiques.
» Pour fixer les idées, je suppose que le courant fourni par le pôle positif
de la pile pénètre en se bifurquant dans les bobines inductrices ; au sortir
de celles-ci, les deux rameaux rencontrent les interrupteurs, traversent les
points de rupture et se réunissent au delà pour rentrer dans la pile par le
pôle négatif. Dans ces circonstances, les deux machines marchent à la
fois, mais d'une manière indépendante et sans augmentation notable du
( 2I7 )
résultat final. Si alors on établit une communication entre les deux
courants partiels par un fil métallique inséré de part et d'autre en quel-
que point du fil inducteur situé entre la bobine et la pièce vibrante,
l'accord s'établit et le système fonctionne avec la puissance d'une machine
double.
» Cet accord résulte évidemment de ce que celui des deux marteaux in-
terrupteurs qui, par une cause quelconque, tendrait à prendre l'avance,
détermine par son jeu les mêmes périodes d'aimantation dans les deux ma-
chines, et que, par suite, il oblige l'autre marteau à le suivre d'assez près
pour que leurs mouvements simulent un synchronisme parfait, et qu'il y
ait partage de l'étincelle entre les deux points de rupture.
» On reconnaît qu'effectivement les tensions ont gagné, caries étincelles
du courant induit sont bruyantes, sinueuses et longues de 16 à 18 milli-
mètres.
» Si l'on voulait étendre à plusieurs appareils l'expérience qui m'a réussi
pour deux, il y aurait encore à compter avec certaines difficultés. D'abord
Je synchronisme ne pourrait pas s'établir d'une manière aussi simple, et de
plus l'isolement des deux bobines formées par l'enroulement du fil induc-
teur et du fil induit deviendrait insuffisant. Déjà, en opérant avec deux ma-
chines, il est nécessaire pour éviter les pertes d'établir les communications
de telle sorte, que les tensions positives et négatives s'accumulent aux extré-
mités externes et libres des deux fils induits, tandis que les extrémités
internes réunies persistent à l'état naturel.
» Si l'habile constructeur, de qui l'on tient le bel appareil généralement
désigné sous son nom, croit pouvoir réaliser un isolement plus parfait, on
arrivera sans doute à reculer de plus en plus la limite qui paraissait s'oppo-
ser à l'extension progressive des phénomènes d'induction. »
chimie ORGANIQUE. — Recherches sur une nouvelle classe d alcools;
par MM. Auguste Cahoirs et A.-W. HorMANN.
« En soumettant à la distillation sèche la glycérine, soit seule, soit addi-
tionnée de bisulfate de potasse on d'acide phosphorique anhydre, M. Red-
tenbacker obtint un produit remarquable, auquel il donna le nom d'acro-
léine. Celui-ci présente tous les caractères d'une aldéhyde et, de même
que l'aldéhyde vinique, se change, sous l'influence des corps oxydants, en
un acide auquel il donna le nom d'acide acrylique.
» Les recherches de MM. Will et Wertheim sur les essences d'ail et de
moutarde conduisirent à rapprocher ces composés de l'acroléine, analogies
( »i8)
qui furent mises en évidence par les travaux récents de MM. Berthelot
et de Luca, relatifs au propylène iodé, corps analogue aux propylènes chloré
et brome obtenus antérieurement par MM. Cahours, Reynolds et Hof-
mann,et surla transformation ultérieure de ce produit en essence de mou-
tarde par son action sur le sulfocyanure de potassium.
» Il restait donc à trouver la clef de voûte de cet édifice, c'est-à-dire l'al-
cool auquel on pût non-seulement rattacher tous les composés précédents,
mais encore faire naître une série de produits correspondant, soit aux éthers
simples, soit aux éthers composés dérivés de l'alcool ordinaire. Après bien
des tentatives demeurées longtemps infructueuses, nous sommes parvenus
à produire l'alcool et l'éther de cette série, pour laquelle nous adopterons
le nom de série acrylique, de même qu'un certain nombre d'éthers com-
posés. Pour arriver à ce résultat, nous avons fait réagir le propylène iodé
sur divers sels d'argent. C'est ainsi que dans l'action réciproque de l'oxa-
late d'argent et du propylène iodé on obtient de l'iodure d'argent et de
l'oxalate acrylique. Ce dernier, séparé de l'iodure d'argent, lavé à 1 eau,
séché sur du chlorure de calcium, puis distillé, se présente sous la forme
d'un liquide incolore, limpide, plus pesant que l'eau, doué d'une odeur
aromatique qui rappelle celle de l'éther oxalique, bouillant à 207 degrés,
auquel l'analyse assigne une composition qui s'accorde avec la formule
C8H50« = C203,C8H50
Traité par un excès d'ammoniaque sèche, ce composé se transforme en
bxamide, en régénérant l'alcool acrylique. Ce dernier est un liquide inco-
lore, très-mobile, doué d'une odeur piquante qui rappelle celle de la mou-
tarde, bouillant à io3 degrés, auquel l'analyse assigne la formule
C* H" Oa = 4 vol. vapeur.
» L'alcool acrylique brûle avec une flamme beaucoup plus lumineuse que
l'alcool ordinaire. Il se mêle en toutes proportions avec l'eau. Traité par
le potassium, il dégage de l'hydrogène et se transforme en une matière
gélatineuse qui correspond à l'alcool potassé. Cette dernière est vivement
attaquée par l'iodure acrylique (propylène iodé), il se dépose de l'iodure de
potassium en abondance, en même temps qu'il se forme un liquide incolore,
plus léger que l'eau, entièrement insoluble dans ce véhicule, qui correspond
à l'éther ordinaire. La réaction s'explique facilement au moyen de l'équa-
tion C6H5R02 ± C8H5I = Kl -+ C,aH,0O2.
» En traitant l'alcool potassé par l'iodure acrylique, ou bien l'alcool acry-
( »»9 )
lique potassé par l'iodure d'éthyle, il se forme de l'iodure de potassium, et
l'on obtient un liquide limpide, incolore, aromatique, qui n'est autre chose
qu'un éther mixte renfermant les radicaux éthyle et acryle.
» Le phénol potassé donne des résultats analogues par son action sur
l'iodure acrylique.
« En distillant l'alcool acrylique avec le chlorure, le bromure ou l'io-
dure de phosphore, on reproduit avec la plus grande facilité les éthers
chlorhydrique, bromhydrique et iodhydrique de cette série.
» L'alcool acrylique se dissout sans coloration dans l'acide sulfurique
au maximum de concentration, et donne un acide copule formant avec la
baryte un sel soluble et cristal lisable. Ce sel est anhydre; l'analyse lui
assigne la formule BaO, SO',CsH50, SO3.
« L'acide phosphorique anhydre attaque l'alcool acrylique sous l'in-
fluence d'une douce chaleur. Il se dégage un gaz incolore, brûlant avec une
flamme très-lumineuse, dont nous n'avons pas fait l'analyse. Selon toute
apparence, sa composition doit être exprimée par la formule C6 H4.
» L'alcool acrylique est promptement attaqué par les agents oxydants.
Un mélange d'acide sulfurique et de bichromate de potasse agit sur ce
corps avec une violence extrême. Les produits de cette réaction sont de
l'acroléine et de l'acide acrylique. Le noir de platine produit la même trans-
formation. Enfin, ce même alcool, traité par la potasse et le sulfure de
carbone, donne un composé qui cristallise en belles aiguilles jaunes res-
semblant au xanthate de potasse, et auquel l'analyse assigne une formule
analogue.
» A l'aide de l'alcool lui-même, de l'acide vinique ou de l'iodure acry-
lique, tous les termes de cette série se produisent avec la plus grande faci-
lité. Voici quelques éthers acryliques obtenus de cette manière.
» 11 acryle-oxame'thane ou Xoxamate d'acryle se forme en ajoutant de
l'ammoniaque par petites portions à l'oxalate acrylique jusqu'à ce qu'il
commence à se former de Poxamide. La solution filtrée donne par l'éva-
poration de magnifiques cristaux solubles dans l'alcool.
» Le carbonate d'acryle est une huile plus légère que l'eau, qui se pro-
duit facilement par l'action du sodium sur l'oxalate. Une solution alcoo-
lique de ce composé traitée par la baryte donne du carbonate de cette base
en régénérant l'alcool.
» Le benzoate d'aciyle se produit facilement par l'action du chlorure de
benzoïle sur l'alcool acrylique. C'est un liquide plus pesant que l'eau,,
bouillant à 220 degrés, doué d'une odeur aromatique analogue à celle de
( 2 20 )
l'éther benzoïque. L'analyse assigne à ce composé la formule
C20 H'° O4 = C24 H5 O3, C6 H5 O.
» Le même corps se produit facilement par l'action réciproque de l'io-
dure acrylique et du benzoate d'argent.
» L acétate d'acryle obtenu par l'action de l'iodure acrylique sur l'acé-
tate d'argent est un liquide incolore, très-limpide, plus léger que l'eau, et
doué d'une odeur aromatique analogue à celle de l'éther acétique. L'ana-
lyse conduit pour cette substance à la formule
C,0H804 = C4H303,C8H50.
» Le cyanate d'argent est vivement attaqué, même à froid, par l'iodure
acrylique; la chaleur produite par la réaction est assez intense pour que le
composé qui en résulte distille presque en entier. On obtient ainsi un
liquide incolore, très-limpide, bouillant à 82 degrés, doué d'une odeur
extrêmement pénétrante, analogue à celle de l'éther cyanique, et qui pro-
duit le larmoiement à un haut degré. L'analyse assigne à ce produit la for-
mule C8H5 AzO2 = C2AzO, C6H50. C'est le cyanate acrylique. Ce com-
posé s'échauffe légèrement lorsqu'on le mêle à l'ammoniaque, disparaît
promptement, et la liqueur fournit par l'évaporation une magnifique
substance cristallisée, qui n'est autre chose que l'urée acrylique. L'analyse
assigne, en effet, à ce composé la formule
C* H» Az2 O2 = C2 (H3, C8 H5) Az2 O2,
qui ne diffère de la thiosinnamine
C8H8Az2S2 = C2(H8,C*H5)Az2S2.
qu'eu ce que le soufre s'y trouve remplacé par une quantité équivalente
d'oxygène.
» L'aniline produit avec le cyanate acrylique une substance analogue qui
cristallise avec la plus grande facilité.
» Chauffé avec de l'eau, le cyanate acrylique finit par se solidifier entiè-
rement. Le produit obtenu de cette manière présente toutes les propriétés
et la composition de la sinapoline, c'est-à-dire de la diacryl-urée. En effet,
l'analyse que nous avons faite de cette substance conduit à la formule
C14 H12 Az2 O2 = C2 [H2, (C8 H5)2] Az2 O2.
Sa formation s'explique au moyen de l'équation
2 (C8 H5 AzO2) -h 2HO = C,4H,2Az202 + 2CO2.
Cyanate acrylique. Sinapoline.
( aai )
» Le cyanate acrylique se décompose par Tébullition avec une lessive
concentrée de potasse ; il se forme bientôt une matière concrète qui nage à
• la surface et qui n'est autre chose que cette même sinapoline. Le produit
distillé, recueilli dans un récipient refroidi, consiste en un mélange de mé-
thylamine, de propylamine et d'acrylamine. Cette dernière distille entre 180
et 190 degrés; elle ne paraît pas susceptible de former, avec le bichlorure
de platine, un sel bien nettement cristallisé.
» Il résulte des expériences que nous venons de rapporter qu'il existe une
nouvelle classe d'alcools, dont l'alcool acrylique formerait le troisième
terme. De même que l'alcool ordinaire, l'alcool acrylique fournit une série
de dérivés qu'on peut formuler d une manière analogue.
» Les différents termes connus de cette nouvelle série peuvent, en effet,
se formuler de la manière suivante, en les comparant à leurs correspondants
de la série vinique :
C6 Hs O2 alcool acrylique ,
C6HsO, ou C°H"0! éther acrylique,
C6H5C1 chlorure acrylique,
C6 Hs Br bromure acrylique,
C H5 1 iodure acrylique ,
C6 Hs S sulfure acrylique (essence d'ail),
CrPO, C2S' xanthate acrylique,
C6 Hs S, C2AzS sulfocyanure (essence de
moutarde),
C6HsO, C2AzO cyanate acrylique,
CcHsO, C203 oxalate acrylique,
C" Hs O, C4 H1 Az O5 oxamate acrylique,
C6 H5 O, CO2 carbonate acrylique ,
C6 Hs O, C4 H3 O3 acétate acrylique ,
C8 HsO, Cu H5 O3 benzoate acrylique,
C6 H5 O, SO3, HO, SO3 acide sulfoacrylique ,
CeH402 aldéhyde acrylique (acroléine)
Cs H* O4 acide acrylique ,
C6 H8 hydrocarbure (propylène),
C8 H" Az2 O2 urée acrylique ,
C" H12 Az2 O2 diacrylurée ( sinapoline ) ,
C H9 AzJ S2 urée acrylique sulfurée (thiosin-
namine),
C4 H6 O2 alcool vinique,
C4H50 ou C8H">02 éther ordinaire,
C* Hs Cl chlorure éthylique,
C* Hs Br bromure éthylique ,
C* H5 1 iodure éthylique,
C4 Hs S sulfure éthylique ,
C4 H5 O, C2 S4 xanthate éthylique,
C4 H5 S, C2 Az S sulfocyanure éthylique,
C4 Hb O, C2 Az O cyanate éthylique,
C4HsO, C203 oxalate éthylique,
C H50, C4 H2Az05 oxamate éthylique,
C4HsO, CO2 carbonate éthylique,
C4 Hs O, C4 H3 O3 acétate éthylique ,
C4 H50, C'4 H5 O3 benzoate éthylique,
C4 Hs O, SO3, HO SO3 acide sulfovinique ,
C H( O2 aldéhyde vinique ,
C4 H4 O4 acide acétique ,
C4 Hs hydrocarbure ( acétène ) ,
C6H8Az202 urée éthylique,
C10 H'° Az2 O2 diéthylurée ,
C6 H8 Az2 S2 urée éthylique sulfurée.
» L'alcool acrylique dont nous venons d'esquisser les propriétés princi-
pales forme le troisième terme d'une série parallèle à celle qui comprend
l'alcool ordinaire et qu'on peut représenter par la formule générale
C. R., i856, ier Semestre. (T. XL1I, N° S.)
3o
( 111\
C2" H2n02, et dont les deux termes acroléine et acide acrylique sont connus
depuis plusieurs années.
« On connaît, en effet, un groupe d'acides homologues qui sont dans les
mêmes relations à l'égard de l'acide acétique que notre alcool à l'égard de
l'alcool ordinaire. L'éther acrylcyanhydrique, que nous n'avons pas obtenu
jusqu'à présent dans un état de pureté suffisant pour le soumettre à l'ana-
lyse, présenterait un grand intérêt en ce qu'il doit fournir, sous l'in-
fluence de la potasse, un acide homologue de l'acide acrylique. »
chimie organique. — Sur la production artificielle de l'essence de cannelle;
par M. L. Chiozza.
« Le dédoublement que certains acides organiques, tels que l'acide
acrylique, l'acide angélique, l'acide cinnamique, éprouvent sous l'influence
de la potasse en fusion, m'a conduit à entreprendre quelques expériences
dans le but d'obtenir les aldéhydes correspondant à ces acides, par voie de
synthèse, au moyen des aldéhydes des acides plus simples en lesquels ils
se scindent par l'action de l'agent indiqué. Dans une Note publiée
tome XXXV, p. 701, des Annales de Chimie et de Physique,] ai démontré
que sous l'influence de la potasse l'acide cinnamique se dédouble en acide
benzoïque et en acide acétique, d'après la réaction suivante :
C9 H8 O2 -+- 2 (RHO) = C2 H3 KO2 H- C7 H5 KO2 -f- H2.
» Il me restait à réaliser la réaction inverse, c'est-à-dire à produire l'acide
cinnamique, ou l'hydrure de cinnamyle, avec des éléments benzoïques et
acétiques : c'est ce qui a motivé l'expérience que j'ai' l'honneur de commu-
niquer à l'Académie.
» Un mélange d'aldéhyde acétique et d'hydrure de benzoïle saturé
d'acide hydrochlorique et chauffé légèrement se colore en brun foncé, en
dégageant beaucoup d'aide chlorhydrique et une grande partie de l'aldé-
hyde qui échappe ainsi à la réaction.
» Au bout de quelques minutes, le mélange se trouble par la séparation
de gouttelettes d'eau. Si on le soumet alors à la distillation, on recueille
d'abord de l'hydrure de benzoïle non altéré, puis une petite quantité d'un
liquide moins fluide qui, purifié par plusieurs rectifications et des lavages
avec des solutions alcalines, m'a présenté la composition et les caractères de
l'hydrure de cinnamyle. Ce mode d'opérer n'est cependant pas avantageux,
et je crois qu'en répétant l'expérience, il conviendra de remplacer l'acide
chlorhydrique par l'acide sulfurique et d'opérer en vases clos.
( 223 )
» Quoi qu'il en soit, l'odeur de la substance ainsi obtenue est parfaite-
ment semblable à celle de l'huile de cannelle naturelle. Cette odeur devient
surtout très-suave quand la substance commence à se résinifier.
» Récemment préparée, elle est neutre aux papiers réactifs, parfaitement
limpide et presque incolore ; mais par l'exposition à l'air elle s'acidifie
rapidement et ne tarde pas à se colorer. Une exposition prolongée la rési-
nifie entièrement.
» Je regrette de n'avoir pu soumettre une quantité plus considérable de
mon produit à une étude comparée avec l'hydrure de cinnamyle naturel.
Toutefois l'analyse de la substance, son mode de formation et son odeur
ne me laissent aucun doute sur sa nature.
» Quant à la manière d'envisager la réaction entre les deux hydrures,
je crois qu'on doit la considérer comme une éthérification semblable à celle
qu'éprouvent la plupart des acides organiques en présence des alcools et de
l'acide chlorhydrique.
» Il est probable que l'acide hydrochlorique, en réagissant sur l'un ou
l'autre des deux aldéhydes, donne lieu à la formation des chlorures
C1C2H3 ou CIC'H5 qui, en réagissant à leur tour sur les aldéhydes, régé-
nèrent l'acide chlorhydrique et produisent l'hydrure de cinnamyle :
C1H + C7H60 = C1C7H5 + H20,
C1C7H5 + C2H40 = C1H +C9H8C),
ou bien
C1H -+- C2H* O = C1C2HS + H20,
C1C2H3+CTH60 = C1H +C9HsO.
» Ce mode d'interprétation conduit nécessairement à admettre l'existence
de chlorures de radicaux non oxygénés, dont les hydrates seraient les aldé-
hydes, et à modifier peut-être les formules de constitution jusqu'ici attri-
buées à ces substances. Mais comme ces formules n'ont rien d'absolu et que
leur valeur ne dépend que du plus ou moins grand nombre de réactions
qu'elles mettent en évidence, je ne crois pas qu'il convienne pour ' le
moment de rapporter les aldéhydes au type hydrate plutôt qu'au type
hydrure.
» Telle est, du peste, aussi l'opinion de M. Gerhardt, auquel je dois en
partie les idées qui m'ont conduit à l'expérience que j'ai l'honneur de com-
muniquer à l'Académie, et dont j'espère être bientôt à même de publier
les détails. »
3o..
( "4)
chimie. — Sur la préparation des chlorures et des bromures des radicaux
organiques , par l'action du protochlorure et du protobromure de phos-
phore; sur lés acides monohydratés correspondants ; pareil. A. Béchamp.
professeur adjoint à l'Ecole supérieure de Pharmacie de Strasbourg.
« Deux procédés ont été appliqués à la préparation des chlorures
correspondants aux acides monobasiques anhydres. i° M. Cahours [Annales
de Chimie et de Physique, 3e série, t. XXIII, p. 37), qui, le premier, a
opéré la conversion des acides organiques en chlorures correspondants,
fait réagir le perchlorure de phosphore sur les acides monohydratés : mais
ce procédé ne paraît applicable qu'à la préparation des chlorures dont le
point d'ébullition est supérieur à celui de l'oxychlorure de phosphore;
20 M. Gerhardt [Annales de Chimie et de Physique, 3e série, t. XXXVII,
p. 294) fait réagir l'oxychlorure ou le protochlorure de phosphore sur les
sels potassiques des acides monobasiques.
» Par des considérations théoriques exposées dans deux Notes que "j'ai
eu l'honneur de présenter à l'Académie ( Comptes rendus des séances du
a3 avril et du 2 juillet 1 855), j'ai été conduit à étudier l'action du pro-
tochlorure de phosphore sur les acides monohydratés monobasiques et sur
les éthers de ces acides. Il résulte de mes expériences que le protochlorure
de phosphore agit sur les acides monohydratés comme il le ferait sur un
mélange d'eau et d'acide anhydre , et sur les éthers de ces acides comme si
ces composés renfermaient réellement dans leur molécule le groupe de
l'acide et le groupe de l'éther, c'est-à-dire que l'on obtient le chlorure cor-
respondant de l'eau ou de l'acide et le chlorure correspondant de l'éther.
Cette étude m'a fait trouver un troisième procédé de préparation des chlo-
rures organiques qui me paraît d'une application beaucoup plus générale,
certainement plus commode et moins dispendieuse, et qui revient, au fond,
au procédé de M. Cahours.
» Si R est le radical oxygéné d'un acide anhydre monobasique, RO
la formule générale de l'acide organique anhydre correspondant, la quan-
tité des éléments réagissants à employer sera donnée par l'équation sui-
vante :
(A) 2ROHO + PCI' = ClH-t- PO'HO-t- 2RCI,
qui est le résultat de la comparaison des deux équations théoriques que voici :
6 RO, HO -4- P Cl3 = PO» 3 HO + 3C1H + 6RO,
6RO + 2PC13 = 2P03-+-6RCl,
( aa5 )
et qui sont démontrées par ces faits, que, si l'on emploie ces quantités, on
obtient le chlorure organique très-facilement exempt de protochlorure de
phosphore, en quantité presque égale à celle que la théorie indique,'et que
le résidu ne se compose que d'acide phosphoreux solide. Je rappellerai de
plus, pour légitimer ces équations, que l'acide acétique anhydre fait lui-
même la double décomposition avec le protochlorure de phosphore en don-
nant du chlorure d'acétyle, et, chose que je crois devoir faire remarquer,
cette double décomposition est plus facile et plus rapide qu'avec l'acide
monohydraté, si facile et si rapide même, que dans un mélange d'acide
anhydre et d'acide monohydraté, c'est le premier qui se décompose d'abord.
C'est en effet ce qui doit être d'après la manière dont j'envisage la constitu-
tion des acides monohydratés, c'est-à-dire que si réellement la transforma-
tion qui m'occupe n'est pas seulement une double décomposition, mais une
suite de deux doubles décompositions, si réellement elle se fait en deux
temps, la durée de la double décomposition doit être plus grande que celle
de l'acide anhydre. Il est probable qu'il en est de même des autres acides
anhydres : c'est un fait que je n'ai pas encore eu l'occasion de vérifier.
» Le protobromure de phosphore se comporte exactement comme
le protochlorure; par son action sur les acides monohydratés, il dégage de
l'acide bromhydrique, et le bromure correspondant se produit, fait que
j'avais constaté dans le courant de juin 1 855, époque à laquelle j'ai eu l'hon-
neur d'envoyer à M. Regnault des échantillons de bromure d'acétyle et de
chlorure de valéryle.
» L'oxychlorure de phosphore réagit aussi sur les acides monohy-
dratés, mais avec moins d'énergie que le perchlorure, et même que le pro-
tochlorure peut-être. Le résidu n'est point de l'acide phosphorique trihy-
draté, mais, comme je devais m'y attendre, un mélange d'acide trihydraté
précipitable à l'état de phosphate ammoniaco-magnésien et d'acide métaphos-
phorique qui précipite directement le chlorure de barium, qui coagule
l'albumine et précipite en blanc le nitrate d'argent, c'est-à-dire que, de
même qu'avec le chloride phosphoreux, on a, en réunissant les deux
phases dans une même équation,
6RO,HO + 3PCP02 = P053HO+ 2PO5 + 3C1H + 6ROC1.
Je me réserve de donner une démonstration plus complète de cette équa-
tion, et d'en tirer des conclusions.
» A l'aide du chloride phosphoreux et du bromide, j'ai obtenu très-
facilement des chlorures de cinnamyle, debenzoile, de valéryle, debutyryle,
( 22Ô )
de propionyle et d'acétyle ; les bromures de valéryle, de butyryle et d'acétyle,
c'est-à-dire ceux de ces composés dont le point d'ébullition est très-élevé et
ceux dont le point d'ébullition l'est peu, en distillant les chloride et bromide
phosphoreux avec les acides monohydratés. C'est que le protochlorure de
phosphore (qui bouta 7g degrés) possède un point d'ébullition assez bas ou
assez élevé pour être notablement différent de celui du chlorure organique
dont le point d'ébullition est supérieur ou inférieur au sien. Le cas le plus
désavantageux est celui où le chlorure organique a un point d'ébullition très-
voisin de celui du protochlorure de phosphore ; c'est ce qui arrive pour le
chlorure de propionyle, qui bout vers 80 degrés ; mais la difficulté peut être
tournée : au lieu d'employer des quantités d'acide et de chloride proportion-
nelles, il suffit de prendre un léger excès d'acide propionique, de manière
que l'on soit certain de décomposer tout le protochlorure de phosphore ; car
il paraît que l'on peut impunément distiller les chlorures organiques dont
le point d'ébullition est peu élevé en présence des acides monohydratés cor-
respondants.
» La préparation des combinaisons dont je viens de parler se fait, à
l'aide des chloride et bromide phosphoreux, avec autant de facilité que
celle de l'acide nitrique par exemple, et on en obtient des quantités pres-
que proportionnelles à celles des acides employés.
» i°. J'ai préparé les chlorures organiques, depuis le chlorure d'acétyle jus-
qu'au chlorure de valéryle inclusivement, en introduisant dans une cornue
munie d'un récipient l'acide monohydraté et le protochlorure dans le rap-
port des quantités de l'équation (A). Le mélange se fait le plus souvent sans
dégagement de chaleur, et bientôt, à froid déjà pour l'acide acétique, le dé-
gagement d'acide chlorhydrique commence. On chauffe au bain-marie, à
4o degrés pour l'acide acétique, à 80 degrés d'abord et enfin à 100 degrés
pour l'acide valérianique, et à des températures intermédiaires pour les
autres. On maintient la même température aussi longtemps qu'il se dégage
de l'acide chlorhydrique ; il suffit alors d'enlever le bain-marie et de chauf-
fer à feu nu pour distiller le produit volatil de la réaction. Si le point
d'ébullition du chlorure est voisin de 100 degrés, le résidu est de l'acide
phosphoreux très-blanc ; s'il est supérieur à 1 00 degrés, l'acide phosphoreux
s'altère et il se sépare du phosphore rouge. Une seule rectification suffit
pour obtenir un produit pur, pourvu que l'on ait soin de noter la tempé-
rature d'ébullition. Je me suis assuré que le point d'ébullition du chlorure
de valéryle est situé entre 1 1 5 et 120 degrés à om,75 de pression, et que sa
( "7 )
densité à 4- 6 degrés est i ,oo5 : aussi ne tombe-t-il pas au fond de l'eau
comme les chlorures qui le précèdent dans la série.
» a°. Quand il s'agit de préparer les chlorures de cinnamyle,de ben-
zoile, etc., il faut introduire l'acide sec dans un matras muni d'un tube
effilé, y ajouter une quantité proportionnelle de chloride phosphoreux et
chauffer successivement depuis 6o degrés jusqu'à iao degrés aussi long-
temps qu'il se dégage de l'acide chlorhydrique. Dès la première application
de la chaleur le mélange se liquéfie; à la fin, il se fait deux couches : la
couche inférieure est de l'acide phosphoreux sali par du phosphore rouge";
la couche supérieure est le chlorure organique : on décante cette couche
et on la rectifie. Il n'est pas convenable de distiller les chlorures dont le
point d'ébullition est très-élevé, en présence de l'acide phosphoreux, car à
la fin la masse se boursoufle beaucoup, et il se dégage tout à coup de l'hy-
drogène phosphore provenant de la décomposition de la partie hydratée de
l'acide phosphoreux.
» 3°. J'ai préparé trois composés nouveaux, le bromure d'acétyle, le
bromure de butyryle et le valéryle, en distillant le bromide phosphoreux
avec les acides monohydratés correspondants; en employant ces composés
dans le rapport des quantités données par l'équation suivante :
2 RO HO + PBr3 = PO3 HO + Br H + 2 RBr,
on obtient en bromures organiques presque la quantité théorique. Le pro-
tobromure ne se dissout pas dans l'acide acétique, mais il se dissout dans
les acides suivants. Quoi qu'il en soit, la réaction s'accomplit avec autant
de facilité, mais à une température un peu plus élevée qu'avec le protochlo-
rure ; elle commence à 6o degrés et s'accomplit à 8o degrés pour le bro-
mure d'acétyle qui bout à cette température ; elle commence à 90 degrés et
se termine à 1 00 degrés pour le bromure de butyryle ; elle commence à
1 00 degrés et ne se termine qu'à environ 1 20 degrés pour le bromure de
valéryle. Lorsque l'acide bromydrique cesse de se dégager, on distille, ce
qui peut se faire sans inconvénient en présence de l'acide phosphoreux
formé. Cet acide phosphoreux reste pour résidu à l'état d'une blancheur
parfaite dans la préparation des deux premiers bromures, il se décompose
en partie et jaunit dans celle du bromure de valéryle qui bout vers 1 43
degrés. »
( aa8 )
chimie organique. — Note- sur le sucre de lait; par M. Dcbrdnfadt.
(Extrait par l'auteur.)
« Nous avons fait connaître, en juillet 1846, la singulière propriété que
possède le glucose mamelonné dissous dans l'eau d'offrir deux pouvoirs ro-
tatoires différents pour la même température : l'un, le plus grand, s'observe
au moment où la dissolution vient d'être faite à froid ; l'autre se manifeste
quelques heures après.
» En donnant pour rapport de ces deux rotations les nombres ff, nous
avons fait remarquer que ce rapport ne comprenait pas l'effet qui doit se
produire pendant le temps que réclame la dissolution, c'est-à-dire avant que
l'observation optique soit possible. Depuis, nous avons comblé cette lacune
en observant la loi que subit le changement de rotation par rapport au
temps, et en suppléant par le calcul, conformément à cette loi, à l'impuis-
sance des observations directes. C'est, ainsi que nous avons reconnu que la
rotation du glucose mamelonné est double de celle du glucose modifié par la
dissolution. Ce sont ces observations qui nous ont autorisé à distinguer ces
deux états du glucose par les noms de monorotatoire et birotatoire (1).
» Ces observations et celles que nous allons faire connaître sur le sucre
de lait ne permettent pas de douter que le glucose cristallisé ait une con-
stitution moléculaire différente de celle qu'il affecte dans sa dissolution
dans l'eau, et la rotation que l'on observe au moment où s'opère cette dis-
solution n'est qu'une suite du groupement moléculaire créé par la cristalli-
sation, groupement qui, par une propriété spéciale au glucose, persiste assez
longtemps après la dissolution pour que le phénomène soit. observable.
» Notre observation faite sur le glucose est demeurée jusqu'à ce jour
unique dans la science ; car celle que M. Pasteur a faite sur le glucosate de
sel marin ne peut pas être considérée comme un second exemple de la même
propriété. Elle n'en est qu'une conséquence, qu'il était néanmoins utile de
signaler.
» En faisant connaître cette propriété, nous nous sommes abstenu d'en
tirer les conséquences qu'elle pouvait autoriser; elle fournissait, en effet,
un nouvel et remarquable exemple de la modification profonde que peut
( 1 ) Nous mettons en évidence le pouvoir rotatoire double du glucose mamelonné en le
dissolvant dans l'alcool méthylique, qui, suivant l'observation de M Peligot, peut dissoudre
cette substance en assez forte proportion. Dans ces conditions, le glucose conserve sa ro taries
double pendant un temps assez long pour qu'on puisse l'observer sans altération.
• ( 229 )
subir un même corps dans ses aptitudes physiques et chimiques, dans des
conditions qu'on aurait pu considérer comme indifférentes. Nous nous ré-
servions de rechercher ultérieurement si le fait qui s'était produit fortuite-
ment sous nos yeux dans le glucose mamelonné ne serait pas un fait général
de la cristallisation et de la dissolution, rendu accessible à l'observation
dans les cas spéciaux où l'examen optique est possible.
» Nos études sur les substances optiquement actives n'ont pas justifié ex-
périmentalement cette conception, et nous n'avons pu retrouver d'une ma-
nière bien tranchée la propriété exceptionnelle du glucose mamelonné que
dans le sucre de lait.
» Cette substance offre, comme le glucose, une rotation plus grande au
moment de sa dissolution. Le changement de rotation exige un temps qui
varie avec la densité et avec la température ; elle est fort lente à o degré,
elle est instantanée à -f- ioo degrés. En cherchant la valeur réelle des deux
rotations à l'aide de la méthode que nous avons utilisée pour le glucose,
nous avons reconnu que le sucre de l'ait possède, au moment de sa disso-
lution, les -*- du pouvoir rotatoire qui est admis pour le même sucre, et qui,
par conséquent, convient à ce sucre modifié par la dissolution. Il n'y a donc
plus ici, comme pour le glucose, de rapport simple entre les deux rota-
tions; mais les différences qu'elles accusent sont de même ordre et de même
sens; elles sont telles enfin, qu'elles pourraient permettre de considérer le
sucre de lait comme une combinaison qui admettrait dans ses éléments le
glucose avec sa constitution caractéristique.
» Ces recherches nous ont entraîné à revoir quelques propriétés du sucre
de lait; voici le résultat de cet examen :
» Le sucre de lait épuré par cristallisations se dissout dans l'eau avec élé-
vation de température. L'eau qui en est saturée à -f- 10 degrés par un contact
prolongé avec un excès de sucre, c'est-à-dire par l'une des deux méthodes
employées par Gay-Lussac, acquiert une densité de io55, et dans cet état
elle retient o, 1 455 de son poids de sucre. Cette dissolution saturée, aban-
donnée à une évaporation spontanée dans l'air sec, à la température de
-4- 10 degrés, ne commence à déposer des cristaux que lorsqu'elle est ar-
rivée à une densité de io63. Dans cet état, l'eau renferme 0,2164 de son
poids de sucre de lait, modifié par la dissolution. Ce fait, analogue aux
phénomènes de sursaturation si bien étudiés par M. H Lœwel, accuse encore
d'ans le sucre de lait dissous une propriété qui confirme la distinction qui
est révélée par la rotation. Ce sucre, en effet, est plus soluble dans l'eau que
le sucre cristallisé dans le rapport de 3 : 2.
C. R., ]856, i«r Semestre. (T. XLI1, N° li.) 3 I
( a3o )
» Le sucre de lait est peu hygrométrique; pris à -t- 10 degrés, dans une
atmosphère où l'hygromètre à cheveu accuse 5o degrés, puis desséché à
-t- 100 degrés, ne perd que 0,0 1 de son poids. Séché à -f- i5o degrés dans
l'air sec, il perd, en outre, o,o5 de son poids sans subir la moindre altéra-
tion. Ce n'est, en effet, qu'entre i5o degrés et 160 degrés qu'une altération
manifeste commence.
» Le sucre de lait, séché à 100 degrés, brûlé par l'oxyde de cuivre et
l'oxygène, nous a donné pour moyenne de quatre expériences :
Carbone 39,70
Eau 60,07
» L'eau que le sucre de lait perd à 1 00 degrés ne peut être considérée
comme eau de constitution. Les o,o5 qu'il perd de 100 à i5o degrés,
c'est-à-dire dans les limites de température où il n'est pas altéré, ne justi-
fient pas la formule de Berzelius, qui a été admise par tous les chimistes.
Cette formule, en effet, C24 H24 O2*, était uniquement motivée par une perte
de 0,075 d'eau, que l'illustre chimiste avait admise, et qui n'est pas con-
forme à l'expérience. Les nombres que nous avons donnés ci-dessus per-
mettent d'assigner pour composition au sucre de lait séché à 4- i5o degrés,
C,2HM O" Cette formule devient C,2H(aO'2 pour le sucre de lait séché à
-+- 100 degrés (1), c'est-à-dire pour le sucre privé d'eau hygrométrique. La
constitution C,2H9 O', qui résulterait, pour le sucre de lait anhydre, de l'a-
nalyse que Berzelius a faite du composé plombique , exigerait un nouvel
examen, et nous doutons que l'expérience y soit conforme, en ce sens que
le sucre de lait, de même que les glucoses, donnent des composés peu sta-
bles avec les bases. Ils subissent alors des transformations diverses, avec ou
sans absorption d'oxygène, qui ont pu tromper les expérimentateurs et leur
faire attribuer à la substance normale une composition qui n'appartient
qu'à des produits plus ou moins altérés.
» Néanmoins le sucre de lait peut se combiner avec les bases au sein des
dissolvants et sortir de ces combinaisons avec toutes ses propriétés, quand
on opère à basse température et en ayant soin d'enlever le sucre à sa com-
binaison peu de temps après l'avoir produite. La potasse et la soude peu-
vent entrer pour trois équivalents dans ces composés, qui se produisent
avec affaiblissement de pouvoir rotatoire. La chaux donne un sucrate solu-
ble qui renferme un équivalent de base. Elle peut précipiter le sucre de
(1) Ces résultats sont d'accord avec eux qui ont été publiés récemment en Allemagne, par
MM. Staedeler et Krause.
( a& )
lait de sa dissolution à l'état de sucrate basique peu soluble. Ce sucrate, de
même, que celui que nous avons fait connaître pour le glucose liquide des
sucres de fruits, se produit facilement en traitant les dissolutions de sucre à
froid par une forte proportion d'hydrate de chaux en poudre, CaO, HO.
» En chauffant à ioo degrés le sucre de lait, en présence de quelques
centièmes d'acide sulfurique, sa rotation s'élève, en même temps qu'il est
transformé partiellement en sucre fermentescible. Le maximum de produc-
tion de ce sucre coïncide avec une élévation de rotation de -^ de la rotation
primitive. Il peut alors produire 0,3^. d'alcool, rapportés au poids du sucre
de lait mis en œuvre, et il reste dans le vin une substance active, qui tourne
à droite le plan de polarisation, qui ne fermente pas et qui n'est plus du
sucre de lait. Si l'on continue la réaction sulfurique au delà du terme que
nous venons d'indiquer, il y a altération du sucre fermentescible sans chan-
gement notable dans la rotation.
» Nous n'avons pu réussir à faire mamelonner ni cristalliser le sucre de
lait rendu fermentescible par les acides. Ce sucre donne de l'acide mucique
par la réaction nitrique, et il se distingue à ces deux titres du glucose de
raisin avec lequel les chimistes l'ont confondu jusqu'à ce jour. Ce sucre par
sa rotation se place entre les sucres mono et bi-rotatoires. Sous ce rapport
il nous a paru se rapprocher d'un sucre fermentescible, qui existe dans les
mannes du commerce et qui pourrait bien n'être que l'élément fermentes-
cible du mélitose de M. Berthelot.
» Le sucre de lait traité par la levure, dans les conditions usitées pour la
fermentation alcoolique, donne une quantité appréciable d'acide carboni-
que sans production d'alcool ni sans changement sensible dans la rotation
et dans la densité de la dissolution. Cet acide paraît donc être un produit
de la substance même du ferment.
» Les glucoses chauffés à + 100 degrés, avec un excès d'alcali caustique,
annulent t \ équivalent de base. Le sucre de lait, dans les mêmes con-
ditions, donne un résultat identique à celui des glucoses. C'est sur cette
propriété que nous avons fondé une méthode saccharimétrique, qui offre
quelque analogie avec celle de Frommer.
» En suivant avec les appareils de polarisation les progrès de la réaction
de l'acide nitrique sur le sucre de lait dans les conditions que l'on réalise
pour préparer l'acide mucique, on observe des changements moléculaires
qui nous ont paru offrir quelque intérêt. L'effet initial de l'acide nitrique
sur le sucre de lait se révèle comme celui de l'acide sulfurique par un
accroissement de rotation de ~ vers la droite. Cet effet étant produit, le
3i..
( 232 )
plan île polarisation revient vers le o et y arrive après un certain temps sans
le franchir; puis il se déplace de nouveau vers la droite d'une quantité égale
au quart de la rotation primitive du sucre de lait, et quand il a atteint cette
limite, la rotation s'annule avec les progrès de la réaction nitrique pour
ne plus se reproduire.
» Il est à remarquer que la production de l'acide mucique est contempo-
raine de la réaction qui est marquée par le premier mouvement du plan de
polarisation, de droite à gauche, comme si cette réaction avait lieu sur une
substance douée de rotation / '. La production de l'acide oxalique, qui ne se
manifeste que vers la fin de l'expérience, coïncide avec la période qui est
inarquée par le second mouvement du plan de polarisation de droite à
gauche et qui semble indiquer que l'acide oxalique se produit aussi avec les
éléments d'une substance active douée de rotation à droite, mais distincte
de la première tout à la fois par l'époque de sa production et par celle de sa
destruction.
» La propriété commune que possèdent deux substances aussi dissem-
blables que le sucre de lait et la gomme de donner naissance à un même
produit final, l'acide mucique, sous l'influence de l'acide nitrique, donne
de l'intérêt à l'examen des réactions de cet acide sur la gomme, au même
point de vue que nous venons de spécifier pour le sucre de lait. Nous
croyons devoir le résumer ici brièvement.
» La rotation de la gomme du Sénégal, qui est \, passe à / sous l'in-
fluence des acides, ainsi que l'a observé M. Biot. Sous l'influence oxydante
de l'acide nitrique, cette rotation / s'annule avec le progrès de la réaction
qui donne naissance à l'acide mucique, puis elle passe *^, où elle atteint
pour maximum la rotation primitive de la gomme. A cette époque seule-
ment commence la réaction oxalique, en même temps que le plan de polari-
sation revient vers le o sans pouvoir y atteindre dans les conditions habi-
tuelles, qui sont recommandées pour la préparation des acides mucique et
oxalique. Il reste alors dans l'eau mère une substance active à rotation \.
Dans ces conditions, on peut remarquer que l'acide mucique semble se
former comme pour le sucre de lait avec une substance qui est douée de
rotation à droite. Il n'en est pas de même de l'acide oxalique, qui paraît être
produit avec la gomme par une substance tournant à gauche.
» On ne peut douter, en présence de ces faits, que l'acide mucique ne
soit le résultat final delà réaction formée de l'acide nitrique sur une seule
et même substance, qui se produit transitoirement avec la gomme et le
sucre de lait. Cette révélation des observations optiques, qui permettent
f *33 )
<le suivre de l'œil les phases complexes des transformations que subissent
les substances optiquement actives, conduira dans cette circonstance,
comme dans beaucoup d'autres analogues, à fournir les moyens de saisir
au passage des produits éphémères et à les isoler. Les chimistes pour-
ront ainsi suivre plus nettement la filiation des métamorphoses, dont ils
ne peuvent le plus souvent constater que le résultat final, et ce ne sera
pas l'un des moindres services que M. Biot aura rendus aux sciences, en
créant ce moyen si original et si fécond d'investigations. »
chimie organique. — Recherches sur le propjlène iodé ; troisième Mé-
moire: Allyle et composés alljliques; par MM. Berthelot et de Luca.
« Dans un Mémoire présenté à l'Académie des Sciences, il y a seize
mois, nous avons montré que la glycérine, traitée par l'iodure de phos-
phore, donne naissance au propylène iodé, C6H5I, substance remarquable
par son activité chimique.
» En effet, le propylène iodé cède aisément l'iode qu'il renferme aux
divers agents avec lesquels on le met en contact, et produit ainsi, tant par
substitution que par décomposition simple ou double, une grande variété
de composés nouveaux. Il se rapproche par là des éthers iodhydriques
correspondants aux alcools ordinaires, et se prête, en général, aux mêmes
réactions.
» C'est ainsi que nous avons déjà, d'une part, substitué l'hydrogène à
l'iode du propylène iodé et formé du propylène; d'autre part, transformé
le propylène iodé par le sulfocyanure de potassium en iodure de potassium
et essence de moutarde.
» Nous avons annoncé, dans nos deux premiers Mémoires, que nous
poursuivions l'étude des réactions du propylène iodé : ce sont les résultats
de cette étude que nous publions aujourd'hui. Ces résultats se résument
dans trois propositions principales :
» i°. Le propylène iodé forme, par double décomposition avec les sels
d'argent, de l'iodure d'argent et des composés conjugués analogues aux
éthers. M. Zinin a récemment obtenu des combinaisons du même ordre.
» 2°. Le propylène iodé, décomposé par l'oxyde de mercure, produit un
composé oxygéné analogue à l'éther ; décomposé par la potasse en disso-
lution alcoolique, amylique, glycérique, il forme des éthers mixtes analo-
gues à ceux de M. Williamson.
» 3°. Le propylène iodé, décomposé par le sodium, perd son iode et
( *34 )
forme lin carbure d'hydrogène analogue à l'éthyle. Nous désignerons ce
carbure sous le nom à'allyle, appliqué depuis longtemps par MM. Wertheim
et Will à la nomenclature des essences naturelles d'ail et de moutarde.
» I. action des sels d'argent. — Si l'on fait réagir i équivalent de propy-
lène iodé et i équivalent de butyrate d'argent sec, on obtient un liquide
volatil vers 1 45 degrés, et analogue, par son odeur et par tous ses carac-
tères, à l'éther butyrique ordinaire. C'est Xéiher allylbutyrique.
» Le propylène iodé forme, avec le benzoate d'argent, de l'iodure d'ar-
gent et un composé neutre, plus dense que l'eau , soluble dans l'éther, vo-
latil vers 23o degrés, tout pareil à l'éther benzoïque ordinaire. C'est l'éther
allylbenzoïque, déjà publié par M. Zinin. La potasse décompose lentement,
à ioo degrés, cet éther, avec régénération d'acide benzoïque et d'un liquide
volatil, inflammable et miscible avec l'eau.
» Le propylène iodé forme, avec le tartrate d'argent, de l'iodure d'ar-
gent et un composé soluble dans l'éther. C'est Y éther allyltartrique.
s Rappelons enfin que le propylène iodé, décomposé par le sulfocyanure
de potassium ou d'argent, produit deYéther allylsulfocyanhydrique, iden-
tique avec l'essence de moutarde.
» II. -dctionde l'oxyde de mercure et des alcalis. — Le propylène iodé,
traité à 100 degrés par l'oxyde de mercure sec, donne naissance à un liquide
particulier, volatil entre 85 et 88 degrés, doué d'une odeur éthérée et
pénétrante, analogue, jusqu'à un certain point, à celle du raifort. Ce liquide
paraît être Y éther allylique.
» La potasse alcoolique décompose, à ioo degrés, le propylène iodé; elle
donne naissance à un composé particulier, ^volatil à 6a°,5, qui paraît être
Y éther allyléthylique.
» La potasse, l'alcool amylique et le propylène iodé forment, de même,
Y éther allylamylique , volatil aux environs de 120 degrés.
» Enfin, un mélange de potasse, de glycérine et de propylène iodé,
donne naissance à un liquide d'une odeur vireuse et désagréable, soluble
dans l'éther, volatil à a32 degrés. Les analyses de ce corps conduisent sen-
siblement à la formule
C2' H20 O6 = C6 H» O* -+- 3 Cs H5 1 - 3 HI , trial ly Une.
» Les faits qui précèdent montrent que le propylène iodé présente les
mêmes réactions générales que les éthers iodhydriques, et forme, par double
décomposition, des corps conjugués analogues aux éthers. La formule des
corps ainsi produits est déterminée, presque avec certitude, par les condi-
( 235 )
lions mêmes de leur formation. Toutefois, nous devons déclarer ici que les
nombreuses analyses que nous avons faites de ces composés, ne s'accordent
pas exactement avec les formules probables des substances obtenues. Les
composés allyliques sont d'une purification extrêmement difficile....
» Ces obstacles sont dus à la formation simultanée et constante de pro-
duits accessoires, tant fixes que volatils, et le plus souvent de propylène
gazeux en proportion notable. Observons d'ailleurs que les composés ally-
liques ne sont pas produits par le jeu simple de deux affinités directes,
mais par une voie détournée, en provoquant la formation d'nn corps très-
stable (iodure d'argent) et forçant, pour ainsi dire, les autres éléments à
demeurer combinés.
» Cette instabilité des combinaisons allyliques sous les influences mêmes
au sein desquelles elles se produisent, est nettement accusée par l'expérience
suivante : Si l'on essaye de produire ces corps en faisant réagir dans des
tubes scellés, entre 200 et a5o degrés, les acides butyrique, benzoïque ou
sléarique sur l'éther allylique, procédé par lequel l'un de nous a préparé
directement les éthers des divers alcools, voici ce qu'on observe : il se
développe une grande quantité de gaz inflammables, une substance noire et
ulmiqueetune petite quantité d'un éther butyrique neutre.
» Ainsi, dans les conditions mêmes où les éthers des alcools proprement
dits s'obtiennent directement et absolument purs, les composés allyliques
ne prennent naissance qu'en faible proportion et avec des destructions et
dégagements gazeux qui attestent toute l'intensité des dédoublements secon-
daires.
» III. Action du sodium. — L'action du sodium sur le propylène iodé
est la plus simple et la plus nette de toutes. Elle produit de l'iodure de so-
dium et un carbure parfaitement défini, Yallyle, C6 H5 :
C6 H5 1 -t- Na = C6 H5 ~t- Na I,
» L'allyle est un liquide très-volatil, doué d'une odeur propre, éthérée et
pénétrante, analogue à celle du raifort. Il brûle avec une flamme très-éclai-
rante. Il bout à 59 degrés. Sa densité est égale à 0,684 à 14 degrés. La
densité de sa vapeur, déterminée à 100 degrés, a été trouvée égale à 2,92 ;
par conséquent, la formule C8H5 représente 2 volumes de vapeur (densité
calculée : 2,89) de même que celle de l'éthyle, du méthyle, etc.
» L'allyle se mélange avec l'acide sulfurique en dégageant de la chaleur;
si l'on évite toute élévation de température, la masse se colore à peine :
( *36)
toutefois au bout de quelques heures une grande partie du carbure modifié
se sépare et surnage.
» Le gaz chlorhydrique n'est pas absorbé sensiblement par l'allyle.
L'acide nitrique fumant le change en un composé liquide neutre, soluble
dans l'éther.
» L'action des corps halogènes est surtout remarquable.
» L'allyle s'unit au chlore en formant un composé liquide, plus dense
que l'eau, avec dégagement d'acide chlorhydrique.
» Il se combine instantanément au brome avec dégagement de chaleur.
Si l'on arrête l'action au moment où le liquide commence à se colorer sous
l'influence d'un excès de brome et à dégager un peu d'acide bromhydri-
que, et si l'on traite par la potasse, on obtient du bromure d'allyle,
CCH5 Br2, composé cristallisé fort soluble dans l'éther. Ce corps est volatil
sans décomposition. Il fond à 37 degrés et peut demeurer liquide à la tem-
pérature ordinaire.
» Viodure d'allyle , C6 H4 12, se prépare en dissolvant dans 1 partie
d'allyle légèrement chauffé 6 à 7 parties d'iode : le mélange se liquéfie
d'abord, puis au bout de deux à trois minutes il redevient solide. On
broie la masse avec une solution aqueuse de potasse, et on fait cristalliser
dans l'éther bouillant l'iodure d'allyle.
» Ce corps, bouilli avec de la potasse en solution alcoolique, se décom-
pose et donne un produit dont l'odeur est analogue à celle de rallyle;bouilli
avec la potasse en solution aqueuse, il ne subit qu'une décomposition in-
sensible en dégageant des traces de gaz inflammable.
» Chauffé avec un mélange d'acide chlorhydrique fumant et de mercure,
il est faiblement attaqué et ne dégage pas de gaz en proportion appré-
ciable.
» La formule de l'iodure d'allyle, Ce H5 11, ne diffère que par un équi-
valent d'iode de celle du propylène iodé, C6H5I2 : aussi avons-nous cherché
soit à transformer ces deux corps l'un dans l'autre, soit à préparer le pro-
pylène iodé au moyen de l'allyle. Mais aucune de ces expériences n'a
réussi :
» i°. Si l'on fait réagir sur une partie d'allyle (1 équivalent), 3 parties
d'iode (1 équivalent), il se forme de l'iodure cristallisé, C° H5 1*, et le mélange
conserve l'odeur de l'allyle; chauffé avec du mercure et de l'acide chlorhy-
drique fumant, ce mélange ne dégage aucun gaz, mais seulement l'excès
d'allyle liquide qu'il renferme.
» i°. Le- propylène iodé dissout à chaud une grande quantité d'iode;
( »37 )
mais un traitement par la potasse aqueuse enlève cet iode et fait reparaître
le propylène iodé avec tous ses caractères. D'ailleurs, dans les conditions
où il prend naissance, le propylène iodé se trouve en présence d'un équiva-
lent d'iode libre auquel il ne se combine pas.
» 3°. L'acide chlorhydrique fumant et le mercure transforment le propy-
lène iodé en propylène, tandis qu'ils n'agissent pas sur l'iodure d'allyle.
» Ce dernier corps distillé fournit de l'iode et un liquide neutre que
l'acide chlorhydrique et le mercure ne transforment pas en propylène.
» Ces divers faits prouvent que le propylène iodé, Ca H5 1, et l'iodure
d'allyle, CH'P, n'ont pas entre eux les mêmes relations que les deux
iodures de mercure par exemple : ils correspondent à deux états molécu-
laires distincts.
» Ainsi le carbure mis à nu par le sodium, agissant sur le propylène iodé,
ne présente pas vis-à-vis du propylène iodé les mêmes relations que pré-
sente un radical réel vis-à-vis de son iodure. Car dans le premier cas, les ré-
sultats de l'analyse ne sont pas confirmés par la synthèse.
» Au contraire, l'allyle présente ces mêmes. relations vis-à-vis du bro-
mure d'allyle : en effet, le bromure d'allyle, traité par le sodium, régénère
l'allyle avec toutes ses propriétés : odeur, point d'ébullition, propriété de
former avec l'iode un composé cristallisé, etc. Cet accord entre les résultats
analytiques et synthétiques prouve que le carbure, uni au brome dans le
bromure d'allyle, s'y trouve dans un état moléculaire semblable à celui de
l'allyle lui-même. »
météorologie. — Sur un bolide vu à l'Observatoire impérial de Paris dans
la soirée du 3 février ; par M. Diex. (Note transmise par M. Yvon
Villarceau en l'absence de M. le Directeur de l'Observatoire.)
« Le dimanche 3 février, à 8h 5m, temps moyen, le ciel fut éclairé d'une
vive lumière qui tout à coup se manifesta au sud-est ; portant mes regards
de ce côté, je vis se former une traînée lumineuse des plus intenses, précédée
d'un globe blanc d'argent éblouissant, de i5 minutes de diamètre environ.
Cette traînée brillante et très-blanche avait en moyenne io minutes de
largeur, et sa longueur était égale à 23 degrés, s'étendant de la tète de
l'Hydre jusque dans le voisinage des étoiles i) et y du Lion, où le globe
filant disparut après avoir passé au nord de Régulus.
» Il est à remarquer : i° que le mouvement de ce globe semblait être
très-sensiblement saccadé; i° qu'à la blancheur de la lumière du bolide a
C. R., i856, Ier Semestre. (T. XLII, N° 3.) 32
( *38)
succédé, peu avant sa disparition, une couleur d'un rouge pourpre éblouis-
sant, du côté de la traînée lumineuse ; 3° que la traînée de lumière a persisté
tout le temps de l'apparition du globe enflammé. Ces apparences ont duré
environ quatre secondes.
» Je crois devoir ajouter que dans la même soirée, à 7b3om temps moyen,
la lumière zodiacale s'est montrée dans tout son éclat, avec sa teinte rou-
geàtre. Sa base était sous le carré de Pégase, et la largeur de la bande lumi-
neuse s'élevait à 1 5 degrés dans la région des étoiles équatoriales des Pois-
sons : l'extrémité nord de la lumière, au lieu de se porter vers -y du Bélier,
comme je l'avais observé le 27 janvier, jour où elle était faible et blan-
châtre, s'est abaissée ; elle passe actuellement plus au sud et exactement
par n des Poissons. »
MÉDECINE. — Note sur deux applications nouvelles de l'acide sulfureux ;
par M. H. Grun, commissaire pour les produits des Indes à l'Exposition
universelle.
« En i85i, ayant à traiter à Paris un cas de teigne faveuse qui avait
résisté à tous les moyens ordinairement employés, il m'est venu l'idée d'es-
sayer l'acide sulfureux, dont l'action sur les parasites végétaux est depuis
longtemps connue.
» Le résultat dépassa toutes mes espérances. L'acide sulfureux, appliqué
directement par voie d'insufflation, détruit la maladie en quelques jours.
Plus de dix expériences ultérieures ont confirmé la première. Quand le
favus est petit, je l'ai vu flétrir six heures après la première fumigation.
Dans d'autres cas, la matière faveuse flétrit et se contracte, et en quelques
jours on peut l'enlever en masse adhérente à la croûte. Alors on voit dans
le cuir chevelu un trou cylindrique et profond qui a l'air d'être fait avec un
emporte-pièce. Ce trou se contracte, se remplit et il ne reste rien de la
maladie.
» L'appareil que j'ai employé est fort simple : une pipe en terre, un bou-
chon auquel on ajuste un bout de pipe en caoutchouc. On met du soufre
et quelques morceaux d'amadou dans le bol de la pipe, on allume l'ama-
dou, on bouche le bol et l'on souffle. Par ce moyen, un jet d'acide sulfu-
reux est projeté sur le tubercule faveux, qui flétrit et se détache en quel-
ques jours.
» La seconde application de l'acide sulfureux est aussi le résultat de
l'induction que l'expérience est venue confirmer.
( ^9 )
» En voyant l'acide agir si promptement sur le cryptogame de la teigne,
je me suis demandé s'il ne devait pas agir de même dans des cas analogues,
c'est-à-dire contre d'autres maladies qui résultent du développement d'un
cryptogame. Jusqu'ici je n'ai eu l'occasion d'appliquer cette théorie qu'à la
maladie des vers à soie. Mes expériences ont été faites dans les Indes, et il
faudrait les répéter en France avant d'affirmer qu'elles auront dans ce pays
les mêmes résultats ; cependant je crois pouvoir promettre qu'en brûlant
des quantités très-minimes de soufre dans les magnaneries pendant toute
la période de l'éducation du ver à soie, on guérira ou l'on empêchera le
développement de la maladie connue sous le nom de muscardine. »
chimie appliquée. — De la présence de la chaux dans la soie, et de ses
inconvénients dans l'opération du décreusage ; par M. Guinon.
« On a remarqué, depuis plusieurs années, que les étoffes de soie en
couleurs claires et moyennes, mais surtout les taffetas, présentent,. peu de
temps après leur fabrication, un grand nombre de points ou taches fon-
cées. Ces points, d'abord très-petits et à peine visibles, se développent et
s'étendent au cylindrage, et ôtent à l'étoffe une partie de sa valeur, lors
même que les taches ont été enlevées par l'essence de térébenthine ou par
les autres dissolvants des corps gras.
» Ces accidents, qui se répètent très-souvent et en grand nombre,
pouvaient gravement compromettre la réputation de la fabrique lyonnaise.
Il était donc urgent d'en rechercher la cause et de trouver le moyen de
les prévenir. Je suis parvenu à découvrir ce moyen par des procédés que je
n'ai pas l'intention d'exposer ici. Je veux seulement rendre compte de
quelques expériences dont les résultats mettront peut-être sur la voie pour
arriver à connaître la cause.
« J'ai observé qu'à la suite du décreusage des soies, lors même qu'il a
été opéré, dans un but expérimental, avec de l'eau distillée et du savon
parfaitement essayé, il restait toujours un dépôt de savon calcaire. Cette
remarque m'a fait conjecturer que la soie pouvait contenir naturellement
une certaine quantité de chaux qui lui est en partie enlevée au moment du
décreusage. Pour obtenir la démonstration directe de ce fait, je me suis livré
à une série d'expériences analytiques qui sont venues confirmer mon opi-
nion. Aux résultats de l'analyse, j'ai pu ajouter une contre-épreuve parfaite-
ment convaincante. J'ai constaté que les soies préalablement traitées par
3a..
( *4o )
l'acide chlorhydrique étendu, et ensuite lavées, n'exigent plus pour le
décreusage qu'une proportion de savon notablement inférieure à ce qu'elles
auraient demandé sans cette opération. Mes expériences, entreprises dès
i854, ont été faites sur des soies de qualités et de provenances diverses.
J'y ai soumis des soies grèges filées avec soin à la condition de Lyon,
pour le compte de la Société d'Agriculture; les résultats ont été les mêmes.
J'ai constaté la présence de la substance calcaire dans les liquides qui ont
servi au décreusage; et cependant je m'étais assuré que l'eau employée n'en
contenait pas.
» Dès cette époque, l'existence de la chaux dans la substance même de
la soie devint pour moi hors de doute. Il ne s'agissait plus que d'en déter-
miner les proportions et l'état.
» Voici, sur le premier point, les données que mes analyses m'ont
fournies :
Trame jaune de pays °>49 grammes par kilogramme.
Grége blanche de pays ° > 44 ■ *
Soie de Chine o,3o » »
Autre soie de Chine 0,48 » »
Soie du Bengale jaune 0,42 » »
Soie de Tussah °>79 " ■
» Ces résultats ont été obtenus au moyen de l'acide chlorhydrique for-
tement étendu d'eau distillée. Dans les mêmes conditions, l'acide acétique
en fournit d'analogues.
» Les proportions de matière calcaire indiquées dans le tableau qui
précède sont considérables. Elles le paraîtront surtout si l'on songe que
la chaux y représente environ le tiers de la base alcaline qui entre dans
la composition du savon employé an décreusage, c'est-à-dire en moyenne
a5 pour 100.
p L'existence de la matière calcaire dans la soie étant reconnue, sous
quel état se trouve cette matière ? Nous savons qu'elle n'y est pas à l'état
de phosphate, puisqu'elle est soluble dans l'acide acétique, et que la so-
lution, évaporée et calcinée, laisse pour résidu de la chaux vive. Je suis
porté à croire qu'elle y existe comme principe constituant qui se forme au
moment de l'organisation de la substance sérigène.
» Des expériences et observations que je viens d'énumérer, il ressort
évidemment qu'une décomposition de savon s'effectue sous l'influence de
la chaleur au moment du décreusage; qu'un savon calcaire se for. ne et se
( «4i )
fixe ou s'interpose inégalement entre les brins de soie, et produit les taches
lorsque l'étoffe, et conséquemment le savon calcaire attaché à la soie, sont
soumis à l'action de la chaleur et de la pression au cylindrage, et quel-
quefois plus tard par le fait de la décomposition spontanée. »
médecine. — Sur un nouvel acarus du cheval , pouvant transmettre la
gale de ce solipède à l'homme. (Extrait d'une Note de MM. Bourguignon
et Delafond. )
« Jusqu'à ce jour, il était permis de révoquer en doute les cas de trans-
mission de la gale du cheval à l'homme, attendu que le parasite connu de
la gale du cheval ne pouvait vivre sur l'espèce humaine, et que les auteurs
qui se sont prononcés pour l'affirmative n'ont jamais démontré scientifique-
ment que la maladie transmise fût réellement due à la présence d'un acare
provenant du cheval. En partant des données fournies par l'entomologie,
on était fondé à refuser aux parasites connus propres aux herbivores, et au
cheval en particulier, la faculté de transmettre la gale. L'observation vient
de nous permettre de remonter des effets aux causes et de tout expliquer.
» Le cheval peut avoir deux espèces de gale : une première, due à la pré-
sence du parasite acarien propre, aux herbivores et connu depuis long-
temps, qui ne saurait tracer des sillons, vivre sur la peau de l'homme et lui
transmettre la contagion ; une seconde, due à la présence d'un acare. iden-
tique à celui des carnivores, pouvant tracer des sillons, transmettre la
psôre, et dont personne n'a soupçonne' V existence jusqu'à ce jour. Cette
maladie transmissible est aussi différente dans l'ensemble de ses symptômes
de celle qui ne peut se communiquer, que les parasites qui en sont la cause
première diffèrent entre eux. »
M. Balard dépose sur le bureau une Lettre qui lui a été écrite par
M. J. Barse, à l'occasion du Rapport fait à l'Académie, dans sa séance du
17 décembre î855, sur un procédé propre à faire distinguer par des réac-
tions spéciales le silicium et le tungstène d'avec l'argent, Lettre dans laquelle
M. Barse explique comment et pourquoi son nom se trouve figuré à l'occa-
sion de l'argyrolithe.
« En novembre i853, M. Murray me présenta des pièces d'orfèvrerie sur
la nature desquelles il me chargea de donner mon avis. Mon opinion
devait décider de l'achat de cette invention pour le compte d'une des
( ^ )
grandes maisons d'Angleterre. Le prix à payer à l'inventeur était convenu,
il était très-considérable.
» Après des expériences faites chez moi, chez l'inventeur, au laboratoire
de la Pharmacie centrale avec M. Soubeiran, je fis le 27 décembre à
M. Murray un Rapport dont je donne ici littéralement les conclusions :
c< En résumé, quand on agit sur des matières premières exemptes d'ar-
» gent, on ne réussit pas. Quand on agit sur des matières contenant de
» l'argent, on obtient un dépôt correspondant à la dose du métal introduit.
» L'analyse des pièces sortant d'un bain de silice argentifère démontre que
» l'argent est fixé sur les pièces sans mélange de silicium. Je conseille donc
» à M. Murray de considérer le procédé d'argenture par l'argyrolithe comme
» une invention impraticable dans toute autre main que celle de l'inventeur.
» Mon avis est que rien, dans les expériences dont j'ai été témoin, ne pré-
» sente ce procédé comme un objet d'exploitation industrielle. »
» M. Murray rompit et fit rompre avec l'argenture au silicium. L'inven-
teur fit alors appel à ma loyauté en me priant de venir me convaincre de
mon erreur au moyen de faits nouveaux. J'avais reçu des honoraires pour
le travail qui avait condamné le silicium, je me tins pour obligé de reprendre
gratuitement tous les travaux, de rassembler toutes les preuves capables
d'infirmer mon opinion première si elle était fausse.
» En février 1 854? je rédigeai un Mémoire que j'adressai, non pas à des
capitalistes, non pas au public, mais à des juges, c'est, à-dire à l'Académie
des Sciences. Dès ce moment, j'appartenais par les loi* de la simple droi-
ture à la défense du silicium, jusqu'au jugement de l'Académie. Telle fut la
cause de mon intervention, toujours gratuite, dans un procès en contrefa-
çon intenté au silicium. Nommé expert avec MM. Pelouze et Chevallier, nos
opérations se firent au laboratoire de la Monnaie. Je ne crains pas de m'ap-
puyer de M. Pelouze pour l'affirmer. Mes coexperts, comme M. Soubeiran
avant eux, m'ont tenu pour un homme digne, indépendant et loyal.
» Voilà, Monsieur, tout ce qui me concerne dans l'histoire du silicium.
Tout le reste, exploitation commerciale, société industrielle, publications,
appel de capitaux, j'y suis étranger. Jusqu'au i5 janvier i856, huit jours à
peine, je n'ai pas connu un seul homme, ouvrier ou maître, pas un seul
local, cabinet, laboratoire ou boutique, ayant rapport à l'argyrolithe, soit
de loin, soit de près. »
•< A la suite de cette communication, M Balard prend la parole pour
demander l'insertion de la Lettre de M. Barse dans les Comptes rendus. Il
( *4'3 )
fait remarquer d'ailleurs à l'Académie que M. Barse ne réclame pas contre
les conclusions du Rapport qui, ainsi que l'a dit M. Thenard, reste
dans son entier; mais que la Lettre a seulement pour but de protester
contre l'usage qu'on a fait du Mémoire qu'il avait présenté dans des vues et
pour des intérêts qui lui sont tout à fait étrangers; ainsi que de décliner
toute espèce de participation aux actes qui avaient rendu ce Rapport si néces-
saire. Il est dès lors convenable que les observations de M. Barse reçoivent
la même publicité qu'avait reçue le Rapport. »
physiologie. — Action des vapeurs d'essence de térébenthine inspirées ;
par M. Letelmer.
« Voulant empêcher une citerne de 8 mètres cubes de perdre l'eau,
j'y descendis avec un vase contenant environ 25o grammes d'essence et
5oo grammes de goudron et de poix et placé sur trois ou quatre charbons.
J'étendis ce mélange chaud au pinceau. Je n'avais pas recouvert 8 mètres
de surface que je fus obligé de remonter, en raison de vertiges, sans dou-
leur, sans pesanteur de tête, sans voir les objets tourner, sans aucune dis-
position à la syncope, sans la moindre faiblesse dans les jambes; il me
semblait que j'allais tomber à droite ou à gauche (jamais en avant ou en
arrière) et j'écartais machinalement les jambes pour éviter une chute; les
secousses de la tête augmentaient ce chancellement, cette titubation. Nul
brouillard devant les yeux, tous les sens bien intacts; la parole seule me
paraissait un peu pénible; pouls et respiration parfaitement normaux; nul
dérangement de l'intelligence, de l'estomac ou des entrailles; je n'éprouvai
qu'une légère moiteur et un peu de fourmillement au dos des poignets;
l'urine était absolument inodore (je n'ai pas perçu d'avantage l'odeur de
violette sur deux malades affectés de catarrhe intense de vessie et qui ont
guéri par l'essence prise par la bouche mieux qu'avec la térébenthine cuite).
Cet accident se dissipa peu à peu, en une heure, par l'exposition à l'air.
» Dans la soirée je renouvelai mon essai, et bien que le fourneau n'eût
pas été allumé plus de quelques minutes, les mêmes accidents se reprodui-
sirent en moins d'une demi-heure; enfin le lendemain je recommençai
sans Jeu, et en une demi-heure je fus forcé de remonter par des accidents
absolument identiques.
» Je conclus de cette observation que les vapeurs d'essence de térében-
thine inspirées agissent primitivement sur le cerveau en l'excitant à la ma-
nière des alcooliques, et que par conséquent on ne doit employer ces
( 244 )
substances qu'avec précaution. Il se peut qu'après l'excitation il survienne
de l'affaissement comme après l'abus des alcooliques, mais ce ne serait qu'un
effet consécutif. »
(Renvoi à l'examen de la Commission chargée de l'examen d'une Note de
M. Marchai de Calvi, sur les effets de l'inhalation d'essence de térében-
thine.)
M. Wanner présente, comme supplément à sa précédente Note sur l'or-
gane pulmonaire considéré comme premier imputseur du sang , les résultats
de deux expériences qu'il considère comme des preuves à l'appui de la
théorie exposée dans cette Note.
« Dans la première expérience faite sur un mouton, on a introduit de
l'air condensé dans les deux médiastins de manière à neutraliser les mou-
vements de la poitrine, et l'on a ainsi déterminé en dix minutes la cessation
complète des battements du cœur.
» Dans la seconde expérience, du sang de -bœuf tiré instantanément de
l'animal, et reçu, afin d'éviter sa coagulation, dans un vase maintenu à
une température de 37 degrés centigrades, a été soumis à l'action du
gaz acide carbonique, au moyen d'un tube de verre recourbé dont un bout
était adapté à la vessie contenant le gaz, et l'autre à un bouchon de liège
percé et avec lequel était bouchée la bouteille contenant le sang; le li-
quide sanguin est devenu de couleur rouge-brun et a présenté une semi-
coagulation.
» Je conclus du fait de la première expérience, comparée à la possibilité
où l'on est de faire circuler par une respiration artificielle dans le corps
d'un animal mort tout récemment le sang aussi longtemps qu'il conserve
sa liquidité, que si le cœur était le premier impulseur du mouvement cir-
culatoire, ses battements devraient se prolonger bien au delà du temps
marqué dans mon expérience, car MM. Williams et Hope ont fait durer,
comme on le sait, une circulation artificielle une heure vingt minutes après
le décès constaté, et auraient pu la faire durer plus longtemps encore.
» La conséquence de la seconde expérience ne me semble pas moins
favorable à la thèse que je soutiens, puisqu'elle semble indiquer que la
mort est déterminée dans l'asphyxie par la coagulation du sang et l'im-
possibilité de la circulation par suite de cette coagulation. »
M. Mac-Arthur, commissaire près de l'Exposition universelle pour les
produits de l'Australie, fait hommage à l'Académie, au nom de l'auteur,
( *45 )
M. Threlkeld, de deux ouvrages sur la langue des habitants de la Nouvelle-
Hollande (environs de la rivière de Hunter et du lac Macquarie).
M. Reignauld demande et obtient l'autorisation de reprendre une Note
précédemment présentée sur un nouveau mode de cautérisation, Note, qui
n'a pas encore été l'objet d'un Rapport.
M. Arnut demande qu'on lui renvoie une Note sur un appareil destiné
à la transmission des forces, qu'il avait précédemment soumise au jugement
de l'Académie.
On fera savoir à l'auteur que l'Académie ne renvoie point les pièces qui
lui ont été adressées; l'auteur doit les reprendre lui-même au Secrétariat,
ou les faire retirer par une personne dûment autorisée.
M. Perreul adresse une Note sur un moyen qu'il a imaginé pour arrêter
rapidement et sans secousse un convoi en marche sur un chemin de fer.
M. Seguier est invité à prendre connaissance de cette Note et à faire
savoir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport.
M. Kœmg adresse un Mémoire sur la curabilité de la phthisie, et prie
l'Académie de vouloir bien lui faire connaître le jour où il pourra être admis
à lire un extrait de ce travail .
L'Académie ne peut qu'assurer le tour de lecture des personnes inscrites,
mais non fixer le jour où la parole leur sera accordée.
■
M. Bouniceau, en annonçant l'envoi prochain d'un septième Mémoire,
sur les Sangsues, adresse un numéro des « Annales d'agriculture de la Cha-
rente, » où se trouvent résumées quelques-unes de ses observations sur ces
Annélides.
M. l'abbe Roxiiox envoie une Note ayant pour titre : « Les neuf partages
égaux de la surface du globe. »
La séance est levée à 5 heures et demie. F.
C. R., i856, i" Semestre. (T. XLII, N° Jî.)
33
( 246 )
^ BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 4 février i856, les ouvrages dont
voici les titres :
Éléments de calcul infinitésimal ; par M. Duhamel; t. Ier. Paris, 1856; in-8°.
Catalogue îles brevets d'invention pris du Ier janvier au 3i décembre i854.î
dressé par ordre du Minislie de l'agriculture, du Commerce et des Travaux
publics. Paris, i855; in-8°.
Comptes rendus des séances et Mémoires de la Société de Biologie , t. Ier de la
ie série; année i85/j. Paris, i855; in-8°. (Offert au nom de la Société par
son président, M. Rayer.)
De l' Entéropathie métallique; par M. Armand Beaupoil. Bruxelles, i855;
tn-8°. (Adressé pour le concours Montyon, Médecine et Chirurgie.)
Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou. Année 1 854, •
nos 2, 3 et 4, et n° 1 de l'année i855 ; f\ livraisons in-8°.
Nova Jeta regiœ Societatis Scientiarum Upsaliensis ; 3e série; vol. I; in-4°-
Memorias... Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Madrid ; t. II;
Sciences mathématiques , Ve partie. Madrid, i853; in-4°.
Memorias... Mémoires de ï Académie royale des Sciences de Madrid ; t. Ier;
Sciences naturelles, partie III. Madrid, 1 854 ; in-4°.
The transactions... Transactions de la Société Linnéenne de Londres;
vol. XXI, IVe partie. Londres, i855; in-4°.
Proceedings... Procès-verbaux des séances de la Société Linnéenne de Lon-
dres ;n°» 59 à 66; in-8°.
An australian... Grammaire australienne contenant les principes et les règles
de la langue parlée par les habitants des environs de la rivière de Hunter et du
lac Macquarie; par M. Threlkeld. Sydney, 1 834 ; ïn-80..
A key... Clef de la structure de la langue australienne ; par le même. Syd-
ney, i85o; in-8°. (Offert au nom de l'auteur par M. Mac- Arthur, commis-
saire pour l'Australie à l'Exposition universelle.)
PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR 1/ ACADEMIE PENDANT
LE MOIS DE JANVIER 18i>6.
Annales de Chimie et de Physique; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze,
Boussingault, Regnault, de Senarmont ; avec une Revue des travaux de
Chimie et de Physique publiés à l'étranger, par MM. Wurtz et Verdet;
3e série, t, XLVI. Janvier i856; in-8°.
Annales des Sciences naturelles, comprenant la Zoologie, la Botanique, l'Ana-
tomie et la Physiologie comparée des deux règnes et l'histoire des corps organisés
( 247 )
fossiles; 4e série, rédigée, pour la Zoologie, par M. MlLNE Edwards; pour
la Botanique, par MM. Ad. Brongniart et J. Décaisse; tome IV; n° i ;
in-8°.
Annales de t' Agriculture française, ou Recueil encyclopédique d'Agriculture;
t. VI ; n° 1 2, et t. VII, n08 i et i ; in-8°.
Annales de la Propagation de la Foi; t. XXVIII, Ire partie ; in-8°.
Annales forestières et métallurgiques; décembre 1 855 ; in-8°.
Annuaire de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de
Belgique; année 1 856; in-12.
Annuaire de la Société météorologique de France ; t. III ; Pe partie. Bulletin
des séances, feuilles 17-23, IIe partie. Tableaux météorologiques, feuilles
28-3 1 .
Bibliothèque universelle de Genève; décembre i855; in-8°.
Bulletin de i Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de
Belgique; tome XXII, n°" 11 et 12; in-8°.
Bulletin de la Société géographique; décembre i855; in 8°.
Bulletin de la Société d'Encouragement pour £ industrie nationale; novembre
et décembre 1 855 ; in-4°.
Bulletin de la Société d'Etudes scientifiques et archéologiques de la ville de
Draguignan; janvier, i856; in-8°.
Bulletin de la Société française de Photographie; décembre i855 et janvier
I856;in-8°.
Bulletin de la Société géologique de France; t. XII, feuilles 43 à 5i, et
t. XIII, feuilles r et 2 ; in-8°.
Bulletin de la Société médicale des Hôpitaux; n° 17; in-8°.
Journal d'Agriculture pratique ; t. V, n°* 1 et 2; in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie , de Toxicologie ; janvier i856;
in-8°.
Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; novembre et
décembre i855;in-8°.
Journal de Mathématiques put es et appliquées ou Recueil mensuel de Mémoires
sur les diverses parties des Mathématiques; publié par M. JOSEPH LlOUVlLLE;
novembre i855 ; in-4°.
Journal de Pharmacie et de Chimie; janvier 1 856 ; in-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; n°9 10-12; in-8°.
La Revue thérapeutique du Midi; n° 12 de i855, et nos 1 et 2 de t 856; in-8°.
L'Art médical, journal de Médecine générale et de Médecine pratique; jan-
vier i856;in-8°.
Le Moniteur des Comices et des Cultivateurs; n° 3; in-8°.
( ^48 )
L Unité. Journal de Pathologie générale et spéciale, théorique et pratique;
janvier i856; in-8.
Le Technologisle ; janvier «856;in-8°.
Magasin pittoresque ; janvier :856; in-8°.
Nouveau Journal des Connaissances utiles; n° 9; in-8".
Nouvelles Annales de Mathématiques, journal des Candidats aux Ecoles Po-
lytechnique et Normale ; décembre 1 855, et janvier 1 856 ; in-8°.
Répertoire de Pharmacie ; janvier 1 856 ; in-8°.
Revue agricole et horticole. Bulletin de la Société d'Agriculture et d Horticul-
ture du Gers; 4e année; n° 1; in-8°.
Société impériale et centrale d'Agriculture. Séance publique de rentrée tenue
le mercredi 19 décembre 18 jj; présidence de M. CHEVREUL. Paris, 1 855 ;
br. in-8°.
La Presse Littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; nos i-3 ;
L Agriculteur praticien ; n™ 6 à 8; in-8°.
Revue de Thérapeutique médico- chirurgicale; nos 1-25 in-8°.
Bulletin de l'Académie impériale de Médecine; t. XXI, n"9 5-8; in-8°.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; table
du iersemestre 1 855, n° 27 ; 2e semestre 1 855 ; Ier semestre i856; n"" i-,j.
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et
de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; t. V1I1; i-4e livraisons; accom-
pagnées du titre et de la table du t. VI.
Gazette des Hôpitaux civils et militaires ; nos 1 - 1 3.
Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; titre et table de Vannée
i855;n°' 1-4.
Gazelle médicale de Paris; n°* 1-4.
L'Abeille médicale; nos i-3.
La Lumière. Revue de la Photographie; n" \-l\.
L Ami des Sciences; noa i-4-
La Science pour tous; n°8 4-8.
L Athenœum français. Revue universelle de la Ltitei<au, t,de la Science et
des Beaux- Arts, nos 1-5; accompagnée du Bulletin archéologique du mois de
décembre 1 855.
Le Moniteur des Hôpitaux; nos i-i3.
Le Progrès manufacturier ; nos 35-3^.
Revue des Cours publics; n°* 1-4.
Reforme agricole, scientifique, industrielle ; noa 84 et 85.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 11 FÉVRIER 1856.
PRÉSIDENCE DE M. BINET.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Flourens fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de l'Eloge
historique de Léopold de Buch , qu'il a prononcé dans la séance publique
du 28 janvier.
« M. Delaunay, en présentant à l'Académie un exemplaire d'un Traité
de Mécanique rationnelle qu'il vient de publier, lit la Note suivante
destinée à expliquer l'objet qu'il s'est proposé en faisant cette publi-
cation :
» Depuis quelques années, l'enseignement de la Mécanique à l'École
Polytechnique a été complètement modifié, et il en a été de même de la
partie de cette science qui est exigée pour l'admission à l'École. Mais cela
n'a pas pu se faire sans qu'il en résultât de grandes difficultés. Les pro-
fesseurs des divers établissements de Paris et des départements où étudient
les candidats à l'École Polytechnique, n'étaient nullement préparés au
nouvel enseignement ; d'un autre côté, malgré les détails dans lesquels on
est entré dans la rédaction du Programme, ils ont de la peine à savoir au
juste dans quel esprit ils doivent faire leurs leçons. Aussi arrive-t-il que les
élèves admis à l'École y apportent des notions très-diverses sur les éléments
de la Mécanique, notions qui sont souvent insuffisantes, et sur lesquelles il
est difficile de greffer convenablement l'enseignement de l'École.
C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 6.) 34
( a5o )
» En ma qualité de professeur de Mécanique à l'École Polytechnique,
j'ai cru qu'il était de mon devoir de chercher à faire disparaître ces diffi-
cultés. C'est en grande partie ce qui m'a déterminé à publier un ouvrage
qui présentât d'une manière méthodique, et comme ne formant que des
portions d'un même tout, l'ensemble des connaissances de Mécanique ra-
tionnelle exigées pour l'admission à l'Ecole et enseignées à son intérieur :
cet ouvrage est donc particulièrement destiné à établir un lien intime entre
les deux enseignements que les élèves reçoivent successivement sur la Mé-
canique, avant leur entrée à l'École, et après qu'ils y sont admis.
« Mais je dois dire que ce n'est pas là le seul objet que j'aie eu en vue en
faisant cette publication. Loin de partager les idées de ceux qui veulent
qu'on abaisse le niveau des études, sous prétexte de rendre l'enseignement
plus pratique, j'ai toujours pensé qu'un enseignement, quel qu'il soit, ne
saurait jamais être trop élevé, pourvu toutefois qu'il ne dépasse pas la portée
de l'intelligence de la majorité des personnes auxquelles il s'adresse. Et, si
cela est vrai dans tous les cas, à plus forte raison cela est-il vrai quand il
s'agit de l'École Polytechnique, dont l'enseignement, destiné à être com-
plété par celui des écoles d'application , doit conserver essentiellement le
caractère d'un enseignement général. Depuis que je suis chargé d'y pro-
fesser la Mécanique, j'ai fait tous mes efforts pour maintenir mon en-
seignement au niveau le plus élevé qu'il soit possible de lui donner. En
publiant l'ouvrage dont je présente aujourd'hui un exemplaire à l'Académie,
je me suis proposé d'atteindre le même but; j'ai voulu formuler le nouvel
enseignement de la Mécanique conformément à cette manière de voir. Je
m'estimerai très-heureux s'il peut contribuer pour sa faible part à main-
tenir les études à un niveau d'où il serait très-fâcheux qu'on cherchât à les
faire descendre. »
MAGNÉTISME TERRESTRE. — M. Le Verrier, en communiquant une Note
de MM. Goujon et Liais, en réponse à celle présentée par M. Laugier dans
la séance précédente, entre dans les considérations suivantes :
« Dans la séance du 21 janvier dernier, dit-il, j'ai fait connaître que les
déterminations de la déclinaison magnétique, faites présentement en la
place du pavillon Central dans notre Observatoire, doivent être diminuées
de 6' 39", tandis que les inclinaisons mesurées dans le même lieu doivent
être, au contraire, augmentées de 6' 3". Dans la dernière séance, et en mon
absence, M. Laugier a cherché à jeter des doutes sur cet important résultat,
en s'appuyant sur un petit nombre de mesures prises à l'Observatoire jus-
. ( a5i )
qu'en i853, et sur des observations faites par lui en i854, au dehors de
l'Observatoire.
» Le but que s'est proposé M. Laugier est trop évident. Malgré les mé-
nagements gardés dans la rédaction de mon article du ai janvier, s'il de-
meure établi que les mesures prises à l'Observatoire sur le magnétisme ont
besoin de corrections considérables et qui certainement n'ont pas été les
mêmes à toutes les époques antérieures, il est clair que les déterminations faites
dans les dix-huit dernières années sur la mesure absolue de la déclinaison et
de l'inclinaison perdent, pour ne rien dire de plus, beaucoup de leur valeur.
M. Laugier, qui a pris une grande part à ces opérations, cherche donc à
échapper à cette conséquence. Je regrette que les exigences de la science
ne permettent point de lui faire à cet égard aucune concession (i), et d'être
forcé de montrer que si les observations de M. Laugier ont été insuffisantes
dans le passé, la discussion par laquelle il cherche à les réhabiliter est
absolument fausse.
» Un mot sur le regret exprimé par M. Laugier, que ses travaux
n'aient pas été cités par nous. Mais nous n'eussions pu le faire que pour
les critiquer, et l'on n'eût pas manqué de se plaindre alors de ce qu'on
eût appelé une attaque; nous préférons que la nécessité où nous sommes
amené de prouver l'inexactitude des travaux antérieurs ne vienne pas de
nous. On ne comprendrait point, enfin, pourquoi M. Laugier aurait at-
tendu d'avoir quitté l'Observatoire, pour entreprendre, à la fin de iS54,
par une campagne extérieure, une vérification devenue impossible de ses
travaux intérieurs, si l'on ne savait que la question avait été agitée par
nous dès le commencement de 1 854 à l'Observatoire, que personne n'igno-
rait quel plan nous nous proposions de suivre pour arriver à connaître les
erreurs magnétiques de l'Observatoire de Paris, et que l'exécution du tra-
vail avait été seulement renvoyée, pour plus d'intérêt, à l'époque où les
nouveaux instruments enregistreurs seraient sur le point de fonctionner.
» Laissons de côté la correction de l'inclinaison, qu'on a passée sous
(i) Dans une autre circonstance où j'avais été conduit à signaler ce fait, qu'on a publié
dans le passé des observations météorologiques dont il n'y a pas de traces dans les registres,
M. Laugier put, sans être contredit par moi , répondre qu'il s'agissait uniquement d'observa-
tions interpolées à de très-faibles intervalles, tandis qu'il est vrai qu'un grand nombre d'ob-
servations manquent complètement et absolument, et ont été suppléées à l'impression- par
des nombres à peu près arbitraires. Une aussi grande condescendance de ma part n'est plus
possible aujourd'hui.
34-
( 252 )
silence, quoiqu'elle ait bien son importance; et attachons-nous à la cor-
rection de 6' 3ç/', dont ont besoin les mesures de déclinaison prises au lieu
du pavillon Central, correction que M. Laugier nie en ces termes :
« Quant à moi, je persiste à croire, au contraire, que l'influence des
» attractions locales n'est pas sensible. »
» Pour étayer son opinion, pour contredire nos opérations de i855,
M. Laugier ne dispose ni d'observations faites à la même époque, ni d'ob-
servations faites dans le même lieu. Mais il se livre à des calculs pro-
lixes (i), à des combinaisons inadmissibles d'observations non comparables
entre elles, oublie les corrections les plus indispensables, et extrapole
pour déduire des résultats qu'il rencontre des considérations relatives à
une époque postérieure ; c'est ainsi qu'il entend contester des observations
directes, faites dans des lieux où lui-même n'a pas opéré. Avant de suivre
M. Laugier sur un tel terrain et de montrer les vices radicaux de sa mé-
thode, ainsi que les erreurs qu'il accumule en l'appliquant, prouvons par
une voie plus simple la fausseté nécessaire de cette assertion, que l'in-
fluence des attractions locales ne serait pas sensible dans les pavillons
magnétiques de l'Observatoire.
» Nous avons dit (séance du 21 janvier) qu'il résulte de nos travaux
qu'entre la déclinaison mesurée dans le pavillon de l'Est et celle mesurée
dans le pavillon de l'Ouest, il y a une différence de 6' 16". Cette diffé-
rence, à laquelle ne s'appliquent pas les objections de M. Laugier, est cer-
taine et à l'abri de tout conteste.
» Les observations intérieures à l'Observatoire doivent être bonnes à
cause des circonstances javorables dans lesquelles elles ont été faites ( ce
sont les propres expressions de M. Laugier lui-même). Qu'importe d'ailleurs,
dans ce cas, l'erreur constante d'une boussole ( objectée par M. Laugier)
puisqu'il s'agit simplement de la mesure de la différence des indications
fournies par l'instrument en des stations distantes l'une de l'autre de quel-
ques mètres seulement? La détermination du méridien n'est même plus
nécessaire, et il suffit de rapporter la direction de la boussole à la première
ligne droite venue.
» Ainsi, il n'a pu se glisser aucune erreur dans la mesure de cette diffé-
(1) A cause de la longueur extra-réglementaire de l'article, il a fallu demander à l'Aca-
démie la permission d'imprimer. Cette permission, qui n'est jamais refusée, ayant été men-
tionnée en note, il est bon de constater que cela n'implique pour l'Académie aucune espèce
de solidarité dans les erreurs que je signale.
( a53 )
rence de 6' 16" entre les deux stations Est et Ouest. Mais, en outre, nous
allons montrer que l'accroissement de la déclinaison apparente de l'aiguille,
à mesure qu'on prend une station plus Est, résulte des propres observations
antérieures de M. Laugier lui-même.
» Le Ier et le 6 décembre i85o, M. Laugier mesure la déclinaison,
avec une boussole de Gambey, dans le pavillon Central et dans le pavillon
de l'Est successivement, et il trouve une différence de 3' \ entre les deux
résultats.
» Le 4 du même mois et avec une boussole à pivot de M. Brunner, le
même observateur trouve une différence de 5' \.
» La moyenne de ces deux mesures est de 4' i- C'est cette discordance à
laquelle M. Laugier déclare, dans sa Note, avoir eu la prudence de ne pas
s'arrêter. Nous avouons humblement ne rien comprendre à cette pru-
dence : nous avions toujours cru que lorsqu'un astronome arrive à faire
deux mesures discordantes entre elles, il a pour premier devoir, s'il veut
prendre rang parmi les observateurs sérieux, de chercher la raison de cette
discordance, et de s'assurer si elle est le résultat de l'imperfection des in-
struments ou de quelque variation dans le phénomène lui-même dont on a
entrepris la mesure.
» Il demeure donc établi, soit par nos mesures, soit par les mesures anté-
rieures, que les observations faites dans les divers pavillons présentent des
discordances très-notables. Or comment soutenir, en présence de ce fait,
que l'influence des attractions locales est insensible dans les pavillons (i)?
Le but de cette prétention est trop clair. Mais si l'on tient à donner aux
anciennes observations une valeur réelle, pense-t-on y arriver en niant
l'évidence; et ne vaudrait-il pas mieux chercher, s'il est possible, à décou-
vrir les corrections dont ces observations ont besoin?
» La fausseté des conclusions du travail de M. Laugier étant ainsi prou-
vée, il nous reste à montrer en quoi sa méthode et l'application qu'il en a
faite sont vicieuses ; et c'est ce que nous ferons en empruntant, sur ce point,
les termes de la Note de MM. Goujon et Liais.
« On sait, disent ces Messieurs, que les éléments magnétiques varient
» sans cesse dans un même lieu. Quelques-unes de ces variations sont
» périodiques; d'autres sont purement accidentelles. Ces dernières sont
(i) Dans le cas où M. Laugier croirait devoir persister dans cette assertion, nous l'enga-
geons à venir auparavant sur les lieux mêmes, procéder à une vérification expérimentale de
nos résultats.
( ^54 )
» assez grandes pour produire sur les déclinaisons moyennes de deux jours
» du même mois des différences qui atteignent assez fréquemment jusqu'à
» 20 minutes. Il résulte de là qu'une déclinaison , calculée pour un jour
» donné à l'aide d'observations antérieures, ne peut être exacte, même
» en tenant compte de toutes les variations périodiques connues, qu'à une
» dizaine de minutes près.
» Dans le tableau publié par M. Laugier (1), et composé des observations
» insérées dans YJnnuaire du Bureau des Longitudes, de 1848 à i853, on
» trouve des différences annuelles qui varient sans aucune loi apparente,
» de 2 à 7 minutes. C'est cependant avec ces données que M. Laugier a
» calculé un changement annuel qu'il regarde comme constant (2), et dont
» il se sert pour infirmer nos observations, sans avoir aucunement égard
» aux perturbations accidentelles.
» Pour prouver combien peu on doit se fier à des calculs de ce genre,
» nous allons faire voir qu'ils sont inadmissibles même pour des moyennes
» mensuelles. En effet, appliquons à l'une des séries d'observations de
» M. Arago le système de. discussion dont s'est servi M. Laugier, et propo-
» sons-nous de calculer la déclinaison moyenne d'avril 1823 à l'aide des
» déclinaisons moyennes du même mois, observées pendant les années 1 82/j-
» 25-26-27-28-29-30 , dont l'intervalle embrasse aussi sept années comme
» dans le calcul de M. Laugier. On obtient ainsi pour déclinaison en
» avril 1823, 220 25' 8". Or M. Arago a trouvé, 22°io/4i" (3). Le calcul
» et l'observation diffèrent de 5'27". Cette différence est d'autant plus
» remarquable, qu'elle s'applique à une moyenne mensuelle, qui doit être
» bien moins affectée par les perturbations accidentelles qu'une détenni-
» nation isolée, comme celle que considère M. Laugier.
» Ainsi la méthode suivie par M. Laugier est inadmissible en principe,
» même lorsqu'il est permis de négliger les variations périodiques annuelles
» comme dans l'exemple que nous venons de traiter, où il s'agissait de dé-
» clinaisons moyennes prises dans le même mois. Mais M. Laugier n'opérait
« pas dans des conditions semblables, et une seconde erreur dans sou travail
» provient de ce qu'il a calculé une déclinaison pour le mois de septembre
» à l'aide d'observations faites en décembre, sans avoir égard à l'influence
» des variations périodiques. Pour tenir compte de ces variations, il faut
(1) Page 178 du Compte rendu.
(2) La diminution annuelle de la déclinaison n'est pas constante. On sait qu'actuellement
elle va en croissant. Ainsi, en i83o, elle n'était que de 1 à 2 minutes.
(3) OEuvres d'Arago. — Notices scientifiques, tome I, page 5o2.
( a55 )
» remarquer que la différence entre les maximums diurnes de septembre
» et de décembre n'est pas la même que celle qui existe entre les moyennes
» diurnes, parce que la variation diurne est beaucoup plus faible en sep-
» tembre qu'en décembre. En recourant aux observations de M. Arago,
» on trouve que le maximum diurne de septembre dépasse de 2', 43 celui
« de décembre, indépendamment de l'excès qu'il présente par l'effet de la
» diminution séculaire. Au résultat du calcul de M. Laugier pour la décli-
» liaison magnétique maximum au pavillon Central de l'Observatoire, le
» 2 septembre 1 854 •> d eût donc fallu ajouter 2', 43, ce qui donne
» 20°i3', 18. Or M. Laugier a déduit pour le même point de ses obser-
» vations faites sur l'enceinte continue, 20°8',o,4. La différence est donc
n 4'»a4 et non i',8i comme il l'a imprimé. En admettant même la possi-
» bilité d'une telle discussion, il resterait encore pour le pavillon Central
» une correction de 4'>24> résultat qui se rapproche trop des 6' 39" que
» nous avons trouvées directement, pour être employé à jeter des doutes
» sur l'exactitude de notre travail. Mais, répétons-le encore, aucun calcul
» ne peut être substitué à une observation directe.
» La boussole des variations diurnes établie dans la salle méridienne a été
» observée pendant la série de nos» déterminations. A l'aide de ces indica-
» lions, comparées à nos mesures absolues, nous avons pu obtenir la valeur
» de la déclinaison maximum diurne du lieu de l'Observatoire pour un assez
» grand nombre de jours de septembre i855. Cette partie de notre travail
» n'a pas encore été publiée. On y voit que le 6 septembre, par exemple, le
» maximum était io,°56',82, et le 8, 2o"3',83. D'après cela, si nous avions
» rapporté toutes nos observations au maximum du 8 au lieu de les rap-
» porter au 7 à 2h3om du soir, tous les nombres auraient été augmentés
» de 6' 5". La déclinaison déduite de nos observations faites dans la cam-
» pagne s'accorderait alors avec la déclinaison calculée par M. Laugier
» à l'aide du changement annuel qu'il a trouvé. En effet, ses observations
» de l'enceinte continue donnent pour le lieu de l'Observatoire, le 2 sep-
» tembre 1 854, une déclinaison de 20°8',o,4- Le changement annuel étant
» de — 5', 20, nous devions trouver d'après lui, le 8 septembre 1 855,
» 20°3',74- C'est à sept centièmes de minute près le nombre que nous
» avons donné plus haut.
» Quoiqu'il ne faille pas attacher d'importance à un accord que font
» et défont les perturbations , cependant ce fait prouve encore que
» M. Laugier ne peut pas se fonder sur ses observations pour émettre
» des doutes sur l'exactitude des nôtres.
» I^es observations d'intensité relative dont parle M. Laugier ont été
( a56 )
» faites en avril i84i, mais elles n'ont pas été calculées et les moyens de
» réduction manquent, aucune trace n'existant de la détermination des
» corrections des aiguilles. En outre, pût-on même les réduire, il ne serait
» pas possible d'en rien conclure de précis, puisqu'il n'a été observé aucun
» instrument des variations d'intensité pendant ces déterminations. Les
» observations alors effectuées étaient seulement suffisantes pour faire voir
» qu'il n'existait pas de fortes différences dans l'intensité sur les divers
>> points de la terrasse. C'est ce que confirment nos observations, qui tou-
» tefois mettent en évidence les variations réellement existantes et en
» donnent la mesure. »
» Les volumineux documents sur lesquels est fondé le travail de
MM. Goujon et Liais ne sauraient être insérés dans les Comptes rendus, et
seront publiés ultérieurement. Sur la demande qu'on en a faite, nous
donnons, dès à présent, les valeurs de la déclinaison obtenue dans les
quatre stations situées en dehors de Paris. Ces déclinaisons sont toutes
rapportées au 7 septembre i855 à ah3om (1) :
Monirouge i9°57' 5i"
Plaine Saint-Denis 19.56.27
Vincennes 1 9 . 52 . 5o
Saint-Cloud 20 . 4 ■ 4^
» La station de Montrouge était à 160 mètres du chemin de fer de
Sceaux (2). On a fait une deuxième détermination à 100 mètres du même
chemin de fer. Les deux résultats ont été identiques à quelques secondes
près.
» La ligne qui joint les stations de Vincennes et Saint-Cloud et celle qui
relie les stations de Montrouge et de la plaine Saint-Denis passent sensible-
ment par l'Observatoire. En répartissant les différences proportionnelle-
ment aux distances, on obtient pour déclinaison magnétique à l'Obser-
vatoire :
Par les deux premières stations 19°^l' 53"
Par les deux autres 19. 5^ .87
(1) Étant responsable de la fidélité du compte rendu de la séance, je devais nécessairement
remarquer que ces déclinaisons n'ont pas été communiquées à l'Académie. M. Le Verrier
n'ayant pas apporté les chiffres n'a pu les produire lorsqu'ils lui ont été demandés. Cepen-
dant, moyennant cette observation, je crois pouvoir m'abstenir de m' opposer à leur
insertion. ( Note du Secrétaire perpétuel.)
(2) lit non à 60 mètres, comme l'a dit M. Laugier à la séance.
(,57 )
» Les valeurs trouvées à Montrouge et dans la plaine Saint-Denis sont
trop peu différentes pour qu'il y ait lieu d'en conclure un changement
avec la latitude. Les cartes n'indiquent pas, en effet, de variation qui
puisse être sensible pour de si petites distances. Les déclinaisons obtenues
à Vincennes et à Saint-Cloud montrent un changement avec la longitude
et qui est de o',70 par kilomètre. Ce nombre sera trouvé un peu fort, si l'on
a égard aux anciennes déterminations faites dans nos régions. Toutefois, ce
résultat ne semble pas provenir d'erreurs d'observation : car cette petite
anomalie se représente entre les intensités des deux stations. Nous ajou-
terons d'ailleurs qu'elle se retrouve encore dans les observations faites par
M. Laugier sur l'enceinte continue.
» En résumé, les influences des attractions locales dans les divers pa-
villons magnétiques sont incontestables; elles résultent de nos propres
mesures et de celles de nos prédécesseurs eux-mêmes.
» Les corrections données par nous pour l'époque actuelle sont indis-
pensables. Le travail par lequel on a cherché à les contester est faux en
principe et dans les détails.
» Si l'on peut parvenir à sauver les anciennes observations, ce ne sera
pas en niant, contre toute évidence, les causes d'erreur qui les ont affectées,
mais en cherchant à en donner la mesure. »
Réponse de M. Laugier.
« Mi Le Verrier vient de faire à mon Mémoire deux objections prin-
cipales que je vais réfuter facilement.
» i°. M. Le Verrier, en parlant de mes calculs, prétend qu'ils ne sont
pas exacts, parce que les déclinaisons calculées que j'ai comparées aux
déclinaisons observées sont des nombres extrapolés et non interpolés.
» Voici ma réponse :
» Les nombres que M. Le Verrier considère comme extrapolés sont : la
la déclinaison magnétique du pavillon Central du jardin de l'Observatoire
pour le 2 septembre 1 854, et les diverses déclinaisons déduites des quatre
observations de l'enceinte continue.
» Les autres nombres étant donnés par l'observation directe, il n'en peut
être question ici.
» Or la déclinaison du pavillon Central du jardin de l'Observatoire pour
le 2 septembre 1 854 a été conclue [voir p. 1 79) en considérant sept déclinai-
sons observées de *i 848 à i855. Comme la date du 2 septembre 1 854 est
C. R. i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 6.) . 35
( a58 )
comprise entre 1848 et i855, il y a eu interpolation et non extrapolation,
comme le prétend M. Le Verrier.
» Il en est de même des déclinaisons du 1 septembre i854 que j'ai
calculées au moyen de la formule
Déclin. = 20 6', 61 — 0.8606 x — 0.52.67 y,
pour l'Observatoire et le jardin de la Maternité, car ces deux stations sont
situées dans l'intérieur de Paris. Je n'ai donc pas conclu de l'intérieur à
l'extérieiïr, mais bien de l'extérieur à l'intérieur. J'ai donc interpolé et non
extrapolé.
» En résumé, pour qu'il y eût extrapolation, il faudrait que j'eusse consi-
déré des déclinaisons d'une année qui ne fût pas comprise entre 1848
et i855.
» Or c'est ce que je n'ai pas fait : les deux seules dates pour lesquelles
les déclinaisons ont été calculées étant le 1 septembre 1 854 et le 7 sep-
tembre i855, le reproche que M. Le Verrier m'adresse n'a aucun fonde-
ment, et on se demande ce qu'il a pu vouloir dire en parlant d'extrapola-
tion à l'occasion de mes calculs.
» a°. Je passe à la seconde objection.
» Dans le calcul de la déclinaison de la Maternité pour le 1 septem-
bre i854, vous avez considéré, dit M. I^e Verrier, des déclinaisons obser-
vées dans les mois de septembre, de novembre, de décembre des différentes
années comprises entre 1848 et 1 855. Or on sait qu'indépendamment des
variations annuelles, il y a des variations mensuelles dont vous n'avez pas
tenu compte ; par conséquent, tous vos résultats sont faux.
» Je réponds à cette objection par des chiffres. On peut voir dans la
noie (() les moyennes des déclinaisons de chaque mois conclues des obser-
vations de M. Arago, et affectées des variations mensuelles; on jugera s'il
(1) Il importe d'expliquer ici ce qu'on enLend par variations mensuelles de la déclinaison
magnétique.
Si l'aiguille restait immobile dans sa |K>sition moyenne, elle semblerait correspondre pen-
dant plusieurs jours consécutifs aux mêmes divisions d'une échelle graduée, mais bientôt ,
en vertu de la variation annuelle, elle s'écarterait de cette position pour se rapprocher du
méridien astronomique d'une quantité dont la valeur journalière est actuellement de o",86.
Mais les choses ne se passent pas ainsi. L'aiguille exécute autour de sa position moyenne des
oscillations dont l'amplitude est variable d'un mois à l'autre et même d'un jour à l'autre. Ce
sont ces différences qui constituent les variations mensuelles. Voici la valeur moyenne de
l'amplitude des oscillations, déduites des observations de M. Arago de 1820 à i83o, pom
f a59 )
y avait lieu de prendre en considération ces variations mensuelles de la
déclinaison; les faibles anomalies que l'on rencontre ne sauraient être
invoquées contre l'exactitude de mes résultats, si l'on remarque qu'il s'agis-
sait pour moi de connaître surtout le mouvement annuel en déclinaison
les mois où ont été faites les observations consignées daus mon Mémoire :
SEPTEMBRE. OCTOBRE. NOVEMBRE. DÉCEMBRE.
Valeur moyenne de l'amplitude totale. . . ii'.i4" ii'.i" 8'.49" 6'. 12".
D'autre part ( OEuvres de François Arago , tome Ier, page 5o3) , en appelant déclinaison de
chaque jour la moyenne entre la déclinaison maximum et la déclinaison minimum, et en
nommant déclinaison moyenne du mois la moyenne des déclinaisons journalières, on ob-
tient le tableau suivant des déclinaisons mensuelles pour les mois de septembre, octobre,
novembre et décembre :
ANNEES. 1
SEPTEMBRE.
OCTOBRE.
NOVEMBRE.
DÉCEMBRE.
1
> / // '
0 1 II
• / II
» ; Il
182O 22
.22.52,25
22. 22. 10,62
22.21 .46,02
22.21 .27 ,37
l82!
21 .23,67
2!. 24, 79
2 1 .54,63
2r .20,48
l822
20.58,4o
20 . 44 , ' 8
20.22,96
31. 5,43
l823
19.21 , 12
• «9-48,99
20. 7,51
• !9 '7>37
l824
20. 18,75
20.39,69
20 . 6,12
19.41,14
l825
19. 19,15
19.44,12
'9l5>97
17.52,72
1826
17. 5,85
16.19,74
16. 9,64
i5.53,o8
1827
i3.i5,83
12.32,98
12.41 ,78
1 1 .57,63
]828
10.53,27
10.23,99
10.48,50
9.57,05
1829
8.34,26
7.41,13
8^5,37
9.36,19
i83o
5. 16,70
5. 3,4i
5.40,74
6.59,87
Moyennes ... 22 .
16. 18, 1 1
22.16. 3,b6
22.16. 6,3o
22. i5 55, 3o
La moyenne correspondante à chaque mois donne des nombres dont les différences d'un
mois à l'autre sont dues à la variation annuelle. Pour y faire entrer les variations mensuelles,
il faut ajouter à chacun d'eux la demi-amplitude mensuelle. On aura de cette manière, pour
une époque moyenne :
SEPTEMBRE. OCTOBRE NOVEMBRE. DÉCEMBRE.
o t » o f 11 o 1 i, o f 1,
Valeur de la déclinaison moyenne. .. . 22.16-18 22 16. 3 22.16.6 22. i5.55
Demi-amplitude mensuelle -+- 5.37 4- 5.3o -f- 4-2^ -f- 3. 6
Valeur de la déclinaison maximum. .. . 22. 21. 55 22. 21. 33 22.-2o.3i 22.19. '
Les nombres de la dernière ligne sont affectés de la variation annuelle et de la variation men-
suelle. On peut juger, par l'accord qu'ils présentent, du peu d'importance de l'erreur qui
résulte de l'omission des variations mensuelles, quand il s'agit de conclure, comme je l'ai
fait d'un intervalle de sept années, le mouvement annuel de déclinaison.
35..
( 2ÔO )
que j'ai employé dans mon calcul pour transporter au 7 septembre i85S
la formule empirique du 1 septembre i854, et que six des déclinaisons
dont j'ai fait usage ont été mesurées dans les mois de novembre et décem-
bre, où les variations mensuelles sont presque identiques.
» Cette seconde objection de M. Le Verrier n'est donc pas plus fondée
que la première, et les conclusions de mon Mémoire subsistent en entier.
» Ces conclusions sont comprises dans le tableau de la page 182 que je
reproduis ici.
STATIONS.
DÉCLINAISON
observée.
DÉCLINAISON
calculée.
CALCUL
moins observation.
0 /
20. 3,5
20 . 9,1
20. 2,0
20 . 1 1 , 7
20. 10, 80
20. 10,75
20. 4,4°
20 . 0 , 1
20. 5,90
20. 6,37
0 /.
20. 3,92
20. IO, I I
20. 1,66
20. 12,71
20 9,49
20. 9,77
20. 4 '53
20. 4,53
20. 4>53
20. 4>53
/
+ 0,42
-+- i ,01
— o,34
4- 1 ,01
— 1 ,3i
— 0,98
-+- o,i3
+ 4,43
— «,37
— >,84
Bastion n° 88
Observatoire, pavillon Central,
2 septembre i854 (interpolé).
Observatoire , pavillon Central .
Nouveau pavillon magnétique. .
» On voit que toutes les observations de l'intérieur de Paris sont
représentées, et s'accordent avec mes quatre observations de l'enceinte
continue; qu'en mettant de côté la seule observation du pavillon de l'Ouest,
les déclinaisons des trois autres pavillons concordent assez bien entre elles.
» Ainsi la question capitale, la question de savoir s'il faut ou non appli-
quer aux déclinaisons du pavillon Central la correction de 6' 3o/' dont parle
M. Te Verrier, se trouve sinon tranchée définitivement, du moins ajournée
à l'époque où l'on pourra disposer d'un plus grand nombre d'observations.
» // résulte de mes observations de 1 854 que les déclinaisons du pavillon
Central, le seul dans lequel M. Arago ait observé ou ait fait observer, ne
doivent recevoir aucune correction.
» Où doit-on donc trouver cette différence de 6' 3ç/' ? Je dis qu'il faut la
chercher dans les déclinaisons des stations extérieures de MM. Goujon et
Liais. Or, dans mon Mémoire, j'avais donné pour ces stations les déclinaisons
( =6i )
qui résultent de ma formule; j'avais ajouté : « J'aurais désiré en faire la
» comparaison immédiate avec les nombres que MM. Goujon et Liais ont
» obtenus au nord, au sud, à l'est et à l'ouest de Paris ; malheureusement
» ces nombres n'ont pas été publiés dans la Note de M. Le Verrier. » Celait
en demander la publication autant que je pouvais le faire; et j'ai été fort
étonné en entendant la réponse de M. Le Verrier, de voir qu'il n'y était
nullement question de ces observations.
» Ces quatre déclinaisons des stations extérieures ont seules fourni à
M. Le Verrier les corrections qu'il propose, il aurait pu les publier dans sa
première Note; elles appartiennent désormais à la discussion, et M. Le
Verrier se devait à lui-même de les mettre aujourd'hui sous les yeux de
l'Académie. Pour ma part, je suis porté à croire qu'elles renferment la con-
damnation de son système.
» Cette condamnation se trouve, du reste, dans les mesures de l'inclinai-
son magnétique qu'il a publiées. L'accord satisfaisant qu'on remarque dans
ces inclinaisons montre combien sont hasardées les corrections de la Note
de M. Le Verrier.
» Quant à mes conclusions, j'ajoute qu'elles n'auraient pas été modi-
fiées, si, au lieu de trouver entre les diverses déclinaisons observées et cal-
culées un accord dont je suis moi-même étonné, j'avais rencontré de ces
discordances qui sont acceptables lorsqu'il s'agit d'observations magnéti-
ques. Quoi qu'il en soit, ce qui dans mon travail me paraît devoir fixer
l'attention, c'est le nouveau plan que je soumets au jugement des physi-
ciens : ainsi, tout en continuant d'observer à la même place les valeurs
absolues des éléments magnétiques et leurs variations, je propose en outre
de rechercher préalablement dans chaque lieu les directions d'égale décli-
naison et de plus rapides variations, et d'y observer en différents points les
indications des divers instruments magnétiques. En adoptant ce plan, des
observateurs aussi habiles que MM. Goujon et Liais, qui ont à leur disposi-
tion le beau matériel dont M. Arago a doté l'Observatoire, auront sans
doute l'occasion de faire d'importantes remarques. J'ai dû me borner à
répondre à M. Le Verrier, ne connaissant pas les critiques que ces Mes-
sieurs adressent aujourd'hui même à l'Académie, sur mon travail.
» Avant de terminer, je vais citer un passage du tome Ier des OEuvres
de M. Arago, qui n'est pas étranger à la discussion actuelle. Voici ce
passage :
« L'Observatoire proprement dit s'est augmenté depuis quelques an-
» nées d'un amphithéâtre, situé à l'ouest, dont le toit en zinc repose sur
( 262 )
» des fermes en fer. Plus récemment la tour orientale de l'ancien observa-
» toire a reçu un toit nouveau colossal, dans l'exécution duquel est entrée
» une immense quantité de fer. Les deux masses sont éloignées de la co-
» lonne sur laquelle les inclinaisons ont été mesurées, de 72 mètres.
» Nous avons tout lieu de croire, à la suite de divers essais, qu'à cette
» distance les deux masses dont nous venons de parler, n'ont pas agi
» d'une manière sensible sur les phénomènes de l'aiguille aimantée. »
» Ce passage prouve que M. Arago n'avait pas négligé d'étudier l'in-
fluence des fers dont sont entourés les instruments magnétiques de l'Obser-
vatoire.
» Il ne pouvait en être autrement. M. Arago, qui a consacré de si longues
années à l'étude des phénomènes magnétiques, qui a fait sortir de l'Obser-
vatoire-de Paris les principales notions qu'on possède aujourd'hui sur le
magnétisme terrestre, telles que les variations diurnes de l'inclinaison et de
l'intensité, la simultanéité des mouvements de l'aiguille de déclinaison
dans des stations très-éloignées, l'influence qu'exercent sur les aiguilles
les aurores boréales, etc., M. Arago, enfin, qui a contribué si puissamment
à la création de cette immense réseau d'observatoires magnétiques qui
couvrent l'Europe et une partie de l'Asie, ne pouvait oublier de prendre,
dans l'observatoire qu'il dirigeait, toutes les précautions nécessaires à la
précision des résultats déduits de ses observations. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS
M. le Ministre des Affaires étrangères transmet un Mémoire sur le trai-
tement des minerais argentifères, que l'auteur, M. Poumarède, Français
résidant au Mexique, désire soumettre au jugement de l'Académie.
« Ma position au Mexique, dit M. Poumarède dans la Lettre qui accom-
pagne son Mémoire, m'a mis à portée de reconnaître les inconvénients que
présentent les méthodes de traitement actuellement suivies dans ce pays, et
m'a permis d'observer certains faits qui ont servi de base -aux innovations
que je propose et que je viens soumettre à la haute appréciation de l'Aca-
démie. »
(Commissaires, MM. Pelouze, Boussingault, Peligot.)
M. Eue de Realjiont présente, au nom de l'auteur M. P. de Tchihatchef,
un grand travail ayant pour titre : Etudes climatologiques sur l'Asie
Mineure.
« J'ai consacré à l'exploration de cette contrée, dit M. de Tchihatchef,
( a63 )
plus de cinq années, n'ayant pour tout appui que mes ressources person-
nelles. Si le laps de temps assez considérable voué à mes travaux a pu me
permettre de saisir les traits les plus saillants des conditions topographiques,
géologiques et botaniques de cette vaste région, jusqu'aujourd'hui presque
inaccessible aux sciences naturelles et physiques, cet espace de temps ne suffit
point pour fournir les éléments nécessaires à l'appréciation climatologique
d'une région quelconque, et surtout d'unerégion qui, comme l'Asie Mineure,
présente tant de variétés dans son relief. Aussi le seul motif qui a pu m'en-
courager à placer sous les yeux de l'Académie ces ébauches très-imparfaites,
c'est la considération qu'elle marquera le premier pas tenté dans une voie
complètement neuve où je n'ai eu ni guide ni prédécesseur. »
Ces Études sont renvoyées à l'examen d'une Commission, composée de
MM. Becquerel, Élie de Beaumont et Decaisne.
galvanoplastie. — Modelage par dépôt intérieur des objets en ronde bosse;
par M. Lenoir.
(Commissaires, MM. Becquerel, Dumas, Babinet.)
« M. Babinet met sous les yeux de l'Académie des bronzes en ronde
bosse obtenus par la galvanoplastie, sans soudures et sans division du moule,
en plusieurs parties. Ces bronzes sont remarquables par leur légèreté,
qui surpasse de beaucoup celle des bronzes antiques, ainsi que la légèreté
des modelages florentins de la Renaissance. Tous les métaux de la galvano-
plastie peuvent être modelés par te procédé de M. Lenoir, comme l'est le
cuivre, et il n'est point de limite à la grandeur de la statue que l'on veut re-
produire. M. Babinet s'est assuré, en faisant couper les pièces à la lime ou
aux cisailles, que le dépôt métallique est admirablement uniforme d'épais-
seur, ce que les modelés par la fusion ne peuvent obtenir.
» Le procédé deM. Lenoir consiste à introduire dans le creux du moule un
faisceau de fils conducteurs qui en suivent intérieurement la forme sans y
toucher nulle part, et y déposent uniformément le métal du bain où le moule
est immergé. On peut à volonté donner à la pièce qui tapisse, pour ainsi
dire, l'intérieur du moule, telle force que l'on désire, ou même superposer
deux métaux, l'un extérieur comme l'argent, l'autre intérieur comme le
cuivre. Une petite statuette/ parmi les échantillons soumis à l'Académie,
n'a pas en métal l'épaisseur d'une feuille de papier, et cependant elle est
partout de même force. Il y a économie immense de métal, de main-d'œuvre,
d'ajustement, de soudures, et surtout grande perfection artistique dans les
( ^64 )
résultats obtenus. Les frais et les risques du retrait du ciselage sont sup-
primés. Depuis plusieurs mois, les ateliers de M. Lenoir fabriquent en grand
et avec plein succès. Son procédé n'est donc point à l'état de théorie seule-
ment, et des pièces d'un mètre de hauteur ont été exécutées. »
zootechnie. — Mémoire sur les laines d'Algérie; par M. Emile Baidement,
professeur au Conservatoire des Arts et Métiers. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire , Milne Edwards, de
Gasparin, le Maréchal Vaillant.)
« Un lainier, contenant quatorze cent huit échantillons de laine, re-
cueillis sur presque tous les points du territoire algérien, a été envoyé à
l'Administration de la Guerre. Etudiés un à un , puis comparés entre eux,
ces échantillons ont permis de prendre une idée générale de la valeur des
laines d'Algérie et de leur répartition sur le territoire. Une carte, dressée
par l'auteur du Mémoire, représente chacun des groupes qu'il établit par
une teinte spéciale qui couvre l'emplacement occupé par la tribu d'où la
laine provient. Voici les conclusions générales auxquelles l'étude com-
parée conduit :
» Les laines d'Algérie appartiennent, en général, à la classe des laines
communes, et on peut les caractériser en disant qu'elles sont longues, dures
et sèches, mécheuses et jarreuses , trop souvent maigres et peu lissées. Elles
sont aussi, d'une manière générale, fortes et peu chargées de suint; elles ne
manquent pas de nature, et trahissent un certain type de finesse qui se dé-
veloppant devient plus sensible à la fabrication.
» Sous cette caractéristique commune se produisent des différences qu'on
peut rapporter à deux grands groupes. Le premier comprenant les laines
longues, excellentes pour le peigne, avec plus d'homogénéité, de régularité,
de cachet et de richesse que les laines inférieures, qui forment le fond de
la production lainière d'Algérie ; le second, composé des laines courtes ou
moyennes, fines et offrant des mèches, rappelant le type mérinos, et le
rappelant quelquefois au point d'en faire soupçonner l'influence primitive.
» Des combinaisons existent entre les laines de ces deux groupes, résul-
tant du voisinage des animaux dans les parcours des razzias, etc.
» Les meilleures laines dans tous les genres se trouvent dans la province
de Constantine, sur les frontières de la régence de Tunis.
» Les laines les plus inférieures se présentent surtout à l'extrémité nord-
( a65 )
ouest et à l'extrémité nord-est de nos possessions, dans la subdivision de
Tlemcen et dans celle de Bône.
» La province d'Oran est celle dont l'ensemble des laines a le moins de
qualité ; la province d'Alger se place entre celle d'Oran et celle de Constan-
tine.
» Si l'on compare entre elles les parties les plus voisines et les parties les
plus éloignées du littoral, on voit que le principe mérinos se révèle bien
plus dans les secondes que dans les premières.
» Si l'on compare l'ouest à l'est, on trouve que la valeur des laines dé-
croît de l'orient à l'occident, tout comme s'affaiblit aussi, dans la même
direction, l'influence que je rapporte aux types mérinos.
» Le Mémoire étudie les laines dans chaque province, dans chaque sub-
division, dans chaque cercle, dans chaque tribu; apprécie les conditions de
sol, de climat, de situation agricole et politique des productions, et cherche
à démontrer la possibilité d'obtenir, avec les laines d'Algérie, dans l'intérêt
de la métropole et dans celui de la colonie, des laines longues lisses et des
laines très-fines, c'est-à-dire les qualités dont le besoin augmente en même
temps que la pénurie s'en fait sentir dans l'industrie. »
anatomie végétale. — Note sur les biforines; par M. A. Trécul.
(Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.)
« En i836, Turpin publia sur des cellules cristallifères qu'il appela bi-
forines, une Note dans laquelle sont consignés des faits intéressants qui
ont été méconnus depuis par les botanistes. Il a vu dans diverses espèces
de Caladium, telles que les C. esculentum, Seguinum, colocasioides , bico-
lor, lacerum, pedatifolium, rugosum, etc., des cellules allongées, navicu-
laires, contenant un faisceau de cristaux aciculaires qui s'échappent par
une ouverture pratiquée à chacune de leurs extrémités. Ces organes, sui-
vant l'auteur, seraient composés de deux vésicules : l'une externe, de la
forme qui vient d'être indiquée, est assez résistante, assez épaisse, incolore
et transparente; elle est surtout remarquable en ce qu'elle est munie à
chaque extrémité d'une bouche à bords un peu épaissis. Dans cette vésir
cule extérieure se trouve la seconde, sorte de boyau intestinal fusiforme,
formé d'une membrane transparente, incolore, extrêmement mince, diri-
gée parallèlement à la vésicule externe et aboutissant à ses deux bouches.
C'est ce boyau intestinal qui renfermerait les aiguilles cristallines au nombre
de plusieurs centaines. Ces biforines, plongées dans l'eau, ne tardent pas à
C. R., X856, i« Semestre. (T. XLII, N« 6.) 36
( *66 )
lancer tantôt par l'une de leurs bouches, tantôt par l'autre, et comme par
des sortes de décharges intermittentes, les nombreux cristaux qu'elles con-
tiennent.
» Ces faits singuliers attirèrent l'attention des anatomistes; mais un
seul, en France, confirma les assertions de Turpin; ce fut M. Delile,
qui, dans le Bulletin de la Société d'agriculture de V Hérault (i836), dit
les avoir observés dans le Caladium bicolor. Depuis, MM. Morren et
Lindley les ont admis dans le Caladium esculentum et le Dieffenbachia
Seguine. Meyen, Schleiden et Kunth ont cru que Turpin n'avait vu
que des cellules cristallifères analogues à celles qui renferment les
raphides. « Ces cellules sont connues depuis longtemps en Allemagne, »
dit M. Schleiden, en faisant allusion aux figures données par Meyen
dans sa Phjtotomie, et que ce dernier botaniste rappelle, à la même occa-
sion, dans sa Physiologie. Ixs organes représentés par Meyen ne sont que
des cellules raphidiennes ordinaires, dont je montrerai plus loin l'analogie
avec les biforines. MM. H. Mohl, Unger, Schacht, Kùtzing, etc., dans leurs
ouvrages généraux les plus récents, ne rappellent même pas le nom de ces
petits corps si remarquables. En France, l'observation de Turpin ne trouva
guère plus d'adhérents; car M. Adrien de Jussieu, dans son Cours élémen-
taire de Botanique, ne mentionne pas les biforines, et M. Achille Richard,
après les avoir décrites dans plusieurs éditions de ses Éléments, les a fait
disparaître dans celle de i85a. Cependant, rien n'est plus exact que le
phénomène principal observé par Turpin ; mais il est survenu ici ce qui
arrive souvent en pareille circonstance: les théories de Turpin sur l'origine
des cellules, et qu'il rappelle dans son travail sur les biforines, ont mis
les botanistes en défiance; ceux-ci ne retrouvant pas les faits qu'il a décrits,
les ont rejetés complètement.
» C'est à tort aussi que Turpin a comparé les biforines au lupulin, avec
lequel elles n'ont pas la moindre analogie. En effet, le grain de lupulin,
ainsi que l'a très-bien montré M. Personne, et que je l'ai observé moi-
même, est composé d'une couche de cellules disposées en cupule, par les-
quelles l'huile essentielle est sécrétée. Celle-ci, exsudant de ces cellules, se
répand entre elles et la cuticule qui revêt l'intérieur de la petite coupe.
Cette cuticule est soulevée et communique au grain de lupulin la forme
qu'on lui connaît.
» La comparaison que Turpin a faite des biforines avec le grain de pollen
est plus rationnelle en ce qu'elles s'ouvrent, comme ce dernier, à des places
déterminées. Ce n'est pas, en effet, par une simple déchirure, ainsi que
( a67 )
l'ont pensé Meyen, Schleiden et Kunth, due au gonflement de la cellule
dans l'eau, que sortent les aiguilles cristallines renfermées dans les bifo-
rines; c'est évidemment par un endroit disposé par la nature à chaque
extrémité, aussi bien que les opercules que l'on remarque sur le pollen
triangulaire des Onagrées, etc., ont été préparés par elle pour l'émission de
la matière fécondante.
» J'avais plusieurs fois essayé de vérifier l'assertion de Turpin ; mais,
comme celles des autres anatomistes, mes tentatives avaient été infruc-
tueuses, sans doute parce que j'avais examiné les espèces les moins favo-
rables. En étudiant une plante fort intéressante par son mode de végétation
que je trouvai en abondance sur les eaux un peu tranquilles de la Louisiane
et du Texas, le Pistia spatulata, je fus frappé de la forme particulière des
cellules raphidiennes placées en travers des cloisons qui séparent les lacunes,
de cette plante, et celles qui sont moitié libres et moitié plongées dans le
parenchyme plus vert et plus dense de la face supérieure de la feuille,
quand tout à coup je vis ces cellules naviculaires lancer par leurs extrémités
leurs élégantes aiguilles par un jet tantôt continu, tantôt intermittent, et
quelquefois par les deux bouts à la fois. J'en vis un grand nombre se
vider ainsi complètement.
>» J'ai repris dernièrement ces études et j'ai constaté l'existence des bifo-
rines dans diverses espèces de Pistia des collections du Muséum, par
exemple dans les Pistia Stratiotes, Leprieurii, lingucejormis _, Bl. On peut
les voir très-facilement dans celui qui flotte à la surface de l'aquarium du
Jardin des Plantes. Je les ai observées aussi chez plusieurs végétaux cités
par Turpin. Dans le Caladium Seguinum (Dieffènbachia Seguine, Schott)
j'ai vu de grandes biforines remplies de raphides et terminées en pointe
comme celles du Pistia. Plusieurs s'ouvrirent sous mes yeux à la tempéra-
ture de 10 à ia degrés, et non à celle de 20 à 25 degrés comme Turpin le
croyait nécessaire. Leur paroi est assez épaisse et s'amincit vin peu près des
extrémités; elle a la propriété de se gonfler dans l'eau- de manière à tripler
ainsi son épaisseur, dans laquelle on remarque alors deux, et même quel-
quefois trois couches. Ces biforines ne renferment pas de membrane in-
terne, de boyau intestinal, tel que celui qui a été décrit par l'auteur de la
découverte.
» La cause de son erreur, que j'indiquerai plus loin, m'a été dévoilée
par les biforines du Caladium crassipes. Celles-ci ne sont point terminées
en pointe comme les précédentes; elles sont à peu près elliptiques, et leur
paroi montre nettement deux couches, l'une extérieure brune, l'autre in-
36..
( 268 )
térieure blanche et brillante. Leurs ostioles m'ont paru plusieurs fois ou-
verts avant qu'elles fussent plongées dans l'eau ; car je les apercevais aus-
sitôt que ces biforines étaient placées sous le microscope, longtemps avant
que les aiguilles cristallines se disposassent à sortir. Quand ce moment ar-
rive, la régularité du faisceau n'est pas altérée, une ou quelques aiguilles
seulement s'approchent de l'ouverture , s'y engagent et sortent avec plus
ou moins de rapidité. Il en sort ordinairement plusieurs ensemble; mais,
dans le Caladium Seguinum, je les ai vues ordinairement s'échapper une
à une. Ce phénomène est assurément dû ici à l'affinité que possède pour
l'eau la matière mucilagineuse contenue entre la paroi cellulaire et les cris-
taux. Ce mucilage, qui tient des granules en suspension, ou mieux des par-
ticules plus compactes, comprime les cristaux et les contraint de sortir.
Les décharges, soit continues, soit intermittentes, par lesquelles cette
sortie s'effectue, font éprouver à la cellule, lorsqu'elle est libre au milieu du
liquide, une sorte de recul que Turpin a comparé à celui d'une pièce d'ar-
tillerie. Cette expulsion doit avoir lieu aussi dans l'intérieur de la plante ;
car j'ai souvent trouvé dans le Dieffenbachia Seguine, dans le Pistia vivant,
signalé plus haut, etc., des biforines vidées avant, d'avoir été placées dans
l'eau du porte-objet; et l'une d'elles surtout, fournie par le Caladium cras-
sipes, avait perdu ses cristaux depuis longtemps, car les granules qu'elle
renfermait étaient devenus verts comme des grains de chlorophylle.
» Dans cette dernière plante, le mucilage paraissait beaucoup plus dense
que celui des autres espèces citées; aussi, en pressant les cristaux, sa sur-
face ne s'appliquait pas régulièrement sur ceux-ci; elle se plissait et pouvait
paraître, à un esprit prévenu, limitée par une membrane. Cependant il n'en
était rien; car, d'abord, on ne voyait pas la membrane, et, ensuite, les ai-
guilles entraînaient parfois avec elles des flocons de mucilage.
» Les biforines du Caladium bicolor sont aussi elliptiques; mais leur
membrane est beaucoup plus mince , ce qui n'empêche pas que les bords
des ouvertures ne soient très-nets et sans apparence de déchirure. Je dois
ajouter aussi que dans aucune des biforines que je viens de décrire, je n'ai
trouvé les ostioles bordés d'un bourrelet comme celui qu'a décrit Turpin ;
il est vrai que je n'ai pas eu à ma disposition le Caladium esculentum chez
les biforines duquel il a principalement vu ce bourrelet ou épaississement.
» La dimension des biforines n'est pas la même chez toutes les plantes
qui en présentent; je les ai trouvées longues d'environ -fa de millimètre
dans les Pistia, de omnj, 1 1 dans le Caladium crassipes, de o"3™, 1 2 dans le
C. bicolor, de <>mm, 14 dans le Philodendron crinites, Ad. Br., de omm,i5
dans, le Dieffenbachia Seguine.
( ^9 )
» Si maintenant je cherche à me rendre compte de ce qui a causé l'er-
reur dans laquelle sont tombés les anatomistes qui ont pris ces biforines
pour des cellules à raphides ordinaires, je n'en puis trouver l'origine que
dans la jeunesse des organes qu'ils ont examinés, à moins qu'ils n'aient ob-
servé des plantes où elles n'existent pas, comme c'est le cas pour l'espèce
qui a fourni les figures citées par Meyen. Avant la formation des ostioles,
les biforines, surtout celles qui ne sont pas terminées en pointe, n'ont rien
qui les distingue des cellules raphidiennes communes, si ce n'est la plus
grande épaisseur que présente la membrane de plusieurs d'entre elles.
Quand elles approchent de l'état adulte, quelques-unes s'atténuent vers leurs
extrémités de manière à former un bec qui se termine plus tard par un
ostiole. Alors il est impossible de s'y méprendre; jamais les cellules à ra-
phides, qui se rencontrent si fréquemment dans une multitude de végétaux,
ne me sont apparues avec le même aspect, et jamais surtout ces cellules ne
s'ouvrent, même en se déchirant, lorsqu'on les plonge dans l'eau; tandis
que les biforines adultes, dans les mêmes circonstances, laissent toujours
voir leurs petites bouches livrant ou prêtes à livrer passage aux aiguilles
cristallines que ces biforines renferment.
» Les biforines doivent donc être rangées au nombre des organes élé-
mentaires des végétaux. »
anatomie comparée des végétaux. — Plantes parasites. Ordre des
Cuscutacées ; par M. Çhatix. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.)
« Le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie des Sciences
comprend l'anatomie des Cuscuta epiihymwn, C. major, C. densiflora,
C. rejlexa, C. americana et C. monogjna; plus quelques aperçus sur les
C. alba, C. aj ricana, C. corymbosa et C. chinensis; il est accompagné de
4 planches in-4°.
» Je montre que, pour ce qui est de la structure des Cuscutes, consi-
dérée en elle-même et d'une manière générale, ces plantes, sur lesquelles
Meyen et Unger ont publié quelques observations non dépourvues d'in-
térêt, offrent, dans la plupart de leurs espèces, une structure assez uni-
forme. Les tiges, aphylles comme on le sait, sont composées d'une mem-
brane épidermoïdale privée de stomates, et, par contre, assez souvent
féculifère; d'un parenchyme cortical, riche en fécule, privé de matière
verte, et contenant quelquefois, comme la membrane épidermoïdale, un
( 27° )
liquide d'un rouge rabattu (paraissant se rapporter au cercle chromatique
n° 2 de M. Chevreul); d'un cercle ligneux ou fibreux continu, placé entre
le parenchyme extérieur et la moelle; de groupes (dix ordinairement) de
vaisseaux placés dans l'épaisseur de la zone fibreuse; enfin, d'une moelle le
plus souvent bien développée et privée, contrairement à l'observation
d'Unger, de rayons médullaires. Les suçoirs, le plus souvent en forme de
tubercule conique qui peutj dans certaines espèces, s'avancer jusqu'au
centre des plantes nourricières, se composent, en général : i° d'une masse
parenchymateuse terminée à son sommet par un groupe de cellules étroites,
allongées, convergentes et dirigées perpendiculairement sur les tissus de la
plante nourricière, dans lesquels ils pénètrent, malgré la mollesse de leur
propre substance et la dureté souvent très-forte de ces derniers; i° par un
cône axile essentiellement vasculaire, s'appuyantà sa base sur le tissu fibro-
vasculaire des tiges dont il émane, et s' avançant par sa pointe vers l'ex-
trémité cellulaire de l'organe, qu'il paraît ne jamais traverser pour se
mettre en contact immédiat avec les tissus de la plante nourricière. Le
petit cône, formé de cellules pressées au sommet du suçoir et le cône vas-
culaire intérieur, que nous retrouverons tous les deux chez le plus grand
nombre des végétaux parasites, peuvent être désignés, le premier sous le nom
de cône perforant, le second sous le nom de cône de renforcement, termes
qui se rapportent au siège occupé par les parties, sans rien préjuger sur
leurs fonctions d'absorption pour la vie de l'individu. Les vaisseaux du cône
vasculaire, comme tous les vaisseaux placés, même chez les parasites privés
de ce cône, dans la contiguïté des plantes nourricières, deviennent exces-
sivement courts.
» Des replis de la tige latéraux aux suçoirs descendent, dans quelques
espèces, de celle-ci pour embrasser la plante nourricière et assurer, dans
ces plantes à spirale ou volute lâche, le contact entre la parasite et sa
nourrice. Ces replis, rudimenlaires et simplement parenchymateux dans
le C. epilinum et le C. rejlexa, plus développés et doublés à l'intérieur
d'une lame fibreuse dans le C. monogyna, se retrouvent chez des plantes
autres que les Cuscutacées. On peut les désigner sous les noms de replis
ou appendices préhenseurs , en distinguant par l'épithète d'appendice de
renforcement la lame fibreuse interne.
» Les appendices de renforcement des replis préhenseurs sont exclusi-
vement fibreux et paraissent bien n'avoir pour objet que d'augmenter la ré-
sistance ou solidité de l'organe ; les cônes de renforcement des suçoirs sont
essentiellement vasculaires et ont une action sans doute beaucoup plus
( *7J )
physiologique que mécanique : à l'expérimentation, d'ailleurs, à décider la
question quand .le rôle de l'observation sera fini.
» Après l'exposition succincte des faits anatomiques observés chez les
Cuscutacées, je considère ces faits dans leurs rapports avec la classification
naturelle, avec l'anatomie générale, avec l'organographie ou morphologie et
avec la physiologie. Au point de vue de la taxonomie, je fais remarquer que
la diagnose des nombreuses espèces du genre Cuscuta, souvent imparfaite
par les seuls caractères tirés de la fleur, pourra faire d'utiles emprunts à
l'anatomie, qui distingue mieux encore que les caractères morphologiques
le C. major et le C. epithymum, réunis par Linné dans son C. europœa,
qu'elle ajoute aux caractères des C. epilinum, C. reflexa, C. americana.
Sur la question de savoir si le grand genre Cuscuta doit être, contraire-
ment à l'opinion de Ghoisy, démembré en plusieurs genres, je montre que
l'anatomie, en révélant dans le C. monogyna une structure très-éloignée de
celle des autres espèces, indique, parallèlement aux données morphologi-
ques, cette plante comme pouvant être le noyau d'un genre nouveau. J'in-
dique, enfin, pourquoi les Cuscutacées, dont la plupart des auteurs ne font
aujourd'hui qu'une tribu des Convolvulacées, me paraissent, comme au
savant botaniste Lindley, devoir constituer un ordre distinct.
» Je signale, au point de vue de l'anatomie générale, l'absence d'un véri-
table épiderme stomatifère, de matière verte, de rayons médullaires et,
même dans les organes floraux, de trachées ou vaisseaux spiraux (C. mono-
gyna excepté), le groupement des vaisseaux sur des points déterminés de la
zone fibreuse continue, les rapports entre la contiguïté immédiate des vais-
seaux de chaque groupe et leur forme prismatique, entre leur isolement par
une portion de l'élément fibreux et leur forme tubuleuse arrondie, l'épais-
sissement considérable des vaisseaux du C. monogjna et l'assemblage fort
complexe constituant le système fibrovasculaire de la même plante, la
moelle ordinairement si réduite dans le C. epithymum, qu'elle semble man-
quer, les rapports des éléments des suçoirs et des replis préhenseurs avec
ceux des tiges.
» Sous le rapport morphologique, je signale l'utilité qu'il pourra y avoir
à comprendre les appendices préhenseurs dans la diagnose des espèces, l'in-
version qui existe entre les Cuscutes et les végétaux ordinaires, ces derniers
étant feuilles mais souvent privés de bractées, celles-là étant, au contraire,
pourvues de feuilles florales quoique aphylles, etc.
» Au point de vue de la physiologie, enfin, je fais remarquer que les faits
anatomiques observés ont des rapports multiples avec le mode de vivre des
( 272 )
Cuscutes, mais que la délimitation et l'appréciation exacte de ces rapports
ne pourront être établies que par l'expérimentation, qui aura surtout à expli-
quer : le rôle de la membrane épidermoïdale qui est parenchymateuse et
souvent remplie d'un liquide coloré ; la présence, dans la parasite, de sub-
stances qui n'existent pas chez la plante nourricière, ainsi que le fait réci-
proque ; la force qui vient en aide au cône perforant qui, quoique paren-
chymateux, traverse les tissus les plus durs de la plante nourricière ; le rôle
de ce même cône perforant et celui du cône vasculaire quant à l'ab-
sorption. »
hygiène publique. — Innocuité du phosphore amorphe; réclamation de
priorité adressée par M. A. Chevallier à l'occasion dune Note récente
de MM. Orfila et Rigout. (Extrait.)
« Dans la séance du 9 octobre i855, j'ai présenté à l'Académie des
Sciences un Rapport fait à l'Académie de Médecine sur un Mémoire de
M. Causse, d'Alby, Rapport dans. lequel j'établissais :
» i°. L'idée que j'avais eue de substituer le phosphore amorphe au phos-
phore ordinaire dans la fabrication des allumettes phosphorées, but déjà
atteint, puisqu'un fabriquant de Paris, M. Camaille, avait préparé des allu-
mettes au phosphore amorphe qui furent présentées au Conseil de Salubrité
et l'objet d'nn Rapport dans lequel on reconnaissait l'utilité de cette substi-
tution ;
» 20. Que déjà, dans une Note du tome XIX du Journal de Pharmacie,
on trouvait que M. Bussy, dès i85o, avait constaté que le phosphore rouge
n'était pas susceptible d'agir comme toxique, et qu'un chien avait pu impu-
nément en prendre 2 grammes;
» 3°. Que j'avais fait établir l'innocuité de ce corps combustible en priant
MM. Lassaigne et Baynal de faire à Alfort des expériences sur les animaux,
expériences qui démontrèrent que non -seulement le phosphore rouge
n'était pas toxique, mais encore que le mélange de chlorate de potasse, de
gomme et de phosphore rouge, mélange employé pour la fabrication des
nouvelles allumettes chimiques, n'avait pas d'action toxique.
» Dans ce Rapport je faisais encore connaître l'avantage qui ressortait
de l'emploi du phosphore amorphe pour la santé des ouvriers, qui ne se-
raient plus exposés à la nécrose et aux accidents funestes qui accompagnent
cette maladie, accidents qui sont souvent suivis de la mort du malade.
» Plus tardj en mars i855, M. Causse, d'Alby, en collaboration avec
( vfi )
mon fils, adressèrent à l'Académie des Sciences nue brochure ayant pour
titre : Considérations générales sur l'empoisonnement par le phosphore et
par les pâtes phosphorées et par les allumettes chimiques. »
La Note de M. Chevallier et les deux opuscules qu'il a mentionnés sont
renvoyés à l'examen de la Commission nommée pour le Mémoire de MM. Or-
fila et Rigout, qui jugera s'il y a lieu de les réserver pour le concours
Montyon, prix, dit des Arts insalubres.
M. Tricaud, qui, dans la séance du 22 octobre i855, avait, en son nom
et celui de M. Bonfdon, sollicité le jugement de l'Académie sur un moteur a
air comprime et dilaté par la vapeur, adresse aujourd'hui la description et
la figure de cet appareil.
(Commissaires, MM. Morin, Combes, Seguier.)
M. Giardim soumet au jugement de l'Académie un Mémoire, écrit en
italien, suc un aimant te/nporaire obtenu au moyen de la seule action du ma-
gnétisme terrestre.
(Commissaires, MM. Becquerel, Pouillet, Despretz.)
M. AiiDitK.in 1 1 1 adresse de Fribourg un dessin se rattachant à une pré-
cédente communication (3 septembre 1 855), sur un halo lunaire observé
par lui en Ukraine.
(Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment désignés :
MM. Pouillet, Babinet, Bravais.)
M. IYoiret adresse de Constantine des considérations sur les péniten-
ciers.
M. Andral est prié de prendre connaissance de cette Note et de voir si,
bien qu'elle soit adressée à l'Académie des Sciences, elle ne serait pas plutôt
destinée à l'Académie des Sciences morales et politiques.
M. Verstraete adresse une Note faisant suite à une de ses précédentes
communications sur la nature de la lumière.
Dans cette nouvelle Note, l'auteur discute diverses expressions du texte
hébreu de la Genèse, expressions qui, d'après le sens qu'il leur attache, lui
feraient trouver dans ce texte plusieurs passages à l'appui de la thèse qu'il
soutient.
(Renvoi à l'examen des Commissaires désignés : MM. Serres, de Senarmont.}
C. R., i856, Ier Semestre. (T. XLII, N° 6.) $7
( 274 )
CORRESPONDANCE
M. le Ministre de l'Instruction puhlique , par deux Lettres en date
du 9 février, autorise l'Académie à prendre sur les fonds restés disponibles
une somme de 3 ooo francs, destinée à subvenir aux frais d'expériences
préliminaires faites par la Commission des observatoires météorologiques
pour l'Algérie, et une somme égale pour une mission confiée à M. Ch. Sainte-
Claire Deville, mission ayant pour objet des recherches comparatives sur les
éruptions du Vésuve et de l'Etna.
« De la part de M. Siljestrom, professeur à l'Université de Stockholm,
M. Bravais présente à l'Académie un volume écrit en suédois, intitulé :
Dissertations sur des matières de Physique et de Philosophie. Stockholm,
i854-
» Ce volume contient cinq Mémoires distincts :
» Le premier, « sur les Pierres météoriques et leur origine probable » ;
» Le deuxième est intitulé : « Idées sur le Système et sur la Constitution
des corps célestes » ;
» Le troisième porte le titre suivant : « Sur la Nature des forces plu to-
niques et volcaniques de la Terre » ;
» Le quatrième est une « Note sur les Attractions des ellipsoïdes » ;
a Et le cinquième, une a Addition à la Théorie mathématique de la forme
du globe terrestre ».
» Le travail de M. Siljestrom sur les pierres météoriques est le seul dont
j'aie pris connaissance, mais, je l'avoue, un peu rapidement; il m'a paru
offrir un assez grand intérêt, et contient un tableau qui donne le poids spé-
cifique et la composition chimique de cinquante-trois de ces météores . »
« 31. Elie de Beaumont met sous les yeux de l'Académie des branches
et des tètes d'arbres qui ont été rompues ou éclatées, par l'action d'un
vent impétueux sur ces mêmes arbres chargés de verglas. Elles ont été
recueillies par M. le comte Arthur de Campagne dans le parc du château
du Fou, commune de Vouneuil-sur-Vienne , près Châtellerault (Vienne).
Ce phénomène singulier, qui est arrivé du 20 au a5 février 1 855, s'est fait
sentir non-seulement dans tous les environs de Châtellerault, mais encore
dans une grande partie des départements de la Vienne, des Deux-Sèvres et
de la Vendée, et plus généralement dans toute la contrée qui, à l'ouest de
Châtellerault, s'étend au sud de la Loire. »
( *75)
M. Eue de Beaumont communique en même temps les Notes suivantes,
que M. le comte de Campagne a bien voulu solliciter pour lui, de deux
habitants du pays, témoins oculaires des faits qu'ils rapportent.
météorologie. —Note adressée à M. Élie de Beaumont parM. Champigny,
notaire à Châtellerault (Vienne).
« Le i3 et le i4 février 1 855, la neige tombait très-abondante; et bien
qu'elle fût poussée par un vent violent, le pays a été couvert d'une couche
assez régulière ayant environ 3o centimètres d'épaisseur. Le thermomètre
pendant ces deux jours était à 17 degrés au-dessous de zéro.
» Le 1 5 et le 16, le thermomètre ne marquait plus que 7 degrés au-des-
sous de zéro, le vent s'était calmé; il venait du nord-est, mais était insen-
sible; et pendant ces deux jours il tomba constamment une pluie tellement
fine, qu'on ne la voyait pas : on entendait seulement sur la neige un certain
crépitement (moins fort que celui du givre ou verglas ordinaire). ■•
» Elle tombait tout à fait perpendiculairement, si légère et si menue, que
les feuilles des arbres verts les plus tendres ne s'inclinaient pas7 non plus
que les extrémités les plus faibles des branches ; elle s'attachait aux feuilles
et aux branches, comme l'aurait fait une pluie de gomme, et elle y restait
glacée. Les branches horizontales ne la recevaient le plus souvent que sur
la surface supérieure, et par suite elles portaient un poids moins lourd que
les branches verticales qui étaient entourées de toutes parts; et cette enve-
loppe, ce fourreau de glace, avait quelquefois, sur de très-faibles bran-
ches, jusqu'à 2 ou 3 centimètres d'épaisseur.
^1 Ainsi certaines têtes de jeunes amandiers, tous les jeunes cyprès res-
semblaient à d'immenses lustres en cristal; les têtes des peupliers, des arbres
verts ressemblaient à des flèches de verre.
» Cette parure de glace était d'un poids au moins dix fois supérieur au
poids du bois qui la portait; j'ai vu une branche, prise au hasard à un ar-
bre renversé, et qui pesait 60 kilogrammes, tandis que le bois nu, après la
fonte du verglas, pesait, bien qu'étant encore humide, à peine 7 kilogram-
mes. De petites branches flexibles et qui s'étaient affaissées portaient un
poids de 10 kilogrammes et ne pesaient pas i5o grammes.
» Aussi, lorsque du 20 au 2 5 février le vent s'éleva un peu et que le
temps se détendit, une quantité d'arbres se brisaient à la fois; et dans les
campagnes bien boisées, on entendait des craquements semblables à des
décharges d'artillerie.
37..
( *P )
» Des bois de sapins ont éprouvé des dégâts que l'on a évalués à plus de
i 5o francs par hectare; les peupliers ont été mutilés, les arbres fruitiers ont
aussi souffert; des noyers, des chênes même dont le tronc pouvait n'être
pas parfaitement sain, ont été séparés en deux par le poids de leurs
branches.
» J'ai vu, à i kilomètre de Châtellerault, un énorme noyer, ayant am,5o
de circonférence, qui a été fendu en deux et entièrement renversé. »
Extrait d'une Lettre de M. de Chaïïtreau à M. Elie de Beaumont.
« Au Couteau, par Coulonges-sur-1'Autise (Deux-Sèvres), 3o mai i855.
» Une connaissance commune m'a fait connaître votre désir d'avoir par
moi des renseignements sur les effets du verglas dont la contrée du Poitou
que j'habite a souffert l'hiver dernier.
» J'aurai l'honneur de vous rappeler d'abord, Monsieur, un caractère
géologique très-essentiel du nord des départements des Deux-Sèvres et de
la Vendée, à savoir : la chaîne de collines, qui court du sud-est au nord-
ouest, depuis la petite ville de Saint-Maixent jusqu'aux portes de Nantes
et dont l'élévation au-dessus du niveau de la mer varie de 200 à 38o mètres.
» Cette chaîne de collines a cela de remarquable, qu'elle n'est pas
une seule fois interrompue dans le trajet que je viens d'indiquer,
comme on le voit très-bien sur la carte de Gassini. Aussi les deux versants
forment des bassins fort distincts. Celui du nord est parcouru par la Sèvre
Nantaise, depuis la commune du Beugnon-en-Gàtine où elle prend sa source
jusqu'à Ja ville de Nantes. Au midi, coulent vers la mer la Sèvre Niortaise,
l'Autise, la Vendée et les Deux-Lays.
» Le faîte de ces quasi-montagnes est, dans les hivers rigoureux, couvert
de tieige ou de frimas avant les régions inférieures, et les habitants de la
plaine pourraient dire avec Horace :
Vides ut alla stet nive candidum
Soracte, nec jam sustineant onus
Silvae laborantes. .....
Lib. I, ode vm.
« Aussi, dès que le vent souffle du nord, ces régions élevées subissent une
température sensiblement plus froide que celle de leurs versants, et bien
souvent elles souffrent du grésil, du givre et particulièrement du verglas,
comme l'hiver dernier, quoique avec moins de dommage; car nul habitant
( 277 )
ne se rappelle d'avoir vu pareil sinistre. Presque tous les arbres de la con-
trée ont été maltraités plus ou moins, surtout ceux du sommet de Ir» mon-
tagne ; car, à proportion qu'on descendait, le dommage diminuait, surtout
au midi.
» J'ai parcouru moi-même la région la plus dévastée, pendant 6 ou 7 ki-
lomètres, depuis le bourg de Vernon-en-Gâtine jusqu'à celui du Beugnon :
c'était un bien triste spectacle. Les arbres grands ou petits, réunis ou isolés,
les chênes, espèce la plus commune, autant que les arbres moins résistants,
avaient leurs branches rompues depuis la tête jusqu'au pied. — J'ai longé
une futaie dont la lisière semblait avoir subi le feu prolongé d'une batterie
d'artillerie. Ainsi ont été traitées les forêts de Secondigny et de Chantemerle,
pour citer les points les plus considérables.
» Les têtards eux-mêmes, arbres à tiges basses, sujets à un émondage
périodique et dont nos haies sont couvertes, n'ont pas été plus épargnés.
Non-seulement leurs branches étaient rompues et pendaient comme celles
des grands arbres, mais beaucoup étaient tordues comme le pratiquent les
bûcherons pour lier leurs fagots.
» Rien n'est triste comme la vue de ces arbres dont le pays est couvert.
Ici les branches sont séparées du tronc que déshonorent de longues et
irrégulières cicatrices : plus généralement ces branches pendent fendues en
éclats, et bien souvent c'est la tête qui a été ainsi maltraitée. J'ai même un
arbre arraché. Un de nos voisins a, dit-on, de trois à quatre cents charre-
tées de bois à ramasser ; un autre de nos voisins estime son dommage à
dix mille francs.
» Quelles causes ont produit un sinistre si considérable, que le pays n'a
pas gardé le souvenir de rien d'égal ? Je les crois en petit nombre ; mais leur
concours, en quelque sorte sympathique^ a augmenté leur puissance et pro-
duit des effets excessifs.
» S'il est vrai de dire que le froid n'a été ni plus intense ni plus
prolongé que pendant l'hiver précédent , il est tombé une bien plus
grande quantité de neige, pendant plus de temps et à plusieurs reprises.
Souvent aussi il tombait pendant le jour de la neige fondue ou une pluie
glaciale, qui saisies parla congélation sur toutes les parties des arbres, les
couvraient de couches successives de cristaux, qui s'allongeaient souvent
à la manière des stalactites et qui finissaient par les charger d'un poids
énorme.
» Il fallait pourtant encore l'action d'un autre agent atmosphérique
pour produire le ravage dont le pays a été ému et a souffert. Un dégel calme
(a78)
eût bientôt fait disparaître tous les symptômes inquiétants; mais il est sur-
venu un vent impétueux du nord-est auquel n'ont pu résister les arbres,
dans l'état de rigidité et de surcharge où ils se trouvaient; leurs branches
étaient communément rompues de i à i mètres du tronc, sans excep-
tion pour les plus grosses, et avec un fracas formidable, qui a d'autant
phis effrayé le pays, que ce phénomène a commencé à se produire à l'entrée
de la nuit.
» Des arbres moins profondément enracinés que le chêne, tels que les
pins et quelques espèces d'arbres fruitiers, ont été arrachés ou tellement
penchés, qu'il n'a pas été possible de les redresser.
» Le vent a agi d'une façon particulière sur un semis de pins maritimes,
âgés de dix ans, qui ont été couchés comme des capucins de carte, par
zones distinctes, et ce dans les parties les plus épaisses, tandis que dans les
plus claires les pins sont presque tous restés debout.
» En résumé, le verglas de l'hiver dernier, aussi bien que l'intensité du
froid, n'a pas dépassé sensiblement les proportions ordinaires. La neige,
au contraire, est tombée à deux reprises en quantité rarement atteinte dans
nos contrées. Mais la cause principale d'un mal d'autant plus difficile à
apprécier qu'il a été plus général, c'est le vent, c'est la tempête survenue
au moment où les arbres ne pouvaient que rompre sans plier, à moins que
peu enracinés, selon les espèces, ils n'aient été arrachés ou couchés. »
astronomie. — Découverte d'unenouvelle petite planète } faite à V Observatoire
impérialde Paris par M. Chacornac, le S février dernier. (Communication
de M. Le Verrier.)
« Cette planète, de 8e à 9e grandeur, est la 39e du groupe des astéroïdes
qui circulent entre les orbites de Mars et de Jupiter.
» Voici les observations qui ont été faites :
T. m. deParis. R^j—R* Comp. d(§)-D* Comp. «(S) d®'
hms m s h m s o '
i856. Fév. 8 i4- 4- 3,4 —5. 6,29 3 11.21.52,74 ••
14.27.32,0 — i.5o,o 3 -f-4-53.21,9
i5.33.i5,6 — 5. 8,23 2 n.2i.5o,8o
16. 36. 36,3 —i.i4,5 2 -4-453.57,4
Fëv. 9 12. 3o. 11,2 — 5.35,82 5 11.21.23,23
i3. 7.54,2 +4-'7,4 3 +459.29,3
» L'étoile de comparaison est 21963 Lai. Cat. of stars, et sa position
( 279 )
moyenne, le ier janvier t856, est
2R*:=iih26m58s,oi, D * = 4-4°55'5",3.
» A cette occasion, M. Le Verrier annonce que la planète (38), décou-
verte le 12 janvier dernier par M. Chacornac, portera le nom de Léda, et il
communique des observations de cet astre, faites à Liverpool par M. Hart-
nup, et adressées par lui à M. Chacornac :
Observations de Léda, faites à l'Observatoire de Liverpool avec le grand èquatorial.
T. m. de Greenwich.
Ascension droite.
Dist. au pôle nord.
b m s
h m s
0 ' "
r856. Janvier 19
n.34.56,8
8.33. 1 5, 10
72.4o.4l,5
» 19
11 .54.52,8
8. 33\ 14,08
72.4o.45,I
<> 24
1 1 .26. 14,9
8.28.i3,59
72.41 .45,5
» 24
n.46.10,9
8.28.12,84
72.41.48,8
» Les observations sont corrigées de la réfraction. L'étoile de comparai-
son est, pour toutes ces observations, Q de l'Ecrevisse, dont la position
moyenne, pour janvier 1 856, est, d'après les observations de Greenwich,
2R = 8h 23°' 22%83 , DPN = 7 I ° 25' 20",07 .
météorologie. — Bolide du 3 février dernier. (Communication faite
par M. Le Verrier.)
« Outre l'observation de ce phénomène, faite à l'Observatoire de Paris par
M. Dien, une seconde observation en a été faite dans le même établisse-
ment par M. Besse-Bergier, assistant observateur. M. Le Verrier commu-
nique la partie de la relation de M. Besse-Bergier qui est relative aux appa-
rences du phénomène, en faisant remarquer que les variations d'éclat qu'il
a présentées pourront servira expliquer les. apparences d'inégalité de mou-
vement que d'autres observateurs ont cru constater.
» Le 3 février, dit M. Besse-Bergier, à 8h 5m du soir, j'aperçus une
lueur d'un rouge amarante au sud-est. Un bolide se montra bientôt
sous la forme d'une traînée lumineuse d'un blanc un peu blafard. Cette
traînée a présenté une longueur très-variable : dans son plus grand éclat,
quelques instants après l'apparition, elle pouvait avoir un demi-degré de
longueur; puis elle a diminué assez subitement : les bords se sont colorés
légèrement en bleu, et le bolide a offert pendant une seconde l'aspect
d'un globe de feu d'à peu près 10 minutes de diamètre.
( a8o )
» A cet état a succédé un redoublement subit d'intensité lumineuse : la
traînée a repris son développement longitudinal primitif et sa couleur d'un
blanc blafard, pour diminuer de nouveau et passer, pendant les dernières
secondes de son apparition, à la forme gobuleuse et à une couleur d'un bleu
céleste très-intense.
» Je distinguais alors très-nettement, en arrière de la partie brillante et
colorée, une série d'étincelles alignées dans le sens du mouvement du bo-
lide. L'une d'elles était reconnaissable à son diamètre apparent bien sen-
sible, et à un point rougeâtre situé à sa partie antérieure, et dont l'intensité
allait en s'affaiblissant graduellement. Le tout, étincelle et point rougeâtre,
a été visible pendant environ deux secondes et a disparu subitement. La
partie globulaire située en avant était alors à une distance égale à peu près
au double de son diamètre; elle a disparu à son tour quelques instants après.
» La partie antérieure du bolide m'a paru pendant tout le temps nette-
ment dessinée, et arrondie en forme de paraboloïde.
» Le mouvement apparent, tant du bolide que de la traînée lumineuse
qui le suivait, est resté très-sensiblement borizontal et uniforme : sa direc-
tion était celle du sud au nord. Quand je l'aperçus, le bolide était déjà au
sud-est ; il a disparu pour moi à l' est-nord-est. »
» Le bolide, ajoute M. Le Verrier, a été vu à Saint-Dié (Vosges) par
M. Tessin, membre de la chambre consultative des arts et manufactures
des Vosges. M. Tessin annonce, à la date du 4 février, qu'après 8h 3om
environ du soir, le 3 février, • dans la direction de l'ouest, et le ciel
étant d'une pureté extraordinaire, il est apparu un globe de feu de la gran-
deur ordinaire de la lune et avec une auréole d'étincelles.- Ce globe, après
plusieurs secondes de station, se serait déplacé horizontalement vers l'ouest
d'environ io degrés, en laissant une traînée de feu, puis il aurait disparu
en produisant l'effet d'une fusée qui éclate et laisse échapper des étincelles
dans sa chute verticale.
» La clarté projetée par le globe était si vive, qu'elle éclipsait la lumière
projetée par une lampe modérateur. Le météore paraissait être d'environ
3o à 4o degrés au-dessus de l'horizon.
» M. Malservet, ancien notaire, écrit, de son côté de Sommevoire, à la
date du 4 février, qu'il a vu le bolide à 8 heures et quelques minutes du
soir. En supposant, dit-il, par rapport à ma position, que la voie lactée prît
sa naissance au sud-est à Langres et allât se perdre à Paris, un météore ex-
traordinaire a parcouru cette ligne en laissant la voie lactée sur sa gauche.
( *8' )
La forme du météore était celle d'une boule allongée et dont la couleur
paraissait noirâtre (ne faut-il pas lire bleuâtre?). Le météore traînait après lui
une barre rouge de laquelle s'échappaient une multitude d'étincelles de feu.
Quoique sa marche fût rapide, elle était loin d'égaler en vitesse les étoiles
filantes.
» Cinq à six minutes après le phénomène, qui. paraissait peu élevé au-
dessus de la terre, l'auteur de la Lettre affirme avoir avec d'autres témoins
entendu une explosion extraordinaire comme celle d'une mine, laquelle
aurait été suivie d'une longue détonation. »
météorologie. — Autres Observations du bolide du 3 février. (Commu-
niquées par M. Elie de Beaumont.)
— Observation faite à Niederbronn (Bas-Rhin); Lettre de M. Kchn.
— « C'était à 8h25m. Le globe igné paraissait de la grosseur d'un fort
boulet de canon, sa lumière était bleu-jaunâtre et il répandait partout
une grande clarté. Il était suivi d'une grande traînée lumineuse, en forme
de queue et qui jetait de nombreuses étincelles.
» Le bolide, dont la direction était à peu près du midi au nord, semblait
dans son trajet descendre vers la terre et disparaître derrière les montagnes
qui sont au nord-ouest de Niederbronn.
» L'apparition eut lieu à 60 degrés environ de hauteur et la dispari-
tion derrière les montagnes à 1 5 degrés. Tout le météore a été visible de
quatre à cinq secondes. »
— Observation faite à Vitrj-en-P erthois (Marne); Lettre de M. Mathieu.
— « Ce soir à 8 heures et quelques minutes, par un ciel très-limpide, un
bolide s'est allumé avec bruit dans la direction du midi, s'est dirigé vers le
nord-nord-ouest, parcourant environ un quart de l'hémisphère, apparent en
trois ou quatre secondes et avec l'éclat de la lune dans son plein. Il laissait
après lui une longue traînée de lumière bleuâtre comme la foudre, tandis que
le globe lui-même avait une teinte cuivrée, un peu nitrate de strontiane. Son
inclinaison était d'environ 60 degrés et le milieu de sa course en face des
Pléiades (la Poussinière) 10 ou i5 degrés au-dessous (à l'ouest). C'était une
vraie chandelle romaine, avec sa faible vitesse et son brillant éclat. Ce bolide
ne devait pas être très-élevé, vu son immense parcours apparent avec sa
faible vitesse et son peu de durée. »
C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N°6) 38
( 282 )
— Observation faite a Chartres {Eure-et-Loir); Lettre de M. Doublet
de Boisthibaitlt. — « Le remarquable météore qui a été vu dans plusieurs
villes de France, le 3 de ce mois, a été remarqué à Chartres, vers 8 heures
du soir. Il venait du côté nord de la ville, qu'il a éclairée un moment. »
astronomie. — Sur les anneaux de Saturne; Lettre du P. Secghi à
M. Elle de Beaumont.
« Dans un Mémoire très-intéressant publié dans le volume V, 6e série,
i852 , des Actes de l'Académie de Saint-Pétersbourg, M. Otto Struve a émis
le soupçon que les anneaux de Saturne étaient dans un état progressif de
rétrécissement, de sorte que dans un temps peut-être assez court on pour-
rait voir la planète dépouillée de cet intéressant accessoire. Le soupçon est
d'autant plus raisonnable, que rien ne prouve que le système soit dans un
état permanent d'équilibre, et non-seulement les mesures anciennes, qui
pourraient être suspectes, mais les plus modernes encore supportent l'hy-
pothèse.
» Mais les discordances qu'on remarque entre les résultats des mesures
des différents auteurs sont assez fortes; et j'ai cru qu'il n'y aurait pas de té-
mérité de ma part à aborder la question. Après m'être suffisamment
exercé à la mesure des planètes sur Jupiter, et trouvé mes mesures
d'accord avec celles de M. W. Struve, j'ai pris occasion de la dernière op-
position et du maximum d'ouverture de l'anneau pour faire une suite de
mesures non-seulement de l'anneau, mais aussi de la planète, pour avoir un
contrôle du degré de précision et de confiance qu'on devait y placer. Les
résultats sont consignés dans le tableau B. Chaque nombre est la moyenne
de deux et plus souvent de trois mesures doubles très-bien d'accord entre
elles, et dont l'erreur probable pour chacune n'excède pas o",2. On a mesuré
seulement dans un excellent état de l'atmosphère excepté deux fois, dont
l'une expressément pour essayer l'influence des circonstances moins favora-
bles. Aux mesures faites dans la dernière opposition, j'ai aussi joint celles de
l'opposition de l'année dernière, 1 854-1 855, pour servir pareillement de
comparaison. Les mesures sont réduites à la distance moyenne de Saturne
au Soleil, mais on n'a appliqué à aucune des mesures la correction de la
réfraction, ni de la phase, ni du changement d'obliquité des anneaux,
non parce que je les crois négligeables, mais parce que voyant des diffé-
rences bien supérieures à celles que pouvaient produire ces petites correc-
tions, avant de les calculer, j'ai voulu examiner d'où pouvaient provenir ces
discordances.
( a83 )
TABLEAU B.
DIAMÈTRE
MILIEU
DIAMÈTRE
BORD
DIAMÈTRE
DIAMÈTRE
extérieur
delà
intérieur
intérieur
équatorial
conjugué
DATE DE L'OBSERVATION.
de l'anneau
division
de l'anneau
de l'anneau
de la
de
A.
principale.
K.
nébuleux.
planète.
l'anneau.
»
i854- i5 novenib .
4o, 655
a
»
u
»
i5 décemb. .
4i ,33l
»
»
u
0
»
i855. 17 »
4l ,008
a
»
u
u
„
i855. 4 janvier. .
40,739
»
u
»
»
u
6
40,733
»
»
0
1*
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20 avril ....
4 1 , ao5
»
»
u
17,708
a
3o novemb. .
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23,792
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17,458
l8,339
5 décemb...
4< ,324
34,486
26, 101
20,995
17,829
u
.4 »
4i,o68
»
25,474
»
17,531
20,442
i5 »
4i,443
34,657
25,913
21 ,725
'7>773
19,025
16 »
40,812
34,699
25,834
2 1 , 35o
17,716
i8,5o4
23 »
4i,ii8
34,642
25,917
2 1 , 6o5
17,611
18,991
24 »
4o,564
34 ) 760
26, 191
21,519
17,687
18,291
27 >>
40,412
»
25,832
21 ,5o8
17,572
18,110
Mes.ind. » »
40,623
M
26,003
»
u
»
3o »
40,710
»
M
u
17,728
.
Mes.ind. 3o »
41,090
■
26,083
M
»
u
i856. 9 janvier. .
4o, 483
»
■>
»
»
u
Moyennes . . .
— .,„, ■
40,893
34,65g
25,7l4
21,419
17,661
18,814
» On voit dans ce tableau des différences assez petites pour la planète,
tandis que pour l'anneau elles sont presque toujours \ seconde, et les ex-
trêmes montent a 1 seconde, ce qui est tout à fait intolérable avec notre
instrument. Après avoir été en quelque anxiété pour ces résultats irrégu-
liers, j'ai consulté les mesures dernières de M. Lassel, et en elles j'ai vu
des sauts semblables : cela m'a engagé à les discuter avec plus de soin, et
j'y crois avoir reconnu une certaine périodicité : les mesures de deux jours
consécutifs sont en désaccord, mais celles de trois jours et de neuf s'ac-
cordent.
» J'ai donc cherché si cela ne pourrait pas s'expliquer par une ellipticité
de l'anneau qui, dans sa rotation autour de la planète, en nous présentant
alternativement le grand et le petit axe, pourrait être la source de ces dif-
38..
( 284 )
férences. Ayant essayé la période propre d'un satellite placé un peu à l'in-
térieur du bord de l'anneau A, j'ai trouvé un temps qui, légèrement mo-
difié, satisfait à toutes les irrégularités. Soient T le temps de la rotation de
l'anneau, t le temps écoulé après une époque fixe du minimum observé,
K la différence de deux axes de l'anneau; nous aurons
Le diam. moyen = diamètre observé + Kcosa ( -=-
En négligeant les puissances supérieures à la deuxième pour l'excentricité
et en appelant w l'angle qui reste après les circonférences entières, décrites
par l'anneau, la correction sera
c = K cos i « .
La valeur de T qui satisfait le mieux aux observations est
T = i4\238
de temps sidéral, j'ai conclu
R = o,366,
après la différence entre les maxima et les minima, et choisi pour époque du
minimum le 2/4 décembre à 4'" iom sid., instant dans lequel l'anneau se
voyait très-bien et était dans un minimum de position. Le tableau C résume
le résultat de cette discussion. '
TABLEAU C.
DATE
ET HEURE.
INTERVALLES
en temps.
INTERVALLES
en révolution.
CORRECTION.
DIAMÈTRE
observé.
DIAMÈTRE
corrigé.
DIFFÉRENCE
du c — m.
i855. 3o novembre
b m
2.3o
) h m
24 -f- I . 40
r 0
4o \ + 23
+ 0 , 2.54
4o"85i
4i ,io5
+0,Il8
5 décembre
1.45
19 -t- 2.35
32 -+-76
— o,3?3
41,324
4i,oo
+ 0,014
4
»
3.00
10 -t- 1 .40
17 —24
-f- 0 , 245
4 1,068
4i,3n
+ 0,227
.5
1>
3.3o
9 -+- O.40
i5 + 81
— o,348
41,443
41,095
+ 0 , 1 08
16
»
3.3o
8-+-O.40
l3}+ 12
+ o,334
40,812
4.,. 46
-+■ 0, 159
23
n
4- 10
I O.O
ij + 65
— o,235
41,1 .8
4o, 883
— 0 , 1 04
24
B
4- io
-f- 0 , 366
4o , 564
40,930
— 0,057
27
»
3.40
3 — 0 . 20
5+12
+ o,334
40 , 4 ' 2
40,746
— 0 , 24 1
»
»
4.10
3 0.0
5 4-20
-+- 0 , 280
40 ,623
4o,go3
— 0,084
3o
»
3.5o
6 — 0 . 20
10 -t- 32
+ 0 , 1 60
40,710
40,870
— 0,117
3o
»
4.20
6+ 0 10
10 -+- 45
0,000
4< ,090
41,090
+ 0, io3
i856. 9 janvier
5.28
16+ 1.18
27 y -H 20
+ 0 , 280
4o, 483
40,763
— 0,224
( a85 )
» L'accord entre les moyennes des diamètres corrigés entre eux est très-
satisfaisant, et même, en appliquant la réfraction (qui dans sa plus forte
valeur n'excède pas o",o3 ), on ne trouverait plus de discordances remar-
quables. La seule observation un peu excessive est celle du i4 décembre,
qui a été faite dans des circonstances peu favorables, mais qui cependant
présente un minimum relatif très-prononcé, comme le veut la correction.
La tendance au signe -+- dans la première partie de la colonne des diffé-
rences et au — dans la seconde n'est pas douteuse; mais, sans tout rejeter
sur les erreurs d'observations, on pourrait bien l'attribuer à la même source
d'où dérivent les irrégularités trouvées par les autres astronomes. On voit,
en effet, que nos deux moyennes (tableaux B et C) sont très-peu différentes
des valeurs données par MM. Encke, Galle et Lassel, mais très-différentes
de celles de Bessel et Struve ; on pourrait rejeter celles de Bessel comme
faites avec la double image, qui peut offrir un peu plus de difficulté aux con-
tacts (i); mais celles de W. Struve étant faites avec un instrument comme
le nôtre, il n'y a pas de raison contraire.
» Examinons donc s'il est possible qu'il y ait quelque variation dans les
anneaux. Après M. O. Struve, la moyenne des observations de W. Struve,
Encke et O. Struve donne pour la largeur de l'anneau extérieur A = a ",44° ;
dans le tableau B, nous avons le diamètre du milieu de la division ; ajoutant
la largeur de la division, trouvée o",^oi, on trouve le diamètre intérieur
de l'anneau A, et on a pour sa largeur = 2", 91 5 ; la différence = o",475, est
assez forte. Le jour 29 décembre 1 855 (n'ayant encore fait aucune réduc-
tion), je fus frappé de la largeur excessive apparente de l'anneau A qu'on
remarquait à l'œil plus grand que dans les admirables dessins de Lassel et
Dawes. Cela m'engagea à en prendre avec soin la largeur directement. Le
résultat est le suivant : largeur des deux anneaux = 7",5i2; largeur de
A = 2 ",788; le même, selon Struve, = 2",44°- La différence est très-forte,
= o",348, et confirme le témoignage de l'œil. — Le 27 décembre, on
avait un air excellent; on essaya la mesure séparément des anses et de l'es-
pace obscur entre l'anneau et la planète pour en constater l'excencitrité. On
trouva l'excentricité presque nulle ; mais la largeur de l'anse précédente
était = 8",6o5, et de la suivante =8", 751. A part la petite différence, on
(1) Ce célèbre observateur a été lui-même étonné de la différence entre ses résultats et
ceux de Struve , et il a prouvé que la différence excède l'erreur possible des mesures avec
Phéliomètre. Voir Astronomische Nachrichten , 189.
( 286 )
voit une largeur extraordinaire, et cependant les mesures s'accordent toutes
entre o",or5! Comme on pourrait attribuer les discordances précédentes à
la difficulté de collimer aux bords, comparons les mesures du diamètre de
la division principale, objet qu'on mesure très-bien. Des mesures du ta-
bleau B nous obtenons (en ajoutant, comme j'ai dit, o",^oa) la valeur sui-
vante pour le diamètre intérieur de A = 35",o6i. M. W. Struve donne,
avec un excès extraordinaire pour lui, la valeur = 35", 289. Est-ce que la
division change de place? Ne pourrait-on pas expliquer ainsi le désaccord
avec ce que dit Cassini que la division de son temps partageait presque en
deux parties égales l'anneau ?
« J'ai cherché encore le rapport qui existe entre l'espace obscur entre la
planète et l'anneau, comparé à la largeur des anneaux : je le trouve = o",53.
M.tÔ. Struve, = o",4o,; Encke et Galle, s= o",57; W. Struve, = o",64. On
voit ici de grandes variations ;, mais la période progressive de M. O. Struve
n'est pas confirmée.
» Pour établir s'il y a des variations réelles comme cela paraît, il faut
des observations nombreuses et suivies, surtout avec V indication précise du
temps et de l'heure exacte de l'observation ; trois heures et demie de diffé-
rence pourraient changer le maximum au minimum; et faute de cette indi-
cation, on ne peut pas tirer profit de plusieurs observations passées. J'aurais
pu différer l'annonce de mes résultats jusqu'à les voir confirmés par un
nombre plus grand d'observations; mais j'ai cru qu'il était de l'intérêt de la
science de les publier immédiatement, même au risque de voir mon hypo-
thèse renversée, afin d'avertir les astronomes de ce qui peut expliquer ces
irrégularités qui tiennent la science en doute sur ce point.
» Je terminerai en disant que l'anneau extérieur montre très-bien trois
divisions ou raies plus obscures : la plus forte de celles-ci est à la distance
de i",5o,6 du bord intérieur de A (mesure du 24 décembre); la plus fine a
\ seconde à peine. La couleur de la division est la même que celle de l'an-
neau nébuleux et paraît variable, étant quelquefois rougeâtre et d'autres fois
bleue. Le 1 1 janvier i85C, un côté était bleu, l'autre rougeâtre (on employa
des oculaires achromatiques expressément). L'anneau nébuleux est séparé
de l'anneau B par une division dont la longueur = o",3 environ.
» Plusieurs autres détails prendront place avec les observations originales
dans les Mémoires de l'Observatoire, qui seront bientôt publiés »
(>87.)
géodésie. — Sur le calcul de la latitude, par la méthode de M. Babinet.
(Extrait d'une Lettre adressée à M. Chastes par M. E. Catalan, le
a8 janvier i856.)
« Si j'ai bien compris la Note de M. Babinet et celle de M. Housel
(Comptes rendus, tome XLII, pages 8 et io3), ces deux savants, et surtout
le second, attachent quelque importance à la résolution des équations
(i) sin <? = cos X sin A ,
(a) sin <?'= cosX sin A'T
(3) • A + A'=îr
dans lesquelles les inconnues sont A, A' et X. Or ces équations se résolvent
sans aucune difficulté et sans qu'il soit besoin de recourir à des artifices de
calcul. En effet, on a d'abord
sinS _ sin A
sin 5' sin A'
ou, ce qui est équivalent [à cause de l'équation (3)],
(4) ta„gi(A-A')=5f=f».a„gi,.
Connaissant la demi-différence et la somme des azimuts A, A', on aura ces
deux angles ; et, par suite,
. sin S sin S'
COS A = ^—t- = -t— ;•
sin A sin A'
» Remarque. Les angles auxiliaires N, N', employés par M. Housel, sont
précisément les azimuts A, A'. »
astronomie. — Sur la détermination des latitudes au moyen de la
méthode de M. Babinet; par M. A. Tissot.
« Les équations auxquelles conduit la méthode donnée récemment par
M. Babinet, pour la détermination des latitudes, savoir :
sin è — sin A cos X , sin à' = sin A' cos X, A-f-A'=ç,
peuvent se résoudre très-simplement sans l'emploi d'angles auxiliaires, et
sans qu'on ait recours à l'artifice de calcul indiqué dans le Compte rendu
du 2i janvier.
{ 288 )
» Si l'on ajoute membre à membre les deux premières, on aura, en trans-
formant les sommes de sinus en produits et en ayant égard à la troisième,
.3 + 3' 3 — 3' q A — A' i
sin cos = sin - cos cos A ;
22 22'
et, si l'on retranche au lieu d'ajouter,
S -h 3' . 8 — S' q A — A' .
cos sin = cos x sin cos A ;
22 22
d'où l'on tire, en divisant membre à membre,
A - A' S — S' S + 3' q
tang — ^— = tang -J- cotang -£— tang |.
Cette dernière équation, jointe à la suivante,
A -+- A' = q ,
fait connaître A et A'; il est facile ensuite d'obtenir X.
» On voit que les angles N et N' de la Note citée plus haut ne sont autre
chose que A et A'. Le calcul rigoureux de la latitude étant effectué, il n'est
donc pas nécessaire d'en faire un autre pour déterminer les azimuts. C'est
là principalement ce que je désirais faire remarquer, parce qu'à l'aide de
ces azimuts, on peut, ainsi que l'a montré M. Babinet, obtenir ensuite l'heure
et la longitude du lieu. »
chimie CKISTALLOGRAPHIQUE. — Recherches sur les formes cristallines de
quelques composés chimiques ; par M. C. Maricnac.
« Dans un travail que je viens de publier sur les formes cristallines de
quelques composés chimiques, j'ai donné la description détaillée des formes
de quarante-huit substances, dont la plupart n'avaient pas encore été
déterminées. Il est impossible de résumer de pareilles descriptions; mais je
signalerai quelques faits qui résultent de mes observations et qui peuvent
avoir un intérêt plus général pour les chimistes.
» Les analyses que j'ai faites des sulfatesde nickel, me forcent à admettre
que l'on a commis une erreur en considérant les cristaux en prismes
rhomboïdaux droits, et ceux en octaèdres carrés, comme appartenant à un
même hydrate, et constituant un fait de dimorphisme. Les premiers renfer-
ment bien 7 équivalents d'eau, mais les seconds n'en contiennent que 6.
Je dois remarquer, du reste, que les analyses de M. Mitscherlich, sur
t 289)
lesquelles on s'est fondé, s'accordent mieux avec mon opinion qu'avec la
conclusion qu'on en avait généralement tirée. D'ailleurs ce sel n'en conti-
nuera pas moins à présenter un cas de dimorphisme. En effet, à une tempé-
rature un peu plus élevée que celle qui produit les cristaux octaédriques, on
obtient des cristaux en prismes rhomboïdaux obliques qui renferment égale-
ment 6 équivalents d'eau. Ces cristaux ne conservent pas leur transparence
à la température ordinaire; ils deviennent opaques, au bout de quelques
heures, mais sans changer de poids.
» Les sulfates de magnésie, de cobalt, de zinc cristallisent aussi, avec 6
équivalents d'eau, en prismes rhomboïdaux obliques, isomorphes avec celui
de nickel. M. Mitscherlich avait déjà signalé l'existence de cette seconde
forme, mais je ne crois pas qu'il en ait jamais publié la description.
» Je décris deux hydrates du carbonate neutre de magnésie, renfermant,
l'un 3, l'autre L\ équivalents d'eau. Ils se déposent avec le temps, en
très-beaux cristaux, dans les dissolutions de carbonate de magnésie dans de
l'eau chargée d'acide carbonique. Je les ai reçus de M. Morin, pharmacien
à Genève, qui les obtient quelquefois en quantité considérable. Si l'on
y joint les cristaux décrits jadis par M. Brooke, on voit que le carbonate de
magnésie forme des combinaisons bien définies, et parfaitement caractéri-
sées par leurs formes cristallines, avec 3, 4 et 5 équivalents d'eau.
» La forme du chlorate d'argent, comparée à celle du chlorate de soude,
apportera un nouvel argument à l'opinion qui admet que l'isomor-
phisme peut exister entre des formes appartenant à deux systèmes diffé-
rents. En effet, on sait que les sels de soude et ceux d'argent sont généra-
lement isomorphes. Or, tandis que le chlorate de soude cristallise en cubes,
celui d'argent se présente en prisme carré, terminé par un octaèdre carré
placé sur ses angles, de manière à former un dodécaèdre dont les angles ne
diffèrent pas beaucoup de ceux du dodécaèdre rhomboïdal du système
cubique.
» L'acide perchlorique forme plusieurs sels avec l'oxyde de plomb, mais
je n'ai pu obtenir constamment en cristaux déterminables qu'un perchlo-
rate bibasique, dont la composition est représentée par la formule
aPbO, ClOT-+-2Aq.
» Ce sel, très-soluble, mais non déliquescent, cristallise sous deux formes
incompatibles, bien qu'elles appartiennent toutes les deux au système du
prisme rhomboïdal oblique. Sa dissolution étendue se décompose au
contact de l'acide carbonique de l'air, et passe à l'état de perchlorate
C. R., i856, i«r Semestre. (T. XL1I, N° 6.) 3o,
( 29° )
neutre. Sa dissolution concentrée, au contraire, peut encore dissoudre du
carbonate de plomb à l'aide de l'ébullition, et fournit ensuite des cristaux
d'un sel plus basique, mais qui se décomposent rapidement au contact de
l'air et de l'eau.
» Je donne la description des formes des sulfates et des chlorures de
lanthane et de didyme. Je crois qu'il résulte de leur étude que les cristaux,
décrits par M. Schabus dans un Mémoire important, qui a été couronné, il
y a un an, par l'Académie de Vienne, et rapportés par lui aux chlorures de
ces métaux, appartenaient réellement à leurs sulfates.
» L'étude des cristaux du bioxalate de potasse m'a conduit à en répéter
l'analyse. On a généralement admis, d'après d'anciennes analyses, que ce
sel renfermait 2 équivalents d'eau de cristallisation. M. Rammelsberg, à
l'occasion de la publication de son Traité de Chimie cristaltographique ,
a repris l'analyse de ce sel et lui assigne la formule
2 (KO, HO,C406) + Aq.
» Pour moi, à la suite de plusieurs essais, je suis convaincu qu'il ne
renferme point d'eau de cristallisation, et qu'il est simplement représenté
par la formule
KO, HO, C40«. .
» Il est vrai que je ne suis pas d'accord avec M. Rammelsberg sur la
forme des cristaux de ce bioxalate. Il les rapporte à un prisme rhomboïdal
droit, tandis que je les fais dériver d'un prisme oblique. Mais la compa-
raison des angles montre que nous avons bien évidemment observé
les mêmes cristaux, seulement je crois que ce savant n'a pas mesuré
les angles qui établissent d'une manière incontestable l'obliquité du
prisme.
» Parmi les sels que j'ai examinés depuis l'impression de ce Mémoire, j'en
signalerai deux qui offrent un nouvel exemple d'isomorphisme exactement
semblable à celui qui existe entre les chlorates de soude et d'argent. On
a généralement admis l'isomorphisme des iodates neutres de potasse et
d'ammoniaque, attribuant à ces deux sels la forme cubique. J'ai constaté
que cette forme appartient bien réellement à l'iodate de potasse, mais que
l'iodate d'ammoniaque cristallise en prisme carré. Le rapport de l'axe ver-
tical aux axes horizontaux est celui de 1,01 35 ". 1, rapport si rapproché de
l'égalité, que la disposition des modifications permet seule d'affirmer que la
forme est prismatique et non cubique. »
( *9' )
voyages scientifiques. — Résultats des recherches faites à Pikermi
(Attique), sous les auspices de l'Académie. (Extrait d'une Lettre de
M. Albert Gacdry à M. Elle de Beaurnont.)
« Les recherches paléontologiques que l'Académie des Sciences a bien
voulu me charger d'entreprendre vont être terminées, et je viens vous en
faire connaître les résultats. Les découvertes qui ont été faites à Pikermi
par MM. Roth, Chcerétès, Mitzopoulos et par moi, doivent faire considérer
cette localité comme une des plus riches du monde en débris de Mammi-
fères fossiles; j'ose espérer que l'importance de mes envois au Muséum de
Paris dépassera de beaucoup les espérances que j'avais fait concevoir à
Messieurs les Membres de l'Académie. Le désir de justifier la confiance
dont ils ont daigné m'honorer m'a soutenu dans les difficultés qu'a en-
traînées l'accomplissement de ma mission. Ces difficultés ont été plus
grandes que je n'aurais pu le prévoir, à cause, de l'état d'agitation dans
lequel était le pays à l'époque de mon arrivée. Les membres du nouveau
ministère grec, et en particulier le Ministre des Affaires étrangères, M. Bot-
lis , ont fait pour moi tout ce qui était en leur pouvoir. Pendant la durée
entière de mon séjour en Grèce, une escorte nombreuse a protégé mes
travaux à Pikermi et mes diverses excursions dans l' Attique. Nos dangers
de la part des brigands se sont réduits à deux coups de feu qui nous ont
été envoyés presque hors de portée.
» Ainsi que j'ai eu l'honneur de vous l'écrire, Monsieur le Secrétaire
perpétuel, au-dessous de la première bande ossifère exploitée, j'ai découvert,
à fleur d'eau du ruisseau du Pikermi, une seconde bande plus riche que la
première. Je fixai à ce gisement le plus grand nombre de mes ouvriers.
Mais, après quinze jours de travaux, des orages terribles fondirent sur
Pikermi : le ruisseau tranquille devint un torrent furieux ; les eaux s'éle-
vèrent à une hauteur prodigieuse, déracinant, charriant des arbres entiers.
Elles emportèrent la plus grande partie des déblais que nous avions amassés;
mais peu d'ossements furent perdus, grâce à la prévoyance du chef de mes
ouvriers, M. Guicciardi. Après les orages, de nouvelles pluies sont surve-
nues, de sorte que les eaux ont continué à couvrir le gîte ossifère. Pour
reprendre les travaux, il a fallu détourner le cours du torrent; cet ou-
vrage après chaque grande pluie devait être recommencé : un de mes ou-
vriers a travaillé pendant un mois enfoncé dans l'eau jusqu'au-dessus du
genou. Malgré ces difficultés et les dépenses considérables qu'elles ont en-
39..
( 292 )
traînées, j'ai fait continuer l'exploitation de la couche située au niveau des
eaux. J'y étais excité pas deux motifs : le premier, c'est que les ossements
dans ce gisement sont mieux conservés que dans les autres; le second,
c'est que ce point n'ayant pas encore été exploité, il pouvait me fournir un
plus grand nombre d'espèces nouvelles.
» La friabilité des os de Pikermi complique le travail de leur extraction.
Tandis que l'argile qui les renferme est souvent d'une extrême dureté, les
fossiles sont dans un tel état de mollesse, que toutes leurs parties se séparent.
Pour les obtenir entiers, il fallait employer les précautions les plus minu-
tieuses, les enlever avec de vastes blocs de roches, les imbiber de gomme
sur le lieu même d'extraction. Dans tous mes travaux j'ai été parfaitement
secondé par M. G. Guicciardi.
» J'enverrai à Paris cinquante ou soixante caisses de fossiles; l'embal-
lage se fait à Pikermi, afin que les objets n'aient point à souffrir du voyage
de ce petit pays à Athènes.
» Il m'est impossible de préciser le nombre des échantillons que j'ai re-
cueillis; il est immense. J'ai trouvé des tarses et des carpes bien complets
dont les os sont restés en place ; j'ai aussi des phalanges disposées dans leur
état naturel; des cubitus avec leur radius, des tibias avec leur péroné,
plusieurs têtes avec leurs deux mâchoires. Mais en général cependant les os
sont isolés les uns des autres. Aucun squelette entier n'a été trouvé ni par
MM. Roth, Chcerétès et Mitzopoulos, ni par moi : la couche ossifère, géné-
ralement épaisse d'un demi-mètre, est un amas de pièces innombrables se croi-
sant en tous sens, entrant les unes dans les autres; ainsi, on voit des tibias,
des radius enfoncés dans des crânes, des dents placées contre des mâchoires
auxquelles elles n'appartiennent pas. Il faudra des soins extrêmes pour
rapprocher les parties dépendant des mêmes espèces, principalement lors-
qu'il s'agira des Ruminants. Il esta noter que si les ossements sont séparés
les uns des autres, ils sont cependant fort intacts et ne portent aucune trace
d'usure; dans un prochain Rapport je tirerai de ces deux faits des consé-
quences importantes.
» Privé à Pikermi de tout livre et de tout moyen de comparaison, je ne
peux encore dresser le catalogue des objets que j'ai recueillis ; j'indiquerai
seulement ceux qui m'ont frappé davantage.
» Une tête entière de singe. Une autre tête de singe à laquelle manque
la mâchoire inférieure. Plusieurs mâchoires de singes dans un très-bon
état de conservation. Cette collection formera une série complète de la den-
tition de ces animaux. Une main de singe. Ces divers échantillons appar-
(«93)
tiennent, sans doute, au Mesopithecus majorât au Mesopithecus pentelicus.
» Plusieurs mâchoires de Carnivores d'espèces différentes et notamment
de très-remarquables exemplaires du genre Hyœna. Un de ces exemplaires
se rapporte à un individu de petite taille. Dents incisives et molaires de
Castor atticus, de Lamprodon. Dents et ossements de très-petits Rongeurs
d'espèce inconnue.
» Têtes et pièces diverses appartenant à des Pachydermes. Quelques-
uns des échantillons sont d'une grande beauté; je citerai particulièrement
une mâchoire de Mastodonte, une tête de rhinocéros d'une parfaite con-
servation et d'une dimension considérable, une tête de cochon qui est éga-
lement remarquable par sa grandeur et son intégrité. Ces échantillons four-
niront, je l'espère, des idées précises sur la faune de Pikermi.
» J'ai trouvé des tibias, des fémurs, des humérus, des radius et quel-
ques autres os qui indiquent des animaux de grande dimension. Je les ai
particulièrement extraits de la bande ossifère qui est au niveau des eaux,
c'est-à-dire de celle qui est la plus inférieure.
» Deux têtes entières d' Hippotherium. Ces têtes sont de la plus belle con-
servation. L'une d'elles surtout me semble destinée à figurer parmi les plus
remarquables échantillons du Musée de Paris. Cinquante mâchoires, parmi
lesquelles plusieurs sont parfaitement intactes, et en outre une quantité in-
nombrable de fragments de mâchoires et d'os de toute sorte qui se rappor-
tent également au genre Hippotherium. Cette collection renferme des séries
complètes de dents, qui représentent tous les âges depuis le premier jus-
qu'à la période la plus avancée de la vie.
» Trois ou quatre cents mâchoires ou débris de mâchoires d'antilopes,
appartenant aux espèces Antilope Lindermayeri, hrevicornis, speciosa, et
sans doute aussi constituant des espèces nouvelles. Dix paires de cornes
d'espèces différentes et trente cornes isolées. Les plus communes sont
celles à' Antilope Lindermayeri. Ossements de chèvres. Mâchoires et divers
ossements de Bos marathonius. Nombreux ossements de girafes, côtes, os
des membres, etc. Os longs et creux qui semblent avoir appartenu à des
oiseaux. »
physique DU GLOBE. — Tableau des tremblements de terre éprouvés à
Constantinople pendant quinze ans (r84i-i855); par M. Verollot.
« 1841, S octobre, 2h3om du matin, violente secousse composée de se-
cousses verticales qui se succédèrent avec rapidité pendant plusieurs se-
( *94 )
condes. La maison que j'habitais, et dont les murs en pierre sont très-épais,
tremblait avec un bruit de craquements comme si elle allait s'écrouler. Ce
tremblement imitait (mais avec beaucoup plus de force) celui qu'éprouve
une maison suspendue au-dessus d'une voûte sous laquelle passerait rapi-
dement une voiture pesamment chargée. Environ une demi-heure après,
une série de secousses semblables aux précédentes se fit sentir de nouveau;
mais elles durèrent plus longtemps (huit à dix secondes) et cessèrent en
diminuant progessivement d'intensité, ce qui n'avait pas eu lieu la première
fois. Chacune de ces deux violentes secousses fut accompagnée d'un mu-
gissement souterrain semblable à celui d'un vent impétueux. Le vent, qui,
depuis la veille, soufflait avec force du sud, tomba tout à coup au moment
des deux secousses. Le ciel était couvert et la chaleur accablante. A la suite
de ces commotions, plusieurs minarets et de vieilles murailles s'écroulèrent,
sans autres accidents plus graves. Mais la frayeur des habitants fut ex-
trême.
» i844, 12 septembre, 2 heures du matin, faible secousse, dont la durée
fut de une à deux secondes. Elle fut ressentie dans toute la longueur du
Bosphore, dans les villages voisins, ainsi qu'à Nicomédie et plus loin en-
core.
>. 1847, 7 J*vr*r>t 5b 3om du matin, très-faible secousse accompagnée
d'un coup de vent du sud.
n i85o, 1 9 aviil, 1 ih45m du soir, secousse horizontale, assez forte pour
faire osciller les maisons en bois, balancer les lits, ouvrir les portes dans la
direction du sud au nord. Cette secousse, qui dura six à huit secondes,
fut précédée d'un sifflement semblable à celui du vent qui souffle à travers
les fentes d'une porte. Le vent du sud régnait depuis le 11, et ne passa au
nord que le 20 au soir.
» 20 avril, 2b 1 om du matin, nouvelle secousse, à peu près de même force,
mais moins longue que la précédente.
» 10 juillet, 4h 45m du matin, faible secousse horizoutale, de trois à quatre
secondes, accompagnée d'un bruit souterrain, de vent et de détonation. Elle
paraît avoir été plus sentie à Buyuk-Déré qu'à Péra. Vent de nord régulier.
» i85i, 23 août, 9 heures du soir, faible secousse horizontale, de une à
deux secondes, dans la direction du sud au nord et suivie d'un coup de vent
d'est de peu de durée. Vent de nord-est régulier. Le 24 août, à ib3oœ du
matin, forte secousse en Italie, en Suisse et en France. Le 21 octobre,
violent tremblement de terre dans l'Albanie.
>. i853, dans la première décade de décembre, vers 2 heures après-midi,
f 395 )
il y eut une secousse d'une seconde environ, assez forte pour faire craquer
murs et les boiseries. Vent d'est.
» i854, 26 janvier, 3h i5m du matin, une faible secousse. 3b45m du ma-
tin, nouvelle secousse plus forte que la première et composée de sept ou
huit oscillations, du sud au nord, qui durèrent moins de trois secondes.
Vent de sud-ouest très-faible, du a5 au 27 au soir.
» 2 octobre, 5h3om du soir, faible secousse, composée de plusieurs oscil-
lations, de l'est à l'ouest. Vent de nord-est, fort dans l'après-midi, suivi de
calme le soir.
» 3 octobre, 5 heures du matin, faible secousse. Vent de sud-est faible
dans la journée, orage le soir.
» 17 octobre, 9b45ra du matin, faible secousse consistant en plusieurs
oscillations du nord au sud. Vent de sud-est faible.
» 3 novembre, 7h i5m du matin, faible secousse, composée de plusieurs
oscillations, du sud au nord suivant les uns , de l'est à l'ouest suivant les
autres, de moins de trois secondes, sans bruit souterrain. Vent de nord ré-
gnant.
» 1 855, 24 janvier, 4h 5om du matin, faible secousse, avec oscillations de
l'est à l'ouest, et tremblement comme si une voiture pesamment chargée
passait dans la rue. Vent du nord.
» 28 jévrier, 3 heures du soir, violent tremblement de terre, comparable
pour la force à celui du 6 octobre 18^1. Il se composa de trois secousses :
la première horizontale, douce et lente; la seconde très-forte, presque ver-
ticale, formée de trente à quarante soubresauts, dont la durée totale fut
d'environ treize secondes; la troisième ondulatoire, très-courte, mais plus
forte que la première. Leur durée totale paraît avoir été de quatorze à
quinze secondes; du moins c'est ce qu'a pu constater une personne qui, en
ce moment vraiment effrayant, eut la présence d'esprit de suivre la marche
d'une montre à secondes. Cette appréciation paraît donc plus voisine de la
véritable durée que celle de plusieurs personnes qui estimèrent à quarante
et même soixante secondes la durée totale du phénomène.
» Le tremblement de terre fut précédé d'un fort mugissement souter-
rain. La vent, qui soufflait violemment du sud-est, tomba tout à coup au
moment des secousses. Le baromètre, naturellement bas à cause du vent
du nord qui régnait depuis plusieurs jours, n'indiqua rien de particulier.
Dans la nuit, le vent passa au nord, mais revint au sud-ouest le 2 mars.
» La direction des oscillations parut être du sud-ouest au nord-est à la
plupart des observateurs. Cependant elles me semblèrent plutôt aller de l'est
( 296)
à l'ouest, et ma pendule, orientée dans ce sens et un peu distante du mur,
s'arrêta. Dans le tremblement de terre ressenti à Nice, le 29 décembre i854,
à 3 heures du matin, M. Pentland a observé que les pendules dont le mou-
vement s'arrêta, furent celles qui étaient placées contre des murs ayant leur
direction perpendiculaire au sens du mouvement des secousses. Si cette
observation peut s'appliquer au cas actuel, mon appréciation serait moins
exacte que celle du plus grand nombre des personnes qui ont cru sentir les
secousses dans la direction du sud-ouest au nord-est. Au reste, dans les
circonstances comme celles dont il est question, où les secousses sont à la
fois verticales et horizontales, il est difficile (abstraction faite du trouble
involontaire et irrésistible que chacun éprouve) de saisir leur véritable sens.
C'est ce que montre encore le tremblement de terre du 29 décembre 1 854,
observé à Nice par M. P. de Tchihatcheff et par M. Pentland : le premier lui
assignant une direction du sud-est au nord-ouest, et le second de ces obser-
vateurs une direction du sud-ouest au nord-est (voir Moniteur universel
du 3o janvier i855). Les secousses furent assez fortes pour agiter les
sonnettes, renverser des meubles mal assis, lézarder des murs. Mais on n'eut
à déplorer aucun dégât considérable. Aussi, quoique ce tremblement de
terre fût plus long, plus effrayant que celui du 6 octobre 1841 , je l'estime
moins intense que ce dernier par rapport à Constaniinople .
» Le même jour, 28 février, il y eut quatre autres secousses, mais beau-
coup moins fortes que celles de 3 heures; elles eurent lieu à 3b35m, 3h 55m,
6h3om, nb45mdusoir.
» i855, Ier mars, les six secousses qui eurent lieu dans ce jour à 1 heure,
4 heures, 8 heures, nh45m du matin et 4h 55m, 7hi5m du soir, furent
faibles, excepté celle de 4h55m du soir, qui fut un peu plus forte et plus
longue que les autres ; elle dura trois à quatre secondes. Vent, pendant la
journée, nord-est, nord-nord-ouest, ouest.
» 2 mars, 2 heures du matin, une faible secousse. Vent de sud.
» 23 mars, 1 ih3om du soir, une faible secousse. Vent de sud-ouest fort.
» 24 mars, 2h 20mdu matin, oscillations du sud-est au nord-ouest pendant
moins d'une seconde, assez fortes pour faire craquer les boiseries. Vent de
sud-ouest fort.
» 26 mars, 5h45mdu matin, faible secousse. /Vent de sud-est, sud-ouest
fort.
» 27 mars, 1 1 heures du soir, très-faible secousse de l'est à l'ouest. Vent
de sud-est.
( 297 )
» a8 mars, 10 heures du soir, très-faible secousse de l'est à l'ouest. Vent
de sud-est, sud-ouest, est.
» 3i mars, 5h 5om du matin, faible secousse. Vent d'est.
» 1 1 avril, 7h4om du soir, secousse d'abord faible, lente, ondulant du
sud-est au nord-ouest, puis presque aussitôt violente, rapide, verticale et
presque giratoire; elle dura environ huit secondes. Les murs et les meubles
craquèrent fortement. Un objet suspendu au plafond de mon appartement
par un long fil éprouva une trépidation visible, puis une légère oscillation
du sud-est au nord-ouest, qui passa sensiblement au nord-est, sud-ouest,
et finit par faire peu à peu une révolution entière. Immédiatement après la
secousse, il y eut un fort coup de vent de l' ouest-sud-ouest, avec nimbus
et pluie, mais de courte durée. Le baromètre n'indiqua rien de particulier.
Le vent avait régné du sud très-faible tout le jour; le lendemain il souffla
violemment du sud, de l'ouest et du sud-ouest.
« 1 1 avril, 7h5oul du soir, secousse horizontale faible. Vent de sud faible.
8''3om du soir, secousse horizontale faible. Vent de sud faible. 10 heures du
soir, secousse horizontale faible. Vent de sud faible.
» 1 1 avril, i heure du matin, secousse horizontale faible. Vent de sud fort.
» 1 3 avril, 8b 2om du soir, secousse horizontale faible du sud-sud-est au
nord-nord-ouest. Vent de sud-ouest fort.
» i3 avril, f o heures du soir, secousse horizontale faible du sud-sud-est
au nord-nord-ouest. Vent de sud-ouest fort.
» 19 avril, 10 heures du matin, une secousse très-faible. Vent de nord-
est fort.
» 22 avril, 51' 20™ du matin, une secousse horizontale faible, du sud-ouest
au nord-est Vent de nord-est.
» 22 avril, 1 ih iom du soir, une secousse horizontale faible, du sud-ouest
au nord-est. Vent de nord-est.
» 23 avril, 2fc45m du matin, une secousse horizontale faible, du sud-ouest
au nord-est. Vent de nord-est.
» 20 août, 2h 3om du soir, faible secousse, composée de trois oscillations
de l'est à l'ouest et de moins d'une seconde. Vent de nord-est fort.
» 2 1 août, 5 heures du soir, faible secoussede l'est à l'ouest. Vent de nord-
est fort.
» 1 4 décembre, o,b 3om du soir, une secousse de moins d'une seconde,
composée de deux oscillations du sud au nord, courtes, mais assez fortes
pour faire craquer les boiseries. Vent du nord fort.
C. R , i856, 1" Semestre, (T. XLil, N° G.) 4°
( 298 )
Récapitulation îles secousses senties à Constantinople pendant quinze ans.
1841
.844
1847
i85o
»
i85i
i853
i854
i855
Octobre . .
Septembre
Février. . .
Avril. . . . ;
Juillet. . ..
Août
Décembre .
Janvier. . .
Octobre. .
Novembre,
Janvier . . ,
Février . . ,
Mars ....
Avril
Août
Décembre.
Total.
SOMBRE
de secousses.
2
I
I
2
I
I
I
2
3
1
1
5
i3
1 1
2
1
48
DEf)h
du matin
à midi.
2.
I
DE MIDI
à 6 heures
du soir.
1 3 le jour.
DE 6 HEURES
du soir
à minuit.
2
4
DE MINUIT
à 6 heures
du matin.
6
3
'9
35 la nuit.
» Sur trente- cinq secousses dont la direction est indiquée il y en a eu
vingt-neuf du sud-est-sud-sud-ouest au nord-ouest-nord-nord-est, six de
l'est à l'ouest.
» Sur quarante-six secousses pendant lesquelles la direction du vent ré-
glant a été indiquée, vingt-six fois il a soufflé du sud-est-sud-sud-ouest,
vingt fois il a soufflé du nord-nord-est-est.
Observations générales.
» A. Constantinople, les secousses de tremblement de terre ont lieu plus
souvent lorsque le vent souffle du sud que lorsqu'il souffle du nord. — Si
le vent est fort, il tombe ordinairement au moment de la secousse pour se
relever peu de temps après ; mais si l'atmosphère est calme, il est rare qu'un
( *99 )
coup de vent n'ait pas lieu immédiatement après la secousse. La tendance gé-
nérale des oscillations est plus prononcée dans la direction du sud-ouest au
nord-est que dans toute autre direction. Cependant elles ont lieu assez sou-
vent de l'est à l'ouest. Les secousses semblent être beaucoup plus fréquentes
la nuit que le jour (;: 100:87, i), et plus souvent dans la seconde que
dans la première partie de la nuit (:: 100:84,2). Celles du jour sont plus
nombreuses le soir que le matin (:: 100:62, 5). De sorte qu'on peut dire
que les circonstances favorables à la production des tremblements de terre
se rencontrent plus souvent de 6 heures du soir à 6 heures du matin que
dans l'autre moitié du jour. »
physique. — Remarque à V occasion d'une Note de M. Gaugain, insérée
dans le Compte rendu de la séance du 7 janvier 1 856 -, Lettre de
M. Riess.
« Dans cette Note, intitulée « Sur les soupapes électriques; réponse aux
observations de M. Riess », M. Gaugain a répété son opinion, qu'à travers
l'appareil qu'il a inventé, un courant d'induction passe et ne passe pas,
suivant sa direction. La Note prouve, malgré son titre, que l'auteur ne con-
naît de mes observations sur ce sujet que la partie la moins essentielle. Mes
conclusions ne sont pas basées, comme l'auteur le croit, sur les apparences
peu concluantes de la lumière électrique, mais sur l'observation des effets
magnétiques, chimiques et principalement des effets calorifiques du cou-
rant. Une de ces expériences, tout à fait contraire à l'opinion mentionnée,
est très-facile à répéter. Un thermomètre électrique, ajouté au circuit induit,
montre au premier coup d'œil, que dans le cas où la boule nue de l'appa-
reil de M. Gaugain est positive (où M. Gaugain suppose la soupape être
fermée \ réchauffement dans le circuit est beaucoup plus grand que dans
le cas où la boule est négative (la soupape ouverte). On ne voudrait pas
admettre que le courant soit condensé et rebrousse chemin dans le premier
cas, si l'on sait que la même différence de réchauffement est observée
lorsqu'on a remplacé le courant d'induction par le courant de la décharge
d'une batterie de Leyde, où il n'y a pas de doute sur le passage du courant.
J'ai assigné pour cause de cette remarquable différence de réchauffement
la différente manière de la décharge, et j'ai allégué, pour appuyer mon
opinion, des expériences connues à l'air libre. Pour le courant delà batterie
de Leyde, je regarde cette explication comme incontestable; appliquée au
[\o..
( 3oo )
courant complexe d'induction, elle me paraît à présent satisfaisante, à
défaut d'une meilleure explication. Par conséquent, je vois la cause princi-
pale des phénomènes observés à l'appareil d'induction dans la différente
manière de la décharge du courant d'ouverture, et la cause secondaire, ré-
sultante de la première, dans le passage du courant de fermeture.
» La Note de M. Gaugain ayant été insérée dans le Compte rendu de l'Aca-
démie, j'ose espérer que ma Lettre pourra l'être également. Le Mémoire
dont il s'agit ici a été publié intégralement dans les Berichte («855) de notre
Académie, dans les Annales de Poggendorff, t. XCVI, et traduit dans le
Philosophical Magazine, t. X. »
MM. Luther et Goldschmidt, qui ont chacun obtenu une médaille de
la fondation Lalande pour la découverte de nouvelles planètes faite dans
l'année i855, adressent l'un et l'autre des remercîments à l'Académie.
MM. Boudet et BouTitoN remercient également l'Académie, qui, dans sa
séance publique du 28 janvier, leur a accordé un des prix de la fondation
Monlyon pour leur moyen de déterminer la proportion des sels calcaires
dans les eaux des rivières et des sources.
M. Franck, comme fondé de pouvoirs de M. de Leuenstern, demande et
obtient l'autorisation de reprendre un Mémoire de cet auteur sur les nom-
bres polygonaux .
M. Lacre adresse de Toulon, à l'occasion d'un passage de l'Éloge histo-
rique de M. L. de Buch, prononcé par M. Flourens dans la séance publique
du 28 janvier, une Note dans laquelle, reproduisant une opinion qu'il a déjà
émise dans un ouvrage imprimé en i83g, le Manuel de V agriculteur pro-
vençal, il s'efforce d'établir, d'après les observations qu'il a faites sur les
ruines de l'ancien port de Taurentum, et d'après des renseignements puisés
à d'autres sources, que le niveau des eaux de la mer, loin de s'abaisser,
comme l'avaient cru autrefois quelques géologues, s'élèverait constamment;
il estime à 1 mètre environ l'élévation de niveau qui aurait eu lieu à Tau-
rentum dans l'espace de 10 siècles.
M. de Paravev prie l'Académie de vouloir bien lui faire remettre une
Note concernant le nom que porte Y ellébore dans les livres des Chinois,
(3oi )
Note qu'il avait adressée précédemment à l'Académie, et qui était passée
dans les mains de M. Magendie.
Dans la même Lettre, l'auteur cite un commentateur de Paul d'Egine qui
dit que le livre de ce médecin avait été désigné sous le nom de Pléiades,
parce qu'il contient et embrasse la science comme la constellation des Pléia-
des embrasse le pôle. M. de Paravey fait remarquer que cette phrase doit
paraître un non-sens pour ceux qui ignorent que le nom de Pléiade a été
appliqué par certains peuples, non-seulement à la constellation que nous
appelons ainsi, mais encore à la grande Ourse; il ajoute relativement à
l'emploi fait pour le livre de Paul d'Egine, qu'encore aujourd'hui, en
Chine, la grande Ours, ou du moins le quadrilatère formé par quatre
des étoiles principales, est appelé Ko, c'est-à-dire la constellation des méde-
cins et des chirurgiens.
M. Brown-Séquard signale une erreur qui le concerne dans le Compte
rendu de la séance du 3 décembre dernier. Il avait prié l'Académie de le
considérer comme candidat pour la chaire de Médecine vacante au Collège
de France par la mort de M. Magendie. On a indiqué par erreur sa candi*
dature comme étant pour la place vacante par suite du décès de M. Magen-
die dans la Section de Médecine et de Chirurgie.
M. Gautier adresse de Nuits une Lettre relative à sa précédente commu-
nication sur le système de numération duodécimale.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. l'abbé Koxdox envoie une rectification à sa Note intitulée les neuf
partages égaux de la surface du globe.
(Renvoi à l'examen de M. Chasles.)
La séance est levée à 5 heures un quart. É. D. B,
( 302 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 4 février i856, les ouvrages dont
voici les titres :
Les Monuments de la Géographie, ou Recueil d'anciennes cartes européennes
et orientales; par M. Jomard; 6e livraison, in-folio.
Maladies chroniques de l'appareil locomoteur. Leçons cliniques de M. le D'
Bouvier, recueillies par M. Emile Bailly ; première année, i855. Paris, j 856;
in-8°. (Offert au nom de l'auteur par M. Velpeau. )
Histoire iconographique des anomalies de l'organisation dans le règne végétal,
ou Série méthodique d'observations raisonnées de tératologie végétale ; recueillies,
décrites , figurées et gravées par M. Germain de Saint-Pierre; ae livraison
in-folio.
Anatomie comparée des végétaux; par M. G. -A. Chatin. 2e livr. in-8°.
Note sur le terrain tertiaire moyen du nord de l'Europe, suivie d'une carte des
mers aux époques des sables de Fontainebleau et du calcaire grossier; j>ar M. Ed.
Hébert; br. in-8°.
Annuaire des marées des côtes de France pour l'année i856, publié au Dépôt
de la Marine sous le ministère de M. l'amiral Hamelin; par M. A.-M.-R. Cha-
zallon. Paris, i855; in-i8.
Recueil des travaux de la Société Médicale du déparlement d' Indre-et-Loire ;
2e semestre i854; in-8°.
Memoria. . . Mémoire sur la détermination des coefficients dans les formules à
différences différentielles (differenze differentiali) ; par M. J. Zurria. Catane,
i855; in-4°.
Real decreto... Décret rojal de 26 octobre 1 853 pour l'exécution de la loi
concernant la désarnortisation des forêts avec l'avis du Comité' des Ingénieurs.
Madrid, i855;in-8°.
Resumen... Résumés des Actes de l'Académie royale des Sciences de Madrid
pendant les années i85i-i85a et 1 85a-i 853, lus dans les séances annuelles du
H octobre i853«fc/u 14 octobre 1 854; par le secrétaire perpétuel, Aon Mariano
Lorente. Madrid, i853et i854;in-8°.
Address... Discours de M. Th. Bell, président de la Société Linnéenne de
Londres , prononcé à la séance du it\ mai 1 855, avec une notice nécrologique sur
les Membres décédés; par le secrétaire M. J. Bennett. Londres, i855; in-8°.
Atmalen... Annales de l'Observatoire royal de Munich ; VIIIe vol. Munich,
i855;in-8°.
( 3o3 )
Magnetische... Observations magnétiques et météorologiques de Prague;
i3e année; ier janvier an 3i décembre 1 85 1 - Prague, i855; in-4°.
Bestimmung. .. Détermination des écarts du méridien de l'instrument des pas-
sages de l'observatoire de Greenwich ; par M. PeterS, directeur de l'observa-
toire d'Altona. Dantzig, 1 855 ; br. in-4°-
L'Académie a reçu, dans la séance du 1 1 février i856, les ouvrages dont
voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; t. XL;
Ier semestre 1 855 ; in-4°.
Institut impérial de France. Académie des Sciences. Séance publique annuelle
du lundi 28 janvier 1 856, présidée par M. Regnault, président. Programme
des prix proposés pour les années 1 856 et 1857, et programme des prix décernés
pour 1 855 ; in-/|°.
Institut impérial de France. Académie des Sciences. Eloge historique du baron
Léopod de Buch, l'un des huit associés étrangers de l'Académie; par M. Flou-
RENS, secrétaire perpétuel, lu à la séance publique annuelle du 28 janvier i856.
Paris, i856;in-4°.
Traité de Mécanique rationnelle; par M. Ch. Delaunay. Paris, i856;
1 vol. in-8°.
Eléments de Pathologie générale; par M. le professeur Chomel; 4e édition.
Paris, 1 856; 1 vol. in-8°.
Notice sur le D7 Ernest Cloquet, lue à l'Académie de Médecine dans la séance
du 1 5 janvier i856; par M. le professeur baron H. Larrey. Paris, i856;
1 feuille in-4°.
Comptes rendus des travaux de l'Académie royale de Médecine de Belgique,
lus dans la séance solennelle du 24 novembre 1 855 ; par M. le Dr Sauveur,
secrétaire de la Compagnie. Bruxelles, i856; br. in-8°.
Bapporlfait le 2 1 décembre 1 855 à la seconde Assemblée générale de la Société
de Géographie , sur ses travaux et sur les progrès des Sciences géographiques en
1 855; par M. Alfred Maury. Paris, i855; in-8°.
Boletin... Bulletin de l'Institut médical de Faïence; décembre 1 855;
in-8°.
( m )
Royal astronomical... Société royale astronomique de Londres; vol. XVI;
n° a; in-8°.
Die lehre... Théorie des gîtes ferrifères; ie fascicule; par M. B. Cotta.
Freiberg, i855;br. in-8e.
Gangstudien... Etudes sur les filons, ou Documents pour servir à la connais*
ittnce des filons de fer ; par le même; br. in-8°.
ERRATA.
(Séance du 3 décembre i855.)
Page 1024, ligne 5, M. Bbown-Séquard également, lisez M. Brown-Séquard prie l'Acadé-
mie de le considérer comme candidat pour la chaire de Médecine vacante au Collège de France
par suite dit décès de M. Magendie.
(Séance du 4 février i856.)
Page an, ligne g, au lieu de Société de Zoologie, lisez Société de Biologie.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 18 FÉVRIER 185G.
PRÉSIDENCE DE M. BINET.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMJK.
magnétisme terrestre. — Note sur quatre observations de la déclinaison
magnétique faites à Paris en i %5r\ , sur le contour de l'enceinte fortifiée.
Comparaison de ces observations avec afférentes déclinaisons me-
surées en 1 855 à l'Observatoire impérial et aux environs de Paris
par M. Lai «ier. (Suite.)
« La publication que M. Le Verrier a faite, dans le Compte rendu de la
dernière séance, des observations de MM. Goujon et Liais relatives à leurs
quatre stations extérieures à Paris, observations qu'il n'avait pas présentées
à cette séance, m'oblige de rentrer aujourd'hui dans la discussion. Avant de
compléter ma réponse, je n'ai pas besoin de déclarer à l'Académie que je
continuerai à me renfermer exclusivement dans l'appréciation des faits, et
qu'il ne sortira de ma bouche aucune de ces personnalités qui ne devraient
jamais être produites devant une assemblée qu'on respecte.
» J'aborderai d'abord la question de priorité, quoiqu'elle me paraisse
nettement résolue. C'est en août i85/j que j'ai entrepris la série des obser-
vations magnétiques sur le contour de l'enceinte continue, c'est-à-dire six
mois après la séparation du Bureau des Longitudes et de l'Observatoire,
séparation qui a forcément déterminé ma sortie de cet établissement. Je
n'avais pas alors plus de moyens de connaître les projets du nouveau
directeur que je n'en ai aujourd'hui; et lorsque M. Le Verrier a prétendu
que personne nignorait le plan qu'il se proposait de suivre pour arriver à
connaître les erreurs magnétiques de i Observatoire impérial, il n'a pas
C. R., i856, i" Semestre. (T. XLII.N» 7.) 41
( 3o6 )
réfléchi sans doute qu'il mettait en circulation un argument dont il n'a pas
besoin pour lui, et dont peuvent s'emparer ceux qui sont capables de vivre
aux dépens des travaux d'autrui. Le plan que je m'étais tracé a été claire-
ment indiqué dans Y Annuaire de ï 855, une année avant que MM. Goujon
et Liais aient exécuté leur travail d'observations aux environs de Paris, et
je suis en droit de dire, comme je l'ai dit effectivement dans ma Note du
4 février, que ces messieurs ont adopté le principe et le plan qui ont servi
de base à mes recherches. Qu'on me permette d'ajouter quelques mots
de réponse aux critiques qu'ils m'ont adressées : je me suis suffisamment
étendu, clans la dernière séance, sur l'influence que pouvaient exercer les
variations mensuelles, dans le calcul du mouvement annuel en déclinaison,
fondé sur sept années d'observations, et sur la comparaison de diverses
déclinaisons magnétiques, qui toutes ont été mesurées dans le mois de sep-
tembre en 1 854 et i855. Je n'ajouterai rien à ce que j'ai dit sur cet objet.
» Je ne puis cependant pas m'empècher de présenter une observa-
tion, sur le calcul que font MM. Goujon et Liais, pour montrer que
la méthode que j'ai suivie est inadmissible en principe : voulant appliquer
cette méthode à l'une des séries d'observations de M. Arago, ils se propo-
sent de calculer la déclinaison moyenne d'avril 1823, à l'aide des déclinai-
sons moyennes du même mois observées pendant les années 1824 à i83o,
et ils obtiennent ainsi un nombre qui diffère de 5' 27" de l'observation. La
date d'avril i8a3 n'étant pas comprise entre 1824 et i83o, ces messieurs
font ici un véritable calcul d'extrapolation , et méritent le reproche que
M. Le Verrier adressait à tort à mes calculs. J'ajouterai que cette date
d'avril 1823 n'est pas heureusement choisie; car, après s'être rapprochée
très-régulièrement du méridien astronomique, l'aiguille s'en est éloignée de
1821 à 1823 pour reprendre ensuite sa marche à peu près uniforme. Il y a
pour ces années une anomalie très-prononcée sur laquelle M. Arago appelle
l'attention du lecteur. Lorsqu'on désire sincèrement apprécier l'exactitude
d'une méthode de calcul, il ne faut pas , quand il s'agit de phénomènes
physiques aussi capricieux que les phénomènes magnétiques, choisir préci-
sément les observations qui offrent des traces aussi évidentes d'anomalies.
» La plus grande partie de la discussion de MM. Goujon et Liais roule
sur ce point, savoir qu'en changeant la date du jour pour lequel j'ai com-
paré ma formule à leurs observations, on obtient à volonté des nombres
qui concordent ou qui diffèrent entre eux. Je vois dans cette manière
d'envisager la question, une nouvelle preuve de l'incertitude de la correc-
tion qu'ils ont trouvée pour la déclinaison magnétique du pavillon Cen-
tral de l'Observatoire. Cet accord que font ou défont les perturbations,
(3o7 )
constitue un argument à deux tranchants qui peut être dirigé plus victo-
rieusement contre eux que contre moi ; car, je ne puis trop le répéter, je
ne propose pas de substituer à leur correction, ma correction qui est nulle;
je me borne à dire que les nombres qu'on a présentés comme définitifs, ne
peuvent être considérés comme tels, et qu'il faudra faire un très-grand
nombre d'observations avant d'arriver à une dernière conclusion. « Quant
w à moi, » ai-je dit dans ma première Note, page i83, « je persiste à croire
» que l'influence des attractions locales n'est pas sensible (1), ou du moins
» qu'il faudra attendre de nouvelles observations pour la déterminer,
» si tant est qu'on y parvienne. »
» La comparaison des déclinaisons magnétiques, mesurées en différents
lieux, prête à l'arbitraire beaucoup plus qu'on ne semble le croire aujour-
d'hui à l'Observatoire : l'observation assidue d'une boussole de variations, à
(i) Ces conclusions se rapportent aux observations qui ont été faites dans le pavillon Cen-
tral. Je ne nie pas qu'il puisse exister pour les pavillons de l'Est et del'Ouest quelque influence
locale, car j'ai imprime dans ma première Note, page i83, que j'avais trouvé une différence
constante dans les déclinaisons du pavillon Central et du pavillon de l'Est. J'ai eu la prudence
de ne pas m'y arrêter, en ce sens que je l'ai considérée comme une erreur locale dans l'accep-
tion la plus absolue du mot, et qu'on ne devait pas en chercher la cause dans l'action du
grand bâtiment qui en est éloigné de plus de 70 mètres.
Voici toute ma pensée sur les erreurs locales des divers points de la terrasse de l'Observa-
toire. Lorsque M. Arago fit construire le pavillon Central, le seul où il ait observé ou fait
observer, il put choisir la position la plus favorable à cet établissement ; il installa ce pavillon
à l'extrémité sud la plus éloignée du bâtiment, dans le prolongement de la ligne méridienne,
sur une partie du sol convenablement préparée, et aussi distante que possible des deux murs
qui bornent le jardin à l'est et à l'ouest. Bien des années après, afin de fournir aux voyageurs
qui venaient à l'Observatoire s'exercer au maniement des instruments magnétiques un
emplacement commode, M. Arago fit construire les pavillons de l'Est et del'Ouest. La dispo-
sition même des lieux commandait le choix de l'emplacement. Le pavillon de l'Ouest fut
établi à l'extrémité ouest de la terrasse, au-dessus des salles voûtées dans lesquelles on abritait
les arbustes du jardin et les instruments de jardinage. Il est possible qu'une certaine quantité
de fçr soit entrée dans la construction des voûtes, car on en a trouvé dans la voûte du bâti-
ment qui supporte le grand toit tournant de la tour de l'Est. L'autre pavillon se trouve à
l'extrémité est de la terrasse, dans l'angle formé par les murailles qui la bornent au sud et
à l'est.
Ce qui me fait croire qu'il faut rechercher les petites différences constantes ailleurs que
dans l'influence des fers du grand bâtiment, c'est que les observations d'intensité que j'ai
faites en divers points de la terrasse n'ont pas indiqué de variations sensibles. MM. Goujon
et Liais m'objectent, il est vrai, qu'aucune mesure de variations d'intensité n'a été faite
pendant mes observations : mais comme leur durée a été assez courte, je pense que ces varia-
tions ne peuvent guère modifier les résultats. Ils m'objectent en outre que, ne connaissant pas
4l-
( 3o8 )
laquelle ces messieurs empruntent les amplitudes diurnes de la déclinaison,
pour rendrecomparables des déclinaisons mesurées en différents lieux avec
une autre boussole, est loin de fournir des corrections exactes. Cette assertion
paraît découler naturellement de l'observation suivante qui a été faite par
M. Arago en 1819. Je la rapporte ici telle qu'il l'a rédigée lui-même :
« Le Bureau des Longitudes avait fait établir en 181 8 à l'Observatoire de
» Paris une boussole consacrée exclusivement aux variations diurnes de la
» déclinaison. Dans le courant de 181 9, le barreau d'acier qui était
» suspendu à plat éprouva, sans aucune cause apparente, un change-
» ment subit de direction ; les variations diurnes se trouvèrent en même
» temps réduites au dixième de leur valeur primitive, tandis que l'intensité
» magnétique s'était considérablement accrue. »
» Cette observation de M. Arago montre qu'une augmentation survenue
dans l'intensité d'une aiguille est aussitôt accompagnée d'une diminution
dans l'amplitude des oscillations qu'elle exécute journellement vers l'est et
vers l'ouest. Elle semble prouver, en outre, que les corrections qu'on em-
prunte à la boussole de variations diurnes ne peuvent être légitimement ap-
pliquées aux déclinaisons mesurées avec d'autres boussoles dont les aiguilles
ne possèdent pas le même degré d'aimantation, puisque ces corrections
dépendraient en partie du magnétisme de l'aiguille. Enfin elle donnerait
peut-être l'explication d'un fait qu'on a observé souvent, notamment à l'Ob-
servatoire de Paris, pour la boussole de variations qui a servi dans l'expédi-
tion d'Islande , savoir que les variations diurnes obtenues dans le même lieu
avec deux aiguilles différentes sont loin d'être identiques.
la valeur du coefficient particulier à l'aiguille employée, qui dépend des variations que les
changements de température déterminent dans la durée des oscillations , on est obligé de
négliger la petite correction qui en résulterait. Ces observations ayant été faites à peu près à
la même température, je laisse aux personnes qui ont l'habitude des observations magnétiques
le soin d'apprécier la portée de cet argument.
Enfin, me basant sur l'identité entre les deux déclinaisons trouvées par ces messieurs en
deux points situés à 160 mètres et à 100 mètres du chemin de fer de Sceaux (voir page 256), je
me demande, tout en tenant compte de ce que ces deux cas peuvent offrir de dissemblable,
si le bâtiment de l'Observatoire doit causer des variations assez notables dans les déclinaisons
des différents pavillons qui n'en sont pas très-inégalement éloignés, lorsque le chemin de fer
n'en a causé aucune pour un changement de distance beaucoup plus grand.
C'est pour ces motifs que je pense que les erreurs observées dans les différents pavillons
sont dues à la présence de quelque barreau de fer placé sous leurs fondations; mais je crois en
même temps que le pavillon Central, situé plus favorablement, en est tout à fait exempt.
Est
• i9°59'
20 . 1 1
Ouest
Variation E.-O. . .
-+- 12
(3o9)
» Quoi qu'il en soit de ces réflexions, j'arrive à la comparaison des nom-
bres que j'ai calculés pour les déclinaisons des stations extérieures de
MM. Goujon et Liais avec les nombres qu'ils ont observés directement. Il
importe de faire remarquer ici que c'est précisément sur ces quatre obser-
vations que M. Le Verrier s'est appuyé pour montrer que les déclinaisons
magnétiques du pavillon Central doivent recevoir une correction de 6' 3c/'.
» Plaçons en regard les quatre nombres qui appartiennent respectivement
aux deux systèmes.
Observations de MM. Goujon et Liais.
Déclinaison. Déclinaison.
Nord '.. i9°56',45 Est i9°52',83
Sud 19.57,85 Ouest 20. 4>75
Variation N.-S + > >4° Variation E.-O. ... -+- 11 ,92
Déclinaisons magnétiques d'après la formule.
Nord * i9°58'
Sud 20. 6
Variation N.-S. ... +-8
» Je remarque d'abord que la variation est-ouest de \i' donnée par la
formule s'accorde exactement avec la variation de 11 ',92 déduite de l'ob-
servation. On est donc obligé de reconnaître que la formule donne exacte-
ment les variations est-ouest.
a Je remarque ensuite que les déclinaisons observées au nord et au sud
ne diffèrent l'une de l'autre que de i',4o '■ ainsi, d'après les observations de
MM. Goujon et Liais, le méridien astronomique à Paris serait presque une
ligne d'égale déclinaison, ce qui n'est pas; car, d'après les cartes de M. Du-
perrey, la direction générale des lignes d'égale déclinaison s'écarte nota-
blement du méridien astronomique, vers l'ouest. Je conclus de là que
l'un des deux nombres nord et sud au moins est inexact.
» Passons maintenant à la comparaison des valeurs absolues :
Nord. Sud. Est. Ouest.
Déclinaison observée.... i9°56',45 i9°57',85 i9°52',83 20° ^',',5
Déclinaison calculée 19.58 20 6 19.59 20 1 1
Calcul — observation +i,55 -t-8,i5 +6,17 -(-6,25
» La déclinaison observée au nord diffère à peine de la déclinaison cal-
culée : ainsi ma formule représente, i° les déclinaisons magnétiques obser-
vées sur quatre points de l'enceinte continue ; 20 les déclinaisons de la Ma-
ternité et du pavillon Central de l'Observatoire ; 3° la déclinaison observée
( 3io )
au nord de Paris par MM. Goujon et Liais. Or, comme les déclinaisons cal-
culées dépendent à la fois du mouvement nord-sud et du mouvement est-
ouest, que ce dernier a été reconnu exact, je conclus de cet ensemble que
le mouvement nord-sud l'est pareillement, et que la formule peut servir à
calculer avec assez d'approximation les déclinaisons magnétiques des trois
stations de MM. Goujon et Liais au sud, à l'est et à l'ouest de Paris. Les
différences entre le calcul et l'observation sont respectivement représentées
par les nombres
-f-8',i5 -+-6',i7 +6',25
dont la moyenne +6', 86 est précisément égale à la correction qu'on pro-
pose d'appliquer aux déclinaisons observées dans le pavillon Central de
l'Observatoire. Je suis porté a croire pour ma part que ces différences sont
des anomalies dont les instruments magnétiques offrent malheureusement
plus d'un exemple, et qu'en tout cas la correction proposée a besoin, pour
être acceptée, d'être confirmée par un grand nombre d'observations. On
trouverait pour la correction réelle une valeur beaucoup plus grande, que
je ne croirais pas que la série des observations magnétiques de l'Observatoire
de Paris fut plus compromise que les séries analogues qui ont été faites
dans les observatoires étrangers situés, comme l'Observatoire de Paris, au
sein des grandes villes et à proximité des constructions en fer. Si jamais on
parvenait à déterminer la correction en question au moyen d'observations
faites aux environs de Paris, je pourrai dire que j'ai été le premier à signaler
cette méthode à l'attention des physiciens. J'ajoute que tous les argu-
ments que j'ai employés sont en quelque sorte antérieurs à cette discus-
sion, car ils se trouvent implicitement renfermés dans les observations
de Y Annuaire de 1 855. On aurait donc pu éviter facilement la discussion
actuelle.
» Je crois avoir répondu aux objections qui m'ont été faites : je n'ai pas
dû répondre aux paroles blessantes qu'on a cru devoir m'adresser. Je suis
d'avis qu'elles n'ajoutent rien aux meilleurs arguments, et que la modéra-
tion et la raison marchent ensemble de compagnie ; je désire qu'en ce qui
me concerne, l'Académie accepte cette dernière conclusion. »
Réponse de M. Le Verrier à M. Laugier.
« Je regrette bien vivement, dit M. Le Verrier, que nos usages inter-
disent à l'Académie de porter un jugement sur les débats scientifiques qui
s'élèvent entre ses Membres. Il en résulte que les discussions se prolongent
outre mesure et n'arrivent jamais à une conclusion suffisamment claire
(3n )
pour ceux qui, plus ou moins étrangers à la science dont un point est en
conteste, ne peuvent suivre le débat. dans les subtilités où on l'égaré. Il
s'ensuit encore que la plupart du temps les questions sont reprises et
vidées devant les sociétés étrangères.
» Il y a toutefois, dans toute discussion scientifique, un caractère parti-
culier qui permet de juger infailliblement laquelle des deux parties est dans
la vérité. Des deux adversaires, l'un cherche à simplifier le débat, à le ra-
mener à la constatation de quelque fait clair, précis : c'est celui qui a
raison. L'autre, au contraire, celui qui a tort, généralise les questions, les
complique le plus qu'il peut, en embrouille toutes les parties les unes dans
les autres, et surtout ne manque jamais de présenter comme étant une
attaque personnelle les objections faites à ses théories, à ses observations.
» La discussion actuelle ne pouvait échapper à cette loi commune (i).
Tous mes efforts ont été vains jusqu'ici pour amener M. Laugierà séparer
des points qu'il ne faut pas confondre, à les discuter séparément, ou même
à s'expliquer sur le plus important d'entre eux. On me pardonnera donc de
me répéter et d'être obligé de chercher de nouveau, et en peu de mots,
à remettre la question sur ses pieds.
g » La question ici débattue renferme deux parties bien distinctes :
» i°. Il s'agit de savoir si les attractions locales ont, à l'Observatoire de
Paris, quelque influence sensible sur la boussole;
» 20. Ces influences sensibles une fois prouvées, il reste à en donner la
mesure exacte.
» Sur le premier point, la démonstration de l'influence des attractions
locales résulte positivement de ce que, de l'est à l'ouest de notre terrasse,
la déclinaison varie de près de sept minutes; c'est un fait simple, corro-
boré par d'anciennes observations de M. Laugier; fait sur lequel on eût dû
s'expliquer avant tout, et que j'ai même offert à M. Laugier de venir vérifier
de nouveau à l'Observatoire.
(i) J'ai été très-malheureusement plus d'une fois dans l'obligation de contester l'exactitude
de documents apportés par M. Laugier dans la science ; et bien que les faits m'aient, dans tous
les cas, donné raison de la manière la plus absolue, M. Laugier a toujours cru devoir se plain-
dre personnellement. Ainsi en a-t-il été de certains travaux sur les comètes, question jugée
depuis lors en Allemagne et résolue contre M. Laugier; ainsi en a-t-il été des observations
météorologiques qu'on a imprimées sans les avoir faites ; ainsi en est-il .aujourd'hui du ma-
gnétisme; ainsi en sera-t-il sans doute pour des questions astronomiques dont je n'ai pas
encore entretenu l'Académie, et sur lesquelles il faudra néanmoins que la vérité se fasse jour.
Mais, je le répète, c'est la loi de toute discussion : il faut donc bien s'y résigner.
(3ia )
» Or c'est sur la question ainsi ramenée à un point de fait net et précis,
qu'il a été jusqu'ici impossible de fixer l'attention de M. Laugier. Après
avoir, dans un premier article, déclaré qu'il n'était pas prudent de s'arrêter
aux résultats de ses propres observations, M. Laugier s'enveloppe dans une
réserve absolue à l'égard des variations de la boussole dans l'enceinte de
l'Observatoire. Pas un mot sur ce fait, soit dans la Note insérée au Compte
rendu de la précédente séance, soit dans les considérations qui viennent
d'être produites devant l'Académie et où l'on reprend pour la troisième fois
la discussion des observations extérieures, en y introduisant les mêmes
erreurs que nous avons déjà signalées.
» Ainsi conduite, la discussion paraîtrait manquer de sincérité et pour-
rait s'éterniser sans utilité si le silence et la réserve de M. Laugier n'avaient
une signification qui n'échappera à personne. En refusant de s'engager sur
un terrain où le débat eût été facilement vidé, M. laugier a clairement
montré qu'il n'a pas lui-même une grande confiance dans sa propre cause
et donné pleine et entière raison à MM. Goujon et Liais. '
» Sur le second point, savoir la mesure des influences locales prouvées
par ce qui précède, il est nécessaire de faire intervenir les observations exté-
rieures. Bien qu'il soit évident que cette seconde partie de la question
doive avoir été mal traitée par M. Laugier, pour qu'il soit arrivé à des con-
clusions contraires à des faits positivement établis par des mesures prises
dans l'intérieur de l'Observatoire, et dont on ne conteste pas l'exactitude,
nous résumerons la discussion sur ce point, et montrerons en quoi consis-
tent les erreurs qui ont été commises. Mais, afin de n'avoir plus à y revenir,
nous attendrons que M. Laugier ait écrit les nouvelles considérations dans
lesquelles il vient d'entrer. »
PISCICULTURE. — Note sur l'empoissonnement des eaux du bois de Boulogne,
par M. Coste.
« L'expérience de physiologie appliquée qui s'accomplit depuis deux ans
dans les bassins artificiels du bois de Boulogne, donne aujourd'hui de si
importants résultats, et devient tellement concluante, qu'on peut la consi-
dérer comme la preuve acquise de la possibilité de réaliser, à coup sûr, dans
des bassins d'eau presque dormante, l'élève et l'acclimatation, sur une
grande échelle, des espèces les plus estimées.
» L'Académie le comprendra en voyant les sujets vivants que je mets
sous ses yeux. Ces poissons proviennent d'une seconde pèche qui a eu lieu
( 3i3)
mercredi dernier en présence de plusieurs personnes, et notamment de
M. le marquis de Vibraye, l'un des propriétaires qui ont le plus fait pour la
pisciculture en France. Quelques coups d'épervier, jetés du bord du lac
seulement, ont suffi pour amener cent dix truites et saumons; ce qui prouve
qu'il doit y en avoir une quantité très-considérable dans la totalité du
bassin.
» Parmi ces poissons, les uns sont âgés d'une année seulement et ont
déjà i4 à 16 centimètres de long; les autres sont âgés de trois ans, et n'ont
pas moins de 4° à 44 centimètres et un poids de deux livres; ce qui, sur le
marché de Paris, leur donnerait une valeur de 3 francs au moins. Il ne s'agit
donc plus ici d'une simple expérience de laboratoire, mais d'une question
économique.
» Dans les milieux où ces espèces vivent en pleine liberté, elles ne
prennent jamais, en un même laps de temps, ni un plus grand accroisse-
ment, ni une plus grande vigueur : j'en ai vu la preuve dans tous les fleuves
et les lacs naturels où j'ai eu l'occasion d'observer leur développement, et
j'en ai fait l'expérience dans la Seine elle-même, où, l'année dernière, un
certain nombre de jeunes ont été jetés aux environs de l'Hôtel-Dieu.
Comme ces animaux ont coutume de se cantonner jusqu'au moment de
leur émigration, on a pu, ces jours-ci, reprendre deux saumoneaux au
voisinage du lieu où ils avaient été mis. Ces saumoneaux, l'Académie
peut s'en convaincre par l'un des spécimens placé à part dans un bocal,
ne sont, à parité d'âge, ni plus vigoureux, ni plus grands que ceux du bois
de Boulogne.
» Quant à la chair de ces poissons parqués, je puis affirmer qu'elle con-
serve ses excellentes qualités, et si c'était nécessaire, je pourrais, sur ce
point, invoquer aujourd'hui un grand nombre de témoignages. »
cristallographie. — Note sur la forme cristalline du silicium;
par M. de Senarmont.
« Cette Note a pour but principal de réparer une erreur que j'ai commise
dans une précédente communication et qui se trouve au Compte rendu de
la séance du i4 janvier i856. [Comptes rendus, t. XLII, page 52).
» Lorsque j'ai examiné le silicium cristallisé préparé par M. Deville, je
n'ai d'abord trouvé que des prismes hexaèdres de 1 20 degrés, ou des rhom-
boèdres dont j'avais approximativement évalué l'angle à 6o,°3o'.
» Depuis cette époque, j'ai reçu de M. Deville des cristaux de même
forme, mais se prêtant mieux à des mesures exactes; l'angle des rhomboè-
C. R , i856, 1" Semestre. (T. XLU, N° 7.) 42
(3.4)
(1res se déterminait avec précision ; et je l'ai trouvé égal en moyenne a
700 3a' avec des limites d'erreur, en plus et en moins, qui ne dépassent pas
a à 3 minutes.
» Cet angle ainsi rectifié est précisément celui du tétraèdre régulier; je
devais dès lors concevoir quelques doutes sur la forme rhomboédrique
que j'avais tout d'abord attribuée au silicium.
» Lorsqu'en effet deux faces parallèles d'un octaèdre régulier disparais-
sent par l'extension anormale des six autres, cet avortement partiel de
l'enveloppe géométrique change le solide en un véritable rhomboèdre
sous les angles propres au tétraèdre régulier.
» Les prismes hexagonaux, les rhomboèdres que j'avais d'abord rencon-
trés, pouvaient donc être une de ces déformations symétriques, une de ces
anomalies régulières si communes dans les cristaux. Pour en avoir la
preuve, il suffit d'examiner du silicium provenant de préparations diffé-
rentes.
» Ses cristaux montrent alors des dissemblances empruntées sans doute
aux conditions spéciales de chaque opération. Outre les chapelets de
pseudo-rhomboèdres qui avaient causé ma méprise, on trouve de pareils
chapelets d'octaèdres parfaits, enfilés sur une même normale commune à
deux de leurs faces parallèles. L'octaèdre extrême est alors le seul qui
continue à simuler un rhomboèdre, à cause de l'excessif amoindrissement
et même de l'entière disparition de sa face terminale perpendiculaire à
l'axe de figure de tout le système.
» Enfin, M. Descloizeaux a extrait de l'une des préparations de M. De-
ville des octaèdres presque isolés, mesurables sur tout leur contour, avec
des angles de io9°28' à toutes leurs arêtes.
» Des prismes hexagonaux de silicium, terminés par un pointement
trièdre reposant sur leurs arêtes alternes donnent aussi, pour l'angle aux
arêtes du prisme 120 degrés, pour l'angle aux arêtes culminantes du poin-
tement 7o°32', et i44°44' pour l'angle aux arêtes d'intersection des faces
de ce pointement avec les faces du prisme hexagonal.
» Ce dernier n'est, par conséquent, qu'un dodécaèdre rhomboïdal exces-
sivement allongé parallèlement à l'un de ses axes hexaédriques et surmonté
par trois faces d'un tétraèdre régulier.
» De tout ce qui précède, il résulte que, malgré une propension remar-
quable vers les types rhomboédriques, le silicium ne se rapproche pas,
comme je l'avais d'abord cru par erreur, des métaux caractérisés par ce
système cristallin. Il vient, au contraire, se placer dans la série nombreuse des
corps simples réguliers près de quelques métalloïdes, notamment près du
(3r5)
diamant; je remarquerai même, sans attribuer d'ailleurs une grande portée
à ce rapprochement, que l'un et l'autre ont dans leurs groupements une
certaine tendance à l'hémiédrie tétraédrique et présentent fréquemment des
faces courbes. »
zoologie. — Sur un œuf d'Êpjrornis récemment arrivé en France;
par M. Is. Geoffroy-Saint-Hilaire.
« J'ai mis sous les yeux de l'Académie, il y a un an (i), grâce à l'obli-
geance de M. le capitaine Armange, un œuf d'Epyornis, beaucoup plus
volumineux encore que ceux que j'avais d'abord présentés (a). Son grand
axe n'a pas moins de om,334, le petit étant de om,238; son volume est
de très-peu inférieur à 10 décimètres cubes ( omc, 009906 ).
» C'est encore à M. Armange que je dois la communication d'un
autre œuf d'Epyornis, que j'ai cru devoir présenter aussi à l'Académie.
Celui-ci ressemble beaucoup à un des œufs qui, en i85i, sont venus nous
révéler l'ancienne existence à Madagascar de l'oiseau gigantesque, si
connu aujourd'hui sous 'le nom à'Êpjornis. La forme de cet œuf est,
de même, presque exactement celle d'un ellipsoïde de révolution, et
son volume est aussi d'un peu moins de 9 décimètres cubes. Les deux œufs
sont, en un mot, si semblables à tous égards, qu'on pourrait les confondre
l'un avec l'autre; et je n'aurais pas cru devoir occuper l'Académie une
quatrième fois de l'Épyornis géant, si l'œuf que m'a remis en dernier
lieu M. Armange, ne présentait, sous un point de vue, un intérêt particulier.
» D'après l'examen des œufs d'abord connus, j'avais été porté à croire
que la coque est, chez l'Épyornis, rugueuse, granuleuse, comparable à celle
que tout le monde connaît chez le Casoaret le Dromée. Toutefois j'ai cru de-
voir, avant d'admettre définitivement et d'énoncer cette opinion, attendre
qu'elle fût justifiée par l'examen d'un plus grand nombre de pièces, et de
pièces moins altérées par le temps. J'ai eu lieu de m'applaudir de cette ré-
serve. Parmi les fragments d'œufs d'Epyornis qu'un voyageur plein de zèle
et d'obligeance, M. Delamarre, a bien voulu me donner en i854, et que
j'ai distribués entre les principaux musées de France, plusieurs m'avaient
déjà présenté une texture différente de celle que j'avais d'abord observée :
ils étaient remarquablement lisses. La même texture se retrouve sur une
grande partie de la surface de l'œuf qui est en ce moment sur le bureau
(1) Comptes rendus, t. XL, p. 5i8 ; mars i855.
(2) Ibid. , t. XXXII , p. 101 ; janvier i85i.
(3) Ibid., t. XXXIX, p 834; octobre ,854-
42..
(3i6)
de l'Académie. La coque en est, par places, lisse et polie au point de mi-
roiter, malgré l'existence d'un assez grand nombre de stries ou de petits sil-
lons linéaires, tous dirigés dans le sens du grand axe, et comparables aux
petits points creux de l'œuf, lisse aussi, de l'Autruche.
» C'est là un élément de plus dont les zoologistes auront à tenir compte
dans la détermination des rapports de l'Épyornis avec les autres oiseaux,
problème dont la solution divise encore si profondément les zoologistes.
A ce point de vue, le nouvel œuf d'Épyornis offre un véritable intérêt scien-
tifique; et je devais d'autant plus m'empresser de le mettre sous les yeux
de mes confrères, qu'il sera peut-être impossible d'en enrichir nos collec-
tions, malgré le bon vouloir de M. Armange qui, par malheur, est seule-
ment dépositaire de cet objet précieux.
» Cet œuf d'Épyornis, et les quatre autres que j'ai présentés à l'Académie,
deux en i85i, deux en i855, sont les seuls entiers que j'aie vus, mais non
les seuls que je connaisse ; un sixième est encore chez M. le capitaine Ar-
mange. Ces six œufs, d'après les renseignements qu'il a recueillis, et un
septième qui malheureusement a été brisé dans'le trajet de Madagascar à
l'île de la Réunion, et qu'on a restauré en grande partie au Muséum, ont été
trouvés dans le même éboulement ou dans la rivière qui en baigne le
pied: deux par les Malgaches; les cinq autres, d'après leurs indications,
par des marins français. Les fouilles et les recherches dans la rivière,
qu'ont faites depuis plusieurs voyageurs anglais et français, n'ont produit
que des fragments, la plupart de petites dimensions.
» Les Malgaches, comme je l'ai dit ailleurs (i), prétendent que l'Epyornis
existe encore. Ils ont redit à M. le capitaine Armange ce qu'ils avaient dit
quelques années auparavant à M. le capitaine Abadie. Des vieillards ont même
raconté à M. Armange qu'ils avaient vu dans leur jeunesse des Epyornis, non-
seulement dans l'intérieur de l'île, où l'espèce serait aujourd'hui reléguée,
mais jusque sur la côte. L'Épyornis serait, selon leurs expressions, un oiseau
grand comme un nuage, qui enlèverait facilement un bœuf dans ses serres,
pour le transporter dans les montagnes et s'en repaître. Ce sont là, sans nul
doute, des contes populaires, imaginés sans doute d'après la grosseur, encore
exagérée, des œufs de l'Épyornis, dans lequel nous ne voyons toujours,
comme en i85i, qu'une espèce éteinte d'oiseau frugivore et inailé (2). »
(1) Loc. cit., t. XXXII, p. 106.
(2) Ce sont en partie ces récits fabuleux qui , amplifiés encore par l'imagination des
Arabes , ont donné lieu au conte du Roc qui enlève, non plus seulement des bœufs , mais
des éléphants. Chacun des deux peuples a attribué pour proie à l'oiseau gigantesque le
plus grand des quadrupèdes connus de lui.
(3.7)
économie RURALE. — Note sur l'emploi , comme fourrage, des feuilles
d'orme, de vigne et de peuplier; par M. J. Isidore Pierre. (Transmis
par M. le Ministre de l'Instruction publique.)
« Dans la plupart des pays vinicoles, les feuilles de vigne, au moment
des vendanges, les produits de l'ébourgeonnage, quelques mois plus tôt,
constituent, pour les vignerons, une précieuse ressource comme fourrage
vert ; on peut même dire que, dans les mois de septembre et d'octobre, les
feuilles de vigne forment souvent la plus forte partie de la nourriture de
la vache du petit vigneron. La cueillette de la feuille de vigne est facile, et
peu d'instants suffisent pour obtenir l'approvisionnement de plusieurs jours
à une époque où le temps est précieux. J'ai voulu savoir quelle pouvait être
la valeur de ce fourrage vert, pris à diverses époques de l'année; pour cela,
j'ai cueilli, sur quatre pieds de vigne de l'espèce dite chasselas blanc, i ki-
logramme de feuilles de toutes grandeurs, entières, i° le 18 juin i855;
20 le 8 novembre, les feuilles étant encore vertes; 3° le 25 novembre, au
moment de la chute, en choisissant les feuilles qui tombaient lorsqu'on
agitait les sarments.
» i°. 18 juin 1 855. — On a cassé un certain nombre de bourgeons très-
tendres, au-dessus de la cinquième feuille, et on les a partagés en deux
parties dont la première, composée uniquement des feuilles, représentait
1 8,9 pour ioo du poids total, tandis que les bourgeons dépouillés de
feuilles, mais conservant encore leurs vrilles, représentaient 8i,i pour ioo
de l'ensemble complet. Tout était assez tendre pour être mangé sans résidu.
Les feuilles n'étaient pas encore franchement vertes et conservaient encore
cette nuance rose-violâtre que présentent souvent les jeunes feuilles de vigne
quand la pousse est rapide.
Feuilles.
Eau 78,3 pour 100
Matière sèche 21,7
Total.... ioo, o
! Premier dosage 4 > '9
Seconddosage 4>33
Moyenne 4>26
Azote pour ioo de feuilles fraîches. ... 0,92
(3,8)
Bourgeons dépouillés de leurs feuilles , mais encore munis de leurs vrilles.
Eau go , i
Matière sèche g,g
Total .... 1 00 , o
! Premier dosage . . 2,78
Second dosage 2,55
Moyenne 2,66
Azote pour ioo de matière fraîche 0,26
» Si nous réunissons, par le calcul, les deux parties, nous trouverons,
pour la richesse moyenne des bourgeons munis de leurs feuilles :
1°. A l'état frais.
Azote contenu dans les 81 , 1 de bourgeons sans feuilles 0,21
Azote contenu dans les 18, g de feuilles 0,17
Azote contenu dans les 100 p. de bourgeons munis de leurs feuilles o, 38
a°. A l'état tec.
Azote contenu dans les 66,3 de bourgeons sans feuilles 1 ,76
Azote contenu dans les 33,7 de feuilles 1 AA
Azote contenu dans 100 parties de bourgeons entiers 3 20
2°. 8 novembre i855.
!Eau 76 , 1 pour 1 00
Matière sèche 23,g
Total 100,0
! Premier dosage 1 ,g6
Second dosage 1 ,gi
Moyenne 1 , g4
Azote pour 1 00 de feuilles fraîches o ,46
3°. 25 novembre i855.
_ ..... / Eau ' 76 pour 100
feuilles jaunies, tombant naturellement, mais \ ., ., , , ,
, , ; Matière sèche 24
saines au moment de leur chute »
Total 100
! Premier dosage 1 ,48
Second dosage 1 , 4 '
Moyenne 1 ,44
Azote pour 100 de feuilles fraîches o,35
» Les feuilles de vigne, surtout lorsqu'elles sont encore très- tendres,
constituent donc un fourrage vert très-riche en matière azotée, compa-
rable, sous ce rapport, aux meilleurs regains de sainfoin. A l 'arrière-saison,
lorsque les gelées blanches d'automne n'en viennent pas accélérer la chute,
les feuilles de vigne, même à la fin d'octobre, contiennent encore autant
( 3i9)
de matière azotée que la plupart des fourrages verts du printemps. Enfln,
au moment de leur chute, ces mêmes feuilles, lorsqu'elles sont saines, pour-
raient encore constituer un assez bon fourrage.
» Si nous supposons ces feuilles fanées à la manière des fourrages ordi-
naires, c'est-à-dire au point de ne plus retenir qu'environ 20 pour 100
d'eau, celles qui ont servi aux analyses précédentes doseraient :
Les dernières 1 , i5 pour 100 d'azote.
Les secondes 1 , 55 »
Les premières 3,3i »
Et enfin les bourgeons entiers a, 56 »
» Ces résultats nous montrent que les feuilles de vigne, alors même
qu'elles sont sur le point de tomber, conserveraient encore, après le fanage,
une richesse en azote au moins égale à celle du bon foin.
» Lorsqu'on veut réduire en poudre les feuilles de vigne desséchées, on
éprouve une certaine difficulté à opérer convenablement la division des
dernières parties les plus résistantes, qui se présentent sous forme de fila-
ments cotonneux dont il n'est pas facile d'avoir raison. C'est sans doute à
cette circonstance qu'il faut attribuer les petits écarts que présentent les
dosages de la même matière, dont l'homogénéité pouvait laisser quelque
chose à désirer.
FEUIBLES D'ORME.
» Lorsqu'on les destine aux vaches, les feuilles d'orme se cueillent comme
les feuilles de vigne, en ébroussant à la main les jeunes rameaux de la base
vers le sommet. Le plus ordinairement, dans les pays où cette pratique est
commune, c'est l'ouvrage des enfants, qui montentsur les arbres munis d'un
sac qui se trouve bientôt rempli. Je dois ajouter que les feuilles d'orme pas-
sent généralement pour être un meilleur fourrage vert que les feuilles de
vigne. Lorsqu'on destine ces feuilles aux moutons, la récolte s'en fait autre-
ment; les ormes sont élagués tous les quatre ou cinq ans, exploités sous forme
de têtards plus ou moins élevés, afin d'en obtenir le plus de branches possi-
ble. L'élagage se fait à la fin de septembre ou au commencement d'octobre;
on met de côté les grosses branches et on lie en bottes les rameaux et brin-
dilles munis de leurs feuilles, après les avoir laissés faner à la manière des
fourrages ordinaires. Ce fanage, lorsque le temps est sec, peut se terminer
en vingt-quatre heures. Ces bottes de Jeuitlards sont ensuite entassées au
fenil pour être consommées au commencement de l'hiver, et beaucoup de
cultivateurs considèrent qu'une botte de bon feuillard d'orme peut rem-
placer une botte de trèfle de qualité ordinaire.
» Si l'on songe que cette pratique est répandue dans beaucoup dé nos
( 3ao )
départements, et notamment dans ceux du Cher, de la Charente et du Loi-
ret, et qu'en Normandie la feuille d'orme passe pour une excellente nour-
riture pour les porcs, on comprendra que l'examen de ces feuilles devait
offrir quelque intérêt, et qu'il y avait lieu de s'assurer si leur richesse en
principes plastiques, déterminée par l'analyse chimique, viendrait justifier
le fréquent emploi qu'on en fait. J'ai donc cueilli, à trois époques de l'an-
née, i° le 2 juin i855, 20 le 11 août, 3° le 9 novembre, plusieurs kilo-
grammes de feuilles prises sur plusieurs ormes, sur différentes parties de
ces arbres, en ébroussant à la main les rameaux comme dans la pratique
usuelle, et c'est sur chacune de ces récoltes, après un mélange convenable-
ment fait, qu'ont porté les analyses dont il va être rendu compte ci-après :
l°. Feuilles d'orme cueillies le i juin i855.
Eau 76,0 pour 1 00
Matière sèche 24 , o
Total 100,0
! Premier dosage 4» '^
Second dosage 4>25
Moyenne 4>2°
Azote pour 100 de feuilles fraîches 1 ,01
2°. Feuilles cueillies le il août i855.
» On en a fait deux lots, l'un composé des feuilles les plus tendres, l'autre
des feuilles plus anciennes :
1er LOT. — Feuilles les plus tendres, prises à l'extrémiiê des rameaux.
Eau 70 pour 100
Matière sèche 3o
Total 100
S Premier dosage 3 , 69
Second dosage 3, 87
Moyenne 3,^8
Azote pour 100 de feuilles fraîches 1 , 1 3
2e LOT. — Feuilles plus anciennes.
Eau 67 ,6 pour 1 00
Matière sèche 32,4
Total 100,0
! Premier dosage 3 ,0 1
Second dosage 2,89
Moyenne 2>95
Azote pour 1 00 de feuilles fraîches o ,955
( 3a i )
3°. Feuilles cueillies le g novembre i855.
» Ces feuilles, encore vertes, commençaient à peine à prendre une légère
teinte jaunâtre dans quelques-unes de leurs parties.
» Elles renferment :
Eau , 63 , 3 pour .i oo
Matière sèche 36 , 7
Total 1 00 , o
I Premier dosage 2 , 09
Second dosage 2,o5
Moyenne 2,07
Azote pour 100 de feuilles fraîches. ... 0,^55
» Il résulte de ces analyses qu'à l'époque où elles vont tomber naturelle-
ment, les feuilles d'orme saines contiennent encore autant de matière azo-
tée que des meilleurs fourrages verts usuels de printemps, et qu'au mois
d'août, les feuilles les plus tendres, quoiqu'elles contiennent 70 pour 100
d'eau, renferment néanmoins presque autant de matière azotée que le foin
normal fané. Si nous prenons ces feuilles à l'état fané, c'est-à-dire conte-
nant encore en moyenne environ 20 pour 100 de leur poids d'eau, nous
y trouverons :
i°. Dans les feuilles du 2 juin 3 j 36 pour 100 d'azote
Premier lot. . . . 3, 06
20. Dans celles du 1 1 août. . .
( Second lot 2,0b
3°. Enfin dans celles du 9 novembre ..,..' 1 ,66
c'est-à-dire que même, dans ce dernier cas, les feuilles d'orme se pla-
ceraient presque sur la même ligne que le foin de prairies artificielles, et
au-dessus du foin normal de prairies naturelles.
» Comme la récolte de ces feuilles se fait un peu avant leur parfaite ma-
turité, on peut évaluer, d'après ce qui précède, à 2 pour 100 leur richesse
en azote après le fanage, et cette richesse justifie le soin avec lequel on les
conserve dans les pays où les fourrages ordinaires sont médiocrement abon-
dants.
FEUILLES DU PEUPLIER DU CANADA.
» Je n'ai soumis à l'analyse que des feuilles tendres, cueillies le 2 juin
i855 et n'ayant pas plus de dix à douze jours, et des feuilles cueillies le
11 août. Comme pendant la première cueillette les feuilles étaient le plus
souvent accompagnées de petits bouts de rameaux qui les portaient, j'en ai
C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 7.) 4^
( 322 )
fait deux lots, dont le premier se composait uniquement de feuilles, et dont
le second comprenait de jeunes bourgeons effeuillés, de 2 à 8 centimètres
de longueur, extrêmement tendres, mais dont le poids, comparé à celui des
feuilles, était extrêmement minime.
Ier LOT DE LA RÉCOLTB DU 1 JUIN. — Feuilles.
Eau'. 78,4 pour 100
Matière sèche 21 ,6
Total 1 00 , o
! Premier dosage 4>°9
Second dosage 4 >°7
Moyenne 4>°^
Azote pour 100 de feuilles fraîches 0,88
2e LOT. — Petits bourgeons dépouillés de leurs feuilles.
Eau 81.7 pour 100
Matière sèche 18 ,3
Total 1 00 , o
, f Premier dosage 4i°6
Azote pour 100 de matière sèche. . < Second dosage 4>01
Moyenne 4>°3
Azote pour 100 de matière fraîche °>74
Feuilles cueillies le 1 1 août i855.
Eau 72>9 pour 100
Matière sèche 27 , 1
■ *
Total 1 00 , o
! Premier dosage 3, 43
Second dosage '.. 3,55
Moyenne '. 3,49
Azote pour 100 de feuilles fraîches °>9^
» Cette richesse des feuilles de peuplier les rapproche des feuilles d'orme
comme fourrage; mais c'est plus particulièrement comme fourrage fané,
c'est-à-dire contenant environ 20 pour 100 d'eau, qu'elles sont employées;
celles dont il vient d'être question doseraient alors environ 2,79 pour 100
d'azote. Concluant par analogie, nous pouvous admettre que les feuilles des
peupliers élagués vers la fin de septembre ou dans la première semaine
d'octobre peuvent être placées, d'après leur richesse en azote, à côté des
feuilles d'orme. Les cultivateurs ne les estiment pas tout à fait autant, ce
qui peut tenir à la présence d'une petite quantité de matière résineuse
irritante qui peut agir comme purgatif sur les animaux. Les cultivateurs
( 3^3 )
font aussi une différence entre les feuilles du peuplier d'Italie et celles du
peuplier du Canada : ils accordent à ces dernières une préférence marquée.
» Pour faciliter la comparaison de ces résultats, je vais lès résumer sous
forme de tableau d'ensemble, en rapportant les nombres au kilogramme de
feuilles.
DÉSIGNATION DES FEUILLES.
Feuilles
Feuilles
Feuilles
Feuilles
Feuilles
Feuilles
Feuilles
Feuilles
Feuilles
Feuilles
d'orme fraîches, 2 janvier 1 855 . . . .
Les mêmes, fanées
Complètement desséchées
d'orme fraîches, 1 1 août i855
Les plus tendres
Les mêmes , fanées '.
Complètement desséchées
de la même date, plus dures
Les mêmes, fanées
Complètement desséchées
d'orme fraîches, g novembre i855..
Les mêmes , fanées
Complètement desséchées
de peuplier du Canada
Fraîches , 2 juin i855
Petits bourgeons dépouillés de feuilles
Mêmes feuilles , fanées
Complètement desséchées
de peuplier du Canada, 1 1 août. . . .
Les mêmes, fanées
Complètement desséchées
de vigne très-tendres
Bourgeons dépouillés de leurs feuilles
Bourgeons avec leurs feuilles
Les mêmes, fanées
Complètement desséchées
seules complètement desséchées. . . .
cueillies le 8 novembre 1 855
Les mêmes, fanées
Complètement desséchées
cueillies le 25 novembre i855. .....
Les mêmes , fanées
Complètement desséchées.,
EAl:
par kilogram.
MATIERES SECHES
par kilogr.
760
200
700
20O
»
676
200
633
200
784
817
200
729
200
»
783
goi
879
200
765
200
b
760
200
2^0
80O
1000
3 00
800
1000
324
800
1000
367
800
1000
»
216
i83
800
1000
271
800
1000
217
99
121
800
1000
1000
23g
800
1000
a4o
800
1000
AZOTE
par kilogram
10,1
33,6
42,0
»
11 ,3
3o,2
37,8
g, 55
23,6
2g, 5
7,55
16,6
20,7
D
8,8
7.4
3a,6
4o,8
9>5
27>9
34,9
9»2
2,6
3,.
25,6
32,0
42,6
4.6
15,4
'9.4
3,5
n,5
-4,4
43.
( 3a4 )
» L'inspection du tableau qui précède nous apprend que les feuilles
vertes et fraîches de l'orme peuvent, lorsqu'elles sont très-tendres, contenir
presque autant de matière azotée que le foin normal, mais que cette pro-
portion d'azote diminue, comme on devait s'y attendre, avec l'âge des
feuilles et avec la saison : cependant, peu de jours avant leur chute, les
feuilles fraîches d'orme renferment encore les trois quarts de l'azote que
l'on trouve dans les jeunes feuilles tendres; mais comme les feuilles mûres
sont moins aqueuses que les feuilles nouvelles et tendres, la richesse de la
matière sèche des premières en matière azotée se trouve réduite à environ
moitié de celle des dernières. Si l'on compare les feuilles d'orme, même
lorsqu'elles sont arrivées à leur complète maturité, au foin de prairies arti-
ficielles, elles contiennent, au même état de dessiccation, à peu près la
même proportion de matière azotée, et sont encore plus riches d'environ
5o pour 100 que le foin normal.
» Les feuilles de peuplier du Canada, plus estimées comme fourrage que
celles du peuplier d'Italie, contiennent à peu près autant d'azote que les
feuilles d'orme.
» Enfin les feuilles de vigne, lorsqu'elles sont fraîches, sont beaucoup
moins riches que le précédentes, parce qu'elles sont plus aqueuses ; mais,
prises au même degré de dessiccation, elles ne sont guère inférieures aux
précédentes. Prises au moment de leur chute, lorsqu'elles sont saines, elles
ont précisément la même richesse que le foin normal , au même état de
dessiccation .
» On pourrait se demander si l'effeuillage des ormes, si l'élagage pra-
tiqué avant la chute des feuilles ne porte pas préjudice au développement
des arbres. Sans aucun doute, si ces opérations étaient faites en toutes
saisons, elles pourraient être dommageables au développement des ormes
ou des peupliers; mais si l'on se rappelle que c'est ordinairement en
automne, vers le commencement d'octobre, lorsque la pousse est à peu
près complètement terminée, que se pratiquent l'effeuillage et l'élagage
dont il est ici question, il est vraisemblable que le dommage doit être peu
important, si dommage il y a.
» Dans tous les cas, il y aurait encore à décider si la valeur des
feuilles comme fourrage ne procure pas une compensation plus que suffi-
sante de ce préjudice.
» L'extension qu'a prise cette pratique, dans certains départements,
nous porte à croire que les propriétaires qui la continuent ne l'eussent pas
fait s'ils n'y avaient pas trouvé un avantage réel de quelque importance. »
( 3a5 )
RAPPORTS.
mécanique appliquée. — Rapport sur un Mémoire de M. Phillipps sur le
calcul de la résistance des solides prismatiques soumis à l'action d'une
charge en mouvement.
(Commissaires, MM. Poncelet, Lamé, Combes rapporteur.)
« L'Académie nous a chargés de lui rendre compte d'un Mémoire de
M. Phillipps sur le calcul de la résistance des solides prismatiques, tels que
les poutres droites d'un pont, les rails de chemins de fer, etc., soumis à
l'action d'une charge animée d'une vitesse uniforme. Cette question a déjà
été le sujet d'expériences faites par M. le professeur Willis, comme membre
d'une Commission instituée par le gouvernement britannique, pour re-
chercher les conditions à observer par les ingénieurs dans l'emploi du fer
appliqué' aux constructions qui sont destinées à supporter des chocs vio-
lents, et d'un intéressant Mémoire de M. [Stokes, publié dans les Trans-
actions de la Société philosophique de Cambridge (vol. VIII, 5e partie,
année 1849, Pa»e l°l)- Les expériences de M. Willis ont été imprimées,
avec une dissertation de l'auteur, dans le Rapport de la Commission.
» M. Stokes a donné, dans son Mémoire, une solution approchée du
problème qu'il a abordé, à la demande de M. Willis, dans les deux cas
extrêmes où la masse de la charge mobile est regardée comme infiniment
grande, ou comme négligeable par rapport à celle de la poutre sur laquelle
elle se meut.
» M. Phillipps tient compte, dans le travail présenté à l'Académie, des
niasses de la charge mobile, du solide prismatique qui la supporte et de la
charge fixe et permanente distribuée sur la longueur de celui-ci. Il part des
hypothèses secondaires qui ont permis d'établir les formules usitées con-
cernant la résistance des matériaux élastiques, et que justifie, d'une manière
satisfaisante, l'accord des résultats des calculs fondés sur ces hypothèses
avec les faits journellement observés dans la pratique des ingénieurs. Ainsi,
il considère la flexion de la poutre comme étant constamment très-petite;
il égale, en conséquence, le produit du moment d'élasticité du solide pris-
matique par la dérivée du second ordre de l'ordonnée de la courbe sui-
vant laquelle est infléchi l'axe du solide, les abscisses étant comptées sur
l'axe rectiligne de ce solide avant la flexion, à la somme des moments des
forces appliquées entre le point considéré et l'une des extrémités du so-
( 3a6 )
lide, y compris celles qui résultent de l'action des points d'appui sur cette
extrémité et des forces d'inertie. Il ne considère, enfin, que les vitesses
dirigées dans le sens perpendiculaire à l'axe de la poutre.
» Moyennant ces simplifications, qui ont été aussi admises par MM. Willis
et Stokes, chacune des parties de la poutre élastique comprises entre le point
où est située, à un moment donné, la charge mobile et l'une de ses extré-
mités, doit satisfaire à l'équation aux différences partielles
' dt> dx< T'
où les abscisses sont comptées sur l'axe primitif de la poutre droite, à
partir de l'extrémité de la partie que l'on considère, et les ordonnées posi-
tives sont dirigées dans le sens de la pesanteur; A:a et ç sont des quantités
qui dépendent du moment d'élasticité, du poids et de la charge permanente
de la poutre par mètre courant. On a
k°- = ^ et 0=Pl,
M est le moment d'élasticité, zs le poids de la poutre, p la charge perma-
nente et fixe par mètre courant, y compris le poids vs, et g la gravité. On
fait disparaître le deuxième terme du second membre de l'équation (i), en
posant l'ordonnée y de la courbe égale à z + y', y' étant l'ordonnée de la
courbe fixe qu'affecterait l'axe du solide en équilibre sous l'action de la
charge permanente, de sorte que z désigne l'écart entre les ordonnées de
la courbe fixe et de la courbe variable pendant le trajet de la charge mobile.
L'équation (i) est ainsi remplacée par
dH ^d'z
dr rfr<
On a deux équations semblables pour les deux parties de la poutre qui se
raccordent au point où est arrivée la charge mobile à l'instant que l'on con-
sidère. M. Phillipps est parvenu à les intégrer, en suivant une méthode qui
lui est propre; il prend pour valeur de z un développement en série sui-
vant les puissances de x multipliées par des coefficients qui sont fonctions
du temps. Les coefficients des deux premiers termes de chaque valeur de z
étant représentés par A et B, ceux des termes suivants de la série sont les dé-
rivées d'ordre pair de A et de B par rapport au temps, multipliées par les
puissances ascendantes de — ou ^ ; la question est ainsi ramenée à dé-
(3a7)
terminer quatre fonctions A, B; A,, B(, dont deux entrent dans chacune
des valeurs de z. Ces fonctions doivent satisfaire à quatre conditions, dont
les trois premières sont que les deux courbes aient au point de raccorde-
ment même ordonnée, même tangente et même rayon de courbure. La
quatrième résulte de ce que la réaction de la courbe sur la charge mobile
qui se trouve au point de raccordement est égale à cette charge dimi-
nuée de la force capable de produire l'accélération de sa vitesse verticale,
dans la trajectoire qu'elle parcourt. Les quatre équations données par
les conditions ci-dessus renferment les quatre fonctions à déterminer et
leurs dérivées des divers ordres jusqu'à l'infini. En prenant pour cha-
cune d'elles un développement en série suivant les puissances entières
et croissantes de t;« M. Phillipps parvient à déterminer les coefficients,
n
fonctions du temps, qui entrent dans les séries, par groupes de quatre,
au moyen d'équations différentielles linéaires du second ordre, dont il
obtient des intégrales particulières sous forme de séries dont la loi est fort
simple, et qui sont rapidement convergentes.
» Les calculs se simplifient beaucoup lorsque — = — est assez petit,
ainsi que cela a toujours lieu dans la pratique, pour que l'on puisse né-
gliger les termes multipliés par les puissances de -^ supérieures à la pre-
mière.
» M. Phillips traite successivement le cas où la poutre est encastrée
par ses deux extrémités et celui où elle est simplement posée sur deux
appuis fixes. Les valeurs de z qu'il obtient, dans l'un et l'autre cas, ne
satisfont pas rigoureusement aux conditions initiales du système; elles
impliquent que les divers points de la poutre seraient animés, au moment
où la charge mobile atteint une de ses extrémités, d'un certain mouvement
vibratoire, au lieu d'être à l'état de repos. Mais l'auteur démontre, par
une analyse rigoureuse et délicate, que les vitesses et les tensions initiales
que ses formules supposent exister dans les diverses parties de la poutre
sont, dans toutes les circonstances des applications pratiques, de trop
petites fractions des vitesses et des tensions qui seront déterminées par le
trajet de la charge mobile, pour que ce désaccord puisse avoir une in-
fluence sensible sur les résultats. Ainsi, pour des rails de chemins de fer de
modèles usuels et librement posés sur des appuis placés à la distance or-
dinaire des traverses, et pour des poutres de ponts réellement exécutées,
la vitesse et la tension initiales, d'après les formules, sont inférieures à la
( 3a8 )
vingtième partie des vitesses et des tensions déterminées par le passage de
la charge animée de vitesses quelconques, depuis o jusqu'à 108 kilomètres
par heure.
» Dans un dernier chapitre, M. Phillips signale les conséquences pra-
tiques de la théorie qu'il a exposée, et les applications que l'on peut faire
de sa méthode à d'autres problèmes que ceux qu'il a traités. Les cita-
tions suivantes montrent l'utilité des recherches analytiques du savant
ingénieur.
» Il résulte de ses formules :
» i°. Que l'on peut, sans s'exposer à commettre des erreurs compromet-
tantes pour la solidité d'une construction, négliger l'influence de l'inertie
de la poutre qui doit supporter une charge mobile, lorsque -^ ou r^- est
une très-petite fraction, c'est-à-dire lorsque le moment d'élasticité de la
poutre est très-grand relativement à sa masse par unité de longueur.
2°. La mobilité de la charge a pour effet d'accroître l'allongement pro-
portionnel ou la tension maximum des fibres qui aurait lieu dans la poutre
en équilibre sous l'action de la charge placée au milieu de la distance des
appuis.
» 3°. Le rapport de l'accroissement occasionné par le mouvement de la
charge à l'allongement maximum sous l'action de la charge immobile
placée au milieu de la distance des appuis, est, toutes choses égales d'ailleurs,
à peu près proportionnel au poids de la charge mobile, au carré de la vi-
tesse dont elle est animée et à la distance des appuis, et en raison inverse
du moment d'élasticité de la poutre. Ainsi il convient de rapprocher les
appuis et d'accroître le moment d'élasticité en augmentant l'épaisseur des
poutres dans le sens vertical.
» 4°- Pour un solide posé simplement sur deux appuis, ce rapport a
pour limite très-rapprochée
QV*/
Q exprime le poids de la charge mobile, V sa vitesse, / la distance des
appuis, M le moment d'élasticité de la poutre, g la gravité.
» 5°. Pour un solide encastré à ses deux extrémités, on peut décomposer
l'allongement proportionnel des fibres, à l'état statique , en deux parties,
l'une due à la charge placée au milieu de l'intervalle des appuis, l'autre au
poids du solide et à la charge permanente distribuée sur la longueur.
L'effet du mouvement dû à la charge est d'accroître la première partie de
(329)
QV1/
la fraction ~— de ce qu'elle est dans l'état statique, et la seconde partie de
la fraction — —
» Avec les dimensions usitées pour les poutres droites des ponts con-
struits sur les lignes de chemins de fer, le rapport ~^r~ est généralement
assez petit pour que l'on puisse négliger l'accroissement dû au mouvement
de la charge.
» Il n'en est pas de même des rails. L'accroissement de tension dû au
mouvement s'élève à j pour des vitesses de 72 kilomètres à l'heure, et irait
à 5, pour des rails encastrés dans des appuis distants de 1 mètre, si la
vitesse des machines atteignait 3o mètres par seconde ou 108 kilomètres
par heure.
» Le sujet traité par M. Phillips, dans le Mémoire dont nous venons de
vous rendre compte, est d'une grande importance pour le calcul des di-
mensions des pièces qui entrent dans un grand nombre de constructions
modernes. Les solutions qu'il a données sont nouvelles et déduites d'une
analyse correcte et élégante. Nous regardons ce Mémoire comme très-digne
de la haute approbation de l'Académie, et nous avons l'honneur de vous
proposer d'en ordonner l'insertion dans le Recueil des Savants étrangers. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
anatomie comparée des végétaux. — Plantes parasites. Analomie des
Cassythacêes ; par M. Ad. Chativ. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.)
« Le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui à l'Académie
des Sciences a pour objet l'anatomie des Cassythacêes, plantes singulières
que la plupart des botanistes réunissent aux Lauracées comme tribu, dont
Lindley a fait une famille distincte et que L. de Jussieu regardait comme
d'autant plus difficile à classer qu'elles réunissent, au port et aux tiges
aphylles des Cuscutes, les étamines des Lauracées et le fruit des Basellacées.
» La structure des tiges et celle de leurs suçoirs qu'accompagnent des
appareils préhenseurs, d'une structure parfois très-complexe, m'ont spécia-
lement occupé.
» Les tiges, filiformes et volubiles comme celles des Cuscutes, sont généra-
•C. R., i856 , i« Semestre. (T. XLII, N° 7.) 44
( 33o )
lement composées : d'un épiderme à un rang de cellules rectangulaires dis-
posées en séries que coupent perpendiculairement d'assez nombreux sto-
mates; d'un parenchyme parfois féculifère; d'une zone ligneuse et conti-
nue de fibres ponctuées dans l'épaisseur de laquelle sont placées, plus au
dehors, une ligne circulaire de lacunes, plus en dedans une ligne de grands
vaisseaux ponctués avec laquelle la ligne des lacunes offre souvent des
rapports symétriques; enfin d'une moelle privée de rayons médullaires.
»> Les suçoirs proprement dits offrent, comme ceux des Cuscutes, un
sommet cellulaire ou cône perforant qui pénètre les tissus ligneux les plus
durs ^même ceux du Casuarina), malgré sa propre délicatesse, et un cône
interne fibro-vasculaire qui jamais ne sort du tissu parenchymateux pour se
mettre en rapport immédiat avec les tissus de la plante nourricière.
» L'appareil préhenseur, qui se confond par sa base avec le suçoir, au
lieu de descendre séparément de la tige, comme dans plusieurs Cuscutes, se
compose tantôt {C. fdiformis, etc.) d'un repli parenchymateux renforcé
d'une ou même de deux lames fibreuses, tantôt (C. Casuarinœ) d'un
système parenchymateux se combinant avec des lames et des arceaux fibro-
vasculaires ayant pour effet d'augmenter la force adhésive du végétal para-
site sur la plante nourricière, que, perforent en ce dernier cas des suçoirs
périphériques supplémentaires. Les dessins qui accompagnent mon Mé-
moire font mieux comprendre que la plus longue description la perfection,
au point de vue mécanique, de l'appareil mixte qui, tout en servant à la
préhension, porte les suçoirs latéraux du Cassytha Casuarinœ.
» Les différences anatomiques entre les Cassythacées et les Cuscutacées
se montrent tellement grandes quand on vient à comparer le système fibro-
vasculaire, le parenchyme et l'épiderme des tiges de ces plantes, qu'il est
bien évident qu'elles s'éloignent autant par leur anatomie que par le
système floral, et que leur ressemblance apparente, ressemblance qui a fait
composer le nom des premières du nom grec (xao-<7u0a) des secondes, n'en-
traîne aucune analogie entre les caractères importants. A peine a-t-on à
signaler, comme points communs, le manque fréquent de trachées dans les
tiges, la structure des suçoirs et celle de leurs appareils préhenseurs dans
quelques espèces.
» Les faits anatomiques observés chez les Cassythacées et qui intéressent
l'anatomie générale sont, au point de vue de la nature des tissus : la présence
de nombreux stomates à l'épiderme des tiges; les trachées souvent nulles
chez les tiges, mais existant dans la fleur, et surtout abondantes dans l'em-
bryon (fait analogue à celui observé par le savant botaniste Schleiden sur
( 33 1 )
le Leinna); les vaisseaux perdant leur forme tubuleuse pour devenir courts
et ellipsoïdes, en passant de la tige aux suçoirs; enfin l'existence, dans l'é-
paisseur du système ligneux, de lacunes qui rappellent celles que j'ai signa-
lées dans les plus gros faisceaux fibro-vasculaires d'un grand nombre de
plantes aquatiques. En considérant, non la nature, mais le groupement ou
la disposition des tissus, les Cassythacées intéressent par la direction des
stomates perpendiculaires à celle des cellules épidermiques dont ils suivent
et coupent les séries, par l'absence de liber, par les rapports de symétrie
qui lient souvent les lacunes aux vaisseaux du système ligneux, par l'ab-
sence de rayons médullaires, par l'existence constante, dans les suçoirs or-
dinaires axiles, d'un cône perforant cellulaire et d'un cône intérieur vascu-
laire, par la composition spéciale de l'appareil mixte préhenseur et perforant
du Cassytha Casuarinœ .
» Je signale, comme se rattachant à l'organographie et pouvant se tra-
duire en applications à la taxonomie, la forme, et si l'on peut ainsi parler,
l'insertion, sur le suçoir lui-même, de l'appareil préhenseur, qu'on peut dire
adhérent dans les Cassythacées, tandis qu'il est au contraire généralement
libre dans les Cuscutacées, où il s'attache immédiatement sur la tige.
» Cherchant enfin les rapports du présent travail avec la physiologie, je
suis conduit à considérer notamment la présence de stomates coïncidant
avec le parasitisme complet des espèces et la rareté ou même le manque de
matière verte , le rôle des lacunes du système ligneux et enfin le non-parasi-
tisme du Cassytha sur les espèces de la famille des Lauracées qui leur sont
liées par des affinités nombreuses, mais ne sont pas parasites. J'appelle d'au-
tant plus l'attention des botanistes sur cette dernière remarque, qu'elle
semble être générale pour les parasites et n'intéresse pas moins les affinités
botaniques que la physiologie. Ne serait-il pas bien singulier, en effet, au
point de vue physiologique, que les parasites ne pussent vivre sur les espèces
qui leur ressemblent le plus par leur structure et la nature de leur sève?
On conçoit que si cet antagonisme existe généralement, il fournisse, pour
l'appréciation des affinités naturelles, un élément de même ordre que Ja
greffe, quoique reposant sur une base différente. On reconnaît l'analogie
entre certaines espèces, parce qu'elles peuvent être greffées l'une sur l'autre;
on reconnaîtrait les différences botaniques d'une parasite donnée avec
d'autres espèces, par le fait même de sa végétation aux dépens de celles-ci.
A l'appui de cet aperçu, je dirai que les suçoirs des Cuscutes et des Cassy thés,
si aptes à pénétrer au travers des tissus ligneux des espèces étrangères dont
ces plantes se nourrissent, s'émoussent sans même s'engager dans le pareil-
44-
(33a)
chyme de leurs propres tiges, lorsque, par suite des courbes superposées
souvent décrites par celles-ci, ils viennent à être fixés étroitement sur elles
par leurs replis préhenseurs. »
mécanique appliquée. — Sur le puits artésien de Passy, entrepris par
M. Rind pour le compte de la ville de Paris; Note sur la situation des
travaux au Ier février i856; par M. Ai.pii.wi>, ingénieur des ponts et
chaussées, chargée de la surveillance de l'opération. (Présentée par
M. Dumas.)
« Aux termes d'une convention intervenue le 1 4 juillet i855 entre M. le
préfet de la Seine et M, Kind, ingénieur saxon, le puits percé d'après les
procédés de cet ingénieur, sous la surveillance de l'ingénieur des ponts et
chaussées chargé de la direction du service des promenades et plantations
de la ville de Paris, doit avoir, dans toute sa profondeur, une section mi-
nimum de o™, 60 de diamètre intérieur et doit être descendu de 25 mètres
au moins dans la couche aquifère des grès verts située, en moyenne, à
55o mètres au-dessous du sol de la plaine de Passy. Il doit être garni d'un
cuvelage en bois de chêne formant tube de retenue. Un tube ascensionnel
de 23 mètres de hauteur environ au-dessus du sol de l'orifice du puits doit
élever les eaux à 76™, 49 au-dessus du niveau de la mer, hauteur nécessaire
aux différents services du bois de Boulogne. Les travaux du puits, dont la
dépense est évaluée à un chiffre maximum de 35oooo francs, doivent être
terminés dans le courant d'une année, à partir du 18 juillet 1 855, date de
l'acceptation de la soumission de M. Riud.
» L'emplacement choisi pour le forage est situé dans les anciennes carrières
de Passy, à l'angle de la rue du Petit-Parc et de l'avenue de Saint-Cloud.
Les travaux d'installation consistant daus l'établissement des hangars,
d'une chaudière à vapeur et de deux cylindres moteurs, et dans le creuse-
ment d'un faux puits percé à bras d'homme dans le roc jusqu'à t im, 35 au-
dessous du sol , ont été terminés le 29 août. Le forage du puits a été immé-
diatement entrepris. Les deux premières semaines ont été à peu près uni-
quement employées à régler les appareils et la marche de la machine, et à
dresser les ouvriers. Aussi les travaux du percement du puits n'ont com-
mencé, en réalité, d'une manière régulière que le i5 septembre.
» Pour donner au puits om, 60 de diamètre intérieur après le cuvelage en
hois de chêne, et pouvoir placer au besoin des tubes provisoires de retenue,
afin d'attendre la mise en place du cuvelage définitif qui ne sera établi qu'a-
près l'achèvement du forage, on a donné au puits iiu,io de diamètre.
333 )
» L'instrument de forage est un trépan du poids de 1800 kilog., armé de
sept dents en acier fondu de om,a5 de longueur chacune. Le trépan qui
fonctionne dans l'eau est assujetti à un déclic, qui lui permet de se déta-
cher de sa tige de suspension. Le déclic, ou instrument à chute libre, est
formé d'un chapeau en gutta-percha de ora,6o de diamètre, auquel est
adaptée la tête d'une pince qui soutient la tige du trépan. L'ensemble de
l'appareil descendant rapidement par son propre poids, le chapeau en gutta-
percha, mobile autour de l'axe du déclic au moyen de deux coulisses, est
retenu par la pression de l'eau et fait ouvrir les pinces soutenant le' trépan
qui se referment, au contraire, lorsque l'ensemble de l'appareil remonte, le
chapeau mobile étant soumis alors à un effort opposé. Le trépan tombant
librement de la hauteur de om,6o à laquelle on l'élève par suite de l'emploi
de l'instrument à chute libre, peut être supporté par des tiges en bois de
om, 09 d'épaisseur et de 10 mètres de longueur vissées l'une à l'autre, ce qui
diminue énormément le poids de l'appareil de forge et rend, par consé-
quent, l'opération plus prompte et plus économique.
» L'appareil formé des tiges de l'instrument à chute libre et du trépan est
suspendu à l'une des extrémités d'un balancier, à l'autre extrémité duquel
est attachée une tige adaptée au piston d'un, cylindre moteur de la force de
10 chevaux de vapeur. Le piston, en remontant dans le cylindre, aide à la
chute du trépan entraîné par son propre poids, et en descendant il soulève
tout l'appareil.
» Un deuxième cylindre à vapeur, de la force de 1 5 chevaux, met en mou-
vement un treuil sur lequel vient s'enrouler un câble plat passant dans une
poulie située au sommet de la tour établie sur le puits à 3o mètres au-dessus
du faux plancher sur lequel sont placés les ouvriers qui dirigent le tré-
pan. Lorsque le trépan a foré le puits sur une profondeur de 1 mètre à
im, 5o, on le détache de l'extrémité du balancier et il est remonté au moyen
du câble plat. La hauteur existant entre le faux plancher et le sommet de
la tour permet de ne dévisser les tiges que tous les 3o mètres. Le trépan
élevé au-dessus de l'orifice du puits est ensuite suspendu à un plancher mo-
bile sur un chemin de fer, qui permet de l'écarter pour le passage de la
cuiller.
» La cuiller formée d'un cylindre en tôle à fond mobile de 1 mètre de
hauteur sur om, 80 de diamètre intérieur est amenée à l'orifice du puits par
le même procédé que le trépan. Elle est ensuite amarrée à l'extrémité d'un
câble de om,o4 de diamètre , enroulé sur un treuil mis en mouvement au
moyen d'une chaîne sans fin par une bielle attachée sur la tige du piston du
cylindre.
( 334 )
» Les deux cylindres alimentés par une seule chaudière à vapeur pouvant
fournir, sous une pression de six atmosphères, une force de 3o chevaux,
servent à tous les mouvements nécessités par le forage, ce qui permet de
réduire le nombre des ouvriers, y compris le chef sondeur, le mécanicien,
le chauffeur et trois forgerons pour les réparations, à six, coûtant ensemble
chaque jour 49 francs.
» Les frais d'installation ou d'achat des instruments, des machines et
des tubes de retenue, se sont élevés à la somme de 93,865^,20.
» L'entretien du matériel et les réparations de toute nature du Ier sep-
tembre 1 855 au ier février i856 ont coûté 8822 francs.
» La dépense moyenne en combustible par vingt-quatre heures de
travail a été de 5oo kilogrammes coûtant, au prix de 4fr, 25 les 100 kilo-
grammes, 2 1 fr, 25.
» Le faux puits a traversé une couche de terre végétale et de marne mé-
langée de calcaire et de sable jaune de 4 mètres d'épaisseur, et a pénétré
ensuite de 7 mètres environ dans le calcaire grossier qui forme les anciennes
carrières de Passy. Le forage, dans cette couche de i4m,65 d'épaisseur, n'a
présenté aucune difficulté, ainsi que l'indique le tableau récapitulatif placé
à la suite de ce rapport. Au-dessous du calcaire grossier, le puits a traversé
une couche de sable mélangé de coquilles de om,20 d'épaisseur, puis une
couche de sable pur de 6m,58. Le passage de cette couche a présenté de sé-
rieuses difficultés; après plusieurs éboulements, il a fallu garnir le puits de
tubes de retenue en tôle de im, 10 de diamètre et de om,oo5 d'épaisseur.
» Les mêmes obstacles se sont produits dans la traversée des argiles situées
entre le niveau des puits de Passy et l'origine de la craie, et on a dû se
décider à placer des tubes de retenue dans toute la hauteur du puits jusqu'à
la craie. La descente de ces tubes s'est opérée difficilement ; il a fallu les
charger d'un poids de 22000 kilogrammes, et forer en dessous en élargissant
le puits, en ajustant au trépan des oreilles mobiles. On a pu ainsi faire
descendre les tubes jusqu'à la couche de rognons calcaires supérieurs à la
craie, que le trépan a atteints le 2G octobre.
» Depuis, le forage a continué régulièrement. Les rognons de silex qu'on
a trouvé en abondance jusqu'à ce jour, retardent cependant énormément le
forage. Dans les couches de craie pure on a pu descendre le puits de près
de 5 mètres dans vingt-quatre heures, tandis que sur les points où les ro-
gnons siliceux sont très-abondants , on perce à peine 1 mètre dans le
même temps.
» Les dents du trépan s'usent très-promptement dans le silex ; elles per-
dent près de 2 centimètres en deux heures de travail, et doivent être
( 335 )
renouvelées chaque fois que le trépan est retiré du puits, afin de maintenir
une section parfaitement cylindrique. Il arrive fréquemment que le trépan,
rendu à ses dimensions, ne peut pénétrer dans les portions creusées sur. des
dimensions insuffisantes, à cause de l'usure des dents, ce qui oblige à re-
prendre le forage à nouveau.
» Toutes ces causes ont retardé l'opération, et, à la date du ier février,
après quatre mois et demi de travail constant, le puits n'était descendu qu'à
27im,oi au-dessous de son orifice.
» Le croquis joint à cette Note et la boîte d'échantillons qui raccom-
pagnent, indiquent la nature et l'épaisseur des couches percées; jusqu'ici
aucune anomalie ne s'est présentée, et la succession des couches ne diffère
en rien de celles traversées dans le forage du puits de Grenelle. Les échan-
tillons des produits des diverses couches ont été ramenés par la cuiller.
» Nous terminons cette Note par un tableau relevé sur le registre des
sondages, indiquant le temps employé et la dépense faite pour traverser
chaque couche, abstraction faite des frais généraux et d'installation des
machines, de réparation et d'entretien, qui doivent se répartir sur l'en-
semble de l'opération.
NOMBRE
PROFONDEUR
de journées
moyenne
DÉPENSE
NATURE
de 12 heures
ÉPAISSEUR
obtenue par
DEPENSE
moyenne
des
de travail
de
12 heures
totale
par mètre
couches traversées.
employées
pour
chaqiiecouche.
chaque couche.
de travail
dans
chaque couche.
par couche.
dans
chaquecouche.
m
m
fr
rr
Calcaire
4
'7
22 ,25
7,3o
7.34
26,77
5,94
1,82
38,38
0,43
1 1 90 , OO
1557,00
I 540,00
58, 16
Rognons calcaires. . .
22, OO
0,27
25g , 25
Craie mélangée de ro-
gnons de silex . . .
TOTAtIX. . . .
l42,O0
2ig,33
1,53
9940,00
45, 3i
207,25
266,68
14507,00
Moyenne de la profondeur obteni
e par chaque
journée de 12 hei
Moyenne des dépen
1,28
fr
54,39
ses faites par
(Renvoi à l'examen de la Section de Minéralogie et de Géologie, à laquelle
est invité à s'adjoindre M. Élie de Beaumont.)
( 336 )
Remarques de M. Eue de Beaumoxt à l'occasion de cette
communication .
« M. Dumas ayant annoncé, à la suite de la communication précédente,
que M. Kind pourrait extraire du puits artésien qu'il exécute des cylindres
entiers des couches qui paraîtraient présenter un intérêt spécial; M. Elie
de Beaumont a exprimé le vœu qu'on fît l'essai de cette partie du procédé
sur la couche de la craie chloritée, dans laquelle se trouvent disséminés le
plus abondamment les rognons de phosphate de chaux qui y ont été signalés
et dont on cherche, depuis quelques années, à mieux étudier le gisement
dans l'intérêt de l'agriculture. »
embryogénie. — Note sur le développement des Pélromyzotts;
par M. Schultze.
(Commissaires, MM. Duméril, de Quatrefages.
« Je suis parvenu à me procurer dans deux printemps consécutifs des
individus mâles et femelles de Petromjzon planeri, espèce qui se trouve
fréquemment dans un petit ruisseau près de Berlin. La fécondation artifi-
cielle que j'ai pratiquée a si bien réussi, qu'il m'a été possible d'observer
les jeunes poissons pendant quelques semaines après l'éclosion.
» Les œufs mûrs de Pétromyzon sont blancs et non transparents; ils ont
uni' enveloppe extérieure visqueuse, transitoire, et un chorion ferme et
mince (membrane coquillière d'après C. Vogt). Ce dernier est finement
pointillé et paraît être, comme chez d'autres poissons, percé de petits tubes
excessivement fins. Le chorion entoure le vitellus, qui est enveloppé d'une
membrane vitellaire extrêmement tendre.
» Une mikropyle, que le chorion doit nécessairement posséder, n'a pas
pu être retrouvée.
» La segmentation du vitellus, qui commence six heures après la fécon-
dation, est totale et entière, et diffère ainsi de celle des autres poissons,
telle que nous l'ont fait connaître les observations de MM. Vogt, Valentin,
Coste, Lereboullet, puisque chez ceux-ci il n'y a qu'une petite partie du
vitellus (vitellus formateur) qui subit cette modification. Nous avons chra
les Pétromyzons tout à fait le fractionnement connu depuis longtemps pour
les œufs des Grenouilles, et que M. Remak (i) a décrit récemment avec une
(i) Untersuchungen iïber die Enttvickelungs geschichtc der Wirbclthierc, page 126.
(337)
grande exactitude. La membrane vitellaire (eizellen membran, d'après
Remak) fournit des enveloppes tendres pour les segments du vitellus, qui
sont de véritables cellules.
» Les deux premiers sillons sont en méridiens, tandis que le troisième est
en équateur, et sépare la moitié supérieure de l'œuf de la moitié inférieure.
Dans la moitié supérieure, la segmentation s'opère beaucoup plus rapide-
ment que dans l'inférieure ; de sorte que, même après que la segmentation
est terminée (deux jours après la fécondation), la partie supérieure de
l'œuf, redevenue lisse, se compose de cellules beaucoup plus petites que
celles de l'inférieure. Pendant ce temps, il s'est formé dans l'intérieur de
l'œuf une grande cavité, située presque entièrement dans sa partie supé-
rieure, et dilatant celle-ci en une mince vessie, tandis que le fond de cette
cavité de segmentation est formé par les grandes cellules de la partie infé-
rieure de l'œuf. Comme chez les œufs de Grenouilles, cette cavité disparaît
entièrement pendant le cours du développement consécutif, et l'on ne con-
naît pas sa destination.
» Les premiers changements que nous voyons s'opérer après la segmen-
tation de l'œuf consistent en ce que sa partie supérieure s'étend en crois-
sant par-dessus l'inférieure et la couvre, non pas également sur toute la cir-
conférence de l'œuf, mais seulement d'un côté, par un bord de la forme
d'un haut bourrelet. A côté de celui-ci et au-dessous de lui se forme un
creux dans la partie inférieure de l'œuf, qui répond à l'anus de l'œuf de
Grenouille, selon Rusconi. Ce creux est l'entrée d'une seconde cavité, ca-
vité alimentaire primitive, qui se développe pendant la diminution de la
cavité de segmentation; il devient plus tard l'anus définitif du Pétromyzon,
et c'est donc là la première partie qui se présente du poisson. Pendant ce
temps, aucune trace de cils vibratiles n'est visible sur la surface de l'œuf;
aussi celui-ci ne subit-il aucune rotation comme celle par laquelle se dis-
tinguent les œufs des Grenouilles. Le cinquième jour se montrent les bour-
relets dorsaux semblables de forme à ceux des Batraciens; bientôt le sil-
lon dorsal, qui est situé entre les bourrelets dorsaux, se ferme au-dessus,
et maintenant l'extrémité de la tête s'élève distinctement, tandis qu'au
bout opposé de l'œuf l'anus devient toujours plus petit, mais ne se perd
jamais entièrement, ce qui, d'après MM. Ecker et Remak, a lieu chez les Gre-
nouilles. En attendant, la cavité alimentaire primitive s'est étendue jusque
dans V extrémité de la tête de l'embryon, tandis qu'elle disparaît de plus,
en plus autour de l'anus, où elle avait été d'abord le plus distincte, les
grandes cellules de la partie inférieure de l'œuf entre lesquelles elle avait
C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 7.) 4J
( 338 )
été située, se rapprochant l'une de l'autre. De cette manière, la cavité ali-
mentaire primitive, qui ne montre point de cils vibratiles dans son intérieur,
devient la cavité pharyngienne ou plus tard la cavité branchiale. Mainte-
nant aussi la corde dorsale et le cœur se développent selon la manière ordi-
naire. Le dernier ne fait d'abord que seize pulsations par minute. Des deux
côtés de la corde paraissent des parties qui deviennent les muscles des côtés
(divisions vertébrales, d'après M. C. Vogt); au-dessus d'elle se trouvent les
commencements de la cervelle et de la moelle épinière, la première ne for-
mant qu'une enflure claviforme de la dernière, comme chez Y Amphioxus.
» Le quatorzième jour après la fécondation, les jeunes poissons, blancs,
non transparents, débiles, longs de i \ ligne, quittent l'œuf. Ils ne peu-
vent pas encore s'élever en nageant au-dessus du fond du vase, sur lequel
ils se trouvent. Dans l'extrémité enflée du derrière de leur corps se trou-
vent les grandes cellules formées par la segmentation de la moitié infé-
rieure de l'œuf; elles sont remplies d'éléments de vitellus et ne disparais-
sent entièrement que trois ou quatre semaines après l'éclosion. Pendant ce
temps les petits poissons ne prennent encore point de nourriture de de-
hors, et il est clair qu'ils se nourrissent alors en absorbant le contenu
devenu liquide de ces grandes cellules du vitellus.
» Les changements qui suivent la sortie de l'œuf, s'opèrent par le déve-
loppement des fentes branchiales , qui se forment successivement par des
froncements, arrivant à être au nombre de sept de chaque côté, et devenant
toujours plus profondes jusqu'à ce qu'elles aient percé la cavité pharyn-
gienne.
» En même temps un autre froncement de la peau fait paraître la
bouche, et au-dessus de l'extrémité antérieure de la corde, entre la peau et
la cervelle, il se montre une tache de pigment noir, qui forme l'œil. Celui-
ci se forme contre la coutume de tous les autres Vertébrés, non pas par une
segmentation de la partie antérieure de la cervelle, mais il se montre comme
chez les animaux sans vertèbres. Derrière l'œil et près du cerveau, de cha-
que côté, une plus grande cellule claire se remplit de petits grains calcaires,
c'est la vésicule auditive avec les otolithes. Le cœur se partage distinctement
en le ventricule et l'oreillette, et la partie périphérique dti système des vais-
seaux se développe. Derrière le cœur, de grandes cellules jaunâtres s'entas-
sent et forment le Joie .
» Dans le bas des fentes branchiales, les franges branchiales naissent des
cloisons; elles ne présentent jamais de cils vibratiles à leur surface, comme
chez l' Amphioxus et les Batraciens. Immédiatement sous la peau de ces
cloisons se montrent des baguettes courbées de substance cartilagineuse,
i m )
qui, commençant de la corde, s'allongent vers la surface abdominale et se
joignent bientôt en formant un squelette branchial, qui ressemble parfai-
tement à celui du Pétromyzon développé.
» Sous la cavité branchiale s'allonge l'artère branchiale, entre laquelle et
la peau se développe une glande longue et ovale, formée de petites cellules
granulées. Elle est située dans une cavité à parois molles où elle s'ajuste
étroitement ; elle est couverte à sa surface des cils vibratiles. Cette glande
ne se trouve pas dans les individus développés du Pétromyzon ; elle ost ,
selon mon opinion, un thymus.
» Autour de la bouche, nous voyons se former la lèvre supérieure et infé-
rieure et deux volants latéraux liés avec la lèvre supérieure. Le jeune animal
est devenu avec le temps de plus en plus transparent, mais dans plusieurs
parties de son corps, surtout au-dessus de l'artère .et de la veine sous la
corde dorsale, se déposent des cellules de pigment noir sous forme d'é-
toiles. C'est aussi là que se développent de nombreuses cellules adipeuses,
desquelles naissent au-dessus du cœur et du foie quelques petites papilles
particulières, dirigées vers le côté abdominal et oscillant librement, por-
tant enfin sur leur surface un conduit longitudinal des cils. Je doute si elles
forment les premiers rudiments des reins ou ceux du corps de TVolff, car
j'ai vu plus tard plus en arrière, mais pourtant encore au-dessus du foie, se
former un autre canal tortueux, qui ne présentait pas d'oscillations, et qui
peut-être doit devenir le corps de Wolff, découvert, il n'y a pas longtemps,
aussi chez d'autres poissons, par M. Reichert. Les membranes de l'intestin
une fois développés et les restes de la masse du vitellus consumés, on re-
connaît aussi un épithèle vibratoire dans la partie postérieure du tube
digestif, de la cavité branchiale, où il s'attache avec son bout de devant
jusqu'à l'anus. C'est seulement à ce moment, c'est-à-dire quatre semaines
après l'éclosion , que les jeunes Pétromyzons prennent de la nourriture de
la bourbe, dans laquelle ils aiment à s'enfouir. Hors la corde et les carti-
lages branchiaux nous trouvons maintenant aussi encore quelques carti-
lages à l'extrémité antérieure de la corde, qu'on reconnaît comme fonde-
ment du cartilage basilaire du crâne. Je n'ai pas observé dans leur
développement d'autres parties du squelette. Les yeux se trouvent encore
profondément au-dessous de la peau sous la forme de taches de pigment
noir, et ne produisent aucune saillie extérieure. Les petites vésicules audi-
tives sont devenues un peu plus grandes, et le nombre des otolithes s'est
beaucoup augmenté. Un organe impair olfactif, sous forme d'une petite ca-
vité, couverte d'un épithèle vibratoire, est situé au devant du cerveau, et
45..
( 34o )
reçoit nn nerf olfactif court et épais. Ce qui est particulier, c'est qu'on ne
trouve pas chez les jeunes Pétromyzons, quatre semaines après l'éclosion,
la moindre trace d'autres nerfs périphériques ni à la tète, ni dans toute la
longueur du corps, qui pourtant est traversée par une moelle épinière très-
épaisse. »
médecine. — Note sur les accidents qu'on observe quelquefois, sous les
tropiques, par suite de l' ingestion du poisson; par M. Guillox. (Extrait.)
(Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et Chirurgie.)
« Ces accidents, qui se manifestent toujours peu après l'ingestion du
poisson, consistent dans les phénomènes suivants : étourdissements, obscur-
cissement delà vue, vertige, oppression de la poitrine, anxiété précordiale,
pouls petit, lent, concentré et annonçant un grand désordre dans la cir-
culation ; malaise et chaleur à la région épigastrique, chaleur dans tout
l'abdomen. Les malades ne peuvent plus se tenir sur les jambes; ils chan-
cellent et sont obligés de se coucher. Les yeux, d'abord brillants, sont
bientôt d'un rouge de feu et semblent repousses des orbites. La face et
toute la surface du corps, devenues le siège d'une démangeaison et d'une
chaleur des plus vives, se colorent promptement d'un rouge poussé jusqu'à
l'écarlate. En même temps que ces phénomènes se produisent sur le derme,
des phénomènes semblables se passent sur la muqueuse buccale : ce sont
des picotements, avec chaleur plus ou moins intense, qui se font sentir à la
langue, au palais, à l'intérieur des joues et surles lèvres; ils sont bientôt suivis
d'élevures analogues à celles produites par des piqûres d'ortie. Les malades
accusent des douleurs dans les membres, et aux articulations particulière-
ment, parfois avec gonflement de ces parties. Quelques-uns ont de simples
nausées ou des vomissements; d'autres, après avoir vomi ou non, éprouvent
des selles plus ou moins fréquentes, avec coliques, et ces selles peuvent être
portées jusqu'à des superpurgations, avec sortie involontaire des urines.
Tous ces accidents se dissipent ordinairement dans les vingt-quatre heures,
à part l'état de prostration, plus ou moins grande, qui en est ordinairement
la suite, et qu'accompagne la desquamation de l'épiderme de toutes les
parties qui ont été le siège de 1 ery thème. Portés à un degré que nous
n'avons pas eu occasion d'observer, la mort peut en être le résultat, et
M. Moreau de Jonnès, qui nous précéda, de quelques années, aux Antilles,
en cite deux exemples qui se sont présentés à la Martinique, l'un en i8o3,
et l'autre en 1808. Le premier fut la suite d'un empoisonnement par le
poisson armé, Diodon orbicularis , et l'autre celle d'un empoisonnement
par la carangue, Caranx caragus.
(34i )
» Nous donnons dans ce Mémoire les observations que nous avons
recueillies à la Martinique, en 1820 et en 1821, sur les accidents produits
quelquefois par le poisson sous les tropiques. »
chimie appliquée. — Sur le phosphore et les préparations considérées au
point de vue de l'économie domestique et de la médecine légale. Note de
M. A. Chevallier fils et O. Henry fils, adressée à l'occasion d'une
communication récente de MM. Orfilaet Rigout. (Extrait.)
(Commission nommée pour le Mémoire MM. Orfila et Rigout.)
« Nous ne venons point, disent les deux auteurs, présenter une réclama-
tion de priorité, mais prendre date pour ce que nous avons fait.
» Le i5 mai i853, la Société impériale de Médecine, de Chirurgie et de
Pharmacie de Toulouse, frappée des dangers qui résultaient de l'emploi du
phosphore qui entre dans la préparation des allumettes chimiques et des
pâtes phosphorées, avait proposé un prix sur la question suivante :
« Indiquer la marche que doit suivre l'expert chimiste quand il est ap-
» pelé à constater après la mort l'empoisonnement par le phosphore. »
» L'importance de la question nous ayant frappés, nous nous préparâmes
pour le concours, et à la fin de décembre i854 nous adressâmes à cette
Société une monographie du phosphore contenant huit chapitres. . . Dans le
cinquième, nous traitions des dangers que présente le phosphore et ses com-
posés; nous y avions aussi fait connaître : i° tous les cas d'empoisonnement
par le phosphore qui étaient arrivés à notre connaissance ; 20 les cas d'in-
cendie. Nous nous étions aussi occupés de la nécrose maxillaire ; nous
avions de plus démontré, dans ce chapitre, les avantages que présente l'inno-
cuité du phosphore rouge, et nous l'avions proposé pour remplacer le phos-
phore ordinaire. Dans le sixième chapitre, nous avions traité des symptômes
de l'empoisonnement par le phosphore. Dans le septième et le huitième,
nous nous étions occupés de la présence du phosphore dans l'économie et
nous avions discuté les méthodes employées pour le rechercher dans les cas
d'empoisonnement.
» Dans la séance annuelle du i3 mai 1 855, la Société a décerné les ré-
compenses suivantes: une médaille d'or ex œquo à MM. Henrj (Ossian)
fils et Chevallier fils, chimistes à Paris, auteurs du Mémoire n° a, et Victor
Meurin, pharmacien à Tille (.ZVoay/), auteur du Mémoire n° 4 ; une mention
honorable a été accordée à M. Jean Ruspini, chimiste-pharmacien à Ber-
game, auteur du Mémoire n° 3. »
( tt» )
tératologie. — Etablissement de deux nouveaux genres tératologiqnes
sous les noms rf'Ischiomèle et ^'Agnathocéphale; par M. IV. Joly.
(Commissaires, MM. Serres, Geoffroy-Saint-Hilaire, de Quatrefages.)
« D'après M. le professeur Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, la famille des
monstres doubles polyméliens serait essentiellement caractérisée par l'in-
sertion sur un sujet bien conformé d'un ou plusieurs membres accessoires,
accompagnés quelquefois des rudiments de quelques autres parties, ou
même coexistant avec un second anus (i). M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire
ajoute que tous ces monstres sont non-seulement viables, mais encore
qu'ils jouissent fréquemment d'une santé robuste et ont à peu près les chan-
ces ordinaires pour arriver à la vieillesse. Enfin, à moins d'anomalie sexuelle
grave, ils peuvent s'accoupler entre eux et même donner naissance à des
produits normaux.
» Les caractères qui précèdent sont parfaitement applicables à tous les
monstres polyméliens jusqu'à présent connus. Aussi l'exception qui vient
de s'offrir à moi me paraît-elle assez remarquable pour être signalée à l'at-
tention des tératologistes. •
» Cette exception m'a été fournie par une oie morte en naissant, dont
mon vénérable et savant ami, M. le Dr Léon Dufour, Correspondant de
l'Académie, a bien voulu enrichir ma collection. Le sujet dont il s'agit est
affecté tout à la fois de polymêlie et de rhinocéphalie, accompagnées d'une
atrophie à peu près complète de la mâchoire supérieure. La mâchoire in-
férieure, au contraire, a conservé sa forme, sa longueur et sa largeur nor-
males.
» Quant aux membres surnuméraires, ils consistent en deux pattes sou-
dées entre elles à partir de l'extrémité supérieure des deux tarses, et insé-
rées sur un bassin très-rudimentaire, articulé lui-même avec le bassin du
sujet principal. Sous ce rapport, mon oie appartient donc au genre Pygo-
mèle, ou plutôt au genre lschiomèlc, entrevu déjà et même nommé par
M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire. Ce genre me paraît d'autant plus devoir
être adopté, que j'ai observé plusieurs fois la soudure des deux bassins par
les ischions chez la poule, et que le savant auteur du Traité de Tératologie
l'a vue aussi chez le canard. Nous réserverions donc le nom de Pygomélie
au cas où le parasite tiendrait seulement par la peau ou par les muscles fes-
(i) Is. Geoffroy-Saint-Hilaire, Traité de Tératologie, t. III, p. 262.
( 343 )
siers au sujet principal ; nous désignerions sous le nom de Ischiomèles tous
les monstres doubles soudés entre eux par les deux ischions.
» Quant à l'atrophie ou à l'absence complète de la mâchoire supérieure,
coexistant avec la rhinocéphalie, on en connaît aussi des exemples assez
nombreux pour que nous nous croyions autorisé à créer un nouveau genre
tératologique fondé sur ce caractère important. Ainsi Sandefort a observé
l'absence de la mandibule supérieure chez un jeune dindon rhinocéphale,
Otto a mentionné la même particularité chez un pigeon , Huschke chez une
oie, et Heusner chez un poulet.
« Ces cas, dit M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, ne rentrent naturelle-
» ment dans aucun des genres établis précédemment. Us indiquent l'exis-
» tence d'un groupe particulier, voisin, mais distinct des Rhinocéphales. »
(Voyez Tératologie, t. H, p. 4 < 4- )
» Nous proposerons donc pour cette monstruosité le nom à' agnatoce'pha-
lie (de a, privatif; yvaQoç, mâchoire, et zî<pa.hw, tête), et nous caractérise-
rons ainsi qu'il suit le genre Agnatocéphale :
» Mâchoire supérieure rudimentaire ou nulle; face affectée de rhinocé-
phalie, c'est-à-dire offrant sous le front une trompe qui représente l'appareil
nasal ; deux orbites ou deux yeux réunis en un seul.
» Jusqu'à présent l'agnatocéphalie ne s'est rencontrée que chez les mons-
tres unitaires delà famille des Cyc^océphaliens. L'existence de cette ano-
malie chez un monstre double poljmélien constitue donc, je le répète, une
exception d'autant plus remarquable, qu'elle doit nécessairement entraîner
la mort du sujet. C'est pourquoi j'ai cru ne pas devoir la passer sous silence.
» En raison de cette particularité jusqu'à présent sans exemple, je me
vois, pour ainsi dire, forcé de donner, contrairement à la nomenclature
suivie en France, un double nom à l'animal qui f*it l'objet de cette étude.
» Je proposerai celui de Ischiomè/e agnatocéphale . »
« M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, en présentant cette Note à l'Aca-
démie au nom de l'auteur, rappelle les nombreux travaux que la térato-
logie doit déjà à M. Jolj, celui de tous nos physiologistes, dit M. Geoffroy-
Saint-Hilaire, qui, depuis quelques années, a le plus activement et le plus
heureusement contribué aux progrès de cette branche de la science. »
M. Puech adresse la deuxième partie d'un Mémoire précédemment
présenté, « sur un monstre double appartenant à la fois aux genres Dérodyme,
Dérencéphale et Uromèle. »
(Renvoi à l'examen des Commissaires déjà nommés, MM. Serres, Isidore
Geoffroy-Saint-Hilaire,' Andral. )
( 344 )
M. Ch. Barré présente un Mémoire sur divers moyens tendant à empê-
cher les déraillements sur les chemins de fer.
(Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Morin.)
M. Caranza, ingénieur-manufacturier au service du gouvernement otto-
man, soumet au jugement de l'Académie une Note sur un nouveau procède'
de fixage pour les épreuves photographiques , au moyen du chlorure acide
de platine.
(Commissaires, MM. Regnault, Peligot, Seguier.)
M. Thirault envoie, de Saint-Etienne, un nouveau Mémoire concernant
la maladie de la vigne, et accompagné de documents justificatifs.
(Renvoi à l'examen de la Commission des maladies des végétaux.)
M. l'abbé Carmentrez, curé à Morey (Meurthe), adresse une nouvelle
Note relative aux moyens de se préserver du choléra-morbus.
(Renvoi à l'examen de la Commission du legs Bréant. )
M. Hansotte prie l'Académie de l'autoriser à faire usage d'un remède
contre le choléra, dont il lui a envoyé un échantillon au commencement
de l'année précédente.
L'Académie ne peut accorder de semblables autorisations; la nouvelle
Lettre de M. Hansotte est renvoyée, comme l'avait été la première, à la
Commission du legs B retint.
M. Cadet adresse, de Rome, un nouveau supplément à ses précédentes
communications relatives au choléra et à la classification des corps naturels.
(Renvoi aux Commissions respectives précédemment désignées.)
M. Tœrmer, qui avait précédemment adressé une Note sur un succédané
du thé, envoie aujourd'hui des échantillons d'une poudre qu'il croit propre
à remplacer le café, et dont il fait connaître la composition.
(Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment désignés :
MM. Brongniart, Peligot, Moquin-Tandon.)
( 345 )
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de la Guerre adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut,
un exemplaire du tome XVI de la deuxième série du Recueil des Mémoires
de Médecine, de Chirurgie et de Pharmacie militaires.
è
M. Flourens fait, au nom de l'auteur M. Gujon, hommage à l'Acadé-
mie d'un exemplaire de l'ouvrage intitulé : « Histoire des épidémies du
nord de l'Afrique ».
M. Floureks appelle l'attention de l'Académie sur un volume publié
par la Société d H jdiologie médicale de Paris.
« Cette Société, fondée en 1 853, a pour objet de propager l'étude des
eaux minérales. Elle doit publier pérodiquement des Annales et vient d'en
faire paraître le premier volume, maintenant sous les yeux de l'Aca-
démie. Les principaux sujets traités dans ce volume sont les suivants :
Traitement du diabète et des maladies de la matrice par les eaux minérales.
— De l'usage des piscines près des établissements thermaux — De lasulfhy-
drométrie. — De la composition des vapeurs fournies par les eaux miné-
rales. — Étude des matières organiques que renferment les eaux miné-
rales. »
« M. Is. Geoffroy-Saint-Hilaire , en présentant à l'Académie, au nom
de M. Bekker, de Darmstadt, un Mémoire, écrit en allemand, sur l'ongle
de la queue du Lion {voirie Bulletin bibliographique), donne une idée de
ce travail, qui a pour sujet une question, sinon importante, du moins très-
curieuse. .-.
» On s'est beaucoup occupé, dans ces dernières années, de l'ongle ou,
comme on l'a appelé, de l'aiguillon que le Lion porte à l'extrémité de la
queue. Cette particularité de son organisation, longtemps ignorée par les
modernes, était bien connue des anciens. On la trouve nettement indiquée
par Didyme d'Alexandrie, qui vivait sous Auguste ; et, selon plusieurs au-
teurs (i), Homère lui-même l'aurait connue; ce qui, du reste, serait peu
étonnant, puisqu'il existait encore des Lions en Grèce au temps d'Homère.
(i) Ces auteurs fondent leur conjecture sur ces deux beaux vers de l'Iliade, si souvent,
imités dans toutes les langues :
Oûp? H wAst»p«? re y.ct) i<rx,ta âftpoTtpaûtv
ftcurTUTXl, il «T'iXutov ÎttotOvxi ftXfciTXritlt.
C. R., i856, i« Semestre. (T. XL11, N° 7.) 4^
( 346 )
» Le Mémoire de M. Bekker est à la fois un travail d'érudition et d'ob-
servation sur ce sujet. On y trouve cités, chacun dans leur langue, et tra-
duits en allemand, les passages des poètes et des commentateurs qui pa-
raissent avoir fait allusion à l'existence de l'ongle caudal du Lion, ou qui
l'ont mentionné, depuis Homère jusqu'aux modernes. M. Bekker a également
résumé, en y ajoutant les siennes, les observations des naturalistes, parti-
culièrement de Blumenbach (i).
» Dans un appendice, M. Bekker montre que l'existence de l'ongle cau-
dal est loin d'être un caractère propre au Lion. On le retrouve, parmi les
Rangurous, notamment, chez le Macropus unguijer, qui l'a très-développé,
et chez le M. Jrœnatus; faits signalés depuis plus de quinze ans par
M. Gould. Il existe aussi, selon M. Bekker, chez plusieurs Singes et chez
quelques autres Mammifères, parmi lesquels l'Aurochs (2).
» L'auteur a figuré l'ongle caudal du lion, celui du Macropus frœnatus
et celui du Semnopithecus melalophos. »
« Le même Membre fait hommage, au nom de M. P. de Tchihatchej ,
d'un Mémoire sur la Chèvre d'Angora, ses habitudes et son habitat en Orient
(voir -mi Bulletin bibliographique), et d'une figure gravée d'un magnifique
individu de cette espèce, que l'auteur s'est procuré dans l'Asie Mineure, et
dont il a enrichi le Musée impérial de Saint-Pétersbourg.
» Le Mémoire de M. de Tchihatchef a été rédigé en vue de fournir à la
Société impériale d'Acclimatation les moyens de choisir, pour ses troupeaux
de Chèvres d'Angora, les localités les plus favorables. C'est d'après les
indications de M. de Tchihatchef que deux de ces troupeaux ont été placés
dans le Cantal. »
L Académie de IXancy adresse un exemplaire du volume de ses Mémoires
pour l'année 1 854-
M. Lehman remercie l'Académie qui, dans la séance publique du 28 jan-
vierdernier, luiadécernéun prix pour son «Traité de Chimie physiologique.»
(1) Quoique M. Bekker ne cite aucun auteur français, l'ongle caudal est bien connu en
France. Il a été souvent montré par E. Geoffroy-Saint-Hilaire dans ses cours au Muséum.
( 2 ) Ce fait rend plus digne d'attention une similitude depuis longtemps signalée entre le Lion
et le Taureau : « Plurima animalia , dit, par exemple, Alexandre d'.Aphrodisie , caudas mo-
vent, cum notos agnoscunt; Léo verolatus verberat, cum irascilur, eodemque modo Taurus. »
(34?)
M. Bertrand prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le
nombre des candidats pour la place actuellement vacante dans la Section
de Géométrie, par suite du décès de M. Sturm.
Il joint à cette demande un exemplaire de la Notice sur les travaux ma-
thématiques dont il est l'auteur.
« Outre ces travaux imprimés, dit M. Bertrand, je crois pouvoir compter
comme un titre à la bienveillance de l'Académie, les leçons de Physique
mathématique que je professe au Collège de France, comme suppléant de
M. Biot, depuis l'année 1847. J'ai énoncé dans ces leçons un assez grand
nombre de résultats nouveaux, dont plusieurs ont été utilisés et cités dans
des travaux publiés par mes auditeurs. D'autres sont restés inédits, et,
parmi ceux-là, je demanderai la permission de citer un théorème relatif à
la condition d'équilibre calorifique dans un corps homogène.
» Fourier a prouvé, comme on sait, que la condition nécessaire et suffi-
sante pour qu'il y ait équilibre de température dans un corps homogène
indéfini, est que la température V d'un point soit une fonction des coor-
données x, y, z de ce point, telle que l'on ait
d'Y d'\ « d'V _
dx1 df dz1
» Le théorème dont je parle consiste en ce que cette condition analytique
est complètement équivalente à la suivante :
» Pour l'équilibre calorifique du corps, il faut et il suffit que la tempé-
rature d'un point quelconque soit la température moyenne d'une sphère de
rayon arbitraire dont ce point occupe le centre.
» Mon attention ayant été rappelée récemment sur ce théorème par
M. Liouville, à qui je l'avais communiqué il y a quelques années, et qui
lui-même l'a utilisé dans son enseignement , j'ai cru devoir saisir cette
occasion d'en publier l'énoncé. »
chimie. —Note sur le sucre de lait; Lettre de M. Pasteur
à M. Biot.
« Lille , 1 1 février i856
» Monsieur,
» Vous savez que je m'occupe depuis quelque temps du sucre de lait.
Je vois par le Compte rendu de la séance du 4 février, arrivé aujourd'hui
à Lille, que M. Dubrunfaut étudie également cette substance. Je vous
46..
( 348 )
serais donc obligé de vouloir bien communiquer à l'Académie quelques
résultats de mon travail, afin que plus tard, lorsque je serai en mesure de
le publier en entier, je ne paraisse pas m'ètre emparé du sujet d'étude de
l'habile chimiste que je viens de citer.
» Il n'est aucun ouvrage de chimie qui n'admette que le sucre de lait,
sous l'influence des acides, se transforme en glucose ou sucre mamelonné
de fécule. Cependant je ne crois pas qu'il existe aucune expérience ayant
eu pour but d'établir l'exactitude de ce fait. On l'a admis peu à peu comme
certain, après l'avoir regardé comme une présomption probable.
» Lorsque Rirchoff, membre de l'Académie de Saint-Pétersbourg, eut
publié la découverte si remarquable de la transformation de l'amidon en
matière sucrée, Vogel essaya l'expérience de Kirchoff sur le sucre de lait.
Il fit bouillir ioo grammes de sucre de lait avec 4oo grammes d'eau et
i grammes d'acide sulfurique, pendant quelques heures, en ajoutant de
temps en temps un peu d'eau pour remplacer celle qui s'évaporait par
l'ébullition. La liqueur, saturée par la craie, évaporée à l'étnve, donna un
sirop brun, épais, qui se prit en masse cristalline au bout de quelques
jours. Et il ajoute : « Cette matière, analogue à la cassonade, a une saveur
» bien plus sucrée que n'est une dissolution aqueuse la plus concentrée
» de sucre de lait. Ce goût excessivement sucré a fait soupçonner qu'il
» s'était formé du véritable sucre, propre à donner naissance à la fermen-
» tation alcoolique. En effet, à peine avait-on introduit ce produit, sous
» des circonstances favorables, avec la levure de bière, que la fermentation
» alcoolique s'est établie de la manière la plus vive, tandis que le sucre
» de lait ne fermente jamais. »
» Tel est le sucre qui, avec de grandes apparences de raison sans doute,
a été pris pour du sucre de fécule; et, à toutes les époques, les idées phy-
siologiques émises sur le sucre de lait ont eu pour base la prétendue trans-
formation de ce sucre en sucre de fécule. Mais, en réalité, le sucre de lait
modifié parles acides est tout autre que le glucose. Je propose de le nom-
mer lactose. On réserverait le nom de sucre de lait ou de lactine pour le
sucre cristallisable du lait.
» Le lactose cristallise beaucoup plus facilement que le glucose. Cepen-
dant il affecte presque toujours, comme ce dernier, une structure mame-
lonnée. Quelquefois les cristaux, quoique petits, sont limpides, assez nets,
et on peut reconnaître à la loupe que ce sont des prismes droits portant un
biseau à leurs extrémités. Le plus souvent ils sont en lames à six côtés,
ordinairement arrondies sur les angles et un peu renflées vers le milieu.
( 349)
Aussi, lorsque ces lames sont vues de champ, elles ont l'aspect de petites
lentilles.
» Le glucose cristallise dans le même système, également en tables
rhomboïdales à six pansse coupant sous des angles très-voisins de îao degrés ;
mais elles ne prennent jamais l'aspect lenticulaire et ne sont pas plus
épaisses vers leur milieu que sur leurs bords. Elles sont aussi moins dures,
plus fragiles, moins isolées et moins nettes que les lames cristallines du
lactose.
» Le lactose cristallisé et pur, traité par l'acide nitrique, donne environ
deux fois plus d'acide mucique que le sucre de lait, toutes circonstances
égales d'ailleurs. Cette réaction permet de reconnaître les plus petites
quantités de lactose pur.
» Son action sur la lumière polarisée présente cette particularité si
curieuse, découverte dans le glucose par M. Dubrunfaut, et rappelée par ce
savant dans sa Note du 4 février, savoir : que le glucose cristallisé dévie
le plan de polarisation beaucoup plus lorsqu'il vient d'être dissous, que
quelques heures plus tard. Le lactose récemment dissous a un pouvoir ro-
tatoire très-élevé, qui diminue progressivement à la température ordinaire,
et se fixe en quelques heures à un degré désormais invariable. L'expérience
suivante donne le pouvoir rotatoire du lactose dans l'eau pure :
» igr,a845 de lactose pur desséché à 100 degrés, ont été dissous
dans 6isr,o56 d'eau à 6 degrés. La densité de la dissolution était de 1,008
à 8 degrés. La longueur du tube, 5oomm. La déviation a été de 8°,64- On
déduit de là, pour une épaisseur de 100 millimètres, [a]y := 83°, 22 / '. Le
pouvoir rotatoire du lactose est donc beaucoup plus élevé que celui du glu-
cose, et dans le même sens(i).
» La déviation 8°,64 est celle qui a été mesurée vingt-quatre heures après
que la dissolution fut terminée et les jours suivants. Observée tout de suite,
dans le même tube, la déviation a été de i40,5 : ce qui donne, pour une
épaisseur de 100 millimètres, [a]y = 1 39°,66 ^. Je suis porté à penser que
ces différences dans les pouvoirs rotatoires sont dues à des proportions dif-
(1) Le nombre donné ici par M. Pasteur indique un pouvoir rotatoire [a] y supérieur à celui
du sucre de canne candi, séché à l'air, que j'ai trouvé être, pour l'épaisseur de 100 millimè-
tres , 7 1 ou 72 degrés. Quant au sucre de lait cristallisé, j'ai trouvé son pouvoir rotatoire [ a ]y
égal à 6o°,28/ , bien moindre que M. Pasteur ne l'obtient après l'avoir traité par l'acide
nitrique. Mémoires de l'Académie , t. XIII, p. 166. Au sujet du glucose, voyez la Note que
j'ai placée à la fin de cette Lettre. J.-B. Biot,
( 35o )
férentes de chaleurs latentes dans le corps dissous et dans le corps cristal-
lisé. Mais il est bien difficile de donner des preuves directes à l'appui de
cette manière de voir.
» Le lactose ne m'a fourni jusqu'à présent aucune combinaison avec le
sel marin.
»> Si l'on arrête la fermentation du lactose à des époques différentes, en
disposant l'appareil de manière à pouvoir peser exactement l'acide carbo-
nique dégagé, afin d'en déduire le poids de sucre détruit, on trouve que le
pouvoir rotatoire du liquide alcoolique restant est le même que celui du
poids de sucre non altéré, considéré comme lactose pur; ce qui prouve que
la fermentation ne le dédouble pas.
» Dès l'instant où il est reconnu que le sucre de lait se transforme sous
l'influence des acides en un sucre particulier, distinct du glucose, et qui dans
aucune circonstance ne paraît se changer en ce dernier sucre, on ne peut
s'empêcher de se poser différentes questions qu'il sera fort utile de résoudre.
N'a-t-on pas confondu souvent, par exemple, le lactose avec le glucose dans
les recherches physiologiques? Le sucre des diabètes, souvent formé de glu-
cose, n'est-il pas mélangé dans l'urine de ces malades en proportions
diverses avec le lactose? La question.de la production du sucre par le foie,
exige impérieusement une connaissance exacte de la nature du sucre, ou des
sucres, que l'on trouve dans cet organe. Le lactose n'y est-il pour aucune
part? J'étudie ces faits avec les difficultés qu'ils doivent offrir en province;
et j'aurais désiré ne rien communiquer à l'Académie sur le sucre nouveau
qui fait l'objet de cette Lettre, avant de lès avoir résolues.
» Permettez-moi, Monsieur, en terminant, de signaler une double erreur
qui s'est glissée dans un ouvrage de cristallographie qui a paru récemment
en Autriche et qui a obtenu un prix de l'Académie de Vienne. L'auteur de
cet ouvrage, M. Schabus, donne avec détails la forme cristalline du glucose,
et il la rapporte au rhomboèdre. Il sera évident pour toutes les personnes
qui examineront avec attention le dessin et les mesures données par l'auteur,
qu'il a pris pour des cristaux de glucose, des cristaux de glucosate de sel
marin.
>< D'autre part, ces mesures rapportées au glucosate de sel marin sont
inexactes, en ce sens, que cette combinaison, ainsi que je l'ai fait voir ailleurs,
appartient au système rhomboïdal droit. Seulement il arrive ici, comme dans
le sulfate de potasse, et tant d'autres sels dont l'angle du prisme rhomboïdal
est voisin de 120 degrés, que les cristaux sont des groupements de portions
de cristaux sous les angles de 60, 90, 120 degrés. Ces associations de cris-
( 35 1 )
taux sont très-visibles dans la lumière polarisée, à l'appareil de Nuremberg.
» Vous savez trop, Monsieur, combien offrirait d'intérêt la découverte
d'un corps moléculairement actif sur la lumière, et qui cristalliserait dans
un système à un axe optique, pour ne pas être intéressé par la remarque
que je présente en ce moment, et qui a également pour but de prouver que
je ne m'étais pas trompé dans la détermination que j'ai donnée autrefois du
glucosate de sel marin. Cependant l'ouvrage de M. Schabus est fait avec tant
de soin, que j'ai voulu revoir le fait principal, sur de nouveaux cristaux que
je dois à l'obligeance de M. Peligot. J'ai l'honneur de vous adresser, en
même temps qu'un échantillon de lactose, de petites lames de glucosate de
sel marin, taillées perpendiculairement à l'axe cristallographique. Il vous
sera facile d'y trouver les caractères des cristaux à deux axes et les groupe-
ments des cristaux élémentaires (i).
s Le glucosate de sel marin, pas plus que le glucose, ne cristallise donc
dans un système à un axe; et la science ignore encore l'existence d'un corps
moléculairement actif sur la lumière polarisée, qui n'appartienne pas à un
système à deux axes optiques. »
Note de M. Biot sur l'emploi du mot glucose.
« J'ai fait remarquer, il y a bien longtemps, que le mot glucose, qui avait
été récemment introduit dans la science pour désigner le sucre de fécule, et
par analogie les sucres solides autres que le sucre de canne, a une généralité
d'application très- impropre, parce qu'il fait comprendre, sous cette com-
mune dénomination, des produits qui sont essentiellement fort divers. Voyez
les Comptes rendus, second semestre de 1842, tome XV, pages 636, 711 et
passim.
» Pour le sucre de fécule en particulier, on en obtient des variétés très-
différentes selon le procédé par lequel on la transforme, et selon la durée
de l'action qu'on lui fait subir. C'est ce que nous avions déjà reconnu,
M. Persoz et moi, dans notre premier travail où nous traitions la fécule par
l'acide sulfurique étendu. D'autres expérimentateurs en ont depuis obtenu
des sucres fermentescibles, également distincts entre eux. Je me bornerai
(1) Nous avons vérifié, M. de Senannont et moi, les indications optiques données ici par
M. Pasteur, sur les échantillons de glucosate qu'il m'avait envoyés, et nous les avons trou-
vées très-exactes. J.-B. Biot.
( 35a )
à en citer trois exemples que j'ai personnellement constatés :
Pouvoir rotatoire pour le
rayon jaune à travers une
épaisseur de ioo mètres, [a]/
Sucre de fécule des anciennes fabriques, obtenu
par l'action prolongée de l'acide sulfurique. ... 5i°, 43 /
Échantillon formé à l'aide du même acide par
M. Peligot 61 , 54
Autre formé par M. Jacquelin, en traitant la
fécule par ' d'acide oxalique dans l'auto-
r 1000
clave 100,57 > f°rt supérieur à celui du
sucre de canne.
» Il est impossible d'admettre que ces produits puissent être directement
désignés par une même dénomination. L'impropriété est bien plus grande
encore, quand on applique à priori le même nom de glucose, comme syno-
nyme, à tous les sucres solides de provenances diverses, autres que le sucre
de canne proprement dit. L'identité de dénomination ne peut être légitime-
ment appliquée qu'à des substances, dont tous les caractères chimiques,
physiques, cristallographiques, actuellement observables, ont été constatés
identiques entre eux. Hors de cette règle il n'y a que confusion. »
chimie. — Sur le bromure de titaniwn; par M. H.-W. HoFrsiAxx.
(Lettre à M. Dumas.)
« La comparaison des points d'ébullition des composés correspondants
du chlore et du brome conduisit M. Kopp à l'observation intéressante, que
leurs points d'ébullition s'élevaient en moyenne de 32 degrés centigrades
pour chaque équivalent de brome, substitué à l'équivalent de chlore.
Ainsi :
Diflër.
Chlorure d'éthyle C4H5C1 n°C
Bromure d'éthyle C,H5Br 4i°C
Éthylène dichloré C4H„C12 €>fC
. 66 — 1 >r "W
Ethylène dibromé C4H4Br2 i33°C '
Terchlorure de phosphore. PCl3 78°C ) n „
1 Q7 = 3 X J2 5
Terbromure de phosphore. PC13 i"]5°C )
Si cette différence est constante pour tous les composés de chlore et de
brome, il devient évident que d'importantes conclusions, eu égard à la
( 353 )
composition atomique de ces substances, peuvent dériver de la détermi-
nation des points d'ébullition de ces corps. Ce résultat a été ingénieuse-
ment appliqué par M. Kopp comme critérium de la détermination de l'é-
quivalent du silicium, qui jusqu'à présent a été tellement incertain, que
l'on a été conduit à admettre non moins de trois formules pour la silice
SiO, Si02, SiCv
De la différence entre les points d'ébullition du chlorure (5o, degrés) et du
bromure (i 53 degrés), différence qui est de 94°=3x3i,5, M. Kopp
conclut aux formules
Si Cl 3 et SiBr3,
comme représentant la constitution atomique du chlorure et du bromure
de silicium à 21, 3.
» Toutefois, pour prouver la validité générale de la conclusion de
M. Kopp, il devint nécessaire de réexaminer les points d'ébullition des
composés correspondants du chlore et du brome, dans lesquels apparais-
saient des déviations, et d'étendre cette enquête à un aussi grand nombre
que possible de corps nouveaux. M. Francis Baldwin Duppa a entrepris, à
mon instigation, une recherche sur ce sujet, et a déjà obtenu quelques
résultats qui vous intéresseront.
» Le composé de brome et de titane était inconnu ; M. Duppa a pu pro-
duire cette substance en faisant passer un courant de brome sur un mé-
lange intime d'acide titanique pur et de charbon. La réaction a lieu à la
chaleur rouge et fournit un liquide brun qui se solidifie en une masse cris-
talline dans le récipient. Distillé sur un excès de mercure, qui s'empare de
tout le brome libre, le bromure de titanium se présente sous la forme d'un
corps jaune d'ambre d'une structure cristalline magnifique ; il attire l'hu-
midité avec la plus grande avidité, et se décompose en acide bromhydrique
et titanique.
» Le bromure de titanium possède une gravité spécifique de 2,6; il fond
a 3g degrés centigrades. Le point d'ébullition examiné par M. Duppa, avec
une quantité considérable de substance, dont la pureté avait été constatée
par l'analyse, fut trouvé être de 23o degrés centigrades. Le point d'ébulli-
tion du chlorure observé par vous-même est de i35 degrés centigrades; la
différence 23o — i35 = 95 = 3 x 3i ,33 est exactement la même que celle
déjà trouvée entre les points d'ébullition du chlorure et du bromure de
silicium.
C. R., i856, 1" Semestre. (T. XLH, W« 7.) 47
( 354 )
» Cette observation fournit une preuve additionnelle de l'analogie entre
le titanium et le silicium, en même temps qu'elle montre évidemment les
formules
TiCl3 et TiBr3
comme représentant la constitution atomique de ces deux corps.
» L'acide titanique, qui jusqu'à présent a été considéré comme un
bioxyde TiOa, prendrait alors la formule Ti03, analogue à celle de l'acide
silicique.
» L'équivalent du titanium, au lieu de 24,29, le nombre maintenant
adopté, deviendrait 36,3g. Le protoxyde de titanium dans ce cas devien-
drait un sesquioxyde, et le composé qui jusqu'à présent a été considéré
comme le sesquioxyde, serait considéré comme un oxyde intermédiaire,
comme une combinaison du sesquioxyde avec le teroxyde, enfin comme
un bititanate de sesquioyde de titane.
Formules des composés titaniques.
Vieille notation. Nouvelle notation.
Ti = 24,29, Ti = 36,3g,
TiO, premier oxydé, Ti2Oa,
Ti203, deuxième oxyde, Ti409 = Ti203 + 2Ti03,
Ti02, acide, TiO,,
TiCl2, chlorure, TiCla,
TiBr2, bromure. TiBr3.
médecine. — Sur les symptômes et le traitement du coryza des nouveau-
nés ; par M. E. Bouchut. (Extrait par l'auteur.)
« Cette maladie, ordinairement légère, présente exceptionnellement une
gravité très-grande lorsqu'elle est accompagnée d'une forte obstruction des
fosses nasales. Alors, comme l'a établi M. Rayer dans une Note publiée
en 1820, les enfants ne peuvent teter à leur gré; ils sont obligés de quitter
le sein au bout de quelques secondes pour respirer par la bouche. C'est à
ce moment une gêne plus qu'un danger. Dans quelques circonstances,
lorsque l'obstruction des narines est très-résistante et qu'elle se prolonge,
il en résulte des inconvénients graves. Aux symptômes indiqués par
M. Rayer, il faut en ajouter de nouveaux, V 'inanition et X asphyxie >
» L'inanition résulte de l'alimentation insuffisante. Elle est la consé-
quence, non de l'obstacle à la succion par le besoin de respirer, comme on
l'a dit, mais delà gène de déglutition produite par le coryza.
( 355 )
» Le second effet du coryza, c'est l'asphyxie lente produite par la rétro-
flexion de la langue dans la cavité buccale. Il a été observé sur deux en-
fants, l'un qui est mort, l'autre qui a guéri. Voici comment les choses se
sont passées. L'enfant, très-affaibli et ne pouvant respirer par le nez, res-
tait bouche béante. A chaque inspiration, la lèvre inférieure était entraînée
en dedans, et la langue inerte était relevée la pointe en haut et en arrière,
rétrofléchie sur la voûte palatine et faisant soupape opposée à l'entrée de
l'air dans les poumons. Dans l'expiration, au contraire, la colonne d'air
qui ne pouvait passer dans le nez7 abaissait la langue et poussait le voile
du palais en avant. De la sorte, on avait deux soupapes mobiles, juxta-
posées dans la bouche, mobiles en sens inverse et s'opposant au libre pas-
sage de l'air. L'hématose en souffrait. Il était facile d'en juger par la
coloration rougeâtre, cyanosée du visage, par le refroidissement de la peau
et l'état d'insensibilité du pouls.
» Contre cette double complication du coryza, il faut employer les
lotions fréquentes pour désobstruer les narines et suppléer à l'insuffisance
de l'allaitement par une alimentation lactée artificielle. Si les moyens ordi-
naires de désobstruction des narines restent sans effet, et que l'enfant se
refroidisse par inanition, ou soit menacé d'asphyxie par aspiration de la
langue, il faut établir artificiellement un passage pour l'air à travers les
fosses nasales. De la sorte l'enfant peut teter et boire. A cet effet, une petite
canule d'argent, recourbée à son extrémité, longue de 5 centimètres, large
intérieurement de 3 millimètres, peut être placée dans chaque narine et
fixée sous la cloison du nez avec celle du côté opposé. Cela suffit pour
faciliter la déglutition et gagner du temps, ce qui permet au coryza de
guérir. »
M. Ernest Bacdriihont communique quelques remarques concernant
un jeune diabétique auquel on avait administré temporairement de la levure
de bière. Quelques-uns des symptômes observés tendraient à faire croire
que, sous l'influence de ce ferment, il y aurait eu, dans l'organisme du
malade, transformation du glucose en alcool.
M. Ed. Gand adresse d'Amiens une Note sur des expériences faites avec
un pendule qu'il désigne sous le nom de pendule irrigateur.
Le pendule est lancé latéralement et décrit une espèce de spire qui se tra-
duit graphiquement sur le papier par le petit jet qui s'échappe de l'entonnoir
placé à la partie la plus déclive d'une sphère creuse suspendue par un fil
47-
( 356 )
sans torsion. La Note indique quelques-unes des conséquences que l'auteur
croit pouvoir déduire de ces expériences : elle est accompagnée de plusieurs
des tracés exécutés par le pendule.
M. Marcel de Serres présente quelques remarques concernant un nou-
veau genre d'Annélide tubicolé perforant qu'il désigne sous le nom de
Stoa. Il caractérise ce genre par la phrase suivante :
« Tube testacé, contourné en spirale orbiculaire et irrégulière ; d'une
forme discoïde renflée et convexe ; dernier tour détaché des premiers et se
prolongeant parfois en un tube droit ; ouverture ovalaire, terminée par un
opercule calcaire conique et surchargé. »
M. de la Jonquière donne quelques détails sur un phénomène atmos-
phérique observé à Pau et dans les environs. Le g février, vers 2h3om, le
ciel étant parfaitement pur, il entendit, dans la direction du sud-est, une
suite de détonations précipitées, comme un feu de file d'infanterie; il porta
les yeux de ce côté, supposant qu'un bolide éclatait; il n'aperçut rien dans
le ciel, quoique sa vue embrassât un large horizon. La décharge fut en-
tendue par un grand nombre de personnes aux environs de Pau; un rou-
lement semblable à celui du tonnerre se fit entendre ensuite vers le zénith
et dura environ vingt secondes.
M. M. Collixs prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la
( '.ommission à l'examen de laquelle a été soumise une Note qu'il a précé-
demment présentée sur une question d'analyse mathématique.
(Renvoi à l'examen des Commissaires déjà nommés : MM. Liouville, Lamé,
Binet. )
M. A. Bretox prie l'Académie de vouloir bien faire examiner par une
Commission un nouveau système de pile électrique sous forme de mixture
toujours humide qu'il destine à l'usage médical.
Si M. Breton veut envoyer une description suffisamment détaillée de cet
appareil, la Note sera renvoyée, s'il y a lieu, à l'examen d'une Commis-
sion.
M. Gros, à l'occasion de la remarque qui avait été faite dans un des pré-
cédents Comptes rendus sur une condition imposée aux auteurs qui veulent
concourir pour lés grands prix décernés par l'Académie, l'obligation de
placer leur nom sous pli cacheté, remarque que, s'il ne s'est pas conformé à
( 357)
cette condition, c'est qu'elle n'était pas énoncée dans le programme publié
au Compte rendu.
(Réservé pour être soumis à la future Commission.)
M. Stauffer adresse, de Gratz en Styrie, une Note sur la quadrature du
cercle.
On fera savoir à l'auteur que cette question est une de celles dont l'Aca-
démie, par une décision déjà fort ancienne, a renoncé à s'occuper.
M. Mazeran prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Com-
mission chargée d'examiner une Note sur un moteur hydraulique de son
invention, et demande que, si le Rapport doit se faire attendre, son Mé-
moire lui soit renvoyé.
La Commission a pris connaissance de cette Note et jugé qu'elle n'était
pas de nature à devenir l'objet d'un Rapport ; ainsi elle pourra être remise
à M. Mazeran ou à une personne dûment autorisée par lui; mais elle ne
saurait lui être renvoyée, les usages de l'Académie s'y opposent.
A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret.
COMITÉ SECRET.
La Commission chargée de préparer une liste de candidats pour la
place de géographe vacante au Bureau des Longitudes, par suite du décès
de M. Beautemps-Beaupre ', Commission qui se compose des trois Sections
réunies de Géométrie , d'Astronomie et de Géographie et Navigation ,
présente, par l'organe de M. Dfxawnay, la liste suivante :
En première ligne. .... M. Daussy.
r? i •- ;• , > ( M. Begat.
tan deuxième ligne (ex aequo). { „.
En troisième ligne (exœquo). | '
M. Chazallon.
Lieussou.
Les titres de ces candidats sont discutés ; l'élection aura lieu dans la pro-
chaine séance.
Au nom de la Section de Médecine et Chirurgie, appelée à présenter une
( 358 )
liste de candidats pour la place de Correspondant vacante par suite du
décès de M. Prunelle, M. Cl. Bernard présente la liste suivante :
En première ligne M. Guyon, en Algérie.
En deuxième ligne M. Bally, à Villeneuve (Yonne).
En troisième ligne M. Denis (de Commercy), à Toul.
„ ,. , N ( M. Ehrmann, à Strasbourg.
En quatrième ligne (ex aequo). \ __ _ \ _ ,
1 . (M. Gintrao, a Bordeaux.
En cinquième ligne M. Forget, à Strasbourg.
La Section fait remarquer que si elle ne présente aujourd'hui que des can-
didats nationaux, c'est qu'elle n'avait présenté, pour la nomination précé-
dente, que des candidats étrangers.
Les titres des candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 6 heures. F.
( 359 1
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 18 février i856, les ouvrages dont
voici les titres :
Recueil de Mémoires de Médecine, de Chirurgie et de Pharmacie militaires,
rédigé sous la surveillance du Conseil de Santé, par MM. Jacob, Boudin et
RlBOULET ; publié par ordre du Ministre de la Guerre; ae série, t. XVI.
Paris, i855; in-8°.
Traité des liqueurs et de la distillation des alcools, ou le Liquoriste et le Distilla-
teur moderne ; par M. P. Duplais aîné. Versailles, i855; 2 vol. in-8°.
Histoire chronologique des épidémies du nord de [Afrique depuis les temps les
plus reculés jusqu'à nos jours; par M. le Dr J.-L.-G. Guyon. Alger, i855;
1 vol. in-8°.
Réforme médicale du XIXe siècle par la doctrine des impondérables, ou Nou-
veaux principes de Médecine chimique appliqués à la pathologie et à la thérapeu-
tique; par M. C.-A. Chbistophe. Paris, 1 856; 1 vol. in-8°.
La Pisciculture et la production des sangsues; par M. Aug. Jourdier. Paris,
1 856 ; 1 vol. in-12.
Notice sur le Dr Ernest Cloquet ; par M. le Dr Dequevauviller. Paris, 1 855 ;
br. in-8°.
Histoire de la Savoie avant l'homme; par M. Gabriel de Mortillet. An-
necy, i856; br. in-8°.
Trias du Chablais; par le même. 1 feuille in-8°.
Considérations sur la chèvre d Angora ; par M. P. DE Tchihatchef; br. in-8°.
Mémoire sur les surfaces dont les lignes de tune des courbures sont planes ou
sphériques;parM. J.-A. Serret; br. in-4°.
Catalogue raisonné des produits canadiens exposés à Paris en i855; par
M. J.-C. Taché; in-12.
Rapport sur la vérification des engrais, depuis le 1 er janvier 1 855 jusqu'à la fin
d'août, présenté à M. le Préfet du département de la Gimnde; parM. A. Bau-
drimont, vérificateur des engrais. Bordeaux, i855 ; br. in-8°.
Notice sur les travaux mathématiques de M. Joseph Bertrand. Paris, i856 ;
br. in-4°.
Annales de la Société d Agriculture, Arts et Commerce du département de la
Charente; tome XXXIV; nos 1 et 2 ; in-8°.
( 36o )
Annales de la Société d Hydrologie médicale de Paris. Comptes rendus des
séances; t. I, in -8°. •
Bulletin de la Société de Médecine etde Pharmacie de la Haute-Vienne; i855 ;
in-8°.
Bulletin semestriel de là Société des Sciences, Belles-Lettres et Arts du dépar-
tement du Far; 23e année. Toulon, i855 ; in-8°.
Le Cultivateur de la Somme; année i855; nos 5 et 6.
Mémoires de l' Académie de Stanislas ; 1 854- Nancy, i855; in-8°.
Mémoires de t Académie du Gard, 1 854-1 855. Nîmes, i855;in-8°.
Mémoire de F Académie impériale des Sciences, Inscriptions et Belles-lettres de
Toulouse; 4e série; t. V. Toulouse, 1 855 ; in-8°.
Rendiconto... Comptes rendus de la Société royale Bourbonnienne , Acadé-
mie des Sciences; nouvelle série; 3e année; janvier et février 1 854- Naples,
i854; in-4°.
Elogio... Eloge historique de Macédoine Melloni; par M. Ast. Nobile.
Naples, i855; in-4°.
Pharmaceutial . . . Journal pharmaceutique de Londres ; vol . XV; n05 7 et 8 ;
in-8°.
Nachrichten . . . Nouvelles de [Université et de l' Académie des Sciences de
Gôtlingue; année 1 856 ; nos 1 et 2 ; in-8°.
Der stachel... L'aiguillon placé à [extrémité de la queue du lion. Nouvelles
recherches; par M. ERNEST Berker. Darmstardt, i855; broch. in-8°.
Zeitschrift... Journal de la Société des Ingénieurs autrichiens; 8e année;
nos 1 et 1.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 25 FÉVRIER 1856.
PRÉSIDENCE DE M. BINET.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
magnétisme terrestre. — Sur le changement qu'éprouve la boussole
dans sa direction, lorsqu'on la transporte d'un point à un autre de la
terrasse de l'Observatoire impérial de Paris ; par M. Le Verrier.
« Une discussion s'est élevée devant l'Académie au sujet des influences
des actions locales sur la direction de la boussole à l'Observatoire de Paris ;
influences décelées par un excellent travail de MM. Goujon et Liais,, et
dont M. Laugier,a cru devoir, dans l'intérêt des observations antérieures,
contester l'exactitude.
» Dans le travail des deux astronomes de l'Observatoire de Paris, les
attractions locales ont été mises hors de doute par ce simple fait, que,
d'une extrémité à l'autre de la terrasse sud, dont l'étendue est de 83 mètres,
la déclinaison de la boussole varie de sept minutes. Or on sait que, mal-
gré les efforts de M. Le Verrier pour ramener le débat à ce point de fait net
et précis, fait qu'on a offert à M. Laugier de vérifier lui-même à l'Observa-
toire, il avait été impossible jusqu'ici d'obtenir de ce dernier aucune expli-
cation à cet égard. Mis en demeure de se prononcer enfin sur un point aussi
C. R., i856, i« Semestre. ( T. XLII, N° 8.) 4$
( 36a ) ■
capital, M. Laugier s'est décidé à l'aborder dans une Note insérée au
Compte rendu de la dernière séance, Note qui, d'après les expressions de
l'auteur, contient toute sa pensée (i).
» Or, voici toute cette pensée :
« i°. Les différences constatées à l'Observatoire entre les diverses direc-
tions de la boussole à l'est, au centre et à l'ouest de la terrasse, ne seraient
pas dues aux grandes niasses de fer qui entourent ces stations.
» 2°. Ces différences seraient produites par des fers qui pourraient avoir
été employés dans la construction des voûtes voisines des pavillons de
l'Est et de l'Ouest; voûtes qui seraient beaucoup plus éloignées du pavillon
Central.
» 5°. Puisqu'on a constaté que le cbemin de fer de Sceaux n'agit pas
sur la direction de la boussole portée à ioo et 160 mètres de ce cbemin,
comment veut-on que le bâtiment de l'Observatoire cause des variations
assez notables dans les déclinaisons des divers pavillons? »
» L'Académie remarquera d'abord, dit M. Le Verrier, que M. Laugier
s'expliquant enfin sur les variations que la direction de la boussole éprouve
quand on se transporte de l'est à l'ouest de la terrasse, n'en conteste pas
l'existence. Ces variations ont été établies par trois séries d'observations
distinctes, faites à trois époques éloignées l'une de l'autre. Elles résultent
d'ailleurs d'observations faites par M. Laugier lui-même en i85o. On ne
pouvait les nier. Elles sont donc acquises, de l'aveu de tous, à la discussion,
qui ainsi fait un grand pas.
« Mais, ajoute-t-on, il ne résulte pas nécessairement de cette concession
que les observations faites dans le pavillon Central soient erronées ; il se
pourrait qu'il n'y eût d'inexactes que les observations faites dans les
pavillons extrêmes, et cela à cause de quelques fers qui pourraient être
entrés dans la construction des voûtes voisines. »
» A ces arguments produits in extremis, nous ne répondrons pas que ce
ne serait pas à nous de prouver que ces fers, dont l'intervention est si
opportune, n'existent pas, mais bien à M. Laugier de les découvrir et de
les montrer ; mais nous répliquerons :
(i) Nous devons faire remarquer que cette Note a été rédigée postérieurement à la séante,
et par conséquent après la dernière réclamation qui l'avait rendue indispensable. Cette Noie
aurait donc dû être imprimée à la page 3i2, après l'article de M. Le Verrier. Son impres-
sion à la page 30^, avant cet article, auquel elle semble ôler une partie de son opportunité,
doit être le résultat d'une erreur.
( 363 )
» Que le pavillon de l'Est, celui-là même pour lequel les observations
de M. Laugier établissent une différence avec le pavillon Central, non-seu-
lement n'est pas construit sur des voûtes, mais qu'il en est plus éloigné
que le pavillon Central. L'angle de la voûte la plus voisine de ce dernier
pavillon n'en est qu'à i4 mètres, tandis que l'angle de la voûte la plus voi-
sine du pavillon de l'Est en est à 19 mètres. D'où il suit que le système
imaginé par M. Laugier se retournerait contre lui, si l'on voulait en con-
clure que la différence observée entre le pavillon de l'Est et le pavillon
Central vient plutôt d'erreurs existant dans ce dernier.
» Mais, hâtons-nous de le dire, ce système des erreurs accidentelles, pro-
duites par de petites masses de fer agissant chacune sur un pavillon et point
du tout sur les autres, est inadmissible. L'observation de la déclinaison a
été faite en quatre points de cette ligne de 83 mètres qui va du pavillon
de l'Ouest au pavillon de l'Est. Or la variation de la boussole, en passant
d'une de ces stations à l'autre, s'est trois fois produite dans le même sens.
Croit-on donc que les causes occultes et accidentelles invoquées par
M. Laugier eussent produit une telle régularité dans la marche du phéno-
mène? Ou ne doit-on pas bien plutôt conclure qu'une action aussi réguliè-
rement variable dépend des masses de fer extérieures à la ligne des pavO-
lons magnétiques, masses dont nous avons fait relever les poids et la po-
sition afin de faire comprendre leur importance? ' -
» Les fers existant dans la tour Est du bâtiment s'élèvent à la somme to-
tale d'environ a3ooo kilogrammes. Une grande partie d'entre eux sont
placés dans une situation telle, qu'ils doivent s aimanter par l'action du
globe et avoir leur pôle nord à leur extrémité inférieure.
» Il existe en outre, au sud-est du pavillon de l'Est, un vaste plancher
en fer appartenant à une future église, et dont l'angle le plus voisin n'est
qu'à 62 mètres du pavillon de l'Est. Ce plancher, qu'on a passé sous silence,
pèse 71000 kilogrammes. Il est d'ailleurs composé en son entier de barres
de fer tellement orientées, qu'elles ont dû également s'aimanter par l'action
du globe et de manière à ce que leurs pôles nord soient plus voisins de l'Ob-
servatoire que ne le sont leurs pôles sud.
» Tenons-nous-en à ces deux spécimens des masses de fer qui nous
entourent, et laissons de côté, d'une part une fabrique située à 54 mètres
du pavillon de l'Ouest et contenant machine à vapeur, engrenages, arbres
de couche, métiers, etc., de l'autre les fers en quantités énormes qui exis-
tent dans le reste de nos bâtiments.
» Il n'échappera à personne qu'à cause de la disposition des fers nord-
48..
( 364 )
est qui agissent principalement sur le pôle nord de notre boussole, ils
doivent repousser ce pôle vers l'ouest et augmenter la mesure de la décli-
naison. Les fers sud-est à leur tour, pesant ensemble 71000 kilogrammes,
doivent attirer le pôle sud de la boussole et augmenter aussi la déclinai-
son par une influence qui doit devenir d'autant plus sensible qu'on se
rapproche davantage de ces fers en marchant de l'ouest à l'est. Or tel est .
précisément le sens de la variation que nous avons constatée. La décli-
naison de la boussole va sans cesse en augmentant, et d'une manière
continue, à mesure qu'on la transporte de l'ouest vers l'est.
» C'est ici qu'on aperçoit combien est futile l'objection tirée des expé-
riences faites par nous près du chemin de fer de Sceaux. Les rails de ce
chemin ne pesant que 32 kilogrammes au mètre courant, et la voie étant
d'ailleurs simple, la quantité de fer que nous avions alors à redouter n'était
point équivalente à la vingtième partie de celle qui nous menace à l'Obser-
vatoire. Il importe d'ailleurs de prendre en considération une circonstance
qui, avant de faire l'expérience relative au chemin de fer de Sceaux, nous
avait fait prévoir qu'elle donnerait un résultat négatif. Placées bout à
bout, les diverses barres qui composent les rails, s'aimantent toutes de
la même manière par l'action du globe, le pôle sud de l'une se trouvant
dans le voisinage du pôle nord de l'autre ; d'où il résulte que les actions
attractives et répulsives exercées sur la boussole se compensent les unes
les autres. Il n'en est pas de même des actions exercées par les barres de
fer existant dans les grandes masses placées au sud-est et au nord-est de
nos boussoles; l'immense majorité de ces barres constituent des aimants
naturels agissant tous de la même manière.
a Dans cet état de la discussion, et considérant :
» Qu'on ne conteste pas que la déclinaison et l'inclinaison de la bous-
sole n'ont pas les mêmes valeurs dans les différentes stations de notre
terrasse;
» Qu'on a recours, pour expliquer les variations, à l'action de préten-
dues masses de fer qu'on ne montre pas, et qui pourraient d'ailleurs se
trouver tout aussi bien dans le voisinage du pavillon Central que dans le
voisinage du pavillon Est et du nouveau pavillon;
» Que l'hypothèse de ces actions accidentelles et particulières à chaque
pavillon est incompatible avec la variation continue qu'on observe en
passant de l'un à l'autre ;
» Enfin, que les deux masses de fer, l'une de a3ooo kilogrammes si-
tuée au nord-est, l'autre de 71000 kilogrammes située au sud-est, masses
( 365 )
composées de barres nécessairement aimantées par l'action du globe,
agissent toutes les deux dans le sens des variations observées;
» Nous pourrons regarder la question comme suffisamment éclaircie, et
laisser là un débat qui a donné pleine et entière raison aux observations de
MM. Goujon et Liais, si nos confrères estiment qu'il ne soit pas nécessaire
de relever, dans l'Académie même où elles se sont produites, les trop nom-
breuses et trop graves erreurs théoriques commises dans cette discus-
sion (i). »
Après la communication de M. Le terrier, M. Mathieu prend la parole
en ces termes :
« Quand M. Le Verrier aura inséré dans le Compte rendu les détails
qu'il vient de donner sur l'influence qu'exercent sur la direction de l'ai-
guille aimantée les masses de fer disséminées dans l'Observatoire, M. Lau-
gier, à son retour des Pyrénées, pourra répondre, s'il le juge convenable.
Pour moi, je me contenterai de ramènera son véritable objet une question
qui en a été singulièrement détournée. M. Laugier a mesuré, en i854,
la déclinaison de l'aiguille aimantée en quatre points de l'enceinte fortifiée
de Paris; il a conclu de ses observations la déclinaison pour l'Observatoire,
et il a trouvé qu'il n'y avait aucune correction à faire aux déclinaisons
mesurées dans le pavillon Central^ le seul où se faisaient annuellement les
observations magnétiques. M. Le Verrier, adoptant le même plan, suivant
exactement la même marche, a aussi conclu la déclinaison de l'Observa-
toire des déclinaisons mesurées en i855 dans quatre points extérieurs, au
sud et au nord, à l'est et à l'ouest de Paris, et il a trouvé une correction
de 6'3ç/' pour la déclinaison du pavillon Central. Quelle est la correction
exacte? Là est véritablement la question. M. Laugier, tout en regardant son
résultat comme probable, s'est empressé de dire et de répéter plusieurs
fois à l'Académie que ce n'est qu'en observant de nouveau et dans un
grand nombre de points, que l'on pourra trouver la correction définitive,
qui ne sera peut-être ni zéro ni 6' 3o,". Je partage entièrement cet avis.
Tout ce qui vient d'être dit sur les influences locales ne fait qu'embar-
rasser la discussion. Aujourd'hui la question est amenée à une question
de fait qui ne peut être résolue que par de nouvelles expériences. »
(1) A la suite de cette communication, deux Membres de l'ancienne administration de
l'Observatoire ont cru devoir présenter des explications étrangères au fond du débat. Nous
n'avons nullement l'intention, si l'on ne nous y force pas , de prolonger une discussion pé-
nible pour eux.
( 36G )
analyse mathématique. — Sur une formule très-simple et très-générale
qui résout immédiatement un grand nombre de problèmes d'analyse
déterminée et d'analyse indéterminée ; par M. Augustin Cauchy.
« La considération des fonctions linéaires et homogènes m'a conduit à
divers théorèmes, puis à une formule très-simple, qui, en raison des nom-
breuses applications qu'on en peut faire, m'a paru digne d'être remarquée,
et que je vais établir.
» Considérons d'une part m variables
x, y, 2,..., t,
d'autre part n fonctions linéaires et homogènes
u, v, w,..., s
de ces mêmes variables. Les valeurs de ces fonctions seront fournies par n
équations, desquelles on pourra tirer les valeurs de quelques-unes des va-
riables
exprimées eu fonctions des autres variables, et des termes de la suite
u, v, iv,..., s.
Pour y parvenir, on tirera de la première équation la valeur d'une va-
riable xt, puis on la substituera dans les autres équations. Si, par cette sub-
stitution, toutes les variables ne sont pas éliminées en même temps que xt,
on tirera d'une seconde équation la valeur d'une seconde variable x2,...,
et en continuant de la sorte, on substituera aux équations données, d'une
part, des équations qui détermineront certaines variables
dont le nombre sera v, en fonction de m — v autres variables
X , X . X ,.. .,
et des termes de la suite
«, t>, w,..., s;
d'autre part, si, v étant inférieur à n, n — v diffère de zéro, n — v équa-
tions de condition linéaires et homogènes entre les fonctions
u, v, w,..., s.
(367)
Dans ce dernier cas, les variables
étant prises pour clefs anastrophiques, si l'on pose
Q. = uvw...s,
le produit symbolique |£2| sera identiquement nul, quelles que soient d'ail-
leurs les valeurs attribuées, dans le développement de \ù\, aux produits
symboliques partiels qui auront pour facteurs n termes de la suite
x, y, z,..., t.
Dans le cas contraire, en laissant indéterminée la valeur de chacun de ces
produits partiels, on obtiendra une valeur de | ù ] qui renfermera une ou
plusieurs indéterminées, dont l'une sera précisément la valeur attribuée au
produit symbolique
I X j X 2- ■ ■ xn |
» Cela posé, on établira sans peine les propositions suivantes :
» Ier Théorème. Étant données n équations qui expriment n quantités
u, v, w,..., s
en fonctions linéaires et homogènes de m variables
x, y, z,..., *,
posons
Q = uvw... s;
et concevons que, les variables .r, y, z,...,t étant prises pour clefs ana-
strophiques, on laisse indéterminée dans le produit | Q. | la valeur de cha-
cun des produits partiels formés avec quelques-unes des clefs x, y,
z,..., t. Il arrivera de deux choses l'une : ou le coefficient de chaque pro-
duit partiel, par conséquent de chaque indéterminée, sera identiquement
nul, et l'on trouvera ainsi
| Ï2 1 = o ;
ou la valeur générale de J il j ne sera pas nulle. Dans le premier cas, les
fonctions
u, t», w,..., s
vérifieront une ou plusieurs équations de condition linéaires et homo-
gènes; et, si l'on nomme / le nombre de ces équations de condition, on
pourra, des équations données, tirer les valeurs de plusieurs variables
X | , X2 , • • • , xv ,
( 368 )
dont le nombre sera
v = n — /,
exprimées en fonctions linéaires et homogènes des autres variables
lA* • *Ar « %As a • * • a
et des termes de la suite
u, v, w,..., s.
Dans le second cas, les équations de condition dont nous venons de parler
disparaîtront, et les n équations données détermineront les valeurs de n
variables
3-ii oc 2,..., xn,
prises dans la suite
xi Ji *»•••» ')
en fonctions linéaires et homogènes des m — n autres variables
> ~' ~>" _*
**■ i •*■ •> ■*• >• • •■>
et des termes de la suite
u, v, w,..., s.
» IIe Théorème. Les mêmes choses étant posées que dans le premier
théorème, concevons que l'on assujettisse les variables x, y, z,..., t à véri-
fier les équations
(i) u = o, v = o, w = o,..., s — o.
Si l'on a \Q.\ = o, quelques-unes de ces équations se déduiront des autres,
et par suite le nombre v des variables
oc i , OC 2 , . . . , ocv
quelles détermineront, sera inférieur à n. Si, au contraire, le produit sym-
bolique |Î2| n'est pas identiquement nul, les équations (i) détermineront/»
variables
Xj, x,,..., ocn
en fonctions linéaires et homogènes de m — n autres variables
*•/ ,-" -V,'"
dont chacune restera indéterminée; et, pour que des valeurs de
xi Ji zi — ^>
propres à vérifier les équations (i), soient aussi générales qu'elles doivent
(369)
l'être, il suffira qu'elles renferment des indéterminées distinctes dont le
nombre ne puisse s'abaisser au-dessous de m — n. Or c'est précisément ce
qui arrivera si l'on pose
(a) x=\ùx\, y=\ùy\,..., t=\9A\.
Donc les solutions les plus générales des équations (1) seront données par
les formules (2). Ajoutons que, si l'on nomme r une fonction linéaire et
homogène des variables x, y, z,..., t, on aura, en supposant ces variables
déterminées par les équations (1),
(3) r = \nr\.
Cette dernière formule peut à elle seule remplacer les équations (2) que
l'on en déduit, en prenant successivement pour r chacune des varia-
bles .r, y, z,..., t.
» On peut appliquer utilement le deuxième théorème et la formule
générale qu'il nous offre, c'est-à-dire la formule (3), à un grand nombre
de questions diverses, spécialement à la résolution des équations linéaires
homogènes ou non homogènes, déterminées ou indéterminées, à l'élimina-
tion des variables entre des équations algébriques de degrés quelconques,
à la détermination des restes successifs que produit la recherche du plus
grand commun diviseur de deux polynômes, etc. Entrons à ce sujet dans
quelques détails.
» Supposons d'abord que l'on donne à résoudre n équations linéaires,
essentiellement distinctes et homogènes, entre n-\- 1 variables
x , y, z, ..., t.
Ces équations seront de la forme
(a) u = o, v — o, w = o, ..., .y = o,
//, v, w, ..., s désignant n -t- 1 fonctions linéaires et homogènes des n
variables
x, y, z, .. ., r;
et, si l'on pose
il CHS UVW ... s,
le produit symbolique |û| ne sera pas nul. Cela posé, si l'on nomme r
une nouvelle fonction linéaire et homogène de x, y, z, ..., £, le produit
symbolique
\ilr\
C R., i856, 1" Semeitr». (T. XL», N» 8.) 4.9
(37o)
sera de la forme
k\xyz...t\,
k désignant une constante déterminée; et si, en laissant indéterminée la
valeur attribuée au produit symbolique
\xjrz...t\,
on désigne cette valeur par r, la formule (3) donnera
(4) r = kx.
» Ainsi, par exemple, si l'on suppose les équations (a) réduites aux sui-
vantes :
(5) j3x + 2jr + z =o,
et si d'ailleurs on prend
r = ax -f- %j -+- yz,
on aura
\Q\ = \jz\-5\zx\ + 1\xf\,
| Jîr | =(a — 56 -f- "jy)\xjz\;
puis, en laissant indéterminée la valeur du produit symbolique | xjz\, et
désignant cette valeur par t, on tirera de la formule (3)
(6) r = (a - 5g -f- 7 y)r.
Si, dans l'équation (6), on suppose la fonction r successivement réduite à x,
puis à jr, puis à z, cette équation donnera
(7) x = t, j = -5t, z = 7t.
Telles sont les valeurs générales de x, jr, z propres à résoudre les équa-
tions (5). Il suffira, d'ailleurs, d'attribuer à l'indéterminée t une valeur
entière pour obtenir les solutions en nombres entiers.
» Si l'on attribue à l'une des variables x, y, 2, ..., t une valeur déter-
minée, les équations données seront linéaires par rapport aux variables
restantes, mais cesseront d'être homogènes, et les valeurs des variables res-
tantes se déduiront immédiatement de la formule (3). Ainsi, cette formule
sert encore à résoudre n équations linéaires, mais non homogènes, entre
n variables.
» Concevons, pour fixer les idées, que l'on donne, entre deux varia-
blés x, y, les équations
(8)
(37i )
3x -+- 2J = I,
X -+- 3 Y = 2.
Il suffira, pour obtenir ces équations, de poser z = — i dans les for-
mules (5). D'ailleurs, en posant z = — i, on tirera des formules (7),
t = » et, par suite,
1 5
(9) * = ---, J = ï'
Telles sont effectivement les valeurs de x, 7 qui satisfont aux équa-
tions (8).
» On déduirait pareillement de la formule (3) les valeurs de m in-
connues x, y z, ..., t déterminées par m équations linéaires, mais non ho-
mogènes, et l'on retrouverait ainsi les formules générales qui fournissent
ces valeurs.
» Supposons maintenant que, les équations données étant linéaires et
homogènes, la différence n — m entre le nombre m des variables et le
nombre n des équations surpasse l'unité. Alors le nombre des indéterminées,
dans les valeurs générales des variables, ne pourra s'abaisser au-dessous
de m — n. D'ailleurs,
jy_m(m— i)...(m — n + i)
\ ' 1.2...K
étant le nombre des produits que l'on peut former avec m facteurs pris nkn,
les formules (2) et (3) pourront introduire dans les valeurs de
et dans la valeur de r, N indéterminées; mais, sans diminuer la généralité de
ces valeurs , on pourra égaler à zéro plusieurs indéterminées et réduire ainsi
leur nombre km — n, pourvu toutefois qu'on ne demande pas de résoudre
les équations linéaires données en nombres entiers.
» Concevons maintenant que, les coefficients de x,jr, z,..., t dans les
fonctions m, v, w,..., s ayant des valeurs entières, on propose de résoudre
en nombres entiers les équations (2), et supposons d'abord m — n = 1 5
alors, pour obtenir les valeurs générales de
il suffira de poser
\xjz...t\=z,
49-
( 37^ )
si les coefficients numériques du produit symbolique \xjz... t 1 dans les
valeurs de
|Û*|, \Qjr\, |Qz|,..„ \Qt\
ne sont pas tous divisibles par un même nombre, et
e\xjz...t\ = T,
s'ils sont tous divisibles par un même nombre 5, puis d'attribuer à t des
valeurs entières quelconques.
» Si l'on à m — n > i , c'est-à-dire si le nombre des variables x,y,z,..., t,
surpasse de plus d'une unité le nombre des équations données, on devra
encore, pour obtenir les solutions générales des équations (2) en nombres
entiers, représenter par une lettre un certain multiple de chacun des pro-
duits symboliques partiels compris dans le développement de [Ï2r|, savoir
le multiple qu'on obtient quand on multiplie ce produit partiel par le plus
grand des entiers qui divisent les divers coefficients du même produit
dans les développements des expressions
|0*|, \Ùj\, |Gz|,..., |Qt|;
puis attribuer à la lettre qui représentera ce multiple une valeur entière, qui
sera d'ailleurs indéterminée. Les valeurs de
x, j, z,..., t
ainsi obtenues renfermeront en général N indéterminées, la valeur de N étant
donnée par la formule (10); et il pourra se faire qu'on ne puisse égaler
zéro une ou plusieurs de ces indéterminées sans restreindre la généralité des
solutions en nombres entiers.
» Ainsi, par exemple, s'agit-il de résoudre en nombres entiers l'équation
linéaire et homogène
(11) -xx -+- 3^ + 5z = o?
Alors, en posant
Ijz| = ?, |**T=u'; \?r\=ti
on tirera des formules (2),
!X = 5ïJ — 2£,
z = 3? — 2/7;
et ces valeurs de x,y, z résoudront en nombres entiers l'équation donnée,
quelles que soient les valeurs entières attribuées aux trois indéterminées £ ,
( 373)
w , C- D'ailleurs, on ne pourra, sans restreindre la généralité delà solution,
réduire l'une de ces indéterminées à zéro.
» Au contraire, s'il s'agit de résoudre en nombres entiers l'équation
(i3) 6x ■+- \oy + i5z = o;
alors, en posant
5 1.7*1 = 5» 3|zx| = j, i\xy\ = l,
on tirera des formules (2),
(x=5(y,-0,
et ces valeurs de x, y, z satisferont encore à l'équation (i3), quelles que
soient les valeurs entières attribuées aux trois indéterminées | , yj , £ ; mais
on pourra, sans diminuer la généralité de la solution trouvée, réduire à
zéro l'une quelconque de 'ces trois indéterminées.
» Enfin, s'il s'agit de résoudre les équations
5> j .r + 274- 3z + 4* = o,
^ ' { t\x + 3^+ iz ■+■ t = o;
alors, en posant
5|jz'! = S, 5\ztx\ = r,, 5\txy\ = Ç, S\xjz\ = t,
on tirera des formules (2),
(16)
X= — 71 — 2 £ — T ,
|jr = -| + 3^ + 2t,
Z = 2ç + 3>2 — t,
t= — £ — 2>j — £;
et si l'on demande des solutions en nombres quelconques rationnels ou
irrationnels, on pourra, sans diminuer la généralité des formules (16), y
réduire à zéro deux quelconques des quatre indéterminées
mais il n'en sera plus de même si l'on demande les solutions en nombres
entiers. Alors, à la vérité, on pourra, sans diminuer la généralité de la so-
lution, poser
£ = 0, ïj = o,
(374)
et réduire ainsi les formules (16) aux suivantes :
x = — 2£ — x, j=3Ç + 2t, z— — r, t — —r^
ou, ce qui revient au même, aux deux équations
x = z-h2t, y= — iz — 3t;
mais on restreindrait la généralité de la solution en supposant
£ = o, Ç = o,
ou
§ = 0, T = 0,
puisqu'on exclurait ainsi, dans le premier cas, les valeurs impaires des
variables y et t, dans le second cas, les valeurs de y et de z non divisibles
par 3.
» Dans un autre article, je donnerai d'autres applications de la for-
mule (3). »
minéralogie. — Note sur la production artificielle et par la voie humide
d'argent chloruré (argent corné, silber-hornerz), et sur diverses épigénies
par réduction d'oxydes ou de sels métalliques naturels ; par M. Frédéric
KUHLMANN.
« Dans une récente communication, j'ai eu l'honneur d'entretenir l'Aca-
démie de la production artificielle par voie humide de diverses espèces mi-
nérales, en déterminant les réactions chimiques qui peuvent leur donner
naissance à travers des corps poreux.
» L'intervention de ces corps, en permettant, par un ralentissement plus
ou moins grand de ces réactions, d'obtenir des corps cristallisés, rend compte
d'une manière satisfaisante de la formation de certaines cristallisations natu-
relles en géodes.
» Aux faits déjà signalés, je viens ajouter la formation artificielle et par
voie humide du chlorure d'argent corné.
» Voici comment je procède pour obtenir ce corps : Après avoir rempli
complètement un ballon d'une dissolution de nitrate d'argent, je ferme
l'orifice du col avec un tampon d'un corps poreux, tel que de l'amiante,
de la pierre ponce, de l'éponge de platine, de la laine, etc., je renverse le
ballon dans un bain d'acide chlorhydrique en évitant toute rentrée d'air,
de telle manière, que le corps poreux se trouve baigné d'un côté par la dis-
solution d'argent, et de l'autre par l'acide chlorhydrique.
(375)
» Bientôt les deux liquides se mettent en contact immédiat à travers le
bouchon poreux, et il se forme à la surface supérieure de ce bouchon une
petite couche de chlorure d'argent précipité, à travers laquelle la réaction
se continue lentement en donnant naissance à une arborisation de chlo-
rure d'argent corné qui étend ses rameaux mamelonnés dans la dissolution
du sel d'argent. Ce chlorure, blanc d'abord, devient sous l'influence de la
lumière d'un brun violacé. Il présente la demi-transparence, la cassure con-
choïde et vitreuse, la consistance molle et la fusibilité de l'argent chloruré
naturel, comme il en a la composition.
» Cette formation artificielle et par voie humide d'une matière à aspect
vitreux n'est pas sans intérêt pour la géologie ; elle donne la clef de la for-
mation d'un grand nombre de minéraux qui ont les mêmes propriétés phy-
siques et paraissent de même avoir été fondus.
» Comme le chlorure d'argent natif se trouve souvent associé avec de
l'argent métallique, il me paraît très-vraisemblable que la formation du
métal résulte, dans ce cas, de la réduction d'une partie du chlorure, et
qu'elle a tous les caractères d'une épigénie. On sait, depuis longtemps, avec
quelle facilité le chlorure d'argent cède son chlore à l'hydrogène naissant.
» En cherchant une explication de cette coexistence dans les mêmes
masses minérales, de l'argent métallique et de l'argent chloruré, j'ai été
conduit à reporter mon attention sur divers exemples de réduction analo-
gues, déjà consignés dans un Mémoire que j'ai eu l'honneur de présenter
à l'Académie en 1846, et qui a pour titre : Relation entre la nitrification
et la fertilisation des Serres (1).
» Dès cette époque, j'avais observé le phénomène curieux d'une épigénie
par réduction, sinon totale, du moins partielle, d'un oxyde métallique. En
faisant passer du gaz ammoniaque par un tube contenant du bioxyde de
manganèse cristallisé, chauffé à 3oo degrés environ , j'ai obtenu du protoxyde
de manganèse conservant la forme cristalline qu'affectait le bioxyde soumis
à l'expérience.
» A cet exemple, j'en ai joint beaucoup d'autres qui, d'une manière plus
concluante encore, viennent à l'appui de l'explication que j'ai donnée de la
formation de l'argent métallique lorsqu'il accompagne le chlorure natif.
(1) Dans ce Mémoire, je me suis efforcé d'expliquer le rôle important que joue l'ammo-
niaque dans la nitrification, et j'ai signalé en particulier, au point de vue de la fertilisation
des terres, la facilité avec laquelle, par une réaction inverse de l'oxydation, l'acide nitrique
des nitrates passe à l'état d'ammoniaque. Il s'agissait, par ces derniers faits, d'appuyer une
opinion que j'avais émise, à savoir : Que les nitrates exercent par eux-mêmes et par l'ammo-
niaque que donne leur propre décomposition une influence salutaire sur la végétation.
( 376)
» J'ai reconnu que, sous l'influence de l'hydrogène naissant, on peut
ramener à l'état métallique tous les sels de plomb et de cuivre, et que le
métal qui prend la place de ces sels, bien que plus ou moins poreux, selon
la nature et le nombre des corps déplacés, affecte toujours la forme des
cristaux qui lui ont donné naissance.
» C'est ainsi qu'en mettant des cristaux d'oxydule de cuivre, de carbo-
nate et de phosphate de cuivre, de carbonate de plomb, d'oxychlorure ar-
tificiel de plomb, en contact avec du zinc et de l'acide sulfurique étendu
d'eau, il y a, en peu de temps, transformation des oxydes ou des sels en
masses métalliques à formes cristallines.
» Il suffit, pour que ces phénomènes de réduction se produisent, que
le minéral à réduire soit en contact immédiat, par un point quelconque,
avec le zinc immergé dans l'acide sulfurique faible. La réduction se pro-
page peu à peu et de proche en proche sur toute la surface et dans toute
l'épaisseur de la masse cristalline (i).
» Mes vues s'étant dirigées vers la réduction des minerais métalliques par
les combinaisons de l'hydrogène avec les métalloïdes, l'acide sulfhydrique,
qui noircit si promptement les sels de plomb, de cuivre et d'argent, a dû
tout d'abord fixer mon attention. Bientôt il m'a été permis de produire des
épigénies variées par le seul contact à froid de cet acide avec divers oxydes
ou sels métalliques naturels. En faisant passer un courant d'hydrogène sul-
furé à travers une allonge en verre dans laquelle les minerais cristallisés se
trouvent déposés, la réaction est immédiate et souvent très-rapide ; il y a
même, dans quelques circonstances, élévation de température ; l'oxygène
des oxydes est déplacé à l'état d'eau, et, s'il s'agit d'un sel métallique, l'a-
cide est mis en liberté et expulsé, si le sel décomposé est un carbonate.
» C'est ainsi qu'avec des cristaux d'oxyde ou de carbonate de cuivre, je
produis du sulfure de cuivre ; avec le carbonate de plomb natif, avec
l'oxychlorure de plomb fondu, je produis du sulfure de plomb, ayant le
(1) Pour l'explication de ces réductions, il n'est pas absolument nécessaire de faire inter-
venir la décomposition de l'eau ; l'oxygène nécessaire à la formation de l'oxyde de zinc qui
doit saturer l'acide sulfurique pourrait être directement emprunté à l'oxyde à réduire; tou-
tefois il me paraît plus logique d'admettre cette décomposition comme on le fait habituelle-
ment, car le phénomène ne se produit pas avec des acides concentrés, et d'ailleurs cette
décomposition de l'eau intervient forcément lorsque le zinc, en contact avec l'acide sulfurique
faible, sert à enlever l'oxygène combiné à l'azote dans l'acide nitrique; car, dans ce ca«, il
y a intervention de l'hydrogène pour former de l'ammoniaque. Cette transformation de
l'acide nitrique des nitrates en ammoniaque est si complète, qu'elle peut être utilisée
dans quelques analyses pour le dosage des nitrates. »
(377 )
remarquable éclat métallique qui caractérise les 'galènes. Dans toutes ces
circonstances, les réactions, par une sorte de cémentation, pénètrent dans
toute l'épaisseur de la masse minérale, et les sulfures conservent les formes
cristallines des oxydes ou des sels métalliques qui ont servi à les former.
» En étendant ces réactions aux autres combinaisons de l'hydrogène avec
les métalloïdes, je suis arrivé à des résultats très-variés et sur lesquels j'ap-
pellerai ultérieurement l'attention de l'Académie. »
« M. Babinet fait hommage à l'Académie du second volume de ses
Études et Lectures sur les Sciences d'observation et leurs applications
pratiques. Les divers sujets qui y sont traités se rapportent à la Physique
du globe, à l'Astronomie et à la Météorologie. Ces Études contiennent
aussi plusieurs articles écrits pour les séances publiques de l'Institut et pour
. les réunions trimestrielles.
» M. Babinet réclame de nouveau de ses confrères les avis et la critique
qui lui ont été déjà si utiles. Le principal mérite qui a été recherché dans
cet ouvrage, c'est la stricte fidélité aux doctrines positives de la science; en
sorte que le public, qui n'est pas en position de contrôler les assertions de
l'ouvrage, puisse y avoir une entière confiance. »
NOMINATIONS
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de deux
candidats pour la place de géographe, vacante au Bureau des Longitudes
par suite du décès de M. Beautemps- Beaupré.
Scrutin pour le candidat qui sera présenté en première ligne.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 5o,
M. Daussy obtient 46 suffrages.
M. Peytier 4
Scrutin pour le candidat qui sera présenté en seconde ligne.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants, 47 >
M. Peytier obtient 38 suffrages.
M. de Tessan 6
MM. Begat, Chazalon et Lieussou, chacun 1
D'après les résultats de ces deux scrutins, les candidats présentés par
l'Académie sont :
En première ligne M. Daussy.
En seconde ligne M. Peytier.
C. R., i856, i* Semestre. (T. XLII, N° 8.) 5o
(378 )
L'Académie procède également, par la voie du scrutin, à la nomination
d'un Correspondant pour la Section de Médecine et de Chirurgie en rempla-
cement de feu M. Prunelle.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 44 >
M. Guyon obtient 35 suffrages.
M. Bally 3
M. Denys (de Commercy) 3
M. Forget. 3
M. Gcvon, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est déclaré élu.
MÉMOIRES LUS.
physique du globe. — De la formation et de la répartition des reliefs
terrestres; par M. F. de Fraxcq.
(Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Dufrénoy, de Senarmont.)
a J'ai eu l'honneur de soumettre à l'Académie, le 4 avril i853, un
premier Mémoire sur la formation et la répartition des reliefs terrestres, dans
lequel je cherchais à démontrer que si le globe a été dans l'origine à l'état
de fusion complète, nous devons pouvoir retrouver des indices de ce fait
sur ses grands cercles, dans l'étendue, dans la direction et dans la réparti-
tion des reliefs terrestres de ces derniers.
» Si le globe a été dans l'origine à l'état de fusion complète, la contrac-
tion qui a dû résulter de son refroidissement superficiel nous conduit, en
effet, aux conclusions suivantes :
» i°. L'épiderme terrestre a dû subir sur tous ses grands cercles une
somme analogue de contraction dans sa zone en voie de refroidissement (si
le refroidissement s'est opéré uniformément sur le globe entier) , et cet épi-
derme a dû finir par présenter, par cela même, sur tous ses grands cercles,
un excès de volume semblable dans sa zone supérieure, parvenue graduel-
lement à un état de refroidissement assez complet pour ne plus se contracter
par elle-même.
» 2°. La dépense d'un même excès de volume sur les grands cercles a
dû provoquer ainsi dans cette zone supérieure de l'écorce terrestre des
exhaussements et des plissements qui pourraient donner lieu, sur chaque
çrand cercle , à une même somme d'étendue terrestre d'une élévation
(379)
moyenne donnée, si la réaction de ces grands cercles entre eux ne venait
pas s'opposer à une répartition aussi régulière de leurs arcs d'exhausse-
ment.
» Les plissements sont dus à des arcs d'exhaussement de hauteurs diffé-
rentes qui s'entre-croisent sur une surface donnée. Le plus élevé d'entre
eux provoque un pli qui fait angle droit avec lui, tandis que l'arc le plus
bas déprime, au contraire, les arcs plus élevés qu'il rencontre sur son pas-
sage et forme latéralement des alignements parallèles avec lui. Appliquons
cette règle générale aux plissements et exhaussements de la zone supérieure
de l'écorce terrestre.
» Chaque grand cercle ayant un même excès de volume à dépenser dans
cette zone supérieure, admettons qu'il puisse le répartir sur une étendue
moyenne (de 100 degrés de surfaces terrestres, par exemple). Il nous pré-
senterait alors ioo degrés terrestres et 260 degrés marins. Mais une réparti-
tion aussi régulière pourra-t-elle avoir lieu sur tous les grands cercles du
globe, dont chaque point de la surface est croisé par un nombre indéfini
de grands cercles? Évidemment non. Tel d'entre eux ne rencontrera pas
sur son parcours une étendue de 100 degrés d'exhaussement terrestre, et
sera forcé de reporter alors une partie de ses arcs d'exhaussement sur des
surfaces qui ne sont pas exhaussées par les autres grands cercles, tandis que
tel autre grand cercle sera contraint de répartir, au contraire, l'excès de vo-
lume de sa zone supérieure sur plus de 100 degrés terrestres, et ses arcs
d'exhaussement s'abaisseront alors en raison de leur trop d'extension.
» Le grand cercle dont une partie des arcs d'exhaussement aura été dé-
primée , dans le premier cas , au-dessous du niveau des mers, devra nous
présenter alors, en vertu de la loi des plissements, des alignements formant
angle droit avec lui aux deux extrémités de la dépression qu'il aura subie,
et ces alignements devront nous permettre, lorsqu'ils s'élèveront au-dessus
des mers, de constater non-seulement l'existence, mais encore l'étendue de
de cette dépression.
» Le grand cercle, au contraire, qui aura dû répartir son excès de vo-
lume sur plus de 100 degrés terrestres déprimera les surfaces d'exhausse-
ment sur lesquelles il passera, et dénotera sa force de dépression par des
alignements qui seront parallèles avec lui et qui augmenteront en propor-
tion de son excès d'étendue terrestre.
» Tous les grands cercles de moins de 1 00 degrés terrestres devront donc
atteindre cette somme d'exhaussement, lorsque l'on adjoindra l'étendue de
leurs arcs marins rectangulaires à celle de leurs arcs terrestres, et les grands
oo.
( 38o )
cercles qui auront plus de ioo degrés terrestres devront longer des aligne-
ments parallèles avec eux , en raison de leur excès d'étendue terrestre.
» L'écorce de notre sphère répond-elle à ces données -générales d'un
globe originairement a l'état de fusion complète?
» J'ai cherché à résoudre ce problème de la manière suivante :
» J'ai commencé par prendre l'équateur. J'ai fait converger ensuite sur
lui des roses de trente-six grands cercles chacune, que j'ai espacées de
45 degrés en 45 degrés les unes des autres; ces roses, dont les grands cer-
cles remontent successivement de 5 degrés en 5 degrés de l'équateur jus-
qu'aux pôles, couvrent le globe d'un réseau qui est pris d'une manière
assez complète et assez impartiale pour que nous puissions admettre, je le
crois, les données générales qu'il nous présente. J'ai calculé sur chacun de
ses grands cercles : i° l'étendue de ses arcs terrestres; i° les angles qu'il
forme avec les principaux alignements qu'il coupe sur son passage, et j'ai
mentionné également l'étendue des arcs marins qui sont terminés par des
alignements rectangulaires.
» Les cent cinq grands cercles que j'ai pris de l'équateur jusqu'au 65e de-
gré de latitude, où l'on commence à ne plus connaître exactement toutes
les surfaces terrestres, nous donnent, en résumé, les moyennes suivantes :
SKCTIONS
des
sommes terrestres
des
grands cercles.
SOMBRE
des
grands
cercles.
ÉTENDUE
DES ARCS D'EXHAUSSEMENT.
SOMMES EFFECTIVES.
ÉVALU
PROPORTI
Angles
droits.
AT10NS
nstll.ts.
Parallèl .
sur
Sommes
terrestr.
moyenn.
Arcs
marins
rectang.
Total.
Aligne-
ments
mention-
nés sur
Angles
droits.
Parallèl.
sur
De 32'/, à 42°
2
0
37,5o
62,37
99. 87
0
92>37
0
I0,O0
0
»
0
I0,8l
0
9
De 42 'A a 52
4
46,8l
52, 1 3
98>94
91,25
i3,5o
»
14,67
n
De 52 '/» à 62
5
56,95
4i,35
98,3o
92,7°
i3,4o
■»
l4 ,20
»
De 62 '/, à 72
8
68,65
30,47
99>12
73,68
10,62
1,40
14,28
1,88
De 72 '/, à 82
>7
77 »73
21,70
99 '44
69,36
10, 58
1,29
i5,i8
i,85
De 82 '/, à 92
•4
86,28
13,09
99> 37
67,73
9,35
o,35
13,72
0,52
De 92 '/, à 102
'7
97>24
2,11
99 >35
55,o6
8,06
o,56
'4,5g
1 ,01
De 102 7< à 112
9
io5,4o
»
io5,4o
47. '7
2,11
8,80
4,73
19,66
De 112'/, à 122
7
1 1 7 , 00
0,67
117,67
86,25
i,7>
26,17
2,33
37 >79
De 122'/, à i32
»
»
»
»
»
■
n
»
»
De i32'/,à 142
6
i33,62
D
i33,62
1 i4,33
O, l6
47,20
0,18
55,i6
De 142 '/» à i52
5
149, 5o
"
i4g,5o
r34,65
0,20
75,45
0,21
81,68
(38. )
» Ce tableau nous montre : i° que les grands cercles qui ont moins de
98 à 100 degrés terrestres, ont tous des arcs marins rectangulaires, tandis que
les autres n'en ont plus ordinairement; 20 que l'étendue de ces arcs marins,
jointe à celle des arcs terrestres du grand cercle, vient compléter constam-
ment un chiffre de 98 à 100 degrés ; 3° que les grands cercles qui ont moins
de 1020 7* terrestres présentent tous un nombre assez considérable d'ali-
gnements terrestres qu'ils coupent à angles droits, et presque pas d'aligne-
ments parallèles; 4° que si l'on prend le chiffre total donné par l'étendue
des arcs terrestres d'un grand cercle et par celle de ses arcs marins rec-
tangulaires, si l'on calcule le nombre proportionnel d'alignements rectan-
gulaires, ainsi que l'étendue proportionnelle d'alignements parallèles que
donne ce chiffre total ; lorsque l'on admet dans ce calcul le connu pour
base de Y inconnu (1), on trouve que les grands cercles qui ont moins de
1020 '/* terrestres ont en moyenne, dans presque toutes leurs différentes
sections de sommes terrestres, de 14 à i5 alignements rectangulaires, et
qu'ils n'ont presque pas d'étendue d'alignements parallèles ; tandis qu'aus-
sitôt que les grands cercles ont plus de 102 degrés terrestres, ils n'ont plus,
en général, d'arcs marins rectangulaires, et leurs alignements rectangu-
laires disparaissent rapidement pour faire place à des alignements parallèles
dont l'étendue augmente en raison de l'accroissement terrestre du grand
cercle.
» Les grands cercles du globe nous présentent donc, en résumé, un
caractère uniforme jusqu'au 102e degré terrestre. Tous, jusqu'à ce chiffre,
semblent avoir une somme analogue d'arcs d'exhaussement, tous forment
un nombre semblable d'alignements rectangulaires et subissent plus ou
moins la dépression des grands cercles qui ont plus de 102 degrés terrestres;
tandis que ces derniers exercent cette dépression en proportion de la trop
grande extension de leurs arcs d'exhaussement.
» Les arcs marins rectangulaires, qui forment constamment, ainsi que
nous venons de le voir, le complément des arcs d'exhaussement des grands
cercles de moins de 98 à 100 degrés terrestres, nous présentent un second
caractère fort important : « Les alignements rectangulaires qui les enca-
drent sont tous plus ou moins volcaniques, et sont constamment croisés,
ainsi que je le démontrerai dans un prochain Mémoire, par de larges fais-
(1) Je n'ai pas pu mentionner les alignements terrestres de l'intérieur de l'Afrique ni ceux
de l'Australie , mais j'ai indiqué dans une colonne spéciale l'étendue inconnue des arcs
terrestres dont j'ai pu citer les alignements.
( 38a )
ceaux de grands cercles de plus de ioa degrés terrestres qui en motivent la
dépression .
» Ainsi, on est conduit à admettre que les phénomènes volcaniques que
nous constatons sur tous les alignements qui encadrent les arcs marins
rectangulaires proviennent directement ou indirectement du travail que
subissent ou qu'exercent encore actuellement ces arcs d'exhaussement.
» Ce travail serait donc la cause première des phénomènes volcaniques,
et il ne faudrait attribuer qu'un effet secondaire à la réaction que la masse
en fusion peut exercer sur l'écorce terrestre.
» Cette écorce nous accuserait enfin, dans sa zone supérieure, la dépense
d'un même excès de volume sur tous ses grands cercles et nous donnerait
une nouvelle preuve par là de l'état de fusion de notre globe. »
CHIMIE. — Conclusions d'un travail sur les oxydes et acides du manganèse,
les manganates et les hy permanganates ; par M. P. Thenard.
(Henvoi à l'examen de MM. Pelouze, Regnault, Balard, auxquels est invité
à s'adjoindre M. Thenard.)
a Le défaut d'espace ne nous permettant, pas de donner un résumé même
succinct de nos recherches, qui soit compréhensible des chimistes eux-
mêmes, nous nous bornons à en donner les conclusions.
» La transformation des dissolutions de manganates en hypermanganates
est uniquement due, dans nombre de circonstances, à la présence du
bioxvde de manganèse libre, qui peut se former en très-petite quantité sous
des influences diverses et nombreuses au sein de la dissolution même.
D'autres corps en poudre et très-oxydés jouissent de la même propriété,
quoique à un moindre degré. La lumière solaire agit elle-même puissamment.
» La transformation de l'hypermanganate de potasse en manganate, en
présence d'une dissolution de potasse, s'opère par cinq causes différentes :
» i°. Sous l'influence des matières organiques que la potasse renferme
habituellement et qui agissent comme matières réduisantes;
» 20. Par une élévation de température dépassant i3o degrés dans des
dissolutions très-concentrées : il se dégage alors i équivalent d'oxygène;
» 3°. Sous l'influence du bioxyde de manganèse, qui agit comme corps
désoxydant, et se transforme ainsi en acide manganique, puis en manganate;
» 4°- Sous l'influence du bioxyde de manganèse, qui en s'oxydant incom-
plètement, et quelquefois pas du tout quand il a beaucoup de cohésion,
( 383 )
détermine, par sa seule présence, le départ de i équivalent d'oxygène : les
deux actions précédentes agissent habituellement simultanément ;
» 5°. Sous l'influence et par la présence seule de corps très-oxydés, mais
av ec une intensité moins grande.
» En soumettant l'hypermanganate de potasse à une chaleur soutenue de
aAo degrés, on le décompose en manganate de potasse et bioxyde de man-
ganèse qui reste dans l'appareil, et en oxygène qui se dégage,
Mn2 O7 KO = Mn O3 K ■+- Mn O2 -+- O2 .
» Ce résidu, mouillé avec de l'eau, donne un dégagement d'oxygène à
froid, semblable à l'effervescence que produisent quelques gouttes d'acide
sur un carbonate ; de plus, le bioxyde de manganèse est un des corps les plus
absorbants, à la manière du charbon, que l'on connaisse; mais il ne jouit de
cette propriété à un haut degré, que pour les corps très-électronégatifs. Nous
étudierons ce fait et nous rechercherons s'il ne joue pas un grand rôle dans
les actions catalytiques, et particulièrement dans celles dont il est ici ques-
tion.
» L'acide hypermanganique anhydre est un corps vert-olive foncé, d'une
odeur semblable à celle de certains composés chlorés et de l'oxygène ozone.
Il est très-instable, détone entre 3o et 4o degrés, et donne pour produit de
sa destruction du bioxyde de manganèse et de l'oxygène. Il se décompose
également à froid sous l'influence des oxydes d'argent, de mercure et sur-
tout de manganèse, fait qui prouve une fois de plus que la composition de
la molécule influe davantage que la nature des éléments qui la composent.
Par toutes ces propriétés, il appartient à ce groupe de corps dont l'eau
oxygénée représente si bien le type.
» Nous publierons prochainement, dans un des grands recueils scienti-
fiques, notre travail in extenso; d'ici là, nous engageons les chimistes qui
voudraient préparer l'acide hypermanganique à bien se tenir sur leurs
gardes, parce que, sans certaines précautions, ils courraient les plus grands
dangers. »
MEMOIRES PRESENTES.
mécanique analytique. — Mémoire sur les mouvements relatifs; par
M. Edmond Boni. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Liouville, Lamé, Chasles.)
« i°. L'objet de ce Mémoire n'est pas de faire la théorie des mouvements
relatifs, car cette théorie est contenue tout entière dans les belles formules
( 384 )
générales de Lagrange, qui donnent les dérivées par rapport au temps d'un
système de variables quelconques, et peuvent par conséquent fournir im-
médiatement les équations différentielles auxquelles satisfont les coordon-
nées relatives. Je me suis plutôt proposé de dégager des formules de La-
grange cette théorie qui ne s'y trouve pour ainsi dire qu'à l'état latent, de
faire quelque chose d'analogue à ce qu'a fait Coriolis quand il a donné,
une fois pour toutes, la forme des nouveaux termes qui entrent dans les
équations différentielles des mouvements relatifs; on sait qu'il a considéré
ces termes représentant les composantes de deux forces fictives, au moyen
desquelles le mouvement peut être assimilé à un mouvement absolu.
» Seulement, par un artifice dont j'espère que ce travail fera ressortir
l'utilité, j'interprète d'une manière différente ces termes qui proviennent
de la transformation des coordonnées; j'introduis à la place des vitesses des
variables auxiliaires qui en sont des fonctions linéaires, et cela fait, il ne me
reste plus, pour réduire les mouvements relatifs aux mouvements absolus,
qu'à ajouter à la fonction des forces des termes qui ne dépendent pas des
vitesses, mais seulement des coordonnées relatives et du temps. C'est cette
circonstance qui distingue profondément mes équations différentielles de
celles auxquelles conduit l'application du théorème de Coriolis. Les pre-
mières peuvent être mises sous la forme que l'on doit à M. Hamilton, et
l'on peut ainsi profiter de tous les beaux théorèmes de la mécanique ana-
lytique. Par exemple, quand on a trouvé la moitié des intégrales d'un
problème, si ces intégrales satisfont à certaines conditions indiquées par
M. Liouville, une simple quadrature permet de terminer la solution. Dans les
recherches que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, je fais une appli-
cation incessante de ce théorème capital.
» 2°. La première partie de mon Mémoire est consacrée à la théorie ana-
lytique des mouvements relatifs. Si je désigne par a, /3, -y les composantes
suivant les axes mobiles de la rotation instantanée du système de compa-
raison, les variables auxiliaires dont j'ai parlé sont :
%i
dx,
= m
-h
|3z«-
- tr*
*ii
_dyt
dt
+
yXi-
- azi,
%t
_dzL
' dt
4-
«/«-
- fiXi,
xh ji, z, sont les coordonnées relatives d'un point quelconque, dont je
représente la masse par m,-.
( 385 )
» Je désigne par V la fonction des forces, par T la demi-somme des forces
vives apparentes , et j'introduis deux fonctions nouvelles dont on apercevra
facilement la signification : l'une est homogène et du premier degré par rap-
port aux coordonnées relatives ; l'autre est du second degré par rapport à
ces mêmes coordonnées. Voici la définition de ces fonctions :
K = — u' Irrii xt — v ' 2 miji — iv' 2 m{ z-„ .
R = Ï2mt[{irt - P Vf + («* - l*iY + (fa - *nY ) ■
» Les quantités «', v' , W qui entrent dans k, sont les projections sur les
axes mobiles de l'accélération absolue de l'origine.
» Je pose enfin
Uh-K + R = U„ U,-T = H,
et, s'il s'agit d'un ensemble de points libres, les équations différentielles du
mouvement sont de la forme
dxi
dH
d.m&i
d\\
~di ~~
d . mt |,
dt '
dxj
» La quantité H doit évidemment être exprimée en fonction de x^y-^ z(;
ces dernières remplaçant dans T les dérivées x'^y'i , 2; .
» 3°. Passant de là au cas d'un système à liaisons quelconques, je sup-
pose avec Lagrange que l'on profite des équations qui expriment ces liai-
sons pour réduire les inconnues au plus petit nombre possible, et je repré-
sente ces inconnues par q,, q2,---, <jn-
» Je pose alors
rfT, _ rfT, _ dl, _
dj-^-P" W,~P^2,^^■, ^^ P " ^
j'exprime H en fonction des variables/;,, </(,..., pn, q„; et les équations dif-
férentielles auxquelles ces variables doivent satisfaire sont
dcU _ dU dpt _ dtt
dt dpi dt dtji
» 4°- Parmi les applications que je fais de cette théorie, je signalerai
d'abord celle qui a pour objet la rotation d'un corps libre autour de son
centre de gravité.
» On peut voir dans un remarquable Mémoire de M. Quet les équations
C. R., i856, ier Semestre. (T. XLII, N° 8.) 5l
( 386 )
assez compliquées qui conviennent au cas particulier où le corps a deux de
ses mouvements principaux d'inertie égaux. L'application de ma méthode
au cas général dispense, au contraire, de tout calcul d'intégration.
» Sans même former les équations différentielles précédentes, on recon-
naît immédiatement, à l'inspection de la fonction H, que cinq des inté-
grales du mouvement absolu s'appliquent sans modification au mouvement
relatif; et qu'il suffit d'ajouter — nt à la sixième (n étant la rotation de la
terre), pour avoir la dernière des intégrales cherchées.
» Ce résultat curieux tient à cette circonstance, qu'au lieu de compliquer
la forme des équations différentielles, je complique la signification des va-
riables qui y entrent ; or ceci n'introduit aucune difficulté dans l'intégra-
tion.'
» 5°. Les équations différentielles du mouvement des projectiles dans le
vide s'intègrent de même sans aucune difficulté et avec une grande élé-
gance, toujours en employant les procédés de la mécanique analytique, et
principalement le théorème de M. Liouville dont j'ai déjà parlé. Je trouve pour
la trajectoire relative une parabole dont le plan, animé d'une vitesse angu-
laire égale et de sens contraire à celle de la terre, reste constamment tan-
gent à un cylindre de révolution dont l'axe est parallèle à celui du monde.
» 6°. La seule question qui présente quelques difficultés de calcul est la
suivante , d'où l'on peut déduire la théorie des divers gyroscopes de
M. Foucault :
» Déterminer le mouvement d'un corps solide de révolution dont l'axe
est assujetti à rester sur la surface d'un cône également de révolution, et
fixe par rapport à la terre.
» Les intégrales dépendent des fonctions elliptiques; elles se ramènent
encore immédiatement aux quadratures; le seul point délicat est la discus-
sion et la distinction des divers cas particuliers qui se réduisent à quatre :
» Le premier est celui du mouvement circulaire continu ;
» Le deuxième, celui du mouvement oscillatoire ;
» Le troisième, celui du mouvement non périodique qui se présente
quand les données initiales sont choisies de manière à rendre égal à l'unité
le module de fonctions elliptiques ;
» Enfin le dernier cas est celui où l'axe du cône directeur coïncide avec
celui de la rotation terrestre. Alors, bien que cette rotation influe sur la
valeur des constantes, elle ne modifie pas les lois du mouvement ; c'est le
cas de l'équilibre indifférent ou du mouvement uniforme. »
( 387 )
mécanique. — Mémoire sur le pendule conique, ou régulateur à force
centrifuge; par M. Mahistre. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Poncelet, Morin.)
« Les diverses théories du pendule conique, du moins celles qui sont
venues à ma connaissance, négligent toutes le poids des tiges, et, à plus
forte raison, les actions que la force centrifuge exerce sur elles. Elles con-
duisent ainsi à une expression remarquable de la hauteur verticale h du
pendule conique, savoir :
dans laquelle g est la gravité, u la vitesse angulaire de rotation. Mais ce
résultat, qui est d'une simplicité remarquable, n'exprime la valeur de h
qu'avec une grossière approximation, comme on le verra ci-après.
» Dans une Note sur le calcul de la force centrifuge, présentée à l'Aca-
démie des Sciences le Ier octobre 1 855, et insérée depuis dans les Mémoires
de la Société impériale des Sciences de Lille (ae série, tome II), j'ai dé-
montré que la résultante des actions de la force centrifuge sur un corps de
forme quelconque, homogène ou hétérogène, tournant autour d'un axe, fixe
ou instantané, est le même, en grandeur, que si toute la masse du mobile
était concentrée en un point quelconque d'une ligne menée par le centre de
gravité, parallèlement à l'axe de rotation. Je fais connaître aussi, dans la
même Note, l'équation générale de la résultante. En appliquant cette théo-
rie au cas d'un cylindre droit homogène, dont l'axe rencontre l'axe de
rotation, je trouve pour l'équation de la résultante des actions centrifuges,
en prenant pour origine des coordonnées le centre de gravité du cylindre.
(.) 3 = ^sin?COs?(i£-^.
L'axe de z est supposé parallèle à l'axe de rotation. Dans cette formule,
9 est l'angle aigu que l'axe du cylindre fait avec l'axe des z; a est la distance
du centre de gravité à l'axe de rotation , / est la longueur, p le rayon du
cylindre. Si l'on suppose que l'axe du cylindre se termine à la distance p de
l'axe de rotation, on aura
(2) . a — ç> -+- -l sinç>,
5i..
( 388 )
et la valeur de z deviendra
z = y sin <p cos y
n (9 + - L sin y
Si /j est très-petit, comme cela a lieu pour les tiges du pendule conique, on
pourra le négliger, et prendre simplement
(3) z = — sin<pcos<p .
p -h - 1 sin f
Si dans cette formule on fait p = o, on trouve
(4) z = ^/cos<p.
D'où l'on conclut que, lorsqu'un cylindre d'un très-petit diamètre tourne
autour d'un axe, si ce cylindre se termine sur l'axe ou très-près de l'axe,
la résultante des actions centrifuges rencontrera celui du cylindre, à très-
peu près au tiers de sa longueur, à partir de l'extrémité la plus éloignée de
l'axe de rotation.
» Généralement le pendule conique forme un hexagone dont les deux
côtés, qui sont perpendiculaires à l'axe de rotation, et sur lesquels se fait la
rotation des tiges, sont égaux et très-petits; les quatre autres sont aussi
égaux et forment une espèce de losange. Les tiges étant cylindriques, on
peut déterminer, par ce qui précède, l'intensité et la position de la force
centrifuge résultante relative à chacune d'elles, ainsi que l'action analogue
sur les boules; désignant alors par p la distance à l'axe des centres de rota-
tion supérieurs et inférieurs, X et T la longueur et le poids de chacune des
tiges qui portent les boules, ces tiges étant supposées se terminer aux
centres de celles-ci , f l'angle aigu qu'elles font avec l'axe ; nommant
aussi B le poids d'une boule, l et L la longueur et le poids de chacun
des côtés inférieurs du losange, « la vitesse angulaire de rotation, g la
gravité , on trouve pour l'équation d'équilibre de toutes ces forces, et en
appliquant directement le principe des vitesses virtuelles,
(5)
g Xsin» s T5n-(2M + 3L) / .
[ qx 2 !_ 1_ £_ . — , i '_ Sln qj
w! p + X sin .f u' 2 B ( p -f- X sin <p ) "
L l( p -h | / sin <p J + T \ ( p + | >■ sin <p \
i L ^ L coscp.
?.B (p-Msiiif)
( "389 )
Maintenant si dans cette équation on fait p = o, elle devient
(fi\ h-L+S Tl+(aM + 3L)f _ Lf + TV . .
1 ' <o> a> 2B> " 3BV "'
et l'on voit que les deux derniers termes de cette formule sont loin d'être
négligeables. Si l'on veut avoir égard à la quantité p, il suffira de déve-
lopper l'équation (5) suivant les puissances croissantes de cette quantité,
et l'on trouvera, pour la correction de A, en ne conservant que les termes
du premier ordre,
in) dk — — £(|+_]_4 ^-_ TX+LZ — ■; -
v ' ' •>' \ B / )i sin <f 9 B XJ sin cp \ 3 X
dans laquelle on a fait, pour abréger,
,gs R = n+(2M + 3L)/
2*
Comme le deuxième terme de l'équation (7) est très-petit, à cause du divi-
seur B , on peut prendre simplement
(9) ^ = -^(1 + 1)^-
v v ' »' \ B / A sin <p
Si l'on pose encore
l'équation (6) prend la forme
(11) àa>3(B + K')=g(B+K),
d'où l'on tire
(ia) ha' = s- — — = constante.
» Si l'on veut déterminer le poids des boules sous la condition qu'elles
accomplissent une course verticale donnée c, pendant que le régulateur
passe d'une vitesse «' à une vitesse w", on aura, en supposant que w soit
la vitesse de régime,
(i3)
Aw2(B + K') = g(B-+-K),
A'u'*(B-+-K') = g(B + K.),
A"W"2(B-+-K') = g(B + RK
h"- h'=c;
( 39o)
lesquelles étant résolues donnent
4"
v v, ir'N" /*» — i
B =
en nommant N le nombre des tours que le régulateur fait en une minute
sous la vitesse de régime, et n un coefficient de régularité tel, qu'on a
w = w i
V$ .-=»(■-;)•
» Quand la douille du régulateur est au-dessus du centre de rotation, si
les tiges qui portent les boules sont prolongées, à peu près en ligne droite,
on retrouve l'équation (i i), ainsi que les formules (i4)- Seulement les va-
leurs de R et R' y sont différentes, et ont pour valeurs
(i5)
(16) K'=
2>
TV-t-aL/*
3V
mécanique analytique. — Recherches sur la loi des oscillations du
pendule à suspension à lames des chronomètres fixes ; par M. Hksai.
( Extrait par l'auteur).
(Commissaires, MM. Poncelet, Pouillet, Morin.)
« Dans la Note que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie, j'ai cherché
a me rendre compte de l'influence de l'élasticité sur les oscillations du pen-
dule à suspension à lames généralement adopté dans la construction des
chronomètres fixes.
» En négligeant la masse des lames par rapport à celle de la masse pen-
dulaire, j'ai pu écrire les équations différentielles du mouvement de cette
masse, en partant de la théorie ordinaire de la flexion des verges, c'est-à-
dire en faisant abstraction des glissements transversaux, qui n'ont en général
qu'une faible importance.
( 39i )
» Ces équations sont très-compliquées, mais se simplifient notablement
lorsque l'on suppose très-petite l'amplitude des oscillations, et dans ce cas
on reconnaît qu'en prenant certaines précautions lors de la mise en mouve-
ment, on peut arriver à rendre insensibles les vibrations longitudinales.
» Malgré ces simplifications, l'intégration par rapport au temps relative
aux oscillations pendulaires est complètement impossible. Mais comme en
général la longueur des lames est très-petite relativement à celle du pen-
dule, on peut sans erreur sensible négliger le carré du rapport de ces lon-
gueurs. L'intégration peut alors s'effectuer, et l'on reconnaît que les oscil-
lations sont isochrones et que leur durée est donnée par la formule
V"
T=2r« . e
P J + -1 +
•K)
dans laquelle P représente le poids du pendule; I son moment d'inertie par
rapport à l'horizontale moyenne de celles qu'il détermine sur ces lames aux
points d'encastrement; /la distance de cet axe au centre de gravité du pen-
dule ; s la longueur de la lame ; jh. la somme des moments d'inertie des sec-
tions normales des lames, évalués pour chacune d'elles par rapport à une
droite parallèle à ses longs côtés et passant par son centre de gravité; E le
coefficient d'élasticité de l'acier.
» On voit, en discutant cette formule, de quelle manière l'élasticité
intervient dans la loi des oscillations du pendule. »
GÉOLOGIE. — Etudes sur l'orographie et sur la constitution géologique du
Chili. (Extrait d'une Lettre de M. A. Pissis à M. Elie de Beaumont.)
(Commissaires, MM. Éliede Beaumont, Boussingault, C. Prévost.)
« Santiago, le 26 septembre i855.
» Je profite du départ de M. Deshortes, chancelier de la légation de
France au Chili, pour vous faire parvenir le résultat de mes premières re-
cherches sur les soulèvements de la région des Andes. J'ai pensé qu'il pour-
rait vous offrir quelque intérêt, et je vous prie de vouloir bien le soumettre
au jugement de l'Académie. J'aurais désiré compléter ce travail, qui ne
s'étend que jusqu'à la formation du grès rouge, par les observations rela-
tives aux soulèvements plus anciens; mais il me reste encore à étudier les
terrains schisteux et les gneiss des provinces australes du Chili; et j'ai pensé
( 39* )
qu'il valait mieux attendre encore un ou deux ans que de présenter des
résultats incomplets. Les travaux géodésiques dont je suis chargé devant se
prolonger bientôt jusque dans ces provinces, je profiterai de cette occasion
pour en étudier la géologie avec détail. J'espérais pouvoir vous envoyer
en même temps les cartes géologiques des provinces de Santiago, de Val-
paraiso et d'Aconcagua ; ces cartes sont au , ^u et comme ce pays se
trouve tout couvert de montagnes, le dessin en est très-compliqué, ce qui
en a retardé la gravure.
» Les séides parties de ce travail qui aient été publiées sont les descrip-
tions des provinces de Santiago et de Valparaiso, et comme elles renfer-
ment un assez grand nombre de positions géographiques, j'ai pensé que
sous ce rapport elles pourraient présenter quelque intérêt au Bureau des
Longitudes. »
géologie. — Recherches sur les systèmes de soulèvement de l'Amérique du
Sud; par M. A. Pissis. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Boussingault, Constant Prévost) (i).
« L'accueil bienveillant (i) avec lequel l'Académie a reçu nos premiers tra-
vaux sur la géologie de l'Amérique du Sud (2), nous engage à lui présenter les
résultats de la continuation de nos recherches sur le même sujet. Les douze
années qui se sont écoulées depuis la publication de ce premier Mémoire
ont été presque entièrement consacrées à l'étude de la région des Andes.
Désirant donner à ces recherches toute l'exactitude dont elles étaient sus-
ceptibles, il devenait indispensable d'étudier avec détail toutes les parties de
cette vaste chaîne de montagnes, d'en déterminer la direction exacte et de
fixer la position géographique d'un grand nombre de points; il fallait, en un
mot, faire marcher de pair la géographie et la géognosie de cette vaste ré-
gion, l'une des plus accidentées du globe. La classification chronologique
des soulèvements exigeant une connaissance exacte de l'ordre suivant lequel
les diverses formations se sont succédé , il fallait, avant tout, fixer la place
de chacun de ces terrains, dont l'ensemble présente la plus grande ana-
logie avec ceux de l'Europe, mais pour lesquels il est impossible d'ad-
mettre les mêmes subdivisions
(1) Cette Commission est la même qui a été nommée dans la séance du a avril i855
[Comptes rendus, t. XL, p. 764), pour une précédente communication de M. A. Pissis, sur
la structure orographinue des Andes du Chili.
(2) Voir le Rapport de M. Dufrénoy [Comptes rendus, t. XVII, p. ?S).
(393)
» Roches du Pérou et de la Bolivie. — En s'appuyant uniquement sur
les rapports de superposition des couches, l'ensemble des roches exogéni-
ques du Pérou et de la Bolivie peut se subdiviser en sept formations dif-
férentes. Les sables du désert d'Atacama et le terrain de transport de la Paz
reposent également sur la couche de conglomérats ponceux, qui s'étend sans
interruption des deux côtés de la chaîne occidentale des Andes, et comme
les matières dont se compose cette dernière couche, les cendres volcaniques
et les ponces, ne peuvent être que le produit d'une action violente, il en
résulte qu'elle a dû se former dans un temps très-court, circonstance qui
nous paraît suffisante pour établir le parallélisme de ces deux terrains. Par
la même raison, le terrain tertiaire marin d'Atacama et le terrain lacustre
de la Bolivie doivent également se rapporter à une même époque géolo-
gique. Au-dessous de ces deux formations viennent d'abord les marnes
gypseuses et salifères, puis le grès rouge. Les calcaires bitumineux de
Tiahuanacu et d'Arica forment une cinquième subdivision en discordance
avec le grès rouge, et s'appuyant sur la base des montagnes formées par le
psammite des Andes orientales. Enfin, ces psammites, les grès lustrés et les
schistes qui les accompagnent se trouvent eux-mêmes séparés du terrain
des schistes talqueux, du gneiss et des quartzites.
» Roches du Chili. — La chaîne occidentale des Andes s'abaisse gra-
duellement à mesure que l'on avance vers le sud jusque sous le parallèle
de Cobija, où elle finit par se confondre avec le prolongement du plateau
bolivien. En même temps que cette chaîne s'abaisse, l'espace occupé par
les roches endogéniques se rétrécit de plus en plus, et bientôt ne présente
plus que quelques masses trachytiques isolées au milieu des roches strati-
fiées. Celles-ci ne sont autre chose que la continuation des marnes gyp-
seuses et des grès rouges de la Bolivie , qui, après avoir traversé la province
de Carangas, atteignent, près du parallèle de Potosi , la ligne de partage des
eaux, et de là s'étendent sans interruption sur les deux versants de la Cor-
dilière occidentale. En traversant le désert d'Atacama depuis ce point jus-
qu'au bord de la mer, on voit les grès et les marnes qu'ils supportent former
une suite de chaînes parallèles courant du nord au sud, tandis que des sa-
bles et des cailloux roulés occupent les parties inférieures du sol. Dans les
environs de Copiapo , ces marnes plongent sous une puissante formation de
calcaire et de jaspes ; elles reparaissent ensuite près de la côte avec les grès
rouges, qui s'appuient sur des porphyres stratifiés. Si, au lieu de traverser
cette région perpendiculairement aux Andes, on continue à suivre la crête
C. R., i856, i« Semestre. (T. XL», N°8.) 52
(394 )
de cette longue chaîne jusque dans le sud du Chili, on rencontre presque
sans interruption les grès rouges, et par intervalles les marnes gypseuses et
les calcaires, qui abondent surtout vers le versant oriental; tandis que sur
le versant opposé apparaissent des roches présentant tout l'aspect de vérita-
bles porphyres, parfaitement stratifiées et formant des couches qui n'attei-
gnent souvent que quelques décimètres d'épaisseur. Ainsi tout indique
qu'elles appartiennent encore à des formations stratifiées, et qu'elles doi-
vent leur état actuel à une action métamorphique.
» Indépendamment de la chaîne des Andes, ces porphyres forment en-
core une autre petite chaîne située plus à l'ouest, parallèle à celle-ci, dont
elle est séparée par la plaine longitudinale du Chili. Les porphyres y sont
recouverts, comme dans les Andes, par les poudingues et le grès rouge;
mais les marnes gypseuses, au lieu de se montrer sur le sommet de cette
chaîne, apparaissent seulement vers la plaine, où elles forment des plateaux
isolés ou adossés à la base des derniers contre-forts de la chaîne occiden-
tale. De l'autre côté, c'est-à-dire en a\ançant vers l'ouest, la succession des
strates se trouve interrompue par une ligne de roches syénitiques sur les-
quelles s'appuient les porphyres et qui forme comme la limite d'une autre
région géologique où se montrent les quartzites, les schistes ardoisiers et
les gneiss qui s'étendent jusqu'à la côte où ils reposent généralement sur le
granit.
v Si l'on reporte maintenant son attention sur les couches plus modernes
qui comblent les dépressions laissées entre ces chaînes, on voit les sables du
désert d'Atacama s'étendre le long de la côte jusque dans les environs de
Coquimbo, puis recouvrir le fond d'anciens golfes séparés entre eux par
petites chaînes granitiques et échelonnés sur la côte depuis Coquimbo jus-
qu'à Valdivia. Ces sables reposent sur la couche de conglomérats ponceux
que l'on retrouve dans plusieurs provinces du Chili, et passent graduelle-
ment à des couches de cailloux roulés qui se prolongent vers l'est en sui-
vant les bords des vallées actuelles. Sous les conglomérats ponceux appa-
raissent dans quelques localités des grès calcarifères contenant une grande
quantité de coquilles marines et alternant avec des couches de lignites qui
sont depuis quelques années l'objet d'importantes exploitations.
» Ces grès, recouverts d'abord par les sables précédents, s'élèvent à
mesure que l'on s'éloigne de la côte, et atteignent vers leur limite orientale
une altitude qui varie entre 100 et i5o mètres. On peut ainsi les suivre en
remontant les vallées actuelles jusqu'à l'entrée de la plaine longitudinale où
( 395 )
ils sont remplacés par des couches d'argile d'origine lacustre qui leur sont
parallèles, et reposent indistinctement sur les porphyres, les grès ou les
marnes gypseuses.
» On est donc conduit, d'après ce qui précède, à subdiviser les terrains
stratifiés du Chili en cinq formations, qui sont : i° celle des sables marins et
du terrain de transport; a° celle des grès marins calcarifères, des lignites et
des argiles inférieures de la plaine longitudinale ; 3° celle des calcaires et
des marnes salifères ; 4° Ie grès rouge et les porphyres stratifiés ; 5° le
gneiss, les schistes ardoisiers et les quartzites. Le prolongement non inter-
rompu des grès rouges de la Bolivie jusque sur le territoire chilien rie peut
laisser aucune incertitude sur le parallélisme des formations de ces deux
contrées. Les marnes gypseuses, le terrain lacustre et le terrain de trans-
port s'y succédant dans le même ordre et avec les mêmes circonstances de
stratification, se correspondent évidemment.
» La plus grande partie du Mémoire de M. Pissis a pour objet de déter-
miner les directions et les âges relatifs de quatre systèmes de soulèvements,
savoir :
» i°. Le système chilien, le plus moderne de tous et postérieur aux sables
marins et au terrain de transport ;
» i°. Le système de la chaîne principale des Andes, postérieur aux dé-
pôts tertiaires, lacustres et marins de la Bolivie, du Chili et de la Patagonie ;
direction presque méridienne; soulèvement des trachytes, filons argenti-
fères ;
» 3°. Le système des chaînes transversales du Chili, postérieur aux
calcaires et aux marnes salifères; direction à peu près est-ouest (E. 6 à
i o degrés N.); soulèvement des roches labradoriques, gîtes cuprifères;
» 4°- Système de la chaîne occidentale du Chili, antérieur aux marnes
salifères et postérieur aux grès rouges; roches syénitiques, pyrites auri-
fères.
» Les directions du premier et du dernier de ces quatre systèmes sont peu
différentes l'une de l'autre, et M. Pissis remarque que l'une et l'autre se
rapprochent beaucoup du grand cercle primitif du réseau pentagonal qui
passe par les centres de pentagone , situés au Chili et près des Antilles.
» M. Pissis fait connaître, dans le tableau suivant, les latitudes, les lon-
gitudes et les altitudes que sa triangulation assigne aux plus hautes monta-
gnes du Chili.
5a..
( 396)
SOMMETS.
LATITUDE S.
LONGITUDE E.
ALTITUDE.
o l II
32. o. 5,4
32. 5. 8,6
32.39.42,5
33. 3.5i,3
33. i6.5o,o
33. i3. 0,0
33.44-27»°
0 1 II
0.32.49,0
O. 32.40,2
0.36.34,8
0.32.21 ,2
0.48.29,0
0 . 24 • 32 , 0
0.46.48,0
6798™5
6347,2
6834,4
5962,6
6526,8
5433,o
5384,o
Notice minéralogique sur le cercle de Laghouat ; par M. Ville, ingénieur
des mines à Alger. (Extrait.)
(Commission précédemment nommée : MM. Elie de Beaumont, Dufrénoy,
de Senarmont.)
« Le cercle de Laghouat peut être divisé en deux parties au point de vue
géologique comme au point de vue topographique.
» La première partie, qui s'étend depuis les Seba-Rous jusqu'à Laghouat,
est essentiellement montagneuse. La deuxième, qui comprend tout le pays
situé au sud de Laghouat, est essentiellement plate. Ces deux régions si dif-
férentes par leur aspect , le sont également par leur composition géologique.
Les chaînes de montagnes qui sillonnent la première région appartiennent
à la période secondaire. Elles sont généralement alignées du nord-est au
sud-ouest. On y trouve cependant des directions différentes qui donnent
lieu parfois à des accidents de terrain fort remarquables. C'est auprès de
Laghouat que ces faits exceptionnels sont le plus saillants. On peut citer le
Guern-el-Meila comme le type du genre. Pour se faire une idée de cette
montagne, il faut concevoir plusieurs cuvettes elliptiques de grandeur dé-
croissante empilées les unes au-dessus des autres. La cuvette inférieure, qui
est la plus grande , est entourée par vin terrain plat qui semble au premier
abord former la base de tout le système , mais qui ne constitue en réalité
qu'une enveloppe extérieure. Une grande fente qui entaille toute cette pile
de cuvettes, depuis le bord de la cuvette supérieure jusqu'au fond de cette
dernière, donne écoulement aux eaux de pluies tombées dans l'intérieur de
cette cuvette. Les couches que l'on observe sur le pourtour des cuvettes
(397 )
plongent toutes vers le centre de ces dernières. C'est là le caractère géolo-
gique fondamental de ce système particulier de montagnes.
» Depuis le Seba-Rous jusqu'à Laghouat, toutes ces montagnes de la pé-
riode secondaire paraissent appartenir à une formation unique, le terrain
crétacé inférieur. Le calcaire domine dans cette formation , c'est lui qui con-
stitue les crêtes duSenelba, du Djellal, du Sera et du système de cuvettes
des environs de Laghouat. Il est généralement à structure saccharoïde et de
couleur variable, le blanc grisâtre y est très-répandu. Par l'action des agents
atmosphériques, la surface extérieure de ce calcaire est comme chagrinée,
très-polie et présente un aspect cireux tout particulier. Il donne par la cuis-
son de la chaux grasse. Ce calcaire renferme intercalées de grandes assises
de grès quartzeux qui varient de couleur et de dureté. Parfois ils sont très-
durs et donnent de bonnes pierres de construction (à Guelt-Esseltel, à
Djelfa ) ; d'autres fois ils sont très-tendres et s'égrènent sous la pression des
doigts (à Sidi-Recheg. ) La couleur le plus généralement répandue est le
jaune et le rouge. Ces grès renferment de petits galets de silex légèrement
transparents et de diverses couleurs. Par la désagrégation des grès, ces galets
de silex s'isolent, le vent enlève le sable, et il reste alors sur place des espèces '
de plages couvertes de ces galets. Ceux-ci peuvent être taillés pour camées,
pommes de canne. On peut dire que le sud de l'Algérie en offre une mine
inépuisable.
» On trouve au milieu des grès, des assises de marnes, tantôt vertes, tan-
tôt rouges, remarquables par la vivacité de leurs couleurs.
» L'assise supérieure de calcaire est caractérisée par la présence de
couches régulières de gypse (pierre à plâtre) qui ont des étendues très-
considérables.
» La régularité, la puissance et l'étendue de ces couches de gypse est un
caractère particulier du terrain secondaire dont il s'agit. Ce caractère ne se
présente pas dans le terrain secondaire de l'Atlas.
» La région plate qui se poursuit sur d'immenses étendues à l'est et au
sud de Laghouat, et qu'on désigne sous le nom de Sahara, est formée par un
terrain d'alluvions anciennes qui joue un très-grand rôle dans la géologie
de l'Algérie.
» Ce terrain diluvien ou terrain quaternaire se compose au pied des
montagnes d'un dépôt de cailloux roulés empâtés dans une gangue calcaire.
Ces cailloux roulés sont auprès de Laghouat des débris du terrain crétacé,
le calcaire y domine. A mesure qu'on s'éloigne des montagnes, les galets
diminuent en grosseur, le sol n'est souvent formé que par une roche cal-
( 398 )
caire d'un blanc jaunâtre, qui s'enlève par plaques ou croûtes plus ou moins
épaisses ; c'est une sorte de carapace qui recouvre le sol comme d'un
manteau. Cette carapace, très-dure près de la surface, est au contraire assez
friable en profondeur. Elle s'y mélange avec de l'argile verte ou grise. Cette
dernière roche se présente aussi en dépôts considérables dans le terrain di-
luvien. Elle renferme des cristaux plus ou moins gros de gypse; souvent ces
cristaux sont assez nombreux pour former des dépôts réguliers et puissants.
» Le terrain diluvien constitue des dépôts plus ou moins considérables
entre les chaînes de montagnes qui sillonnent la région septentrionale du
cercle de Laghouat. C'est lui qui forme le sol de la grande cuvette qui ren-
ferme les deux Zahrez. On le retrouve encore sur les deux rives de l'Oued-
Malah entre le rocher de Sel et Djelfa, et dans la plaine, de Djelfa, comprise
entre les Djebels Senelba et Djellal ; entre le Djebel-Djellal et Laghouat, le
terrain diluvien n'est indiqué que par quelques dépôts fort restreints de
cailloux roulés situés sur des plateaux que ne peuvent atteindre les cours
d'eau actuels. »
chirurgie. — Deuxième, supplément à un Mémoire sur le traitement des
adénites cervicales par un nouveau procédé d'acupuncture ; par
M. Bould.
(Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Andral,
Velpeau, Cloquet.)
physique. — "Expériences sur la durée comparative de l'écoulement des
gaz; par M. Erx. Baudrimoxt.
(Commissaires, MM. Poncelet, Babinet, Morin.)
GÉOMÉTRIE. — Note sur une construction graphique par laquelle on obtient,
aune très-petite Jraction près, la longueur du côté du carré équivalent
à un cercle donné; par M. Willich.
(Commissaires, MM. Babinet, Chasles.)
technologie. — Note sur l'emploi du tan épuisé pour la fabrication de pa-
piers ou de cartons convenables à diverses industries; par M. Couturier.
(Commissaires, MM. Payen, Balard.)
(399 )
M. Behrens adresse de Berlin une Note écrite en allemand sur la com-
position d'une pile voltaïque portative destinée à l'usage médical.
(Renvoi à l'examen de la Commission précédemment nommée pour une
communication de M. Pulvermaeker sur un appareil ayant la même
destination, Commission qui se compose de MM. Becquerel etPouillet.)
M. m Filippi envoie de Milan une Note sur un dispositif qu'il a imaginé
pour permettre aux personnes voyageant par chemins de fer de se mettre,
à un instant quelconque, en communication avec le conducteur du train.
( Renvoi à l'examen de la Commission des chemins de fer, qui se compose
de MM. Poncelet, Piobert, Morin, Seguier.)
CORRESPONDANCE.
M. Vallée prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre
des candidats pour la place vacante dans la Section de Géométrie par suite
du décès de M. Sturm. Il joint à cette demande un exemplaire d'une No-
tice imprimée sur ses travaux mathématiques.
M. J.-A. Serret adresse une semblable demande et y joint également
un exposé de ses travaux.
lies deux Lettres et les Notices qui les accompagnent sont renvoyées à la
Section de Géométrie.
M. Le Play remercie l'Académie qui, dans la séance annuelle du
28 janvier dernier, lui a décerné un prix de Statistique pour son ouvrage
intitulé : « Les Ouvriers européens ».
géographie.— Sur la position géographique de quelques lieux dans le sud
de V Algérie; par M. W.-C. Goetze. (Communiqué par M. Le Verrier.)
(Extrait par l'auteur.)
« M. Renou, savant voyageur, a observé, en i853, dans sept lieux de
l'Algérie méridionale, 47 séries d'angles horaires, 33 séries de doubles
hauteurs pour la latitude, 5 occultations d'étoiles pour la longitude, et
enfin, pour obtenir cette dernière coordonnée, 2 séries d'apozéniths de la
Lune. Toutes ces observations nous ont été remises par M. Antoine d'Ab-
( 4oo )
hadie, avec la prière de les calculer en employant les meilleures théories
astronomiques. Un sextant, un chronomètre et une lunette ont été les in-
struments de M. Renou.
» L'erreur de collimation a été déduite de huit mesures du diamètre du
Soleil : en comparant ce diamètre avec les Tables, nous avons trouvé un
écart moyen de 7" seulement.
» Les Tables de réfraction qui ont servi à tout ce travail sont celles de
Bessel.
» Pour trouver l'heure, nous avons calculé séparément chaque série
d'angles horaires examinée d'abord par différences et contrôlée par le calcul
des hauteurs correspondantes, après l'avoir corrigée par la méthode de
Soldner. Le chronomètre retardait de i%3i6 par jour, avec des variations
maximum de os, 4 environ.
» Les latitudes sont déduites de quinze séries de hauteurs de la Polaire,
et de dix-huit séries d'observations circum-méridiennes, dont huit du Soleil
et dix des étoiles. Les observations de la Polaire ont été réduites par la mé-
thode de Gauss; et celles des astres, près du méridien, l'ont été par les Tables
de Delambre. Quand l'astre était doué d'un mouvement propre en décli-
naison, l'angle horaire a été compté, non du moment du passage méridien,
mais de celui de la culmination, ce qui est un peu différent et plus exacL
[Jn exemple fera ressortir l'exactitude rare des observations de M. Renou.
Latitude d'El-Aghouàt [centre de la ville).
Par 56 observations du Soleil (7 séries) 33° 48' 19", 8
» 29 » de la Polaire (4 séries) 33°48' 21", 3
» 16 » de l'Epi de la Vierge (2 séries) 33° 48' 23",8
» La latitude de ce point sera donc 33° 48' 20", 8 avec une incertitude
de V.
» Quatre stations sont fixées en longitude par deux séries d'apozéniths lu-
naires et par cinq occultations d'étoiles. Pour la réduction de celles-ci, nous
avons employé une méthode qui nous est propre, exposée en partie dans le
journal A stronomische 1S achrichten , n° 785, et complétée dans l'ouvrage que
nous préparons avec M. d'Abbadie sur la géographie de l'Ethiopie. La base
de cette méthode consiste à déduire des coordonnées d'une étoile occultée
les coordonnées vraies du point du disque lunaire où le contact apparent a
eu heu. Nous avons fait entrer dans le calcul toutes les corrections connues,
entre autres celle qui dépend de l'altitude du lieu de l'observation, celle qui
résulte de la nouvelle parallaxe de M. Adams, et enfin celles qui dépendent
( 4oi )
des erreurs des Tables. Nous tenons ces dernières de M. Main, astronome
de Greenwich, qui a bien voulu, en l'absence de M. Airy, les transmettre à
M. d'Abbadie.
» La détermination de la longitude par apozéniths lunaires mérite d'être
mieux connue quand on observe à terre. Elle ne pouvait échapper à
M. Renou. Ici encore nous avons appliqué nos propres formules, qui sont
très -commodes pour les observations en séries. Au lieu de déduire la
longitude de chaque apozénith lunaire en allant de l'observation au résul-
tat, nous préférons remonter du calcul à l'observation. A cette fin, nous
adoptons une longitude approchée en nous réglant sur le transport du temps
par chronomètre ou même sur la simple estime du voyageur. Avec cette
longitude supposée, et en tenant compte de toutes les corrections lunaires,
nous calculons d'abord par nos formules, et nous étendons ensuite par
interpolation une éphéméride qui embrasse chaque série et qui donne, pour
des intervalles de temps petits et égaux, les apozéniths de la Lune qu'on
aurait dû observer à la longitude supposée. Une seconde interpolation
permet de les obtenir pour les moments notés par l'observateur; en les
comparant aux apozéniths réellement observés, on obtient enfin, pour
chaque apozénith, une correction de la longitude. Si les observations sont
rigoureusement exactes, cette correction doit présenter le même signe et la
♦même valeur : dans tous les cas, on en prend la moyenne. Voici une série
d'apozéniths lunaires observés à Berriâu le i5 avril i853, et qui montre les
résultats de l'application de notre méthode :
Longitude à l'Est de Paris = oh 5m 3gs,o -+-**.
OBSERVATION.
Heure
du
chronomètre.
10.25. 0,8
! o.a8.22,o
io.3o. 3,o
10.31.44,4
10 33.25,o
10.35. 6,o
io 36.47,2
io.38.28,8
10.41 -5o,8
io.43.58,2
Lecture
du
seitant.
52. 0
5o.4o
5o. o
49.20
48.40
48. o
47.20
46.40
45.20
44 3o
Temps moyen
de
Berriâu.
10.29.42,2
10.33. 3,4
10.34.44,4
io.36.25,8
10 38. 6,4
10.39.47,4
10.41.28,6
10.43. 10,2
10.46.32,2
10.48.39,6
Lecture calculée
du
sextant.
5i.5g.24, 42
5o.3g.28,64
4g.5g.24,35
49.19.12,66
48.39.22,i3
47.59.24,26
47.19.23,83
46 . 39 . 1 6 , 1 6
45.19.35,99
44-29-25,85
35,58
3i,36
35,65
47,34
37,87
35,74
36,,7
43,84
24,01
34, i5
Coefficient
différentiel.
-0,8282
-0,8279
-0,8277
-0,8276
-0,8274
-0,8273
-0,8271
-0,8270
-0,8267
-0,8263
— 43,0
— 37>9
— 43, «
— 57,2
— 45,8
— 43,2
— 43,7
— 53,0
— 29,0
— 4'>3
C R., i856, 1" Semestre. (T. XLII, N°8.)
53
( 402 )
» La moyenne de toutes les valeurs de x est = — 43°, 72, et comme nous
avons supposé la longitude = ob5m 39%o, nous aurions oh4m 55%a8 pour la
longitude résultant des observations. Une série prise le lendemain montre
que cette longitude est incertaine de 3os. Telle quelle, elle diffère de
54", 48 de la longitude donnée seulement par le chronomètre, mais on sait
que cet instrument, si précieux en mer, inspire à terre bien moins de con-
fiance, à cause des secousses inévitables d'un voyage fait à pied ou autre-
ment.
« Dans les tableaux joints au Mémoire, on trouvera partout les coeffi-
cients différentiels qui permettront de rectifier promptement nos résultats,
si des méthodes nouvelles d'observations ou des théories plus exactes
viennent un jour modifier les éléments qui ont servi de base à nos calculs.
» Voici le tableau qui résume nos résultats :
LIEU
d'observation.
Djclfa
El Aj;houât. . .
Berriàu
Sidi-Makhlouf
Bou-Sa'ada.. .
Biskra
Bàtna
LATITUDE
INCERTITUDE
probable.
0 1 II
34.40. 8,0
20"
33.48.20,8
5
3* 49-47j7
'7
34. 7.36,4
3o
34. 12. 5s, 6
i5
34.5i. 9,2
21
35.32.24,8
■4
par
les observations
astronomiques.
h m s
O. 3.12,0
0. 3. 3,0
o. 4-39,5:
o.i5. 19,6
EST DE PARIS
par
le chronomètre.
h m s
0. 3.45,9
0. 2. 3,2
0. 5.33,9
0. 2.33,4
0. 7. 9,3
o.i3.2i,3
0 . 1 5 . 1 2 , 2
LONGITUDE
probable.
o. 3.12,0
O. 2 3,0
o. 5.33,9
o. 2.33,4
o. 7. 9,3
0.13.21, 3
o.i5. 19,6
physique. — Sur l'association de plusieurs condensateurs entre eux pour
manifester les faibles doses d'électricité. (Lettre de M. P. Volpicelli à
M. Pouillet. )
« Volta et Cavallo furent les premiers, non pas seulement à imaginer,
mais à pratiquer l'association de deux condensateurs entre eux pour ac-
croître la tension électrique (1). Plus tard divers physiciens italiens, entre
autres Gerbi (2) et les illustres Belli et Pianciani (3), firent mention de
(1) Collezione délie Opère di Volta. Firenze, 1816; t. I, p. 269.
(2) Corso di Fisica. Pisa, i823; t. III, p. 239.
(3) Corso di Fisica. Milano, i838; t. III, p. 3g3. — Istituzioni fisico-chim. Roina.
i834;t. III, p. 66.
( 4o3 )
cette méthode, et il y a peu de temps M. Gaugain (i) l'a employée avec
assez de succès. En conséquence il sera peut-être utile de démontrer :
i° que la théorie de l'union entre eux de deux condensateurs est corollaire
de celle qui en unit un nombre quelconque ; 20 que sans doute il est né-
cessaire que le plateau du premier condensateur soit plus grand que celui
du second, afin que l'accroissement de tension s'obtienne, mais que cette
condition toute seule n'est pas suffisante; 3° que les nouvelles formules
relatives à cette association, considérée d'une manière générale, complètent
la doctrine du condensateur.
» Supposons donc que les condensateurs associés soient v y en nombre,
et que les contacts, dans tout lé système, entre eux, depuis la source de
l'électricité jusqu'au dernier condensateur, se répètent n fois. Représentons
par c la charge d'électricité initiale à explorer, et qui pourra être défi-
ciente ou inépuisable. Ensuite pour le condensateur k"""6 et pour son con-
tact nième avec le plateau (k — i)^m«, soient
» mk le rapport que j'appelle électrostatique, à savoir cette fraction qui
dépend en même temps de la distance entre les deux disques et de la capa-
cité spécifique d'induction du coïbent interposé ; -
» sk la superficie du plateau collecteur;
» Cj la charge de ce plateau ;
» jcjl, la quantité d'électricité restée libre sur le plateau (k — \yème après
qu'il a communiqué avec le A^ème et n'étant pas encore retourné sur sa
base ;
» jrj la quantité d'électricité dissimulée dans le plateau kième et relative
seulement à sa n'ème communication avec la plateau {k — i)'«/ne-,
» a(tn) l'électricité libre dans le plateau kiime joint à sa base non isolée et
relative seulement au contact nième avec le plateau (A — j )'«"«•
" P*" ° et "ft 'es deux électricités, l'une libre, l'autre dissimulée dans
le plateau £,eme reposé sur sa base communiquante avec le sol et après avoir
exécuté le contact (k — i)ième entre lui et le plateau (k -+- \)iime.
» Maintenant il est facile de voir que les quantités indiquées se lient
(i) Comptes rendus, i853; t. XXXVI, p. io84, et t. XXXVII, p. 84.
53..
(4o4 )
entre elles moyennant les équations suivantes
(0
<£
= ■£*
+ «r
+jr
<
i*^?*^,-
= •**-!
: -y*,
+7:n-
" +. ^
'+r
("
-0 *
i —
1
=jr
+ tT
+<
+ /r ■
)
?
i — m2
Ve"
— a:00
- «i
Si l'électricité c était déficiente, elle diminuerait à chaque contact avec le
premier plateau : pour cela, zw représentant la même électricité après le
nieme contact avec \e même plateau, nous aurons .
(*)
z<»-«) _ aM _^U _ Z(«,j
dans laquelle équation posant
nous aurons
n = i,
z<°> = c.
» Supposant dans les équations (i) n = i , on aura
# = if = o,
et négligeant les deux dernières des équations (i), on obtiendra les équa-
tions
c<o _ ~<" . a<0 , „<■> „0) . „(-) _ c
(3)
(0
I *" * * i m
c?=./* + aïU
( 4o5 )
desquelles, par l'élimination, on obtiendra les équations
, ». (i) » (0
* (j — m}\ Si. . -4- Ci -* *
(i — ml) #|_, + 5* y * ** 4- ( i — m\) sk_x '
, ,„■ (1— ">)*-! ^_'i (l)_ Oth
*-' (l~*^)î*_l''4-i»' * " (i — IHJ)*i_, -f- *»'
relatives à un seul contact pour un condensateur quelconque. C'est-à-dire
que la charge dans les plateaux va toujours diminuant du premier au der-
nier, quelles que soient les quantités **_, , sk , #%_, , mk. Toutefois expri-
mant avec fj1' la tension du plateau k'eme, nous aurons
et il sera
(I) 2 , .**
*-■ * «_<
Ê < 4"
si l'on a
(5) 1_,„; + JL<I.
Mais on ne pourra vérifier la formule (5) sans vérifier aussi la formule
(6) £ < m\ -,
donc il sera nécessaire, mais non suffisant, pour avoir l'accroissement de
tension, quand on communique la charge d'un plateau à l'autre, que celui-ci
soit plus grand que celui-là ; à savoir qu'on ait
et de plus on devra vérifier la formule (6), c'est-à-dire que, à la production
de l'effet indiqué, doit aussi concourir le rapport électrostatique du con-
densateur le plus petit.
» Le cas le plus commun dans la pratique, celui auquel nous nous arrê-
terons pour donner quelque développement aux formules précédentes,
consiste dans l'association entre eux de deux condensateurs seulement, le
premier plus grand que le second ; et dans la supposition que la source
(4o6)
primitive très-faible de l'électricité, qui doit se manifester par la répétition
des contacts entre les disques des deux condensateurs, soit inépuisable.
Pourtant, faisant k = 2 dans les équations (1), nous aurons les sui-
vantes :
I •
I
(7)
_,(») . (0 , (j) , , „(•>) „ . „
xt . a5 -H a, -(-... + a — s, . st,
C) , (0
(') , ~w , _■_ «,(») , „c) , „(>) , „(») a* + aj +••■-*-«
-»
Ensuite, faisant rc= 1, a, 3,..., nous aurons, par le moyen de l'élimina-
tion, les
^ a, = J
(8)
a> — ~â: ' c- — *. '
2 « (n) / ,. (1)
(.) _ "*ls,ci (n) _ (1 — i»|)pBf, c,
'» — — T° ' *i — T" ;
dans lesquelles on a fait, pour abréger,
Pn=[(i-ml)sl}"-t+n[(x-ml)si]^S3+^^[{l-ml)Si]n-is2 + _
n(n — 1) , „.
h= (1 — mfjs, -+- s2.
» De la troisième des équations (8), il résulte
-r<7-<7-<--<7-5
•>J *J s, s,
c'est-à-dire les tensions de l'électricité recueillie sur le second plateau,
éloigné de sa base, sont croissantes avec l'accroissement du nombre des
contacts. Comme d'ailleurs la tension de l'électricité originaire indéficiente
s'exprime par j, alors celle-ci se trouvera accrue dans le second plateau,
éloigné de sa base après les n contacts, quand on aura
~>y ou p„s{>ti-m\)hn.
( 4o7)
Dans les même circonstances, il y aura le maximum d'accroissement de
tension dans le second plateau quand sera
C(" c(,)
S, S-t
ou quand on aura
i — ml -'i <i;
Si
condition qui coïncide avec la formule (5).
» Pour faciliter la transmission de l'électricité de la source primitive au
premier condensateur, et aussi de celui-ci à tous les autres, jusqu'au der-
nier du système, il faut employer un conducteur de seconde classe. Ce
moyen est indispensable entre la source d'électricité et le premier conden-
sateur quand elle consiste en un coïbent électrisé. Cela dérive de la faculté
qu'ont les conducteurs liquides d'absorber l'électricité des corps isolants
électrisés; faculté qui, pour la première fois, a été signalée par l'illustre
physicien M. E. Marianini, et à laquelle on doit faire attention pour bien
conduire les expériences de ce genre. »
analyse mathématique. — Sur les restes produits par la recherche du plus
grand commun diviseur entre deux polynômes ; par M. Faa de Bruno.
« Soient les fonctions
Y> = a0xn-h a,x"-* -{- a2x"~2 + ... -+- an
Q = b0x"-K + b, x"-* + b^x"-* + ... + b„_, ,
et supposons que l'on effectue entre elles l'opération du plus grand com-
mun diviseur, en changeant les signes des restes, comme dans le procédé
de M. Sturm pour la détermination du nombre des racines réelles de
l'çquation P = o. M. Cauchy a fait voir que les restes fournis par une
semblable opération pouvaient être très-aisément obtenus en fonction des
coefficients de P et de Q par la méthode des clefs algébriques si simple et si
expéditive pour le calcul. A cet effet, il pose
^ — s0x~* ■+- s,x~* -+- s2x~s -+- ... -t- spx~p~K -+-
et il donne, sauf quelque léger changement, la formule suivante pour la
( 4o8 )
valeur du reste u de degré n — fjt. ,
9 l=n— fi
S, S2
■S'a S*
-a *^— i *y» ... si/t_ 3
3( S2 .. . S„_,
où l'on a
» Mais il restait à voir comment ces coefficients s0, st, s2, etc., du déve-
p
loppement de - en série suivant les puissances ascendantes de aT* étaient
liés à ceux de P et de Q. C'est ce qui est facile à trouver, et l'on a en
effet :
V=M-#
bp_% ap_, ap_t a,p_s ... a0
bp ap ap_, rtp_2 ...a,
» Je remarque encore que l'expression de uH. est susceptible d'être sim-
plifiée. En effet, S,- peut être considéré comme une partie du coefficient
de jr_(n_'+') dans le produit de
K
a0
o
o
... o
à,
a,
«0
o
... o
I
b,
a2
«3
a,
«2
«0
a,
... o
<+l
... o
par s0 x--' -+- s, x~* -+- st x~* -+- . . . ,
a0 -+■ a, x~' -+- a2x~' -+- .
qui n'est autre chose que
b° x~* -+■ b, x~* -+- b2 x~3 ■+■
» Par conséquent on a
» En négligeant alors les termes, qui dans le déterminant ci-dessus
fourniraient des lignes horizontales semblables à celles qui déjà y figurent,
(4og)
on aura simplement
S0 = *«-/-i •
S2 as on_t+t — <Z„_/ st — ct„_i+t s0
Sj = bn_i+i_, — an^iSi_t — <z„_i+i j,_2 — ... — a„Si_[_
Sfi—i — On—l-i-n—^ — an-lsp—2 — <*n-l+\ s/j.—3
— tlnsu.~'l—l ■
Ainsi on n'aura plus besoin de calculer sp que pour les valeurs de p com-
prises entre o et p. — 2.
» On peut aussi exprimer très-facilement le reste «^ en fonction des
racines. Il suffit pour cela d'observer, qu'en appelant V la dérivée de P,
et ( ^) ce que devient ^ après y avoir fait x = x,-, x{ étant une racine de
l'équation P = o, on a
En employant alors une transformation de clefs algébriques, pareille à celle
dont M. Cauchy s'est servi dans une autre occasion, on trouve, à un fac-
teur positif près,
M«-"fè),
I I
I
I
X, x2
x3
...r„
1 t
X X
I 2
1
X3 ■
2
■• X
n
X X
I 2
-2 a.— 2
*3 •
p.— 2
■X
n
X X
I 2
-I u. 1
xi ■
■ X
n
2X
I
1
... 1
X,
x2
..x„
2
X
I
2
X
3^
■■■ X
n
/*— a
X
I
.r
2
p.— 2
•• .r
n
x D
x D
■•x D„
X, 2
dn—p. — l+i
En effet, on trouverait ici, pour un des éléments de la dernière ligne du
déterminant sous le signe ^> l'expression
(2 n— /*— A p—i
a„-,j.—i -+- a„_/i_/+, a?A -+- a„_^_i_2 xh-h ... -ha0xh \xh •
Or la quantité entre parenthèses n'est autre chose que
C. R., i856, i" Semestre. (T. XLH, N« 8.) 54
( 4io )
Lorsque l — n — p., <jh se réduit à a0xh, et par suite le coefficient de la
plus haute puissance
comme,
dans ua devient, après une transformation
W. \P')a'"VP')-
.f0 s,
S, .
• • S/i — I
Si S 2
s3 .
.. fr;
$2 S3
s*
• • S/i-t- 1
S[j.—i Sfi —
Sp
.. S$n—
"*/* — 1 <*/A
Sp-hl •
■ • Slp.-
Si Q = P', le nombre des variations de signes, présentées par la série des
divers déterminants de cette forme, sera égal, comme on sait, à celui des
couples des. racines imaginaires de l'équation P = o. Alors aussi sp en
général devient la somme des piim" puissances semblables des racines de
cette même équation. »
chimie appliquée. — Caractères des vins rouges additionnés d'alun, et
application de ces caractères à la constatation de petites quantités de ce
sel introduites dans le vin; par M. J.-L. Lassaigxe.
« Appelé dans ces derniers temps à donner notre opinion sur un vin
falsifié, déclaré contenir de l'alun en certaine proportion, nous avons dû,
avant de nous prononcer, faire quelques expériences comparatives. Les
essais auxquels nous nous sommes livré, nous ont appris que les sels alu-
mineux en général , en solution dans les vins rouges, se décomposent en
partie plus ou moins promptement, suivant la température à laquelle on
opère, et qu'il résulte de cette réaction la précipitation d'un composé
coloré formé par l'union de l'alumine avec une portion de la matière colo-
rante du vin; que ce composé, d'une couleur rose hortensia, ou tirant
un peu sur le violet, suivant l'espèce de vin rouge, est une véritable laque
comme en produit l'alumine avec la plupart des principes colorants orga-
niques.
» Lorsqu'on porte à l'ébullition pendant quelques minutes un vin rouge
quelconque, additionné d'une très-petite quantité d'alun, il se trouble peu
à peu et donne lieu à un précipité floconneux qui, par le repos et le refroi-
dissement, se rassemble au fond du vase en une laque colorée complètement
insoluble. Ce dépôt, qu'on peut isoler facilement par décantation et filtration,
présente des réactions qui caractérisent la couleur empruntée au vin lui-
même; en le calcinant au contact de l'air dans un creuset de platine, il
U" )
laisse un résidu blanc pulvérulent, assez abondant, présentant tous les ca-
ractères de l'alumine anhydre.
» Les vins rouges purs, et non additionnés de sel alumineux, ne se trou-
blent pas par l'ébullitionmême prolongée, et d'ailleurs le dépôt qu'ils pour-
raient donner quelquefois dans cette condition, ne présenterait pas la
composition indiquée ci-dessus.
» Les expériences directes que nous avons entreprises, et qui font l'objet
d'un Mémoire non encore terminé, nous ont démontré que par. le moyen
simple mentionné dans cette Note, on pouvait déceler assez promptement
de i u o o a Toôô d'alun potassique ou ammoniacal dissous dans un vin
rouge, et jusqu'à même 30'Uo-. Une proportion plus faible pourrait égale-
ment être constatée dans un vin suspecté en réduisant son volume par
l'évaporation, et recueillant avec soin le dépôt qui se formerait dans cette
circonstance et l'examinant ensuite. »
physiologie. — De l'action du chloroforme sur le sang. (Extrait d'une
Lettre de M. le Dr Charles-T. Jackson à M. Êlie de Beaumont.)
« Boston, le i5janvier i856.
» J'ai eu dernièrement l'occasion d'analyser par ordre du coroner le
sang d'une femme qui avait succombé aux effets de l'inhalation du chloro-
forme, et j'ai découvert que le sang était décomposé par le chloroforme et
que le terchloride de formyle (chloroforme) était changé en teroxyde de
formyle (acide formique), que j'ai retiré du sang par la distillation. Le
chlore était combiné avec le sang, qui avait perdu la propriété de se coagu-
ler et celle de rougir par l'exposition à l'oxygène de l'air. »
M. Cocrbon prie l'Académie dé vouloir bien faire examiner par une
Commission un herbier qu'il a formé aux environs de Montevideo et dans
l'île de Saint-Gabriel, et qu'il destine au Muséum d'Histoire naturelle. Il
désire savoir s'il y aurait de l'intérêt pour la science à faire de cette flore
locale l'objet d'une publication.
Si M. Courbon veut présenter une description de la collection qu'il a
formée, son Mémoire sera soumis à l'examen d'une Commission.
M. Rrrz prie l'Académie de lui faire savoir le jugement qui aura été
porté sur une Note qu'il avait adressée, en juillet i855, sur la direction des
aérostats au moyen de l'hélice.
(Renvoi à l'examen des Commissaires désignés : MM. Poncelet,
Piobert, Seguier. )
(4ia)
M. Piffer annonce avoir construit le modèle, d'un appareil destiné de
même à diriger les aérostats, et dans lequel il fait également usage de
Vhélice.
Si l'auteur veut envoyer une description suffisamment détaillée de cet
appareil, sa Note sera renvoyée, s'il y a lieu, à l'examen d'une Commis-
sion.
M. Dudocit adresse des remarques relatives au programme de l'un des
prix de Mathématiques proposés pour l'année i856 (question concernant
le dernier théorème de Fermât) et demande que ces remarques soient com-
muniquées aux Membres de la Commission chargée de juger les pièces
admises à ce'.concours.
(Réservé pour la future Commission.)
M, l'abbé Rondox adresse d'Aix une nouvelle Lettre relative à sa Note
intitulée : « Les neuf partages égaux de la surface du globe. »
A 5 heures et quart, l'Académie se forme en comité secret.
COMITÉ SECRET.
Au nom de la Section de Géométrie, M. Lamé présente la liste suivante
de candidats pour la place de Correspondant vacante par suite de la nomi-
nation de M. Lejeune-Dirichlet à une place d'Associé étranger :
En première ligne. ... M. Ostrogradski, à Saint-Pétersbourg.
M. Rour, à Saint-Étienne.
M. Catley, à Cambridge.
M. Kcmmer, à Berlin.
En deuxième ligne 1 M. Richelot, à Kœnigsberg.
(par ordre alphabétique.) | M. Rosenhain, à Breslau.
M. Sarrus, à Strasbourg.
M. Stlvester, à Londres.
M. Thomson, à Glascow.
Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la
prochaine séance.
La séance est levée à 6 heures.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 3 MARS 1856.
PRÉSIDENCE DE M. BINET.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
■ malacologie. — Communication de M. A. Moquin-Tandon.
« J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie le premier volume d'un ouvrage
intitulé : Histoire naturelle des Mollusques terrestres et fluviatiles de
France.
» Cet ouvrage a été commencé en i835, à l'époque où j'étais chargé de
la Zoologie et de l' Anatomie comparée à la Faculté des Sciences de Toulouse.
Interrompu en 1837, repris en 1 845, il a été terminé en 1 854 ; diverses cir-
constances en avaient retardé l'impression.
» Ce premier volume est accompagné de vingt-sept planches gravées et
divisé en trois livraisons. Il traite principalement de l'anatomie et de la
physiologie des Mollusques. J'ai disséqué à peu près tous les genres; j'ai
même choisi plusieurs types par groupe dans les genres importants. J'ai
répété et varié mes dissections, quand elles ont eu pour objet des espèces
très-petites ou des organes très-obscurs. Les Mollusques sont des animaux
plus ou moins mous, ainsi que leur nom l'indique, parfois même demi-géla-
tineux, dont l'anatomie demande beaucoup de précautions et d'habitude,
surtout lorsqu'on désire étudier des espèces presque microscopiques, brunes
ou noirâtres comme le Pupa megacheilos, grisâtres ou transparentes comme
X Hélix pulchella. J'ai dû souvent employer une bonne loupe montée, même
C. R. i856, ier Semestre. (T. XLII, N° 9.) 55
(4i4 )
le microscope, et les procédés les plus délicats de la zootomie. Je suis par-
venu ainsi jusqu'à isoler, dessiner et décrire les organes digestifs, nerveux et
reproducteurs du Carjrchium minimum. On sait que ce petit animal, dans sa
plus grande extension, présente à peine trois quarts de millimètre de lon-
gueur (i).
» J'ai donné une attention particulière à l' Ancjrlus fluviatilis , gastéro-
pode très-difficile à disséquer, mal connu, mais fort curieux, qui forme,
pour ainsi dire, le passage entre les Céphalés pulmonés ou terrestres et les
Céphalés branchifères ou aquatiques (n).
» J'ai fait connaître, il y a quelques années, l'organe de l'olfaction chez
les Gastéropodes (3). Cet ouvrage renferme un résumé complet de mes
recherches sur cet appareil. Il contient aussi une détermination exacte et
rigoureuse des éléments reproducteurs, si compliqués, des Mollusques an-
drogynes, et de nouveaux détails sur les vésicules multifides ou non multi-
fides des Hélices (4), sur les mâchoires et' la langue des divers genres (5),
sur leur organe pulmonaire ou branchial, sur le sang des Planorbes (6) et
sur d'autres points intéressants de l'anatomie ou de la physiologie des Mol-
lusques céphalés ou acéphales
» J'ai déjà eu l'honneur d'appeler l'attention de l'Académie sur l'exis-
tence d'une quatrième paire de ganglions nerveux dans les Acéphales ( 7 ) et
sur celle des spermatophores dans les Gastéropodes (8). On trouvera, dans
le présent livre, la description et les figures de ces parties.
» Mes essais anatomiques et physiologiques sont accompagnés d'études
sur les œufs et sur leur embryogénie, de recherches sur la coquille et sur sa
(1) Sa mâchoire est large de omm,o8, son estomac long de omm,5 et son intestin de 3rau,,5.
Ses ganglions cérébroïdes offrent o™"11,! de diamètre, son œil omm,o3 et son cristallin
Omm,025.
(2) Voyez Journ, Conch., 1862; t. III, p. 7, 121 et 337.
(3) Voyez Mém. Acad. Scienc. Toulouse, i85i; t. I, p. 5g. — Ann. Scienc. nat., i85i;
t. XV, p. i5i. — Journ. Conch., i85i; t. XI, p. 7 et i5i.
(4) Voyez Mém. Acad. Scienc. Toulouse, 1848; t. IV, p. 382.
(5) Voyez Mém. Acad. Scienc. Toulouse, 1848; t. IV, p. 371. — Act. Soc. Linn. Bord.,
1849; t. XV, p. 25g.
(6) Voyez Mém. Acad. Scienc. Toulouse, i85i; t. I, p. 196. — Ann. Scienc. nat., i85i;
t. xv, p. 145.
(7) Voyez Comptes rendus, 1 854 5 P- 265-
(8) Voyez Journ. Conch., 1 85 1 ; t. II, p. 333, et i852; t. III, p. 137. — Comptes rendus,
i855;p. 857-
( 4i5 )
formation, et de considérations sur la reproduction artificielle des cornes ou
des lèvres, du mufle ou de la tête tout entière. J'ai traité aussi des anomalies
examinées soit dans l'animal, soit dans son enveloppe. Enfin, j'ai terminé
le volume par des réflexions philosophiques sur les divers degrés d'impor-
tance que peuvent offrir les organes essentiels à la taxonomie, soit pour la
constitution des genres, soit pour leur disposition naturelle en série linéaire,
en séries paralléliques ou en tahleau. »
M. Payen, en offrant à l' Académie la troisième édition des « Substances
alimentaires », signale, dans les termes suivants, les additions qu'il y a faites :
« Parmi les choses nouvelles que j'ai introduites dans cette édition, on
remarquera, sans doute, les perfectionnements notables réalisés :
» i°. Dans la préparation des légumes desséchés et comprimés, dont
l'invention primitive avait mérité à son auteur une des récompenses de la
fondation Montyon décernées par l'Académie ;
» 20. Dans la préparation des conserves alimentaires, par M. J. Martin
de Liguac et M. Chevalier-Appert.
» Ces nouveaux perfectionnements ont permis de fournir à nos armées
d'Orient plusieurs millions de rations de légumes, de viande et de bouillon.
» Les produits de ce genre furent examinés avec un vif intérêt parmi les
collections envoyées des différentes parties du monde à l'Exposition uni-
verselle de 1 855 ; on a pu se convaincre, en les voyant, que le procédé
d' Appert, inventé chez nous au commencement de ce siècle, et les inven-
tions plus récentes relatives à la dessiccation des légumes, forment aujour-
d'hui la base des moyens généralement employés chez toutes les nations
pour préparer les approvisionnements utiles à l'économie domestique, à la
marine et aux armées en campagne. »
RAPPORTS
M. Becquerel fait, au nom d'une Commission, un Rapport sur un per-
fectionnement apporté par M. Lenoir à la reproduction des rondes bosses
par la galvanoplastie.
Avant que les conclusions de ce Rapport soient mises aux voix, M. ïhe-
nard exprime le regret de ne pas voir la Commission demander l'impression
au Recueil des Savants étrangers de la Note dans laquelle M. Lenoir a
décrit son procédé.
En réponse à cette remarque, M. le Rapporteur déclare que la Note qui
55..
Ui6)
accompagnait les produits présentés par M. Babinet dans la séance du
1 1 février dernier était trop incomplète pour donner une idée du procédé
employé pour les obtenir, procédé dont les détails n'ont pu être complète-
ment connus des Commissaires que par les communications verbales de
M. Lenoir et les observations qu'ils ont faites dans ses ateliers.
Après une discussion à laquelle prennent part MM. Thenard, Pouillet,
Regnault, Babinet et Becquerel, l'Académie invite la Commission à lui pré-
senter de nouveau, dans une prochaine séance, son Rapport, en y joignant
une description suffisamment détaillée du procédé.
NOMINATIONS
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un
Correspondant pour la Section de Géométrie , en remplacement de
M . Lejeune-Dirichletj élu à une place d'Associé étranger.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 48 ,
M. Ostrogradski obtient. ..'... 43 suffrages.
M. Thomson ......... 3
M. Bour 2
M. Ostrogradski, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est
déclaré élu.
MÉMOIRES LUS
physiologie. — Mémoire sur la contractilité tendineuse;
par M. Jules Guérin.
(Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie.)
« Les tendons, dit Bichat (1), sont des espèces de cordes fibreuses inter-
» médiaires aux muscles et aux os, transmettant aux seconds les mouve-
» ments des premiers, et jouant dans cette fonction un rôle absolument
» passif. » Cette opinion du fondateur de l'anatomie générale sur le carac-
tère purement passif du tendon, n'a jamais été contestée par personne.
» Cependant, depuis environ dix années, j'ai acquis la conviction, et j'ai
professé à plusieurs reprises, que cette doctrine de Bichat et de ses conti-
(1) Anatomie générale, Œuvres compl.,. t. V, p. 271.
( 4«7 )
uuateurs n'est nullement fondée. L'analyse histologique, les faits patholo-
giques, l'observation et l'expérience physiologiques m'ont paru s'accorder
pour établir d'une façon certaine que les tendons se contractent. Je me
hâte d'ajouter qu'ils ne se contractent pas d'une manière identique à celle
des muscles, ni d'une manière aussi évidente que ces derniers, ce qui ex-
plique comment un fait de cet intérêt a pu échapper à tous les anatomistes
jusqu'à ce jour.
» § I. Faits histologiques. — Dès l'année 1 835, j'avais fait connaître, et une
Commission de l'Académie avait constaté que, dans certaines conditions
déterminées, comme une tension constante et exagérée, les muscles ont la
propriété de passer à l'état fibreux. Dans ces différents cas, les portions de
tendon résultant du travail de transformation fibreuse s'offrent avec tous
les caractères histologiques du tendon primitif, dont elles ne sont qu'un
simple prolongement, aussi impossible à distinguer au microscope qu'à
l'œil nu. De l'identité de tissu, j'ai été porté immédiatement à conclure à
l'identité de fonction.
» § II. Faits pathologiques . —Mais ce que les études histologiques ne per-
mettaient encore d'établir que par induction, l'observation pathologique
m'a permis de le constater directement.
» Dans un Mémoire dont les conclusions sont insérées aux Comptes
rendus de l'Académie, année 1840, p. 627, j'ai fait connaître pour la pre-
mière fois que les tendons sont susceptibles de se rétracter spécialement et
à l'exclusion du muscle proprement dit, c'est-à-dire de se raccourcir et de
se maintenir raccourcis, comme conséquence d'une sorte de spasme limité
à leur sphère d'action.
s Le caractère anatomique de la rétraction tendineuse, celui qui permet de
la distinguer de la rétraction du muscle proprement dite, c'est la diminution
de longueur du tendon par rapport au muscle, lequel, dans certains cas,
conserve sa longueur normale : le contraire ayant lieu lorsque la fibre mus-
culaire participe primitivement à la rétraction, ou en est le siège principal.
Or j'ai constaté directement, sur le cadavre d'un jeune sujet qui était mort
avec une désorganisation tuberculeuse du pied , un raccourcissement du
tendon d'Achille correspondant , lequel offrait une réduction de 3 centi-
mètres 4 millimètres sur celui du côté opposé.
» Le caractère physiologique de la rétraction tendineuse, c'est d'abord
de s'opérer sous l'influence d'une lésion et d'une douleur localisée au voisi-
nage de l'insertion du tendon, comme dans certaines arthropathies ; c'est en-
suite, sous l'influence de cette douleur, de provoquer une attitude articu-
(4<8)
laire en rapport avec l'action des vendons raccourcis, sans participation du
muscle proprement dit, attitude qu'on avait supposée prise volontairement
par le malade pour se soustraire à la douleur.
» De ce double caractère anatomique et physiologique de la rétraction
tendineuse, on peut donc conclure que les tendons jouissent de la propriété
de se rétracter, comme les muscles, c'est-à-dire qu'ils sont susceptibles d'é-
prouver, comme les muscles, une maladie qui n'est qu'une altération de la
contractilité physiologique.
» § III. Faits physiologiques. — Les muscles et les tendons forment un
tout, continu. Il fallait, pour mettre hors de doute le fait de la contractilité
propre des tendons, pouvoir isoler les deux portions charnue et fibreuse
et observer séparément dans chacune d'elles le phénomène de la con-
tractilité.
» Il existe chez l'homme et tous les animaux vertébrés un muscle sur le
trajet duquel un os parfaitement distinct, la rotule, a pour effet de séparer
en deux portions, et comme deux tendons distincts, un des plus forts ten-
dons de l'économie : les tendons rotuliens supérieur et inférieur. Or il arrive
assez souvent qu'à la suite des maladies du genou, la rotule se soude, s'an-
kvlose avec la surface correspondante du fémur. Les cas de cette sorte réa-
lisent de la manière la plus parfaite la condition que j'avais d'abord songé à
provoquer chez les animaux, à savoir : d'isoler, à l'aide d'une adhérence de
l'extrémité musculaire du tendon, la contractilité propre de ce dernier. En
effet, lorsque chez les sujets affectés de ces sortes d'ankyloses, on veut ob-
server ce qui se passe dans les efforts pour soulever le membre, on s'assure
aisément qu'en même temps que les muscles extenseurs de la cuisse, le tri-
fémoro-rotulien se contracte, le tendon rotulien inférieur, c'est-à-dire la
portion du tendon située entre la rotule ankylosée immobile et le tibia mo-
bile ou immobile, participe à la contraction du muscle : elle se soulève, se
durcit et se raccourcit d'une quantité sensible au toucher et à l'œil.
» Mais ces circonstances assez rares où la contractilité du tendon rotulien
peut être constatée, à part de celle du muscle, n'ont servi qu'à me mettre
sur la voie d'autres faits infiniment plus fréquents, et par conséquent plus
faciles à observer et à vérifier.
» En effet, lorsque dans la position assise, la jambe étant fléchie sur la
cuisse à angle droit, on applique les doigts sur le trajet du tendon rotulien
inférieur, on sent manifestement le tendon se soulever, s'étendre et se dur-
cir à chaque effort pour soulever la jambe maintenue invariablement au
même degré de flexion. Avec un peu d'exercice, on parvient aisément à
(4*9)
produire le même résultat, au repos du membre, en provoquant, par la seule
force de la volonté, la contraction générale et simultanée de tous les muscles
et tendons de l'articulation. Dans cette attitude et dans ces deux sortes d'ex-
périences, la rotule reste immobile, appliquée fortement contre la surface
correspondante du fémur, et comme encastrée dans la rainure fémorale,
sollicitée qu'elle est en sens inverse par la contraction simultanée du muscle
et du tendon.
» § IV. De la nature de la contractilité tendineuse. — Les tendons ne se
contractent pas comme les muscles, ni de la même façon ni au même degré.
Un tronçon de tendon, séparé de son aboutissant musculaire, ne paraît pas
sensible à l'action de l'électricité, sous quelque forme qu'on l'emploie. Ce
résultat, qu'on pourrait regarder comme infirmant l'existence de la con-
tractilité tendineuse, prouve seulement, et c'est ce que je veux établir, que
cette contractilité n'est ni du même ordre ni de la même nature que la con-
tractilité musculaire. En effet, il est dans l'économie animale des tissus
autres que les tendons qui jouissent d'une sorte de contractilité bien éta-
blie, quoiqu'ils soient réfractaires à l'action du galvanisme.
» Les muscles eux-mêmes présentent parfois un état exceptionnel parti-
culier, dans lequel ils sont complètement insensibles à l'action du galva-
nisme, bien qu'ils continuent à se contracter sous l'influence de la volonté :
c'est lorsqu'ils ont été atteints de ce mode de paralysie qu'on appelle la
paralysie saturnine. L'impuissance de l'électricité à provoquer la contrac-
tion tendineuse implique donc, non l'absence de cette contractilité, bien
attestée d'ailleurs, mais un mode de contractilité différente de la contrac-
tilité musculaire générale.
» Quel est le mode de contractilité ?
» Lorsque, sous l'influence de la volonté, on étend le pied oki la main,
il est parfaitement reconnu que le déplacement de l'organe est l'effet d'un
raccourcissement du muscle, et par conséquent d'un déplacement du tendon
dans le sens de ce raccourcissement. Ce fait étant admis comme certain, le
problème consiste à démêler à travers ce résultat, attribué à la contractilité
musculaire exclusivement, la part qui peut en revenir à la contractilité
tendineuse. Dans ce but, j'ai fait les expériences suivantes.
» Expérience I. Le pied étant maintenu à angle droit sur la jambe, j'ai
planté, dans le milieu du tendon d'Achille et perpendiculairement à son
axe, une aiguille en platine de 12 centimètres de longueur, de manière à at-
teindre le centre du tendon. J'ai fait étendre par la volonté le pied sur la
jambe, aussitôt l'extrémité libre de l'aiguille a basculé vers le talon, accu-
(4»o )
sant ainsi un déplacement en sens opposé de son autre extrémité, laquelle
avait été entraînée en haut d'une quantité égale au déplacement de son
point d'insertion au tendon.
» Dans cette expérience, le sens et le degré du déplacement des deux ex-
trémités de l'aiguille se sont montrés bien en rapport avec ce que' l'on sait et
croit savoir du rôle actif du muscle et du rôle passif du tendon.
» Expérience II. Le même sujet, tenu debout, l'un des deux pieds
étendu à angle de i3o degrés sur la jambe, on plante l'aiguille horizontale-
ment au même point que dans l'expérience précédente, le pied maintenu
invariablement au même degré d'extension ; on invite le sujet, que l'on tient
par la main, à soulever la jambe dépourvue d'aiguille, de façon à faire sup-
porter le poids du corps exclusivement par l'autre pied. On recommande
au sujet de se tenir parfaitement immobile, et l'on s'assure que le pied reste
invariablement au même degré d'extension en plaçant sous le talon élevé
l'extrémité d'un levier articulé sur son trajet en fléau de balance, et dont
l'extrémité libre correspond à un segment de cercle gradué propre à ac-
cuser le moindre changement de niveau du talon. Au moyen de ces pré-
cautions, on a donc un degré d'extension fixe et invariable du pied sur la
jambe. Or voici ce que l'on observe : dès que le poids du corps commence
à porter exclusivement sur le pied dont le tendon est armé de l'aiguille, on
voit immédiatement l'extrémité libre de celle-ci basculer du côté de la
jambe, e'est-à-dire en sens inverse de la direction qu'elle affectait dans le
cas précédent. On constate en même temps que le tendon d'Achille acquiert
une dureté et une résistance beaucoup plus grandes. L'extrémité implantée
de l'aiguille entraînée du côté du talon par son point d'insertion au tendon,
c'est-à-dire par suite du déplacement de ce point vers le talon, en vertu du
raccourcissement du tendon, exprime donc tout à la fois le fait et le degré
de la contraction tendineuse.
» Si l'on analyse cette expérience, on voit que, dans le premier temps,
la contraction volontaire du muscle a réglé la direction du pied, et, con-
jointement, la somme de déplacement du tendon agissant comme corde de
tirage; dans le second temps, c'est-à-dire lorsque le poids du corps a pro-
voqué un supplément de résistance de la part du tendon, celui-ci est entré
dans la lutte, et, par sa résistance active, il a empêché que la traction exer-
cée sur l'axe entier du muscle et du tendon ne déterminât un allongement
passif de ce dernier. C'est donc là une contraction de résistance , et c'est
ainsi que je me propose de l'indiquer pour exprimer son véritable caractère
expérimenta], et la différencier delà contraction volontaire.
(4ti )
» Des considérations, des faits et des expériences exposés dans ce Mé-
moire, je crois donc pouvoir conclure :
» i°. Que les tendons, considérés jusqu'ici comme des cordes inertes,
jouissent de la propriété de se contracter ;
» 20. Que cette propriété établie par l'analyse histologique, les observa-
tions pathologiques et les expériences physiologiques, consistent dans un
mode d'activité spéciale, espèce d'érection et de turgescence, accompagnée
de raccourcissement de l'axe tendineux;
» 3°. Les circonstances qui mettent en jeu la contraction tendineuse
permettent de la considérer comme tout à fait différente de la contraction
volontaire, et de la désigner sous le nom de contraction de résistance. »
M. Flourens prend occasion de cette lecture pour annoncer que des
recherches sur les tendons, qu'il poursuit depuis longtemps, l'ont conduit à
reconnaître la sensibilité de ces parties, à préciser le mode de cette sensi-
bilité, et à déterminer les procédés d'excitation au moyen desquels on
l'oblige à se manifester.
médecine. — Mémoire sur l'ulcère simple de l'estomac ; par M. Crcveilhier.
(Deuxième partie.)
(Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie.)
« Dans la première partie de ce Mémoire, qui a fait l'objet d'une précé-
dente lecture, je crois avoir établi sur des caractères anatomiques irrécu-
sables : i° l'existence de l'ulcère simple de l'estomac comme espèce mor-
bide bien distincte de l'ulcère cancéreux, avec lequel il avait été confondu ;
a° la tendance naturelle de cet ulcère simple à la cicatrisation, et par con-
séquent sa curabilité en opposition avec l'incurabilité absolue, dans l'état
actuel de la science, de l'ulcère cancéreux ; 3° les caractères de la cicatrice,
sa résistance physique en tant que tissu fibreux, mais son défaut de résis-
tance sous le rapport de la vitalité ; 4° la reproduction facile de l'ulcère aux
dépens de cette cicatrice, d'où la tendance aux récidives; 5° l'hémorragie
et la perforation de l'estomac qui en sont souvent la conséquence, et qui
constituent le danger principal de la maladie.
» Reste donc , pour compléter la description de l'ulcère simple de l'esto-
mac, à déterminer : i° ses caractères cliniques, ou de physiologie patholo-
C. R., i856, i« Semestre. (T. XL1I, N° 9.) 56
( 4" )
gique, à l'aide desquels on pourra le reconnaître au lit du malade ; i° ses
caractères thérapeutiques, qui établiront avec sa curabilité les moyens pro-
pres à amener la guérison .
i". Caractères cliniques ou de physiologie pathologique de l'ulcère simple de l'estomac.
» Peut-on, à des signes certains, reconnaître au lit du malade la présence
d'un ulcère simple de l'estomac ? Je réponds que s'il n'est pas toujours pos-
sible d'établir le diagnostic de cette lésion d'une manière positive, on peut
au moins en soupçonner la présence et la faire entrer comme élément dans
le calcul des probabilités, notre seul refuge pour la détermination des lé-
sions d'organes inaccessibles à nos moyens directs d'observation. J'ajoute
qu'en procédant par voie d'exclusion ou d'élimination, on pourra, le plus
souvent, arriver à une somme de probabilités voisine de la certitude.
» Ainsi, depuis bien des années que l'ulcère simple de l'estomac m'a oc-
cupé d'une manière toute particulière, au diagnostic affirmatif du cancer de
l'estomac, et par conséquent à l'arrêt d'incurabilité qui avait été prononcé,
j'ai pu, dans un grand nombre de cas, substituer un diagnostic et un prog-
nostic suivi d'espérances, et formuler ainsi ma pensée : « cancer de l'es-
tomac possible; ulcère simple probable. » Et, je dois le dire, la guérison du
malade est venue, dans bien des cas, justifier mes prévisions.
» Rien de décidément caractérisque au début de l'ulcère simple de l'es-
tomac, à moins que l'un des premiers symptômes de la maladie ne soit le
vomissement noir. Mais arrive un moment où au malaise épigastrique se
joignent les caractères suivants :
» i°. Crises de douleur caractérisées par la circonscription de cette dou-
leur à une petite région, celle de l'appendice xyphoïde [point xyphoïdieri), qui
s'accompagne souvent d'une douleur de même nature au rachis [point ra-
cliidien). Ce caractère est commun à l'ulcère simple et à certaines gastralgies
idiopathiques, dont l'ulcère simple se distingue par la permanence des ac-
cidents;
» a°. Vomissement et déjection noirs , caractère qui est commun à l'ul-
cère simple et au cancer ;
» 3°. Les caractères différenciels entre l'ulcère simple et le cancer se dé-
duisent de la marche de la maladie et de la différence des effets du régime et
du traitement. Dans le cancer, le régime diététique est inutile et serait nui-
sible s'il était trop sévère. Dans l'ulcère simple, le régime diététique est tout,
et s'il frappe juste, en quelques jours le malade est soulagé; il se sent re-
naître.
(4*3)
2°. Caractères thérapeutiques de l'ulcère simple de l'estomac.
» Nous connaissons maintenant à fond l'ennemi que nous avons à com-
battre. Ce n'est point un ulcère cancéreux, c'est un ulcère simple, c'est-à-
dire une phlegmose ulcéreuse, une lésion locale entretenue par une irrita-
tion locale, exempte de toute complication, tendant essentiellement à la
guérison. Que ferions-nous si nous avions à traiter à l'extérieur un pareil ul-
cère? Rien autre chose que de condamner au repos l'organe malade et de le
soustraire à l'action de toutes les causes locales d'irritation. Mais si le repos
de l'estomac peut et doit être absolu quant aux médicaments proprement
dits, il ne saurait l'être quant à l'alimentation. Le repos de l'estomac, c'est
la diète, c'est-à-dire le régime. Or, c'est une étude bien digne de la médi-
tation des physiologistes que celle des modifications qui se produisent dans
les instincts de l'estomac malade. Ainsi, il est des conditions de la muqueuse
gastrique dans lesquelles l'estomac humain, omnivore de sa nature, se
trouve tout à coup transformé en un estomac univore, tantôt exclusivement
carnivore, tantôt exclusivement herbivore; mais il est une transformation
bien plus fréquente dans les instincts de l'estomac, c'est celle dans laquelle
l'estomac du jeune homme, de l'adulte et du vieillard semble rétrograder
vers l'état de la première enfance. Le lait seul peut être supporté. L'estomac
est devenu lactivore.
» On ne se fait pas une idée de la délicatesse, de la finesse, du tact que pré-
sente le sens gastrique dans certains cas de maladie. Il n'y a pas de réactif
chimique, pas d'instrument de physique, de précision plus sensible que la
membrane muqueuse de l'estomac malade; elle palpe tout, elle apprécie
tout, jusqu'aux plus légères nuances, si ce mot peut s'appliquer à autre
chose qu'aux couleurs. Le point important, c'est donc de trouver un aliment
qui soit bien supporté par l'estomac et qui passe inaperçu.
» Le régime lacté, voilà le grand moyen de guérison de l'ulcère simple de
l'estomac, le seul aliment dont il puisse supporter la présence sans se ré-
volter, le seul topique qui lui convienne, et quelquefois le lait réussit
comme par enchantement. Dès le premier jour de son emploi comme ali-
ment exclusif, l'angoisse épigastrique diminue; les jours suivants, elle dis-
paraît complètement. Un sentiment de bien-être inexprimable la remplace
et les forces reviennent à vue d'ceil.
» Mais il arrive un moment où le lait commence à être moins agréable au
goût et à fatiguer l'estomac. Hâtons-nous de lui associer d'abord, pour lui
substituer plus tard, un autre mode d'alimentation, pour le choix duquel
56..
(4a4 )
les instincts de l'estomac doivent être consultés. Je ne saurai trop le répéter,
c'est le régime alimentaire qui est tout dans le traitement de l'ulcère simple
de l'estomac ; mais je ne connais rien de plus difficile à diriger que ce ré-
gime, relativement à la qualité et à la quantité des aliments, à leur tempé-
rature, à leur préparation, au nombre des repas.
» Quant aux médicaments proprement dits, je les regarde comme très-
secondaires dans ce traitement.
» Les amers, les ferrugineux sont ici formellement contre-indiqués. L'o-
pium ne réussit que dans le cas où l'élément gastralgique s'associe à l'é-
lément phlegmosique.
» L'eau gazeuse, la glace, la médication alcaline, et surtout le phosphate
de chaux préparé par la calcination des os et porphyrisé, les bains alcalins et
gélatineux, les ablutions fraîches sur toute la surface du corps , et dans quel-
ques cas des ablutions très-chaudes, des bains frais par immersion, et dans
quelques cas des bains de siège très-chauds également par immersion , des
frictions stimulantes avec massage sur toute la surface du corps, des déri-
vatifs ou révulsifs appliqués sur l'épigastre, tels que vésicatoires, cautères ;
voilà les moyens qui m'ont paru exercer une influence salutaire sur la
marche de la maladie.
» N'oublions jamais que l'ulcère simple de l'estomac est très-sujet à la
récidive et que cette récidive aboutit quelquefois à une hémorragie nui-
sible ou à la perforation de l'estomac. Or on préviendra bien certainement
toute récidive par une bonne hygiène alimentaire et par l'absence de médi-
caments stimulants.
Conclusions.
» i°. L'ulcère simple de l'estomac, véritable gastrite ulcéreuse, peut-
être toujours soupçonné et presque toujours positivement diagnostiqué.
» i°. Le diagnostic de l'ulcère simple de l'estomac est fondé sur les ca-
ractères différenciels qui le séparent, d'une part, de la gastralgie et de la gas-
trite non ulcéreuse, d'une autre part, du cancer de l'estomac.
» 3°. L'ulcère simple de l'estomac se distingue de la gastralgie idiopathique
par la permanence des accidents avec alternatives d'exaspération et de rémis-
sion, tandis que la gastralgie est temporaire, survient brusquement, disparaît
de même, ne laisse aucune trace après elle, et qu'elle est d'ailleurs soudaine-
ment calmée par l'opium.
» 4°- L'ulcère simple de l'estomac se distingue de la gastrite non ulcéreuse
non moins que de la gastralgie par les vomissements noirs et par les déjec-
tions noires.
( /|»5 )
» 5°. Il est infiniment probable qu'il existe des ulcères simples de l'es-
tomac sans vomissements noirs et sans déjections noires, et, dans ce cas,
le diagnostic différenciel entre l'ulcère simple et la gastrite non ulcéreuse
devient difficile.
» 6°. Les vomissements noirs ne sont nullement caractéristiques du cancer
de l'estomac. Ils sont communs au cancer et à l'ulcère simple.
» 70. Il en est de même des déjections noires, qui sont tout aussi caracté-
ristiques d'une gastrorragie que les vomissements noirs.
» 8°. Les vomissements noirs et les déjections noires sont en quelque sorte
plus inhérents à l'ulcère simple qu'au cancer de l'estomac ; car ils appar-
tiennent à toutes les périodes de l'ulcère simple dont ils sont souvent le
premier symptôme. On voit, au contraire, un grand nombre de cancers de
l'estomac sans vomissements noirs et sans déjections noires, et quand ils se
produisent, ce n'est le plus souvent qu'à la dernière période de la maladie.
» 90. Les caractères différenciels entre l'ulcère simple et le cancer se dé-
duisent : i° de signes physiques: absence de tumeur dans l'ulcère simple;
2° de la douleur : il y a assez souvent absence de douleur dans le cancer,
jamais absence de douleur dans l'ulcère simple ; 3° du caractère de cette
douleur: dans l'ulcère simple, sensation de plaie vive, de brûlure, de mor-
sure au niveau du sommet de l'appendice xyphoïde (point xyplioïdien),
retentissant à la région correspondante du rachis (point rachidien); dans le
cancer, crampes ou contractions spasmodiques avec durcissement de l'esto-
mac.
» io°. La véritable pierre de touche pour le diagnostic différenciel entre
l'ulcère simple et le cancer est dans la différence des effets du régime ali-
mentaire, qui échoue complètement dans le cancer et produit de merveil-
leux effets dans l'ulcère simple.
» 1 1°. Le grand problème à résoudre dans le traitement de l'ulcère sim-
ple, c'est de trouver un aliment qui soit toléré sans douleur par l'estomac ;
cet aliment une fois trouvé, la guérison s'effectue avec la plus grande fa-
cilité.
» 12°. Dans l'immense majorité des cas, le régime lacté est le seul qui
réponde parfaitement aux instincts de l'estomac dans le cas d'ulcère sim-
ple. Le lait semble agir à la manière d'un spécifique. Sa spécificité vient
exclusivement de son innocuité.
» 1 3°. Dans le traitement de l'ulcère simple, les moyens médicamenteux
proprement dits, tant intérieurs qu'extérieurs, ne peuvent être considé-
rés que comme des moyens secondaires. »
( 4*6 )
•
Médecine. — De l'organographisme, ou dessin des organes, considère' au
point de vue du diagnostic et du traitement; par M. Piorry. (Extrait par
l'auteur.)
(Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie.)
« On reprochait à la médecine d'être éminemment conjecturale, de con-
stituer seulement un art né de l'expérience, et non une science positive
ayant des méthodes rigoureuses, donnant des résultats précis capahles d'être
mesurés, et par suite comparables. Un pareil reproche ne saurait être jus-
tement adressé à la médecine moderne. L'art du diagnostic a fait d'immenses
progrès et ne le cède en rien, sous le rapport du positivisme, à la plupart des
autres sciences naturelles. Au lit du malade, les médecins instruits sont
d'accord sur les lésions existantes, et l'ouverture des corps, quand la mort
a lieu, vérifie presque toujours le jugement porté pendant la vie. Les causes
des maladies et l'action des médicaments sont aussi beaucoup mieux con-
nues que par le passé.
» C'est à l'inspection simple, ou rendue plus étendue par les instruments
d'optique, c'est à l'emploi du spéculum, c'est au palper direct ou médiat,
c'est à la percussion, et surtout au plessimétrisme, c'est à l'auscultation di-
recte ou à distance, c'est encore à la mensuration, à la pondération, à 1 ap-
préciation de la diaphanéité des organes, que l'on doit les progrès actuels
du diagnostic; l'analyse chimique, les expériences microscopiques et
les découvertes physiques ont contribué pour leur part à ces heureux
résultats.
» Le présent Mémoire a pour objet l'exposition d'une méthode qui
forme le complément de ces moyens de diagnostic; c'est le dessin linéaire
des organes, destiné soit à représenter leurs lésions, soit à faire juger pen-
dant la durée d'un mal, ou son traitement, des variations de forme, de vo-
lume qu'il présente.
» i°. Tantôt on reproduit sur du papier l'image des affections que l'on
veut étudier, et, pour le faire, M. Piorry recommande", de préférence aux
divers moyens qu'il a proposés, un crayon de mine de plomb assez tendre,
et qui a été longtemps trempé dans des huiles grasses, ce qui lui sert en gé-
néral de plume et d'encre. Ce crayon est destiné à figurer et à estomper en
quelques secondes presque tous les dessins d'anatomie que l'on veut con-
server. Ce procédé est applicable à un grand nombre de tumeurs, de ma-
(4*7 >
ladies de la peau, et surtout aux affections du col de la matrice. La photo-
graphie serait ici préférable; mais le temps et les frais qu'elle nécessite la
rendent pour la clinique tout à fait inapplicable.
» 2°. Ailleurs on trace sur la peau elle-même la limitation des organes
que l'on veut voir, ou dont on cherche à déterminer les limites. C'est le
même crayon dont il a été parlé qui, dans ce cas, réussit le mieux. L'azo-
tate d'argent est préférable alors que l'on veut se servir non-seulement d'un
moyen graphique, mais encore d'une substance légèrement cautérisante et
propre à arrêter l'extension d'un mal, d'un érésipèle par exemple. Par ces
procédés on limite, on mesure, on montre aux yeux l'étendue, la forme, la
circonscription des organes ou des phénomènes maladifs.
» Je dessine ainsi à la surface du corps de l'homme, i° les résultats de
la palpation du foie, de la rate, des tumeurs, etc. ; i° la limitation des sur-
faces douloureuses, sensibles ou paralysées, et cela à l'effet d'apprécier
les progrès ou la décroissance du mal ; ou encore de représenter un nerf
endolori; 3° les limites d'un espace où la fluctuation existe; 4° la configu-
ration des organes, la hauteur du niveau d'un épanchement, l'étendue
d'une région indurée, ramollie, contenant des gaz ou des liquides, et le
tout déterminé par le plessimétrisme ; 5° les espaces où l'auscultation fait
reconnaître les diverses variétés de respiration, de souffle, de râles, de voix,
de bruits ; 5° l'indication fixe du point où à l'aide d'un lien métrique
on a mesuré un organe.
» Enfin, je pense que dans toute opération où la peau doit être incisée,
il est utile pour diriger un jeune chirurgien pendant qu'il agit; l'art a ainsi
un moyen de plus de guider sa main mal assurée.
» J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie des dessins au
crayon tracés par moi et des figures plessimétriques obtenues par la gravure
sur bois.
» L'organographisme, d'après l'idée générale que je m'en suis faite,
est, comme on le voit, applicable non-seulement à la percussion, mais en-
core à la plupart des méthodes d'investigation : je ne crois pas qu'il ait été
proposé avant moi d'une manière générale et vraiment scientifique. Cette
méthode me paraît donner au diagnostic un degré de certitude déplus, et
j'ai cru ne pouvoir en fair», pour la première fois, l'exposition complète
d'une manière plus digne qu'en la faisant dans cette enceinte. »
( 428 )
MÉMOIRES PRESENTES.
L'Académie reçoit un Mémoire destiné au concours pour le grand prix
des Sciences mathématiques (question concernant la théorie des phéno-
mènes capillaires), prix proposé pour r 854? remis à 1 856.
Ce Mémoire portant pour épigraphe : « Quid potui jeci , faciant meliora
potentes, » a été inscrit sous le n° i .
physiologie végétale. — Recherches expérimentales sur les rapports des
plantes avec V humidité atmosphérique. Premier Mémoire : Rapports des
plantes avec la vapeur deau répandue dans l'air; par M. P. Duchartre.
(Extrait par l'auteur. )
(Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.)
I. Rapports des feuilles avec la vapeur invisible de l'air.
« Dans l'historique qui forme l'avant-propos du Mémoire que j'ai l'hon-
neur de soumettre aujourd'hui au jugement de l'Académie, j'expose les ex-
périences et les assertions contradictoires, d'un côté, de Miller, Duhamel,
Meven, qui attribuent aux feuilles la faculté d'absorber la vapeur invisible
de l'air; de l'autre, de Guellard, de MM. Treviranus et Unger, qui révo-
quent en doute l'existence de cette faculté ou qui la nient (M. Unger) de
la manière la plus formelle. Il résulte que la science se trouvait, à ce sujet,
dans un état d'incertitude qui appelait une vérification expérimentale.
» Les expériences que j'ai faites ont porté : i° sur onze espèces terres-
tres, à feuilles non charnues (Tulipier, Lilas commun, Chionanthus virgi-
nica, Phillyrea latifolia, Kalmia latifolia, Vihurnum Tinus, Magnolia
grandiflora, Ilex halearica, I. aquifolium, Erjngium marimitum, Diotis
candidissima) ; i° sur dix espèces terrestres à feuilles plus ou moins char-
nues, ou plantes grasses ( Talinum patens, Crithmum maritimum, Pereskia
Bleo , Stapelia repens , Cotylédon tuherculosum , Sedum dasyphyllum ,
S. latifolium, S. anacampsews, Crassulalactea, Sempervivum tectorum) ;
3° sur quatre plantes épiphytes {Angrœcum eburneum, Dendrobium mos-
chatum, Epidendrum elongatum, Spironema fragrans). De ces expériences
je déduis les conclusions suivantes :
» i°. Les feuilles, soit minces et sèches ou herbacées, soit épaisses et
charnues, appartenant à des plantes terrestres ou à des plantes épiphytes,
( frb )
sont privées de la faculté d'absorber, pour s'en nourrir, la vapeur aqueuse
répandue dans l'air, même quand cette vapeur s'y trouve en grande abon-
dance. •
» a0. Les plantes grasses, non arrosées et sans le contact de l'eau, sont
remarquables par la régularité avec laquelle elles diminuent de poids dans
une atmosphère confinée très-humide, et, sous ce rapport, elles ne présen-
tent que de légères différences avec ce qui a lieu chez elles à l'air libre. Leur
diminution de poids, constante et graduelle, mais lente, n'empêche pas que
leur végétation ne se continue pendant longtemps et qu'elles ne dévelop-
pent des productions nouvelles. Mais c'est uniquement aux dépens de cer-
taines de leurs parties qu'elles végètent ainsi , et l'on peut dire que, chez
elles, l'activité vitale ne fait que se déplacer. Généralement leurs feuilles ou
parties inférieures s'épuisent ou meurent à mesure que leurs sommités crois-
sent et s'allongent.
» 3°. Les plantes très-glauques et celles que couvre une épaisse couche
de poils ne diffèrent en rien de la généralité, malgré l'état particulier de
leur surface.
» 4°- Les feuilles des plantes épiphytes, auxquelles on attribue beau-
coup d'importance pour la nutrition de ces végétaux, loin de puiser de
l'humidité dans l'air, comme on le suppose généralement, se font plutôt
remarquer par la régularité, souvent même par la rapidité avec lesquelles
elles perdent de leur poids, bien que placées dans une atmosphère extrê-
mement humide.
II. Rapports des racines aériennes avec la vapeur d'eau répandue dans l'air.
» L'étude expérimentale de cette question avait un haut intérêt, soit en
elle-même et pour l'intelligence de la végétation des plantes épiphytes, soit
à cause de l'opinion universellement répandue que les racines aériennes de
ces végétaux puisent dans l'atmosphère la vapeur aqueuse qui s'y trouve ré-
pandue et .qui deviendrait ainsi, pense-t-on, l'un des matériaux les plus
essentiels à leur nutrition. Elle acquérait, en outre, une importance plus
grande encore en raison de deux expériences publiées récemment par
M. Unger, dans lesquelles ce célèbre botaniste allemand a cru voir la dé-
monstration expérimentale d'une absorption d'humidité en vapeur opérée
par les racines aériennes. Je rapporte en détail des expériences que j'ai
faites dans des conditions variées à dessein, et dont les sujets ont été
huit Qrchidées {Dcndrobium moschatum, D. nobile, Dendrobium spec,
Epideridrwn çlongatunij Oncidium ampliatum , O. Lanceanurn, Brassavola
C. R., i836, i" Semestre. (T. XLII, N° 9.) $1
U3o )
Perrina, Ornithidium densiflorum) , deux Broméliacées (deux Tillandsia
indéterminés) et une Commélynée (Spironema fragrans) , l'une des deux
plantes observées par M. Ungef . J'y ai ajouté deux expériences faites sur
deux espèces d'Aroïdées ( Philodendron) pourvues à la fois de racines terres-
tres et de racines aériennes. Je tire de ces nombreuses observations la conclu-
sion, en désaccord complet avec l'opinion reçue, que les racines aériennes
des plantes épiphytes sont dépourvues de la faculté d'aspirer de la vapeur
aqueuse dans l'air au milieu duquel elles se trouvent. Je puis donc énoncer
comme général ce fait intéressant, que l'humidité invisible répandue dans
l'atmosphère, quelque forte qu'en soit la proportion, ne contribue en rien
à la nutrition de ces plantes; que dès-lors elle ne peut avoir pour elles
d'autre avantage que d'affaiblir leur transpiration, à moins que, par l'effet
d'un changement d'état, elle n'entre avec elles dans des relations d'un or-
dre différent et, dans tous les cas, immédiates. »
physique. — Note sur la force électromotrice des piles dans lesquelles on
emploie des métaux amalgamés ; par M. J.-M. Gaitgain. (Présentée par
M. Despretz. )
(Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés :
MM. Becquerel, Pouillet, Regnault.)
« On sait depuis longtemps que le zinc amalgamé est supérieur en force
(suivant le langage de Faraday) au zinc non amalgamé, c'est-à-dire que la
force électromotrice d'une pile dans laquelle le zinc joue le rôle de métal
négatif, est plus considérable quand le zinc est amalgamé que quand il ne
l'est pas; mais les physiciens sont loin d'être d'accord sur l'explication de
ce fait. Trois théories ont été mises en avant par Davy, par Faraday et par
M. Becquerel, et M. Jules Regnault vient d'en proposer une quatrième dans
un travail récemment publié [Annales de Chimie, tome XLIV, page 484)-
Les recherches dont je vais rendre compte me semblent prouver 'qu'il n'y a
d'admissible que l'explication de Davy que je vais citer, d'après le Mémoire
de M. Jules Regnault : « Ce n'est pas, dit Davy, une propriété inhérente
» ou spécifique de chaque métal qui lui donne pon caractère électrique,
» mais celui-ci dépend de l'état particulier du corps, d'une forme d'agré-
» gation qui le dispose aux combinaisons chimiques » . Quand on suppose
que la cause première des phénomènes électriques réside dans les combi-
naisons chimiques effectuées, il peut paraître singulier que la force élec-
tromotrice résultant de la combinaison de deux substances' déterminées
(43i )
puisse varier avec les circonstances dans lesquelles s'effectue la combinaison ;
mais si, au lieu de considérer les combinaisons chimiques comme une cause,
on les considère comme un effet, et si l'on admet, avec Faraday, que la
force électromotrice et l'affinité sont une seule et même chose, alors l'in-
fluence de l'amalgation des métaux sur leur force électromotrice n'a plus
rien de surprenant ; car on sait très-bien que l'affinité réciproque de
deux substances données est une force qui peut être modifiée par une foule
de circonstances, et notamment par l'état de division des substances que
l'on considère. Je vais essayer tout à l'heure de donner une forme plus
précise à l'explication de Davy; mais il est utile d'exposer d'abord un cer:
tain nombre de faits d'observation que je crois nouveaux.
» MM. Wheatstone et J. Regnault ont trouvé, chacun de leur côté, que
la proportion de métal contenue dans un amalgame n'affecte pas la force
électromotrice des couples dont l'amalgame fait partie. Le fait est sûrement
exact quand on se borne à considérer les amalgames sur lesquels ont opéré
les savants que je viens de nommer ; mais il s'en faut de beaucoup qu'il soit
vrai d'une manière générale. Considérons d'abord le couple à un seul
.. ., /zinc— mercure\ , \-, '»..- , , ,
liquide — T7 . — - -Le zinc est negatit par rapport au mercure (c est-a-
^ \sullate de zinc/ a r rr »
dire que le courant marche, à travers le liquide, du zinc au mercure)-, et la
force électromotrice du couple dépasse 200 unités thermo-électriques
quand le mercure est pur. Mais si l'on introduit graduellement
dans le mercure des quantités croissantes de zinc, la force électromotrice
du couple va en diminuant rapidement, et devient nulle pour une certaine
proportion de zinc, qui est très-minime; si l'on augmente un peu cette
proportion, la force électromotrice change de signe, l'amalgame devient
négatif par rapport au zinc, et la valeur absolue de la force électromotrice
va en augmentant avec la proportion du zinc, tant que cette proportion ne
dépasse pas une certaine limite ; au delà de cette limite, les nouvelles quan-
tités de zinc introduites ne font plus varier la force électromotrice ; celle-ci
conserve une valeur sensiblement constante et voisine de 8 unités ther-
mo-électriques, tant que l'amalgame reste liquide. Enfin, quand on emploie
un amalgame complètement solide, la force électromotrice diminue de nou-
veau et s'abaisse au chiffre 6 unités. Toutes les expériences dont je viens de
résumer les résultats ont été faites avec le zinc du commerce; avec du zinc
pur, les forces électromotrices des divers amalgames eussent présenté sans
doute des valeurs absolues un peu différentes, mais leurs variations eussent
bien sûrement suivi la même marche.
57-
(43^ )
>, . , , , , cadmium — amalgame de cadmium ,
» Considérons encore les couples ^ — -5-^ — t— : ; dans
r sulfate de cadmium
cette classe de couples, la direction du courant est indépendante des pro-
portions de l'amalgame ; le cadmium est toujours négatif; mais la force
électromotrice peut varier entre des limites assez étendues; lorsque l'amal-
game de cadmium est complètement solide, la force électromotrice du couple
dont il fait partie est égale à 5 unités j— — > -, mais si l'on emploie succes-
sivement une série d'amalgames contenant des quantités décroissantes de
cadmium, on trouve que les valeurs correspondantes de la force électromo-
trice vont en augmentant, et j'ai constaté que cette force dépasse 3i unités
quand on remplace-l'amalgame par du mercure pur.
» Tous ces faits peuvent aisément se concevoir, quand on part de cette
hypothèse fondamentale que la force électro motrice est l'affinité chimique
elle-même. En effet, l'amalgamation modifie de deux manières différentes
les affinités des métaux qui subissent cette opération; d'une part, elle dé-
truit leur cohésion, et en les divisant elle les rend plus aptes à former des
combinaisons nouvelles, ce qui revient à dire ( du moins quand il s'agit des
métaux oxydables) qu'elle les rend plus négatifs ; mais, d'un autre côté, l'a-
malgamation substitue à la cohésion une force nouvelle, l'affinité du mercure
pour le métal, qui s'oppose à son. tour à ce que ce métal s'engage dans de
nouvelles combinaisons, et qui, par conséquent, tend à le rendre plus positif.
Or il est évident que l'affinité du mercure pour le métal amalgamé doit
varier non-seulement avec la nature de ce métal, mais encore avec les pro-
portions de l'amalgame, et l'on conçoit qu'elle peut être, suivant les cir-
constances, plus grande ou plus petite que la cohésion dont elle prend la
place ; il résulte de là qu'en définive l'amalgamation peut avoir pour résultat
d'augmenter, de diminuer ou de ne pas modifier du tout la force électro-
motrice des couples dont les métaux amalgamés font partie ; il me paraît
superflu d'appliquer ces principes à l'explication des faits que j'ai exposés
en commençant, mais je crois devoir indiquer en quelques mots les raisons
qui me portent à rejeter les diverses théories qui ont été proposées.
» Faraday attribue la supériorité du métal amalgamé à l'état du liquide
ambiant : « Comme le zinc ordinaire, dit-il, agit seul et directement sur
» le liquide, tandis que celui qui est amalgamé ne le fait pas, le premier
» ( par l'oxyde qu'il produit) neutralise rapidement l'acide en contact avec
» la surface, de telle sorte que le progrès de l'oxydation est retardé, tandis
» qu'à la surface du zinc amalgamé, l'oxyde formé est instantanément
» enlevé par l'acide libre, et la surface métallique nette est toujours prête
( 433 )
» à agir sur l'eau avec toute sou énergie. » Cette théorie me paraît tout à
fait impropre à rendre compte des faits que je viens d'exposer. Si elle était
vraie, elle devrait s'appliquer au cadmium comme au zinc ; car si le cad-
mium non amalgamé est faiblement attaqué par l'eau acidulée, le cadmium
amalgamé l'est encore moins; et, comme nous venons de le voir, l'amal-
gamation qui rend le zinc plus'négatif, rend le cadmium plus positif : d'un
autre, côté, la supériorité du zinc amalgamé par rapport au zinc ordinaire
ne se manifeste pas seulement quand ces métaux sont plongés dans l'eau
acidulée, elle subsiste quand on emploie une dissolution de sulfate de zinc,
et, dans ce cas, le zinc ordinaire n'est pas attaqué d'une manière appré-
ciable par le liquide ambiant. Je crois pouvoir ajouter que l'explication à
laquelle je me suis arrêté est plus conforme à l'ensemble des vues de
Faraday, que celle qui a été proposée par Faraday lui-même.
a Suivant une seconde théorie, l'infériorité du zinc non amalgamé serait
due aux actions locales, c'est-à-dire aux courants dérivés qui s'établissent
à sa surface j entre les particules hétérogènes que présente cette surface :
cette théorie explique très-bien pourquoi le zinc du commerce est vive-
ment attaqué par l'eau acidulée, tandis que le zinc amalgamé ne l'est pas;
mais elle n'explique point. ce fait constaté par M. Jules Regnault, que le
zinc pur amalgamé est supérieur au zinc pur non amalgamé, et elle ne peut
rendre compte d'aucun des faits que j'ai exposés en commençant.
» Je passe enfin à l'explication que M. Jules Regnault a proposée; elle
consiste à dire que le zinc liquéfié par l'amalgamation contient une cer-
taine quantité de chaleur latente qui ne se trouve pas dans le zinc solide,
et que cette chaleur latente apparaît sous forme d'électricité dans l'excès
de force électromotrice. D'abord cette théorie suppose que la chaleur la-
tente peut devenir de la force électromotrice : or, cela revient à dire que
le changement d'état du corps développe de l'électricité, et toutes les expé-
riences qui ont été tentées jusqu'ici dans le but d'établir ce fait, n'ont donné
que des résultats négatifs; en second lieu, on peut préparer des amalgames
de zinc complètement solides qui sont, comme les amalgames liquides ou
pâteux, supérieurs au zinc non amalgamé, et qui pourtant ne renferment
pas de chaleur latente ; enfin, la théorie de M. Jules Regnault n'explique
pas mieux que les deux précédentes l'infériorité du cadmium amalgamé
par rapport au cadmium non amalgamé. »
( 434 )
géologie. — Note sur la présence des zircons dans les sables marins
tertiaires (pliocène) de Soret, dans les environs de Montpellier;
par M. Marcel de Serres. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Élie de Beaumont, ï)ufrénoy, Babinet.)
« Il existe dans les environs de Montpellier, sur les bords du Lez et sur
sa rive gauche, de nombreux monticules sablonneux formés par des amas
considérables de sables marins tertiaires pliocènes. Ces sables renferment
des débris de Mammifères terrestres, ainsi que de Cétacés, des Mollusques
et des Zoophytes marins. Les mêmes sables recèlent également, vers leur
surface, quelques espèces minérales peu communes, parmi lesquelles nous
signalerons les spinelles rubis, les spinelles noirs ou pléonastes, ainsi que
des cristaux d'oxydule de fer magnétique ou ferrate de fer. Ces minéraux
s'y présentent parfois en tétraèdres ou en octaèdres dont les formes sont
assez bien conservées. Ces différentes espèces n'ont certainement pas la
même origine ni la même date que les sables marins au milieu desquels on
les découvre. S'ils se trouvent dans leurs masses, c'est qu'ils y ont été trans-
portés. Ils paraissent en effet provenir des terrains volcaniques d'épanche-
ment de Montferrier. Toutefois ces terrains sont bien sur les bords du Lez,
mais ils sont placés sur la rive opposée à celle où l'on rencontre les
cristaux que nous venons de signaler.
» Nous n'avions pas jusqu'à présent découvert dans cette localité- d'au-
tres espèces minérales que celles que nous avons mentionnées ; il en avait
été de même de Draparnaud, qui n'y avait pas aperçu les spinelles rubis,
dont la vive couleur rouge n'est pas le caractère le moins saillant. Plus
heureux que nous, M. Poujol, jardinier en chef de l'École de Pharmacie,
vient d'y rencontrer un assez gros cristal de zircon. Ce cristal comparé
avec des zircons de différentes localités, dont les uns proviennent de
Ceylan, les autres d'Expailly, près du Puy en Vélay, ou de la Norwége,
nous a paru se rapprocher plutôt de ceux de cette dernière contrée que des
autres régions. Sa couleur rougeàtre est plus sombre et moins vive que
celle des zircons d'Expailly ; en même temps, ses nuances sont moins
foncées que celles du silicate de Norwége —
» Le silicate de zircone, nous le répétons, n'est pas, dans les sables de
Soret, dans son véritable gisement, pas plus que les spinelles, les pléonastes
et l'oxydule de fer magnétique. S'il s'y trouve, c'est qu'il y a été entraîné
avec les espèces minérales qui l'accompagnent. Sa découverte dans les envi-
(435 )
rons de Montpellier, quoiqu'il y soit dans un gisement emprunté, n'en a
pas moins d'intérêt pour la connaissance des minéraux de nos contrées mé-
ridionales. Cet intérêt est d'autant plus grand, que l'on se demande à quelle
époque ces zircons, étrangers à la localité où ils ont été observés, peuvent
avoir été transportés par les eaux ou par toute autre cause dans les lieux où
ils sont maintenant disséminés.
» Cette époque se rattache-t-elle aux temps géologiques ou aux temps
historiques? Il nous paraît même, indépendamment de la position de
Montferrier, qui est sur une autre rive du Lez que celle où se trouvent les
monticules sablonneux de Soret, que cette époque se rapporte plutôt aux
premiers qu'aux temps actuels. En effet, si ces diverses espèces minérales
avaient été entraînées dans l'époque à laquelle nous appartenons, les mêmes
causes devraient continuer à en opérer le transport, non-seulement dans
une localité restreinte et bornée, mais sur tout le cours inférieur du Lez(j).
On n'a pas vu cependant ailleurs qu'à Soret, les spinelles et les zircons,
indépendamment de ceux qui gisent dans les laves compactes ou les tufs
volcaniques de Montferrier. »
physiologie. — Recherches expérimentales sur cette queition : « L'eau et les
substances dissoutes sont-elles absorbées par la peau? » par M. Poulet.
(Extrait.)
(Commissaires, MM. Flourens, Rayer, Cl. Bernard.)
L'auteur, en terminant son Mémoire, résume dans les termes suivants les
résultats principaux des expériences qu'il y a consignées :
« i°. Le corps d'un homme plongé pendant une heure dans un bain
d'eau à 28 degrés, perd une très-faible partie de son poids; mais dans la
deuxième heure, la déperdition ne s'élève pas à moins de 5o grammes.
» 20 Ce qui rend la perte presque ou tout à fait insensible pendant la
première heure, ce n'est pas l'absorption de l'eau du bain qui viendrait
contre-balancer les effets de la perspiration pulmonaire et d'un reste de
transpiration cutanée, mais bien l'imbibition de l'épiderme et des poils,
matières très-hygroscopiques. En effet, si la conservation du poids du corps
(1) Il existe en amont de Soret, sur la même rive du Lez, de nombreux monticules
sablonneux, dans lesquels sont ouvertes les carrières de sable, désignées sous le nom de la
Bompignane. On n'y a jamais rencontré les espèces minérales objet de cette Note. Il en
serait certainement autrement si les crues du fleuve étaient la cause de leur transport.
( 436 )
était due à l'absorption de l'eau, le même phénomène se reproduirait inévi-
tablement pendant la seconde heure d'immersion ; car l'eau qui aurait
pénétré dans les cellules épidermiques, serait bientôt entraînée par le tor-
rent circulatoire et remplacée par d'autre. Or loin de là, le corps perd,
comme nous l'avons dit, pendant cette deuxième heure, une proportion
notable de son poids.
» 3°. Cette déperdition, qui dépasse de beaucoup celle que Lavoisier
et Seguin ont assignée à l'influence de la perspiration pulmonaire (en
moyenne 1 8 grammes par heure), est due : i ° à une augmentation d'activité de
cette dernière, tant par le fait d'une accélération'de la respiration, que parce
qu'elle est une fonction supplémentaire de. la transpiration cutanée en
grande partie supprimée ; ft a° à la transpiration cutanée des organes non
immergés (de même qu'à un reste de transpiration cutanée des organes
plongés dans l'eau).
» 4°- Les expériences tentées jusqu'à ce jour par divers physiologistes
pour démontrer l'absorption de l'eau dans le bain n'ont point abouti, parce
qu'ils n'ont pas songé à se débarrasser d'une cause d'erreur flagrante ; je
veux parler de la propriété hygrométrique de l'épiderme et des poils. Au
moyen de deux bains immédiatement consécutifs et d'une triple pesée, j'ai
pu, comme je le montre dans mon Mémoire, faire la part de l'imbibition
de ces organes et exonérer la peau d'un attribut qu'elle n'a jamais possédé.
» 5°. L'augmentation de quantité de l'urine n'est pas une preuve de
l'absorption de l'eau dans le bain ; car, d'après la loi de l'antagonisme des
sécrétions, les variations de la quantité du liquide urinaire étant en raison
inverse de celles de la sueur, il est simple que l'urine augmente quand la
transpiration cutanée est^en tout ou en partie supprimée.
» 6°. Il est vrai, comme l'a annoncé M. Homolle, que la densité de
l'urine diminue par le fait du bain simple; mais cette diminution n'est que
la conséquence de l'augmentation de l'urine : elle ne prouve donc rien de
plus que cette dernière. .
» 70. L'urine devenant alcaline aussi bien après le bain acide qu'après
le bain alcalin, l'alcoolisation des urines à la suite des bains minéraux, loin
de servir à la démonstration de la doctrine de l'absorption par la peau, est
au contraire un des meilleurs arguments à y opposer.
» 8°. On ne trouve pas un atome d'antimoine dans l'urine, après l'usage
répété des frictions stibiées. Et pourtant, pour peu qu'on administre à l'in-
térieur quelques centigrammes de tartre stibié, à doses fractionnées, on en
retrouve la trace dans l'urine.
( 437 )
» 9°. L'emploi externe de l'extrait fluide de belladone, ne donne lieu à
la dilatation de la pupille, qu'à la condition d'être en contact avec la con-
jonctive.
» i o°. Donc la peau n'absorbe ni l'eau, ni les substances solubles, pourvu
d'une part que l'épiderme soit intact et ne puisse être altéré par les agents
employés, et d'autre part que ceux-ci ne soient point volatils.
» 1 1°. Enfin, bien que les divers agents qui ne sont ni volatils ni suscep-
tibles de léser l'épiderme, n'agissent jamais par absorption .lorsqu'ils sont
appliqués sur la peau, cela ne veut pas dire qu'il faille renoncer à leur
usage externe. Il reste d'autres modes d'action, l'influence électrique sur-
tout, qui en motivent l'emploi et qui expliquent le mieux qu'on en a par-
fois éprouvé. »
médecine légale. — Existence du phosphore à l'e'tat libre dans les organes
constatée plus de trente jours après la mort; Réclamation de priorité
adressée par M. Duchesne. (Extrait.)
(Renvoi à l'examen des Commissaires désignés pour la Note de MM. Orfila
et Rigout : MM. Dumas, Pelouze, Cl. Bernard.)
« MM. Orfila et Rigout, dans un Note concernant l'action du phos-
phore rouge sur l'économie animale (Compte rendu de la séance du 4 fé-
vrier 1 856), disent que dans les cas d'empoisonnement par le phosphore
ordinaire , ce corps peut exister dans les organes, à l'état libre, quinze jours
après la mort. « Ce fait, ajoutent-ils, s'il a été entrevu ou vaguement prévu,
» n'a pas été jusqu'à présent, que nous sachions, observé. »
» Pour démontrer ce qu'il y a d'erroné dans cette assertion, il nous suf-
fira de citer deux faits :
» Dans l'empoisonnement du jeune F , décédé le ia novembre i85/j,
à Condé-sur-Huisne, une commission rogatoire, du a3 novembre 1 854,
nommait comme experts MM. Chevallier, Lassaigne et Duchesne, et le
io décembre, en examinant les organes, nous remarquions « dans la por-
tion iliaque du gros intestin, au milieu de quelques matières fécales et de
mucosités verdâtres, de petits fragments d'une matière jaunâtre qui ne s'é-
crasent pas sous le scalpel , fument au contact de l'air, et projetés sur des
charbons ardents, donnent une vive lumière jaunâtre et une odeur très-pro-
noncée et très-caractéristique; nous avions trouvé le poison et ce poison était
du phosphore. » Dans cette première affaire, nous avons donc constaté
C R., i856. i" Semestre. (T. XLII, N°9.) 58
( 438 )
qu'il existait du, phosphore libre, que nous avons pu réunir et fondre en
culot, plus de trente jours après le décès de l'enfant.
» 2°. Dans l'empoisonnement de la femme Picquet, décédée le 1 5 décem-
bre 1854, à Abjat (Dordogne), une commission rogatoire, du il\ jan-
vier i855, nommait comme experts MM. Chevallier, Réveil , Duchesne, et
le 3o janvier, c'est-à-dire quarante-cinq jours après le décès, nous trouvions
du phosphore libre vers la fin du gros intestin. Ces faits sont constatés dans
notre Rapport et dans l'Echo deVésone du io juillet 1 855. »
physique du globe. — Sur les eaux thermales de Nauheim {Hesse élec-
torale). Origine du sel marin et de l'acide carbonique que ces eaux
contiennent. Nouvelle théorie du jaillissement de ces sources ; par
M. HoTl HI.Al .
(Commissaires, MM. Pelouze, Despretz, de Verneuil.)
L'auteur résume dans les propositions suivantes les résultats des recher-
ches qui font l'objet de son Mémoire :
« i°. Les sources thermales de Nauheim ne sont pas salées par des
dépôts de sel gemme ou par l'effet des infiltrations de l'eau de mer.
» 2°. Elles le sont par la dissolution du chlorure de sodium contenu
dans les couches houillères.
» 3°. Les sources de Nauheim ne jaillissent point en vertu de la théorie
du siphon universellement admise et presque toujours vraie.
» 4°- Elles jaillissent en vertu de la force d'expansion et de la pression
de l'acide carbonique dont elles sont saturées et qui se trouve à leur surface,
force à laquelle on doit, dans de certaines limites, ajouter la puissance de la
vapeur d'eau que développe la chaleur intérieure du globe et celle de la
décomposition chimique des carbonates calcaires. »
économie rurale. — Boisson alcoolique extraite de l'hélianthe tubéreux,
vulgairement topinambour. (Extrait d'une Note de M. Decharmes.)
(Commissaires, MM. Pelouze, Payen.)
« M. de Renneville, agriculteur distingué, ayant remarqué que les en-
fants qu'il occupait à la récolte des topinambours en suçaient continuelle-
ment les tiges auxquelles ils trouvaient une saveur sucrée, a pensé qu'on
pourrait en obtenir une liqueur vineuse, et à cet effet il a remis 3oo gram-
(43g)
mes environ de tiges d'hélianthe à un pharmacien d'Amiens, M. Bénard,
qui a opéré de la manière suivante :
» Les tiges, après avoir été coupées avec un couteau à racines et divisées
dans un mortier de marbre , ont été abandonnées à la macération avec
4oo grammes d'eau froide. Au bout de douze heures, le tout a été exprimé à
travers une toile. On a obtenu 3oo grammes d'une liqueur sucrée qui mar-
quait 9 degrés au pèse -sirop (densité = i,o65). On a versé ensuite
3oo grammes d'eau froide sur la pulpe; et après douze heures de macération,
on a exprimé de nouveau et obtenu 3oo grammes d'une seconde liqueur
sucrée marquant encore 5 degrés. On aurait pu obtenir une troisième
liqueur, car la pulpe n'était pas épuisée.
» Ces deux liqueurs, additionnées séparément d'un peu de levure, ont
éprouvé bientôt la fermentation alcoolique, qui a duré plus de quarante-
huitheures. Alors les liqueurs ont été filtrées : lapremière, qui portait 9 degrés
au pèse-sirop avant la fermentation, n'en marquait plus que 5 ; et la seconde
était descendue de 5 à 1 degrés. Ces liqueurs, surtout la première, possèdent
une saveur vineuse légèrement sucrée et agréable. La seconde a la couleur
du vin de Madère ; l'autre a une teinte un peu rougeâtre.
» Il résulte de cette petite expérience qu'avec 5o kilogrammes de tiges de
topinambour, on peut obtenir 1 hectolitre de liqueur aussi spiritueuse que
le cidre le plus fort. Ajoutons que la pulpe peut être donnée aux bestiaux,
qui la mangent avec autant d'avidité que celle de betteraves qui a servi à
faire du sucre.
» Il est à remarquer que l'hélianthe viéVit bien dans un sol de mauvaise
qualité et que ses tiges n'avaient été jusqu'ici d'aucun usage. »
économie ruuale. — Mémoire sur la conservation des blés dans les silos
souterrains. — Inconvénients et difficultés que présente ce mode de con-
servation en France; moyens d'y remédier; par M. Herpin.
(Commissaires, MM, Becquerel, Boussingault, de Gasparin.)
« Il résulte de nos recherches, dit M. Herpin en terminant son Mé-
moire :
» i°. Que la conservation des blés français dans les silos souterrains
exige des conditions et des précautions particulières, qui ne sont pas néces-
saires pour les blés d'Espagne et des pays chauds qui contiennent moins
d'eau et qui sont moins hygrométriques que les nôtres ;
» 20. Que pour conserver nos blés en silos, il faut non-seulement leur
58..
( 44o )
enlever l'excès d'eau qu'ils contiennent naturellement, mais encore les
maintenir dans un état suffisant de siccité pendant toute la durée de la
conservation, et leur enlever au fur et à mesure, par des moyens artificiels,
l'humidité qu'ils pourraient absorber accidentellement dans les réservoirs
souterrains. »
économie rurale. — Sur un perfectionnement apporté à un procédé de
conservation pour les céréales ; par M. Carmigxac-Descombes père.
Le procédé que l'auteur s'est proposé d'améliorer est celui qu'avait re-
commandé feu le général Demarcey, et qu'ont essayé également avec succès
MM. Darbelay frères. « Ce procédé, qui consiste à renfermer les grains dans
des silos à double enceinte, a été, dit l'auteur, accueilli peu favorablement,
sans doute parce qu'on a pensé que des greniers souterrains en charpente
n'offraient pas assez de garanties, de solidité et de durée; je propose, en
conséquence, de remplacer cette charpente par une maçonnerie imper-
méable. »
(Commissaires désignés pour le Mémoire de M. Herpin : MM. Becquerel,
Boussingault, de Gasparin.)
mécanique. — Nouvelles expériences sur le pendule irrigateur;
par M. E. Gand.
L'auteur annonce avoir constaté dans ces expériences que les « révolu-
tions du pendule lancé latéralement sont isochrones, comme les oscillations
du pendule ordinaire passant par la verticale; » il établit ensuite un rap-
prochement entre le déplacement du grand axe de la courbe parcourue par
le pendule et celui du grand axe des orbites planétaires.
Cette communication et celle à laquelle elle fait suite, sont renvoyées à
l'examen d'une Commission composée de MM. Cauchy, Liouville et
Combes.
chimie organique. — Mémoire sur l'huile douce du vin et sur les produits
secondaires qui prennent naissance à la suite de V éthérifwation; par
M. Blondeau.
(Commissaires, MM. Dumas, Balard.)
(44i )
CORRESPONDANCE.
M. Hannover, qui, dans la séance publique du 28 janvier dernier, a ob-,
tenu une récompense pour ses recherches sur l'anatomie, la physiologie
et la pathologie de l'œil, adresse ses remercîments à l'Académie.
ASTRONOMIE. — M. GoLDSCHMiDT a fait sur une étoile variable remar-
quable une suite d'observations propres à en déterminer la période, et
que M. Le terrier communique à l'Académie.
Géographie zoologique. — Considérations sur les poissons du Don, du
Dnèpre, du Dnestre, du Boug et du Danube; par M. P. de Tchihatchef.
« A une époque où la question de l'acclimatation des poissons préoc-
cupe les, savants, l'étude des faunes ichthyologiques des grands fleuves ac-
quiert une importance toute particulière, surtout lorsqu'il s'agit de cours
d'eau dont les richesses n'ont pas encore été complètement révélées à la
science. J'ai donc lieu d'espérer que l'Académie ne trouvera peut-être pas
indigne de son attention les considérations que j'ai l'honneur de lui sou-
mettre sur les poissons des principales rivières qui débouchent du côté du
nord et de l'ouest dans la mer Noire. Ces considérations pourraient avoir
d'autant plus d'intérêt, qu'elles ont particulièrement pour base des obser-
vations neuves et inédites que je dois à l'obligeance de M. Ressler, profes-
seur de zoologie à l'Université de Kiew, qui à ma prière a bien voulu
réunir et me. communiquer les matériaux aussi précieux que nombreux
qu'il possède sur les poissons du Dnèpre, du Boug et du Dnestre. Afin de
faire mieux apprécier les faunes de ces trois fleuves, j'ai cru devoir les com-
parer avec celles des cours d'eau limitrophes, et nommément avec celles du
Don et du Danube ; d'ailleurs cela me fournit l'occasion de mieux faire
connaître aux savants le travail d'un zoologiste russe, M. Czernay, qui a
publié, en i85a, une faune du gouvernement de Rarkoff, mais dont l'ou-
vrage, rédigé en russe et imprimé dans une ville lointaine de ce vaste em-
pire, est à peu près inaccessible à la majorité des savants. Quant au Danube,
j'ai fait usage du Spécimen Ichthjologiœ Hungariœ de Reisinger, après avoir
traduit en langage moderne la nomenclature linnéenne dont cet auteur
s'est servi. Le tableau suivant, où j'ai réuni les matériaux puisés à ces diffé-
( 44* )
rentes sources, résume les faunes ichthyologiques du Don, du Dnèpre, du
Boug, du Dnestre et du Danube.
NOMS DES ESPECES.
Perça fluviatilis, L
Aspro Zingel, Cuv.-Val
Lucioperca Sandra, Cuv. . . .
Lucioperca Volgensis, Cuv. .
Acerina vulgaris, Cuv.-Val. .
Acerina rossiea, Cuv.-Val.. .
Acerina Schraetser, Cuv.-Val.
Cottus gobio, L
Cottus microstomus, Heck. .
Gasterosteus trachurus, Cuv.-
Val
Gasterosteus aculeatus, L. . .
Gobius platyrostris, Pallas. .
Gobius fluviatilis, Pallas.. . .
Gobius semilunaris, Heck.. -
Lota vulgaris, Cuv.-Val
Silurus glanis, L
Cobitis fossilis, L
Cobitis barbatula, L
Cobitis taenia, L
Cobitis spinula, R
Gobio fluviatilis, Cuv
Gobio uranoscopus, Agass. .
Barbus fluviatilis , Flem. ,
Agass., Val
Cyprinus carpio, L
Cyprinus hungaricus, Heck..
Cyprinus Nordmanni, Val. . .
Cyprinus macrolepidotus',
Cuv.-Val
Carassius vulgaris, Nils
Carassius gibelio, Heck
Hbodeus amarus, Agass
Tinca vulgaris, Agass
Leuciscus erythrophthalmus,
Val
Leuciscus Yeses, Val
Leuciscus Frieisii, Nordm . . .
Leuciscus Heckelii, Nordm . .
Leuciscus rutilus, Val
Leuciscus dobula, Val
NOUS DES FLEUVES
où ces espèces se trouvent
NOMS DES FLEUVES
où ces espèces se trouvent
NOMS DES ESPÈCES.
Leuciscus vulgaris, Val
Leuciscus orfus, Val
Leuciscus bipunctatus, Val . .
Leuciscus phoxinus, Val....
Aspius rapax, Agass
Aspius alburnus, Agass
Aspius Baldneri, Val
Aspius Ovsianka, Czernay.. .
Aspius clnpeoides, Val
Pelecus cultratus, Cuv.-Val.
Pclecus clupeoides, Pallas. . .
Chondrostoma nasus, Agass.
Abramis Vimba, Val
Abramisballerus, Cuv.-Val..
Abramis Schreibersii, Heck..
Abramis brama, Cuv.-Val. .
Abramis Leuckartii, Heck. . .
Abramis blicca, Cuv.-Val. . .
Salar Ausonii, Val
Salmo Hucho, L., Val. ......
Salmo umbla, L., Val
Salmo thymallus, L., Val. . .
Esox lucius, L
Clupea pontica, Eichw
Acipenser ruthenus, L
Acipcnser stellatus, Pallas...
Acipenser schypa, Guld. . ..
Acipenser Guldenstaedtii,Br.
Acipenser Sturio, L. ( Aci-
penser, Guld. ex part.)...
Acipenser Huso, L
Acipenser pygmaeus, L
Muraîna anguilla, L
Petromyzon Planeri, Bloch..
Petromyzon fluviatilis, L. . . .
Petromyzon branchialis, L. .
Ammocœtes branchialis, L..
Nombre des genres
et des espèces . . .
dans chacun des cinq fleuves.
'-'-I
( 443 )
» Les faits suivants résultent de ce tableau :
» 1. Malgré l'analogie entre les caractères climatologiqnes et hydrogra-
phiques des cinq fleuves, le nombre des espèces et des genres ne se trouve
point en rapport avec les dimensions des cours d'eau qui les nourrissent.
» 2. Les 73 espèces et 3i genres qui constituent l'ensemble de la faune
ichthyologique des cinq fleuves s'y trouvent répartis de manière qu'en
moyenne chaque fleuve n'a environ que la moitié des espèces et cinq
sixièmes des genres en commun avec les autres quatre fleuves ; c'est ce que
fera ressortir le tableau suivant où la comparaison de chacun des cinq
fleuves avec l'un des quatre autres indique le total des genres et des espèces
constatés dans les deux fleuves comparés, ainsi que le nombre des genres
et espèces qui leur sont communs.
NOMS DES FLEUVES.
Don-Dnèpre. . .
Don-Boug
Don-Dnestre. . .
Don-Danube. . .
Dnepre-Boug. .
Dnèpre-Dnestre
Dnèpre-Danube
Dnestre-Boug. .
Dnestre-Danube
Boug-Danube. .
TOTAL
des genres
dans
les fleuves
comparés.
25
20
24
23
27
24
24
28
24
NOMBRE
des genres
communs
aux fleuves
comparés.
•7
•7
18
'7
'9
21
18
'9
20
18
TOTAL
des espèces
dans
les fleuves
comparés.
54
52
52
52
5î
57
69
48
64
53
NOMBRE
des espèces
communes
aux fleuves
comparés.
3i
32
27
3a
44
27
3o
a 7
22
» 3. Parmi les 3i genres qui résument la faune ichthyologique des cinq
rivières, ceux qtii comptent le plus grand nombre d'espèces sont : Leucis-
cus, Aspius, Abramis et Acipenser; les genres les plus pauvres sont :
Perça, Aspro, Lota, Silurus, Esox, Clupea, Murœna et Ammocœtes.
» 4. Dix-sept espèces se trouvent localisées de la manière suivante : au
Danube appartiennent : Gasterosteus aculeatus, Cjprinus macrolepidotus ,
Leuciscus orjus, bipunctatus et phoxinus, Salmo Hucko, wnbla et Thj-
mallus, Acipenser Sturio et Ac. pfgmœus, Murœna anguilla; au Dnestre :
Cottus microstomus et Gobio uranoscopus; au Dnèpre : Gasterosteus trachu-
( 444 )
rus, Gobio semilunaris, Ammocœtes branchialis; au Don : Aspius clupeoides .
LeBoug ne paraît point posséder aucune espèce qui lui soit propre.
» 5. Sur la totalité des espèces qui représentent la faune ichthyologique
des cinq fleuves, il n'y a que 16 espèces, c'est-à-dire moins de deux neu-
vièmes, qui appartiennent à tous les cours d'eau susmentionnés, savoir :
Perça fluviatilis, Lucioperca sandra, Acerina vulgaris, Silurus glanis,
Gobio fluviatilis, Cyprinus carpio, Carassius vulgaris, Tinca vulgaris,
Leuciscus erythrophthalmus, rutilus, dobula et vulgaris, Aspius albumus}
Chondrostoma nasus , Abramis vimba et Esox lucius. On pourrait y
ajouter Y ylcipenser ruthenus, stellatus et huso, parce qu'à la seule ex-
ception du Boug, ces trois espèces sont très-répandues dans le Don, le
Dnèpre, le Dnestre et le Danube; le nombre des espèces communes (ou
presque telles) aux cinq fleuves serait donc de 19. Or, en examinant la
liste des poissons de la Sibérie occidentale, publiée dans notre ouvrage sur
l'Altaï (1), et surtout celle que M. Brandt a donnée (1) des Poissons obser-
vés par M. Leliman dans les cours d'eau de l'Asie centrale [Oxus, Jaxantès,
Sarafelvan, etc.), on aperçoit que les 19 espèces dont il s'agit se retrouvent
presque toutes dans les contrées les plus diverses du vaste continent asia-
tique, ce qui prouve l'immense étendue de leur habitat. Quant aux familles
auxquelles appartiennent les 73 espèces qui constituent la faune ichthyolo-
gique des cinq fleuves, les familles les plus pauvres sont celles des Gadoïdes,
des Siluroïdes, des Esoces et des Clupeoides ; la plus riche est celle des
Cyprinoïdes, car elle compte à elle seule 1 a genres, composés de 39 espèces,
et par conséquent plus de la moitié de la totalité des espèces, et presque le
tiers du montant total des genres.
» 6. Au nombre des traits les plus saillants que présente la faune des
cinq grands fleuves du Pont-Euxin, figure au premier rang l'énorme pré-
dominance des Cyprinoïdes et l'insignifiance des Salmonoïdes . Or M. Brandt
a déjà fait ressortir (3) le rôle important que joue dans la physionomie gé-
(1) Voyez Voyage scientifique dans l'Altaï, pages 4 19*466- La faune ichthyologique delà
Sibérie, dont M. Brandt a bien voulu enrichir notre ouvrage, en nous fournissant une des-
cription des animaux vertébrés, de cette contrée, compte 4^ espèces, dont 16 se retrouvent
dans les cinq grands fleuves de la mer Noire.
(2) Voyez l' Appendice zoologique de M. Brandt dans le curieux voyage de M. Lehman
à Buchara et à Samarkand. Ce voyage forme le XVIIe volume des Beitrage, etc., de MM. Baer
et Helmensen.
(3) Voyez X Altaï, loc. cit. •
( 445 )
nérale de la faune ichthyologique des fleuves de l'Europe, comparée à celle
de la Sibérie, la prédominance soit du type Carpe, soit du type Saumon;
le développement du premier aux dépens du dernier étant propre à l'Europe,
tandis que l'inverse caractérise la Sibérie et le nord de l'Amérique. Le cata-
logue des poissons observés par M. Lehman dans les cours d'eau de l'Asie
centrale prouve que la faune ichthyologique de ces contrées lointaines porte
éminemment le caractère imprimé par la prédominance des Cjrprinoïdes .
Or c'est ce type européen qui se trouve également développé dans la faune
des fleuves de la mer Noire, mais sur une échelle infiniment plus forte qu'en
Europe même, puisque nous avons vu que dans les fleuves susmentionnés,
la proportion des Cyprinoïdes à l'égard des Salmonoïdes est presque comme
i à 10, tandis qu'en Europe elle est à peu près comme i à a, car, d'après
M. Schinz(i), les Cyprinoïdes y comptent 78 espèces et les Salmonoïdes 37 . »
zoologie. — Note sur les caractères zoologiques rie quelques espèces de
Cétacés; par M. Pucheran.
« La détermination des Mammifères de l'ordre des Cétacés faisant partie
de la collection du Musée de Paris, dont je m'occupe en ce moment,
m'ayant donné occasion d'examiner de nouveau les individus rapportés par
M. Dussumier et figurés par M. F. Cuvier, il m'a été possible de constater
que les observations les plus récentes des zoologistes, concernant ces divers
types, étaient susceptibles d'être modifiées, et que les diagnoses différen-
cielles auxquelles ils ont donné lieu pouvaient être basées sur des caractères
extérieurs parfaitement saisissables. Grâce aux souvenirs de MM. les
professeurs Geoffroy-Saint-Hilaire et Valenciennes, et à ceux de M. Werner^
l'artiste habile qui a fait les dessins du grand ouvrage de M. Frédéric
Cuvier, il m'a été permis de confirmer l'exactitude de mes premières ap-
préciations sur l'authenticité des exemplaires originaux. C'est ainsi que
j'ai observé:
» i°. Que le Delphinus plumbeus se caractérise par sa grande taille, le peu
d'élévation de la nageoire dorsale et le grand développement de la nageoire
caudale, soit d'avant en arrière, soit de droite à gauche. Les indications
différencielles fournies par ces divers organes se retrouvent même chez le
jeune. Il me paraît dès lors impossible d'admettre, à l'exemple de
(1) Europaische Fauna.
C. R., i856, i«r Semestre. (T. XL1I, N° 9.) 5g
( 446 )
MM. Schlegel et J.-E. Gray, et ainsi que l'avait soupçonné M. Cuyier, l'as-
similation de ce Dauphin au Delphinus malayanus de MM. Lesson et Gar-
not. La description de MM. Lesson et Garnot, quoique faite d'après un
individu moins grand que celui de notre Musée, indique, en effet, pour
la nageoire dorsale^ des dimensions verticales plus étendues. L'opinion de
M. Gray, qui rapporte au même Cétacé le Dauphin à ventre rose de
MM. Hombron et Jacquinot, me semble de même inexacte, soit par suite
du mode de coloration des parties inférieures, en ce qui concerne le Del-
phinus malayanus , soit par suite des états différents d'amplitude des na-
geoires caudale et dorsale, en ce qui concerne le D. plumbeus ;
» 2°. Que le Delphinus velox, de taille moindre, est doué cependant
d'une nageoire dorsale plus élevée : les nageoires pectorales et caudale
sont, au contraire, moins étalées d'avant en arrière;
» 3°. Que les deux autres types [D.frœnatus et D. frontalis), l'un et l'au-
tre à ventre blanc et de dimensions à peu près égales, offrent des caractères
différenciels de même nature. La nageoire caudale est, dans le D. frœnatus,
plus étendue d'avant en arrière, moins développée, au contraire, du côté
droit au côté gauche. Dans ce même Cétacé, la nageoire dorsale est plus
allongée à son bord adhérent, moins échancrée à son bord postérieur.
» Je rattache, enfin, au Neomeris phocœnoides de M. Gray le Delphi-
naptère, rapporté par M. Dussumier, dont M. Cuvier a donné la description
{Recherches sur les ossements fossiles , ie édition, vol. V, ire partie^
p. 288), et que M. Hamilton Smith a figuré, sous le nom de D.frontatus,
dans le quatrième volume de la traduction anglaise du Règne animal. C'est,
d'après M. le professeur Valenciennes, un individu semblable que Pérou
aurait nommé D. leucoramphus . M. Valencieunes en a vu le dessin entre
les mains de feu M. Lesueur, compagnon de Péron, dans la mémorable
expédition du capitaine Baudin aux terres australes. S'il en était ainsi, toute
la zoologie contemporaine, en ce qui concerne cette espèce, depuis
MM. Lesson et Garnot, Georges et Frédéric Cuvier, jusqu'à M. Gray, au-
rait marché d'erreurs en erreurs. Mais quel que soit, à ce sujet, le résultat
définitif des observations ultérieures, il nous paraît impossible d'y ratta-
cher, soit, comme l'a fait M. Cuvier (loc. cit.), le crâne des galeries d'ana-
tomie comparée rapporté de l'Inde par M. le capitaine Houssard, soit,
comme le fait, en hésitant peut-être, M. Gray, le Delph. mêlas de MM. Tem-
minck et Schlegel. »
(447)
chimie organique. — Nouveau procédé pour préparer V acide formique ;
par M. Berthelot. (Présenté par M. Balard.)
« i . Dans un Mémoire présenté à l'Académie, j'ai montré que l'oxyde de
carbone pouvait être absorbé par la potasse, fixer les éléments de l'eau, et
donner naissance à l'acide lormique. Cette observation m'a conduit à cher-
cher s'il ne serait pas possible de modifier quelqu'une des réactions dans
lesquelles se développe l'oxyde de carbone, de façon à combiner ce gaz à
l'état naissant avec les éléments de l'eau et à obtenir facilement et en abon-
dance l'acide formique lui-même.
» 2. On sait combien sont pénibles les procédés actuellement suivis
pour préparer ce composé, le plus simple de tous les acides organiques.
On l'obtient d'ordinaire en traitant le sucre ou l'amidon par un mélange
d'acide sulfurique et de bioxyde de manganèse. Ce procédé est d'une grande
importance historique, car il a permis de préparer l'acide formique sans
l'extraire des fourmis, comme on l'avait fait d'abord; mais il n'est pas
exempt d'inconvénients. En effet, dans la réaction qui vient d'être rappe-
lée, se développe une très-grande quantité de gaz ; d'où résulte la nécessité
de vases d'une capacité énorme dont la rupture ou la corrosion est fré-
quente. De plus, l'acide obtenu est mélangé avec diverses autres substances,
tant acides que neutres, produites simultanément, ce qui oblige à purifier
l'acide formique brut en le changeant en formiate de plomb et faisant
cristalliser ce corps à plusieurs reprises. Ces difficultés ont été observées
par tous les chimistes et se sont sans doute opposées plus d'une fois à la
préparation de grandes quantités d'acide formique et à son emploi dans les
réactions.
» 3. J'ai réussi à produire ce corps très-facilement et en proportion
considérable, en prenant pour point de départ l'acide oxalique.
» L'acide oxalique, soumis à l'action de la chaleur, se change en acide
carbonique, eau et oxyde de carbone :
C4H208 = C204 + C202 + H202.
» Au moment de cette décomposition, l'eau et l'oxyde de carbone se
trouvant en contact à l'état naissant ; il suffirait donc de faire intervenir des
conditions convenables pour combiner ces deux corps : déjà par le seul
fait de la distillation de l'acide oxalique, cette combinaison commence à
s'effectuer d'après les expériences de Gay-Lussac; mais la quantité d'acide
formique ainsi produite est toujours très-petite.
59..
( 448 )
» Or j'ai observé que l'on peut combiner avec les éléments de l'eau tout
l'oxyde de carbone fourni par l'acide oxalique, et transformer simplement
cette substance en acide carbonique et acide formique :
C4H208 = C204+0*.
» 11 suffit de faire intervenir un autre corps opérant par action de contact,
la glycérine. J'ai déjà signalé ce fait, et j'en vais déduire un nouveau pro-
cédé pour préparer l'acide formique.
» 4- Voici comment j'opère :
» Dans une cornue de _ litres, j'introduis i kilogramme d'acide oxalique
du commerce, i kilogramme de glycérine sirupeuse et ioo à 200 grammes
d'eau ; j'adapte un récipient et je chauffe très-doucement la cornue : la
température ne doit guère dépasser 100 degrés. Bientôt une vive efferves-
cence se déclare et il se dégage de l'acide carbonique pur. Au bout de douze
à quinze heures environ, tout l'acide oxalique est décomposé; la moitié
de son carbone et de son oxygène se sont dégagés sous forme de gaz acide
carbonique ; une petite quantité d'eau chargée d'acide formique a distillé,
et il reste dans la cornue la glycérine tenant en dissolution presque tout l'a-
cide formique. On peut extraire directement cet acide au moyen du carbo-
nate de plomb ; mais la méthode suivante est bien préférable.
» On verse dans la cornue un demi-litre d'eau et on distille ; on remplace
à mesure l'eau qui distille, et on continue l'opération jusqu'à ce que l'on ait
recueilli 6 à 7 litres de liquide distillé. Ace moment, presque tout l'acide
formique s'est volatilisé avec l'eau, et la glycérine reste seule dans la cor-
nue. Elle peut servir à décomposer un second kilogramme d'acide oxalique,
puis un troisième, etc.
» Trois kilogrammes d'acide oxalique du commerce, C4 H2 O8 + 4HO.
ont fourni par ce procédé ik,o5 d'acide formique , C2 H2 O*.
» D'après la formule
C* H2 O8, 4 HO = C2 O4 + 4 HO -+- C2 H2 O*
3 kilogrammes d'acide oxalique pur doivent fournir ik,OQ d'acide for-
mique.
» La différence entre le résultat obtenu et le résultat calculé est aussi
faible que possible ; elle s'explique d'ailleurs par les impuretés que ren-
ferme l'acide oxalique du commerce (1).
_________^ » ______-_. .___
(1) 100 parties de l'acide employé laissent un résidu fixe égal à 2,7 parties.
(449)
» 5. Voici le détail de la préparation qui précède :
Acide oxalique i kilogramme.
Glycérine i kilogramme.
» On a opéré comme il vient d'être dit et on a obtenu .
i°. 2 litres de liquide distillé renfermant : acide formique. . . i46 gr.
2°. 5lil,5 » » » ... 176
322 gr.
» La glycérine retenait encore de l'actde formique. On a ajouté dans la
cornue un second kilogramme d'acide oxalique ; on a obtenu :
3°. 1 litre de liquide distillé renfermant : acide formique. ... 70 gr.
4°. 4 litres » » » .... 25o
32o gr.
» La glycérine retenait encore de l'acide formique. On a ajouté dans la
cornue un troisième kilogramme d'acide oxalique ; on a obtenu :
5°. 2 litres de liquide distillé renfermant : acide formique. . . . 180 gr.
6°. 41U>5 » » " .... 229
. 4°9 8r-
» En résumé : 3 kilogrammes d'acide oxalique ont fourni ik,o5i d'acide
formique.
» Cette préparation est tellement régulière, qu'elle peut être exécutée sans
aucun embarras sur des quantités quelconques d'acide oxalique. Elle n'exige
d'ailleurs presque aucune surveillance.
» 6. Le seul point essentiel, c'est de ne pas brusquer la décomposition
de l'acide oxalique par la glycérine. En effet, si l'on opère trop rapidement,
si la température du mélange s'élève à un trop haut degré , le dégagement
de l'acide carbonique s'accélère d'abord; mais dès qu'il a cessé, la tempé-
rature de la masse atteint bientôt 190 à 200 degrés, et un nouveau déga-
gement gazeux sa produit : c'est de l'oxyde de carbone pur. Le liquide
distillé pendant toute la durée de l'opération ainsi conduite né renferme
pas le dixième de l'acide formique que l'on peut obtenir en opérant comme
je l'ai dit plus haut.
» 7. Ce nouveau phénomène : dégagement d'oxyde de carbone, est dû
à la décomposition à 200 degrés de l'acide formique retenu en dissolution
par la glycérine à la manière du gaz ammoniac dissous par l'eau. Eu effet,
( 45o)
l'acide formique pur, chauffé pendant quelques heures entre 200 et s5o de-
grés dans des tubes scellés, se décompose en majeure partie en eau et oxyde
de carbone : la glycérine n'exerce presque aucune influence accélératrice
sur cette décomposition.
» Ces observations peuvent être utilisées dans la préparation de l'oxyde
de carbone par l'acide oxalique : si l'on chauffe l'acide oxalique mélangé,
non avec l'acide sulfurique , mais avec la glycérine , on obtient successive-
ment et séparément les deux gaz que l'acide sulfurique fournit mélangés à
volumes égaux : d'abord l'acide carbonique, puis l'oxyde de carbone. Ce
dernier corps peut donc être ainsi préparé pur sans lavage alcalin et du pre-
mier coup.
» 8. Quoi qu'il en soit, un intervalle considérable de température sépare
ces deux phénomènes successifs : décomposition à 100 degrés de l'acide
oxalique en acide carbonique et acide formique au contact de la glycérine ;
puis décomposition ultérieure à 200 degrés de l'acide formique en eau et
oxvde de carbone. Rien de plus facile que de maîtriser la réaction et d'ob-
tenir par des additions d'eau successives la totalité de l'acide formique que
peut fournir l'acide oxalique : c'est ce que prouvent les nombres cités
plus haut.
» L'acide formique ainsi préparé est très-pur et complètement exempt
d'acide oxalique. Saturé par les carbonates de chaux, de baryte, de plomb,
il fournit dès la première cristallisation des formiates purs de chaux, de
baryte ou de plomb. 5oo grammes d'acide oxalique du commerce ont pro-
duit environ 5oo grammes de fornhate de plomb pur.
» On remarquera que la glycérine se retrouve intégralement dans la
cornue à la fin de chaque opération (1), exactement comme l'acide sulfu-
rique dans la préparation de l'éther. »
Géométrie ancienne. — Sur un passage de Proclus qui a été indiqué
récemment comme se rapportant aux porismes; par M. Breton (de Champ) .
« J'ai entretenu déjà deux fois (a) l'Académie de mes recherches sur les
porismes d'Euclide. Les conclusions auxquelles je suis parvenu sur cette
question fameuse diffèrent tellement de celles qui avaient été aupara-
vant proposées, que je ne dois point sans doute espérer qu'elles obtien-
(1) Sauf une très-petite quantité volatilisée avec l'eau, 1 gramme par litre environ.
(a) Les 29 octobre 1849 et 6 j"in i853. Voyez les Comptes rendus de ces deux séances.
(45. )
tlront immédiatement l'adhésion des géomètres et des érudits. Les convic-
tions, dans une matière comme celle-ci, où les appréciations mathématiques
doivent, pour avoir quelque valeur, être appuyées de l'interprétation de
textes grecs (i), qui ont été considérés pendant longtemps comme indé-
chiffrables, ont besoin pour se former de l'aide du temps et de la ré-
flexion. Toutefois, ce serait paraître abandonner mon travail que de garder
le silence sur les objections, les critiques, les conjectures ou les opinions nou-
velles qui tendraient à en infirmer les résultats, surtout lorsqu'elles émanent
de personnes recommandables par leur savoir. C'est ce motif qui m'amène
à présenter quelques observations sur un passage de Proclus que M. O. Ter-
quem, dont la science et la vaste érudition sont bien connues, vient de
signaler comme se rapportant aux porismes et pouvant en donner la clef.
Ce passage est ainsi conçu : « Upârov £i <pxat rcSv a,7ropoufj.aav Staypx/u-
» [/.ctTcoii rtip a7rctycjytiv 7rowsct5§xi \7T7rox,pa,TY\v tov X/bv. » Ce que M. Ter-
quem traduit : « On dit que Hippocrate de Chios est le premier qui ait
» opéré le transport des figures embarrassées (sans issues). » Puis il ajoute :
« N'est-ce pas ce qu'on nomme aujourd'hui des méthodes métamorphiques
» ou le transport (a-Trctyœyn) de propriétés connues d'une figure facile
» aux figures compliquées (par exemple, des cercles aux coniques)? Les
w théorèmes qui procuraient ces passages étaient des porismes (7roptÇ(o,
» frayer un passage). Telles sont aujourd'hui les propriétés segmentaires
» ou fasciculaires, etc. (a). »
» Cette interprétation me semble inadmissible par les raisons que voici :
» i°. Le terme a,7rtx.ya>yn exprime ce que l'on fait quand on ramène un
problème ou un théorème à dépendre d'un problème ou d'un théorème
différent. Cette explication est donnée par Proclus, et il cite à ce propos le
problème de la duplication du cube que l'on ramène à l'insertion de deux
moyennes proportionnelles. Vient ensuite la phrase reproduite ci-dessus,
dans laquelle M. Terquem suppose qu'il s'agit de porismes. On ne saurait y
voir autre chose, ce me semble, qu'un procédé très-connu dont l'utilité con-
sistait à permettre de traiter des questions que l'on ne trouvait pas le moyen
d'attaquer directement, et c'est évidemment ce que veulent dire ces mots
a7ra.ya>yn ra>v à laypa/u/uetTœv ct,7ropovjuîv6Jv.
» a0. Quelques lignes plus haut, Proclus indique la double acception du
(i) J'ai publié ces textes avec traduction et commentaires dans le tome XX du Journal
de Mathématiques pures et appliquées de M. Liouville.
(2) Nouvelles Annales de Mathématiques, tome XV, pages 26 et 27 du Bulletin.
( 452 )
terme 7rôçi<r/ua , porisme et corollaire, a-n-ayaiyr a donc une tout autre
signification.
» 3°. Pappus dit expressément que Euclide est le premier géomètre qui
ait donné des porismes. L'invention dont Proclus fait honneur à Hippocrate
de Chios ne peut donc être celle des porismes.
» 4°- Les propositions de l'ouvrage d'Euclide sur les porismes n'étaient
pas des théorèmes, ou du moins leurs énoncés n'avaient pas la forme qui
convient aux théorèmes proprement dits, mais bien celle qui est propre aux
problèmes. En effet, Pappus nous apprend qu'à ne considérer que ces énoncés,
on croyait que c'était des problèmes. D'un autre côté, Proclus les appelle
par deux fois des problèmes, et Jorsqu'il veut donner des exemples de pro-
positions ayant quelque rapport aux porismes, il choisit deux problèmes de
géométrie élémentaire. Il résulte de cette notion, qui ressort aussi des an-
ciennes définitions que Pappus nous a conservées, que les porismes n'étaient
pas des théorèmes comme M. Terquem le suppose. Si le Traité des Porismes
venait à être retrouvé, nous appliquerions à ses diverses propositions la
dénomination de problèmes, laquelle, dans notre langage actuel, ne com-
porte plus les distinctions dont Pappus et d'autres géomètres se préoccu-
paient. On doit croire d'ailleurs que la forme d'énoncés préférée par Euclide
avait sa raison d'être, et qu'elle était commandée par le sujet.
» On remarquera que ce dernier argument, savoir : que les porismes
n'étaient pas des théorèmes, peut être également opposé à d'autres divina-
tions des porismes. Il forme notamment une objection capitale contre celle
de R. Simson, car les énoncés proposés par cet auteur ne peuvent en aucune
façon donner l'idée de problèmes. Celle deM. Chasles, admettant essentielle-
ment la même forme d'énoncés, se trouve conséquemment sujette à la même
objection. »
géographie. — altitudes de quelques lieux dans le sud de l'Algérie
déterminées par les hauteurs comparées du baromètre; Note de M. Renou.
« M. Gôtze a présenté à l'Académie, dans sa séance du 55 février, les
résultats des observations astronomiques que j'ai faites en Algérie en 1 853.
Le tableau suivant est destiné à compléter ce travail en donnant les alti-
tudes d'un certain nombre de points, déterminées par le baromètre et
calculées au moyen des observations faites aux mêmes heures à l'Arsenal
d'Alger sous la direction de M. le capitaine Humbert.
» Une seule série, celle d'El-Aghouàt, est assez longue pour donner un
( 453)
nombre très-approché, sauf l'incertitude résultant de ce que le vent a souf-
flé à peu près constamment de l'ouest ou du nord-ouest pendant tout le
temps des observations. M. Mac Carthy avait pourtant trouvé, en décem-
bre i852, une altitude de 750 mètres, fort peu différente de la mienne.
» L'altitude trouvée pour Biskra est à peu près une moyenne entre celles
trouvées par M. Fournel et M. Dubocq. Celle de Constantine est de l\o mè-
tres environ moindre que celle trouvée par les officiers d'état-major.
- » J'ai évalué, sans instruments, à 5oo mètres l'altitude de Berrïân.
NOMBRE
d'observations.
32
3
1
2
3
1
1
1
1
7
1
1
4
El-Aghouât , maison située à l'angle sud-est de la place au
centre de la -ville, au bord du ruisseau
Sidi-Makhlouf, caravensérail construit en i853 sur un plateau
qui domine trois sources
Djelfa , grande maison crénelée
Selîm , poste sans eau, en plaine, à moitié du chemin de Djelfa
à Bou-Sa'ada
Bou-Sa'ada , la place
— pavillon du commandant, partie la plus basse du fort.
Kerdâda , montagne qui domine Bou-Sa'ada au sud
Ain-Omm-ech-Chemel, belle source en plaine
Mdoukkâl, ville berbère avec palmiers et jardins
El-Outâia , au nord de Biskra
Biskra , fort Saint-Germain
El-Gantran, caravansérail
El-Ksour, caravansérail
Bâtna , la place
Lambèse, d'après nivellement direct 1 1 o™ au-dessus de Bâtna.
Ain-Iagout, auberge près d'une belle source
Ain-Mlîli , belle source , bassin romain
Constantine , place de la Brèche
Setif , rue Saint- Augustin
Bou-Ariridj , fort sur un mamelon , au milieu de la plaine de
Medjâna
Oulad-Brahîm-Bou-Beker, village berbère dans les montagnes
au nord-ouest des Portes-de-Fer
Beni-Mansour, poste français à 5om environ au-dessus de la
rivière de Bougie ( rive droite)
ALTITUDE
du sol
746
913
1090
995
569
578
g3a
592
372
23l
89
527
93o
1021
n3i
896
75i
609
io85
913
595
33i
C. R., 183G, Ier Semestre. (T. XLII, N° 9.)
60
( 454 )
météorologie. — Observation d'un bolide le 29 février i856. Lettre de
M. Coulvier Gravier.
u M. Saigey, me remplaçant le 29 février dernier dans nos observations
d'étoiles filantes, a vu à ioh 2im, temps moyen, un globe de première
grandeur commençant à 5° S. jS Lévrier, fini entre et à égale distance de a
Céphée et y Cygne, se dirigeant vers a. Cygne; course, 70 degrés. Très-
lent, durée de 5 à 6 secondes, sans traînée persistante ; il jette une
vive lueur, lance des fragments vers le milieu de sa course, et ces
fragments, qui divergent, s'éteignent à 4 ou 5 degrés de distance. Alors
la lumière est des plus vives ; puis le météore va en s'affaiblissant et devient
rougeâtre vers la fin de sa course : c'est le plus beau météore que M. Saigey
ait jamais vu. »
anthropologie. — Proportions physiques ou naturelles du corps humain
exprimées en mesures métriques et rapportées à la taille de im,6o; par
M. J.-T. Silbermann. (Extrait par l'auteur.)
« Recherchant à rapporter l'unité métrique à la stature de l'homme, j'ai
dû tout d'abord m'occuper de la loi physique qui régit la proportion des
diverses articulations générales du type de la charpente de l'homme. J'ai
pensé que mon premier devoir était de donner ces proportions, afin que
les artistes puissent les examiner ; me réservant de donner dans un pro-
chain travail l'exposé de la loi qui les régit, ainsi que la raison physique
de la taille de im,6o qui offre un très-haut intérêt.
» Toutes les mesures sont exprimées en parties métriques et partent,
pour l'homme debout, du plan horizontal qui le supporte.
m
Le sommet de la tête 1 ,60 .
Naissance des cheveux .... 1 ,55 .
Centre de la pupille 1 ,5o . Distance entre les deux m
cen très des pu pilles . . o , o5 .
Bas du nez 1 ,45 . Largeurdu nez aux na-
Fente de la bouche 1 ,4333.
Naissance du menton 1 ,4166.
Bas du menton • 1 4° •
rines o,o25.
( 455 )
Centre de l'articulation aux épaules et
m
bord de la clavicule du cou i ,3333. .
Bouts des seins i
,20.
Nombril (le centre) 1 .
Centre d'articulation du fémur 0,8888.
Extrémité inférieure de la tubérosité des
os du bassin, et du pubis 0,80.
Centre d'articulation du genou 0,4444- •
Centre d'articulation de la jambe et du
pied o ,o444 ■ •
Plante des pieds sur le sol o
Distance entre ces deux
M
centres 0,2666.
Distance entre les
deux 0,24.
Distance entre les deux
centres °>r777-
BRAS.
Longueur du bras, la main comprise. . . . o ,6666.
Du centre d'articulation à l'épaule , jus-
qu'à celui du coude ; 0,2666.
Du centre d'articulation du coude , jus-
qu'à celui du poignet : 0,2666.
Longueur de la main o, i333.
SUBDIVISION DE IA MAIN.
Doigt du milieu.
Du centre de rotation du poignet à celui
de l'extrémité du métacarpe milieu. . . 0,0666.
Du précédent à la 1" phalange o,o333.
De la ire phalange à la 2e 0,0166.
Dela2ephalangeàla naissance de l'ongle. 0,0088.
Longueur de l'ongle *. . 0,0088.
Horizontalement, du centre d'articulation
de la jarnbe jusqu'au bout du pied. . . o, i333
Idem, jusqu'au bout du talon o,o444
Longueur du pied 0,1777
» Les proportions de hauteurs données plus haut satisfont parfaitement
aux observations artistiques ; ainsi, l'homme ayant les bras tendus horizon-
60..
( 456 )
talement et sur une même ligne droite, sa taille est comprise entre l'extré-
mité de ses deux doigts du milieu;
m
En effet, chaque bras a pour longueur om,666; ainsi les deux i ,333. . .
La distance comprise entre les deux centres de rotation des épaules est de . o , 266 . . .
La taille de l'homme est égale au total 1 ,600
» Les ouvrages artistiques rapportent aussi que l'homme couché par
terre, les bras tendus sur sa tête, les extrémités des pieds et des mains tou-
chent la circonférence d'un cercle dont le nombril est le centre ;
m
En effet, des pieds jusqu'au centre de rotation des épaules il y a 1 ,333. . .
Si l'on ajoute la longueur du bras , qui est de o ,666 . . .
On a la somme de 1 .
pour diamètre du cercle dont la moitié ou le rayon est r , hauteur du nom-
bril au-dessus du sol. »
médecine. — De l'action de diverses infusions végétales sur du sang vei-
neux fraîchement sorti de la veine. — Indications fournies par ce moyen
relativement à l'existence d'un alcaloïde dans le végétal. — Déductions
thérapeutiques; par M. Le Clerc.
a i°. Le sang veineux traité, au moment de la sortie de la veine, par une
infusion végétale on par un extrait végétal quelconque, est un véritable
réactif qui décèle instantanément la présence d'un principe alcaloïde dans
le végétal.
» J'ai fait à ce sujet beaucoup d'expériences, et ce matin encore j'ai
traité du sang veineux par une infusion de noyer (îuglans regia) mêlée d'un
extrait de noyer. Aussitôt le sang a pris la teinte rouge.
» Du sang veineux pris chez le même individu et mêlé à une infusion
de tilleul a conservé la teinte du sang veineux.
» Une foule d'autres infusions donnent invariablement le même résultat.
» Le noyer n'a jamais été analysé, que je sache, ou du moins aucun
chimiste n'en a encore retiré le principe actif que ce végétal renferme très-
certainement.
» 20. Depuis le 29 décembre dernier, je conserve des flacons renfermant
(457)
un mélange de sang veineux et de diverses substances, telles que :
Suc de belladone.
Extrait de belladone.
Atropine.
Extrait et infusion de Datura stramonium.
Nicotine.
Infusion et extrait de tabac.
Brucine.
Infusion de noix vomique.
Strychnine.
Sulfate de strychnine.
Morphine.
Extrait gommeux d'opium.
Thridace.
Extrait de Quinquina kalisaya.
Sulfate de quinine.
Eau de riz.
Eau d'orge.
Décoction de carotte, etc.
» Le sang veineux a pris la teinte lie de vin au bout de quelques jours
dans les flacons qui contiennent :
L'atropine.
La brucine.
La nicotine.
La morphine.
La strychnine, etc.
» Puis la teinte lie de vin a presque complètement disparu aujourd'hui
pour revenir à une teinte noire, semblable à celle que présente le même
sang veineux conservé pur et à l'abri du contact de l'air.
» Les flacons contenant la belladone et le stramonium sont les seuls dans
lesquels le sang ait gardé invariablement la teinte rouge. Cette teinte n'est
pas aussi foncée, aussi rutilante que dans les premiers jours de l'expérience ;
mais elle est, chose remarquable, la seule qui soit restée d'un rouge très-
prononcé.
» Il y a aujourd'hui cinquante et un jours que je conserve ces flacons.
» Après la belladone et le stramonium vient, mais d'assez loin, le flacon
renfermant l'extrait de quinquina. Ce flacon présente encore une teinte un
peu rougeâtre. Tous les autres flacons sont plus ou moins noirs. »
zoologie. — Travaux des araignées en rapport avec l'état présent ou
prochain de l'atmosphère. (Extrait d'une Lettre de M. Caragitel.)
L'auteur, qui ne dit pas sur quelle espèce ont porté ses observations,
annonce avoir constaté que s lorsqu'il doit faire de la pluie et du vent, l'a-
raignée raccourcit beaucoup les derniers fils auxquels sa toile est suspen-
due, et la laisse dans cet état tant que le temps reste variable. Si l'insecte al-
longe ses fils, ajoute M. Caraguel, c'est du beau temps qu'il annonce, et
( 458 )
l'on peut juger de sa durée d'après le degré de longueur de ces mêmes fils.
Si l'araignée reste inerte, c'est signe de pluie; si, au contraire, elle se remet
au travail pendant la pluie, c'est que celle-ci sera de peu de durée. »
M. Hesse signale une erreur qui s'est glissée dans l'extrait qu'on a donné,
au Compte rendu de la séance du a6 novembre, de son Mémoire sur les
Ancées.
Il avait dit en parlant de ces Crustacés que la femelle n'est pas connue ; au
lieu du mot femelle on a écrit par inadvertance famille. Cette faute typo-
graphique, qui, d'après la texture de la phrase entière, ne pouvait guère
induire le lecteur en erreur, sera signalée dans la table du volume LXI à
l'article Errata.
M. Letelmer, auteur d'un ouvrage sur la Théorie du langage, prie l'A-
cadémie de vouloir bien lui accorder la parole pour présenter un exposé
de sa théorie et des conséquences qu'elle pourrait avoir pour la nomencla-
ture scientifique.
Les usages de l'Académie relativement aux ouvrages imprimés ne lui per-
mettent pas d'accéder à cette demande. Si l'auteur, qui annonce avoir con-
sacré un volume entier à l'application de son système aux sciences, croit
avoir à présenter sur ce sujet des considérations nouvelles, il peut les con-
signer dans un Mémoire qui sera renvoyé, s'il y a lieu, à l'examen d'une
Commission.
M. Passot prie l'Académie de vouloir bien compléter la Commission
qui avait été chargée de l'examen de ses dernières communications ,
M. Cauchy ayant annoncé qu'il ne voulait plus faire partie de cette Com-
mission .
Il ne serait donné suite à cette demande que dans le cas où les deux
Membres restants jugeraient nécessaire l'adjonction d'un troisième Commis-
saire.
M. Buisson présente sur la lumière et sur la vision une théorie qui lui est
propre.
Cette communication ne paraît pas de nature à être renvoyée à l'examen
cPune Commission.
(450 )
M. Pienoz annonce avoir adressé à l'Académie, par l'intermédiaire de
M. le sous-préfet de la Tour-du-Pin (Isère), une Note sur la quadrature du
cercle.
Cette Note n'est pas parvenue à l'Académie. On fera savoir à l'auteur
qu'il serait inutile d'en envoyer une deuxième copie, les communications
sur cette question étant du nombre de celles que l'Académie, d'après une
décision déjà ancienne, considère comme non avenues.
La séance est levée à 5 heures et demie. F.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du a5 février i856, les ouvrages dont
voici les titres :
Etudes et lectures sur les Sciences d' 'Observation et leurs applications pratiques ;
par M. Babinet;IIc vol. Paris, 1 856; 1 vol. in- 12.
Sur le pain mixte de blé et de riz. Valeur du riz comme aliment et réflexions
générales sur l'alimentation ; par M. J. GlRARDiN. Rouen^ i856; in-8°.
Instituts de médecine pratique de Jean-Baptiste Borsieri de Kanilfeld, traduits
et accompagnés d une étude comparée du génie antique et de l'idée moderne en
médecine; par M. le Dr Paul-Émile Chauffard. Paris, 1 856; 2 vol. in-8°.
(Présenté au nom de l'auteur par M. Andral. )
L'industrie contemporaine, ses caractères et ses progrès chez les différents
peuples du monde ; par M. A. Audigane. Paris, 18Ô6; 1 vol. in-8°.
Becueil de Mémoires et obsemations sur llijgiène et la médecine vétérinaires
militaires, rédigé sous la surveillance de la Commission d'hygiène hippique, et
publié par ordre du Ministre Secrétaire d Etat au déparlement de la Guerre , avec
des documents administratifs sur les remontes de l'armée; t. VI. Paris, 1 855 ;
in-8°.
Cours élémentaire complet sur l'œil et la vision de l'homme et des animaux ver-
tébrés qui vivent dans l'air; par M. L.-L. Vallée. Paris, 1 854 ; in-8°.
Notice sur les ouvrages et les travaux de M. L.-L. Vallée, à l'appui de sa
candidature à la place vacante par suite du décès de M. Slurm ; br. in-8°.
( 46o )
Notice sur les travaux mathématiques de M. J.-A. Serret. Paris, 1 856 ; broch.
in-4°.
Notes cliniques recueillies à l'Hôtel-Dieu de Marseille, pendant l'année 1 854 ;
par M. le Dr SlRUS PlRONDi. Paris, i856; br. in-8°. (Présenté au nom de
l'auteur par M. Cloquet. )
Bulletin de bibliographie, d'histoire et de biographie mathématiques; par
M. Terquem; t. Ier. Paris, i855;in-8°.
Bulletin de la Société académique d'Agriculture , Belles-Lettres, Sciences et
Arts de Poitiers; 4e trimestre de l'année i854- Poitiers, 1 856; in-8°.
Memorie. . . Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Turin ; ie série ;
t. XV. Turin, i855;in-4°.
Descripcion. . . Description géologique de la république du Chili; par don A .
PlSSiS; Ire partie; br. in-8°.
Descripcion... Description de la province de Valparaiso ; par le même;
br. in-8°.
Puentes. . . Ponts du système américain et calcul de la résistance des ponts du
sjslème de Howe ; par M. Ch. Ghega, traduit de l'allemand en espagnol par
M. J.-B. Lapoulide. Madrid, i856; br. in-8°.
Revista. . Revue des travaux publics ; 4e année ; n° 4-
Quadratura... Quadrature du cercle, trisection de l'angle et duplication du
cube; parle révérend don Dom. Anghera. Malte, i854; br. in-8°.
The quarterly. Journal trimestriel de la Société chimique de Londres ; n° 32 ;
in-8°.
L'Académie a reçu, dans la séance du 3 mars i856, les ouvrages dont
voici les titres :
Des substances alimentaires et des moyens de les améliorer, de les conserver et
d'en reconnaître les altérations; par M. A. Payen ; 3e édition. Paris, i856;
in-12.
Histoire naturelle des Mollusques terrestres et Jluviatites de France, contenant
des études générales sur leur anatomie et leur physiologie et la description parti-
culière des genres, des espèces et des variétés; par M. A. Moquin-Tandon ; ireà
3e livraisons. Paris, i855; in-8°.
(46. )
L'œil et la vision, étude physiologique ; par M. A. GuÉPJN. Paris, i856; br.
in-8°.
Causes et caractères de l'altération des pommes de terre, moyens de les préser-
ver de la maladie; par M. V. K.LEINHOLT. Metz, i856; br. in-8°.
Maladie de la vigne, procédés contre l'oïdium et autres maladies de la vigne;
par M. Benoit Bonn EL. Narbonne, i855;in-i2.
Recherches sur ta vision binoculaire simple et double et sur les conditions phy-
siologiques du relief; par M. le Dr Serre d'Uzès ; in-8°. (Adressé au concours
du prix de Physiologie expérimentale.)
Délia... De ta scintillation des étoiles; par M. G.-B. DONATI, avec une Note
de M. O.-F. Mossotti; br. in-8°.
The relation... Relation entre les poids atomiques des composés chim'iques;
par M. J.-P. COOKE. Cambridge, i854; br. in-4°.
On the. . . Sur deux nouveaux composés cristallins de zinc et d'antimoine ; par-
le même. Cambridge, 1 855 ; br. in-4°.
Monatsbericht... Comptes rendus des séances de l'Académie royale des
Sciences de Prusse. Décembre 1 855 ; in-8°.
PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR L'ACADEMIE PENDANT
LE MOIS DE FÉVRIER 1856-
Annalesde t' Agriculture française, ou Recueil encyclopédique d Agriculture ;
t. VII, n° 3 ; in-8°.
Annales forestières et métallurgiques ,- janvier 1 856 ; in-8°.
Annales médico-psychologiques ; janvier 1 856 ; in-8°.
Annales télégraphiques ; janvier i856; in-8°.
Ribliothèque universelle de Genève; janvier 1 856 ; in-8°.
Bulletin de i Académie royale des Sciences , des Lettres et des Beaux-Arts dt
Belgique; tome XXIII, n° i ; in-8°.
Bulletin de [Académie royale de Médecine de Belgique; année i855-i856;
tome XV ; nos i et 3 ; in-8°.
Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie nationale; janvier
i856; in-4°.
C. R , i856, i" Semestre. (T. XLU, N° 9.) 6l
(462 )
Bulletin de la Société française de Photographie; février i856; in-8°.
Bulletin de la Société géologique de France; t. XIII, feuilles 3-7; in-8°.
Journal d' agriculture pratique ,• t. V, n°' 3 et 4; in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie , de Toxicologie; février 1 856 ;
in-8°.
Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture ; janvier 1 856 ;
in-8°.
Journal de Pharmacie et de Chimie; février i856; in-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; n°5 i3-i5 ; in-8°.
La Bévue thérapeutique du Midi; nos 3 et 4; in-8°.
Le Moniteur des Comices et des Cultivateurs; n° 4 ; in-8°.
L'Unité. Journal de Pathologie générale et spéciale, théorique et pratique ;
février i856; in-8°.
Le Technologiste ; février i856; in-8°.
Magasin pittoresque ; février 1 856 ; in-8°.
Nouveau Journal des Connaissances utiles; n° 10; in-8°.
Nouvelles Annales de Mathématiques, journal des Candidats aux Ecoles Po-
lytechnique et Normale ; février 1 856 ; in-8°.
Bépertoire de Pharmacie ; février i856; in-8°.
Société impériale et centrale d' Agriculture. Bulletin des séances, compte rendu
mensuel, rédigé par M. Payen, secrétaire perpétuel ; 2e série ; tome XI ; n° i ;
in-8°.
La Presse Littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; n°* 4-6 ;
in-8°
L'Agriculteur praticien; n°g; in-8°.
Bévue de Thérapeutique médico-chirurgicale; n°* 3 et 4; in-8°.
Bulletin de l'Académie impériale de Médecine; t. XXI, n° 9; in-8°.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de t Académie des Sciences; i*r se-
mestre i856; n°»5-8.
Cosmos. Bévue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et
de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; t. VIII; 5e-8e livraisons.
Gazette des Hôpitaux civils et militaires ; nos i/\-25.
Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; n° 9.
(463)
Gazette médicale de Paris; n05 6-8.
L'Abeille médicale; nos 4-6.
La Lumière. Revue de la Photographie ; nos 5-8.
L'Ami des Sciences ; n°8 5-8.
La Science pour tous; nos 9-12.
LAthenœum français. Revue universelle de (a Littérature, de la Science et
des Beaux- Arts; n°* 6-8.
Le Moniteur des Hôpitaux ; n°5 \l\-iS.
Le Progrès manufacturier; nos 38-4 1.
Réforme agricole, scientifique, industrielle; n° 86.
Revue des Cours publics; n0' 5 et 8.
ERIUTA.
(Séance du 18 février i856.)
Page 344, ligne i, au lieu de M. Ch. Barré, lisez M. Ch. Carré*
(Séance du a 5 février i856.)
Page 4<>i, ligne 22, et dans les deux tableaux suivants, au lieu de Berriâu, lisez Berriân.
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 10 MARS 1856.
PRÉSIDENCE DE M. BINET.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
31. Berenger, président de l'Institut pour Tannée i856, rappelle que la
prochaine séance trimestrielle des cinq Académies doit avoir lieu le mercredi
2 avril, et invite l'Académie des Sciences à lui faire connaître en temps
utile les noms de ceux de ses Membres qui seraient disposés à faire une
lecture dans cette séance.
mathématiques. — Sur deux Mémoiies de Poisson; par M, J. Lhmjville.
Poisson a donné en 1819, sous une forme on ne peut plus commode,
l'intégrale de l'équation pour la propagation du son dans les milieux gazeux.
M. Liouville montre que l'illustre géomètre, dès ses premières recherches,
en 1807, avait obtenu une formule dont cette intégrale si remarquable était
une conséquence immédiate. Le résultat que Poisson n'a trouvé qu'en 1819,
et par d'autres méthodes, était dès lors découvert pour ainsi dire : il n'y
aurait eu qu'à conclure. Voici la Note de M. Liouville.
« 1. L'intégrale de l'équation
f,\ rf>_ d^ d'<f rf'y
^ J df1 dx> dy' dz' '
sur laquelle repose essentiellement la théorie de la propagation du son dans
C. R., 1856,1" Semestre. (T. XLII.N» 10.; 62
( 4^6 )
les milieux gazeux, et à laquelle on ramène l'équation générale, à coeffi-
cients constants,
£ï-A'^*4-B^-+-C^ + on-^ + etc
HT ~ A dr' + * dj* + ^ dz> + *U dydz + PtC-'
a été donnée en 1819 par Poisson (Mémoires de L'Académie des Sciences
de V Institut de France, tome III. C'est le volume pour 1818, mais Je
Mémoire n'a été lu à l'Académie que le 19 juillet 1819). Poisson a trouvé
que l'équation (1) est satisfaite^n prenant
<p = y— l l daF (x + t cos a, y -h t cos /3, z + t cos 7)
-h v- -j\ l I ] du f (x -r t cos a, y + t cos /3, z + t cos 7) »
où da désigne l'élément d'une surface sphérique de rayon 1, et cos a,
cos/3, cos 7 les cosinus des angles que la droite menée du centre de la sphère
à cet élément fait avec les trois axes coordonnés des x, y, z. Ces trois co-
sinus étant liés entre eux par l'équation de condition
cos2 a -l- cos2 /3 + cos2 7=1,
on peut remplacer les deux angles /3, 7 par un angle unique >j, en posant
cos |3 = sin a cos ij, cos 7 ±r sin a sin r, :
on a alors
do = sin ad a. dr\,
et les intégrations marquées dans la valeur de f doivent être étendues de
yj = o à yj = an, et de a = o à a = n. On reconnaît de plus que l'expression
de f et celle de -/qui s en déduit, donnent
(2) ? = /(*,/,*) et -^=F{x,y,z) pour t = o;
et comme * représente le temps, on en conclut que les fonctions arbi-
traires/; F sont les valeurs initiales de <p et de sa dérivée.
» 2. Les deux méthodes que Poisson a données au commencement et à la
fin de son Mémoire pour arriver à ce résultat remarquable, sont fondées sur
la considération des séries. Le résultat une fois obtenu, Poisson l'a vérifié à
posteriori par un calcul rigoureux. J'aurais à présenter sur l'ensemble du
Mémoire des remarques dignes, je crois, d'intérêt. Mais je les ajourne, et
(467)
pour le moment j'ai surtout en vue un point d'histoire assez curieux. Je vais
montrer qu'une formule obtenue par Poisson dès 1 807 ( dans un Mémoire
imprimé au 14e cahier du Journal de l'Ecole Polytechnique : voir pages 334
à 338), aurait pu, j'allais dire aurait dû, conduire l'illustre auteur à la belle
intégrale qu'il n'a donnée qu'en 18 19, et qui dès lors s'offrait à lui comme
conséquence immédiate d'un calcul fort simple.
» En substituant, en effet, des coordonnées polaires aux coordonnées
rectangulaires, puis effectuant une double intégration par rapport aux
angles, après avoir multiplié les deux membres par l'élément sphérique de
rayon 1, da, Poisson trouve que le produit du rayon vecteur et de l'inté-
grale double / 1 <p d<7 ne dépend plus que de l'équation à deux termes ren-
contrée d'abord par d'Alembert dans le problème des cordes vibrantes.
Poisson observe d'ailleurs que l'origine des coordonnées, d'où part le rayon
vecteur, est arbitraire. En divisant donc par [\v: l'intégrale ci-dessus, on aura
la moyenne des valeurs de <p correspondantes aux divers éléments de la
surface d'une sphère de rayon quelconque, ayant son centre en un point
quelconque de l'espace ; et pour en déduire la valeur même de <p en ce point,
il suffira de prendre le rayon infiniment petit. Cela étant, je présenterai le
calcul comme il suit, en en tirant la conclusion que Poisson a laissé échap-
per.
» Dans la fonction tp de t, x, y, z qui vérifie l'équation (1), et qu'on
suppose continue et bien déterminée pour toutes les valeurs réelïes de x,
y, z, t, remplaçons x,y, z par x 4- p, y + f*., z -+- v , et désignons par $ la
valeur que <p prend alors, en sorte que
• aef (f, x-hp, jr+\L, z + v).
L'équation (1) se change en celle-ci :
^ ' *dt* ~ d~f + rffT2 "*" W"
» Substituons aux coordonnées rectangles p, ft, v des coordonnées po-
laires en faisant
j3 = rcosa, [l = rsin a cos rç, v = rsin asinvj :
r est naturellement ici le rayon vecteur mené du point (x,y, z) au point
{x -+- p, y -+- [x, z ■+- v). On a
<I> = <p (f, x + rcos «,/•-+- rsin a cos 73, z ■+- rsin a sinrç ),
6a..
( 4^8 )
ou si l'on veut, pour plus de symétrie,
0 = f (t, x -+- rcos a\ y + rcos/3, z+ /cos 7).
» Quand ;•= o, $ se réduit à <p. Quand t = o, y se réduit àj {x,y, %
(la y
et — a F [x,y, s); on a donc alors, r restant quelconque,
4> = / [ce + r cos a, jr -+- r cos /3, z + rcos y),
et
-^- == F (a: H- rcos a, y + /-cosjS, z + rcos y).
» Par l'introduction des coordonnées polaires, l'équation (3) devient
(4)
dt> dr' rsina da rsin-a rfy,1
multipliant les deux membres par sin a dady ou da, et intégrant entre
les limites n = o, tj = an, a = o, a = jr, on tire de là sans difficulté
(5) d'.rl rf'.r)i
•= ... »
A' rfr'
en posant, pour abréger,
(6) \=[f*de.
» On a donc nécessairement
rl = y(t + r) + 6(t — r),
ou plutôt
(7) r\ = ty (t -h r) - ty (t - r),
puisque le produit ri s'annulant pour r = o, il faut que
e(t) = -^(t).
» En différentiant l'équation (7) par rapport à r, on en déduit
Si donc on pose r = o, ce qui réduit * à y et X à 4»rqp, il viendra
47ry = 2 ij/ («).
(469)
» Or la valeur de 2 i|/ (t) se conclut des valeurs données/ \x,f, 5) et
F (x,y, z) de <p et —pour t = o. En effet, $ et X sont liées à 9, de telle
manière que les valeurs de X et -j- pour l = o se trouvent aussi connues;
ces valeurs sont respectivement
/ / daf{x 4- rcos a, y 4- rcos ]3, z 4- /' cos y)
et
/ / dcY (x 4- rcos a, y 4- rcos/3, z 4- rcos y).
Introduisez-les dans les formules
d.r\
dr
et
= <!/(« + #•)-+.«!/ («-#•)
r£ = f(«+r)-f(«-r),
après y avoir posé, bien entendu, « = o, et vous aurez
= 3J. I r / / ^"■y (* ■+" '' cos ai y ■+■ r cos jS, z 4- / cos y )
et
= r / l dtrF (x -h r cos «, j + r cos /3 , z'+ r cos y) ;
d'où, par voie d'addition,
2 t{/(r) 3= /' / / dçF [x 4- rcos a, j- 4- r cos (S, z 4- r cos y)
+ ~dr \ ' I I d<*f\x 4- rcos a, y 4- rcos/3, z 4- /' cos y) •
De cette valeur de 2 <|/ (r) résultera celle de 2 if' (t) en remplaçant /• par t.
L'équation
4tt<p = 2 ij/ (<)
nous fournira donc finalement la valeur de <j>, savoir
9 = 7— I I dvF (x -h t cos a, _y 4- £ cos ^, z+ / cos y)
+ Z- dt 1 / / daJix "+" ' cos a> 7 + * cosp, z 4- *cosy) >
( 47o )
c'est-à-dire l'intégrale de Poisson, que cet illustre géomètre aurait pu
obtenir ainsi dès ses premières recherches, tandis qu'il n'y est arrivé
que beaucoup plus tard et par d'autres méthodes. Elle se présente ici
comme la seule solution possible de l'équation (i), les conditions (2) ayant
lieu.
» On vérifie aisément, comme on sait, qu'en effet cette valeur de <j> rend
l'équation (1) identique, quelles que soient les fonctions f et F. Le calcul
déjà si simple que Poisson a donné pour cet objet, dans son Mémoire
de 181 9, peut encore être abrégé. Remarquons en passant que si de tels
calculs prouvent très-bien que la valeur de 9 satisfait à l'équation indéfi-
nie (1) et aux équations définies (2), ils ne démontrent pas qu'il soit impos-
sible de remplir les mêmes conditions avec une autre valeur de <p, égale-
ment continue et bien déterminée, mais numériquement différente. Cette
impossibilité (qu'on peut au reste établir de différentes manières et qui dé-
coule d'ailleurs de la nature dynamique du problème que l'équation (1) est
destinée à résoudre) ressort au contraire d'elle-même et nécessairement de
la méthode développée (fi-dessus d'après le Mémoire de 1807. Mais je n'in-
siste pas sur ces détails. Le but historique que je me proposais est atteint
maintenant. »
Communication de M. Chevreul en présentant au nom de M. Stanislas Julien
la traduction d'un ouvrage chinois sur la porcelaine.
« M. Stanislas Julien vient de traduire un livre publié en Chine en 181 5
sous le titre de : Histoire et fabrication de la porcelaine chinoise. Cette tra-
duction est accompagnée de notes et d'additions par M. Al.Salvétat, chimiste
de la manufacture de Sèvres.
» En présentant à l'Académie des Sciences le travail de notre confrère,
suivant le désir qu'il m'en a exprimé, je ne puis me dispenser d'en donner
une idée succincte, en l'examinant trop rapidement malheureusement,
sous le triple rapport de l'histoire de la porcelaine, des procédés de fabrica-
tion et de la comparaison de ces procédés avec ceux qui sont d'usage en
Europe.
» i°. Sous le rapport de l'histoire de la porcelaine. — On avait fait re-
monter l'art de fabriquer la porcelaine à une antiquité exagérée. Il est dé-
montré aujourd'hui que les porcelaines les plus anciennes ont été fabriquées
en Chine à une époque comprise entre 1 85 ans avant Jésus-Christ et 87 de
1ère chrétienne. Quant à des vases de porcelaine trouvés dans des tom-
c 471 )
beaux de l'antique Egypte, ils n'ont pas l'ancienneté qu'on leur avait
attribuée, et M. Stanislas Julien n'a pas peu contribué à détruire cette er-
reur.
» L'auteur chinois passe en revue, d'après l'ordre des temps et des lieux
de fabrication, les diverses porcelaines qui ont le plus de renom à la Chine.
Une carte de cet empire indique l'emplacement des manufactures anciennes
et modernes et ajoute beaucoup à l'intérêt du texte. On en doit l'idée au
savant traducteur.
» 20. Sous le rapport de la fabrication. — Les procédés de fabrication
sont décrits avec clarté et méthode, et ii\ planches de figures au trait, repro-
duites d'après l'ouvrage original, aident encore à la description. Enfin les notes
très-précises de M. Salvétat dissipent les doutes que le texte pourrait laisser
au lecteur.
» L'intérêt du livre français n'est pas borné à l'exposé de fabrication de
la porcelaine chinoise; car M. Stanislas Julien, en annexant à sa traduction
du chinois une traduction de X Art de fabriquer la porcelaine japonaise, due
à M. Hoffmann, interprète de S. M. le Roi des Pays-Bas, a fait tout ce qui
dépendait de lui pour rendre son livre utile à tous les lecteurs que le sujet
qu'il a traité intéresse au double point de vue de l'histoire de l'art et de
l'industrie céramique.
» 3°. Sous le rapport de la fabrication des porcelaines chinoise et japo-
naise avec celle de la porcelaine d'Europe en général et de Sèvres particu-
lièrement. — M. Stanislas Julien a pensé que, pour satisfaire aux désirs des
lecteurs de sa traduction , il fallait leur donner le moyen de comparer les
procédés suivis à la Chine et au Japon avec ceux qui le sont en Europe, et
c'est à M. Salvétat qu'il a confié cette tâche. Il est impossible de montrer
avec plus de clarté que ne la fait l'habile chimiste de Sèvres, en quoi con-
sistent les analogies et les différences des deux fabrications.
» La pâte chinoise, comme la pâte d'Europe, est composée d'un mélange
variable de kaolin , c'est-à-dire d'une matière infusible au feu du four de
porcelaine et d'une matière qui y est fusible.
» Quant à la couverte ou glaçure , elle consiste en une matière fusible;
» Voilà l'analogie.
» Voici la différence :
» La matière fusible mêlée à la pâte est à la Chine du pétrosilex ;
» A Sèvres, elle est composée de la matière sableuse provenant du lavage
du kaolin et de craie.
( 47* )
» La couverte de porcelaine de Chine est du pétrosilex mêlé de chaux,
et assez généralement de cendres de fougère.
» La couverte de la porcelaine de Sèvres est du pétrosilex pur.
» La porcelaine de Chine résiste moins au feu que la porcelaine de
Sèvres.
» Les Chinois n'appliquent pas , comme on le fait au Japon et en Eu-
rope, la matière de la glaçure sur la porcelaine dégourdie que l'on plonge
dans l'eau où la matière de la glaçure est en suspension.
» Il existe encore des différences relativement à l'application des ma-
tières colorantes et à la composition de certaines d'entre elles.
» L'exécution typographique de la traduction de YHistoire et de la fa-
brication de la porcelaine chinoise fait honneur, sous tous les rapports, à
l'imprimerie de M. Mallet-Bachelier, et on doit lui savoir gré d'avoir entre-
pris l'impression d'un tel ouvrage.
» Je ne doute pas du sympathique accueil que mes confrères de l'Acadé-
mie des Sciences feront à la traduction de M. Stanislas Julien, et que, comme
moi, ils désireront vivement que notre illustre sinologue continue des
travaux d'un si grand intérêt pour la science et les arts industriels. On
ne peut douter que le public européen , qui a recherché avec tant d'em-
pressement X1 Art d'élever les vers à soie, placera bientôt dans son estime
le livre dont je n'ai donné qu'une idée bien incomplète à côté de celui qui
l'a précédé. »
physiologie végétale. — Remarques sur l'apparition des premières jeuilles
de quelques marronniers ; par M. Élie de Beaumont.
« L'année dernière, dans la séance du 26 mars (1), je signalais le fait qu'à
la suite d'un hiver tardif, long et intense, le marronnier désigné dans le
Jardin des Tuileries sous le nom de marronnier du 20 mars, avait eu des
feuilles le 2ô mars, comme à l'ordinaire.
« Dans une des séances suivantes, M. Gadebled fit observer que le mar-
ronnier que j'avais indiqué n'était pas celui qui est le plus particulièrement
désigné sous le nom de marronnier du 20 mars (2), le premier étant situé
à i5 mètres en arrière de la statue de Cérès, non loin du bassin du Pont-
(1) Comptes rendus, tome XL, page 699.
(2) Comptes rendus, tome XL, page 861.
(473)
Tournant, et le second beaucoup plus près du Château, à peu de distance
de la statue d'Atalante.
» J'ai traversé, hier g mars, dans l'après-midi, le Jardin des Tuileries.
Les deux marronniers avaient déjà des feuilles; mais celui que j'avais si-
gnalé l'année dernière a encore été le plus précoce cette année, car ses
feuilles, quoique très-petites, étaient cependant un peu plus longues que
celles du 20 mars proprement dit.
» On voit que, cette année, la végétation des marronniers est en avance
de douze jours au moins sur sa marche la plus habituelle. La douceur de
l'hiver que nous venons de traverser l'a affectée beaucoup plus sensiblement
que ne l'avaient fait la longueur et l'intensité de l'hiver précédent; phé-
nomène qu'il est, je crois, facile d'expliquer, mais qu'il n'est peut-être pas
inutile de constater. »
Communication de M. B a bi.net.
« A l'occasion de l'ouvrage de M. Flourens sur la longévité humaine,
ouvrage qui, quoique récent, compte déjà plusieurs éditions , M. Ba-
binet met sous les yeux de l'Académie une gravure qui était chez lui de-
puis longtemps, et qui représente Jenkins, batelier anglais, qui a atteint
l'âge avancé de cent soixante-neuf ans. Les sculpteurs et les physiolo-
gistes s'accordent à reconnaître que ses traits sont ceux d'un homme de
soixante à soixante-dix ans au plus ; mais ce portrait n'a pas dû être fait
avant que Jenkins fût centenaire , car autrement rien ne recommandait à
l'attention publique un simple pêcheur de la Swale. Il était bon nageur et
bon marcheur, et le système musculeux paraît avoir prédominé en lui. Il
était souvent juré aux assises de la ville voisine , et il a parfois rendu témoi-
gnage sur des faits qui dataient de cent quarante ans. Le cerveau paraît
bien développé, et la coiffure , qui recouvre la nuque et une partie des
épaules , est éminemment hygiénique pour un climat tel que celui de l'An-
gleterre. En admettant son âge comme un maximum exceptionnel , et d'a-
près la règle même de M. Flourens , prenant la moitié de cet âge pour l'âge
moyen des hommes, on tombe sur quatre-vingt-quatre ans, c'est-à-dire
sur la septième climatérique. Cet exemple confirme donc la durée de l'exis-
tence fixée par l'illustre Secrétaire de l'Académie, savoir : de quatre-vingt-
dix à cent ans , sauf les accidents mécaniques , physiques , chimiques ou
physiologiques que la nature n'a pu prévoir ».
C. R., ,856, i« Semestre. (T XIII, N° 10.) 63
(474 )
RAPPORTS.
astronomie nautique. — Rapport sur une Lettre de M. Wils Rrown,
indiquant une nouvelle méthode pour le calcul des distances lunaires
observées à la mer.
(Commissaires, MM. Delaunay, Bravais rapporteur.)
« En désignant par H, h les hauteurs vraies du Soleil et de la Lune ;
par H', h! les hauteurs apparentes de ces deux astres;
par D, D' leur distance vraie et leur distance apparente;
par A la différence azimutale des deux astres ;
on a
k cos(
cos H cos h cos H' cos h'
cosD = cos (H — h) — sécHséc^cosH'cos^'[cos(H'— h') — cosD'].
cos(H— /*) — cosD cos(H'— h') — cosD'
i - cos A = — * .„,. = „„.„/
» Voici, d'après la méthode anglaise, la manière de calculer D :
» Calculez l'angle H'— h', et cherchez dans une Table de cosinus natu-
rels les valeurs de cos (H'— h') et de cosD'.
» Retranchez le second cosinus du premier, cherchez le logarithme de la
différence, et écrivez-le dans une deuxième colonne, à droite de celle où
sont inscrits H', h', H — h' et D'.
» Dans cette même colonne à droite, écrivez à droite de H' log cos H' ;
adroite de h' log cos h';
à droite de H logsécH;
à droite de h log séc h .
Ajoutez entre eux ces cinq logarithmes superposés dans la deuxième co-
lonne, et cherchez le nombre naturel N qui correspond à cette somme
algébrique de logarithmes. On aura
cos naturel D = cos nat. (H — h) — nombre N. ;
Cette méthode exige que l'on consulte neuf fois le volume contenant à la
fois les Tables de sinus naturels de o à 90 degrés, ou, ce qui revient au
même, des sinus et cosinus naturels, sur deux colonnes latérales, allant d«
o à 45 degrés, et celles des logarithmes de ces sinus.
(475)
» J'ai voulu voir si le remplacement de ,
;- ,,. tv • D'+H'-A' . D'-f-A'-H'
cos (H — h) — cosD par 2 sin sin
simplifiait la méthode anglaise.
» Au lieu des neuf recherches tabulaires qu'exige la méthode anglaise ,
huit suffisent dans l'emploi de la nouvelle formule ; mais les trois multipli-
cations par 2 , - et -» l'addition et la soustraction qui précèdent ces multi-
plications forment un ensemble de cinq opérations arithmétiques exigeant
probablement du calculateur plus de temps que la méthode anglaise.
» Malheureusement, malgré toutes les recherches que j'ai faites dans les
bibliothèques de l'Institut et du Dépôt des cartes de la marine, je n'ai pu
trouver aucune Table donnant les sinus naturels de o à 90 degrés, de 10 se-
condes en 10 secondes: cela sera cependant indispensable pour la naviga-
tion, si la méthode anglaise est préférée ; ce qui paraît le résultat probable
d'essais comparatifs faits à bord par des officiers de marine, employant
alternativement la méthode nouvelle et l'ancienne.
» La Commission propose à l'Académie des Sciences de renvoyer ce Rap-
port au Bureau des Longitudes, ainsi qu'au Ministre de la Marine et des
Colonies, et en même temps de leur soumettre la question de la construc-
tion de semblables Tables. Comme elles existent déjà en Angleterre, puisque
les officiers anglais commencent à les employer dans leurs calculs de dis-
tances lunaires, il est très-probable qu'elles sont déjà imprimées, dans la
condition demandée ci-dessus (de 10 secondes en 10 secondes), et que le
travail à faire pour les rendre accessibles à nos officiers chargés des montres
se bornera à une simple réimpression. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
« M. Thenard, en son nom et celui de MM. Chevreul et Dumas, Com-
missaires nommés pour l'examen d'un nouveau Mémoire de M. Tiff'ereau,
ayant pour titre : « Les métaux sont des corps composés », déclare que la
Commission^ après avoir pris connaissance de ce Mémoire, a décidé, à
l'unanimité, qu'il n'y avait pas lieu a faire un Rapport. »
« M. Thenard, au nom d'une autre Commission nommée pour une
réclamation de MM. A. Chevalier fils et O. Henry fils, concernant une
communication récente de MM. Orfila et Rigout (action du phosphore
rouge sur l'économie animale), déclare au nom de cette Commission, de
63..
( 476 )
laquelle font partie avec lui MM. Pelouze et Cl. Bernard, que dans l'état
actuel des choses il n'y a pas lieu à faire de Rapport. En publiant dans ses
Comptes rendus un long extrait de la Lettre des réclamants, avec l'indica-
tion des dates assignées par eux aux documents annoncés comme constatant
leur droit de priorité et devant être produits plus tard, l'Académie a fait
tout ce qu'ils pouvaient attendre de sa justice. »
« M. Becquerel, au nom de la Commission qui a fait le Rapport sur les
procédés galvanoplastiques de M. Lenoir, demande que la deuxième pré-
sentation de ce Rapport, qui devait être faite aujourd'hui, conformément à
la décision prise dans la dernière séance, soit ajournée jusqu'à ce que la
Commission ait pu se fixer sur la légitimité de deux réclamations adressées
à l'occasion de ce Rapport par M. Zier et par M. Gueyton, réclamations
dont il sera fait mention plus loin à l'article de la Correspondance. »
Cette proposition est adoptée.
MÉMOIRES LUS.
chirurgie. — Mémoire sur les propriétés du tissu cicatriciel et l'application
de V nutoplastie aux brides ; par M, Jobert, de Lamballe. (Extrait par
l'auteur.)
(Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie. )
« Propriétés du tissu cicatriciel. — On est dans l'habitude de refuser
à ce tissu toute sensibilité et on admet qu'il est doué d'une propriété de
resserrement ou de rétractilité extraordinaire. Cette opinion, basée sur ce
que sa section sur le vivant, les piqûres, les torsions, les pincements et les
températures différentes n'y développent aucune sensibilité , est générale-
ment admise, et pendant longtemps je l'ai partagée avec tous les auteurs
qui ont écrit sur cette matière. Mais de nouvelles expériences auxquelles
je me suis livré à propos de l'application de l'autoplastie aux brides, m'ont
conduit à des résultats tout à fait opposés à ceux que le temps avait sanc-
tionnés jusqu'à ce jour.
» Il résulte de ces recherches que le tissu cicatriciel est sensible, et que
son apparente insensibilité n'est que le résultat de sa rétractilité. Il suffit,
pour le démontrer, de le placer dans d'autres conditions et de lui donner
de la souplesse, en faisant cesser le tiraillement dont il est l'objet. C'est à
quoi l'on parvient en transplantant dans son centre un lambeau em-
prunté aux parties voisines et que l'on aura soin de détacher complètement
f 477 )
pour que l'expérience soit tout à fait concluante. Aussitôt que le lambeau
et les lèvres du tissu cicatriciel seront confondus, on reconnaîtra facilement
l'existence de la sensibilité. Cette sensibilité qui se développe avec la cessa-
tion du tiraillement, est-elle due à un changement de vitalité? Rien ne porte
à le croire, et n'est-il pas plus logique, et partant plus rationnel, d'ad-
mettre que des nerfs, dont la présence était ignorée, existent pourtant à l'état
rudimentaire, et qu'ils se forment de la même manière que les vaisseaux.
» Ces résultats m'ont donné l'explication de certains phénomènes dont
j'avais essayé de me rendre compte à une époque antérieure : je veux parler
de ces sensations de prurit dont les cicatrices sont fréquemment le siège, et
de ces vives douleurs que ressentent particulièrement les anciens militaires
porteurs de cicatrices, sous l'influence des variations de température, de
l'électricité répandue dans l'air ou d'autres agents extérieurs.
» Il ressort des considérations -précédentes et de l'examen anatomique
du tissu cicatriciel que sa vitalité est peu développée ; mais, si la rareté des
vaisseaux sanguins est un obstacle à l'apparition de l'inflammation, des
éruptions, de l'érysipèle, etc. , d'un autre côté, c'est probablement à cette
même cause que sont dues les ulcérations qui se développent et deviennent
promptement désorganisatrices.
» Je ne m'arrêterai pas plus longuement sur ce point intéressant de la
science, mon but étant surtout, dans ce qui me reste à dire, d'examiner
comment les idées qui précèdent peuvent trouver leur application dans le
traitement des cicatrices difformes.
» Autoplastie des brides. — Pendant longtemps on s'est proposé d'al-
longer les brides pour faire disparaître les difformités auxquelles leur
action de resserrement donnait lieu. Cette action rétractile détruisait rapi-
dement l'effet de tout agent mécanique. Ce procédé doit être rejeté , tant à
cause des douleurs qu'il occasionne, que parce que son emploi n'est justi-
fié par aucun succès. Bientôt s'est présentée l'idée de détruire la bride en
la divisant, afin d'allonger les parties vicieusement déformées. Ce mode
opératoire obtient généralement un résultat immédiat; mais il ne présente
pas de garanties suffisantes à cause de^l'inflammation et de la suppuration
qui s'établissent à la surface de la plaie ; il se forme un tissu inodulaire
plus résistant que le premier, et la bride prend plus de force et d'épais-
seur. Pourtant il peut arriver que l'inflammation soit si faible et la suppu-
ration si peu abondante, que, les lèvres de la plaie se cicatrisant isolément,
la guérison devienne définitive.
(478)
» Delpech a proposé d'extirper la totalité des brides et d'opérer la réu-
nion des lèvres de la plaie par la suture. Ce procédé , fondé sur la connais-
sance exacte de la nature du tissu des cicatrices, diminue les chances de
récidive et a été plusieurs fois employé avec succès. Il n'est pas cepen-
dant applicable à toutes les difformités cicatricielles : il y aurait un vrai
danger à y recourir pour une large cicatrice ; on peut craindre une inflam-
mation grave et la récidive.
» Préoccupé des accidents sérieux que cette méthode a quelquefois en-
traînés , je me suis demandé s'il n'y aurait pas d'autre moyen de combattre
cette rétractilité du tissu inodulaire, et j'ai songé à l'application de l'auto-
plastie aux brides. J'ai pensé à réparer la perte de substance par une addi-
tion de parties molles empruntées au voisinage et transplantées au milieu
du tissu inodulaire. Mes prévisions se sont réalisées , et j'ai vu le tissu ci-
catriciel cesser ses tiraillements sur les parties environnantes , les mouve-
ments articulaires se rétablir, et la sensibilité renaître dans les lieux où elle
semblait éteinte pour toujours. '
» Au premier abord, on serait tenté de croire qu'un lambeau trans-
planté au milieu du tissu cicatriciel ne devrait pas y prendre racine à cause
du peu de vitalité de ce dernier. Mais l'expérience a prouvé que la greffe
animale se réunit aussi bien ail tissu cicatriciel divisé qu'aux autres tissus.
C'est un fait remarquable que ce travail ne donne lieu à aucun excès d'in-
flammation et se maintient dans de justes limites. Je passe sous silence les
détails de l'opération, pour arriver au pansement et à la réunion.
» On doit : i° enlever avec de l'eau le sang de la surface de la plaie;
2° coucher le lambeau dans la rigole saignante; 3° pratiquer la suture
entrecoupée, en commençant par le sommet du lambeau, l'angle corres-
pondant de la plaie de la bride, et terminant par les côtés des surfaces sai-
gnantes ; 4° comprimer doucement le lambeau avec les doigts, en versant
de l'eau à sa surface ; 5° pratiquer le pansement avec un linge enduit de
cérat et des compresses trempées dans l'eau froide.
» L'opéré doit user d'une extrême prudence jusqu'à la section du pédi-
cule, qui ne doit être pratiquée que lorsque le lambeau a pris racine dans
son nouveau domicile. Il faut attendre qu'il y ait communauté de vitalité
entre les surfaces. Il s'écoule peu de sang par cette section, qui permet
aux deux parties de la greffe de s'éloigner immédiatement l'une de l'autre :
on découvre alors une partie saine de peau ou de tissu cicatriel que le lam-
beau recouvrait. Les deux lèvres saignantes, après s'être écartées, se gon-
( 479 )
fient, se tuméfient et se recouvrent d'une cicatrice. Après la section du
pédicule, celui-ci se rétracte, s'atrophie; il n'en reste qu'un petit mamelon,
rougeâtre d'abord et blanchâtre ensuite. Le lambeau se rétracte vers son
nouveau domicile, et la peau du pédicule se cache dans l'angle correspon-
dant de la plaie faite à la bride. La saillie' que forme d'abord le lambeau,
s'affaisse , et une ligne rougeâtre indique ses limites avec les parties voi-
sines ; il s'arrondit, et gagne en largeur ce qu'il perd en longueur. Je n'ai
jamais vu ce lambeau s'hypertrophier, et il y a toujours eu adhésion entre
lui et la bride divisée. Aucun changement appréciable ne se manifeste avant
la section du pédicule ; mais lorsqu'elle a été pratiquée, la bride s'étale,
la difformité disparaît, les tiraillements cessent, la partie inclinée se redresse
et reprend son attitude.
» A l'appui des principes que je viens de poser, je citerai en quelques
mots un fait remarquable de guérison obtenue par cette méthode. Il s'agit
d'une jeune fille qui, à la suite d'une brûlure, eut une inclinaison vicieuse
de la tête et du cou, produite par une large et forte bride.
» Le côté droit de la figure, du cou, de la poitrine, et le bras droit avaient
été le siège d'une brûlure, que je rapporte au troisième degré suivant la
classification de Boyer, au quatrième suivant celle de Dupuytren. La sup-
puration dura dix-huit mois et fut extrêmement abondante.
» Le 6 mars 1 855, elle entra à l'Hôtel-Dieu dans mon service. Sur la par-
tie latérale gauche du cou existait une bride saillante, de la forme d'un
triangle, s' étendant de la partie inférieure du visage à la partie supérieure
du thorax. Elle était rougeâtre, tout à fait insensible; son épiderme était
mince, rugueux, luisant. Elle était fortement tendue, très-épaisse, et forçait
la tête et le cou à s'incliner sur le cou et l'épaule. La face était asymétrique.
La longueur du tissu cicatriciel, y compris la bride, depuis la pommette
jusqu'à la poitrine, était de 19 centimètres.
» Cette jeune fille avait été opérée le 25 septembre 1849 Par un médecin
qui, après une incision transversale habilement pratiquée, avait essayé de
maintenir le cou dans l'extension. Il n'obtint qu'une amélioration momen-
tanée.
» Le 20 avril, je pratiquai l'opération d'après mon procédé; le 28 mai,
je fis la section du pédicule, et le 24 juin la malade quitta l'hôpital. Avant
l'opération, la tête était tout à fait inclinée sur l'épaule et portée un peu en
avant; l'angle de la mâchoire n'était distant de la partie moyenne de la cla-
vicule que de 8 centimètres. Le i5 septembre, j'examinai la malade : la
( 48o )
tète était droite et l'inclinaison facile ; la distance de l'angle de la mâchoire
gauche à la partie moyenne de la clavicule, dans l'inclinaison un peu forcée,
était de 1 7 centimètres. Le seul mouvement de rotation à droite était encore
limité. Tout le tissu cicatriciel avait pris de la souplesse; la sensibilité y
était très-développée ; le lambeau était de niveau avec les tissus circonvoi-
sins; un soulèvement à peine sensible s'observait à l'endroit où le pédicule
avait été coupé; le lambeau avait 4 centimètres et demi dans son diamètre
vertical et 3 dans le transversal ; il était éloigné de 5 centimètres et demi du
lieu où il avait été pris.
» Depuis longtemps la chirurgie plastique a prouvé qu'on pouvait obtenir
des résultats extraordinaires dans les réparations du corps humain. L'ob-
servation dont l'Académie a bien voulu entendre la lecture, démontre com-
ment la science réparatrice peut conduire le chirurgien à des applications
propres à éclairer certains points de physiologie et d'anatomie. Elle a dévoilé
la sensibilité dans un tissu réputé insensible, en faisant ressortir cette pro-
priété par la seule application de la greffe animale. Elle fait voir aussi com-
bien étaient peu fondées les idées de Delpech qui, persuadé de la constante
rétractilité du tissu modulaire, avait proposé comme règle d'en faire l'extir-
pation. Pendant longtemps aussi, j'ai cru que c'était le seul moyen pour
arriver à la guérisou : j'ai dû renoncer à cette opinion en présence des ré-
sultats obtenus. Ce grand pathologiste n'avait vu que le fait, et ne s'était
pas. demandé s'il existait un moven de s'opposer à cette influence rétrac-
tile.
« L'observation précédente vient confirmer les principes que j'ai posés
et donner une sanction nouvelle à des vérités pratiques que l'expérimenta-
tion et l'observation ont mises en évidence. »
„ MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. Jules Ci-oquet, en présentant un Mémoire de M. Longet, s'exprime
en ces termes :
« M. Longet, qu'une douloureuse maladie retient chez lui depuis plu-
sieurs semaines, m'a prié de communiquer, en son nom, à l'Académie, un
Mémoire qui est extrait d'un travail plus étendu et intitulé : Etudes expéri-
mentales et critiques sur les divers liquides digestifs de l'économie animale,
travail dont il se propose de soumettre les principaux résultats à l'Académie,
'( 48i )
avant leur publication dans' le second volume de son Traité de Physio-
logie.
» Le nouveau Mémoire de M. Longet, dont je vais faire connaître les
conclusions, et qui présente un grand intérêt à la fois sous le rapport chi-
mique et sous le rapport physiologique, porte le titre suivant : Du suljo-
cyamire de potassium considéré comme un des éléments normaux et con-
stants de la salive.
» Voici les conclusions par lesquelles M. Longet termine ce Mémoire :
« i°. Le sulfocyanure de potassium, qui, d'après l'opinion la plus géné-
ralement admise, n'existerait pas normalement dans la salive de l'homme,
mais s'y développerait sous certaines influences fortuites, ou même dont
l'apparition serait liée à un état pathologique, doit, au contraire, être consi-
déré comme un des principes normaux et constants de ce Jluide.
» 20. Il se rencontre •non-seulement dans la salive mixte ou buccale, mais
aussi dans la salive parotidienne et dans les salives sous-maxillaire et sub-
linguale.
» 3°. Sa présence caractérise, en quelque sorte, la sécrétion salivaire;
car la sueur, l'urine, les larmes, le liquide cérébro-spinal, le sérum du sang
et la sérosité provenant de vésicatoires, ne m'ont jamais donné aucune trace
de sulfocyanure : il en a été de même du fluide pancréatique pris chez le
mouton et le bœuf.
» 4°- Ce sel existe dans la salive en proportions variables, mais toujours
très-petites : ces variations ne dépendent ni de l'âge, ni du sexe, ni du ré-
gime, ni d'états particuliers du système nerveux, mais seulement du degré
de concentration du liquide salivaire.
» 5°. Avec un trop grand état de fluidité de la salive, succédant à une
excrétion très-abondante, le sulfocyanure peut devenir inappréciable aux
réactifs ; mais, dans ce cas, il suffit de concentrer le liquide salivaire par une
évaporation lente, pour obtenir constamment la réaction caractéristique de
la présence du sulfocyanure, comme je l'ai observé dans Jepyrosis et les
salivations mercurielles.
» 6°. L'état sain ou morbide des dents n'a aucune influence sur la pré-
sence ou l'abondance de ce produit, qui d'ailleurs se retrouve aussi chez les
personnes absolument dépourvues de dents.
» 70. Le sulfocyanure ne résulte pas non plus, comme on l'avait avancé,
d'une altération spontanée de la salive.
C. R., i856, i« Si-mrttre. (T. XLH, N° 10.) 64
( 48a )
» 8°. Pour Y isoler comme je l'ai fait, il importe d'analyser de préférence
la salive d'individus à jeun.
» 90. De tous les persels de fer, le perchlorure est le meilleur réactif pour
déceler la présence du sulfocyanure dans la salive; il donne à ce liquide,
suffisamment concentré, une belle coloration rouge de sang.
» i o°. Aucune autre substance organique ou inorganique, contenue dans
la salive, ne donne lieu, avec le perchlorure de fer, à la même réaction que
le sulfocyanure : c'est à tort qu'on a rapporté la précédente coloration à la
présence d'acétates alcalins dans le fluide salivaire. »
(Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie.)
physique. — Description d'un nouvel appareil de recherches , fondé sur les
interférences ; parlSl. J. Jamin.
(Commissaires, MM. Biot, Regnault, de'Senarmont.)
« L'instrument que je vais décrire est une application du phénomène des
anneaux développés par la réflexion sur les lames épaisses. Je prends une
glace à faces parallèles qui doit être taillée dans une matière très-pure et
parfaitement dressée; je la coupe en deux parties, je fixe verticalement la
première sur un support solide et je reçois sur elle la lumière venue d'une
lampe ou du ciel. Chacun des rayons incidents se résout par des réflexions
et des réfractions successives en une infinité d'autres , et donne en particu-
lier naissance à des rayons réfléchis, l'un à la surface antérieure de la glace,
l'autre à la surface postérieure : le troisième a subi trois réflexions inté-
rieures, le quatrième en a éprouvé cinq, etc. Mais comme les intensités
diminuent rapidement quand les réflexions se multiplient, on peut n'exa-
miner que les deux première dont l'effet dissimule tous les autres. L'écarte-
ment de ces deux rayons atteint un maximum pour une incidence conve-
nable, il est proportionnel à l'épaisseur de la glace, il pourra conséquemment
être aussi grand ou aussi petit qu'on le voudra.
» Ces deux rayons se propagent parallèlement dans l'air jusqu'à une
distance qu'on peut augmenter ou diminuer à volonté; ils sont enfin reçus
sur le deuxième fragment de la glace, que l'on dirige parallèlement au pre-
mier ; chacun d'eux s'y réfléchit à la première et à la deuxième surface, et le
faisceau primitif se trouve alors avoir été partagé en quatre rayons paral-
lèles. Dans cette action deux d'entre eux se sont évidemment superposés,
ce sont : i° le rayon réfléchi aux surfaces, antérieure de la première
(483 )
glace et postérieure de la seconde ; a° le rayon réfléchi aux faces, posté-
rieure de la première glace et antérieure de la seconde, et non-seulement
ils se superposent en direction, mais ils sont égaux en intensité, et ils ont
parcouru les mêmes épaisseurs d'air et de verre : ils sont concordants.
» Quand les deux glaces, au lieu d'être exactement parallèles, s'inclinent
entre elles d'une quantité croissante, les deux rayons interférents cessent de
se superposer exactement ; ils prennent des différences de marche croissan-
tes, et si l'on reçoit dans l'œil l'ensemble des rayons réfléchis, on distingue
des franges alternativement brillantes et obscures. L'expérience et la théorie
s'accordent pour montrer que ces franges peuvent être horizontales, ou ver-
ticales, ou inclinées, être déliées et serrées l'une contre l'autre, quand les
glaces sont inclinées, et qu'elles s'élargissent et se séparent pour dégénérer
en teintes plates à mesure que les miroirs s'approchent du parallélisme
parfait.
» Voilà donc un phénomène d'interférences déterminé par les réflexions
sur deux glaces parallèles. La première dédouble un faisceau incident en
deux rayons, qui sont d'autant plus écartés que la glace est plus épaisse, et
qui marchent parallèlement. Une seconde glace les réunit, produit des
franges, que l'on écarte ou que l'on resserre à volonté ; elles sont absolu-
ment fixes, ce qu'il faut attribuer à la parfaite solidarité des deux surfaces
de chaque glace; elles sont très-éclairées; et cet appareil n'exige, ni fente
étroite bien orientée, ni miroirs inclinés bien réglés, ni loupe pour viser les
franges, ni aucune des précautions minutieuses ordinairement exigées poul-
ies expériences d'interférence. Veut-on maintenant faire des applications,
on dirigera sur la première glace un faisceau convenablement diaphragmé.
Les deux rayons réfléchis seront reçus dans deux tubes parallèles, longs ou
courts, et quand on fera varier la nature ou l'état physique des milieux
enfermés dans ces tubes, on déplacera ces franges; leur grande largeur et
leur fixité permettront d'apprécier et, s'il en est besoin, de mesurer la dif-
férence des vitesses des deux rayons. Cet appareil pourra donc remplacer
le réfractomètre différentiel d'Arago avec de grands avantages de commo-
dité, de fixité et de sensibilité.
» On peut même se dispenser de limiter le faisceau lumineux; on peut
recevoir sur la glace objective la lumière des nuées et regarder directement
son image dans la lame oculaire; on voit des franges un peu lavées, mais
encore très-distinctes, s'étaler dans toute l'étendue du faisceau, absolument
comme on voit les anneaux de Newton dans toute l'étendue de la double
lentille qui les forme, et quand on place entre les deux glaces, parallèle-
6/,..
( m )
ment à la direction des deux rayons interférants, une lame plane quel-
conque plongée dans un gaz ou dans un liquide, un des rayons rase le
bord de la lame, l'autre en est éloigné, et si une modification physique ou
chimique se produit au contact du solide immergé, elle se révèle aussitôt
par une déformation des franges au contact de l'ombre portée par la lame.
Réduit à cette simplicité, l'appareil accuse toute variation de température,
tout changement de densité, toute action chimique, produits au contact.
Je vais citer à ce sujet quelques expériences; je le ferai très-sommaire-
ment, me réservant de compléter et de développer chacune d'elles dans
des Mémoires spéciaux.
» I. On plonge dans une dissolution des lames de différente nature :
l'indice du liquide se montre plus grand au contact du solide; l'action,
d'abord faible, s'exagère ensuite, puis disparaît, après quelques minutes
d'immersion. Cette première action, qui tient probablement à la dissolu-
tion lente des gaz que ces lames avaient condensés, se reproduit toutes les
fois que l'on soulève la plaque. Quand elle a cessé d'être sensible, tout
effet disparaît, si les solides plongés ne sont point attaqués, et fait place à
une autre variation de l'indice déterminée par l'action chimique, si elle se
produit. On voit ainsi les métaux oxydables se dissoudre dans l'eau distillée
aérée, et rester neutres dans l'eau privée d'air; comme on devait s'y atten-
dre, l'indice est quelquefois augmenté, quelquefois diminué, et les dépla-
cements des franges se font quelquefois dans un sens, quelquefois dans le
sens opposé. On a ainsi un moyen de reconnaître les actions chimiques
lentes.
» II. Quant on dirige un courant électrique dans un liquide quelcon-
que, l'électrolysation fait varier la densité au contact des conducteurs, et
le déplacement des franges rend cette action sensible, quelle que soit la faible
intensité des courants qui la font naître. Alors la polarisation des électro-
des, le transport des éléments décomposés, tous les changements chimi-
ques deviennent pour ainsi dire visibles, et ces effets peuvent être suivis
dans leurs détails par la variation des franges.
» III. La moindre augmentation de température est accusée par une
modification énergique du phénomène optique. Quand, par exemple, on
fait passer le courant d'un seul élément Bunsen dans l'eau distillée, on
n'obtient que des effets chimiques faibles; mais si l'on arme avec cette bat-
terie l'appareil de Ruhmkorff, et qu'on fasse passer le courant d'induction
dans le même liquide, on développe un effet calorifique très-intense. Une
fois prévenu de cette action, j'ai pu la constater par un thermomètre et ob-
(485)
i
tenir une élévation de 8 degrés dans 20 grammes d'eau en vingt-quatre mi-
nutes. Les solutions salines, ou l'eau rendue conductrice, n'éprouvent
pas cette action.
» IV. Quand on plonge dans un sel de fer les armatures d'un électro-
aimant énergique, on voit augmenter la richesse de la solution au contact
des pôles, le sel de fer est attiré, l'eau est repoussée, et comme cette action
est progressive et qu'elle augmente avec le temps, elle arrive toujours à
être visible, même avec des solutions étendues et des aimants peu énergi-
ques : une fois concentrée au pôle, la solution y cristallise.
» V. On place dans une solution saline saturée un cristal déjà formé du
même sel ; on sait qu'il continue à s'accroître par l'addition successive de
couches nouvelles. On voit très-nettement l'indice de la solution augmen-
ter en allant du sein du liquide vers la surface cristalline, comme si les mo-
lécules du sel y étaient attirées par une force spéciale; mais quand on
approche jusqu'à une très-petite distance du cristal, on reconnaît un effet
inverse, c'est-à-dire que l'indice de la dissolution décroît rapidement jus-
qu'au contact, soit que la concentration s'affaiblisse dans toute l'étendue
de la couche mince qui baigne sa surface, soit que la chaleur, dégagée au
moment de la cristallisation, amène une diminution de l'indice. Il faudra
voir si cet effet n'est pas variable en intensité, suivant la direction de la
surface par rapport aux axes cristallographiques. »
géométrie. — Note sur un genre particulier de surfaces réciproques;
par M. Ossian Bonnet.
(Renvoi à l'examen de la Section de Géométrie.)
« Monge a appelé surfaces réciproques deux surfaces telles, qu'en dési-
gnant par je, y, z les coordonnées rectangulaires d'un point de la pre-
mière et par jc, , jrt , z, les coordonnées par rapport aux mêmes axes du
point correspondant de la seconde, on a
, N dz dz
(') X< = dlc=:P' ^t=dJ = ^ Z, = Z-pX-qj.
Ces surfaces présentent, en effet, une réciprocité dans l'expression des coor-
données de leurs points, et des équations (1) on déduit aisément
dz, dz,
( 486)
mais il ne paraît pas qu'il y ait rien d'analogue au point de vue géomé-
trique .
» J'ai été conduit à une autre espèce de surfaces réciproques qui satis-
font, comme celles de Monge, à la condition de réciprocité analytique, et
qui sont en outre liées par quelques propriétés géométriques assez remar-
quables.
» Je fais
x, = x
Pzy J*=J + qz, z,= iz y 1 -+- p* -f- ç2
i étant l'unité imaginaire \j—ié, c'est-à-dire je prends pour x{ et y, l'a: et
Yy du point où la normale à la première surface perce un plan fixe choisi
pour celui des x,y, et pour zt la longueur de la normale multipliée par i.
De cette manière, à tout point réel de la première surface répond un point
imaginaire de la seconde, et réciproquement; ce qui n'empêche pas les
surfaces d'être dans bien des cas toutes les deux réelles. Ainsi, la première
surface étant un ellipsoïde et le plan des x, y étant le plan principal per-
pendiculaire à l'axe minimum, la seconde surface est un hvperboloïde à une
nappe, dont l'axe imaginaire est l'axe minimum de l'ellipsoïde et qui a pour
sommets sur les axes des x et des y les foyers des sections principales de
l'ellipsoïde, situées dans les plans des x, z et des -y, z.
» Des équations (2), on déduit
x =X, +/),:•„ y=yl-Jrqizl, z = — iz, y/i ■+- p\ -f- q\.
Ce qui montre d'abord que les surfaces sont réciproques par rapport à
l'expression des coordonnées de leurs points.
» Voici maintenant quelques propriétés géométriques des surfaces dont
il s'agit.
» i°. a, b, e étant les cosinus des angles formés par la normale à la pre-
mière surface avec les axes des coordonnées, et «,, b,, c, les cosinus des
angles analogues pour le point correspondant de la seconde surface,
on a
d'où
1 a , h
C. = -j a. = -> (0. = -:
c c r
I n, . h,
C — -, a = — > 0 = —
c, c, c,
» 2°. Les lignes de courbure sont des lignes conjuguées dans les deux
( 487 )
surfaces ; de telle sorte que, si
j\x, J, z) = o
est une équation des lignes de courbure de la première surface,
f{x,-hplzl, y, +qtzA, -izt\ji + p\ + qf> = o
sera une équation des lignes de courbure de la seconde surface.
» 3°. p étant un rayon de courbure principal de la première surface et Ç
le z du centre de courbure situé à l'extrémité de ce rayon, p, et Ç4 les quan-
tités analogues à p et Ç pour le point correspondant de la seconde surface,
on a
» Il résulte immédiatement de cette propriété que les surfaces à arre
minima ont pour réciproques les surfaces pour lesquelles la somme des
deux rayons de courbure principaux est égale en chaque point au dou-
ble de la normale, c'est-à-dire les surfaces dont nous avons donné
pour la première fois l'équation intégrale dans notre dernière commu-
nication.
» 4°- ^S étant l'élément de surface, p et p' les deux rayons de courbure
principaux pour la première surface, et dS,, p{, p\ les quantités analogues
pour la seconde surface, on a
z2dS _ _ z;rfS,
P?' P'Pi
» 5°. erV étant l'élément de volume parallélipipédique et parallèle aux z
de la première surface, dV, l'élément correspondant de la seconde surface,
on a
d\ ' rfV,
. . z?p' ~~ *if)P(
» Il est important de remarquer qu'une surface n'a pas de réciproque
quand elle est l'enveloppe d'une suite de sphères dont les centres par-
courent une ligne tracée dans le plan de x,y. En effet, dans ce cas, x-+- pz,
y -+- qz sont liées par une relation et ne peuvent plus être prises pour
variables indépendantes. »
( m )
optique. — Mémoire siir les conditions auxquelles il faut satisfaire clans
la construction des appareils optiques, pour obtenir des images qui soient
exemptes de déformations ; par M. Breton, de Champ. (Extrait par
l'auteur.)
(Commissaires, MM. Babinet, Chasles.)
« Les images formées dans la chambre obscure, dans les télescopes, et
en général dans les appareils de toute nature destinés à augmenter la puis-
sance de la vision, sont parfaitement fidèles lorsqu'on les restreint à leur
partie la plus centrale. Mais il n'en est pas toujours de même dans les
parties éloignées du centre. On y remarque souvent des déformations qui
se manifestent notamment en ce que des lignes qu'on sait être droites pa-
raissent courbées. C'est là un inconvénient que l'on doit chercher à éviter
dans la construction des objectifs de daguerréotype ; mais ce n'est pas tout.
Les mêmes déformations existent ou peuvent exister, quoique moins sensi-
bles, dans les images formées au foyer des instruments de précision, et
elle affecte les déterminations que l'on conclut de mesures prises sur ces
images, d'où résulte la nécessité de se rendre un compte exact de l'influence
de cette cause d'erreur.
» Le présent Mémoire a pour objet de faire connaître un procédé de
calcul à l'aide duquel on peut déterminer, pour un instrument tout construit
ou seulement projeté, les déformations des images qu'il donnera, et par suite
les relations spéeiales qu'il faudrait établir entre ses éléments constitutifs
pour obtenir des images fidèles. Je démontre d'abord qu'il suffit de consi-
dérer une section centrale de l'appareil. J'établis ensuite les formules qui
donnent les coordonnées du point d'incidence du rayon sur l'une quel-
conque des surfaces réfringentes ou réfléchissantes, ainsi que sa direction
après qu'il a subi l'action de cette surface. Ces formules sont préparées pour
un calcul successif, et consistent toujours dans des polynômes entiers par
rapport aux variables qui y entrent. »
anatomie comparée des végétaux. — Ordre des Orobanchées {genres
Orobanche et Phelipœa); par M. Ad. Cbatin. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.)
« L'ordre des Orobanchées est, sans contredit, l'un des plus importants à
connaître parmi les plantes parasites, soit que l'on considère le grand nombre
(489)
de ses espèces, les dégâts causés par plusieurs de celles-ci dans nos cultures,
sa structure ou son mode de végétation.
» Malgré quelques observations intéressantes à plusieurs égards, mais
isolées, incomplètes et peu propres à nous faire connaître la véritable orga-
nisation, même du seul genre Orobanche, l'anatomie de l'ordre restait véri-
tablement tout entière à faire. Dix-huit planches sont le moins que j'aie cru
pouvoir donner pour représenter, même d'une manière incomplète, des
observations anatomiques qui offrent encore plusieurs lacunes, que je m'ef-
forcerai de combler par un supplément au Mémoire et aux planches, dans
le cours du prochain été. Dix planches sont consacrées aux deux grands
genres Orobanche et Phelipœa, dont l'examen fait le sujet de la partie de
mes recherches que je soumets aujourd'hui à l'Académie des Sciences.
» Les points sur lesquels j'ai cru devoir spécialement fixer mon attention
sont : le mode d'adhérence de la parasite à la plante nourricière, mode qui
s'éloigne beaucoup de celui que j'ai fait connaître chez les Cuscutacées et
les Cassythacées, dans les plantes adultes du moins; le rhizome ou la partie
inférieure et souterraine ordinairement renflée de la tige; la tige propre-
ment dite ou tige aérienne; enfin les écailles ou feuilles squammiformes qui
recouvrent celle-ci.
» La racine étrangère qui porte la nourriture à un Orobanche ou à un
Phelipœa se présente ordinairement comme implantée par son extrémité
dans la base tubéreuse de celui-ci. Si l'on pratique une coupe intéres-
sant à la fois, dans leur point d'adhérence, la parasite et la nourrice, on
reconnaît, en se servant d'un grossissement suffisant, que les fibres et les
vaisseaux des deux plantes marchent à l'encontre les uns des autres, s'é-
parpillent en éventail et s'enchevêtrent ensemble, en même temps que le
parenchyme cortical de la parasite enveloppe la portion ligneuse axile de
la nourrice et se resserre derrière son sommet évasé, disposition dont l'un
des effets est d'ajouter à la solidité de l'adhérence. Il ne paraît donc y avoir,
au premier aspect, aucune analogie entre les connexions des Orobanches
avec les tissus étrangers nourriciers et celles qu'on observe chez les Cuscu-
tacées, les Cassythacées, les Rhinanthacées, etc., plantes qui envoient dans
les espèces aux dépens desquelles elles vivent des sortes de racines terminées
par une extrémité parenchymateuse en forme de spongiole, à l'intérieur de
laquelle reste toujours enfermé l'élément fibro-vasculaire ramassé en un petit
cône ; mais ces différences dans la distribution des éléments anatomiques
au point de soudure des suçoirs s'effacent quand on remonte au jeune âge
C. K , i856, 1" Semestre. (T. XUl, N° 10. ! 65
( m )
des Orobanches. On voit alors, en effet, que la différence principale entre
ces dernières et les plantes munies dé cônes-suçoirs consiste en ce que l'état,
qui chez celles-ci persiste toujours, n'est chez elles que transitoire.
» L'examen de la tige des Orobanches, fait à diverses hauteurs, met en
lumière ce fait inattendu, qu'elle présente des rayons médullaires ou en est
dépourvue, suivant le point où on l'examine. Dans toute la portion sou-
terraine, et souvent un peu au-dessus, le parenchyme cortical et le paren-
chyme médullaire communiquent largement entre eux par le tissu cellulaire
qui isole les faisceaux fibro-vasculaires ; plus haut, ces faisceaux sont com-
plètement réunis en un cercle qui entoure la moelle.
» Une autre différence capitale entre la portion rhizomateuse et la portion
aérienne des tiges est que la première est exclusivement formée de vaisseaux
ponctués submoniliformes, tandis que chez la seconde, aux vaisseaux ponc-
tués, devenus plus longs, s'ajoutent des vaisseaux de plusieurs sortes, et
notamment des trachées à spire déroulable.
» D'autres différences entre le rhizome et la tige florale consistent en ce
que le premier, d'ailleurs privé de stomates, contient habituellement dans
son parenchyme de la fécule, que remplacent peu à peu dans celle-ci des
granules ni verts ni amylacés et des gouttelettes huileuses. La nature des
fibres établit encore une ligne de démarcation entre la partie souterraine et
la partie aérienne des tiges.
» Dans la tige floriflère comme dans le rhizome, les vaisseaux, généralement
groupés et irrégulièrement prismatiques, se disposent de deux manières :
tantôt, et c'est là le cas général, ils sont réunis par paquets ou faisceaux dis-
posés sur une ligne circulaire dans l'épaisseur de la zone continue des fibres
ligneuses; tantôt, au contraire, ils forment, comme dans le Phelipœa ra-
mosa, un cercle continu inscrit dans le cercle fibreux et entourant directe-
ment la moelle.
» La structure des écailles de la tige florifère est assez uniforme et digne
d'intérêt. L'épiderme des deux faces renferme assez souvent des gouttelettes
et des grains oléorésineux, qu'on retrouve aussi dans le parenchyme, même
vers la face supérieure qui manque de stomates. Ces derniers, dont la pré-
sence coïncide avec l'absence de matière verte, paraissent d'ailleurs man-
quer, tant sur les écailles que sur la tige du Phelipœa ramosa. A cet égard
on remarquera que Vaucher, qui a commis deux erreurs, ou plutôt qui a
pris deux fois l'exception pour l'état général, en disant que les Orobanches
ont une couronne de trachées autour de la moelle et manquent de stomates,
semble n'avoir examiné que le Phelipœa ramosa, les P. cœrulœa, arena-
(49i )
ria, etc., étant pourvus de stomates et ayant les vaisseaux rapprochés par
paquets; encore les vaisseaux que le savant botaniste genevois nomme tra-
chées sont-ils, par une exception qui ne s'offre guère encore que dans le
P. ramosa, de simples vaisseaux annelés non déroulables. »
botanique. — Mémoire sur la Flore des environs de Montevideo et de
l'île de Saint- Gabriel; par M. Corron.
(Commissaires, MM. Brongniart, Montagne, Tulasne.)
M. Malingre soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour
titre : De l'amélioration des espèces végétales.
L'auteur s'attache à prouver qu'il y aurait grande utilité à apporter au
perfectionnement des plantes usuelles les mêmes soins qu'on apporte dans
tous les pays un peu avancés en agriculture au perfectionnement des races
d'animaux domestiques. Ce qu'on a déjà fait dans ce but semble à l'auteur
fort insuffisant et, dans tous les cas, mal dirigé. Ainsi le triage mécanique,
auquel on a eu parfois recours, ne saurait, suivant lui, donner de bons ré-
sultats; pour le cas du blé, par exemple, on a pu déjà reconnaître que les
plus gros grains ne donnent pas les épis les plus pesants. M. Malingre pense,
en conséquence, qu'on devrait avoir recours à une méthode toute différente,
qu'il désigne sous le nom de sélection individuelle, méthode dont il déve-
loppe le plan dans le présent Mémoire.
(Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Payen,
Decaisne et Payer. )
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux purlics
adresse un certain nombre de billets pour l'admission à la séance de distri-
bution des prix qui aura lieu à Poissy le mercredi 19 mars, à la suite du
concours pour les prix d'animaux de boucherie.
M. Ronnet (Ossian) prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans
le nombre des candidats pour la place vacante dans la Section de Géomé-
trie par suite du décès de M. Sturm.
M. le Secrétaire perpétuel met sous les yeux de l'Académie divers vo-
65..
( 4<P)
' lûmes de publications faites par l'Académie impériale des Sciences de
Vienne. *
M. le Secrétaire perpétuel présente également une nouvelle livraison
des Observations météorologiques faites à l'École polytechnique de Lis-
bonne (décembre 1 855).
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces manuscrites de la
Correspondance, deux réclamations qui ont été adressées à l'Académie, à
l'occasion du Rapport fait dans la séance précédente sur les procédés gal-
vanoplastiques de M. Lenoir.
L'auteur de la première, M. Gueyton, cite entre autres moulages en
ronde bosse qu'il a exécutés par les moyens galvanoplastiques, un bouquet
présenté en 1 85 1 à l'Exposition de l'industrie de Londres, bouquet qui
lui a valu la grande médaille d'honneur. Il ajoute que dès i85oil pouvait
exécuter sans difficulté des moulages en ronde bosse, mais qu'il avait trouvé
que pour les objets de petite dimension on avait plus d'avantage à recourir
à l'ancien mode de moulage. Il invoque, quant à la date de ses produits et
à leur perfection, le témoignage de M. Pouillet, qui, il y a déjà six ans, a
montré dans son cours à la Sorbonne plusieurs de ses produits. Enfin il cite
deux brevets d'invention obtenus par lui en i85o et i85i.
M. Zier, auteur de la seconde Lettre, s'attache principalement à prouver
qu'on ne peut attribuer à M. Lenoir le mérite d'être parvenu le premier à
obtenir par la galvanoplastie des rondes bosses d'une seule pièce. « Mes pre-
miers essais en ce genre remontent, dit-il, à 1 842, et dès 1 843 j'ai soumis à
M. Pouillet, pour ses démonstrations au Conservatoire des Arts et Métiers,
un groupe représentant un tigre dévorant un cerf, et plusieurs reproduc
tions de bustes antiques exécutés par moi chez M. Soyer.... Plus tard, en
1849, J a* exposé de nouveaux essais de mes rondes bosses exécutées pour
le commerce Enfin à la dernière Exposition, j'ai soumis au jury diverses
statuettes creuses, que j'ai encore chez moi à la disposition de la Com-
mission. »
A l'occasion de cette communication, la Commission qui a fait le Rapport
sur les produits de M. lenoir exprime le désir qu'on demande à M. Guej-
ton copie des brevets pris par lui en i85o et i85i, et à M. Zier la descrip-
tion détaillée de son procédé, avec la date de la publication de cette
description.
(M)
astronomie. — M. Le Verrier présente des observations de la planète (39),
faites a Vienne par M. Littrow, et à Florence par M. Donati.
Observations de Florence , faites au micromètre circulaire.
T. m. de Florence. M (39) — m. * B. (39) _ D * Nombres de compar.
Il m s m s 1 »
i856. Février 25 9-41 «6,2 — 2.40, 36 + 4-55,2 6
26 9. 4-35,9 — 3.23,37 -1-12.36,6 5
» Voici la position moyenne de l'étoile de comparaison pour i856,o.
h m s , „
m. = 11. i3. 4^,67 , déclin. = +6.49.5,4 B. A. C. 3862.
Observations de Vienne.
T. m. de Vienne. M app. Dapp. Comp. Obs.
hms hms ,10
Février 24 9.27.16,8 11. 11. 48, 56 +6-46.5,4 8 Hornstein.
» Voici la position moyenne de l'étoile de comparaison pour i856,o.
hms , „
31 = 11.13.42,64 D = + 6.4g.5,3.
Brit. Ass. Cat. 38Ô2 (a Leonis).
» L'éclat de la planète était celui d'une étoile de 9e à 10e grandeur. »
acoustique. — Remarques à l'occasion d'une Note de M. Zamminer sur le
mouvement vibratoire de l'air dans les tuyaux ; pareil. G. Wertheim.
« Le Compte rendu du 26 novembre i855 contenait une Note de
M. Zamminer, dans laquelle ce physicien annonçait à l'Académie que les
formules proposées par moi pour le cas des tuyaux cylindriques n'é-
taient pas d'accord avec l'expérience. Le Mémoire de M. Zamminer venant
de paraître {1), je crois devoir faire remarquer que les expériences qui y
sont décrites ne justifient pas la conclusion que leur auteur en a tirée ;
non- seulement parce qu'elles sont en petit nombre et comprises entre des
limites trop rapprochées, mais surtout parce qu'elles ont été faites à l'aide
de tuyaux qui ne paraissent pas avoir été convenablement choisis. L'au-
teur n'indique pas même quelle était pour chaque expérience la substance
(i) annales de Poggcndorff, t. XCVII, p. 173.
(494 )
de la paroi du tuyau ; aussi les résultats sont-ils ou si peu exacts ou si
peu comparables entre eux, qu'il suffit de les calculer et de les grouper
autrement que ne l'a fait M. Zamminer pour être conduit à quelques con-
séquences inconciliables avec les faits les mieux constatés par tous les phy-
siciens qui se sont occupés de cette question. Cette observation s'ap-
plique précisément aux expériences extrêmes qui s'écartent davantage de
ma formule; à part celles-ci, presque toutes les différences entre le calcul et
l'expérience, que M. Zamminer a signalées, tombent entre les limites des
erreurs que, d'après M. Zamminer lui-même, ses expériences comportent :
j'en excepte seulement les différences que l'on observe lorsque le diamètre
de l'embouchure est très-petit par rapport à celui du tuyau et qui se trouvent
inscrites presque sur chaque page de mon Mémoire.
» En général, je ne conteste nullement qu'en ajoutant à ma formule un
terme du second ordre, on ne puisse rendre plus parfait l'accord entre le
calcul et l'expérience; seulement ce nouveau terme ne sera en aucun cas
proportionnel à la longueur comme l'exigeraient les résultats de M. Zam-
miner, car il s'ensuivrait qu'un tuyau d'une longueur infinie comporte-
rait une correction également infinie; donc l'observation directe serait le
plus inexact de tous les moyens que l'on puisse employer pour déterminer
la vitesse de propagation du son : ce qui est impossible.
» Il est inutile, sans doute, de faire remarquer que mes observations
portent uniquement sur la partie du Mémoire de M. Zamminer qui traite
des tuyaux cylindriques, et que je ne conteste pas le mérite des autres par-
ties de ce travail. »
chimie organique. — Transformation de divers acides organiques due à
une action de présence ; Lettre de M. Lassaigne.
« Le fait intéressant, communiqué par M. Berthelot, du dédoublement
de l'acide oxalique par la chaleur en présence de la glycérine m'a rappelé
plusieurs observations qui, sans présenter le même intérêt pratique, se rat-
tachent aussi à ce que l'on a appelé action de présence, et je vous prie de
me permettre de les faire connaître brièvement à l'Académie.
» L'acide malique chauffé pendant quelques heures avec de l'acide
chlorhydrique se convertit en grande partie en acide fumarique, se déshy-
dratant ainsi au sein de l'eau. L'acide citrique, traité de même, se déshy-
drate aussi partiellement, et il se produit de l'acide aconitique. En évaporant
à siccité et chauffant le résidu avec de l'éther, on éloigne ce dernier acide,
( M )
et il reste de l'acide citrique incolore et inaltéré qui, soufnis de nouveau
au même traitement, subit la même transformation partielle, en sorte qu'on
peut ainsi le décomposer en acide aconitique et en eau, sans qu'il se pro-
duise en même temps ces matières brunes et indéterminées qui accompa-
gnent l'acide aconitique préparé par la voie sèche.
» J'ai soumis à la même épreuve un acide tartrique que j'avais entière-
ment dépouillé d'acide racémique par des cristallisations réitérées. Je dois
dire, en effet, que je n'ai pas trouvé dans le commerce d'acide tartrique
entre les cristaux duquel une dessiccation prolongée à ioo degrés ne m'ait
permis de reconnaître des traces d'acide racémique, par l'apparition de
quelques points blancs et opaques. L'acide tartrique pur, chauffé à l'ébulli-
tion pendant plusieurs jours avec de l'acide chlorhydrique, contenait alors
environ 3 pour ioo d'acide racémique, qui a donc pris naissance dans cette
circonstance. Le reste de l'acide tartrique était en partie non modifié,
en partie changé en un acide sirupeux qui se concrète à l'étuve en présen-
tant à sa surface l'apparence des circonvolutions du cerveau. Cet acide m'a
paru bien plus stable que les modifications de l'acide tartrique obtenues
par la voie sèche, mais je n'en ai pas poursuivi l'étude. »
anthropologie. — Sur les proportions du corps humain (suite);
par M. J.-T. Silbermann.
« Dans ma précédente Note, j'ai donné les proportions naturelles de la
charpente de l'homme ; aujourd'hui je me propose de justifier le choix que
j'ai fait de la taille de im,6o. Consultant Buffon sur la taille moyenne qu'il
donne à l'homme, j'y trouve 5 pieds de roi, qui valent en mesures actuelles
im,6if\ — Il dit aussi que la femme a 3 pouces dé moins que l'homme; or
celle de l'homme étant de 5 pieds qui valent 6o pouces, on voit que c'est de
g- = — de la taille de l'homme dont la femme est plus petite. D'autre part,
consultant les bas-reliefs de Phidias enlevés au Parthénon, et dont les plâtres
se trouvent à l'École des Beaux-Arts, j'y ai trouvé les hommes d'une gran-
deur de i mètre juste, tandis que les femmes n'avaient toutes que o,5 cen-
timètres, c'est-à-dire étaient aussi de 5 pour ioo ou de — plus petites. Ce
rapport simple entre la hauteur de l'homme et celle de la femme parait
donc déduit de l'observation; je l'accepte ainsi et le justifierai plus tard.
» Voulant connaître la taille moyenne de l'homme actuellement, je m'a-
dressai à la mairie de mon arrondissement (le VIe), d'où je reçus la taille
( 496 )
des hommes de la conscription de 1 854, qui offrit 612 hommes, dont
53 absents, 48 ayant moins de im,56o, taille militaire limite, et enfin 5i 1,
mesurés à l'Hôtel de Ville, à la révision, et dont le dénombrement est le
suivant :
» Il y avait de
Hommes. m Hommes. m Hommes. m Hommes.
2
1 ,56.. . 16
1,57. . . II
1,58... 17
1 , 5g . . . 24
1 ,60 ... 29
1 ,61. . . 25
1 ,52. . . 20
i,63... 36
,64- • ■ 37 1 ,72. . . 19 1 ,80.
,65... 44 i,73... 16^ 1,81..
,66. . . 36 1 ,74. . . 14 1 ,82. . .
,67. . . 24 1,75. . . 6 1 ,83. .
,68... 37 1,76... 9 1,84..
,69... 21 1,77 ... 2
,70. . . 3i 1,78. . . 5
,71... 25 1,79. .. 2
o
o
2
l
Total 5i 1 hommes.
» Comme on a éliminé 48 hommes au commencement, éliminons aussi
48 hommesàla fin, et le chiffre i6de la taille de im, 73, sera coupé en 1 1 qui
restent et 5 qui sont enlevés; il faudra donc descendre cette taille vers 1,72
dans le rapport de ce qui a été enlevé :
Ce qui reporte cette taille à 1 ,7268
La taille d'élimination est de 1 ,56oo
Leur somme 3 , 2868
Donne pour moyenne ou la moitié. . . 1 ,6434
» Si, au lieu de la moyenne par élimination, nous prenons la moyenne
des intermédiaires, et que, d'après ces nombres, on trace une courbe en
prenant les tailles comme abscisses et les nombres d'hommes correspon-
dants comme ordonnées, on aura une courbe très-dentelée, mais que l'expé-
rience dans ce genre de tracés rectifie facilement en rejetant les mauvaises
observations et prenant les moyennes de celles qui ne s'écartent que peu ;
absolument comme s'il s'agissait d'expériences de physique. Cette courbe
ainsi rectifiée scrupuleusement montre son sommet vers im,64i ; moyenne
plus précise que la précédente.
» Supposons maintenant pour un instant que im,6o soit la taille moyenne,
du genre humain à 20 ans, et que la taille de la femme soit de — plus petite
que celle de l'homme; quelle sera alors la taille moyenne de l'homme? La
taille de l'homme étant prise pour unité, celle de la femme sera 95 centi-
mètres, et la taille humaine im,95 (les deux tailles prises ensemble). Nous
( 497 ) •
avons pris pour taille moyenne im,6o, ce qui donne 3m,ao pour taille
humaine supposée comme précédemment pour le rapport. Nous aurons
donc pour la taille de l'homme
i,95: i :: 3m,2o : x™ = im,64io25,64ioa5
et pour la taille de la femme
1,95 : 0,95 :: 3m,2o :/m= im, 5589743, 589743 —
La différence est = om , 08205 1 , 28205 1
» La coïncidence frappante entre cette taille moyenne théorique de
im, 64i, etc., et la taille pratique précédente im,64i... prise sur un petit
nombre de sujets et d'un seul genre, suffira, je l'espère, pour tenter des
vérifications ultérieures qui n'étaient pas à ma portée.
» Remarquons aussi la coïncidence de la taille limite militaire, qui es!
de im,56o, et celle de la femme, qui est de im,55o,. »
M. Oré, professeur adjoint d'anatomie et de physiologie à l'Ecole de
Médecine de Bordeaux, annonce l'envoi prochain d'un travail sur les fonc-
tions du joie, et indique dans les termes suivants un des résultats auxquels
il est arrivé dans le cours de ces recherches :
« J'ai voulu me rendre compte de l'influence qu'exerce la veine porte
sur la sécrétion biliaire. Je suis parvenu à oblitérer à volonté le tronc de
cette veine et à empêcher par conséquent le sang qu'elle renferme d'arriver
au foie. Malgré cette oblitération, les animaux ont continué à vivre, et la
sécrétion biliaire a continué à se faire. »
M. Taupenot annonce l'intention de soumettre prochainement au juge-
ment de l'Académie un anémomètre enregistreur qui fonctionne d'une ma-
nière continue, même par les plus violentes tempêtes. Il a établi un de ces
appareils sur la grosse tour du Prytanée impérial militaire de la Flèche :
les indications sont enregistrées dans la salle du cabinet de physique situé
directement au-dessous de la tour, à une distance verticale. M. Taupenot
espère pouvoir faire fonctionner un appareil semblable en présence de
l'Académie ou de la Commission qui serait chargée de l'examiner.
On attendra pour nommer une Commission que M. Taupenot ait pré-
senté une description suffisamment détaillée de son anémomètre.
M. De Vru rappelle la demande qu'il a précédemment adressée au nom
de la Société Batave de Physique expérimentale de Rotterdam. Cette Société,
C. R., i856, icr Semestre. (T. XLII, N° 10.) 66
( 498 )
qui a envoyé toutes ses publications, a exprimé le désir d'obtenir en retour
les Comptes rendus hebdomadaires.
On saura si cette demande, qui, d'après le règlement de l'Académie,
a dû être soumise à la Commission administrative, a reçu son approbation.
M. Béraud, qui a obtenu dans la séance annuelle du 18 janvier i856
une récompense pour ses recherches d'Anatomie et de Pathologie sur les
voies lacrymales, adresse ses remercîments à l'Académie.
M. Chazallon, ingénieur-hydrographe de la Marine, prie l'Académie de
vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour une place
"de membre adjoint du Bureau des Longitudes, devenue vacante par la no-
mination de M. Daussjr comme membre titulaire.
M. Keller, également ingénieur-hydrographe de la Marine, adresse une
semblable demande.
Les deux Lettres, qui sont accompagnées l'une et l'autre d'une Notice sur
les travaux du candidat, seront soumises à la Commission chargée de pré-
parer la liste lorsque M. le Ministre de l'Instruction publique aura invité
1 Académie à s'occuper de cette présentation.
M. Basset adresse une Note concernant un moyen qu'il a imaginé pour
préserver, jusqu'à un certain point, les hommes de guerre des blessur.es
d'armes à feu et d'armes blanches. Il désire voir admettre au concours pour
le prix Montyon ce moyen, qui consiste dans l'usage 'd'un vêtement parti-
culier, garni dans les parties les plus exposées d'une combinaison de tissus
imperméables et de lamelles métalliques.
La Lettre sera soumise à l'examen de la future Commission du prix
Montyon, qui jugera si l'invention rentre dans les conditions du pro-
gramme.
M. Porge, dans une Lettre datée du Callao (Pérou), annonce l'inten-
tion de soumettre au jugement de l'Académie un système qu'il a imaginé
pour la direction des aérostats. Il renoncerait d'ailleurs à obtenir un Rap-
port, si la publicité qui serait ainsi donnée à son invention ne permettait
pas qu'elle devînt ensuite l'objet d'un brevet.
On fera savoir à l'auteur que tel est en effet le cas.
M. Brachet prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail delà Com-
(499)
mission à l'examen de laquelle ont été renvoyées les diverses communica-
tions relatives à l'aéronautique.
AJ5 heures, l'Académie se forme en comité secret.
COMITÉ SECRET.
La Section de Médecine et de Chirurgie déclare, par l'organe de son
doyen M. Serres, qu'il y a lieu d'élire pour la place vacante dans son sein,
par suite du décès de M. Magendie.
L'Académie est consultée par la voie du scrutin sur cette proposition.
Sur 4i votants,
Il y a 39 oui
et 1 non.
En conséquence, la Section de Médecine et de Chirurgie est invitée à
présenter dans la séance prochaine une liste de candidats.
M. Duperrey, au nom de la Section de Géographie et Navigation, pré-
sente la liste suivante de candidats pour la place de Correspondant vacante
par suite du décès de M. Parrjr.
En première ligne. . . l'amiral Ferd. de Wrangell, à St-Pétersbourg.
le capitaine Ch. Wilkes, à Washington,
l'amiral Fréd. Lutké, à St-Pétersbourg.
le capitaine F.-W. Beechey, à Londres,
le lieutenant F. Maury, à Washington.
La Section déclare qu'elle a cru devoir ne présenter cette fois que des
candidats étrangers, n'ayant présenté, lors de la nomination précédente,
que des candidats nationaux.
M. Duperrey énumère et développe les titres des candidats présentés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 6 heures. E. D. h.
En deuxième ligne. .
En troisième ligne. .
En quatrième ligne.
En cinquième ligne.
bulletin bibliographique.
L'Académie a reçu, dans la séance du tomars i856, les ouvrages dont
voici les titres :
Histoire et fabrication de la porcelaine chinoise, ouvrage traduit du chinois
par M. Stanislas Julien, membre de l'Institut, accompagné de Notes et d Ad-
ditions par M. Alphonse Salvétat, et augmenté d'un Mémoire sur la porce-
( 5oo )
laine du Japon, traduit du japonais, par M. le Dr HOFFMANN, professeur à Leyde.
Paris, i856; i vol. in-8°. (Offert au nom du traducteur par M. Chevreul.)
Hydraulique et hydrodynamique expérimentales, analytiques et théoriques, etc.;
par M. N.-B. Delaire. Paris, i856; br. in-8°.
Note sur le Ranunculus tuberosus, Lap.} par M. E. Timbal-Lagrave ; br.
in-8°. (Extrait des Mémoires de l'Académie des Sciences de Toulouse )
Notice sur un lion tué en Algérie, examen nécroscopique, par M. le Dr Gus-
tave Dufour. Paris, i856; br. in-8°. (Présenté au nom de l'auteur par
M. Duméril.)
Exposé analytique des principaux travaux d'analomie, de physiologie , d'hy-
giène, de chirurgie, de médecine pratique et de littérature philosophique, de
M. P. -A. PlORRY, à l'appui de sa candidature à l'Académie des Sciences. Paris,
i856; in-4°.
Notice des travaux mathématiques deM. Ossian Bonnet; br. in-4°-
Candidature de M. CHAZALLON, pour la place de membre adjoint au Bureau
des Longitudes; br. in-8°.
Recueil des actes de i Académie impériale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de
Bordeaux; ier semestre i855; in-8°.
Memorie... Mémoires de l Institut impérial et royal vénitien, des Sciences,
Lettres et Arts; vol. V. Venise, i855 ; in-folio.
Atti... Comptes rendus des séances de l'Institut impérial et royal vénitien.
(Novembre 1 854 à octobre 1 855 ; t. VI, ae série, et t. 1er, 3e série; ire livrai-
son in-8°.)
Il Nuovo Cimento. . . Journal de Physique et de Chimie pures et appliquées ;
décembre i855; in-8°.
Revista... Revue des travaux publics; 4e année, n° 5; in-4°.
Denkschriften. . . Mémoires de l'Académie impériale des Sciences de Vienne.
Classe des Sciences mathématiques et des Sciences naturelles; vol. IX. Vienne,
i855;in-4°.
Sitzungsberichte.. . Comptes rendus mensuels des séances de l'Académie im-
périale des Sciences de Vienne. Classe des Sciences mathématiques et des Sciences
naturelles ; mars, avril, mai, juin, juillet et octobre 1 855 ; in-8°.
Denkschriften... Mémoires de l' Académie impériale des Sciences de Vienne.
Classe des Sciences philosophiques et des Sciences historiques; vol. VI. Vienne,
i855;in-4°.
Jahrbùcher. . . Annuaire de l'observatoire central de météorologie et de ma-
gnétisme terrestre, publié par l' Académie impériale des Sciences de Vienne;
IIP volume ; année 1 85 1 . Vienne, 1 855 ; in-4°-
■ W8«giS>-
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 17 MARS 1856.
PRÉSIDENCE DE M. BINET.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président annonce que M. Lejeune-Dirichlet, un des huit Associés
étrangers de l'Académie, est présent à la séance.
ASTRONOMIE. — M. Le Verkiek propose de donner le nom de Laetitia à
la planète @) découverte par M. Chacornac , le 8 février dernier, à l'Ob-
servatoire impérial de Paris.
calcul intégral. — Détermination des valeurs d'une classe remarquable
d'intégrales définies multiples, et démonstration nouvelle d'une célèbre
formule de Gauss concernant les fonctions gamma de Legendre ; par
M. J. LlOUVILLE.
« 1 . L'intégrale définie
est, comme on sait, égale à
k désignant une quantité quelconque positive ou nulle.. En y remplaçant a
C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° II.) 67
( 502 )
par yfa. et doublant sa valeur, on a donc
Xoo — ( aH — I — I _
» J'ignore si l'on a remarqué déjà que la formule
où r (jx) désigne, suivant la notation de Legendre, l'intégrale eulérienne de
seconde espèce
e~ "a'1 ' do.,
est une conséquence immédiate de l'équation (i). Il suffit de multiplier les
deux membres de l'équation (i) par k'l~Idk, puis d'intégrer de k = ok
k = oo . Cela donne en effet, en changeant l'ordre des intégrations pour a
et k,
A'
J/» oo n oo /» oo
I e-«^a / e a iT "* rf* = s/n / e"2* F" ' d*.
o i/o »/o
A* u. u. u.
f\~~k"-1dk=l-S £ e-?f*~'dp=:-2<sr^)
Or on a
et
2/*
f">e-*kk?-1dk =
Jo
Substituant et multipliant par a, on arrive à la formule citée.
» 2. Je me propose, dans cette Note, d'étendre la même analyse à la
démonstration de la formule générale que l'on doit à Gauss :
<*) r(ï)r(tvi)-r(t!4=i) = »'~Vr rW.
Je regarde comme connue l'équation d'Euler
( 5o3 )
qu'on établit aisément par différents moyens. Mais j'ai besoin de trouver
d'abord les valeurs d'une classe d'intégrales multiples, très-remarquables du
reste en elles-mêmes, et qui peuvent être appliquées utilement à la recher-
che des intégrales de certaines équations aux différences partielles.
» Ainsi pour le cas de n = 3, c'est-à-dire pour démontrer la formule
<B' r ($) r (^) r (Hr) = *""•"• r«.
je me sers de l'intégrale double
/ A»\ i a
/»w /»» _/k + /3h — -) -_i - — i
Jo J 6 ™ d0Ld^
dont je prouve que la valeur est
r(i) r(!)e-..,
OU
^e~*k.
y/3
Admettant en effet qu'on a
/ : *' \ » »
r £ e i -^ ? ; *"ufe'
multipliez les deux membres par k^~' dk et intégrez de Ar = o à ^ = co .
L'intégration par rapport à k s'effectuera sous les signes / en observant
que
et le premier membre deviendra
c'est-à-dire
6,..
( 5o4 )
quant au second membre, on trouve
ou
2?r
3^ s/3
De là
r(fx>
i?ii)iï^M#temm
et, en multipliant par 3, la formule (B).
» En général, l'intégrale définie à (n — i) variables
(Ln \ | o n I
a,-l-a,-l-...-t-a«_, H ) I I I
-.«,. • •«»-./«« a» ...«_« datdaa...daH.„
que je désignerai par R, a pour valeur
n —
I
et il suffit de multiplier par A'*- ' dk les deux membres de l'équation qui
exprime ce fait, puis d'intégrer de A = o à A = oo, pour obtenir la for-
mule (A).
» 3. Le calcul qui conduit à cette formule (A) peut être présenté au-
trement, en s'appuyant toujours sur la valeur de notre intégrale R, mais en
partant, non plus de cette intégrale, mais du produit
*&*$&)*•**&¥$
qu'on peut mettre sous forme d'intégrale multiple, savoir
Joo /* /* -4-1 /t-t-n — i
f ... f e- («+*.+•••+«-■) a" '«," '...<*„_," 'dada, ...da„..,.
o Jo
Substituons en effet, dans cette intégrale, à la variable a une autre varia-
ble k ayant les mêmes limites, en posant
a.= ,
a, a, . . . a._,
( 5o5 )
ce qui donne
n/k**-' dk
»-. .«-i
a" da =
(a, a,. . . a„_,)n
le résultat de la substitution contiendra notre intégrale R; car il peut s'é-
crire
npRk11 'dk.
Si donc on admet que
il deviendra
2 a-nk
i « — i
«'(an) 2 C e-nkk* ' dk,
c'est-à-dire
i n— ;
n* n(*n) f. I»;
d'où résultera de suite la formule (A).
» 4. La formule
R = -j= (a* ) 2 «""*,
V"
ou, si l'on veut,
se démontre, au surplus, bien simplement.
» Pour mieux faire comprendre notre méthode, revenons d'abord sur le
cas de n = a. Alors
/ *'\ i
Jf<*> — «H I I
[ e \ *'a? da;
0
donc
dk J0
Substituons à la variable a une autre variable |3 en posant
*' J' < *' a da. d&
a=-, dou -—a et — = g*
( 5o6 )
Les limites pour /3 seront oo et o, ou bien o et co en changeant le signe
de flf/3. On aura par suite
• ce
dK
dT = ~a
JVCHr^-'rf/S,
c'est-à-dire
dR „
et partant
R = Ce-2*.
La constante C se détermine en posant k = o ; elle est égale à ^îr. On a
donc bien
Ce (*+*K> * da = tfi e~** .
» Soit à présent n — 3, ou
R = C Ce V"" +*Vo? '$ 'dadfi.
Jo Jo
En différentiant par rapport à A, on a
Jo Jo
Substituons à la variable a une autre variable 7, en posant
P ,, , A' da. rf-y
a = *-> dou -0 = 7, et — = '•
Les limites pour 7 seront encore o et 00 , à la condition de changer le signe
de dy. Il nous viendra donc
L'intégrale placée au second membre est encore R : seulement a et |3 sont
remplacés par |3 et 7, ce qui n'importe en rien. Dès lors on a
£ = -»».
(5o7)
d'où
En posant k = o, on trouve d'ailleurs
c = r(i)r(|):
on a donc bien
R= r (î) r (ïK".
comme le donne, pour n = 3 , notre formule.
» Prenant enfin la valeur générale de R, savoir
/ •• / « a , a, ...a, , dadcr....doc ,
Jo i/o I 2 n— I I 2 *n — l'
différentions-la par rapport à #. La valeur de la dérivée sera
Substituons à la variable a, une autre variable a„, en posant
A"
ce, = »
a.% a3. . . a„_, a„
et la valeur de -jr se présentera sous cette autre forme
(. k" \ i s n— î
a,-4- «,H-j. ..-t-a^-h 1 1 1 — 1
«.-.... W a» a3" ...„n do:2doL3...dan.
L'intégrale en facteur est précisément R : seulement les indices de a sont
tous ici plus grands d'une unité qu'ils n'étaient d'abord, ce qui est indiffé-
rent. On a donc
dK _
^ = -nR'
d'où
R=Ce-"*:
en posant k = o, il vient d'ailleurs
c = r(i)r(î).:.r(^)=-L(2„)
i
( 5o8 )
La formule
R =
V* "
est donc démontrée. »
cryptogamie. — Communication de M. Montagne.
« En présentant un exemplaire d'une brochure ayant pour titre : Crypto-
gamia guyanensis, seu Plantarum cellularium in Guyana gallica annis
1 835- 1849 à clariss. Leprieur collectantin ennmeratio universalis,M. Mon-
tagne lit la Note suivante, qui en explique le motif et l'objet :
» Au mois de mai 1 854, j'avais l'honneur d'offrir à l'Académie les deux
volumes et l'Atlas de ma Cryptogamie chilienne ; aujourd'hui je viens lui
faire également hommage de celle de la Guyane française. Cette • contrée
équatoriale n'avait point encore été l'objet d'un semblable travail. Le petit
nombre de botanistes qui nous en ont fait connaître les productions végé-
tales, au premier rang desquels il faut citer Aublet et Plumier, avaient à
peu près complètement négligé les plantes cellulaires, peu capables d'atti-
rer leurs regards au milieu d'une si luxuriante et si magnifique végétation.
» C'est à M. Leprieur, pharmacien en chef de l'hôpital de la Marine de
Cayenne, que sont dus les précieux matériaux qui m'ont servi pour cette
publication. Pendant un séjour de près de quinze années dans cette colonie
française, M. Leprieur a recueilli et m'a adressé successivement trois col-
lections dignes du plus haut intérêt par la nouveauté et quelquefois par
l'originalité des types. J'avais déjà décrit dans les annales des Sciences na-
turelles pour i835 et 1840 les plantes qui composaient les deux premières,
lorsque, en 1849» ^ me rem^ ici lui-même la troisième, renfermant plus de
800 numéros. C'est cette dernière qui me suggéra l'idée de réunir ensemble,
sous le seul et même titre de Cryptogamia guyanensis, tous les végétaux
cellulaires de ce beau pays, que nous devons au zèle. éclairé et aux actives
et persévérantes recherches de ce botaniste.
» Sur les 1600 numéros qu'il a soumis à mon examen, j'ai pu recon-
naître le nombre assez considérable de 718 espèces, dont près de la moitié
étaient nouvelles pour nos catalogues. La plupart des autres, comme on
pouvait le supposer, se retrouvent au Brésil et avaient été déjà signalées.
» On peut donc affirmer, sans crainte d'être contredit, qu'aucun bota-
niste avant M. Leprieur n'avait encore exploré avec tant de soin ni de
(5o9)
bonheur une contrée tropicale sous le point de vue qui nous occupe. Car,
si la Cryptogamie du Chili présente une richesse un peu plus grande, il ne
faut pas oublier qu'elle le doit aux efforts réunis de plusieurs collecteurs et
queBertero, d'Urville, Gaudichaud, MM. Claude Gay et Alcide d'Orbigny
avaient contribué à amasser les matériaux qui ont porté à 900 le chif-
fre des espèces, tandis que M. Leprieur à lui seul a presque atteint le
même chiffre, et cela sans négliger ses devoirs de pharmacien en chef.
Cette justice, qui lui est bien due, je me plais à la lui rendre ici.
» Je m'abstiendrai d'entrer dans aucun détail sur le contenu de cet
opuscule, qui a paru par fragments dans les annales des Sciences natu-
relles, et est accompagné de quatre planches; je me contenterai, parmi
plusieurs faits intéressants et nouveaux qui y sont consignés, de signaler
celui de la présence de quelques Algues, appartenant à des genres exclusi-
vement marins, dans les eaux douces et courantes de plateaux assez élevés
(1 5o mètres) et à une distance des côtes d'environ l\o kilomètres. »
ornithologie. — Sur les Perdrix d'Europe. (Extrait d'une Lettre
adressée de Lisbonne à M. Is. Geoffroy -S aint-Hïlaire, par S. A. le
prince Charles Bonaparte. )
« Quoique j'aie admis bien des espèces aux dépens du Tetrao rufus, L.,
je n'en ai cependant pas admis assez. En effet, Perdix grœca, Brisson, est
bien, pour la description et la figure, la Bartavelle du Dauphiné, Perdix
saxatilis, Meyer ; mais la vraie Perdix grœca est une espèce distincte beau-
coup plus semblable à la Perdix chukar de l'Himalaya, et dont probable-
ment Xaltaica ne diffère pas. La principale différence entre la grœca et
la chukark bande rousse centrale le long du sommet de la tête consiste en
ce que la première n'a qu'une simple indication du faisceau de plumes
auriculaires, roux pâle dans la chukar, et roux foncé dans la sinaica. De
toutes les espèces, la vraie Bartavelle ou saxatilis seule a du noir entre l'an-
gle du bec et les narines. En outre, si l'on compare la véritable grœca à
la saxatilis, on lui trouve les moustaches noires plus prolongées, le bec
plus long, quoique bien moins que dans P. sinaica; la gorge roussâtre
(non blanche) et l'espace de la gorge circonscrit par le collier noir moins
étendu et terminé en pointe; les bandes des flancs sont plus étroites. »
C R., i856, i" Semestre. (T. XL», N° il.) 68
( 5io)
RAPPORTS.
« M. Duméril, l'un des Commissaires désignés pour faire un Rapport sur
une Note relative au développement des Pétromyzons adressée de Haie par
M. Max. Schultze, et qui a été insérée en entier dans le n° 7 des Comptes
rendus de cette année, déclare qu'il n'a pas d'autres renseignements sur
cette question délicate d'anatomie, qui ne pourrait être bien appréciée que
par l'examen des pièces ou des dessins reproduisant les faits observés.
Néanmoins il croit devoir appeler l'attention de l'Académie sur l'impor-
tance de ces recherches. Il semblerait en résulter que les œufs des Lam-
proies offriraient certains rapports, quant à leur développement, avec ceux
des Batraciens, et des Grenouilles en particulier, par le mode de segmen-
tation de leur vitellus. Ils sont, en outre, remarquables par leur chorion
ferme et mince, rappelant ce que M. Vogt a nommé la membrane coquil-
lière. Enfin, l'évolution du système nerveux présente des anomalies indi-
quées avec soin par .l'auteur, qui paraît avoir apporté une grande patience
et beaucoup de dextérité dans ses observations. En conséquence, nous pro-
posons à l'Académie de l'engager à les faire connaître d'une façon plus
complète. »
NOMIVATIOIVS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor-
respondant pour la Section de Géographie et Navigation, en remplacement
de feu M. Parry.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 42,
M. de Wrangell obtient 36 suffrages.
M. Wilkes 2
M. Maury. 1
M. de Tchihatcheff. . 1
Il y a deux billets illisibles.
M. de Wha\gell, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est dé-
claré Correspondant de l'Académie.
( 5» )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. le Ministre de l'Instbuction pcblique transmet un Mémoire de
M. Ch. Girault, chargé du Cours de Mathématiques à la Faculté des
Sciences de Caen.
Ce Mémoire, qui a pour titre : De la résistance de l'air dans le mouve-
ment oscillatoire du pendule; principe d'un nouvel anémomètre, est ren-
voyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Cauchy, Le Verrier
et Delaunay. i
M. Ed. Gand adresse, d'Amiens, en date du 6, du i 1 et du 12 mars, des
Notes et Dessins concernant la suite de ses expériences avec le pendule
irrigateur, et les conséquences qu'on peut, suivant lui, déduire déjà des
résultats observés.
(Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Cauchy,
Liouville et Combes. )
M. Reybabd envoie, de Lyon, un travail intitulé : « Mémoire sur les tu-
meurs et les fistules lacrymales; nouveaux procédés de traitement. »
L'auteur, qui destine ce Mémoire au concours pour les prix de Médecine
et de Chirurgie, y a joint, conformément à une condition imposée aux
concurrents, une analyse raisonnée de son travail, et deux instruments qu'il
désigne sous les noms de emporte- pièce à vrille et emporte-pièce lenticulaire.
(Réservé pour la future Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.)
M. Dubiau présente, pour le concours à deux des prix de la fondation
Montyon(prix de Médecine et de Chirurgie; prix de Physiologie expéri-
mentale), deux opuscules imprimés, ayant pour titres : l'un, « De l'absti-
nence dans les maladies», l'autre, «Recherches expérimentales sur l'ab-
sorption et l'exhalation par le tégument externe, sur la température animale,
la circulation et la respiration » . Ce dernier est accompagné d'un résumé
analytique en double exemplaire. L'auteur annonce l'envoi prochain d'un
résumé semblable pour le premier opuscule.
(Réservé pour les futures Commissions.)
M. Gueytoiï adresse une Note à l'appui de la réclamation qu'il avait
68..
(5ia )
adressée à l'occasion du Rapport lu dans la séance du 3 mars sur les mou-
lages galvanoplastiques de M. Lenoir.
M. Zier adresse également une Note à l'appui de sa réclamation concer-
nant ce même Rapport.
(Renvoi à la Commission, qui jugera si les renseignements fournis par ces
Notes sont bien ceux qu'elle désirait obtenir des réclamants, et qu'avait
demandés, en son nom, M. Recquerel, dans la séance du 10 mars.
(Voyez Comptes rendus, page 4çp-)
M. Tortella transmet des documents imprimés à l'appui de ses précé-
dentes communications sur la maladie de la vigne.
(Renvoi à l'examen de la Commission des maladies des plantes usuelles.)
M. l'Aigle des Masures soumet au jugement de l'Académie une Note sur
un moyen qu'il a imaginé pour faire monter et descendre à volonté les bal-
lons sans perte de lest et sans perte de gaz.
(Renvoi à la Commission des Aérostats.)
M. F. Marque envoie de Saint-Maurin (Lot-et-Garonne) une Note sur un
moyen d'imprimer aux ballons une impulsion dans une direction voulue.
(Renvoi à l'examen. de la même Commission.)
M. l'abbé Carmentrez envoie une addition à ses précédentes communica-
tions sur les précautions à prendre pour se préserver du choléra-morbus .
(Renvoi à l'examen de la Section de Médecine constituée en Commission
spéciale du prix Bréant.
L'Académie renvoie à la même Commission des documents imprimés
adressés par M. Tironi à l'appui de ses précédeutes communications sur le
traitement du choléra-morbus.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Instruction publique autorise l'Académie à prélever,
ainsi qu'elle l'avait demandé, sur les fonds restés disponibles, une somme
de 3700 francs, destinée à la construction d'un appareil d'optique et d'une
machine de rotation.
(5i3)
M. Gityon, récemment nommé Correspondant de la Section de Médecine
et de Chirurgie, adresse ses remercîments à l'Académie.
Communication de M. le prince Ch. Bonaparte en présentant une nouvelle
publication de M. Gray.
« Avant-hier à Londres, où je me trouvais au retour d'un petit voyage
en Espagne et en Portugal, le principal zoologiste du Musée britannique,
M. le docteur Gray, me chargeait d'une mission que je m'empresse de rem*
plir. C'est avec joie, Messieurs, que je vous soumets ce nouveau travail sur
les Cheloniens, parce qu'il est un vrai modèle de ce que devraient être
les catalogues des grands Musées, prenant la science à son point d'arrêt, et
donnantjles figures des espèces nouvelles, douteuses ou mal représentées.
C'est en un mot un ouvrage digne de son auteur, de l'établissement national
auquel il préside pour la zoologie, et surtout des administrateurs ou trus-
tées qui le surveillent. Ces hommes d'état éclairés et au-dessus des
basses intrigues et des considérations personnelles savent, avec un esprit
d'ordre et de stricte économie, éviter la parcimonie, quand il s'agit de faire
avancer la science. La publication de ce beau livre, faite par ordre de ces
trustées , en est une preuve nouvelle, et le monde scientifique leur en
doit des remercîments.
» Un des principaux mérites de cet ouvrage est d'avoir débrouillé les
espèces à sternum mobile des Emydiens. Du fond de son cabinet, M. le
docteur Gray a su faire ce que nul n'avait fait avant lui, pas même les natu-
ralistes américains qui ont tous les jours sous les yeux des centaines d'exem-
plaires de ces Kinosternés. Sans doute il ne serait pas impossible de relever
quelques inexactitudes dans un travail de si longue haleine. Moi-même peut-
être aurais-je de petites réclamations de priorité à faire; mais ce qui est im-
portant, c'est de mieux pondérer la réunion à la Clemmys caspica, Wagl . , de
la jolie sigriz ou vulgaris, espèce occidentale dont deux petits exemplaires
vivants viennent d'être remis par moi au vivarium du Muséum. Ces char-
mants petits animaux doivent nous être doublement précieux comme pré-
sent d'un jeune Roi naturaliste qui, après s'être si bien instruit lui-même,
s'occupe nuit et jour d'un système d'éducation publique. Protestons au
moins contre l'injuste réunion des Testudo grœca et Cher sus maurita-
niens, en dépit des excellentes diagnoses qu'a données de ces deux espèces
notre savant professeur Duméril. Ce que je soutiendrai encore de toutes
mes forces en cette occasion, malgré tous les erpétologistes anglais qui
( 5i4 )
l'appellent Lutremys; malgré, je suis fâché de le dire, les erpétologistes
français qui la réunissent aux Cistudo, c'est que Y Emjrs europœa doit rester
le type du genre Emjs. Et cela ne fût-ce que pour honorer la mémoire de
notre illustre Brongniart, dont l'important travail sur la classification des
Reptiles a fait faire dans son temps un si grand pas à l'erpétologie. •>
M. le Ministre des Deux-Siciles à Paris transmet trois exemplaires des
Mémoires de L'Académie de Palerme, et divers documents imprimés rela-
tifs à la statistique de quelques établissements publics de la même ville.
La Société impériale zoologique d'Acclimatation fait hommage à l'Aca-
démie des deux premiers volumes du Recueil qu'elle publie, et exprime le
désir d'obtenir pour sa bibliothèque, ouverte à tous les membres de la So-
ciété, dont le nombre est déjà de plus de mille, un exemplaire des Comptes
rendus.
(Renvoi à l'examen de la Commission administrative.)
M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de l'auteur M. Duchartre,
un exemplaire d'un opuscule intitulé : « Expériences sur les plantes épi-
phytes et conséquences qui en découlent relativement à la culture de ces
plantes. »
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, un opuscule publié à Washington par M. Girard, sous le
titre de Life in Us physical aspects (la vie au point de vue physique).
Cet opuscule, destiné au concours pour le prix de Physiologie expéri-
mentale, est accompagné d'une Note, dont nous reproduisons le passage
suivant :
« J'ai fait une observation que je crois importante : j'ai trouvé la fibrine,
ou partie nutritive du fluide nourricier ou sang, composée de cellules à
peine visibles sous un grossissement de 900 diamètres. Ces cellules sont
difficiles à analyser et à isoler par les moyens ordinaires de manipulation.
Pour les obtenir dans un état d'isolement, il est nécessaire que le sang
r soit maintenu dans des conditions telles, qu'il perde sa température natu-
relle d'une manière insensible et graduelle. Lorsque l'abaissement de la
température s'opère d'une manière subite, il se forme alors ce que nous ap-
pelons le caillot, dont les éléments essentiels sont les cellules de la fibrine
agglomérées en filières ou d'autres manières. Dans cet état, les cellules de
(5,5)
ia fibrine ont déjà, en majeure partie, perdu leur structure et forme primi-
tives; elles sont presque méconnaissables. Dans leur état d'isolement, les
cellules de la fibrine ressemblent, à s'y méprendre, aux cellules vitellaires
de l'œuf; les unes et les autres jouent un rôle analogue dans la fabrique
animale,
» Sur de tels faits, je fonde une doctrine nouvelle de la vie physique,
brièvement exposée dans le travail que j'ai l'honneur de soumettre au juge-
ment de l'Académie. »
zoologie. — Sur la température moyenne des oiseaux palmipèdes du nord
de l'Europe; parM. Charles Mautins. (Lettre à M. Flourens.)
« Lorsque je me préparais à partir pour la Norwége , le Féroé et le Spitz-
berg , je savais que j'y trouverais un grand nombre d'oiseaux palmipèdes
qui viennent y nicher pendant l'été. Je résolus d'étudier leur température.
M. Walferdin voulut bien me confier un thermomètre construit spéciale-
ment pour cet objet. Sa cuvette cylindrique, son tube, d'un diamètre égal à
celui de la Cuvette, permettent d'introduire facilement l'instrument dans le
rectum jusqu'au centre'du corps de l'animal. L'échelle thermométrique n'est
que 20 degrés de 26°,55 à 45°, 5^. Cet intervalle est divisé en a55 parties
d'égale capacité, dont chacune correspond à o°,075 centigrade. Avec une
loupe , on estime aisément j de degré. Je pouvais donc lire sur mon ther-
momètre o°,oi5 ou ~; de degré environ.
» Muni de cet instrument, plus parfait qu'aucun de ceux qui avaient été
employés auparavant pour mesurer les chaleurs animales, je pris la tempé-
rature d'un grand nombre de Palmipèdes. Mais au moment de rédiger mon
travail plusieurs questions se présentèrent à mon esprit. Mon but était de
déterminer comparativement la température moyenne de plusieurs espèces,
et je n'avais que celle de quelques individus en petit nombre pour chacune
d'elles. Il fallait donc rechercher : i° si la température d'un oiseau, au mo-
ment où on l'observe , est parfaitement constante ou si elle est variable , et,
dans ce dernier cas , mesurer l'amplitude de ces variations ; a° apprécier
quelles sont les différences de température que présentent les individus d'une
même espèce, suivant l'âge, le sexe, la saison et le mode d'alimentation.
Pour ces recherches, je n'avais pas le choix des espèces, le canard et l'oie
sont les seuls Palmipèdes assez communs pour qu'on puisse observer un
grand nombre d'individus intacts; car un oiseau blessé ne donne que d»s
indications peu sûres sur sa température normale.
» Combien de temps le thermomètre doit-il séjourner dans le rectum de
( 5i6)
l'oiseau pour indiquer sa température? Dans mes expériences, la cuvette se
trouvait au niveau de l'insertion des deux cœcums, et la tige tout entière
était plongée dans le rectum jusqu'à la division où le mercure s'arrêtait. Je
m'assurai que quatre minutes étaient suffisantes lorsque l'instrument avait
été préalablement chauffé dans le creux de la main. En effet, si on laisse sé-
journer le thermomètre dans le rectum pendant quinze minutes et qu'on
lise ses indications de minute en minute, la courbe thermométrique présente
des inflexions régulières dont l'amplitude ne dépasse pas jfa de degré. On
peut donc considérer la chaleur comme constante.
» Quelles sont les différences de température que présentent les individus
d'une même espèce? Pour le savoir, j'ai examiné cent dix canards et canes
au nord, au centre et au midi de la France, dans toutes les saisons et dans
les circonstances les plus diverses; les uns habitant des cours de ferme sans
eau, les autres des moulins placés sur le bord des rivières. La température
moyenne de cent dix oiseaux est de 42°,o8g ; mais un canard m'ayant offert
une température inférieure à la moyenne [de — i°,27, et une cane une cha-
leur supérieure de H- i°,36, il{ en résulte que l'amplitude de la variation
thermométrique dans l'espèce est de 2°,63. L'écart moyen, c'est-à-dire la
différence moyenne entre la température moyenne générale et celle de
chaque individu en particulier, ne dépasse pas o°,42. Quatre-vingt-dix-sept
oies avaient, en moyenne, une chaleur de 4 i°,3i6, inférieure par conséquent
à celle de l'espèce canard de o°,773. Si la chaleur est moindre, elle est aussi
moins différente d'individu à individu, l'amplitude de sa variation ne dé-
passe pas i°,75, et l'écart moyen o°,o3a. On voit qu'en adoptant la tempé-
rature d'un individu comme étant celle de l'espèce, les auteurs de physio-
logie comparée s'exposaient à des erreurs qui pouvaient dépasser i degré.
L'erreur la plus probable qu'ils commettaient est égale à l'écart moyen.
« Influence du sexe. Dans l'espèce canard elle est très-marquée. La tem-
pérature moyenne de cinquante mâles a été 4i°,9>5; celle de soixante fe-
melles, 42°,264. Différence, o0,34o,. Dans les mâles, l'amplitude de la varia-
tion est i°,8o; dans les femelles, 2°,55 ; ainsi, dans la cane, la température
est à la fois plus élevée et moins uniforme que dans le mâle. En adoptant
la température d'un individu comme étant celle de l'espèce, un observa-
teur devra tenir compte du sexe s'il veut apprécier le degré d'approxima-
tion qu'il obtient. Si c'est un Palmipède lamellirostre mâle, l'écart moyen
ou l'erreur probable sera ± o°,346; si c'est une femelle, ± o°,495 ; ces
différences tiennent à la plus grande variabilité de la température chez les
femelles que chez les mâles.
» Influence de l'âge. Dans le jeune âge, c'est-à-dire avant quatre mois,
(5i7)
la chaleur est moindre qu'à un an et au-dessus. J'ai trouvé pour les ca-
nards une différence de o°,36; pour les oies, o°,4o.
» Influence de la température extérieure. Elle m'a paru nulle ou pres-
que nulle et demanderait, pour être résolue définitivement, des expériences
spéciales auxquelles je ne me suis pas livré.
» L'influence de V alimentation est considérable : une nourriture insuffi-
sante abaisse d'une manière permanente la température du corps. Ainsi la
différence entre des oiseaux bien nourris de grains et d'autres placés exacte-
ment dans les mêmes circonstances, mais réduits à ce qu'ils trouvaient dans la
rivière et sur le sol, était de o°,8o. L'abstinence complète amène une diminu-
tion de la chaleur ; elle était, en moyenne, de o°, 1 1 par vingt-quatre heures
pour les cinq premiers jours. Sur des pigeons, M. Ch. Chossat a trouvé o°, i o
dans des expériences que l'Académie a couronnées en 1 843. Après quarante-
huit heures de diète il y a une réaction, c'est-à-dire une légère augmentation
de chaleur qui ne dure qu'un jour chez les pigeons, mais qui s'est prolongée
pendant quatre sur mes canards. La privation complète d'aliments ne pro-
duit donc pas, dans les premiers jours du moins, un refroidissement uni-
forme ou uniformément accéléré.
» Le tableau suivant présente la température des espèces que j'ai obser-
vées; j'ai mis en regard l'erreur probable calculée d'après l'écart moyen
obtenu par la comparaison de cent dix canards. On est frappé, en parcourant
ce tableau, de l'uniformité de température des Palmipèdes. Cependant les
Plongeurs paraissent avoir une chaleur moindre'que les Longipennes, qui,
à leur tour, ont une température inférieure à celle des Lamellirostres. L'es-
pèce dont la chaleur est la plus faible est le Procellaria glacialis (38°, 76) ;
celle dont la température est la plus élevée, l'oie de Guinée ( Anser cygnoides)
4a°,84- On remarquera que le volume n'a pas d'influence sur la calorifica-
tion : les petites espèces d'un genre sont en général plus chaudes que les
grandes.
» Les données positives de physiologie comparée énoncées dans cette
Note me paraissent nouvelles; personne, à ma connaissance du moins,
n'ayant encore étudié la chaleur moyenne d'une espèce, d'un genre et d'une
classe. Mais, dans des animaux à température aussi uniforme, ces données
numériques n'auraient pu être obtenues sans l'excellent thermomètre que
je dois à M. Walferdin, et qui a servi à toutes mes expériences. Il eût été
impossible d'estimer d'aussi faibles différences avec un thermomètre ordi-
naire, et l'on n'aurait pu déduire de ces observations des résultats positifs,
C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N» II.) 69
; 5,8 ;
sans l'emploi des méthodes familières aux météorologistes et aux statisti-
ciens, et trop peu connues des naturalistes.
Tableau résumé de la température moyenne des oiseaux palmipèdes du nord de l'Europt .
I. — PALMIPEDES PLONGEURS.
Guillemot à miroir ( Uria grylle, L.) . . .
Guillemot nain [Uria Brunnichii, Sab.).
Macareux [Mormon fratercula, Temm.).
NOMBRE
d'individus
observés.
3
8
2
Moyenne des Plongeurs.
11. — PALMIPEDES LOK5IPENKES
Pétrel gris-blanc ( Proccllaria glacialis, L.) . . .
Mouette grise (Larus ridibundus, Gm.)
Mouette à trois doigts. [L. tridactylus, Gm.). .
Mouette blanche [L. eburneus, Gm.)
Goéland à manteau gris [L. glaucus, Gm.). . . .
Goéland argenté [L. argentatus, Lath.).
Stercoraire pomarin [Lestris parasilica, Illig.).
5
i
3
12
IO
I
Moyenne des Longipennes.
ni.
PALMIPEDES LAMELLIR.OSTRES.
Cygne à bec rouge [Anas otor, Gm.).
Oie de Guinée [Anscr cygnoides, L.) . .
Oie trompette [Anas cartadensis, L.). .
Oie ordinaire ( A. anscr, L.)
Oie rieuse [A. albi/rons, Gm.)
Oie cravant [A. bernicla, Gm.)
Eider [A. mollissinia, L.)
Canard millouinan [A. marila, L.)..
Canard tadorne [A. tadorna, L.) . . .
Canard musqué [A. moschata, L.). . .
Canard pilet [A. acuta , L.)
Canard ordinaire [A. boschas, L.). . .
Canard sifïleur [A. penelope, L.). . . .
4
5
97
i
i
9
7
3
16
1 1
no
18
Moyenne des Lamellirostres.
Moyenne générale des vingt-trois espèces.
TEMPERA-
TURES
moyennes.
4o,57
4o,48
4» .74
4o,597
38, 76
41,42
40,07
40,42
4o.74
42,33
40,37
40,587
4o,99
42,84
4i,68
4i,3z
42,85
42,70
42,46
42,65
42,65
4i,66
42,16
42,09
42, 5i
42>>97
4., 498
ECART
probable.
0,25
0,l5
0,29
°>«9
0,42
0,42
0,25
0,11
o, i3
0,42
0,16
0,21
o,J9
0,04
0,42
o,42
0,14
0,16
0,25
o, 10
O, 12
o,o3
0,09
( 5«f, )
mécanique. — Note sur les mouvements relatifs; par M. Quet.
« M. E. Bour a publié, le a5 février dernier, dans les Comptes rendus
de l'Académie, l'extrait d'un travail important dont l'objet principal est
d'exposer une méthode simple pour résoudre le problème du mouvement
relatif d'un corps retenu sur la terre par son centre de gravité, lorsque le
corps a la liberté de tourner dans tous les sens autour de ce centre.
» J'ai eu l'honneur d'adresser à l'Académie, le a6 octobre i852 et le
i5 novembre de la même année, successivement deux méthodes différentes
pour résoudre Je même problème. L'une d'elles a été publiée dans le Journal
de M. Liouville, et m'a servi à expliquer tous les phénomènes connus qui
dépendent de la rotation terrestre. L'autre méthode, qui était spécialement
appropriée au problème de la rotation d'un corps libre, n'obligeait pas à
former de nouvelles équations différentielles et à les intégrer; elle ramenait
tout aux équations du mouvement absolu. Il suffisait alors de prendre les
intégrales connues de ces dernières et d'ajouter simplement — nt à l'une
des variables (n étant la vitesse de rotation de la terre). Cette méthode
jouissait en outre de ce caractère, qu'elle dispensait d'avoir recours aux
formules générales des mouvements relatifs. Comme elle me paraît fort
simple et susceptible de diverses applications, je prie l'Académie de vouloir
bien me permettre de l'exposer ici très-brièvement.
» Le mouvement absolu d'un assemblage quelconque de corps est re-
présenté par la formule générale
W 2> (Sr^+ w* + îp*) = 2>(X^ + Yân + ZoX).
Les quantités qui entrent dans cette expression sont rapportées à trois axes
rectangulaires et fixes dans l'espace, c£, cvj, cÇ. On désigne par §, y, £;
mX, mY, mZ; ù%, c?rç, <?Ç, les coordonnées d'un point matériel m, les pro-
jections sur les axes des forces appliquées à ce point et celles d'un déplace-
ment virtuel donné au mobile. Je supposerai, dans ce qui suivra, que l'axe
cÇ est parallèle à l'axe terrestre.
» Par un point quelconque o de la terre, je mène trois axes ox, ojr, oz
parallèles aux précédents. L'axe oz sera nécessairement invariable sur la
terre; les axes ox, oy, qui ont des directions fixes dans l'espace, se mou-
vront par rapport à la terre de la même manière que l'aiguille des heures
dans une horloge montée parallatiquement, c'est-à-dire que leur rotation
apparente sera égale et contraire à la rotation réelle de la terre. En désignant
par x,y, z les coordonnées du point m rapportées à ces nouveaux axes, et
69..
( 520 )
par?', Y}', Ç' celles de l'origine mobile o prises par rapport au premier sys-
tème d'axes c§, cÇ, cri, on a
(2) §=* + §', yj=j + rj', Ç=z+Ç';
l'accélération absolue du point o, qui est due à la rotation terrestre, a
pour projection sur l'un ou l'autre des deux systèmes d'axes, les valeurs
— ^-, — \ , — -; elle est d'ailleurs égale et directement opposée à ce qu'on
appelle la force centrifuge du point o. En désignant par a, g, y les pro-
jections sur les axes de cette dernière force, on tire des équations (2) les
expressions
/Q<* d'Z_d2x_ liî_^!Z_e rf,S _dH _j'!
( ' ~dtî~~d~F a' dF~~dF~ ' 7P ~ dP ~ 7'
Au moyen de ces équations et pour les mouvements virtuels qui n'entraî-
nent pas le déplacement de l'origine 0, la formule générale (1) devient
^, /rf'i . d'y . d'z , \
= ^ « [(* + a) c?* + ( Y + g) âj + (Z + 7) *z].
Lorsque l'attraction terrestre est la seule force appliquée aux divers points
des corps, les quantités X+a, Y + ë, Z + 7 désignent les projections sur
les axes ox, oj, oz de la pesanteur telle qu'elle est dans le lieu où se trouve
le système mobile. Alors la formule (4) montre que le mouvement relatif
d'un assemblage de corps rapporté aux axes ojc, oy, oz est représenté par
les mêmes équations que si la terre ne tournait pas et que l'on remplaçât
l'attraction terrestre par la pesanteur,
» Dans le cas particulier d'un corps solide dont le centre de gravité est
en o, la formule (4) se réduit à
Cette expression est précisément celle que l'on emploie pour traiter le pro-
blème de la rotation d'un corps libre autour de son centre de gravité, lors-
qu'on fait abstraction de la rotation terrestre. On sait en tirer les équations
différentielles du mouvement qu'Euler et surtout Lagrange ont appris à
intégrer d'une manière générale, et par suite on sait exprimer en fonction
du temps les trois angles caractéristiques d, |, <p, qui déterminent la posi-
tion du corps par rapport aux axes ox, oy, oz. Q désigne l'angle qu'une
( Saï )
droite fixe oz, du corps fait avec oz; ty — 900 est l'angle que la projection
de cet axe du corps sur le plan xoy fait avec ox, en sorte que ty détermine
la direction par rapport à ox de l'intersection oN du plan xoy avec le plan
fixe du corps qui est perpendiculaire à oz,. Enfin <p est l'angle que l'inter-
section oN fait avec la droite fixe ox, du corps, menée perpendiculaire-
ment k oz,.
» Les angles 9, ty, f étant déterminés, il est facile d'en déduire ceux qui
représentent le mouvement du corps par rapport à trois axes fixes de la
terre convenablement choisis. Je mène dans le plan xoy, qui est fixe sur
la terre, deux droites rectangulaires ox', oy' invariablement liées à la terre,
et je rapporte la position du corps au système d'axes ox' , oy' , oz qui est
fixe sur la terre. L'axe du corps oz, fait avec l'axe oz de ce nouveau sys-
tème un angle 9, comme précédemment ; mais l'intersection oN fait avec
ox' un angle <\>' différent de iji. Si l'on désigne par u0 la valeur initiale de
(J/ = (j(, qu'on peut, au reste, supposer nulle, on a
(6) i|/ — <J/ = «0 — nt.
Quant à l'axe ox, du corps, il fait avec l'intersection oN un angle <p, comme
précédemment. On voit par là qu'on déduit des angles 9, tj>, m qui servent
à déterminer la position du corps par rapport au système d'axes mobiles
ox, oy, oz, les angles qui déterminent cette position par rapport au sys-
tème d'axes fixes sur la terre, en ajoutant à ty la quantité u0 — nt, ou sim-
plement — nt.
» Si, d'après les données initiales et la figure du corps, les angles 9, é
doivent rester constants ou sensiblement constants, ij/ ne jouira pas de la
même propriété, puisque l'on a t|/ = <J> — nt . Dans ce cas, l'axe du corps
oz, se mouvra ou exactement ou sensiblement comme l'axe d'une lunette
parallatique ; en effet, pour ce dernier axe 9 et ty sont constants. C'est ce
qui arrivera si le corps solide a reçu primitivement une très-grande vitesse
autour de l'axe principal, qui répond au plus grand ou au plus petit mo-
ment d'inertie.
» La méthode qui vient d'être exposée a pour caractère spécial de rame-
ner les problèmes des mouvements relatifs aux problèmes correspondants
des mouvements absolus par un choix convenable d'axes fixes et d'axes
mobiles par rapport à la terre. C'est en suivant des idées analogues que je
suis parvenu, dans mon Mémoire publié par le Journal de M. Liouville, à
ramener le mouvement relatif des pendules simples et composés au cas du
mouvement absolu.
» Je citerai comme application partielle des considérations qui précèdent
( 522 )
le problème de la chute libre des corps. Si l'on désigne par X, Y, Z les
composantes de l'attraction terrestre rapportées aux axes ox, oy, oz ou aux
axes cÇ, cy], cÇ, on a
d>$_ d'r, _ ^_7
et, à cause des équations (3),
d'x d'r „ p d^z _
Je représente par g l'intensité de la pesanteur, par m le complément de la
latitude et par v0 — nt l'angle que l'axe ox fait avec la projection de la
verticale sur le plan xoy, et j'ai
X -4- a = g sinw cos(i>0 — nt),
Y -t- ê = g sinwsin (v0 — nt),
Z + y = g cosw;
d'après cela, les équations qui précèdent deviennent, en supposant v0 = o,
ce qui est permis,
d'x . d'y . . d2z
— =gsmucosnt, — =-grsinusin»<, —
Ces équations s'intègrent immédiatement et donnent, lorsque le mobile
part du point o, sans vitesse initiale :
x=- — —U — cosnt), Y — - — —(smnt — nt), z = - t2;
on déduit facilement de là l'expression de la déviation orientale, v
M. Baudelocque prie l'Académie de vouloir bien faire examiner par
une Commission la valeur pratique d'un moyen pour abréger les douleurs
de l'accouchement, qu'il annonce avoir expérimenté plusieurs fois et tou-
jours avec le même succès.
L'Académie ne pourra nommer de Commission que lorsque M. Baude-
locque lui aura fait connaître le moyen qu'il emploie pour arriver au ré-
sultat annoncé.
M. Chapoteau, à l'occasion d'une communication faite, il y a quelques
mois, par M. Thenard sur un moyen de détruire les punaises, fait connaître
un moyen auquel il a eu recours et dont il assure avoir obtenu, ainsi que tous
ceux qui l'ont essayé d'après son conseil, d'excellents résultats. Ce moyen con-
( 5a3 )
siste à faire, dans la chambre qu'on veut purger d'insectes, une fumigation
avec des feuilles de rhue, de tabac, d'absinthe et avec du camphre, le tout
projeté sur un brasier ardent. Il va sans dire que, pour être efficace, cette
fumigation doit être faite dans une chambre dont toutes les issues sont fer-
mées et soigneusement calfeutrées.
M. Triquet demande et obtient l'autorisation de reprendre un Mémoire
sur les polypes de V oreille qu'il avait présenté au concours pour les prix de
Médecine et de Chirurgie, et qui n'a pas été mentionné dans le Rapport fait
par la Commission sur les pièces admises à ce concours.
M. Grellon adresse une double copie d'un tableau imprimé offrant le
résumé des observations météorologiques qu'il a recueillies à Constantinople
en i855.
M. Paqcerée prie l'Académie de vouloir bien faire examiner par une
Commission un opuscule dans lequel il a décrit deux appareils de son inven-
tion, destinés à prévenir des accidents communs sur les chemins dejer.
La description de ces appareils ayant été rendue publique par l'impres-
sion, l'Académie ne peut, d'après ses usages, les renvoyer à l'examen d'une
Commission.
L'auteur d'un Mémoire présenté au concours pour le grand prix des
Sciences naturelles (question concernant la distribution des restes organiques
fossiles dans les terrains de sédiment) annonce l'envoi prochain d'une tra-
duction française du travail qu'il a déjà présenté et qui est écrit en allemand.
A l'occasion de la déclaration faite dans la précédente séance par M. The-
nard, au nom de la Commission chargée d'examiner un Mémoire intitulé :
« Les métaux sont des corps composés, ie partie, ier Mémoire », l'auteur de
cet écrit, M. Tiffereau, demande à l'Académie la permission de lui faire
remarquer qu'en adressant cette partie de son travail, il n'avait pas de-
mandé qu'elle fût immédiatement l'objet d'un Rapport. La Commission a
dû juger, en effet, qu'il n'y avait pas lieu à entretenir l'Académie d'opinions
dénuées des preuves qui doivent faire de sa part l'objet d'une nouvelle com-
munication.
M. Ils. axciii i annonce l'intention de soumettre au jugement Me l'Académie
une Note sur un dispositif au moyen duquel il pense avoir résolu le pro-
blème du mouvement perpétuel.
On fera savoir à l'auteur que l'Académie, en vertu d'une décision déjà an-
( 5M )
cienne, ne renvoie point à l'examen d'une Commission les Notes ou Mémoires
concernant le mouvement perpétuel.
M. Anghera, auteur de plusieurs Notes manuscrites sur diverses questions
de géométrie, et notamment sur la quadrature du cercle, annonce l'envoi
d'un opuscule imprimé sur ce sujet.
L'Académie a déjà reçu un exemplaire de cet opuscule qui, de même que
les Notes manuscrites précédemment envoyées, traite d'une question dont
la science depuis longtemps ne s'occupe plus.
M. Jî assagi: i prie l'Académie de lui faire savoir le jugement qui aura été
porté sur un Mémoire qu'il avait voulu lui soumettre, mais qu'il ne lui avait
pas adressé directement.
Ce Mémoire, qui paraît avoir pour objet l'examen des fonctions les plus
générales des corps organisés, animaux et végétaux, n'est pas parvenu à
l'Académie.
A 4 heures, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 6 heures. F.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 17 mars 1 856, les ouvrages dont
voici les titres :
Cryptogamia Guyanensis, seu Plantarum cellulariurn in Guyana gallica
annis 1 835-1 849 a Cl. Leprieur collectarum enumeratio universalis ; auctore
Cam. Montagne. Parisiis, MDCCCLV; 1 vol. in-8°.
Catalogue... Catalogue des Reptiles Chéloniens de la collection du Britisli
Muséum; Part. 1, Testudinata; par M. J.-E. Gray. Londres, 1 855 ; in-4°.
(Offert au nom de l'auteur par M. le Prince Ch. Bonaparte.)
Life... La vie au point de vue physique ; par M. Ch. Girard. Washington,
i855;br. in-8°.
ERRATA.
*
(Séance du 10 mars i856.)
Page 49'« ligne 6, au lieu de Coebon, lisez Cocebon.
Page 4g4> ligne 1 1 en remontant, au lieu de Lassaigke, lisez Dessaignes.
■«-»«-<
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
«-»««<
SÉANCE DU LUNDI 24 MARS 1856.
PRÉSIDENCE DE M. BINET.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
calcul intégral. — Mémoire sur la réduction de classes très-étendues
d'intégrales multiples ; par M. J. Liouville. (Extrait par l'auteur.)
« 1 . J'ai obtenu à diverses époques et par différentes méthodes des for-
mules pour la réduction de plusieurs classes très-étendues et assez remar-
quables d'intégrales multiples. Dans des cas particuliers, ces formules four-
nissent les valeurs finies de quelques intégrales qui paraissent mériter qu'on
les signale. Elles conduisent d'ailleurs à la solution de certains problèmes,
au premier abord très-difficiles. On les trouvera réunies et discutées dans
mon Mémoire. Je ne pourrai, dans cet Extrait, qu'effleurer le sujet, et je
m'attacherai de préférence aux formules qui sont liées à l'intégrale
-m /»* - fa.H-a.-t-. ..-Ha.-,-*- - ) --1 2-1 l^li-i
Jo -Jo e v «,«,... «,_./a» an a^, da,da2...d<xll_„
dont je me suis servi dans un article inséré au Compte rendu de la dernière
C. R. i856, i« Semestre. (T. XLH, N° i2.) 7<>
( 526 )
séance (*) pour démontrer la belle formule de Gauss concernant les fonc-
tions T. En désignant par R cette intégrale, j'ai prouvé que l'on a
n — I
V*
» 2. Cela posé, considérons l'intégrale à n variables
a n — i
I ... | e-(«-t-«. -t-...-+-a._.) c[>(aal ...a„_,) a." a"... an", da da, ... da„_,,
t/O t/O
où <p désigne une fonction quelconque, telle pourtant, bien entendu, que
l'intégrale garde un sens précis et une valeur déterminée. Désignons cette
intégrale par L. En substituant à la variable a une variable nouvelle k, liée
à a par la relation
r
a = >
a.ta.2 . . . an_,
nous aurons de suite
L = /i ^ Yi(f{k!t)kn-{ dk;
et en mettant pour R sa valeur,
I n— 1
L'intégrale donnée à « variables est donc réduite à une intégrale simple. En
prenant pour la fonction <p une puissance de la variable, on retrouverait
naturellement la formule de Gauss :
(*) Je note en passant trois fautes d'impression : page 5o2 , ligne f a, au lieu de e ada,
— il
il faut e * a1 ' da; page 5o3, ligne 6, au lieu de 3* _', il faut 3' ^ ; page 5o6, ligne 19,
au lieu de f$a, il faut (fy.
( 5*7 )
» 3. On obtient une formule particulière, digne de remarque, eu posant
?(*")= e-a",
où a désigne une constante, telle que la somme n + a soit positive. On a
alors
<f (aa, ...a„_,) = e-av ««.•••«—,
et il vient
œ i a n — i
r ... f e-{" + «>+--+a"-- + aV««>---a"--K:a:...ajrdxda,..<dan_t
Jo »'o
i n — i
ô / \ 2 1.2.3. . . (n — i)
v ' (n-f-a)"
» Cette formule peut être démontrée autrement; par exemple, au moyen
de développements en séries. D'abord en développant l'exponentielle
g-a(/ra,... a„_,
en série suivant les puissances de a, on prouvera que la formule est exacte
tant que la valeur absolue de a ne surpasse pas n. Remplaçant ensuite a par
a -+- h, et développant suivant les puissances de h, on étendra de proche en
proche la limite supérieure de a jusqu'à oo . La formule dont nous parlons
une fois établie, on en déduira, si l'on veut, une démonstration nouvelle de
l'équation (A) de Gauss : il suffira de prendre la différentielle à indice quel-
conque des deux membres et de faire ensuite a = o.
» La constante a de notre formule peut être supposée imaginaire, pourvu
que la partie réelle de n -+- a soit positive. Je profiterai de l'occasion pour
faire observer que la constante k de la formule
n-l
R = -^={2n) 2 e-nk
V*
admet de même des valeurs imaginaires. Dans le premier membre, où k
entre à la puissance n'ème, on peut prendre
k" = p (cosô + \/— i sin 6),
70..
(5*8 )
pourvu que l'angle $ soit compris entre — - et -, et alors on doit poser,
dans le second membre,
k = %p ( cos - + \/ — i sin - 1 •
Les valeurs extrêmes
-
2
peuvent être admises ; pour elles on a
kn = ± p \f—î.
» 4. Enfin, dans l'intégrale L, on peut supposer la fonction y nulle dès
que la variable atteint une certaine valeur positive b, cette fonction restant
d'ailleurs quelconque pour des valeurs moindres. On reconnaît alors que
l'intégrale multiple
1 2 n—\
prise pour toutes les valeurs positives de a, aM ..., a„_,, qui vérifient
l'inégalité
a«, ... «„_, < b
est égale à l'intégrale simple
«'(.air)" / e-*<p{kf)kr-,dky
où c = Çb.
» 5. Tout en abrégeant beaucoup, en omettant même de mentionner
certaines questions accessoires qui ont de l'intérêt, j'ai pourtant donné
quelques développements sur l'intégrale L. Je serai très-bref dans ce qui
va suivre.
» L'intégrale à (n — i) variables
I i n— i
..*. 1 /^+a, + aî+... + aB_l+ -j—_- Jç, «2 ...«„_, d*idai...doL„_t,
(5a9)
que je désignerai par V, et où k est un paramètre positif, x une variable
indépendante, peut être traitée par une méthode semblable à celle que
j'ai employée pour l'intégrale R. En différentiant par rapport à k, puis sub-
stituant à la variable a, une autre variable an liée à a, par la relation
a, =■
a., a, . . . a„_, a„
on trouve sans peine que
rfV dV
dk ~ nfa'
Donc
V = ty(x + nk).
On déterminera la fonction fy{x) en posant k — o. La valeur de i{/ (a?) est
donc exprimée par l'intégrale
1 a n — i
J/*CQ /»ÛO — — I -—I — — — — X
••• / /(*H-«i + a»+....+ a_l)a" c£ ...«„!, da,du2...da„_„
que l'on sait réduire à une intégrale simple (*). On exprimera donc aussi V
par une intégrale simple.
» On réduira aisément ensuite à une intégrale double l'intégrale à n
variables
i a n— i
J/»oo /»ûo
I ... / PQa"aa ... a„l, dadat ... da.„_,,
o «A>
où j'ai fait, pour abréger,
P =/(a + a, + ... + a„_,),
et
Q=f {ami •■■ <*n-,)-
» En remplaçant a par a a, a, par a, a,,..., a„_, par a„_, a„_,, on rem-
placera la somme des variables, dont P dépend, par une fonction linéaire de
ces variables.
(*) Voir Journal de Mathématiques, tome IV, page 229.
( 53o )
» On obtiendra des résultats curieux en supposant que l'une des fonc-
tions P, Q devient nulle, ou même que toutes deux deviennent nulles,
lorsque les variables dont elles dépendent surpassent une limite donnée, ou
cessent d'être comprises entre des limites données.
» Enfin, parmi les intégrales dont je me suis occupé, je citerai encore la
formule
£ --J" /(** + » p +...),(£ + £+.. )d«dp...t
qui se lie aux précédentes. Je renvoie pour le reste à mon Mémoire. De plus
longs détails sur ce sujet sortiraient du cadre où l'on doit renfermer les
Comptes rendus. »
MEMOIRES PRESENTES
analyse mathématique. — Mémoire sur le développement de la Jonction
perturbatrice; par M. Roubget. (Extrait par l'auteur.)
Commissaires, MM. Liouville, Binet, Delaunay.)
« Le développement de la fonction perturbatrice en série ordonnée sui-
vant les puissances des excentricités et des inclinaisons est, comme l'on sait,
d'une grande importance pour le calcul des inégalités. On peut même dire
qu'une Table parfaitement exacte des divers termes de cette série, jusqu'à
un ordre assez élevé, ne serait pas moins utile aux astronomes qu'une Table
de logarithmes.
» Mais l'application de la série de Taylor à ce problème présente des
obstacles à peu près insurmontables quand on dépasse le quatrième ordre.
Ainsi le travail de Burckhardt sur les termes du cinquième ordre [Mémoires
de l'Institut, 1808) contient quelques erreurs relevées par M. Binet en 181 2;
ainsi celui de M. Airy pour la détermination des termes relatifs à la grande
inégalité que Vénus introduit dans le moyen mouvement de la Terre, a été
extrêmement laborieux, et les divergences entre ses résultats et ceux d'autres
géomètres partis des mêmes données que lui font douter de son exac-
titude.
» M. Pontécoulant a publié dans sa Théorie analytique du système du
monde un tableau des termes de la fonction perturbatrice, étendu jusqu'au
( 53, )
sixième ordre ; mais, malgré tous les soins de l'auteur, ce travail ne peut
être consulté qu'avec défiance, car mon ami M. Houel y a découvert un
assez grand nombre de fautes, qu'il a signalées dans sa Thèse présentée à la
Faculté de Paris en 1 855.
» La source des difficultés du problème est facile à saisir. L'application
de la série de Taylor ramène aux développements des puissances de x, y
définies par les équations
r = a(i + *),
v= l+y,
l désignant la longitude moyenne, et v la longitude vraie; et après la sub-
stitution de ces développements dans des formules compliquées, il reste à
transformer en sommes des produits de lignes trigonométriques (*). Or
routes ces séries sont pénibles à former, la loi des coefficients est totalement
cachée, les substitutions sont laborieuses, les fautes de calcul extrêmement
probables et fort difficiles à découvrir.
» Trouver une méthode qui évite la formation des puissances de x, r ;
ramener à des opérations algébriques extrêmement simples, sinon rapides,
la recherche des termes correspondants à un argument donné et à un ordre
donné : tels sont les problèmes qui m'ont paru dignes d'attention, tant à
cause de leur importance analytique que de leur utilité astronomique.
» J'en ai trouvé la solution en étudiant un travail peu connu de
M. Cauchy. L'illustre géomètre a montré, dans les Comptes rendus de
1840, qu'on peut ramener rigoureusement à des intégrales simples les
intégrales doubles qui se présentent dans la recherche d'un terme d'ar-
gument donné. Les unes qu'il désigne par Ay- sont analogues aux b[l) de
Laplace, les autres appelées Nf, A> t sont données par l'équation
Nr'*'' = ?kX;S" e'a "~K (e"^+ e~" ^)* (e"""' - e-^-'Y
du,
où t, k, l sont des nombres entiers et positifs, à l'exception du premier qui
peut être négatif. On en trouve l'expression en termes finis sans difficulté.
» En examinant attentivement la méthode de M. Cauchy, on voit qu'elle
est au fond un procédé de développement applicable à toutes les fonctions
qui peuvent s'exprimer en séries de termes proportionnels aux sinus et co-
(*) Voir un Mémoire de M. Le Verrier dans la Connaissance des Temps pour i844-
( 53a )
sinus des multiples d'un ou de plusieurs angles. Aussi, en modifiant un peu
ses calculs, j'ai pu arriver à la forme que l'on donne habituellement à la
série de la fonction perturbatrice, et qui se prête facilement aux dérivations
dont on a besoin. Ainsi j'ai pu donner par l'emploi de cette méthode une
solution nouvelle et élégante du problème de Kepler (*).
» Dans le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, je m'oc-
cupe de la partie la plus importante de la fonction perturbatrice, c'est-à-
dire de l'inverse - de la distance mutuelle des deux planètes considérées,
P
et je prépare tous les calculs nécessaires pour obtenir les termes généraux
des divers ordres. On verra que les nouvelles transcendantes de M. Cauchy
sont évitées et remplacées par les b\° de Laplace ; les nombres Nt> *, / sont
calculés pour la première fois et pour toutes les valeurs des indices dont on
puisse avoir besoin ; la disposition adoptée est d'ailleurs telle, que les erreurs
sont à peu près impossibles. Après cela, toutes les difficultés du problème
du développement de -sont ramenées à la résolution d'un système d'égalités
et d'inégalités du premier degré en nombres entiers. Les solutions sont fort
nombreuses quand l'ordre des termes est élevé, mais toujours aussi faciles à
trouver.
» Dans d'autres Mémoires, j'aurai l'honneur de soumettre à l'Académie
l'application de ces formules générales à la formation du tableau des termes
de -jusqu'au septième ordre. »
géométrie. — Nouvelles remarques sur les surfaces à aire minima;
par M. Ossian Bonxet.
(Renvoi à l'examen de la Section de Géométrie.)
« Dans une Note publiée au Compte rendu du i4 niai 1 855, j'ai résolu le
problème suivant : Trouver la surface à aire minima qui touclte une sur-
face donnée suivant une courbe donnée, ou mieux Trouver la surface à aire
minima qui passe par une courbe donnée pour les différents points de la-
quelle on connaît la direction que doit avoir la normale à la surface. Ma
solution, basée sur la considération des lignes isothermes, était assez compli-
quée. Voici une solution beaucoup plus simple.
(*) Compte rendu du Ier mai i854-
( 533 )
» La question se réduit à ceci : intégrer l'équation
de façon que, pour
j = 9(x),
on ait
9, et (pa étant des fonctions connues; par conséquent, de façon que
4>, et i{/2 étant deux autres fonctions connues, car ayant les équations (2),
lorsque y = <p(x), on a, pour la même hypothèse,
£+ *•<*> = *(*). (g)-+(|)-=î>W;
d'où
dz
=
?'>q=?'\/('
!-+-?'2)<f,-
3
dx
1
+?"
dl
fftV±.v(ï
-H?")*-
-tl
!)
dy 1 -f- y'2 "
Or l'intégrale de l'équation (1) est
Ç =/(* + 1» +/, (ar - 17 ) ;
si l'on fait
x -+- iy = m, x — 1/ = y,
e* que l'on substitue les variables u et v à x et 7, il s'agira de déterminer
les fonctions/ et/j, de façon que, pour
v = $(a),
on ait
!=■*<<!* £ = ?>(«).■
$, Y, , Y2 étant trois nouvelles fonctions se déduisant simplement de <p, ty,, ty 2.
La question ainsi posée se résout immédiatement.
C. R., i856, 1" Semestre. (T. XLFI, N° 12.) 7*
( 534 )
» On peut, au moyeu de ce qui précède, trouver une surface à aire mi-
nima, d'après l'une des conditions suivantes :
» i°. Connaissant une de ses lignes géodésiques;
» 20. Connaissant une de ses lignes asymptotiques;
» 3°. Connaissant une de ses lignes de courbure.
« En effet, dans chacun de ces cas, on connaît les directions que doivent
avoir les normales à la surface tout le long de la ligne donnée. Dans le pre-
mier cas, les normales à la surface sont les normales principales de la ligne
donnée; dans le second cas, les normales à la surface sont les binormales de
la ligne donnée; enfin, dans le troisième cas, les normales à la surface sont
l'un des systèmes de normales à la ligne donnée qui forment une surface
développable.
» Faisons quelques applications.
» Cherchons, en premier lieu, la surface à aire minima qui admet pour
ligne asymptotique une hélice donnée. Supposons le cylindre sur lequel
l'hélice est tracée parallèle aux ? ; représentons sa base par l'équation
<7 = f(x),
où a désigne l'arc de la courbe compté à partir d'une origine fixe, et x
l'angle que la tangente prolongée du coté des a négatifs fait avec l'axe
des |; enfin, appelons 0O l'angle que les tangentes à l'hélice font avec
l'axe des £; nous trouverons sans difficultés pour la surface cherchée
? = snk?* ^x f. '(/ ~ ■*»)! + ? i* - <(j - jo) J},
j0 dépendant de $0 par la condition tang - 0o = e/°
» Cherchons, en second lieu, la surface à aire minima qui admet potir
ligne de courbure une ligne plane donnée.
» Supposons la courbe donnée dans le plan des (£, rj), et représentons-la
par l'équation
o- — <p(.r),
où 9 désigne l'arc de la courbe compté à partir d'une origine fixe, et x l'angle
que la normale à l'extrémité de a fait avec l'axe des£, on aura, pour l'équa-
tion de la surface cherchée,
s =
2 COS
asM&e$ ftff ~ f°ft n'f te-^ &£ " fifMJ?
y0 étant une constante arbitraire.
( 5i5 )
» On peut remarquer que les deux problèmes précédents fournissent
une représentation géométrique de la partie réelle et de la partie imagi-
naire des valeurs que prend une fonction réelle connue pour les valeurs
réelles de la variable, lorsqu'on suppose la variable imaginaire. »
géologie. — De la formation et de la répartition des reliefs terrestres;
pareil. F. deFrancq. Second Mémoire. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires précemment nommés : MM. Élie de Beaumont,
Dufrénoy, de Senarmont.)
•
« J'ai mentionné, dans mon dernier Mémoire sur la formation et la
répartition des reliefs terrestres, quelques-uns des caractères que les reliefs
terrestres nous présentent sur les grands cercles. Ces caractères sont loin
d'être les seuls que nous offrent les roses de grands cercles que j'ai cités.
» Ces roses, dont les grands cercles remontent tous successivement de
5 degrés en 5 degrés, de l'équateur jusqu'aux pôles, nous donnent, de
zone en zone , les moyennes terrestres suivantes :
moy. terr.
Les 17 grands cercles qui remontent de l'équateur jusqu'au 10e degré de latitude. 84",79
Les 24 * "
Les 24 » »
Les 24 » »
Les 16 » »
Les 16 » »
Les 16 » »
Les 4 * T
» Ce résumé nous montre qu'il existe en moyenne, sur les grands cercles,
un accroissement progressif de surfaces terrestres de l'équateur jusqu'au
65e degré de latitude. Cet accroissement s'arrète-t-il à ce degré de latitude,
ou les grands cercles qui s'élèvent plus vers les pôles ne nous offrent-ils un
décroissement de surfaces terrestres que parce que je n'ai pas pu faire men-
tion des arcs terrestres polaires ? Cette question serait fort importante à
résoudre, car elle se rattache : i° à l'évaluation approximative des terres
polaires ; a° à l'influence que ces terres ont pu exercer sur la direction
générale des plissements de l'écorce terrestre en donnant ou en ne donnant
pas, en moyenne, aux grands cercles polaires un plus fort développement ter-
restre que celui que j'ai mentionné ci-dessus; 3° cette question, enfin, se rat-
tache encore à la cause elle-même qui a pu occasionner le développement
71..
du i5e au 2s5e
»
88°,42 •
du 3oe au 4<>c
»
9'°>74
du 45e au 55e
»
94°,o6
du 60e au 65e
»
97°>44
du 70e au *j5e
»
9i°,73jt2
du 80e au 85e
»
79V9**
au 90e
»
77°>I9;rz
( 536 )
progressif de surfaces terrestres que j'ai constaté sur les grands cercles qui
s'élèvent de l'équateur jusqu'au 65e degré de latitude. Les faibles sommes ter-
restres des grands cercles de la zone équatoriale, leurs nombreux arcs marins
rectangulaires (qui nous dénotent, ainsi que je l'ai déjà démontré, des arcs
d'exhaussement en voie de dépression), la direction plus ou moins du nord
au sud que prennent si fréquemment, enfin , les alignements terrestres du
globe, tout semble nous indiquer que la moyenne terrestre des grands
cercles polaires est beaucoup plus élevée que celle que nous constatons sur
leur parcours connu, et qu'il doit exister ainsi des surfaces terrestres
polaires d'une assez grande étendue.
» Ce'qui viendrait confirmer encore cette opinion, c'est que : i° de
l'équateur jusqu'au 65e de latitude, tous les grands cercles qui ont moins de
98 à i oo degrés d'arcs terrestres trouvent constamment leur somme com-
plémentaire d'arcs d'exhaussement dans leurs arcs marins rectangulaires ,
tandis que ce fait n'a plus lieu, en général, à partir du 70e degré de latitude ;
i° les alignements parallèles qui forment, jusqu'au 65e degré de latitude,
un caractère si distinctif des grands cercles de plus de 102 degrés ter-
restres , existent souvent dans des proportions considérables sur des
grands cercles polaires qui ont moins de 100 degrés terrestres sur leur par-
cours connu.
« Nous ne pouvons guère attribuer ces deux faits qu'à l'existence de
terres polaires qui viennent donner aux grands cercles un chiffre terrestre
plus élevé que celui que nous constatons sur leur parcours connu.
» Si nous admettions que les grands cercles polaires de moins de
99 \ degrés terrestres qui n'atteignent pas ce chiffre normal par leurs arcs
marins rectangulaires ont, en minimum, leur somme terrestre complémen-
taire dans les régions polaires, le minimum terrestre des grands cercles
polaires serait en moyenne :
moy. lerr.
Sur les grands cercles qui s'élèvent jusqu'au 70e degré de latitude. . . ioo°, 19
» » au 75e » 97°>44
» » au 80e » 920, 12
au 85e » 88°,65
» « au 90e » 87°,8i
.» Mais cette évaluation serait évidemment trop faible , car elle n'attribue
aucun parcours terrestre polaire, aux grands cercles , de plus de 99^ de-
grés terrestres.
» Que si l'on évaluait, au contraire, la valeur moyenne des arcs
( S37)
terrestres polaires par voie de proportion, en déterminant la latitude
moyenne à laquelle commencent les régions polaires inconnues et en attri-
buant aux grands cercles polaires qui les traversent une moyenne terrestre
proportionnelle à celle qu'ils ont sur leur parcours connu , on obtiendrait
les chiffres suivants en faisant commencer les arcs polaires inconnus au
75e degré de latitude nord et au 65e degré de latitude sud :
ÉTENDUE
DES ARCS
INCONNUS.
POLAIRES
ÉVALUATION PROPORTIONNELLE.
ANGLES
des grands
cercles à
l'équateur.
RÉGIONS
arct.
SOMME
terrestre
proport.
des grands
RÉGIONS
antarct.
= X.
TOTAL.
PARCOURS
connus
ARCS
terrestres.
PARCOURS
inconnus.
ARCS
terrestres
polaires
proportion-
nels.
cercles.
0
70 S
0
0
3o
0
3o
33o°
0
93,5o
0
3o
0
8,20
0
ioi ,73
75 s
»
4o
4o
320
89>94
4o
11,24
I0I,l8
80 s
22
45
67
293
81,72
67
18,68
ioo,4o
85 S
28
48
76
284
76,53
76
20,48
97>01
9°
3o
5o
80
280
77. '9
80
22, o5
99>24
k
ROSES
du méridien
de Paris
et du 180e de
longitude.
Sommes
terrestres.
ROSES
du 45e E. de
longitude
et i35e 0. de
longitude.
ROSES
du 90e de lon-
gitude
et 90e 0. de
longitude.
Sommes
terrestres.
ROSES
du i35° E. de
longitude
et 45e O. de
longitude.
Sommes
terrestres.
ÉCARTS.
Sommes
terrestres.
Amérique septenlr. , etc.
Amérique mérionale. . .
367° I
334 1
I25l {
888 -f
78 1
i57 \
45 1°
3o8 j
11 18 \-
1091 f
58 \
124 7
54i°|
610 {
5a2
"91 f
47 7
182 i
4>3°{
868
572 *
234 T
287 i
0
174
559 \
729 t
3o8
176
i63 i
Europe, Asie, etc....
Grand Océan, etc
38
'8 7
24 i
2' f
9 1
» Il semblerait donc que nous devons attribuer l'analogie des sommes
( 538 )
terrestres de mes roses de grands cercles à la similitude d'effets qu'a en-
traînée sur l'ensemble de chacune de ces roses la similitude de causes d'ex-
haussement qu'elles ont eue entre elles. L'une a porté sur l'Afrique ou l'Aus-
tralie l'excédant terrestre que l'autre a porté sur l'Asie ou l'Amérique ;
mais elles sont toutes arrivées, en définitive, à des résultats presque sem-
blables.
» Ce fait nous montre l'équilibre qui s'est maintenu sur le globe dans la
répartition générale des reliefs terrestres, et par cela même aussi la valeur
que nous devons attacher à l'étendue de ces reliefs sur les grands cercles.
» Cette dernière évaluation, qui me paraît être plus rationnelle que la
première, ferait remonter l'accroissement moyen des reliefs terrestres sur
les grands cercles jusqu'au 70e degré de latitude, et il y aurait ensuite des
rnovennes terrestres presque semblables, depuis le 75e degré de latitude jus-
qu'aux pôles.
» Les grands cercles des roses que j'ai formées sur l'équateur ne parcou-
rant pas, au reste, le globe en nombre suffisant pour nous donner des
moyennes terrestres fort exactes dans les régions polaires, j'ai pris de
10 en 10 degrés sur l'équateur des grands cercles qui remontent en fais-
ceau, de 5 en 5 degrés, du 70e degré de latitude jusqu'aux pôles.
» Ces 162 grands cercles polaires nous donnent, en résumé, les chiffres
suivants :
ANGLES
des
grands
cercles avec
l'équateur.
70 S
75 S
80 S
85 S
9°
1IIM1U TERRESTRES
DES GRANDS CERCLES.
Arcs terrestr.
connus.
lo5,o3 x
g3,47 xz
86,85 xz
83,69 xz
81,78 xz
Minima
terrestres
des
gr. cercles.
109, i3
IOO, I I
98>72
97. «8
93>39
Parcours
connus.
33o
320
293
284
280
EVALUATION PROPORTIONNELLE.
Arcs
terrestre»
connus.
Io5,o3x
93,47 ^z
86,85*z
83, 6g .rz
81 ,78x2
Parcours
inconnus.
3o
4o
67
76
80
Arcs
terrestre»
proportion-
nels.
9.54
I2,5o
.9,86
22, t>4
23,36
Sommes
terrestres
proport*
des gr. ccrcl.
n4,57
ii2,58
106,70
105,73
1 o5 , 1 3
» Ces chiffres nous font voir, à leur tour, que l'accroissement progressif
des arcs terrestres remonte, en moyenne, sur les grands cercles, non-seulement
jusqu'au 70e degré de latitude, mais presque même jusqu'au 75e degré de lati-
(539)
tude, et qu'il existe au delà de ce dernier point une zone de grands cercles, dont
les sommes terrestres moyennes, tout en s' abaissant un peu vers les pôles,
restent presque stationnaires et conservent un chiffre assez élevé pour que
nous devions admettre qu'il y a des surfaces terrestres considérables vers
les pôles, et que l'ensemble des grands cercles polaires a exercé par son
développement terrestre une action fortement dépressive sur les grands
cercles des régions équatoriales et tempérées.
» Mes roses de grands cercles nous présentent un autre fait remarquable :
leurs sommes terrestres sont presque toutes semblables entre elles,
ROSES DU MÉRIDIEN DE PARIS
ET DU l8o' DE LONGIT.
KOSES DU 45e DE LONGIT. ET
DU l35e 0. DE LONGIT.
ROSES DU 90e E. DE LONGITUDE
ET DU 90e 0. DE LONGIT.
ROSES DU 1 35e E. DE LONGIT.
ET DU 45e 0. DE LONGIT.
Sommes
ter-
restres.
Minim.
terrestre
polaire.
TOTAL.
Sommes
ter-
restres.
Minim.
terrestre
polaire.
TOTAL.
Sommes
ter-
restres.
Minimum
terrestre
polaire.
TOTAL.
Sommes
ter-
restres.
Minim.
terrestre
polaire.
TOTAL.
Total .
Moy . .
0
3109 -J
86,37
i85°J
5,i6
0
32g5
9' >35
3i78°|
88,29
«9°!
2,48
3267"-!-
9°, 77
0
3220
89,40
0
' ,44
D
32ÔI
90 , 5o
3352°
l
a
26 {
0,73
3378° -;
93,84
et leurs étendues de parcours sur les mêmes continents présentent cepen-
dant des écarts considérables. »
M. A. Breton adresse une description d'une pile, toujours humide, des-
tinée aux usages médicaux , sur laquelle il avait dans une précédente séance
sollicité le jugement de l'Académie.
« Cette pile, dit M. Breton, est composée, pour l'un des pôles, d'un mé-
lange de poudres de cuivre rouge, avec des poudres neutres de bois, desti-
nées à diviser les parties métalliques ; ces poudres sont mélangées ensemble
dans une dissolution saturée de chlorure de calcium qui en lait une mixture
toujours humide, le chlorure de calcium ayant la propriété d'absorber tou-
jours l'humidité de l'air. La préparation du deuxième mélange qui forme
l'autre pôle de la pile, est identiquement la même, sauf que la poudre de
cuivre est remplacée par une poudre de zinc. Ces deux préparations, mises
dans un vase, et séparées entre elles par une cloison poreuse, établissent une
pile à effet constant qui garde toujours la même intensité d'action, vu son
état d'humidité constante et le nombre indéfini de ses éléments. »
(Renvoi à l'examen des Commissaires nommés pour la pile de M"e Behrens;
MM. Becquerel et Pouillet.)
( 54o )
M. Goubaux, professeur à l'École impériale vétérinaire d'Alfort, et M. Fol-
lin, professeur agrégé à l'École de Médecine de Paris, adressent pour le
concours Montyon, prix de Médecine et Chirurgie, un travail qui leur est
commun et qui a pour titre : « De la Crjptorchidie chez l homme et les
principaux animaux domestiques . »
(Réservé pour la future Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.)
Deux autres Mémoires destinés au même concours sont adressés :
L'un par M. Rochat : « Essai sur la médecine préventive »;
L'autre par M. Vanner. Ce dernier Mémoire est intitulé : « Du degré
constant de la chaleur animale considérée dans l'homme comme loi de la
santé; des effets morbides produits par les variations de cette chaleur, et
les applications à en déduire pour la thérapeutique».
Un Mémoire destiné au concours pour le grand prix de Mathématiques
(question concernant le théorème de Fermât) est parvenu depuis la der-
nière séance et a été inscrit sous le n° 6.
CORRESPONDANCE
M. le Ministre de l'Instruction publique autorise l'Académie à prendre
sur les fonds restés disponibles les sommes demandées pour la gravure de
planches destinées à accompagner un Mémoire de M. Schimper sur les
Sphaignes, et pour la continuation d'un travail de M. Sainte-Claire Deville
sur le bore, le silicium, etc.
M. le Ministre de la Marine met à la disposition de l'Académie une série
de spécimens du fond de la mer, avec l'indication des parages, un tableau
des coquilles microscopiques trouvées dans la mer, et une Notice expli-
cative.
Cette série, que M. le Ministre a jugée de nature à intéresser l'Académie,
fait partie d'une collection offerte au Gouvernement français par le Cabi-
net de Washington, et qui a été apportée par M. Benham, capitaine du
génie dans l'armée fédérale des États-Unis.
Les spécimens sur lesquels M. le Ministre appelle l'attention de l'Acadé-
mie seront soumis, ainsi que les documents qui les accompagnent, à l'exa-
men d'une Commission composée de MM. Élie de Beaumont, Duperrey,
de Quatrefages et Bravais.
( 54 1 )
M. Elus, au nom de l'Administration du Muséum Britannique, remercie
l'Académie des Sciences pour l'envoi d'une nouvelle série des Comptes
rendus.
M. .Io.m u;i>, en adressant un Tableau des courbes représentant les phé-
nomènes de l'atmosphère dans l'océan Atlantique , dont l'auteur est M. le
lieutenant Makry, directeur de l'Observatoire de Washington, l'accompa-
gne de la Lettre suivante :
« Je suis chargé par M. Maury, directeur de l'Observatoire de Washing-
ton, de faire hommage à l'Académie d'un Tableau montrant la proportion
des pluies, calmes, brouillards et tempêtes, dans les hémisphères nord et
sud, sous les parallèles correspondants de l'océan Atlantique. Les divers
résultats que présente ce tableau figuré sont fournis par 107277 observa-
tions faites dans la partie nord de l'Atlantique et par i58o25 observations
faites dans la partie sud. Il résulte de ce tableau que les calmes sont
moins fréquents dans l'hémisphère sud que dans l'autre. Il en est de même
des autres phénomènes atmosphériques; l'atmosphère est plus variable, et
sujette à plus de pluies, plus de brouillards, plus de vents, plus de tonnerre
dans l'hémisphère nord que dans l'hémisphère sud, particulièrement entre
l'équateur et le cinquante-cinquième parallèle. »
M. le Secrétaire perpétuel communique la Lettre suivante qui lui a
été adressée par M. Terquem à l'occasion du Rapport fait dans la séance
du 10 mars, sur une méthode proposée pour le calcul des distances lu-
naires observées en mer.
« Dans les Comptes rendus (n° 10, p. 47$)» on exprime le désir d'avoir
une Table donnant les sinus naturels de o à go degrés, de 10 secondes en
10 secondes, et on propose de la faire calculer.
» Cette Table existe. C'est le Thésaurus mathematicus , etc. , s'ive
Canon sinuum ad radium 10 15 et ad dena quœque scrupula secunda qua-
drantis una cum sinibus primi et postremi gradus..., Table calculée par Pi-
tiscus. On en lit une description dans le bulletin de Bibliographie, d'His-
toire et de Biographie mathématiques, t. I, p. 10 et 1 1 ; 1 855. On croit aussi
utile de rappeler que, parmi les grandes Tables déposées à l'Observatoire
impérial, on trouve une Table de sinus naturels pour chaque seconde déci-
male avec 25 décimales, et à 7 ou 8 colonnes de différences.
» Il est bien à regretter que nos astronomes aient quitté la division déci-
male du cercle et du jour; si l'on avait persisté, cette division aurait fini,
C. R., 1856, icr Semestre. (T. XLII, N» 12.) 72
( 54a )
tout comme notre système métrique, par être généralement adoptée. On
peut y revenir. Dans la grande carte de France, cette division est employée ;
excellent exemple à suivre. »
optique. — Théorie mathématique des effets de la lentille simple employée
comme objectif de chambre obscure et comme besicle ; par M. Bretos
(de Champ.)
§ Ier. — Exposé de la question.
« On sait par expérience que l'effet obtenu d'une lentille simple, de
longueur focale donnée, dépend des courbures des deux surfaces réfrin-
gentes, de l'ordre dans lequel ces deux surfaces agissent sur les rayons
de lumière, et aussi de la position et de l'ouverture du diaphragme qui
limite l'amplitude des pinceaux incidents. Le docteur Wollaston a, le pre-
mier, essayé de déterminer les dispositions les plus convenables pour le cas
où la lentille doit être employée comme objectif de chambre obscure. Il a
trouvé que l'on obtient de très-beaux effets en faisant la lentille concave
du côté des objets et convexe vers l'image, et le rayon de courbure de la
surface antérieure égal à deux fois celui de la surface postérieure. Quant au
diaphragme, Wollaston le place au devant de la lentille, c'est-à-dire du
côté concave, à une distance égale à ■£• de la longueur focale. Enfin le dia-
mètre d'ouverture de ce diaphragme est fixé à — de la même longueur.
Toutefois cette dernière proportion ne résulte pas aussi explicitement que
les précédentes de la description donnée par ce célèbre physicien (*),
auquel on doit aussi l'indication de la disposition périscopique préférée
aujourd'hui par un assez grand nombre de personnes pour les verres de
besicles.
» Les recherches de Wollaston ont été reprises par notre excellent opti-
cien M. Cauchoix. Il a obtenu des résultats analogues; seulement le rapport
des rayons de courbure des surfaces antérieure et postérieure de la lentille
lui a paru devoir être de 8 à 5 plutôt que de i à i (**). Il est incontestable
que quand l'appareil est ainsi construit, l'image est incomparablement plus
belle et plus étendue qu'on ne l'obtiendrait avec la lentille biconvexe plus
communément employée. Mais personne encore, que je sache, n'a donné la
théorie mathématique de ces effets remarquables, lesquels sont évidemment
une conséquence des relations spéciales qu'il faut établir entre les éléments
(*) Transactions philosophiques de la Société Royale de Londres, pour l'année 181 t.,
pages 370 et suivantes.
(**) Précis de physique expérimentale , par M. Bibt, 3e édition, lome II, page 356.
( 543 )
de l'appareil pour que les images produites soient à la fois étendues, nettes
et fidèles. La solution de ce problème est implicitement renfermée dans
mes précédentes communications relatives à l'optique instrumentale (*) ;
c'est elle que je me propose de développer ici, comme premier exemple de
l'application des principes nouveaux que j'ai formulés jusqu'à présent d'une
manière trop abstraite pour que l'on en vît l'utilité. J'appliquerai ensuite
les mêmes principes à la lentille simple employée comme besicle.
§ II. — Relation de laquelle dépend l'étendue de Vimage.
» La condition à laquelle nous devons avant tout satisfaire, est d'obtenir
un champ étendu. Cela exige que les pinceaux obliques soient transformés
par la lentille en pinceaux coniques, de même que les pinceaux émanés de
points situés sur l'axe de l'objectif. Les relations à établir entre les éléments
de l'appareil pour cet objet sont celles que j'ai données le 22 janvier 1 855.
Je les reproduis ici en les restreignant au cas de deux surfaces :
= " LU ~ r,) [i^,~ fj + ^\,~ m$ï+ P; \¥^r i) J
L~ ^ fc ~ y + a,a>c,, ~ 7â + j\ [^ — t,j J
* [~ A fè ~ ty + A^"^^ fc~^) ]
"' L- a fe "~ rj + a,a'c,, T. 7j\ + yt ($* ~ 3 j J
«
«.
rJ
i'r.3 =u[i-i]
A2=A\-hht Ac>2=.A'Cjl + ^.
(*) Voyez les Comptes rendus des séances des 18 septembre i854, 22 janvier i855 et
i o mars 1 856.
72..
( 5/,4 )
» Afin de simplifier la question, je supposerai la lentille assez mince
pour que l'on puisse considérer sans erreur sensible son épaisseur h, comme
nulle. J'admettrai aussi que — el— sont nuls, ce qui revient à supposer
que les points rayonnants sont situés sur un plan perpendiculaire à l'axe de
la lentille. Retranchant alors la troisième équation de la première et la qua-
trième de la seconde, il vient
2u/l 'Y—2"'/ ■ ' V /' ' \/ ' • V
V te ~ -?l) ~ ^ te - -r,J * "' [l - l) te - %) '
La condition de conicité des pinceaux émergents est p\ = p'2. Supposons-la
remplie, et ajoutons ces deux équations membre à membre, on trouve
a, u.« a/ + z, te ~ *} ~~~ r, te ~~ v + ? Uv *> :
y étant la longueur focale de la lentille, on a
_u, — m/i i\ I_l I 1 I I
i
7
u, . u, — a a i u, — i i u i
à', fi A, A',,, ~ u, r, «, AC;,
d'après cela notre équation devient
/ i i\' au |~i /m, — u u\ u, /i i\T / i i\
\A.,i /•,/ u, — ul_u, \ r, A,/ u \7 vJ W' r,)
UU, I Ti /u, — u u\ U, /l I \~|
ou, ce qui revient au même,
(I I \ ! 2 U [' I H, I "j / I I \ UU, 1 Tl U, I "I
A,,, . ?J ~ «, — « L?, IT Â7 J te *~ rj ~ («,— «)'/ |_Z, ~ • ?J '
d'où l'on tire, en laissant les coefficients de l'inconnue ; sous leur
forme explicite,
i i a jfi /u, — u u\ u, / 1 i \~J
A,,i r, u, — u{|_«,\ r, A,/ u \/ A,/J
( 545)
On voit par là que la valeur de ACi, ne sera réelle qu'autant que les deux fac-
teurs sous le radical seront de même signe. Si nous considérons en particu-
lier le cas le plus ordinaire, où les objets sont assez éloignés pour que l'on
puisse faire sans erreur appréciable — = o, on a
I _ M, -+- U I «i I , « /«i — «i 1 /«i — «I «i I
4,,," a, r, a, — uf «, — u\ a, r, \ a, r, uf
» La valeur de f étant négative pour une lentille convergente, si l'on
suppose que /', est positif, ou que la surface antérieure de la lentille est
concave vers les objets, la valeur du facteur - '^sera positive, et
J 7 a, r, u f *
par suite on aura pour Ac>, deux valeurs réelles. Quand la valeur de - est
négative. et presque nulle, le facteur-1 -7 a le signe de — -^y et
conséquemmenl est positif. Donc Ac>) est alors imaginaire. Cette imaginante
persiste lorsqu'on donne à- des valeurs absolues de plus en plus grandes,
jusqu'à ce que l'on ait
a, — « I «, I « («i — «■) r
' 7 = o, ou r, =s -J — - — ' /,
ce qui nous apprend que, dans ce cas, la lentille tourne sa convexité vers
les objets.
» De la relation ~ = "'"~" ( ~ ~" ~ ) ' on *'re' aPrès y avoir substitué
cette valeur de r, , ra = f. La surface postérieure tourne donc sa con-
cavité vers l'image, de sorte que la lentille est encore un ménisque. Et il
est évident que cette forme restera toujours telle pour des valeurs absolues
de - plus grandes que celles que nous venons de considérer.
» Ainsi donc, aucune lentille biconvexe , employée comme objectif de
chambre obscure pour former l'image d'objets éloignés , ne satisfait à la
condition mathématique de laquelle dépend l'étendue des images.
» Et si l'on emploie une lentille plan-convexe, la face plane doit être
tournée vers les objets.
» Il est facile de reconnaître ce qui arriverait si — n'était pas nul ; je
laisse le lecteur faire lui-même cette discussion. »
( 546 )
astronomie. — Sur deux étoiles variables ; par 'M. Erxest Liouville.
« 1. On sait qu'il existe des étoiles dont l'éclat change périodiquement.
La première de ces étoiles variables dont on ait déterminé la période est s
de la Baleine. Plus tard, la durée de la période a été trouvée pour quelques
autres, par exemple pour Algol, yj de l'Aigle, a d'Hercule, a d'Orion, etc.
Mais quoique le nombre des étoiles reconnues variables soit assez grand,
on n'a de données à peu près certaines que pour un petit nombre d'entre
elles.
» Voici une nouvelle étoile qu'il sera aisé, je crois, d'ajouter à ces der-
nières. Elle porte le numéro 4°4° dans le catalogue de Groombridge,
qui a le premier déterminé sa position; ses coordonnées au ier janvier i856
sont :
jr = a3h i2m4lS>
A.P.N = 170 5' 40".
» Elle varie de la 6e grandeur à la 10e : on peut conjecturer une pé-
riode d'environ n5 jours; mais je ne présente ce nombre qu'avec lapins
grande réserve, car mes observations (faites au méridien seulement et pour
un autre objet) sont malheureusement peu nombreuses. Dans l'espoir de
déterminer exactement la durée de la période par des recherches nouvelles,
j'avais différé jusqu'à ce jour de publier mes résultat*. Mais les moyens
de travail me manquent. Je me décide donc à donner ici mes observations
qui, dans l'état même où les circonstances m'ont forcé de les laisser, ne
paraîtront pas, je le crois, tout à fait dépourvues d'intérêt.
i853. »4 janvier. L'étoile est de 7e grandeur.
a5 février.
—
6'
1 2 mars .
—
r
6 avril .
—
9e à 10'
17 avril.
—
7e à 8e
27 avril.
—
?
23 juillet.
—
8'
12 septembre.
—
i
17 septembre.
—
6e à 7'
20 septembre.
—
6e à 7'
1 2 octobre .
—
6e
» 2. Il est encore une autre étoile variable sur laquelle j'appellerai l'at-
tention des astronomes. C'est l'étoile 1706 du catalogue de l'Association
(547)
Britannique dont les coordonnées au ier janvier 1 856 sont :
m = 5h 2om 36s ,
A.P.N = i5° 3' 4i".
» Dans ce catalogue elle est marquée comme appartenant à la 5e gran-
deur. Voici quelle grandeur je lui attribuais successivement en i853 :
18 janvier 6e à f
19 janvier 6° à 7e
28 janvier 6e à 7e
12 février 7e
2i février 6e à 7e
23 avril 6e
3o avril 6e
7 juin . 6e
21 juin 6e
27 juin 6e
» On ne peut déduire aucune période de ces observations ; je les men-
tionne cependant, parce qu'elles pourront servir de termes de comparaison
et se combiner utilement avec des observations postérieures. »
zoologie. — Document pour servir à la monographie des Chéiroptères
sud-américains ; par M. Paul Gervais.
« Le Mémoire dont j'ai l'honneur d'adresser le résumé à l'Académie a
pour objet principal la description des nombreuses espèces de chauves-
souris que M. Francis de Castelnau et son compagnon, feu M. Emile
Deville, ont recueillies pendant leur longue expédition dans l'Amérique du
Sud. Mon but, en le rédigeant, n'a pas été de faire une monographie défi-
nitive des Chéiroptères qui vivent dans l'Amérique méridionale, mais de
préparer des documents pour cette monographie, en réunissant les nom-
breuses observations scientifiques auxquelles pouvait donner lieu l'étude
des matériaux mis à ma disposition. Outre les chauves-souris rapportées
par MM. de Castelnau et Deville, j'en ai décrit quelques autres que M. de
Castelnau lui-même a plus récemment trouvées aux environs de Bahia, ou
que M. Westphal a reçues du même lieu.
•a Pallas, Et. Geoffroy- Saint- Hilaire, Frédéric Cuvier et de Blainville
avaient déjà tiré un excellent parti des caractères que fournit le système
dentaire pour la détermination spécifique et la classification des Chéiro-
ptères. En poussant plus loin cette analyse, commencée parDaubenton (1),
j'ai pu obtenir plusieurs résultats nouveaux qui seront à la fois utiles pour
(1) Histoire de l'Académie des Sciences pour 1759.
( 548 )
l'ostéologie et pour la zoologie des Chéiroptères. Ces résultats permettront
aussi d'arriver à une notion des chauves-souris fossiles en Amérique plus
parfaite que celle que nous possédons encore.
» J'énumère dans mon Mémoire une soixantaine d'espèces vivantes qui
appartiennent toutes à la faune de l'Amérique méridionale, et je donne,
pour la plupart d'entre elles, des descriptions détaillées ainsi que des figures
odontographiques. Grâce à l'obligeance de M. Isidore Geoffroy-Saint-
Hilaire, j'ai pu comparer ces espèces, (et plus particulièrement celles que
que je crois nouvelles, aux types en partie décrits par son père ou par lui,
que possède le collection du Muséum de Paris.
» Tous les Chéiroptères américains appartiennent aux deux familles des
Phyllostomidés et des Vespertilionidés. On n'a encore rapporté de ce con-
tinent aucune espèce de la famille des Ptéropodidés ou Roussettes, ni de
celle des Rhinolophidés, et il ne paraît pas qu'il y en existe. Les Phyllosto-
midés ou les chauves-souris de la famille des Sténodermes, des Phyllostomes
et des Vampyres, sont exclusivement propres à l'Amérique, et nulle part
ailleurs on n'en trouve des espèces. Au contraire, les Vespertilionidés sont
des animaux cosmopolites; toutefois leurs espèces américaines et, dans
certaius cas, les genres formés par ces espèces, sont différents de ceux qui
vivent sur les autres continents. Il en est cependant qui rentrent dans des
genres européens.
» Je ne parlerai dans cette première Note que des Phyllostomidés.
» Ces chauves-souris, qu'on a aussi nommées Vampyridés, peuvent
ètre'partagées en quatre tribus : les Desmodins,les Sténodermins , les Glos-
snphagins et les Vampjrins.
» l. On ne connaît encore parmi les Desmodins que le seul genre
Desmodus , qui est si remarquable par son système dentaire. Je montre que
dans le premier âge il a deux paires d'incisives supérieures, comme la plu-
part des autres Phyllostomidés, et que ces dents sont alors fort différentes,
quant à la forme, de la paire unique qui les remplacera.
» 2. Les Sténodermins sont plus nombreux, et l'on en reconnaît aisé-
ment plusieurs genres. Ils rappellent plus ou moins, par la forme de leurs
dents et par la brièveté de leur membrane interfémorale, le Sténoderme
d'Et. Geoffroy-Saint-Hilaire. C'est à cette tribu qu'appartiennent les
Phyllostomidés frugivores. Les molaires de quelques-uns d'entre eux res-
semblent, par les tubercules émoussés de leur couronne, à celles de certains
singes ou même des kinkajous, qui ont un régime analogue. Chez d'autres,
elles ont leur bord externe très-relevé, principalement les antérieures. Leur
( 549)
nombre varie suivant les formules -., ^ et p» caractères qui, joints à ceux de
la queue courte ou nulle et de la membrane interfémorale, rendent facile la
distinction des genres de Sténodermins.
» J'ai étudié en nature six de ces genres : les Brachyphylla, J.-E. Gray ;
les /' Ueroderma _, P. Gerv. (établis pour le Phyllostoma perspicillatum); les
Artibœus, Leach; les Dermanura, P. Gerv. (pour le Stenoderma undatum,
Blainv.); les Stenoderma, E. Geoffr., et les Sturnira, Gray. Ces derniers
comprennent les espèces qui ont les dents les plus émoussées [Phjllostoma
lilium, E. Geoff., etc.).
» 3. Les Glossophagins , qui répondent au genre Glostophaga
d'E. Geoffroy, ne m'ont fourni qu'un petit nombre de remarques nou-
velles. C'est après avoir exposé leur classification actuelle que j'ai parlé du
Phjllostoma brevicaudum, espèce dénommée par le prince de Neuwied.
Cette espèce, dont la synonymie maintenant est fort embrouillée, a été quel-
quefois confondue avec les Glossophages, dont elle se distingue cependant
par certains caractères tirés de la forme du crâne, de la dentition, etc.,
caractères qui la rattachent simultanément aux Sténodermins et aux Vam-
pyrins. Je la regarde comme devant servir de type à un genre distinct qui
pourra prendre le nom d' Hemiderma.
» 4. La quatrième tribu des Phyllostomidés est celle des Vampyrins,
qui réunit aussi plusieurs genres et particulièrement ceux des Vampyrus,
Jxach, et des Phyllostoma, tels qu'ils ont dû être modifiés par. suite des
derniers progrès de la science. Plusieurs autres divisions, de valeur égale-
ment générique, peuvent y être pareillement rapportées : tels sont les Lo-
phostoma, que M. d'Orbigny et moi avons fait connaître ; les Macrophyllus ,
genre établi par M. Gray pour le Phyllostoma macrophyllum du prince
de Neuwied ; et deux autres genres encore, les Tylostoma et les Schizostoma,
caractérisés ici pour la première fois.
» Les Tylostoma comprendront les Phyllostoma bidens, Spix, et
Phyllostoma crenulatum, E. Geoffr., qui ont -g molaires et seulement
2 .
- incisives.
i
» Les Schizostoma ont ~ molaires et - incisives. L'espèce sur laquelle
j'établis ce genre m'a paru nouvelle; je lui donne le nom de Schizostoma
minutum.
» 5. J'ai rapproché des Vampyrins, mais sans le ranger définitivement
C. R., i856, i" Semestre. (T. XLH, N° 12.) 73
( 55o )
dans la même tribu, un autre genre nouveau que j'appelle Spectrellum. Je
l'établis sur une chauve-souris de Bahia qui m'a été remise par M. Westphal.
Sa formule dentaire est la suivante : - incisives, - canines, » molaires; sa
2 ' I ' o
queue est longue et complète, comme celle des Macrophylles ; mais ses trois
vertèbres intermédiaires sont beaucoup plus longues et beaucoup plus
grêles que les autres; ses proportions générales rappellent celles des Vam-
pyrins. Toutefois cette chauve-souris, qui paraît devoir occuper le dernier
rang parmi les Phyllostomidés, manque de la feuille nasale qui caractérise
les autres animaux de cette famille; je l'ai décrite sous le nom de Spectrel-
lum macrurum. »
géologie. — Sur un gisement de pouzzolane, récemment découvert dans la
Haute-Loire. (Extrait d'une Lettre de M. Bertraxd, de Lom.)
« Les pouzzolanes communes, déjections volcaniques incohérentes, em-
ployées à la préparation des mortiers pour les besoins de la maçonnerie
ordinaire, se trouvent fort répandues, comme tout le monde sait, dans plu-
sieurs de nos départements. Mais il restait à découvrir, en France, la pouzzo-
lane vraie, la pouzzolane de la géologie, possédant toutes ses affinités chi-
miques, qui la font rechercher pour les constructions des grands travaux.
Cette découverte est aujourd'hui un fait accompli ; j'ai constaté, en effet,
l'existence de cette pouzzolane dans un point du département de la Haute-
Loire.
» Les échantillons que j'adresse à l'Académie la mettront à même de
reconnaître l'origine géologique, la nature et les qualités chimiques de cette
matière ; ces échantillons, à l'état argiloïde, happant fortement à la langue,
l'enferment encore une notable quantité de grains ou fragments non décom-
posés des matières de projections qui sont le cachet de leur origine.
m Ce gisement est situé dans les communes de Mazairat et de Saint-Eble,
près Langeac (Haute-Loire), daus la région dite Coupet, si riche en osse-
ments et en corindons, et dont j'ai déjà entretenu l'Académie, en avril 1 855.
Qu'il me soit permis de lui rappeler la demande que je lui adressai à cette
époque, tendant à obtenir des ressources pécuniaires, pour continuer l'ex-
ploration de ce gîte précieux ; mon intention étant de livrer à l'École impé-
riale des Mines ou au Muséum d'Histoire naturelle tous les fossiles prove-
nant des fouilles qui seraient poursuivies sous les auspices de l'Académie. »
Conformément à une décision déjà ancienne de l'Académie, toute de-
( 55, )
mande de fonds ne peut être renvoyée à la Commission administrative qu'a-
près avoir été appuyée par la Section compétente; en conséquence, la
Lettre de M. Bertrand, de Lom, sera soumise à l'examen de la Section de
Minéralogie et de Géologie.
M. Schroeder adresse, en date des 12 et 16 mars, deux Notes sur les sou-
lèvements absolus de la surface du globe.
M. Liouville est invité à prendre connaissance de cette communication
et à faire savoir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un
Rapport.
M. Duriau, à l'occasion d'une Note sur l'absorption cutanée présentée
par M. Poulet dans la séance du 3 mars dernier et insérée par extrait dans le
Compte rendu de cette séance, prie l'Académie de vouloir bien lui accor-
der prochainement la parole pour lui soumettre les résultats des expérien-
ces qu'il a faites sur la même question, résultats dont quelques-uns ont été
déjà l'objet d'une publication qui paraît n'avoir pasété connue de M. Poulet.
M. Taupenot demande également un tour prochain de lecture pour la
description de Y anémomètre enregistreur mentionné dans sa Lettre du
10 mars.
Cet appareil, déjà installé dans la pièce qui précède la salle des séances,
y restera jusqu'au lundi suivant, jour auquel M. Taupenot espère que l'Aca-
démie voudra bien lui accorder la parole, ses fonctions de professeur ne
lui permettant pas un long séjour à Paris.
M. Millot, auteur d'un Mémoire sur une méthode d'arboriculture ayant
pour objet de faire développer un bourgeon sur un point déterminé d'un
rameau , annonce qu'il vient d'adresser à la Commission chargée de l'exa-
men de son Mémoire une série de pièces à l'appui de sa méthode, Sur
laquelle il espère obtenir prochainement un Rapport.
M. Cancalon prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Com-
mission qui a été chargée de l'examen de son Mémoire sur les modifi-
cations éprouvées par le climat de l'Italie, de la France et de l'Amérique.
(Renvoi à la Commission nommée, qui se compose de MM. Babinet,
Duperrey et Bravais.)
( 552 )
Ml,e Behrens adresse une nouvelle Lettre relative à sa pile magnétique
portative destinée aux usages médicaux.
(Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés :
MM. Becquerel et Pouillet.)
M. Elvart transmet de nouveaux documents imprimés relatifs aux
effets obtenus, dans le traitement du choléra-morbus, de la méthode de
M. Tironi.
(Renvoi à la Section de Médecine constituée en Commission spéciale du
legs Bréant.)
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret.
COMITÉ SECRET.
La Section de Médecine et de Chirurgie déclare, par l'organe de son
doyen M. Serres, qu'elle maintient la liste qu'elle a présentée dans la séance
précédente, ainsi que les ex cequo qui s'y trouvaient.
Voici cette liste :
MEDECINE.
, (M. Cruveilhier,)
. (M. PoiSEUU.LE.)
Au 2e ran^...{^r _ ) ex œquo.
° (M. PlORRY, ) 7
CHIRURGIE.
. ( M. Jorert, de Lamballe,)
Aux '^Im.j^esg™»*, !)•*•*■
!M. Baudejns, \
M. Laugier, \ ex cequo.
M. Malgaigve, )
La majorité de la Section recommande à l'Académie la liste de Médecine.
Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la
prochaine séance.
La séance est levée à 7 heures. . E. D. B.
■»88i
• COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 31 MARS 1856.
PRÉSIDENCE DE M. BINET.
RAPPORTS.
chimie appliquée. — Rapport relatif à la découverte de la soude artificielle
(Commissaires, MM. ïhenard, Chevreul, Pelouze, Regnault, Balard et
Dumas rapporteur.)
« S. E. M. le Ministre de l'Instruction publique adressait à l'Académie
la Lettre suivante, le 1 7 novembre dernier :
« J'ai l'honneur de vous communiquer ci-joint une pétition adressée à
» Sa Majesté par M. le marquis de Mano.ury d'Ectot, au nom de la famille
» de Nicolas Le Blanc, tendant à obtenir une réparation du dommage que
» Le Blanc aurait éprouvé par suite du séquestre mis par ordre de la Con-
» vention sur son usine, et de la divulgation du procédé dont il était l'in-
» venteur pour la fabrication de la soude artificielle.
» Je vous prie de vouloir bien inviter l'Académie à examiner cette péti-
» tion et à m'adresser prochainement un Rapport où elle fera connaître son
» avis sur la légitimité de la réclamation de la famille Le Blanc. »
» La pétition adressée par les enfants Le Blanc à Sa Majesté, désignée
dans la Lettre précédente, est ainsi conçue : .
« Sire,
» Nicolas Le Blanc, l'inventeur de la soude artificielle, a donné l'essor à
» toutes les applications de la chimie aux arts.
» Sa découverte mémorable est la première dont la science pure ait doté
C. R., i85(i, i'r Semestre. (T. XLII, N° 15.) 74
( 554 ) |
» l'industrie; c'est la seule que soixante ans de pratique n'aient pas rriodi-
» fiée; c'est celle dont les applications ont le plus grandi.
» L'Europe fabrique aujourd'hui trois cents millions de kilogrammes de
» soude artificielle, qui donnent à tous les arts chimiques une matière
» première indispensable. *
» La première usine fondée par Le Blanc fut mise sous le séquestre en
» 1793. Son procédé fut publié par la Convention comme étant d'utilité
» publique, et l'inventeur dépouillé du fruit de son génie.
» Le Blanc mourut dans la détresse à la suite de ces malheurs immérités.
» Le moment n'est-il pas venu, Sire, de rendre à la mémoire de Le Blanc
» un hommage qui lui est dû à tant de titres et qui serait à la fois une
» consolation pour sa famille et une réparation pour les souffrances que
» ses contemporains lui ont infligées?
» La France et l'Europe lui doivent une reconnaissance dont Votre Ma-
» jesté seule peut trouver l'expression et dont il n'appartient qu'à elle de
» se faire l'interprète.
» Les enfants de Le Blanc. »
a La science et l'industrie, accoutumées à tant de sollicitude et de bien-
veillance de la part de Sa Majesté en enregistreront avec reconnaissance
une nouvelle preuve. Cette pétition, datée du g novembre, était remise
quatre jours après, dès le i4 novembre, par l'Empereur lui-même en con-
seil, à S. E. M. le Ministre de l'Instruction publique pour faire commencer
immédiatement l'information qu'elle rendait nécessaire.
» La Section de Chimie, chargée de ce soin par l'Académie, aurait à
s'excuser d'avoir employé quatre mois à remplir sa mission, si les circon-
stances qui se sont produites ne lui avaient fait une loi de réclamer des
pièces authentiques pour l'obtention desquelles des formalités et même un
jugement d'une date récente ont été indispensables.
» En effet, dès le 3o novembre, l'Académie recevait la Lettre suivante du
représentant des héritiers Dizé :
« Je viens d'être informé que la famille de Le Blanc s'occupe de faire
» valoir auprès de l'Empereur, les services que son chef a rendus à l'État en
» créant l'industrie de la soude artificielle et que l'Académie est saisie de
» l'examen de ses titres.
» Je viens au nom de la veuve de M. Dizé et de ses enfants réclamer pour
» M. Dizé la part qui lui revient dans la découverte de la soude artificielle
» et dans la création de cette importante industrie.
» Les titres de M. Dizé résultent d'un grand nombre de pièces authen-
( 555 )
» tiques imprimées et manuscrites que je tiens à la disposition de l'Aca-
» demie. »
» L'Académie était donc appelée à se prononcer sur la propriété d'une
découverte, et, malgré toutes les difficultés dont la discussion de ce genre de
questions est souvent entourée, elle a dû accepter la mission qui lui était
donnée, car elle est aussi chargée de veiller à la garde des droits de l'inven-
tion et des privilèges de la pensée.
» La Section de Chimie n'ignorait pas que la première manufacture de
soude artificielle, créée à la Maison-de-Seine près Saint-Denis, l'avait été par
une société dont Le Blanc et Dizé faisaient partie. Elle savait aussi que Dizé,
après la mort de Le Blanc, avait publié en 1810 un historique de la décou-
verte de la soude où la part faite à Le Blanc n'était pas d'accord avec celle
qui lui était accordée par l'opinion publique. Mise en présence des prétentions
élevées par deux familles animées d'un égal respect pour les droits et pour la
gloire de leurs auteurs, la Section a pensé que lorsqu'il s'agissait d'événe-
ments accomplis il y a soixante ans, dont les auteurs et les témoins ont tous
disparu, elle devait faire son opinion sur pièces, sans accorder une trop large
part à des traditions souvent altérées ou à des réclamations personnelles qui
ne seraient pas appuyées de preuves authentiques ; elle a donc voulu sur
tous les points remonter aux documents originaux.
» La découverte de la soude facti ce a été provoquée par un concours comme
celle de l'outremer artificiel, comme celle de la filature du lin à la mécanique.
» L'ancienne Académie des Sciences avait mis au concours, en effet, un
prix de deux mille quatre cents francs que le Gouvernement l'avait chargée
de décerner à l'auteur du meilleur travail sur la fabrication de la soude au
moyen du sel marin. Il s'agissait de soustraire l'industrie du blanchiment,
celle du verre et celle des savons, aux effets fâcheux résultant du renchéris-
sement croissant des potasses, de la hausse des soudes naturelles de l'Es-
pagne et de la rareté des gîtes de natron naturel.
» Encore bien que ce prix n'ait point été décerné, on peut affirmer qu'en
dirigeant les esprits vers l'étude de cette question, la mesure qui le mettait
au concours a été le point de départ de la découverte du moyen propre à
fournir la soude artificielle, c'est-à-dire d'une des plus importantes inven-
tions des temps modernes.
» Le sel marin étant indiqué comme la matière première de la soude,
divers procédés furent proposés pour l'en extraire directement, soit par la
chaux, soit par l'oxyde de plomb, mais sans résultat pour l'industrie.
»> Dès 1 777, le Père Malherbe, bénédictin, indiquait de convertir d'abord
le sel marin en sulfate de soude. Il agissait sur ce dernier sel et il faisait
74-
( 556 }
fondre ensemble du sulfate de soude, du charbon et du fer. Il se forme
ainsi un composé particulier de soufre, de sodium et de fer, qui se délite à
l'air et qui donne du carbonate de soude, quand on le lessive. M. Ropp a
proposé récemment l'emploi sur une grande échelle de ce procédé qui n'a-
vait jamais été exploité, mais qui au moyen de quelques* perfectionnements
le serait, d'après lui, près de Manchester, et fournirait aujourd'hui plu-
sieurs milliers de tonnes de soude par an.
» Le procédé du Père Malherbe suppose la conversion préalable du sel
marin en sulfate de soude, comme nous l'avons dit. Dans les premiers mois
de 17S9, de la Métherie proposait à son tour le procédé suivant qui admet
aussi cette conversion préalable : nous le citons textuellement, parce que,
d'après Le Rlanc lui-même, il forme l'un des incidents de la découverte de
la soude factice.
« Il y a, disait-il, une manière de faire cette décomposition du sel ma-
» rin, qui seroit très sûre, mais elle seroit peut être trop chère. Ce seroit
» dans des appareils convenables de verser de l'acide vitriolique sur le sel
» marin ; l'acide marin se dégageroit et passeroit dans les ballons et le
» résidu seroit du vitriol de natron ou sel de Glauber. On décomposeroit en-
» suite ce vitriol de natron en le calcinant avec du charbon. L'acide vitrio-
» lique se dégageroit sous forme d'acide sulfureux et le natron demeure-
» roit pur. On le dissoudrait dans l'eau, filtrerait et ferait cristalliser.... On
» pourrait ne pas perdre l'acide sulfureux pour le reconvertir en acide vi-
» triolique. Ce seroit en chauffant le vitriol et le charbon dans des vais-
» seaux fermés, par exemple dans des cornues dont le col aboutirait.
» dans de grandes chambres semblables à celles où l'on brûle le soufre
» Peut-être l'acide vitriolique ne seroit-il pas tout changé en acide sul-
« fureux et qu'une portion le seroit en soufre, ce qui formerait un hépar.
» Cet hépar pourrait à la vérité être décomposé par l'acide acéteux ou tout
» autre acide végétal et on obtiendrait un sel acéteux de natron : et comme
» cet acide se décompose très facilement par le feu, en chauffant ce sel
» acéteux on obtiendrait l'alcali pur; mais ces acides végétaux seraient dis-
» pendieux. »
» Si de la Métherie eût tenté l'expérience qu'il propose, il aurait re-
connu : i° que le sulfate de soude traité par le charbon ne se change pas
en acide sulfureux et en soude pure ; i° que c'est en sulfure qu'il se con-
vertit ; 3° que l'emploi de cet acide végétal qu'il recommande comme moyen
auxiliaire de purification eût été indispensable, comme moyen principal de
traitement, pour la totalité de la soude à obtenir.
» Le sulfate de soude traité par le charbon seul se convertit , en effet, en
( 557 )
sulfure de sodium, qui, ainsi obtenu, ne peut être converti économique-
ment en carbonate de soude qu'au moyen de l'acide carbonique. Dizé fa 1 1
connaître que, dans le cours de leurs études communes, des essais clans ce
sens auraient été tentés par Le Blanc et par lui au Collège de France, et cela
semble très-probable en effet. Repris par Pelletan vers 1827 et. 1828, ce
procédé devint la base de la création d'une usine aux environs de Paris;
l'entreprise n'eut pas de succès. Dans ces derniers temps, M. Valerio l'a sou-
mis à une nouvelle étude, qui n'a pas encore reçu d'application. Jusqu'ici
la formule que nous venons d'examiner n'est donc pas entrée dans la pra-
tique, chose regrettable, puisque le sel marin étant changé en sulfate au
moyen de l'acide sulfurique, le sulfate en sulfure au moyen du charbon, le
sulfure en carbonate à l'aide de l'acide carbonique, l'hydrogène sulfuré en
gaz sulfureux par la combustion, et le gaz sulfureux en acide sulfurique par
les agents ordinaires, le soufre employé à la fabrication de la soude factice
ne serait pas perdu comme c'est le cas aujourd'hui, et se retrouverait en en-
tier au contraire, sauf les déchets inévitables.
» Ce procédé diffère beaucoup, comme on voit, de celui qu'avait conçu
de la Métherie. Il représente très-exactement, du reste, l'ensemble de réac-
tions qu'on aurait pu imaginer théoriquement pour convertir le sel marin
en carbonate de soude.
» Mais la soude factice devait, comme tant d'autres inventions, prendre
naissance à la suite d'essais et d'efforts opiniâtres dont la théorie n'avait pas
su devancer les résultats.
» Si l'on retire aujourd'hui la soude du sel marin, comme l'indiquait le
programme du prix à décerner par l'Académie; si Ton se sert du sel marin
converti en sulfate de soude ainsi que le faisait le Père Malherbe et que le
conseillait de la Métherie, on calcine ce sulfate de soude avec de la craie et
du charbon, ce qui donne un oxysulfure de calcium insoluble et du carbo-
nate du soude soluble ; c'est là le secret du succès de cette industrie; c'est
là qu'est la découverte capitale qui a donné naissance à la soude artificielle.
» Supprimez la craie, vous n'obtenez que du sulfure de sodium soluble;
ajoutez la craie, le soufre est rendu insoluble par la chaux, et la dissolution
obtenue avec le produit ne retient que du carbonate de soude. Voyons à
qui appartient l'invention ainsi caractérisée :
» Vers 1 787, un homme éminent, Nicolas Le Blanc, chirurgien de la maison
d'Orléans, connu bientôt par des travaux remarquables sur la cristallisation
des corps et par d'autres travaux de chimie d'un caractère élevé, prélu-
dait déjà aux recherches sur l'extraction de la soude, à l'occasion du pro-
gramme publié par l'Académie. « J'ai trouvé, dit-il, en général, que les pro-
( 558 )
» cédés connus étaient incomplets, insuffisants ou bien trop dispendieux. »
Il ajoute : « Le citoyen Lamétherie inséra dans le Journal de Physique
» des observations sur la décomposition du sulfate de soude par l'incinéra-
» tion avec le charbon ; il ne doutoit pas que de nouvelles expériences pro-
» curassent un jour le moyen de décomposer complètement ce sulfate appelé
» sel de Glauber. Je m'attachai à cette idée, et l'addition du carbonate de
» chaux remplit parfaitement mon objet. J'en prévins Lamétherie ; c'était à
» ses observations que je devois ce premier succès, puisqu'elles avoient été
» l'occasion de mon dernier travail. »
» La publication de la Métherie est de 1789.
»- Le Blanc aurait proposé bientôt, en 1789 même, l'exploitation en
grand de ses procédés au duc d'Orléans; ce prince aurait voulu avoir à ce
sujet l'avis de d'Arcet, professeur au Collège de France, dont le prépara-
teur Dizé, chargé de suivre les épreuves du procédé, se serait ainsi trouvé
en rapport avec Le Blanc. Ces circonstances sont justifiées et expliquées par
les actes suivants, comme on va le voir.
m En effet, le 12 février 1790, par-devant Jacques Lutherland, notaire
public à Londres, le duc d'Orléans, Nicolas Le Blanc, Dizé et Henri Shée,
signaient les traités, conventions et associations qui suivent :
« Art. 1. —D'autant que lesd. S" Leblanc et Dizé sont auteurs d'un
» procédé secret pour la confection de soude, de sel ammoniac et de blanc
» de plomb, et que la conduite desdits procédés exige une somme considé-
» rable d'argent, lesd. Srs Le Blanc et Dizé ont demandé à Sad. Altesse
» Sérénissime qu'il leur fournisse la somme de deux cent mille livres tour-
» nois pour les mettre en état de poursuivre lesd. procédés avantageusement...
» Art. 7. — Lesd. S" Le Blanc et Dizé conviennent et s'engagent envers
» Sad. A. S., c'est-à-dire le Sr Le Blanc de mettre en dépôt le secret pour
» faire de la soude dont il est auteur, et le Sr Dizé le secret pour faire le
» blanc de plomb dont il est aussi auteur, lesquels procédés, ainsi que
» celui pour la confection du sel ammoniac, seront donnés par écrit et
» certifiés par M. d'Arcet, et puis cachetés des cachets de S. A. S. le duc
» d'Orléans et des StsLe Blanc et Dizé, et déposés entre les mains du Sr Bri-
» chard, Nre à Paris, pour n'être ouverts qu'en cas de mort ou abandonne-
» ment de fait des auteurs »
»Sile premier article de cette convention confond en un seul le procédé
pour la confection de soude, de sel ammoniac et de blanc de plomb,
l'art. 7, comme on voit, rétablit les choses dans une situation plus lo-
gique et plus précise, en expliquant qu'il y a trois procédés distincts :
l° celui pour la soude, dont Le Blanc est l'auteur; 20 celui pour le blanc
I 559 )
de plomb, dontDizé est l'auteur; 3° celui pour le sel ammoniac, qui n'est
attribué à personne en particulier : on en verra plus loin le motif.
» Votre Commission avait naturellement mis un grand intérêt à retrouver
la pièce que nous venons d'analyser, puisqu'elle est le point de départ de l'af-
faire qui nous occupe. Toutes les recherches faites à Londres dansl'éfude du
successeur du notaire Lutherland ayant été inutiles, malgré les soins empres-
sés de MM. Hoffmann, Grove et de la Rue, qui ont mis à cette enquête tout
le zèle qu'on devait attendre de leur respect pour les désirs de l'Académie,
nous avons pensé que les archives de la maison d'Orléans auraient con-
servé quelque trace de cette transaction. Par les soins de M. Bocher, on y
a trouvé, en effet, une copie authentique de l'acte passé à Londres qu'il
s'est empressé de mettre à la disposition de l'Académie. Nous venons d'en
indiquer les conditions essentielles.
« Afin de suivre la marche naturelle du progrès de l'affaire, il fallait ensuite
obtenir l'ouverture du paquet cacheté annoncé dans l'acte précédent, le-
quel a été déposé, le 27 mars 1790, chez le notaire Brichard, où il avait été
abandonné par les intéressés et par leurs familles. Un jugement ayant été
rendu à cet effet, à la requête de la famille Le Blanc, le paquet cacheté a été
ouvert, et nous en avons obtenu une copie en forme authentique.
» Ce paquet contenait : i° la description du procédé pour la fabrication
de la soude et pour celle du sel ammoniac, par Le Blanc, et un certificat de
d'Arcet qui s'y rapporte ; 20 la description du procédé pour la fabrication
du blajic de plomb par Dizé, et un certificat de d'Arcet qui s'y rapporte
également.
» Dizé n'y figure donc qu'à titre d'inventeur du procédé pour ce nou-
veau blanc de plomb. Voici d'ailleurs le texte exact du paquet cacheté :
Procédé de Nicolas Leblanc pour la conversion du sel marin en soude, et les Notes qui ont
raport à cette opération; le tout rédigé pour être déposé entre les mains de Mtre Brichard,
notaire à Paris, ainsi qu'il a été stipulé dans l'article septième de l'acte d'association passé
à Londres, le douze février mille sept cent quatre-vingt-dix, en l'étude du sieur James Lu-
therland, notaire public.
« On décompose le sel marin par le procédé de Glauber, c'est-à-dire
» par l'acide vitriolique; il est aisé d'imaginer des appareils suffisants pour
» opérer sur de grandes masses.
» Il faut pour décomposer entièrement le sel marin presque le même
» poids d'acide concentré.
» Pour obtenir le meilleur parti possible de l'acide marin, il faut le con-
( 56o )
» vertir en sel ammoniac, et pour cela on peut faire passer immédiatement
» le gaz marin dans un bain d'alcali volatil, ou bien faire le mélange après
» l'avoir reçu à part.
» La masse de sel de Glauber qui résulte de cette décomposition, doit
» être "ensuite poussée au grand feu pour être entièrement purgée d'acide ;
» ensuite on la pulvérise pour l'opération suivante.
» On prend une quantité donnée de ce sel de Glauber, la moitié de son
» poids de terre calcaire (craie) et le quart du poids de ce même sel, de
» charbon en poudre; le tout bien pulvérisé et bien mêlé; on met le mé-
» lange dans des creusets, observant de laisser au moins un tiers de
» vuide; on couvre ces creusets, de manière qu'il reste des ouvertures que
» l'on peut pratiquer de plusieurs manières sur les couvercles ou à leur
» bord, il se forme une quantité considérable de matière inflammable qui
» brûle à sa sortie à mesure que l'on donne le feu; après avoir ainsi gradué
» le feu pendant quelque temps, on pousse à la fusion, de manière à don-
» ner une fonte pultacée; alors la matière se trouve convertie en soude
» aérée; on retire cette matière des creusets.
» On peut extraire, ou purifier cette soude, en pulvérisant la matière et la
» faisant ensuite bouillir dans une suffisante quantité d'eau ; après quoi on
» retire le sel de soude à mesure qu'il cristallise pendant l'évaporation ;
» cette soude peut être mise sur des aires chaudes pour être desséchée.
» On peut encore, la matière étant refroidie, la casser grossièrement et
» l'amonceler sous des hangars; elle devient pulvérulente, s'efflevirit au
» bout de quelques mois, et ensuite la lotion peut en être faite comme nous
» l'avons dit. La terre calcaire et le charbon qui n'a pas brûlé dans l'opé-
» ration se séparent de la liqueur par le repos ou par la filtration.
» On retire l'alcali volatil de la combustion des substances animales, et
» le sel ammoniac s'obtient par sublimation. Toutes ces dernières opéra-
» tions, ainsi que la méthode de Glauber pour la décomposition du sel
» marin, sont connues partout en chimie et même dans les arts. »
« Je soussigné, professeur de chymie au Collège roïal de France et de
l'Académie roïale des Sciences, etc., certifie que le procédé décrit cy»
dessus et aux autres parts, est exactement le même, qui a été pratiqué
sous mes ïeux à différentes reprises et avec succès, tant dans mon labo-
ratoire particulier, que plus en grand dans le laboratoire du Collège roïal
de France; en sorte que par ce procédé on décompose le sel marin, et
l'on en met à part la base ou sel de soude, dans un état de très grande
( 56i )
» pureté; comme aussi je certifie qu'avec ce même procédé il sera facile
» d'établir une fabrique de sel ammoniac. En foi de quoi j'ai signé à
» Paris, le vingt-quatre mars mil sept cent quatre-vingt-dix.
» Signé d'Arcet. »
Procédé de Michel- Jean- Jérôme Dizé pour la fabrication d'un blanc de plomb, rédigé
pour être déposé entre les mains de Me Brichard , notaire h Paris, ainsi qu'il a été stipulé
dans l'article septième de l'acte d'association passé à Londres le douze février mille sept
cent quatre-ving-dix , en l'étude du Sr James Lutherland, notaire public.
« Prenés cent livres de plomb, faites les fondre, jettes les ensuite dans
» une cuve d'eau , cette opération divise le plomb et le met en grenailles.
» Enlevés ce plomb ainsi granulé, mettes le sécher sur des planches. Quand
» il sera sec, faites-le dissoudre dans une suffisante quantité d'acide nitreux
» ou eau forte ordinaire, on donne un peu de chaleur pour accélérer cette
» dissolution. La dissolution finie, on décante la liqueur dans un autre
» vase. Il arrive quelquefois que pendant la dissolution il se précipite une
» poudre blanche, il faut avoir soin de verser de l'eau sur cette poudre
» blanche pour la faire dissoudre et on la mêle avec la dissolution que l'on
« a décantée. On laisse reposer la liqueur pour l'éclaircir. Quand elle est
» arrivée dans un état de limpidité parfaite, on la transvase. Alors on y
» verse de l'acide vitriolique ordinaire jusqu'à ce qu'il ne se précipite plus
» deblanc. On laisse rasseoir le blanc qui s'est formé, on décante la liqueur,
» qu'on évapore à moitié. Quand elle est ainsi concentrée on y ajoute
» encore du plomb granulé, jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus en dissoudre.
» On décante la liqueur et on la laisse s'éclaircir, on la décante de nou-
» veau. Enfin on précipite avec l'acide vitriolique. Quand le blanc est bien
» tombé au fond on concentre de nouveau la liqueur et on y fait redis-
» soudre du plomb granulé, enfin l'on poursuit le travail comme dessus
» jusqu'à ce que l'eau forte soit épuisée. On rassemble ensuite tout le blanc,
» on le lave à grande eau. Cela fait, on fait dissoudre dix livres d'alcali
» pur dans suffisante quantité d'eau bouillante, capable de délayer la masse
» de blanc de plomb. On entretient la chaleur jusqu'à ce que l'on s'aper-
« çoive qu'il n'y a plus d'effervescence, on décante alors la liqueur, mais
» il faut avoir soin de laisser reposer le blanc. On le lave deux fois à l'eau
» bouillante et quatre fois à l'eau froide bien claire, ensuite on le fait sécher
» dans des bassins ou aires de plomb qu'on chauffe par dessous. »
« Je soussigné, professeur de chymie au Collège roïal de France et de
» l'Académie roïale des Sciences, etc., certifie que le procédé du blanc de
C. R., i856, ier Semestre. (T. XL1I, N° 13.) 7$
( 56a )
» plomb que M. Dizé a décrit cy-dessus et en l'autre part, est très-exacte-
» ment celui qu'il emploie pour faire le blanc de plomb d'une blancheur
» éclatante et d'une bonne qualité. Eu foi de quoi j'ai signé. A Paris, le
» vingt-quatre mars mil sept cent quatre-vingt-dix.
« Signé d'Arcet. »
» L'examen attentif de ce dépôt donne lieu à quatre observations :
i° le nom de Dizé n'y est prononcé qu'à l'occasion de son blanc de plomb
dont l'invention lui est réservée exclusivement : il n'est pour rien dans le
procédé relatif à la soude; i° si, dans ce paquet cacheté, les procédés
pour la soude et pour le sel ammoniac sont attribués à Le Blanc seul, la
négligence avec laquelle Le Blanc décrit le moyen d'obtenir le sel ammo-
niac, l'indication qu'en ce qui concerne ce dernier sel, il s'agit de procédés
connus et déjà pratiqués, expliquent comment, dans l'acte passé à Londres,
on ne l'attribuait à personne en particulier, et prouve une fois de plus que
c'est la soude seule que Le Blanc prétend se réserver ; 3° si Le Blanc décrit
très-exactement la marche générale de l'opération propre à fournir la soude
artificielle, si la pensée du procédé est nettement indiquée, si l'invention
est déjà tout entière dans, cet acte, il n'en est pas moins vrai que le dosage
du sulfate de soude, de la craie et du charbon tel qu'il le donne est encore
inexact, car il y indique deux fois plus de sulfate de soude qu'il n'en em-
ploiera plus tard dans le procédé définitif; 4° Le Blanc parle du traitement
qu'il a effectué comme ayant eu lieu dans un creuset, et rien n'indique
dans sa description qu'il eut la pensée de substituer plus tard un four à
réverbère au creuset, comme cela est indispensable dans une opération
manufacturière.
» Ces dernières circonstances peuvent expliquer le long intervalle qui
sépare l'acte de Londres et le dépôt du paquet cacheté effectués coup sur
coup, des actes suivants.
» En effet, c'est dix mois après l'acte de dépôt, le i5 janvier 1 79 r ,
l'installation de la manufacture étant déjà commencée et Le Blanc étant
déjà établi dans l'usine, que Le Blanc et Dizé règlent leurs intérêts respec-
tifs par un acte notarié, rédigé en prévision de l'acte d'association définitif
dont il va être question plus loin.
» Dans cet acte préparatoire, il est dit :
« Article 2. — A quelque somme que s'élève la portion des bénéfices
» nets qui sera allouée aux sieurs Le Blanc et Dizé dans l'entreprise de la
» confection de soude et blanc de plomb, il sera fait distinction de chaque
( 5G3 )
» nature de bénéfice, savoir : celui résultant de la fabrication delà soude
» et du sel ammoniac seulement formant une somme quelconque de béné-
» fice net sera divisé en cinq parts, dont trois parts appartiendront au
» sieur Le Blanc, ses héritiers ou représentants; les deux parts restantes
» appartiendront au sieur Dizé, ses héritiers ou représentants.
» Le bénéfice net, au contraire, résultant de la fabrication de blanc de
» plomb, formant aussi une somme distincte et séparée, sera divisé égale-
» ment en cinq parts; mais dont trois appartiendront au sieur Dizé,
» et les deux parts restantes au sieur Le Blanc , leurs héritiers ou repré-
» sentants. »
» Après ce nouvel acte qui reproduit et confirme les droits respectifs
de chacun des auteurs, l'un à la découverte d'une méthode propre à fournir
la soude et le sel ammoniac, l'autre d'une méthode applicable à la fabri-
cation d'un blanc de plomb plus économique, il ne restait plus qu'à
régler les bases de l'association projetée.
« Tel est l'objet de l'acte de société définitif passé à Paris le 27 jan-
vier 1791 entre le duc d'Orléans, Le Blanc, Dizé et Shée; nous nous bor-
nerons à en donner l'analyse.
» On y rappelle d'abord qu'il s'agit de l'établissement et de l'exploi-
tation des procédés dont Le Blanc et Dizé sont les auteurs; savoir :
Le Blanc de celui pour la fabrication de la soude par la décomposition
du sel marin, et Dizé de celui pour la fabrication d'un blanc de plomb
plus économique, les secrets desquels ont été déposés entre les mains de
Me Brichard.
» Le duc d'Orléans s'engage à fournir 200000 livres tournois entre les
mains du Sr Shée, qui joue ici le rôle d'administrateur des deniers du
prince.
» Il est assigné à Le Blanc un traitement de 4ooo livres et à Dizé un trai-
tement de 2000 livres, tant que leur part dans les bénéfices ne s'élèvera pas
à cette somme.
» Le duc d'Orléans devait être remboursé de son capital et des intérêts
à ]o pour 100 sur les premiers bénéfices de l'entreprise.
» Ensuite, les bénéfices devaient être partagés entre les associés dans
la proportion suivante : neuf vingtièmes pour le duc d'Orléans; neuf ving-
tièmes pour Le Blanc et Dizé, à répartir entre eux dans les proportions pré-
cédemment stipulées; deux vingtièmes pour M. Shée.
» Si le bénéfice annuel s'élevait à plus d'un million, clause qui témoigne
de l'importance attribuée par les associés à la nouvelle industrie, l'excédant
75..
( 564 )
du premier million devait être partagé entre eux, selon des bases un peu
différentes, sans qu'il fût rien modifié à ce qui concerne le partage à effec-
tuer entre Le Blanc et Dizé.
» Pour terminer l'analyse des pièces authentiques qui concernent cette
affaire, il ne reste qu'à mentionner le dernier acte auquel elle ait donné
lieu.
» Il s'agit d'un brevet d'invention délivré à Le Blanc dans les circon-
stances suivantes, dont nous trouvons l'énoncé circonstancié au registre du
directoire des brevets d'invention intitulé : Brevets secrets.
» Sur un arrêté du i septembre 1791 du Comité d'Agriculture et du Com-
merce de l'Assemblée nationale, le Ministre de l'Intérieur prenait lui-même
une décision, en date du 12 septembre, pour charger d'Arcet, Desmarets
et de Servières : i° de procéder à l'examen des moyens inventés par
Nicolas Le Blanc pour extraire en grand la soude du sel marin, moyens
pour lesquels il a formé la demande d'un brevet d'invention de quinze ans;
20 et de plus de procéder à la vérification de l'exactitude de la description
fournie par lui.
» La demande du brevet de quinze ans résulte du procès-verbal de dépôt,
fait au Secrétariat du département de Paris, le 19 septembre.
» Les Commissaires firent leur rapport le 23 septembre et le brevet fut
expédié au nom de Le Blanc, le a5 du même mois.
» Voici le texte de cette pièce remarquable :
Procédé de conversion du sel de Glauber en soude.
« Au moyen d'un rouleau de fonte établi à l'instar des égrugeoirs qui
» servent à écraser les fruits , on réduit en poudre très-fine et on mêle bien
» ensemble les différentes matières dans les proportions suivantes :
» Sel de Glauber desséché, 100 livres.
» Terre calcaire pure, 100 livres. (C'est la craie telle qu'on la prépare à *
» Meudon.)
» Charbon en poudre, 5o livres.
» On étend ce mélange dans un fourneau de réverbère, dont je vais faire
» la description dans un instant, on bouche les ouvreaux et l'on donne le
» feu ; la matière entre en fonte pultacée, bouillonne et se convertit en
» soude, qui ne diffère de la soude du commerce que par une richesse infi-
» niment plus grande. La matière a besoin d'être remuée pendant la
» fusion ; on se sert pour cela de râteaux de fer, rabots, ringards, etc. , et il
( 565 )
» s'établit sur la surface de la matière en fusion une multitude de jets de
» flamme, pareils aux jets d'une chandelle. Lorsque le phénomène com-
» mence à disparaître l'opération est finie. On retire la matière avec des
» rabots de fer, et l'on pourrait la recevoir dans des vases de tôle, par
» exemple, ou dans tout autre vase, si on vouloit lui donner la forme de
» blocs de soude du commerce, etc.
» Cette opération peut se faire dans des vaisseaux fermés, mais elle de-
» vient alors plus dispendieuse ; on peut aussi varier les doses, par exem-
» pie diminuer les proportions de la terre et du charbon ; mais les quan-
« tités qui viennent d'être prescrites sont celles qui m'ont paru les plus
» convenables pour assurer davantage le succès de l'opération. Les quan-
» tités que je viens de donner dans l'exemple fournissent au delà de
» 1 5o livres de soude, qui donnent plus de soixante-quinze au quintal
» d'une soude d'excellente qualité.
» Les fourneaux de réverbère doivent être construits solidement en
» briques de Bourgogne, et soutenus par des armures de fer. Les dimensions
» de l'âtre de ceux dont je me sers sont de six pieds du foyer à la che-
» minée; quatre pieds deux pouces dans la largeur, voûte presque plate
» ayant dix-neuf pouces dans sa plus grande hauteur ; le foyer dans la pro-
» portion de sa largeur, etc. Du reste, ces fourneaux sont généralement
» connus.
» Il existe une multitude de moyens de perfectionnement sur les-
» quels je fais chaque jour des recherches.
» Il résulte de la découverte qui vient d'être décrite que la France qui
» consomme une quantité prodigieuse de soude tous les ans, pour savon-
» nerie, verrerie, blanchissage, etc., etc., et qui exporte un numéraire con-
» sidérable pour l'acheter à l'étranger, gardera son argent, et les arts et les
» manufactures ne seront plus exposés à manquer de cet objet de première
» nécessité, par les vicissitudes d'une guerre, ou les disettes de récolte de
» la plante avec laquelle jusqu'à présent on s'approvisionne de soude;
» qu'on fera au contraire valoir avec bénéfice le sel marin, qui est une de
» nos richesses territoriales; que les arts qui consomment aussi une très-
» grande quantité d'acide marin, en seront abondamment pourvus et à bon
» marché, et qu'enfin la portion très-considérable de même acide qui ne
» trouverait pas d'emploi serait très-utilement et aisément convertie en sel
» ammoniac, dont les arts ont également besoin et qu'ils payent aussi fort
» cher à l'étranger. On peut même ajouter qu'à raison de l'abondance des
» matières premières et deleurbas prix en France, les nations voisines devien-
( 566 )
» tiraient en peu de temps tributaires de la nôtre pour ces différents objets. »
» La fermeté de cette description, l'exactitude du dosage qui n'a plus
changé depuis lors, l'emploi du four à réverbère dont il n'avait pas été
question jusque-là , enfin les considérations économiques et commerciales
qui terminent le brevet, considérations dont le temps s'est chargé de con-
sacrer la haute exactitude , tout révèle qu'entre l'acte primitif passé à Lon-
dres et le brevet pris dix-neuf mois plus tard, il s'est fait des essais au la-
boratoire et des travaux en fabrique à la manufacture de Saint-Denis qui,
sans changer le caractère du procédé , lui assurent toute sa valeur, et
ne laissent plus de doute à l'auteur sur le succès de sa méthode et sur
l'importance de l'entreprise qu'il va former.
» Mais bientôt les événements de la révolution amenaient le séquestre
des biens du duc d'Orléans et par suite celui de la fabrique de soude dans
laquelle il était intéressé.
» Les travaux de cette usine étaient donc compromis dès sa naissance ,
soit faute des fonds nécessaires à sa marche, la source en étant tarie, soit
par suite des embarras résultant du séquestre.
» En même temps, sur la proposition de Carny, possesseur d'un procédé
pour l'extraction de la soude dont il faisait l'abandon , tous ceux qui ex-
ploitaient des usines pour la préparation de cet alcali furent tenus de faire
connaître la situation de leurs travaux , l'importance de leur fabrication et
la nature de leurs procédés. Le Comité de Salut public demandait, dit le
Rapport , le sacrifice généreux de toute espèce de secret pour la patrie.
» La Lettre suivante écrite à Le Blanc par Shée, à la date du i3 pluviôse
an II, fait connaître la situation que ces deux mesures combinées créaient
à la nouvelle industrie :
» Je viens dans le moment de lire, dans la feuille intitulée le Moniteur,
» en date d'hier, que tous les Républicains possesseurs de quelques secrets
» ou procédés pour la fabrication de la soude par la décomposition du sel
» marin , étoient invités à en faire part au Comité de Salut public , Section
» des Armées, parce que la patrie pouvoit en retirer des avantages précieux
» pour ses moyens de défense.
» J'imagine que tu es parfaitement au fait de cette affaire, et ton patno-
» tisme t'aura suggéré sur-le-champ, j'en suis sûr, le sacrifice de ton secret,
» fruit de tes longues et laborieuses recherches .
» Néanmoins , réfléchissant que ta délicatesse pourroit te présenter quel-
» ques scrupules dans l'entreprise de la fabrication de la soude , je m'em-
» presse det'assurer pour ma part, que de tout mon cœur je consens, et
(567)
» même t'invite, s'il en étoit besoin, à révéler à la nation tout ce que tu
» sais sur cet important objet. Je suis persuadé que le citoyen Dizé trouvera
» dans son civisme tous les motifs nécessaires pour approuver cette dé-
» marche; au reste tu es à portée d'en conférer avec lui. Mais quant à ce
» qui regarde mon intérêt personnel, je m'en rapporte entièrement à tout
» ce que te dicteront ta prudence et ta probité.
» Je fais des vœux bien sincères pour que ton secret ait la gloire de con-
» tribuer d'une manière grande et efficace au salut de la patrie.
» P. S. — Ta Lettre du 6 courant ne m'est parvenue que le 8 au soir; ce
» soir-là même les citoïens de Flandre, La Treille et un autre , sont venus
» de la part du district et de la municipalité de Franciade à la manufacture
» et ont dressé un inventaire général de tout. Je ne puis plus disposer de
» la moindre chose sans un ordre légal et par écrit. »
» Sous le coup du séquestre qui frappait leur établissement , et qui en
avait immédiatement arrêté les opérations, Le Blanc , Dizé et Shée eurent la
douleur de voir les matières premières et le matériel réunis ou créés par
leurs soins, vendus à l'encan et dispersés.
» Le Blanc , dont le consentement n'était du reste qu'une formalité , au-
torisa la publication du procédé suivi dans la manufacture qu'ils avaient ex-
ploitée. Il est décrit par Le Blanc lui-même (du moins telle était l'opinion
de son fils) dans le Bapport publié le 2 messidor de l'an II par d'Arcet père^
Pelletier et Lelièvre.
» Ainsi en quelques jours la société de la Maison-de-Seineavait tout perdu,
frappée comme par la foudre. Elle n'avait plus ni fonds, ni manufacture,
ni brevet. I^es circonstances étaient si déplorables, d'ailleurs, qu'il ne lui
restait aucune chance de se relever.
» Nous ne suivrons pas les trois associés dans les carrières diverses que
chacun d'eux essaya de s'ouvrir, jusqu'au retour de temps plus prospères.
Nous attachant seulement à ce qui concerne la soude artificielle et son his-
toire, nous dirons qu'en l'anvin, le 17 floréal, par décision ministérielle Le
Blanc fut mis en possession de l'usine de Franciade comme indemnité du
dommage à lui causé parla publicité donnée à son brevet, et que, deux jours
après, la société qui avait existé entre Le Blanc, Dizé et Shée fut rompue par-
devant le Préfet de la Seine. A cette même époque , le Ministre des Finances
chargeait le Tribunal de Commerce d'évaluer le dommage subi par la société
et les indemnités qui pouvaient leur être dues. Ce tribunal s'étant reconnu in-
compétent, l'affaire fut reprise administrativement par le Préfet de la Seine,
qui chargea Vauquelin et Deyeux de lui adresser un Bapport à ce sujet. Malgré
( 568 )
les conclusions favorables de ce travail, en date du 17 brumaire an xiv, et
malgré l'ordonnance ministérielle conforme du ieraoùt 1806. il fut décidé
que les comptes de l'État vis-à-vis de Le Blanc étaient réglés par la resti-
tution qui lui était faite à titre gratuit de l'usine de Franciade.
» Demeuré libre d'agir, mais sans capitaux pour le faire, redevenu pos-
sesseur d'une usine démantelée dont la possession même semblait bien pré-
caire , Le Blanc ne parvint pas à y monter une grande fabrication , la seule
qu'il eût été profitable d'y organiser.
a Après avoir réparé, dit un Bapport fait à cette époque, les désordres
» inévitables résultant d'une interruption de travail qui avoit duré quelques
» années, après avoir fait des restaurations assez considérables et des amélio-
« rations utiles dans plusieurs genres, Le Blanc avoit épuisé ses ressources. »
» Combien d'efforts pourtant Le Blanc ne tente-t-il pas? Comme tous
les inventeurs, il se montre plein d'abnégation, de ténacité et de confiance.
Sa correspondance prouve qu'il n'est pas de démarche qu'il n'ait essayée
pour assurer le succès de son œuvre. Ses économies, le fruit de quelques
travaux entrepris au jour le jour, tout est consacré à ce grand objet ;
quand il est réduit à la dernière extrémité, il frappe à toutes les portes.
» Dès le 19 fructidor an 11, il obtient quatre mille livres du Comité de Salut
public pour satisfaire aux avances qu'il a faites relativement au procédé
dont il est l'inventeur, pour la décomposition du sel marin.
» Le 9 ventôse an vu , le Ministre de l'Intérieur François de Neufchàteau
lui accorde 3ooo francs dans le désir de faciliter les moyens de relever son
ancienne fabrique de soude artificielle. Il est vrai de dire qu'ils ne furent
pas payés.
» Le i4 brumaire an vin, le Ministre de l'Intérieur Quinette écrivaifau
Ministre des Finances « pour l'inviter fortement à fixer une attention par-
» ticulière sur le bien général qui pourrait résulter de la reprise des travaux
» de l'usine séquestrée. » Il ajoutait « que le produit de la vente de cette
» manufacture ne compenserait jamais les services que Le Blanc pourrait
>• rendre à te Bépublique s'il lui étoit permis de reprendre ses travaux et
» de leur donner une nouvelle activité. »
» Le 12 frimaire an IX, Fourcroy lui annonce un commencement de
justice, grâce à la bonne volonté de Chaptal alors ministre.
» Le 1 1 prairial an XI, sur le Bapport de trois de ses membres, Vauque-
lin, Molard et Guyton-Morveau, la Société d'Encouragement alors nais-
sante décidait qu'une somme de aooo francs, ses premières économies, se-
rait confiée à Le Blanc pour l'aider à mettre de nouveau en activité la ma-
( 569 )
nufacturc dont il avait repris possession. « Ce secours s'adresse, disent-ils,
» à l'homme probe et intelligent qui pendant la Révolution a rempli avec
» honneur diverses fonctions publiques fort importantes, qui le premier a
» conçu l'idée d'une fabrique de soude artificielle, qui l'a exécutée en
» grand avec tout le succès qu'on pouvoit désirer, et qui par son exemple
» auroit affranchi la France du tribut qu'elle paye à l'étranger si les mal-
» heurs de la Révolution n'eussent interrompu ses travaux. » Cette somme
que la Société d'encouragement n'eût jamais réclamée, lui a été religieuse-
ment restituée par le fils de Le Blanc, sur les premiers produits du travail
de ses mains.
» Dans ces pièces, soit officielles, soit particulières, se manifeste de la
part de tous les hommes éminents de cette époque le sentiment de la plus
vive sympathie pour Le Blanc, de la plus grande confiance dans le succès
du procédé qu'il recommande, l'estime et l'affection la mieux sentie pour
le collègue et le collaborateur, car Le Blanc faisait partie de toutes les as-
sociations libérales où s'étaient réfugiés les amis de la science.
» Le Blanc mourut en 180G. Longtemps sa famille ne garda de ses
efforts pour créer l'industrie de la soude factice qu'un souvenir cruel. Là
où la France et l'Europe, là où l'Angleterre surtout chez qui le nom de
Le Blanc est si populaire, voyaient un glorieux effort de la science, rivale
heureuse de la nature, réduisant l'Espagne à recevoir de nos mains ces
soudes qu'elle dispensait au reste du monde autrefois, les enfants de Le
Blanc ne trouvaient dans leur mémoire que des tourments sans nombre, de
longues années de misère, des démarches sans cesse renouvelées et presque
toujours vaines, une catastrophe enfin. Si Le Blanc obtient place à l'hon-
neur aujourd'hui, c'est bien justice, car sur lui a pesé tout entier le fardeau
de la peine.
» La famille de Le Blanc reçut de la part de tous les hommes qui culti-
vaient les sciences ces mêmes témoignages d'intérêt qu'ils avaient prodigués
à son infortuné chef. Les soins d'un Membre de cette Académie, M. Héron
de Villefosse, développèrent et mirent en lumière les rares talents du fils de
Le Blanc, l'artiste à qui est dû X Atlas de la richesse minérale, dont la pu-
blication a fait époque dans l'art de reproduire par le dessin les machines
et les appareils de l'industrie.
» Le Blanc fils devint professeur de dessin au Conservatoire des Arts et
Métiers, et personne n'ignore combien l'industrie française est redevable
à ses savantes leçons.
» Si Le Blanc succomba dans sa tentative, il faut eu accuser la situation
C. R., i85G, i« Semestre. (T. XLII, N° 43.) 7^
( 57o )
extraordinaire que lui firent les événements de la Révolution et l'inexpérience
générale alors des travaux et des choses de l'industrie qui en rendait tous
les procédés d'une difficile application.
» Pendant la vie de Le Blanc, il ne semble pas que ses droits comme
inventeur du procédé relatif à la fabrication de la soude artificielle aient
été mis en doute par personne. Mais en 1810, Dizé publia dans le Jour-
nal de Physique un Mémoire ou plutôt une réclamation où il cherche à
établir, en exposant la marche suivie dans les essais qui auraient amené
cette invention remarquable, que Le Blanc fut étranger à la pensée capitale
qui la caractérise. Le Blanc aurait pour lui le droit, non la vérité. Or, la
Section tenait à savoir où était la vérité.
» Selon Dizé, voici la part à faire à chacun dans l'invention de l'art
d'extraire la soude du sel marin : i° Tout le monde savait que le sel marin
contient de la soude ; i° de la Métherie aurait le mérite d'avoir conseillé
d'essayer la calcination du sulfate de soude avec le charbon ; 3° Le Blanc
et Dizé auraient vainement essayé de faire intervenir la craie sur le résidu
de cette calcination par voie humide soit à froid, soit à chaud; 4° Dizé au-
rait remarqué qu'en évaporant et chauffant au rouge dans une marmite
un mélange de soude sulfurée, de charbon et de craie, le résultat était sa-
tisfaisant; 5° d'Arcet, à qui Dizé aurait rendu compte de cet essai, lui aurait
conseillé de chauffer au rouge le mélange de sulfate, de charbon et de
craie. L'essai ainsi conduit aurait réussi et la soude factice serait née presque
à l'insu et sans la participation de Le Blanc, à qui Dizé n'accorde d'autre
mérite que d'avoir formé des projets, dès 1787, touchant la décomposi-
tion du sel marin pour en retirer la soude.
» A la lecture de la Note très-spécieuse de Dizé, il se présente une foule
de difficultés à l'esprit, quand on connaît les actes que la Section de
Chimie est parvenue à retrouver :
i°. D'après Dizé, ce n'est qu'au mois d'août 1790 qu'aurait eu lieu la
découverte du procédé déjà si clairement décrit par Le Blanc dans le pa-
quet cacheté du 27 mars de la même année. Dizé aurait dit plus lard à ses
alentours, assure-t-on, que les premiers cristaux de carbonate de soude
avaient été recueillis au bruit du canon de la Bastille, c'est-à-dire le
i4 juillet 1789. Mais Le Blanc ne parle jamais de cette coïncidence qu'il
n'avait nul motif de taire. Dizé, de son côté, avait oublié à la fois et le
mois, et l'année, et cette coïncidence historique dont il a parlé plus tard,
lorsqu'il place au mois d'août 1790, dans son Mémoire imprimé, l'époque
où Le Blanc se présenta à lui avec des moyens de procéder dérivés de la
publication de la Métherie, lorsqu'il répète ailleurs que le premier essai
(57i )
de ces procédés fut effectué dans les premiers jours d'août 1790, loisqu'il
revient plus loin encore sur cette date pour la confirmer.
20. Dizé ne parle pas des quatre actes privés, qu'il connaissait bien
puisqu'ils sont signés .par lui, où il reconnaît les droits de Le Blanc, l'acte
de Londres, le dépôt cacheté, l'acte de partage et l'acte de société. Il cite
au contraire le brevet obtenu par Le Blanc, c'est-à-dire le seul acte auquel
il n'ait pas participé ; il accuse Le Blanc de l'avoir obtenu par surprise.
» Nous avons établi plus haut, par des pièces authentiques, que l'acte
passé à Londres est du ia février 1790, que le paquet cacheté est du
27 mars 1790, que l'acte de partage est du i5 janvier 1791 et l'acte d'asso-
ciation du 27 janvier 1 79 1 .
■» Or ces dates certaines, soit qu'on accepte la date de 1790, qui est si
formellement précisée par Dizé, soit qu'on reporte l'événement à 1 789,
ainsi que le voudrait le représentant de sa famille, sont toutes inconcilia-
bles avec le résumé suivant fait par Dizé, qui dit, en s' adressant à de la
Métherie :
« Feu Le Blanc avoit formé des projets pour la décomposition du sel
» marin en 1787, puisqu'il m'en parla à cette époque.
» En 1789, vous avançâtes l'idée principale, savoir, de décomposer le
» sel marin par l'acide suljurique et incinérer le tout avec du charbon.
» Le Blanc s'attacha à cette idée et il travailla d'après ces principes.
» En 1790, il présenta à M. d'Arcet le résultat de ses travaux qui n'é-
« toient au fond que l'exécution de vos observations imprimées en 1789.
» Le Bianc incinéroit à l'air libre, ce procédé étoit mauvais
» L'addition du carbonate de chaux, procédé jugé le meilleur aujour-
» d'hui, a été faite pour la première fois dans le laboratoire du Collège de
» France, après des recherches suivies avec opiniâtreté pendant trois mois. »
» Comme ces recherches avaient été commencées, d'après Dizé, dans les
premiers jours d'août, ce serait vers le Ier novembre 1790 qu'il faudrait
fixer l'époque où le premier échantillon de soude artificielle aurait été ob-
tenu, c'est-à-dire dix mois après l'acte de Londres!
» Dizé ajoute : « Une nous resta plus qu'à établir les doses du charbon et
» du carbonate de chaux, qui furent fixées, après bien des tâtonnements,
» à 100 de sulfate de soude sec, 100 de carbonate de chaux et 5o de char-
» bon en poudre. »
» Ces doses sont bien celles que Le Blanc donne dans son brevet en
1791; mais, comme on l'a vu plus haut, celles qu'il indiquait en 1790
à l'origine de l'affaire sont tout autres, et cependant Dizé prend bien ici
l'affaire à l'origine !
76.
( 572 )
j> Dizé ajoute encore qu'aprèsavoir opéré dans de grands creusets de 10 à
12 livres, on jugea ce moyen peu praticable en grand. Il construisit, dit-il,
lui-même alors au Collège de France un petit fourneau à réverbère, dans
lequel on pouvait décomposer des mélanges plus considérables. On fabriqua
une masse de 3o livres de soude brute, et une autre de 70 livres en cristaux.
Ces deux produits servirent enfin , d'après Dizé, de base au Rapport de
M. d'Arcet, et le duc d'Orléans promit alors un capital de 200000 francs.
» Selon Dizé, la découverte aurait donc été complète du premier coup,
tant au point de vue scientifique qu'an point de vue industriel. Avant le
Rapport de d'Arcet et la promesse du prince, tout était trouvé.
» Partons-nous des actes, nous trouvons tout le contraire. Les six points
suivants y sont clairement établis. En février et mars 1790, Le Blanc con-
naissait l'emploi de la craie , mais il dosait encore mal ses matériaux ; il
employait le creuset, mais il ne parlait pas du four à réverbère; cependant
d'Arcet donnait son certificat, et le duc d'Orléans assurait 200000 francs.
» Ainsi le récit de Dizé s'applique-t-il à 1 789, comme on pourrait le croire,
puisque ce qu'il raconte aurait précédé le certificat de d'Arcet et l'assurance
donnée par le duc d'Orléans de fournir les fonds, comment le dosage exact
est-il indiqué dans son récit, tandis que nous avons trouvé dans le paquet
cacheté de 1790, un dosage tout à fait inexact encore?
» Le récit de Dizé s'applique-t-il à la fin de 1 790, comme le ferait croire
la connaissance qu'il suppose du bon emploi du four à réverbère pour la
fabrication de la soude et celle du dosage le plus exact des matières pre-
mières; mais alors, comment contester à Le Blanc la priorité de l'emploi de
la craie si bien précisé dans ce paquet cacheté de mars 1790?
» Nous ne nous chargeons pas d'expliquer les difficultés du récit de Dizé.
» Sa réclamation, reproduite en 1819, à l'occasion de l'exposition des
produits de l'industrie, fut portée devant le Jury par le Ministre de l'In-
térieur. Le Jury y répondit de la manière suivante :
« Monsieur le Comte,
» Le Jury central de l'Exposition a pris connaissance de la Lettre que
» M. le Préfet du département de la Seine a adressée à Votre Excellence
» relativement à la réclamation faite par le sieur Dizé pour participer aux
» distributions promises par l'ordonnance du 9 avril dernier. Il était in-
» struit des titres qu'aurait eus le Sr Le Blanc, s'il existait encore, à cette
» récompense pour la découverte d'un procédé de décomposition du mu-
« riate de soude, pour en extraire la soude; il savait combien le sieur Dizé
» était étranger à cette découverte.
(573)
» La découverte du sieur Le Blanc est ancienne; cet artiste étant mort,
» le Jury central de l'Exposition croit n'avoir rien à exposer au Ministre à
> cet égard. Mais il pense devoir se joindre à M. le Préfet de la Seine et au
» Jury du même département pour appeler la bienfaisance de Votre Excel-
» lence sur la famille de cet artiste, qui a rendu à l'industrie des services
» aussi réels, par une découverte qu'on peut placer au nombre des décou-
» vertes les plus utiles faites depuis trente ans.
» J^e 2 septembre 1819.
' » Signé Le Duc de Larochefoucault. »
'a'
» En i85a parut une Notice sur la découverte de la soude, écrite d'après
des Notes fournies parDizé, qui vivait encore alors, où se trouvent repro-
duites et développées les assertions du Mémoire de 18 10; mais l'auteur delà
Notice ne connaissait aucun des actes authentiques cités dans ce Rapport.
» Enfin l'Académie ayant été saisie de l'examen de la lettre adressée à
S. M. par la famille Le Blanc, une réclamation de la famille Dizé lui est im-
médiatement parvenue, comme nous l'avons dit précédemment.
» La Section, dans son impartialité, a demandé à chacun des représen-
tants de ces deux familles la production des pièces authentiques annoncées
comme étant en leur possession ou à leur disposition.
» I-.a famille Ije Blanc a produit avec empressement toutes les pièces
qu'on lui a demandées, et en particulier l'acte de Londres, le dépôt ca-
cheté, l'acte de partage des bénéfices entre T^e Blanc et Dizé, l'acte de société
définitif, le brevet d'invention, et nombre d'actes ou de pièces contempo-
rains parfaitement d'accord entre eux, justificatifs des droits de son auteur.
» La famille Dizé, de son côté, s'appuie sur la réclamation produite par
Dizé en 1810 et sur la persistance avec laquelle il n'a cessé jusqu'à la fin de
sa vie d'essayer de faire prévaloir ses prétentions. Mais le représentant de
la famille Dizé, appelé par la Section de Chimie et mis en demeure de
fournir les pièces authentiques établissant les droits de Dizé qu'il avait
annoncées, a déclaré n'avoir rien à donner de plus que l'écrit où il analyse
et commente le Mémoire publié en 1810 par Dizé.
» Si le représentant de la famille Dizé eût fourni les pièces qu'il avait
annoncées', ou, à leur défaut, qu'il eût retiré sa Lettre, ainsi que le désirait la
Section, il eût rendu notre tâche moins pénible, et il aurait épargné à l'Aca-
démie l'obligation d'entendre tous les détails qui précèdent; mais, comme
nous l'avons dit, il ne suffisait pas à la Section de savoir où était le droit,
elle voulait savoir surtout où était la vérité.
» Il est évident, en effet, que s'il s'agissait de reconnaître que Dizé a été
( 574>
mêlé aux essais effectués par Le Blanc pour perfectionner le dosage des ma-
tières employées dans la fabrication de la soude, qu'il est devenu son associé
et qu'il en aurait les droits commerciaux, qu'il a pris une part importante
dans l'organisation des fourneaux et du matériel de la fabrique de la Mai-
son-de-Seine, qu'il aurait spécialement droit aux deux cinquièmes de tous
les bénéfices résultant pourLe Blanc de l'invention de la soude, il n'y aurait
aucune difficulté, car tout cela est constaté et authentique.
» Mais, comment la Section de Chimie pourrait-elle admettre que Le Blanc
n'est pas l'auteur du procédé par lequel la soude factice a été obtenue, lorsqu'il
est reconnu pour tel parDizé, par d'Arcet, par Shée dans cinq actes sérieux et
authentiques et dans toute leur correspondance, lorsque les contemporains
sont unanimes à lui attribuer ce mérite, lorsque l'enchaînement des faits
produits par lui est logique et que rien n'y offre d'obscurité, lorsque sa vie
durant aucunes réclamations de ce genre ne se sont produites, quand on a
attendu sa mort pour les faire entendre, lorsque ces réclamations enfin re-
posent uniquement sur un récit plein de contradictions fait par la personne
intéressée?
» Tout en respectant les sentiments de la famille Dizé, la Section de Chi-
mie appelée à exercer les devoirs d'une véritable magistrature, déclare donc,
en vue du droit, mais non moins en vue de la vérité, qu'à ses yeux les actes
authentiques établissent tous que Le Blanc est l'auteur de la découverte du
procédé relatif à la fabrication de la soude artificielle, et que les témoi-
gnages contemporains dont elle a eu connaissance sont tous d'accord avec
la teneur de ces actes.
» En ce qui concerne de la Métherie, en particulier, dont le nom est^i
souvent invoqué, il a lui-même publié plusieurs fois que Le Blanc était l'au-
teur de la découverte de la soude artificielle, et que c'est lui qui a introduit
la craie dans cette opération.
» La découverte de la soude factice a mis à la disposition des arts indus-
triels un alcali puissant, à bas prix, dont la production ne connaît pas de
limite, puisqu'elle a pour base le sel marin. Son exploitation a donné un
essor immense à la fabrication de l'acide sulfurique dont elle assurait le
débouché, et elle a été de la sorte l'occasion de tous les progrès qui s'y sont
introduits. La fabrication de la soude artificielle, en faisant naître de prodi-
gieuses quantités d'acide chlorhydrique, a donné une matière première à bas
prix propre à la création du chlorure de chaux, que les blanchisseries des
fils ou des toiles de coton, de chanvre ou de lin, ainsi que les papeteries,
consomment en quantités prodigieuses. Les verreries et les savonneries,
depuis qu'elles peuvent disposer de ces soudes factices qu'on approprie si
( 575 )
facilement et si exactement à leurs besoins variés, ont fait des progrès
immenses pour la qualité et pour le bon marché de leurs produits.
» Depuis le commencement du siècle, toute l'industrie des produits chi-
miques en Europe pivote autour des manufactures de soude artificielle et
s'empare de leurs procédés ou vit de leurs produits. On peut estimer qu'en
i855 les usines à soude ont produit en Angleterre i5o millions de kilo-
grammes de cet alcali à divers états et ont mis en mouvement une valeur de
3o millions. En France, la production s'est élevée à 60 ou 80 millions de
kilogrammes, et elle peut être considérée comme égale au moins à ce chiffre
pour le reste de l'Europe.
» La découverte de la soude artificielle est donc un des plus grands bien-
faits, sinon le plus grand, dont les arts chimiques aient été dotés depuis
soixante ans. Pour s'en faire une juste idée, il faudrait ajouter que la valeur
vénale de la soude, ainsi que celle des produits qui se rattachent immédia-
tement à sa fabrication ayant baissé depuis le commencement du siècle
dans le rapport de 10 : 1, si le commerce et la consommation reçoivent en
Europe maintenant pour 100 millions de marchandise par cette voie, il fau-
drait, pour être exact, dire que si la soude factice n'eût pas été inventée, les
jouissances que le consommateur se procure à son aide lui coûteraient un
milliard.
» L'importance de l'objet dont nous venons d'entretenir l'Académie, les
scrupules qui nous ont arrêtés plus d'une fois dans cet examen de titres
inconnus jusqu'ici et de prétentions mal appréciées, expliqueraient la lon-
gueur de ce Rapport et les détails où nous sommes entrés, lors même que
la Section ne trouverait pas ailleurs son excuse. Mais, consultée au nom de
Sa Majesté, toujours aussi empressée de fermer les plaies et de réparer les
maux du passé qu'elle l'est d'ouvrir les grandes perspectives de l'avenir, la
Section ne devait rien négliger pour se mettre en mesure de signaler avec
certitude à sa justice et à sa bonté la mémoire du véritable inventeur de l'in-
dustrie qui a si justement excité son intérêt.
Conclusions.
» La Section de Chimie est d'avis d'adopter les conclusions suivantes :
» i°. La découverte importante du procédé par lequel on extrait la soude
du sel marin appartient tout entière à Le Blanc;
» i°. Dizé n'a fait de recherches en commun avec Le Blanc que pour
mieux déterminer les proportions des matières à employer dans la fabrica-
tion de la soude et pour établir la fabrique de Saint-Denis ;
» 3°. Si donc, comme le désire la famille Le Blanc, il s'agit de rendre un
( &6 )
juste hommage à l'auteur de la découverte de la soude factice, c'est à la
mémoire de Le Blanc qu'il est dû, c'est à sa famille que le témoignage doit
en être adressé ;
» 4°- S'il s'agissait, en outre, d'indemnités à accorder en raison des
pertes éprouvées par suite du séquestre mis sur la fabrique de Saint-Denis
ou de la divulgation du brevet de Le 'Blanc et de son annulation, sauf avis
d'une autorité plus compétente, la Section penserait que ces indemnités
doivent être partagées entre les divers associés, aux termes de l'acte d'asso-
ciation du 27 janvier 1 791 .
» Elle a l'honneur de soumettre son Rapport et ses conclusions à l'appro-
bation de l'Académie. »
Après une discussion à laquelle prennent part MM. Thenard, Morin,
Poinsot et Poncelet , le Bapport est adopté.
Avant que ce Rapport ait été mis aux voix, l'un des Membres de la
Commission, M. Chevregl, a lu la Note suivante, dans laquelle il expose
son opinion particulière sur la question débattue :
« En donnant mon opinion séparément de la Section de Chimie sur
l'affaire dont l'Académie a été saisie, je ne viens pas combattre la conclu-
sion du Bapport en ce qui est de faire droit à la demande adressée par
M. le marquis de Manoury d'Ectot à S. M. l'Empereur pour obtenir une
réparation du dommage que Le Blanc aurait éprouvé par suite du séquestre
mis par ordre de la Convention sur son usine et de la divulgation du procédé
dont il était l'inventeur pour la fabrication de la soude artificielle. Mais
par la raison que cette indemnité est juste, l'associé de Le Blanc, Dizé, y a
un droit incontestable.
» Voulant épargner le temps à l'Académie, et rien à mon sens n'étant
plus oiseux que des appréciations de plus on de moins de participation à
une découverte, lorsqu'on présente un acte notarié où deux parties inté-
ressées reconnaissent que l'une a une propriété différente de celle de l'autre
partie, je garde ces appréciations pour les exposer ailleurs (1). Je me borne
à dire maintenant que ma conviction est que Dizé a coopéré aux expé-
riences qui ont servi de base à lajabrication de la soude avant tout acte
notarié.
» Cette déclaration faite, je demande si la famille Dizé n'a pas un droit
parfaitement établi pour réclamer une indemnité? Mon opinion repose sur
les faits suivants :
(1) Dans mes Considérations générales sur l'Histoire de la Chimie.
1 577 )
» Dizé était associé au duc d'Orléans, à Le Blanc et à Shée, en vertu de
deux actes notariés, le premier passé à Londres le 1 a de février 1 790, le
second passé le 27 de janvier 1791 à Paris. En outre, un acte passé entre
Le Blanc et Dizé, à la date du i5 de janvier 1791, établissait leurs parts
respectives dans les bénéfices nets des deux procédés.
» Pour la soude et le sel ammoniac, le bénéfice net est partagé en
cinq parts, dont trois à Le Blanc, ses héritiers ou ses représentants, et deux
à Dizé, ses héritiers ou ses représentants.
» Pour la fabrication de la céruse, le bénéfice net est partagé en cinq
parts, dont trois à Dizé, ses héritiers ou ses représentants, et deux à
Le Blanc, ses héritiers ou ses représentants.
» Quant à d'autres produits qu'on pourrait fabriquer, le bénéfice net
serait partagé également entre les deux.
» Si, respectant le temps de l'Académie, je n'ai pas voulu exposer les
raisons que j'ai d'accorder une part de coopération à Dizé dans la décou-
verte même du procédé de la fabrication de la soude à une époque qui
précéda l'acte d'association passé à Londres le 1 a de février 1 790, je ne puis
me dispenser de montrer la part de Dizé depuis cette époque.
» Le procédé de fabrication de la soude certifié par d'Arcet, à la date du
24 de mars 1 790, consiste à chauffer dans des creusets,
Sel de Glauber calciné. . . 100 parties.
Craie 5o »
Charbon 25 »
» Dans le brevet d'invention pris par Le Blanc seul le a5 de septembre
1 791, on n'opère plus dans des creusets, mais dans des fours de réverbère,^
et les proportions sont :
Sel de Glauber calciné. . . 100 parties.
Craie. .' 100 au lieu de 5o.
Charbon 5o au lieu de 25.
» Sans examiner si Le Blanc avait le droit de prendre un brevet en son
nom après avoir pris part à une association avec Dizé, Shée et le duc d'Or-
léans, association reposant sur trois actes notariés, je demande si Dizé n'a
pas eu une grande part dans la modification apportée au procédé certifié par
d'Arcet à la date du a4 de mars 1790? La réponse à cette question est fa-
cile : Dizé, âgé de vingt et quelques années, était le chimiste de la société,
et c'est, selon moi, à ce titre seulement qu'il se trouve associé avec un prince
du sang, avec un des médecins de la maison du prince, âgé de l\o ans, et avec
C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, K<> 15.) 77
(578)
un de ses hommes d'affaires. Il est si bien le chimiste de la société, que, dans
le Rapport officiel fait au Comité de Salut public au nom d'une Commis-
sion composée de Lelièvre, Pelletier, d'Arcet et Alexandre Giroud, et publié
en messidor de l'an H par ordre de ce Comité, il est dit :
« L'établissement est déjà tout formé à Franciade; le cit. Dizé, l'un des
» co-associés, en a dirigé particulièrement la construction : elle est faite de
» manière qu'il peut servir également à toute espèce d'usages et de procédés
» de ce genre. C'est une justice que lui rendent ses co-associés. »
» Ce jugement porté sur Dizé, et par une Commission du gouvernement,
et par ses co-associés, met hors de doute le vrai motif de l'association du
jeune préparateur du Collège de France avec le duc d'Orléans, Le Blanc et
Shée.
» En définitive, i° si une réparation du dommage que Le Blanc aurait
éprouvé par suite du séquestre mis par ordre de la Convention sur son usine
est due à sa famille, la famille de Dizé, le co-associé de Le Blanc, a un droit
égal à cette réparation, puisque le coup qui frappa l'un a frappé l'autre.
Je conclus donc à ce sujet comme mes collègues de la Section de Chimie.
» 20. Mais reconnaître que la découverte de la fabrication de la soucie
appartient tout entière à Le Blanc serait contraire à ma conviction : car,
conformément à tout ce que j'ai entendu dire à propos de la réclamation
que fit Dizé en 1810 (1), et parce que j'ai toujours eu foi en sa loyauté, je
ne doute point de sa coopération avec Le Blanc avant leur acte d'association . »
NOMINATIONS
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Mem-
bre qui remplira , dans la Section de Médecine et de Chirurgie , la place va-
cante par suite du décès de M. Magendie.
Au premier tour de scrutin , le nombre des votants étant 57,
M, Jobert, de Lamballe, obtient. . . . 2 3 suffrages.
M. Longet 18
M. Cruveilhier '. i3
MM. Baudens , Poiseuille et Laugier, chacun 1 .
Aucun des candidats n'ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, on
procède à un deuxième scrutin.
(1) S'il existe une erreur de date dans cette réclamation, il en est une plus grave, à mon
sens, dans un écrit de Le Blanc.
(579)
Le nombre des votants restant 67,
M. Jobert obtient 28 suffrages.
M. Longet •. . . a3
M. Cruveilhier 5
Il y a un billet nul.
Aucun des candidats n'ayant obtenu la majorité absolue, on procède à
un scrutin de ballottage (1).
Le nombre des votants étant encore 57,
M. Jobert obtient 29 suffrages.
M. Longet a8
M. Jobert, deLamballe, ayant réuni la majorité absolue des suffrages,
est proclamé élu.
Sa nomination sera soumise à l'approbation de l'Empereur.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ohganogknie végétale. — Mémoire sur l 'origine et le développement de la
cuticule (première partie); par M. A. Trécul. (Extrait.)
(Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.)
« Les parties encore jeunes des végétaux ligneux et les plantes herbacées
sont revêtues à l'extérieur d'une membrane mince, à laquelle on a donné
le nom de cuticule. Cette cuticule recouvre immédiatement les cellules à
matière verte chez certaines espèces (Ex. Ceratopteris thalictroïdes, Fega-
tella conica, etc.), qui n'ont pas d'épiderme proprement dit; ailleurs elle
est appliquée sur les cellules de l'épiderme (Pistia, etc.) ; mais le plus sou-
vent cette cuticule est séparée des cellules sous-jacentes par une couche plus
ou moins épaisse dont les caractères anatomiques et chimiques varient sui-
vant les plantes que l'on examine. Dans le Ceratophjllum demersum, le
Vallisneria spiralis, etc., cette couche intermédiaire est fort mince et bleuit
au contact du réactif proposé par M. Payen pour dévoiler la présence de la
cellulose (l'iode et l'acide sulfurique); dans le Dianthus plumarius, etc., elle
( 1 ) A ce troisième tour de scrutin , une irrégularité signalée au moment où les bulletins
étaient déjà comptés, mais avant qu'on en eût commencé le dépouillement, a déterminé
l'Académie à annuler ces bulletins et à faire recueillir une seconde fois les votes.
11-
( 58o )
est plus épaisse et bleuit aussi tout entière ; dans X Amaranthus viridis, la
partie la plus externe de cette substance médiane ne bleuit que difficilement;
dans une multitude de végétaux, la partie placée près de la cuticule jaunit
ou brunit comme cette dernière sous l'influence des réactifs indiqués; dans
le Viscwn album, la couche entière, qui est verte, brunit. Ce sont les pro-
priétés de ces diverses parties, leur origine et celle de la cuticule qui font
le sujet de ce travail. Avant d'aller plus loin dans l'exposition de mes ob-
servations, je dirai brièvement ce que l'on a pensé jusqu'ici de la nature de
ces diverses couches.
» La cuticule fut découverte en 1757 par Ludwig; elle fut entrevue par
Duhamel en 1758, et observée de nouveau en 176a parBén. de Saussure.
Hedwig, en 1793, la crut composée de deux membranes entre lesquelles il
s'imaginait voir un sytème de vaisseaux lymphatiques. Sprengel, puis deMir-
bel, Rudolphi, montrèrent que ces prétendus vaisseaux ne sont que des lignes
correspondant aux parois latérales des cellules de l'épiderme, et ils ont dit
que la cuticule, qu'ils appelèrent aussi épiderme, n'était que la paroi exté-
rieure des cellules superficielles. Jusqu'en i834, on discuta sur l'existence
de la cuticule , mais depuis le Mémoire de M. Ad. Brongniart, qui fit voir la
généralité de son existence, la discussion n'eut pins pour objet que l'ori-
gine et la constitution de cette membrane. Depuis cette époque_, plusieurs
opinions ont été émises pour expliquer sa nature. La première consiste à
regarder la cuticule comme une membrane essentiellement indépendante
des cellules sous-jacentes. Déjà, en 1829, Turpin l'avait considérée comme
une immense cellule dans laquelle se développeraient toutes les autres par
une multitude de générations successives. Cette idée fut reproduite par
MM. Hartig, Rarsten et Garreau. 20. M. H. Mohl, après avoir dit que la
cuticule était formée par de la matière intercellulaire, qu'il considérait alors
comme préexistant aux cellules, annonça, en 1842, que la cuticule était for-
mée par la réunion de la membrane primaire ou externe des cellules super-
ficielles, doublée à l'intérieur par des couches secondaires ou d'épaississe-
ment. Il est important de noter qu'alors M. Mohl n'avait pas encore eu
l'idée de son utricule primordiale. M. Wigand a sur la cuticule un avis
analogue à cette opinion de M. Mohl. 3°. Treviranus prétendit, en i835, que
la cuticule devait être attribuée à une matière coagulable versée à l'extérieur
par les cellules de l'épiderme et concrétée. A cette manière de voir se sont
ralliés MM. Valentin, Payen, Schleiden, et enfin M. Mohl lui-même. Cette
opinion a pour elle les apparences, ainsi que nous le verrons. 4°- Une autre
théorie est soutenue par M. Schacht. Cet anatomiste admet avec M. Mohl,
( 58i )
pour chaque cellule , une utricule primordiale azotée, non composée de
cellulose, qui sécrète à l'extérieur des couches d'épaississement formées de
cellulose. Ce serait la première de ces couches, la plus externe, qui consti-
tuerait la cuticule proprement dite; les autres, plus internes, qui brunissent
par l'iode et l'acide sulfurique, sont nommées par lui, avec M. Mohl, couches
cuticulaires ; celles qui ne bleuissent pas et qui sont plus rapprochées de l'u-
tricule primordiale sont appelées couches d'épaississement. Cette théorie de
l'utricule primordiale (sans cellulose) génératrice pourrait être soutenue
avec succès, si je n'avais pas prouvé, dans la séance du 6 novembre i85/j,
qu'il peut se former des couches secondaires à l'extérieur de la première
membrane de cellulose aussi bien qu'à son intérieur. Je ferai voir d'ailleurs,
dans la deuxième partie de ce travail, qu'il peut y avoir épaississement con-
sidérable loin de cette prétendue utricule primordiale, et dans des circon-
stances dans lesquelles il est impossible d'invoquer son action. Dans le même
Mémoire, j'ai établi un autre principe, que je n'ai pas donné comme géné-
ral, parce qu'il ne l'est pas : c'est celui du dédoublement des membranes
cellulaires. Depuis ma publication, ce principe a été admis par M. Hartig,
qui, abandonnant son ancienne théorie, l'a généralisé bien à tort. Eh bien ,
c'est un tel dédoublement de la paroi extérieure des cellules de l'épiderme
qui donne naissance à la cuticule. Je dis qu'il y a un dédoublement de la
membrane cellulaire, et non une excrétion proprement dite, parce que les
deux membranes, au moment de leur séparation, ont la même épaisseur et
le même aspect, tandis que les parties excrétées ont une apparence différente
de la partie sécrétante. C'est ainsi que la matière intercellulaire se distingue
de la paroi de l'utricule qui lui a donné naissance; c'est ainsi également que
les couches qui s'interposent souvent entre la cuticule et la paroi cellulaire
se différencient de l'une et de l'autre, à l'origine du moins; et c'est précisé-
ment l'excrétion de ces couches qui a fait croire à celle de la cuticule. Au
reste, je me suis expliqué plus longuement dans mon Mémoire cité précé-
demment sur le sens que j'attache aux mots excrétion et dédoublement.
» On a beaucoup parlé jusqu'ici de l'origine de la cuticule; cependant
peu d'anatomistes, en réalité, l'ont décrite, et aucun ne l'a figurée à sa nais-
sance dans les végétaux élevés en organisation. J'ai l'honneur de mettre sous
les yeux de l'Académie un grand nombre de figures qui la représentent à
cette époque et dans toutes les phases de son développement. Voici com-
ment elle apparaît. Les cellules superficielles ne sont, dans l'origine, munies
que d'une paroi parfaitement homogène et qui paraît simple; mais d'ordi-
naire, quelque jeunes que soient ces cellules, la paroi externe se dédouble
( 582 )
quand elle est mise en contact avec l'iode et l'acide sulfurique ; la pellicule
externe jaunit ou brunit, c'est la cuticule; tandis que l'interne devient bleue
et se gonfle plus ou moins. C'est cette membrane bleuissante qui sécrète ou
excrète, si on l'aime mieux, les couches que l'on voit s'interposer plus tard
entre elle et la cuticule. Si je n'avais que de tels faits, la vérité de mon asser-
tion ne serait pas démontrée, et il serait difficile de prouver que la cuticule
n'est pas une membrane indépendante des cellules qu'elle revêt, ou une
cellule enveloppante, mère de toutes les autres ; mais j'ai trouvé des plantes
qui ne laissent rien à désirer à cet égard, car elles présentent à la fois des
parties pourvues d'une cuticule et des parties qui n'en ont pas. Dans celles
qui n'ont pas de cuticule, la paroi cellulaire reste simple et bleuit tout entière
sous l'influence de l'iode et de l'acide sulfurique. Un bel exemple de ce
phénomène est offert par les feuilles du Tillandsia zonata : leur épidémie
est environné d'une cuticule qui se colore en jaune ou en brun par l'action
des réactifs cités, tandis que les innombrables écailles peltées qui ornent ces
feuilles n'en sont pas munies; la paroi extérieure de chaque cellule de ces
écailles reste simple et devient du plus beau bleu. La cuticule n'est donc
pas une cellule enveloppant toute la plante, puisque ces écailles n'en sont
pas revêtues. Je citerai bientôt des preuves d'une autre nature. Le Pistia,
qui vit à la surface de l'aquarium du Muséum d'Histoire naturelle, est non
moins intéressant, car l'épiderme du limbe de ses feuilles, ainsi que les poils
qu'il supporte, ne paraissent pas avoir de cuticule quand on les examine sans
le secours de l'iode et de l'acide sulfurique; quand on se sert de ces réactifs,
on rencontre quelquefois des cellules dont la paroi externe bleuit sans se
dédoubler ; le plus souvent cependant la paroi externe se divise en deux
membranes: l'une interne se gonfle et bleuit; l'autre externe (la cuticule)
paraît bleue, jaune ou brune, suivant son âge et suivant le degré de concen-
tration de l'acide, qui l'altère facilement, ainsi que le tissu cellulaire qu'elle
enveloppe. En agissant avec précaution, on obtient fréquemment une cuti-
cule très-bleue. Cela prouve que, dans le principe, cette membrane est for-
mée de cellulose, ce qui n'avait pas été démontré directement. Pour obtenir
ce résultat, il faut opérer de la manière suivante. On place les coupes trans-
versales dans la teinture aqueuse d'iode, on ajoute ensuite de l'acide sulfu-
rique dilué au contact de l'air, puis un peu d'acide plus fort, mais pas trop
concentré. Bientôt on peut distinguer la membrane cellulaire delà cuticule;
la première se gonfle et bleuit; la seconde reste mince, mais bleuit aussi, si
elle est assez jeune. Si l'on se servait tout de suite d'acide assez concentré,
la cuticule deviendrait jaune-brun, le tissu cellulaire bleuirait, puis brunirait
( 583 )
à son tour, quelquefois même deviendrait brun sans avoir bleui, et finirait
par se dissoudre (i).
» Ainsi, la membrane qui doit produire la cuticule est d'abord simple,
homogène, puis elle se partage en deux membranes parallèles, d'égale épais-
seur, et présentant le même aspect. L'extérieure est la cuticule de la cellule
correspondante. La cuticule générale est donc composée d'autant de parties
qu'il y a de cellules superficielles, au moins à l'époque de sa formation; car
dans le Viscum album, par exemple, la pellicule externe d'un rameau déjà
âgé a certainement moins de parties qu'il y a de cellules dans l'épiderme de
ce rameau au moment de l'observation ; mais la cuticule végète, s'étend, à
mesure que les cellules se multiplient.
» Je terminerai cette première partie en indiquant comment on doit con-
cevoir l'union intime, la continuité de ces parties. A l'époque à laquelle s'ef-
fectue le dédoublement de la membrane cellulaire primitive, les cloisons qui
séparent les cavités utriculaires de l'épiderme sont aussi formées d'une
membrane simple, qui ne se divise pas par l'action de l'acide sulfurique ;
ce n'est que postérieurement qu'elles se partagent en deux pellicules appar-
tenant à chacune des cellules collatérales, et que de la matière dite inter-
cellulaire est sécrétée par elles. Ces cloisons ou parois latérales des cel-
lules étant simples ou très-intimement unies dans l'origine, il est évident
que la cuticule qui se sépare de chaque cellule doit être parfaitement conti-
nue avec les cuticules partielles qui naissent des cellules adjacentes. »
chimie physiologique. — Sur l'absence de l'acide hippurique dans l'urine
de cheval; par M. Roussix. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Boussingault, Payen.)
« Des analyses d'urine de cheval, qui semblent exécutées avec beaucoup
de soin, notamment celles de MM. de Bibra et Boussingault, offrent dans le
chiffre de l'acide hippurique de si fortes différences (2), qu'on ne peut
raisonnablement les attribuera des erreurs de calculs ou d'expériences. Il
convenait d'en rechercher la cause, et c'est dans ce but qu'ont été insti-
tuées les expériences qui font l'objet de notre Mémoire : les résultats
(1) Pour faciliter l'observation , on peut chauffer un peu dans l'eau les coupes, afin d'en
dégager l'air retenu entre les poils.
(2) M. Boussingault admet 4sr,7 d'hippurate de potasse, et M. de Bibra i2«r,6o d'acide
hippurique par kilogramme d'urine de che?af.
( 584 )
qu'elles ont donnés sont consignés dans le tableau suivant où nous met-
tons en regard les proportions d'urée, dosées sous forme d'azotate sec.
NUMEROS
des
expériences
i.
2.
3.
4.
3.
6.
7.
8.
9.
Chevaux d'omnibus
Chevaux de spahis travaillant
Étalons arabes complètement oisifs
Étalons arabes complètement oisifs
Étalons arabes complètement oisifs
Étalons arabes complètement oisifs
Chevaux de spahis travaillant
Cheval arabe fatigué après une longue course. . . ,
Cheval arabe fatigué après une très-longue course
AC. HIPPCRIQEE
AZOTATE |d'iRÉE
pour
i litre.
pour
i litre.
7.8
Non déterm.
io,o
i8«r
o,o
32
o,o
35
o,o
33
o,o
34
5,0
ii
i3,o
12
i4,o
i5
iV. B. — Ainsi qu'on le sait, tous les chevaux arabes sont entiers. Les chevaux désignés comme
étalons sont ceux qui ont l'habitude de saillir.
» Les conclusions ressortent du tableau même. Les chevaux qui fatiguent
beaucoup produisent beaucoup d'acide hippurique et peu d'urée compa-
rativement. Les chevaux bien nourris et oisifs ne produisent que peu ou
point d'acide hippurique; l'urée, au contraire, envahit les urines dans une
forte proportion. La limpidité de l'urine peut servir d'indice. Si ce liquide
est clair et laisse déposer peu de carbonate calcaire, il contient beaucoup
d'urée et fort peu d'acide hippurique. L'urine des chevaux est-elle trouble
et jumenteuse, on peut être assuré qu'elle contient d'assez fortes propor-
tions d'acide hippurique.
» L'activité respiratoire et l'emploi des forces musculaires semblent donc
transformer l'urée en acide hippurique. Le repos, au contraire, laisse
l'urée intacte et paraît peu propice à sa transformation en acide hip-
purique. »
M. I h-.iiPiN soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour
titre : Des causes commerciales et administratives de T insuffisance et de
la surabondance périodique de la production du blé en France.
Ce Mémoire est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de
( 585 )
MM. Boussingault, de Gasparin, Payen, Commission qui appréciera si, d'a-
près la nature des questions traitées et le point de vue auquel se place l'au-
teur, le travail ne serait pas plutôt du domaine de l'Académie des Sciences
morales et politiques.
M. Laurent adresse, de Chaumont, une Note sur un nouveau procédé
d'aimantation qu'il désigne sous le nom d'aimantation par condensation.
Cette Note, dont l'analyse serait difficilement comprise sans le secours
d'une figure, est renvoyée à l'examen d'une Commission composée de
MM Pouillet et Babinet.
M. Clauzure adresse, d'Angoulème, une réclamation de priorité à l'occa-
sion d'une Note de M. Leclerc, relative à X action des infusions végétales sur
le sang veineux fraîchement sorti de la veine, Note présentée à l'Académie
dans la séance du 3 mars 1 856.
« C'est moi, dit M. Clauzure, qui le premier ai institué ce mode de re-
cherches. Dès l'année dernière, j'en ai communiqué les principaux résultats
à M. Leclerc, ainsi que le montrent les Lettres qui sont en ma possession.
Comme, cependant, le Compte rendu paraît n'avoir donné qu'un extrait de
la Note, j'aime à croire que dans la Note complète se trouve la preuve que
M. Leclerc n'a pas eu l'intention de publier ces résidtats en son propre
nom, sans en indiquer l'origine, ou au moins sans mentionner ma partici-
pation. »
(Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Flourens, Coste,
Bernard, Commission qui est également chargée de prendre connaissance
de la Note de M. Leclerc.)
M. lîoi \ici.Ai envoie son septième Mémoire sur YHirudo sanguisuga.
(Commission précédemment nommée.)
L'Académie reçoit et renvoie à l'examen des Commissions compétentes
les Mémoires suivants destinés à des concours pour les prix de l'année 1 856,
prix sur des questions proposées ; savoir :
Grand prix des Sciences mathématiques : question concernant le dernier
théorème de Fermât; deux Mémoires inscrits sous les n09 6 et 7.
C. R., i856, 1" Semestre. (T. XLH, N° 15.) 7^
( 586 )
Grand prix des Sciences mathématiques : question concernant le perfec-
tionnement de la théorie mathématique des marées; un Mémoire inscrit
sous le n" i .
Grand prix des Sciences physiques : question concernant le développe-
ment de l'embryon; un manuscrit intitulé : Recherches d 'embryologie com-
parée sur le développement de la truite, du lézard et du limitée. Cet ouvrage,
qui est accompagné d'un atlas, a été inscrit sous le n° i.
L'Académie reçoit également divers travaux destinés à concourir pour
divers prix delà fondation Montyon, savoir :
Pour les prix de Médecine et Chirurgie les Mémoires dont les titres
suivent :
Anatomie ornalographique : Collection de dessins représentant, de gran-
deur naturelle, des coupes des principales régions du corps humain, d'après
des sections pratiquées sur des cadavres congelés; par M. E. Legexdke.
Mémoire sur un nouvel urétrotome sur conducteur, pour pratii/uer l'uré-
trotomie d'avant en arrière et sans dilatation préalable; par M. Boinet.
Considérations sur les variations anatomiques et pathologiques du poids
de l'utérus; par M. Gariel.
Considérations sur la literie des établissements hospitaliers ; par le
MÊME.
Recherches sur l'asphyxie; par M. Faure.
Concours pour le prix dit des Arts insalubres :
Mémoire sur les accidents que développe, chez les ouvriers en caoutchouc ,
l'inhalation du sulfure de carbone en vapeur ; par M. A. Delpech.
Notice sur les appareils et procédés de blanchissage à la vapeur libre et
sans pression; par M". S. Charles.
Concours pour le prix de Mécanique (fondation Montyon) :
Description de divers instruments anémométriques en usage à l'observa-
toire météorologique de la Flèche; par M. Taupenot, professeur au Pryta-
née militaire.
( 587)
M. Renault, directeur des études à l'École vétérinaire d'Alfort, prie
l'Académie de vouloir bien admettre au concours pour les prix de Méde-
cine et de Chirurgie deux ouvrages qu'il lui adresse, l'un déjà publié de-
puis longtemps, Mémoire sur une des causes les plus fréquentes de la
gangrène traumatique ; l'autre, tout récent, sur la question de savoir si le
typhus contagieux du gros bétail peut naître spontanément sur les animaux
de l'espèce bovine étrangère à la race dite des Steppes.
M. Renault prie, en outre, l'Académie de vouloir bien comprendre éga-
lement parmi les pièces du concours un Mémoire précédemment présenté
par lui : Etudes expérimentales sur l'absorption des virus. Ce Mémoire
ne s'étant pas retrouvé dans les papiers de M. Magendie, à qui il avait
été envoyé, M. Renault espère que l'Académie, prenant en considération
le temps nécessaire pour faire une nouvelle rédaction d'après les registres
où ont été consignés les résultats des expériences, voudra bien prolonger
jusqu'à la fin d'avril le temps où son Mémoire pourra encore être admis.
M. Figuier prie l'Académie de vouloir bien admettre au concours , pour
un des prix de la fondation Montyon , deux ouvrages qu'il adresse et qui
ont pour titre , l'un « l'Alchimie et les Alchimistes... » , l'autre « Exposition
et Histoire des principales découvertes scientifiques modernes ».
M. Figuier présente au concours , pour les prix de Médecine et de Chi-
rurgie, son Mémoire sur l'origine du sucre contenu dans le foie, et sur la
présence normale du sucre dans le sang de l'homme et des animaux ; il y
jointe conformément aune obligation imposée aux concurrents, une indi-
cation de ce qu'il considère comme neuf dans son travail.
(Réservé pour la future Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. )
M. Marie adresse de même un résumé en double expédition de son Mé-
moire sur les rapports numériques qui existent chez l'adulte à l'état normal
et à l'état pathologique entre le pouls et la respiration, et de son Mémoire
sur' Xhydrocele enkystée spermatique.
(Même Commission. )
M. Duplay adresse de même des analyses de deux Mémoires qu'il pré-
sente pour ce concours , l'un Sur les changements et les altérations que
78..
( 588 )
présente chez les vieillards l'appareil sécréteur et excréteur du sperme;
l'autre Sur le sperme des vieillards.
(Même Commission. )
M. A. Verga, en adressant de Milan, pour le même concours, un recueil
de Mémoires anatomiques, signale, dans la Lettre d'envoi, les principaux
faits nouveaux qu'il y présente. Pour un de ces faits, X existence d'un nou-
veau ventricule dans le cerveau, il en avait déjà signalé l'existence , mais
dans le présent recueil le sujet est exposé d'une manière plus complète.
M. Filhol prie l'Académie de vouloir bien admettre au concours, pour
les prix de Médecine et de Chirurgie, les divers travaux qu'il lui a précé-
demment présentés, et qui sont relatifs à la composition chimique et aux
propriétés médicales des eaux sulfureuses des Pyrénées.
M. Knapp adresse, de Cincinnati, un opuscule sur le scorbut, des nour-
rices, ou anémie puerpérale, et demande que ce travail soit annexé à un
Mémoire qu'il avait précédemment présenté au concours pour le prix Bréant
sur le choléra -morbus , parce que plusieurs des considérations qu'il pré-
sente sur les causes des affections épidémiques sont également applicables
au choléra asiatique ; il annonce l'envoi prochain d'un travail sur le choléra
des enfants qu'il désire, pour de semblables raisons, voir annexé à ses deux
premiers Mémoires.
M. Fonssagrives , professeur à l'école de médecine navale de Brest, pré-
sente au concours, pour le prix dit des Arts insalubres, un Traité d'Hygiène
navale qu'il vient de publier, et y joint une indication des principales amé-
liorations qu'il a proposées, et des faits qui par leur nouveauté semblent de
nature à appeler plus spécialement l'attention de l'Académie.
(Réservé pour la future Commission.)
M. Leroy, d'Etiolles , envoie, en double exemplaire, une collection de
trois opuscules imprimés, relatifs aux moyens d'extraire de la vessie les
corps étrangers autres que les pierres ou leurs débris . En priant l'Académie
d'admettre ces écrits au concours pour le prix de Médecine et de Chirur-
gie, l'auteur s'excuse de n'y pas joindre, conformément à ce qu'exige le
programme, une indication de ce qu'il considère comme nouveau dans ses
recherches; il lui a été impossible, dit-il, de fournir une semblable indica-
(589)
tion, les procédés opératoires qu'il soumet au jugement de l'Académie et les
instruments employés étant tous également nouveaux.
M. Moysen présente au concours, pour le prix de Mécanique de la fon-
dation Montyon, divers opuscules imprimés ou autographiés concernant
des instruments aratoires de son invention.
(Réservé pour la future Commission.)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics
invite l'Académie à lui faire connaître le jugement qui aura été porté sur un
Mémoire présenté par M. Cheval, à la séance du 3i décembre 1 855, Mé-
moire ayant pour titre : « Nouveau procédé pour la conservation des bois-
sons au moyen de la pression du liquide sur et par lui-même».
La Commission chargée de prendre connaissance de ce Mémoire, Com-
mission qui se compose de MM. Pelouze, Balard et Peligot, est invitée à
présenter aussi promptement qu'elle le pourra le Rapport demandé par
M. le Ministre.
L'Académie renvoie à la même Commission une Lettre de M. Cheval,
qui demande que son travail soit compris dans le nombre des pièces ad-
mises au concours pour le prix dit des Arts insalubres.
astronomie. — Observations de la planète @, Jaites à l'observatoire de
Gottingue; par M. Kli\rerfues. (Présentées au nom de l'auteur par
M. LEJEUNE DlRICHLET.)
1 856. Mars
1
P. M. à (intlingue.
a.
s.
1
h m s
II. 59.IO, 9
h m s
II. 2.35,45
0 , «
-+-8. 20. 41 ,2
observ. mérid
1 1
I I .4o.24,0
i 0 . 5g . 3 1 , 68
4-8. 5i. 0,8
—
12
I I . 35.43,1
io.58.46,53
-1-8.58.23,7
—
i3
1 1 . 3 1 . 2,6
10. 58. 1,82
+9. 5.47,4
—
16
11.17. 3>8
10. 55. 5o, 47
+9.27.22,7
—
»7
I I . 12.25,5
io.55. 7,88
+9,34.22,2
—
» Les observations suivantes de quelques étoiles occultées par la Lune
( 5yo )
pourront être utiles si elles correspondent à des observations faites à Paris ;
elles sont des immersions au limbe obscur.
Temps sidéral
h m i
i856, Mars 10
45 Arietis
7.34.44,7
46 Arietis
7.43.27,9
1 1
33 Tau ri
9-36 46,6
i3
i36 Tauri
9.10.17,0
ASTRONOMIE. — M. Le Verrier communique les éléments et une épbémé-
ride de Léda, calculés par M. Pape, et transmis par M. Peters. Ces déter-
minations, qui reposent sur les observations du 24 janvier (Bilk, Berlin et
Liverpool), des i5 à 17 février (Berlin etLeyde), et du i3 mars (Berlin), ont
donné :
Époque : i856, Février i6,43o47, T. M. de Berlin.
M = 23° i4' I2",0
ir = 90.43. 6,4 ) ,
Q= 296.28.39,6 |equin0Xem°yende ,856'°-
*' = 6 . 5g . 1 8 , 1
ç= 8.59. 1,2
Loga = 0,437765
Log p = 2 , 8g3 36o
» On en conclut l'éphéméride suivante pour le T. M. de Berlin, i2h :
i856, Mars 23
a = 8h3°'44!
s = +
i&
«9',3
log A
= o,25i3
» 27
5.4o
9.7
0 , 2Ô3o
» 3i
7-59
-+-
i5
.59,2
0,2746
Avril 4
10.40
473
0,2863
» 8
i3.43
35,4
0,2978
» 12
17. 5
22,0
0,3092
» 16
20.46
7,4
o,32o3
zoologie. — Documents pour servir à la monographie des Chéiroptères
sud-américains ; par M. Paul Gervais. (Deuxième partie.)
« La famille des Vespertilionidés, envisagée dans l'ensemble de ses ca-
ractères distinctifs, paraît être la moins parfaite de celles qui composent
l'ordre des Chéiroptères; elle est aussi celle dont les espèces sont dispersées
sur un plus grand nombre de points à la surface du globe. Il y a des Ves-
pertilionidés, non-seulement dans les trois parties principales de l'ancien
continent, mais aussi dans le nouveau monde, ainsi qu'en Australie et même
( 5|i )
à la Nouvelle-Zélande. Les Mammifères de cette famille qui vivent dans
l'Amérique méridionale appartiennent aux cinq tribus des Noctilionins,
des Molossins, des Emballonurins , des Nycticéins et des Vespertilionins,
dont j'expose dans mon Mémoire les caractères principaux.
» 1. Les Noctilionins ne comprennent que le seul genre des Noctilio
dont les espèces, d'ailleurs peu nombreuses, n'ont encore été observées
qu'en Amérique.
» 2. Les Molossins sont. répandus dans les deux 'continents. Ceux de
l'Amérique sont de trois genres différents: les Molossus, E. Geoffr.; les
Promops, P. Gerv. et les Nyctinomus, E. Geoffr. J'examine les caractères
de chacun de ces genres , soit ceux que fournissent les organes exté-
rieurs, soit ceux du crâne et des dents. Je parle aussi des espèces de chacun
d'eux que j'ai pu observer en nature, et je donne l'énumération de celles,
décrites par les auteurs, qu'il m'a été impossible de me procurer jusqu'à ce
jour. Les Molosses ne sont connus qu'en Amérique; les Promops ont pour
unique espèce le Molossus ursinus de Spix et de de Blainville, qui habite les
mêmes contrées; lesNyctinomes américains, dont j'ai observé trois espèces
(Nyctinomus brasiliensis, I. Geoffr.; N. nasutus, Spix, et N. macrotis,
Gray) paraissent, au contraire, comme M. Isidore Geoffroy en avait fait la
remarque, devoir être réunis dans un même genre avec les Nyctinomes du
Bengale, des îles Mascareignes et de l'Afrique, qui sont eux-mêmes assez peu
différents du Tadarida ou Dinops, le seul Molossin qui vive en Europe.
» 5. Les Emballonurins sont des Vespertilionidés à queue rudimen-
taire, à incisives -, et dont le crâne présente aussi des caractères particuliers.
Le genre Emballonura,Kiûù, qui a donné son nom à la tribu, fournit des
espèces à l'Inde insulaire, à l'Afrique, ainsi qu'à l'Amérique méridionale
(Emb. canina, Neuwied, et E. brunnea, P. Gerv.). Ce n'est que dans
cette dernière partie du monde que l'on a trouvé les genres suivants : Uro-
crjptus , Teram.; Diclidurus, Neuwied; Saccopteryx, Illiger; Proboscidea,
Spix , et Centrony cteris, Gray.
» Les Centronycteres ont ^ incisives.
» Les Furies (Furia, Fréd. Cuvier ; Furipterus , Ch. Bonaparte, et Mosia,
Gray), qui sont dans le même cas, ressemblent en outre aux Vespertilio-
nins par l'absence d'apophyses postorbitaires et doivent être séparées des
Emballonurins dont elles ont cependant la queue rudimentaire. Ce sont
aussi des chauves-souris sud-américaines.
( 59* )
» 4. Les Nycticéins ne forment que deux genres : les Njcticejus, Ra-
fmesque, dont il y a des espèces dans l'Inde, en Afrique et dans les deux
Amériques, et les Alalapha, qu'on ne trouve qu'en Amérique. Je décris le
Nycticée de l'Amérique méridionale sous le nom de Nicticejus Ega, d'après
un exemplaire rapporté par M. de Castelnau.
» 5. La tribu des Vespertilioîsins est la seule de tout l'ordre des Chéi-
roptères qui fournisse des espèces à l'Europe, à l'Amérique méridionale et
aux diverses antres parties du monde, quelquefois même des espèces ap-
partenant aux mêmes divisions génériques.
» C'est au groupe des Vespertilionins à trente-deux dents, et particulière-
ment au genre Vesperus, dont notre Noctnle fait partie, qu'appartiennent
les Vespertilio dutertrœus (synonyme de V. caroliniensis), innoxius , jiiri-
nalis, Hilarii et ferrugineus , qui ont été dénommés d'après l'examen de di-
verses chauves-souris recueillies au Pérou, au Brésil ou à la Guyane.
» J'en rapproche, mais en en faisant un genre à part sous le nom d'His-
tiotus, l'Oreillard voilé (Pleiotus velatus, Is. Geoffr. ) dont les oreilles sont
comparables, pour la grandeur, à celles des Oreillards de l'Europe ou de
l'Amérique septentrionale, mais dont les dents sont différentes de celles de
ces animaux par leur formule.
» Je ne connais parmi les chauves-souris de l'Amérique méridionale
qu'une seule espèce de Vespertilionins pourvue de trente-quatre dents,
comme la Noctule, la Pipistrelle et quelques autres chauves-souris euro-
péennes qui forment le genre Vesperugo de MM. Keyserling et Blasius : c'est
le Vespertilio leucogaster de M. Temminck.
» Le Vespertilio ruber du Brésil, qu'E. Geoffroy a signalé d'après d'Azara
et sur lequel M. d'Orbigny et moi avons, depuis lors, donné de nouveaux
détails, a bien le même nombre de dents molaires que les Vesperugo et en
même temps les autres caractères principaux de ces animaux, mais il n'a
qu'une seule paire d'incisives supérieures, ce qui le fera sans doute séparer
sous un nouveau nom par les naturalistes qui ne craignent pas de trop multi-
plier les coupes génériques. Il faudra toutefois constater qu'il n'y a bien,
dans tous les individus, que | incisives. Aucune des espèces propres à l'A-
mérique du Sud que j'ai pu examiner ne m'a encore présenté la formule
dentaire des Pleiocus véritables et des Miniopterus .
» Je trouve, au contraire, celle des Vespertilionins murinoïdes (G. mjo-
tis, Kaup)dans plusieurs des chauves-souris qu'on a observées dans cette
vaste région ou que j'y ai moi-même signalées. Les Vespertilio arsinoë,
I 593)
olythrix , chiloensis , hjrpothrix , Isidori et Kinnamon ont en effet g
molaires à chaque mâchoire.
» Le Vespertilio lepidus, de Cuba, que j'ai autrefois décrit dans l'ouvrage
de M. de la Sagra, diffère notablement des Myotis quoiqu'il en ait la for-
mule dentaire, et j'ai dû en faire un genre à part sous le nom de Nyctiellus .
» Si je ne craignais d'outre-passer les limites d'une simple analyse, je
montrerais comment dans chacune des tribus de l'ordre des Chéiroptères,
c'est-à-dire dans chacun des groupes naturels auxquels on donne souvent
le nom de genres Linnéens, les divisions secondaires, ou les petits genres des
naturalistes actuels, se subordonnent d'une manière plus ou moins régu-
lière et se correspondent, dans beaucoup de cas, comme autant de termes
homologues appartenant à des séries distinctes, mais parallèles, à certains
égards. C'est ce qui paraît surtout évident lorsqu'on examine ces animaux
ou ceux de la plupart des autres groupes de Mammifères sous le rapport du
système dentaire. Mais cet exposé exigerait des développements trop éten-
dus, et j'ai dû me borner à n'indiquer ici que les principaux faits zoolo-
giques auxquels j'ai été conduit par l'étude des chauves-souris propres à
l'Amérique méridionale. »
météorologie. — Sur la quantité de pluie tombée à Montpellier du 1 1 au
20 mars i856; par M. Ch. Martins.
« Du 11 au 20 mars, c'est-à-dire en neuf jours, il est tombé la quantité
extraordinaire de 364 millimètres d'eau distribués de la manière suivante :
MARS.
PLUIE.
MARS.
PLB1E.
II
3œm
l6
,0mm
12
60
'7
21
i3
36
18
IO9
4
»
'9
83
i5
3
20
364mm
39 '
» Mon pluviomètre est à 29™, 5 au-dessus de la mer. Le récipient se
trouve au ras du sol, et entouré de gazon, comme l'udomètre de l'observa-
C R., 1856, Ier Semestre. (T. XLII, N° 15.) 79
( 5g4 )
tôire de Greenwich. La surface est de 10 décimètres carrés. Un autre plu-
viomètre de même surface, mais élevé sur un piédestal d'un mètre de haut
et entouré d'un rebord saillant de om,20, a recueilli 3go, millimètres dans
le même espace de temps.
» Le vent pendant les dix jours de pluie a toujours soufflé de l'est ou
du sud-est, et souvent par rafales très-violentes.
» J'ai dit que la quantité d'eau tombée du 1 1 au 20 mars était extraor-
dinaire; même pour le midi de la France, où les pluies torrentielles sont si
communes : en effet, si l'on consulte la thèse que M. Marié-Davy a présentée
en 1 85 1 à la Faculté de Médecine, sur le climat de Montpellier , on y trouve
l'analyse des séries de Poitevin père, 1767 à 1791 et 1796 à 1802 ; Poitevin
fils, 1806 à 18 12 ; Junius Castelnau, i835 à i85o; en y ajoutant celle que
j'ai commencée en 1 852, c'est un total de 55 ans. Dans cette période, le mois
de mars 1808 est celui où il est tombé le plus d'eau; savoir : 241 milli-
mètres, quantité moindre que celle de 1 856, de 123 millimètres. La moyenne
de mars (si toutefois on peut parler de moyennes quand une quantité varie
de o à 364) est de 62mm,5 : elle est déduite de 67 ans d'observations en
ajoutant aux 55 années que nous avons indiquées les moyennes mensuelles
de 1806 à 18 17, données par M. Creuzé de Lesser dans sa statistique de
l'Hérault.
» Les mois de janvier et de février ont été également pluvieux à Mont-
pellier, car il est tombé 76 millimètres d'eau dans le premier, 160 milli-
mètres dans le second. Ainsi donc la quantité totale de pluie dans les trois
premiers mois de i856 s'est élevée à 600 millimètres. C'est plus que dans
le cours de certaines années sèches, où la somme annuelle n'atteint pas
4oo millimètres ; ce n'est pas la moitié des années pluvieuses, où elle dépasse
1200 millimètres. Tels sont, en effet, les extrêmes d'après lesquels l'agricul-
teur et l'ingénieur doivent instituer leurs travaux dans le midi de la France.
Faute d'y avoir égard, ils s'exposeraient à des mécomptes qui ne sont pas
à craindre dans le nord de l'Europe. Les chiffres suivants en sont la
preuve.
» Si nous adoptons 546 millimètres comme étant la moyenne pluviomé-
trique de Paris, nous voyons que cette moyenne est inférieure à la somme
des pluies de janvier, février et mars i856 à Montpellier. Dans cette der-
nière ville, les extrêmes anrtuels de 1806 à 1841 ont été de 388 millimètres
(1816) et 1 1 5ï millimètres (181 1). Dans le même espace de temps, le mini-
mum annuel a été d'après Bouvard, à Paris, de 379 millimètres en 1820, et
le maximum de 6i5 millimètres en 1819. Ainsi l'amplitude de la variation
( 595)
pluviométrique annuelle, qui à Paris n'a pas dépassé 236 millimètres dans
ces trente-cinq années, a atteint à Montpellier 764 millimètres. En prenant un
plus grand nombre d'années, je trouve des écarts encore plus considérables,
puisqu'en i85o il n'est tombé que 289 millimètres d'eau, et en i853,
1278 millimètres : différence, 989 millimètres. Ces chiffres montrent que la
quantité annuelle de pluie est infiniment plus variable dans le midi que dans
le nord de la France. »
physique appliquée. — Note sur un nouveau système d'horloge électrique se
réglant elle-même a" après la marche du soleil; par M. Th. du Moncel.
« Le prix élevé des régulateurs chronométriques et la difficulté de régler
les horloges dans les lieux où ces régulateurs manquent, m'ont fait recher-
cher le moyen d'obtenir de la part d'une horloge ordinaire une régularisa-
tion basée sur la marche du soleil. En un mot, j'ai cherché à combiner les
indications du cadran solaire avec celles d'une horloge ordinaire.
» Pour résoudre ce problème, plusieurs conditions étaient indispensables
à réaliser. Il fallait : i° que l'action solaire à un moment donné pût exercer-
un effet électrique assez énergique pour réagir sur un mécanisme d'horlo-
gerie; 20 que le système employé pour traduire électriquement l'influence
solaire pût être dans les mêmes conditions par tous les temps ; 3° que le
système électrique pût réagir sur les aiguilles de l'horloge seulement, sans
troubler la marche du mécanisme; 4° que l'appareil fût d'une construc-
tion assez simple pour être économique et facilement applicable.
» Voici comment j'ai résolu le problème :
» J'ai placé l'un à côté de l'autre, sur une même planche, deux thermo-
mètres à tube ouvert, réglés le plus exactement possible, l'un par rapport à
l'autre. L'un de ces thermomètres est construit comme celui que j'ai employé
pour mon régulateur de chaleur, et porte un flotteur en verre, auquel est
attaché un fil de platine. Ce fil, après s'être recourbé deux fois à angle droit,
présente son extrémité libre au même niveau que le mercure du thermo-
mètre ; toutefois il est soutenu par un contre-poids attaché à l'extrémité d'un
fil de soie enroulé sur une poulie.
» Le second thermomètre, de même diamètre que le précédent, est placé
de manière que l'extrémité libre du fil de platine, dont nous venons de
parler, puisse s'enfoncer dans son tube et que le niveau du mercure soit le
même dans les deux thermomètres ; enfin un fil de platine soudé dans les
79-
(596 )
boules de ces thermomètres permet d'établir une liaison électrique avec le
mercure qu'ils contiennent.
» En face de la boule oblongue du second thermomètre, que nous ap-
pellerons transmetteur, se trouve fixée, sous un angle convenable, une len-
tille à court foyer, et l'appareil entier se trouve exposé au midi, de manière
que le plan conduit par la ligne focale de la lentille et l'axe du thermo-
mètre correspondant se trouve exactement dans le plan du méridien.
» Tel est l'appareil destiné à réagir sur l'organe électrique de l'horloge.
Pour en comprendre le jeu, il suffit d'observer que chaque jour, à midi, les
rayons du soleil étant concentrés sur la boule du thermomètre transmetteur
en dilatent considérablement le mercure, et celui-ci, en rencontrant alors
le fil de platine porté par l'autre thermomètre, peut fermer un courant
électrique à travers un électro-aimant. On conçoit seulement que pour
éviter toutes causes de perturbation, il est essentiel de cacher les boules
des deux thermomètres et de ne laisser devant chacune d'elles qu'une étroite
rainure correspondant pour le thermomètre transmetteur au plan de la
ligne focale de la lentille. 11 faut, de même, que l'extrémité du fil de platine
soit raccourcie d'une quantité suffisante, pour que les petites variations |qui
pourraient exister dans la marche des deux thermomètres n'aient pas pour
effet de produire une fermeture anormale du courant.
» Le mécanisme électromagnétique, au moyen duquel les aiguilles de
l'horloge se trouvent chaque jour rappelées, à midi, sous l'influence d'une
fermeture du courant, consiste dans un électro-aimant placé au-dessus
de l'horloge, et dont l'armature porte un levier à double fourchette,
mis à cheval sur les deux axes des aiguilles. Celles-ci sont montées
sur leurs axes, comme la tête des clefs de montre Bréguet (à rochet);
seulement les rochets sont dentés beaucoup plus finement. En outre, ces
aiguilles sont munies de contre-poids assez lourds pour qu'étant aban-
données à elles-mêmes, elles puissent être rappelées suivant la verticale.
» Quand l'appareil ne fonctionne pas, le levier à fourchette sollicité par
le ressort antagoniste de l'armature appuie l'un contre l'autre les rochets
des aiguilles de l'horloge, et celles-ci marchent sous l'influence du mouve-
ment d'horlogerie; mais aussitôt que le courant est fermé, les fourchettes
de l'électro-aimant déjoignent ces rochets, et les contre-poids entraînent les
aiguilles suivant la verticale. En ce moment un rhéotome coupe le courant
à travers l'électro-aimant, et la marche de l'horloge se continue comme à
l'ordinaire.
» Pour obtenir le temps moyen d'après les indications d'une horloge
(^97)
ainsi réglée, il suffit de se reporter aux Tables astronomiques ou d'adapter à
cette horloge un second cadran, qui opérerait lui-même la transformation
du temps vrai en temps moyen. «
M. Labourdette annonce être parvenu à rendre médicamenteux le lait
destiné à V alimentation d'enfants malades sans nuire à la santé des ani-
maux qui fournissent ce lait. On sait que dans certains cas où il eût semblé
utile de pouvoir administrer l'iodure de potassium à des enfants à la ma-
melle, on a imaginé de faire absorber le sel par les nourrices, dont le lait
devient ainsi médicamenteux; l'expérience a montré qu'on n'obtient qu'un
succès passager. En effet, un mois environ après que la femme acommencé à
être soumise à ce régime, son lait diminue, au point de rendre impossible
la continuation de ce traitement indirect du nourrisson, traitement qui,
cependant, ne peut être efficace que s'il est longtemps suivi.
L'iodure de potassium donné dans les mêmes vues à des vaches, des chè-
vres, des ânesses, à la dose de 3 à 6 grammes par jour, suivant la taille des
animaux, produit des effets tout semblables à ceux qui viennent d'être si-
gnalés pour la femme : après deux ou trois mois de son administration
il survient de l'amaigrissement, de l'inappétence, et enfin une véritable
gastro-entérite qui, si la quantité de ce sel est portée de 6 à io grammes par
jour, se termine par la mort des animaux.
C'est à prévenir cette intoxication que M. Labourdette s'est attaché, et il
annonce y être parvenu à la suite de recherches entreprises de concert avec
M. Duménil. Il désigne sous le nom à' entraînement médical ce régime pré-
paratoire, qui exige certaines précautions qu'il n'indique point, et l'emploi
de diverses substances qu'il ne spécifie pas, se contentant de dire que les
unes appartiennent au règne végétal et les autres au règne animal.
11 ne pourra être donné suite à cette communication que quand l'au-
teur aura jugé convenable de faire connaître sa méthode.
M. G and adresse une Lettre relative à ses précédentes communications
sur des expériences faites avec le pendule irrigateur.
(Renvoi à la Commission nommée.)
M. Marques envoie, en date du 27 et du 29 mars, deux suppléments à
sa précédente communication sur un moyen de diriger les aérostats par une
action de recul.
M. Brachet continue ses communications relatives à l'aérostatique.
(593)
M. Decken envoie une Note intitulée : « Étude du fluide magnétique, de
ses attributs et de ses fonctions dans la nature.
Cette communication ne paraît pas de nature à devenir l'objet d'un
Rapport.
La séance est levée à 5 heures et demie. F.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 1 7 mars 1 856, les ouvrages dont
voici les titres :
Cours d'Hygiène; par M. le Dr A. Tessereau. Paris, i855; 1 vol. in-12.
(Adressé pour le concours Montyon, Médecine et Chirurgie.)
Recherches expérimentales sur l'absorption et l'exhalation par le tégument
externe, sur la température animale, la circulation et la respiration, ou essai sur
l'action physiologique des bains d'eau ; par M . le Dr F. Duriau. Paris, 1 856 ; br .
in-8°. (Adressé pour le concours Montyon, prix de Médecine et Chirurgie,
et prix de Physiologie expérimentale.)
De l'abstinence dans les maladies; par le même. Paris, i856; br. in-8°.
Expériences sur la végétation des plantes épiphyles , et conséquences qui en
découlent relativement à la culture de ces plantes; par M. P. Dughartre;
1 feuille in-8°.
Des accidents sur les chemins de fer et les moyens de les prévenir. Ve Partie :
Description d'un appareil auto-télégraphique et d'un appareil distanceur; par
M. A. Paquerée. Bordeaux, i856; br. in-4°.
Sur le télégraphe des trains de M. Bonelli, et le parti qu'on pourrait en tirer
comme moyen de sûreté dans l'exploitation des chemins de fer; par M. C.
Couche. Paris, 1 856 ; br. in-8°.
Annexe au Mémoire adressé à l'Académie des Sciences et soumis à l'examen
de la Commission des prix Bréant, sous le titre de Prophylaxie et curation du
choléra par le mouvement; par M. N. Dally. Paris, i855; br. in-8°.
Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève ; t. XIV,
ire Partie. Genève, i855 ; in-4°.
Atti... Actes de l'Académie desSciences et Lettres dePalerme. Nouvelle série,
vol. II. Palerme, i853; in-4°- (3 exemplaires.)
Elogio... Éloge de Pietro Calcara;par M. Frédéric Lancia; br. in-4°.
(4 exemplaires.)
( 599 )
Reddiconto... Compte rendu statistique des Ecoles communales d'enseigne-
menlmuluel à Palerme, pour l'année i854; par M. F. Lancia. Palerme, i855 ;
br. in-8°. (9 exemplaires.)
Esposizione... Exposition statistique et administrative du mont-de-piéte de
Santa-Venera; par le même. Palerme, i854 ; br. in-8°. (8 exemplaires.)
Royal astronomical... Société royale astronomique de Londres; vol. XVI;
n" 3 et 4 ; in-8°.
L'Académie a reçu, dans la séance du il\ mars i856, les ouvrages
dont voici les titres :
Traité théorique et pratique sur l'épuisement pur et simple de l'économie
humaine et sur les maladies chroniques les plus répandues qui ont cette origine;
parM. le D'Sallenave. Bordeaux, i855 ; in-8°.
Des tumeurs fibreuses du maxillaire inférieur; par M. L.-J. Bauchet. Paris,
1 854 5 br. in-8°. (Adressépour le concours Montyon, Médecine et Chirurgie.)
De la glycogénie hépatique; par M. J.-L. Brachet. Lyon, i856; br. in-8°.
Note sur i éclipse de soleil observée à Tai-o-Hae, île de Nouka-Hiva, archipel
des Marquises , le 3o novembre 1 853; par M. Edelestan Jardin; br. in-8°.
Notcsurles tremblements de terre ressentis en i854, avec suppléments pour les
années antérieures ; par M. Alexis Perrey; br. in-8°.
Trattato... Traité analytique sur la doctrine du calendrier; par M. T.
Mandoj. Naples, 1841 ; in-8°.
Sul calendario... Sur le calendrier hébraïque; par le même; br. in-8°.
(Ces deux ouvrages ont été renvoyés à l'examen de M. Chasles pour en
faire l'objet d'un Rapport verbal.)
Sperienze... Expériences électrodynamiques; Mémoire de M. A. Pal&gi.
Rome, i855; 1 feuille in-8°.
The transactions... Transactions de i Académie royale d Irlande ; vol. XXII,
partiesletll. Dublin, i855; a vol. in-4°.
Report... Rapport sur le relevé hydrographique des cotes des Etats-Unis;
br. in-8°.
Microscopical... Examen microscopique des fonds rapportés par la sonde
dans le levé des côtes des États-Unis (océan Atlantique); par M. J.-W. Bailey;
br. in-4°.
Ces deux opuscules sont adressés par M. le Ministre de la Marine avec
une collection des échantillons de fonds obtenus clans les sondages prati-
qués le long des côtes des Etats-Unis.
( 6oo )
Neues. . . Nouveau Magasin de la Lusace , publié par la Société scientifique de
la Haute-Lusace ; XXXIIe vol., parties I à IV.
Monatsbericht... Comptes rendus de l'Académie des Sciences de Prusse;
janvier i856; in-8°.
Nachrichten. . . Nouvelles de l'Université et de l'Académie royale des Sciences
de Gôttingue ; n° 3 ; 17 mars 1 856 ; in-8°.
L'Académie a reçu, dans la séance du 3 1 mars i856, les ouvrages dont
voici les titres :
Institut impérial de France. Recueil des discours, rapports et pièces diverses lus
dam les séances publiques et particulières de l Académie française , i85o-i85çj;
première partie : i85o-i854. Paris, i856; 1 vol. in-4°.
Des anévrismes et de leur traitement; par M. Paul Broca. Paris, i856;
j vol. in-8°. (Adressé pour le concours Montyon, Médecine et Chirurgie. )
Traité d' hygiène navale, ou de l'influence des conditions physiques et morales
dans lesquelles l'homme de mer est appelé à vivre, et des moyens de conserver
sa santé; par M. le Dr J.-B. FoNSSAGMVES. Paris, i856; 1 vol. in-8°.
( Adressé pour le même concours.)
Recherches statistiques sur les causes et les effets de la cécité; par M. G.
Dumont. Paris, i856; in-8°. (Adressé pour le même concours.)
Gangrène traumatique. Mémoire et observations cliniques sur une de ses causes
les plus fréquentes dans les animaux domestiques; par M. Renault. Paris,
18ZJ0; in-8°.
Typhus contagieux du gros bétail; par le même. Paris, i856; br. in-8°.
(Ces deux ouvrages sont adressés pour le même concours.)
Mémoire sur la mort par suffocation; par M. le Dr Ambkoise Tardieu. Paris,
1 855 ; br. in-8°. (Adressé pour le même concours.)
Des moyens d'extraire de la vessie les corps étrangers autres que les pierres et
leurs débris; par M. le Dr Leroy (d'Étiolles); br. in-8°. (Adressé pour le
même concours.)
Des kystes spermatiques, ou de l'hydrocèle enkystée spermatique ; thèse pour le
doctorat en médecine; par M. L.-V. Marge. Paris, i855; br. in-4°.
Recherches sur les rapports numériques qui existent chez l'adulte, à l'état nor-
mal et à l'état pathologique , entre le pouls et la respiration; par le même; br.
jn-8°. (Ces deux ouvrages sont adressés pour le même concours.)
Recherches sur le sperme des vieillards ; par M. le Dr A. Duplay; br- in-8°.
Recherches sur les changements et les altérations que présente chez les vieillards
( 6oi )
l'appareil sécréteur et excréteur du sperme; parM. A Duplay; br. in-8°. (Ces deux
brochures sont adressées pour le concours Montyon, Médecine et Chirurgie.)
Mémoire sur l'origine du sucre contenu dans le foie, et sur l'existence normale
du sucre dans le sang de l'homme et des animaux ; par M. Louis Figuier ; br.
in-8°. (Adressé pour le même concours.)
Exposition et histoire des principales découvertes scientifiques modernes; par
le même. Paris, 1 855 ; 3vol.in-ia.
L'^4lchimie et les alchimistes. Essai historique et critique sur la philosophie
hermétique; parle même; 2e édition; 1 vol. in- 12.
Etude clinique de l'emploi et des effets du bain d'air comprimé dans le traite-
ment des diverses maladies^ selon les procédés médico-pneumatiques ou d'atmo-
sphénede M. Emile Tabarié ; par M . E. BERT1N. Paris, 1 855 ; in-8°. (Adressé
pour le même concours.)
Parallèle entre les dépôts siluriens de Bohême et de Scandinavie ; par M. Joa-
CHIM DURRANDE. Prague, i856; br. in-4°-
Nouvelle culture de la vic/ne en plein champ sans échalas ni attaches; par
M. Éloi Trouillet. Paris i856; br. in-12.
Etudes sur le lactate de zinc dans iépilepsie; par M. le Dr Herpin (de Ge-
nève). Paris, i856;br. in-8°.
Nouveaux instruments aratoires inventés et décrits par M. MOYSEN. Paris
i854 ; br. in-8°. (Adressé pour le concours du prix de Mécanique. )
Memorie... Mémoires anatomiques ; par M. le Dr A. Verga. Milan, i856;
in-4°.
Philosophical . . . Transactions philosophiques de la Société Royale de Londres,
pour l'année i855; vol. CXLV, IIe partie. Londres, 1 855 ; in-40.
Proceedings... Procès-verbaux de la Société Royale de Londres; vol. VII,
n°' 16 et 17; vol. VIII, n° 18; in-8°.
Description... Description d'instruments de navigation et d'astronomie,
nouveaux ou perfectionnés, présentés à l Exposition universelle de Paris; par
M. Piazzi Smyth, astronome royal d'Ecosse. Edimbourg, i855; br. in-8°.
The quarterly... Journal trimestriel de ta Société géologique de Londres;
vol. XII, partie I ; n° 45; in-8°.
An inquiry... Recherches sur la nature de l'affection connue aux États-Unis
sous le nom de scorbut des nourrices , ou anémie puerpérale; parM. L. KnapP;
br. in-8°. (Adressé comme pièce à consulter pour un précédent travail de
l'auteur sur le choléra, et renvoyé à la Commission Bréant.)
Die Befruchtung. . . Fécondation des phanérogames; parM. L. Badlkofer.
Leipsig, i856; br. in-4°.
C R., i856, î" Semestre. (T. XLH, N° 15. ) 80
( 6o2 )
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES REÇUES PAR l'aCADEMIE PENDANT
LE MOIS DE MARS 1856-
Annales de Chimie et de Physique; par MM. CHEVREUL, Dumas, Pelouze,
Boussingault, Regnault, DE Senarmont ; avec une Revue des travaux de
Chimie et de Physique publiés à l'étranger, par MM. Wurtz et Verdet ;
3e série, t. XLVI ; février et mars i856; in-8°.
Jnnales de l Agriculture française, ou Recueil encyclopédique d Agriculture ;
t. VII, n°44et 5; in-8°.
Annales de la Propagation de la Foi; t. XXVIII, IIe partie ; in-8°.
Annales des Sciences naturelles , comprenant la Zoologie, la Botanique, l'Ana-
lomie et la Physiologie comparée des deux règnes et l'histoire des corps organisés
fossiles; 4e série, rédigée, pour la Zoologie, par M. MlLNE Edwards ; pour
la Botanique, par MM. Ad. Brongniart et J. DECAISSE; tome IV; n° 3;
in-8°.
Annales forestières et métallurgiques ; février 1 856 ; in-8°.
Annuaire de la Société météorologique de France; t. III ; IIe partie. Bulletin
des séances, feuilles 24-26; in-8°.
Bibliothèque universelle de Genève; février i856; in-8°.
Boletin... Bulletin de [Institut médical de Valence; janvier et février 1 856;
111-80.
Bulletin de i Académie royale des Sciences , des Lettres et des Beaux-Arts de
Belgique; tome XXIII, n° 2 ; in-8°.
Bulletin de la Société de l'Industrie minérale; t. Ier, 2e livraison, in-8°;
avec atlas in-folio.
Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie nationale; février
i856; in -4°.
Bulletin de la Société française de Photographie; mars i856; in-8°.
Bulletin de la Société géologique de France; t. XII, feuilles 52-6o; in-8ï.
Bulletin mensuel de la Société impériale zoologigue d'acclimatation; t. Ier,
année i854; t. II, année 1 855 ; janvier et février 1 856 ; in-8°.
Journal d'Agriculture pratique ; t. V, noa 5 et 6; in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie , de Toxicologie; mars i856;
in-8°.
( 6o3 )
Journal de Mathématiques pures et appliquées, ou Recueil mensuel de Mémoires
sur les diverses parties des Mathématiques; publié par M. Joseph Liou ville ;
décembre ( 855, et janvier 1 856; in-4°.
Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture ; février i856;
in-8°.
Journal de Pharmacie et de]Chimie ; mars i856; in-8°.
Journal Aes Connaissances médicales et pharmaceutiques; nos 16-18; in-8°.
La Revue thérapeutique du Midi, Gazette médicale de Montpellier ; nos 4-6;
in-8?.
Le Technotogiste ; mars i856; in-8°.
Magasin pittoresque ; mars 1 856; in-8°.
Nouveau Journal des Connaissances utiles; n° 11; in-8°.
Nouvelles Annales de Mathématiques, journal des Candidats aux Ecoles Po-
lytechnique et Normale ; mars i856 ; in-8°.
Répertoire de Pharmacie ; mars i856; in-8°.
Revue des spécialités et des innovations médicales et chirurgicales ; 2 e série;
mars 1 856 ; in- 8°.
Société impériale et centrale d Agriculture. Bulletin des séances, compte rendu
mensuel, rédigé par M. Payen, secrétaire perpétuel; 2 e série ; tome XI ; n° 3 ;
in-8°.
La Presse Littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; nos 7-9;
in-8°
L'Agriculteur praticien; n° 1 1 ; in-8°.
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; n° 6; in-8°.
Bulletin de l'Académie impériale de Médecine; t. XXI, n03 10-12; in-8°.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; ie' se-
mestre i856; nos 9-1 1.
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et
de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; t. VIII ; 9e- 1 2e livraisons.
Gazette des Hôpitaux civils et militaires ; nQS 26-38.
Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie ; nos io-i3.
Gazette médicale de Paris; nos 9-1 3.
L'Abeille médicale; nos 7-9.
( 6o4 )
La Lumière. Revue de la Photographie ; n0" g-i 3
L Ami des Sciences; n°* 9-1 3.
La Science; n°* 1-9.
La Science pour tous ; nos i3-i6.
L'Athenœum français. Revue universelle de la Littérature, de la Science et
des Reaux-Arts; n°»9-i3; accompagné du Rulletin archéologique du mois
de février 1 856.
Le Moniteur des Hôpitaux; nosa6-38.
Le Progrès manufacturier; nos 42-46.
Réforme agricole, scientifique, industrielle; n° 87.
Revue des Cours publics; n°* 9-1 3.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 7 AVRIL 1856.
PRÉSIDENCE DE M. BINET.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Ministre de l'Instruction publique transmet une ampliation d'un
décret impérial, en date du 5 avril, qui confirme la nomination de M. Jo-
bert, de Lamballe, à la place vacante dans la Section de Médecine et de
Chirurgie, par suite du décès de M. Magendie.
Il est donné lecture de ce décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Jobert, de Lamballe, vient prendre
place parmi ses confrères.
M. Biot annonce à l'Académie la réimpression du Commercium et de
ses annexes, qui va prochainement paraître publié par lui en commun avec
M. Lefort, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées; et il donne lecture
d'une Note où il expose l'intérêt particulier qui s'attache aujourd'hui à cet
ouvrage.
astronomie. — M. Le Verrier présente à l'Académie le tome premier
d'une nouvelle publication ayant pour titre : annales de l'Observatoire
impérial de Paris.
« Aux termes du décret impérial, en date du 3o janvier 1 854? et por-
tant réorganisation de l'Observatoire de Paris, le Directeur doit :
« Préparer et soumettre à l'approbation du Ministre le plan qu'il se pro-
» pose de suivre dans la direction des Observations ;
C. R., i856, i" Semestre. (T. XIII , N° 14.) 8f
i 606 )
» Signaler les améliorations dont l'établissement est susceptible ;
» Publier chaque année les Observations faites dans l'année précédente,
» ainsi que la réduction de ces Observations et leur comparaison avec la
» Théorie ;
» Pourvoir à l'instruction des Fonctionnaires. »
» Pour me conformer aux deux premières prescriptions, dit M. Le
Verrier, j'ai, en décembre i854, adressé au Ministre de l'Instruction pu-
blique un Mémoire intitulé: Rapport sur l'Observatoire impérial de Paris,
et Projet d Organisation, Rapport qu'on trouvera plus loin et qui sert de
préambule au présent Recueil. Les propositions qui y sont contenues ont
été approuvées par le Gouvernement, et elles seront mises à exécution à
mesure que les ressources de l'établissement le permettront.
» La fondation des Jnnales de l'Observatoire impérial de Paris est des-
tinée à pourvoir d'une manière convenable à la publication des Observa-
tions de toute nature, et à celle des Travaux de calcul qui sont indispen-
sables pour faire acquérir aux résultats une valeur scientifique réelle. La
discussion des Observations et leur comparaison avec la Théorie ne peuvent
être correctes et fructueuses qu'autant que l'on part de données certaines
et qu'on dispose de Tables dont la préparation est longue et pénible.
» Entre la simple observation du passage d'un astre par le méridien et la
dernière opération théorique par laquelle on en conclut soit la vérification
des éléments de l'orbite que l'astre décrit autour du Soleil , soit les données
relatives aux actions secondaires, la distance à parcourir est très-grande.
Nous pouvons la diviser en trois sections distinctes. Dans la première, on
calcule les ascensions droites et les déclinaisons d'un astre en s'appuyant
uniquement sur les données de la théorie. Dans la deuxième, on réduit
l'ensemble des observations pour en tirer les ascensions droites et les décli-
naisons. Dans la troisième, enfin, on cherche les corrections qu'il est néces-
saire d'apporter à la théorie pour en faire concorder les positions qu'elle
assigne aux astres, avec celles qui résultent des observations. Mais chacune
de ces parties du travail est elle-même fort complexe. Bornons-nous à le
faire comprendre par un seul exemple ; et, laissant de côté tout ce qui con-
cerne les étoiles, la détermination des constantes de la précession, de la nu-
tation et de l'aberration , la théorie sans fin de la Lune, et, en général, les
satellites, considérons le travail exigé par la théorie des mouvements d'une
seule planète, la Terre, pour fixer les idées.
» La connaissance du mouvement de la Terre autour du Soleil exige qu'on
détermine la situation du plan dans lequel elle se meut ; la forme et la po-
( &>7 )
sition de l'ellipse qu'elle parcourt dans ce plan; enfin le lieu de la Terre à
une époque connue et la durée de sa révolution autour du Soleil. Les don-
nées nécessaires à cet objet sont ce qu'on nomme les éléments de l'orbite
terrestre.
» Ces éléments resteraient invariables si la Terre se trouvait seule en
présence du Soleil; la détermination du mouvement héliocentrique de
notre planète serait alors assez simple. Mais les perturbations produites
par les actions ,des autres planètes changent le problème et le com-
pliquent beaucoup. Le développement analytique des perturbations est
extrêmement laborieux : dans un travail où nous l'avons poussé jusqu'au
septième ordre, il ne s'est pas rencontré moins de 469 termes distincts par
leur forme ou par celle des coefficients dont ils dépendent ; coefficients qui
contiennent d'ailleurs une même variable à laquelle on doit attribuer un
certain nombre de valeurs entières, ce qui multiplie le nombre des termes.
Enfin nous avons montré qu'il est quelquefois nécessaire d'aller jusqu'au
onzième ordre, et au delà. Ce travail analytique une fois exécuté, il reste à
en faire l'application aux données particulières à la Terre, et conformément
aux valeurs admises pour les masses des planètes perturbatrices. Or cette
application numérique est elle-même très-longue et délicate. Les perturba-
tions étant représentées analytiquement par des séries multiples, il faut
choisir avec soin ceux des termes qui peuvent être sensibles, et éliminer du
calcul, par un examen attentif, ceux qui doivent être négligeables, de ma-
nière à éviter d'omettre aucun terme important, sans cependant tomber
dans des opérations numériques interminables. On parvient ainsi à des for-
mules numériques dans lesquelles le temps reste seul indéterminé, et qui
permettront, en attribuant à cette variable des valeurs convenables, de cal-
culer à toute époque les changements que les perturbations font subir aux
coordonnées héliocentriques de la Terre.
» Les formules des perturbations étant ainsi obtenues, leur complication
est encore trop grande, à cause des termes nombreux qu'elles renferment,
pour qu'il soit possible de les appliquer directement au calcul de toutes les
positions qu'on peut avoir à considérer. On construit donc des Tables au
moyen desquelles on abrège le calcul nécessaire pour trouver la position
héliocentrique de la planète, et qui, donnant le même résultat qu'on obtien-
drait au moyen des formules, sont d'un usage plus rapide. La formation des
Tables demande, à son tour, de longs calculs; mais, tandis que la détermi-
nation des formules des perturbations ne peut être confiée qu'à un habile
81..
( 608 )
astronome, la construction des Tables peut, dans de certaines limites, être
abandonnée à de simples calculateurs.
» Comme les astronomes répètent leurs observations autant de fois qu'ils
le peuvent, pour arriver à une compensation des erreurs inhérentes à toute
mesure individuelle, on calcule, à l'avance, des éphémérides des positions
des astres pour tous les jours de l'année. Les Tables dont nous venons de
parler font connaître les positions des planètes telles qu'elles seraient vues
du centre du Soleil. Mais l'observateur est situé sur la Terre : il est donc en-
core nécessaire de passer des positions héliocentriques obtenues par la
théorie, aux positions géocentriques correspondantes, c'est-à-dire à celles
qui pourront être directement comparées aux observations. Cette dernière
opération nécessite la résolution trigonométrique d'un triangle rectiligne
pour chaque position que l'on considère.
» Ainsi donc la détermination des ascensions droites et des déclinaisons
des planètes, par la théorie, nécessite quatre opérations : i° le développe-
ment analytique des formules conformément au principe de la gravitation
universelle ; 2° l'application de ces formules aux données relatives à chacune
des planètes; 3° la formation des Tables des mouvements héliocentriques;
4° la construction des éphémérides des positions héliocentriques et géocen-
triques.
» Le calcul des ascensions droites des astres et de leurs déclinaisons, au
moyen des observations effectuées dans le méridien, conformément aux
principes exposés ci-dessus, réclame de son côté les opérations suivantes :
» Considérant d'abord les observations faites au cercle mural, on déter-
mine, au moyen des étoiles circumpolaires, la situation du pôle sur l'instru-
ment, ce qui permet d'évaluer les déclinaisons des étoiles et celle du Soleil.
Au moyen de ces dernières, et du passage du Soleil et des étoiles par le mé-
ridien, on conclut les ascensions droites des étoiles qui, jointes à leurs décli-
naisons, constituent les catalogues. On part ensuite des positions connues
des étoiles pour en déduire, par comparaison, les ascensions droites et les
déclinaisons du Soleil, de la Lune et des planètes.
» Reste enfin à tirer des conclusions, au moyen de la comparaison des
positions théoriques avec les positions observées. La formation des équa-
tions de condition nécessaires pour cet objet est un travail matériel qui
n'offre d'autre difficulté que la longueur des calculs quand le nombre des
observations à comparer est considérable. La discussion des équations est
au contraire très-délicate : elle réclame toute la sagacité de l'astronome;
( 6o9)
elle exige aussi que,' sans accorder une confiance aveugle aux méthodes gé-
nérales de résolution^ il se fraye, suivant les circonstances, une route nou-
velle et propre à le conduire à la connaissance des vérités qu'une grande
habitude de la discussion scientifique peut seule lui faire entrevoir.
» La question de la réduction des observations étant ainsi posée d'une
manière sérieuse et scientifique, voyons ce qui a été fait jusqu'ici dans
cette voie.
» La route a été brillamment ouverte, il y a vingt ans, par l'astronome
royal actuel d'Angleterre, M. Airy, qui a eu le bonheur de rencontrer dans
la rédaction scientifique du Nautical Almanac un puissant auxiliaire. Le
Nautical contenant des éphémérides de toutes les planètes, calculées jour
par jour, et avec une approximation portée jusqu'aux centièmes de seconde
de temps, ce qui est indispensable aux besoins de l'astronomie, M. Airy
s'est dispensé de calculer des éphémérides, et il a procédé immédiatement à
la comparaison de ses observations aux positions fournies par le Nautical
Almanac. Dix-sept gros volumes in-folio, comprenant la réduction d'un
nombre immense d'observations et leur comparaison, des catalogues d'é-
toiles, des Tables de réduction, des discussions théoriques et pratiques et
des descriptions d'instruments, ont été publiés par M. Airy depuis 1 836
jusqu'en i852, année dont le volume vient de paraître.
» Outre cet immense labeur, M. Airy entreprit de réduire les observa-
tions de ses prédécesseurs, depuis Bradley. Toutes les observations plané-
taires depuis 1750 jusqu'en i83o ont été calculées par ses soins et compa-
rées directement aux Tables, le Nautical publié dans cet intervalle étant
insuffisant. Le résultat de ces travaux a paru dans un volume in-folio de plus
de 700 pages. Les observations lunaires ont été l'objet d'une entreprise
encore plus vaste, dont les conclusions sont»comprises dans deux volumes
in-folio contenant ensemble plus de i5oo pages!
» Magnifique ensemble de travaux, que tout astronome doit avoir sans
cesse devant les yeux comme un admirable modèle! que notre pays doit
connaître, afin de mieux apprécier les conditions auxquelles il pourra à son
tour entrer honorablement dans la carrière.
» Car, nous avons le regret de le dire, rien n'a encore été fait en France
pour la réduction des observations. On les a jusqu'ici publiées à l'état brut
et sans réduction aucune, laissant même à d'autres le soin d'en déduire les
ascensions droites et les déclinaisons.
» Tout est donc à entreprendre aujourd'hui, et dans des conditions plus
(6io )
difficiles que celles où se trouvait l'observatoire de Greenwich en 1 836.
Nous ne disposons pas comme lui d'éphémérides construites à l'avance. La
Connaissance des Temps, qui devrait les contenir, n'est plus depuis long-
temps un ouvrage scientifique. Les positions des planètes n'y sont données
qu'à la minute de temps, fait qui étant constaté dispense de toute autre
discussion à ce sujet. Pour exécuter la prescription du décret qui nous
enjoint avec tant de raison de ne publier nos observations qu'en y joignant
leur comparaison avec la théorie, il nous faudra donc, indépendamment de
la réduction des observations, calculer les éphémérides théoriques qui nous
manquent.
» Ce travail préliminaire est en cours d'exécution, et ses principaux ré-
sultats, destinés à servir de bases à nos opérations ultérieures, paraîtront
d'abord dans les Annales. Aussitôt après, nous commencerons la publica-
tion annuelle et régulière des Observations.
» Je venais de réunir et de coordonner des matériaux assez nombreux
sur les Théories du Système planétaire lorsque la Direction de l'Observatoire
me fut confiée. Comme je m'étais efforcé de donner à ma rédaction la suite
et la régularité nécessaires pour en relier toutes les parties entre elles,
elle se trouva susceptible, moyennant quelques additions, de concourir
utilement à l'instruction de nos Fonctionnaires. Ces additions ont été faites,
et il en est résulté un travail comprenant, outre des Mémoires sur plusieurs
points de la science, un certain nombre de Chapitres didactiques, destinés
à résumer d'une manière concise l'ensemble des Formules et des Théories
auxquelles l'Astronome a fréquemment recours. Je publierai successivement
dans les Annales, et sous le titre commun Recherches astronomiques , les
diverses parties de ce travail ; espérant qu'il pourra être de quelque utilité
par les exposés méthodiques qu'il présente, par les discussions et les re-
cherches scientifiques qu'il contient.
» I^'ouvrage est imprimé chez M. Mallet-Bachelier, par les soins du très-
habile directeur de l'imprimerie, M. Bailleul. C'est dire assez que rien n'aura
été négligé de ce qui peut contribuer à la valeur de l'ouvrage sous le rapport
de l'exactitude et de la pureté typographique (i). »
( i ) Par Décret impérial du i4 novembre i855 , M. Bailleul a été nommé Chevalier de la
Légion d'honneur, pour services rendus à la typographie.
(6m )
M. Eue de Beaumont communique quelques passages d'une Lettre
qu'il a reçue de M. de Humboldt en date du l\ mars i856.
L'illustre voyageur se plaît à donner des nouvelles du voyage que font
actuellement dans l'Inde MM. Schlagintweit. Il annonce que l'un d'eux
est encore dans l'Assam, et que ses deux frères sont allés par Agra aux
mines de diamant. Ils retourneront dans l'Himalaya dès le commencement
de l'été.
« M. Auguste de la Rive présente à l'Académie le second volume de
l'édition anglaise de son ouvrage sur l'électricité. Il entre à cette occasion
dans quelques détails sur la manière dont il a traité les deux parties de l'é-
lectricité qui font l'objet de ce volume, savoir : les effets de la transmission
de l'électricité dans les corps, et les sources de l'électricité {actions phy-
siques, mécaniques et chimiques) Les sources naturelles de l'électricité et
les phénomènes naturels auxquels elles sont intimement liées doivent, ainsi
que les applications de l'électricité, faire l'objet du troisième et dernier
volume.
» M. de la Rive donne communication à l'Académie de deux observa-
tions nouvelles favorables à la manière dont il considère dans son traité la
propagation de l'électricité. La première est relative à une désagrégation
qu'on observe dans un conducteur de platine qui a transmis l'électricité
plusieurs mois de suite, sans qu'il y eût cependant étincelle ni arc voltaïque ;
preuve que la propagation du courant électrique, même par voie de con-
ductibilité ordinaire, se fait de molécule à molécule, sous une forme ana-
logue à celle d'un arc voltaïque, sauf que la décharge a lieu à des dis-
tances infiniment petites, an lieu de s'opérer à des distances finies. La
seconde observation est destinée à montrer que la propagation de l'électri-
cité dans l'eau pure est toujours accompagnée, même lorsqu'elle n'est
qu'une conséquence de la décomposition par influence de l'électricité,
d'une décomposition électrolytique, et que par conséquent l'eau n'est pas
susceptible de conduire l'électricité, même dans les phénomènes d'électri-
cité statique, à la façon des conducteurs métalliques. L'idée de l'expérience
appartient à M. Soret, avec qui M. de la Rive l'a réalisée; elle consiste à
prendre de l'eau pure pour armures intérieure et extérieure d'une bouteille
de Leyde dont la couche isolante est formée par un bocal de verre très-
élevé, verni avec soin en dedans et en dehors, afin que l'isolement soit
complet. Une lame de platine qui sert à conduire dans le sol l'électricité
(612)
positive développée par influence dans l'eau qui sert d'armure extérieure,
est constamment polarisée positivement; preuve qu'elle a été recouverte
d'une couche d'hydrogène provenant de la décomposition électrolytique
de l'eau qui a accompagné le mouvement de l'électricité dans cette eau.
Le phénomène est parfaitement régulier et constant, et toutes les précau-
tions ont été prises pour éviter les erreurs qui pourraient provenir soit d'un
défaut d'isolement, soit d'un défaut de propreté dans la surface des lames
de platine employées. »
physique du globe. — Inclinaison de l'aiguille aimantée; Lettre de
M. Ant. d'Abbadie à M. Élie de Beaumont.
« Urrugne, 26 mars 1806.
» Par mon observation d'hier, j'ai trouvé 63° 20', 06 pour l'inclinaison
de l'aiguille aimantée dans cette partie de la commune d'Urrugne où la
latitude est 43° 21' 44" et la longitude i6m i6s à l'ouest de Paris. Comme la
recherche préalable du méridien magnétique demande de longs tâtonne-
ments, et que ce méridien peut varier pendant l'observation, j'ai préféré
déterminer l'inclinaison dans six plans également espacés en azimut. Au
moyen de quarante-huit lectures symétriques et en renversant les pôles après
les vingt-quatre premières, on obtient l'inclinaison par la formule connue
dont le calcul n'est guère plus long, tandis que l'observation est plus courte
que dans la méthode ordinairement usitée en France. En comparant mon
observation d'hier avec celle du i3 avril dernier faite avec la même aiguille,
on obtient 3', 1 pour la diminution de l'inclinaison magnétique pendant ces
douze mois. Je dis la même aiguille, car une autre aiguille observée hier
avec le même soin et de la même manière m'a donné, deux heures plus tôt
seulement, 63° 4', 8 ou près de 16' en moins. J'ai remarqué depuis long-
temps de pareilles différences, et dans l'état encore imparfait de nos théories
magnétiques, il est prématuré de voir des discordances là où la même aiguille
n'a pas toujours été employée. »
conchyliologie. — Observations sur le Pecten glaber;
par M. d'IIombres Fi h ma s.
« Après avoir traité de coquilles rares et curieuses, il paraîtra certaine-
ment étrange que je parle d'une des plus communes et des plus générale-
ment connues , le peigne , appelée coquille de Saint- Jacques, parce que les
pèlerins en ornaient leur chapeau et leur camail.
(6i3)
» Les conchyliologistes en comptent une centaine d'espèces dans les mers
d'Europe. Il ne s'agit dans cette Notice que d'une seule, le Pecten glaber,
que je confondrai ici, comme les pêcheurs, avec le Pecten jacobœus et d'au-
tres peignes bruns, vivant en grande quantité dans les étangs auprès de
Cette. C'est la conservation de ces coquillages et la localité où je les ai ren-
contrés qui me les ont fait remarquer : ils ne sont point fossiles, mais leurs
valves, toutes séparées, sont disséminées dans une terre labourable au quar-
tier du Colombier, au bord du chemin de fer de la Grand'Combe, à a ki-
lomètres au nord d'Alais.
» Chacun distinguera toujours le Pecten maximus , incomparablement
plus grand et dont la valve supérieure est aplatie : mais les Pecten glaber
et varius, le jacobœus même, peuvent être confondus . Leur grandeur, varia-
ble selon leur âge, ne dépasse jamais om,o8 en longueur comme en lar-
geur, et leur plus grande hauteur est de om,oi4- Leur couleur ne peut pas
être considérée comme un caractère ; les Pecten glaber, qui abondent 'dans
nos étangs, sont généralement bruns; ceux qui vivent dans la mer sont d'un
blanc sale ou jaunâtre. Le Pecten varius, tout aussi commun dans les
étangs, est également brunâtre ; dans la mer il y en a de diverses nuances de
jaune et de rouge, et j'en ai vu de tachetés et de rayés irrégulièrement. Le
Pecten varius offre intérieurement une teinte violacée, tandis que le Pecten
glaber est blanc en dedans, ce qui prouve que c'est ce dernier qui se trouve
auprès d'Alais. Il aurait pu se décolorer à la longue, mais il n'aurait pas
alors conservé l'éclat nacré qui le distingue.
» Du reste, ce n'est ni de leur description, ni de leurs rapports que j'ai à
m'occuper.
» Les terres des environs du Colombier, bonifiées par la culture et les
amendements, font partie du grand bassin lacustre qui traverse le départe-
ment du Gard du nord au sud, et s'étend dans la Provence.
» Il renferme beaucoup dé coquilles calcaires ou siliceuses, mais les
Pecten glaber y sont arrivés plus récemment ; leur transport et leur présence
sont tout à fait étrangers à la formation lacustre, et il n'y a qu'une manière
de les expliquer: c'est d'admettre que d'anciens habitants de la colonie Ni-
moise qui, disent les vieux géographes, remontaient les rives du Gardon
pour chercher la fraîcheur, faisaient venir pour leur table ces coquilles dont
ils étaient friands, qu'ils appelaient des pétoncles, nom donné à présent à
un autre genre.
» Il n'y a point de bâtisse, point de ruines dans le champ qui contient les
peignes; le château appelé le Colombier en est assez éloigné, mais il est
C. R., i856, i« Semestre. (T. XLI1, N° 14.1 82
(6i4)
bien plus élevé, et l'on peut supposer que des coquilles amoncelées à côté
aient été entraînées à la suite de fortes gelées, des ouragans impétueux, ou
d'autres causes de bouleversements extraordinaires, dont je pourrai citer
des exemples, plutôt que de les expliquer. Chacun conviendra que l'aspect
du terrain peut changer en une douzaine de siècles , quand les hommes de
mon âge se rappellent avoir vu des terres complantées d'arbres sur des rocs
aujourd'hui nus, des ravins assez profonds comblés maintenant. Les peignes
peuvent donc avoir été charriés ; ceux qui restèrent à la surface du sol dispa-
rurent, ceux qui furent enterrés se sont conservés, et c'est après les la-
bours suivis de pluies qu'on en voit le plus.
» Oh en a trouvé de semblables dans la campagne d'Arles, de Narbonne,
de Nîmes, etc., indubitablement proche des anciennes demeures de quel-
ques colons romains, qui savaient, dit Horace, dans quelles mers étaient
les meilleurs coquillages, et s'en procuraient à tout prix.
» Ausone, qui, au milieu du IVe siècle, enseignait la rhétorique à Bor-
deaux, sa ville natale, parle de ces coquilles de mer qu'on trouvait dans
les terres des environs ; nous expliquerons leur présence de la même ma-
nière, quoique d'autres pensent qu'il a voulu parler des coquilles fossiles,
si abondantes dans ce pays.
» Les tests de Pecten glaber devraient alors, m'objectera-t-on, être très-
communs auprès des villes anciennes, tandis qu'il n'y en a point. N'ou-
blions pas que des constructions nombreuses, presque continuelles, exhaus-
sent le terrain et font disparaître les débris de sa surface ; à Arles, on fait
visiter aux voyageurs curieux une vaste construction romaine, composée de
portiques et d'une double galerie voûtée autour d'une place, qu'on pré-
sume être un ancien jorum enfoui dans les caves des maisons, entre la
place Saint-Lucien et la rue du Collège. En certains quartiers de Nîmes,
on découvre de temps en temps des pavés en mosaïque, ou des restes
de fondations antiques à om,5o, om,75 et i mètre en contre-bas du sol ; cha-
cun peut voir que la Maison Carrées*, la Porte d' Auguste sont près de i mè-
tre plus basses que les places attenantes, et qu'il a fallu ménager une pente
considérable du boulevard depuis la Bouquerie jusqu'aux arènes. Je puis
ajouter un fait plus extraordinaire : en creusant un puits au delà du Cours
Neuf, on a trouvé, à 6 mètres de profondeur, des arbres, non renversés et
entraînés, mais enfouis sur la place où ils avaient végété jadis. Nous les
avons reconnus pour des oliviers ; le propriétaire m'en a donné un morceau.
» Dans les lieux, au contraire, que les terres mouvantes n'ont pu recou-
vrir, du côté du Fort et de la Tour Magne, particulièrement entre les rochers
(6.5)
derrière le Temple de Diane, où M. Pellet a dirigé les nouvelles fouilles si
intéressantes, on a remarqué, m'a-t-il dit, de nombreuses coquilles de pè-
lerin. Elles ne peuvent y avoir été apportées que pour la consommation des
habitants de ce quartier. M. J. Tessier pense absolument comme moi.
» Nous ne concevons pas, il faut le dire ici, comment un mets si recher-
'ché anciennement l'est si peu de nos jours. On nous apporte beaucoup de
clonisses, de moules, de grosses huîtres de la Méditerranée, et même de
petites de Bordeaux, qui arrivent fraîches par les chemins de fer, mais des
peignes jamais : on n'en voit point habituellement sur les ports de Cette et
de Marseille avec les donaces, les moules, les oursins, deux clonisses ou ve-
nus, la decussata et la Virginia, et d'autres coquillages. Il paraît que ce n'est
point ainsi dans le Nord, que les Pecten maximus , jacobœus de la Manche
sont recherchés et colportés à Paris et à Londres. Si nos pêcheurs les trou-
vent coriaces et les dédaignent, c'est qu'ils ont alors quelque chose de
mieux : le lendemain ils sont moins difficiles. Les plus pauvres non-seule-
ment s'en contentent, mais s'en régalent; ils en forment un tas mêlé avec
de la paille, quelques brindilles de sarment ou d'olivier, et y mettent le
feu, autour duquel se réunit toute leur famille ; chacun a son morceau de
pain : c'est l'affaire de quelques minutes pour préparer le repas; le feu
éteint, les coquilles s'entre-bâillent, les mollusques s'en détachent facile-
ment, et cette demi-cuisson les rend, dit-on, excellents. Il y a parfois quel-
ques peignes mêlés dans un panier de clonisses ou de moules; j'en ai goûté
de crus et de cuits assaisonnés avec des épinards ou gratinés : je les ai trou-
vés assez bons.
» Il faut avouer qu'il y a des circonstances, des saisons de l'année, où
toutes les coquilles, même les huîtres, peuvent occasionner des coliques, des
vomissements, les mêmes symptômes morbides qu'un violent poison. Les
médecins et les chimistes, après beaucoup de recherches, attribuent ces
effets à l'époque du frai, à réchauffement des coquillages dans les cabas ou
entassés, si on les a gardés plusieurs jours pour les transporter ou les mieux
vendre; au temps plus ou moins prolongé que les huîtres ont passé dans
les parcs, à leur séjour dans les eaux insalubres, au cuivre qui a pénétré les
huîtres fixées sur des vaisseaux qui en étaient doublés. Des ordonnances de
police, qui remontent à 1731, prescrivaient de les examiner avant d'en
permettre la vente, et de jeter au fond de l'eau celles qui contenaient un suc
jaunâtre, glaireux, celles dont l'odeur particulière serait suspecte aux com-
missaires. Généralement les amateurs s'en privent les mois où n'entre pas
te lettre r ; mai, juin, juillet et août.
82.
(6i6)
» J'ai avancé que notre grand bassin lacustre renfermait plusieurs espèces
de coquilles fossiles; leur description m'entraînerait trop loin : je ne ferais
d'ailleurs que répéter ce que j'ai déjà dit dans différents Mémoires; je ne
peux cependant pas me dispenser d'indiquer ici à ceux qui ne les connaî-
traient pas, ce que cette formation offre de plus intéressant.
» J'ai décrit les petits galets qu'on rencontre dans quelques couches de
ce terrain, particulièrement à Saint-Hippolyte de Caton ; les lymnées, les
cjclades, les paludines y sont fort communes, et quelques-unes ont con-
servé leur test; plus bas sont des empreintes de feuilles, d'insectes et de
poissons, qui avec nos menilites montrent l'analogie de ce terrain avec celui
d'Aix, incomparablement plus riche pour le paléontologiste. Dans un étage
inférieur on trouve de jolies pyramidelles et des potamides siliceuses. On y
rencontre fréquemment des rognons et des veines de silex pyromaque noi-
râtres.
» Vers l'est, aux limites de la commune et du lac d'eau douce, sont dé-
posés des ossements de palœotherium, d ' antracotherium , de pterodon, de
tjlodon, que j'ai fait connaître. Au lieu d'indiquer ces quadrupèdes par rang
de taille, j'aurais dû citer le tylodonle premier. M. le professeur Gervais, à
qui j'avais adressé un paquet de ces ossements, ayant reconnu des mandi-
bules d'un carnassier entre le raton et le coatis, qui était indéterminé, lui
donna le nom d'Hombresii. Je ne saurais oublier cette marque de sympa-
thie de ce savant zoologiste, et je saisis cette occasion de lui exprimer com-
bien j'y suis sensible.
» C'est dans un ravin, derrière le Colombier, que M. Robert du Puy dé-
couvrit des dents et des os humains qu'il crut pétrifiés et qu'il annonça
comme tels à l'Institut... J'écrivis à M. Arago, qui m'avait demandé quel-
ques renseignements à ce sujet, et je répétai au congrès scientifique de
Nîmes, où cette découverte souleva quelques discussions, que ces osse-
ments appartenaient indubitablement à notre espèce, mais n'étaient point
fossiles ; l'endroit où M . Robert les a pris était le cimetière de la maladre-
rie établie en 1 254 entre la ville et l'abbaye des Fonts, pour les lépreux qui
revenaient des croisades.
» J'ai décrit aussi une localité curieuse à 4kllom,5 au-dessus d'Alais : le
Serre de la Justice, ainsi nommée à cause des piliers patibulaires bâtis autre-
fois au sommet. On distingue parfaitement sur son penchant méridional la
ligne où s'arrêta le courant qui submergea toute la plaine, au milieu de
laquelle ressortent, comme des îles, les sommités néocomiennes des autres
collines. Le Spatangus retusus et YExogira subsinuata sont très-communs
(6i7)
sur le Serre de la Justice. En y cherchant souvent et avec soin, j'y ai trouvé
des coquilles plus rares : c'est de là que je rapportai le Pecten quinquecos-
tatus et le Pecten multicostatus , réunis dans un seul échantillon, l'un des
plus curieux de mon cabinet géologique des Cévennes. C'est dans un ravin
vers l'est, proche Mazac, qu'est ce gîte admirable de chaux carbonatée
cristallisée, où je conduisais jadis tous les naturalistes voyageurs qui pas-
saient à Alais.
» Les fossiles caractéristiques du terrain lacustre plus ou moins com-
muns dans ces couches sont quelquefois amoncelés d'une manière fort
remarquable ; ainsi, par exemple, sur le chemin de Barjac à Monclus, oh
voit une quantité innombrable de cyrènes bien conservées, leurs valves
toujours ouvertes, mais réunies.
» Si, comme au Serre de la Justice, nous étendions nos explorations hors
du bassin lacustre, sur les collines qu'il entoure, sur les chaînes de mon-
tagnes qu'il ne dépasse point, il faudrait des volumes pour décrire ce que
nous pourrions recueillir.
» Plus au nord, du côté de Servas et d'duzon et à Saint-Jean de Mar-
vejol, on exploite des lignites bitumineuses et de Y asphalte; un Mémoire
que j'avais présenté à la Société des Sciences naturelles de Genève en 1818,
détermina M. Th. de Saussure à visiter les divers gisements de notre pays;
je l'accompagnai partout.
» Les eaux dites sulfureuses ou bitumineuses des Fwnades, de la Rougne,
de la Pego, la Font pudento, la Font negro, surgissent du bassin lacustre
au nord-est de l'arrondissement d'Alàis. Le professeur de Sauvages pensait
qu'elles étaient de même nature, ainsi que les eaux d'Euzet et de Saint-Jean
de Seirargues, qui en sont à i3kilom,5 de distance. La source des Fumades
est la plus considérable et sans contredit la plus forte ou la plus minéralisée
et la plus efficace ; les plus éloignées sont mitigées par des filets d'eau douce
qu'elles rencontrent dans leur trajet. Les eaux d'Euzet sont néanmoins les
plus anciennement en vogue ; il y a un très-vaste et très-confortable établis-
sement, et il s'y rend beaucoup de monde dans la saison.
» Un habile médecin, qui a comparé les effets de nos diverses sources,
plus ou moins fortes, a fait observer qu'on pouvait rendre plus faibles celles
qui avaient le plus d'intensité; niais que, dans plusieurs cas, les résultats
étaient plus prompts et plus certains en les employant naturelles. Il pressa
le propriétaire des Fumades de faire les constructions nécessaires pour y
recevoir ses pratiques
» J'ai annoncé que je me bornerai à de simples indications sur ce que
(6,8)
j'avais observé en parcourant notre grand bassin lacustre ; la dernière et la
plus essentielle à noter ici, c'est que depuis le Rhône jusqu'à l'extrémité
nord-est du département du Gard, et à Vallon dans celui de l'Ardèche,
plus de 106 kilomètres de longueur sur une largeur variable de 6 jusqu'à
10 kilomètres, je n'ai trouvé le Pecten glaber que dans le champ que j'ai
fait connaître. »
M. de Wràngell, récemment nommé à une place de Correspondant,
Section de Géographie et de Navigation, adresse ses remercîments à l'Aca-
démie.
RAPPORTS.
M. Recqcerel, au nom de la Commission qui avait été chargée de faire
un Rapport sur les perfectionnements apportés par M. Lenoiraux procédés
galvanoplastiques pour la reproduction des sculptures en ronde bosse,
donne de vive voix une indication des modifications qui ont été faites à ce
Rapport, en vue des réclamations adressées à l'occasion de la première lec-
ture de ce Rapport, faite dans la séance du 3 mars. Voici le Rapport dans sa
forme actuelle.
galvanoplastie. — Rapport sur un perfectionnement apporte' à la
reproduction des rondes bosses par la galvanoplastie.
(Commissaires, MM. Dumas, Babinet, Becquerel rapporteur.)
« La galvanoplastie, ou l'art de reproduire des reliefs et des creux en
métal, au moyen de l'électricité, a fait de grands progrès depuis sa décou-
verte. On est parvenu aujourd'hui à donner une très-grande dureté, en même
temps que plus d'homogénéité, au cuivre déposé, et à le rendre ainsi plus
résistant à l'influence des agents atmosphériques ; les moules ont été perfec-
tionnés, en prenant pour matière plastique la gutta-percha ; enfin les artistes
étant devenus plus habiles ont pu reproduire des bronzes d'art et des objets
d'orfèvrerie en ronde bosse soutenant la comparaison avec les mêmes sujets
obtenus par la fonte et la ciselure : les uns y sont parvenus en employant
la soudure pour réunir les diverses parties prises séparément, et d'où ré-
sultent des déformations qui nuisent à l'effet artistique ; les autres, pour
suppléer à la soudure, ont employé des procédés qui laissent à désirer,
ou des procédés qu'ils n'ont pas décrits et dont nous ne pouvons appré-
cier les avantages.
( 6.9 )
» Parmi les personnes qui exercent cet art avec succès, on doit distinguer
M. Lenoir, qui a apporté une notable amélioration, en opérant des dépôts
métalliques partout de même épaisseur sur des moules d'objets en ronde
bosse, de manière à reproduire immédiatement des statuettes sans soudures
et aussi parfaites que les modèles. Quelques-unes des reproductions qu'il a
obtenues, ainsi que le Mémoire descriptif du procédé qu'il a présenté à
l'Académie, ont été renvoyés à l'examen d'une Commission composée de
MM. Dumas, Babinet et moi, laquelle m'a chargé de la rédaction du Rap-
port que je vais avoir l'honneur de lui communiquer.
» M. Lenoir a atteint le but qu'il s'est proposé en moulant les objets en
deux parties avec de la gutta-percha et réunissant ces parties comme il sera
dit ci-après.
» La gutta-percha n'est pas employée pure comme on le fait ordinaire-
ment: elle est composée d'un mélange de 5oo parties de cette substance, de
200 parties de saindoux et de 25o parties de résine. Ce mélange présente
plus de ductibilité et en même temps d'élasticité que la gutta-percha.
» Qn commence par couler du plâtre gâché autour de la moitié de l'objet
à mouler ; quand le plâtre est pris, on pratique çà et là, à quelque dis-
tance de la pièce et à la partie de la surface, du plâtre qui doit servir de
jonction avec celle du moule de la seconde partie, de petites cavités ou
points de repère. Cette opération faite, on ramollit de la gutta-percha, pré-
parée comme il a été dit, dans une étuve sèche chauffée vers 100 degrés,
puis on l'applique sur la partie de l'objet non recouverte de plâtre, en la
moulant par la pression seule de la main, qui suffit, d'après M. Lenoir,
pour reproduire les linéaments les plus délicats du modèle.
» Quand l'objet est ainsi recouvert, moitié en plâtre, moitié en gutta-
percha, on brise le plâtre et on l'enlève. La moitié ainsi mise à nu est re-
couverte de nouveau de gutta-percha de la même manière que l'autre. La
solidification faite, on réunit parfaitement les deux parties du moule à
l'aide des points de repère qui sont en relief sur l'une des parties du moule,
et en creux sur l'autre ; mais avant, on métallisé avec de la plombagine les
surfaces sur laquelle doit être déposé le métal. On fixe à un point le plus
inférieur de cette surface un fil de cuivre, qui est mis en communica-
tion avec le pôle négatif de l'appareil voltaïque; un fil de platine devant
servir d'électrode positive est disposé dans l'intérieur du moule, de manière
à suivre autant que possible et à la même distance les principaux contours,
afin de donner partout la même épaisseur au dépôt; ce fil est recouvert de
gutta-percha dans les parties où l'on craint qu'elles ne touchent le moule <
( 620 )
La pièce est plongée ensuite dans une dissolution saturée de sulfate de
cuivre.
» Le dépôt métallique effectué, on détache le moule et on enlève avec
soin les bavures qui en général ont peu d'étendue. On a alors la repro-
duction parfaite des pièces.
» M. Lenoir, comme on le voit, n'emploie pas d'électrode soluble, mais
il supplée à cet inconvénient en pratiquant de part en part dans le moule
plusieurs ouvertures , les unes en haut, les autres en bas, afin d'établir pen-
dant le dépôt une circulation de la dissolution. Le liquide, en se décompo-
sant, devenant moins dense, s'élève et s'écoule par les ouvertures supé-
rieures , tandis que le liquide inférieur du bain s'élève aussi pour remplacer
le précédent. Le dégagement de gaz sur le fil de platine contribue au mou-
vement ascendant du liquide.
» L'acide sulfurique reste en totalité dans le bain, ce qui n'est pas sans
inconvénient pour l'état moléculaire du précipité métallique, car cet état
peut être modifié, suivant que la dissolution de sulfate est plus ou moins
acide; on peut y parer cependant, comme nous l'avons conseillé àJVI. Le-
noir, en mettant au fond du bain du bioxyde de cuivre obtenu par la cal-
cination de rognures de ce métal, dont il reste toujours une certaine quan-
tité dans les préparations, lequel se combine peu à peu avec l'excès d'acide.
» Cette manière de procéder exige l'emploi de piles situées en dehors
des cuves : aussi ne peut-on pas se servir d'appareils simples qui ont été
employés dans différents établissements. La dépense en électricité est
donc plus forte que par les procédés ordinaires, mais aussi on évite les
soudures qui sont des causes de destruction quand les objets sont expo-
sés aux influences atmosphériques, ainsi que la main-d'œuvre qu'exige
la réunion des parties reproduites séparément. Le procédé a donc un avan-
tage réel sur tous ceux qui ont été publiés jusqu'ici lorsqu'il s'agit de
ronde bosse.
» A la vérité M. Lenoir n'a reproduit encore que de petits et de moyens
bronzes, mais il est probable que rien ne s'opposera à ce qu'il applique
son procédé aux grands bronzes. Nous entendons ici par bronzes, non des
reproductions en alliage de cuivre et d'étain, mais des reproductions en
cuivre pur.
» D'un autre côté, on sait que pendant ces dernières années, comme on
a pu le voir à l'Exposition universelle, l'orfèvrerie a tiré un parti très-avan-
tageux de l'emploi des procédés galvanoplastiques pour la reproduction des
pièces d'argent. Les dispositions employées par M. Lenoir permettront bien
(6a, )
certainement d'étendre les applications électrochimiques au dépôt des mé-
taux précieux. On emploiera alors de préférence à l'intérieur, comme le
fait M. Lenoir, une électrode soluble d'or ou d'argent, au lieu d'une élec-
trode en platine.
» Les détails dans lesquels la Commission vient d'entrer, prouveront à
l'Académie l'utilité du perfectionnement que M. Lenoir a apporté à la re-
production par la galvanoplastie des objets en ronde bosse: aussi vous pro-
pose-t-elle de donner son approbation au travail qu'il lui a présenté, en le
remerciant de son intéressante communication. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
M. Becquerel, après la lecture de ce Rapport, dépose le Mémoire dans
lequel M. Lenoir a décrit ses procédés, conformément au désir qu'avait ex-
primé M. Thenard de voir imprimer cette description dans le Recueil des
Savants étrangers.
M. Thenard fait remarquer qu'il n'avait exprimé ce désir que dans la
supposition, qui s'est trouvée mal fondée, que les produits présentés dans
la séance du 1 1 février étaient accompagnés d'une description du procédé
opératoire.
* •
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
orgaînogénie végétale. — Mémoire sur L'origine et le développement de
la cuticule (deuxième partie); par M. A. Trécul. (Extrait.)
(Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.)
« Dans la dernière séance, j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie
mes observations sur l'origine de la cuticule, et j'ai dit qu'entre elle et la
membrane cellulaire il se développe le plus souvent une couche plus ou
moins épaisse, dont les propriétés physiques et chimiques sont variables.
Ces propriétés ont été bien étudiées dans plusieurs cas par divers auteurs, tels
que MM. Payen, H. Mohl, Schacht, etc. ; mais ces savants ayant fait leurs
observations sur des parties adultes, ou dans un âge voisin de cet état, ou
sur des plantes qui ne pouvaient pas les instruire de tous les faits intéres-
sants, n'ont pu apercevoir certains phénomènes importants. C'est pour
C. R., i856, i« Semestre. (T. XLH, N° 14.) 83
( 6*2 )
remplir les lacunes qu'ils ont laissées que je viens soumettre au jugement de
l'Académie le résultat de mes recherches sur ce sujet.
» Lors donc que la cuticule proprement dite est séparée par dédouble-
ment de la paroi de chaque cellule superficielle, celle-ci sécrète à sa face
externe une série de couches très-minces, disposées concentriquement et
parallèlement à la surface de la cellule génératrice. Ces couches fort souvent
ne semblent constituer qu'un dépôt homogène tel, que l'on ne distingue pas
leur stratification; mais chez certaines plantes (Iris germanica, Helleborus
fœtidus, H. lividus, etc.), ces diverses couches se voient très-bien sur des
tranches minces. Une ligne, souvent très-nette, perpendiculaire à la cuticule,
établit fréquemment aussi une démarcation entre les séries de couches concen-
triques qui appartiennent aux cellules adjacentes. Quand cette démarcation
n'existe pas, on peut très-souvent la faire apparaître par l'emploi de l'iode
et de l'acide sulfurique. Dans ce cas, il règne, vis-à-vis la cloison qui sépare
les cavités cellulaires, une ligne blanche, diffuse, qui contraste avec la cou-
leur bleue que prennent les couches de sécrétion dont il s'agit, et qui sont,
dans l'origine, toutes composées de cellulose pure. Cette ligne blanche ou
bleu clair résulte de l'écartement des produits de chaque cellule, qui, gon-
flés par le réactif, tendent à s'isoler, ce qui détermine une raréfaction de la
substance aux lignes de jonction, et quelquefois à une substance interposée
comme je le dis plus loin, substance qui bleuit moins aisément que les
couches elles-mêmes. Cette ligne diffuse apparaît surtout quand on se sert
d'acide un peu dilué; si l'on ajoute ensuite de l'acide plus concentré, les
lignes blanches disparaissent, et toute la zone sous-cuticuîaire devient
uniformément bleue. Cette zone, formée de couches minces de cellu-
lose, prend parfois une grande épaisseur; alors il arrive, chez beaucoup
de plantes, que ses couches constituantes les plus externes, celles qui sont
nées les premières, perdent la propriété de bleuir au contact de l'iode et de
l'acide sulfurique; elles deviennent, au contraire, jaunes ou brunes comme
la cuticule. Cette propriété nouvelle est due principalement à un phénomène
physiologique, comme l'a dit déjà M. Payen, et non à la seule influence des
agents atmosphériques. Cette couche, qui brunit par l'emploi de l'iode et de
l'acide sulfurique, ne peut s'accroître, suivant MM. Mohl et Schacht, que par
la modification chimique graduelle des couches de cellulose plus intérieures.
C'est, suivant M. Mohl, en une telle métamorphose chimique, qu'accom-
pagne un changement d'organisation, que consisterait cette transformation.
Suivant M. Schacht, « ces couches meurent, c'est-à-dire qu'elles sont chan-
gées en substance subéreuse. » Cependant j'ai observé en elles quelque
( 6*3 )
chose de plus qu'un simple changement chimique; il y a un phénomène
vital des plus curieux, et dans certaines plantes un accroissement indépen-
dant de la modification des couches placées au-dessous, ainsi que ce qui
suit va le démontrer. Toutefois cette modification est évidente. Voici com-
ment elle se manifeste. La transformation commence dans la partie la plus
voisine de la cuticule; elle s'annonce souvent par l'apparition d'une série
de très-petits granules (A 'gave americana, Helleborus fœtidus, lividus, etc.),
à laquelle succède une teinte légèrement fauve ou verdâtre, suivant les cas ;
la série de granules, quand il en existe, se renouvelle vers l'intérieur, à me-
sure que la couche modifiée s'épaissit. Il est des plantes dans lesquelles tout
se borne à cette modification. On a alors à l'extérieur la cuticule, puis ce
que M. Schacht nomme les couches cuticulaires, qui brunissent par l'iode et
l'acide sulfurique, et au-dessous les couches dites cl 'epaississement , qui de-
viennent bleues sous l'influence des mêmes agents chimiques.
» Voici maintenant comment apparaît le phénomène vital que j'ai signalé.
Quand la couche transformée comme je viens de le dire a acquis une cer-
taine épaisseur, elle se délimite nettement, et chez beaucoup de plantes on
voit se former à cette limite une bordure claire qui devient une pellicule
semblable à la cuticule (Physosiphon Loddigesii, Lepanthes cochlearifolia,
P leurothallis racemiflora, Glaucium fulvum, Agave americana, etc.). Or-
dinairement la substance qui sépare cette nouvelle membrane de la cuti-
cule ne paraît plus stratifiée ; elle est homogène, plus rarement granuleuse.
Chez X Agave americana, etc., cette couche modifiée s'avance en décrivant
des sinuosités profondes à la limite des produits de la sécrétion de chaque
cellule jusqu'auprès de la cloison formée par les parois latérales des cellules.
Dans quelques cas, cette membrane interne n'est pas très-évidente ; on ne
remarque parfois, après l'action de l'iode et de l'acide sulfurique, qu'une
coloration rouge ou brune plus foncée à la place qu'elle occupe; mais dans
beaucoup de plantes son existence ne peut être révoquée en doute. Dans le
Glaucium fulvum, j'ai souvent dissous par l'acide sulfurique concentré la
matière qui sépare les deux membranes; il restait ensuite deux pellicules
libres, d'égale épaisseur et colorées en jaune plus ou moins foncé. L'inté-
rieur présentait quelques sinuosités correspondant à celles de la surface des
cellules de l'épiderme. Les plantes dont je viens de parler ont donc une
cuticule composée, formée de trois parties : i° de deux pellicules minces;
i° d'une substance intermédiaire plus épaisse.
» On pourrait être porté à croire que ce sont des cuticules de cette nature
qui ont suggéré à M. Hartig sa théorie sur cet organe. On sera convaincu du
83..
( m )
contraire si l'on fait attention que la description qu'il donne de son déve-
loppement, empruntée à M. Schleiden (il le dit lui-même), pour donner plus
de force à son argumentation, se rapporte à une plante qui n'offre pas une
telle cuticule composée. En effet, celle du Hyacinthus orientalis est une
pellicule simple, mince, placée sur une couche de cellulose peu épaisse. De
plus, dans tous les cas que j'ai étudiés, l'apparition des membranes de ces
cuticules composées a lieu de la circonférence au centre, tandis que, sui-
vant la théorie de M. Hartig, elle se ferait du centre à la circonférence.
C'est que cette théorie est fondée sur un fait particulier, le développement
centrifuge des membranes de certaines cellules, et que M. Hartig con-
sidère la cuticule comme la première cellule de l'embryon, qui se serait
agrandie.
» La vie se manifeste d'une manière plus remarquable encore dans la for-
mation de la cuticule composée de plusieurs Aloès, peut-être même chez
toutes les espèces. Parmi celles que j'ai étudiées, trois surtout sont très-fa-
vorables à l'observation ; ce sont : les Aloe glauca, verrucosa, et une espèce
que je crois être VA. subverrucosa {Gasteria subverrucosa = Aloe subtuber-
culata, Hort. Par.). Dans ces Aloès, on observe très-bien le dédoublement
de la membrane cellulaire : il commence à la jonction des cellules. Quand
il est effectué, de la cellulose est déposée entre les deux membranes; arrivée
à une certaine épaisseur, cette couche de cellulose se déchire irrégulièrement
dans sa partie moyenne, et un intervalle souvent considérable sépare les
deux parties qui adhèrent, l'une à la cuticule, l'autre aux cellules. Malgré
cette scission, la moitié externe attachée à la cuticule continue à végéter;
d'abord mince, elle devient fréquemment très-épaisse [Aloe verrucosa,
subverrucosa, etc.). C'est là un phénomène fort important, en ce qu'il prouve
de nouveau qu'il peut y avoir épaississement des membranes végétales sans
l'addition de nouvelles couches sécrétées par une prétendue utricule pri-
mordiale génératrice; car cet épaississement s'effectue ici loin du siège sup-
posé de cette utricule, et dans un lieu qui en est séparé par des membranes
épaisses et par une fissure quelquefois très-large.
. » Les cuticules composées présentent souvent des éminences coniques
plus ou moins grandes à leur face interne, vis-à-vis la jonction des cellules de
l'épiderme, entre lesquelles elles peuvent même s'avancer; ces éminences
et toute la couche sous-cuticulaire sont traversées par une ligne ordinaire-
ment plus pâle que le reste de la masse; cette ligne a été prise par divers ana-
tomistes pour la continuation de la membrane primaire des cellules, qui
forme, suivant eux, la cuticule proprement dite ou pellicule externe. Il ne
( 6a5 )
peut certainement pas en être ainsi, puisqu'à l'époque du dédoublement
de la membrane cellulaire, au moment de la séparation de la cuticule, il y
a une scission complète tout autour de la feuille ou de la tige, et puisque,
dans beaucoup de plantes [Agave americana, Aloe glauca, verrucosa,
subverrucosa, etc., etc.), la scission ou dédoublement commence à la cloi-
son même qui sépare les cavités cellulaires, c'est-à-dire vis-à-vis ces mem-
branes primaires latérales dont M. Mohl avait cru reconnaître le prolonge-
ment à travers les couches cuticulaires. Il y a donc toujours en ce point une
scission complète dès le principe entre la cuticule et les parois latérales des
cellules, et comme ces cellules ont ordinairement une surface un peu con-
vexe, cette scission y laisse souvent un méat triangulaire d'abord vide, qui
se remplit bientôt d'une matière de peu de densité. Cette matière se solidifie
et conserve presque toujours une teinte différente de celle des couches qui
naissent ensuite; c'est à la prolongation de cette matière qu'est due la ligne
pâle qui a été prise pour la membrane primaire dans certains Aloès, etc. Il
n'y a souvent aussi qu'une simple ligne noire accusant la juxtaposition des
couches produites par les cellules voisines. »
botanique. — Observation constatant le retour simultané de la descen-
dance d'une plante hybride aux types paternel et maternel; par
M. Ch. Naudin, aide-naturaliste au Muséum.
(Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.)
« Une question souvent débattue entre les botanistes physiologistes, et
sur laquelle les esprits sont encore loin d'être fixés, est celle de savoir si la
postérité des plantes hybrides fertiles , c'est-à-dire capables de se féconder
par leur propre pollen, conserve indéfiniment les caractères mixtes de l'hy-
bride ou revient, après un temps plus ou moins long, au type de l'un des
deux parents. Peu d'expériences suivies ont été faites en vue de la résoudre,
et les conclusions qu'en faveur de Tune ou de l'autre hypothèse on a tirées
d'un petit nombre de faits, peut-être pas suffisamment authentiques ou in-
complètement observés, me paraissent encore trop aventurées pour qu'on
doive leur donner définitivement place dans la science. Sans exprimer ici
une opinion arrêtée, je crois devoir rapporter une observation qui, je l'es-
père, jettera quelque jour sur la question controversée, en prouvant que,
dans certains cas au moins, la postérité des hybrides fertiles manifeste une
tendance incontestable à reprendre les caractères des espèces dont ces hy-
brides sont issus.
( 626 )
» Les plantes qui me fournissent le sujet de cette observation descen-
dent, par première génération, d'une primevère hybride, trouvée en 1 854»
dans un jardin, par M. Weddell , qui l'apporta vivante au Muséum. Cette
plante continua à y fleurir et donna quelques graines qu'on eut lieu de
croire bien conformées. M. Weddell soupçonnait avec grande probabilité
que l'un des parents était la variété à fleurs pourpres du Primula grandi-
flora, qui était d'ailleurs cultivée en plates-bandes au voisinage de l'hybride,
mais il conservait des doutes sur l'espèce de l'autre parent. Quoi qu'il en
soit, M. Decaisne, en prévision des changements qui pouvaient s'opérer
dans la descendance de l'hybride, en fit peindre les fleurs à l'aquarelle,
afin qu'elles restassent toujours comme terme de comparaison. Cette pré-
caution lut d'autant plus utile, que l'hybride périt dans le courant de
l'année.
» Au mois de novembre i$54, je fis semer les graines qui avaient été ré-
coltées; j'en obtins dix plantes, dont six étaient au ier avril en pleine flo-
raison. De ces six plantes, une seule a conservé les caractères à peu près
intacts de l'hybride ; les cinq autres Se sont séparées en deux camps, repro-
duisant dans l'un le type du Primula officinalis à petites fleurs jaunes, dans
l'autre celui du Primula grandiflora, à grandes fleurs pourpres ou violacées.
» Deux de ces plantes peuvent être considérées comme entièrement reve-
nues au type du Primula officinalis. La comparaison attentive que j'en ai
faite avec un pied fleuri de cette dernière espèce, ne m'a fait trouver entre
elles et lui aucune différence appréciable, si ce n'est peut-être que le pé-
doncule commun de l'inflorescence y est un peu plus court. C'est de part et
d'autre le même feuillage,, la même forme, la même grandeur et le même
coloris dans les fleurs. Dans les trois plantes, le pollen était exactement
semblable, et également bien conformé; tous ou à peu près tous les grains
de ce pollen avaient atteint leur développement normal et paraissaient aptes
à opérer l'imprégnation.
» Une troisième plante issue de l'hybride touchait encore de très-près au
P. officinalis, mais ses corolles, du double plus grandes et un peu plus
étalées, accusaient, malgré leur coloris jaune, un reste déjà sensible de
la sève du Primula grandiflora. Le pédoncule commun de l'inflorescence,
relativement court, était un autre point de contact avec cette seconde
espèce, chez laquelle il est rudimentaire et pour ainsi dire nul. La presque
totalité des grains du pollen était bien conformée; on n'en voyait qu'un
très-petit nombre, 1 sur 5o peut-être, qui n'était arrivé qu'à demi-grosseur
et paraissait impropre à opérer la fécondation.
( 6*7 )
» Un quatrième pied a seul conservé les caractères de l'hybride dont il
descend, sa corolle est intermédiaire pour la grandeur entre celles des
P. officinalis et grandiflora, et ce caractère mixte n'est pas démenti par la
coloration mordorée de cet organe où le jaune et le pourpre des deux espèces
se fondent l'un dans l'autre. Le pollen présente ici un déchet considérable :
examiné sous le microscope, il nous a présenté, à M. Decaisne et à moi ,
une proportion beaucoup plus forte de grains mal conformés ou arrêtés
dans leur développement que de grains arrivés à l'état parfait. D'après plu-
sieurs calculs que nous en avons faits, nous avons trouvé que les bons grains
étaient aux mauvais comme 6 1 est à 98, ou, en chiffres réduits, comme
3 est à 5.
» Les deux dernières plantes reproduisent presque identiquement la variété
à fleurs purpurines du P. grandiflora , seulement les teintes de la corolle en
sont affaiblies; dans l'un d'eux, la coloration pourpre est seulement un peu
moins vive que dans le type spécifique ; dans l'autre, elle est sensiblement
plus pâle et approche de la couleur lilas. Dans toutes deux, le pédoncule
commun est rudimentaire , et les pédicelles particuliers fort allongés,
comme chez le P. grandiflora; mais, chose à noter, tandis que dans l'échan-
tillon à corolle plus vivement colorée la presque totalité des grains de pol-
len semble bien constituée, dans celui où la coloration est affaiblie la pro-
portion du pollen incomplètement développé est au contraire presque
double de celle du pollen arrivé à grosseur normale. Nous avons effective-
ment trouvé, d'après plusieurs calculs, 112 bons grains contre 216 mau-
vais ; c'est comme l'on voit, à peu de chose près, 16 contre 3i , ou, plus sim-
plement encore, 1 contre 2.
» Depuis le moment où ces observations ont été faites, un septième pied
de notre Primevère issue d'hybride a fleuri; il retourne, comme les deux
dont je viens de parler, au type du P. grandiflora dont il diffère à peine;
je n'en ai pas examiné le pollen.
» Ainsi, sur sept plantes provenues des graines d'un hybride fécondé par
son propre pollen, une seule conserve la forme intermédiaire de cet hy-
bride; trois plantes reviennent au type du père, et trois à celui de la mère,
et cela à la première génération. Ne dirait-on pas que la nature a hâte de
faire disparaître des formes bâtardes qui n'entrent pas dans son plan , et
qu'elle y arrive, non-seulement par l'imperfection du pollen chez un grand
nombre d'hybrides, mais aussi, quand ces hybrides sont féconds, par la
séparation des deux essences spécifiques que l'art ou le hasard ont violem-
ment réunies?
( 6s>8 )
» L'expérience n'est pas encore complète, et le fait que je viens de signa-
ler ne suffit pas pour asseoir un jugement définitif. Il faudrait, pour cela,
suivre la descendance des plantes pendant plusieurs générations succes-
sives ; mais il est permis déjà de conjecturer que celui des deux éléments
spécifiques qui domine dans chacune des séries divergentes de nos Prime-
vères hybrides finira par éliminer totalement le plus faible, et qu'à la
longue les plantes obtenues par voie de semis ne différeront plus des types
proprement dits du P. officinalis et du P. grandiflora , parents de l'hy-
bride primitif.
» Je suis loin de prétendre que ce soit là une règle générale; je crois
au contraire que les lois qui régissent l'hybridité, chez les végétaux, va-
rient d'espèce à espèce, et qu'il n'est pas permis de conclure d'un hybride
à un autre. C'est ce qui résultera, je l'espère, des expériences multipliées
qui m'occupent, depuis déjà plus de deux ans, au Muséum. »
géologie. — Sur le gisement, l'âge et le mode de formation des terrains
à meulières du bassin de Paris ; parM. Mecgy. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Cordier, C. Prévost, de Senarmont.)
« J'ai réuni dans ce Mémoire les principaux faits que j'ai observés dans
les nombreuses carrières de pierre meulière que j'ai visitées depuis près de
quatre ans. Frappé des idées contradictoires que l'étude de ces terrains fait
naître, j'ai cherché à me rendre compte des traces de dislocations et de
bouleversements qu'ils présentent ; je me suis demandé si les argiles et
les sables qui accompagnent les meulières sont contemporains du dépôt sili-
ceux ou s'ils datent d'époques différentes, enfin dans quelles circonstances
ces matériaux se sont déposés.
» J'établis d'abord que les deux terrains à meulières, quoique séparés
par les sables de Fontainebleau, ont entre eux des rapports intimes non-
seulement par les caractères minéralogiques des roches qui les composent,
mais encore par leur situation géologique et leurs limites géographiques.
Ainsi le terrain des meulières supérieures repose sur le calcaire lacustre de
Beauce, comme le terrain des meulières inférieures repose sur celui de
Brie. Tous deux se trouvent pour ainsi dire exclusivement concentrés vers
le relèvement septentrional de ces deux calcaires et sont compris dans un
seul et même bassin, dont les bords semblent avoir été déterminés par le
relief des couches inférieures et par les dénudations que le sol avait éprou-
(629)
vées antérieurement à leur formation. De plus, je fais remarquer que ces
deux terrains sont étroitement liés par leur constitution physique et minéra-
logique, et c'est de l'examen minutieux et détaillé de l'allure qu'ils affectent
que découle une partie de mes conclusions.
» En général, la formation des meulières, en quelque point qu'on l'ob-
serve, se compose de deux assises : l'une inférieure, caractérisée par des
bancs plus ou moins continus dont les intervalles très-irréguliers sont rem-
plis par de la glaise compacte grise ou rougeâtre ; l'autre supérieure, où le
sable et le gravier dominent, et où la meulière est disséminée en blocs plus
ou moins volumineux et confusément disposés.
» Un fait important à signaler, c'est que l'argile qui accompagne les
meulières renferme toujours des débris plus ou moins gros de la même ro-
che. Ces débris, dont les plus petits ne dépassent pas quelques millimètres,
sont posés tantôt à plat, tantôt de champ, tantôt obliquement dans un sens
ou dans un autre, de telle sorte qu'il est impossible de ne pas reconnaître
qu'ils ne sont pas en place, c'est-à-dire qu'ils ont dû être détachés du mas-
sif et amenés, postérieurement au dépôt de la meulière, dans l'emplacement
qu'ils occupent aujourd'hui. Et comme ces débris se trouvent à tous les
niveaux, aussi bien à la base du terrain qu'à sa partie, supérieure, il faut né-
cessairement conclure que l'argile dans laquelle ils sont empâtés est plus
récente que la meulière elle-même (i).
» Un autre fait non moins important que le précédent consiste dans le
passage des meulières de Brie au calcaire lacustre inférieur; mais ce passage
ne s'observe que vers le centre du bassin où ce terrain se trouve déposé.
Ainsi, dans presque toutes les exploitations des environs de Corbeil et
de Villeneuve-Saint-Georges, on reconnaît l'existence du calcaire siliceux
dans l'intérieur même de la meulière, et il est même certains points où les
bancs calcairessont seulement cariés dans le voisinage des fentes qui les tra-
versent. Il paraît donc rationnel de supposer que les meulières dérivent
des calcaires siliceux auxquels elles sont superposées.
» Mais d'où vient l'argile avec lentilles de sable qui entre comme partie
( i ) Une opinion toute contraire a été émise par M. Constant Prévost dans une Note insé-
rée au Bulletin de la Société Philomathique 1826, et intitulée: « Quelques faits relatifs à la
formation des silex meulières » . D'après cet auteur, les masses siliceuses seraient contempo-
raines des argiles qui les enveloppent et auraient été produites à la manière de la craie par
des agglomérations de la silice au sein du limon argileux.
C. R., i856, Ier Semestre. (T. XLII, N° 14.) **4
( 63o )
essentielle dans ces terrains? D'où viennent les sables et les graviers qui la
surmontent? Je fais voir que ces argiles, ces sables et ces graviers se lient
;t ceux de Sologne et reposent en stratification discordante sur les deux cal-
caires siliceux. Seulement ces matériaux ne renferment de meulière qu'au-
dessus des .points où cette roche existait primitivement.
» Quant au mode de formation des meulières, le célèbre Brongniart avait
déjà annoncé dans sa Description géologique des environs de Paris qu'il
avait fait de véritables meulières en jetant du calcaire siliceux dans de l'a-
cide nitrique. Chacun peut répéter cette expérience bien simple, et l'on
remarquera que l'acide laisse un résidu argileux rougeâtre, lequel nous
paraît représenter certaines glaises qui remplissent les vides de la pierre. A
une certaine époque postérieure au calcaire de Beauce, des eaux acides se
seraient répandues sur les calcaires siliceux et les auraient décomposés plus
ou moins complètement, en laissant pour résidu : d'une part, le squelette
siliceux du calcaire, et, d'autre part, l'argile ferrugineuse primitivement mê-
lée d'une manière intime au carbonate de chaux. Un peu plus tard, les vides
nombreux et irréguliers existant au milieu de ce squelette ou de cette espèce
de carcasse du calcaire siliceux (pour nous servir de l'expression pittores-
que de Brongniart) auraient été remplis par les glaises et les sables du ter-
rain de Sologne.
» C'est ainsi, suivaut nous, qu'on peut concevoir cet assemblage vérita-
blement bizarre de bancs rompus et disloqués, sans aucune liaison, bien
cpie paraissant avoir appartenu à un dépôt régulier, et de glaises et sables
renfermant aussi des fragments détachés de la même roche.
» Nous avons aussi établi un rapprochement entre les glaises des meu-
lières et certaines argiles du Nord avec grès placées sous le limon. Cette ma-
nière de voir concorde avec les observations des illustres auteurs de la
Carte géologique de France, qui ont indiqué ces argiles comme appartenant
à l'époque miocène.
» Enfin nous terminons en jetant un coup d'œil sur les minerais de fer
hydraté qui recouvrent souvent les plateaux où affleurent les meulières su-
périeures, et qui semblent avoir été produits par des sources après le dépôt
du diluvium gris à ossements qui remplit le fond des vallées.
» En résumé, les faits exposés dans ce Mémoire conduisent aux consé-
quences suivantes :
» i°. La structure particulière de la pierre meulière est due à la réaction
opérée sur les deux calcaires lacustres par des eaux acides qui ont afflué, à
une époque postérieure au dernier calcaire et antérieure aux fahluns de
( 63, )
Touraine, dans un même bassin résultant à la fois du relief des couches
inférieures et des dégradations profondes que les sables de Fontainebleau
et le calcaire de Beauce avaient déjà subies de la part des eaux.
» -2°. Lès vides de la carcasse siliceuse ainsi produite par la dissolution
des parties calcaires qui s'y trouvaient primitivement associées, ont été rem-
plis d'abord par le résidu provenant de la décomposition des calcaires, puis
par les sables, graviers et glaises du terrain de Sologne.
» 3°. Les terrains à meulières constituent par conséquent des dépôts
mixtes appartenant à des époques différentes.
» l\°. Les argiles grasses qui empâtent des blocs de grès tertiaires dans
le nord de la France et qui sont inférieures au limon, semblent être con-
temporaines des argiles à meulières.
» 5°. Outre les meulières associées à leurs glaises bigarrées pures ou
veinées de sable, il en existe d'autres qui ont été reuianiées à l'époque du
limon.
» 6°. Les grandes vallées, telles que celles de la Seine et de la Marne,
dont les rives sont bordées par des plateaux recouverts d'argiles à meu-
lières, ont été creusées postérieurement au dépôt de ces argiles. Elles ont
reçu successivement le diluvium gris, le terrain rougeâtre à cailloux, puis
le limon qu'on trouve souvent superposé aux meulières sur 1-es points les
plus élevés.
» 70. Enfin les minerais de fer bydroxydé qui remplissent des poches à
la surface des meulières supérieures, paraissent dus à des sources carbo-
natées qui ont jailli au commencement de la période agitée du terrain qua-
ternaire, et sont par suite contemporains du terrain à cailloux inférieur à
l'argile sableuse du limon. »
CHIRURGIE. — De l'influence de la proportion du phosphate de chaux con-
tenu dans les aliments sur la formation du cal; par M. Alphonsk
Milne Edwards. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Rayer, Claude Bernard, Jules Cloquet.)
« L'idée de faciliter le travail de consolidation des fractures, à l'aide de
médicaments pris à l'intérieur, paraît s'être présentée à l'esprit de quelques
chirurgiens d'une époque déjà assez éloignée, et plusieurs faits tendent à
faire croire que, parmi les substances qui ont été employées, se trouve le
phosphate de chaux, ou du moins des sels calcaires. Cependant la descrip-
tion que Fabricius de Hilden nous donne de la pierre ostéocole, est trop
84..
( 63a )
vague et trop obscure pour qu'on puisse avancer avec certitude qu'elle
renfermât du phosphate de chaux.
» Dans ces derniers temps, quelques chirurgiens essayèrent de l'emploi
du phosphate de chaux, mêlé aux aliments; M. Gosselin , chirurgien de
l'hospice Cochin, eut recours à ce moyen, surtout dans les cas de fractures
du bras, qui quelquefois sont si longues à se consolider. Les résultats
parurent satisfaisants sur les six malades dont j'ai pris les observations; du
vingt-septième au trentième jour on pouvait retirer l'appareil; la fracture
paraissait entièrement consolidée, et on se bornait à faire porter quelques
jours encore une écharpe au malade.
» Mais ici on ne pouvait pas examiner les cals; on ne pouvait juger de
leur plus ou moins grande solidité que bien approximativement; aussi,
d'après les conseils de M. Gosselin, qui a bien voulu vérifier les résultats
de mes expériences, ai-je fait quelques recherches sur des chiens et des
lapins.
» Dans ces expériences, je prenais tantôt des chiens, tantôt des lapins,
à peu près dans les mêmes conditions d'âge, de force et de taille ; je leur
fracturais un membre, le bras ou l'avant-bras, d'une manière à peu près
identique; puis à l'un je donnais du phosphate de chaux, tandis que je
ne changeais' rien au régime ordinaire de l'autre.
» Le phosphate de chaux employé à l'hospice Cochin et pour ces expé-
riences, provenait de la calcination des os, et, par conséquent, était mêlé à
du carbonate de chaux qui ici ne pouvait avoir aucun inconvénient, et pré-
sentait même des avantages. Ce phosphate de chaux (3 CaO Pli O5) est inso-
luble dans l'eau ordinaire, mais facilement soluble dans les liqueurs même
faiblement acides : or les liquides de l'estomac sont franchement acides; le
phosphate peut donc s'y dissoudre et devenir absorbable.
» Sur les lapins et sur les chiens, j'ai examiné le cal : i° immédiatement
après la mort, c'est-à-dire entouré de toutes les parties molles; i° après la
macération, c'est-à-dire lorsqu'il ne restait plus que des parties solides. J'ai
comparé entre eux six cals de lapins dont trois avaient été mis au régime
du phosphate de chaux; chez ces derniers, l'ossification était plus avancée
que chez les autres. J'ai comparé dix cals de chiens dont cinq avaient été
mis au régime du phosphate de chaux, tandis que les autres avaient été
nourris de la manière ordinaire : chez ces animaux, il était impossible de
méconnaître l'influence du phosphate de chaux; les résultats étaient ex-
trêmement satisfaisants.
» Par l'ensemble de ces faits, on voit que l'abondance de phosphate
( 633 )
de chaux contenu dans les aliments, et par suite porté dans le torrent de
la circulation, accélère le travail d'ossification : d'ailleurs ce sel est sans
danger ; il n'exerce aucune action fâcheuse sur l'économie.
» Il s'en faut cependant que je présente ici le phosphate de chaux comme
un moyen infaillible pour empêcher la non-consolidation des fractures;
et quand d'autres causes interviennent pour entraver l'ossification du cal,
telles qu'une constitution affaiblie, ou des mouvements prématurés, le phos-
phate de chaux ne peut à lui seul déterminer la guérison ; je le présente seu-
lement comme un moyen adjuvant, qui, uni à des soins bien entendus,
pourra diminuer le nombre des non-consolidations, et, dans les cas ordi-
naires, hâter la marche du travail de l'ossification. »
sciences naturelles appliquées. — De l 'examen des farines et des pains .
par M. L.-E. Rivot.
(Commissaires, MM. Dumas, BoussingauhyPeligot.)
L'auteur, en soumettant ce travail à l'Académie, l'accompagne de la Note
suivante :
« Les prix élevés atteints par les farines, après deux années consécuti-
ves de récoltes insuffisantes, ont déterminé l'importation de quantités assez
considérables de blé et de farines, venant des pays étrangers et notamment
d'Amérique.
» L'Administration de l'Agriculture et du Commerce a soumis ces im-
portations à des expériences suivies, afin de constater leur qualité et de
n'admettre en France que celles reconnues convenables sous tous les rap-
ports. En même temps de nombreuses expériences ont été faites par ordre
de Sa Majesté au sujet de plusieurs procédés nouveaux de panification, pro-
posés par différentes personnes, qui toutes avaient pour but de livrer le
pain à un prix plus modéré.
» Chargé par Son Exe. M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce
et des Travaux publics, de l'examen d'un grand nombre de farines et de
pains, j'ai cherché à résoudre les questions qui m'étaient posées, principa-
lement au point de vue pratique.
» L'analyse chimique est impuissante à constater elle seule la qualité
d'une farine, ou d'un pain, car les mélanges divers qui ont pu être faits
dans les farines, leur état physique exercent sur la qualité des pains une
influence beaucoup plus grande que leur composition chimique prise en
valeur absolue.
( 634 )
» La chimie doit donc appeler à son aide les autres sciences naturelles
et principalement la physique, dont les puissants appareils d'ohservation
ont reçu dans ces dernières années des perfectionnements si importants. »
astronomie. — Observation sur la scintillations des étoiles ;
par M. Charles Dcfour. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Pouillet, Babinet, Bravais.)
« Frappé des différences que ce phénomène présentait d'un jour à l'au-
tre, j'ai commencé à observer la scintillation en i85a. J'ai continué mes
observations jusqu'à présent, sans aucune interruption, toutes les nuits
pendant lesquelles on pouvait voir les étoiles; et cela dans le but de recher-
cher quel rapport il y avait entre cette scintillation et les différents phéno-
mènes météorologiques.
» Après avoir essayé et abandonné différents scintillomètres, j'ai trouvé
que la meilleure manière d'observer était de regarder avec soin l'astre qui
scintille, et d'apprécier cette scintillation par un chiffre, comme en météo-
rologie on apprécie par des chiffres l'état de clarté du ciel ou la force du vent.
Ce procédé est imparfait sans doute, mais en pareil cas on peut espérer de
voir disparaître les erreurs isolées dans les moyennes de quelque mille ob-
servations. D'ailleurs l'appréciation de la scintillation n'est guère plus diffi-
cile que celle de l'éclat des étoiles variables; et cependant, en appliquant à-
cette dernière recherche un procédé analogue à celui qui a été employé ici,
on est arrivé à des résultats remarquables, qui sont admis dans la science.
Il n'y a qu'à citer comme exemple le beau travail de M. Argelander sur les
singulières variations de /S de la Lyre.
» Actuellement, mes observations sont au nombre de plus de treize
mille; mais avant de les discuter au point de vue météorologique, il était
nécessaire de rendre comparables entre elles celles qui n'avaient pas été
faites à la même hauteur. A cet effet, j'ai mis à part toutes les journées
de beau temps, pendant lesquelles la scintillation paraissait avoir été nor-
male, sans aucune variation bizarre d'un instant à l'autre, quand, sous
tous les rapports, une journée ressemblait à la veille ou au lendemain.
Les périodes surtout utilisées à cet effet ont été ces séries de beau temps
que l'on a eu dans le canton de Vaud en octobre 1 853, en mars et en sep-
tembre i854- En éliminant ensuite toutes les observations faites au crépus-
cule, ou lorsque les étoiles étaient dans le voisinage des nuages, parce que
ces deux circonstances tendent en général à rendre la scintillation plus
( 635 )
forte, il est resté ainsi un grand nombre d'observations faites dans de très-
bonnes conditions. Maintenant, en réunissant toutes celles qui avaient été
faites à la même hauteur, et en prenant la moyenne, on a obtenu pour cha-
que étoile sa scintillation normale à différentes hauteurs.
» Ce calcul a conduit aux conclusions suivantes :
» i°. Toutes choses égales d'ailleurs, les étoiles rouges scintillent moins
que les étoiles blanches.
» 20. L'intensité de la scintillation d'une étoile est à peu près proportion-
nelle au produit obtenu en multipliant la réfraction astronomique pour la
hauteur à laquelle se trouve cette étoile par l'épaisseur de la couche d'air
que traverse le rayon de lumière que l'on considère.
» 3°. Outre le fait de l'influence des couleurs , il y a encore entre la scin-
tillation des diverses étoiles des différences essentielles qui paraissent pro-
venir des étoiles elles-mêmes.
a Du reste, il est possible peut-être d'expliquer, par des considérations
théoriques, ce fait que les étoiles rouges ne scintillent pas autant que les
étoiles blanches ; du moins en admettant l'explication de la scintillation
donnée par M. Arago, c'est-à-dire, en la considérant comme une consé-
quence du principedes interférences.
» Supposons, en effet, quelques rayons des sept couleurs primitives tra-
versant l'atmosphère, et dans les mêmes conditions. Il pourra arriver que
quelques-uns d'entre eux soient déviés et, après avoir fait un certain détour,
viennent interférer et détruire les rayons de la même couleur qui ont par-
couru une distance moins grande d'une demi-ondulation. Mais l'onde rouge
étant la plus grande des ondes lumineuses, on comprend que, pour faire
interférer les rayons rouges, il faudra une déviation plus considérable,
des perturbations atmosphériques plus grandes; ou enfin que, toutes choses
égales d'ailleurs, les rayons rouges par le fait des déviations atmosphéri-
ques seront moins facilement détruits que les rayons des autres couleurs,
ou que la moyenne des autres couleurs.
» Donc (en admettant toujours la théorie de M. Arago) une étoile
rouge doit scintiller moins qu'une étoile blanche.
» Quant à la relation qu'il y a entre la scintillation des étoiles et les diffé-
rents phénomènes météorologiques, je me propose d'en faire le sujet d'une
communication subséquente. »
M. Bravais , qui a été chargé de présenter ce Mémoire à l'Académie,
croit devoir faire remarquer qu'il ne faut pas confondre l'auteur, qui est
( 636 )
professeur de Mathématiques à Morges (Suisse), avec un autre savant du
même nom, M. Léon Dujour, professeur de Physique au Lycée de Lausanne,
qui s'est occupé surtout des phénomènes du mirage.
acoustique. — Études expérimentales sur les mouvements ries fluides
élastiques : théorie nouvelle des instruments à vent (deuxième Mémoire,
sixième partie) ; par M. Masson.
(Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Pouillet,
Duhamel, Despretz, Cagniard de Latour.)
PHYSIQUE. — Sur la loi de progression suivant la température de la tension
de la vapeur d'eau; par M. P.-Ch. Nesmond.
(Commissaires, MM. Regnault, Despretz.)
M. Bordoxe soumet au jugement de l'Académie la description et la figure
d'un nouveau système de grilles fumivores .
« Ce système, dit l'auteur, a déjà été expérimenté sur des générateurs de
diverses espèces et fonctionne également, quoique sur une petite échelle,
dans le four d'un atelier de céramique à Vincennes. Je suis donc en mesure
de faire fonctionner devant la Commission un de ces appareils qui sont à ma
disposition, et je suis également prêt à étahlir un nouveau foyer fumivore
dans un lieu qui me serait désigné. »
(Commissaires, MM. Regnault, Combes, Seguier.)
M. Frohlich adresse, à l'occasion d'une communication récente de
M. Chatin, une Note sur la structure des racines des Orchidées épidendres.
Le but de cette Note est de revendiquer, en faveur de divers botanistes
allemands, la découverte des principaux faits d'organographie présentés
dans le Mémoire du 1 4 janvier 1 856.
(Renvoi à l'examen de la Section de Botanique déjà saisie du Mémoire de
M. Chatin.)
M. Roussin envoie de Teniet-el-Had (Algérie) une Note intitulée : De
Viodure de plomb photographique.
L'auteur y présente les résultats auxquels il est arrivé en cherchant à ap-
pliquer à la formation des images photographiques des substances dont on
( 637 )
n'avait pas encore songé à faire une semblable application. A sa Note sont
jointes diverses épreuves sur papier, obtenues au moyen de l'action de la
lumière sur l'iodure de plomb.
(Commissaires, MM. Dumas, Seguier.)
M. Carentin adresse de Dellys (Algérie) une Note sur un procédé agricole
destiné à prévenir le développement de la maladie de la vigne.
« La substance que j'emploie à cet effet, la cendre de bois ordinaire, a
été, dit l'auteur, déjà employée avant moi ; mais par la manière dont j'en
fais usage, je parviens à prolonger, pendant tout le temps nécessaire, une
influence qui, tant qu'elle n'était que passagère, ne pouvait avoir réellement
aucun résultat utile. »
(Renvoi à l'examen de la Commission dite des maladies des végétaux.)
L'Académie renvoie aux Commissions compétentes les Mémoires suivants
adressés pour des concours et parvenus au Secrétariat avant le ier mars :
Deux Mémoires destinés au concours pour le grand prix de Mathéma-
tiques de 1 856, question concernant le dernier théorème de Fermât : inscrits
sous les nos 9 et 10 (i).
Mémoire destiné au concours pour le grand prix de Physique de 1 856,
question concernant la théorie mathématique des phénomènes capillaires :
inscrit sous le n° 2.
M. Isid. Bourdon présente au concours pour le prix de Médecine et de
Chirurgie un Mémoire sur divers traitements opposés au choléra, et plus
particulièrement sur les effets thérapeutiques de la strychnine.
Les auteurs, dont les noms suivent, adressent, conformément à une des
conditions imposées aux concurrents, une indication de ce qu'ils consi-
dèrent comme neuf dans des travaux présentés à ce concours; ce sont :
M. Godard. ( Recherches sur les Monorchides et les Cryptorchides chez
l'homme.)
M. Notta. (Recherches sur la cicatrisation des artères à la suite de leur
ligature.)
(1) Deux Mémoires adressés pour le même concours à la précédente séance avaient été
inscrits sous les nos 7 et 8 et non 6 et 7, comme on l'a imprimé par erreur page 585,
dernière ligne.
C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 14.) 85
C 638 )
M. Th. Herpix. (Mémoire sur le chlorate de potasse, comme spécifique
contre la salivation mercurielle.)
M. Schweitzer , en adressant un Traité de galvanocaustique de M. Mid-
deldorpf, professeur de chirurgie à l'Université de Breslau, demande, au
nom de l'auteur, que ce livre soit admis au concours pour les prix de Mé-
decine et de Chirurgie.
CORRESPONDANCE.
astronomie. — Découverte de la l\oe petite planète, faite à Paris par
M. Goldschmidt. (Communication de M. Le Verrier.)
« Ce nouvel astre, du groupe des astéroïdes, a été découvert par
M. Goldschmidt dans la soirée du 3 1 mars, et dans la position suivante :
i856, Mars 3i; T. M. de Paris = ioh5m.
Ascension droite = i3h iS^o8.
Déclinaison = — o° 2'.
» L'éclat de la planète est comparable à celui d'une étoile de 9e à 10e
grandeur.
» On en a fait à l'Observatoire impérial de Paris trois observations mé-
ridiennes, qui ont donné :
T. M. de Paris. Asc. droite. Déclinaison.
i856, Avril ier i2h3om24',39 1 3h 1 2™ 32S90 + o° 6'38",2o
» » 4 12.15.43,43 i3. 9.39,19 0.23.43,60
» » 6 12. 5.55,77 '3« 7.43,o3 0.34.54,90
astronomie. — Observations méridiennes des planètes Leda et La-titia,
faites à Gottingue par M. Klixkerfues. (Présentées par M. Lfjeuxe
DlRICHLET. )
LEDA.
h
i856, Mars 24 8. 4- 7>8' +16.17.29,4
26 5. 5,47 I2 36,2
V] 5.35,78 10. 6,0
L.ETITIA.
h m s 0 /
Mars 24 1 o . 5o . -27 , 7 1 -M o . 20 . 20 ,9
26 49 ' 5 , 3o 32 . 1 7 , 7
27, 48 .4°) 4°' 38. io;,6
(639)
M. Elie de Beaumont signale, parmi les pièces imprimées de la corres-
pondance, un opuscule intitulé : Lettre adressée à MM» les membres de
la IXe classe du jurj national de V Exposition universelle de i855, au su-
jet d'une réclamation de priorité élevée par M. Stevenson, relativement à
l'application delà réflexion totale aux feux tournants, par M. L. Rejnaud.
M. Elie de Beaumont signale parmi les pièces imprimées de la corres-
pondance un ouvrage de M. J. Barrande imprimé en français, et intitulé :
Parallèle entre les dépôts siluriens de Bohême et de Scandinavie.
Dans ce travail, M. J. Barrande fait connaître les ressemblances et les
dissemblances stratigraphiques et paléontologiques que présentent entre
eux les dépôts siluriens de la Bohème et de la Scandinavie. Relativement à
ces derniers il puise ses éléments de comparaison dans les travaux publiés
récemment par M. Angelin. Le nombre aujourd'hui considérable des fos-
siles connus dans les deux pays lui permet de donner à cette comparaison
un degré tout nouveau de précision. Pour en donner une idée, nous
nous bornerons à dire qu'en Bohême la faune silurienne prise dans sa to-
talité a déjà offert à M. Barrande de i4oo à i5oo espèces de toutes classes.
En Scandinavie, le nombre des espèces siluriennes ne saurait encore être
évalué d'une manière si approchée, mais toutes les apparences portent à
croire qu'il serait à peu près égal à celui du bassin de la Bohême.
M. Elie de Beaumont, en présentant au nom de l'auteur, M. Pouriau,
professeur de sciences physiques à l'École impériale d'Agriculture de la
Saulsaie (Ain), un volume intitulé : htwles météorologiques relatives au
climat de la Saulsaie, donne dans l'extrait suivant de la Lettre d'envoi une
idée des résultats principaux qui se déduisent des observations de l'an-
née 1 854-1 855 :
« i°. Résultats relatifs à l'analyse des eaux pluviales recueillies à la
Saulsaie. — La quantité d'ammoniaque contenue dans leseaux de pluie de la
Saulsaie est beaucoup plus considérable que la quantité d'acide azotique, car,
pendant l'année météorologique 1 854-1 855, nous avons trouvé a8 à 29 kilo-
grammes d'ammoniaque et environ 7 kilogrammes d'acide azotique. Si l'on
calcule à combien de fumier de ferme moyen correspond cette dose d'am-
moniaque, nous trouvons 5 000 à 6 000 kilogrammes , en supposant le fumier
de ferme moyen adopté par M. Boussingault comme type des engrais,
85..
( 64o )
et dosant 4 kilogrammes d'azote pour i ooo. Si l'on suppose une fumure
moyenne de 4oooo kilogrammes par hectare, on voit que cette proportion
correspond à un huitième de fumure environ, ce qui représente une valeur
de 5o francs, en calculant le fumier de ferme au prix de 86 centimes les
i ooo kilogrammes ( i ) .
» La quantité d'acide nitrique, 6 à 7 kilogrammes par hectare, corres-
pondrait à ik,8oo d'azote, ou 45o kilogrammes de fumier de ferme. Les
eaux les plus riches en ammoniaque sont celles qui correspondent à la
saison d'été et aux deux premiers mois d'automne. Le maximum d'acide
azotique correspond à l'époque des orages les plus fréquents.
» 20. Relations de L'ozone avec les divers phénomènes météorologiques.
— La marche de l'ozone est en rapport avec la température : le maximum
d'intensité a lieu dans la saison froide, le minimum pendant la saison
chaude; dans les autres saisons, l'intensité est intermédiaire.
» Les causes qui favorisent l'intensité de l'ozone sont : le froid, l'humi-
dité, la fréquence des pluies à intervalles de temps à peu près réguliers.
» Les causes qui affaiblissent cette intensité sont : la chaleur et la séche-
resse qui favorisent la fermentation, source de produits destructeurs de
l'ozone.
* Les eaux de pluie mensuelles les plus riches en ammoniaque corres-
pondent, en général, avec les sommes mensuelles d'intensité les plus faibles,
et vice versa.
» Cette proposition est également vraie, si l'on considère la richesse de
ces eaux en acide nitrique,
» Le minimum de l'intensité de l'ozone a concordé cette année, comme
l'année dernière, avec l'époque où les fièvres de Bresse ont été les plus
fortes. »
physique chimique. — Sur la variation du pouvoir rotatoire du sucre de
fécule; par M. A. Béchamp, professeur-adjoint de Physique à l'École
supérieure de Pharmacie de Strasbourg.
« Le glucose possède la curieuse propriété, découverte par M. Dubrun-
faut [Annales de Chimie et de Physique, 3e série, tome XVIII), de varier
dans son pouvoir rotatoire avec le temps. C'est-à-dire que si l'on détermine
le pouvoir rotatoire du glucose cristallisé immédiatement après l'avoir fait
dissoudre dans l'eau froide, on trouvera que ce pouvoir est double environ
(1) Principes d'Agronomie dé M. Gasparin, page i3i.
(64i )
de celui qu'il possédera plus tard ; et, de plus, que la variation se fait par
degrés insensibles à la température ordinaire.
» M. Pasteur a confirmé cette observation (Annales de Chimie et de
Physique, 3e série, tome XXXI, page 92), en opérant sur le glucosate de
sel marin.
» Je me suis aussi occupé de cette question à propos de mes études sur
la fécule et le ligneux. J'avais préparé du glucose de fécule avec le produit
que j'ai appelé fécule soluble, et je voulais savoir si le pouvoir rotatoire de
ce composé répondait à celui de l'un des sucres étudiés par M. Biot et
rappelés dans la Note insérée au Compte rendu, n° 6, du mois de février
dernier. x
» Cette étude m'a conduit, je le crois, à l'explication du singulier phé-
nomène de la variation du pouvoir rotatoire avec le temps. Mais, avant
d'exposer mes résultats, il est nécessaire de constater l'identité ou l'analogie
du produit sur lequel j'opérais, avec les produits précédemment examinés.
» Le sucre de fécule sur lequel j'ai expérimenté, était relativement bien
cristallisé ; je l'ai laissé séjourner dans le vide sec jusqu'à ce que son poids
fût devenu constant. J'en ai pesé 2er,744 et j'ai dissous les cristaux dans
l'eau distillée. Mais des bulles d'air s'étant attachées aux parois du tube, j'ai
été obligé, pour les faire sortir, de chauffer la dissolution. Après le refroi-
dissement, le volume de celle-ci s'est trouvé être de 42 centimètres cubes à
t = 120; je l'ai observée dans un tube de 200 millimètres; la déviation du
plan de polarisation était ay = io°,i7. A l'aide de la formule de M. Berthe-
y
lot [a]j = olj - et des données suivantes :
a,-=io°,i7, /> = asr,744, V = 4acc à t = 120, / = 200mm,
on trouve [a]j = 77°)8/* pour le pouvoir rotatoire relatif à 100 milli-
mètres d'épaisseur.
» Quarante-huit heures après, îa même liqueur donnait une déviation
de 6°,8 et n'a plus varié ensuite. Les éléments pour calculer le pouvoir
rotatoire moléculaire de la solution altérée sont maintenant les suivants :
(A) ay = 60,8, /> = 2^44, V = 42cc à i = ia°, l = 200mm,
d'où [a]j = 5çb°,o{[gf pour 100 millimètres.
» Mais cette expérience, exacte quant à la dernière partie, était fautive
quant à la première, puisque j'avais été obligé de chauffer la dissolution;
je l'ai donc répétée. Voici les éléments de cette nouvelle détermination. La
( 64i )
durée de la dissolution dans l'eau froide ayant été de seize minutes :
(B) a/ = t2°,75, p= 1,997, V = 3occ,a à < = i4°, /=aooram,
d'où [a]j = 96°,4i / pour 100 millimètres.
» La même dissolution a été rapidement portée à l'éhullition, refroidie
par un courant d'eau froide, ramenée à son volume primitif et observée,
le tout dans l'intervalle de vingt minutes. La déviation s'est trouvée être
ctj := 70, 63; d'où, à l'aide des autres éléments de (B), [a], = 5"j°,6g /"
pour 100 millimètres. Six heures plus tard, j'ai obtenu a, =3 6°, 89. Les
éléments précédents (B) et cette nouvelle mesure, savoir :
a; = 6°, 89, p es 1,997, V = 3occ,a à t = i4°, l = aoomn\
donnent pour le pouvoir de la solution altérée [a]y- = 52°,o2/' pour
100 millimètres.
66
» Enfin, M. Dubrunfaut a donné le rapport ^ pour le rapport du pou-
voir rotatoire initial au pouvoir rotatoire final du glucose. Or, si l'on prend
Je nombre moyen 5a°,o3 pour le pouvoir final du sucre de fécule sur
lequel j'ai opéré, la proportion
66 x
35 52, o3
nous permettra de calculer le pouvoir initial ; or on trouve x — 980, 1 1 , et
j'ai trouvé 96°,4i-
» De ces expériences, il, me semble qu'il est permis de conclure que le
glucose sur lequel j'ai fait mes expériences était identique à celui que
M. Dubrunfaut avait étudié.
» Si j'ai insisté longuement sur ces expériences et ces mesures prélimi-
naires, c'était pour montrer que j'opérais sur un produit comparable t ; et
aussi parce que je me servirai des données précédentes pour essayer d'ex-
pliquer la vraie cause de la variation du pouvoir rotatoire avec le temps.
» Reprenons les données de la détermination du pouvoir final de l'expé-
rience (A), savoir :
aj = 6°,8, p — 2,744, V = 42cc, l = 2oomm, d'où [a}j = 52°,o4.
» Il est clair que le nombre. 5a°,o4 a été obtenu en supposant que le
sucre de fécule avait conservé sa constitution cristalline, c'est-à-dire la for-
mule C,2H,!'0,2, a HO pendant toute la durée de la variation. Mais deman-
(643 )
dons-nous quel serait le pouvoir rotatoire, si, tout le reste étant semblable,
on faisait l'hypothèse que la molécule C,2H,2012, 2 HO se soit déshydratée
et transformée en C,2H,20,a; c'est-à-dire qu'en présence de l'eau le glucose
cristallisé se soit transformé en glucose anhydre. Pour cela, il suffit de
calculer combien de ce dernier donnerait 2gr,744 du premier; on trouve
que agr,744 de glucose cristallisé correspondent à 2gr,4o,44 de glucose
anhydre. Or, avec cette valeur de p et les autres nombres de (A), savoir :
ay == 6°, 8, p — 2,49,44, V = 4acc, l — 200°"»,
on obtient [a]y = 57°,6 pour 100 millimètres.
» Il est vrai que l'on peut objecter contre l'hypothèse, qu'il n'est pas du
tout certain que le volume de C12 H12 O12, 2 HO soit le même que celui
de C,2H'aO,a + 2HO; que, par conséquent, le volume de la liqueur a pu
varier, ce qui est probable. Mais je réponds : i° que l'on ne peut pas
constater de variations dans le volume de la liqueur ; 20 que la densité ne
devait pas et n'a pas sensiblement varié, ni pendant la variation du pouvoir
rotatoire ni après ; et 3° que, dans tous les cas, si des variations de volume
ont lieu, elles tombent dans la limite dés erreurs d'observation, et n'in-
fluent pas sur le résultat ni sur la légitimité de l'hypothèse.
» Mais c'était là une vue de l'esprit qu'il fallait vérifier par l'expérieuce.
L'expérience a confirmé le résultat du calcul. Voici comment j'ai opéré:
j'ai pesé igr,854 du même sucre complètement desséché dans le vide sec. Je
l'ai exposé pendant un temps suffisant (six heures) dans une étuve à eau de
Gay-Lussac, dont la température est restée constamment aux environs de
100 degrés; son poids s'est réduit à igr,684- Il a perdu, par conséquent,
l'eau qu'il devait théoriquement perdre. J'ai dissous le produit desséché
dans l'eau pure, à la température d'environ 25 degrés ; la durée de la disso-
lution a été de trente-cinq minutes. Le pouvoir rotatoire a été déterminé
à l'aide des données suivantes :
(C) ay = 6°,58, p— 1,684, V= 20,cc,5 à t = 120, / = 20oram,
d'où [a]y= 57°,63/'pour 100 millimètres.
» La même liqueur conservée dans un vase bien fermé, déviait de 6°,54
après quarante-huit heures, ce qui donne [a]y = 57°,33 / ' . C'est-à-dire que
le pouvoir rotatoire n'a pas varié dans l'intervalle de quarante-huit heures.
» J'ai répété l'expérience avec cette différence, qu'au lieu de prendre du
sucre séché dans le vide, je l'ai pris tel que je l'avais conservé, c'est-à-dire
(644)
plus humide que ne le suppose la formule C1* H,2012, 2 HO. 3 grammes
de ce sucre se sont réduits à 2gr,638 après une exposition suffisamment
prolongée à la température de 100 degrés. Dissous dans les mêmes condi-
tions que celles de la précédente expérience, j'ai obtenu les éléments sui-
vants pour calculer le pouvoir rotatoire moléculaire :
°v = 9°>97> P = ag\638, V = 3occ,4 à t = i4°, / = 2oomm,
d'où [a h = 57°,45 / pour ioo millimètres.
» Vingt-quatre heures après, la même solution a donné cr.j = 9°,ç)5 et,
par suite, [a]y = 57°,33 / .
» D'après ces mesures, le pouvoir rotatoire du sucre C,2H,2012 de
fécule serait en moyenne environ de 57°,44 / pourioo millimètres.
» Comme vérification, on peut faire le calcul inverse de celui que j'ai
fait en commençant cette discussion. On trouve, par exemple (C), qu'en
réduisant, par le calcul, igr,684 de glucose desséché à ioo degrés en
glucose cristallisé, on obtient igr,8524; et, à l'aide des données suivantes :
«;
:,• = 6°,38, p = i,85a4, V = 29cc,5, / = 200"™,
on retrouve [a]y = 52°, 3 pour 100 millimètres, c'est-à-dire, à fort peu de
chose près, le nombre donné par l'expérience pour le pouvoir invariable
du sucre de fécule supposé avec la composition C'2 H,20,a, 2 HO; ce qui
devait être, puisqu'on ne fait que restituer par le calcul le poids de l'eau
que l'on supposait, dans le premier calcul, faire partie constituante de la
molécule du sucre.
» Cependant, ne voulant pas m'en tenir à mes propres mesures pour
tirer une conclusion dans un sujet aussi délicat, je me suis servi des expé-
riences toujours si précises de M. Pasteur, pour corroborer les miennes. Or
M. Pasteur a fait dissoudre i5 grammes de glucosate de sel marin dans
assez d'eau pour obtenir le volume de 1 1 décilitre exactement. Cette liqueur,
après un jour de repos, a donné, dans un tube de 5oo millimètres, une
déviation de 23°, 28 {Annales de Chimie et de Physique, 3e série, t. XXXI,
p. 97). Les éléments du calcul sont donc les suivants :
a.j = 23°,28, p = 1 5*% Y = 1 5occ, l = 5oomm,
d'où [a]y= 46°, 56 /'pour 100 millimètres. Mais si nous supposons le
glucosate de sel marin détruit par la dissolution, et si nous calculons la
quantité de C,2H,2Ot2 qu'il abandonne, nous trouvons que i5 grammes
( 645 )
répondent à i2gr,367 de glucose anhydre. Faisant donc cette hypothèse,
nous obtenons les nouvelles données suivantes :
a, ■ = 23°,a8, p= 12,367, v= *5°!"ï l— 5oomm,
d'où [a]j = 55°, 77 pour 100 millimètres, nombre qui est assez peu diffé-
rent de celui que j'ai obtenu directement pour le pouvoir du glucose
anhydre.
» Les raisonnements et les expériences que je viens d'exposer conduisent,
si je ne me suis pas trompé, à cette conséquence : que le sucre de fécule
cristallisé (le sucre sur lequel j'ai opéré au moins), est une combinaison qui
ne peut exister indéfiniment qu'à l'état solide; mais qui, en dissolution, se
détruit, perd son eau en présence de l'eau, lentement à froid, rapidement
sous l'influence de la chaleur; absolument comme l'hydrate de bioxyde
de cuivre qui se déshydrate instantanément dans l'eau bouillante, ou bien
encore comme l'hydrate de peroxyde de fer qui se déshydrate lentement
dans l'eau froide, et immédiatement ou rapidement à la température de
100 degrés. La méthode d'investigation créée par M. Biot aura conduit
ainsi, une fois de plus, à résoudre un problème très-délicat de mécanique
chimique, qu'il aurait été impossible de résoudre autrement.
» Il suit de ces observations que, lorsqu'on détermine le pouvoir rota-
toire du sucre de fécule cristallisé aussitôt qu'il a été dissous à froid, on a le
pouvoir rotatoire du composé C'2 H'2 O'2, 2 HO. Après un certain nombre
d'heures, variable avec la température, le pouvoir du composé C'2 H,a O12
a, dans l'intervalle, un pouvoir mixte qu'il serait possible de calculer.
» Je reviendrai sur ce sujet dans la seconde partie d'un travail que je
termine sur la fécule et le ligneux, et où je comparerai les sucres de ces
deux principes immédiats. »
chimie. — Conservation du jus de betteraves par la chaux;
par M. Maumené\
M. Dumas, en présentant ce travail au nom de M. Maumené, pro-
fesseur de chimie à Reims, en donne, d'après l'auteur, une idée par
l'extrait suivant de la Lettre d'envoi :
« Les jus de betteraves bruts que l'on considérait comme la matière orga-
nique la plus difficile peut-être à soustraire aux fermentations, se conser-
vent parfaitement au moyen de la chaux. Ce fait est démontré par des
C. R., i856, 1er Semestre. (T. XLII, N° Î4.) 86
(646)
expériences en grand qui ont plus de deux mois et demi de date et qui
ont été effectués sur 800 hectolitres de jus. Non-seulement la conservation
est parfaite, mais il y a défécation à froid. La défécation se termine aisé-
ment par l'acide carbonique, et l'évaporation à l'air libre se fait très-bien,
même en grand ; il n'y a pas de coloration, et on peut se passer de noir si
les betteraves n'ont pas vieilli. Nous avons fait une défécation par l'acide
carbonique, chez MM. Bonzel, à Haubourdin, après huit jours de conser-
vation d'un jus extrait dans les derniers jours de janvier. Tout s'est passé
a là satisfaction générale : le rendement a été aussi grand que si l'on eût
traité les betteraves tout de suite ; les sirops ne se sont pas colorés sa7is noir; la
chute de mousse a eu lieu en 4 secondes au lieu de 90 exigées par les sirops
de la maison (au même degré, 35) où l'on fait usage de la chaux et de
l'acide carbonique. Enfin la cristallisation a été bonne.
» Ce procédé fait au moins disparaître la différence de rendement qui
s'observe du commencement à la fin des campagnes; elle est fixée de 1 | à
a pour 100 du jus. »
PHYSIQUE appliquée. — Sur la purification du phosphore amorphe;
par M. E. Nicklès.
« On sait que le phosphore non spontanément inflammable, ou phosphore
amorphe, s'obtient en maintenant le phosphore ordinaire, pendant quelque
temps, à une température comprise entre a3o et o.5o degrés, et dans une
atmosphère inerte. Quelle que soit la durée du traitement, il y a toujours
une portion de phosphore qui échappe à la transformation, et qu'il faut
ensuite éliminer complètement si l'on ne veut pas compromettre les qualités
essentielles du phosphore amorphe, son innocuité et son inaltérabilité à
l'air.
» Le mode de purification proposé par M. Schroetter offre des inconvé-
nients depuis longtemps reconnus; il est basé sur l'action dissolvante que
le sulfure de carbone exerce sur le phosphore ordinaire, tandis qu'il est
sans effet sur la variété rouge. Théoriquement, l'opération est donc des
plus simples, mais la pratique de ce procédé est pleine de désagréments et
de dangers; car non-seulement les lavages sont interminables et exigent de
grandes quantités de sulfure de carbone, mais encore les chances d'inflam-
mation et d'incendie augmentent rapidement avec les proportions de phos-
phore mis en jeu.
» M. Schroetter a, dès l'origine, cherché à parer à ces dangers en recom-
(647 )
mandant de maintenir toujours plein de sulfure de carbone le filtre sur le-
quel se font les lavages, afin d'empêcher le phosphore ordinaire, qui se
dépose sur les bords du filtre dans un grand état de division, de déterminer
l'inflammation de la matière. Mais cette précaution même ne suffit pas tou-
jours pour écarter les accidents.
» Frappé de tous ces inconvénients, j'ai voulu y remédier en cherchant
dans les caractères différenciels des deux phosphores un moyen de sépa-
ration plus prompt et moins dangereux. Les nombreux essais entrepris dans
ce but m'ayant ôté l'espoir de réussir par la voie purement chimique, je me
suis adressé aux propriétés physiques des deux corps en expérience, et j'ai
réussi à trouver un procédé simple, expéditif et suffisamment pratique pour
pouvoir être confié à des mains même inexpérimentées, condition impor-
tante, aujourd'hui que le phosphore rouge est devenu un article de com-
merce. Ce procédé de séparation est fondé sur la différence des densités des
deux phosphores; il consiste à agiter le mélange avec un liquide d'une den-
sité intermédiaire à celle des deux corps à séparer, et peut, comme on voit,
s'appliquer à bien d'autres séparations. La densité du phosphore amorphe
étant de a, 106, celle du phosphore ordinaire de 1,77, il est aisé de se pro-
curer une dissolution saline d'une densité intermédiaire. Une dissolution
de chlorure de calcium de 38 à 4o degrés Baume remplit parfaitement ce
but; le phosphore ordinaire, plus léger, venant ensuite à surnager, peut
être facilement intercepté par un peu de sulfure de carbone qui le dissout,
de sorte que l'opération peut s'accomplir en vase clos.
» Voici les détails du procédé : On fait arriver un peu de sulfure de car-
bone dans la cornue dans laquelle la transformation a été opérée; si la sub-
stance, très adhérente d'ordinaire, ne se détache pas, on trempe le fond de
la cornue dans de l'eau tiède, la désagrégation de la matière se produit
aussitôt et se manifeste par un petit bruit. Lorsque le phosphore est dé-
taché, on ajoute la dissolution saline, on ferme et l'on agite; au bout de
dix minutes, la séparation des deux liquides est effectuée. Le phosphore
rouge, plus dense, se trouve au fond de la cornue, et la dissolution est sur-
nagée par le sulfure de carbone chargé de phosphore ordinaire.
» Si ce dernier ne se trouve mélangé au phosphore rouge que dans la
proportion d'un quart, on peut l'éliminer complètement à l'aide d'un seul
lavage pratiqué comme il vient d'être dit, quoiqu'il soit prudent d'y revenir
une seconde fois en décantant le sulfure de carbone phosphore et le rem-
plaçant par une nouvelle quantité de sulfure de carbone pur. Cela devient
86..
( 648 )
même nécessaire si les deux phosphores sont mélangés en proportions égales.
Trois lavages ainsi faits m'ont toujours suffi pour débarrasser complètement
la modification amorphe des moindres traces de phosphore ordinaire,
quelles que fussent les proportions du mélange.
» Après que les deux liquides ont été séparés par décantation, on n'a
plus qu'à verser sur une toile la dissolution saline dans laquelle le phos-
phore amorphe s'est déposé. La pureté du produit est alors si complète,
qu'il devient inutile de le faire bouillir avec une dissolution de potasse
caustique. Toute l'opération peut être terminée au bout d'une demi-heure
et, ce qui n'est pas sans importance, à l'abri de tout accident, car l'é-
vaporation se fait en vase clos, ce qui empêche le sulfure de carbone
de se vaporiser et de déposer le phosphore inflammable qu'il tient en
dissolution .
» D'après des observations récemment faites, l'inhalation du sulfure de
carbone ne serait pas sans inconvénient pour la santé; des ouvriers employés
au travail du caoutchouc auraient été gravement affectés par l'inhalation
des vapeurs sulfocarboniques. Dans l'état actuel des choses, ce liquide est
encore le dissolvant le plus économique du phosphore ; restreindre, dans
cette circonstance, l'emploi de ce dissolvant et diminuer les chances d'inha-
lation est un double problème que le procédé qui vient d'être décrit permet
de résoudre sans difficulté.
» Les chimistes verront peut-être avec intérêt, dans ce procédé, un
moyen de séparation opéré entre deux corps solides à l'état de mélange sans
le secours de la chaleur ou l'intervention directe d'un dissolvant; ce mode
de séparation étant très-facile et surtout très-prompt, ils trouveront plus
d'une occasion de le substituer aux lavages prolongés que nécessitent les
séparations ordinaires. »
électbophysiologie. — Recherches sur les phénomènes physiques et
chimiques de la contraction musculaire; par M. Ch. Matteucci.
(Extrait.)
« Le travail de l'auteur se compose de trois parties :
» Dans la première, il étudie le phénomène qu'il appelle la respiration
musculaire dans l'acte de la contraction au point de. vue des effets chi-
miques observés.
» Dans la seconde partie de son Mémoire, l'auteur étudie les phénomènes
(649)
de la respiration musculaire dans leurs rapports avec le dégagement de
chaleur et d'électricité qui s'opère dans les muscles.
» Enfin dans la troisième partie, l'auteur évalue de nouveau la quantité
de travail mécanique développé dans l'acte d'une contraction de la gre-
nouille ; il expose ensuite quelques vues théoriques, qui lui paraissent suffi-
samment fondées, sur le mécanisme de la contraction musculaire.
» Première partie. — Phénomènes chimiques de la respiration des muscles
de la grenouille. — L'auteur rappelle d'abord les expériences électrophy-
siologiques communiquées en i844 * l'Académie, notamment sur la quan-
tité de travail mécanique développé dans l'acte de la contraction musculaire
de la grenouille sous l'influence de l'électricité; cette quantité de travail
se trouvait comparée à la quantité de zinc oxydée et dissoute, c'est-à-dire à
l'action chimique qui produisait le courant excitateur de la contraction. En
1847, ^e nouvelles expériences de l'auteur ont été entreprises dans le
but d'arriver, par des moyens empruntés à Watt et à M. Morin, à une éva-
luation plus précise de la durée des différents actes de la contraction de la
grenouille galvanoscopique.
» Tout récemment, l'auteur est encore revenu sur ces mêmes recher-
ches, en employant une méthode à peu près semblable à celle imaginée par
M. Pouillet pour mesurer, à l'aide de l'électricité, des intervalles de temps
très-courts (1).
» Les résultats ont été tels, qu'il est impossible de méconnaître qu'il
existe une énorme disproportion entre l'intensité de l'action chimique don-
nant naissance au courant, et le travail mécanique qui lui correspond dans
l'acte de la contraction des muscles de la grenouille galvanoscopique.
» Cette conclusion et quelques autres qui ont été émises pour la première
fois dans Y Essai de statique chimique des corps organisés de M. Dumas, ont
conduit l'auteur à entreprendre des expériences qui vont être résumées
très-brièvement, et qui donnent, suivant lui, la mesure du phénomène de
la respiration musculaire pendant la contraction.
y> L'auteur décrit les moyens employés soit pour préparer les grenouilles
tuées pour ces expériences, soit pour exciter les contractions dans les mus-
(1) Les résultats de ces expériences montrent que la quantité de zinc oxydé et dissoute
dans la pile et suffisante pour exciter chez la grenouille une contraction d'une durée de
1
10 000
de seconde correspond à o8r,oooooo7 .
( 65o )
clés des grenouilles galvanoscopiques placées dans un volume d'air ou
d'oxygène limité connu, soit pour éloigner les conditions perturbatrices de
la respiration musculaire normale, et qui produiraient une sorte à1 asphyxie
musculaire capable d'atténuer l'énergie des contractions, etc. Les gaz ont
été analysés après l'expérience par les moyens et avec les précautions re-
commandées par M. Regnault. En résumé, les expériences prouvent que les
muscles de grenouille récemment préparés donnent lieu à une absorption
d'oxygène et à une exhalation d'acide carbonique. Le volume d'acide car-
bonique est généralement un peu moindre que le volume d'oxygène dis-
paru. Dans le plus grand nombre des cas, il y a eu exhalation d'azote. On
peut substituer l'oxygène à l'air normal sans que les phénomènes changent
d'intensité si l'expérience ne dure pas longtemps; cette intensité augmente
si l'expérience se prolonge et si l'on ajoute un morceau de potasse dans la
cloche.
» L'exhalation d'acide carbonique a lieu dans une atmosphère d'hydro-
gène, mais s'arrête rapidement. La respiration musculaire des grenouilles
tuées avec l'acide sulfhydrique ou l'acide sulfureux est considérablement
diminuée. Les nombres obtenus pour les gaz de la respiration musculaire
de la grenouille s'accordent avec les nombres trouvés par MM. Regnault et
Reizet dans leurs belles recherches sur la respiration (i).
» Pendant la' contraction musculaire, l'absorption de l'oxygène et l'exha-
lation de l'acide carbonique augmentent d'une quantité supérieure au dou-
ble de l'absorption et de l'exhalation observée dans les mêmes conditions
pour les muscles au repos.
» L'auteur admet qu'il y a encore pendant la contraction exhalation
d'azote.
» Deuxième partie. — Après avoir rappelé les expériences de MM. Bec-
querel et Breschet, ainsi qu'une expérience récente de M. Cl. Bernard,
l'auteur annonce qu'il a été conduit à rechercher si la contraction des
muscles des grenouilles préparées et. dans lesquelles la circulation du sang
n'existe plus, était accompagnée d'un dégagement de chaleur. L'expérience
directe faite à l'aide de thermomètres à mercure tres-sensibles prouve que
la température peut s'élever d'une quantité qui n'a pas été moindre de
(i) L'auteur reconnaît qu'il a été devancé par la publication de M. Liebig fils et celle de
M. Valentin sur ce sujet, et qu'il ignorait lorsqu'il a fait ses recherches; mais les auteurs
cités n'ont pas examiné les effets produits pendant la contraction.
( 65i )
\ degré dans les circonstances où l'on a expérimenté, en excitant les con-
tractions.
» L'auteur passe ensuite à l'examen du développement de l'électricité
dans les muscles. Tout le monde admet aujourd'hui l'existence et les lois
principales du courant musculaire. L'existence des phénomènes chimiques
de la respiration musculaire étant établie, l'auteur pense qu'on trouvera
encore mieux fondée l'idée qu'il a toujours émise sur la cause du dévelop-
pement d'électricité dans les muscles, cause inhérente à la fibre musculaire
à l'état de vie.
» La même explication se présente naturellement pour le phénomène
que l'auteur a appelé autrefois la contraction induite, et qui a été aussi le
sujet d'un grand nombre d'expériences délicates de M. du Bois-Reymond.
» L'auteur a repris ses anciennes expériences; il les a variées, et il pense
qu'elles aideront à concevoir clairement la cause de la contraction induite.
» Cette explication se présente naturellement d'ailleurs, sachant que la
respiration musculaire augmente d'énergie dans l'acte de la contraction.
» Les résultats des expériences, que les limites de cet extrait ne permet-
tent pas de rapporter, rendent évidente, dit l'auteur, l'existence d'un cir-
cuit fermé, et ne peuvent s'expliquer que par un phénomène électrique en-
gendré dans le muscle en contraction.
» L'auteur, après l'exposé et la discussion de ses expériences, pose les
conclusions suivantes pour la seconde partie de son travail :
» i°. Lorsqu'au moment de la contraction la respiration musculaire
devient plus active, il y a aussi dégagement de chaleur et d'électricité dans
les muscles.
» En se fondant sur l'analogie qui existe entre la décharge de la tor-
pille et la contraction musculaire, on peut regarder chaque élément de la
fibre musculaire comme prenant, au moment de la contraction, un état
électrique polaire qui donne lieu à une décharge dont les lois sont les
mêmes que celles de la décharge des poissons électriques.
» Troisième partie. — Après avoir constaté et mesuré les phénomènes
chimiques de la respiration musculaire et le développement correspondant
de la chaleur de l'électricité et du travail musculaire, l'auteur a pensé qu'il
était naturel d'essayer, d'après certaines théories modernes, un rapproche-
ment entre la machine animale et la machine' à vapeur ou les moteurs
électromagnétiques
( 65a )
» En partant des travaux récents, soit sur la chaleur, soit sur l' électro-
magnétisme, de M. Joule, de M. de la Rive, de M. Foucault, de M. Favre, et
principalement de M. Regnault, et en admettant, avec ce dernier, 423kgm,542
pour l'équivalent mécanique de la chaleur, l'auteur cherche à comparer le
travail effectif du muscle avec ce qu'il appelle le travail théorique corres-
pondant à l'excès de la respiration musculaire trouvé dans l'acte de la
contraction.
» L'auteur à discuté les expériences de M. Helmholtz sur le travail de la
contraction, et rend compte des dernières expériences qu'il a faites sur le
travail correspondant à la contraction du muscle gastrocnémlen de la gre-
nouille.
» Il adopte le nombre 0,00001457 kilogrammètre pour le travail méca-
nique d'une contraction de ce muscle.
» En partant de l'équivalent dynamique de la chaleur 423kgm,542 et en
s'appuyant sur la quantité de chaleur dégagée par 1 gramme d'oxygène se
transformant en acide carbonique (et qui est de 3o3o unités, d'après
MM. Favre et Silbermann), l'auteur calcule la quantité de travail mécanique
dû à l'excès d'oxygène consommé par les muscles en contraction.
» Dix muscles gastrocnémiens donnent une quantité de travail calculée
égale à 0,298 kilogrammètre, au lieu de 0,262, travail musculaire effectif
trouvé par l'expérience.
» Tout en reconnaissant qu'il y a des imperfections dans sa méthode de
détermination, l'auteur admet comme prouvé que l'action chimique de
la respiration musculaire pendant la contraction engendre la force déve-
loppée dans les muscles; il admet, de plus, que dans les machines animales,
comme dans celles qui sont régies par la chaleur ou l'électricité, la pro •
duçtion de la force est soumise aux mêmes lois.
» Sous quelle forme l'action chimique donne-t-elle lieu à la contraction
musculaire? 11 paraît probable à l'auteur que l'action chimique doit d'abord
se transformer en électricité pour produire cet effet. »
zoologie. — Notes sur la mamnialogie de l'Algérie ; par M. A. Pomel,
ingénieur des mines de Gar-Rouban.
« On s'étonne avec raison que l'histoire mammalogique du nord de
l'Afrique soit encore aussi peu connue, et le naturaliste qui pourrait recueil-
lir tous les éléments d'un travail sur ce sujet rendrait à la science un véri-
( 653 )
table service. Mais depuis mon séjour en Algérie j'ai pu reconnaître com-
bien cette tâche est difficile, surtout pour les petites espèces en général
peu connues, et pour celles plus curieuses qui, appartenant à la faune de
l'intérieur, viennent du Sahara jusqu'au pied des montagnes qui séparent
le Tell de la région des hauts plateaux et ne se présentent que trop rare-
ment aux explorateurs. En attendant que je puisse donner le prodrome de
la faune algérienne, je crois devoir faire part de quelques observations faites
dans la province d'Oran.
» Chéiroptères. — Je n'ai encore vu ici que des espèces européennes.
» Rkinolophus Jerrum-equinum; Rhinolophus bïhastatus ; Vespertilio.
» La première de ces espèces est la seule qui se trouve dans les immenses
excavations de travaux anciens de mines à Gar-Rouban.
» Insectivores — Aux espèces connues de macroscélide et hérisson
s'ajoute une musaraigne : Sorex mauritanicus . Pelage brun lavé de roux,
finement tiqueté en dessus, gris cendré en dessous; oreilles découvertes;
queue concolore, avec des cils rares aux articulations, queue carrée à la
base, comprimée au bout; dents blanches en même nombre que dans
S. araneus. Le corps a om,o58; la queue om,o3o.
» Habite les trous de rats qu'elle dévore quand elle les trouve pris au
piège.
» Rongeurs. — Myoxus munbyanus. Pelage d'un brun un peu ardoisé
en dessus, légèrement teint de roux sur la tête et mêlé de blanc derrière
les oreilles ; partie inférieure du corps et pieds blanchâtres ; orbites teints
d'une tache noire qui remonte jusqu'au vertex et s'élargit sous l'oreille
devant laquelle elle encadre une petite tache blanchâtre; queue distique à
la moitié terminale, brune dessus et noircissant vers le bout qui se ter-
mine de blanc. Le corps a om,o85 ; la queue om,075.
» Se fait un nid d'herbes et de bourre de palmier dans les genêts
épineux.
» Mus alexandrinus, Geof. Pelage d'un brun roux en dessus, formé de
trois sortes de poils : les uns longs, roides, ciliant tout le dessus du corps
et surtout la croupe ; les autres fins, doux, formant le fond du pelage ; d'au-
tres enfin de même longueur, plats, forts et piquants; partie inférieure
blanchâtre ; oreilles presque nues, brunes ; queue écailleuse avec des
anneaux de poils roides. Le corps mesure om,2 ; la queue om,2.
t. R., i856, i" Semestre. (T. XLII.N0 14.) 87
(654 )
» Il se tient dans les maisons.
» Mus algirus. Pelage d'un gris brunâtre, teint de jaune ou de roussâtre,
mêlé de quelques longs cils noirs; parties inférieures du corps, face interne
des membres et pieds blanchâtres; parfois une tache rousse à la poitrine;
talon brun ; oreilles presque rondes, courtes, avec une petite touffe devant le
méat; une tache blanchâtre derrière l'oreille; queue grise dessous, brunis-
sant de plus en plus vers le bout. Le corps mesure om,o75 ; la queue om,o6o.
» Habite des terriers dans les cultures et les broussailles ; quelquefois
entre dans les maisons des campagnes.
» Gerbillus Selljsii. Pelage doux, luisant, d'un brun clair, lavé de
fauve, plus foncé sur la tète et la croupe, plus roux sur les flancs ; parties
inférieures d'un blanc pur remontant un peu sur lès flancs, à la face anté-
rieure de la jambe et extérieure du coude, et paraissant un peu sur les
côtés de la face jusqu'aux vibrisses; partie inférieure de la jambe brune;
une large tache orbitale très-pâle, plus marquée devant l'oreille; queue de
la couleur du dos, ciliée à son tiers postérieur de longs poils bruns qui for-
ment une touffe peu fournie.
» Habite des terriers au fond desquels il se fait un nid d'herbes sèches et
d'où il sort à certaines heures du jour pour prendre le soleil.
» Lepus mediterraneus . Le lièvre d'Algérie paraît être de cette espèce; je
l'ai rencontré sur des hauteurs de plus de i5oo mètres.
» Carnassiers. — Lutra vulgaris? Une espèce de loutre habite les
rivières d'Algérie; j'ai vu une peau rapportée du Sig qui avait été malheu-
reusement mutilée ; mais, autant que j'ai pu en juger par la dentition, elle
m'a paru bien voisine de la loutre d'Europe. Très-rare.
» Putorius africanus, Desm.? Pelage roussâtre, un peu cannelé, clair en
dessus, plus foncé sur la tête et le museau; gorge, ventre, parties internes
des membres d'un jaune tirant au roussâtre, lavé de gris; bords de la lèvre
supérieure, dessous de la tête et pieds blanc-jaunâtre; queue concolore,
brunissant au bout, qui forme un pinceau peu fourni. Le corps a om,a6, la
queue om,i2. Le type de l'espèce de Desmarets, dont l'origine est mise en
doute, a une bande longitudinale brune au ventre, qui peut avoir été acci-
dentelle.
» Fclis guttata, Herm. Le guépard d'Afrique, dont l'existence n'était pas
soupçonnée au nord du Sahara, vient quelquefois en Algérie. Un individu
a été tué aux environs de Sebdou par M. Coutay, chef du bureau arabe de
( G55 )
ce cercle, qui possédait déjà la peau d'un autre. Si une étude comparative
démontrait sa spécialité, ce que je. ne pourrais infirmer, ses caractères
le rapprocheraient beaucoup plus du guépard d'Afrique que de celui de
l'Asie. Des renseignements de source indigène donneraient à penser que
les Sahariens dressent cette espèce pour la chasse des antilopes.
» Felis caligata, Temm. Espèce commune.
» Canis niloticus, Geof. Renard doré des colons; est assez commun
partout. »
météorologie. — Observations pluviométriques faites à la Havane du
ier janvier 1 855 au \" janvier i856; par M. Casaseca.
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Septembre ...
Octobre
Novembre
Décembre
Totaux
NOMBRE
de jours de pluie.
II
4
3
4
4
>7
'7
i3
3
8
7
• 5
96
QUANTITÉ D EAU
tombée dans ces jours
de pluie,
exprimée en millimètres.
96,8
111,0
90,5
122,5
67,0
226,6
253,6
i88,5
28,5
2i3,5
79>5
28,3
i5o6,3
» Il est donc tombé à la Havane im,5o6 dans toute l'année i855.
» Il y a eu dix jours de pluie de moins qu'en i854, et il en est résulté ce-
pendant une augmentation de bien près de moitié dans la quantité totale
d'eau, comparativement avec celle qui tomba la même année i854-
87-
( 656 )
» Les observations de ces deux années ne sont pas suffisantes pour que
l'on puisse considérer leur terme moyen comme celui de la pluie annuelle
à la Havane. On ne serait pas plus autorisé à en déduire des comparaisons
avec celles qui furent faites en 1826, 27, 28, 29, 3o et 3i par M. de la
Sagra ; mais en les continuant avec persévérance, j'espère parvenir à des
résultats avantageux pour l'agriculture de ce pays-ci.
» En déduisant de mes observations journalières pendant ces deux an-
nées la part qui revient à chaque saison, voici ce qu'il en résulte :
Quantité d'eau de pluie tombée en chaque saison pendant les années i854 et i855 ,
exprimée en millimètres.
ANNÉE 1854. ANNÉE 185o.
mm mm
Hiver m, 3 3.36, 1
Printemps 3o2 ,6 44° »8
Été 344,5 5o7,9
Automne.., 281,8 32i,5
Totaux 1040,2 i5o6,3
» En désignant par 100 la quantité annuelle de pluie, on a
1834. 1883
Hiver 11 16
Printemps 29 29
Été 33 34
Automne 27 21
» On voit que la part échue chaque année au printemps a été iden-
tique par rapport à la quantité annuelle de pluie; que la proportion reçut
un léger surcroît dans l'été de 1 855 ;' qu'elle augmenta de près de, moitié
dans l'hiver et diminua de plus d'un cinquième dans l'automne de la même
année, comparativement avec celle de l'année précédente.
» Dans le cours de ces observations, j'ai fait une remarque assez cu-
rieuse, c'est que dans les deux mois de mars de i854 et i855 la pluie n'a
commencé que le 22 du mois. »
Un auteur, dont le nom est déposé sous pli cacheté, adresse un Mémoire
qu'il destine au concours pour un des prix de l'Académie, et qui est relatif
à des expériences devant donner, comme l'expérience du pendule de
(657)
M. Foucault, une preuve sensible aux yeux du mouvement de rotation de la
Terre.
M. Bravais est. invité à prendre connaissance de ce Mémoire et à faire
savoir à l'Académie s'il doit être renvoyé au concours pour le prix de Méca-
nique.
M. H. Nascio adresse de Messine un Mémoire intitulé : « Projet pour la
correction définitive du calendrier Grégorien ».
M. Laugier est invité à prendre connaissance de ce Mémoire et à faire
savoir s'il est de nature à devenir l'objet d'un Rapport.
M. Dosxox annonce l'envoi d'une série de couleurs à base de fer desti-
nées aux usages de la peinture et qui, suivant lui, se recommandent autant
par leur pureté que par leur inaltérabilité.
M. Peligot prendra connaissance de ces échantillons et jugera s'il y a lieu
de demander de plus amples renseignements à M. Dosnon. Ces produits,
en effet, d'après une loi que s'est imposée l'Académie, ne pourront devenir
l'objet d'un Rapport tant que les procédés employés pour leur préparation
resteront secrets.
M. l'abbé Demandée, directeur du séminaire d'Orléans, transmet une
demande que l'auteur ne peut présenter directement à l'Académie, puisque
son désir est d'être compris dans le nombre des concurrents pour un des
prix où l'une des conditions imposées aux auteurs est de ne pas faire con-
naître leur nom. Le prix dont il s'agit ici est le grand prix des Sciences ma-
thématiques de i856 (question concernant le dernier théorème de Fermât).
La personne qui désire concourir, n'ayant eu connaissance du programme
que depuis peu de jours, n'a pu encore rédiger son Mémoire, et prie l'Aca-
démie de vouloir bien prolonger jusqu'à la fin du mois l'époque à laquelle
il pourra être admis.
Le terme de la clôture étant fixé par le programme, l'Académie ne peut
le changer; on en informera M. l'abbé Demandre.
M. Aubree entretient l'Académie des succès qu'il a obtenus dans le trai-
tement des brûlures par l'emploi d'un collodion dont il donne la formule,
( 658 )
et dans lequel il fait entrer du tannin. Il pense que ce médicament pourrait
être employé avec avantage dans le cas de la variole, pour prévenir les ci-
catrices difformes au visage, si on l'appliquait sur les pustules avant la for-
mation du pus.
M. Passot s'adresse de nouveau à l'Académie, pour obtenir de la Com-
mission à laquelle ont été renvoyées ses dernières communications, une
réponse à la question de savoir si ces communications sont ou ne sont pas
de nature à devenir l'objet d'un Rapport.
A 5 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 6 heures. E. D. B.
(659)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 7 avril i856, les ouvrages dont
voici les titres :
Annales de l'Observatoire impérial de Paris, publiées par M . U.-J. Le Vebrier ;
tome Ier. Paris, i855; in-4°.
Société impériale zoologique d'acclimatation. Rapport sur les récompenses et
encouragements de la Société; par M. Is. Geoffroy-Saint-Hilaire, président
de la Société, et règlement des concours annuels; br. in-8°.
Société Pliilomathique de Paris. Extraits des procès-verbaux des séances pendant
l'année i855; in-8°.
Recherches sur les Monorchides et les Cryptorchides chez ( homme ; par M. Er-
nest Godard. Paris, i856; br, in-8°. (Adressé pour le concours Montyon,
Médecine et Chirurgie.)
Recherches sur la cicatrisation des artères à la suite de leur ligature, sur la pro-
duction des hémorragies artérielles secondaires et sur leur traitement; par
M. Notta. Paris, i85o; br. in-4°- (Envoyé pour le concours Montyon,
Médecine et Chirurgie.)
Mémoire sur l'oblitération des artères ombilicales et sur l'artérite ombilicale;
par le même.
(Destiné au même concours.)
Du chlorate de potasse comme spécifique contre la salivation mercurielle ; par
M. Th. Herpin. Paris, i856; br. in-8°. (Adressé pour le même concours.)
Théorie analytique du système du monde; par M. G. DE PoNTÉCOULANT ;
2e édition. Paris, i856; 1 vol. in-8°.
Etudes météorologiques relatives au climat de la Saulsaie (Àin); par M. A.
Pouriaij. Lyon, i855; in-8°.
Réduction d'une intégrale multiple qui comprend l'arc de cercle et l'aire du
triangle sphérique comme cas particuliers; par M. Louis SCHLAEFLl; broch.
in-4°.
De l'occlusion des paupières dans le traitement des ophthalmies et des maladies
des yeux. Discours de M. H. LARREY, à t Académie impériale de Médecine
{séance du 1 9 février i856); br. in-8°.
( 66o )
Lettre adressée à MM. les Membres de la IXe classe du Jury international de
l'Exposition universelle de 1 855, au sujet dune réclamation de priorité élevée par
M. Th. Stevenson, relativement à l'application de la réflexion totale aux feux
tournants; par M. L. Reynaud. Paris, 1 855 ; br. in-8°.
Description de quelques instruments météorologiques et magnétiques; par
M. Fraincis Ronalds. Paris, i85i; in-8°, avec atlas in-S°.
A treatise. . . Traité d'électricité théorique et pratique; par M. DE LA Rive ; tra-
duit pour l'auteur par M. C.-V. Walker ; t. II. Londres, 1 856; in-8°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
M L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DÛ LUNDI 14 AVRIL 1856.
PRÉSIDENCE DE M. BINET.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
physique terrestre. — Extrait d'un Mémoire sur quelques-unes des prin-
cipales causes de l'électricité atmosphérique; par M. Becquerel.
« Les causes qui fournissent constamment à l'air un excès d'électricité
positive et à la terre un excès d'électricité négative, excès capables dans
certaines conditions atmosphériques de produire des orages et d'autres
phénomènes, sont encore inconnues malgré les recherches des physiciens
pour les découvrir.
• » C'est en m'occupant de cette question, il y a quelques années, que j'ob-
servai les effets électriques produits dans les tissus des végétaux, et au con-
tact de ces mêmes végétaux et du sol; dans ce contact, le sol est constam-
ment positif et le végétal négatif, quelles que soient les parties du végétal
mises en communication métallique avec lui. J'indiquai alors ce dégagement
d'électricité comme étant une des causes de l'électricité atmosphérique. En
répétant ces expériences, il y a un an, je fus frappé des anomalies qui se
manifestaient, en opérant tantôt sur le bord d'une rivière, ou dans la ri-
vière même, tantôt à une certaine distance près du végétal ; je fus ainsi
conduit à l'étude des effets électriques produits au contact du sol et d'une
nappe ou d'un cours d'eau, et dont je compris alors toute la portée. Je com-
muniquai à l'Académie, en octobre dernier, les premiers résultats de mes
C. R., ,i856, i« Semestre. (T. XLH, N° 18.) 88
( 66* )
expériences ; depuis, je n'ai cessé de m'occuper de cette question, qui met
sur la voie de l'une des principales sources de l'électricité atmosphérique ;
question des plus complexes, à raison même des causes nombreuses qui
concourent à l'effet général.
» Les appareils employés à ces recherches se composent : i° de dia-
phragmes en porcelaine poreuse ou de petits sacs en toile à voile, conte-
nant chacun une lame d'or ou de platine dépolarisée, entourée de charbon
de sucre candi, afin de rendre les effets électriques constants pendant quel-
ques instants pour les mesurer ; i° de boussoles des sinus d'une assez grande
sensibilité, appropriées à ce genre d'expériences ; 3° d'électromètres atmo-
sphériques destinés à recueillir l'électricité des vapeurs se formant au-des-
sus de l'eau ou du sol; 4° de divers accessoires, entre autres de bobines de
résistance, de fils conducteurs de cuivre, d'or et de platine récouverts de
gutta-percha, etc.
» Les effets électriques produits au contact du sol et de l'eau sont com-
plexes, ai-je dit, car ils varient en direction et en intensité, suivant la na-
ture des substances dont se compose le sol ou qui se trouvent en dissolu-
tion dans l'eau ; pour qu'il y ait effets électriques de produits, il faut qu'il
V ait hétérogénéité entre l'eau de la rivière et celle qui humecte le sol.
Quand les eaux sont légèrement alcalines, elles sont négatives; quand elles
sont acides, comme cela a lieu avec la terre de bruyères, elles sont posi-
tives. Les eaux des puits de Paris présentent fréquemment des effets de ce
genre, à cause des infiltrations des eaux ménagères qui changent de nature
de temps à autre ; aussi voit-on, dans le Cours d'un mois, les effets électri-
ques changer d'intensité et de signe, sans que rien ait été dérangé dans la
disposition des appareils. De cet état des choses, il résulte que quelquefois
les effets électriques sont nuls; ils le sont également quand on expérimente
avec l'eau d'une rivière et les bords sablonneux ou les terres adjacentes
lavées dans les inondations. Il est nécessaire d'établir des observatoires per-
manents pour suivre toutes les variations auxquelles sont soumises les ac-
tions de contact, et se mettre en garde contre les effets de polarisation qui
sont toujours à craindre quand on opère seulement pendant quelques
instants. Vingt -quatre heures après, assez ordinairement la polarisation est
détruite, et on peut alors observer les effets que l'on cherche. Dans des cas
exceptionnels, le courant électrique a assez d'intensité pour faire fonction-
ner un télégraphe à aiguilles sur une distance de quelques kilomètres.
» Quand l'eau s'évapore, soit d'un cours d'eau, soit de la terre, elle doit
nécessairement emporter avec elle un excès d'électricité, de nature sembla-
■
( 663 )
ble à celle que possède l'une ou l'autre, lequel se répand dans l'atmosphère;
cette électricité peut provenir non-seulement de la réaction de l'eau de la
rivière sur celle qui humecte le sol , mais encore de la décomposition des
matières organiques. Dans le dernier cas, la vapeur est toujours positive,
qu'elle provienne de la rivière ou du sol où s'opère la décomposition ;
dans le premier, les deux vapeurs sont de signe contraire ; les effets sont
complexes.
» D'après ce qui précède, on conçoit pourquoi les orages ont lieu en gé-
néral en été à l'époque de l'année où la décomposition des matières orga-
niques et l'évaporation sont à leur maximum, et pourquoi également ils
sont si fréquents et si violents sous les tropiques à l'époque où le soleil
s'approche du zénith. Cela est tellement vrai , que dans ces régions il y a
toujours un orage qui éclate à chaque instant dans une localité placée con-
venablement par rapport au soleil.
» Les phénomènes dont je viens de parler sont tellement variés, qu'il
est indispensable, avant de formuler des principes généraux, de multiplier
les expériences dans un lieu servant d'observatoire permanent, puis en pays
de plaines et en pays de montagnes, au bord des fleuves, des cours d'eau et
de la mer, dans les contrées, comme la Hollande, où il existe de grandes al-
luvions, dans les marais salants, etc., etc. C'est alors, alors seulement, que
l'on pourra juger de l'importance du sujet dont je m'occupe et qui se rat-
tache à l'une des plus grandes questions de physique terrestre. »
théorie DES fonctions. — Note sur un théorème de M. Puiseux;
par M. Auc Caccht.
« Un Mémoire sur les fonctions continues, que j'ai publié dans les
Comptes rendus de 1 844 (l<;r semestre), renferme la proposition suivante :
» Désignons par z une variable imaginaire et par u une fonction impli-
cite de z qui représente une racine simple de l'équation
(i) . f(i/,z)=o.
Concevons d'ailleurs que le premier membre de l'équation (i) renferme,
avec les variables z et «, un ou plusieurs paramètres, et que, pour une cer-
taine valeur, par exemple pour une valeur nulle du paramètre a, la racine
simple u reste fonction continue de z, du moins tant que le module de z ne
dépasse pas une certaine limite. En raisonnant comme dans le volume II
des Exercices d' Analyse, on prouvera que, si le paramètre a vient à va-
88..
( 664 )
rier, et si, tandis qu'il varie, le premier membre de l'équation (i) reste
fonction continue de z, u et a, la racine simple « restera généralement fonc-
tion continue de z, jusqu'à l'instant où, une seconde racine devenant égale
à la première, l'équation (i) acquerra des racines multiples.
» Une remarque importante à faire, mais qui n'était pas énoncée dans
mon Mémoire, c'est qu'on peut établir une relation entre le paramètre a et
la variable imaginaire z. On peut supposer, par exemple, que cette variable
représente l'affixe d'un point mobile qui décrit une courbe dont la forme
change avec ce paramètre. On peut même supposer que le premier membre
de l'équation (i) est fonction des seules variables zetu, z étant fonction
de a.
» En partant de cette remarque, on parvient à un autre théorème que
M. Puiseux a énoncé dans les termes suivants :
» Soit f (m, z) une fonction entière de « et de variable imaginaire z. Le
point Z (dont l'affixe est z) allant de C en K soit par le chemin CMK, soit
par le chemin CNK, la fonction u qui avait en C la valeur b, acquerra dans
les deux cas la même valeur h, si l'on peut, en déformant la ligne CMK, la
faire coïncider avec la ligne CNK, sans lui faire franchir aucun point pour
lequel la fonction u devienne infinie ou égale à une autre racine de l'équa-
tion
f (u, z) es o.
» Les nouvelles recherches de divers géomètres, particulièrement de
MM. Briot et Bouquet, ont fait ressortir toute l'importance de ce beau
théorème^ dont l'auteur lui-même avait déjà su tirer un parti si avantageux
dans ses Mémoires. Pour ce motif, il m'a semblé qu'il ne serait pas inutile
de donner du théorème de M. Puiseux une démonstration très-simple qui
se déduit de la considération des compteurs logarithmiques. Tel est l'objet
de la présente Note, dans laquelle je montrerai d'ailleurs comment le même
théorème peut être étendu à des fonctions implicites déterminées par un
système d'équations simultanées.
analyse.
» Je commencerai par établir la proposition suivante :
» Ier Théorème. Soient
z l'affixe d'un point mobile P ;
c l'affixe d'un point déterminé C ;
/• le rayon d'une circonférence de cercle KLM tracée dans le plan des
affixes, et ayant pour centre le point C;
u<>v deux fonctions de z, dont le rapport se réduise à l'unité pour z = c,
( 665 )
Supposons d'ailleurs que les deux fonctions w, v restent monodromes,
quand le point P se meut dans l'intérieur du cercle KLM, et que sur la cir-
conférence de ce cercle la différence
offre un module constamment inférieur à l'unité. Si l'on résout par rapport
à z les deux équations
(i) u—o,
(a) ■ v = o,
on trouvera, pour l'une et pour l'autre, le même nombre de racines corres-
pondantes à des points renfermés dans le cercle KLM.
Démonstration. Effectivement, si l'on pose
I = 27ri,
le nombre des racines dont il s'agit sera représenté pour l'équation (1) par
le compteur logarithmique
"T"
pour l'équation ( 2 ) par le compteur logarithmique
A Te
■ . Tj
et dans l'hypothèse admise ces deux compteurs seront évidemment égaux,
puisqu'en posant
a
1 = «,
on obtiendra pour u une quantité géométrique dont le module sera inférieur
à l'unité, et que l'on aura par suite
À la — Alf= Al- = Al(i 4- «) = o.
» Le théorème Ier entraîne la proposition suivante :
IIe 'Théorème. Soit
?7=f(w, z)
(666)
une fonction des variables z et u, qui s'évanouisse pour les valeurs
z = z, u = u
de ces deux variables, et qui, dans le voisinage de ces valeurs, soit mono-
drome par rapport à z, monodrome et monogène par rapport à u. Si la
fonction dérivée
D„ U, ;
acquiert pour z = z, u — u une valeur finie et distincte de zéro, on pourra
satisfaire à l'équation
(3) U=o
par une valeur de u qui, se réduisant à u pour z = z, sera, pour une va-
leur de z voisine de z, fonction monodrome de z.
Démonstration. U étant monodrome et monogène par rapport à u,
quand z et u diffèrent très-peu de z et u, sera, dans cette hypothèse, déve-
loppable suivant les puissances ascendantes de u — u, et si l'on représente
par ^la somme des deux premiers termes du développement, on aura
(4) f = f(u,z) + (K-u)F(u, z);
F (u, z) pouvant être ou la dérivée de f («, z) relative à u, ou, ce qui re-
vient au même, une fonction déterminée par la formule
(5) F(a,z)=f("'z)-f(u'"z),
de laquelle on tire, pour u = u,
(6) F{u,z) = T>uU.
Si maintenant on pose
(7) «= u — 8„, S
w ; F(u, z)
la formule (4) donnera
(8) ^=(i-«)f(u,z),
et, eu égard à la formule ( 5 ), on trouvera
U = ((u, z) = f(u, z) -f- (u — u)F(«, z)
(9) ' =[--«^i] '<»">■ . ■*
On aura par suite
(667 )
u -— !_r, ^("^n
^_i-«L F(u,«)J
et
, , £/ i rF(«,z) "î
i
«
Or si l'on considère la nouvelle variable « comme l'affixe d'un point mo-
bile, et si l'on attribue à cette variable un module x, supérieur à l'unité, par
exemple le module 2, il suffira d'attribuer à la différence z — z un module
infiniment petit et de faire converger z vers la limite z, pour faire converger
f (u, z) vers zéro, et, par suite, en vertu des formules (7) et (u), la va-
riable u vers la limite u, et la différence
U
vers la limite zéro. Donc alors, pour un module suffisamment petit de
z — z, les modules des différences
U
u-u, -- 1
deviendront aussi petits que l'on voudra; et le second de ces deux mo-
dules deviendra inférieur à l'unité. Alors aussi, en vertu du théorème II,
si l'on résout, par rapport à », l'équation (3) et la suivante
(11) ^=0,
on obtiendra, pour l'une et pour l'autre, le même nombre de racines cor-
respondantes à des valeurs de a dont le module sera inférieur à 2; et comme,
en vertu de la formule (8), l'équation (1 1) offrira une seule racine de cette
espèce, savoir la racine 1 , l'équation (3) admettra elle-même une seule ra-
cine de la même espèce. Si, au lieu de résoudre les équations (3 ) et (4) par
rapport à a, oh les résout par rapport à u, on pourra dire que chacune
d'elles offre, pour un très-petit module de z — z, une seule racine très-peu
différente de u, et de la forme
( 7 ) M = U -
,f("> z)
F(u,z)
le module de a étant inférieur à 2. D'ailleurs, de ces deux racines la seconde,
qu'on obtiendra en posant « = 1 , et qui sera en conséquence déterminée
( 668 )
par la formule
(12) 11 = 11 — -},' \,
* ' F(u, «)
pourra être considérée comme une valeur approchée de la première, et
sera précisément la valeur de u déduite de l'équation (3) par la méthode
d'approximation linéaire ou newtonienne. Enfin la propriété qu'aura la
racine m de l'équation (3) de varier infiniment peu quand z passera de la
valeur z à une valeur infiniment voisine, subsistera encore, et pour les
mêmes motifs, quand la nouvelle valeur de z recevra un accroissement in-
finiment petit A z. Donc la racine u de l'équation (3) sera, sous les condi-
tions énoncées dans le théorème II et pour des valeurs de z très-voisines de z,
une fonction monodrome de la variable z.
Corollaire. Si la fonction
U=î(u,z)
est non-seulement monodrome, mais aussi monogène par rapport à z, et
si d'ailleurs la fonction donnée
conserve une valeur finie pour z = z, « = u, alors la fonction de z à laquelle
se réduira la racine u de l'équation (3) aura pour dérivée une fonction
monodrome et finie de z déterminée par la formule •
(i3) Bzu =
T>,U
et sera, par conséquent, une fonction non-seulement monodrome, mais
aussi monogène. On peut donc énoncer la proposition suivante :
» IIIe Théorème. Soit
U = f{Ujz)
une fonction des variables z et «, qui s'évanouisse pour les valeurs
z = z, u = u
de ces deux variables, et qui, dans le voisinage de ces valeurs, soit mono-
drome et monogène par rapport à chacune des variables z et u. Si les fonc-
tions dérivées
T>z U,VUU
acquièrent, pour z = z, u = u, des valeurs finies dont la seconde soit dis-
( 669 )
tincte de zéro, on pourra satisfaire à l'équation
U=o
par une valeur de u, qui, se réduisant à u pour z = z, sera, pour une valeur
de z voisine de z, fonction monodrome et monogène de z.
» Lorsque la fonction
U=f(u, z)
est une fonction entière ou même rationnelle des variables z et «, elle ne
cesse jamais d'être monodrome et monogène par rapport à ces deux va-
riables. Donc alors la racine u de l'équation (3) est, sous les conditions énon-
cées dans les théorèmes II et III, une fonction monodrome et monogène
de z, ce qui entraîne évidemment le théorème de M. Puiseux.
» Au reste, les théorèmes II et III sont compris, comme cas particulier,
dans deux théorèmes généraux que l'on peut énoncer comme il suit :
» IV' Théorème. Soient
z, u, v, IV,...,
n + i variables, dont l'une z reste indépendante, les n autres
u, v, w,...,
étant liées à z par n équations,
(i4) u=o, r=o, rv=o,...,
dont les premiers membres
représentent des fonctions de
Z, U, V, w,...,
monodromes par rapport à z, monodromes et monogènes par rapport à
m, v, iv,.... Supposons d'ailleurs que, pour les valeurs particulières
z, u, v, w,...
des variables
Z, U, V, w,...,
chacune des dérivées comprises dans le tableau
T>UU, BVU, DWU,...,
, \\v, dvv, n„r,...,
C. R , i856, i« Semestre. (T. XLU, N° 18.) 89
( 67o )
conserve une valeur finie, et que la valeur correspondante de la résultante
algébrique û, formée avec les divers ternies de ce même tableau, soit distincte
de zéro. On pourra satisfaire aux équations (i4) par des valeurs de
u, t>, w,...,
qui, se réduisant, pour z ■=. z, à
U, V, w,...,
seront, dans le voisinage de z = z, c'est-à-dire pour des valeurs suffisam-
ment petites du module de z — z, des fonctions monodromes de z.
» Démonstration. La résultante û des termes compris dans le tableau (i 5)
est déterminée par la formule
(.6) « = LA^?ÎVl1'
dans le cas où les différentielles du, dv, dw,..., sont prises pour clefs an a -
strophiques ; et puisque aux valeurs
z, u, v, w,...
des variables
correspond une valeur de Q, distincte de zéro, les valeurs correspondantes
des termes compris dans une ligne horizontale de ce tableau, par exemple
des dérivées
DUU, DVU, DWU,...,
ne pourront s'évanouir toutes à la fois. Concevons, pour fixer les idées,
qu'alors la dérivée
T>UU
offre effectivement une valeur finie distincte de zéro. En vertu des théo-
rèmes II et III, l'équation
U=o,
résolue par rapport à u, fournira pour u une fonction des variables
Z, V, w,...,
qui sera monodrome par rapport à z, monodrome et monogène par rapport
(67i )
à chacune des autres variables
v, w,...;
et si l'on substitue cette valeur de u dans les équations (i4)j on obtiendra
n — i équations
(17) «?=o, «P=o,...,
dont les premiers membres seront des fonctions de
Z, V, w,...,
monodromes par rapport à z, monodromes et monogènes par rapport, à
f, w,... D'ailleurs la résultante algébrique Q! des termes compris dans le
tableau
D„<?, Dw <?,...,
(18) \ D,«>, DWUP,..,
sera déterminée par la formule
(19) Q^lff*».--!,
si l'on y considère dp, dtv,... comme des clefs anastrophiques; et, comme il
suffira de supposer u et du déterminés par les formules
*7=o,
d U= Da#d« + DvUdv ■+- Dw *7d*v -h...
pour réduire les différentielles
dV, dFF,...
aux différentielles
d<?, d«>,...,
on aura nécessairement
(~) #
(»0
fi = Q' D„ G,
Donc, puisqu'aux valeurs
z, u, v, w,...
de
2, M, i», W,...,
89..
#
(67*)
correspondent par hypothèse des valeurs de
n et Da U,
finies et distinctes de zéro, la valeur correspondante de ù' sera elle-même
finie et distincte de zéro. Cela posé, il est clair que le théorème III subsistera
pour n équations qui renfermeront, avec z, les n variables «, v, w,..., s'il
subsiste pour n — i équations renfermant, avec z, n — i autres variables
u, t>, w,.... Donc, puisque ce théorème subsiste pour n = i, il subsistera
pour n = 2, puis encore pour n — 3, puis encore pour n = 4, — Donc il
subsistera généralement quel que soit n.
» Corollaire. De même que le théorème II entraîne le théorème IV, de
même le IIIe théorème entraîne la proposition suivante :
» Ve Théorème. Les mêmes choses étant posées que dans le IVe théo-
rème, si pour les valeurs
z, u, v, w,...
des variables
z, u, v, w,...,
les fonctions
U, V, w,...
sont monodromes et monogènes, non-seulement par rapport à
u, v, w,...,
mais aussi par rapport à z, on pourra satisfaire aux équations (i4) par des
valeurs de
u, v, w,...,
qui, se réduisant, pour z = z, à
u, v, w,...,
seront, dans le voisinage de z = z, c'est-à-dire pour des valeurs suffisam-
ment petites du module de z — z, des fonctions monodromes et monogènes
de z.
» Corollaire. Les valeurs de u, v, w,..., dont il est ici question, étant
des fonctions monodromes et monogènes de z, seront, pour cela même,
développables en séries convergentes, ordonnées suivant les puissances as-
cendantes de z — z. »
(673)
chimie appliquée. — Etudes théoriques et pratiques sur la fixation des
couleurs dans la teinture; par M. Frédéric Kuhlmann. (Première
partie.)
« Il est une opinion qui a été des plus accréditées parmi les chimistes
qui les premiers se sont occupés de l'étude des phénomènes si compliqués
de l'art de la teinture : c'est celle qui consiste à admettre que les matières
azotées ontune aptitude plus grande à recevoir la teinture que les matières non
azotées On citait à l'appui de cette opinion la teinture plus facile de la soie
et de la laine que celle du coton et du lin. Dans la teinture en rouge d'An-
drinople, on a considéré l'emploi des bains de fiente de mouton comme
devant donner une espèce d'animalisation au coton. Les bains de bouse de
vache pouvaient, aux yeux des teinturiers, être considérés comme devant
produire un résultat analogue. Ces idées, en ce qui concerne la bouse de
vache, ont dû être abandonnées par les chimistes, alors surtout que plu-
sieurs substances salines, et en particulier le silicate de soude, ont été sub-
stituées à cette matière comme moyen de fixation des mordants.
» L'ensemble général de la théorie de la fixation des couleurs sur les
tissus a été l'objet de savantes recherches et des plus judicieuses observa-
tions de la part d'un illustre savant bien compétent en cette matière.
M. Chevreul a fait voir que cette fixation, plus ou moins facile, dépend tan-
tôt de la nature du tissu, tantôt de la nature de la matière colorante elle-
même. Quoi qu'il en soit du degré de fondement de la doctrine de l'anima-
lisation des tissus, j'ai voulu m'assurer si du coton modifié dans sa com-
position par sa combinaison avec les éléments de l'acide nitrique de l'azote
et, par conséquent, sa transformation en pyroxyline, n'acquerrait pas, par
ce fait, des dispositions particulières à absorber les matières colorantes. Je
fis préparer avec un grand soin une assez grande quantité de pyroxyline
avec du tissu de coton et du tissu de lin, ainsi qu'avec du coton en laine. Je
procédai à cette préparation par le procédé de M. Meynier, en employant
un mélange d'acide nitrique monohydraté et d'acide sulfurique concentré.
La pyroxyline fut lavée plusieurs fois à grande eau, et même trempée pen-
dant quelque temps à froid dans une dissolution de carbonate de soude cris-
tallisé pour être lavée encore.
» Après s'être mis ainsi à l'abri de toute influence de l'acide libre, on pro-
céda à différents essais comparatifs d'impression et de teinture des tissus py-
roxylés et de tissus non azotés. Pour ces essais, j'eus recours aux soins obli-
( 674 )
géants et à l'habileté de M. Dietz, mon élève et ancien préparateur, qui
dirigeait alors une grande imprimerie d'indiennes, près de Bruxelles. On
prépara les tissus par le traitement suivant : on fit tremper les tissus pyroxy-
lés pendant vingt-quatre heures dans l'eau froide, on les foula, les rinça, les
fit tremper ensuite dans de l'eau bouillante, et, après un nouveau lavage et
une demi-dessiccation, on les soumit au calendrage pour l'impression.
» Divers mordants ont été imprimés simultanément sur des tissus de
coton et de lin pyroxylés et des parties des mêmes tissus non azotés; ces
derniers avaient été parfaitement débarrassés de tout corps étranger par une
ébullition, durant trois heures, dans un bain faible de carbonate de soude,
lavés, puis traités par un bain légèrement acidulé par de l'acide sulfurique,
lavés de nouveau et enfin, après un demi-séchage, calendrés pour les dispo-
ser à l'impression.
» L'impression sur les tissus azotés et non azotés eut lieu simultanément
avec les mordants suivants :
Noir
Pyrolignrte de fer à 7 degrés Baume.
Epaissi à l'amidon.
12 parties de pyrolignite de fer à 10 degrés.
1 partie de pyrolignite d'alumine à 8 degrés.
Epaissi à l'amidon.
Pyrolignite d'alumine à 8 degrés.
Epaissi à l'amidon soluble.
Pyrolignite de fer à 1 degré.
Epaissi à l'amidon soluble.
Pyrolignite de fer à j degré.
Epaissi à l'amidon soluble.
Décoction de cachou avec acide acétique.
Un peu de nitrate de cuivre.
Rouge
Violet
Lilas
Bois
» Les tissus après l'impression sont restés suspendus six jours dans la
chambre à oxyder froide, et un jour dans la chambre à oxyder chaude.
» On 'a dégommé au bain de bouse de vache et craie à 70 degrés centi-
grades pendant dix minutes, bien nettoyé, dégommé une seconde fois dans
un même bain à la même chaleur, nettoyé, rincé.
» La teinture s'est faite simultanément avec de la garancine dans un bain
d'eau de rivière légèrement acidulée; on est entré à 35 degrés centigrades
et l'on a élevé successivement la température du bain pour arriver, en trois
heures, à 85 degrés ; enfin on a foulé, rincé et séché.
(675 )
» Les échantillons teints ont été divisés par moitiés, et l'une des moitiés a
été soumise au blanchiment par le chlorure de chaux.
» Toutes ces opérations permirent de constater les faits suivants :
» Tous les tissus azotés restèrent excessivement pâles, comparés aux tis-
sus non azotés, malgré la surabondance de matière tinctoriale. Le tissu
azoté, quoique se refusant à se charger des mordants, semble posséder la
propriété de se combiner, sans le secours de ces derniers, avec une partie
de la matière colorante de la garance, à en juger par la nuance jaunâtre qui
persiste même après le passage au chlorure.
» Désireux de m' assurer que les résultats obtenus n'étaient pas dus à des
circonstances exceptionnelles, et notamment à une partie d'acide que les
lavages exécutés, si complets qu'ils aient été, n'avaient pas entièrement en-
levée, je fis renouveler les essais précédents en faisant tremper les tissus
azotés, pendant vingt-quatre heures, dans un bain tiède et léger de carbo-
nate de soude cristallisé, rincer, laver à différentes reprises, cylindrer, hu-
mecter et imprimer après dessiccation.
» Après l'immersion des mordants, ces tissus ont été suspendus dans la
chambre à fixer pendant huit jours.
» Le dégommage et la teinture ont eu lieu comme dans l'expérience
précédemment décrite.
» Des résultats entièrement identiques ont été obtenus et les mêmes con-
clusions doivent en être tirées.
» D'autres coupons de coton et un de lin ont été traités à chaud par un
bain de pyrolignite de fer et ensuite passés dans un bain de noix de galle.
Les tissus azotés ne prirent que peu de mordant et restèrent après la tein-
ture fort pâles comparativement aux tissus de coton et de lin non transfor-
més en pyroxyline.
» A la suite de ces essais, des teintures en bleu de Prusse furent tentées
sur du coton en laine. Comme pour la teinture en noir par la noix de galle,
le coton pyroxylé ne prit qu'une nuance excessivement pâle en la compa-
rant à la couleur du coton non pyroxylé. Mêmes résultats dans une série
d'essais de teinture de coton en laine, en remplaçant la garance par du bois
de Brésil.
» Ainsi, contrairement à toute prévision, et surtout à la doctrine qui ten-
drait à admettre d'une manière absolue l'efficacité de l'existence de l'azote
dans la matière à teindre, la pyroxyline se refuse à la teinture. Cela résulte
d'une manière incontestable des faits que je viens de consigner.
« Des observations récentes de M. Béchamp ayant établi la possibilité de
(676)
ramener le coton pyroxylé à son état primitif, je voulus m'assurer si, par
cette transformation, 'le coton reprenait aussi son aptitude à recevoir la tein-
ture.
» On sait que le procédé de M. Béchamp consiste à faire bouillir pen-
dant assez longtemps la pyroxyline dans une dissolution de protochlorure
de fer et à le dépouiller ensuite de l'oxyde de fer qui s'y est fixé au moyen
des lavages à l'acide chlorhydrique. Je dois à l'obligeance de cet habile
chimiste d'avoir pu, en passant il y a quelques mois à Strasbourg, assister
à la reproduction des remarquables résultats de ses recherches sur ce
point.
» Des expériences comparatives me démontrèrent bientôt que du coton,
dénitrifié par le procédé de M. Béchamp, reprenait, en grande partie du
moins, la propriété de recevoir les couleurs, qui appartient au coton non
azoté.
» Mon opinion sur la non-aptitude du coton azoté à recevoir la teinture
était bien fixée à la suite des faits révélés parles expériences que je viens de
décrire, lorsqu'une circonstance particulière ramena mon attention sur ce
point.
» Il m'était resté de mes premiers essais, qui ont eu lieu en janvier 1 853,
une assez grande quantité de tissus de coton pyroxylé. Ce tissu, plissé en
rouleau serré, avait été introduit dans un bocal à large ouverture, fermé par
un bouchon de liège. Il y a deux mois environ, je m'aperçus que le bocal
était rempli de vapeurs nitreuses et que le bouchon, imprégné d'acide nitri-
que, qui l'avait corrodé, avait été soulevé pour laisser passage aux vapeurs
rutilantes.
» Ce phénomène de décomposition spontanée attira mon attention. Quelle
a été la cause de cette décomposition ? C'est ce qu'il m'est encore difficile
d'apprécier, car du coton pyroxylé qui avait été teint et conservé depuis la
même époque, n'avait subi aucune altération.
» Je fis laver à grande eau la pyroxyline ainsi décomposée; le tissu était
fortement altéré et s'arrachait sous un faible effort : son inflammabilité était
considérablement diminuée.
» Divers essais analytiques eurent lieu pour établir la proportion des
principes nitreux restés en combinaison avec la cellulose. — Ces résultats
furent confirmés par M. Wurtz. Voici les chiffres de cet habile chimiste :
» I. ogr,4795 de matière desséchée dans le vide à 1 10 degrés ont donné
o,5495 d'acide carbonique et 0,176 d'eau.
» II. ogr,4i6 de matière desséchée dans le vide à 100 degrés et brûlés
avec l'oxyde de cuivre ont donné a7°c,75 d'azote.
( 677 )
» Température, 9 degrés. Pression, om,76o3.
» Ces chiffres donnent, en centièmes :
Carbone 3i ,25
Hydrogène 4 >°8
Azote 7 ,88
» Si l'on consulte les analyses du fulmi-coton, on trouve :
Carbone 28,5 (Démonte et Ménard) 28,5. . . 27,9 (Béchamp.)
Hydrogène 3,5 3,5... 3,5
Azote 11,6 io,5... 11, 1
u On voit, par la comparaison de ces résultats, que le coton pyroxylé,
altéré spontanément, renferme environ deux tiers d'acide nitrique de moins
que le fulmi-coton non altéré.
» J'eus la curiosité d'essayer comment la pyroxyline ainsi dénitrifiée par-
tiellement se comportait quant à la fixation des couleurs. Des essais de
teintures eurent lieu au moyen de la garancine et du bois de Brésil avec ce
coton mordancé,au moyen de l'acétate d'alumine, et je ne fus pas peu
étonné de voir que, non-seulement il ne refusait plus de prendre la teinture
comme le coton pyroxylé, mais qu'il donnait des couleurs infiniment mieux
nourries et plus éclatantes que le coton non azoté et traité dans les mêmes
conditions de mordançage et de teinture.
» Le phénomène d'une teinture du coton nourrie d'une nuance appro-
chant de l'écarlate obtenue par le bois de Brésil avec le. mordant d'acétate
d'alumine fixa particulièrement mon attention, et aussitôt j'entrepris une
série de recherches tendant à produire artificiellement un coton nitré avec
des propriétés de fixation des couleurs aussi énergiques que celle de la py-
roxyline décomposée qu'une circonstance fortuite avait mise en mes mains.
« Après avoir constaté d'une manière irrécusable que dans le coton, ré-
sultat de la décomposition de la pyroxyline, les éléments nitreux retenus
étaient restés en combinaison chimique avec la cellulose, je reconnus bien-
tôt que ces éléments n'étaient pas entrés dans un état de>combinaison aussi
stable, en présence des sels de protoxyde de fer, que cela existe dans la py-
roxyline.
» On soumit à une douce chaleur de la pyroxyline décomposée et de la
pyroxyline intacte, dans un bain de sulfate de protoxyde de fer. En tres-peu
de temps, la pyroxyline, qui avait perdu une partie de ses éléments nitreux,
se colora en jaune chamois, tandis que la pyroxyline prit beaucoup moins
C. R., I&56, i« Semestre. (T. XLII, K° lo.) 0,0
( 678)
d'oxyde de fer que du coton ordinaire placé dans les mêmes circonstances.
Lorsqu'on transforma l'oxyde de fer en bleu de Prusse par un bain de ferro-
cyanure de potassium légèrement acidulé, les mêmes différences de couleur
se reproduisirent. Ainsi, en résumé, la pyroxyline, en perdant une partie de
ses éléments nitreux, non- seulement perd sa résistance à absorber des mor-
dants et des couleurs, mais. devient même infiniment plus apte à se charger
de ces corps que le coton non azoté. »
chirurgie. — Nouveau procédé permettant d'augmenter à volonté la hau-
teur de la lèvre, dans les opérations de bec-de-lièvre et de cheiloplastie ,•
par M. C. Sédillot.
a II est des procédés souvent côtoyés et presque touchés, dont on ne
comprend la nouveauté, les ressources et l'importance, qu'au moment où
l'on en signale les indications et les résultats. Celui que nous avons l'hon-
neur de présenter à l'Académie est de ce genre, et c'est par une de ces révé-
lations pratiques si fréquentes au contact des indications, que nous l'avons
imaginé et appliqué avec le plus heureux succès.
» On sait, et c'est un desideratum dont nous avons fait l'objet d'une re-
marque spéciale dans la deuxième édition de notre Traité de Médecine
opératoire, que la lèvre manque de hauteur chez la plupart des adultes qui
sont porteurs d'un bec-de-lièvre. Les deux moitiés de la scissure, entraî-
nées en dehors par la contractilité des fibres du muscle orbiculaire, sem-
blent avoir subi un certain degré d'atrophie, et lorsqu'on les a réunies, on
s'aperçoit que le bord libre de la nouvelle lèvre est concave et ne recouvre
qu'imparfaitement l'arcade dentaire. La disparition de l'encoche labiale par
le procédé de M. Clémot, de Rochefort, ne modifie en rien cette disposi-
tion, et l'on regrette de voir persister une véritable difformité dépendant
de la brièveté de la lèvre dans le sens vertical.
» L'atrophie dont je m'occupe était très-marquée sur une jeune fille de
vingt ans, que j'opérai à la clinique, au commencement du mois dernier.
» L'arcade dentaire était assez élevée, et l'étroitesse des deux moitiés de
la lèvre ne permettait pas d'espérer une restauration parfaite.
» Je pensai que l'on pourrait convertir une partie des bords horizontaux
de la lèvre en surfaces verticales, destinées à être affrontées, et qu'on obtien-
drait en même temps l'avantage de diminuer la largeur de l'ouverture buc-
cale, et de la rendre plus régulière et plus gracieuse.
» Rien de plus facile à remplir que l'indication dont je parle; il suffit
f
(679)
d'aviver la lèvre par deux sections obliques, dont la première, dirigée de
haut en bas et de dedans en dehors, s'arrête à 1 centimètre environ de dis-
tance du bord libre, tandis que la deuxième, commencée à ce dernier point,
est prolongée plus ou moins loin en dehors, selon que l'on veut donner à
la nouvelle lèvre une plus ou moins grande hauteur. On détache largement
la lèvre de l'arcade dentaire pour augmenter la laxité des tissus, et en
ramenant à une direction verticale les surfaces obliquement avivées et les
affrontant par la suture entortillée avec ou sans la modification proposée
par M. Clémot, on reforme une lèvre épaisse, d'une hauteur convenable,
dont la réunion immédiate s'accomplit aussi bien qu'à la suite des opéra-
tions ordinaires.
» Ceux qui conserveraient quelques doutes sur la précision et l'étendue
des ressources du procédé dont je viens d'exposer les principaux traits,
pourront, comme nous l'avons fait, en demander la démonstration à une
simple manœuvre d'amphithéâtre.
» Pour lever les dernières objections d'un de nos collègues, nous le con-
duisîmes avec nos internes, et quelques autres élèves, aux salles d'anato-
mie. Nous mesurâmes la hauteur de la lèvre d'un des sujets livrés aux
dissections. Cette lèvre avait 16 millimètres de son bord libre ou labial à la
racine du nez, et, après l'opération simulée du bec-de-lièvre par notre nou-
veau procédé, cette même lèvre présentait 25 millimètres, et avait ainsi
gagné 9 millimètres, ou un peu plus de moitié de la hauteur primitive.
» Nous avons revu notre malade à la fin de mars, et la bouche était restée
petite, régulière et gracieuse. »
RAPPORTS.
chimie générale. — Rapport sur un Mémoire de M. Georges Ville, ayant
pour titre ; Quel est le rôle des nitrates dans l'économie des plantes?
— De quelques procédés nouveaux pour doser l'azote des nitrates, en
présence des matières organiques.
(Commissaires, MM. Balard, Peligot, Pelouze rapporteur.)
« Le travail dont nous allons avoir l'honneur de rendre compte à l'Aca-
démie se divise, comme l'indique son titre, en deux parties bien distinctes.
» Dans la première, l'auteur fait l'historique des travaux relatifs au rôle
que les nitrates jouent dans la végétation. Il analyse succinctement les ex-
90..
( 68o )
périences et les observations faites sur ce sujet par MM. Liebig, Kuhlmann,
Gilbert et Lawes, Isidore Pierre et Bineau. Il fait ressortir le peu d'accord
qui existe entre les vues présentées par ces divers chimistes , et signale une
divergence d'opinions , bien naturelle d'ailleurs dans des questions qui ont
trait aux phénomènes si complexes et encore si peu étudiés de la végé-
tation.
» L'auteur rappelle enfin que dans un paquet cacheté adressé à l'Académie
le i3 août i855 et ouvert le 26 novembre dernier, il avait annoncé les faits
suivants :
» i°. Les plantes absorbent et décomposent les nitrates, de façon que
l'azote de ces sels devient une partie constitutive du tissu végétal.
» 2°.- A égalité d'azote, le nitrate de potasse agit plus que le sel ammo-
niac.
» Notre honorable confrère M. Boussingault avait déjà signalé
( Comptes rendus des séances de l'académie des Sciences, n° 21,9 no-
vembre i855) l'influence des nitrates sur le développement de l'orga-
nisme végétal, et il avait particulièrement donné la démonstration de
ce fait important, que le salpêtre agit très-favorablement sur la vé-
gétation par suite de son absorption directe , ce qui lui a permis
d'expliquer comment certaines eaux exercent sur les prés des effets extrê-
mement marqués, quoique souvent elles ne renferment que des traces à
peine dosables d'ammoniaque ; c'est que ces eaux contiennent ordinaire-
ment des nitrates, qui concourent, comme l'ammoniaque et même mieux
que l'ammoniaque, à la production végétale.
» En résumé, comme M. Ville se propose de revenir sur la première par-
tie de son Mémoire, et d'entrer ultérieurement dans des développements
qu'il n'a pas encore fait connaître, votre Commission n'aura à s'occuper
que des nouvelles méthodes proposées par ce chimiste pour doser les ni-
trates mêlés à des matières végétales et animales.
» C'était là un problème délicat et difficile, que M. Ville, hâtons-nous de
le dire , a résolu d'une manière très-satisfaisante.
» Lorsque les nitrates sont mêlés avec des sulfates, des phosphates, des
chlorures et avec un grand nombre d'autres matières inorganiques, on peut
déterminer avec exactitude l'acide nitrique qu'ils renferment, par un pro-
cédé fort simple qu'emploient souvent les raffineurs de salpêtre concur-
remment avec l'ancien procédé, qui consiste à laver le nitre brut avec de
l'eau saturée de nitrate de potasse pur.
» Cette méthode, dont l'auteur est un des Membres de cette Commission,
•
(68! )
consiste à décomposer les nitrates par un poids connu de fer dissous dans
l'acide chlorhydrique. En ajoutant à la liqueur un poids également connu
du nitrate qu'il s'agit de doser et portant pendant quelques instants le mé-
lange à l'ébullition, il se dégage du bioxyde d'.azote pur, tandis que le fer se
peroxyde. Ce métal ayant été employé en excès, on reconnaît facilement ce
qu'il en reste à l'état de protoxyde, au moyen d'une dissolution titrée de
permanganate de potasse, qui ne cesse de se décolorer qu'au moment même
ou le fer tout entier a été peroxyde. Le calcul indique le poids de l'acide
nitrique qui a concouru à cette peroxydation.
» L'épreuve ne laisse, en général, rien à désirer; mais on comprend que,
s'il s'agit de doser les nitrates contenus dans une plante, le procédé dont il
s'agit ne puisse plus être employé, car les nitrates sont mêlés alors avec des
matières qui colorent les dissolutions de caméléon ou qui décomposent ce
sel en le désoxydant.
» Cette dernière circonstance met surtout un obstacle à l'extension de
ce procédé, car une foule de substances organiques décolorent les dissolu-
tions de permanganate de potasse.
» Récemment, M. Schlœsing a eu l'idée de recueillir le bioxyde d'azote
provenant de la réaction des nitrates sur le protochlorure de fer, et de con-
vertir le gaz ainsi obtenu, en lui rendant de l'oxygène, en acide nitrique, que
l'on dose avec du sucrate de chaux titré. Ce chimiste distingué s'est assuré
qu'un grand nombre de matières organiques, et principalement celles qui
sont les plus répandues dans les végétaux, peuvent se trouver mêlées aux
nitrates, sans que ceux-ci apportent un trouble notable à son mode
d'analyse.
» Parmi ces matières, les unes sont azotées, telles que l'urée, l'amandine,
le gluten, l'asparagine, l'indigotine, la gélatine, etc. ; les autres ne contien-
nent pas d'azote. Nous citerons les acides malique, tannique, benzoïque,
ulmique, le sucre de canne, l'amidon, la mannite, la gomme arabique, la
colophane et l'huile de ricin.
» Malgré la présence dans les nitrates des diverses matières que nous
venons de citer, M. Schlœsing] retrouvait constamment à deux ou trois
millièmes près, et quelquefois avec plus d'approximation encore, la quan-
tité de nitrate sur laquelle il opérait dans le but de vérifier l'exactitude de
sa méthode.
» Pour être juste, on doit donc reporter à M. Schlœsing le mérite d'avoir
le premier imaginé une méthode générale pour doser les nitrates mêlés à
des matières organiques. Ce chimiste, dans un travail remarquable, a
( 682 )
appliqué son procédé à la détermination de l'azote contenu à l'état de ni-
trate dans les feuilles écôtées et dans les côtes de tabacs de dix-huit prove-
nances différentes. Le procédé de M. Schlœsing a été inséré avec détails
dans le tome XL des dnnales de Chimie et Physique ( n° d'août 1 854) ; de-
puis cette époque, il ne paraît pas qu'il ait été employé par d'autres chi-
mistes.
» Quoi qu'il en soit, celui dont nous allons rendre compte nous paraît
d'une exécution plus sûre et plus commode.
» Il consiste à convertir en ammoniaque le bioxyde d'azote provenant
de l'action des nitrates sur le protochlorure de fer acide. Depuis longtemps
M. Ruhlmann avait signalé aux chimistes la grande facilité avec laquelle
l'acide azotique et tous les oxydes d'azote peuvent se changer en ammo-
niaque, mais personne n'avait songé, avant M. G. Ville, à utiliser cette cu-
rieuse transformation pour le dosage des nitrates mêlés à des substances
organiques.
» La proportion d'ammoniaque déterminée avec un acide titré donne
celle de l'acide nitrique même. La réaction conserve la même netteté et le
procédé la même exactitude, soit que les nitrates contiennent exclusivement
des matières inorganiques, soit qu'ils aient été mêlés à une matière orga-
nique telle que du sucre, de l'acide oxalique, de la farine, de l'herbe sèche,
une infusion de café, etc. Nous nous sommes assurés que le procédé de
M. Ville fonctionne d'une manière satisfaisante en mêlant aux matières que
nous venons d'énumérer une certaine quantité de nitrate de potasse pur,
dont le poids était inconnu à M. Ville. Toujours ce chimiste nous a rapporté
à quelques millièmes près la quantité de salpêtre que nous lui avions remise
pour en faire l'analyse.
» Son procédé est si exact, qu'il peut être employé concurremment avec
celui dont il a été fait mention, pour établir ou contrôler le dosage du sal-
pêtre brut dans les raffineries.
» Son exécution prompte et peu coûteuse permettra d'étudier, mieux
qu'on ne l'a fait jusqu'ici, la formation de l'acide nitrique sous des influences
très-diverses, les proportions de cet acide dans les engrais, les plantes, les
eaux de toutes sortes, et son rôle dans la végétation.
» Nous ne suivrons pas l'auteur dans la description minutieuse qu'il a
donnée de son procédé. Nous nous bornerons à dire que des divers moyens
qu'il a employés pour convertir en ammoniaque le bioxyde d'azote, celui
auquel il donne la préférence consiste à décomposer ce gaz dans un tube
rempli de chaux sodée, par l'hydrogène sulfuré. La chaux et la soude
( 683 )
retiennent l'oxygène du bioxyde d'azote et la soude de l'hydrogène sulfuré
sous la forme de sulfates et des sulfures, tandis que l'azote et l'hydrogène
se réunissent pour produire de l'ammoniaque, qui se rend et se condense
dans un tube à boule, en partie rempli d'un acide normal. Une demi-heure
suffit pour faire une opération, et une disposition ingénieuse des appareils
permet de multiplier facilement ces sortes d'analyses.
» En résumé, le nouveau mode de dosage des nitrates, dont nous venons
de rendre un compte sommaire, est très-exact, d'une exécution à la fois
prompte et facile. Nous croyons qu'il pourra rendre des services incontes-
tables dans les recherches de chimie appliquée à l'agriculture et à la physio-
logie végétale.
» En conséquence, nous avons l'honneur de demander à l'Académie
qu'elle veuille bien remercier M. Georges Ville de son intéressante commu-
nication. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
MEMOIRES PRESENTES
L'auteur d'un Mémoire admis au concours pour l'un des grands prix des
Sciences physiques de l'année i856 (question concernant les lois de la dis-
tribution des corps organisés fossiles dans les terrains sédimentaires, sui-
vant leur ordre de superposition), adresse, ainsi qu'il l'avait précédemment
annoncé, une traduction française du Mémoire original qui est écrit en
allemand.
(Renvoi à la future Commission, qui devra s'assurer que cette traduction,
arrivée après la clôture du concours, ne contient rien qui ne se trouve
dans le texte allemand parvenu en temps utile.)
mécanique analytique. — Mémoire sur les variations de la pesanteur dans
une petite étendue de la surface terrestre, et sur quelques effets qui en
résultent ; par M. V. Puiseux. (Extrait par l'auteur.)
« Dans les questions relatives à l'équilibre et au mouvement des corps
pesants, on imagine ordinairement des axes de coordonnées liés invariable-
ment à la partie solide du globe terrestre, et on rapporte à ces axes la situa-
tion des points mobiles que l'on considère. Le plus souvent on peut se
contenter de regarder ces axes comme immobiles dans l'espace, et les points
( 684 )
pesants comme sollicités par des forces proportionnelles à leurs masses,
parallèles entre elles et faisant avec les axes des angles constants. Mais
quand on veut pousser les choses à la rigueur, on est forcé d'abandonner
ces suppositions. En effet, les axes de coordonnées participant, en réalité, au
mouvement de la Terre, il n'est permis de les considérer comme fixes qu'au-
tant qu'on applique à chaque point de certaines forces fictives; ces forces
dépendent de la situation et surtout de la vitesse du point mobile, et c'est
à elles qu'est dû le déplacement du plan des oscillations du pendule qui a
lieu dans la belle expérience de M. Foucault. Déplus, l'attraction terrestre
n'a pas exactement la même grandeur et la même direction en deux points
voisins et en un même point; elle change d'un instant à l'autre à raison de
la déformation que les marées occasionnent dans la partie fluide du globe.
Enfin le Soleil et la Lune exercent des actions qui varient aussi avec le
temps et avec la situation du point attiré.
m Les conditions d'équilibre des corps pesants, telles qu'on les admet
d'ordinaire, doivent donc être un peu modifiées, et, bien que les effets dus
à ces modifications soient très-faibles et de l'ordre des plus petites quantités
que nous sachions mesurer, il m'a paru curieux de rechercher ceux qui sont
susceptibles d'être énoncés simplement, ou dont la vérification expérimen-
tale ne paraît pas absolument impossible. L'analyse que j'ai employée con-
duit d'ailleurs à des expressions fort simples des variations de la pesanteur
dans une petite étendue, et montre comment ces variations sont liées à
l'aplatissement de la Terre.
» J'indique ici quelques conséquences de ces formules. Concevons
qu'une lunette, mobile dans le plan du méridien et munie à son foyer d'un
fil horizontal, soit dirigée vers un bain de mercure placé au-dessous, de ma-
nière que l'image du fil vue par réflexion coïncide avec l'image vue direc-
tement. Si l'on répète la même expérience avec un autre bain de mercure
situé plus haut ou plus bas, la lunette devra changer de position, attendu
que la verticale n'a pas exactement la même direction à des hauteurs diffé-
rentes. Je détermine le petit angle dont la lunette doit tourner ; il dépend
de la latitude et de la différence de niveau des deux bains. En supposant
cette différence égale à 1000 mètres et l'expérience faite au-dessus du sol,
l'angle dont il s'agit serait d'environ o",i7 à la latitude de 45 degrés.
» Un fil homogène, suspendu librement par une extrémité, ne prend pas
une forme exactement rectiligne ; il se confond sensiblement avec un arc
de parabole. Le paramètre de cette courbe change avec la latitude ; mais il
est indépendant de la nature et de la longueur du fil.
.( 685 )
» Un corps solide mobile autour d'un axe vertical n'est pas, comme on
l'admet communément, dans un état d'équilibre indifférent; il tend à s'o-
rienter dans certaines directions qui ne changent pas avec le temps, lorsque
l'axe de rotation coïncide avec la verticale du centre de gravité. Par
exemple, une girouette mobile autour de la verticale de son centre de gra-
vité et partagée par cet axe en deux parties symétriques, ne peut être en
équilibre qu'autant qu'elle est dirigée dans le plan du méridien ou dans un
plan perpendiculaire; l'équilibre, instable dans le premier cas, est stable
dans le second. Ecartée d'une position d'équilibre stable, la girouette oscil-
lerait de part et d'autre, si les frottements inhérents au mode de suspension
pouvaient être assez atténués ; mais la durée des oscillations, qui dépasserait
huit heures, montre combien est petite la force qui tend à les produire.
» Enfin la même analyse donne les positions d'équilibre d'un corps mo-
bile en tous sens autour de son centre de gravité. Elle montre, par exemple,
qu'une tige suspendue par son centre de gravité tend à se placer dans le
plan du méridien, de manière à faire avec la verticale un petit angle dont
la valeur est d'environ 6' à la latitude de 45 degrés; dans notre hémisphère,
la partie inférieure de la tige est du côté du nord. »
Dans la Lettre qui accompagne cet envoi, M. Puiseux prie l'Académie
de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place
vacante dans la Section de Géométrie.
La demande de M. Puiseux et le Mémoire qu'il présente sont renvoyés
à l'examen de la Section de Géométrie.
mécanique appliquée. — Modification apportée au frein du système
Laignel; par M. Perreul. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Piobert, Morin, Séguier.)
« Le frein de M. Laignel, a dit un savant ingénieur, se différencie complé-
» tement des appareils ordinaires, en ce qu'il agit sur les rails mêmes.... Des
» manivelles à vis, placées sur les voitures, permettent de faire descendre
» les sabots dans une direction verticale et de les presser à volonté contre
» les rails. On peut ainsi graduer le frottement et le rendre de plus en plus
» grand, jusqu'à ce que l'on ait atteint le maximum de résistance Ce
» système a le triple avantage de la solidité, de la promptitude d'action
» et.... »
» Voyons maintenant quels obstacles a rencontrés le sjstème par pres-
C. R., i856, i« Semestre. (T. XLli, N<> la.) 9*
( 686 )
sion verticale, et démontrons qu'ils proviennent tous du point d'appui qu'on
avait choisi. . . . C'est de la nature et de l'état de la surface choisie que viennent
tous les ohstacles à la réussite complète de la pression verticale ; en effet, l'hu-
midité boueuse du rail, sa surface trop lisse par le passage des roues et dans
des conditions défavorables d'humidité, trop étroite surtout pour qu'on
puisse en obtenir une pression puissante : ces obstacles, qui ont empêché la
généralisation d'un système approuvé depuis dix ans, ne se rencontrent pas
dans notre système, où un nouveau point d'appui a été choisi.
» C'est sur le sable du ballast, étendu sur là voie, et en changeant la
forme du sabot, que nous avons trouvé un meilleur point d'appui, complè-
tement exempt des inconvénients que nous venons de signaler. Ce sable ne
doit jamais cependant pouvoir être amoncelé d'une manière gênante, ni
projeté sur la voie. Il doit être sillonné, fendu, pour ainsi dire, par l'appa-
reil remplaçant le sabot, et qui se compose d'un épais madrier en forme de
grand patin; plusieurs lignes de fer aigu, parallèles entre elles et relevées à
l'avant, remplaceraient l'unique ligne enfer qui, dans le patin proprement
dit, sert à glisser sur la glace.
» Le sable, sillonné d'abord par. les lignes du patin, qui s'y enfonceront
peu à peu, produira un frottement qui deviendra de plus en plus grand ; les
Signes de fer arriveront jusqu'aux traverses qu'elles sillonneront, sans aucun
danger de dérangement, et sur lesquelles elles s'arrêteront lorsque l'arbre à
vis, manœuvré par des leviers de cabestan , pressera le madrier formant patin
lui-même sur le sable, ce qui produira un maximum de résistance assez
puissant pour arrêter un convoi rapidement, en cas de danger imminent, et
bien certainement dans un espace moindre que celui exigé jusqu'ici, sous
peine de catastrophe semblable à celle de Moret, déclarée d'avancé inévi-
table, dans les mêmes circonstances et dans l'état d'insuffisance du matériel
actuel.
» Deux appareils, l'un placé sur le tender, l'autre sur la dernière voiture,
nous paraissent suffisants. Le dessous du madrier, suspendu à l'arbre à vis
et complétant le frein, devra probablement être revêtu d'une plaque de fer;
l'expérience peut seule en démontrer la nécessité. »
chimie générale. — Faits pour servir à l'histoire de l'éthérification;
par M. Alvaro Retxoso.
(Commissaires, MM. Pelouze, Dumas, Payen.)
« Action du bioxyde de mercure sur VétJier iodhjdrique éthjlique. —
i°. Quand on met du bioxyde de mercure et de l'éther iodhydrique dans
(687)
un tube scellé à la lampe, et que -l'on chauffe pendant quatre heures à
260 degrés, une réaction très-énergique a lieu. On voit, à travers les parois
du tube, la masse décomposée, noircie, contenant quelques globules de
mercure métallique au fond d'un liquide très-mobile. À l'ouverture du
tube, un grand dégagement de gaz a lieu, suivi d'une forte explosion. Il
nous a été impossible d'étudier cette réaction à cause de l'explosion; nous
avons constaté seulement qu'une partie de l'iode était devenue libre.
» 20. Du bioxyde de mercure mis avec de l'éther iodhydrique dans un
tube scellé à la lampe fut maintenu pendant six heures à la température
de 100 degrés; le bioxyde de mercure passa à l'état d'iodure, et en ouvrant
le tube nous avons constaté : i° la formation d'une petite quantité de gaz
oléfiant; i° production d'éther hydrique; 3° formation d'une trace d'é-
ther acétique; 4° présence d'un excès d'éther iodhydrique non décomposé ;
5° l'éther tenait en dissolution un peu d'iodure de mercure.
» 3°. Nous avons abandonné pendant dix-sept mois sur une table, près
d'une fenêtre par où entraient facilement les rayons du soleil, un tube con-
tenant de l'éther iodhydrique et du bioxyde de mercure. Au bout de quel-
ques jours déjà la réaction avait commencé, à en juger par la formation de
l'iodure de mercure; nous l'avons laissée cependant se continuer, et chaque
jour la formation d'iodure s'accroissait, et il se déposait contre les parois
du tube, en formant de beaux cristaux. En ouvrant le tube, une assez
grande quantité de gaz s'est dégagée; le produit liquide était composé
d'une proportion considérable d'éther acétique et d'une petite quantité
d'éther hydrique. Il est évident que la formation de l'éther acétique n'a
lieu qu'en vertu d'une réaction secondaire, et que le bioxyde de mercure
agit d'abord sur l'éther iodhydrique en le transformant en éther ordinaire.
L'éther acétique proviendrait d'une oxydation de l'éther hydrique, oxyda-
tion qui ne pourrait avoir lieu qu'aux dépens de l'oxygène de l'oxyde,
car l'oxygène de l'air contenu dans le tube se trouve en trop petite quan-
tité pour produire cet effet. II s'ensuivrait la formation d'un oxyde infé-
rieur, ou de mercure métallique. Il est probable qu'il y a du mercure
métallique mis en liberté, qui alors agit à son tour sur l'éther iodhydrique
non encore décomposé en formant, comme l'a démontré Franckland, de
l'iodure de mercure, ainsi qu'un mélange gazeux composé d'éthyle, d'hy-
drure d'éthyle et de gaz oléfiant.
» Si, au résultat que nous venons d'obtenir, on ajoute la production
de l'éther hydrique par l'action de l'eau (Franckland) et de l'oxyde d'ar-
9
( 688 )
gent (M. Wurtz), on est, nous le croyons, bien fondé à espérer obtenir la
même action avec d'autres oxydes.
» Cette étude générale pourrait ne pas avoir un très-grand intérêt sous
le point de vue spécial de la production de l'éther, mais il n'en est pas
de même si l'on considère le rôle qu'il pourrait jouer dans l'explication de
l'action de plusieurs corps sur l'alcool, qui l'éthérifient, et dont la véritable
action n'est pas bien connue aujourd'hui.
» Il est probable que d'autres oxydes réagiront aussi d'une manière ana-
logue sur les éthers chlorhydrique et bromhydrique.
» Actiondes sulfates sur l'alcool. — Nous avons mis avec de l'alcool, dans
un tube fermé par un bout, les sulfates de magnésie, de manganèse, de fer,
cobalt, nickel, cadmium, zinc et cuivre; le tube, scellé à la lampe par
l'autre bout, fut placé dans un canon de fusil et chauffé dans un bain d'huile
à 240 degrés. Tous ces sulfates ont produit l'éthérification de l'alcool ;
aucun, excepté ceux de nickel et de cuivre, n'a subi de décomposition.
Le sulfate de nickel passa à l'état de sous-sulfate, et celui de cuivre fut ré-
duit en partie à l'état métallique. Jamais il n'y a eu dégagement de gaz,
excepté lorsqu'on a employé le sulfate de cuivre, où une grande quantité
de gaz s'est dégagée à l'ouverture du tube. Les sulfates non décomposés
conservent après l'expérience leurs propriétés chimiques, et ils se dissolvent
complètement dans l'eau On a toujours expérimenté sur des sulfates cris-
tallisés. Tous ces sulfates perdent par l'action combinée de la température et
de l'alcool leur eau de cristallisation, et dans cet état anhydre ils tardent
plus longtemps à se dissoudre dans l'eau.
» Iodures et bromures. — L'iodure et le bromure de cadmium, chauffés
avec de l'alcool à 2/J0 degrés, produisent de l'éther. Ils ne se décomposent
pas, et à l'ouverture du tube il n'y a pas de dégagement de gaz.
» Le bromure de mercure fut chauffé avec de l'alcool à 240 degrés. La
masse noircit fortement, et à l'ouverture du tube il y eut un grand dégage-
ment de gaz et l'alcool se trouva élhérifié. Le bromure était décomposé.
» Chlorures et chlorhydrates. — Les chlorures de cobalt, de cadmium et
le protochlorure de manganèse chauffés avec de l'alcool à a4o degrés restent
sans se décomposer, et l'alcool se convertit en éther sans qu'il y ait de déga-
gement de gaz. C'est le protochlorure de manganèse qui produit la plus
grande quantité d'éther.
» Le chlorure de nickel, chauffé avec de l'alcool à 240 degrés, passe à
l'état de sous-chlorure insoluble; l'alcool produit de l'éther, et à l'ouverture
du tube on constate un léger dégagement de gaz.
(689)
» Le prolochlorwe détain fut chauffé à a/jo degrés avec de l'alcool, et
après l'expérience le liquide contenu dans le tube se trouva partagé en deux
couches bien tranchées : l'une, supérieure, limpide; l'autre, inférieure, lai-
teuse. A l'ouverture du tube, des gaz se sont dégagés, et l'on a constaté la
formation d'une grande quantité d'éther.
» Le protochlorure de fer, .chauffé avec de l'alcool à 240 degrés, produit
une action très-marquée. Le liquide dans le tube se trouve partagé en deux
couches fort distinctes, dont la supérieure, très-considérable, consiste en
éther pur. A l'ouverture du tube il y a un léger dégagement de gaz.
» Le protochlorure de cuivre produit aussi à 240 degrés l'éthérification
de l'alcool.
» Le bichlorure de mercure, chauffé avec de l'alcool à 240 ou à 200 de-
grés, se décompose ; la masse noircit fortement, et à l'ouverture du tube
une grande quantité de gaz se dégage, et on constate la production de
l'éther.
» Les chlorhydrates de morphine et de cinchonine chauffés avec de l'al-
cool à 200 degrés noircissent; à l'ouverture du tube il n'y a pas de dégage-
ment de gaz, et la liqueur contient de faibles proportions d'éther. L'odeur
éthérée est plus prononcée avec la cinchonine qu'avec la morphine. »
physique appliquée. — Production des lames diaphanes minces , ttu
moyen de dissolutions résineuses, et sur un papier à couleurs changeantes
obtenu par l'application de ces lames (deuxième Note) ; par M. Carrère.
(Extrait. )
(Commissaires précédemment nommés : MM. Pouillet, Babinet,
de Senarmont. )
« Depuis la première communication que j'ai eu l'honneur de faire à
l'Académie, j'ai cherché à produire des lames minces avec différentes ré-
sines et avec d'autres corps solubles dans les essences ; voici les résultats
auxquels je suis arrivé : i° La lame produite par une dissolution de bi-
tume de Judée présente le maximum d'éclat. 20. On obtient encore des
lames brillantes avec la dissolution d'un des corps suivants : succin fondu,
gomme-gutte fondue, lésine-mastic. 3°. En général, la lame mince est terne ;
c'est ce qui a lieu, par exemple, pour la colophane et le caoutchouc. 4°- On
ne peut pas produire de lame mince avec la dissolution de certains corps,
par exemple de la résine copal, de l'acide stéarique, de la cire. 5°. Sous le
( <w )
rapport de l'application des lames minces à la coloration du papier, j'ai
obtenu le meilleur résultat en employant une dissolution de succin fondu
et de résine-mastic dans un mélange de benzine et d'essence de térében-
thine. »
A cette Note sont jointes trois feuilles de papier coloré par l'application
des lames minces, au moyen du procédé indiqué par l'auteur dans la pre-
mière communication.
physiologie. — action de divers extraits végétaux sur le sang veineux.
Nouvelles expériences de M. Lecleuc , et réponse à une réclamation de
M. Clauzure.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Flourens, Coste, Cl. Bernard.)
« Je viens de lire dans le Compte rendu des séances de l'Académie que
M. Clauzure, médecin à Angoulême, réclamait la priorité des expériences
dont j'ai communiqué les résultats dans la séance du 3 mars dernier. Je ne
puis accepter les réclamations de M. Clauzure, et je mets à la disposition de
l'Académie des Lettres de ce médecin qui prouvent que ses assertions ne
sont nullement fondées.
» Qu'il me soit permis maintenant de faire connaître à l'Académie les
conclusions de nouveaux faits que j'ai observés le 8 avril dernier.
» i°. Le sang veineux perd sa disposition à la fermentation putride par
son mélange avec la belladone et le Datura stramônium.
» a°. L'atropine ne possède point la propriété d'arrêter la fermentation
putride.
» 3°. La noix vomique, la strychnine et la brucine arrêtant la fermenta^
tion putride, mais ne conservent nullement les globules.
» 4°- "L'extrait d'ipecacuanha est dans le même cas.
» 5°. Les autres substances essayées n'arrêtent point la fermentation pu-
tride et ne conservent point les globules.
» 6°. Le sang veineux pur et conservé à l'abri du contact de l'air pen-
dant le même espace de temps que les autres mélanges qui précédent,
éprouve la fermentation putride et subit la destruction des globules. »
f 69> )
CHIRURGIE. — Note sur la dé f articulation de la mâchoire inférieure ap-
pln/uée à V extirpation des tumeurs profondes du pharynx , de la langue
et du voile du palais ; par M. Maisoxneuve. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Moquin-Tandon, Jobert, de Lamballe.)
« L'idée d'enlever l'os maxillaire supérieur sain, dans le but de rendre
possible l'extirpation de certaines tumeurs profondes du pharynx et de la
zone zygomatique, excita d'abord parmi les chirurgiens une certaine
émotion; puis, en y réfléchissant, on ne tarda pas à comprendre que s'il était
permis, pour sauver la vie d'un homme, de sacrifier un organe malade, le
sacrifice de ce même organe sain ne devait pas arrêter davantage, quand le
but était le même.
«C'est en procédant d'après ce principe que jesuis parvenu à sauver d'une
mort imminente plusieurs malades affectés de tumeurs réputées incurables.
Deux de ces malades ont été présentés .à l'Académie de Médecine et sont
restés complètement guéris.
» Frappé de ces résultats, j'ai pensé.qu'on pourrait, en appliquant le même
principe à l'os maxillaire inférieur, arriver à pratiquer l'extirpation de quel-
ques autres tumeurs, jusqu'alors inaccessibles à nos moyens d'action.
» Les deux observations suivantes donneront une idée de ce qu'on peut
obtenir de cette nouvelle méthode.
» Première observation. — Homme de cinquante-huit ans, malade depuis
huit mois, nombreux traitements médicaux sans succès ; épithélioma végé-
tant et ulcéré qui occupe la face interne de la joue droite , l'amygdale, la
presque totalité du voile du palais et surtout les parties supérieure, posté-
rieure et latérale droite du pharynx, avec menaces d'asphyxie.
» Opération le 3 juillet 1 855, après désarticulation préalable de la moitié
latérale droite de l'os maxillaire inférieur sain , Guérison en moins de six
semaines.
» Deuxième observation. — Homme de cinquante-deux ans. Affection car-,
cinomateùse qui avait envahi le côté droit* de la base de la langue, la por-
tion voisine du pharynx et du voile du palais, ainsi qu'un des ganglions
sous-maxillaires. — Opération le 12 février 1 856, par ablation préalable
de la moitié latérale droite de I'qs maxillaire inférieur sain. Guérison.
Conclusions'.
» i°. La désarticulation d'une des moitiés latérales de l'os maxillaire infé-
rieur rend possible l'extirpation de certaines tumeurs profondes du pha-
( 69*)
rynx, de la langue et du voile du palais, inaccessibles jusqu'alors à nos
moyens d'action.
» 20. Le chirurgien est autorisé à la pratiquer, même dans les cas où cet os
n'a subi aucune altération, du moment où l'affection qu'il s'agit d'extirper
compromet gravement la vie du malade. »
médecine , — Recherches sur la cause du choléra asiatique , sur celle du
typhus ictérode et des fièvres de marécages ; par M. Beacperthuy.
(Commissaires, MM. Serres, Andral, Boussingault.)
M. Flourens, en présentant ce travail, au nom de l'auteur autrefois voya-
geur-naturaliste du Muséum, aujourd'hui professeur d'Anatomie à l'univer-
sité de Caracas (Amérique du Sud), en donne une idée d'après les extraits
suivants de la Lettre d'envoi, datée de Cumana, 1 8 janvier i856 :
« Mes observations sur le choléra ont été faites dans les mois de no-
vembre et décembre de i854, pendant la grande épidémie qui ravagea une
partie des Antilles anglaises et le littoral du golfe Triste et de la province de
Cumana. En décembre i853, j'ai été chargé par le Gouvernement Véné-
zuélien de porter secours aux individus attaqués par la fièvre jaune à
Cumana et ses alentours. Déjà, depuis 1839, de longues et pénibles re-
cherches faites dans un grand nombre de localités malsaines des provinces
de Cumana, Barcelone et de la Guyane espagnole, m'avaient porté à
croire que les fièvres des marécages étaient dues à un virus végéto-animal,
inoculé dans l'organisation humaine par des insectes tipulaires.... Il est
digne d'observation que les produits putrides, accumulés dans le tube intes-
tinal des fébricitants, sont formés presque en totalité de monades et de
vibrions semblables à ceux qu'on observe dans les matières animales et vé-
gétales en putréfaction. Le sulfate de quinine, l'arséniate dépotasse, le jus
de citron, etc., paralysent les mouvements de ces insectes.
» Je dirai, à cette occasion, que le sulfate de quinine administré à haute
dose, 1 8 à 20 grains par jour, m'a très-bien réussi, dans les nombreuses
applications que j'ai faites de ce remède, chez les individus que j'ai soignés
d'accidents consécutifs à la piqûre des serpents.
» Les accidents de la fièvre jaune me semblent tenir également à l'in-
troduction dans l'économie des sucs septiqués pompés par des insectes sur le
littoral. Quant à la matière animale noire qui, dans une période avancée de
la fièvre jaune, est rejetée par les vomissements, elle est formée d'une multi-
tude de monades d'une extrême ténuité. Je ne puis mieux la comparer
( 6g3 )
qu'aux globules du pigmentum de la choroïde, observé, au moyen du mi-
croscope de M. Vincent Chevalier, en employant" le plus fort grossissement.
Pour bien faire cette observation, il faut délayer une très-petite quantité du
pigmentum dans une goutte d'eau distillée et placer sur le porte-objet une
particule de ce mélange. »
médecine. — Constitution médicale de la fin de tannée 1 855 ; histoire des
épidémies de fièvre muqueuse, de variole, de rougeole et de coqueluche
qui ont régné en 1 855 dans quelques communes de l'arrondissement de
J^illefranche [Haute- Garonne) ; par M. Martin Dcclacx.
(Commissaires, MM. Andral, Rayer, Cl. Bernard.)
Dans la Lettre qui accompagne l'envoi de ce volumineux travail, l'au-
teur prie l'Académie, lorsqu'elle aura à nommer un Correspondant pour la
Section de Médecine et de Chirurgie, de vouloir bien le comprendre dans
le nombre des candidats.
Cette demande sera réservée pour être soumise en temps opportun à
l'examen de la Section compétente.
M. Behthf.rand, auteur d'un ouvrage sur la médecine et l'hygiène des
Arabes envoyé précédemment pour le concours Montyon (Médecine et Chi-
rurgie), adresse, conformément à une condition imposée aux concurrents,
une indication en double copie de ce qu'il considère comme neuf dans cet
ouvrage.
M. Boutigny, d'Évreux, soumet au jugement de l'Académie une Note
jiyant pour titre : Sur le mouvement de rotation d'un corps à l'état sphéroi-
dal autour dun point fixe.
(Commissaires, MM. Babinet, Despretz, Cagniard-Latour. )
L'auteur s'est proposé principalement dans cette communication de dé-
velopper les conséquences qui découlent, suivant lui, d'un fait qu'il a déjà
depuis longtemps observé. Ce fait ayant déjà été décrit dans un opuscule
publié en 1847 Par ^- Boutigny, nous ne le reproduirons pas ici; et quant
aux déductions, nous nous bornerons à dire que l'auteur croit à une liaison
entre le sens de la rotation du sphéroïde qu'il produit et celui de la rotation
du sphéroïde terrestre.
C. R., i856, 1er Semestre. (T. XLII, N° io.) i)2
( 694)
M. Gueyton prie l'Académie de vouloir bien faire examiner par une
Commission un procédé qu'il a imaginé pour obtenir d'une épreuve photo-
graphique sur verre ou sur métal une gravure à l'eau-forte susceptible de
donner des épreuves du genre des estampes en taille-douce.
(Commissaires, MM. Becquerel, Regnault, Despretz.)
M. Salleron présente la description d'un anémométrographe inscrivant
électriquement la direction et la vitesse du vent pour chaque instant de la
journée.
Cette description, qui ne peut à raison de son étendue être reproduite
textuellement et qui serait d'ailleurs difficilement comprise sans le secours
d'une figure, est renvoyée à l'examen d'une Commission composée de
MM. Pouillet et Babinet.
Un appareil construit par M. Salleron, et conforme à la description qu'il
présente aujourd'hui, est exposé dans la pièce qui précède la salle des
séances.
M. Despretz demande, au nom de M. Ruhmkorjf, que l'appareil em-
ployé par cet habile constructeur pour mettre le feu aux mines soit admis
au concours pour le prix fondé par M. de Montyon et destiné à récom-
penser les inventions qui tendent à rendre une profession moins insalubre
ou moins périlleuse.
(Réservé pour la future Commission.)
M. Moysen adresse une Note destinée à servir de complément à sa des-
cription du râteau mécanique pour arracher le chiendent, appareil' compris
dans le nombre des instruments aratoires qu'il a précédemment présentés
au concours pour le prix de Mécanique.
( Réservé pour la future Commission . )
CORRESPONDANCE.
M. Flourens présente, au nom de l'auteur, un exemplaire du Rapport
adressé à l'Empereur, par M. le Maréchal Piaillant, Ministre de la Guerre,
sur la culture du coton en Algérie, année i855.
(695 )
M, Flourejss, en présentant au nom de M. Van Monckhoven, de Gaud,
un volume intitulé : « Traité général de Photographie, suivi de l'application
de cet art aux sciences et de recherches sur l'action chimique de la lumière »,
donne dans Les extraits suivants de la Lettre d'envoi une idée des résultats
auxquels est arrivé l'auteur et qui font l'objet principal de son livre.
« Comme le titre de l'ouvrage l'indique, j'ai plutôt essayé une description
scientifique de la photographie qu'une description purement pratique. Les
principaux points auxquels je crois être arrivé sont les suivants :
» i°. Le foyer chimique pour un même objectif varie avec la nature et
même l'état de la surface employée (Note de M. Secretan), parce que le .
maximum de l'intensité chimique peut varier pour une même substance
entre les limites du bleu prismatique et des rayons obscurs les plus réfran-
gibles.
» a0. La nature du pyroxyle exerce, dans le procédé sur collodion, une
influence très-grande sur les résultats. Comme M. Hadow l'a prouvé, il
existe quatre variétés de pyroxyle qui diffèrent de composition, fait encore
peu connu. M. Hadow admet avec raison, à ce que je crois, que le coton
fixe de l'acide hypoazotique et non de l'acide azotique. D'ailleurs ces re-
cherches ont reçu une grande publicité en Angleterre.
» 3°. L'azotite d'argent, en connexion avec le nitrate, forme un liquide
sensibilisateur qui favorise singulièrement le développement de l'image '
latente par l'acide pyrogallique.
» 4°- Les insuccès, qui sont le complément inévitable des procédés pho-
tographiques, peuvent être groupés en quelques insuccès types, à l'aide
desquels on peut y obvier avec facilité.
» 5°. Plusieurs méthodes de renforçage d'épreuves négatives sur collo-
dion sont à rejeter. Ainsi quelques photographes blanchissent les épreuves
formées d'argent pur à l'aide du bichlorure de mercure; j'ai reconnu que
l'image blanchie était formée de protochlorure de mercure et de chlorure
d'argent : or ces deux composés sont sensibles à la lumière, et, par consé-
quent, l'épreuve s'efface. Il en est de même si l'on noircit l'épreuve avec
l'ammoniaque.
» 6°. Les épreuves positives sur papier sulfurées s'effacent. J'ai traité
analytiquement cette question , et l'ai développée en formules.
» Enfin, je n'ai pas cru devoir reculer devant les applications de la pho-
tographie aux sciences, et c'est là pour moi un point trop important ; en
effet, quel est le micrographe qui oserait seulement penser à reproduire à
9a-
l'aide de sa main inhabile les merveilleuses organisations de certains êtres
microscopiques? Quel est l'observateur qui peut rivaliser avec le mystérieux
travail de la lumière pour enregistrer régulièrement les variations de la
colonne barométrique et de l'aiguille aimantée? Certes, ce sont là des faits,
qui montrent combien, dans un avenir peu éloigné peut-être, la photogra-
phie pourra être d'une utilité dans les recherches scientifiques. J'ai d'ailleurs
consigné dans cet ouvrage plusieurs expériences, que je crois nouvelles.
M'occupant de la photographie en amateur libre et indépendant, aucune
considération personnelle n'a dû me retenir pour décrire les procédés
photographiques , ce qui n'arrive pas toujours dans les publications de ce
genre. »
M. Flourens fait, au nom de l'auteur, hommage à l'Académie d'un exem-
plaire de la Conquête d'Alger, écrite sur des documents inédits et authenti-
ques par M. Alj. Nettement.
« Si ce livre, dit M. le Secrétaire perpétuel , est présenté par moi au lieu
de l'être, comme on pourrait s'y attendre, par M. l'amiral Du petit-Thouars,
il faut en chercher le motif dans la modestie de notre confrère, qui n'a pas
voulu appeler l'attention sur le récit d'une expédition dont il a reconnu et
prouvé la possibilité, alors qu'elle était déclarée impraticable par des
hommes dont la parole avait une grande autorité. »
M. le Secrétaire perpétuel appelle encore l'attention sur un ouvrage
de physique mathématique, envoyé de Turin par M . Ménabréa, et com-
munique l'extrait suivant de la Lettre d'envoi.
« Par une Lettre du 3o mai 1 855, insérée par extrait dans les Comptes
rendus, j'annonçai à l'Académie que j'étais parvenu, par une méthode d'une
simplicité élémentaire, à intégrer un système d'équations linéaires aux diffé-
rences partielles, et à obtenir ainsi des formules d'une grande généralité
et qui comprennent, comme cas particulier, les solutions des problèmes qui
se rapportent aux vibrations et à la propagation de la chaleur dans les
corps solides. Le Mémoire qui contient ces recherches venant d'être imprimé,
je m'empresse d'en offrir un exemplaire à l'Académie des Sciences. »
La Société impériale Zoologiqde d'acclimatation remercie l'Académie,
qui l'a comprise dans le nombre des Institutions auxquelles elle accorde
les Comptes rendus de ses séances.
Un exemplaire du Rapport fait à cette Société dans sa séance du Ier fé-
(697 )
vrier, par M. Isid. Geoffroy -S 'aint-Hilaire , sur les mesures relatives aux
récompenses et encouragements à accorder, est présenté au nom du Rap-
porteur.
La Société pour les secours a donner aux noyés, instituée à Amsterdam,
adresse un exemplaire, en langue française, d'un aperçu historique rédigé
par un de ses membres. La Société accueillerait avec reconnaissance toutes
les observations faites sur ce livre, qui seraient de nature à suggérer des
améliorations à obtenir relativement au but qu'elle se propose, ou à indi-
quer celles déjà obtenues dans quelques pays.
physique. — Note sur un nouveau système de relais rhéotomique destiné
à transmettre simultanément, à travers un même fil, une dépêche à plu-
sieurs appareils télégraphiques différents placés en dehors de la ligne
télégraphique; par M. Th. du Moncel.
« Il peut arriver qu'on veuille transmettre simultanément une dépêche
à plusieurs appareils télégraphiques disséminés en différents points d'une
ville, ou dans les environs de grands centres télégraphiques auxquels ils sont
déjà reliés. Dans ce cas, comme dans celui où l'on veut transmettre instan-
tanément une dépêche dans plusieurs directions différentes, on peut faire
usage des relais rhéotomiques dont nous allons parler.
» Il y a déjà longtemps, M. Wheatstone avait cherché le moyen de ré-
soudre ce problème, et il avait imaginé, à cet effet, un appareil fondé sur
la persistance de la déviation du galvanomètre soumis à un courant inter-
rompu à des intervalles excessivement rapprochés. Mais l'isochronisme par-
fait de mouvement que ces appareils exigeaient et la lenteur de la trans-
mission rendaient la solution de ce problème plutôt théorique que pratique.
J'ai donc cherché à résoudre le problème d'une autre manière, et voici
comment je m'y suis pris.
» Qu'on imagine à la station centrale éloignée de la station qui transmet
un appareil d'horlogerie dont le mouvement soit le plus accéléré possible,
et qui ait pour effet mécanique de mettre en mouvement circulaire ou rec-
tiligne un petit frotteur à piston, appliqué sur une plaique d'ivoire fixe; on
concevra facilement que si cette plaque d'ivoire porte (sur le parcours du
piston) autant de plaques métalliques qu'il y a d'appareils à faire mouvoir,
le piston, à chaque révolution qu'il accomplira, pourra renvoyer successi-
vement un même courant dans ces différents appareils. Or, en admettant
que le mécanisme d'horlogerie soit commandé par un électro-aimant inter-
(698)
posé dans le circuit d'un relais ou même dans le circuit de la ligne, et que
chaque attraction de cet électro-aimant ait pour effet de permettre au frot-
teur-piston d'accomplir une révolution entière, il arrivera que chaque fer-
meture de courant opérée sur le relais aura pour résultat une série de
fermetures successives à travers des circuits différents, fermetures qui pour-
ront se succéder infiniment rapidement, puisque pour être effacées elles
n'ont pas besoin d'être en rapport avec les actions mécaniques produites.
» Quand la transmission multiple doit se faire de la station elle-même
qui transmet, c'est le cas de la station de Paris quand il s'agit d'envoyer
une grande nouvelle dans les départements, le rhéotome pourrait se passer
de relais et de l'électro-aimant commandant le rhéotome. Ce serait le trans-
metteur qui réagirait alors directement sur le mouvement d'horlogerie.
» Pour empêcher la confusion qui pourrait résulter du déclanchement
trop lent ou trop prompt du mécanisme rhéolomique, l'interrupteur doit
être mis en mouvement par un mécanisme d'horlogerie, calculé de manière
à marcher d'accord avec le mécanisme du rhéotome.
» Il va sans dire que ce système de relais rhéotomique ne peut s'appli-
quer qu'aux télégraphes à aiguilles. »
M. Doxox envoie la série de couleurs à base de fer qu'il avait annoncée
dans La précédente séance (le nom avait été écrit, par erreur, Dosnon).
M. Dubois adresse, de Clermont-Ferrand, une Lettre écrite avec une
encre de sa composition, qu'il considère comme inaltérable. Il souhaiterait
que les propriétés qu'il attribue à cette encre pussent être constatées à la
suite d'épreuves faites par une Commission que nommerait l'Académie.
On fera savoir à l'auteur qu'il est de règle pour l'Académie de ne point
s'occuper des produits dont on ne lui a pas fait connaître d'avance la com-
position.
M. de Tiremois signale une erreur qui a été commise à son égard dans un
des précédents volumes des Comptes rendus hebdomadaires . Une Note sur
un procédé pour faire du bleu d'outremer avait été présentée en son nom,
le 23 mai 1842, et imprimée dans le Compte rendu de cette séance; mais
dans le texte de ce numéro (t. XIV, p. 761) comme dans la Table du vo-
lume, et dans la Table générale, publiée en i853, son nom a été écrit de
Tinnon.
Il est impossible de ne pas commettre parfois de semblables erreurs,
beaucoup de signatures étant peu lisibles, d'autres étant rendues douteuses
1t
(699)
par le paraphe ; dans le cas présent, par exemple, si le nom ne s'était trouvé
écrit dans le corps de la Lettre, on l'eût difficilement restitué au moyen
de la seule signature.
M. Marigny prie l'Académie de vouloir bien se faire rendre compte d'un
Mémoire sur la Navigation aérienne, qu'il lui avait adressé, il y a plusieurs
années, par l'intermédiaire de M. Arago.
L'auteur suppose, d'après des renseignements inexacts, que ce Mémoire
existe dans les archives de l'Académie. Il est certain, au contraire, qu'il
n'a jamais été remis au Secrétariat, et on peut même douter qu'il soit par-
venu à M. Arago, qui à l'époque indiquée assistait encore, quoique déjà
très-souffrant, aux séances de l'Académie, et ne manquait point de présen-
ter les pièces qui lui étaient adressées en sa qualité de Secrétaire perpétuel.
COMITÉ SECRET.
La Section de Géométrie propose, par l'organe de son doyen M. Biot, de
déclarer qu'il y a lieu d'élire à la place vacantepar suite du décès de M. Sturm.
L'Académie va au scrutin sur cette proposition.
Sur 49 votants,
Il y a 46 oui
et 3 non.
En conséquence, la Section est invitée à présenter dans la prochaine
séance une liste de candidats. *
La Section de Chimie présente, par l'organe de son doyen M. Thenard,
la liste suivante de candidats pour une place de Correspondant vacante par
suite du décès de M. Braconnot :
. i M. Gerhardt, professeur de chimie à la Faculté
Au Ier rang \ , _ . \ _ .
0 ( des Sciences de Strasbourg.
. |M. Pasteur, doyen et professeur de chimie à la
°'" "\ Faculté des Sciences de Lille.
!M. Bineac, professeur de chimie à la Faculté des
Sciences de Lyon ;
M. Desaignes, receveur des finances à Vendôme.
Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la
prochaine séance.
La séance est levée à 6 heures . F.
i
•* «
( 7°° )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du i4 avril 1 856, les ouvrages dont
voici les titres :
Ministère de la Guerre. Rapport adressé à ï Empereur par le maréchal Vail-
lant, Ministre de la Guerre, sur la culture du colon en Algérie (ï 855 ). Paris,
i856;br. in-8°.
Traité c/énérat de Photographie, comprenant les procédés sur plaque, sur pa-
pier, sur verre à l'albumine et au collodion , le tirage des positifs et des épreuves
stéréoscopiques , la gravure héliographique , etc. , suivi des applications de cet art
aux sciences et de recherches sur l'action chimique de la lumière; par M . D. Van
Monckhoven; ie édition. Paris, 1 856 ; ï vol. in-8°.
Histoire de la conquête d'Alger écrite sur des documents inédits et authen-
tiques, suivie du tableau delà conquête de l'Algérie; par M. Alfred Nette-
ment. Paris, i856 ; ï vol. in-8°.
Aperçu historique 'au sujet de la Société pour secourir les noyés, instituée à
Amsterdam ; par M. J.-A. Kool; traduit du hollandais. Amsterdam, 1 855 ;
ï vol. in-8°.
Etudes de la circulation chez l'homme et les animaux; par M. le Dr JoiRE ;
br. in-8°.
Enumération des plantes vasculaires des environs de Montbéliard ; par M. Ch.
Contejean. Additions et rectifications. Besançon, i856; br. in-8°.
Anatomie comparée des végétaux, par M. G. -A. Chatin ; 3e livraison ; in-8°.
Mémoire sur un enfanta deux tètes né à Bagnères-de-Luchon , le 16 septembre
1 855; par M. leDrH. Laforgue. Toulouse, i856; br. in-8°.
Lois générales de divers ordres de phénomènes dont l'analyse dépend d'é-
quations linéaires aux différences partielles, tels que ceux des vibrations et de la
propagation de la chaleur; par M. L.-F. MÉNABBÉA, colonel du génie mili-
taire. Turin, 1 855 ; br. in-4°.
Du tremblement des mains et des doigts, et description de deux machines ortho-
pédiques, à l'aide desquelles les malades qui ont été amputés du poignet droit et
qui ont un tremblement oscillatoire de la main droite , peuvent écrire; par M. J.-J.
Cazenave, médecin à Bordeaux. Paris, i855; br. in-8°. (Adressé pour le
concours Monty on, Médecine et Chirurgie. )
Sviluppo... Développement et traitement du choléra- morbus et de deux pré-
cédentes épidémies à Oriolo, arrondissement de Rome; par MM. F. Masi et Ph.
Venditti. Rome, 1 856 ; br. in-8°. (Renvoyé à l'examen de la Section de
Médecine et Chirurgie, constituée en Commission du prix Bréant.)
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
* yiî"5' ^BSS "
*
SÉANCE DU LUNDI 21 AVRIL 1856.
PRÉSIDENCE DE M. BINET.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
mycologie. — Note sur l'appareil reproducteur multiple des Hypoxylées
(Pyrenomycetes Fr.); par M. Tulasne.
« Si l'on réfléchit à la prodigieuse quantité de Micromycètes différents
qui, grâce aux patientes recherches des mycologues, sont aujourd'hui réu-
nis dans les collections publiques et privées, et à l'effrayante multitude de
genres et d'espèces qui en a été décrite, on excusera sans peine le plus il-
lustre représentant actuel de la mycologie d'avoir, dans un moment de
lassitude, exprimé la crainte que la science ne pérît bientôt accablée sous le
poids deses richesses. Assurément, et quoiqu'il nous en coûte de le recon-
naître, nous ne pouvons nous dissimuler que la nature est, à notre égard,
infinie comme son auteur, et que le botaniste adonné à l'étude des plus
humbles et des plus obscurs végétaux n'a guère plus de chances d'épuiser
son sujet qu'un observateur engagé dans un ordre de recherches plus relevé :
mais vouloir qu'il en fût autrement, serait évidemment vouloir l'impos-
sible, et il ne serait pas sage de s'en affliger longtemps. Ce qui aura bien
plutôt et à plus juste titre attristé l'esprit pénétrant de M. Fries, c'est la
légèreté regrettable apportée à leurs travaux par quelques auteurs, d'où est
résulté pour la nomenclature et les classifications mycologiques un désordre,
C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 16.) 93
( 7°2 )
une confusion, qui s'écartent chaque jour davantage de l'harmonie que
nous sommes accoutumés d'admirer dans les œuvres du Créateur.
» A vrai dire, ce n'est pas du tout chose facile que de ranger dans un
ordre naturel et pleinement satisfaisant des productions aussi variées que
le sont les Micromycètes. Les difficultés inhérentes à leur étude sont ce-
pendant moins dues à l'exiguïté habituelle de leurs dimensions qu'à leur
commune polymorphie. L'insuffisance de nos classifications actuelles, leur
inexactitude, tiennent surtout à l'ignorance où nous avons été jusqu'à
ce jour de ce dernier caractère, qui n'est pas sans analogie avec ce que
la science moderne a su découvrir dans certaines classes inférieures d'ani-
maux.
» C'est par suite de cette ignorance que dans nos catalogues une foule de
petits champignons, d'Hypoxylées principalement, figurentàla foisen deux,
trois, ou même quatre genres qui sont tenus pour distincts et placés le plus
souvent en des familles différentes. La réforme de ces erreurs, de ces dou-
bles emplois multipliés, ne saurait résulter que d'une étude très-approfondie
de chaque espèce fongine, et réclamera nécessairement le concours de bien
des mycologues sagaces et prudents. Qu'une pareille tâche soit réellement
imposée aux futurs observateurs, c'est ce dont il n'est plus guère permis de
douter aujourd'hui; les preuves que j'en ai réunies et présentées çà et là,
laissent encore sans doute beaucoup à désirer, cependant les détails dans
lesquels je vais entrer ici au sujet des Pyrénomycètes justifieront suffisam-
ment, j'espère, les assertions précédentes.
» I. — Après l'examen attentif auquel nous avons soumis, mon frère et
moi, un grand nombre de ces champignons, je crois pouvoir avancer qu'ils
possèdent au moins quatre appareils distincts de reproduction, et qu'ils sont
ainsi, pour la plupart, quatre fois plus riches en organes de propagation
qu'on ne le suppose. Dans l'ordre successif de l'évolution ou de l'apparition
de ces organes, les conidies tiennent le premier rang. Ce sont des corpus-
cules de formes très-variées, et qui, le plus souvent, naissent directement soit
du mycélium ou byssus initial constitutif du champignon, soit du stroma
ou pulvinule solide que ce mycélium engendre. L'appareil conidifère des
Hypoxylées est, sans contredit, celui de leurs systèmes d'organes reproduc-
teurs qui a donné lieu, par suite de la merveilleuse variété qu'il offre en ses
diverses parties, à la distinction du plus grand nombre de genres et d'espè-
ces. On est fondé à supposer qu'une multitude de Gymnomycètes et d'Ha-
plomycètes, regardés jusqu'ici comme des productions complètes et autono-
mes, ne représentent réellement que l'état conidifère d'autant d'Hypoxylées.
(7o3)
J'ai acquis la preuve qu'il en est spécialement ainsi des genres Melanco-
nium, Stilbospora , Stegonosporium, Corjrneum , Exosporium , Cjlindro-
sporium , Macrosporium, J^ermicularia , Mystrosporium, Cladosporium,
Hebninthosporium, Periconia, Poljthrincium, Tubercularia , Stilbum,
Atractiwn, Graphium, et autres analogues qui tiennent tant de place dans
nos flores mycologiques.
r> Pour parler d'abord des Melanconium , on reconnaîtra que la poussière
de spores noires qui les constituerait à elle seule, s'ils étaient des champi-
gnons autonomes, naît constamment sur les parois ou dans l'épaisseur d'un
stroma qui produit en outre des conceptacles ascigères. Le Sphœria stil-
bostoma a Papula Fr. [Melanconis stilbostoma Tul.) est, auprès de Paris,
l'exemple le plus vulgaire et le moins douteux de cette dualité d'organes
reproducteurs; deux autres espèces parisiennes lui sont fort analogues:
l'une, le Melanconis Jlni Tul., croît sur les branches de l'Aulne; l'autre
{Melanconis spodiœa Tul.), dans l'écorce du Charme. Le Stilbospora Juglan-
disFv. appartient à notre Melanconis carthusiana; le Stilbospora macro-
spermaÇPers.) Moug. à un Melanconis (M. macrosperma Tul.) dont les spo-
res endothèques imitent beaucoup les conidies. Enfin le Melanconis Ber-
kelœi Tul. [Sphœria inquinans [Ulmi] Berk.) possède sur les rameaux de
l'Orme de très-grosses conidies noires qui sont également pour les mycolo-
gues une sorte de Melanconium ou de Stilbospora.
» Les prétendus Coniomycètes, qualifiés de Coryneum, diffèrent surtout
des Stilbospora par plus de cohésion dans leurs éléments, et constituent
comme eux l'appareil conidifère de certaines Sphéries, telles que les Melan-
conis lanciformis (Fr.), macrospora (Desmaz.), modonia Tul., umbonata
(Nées), et longipes Tul. [Corjtieurn Kunzei Cord.); ces trois dernières
n'ont point encore été observées, que je sache, à l'état parfait ou ascophore,
tandis que les deux premières, au contraire, n'ont été connues jusqu'ici
que sous cette forme. Je donnerai bientôt ailleurs une description complète
des unes et des autres.
» On peut prendre pour type des Exosporium la production la plus an-
ciennement désignée ainsi par Link et Nées, Y Exosporium Tiliœ Lk. L'é-
tude que j'en ai faite m'a montré que ses belles spores multiloculaires
procèdent du sommet capité de l'enveloppe stromatique commune aux
périthèces du Sphœria Tiliœ Pers. Elles naissent aussi, et de la même ma-
nière, des pycnides de cette Sphérie, c'est-à-dire des conceptacles privés de
thèques, qui figurent maintenant dans les flores mycologiques sous les noms
d' Hercospora Tiliœ Fr. ou de Rabenhorstia Tiliœ Fr. Ces pycnides sont
93..
( 7°4 )
tellement construites, qu'elles peuvent envelopper dans leur sein des con-
ceptacles ascophores.
» Les Cyliudrosporium (Grev.) ou Ramularia (Ung.) représentent l'ap-
pareil conidifère de très-petites Sphéries foliicoles, de celles surtout qui
appartiennent au groupe des Depazea. Parmi ces champignons, dont le
nombre est immense, le Sphœria Fragarîw Tul. (Septoria Fragariœ Desm.
-+-[?] Leplothjrium Fragariœ Lib. -+- Graphium phfllogeuum Desm.) est
celui dont j'ai suivi le mieux tout le développement, qui ne demande pas
moins de sept à huit mois. L'état parfait ou thécigère de ces Sphéries
paraît terminer leur végétation, et s'observe plus rarement que leurs formes
antérieures, que je qualifie de spermogonies (Septoria), d'appareil conidi-
fère (Cylindrosnorium) et de pycnides (Phjllosticta, Phomà).
» Un autre groupe de Sphéries aura pour type, si l'on veut, le Sphœria
Clavariarum Desmaz. [sub Helminthosporio^ dont les périthèces hérissés
avaient échappé jusqu'ici à l'attention des observateurs; c'est une hypoxv-
lée qui n'est pas moins favorable à notre thèse que YAscotricha Charta-
rwn Berk et les Antennaria ou Fumago (erti\es(Capnodium Mntgn.; Berk.).
» Pour ne pas donner à cette Note plus d'étendue qu'il ne conviendrait,
je ne dirai rien des «utres genres de Gymnomycètes que je regarde comme
de purs appareils conidifères de diverses Hypoxylées; toutefois je ne puis
ne pas mentionner encore l'un des plus intéressants de ces genres, celui des
Stilbum, dont j'ai eu, dans le cours de cet hiver, l'occasion de reconnaître
la nature conidique.
» Bien qu'ils soient ordinairement très-éloignés les uns des autres clans
les classifications mycologiques, les Stilbum et les Tubercularia ont entre
eux une analogie évidente; et, si l'on se rappelle que l'autonomie de ces
derniers a été maintes fois très-légitimement critiquée, on sera moins surpris
que les Stilbum appartiennent comme eux, et au même titre, à certaines
Sphéries. Chez les Stilbum, leslroma conidifère, au lieu de rester pulviné
comme dans les Tubercularia, s'allonge en manière de columelle, et c'est
de la base renflée de celle-ci qu'il produit des groupes de'conceptacles asci-
gères. J'ai rencontré plusieurs fois dans cet état de perfection le Stilbum
aurantiacum Babingt. et le St. gracilipes Tu!. Le Stilbum (Atractium)
flammeum (Berk. et Rav.) est aussi pourvu de conceptacles ascophores,
comme je l'ai constaté sur les spécimens de ce champignon que M. Berkeley
m'a obligeamment communiqués. Une découverte toute récente me paraît
confirmer ces observations. M. G. Otth, botaniste de Berne, a reconnu que
les Rhizomorpha, dont la fructification était restée un mystère jusqu'à pré-
( 7°5)
sent, possèdent an moins un appareil reproducteur défini, lequel est iden-
tique par son organisation avec la clavnle conidiophore des Stilbum on
<les Graphium.
» IL — La nature gongylaire, si manifeste dans les conidies, semble moins
caractérisée dans les stylospoves , c'est-à-dire dans les corps séminiformes
nus et primitivement stipités qui s'engendrent au sein de ces conceptacles
auxquels j'ai donné le nom de pycnides. La forme des stylospores est plus
constante dans chaque espèce fongine que celle des conidies, mais leur vo-
lume et leur couleur varient beaucoup suivant les champignons que l'on
considère. Je tiens pour des pycnides de Sphériacées le plus grand nombre
des formes de Pyrénomycètes réparties dans les prétendus genres Diplodia,
Sporocadus, Sphœropsis, Hendersonia, Myxocycius , Phyllosticta, Phoma
et autres semblables. Ces Hypoxylées imparfaites se voient presque toujours
unies à la forme complète ou thécigère, à laquelle elles appartiennent res-
pectivement.
» 111. — Aux stylospores s'associent parfois dans le même conceptacle
des corpuscules également acrogènes, mais beaucoup plus ténus, ordinai-
rement linéaires, courbes ou droits, et qui composent des masses pultacées
ou une sorte de cire de couleur jaune, orangée, rose, blanche ou brunâtre.
Ces corpuscules (spermaties) naissent plus souvent encore dans des appareils
spéciaux, d'une organisation plus ou moins complexe, et que j'ai appelés
xpermogonies. Les soi-disant genres Cylispora, Nœmaspora, Liberté lia,
Septoria, Cheilaria, Leptothyrium et plusieurs autres, ne renferment guère
que des spermogonies de Pyrénomycètes divers.
» J'ai regardé comme les spermaties des Xylaria Fr., les corpuscules
ovoïdes qui couvrent d'une abondante poussière les sommités de leurs cla-
vules encore stériles. Cette poussière est très-blanche dans le Xylaria Hy-
poxylon (Ehrh.), de couleur cendrée dans le X. carpophila (Pers.), d'un
gris verdàtre dans le X. polymorpha (Pers.) et le Sphœria deusta Hoffm.;
chez le Poronia punctata (Sow.), elle est blanchâtre, mais formée de cor-
puscules globuleux qui naissent surtout au pourtour de la cupule stroma-
tique. Les spermaties sont des fils déliés, droits ou courbes, chez beaucoup
de Diatrype, de Melanconis , de Fraisa; dans le Sphœria Melogramrna
Pers., regardé aujourd'hui par M. Fries comme un type générique; dans le
Sphœria gast ri na Fr., le Sph. rudis Fr., notre Dothidea melanops (Quer-
cus), et une multitude d'espèces appartenant à différents groupes. Files sont
au contraire ovoïdes ou globuleuses et extrêmement petites chez les Spbœiia
( 7°6 )
conijormis Fr. (acuta Hoffm.), herbarum Fr., obducens Schum., Cjpri Tui.,
sinopica Fr., et une foule d'autres.
» Les surfaces spermatophores occupent surtout les flancs du stroma
pulviné des Diatrype [v. gr. D. quercina Fr.) et des Melanconis; mais
elles peuvent aussi l'envahir tout entier (ex. c. Melanconis stilbostoma Tul.
et M. ianciformis Tul.). Ces appareils particuliers de reproduction n'ont
point, d'ailleurs, été remarqués jusqu'ici, ou n'ont reçu aucun nom spécial.
11 n'en est pas de même des spermogonies de beaucoup d'autres Hy poxylées.
Celles du Diatrype Stigma Fr. sont connues, si je ne me trompe, sous la
désignation de Lïbertella betulina Desm. ; celles des Valsa constituent autant
d'espèces de Cjtispora ou de Nœmaspora, mais elles n'ont pas toutes une
même structure et leurs rapports avec les conceptacles ascophores varient.
Les plus complexes sont multiloculaireset pourvues d'un tégument général
plus ou moins distinct du stroma ambiant; les perithèces se groupent
autour d'elles, comme on le voit chez les Valsa ambiens (Pers.), corticis
Fr., Sorbi (Schm.), leiphœmia Fr., Xanthostroma (Mntgn.), projusa Fr.,
notre Sphœria ditissima de l'Aulne, et autres analogues. Chez le Sphœria
nivea Hoffm., elles sont reçues, ainsi que les perithèces, dans une cu-
pule stromatique distincte, ou bien elles partagent leur récipient avec
ces conceptacles. Les spermogonies du Sphœria Melogramma Pers. et du
Dothidea ribesia Fr. sont des logettes creusées dans la couche supérieure
du pulvinule qui plus tard offrira de nombreuses chambres ascophores. Le
Sphœria sinopica Fr. et ses pareils présentent, à la manière des Tjmpanis ,
des spermogonies et des perithèces qui émergent ensemble du même stroma;
tandis que ces deux sortes d'organes, chez notre Sphœria Cjpri, ne sont
soudés que par leurs becs, s'ils coexistent dans le même groupe. En d'autres
cas, les spermogonies et les perithèces sont seulement juxtaposés ou mêlés
ensemble dans des proportions diverses, et leurs rapports mutuels sont par
là plus ou moins dissimulés ; c'est, par exemple, ce qui a lieu dans le
Sphœria gastrina Fr., et surtout dans les Sphœria rudis Fr., salicina Fr.,
obducens Schum., coniformis Fr., herbarum Fr., et autres semblables.
» IV. — Enfin le dernier et le plus parfait des appareils reproducteurs
des Hypoxylées, celui dans lequel la puissance génératrice réside sans doute
plus énergique ou plus complète, a pour fonction de donner naissance aux
spores endothèques. Toutefois ces derniers corps ressemblent souvent beau-
coup soit aux conidies, soit aux stylospores, et ils ne germent pas autre-
ment qu'elles. La plupart des spermaties au contraire, celles du moins qui
( 7°7 )
sont ou très-ténues ou finement linéaires, et qui sont, par conséquent, le
mieux caractérisées, ne germent point; parla nous avons été conduit à leur
supposer un rôle physiologique analogue à celui qu'ont les anthérozoïdes
dans les autres végétaux cellulaires; mais nous avouons que cette analogie
est incertaine et n'a pas encore été suffisamment démontrée. »
physique. — Quelques expériences sur cette question : Le courant de la
pile peut-il traverser l'eau sans la décomposer? par M. C. Despketz.
« Dans un Mémoire dans lequel je cherchais principalement si l'acide
nitrique, dans la pile de Grove ou dans la pile de Bunsen, exerce une in-
fluence sur le rapport entre le travail intérieur et le travail extérieur, j'ai
admis que s'il passe dans le voltamètre une quantité d'électricité inefficace,
cette quantité est très-petite [Comptes rendus, t. XXIII; 1 85 1). Dansuneaddi-
tion à ce Mémoire, j'ai constaté qu'un courant électrique passant à travers
plusieurs voltamètres, dont un est rempli avec de l'eau distillée et dont les
autres sont remplis avec de l'eau acidulée à un degré quelconque, dégage
le même volume de gaz dans chacun des voltamètres ; ce qui montre que
le pouvoir conducteur plus ou moins grand de l'eau ne modifie en rien la
quantité d'électricité inefficace qui pourrait traverser les voltamètres.
Quelques essais me portaient toujours à penser que la portion de l'élec-
tricité à laquelle échappe le filet liquide qui se trouve sur son passage est
très-petite [Comptes rendus, t. XXVIII ; 1 854 )•
» Les résultats que j'ai aujourd'hui l'honneur de présenter à l'Académie
me semblent de nature à fortifier cette manière de voir.
» Déjà à plusieurs reprises, dans les années passées, j'ai fait quelques
essais avec le microscope composé et avec le microscope solaire éclairé par
la lumière électrique. J'ai répété ces expériences récemment; les réstdtats
ne me paraissent pas indignes d'être présentés à l'Académie.
» J'ai disposé les expériences de la manière suivante : J'ai placé au-dessous
de l'objectif d'un microscope composé de M. Nachez, grossissant 70 fois,
une petite cuve circulaire pleine d'eau distillée; dans cette cuve j'ai fixé
deux fils de platine d'environ \ de millimètre en diamètre, soudés dans des
tubes de verre. La longueur de la partie plongée dans l'eau était d'environ
1 centimètre et la distance des extrémités des fils d'environ 3 millimètres.
On dirigeait dans cette cuve par les deux fils le courant d'une pile très-faible
et l'on regardait l'extrémité des fils dans le microscope.
» Les fils, après avoir été chauffés au rouge, avaient été portés dans
l'acide nitrique chaud, puis agités dans de l'eau distillée.
( 7«8 )
» Chaque élément de cette pile se compose d'un vase poreux rempli de
sable mouillé et d'une lame de zincpliée en cylindre autour du vase poreux,
enfin d'un bocal en verre dont le vase poreux occupe le milieu. On versait
de l'eau dans le bocal, et, lorsque le niveau du liquide était le même dans
le vase poreux et dans le bocal, on posait sur le sable un fragment de sul-
fate de cuivre de la grosseur d'une noisette. Le courant traversait la petite
cuve et un galvanomètre à quinze cents tours de la fabrication de M. Ruhm-
korff. Un seul élément n'a donné qu'une déviation faible, deux éléments
ont donné une déviation permanente de i5 à 20 degrés; pendant dix-huit
minutes, on n'a rien aperçu sur les fils.
» On a ajouté un troisième élément dont on avait retiré la moitié de l'eau.
La déviation permanente du galvanomètre a été de 3o degrés ; la décom-
position a commencé.
» On a complété le troisième élément; la déviation permanente a été
portée à 5o degrés ; la décomposition a été manifeste aux deux fils.
» On a arrêté l'expérience, on a nettoyé les fils avec un fil fin de platine.
On a recommencé les expériences avec 2 et 3 éléments, et l'on a eu sensible-
ment les mêmes résultats.
» Dans les expériences que j'ai répétées, il y a peu de jours, j'ai employé
un microscope solaire grossissant environ trois cents fois. J'éclairais ce mi-
croscope par la lumière de 100 éléments de Bunsen avec l'appareil de
M. Dubosq; une cuve de 5 centimètres d'épaisseur remplie d'une dissolu-
tion d'alun éteignait une portion notable de la chaleur rayonnante émise
par l'arc voltaïque.
» Deux filsde platine, soudés comme les fils dont il a étéquestion, étaient
fixés dans une petite cuve à lames parallèles; cette cuve renfermait de l'eau
distillée jusqu'au-dessus des fils. La distance des fils était d'environ 2 mil-
limètres.
» Deux des éléments décrits ci-dessus ont donné une déviation perma-
nente de i5 degrés au galvanomètre. Il n'y a pas eu de décomposition.
» La réunion de 3 éléments a produit une déviation de /p degrés, et la
décomposition a été évidente aux deux fils.
» On a retiré 1 élément; il en restait 2. Le galvanomètre a marqué 10 de-
grés. On a éteint la lumière électrique et l'on a laissé marcher l'expérience
pendant quinze minutes ; puis on a éclairé le microscope et l'on n'a rien vu
aux fils.
» Dans les expériences avec 2 et avec 3 éléments, les fils avaient dû se cou-
vrir de tout le gaz dont ils pouvaient se couvrir; si l'eau avait été décom-
( 7°9 )
posée pendant la durée de la dernière expérience, on aurait aperçu quelques
bulles.
» Il est indispensable de laisser marcher l'expérience sans diriger la lu-
mière sur le microscope et sur la cuve. La chaleur rayonnante n'étant pas
absorbée en totalité par la dissolution d'alun, il en arrive encore une quan-
tité suffisante au foyer du microscope pour déterminer le dégagement de
l'air contenu dans l'eau ; cet air s'attache aux fils et peut être la source
d'erreurs graves.
» On a répété plusieurs fois ces expériences pour des degrés différents
du galvanomètre, et l'on a obtenu les mêmes résultats.
» Quand la pile a été formée de 4 éléments le dégagement a été abon-
dant au fil négatif, c'est-à-dire au fil communiquant avec l'extrémité zinc.
Le dégagement au fil positif était loin d'être proportionnel, comme nous
l'avons toujours remarqué, pour des intensités faibles.
» Des fils d'or, des fils de platine de ifo de millimètre de diamètre et d'une
longueur de i millimètre dans la partie plongée, ont fourni les mêmes résultats.
» Le galvanomètre à quinze cents tours a une sensibilité suffisante pour ce
genre d'expériences. Voici d'ailleurs quelques nombres propres à le caracté-
riser sous le rapport de la sensibilité : un fil de platine de i millimètre de
diamètre et un fil de cuivre du même diamètre produisent une impulsion de
4o degrés; quand on les plonge dans l'eau distillée dans une étendue de
3 \ centimètres et à i centimètre de distance, l'aiguille revient bientôt à 2
ou 3 degrés.
» Un fil de zinc et un fil de cuivre de 1 millimètre de diamètre donnent,
dans les mêmes circonstances, une déviation permanente de 60 degrés ,
après une impulsion de plus de 90 degrés.
» Il suit des expériences dont nous venons de rapporter les résultats,
qu'un courant voltaïque faible , dune intensité exprimée par 20 degrés et
au-dessous , indiqués par le galvanomètre , que nous avons défini , traverse
Veau pure sans la décomposer. Cette quantité est assez petite pour être inap-
préciable aux boussoles les plus sensibles. Elle décomposerait des liquides
moins stables que l'eau.
» J'avais projeté quelques expériences, disposées de manière qu'on pût
faire le vide au-dessus de la cuve, dans laquelle devaient plonger de pe-
tites cloches. J'ai pensé que ce mode d'expérimentation offrait moins de
certitude que les procédés que j'ai employés. Il se dégagerait trop peu de gaz
pour qu'on en fît l'analyse; il serait donc difficile de distinguer le gaz pro-
venant de l'air de l'eau, du gaz résidtant de la décomposition de ce liquide.
C. R., i856, 1er Semestre. (T. XLII, N° 16.) 94
( 7IG )
» Dans ces expériences on a occasion de faire plusieurs remarques : par
exemple, avant que la décomposition de l'eau ait réellement lieu, on voit
souvent le fil de platine positif se couvrir de plusieurs bulles de gaz ; il est
probable que le courant qui n'est pas assez fort pour détruire l'affinité qui
réunit l'oxygène et l'hydrogène dans l'eau, peut très-bien vaincre la faible
affinité qui lie l'oxygène dessous à ce liquide. Cet oxygène se porte au fil
positif. On constate souvent ce phénomène dans les expériences précéden-
tes, surtout quand la cuve est frappée par la lumière intense du microscope
solaire. Il arrive même que le fil négatif se couvre de quelques bulles, mais
c'est surtout le fil positif.
» Au contraire, quand la décomposition commence et que le courant est
un peu énergique, par exemple quand il est produit par 4 petits élé-
ments , le fil négatif se couvre de bulles d'hydrogène dans toute son éten-
due, avant qu'on aperçoive quelques bulles sur le fil positif.
» Les physiciens sont partagés sur la question sur laquelle je présente
cette courte Note : les uns ont admis et admettent que des courants faibles
peuvent traverser l'eau sans la décomposer ; d'autres ont soutenu et sou-
tiennent l'opinion contraire. Ainsi je n'ai aucune initiative dans ce sujet,
si ce n'est peut-être dans le mode d'expérimentation. J'ai seulement voulu
voir si je pourrais décider la question par quelques expériences différentes
de celles qui ont été faites. C'est dans cette vue que j'ai employé le micro-
scope composé et le microscope solaire. Je n'ai pas constaté la dé-
composition de l'eau dans les conditions que j'ai indiquées, je dis simple-
ment que je n'ai pas observé cette décomposition; j'aurais dit le contraire
avec la même indifférence, si j'avais constaté le contraire.
» Je sais bien que les physiciens qui rejettent d'une manière absolue
la possibilité du passage du plus faible courant à travers l'eau, sans qu'il y
ait décomposition, expliqueront les résultats de mes expériences par la con-
densation des gaz sur les électrodes. Pour ceux qui liront cette Note avec-
attention, cette condensation paraîtra peu probable.
»> En résumé, j'ai été conduit à penser, d'après mes expériences, que des
courants très-faibles traversent l'eau sans la décomposer. Les physiciens
qui répéteront mes expériences seront, j'ose le penser, conduits à la même
conséquence. »
Remarques de M. Auguste de la Rive à l'occasion de cette communication.
« M. Auguste de la Rive présente quelques observations sur la commu-
nication de M. Despretz. Il remarque que l'absence de gaz visibles n'est
(7" )
pas une preuve que l'eau n'ait pas été décomposée ; lorsque les courants
transmis sont aussi faibles que ceux dont a fait usage M. Despretz, les deux
gaz se développent sur la surface des électrodes en si petite quantité et en
bulles si fines, qu'ils sont dissous dans l'eau à mesure qu'ils sont produits,
en même temps qu'il en reste adhérente à la surface même des électrodes
une petite proportion. C'est ce qu'il est facile de démontrer, ainsi que
M. de la Rive l'a fait en i843 (i), soit en s'assurant que, lors même qu'il
n'y a pas de décomposition apparente de l'eau, les électrodes sont forte-
ment polarisées, soit en opérant sous le vide, ce qui, en permettant aux
gaz de s'échapper un peu de la surface des électrodes, rend la transmission
du courant plus facile. »
chimie manufacturière. — Etudes théoriques et pratiques sur la fixation
des couleurs dans la teinture (deuxième partie) ; par^H. Fréd. Ruhlmann.
« Dans la première partie de ce travail (a) j'ai consigné les résultats d'es-
sais ayant pour but de déterminer l'influence sur la fixation des couleurs
qui résulte de la transformation des fils et tissus en pyroxyline. A cette
occasion j'ai été à même de constater que la pyroxyline, privée par une dé-
composition spontanée d'une partie de ses principes nitreux, acquerrait au
point de vue de la teinture des propriétés entièrement opposées avec celles
que mes premiers essais tendaient à faire admettre.
» Une nouvelle série d'expériences eut lieu en remplaçant les tissus for-
més de pyroxyline spontanément décomposée, par des étoffes de coton qui
avant de recevoir le mordant avaientété mises en contact, pendant vin temps
plus ou moins long, soit avec de l'acide nitrique à divers degrés de concen-
tration, soit avec des mélanges variables d'acide nitrique et d'acide sulfu-
rique. Les résultats de ces essais furent des plus remarquables. Avec le bois
de Brésil, l'acétate d'alumine donna sur coton non azoté des nuances rouges
violacées ; une immersion pendant vingt minutes dans de l'acide nitrique à
34 degrés, suivie d'un lavage à grande eau et d'un passage dans une faible
dissolution de carbonate de soude, au préalable de l'application du mor-
dant, donna une couleur rouge beaucoup plus nourrie et beaucoup moins
violacée que celle que prit du coton non préparé à l'acide. Ce résultat a été
(1) Le travail auquel M. de la Rive fait allusion fut communiqué par lui-même à l'Aca-
démie des Sciences, et un extrait en fut inséré dans le Compte rendu du mois d'avril 1 843.
(2) Voir le Compte rendu de la séance du i4 de ce mois.
94»
( 712 )
confirmé par plusieurs essais successifs. Un effet bien sensible fut produit
même par l'immersion du coton pendant une demi-heure, dans le même
acide étendu de deux fois son volume d'eau, et dans ce dernier cas le coton
ne fut pas sensiblement altéré dans sa solidité.
» L'essai comparatif suivant fut l'un des plus remarquables par ses
résultats :
» N° i . Coton sans préparation à l'acide.
» N° 2. Coton resté cinq minutes dans un mélange de 2 volumes d'acide
nitrique à 34 degrés et i volume d'acide sulfurique à 66 degrés.
» N° 3. Coton resté deux minutes dans un mélange de i volume acide
nitrique à 34 degrés et i volume d'acide sulfurique à 66 degrés.
» N° 4- Coton resté vingt minutes dans un mélange de i volume d'acide
nitrique à 34 degrés et 2 volumes d'acide sulfurique à 66 degrés.
» N° 5. Coton resté vingt minutes dans un mélange de i volume acide
nitrique à 34 degrés et a volumes d'acide sulfurique à 66 degrés et \ volume
d'eau.
» Après les bains acides, les tissus furent lavés a grande eau, passés en
un bain de carbonate de soude, puis lavés encore, enfin passés dans un
mordant d'acétate d'alumine. La teinture eut lieu dans une décoction de
bois de Brésil.
» Le coton n° i prit une couleur rouge pâle violacée ;
» Le n° 2 prit une teinte rouge moins violette, mais encore assez pâle ;
« Le n° 3 une couleur plus nourrie et plus vive ;
» Le n° 4 une couleur rouge ponceau beaucoup plus foncée, assez ana-
logue à celle obtenue parla pyroxyline décomposée;
» Enfin le n° 5 prit une couleur rouge foncé d'une richesse extraordi-
naire, la plus belle nuance qui ait été obtenue dans tous mes essais. L'essai
n° 5 fut reproduit dans les mêmes circonstances en augmentant la force du
bain de teinture, et l'on obtint une couleur d'un rouge éclatant tellement
foncé, qu'il paraissait brun.
» Cette série d'essais fut répétée plusieurs fois, et les mêmes résultats
furent constamment obtenus.
» Il en résulte d'une manière manifeste qu'un mélange d'acide sulfurique
et d'acide nitrique donne des couleurs se rapprochant davantage de l'écar-
late, que le bain acide qui donne les meilleurs résultats consiste en un mé-
lange de i volume acide nitrique à 34 degrés, i volumes acide sulfurique à
66 degrés et \ volume d'eau.
» Quoique la cochenille et l'orseille ne soient pas des couleurs générale-
(7*3)
ment applicables à la teinture du coton, je fis cependant avec ces matières
tinctoriales quelques essais comparatifs.
» Le mordant fut encore de l'acétate d'alumine.
» Une immersion du coton pendant vingt minutes dans un bain d'acide
nitrique pur, ou d'un mélange de i volumes acide nitrique et i volume
acide sulfurique, donna à la teinture avec la cochenille une nuance giroflée
pâle, peu différente de celle obtenue sans bain d'acide.
» Une immersion pendant vingt minutes dans un bain de i volume acide
nitrique et de i volume acide sulfurique, donna une couleur beaucoup
plus foncée.
» Enfin le mélange de i volume acide nitrique et de i volumes acide
sulfurique donna une couleur giroflée d'une intensité de couleur au moins
double de celle de l'essai précédent. .
» Ces résultats sont assez concordants avec ceux observés pour la teinture
au bois de Brésil.
» Le dernier mélange d'acide permit d'obtenir, aussi sur coton, une cou-
leur assez nourrie avec l'orseille.
» On essaya enfin l'emploi de la garancine comme matière tinctoriale.
» Un bain d'acide nitrique seul donna sur coton une nuance un peu plus
jaune, mais pas plus foncée qu'en l'absence de tout traitement nitreux. 2 vo-
lumes acide nitrique et 1 volume acide sulfurique donnèrent une nuance
pareille, mais plus foncée que la précédente. 1 volume acide nitrique à
34 degrés et 1 volume acide sulfurique donnèrent une très-belle couleur
d'un rouge brun, comme le rouge d'Andrinople avant l'avivage. Par 1 vo-
lume acide nitrique et 2 volumes acide sulfurique, on obtint cette même
intensité de couleur, mais d'une nuance tirant plus sur l'orange. Enfin
vingt minutes de contact du coton avec un mélange de 1 volume acide
nitrique, 1 volumes acide sulfurique et ± volume d'eau, donnèrent une
couleur rouge très-vive et beaucoup plus foncée que la précédente.
» Tous mes essais, qui avaient été faits avec du coton nitré, furent ré-
pétés avec de la laine, de la soie, des plumes, du crin, en soumettant ces
matières, avant la teinture et le mordançage, aux mêmes traitements par les
acides, et des résultats tout aussi remarquables, au point de vue de l'aug-
mentation, de l'intensité et de la richesse des couleurs furent obtenus. Avec
de l'acide nitrique étendu de cinq fois son volume d'eau, les effets sont déjà
très-prononcés.
» Comme, dans le traitement par des acides concentrés, les fils ou tissus,
( 7'4)
surtout ceux de coton et de lin, sont sensiblement altérés, et qu'ainsi, dans
la pratique de la teinture, les résultats qui précèdent n'auraient pas d'appli-
cation générale, mes essais se sont dirigés vers la fixation sur ces fils ou
tissus des matières azotées diverses qui se produisent dans l'action de l'a-
cide nitrique concentré sur certaines matières organiques, en vue d'aug-
menter leur affinité pour les matières colorantes.
» L'acide picrique, qui ne se fixe pas sur coton avec un mordant d'alu-
mine, donne des nuances très-nourries, lorsque le coton a été nitré. Dans
ce cas, cet acide agit comme matière colorante, mais il agit aussi comme
mordant, surtout pour produire des couleurs composées, soit en donnant
des bains d'acide picrique, après l'application sur étoffes des mordants or-
dinaires, soit en mélangeant cet acide en quantité variable avec la couleur
dans le bain de teinture. Les couleurs ainsi composées sont très-vives et pré-
sentent les nuances les plus éclatantes, mais elles sont plus particulièrement
applicables à la teinture sur laine et sur soie, car dans la teinture sur coton
l'acide picrique fixé réagit à la longue sur la matière colorante, et en gé-
néral l'altère profondément, en la faisant virer au jaune.
» Il est encore une considération très-importante qui devait me préoccu-
per dans mes recherches : c'est le danger de l'emploi de grandes quantités
d'acide nitrique pour préparer les étoffes à la teinture. Cet acide, en for-
mant avec les étoffes une véritable combinaison chimique en proportion
variable, combinaison que la teinture ne détruit pas, augmente leur com-
bustibilité. Je n'ai pas besoin d'insister sur cette considération ; elle s'a-
dresse à des intérêts trop graves, et chacun en saisira tout d'abord l'impor-
tance.
» Au point de vue de la théorie de la teinture, il est un fait que les ré-
sultats des essais que j'ai signalés ont mis hors de doute. Si l'on ne peut
faire dépendre la fixation des couleurs d'un principe à application constante,
celui par exemple qui reposerait uniquement sur la composition de la ma-
tière à teindre, si, comme l'a démontré M. Chevreul, cette aptitude procède
souvent aussi des propriétés particulières de la matière colorante elle-même,
se fixant mieux sur tel ou tel tissu, on peut dès aujourd'hui établir que la
composition chimique du corps à teindre a la plus grande influence sur
cette fixation ; que les teintures sont de véritables combinaisons chimiques,
et que les effets dus à la capillarité et à la structure particulière de la ma-
tière filamenteuse ne sont que secondaires. C'est du reste ce que je mettrai
plus en évidence encore dans la troisième partie de ce Mémoire. »
( 7'5)
4
économie rurale. — Recherches sur la distribution des matières azotées
dans les diverses parties de la betterave; par M. J. Isidore Pierre.
(Extrait. )
« De toutes les plantes cultivées dans nos régions tempérées, la betterave
est assurément celle qui, depuis un demi-siècle, et surtout dans ces derniers
temps, a le plus vivement attiré l'attention publique, à raison de l'impor-
tance des produits qu'en ont su tirer la science et l'industrie.
» Cependant la culture de la betterave, comme matière première pour
l'extraction du sucre et pour la fabrication de l'alcool, est encore extrême-
ment circonscrite, tandis que, depuis une vingtaine d'années, la culture de
la betterave, comme plante destinée à l'alimentation des animaux, s'est
répandue sur un bien plus grand nombre de points.
» Si la valeur de la betterave comme aliment du bétail n'est contestée
par personne, la même unanimité ne se retrouve plus chez les agronomes
pour ce qui concerne les feuilles de cette racine. Mathieu de Dombasle en
avait condamné l'emploi, sans l'avoir expérimenté (1).
» Ce qu'il y a de certain, c'est que, depuis vingt ans, la culture fourra-
gère de la betterave a constamment gagné du terrain, et que l'emploi de
ses feuilles pour la nourriture des vaches laitières est à peu près général.
» M. Boussaingault avait trouvé, pour la disette :
Feuilles. Racines.
Matière sèche 1 1 , îA ) 12,2
Eau 88,86 |P°Ur I0° 87,8
Azote pour 100 de matière sèche. . ^,5 1,65
Azote à l'état frais o,5 0,20
» MM. Payen et Richard, dans leur Traite' d' agriculture (a), ont égale-
ment rapporté les résultats de l'analyse de la betterave blanche de Silésie
et de la betterave rouge à sucre ; on y trouve les nombres suivants :
Betterave blanche Betterave rouge
de Silésie. à sucre.
Matière sèche 16,0 ) 18,0 )
_, } pour 100 0 > pour 100
Eau 84,0 ) r 82,0 ) *
Azote pour 100 de matière sèche.. i,56 2,5o
Azote pour 100 de matière fraîche o,25 o,45
(1) Annales de Roville , t. V , p. 4g8.
(2) Tome II , p. 29.
pour 100 „ q > pour 100
( 7*6 )
» Les fabricants de sucre et d'alcool ont jusqu'à présent donné la pré-
férence aux variétés de betteraves dont la racine reste presque complète-
ment enterrée, tandis que les agriculteurs qui ne cultivent la betterave
que pour la nourriture de leurs bestiaux, préfèrent les variétés volumi-
neuses qui s'élèvent en partie au-dessus de terre.
» Cette préférence m'a conduit à chercher s'il existe une différence
appréciable, dans une même racine, entre la partie enterrée et celle qui
s'élève au-dessus du sol, si cette différence se manifeste dans toutes les
variétés généralement cultivées, et si l'effeuillaison exerce, sous ce rapport,
une influence sensible.
» Mes études ont porté sur les cinq variétés suivantes :
» i°. Betterave de Silésie, blanche à collet vert;
» 20. Betterave jaune longue ;
» 3°. Betterave globe jaune;
» 4°- Betterave globe rouge ;
» 5°. Betterave globe blanc, ou plate d'Allemagne.
» Toutes ces betteraves ont été récoltées dans le même champ, dans des
conditions identiques de soins et de cultures antérieures ; les unes n'avaient
jamais été effeuillées avant l'époque de leur arrachage, lés autres l'avaient
été une ou plusieurs fois, plus ou moins complètement.
» M. Manoury a trouvé pour les rendements en feuilles ou en racines,
rapportés à i hectare, les nombres suivants :
Betteraves blanches «le Silésie, à collet vert - 85 oookil-
Betteraves globe jaune 75 ooo
Betteraves disette (moyenne de plusieurs variétés) 54 ooo
Betteraves globe rouge 47 8oo.
Betteraves jaune longue : ^5 8oo
Betteraves plates d'Allemagne 35 o oo
feuilles. — Résultat de deux ou trois effeuillaisons.
kil.
Betteraves blanches de Silésie 240 à 25oiuint,,soit 24 5oo'
Betteraves globe jaune 190 à 200 soit 19500
Betteraves disette (moyenne de plusieurs variétés) , de. . . 160 à 200 soit 18 000
Betteraves jaunes longues 160 à 180 soit 1 7 000
Betteraves globe rouge 1 3o à 1 40 soit 1 3 5oo
Betteraves plates d'Allemagne. .• "... 1 3o à 1 4o soit 1 3 5oo
» Ces rendements, pour ce qui concerne la variété disette, sont bien
( 7'7 )
supérieurs à ceux qu'avait obtenus, à Béchelbronn, M. Boussingault; mais il
est important de remarquer qu'ici les fumures sont plus fortes que celles de
l'habile agronome.
» En présence des résultats qui précèdent, on comprend parfaitement,
dit l'auteur, comment les deux premières variétés, la blanche de Silésie à
collet vert et la globe jaune, gagnent du terrain comme plantes fourra-
gères ; c'est que leur rendement d'une part, et la masse de fourrage réel
qu'elles représentent, font plus que compenser l'avantage que peuvent
offrir quelques autres variétés, telles que la jaune longue, sous le rapport de
leur plus grande valeur comme aliment à poids égal.
» Les chiffres qui précèdent, qu'il ne faut considérer que comme des
approximations locales, nous montrent aussi que ce n'est pas avec des fu-
mures de 20 à 3oooo kilogrammes de fumier ordinaire à l'hectare qu'il
serait permis de compter sur de pareils rendements.
» Enfin on comprend encore qu'une récolte de feuilles qui représente,
par hectare, l'équivalent de 3 à 4000 ou même 45oo kilogrammes de four-
rage fané ordinaire à 20 pour 100 d'eau, mérite bien un peu de l'intérêt
que lui portent la plupart des cultivateurs.
» Reste à discuter la partie délicate de la question, celle des avantages et
des inconvénients de l'effeuillaison avant la récolte des racines.
» Beaucoup d'agronomes recommandent, avec M. de Gasparin, de
n'enlever que les feuilles inférieures qui commencent à jaunir, et blâ-
ment les effeuillaisons trop abondantes. Cette opinion, qui paraît assez
rationnelle, est principalement basée sur des résultats signalées par
Schwertz. Ces résultats, les voici : en désignant par 925 le rapport des
bettaraves non effeuillées, celles qui ne l'ont été qu'une fois ont rap-
porté 859, et celles qui l'ont été deux fois n'ont rapporté que 58g; en
sorte que les trois récoltes seraient entre elles comme les nombres 100,
93 et 58.
» Personne n'est plus disposé que moi à rendre hommage aux tra-
vaux de l'illustre agronome allemand; mais je suis porté à croire,
d'après ce que j'ai vu chez M. Mànoury, que l'effeuillaison plusieurs
fois répétée ne diminue pas toujours le rendement des racines de deux
cinquièmes comme l'indique Schwertz; car deux ou trois effeuillaisons
abondantes n'ont pas paru diminuer d'une manière sensible les rende-
ments des betteraves de l'Ébisey en i855; et si, au moment de l'arra-
C. R , i856, i«r Semestre. (T. XLII, N° 16.) 9$
(7i8)
chage, après l'enlèvement de toutes les feuilles, on avait été obligé de
choisir, à première vue, entre celles qui n'avaient jamais été effeuillées et
celles qui l'avaient été plusieurs fois, on se serait souvent trompé, tant la
différence était insignifiante.
» 11 résulte également des analyses que nous avons citées précédemment
que l'effeuillaison plus ou moins répétée ne parait pas changer d'une ma-
nière sensible la proportion de matière azotée contenue dans les racines.
En serait-il de même dans un sol moins fertile? en serait-il même toujours
ainsi sur le même sol, dans des années différentes; c'est ce que l'expérience
peut seule décider, c'est ce que je ne saurais affirmer.
» Si nous observons maintenant ce qui se pratique dans la plupart
des pays où l'effeuillaison de la betterave est passée dans les habitudes,
nous voyons presque toujours la racine dépouillée non-seulement de ses
feuilles basses, mais encore de la plupart de ses feuilles moyennes un
peu grandes ; il en résulte , outre la quantité , un accroissement réel
dans la qualité du fourrage ; il en résulte encore une petite diminu-
tion de main-d'œuvre et moins de chances de froissement des racines,
parce qu'on les visite alors moins souvent. Enfin la remarque faite par
M. Manoury, sur le peu d'influence de l'effeuillaison sur le rendement
des racines a été également faite ailleurs; peut-être serait-il intéressant
d'examiner de nouveau la question dans des circonstances variées, en vue
de déterminer l'influence réelle de l'effeuillaison sur les récoltes des bette-
raves et sur celles qui les suivront sur le même sol, car cette effeuillaison,
qu'elle soit unique ou multiple, peut contribuer à l'appauvrissement du sol
dans une proportion qu'il est important de déterminer. Enfin il serait inté-
ressant et utile d'étudier l'influence du mode d'effeuillaison sur la produc-
tion totale des feuilles. »
astronomie. — Éléments provisoires de la planète de M. Goldschmidt;
Lettre de M. Valz.
« Marseille, le 12 avril i85G.
» Pour retrouver plus facilement après le clair de lune la nouvelle pla-
nète de M. Goldschmidt, je viens d'en calculer des éléments circulaires
provisoires, d'après l'observation que j'en ai faite hier soir, et celle de Paris
du Ier avril. Comme ils pourraient être utiles à d'autres pour en faciliter la
recherche après la pleine lune, je prends la liberté de vous les transmettre
( 7l9 )
pour les communiquer à l'Académie, ainsi que voici :
o ,
Distance au Soleil 2.27 (i±}e) pour limites extrêmes.
Nœud ascendant g3 . i5
Inclinaison 4 • ■
Long, hélioc. ier avril '94-49
Mouvement moyen diurne 1037 .43
» Pour ceux qui exigent des secondes dans les éléments provisoires, tan-
dis que les degrés ne sont pas même certains, je dirai, avec M. Gergonne
dans ses Jnnales de Mathématiques, que je ne saurais me permettre ici le
luxe des secondes , et qu'on pourrait même y trouver un peu de char-
latanerie, comme le prétendait le baron de Zach, pour les centièmes de
seconde. »
M. Eudes Deslongchamps fait hommage à l'Académie d'un opuscule
qu'il vient de publier sous le titre de : « Description d'un nouveau genre
de coquilles bivalves fossiles [Eligmus), provenant de la grande oolithe
du département du Calvados ».
RAPPORTS.
mécanique appliquée. — Rapport sur les appareils proposés pour le chauf-
fage sans combustible, au moyen d une force perdue ou non employée,
présentés par MM. Reaumont et Mayer.
(Commissaires, MM. Piobert, Despretz, Morin rapporteur.)
« Les appareils proposés par MM. Beaumont et Mayer pour produire,
par le frottement, des quantités de chaleur utilisables dans l'industrie ou
dans l'économie privée, sont destinés à être mus par ce qu'ils appellent des
forces perdues ou non employées.
» Ils déclarent, dès l'abord, que la vapeur produite dans leurs appareils
n'est pas destinée, dans l'état actuel de leurs ressources, à servir de force
motrice, mais seulement comme moyen de chauffage, et ils ajoutent que
pour produire le mouvement ils ne comptent employer que des forces
naturelles perdues. Mais, au rang de ces dernières, lorsqu'il s'agit des ap-
95..
( 72° )
pareils qu'ils proposent pour faire cuire les aliments des soldats aux armées,
ils placent la force musculaire des hommes et celle des chevaux, qui de-
vraient être employés à ces appareils après des marches presque toujours
pénibles. On verra, plus loin, quelle serait la durée de travail nécessaire
pour aboutir à un résultat même insuffisant.
» Les pièces principales des appareils de MM. Beaumont et Mayer sont
deux cônes concentriques, dont l'un est garni de tresses de chanvre ou de
coton lubrifiées d'huile, et l'autre, en cuivre rouge, est en contact avec le
liquide qu'il s'agit d'échauffer. Par des moyens particuliers, on peut régler
la pression de l'un de ces cônes sur l'autre, et, selon les cas, c'est l'un ou
l'autre qui est mobile.
» L'idée d'utiliser la chaleur développée par le frottement remonte,
comme on le sait, aux temps les plus reculés, mais elle n'a eu que peu
d'applications, parce qu'en général le travail mécanique qu'il faut déve-
lopper pour produire un frottement énergique donnant lieu à une quantité
de chaleur notable, est beaucoup trop considérable par rapport au résultat
obtenu. D'une autre part, la quantité de chaleur développée est d'autant
plus grande, que le frottement lui-même est plus considérable et que les
corps s'usent davantage. C'est ainsi que les métaux frottant sur la pierre,
sur du grès, les bois et les métaux frottant les uns sur les autres sans en-
duit, donnent lieu à une production de chaleur très-sensible et susceptible
parfois d'occasionner l'inflammation. Ces effets sont, en général, d'autant
plus énergiques, que les corps s'usent davantage : ainsi le fer et l'acier
s'échauffent jusqu'à s'enflammer dans l'air par leur frottement sur les
meules, les bois se charbonnent, les alliages métalliques, tels que celui des
boîtes de roues, se fondent et soudent parfois la boîte avec la fusée de
l'essieu.
» L'expérience montre donc qu'en général, pour produire de la chaleur
par le frottement, il faut user les corps frottants d'une manière notable,
et, par conséquent, développer un travail moteur considérable.
» MM. Beaumont et Mayer, en produisant le frottement par l'emploi
d'une matière compressible, graissée et qui s'use peu, se sont donc placés
dans des conditions peu favorables, mais ils ont eu sans doute pour but
de ne pas détériorer la pièce principale de leur appareil, dont le remplace-
ment serait en effet difficile, et afin d'obtenir la même quantité de chaleur
avec un frottement moindre sur chaque élément, ils ont augmenté les sur-
faces de contact.
C 72' )
» Sans discuter le principe de construction de leurs appareils, les indi-
cations précédentes pourraient déjà suffire pour faire penser que ces ap-
pareils seraient bien loin de répondre au but qu'ils s'étaient proposé ; c'est
du reste ce que démontrent surabondamment les résultats des expériences
dont il va être rendu compte.
» Les appareils présentés sont de deux sortes : l'un est destiné à pro-
duire de la vapeur, l'autre à chauffer directement les liquides, et particu-
lièrement à cuire les aliments. Le premier a été exposé dans la galerie des
machines, à l'Exposition universelle, où il a été expérimenté de la manière
suivante :
» Le cône frottant était mis en mouvement par l'intermédiaire d'un dy-
namomètre de rotation qui servait à mesurer le travail moteur dépensé
pour produire le frottement, et par suite la vapeur obtenue, qui était re-
cueillie et condensée, afin d'en déterminer la quantité et la température.
Les résultats de ces expériences sont consignés dans le tableau suivant.
Expérience» sur le générateur de vapeur de MM. Beaumont et Mayer.
DATES.
TRAVAIL
MOTEUR.
POIDS D'EAU
vaporisée
à l'heure.
NOMBRE
de tours
de l'appareil
en une
seconde.
TEMPÉRATURE
de la
vapeur.
En kilogr.
élevés à i met.
en une
seconde.
En chevaux.
4 septembre i855. .
22 octobre i855. . . .
7io\68
563, 25
9<4?
7,5i
•5,82'
7 ,3oo
245
34, 36
io3°,a8
1 1 3 ,00
•
8,5o
6,56
i
» L'observation de la quantité d'eau vaporisée a été commencée quand la
température était devenue stationnaire et avait atteint le chiffre indiqué
dans la sixième colonne ; les quantités de chaleur produites par le frotte-
ment étaient en conséquence uniquement employées à développer la va-
peur, et relatives à la chaleur latente ou constitutive de cette vapeur.
» En faisant abstraction de l'avantage assez sensible qui paraîtrait ressor-
( 722 )
tir des résultats précédents pour l'emploi d'une plus grande vitesse dans la
deuxième expérience, et prenant pour termes de comparaison les résultats
moyens des deux expériences, on trouve que, le travail moteur étant de
8,5o chevaux, la production de vapeur par heure serait, avec cet appareil,
de 6\56.
» Or, une très-bonne machine à vapeur à, détente prolongée et à con-
densation, dans les meilleures conditions, ne consomme guère moins de
•2 kilogrammes de houille par force de cheval et par heure; de sorte que,
pour la force motrice de 8,5o chevaux, il faudrait brûler 8,5o X 2 = \"f- de
houille par heure.
» Cette quantité de houille brûlée dans un bon foyer pourrait y pro-
duire par heure, à raison de 8 kilogrammes d'eau vaporisée par kilogramme
de houille, 17x8 = i36k de vapeur : tandis que l'appareil n'en a produit
que 6k,56, ce qui montre que l'appareil générateur de MM. Beaumont et
Mayer n'utilise que — ^- = — environ de la chaleur développée par le com-
bustible employé pour la faire marcher.
» Ce résultat est bien inférieur, comme on le voit, à celui qui était
annoncé par les inventeurs, qui, dans les renseignements imprimés qu'ils
ont fait distribuer au Jury de l'Exposition, annoncent que leur appareil
n'exige que la force motrice de a chevaux-vapeur pour produire celle de
1 cheval. Toutes choses égales d'ailleurs, il faudrait, d'après l'expérience ci-
dessus, une force motrice de 21 chevaux pour produire la vapeur corres-
pondante à la force de 1 cheval.
» La production de 6k,56 de vapeur à l'heure ayant exigé une force mo-
trice de 8,5o chevaux, et les 6k,56 vaporisés d'une manière régulière cor-
respondant à 6,56 x 55o == 36o8 unités de chaleur, il s'ensuit que les mille
unités de chaleur produites par cet appareil exigeraient ô-V-q = 2,36 che-
vaux de force.
» Or 1 kilogramme de bois développe 2800 unités de chaleur, dont
on peut facilement utiliser la moitié au moins dans des chaudières or-
dinaires; de sorte que, pour produire 1000 unités de chaleur à l'aide
du bois, qui coûte au plus 5 francs en forêt dans les Vosges (que les au-
teurs ont prises pour lieu favorable à l'application de leur système), il
faudrait brûler — -. — = ok,7i4 de bois.
1400 '» '
» Le stère coûtant 5 francs et pesant environ 35o kilogrammes, le ki-
(7*3)
5f
logramme de bois ne revient guère dans les Vosges qua ^=- = of,oi42, et
en définitive les 1000 unités de chaleur à o,oi4a x 0,714 = of,oi en-
viron, ou pour une production continue pendant douze heures à of, 12
par jour.
» Or.le moteur hydraulique, qui, dans les pays de montagnes comme
on le suppose, fournirait cette force de a, 36 chevaux pour produire
1000 unités de chaleur, ne saurait coûter d'établissement pour canaux, bâ-
timents, mécanisme, etc., moins de 200 francs par force de cheval, dont
l'intérêt pour entretien et usure ne peut être calculé à moins de 10 pour
100, ce qui porte la dépense pour intérêts à 5o francs environ par an pour
2,36 chevaux à of, 166 par jour, à quoi il faut ajouter au moins autant pour
frais dégraissage.
» On voit donc que, dans les conditions exceptionnelles indiquées par
les auteurs, il n'y a pas lieu d'espérer que leur appareil pour la- production
de la vapeur puisse être employé avec avantage, même dans les pays de
montagnes, où l'abondance des cours d'eau pourrait faire regarder la puis-
sance motrice qu'ils fournissent comme sans valeur. A plus forte raison en
serait-il de même pour des bains, des lavoirs, et pour tous les établisse-
ments placés près ou dans l'intérieur des villes, où la force motrice des cours
d'eau acquiert une valeur de 5oo à 1000 francs et plus par force de
cheval .
» Quant à l'emploi que MM. Beanmont et Mayer proposent de faire de
leur appareil pour la cuisson des aliments, et à l'application qu'ils en indi-
quent pour les armées en campagne, il est encore plus illusoire que le pré-
cédent. Les expériences suivantes, faites au Conservatoire des Arts et Mé-
tiers, suffisent pour le démontrer.
» L'appareil spécial, proposé pour cet usage, se compose d'un manège
destiné à être mû par des hommes ou par des chevaux, et au moyen duquel
on fait tourner rapidement un cône renversé en bois garni de tresses en
chanvre; ce cône en reçoit un second qui est en cuivre et qui forme la
chaudière immobile sur la surface de laquelle les tresses frottent et déter-
minent l'élévation de la température du vase et du liquide qu'il contient :
la pression de ce cône intérieur sur celui qui l'enveloppe est réglée et modé-
rée par un contre-poids suspendu à l'extrémité d'un levier à fourche auquel
le cône fixe est suspendu lui-même.
(7*4)
Expériences sur l'appareil proposé par MM. Beaumont et Mayer pour la cuisson des légumes.
VOLUME
NOMBRE
TEMPS
TEMPÉRATURE
DATES.
d'eau
contenu
dans la
chaudière.
de tours
du cône
mobile.
NOMBRE
d'hommes
employés.
ou
durée
de
l'expérience.
TEMPÉRATURES
observées.
a
l'extérieur
dji lieu
d'expérience
3 décem. i855..
5 litres.
En moyenne
85 tours
par minute.
8h
h m
O.OO
o.3o
I .oo
i ,3o
2.O0
2.3o
3.oo
3.3o
4-oo
4.3o
5°
25
4o
52
58
61
70
72
74
76
8°
4 décem. i855..
s
io litres.
8o
8
o.oo
o.3o
I .oo
i .3o
2.00
2.3o
3.oo
3.3o
4.00
4.3o
5.oo
5.3o
6.00
6.3o
7.00
7-3o
8.00
4
'4
20
25
32
37
40
48
5i
5i
53
56
58
60
63
64
69
3
» La représentation graphique de ces résultats, en prenant les tours
pour abscisses et les températures de l'eau contenue dans la chaudière pour
ordonnées, montre que la température s'élève d'autant plus lentement, qu'il
y a plus d'eau et que l'expérience se prolonge davantage, mais qu'elle pa-
(7*5)
raît tendre vers une limite de 76 degrés, au delà de laquelle les pertes de
chaleur compensent l'effet du frottement.
» De ces expériences, faites au moyen dehuithommes qui tournaient avec
peine le manège à la vitesse d'environ quatre tours en une minute, et qui
ont été prolongées, la première pendant quatre heures trente minutes, la
seconde pendant huit heures, sans que la température ait dépassé Gg de-
grés, ce qui est tout à fait insuffisant pour la cuisson des légumes et de la
viande, on doit conclure que cet appareil compliqué, volumineux, ne sau-
rait être d'aucun usage aux armées, et l'on a peine à comprendre que l'on
ait sérieusement proposé d'employer à un travail aussi pénible et aussi pro-
longé des hommes fatigués par la marche.
» En résumé, les appareils proposés par MM. Beaumont et Mayer sont
loin de répondre aux résultats annoncés; ils ne paraissent pas susceptibles
de rendre à l'industrie, et encore moins aux armées, les services promis :
mais il faut cependant reconnaître que le dispositif qu'ils ont adopté est au
moins très-convenable pour permettre de déterminer entre certaines limites
restreintes, à 100 et quelques degrés, les quantités de chaleur développées
par le frottement ; sous ce rapport, en le modifiant convenablement, il
pourrait être de quelque utilité. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Corres-
pondant pour la Section de Chimie, en remplacement de feu M. Braconnot.
A.u premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 5i,
M. Gerhardt obtient l\i suffrages.
M. Pasteur 7
M. Bineau 1
M. Desaignes. . 1
M. Gerhardt, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est déclaré
élu.
C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 16.) 9^
( 7*6)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
botanique. — Monographie de la famille des Urticées; par M. H. -A.
Weddell. Première partie : Ajfinités de cette famille. (Extrait par
l'auteur.)
(Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.)
« Il n'est peut-être pas de fait mieux démontré aujourd'hui dans la bota-
nique systématique, que la connexion intime des cinq familles qui consti-
tuent l'ordre des Urticées; mais il s'en faut que les affinités qui peuvent
exister entre cet ordre et d'autres groupes du règne végétal soient aussi net-
tement établies : c'est ce problème que je vais chercher à résoudre, en
m'aidant des données puisées dans les travaux de mes devanciers, autant que
des recherches qui me sont propres. Et d'abord, est-ce seulement parmi
les familles apétales, auprès desquelles se rangent ordinairement les Urti-
cées, que l'on doit chercher leurs affinités; ou bien, devons-nous, en fon-
dant, à l'exemple de M. Brongniart, les apétales dans les dialypétales,
rechercher, dans ce vaste groupe tout entier, les types auxquels se rattache,
par le plus grand nombre de points essentiels, celui que nous avons en
vue? Les exemples, déjà assez nombreux, d'alliances heureuses constatées
entre quelques éléments de ces séries, jadis séparées, fournissent la meil-
leure réponse à cette question.
» Ceci posé, jetons un coup d'œil sur les rapprochements signalés par
les auteurs entre ce que l'on peut appeler le type urticéen et d'autres types
végétaux.
» Pour Laurent de Jussieu, c'était avec les Amentacées que les Urticées
avaient le plus d'analogie, manière de voir encore admise aujourd'hui par
beaucoup de botanistes. Que l'on remarque, cependant, que les plus fortes
preuves apportées par de Jussieu à l'appui de l'alliance proposée, telles
que l'absence d'albumen dans les Urticées, et la similitude des inflorescences,
sont défectueuses; on se convaincra alors, sans peine, que le rapprochement
en question ne peut guère être maintenu qu'à la faveur des liens négatifs,
analogues en un mot à ceux qui unissent entre eux les éléments du groupe
même des Amentacées.
» Laurent de Jussieu indique également un point de contact entre les
( 727 ) .
Urticées et les Chénopodées, et, par suite, entre elles et toutes les familles
qui constituent le groupe des Cyclospermées ; mais il paraît attacher moins
d'importance à ce rapprochement qu'au précédent, bien que, parmi les
botanistes de nos jours, il ait obtenu au moins autant de suffrages. Je rap-
pellerai ici une opinion sur laquelle M. Brongniart a surtout insisté dans
ces derniers temps, à savoir, que la nature (charnue ou farineuse) de l'albu-
men a plus d'importance, pour la distinction des familles végétales, que
son absence ou sa présence; l'étude des groupes vraiment naturels a, en
effet, démontré que la nature de ce corps, lorsqu'il existe, est constamment
la même chez toutes les espèces de ces groupes; il semble donc que ce
caractère, vu sa constance, doive être regardé comme une des meilleures
pierres de touche pour juger, tout d'abord, des affinités d'une famille.
Or Laurent de Jussieu ne connaissait pas l'albumen des Urticées, dans les-
quelles il n'existe, en effet, pas toujours; il pouvait donc, par suite de la
coïncidence de certains autres caractères, être tenté de rapprocher ces
plantes, à graines toujours oléagineuses, des Cyclospermées, a graines fari-
neuses. Mais aujourd'hui il n'en est plus ainsi, et je crois me rapprocher
davantage de la vérité en cherchant ailleurs que dans ce groupe les affi-
nités réelles des Urticées. J'ajouterai que la tendance des étamines à deve-
nir périgynes, dans les Cyclospermées, est pour moi un motif de plus pour
repousser une alliance avec un ordre à étamines essentiellement hypogynes,
comme les Urticées; et, àjortioii, je dois repousser toute idée de connexion
intime entre les Urticées et les familles dialypétales essentiellement périgynes,
telles que les Mélastomacées, par exemple, dont quelques-unes offrent,
cependant, dans leurs organes végétatifs, des analogies assez frappantes
avec un certain nombre des plantes que nous étudions.
» C'est le casde dire que L. de Jussieu, qui semblait prévoir que les Diclines
iraient grossir un jour les rangs d'une classe supérieure, indique précisément
les dialypétales hypogynes comme pouvant offrir un point de contact avec
les Urticées ; c'est ainsi qu'il a écrit : « Magnoliam habita similem œmulantur
Ficus et Artocarpus, twn stipularum tenminalium convolutione , tum earum-
dem caducarum vestigiis,tum et seminum aggregatione »; ces carac-
tères sont d'ailleurs, avec l'hypogynie des étamines, les seuls traits com-
muns aux plantes comparées. Le grand développement de l'embryon dans
les Urticées, relativement à l'albumen, ainsi que la persistance de l'enve-
loppe florale, constituent dans ces végétaux deux caractères saillants, qui
les éloignent non-seulement de la classe des Magnolinées, mais aussi bien
de celles des Papavérinées, des Berbérinées et des Benonculinées ; par la
0-
(7*8)
structure sui generis de leurs fruits ou de leurs graines, les Crucifères et les
Nymphéinées n'en sont pas moins distinctes.
» Ces groupes mis de côté, nous nous trouvons en présence des familles
nombreuses dont M. Brongniart a constitué ses classes des Guttifères, des Té-
rébinthinées, des Hespéridées, des Célastroïdées, des ^Esculinées, des Violi-
nées, des Polygalinées, des Géranioïdées, des Malvoïdéeset des Crotoninées;
classes que l'on peut assez facilement ranger sous deux chefs, à savoir : celles
où le calice offre toujours une préfloraison imbriquée, et celles où cette
enveloppe présente souvent une préfloraison valvaire. Or, bien que dans
les Urticées ce dernier caractère ne soit pas constant, il se présente assez
fréquemment pour que l'on soit fondé à en conclure une plus grande affi-
nité entre elles et les familles où il se montre également, qu'entre elles et des
groupes où il ne se rencontre jamais. Par l'application de ce principe, nous
nous trouvons, en définitive, n'avoir à faire qu'aux deux dernières classes
énumérées, les Malvoïdées et les Crotoninées; la première comprenant les
familles des Malvacées, des Buttnériacées, des Sterculiacées et des Tiliacées;
la seconde renfermant les familles des Euphorbiacées, des Antidesmées et
des Scépacées : voilà les groupes naturels parmi lesquels nous arrivons, par
voie d'exclusion, à concentrer les affinités les plus immédiates des Urti-
cées. Je m'empresse d'ailleurs de reconnaître que la connexion qui existe
entre les Urticées et les Euphorbiacées en particulier, a été signalée par*
d'autres bien avant que je me sois occupé de la question, et M. Lindley
y insiste même d'une manière toute spéciale ; mais je ferai observer que
l'auteur que je viens de citer considère les Urticées comme représentant un
type beaucoup moins parfait que les Euphorbiacées, et c'est en cela que je
suis surtout porté à différer de son opinion. S'il est vrai, en effet, que les
Euphorbiacées, dont personne ne nie, je pense, aujourd'hui les étroites re-
lations avec les Malvacées, sont une dégradation de ce type, par l'inter-
médiaire des Buttnériacées (les Scépacées occupant un rang plus inférieur
encore), je serais porté à admettre que les Urticées constituent une autre
dégradation du même type, parallèle, en quelque sorte, à la précédente, et
s'opérant par l'intermédiaire des Tiliacées. Peut-être, enfin, trouverait-on
dans ce groupe .hétérogène des Amentacées quelques végétaux qui forme-
raient, côte à côte avec les Scépacées, l'échelon inférieur de cette seconde
série.
» Je n'entrerai pas, en ce moment, dans la comparaison détaillée des
groupes dont il a été question ; qu'il me suffise de dire que les seuls carac-
tères par lesquels les Urticées se différencient notablement des Tiliacées,
( 729 )
sont, d'une part, la persistance de l'enveloppe calicinale (caractère essentiel
néanmoins des Malvacées proprement dites), de l'autre, le nombre des éta-
mines, toujours égal à celui des segments du périgone : l'affinité des deux
groupes ne me semble donc pas devoir être mise en doute, et j'ajouterai,
pour terminer, que leur rapprochement n'est nullement infirmé par la com-
paraison des propriétés des plantes qui les composent. »
M. S. E. Coces adresse, de Washington (États-Unis d'Amérique), un Mé-
moire « sur une variation de la vélocité du Soleil, qu'on a attribuée à une
oscillation du périgée solaire ».
Ce Mémoire, qui était arrivé dans les derniers jours de décembre, mais
dont la présentation a été différée par suite d'une erreur, est renvoyé à
l'examen d'une Commission composée de MM. Le Verrier et Delaunay.
M. Sasku envoie, de Pesth (Hongrie), un Mémoire écrit en latin et ayant
pour titre : Areaparabolœ pure geometrice, methodis variis juxta diversas
sectiones determinata : item longitudo radii vectoris gêner aliter variis modis
definita.
M. Chasles est invité à prendre connaissance de ce Mémoire et à en faire,
s'il y a lieu, l'objet d'un Rapport à l'Académie.
M. Poggioli adresse six observations recueillies à la clinique de l'hôpital
de la Charité, concernant des cas de rhumatisme et de sciatique. Il demande
que ses observations soient jointes à deux Mémoires sur le traitement de ces
sortes de maladies, qu'il a soumis au jugement de l'Académie en i85i et
i853, et que le tout soit admis au concours pour le prix de Médecine et de
Chirurgie de l'année 1 856.
(Réservé pour la future Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.)
ÎM. IVoiret adresse, de Lambessa, un Mémoire qui se lie à celui qu'il avait
envoyé de Constantine au commencement de cette année, et qui concerne
les pénitentiers, l'emprisonnement, les causes principales qui l'amènent et
les effets qu'il produit.
M. Andral, déjà chargé de l'examen du premier Mémoire, est également
invité à prendre connaissance de celui-ci, et à faire savoir à l'Académie si
l'ensemble de ces communications est de nature à devenir l'objet d'un
Rapport.
( 73o )
Un auteur, dont le nom est consigné sous pli cacheté, adresse au concours
pour le prix de Mécanique un Mémoire intitulé : « Suppression des ma-
chines à vapeur à feu au moyen de l'emploi d'une nouvelle force motrice «.
(Réservé pour la future Commission du prix de Mécanique.)
CORRESPONDANCE
M. le Secrétaire perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la Cor-
respondance un nouveau fascicule des Mémoires concernant le relevé géo-
logique de la Grande-Bretagne. Ce fascicule, adressé par sir Rodrick Mur-
chison, actuellement Directeur du Geological Sutvej, forme la décade V
des « Restes organiques fossiles » décrits par M. Z.-W. Salter.
M. Rayer dépose sur le bureau plusieurs ouvrages offerts à l'Académie
par un des anatomistes les plus distingués de l'Allemagne, M. Luschka :
i°. Sur la Structure des glandes de Pacchioni ; i85a.
2°. Des Nerfs du canal vertébral de l'homme; i Pi. Tubingue, i85o.
3°. Les Nerfs de la dure-mère cérébrale; 3 Pi. Tubingue, i85o.
4°. Structure des Membranes séreuses de l'homme ; 3 Pi. Tubingue, 1 85 1 .
5°. Le Nerf phrénique de l'homme; 3 Pi. Tubingue, i853.
6°. Les Plexus vasculaires du cerveau de l'homme ; 4 Ph Berlin, 1 855.
géologie. — Du terrain jurassique dans les Pyrénées françaises ;
par M. A. Leymerie.
« Entre le grès rouge (grès bigarré) et le terrain crétacé inférieur, il
existe, sur le versant nord des Pyrénées, un ensemble de couches, en
général calcaires, partiellement schistoïdes, que M. Dufrénoy a rapporté
avec juste raison au groupe jurassique. La limite inférieure de cet en-
semble est nettement marquée par le grès rouge partout où cette roche
se montre. Dans les contrées où elle n'existe pas, la limite est un peu
moins précise. La séparation du terrain jurassique et du terrain crétacé ne
se fait pas saisir avec autant de facilité à beaucoup près. Dans la partie
centrale de la chaîne, là où le terrain jurassique est le plus développé, ses
couches s'enchevêtrent avec celles du terrain crétacé inférieur, et, en cer-
tains points, la complication est telle, qu'il est permis de douter même de
l'existence de toute ligne de démarcation.
» Sur la carte géologique de France, le terrain jurassique des Pyrénées
( #1 )
forme une bande continue entre la bastide de Serou (Ariége), un peu à
l'ouest de Foix, et la vallée d'Asson (Basses-Pyrénées). Cette bande, large
entre Saint-Girons et Sarrancolin, se réduit à un ruban étroit à partir de
cette dernière ville jusqu'aux Basses-Pyrénées. Mes observations me con-
duisent à doubler à peu près la largeur de ce ruban en reculant sa limite
méridionale jusqu'à Camous, au sud de Sarrancolin, Campan et Argellez.
Dans la vallée d'Ossau, il y a des calcaires sans fossiles qui pourraient peut-
être dépendre du même groupe; mais le fait est assez douteux en l'absence
de fossiles. On doit avoir plus de doute encore à l'égard des calcaires qui
reposent sur le grès rouge à Saint-Jean-Pied-de-Port; enfin je viens d'ac-
quérir la certitude que le terrain jurassique manque absolument dans l'ar-
rondissement de Bayonne, le calcaire à Requiénies y reposant, d'une
manière immédiate, sur le grès rouge du trias.
» Nous venons de dire que la zone jurassique du versant nord des Pyré-
nées était continue. Il faut ajouter toutefois que sa partie principale, celle
qui occupe le milieu de la longueur de la chaîne, est habituellement divisée,
dans le sens de la largeur, par des relèvements exceptionnels de terrain de
transition et même de terrain granitique (Sarrancolin, Saléchan, Géry près
de Saint-Béat, Milhas, etc.).
» On peut distinguer deux étages dans ce terrain. L'étage inférieur com-
mence généralement par des calcaires cellulaires un peu jaunâtres, peut-
être dolomitiques en partie, et qui doivent sans doute ces caractères à
une action postérieure, et par des calcaires noirs ou gris, compactes, ou
subcristallins, souvent rayés d'une manière parallèle à la stratification. Il y
a des couches fissiles (calschistes) dans cette partie du terrain. Au-dessus de
cette assise inférieure, où l'on ne trouve jamais de traces d'organisation,
reposent des couches que la présence constante des fossiles permet de ca-
ractériser et de déterminer ; c'est la partie la plus intéressante de la forma-
tion. Elle se compose de calcaires noirs ou de calcaires marneux, souvent
schistoïdes, et de calschistes. Il y a aussi dans cette assise des schistes
terreux intercalés dont la couleur, originairement grise, passe au jaune café
au lait par l'effet de l'air; c'est cette dernière couleur qui domine dans les
affleurements, et c'est la seule qu'on remarque dans les détritus. Les calcaires
renferment habituellement des coquilles; on en trouve aussi dans le schiste.
C'est dans l'Ariége et la Haute-Garonne que se trouvent les gîtes les plus
riches sous ce rapport.
» Dans le tableau page 732, on trouvera les noms des principaux genres
et ceux de quelques espèces que nous avons pu déterminer.
(ffe)
INDICATION SES PRINCIPAUX GENRES ET ESPÈCES FOSSILES DU TERRAIN
JURASSIQUE DES PYRÉNÉES.
L.
L.
Sch.
L.
L.
L.
L.
L.
.1. m.
L.
L.
L.
J. m.
.1. m.
S. m.
i. m.
L.
h.
L.
L.
L.
L.
L.
L.
L.
L.
L.
L.
Ih
L.
L.
L.
L.
Sch.
L.
L.
Sch.
L., Sch.
L.
L.
L.
Sch.
L.
L.
L.
L.
J. m.
L.
L.
Sch.
J. m.
J. m., L
J. m.
Sch.
GENRES ET ESPECES.
Ammonites hifrons . . . .
— Davœi . . . .
— Dunkani? .
planicosta
grande espèce.
— 3 espèces non déterm.
— i espèce non déterm . .
Nautilus clausus
— indéterm
Belemnites Uipartitus
— autre espèce
Rostellaria ?
Nerinea Bruntrutana ?
— grande espèce
— conttricta ??
— indéterm
Trochus duplicatas
Pleurotomaria
Tercbratula bullata
— cynocephala. . .
— loricata
— ornithocephala.
— ovum
— punctata ou subpunctata?
— quadrifida ?
— voisine de la T. rimosa.
— voisine de la T. varians.
Ostrea gregaria ?
— Marsh ii ?
Gryphea cymbium
— Knorii ?
— Macculochii
— obliqua
— espèce très-allongée.
Plicalula legutata ? ? , .
Pecten corneus
— œquivitlvis
— personatus ? ?
— simpli-costa
— espèce à côtes ornées.
— autre espèce
Lima , grande espèce
— petite et costulée
— proboscidea
Nucula Hausmani
Trigonia
Âstarte non déterm
— non déterm
Serpu la lisse , dentaloïde. . .
— striée
Cidaris Moreanus
— nobilis
Vcntacrmites scalaris?.
Polypiers indéterm....
Végétaux indéterm. . . .
OBSERVATIONS.
Large, déprimée, à côtes rondes, grosses, passant
sur le dos. Les unes sont complètes , les autres
s'arrêtent à une petite distance du tour intérieur.
LOCALITÉS.
Nous désignons par ce nom une Térebralnle allon-
gée, lisse, simple, plus ovale qne Vovalis, avec
une ouverture ronde moins grande
Espèce assez grande , plus bombée que la précé-
dente ; carrée à la base
Certaines variétés passent à la cynocephaln.
Un peu plus rentrue
La nôtre est bien plus régulière dans sa forme et
dans ses plis et n'a pas de surrace d'adhérence. .
Ses plis sont moins larges, plus réguliers et ne
présentent pas d'élargissement è la base dans le
se. .s transversal de la coqui.le
Peut-être par compression.
Nous désignons ainsi un Peigne assez petit, à côtes
simples, qui ne semble être qu'un dfmfnuttr du
Pecfn œquivaLi* et qui est très-répandu dans
notre lias (schiste et calcaire)
Assez petite, à grosses côtes
Petite
Lisse, à section circulaire, peu contournée
Celle-ci, moins large que la précédente et à section
circulaire, est striée transversalement et est tou-
jours contournée
Assez nombreuses espèces.
Ariége, Corbières.
Hautes-Pyrénées (Rebouc).
Haute-Garonne (Aspet, Sauve-
terre , Ore ).
Hautes-Pyrénées (Rebouc).
Haute-Garonne,Ariége, Corbières.
Corbières, Ariége.
Ariége (Montesquieu).
Haute-Garonne (Campels).
Haute-Garonne (Rieucazé).
Partout
Corbières.
Corbières.
Haute-Garonne, Hautes- Pyrénées
(Bize),
Haute-Garonne (Barbazan).
Haute-Garonne (Barousse).
Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées.
Corbières.
Ariége (Foix).
Haute-Garonne, Ariége.
Ariége, Corbières.
Corbières.
Ariége (Fo;x).
Haute-Garonne, Ariége, Corbières.
Ariége (Foix).
Ariége (Foix).
Haute-Garonne, Ariége (Montes-
quieu).
Corbières.
Corbières.
Haute-Garonne, Ariége.
Corbières.
Haute-Garonne, Ariége.
Corbières.
Bagnères.
Haute-Garonne.
Corbières.
Ariége, Haute-Garonne, Corbières,
Haute-Garonne.
Haute-Garonne, Ariége, Hautes-
Pyrénées.
Hautes Pyrénées (Rebouc).
Ariége ( Montesquieu ).
Ariége ( Montesquieu ).
Ariége.
Haute-Garonne, Ariége.
Corbières.
Ariége ( Montesquieu ),
Haute-Garonne (Saleich).
Haute-Garonne.
Hautes-Pyrénées (jBize).
Haute - Garonne ( Sauveterre ) ,
Hautes-Pyrénées (Bagnères).
Haute-Garonne (Aspet).
Haute-Garonne (Rieucazé).
Ariége (la Cave), etc.
Partout.
Haute-Garonne (base de Cagère).
Nota. —Les espèces. précédées de L. sont celles qui se trouvent dans les calcaires et dans les calschlstes du lias; celles des schistes terreux sont
particulièrement désignées par le signe Sch-, et celles du terrain jurassique moyen par J. m.
(733)
» Il est évident, d'après l'ensemble des espèces, que l'étage dont il s'agit
doit être assimilé au lias supérieur. Nous lui rapportons un calcaire
noir ou gris-violâtre foncé, qui est remarquable par les serpules dont il est
comme pétri [Sauveterre (Haute-Garonne), Bagnères de Bigorre]. Il y a aussi
dans cet étage des brèches généralement pâles et uniformes. Il est important
de remarquer que le lias inférieur, caractérisé par la Grjphœa arcuata,
manque entièrement dans les Pyrénées.
» L'étage supérieur n'est pas aussi nettement défini et caractérisé que le
précédent. Nous le composons avec des éléments assez hétérogènes que l'on
trouve çà et là dans toute l'étendue de la chaîne entre le terrain précédent
et le terrain crétacé. Ce sont des calcaires noirâtres, devenant grenus, dolo-
mitiques et bitumineux par métamorphisme, et des calcaires de couleur
plus claire, où l'on trouve des indices de fossiles ordinairement indétermina-
bles, qui ne se montrentqu'à l'extérieur desblocs dans les parties depuis long-
temps exposées à l'air (Nérinées, Astartes, débris d'Oursins, Polypiers, etc.}.
Certains de ces calcaires offrent même, dans la cassure fraîche, des linéa-
ments courbes qui sont des sections de coquilles qu'il serait bien difficile
de rapporter à des espèces ou même à des genres déterminés, et pas-
sent à l'état de lumachelle. Ils sont quelquefois accompagnés de dolo-
mies. L'élément le plus caractérisé de ce groupe est un calcaire à Néri-
nées (on distingue plusieurs espèces, et notamment une assez courte, très-
voisine de la Nerinea Bruntrutrana) que l'on trouve en certaines localités
de la Haute-Garonne et des Basses et Hautes-Pyrénées, et notamment à
Bizenistos.
» Il existe des brèches dans cet étage, vers son plan de contact avec le
lias. C'est dans cette position que paraissent exister la brèche de Médous,
près de Bagnères et les brèches qu'on exploite à Sauveterre (Haute-Ga-
ronne) et à Bramebaque, dans la vallée de Barousse. Les fragments qui con-
stituent ces roches conglomérées, ordinairement très-anguleux et d'une
assez grande étendue, proviennent des calcaires noirs, gris et jaunes de la
formation. Le ciment est habituellement noirâtre. Ces brèches ont été évi-
demment formées sur place.
» La présence des Nérinées (i) et de quelques autres fossiles m'avaient
porté à rapporter ces couches supérieures du groupe que nous étudions à
(1) Ce genre ne se trouve pas, en général, parmi les fossiles du terrain crétacé incontes-
table des Pyrénées.
C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° Î6.) 97
( 7^4 )
l'étage moyen du Jura. Cette prévision se trouve pleinement justifiée par la
présence du Cidaris nobilis qui vient d'être reconnue par M. Cotteau sur un
échantillon que je lui avais adressé.
» J'ai annoncé, d'une manière générale, que la limite supérieure du ter-
rain jurassique des Pyrénées était incertaine dans plusieurs localités, et
qu'il était souvent difficile de séparer ce groupe du terrain crétacé inférieur
qui commence assez habituellement par des calcaires ou par des schistes
plus ou moins semblables à ceux que nous venons de signaler à la partie
supérieure du premier terrain.
» Dans l'Ariége, la Haute-Garonne et les Hautes-Pyrénées, on voit, en
effet, l'étage supérieur du terrain jurassique se terminer par des calcaires
gris pétris de fossiles qui semblent être des débris d'Ostracées ou de Polypiers,
le tout étant comme fondu dans la pâte et formant une lumachelle très-
fréquemment employée comme marbre commun dans les villes voisines.
On serait porté à rapporter ces marbres au terrain crétacé inférieur, d'autant
plus qu'on les trouve fréquemment associés à des calcaires à Requiénies, et
qu'eux-mêmes offrent des tests noirs qu'on pourrait être tenté de considérer
comme appartenant à ces rudistes. D'un autre côté, ces roches se lient au
terrain jurassique, et on y trouve quelquefois desNérinées analogues à celles
du calcaire jurassique moyen.
» La même incertitude règne encore sur la véritable place des schistes
ardoisiers des Hautes-Pyrénées (Labassère, Lourdes) et de certains calcaires
noirs à veines blanches. Ces calcaires incertains touchent souvent le calcaire
à Requiénies et le calcaire jurassique, et paraissent, suivant les circonstances,
devoir être réunis tantôt au premier, tantôt au second. Il en est de même
des schistes. Cette difficulté, au reste, a frappé deux géologues qui ont fait
de nombreuses études dans les Pyrénées, MM. les ingénieurs Vène et
François. Ce dernier même s'est peut-être laissé un peu trop influencer par
cet état de choses, en confondant le terrain jurassique avec le terrain cré-
tacé inférieur dans sa carte des mines et usines à fer de l'Ariége (i). L'exis-
tence de cette pénombre de la masse jurassique n'est pas la seule cause de
confusion et d'incertitude qu'offre l'étude de cette partie des terrains pyré-
néens. Il y a encore une autre cause qui consiste dans l'enchevêtrement du
calcaire à Requiénies au sein du terrain jurassique le mieux caractérisé et
(i) Recherches sur le gisement et le traitement direct des minerais de fer dans les Pyré-
nées. Paris,, i845.
( 735)
dans le lias lui-même. J'aime à penser que cet enchevêtrement est acci-
dentel. Toutefois il s'offre de la manière la plus claire et avec une cer-
taine constance. Je l'ai bien reconnu dans l'Ariége, près de Saint-Girons,
et dans la Haute-Garonne, entre Ore et Galier, et aussi dans les Hautes-
Pyrénées aux environs de Bizenistos et dans la . partie inférieure de la
vallée d'Aure. »
M. Bérenger, de l'Académie des Sciences morales et politiques, transmet
deux pièces imprimées qui lui ont été adressées en sa qualité de Président
de l'Institut pour l'année i856, et qui sont destinées, par leur auteur
M. Trouillet, au concours pour le prix triennal. Ces pièces, qui ont rapport
à une méthode pour la culture de la vigne, sont renvoyées à l'examen de la
Section d'Économie rurale.
géographie physique. — Mémoire sur le huano des îles de Chincha et les
oiseaux qui le produisent; parM.. A. Raimondi, professeur d'histoire natu-
relle à la Faculté de médecine de Lima. (Présenté par M. Bussj.) (Extrait.)
« L'origine du huano était connue au Pérou dès le temps des Incas, car
on lit dans Garcilaso de la Vega [Commentarios reaies , lib. V) imprimé
en .1604 :
« Sur la côte de la mer, depuis plus bas qu'Arequipa jusqu'à Tarapaca,
" ce qui fait plus de 200 lieues de côte, on n'emploie d'autres excréments
» (pour engraisser les terres) que ceux des oiseaux marins qui existent sur
» toute la côte du Pérou, grands et petits ; ils vont par bandes si grandes,
» que cela est incroyable pour qui ne l'a pas vu ; ils pondent dans des îlots
» déserts qui existent près de cette côte, et la quantité d'excréments qu'ils
» y déposent est également incroyable. De loin, ces amas de matières res-
» semblent aux sommets de montagnes neigeuses. Du temps des rois Incas,
» on apportait tant de vigilance dans la garde de ces oiseaux, qu'au mo-
» ment de la ponte personne ne pouvait entrer dans les îles, sous peine de
» mort, de crainte de les effrayer et de leur faire quitter leurs nids. Il n'était
» pas non plus permis de les tuer à aucune époque ni dans les îles, ni au
» dehors, sous la même peine. »
» Ayant été nommé par le gouvernement péruvien pour accompagner la
Commission d'ingénieurs qui fut chargée en 1 853 de mesurer la quantité de
huano existant aux îles de Chincha, j'ai pu, pendant un séjour de plus de
97-
(736)
quarante jours, recueillir quelques observations que je ne crois pas sans
intérêt, et que je vais rapporter.
» Le huano des îles de Chincha existe en telle abondance, qu'en certains
endroits la couche a plus de 3o mètres d'épaisseur. Cette circonstance a
fait penser à MM. Girardin et Bidard que la formation de cette matière n'ap-
partient pas à l'époque actuelle, et qu'on doit la considérer comme un co-
prolite ou excrément fossile d'animaux antédiluviens. Je crois le contraire
et je vais faire connaître les motifs qui ont, fixé mon opinion.
» MM. Girardin et Bidard s'appuient sur la relation de M. de Humboldt
où on lit : « Les mêmes îlots sont habités d'une multitude d'oiseaux, sur-
» tout d ' Ardea, de Phenicopterus, qui y couchent la nuit, mais leurs
» excréments n'ont pu fournir depuis trois siècles que des couches de 4 à
» cinq lignes d'épaisseur. »
» Or, je ferai remarquer que pendant mon séjour aux îles de Chincha, je
n'ai pu observer ni un seul Ardea, ni un seul Phénicoptère : ce qui doit être
attribué au hasard, puisque M. de Humboldt a observé ces mêmes oiseaux.
D'autre part, j'ai pu observer une innombrable quantité d'oiseaux, qui
tous appartiennent aux palmipèdes marins. Une des îles de Chincha, celle
du sud, où l'on n'a pas encore commencé de travaux d'exploitation, s'en
trouve quelquefois entièrement couverte, sans compter ceux qui vivent dans
des espèces de terriers qu'ils se creusent dans le huano.
» Ce qui prouve que le huano appartient bien à l'époque actuelle, c'est
qu'on trouve dans la partie la plus élevée de cette même île du sud, beau-
coup de cadavres de phoques (Otaria), dont quelques-uns sont enterrés
dans le huano à la profondeur de quelques pieds, tandis que d'autres sont
à peine recouverts ; et enfin il en est dont les cadavres font encore saillie.
J'ai comparé ces restes avec les Otarias qui vivent actuellement dans les
eaux qui baignent les îles de Chincha et je les ai trouvés identiques.
» J'ajouterai enfin qu'on a trouvé dans le huano, a une assez grande
profondeur, quelques débris de l'industrie humaine, comme des vases de
terre et des morceaux de bois légèrement arqués qui paraissent avoir servi
à l'exploitation du huano.
» De tous ces faits, je crois pouvoir conclure que le problème de l'ori-
gine du huano est résolu; que ce n'est pas un coprolite, mais bien une
matière dont la formation appartient à l'époque actuelle.
» Quant aux oiseaux qui produisent le huano, voici rémunération des
(737 )
espèces que j'ai observées pendant mon séjour sur les îles de Chincha :
Noms vulgaires.
Pelecanus thajus (Molina) Alcatraz.
Carbo Gaimardii ( Lesson ) Pato de mar.
Carbo albigula (Brandt) Cuervo de mar.
Sula variegata (Tscliudi) Piquera.
P lotus anhinga (Lin.) Zamargullon choreado.
Rhyncops nigra[ÏÀn.) Arador ou Pico-tijera.
Larus modestus (Tschudi) Gaviota.
Spheniscus Humboldtii (Meyen) Pajaro nlno.
Pufflnuria Garnotii ( Lesson .) Potoyunco.
Sterna inca (Lesson) Zarcillo.
» Toutes ces espèces d'oiseaux ne vivent pas constamment sur les îles de
Chincha : quelques-unes viennent seulement à l'époque de la ponte. Parmi
les sédentaires, le Pelecanus thajus, la Sula variegata, le Larus modestus,
le Spheniscus Humholdlii et la Pufflnuria Garnotii sont celles qui abondent
davantage. Ces oiseaux se réunissent, chaque espèce séparément ; ainsi dans
l'île dite du nord, la partie nord est habitée par les Pelecanus, la partie est
par les Larus, la partie ouest par les Sulas et la partie sud par les Puffl-
nuria.
» Les Pélicans produisent très-peu dehuano, parce qu'ils habitent pres-
que toujours sur les récifs qui se trouvent autour des îles.
» Les Carbos ne paraissent pas non plus concourir pour une forte part
à sa formation, car on les voit presque toujours dans les lieux escarpés,
dans les fentes de rochers, de sorte que le plus souvent leurs excréments
tombent à la mer.
» Les Sulas produisent plus de huano que les espèces précédentes, attendu
leur nombre qui est plus grand et aussi parce qu'ils se tiennent dans l'inté-
rieur de l'île.
» Les Plotus et les Rhyncops sont très-rares : je ne les ai vus que deux
fois, et toujours en petit nombre, ce qui me fait croire qu'ils sont de pas-
sage.
» Les Larus ne se rencontrent pas en quantité assez grande pour qu'on
puisse leur attribuer un rôle important dans la production du huano.
» Les Sternas qui habitent ces îles et presque toute la côte du Pérou,
appartiennent à la plus jolie espèce du genre. Ces oiseaux ne me paraissent
pas habiter toute l'année les îles de Chincha. A mon arrivée, qui eut lieu à
la fin d'août, je n'en observai qu'un petit nombre qui volaient continuelle-
ment autour des îles en se reposant seulement sur les récifs voisins. Le 12
(738)
septembre, j'en vis apparaître un grand nombre dont quelques-uns vinrent
se poser sur l'île nord ; mais le 1 5 ils apparurent en nombre tellement grand,
qu'ils couvraient toute l'île sud, et une grande partie de celles du milieu et
du nord, ce qui me fit supposer que l'époque de la ponte approchait : il est
facile de comprendre que, tant qu'elle dure, ces oiseaux doivent déposer
une grande quantité de huano.
» Les Spheniscus sont abondants dans l'île du sud, qui, comme je l'ai
dit, est inhabitée. Il est probable qu'ils ont été chassés de l'île du nord par
les navires qui s'y rendent en grand nombre, et parles travaux d'exploita-
tion. Ces oiseaux, ne pouvant voler, se cherchent un abri en se creusant
dans le huano même une demeure souterraine. A l'époque où je visitai ces
îles, ils étaient occupés à couver leurs œufs, qui sont de la grosseur d'un
œuf de dinde, et au nombre de deux à quatre.
» Enfin, les Puffinurias sont, à mon avis, les oiseaux qui produisent la
plus grande quantité de huano ; leur nombre est incalculable. Il paraît que
ces oiseaux abandonnent également peu à peu l'île du nord, car on ne les
y rencontre plus que dans la partie sud-est, tandis que dans les îles du mi-
lieu et dans celle du sud on les voit de toutes parts. Comme les précé-
dents, ils vivent enterrés dans le huano, à la profondeur d'un pied ou deux,
et ont tellement miné avec leurs galeries la partie sud de l'île du nord et
celles du milieu et du sud, qu'on n'y peut faire un pas sans enfoncer jusqu'à
la cheville.
» Une observation fait voir que, non-seulement l'immense dépôt des îles
de Chincha a été formé par les oiseaux maritimes, mais encore que ces oi-
seaux n'ont pas changé.
» Dans les exploitations de huano, on rencontre, à une grande profon-
deur, du huano pseudo-morphique sous forme d'oeufs ; ces œufs semi-fos-
siles (si on peut les appeler ainsi) sont de trois dimensions différentes : les
uns de la grosseur d'un œuf de perdrix, les autres à peu près égaux à un
œuf de dinde, et enfin d'autres intermédiaires entre les deux premiers. Si l'on
compare ces œufs avec ceux des espèces qui vivent aujourd'hui sur les îles,
on voit que les premiers, qui sont les plus communs, ont les dimensions
des œufs de Puffinuria, et les seconds celles des œufs de Spheniscus, seuls
oiseaux qui vivent comme enterrés dans le huano. Quant aux œufs de gros-
seur intermédiaire, ils sont très-rares. J'ai trouvé en outre à une grande pro-
fondeur, deux os de l'aile [humérus) et un de la jambe {tibia), dont les
dimensions égalent celles des os correspondants des Puffinurias qui habitent
actuellement les îles. »
( 7%)
chimie optique. — Note sur la rotation variable du glucose mamelonné'
de raisin (i); par M.. Dubrunfabt.
« M. Béchamp, dans l'un des derniers numéros des Comptes rendus, a
essayé d'expliquer les deux pouvoirs rotatoires du glucose dissous, en les
rattachant à deux états chimiques bien connus et bien définis de cette espèce
de sucre. Ainsi il a cru pouvoir conclure d'expériences décrites avec dé-
tail et avec soin, que le pouvoir rotatoire le plus élevé appartient au glucose
hydraté Cl2H,aOl2, 2HO, tandis que le plus faible serait propre au com-
posé C12 H12 O'2, qui se trouverait ainsi déshydraté par la dissolution.
» L'intérêt qu'offre la Note de M. Béchamp nous a déterminé à vérifier les
expériences qui légitiment les conclusions déduites de ses expériences, et
nous devons dire que cette vérification nous a conduit à des résultats tout
différents, sans que nous puissions assigner d'une manière précise la cause
de ces différences.
» En effet, si l'on dessèche avec soin du glucose hydraté, de manière
à lui enlever complètement les deux équivalents d'eau qu'il peut perdre
sans subir d'altération dans sa constitution cristalline, il conserve intégra-
lement ses deux pouvoirs rotatoires, et ces deux pouvoirs, mesurés avec
soin et rectifiés par le calcul comme nous l'avons expliqué ( Comptes rendus,
tome XLII, page 228), conservent bien le rapport normal f-, que nous
avons assigné au glucose pur (2). Si ces résultats, qui diffèrent de ceux de
M. Béchamp, sont corrects, il est évident que l'eau d'hydrate du glucose n'a
aucune influence sur la rotation variable de ce sucre.
» Voici une autre observation qui justifie notre conclusion et qui peut-
être pourrait expliquer en quoi les expériences du savant professeur de
Strasbourg ont pu différer des nôtres.
» Si, au lieu de déshydrater avec soin le glucose, on fait naître les phéno-
mènes qui sont mentionnés dans le Mémoire de Guérin sur les glucoses et
(1) Nous distinguons ici le glucose à rotation variable sous le nom de glucose de raisin
pour éviter toute équivoque. On peut préparer un glucose pareil avec la fécule; mais on peut
aussi, avec cette même fécule, préparer un glucose que nous avons désigné sous le nom de
glucose trirotaloire, et qui dans sa dissolution offre une rotation invariable. ( Voir les
Comptes rendus, tome XXV, page 3o8.)
(2) Nous avons établi dès 1 846 ( Compte rendu du 6 juillet) que le pouvoir rotatoire du
glucose appartenait exclusivement au composé C" H12 0f', et qu'il était indépendant de l'eau
d'hydrate dans le composé hydraté.
( 74o )
dans plusieurs Traités de Chimie, c'est-à-dire si l'on dessèche le glucose avec
fusion, on ohserve, en dissolvant dans l'eau le glucose ainsi traité, les faits
signalés par M. Béchamp, et soit que la fusion ait été faite avec ou sans perte
de l'eau d'hydrate, la rotation du glucose dissous devient invariable et elle
donne immédiatement le pouvoir rotatoire le plus faible.
» On peut légitimement conclure de ces faits que les deux rotations du
glucose proviennent, ainsi que nous l'avons supposé, de modifications mo-
léculaires profondes, produites successivement et alternativement par la
cristallisation et par la dissolution ou la fusion. Cette interprétation est
conforme à celle qu'autorise un pareil examen appliqué au sucre de lait,
elle s'applique au glucosate de sel marin, et nous avons lieu de croire
qu'elle sera encore justifiée par l'examen au même point de vue du glucose
de sucre de lait étudié par M. Pasteur, et de toutes les substances cristallisées
dans lesquelles on découvrira une propriété analogue à celle qui nous
occupe. Peut-être arrivera-t-on à reconnaître plus tard l'exactitude d'une
conjecture que nous avons émise, savoir : que cette rotation variable ne
serait qu'une manifestation dans des cas spéciaux de propriétés générales de
la cristallisation et delà dissolution. Ainsi, pour justifier cette conception,
nous avons déjà établi que le sucre de lait définitivement dissous diffère du
sucre de lait cristallisé non-seulement par un pouvoir rotatoire moindre, mais
encore par une solubilité moindre. Ces distinctions seules suffiraient au
besoin, alors qu'on ne découvrirait pas ultérieurement d'autres propriétés
différentes pour ces deux états du sucre de lait, elles suffiraient, disons-
nous, pour justifier une distinction spécifique conforme à la définition si
nette de l'espèce chimique donnée par M. Chevreul. Le glucose mamelonné
offre, comme le sucre de lait, deux solubilités différentes dans l'eau, et cette
propriété peut être démontrée expérimentalement pour un grand nombre
de composés cristallisables d'origine organique et inorganique. T.es faits
nombreux de sursaturation se rattachent évidemment par deux liens com-
muns aux phénomènes qui nous occupent, et nous invoquerions leur auto-
rité au besoin pour autoriser notre conception. Nous aurons d'ailleurs à reve-
nir avec détails sur celte question dans un Mémoire qui nous occupe depuis
longtemps et dans lequel nous aurons à examiner la dissolution comme phé-
nomène chimique et physique. Nous aurons aussi à revenir sur les glucoses,
dont les pouvoirs rotatoires moléculaires ont été généralement établis sui-
des produits qui ne sont ni simples ni purs, et nous justifierons par la même
occasion les distinctions que nous avons apportées clans la nomenclature
des glucoses. Ces distinctions, qui n'ont pas été acceptées par les savants,
( 74i )
étaient cependant de nature à faire disparaître la confusion dont M. Eiol se
plaignait à juste titre dans l'un des derniers numéros des Comptes rendus
à l'occasion d'une communication intéressante de M. Pasteur. »
optique. — Théorie mathématique des effets de la lentille simple employée
comme objectif de, chambre obscure et comme besicle; par M. Breto\
(de Champ).
« Il n'aura échappé à personne que la formule que j'ai donnée le 24 mars
dernier (*), pour déterminer l'emplacement du diaphragme au devant d'une
lentille simple employée comme objectif de chambre obscure, se vérifie d'une
manière très-remarquable lorsqu'on y introduit le rapport des courbures
des surfaces antérieure et postérieure obtenu par Wollaston. Supposant, en
effet, »si, m, = i,5, ainsi qu'on le fait ordinairement, et - = 1-1 les
r-i r.
f f
deux valeurs de âc., qui résultent de ces hypothèses sont — ^-^ et — »r^'
en ne prenant que deux décimales pour la racine carrée. On voit que la
seconde valeur de A,.,, diffère très-peu de celle qui a été trouvée par le
célèbre physicien. La proportion indiquée par M. Cauchoix donne pour Ac>,
f f
deux valeurs qui sont — ■= — p et p- L'ouvrage dans lequel j'ai puisé
ce renseignement ne faisant pas connaître quelle était la distance du dia-
phragme à la lentille, je ne puis faire ici une seconde vérification. Je vais
m'occuper maintenant des conditions relatives aux lentilles employées
comme besicles, ce sera l'objet du paragraphe suivant.
§ III — De la lentille simple employée comme besicle.
» On sait que, dans ce cas, la longueur focale est complètement déterminée
par la distance de la vue distincte de la personne à l'usage de laquelle la len-
tille est destinée. La seule question à résoudre est donc ici de trouver quelle
est la combinaison de courbures la plus favorable. Pour y parvenir, nous
remarquerons que dans l'acte de la vision naturelle, les pinceaux de rayons
reçus par l'œil sont essentiellement coniques. D'après cela, il paraît ration-
nel d'admettre que la forme de lentille la plus convenable sera celle qui ne
détruira pas la conicilé des pinceaux émergents.
» Cette condition ne pourra être remplie qu'autant qu'il existera dans
(*) Compte rendu de la séance du 24 mars i856.
C. R., »856, i« Semestre. (T. XLII, N° 16.) 98
( ?*» )
l'oeil un point pouvant jouer le rôle d'un diaphragme. Or un tel point existe
en effet, c'est le centre du globe oculaire. Car lorsqu'un observateur
veut examiner un site, un tableau ou tout autre objet, il transporte d'abord
toute sa personne vis-à-vis de la partie qui appelle spécialement son atten-
tion, puis tout le corps étant momentanément immobile, il parcourt de l'œil
successivement tous les détails que cette position le met à même de bien
voir. Les seuls mouvements qui ont lieu alors sont ceux du globe oculaire,
dont l'axe visuel se promène sur l'objet examiné, en oscillant autour du
centre immobile de ce globe. Quand cet axe est fixé sur un point, il se
trouve précisément dans la direction du rayon émané de ce point, et con-
séquemment ce rayon est dirigé vers le centre du globe oculaire, du moins
si l'on admet que l'axe de la vision passe lui-même par ce centre. Tel est
donc le point qui dans la circonstance actuelle joue le rôle d'un diaphragme,
et dès lors les verres de besicles doivent être préparés de manière à rendre
coniques les pinceaux émergents dirigés vers ce diaphragme idéal.
r> D'après les mesures de l'œil humain qu'on trouve dans divers ouvrages,
le centre du globe oculaire est à environ om,oia en arrière de la surface an-
térieure de cet organe. Cette surface est elle-même en arrière de la lentille,
à une distance dont le minimum peut être évalué à om,oo8. La somme de
ces deux distances donne la valeur de — A' .2, puisqu'il s'agit des rayons
réfractés par la lentille. On aura la valeur de Ae., au moyen de la relation
-n— = -? H î d'où — = - ■?• Aé 2 étant négatif et sa valeur étant
àc, f Ac., Ac., AC2 f ci *
très-petite vis-à-vis des longueurs focales usitées, on voit que A,.,, sera
négatif.
» On observera que quand A,.., est négatif, le diaphragme devient virtuel
et doit être remplacé par un diaphragme réel placé à la distance A'c.a de la
lentille. C'est ce qui arrive pour l'œil, ainsi que nous l'avons expliqué
ci-dessus.
» Pour déterminer la valeur de -> nous reprendrons l'équation qui a été
donnée dans le § II, et nous la mettrons sous la forme
2 «\ / i i V et f i a, + u i i a, (2a, ■+■ 11) 1 ~| / 1 1 \
"1/ \A«.i n) it,\_bc, u A, 2 u («, — «) 7J \àCA rj
uu, 1 r(«, — u) 1 («, — «') 1 u, i~i
(«,— «)'/ |_ u, ACé1 uu, A, h f]
» On sait que J est négatif quand il s'agit de besicles de presbyte. D'un
(743)
autre côté, — - étant pareillement négatif, et très-grand en valeur absolue,
"M
rend négatif le facteur entre crochets du dernier terme, de sorte que ce terme
est lui-même négatif; d'où il résulte que les deux racines seront réelles dans
le cas de la presbytie. Pour savoir ce qu'il en est dans celui de la myopie,
où f est au contraire positif, et rend pareillement positif le dernier terme de
notre équation, il faut résoudre celle-ci. Je me borne à écrire le polynôme
que l'on trouve sous le radical, savoir :
«(»,+2n) i ["(«, — «) i [u\ — u1) l u, il
• b1 r i («, + «) i ' i u,(2.ut-+-u) t'y
U\ LACi, U A, 2 M («, — «) /J
Supposant, comme on le fait ordinairement, que les verres doivent être pré-
parés pour procurer la vision distincte des objets éloignés, nous aurons
— = o. Développant ensuite, ce polynôme devient, après quelques réduc-
tions,
w1 i a i i u (4«i — «) I
7\ ïj£ ~ «7 7 âT, "" 4 («,-«)* /»'
et par la décomposition en facteurs,
|~ « i ii \fut (Mi + 2«) i"l [ « i i i yUiju, -+• 2 u) i~|
L«, Ac., ~ if 2(«, — «) /J [«, Ac>, 2 / 2 («, — «) /]
» Le premier facteur est essentiellement négatif. Il faut donc que le se-
cond le soit aussi ; car autrement les racines seraient imaginaires. De là
résulte la condition
u_ J_ _ l y/«i(«i + 2~â)
», Ac., 2 2~(«, — a) '
ç
ou, en remplaçant — par —, -, et isolant -/->
y a, -+- 2« «, yu,(«i+ 2«)
A* 2 a 2«(«, — m)
Si l'on fait u, = 1,5, a = i, la condition à remplir est
/<-i,687A'M.
Ce qui nous apprend que les besicles de myopes ne peuvent pas être con-
98..
( 744)
struites de manière à fournir des pinceaux coniques, si ce n'est pour des
portées de vue excessivement courtes. Là est peut-être l'explication de ce
l'ait remarqué par les opticiens, que les verres périscopiques sont moins
avantageux pour les myopes que pour les presbytes. »
chirurgie. — Sur un nouveau procédé opératoire qui simplifie les cas
graves de paraphimosis . (Extrait d'une Lettre de M. Malgaigne.)
a ... Pour cet étranglement, comme pour les étranglements herniaires,
on cherche d'abord à opérer la réduction, et l'on y réussit le plus souvent.
Mais quand la réduction est impossible, on conseille alors, de même que
dans les étranglements herniaires, de diviser la bride qui étrangle, et au
besoin de répéter cette section sur deux ou trois points. Or on diminue
bien ainsi les accidents de l'étranglement, mais la réduction n'en demeure
pas moins impossible; du moins, pour mon compte, je ne l'ai jamais vu
obtenir après une semblable opération. Quelle est la raison de cet insuccès?
C'est que l'anneau préputial, en déterminant l'inflammation, l'ulcération,
quelquefois même la gangrène des parties qu'il étrangle, commence par
épaissir le tissu cellulaire sous-jacent, et par organiser des adhérences éten-
dues entre la couche tégumentaire et les corps caverneux. Le débridement,
même répété , ne détruit pas ces adhérences, et ne suffit pas dès lors à la
réduction ; tandis que la destruction de ces adhérences, même sans débri-
dement, suffit pour permettre de ramener les parties à leur place.
» Ainsi, l'étude de l'affection m'a conduit à distinguer un élément nou-
veau, laissé jusqu'à présent dans l'ombre; la constatation de cet élément
entraînait une indication nouvelle; et voici maintenant comment j'ai rempli
cette indication.
» Un jeune homme est entré dans mon service le 1 1 de ce mois pour un
paraphimosis datant de cinq jours; et déjà on voyait sur le dos du pénis une
ulcération superficielle embrassant plus de la moitié de la circonférence de
l'organe. Les internes essayèrent vainement la réduction; le lendemain, à
la visite, je ne fus pas plus heureux; les adhérences des téguments avec les
corps caverneux y opposaient un obstacle insurmontable. Je glissai à plat,
entre les téguments et les corps caverneux, un bistouri étroit, à l'aide du-
quel je divisai ces adhérences dans l'étendue d'un centimètre. Cela ne suffit
point. Je reportai dans l'incision un bistouri boutonné, pour compléter la
division des adhérences dans toute leur étendue; et la réduction fut obte-
nue avec la plus grande facilité. Dès le lendemain, l'engorgement du pré-
( 745 )
puce avait diminué; le troisième jour, l'ulcération était cicatrisée, et l'opéré
est sorti le ao avril, guéri déjà depuis plusieurs jours, et sans avoir éprouvé
aucune espèce d'accident. »
M. Hutin, médecin en chef des Invalides, envoie plusieurs nids d'hiron-
delle salangane, recueillis il y a cinq ans dans une grotte des environs de
Java, par le voyageur qui lui en a fait don. M. Hutin a pensé qu'à raison
des communications qui ont été faites récemment à l'Académie touchant
la composition de ces nids, il pourrait, y avoir quelque intérêt pour la
science à faire examiner ceux qu'il offre aujourd'hui, et qui sont dans un
parfait état de conservation.
« Les habitants du pays, dit M. Hutin, pensent généralement que les
Salanganes composent ces nids avec du frai de poisson, et que l'opinion des
personnes qui en regardent la matière comme le produit d'une sécrétion
particulière à ces petits oiseaux, est due à ce que l'on voit des fils de cette
substance visqueuse pendre souvent de leurs becs à l'époque où ils la ramas-
sent pour s'en servir. Il paraît que chaque nid reçoit habituellement deux
œufs seulement. »
Une Commission, composée de MM. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, Payen
et Montagne, est invitée à examiner ces nids.
, M. Wanner envoie une Note ayant pour titre : « Delà capillarité, théorie
de la circulation sanguine » , Note qui fait suite à celle que l'auteur avait
présentée dans la séance du 3i décembre dernier.
M. Compingt père prie l'Académie de lui faire connaître la marche à suivre
pour faire admettre au concours pour le prix annuel du legs Bréant un re-
mède de son invention pour la guérison des dartres.
M. Compingt devra faire connaître, dans un Mémoire suffisamment déve-
loppé, la composition de son remède et la manière de l'administrer, et il
joindra quelques observations des cas où ce traitement a été employé avec
succès.
M. le Directeur du journal la Science prie l'Académie de vouloir bien
le comprendre dans le nombre des personnes auxquelles elle accorde les
Comptes rendus hebdomadaires.
(Renvoi à la Commission administrative.)
( 746)
M. Cochaux envoie, de Bruges, la figure et la description d'un manomètre
destiné à faire reconnaître le degré de profondeur qu'un bateau sous-marin
ne doit pas dépasser.
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret.
COMITÉ SECRET.
La Section de Géométrie présente, par l'organe de son doyen M. Biot, la
liste suivante de candidats pour la place vacante par suite du décès de
M. Sturm.
Au Ier rang M. Bertrand.
Au ae rang M. If ermite.
Au 3e rang M. Serret.
Au 4e rang ex aequo, et par l M. O. Bonnet.
ordre alphabétique. . . . ( M. Pbiseux.
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 5 heures et demie. E. D. B.
HCLLETIN HIRLIOGRAPIIIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 21 avril 1 856, les ouvrages dont
voici les titres :
Compte rendu annuel adressé à S. E. M. DE Bkock, Ministre des Finances,
par le Directeur de l'observatoire physique central, A. -T. Kupffer ; année
1 854- Supplément aux annales de l'observatoire physique central pour l'année
i853. Saint-Pétersbourg, i855; in-4°.
Description d'un nouveau genre de coquitles bivalves fossiles , Eligmus, prove-
nant de la grande oolithe du département du Calvados ;)par M. Eudes-Deslong-
CHamps. Caen, r856; br. in-4°.
Mémoire sur le Soudan, rédigé d'après des renseignements entièrement nou-
veaux; par M. le comte d'Escayrac DE Lauture ; 3e cahier. Examen du gou-
vernement, des institutions militaires, de la religion et des superstitions des peuples
du Takrour. Paris, 1 856 ; br. in-8°.
(747)
Méthode pour faire avec une extrême facilité le calcul et le devis des chaînes ;
par M. Joseph Cochaux. Bruges, i855; br. in-8°.
Aperçu de la distribution du terrain tertiaire dans le canton de Vaud; par
M. R. Blanchet. Lausanne, i854; \ feuille in-8°.
Quelques idées sur les modifications du relief' de la terre, dans la vallée du
Rhône et du Léman ; par le même ; \ de feuille in-8°.
Délie. . . Des lois qui régissent le choléra-morbus et de la manière de le préve-
nir dans les populations et chez les individus; par M. O. Turchetti. Florence,
i855 ; br. in-8°. (Adressé pour le concours du prix Bréant. )
Remarks. . . Remarques sur le gyroscope en relation avec « une suggestion d'une
» nouvelle expérience qui démontrerait la rotation de la Terre » ; par 'M. Edw.
Sang; \ feuille in-8°.
Memoirs. . . Mémoires concernant le relevé géologique du royaume-uni de la
Grande-Bretagne. Restes organiques fossiles ; Ve décade ; par M. Z.-V. Salter;
br. in-4°.
Dienerven... Des nerfs du canal vertébral de l'homme; par M. Luschka.
Tubingue, i85o;in-8°.
Die nerven. . . Les nerfs de la dure-mère cérébrale ; par le même. Tubingue,
i85o; in-4°.
Die structure... Structure des membranes séreuses de l'homme; par le même.
Tubingue, i85i ; in-4°.
Ueber... Sur ta structure des glandes de Pacchioni; par le même; broch.
in-8°.
Der nervus... Le nerf phrénique de t homme ; parle même. Tubingue, i853;
in-4°.
Die adergeflechte... Les plexus vasculaires du cerveau de l'homme; par le
même. Tubingue, i855; in-4°.
ERRATUM.
(Séance du 7 avril i856.)
Page 645, ligne 2 ï , au lieu de :
Après un certain nombre d'heures, variable avec la température, le pouvoir du composé
C'2H'20'2a, dans l'intervalle, un pouvoir mixte , etc. ,
Lisez :
Après un certain nombre d'heures, variable avec la température, on a le pouvoir du com-
posé ClîH"Olî, et, dans l'intervalle, un pouvoir mixte, etc.
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 28 AVRIL 1856.
PRÉSIDENCE DE M. BINET.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
magnétisme terrestre. — M. le Verrier, en communiquant à l'Aca-
démie les résultats obtenus au moyen d'instruments magnétiques enregis-
treurs, établis à l'Observatoire impérial de Paris par M . Liais, présente à ce
sujet les remarques suivantes :
« Il existe deux systèmes principaux d'instruments enregistreurs : ceux
dans lesquels les indications sont obtenues par des appareils mécaniques,
et ceux dans lesquels l'inscription se fait par le moyen de la photographie.
Dans le premier système, la sensibilité des instruments est toujours plus ou
moins notablement altérée par l'intervention et l'inertie des pièces indica-
trices ; cette considération m'a déterminé à recourir au système photogra-
phique. L'organisation des instruments a été confiée à M. Liais, qui s'est
acquitté de cette mission avec le plus grand succès, comme l'Académie en
pourra juger par les documents que j'ai l'honneur de mettre sous ses
yeux.
» Les éléments à observer sont au nombre de trois : la déclinaison de
l'aiguille aimantée, la force horizontale du magnétisme terrestre, la force
verticale. L'inclinaison se déduit de ces deux derniers éléments. On sait, en
C. R., iS56, Ier Semestre. (T. XLII, m 17.) 99
(75o)
effet, que le rapport de la force verticale à la force horizontale du magné-
tisme terrestre n'est autre que la tangente de l'inclinaison.
» Il a donc fallu établir trois instruments enregistreurs, qui sont : une
boussole de déclinaison, un magnétomètre bifilaire de Gauss, une balance de
force verticale. Le système d'enregistrement est semblable à celui qui a été
imaginé par M. Brooke de Londres. M. Brooke, qui a déjà établi les appa-
reils de Greenwich et de Toronto, a bien voulu se charger de faire con-
struire également les appareils de Paris.
» Il ne faudrait pas conclure de ce qui précède, que l'observatoire ma-
gnétique de Paris est une copie des autres établissements de ce genre. Il
présente, au contraire, dans son organisation des différences importantes,
et spécialement des dispositions entièrement nouvelles pour les observa-
tions directes et les déterminations absolues. Les projets et les plans de ces
dispositions ont été faits par M. Liais.
» On sait que lorsqu'on veut multiplier beaucoup les observations ma-
gnétiques, on est obligé d'avoir recours à des instruments de variation qui
font connaître, soit au moyen de microscopes que l'on pointe sur des fils
portés par les aiguilles, soit au moyen d'échelles et de lunettes fixes et de
miroirs assujettis sur les barreaux aimantés, les changements des éléments
magnétiques. Ces instruments sont comparés de temps en temps avec d'au-
tres instruments susceptibles de donner des valeurs absolues, mais qui sont
d'un emploi plus long et plus difficile.
» Dans les observatoires magnétiques où les indications des instruments
sont tracées d'une manière continue par la photographie, ce tracé fournit
les observations de variation. Il semblerait donc inutile de conserver les
dispositions usuelles destinées à l'observation directe des variations, si les
positions relatives des instruments, des points lumineux et des appareils
enregistreurs, présentaient des conditions de stabilité égales à celle que l'on
donne aux instruments ordinaires de variation. Mais cela n'ayant pas tou-
jours eu lieu dans les observatoires actuels, on a dû combiner l'emploi
du tracé photographique avec les procédés ordinaires , pour l'observation
directe de la variation. Le contrôle n'eût pas été assez fréquent s'il n'avait
dû être effectué qu'au moyen des instruments employés pour les détermi-
nations absolues. Il résulte de cet état de choses un accroissement du ser-
vice des observations, une complication des réductions, et, ce qui est le
plus grave, une moindre exactitude.
» Ces inconvénients ont été évités à l'Observatoire de Paris, et pour cela
(75' )
on a d'abord donné à la partie photographique une stabilité au moins égale
à celle que l'on donne ordinairement aux appareils pour l'observation di-
recte des variations. La partie directe serait dès lors devenue inutile, si elle
n'avait fait que fournir un moyen de répéter ce que l'on avait déjà par la
photographie. Mais on a voulu obtenir davantage et on a pris des disposi-
tions nouvelles pour rendre les observations de variation indépendantes de
la stabilité des piliers et des lunettes, ce qui leur donne un degré de pré-
cision supérieur. De plus, on a voulu que ces disposiiions, destinées à l'ob-
servation directe des variations, pussent servir pour des mesures absolues,
promptes et faciles, sans être obligé de recourir à l'emploi d'autres instru-
ments.
» Le pavillon qui renferme les instruments magnétiques est à l'angle sud-
est de la terrasse de l'Observatoire. L'une de ses fenêtres est placée dans le
méridien du cercle mural de Fortin. A l'intérieur du pavillon, sur le pro-
longement de l'axe optique de la lunette de ce cercle, se trouve un pilier
allongé dans le sens du méridien. C'est sur ce pilier que se font les observa-
tions directes. Il porte un théodolite avec lunette centrée. Une trappe mé-
nagée dans le toit permet d'apercevoir la polaire avec le théodolite. On
voit donc que l'on a deux moyens d'obtenir la direction du méridien astro-
nomique : l'observation directe de la polaire, et le pointé au cercle mural
de Fortin, employé comme collimateur. Ce dernier procédé est très-com-
mode, car on connaît toujours la situation du cercle de Fortin par rapport
au méridien. On peut donc sans inconvénient déplacer le théodolite sur
son pilier, l'avancer ou le reculer, et l'on retrouve toujours le méridien
astronomique en moins d'une minute.
» Au nord-ouest du pilier qui porte le théodolite se trouve la boussole
de déclinaison. Le barreau aimanté est un cylindre creux de 20 cen-
timètres de longueur. Cette disposition présente l'avantage de four-
nir des aimants puissants d'un faible poids ; car on sait qu'à partir d'une
certaine limite d'épaisseur, un fer creux s'aimante à peu près au même
degré qu'un fer plein. Il est important d'avoir des barreaux légers et puis-
sants pour augmenter le degré de précision des observations, puisque les
erreurs que l'on peut avoir à craindre, viennent surtout de la torsion des
faisceaux de suspension, et le couple de cette torsion est proportionnel au
poids du système suspendu (le faisceau a d'ailleurs à porter, outre le bar-
reau, le miroir destiné à l'enregistrement photographique). On a, en outre,
un avantage évident à ce que le couple magnétique soit le plus grand
99-
(75*)
possible par rapport à la pesanteur. Or il ne faut pas tendre à ce résultat
par un accroissement de longueur du barreau, accroissement qui ne se
ferait pas, au reste, sans augmentation de poids, et qui, en écartant les pôles,
aurait l'inconvénient d'augmenter les influences réciproques des barreaux
des divers instruments.
» Le barreau étant creux, on en a fait une lunette collimateur. Il porte à
l'une de ses extrémités, au sud, une lentille ; à l'autre, au nord, une échelle
horizontale divisée. Cette échelle est au foyer principal de la lentille. Les
rayons qui en émanent sortent parallèles, de sorte que l'échelle est visible
avec le théodolite et observable avec la même position du réticule que
quand on vise à la polaire ou au cercle de Fortin.
» Ainsi donc, pour obtenir une déclinaison absolue, il suffit, après avoir
visé au cercle de Fortin avec le théodolite, de viser au zéro de l'échelle du
barreau aimanté, puis de renverser ce barreau à cause de l'angle entre l'axe
optique et l'axe magnétique, de viser une seconde fois, et de prendre la
moyenne des deux lectures. Au reste, il n'est pas nécessaire de renverser le
barreau chaque fois. Ayant obtenu l'angle entre l'axe optique et l'axe ma-
gnétique par une observation, on peut corriger les observations à une seule
lecture à l'aide de cette valeur, et l'on n'a plus à opérer de retournement
que de temps en temps pour juger de la constance de l'angle formé par
l'axe optique et l'axe magnétique.
» Les mouvements du théodolite sur son pilier ont permis de rendre
fixe le centre de la boussole. Le faisceau de suspension a i mètres de lon-
gueur : on sait que le couple de torsion est en raison inverse de cette lon-
gueur. Le cercle de torsion est muni d'un vernier et donne les minutes. Il
est supporté par un système de colonnes en cuivre. Le faisceau traverse un
tube de verre, et la boussole est renfermée dans une boîte octogone formée
par des glaces à renversement. Des lames de cuivre sont disposées au-dessus
et au-dessous du barreau pour réduire l'amplitude des oscillations et facili-
ter par là les observations directes, et surtout le tracé photographique. Un
barreau de cuivre collimateur peut être substitué au barreau de fer pour
anéantir la torsion.
» Le tracé photographique s'opère de la manière suivante. Le barreau
supporte un miroir concave en métal qui se meut avec lui. A 65 centimètres
de ce miroir se trouve un bec de gaz dont la cheminée présente une fente
verticale du côté du miroir. Les rayons émanés de cette fente et réfléchis
par le miroir forment à 3 mètres du miroir, au foyer conjugué, une image
(753)
de cette fente verticale. La fente n'est pas sur l'axe même du miroir, afin
d'éviter que les rayons réfléchis ne soient interceptés par la cheminée;
mais elle est légèrement déviée. Par cette disposition, on voit que l'image
de la fente se meut horizontalement, par rapport au centre de la boussole,
d'un angle double de celui du barreau. Un système de deux lentilles cylin-
driques de 3o centimètres de longueur, et à court foyer, construites par
M. Beyerlé, est disposé horizontalement de manière à concentrer en un
point lumineux l'image de la fente, sans cependant réagir sur la direction
de ce point. Ces lentilles auraient été inutiles si la source de lumière avait
été un point, au lieu d'une fente, mais alors on n'aurait pas eu assez de lu-
mière pour obtenir un tracé photographique.
» Derrière les lentilles cylindriques se trouve un cylindre de 20 centi-
mètres de diamètre recouvert de papier photographique et auquel un chrono-
mètre imprime une rotation d'un tour en vingt-quatre heures. Ce cylindre
reçoit le point lumineux dont les déplacements ont lieu parallèlement à son
axe. Le cylindre étant animé d'un mouvement de rotation, le point lumi-
neux décrit à sa surface une courbe qui impressionne le papier sensible.
» Sur la monture du cylindre se trouve une lentille munie d'un prisme au
moyen de laquelle un second bec de gaz, fixé sur le même pilier que ce
cylindre, trace photographiquement une ligne de repère. C'est la variation
de la distance entre cette ligne de repère et la courbe, distance indépen-
dante de la position donnée au papier sur le cylindre, qui fait connaître les
changements de la déclinaison. Un obturateur permet de faire sur la
courbe de petites interruptions qui servent à fournir des repères pour régler
l'échelle des heures.
» Sur le même cylindre enregistreur se trouve, du côté opposé au point
lumineux fourni par la boussole de déclinaison, un troisième point lumineux
qui trace la courbe des variations de la force horizontale. Ce troisième point
est fourni par le magnétomètre bifilaire, placé sur un pilier à l'angle sud-
ouest du pavillon.
» Un barreau semblable à celui de la boussole de déclinaison est main-
tenu par une suspension à deux fils, dans un plan perpendiculaire au mé-
ridien magnétique. Son pôle nord, celui qui porte l'échelle divisée, est à
l'ouest. Ce barreau est observable avec le même théodolite que la boussole
de déclinaison. Cette disposition permet de déterminer rapidement, en un
instant quelconque, la situation exacte de l'axe magnétique de ce barreau
par rapport au méridien astronomique. En faisant cette détermination pour
( 754)
diverses lectures da cercle de torsion, on en peut déduire l'angle de torsion
nécessaire pour amener l'axe magnétique dans le plan perpendiculaire au
méridien magnétique. Connaissant alors le poids de l'appareil, l'écartement
des crochets de suspension et la longueur du faisceau, on a, en fonction de
la pesanteur, la valeur du couple de torsion qui fait équilibre au couple
magnétique : ce dernier couple a pour mesure le produit du moment ma-
gnétique du barreau par la force horizontale du globe. Si alors on dévie,
suivant la méthode de Gauss, la boussole de déclinaison avec le barreau
bifilaire, pour en déduire le rapport du moment magnétique de ce barreau
à la force du globe, on a les éléments nécessaires pour obtenir la mesure de
la force horizontale du globe. Cette opération a été faite le 21 mars dernier,
entre 4 et 5 heures du soir, par M. Liais. Il a trouvé 1 ,8g44> en unités mé-
triques, pour la force horizontale magnétique du globe à cette époque.
» Les faisceaux de suspension du magnétomètre bifilaire sont renfermés
dans un tube de verre ; ils ont un mètre de longueur. Le barreau est ren-
fermé dans une boîte octogone en glace, semblable à celle de la boussole
de déclinaison. Le barreau est également placé entre deux planches de
cuivre et porte, pour l'enregistrement photographique, un miroir concave
en tout semblable à celui de la boussole de déclinaison.
» Le moment magnétique d'un barreau aimanté changeant avec !a
température, et la situation du barreau dépendant du produit de ce mo-
ment magnétique par la force du globe, il en résulterait la nécessité de
corriger les courbes des influences de la température, point par point, si
l'on n'avait compensé l'instrument contre les effets de la chaleur. M. Brooke
a obtenu cette compensation en faisant varier le couple de torsion, sous l'in-
fluence de la température, dans le même rapport que le magnétisme du
barreau dont les variations ont été préalablement déterminées par expé-
rience. Il a suffi pour cela de faire en sorte que les deux crochets de
suspension se rapprochent quand la température s'élève, effet que l'on a
obtenu par l'inégalité de dilatation du verre et du zinc. L'instrument peut
à volonté fonctionner avec ou sans la compensation.
a Le magnétomètre de force verticale est placé à l'est du pavillon. 11
consiste en un barreau collimateur semblable (1) à ceux des deux autres
(1) Les trois barreaux sont semblables afin de pouvoir être substitués l'un à l'autre
dans les trois instruments, pour les comparer, et déterminer dans la suspension de la
boussole de déclinaison la situation des axes magnétiques par rapport aux axes optiques.
(755)
instruments, et. supporté sur plan d'agate par une suspension de balance à
couteaux d'agate. Ces couteaux sont dans le méridien magnétique, de sorte
que le barreau se meut dans un plan perpendiculaire au méridien magné-
tique. Son magnétisme tendrait alors à le rendre vertical, mais un contre-
poids le maintient horizontal. Les variations de la force verticale du magné-
tisme font incliner cet instrument comme une balance ; sa sensibilité dépend
de l'abaissement du centre de gravité et se règle à volonté. Comme pour le
magnétomèlre bifilaire il faut une compensation contre les effets de la
température, cette compensation est obtenue par un thermomètre porté
par le barreau, et dont les dimensions ont été déterminées par M. Brooke,
d'après l'étude des variations du magnétisme du barreau. Quand la tempéra-
ture s'élève, l'élévation du thermomètre augmente le poids du côté du pôle
nord du barreau. Ce thermomètre peut être enlevé à volonté. La situation
de l'axe magnétique par rapport à l'horizon et au méridien magnétique peut
être sans cesse déterminée par le théodolite.
» L'enregistrement photographique se fait comme pour les deux autres
instruments, sauf que le mouvement du point lumineux, au lieu d'avoir lieu
dans un plan horizontal, a lieu dans un plan vertical. Cette condition a forcé
à employer un cylindre différent de celui qui sert aux deux autres in-
struments.
» La préparation des papiers photographiques n'est pas un obstacle à
l'emploi des instruments à indications continues. A l'Observatoire de Paris,
on a abandonné les procédés humides qui obligeaient à préparer le papier
chaque jour et à faire paraître immédiatement les épreuves; on a également
abandonné les papiers cirés, qui sont dispendieux et longs à préparer à cause
du séjour prolongé qu'il faut leur faire subir sur un bain. On a tenu à obtenir
des épreuves sur papier ordinaire et sec. En quelques heures on peut pré-
parer du papier pour quinze jours, et se contenter de faire paraître les
épreuves à l'acide gallique à la fin de chaque semaine.
» Le papier est sensibilisé avec l'iodure et le bromure d'ammonium, le
nitrate d'argent et l'acide acétique. Après avoir été séché, il est conservé
à l'abri de la lumière, et est en état d'être employé. Les feuilles retirées
des cylindres sont conservées. On fait paraître les images avec l'acide
gallique dilué, et on les fixe à l'hyposulfite de soude. »
(756)
phycologie. — Noie sur deux Algues nées pendant les expériences
de M. Boussingault, relatives à V action du salpêtre sur la végétation;
par M. C. Montagne.
« Dans une des séances du mois de novembre dernier, vous avez entendu
la lecture de l'important Mémoire de M. Boussingault sur un sujet qui,
intéressant à un égal degré la physiologie végétale, la chimie organique et
l'agriculture, ne pouvait manquer, à ces différents titres, de captiver votre
attention.
» Dans le cours des ingénieuses expériences sur la végétation dont vous
a entretenus notre savant confrère, il s'est produit à la surface extérieure
de l'un des pots à fleurs où étaient déposées les plantes en expérience, de
petits végétaux foliacés, verdàtres, qu'il en a pu détacher, tandis que, dans
un autre vase, le sol siliceux factice sur lequel il opérait, se couvrit peu à
peu et par places d'une autre végétation verte aussi, mais filamenteuse,
également étrangère aux plantes qui faisaient l'objet de ses curieuses
recherches.
» M. Boussingault ayant bien voulu me remettre des exemplaires de ces
deux végétations presque microscopiques, et m'engager à les étudier pour
en rendre compte à l'Académie, c'est pour répondre à son désir que je
m'en suis occupé, et qu'après un scrupuleux examen je viens remplir
aujourd'hui cette tâche. Mais avant de dire en quoi elles consistent, il est
bon de rappeler les conditions dans lesquelles elles se sont produites.
» Pour faire germer les différentes graines qu'il a soumises à ses essais,
notre confrère s'est servi de pots à fleurs en terre cuite préalablement
chauffés au rouge, comme le sol arénacé lui-même dans lequel étaient
déposées ces graines. Les pots étaient en outre abrités contre la pluie, mais
de façon pourtant à ne pas empêcher un libre accès à l'air extérieur. Les
arrosements ont été pratiqués pendant trois mois avec de l'eau parfaitement
pure, en sorte qu'elle ne pouvait renfermer aucun germe étranger aux
plantes en expérimentation.
» Je disais tout à l'heure que deux cryptogames fort différentes s'étaient
développées pendant les expériences; elles appartiennent l'une et l'autre à
la grande classe des Algues. La première, qui est un Nostoc (i), ne s'est
(1) Nostoc Boussingacltii , Montg. mss. : pusillus ; fronde papyraceo-membranacea ,
plana, ambitu laciniato-lobata , primo viridi-cœrulea , tandem fulvescente , filis dense
( 757 )
montrée qu'en dehors d'un pot dans lequel de l'avoine avait végété pen-
dant trois mois, tandis que la seconde avait exclusivement fixé son habitat
sur le sable calciné d'un autre pot où rien n'avait été semé.
» Je dois encore avertir que ces deux productions ne se sont montrées
ni sur le vase à fleurs, ni sur le sol factice, lorsque l'expérience avait lieu
dans des appareils clos.
» Le Nostoc est remarquable par sa petitesse. Les plus grands individus
ont de 3 à 4 millimètres de diamètre, mais il y en a une infinité d'autres
d'une dimension bien inférieure, quoique sous le microscope leur organi-
sation se montre identique à celle des premiers. Ceux-ci représentent, à
l'état sec, une sorte de calotte déprimée dont le bord évasé et retroussé
prend un point d'appui sur la paroi du vase ; mais, pendant la vie,
M. Boussingault les a toujours vus planes et appliqués. Ils sont membra-
neux, d'une excessive ténuité, presque papyracés et déchiquetés à la péri-
phérie, qui est comme frangée.
» Les petits individus, incomparablement plus nombreux, mesurent à
peine un demi-millimètre dans leur diamètre et offrent une apparence furf u-
racée. Leur couleur est d'un vert tirant sur le bleu, quand on les examine
par transparence, mais elle devient fauve ou jaunâtre dans l'âge adulte du
Nostoc. Comme chez toutes les espèces de ce genre, la fronde gélatineuse
implicatis , diametro inter 12 et iS millim. secundum cetatem variantibus, maxime flexuosis,
nrticulis' globosis approximatis , peridermide achromatica aut fuscescente . — Hab. Supra
faciem vasorum fictilium exteriorem gregatim expansum. — Celeberrimo inventori , ut par
erat, dicatum.
Si quelque Nostoc pouvait être mis en parallèle avec celui que je viens de signaler ici,
ce serait indubitablement le N. papyraceum C. Ag. , caractérisé par ces seuls mots dans le
Systema Algaram : « /ronde membranacea , Jîlis crassissimis » , évidemment insuffisants
pour le faire reconnaître aujourd'hui , en l'absence d'exemplaires authentiques. Aussi les
monographes, M. Meneghini entre autres, l'ont-ils placé parmi les espèces douteuses, ou
qui réclament une ultérieure investigation. M. Kùtzing est le seul qui en tienne compte dans
son Species , mais il le place parmi ses Hormosiphons, en lui assignant pour caractère micro-
scopique des filaments moniliformes , dont les articles sont reliés entre eux par une gaîne
mucilagineuse d'un diamètre presque double , particularité étrangère à notre plante.
Si l'on s'en tenait aux termes de la définition que Sulliard donne ( Hist. des Champignons ,
p. 226 , PL 499 , fig. 1 ) de sa Tremella laciniata , espèce que de Candolle place dans les
Nostocs , on serait tenté d'y rapporter le N. Boussingaultii. Toutefois un exemplaire
authentique du champignon de Bulliard , reçu de M. Lenormand , de Vire , dissuade sur-le-
champ de faire un tel rapprochement, et montre plutôt que M. Duby pourrait bien avoir
raison quand il le rejette parmi les Collema stériles. Voyez Bot. Gall. , t. II, p. 1020.
C. R. i856, 1" Semestre. (T. XLII, N° 17.) IOO
( 758)
se ramollit promptement quand on l'humecte; elle est aussi composée
comme elles de globules rapprochés en filaments moniliformes, nom-
breux, agglomérés, très-flexueux et contournés, et plongés dans une sorte
de gelée transparente fort avide d'eau Une pellicule épidermique anhiste
(périderme), excessivement mince, relie le tout. Les globules qui consti-
tuent les filaments de notre plante varient considérablement de grosseur
selon l'âge où on les observe. Dans l'état de parfaite évolution, ils ont
un diamètre d'environ omm,oo25, mais dans le jeune âge ils mesurent à
peine la moitié de cette dimension. Ils semblent reliés en colliers par un
tube anhiste ou une sorte de gaîne de mucilage qui les retient dans cette
position. On voit de distance en distance un globule, de moitié plus gros,
qui achève de donner à ces filaments une ressemblance encore plus frap-
pante avec un chapelet. Je reviendrai plus loin sur le mode de reproduction
de cette espèce. .
» Confondus par Linné lui-même avec les Tremelles, qui, dans une série
parallèle, offrent une structure différente et sont de vrais champignons, les
Nostocs sont des plantes très-vulgaires et connues de tout le monde (i). La
plus commune des espèces naît abondamment et croît avec rapidité après
les pluies des saisons chaudes au milieu des prés, dans les allées et sur les
plates-bandes de nos jardins, où elle est désignée sous les noms populaires
de Perce-terre, Crachat de mai ou de lune, et plus anciennement sous ceux
de Cœliflos, Cœtijolium. Il en est d'autres qui vivent attachées aux pierres au
fond des eaux courantes (/V. verrucosum) ou fixées aux plantes qui nagent à
leur surface. Parmi ces derniers Nostocs, il y en a un qui croît dans les ruis-
seaux de la Tartarie (N. edulé) et dont, au rapport de Gaudichaud, on fait
en Chine des potages fort estimés.
» Il ne saurait entrer dans mes vues de m'étendre plus longuement, sili-
ce genre, qui a cependant mérité de fixer l'attention de deux Membres de
cette Académie, Geoffroy (2) et l'illustre Réaumur (3) et de quelques autres
(1) Ce nom de Nostoc ou Nostoch, dont Pétymologie m'est inconnue, paraît pour la pre-
mière fois dans Paracelse (tom. II, p. 5o3 b). L'opinion du célèbre alchimiste sur l'origine
de cette production, qu'il croyait engendrée el alimentée par l'air, est assez curieuse pour
mériter d'être rapportée ici : Sic etiam quidquid aer gignit et ex aère est vivitque vel oritur,
ut Tereniabin, Nostoch, Manna, Melissa, etc., id etiam in sese virtutes cœlicas et aerias con-
tinet et a cœlo vel aère sustentatur veluti aves, quœ in aère librantur et inde vwunt.
(2) Observations sur le Nostoc, qui prouvent que c'est réellement une plante. Mémoire, de
l'Académie des Sciences, année 1 708, p. 228.
(3) Observations sur la végétation du Nostoc. Ibid, année 1722, p. 161 .
!( 7*9 )
naturalistes fort distingués, parmi lesquels il me suffira de nommer Vau-
cher (i) de Genève et M. Meneghini (2), professeur d'histoire naturelle à
Pise.
a Mais si une simple délimitation de genres, si de pures distinctions spé-
cifiques, notamment dans cet ordre de végétaux, ne doivent pas prétendre
d'occuper vos précieux moments, il n'en peut être ainsi, je me persuade, de
ce qui intéresse particulièrement l'organisation et la biologie des êtres natu-
rels. Or, la description que je viens de donner du nouveau Nostoc faisant
assez connaître la structure générale de ces plantes, il ne me reste donc,
pour compléter leur histoire, qu'à indiquer le point où en est arrivée une
question beaucoup plus importante, celle de leur mode de multiplication.
» Le temps n'est pas encore bien éloigné où l'on croyait que les grains
les plus gros des filaments moniliformes, ceux qui représentent les Pater
d'un chapelet ordinaire, étaient les seuls corps reproducteurs des nouveaux
Nostocs. J'ai moi-même partagé l'opinion commune (3\ C'est l'analogie qui
conduisait à penser ainsi, car, à cette époque, nul n'avait essayé d'isoler
ces globules pour en suivre à part la germination, ce qui, vu leur excessive
exiguïté, n'aurait guère été possible autrement que sous le miscroscope. C'est
aussi l'idée que s'en faisaient et que s'en font encore en ce moment les phy-
cologistes qui les nomment Spermaties. Mais dès 1 838 M. Dujardin, dans
sa thèse inaugurale, avait écrit que c'était sans preuves qu'on les avait re-
gardés comme des organes reproducteurs.
» Les petits corps observés par Micheli (4) et Réaumur à la surface de la
plante quand elle végète, et dont le premier de ces savants compare le vo-
lume et la forme à ceux d'un grain de millet, ne sont pas des spores, ni
mêmes des gemmes, mais doivent être bien plutôt tenus pour de jeunes
Nostocs ou des sortes de prolifications de la plante mère, également propres
(1) Histoire des Confervcs d'eau douce; Genève, i8o3, in-4°.
(2) Monographia Nostochinearum italicarum, in Memorie délia R. Acad. dette Scienze di
Torino, ser. II, tom. V.
(3) Voyez Duchartre, Revue Botanique, tom. I, p. 24 '• Analyse d'un Nostoc pruniformc
communiqué par M. Cauchy.
(4) In superficie planta; primœ speciei ( Linkia terrestris = Nostoc commune) interdum
reperiuntur nonnulla corpora (B. t. 67) grani panici magnitudine et forma, ejusdem cum planta
coloris ac naturœ Hujusmodi corpora progressu temporis possunt evadere tôt plan-
tée, vel quod sint particulœ vividœ ejusdem plantœ, vel quod eodem semine sint munitœ.
Micheli, Nova Gênera Plantarum, p. 126.
IOO..
(76o)
à propager l'espèce. Les plus gros globules des filaments moniliformes aux-
quels on attribue cette fonction et qui n'y sont peut-être pas toujours étran-
gers, ces globules ayant tout au plus un centième de millimètre de diamètre,
ne sauraient être visibles à l'œil nu que dans le seul cas où, supposant
vraie l'opinion qui leur accorde la faculté de reproduire le Nostoc, la ma-
tière protoplastique renfermée dans leur périderme se serait développée en
jeunes plantes. C'est peut être là ce qu'ont vu les grands observateurs que
je viens de nommer et Vaucher lui-même dans son Nostoc jphœricum (i).
» Voici, selon le botaniste genevois .(2), comment s'effectue cette repro-
duction : « Lorsque ce globule, dit-il, plus rond et plus gros que les antres,
» avait acquis une forme à peu près spbérique, il se détachait insensible -
» ment du reste du filet ; le globule suivant montrait les mêmes apparences,
» et enfin la totalité du filet était réduite en globules Ce sont
» ces globules que je crois être les commencements du Nostoc. J'imagine
» qu'après être séparés les uns des autres , ces grains grossissent
» insensiblement au lieu de se détruire, qu'il se forme dans leur intérieur
» des filets semblables à ceux dont ils faisaient partie, etc. »
» Ces mots je crois , j 'imagine , que j'ai exprès soulignés, montrent suffi-
samment que Vaucher, observateur si exact et si consciencieux, n'avait
pas acquis une complète certitude sur ce mode de multiplication.
» Le doute émis à cet égard par M. Dujardin a peut-être éveillé chez
M. Thuret le désir de s'assurer par l'observation si les choses se passaient
réellement de cette façon. Toujours est-il que cet habile phycologiste a suivi
avec attention toute la morphose du Nostoc verrucosum et qu'il y a décou-
vert un nouveau mode de propagation ignoré jusqu'à lui. Il a constaté que
dans cette plante le jeune Nostoc ne tire pas son origne d'un seul des glo-
bules les plus gros des filaments moniliformes nageant dans la gangue mu-
cilagineuse, mais bien d'un certain nombre de grains ordinaires restés en
place dans la gaîne transparente qui les relie, c'est-à-dire des chapelets
eux-mêmes. Je renverrai à l'intéressante Note de M. Thuret (3) pour les
détails relatifs à l'histoire de cette bien curieuse métamorphose. Mais ce
(1) Loc. cit., p. 224, PL XFI,Jig. 2, e.
(2) Loc. cit., p. 208.
(3) Voyez Annales des Sciences naturelles, 3e série, tome II, page 3 19, PL IX.
Les chapelets reproducteurs ainsi métamorphosés ont quelque ressemblance avec ces
Diaptoscn que M. Itzigsohn a représentées aux figures 64-66 de son Mémoire sur VHapalo-
sip/wn Braunii N*g., in Jet. Acacl. Natur. Curios. Vol. XXV, P. I.
(76i )
qu'il importe surtout de faire remarquer ici, c'est que le Nostoc Boussin-
gaultii, quoique vivant à l'air libre, m'a présenté tous les phénomènes, si
bien décrits, qui accompagnent la propagation du Nostoc verrucosum ,
espèce rivulaire, son exiguïté n'ayant point été un obstacle à ce que, grâce
aux nombreux individus d'âge différent qui me sont passés sous les yeux,
j'aie pu suivre toutes les transformations successives des fragments de cha-
pelets en jeunes Nostocs, absolument comme si je les eusse étudiées dans
l'état dévie.
•a II est une autre question sur laquelle l'histoire de la végétation des deux
Algues qui sont l'objet de cette communication pourrait peut-être jeter quel-
que lumière : je veux parler du mode de dissémination des spores. Ne peut-
on pas, en effet, se demander comment, nonobstant des précautions si
soigneusement prises, ces Algues ont pu naître et se développer l'une en
dehors, l'autre au dedans des vases à fleurs, si l'on ne veut pas admettre
que leurs spores ou leurs gemmes ont pu y être transportées par l'air atmo-
sphérique. J'avouerai, pour mon compte, que je n'imagine pas un autre
moyen de translation. Si l'on m'objecte, et l'objection se présente assez
naturellement, que des spores si excessivement petites ont pu fort bien être
semées en même temps que les graines des plantes phanérogames qu'on
avait le dessein d'expérimenter, je demanderai à mon tour pourquoi celles
du Nostoc ont germé à l'extérieur du vase et non pas dans le vase lui-même
où elles auraient, selon l'hypothèse, été déposées avec les graines. La même
objection ne peut d'ailleurs être faite contre la seconde Algue, puisque,
comme nous allons, le voir dans l'instant, celle-ci a fait son apparition là
où rien n'avait été semé. Au demeurant, ces exemples, comme beaucoup
d'autres, semblent démontrer que si l'atmosphère et ses courants sont un
moyen de dissémination puissant pour le pollen des plantes dioïques, et
pour certaines graines de phanérogames munies d'ailes ou d'aigrettes, elle
est encore l'immense réceptacle commun où voltigent réunies pêle-mêle
d'innombrables spores de plantes cryptogames et en même temps le véhi-
cule qui les transporte là où elles doivent trouver les conditions nécessaires
à leur développement. Il serait impossible autrement de se rendre raison de
l'infection successive de tous les vignobles de l'Europe par Y Oïdium Tuc-
keri. Nous sommes loin, il est vrai, de connaître encore les circonstances
qui favorisent, diminuent ou même anéantissent cette tendance des germes
infectants à se répandre au loin et à envahir de si grands espaces. Quoi
qu'il en soit, le fait de leur translation par l'air n'en paraît pas moins hors
de toute contestation.
( 7^)
» La seconde des deux Algues que m'a remises notre honorable confrère,
a pris naissance sur le sol factice arénacé d'un des pots où nulle graine
n'avait été semée, et qui devait seulement servir de terme de comparaison
pour les expériences. Ce vase avait été néanmoins arrosé avec le même
soin et avec la même eau bien pure dont on s'était servi pour arroser le
cresson. Celle-ci, bien différente de la première, appartient aux Algues
filamenteuses de la tribu des Leptothricées, assez voisine des Nostocinées ;
(•'est même un véritable Leptothrix (i).
» L'espèce, que je crois nouvelle, quoiqu'il soit bien difficile de trouver
des caractères certains propres à signaler des différences spécifiques dans
ces infiniment petits , se présente à l'œil nu sous forme d'un velouté du
plus beau vert étalé sur toute la surface du sable qui remplissait le vase
à fleurs, et qui en relie entre eux tous les grains, de manière à en former
une sorte de croûte assez solide et résistante pour être soulevée dans son
entier.
» Ce velouté est formé d'un nombre infini de filaments dressés, cylin-
driques, de la plus excessive ténuité, paraissant continus même vus aux
plus forts grossissements, 800 diamètres par exemple, mais renfermant, vus
à la lumière oblique, une série de globules espacés et incolores comme
eux. Ces filaments ont une longueur qui ne dépasse guère de 6 à 8 cen-
tièmes de millimètre et un diamètre qui atteint à peine omm,ooi5. Les
(1) Leptothrix agglutinans , Montg. : strato mucoso tenui lœte viridi velutino, siccitate
nitido agglutinante , filis continuis erectis tenuissimis flexuosis , 6-8 centimill. longis, diame-
tro onim,ooi5 œquantibus, glabulos hyalinos laxe seriatos, non nisi augmenta maximo luce-
quc oblique rejlexa conspicuos includentibus. — Hab. In solo arenaceo haud inseminato at
aqua purissima assidue irrigato.
Te ne connais aucune espèce congénère que je puisse comparer à celle-ci, ni avec laquelle
elle puisse être confondue, si l'on pèse bien toutes les circonstances qui accompagnent sa vé-
gétation. Je ne vois en effet dans le Species Algarum de M. Kùtzing que les L. lutea, L. lurida
et L. tenuissima dont les filaments soient aussi remarquablement déliés. Mais des deux pre-
miers, l'un se distingue sur-le-champ par sa couleur jaune d'or tirant sur le brun, l'autre
par sa couleur améthyste, tous deux par l'habitat. Reste donc le L. tenuissima, qui se
rapproche encore du nôtre par la couleur, mais qui, si nous en jugeons par la figure
(voyez Tab. phycol. Band I, t. 65, f. III), car les exemplaires authentiques nous
manquent, s'en éloignerait suffisamment pourtant, moins encore par son habitat sur les
vieux troncs du Tilleul que par l'absence de ces deux caractères que j'ai eu soin de mettre
en relief dans ma description et ma diagnose : i° la mucosité qui enduit les filaments et
détermine leur forte adhérence aux grains de sable; i° les globules sériés qu'ils renferment
dans leur tube.
(763)
globules ont à peu près cette dernière dimension , car ils semblent tou-
cher la paroi du tube par leur périphérie. On ne détache pas aisément
des grains de sable la couche mince des filaments qui les tapissent,
même après les avoir laissés quelque temps ramollir dans un peu d'eau
pure, ce qui paraît tenir à une substance muqueuse dont ils sont comme
enduits. Quelque moyen que j'aie mis en usage, je n'ai pas été capable
de reconnaître de cloisons dans ces filaments. Il ne m'a pas été davantage
possible d'y constater une véritable ramification. Il y a bien une appa-
rence de division dans les filaments , mais elle n'est pas réelle et dépend
de ce que deux filaments accolés dans une partie de leur longueur se
séparent et s'écartent ensuite l'un de l'autre sous un angle plus ou moins
ouvert pour simuler un rameau ou une bifurcation. J'ai observé cela
dans beaucoup d'autres Algues et cherché déjà à prémunir les observateurs
novices contre cette cause d'erreur.
» Que si quelques personnes, trouvant étrange que je regarde ces deux Al-
gues comme nouvelles, me demandaient à quel titre je les tiens pour telles,
je leur répondrais que je ne prétends pas dire qu'ejles le soient absolument,
ni, en d'autres termes, qu'elles soient le produit d'une création spontanée ;
mais que cela signifie tout simplement qu'elles étaient inconnues, indécri-
tes, parce qu'il est vraisemblable ou quelles étaient restées inobservées
jusqu'ici, ou, ce qui revient au même, qu'elles avaient peut-être été vues
par des personnes qui n'en avaient tenu aucun compte. Combien de plantes
plus élevées dans la série végétale se révèlent encore journellement à nos
yeux, qui, ne s'étant jamais auparavant montrées dans les contrées le plus
minutieusement explorées, ne sont nouvelles qu'au même titre!
» Quant à la distinction des espèces végétales entre elles, c'est là une
question si ardue, si abstraite, même quand il s'agit de plantes cotylédo-
nées, où les organes appendiculaires et l'appareil de la fleur et du fruit four-
nissent pourtant de bons et solides caractères, qu'on voudra bien me dis-
penser de la discuter à l'occasion de ces plantes cellulaires, où elle est en-
core bien plus controversable et controversée, et me permettre de renvoyer
à l'excellent travail sur ce sujet publié par notre savant confrère, M. Che-
vreul, d'abord dans le Journal des Savants (décembre 1840), puis dans les
Annales des Sciences naturelles (3e série, tome VI, page \!\i).
» Je devrais peut-être, en finissant, m'excuser d'avoir occupé l'Acadé-
mie si longtemps de deux humbles plantes microscopiques, coordonnées sans
doute avec le reste de la création, mais inutiles à l'homme qui n'estime
( 764 )
guère les choses qu'en raison du degré d'utilité prochaine qu'il espère en
retirer. Toutefois, le naturaliste doit se laisser guider par d'autres principes
que le vulgaire. Sollicité par l'appel de notre savant confrère, j'ai pensé
qu'il était de mon devoir de ne pas me borner à donner ici le nom et le si-
gnalement de ces plantes, mais d'exposer quel est, à l'époque actuelle, l'état
de nos connaissances à l'égard de la multiplication des Nostocs, plantes
encore si ambiguës, si litigieuses, et qui par cela même méritent d'attirer de
nouveau l'attention des observateurs (i). »
zoologie. — Espèces nouvelles et Oiseaux d' Asie et d'Amérique, et ta-
bleaux paralléliques des Pélagiens ou GAViiE; par Monseigneur le
prince Ch. Bonaparte.
« Le Muséum vient de recevoir de M. Levraud, consul de France à
Caraccas, une collection presque complète des Oiseaux de cette province.
Il serait très -important pour la géographie zoologique qu'un catalogue dé-
taillé en fût publié. Au moment surtout où M. Sclater, d'Oxford , vient de
nous faire si bien connaître les richesses ornithologiques des hautes régions
de Santa-Fé-de-Bogota , la comparaison de ces volatiles avec ceux des
plaines de Carthagène ne peut manquer d'offrir d'intéressants résultats.
» Cette collection est remarquable surtout par le nombre et la beauté de
ses Oiseaux de proie, dont elle contient plusieurs exemplaires très-rares en
plumage non décrit. Elle nous offre aussi des espèces entièrement nou-
velles dans les divers ordres. Nous n'avons pu résister à la tentation d'é-
tablir dès. à présent une Tourterelle , qui vient enrichir comme troisième
espèce le genre Peristera de nos Zénaidiens.
» C'est M. le docteur Pucheran qui nous l'a signalé, comme il l'avait
déjà fait pour un nouveau Perroquet de la même collection à M. de Souancé
qui vient de le nommer Myiopsitta TIGRINA.
(i) Consultez encore deux Notes de M. Itzigsohn : Die Nostoc-Diamorphose (sur la Dia-
morphose des Nostocs), Bot. Zeit. i853, n° 4?» P- 817 ; Wic verhàlt sich Collema zu Nos-
toc, etc. ( quel rapport y a-t-il entre le Collema et le Nostoc, etc.) ibid. i854, n° 3o, p. 5a 1 ;
et en outre Skizzen zu einer Lebengeschichtc des Hapalosiphon Braunii (Esquisse d'une bio-
logie de Y Hapalosiphon Braunii, dans les Nov. Jet. Acad. Nat. Curios, Bonn. i855,
vol. XXV, P. I.) ; enfin une Dissertation inaugurale de M. L. Fischer, professeur de bota-
nique à Berne, sous le titre de Beytrâge zur Kenntniss der Nostochaccen.
(765)
» Notre jolie Tourterelle ne différant que par la poitrine de celle dédiée
par Temminck à notre grand zoologiste Geoffroy-Saint-Hilaire, nous nous
félicitons de pouvoir l'intituler : Peristera mondetoura, Simdlima P.
Geoffroyi, sed pectore purpureo-castaneo, en l'honneur de sa veuve,
Mme Pauline Mondétour, dont les vertus et le noble caractère digne
des anciens temps sont à la hauteur de la gloire scientifique de son
mari.
» M. Lefèvre, l'habile taxidermiste, d'après lequel a été nommée en
Allemagne la Sula qui porte ce nom, m'a communiqué , pour en avoir les
déterminations , une petite collection d'animaux recueillis en Palestine par
M. le duc de Vallombrosa. Malgré les croisades et les pèlerinages des chré-
tiens, la zoologie de la Terre-Sainte ne nous est pas mieux connue que celle
de la Mecque. Je n'en veux d'autre preuve que cette collection. Parmi des
Sciurus syriacus, des Ammoperdix heji tués dans les jardins même de
Damas; avec des Gavia brunneiceps , des Cerjle rudis, etc., j'ai, à mon
grand étonnement, trouvé plusieurs espèces appartenant à des genres ré-
putés étrangers à ces climats, et dont trois ou quatre paraissent même nou-
velles pour la science. Ce sont :
» 1. Un Souimanga très-brillant des plaines de Jéricho, que je nomme-
rai Cynnyris osea, Bp. F'iridi-smaragdina , in f route , in pectore, et in
uropjgio cœrulans; subtus fuliginosa penicillis utrinque duobus , primo
rubro , alterojlavo.
» Il ressemble au marattensis : sa femelle est grise comme celle de l'es-
pèce figurée par Ehrenberg dans ses Sjmbolœ physicœ.
» 2. Un Crateropus qui se rencontre sur les bords du lac de Tibériade,
près de Nazareth : d'un gris pâle d'acier , sans aucune teinte rousse ou
verdàtre comme dans le Cr. acaciœ et le Cr. squamiceps : blanc-roussâtre
en dessous, les plumes de la tête écaillées, brunes au milieu, lisérées de blan-
châtre, comme dans ce dernier. 11 diffère, par sa coloration et par son bec
entièrement noir, de l'oiseau découvert par Rùppel en Arabie, et figuré
par lui PI. XII de son Atlas. Lesson en fait le type de son genre Argya.
Nous nommons notre espèce Crateropus chaljbeus.
» 3. Un Ixos ou Pjcnonotus , différent du véritable nigricans venant
d'Afrique, mais peut-être identique avec le xanthopygios , Ehrenberg, d'A-
rabie, qu'on lui rapporte ordinairement comme synonyme. Une petite mo-
nographie de ces Ixode's si semblables serait indispensable pour bien faire
C R., i856, i« Semestre. (T. XLH, N« 17.) IOl
( 766)
distinguer surtout les espèces qui se représentent réciproquement en Asie,
en Afrique et dans les îles Malaisiennes. La nôtre, commune dans les jardins
de Jaffa, où son chant harmonieux l'a fait croire aussi le Boulboul, est
remarquable par ce qui suit : le noir de sa tête, qui s'étend sur la gorge ,
est très-bien défini quoique peu prolongé supérieurement , et tranche avec
le gris uniforme de la nuque, de la poitrine et des flancs, qui ne tend ni au
roux, ni au noirâtre, ni au blanchâtre, comme dans les espèces voisines.
Le sous-queue est d'un beau jaune-serin. Si, contre notre attente, cet Ixos
différait du xanthopjgios , que nous ne possédons pas d'Arabie, on pour-
rait le nommer Ixos vallombrosce, du nom du noble personnage auquel la
science en serait redevable.
» Ixos cinereus, subtus albo-griseus , crissojlavissimo : pileo, genis, gu-
laque nigerrimis , cauda nigricante obsolète fasciolata , apice grisescenle.
« 4. Une Saxicola typique tuée sur la montagne de la Quarantaine près
Jéricho. Elle est remarquable par son sous-queue couleur de cannelle.
» Nigra; pileo, tergo latissime, pectore, abdomine, remigibusque interne
albis ; crisso cinnamomeo : cauda alba, apicem versus jin rectricibus mediis
a medio, nigris.
» Elle est fort voisine d'une des espèces crues nouvelles par M. de Mul-
ler; mais dans tous les cas elle nous semble devoir être rapportée à la Sax.
erythrœa, Ehrenb., sans tenir compte du doute que ce puisse être un hy-
bride entre S. œnanthe et S. lugens!
» 5. Un petit Saxicolien , également des plaines de Jéricho, le plus dé-
licatement formé de tous, à bec qui serait grêle même parmi les Sylviens
dont il se rapproche considérablement. Je le publierai comme type du genre
Cercomela, dont fera partie à cause de ses tarses Sjlvia Ijpura, Ehr., sinon
Saxicola melanura, Rùpp., qui lui ressemble tant. Des à présent, je lui
donne le nom spécifique d'ASTHENiA. Cinerea; subtus albida : cauda cum
tectricibus superioribus nigerrimis : rostro a basi gracili, ex toto niger-
rimo.
» Le nom de Passer alpicola, Pall., appartient à la nouvelle espèce de
Gould, du Caucase (Montifringilla leucura), indiquée par moi dans ces
Comptes rendus; et non pas à l'espèce européenne des Alpes, quoique le-
dit Pallas cite la figure de Brisson qui représente la véritable Monlifr. niva-
lis. Le nouveau nom devient donc inutile.
» Lanius lugubris, Hartl. Mus. Lugd. ex China, ne peut être autre chose
( 767 )
que Lanius infuscatus, Less., dont le type enfumé se conserve au Musée de
Paris.
» Les trois Roitelets si semblables, deux d'Eurcfpe, un de l'Amérique
septentrionale, ne sont pas les seuls que comprenne ce petit genre restreint.
Outre le R. maderensis que décrit M. Harcourt dans les Proceedings de la
Société zoologique de Londres pour i85/j, outre le R. japonicus, si difficile
à distinguer du R. cristatus d'Europe, il s'en trouve une cinquième espèce
dans l'Amérique du Sud. Et comme si ce fait seul ne renversait pas assez
les idées préconçues sur ce genre, le nouveau Régulas que nous nommons
d'après Gould R. surinamensis , de la localité où il a été recueilli, ressemble
encore plus aux espèces d'Europe qu'à celle de l'Amérique septentrionale,
dont il n'a pas la queue allongée.
» Cauda brevicula : fronte concolore. Simillimus cristato Europœ, nec
satrapse Americae borealis.
» Les monts Himalaya nourrissent aussi une nouvelle espèce que Gould
va nous figurer dans ses Birds of Asia, sous le nom de Reg. hiinalajen-
sis.
» Simdis cristato , sed major, rostro longiore et crista citrina vix au-
rantiaca, superciliis nigris latissimis.
» M. Hardy de Dieppe a aussi observé, à ce que je crois, quelque légère
différence de teintes dans le Roitelet du Kamtschatka qu'il faudra comparer
à Yhimalajensis.
» Je profite de cette occasion pour compléter mes tableaux comparatifs
et paralléliques des ordres des Pélagiens (GavIjE) et des Ptiloptères. De
leur étude approfondie résultera une foule de faits nouveaux relatifs à la
classification, à la nomenclature, à la synonymie et aux divers rapports des
espèces. On y verra, par exemple, combien est peu fondée l'audacieuse as-
similation que voudrait faire M. Bruch de mon Procellarus neglectus avec
Blasipus heermanni! On y verra comme quoi le genre Thalassites , Sw.,
qui peut d'ailleurs être restreint à une seule espèce comme étendu à tous les
grands Sterniens à gros bec courbé, doit plutôt être rapporté au genre Sjlo-
chelidon qu'à Phœtusa, puisque son type est Th. melanotis, Sw. On y
verra surtout que les Grèbes d'Amérique font subir un nouvel échec à la
fameuse théorie suivant laquelle tout être vivant se rapetisse et dégénère en
Amérique. En tout cas, pas plus que le Grèbe joue-gris, ce n'est certes ni
l'Homme ni le Héron. »
101..
(768)
OR]
Subfamilia 8. Siomedeinee
H. diomedeejE.
1. Diomedea, L.
a. Diomedea, Reich.
i. exulans, L.
{spadicea, Lath.)
2. brachyura, Temm.
{nigripes, Audub.)
b. Thalassarche, Reich.
3. cauta, Gould.
4. melanophrys, Temm.
5. culminata, Gould.
6. olivaceirostris , Gould.
7. gibbosa, Gould.
8. chlororhynchos , Gm.
9? chrysostoma, Forsl.
c. Phœhetria , Reich.
10. fuliginosa, Gm.
{Jiisca, Audub.)
Tri
F
Su
\. FCLMAREfi.
2. Ossifraga, Homhr. et 1.
1 1 . gigantea , Gm.
{ ossifraga , Forst.)
5. Majaqueus , Reich.
12. aequinoctialis, L.
{ nigra, Forst.
fuliginosa, Soland.)
, i3. conspicillatus, Gould.
{ larvata, Less.)
*4. Pterodroma, Bp.
it\. fuliginosa, Banks.
{grisea, Kuhl nec Gm.
lugens? Soland.
atlantica, Gould.)
i5. macroptera, Smith,
{hrevirostris? Less.)
16. aterrima, Yerr.
( carhonaria ? Solander.)
*S. Pagodroma, Bp.
17. nivea, Gm.
6. Fulmarus, Leach.
18. glacialis, L.
{hyemalis, Brehm.)
19. minor, Kjaerb.
{glacialis? Audub.)
20. meridionalis, Lawrence,
{hrevirostris, olim, Lawr.)
21 ? pacifica, And.
7. Priocella, Homhr. et J.
22. garnoti, Homhr. et J.
J. F.HAXTISTE,E.
8. Rhantistes, Kaup.
23. cooki, Gr.
ïl\. velox, Solander.
{leucoptera, Gould.
cooki, Gould.)
25. mollis , Gould.
{solandri ? Gould.
melanopus? Gm.)
26. unicolor, Gould.
27. raolensis, Gould.
28. lessoni, Garnot.
{ leucocephala, Temm.
vagahunda, Soland.)
? rostrata, Peale.
? gelida,'Gnt.
? sandaliata, Sol.
? parvirostris , Pealc.
9. Daption, Steph.
29. capensis, L.
{nœvia, Br.)
iO. Thalassoica, Reich.
30. antarctica, Gm.
3i? tenuirostris, Aud.
32. glacialoides, Smith.
33. polaris, Bp.
II. Aestrelata, Bp.
34. diabolica, L'Herm.
{l'herminieri, Less.)
35 ? sericea , Less.
36. hasitata, Temm.
37. flavirostris, Gould.
38. desolata, Lath.
{fasciata, Bonn.
? alita, Gm.
variegata, Bonn.)
? gularis, Peale.
? brevipes , Peale.
3n? inp^npr»tnt!i Knrit
K. PRIOXEjE.
12. Prion, Lacép.
\o. vittatus, Forsl.
{cœrulea, Aliq. nec G
forsteri, Lath. nec Tel
latirostris, Sonn.)
4i. forsteri, Temm. nec ,
{lamellirostris, Delà ]
42. banksii, Smith.
43. ariel, Gould.
44. turtur, Soland.
{velox, Banks.)
45? rossi, Gr.
46. brevirostris,G., nec L
'15. Halobœna, Is. Geoffr
47. cœrulea, Gm.
{similis, Forst.
forsteri, Smith.)
48. typica, Bp.
E.
■ipesthtes.
3LLARIIDJE.
mamnÊÊÉÊÊÊÊÊm
L. PROCELLAUIE/E.
Inguibus compressis.
eria, Bp.
jmbina, Moquin.
'weri, Jardine.
cko, Heineken.)
nodroma, Reich.
:ata, Gm.
enlalis, Pall.
rea, Gould,)
•nbyi, Gr.
assidroma, Vig.
chi , Temm.
llocki, Selby.
orrhoa? Vieill.
lania, Bp.
liginosa ? Lath.
mlata? Brandt.)
ellaria, L.
reis, Gould.
[ubris, ISalter.
lagica, t.
Uanonyx ? Nilss.
\itensis, Schembri.
uirostris, Brehm.
\or, Brehm .
oensis, Brehm.
ifasciata , Brehm.)
hys, Bp.
lagica, Néfcoux.)
** Unguibus depressis.
18. Fregetta, Bp.
58. tropica, Gould.
59. grallaria, Vieill.
{leucogastra, Gould.
fregalta, Kuhl.)
60. lawrencii, Bp.
(fregetta, Lawrence.)
61. melanogastra, Gould.
{/régala, Forst.
grallaria, Licht.
oceanica, Bp.)
19. Pclagodroma, Reich.
62. frcgata, L.
{marina, Lath.
œquorea, Solànd.
hypoleuca, Webb.)
20. Oceanites, Keys. et Bl.
63. oceanica, Banks.
{wilsoni, Gould.)
6/|. wilsoni, Bp.
{oceanica, Kuhl.
pelagica, Wils.)
65. lineata, Peale.
M. PUFFINEjE.
21. Priolinus, Hambr. et 1.
66. cinereus, Gm.
{tristis, Forst.)
67. brevicaudus, Brandt.
68. carneipes, Gould.
22. Thiellus, Gloger.
69. chlororhynchos, Less.
70. sphenurus, Gould.
71. leucomelas, Temm.
25. Puflînus, Br.
72. major, Faber.
{ cinereus ? Kuhl.
/uliginosus ? Strickl.)
73. arcticus, Faber.
{cinereus, Steph.
puffinus, Brunn.)
74 PKuhli, Boie.
{puffinus, Kuhl.)
75. anglorum, Ray.
{puffinus, L.)
76. obseurus, Gm.
{yelkouan, Acerbi.)
77. assimilis, Gould.
{nugax, Sol an (1er.
australis, Eyton.)
78 ? munda , Banks.
79. barolii, Bonelli.
80 1 bailloni, Bp.
81. tenuiroetris , Penn.
{œquinoctialis, Pall. nec L.)
82. curilicus, Penn,
Subfamilia ÎO. Haladrominn ■.
N. 11 U . 1 l.iili-VI L i
24. Haladroma, Lacép.
83. urinatrix, Gm.
{tridactyla, Forst.
garnoti, Less.)
84. berardi, Quoy et Gain»
{melanoleuca, Cuv.)
( 77° )
ORD
FAMIX.IA 8. CHIONIDJE
Subl'amilia. 11. Chioninec.
0. ChïONEJE.
1. Chionis, Forst.
i . alba, Forst.
{vaginalis, Gm.)
2. minor, Sorti.
Trll
FAI)
Subf. 12. Xiestriginœ.
P. LESTEIGE^.
1. Cataracta, Bp.
i . antarctica, Less.
{catarractes, Quoy et G.)
2. Stercorarius, Br.
i. catarractes, L.
{situa, Brunn.)
3. Coprothercs, Reich.
3. pomarinus, Temm.
{sphœriuros, Brehm.)
■4. Lestris./M.
l\. parasiticus, L.
{parasita, Brunn.
richardsoni, Sw.
hoji, Brehm.
henichenii, Brehm .
macropteros, Brehm.
cepphus, Degl.)
5. cephus, Brunn.
{crepidata, Brehm.
hrachyrhynchos, Br.
microrhynchos, Br.
buffbni, Boie.
schleepii , Brehm.
lessoni, Degland.
longicaudalus , Degl. )
6. spinicaudus, llaid
■j. hardyii, Bp.
S. Procellarus, Bp.
8. neglectus, Bp.
G. Blasipus, Bp.
9. crassirostris, Vicill.
{melanurus, Temm.)
10. bridgesi, Fraser,
{modestus, Tschudi.
polios, Natterer.)
11. heermanni, Cassin.
7. Gabianus, Bp.
12. pacificus, l.aih.
{leucomelas,\ie'M., adull.
frontalis, Vieill., /ne
balhyrhynchus , Macgillivr.)
i3. georgi, hing.
{pacificus, Gould.)
8. Dominicanus, Bruch.
i.'|. marinus, L.
{maximus, Brehm.)
i5. fritzei, Bruch.
16. pelagicus, Angl.
17. vetula, Bâillon.
18. vociferus, Bruch,
{ dominicanus, Licht.
asarat, Less.)
9. Leucus , Kaup.
19. glaucus, Brunn.
{ consul, Boie.
gigameus? Benicken.
leuconotus ? Auct.)
20. minor, Brehm.
{ médius ! Brehm .
glacialis, Benick. an Macgill? )
21. islandicus, Edmondst.
{glaucus, Sab.)
22. chalcopterus, Licht.
23. glaucescens, Licht.
{ brachyrhynehus, Gould.
glaucopterus. Kittlitz.)
st). leucopterus, Faler.
{argentatus, Sab.—arcticus, Macg.
10. Laroides, Brehm.
25. argentatus, Brunn.
{major, Brehm.
argenteus, Brehm.
argentaloides, Brehm.)
2C. argen taceus , Brehm .
{argentatoides ex Eur.,
27. argentatoides , Richar,
{argentatoides ex An.,
ajfinis, Reinh. ex Holb
28. michahellesii, Bruch.
{leucophœus, Licht., at
epargyrus, Licht., juv.)
29. borealis, Brandi.
30. occidentalis, Aud.
3i. californicus, Laur.
11. Clupeilarus, Bp.
32. fuscus, L.
{ argentatus, Montag.
Jlavipes, Meyer.
fuscescens ? Licht.
melanotos ? Brehm.
harengorum , Brehm.)
33. verreauxi, Bp.
{fuscus ex Chili, Auct.
34. antipodum, Gr.
35. cachinnans, l'ail.
12. Gavina, Bp.
36. audouini, Payraud.
{payraudeau, Vieill.)
E
[PENNES."
(JE.
bfamiliu 13. Iiarinœ.
,,L.
us, L.
rymosus, Brehm, nec Licht-
ii, Homeyer.)
ernus, Cm.
.us, Auct.
ellosus, Brehm.
scens, Brehm.
torhynchus, Meyer.)
orhynchns, Reich.
chyrhynchus, Sw. née G.)
chi, Bp.
itschatschensis, Bp.
irostris, Schimper.)
, Brunit.
actyla, L.
\uatus, Pall.
i.Pall.
\s, Pall.
alis ? Brehm.
>r, Brehm.)
ea, Pall.
■chyrhyncha, Gould.)
lebuii , ]',/>.
virostris ? BrandU)
13. Gelastes, Dp.
* Atlantici.
45. lambruschinii, Bp.
'rubriventris? Vieill.
gelastes, Licht.
leucocephalus, Boissonn.
roseus, Gêné, nec Sab.
genei, de Brème.
tenuirostris, Aliq.
melanotis ! Reich.)
40. hartlaubi, Bruch.
{ tenuirostris, Aliq.
poiocephalui , hyemalis ex Ma-
dagascar, Mus. Paris.)
47? corallinus, Bp.
»* Paeifci.
48. gouldi, Bp.
(pacifcus! Mus. Paris.)
4g. jamesoni, Wils.
(scopuliuus, Forsl.
novœ-hollandiat ? Steplï . )
.5o? andersoni, Bruch.
(canus, Anderson in Cook's Voy.)
Si, pomare, Bruch.
(schimperi , Bp.)
16. Pagophila, Kaup.
02. eburnea, Gm.
(candida, Fabric.)
53. nivea, Brehm.
'brachytarsa, Holb.)
17. Rhodostthetia, Macgill.
5/|. rossi, Sabine.
roiea,Macgill. '
richardsoni, Wilson.)
R. XEME/E.
18. Leucophœus, Dp.
55. hœmatorhynchus, Vig.
(scoresbyi, Traill.)
56? fuliginosus, Gould.
( neptunus, Bp.)
5-j. belcheri, Vig.
19. Adelarus, Bp.
58. hemprichi, Bp.
{crassirostris, Hempr. nec Vieill.)
5g. leucophthalmus, Riipp.
20. Ichthysetus, Kaup.
Go. pallasii, Kaup.
(ichthyœtus, Pall.)
Si. Atricilla, Bp.
Gi. catesbaei, Bp.
( atricilla, L.
ridihundus, Wils.
plumbiceps , Meyer.)
62. macroptera, Bp.
(serranus, Bruch nec Tschudi,
megalopterus , Bruch.)
63. minor, Bp.
(micropterus, Bruch.
poliocephalus? Vfied.)
23. Cïrrhocephalus, B.p.
64. major, Bp.
(maculipennis, Licht.
cirrrhocephalus, Vieill.)
65. minor, Bp.
(poiocephalus, Sw., excl.patria.
poliocephalus? Licht.
phœocephalus ? Strickl.
plunibiceps ! Bruch, ex Temm.)
23. Gavia, Br.
a. Melagavia, Bp.
06. pcrsonata, Natter,
(serranus, Tschudi.)
07. melanocephala, Natt.
08. cucullata, Licht.
Gg ? pipixan , Wagl.
70. i'ranklini, Richards,
{atricilla, Franklin.)
b. Gavia, Bp.
71. glaucotes, Sleyen.
{albipennis, Pcale.)
72. kittlitzii, Bruch.
( melanorhynchus ? Temm .
maculipennis, Bruch, nec Licht.)
73. brunneicephala, lerd.
(brunneiceps, Caban.
lacrymosus, Licht. nec Brehm.
caniceps? Br. — plumbiceps? T.)
74. ridibunda, L.
(erythropus et cinerarius, Gm.
atricilla et nœvius, Pall.
pileatus, Brehm .)
75. capistrata, Temm.
( tenuirostris ? Temm., iiyern.
minor ? Brehm.)
c. Chroicocephalus,hTjl.
76. bonapartii, Sw.
( capistratus, Bp.
minutus, Sabine.
melanurus, Ord., juv.)
77? subulirostris, Bp.
24. Hydrocolœus, Kaup.
.78. minutus, Pall.
(atricilloides, Falck.
pygmœus, Bory.
nigrotis, Less.
d'orhigny, Audouin.)
28. Creagrus, Bp.
79. furcatus, Néboux.
26. Xema, Leach.
80. Sabini, Leach.
(collaris. Sabine.)
( 772 )
ORI
TRI
TR
Suhfamilia. 14
S. STERNE*.
27. Sylochelidon, Br.
* Orbis anl.
81. strenua, Gould.
82. caspia, Pall.
{tschegrava, Gm.
~~~megarhyncha, Mey.
balthica, Brehm.
schillingiC? Brehm.)
83. mclanotis, Sw.
** Américaine.
84. cayennensis, Gm.
{caspica, Laur.)
28. Phœtusa, ïTagl.
85. magnirostris, Licht.
{ speculifera, Cuv .
simplex? Gm.
brevirostris? Vieill. )
86. chloropoda, Vieill.
{ albifrons, Cuv.
sellowii? Wicd.)
87. galericulata, Licht..
88. regia, Gambel.
{cayana, Aud. nec Lath.)
29. Seena, Blyth.
89. aurantia Hardw.
{seena, Sykcs.
brevirostris, i .Gr.)
30. Pelecanopus, Wagl.
'. ,s»!iv>X
.
90. pelecanoides, King.
{cristata, Steph. necSvf .)
91. poliocercus, Gould.
92. nigripennis, Bp.
{ nova-hollandiœ ! Cuv.)
93. torresii, Gould.
94. velox, Bupp.
{rissa? Mull.)
95. bergii, Licht. nec Reich.
{crislala, Sw. nec Steph.
longirostris, Less.)
31. Haliplana, Wagl.
96. fuliginosa, Gm.
[An. l'herminicri, Less., juv.)
97. serrata, Forsl.
(gouldi, Reichenb.
anasthœtus ? Scopoli. )
98. panayensis, Gm.
{pana? a, Lath.
oahuensis, Bloxam.
antarctica, Cuv., adult.
guttata, Forst.,juv.)
99. infuscata, Licht.
{lunala? Peale.)
32. Gelochelidon, Brehm.
100. anglica, Montagu.
(stubberica, Otto.
balthica, Brehm.
risoria, Brehm.
agraria ? Brehm.)
101. meridionalis, Brehm.
{aranea, Savi.)
102. aranea, Wils.
{procnbydris, Pucher.)
io3. havelli, Âudub.
(nuttali?îiutt.ex Aud.)
104. affinis, Hors/, nec Bupp.
to5. macrotarsa, Gould.
33. Thalasseus, Boie.
* Orbis an t.
106. cantiacus, Gm.
{ boysii, Lath.
columbina, Schrank.
canescens, Meyer.
nubilosa, Sparmm.
aj ricana ? Gm .)
107. nilotica, Hassclq.
{pauli de Wurtemberg ? Br.)
108. maxuriensis, Ehr.
109. affinis Bupp. nec Hors/,
{média, Horsf.
arabica, Ehrenb . )
110. bengalensis, Less.
** Americ.
m. acuflavida, Cabot.
( boysii, Stephens, A m.
cantiaca, Audub.)
112. elegans, Gambel.
n3. trudeaui, Âudub.
"4- Sȕ'; Bp-
34. Gygis, Wagl.
11 5. alba, Sparrm.
116. candida, Forsl.
117. napoleonis, Bp.
35. Sterna, L.
a. Thalassea, Kau
118. paradisea, Brunn.
{dougalli, Montag.)
1 19. melanorhyncha, Gi
{ vclox, Gould , nec
120. frontalis, Gr.
{albifrons, Peale.
slriata, Gm., juv.)
? rectirostris, Peale.
121 ? acutirostris, Tschw
122? longipennis, Ermai
{camtschatica? Peu
123. melanoptera, Sw.
b. Sterna, Kaup.
* Orbis antia.
125. hirundo, L.
{arctica, Temni.
macroura, Naum.
argentata, Brehm . )
125. fluviatilis, Naum.
{hirundo, Temm.
chelidon ? Licht.
blasii, Brehm.)
I.2G. nitzschi, Kaup.
( brachylarsa, Grabi
127. brachypus, Sw.
128. senegalensis, Sw.
129. gracilis, Gould.
i3o. vittata, Gm.
** Americ.
i3i. wiïsonî, Bp.
{hirundo, Wils.)
i32. forsteri, Nutt.
1 33. coccinirostris, Bcic
{arctica, Audub.)
i34- pykii, Lawrence.
i35. erythrorhyncha, H
{ hirundinacea, Cuv.
antarctica? Peale.'
FI/E.
rcipœsranES.
ISJZi.
ternula, Soie.
* Orbis antiq.
. minuta, L.
( ' mctopoleucos, Gm.
parva, Penn.
pomarina, Brehm.
danubialis, Brehm.
meridionalis, Brehm.)
? orientalis, Licht.
. nereis, Gould.
(sincnsis ? Gm . , juv.)
. austral is, Gm.
(média, Forst.)
? antarctica, Forst. nec Less.
. melanauchen, Temm.
(média, Horsf. Linn. Tr.
sumatrana, Raffles.)
** Americ.
i. frenata, Gambel.
[minuta, Wils. nec. L.
argentea, Natt. nec W.
antillarum, Less.)
1 melanorhyncha , Less.
\. superciliaris, Vieill.
(argentea, Wied.
maculata? Vieil]., juv.)
5. exilis, Tschudi.
57. Hydrochelidon, Bote.
* Orbis antiq.
i.'i'i. fissipes, L.
(nigra et nœvia, Br.
pallida, Brehm.
obscura, Brehm.
meridionalis, Brehm.
nilotica, Aliq.)
147. nigra, L.
(nœvia, L., juv.
Jîssipes, Pall.
leucoptera, Temm.
subleucoptera, Brehm.)
i48. indica, Sleph.
(similis, Gr.
grisea, Horsf. )
i4g- fluviatilis, Gould.
i5o. hybrida, Pall.
(leucopareia, Natt.
delamottii, Vieill.
leucogenys, Brehm.)
i5i. delalandii, Bp.
( leucopareia ex Cap. B. Spei,
Mus. Par.)
i52. albigena, Rupp.
i53. albistriata, Gr.
154. melanogastra, Temm.
(acuticauàa, Gr.
javanica? Horsf.)
** Àmericana.
|55. surinamensis, Gm.
(plumbea, Wils.
nigra, ex Amer. Auct.)
T. Anoes.
38. Nïcnia, Boic.
■ 56. inca, Less.
59. Anous, Leach.
157. stolidus, L.
(fusca, Br.
niger, Steph.
leucoceps, Sw.)
i58. pileatus, Scopoli.
(philippinus, Lath.
stolidus, Gould.
lenuirostris, Blyth.
unicolor? Erman, juv.)
i5o. melanogenys, Gr.
160. senex, Leach.
( tenuirostris, Temm.)
161. melanops, Gould.
(minor, Less. ex Gould i844-)
163. leucocapillus, Gould.
40. Procelsterna, Lafr.
t63. albivitta, Bp.
(cinereus, Gould, nec Neb.)
pelecanoides ' Gr.)
164. cinerea, Neboux.
(tereticollis, Lafr.
tenuirostris, Less.
parvulus, Gould.
gracilis, Gr. ex Gould.
tephrodes, Rcichenb.
plumbeus, Peale.)
Subfamilia 15. Rhyncopinœ
U Rhvncope*.
41. Rhyncops, L.
i65. nigra, L.
(Julva, Gm.
borealis, Sw.
cinerescens, Spix.
brevirostris, Spix.)
1G6. albicollis, Sw.
167. melanura, Boie.
168. flavirostris, Vieill.
( orientalis, Rupp .
albirostris, Licht.)
( 774)
ORDO VII. GAVLE.
TRIBUS IV. riux.vroKEs.
Subf. 16. Alcinœ.
V. ALCE*.
Pinguinus, Bonn.
i. impennis, /..
Alca, L.
i. torda, L.
(pica, L.
balthica , Brehm.
glacialis, Brehm.
microrhynchos , Br.)
FAMIUA ÎO. ALCIDJE.
Subf. 17. Phaleridinœ.
W. PIULERIDES.
5. Mormon, lll.
a. Lunda, Pall.
3. cirrhata, Pall.
b. Fratercula, Br.
/|. arctica, L.
[fratcrcula, Temm.
polaris etgiabce, Brehm.)
5? glacialis, Leach.
6. corniculata, Kiill.
[glacialis, Aud.)
4. Sagmatorhina, Bp.
7. lathami, Bp.
[labradora! Lath.)
5. Ceratorhyncha, Bp.
8. occidentalis, Bp.
[monocerata, Pall.)
6. Ciceronia, Reich.
9. nodirostris, Bp.
[microceros, Brandt.)
7. Tyloramphus, Brandt.
10. pygmocus, Gm.
{pusilla, Pall.)
11. tetracula, Pall.
12. dubius, Pall.
i3. camtschaticua, Lepeeh.
[mystacea, Pall.
superciliosa , Licbt.
cristatella, Temm.)
8. Simorhynchus, Merr.
■ 4- cristatellus, Pall.
9. Ptychoramphus, Brandi.
i5. aleuticus, Pall.
[cassini, Gambel.
cirrhocephatus? Vig.)
10. Phaleris, Temm.
iG. psittacula, Pall.
Subf. 18. Uriinœ.
X. CRIES.
IL Uria, Br.
a. Lomvia, Brandt.
17. troile, L.
[minor, Gm.
swarbag et lomvia, Brunn.)
18. rhingvia, Brunn.
[leucopsis, Brehm.
lacrypians, La Pylaie.
norwegica ? Brehm.)
iq. arra, Pall.
{pica, Faber.
brunnichi, Sabine.
francsi, Leach.
troile, Brunn. — polaris, Br.)
20. unicolor, Benicken.
b. Cephus, Pall.
ai. grylle, L.
(columba, Pall. — marmoratus, Tr.
scapularis, Steph. — lacteolus? P .
balthicus etgrylloides, Brunn.
meisneri etjerroensis, Brehm.)
22. mandti, Licht.
[glacialis, Brehm.)
23. carbo, Pall.
12. Anobapton, Brandt.
a. Brachyramphus, Br.
24- marmoratus, lath.
[perdir, Pall. — brevirostris, Vig.
townsendi, Aud.)
20. wrangeli, Brandt.
26. brachyplerus, Kitll.
27. kittlitzi, Brandt.
b. Synthliboramphus, Br.
28. antiquus, Lath.
[senicula, Pall.)
29. wumizusume, Temm.
[ temmincki, Brandt.)
13. Mergulus, Ray.
30. aile, L. [ arcticus, Brehm ,
FAMIUA 11. COLYMB1
Subf. 19. Colymbinœ.
Y. COLVMBEiE,
14. Colymbus, L.
3i. glacialis,/..
[hiemalis, Brehm.)
3î. arcticus, L.
[megarhynchos, Brehm.
balthicus ? Hornschuch.)
33. septentrionalis, L.
[borealis, Brunn.
microrhynchos, Brehm.)
FAM1XIA 12. PODICIPIDJE.
Subfumilia 20. Podicipinae.
Z. PODICIPE*.
liceps, Lalh.
a. Lophailhyia, Kaup.
ristatus, L.
rinator, L.
rnutus, Br.
\tagiatus, Brehm .)
>ngirostris, Bp.
UStralis, Gould.
homensis, Gm.
ayennensis, Gm.
tajor, Bodd.)
jicornis, Licht. nec Brehm.
leucopterus, King.')
b. Pedeaithyia, Kaup.
ubcristatus, laça.
jriseigena, Bodd.
irolis, Sparmann.
ibricollis, Lath.)
ucullatus, Pall.
najor, Schlegel.)
lolboolli, Reinh.
nubricollis, Aud.)
e. Dytes, Kaup.
luritus, L.
arcticus, Boie.
icornis? Brehm.)
:ornutus, Gm.
californiens? Cassin.)
iclavus, Bp.
cornutus, Auct.
bscurus, Gm., jw.
aspicus ? Gm .
igricans, Scopoli ,juv.
omosus, Rang.— minutus, Pall.
mbiguus? Less.)
nigricollis, Sundev.
auritus, Auct. necL.
'ecurvirostris, Brehm.
>rientalis? Brehm.)
16. Rollandia, Bp .
l\-j. leucotis, Cuv.
(rollandi, Quoy et Gaim.)
48. micra, Bp.
17. Poliocephalus, Selbr-
4g. occipitalis, Less.
(caliparcus, Garnot.)
5o. nestor, Gould.
[poliocephalus, Jard.)
5i. ruflpectus, Gr.
18. Tachybaptus, Reich.
* Orbis anlioui.
52. minor, L.
(fluviatilis, Br.
hebridicus , Gm.
pyrenaicus, Lapeyr.
pallidus et pygmœus, Brehm.)
53. philippensis, Bonn,
[minor var. b.t Lath.)
54. capensis, Bp.
55. gularis, Gould.
(novœ-hollandiœ ? Steph.)
** Americani.
56. dominicus, L.
57. americanus, Garnot.
(alhicollis, Less.)
58. chilensis, Garnot.
19. Sylbeocyclus, Bp.
5g. podiceps, L.
(carolinensis, Br.
ludovicianus, Lath . )
60. antarcticus, Less.
{ podicepSj Licht.
carolinensis ? Sptot.
brevirostris ? Gr . )
61. lineatus, Cassin.
CONSPECTUS PTILOPTERORUM SYSTEMATICUS.
ORDO Vin. PTILOPTERI.
FAMILIA 13. SPHENISCIDiE
Subfamilîa 21. Spheniscinœ.
A. APTENODYTEtë.
1. Aptenodytes, Forst.
1. forsteri, Gr.
(patachonica, Forst.
imperaior, Auct.)
2. pennanti, Gr.
(patagonica, Penn.
patachonica , Shaw.
rex, Auct.
longirostris ? Scopoli . )
? magnirostris, Peale.
. Eudyptula, Bp.
3. minor, Forst.
II? undina, Gould.
5. Chrysocoma, Steph.
5. catarractes, Gm.
( demersus, L. sub Phaeton.
chrysocome, Forst.
cristtua, Shaw.
saltator, Steph.)
? palpebrata , Licht.
6. chrysolopha, Brandi.
7. pachyrhynchus, Gr.
4. Pygoscelys, Wagl.
8. papua, Forst.
( tœniata, Peale.)
9. torquata, Forst.
(platyrhyngos, Scopoli.)
10. antarctica, Forst.
11. magellanica, Forst.
( brasiliensis, Lient.
fuscirostris, 111.)
12. antipoda, Hombr.
{Jlavilarvata, Peale.)
? chilensis, Gm.
B. SPBEMSCK I.
5. Spheniscus, Br.
. i3. demersus, L. sub Diomedea.
(chiloensis? Molina.
molince? Lath.)
Subfamilîa 22. Dasyramphina-,
C. DASÏRAMPHE*.
6. Dasyramphus, H. et J.
i5. adeliae, Bombr. et J .
{brevirostris, Gr.
longicauda, Peale.)
(776)
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( 777 )
RAPPORTS.
physique terrestre. —Rapport sur un ouvrage manuscrit rfeM. Tchihatchef,
ayant pour titre : Études climatologiques sur l'Asie Mineure.
(Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Decaisne, Becquerel rapporteur.)
« Quand une personne appartenant à une classe élevée de la société aban-
donne pays, famille et dignités pour voyager dans l'intérêt des sciences
physiques et naturelles, réunir des observations, les coordonner et les pu-
blier à ses frais, les corps savants doivent accueillir favorablement l'ouvrage
dans lequel elles sont consignées, lors même qu'il ne fournirait que des
jalons devant servir de points de départ pour de nouvelles explorations.
Telle est la position où se trouve M. Tchihatchef vis-à-vis de l'Académie des
Sciences, à laquelle il vient de présenter un ouvrage manuscrit volumi-
neux ayant pour titre : Etudes climatologiques sur VAsie Mineure, lequel
a été renvoyé à une Commission composée de MM. Elie de Beaumont, De-
caisne et moi. Cet ouvrage, indépendamment des matériaux qu'il contient,
et dont l'utilité ne saurait être contestée, attendu qu'on n'a pas ou que très-
peu de données sur l'état climatérique de cette contrée, a un intérêt de cir-
constance, à raison des relations plus intimes qui vont s'établir entre l'Oc-
cident et l'Orient.
» Rien n'est plus difficile que de définir un climat, tant sont nombreux
les éléments que l'on doit prendre en considération. Ces éléments com-
prennent les phénomènes calorifiques, aqueux, lumineux, aériens et élec-
triques, la constitution et l'état physique du globe, etc., etc. La question est
donc des plus complexes. M. Tchihatchef, malgré les difficultés que pré-
sente cette question, a essayé de l'aborder à l'égard de l'Asie Mineure,
pendant un séjour de cinq années qu'il a fait dans cette contrée. Avant son
départ de Paris, il s'était pourvu à cet effet de baromètres, de thermo-
mètres, d'hygromètres et de psychromètres construits par Bunten et com-
parés à ceux du Collège de France. Ces instruments ont été confiés ensuite
par lui à des personnes recommandables par leur position sociale, et qu'il
avait exercées préalablement à leur usage. Les observations barométriques,
hygrométriques et psychrométriques ont été discutées par MM. Rupfer et
Rreil.
» M. Tchihatchef a choisi pour lieux d'observations onze localités telles,
( 77» )
que, réunies par des lignes, elles formaient un réseau embrassant l'Asie Mi-
neure. Ces onze localités sont : Constantinople, Trébizonde, Raisaria, Tar-
sus, Smyrne, Chios, Brousse, Erzeroum, Erivan, Ouroumia et Mossoul.
» M. Tchihatchef s'était réservé Constantinople, où les observations
étaient faites, pendant qu'il se transportait d'une station à une autre pour
surveiller les observations, par M. Noë, pharmacien attaché à l'Ecole mili-
taire. Les autres observateurs étaient MM. Gehringuer, consul d'Autriche
à Trébizonde; M. Suter, consul d'Angleterre à Raisaria; M. Rlaperton, con-
sul de la même nation à Tarsus : quant aux observations relatives aux
autres localités, M. Tchihatchef a pris celles de MM. Silleman et Dana, con-
signées dans Y American Journal oj Science and Arts (1846); celles qui se
trouvent dans les Comptes rendus de V Académie des Sciences ( présentées
par M. Elie de Beaumont) et dans les tableaux météorologiques de Mahl-
mann. Nous ajouterons enfin que M. Rreil avait fait faire en Autriche, dans
les localités les plus rapprochées de la Turquie d'Europe, des observations
barométriques aux mêmes heures que celles qui avaient lieu dans l'Asie
Mineure.
» Telles sont les sources où M. Tchihatchef a puisé pour présenter des
considérations sur les divers climats de cette contrée; mais les données
qu'elles lui ont fournies n'étant pas suffisantes pour caractériser les climats,
il a eu recours, à l'exemple de M. de Ilumboldt et d'autres voyageurs :
» i°. A la limite des neiges perpétuelles;
» 20. A celle de la végétation arborescente ;
» 3°. Aux effets du déboisement ;
» 4°- A l'abondance des marécages.
» A l'aide des observations barométriques, thermométriques et psycho-
métriques, M. Tchihatchef a pu comparer entre eux les divers climats, et
ces derniers à ceux des localités de l'Europe, situées sous les mêmes lati-
tudes et dans des conditions semblables. Cette comparaison l'a conduit aux
conséquences suivantes :
» Constantinople. — Cette ville, malgré sa position, a plutôt un caractère
météorologique continental ou exclusif que maritime.
» Trébizonde. — Quoique la distance entre cette ville et Constantinople
soit peu considérable, que leurs latitudes et leurs altitudes présentent de très-
petites différences, et qu'il y ait une grande similitude entre leur tempéra-
ture moyenne annuelle, néanmoins leurs caractères climatologiques ont si
peu de ressemblance, qu'il y a sous ce rapport plus d'analogie entre Trébi-
( 779 )
zonde et les points de l'Europe les plus éloignés, qu'entre cette ville et
Constat! tinople.
» Kaisaria. — Son climat peut être considéré comme étant relativement
plus doux et plus régulier que celui des localités de l'Asie Mineure situées
à l'est de cette ville, telles que Erzeroum, Erivan et Ouroumia.
» Tarsus. — Son climat paraît tenir à la fois du climat continental et du
climat marin ; aussi peut-on le qualifier de climat maritimo-continental.
» Brousse jouit comparativement d'un climat plus doux que Constanti-
nople, et beaucoup plus rigoureux que celui de Trébizonde.
» Smyrne. — Les différences considérables entre les maxima et les mi-
nima absolus, et entre les moyennes de l'hiver et de l'été, rapprochent le
climat de Smyrne de celui de Constantinople et lui enlèvent également une
partie de son caractère maritime. Trébizonde, au contraire, diffère complè-
tement de Smyrne, et peut être considérée comme une localité maritime
relativement à l'autre, qui aurait un climat continental.
» Chios. — Cette île reproduit assez fidèlement les traits saillants du
climat de Smyrne : ce qui montre que le bras de mer qui la sépare de l'Asie
Mineure ne suffit pas pour lui donner le caractère insulaire, puisqu'il con-
serve celui du climat continental que possède celui de Smyrne.
» Erzeroum. — Sa température moyenne est plus forte que ne le ferait sup-
poser son altitude , ce qui tient aux chiffres très-élevés de ces moyennes de
l'été et du printemps; mais aussi sa moyenne de l'hiver est beaucoup plus
basse que celle des localités de l'Europe situées dans des conditions ana-
logues; elle est égale à celle du grand Saint-Bernard, dont la latitude est de
plus de 6 degrés au nord et l'altitude de 5ia mètres plus élevée. Il résulte
de là des différences énormes entre les moyennes des saisons et entre les
moyennes mensuelles extrêmes; ainsi les différences entre les moyennes de
l'été et de l'hiver sont plus fortes qu'à Moscou.
» Erivan. — Les caractères de climat excessif y sont encore bien plus
prononcés qu'à Erzeroum; ils atteignent un degré inconnu en Europe,
puisque, outre les minima absolus de l'hiver et les maxima absolus de l'été,
la différence atteint quelquefois 80 degrés.
» Ouroumia. — Cette ville paraît avoir un climat comparativement plus
froid que celui d'Erzeroum, mais beaucoup moins que celui d'Érivan, mal-
gré l'altitude bien moins considérable de cette dernière ville.
» Mossoul. — Sa température moyenne annuelle s'accorde assez* bien
avec celle des localités de l'Europe ayant à peu près la même latitude,
(78o )
tandis que sa moyenne estivale (33°, 06) n'a point d'analogue non-seulement
en Europe, mais encore dans aucune des localités du globe où l'on ait
observé; d'un autre côté, les hivers ne sont pas en moyenne plus froids
qu'à Rome.
» Lùnhe des neiges éternelles dans l'Asie Mineure. — Suivant M. Tchi-
hatchef, sur le versant sud-ouest du mont Argée, les neiges perpétuelles
ne commencent qu'à 34oo mètres ; elles ne constituent pas de grandes
nappes continues, mais se présentent seulement en stries ou en lambeaux.
Leur limite paraît être fort élevée eu égard à leur latitude. En admet-
tant que 84 mètres en hauteur correspondent à 1 degré de latitude, il
s'ensuivrait que le mont Argée l'emporterait sur la plupart des montagnes de
l'Europe et de l'Amérique pour la hauteur à laquelle se trouve la limite des
neiges éternelles, et ne le céderait qu'aux grandes chaînes de l'Asie Mineure,
où la limite dont il s'agit paraît s'élever encore davantage. MM. Charles Koch
et Vagner, qui ont évalué approximativement la limite des neiges perpétuelles
de quelques montagnes de l'Arménie et du Pont, ont reconnu également
qu'elle est remarquablement élevée relativement à leur latitude, ce qui
semblerait montrer que ce phénomène est assez général dans la portion
orientale, et qu'il y règne un degré assez prononcé de sécheresse atmosphé-
rique.
» Limites supérieures de la végétation arborescente, frutescente. — Ces
limites n'ont pas été plus étudiées en Asie Mineure que celles des neiges
perpétuelles ; il faut en excepter toutefois le mont Olympe, qui l'a été par
Siebthorp, Boëssier et surtout Griescbach, sous le rapport de la géographie
botanique. Le mont Argée ne l'avait pas été avant M. Tchihatchef qui a
publié un aperçu de sa flore en i852, et auquel le Muséum d'Histoire natu-
relle doit un herbier précieux de cette contrée.
» La limite supérieure de la végétation arborescente sur le mont Olympe
est notablement plus basse que celle sur les montagnes de l'Europe situées
sous les mêmes latitudes ; sur le mont Argée, la végétation arborescente est
remplacée par des buissons de Populus grœca, que l'on trouve jusqu'à en-
viron 2900 mètres.
» Le Boulgardagh, en Cilicie, a sa limite supérieure ! de végétation arbo-
rescente aussi élevée que dans les montagnes de Grenade en Espagne.
» Les monts Alaguet et Ararat, en Arménie, ont leurs limites supérieures
de végétation arborescente à peu près à la même hauteur que sur les mon-
tagnes de l'Europe situées sous les mêmes latitudes.
( 78 1 )
» Considérations sur le déboisement de l'Asie Mineure. — L'Asie Mi-
neure manque de grandes forêts; on y trouve de vastes étendues de ter-
rains dépourvues de toute végétation arborescente et même frutescente.
On se demande dès lors s'il en a toujours été ainsi : de nombreux témoi-
gnages d'auteurs anciens prouvent que cette contrée était beaucoup plus
boisée qu'elle ne l'est aujourd'hui. Les progrès de la civilisation et les
guerres sont les causes de la destruction des forêts : du Gange à l'Euphrate
et de l'Euphrate à la Méditerranée, sur une étendue de plus de mille lieues
en longueur ; trois mille ans de guerre ont ravagé ces contrées ; Ninive et
Babylone, si renommées par leur civilisation avancée, Palmyre et Balbeck
par leur magnificence, n'offrent plus aujourd'hui aux voyageurs que des
ruines, au milieu de déserts dans lesquels on ne rencontre plus que çà et
là des traces de cette riche végétation dont parlent les anciens. D'un autre
côté, le littoral septentrional de la mer Noire, du temps d'Hérodote, était
couvert de forêts, là où il n'en existe plus aujourd'hui.
» M. Tchihatchef pense que la destruction de toutes ces forêts a pu
exercer une certaine influence sur le climat de l'Asie Mineure, en abaissant
la moyenne estivale et relevant la moyenne hivernale; il appuie son opi-
nion, à cet égard, sur plusieurs passages de Théophraste, dans lesquels ce
philosophe mentionne certains végétaux que le défaut de chaleur empêchait
jadis de prospérer, et qui viennent aujourd'hui parfaitement.
» M. Tchihatchef, en exprimant son opinion touchant l'influence exercée
sur la température par le déboisement de grandes étendues de forêts, aborde
une question qui est encore un sujet de discussion , et sur laquelle les
meilleurs esprits ne sont pas entièrement d'accord. En effet, MM. Arago et
Gay-Lussac, dans le sein de la Commission nommée en i836, pour exa-
miner s'il y avait lieu ou non de rapporter l'art. 219 du Code forestier,
s'exprimaient ainsi :
« Si l'on abattait un rideau de forêts sur la côte maritime de la Nor-
ia mandie ou de la Bretagne, disait M. Arago, ces deux contrées devien-
» draient accessibles aux vents d'ouest, aux vents tempérés venant de la
» mer; de là une diminution dans le froid des hivers. Si une forêt toute
» pareille était défrichée sur la côte orientale de la France, le vent d'est
» glacial s'y propagerait plus fortement, et les hivers seraient plus rigou-
» reux. La destruction d'un rideau de bois aurait donc produit, çà et là,
» des effets diamétralement opposés. »
» M. Gay-Lussac tenait un langage bien différent :
C. R., î8?6, 1" Semestre. (T. XLII.N" 17.) Io3
( 78» )
« A mon avis, disait-il, on n'a acquis jusqu'à présent aucune preuve po-
» sitive que les bois aient, par eux-mêmes, une influence réelle sur le climat
» d'une grande contrée ou d'une localité particulière. En examinant de
» près les effets du déboisement, on trouverait peut-être que, loin d'être
» un mal, c'est un bienfait ; mais ces questions sont tellement compliquées,
» quand on les examine sous le point de vue climatologique, que la solu-
» tion est très-difficile, pour ne pas dire impossible. »
» D'un autre côté, suivant M. de Humboldt, les forêts agissent sur le cli-
mat d'une contrée comme cause frigorifique, comme abris contre les vents
et comme servant à entretenir les eaux vives.
» Il n'est pas démontré encore que le déboisement sur une grande éten-
due de pays améliore la température moyenne. Cependant un grand nom-
bre d'observations tendent à le faire croire : nous citerons les observations
de Jefferson dans la Virginie etla Pensylvanie, celles beaucoup plus récentes
faites par MM. de Humboldt, Boussingault, Hall, Rivière et Roulin, sous les
tropiques, depuis le niveau de la mer jusqu'à des hauteurs où l'on trouve
des climats tempérés et polaires ; ces derniers ont reconnu que l'abondance
des forêts et l'humidité qui en résulte, tendent à refroidir le climat, et que
la sécheresse et l'aridité produisent un effet contraire. Il pourrait se faire
cependant que, la température moyenne restant la même, la répartition de la
chaleur dans le cours de l'année fût changée, et dans ce cas le climat se-
rait modifié. Mais, nous le répétons, on ne sait encore rien de bien cer-
tain touchant l'influence du déboisement sur la température dans les con-
trées situées hors des tropiques. L'influence des abris toutefois ne saurait
être contestée; un grand nombre défaits le prouvent; nous en citerons un
seul : dans les marais Pontins, un bois interposé sur le passage d'un cou-
rant d'air humide chargé de miasmes pestilentiels, préserve les parties qui
sont derrière elles, tandis que celles qui sont découvertes sont exposées aux
maladies. Les arbres sembleraient donc tamiser l'air infecté, en lui enlevant
les miasmes qu'il transporte.
» M. Tchihatchef avance ensuite que le déboisement a eu pour effet le
développement des marécages, dont l'extension considérable est un des traits
caractéristiques de l'aspect de l'Asie Mineure. Il cite des témoignages irrécu-
sables d'auteurs anciens qui prouvent que de leurs temps les marécages qui
infectent aujourd'hui l'Asie Mineure, n'étaient pas aussi étendus qu'ils le
sont actuellement. Ces auteurs ne signalent point, par exemple, les fièvres
paludiennes dans les régions que ces affections rendent aujourd'hui inha-
bitables, et qui étaient jadis couvertes de cités florissantes.
( 783)
» L'opinion émise par M. Tchihatchef touchant la production des maré-
cages à la suite de grands déboisements, se trouve confirmée par de nom-
breux exemples que l'un de nous a signalés dans un ouvrage sur les
climats.
» Vient-on à défricher une forêt à sous-sol imperméable sans cultiver le
sol, la terre n'offre plus qu'un accès difficile aux eaux pluviales, qui, ne pou-
vant plus s'infiltrer, restent dans les parties basses. Le pays devient alors
marécageux et malsain, et les habitants sont en proie aux fièvres paludien-
nes. C'est ce qui est arrivé à la Sologne, à la Brenne, à la Dombe, à la
Bresse, etc., à la suite de grands déboisements.
» Des documents authentiques prouvent, en effet, qu'il y a mille ans la
Brenne était couverte de forêts entrecoupées de prairies arrosées d'eaux
courantes et vives, qu'elle était renommée par la fertilité de ses pâturages
et la douceur de son climat. Aujourd'hui il n'en est plus ainsi, le pays est
devenu marécageux et malsain .
» M. Tchihatchef a consigné dans un tableau (voir ci-après page 785)
qui a très-peu d'étendue, le résumé des principales observations météoro-
logiques faites dans les onze localités qu'il a prises pour observatoires.
Ces observations ne suffisant pas pour donner une idée générale de la
climatologie de l'Asie Mineure, M. Tchihatchef a réuni encore dans son
ouvrage divers documents relatifs à des observations météorologiques faites
sur différents points de cette contrée et ayant de l'analogie sous le rapport
de l'altitude et de la latitude avec les stations qu'il avait choisies. En réu-
nissant tous ces documents et les comparant entre eux, il est arrivé aux con-
séquences suivantes, qui ne pourront manquer d'intéresser l'Académie, si
de nouvelles observations surtout viennent en confirmer l'exactitude.
» Le littoral septentrional de l'Asie Mineure peut être divisé en deux
parties distinctes: l'une est comprise entre Constantinople et Sinope et par-
ticipe du climat de la première ville ; c'est pour cette raison que M. Tchi-
hatchef la désigne sous la dénomination de région byzantine ; l'autre est
comprise entre Sinope et l'échancrure orientale delà mer Noire et jouit d'un
climat auquel celui de Trébizonde sert de type. M. Tchihatchef appelle
cette région, région trapézienne.
» Les côtes occidentales et méridionales de l'Asie Mineure paraissent en
général avoir des hivers plus froids, des étés plus chauds et un degré d'hu-
midité relative plus élevé que les régions littorales de l'Europe placées sous
des latitudes correspondantes. Le nombre et l'élévation des montagnes et
des plateaux abaissent tellement la température moyenne de l'Asie Mineure,
io3..
( ?84 )
que, bien que située dans une zone éminemment tempérée et possédant
même des points à température tropicale, l'ensemble de cette péninsule
possède un climat boréal ; en effet, la température moyenne annuelle ne s'é-
lève pas probablement au-dessus de 12 degrés ; la moyenne hivernale est de
4°,8 et la moyenne estivale est de aa°,6.
» Les régions centrales ont pour caractère spécial un grand degré de sé-
cheresse atmosphérique qui offre un contraste frappant avec l'humidité re-
lative des côtes.
» L'influence de la latitude sur la température moyenne est beaucoup
plus prononcée en Asie Mineure qu'en Europe.
» Les considérations que M. Tchihatchef a présentées sur les climats de
l'Asie Mineure et dont nous venons de rendre compte, ne reposent pas
toutes, comme lui-même le reconnaît, sur des bases solidement établies,
vu le petit nombre de localités où les observations ont été faites; mais elles
suffisent néanmoins pour donner une idée générale de ces climats, dont
quelques-uns sont exceptionnels.
» Quand on songe que M. Tchihatchef, pendant les cinq années qu'il a
séjourné en Orient, s'est occupé non-seulement de physique terrestre, mais en-
core des diverses branches des sciences naturelles, comme on peut en juger
par les diverses collections qu'il a envoyées à des établissements publics,
qu'il a tout fait avec ses propres ressources, ainsi que la publication de ses
travaux pour laquelle il s'est adjoint des artistes distingués, comme on peut
en juger en jetant les yeux sur la carte de l'Asie Mineure que nous présentons,
l'Académie n'hésitera pas, nous le pensons, à reconnaître que M. Tchi-
hatchef, bien qu'il n'ait pu faire ni discuter par lui-même toutes les obsena-
tions dont nous venons d'exposer toutes les conséquences, doit être néan-
moins regardé comme le promoteur ou l'âme du voyage scientifique qu'il a
entrepris dans l'intérieur de l'Asie Mineure; aussi votre Commission vous
propose- t-elle d'approuver la direction qu'il a donnée à ses travaux et de le
remercier de son désintéressement et de son dévouement pour l'avancement
des sciences physiques. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
(785)
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( 786)
A la suite de cette lecture, M. Élie de Beaijmont rappelle que le travail
actuel de M. P. de Tchihatchef n'est qu'un fragment du grand ouvrage
qu'il prépare sur l'Asie Mineure, dont il a déjà publié la partie géogra-
phique et qui comprend aussi d'importantes observations géologiques et
botaniques.
NOMINATIONS.
L' Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Membre
qui occupera, dans la Section de Géométrie, la place vacante par la mort
de M. Sturm.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 54,
M. Bertrand obtient 46 suffrages.
M. Puiseux 7
M. Hermite 1
M. Bertrand, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro-
clamé élu
Sa nomination sera soumise à l'approbation de l'Empereur.
MEMOIBES PBESENTÉS.
BOTANIQUE. — De La distribution géographique des Urticées ; par
H. -A. Weddell.
(Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.)
« Bien que parmi les Urticées il y ait plusieurs espèces qui accompa-
gnent l'homme dans ses migrations et se propagent en abondance autour
des lieux où il a établi son habitation, le nombre de ces espèces est si
minime, comparé à la somme totale de celles qui constituent la famille,
que la généralisation de faits semblables entraînerait à des idées très-fausses.
Ce qui, en effet, est vrai et même seulement dans de certaines limites pour
deux ou trois espèces vulgaires que nous foulons aux pieds sur notre con-
tinent, ne l'est plus quand nous étudions le véritable domaine des Urticées,
la zone intertropicale. Là aussi, sans doute, on rencontre quelques espèces
largement répandues, mais l'immense majorité obéit au contraire à des lois
de distribution relativement sévères. L'Europe, nous le verrons, est de
(787)
toutes les parties du monde la plus pauvre en espèces d'Urticées; mais
aussi faut-il ajouter que ce qu'elle perd sous le rapport de la variété, elle
le compense en partie par la multiplicité des individus; de sorte qu'il n'y
a peut-être pas beaucoup d'exagération à dire que les cinq ou six espèces
d'Orties' et de Pariétaires qui pullulent autour de nos demeures, couvrent
presque autant de terrain que les nombreuses espèces répandues sous les
climats équatoriaux. C'est assez dire que ces Orties, si abondantes chez
nous, ne conservent pas, dans tous les pays où elles sont transportées, leur
nuisible fécondité, et que la réputation de cosmopolitisme ou d'ubiquité
qu'on leur a accordée un peu légèrement, ainsi que l'a fort bien constaté
M. de Candolle, est pour le moins exagérée. Le genre Urtica possède, il
est vrai, des représentants sur beaucoup de points du globe, mais les es-
pèces qui le composent sont, à strictement parler, des habitants des régions
tempérées ou froides ; et on les voit à ce titre préférer, dans les deux hémi-
sphères, les lieux où elles rencontrent la température qui leur convient, ou
bien apparaître dans les montagnes, au niveau où elles se trouvent dans
des conditions semblables. Pour n'en citer qu'un exemple, Y Urtica ma-
gel/anica (Poiret) que Commerson observa le premier. dans la Terre-de-Feu,
sous le 56e degré de latitude, se retrouve dans le sud du Chili, sous un ciel
encore tempéré ; puis se montre au Pérou, sur ces échelons de la Cordil-
lère où la température est analogue, et paraît enfin presque sous l'équa-
teur, sur le plateau de Bogota.
» Ce même genre nous offre encore dans les Urtica arens et australis
(Hook. fil.) les espèces d'Urticées qui se rapprochent le plus des pôles, et
dans les U. hyperborca (Jacquemont) et andicola ( Wedd. ), celles qui at-
teignent à la plus grande élévation au-dessus du niveau de la mer : la pre-
mière ayant été d'abord rencontrée par Jacquemont, dans l'Himalaya
occidental, au-dessus de 5ooô mètres, et la seconde par moi-même, dans
les Andes péruviennes, au-dessus de 45oo mètres. Il n'est pas douteux
enfin que les U. urens et dioica ne doivent être regardées comme les es-
pèces dont la diffusion à la surface du globe est la plus considérable, si elle
n'est dépassée par celle du Parietaria debilis (Forster). Cette dernière,
même en en séparant le P. lusitanica, n'en est pas moins une des plantes
phanérogames dont l'aire est la plus vaste ; et sa diffusion géographique est
d'autant plus intéressante à constater que la coopération de l'homme paraît
n'y avoir été pour rien. Quelque grande d'ailleurs que soit l'aire qu'elle
occupe, elle ne dépasse probablement pas de beaucoup la moitié de la sur-
face du globe, et offre par conséquent un exemple de plus à l'appui de
( 788)
l'opinion de M. Alph. de Candolle, qui limite à cette étendue ce que l'on
est convenu d'appeler le cosmopolitisme des plantes.
» Si l'on écarte maintenant les deux genres dont il vient d'être question,
nous voyons que tous les autres, au nombre d'environ 34, sont essentielle-
ment intertropicaux ou subtropicaux, et que c'est en quelque sorte acciden-
tellement que, dans l'un ou l'autre continent, on en voit apparaître quelque
espèce isolée sous des latitudes tempérées, servant en quelque sorte de
sentinelle avancée à ses sœurs de la zone torride. Ainsi l'Asie nous montre,
au nord du 3oe degré, quelques espèces des genres Boehmeria, Elatostema
et Debregeasia, et dans l'Amérique du Nord nous voyons le Boehmeria
cjlindrica (Willd.), le Pilea pumila (A. Gr.) et le Laportea canaclensis
(Gehd.), porter bien loin de leur foyer naturel les limites géographiques
de groupes essentiellement tropicaux. Deux de ces Urticées, appartenant
l'une et l'autre au genre Boehmeria, méritent encore d'être étudiées a un
autre point de vue : elles présentent, en effet, des exemples remarquables
d'aires longuement étendues du nord au sud, embrassant des latitudes très-
différentes et vivant par conséquent dans des conditions de température
bien plus variées que celles qu'une même organisation végétale peut ordi-
nairement supporter. L'une de ces plantes est le B. cjlindrica, dont l'ha-
bitation s'étend du Canada jusqu'au delà du tropique du Capricorne;
l'autre est le B. nivea que nous voyons s'accommoder également bien du
ciel tempéré du Japon ou du nord de la Chine, et des chaleurs de l'Asie
tropicale.
» Ces exemples de grande diffusion de certaines espèces font naturelle-
ment supposer que celle des genres est souvent considérable ; il en est ainsi,
en effet, puisque sur les trente-six genres qui constituent la famille, on en
compte vingt qui ne sont pas limités à une seule partie du monde. Les seize
autres, dont plusieurs sont monotypes, occupent des aires de moindre éten-
due, et cinq ou six d'entre eux sont propres à des flores insulaires. Il est à
remarquer, d'autre part, que plusieurs des genres qui sont représentés sur
deux continents le doivent à la disjonction de quelqu'une de leurs espèces :
une espèce végétale est disjointe, suivant M. de Candolle, quand les indi-
vidus qui la composent se trouvent répartis « entre deux ou plusieurs pays
séparés, « sans cependant que l'espèce puisse « être envisagée comme ayant
été transportée de l'un à l'autre. » Je signalerai comme se conformant, en
apparence du moins, à cette définition le Lecanthus Wightii ( Wedd.), le
Girardinia condensata (ejusd.), le Debregeasia hjpoleuca (ejusd.) et le Dro-
guetia urticoides (ejusd.), plantes toutes indigènes de la péninsule de l'Inde,
( 789 ) .
et que j'ai retrouvées dans les collections envoyées de l'Abyssinie par
M. Schimper.
« Quant à la distribution numérique des Urticées dans les différentes
parties du monde, je me contenterai de dire que, sur cinq cents espèces,
nombre approximatif de celles qui sont connues, le nouveau monde en
compte environ un tiers, l'Asie avec la Malaisie un autre tiers, et l'Océanie
et l'Afrique, à parts égales, les neuf dixièmes du tiers restant. L'Europe n'en
revendique qu'une douzaine d'espèces.
» Un des points les plus intéressants, il me semble, à constater dans cette
distribution, c'est l'inégale répartition des espèces entre les continents et les
îles : effectivement, la proportion entre les Urticées et les autres phanéro-
games, dans les archipels équatoriaux, est souvent de 5 à 6 pour 100, tan-
dis que, sur les continents voisins, cette proportion n'est plus que de 2
pour 100. Ces données permettraient presque d'assigner à priori aux Urti-
cées un double foyer d'irradiation : l'un au nouveau monde, dans les An-
tilles; le second dans l'ancien, parmi les îles de l'archipel Indien : hypothèse
que la flore de ces foyers viendrait pleinement confirmer.
» Que si, enfin, nous comparons les chiffres donnés plus haut avec ceux
que fournit l'examen des groupe» voisins, nous voyons que les Artocarpées,
par exemple, sont réparties, entre les deux mondes, à peu près dans la
même proportion que les Urticées elles-mêmes. Cependant parmi les vingt
genres qui constituent cette dernière famille, il n'en est qu'un qui soit com-
mun à l'ancien et au nouveau continent : c'est le genre Ficus, qui com-
prend à lui seul près de quatre cent cinquante espèces, c'est-à-dire environ
les trois quarts de la somme totale des Artocarpées, aujourd'hui connues. La
répartition des Ulmacées entre l'Amérique et notre continent est peut-être
encore plus comparable à celle des Urticées ; et les genres communs aux deux
mondes y sont relativement très-nombreux. Les Morées et le petit groupe
des Cannabinées font seuls exception à la règle : les premières, grâce au
genre Dorstenia, étant très-évidemment en majorité en Amérique, et le
second appartenant, au contraire, exclusivement à l'ancien continent.
» L'Europe en particulier n'a reçu en partage des quatre familles dont il
vient d'être question que six plantes différentes, à savoir : le Houblon et cinq
espèces d'Ormes ou de Micocouliers. Celles-ci, ajoutées aux Urticées vraies,
permettent à peine à cette partie du monde de compter dans sa flore plus
de vingt types distincts ou soit un soixantième parmi les treize cents espèces
qui composent l'ordre tout entier des Urticées.
C. R., j856, i« Semestre. (T. XLII, N° 17.) Io4
( 79° )
» On trouvera, si je m'abuse, dans les comparaisons que je viens d'éta-
blir, de nouvelles preuve de l'étroite affinité qui unit entre eux les divers
groupes de plantes dont je me suis occupé. »
physiologie végétale. — Recherches expérimentales sur les rapports
des plantes avec ïhumidité atmosphérique (deuxième partie). Rapports
des plantes avec l'eau qui mouille leur surface aérienne; par
M. P. Duchartae. (Extrait par l'auteur.)
( Renvoi à l'examen de la Section de Botanique. )
« Ce Mémoire est divisé en deux chapitres relatifs, le premier à l'absorp-
tion de l'eau par les feuilles, le second à celle du même liquide par les
racines aériennes.
» Chapitre I. Absorption de l'eau par les feuilles. — Divers faits qu'on
a souvent occasion d'observer dans la nature , et dont je rapporte les plus
remarquables, semblent prouver que les feuilles ont la faculté d'absorber
l'eau qui les mouille. En outre, plusieurs expériences de Mariotte, de Haies,
de Rudolphi, de Knight, surtout celles de Bonnet, semblaient démontrer
directement la réalité de cette absorption. Cependant la plupart des physio-
logistes modernes ont contesté ou nié même l'existence de cette faculté
dans les feuilles, pour la généralité des cas, et ceux d'entre eux auxquels
on doit les grands Traités classiques de physiologie végétale, de Candolle,
M. Treviranus, Meyen, ont expliqué les résultats obtenus par Bonnet, non
à l'aide d'une absorption d'eau, mais par l'impossibilité où l'on avait mis
les feuilles de transpirer. Il semblait donc y avoir un intérêt réel à ré-
péter ces expériences avec le secours de la balance ; c'est ce que j'ai fait
en prenant pour sujets différentes espèces de plantes. Parmi les obser-
vations que j'ai faites dans ce but , celles, au nombre de douze, que je
rapporte dans mon Mémoire semblent prouver que les feuilles mises en con-
tact avec l'eau, successivement par leurs, deux faces, peuvent réellement ab-
sorber ce liquide par l'une d'elles, mais non généralement par l'autre,
puisqu'on les voit gagner du poids dans le premier cas et en perdre d'ordi-
naire dans le second.
» La réalité de cette puissance d'absorption accordée aux feuilles par la
nature, est encore démontrée par une autre série d'expériences rappor-
tées dans mon Mémoire. Des branches feuillées, dont la section avait été
soigneusement mastiquée, ont été plongées pendant quelque temps dans
( 791 )
l'eau. Elles ont également augmenté de poids, en proportions variables se*
Ion les espèces, ce qui ne peut encore être expliqué qu'au moyen d'une ab-
sorption d'eau opérée par la surface des feuilles.
» La conclusion générale que je crois pouvoir déduire de cette pre-
mière partie de mon travail, c'est que, si les feuilles sont dépourvues de
la faculté d'absorber la vapeur aqueuse répandue dans l'air, par com-
pensation elles possèdent celle d'absorber l'eau liquide qui les mouille
et qui, dans la nature, provient des pluies, de la condensation des brouil-
lards, de la rosée. Par là se trouve expliquée l'influence de ces phéno-
mènes météorologiques sur la végétation. Seulement l'eau introduite ainsi
dans les tissus par un acte principalement physique a beaucoup moins
d'importance pour la végétation que celle qui arrive dans les plantes par
la voie des racines.
» Chapitre II. Absorption de Veau par les racines aériennes. — Les
expériences rapportées en détail dans ce chapitre ont porté sur plusieurs
pieds de Dendrobiwn moscbatum et nobile, d'Epidendium efongatum,
d'Oncidium atnpliatuin, d 0 tnithidium densijlorum, pour les Orchidées
épidendres, sur un Tillandsia pour les Broméliacées, enfin sur des pieds
nombreux de Spironema fragrans. Ces différentes observations m'ont
prouvé : i° que les plantes épiphytes peuvent très-bien végéter, développer
même avec vigueur des productions nouvelles, soit racines, soit tiges feuil-
lées, lorsqu'elles se trouvent isolées de tout corps et suspendues simplement
par un fil de plomb au milieu de l'atmosphère d'une serre, à la seule con-
dition d'être mouillées chaque jour avec de l'eau de pluie projetée sur leur
surface au moyen d'une seringue de jardinier; 20 que, traitées ainsi, elles
augmentent de poids dans des proportions diverses, quelquefois considé-
rables ; 3° que l'absorption d'eau qui entretient alors leur végétation est essen-
tiellement opérée par leurs racines aériennes et même par toute la surface de
ces organes. J'ai vu, en effet, entre autres faits plus ou moins démonstratifs,
un faisceau sans tige de racines d'un Dendrobiwn, enveloppées jusqu'à
l'extrémité par leur couche blanche cellulaire spéciale (Velamen, Schleid.),
non-seulement se conserver vivant, sous l'influence de seringages quoti-
diens faits avec de l'eau de pluie, mais encore donner naissance à une tige
feuillée vigoureuse qui nécessairement recevait de ces racines toute l'eau
nécessaire à son développement.
» De ces expériences, réunies à celles qui étaient exposées dans mon pre-
mier Mémoire, j'ai cru pouvoir tirer la conséquence générale que la végé-
tation des plantes épiphytes, considérée relativement à l'eau, leur principal
ioZj..
( 792 )
mais non unique aliment, doit être expliquée d'une autre manière qu'elle ne
l'a été généralement jusqu'à ce jour, et que l'eau liquide a pour elles toute
l'importance attribuée sans motifs suffisants à sa vapeur. J'ai cru pouvoir
conclure encore de ces expériences que, dans la culture de ces singuliers
végétaux, on a tort de compter autant qu'on l'a fait sur l'humidité de l'at-
mosphère des serres comme devant contribuer à leur nutrition, et qu'on
doit reporter toute cette importance nutritive sur l'eau donnée en arrose-
ments et en seringages. A. l'appui de ces conclusions qui découlent de l'en-
semble de mon travail, je cite l'exemple d'horticulteurs justement renommés
pour leur habileté dans la culture des Orchidées épiphytes, qui ont été
conduits par- de longs tâtonnements à donner à ces plantes un traitement
en harmonie parfaite avec les résultats de mes observations.
» Ce second et dernier Mémoire se termine par quelques réflexions géné-
rales sur la végétation considérée au point de vue de l'eau nécessaire à son
entretien. »
anatomie comparée des végétaux. — Ordre des Orobanchées (deuxième
partie) ; par M. Ad. Chatin. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.)
« J'ai exposé, dans un précédent Mémoire, l'anatomie des genres Oro-
banche et Phelipœa; le travail que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui
à l'Académie des Sciences porte sur l'anatomie des genres Conopholis ,
Epiphegus, Clandestina , Lathrœa , Boschniakia , JEginetia et Hjo-
banche.
» Etant donnée la structure de tous les genres des Orobanchées dont les
plus nombreux ont été étudiés dans un certain nombre d'espèces choisies,
je recherche les rapports de celle-ci avec la classification générale de l'ordre,
considéré dans ses divers éléments, ce qui me conduit aux résultats sui-
vants :
» Espèces. — Cette proposition, déjà formulée par nous plusieurs fois, savoir
que les petits caractères morphologiques sur lesquels repose la distinction
des espèces végétales se traduisent à l'intérieur par des modifications anato-
miques correspondantes, est pleinement confirmée par ce qui existe dans
les Orobanchées. C'est ainsi, par exemple, que le mode de groupement
des vaisseaux dans la couche ligneuse des tiges distingue bien les Oro-
banche cruenta, O. epithymum, 0. atrorubens et O. Golii l'un de l'autre,
et que V O. pruinosa diffère de ce dernier par sa moelle à cellules ponctuées
( 793)
et 1' 0. amcihystea par ses tissus rayés d'une façon singulière. On ne dis-
tingue pas avec moins de facilité les uns des autres, par la disposition des
éléments des faisceaux fibro-vasculaires et par la nature des cellules du
parenchyme, les Phelipœa cœrulea, P. arenaria, P. ramosa et P. indien,
morphologiquement très-voisins, ainsi que les Anoplanthus uniflorus, A .
comosus et A '. Biebersteinii.
» Çà et là on trouve, en comparant les espèces d'un même genre aujour-
d'hui reçu, des différences anatomiques qui sortent, par leur valeur plus
grande, des simples différences spécifiques. C'est ainsi que Y Orobanche
nmethjstea s'éloigne, par la structure des faisceaux de ses écailles, du type
de V Orobanche pour se rapprocher de celui du Phelipœa et des autres
genres de l'ordre, que le Phelipœa ramosa prend une place isolée par sa
couronne de vaisseaux avec laquelle coïncide le manque de trachées, de
stomates, etc., et que ¥ Anoplanthus comosus passe lui-même à la structure
des Rhinanthacées.
» Genres. — Les genres des Orobanchées se distinguent généralement
bien par leur anatomie.
» L' Orobanche a pour caractères ses tiges à vaisseaux formant une série
circulaire de paquets ou faisceaux au milieu d'une couche continue de fi-
bres ponctuées entourant dans les écailles un paquet de fibres minces.
n Le Phelipœa diffère de V Orobanche par des fibres minces placées en
dehors des paquets vasculaires de la tige et par les fibres, toutes minces et
non ponctuées, des faisceaux des écailles.
» Le Conopholis et VEpiphegus, que rapprochent morphologiquement
du Phelipœa leurs bractéoles, s'en éloignent beaucoup par l'existence de
communications médullaires qui isolent les faisceaux fibro-vasculaires de
leur tige. Ces deux genres ont d'ailleurs pour caractères propres : le Cono-
pholis, des faisceaux ligneux placés sur plusieurs lignes circulaires dans le
rhizome et la tige, etc.; VEpiphegus, la structure très-complexe de chacun
des faisceaux caulinaires, la disposition éparse des vaisseaux de ses écailles
et le manque de trachées.
» h' Anoplanthus est un composé anatomique de V Orobanche et du
Phelipœa ; il prend au premier la structure de sa tige et au second celle de
ses écailles.
» Le Clandestina et le Lathrœa, intimement rapprochés par leurs carac-
tères morphologiques, et anatomiquement par les singulières lacunes pa-
pillifères de leurs feuilles ainsi que par le manque de trachées dans leurs or-
ganes de végétation, se distinguent par les points suivants, auxquels on peut
( 794)
à peine reconnaître une valeur générique. Le Clandestina a ses suçoirs
(formés d'ailleurs comme dans le Lathrœa d'un cône perforant cellulaire
doublé à l'intérieur d'un cône vasculaire) munis de replis préhenseurs, son
rhizome à vaisseaux isolés et arrondis, sa tige à quatre paquets de vaisseaux
étendus circulairement et des stomates. Le Lathrœa, au contraire, a des su-
çoirs sans replis préhenseurs (?), les vaisseaux de son rhizome nombreux,
contigus, épais et polyédriques, les paquets vasculaires de sa tige arrondis,
nombreux (douze ordinairement), et manque de stomates.
» Le Boschniakia, dont l'habitat subaquatique se reconnaît tout d'abord
aux lacunes dont est criblé son parenchyme, est bien caractérisé par sa'
couche fibro-ligneuse que des rayons médullaires coupent en plusieurs seg-
ments au milieu de chacun desquels sont plusieurs paquets de vaisseaux et
par l'absence, dans les tiges, dé vaisseaux spiraux déroulables qui commen-
cent seulement à se montrer dans les écailles.
« Enfin Ytâginetia et YHyobanche, genres qui prennent rang à la suite
des Orobanchées auxquelles ils tiennent par leur port, mais dont ils s'écar-
tent par leur ovaire à deux loges, ont, avec de larges communications mé-
dullaires, des faisceaux dont la structure s'éloigne de celle de tous les vrais
genres de l'ordre. S'il est prouvé que leur ovaire soit typiquement à deux
loges, on devra les rapprocher de Y E pirhjzanlhus , genre mis aussi par plu-
sieurs botanistes près des Orobanchées, mais que sa structure anatomique in-
. dique, parallèlement à la composition de la fleur, comme le type d'un ordre
intermédiaire aux Rhinantachées, aux Orobanchées et aux Gesnériacées.
» Quant à YObolaria, laissé souvent encore avec les Orobanchées, son
anatomie le reporte définitivement parmi les Rhinanthacées.
» Les rapports anatomiques de Yordre des Orobanchées avec les ordres
voisins seront ultérieurement indiqués; pour aujourd'hui, nous constatons
seulement que cet ordre se distingue bien en général de celui des Rhinan-
thacées par le groupement de l'élément vasculaire en paquets offrant une
disposition symétrique donnée. »
économie rurale. — De la description et de l'amélioration des principales
races françaises de V espèce bovine; par M. J.-H. Magne. (Extrait par
l'auteur.)
(Renvoi à l'examen de la Section d'Économie rurale.)
« Nous résumons dans les propositions suivantes les principes émis dans
ce Mémoire, ainsi que les moyens d'amélioration que nous avons con-
seillés :
(795)
» i°. Dans l'état actuel de notre économie rurale, il n'y aurait aucun in-
térêt à élever des races exclusivement propres à donner un seul produit.
» 20. Les diverses aptitudes que doivent posséder les animaux de l'espèce
bovine ne sont pas d'ailleurs exclusives les unes des autres.
» 3°. Tous les animaux très-bien conformés pour travailler et pour
donner du lait sont très-propres à s'engraisser, ou il suffirait, pour les rendre
tels, de les élever convenablement.
» 4°. L'aptitude à produire la graisse peut exister sur des animaux qui ne
sont aptes, ni à travailler, ni à donner du lait; mais cette aptitude résulte,
dans ce cas, d'un état de mollesse qu'il est rarement avantageux de pro-
duire.
» 5°. La finesse de la tête, de l'encolure et des membres est une qualité
précieuse : elle indique que les animaux donneront une grande quantité de
viande de première qualité et beaucoup de viande relativement à leur
poids ; aussi, quoiqu'elle ne soit pas nécessaire pour constituer des bêtes
d'un engraissement facile et de bonnes vaches à lait, il importe beaucoup de
chercher à la produire, d'autant plus qu'elle ne saurait jamais être nuisible;
que c'est à tort que l'on considère généralement une tète forte et de gros
membres comme indispensables aux bonnes bêtes de travail.
» 6°. La finesse de la peau et du poil indique un tempérament lympha*
tique favorable à la production de la graisse; mais elle est la conséquence
du mode d'élevage, du régime plus que de l'hérédité, et il ne faut cher-
cher à la produire qu'autant que l'on peut y parvenir sans faire perdre
aux animaux la vigueur qui leur est nécessaire, non-seulement pour tra-
vailler, mais encore pour résister au climat rude de la plupart de nos pro-
vinces, pour vivre dans des pâturages où la dépaissance est pénible, et pour
se contenter d'une nourriture toujours médiocre et quelquefois mauvaise et
insuffisante.
« 70. Toutes nos races peuvent être améliorées au point de vue de leur
destination à la boucherie, quant aux formes et quant au tempérament, à la
constitution.
» 8°. Les formes dans quelques-unes de nos races sont très-défectueuses.
Dans toutes, il serait avantageux de les perfectionner pour accroître le ren-
dement en viande nette et en viande de première qualité.
» 90. La constitution graisseuse doit être produite avec prudence; elle
pourrait nuire à l'aptitude au travail et à donner du lait. Elle se développe
naturellement toutes les fois que les animaux sont bien soignés, c'est-à-
dire sont soumis au régime perfectionné } sans lequel elle est plus nuisible
qu'utile.
( 796 )
» io°. Nous pouvons communiquer à nos races les conditions essen-
tielles des très-bonnes bètes de boucherie, sans diminuer leur aptitude au
travail.
» ii°. Dans les bêtes bovines, dont la valeur dépend en grande partie
de la taille et du poids, le croisement des races ne peut être qu'un moyen
secondaire d'amélioration.
« 12°. Le croisement peut, sans être poussé très-loin, servir à imprimer
à des races des caractères indélébiles, et par conséquent à former des races
fixes.
» i3°. Quand on améliore une race par le croisement, le choix des re-
producteurs est de première nécessité.
» i4°- Une amélioration produite par le croisement se conserve avec
autant de facilité que celle qui a été produite par le régime.
» 1 5°. Plusieurs de nos races bovines, la Garonnaise , la Béarnaise,
YJriégeoise, celle A' Aubrac, celle de Salers, la Bressanne, la Limousine,
la Poitevine, doivent rester propres à travailler, mais il n'est pas nécessaire
de se préoccuper de leur amélioration à cet égard.
» i6°. Plusieurs races aujourd'hui employées au travail devraient dans
un temps assez court ne servir qu'à fournir du lait et de la viande; nous
citerons : la Mancelle, la Maraichaine et la Comtoise jémiline, en ajoutant
que la Normande, la Charolaise, la Comtoise tourache, sont en partie dans
le même cas.
» 170. Toutes nos races doivent être améliorées au point de vue de la
boucherie et de la lactation.
» 180. Au point de vue de la lactation, les races de Saint-Girons , de
Lourdes, de Salers, et à plus forte raison celles qui sont meilleures pour le
lait, doivent être perfectionnées par elles-mêmes; mais sans l'emploi du
croisement, il serait très-long et difficile d'améliorer la Mancelle, la Poite-
vine, la Maraichaine, la Limousine, la Charolaise ; les quatre premières de
ces races seraient avantageusement croisées avec la Flamande, la Hollan-
daise ou mieux la Normande et la Charolaise avec la Bressanne.
» 190. Nos diverses races pourraient acquérir par le régime et le choix
des reproducteurs toute la perfection dans les formes et toute l'aptitude à
prendre la graisse qu'il serait avantageux de leur communiquer.
» ao°. Cependant le croisement avec la race Durham serait avantageux
sur les races Mancelle, Charolaise et Maraichaine; il en serait de même
pour les races Normande et Flamande, dans quelques exploitations, dans
( 797 )
quelques communes même où l'on a plus d'intérêt à produire des bœufs
de boucherie que des vaches à lait.
» ai°. Plusieurs races françaises peuvent être améliorées par le croise-
ment avec d'autres races indigènes : la Comtoise tourache avec la Comtoise
fémiline et la Bressanne ; ces deux dernières entre elles et avec la Tourache;
la Morvandelle et la Bourbonnaise avec la Charolaise ; la Gasconne avec la
Garonnaise ; la Béarnaise avec la Bazadaise ; la Maraichaine avec la
Poitevine.
» 22°. Plusieurs races doivent être améliorées par le croisement de leurs
sous-races entre elles : sont dans ce cas les races Ariégeoise, Béarnaise,
Garonnaise, Poitevine, Bretonne.
» 23°. Enfin plusieurs doivent être améliorées exclusivement par elles-
mêmes, parle régime et par le choix des reproducteurs; telles sont les races
d'Aubrac, de Salers, du Limousin, de la Bretagne, du Poitou et celles de
la Normandie et de la Flandre, là où l'on a intérêt à les conserver princi-
palement comme laitières. »
M. Perreaux prie l'Académie de vouloir bien faire examiner par une
Commission une machine à diviser qu'il lui présente.
Cette machine, destinée à l'Institut de Florence, et qui réunit toutes les
conditions voulues pour le pointillage des disques, la fente des engrenages
et la division des instruments astronomiques, est renvoyée à l'examen d'une
Commission composée de MM. Despretz, Morin, Combes.
M. Massart présente au concours, pour le prix de Médecine et de Ctn%
rurgie de la fondation Montyon, un Mémoire intitulé : « Traité théorique
et pratique de l'angine de poitrine, d'après la découverte de son siège orga-
nique. »
( Renvoi à la future Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. )
M. Millière adresse au concours pour le prix du legs Bréant une Note
sur le traitement du choléra-morbus et sur les moyens supposés de nature
à empêcher l'apparition de la maladie dans un lieu menacé.
(Renvoi à l'examen de la Section de Médecine, constituée en Commission
spéciale pour le prix du legs Bréant.)
M. A. Morel adresse de Montdidierun Mémoire intitulé : « Essais aéro-
C. R., i856, Ier Semestre. (T. XLII, N° 17.) 1 o5
(798)
nautiques et hydronautiques basés sur l'étude des organes des animaux qui
se meuvent dans l'air et dans l'eau. »
(Commissaires, MM. Serres, Milne Edwards, Piobert.)
M. Leclerc communique un résultat nouveau de ses recherches concer-
nant les substances qui agissent sur le sang veineux ; il a constaté récemment
que le chyle rougit le sang veineux.
(Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés :
MM. Flourens, Coste, Claude Bernard.)
CORRESPONDANCE
M. le Ministre de l'Instruction pcrlique accuse réception d'une amplia-
tion du Rapport fait à l'Académie dans la séance du 10 courant sur la décou-
verte de la soude artificielle par Nicolas Le Blanc. Ce Rapport va être mis
sous les yeux de l'Empereur.
M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics
adresse cinquante-neuf exemplaires des tomes III et VII du Rapport de la
Commission française du jury international de l'Exposition universelle de
Londres. Ces exemplaires sont destinés aux différents Membres français ou
étrangers de l'Académie qui ne reçoivent pas l'ouvrage à d'autres titres.
M. Gerhardt, récemment nommé à une place de Correspondant pour la
Section de Chimie, adresse ses remercîments à l'Académie.
M. Chasles présente à l'Académie, de la part de M. Babbage, Corres-
pondant de l'Institut, un écrit intitulé : Observations adressées à la Société
royale de Londres , dans sa dernière séance annuelle, à l'occasion des Mé-
dailles décernées par la Société.
a Cette allocution, dit-il, a pour objet l'ingénieuse machine Suédoise pour
le calcul et l'impression des Tables mathématiques par différences, donl
M. Babbage a entretenu l'Académie dans sa séance du 8 octobre i855 :
machine qui depuis a obtenu la médaille d'honneur à la grande Exposition
de l'industrie (i).
(r) Sur le Rapport fait par M. Mathieu, au nom de la VIIIe classe du jury international.
( 799 )
» Dans cet écrit se trouve une courte Notice sur l'inventeur, M. Scheutz,
et sur les difficultés qu'il a eu à surmonter pendant près de vingt ans, pour
accomplir cette œuvre qui se distingue de tous les essais tentés jusqu'à ce
jour, non-seulement en ce que la machine effectue immédiatement une série
d'opérations, mais surtout en ce qu'elle en fixe spontanément les résultats
par impression sur des lames de plomb.
a Dans des questions de cette nature, le jugement de M. Babbage, comme
le sait l'Académie, a d'autant plus de poids, qu'il est difficile de réunir tout
à la fois, au même degré que lui, le savoir du géomètre et les connaissances
technologiques indispensables pour la conception et l'exécution effective
d'une machine de ce genre.
» On ne lit pas sans intérêt dans la Notice du célèbre Membre de la
Société royale quelques détails qui font connaître, en même temps que les
difficultés dont nous venons de parler, l'appui bienveillant que M. Scheutz
a trouvé près de la haute administration et du premier corps savant de son
pays.
« Après de longs sacrifices qui n'avaient pu suffire à l'accomplissement
» de son œuvre, M. Scheutz dut réclamer les secours de la Diète de
» Stockholm. La Diète voulut bien accorder une subvention devenue né-
» cessaire, à la condition toutefois d'une garantie. Ici nouvelle difficulté ;
» car, dans la circonstance, cette garantie, on le conçoit, présentait à
» M. Scheutz plus de difficultés encore que l'invention de la machine. Si
» près du but, il se voyait donc au moment de renoncer à ses espérances
» et de perdre le fruit de tant d'années d'études et de travaux. Mais heu-
» reusement parmi les professeurs de l'Académie de Stockholm se trou-
» vaient non-seulement des hommes éclairés, mais des hommes de cœur,
» capables d'éprouver de la sympathie pour le mérite et la noble persévé-
» rance du savant mécanicien.
» A l'honneur durable de l'Académie de Stockholm, chaque membre,
» par un engagement personnel, s'empressa de concourir à la réalisation
» de la garantie réclamée. Aussitôt les travaux interrompus furent repris
» avec une nouvelle ardeur par MM. Scheutz père et fils, et la construction
» de l'admirable instrument fut terminée dans les délais prévus. La Diète
» voulut alors doubler l'allocation consentie et s'associ«r ainsi aux suffrages
» éclatants de l'Académie de Stockholm. »
io5..
( 8oo )
Remarques de M. le baron Charles Dcpin à l'occasion de cette présentation.
« Quel que soit le mérite éminent de la machine à calculer de M. Scheutz,
je ne fais aucune difficulté d'admettre que l'usage de cette invention est
moins expéditif que des calculs accomplis par les plus habiles calculateurs,
dans l'Observatoire de Paris. Mais de là je me garderai de conclure qu'il
faille décourager les auteurs; je serais fâché qu'on les détournât de pour-
suivre la recherche des perfectionnements nouveaux, parce qu'on n'espé-
rerait pas un certain degré de succès.
» Je pourrais citer comme exemple ce qui s'est passé, depuis si peu d'an-
nées, pour la photographie. Dans le principe, il fallait un assez bon nombre
de minutes avant d'obtenir une empreinte quelque peu satisfaisante. L'imper-
fection des premiers essais n'a pas rebuté. On a cherché des procédés plus
expéditifs, et par degrés on a produit des photographies de plus en plus
parfaites, en une minute, en quelques secondes. Aujourd'hui l'impression
approche à tel point d'être instantanée, qu'on parvient à reproduire même
l'aspect des eaux incessamment agitées, comme les ondes de la mer et le
mouvement des cascades.
» Arrêtons notre pensée sur un autre exemple, celui des machines à
mouvement continu, pour remplacer la filature à la main. Dans le principe
on ne pouvait égaler que les ouvrières les plus médiocres et pour un gros-
sier travail. Mais, avec le temps, on a fait moins lentement et plus habilement
des fils dont la longueur a surpassé cent lieues par kilogramme de matière;
les plus habiles fileuses ont cessé de pouvoir soutenir la concurrence, et
pour l'égalité mathématique des fils, et pour l'économie du temps.
» Aux yeux de l'Académie des Sciences, le premier, le plus grand mérite,
c'est l'invention. Les découvertes du génie doivent être accueillies sans s'in-
quiéter si les moyens nouveaux sont plus ou moins expéditifs que des moyens
préexistants. Les parties où les machines imaginées sont inférieures à d'an-
ciens procédés doivent être regardées, non comme un obstacle devant lequel
il faille s'arrêter, mais comme l'objet de recherches ultérieures et de décou-
vertes nouvelles.
» C'est dans cet esprit qu'il faut accueillir les machines à calculer, surtout
quand elles ont obtenu le suffrage d'un concurrent aussi éminent, aussi
désintéressé que l'illustre M. Babbage. »
( 8ai )
M. Duméril, en présentant un Mémoire de son fils, M. le Dr Aug.
Duméril , en fait connaître l'objet :
« Le Mémoire a pour titre : Description des Reptiles nouveaux ou impar-
faitement connus du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, et remarques
sur la classification et les caractères de ces animaux.
» Ce Mémoire a été inséré dans le tome VIII des Archives du Muséum;
il est accompagné de huit planches et fait suite à un autre , qui a été pu-
blié dans le même recueil (VIe volume). Ce dernier passait en revue les
Tortues et deux familles de l'ordre des Sauriens, celles des Crocodiles et des
Caméléons.
» Le Mémoire que je présente est consacré à l'examen des trois familles
des Geckos, des Varans et des Iguanes. Ces publications serviront de Sup-
pléments à Y Erpétologie générale, ouvrage que j'ai achevé de faire paraître
avec la collaboration de mon fils, après l'avoir longtemps préparé avec
l'aide de G. Bibron, si prématurément arrêté dans sa carrière.
» L'accroissement continuel des collections zoologiques, dû aux actives
recherches des voyageurs naturalistes, force sans cesse à étendre et quel-
quefois même à modifier les cadres tracés pour l'arrangement méthodique
de ces animaux qui étaient connus à l'époque où nous avons entrepris de
dresser le bilan de la science sur cette partie de la zoologie. Cependant aucune
modification importante n'est devenue nécessaire pour la classification gé-
nérale que nous avons adoptée. Notre ancienne manière de voir nous semble
même se rapprocher le plus près possible de la méthode naturelle.
» Je dois toutefois signaler un nouveau progrès vers ce but : il consiste
dans les applications qui peuvent être faites à l'étude des divers groupes des
Reptiles, d'un mode spécial de classement par séries parallèles. Cette mé-
thode, signalée d'abord par Cuvier, qui l'avait appliquée à l'ordre des
animaux à bourse, a été employée avec succès dans la distribution générale
des Mammifères et des Oiseaux, par notre confrère M. Isidore Geoffroy-
Saint-Hilaire, qui a fait connaître les avantages de ce procédé de classifi-
cation. Mon fils a cherché à les démontrer pour les Reptiles, dans ce travail
et dans un autre Mémoire {Revue Zoologique, i854), où ce sujet a été étudié
avec tous les détails qu'il comporte.
» Malgré l'admirable richesse des collections erpétologiques du Musée
de Paris-, toujours visité avec empressement par' les naturalistes étrangers,
( 802 )
des lacunes peuvent y être remarquées, si l'on compare le nombre total des
espèces que nous possédons, à celles qui sont décrites par les zoologistes de
l'Allemagne, de l'Angleterre et surtout des États-Unis, où, depuis quelques
années, beaucoup de Reptiles nouveaux ont été découverts dans les régions
successivement explorées de ce vaste pays. Toutes ces espèces, récemment
inscrites dans les faunes, ou qui ne sont pas encore parvenues en nature
dans nos galeries, malgré le système d'échanges établi entre plusieurs musées
et le nôtre, sont simplement indiquées dans le Mémoire que je mets sous les
yeux de l'Académie. Il ne renferme en effet de descriptions détaillées que
pour les Reptiles nouveaux ou peu connus, conservés dans nos cabinets ;
quant aux autres, mon fils, qui a rappelé leurs dénominations, a présenté
des renseignements suffisants pour mettre en évidence leurs affinités avec
les espèces déjà connues.
» Ce travail contient une analyse, faite avec soin, des nouveaux systèmes
de classification dont l'introduction dans la science remonte à une époque
ultérieure à celle de la publication des divers volumes de notre Erpétologie
générale.
» Il résulte de la révision des trois familles de Sauriens étudiés dans ce
Mémoire, que le Musée de Paris renferme actuellement parmi les Geckos,
les Varans et les Iguanes, cinquante-quatre espèces nouvelles et non men-
tionnées dans les IIP et IVe volumes de mon Erpétologie, et dans ce
nombre, il y en a vingt-cinq que mon fils a fait connaître pour la première
fois, parce qu'elles n'avaient été indiquées par aucun zoologiste. Parmi
ces dernières, il s'en trouve quatre qui, n'ayant pu être rapportées à aucun
des genres déjà établis, ont dû prendre rang sous des noms génériques
nouveaux.
» Si à ces cinquante-quatre espèces on en joint vingt-trois autres peu
connues, dont sept jusqu'alors inédites et comprises parmi les Tortues, les
Caméléons et les Crocodiles, étudiées dans le Mémoire auquel celui-ci fait
suite, il résulte de ce relevé que pour la portion, encore peu considérable,
de la classe des Reptiles passée en revue dans les deux premiers suppléments,
soixante-dix-sept espèces y sont décrites. En outre, sur les dix-sept planches
qui les accompagnent, on trouve un grand nombre de figures qui repré-
sentent soit les animaux entiers, soit des détails importants sur les carac-
tères zoologiques les plus essentiels qu'il était nécessaire de développer. »
M. le Secrétaire perpétuel annonce que MM. Beaumont et Mayer ont
envoyé une Lettre relative au Rapport qui a été fait dans la dernière séance
( 8o3 )
sur une machine de leur invention ; mais que cette Lettre étant imprimée, il
n'y a pas lieu de s'y arrêter.
La Commission fait remarquer que cette Lettre est une réclame plutôt
industrielle que scientifique, et que d'ailleurs les reproches qu'elle contient
ne reposent que sur des allégations complètement inexactes.
chimie. — Note sur l'inuline; par M. Dubrunfact.
« L'inuline, découverte par Valentin Rose, a été l'objet de nombreux
travaux, et MM. Gaulthier de Claubry, Payen, Braconnot, Bouchardat, Par-
nell, Crokewitt et Mulder ont jeté de vives lumières sur les propriétés de
cette substance. Néanmoins les travaux de ces savants offrent des anomalies
et des contradictions qu'il était utile de faire disparaître ; tel est surtout
l'objet de cette Note.
» Quelle que soit l'origine de l'inuline, elle offre les mêmes propriétés phy-
siques et chimiques quand elle a été amenée à l'état de pureté.
» Suivant les procédés mis en œuvre pour la sécher, elle affecte deux
états physiques distincts : elle est ou diaphane comme la gomme, ou opaque
comme l'amidon, et dans ces deux états elle a la même composition chi-
mique.
» Prise dans l'état d'hydratation stable qu'elle affecte à -+- 10 degrés,
dans une atmosphère où l'hygromètre marque 4° degrés, elle subit une
perte de o,ii25 quand on la place dans l'air sec, à la même température.
Séchée à ioo degrés, la perte s'élève à 0,16. On peut alors la chauffer
jusqu'à 180 degrés sans l'altérer et sans lui enlever une nouvelle proportion
d'eau. Au delà de ce terme, l'inuline jaunit; elle entre en fusion vers 1 go de-
degrés, et il y a alors altération évidente avec une légère perte en poids.
» L'inuline séchée à 1 00 degrés offre donc le maximum de déshydratation
qu'on puisse obtenir par le concours de la chaleur seule. Dans cet état elle
nous a donné pour moyenne de trois analyses :
Carbone 44>3ai,
Eau 55,679 5
d'où l'on déduit la formule
C,2HT0O'0,
qui s'accorde bien avec celle de Mulder et qui peut être considérée comme
formule de l'inuline anhydre. On ne peut, en effet, accorder aucune con-
( 8o4 )
fiance aux nombres qui ont été déduits des combinaisons plombiques. L'inu-
line est altérable par les bases, et ses composés salins analysés ont dû don-
ner des nombres qui s'appliquent à l'inuline altérée.
» On déduit de l'analyse ci-dessus et des nombres fournis par la dessicca-
tion, que l'inuline séchée dans l'air sec, à -+- 10 degrés, a pour formule
C,aH,00'°, HO,
c'est-à-dire une composition identique à celle du sucre de canne et du sucre
de lait.
» L'inuline anhydre est très-avide d'eau. Prise à l'état diaphane et placée
dans l'eau, elle devienj; opaque, elle se gonfle et se délite en s'hydratant.
Dans cet état elle se présente sous forme de granules de -~^ de millimètre
de diamètre, et ces granules n'offrent nul indice perceptible de la double
réfraction qui est si nette pour l'amidon. ,
» La densité prise sur l'inuline hydratée pure, c'est-à-dire dans l'état où
elle perd 0,16 d'eau, a été trouvée de i,36i ; elle correspond à peu près
alors à la formule C,a H10 O10, 3HO. La densité serait 1,462 pour l'inuline
anhydre.
» Cent grammes d'inuline pris à l'état qui correspond à la formule
C,2H,oO<0, 3 HO, dissous dans l'eau de manière à donner un litre de
volume, puis observés à l'œil nu avec l'appareil de M. Biot, ont donné sous
une couche de om,5 une rotation de — 19,3144 degrés \.
» On a conclu de ces éléments
[a]; = - 38,43 \
et
[a]r = - 29,46 \ (♦).
» Les pouvoirs rôtatoires moléculaires de l'inuline prisera l'état C 2 H' ° O ' ° ,
seraient ainsi
[«]/ = — 44,9\>
[a]r= — 34,42\.
» L'inuline pure, mise en présence de l'eau à la température de + 10 de-
grés de manière à saturer l'eau, ne s'y dissout que dans la proportion de
o,oo5 du poids de l'eau. À -+• 66 degrés, elle s'y dissout en grande propor-
tion. La dissolution, faite avec 100 grammes d'inuline par litre, ne donne
(*) Ce nombre diffère du nombre — 26, i6\ qui a été donné par M. Bouchardat, sans
spécifier l'état d'hydratation de l'inuline qui a servi à l'expérience.
( 8o5 )
pas de précipité par le refroidissement; le précipité ne se forme que douze
ou vingt-quatre heures plus tard. L'eau mère séparée à cette époque retient
encore o,o4 à o,o5 d'inuline, et dans cet état elle est modifiée, puisqu'elle
ne peut se séparer incomplètement de l'eau qu'après un temps fort long.
Ce phénomène est analogue aux faits connus de sursaturation, et quoiqu'il
ne soit accompagné d'aucun changement dans le pouvoir rotatoire de
l'inuline, il révèle une modification moléculaire de même ordre que celle
que nous avons observée dans la dissolution du glucose et du sucre de lait;
il explique aussi les nombres différents qui ont été donnés par les expé-
rimentateurs sur la solubilité de l'inuline.
» De quelque manière que nous nous y soyons pris, il nous a été impos-
sible de faire subir la fermentation alcoolique à l'inuline (*), soit que nous
l'ayons mise en présence de ferment de bière, en suspension dans l'eau ou
en dissolution modifiée. Nous n'avons pas mieux réussi en acidulant légère-
ment la dissolution avec l'acide tartrique ou avec le tartrate acide de potasse.
On peut donc considérer l'inuline comme étant tout à fait infermentescible.
» L'inuline, chauffée dans l'eau à la température de 100 degrés et sans
ébullition, subit une saccharification complète; mais contrairement aux
observations de Crokewitt, il faut pour achever cette réaction un temps fort
long, tandis que la même transformation s'opère fort rapidement sous l'in-
fluence des acides, ainsi que l'ont observé MM. Payen et Braconnot. Le
sucre qui se forme dans cette réaction est incristallisable et lévogyre, selon
les observations de M. Bouchardat; il est identique avec le sucre que nous
avons découvert dans le sucre de fruits, et dans son similaire le sucre inter-
verti . Sa propriété sucrante sous le même poids est, d'après nos observations,
égale à celle du sucre de canne.
» La rotation de l'inuline augmente beaucoup par la saccharification, ainsi
que l'a observé M. Bouchardat. Elle s'élève selon nous à •§, quand la sac-
charification a atteint son maximum de développement. L'inuline éprouve
dans cette réaction une contraction sensible, analogue à celle que nous
avons observée et mesurée pendant l'inversion du sucre de canne. Le sucre
d'inuline sec a bien pour formule C'2H,20,!!, il se prête sans transforma-
tion au dédoublement alcoolique, ainsi qu'on pouvait déjà le déduire des
(*) Il ne s'agit ici que de l'inuline bien connue des chimistes , car nous avons rencontré dans
un grand nombre de végétaux un produit analogue , qui peut subir la fermentation alcoo-
lique; nous ferons connaître ce produit à l'occasion d'expériences faites sur les topinam-
bours.
C. R., i856, i«r Semestre. (T. XLII, No 17.) IOÔ
( 806 )
analyses de MM. Mitscherlich et Soubeiran et de nos observations faites sur
la constitution du sucre interverti qui renferme exactement -| équivalent de
sucre d'inuline. D'après ces faits, on voit que l'inuline hydratée
C'2 H'°O,0,HO prend i équivalent d'eau pour devenir sucre fermentescible.
» L'inuline offre donc, sous plusieurs rapports, une analogie remarquable
avec l'amidon, dont elle est un congénère organique, et cette analogie s'ob-
serve surtout dans les diverses transformations que ces deux corps subis-
sent. Leurs pouvoirs rotatoires, quoique de signes contraires et d'inégales
intensités, offrent ceci de remarquable, que, dans la transformation sac-
charine, le plan de la polarisation primitive se déplace dans le même sens,
c'est-à-dire que dans les deux cas il marche de la droite vers la gauche,
affaiblissant ainsi le pouvoir rotatoire de l'amidon et exaltant celui de l'inu-
line.
» L'inuline existe en grande proportion dans plusieurs produits qui ser-
vent à la nourriture de l'homme et des animaux; elle pourrait être extraite
avec avantage de plusieurs de ces produits, et prendre ainsi rang dans
l'industrie et le commerce, à côté de l'amidon et de la fécule. A ce titre,
l'inuline offre un grand intérêt, et après avoir fait connaître sommairement
nos études sur les propriétés de ce produit immédiat du règne organique,
il nous sera plus facile d'exposer celles que nous avons faites sur les végé-
taux qui, à l'exemple des topinambours et des dahlias, le renferment dans
un état et dans des proportions tels, que ces végétaux pourraient être l'objet
de cultures et de travaux manufacturiers exécutés en vue de l'extraction de
l'inuline. «
zoologie. — Sur trois espèces de Dauphins qui vivent dans les régions
du haut Amazone; par M. Paul Gervais.
a Pendant leurs longs voyages dans la région de l'Amazone, Spix et
M. Martius, et plus tard M. Alcide d'Orbigny, avaient eu l'occasion d'étu-
dier un Dauphin assez différent par ses caractères génériques de celui du
Gange, mais étranger, comme lui, aux eaux de la mer. Spix et M. Martius
en parlèrent sous le nom de Delphinus amazonicus, et M. d'Orbigny sous
celui d'Inia boliviensis.
» De nouvelles recherches m'ont conduit à admettre l'identité de ce
Dauphin avec celui que M. de Blainville a nommé antérieurement Delphinus
Geo ff remis.
» Ulnia ou Delphinus Gcojfiensis vit non-seulement dans une grande
( 8o7 )
partie de l'Amazone, mais aussi dans les principaux affluents de ce fleuve
et dans quelques-uns de ses sous-affluents. MM. de Castelnau et Deville
ont pris l'Inia dans l'Uruguay, assez loin de son confluent avec le Tocantin
qui se jette dans l'Amazone, à quelques lieues au-dessus de Para. Ils
l'ont aussi trouvé dans l'Ucayale qui coule au Pérou. Précédemment
M. d'Orbigny l'avait signalé dans les rivières des plaines de Moxos et de
Santa-Cr.tz, particulièrement dans le Rio-Mamoré et dans le Guaporé, qui
versent leurs eaux dans le Rio-Madeira, qui lui-même parcourt une assez
grande étendue de pays avant de rejoindre l'Amazone.
« Il est probable que l'exemplaire type du Delphinus Geoff'rensis que
l'on conserve encore au Musée de Paris, était aussi originaire du haut
Amazone, et qu'on a été dans l'erreur en supposant qu'il venait du Canada.
En effet, ce Dauphin était antérieurement conservé à Lisbonne, dans le
musée d'Ajuda, ainsi qu'un nombre considérable d'objets intéressants de
zoologie (i) appartenant précisément à des espèces que les voyageurs, et
plus particulièrement MM. de Castelnau et Deville, ont retrouvées depuis
lors dans les régions occidentales du Brésil et dans le haut Pérou.
» Dans la partie mammalogique du Voyage en Amérique de M. de Cas-
telnau, que je termine en ce moment, je décris l'Inia Geoffrensis et en
même temps deux espèces nouvelles de Dauphins fluviatiles qui sont éga-
lement particulières au bassin de l'Amazone. On en doit la découverte à ce
savant naturaliste, ainsi qu'à feu M. Emile Deville, l'un de ses compagnons
de voyage.
» Ces deux Dauphins s'éloignent moins des Dauphins ordinaires par
l'ensemble de leurs caractères que ne le fait l'Inia, et l'on doit les rapporter
au même genre que le Delphinus delphis ou Dauphin ordinaire, dont ils ne
se distinguent que par leurs caractères spécifiques. J'en donne aussi la
figure d'après des dessins faits sur le frais par M. de Castelnau.
» L'un de ces nouveaux Dauphins d'eau douce prendra le nom de
Delphinus pallidus. M. Emile Deville et moi avons précédemment appelé
l'autre Delphinus Jluviatilis. Leur taille est inférieure à celle de l'Inia. »
Dans la Lettre qui accompagne cette Note, M. Gervais indique la recti-
fication suivante, pour une de ses précédentes communications sur les Chei-
(i) Ces objets ont fourni à E. Geoffroy-Saint-Hilaire le sujet de plusieurs Mémoires.
106..
( 808 )
roptères américains (Compte rendu de la séance du 24 mars, page 249,
ligne 6) :
a Ce n'est pas le Stenoderma undalum, de Blainville, qui sert de type à
mon nouveau genre Dermanura (de la tribu des Sténodermins), mais bien
le Stenoderma cinereum de ce célèbre zoologiste. »
chimie appliquée. — Propriétés des solutions aqueuses saturées de sul-
fate de zinc pour la conservation des substances animales; Note de
M. Strauss-Durckheim.
« J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie une tête de Rous-
sette, poisson de la famille des Squales, conservée depuis seize ans dans
un liquide conservateur que j'ai fait connaître pour la première fois comme
antiputride dans mon Traité pratique d'Anatomie comparative publié en
1842. Cette liqueur est composée de 14 parties de sulfate de zinc dissoutes
dans 10 parties d'eau (saturée).
» On peut voir par cette préparation que le corps des animaux vertébrés
se conserve si bien dans ce liquide, que ce poisson présente en apparence
toutes les qualités d'un animal frais, et cela jusqu'à son odeur de marée
fraîche. Pour mieux reconnaître la propriété conservatrice de cette solu-
tion, j'ai laissé pendant les seize années cette tète de poisson dans un bocal
ouvert à l'air libre, en y remplaçant de trois en trois mois à peu près le
liquide évaporé par de l'eau ordinaire que j'y versais. Je vais maintenant
soumettre cette préparation à la dessiccation pour la momifier, convaincu
qu'elle se conservera indéfiniment dans cet état.
» Je pense que cette communication peut avoir quelque intérêt pour
l'Académie ; cette liqueur pouvant servir, d'une part, à conserver les prépa-
rations anatomiques destinées aux dissections, et, d'autre part, à la momifi-
cation des corps, en l'injectant dans les artères. »
chimie. — Observation nouvelle sur le soufre mou;
par M. Er\. Baudrimont. (Extrait.)
« Lorsqu'on met du soufre mou récent en contact avec de l'essence
de térébenthine dans un tube fermé, et qu'on abandonne celui-ci à lui-
même pendant quelque temps, on s'aperçoit après cinq ou six jours
que les fragments de ce soufre sont devenus opaques, et qu'ils se sont
recouverts d'un très-grand nombre de petits cristaux transparents et bril-
(8°9)
lants qui tapissent aussi les parois du tube. Après quelques mois, ces cris-
taux ont pris une grosseur assez notable, qu'ils semblent ne plus dépasser
ensuite. Ce sont des modifications de l'octaèdre symétrique que donne le
soufre toutes les fois qu'il cristallise à la température ordinaire.
» Ce phénomène de cristallisation ayant lieu à la surface du soufre et
non dans sa masse, il n'était pas possible de l'attribuer à la transformation
directe du soufre mou en soufre octaédrique ; aussi ai-je pensé qu'il était
dû à la solubilité plus grande du soufre mou dans l'essence de térében-
thine comparativement à celle du soufre ordinaire, et à un retour du pre-
mier soufre à ce dernier état, au sein du liquide même; d'où devait ré-
sulter la précipitation d'une partie du corps dissous dans l'essence.
» J'ai constaté, en effet, qu'à la température de 1 5 degrés, la même quan-
tité d'essence de térébenthine qui dissout, dans l'espace de vingt-quatre
heures, ioo parties de soufre ordinaire, en dissout 162 de soufre mou. Il
n'en est pas de même, d'ailleurs, à des températures élevées, et dans des
essais faits à 100 degrés et continués seulement pendant une heure, les rap-
ports de solubilité des deux soufres ont été trouvés de 100 à 120 degrés, ce
qui tient probablement à ce que le soufre mou se transforme à 100 degrés
en soufre ordinaire.
» J'ajouterai, en terminant, que le soufre mou m'a paru présenter des
degrés différents de solubilité, suivant qu'il avait été porté à des tempéra-
tures différentes, et qu'il était plus ou moins récent. »
M. Bouros adresse d'Athènes une réclamation de priorité relative à deux
communications faites, en i854, par M. Commaille sur les propriétés
toxiques de X Atractylis gummifera, et sur plusieurs cas d'empoisonnement
observés en Algérie chez des enfants qui avaient mangé de la racine de cette
plante.
La priorité réclamée par M. Bouros est parfaitement constatée; les
Comptes rendus hebdomadaires deï 'Académie contiennent en effet, tome VI,
page 34o, l'indication d'un Mémoire sur ce sujet adressé par lui et qui fut
présenté à la séance du 12 mars i838. Aujourd'hui, en reproduisant cette
première communication, M. Bouros y joint l'observation toute récente de
cas d'empoisonnement qui ont présenté des symptômes tout semblables, et
qui paraissent dus à la même cause. Nous disons qui paraissent, car la
plante que l'on a envoyée comme échantillon de ce qu'avaient mangé les
trois enfants empoisonnés est un Échinops et non un Atractylis. Mais,
comme le remarque M. Bouros, rien ne prouve que l'échantillon que l'on
(8,o)
a été chercher dans la localité où les trois enfants égarés dans la cam-
pagne avaient fait ce funeste repas, et d'après les indications assez vagues
données par celui des trois qui succomba le dernier, appartienne réelle-
ment à la même espèce que celle qui a causé l'accident. D'autre part, l'Atrac-
tylis n'est pas rare dans ces parages, et rien n'empêche de supposer que ce
ne fût l'espèce de chardon désignée par l'enfant.
La nouvelle Note de M. Bouros est renvoyée à l'examen des Commis-
saires nommés pour les deux Mémoires de M. Commaille, MM. Dumas,
Pelouze, Rayer, auxquels est invité de s'adjoindre M. Serres, qui faisait par-
tie de la Commission nommée dans la séance du 12 mars i838.
M. Dahondeac prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le
nombre des candidats pour la place, aujourd'hui vacante, de membre adjoint
au Bureau des Longitudes.
« Devant partir très-prochainement pour remplir une mission hydrogra-
phique qui me tiendra éloigné de France pendant plusieurs mois, je n'ai pu,
dit M. Darondeau, attendre, pour adresser ma demande à l'Académie, qu'elle
ait été saisie de cette présentation de candidats par M. le Ministre de l'In-
struction publique; mais je la prie de vouloir bien réserver cette demande,
ainsi que l'exposé sommaire de mes travaux dont elle est accompagnée, pour
être renvoyée à la Commission qui sera nommée alors. »
M. Fojvssagrives adresse une Lettre relative à son Traité d' Fiygiène na-
vale, ouvrage présenté dans la séance du 3 1 mars dernier et qui a été ren-
voyé au concours pour le prix dit des Arts insalubres.
M. Busy envoie un exemplaire d'un opuscule publié en 1754 par M. de
Grante et relatif à des expériences supposées analogues à celle par la-
quelle M. Foucault a rendu sensible aux yeux le mouvement de rotation de
la Terre.
Les expériences de M. de Grante étaient faites, non pas avec un pendule
oscillant, mais avec un fil à plomb dont l'extrémité inférieure décrivait, dans
l'espace de vingt-quatre heures, au dire de l'observateur, une ellipse ayant
son grand axe dirigé d'occident en orient. Pour une longueur de fil de
onze pieds, le grand axe observé aurait été d'une demi-ligne et le petit
d'un quart de ligne.
M. Nicklès demande et obtient l'autorisation de reprendre un paquet ca-
cheté dont l'Académie avait accepté le dépôt.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 28 avril i856, les ouvrages dont
voici les titres :
Description des Reptiles nouveaux ou imparfaitement connus de la collection du
Muséum d'Histoire naturelle, et remarques sur la classification et les caractères des
Reptiles; IIe Mémoire; 3e, 4e et 5e famille de l'ordre de& Sauriens (Geckotiens ,
Varaniens et Iguaniens) ; par M. le Dr AUGUSTE DUMÉRIL; in-4°.
Esquisse de la mammalogie du continent africain ; par M. le Dr PuCHERAN;
br. in-8°.
Observations... Observations adressées au Président et aux membres de la
Société Royale, après la distribution des médailles, dans la deuxième séance géné-
rale; par M. Ch. Babbage. Londres, 1 856; br. in-8°.
(811 )
M. de Brvas, en adressant un exemplaire de la troisième et dernière partie
de ses Etudes pratiques sur le (/minage, prie l'Académie de vouloir bien
hâter le travail de la Commission à laquelle a été soumise sa Note du 4 juin
1 855, sur les terres propres à la fabrication des tuyaux de drainage.
(Renvoi à la Section d'Economie rurale, qui a été chargée de prendre
connaissance de cette Note.)
M. Dudouit prie l'Académie de vouloir bien, quand elle aura à faire une
nomination dans la Section de Géométrie, se rappeler diverses communica-
tions qu'il lui a faites, et qu'il considère comme des titres pour être compris
dans le nombre des candidats.
M. Cohendt Martin adresse à l'Académie une demande à l'effet d'être
autorisé à employer comme remède secret une composition dont il dit avoir
obtenu d'excellents résultats.
Cette demande ne peut être prise en considération, l'Académie des Science^
n'ayant point qualité pour accorder l'autorisation de faire usage de remèdes
secrets.
La séance est levée à 5 heures et demie. F.
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 5 MAI 1856.
PRÉSIDENCE DE M. IS. GEOFFROY- SAINT- HIL AIRE.
0
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M . le Ministre de l'Instruction publique transmet une ampliation d'un
décret impérial en date du 3o avril 1 856 qui confirme la nomination de
M. Bertrand à la place vacante dans la Section de Géométrie par suite du
décès de M. Sturm.
Il, est donné lecture de ce décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Bertrand vient prendre place
parmi ses confrères.
agronomie. — Note sur un fait relatif à la culture de la garance;
par M. le comte de Gasparin.
« On sait l'extension qu'a prise la culture de la garance, la pulvérisation
de sa racine et l'extraction de sa matière colorante dans le département de
Vaucluse. Tant d'intérêts sont liés à cette industrie, tant d'esprits éclairés se
sont livrés à son étude, qu'elle reçoit chaque jour de nouveaux perfection-
nements et que nous pouvons en connaître les moindres circonstances.
» Or il se présente un fait saillant, confirmé par tous ceux qui s'oc-
cupent constamment depuis trente ans et plus du commerce et du traite-
C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 18.) IO7
( 8'4 )
ment de cette racine : c'est la diminution graduelle de la matière colo-
rante que l'on en retire, dans les cantons où elle est le plus anciennement
cultivée.
» Les garances qui proviennent des anciens dépôts paludiens du centre
du département ont toujours été réputées comme les plus riches en couleur,
et les fabricants les plus instruits constatent que, depuis l'époque que nous
venons de citerr la propriété colorante de ces garances a baissé de 2 5
pour too.
» Pendant que cette grave détérioration se produisait, on recevait des
garances de l'Asie Mineure conservant toujours leurs mêmes propriétés, on
en récoltait dans d'autres cantons de notre pays même qui avaient gardé
toute leur qualité. Que s'était-il donc passé dans les paluds qui eût pu dé-
tériorer ainsi leur racine? Avait-on négligé la culture? avait-on économisé
Tes engrais? en avait-on changé la nature?
» Quant à la culture, ses procédés s'étaient améliorés sous tous les rap-
ports. On avait accru la quantité d'engrais employée ; et pour ce qui touche
à leur nature, on avait introduit, il est vrai, l'usage du tourteau de plantes
oléagineuses concurremment avec le fumier : mais les cultivateurs qui avaient
continué à faire usage de fumier d'écurie seul voyaient décroître la qualité
de leurs produits, comme ceux qui lui associaient le tourteau et comme
ceux qui se servaient presque uniquement du dernier engrais.
» Mais une circonstance particulière aux paluds, c'est que le terrain
très-meuble facilite beaucoup les travaux si coûteux de défoncement qu'il
faut faire pour atteindre la racine, et qu'ainsi les produits s'y obtiennent à
un prix moindre que dans les terrains compactes. De là est née une ten-
dance, un entraînement à répéter cette culture le plus possible, à la faire
revenir plusieurs fois de suite ou à de très-courts intervalles sur le même
terrain. C'est ce qui distingue la culture des paluds de la culture générale
du pays ; et comme la diminution de matière colorante se fait aussi remar-
quer sur les terrains ordinaires où la culture de la garance est fréquemment
répétée et qu'elle ne se montre pas dans des terrains nouvellement consa-
crés à cette culture , il faut en conclure que ces cultures réitérées coup sur
coup sont bien la cause du mal dont on se plaint.
» C'est donc à un véritable épuisement que l'on pouvait attribuer la dé-
croissance de la couleur. Mais épuisement de quoi? Ce ne sont ni le carbone,
ni l'azote qui manquent à un terrain abondamment fumé ; ce n'est pas l'oxy-
gène, dans un sol aussi meuble où l'air circule avec facilité; ce n'est pas
non plus l'humidité : les paluds, desséchés à leur surface, sont un vaste
( 8.5 )
lac souterrain entretenu par les filtrations de la Sorgue à travers un sol
perméable; ce n'est pas la chaux, ces terres en contiennent jusqu'à 90 pour
100; ni les phosphates, qui s'y trouvent en quantité très-appréciable; ni les
sulfates, qui y sont transportés par toutes les eaux qui s'écoulent des mon-
tagnes gypseuses qui entourent ce bassin; ni les chlorures, qui s'effleurissent
à la surface dans le temps des grandes chaleurs; ce n'est aucune des sub-
stances, dont l'analyse élémentaire peut rendre compte, qui ont été enle-
vées par la végétation. Il faut donc admettre que la coloration de la ga-
rance tient à l'existence dans le sol d'une substance composée, qui se forme
peut-être par les modifications de la cellulose, comme on en voit l'exemple
dans les analyses des terres de Versailles, faites par M. Verdeil. On peut
alors faire deux hypothèses : ou cette substance provient d'un dépôt primor-
dial que les réactions actuelles des éléments chimiques ne produisent plus,
parce qu'elles ne sont plus favorisées par les Circonstances qui existaient à
son origine; ou bien cette substance se produit encore, mais avec une len-
teur qui ne peut suivre du même pas la consommation qu'en font les ré-
coltes répétées de la garance, plante qui en serait très-avide.
» Ce ne serait donc pas l'aliment des plantes considéré sous le rapport
de ses principes élémentaires, mais un aliment composé de ces principes,
préparé par les forces naturelles et dans des circonstances particulières,
qu'il faudrait fournir à la garance pour en obtenir toujours des récoltes
fortement colorées, et cette préparation ne paraît pas se faire partout, dans
tous les terrains, avec une égale facilité. Dans ceux de Vaucluse où elle était
le plus abondante, elle avait trouvé un sol très-calcaire, porosité très-
grande, fraîcheur entretenue par capillarité du réservoir inférieur et con-
stant d'humidité. La preuve que des circonstances particulières sont néces-
saires, c'est qu'il y a des sols où cette substance ne se crée pas, qui dès la
première récolte ne produisent que des racines grises, et que dans les paluds
mêmes chaque pièce de terre, pour ainsi dire, produit son degré spécial
de coloration.
» Réparera-t-on le mal au moyen d'un assolement qui n'admette qu'à
de plus longs intervalles le retour de la garance? Si la substance dont la
terre s'épuise par la culture provient d'un dépôt primordial, ou de réac-
tions qui se sont passées dans des circonstances qui n'existent plus, ce moyen
retardera l'épuisement du sol, le rendra plus lent, plus insensible, et la ga-
rance pourra se maintenir très-longtemps sans diminution appréciable de
ses principes colorants. Mais si la substance se reproduit encore, quoique
107..
( 816 )
avec lenteur, il suffirait de proportionner son retour au temps de sa pro-
duction, pour que la culture de la garance pût continuer indéfiniment
sans altération. Nous savons bien que la couleur paraît se conserver dans
la garance des agriculteurs sages qui ne la font revenir que tous les douze
ans sur leurs terres; mais comme il faudrait cent quarante-quatre ans pour
la ramener douze fois, et que nous n'avons pas une si longue expérience,
nous ne pouvons affirmer qu'il n'y ait une diminution peu appréciable à
chaque retour, qui pourrait finir par produire ^ de décoloration au dou-
zième retour, tandis que cette diminution a pu se constater en trente ans,
dans des terrains qui probablement ont porté plus de douze récoltes dans
cet intervalle de temps. Cependant le plus sûr sera d'adopter la seconde
hypothèse, puisque, si elle est vraie, on perpétuera cette riche culture, et
que si, au contraire, la substance n'existe qu'en quantité définie et non
renouvelée, on la prolongera au moins, en réservant à l'avenir une portion
du trésor.
» Le fait mis en lumière par l'observation dont je viens de rendre
compte, nous prouve que s'il est vrai de dire que les aliments des plantes
sont identiquement les mêmes, considérés sous le rapport de leurs princi-
pes élémentaires, il n'en est pas toujours de même, au moins en ce qui con-
cerne les garances et la production de certains sucs propres, sous le rapport
des combinaisons diverses dans lesquelles ces éléments peuvent se trouver
engagés. La garance croîtra abondamment sous l'influence des fumiers, et
en quantité proportionnée à ces fumures elle produira des tiges, des feuilles,
des racines ; mais si elle ne trouve pas dans le sol certaines substances que
l'on n'a pas isolées, dont on ignore la composition, les racines ne se colo-
reront pas. Ce fait a été bien pressenti par M. Chevreul qui, voyant multi-
plier sous ses mains le nombre des espèces chimiques provenant des mêmes
éléments, émettait des doutes sur la trop grande simplification que l'ana-
lyse élémentaire apportait à l'agriculture.
» Est-ce à dire cependant que l'on ait fait fausse route? Ne faut-il pas
connaître ces parties élémentaires des terres et des engrais? Ne sont-ce pas
ces éléments dont la combinaison fournira les substances spéciales que de-
mandent les plantes? D'ailleurs, il faut en convenir, la plupart des végétaux
donnent des produits tellement en rapport avec les équivalents des engrais
tirés des analyses élémentaires, qu'il est permis de croire que le plus grand
nombre d'entre eux n'exige pas pour sa nutrition ces composés rares, d'une
difficile formation, que la garance paraît réclamer. Ainsi les céréales donnent
(8i7 )
toujours des récoltes proportionnées aux équivalents; il en est de même des
plantes des prairies et d'un grand nombre de celles qui peuplent nos cul-
tures: soit que ces plantes sachent combiner elles-mêmes dans leurs tissus
les principes élémentaires dont elles forment leur fécule, leur albumine,
leur gluten, etc., soit que les combinaisons qu'elles absorbent se fassent
avec facilité dans le sol et soient pompées en solution par leurs radicelles.
Peut-être si l'on examinait attentivement plusieurs cultures dont on regarde
les produits comme étant en décroissance, plusieurs autres qui semblent
répugner à se succéder à elles-mêmes malgré les fumiers abondants qu'elles
reçoivent, ne serait-il pas impossible de trouver l'explication de ces phéno-
mènes dans des causes semblables à celles que nous signalons pour la garance.
Ces considérations me semblent ouvrir un nouveau champ de recherches
qui conduiront à des modifications importantes dans la théorie de la nutri-
tion des plantes et dans celle des assolements. »
« astronomie. — Chargé par M. Goldschmidt , auteur de la découverte
de la (\oe petite planète, de donner un nom à cet astre, M. Le Verrier pro-
pose le nom d'Harmonia.
» M. Le Verrier rappelle qu'au début de la guerre la 28e petite planète
reçut le nom de Bellone. Il semblait donc naturel de placer aussi dans le
ciel un témoignage durable de l'heureux rétablissement de la paix. »
astronomie. — Note de M. Le Verrier à l'occasion de la dernière
communication de M. Valz.
« M. Valz, en envoyant des éléments provisoires de la planète récem-
ment découverte par M. Goldschmidt, a ajouté une remarque tendant à
faire passer pour quelque peu charlatans les astronomes qui donnent les
éléments des orbites des astres nouveaux avec une approximation poussée
jusqu'aux secondes. Le mot a été emprunté par M. Valz au baron de Zach,
mais il en a fait une fausse application.
» M. Valz n'est pas le seul qui ait éprouvé quelque scrupule à donner
les secondes en pareil cas ; et toute personne sérieuse qui sait distinguer une
question astronomique d'un exercice de mathématiques pures a dû s'en
préoccuper. Pourquoi donc presque tous les astronomes se sont-ils décidés à
donner les secondes? Il y a deux motifs :
» i°. Les éléments obtenus doivent représenter les observations dont on
( 8.8 )
les a déduits, ainsi que les autres observations de la même époque, dans les
limites de leurs erreurs et aux quantités près que l'on néglige souvent dans
une première approximation. Or on voit d'un seul coup d'œil que s'il s'agit
de représenter les coordonnées observées à quelques secondes près, on
n'y parviendra pas généralement en faisant usage d'éléments donnés à la
minute ronde. La longitude héliocentrique, par exemple, peut être considé-
rée comme égale à la somme de deux parties, savoir : la longitude moyenne et
l'équation du centre. Si la longitude moyenne est imparfaitement connue
et renferme une erreur a, il résulte du mode même de calcul que cette er-
reur se retrouve avec un signe contraire dans la valeur de l'équation du
centre à l'époque des observations ; et ainsi la longitude héliocentrique est
exactement représentée à cette époque par Y ensemble des éléments, à cause
de la dépendance qui existe entre les erreurs dont ils sont affectés. Si
l'on détruit cette dépendance, en retranchant les secondes dans chacun
d'eux, les observations ne sont plus représentées, même à l'époque où
elles ont servi à calculer les éléments. Voir un autre exemple du même
genre dans les éléments provisoires de la planète Hébé de M. Yvon Vil-
larceau, Comptes rendus, tome XXV, page 170. La longitude du nœud
est donnée à la minute près, mais les autres longitudes contiennent des
secondes.
» 20. Pour ne pas multiplier indéfiniment les éléments provisoires, il
convient de les calculer de manière à en faire la base d'éléments corrigés
que Ton obtiendra ultérieurement. Or dans ce cas il est absolument néces-
saire de calculer jusqu'au j^ de seconde ceux des éléments qui ne seront pas
des fonctions d'autres éléments pris arbitrairement, aux minutes et degrés
près, dans de certaines limites.
» Ces considérations, qui sans doute ont échappé à M. Valz, me parais-
sent suffisantes pour repousser le reproche immérité que cet astronome
adresse à ceux qui s'occupent des mouvements des comètes ou des planètes
nouvelles, et qui croient devoir donner à leurs observations et à leurs cal-
culs toute l'exactitude que comporte l'état de la science. »
M. Daussy présente à l'Académie la Table des positions géographiques
des principaux lieux du globe } . extraite de la Connaissance des Temps
pour i858.
« L'insertion de cette Table, qui a lieu tous les ans dans les volumes de la
( 8,9)
Connaissatice des Temps, lui a fourni le moyen de la perfectionner succes-
sivement, depuis vingt-trois ans qu'il est chargé de sa rédaction.
» Il croit donc devoir, pour faciliter les recherches que l'on pourrait
avoir à faire, joindre à la Table, telle qu'elle a été publiée dans le volume
de 1 858, la suite de toutes celles qui ont été successivement données dans la
Connaissance des Temps depuis i835. »
zoologie. — Observations sur la zoologie géographique de VJjrique, et
Description d'un nouveau genre et de nouvelles espèces d'Oiseaux; par
Monseigneur le Prince Charles Bonaparte.
« Dans le mois de septembre de l'année dernière (i855), à la Section
d'Histoire naturelle de l'Association Britannique tenue à Glasgow, je crus
devoir prendre la parole à propos d'un intéressant Mémoire sur la zoologie
de l'Afrique occidentale, et certes on ne put me reprocher de ne pas faire
une assez large part aux travaux des Missionnaires, puisque à propos du
Grand Singe (Gorilla 'savagesi), j'allai jusqu'à mettre en pratique, avec
toute la loyale énergie dont je suis capable, un de mes axiomes favoris :
Amicus Plato, scd inagis arnica veritas!
» Je regrette que cette improvisation n'ait pas été rendue avec l'exacti-
tude habituelle de ces réunions, où les secrétaires et les sténographes sont
tellement laborieux, habiles et bienveillants, qu'il n'est pas même nécessaire
de corriger ses épreuves. En effet je parlai, non pas principalement d'In-
sectes, comme on a bien voulu le dire, mais de la faune générale, et plus
, particulièrement des animaux vertébrés, à propos de plusieurs desquels
j'entrai même dans quelques détails. Ainsi je traitai d'un Suide nouveau
(Potamochœrus penicillatus), dont je rétablis le nom légitime, celui donné
par les Anglais n'ayant pas la priorité. Parmi les Oiseaux, je ne pus passer sous
silence ma singulière Scotopelia, si mal appréciée dans ces derniers temps.
Parmi les Reptiles, je citai deux Vipères nouvelles, dont une seule, Vipera
gabonensis , Duméril, avait été publiée. Je m'étendis moins sur les Poissons,
mais ne négligeai aucun des animaux vertébrés intéressants pour la science
provenant des pays en question.
» Rectifiant les assertions de l'auteur du Mémoire sur les découvertes des
Missionnaires qui n'avait su trouver que quelques études de notre honorable
collègue M. Dureau de la Malle à citer parmi ceux des nations continen-
tales sur la zoologie de l'Afrique de l'ouest, je m'efforçai de faire connaître
( 8ao )
les nombreux travaux des Français, des Allemands, des Suédois, des Hollan-
dais et des Américains. Je revendiquai pour le voyageur Pel ses découvertes
dans l'Ashantie, illustrées par MM. Temminck(i),Schlegel, etc. J'indiquai les
excellents travaux de Hartlaub, les voyages de M. du Chaillu dans le Gabon,
les descriptions de nouvelles espèces recueillies par lui, et les détails publiés
sur leurs mœurs par MM. Verreaux en France, et par M. Cassin en Amé-
rique, dans cette Amérique à laquelle la petite république de Libéria elle-même
fournit tant d'objets précieux. Je prouvai que la région géographique de
Calabar est une des mieux explorées, et je m'étendis surtout longuement, et
avec complaisance, sur les belles observations de M. le Dr Pucheran, obser-
vations qui l'ont conduit à ses remarquables théories sur la zoologie afri-
caine. Ces renseignements, qui semblèrent intéresser l'auditoire, furent
loin d'être désagréables à l'auteur du Mémoire. C'est pourquoi je n'hésite pas
à les répéter ici, où elles ne sont pas déplacées comme préambule à la des-
cription du nouveau genre que j'ai à faire connaître.
» Il s'agit d'une nouvelle forme intermédiaire aux Turdides, aux Lanides
et aux Muscicapides, auxquels elle appartient probablement, malgré son
aspect robuste et son bec si peu déprimé.
» Genre Moquinus, Bp.
» Rostrwn brève, robustum, rectum, acutwn, basi dilatation; maxilla
incurva; mandibula naviculare apice subrecurva : nares magnœ, elongatœ,
pervite, basi plumulis dense tectce. Pedes longissimi, robusti, scutellati;
digiti tarso triplo breviores, internus omnium brevissimus, liberus ; ungues
falculœ acutissimœ , posticus robustior. Alœ longiculœ, amplissimœ , rotun-
datte; remigum prima decimam œquans; secunda longitudine sextam vix
superans ; tertia, quarta et quinta omnium brevissimœ. Cauda brevis, an-
gusta, rectricibus duodecim mollibus, striais.
» Nous nommons l'espèce typique, et jusqu'à présent la seule connue
du genre,
» Moquinus tandonus, Bp. Cinereo-ardesiacus ; pileo, genis, alis,scuto
(i) Et à ce propos je dirai que j'ai moi-même rendu un juste hommage à M. Temmincken
publiant sous ses noms beaucoup d'espèces inédites du Musée de Leyde, telle qiïjlauda
clot-bey, Stria: peli, Merops forsleni et cent autres, mais que ce n'est pas une raison pour les
lui attribuer toutes, plusieurs n'ayant été ni nommées ni distinguées par cet illustre ornitho-
logiste, et m'appartenant sous tous les rapports. Je réclame spécialement, avec Centropus
francisa, Pyteneites capitalba, et toutes les espèces suivies des lettres Bp. dans mon Con-
spectus et ailleurs.
(8,i )
pectorali, rostro, pedibusque nigris; lunula frontali , collare cervicale inter*
rupto, gula, jugulo, linea mediana secus abdomen, ventre, crisso, ma-
cula hinc inde scapulari, speculo alari, remigum primariarum basi,secun-
dariarum apicibus, caudaque albis : rectricibus mediis macula pyrijormi
elongata nigra.
» Elle provient, dans notre petite collection particulière, d'une partie
de la côte occidentale d'Afrique rarement visitée par des vaisseaux euro-
péens, très-loin au sud des possessions portugaises, mais bien au nord toute-
lois de l'extrême limite de la colonie du Cap.
» C'est à notre collègue M. le professeur Moquin-Tandon que nous
consacrons cet oiseau. Cet illustre botaniste a montré que, sans faire tort à
ses études principales, un phytologuc peut exceller aussi en zoologie. Ses
beaux travaux sur les animaux inférieurs ne le cèdent en rien à ceux d'es
zoologistes les plus savants et les plus exclusifs; et nous lui devons même
plusieurs bonnes espèces ornithologiques généralement attribuées à
MM. Webb et Berthelot, Plût au ciel que tous les ornithologistes pus-
sent, comme lui, s'éclairer du flambeau de l'oologie : on ne commettrait
pas, en plaçant parmi les Turdiens de vrais Saxicoliens aux œufs bleus,
d'erreurs aussi graves qu'en citant parmi les œuvres classiques et suran-
nées de l'ancienne langue romane les productions littéraires de notre spiri-
tuel ami.
» En dédiant d'ailleurs ce genre animal à un des plus éminents représen-
tants de la science des végétaux, nous espérons apaiser l'injuste opposition
de ces botanistes de vieille roche qui voudraient réserver pour eux seuls le
xlroit d'honorer un savant en donnant son nom à un genre.
» Nous profitons de cette occasion pour faire remarquer qu'en remettant
simultanément en Europe et en Amérique les produits de ses chasses afri-
caines, M. Du Challu a donné lieu à l'établissement de plusieurs espèces
nominales. Ainsi, par exemple : Barbatula challui, Cassin, ne diffère
pas de Barbatula Jormosa, Verr., et a sur ce dernier la priorité tout
aussi bien que Barbatula juliginosa, Cass., sur Gjmnobucco bonapartii,
Verr.
» Le genre Py renés tes , Sw., qui, restreint dans des limites naturelles,
n'avait qu'une seule espèce, doit en contenir trois, semblables, il est vrai,
par la couleur, mais différentes par la taille et par la forme du bec; et je ne
comprends pas dans ce nombre Pyrenestes cucullatus, Dubus, qui est essen-
tiellement différent de ces trois. Heureusement nous n'avons pas besoin de
C. R , i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 18.) (o8
[ 822 )
noms nouveaux pour distinguer les trois espèces que nous n'hésitons plus
à proclamer; car Pyrenestes sanguineus, Sw., se rapporte évidemment à
la plus grande, tandis que Loxia ostrina, Vieill., est indubitablement la
moyenne, et Pyrenestes coccineus, Cassin, la plus petite. Cette circonstance
expliquera comment on a soutenu tour à tour que l'espèce nouvelle était la
petite ou la grande, suivant qu'on avait sous les yeux l'une ou l'autre de
celles que l'on pouvait réputer telles.
» La même chose se reproduit dans le genre américain Callirhynchus ,
Less. L'espèce que nous avons décrite, d'après l'exemplaire du Muséum,
n'est nullement l'espèce type dont l'auteur a fait présent, je crois, à un
musée de Belgique; j'en ai acquis une nouvelle preuve en étudiant les ma-
nuscrits de Lesson , qui contiennent, avec le dessin original de son type,
une foule d'autres figures et de renseignements précieux pour la science.
Espérons que le Muséum, auquel la famille du défunt offre généreusement
une préférence désintéressée, ne laissera pas fuir l'occasion d'acquérir un
pareil trésor. MM. Verreaux ont décrit une troisième espèce, sous le nom
de Callirhjnchus drovoni, et je joins ici la phrase caractéristique d'une
quatrième, qui vient d'être déposée dans notre grand établissement natio-
nal avec d'autres Fringillides non moins précieux.
» Callirhynchus masesus, Bp. Majusculus; cinereo-virescens ; subtus
albidus ; gula pectoreque nigris, maculis binis jugularibus albis : speculo
alari albo : cauda ex toto cinerea : rostro, subtus prœsertim, albicartte. »
ASTRONOMIE. — Note sur la parallaxe et le mouvement d'un nouveau bolide;
par M. F. Petit.
* Ce corps fut aperçu le 24 décembre i85o, vers 6h3om du soir : de
Foix, par M. Berdot, maître adjoint à l'école primaire; et de Lussan (Gers),
par M. Edouard Campardon, avocat. Pour l'un et pour l'autre des deux
observateurs, il jeta sur la terre une clarté aussi vive que celle de la Lune
au premier ou au dernier quartier. La durée de l'apparition fut également,
pour tous les deux, de 5 à 6 secondes: et, avant de s'éteindre, le bolide
lança des étincelles analogues à des gerbes de feu. M. Campardon le trouva
sensiblement plus éclatant au commencement de l'apparition; il remar-
qua, après l'extinction, une traînée persistante de lumière le long de la
trajectoire parcourue; le météore lui parut deux fois plus gros au moins
en diamètre que les plus belles étoiles; enfin, une minute environ après
( 8a3 )
l'extinction, il entendit une détonation sourde et tout à fait analogue à
l'explosion souterraine qui serait produite par la poudre dans une carrière
de pierres.
» Je ne m'arrêterai pas à faire remarquer les conséquences qui peuvent
se déduire des résultats que j'ai obtenus ; et, pour abréger, je me bornerai
à donner aujourd'hui ces résultats sans commentaires, me réservant de
reprendre plus tard, pour les discuter avec détail, les diverses conséquences
auxquelles je suis successivement arrivé dans mes travaux sur les bolides ;
j'ajouterai seulement que les observations de M. Berdot et de M. Cam-
pardon n'ont pas eu à subir de trop fortes corrections pour devenir bien
concordantes entre elles, et que, par conséquent, on peut accueillir avec
une certaine confiance les résultats approchés qu'elles ont fournis. Voici
ces résultats, avec les données qui leur ont servi de base :
Positions des observateurs.
A Foix. A Lussan.
Latitude boréale = 42° 58' oo" Latitude boréale = 43° %l' 3o"
Longitude occidentale.. . . = — o°43'oo" Longitude occidentale.. . . = — i°34'oo"
Positions apparentes des points extrêmes de la trajectoire.
i
Pour M. Berdot, à Foix. Pour M. Campardon, à Lussan.
Point d'apparit. I R = 328°3i'oo" Point d'apparit. I & = 23°32'oo"
du bolide. . . . j dist. pol. N. = 370 10' 40" du bolide. . . ( dist. pol. N. = 72°43'oo"
Point de dispar. j m. = 3o6° io'oo". Point de dispar. j m = 33° 7' 3o"
' du bolide. .'. .. j dist. pol. N. = 4l0°o'2o" du bolide. . . . ( dist. pol. N. = g4° 3p/ 10"
, ,, , ..,._../ Le commencement et la fin de l'apparition
Epoque de 1 appar. ten temps sider. de Pans , \ . , . ...
. , ,. , rili . : v ># «;» a« ' sont un tant soit peu retardes pour lobser-
le 24 décembre i85o, à oh44m 33%33 ) , _ F r
<* { vateur de Lussan.
Durée de l'apparition 5S, 5
Distance du bolide à la Terre au moment où M. Berdot l'aperçut de Foix io3Lil,2
Distance du bolide à Foix dans le même moment 1 i8k,l,e
Position du point de la Terre au-dessus du- j Latitude boréale == 43° i5' 17"
quel passait alors le bolide ) Longitude occidentale. . . = — i° 17' 48"
Distance du bolide à la Terre au moment où M. Berdot cessa de le voir 5okil,g
Distance du bolide à Foix dans le même moment. 70kil,2
Position du point de la Terre au-dessus du- j Latitude boréale = 4^° 1 1' 26"
quel passait alors le bolide ( Longitude occidentale. . = — i° i3' 33"
Distance du bolide à la Terre au moment où M . Campardon l'aperçut de Lussan. . 8p,kil>9
Distance du bolide à Lussan dans le même moment i02kil,4
108..
( 8a4 )
Position du point de la Terre au-dessus du- ( Latitude boréale == 43° >4' 2°"
quel passait alors le bolide j Longitude occidentale. . . = — i° i6'44"
Distance du bolide à la Terre au moment où M. Campardon cessa de le voir. . . . 43kil>7
Distance du bolide à Lussan dans le même moment n ikil}8
Position du point de la Terre au-dessus du- i Latitude boréale = 43* 10' 55"
quel passait alors le bolide . . . . ( Longitude occidentale. . . = — i° 12' 57"
Position du point où la trajectoire, supposée j Latitude boréale. = 3i° 20' 56"
rectiligne , vient rencontrer la Terre | Longitude orientale ....= 4- 1 ° 4' 54"
Vitesse apparente du bolide , déduite de l'observation de M. Berdot à Foix glil,65o
Vitesse apparente, déduite de l'observation de M. Campardon à Lussan 8k,I,5i8
Moyenne adoptée _ _ qkn 084
» Modifications qui résultent de cette vitesse moyenne pour les évalua-
tions sur la durée du phénomène :
A Foix 5%84 au lieu de 5',5 ( La d"rée 5%5 avait été ad°f)lée elle-même comme une
A Lussan 5-,i6 au lieu de 5%5 moj*n"c /ntre ,es deux éva,uations (5 °« 6 se'
\ condes) de chacun des deux observateurs.
Vitesse relative, par rapport au centre de la Terre, d'après la vitesse apparente
moyenne gtu, 1 27
Angle entre la vitesse relative et le rayon vecteur 1 1° 26' 3t",5
» Ce qui donnerait pour les éléments de l'orbite décrite par le bolide
autour de la Terre au moment de l'apparition, abstraction faite de la résis-
tance de l'air, sensiblement nulle à la hauteur (io3 kilomètres) où était le
corps lumineux quand il fut aperçu par M. Berdot :
Excentricité 0,9825894
Demi-grand axe 9g49k,1,4
Distance apogée ig725kll,5
Distance périgée 1 73kiI,2
Inclinaison de l'orbite sur l'équateur . . . 570 4°' 00"
«. du nœud ascendant sur l'équateur. . . . 2260 2 3' 46"
Instant du passage à l'apogée le 24 déc. i85o, à 5h i5m i2',3 (t. m. de Foix).
Durée de la révolution = o'm,i 143612 ou 2h 44m 4°%8o2.
Sens du mouvement géocentrique en M direct.
» Enfin, comme, d'après M. Campardon, le diamètre du bolide égalait
deux fois au moins celui des plus belles étoiles, si l'on remarque que
Vénus, en conjonction, a un diamètre de 1 minute environ, et Jupiter, en
opposition, un diamètre d'à peu près 5o secondes, il semblerait permis,
sauf les effets de l'irradiation, d'assigner au bolide un diamètre angulaire de
( Si5 )
2 minutes; ce qui donnerait environ 5o mètres pour le diamètre réel. Un
pareil corps, tombant sur la terre, ne saurait manquer d'être remarqué.
Il est vrai que celui du 24 décembre i85o aurait dû tomber, d'après sa
trajectoire, très-loin de l'Europe et dans l'intérieur de l'Afrique ; mais les
illusions de la vue entrent sans doute, en général, pour beaucoup dans la
grosseur attribuée à quelques bolides, à moins que ces corps ne soient en
partie gazeux : ce qui pourrait bien être, et ce que je discuterai, avec les
détails convenables, dans une autre occasion. Pour le moment, je me bor-
nerai à ajouter, en terminant, qu'il suffirait d'introduire une faible modi-
fication dans la vitesse relative, d'élever par exemple cette vitesse de c/'1, 1 27
à 1 ikl1, 100 pour allonger l'orbite de manière à faire arriver le bolide d'une
région du ciel où l'action du Soleil aurait été de beaucoup prépondérante
sur celle de la Terre, où, par conséquent, le bolide aurait circidé, non plus
autour de notre planète, mais autour du Soleil lui-même. Distrait néan-
moins, depuis quelque temps, par d'autres occupations, de mes recherches
sur les bolides, j'ai dû remettre à un autre moment l'étude de ce nouveau
point de vue, qui paraît promettre d'avance quelques rapprochements,
intéressants à plus d'un titre , avec les résultats obtenus pour d'autres
bolides dont j'ai déjà fait, ou dont je ferai connaître plus tard l'histoire à
l'Académie. »
physiologie. — application du compteur à gaz à la mesure de la
respiration; par M. Bonnet (i).
a On sait que toutes les compagnies d'éclairage au gaz emploient un
instrument désigné sous le nom de compteur, qui permet, à l'aide d'aiguilles
marchant sur des cadrans, de reconnaître, par une inspection rapide, quelle
est la quantité de gaz qui traverse un tuyau. Indépendamment de ces comp-
teurs destinés à l'usage ordinaire et mesurant les litres, les décalitres et les
hectolitres, etc., il en est qui ont un cadran sur lequel op peut reconnaître
jusqu'au passage d'un soixantième de litre d'air.
» Ces compteurs, dits à expériences, sont ceux que nous avons eu l'idée
d'appliquer aux études physiologiques et médicales.
» Un compteur de ce genre, convenablement rempli d'eau et muni d'un
tube avec une embouchure, permet de reconnaître en un instant la quantité
(1) Ces expériences ont été faites de concert avec M. Pomiès, médecin de l'Hôtel-Dieu de
Lyon.
( 826 )
d'air que l'on y fait pénétrer par une série d'expirations, quelque faibles
qu'elles soient. Pendant qu'on souffle dans le tube, les aiguilles marchent
simultanément sur le cadran qui marque les litres et sur celui qui indique
les soixantièmes de litre; elles s'arrêtent dès que cesse l'impulsion, et per-
mettent de juger immédiatement de la quantité d'air qui est sortie de la
poitrine.
» C'est en se servant du compteur à gaz pour mesurer l'air énergique-
ment expiré après une ampliation du thorax aussi complète que possible,
qu'on peut le mieux reconnaître quelle est la différence que présentent, sous
le rapport de la capacité pulmonaire, des individus bien portants, de taille
et d'âge variés ; c'est par la même méthode qu'on peut le mieux apprécier
les changements que la maladie entraîne dans l'amplitude de la poitrine.
» Dans les applications que j'ai faites du compteur à gaz à l'homme
sain, j'ai été conduit à reconnaître la justesse des observations d'Hutchinson
sur le rapport de la capacité pidmonaire avec l'âge et la taille. D'après ces
observations, traduites en mesures françaises et exprimées en nombres
ronds, on peut dire que de vingt à trente-cinq ans le maximum de la
capacité pulmonaire est, pour une petite taille, de 3 litres; pour une
taille moyenne, de 3 { litres; pour une grande taille, de t\ litres. Si le sujet
dépasse trente-cinq ans, il faut retrancher du chiffre obtenu d'après la con-
sidération de la taille, autant de fois 33 millilitres que lé nombre de ses an-
nées s'élève au-dessus de trente-cinq.
» Soit que l'on juge de la respiration normale par un calcul de ce genre,
soit qu'on l'ait mesurée préalablement dans l'état de santé, ce qui est pré-
férable, on a un type pour déterminer le changement que la maladie a pro-
duit dans la quantité d'air mise en circulation.
» L'ensemble des mesures prises avec des gazomètres, ou avec des comp-
teurs, et appréciées d'après ces principes, permet d'établir qu'il n'est pas
une seule altération du poumon qui ne diminue la capacité respiratoire ;
cette diminution, qui oscille ordinairement entre le tiers et les deux tiers de
l'état normal, descend beaucoup plus bas quand les lésions qui ont oblitéré
les vésicules sont graves et étendues; ainsi, dans la phthisie avancée, dans
la pneumonie, dans le catarrhe vésiculaire et dans l'emphysème, les plus
fortes expirations ne peuvent s'élever au-dessus de i litre et même def de
litre. Ainsi, lorsqu'on expérimente sur une série d'individus sachant dilater
et puis resserrer leur poitrine aussi complètement que possible, on peut,
en tenant les yeux sur les cadrans du compteur, juger, d'après le seul mou-
vement des aiguilles, quels sont ceux dont les poumons ont conservé leur
(8*7)
intégrité, et ceux chez lesquels des lésions pulmonaires entravent la circu-
lation de l'air.
» Chez ces derniers, l'abaissement de la capacité respiratoire ne permet
pas sans doute de distinguer les lésions diverses dont ils sont affectés, mais
il aide à juger de la gravité de la maladie et du degré auquel est conservée
la fonction respiratoire.
» La diminution de l'air mis en circulation fournirait aussi des éléments
précieux si l'on voulait déterminer, dans l'étal morbide, la quantité d'oxy-
gène absorbé et celle de vapeur d'eau et d'acide carbonique exhalés.
» La spirométrie peut aussi servir à l'appréciation des méthodes théra-
peutiques. C'est même dans l'intention de reconnaître la valeur d'un appa-
reil de mouvement destiné à augmenter la souplesse des côtes et agrandir
l'amplitude de la poitrine, que j'ai été conduit à rechercher des méthodes
précises et commodes pour juger de la quantité d'air inspiré et expiré;
je pense que l'exactitude et la commodité que le compteur à gaz donne à
de semblables recherches engagera les cliniciens à en faire usage, et que la
spirométrie, qui a été l'objet de beaux travaux en Angleterre et en Alle-
magne, ne tardera pas aussi à se répandre en France. »
géologie. — De l'époque géologique à laquelle on doit rapporter le dépôt
des spinelles et des zircons dans les sables marins de Sauret, près de
Montpellier; par M. Marcel de Serres.
« Dans notre Note du 3 mars dernier nous avons établi que, d'a-
près les circonstances de leur gisement, les spinelles, les zircons et les
cristaux d'oxydide de fer avaient dû être déposés plutôt dans les temps
géologiques que depuis l'époque historique. Nous n'avons pas cependant
fixé la date de ce dépôt, aussi nous a-t-on demandé s'il était possible de la
déterminer, du moins d'une matière approximative. Voici notre réponse à
cette question.
» Le transport de ces pierres dures ne peut avoir eu lieu à l'époque his-
torique, puisqu'on les découvre aussi bien dans l'intérieur des masses de
sable qu'à leur surface. Aussi, lorsqu'on a recueilli les échantillons placés à
la superficie du sol, il faut en fouiller la profondeur ou attendre de grandes
pluies pour en trouver de nouveaux. Si le Lez les y entraînait chaque jour, on
les rencontrerait indifféremment sur les deux rives et dans d'autres loca-
lités que celle de Sauret, où l'on découvre les sables tertiaires. S'il en était
( 828 )
ainsi, on se demanderait comment ces cristaux pourraient être à un niveau
élevé que cette rivière n'a jamais atteint dans les temps historiques.
» Les spinelles et les zircons n'ont donc pas été entraînés à Sauret par les
eaux actuelles, mais ils ont été déposés en même temps que les sables, c'est-
à-dire pendant les temps géologiques. Il s'agit maintenant de savoir à quelle
époque on peut fixer le dépôt de ces matériaux de transport. D'après leur
position et les espèces fossiles qu'ils renferment, ces matériaux appartien-
nent aux formations pliocène inférieures, puisqu'ils sont immédiatement
superposés sur le groupe tertiaire miocène.
» Quoique les spinelles et les zircons aient été disséminés à Sauret à la
même époque que les sables dans lesquels on les rencontre, ils ne s'y trou-
vent que d'une manière accidentelle et n'y sont pas dans leur gîte primitif.
Il faut donc chercher parmi les formations qui composent le sol de Mont-
pellier, s'il n'en existerait pas où seraient disséminées les mêmes espèces
minérales ou d'autres plus ou moins analogues.
» Les terrains des environs de Montpellier sont formés par les groupes
jurassiques néocomiens tertiaires et les formations volcaniques d'épanche-
ment. Les deux premiers n'ont jamais rien offert de semblable aux cristaux
dont nous cherchons à démêler l'origine. Il n'en est pas de même du groupe
tertiaire; mais les zircons qui s'y trouvent y sont dans un gisement em-
prunté, en sorte que l'on doit renoncer à y découvrir l'origine des espèces
minérales objet de cette Note.
» Les terrains volcaniques dépancbement sont les seuls où l'on puisse
espérer quelque chance de succès, avec d'autant plus de raison , que ces
terrains sont situés à une lieue en amont de Sauret et sur la rive droite
du Lez, tandis que cette localité est sur la rive opposée. Au milieu des pé-
pérines et des tufas, sortis du piton volcanique de Montferrier, on découvre
des cristaux de spinelle pléonaste et d'oxydule de fer. Sans doute on n'y a
pas encore aperçu des spinelles rubis ni des zircons, mais il est très-pro-
bable, d'après l'existence des premiers cristaux dans les tufas, que ces roches
sont aussi bien la gangue des uns et des autres, et que c'est de Montferrier
qu'ils doivent provenir. Il est donc présumable que de nouvelles recherches
feront découvrir les mêmes espèces minérales dans les différentes forma-
tions volcaniques d'épanchement des environs de Montpellier, dont le
nombre s'élève déjà à quatre.
» Les terrains volcaniques sont donc le véritable gisement des spinelles
et des zircons; il s'agit seulement de savoir à quelle époque ils ont éjecté au
( 8*9)
dehors les matériaux dans lesquels on les découvre. Cette époque est évi-
demment postérieure aux dépôts d'eau douce anenthalassiques ou éocène
supérieurs, puisqu'ils les ont soulevés et traversés complètement. Or ces
dépôts lacustres sont antérieurs aux sables marins de Sauret, puisque ceux-
ci contiennent des minéraux qui proviennent des terrains d'épanchement
et que, d'après l'ensemble de leurs caractères, ils appartiennent aux forma-
tions pliocène.
» C'est donc entre le soulèvement des masses d'eau douce et le dépôt des
sables marins de Sauret que les cristaux de spinelle, de zircon et d'oxydule
de fer ont été entraînés avec ces sables, c'est-à-dire entre les formations
éocène supérieures et les formations pliocène inférieures. »
M. Vicat fait hommage à l'Académie d'un exemplaire du nouvel ou-
vrage qu'il vient de publier sur Ja composition et l'emploi des mortiers,
ciments et silicates de chaux grasse et pouzzolanes, tant en eau douce qu'en
eau de mer.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com-
mission qui sera chargée d'examiner les pièces adressées au concours pour
le grand prix des Sciences physiques (proposé pour i85o, puis pour i853,
enfin pour i856), question concernant les lois de la distribution des corps
organisés fossiles dans les différents terrains sédimentaires, suivant leur
ordre de superposition.
MM. Élie de Beaumont, Flourens, Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, Bron-
gniart et Milne-Edwards réunissent la majorité des suffrages.
L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à la nomi-
nation de la Commission chargée de l'examen des pièces de concours pour
le grand prix des Sciences physiques (proposé en 1 854 pour 1 856), ques-
tion concernant les métamorphoses et la reproduction des Infusoires pro-
prement dits.
(Commissaires, MM. Milne-Edwards, Flourens, de Quatrefages, Duméril,
Valenciennes.)
C. R., i856, i« Semestre. (T. XLH, N° 18.) I<>9
( 83o )
MÉMOIRES LUS.
BOTANIQUE. — Fragments de géographie botanique du Chili;
par M. Claude Gay. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.)
« Si la manière d'envisager la géographie botanique en grandes régions
est admissible, aucun pays n'est plus propre à le faire comprendre que le
Chili. Parfaitement limité par des barrières infranchissables, au nord par le
vaste désert d'Atacama, au sud et à l'ouest par l'océan Pacifique, et à l'est
par ces grandes Cordillères qui le parcourent dans toute sa longueur, et
dont les pics s'élèvent à des hauteurs telles, que celui d'Aconcagua dépasse
de plus de i5oo mètres le Chimborazo , ce pays se présente dans une con-
dition tout à fait exceptionnelle pour donnera l'ensemble de ses productions
naturelles ce caractère spécial que l'on ne rencontre ordinairement que
dans certaines îles. La végétation surtout offre cela de particulier qu'elle
s'y trouve représentée par plusieurs familles et par une foule de genres que
l'on n'a pas encore trouvés ailleurs, ou qui y offrent un si grand nombre
d'espèces particulières, que l'on peut sans crainte les considérer comme
placés dans leur véritable centre de création.
» Ce qui donne encore à ce pays un caractère tout spécial, c'est la com-
plication que présentent certains phénomènes physiques, de manière quel-
quefois à porter atteinte ou du moins à contrarier les lois établies depuis
longtemps par les physiciens. Ainsi les variations diurnes de l'aiguille ai-
mantée signalent constamment un troisième mouvement dans leur marche;
le baromètre accuse les plus grandes hauteurs du mercure dans les temps
des pluies; beaucoup de reptiles Lacertiens et Batraciens sont vivipares;
des Invertébrés toujours aquatiques, tels que des Planaires, des Sangsues
même, sont terrestres; enfin une foule d'autres phénomènes de grande
importance se passent journellement dans cette région, de manière à pou-
voir y étudier simultanément les questions les plus importantes de cette
force vitale qui anime notre planète et qui constitue la science de la géogra-
phie physique ou physiologie du globe.
» Ayant mené de front l'étude de la botanique et celle de la météoro-
logie, j'ai pu aborder quelques-unes de ces questions. Dans ce premier Mé-
moire, je me borne à parler de la physionomie du Chili, en tant que cette
(83i )
physionomie tient son caractère de l'ensemble de sa végétation. Sous ce point
de vue, je le divise en trois grandes subrégions, qui comprennent le nord
ou la zone des Légumineuses et des Cactées, le centre ou la zone des Com-
posées et surtout des Composées labiatiflores arborescentes, et le sud ou la
région des Protéacées, des Conifères et des Bambusacées.
» Dans le nord, où les pluies sont très-rares et qui dans certaines loca-
lités n'arrivent même que tous les trois ou quatre ans, la végétation est
faible dans son ensemble, robuste dans ses détails. Le principe de vie qui
l'entretient varie suivant les lieux ; sur la côte, c'est l'eau réduite en parti-
cules très-minimes que les vents enlèvent à la mer, et dans l'intérieur, c'est
une simple rosée flrovenant de ses épais brouillards qui couvrent les terrains
enclavés entre la mer et les Cordillères. Dans le premier cas, les plantes sont
très-souvent sociales et impriment leur caractère à la côte; dans le second
cas, ces plantes sont, au contraire, très-dispersées et occupent une aire de
très-faible étendue. Comme le printemps est très-court, les Amaryllidées,
Iridées , Dioscorées y croissent avec une rapidité telle, que trois ou quatre
semaines suffisent pour leur faire parcourir toutes leurs phases de végéta-
tion. Ainsi la nature obtient le même but, en employant les mêmes moyens
dans des climats entièrement opposés ; au nord, elle hâte la végétation et la
maturité des graines pour leur faire éviter les excès du froid et de l'humi-
dité, et dans les déserts, elle opère de même pour éviter les excès de cha-
leur et de sécheresse.
» Après avoir donné quelques détails sur cette contrée, montré les Cactus
qui y arrivent jusqu'à la région des neiges perpétuelles, signalé peu d'arbres
qui y croissent, et en si petite quantité, qu'on pourrait craindre leur en-
tière disparition, comme cela est déjà arrivé pour le sandal, je passe à
la seconde région, à laquelle on ne trouve aucun caractère de végétation
bien prononcé. Malgré quelques formes assez singulières et même malgré
la présence d'un palmier, le paysage s'y ressent de ce mélange et de ce
vague que l'on trouve dans tout ce qui dans la nature sert de passage
d'une forme à l'autre. Cependant les hautes sommités des Cordillères nous
offrent un type de végétation assez particulier. Par suite d'un ciel extrê-
mement pur, sec et toujours sans nuages, et de la grande force du rayon-
nement nocturne, les journées y sont très-chaudes et les nuits très-froides.
Ces deux causes superposées, jointes à l'action incessante de ces grandes
rafales que les gens du pays appellent tempêtes de vent, et qui agissent si
puissamment sur l'évaporation des parties aqueuses que les feuilles, etc.,
sécrètent, ont produit sur ces végétaux un singulier effet : au lieu de cette
109 A
( 83a )
élégance de forme qu'on leur connaît, ils ne présentent plus que des
masses compactes, plus ou moins étendues en larges tapis composés de
feuilles petites, roides, au milieu desquelles se trouvent une grande quan-
tité de fleurs souvent bleuâtres et le plus souvent d'une vive couleur, à
cause de la grande intensité de la lumière à ces hauteurs. Toutes les plantes
qui façonnent ces tapis sont ligneuses et cachent leurs tiges fortes et tor-
tueuses sous une épaisse couche de terre.
*> La troisième subrégion botanique du Chili nous montre la végéta-
tion arrivant à son plus haut degré de luxe. Des forêts vierges, chargées non
pas d'Orchidées épiphytes, comme quelques voyageurs l'ont avancé , mais
de Broméliacées, Gesnériacées, de Lepidoceras, Mjrsodcftdrum, etc., cou-
vrent une grande partie de ces contrées, et donnent lieu à un paysage un
peu monotone dans sa forme, mais assez varié dans sa composition. D'après
les arbres qu'on y trouve, je comparerais volontiers cette végétation à celle
de l'Australie. On y trouverait aussi un certain air de parenté avec les forêts
des tropiques, non-seulement par la similitude de plusieurs familles, mais
encore par la variété des espèces botaniques; car les genres y sont assez
nombreux, et les individus en général peu groupés: sauf le Myrtus slipu-
Inris, qui forme, à Chiloé, des massifs impénétrables appelés Trepuales par
les gens du pays, je ne pourrais pas citer dans ces forêts un véritable arbre
social.
«Après quelques considérations sur la végétation des llanos et des pampas,
sur la formation des chivines ou îles flottantes, j'appelle, eu terminant mon
Mémoire, l'attention sur la lutte des forêts avec les plaines des Graminées et
sur l'influence de la civilisation qui favorise l'envahissement des premiers.
L'homme, en effet, intervient puissamment dans cette lutte, qui existe tout
aussi bien entre les végétaux qu'entre les animaux. Poussé par son inctinct
de civilisation, il change à son bénéfice la constitution primitive du pays qu'il
habite, modifie son climat, y introduit de nouveaux végétaux, en fait dispa-
raître d'autres, et prépare ainsi aux botanistes futurs une physionomie
tout à fait étrangère à celle que la nature lui avait donnée. Il est donc de la
plusgrandeutilité que des botanistes voyageurs aillent étudier ces pays loin-
tains encore peufréquentés, et où l'ouvragedu Créateur se trouve encore dans
toute sa pureté. Des questions de la plus grande importance sur la dissémi-
nation des espèces végétales, sur les centres de création qu'elles ont pu
occuper, et sur une infinité d'autres faits d'un intérêt immense, sont dignes
d'occuper l'attention des botanistes, et de leur faire étudier la science aussi
bien dans l'ensemble des phénomènes qui font connaître leurs rapports que
( 833 )
dans les détails qui, en définitive, viennent presque toujours y aboutir;
mais, autant que possible, on doit se hâter d'aller étudier ces contrées,
encore à l'abri de toute civilisation. Quoique l'Araucanie, connue depuis
trois siècles, soit restée, presque toujours à l'état d'indépendance, cependant
Je voisinage seul de l'homme a suffi pour exercer le plus grand ravage dans
la nature et la physionomie de quelques-unes de ses forêts. Le pommier,
introduit, en 1 579, sur les frontières de cette nation, a trouvé dans son
terrain et son climat une condition d'existence si favorable, qu'il s'y est
propagé de manière à former des bois immenses qui envahissent de plus en
plus cette contrée et semblent vouloir subjuguer les véritables hôtes de
ces forêts et les supplanter. Vers le centre de l'Amérique méridionale, chez
les Indiens Chuntaquiros, Paucartambinos, visités jadis par des Mission-
naires, ce sont des bois d'orangers et de citronniers que j'ai vu remplir le
même rôle. Ainsi, en tout temps et en tout lieu, l'influence de l'homme
civilisé sur la nature des pays est aussi puissante que permanente, et il est
à désirer que des travaux, non de grands voyages, mais limités à certaines
régions, soient au plus tôt entrepris par des botanistes et des physiciens. «
physiologie végétale. — Deuxième série d'observations sur la direction
descendante de certaines tiges. — Bulbes descendants du Muscari
comosum , de Z'Agraphis nutans et de fA. campanulata; par M. E.
Germain de Saint-Pierue.
(Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.)
» Dans la première partie de ce travail , j'ai fait connaître le mode de
végétation particulier à certaines tiges dont l'axe constitue alternativement
une tige aérienne ascendante et vine tige souterraine descendante , c'est-à-
dire dont le bourgeon terminal indéfini s'accroît, pendant une saison, selon
la direction ascendante (qui appartient à la plupart des tiges), et, pendant
une saison suivante, s'accroît dans le sens vertical descendant (le bourgeon
terminal pénétrant alors dans le sol et s'y enfonçant directement à la manière
des racines). Ces observations m'ont conduit à des observations analogues
chez les organes ou appareils souterrains que je considère comme de nature
semi-axile et semi-foliaire, et que j 'ai désignés sous le nom d'appareils axilo- ou
axo-foliaires. Dans un même genre de plantes bulbeuses, j'ai remarqué que
les bulbes de certaines espèces vivent et se reproduisent à une très-faible pro-
fondeur dans le sol ou presque à sa surface, et que les bulbes appartenant à
d'autres espèces se trouvent dans le sol à une profondeur d'autant plus grande
( 834)
qu'ils sont plus âgés. Tels sont les bulbes chez diverses espèces du genre Mus-
cari; les bulbes du M. racemosum végètent à quelques centimètres de pro-
fondeur seulement, et sont amenés à la surface du sol par le plus léger labour,
tandis que les bulbes du M. comosum se trouvent, lorsqu'ils sont âgés de
plusieurs années, à une profondeur de plusieurs décimètres. En examinant
l'état des bulbes adultes du M. comosum dans les différentes saisons de l'année
et en les comparant aux bulbes du M. racemosum, je tentai d'abord vaine-
ment de saisir le mécanisme naturel à l'aide duquel ce bulbe pénètre à une
si grande profondeur ; en effet, je voyais chez le M. comosum comme chez
le M. racemosum, la base du rhizome court, que l'on désigne sous le nom de
plateau, se détruire par sa base à mesure qu'il s'accroissait par son sommet,
et ce mode d'accroissement de l'axe devait, en se prolongeant indéfiniment,
tendre également chez les deux espèces à amener la plante à la surface du
sol, et non à l'y faire pénétrer plus profondément. Pensant que là cause
organographique de la profondeur si différente à laquelle pénètrent les
bulbes de ces deux espèces devait être mise en évidence par l'étude suivie
des divers modes de végétation de ces plantes, depuis l'époque de la ger-
mination jusqu'à l'état adulte, je semai dans des vases de verre des graines
de Muscari comosum que je plaçai en contact avec les parois transparentes
du vase et presque à la surface de la terre , et j'observai leur germination.
Cette germination ne présente aucune différence sensible avec celle de la
plupart des autres Liliacées bulbeuses ; la feuille cotylédonaire de l'embryon,
en s'allongeant, éleva le tégument' de la graine au-dessus du sol et fit péné-
trer le collet, ou nœud vital de la plante, un peu au-dessous du niveau au-
quel la graine avait été placée. Un peu plus tard, la base de la feuille co-
tylédonaire, et le bourgeon ou gemmule situé à sa base, se renflèrent en un
jeune bulbe ovoïde qui resta stationnaire jusqu'à la fin de l'automne. Une
seconde phase de végétation se manifesta alors, ainsi que cela a lieu chez
la plupart des tiges souterraines, et je vis les tuniques du bulbe s'allonger
au niveau de leur base, tandis que la partie supérieure de ces tuniques n'é-
prouvait aucune modification. Il était résulté de ce mode d'accroissement
que le sommet du bulbe et même le bulbe entier, moins sa base, était
resté à la même place, tandis que la base du bulbe s'était enfoncée dans le
sol à une profondeur égale à la longueur dont le bulbe s'était accru. Le
bulbe primitivement ovoïde prit en s'allongeant l'aspect d'un cylindre plus
ou moins renflé vers ses deux extrémités : le renflement supérieur, moins
saillant, correspondait à la partie primitive et stationnaire du bulbe, et le
renflement inférieur, plus volumineux, était le résultat de son accroisse-
( 835 )'
ment de haut en bas. Pendant l'année suivante, les tuniques extérieures,
et notamment la partie supérieure du bulbe constitué par leur sommet, se
détruisirent, mais les tuniques sous-jacentes s'accroissant à la manière des
précédentes, le plateau du bulbe se trouva situé à une plus grande, pro-
fondeur que pendant la période antérieure. Le mécanisme de ce trans-
port de l'axe de la plante à une profondeur de plus en plus considérable
consistait donc dans l'élongation de la base des feuilles charnues du bulbe.
Je remarquai cependant qu'à mesure que le bulbe devient plus volu-
mineux et passe à l'état adulte, c'est-à-dire devient apte à produire une tige
florifère, l'accroissement basilaire des tuniques est de moins en moins con-
sidérable, et que lorsque le bidbe est parvenu à une certaine profondeur
qui paraît ne pas devoir être dépassée, l'accroissement de haut en bas cesse
de se manifester, et le bulbe ( par la destruction de sa partie supérieure) prend
et conserve indéfiniment une forme ovoïde ou globuleuse-subconique.
J'ajouterai que le M. rricemosum, qui végète presque à la surface du sol,
produit chaque année un nombre considérable de bourgeons axillaires
bulbeux ou caïeux, qui multiplient la plante, tandis que le M. comosum,
qui végète à une grande profondeur, m'a paru en produire un petit nombre
et être d'autant moins apte à en produire qu'il est enfoncé plus profondé-
ment dans la terre ; la plante se multiplie alors presque exclusivement par
graines.
» L' Agraphis nutans m'a offert le même mode de végétation que le
Muscari comosum ; les jeunes bulbes, par suite de l'élongation et du gros-
sissement de leur partie basilaire, présentent, à une certaine période de leur
développement, la forme d'une massue fort allongée : la partie supérieure
conserve la forme du bulbe primordial et n'est constituée que par des tuni-
ques vides à ce niveau, tandis que la partie inférieure, plus volumineuse et
terminée par le plateau, renferme le bourgeon qui doit plus tard produire
la tige florifère.
» Chez un autre Agraphis, VA. patula, les caïeux ou jeunes bulbes se
trouvent plus ou moins au-dessus du niveau de la base du bulbe mère, et
lorsqu'ils ont pris un certain accroissement, ils se rencontrent à la même
profondeur; l'étude suivie du bulbe de cet Agraphis m'a donné l'explica-
tion de ce double phénomène. Les tuniques du bulbe mère sont soudées
entre elles dans une certaine étendue au-dessus de leur base, et les caïeux
ou jeunes bulbes, au lieu de naître à l'aisselle normale de ces tuniques, nais-
sent au point où ces tuniques cessent d'être soudées, point qui constitue
une fausse aisselle; les tuniques externes du bulbe mère se détruisant ensuite,
• (886 )
les caïeux devenus libres se trouvent échelonnés à des hauteurs différentes
au-dessus de la base du bulbe mère; plus tard, en raison de l'accroissement
de la base de leurs tuniques, les jeunes bulbes sont entraînés dans le sol à
une profondeur qui est à peu près celle de la base du bulbe mère.
» Ces mêmes phénomènes sont encore bien plus évidents chez une autre
plante qui appartient au même genre : YJgraphis campanulata; son bulbe,
dont la forme exceptionnelle était à peine signalée et dont le mode de végé-
tation n'était pas connu, se présente, pendant une certaine période de
l'année, sous la forme ovoïde, et, pendant une autre période, sous la forme
d'un rhizome flexueux et allongé. Si l'on retire de terre le bulbe de Y A.
campanulata dans le courant du mois d'avril, il se présente sous la forme
d'un longrhizome, émettant, sur différents points desalongueur, des feuilles
à sa face supérieure, et des racines à sa face inférieure. Une section longitu-
dinale de cette production souterraine en dévoile la structure ; le rhizome
est formé des tuniques, excessivement accrues en longueur, du bulbe flo-
rifère de l'année précédente, et à divers niveaux (à des points qui corres-
pondent aux fausses aisselles, résultats de la soudure des tuniques) se sont
développés des jeunes bulbes dont le bourgeon a déchiré les parois du bulbe
mère (où il était renfermé comme dans une gaîne) pour se faire jour au
dehors, tandis que, d'autre part, les racines de ces jeunes bulbes ont perforé
ces mêmes parois pour pénétrer dans le sol. Ces jeunes bulbes sont ovoïdes,
les plus volumineux produisent une tige florifère, les moins gros ne pro-
duisent que des feuilles et ne deviennent florifères que l'année suivante. Les
jeunes bulbes devenus libres par la destruction du bulbe mère qui les ren-
fermait, changent assez rapidement de forme, leurs tuniques s'allongent
dans toute leur étendue, et ils revêtent l'apparence d'un rhizome cylindri-
que plus ou moins flexueux. Une section longitudinale met alors en évidence
la soudure des tuniques entre elles. Cette soudure a lieu dans une étendue
d'autant plus grande que les tuniques sont plus extérieures , et l'on peut
constater que l'insertion des bourgeons (bulbes ou caïeux pour l'année sui-
vante) existe au niveau des fausses aisselles qui sont le résultat de la soudure
des tuniques entre elles. Le bulbe rhizomorphe reste ensuite stationnaire de
juillet en décembre; à cette époque les bourgeons des jeunes bulbes com-
mencent à se faire jour à travers les parois du bulbe devenu bulbe mère.
Il résulte de* l'élongation de ce bulbe, et de la production de ses caïeux
à diverses hauteurs, que les bulbes de Y A graphis campanulata habitent à un
niveau variable, mais jamais ni trop superficiel ni trop profond, et qu'd
s'établit pour les années qui se succèdent un parfait équilibre. »
(837)
M. Germain de Saint-Pierre fait hommage à l'Académie des deux pre-
mières livraisons d'un ouvrage qu'il publie sous le titre d! Archives de
biologie végétale, ouvrage dans lequel il a consigné ses observations sur
le développement des organes souterrains des plantes.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
Un Mémoire destiné au concours pour le grand prix des Sciences mathé-
matiques, question concernant le dernier théorème de Fermât, est adressé
avec une Lettre dans laquelle l'auteur fait connaître les causes, indépen-
dantes de sa volonté, qui ont empêché que ce travail, depuis longtemps
terminé, ne fût présenté avant la clôture du concours.
Le Mémoire, qui porte pour épigraphe Hoc erat in votis, est réservé pour
la future Commission qui jugera si, malgré la date tardive de sa présenta-
tion, 11 peut encore être admis.
M. Marie, professeur de mathématiques au collège de Saint-Dizier (Haute-
Marne), annonce qu'il vient de terminer un travail sur la même question
et exprime le désir que son Mémoire, quoique non compris parmi les pièces
admises à concourir, soit soumis à l'examen de la Commission appelée à
juger le concours.
M. Marie sera invité à envoyer son manuscrit, qui sera soumis, comme il
le demande, à l'examen de la Commission chargée de décerner le prix.
anatomie végétale. — De la cuticule à l'intérieur des végétaux ;
. par M. A. Tréccl. ( Extrait. )
(Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.)
« Une des questions qui ont le moins préoccupé les anatomistes et qui
méritait cependant de fixer leur attention, est celle qui consiste à savoir si
la cuticule, existant au travers des stomates, se prolonge ensuite dans les
méats intercellulaires et dans les lacunes. Le silence des botanistes à cet
égard, après le jugement porté par M. H. Mohl, m'engage à penser que
cette idée fut unanimement rejetée. Le travail que j'ai l'honneur de présenter
à l'Académie a pour objet de prouver qu'il existe à l'intérieur de beaucoup
de végétaux une cuticule analogue à celle qui est à l'extérieur.
C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N» 18.) ! IO
( 838 )
» Déjà, dans son cinquième Mémoire sur le développement des végétaux
présenté à l'Académie en 1840, M. Payen a dit que la cuticule pénètre dans
toute la profondeur de l'ouverture des stomates; il a trouvé aussi, dans le
Cactus peruvianus , une membrane qui a les propriétés de la cuticule qui est
continue avec elle, mais plus mince, et qui traverse, sous la forme d'un
manchon, 1'épiderme épais de cette plante. En 1842, G. Gasparrini crut
voir dans cette pellicule placée au-dessous des stomates un organe vésicu-
laire particulier, composé d'une membrane et de fibres délicates qui forme-
raient un sphincter auprès de ces stomates; il le nomma cistome.
» Depuis 1842, M. Hartig prétend que la cuticule est toujours composée
de trois membranes; que la membrane interne, dans diverses plantes, se
replie plus ou moins profondément dans le tissu cellulaire, et qu'elle s'étend
dans les méats sous la forme de vaisseaux intercellulaires. M. Hartig semble
deviner les phénomènes plutôt qu'il ne les voit, car ses exemples sont presque
toujours mal choisis; c'est pourquoi M. Mohl ne put vérifier ses observations
en i845, mais il confirma celles de M. Payen. Il vit de plus que, da«s les
feuilles des Hellebortis niger, viridis, de YEuphorbia caput Medusœ, du
Betula alba et de Y Asphodelus luteus, la cuticule, après avoir traversé les
stomates, se prolonge à la face inférieure de l'épiderme sous la forme
d'une membrane interrompue par les cellules du parenchyme, de manière
que l'épiderme de ces plantes est revêtu à ses deux faces par une cuticule.
M. H. Mohl se prononce nettement contre l'opinion de M. Hartig sur l'exis-
tence de la, cuticule dans les méats intercellulaires. Je n'admets pas la
théorie de M. Hartig, mais je pense comme lui que dans les méats de plantes
nombreuses, que même dans les lacunes de beaucoup de végétaux, il y a
une cuticule qui a tout l'aspect de la cuticule externe. En 1848, M. Lind-
ley [Introduction to Botanj) cita les observations de M. Mohl et dit
n'avoir pu vérifier celles de M. Hartig. M. Schacht, dans son Die Pflanzen-
zelle (p. a3i), dit seulement que « les cellules de la fermeture des stomates
aussi bien que les cellules de la cavité respiratoire sont dans la plupart des
cas garnies d'une très-mince continuation de la vraie cuticule. »
» J'ai constaté aussi ce phénomène dans un grand nombre de plantes,
et j'ai remarqué, comme M. Mohl, que cette sorte de prolongement de la
cuticule ne s'étend pas chez toutes les plantes à la même profondeur. Chez
quelques-unes il ne dépasse pas les cellules des stomates ; chez d'autres, il
s'arrête dans la cavité respiratoire à la jonction des cellules de l'épiderme avec
celles du parenchyme {Aloe nigricans, Buxus sempervirens , Tradescantia
fuscata, Eremurus spectabUis, Amaryllis Belladona, etc.) J'ai vu aussi
(83g)
dans les plantes que cite M. Mohl, et dans les Helleborus fœtidus , orientalis,
odorus, purpurascens , Ruta graveolens, divaricata, Asphodelus tauricus,
ramosus, etc., une cuticule fort mince à la face interne de 1'épiderme. J'ai
observé en outre des faits importants que ce savant n'a point aperçus : c'est
i° qu'il est des végétaux dans lesquels cette cuticule interne forme une
membrane parfaitement continue, ou rarement interrompue, sous les cel-
lules du parenchyme (vieilles feuilles du Ruta graveole?is , divaricata, de
Y Helleborus jbetidus); que dans d'autres végétaux cette pellicule continue,
et visible avant l'emploi de l'iode et de l'acide sulfurique, ne se colore en
jaune ou en brun que vis-à-vis les méats intercellulaires; que dans Y Iris
germanica cette pellicule subépidermique jaunit seulement dans les parties
contiguës aux cavités respiratoires, qu'elle bleuit et se dissout sur les autres
points.
» Dans beaucoup d'autres cas, la cuticule, au lieu de revêtir la face
interne de 1'épiderme, tapisse la cavité respiratoire; mais alors la partie de
la cuticule, en contact avec les cellules épidermiques qui bordent cette
cavité près du stomate, jaunit seule sous l'influence de l'iode et de l'acide
sulfurique; la partie qui couvre les cellules du parenchyme, au contraire,
bleuit ( Kleinia neriifolia, Pleurothallis racemiflora, cochleata, Phjsosiphon
Loddigesii, V anilla planifolia , Cereus peruvianus, etc. )Vour bien apprécier
ces faits, il faut employer l'acide avec précaution, et bien constater, avant son
emploi, que la pellicule est parfaitement continue au pourtour de la cavité à
partir du stomate. Si l'on se sert d'acide trop concentré, la membrane con-
tiguë au parenchyme se dissout; celle qui touche l'épiderme persiste seule
et jaunit ou brunit. Quand, au contraire, on fait usage d'acide un peu dilué,
mais trop énergique encore, la membrane qui est voisine de l'épiderme, et
qui a jauni ou bruni, est séparée de celle qui couvre le parenchyme et qui
est devenue bleue ou restée incolore; on voit alors que la première, celle
qui a pris la couleur jaune et brune, s'amincit graduellement dans le voisi-
nage de sa séparation d'avec la partie bleuie qui revêt le parenchyme; mais si
on emploie de l'acide à un degré de concentration convenable, la continuité
de ces parties jaune et bleue de la pellicule devient tout aussi évidente
qu'elle le paraissait avant l'addition des réactifs. Par des observations mul-
tipliées, et l'examen des divers exemples cités précédemment, on s'assure
que la membrane jaunissante est une partie de la membrane qui bleuit,
modifiée de manière à pouvoir résister à l'action dissolvante de l'acide
sulfurique. Ce changement s'effectue à partir du stomate et paraît com-
mencer par la surface en contact avec l'air; aussi, dans beaucoup de
1 10..
( 84o ) ■
cas, peut-on s'apercevoir que toute l'épaisseur de la membrane n'est pas
modifiée. La partie qui ne l'est pas étant dissoute par l'acide sulfurique,
celle qui résiste à cet acide est amincie dans les endroits où elle n'est pas
modifiée dans toute son épaisseur. La manière dont s'opère cette modifica-
tion de la membrane semble accuser une influence de l'air, mais cet agent
n'agit pas seul, car, s'il en était ainsi, la membrane, partout où elle existe
au contact de l'air, perdrait la faculté de bleuir, tandis que dans un grand
nombre de plantes cela n'arrive que dans le voisinage de l'épidémie. C'est
pour avoir employé de l'acide trop concentré que les anatomistes que j'ai
cités n'ont trouvé la membrane dont il s'agit que près des cellules épider-
miques. Cependant une membrane qui a tous les caractères de la cuticule
couvre l'intérieur des lacunes et des méats intercellulaires de beaucoup
d'autres végétaux ; mais cette cuticule interne reste fréquemment incolore
après l'action de l'iode et de l'acide sulfurique, de même que beaucoup de
cuticules externes très-jeunes. Il y en a aussi qui bleuissent comme la très-
jeune cuticule externe du Pistia. Dans Y Iris spectabilis la pellicule qui tra-
verse le stomate, et que les auteurs qui ont étudié cette question s'accordent
à considérer comme la continuation de la cuticule, dans Y Iris spectabilis,
dis-je, cette pellicule ne brunit ni ne jaunit ; elle demeure incolore et se
dissout dans l'acide sulfurique concentré, tandis que la cuticide externe
seule brunit et ne se dissout pas; la couleur brune s'arrête donc à l'ou-
verture externe du stomate. D'un autre côté, nous avons vu que dans les
Ruta graveolens, divaricata, Hellehorus fœtidus , etc . , il existe une cuti-
cule sur toute la face interne de l'épiderme des feuilles âgées, que dans YAs-
phodelus rantosus, luteus, etc., cette cuticule n'existe qu'au fond des
méats intercellulaires ; dans les HeUeborus orientalis, odorus, les cavités
respiratoires sont entourées par une cuticule qui jaunit. Or ces cavités
sont des lacunes ordinaires auxquelles aboutissent les méats intercellu-
laires et par eux les autres lacunes. Il n'est donc pas surprenant qu'il y ait
une cuticule semblable dans les méats et les lacunes de certaines plantes.
Je n'en citerai dans ce résumé que quelques exemples des plus remarquables,
afin qu'aucune contestation ne puisse avoir lieu. Que l'on compare avec la
cuticule externe, par exemple, la cuticule interne qui tapisse les lacunes
du pétiole du Nymphœa alba, du Nuphar lutea, celles des tiges de YHippu-
ris vulgaris, du Menjanthes trifoliata, du Ceratophyllum demersum, etc.,
on demeurera convaincu de leur similitude, soit qu'on les examine avant
ou après l'emploi de l'iode et de l'acide sulfurique. Dans les lacunes des
jeunes et des vieilles tiges de YHippuris, on trouvera sous la cuticule, entre
( 84i )
elle et la membrane cellulaire, une couche de cellulose fréquemment
épaisse ; elle est assez mince dans le Nymphœa alba et dans le Nuphar
lutea, mais elle se gonfle considérablement par l'action de l'acide sulfurique,
qu'il ne faut pas ajouter trop concentré pour mieux observer les rapports
des diverses parties. Parmi les plantes exotiques que j'ai examinées, le
Lymnanthemum Humboldt'd, le Nymphœa stellata, etc., sont aussi des
exemples assez favorables à l'observation de la cuticule interne. Le seul
caractère par lequel elle diffère de la cuticule externe, c'est qu'elle est plus
altérable que cette dernière par l'acide sulfurique concentré; elle se colore
aussi moins souvent en brun lorsqu'on la traite par l'iode et par cet acide.
Elle participe en cela des propriétés des cuticules externes très-jeunes. Du
reste, son origine est la même; elle résulte du dédoublement de la paroi
externe de chaque cellule adjacente à la lacune.
» Si l'on examine, sous un grossissement de 4oo diamètres, les méats du
pétiole du Nymphœa alba, etc., et des coupes transversales d'une multitude
d'autres plantes même ligneuses, on les trouvera garnis d'une membrane
semblable qui doit probablement être rapportée à la cuticule interne. Je n'ai
pas suffisamment étudié son origine pour avoir une certitude parfaite en
ce qui la concerne. »
physiologie végétale. — Recherches expérimentales sur le pouvoir d'ab-
sorption, par rapport à ïeau, des racines des plantes aériennes ; par
M. Ad. Chatin. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.)
• Les recherches anatomiques auxquelles je me livre depuis longtemps
n'ont pas seulement pour objet l'analomie considérée en elle-même et
dans ses applications à la classification végétale ou à l'histoire des plantes
fossiles, elles doivent aussi, dans ma pensée, servir de point de départ et de
fil conducteur à des recherches expérimentales destinées à étendre nos
connaissances en physiologie.
» Je viens soumettre à l'Académie des Sciences les premiers résultats des
expériences que j'ai entreprises pour déterminer les fonctions des racines
des plantes épiphytes ou aériennes; De ces expériences, qui ont pour but
l'appréciation du rôle de l'eau, des vapeurs et des gaz, je n'exposerai au-
jourd'hui que celles touchant le premier point.
» L'anatomie m'ayant appris, d'une part, que les racines des plantes
aériennes ont une organisation très-différente suivant qu'elles se développent
( 84* )
au milieu de l'atmosphère ou au sein de la terre (ou de masses de mousse
humide) ; d'autre part, que les racines placées dans l'atmosphère diffèrent,
suivant les espèces, par la présence (ce qui est l'état le plus commun) ou par
l'absence d'une enveloppe spongieuse (vue par Dutrochet, Linck, Meyen,
Schleiden, Richard, etc.) à leur surface, je me suis proposé de déterminer
tout d'abord quelle influence ont sur les fonctions des racines, par rapport
à l'eau, le milieu dans lequel se développent celles-ci et la nature de leur
enveloppe.
» Se sont ensuite présentées, à mesure que j'avançais dans l'analyse du
problème posé, les questions suivantes, que je me suis efforcé de résoudre :
» L'enveloppe spongieuse sert-elle directement ou indirectement à l'ab-
sorption ?
» Les extrémités vertes des racines aériennes, vulgairement désignées sous
le nom de spongioles (terme bien impropre, puisqu'elles sont toujours pri-
vées d'enveloppe spongieuse), absorbent-elles l'eau?
» Quels sont les pouvoirs d'imbibition et de transpiration de l'enveloppe
spongieuse ?
» Dans toutes les expériences, je me suis servi, pour y engager les racines
et mesurer l'absorption, de tubes semblables dans lesquels chaque milli-
mètre de hauteur répondait sensiblement à ogr,5 d'eau. Quelquefois j'ai
laissé ouverts les tubes où plongeaient des racines, mais avec la précaution
de placer à côté d'eux, pour faire la part de l'évaporation dans le résultat
général, d'autres tubes à blanc ou tubes-témoins , ne contenant que de l'eau ;
plus souvent j'ai fermé les tubes avec un bouchon percé et bien luté à la
cire molle.
» De mes expériences multiples, mais en général concordantes, je ne
rapporterai ici qu'un petit nombre, qu'on peut regarder comme représen-
tant les moyennes des observations; sur plusieurs points même je me
contenterai d'énoncer les résultats.
« A. Expériences ayant pour objet de déterminer comparativement, chez
les plantes épiphjtes, le pouvoir d 'absorption des racines Jlottant dans Vair
et des racines engagées dans la terre ou dans la mousse.
» Sur un même pied de Vanille {Fanilla planijolid) étaient des racines,
les unes pendantes dans l'atmosphère, les autres développées dans la terre
de bruyère : celles-là n'ont absorbé, en vingt-quatre heures, que a milli-
mètres d'eau; celles-ci en ont, au contraire, absorbé 60 millimètres. Dans
une autre expérience, faite sur la même plante, mais à une époque de plus
active végétation, l'absorption par la racine terrestre a été de 100 milli-
I 8/,3 )
mètres; celle par la racine aérienne, de 3 millimètres seulement. Enfin une
racine de Vanille, d'abord formée dans l'air, ensuite peu à peu engagée dans
le sol, où elle n'avait qu'en partie perdu sa couleur verte, etc., absorbait
55 millimètres d'eau pendant que la racine franchement terrestre en absor-
bait 1 10 millimètres.
» Un pied de Sarcanthus paniculatus avait des racines, les unes dans
l'air, les autres dans la mousse humide et dans la terre ; en vingt-quatre
heures, les racines dans l'air ont absorbé 3 millimètres ; les racines dans la
mousse, 65 millimètres; les racines dans la terre, io3 millimètres.
» Les résultats, bien nets, de ces premières expériences sont :
n Que le pouvoir d'absorption, par rapport à l'eau, des racines des
plantes aériennes varie, comme leur organisation, avec le milieu dans le-
quel elles.se développent;
» Que le pouvoir d'absorption des racines venues dans la terre est con-
sidérable ;
» Que le pouvoir d'absorption des racines aériennes est faible ;
» Que le pouvoir d'absorption des racines, incomplètement aériennes et
incomplètement terrestres, répond à la nature mixte de ces organes.
» B. Expériences ayant pour objet de mesurer comparativement le pou-
voir d absorption des racines aériennes pourvues d'enveloppe spongieuse et
des racines, aussi aériennes, mais privées de cette enveloppe.
» Il résulte des expériences faites sur des Rodriguezia, Oncidium, Va-
nilla, etc., que ce pouvoir ne diffère pas sensiblement dans les deux classes
de racines. Les résultats fournis par la première journée d'observation
donnent bien une absorption apparente plus forte pour les racines à enve-
loppe spongieuse que pour les autres ; mais les résultats deviennent ensuite
uniformes, et les différences d'abord observées doivent être mises au compte
de la faculté d'imbibition de l'enveloppe spongieuse, dont le premier effet
est de se saturer d'eau.
» C. L'enveloppe spongieuse absorbe-t-elle directement? Quelle est la
part des extrémités vertes dans le phénomène ?
» Si l'on plonge des racines dans l'eau, les unes par leur extrémité verte
seulement, les autres par celle-ci et, de plus, par le reste de leur longueur
que recouvre l'enveloppe spongieuse, on trouve que l'absorption est sensi-
blement la même dans les deux cas.
» L'absorption est encore fort semblable quand on observe comparati-
vement des racines privées d'enveloppe spongieuse, comme celles delà Va-
nille, et des racines d'espèces pourvues de cette enveloppe.
( 844)
» Donc l'enveloppe spongieuse, si apte à s'imbiber d'eau, ne concourt
pas sensiblement d'une manière directe à l'absorption.
» D. L'enveloppe spongieuse sert-elle indirectement à V absorption?
» Cette question est résolue affirmativement par une jolie expérience. Si
l'on engage par son milieu, et de manière à en laisser au dehors l'extrémité
verte, une racine spongieuse dans un tube en U fermé de deux bouchons,
percés et lûtes à la cire, on constate que l'absorption a lieu. En opérant sur
un liquide coloré, on voit celui-ci se diriger par l'enveloppe spongieuse vers
l'extrémité verte, où nous avons reconnu précédemment qu'était essentiel-
lement le siège de l'absorption.
» Si donc l'enveloppe spongieuse ne transmet pas directement l'eau au
tissu qu'elle recouvre (ce qui cependant peut avoir lieu pour une faible
part), elle concourt très-efficacement, quoique d'une manière détournée, à
l'absorption, en s'imbibant et en transmettant ensuite peu à peu à la racine
l'eau dont elle s'est imprégnée, et qu'elle conserve à la manière d'un ré-
servoir.
» E. L'enveloppe spongieuse cède-t-elle aisément à l'atmosphère l'eau dont
elle s'est chargée ?
» Il ressort de l'ensemble de mes expériences, et notamment de l'équili-
bre qui s'établit dans le pouvoir d'absorption des racines plongeant dans
l'eau, les unes par leur seule extrémité verte, les autres par celle-ci et par
une petite portion de leur enveloppe spongieuse dont la plus grande lon-
gueur reste au milieu de l'air, que l'évaporation par cette enveloppe est sen-
siblement nulle dans l'air humide des serres à Orchidées-, dans un air sec,
la perte par évaporation est au contraire notable, et cette circonstance est
Vune de celles par lesquelles s'expliquent les bons effets des vapeurs dont on
cherche à saturer ces serres.
» F. Quel est le pouvoir d'imhibition de l'enveloppe spongieuse?
» On a la mesure de son énergie en plongeant, par un point de sa lon-
gueur, une racine spongieuse non saturée d'eau dans un liquide coloré. A
l'instant même ce liquide s'élance et recouvre la racine dans toute sa lon-
gueur.
» Le pouvoir d'imbibition, résultat de phénomènes d'hygroscopicité et
de capillarité, se maintient dans toute sa force après la mort de la racine.
La partie vieillie et repoussée en dehors des enveloppes spongieuses est
d'ailleurs souvent morte quand la racine est encore pleine dévie.
( 845)
Conclusions générales,
» i°. Le pouvoir d'absorption des racines aériennes des Orchidées épi-
phytes est à peu près à celui des racines des mêmes végétaux développées
dans la terre :: i : 4°-
» a°. Le pouvoir direct d'absorption est à peu près le même pour les ra-
cines aériennes privées d'enveloppe spongieuse et pour celles munies de
cette enveloppe.
» 3°. L'absorption s'exerce directement par les extrémités vertes des ra-
cines aériennes.
» 4°- L'enveloppe spongieuse concourt indirectement à l'absorption en
s'imprégnant d'eau qu'elle cède ensuite peu à peu à la racine.
» 5°. Le pouvoir d'imbibition de l'enveloppe spongieuse est indépendant
de la vie de ce tissu, et de la vie de la racine.
» 6°. La transpiration par l'enveloppe spongieuse étant nulle, ou très-fai-
ble dans une atmosphère humide, l'eau dont ce tissu peut être imprégné
passe alors presque tout entière dans la racine.
» 70. La faculté qu'a l'enveloppe spongieuse de se charger d'eau pour la
céder ensuite à la plante, la pratique horticole très-répandue de cultiver les
Orchidées épiphytes dans des paniers, etc., remplis de terre ou de mousse,
et le pouvoir énergique d'absorption pour l'eau des racines développées
dans ces derniers milieux, expliquent les bons effets des bassinages ou arro-
sements. »
botanique. — Observations relatives à la fécondation incomplète et à
ses conséquences, dans les végétaux phanérogames ; par M. Ch. IV ai ihn.
Aide-naturaliste au Muséum.
(Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.)
« S'il est un fait de physiologie végétale irrévocablement acquis à la
science, c'est la nécessité de l'intervention du pollen dans l'acte de la géné-
ration proprement dite ou reproduction par graines. Ce que l'on connaît
moins, c'est l'effet des fécondations incomplètes par suite d'une quantité
insuffisante de pollen. Existe-t-il des différences appréciables entre les fruits
qui succèdent à une riche fécondation et ceux où la dose de pollen appli-
quée sur le stigmate a été trop faible pour imprégner la totalité des ovules?
C. R. i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 18.) 1 1 1
(840)
Y a-t-il surtout moins de vigueur chez les plantés issues de graines faiblement
fécondées, que chez celles qui proviennent de graines dont la fécondation a
été faite d'une manière normale? Telle est la question que je me propose
d'examiner et sur laquelle j'appellerai un instant 1 attention des physiolo-
gistes. Sans avoir la prétention de la résoudre, je citerai quelques faits qui,
si je ne m'abuse, tendent à démontrer que, dans certains cas, la quantité
relative de pollen employée à la fécondation d'un ovaire influe sur le déve-
loppement de ce dernier et quelquefois aussi, lorsqu'il est uniovulé, sur
celui de la plante provenue de la graine qu'il contient.
» Dans le cours de mes expériences sur l'hybridation, il m'est arrivé fré-
quemment de castrer des fleurs bien avant la déhiscence de leurs anthères,
et d'en abandonner ensuite la fécondation aux chances du hasard. Dans la
plupart des cas, l'ovaire ne prenait aucun accroissement; le plus souvent
même la fleur se détachait tout d'une pièce, au bout de quelques jours, par
désarticulation ou par sphacélation de son pédoncule. Toutefois, chez les
Nicotiatia, les Nicandra et les Pétunia, qui ont été plus particulièrement le
sujet de ces observations, il arrivait ordinairement qu'un petit nombre de
fleurs persistassent et que leur ovaire, plus ou moins accru, se transformât
en une capsule presque toujours fort réduite en volume, mais contenant
encore un certain nombre de grainesbien conformées, puisqu'elles germaient
et donnaient naissance à des. plantes tout aussi vigoureuses que celles qui
provenaient de graines tirées de capsules de grandeur normale et succé-
dant à des ovaires richement fécondés.
» Il est hors de doute que, dans les cas que je viens de citer, les stigmates
des fleurs castrées avaient reçu, soit par l'intermédiaire du vent, soit plutôt
par celui des insectes, une faible quantité de pollen, suffisante cepéndan!
pour féconder plusieurs ovules et, par suite, pour vivifier l'ovaire lui-même,
lime paraît permis de supposer qu'ici le développement de l'ovaire, dont
ht grosseur variait de \ aux £ du volume normal, a été rigoureusement pro-
portionnel à la somme de pollen reçue par le stigmate. Les ovules très-
ténus et très-nombreux des plantes sur lesquelles cette observation a été
faite, n'ayant pas besoin de recevoir plus d'un tube pollinique pour être
fécondés, il en est résulté que ceux qui ont eu la chance d'être rencontrés
par l'organe conducteur du fluide spermatique ont été aussi puissamment
fécondés que s'ils se fussent trouvés dans un cas d'imprégnation ordinaire,
ce qui explique la vigueur des plantes qui en sont sorties. L'insuffisance
du pollen a donc porté non sur la qualité des «raines, mais sur leurnombrc
et, par suite, sur le volume du fruit lui-même.
( 847 )
» En est-il de même lorsqu'il s'agit d'ovaires uniovulés ou qui ne doivent
développer qu'une seule graine? Les expériences de Gaertne'r fils établissent
assez positivement le contraire pour les Malvacées et les Tropéolées. Il a
reconnu, par exemple, que pour être fécondés les carpelles uniovulés du
Malva mauritiana exigeaient au moins quatre grains de pollen, et même
qu'avec ce nombre la fécondation était peu assurée. Dans le Tro'pœolwn
majus, le nombre des grains de pollen nécessaires pour féconder un seul
ovule serait encore plus considérable, puisqu'une dizaine de grains au
moins, déposés sur le stigmate, laissent l'ovaire et l'ovule absolument inertes.
Il est cependant des plantes à ovaires uniovulés qui font exception et où un
seul grain de pollen suffit rigoureusement à la fécondation ; telles sont les
Mirabilis, si communément cultivés dans nos jardins (M. jalapa et M. lon-
giflora), plantes chez lesquelles, il est vrai, le pollen se fait remarquer par
sa grosseur. Rœlreuter est le premier, je crois, et le seul peut-être qui ait
annoncé la possibilité du fait; ses observations m'étaient inconnues lof s-
qu'il y a deux ans j'entrepris des expériences qui devaient les confirmer.
» Dans l'été de 1 854, ayant enlevé les anthères non encore ouvertes d'une
vingtaine de fleurs de M. jalapa que je laissai sans fécondation, toutes ces
fleurs tombèrent dans, les trois ou quatre jours qui suivirent. La même
opération répétée sur quatre fleurs de M. longiflora amena un résultat
semblable. Ces castrations avaient pour but de servir de contre-épreuve aux
expériences que je projetais, en démontrant le peu de chances qu'ont les
fleurs de Mirabilis d'être fécondées par l'intermédiaire du vent et des
insectes.
;> Du 12 au i4 septembre de la même année, neuf fleurs de M. jalapa
ayant été castrées dans le bouton, un seul grain de pollen, choisi parmi les
plus gros, fut déposé sur chaque stigmate, au moment où ces fleurs s'épa-
nouirent. Le lendemain de l'opération, lorsque leur calice eorolliforme se
fut refermé,, je m'assurai, pour plusieurs d'entre elles au moins, que l'unique
grain de pollen était encore en place, et que les stigmates n'en avaient pas
reçu d'autres.
» Les neufs ovaires parurent nouer et s'accroître ; cependant sept tom-
bèrent successivement dans les quinze jours qui suivirent; les deux survi-
vants arrivèrent à un volume à peu près normal et furent récoltés mûrs vers
le milieu d'octobre.
» A la même époque (du 12 au r 4 septembre) six fleurs de la même plante
furent castrées de même et leurs stigmates reçurent deux grains de pollen.
m..
( 848 )
Un seul ovaire se développa et me donna une graine bien conformée qui fut
récoltée le 9 octobre.
» Le 1 8 septembre, quatre fleurs préalablement castrées de M. longiflora
furent fécondées par un seul grain de pollen. Les quatre ovaires s'ac-
crurent : deux arrivèrent à moitié grosseur, le troisième se détacha un peu
plus tard, ayant atteint environ les -| de son volume normal, le quatrième
seul persista et fut récolté mûr le 26 octobre.
» Le même jour (18 septembre), quatre autres fleurs de la même plante
ayant été castrées, leurs stigmates reçurent chacun deux grains de pollen.
Trois ovaires tombèrent dans les huit jours qui suivirent ; le quatrième noua
et arriva à maturité, bien que dans le cours de son développement il eût été
fortement endommagé par la morsure d'un limaçon, ce qui empêcha plus
tard la graine de germer.
» Les quatre graines ainsi obtenues furent semées le 1 7 avril de l'année
suivante (1 855). Il n'y en eut que trois qui levèrent, savoir : deux graines
de Mirabilis jalapa, l'une provenant d'un seul grain de pollen, l'autre de
deux ; la troisième de M. longiflora, obtenue au moyen d'un seul grain de
pollen. Les trois jeunes plantes, d'abord élevées en pots, furent, au moment
convenable, transplantées à côté l'une de l'autre dans une même plate-bande,
où elles trouvèrent des conditions identiques de sol et de culture. Un qua-
trième pied de M. jalapa, provenu d'une graine richement fécondée l'année
précédente, y fut aussi planté pour servir de terme de comparaison.
» L'individu de M. longiflora (issu d'une graine fécondée par un seul
grain de pollen) atteignit à la taille propre à son espèce; il ne différa des
plantes sorties de graines normalement fécondées ni par le développement
de son feuillage, ni par le nombre ou la grandeur de ses fleurs.
» Il en fut autrement des deux M. jalapa issus de graines faiblement
fécondées. Tandis que la plante de même espèce qui servait d'étalon se faisait
remarquer par un développement peu commun, aussi bien que par le
nombre et par la grandeur de ses fleurs, les deux premières, quoique
pleines de vigueur, restaient sensiblement au-dessous des proportions ordi-
naires de leur espèce. On en jugera mieux par les mesures que je vais don-
ner et qui ont été prises avec toute l'exactitude possible.
» Le 25 septembre, époque où les trois plantes avaient atteint leur plus
grand développement et étaient en pleine floraison, l'échantillon type s'éle-
vait à om,8o ; ses nombreuses ramifications formaient une touffe bien fournie
et régulière, dont le diamètre transversal était de om,85; sur vingt fleurs
( 849)
prises au hasard entre un très-grand nombre, le diamètre du limbe étalé de
la corolle (calice corolliforme) variait entre 27 millimètres au minimum et
36 au maximum ; la moyenne générale a été trouvée de 32 millimètres.
» L'échantillon provenu d'une graine fécondée par un seul grain de
pollen n'avait, au 25 septembre, que quatorze fleurs épanouies. Le diamètre
de leur limbe oscillait entre 16 et 25 millimètres; la moyenne générale a
été 2omm,6. La hauteur totale de la plante ne dépassait pas om,6o et le dia-
mètre transversal de sa touffe om,5o. Environ une moitié des étamines était
mal conformée, les autres ne contenaient que quelques grains de pollen ;
aussi un très-grand nombre de fleurs, au moins les trois quarts, tombèrent-
elles, par ce que leur ovaire n'avait pas été fécondé. Les feuilles, à en
juger à la simple vue, n'avaient guère en surface que la moitié de celles de
l'échantillon type dont je viens de parler.
» Le troisième pied (sorti d'une graine fécondée par deux grains de pol-
len) ressemblait de touts points au précédent; mais il était encore moins
florifère. Sa hauteur était om,55; sa touffe, irrégulière et peu garnie, me-
surait om,6o dans son plus grand diamètre. Il n'avait, le jour du mesurage,
que quatre fleurs ouvertes dont le diamètre moyen s'est trouvé de 22mm,25.
Très-peu d'ovaires ont noué par suite du peu d'abondance ou de l'imper-
fection du pollen.
» Les corolles régulières pouvant être assimilées à des cercles ou à des poly-
gones réguliers, nous pouvons évaluer leurs valeurs comparatives en superfi-
cie par le même procédé que celui qu'on applique à ces figures géométriques,
c'est-à-dire conclure que les surfaces des limbes sont entre elles comme les
carrés de leurs diamètres. Partant de ce principe, nous trouvons que les
limbes des fleurs des trois plantes examinées ci-dessus étaient entre eux
comme les nombres 1024» 426 et 4g5; ce qui revient à dire que le limbe
moyen des fleurs de la plante type (issue d'une abondante fécondation)
étant représenté par 1, ceux des deux autres l'étaient par les nombres 0,4 16
et o,483. Les fleurs de la plante richement étoffée étaient donc plus que
doubles de celles des deux individus qui étaient sortis de graines faiblement
fécondées.
» Un fait isolé comme celui que je viens de citer ne suffit sans doute pas
pour affirmer que, chez le M. jalapa, la fécondation par un seul ou par un
très-petit nombre de grains de pollen ait pour effet constant de donner
naissance à des individus rabougris, peu florifères et peu féconds. Il se peut
que l'affaiblissement observé dans les deux plantes ait été dû à une cause
( 85o j
toute différente ; néanmoins cela me paraît peu probable. Dans tous les cas,
l'expérience que je viens de rapporter confirmerait ce qui a déjà été dit de
la possibilité de la fécondation d'un ovaire uniovulé par un seul ou par
deux grains de pollen. »
-
GÉOLOGIE. — Etudes sur la production artificielle des minéraux et sur les
conséquences qui en résultent pour la géologie; par M. J. Dujiocher.
(Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Berthier,
Élie de Benumont, Dufrénoy, auxquels est adjoint M. de Senarmont.)
« Dans ces dernières années, on est parvenu à former artificiellement,
avec les ressources si limitées de nos laboratoires, un grand nombre des
corps cristallisés qui existent dans la croûte terrestre : ces découvertes
modernes n'ont pas seulement l'intérêt propre que l'on doit attacher aux
efforts de l'homme, lorsqu'il cherche à imiter le pouvoir créateur de la
nature; elles ont, en outre, une importance particulière pour le géologue,
car elles offrent, pour ainsi dire, une reproduction des phénomènes qui ont
eu lieu en grand dans le laboratoire souterrain, et elles fournissent le
moyen le plus sûr d'éclaircir les mystères de la formation du globe. Ainsi,
la plupart des minéraux naturels étant insolubles, non volatils et souvent
infusibles, on ne pouvait autrefois se rendre compte de leur origine qu'au
moyen d'hypothèses qui, plus tard, ont été reconnues dénuées de vraisem-
blance, car elles impliquaient des températures énormes, ou des dissolu-
tions presque impossibles à réaliser.
» Gay-Lussac a le premier ouvert une voie rationnelle, en produisant
artificiellement le fer oligiste, et en montrant que la cristallisation de ce
minéral dans les soupiraux volcaniques n'exige point la chaleur énorme
qu'on supposait nécessaire pour le volatiliser. A une époque plus récente,
M. Daubrée, suivant la même voie, a obtenu des cristaux d'oxyde d'étain et
d'oxyde de titane, par un procédé semblable à celui qu'avait employé Gay-
Lussac pour produire le fer oligiste. De son côté, M. Ebelmen est parvenu
à composer plusieurs des minéraux employés dans la joaillerie, en liquéfiant
les substances amorphes au moyen d'un fondant qui, comme l'acide bori-
que, peut se volatiliser lentement sous l'influence de la chaleur : ainsi a été
expliquée l'origine de diverses gemmes contenues dans les roches cris-
tallines. Déjà longtemps auparavant, M. Becquerel, mettant à profit les
(85i )
combinaisons lenles que déterminent les phénomènes éjectrochimiques,
était parvenu à faire cristalliser des substances minérales insolubles, comme
le sulfate de baryte ; il est probable que telle est l'origine des cristaux de
barytine, de célestine et autres minéraux, qui forment des nids ou des
veines irrégulières dans les terrains de formation aqueuse.
» Mais l'origine des dépôts métallifères était encore très-obscure, lorsque,
par des rapprochements ingénieux, M. Élie de Beaumont fit ressortir la
connexion des phénomènes qui avaient rempli les filons avec les causes
volcaniques. Toutefois il y avait à expliquer les irrégularités, les bizarreries
apparentes des gîtes métallifères, et certaines circonstances dont l'interpréta-
tion a été l'objet de longues controverses. Il fallait aussi tâcher de repro-
duire artificiellement, et par des procédés analogues à ceux qu'avait dû
employer la nature, les principales substances métalliques existant dans les
filons. Le problème présentait donc deux parties distinctes, l'une théorique,
l'autre expérimentale : l'une et l'autre ont été l'objet de mes recherches ;
et la solution à laquelle je suis arrivé me paraît véritablement satisfaisante,
sous le rapport chimique et sous le rapport géologique, car j'ai pu repro-
duire les minéraux des filons avec tous leurs caractères, et j'ai pu expliquer
d'une manière très-simple les circonstances qui paraissaient les plus étranges
et les plus difficiles à concevoir.
» Dans un Mémoire présenté à l'Académie [Comptes rendus, t. XXVIII,
p. 607), j'ai montré que les dépôts des minerais métalliques, en général,
sont le produit de deux ou de plusieurs courants ascensionnels, distincts à
leur origine, se mouvant le long de fissures particulières ou suivant les
diverses parties d'une même fente, se rencontrant en certains points de
leur parcours, et contenant deux sortes d'émanations, les unes motrices,
entraînant les composés métalliques en vapeur ou en dissolution, les autres
fixatrices, contenant des radicaux destinés à fixer les métaux, ordinaire-
ment du soufre ou de l'arsenic. Toutes les irrégularités que nous offrent les
filons métallifères, non-seulement deviennent assez faciles à expliquer,
mais elles se présentent comme des conséquences nécessaires de cette con-
ception : ainsi l'excessive inégalité de richesse des différentes parties d'un
filon, la brusque interruption du minerai, sa plus grande abondance dans
les parties larges, sa concentration habituelle aux intersections des fentes,
qui ont dû être les principaux points de rencontre des deux sortes d'éma-
nations, la disparition fréquente du minerai dans la profondeur, et l'exis-
tence des veines métallifères presque superficielles, qu'on a pittoresquement
nommées des coureurs de gazons, etc., tous ces faits étaient difficilement
( 85a )
explicables ; et, en reconnaissant que les métaux avaient dû venir de bas en
haut, on ne pouvait concevoir que les filons s'appauvrissent en profondeur,
ce qui malheureusement est incontestable dans beaucoup de cas. Ces bizar-
reries me semblent très-simples et très-naturelles, si l'on admet que le
dépôt des sulfures métalliques dans un filon a exigé le concours de deux
sortes d'émanations.
» L'élément moteur des émanations métalliques paraît avoir été, en
général, le chlore, qui joue le même rôle dans les phénomènes volcaniques;
et, dans mon premier Mémoire, je faisais observer que les chlorures métal-
liques sont, à très-peu d'exceptions près, volatils et solubles, de façon que
le même véhicule aura pu servir, soit pour vaporiser les métaux, soit pour
les transporter à l'état de dissolutions, et il aura pu arriver souvent que les
deux cas se soient réalisés, l'un après l'autre, dans les mêmes fentes, par
suite de la condensation de vapeur d'eau.
» Dans la réalisation du programme que j'avais ainsi posé, en 1849,
pour expliquer la génération des filons métallifères, il y avait à exécuter
deux systèmes d'expériences; il fallait produire artificiellement les sub-
stances minérales des filons, i° par la rencontre de deux sortes de vapeurs,
20 au moyen de dissolutions. Pour le second cas, relatif à l'emploi de la
voie humide, j'ai été devancé par M. de Senarmont, dont le beau travail a
été publié dans les Comptes rendus de l'Académie, en i85i (t. XXXII,
p. 4°9)- Mais le second système d'expériences a fait l'objet spécial de mes
recherches, dont j'ai présenté des extraits à l'Académie, t. XXXII, p. 82^,
et t. XXXIII, p. 64 : par le concours de deux sortes de vapeurs, j'ai pu
former les principaux minéraux de fer, zinc, cuivre, antimoine, plomb,
argent, etc., avec les mêmes formes cristallines, le même éclat, les mêmes
caractères physiques, et une telle ressemblance, que souvent on peut les
confondre avec les minéraux naturels.
» Aujourd'hui on peut donc regarder comme résolu dans ses points
essentiels le problème de la formation des dépôts métallifères, problème qui
semblait si obscur, il y a peu d'années. On peut assigner à ces dépôts les
origines suivantes :
» i°. L'injection d'un magma en fusion, qui s'est comporté comme une
roche éruptive; on peut en citer, comme type, les grands amas de fer
oxydulé de la Scandinavie et des monts Oural ;
» 20. La rencontre de vapeurs métallifères et d'autres vapeurs conte-
nant, en général, de l'acide sulfhydrique ;
» 3°. Des sources thermominérales, contenant des sels métalliques
( 853 )
solubles et donnant lieu à des précipitations de métaux, par la rencontre
d'autres dissolutions.
» D'ailleurs le rôle fixateur a pu être'rempli par des substances miné-
rales faisant déjà partie de la croûte terrestre, et contenant un élément
susceptible .de former avec les métaux des composés non volatils ou inso-
lubles. C'est ainsi que le zinc a pu se déposer à l'état de carbonate, en
rencontrant des masses calcaires ou dolomitiques; c'est ainsi que des éma-
nations argentifères ont pu être fixées au contact de sulfures métalliques
préexistant au sein des roches, comme le montre l'observation séculaire
des mineurs de Kongsberg, et comme mon savant collègue Malaguti et
moi en avons donné la démonstration expérimentale.
» Mais quels sont les gites métallifères qui ont été formés par la ren-
contre de vapeurs, et quels sont ceux auxquels on doit attribuer une ori-
gine par voie humide? Les deux modes pouvant produire des composés
semblables aux minéraux naturels, c'est par des considérations géologiques
qu'il faut se guider dans cette recherche : or il y a deux genres de consi-
dérations qui me semblent pouvoir servir à distinguer les gîtes formés par
des vapeurs de ceux engendrés par des dissolutions. Le premier cas im-
plique une température un peu plus élevée, mais le plus souvent il n'est pas
besoin de supposer une pression beaucoup supérieure à celle de l'atmo-
sphère, tandis que, dans le second cas, une forte pression paraît habituel-
lement nécessaire. C'est dans les roches cristallines, ou modifiées par la
chaleur, que doivent surtout se trouver les gîtes de la première sorte ; ils
doivent se rattacher d'une manière plus directe aux phénomènes ignés :
ainsi c'est à ce groupe qu'appartiennent les gîtes de sulfures métalliques
assocîés aux schistes cristallins du nord de l'Europe, et il en est de même
des gîtes stannifères, dont l'origine a été ingénieusement attribuée par
M. Daubrée à des vapeurs contenant du fluor. D'ailleurs il y a une autre
considération qui me paraît assez importante : lorsque des substances sili-
catées alcalifères se trouvent en contact avec des vapeurs métalliques et
sulfureuses, elles ne paraissent pas, en général, être notablement altérées ;
mais il en est tout autrement lorsqu'elles se trouvent en présence de disso-
lutions aqueuses, sous l'influence de la chaleur et de la pression : alors
l'inégale tendance à se dissoudre des bases alcalines et des bases terreuses
se trouve mise en jeu, et il en résulte une altération de la masse, qui perd
sa consistance et tend à prendre l'état argileux ; en même temps il se forme
de nouveaux composés, dans lesquels entre de l'eau, tels que la laumonite
et autres hydrosilicates. Par conséquent, les gîtes métallifères dans lesquels
C. R., i856, t" Semestre. (T. XLII.N» 18.) "2
(854)
se manifestent, au contact des roches encaissantes, des traces d'altération,
non exclusivement inhérentes aux affleurements, mais se prolongeant à des
profondeurs indéfinies, les gîtes où l'on observe, même dans les points les
plus profonds, des parties pourries, à l'état argileux; les filons qui sont
constamment bordés de salbandes argileuses, où, avec la chaux carbonatée,
il y a des gangues à l'état d'hydrate, etc., ce sont ceux-là qui ont dû être
formés par des sources thermominérales : une partie des filons des terrains
anciens, surtout les veines ou amas d'hydroxyde de"fer contenus dans les ter-
rains paléozoïques, la plupart des gîtes des terrains secondaires non modifiés,
appartiennent à ce groupe. On y remarque souvent, en effet, des roches
pourries, comme l'eurite ou porphyre quartzifère de la mine d'Huelgoat,
comme le diorite décomposé de la mine de Pontpéan, ou bien des masses
argileuses qui forment parfois une sorte d'enveloppe autour des gîtes, ainsi
qu'on le voit à l'exploitation de calamine de la Vieille-Montagne et dans
beaucoup de minières de l'ouest de la France. D'ailleurs les mêmes fentes
ont pu successivement être parcourues par des émanations à l'état de va-
peurs et par des émanations liquides, et ce cas a dû probablement être assez
fréquent, puisque, dans les régions volcaniques, nous voyons, sur des points
très-rapprochés, des fissures du sol donner issue à des dégagements de gaz
ou de vapeur et à des sources thermominérales. Ainsi la liaison entre les
deux sortes de gîtes, le passage des uns aux autres n'a rien que de très-
naturel. »
M. l'abbé Basiaco adresse une Note sur un moteur hydraulique de son
invention. 11 annonce que des expériences vont être faites prochainement
avec son appareil en présence d'une Commission désignée par le Gouverne-
ment, et émet le vœu que la Commission nommée par l'Académie des
Sciences puisse assister à cet essai. M. Basiaco désire que son moteur soit
admis à concourir pour le prix triennal, et supposant à tort qu'une Com-
mission aurait été déjà nommée pour choisir entre les diverses inventions
ou découvertes qui sont de la compétence de l'Académie des Sciences,
celle qui semblerait mériter le prix, il voudrait que ce fût à cette Commis-
sion que son Mémoire fût dès aujourd'hui renvoyé.
Cette demande, qui repose sur des renseignements inexacts, ne peut être
prise en considération : la Note de M. Basiaco est renvoyée à l'examen
d'une Commission composée de MM. Morin et Séguier.
( 855 )
M. Mobot, auteur d'une Note sur un moteur électromagnétique, men-
tionnée au Compte rendu de la séance du 27 août 1 855, adresse, comme
complément à cette première communication, un exposé d'expériences dont
les résultats tendent à justifier l'emploi qu'il a fait de fils de zinc au lieu de
fils de cuivre, malgré l'infériorité reconnue du premier métal sous le rap-
port de la conductibilité.
(Renvoi à l'examen des Commissaires déjà nommés : MM. Becquerel,
Pouillet, Séguier.)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Instruction publique transmet un opuscule intitulé :
Saggio di calcolo originale... résolution numérique de divers problèmes
de géométrie et de trigonométrie, par M. O. Gianotti, de Casale (Etats
Sardes), avec une copie de la Lettre d'envoi également écrite en italien.
M. Chasles est invité à prendre connaissance de cet opuscule et à en faire,
s'il y a lieu, l'objet d'un Rapport qui puisse être adressé à M. le Ministre.
M. le Secrétaire perpétuel présente au nom de l'auteur M. L.-R. Lecanu,
professeur titulaire à l'Ecole de Pharmacie de Paris, un volume intitulé :
« Eléments de Géologie ».
physique. — Communication faite par M. Becquerel au nom de M. Victor
Doat, sur une nouvelle disposition de pile voltaique à courant con-
stant.
« La pile que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie, dit
M. Doat, offre une disposition que je crois nouvelle et qui permet de régé-
nérer facilement les produits résultant de l'altération des substances em-
ployées.
» Dans cette pile, le zinc des piles ordinaires est remplacé par le mercure;
l'eau acidulée ou le chlorure de sodium par Yiodure de potassium; l'acide
nitrique ou le sulfate de cuivre des piles à deux liquides par l'iode dissous
dans l'iodure de potassium, et qui mis en excès à l'état solide sert à mainte-
nir la constance. Le charbon est employé comme pôle négatif.
» Une auge carrée en gutta-percha renferme le mercure et l'iodure alca-
lin. Le charbon et l'iodure chargé d'iode sont placés dans un vase poreux
1 12..
( 856 )
carré, lequel est immergé dans le liquide de l'auge à a centimètres au-
dessus du mercure.
» Quand le circuit est fermé, l'iodure de potassium attaque le mercure
avec une très-grande énergie, forme et dissout un iodure de ce métal. Ce
dernier sel attaque à son tour le mercure avec rapidité en lui cédant un
atome d'iode, de sorte que la surface du métal est toujours brillante.
» Cette pile une fois montée n'a plus besoin d'aucun autre soin que celui
de soutirer à l'aide d'un siphon en verre le liquide saturé d'iodure de
mercure, et qu'il faut révivifier pour avoir ses éléments primitifs. La révi-
vification s'opère ainsi qu'il suit :
» i°. L'iodure de potassium s'obtient en chauffant à une chaleur mo-
dérée, dans une capsule surmontée d'une cloche, le liquide provenant des
auges. Le periodure de mercure, qui est très-volatil, se sépare de l'iodure
alcalin, et va se condenser au sommet de la cloche.
» a°. Le mercure se révivifie de deux manières : une certaine quantité
dans la pile même, car l'iodure de potassium en réagissant sur le mercure
le fait passer à l'état de protoiodure, lequel, en présence de l'iodure alcalin,
abandonne la moitié du mercure à l'état métallique et se change en perio-
dure. Ce dernier étant une des substances qui réagissent le plus vivement,
cède au mercure un atome d'iode et le change en protoiodure tout en
repassant lui-même au même état. Ces deux protoiodures abandonnent à
leur tour la moitié du mercure, repassent à l'état de periodure, et ainsi de
suite. L'autre portion de mercure se révivifie en traitant le periodure par
le bioxyde de barium, il se forme de l'oxyde de mercure et de l'iodure de
barium. L'oxyde de mercure légèrement chauffé abandonne l'oxygène et se
change en mercure métallique qu'on recueille.
» 3°. L'iode s'obtient en chauffant l'iodure de barium' qui repasse à
l'état de baryte caustique, et en le recevant sous une cloche fermée.
» Pour connaître quels pouvaient être les avantages de cette pile, j'ai
chargé mon fils Edmond de déterminer la valeur de la force électromotrice
et celle de la résistance ; il l'a fait au moyen d'une méthode qu'il fera con»
naître incessamment à lAcadémie.
» Ce couple a une force électromotrice faible; elle est un peu plus de
moitié de celle d'un couple à sulfate de cuivre, et le tiers de celle d'un couple
à acide nitrique. Sa résistance est telle, que pour une auge de 5 décimètres
carrés environ, et avec une épaisseur de la couche d'iodure de potassium de
3 centimètres environ, elle équivaut à iom,5 d'un fil de cuivre recuit de
i millimètre de diamètre, et ce fil étant supposé à o degré de température. »
(857)
chimie ORGANIQUE. — Sur Vhuile essentielle contenue dans l'alcool de
garance; par M. F. .Iiw.ii w
« Depuis quelques années on fabrique, dans le midi de la France, une
quantité d'alcool assez considérable par la fermentation des matières su-
crées contenues dans la racine de garance. L'alcool ainsi obtenu possédant
toujours une odeur très -désagréable et tout à fait caractéristique, il m'a
paru intéressant de déterminer la nature des matières étrangères qui y sont
contenues. Les recherches entreprises à cet effet sous la direction de
M. Chancel, dans le laboratoire de la Faculté des Sciences de Montpellier,
font le sujet de la Note que j'ai l'honneur de communiquer à l'Aca-
démie. .
» Les produits que j'ai pu me procurer étaient accidentellement colorés
en vert par des sels de cuivre provenant du vase qui les avait contenus.
Cette matière était moins dense que l'eau et laissait déposer avec le temps
des lamelles cristallines. Soumise à la distillation, elle donne, jusqu'à 23o de-
grés, des produits liquides; à partir de ce moment, il se dépose dans le col
de la cornue une matière blanche solide, et si l'on arrête alors la distilla-
tion, la panse de la cornue se remplit de cristaux présentant l'aspect de
feuilles de fougère.
» En observant les indications fournies parle thermomètre qui plongeait
dans le liquide bouillant, j'ai dû soupçonner dans les premiers produits de
la distillation la présence des alcools propionique et butyrique, et le temps
d'arrêt du thermomètre vers 1 3o degrés m'a signalé la présence probable
de l'alcool amylique. Les produits bouillant à cette température se trouvant
en plus grande quantité que les précédents, j'ai pu traiter par la potasse,
puis par le chlorure de calcium fondu, toute la partie séparée vers i3o de-
grés, la purifier et la soumettre à l'analyse, qui m'a donné des résultats
correspondant, en effet, à la composition de l'alcool amylique.
» La matière solide qui était passée à la distillation à 23o degrés, expri-
mée entre des feuilles de papier Joseph, lavée à grande eau et purifiée par
plusieurs cristallisations dans l'éther, se présente sous forme d'une poudre
blanche, d'une odeur poivrée, mais qui rappelle celle du camphre ordi-
naire; soumise à l'analyse, ^Ue a donné les résultats suivants :
i. il.
c = 77>7 77>82
•H= 12,2 I 1,9
O = 10,1 10,28
qui correspond à C20H,8Oa, formule du camphre de Bornéo.
( 858 )
» Cette substance possède une saveur chaude et brûlante, et donne par
sublimation des cristaux qu'au microscope j'ai pu reconnaître pour des
prismes hexagonaux. Projetée sur l'eau en petite quantité, elle donne nais-
sance aux mouvements gyratoires du camphre; elle est peu soluble dans
l'eau, mais très-soluble dans l'acide acétique ordinaire, ainsi que dans l'al-
cool et l'éther, d'où l'eau la précipite. Cette substance, distillée sur du chlo-
rure de zinc ou de l'acide phosphorique anhydre, donne naissance à un
hydrogène carboné dont l'odeur rappelle à la fois celle de l'essence de citron
et celle de bergamote. Enfin, elle se transforme en camphre des Laurinées
sous l'influence de l'acide azotique bouillant, comme l'a observé M. Pelouze
sur le camphre extrait du Drjobalanops camphora.
■ » Les cristaux qui se déposent naturellement dans l'essence brute ayant
toutes les propriétés que je viens de signaler dans la matière obtenue par
distillation, j'ai dû penser que, comme pour le camphre solide de Bornéo
extrait des autres sources, leur formation était due à l'hydratation d'un
hydrogène carboné contenu dans l'essence. Dans le but de l'isoler, j'ai re-
pris le liquide passé au-dessus de i/jo degrés à la première distillation, après
l'avoir mis en digestion sur de la potasse, puis sur du chlorure de calcium
fondu, et l'avoir distillé plusieurs fois, afin de le débarrasser du camphre
qu'il avait entraîné; j'ai obtenu un liquide bouillant à 160 degrés, et dont
l'odeur était celle de l'essence de garance : l'analyse de cette substance
m' ayant donné
C = 88,23
H= 11,81
100,04
•
et la densité de sa vapeur étant /j,85, sa formule est C20H,e correspondant
à 4 volumes de vapeur. Cet hydrogène carboné correspondrait donc au
bornéenne, et serait comme lui un isomère de l'essence de térében-
thine.
» J'aurais voulu pouvoir déterminer l'action de ces deux substances sur
la lumière polarisée; malheureusement, ce qui me restait de l'hydrogène
carboné s'est trouvé insuffisant. Quant au camphre, j'ai été surpris de trou-
ver qu'il déviait vers la gauche le plan de polarisation de la lumière. Une
dissolution de 0.0 grammes de camphre dans 100 centimètres cubes d'alcool
ayant donné une déviation de 12 degrés, j'en ai conclu, d'après la formule
donnée par M. Biot, que le pouvoir rotatoire dece camphre, pour une lon-
gueur de 1 00 millimètres, est
[a] = -34,5.
( 859 )
En résumé, les matières sucrées contenues dans la racine de garance donnent
par la fermentation, outre l'alcool ordinaire, les alcools supérieurs que l'on
trouve également dans les alcools de marc; mais ce produit contient en
outre du camphre de Bornéo déviant à gauche, et un hydrogène carboné
particulier, isomère de l'essence de térébenthine. »
Note de M. Biot.
« La matière solide que M. Jeanjean a retirée de l'alcool de garance,
s'étant trouvée identique au camphre solide de Bornéo de M. Pelouze, par sa
composition chimique, le sens de son pouvoir rotatoire, l'intensité égaie ou
très-approximativement égale de ce pouvoir, et l'aptitude à se transformer
en camphre des Laurinées, après avoir perdu a équivalents d'hydrogène,
cet ensemble de caractères communs autorise complètement la conclusion
que M. Jeanjean a tirée de l'identité moléculaire de ces deux corps.
» La persistance du pouvoir rotatoire, avec modification d'intensité ou de
sens, après qu'une partie des éléments constitutifs a été enlevée, ou qu'une
nouvelle proportion leur a été ajoutée, est aujourd'hui un fait qui se constate
dans une multitude d'exemples, lorsque l'action chimique par laquelle le
changement décomposition est opéré, n'a pas été assez énergique pour désor-
ganiser le groupe moléculaire, auquel la propriété rotatoire est attachée. La
belle découverte de M. Pasteur, sur l'existence de l'acide tartrique gauche,
chimiquement identique à l'acide tartrique droit, avec des formes, un sens
et une intensité de pouvoir •complètement symétriques, a été encore plus
merveilleuse et inattendue, à cause de la parfaite parité des éléments consti-
tutifs. Un second exemple, tout semblable à celui-là, a été constaté depuis
par M. Chautard dans le camphre gauche de la Matricaire, comparé au
camphre droit des Laurinées; et il en a formé aussi un acide camphorique
gauche, chimiquement, ainsi que cristallographiquement identique, mais sy-
métrique, à l'acide camphorique droit. [T^ojez le tome XXXVII des Comptes
rendus, page i66.)Ce genre de recherches, associé aux études chimiques,
semble promettre une ample moisson de faits et d'aperçus nouveaux, à
ceux qui voudront les faire concourir. »
astronomie. — Note sur la scintillation des étoiles; par M. L.-L. Vallée.
« D'après une communication faite à l'Académie dans la séance du
7 avril dernier, M. Ch. Dufour a fait plus de i3ooo observations sur la
scintillation. Il résulte de ces observations que les étoiles rouges scintillent
( 860 )
moins que les étoiles blanches; et M. Dufour, en admettant la théorie de
M. Arago, qui se fonde sur les interférences, montre que ce phénomène
particulier s'explique très-bien.
» Il s'explique aussi par ma théorie, qui est fondée sur la disposition
des diverses parties de l'œil, disposition qui paraît être telle, que le noyau
du cristallin peut envoyer, par suite de la trémulation de l'air, des rayons
colorés sur la rétine à l'endroit de l'image de l'étoile; or, parmi ces rayons,
le rouge est celui qui agirait le premier et le plus fréquemment, et comme
il produit une impression très- visible sur une image blanche, tandis qu'il
n'en produit qu'une peu sensible sur une image rouge, il est clair que, dans
la scintillation, et surtout quant aux couleurs, les étoiles blanches doivent
présenter plus de variations que les rouges.
» Mais ce qui importe le plus, suivant moi, pour faire avancer la science,
c'est de vérifier les expériences qui ont fait dire à Kepler que plusieurs
observateurs voient en même temps les mêmes changements de couleur.
M. Arago a contesté ce fait, qui est absolument contraire à sa théorie; mais
il l'a contesté par de faibles raisons. [Voir les Comptes rendus, séance du
16 mai i853, page 866.)
» J'ai essayé de le vérifier, et il m'a paru vrai. Toutefois, mes observations
ayant été faites sans prendre toutes les précautions que j'indique dans mon
Cours sur l'œil et la vision (note i3), je ne considère pas ces observations
comme convaincantes.
» Si on les répète soigneusement, on serti fixé, en premier lieu, sur
l'expérience de Kepler; on aura, en secolid lieu, des lumières précieuses
sur la théorie de M. Arago, et l'on acquerra, je crois, des idées utiles sur le
daltonisme.
» En effet, ce qui êe passe accidentellement pour la scintillation dans un
œil normal, selon ce qui est exposé dans le Cours précité, peut se passer
journellement chez une personne dont le noyau du cristallin est trop dense
et trop rapproché du pinceau efficace, situé du côté interne de ce noyau,
de façon que si cette personne regarde un point blanc situé sur un tableau
noir, le noyau du cristallin peut envoyer de la lumière colorée sur l'image
de ce point. Et si, en cherchant à ajuster son œil pour discerner le vrai du
faux, le pinceau efficace se rapproche et s'éloigne du noyau, le point blanc
peut paraître successivement rouge, vert, jaune ou bleu. De même, si c'est
un point d'un vert particulier qui est vu sur du blanc, il peut, pour de cer-
tains yeux, être toujours blanc ou toujours rouge.
( 86. )
» On serait donc conduit, au moyen des expériences que j'indique, à
étudier le daltonisme en partant d'une théorie très-plausible, ce qui pro-
mettrait de bons résultats. »
anatomie comparée. — Note sur V encéphale de V Aptéryx ;
par M. Camille Dareste.
« La galerie d' Anatomie comparée du Muséum possède deux cerveaux
d'aptéryx provenant de la mémorable expédition de Dumont d'Urville au
pôle austral.
» Ces cerveaux, qui n'ont pas encore été décrits, m'ont présenté une par-
ticularité fort remarquable. Les lobes optiques, organes dont la conformation
et la position forment le trait le plus remarquable du type encéphalique des
oiseaux, sont rudimentaires chez l'aptéryx, et à peine visibles à l'extérieur,
tandis que dans toutes les autres espèces ils ont un très-grand volume, et se
présentent sous l'aspect de deux grosses éminences, occupant les parties la-
térales et inférieures de l'encéphale.
» Cette modification de l'encéphale n'est point la seule que nous pré-
sente la classe des oiseaux. Le pont de Varole existe chez l'autruche dune
manière très-évidente quoiqu'à l'état rudimentaire. J'ignore si le fait a été
signalé. Je ne l'ai trouvé indiqué nulle part. Toutefois il me paraît difficile
qu'il ait échappé aux anatomistes, car les occasions de disséquer des au-
truches ne sont pas rares.
» Je n'ai pu voir d'ailleurs sur le cerveau de l'autruche, les quatre émi-
nences mamillaires que Duvernoy y indique [Comptes rendus, t. XXXVIII,
p. 369), et je comprendrais difficilement leur existence, parce qu'elle est liée
à celle de la voûte, et que la voûte manque chez les oiseaux.
» Cette modification du type primitif, très-remarquable dans une classe
dont toutes les espèces sont liées entre elles par les affinités les plus intimes,
trouve son application dans les conditions toutes spéciales des organes des
sens dans l'aptéryx.
» Cet oiseau, que nous ne connaissons encore que d'une manière très-
imparfaite, a, comme un certain nombre d'autres espèces de la même classe,
des habitudes nocturnes, mais qui sont le résultat d'une disposition des
organes des sens, très- différentes à beaucoup d'égards.
» L'organe de la vue, très-développé chez les oiseaux, est surtout con-
sidérable chez les oiseaux de nuit, les hiboux, les engoulevents, etc. Dans
l'aptéryx, au contraire, l'œil est très-petit, beaucoup plus que chez aucun
C. tu, i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 18.) I l3
( 862 )
autre oiseau. Il est de plus moins complètement organisé. D'après
M. Owen (i), qui nous a donné dans un de ses plus beaux Mémoires les
seuls détails anatomiques que nous possédions aujourd'hui sur l'aptéryx (a),
il manque du peigne, organe qui se retrouve dans tous les autres oiseaux,
et même aussi dans certains reptiles (3). Cette imperfection de l'organe de
la vue est compensée parle développement considérable de l'organe de l'o-
dorat. Tandis que chez la plupart des oiseaux, même ceux dont le bec est le
plus long, les narines n'occupent qu'une très-petite portion du bec supé-
rieur, elles occupent chez l'aptéryx toute l'étendue de cette région, qui est,
comme on le sait, fort développée, et viennent s'ouvrir à son extrémité an-
térieure. L'organisation des narines est d'ailleurs plus complexe que dans
les autres oiseaux ; l'ethmoïde, au lieu d'un simple canal pour la sortie du
nerf olfactif, y présente une véritable lame criblée comme l'ethmoïde de la
plupart des mammifères.
» Les expériences physiologiques de M. Flourens ont prouvé depuis
longtemps qu'il existe chez les oiseaux une liaison physiologique entre les
lobes optiques et l'organe de la vue , et que la vision est détruite par les lé-
sions du lobe optique. Magendie a confirmé les résultats obtenus par
M. Flourens, en montrant que l'atrophie du lobe optique se produit fré-
quemment après l'ablation de l'œil, que, par conséquent, ces deux or-
ganes ne sont pas uniquement liés par les fonctions qu'ils remplissent, et
qu'il y a de plus entre eux une véritable relation anatomique, puisque la
destruction de l'organe de la vue amène des altérations consécutives dans
les lobes optiques.
» La disposition anatomique que je signale dans l'aptéryx, nous conduit
par une voie très-différente à un résultat semblable, et nous montre le même
fait sous une autre forme (4).
» Il serait fort intéressant de savoir si cette diminution de volume des
lobes optiques s'accompagne chez l'aptéryx d'une augmentation de volume
(i) R. Owen, On the anatomy of the southern aptéryx, dans les Transactions ofthe Zoolo-
gical Society (tome II ).
(2) Les parties osseuses de l'orbite sont également modifiées, le trou optique est percé dans
le frontal et non dans le sphéroïde.
(3) Flourens, Recherches expérimentales sur le système nerveux. — Magendie , Journal de
physiologie expérimentale ( tome III, page 38o).
(4) Celte relation, si manifeste chez les oiseaux, existe-t-elle dans les autres classes du type
des Vertébrés, entre l'appareil de la vue et les parties de l'encéphale qui correspondent aux
lobes optiques des oiseaux ? C'est l'opinion de plusieurs physiologistes modernes et particuliè-
( 863 )
des parties de l'encéphale qui servent à l'olfaction. Mais il aurait fallu pour
cela des dissections que je n'ai pu faire. J'appelle sur cette question l'atten-
tion des anatomistes qui seront assez heureux pour pouvoir disposer de
cerveaux d'aptéryx. »
chimie — Sur la précipitation du protochlorure d'antimoine par l'eau;
par M. Ernest Baudrimont. (Extrait.)
« Le protochlorure d'antimoine, comme on le sait, se liquéfie par son expo-
sition à l'air en attirant à lui l'humidité qu'il y rencontre, sans pour cela se
décomposer; si, dans cet état de déliquescence, on lui ajoute une cer-
taine quantité d'eau, ce sel donne alors un précipité blanc abondant, connu
sous le nom de poudre d'dlgaroth; dans cette circonstance, l'eau a partagé
le protochlorure d'antimoine en un précipité d'oxychlorure hydraté du
même métal, et en acide chlorhydrique qui reste dans la liqueur. Mais ce '
qu'on n'avait pas encore fait remarquer, c'est qu'on peut redissoudre le
précipité de poudre d'Algaroth, au milieu même du liquide où on l'a formé,
par l'addition d'un peu d'acide chlorhydrique, puis faire reparaître le pré-
cipité par une nouvelle addition d'eau. J'ai pu répéter jusqu'à vingt fois
cette expérience, sans en voir la fin, sur une même quantité de protochlo-
rure d'antimoine ; mais, à chaque précipitation ou redissolution, la dose du
liquide employé a dû être plus forte que dans l'expérience précédente.
» J'ai cherché à me rendre compte de ces réactions curieuses, et voici
l'explication que je croispouvoir en donner. Le protoxyde d'antimoine est
un de ces composés qui se placent sur l'extrême limite des acides et des
bases, dont il marque la transition et dont il peut jouer le rôle tour à tour.
Vis-à-vis de l'acide chlorhydrique, il jouira d'une propriété en antagonisme
avec celui-ci; il sera basique. En présence de l'eau, au contraire, il chan-
gera de rôle, et deviendra acide par rapport à celle-ci, qui agira comme
base. Or l'acidité ou la basicité de Sb2 O3 dépendra des proportions d'eau
ou d'acide chlorhydrique qu'il rencontrera. L'acide est-il prédominant,
Sb203 devient basique. Si, dans ce premier mélange, on change les rap-
rement de M. Longet (Anatomie et physiologie du système nerveux, tome I, page 455; et
Traité de Physiologie, tome II, fasc. 2, pages a3 et 220 ).
Toutefois, si cette relation paraît exister dans le plus grand nombre des cas, il y a cepen-
dant quelques exceptions dont on n'a pas jusqu'à présent donné une explication satisfaisante.
J'étudie actuellement cette question, mais je n'ai pu encore réunir un nombre de maté-
riaux suffisant pour pouvoir faire connaître mes idées à son sujet
n3..
( 864 )
ports en faisant prédominer l'eau, alors Sb2 O3 se transformera en acide.
Une nouvelle proportion de ClH va, dans ce deuxième mélange, intervertir
de nouveau le rôle de Sb2 O3, et ainsi de suite.
» J'ajouterai qu'un mélange de ioo parties d'eau et de 1 5 parties d'acide
chlorhydrique à 16 équivalents d'eau maintient le protochlorure d'anti-
' moine en une dissolution qui est sur la limite de la précipitation : une
goutte d'eau en plus la blanchit; puis une goutte d'acide lui rend sa lim-
pidité. Ces proportions d'eau et d'acide sont donc, pour ainsi dire, la
mesure respective de leur force comme agents chimiques. »
physique. — Nouvelle machine électrique. Addition à une précédente Note
sur l électricité développée par le papier chauffé. (Extrait d'une Lettre
de M. J. Thore.)
« J'ai préparé une bande de papier de 20 centimètres de largeur environ,
dont j'ai réuni les deux bouts en les collant ensemble de manière à en
former un ruban sans fin. J'ai tendu ce ruban sur deux rouleaux en bois
recouverts de soie et distants l'un de l'autre; puis j'ai imprimé un mouve-
ment rapide de rotation à l'un des rouleaux, en appuyant sur lui et sur le
papier qu'il faisait circuler, un fer à repasser préalablement chauffé. J'ai
vu la bande de papier se charger bientôt d'une quantité remarquable d'é-
lectricité; de sorte qu'il m'est bien démontré que l'on pourrait construire
ainsi des petites machines électriques très-simples, très-peu coûteuses, et
pouvant fonctionner dans des conditions atmosphériques qui neutralisent
les effets des machines ordinaires à plateau en verre. »
La Société d'Horticulture de Londres adresse ses remerchnents à l'Aca-
démie pour l'envoi de deux nouveaux volumes des Comptes rendus (les
tomes XL et XLI).
M. Doyère fait hommage à l'Académie d'un exemplaire d'un opuscule
dans lequel il a résumé ses travaux sur la conservation des grains. « Le
système que je propose, dit-il, vient d'être mis en expérience par les ordres
de M. le Ministre de la Guerre, et je suis heureux de pouvoir lui en témoigner
ma reconnaissance comme à un Membre de l'Académie. J'attends les résul-
tats de ces essais avec confiance; mais ce que je crois pouvoir réclamer dès
à présent, c'est d'avoir montré tout le parti qu'il y avait à tirer pour ce
grand problème de la considération de l'humidité propre au grain. »
( m )
M. Phipson adresse de Bruxelles un exemplaire d'un opuscule qu'il a
publié récemment « sur la fécule et les substances qui peuvent la remplacer
dans l'industrie ».
Conformément au désir exprimé par l'auteur, ce travail imprimé est ren-
voyé, à titre de renseignement, à la Commission chargée d'examiner un
Mémoire récent de M. Dubrunfaut, sur l'inuline, Commission qui est com-
posée de MM. Payen et Peligot.
M. Boucart (Pierre) annonce avoir inventé un nouveau système de mo-
teurs dans lequel l'air remplace la vapeur, système qu'il désire soumettre
au jugement de l'Académie.
Si M. Boucart veut envoyer une description suffisamment détaillée de son
appareil, cette description sera, s'il y a lieu, renvoyée à l'examen d'une
Commission.
M. Riedl Leuenstern demande et obtient l'autorisation de reprendre deux
Mémoires sur les nombres polygonaux précédemment adressés par lui et
mentionnés dans les Comptes rendus des séances du 6 novembre 1 854 et
i4 mai i855. Il annonce avoir autorisé M. Franck, libraire à Paris, à retirer
en son nom ces manuscrits.
M. JViepce, médecin inspecteur des eaux d'Allevard, prie l'Académie de
vouloir bien faire constater par une Commission les bons effets d'un médi-
cament qu'il emploie contre le goitre et dont il offre de fournir les quanti-
tés suffisantes pour les expériences avec les indications nécessaires pour
l'appliquer.
Tant que M. Niepce n'aura pas fait connaître la composition du médi-
cament qu'il emploie, sa demande ne pourra, d'après les usages constants
de l'Académie, être prise en considération.
M. J.-J. Stuart écrit, de Tyrnau en Hongrie, pour demander les moyens
d'arriver à connaître les rapports des mesures françaises avec les mesures
autrichiennes et quelques autres mesures étrangères.
L'auteur trouvera dans l'annuaire du Bureau des Longitudes^ qu'il lui
sera facile de se procurer, des Tables de réduction de la plupart des me-
sures étrangères en mesures françaises du système métrique.
( 866 )
M. Duhamel écrit du département de la Charente-Inférieure pour offrir
de faire connaître, moyennant une rémunération, des méthodes qu'il dit
avoir découvertes pour obtenir d'une manière facile la mesure des divers
solides à forme régulière.
Cette demande ne peut être prise en considération.
A 5 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret.
COMITE SECRET.
La Section de Botanique propose, par l'organe de son doyen M. Bitox-
oxi art, de déclarer qu'il y a lieu d'élire à la place vacante par suite du décès
de M. de Mirbel.
L'Académie va au scrutin sur cette question.
Sur 43 votants ,
Il y a 39 oui
Et 4 non-
En conséquence, la Section est invitée à présenter dans la prochaine
séance une liste de candidats.
La séance est levée à 5 heures trois quarts. É. D. B.
(867 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 28 avril i856, les ouvrages dont
voici les titres :
Essai sur les principaux points de physiologie ;parM. C.-F. BOUCHER. Paris,
i856; 1 vol. in-8°.
Observations sur tes effets thérapeutiques de la morphine ou narcéine ; par
M. V. Bally; br. in-4°.
Documents et mélanges publiés à l'occasion de la maladie asiatique introduite
dans les Etats-Romains et les Alpes dauphinoises ; par le même. Paris, i855 ;
1 vol. in-8°.
Eludes anatomiques sur t hydrhémo-choladrée , écoulement de l'eau du sang
parle tube digestif , et sur la fièvre jaune, autre espèce d' hémorrhée ; IIe partie;
parle même. Paris, i856;br. in-8°.
Ces trois ouvrages sont adressés au concours pour le prix du legs Bréant.
De la météorologie dans ses rapports avec le choléra et l'épidémie de certains
végétaux; par M. leDr L. Savoyen. Chambéry, i856; br. in-8°.
Des espèces exotiques naturalisées spontanément dans le Jardin des Plantes de
Montpellier; par M. Gh. Martins; \ feuille in-8°.
Le noir animal, analyse, emploi, vente; par M. AD. BOBIERRE. Paris, 1 856;
in-12. (Destiné par l'auteur au concours pour le prix de Statistique.)
Note sur le terrain nummulitique supérieur du Dego,du Carcare, etc., dans
i Apennin ligurien; par M. le professeur Eue SlSMONDA; br. in-4°.
Exposé des travaux de drainage et de dessèchement exécutés par M. Ch. de
Bryas, dans sa propriété du Taillan. Paris, 1 855 ; in-16.
Lettre adressée à M. le Président de t Académie des Sciences; par M. Cl. Gay,
relative à ses travaux scientifiques; br. in-4°.
Historia... Histoire physique et politique du Chili; par M. Claude Gay.
Documents, t. Ier, feuilles a6-34, et t. II; Histoire, t. V; Botanique, t. VI
et VIII; Zoologie, t. VII, feuilles 8-3o, et t. VIII, accompagné de cinq
livraisons de planches in-40.
Jahrbuch... Annuaire de l'Institut Royal et Impérial géologique de Vienne;
6e année ; ier semestre 1 855 ; in-4°.
( 868 )
L'Académie a reçu, dans la séance du 5 mai i856, les ouvrages dont
voici les titres :
Table des positions géographiques des principaux lieux du globe ; par
M. Daussy ; in-8°. (Extraits de la Connaissance des Temps pour les années
> 836-i 858.)
Eléments de Géologie; par M. Lecanu. Paris, i856; br. in-8°.
Mémoire sur la mise en culture des terres vagues dans le département des
Landes; par M. A. DE Lajonkaire. Havre, i856; br. in-8°.
Mémoire sur l'ensilage rationnel, système nouveau pour conserver les grains
d'après les données positives de la science et de la pratique, sans déchet, sans perte
de qualité, sans travail et à moindre frais que dans tout autre système ; par M. L.
Doyère. Paris, i856;br. in-8°.
Mémoire sur la fécule et les substances qui peuvent la remplacer dans l'indus-
trie; par M. leDrT.-L. Phipson. Bruxelles, i855-i856; br. in-8°.
archives de biologie végétale, ou recherches expérimentales sur les divers phé-
nomènes de la végétation, et observations nouvelles sur la structure et les mœurs
des plantes ; recueillies , décrites , figurées et gravées par M. Germain de Saint-
Pierre; ire et 2e livraisons; in-4°.
Reforma... Réforme industrielle et mercantile, ou blocus continental européen
et américain de la Grande-Bretagne ; par M. Matias Gomez DE Villaroa.
Madrid, i855;br. in-8°.
Saggio. . . Essai de calcul original, ou solution indéterminée de divers problèmes
de géome'trie et de trigonométrie; par M. O. GlANOTTl. Casale (États Sardes),
i856; br. in-8°.
Address. . . Discours prononcé à la séance annuelle de la Société géologique de
Londres, le \6 février i855 ; par le Président de la Société M. W.-J. Hamil-
ton. Londres, i855 ; br in-8°.
(869)
PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR l' ACADEMIE PENDANT
le mois d'avril 1836.
Annales de Chimie et de Physique; par MM. Chevreul, Dumas, PELOUZE,
Boussingault, Regnault, de Senarmont ; avec une Revue des travaux de
Chimie et de Physique publiés à l'étranger, par MM. Wurtz et Verdet ;
3e série, t. XLVI; avril 1 856 ; in-8°.
Annales de i Agriculture française, ou Recueil encyclopédique d'Agriculture ;
t. VII, n056et 7; in-8°.
Annales des Sciences naturelles , comprenant la Zoologie, ta Rotanique, l'Ana-
lomie et la Physiologie comparée des deux règnes et l'histoire des corps organisés
fossiles; 4e série, rédigée, pour la Zoologie, par M. Milne Edwards; pour
la Rotanique, par MM. Ad. BRONGNIART et J. DECAISSE ; tome IV; n° 4;
in-8°.
Annales forestières et métallurgiques ; mars 1 856 ; in-8°.
Annales médico-psychologiques ; avril 1 856 ; in-8°.
Annali... Annales des Sciences mathématiques et physiques, publiées par
M. B. Tortouni; novembre et décembre i855; in-8°.
Annuaire de la Société météorologique de France; t. II ; IIe partie. Tableaux
météorologiques; feuilles 4-6 et 32-36; in-8°.
Ribliothèque universelle de Genève; mars i856; in-8°.
Boletin... Rulletin de t Institut médical de Valence; mars 1 856; in-8°.
Rulletin de [Académie royale de Médecine de Relgique; tome XV ; n°* 4
et 5; in-8°.
Rulletin de l' Académie royale des Sciences, des Lettres et des Reaux-Arts de
Relgique; tome XXIII, n° 3; in-8°.
Rulletin de la Société de Géographie ; t. XI; n°* 61 et 62; janvier à
mars i856; in-8°.
Rulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie nationale; mars
i856; in-4°.
Rulletin de la Société française de Photographie; avril i856; in-8°.
Rulletin de la Société géologique de France; t. XII, feuilles 62-65; in-8°.
Rulletin de la Société industrielle de Mullwuse; n° i33; in-8°.
C. B., i856, 1er Semestre. ( T. XLII, N° 18.) X I 4
(87o)
Bulletin de la Société médicale des Hôpitaux de Paris; 3e série, n08 i et 2;
in-8°.
Bulletin mensuel de la Société impériale zoologigue d'acclimatation; mars
i856; in-8°.
Edimburgh... Journal philosophique d'Edimbow g; nouvelle série, n°6;
vol. ITI, n° 2; avril i856; in-8°.
Il nuovo Cimento... Journal de Physique et de Chimie pures et appliquées ;
janvier et février i856; in -8°.
Journal d'agriculture pratique ; t. V, nos 7 et 8; in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie , de Toxicologie ; avril i856;
in-8°.
Journal de Mathématiques pures et appliquées, ou Recueil mensuel de Mémoires
sur les diverses parties des Mathématiques ; publié par M. Joseph Liou ville;
février et mars 1 856 ; in-4°.
Journal de ta Société impériale et centrcde d' Horticulture ; mars 1 856 ; in-8°;
accompagné de la liste des membres de cette Société au Ier avril 1 856.
Journal de Pharmacie et de Chimie ; avril 1 856 ; in-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; n°* 19-20; in-8°.
Hv AByivouz ia.rpix.Yi [ishciGa... L'abeille médicale d' Athènes ; ire série, t. III;
livraisons de janvier à avril 1 856 ; in-8°.
La Revue thérapeutique du Midi, Gazette médicale de Montpellier; nos 7 et 8 ;
in-8°.
L'Art médical, journal de Médecine générale et de Médecine pratique; avril
i856;in-8°.
Le Moniteur des Comices et des Cultivateurs; n° 6.
Le Technologiste ; avril i856;in-8°.
Magasin pittoresque ; avril 1 856; in-8°.
Mémoires de la Société d' Agriculture , des Sciences, Arts et Belles-Lettres du
département de l'Aube; 2e série, t. VI, n09 35 et 36; 2e semestre 1 855; in-8°.
Mémoires de l'Académie impériale des Sciences, Arts et Belles-Lettres de
Dijon,- 2e série, t. IV. Année t859; 1 vol. in-8°.
Monatsberrcht. . . Comptes rendus des séances de l'Académie royale des
Sciences de Prusse ; février 1 856 ; in-8".
Nachricbten... Nouvelles de l'Université et de l'Académie des Sciences de
Goltingxie; nos 4 et 5 ; in -8°.
(87r )
Nouveau Journal des Connaissances utiles; n° 12; in-8°.
Nouvelles Annales de Mathématiques, journal des Candidats aux Ecoles Po-
lytechnique et Normale ; avril i856 ; ih-8°.
Pharmaceutical... Journal pharmaceutique de Londres; vol. XV, nos 9
et 10; in-8°.
Répertoire de Pharmacie; avril i856; in-8°.
Revista... Revue des travaux publics ; 4e année; n°7; in-8°.
Royal astronomical... Société royale astronomique de Londres ; vol. XVI,
n°5; in- 8°.
Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales ; IXe volume.
Perpignan, 1 854 ; in-8°.
La Presse Littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; nos 10-12;
in-8°
L'Agriculteur praticien; nos 12- 14; in-8°.
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale; n° 7; in-8°.
Bulletin de /' Académie impériale de Médecine; t. XXI, nos i3 et i4; in-8°.
Astronomische. . . Nouvelles astronomiques ; nos 96 1 -984 ; in-4°.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; ie' se-
mestre i856; ncs 12-17; m"4°-
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et
de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; t. VIII; 1 3e- 16e livraisons.
Gazette des Hôpitaux civils et militaires ; nos 3g- 5 1 .
Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; n05 14-17-
Gazetle médicale de Paris; n04 1 4- 1 7 •
L'Abeille médicale; noa 10-12.
La Lumière. Revue de la Photographie; nos 14-17-
L Ami des Sciences; nos 1 4~ 1 7 -
La Science ; n™ 10-22.
La Science pour tous ; nos 17-20.
L'Athenœum français. Revue universelle de la Littérature , de la Science et
des Beaux-Arts; nos 14-17; accompagné du Bulletin archéologique du mois
de mars 1 856.
Le Moniteur des Hôpitaux; n0539-5i.
Le Progrès manufacturier ; nos 47- 5o.
Réforme agricole, scientifique, industrielle; avril 1 856.
Revue des Cours publics; n"' 14-17.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 12 MAI 1856.
PRÉSIDENCE DE M. IS, GEOFFROY- SAINT- HILAIRE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
A l'ouverture de la séance, M. Is. Geoffroy-Saint-Hilaire annonçait
que M. Binet, qui, le 28 avril dernier, avait encore exercé les fonctions de
Président, était très-dangereusement malade. M. Binet est mort avant que
la séance fût terminée. L'Académie a appris cette triste nouvelle au moment
où elle allait se séparer.
chimie. — M. Chevreul lit une introduction au septième Mémoire de ses
recherches chimiques sur la teinture. Elle a pour titre : Comparaison de
Vanalyse minérale avec l'analyse organique immédiate, et conséquence
quon peut en déduire pour établir une méthode de cette dernière analyse.
chimie appliquée. — Nouvel acide extrait d'une plante mexicaine, et qui
paraît pouvoir être employé dans la teinture; Lettre de M. Ramon de la
Sagra, Correspondant de l'Académie des Sciences Morales et Politiques, à
M. le Secrétaire perpétuel.
« Je viens vous prier de présenter à l'Académie des Sciences l'échantillon
ci-joint d'un nouvel acide, qui se trouve cristallisé dans les racines sèches
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d'une plante du Mexique, appelée dans le pays pipitzahoac, où elle est em-
ployée comme purgatif drastique. Le Dr Hernandez en a fait mention dans
l'ouvrage intitulé : Historia Plantarum Novœ-Hispaniœ.
» Cet acide et un échantillon de la plante et de la racine se. trouvaient
dans les vitrines de l'Exposition mexicaine au Palais de l'Industrie. La Com-
mission mexicaine a eu l'extrême complaisance de me les céder, pour les
faire examiner et connaître.
» La plante, ayant été déterminée par M. Weddell, du Muséum d'His-
toire naturelle, se trouve être la Dumerilia Humboldtia, de Lessing, de la
famille des Synanthérées, déjà si riche en produits remarquables et utiles à
la médecine.
» Le nouvel acide a été étudié au Mexique par le professeur M. Rio de la
Loza, qui en a fait le sujet d'un Mémoire lu à l'École de Médecine du pays,
le 22 novembre i852. C'est à cause de cette première communication scien-
tifique, que le nouvel acide porte le nom Riolozique, tiré de celui du savant
mexicain. Il en a reconnu et exposé les propriétés physiques et chimiques.
Parmi celles-ci, il y en a qui recommandent le nouvel acide pour la tein-
ture, car il se combine avec les alcalis et les oxydes métalliques, formant
des sels de diverses nuances qui se fixent bien sur les étoffes de laine, de soie
et de coton. Si l'Académie juge convenable de nommer une Commission, je
me ferai un devoir de lui transmettre d'autres renseignements. »
MM. Chevreul et Pelouze sont invités à examiner les spécimens présentés
par M. Ramon de la Sagra.
M. î/IIoMHius Fiions fait hommage à l'Académie d'un exemplaire d'un
opuscule qu'il vient de publier sous le titre de : Observations sur le Pecten
glaber.
zoologie. — Tableaux paralléliques de V ordre des Gallinacés ;
par S. A. le Prince Bonaparte.
« Poursuivant mes études sur les classifications paralléliques, j'en suis
venu à devoir appliquer aux Précoces, qui constituent la seconde sous-
classe des Oiseaux, les mêmes principes à l'aide desquels j'ai divisé les
Altrices, dont est formée la première.
» Je donne ici les tableaux systématiques du neuvième ordre, de l'ordre
entier des Gallinacés, c'est-à-dire celui de la tribu des Passerigalles, et ceux
( 875 )
des trois cohortes des vrais Gallinacés , dont la dernière est de beaucoup
la plus nombreuse. On sait que cet ordre, que je n'élève dans sa série
qu'au niveau de celui des Pigeons, l'un des derniers de ma première sous-
classe, n'en commence pas moins la seconde, dans laquelle il est suivi par
l'ordre des Êchassiers, qui correspond à celui des Herodes, par l'ordre des
Palmipèdes, correspondant aux Gavies, et par les RuHipennes, qui terminent
la classe des Oiseaux, correspondant aux Impennes, les derniers aussi de leur
série.
» Par une curieuse coïncidence, que je constate avec bonheur pour la
première fois, il se trouve que tous les Oiseaux désignés par les chasseurs
et les gastronomes sous le nom de gibier, appartiennent à la seconde sous-
classe des Précoces, qu'ils constituent même en entier, tandis que la pre-
mière, celle des Altrices, n'en contient pas un seul.
» La synonymie de mes tableaux pourra cette fois offrir un intérêt
spécial, attendu que M. Pucheran a bien voulu s'en rapporter à moi pour
l'indication des types de notre Musée qu'il lui restait à faire connaître,
comme il l'a déclaré lorsqu'il a clos sa publication si appréciée en Alle-
magne et partout où l'on travaille sérieusement. Je n'ai accepté cette espèce
d'héritage que sous bénéfice d'inventaire, c'est-à-dire que j'ai puisé large-
ment dans ses notes, et me suis éclairé de son expérience.
» Deux des espèces nouvelles énumérées dans mon second tableau
méritent d'être caractérisées dès à présent; les autres le seront dans la
dernière partie du Conspectus, dont l'impression se continue à Leyde.
» i. Pipile (i) argy rôtis, Bp., de Caraccas, semblable à P. marail,
mais la face encadrée de blanc mat, plus étendu et plus brillant sur la ré-
gion des oreilles.
■» i. Orlalida montagnii(2), Bp., de la Nouvelle-Grenade, semblable
pour la taille et pour la couleur à Chamœpetes goudoti, mais à poitrine
d'un gris légèrement olivâtre, avec les plumes bordées de blanc, comme
dans les vraies Pénélopes : le croupion largement lavé de roux. »
(i) Le genre Pipile est établi ici en remplacement de Pénélope , Wagler, un peu modifie ;
le genre Pénélope, Merrem , correspondant plutôt à Salpiza , Wagler, groupe artificiel
affublé d'un nom illégal. — J'ai aussi fait subir une légère modification au nom Penelops ,
emprunté à Pline par Reichenbach , afin de pouvoir lui laisser la jouissance de son genre ,
d'ailleurs à peine distinct à? Ortalida.
(2) Gallieorum Cryptogamistarum facile Principi , amicissimo Montagno dicata.
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Subf. 11. Argusaninee.
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26. Argusanus, Raf.
68. g'iganteus, Temm.
(pavoninus, Vieill.
argus, L.)
69. ocellatus , Yen. '
ORDO IX.
TRIBUS II.
COUORS II.
FAMIX.IA 8. PAVONIDffi.
27. Pavo, t.
70. cristatus, L.
{assamensis, Mac Clell .)_'
Subf. 12. Favoninee.
L. PAVONE*.
28. Spiciferus, B/j
71. muticus, L.
( japonensis, Br.
javanicus, Horsf.
spiciferus, Vieill.
aldrovandi , Wils.)
M. POLÏPLECTREX.'
29. Polyplectron , Temm.
72. bicalcaratum , L.
{malaccensis, Scop.
iris, Bodd. nec Temm.
argus, Temm.)
73. hardwicki, /. Gr.
{iris, Temm. nec Bodd.)
74- thibetanus, Br.
( bicalcaratus, /3. thibetanus, L.
chinquis, Temm.
albo-ocellatum , Cuv.)
75? lineatum, /. Gr.
30. Emphania, Reich.
76. napoleonis, Massena.
(emphanum, Temm. mai.)
77? hypopyrus, Bp.
31. Chalcurus, Bp.
78. inocellatus, Cuv.
{P. chalcurum, Temm.
napoleonis, faem. ! Reich.)
N. l'IlASUMl.ï.
32. Thaumalea, Wagl.
79. picta , L.
(aureus sinensis, Br.)
80. amherstise , Leadh .
33. Phasianus, L.
81. colchicus, L.
82. pallidus, Biehm.
83. albo-torquatus, Bonn,
{torquatus ? Gm.)
84. mongolicus, Pall.
[torquatus, Aliq. )
85. versicolor, Yieili.
(diardi, Temm.)
34. Syrmaticus , Wagl.
86. reevesii, Gr.
(veneratus, Temm.)
3o. Graphophasianus, Reich.
87. soemmeringii , Temm.
36. Catreus, Caban.
88. wallichi, Hardw.
(stacii, Vig.)
57. Gennœus, Wagl,
89. nycthemerus, L.
(argentatus, Sw.
lineatus, Jard. nec Lath.)
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GALLIN^E.
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(.VI.IJ.
Subf. 13. Phasianinœ.
38. Gallus, L.
90. ferrugineus , Gm.
(bankivn , Temm.
gallinaccus , Gesti.
gallorum, Less.
cristatus, L.
ecaudatus, L.
morio , L.
lanatus , L.
crispus, L.
pus: I lus, L.
domesticus . Gm.
giganteus, Temm.
sylvaticus ex India, Gr.
91. lafayettii , Le«.
(kikirivulli , Temm.)
lajresnayi, Aliq.)
93. temmincki, Gr.
93. varius, S7iaw.
[javanicus, Horsf.
furcatus, Temm.)
94. aeneus, Cuv.
95? anstrutheri , /. Gr.
96. sonnerati, Temm.
{gallus, Scop. an Gm ?
indicus, Leach.
stanleyi? J. Gr.)
FAIHH.IA 9. PHASIANIDJE.
O. (..ui.ii.i:.
59. Gallophasis, Hodgs.
97. leucomelanus, Lath..
(hamiltoni, J. Gr. )
98. albicristatus, Vig.
99. melanotus, Blyth.
100. horsfieldi, Gr.
(lathami, J. Gr.)
40. Grammatoptilus, Reich.
101. lineatus, Lath. nec Auct.
(reynaudi, Less.
fasciatus? Mac Clell.)
41. Alectrophasis, Gr.
roa. cuvieri, Temm.
(melanion, Vieil].)
diardi, Guérin.)
io3. personatus, Temm.
42. Acomus, Reich.
104. purpureus, 1. Gr.
erythrophthalmus, i. Gr.)
io5. erythrophthalmus, Raffl.
(pyronotus, Gr.
E. diardi, Temm. )
106? muthura, /. Gr.
107? crawfurdi, ). Gr.
45. Macartneia , Less.
108. ignita, Shaw.
(ru/us, Radies, fsem.
macarineyi , Temm.)
109. vieilloti, Gr.
{ignitus, Vieil], nec Shaw.)
Subf 14 lophophorinee.
P. SATYRE*.
44. Pucrasia, Gr.
lie. macrolopha , Less.
(purrasia, Gr.)
m. castanea , Gould.
lia. duvauceli, Temm.
[pucrasial Temm.
nepalensis, Gould.)
48. Satyra, Less.
1 1 3. cornuta, Br.
(Meleagris satyra, L.
lathami, J. Gr.
pennanti, J. Gr.)
114. melanocephala , /. Gr;
( PA. nepalensiSf J. Gr.
Pi. castaneus, J. Gr.
haslingsii, Vig.)
11 5. temmincki, J. Gr.
Q. lOPHOPHORE/E.
46. Lophophorus, Temm.
116. impeyanus, iatA.
(curviroslris, Shaw.
refulgetu, Temm.)
47. Crossoptilon , Hodgs.
117. auritus, Pu//.
(thibetanus, Hodgs. nec Br.)
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(caucasicus , Aliq. )
16G. himalayensis , Gr.
(nigelli, J. Gr.
caucasicus , Gr. nec Pall.)
167. altaicus, Gebler.
( caucasica , Eversm . )
168. thihotanus, Gould.
62. Lerwa , Hodgs.
169. nivicola, Hodgs.
65. Ithaginis, Wagl.
170. cruentus, Hardw.
(gardneri, Hardw. foem.)
64. Galloperdix, Blylh.
171. gularis, Temm.
(polygrammica , Val.)
172. zeylonensis, Gm.
(bicalcarata , Penn. )
1 73. oculea , Temm.
(ocellatas , Radies. )
174. sphenura, /. Gr.
GS. Hepburnia , Reich.
175. spadicea, Gm.
(madagascariensis ! Gr.)
176. oleagina, Bp.
177. northise , /. Gr.
(spadicea, fœm. Auct.)
178. lunulata, Val.
(hardwicki ? Gr.)
OBDO IX.
TRIBUS II.
COHORS III.
FAMXLIA 13.
Subfamilia 19. Perdicinœ.
W. FRANCOLINEiE.
66. Francolinus, St.
J79. vulgaris, Steph.
(francolinus, L.)
180. asiae, Bp.
(franc, minor ex Asia, Auct.)
181. henrici, Bp.
(franc, major alisbrev. exScind.)
182. tristriatus, Bp.
(franc, ex 1ns. Chipr.)
i83. pictus, Jard.
( hepburni, J. Gr.)
184. perlatus, Gm.
(chinensis, Osbeck.
maculata, J. Gr.
phayrei, Blyth.)
i85. madagascariensis, Gm.
(pinladeus , Scopoli )
67. Peliperdix. Bp.
186. latharai, Harll.
(peli, Temm. )
68. Ortygornis, Reich.
187 ponticerianus, Gm.
(orientalis, Gr.)
69. Rhizothera, Gr.
88. longirostris, Temm.
(curviroslris , Rafil.)
70. Pternistis, Wagl.
189. imdicollis , Gm.
(capcnsis , Steph. nec Gm.)
190. rubricollis, Rùpp,
(asialica ! Lath.)
191. swainsoni, Smith.
192. cranehi , Leach.
(punclulalus, Gr.)
71. Chœtopus, Sw.
a. Didfmacis, Reich.
ig3. bicalcaratus , L.
( scnegalensis , Br.
adansoni, Temm.
albiscapus , Reich.
b. Clamator , Blyth.
194. capensis, Gm. nec L.
(clamator, Temm.)
ig5. natalcnsis, Smith.
(lechoho , Smith.)
196. albigularis, Gr.
197. subtorquatus, Sm.
(cor/ui, Smith.)
198. pileatus, Sm.
( scphacna, Sm.)
199. clappertoni, Chidren.
200. ruppelli, Gr.
(clappertoni, Riipp. nec Childr
201. gutturalis, Riipp.
c. Scleroptcra.
202. levaillanti , Temm.
203. afer , Lath.
204. erkeli, Rùpp.
205. gariepensis, Sm.
(vaillantoïdes, Sm.)
206. concentricus, /. Gr.
207. adspersus , Waterh.
72. Margaroperdix , R.
208. striata, Gm.
(madagascariensis , Scop.
griscus, Gm. faem.
pinladeus I Aliq.)
X. PERDICEiE.
Orbis ant.
73. Caccabis , Kaup.
209. rubra, Dr.
(rufa, L. excl. syn.)
210? labataei , Bouteill.
( rufidorsalis ? Brehm.
rubra, part. Auct. )
211. petrosa , Lath.
( rubra barbarica , Br.
T. rufus var. S. Gm. )
74. Perdix, Bp.
212. saxatilis, Bechst.
(rufa , part. Gm.
rupestris , Brehm.
grecca ! occident. Auct. )
21 3. grajea, Belon.
( chukar ex Eur. Auct.)
214? altaica, Bp.
(saxatilis! Brandt.
chukar. Aliq.)
21 5. chukar, /. Gr.
(pugnax, Hodgs.)
21C. synaica, Bp.
( rupicola ? Licht.)
217. melanocephala , Rùpp.
(botta, Mus. Par.)
218. yemensis, Nicholson.
( Francolinus yemensis. Nichols.)
7o. Ammoperdix, Gould.
219. heyi, Temm.
(Jlavirostris , Ehrenb.
rupestris, Aliq.)
220. bonhami , Gr.
(griseogularis , Brandt.)
( 883 )
GALLEViE.
GAIiliDA.lC'F.i:.
PERDICES.
PERDICIDJE.
Y. STARNE.E.
Orbis ant.
76. Arboricola, Hodgs.
* Indicœ.
321. torqueola, Valette.
( olivacea , J. Gr.
megapodia, Temm.)
222. rufigularis, Blyth.
223. intermedia , Blyth.
224. brunneipectus , Tick
225. atrigularis, Blyth.
x* Malasiœ.
226. javanica, Horsf.
227. personata, Bp.
77. Starna , Bp.
228. perdix , L.
(cinerea , Lath. nec L.
montana ? Gm.
damascena? Br.
sylvestris, Brehm.
minor , Brehm. )
229. nov sp. Hodgs, e\ Himal.
a3o. thoracica, Temm.
23i. charltoni, Eyt.
î32? scutala, /. Gr.
78. I'tilopachus , Sw.
233. fuscus , Vieill.
(ventralis, Valenc.
erythrorhynchus , Sw.)
234. soperciliosus , /. Gr.
(ISollulus supercil. J. Gr. )
Z. ODONTOPHOREdî.
Americanœ.
79. Dendrortyx, Gould.
235. macroura , Jard.
( ncevia? Gm.)
236. leucophrys , Gould.
237. barbata , Licht.
80. Odontophorus, V/ei//.
238. guianensis , Gm.
(rufus, Veill.
rufina , Spix. )
23g. marmoratus, Gould.
240. pachyrhynchus, Tschudi.
241. speciosus, Tschudi.
242. dentatus, Licht. vix Temm.
(guianensis, Gr.)
243 capueira,S/»'a:.
(dentatus, Auct.)
244. capistratus, /«rd.
(malurus? Sw.)
245. stellatus, Gould.
(leucosticle, Natter.)
246. guttatus , Gould.
247. balliviani , Gould.
248. veraguensis, Gould.
81. Strophiortyx , B^.
249. columbianus, Gould.
250. strophium , Gould.
25 1. Iineolatus, Licht.
(thoracicus, Gambel.)
Subfamilia 20. Ortyginœ.
Aa. ORTYUE.S.
Americanœ.
82. Cyrtonyx, Gould.
252. massena , Less.
( montezutnœ , Vig.
guttata, Llave |832.
meleagris, Wagl.
perspicillata, Licht.)
253. ocellata , Gould.
85. Ortyx, Steph.
254. virginiana, L.
(marilanda , L. faeni.
americana , Br.
novœ-angliœ , Br.
Coi. ludoviciana , Br.
borealis , Temm.)
255. cubana, Gould.
(virginiana ! d'Orb. nec L.)
256. texana, Laurence,
(mexicana? L.)
257. nigrigularis, Gould.
258. coyolcos, Gm.
(mexicana , Br.
castaneal Gould. var.}
25p. pectoralis, Gould.
Ab. CALLIPEPLE.€.
Americanœ.
84. Eupsichortyx , Gould.
260. cristata, L.
(temmincki, Stcph.
neoxenus, Vig.)
261. leucotis, Gould.
262. sonninii , Temm.
? affinis, Vig.
263. parvicristata, Gould.
264. leucopogon , Gould.
265. thoracica , Garni.
266 sclateri, Bp.
( Eups. gula nigra.)
83. Philortyx, Gould.
367. fasciata, Gould.
(perroliana, O. des Murs.)
86. Callipepla Wagl
268. squamata, Vig.
(cristata, Llave nec L.
strenua, Wagl.)
269. elegans , Less.
(spilogastcr, Vig.
270. douglasi, V'g.
87. Lophortyx, Bp.
271. californica , Shaw.
272. gambeli, Nutt.
(venusla, Gould.)
273. picta, Douglas,
(plumifera , Gould.)
Nota. — La fin de l'ordre des Gallinacés se trouve à la page 8Ji.
Il6.
( 884 )
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( 885 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. le Ministre de l'Instruction publique transmet deux Mémoires de
M. Bïlliard, médecin à Corbigny (Nièvre), Mémoires ayant pour titres:
l'un, « Théorie de la phthisie, » l'autre, « Découverte des sources de l'ozone
organique, suite du Mémoire sur la cause secondaire du choléra ».
Ces deux Mémoires sont renvoyés à l'examen de la Section de Médecine
et Chirurgie, déjà saisie du Mémoire sur le choléra.
M. le Ministre de l'Instruction publique transmet également un Mémoire
adressé de Buenos-Ayres, par M. Bravard, et intitulé : « Conspectus de la
faune fossile de l'Amérique du Sud ».
Ce Mémoire, dont nous devons nous borner aujourd'hui à mentionner
l'arrivée, n'est, comme le titre l'indique, que le cadre d'un immense travail
que l'auteur prépare pour la publication. Pour faire juger de son impor-
tance, il nous suffira de dire que la collection paléontologique formée dans
le nouveau monde par M. Bravard ne compte pas moins de six mille osse-
ments ; elle donnera lieu à l'établissement d'un grand nombre d'espèces
nouvelles, cinquante au moins, suivant l'auteur.
(Commissaires, MM. Constant Prévost, de Quatrefages.)
chimie organique. — Considérations générales sur le mode de constitution
des alcools et des éihers ; par M. Blondeau.
(Commissaires, MM. Dumas, Balard.)
physique. — Suppression du fil de cuivre couvert en soie pour les spirales
des multiplicateurs; par M. Bonelli. '
(Commissaires, MM. Becquerel, Despretz.)
« Pour produire les phénomènes de l'électromagnétisme et du magnéto-
électricisme , c'est-à-dire pour obtenir de l'électricité les effets des aimants,
et des aimants les effets des électromoteurs, il faut toujours employer des
spirales de fil métallique revêtu d'une substance qui l'isole parfaitement,
et qui consiste, jusqu'à présent, en une enveloppe de fil de soie ou de
coton. Les fils métalliques qui composent ces spirales doivent être plus ou
moins gros et avoir plus ou moins de longueur, selon les phénomènes
( 886 )
qu'on veut produire et selon les forces employées, mais bien souvent il
faut donner aux spirales une très-grande longueur, et aux fils le plus petit
diamètre possible. Or ces fils métalliques, couverts de soie ou de coton,
ont un prix considérable, qui est une des objections qui rendent plus dif-
ficiles les applications pratiques de l'électricité; les fils très-fins surtout
coûtent énormément cher, et encore y a-t-il des limites de finesse qu'on
n'est pas parvenu à dépasser, et auxquelles il faut se tenir, quelle que soit
l'importance d'avoir une plus grande finesse et une plus grande résistance
par conséquent. Il y a plusieurs expériences qu'il serait très-important de
faire, et qui ouvriraient peut-être un nouveau champ à l'étude de l'élec-
tricité et de ses applications, et qu'on ne peut pas exécuter faute de fils
très-minces et isolés convenablement.
» Le problème que je suis parvenu à résoudre est le suivant :
» i°. Faire à très-bon marché les spirales pour les machines électro-
magnétiques ou magnéto-électriques, telles que relais, électro-aimants pour
télégraphes, galvanomètres, etc.
» i°. Faire des spirales d'une finesse infiniment supérieure à celles des
fils les plus minces, et cela en diminuant des quatre cinquièmes le prix
actuel.
» Le moyen très-simple d'obtenir des effets d'une si haute importance,
consiste dans la substitution aux fils métalliques des bandes de papier sans
fin à lignes métalliques.
» Que l'on suppose, par exemple, une bande de papier AB de la hauteur
d'une bobine d'électro-aimant ou du châssis d'un galvanomètre, et sur la-
quelle, par des moyens bien connus, on ait tracé des lignes métalliques
aa', hb ', ce', dd' ; il est clair que ces lignes restent isolées l'une de l'autre
par le papier qui les sépare, et que le courant électrique pourra en par-
courir une quelconque, pourvu qu'il y ait continuité dans le métal dont
elles sont faites.»
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» Si donc on enroule ce papier sur la bobine ou sur le châssis, en
( 887 )
faisant communiquer tous les bouts a, b, c, d ensemble et avec un pôle
d'une pile, et les autres bouts a', b', c\ d', tous avec l'autre pôle, on
aura l'effet même que donnerait un fil dont la section fût égale à la
somme de celles de ces lignes et qui eût la même longueur que la bande de
papier. Si, au contraire, on laisse en dehors l'extrémité intérieure de cette
bande où sont les bouts a', b', c', d' ,. . . , et qu'on réunisse a' avec £, b'
avec c, c' avec d, en mettant ensuite en communication le bout a avec un
pôle de la pile, et le bout d' avec l'autre, le courant passera successivement
dans toutes les lignes suivant la direction aa\ bb',cc', dd', c'est-à-dire
marchant toujours dans le même sens, et donnera le même effet qu'un seul
fil mince dont la section fût égale à celle d'une des lignes susdites, et la lon-
gueur égale à la somme de ces lignes.
» Nous avons marqué quatre lignes seulement, pour faire mieux com-
prendre la marche du courant, mais il est évident qu'on peut donner à ces
lignes et aux intervalles qui les séparent l'épaisseur de i millimètre et même
moins encore, de manière à en faire tenir de quarante à cinquante sur une
bobine ordinaire. Le papier qui est entre ces lignes et au-dessous d'elles
les tient parfaitement isolées, et comme ce papier peut être très-fin et très-
serré sur la bobine, dans une médiocre épaisseur, on pourra mettre une
longueur très-considérable de spirales métalliques, qui auront par consé-
quent une action plus grande sur le fer.
» Nous avons construit un galvanomètre et un électro-aimant avec le sys-
tème ci-dessus indiqué, qui fonctionnent à merveille, et nous nous occu-
pons de fixer dans ce moment, par les calculs nécessaires, les lois à suivre
pour la meilleure construction des appareils électriques d'après le nouveau
système. Nous nous empresserons de communiquer les résultats de nos
recherches à l'Académie, dont nous espérons obtenir l'honneur d'un
Rapport. »
chirurgie. — ablation totale de mâchoire inférieure, pratiquée par suite du
développement dans l'intérieur de cet os d'une énorme tumeur fibreuse ,■
par M. le Dr Maisonneuve.
(Commissaires, MM. Velpeau, J. Cloquet.)
« Cette opération, qui n'avait pas encore été pratiquée dans les hôpitaux
de Paris, est remarquable par la promptitude merveilleuse de la guérison,
par la perfection du résultat, et surtout par le bonheur avec lequel j'ai pu
conserver complètement le périoste, de sorte qu'il ne serait pas impossi-
. ( 888 )
ble, ainsi qu'il résulte des beaux travaux de M. Flourens, que l'os ne vînt
à se reproduire. Voici les détails de cette opération.
» Tramât (Jérôme), âgé de 33 ans, vint à l'hôpital de la Pitié, le 1 1 avril
i856, me consulter pour être traité d'une affection grave de la mâchoire
inférieure. Cette affection, dont le malade faisait remonter l'origine à plus
de huit ans, avait débuté par le côté droit de la mâchoire. Elle se manifesta
d'abord par un gonflement diffus sur le trajet du corps de l'os ; puis les
gencives se tuméfièrent ; les dents, repoussées de bas en haut, devinrent va-
cillantes, et finirent par tomber. A leur place on vit [paraître une tumeur
dure, comme fibreuse, qui envahit peu à peu l'intérieur de la bouche, pen-
dant que de son côté l'os continuait à grossir et formait relief à l'extérieur.
Tout cela s'accomplissait lentement et sans douleur, de sorte que le malade
ne s'en préoccupait que médiocrement. C'est seulement depuis dix-huit
mois que la gène de la déglutition et de la parole, jointe à la difformité hi-
deuse de son visage, l'engagèrent à se soumettre à un traitement régulier.
Pendant un au environ, il fut soumis à l'usage de préparations mercurièlles,
iodurées, sulfureuses, etc., sans que la marche du mal fût en rien modifiée.
C'est alors que sur les conseils des médecins de son pays, il se décida à venir
à Paris consulter les maîtres de l'art. Tous furent d'avis que l'existence était
gravement menacée, et qu'une opération seule pouvait offrir au malade des
chances de salut.
» La maladie envahissait alors la presque totalité de l'os maxillaire ; seu-
lement elle avait à droite un développement beaucoup plus considérable.
De ce côté, son relief antérieur égalait au moins le volume du poing. A l'in-
térieur, elle refoulait la langue et le voile du palais, et remplissait la plus
grande partie de la cavité buccale. Du côté gauche, elle était beaucoup
moins saillante; mais il était facile de reconnaître qu'elle s'étendait jusqu'à
la base de la branche verticale de l'os. Dans tous ses points la tumeur était
ferme et résistante; à l'extérieur elle avait la dureté osseuse, tandis que dans
l'intérieur de la bouche elle donnait plutôt la sensation du tissu fibreux.
Sa face gingivale, entièrement dépouillée de dents molaires, offrait un sillon
profond, dans lequel s'engageait l'arcade dentaire supérieure. En avant, au
contraire, et à gauche, les dents étaient complètes et seulement un peu dé-
viées de leur direction normale. Les téguments muqueux et cutanés n'of-
fraient aucune altération, ils glissaient facilement sur la tumeur. Aucun
engorgement n'existait du côté des ganglions ; la santé générale était excel-
lente. Tel était l'état des choses, lorsque le 1 5 avril je procédai à l'opé-
ration .
( 889 )
» Le malade étant soumis au chloroforme, j'incisai verticalement la lèvre
inférieure sur la ligne médiane, et, continuant l'incision horizontalement du
côté droit, je divisai profondément les parties molles jusqu'au devant du mas-
séter. Dans un deuxième temps, je divisai l'os maxillaire sur la ligne mé-
diane au moyen de la scie à chaîne; puis, avec le hout du doigt et l'extrémité
mousse de ciseaux courhes, je détachai les parties molles tant à l'extérieur
qu'à l'intérieur, en ayant soin d'enlever en même temps le périoste : ce temps
fut long et laborieux, à cause du volume de la tumeur et de la saillie qu'elle
faisait du côté de l'arrière-gorge. Dans un quatrième temps, je fis basculer
l'os pour amener en avant l'apophyse coronoïde; mais celui-ci, devenu trop
fragile par suite de la distension de ses fibres, se brisa au-dessous de l'apo-
physe. Saisissant alors celle-ci avec un davier, je l'attirai en avant, divisai
le tendon du crotaphyte et du ptérygoïdien externe avec des ciseaux cour-
bes, et terminai cette première partie de l'opération en extrayant le con-
dyle. Le plus difficile était fait ; l'autre portion du maxillaire, bien qu'altérée
profondément, était loin d'offrir la même tuméfaction. Aussi ne crus-je pas
nécessaire d'inciser les parties molles extérieures. Après avoir délivré la mu-
queuse gingivale en dedans et en dehors de l'arcade dentaire, j'énucléail'os
de son périoste, divisai d'un coup de bistouri le nerf mentonnier; puis,
quant au masséter et au ptérygoïdien interne, je les déchirai près de leur
insertion avec le bout du doigt indicateur. Faisant ensuite basculer l'os pour
attirer en avant l'apophyse coronoïde, je divisai, avec des ciseaux courbes,
le tendon du temporal et celui du ptérygoïdien externe, et par un brusque
mouvement d'arrachement je terminai l'opération.
» L'extirpation de la moitié latérale droite avait exigé trois ligatures ; celle
de la moitié gauche n'en réclama aucune. Quelques bourdonnets de char-
pie furent seulement introduits dans l'espèce de cul-de-sac correspondant
au condyle; puis je procédai au rapprochement des parties.
» Par excès de prudence, et bien qne la langue n'eût aucune tendance à
se porter en arrière, je crus devoir passer un fil à la base du frein ; puis je
rapprochai les deux moitiés de la lèvre, ainsi que les bords de la plaie hori-
zontale du côté droit avec des points de suture entortillée, sur lesquels je
fixai le fil qui retenait la langue.
» Immédiatement après le pansement, le malade put avaler sans trop de
peine quelques gorgées d'eau et de vin sucrés ; cependant je crus devoir
opérer l'alimentation pendant les deux premiers jours avec la sonde œso-
phagienne.
» Les suites de cette opération furent d'une simplicité inespérée. C'est à
C. R., i856, i«r Semestre. (T. XLII, N° 19.) i 1 1
( 89o)
peine si le malade eut la fièvre traumatique ; la réunion de la plaie extérieure
se fit par première intension dans les neuf dixièmes de son étendue. Dès le
deuxième jour je pus retirer les bourdonnets de charpie de l'intérieur; le
quatrième jour j'enlevai les épingles; dès lors la guérison parut assurée, et
en effet elle ne s'est point démentie.
» Aujourd'hui, quatre semaines seulement se sont écoulées depuis l'o-
pération, et la guérison est tellement parfaite, qu'on a vraiment peine à croire
à tout ce qui s'est passé. Le visage, de monstrueux qu'il était, est devenu ré-
gulier et même gracieux; l'œil le plus exercé a peine à y retrouver les traces
d'une légère cicatrice. Les mouvements de la bouche sont conservés intacts.
La langue a recouvré tous ses mouvements ; la parole est nette et facile ; la
déglutition s'opère sans obstacle, et déjà même à la place de l'os maxillaire
on voit qu'il se développe un tissu dense et résistant qui, grâce à l'entière
conservation du périoste, pourrait bien plus tard subir la transformation
osseuse.
Description de la pièce anatomique*
» La pièce anatomique représente la mâchoire inférieure tout entière,
complètement dépouillée de son périoste. On y remarque aux condyles, aux
angles et à l'apophyse coronoïde des portions de fibres musculaires apparte-
nant aux masséters, aux deux ptérygoïdiens et aux crotaphytes.
» Du côté droit, cet os forme une tumeur du volume du poing, constituée
par la présence d'une production fibreuse, qui s'est développée dans son
intérieur, et en a écarté les fibres au point de les réduire à une couche
mince et transparente. Du côté gauche, l'altération est moins avancée; ce-
pendant l'os a triplé de volume, et la production fibreuse s'est creusé dans
toute l'étendue delà portion horizontale un long canal de 2 à 3 centimètres
de diamètre.
» Le tissu de la production morbide est essentiellement fibreux, sans au-
cun mélange de corpuscules cancéreux, épithéliaux, ou fibroplastiques. »
physiologie. — De la faculté asshnilatrice des différents corps gras;
par M. Berthé. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Chevreul, Cl. Bernard.)
« Les belles expériences de MM. Dumas, Persoz, Liebig, Boussingault et
autres savants, ont fait connaître l'utilité des corps gras dans la nutrition
comme aliments respiratoires. Celles de M. Claude Bernard nous ont ap-
(8ç)i )
pris quels agents la nature mettait en œuvre pour digérer ces corps et les
rendre propres à l'assimilation.
» Mais tous les corps gras ne possèdent pas au même degré la faculté
d'être assimilés : les uns se digèrent avec une facilité presque inépuisable ;
pour d'autres, au contraire, l'organisme arrive promptement à un état qu'on
pourrait considérer comme voisin de la saturation, de sorte qu'après un
temps déterminé on retrouve dans les excréments une proportion de corps
gras sensiblement égale à celle qui a été ingérée. Y a-t-il des règles qui ré-
gissent cette propriété assimilatrice ? C'est ce que je me suis proposé d'éclai-
rer en entreprenant les recherches exposées dans le présent Mémoire.
» Les corps gras que j'ai soumis à l'essai sont, outre le beurre, les huiles
d'amande, d'œillette, d'olive, de baleine, l'huile de foie de morue dite
anglaise, l'huile de foie de morue lavée ou décolorée par les alcalis et le
charbon, l'huile de foie de morue brune pure; toutes ces huiles furent
successivement administrées à un même homme, bien portant et soumis à
un régime régulier, depuis la dose de 3o grammes jusqu'à 60 chaque jour.
Par une détermination exacte de la quantité d'huile contenue chaque jour
dans les fèces, je suis arrivé à reconnaître que la moyenne de jours néces-
saires pour arriver à une saturation complète, c'est-à-dire au moment où la
presque totalité du corps gras se retrouve dans les excréments, est de douze
jours pour les huiles d'œillette, d'olive, d'amande; d'un mois environ pour
le beurre, les huiles de baleine, de foie de morue anglaise, décolorées ou
lavées; et qu'enfin un mois d'administration d'huile de foie de morue brune
et pure est insuffisant pour qu'il soit possible de constater une augmenta-
tion appréciable de matière grasse dans les excréments. D'où je conclus que
les corps gras peuvent être divisés en trois classes basées sur leurs propriétés
assimilatrices.
» ire classe. Corps difficilement assimilables. — Huile d'œillette, d'olive,
d'amande et probablement toutes les huiles végétales.
» 2e classe. Corps assimilables. — Beurre, huile de baleine, de morue
blanche, de morue décolorée ou lavée et probablement toutes les graisses
animales.
"* 3e classe. Corps très-assimilables. — Huile de foie de morue brune et
pure. »
117.
( 89a )
médecine. — De l'acide arsénieux dans les congestions apoplectiques ;
parM. Lamarhe-Picqcot. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Andral, Balard.)
L'auteur, en terminant son Mémoire, résume dans les propositions
suivantes les résultats auxquels il a été conduit :
« La disposition à l'apoplexie dépend communément d'un accroissement
outre mesure des globules du sang. L'acide arsénieux paraît avoir pour
premier effet de rendre le sang moins riche en globules et moins plas-
tique, et il offre en effet, dans toutes les congestions de forme apoplec-
tique, un agent thérapeutique des plus précieux.
» Il est indispensable, avant de commencer une médication arsenicale,
chez des sujets prédisposés aux affections apoplectiques, de constater l'état
de richesse du sang ou de son altération ; car, dans la supposition où ce
fluide serait pauvre en globules, l'usage de l'acide arsénieux, essentielle-
ment hyposthénisant, accroîtrait cette condition anormale.
» L'action de l'acide arsénieux se liant d'une manière intime avec le
résultat des digestions, on est conduit à en faire usage au moment des repas,
afin d'en faciliter la tolérance et l'assimilation.
» Il est nécessaire d'en prolonger l'usage au delà du terme de la guéri -
son, afin d'avoir plus de chances de durée. Dans le cas de récidive des
.'ffections apoplectiques, alors qu'il s'agit d'imprimer une modification pro-
fonde à l'économie, il y a nécessité absolue de continuer le traitement pen-
dant longtemps, car cette modification, se liant aux actes de l'assimilation,
ne peut devenir stable qu'à la longue.
» La médication arsenicale a pour résultat pratique de diminuer les con-
séquences fâcheuses des congestions cérébrales, quand, par la marche seule
des années, les individus sont prédisposés à l'apoplexie par une constitu-
tion à prédominance sanguine.
» La dose de l'acide arsénieux de 4 milligrammes à i centigramme par
jour a été généralement suffisante dans le traitement des affections apo-
plectiques. »
M. Laignel adresse une réclamation relative à un Mémoire présenté par
M. Perreul dans la séance du i4 avril dernier, et ayant pour titre : « Frein
agissant par pression verticale, modification apportée au système Laignel. »
« Je ferai remarquer à l'Académie, dit M. Laignel, que j'avais songé long-
(8g3)
temps avant M. Perreul à modifier, dans le sens qu'il indique, mon système
de freins, et dès le Ier juillet j'avais pris un brevet d'invention pour une
modification qui ne me paraît différer de la sienne en rien d'essentiel. Du
reste, je ne me faisais pas d'illusion sur son efficacité tant que je ne serais
pas parvenu "à la perfectionner encore. La pièce ajoutée est dans l'état ac-
tuel de peu de service, parce que le sable entamé a trop peu de profondeur
et oppose trop peu de résistance, quand le temps est sec et que la vitesse est
petite; quand il est mouillé, au contraire, et que la vitesse est grande, la
pièce ne s'y enfonce point et éprouve une suite de soubresauts comme la
herse du laboureur. »
(Renvoi à l'examen des Commissaires nommés pour le Mémoire de
M. Perreul : MM. Piobert, Morin, Séguier.)
M. Isambert prie l'Académie de voidoir bien admettre parmi les pièces de
concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie un opuscule qu'il vient
de publier « sur l'emploi thérapeutique du chlorate de potasse, spéciale-
ment dans les affections diphthériques ». Conformément à une condition
imposée aux concurrents, M. Isambert joint à son livre une Note manuscrite
qui en offre l'analyse raisonnée.
(Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.)
M. Balegcer adresse de Cawnpore (Bengale) plusieurs opuscules, qu'il a
publiés dans l'Inde relativement à l'origine du choléra asiatique et du mode
de traitement auquel il a recours contre cette maladie.
(Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie constituée en
Commission spéciale du concours pour le prix du legs Bre'ant.)
M. Comping annonce l'intention de présenter au concours pour le prix
annuel du legs Bréant un remède de son invention pour la guérison des
dartres, et demande quelles sont les formalités à remplir pour être inscrit
parmi les concurrents.
On fera savoir à l'auteur qu'il doit faire connaître la composition du re-
mède qu'il emploie, et donner, s'il se peut, des observations suffisamment
détaillées d'un certain nombre de cas où cette médication a été employée
avec succès.
( «94 )
M. Moysex adresse deux figures à joindre à sa Note sur un râteau méca-
nique de son invention.
(Renvoi à la Commission chargée de juger le concours auquel ont été
présentés les appareils de labourage et de jardinage de M. Moysen.)
CORRESPONDANCE.
Lettre de M. le Ministre de l'Instruction publique.
« Le roi de Hanovre, voulant honorer le célèbre mathématicien Gauss, a
fait frapper une médaille commémorative et a ordonné qu'elle fût distribuée
aux établissements scientifiques qui ont prêté leur utile concours, soit à
l'illustre savant, soit à l'Université de Goettingen. A ce titre, un exemplaire
que vient de m'adresser M. le Ministre des Affaires étrangères, a été des-
tiné à l'Académie des Sciences de l'Institut impérial de France. Je m'em-
presse de vous le transmettre. »
A la Lettre de M. le Ministre est jointe la Lettre de la Société Royale des
Sciences de Gôttingue, annonçant également l'envoi de la médaille, un
exemplaire en argent et un exemplaire en bronze.
chimie minérale. — Action de l'acide iodhydrique sur l'argent;
par M. H. Sainte-Claire Deville.
« La place qu'occupe l'argent parmi les métaux nobles dans la classifi-
cation de M. Thenard me paraît devoir être changée, malgré la propriété
que possède l'oxyde d'argent d'être réductible à basse température. Je ferai
valoir d'abord à l'appui de mon opinion l'observation si curieuse de M. Re=
gnault (i), d'après laquelle l'argent décompose l'eau à une température peu
élevée : on sait qu'alors il absorbe l'oxygène de l'eau pour produire cette
combinaison instable à laquelle il faut attribuer le phénomène du rochage.
Il est difficile, il est vrai, de prouver que la température de dissociation ou
de décomposition spontanée de l'eau est supérieure à celle qu'exige l'expé-
rience de M. Regnault et que l'oxygène n'est pas libre au moment
(i) Annales de Chimie et de Physique, tome LXII, page 367 (i836).
( 895 )
où l'argent s'en empare. Mais quelques recherches que j'ai commen-
cées pour fixer approximativement la température de dissociation de l'eau
et de quelques corps importants de la chimie , me font penser que c'est
bien l'argent qui détermine seul la séparation de l'eau en ses éléments,
dont l'un, l'oxygène, est employé à former un oxyde d'argent. Celui-ci,
semblable au cuivre oxydulé, se dissout dans le bain d'argent métallique
pour former une sorte de rosette qui se défait au moment du rochage.
» Ces considérations tendraient déjà à rapprocher l'argent de l'étain et
du plomb. Voici un nouveau fait qui, je crois, n'a pas été remarqué et qui
conduit à la même conclusion.
» L'acide iodhydrique (i) dissous dans l'eau attaque l'argent avec une
énergie extraordinaire, en produisant de l'hydrogène, si bien qu'en opérant
dans un tube de verre avec de l'argent laminé et de l'acide concentré, la
liqueur s'échauffe et peut s'échapper hors du vase, par suite de l'abondant
dégagement du gaz hydrogène. A froid, l'action s'arrête à peu près quand
l'acide est saturé d'iodure d'argent; mais elle recommence dès qu'on chauffe,
et on obtient par le refroidissement un sel cristallisé en larges lames, inco-
lore, semblable au nitrate d'argent. Ce sel, très-altérable, ne peut être isolé
de la liqueur dont il est imprégné. C'est, je pense, un iodhydrate d'iodure
d'argent. La liqueur qui a fourni ces cristaux, abandonnée à elle-même à
l'air, laisse disposer d'assez gros prismes hexagonaux réguliers, bordés de
facettes modifiant les arêtes horizontales du prisme. On retrouve ainsi avec
toutes ses faces la forme de l'iodure d'argent naturel, telle que l'a décrite
M. Descloizeaux (2) et que cet habile minéralogiste à reconnu%tsur mes
échantillons. Analysée par M. Appert, l'un de mes élèves, suivant l'élégant
procédé que M. Damour (3) a appliqué à l'argent iodé du Chili, cette ma-
tière se représente par la formule Agi. Ainsi donc cet iodure est tout à
fait identique à l'iodure d'argent natif.
(1) Pour préparer facilement et sans danger plus d'un kilogramme d'acide iodhydrique
que j'ai consacré à mes expériences, j'ai eu recours au procédé que j'ai décrit dans les
Annales de Chimie et de Physique (tome LXXV, page 46; 1840). L'appareil le plus commode
consiste en une petite cornue tubulée et bouchée à l'émeri, au col de laquelle on soude un
tube recourbé pour éviter tout contact entre le liège et l'acide. On y introduit d'abord un
peu d'eau, puis successivement du phosphore et de l'iode en excès jusqu'à ce qu'on ait pro-
duit la quantité d'acide iodhydrique dont on a besoin.
(2) Voyez les Mémoires de M. Domeyko, Annales des Mines, tome VI, page i58, et de
M. Descloizeaux, Annales de Chimie et de Physique, tome XL.
(3) Annales des Mines, tome IV, page 32g; i853.
( 896 )
» Le palladium, comme l'argent, s'attaque par l'acide iodhydrique avec
dégagement d'hydrogène, faible à là vérité, mais très-facile à constater, et
la dissolution du métal est lente. L'or et le platine ne dégagent pas d'hy-
drogène en quantité sensible, quoiqu'ils se dissolvent avec le temps dans
l'acide iodhydrique; mais tous les métaux communs que j'ai essayés sont
dissous avec une énergie singulière par cet acide. L'iodure de plomb que
l'on forme ainsi cristallise d'une manière remarquable.
» Je reviendrai plus tard sur les circonstances curieuses qui accom-
pagnent la dissolution de l'argent dans les acides bromhydrique et chlorhy-
drique. Pour le moment, je me bornerai à conclure des faits contenus dans
cette Note, qu'il faut désormais classer l'argent soit à côté du mercure, soit
même à côté du plomb dont les combinaisons ont avec les composés de
l'argent un grand nombre de ressemblances. »
chimie optique. — Sur la cause de la variation du pouvoir rotatoire du
sucre de fécule et sur V existence probable de deux variétés de glucose
amorphe ; par M. A. Béchajhp.
« Dans une Note que j'ai eu l'honneur de présenter récemment à l'Aca-
démie, j'ai essayé de démontrer que la rotation du sucre de fécule cristallisé
était variable dans sa dissolution aqueuse, parce qu'il s'y transformait peu
à peu çn sucre non cristallisable C12 H'2 O'2. On peut remarquer, en effet,
que la variation tend sans cesse vers un pouvoir plus faible, et que la dé-
viation devient et reste constante dès que cette limite inférieure est atteinte.
J'ai montré, de plus, qu'en présence de l'eau la déshydratation, lente à froid,
s'opérait rapidement à la température de ioo degrés, absolument comme
cela arrive pour l'hydrate ferrique, et que le pouvoir rotatoire immédiate-
ment obtenu était très-voisin du pouvoir le plus faible.
« M. Dubrunfaut {Compte rendu de la séance du 21 avril i855) annonce
que la vérification à laquelle il a soumis mes expériences, l'a conduit à des
résultats tout différents, sans qu'il puisse assigner d'une manière précise la
cause de ces différences. I^a critique m'ayant paru très-sérieuse, j'ai dû
chercher la cause de la différence des résultats auxquels était arrivé un
expérimentateur si habile et si compétent.
» Les expériences qui m'ont conduit à l'explication du singulier phéno-
mène de la variation du pouvoir rotatoire avec le temps, sont évidemment
la conséquence du raisonnement suivant :
w i°. Si le pouvoir rotatoire du sucre de fécule cristallisé tend sans cesse
(897)
vers une limite inférieure, cela ne peut-il pas tenir à une déshydratation?
» 2°. Si cette déshydratation a véritablement lieu, ne faut-il pas que le
pouvoir rotatoire du sucre de fécule déshydraté soit invariable?
» 3°. S'il y a déshydratation, il faut prendre pour diviseur de la fraction
a - V
— — , non le poids du sucre cristallisé déterminé par la pesée, mais le poids
correspondant calculé de glucose anhydre.
» 4°- Si le pouvoir rotatoire ainsi calculé représente le pouvoir du sucre
C,2H,2Ol2, il faut que ce nombre soit le même que celui qu'on obtiendrait
directement pour le pouvoir rotatoire du glucose déshydraté à dessein.
» Or les expériences exposées dans le travail que je défends ont justifié
ces hypothèses. Le savant chimiste qui m'a fait l'honneur de vérifier mes
expériences , confirme d'ailleurs le résultat principal de mon travail ; en
effet, on trouve dans sa Note le passage suivant ; « Si l'on dessèche le glu-
cose avec fusion, on observe, en dissolvant dans l'eau le glucose ainsi
traité, les faits signalés par M. Béchamp, et soit que la fusion ait été faite
avec ou sans perte de l'eau d'hydrate, la rotation du glucose dissous de-
vient invariable et elle donne immédiatement le pouvoir rotatoire le plus
faible. » En effet, d'après mon interprétation même, le pouvoir doit devenir
invariable dès que l'on a chauffé à ioo degrés, puisque je suppose que la
combinaison peut se détruire instantanément dans l'eau bouillante ; consta-
tons seulement que lorsque l'eau d'hydrate s'est dégagée, la rotation de-
vient invariable et que le pouvoir immédiatement obtenu est le plus faible.
Nous sommes donc d'accord sur ce point, qu'il existe un glucose anhydre,
non cristallisé, à rotation invariable, dont le pouvoir rotatoire est le plus
faible.
» La question se réduit donc à savoir s'il est possible de déshydrater (je
ne dis pas dessécher) le glucose cristallisé sans le faire entrer en fusion,
et si la dissolution de ce glucose anhydre possède une rotation variable.
Oui, on peut déshydrater le glucose sans fusion, et la rotation du produit
déshydraté est variable, quoique je n'aie pas réussi à obtenir le pouvoir
rotatoire le plus élevé. Mais l'auteur n'ayant pas dit à quelle température
et dans quelles conditions il avait desséché le glucose mamelonné de raisin,
j'ai dû instituer une expérience à cet égard ; voici les résultats auxquels je
suis parvenu (i) :
(i) Les expériences que je vais rapporter ont été faites avec du glucose du commerce, que
j'ai purifié par des cristallisations dans l'alcool à 96 degrés centigrades. Dans tous les glucoses
C. R , i856, i« Semestre. (T. XLll, N° 19.) ' I 8
( 898)
» Quand on essaye de dessécher du glucose cristallisé de fécule , sans
soins particuliers, on trouve qu'il entre déjà en fusion vers 70 ou 80 degrés;
un peu plus tard, vers go ou 100 degrés, lorsqu'il a été préalablement séché
dans le vide sec. Après plusieurs tentatives infructueuses, supposant que le
sucre fondait dans l'eau devenue libre par suite de la destruction de la
combinaison, j'ai essayé d'opérer la déshydratation dans un courant d'air
sec à des températures graduellement croissantes, afin d'enlever au fur et à
mesure l'eau dégagée. Au-dessous de 5o degrés, le sucre ne perd que l'eau
hygroscopique , mais l'eau d'hydrate ne commence à se dégager qu'entre
55 et 60 degrés. 11 faut, en opérant sur 3 ou 4 grammes de matière,
maintenir pendant deux heures la température de 60 degrés avant de
l'élever; sans cette précaution le sucre fondrait encore, mais alors on peut
impunément chauffer le produit déshydraté jusqu'à 80 et même jusqu'à
100 degrés sans le faire entrer en fusion. Après trois heures de dessicca-
tion, 3gr,355 de sucre cristallisé sec, mais non séché dans le vide, s'étaient
réduits à 3gr,o26, résultat de la dernière pesée. Théoriquement on aurait
dû obtenir 3gr,o5.
» Voici les résultats de la détermination du pouvoir rotatoire du même
sucre déshydraté dans deux expériences distinctes.
» A. Sucre de fécule cristallisé déshydraté entre 60 et 80 degrés. J'ai
appliqué la formule de M. Biot (a)y=j^; poids du sucre déshydraté
E H- 1^,607 ; somme des poids de l'eau et du sucre, P -+- E = 25gr,i07 ;
durée de la dissolution jusqu'au moment de l'observation, vingt-cinq mi-
nutes à t = ii°. Six heures du soir.
» Données :
£ = 0,06401, (? = 1,02577, l = 200mra,
a.j = 1 2°,47 , . d'où [a)j = 94°,o,6/' pour 1 oomm d'épaisseur.
» Le lendemain à huit heures du matin, j'ai trouvé
aj= 8°,64, d'où (a)y = 65°,79/ pour »oomm d'épaisseur.
du commerce que j'ai examinés, comme dans le sucre de fécule que j'ai préparé moi-même,
'1 existe un produit non fermentescible, soluble dans l'alcool bouillant et qui se sépare sous
forme visqueuse par le refroidissement. Le pouvoir de ce produit, qui est une variété de
dextrine, est beaucoup plus élevé que celui du glucose cristallisé. J'insisterai sur ces faits avec
plus de détails dans un Mémoire sur la fécule; ce que j'en dis ici est pour faire voir que je me
suis mis à l'abri de cette cause d'erreur.
( 899)
Le même jour à trois heures du soir, j'ai trouvé
a.j= 70, 02, d'où («);= $7°, 26 /'pour ioomm d'épaisseur.
» B. Sucre de fécule cristallisé déshydraté entre 60 et 80 degrés, puis
chauffé pendant quatre heures à 100 degrés. Le sucre n'a plus perdu de son
poids et il n'est pas entré en fusion.
» Poids du sucre déshydraté, E = 2gr,o64 ; somme des poids de l'eau et
du sucre, P -f- E = 29^,197 ; durée de la dissolution jusqu'au moment de
l'observation, vingt-huit minutes à t = 1 20. Six heures du soir.
» Données :
Z —■ 0,07069, â = I ,02926, l = 200mm,
cr.j := c3°, 12, d'où (a)y = 90°,02/' pour iooram d'épaisseur.
» Le lendemain à huit heures du matin, j'ai obtenu
ccy = 9°,o5, d'où (a)y = 65°, 20/* pour ioomm d'épaisseur.
» Le même jour, à six heures du soir, j'ai obtenu
«,- = 8°,35, d'où (a);= 57°,38/pour ioomm d'épaisseur.
» Remarquons : i° que le pouvoir le plus faible est précisément celui que
j'ai obtenu en employant du sucre déshydraté avec fusion ; 20 que le pou-
voir le plus élevé a été calculé en prenant pour E le résultat de la pesée
directe, c'est-à-dire le poids du glucose anhydre C,2H,2Ol2, tandis que
dans ma première Note le pouvoir le plus élevé avait été obtenu en prenant
pour diviseur /?, le poids du sucre cristallisé, c'est-à-dire hydraté. Pour
rendre les résultats comparables, il est évident qu'il faut prendre dans ces
deux expériences le poids calculé correspondant à C,2H,2012, a HO. En
faisant cette opération, on trouve pour le pouvoir le plus élevé dans l'expé-
rience A, (a)j = 8i°,84, et dans l'expérience B, (a), = 86°, 33, nombres très-
éloignés du double du pouvoir le plus faible.
» Sans m'arrêter à ces différences, qui peuvent tenir à ce qu'une partie
du sucre déshydraté dans les conditions de ces expériences a passé à la
modification particulière qui donne immédiatement le pouvoir le plus faible,
il me semble que les résultats précédents conduisent à cette conclusion,
qu'il existe deux modifications distinctes du sucre de fécule anhydre,
C,2H,2012, dont l'une, facilement fusible à 100 degrés, possède un pouvoir
propre de 570, 3 et invariable; dont l'autre, infusible à 100 degrés, possède
un pouvoir variable qui tend avec le temps vers le pouvoir constant
de57°,3.
n8..
( 9°° )
» Quant à l'explication du phénomène, elle se rattache très-simplement à
celle que j'ai donnée dans ma première Note. La modification infusible à
100 degrés, mise en contact avec l'eau, reconstitue momentanément (i) le
composé C,2H,2012, aHO, pour passer insensiblement ensuite à la modifi-
cation fusible du glucose C,2H12 O12. Je crois, en effet, que si j'ai obtenu un
pouvoir rotatoire initial trop faible, cela tient à ce que, malgré les précau-
tions prises, une portion du sucre avait subi la fusion ; ce qui tend à le
prouver, c'est qu'au milieu de la masse du produit desséché qui était par-
faitement blanche, il existait des points jaunes agglomérés: ces points repré-
sentaient les plus gros amas dont l'eau n'avait pas été enlevée assez rapide-
ment par le courant d'air sec et qui, par suite, avaient subi un commence-
ment de fusion.
» Certainement, comme le fait remarquer M. Dubrunfaut, il existe une
différence profonde entre le sucre cristallisé et le sucre amorphe. Ce sont
deux combinaisons très-différentes, caractérisées par la spécialité de leur
action sur la marche de la lumière polarisée et par leur solubilité : tandis
que la solubilité de l'une est limitée, la solubilité de l'autre est indéfinie;
on en peut préparer des sirops très-concentrés qui ne cristallisent que len-
tement, et dont le pouvoir est invariable avant la cristallisation, c'est-à-dire
avant la formation du composé C,2H,2042, 2HO qui est seul cristallisable.
■ En terminant, je dois rappeler que dans ma première Note j'ai eu soin
de ne rien préjuger sur la belle observation de M. Dubrunfaut, je veux dire
sur l'existence de substances mono, bi ou trirotatoires ; je n'ai pas affirmé
que toutes les espèces de sucres à pouvoirs variables dussent se comporter
comme le sucre que j'ai observé. C'est pour cela que j'ai expressément indi-
qué la nature du produit sur lequel j'opérais, les circonstances spéciales de
l'expérimentation, et que j'ai remis à plus tard l'examen général que cette
question comporte. Je sais parfaitement qu'une expérience isolée ne suffit
pas pour établir une loi. La question que j'ai soulevée reste donc à l'ordre
du jour. J'ai cherché une explication, et le fait sur lequel elle est fondée
n'est pas isolé dans la science, puisque l'on connaît des corps qui se déshy-
dratent spontanément dans l'eau. »
(1) Ce qui paraît prouver qu'il en est ainsi , indépendamment de la variation de la rota-
tion , c'est que le glucose fondu attire l'humidité en devenant sirupeux, tandis que la
deuxième modification se conserve à l'état de siccité. Je n'ai pas eu le temps de m'assurer si
le sucre reprenait ainsi la quantité théorique d'eau.
( 9QI )
chimie optique. — Note sur le sucre interverti; par M. Dubrunfaiit.
« Nuls faits ne nous paraissent mieux établis que ceux que nous avons fail
connaître pour établir la composition du sucre interverti [Comptes rendus,
septembre 1847 et juillet 1849), et cependant cette composition n'a pas été
admise par les savants. Elle a passé inaperçue faute de vérifications, et peut-
être aussi faute d'explications suffisantes pour répéter les expériences sur
lesquelles nous nous sommes appuyé. Nous nous proposons de compléter
aujourd'hui notre démonstration de 1 84g, et de le faire sous une forme qui
en facilite l'intelligence.
» Le sucre de canne sur lequel nous avons opéré était chimiquement
pur; il ne perdait que 0,001 de son poids par une dessiccation à + 100 de-
grés, et dans cet état sa densité a été trouvée égale à 1 ,63o; il a donné pour
moyenne de plusieurs combustions 42,2 de carbone, ce qui correspond bien
à la formule
C,aH,,On.
Son pouvoir rotatoire moléculaire, pris d'après les indications de M. Biot,
a donné
nombre qui est un peu plus grand que le nombre 72 donné par M. Biot.
Cette différence peut s'expliquer par l'état de pureté du sucre qui a servi
à nos expériences.
» Ce sucre, interverti avec soin par les acides, donne bien le coefficient
d'inversion o,38o reconnu par M. Biot, et ce coefficient, qui varie conti-
nûment avec la température dans toute l'étendue de l'échelle thermomé-
trique où les observations sont possibles, s'applique à la température de
-t- 14 degrés.
» Par conséquent, le sucre interverti pris avec la constitution C12 Hn O"
donnerait :
à + i4° (a)y= — 28,o5o,\.
» D'après nos observations, ce pouvoir s'affaiblit de o,5 en passant de
-l- 14 à la température de +52, et il est annulé vers -+- 90 degrés. On a
donc ainsi pour ce sucre,
à + 5a° (a )j=— 14,0295 \,
à -t- 900 {tt)j — o.
( 9°2 )
» Le sucre interverti, séché à ioo degrés dans le vide, offre une augmen-
tation de poids de o,o5 sur le poids du sucre de canne qui a servi à le pro-
duire. Ce fait justifie bien la transformation et la formule admises :
Cu H.i 0n + H0 _ C.2H120)2
Sucre de canne Sucre ferinentescible.
non fermenlescible.
» Par conséquent, le pouvoir rotatoire moléculaire du sucre interverti,
rapporté au sucre de la formule C12 H42 O'2, deviendrait
à+i4° (a)y = — 26,6)2 \.
» Ramené à la constitution du glucose cristallisé hydratéC,2H,20,2,2HO,
il est
à-f-i4° {a)j = — 24,224\.
» En faisant concréter un sirop concentré de sucre interverti, on en
sépare un glucose à rotation à droite, qui, convenablement épuré, perd
par dessiccation à 100 degrés o,oo,5 de son poids. Analysé dans cet état,
il donne en moyenne 3o,, 8 de carbone, ce qui correspond à la formule
C,2H,2Ol2. Il offre les deux pouvoirs rotatoires dans la dissolution dans
l'eau, et ces pouvoirs nous ont paru êlre constants et identiques à ceux qu'on
trouve dans les glucoses de diabète et de raisin. Nous les avons trouvés :
Pour le composée12 H' 20,2(a),= + 53,2/,
Poiir le composé C,a H* *0,*(a)/ = 4- 48/.
j> Il est à remarquer que ce dernier nombre est très-voisin du nombre
-+- 47 /, qui a été donné par M. Biot comme pouvoir rotatoire du glucose
de diabète bien épuré. Le nombre + l\?> / est celui que nous avons adopté
pour le glucose que nous avons distingué sous le nom de glucose monoro-
tatoire, et avec cette donnée le pouvoir rotatoire initial de ce glucose
dissous, que nous attribuons au glucose cristallisé, devient
PourC,2H,20,2(a)y=-r- 106,4/,
PourC,2H,40M(a),= +96/.
» Si l'on traite 10 grammes de sucre interverti dissous dans 100 grammes
d'eau par 6 grammes de chaux hydratée, il se forme d'abord une émulsion
laiteuse très-fluide; mais après quelques instants d'agitation, le liquide s'é-
paissit et acquiert une grande consistance. Cette masse, soumise à la presse,
donne une eau mère liquide, qui renferme tout le glucose à droite à l'état de
glucosate de chaux soluble, et la partie insoluble lavée se trouve être un
(«),=
- io6\;
(«)y =
- 79.5 V
(«)/ =
-53\.
(903 )
sucrate basique calcaire cristallisé (1), d'où l'on peut séparer par l'acide oxa-
lique le sucre liquide sensiblement pur (2).
» Ce sucre, tout à fait incristallisable, identique avec le sucre d'inuline,
peut être amené par la dessiccation dans le vide à une constitution identique
à celle du sucre interverti et du glucose, et qui est représentée par la for-
mule. C'2 H12 O12. Dans cet état encore et avec cette constitution, l'expérience
donne pour ce sucre ,
à + i/j° température
à -1- 5a »
à 4- 90 »
» Si l'on considère que le pouvoir rotaloire du glucose mamelonné n'est
que peu ou point modifié par la température, et si l'on rapproche les nombres
que nous venons de donner de ceux que nous avons donnés pour le sucre
interverti, on admettra avec nous que ce dernier sucre doit exclusivement
au sucre liquide son pouvoir rotatoire, variable avec la tempéraiare. On
reconnaîtra en outre que ce sucre, que nous avons isolé par la chaux, n'a
subi par ce traitement aucune altération, et qu'on peut, à juste titre, le
considérer comme l'un des matériaux immédiats constituants du sucre inter-
verti.
» Les expériences précédentes prouvent à l'évidence qu'on peut isoler
du sucre interverti par des moyens simples et sans altération deux sucres
bien distincts par leurs propriétés chimiques et par leurs rotations antago-
nistes. Elles ne prouvent pas cependant que la constitution du sucre inter-
verti soit réellement celle qui est représentée par la formule suivante, ainsi
que nous l'avons énoncé :
2(C,2H,,0H)-^-2HO = (C,2H,20,2) + (C,2H,20,2)
Sucre de canne. Glucose / Sucre liquide. \
» On peut fournir diverses démonstrations des faits exprimés par cette
( 1) Ce sucrate ne renferme que 3 équivalents de base, au lieu de 6 que nous lui avons attri-
bués par erreur en 1849, en confondant l'équivalent simple du sucre avec l'équivalent
double proposé par M. Peligot. Plusieurs fois en concentrant ce sucre, séparé de la chaux par
l'acide oxalique, il nous a donné des traces d'un produit gélatineux, comparable à l'acide pec-
tique. Ce produit est sans doute étranger à la réaction principale ; mais nous avons cru devoir
le signaler à cause des conditions remarquables où il se forme, c'est-à-dire dans des condi-
tions analogues à celles où la pectine se rencontre dans les fruits.
(2) Nous avons reproduit plusieurs fois cette expérience depuis dix ans en présence de
chimistes éminents, qui ont pu en vérifier l'exactitude; nous citerons entre autres MM. Me'
sens, Stas, Bussy, Ruhlmann, Magnus, etc.
(9°4)
formule. Nous nous bornerons à donner la suivante, qui nous paraît être
une démonstration synthétique rigoureuse.
» Le sucre interverti, pris avec la constitution C42H,aO,:! à -t-140 a
donné
(«)y= -26,65a\.
» Si, comme nous l'affirmons, le sucre interverti est formé de \ équiva-
lent de glucose monorotatoire droit (i) et de { équivalent de sucre liquide
gauche, il est bien évident qu'en sommant les pouvoirs rotatoires de ces
deux demi-équivalents de sucres, on doit reproduire exactement le pouvoir
rotatoire du sucre interverti, et c'est ce qui se réalise; en effet
106 53 a \ v
nombre qui diffère fort peu du nombre — a6,652 \ que donne l'expérience.
» Nous n'abandonnerons pas ce sujet sans appeler l'attention sur un rap-
prochement fort remarquable qui ressort des nombres que nous venons de
donner comme expressions des pouvoirs rotatoires moléculaires du glucose
cristallisé et du sucre liquide. Ces pouvoirs sont, en effet, représentés pour
la température -\- iJ\° et pour la même constitution chimique C'H^O12
par le même nombre 53, a affecté pour chaque sucre d'un signe contraire.
Ce fait rappelle une propriété de même ordre qui a été découverte avec
une si admirable sagacité par M. Pasteur dans les éléments de l'acide
paratartrique.
» A l'occasion du sucre interverti, nous appellerons l'attention des chi-
mistes et des physiologistes sur un fait fort remarquable de la fermenta-
tion alcoolique du sucre interverti que nous avons fait connaître sous le nom
de fermentation élective {Comptes rendus •, tome XXV, page 307). Pendant
la première période (première moitié exactement) de cette fermentation, les
observations optiques faites avec soin ne révèlent aucun changement dans
la rotation du liquide vineux et sucré, de sorte que le pouvoir rotatoire pri-
mitif du sucre interverti devient exactement celui du \ équivalent de sucre
actif non décomposé, ou, en d'autres termes, ce sucre a pris un pouvoir
rotatoire double. Ces faits prouvent que le sucre sur lequel le ferment porte
d'abord son action est un sucre optiquement neutre; ils s'expliquent fort
simplement avec la constitution que nous avons assignée au sucre interverti.
En effet, on peut considérer le sucre neutre qui se dédouble le premier
dans la fermentation alcoolique comme un composé formé de 1 équivalents
(1) Nous adoptons ici pour les sucres une distinction simple que M. Pasteur a introduite
dans la science avec les acides tartriques droit et gauche.
■ , '■ ( 9o5 )
de glucose monorotatoire et de i équivalent sucre liquide. En voici la justi-
fication :
Glucose de raisin. Sucre liquide.
d'où '
96/' — 96 \ = o, neutralité optique.
» Quant au sucre qui se décompose dans la seconde moitié de la fermen-
tation, sa composition peut être représentée exactement par 2 équivalents
de sucre liquide, plus 1 équivalent de glucose. Donc ce sucre C,aH,aO,s
pris à -+- i4 degrés donne
{a)j= — 53,3o4\.
» Ce nombre est le similaire symétrique du glucose mamelonné pris avec
la même composition + 53,3o4/'.
» Ces interprétations rendent parfaitement compte des faits au point de
vue purement chimique et physique; elles laissent entière la question phy-
siologique qui touche à l'action mystérieuse du ferment alcoolique consi-
déré comme être vivant. Nous nous réservons d'examiner cette question en
exposant ultérieurement nos recherches sur la fermentation alcoolique »
physique du globe. — Etat actuel des éléments du magnétisme terrestre
à Paris et dans ses environs ; parMAimovD-T&FFENDi , astronome égyptien.
« Inclinaison magnétique. — C'est par une longue série d'observations
faites avec tout le soin possible, dans l'intérieur de Paris et dans ses envi-
rons, que je suis arrivé aux résultats que j'ai l'honneur de soumettre à l'Aca-
démie. J'ai déterminé l'inclinaison de l'aiguille aimantée dans sept stations
prises dans les environs de Paris et trois dans l'intérieur de cette ville.
» L'appareil dont je me suis servi est une boussole de Gambey, con-
struite par M. Secretan à Paris. L'excellence de cet appareil a été éprouvée par-
diverses méthodes : elle a été confirmée par les comparaisons que j'en ai
faites, l'année dernière, avec les appareils des observatoires de Kew et de
Bruxelles (1), et avec un nouvel instrument d'inclinaison destiné à M. Han-
steen, de Christiania, lequel se trouvait alors à Kew pour être comparé avec
les inclinatoires de l'établissement. Le tableau suivant contient les résultats
de mes expériences, tels que l'observation les donne, jr et x y sont les coor-
données de la station relativement au méridien astronomique de l'Observa-
toire de Paris et de son parallèle, les coordonnées positives étant comptées
dans l'angle ouvert entre le nord et l'ouest.
(1) Voir les Bulletins de l'Académie de Bruxelles, tome XXII, 2e partie, page i4-
C. R., i856,i« Semestre. (T. XLH,N° 19.) I>9
( 9«6)
NOUS DES LIEUX.
DATES DES OBSERVAT.
Avril 1856.
INCLINAI
sons
magoétiq.
X
J
REMARQUES.
h m
0 /
66.21 jgi
66.20,54
kll
-+- 6,75
-1- 5,97
kil
— 12,86
-.3,43
Les observations ont été faites
sur la route de Versailles.
Moyenne. . . .
66.21,22
-h 6,36
— i3, 1 5
Enghien
5 à 2.00
66.29,67
66.28,81
-h 3,64
•+■ 2,64
-f-i4,37
+i4,37
Route d'Argenteuil à coté de
l'étang.
Moyenne.. .
66.29,24
-+- 2,64
H-'4,37
/Le 6 à 2.45
Moyenne. . . .
1
66.29,60
66.28,83
-1- 7,01
■+■ 6,27
•+-1 1 ,3i
-t- 1 1 , 5o
Route de Besons et prés du
pont.
66 . 29 , 2 1
-+- 6,64
+ 11 ,40
1
/Le i) à 3 . 00
Saint-Germain | 10 à 2-45
Moyenne. . . .
66.3o,52
66.3i,o8
-t-18,00
H- 1 8 , 00
+ 8,17
H-8,.7
Dans la forêt sur la route de
Pontoise , à 1 000 mètres de
la gare.
66.3o,8o
4-18,00
-+-8,17
/ Le 12 à 2.40
Versailles ) l3 à midi'/,..
f Moyenne
1
66.25,08
66.26,29
+ 12,34
+ 12. 47
- 4,44
- 4,4*
Entre l'avenue de Paris et
Viroflay.
66.25,68
-Hi3,4o
- 4,43
1
/ Le i5 à midi
Villeneuve- St-Georges) '6 à 2.06
( Moyenne. . . .
1
66.17,37
66 . 1 7 , 1 5
— 8,80
-8,84
— iî,oi
— 12,9.3
Entre Villeneuve-Saint Geor-
ges et Crosnes.
66 . 1 7 , 26
— 8,82
->3,97
/ Le 17 à 1 . 3o
Chelles j l8 à I0°
66.24,80
66.22,70
-18,45
-i8,45
Hi 5,5S
-t- 5,58
Route de Monlfcrmeil.
Moyenne. . . .
66.23,75
— 18,45
-t- 5,58
Paris,
Champ de Mars
■
Le 20 à 3 . 00
66.24,68
-+- 2,84
-t- 2724
Au milieu , entre l'École Mi-
litaire et le pont.
Paris ,
Jardin du Luxembourg
Le 22 à 1 .00
66.25,oi
-t- 0,12
-1- l,l6
A l'ouest du café Didier, à
côté du carré.
Paris ,
Les 17 et 20 mars.
66 . 2 1 , a3
0,0
0,0
Pavillon central, sur la ter-
rasse.
( 9°7 )
» Chacune de ces inclinaisons a été déterminée d'après quarante-huit lec-
tures faites avant et après le renversement des pôles magnétiques de l'ai-
guille ; chaque moyenne est, par conséquent, le résultat de quatre-vingt-seize
lectures, .ret y ont été déterminées d'après la carte des environs de Paris,
dressée par les officiers d'État-major.
» Soient L l'inclinaison absolue de l'aiguille aimantée, à l'Observatoire de
Paris, origine de nos coordonnées (L est inconnu) ; z l'inclinaison obtenue
par l'observation dans une station quelconque, (x, r); M, N enfin les ac-
croissements de l'inclinaison sur une distance d'un kilomètre dans les direc-
tions de x et de y\ on aura sans erreur sensible
équation à trois inconnues, L, M et N, et dans laquelle il faut remplacer
x, y et z par leurs valeurs consignées dans le tableau précédent pour avoir
les équations de condition ci-contre :
o
L-f- 6, 36 M — i3,i5N— -66,354 = ° correspondant à Palaiseau ,
L-f- 2, 64M+ i4,37N — 66,487 = 0 » àEnghien,
L-f- 6,64M-+- 1 1 ,4°N — 66,487=0 h à Argenteuil,
L-+- i8,ooM-f- 8.17N — 66,5i3 = o » à Saint-Germain ,
L+i2,4oM— 4, 43N — 66,428 = 0 » à Versailles,
L— 8,82M— 12,97 N — 66,288 = 0 » àVilleneuve-S'-Georges,
L- i8,45M-(- 5,58 N — 66,396=0 » à Chelles.
Ces équations nous donnent, en se servant de la méthode des moindres
carrés ,
L = 66° 24', 37, M = 0', 1866 et N=o',348o.
Remplaçons L, M et N par leurs valeurs dans l'équation (1), on aura
(2) 66° 24', 37 + o', 1866* + o',348or = z.
Cette équation est celle de la ligne isoclinique dont z marque le nombre de
degrés et de minutes qu'elle doit représenter.
» L'angle que cette ligne fait avec le méridien est
= angle (tang = =-Sj = 6 1 • 48' ,
du nord à l'est.
» L'expression
V^M2 + N2 = ±0,395
— , , p _
(*) Voir the Eighth Report qf 'the British Association for the advancement of science.
II9..
( 9°s ;
est la variation de l'inclinaison de l'aiguille aimantée sur une distance d'un
kilomètre, perpendiculairement à la ligne isoclinique.
» On peut se servir également de l'équation ( 2) pour déterminer l'incli-
naison magnétique dans un point quelconque du département de la Seine,
ou de ceux qui l'environnent, z sera l'inconnue qu'on aurait à déterminer.
» Cherchons, pour savoir le degré de précision de nos résultats , l'erreur
probable dont le résultat obtenu dans chaque station peut être affecté. Cal-
culons pour cela, par la formule (2 ), les inclinaisons dans les sept stations
prises en dehors de Paris, et formons le tableau qui suit :
Inclinaisons
calculées.
Inclinaisons
observées.
Différences
0 ,
66 . 20 , 98 -
O F
- 66 . 2 1 , 22
^z
— 0,24
pour Palaiseau ,
66 . 29 , 86 -
- 66 29,24
==
-+- 0,62
• Engliien ,
66.29,58 -
- 66 . 29 , 2 1
=
■+- 0,37
» Argenteuil,
66.3o,58 -
- 66.3o,8o
=
— 0,22
» Saint-Germain ,
66.25, i5 -
- 66.25,68
ss
— 0,53
» Versailles ,
66.18,21 -
- 66 . r 7 . 26
=
-f- 0,95
» Villeneuve -Saint-Georges,
66.22,86 -
- 66.23,75
=
— 0,89
» Chelles.
l'erreur Drot
•able étants'
0,45492 (inclin, calcul. — inclin, obser.)'
où n indique le nombre d'observations ou de stations, on en conclut
e = ±o',44.
» Or la confiance qu'on doit avoir dans la précision d'une série d'obser-
vations étant d'autant plus grande que l'erreur probable est petite, la préci-
sion de nos résultats est plus grande qu'on ne doit s'y attendre dans de pa-
reilles observations, vu que notre erreur probable ne monte pas pour cha-
que station à une demi-minute.
» Si nous calculons les inclinaisons dans les stations prises dans l'intérieur
de Paris, pour les comparer aux résultats directs des observations, nous
aurons
Inclinaisons Inclinaisons Différences,
calculées. observées.
o
66.25,68 66.24,68 -)- 1,00 Champ de Mars ,
66.24,79 66. 25. 01 — 0,22 Jardin du Luxembourg,
66.24,37 66.21,23 -r-3,i4 Observatoire.
11 en résulte qu'il n'y a pas d'influence locale, du moins sensible, dans les
stations prises dans le Champ de Mars et dans le jardin du Luxembourg ;
tandis que cette influence est bien sensible sur la terrasse de l'Observatoire
( 9°9 )
de Paris, puisqu'elle réduit l'inclinaison absolue 66° 24', 37 à66°2i', a3,
et qu'elle lui imprime un défaut de 3', i4 ± o',l\f\.
» La conclusion à tirer de ce qui précède est : i° que l'inclinaison de
l'aiguille aimantée augmente de o',348, par kilomètre, en allant vers le
nord ; 20 qu'elle subit une augmentation de o', 1 866 par kilomètre en allant
vers l'ouest'; 3° qu'elle augmente de o', 3p,5 par kilomètre en se dirigeant per-
pendiculairement à la ligne isoclinique, qui fait, avec le méridien, un angle
de 6i°48'du nord à l'est; 4° et enfin, qu'il faut ajouter 3', 14 sur l'incli-
naison obtenue à l'Observatoire de Paris (au pavillon central) pour y avoir
l'inclinaison absolue. »
M. Leclerc fait hommage à l'Académie de la deuxième édition de soi»
opuscule intitulé : « Delà médication curative du choléra asiatique ».
« Cette seconde édition, dit l'auteur, est augmentée d'observations four-
nies par divers médecins et qui démontrent l'efficacité de la médication
par la belladone. Je serais heureux si l'Académie jugeait ce travail digne
d'être admis au concours pour le prix triennal. »
M. Bing (Alfred) signale à l'Académie, comme de nature à être admis
au même concours, une invention qui a, dit-il, pour résultat d'abaisser au
profit des classes peu aisées le prix d'un pain de qualité supérieure, en y
introduisant le gluten frais qui jusqu'à présent était perdu par les ami-
donneries.
Cette demande est renvoyée à la Section d'Economie rurale qui jugera
s'il y a lieu de demander de plus amples détails sur cette invention, dont
M. Bing ne nomme pas l'auteur.
M. Dosnon, qui avait soumis au jugement de l'Académie des couleurs
minérales préparées d'après des procédés qui lui sont propres, déclare
renoncer à obtenir un Rapport, puisqu'il n'y peut prétendre qu'en divul-
guant ses procédés de fabrication, ce qui serait pour lui la cause d'un dom-
mage pécuniaire.
Mlle Danger demande l'autorisation de retirer quatre paquets cachetés
précédemment déposés par son père en commun avec M. Flandin.
Cette demande étant accompagnée d'une pièce constatant le consente-
ment de M. Flandin, M1,e Danger est autorisée à reprendre les quatre pa-
quets déposés.
( 9TO )
M. Thomas (Jean) demande et obtient l'autorisation de reprendre une
Note et des dessins concernant des roues hydrauliques et autres moteurs,
pièces présentées par lui en mai et octobre 1 855 et qui n'ont pas été l'objet
d'un Rapport.
M. Gallo, en adressant de Turin plusieurs fascicules d'un ouvrage qu'il
publie sous le titre « d'Introduction à la Mécanique et à la Physique », prie
l'Académie de vouloir bien se faire rendre compte de cet ouvrage.
M. Regnault est invité à prendre connaissance de l'ouvrage de M. Gallo
et à en faire, s'il y a lieu, l'objet d'un Rapport verbal.
M. Taupinard adresse une Note sur la quadrature du cercle et la trisec-
tion de l'angle.
On fera savoir à l'auteur que ces deux questions sont spécialement dési-
gnées parmi celles dont l'Académie, par une décision déjà ancienne, a re-
noncé à s'occuper. .
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret.
COMITÉ SECRET.
La Section de Botanique présente la liste suivante de candidats pour la
place vacante par suite du décès de M. de Mirbel :
Au ier rang M. Duchartre.
!M. Chatev.
M. Lestiboudois.
M. Weddell.
, , , . . (M. Gay(Claede).
Au 3e rang, ex œquo et par ordre alphabétique.... j__ ~, , \
Au 4e rang M- Germaix de Sai.m-
PlERRE.
Les titres des candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 6 heures et demie.
(9" )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
i
L'Académie a reçu, dans la séance du 12 mai 1 856, les ouvrages
dont voici les titres :
Institut impérial de France. Académie des Beaux- Arts. Discours deM. Halévy,
secrétaire perpétuel, prononcé aux funérailles de M. Adolphe Adam, le lundi
5 mai i856; \ feuille in-4°.
Traité pratique et théorique de la composition des mortiers, ciments et gan-
yues àpouzzolanes, et de leur emploi dans toutes sortes de travaux, suivi des moyens
d'en apprécier la durée dans les constructions à la mer; par M. L.-J. Vicat.
Paris, i856; br. in-4°.
Mémoire sur une nouvelle espèce de Belostoma (B. Algeriense) et réflexions sur
ce genre d'Hémiptères aquatiques ; par M. LÉON Dofour; br. in-8°.
Observations sur le Pecten glaber; par M. le baron d'Hombres-Fjrmas; br.
in-8°.
Le matériel agricole, ou Description et examen des instruments, des machines,
des appareils et des outils au moyen desquels on peut sonder, défricher, etc., etc. ;
par M. Auguste Jourdieu ; ae édition. Paris, i856; in-12.
Etudes chimiques, physiologiques et cliniques sur l'emploi thérapeutique du
chlorate de potasse spécialement dans les affections diphthéritiques; par M. E.
Isambert. Paris, i856; br. in-8°. (Adressé au concours Montvon, Méde-
cine et Chirurgie; )
De la médication curative du choléra asiatique; par M. Frédéric Leclerc ;
2e édition. Tours, i856; br. in-8°. (Adressé au concours du prix Bréant.)
Choléra asiatique, où il prend sa source. Conformité d 'opinion de l'auteur
sur ce point avec celle des médecins du gouvernement de la Compagnie des Indes
chargés spécialement défaire des recherches sur ce cruel fléau ; par M. F. BalE-
guer; br. in-8°.
Claims... Titres à la confiance publique, ou Becueil de témoignages des au-
torités médicales ojficielles de Calcutta en faveur de ma méthode de traiter quel-
ques maladies tropicales et principalement le choléra asiatique; par le même.
Cawnpore (Indes anglaises), 1 855 ; br. in-8°.
History... Histoire du cholera-morbus asiatique. Bésultats de dix-sept années
d'observations dans diverses parties de l'Inde et en particulier à Hydrabad
(Deccan), où la maladie existe d'une manière permanente ; par le même; br.
hi-8°.
Ces trois opuscules sont adressés par l'auteur pour le Concours du prix
( 912 )
Bréant, avec une brochure sur le choléra, par M. Balfour, chirurgien à
l'armée de Madras.
De l'influence de la proportion de phosphate de chaux contenu dans les ali-
ments sur la formation du cal; par M. Alphonse Milne-Edwards. Paris,
i856; br. in-8°.
Anatomie comparée des végétaux; par M. G. -A. Chatin ; 4e livraison,
io-4°.
Mémoires d'Agriculture, d' Economie rurale et domestique , publiés par la
Société impériale et centrale d'Agriculture; année 1 855 ; Pe Partie. Paris,
r856;in-8°.
Recueil de Mémoires des astronomes de l'observatoire central de Russie, etc.,
publié avec l'autorisation de l'Académie des Sciences; vol. I, Saint-Pétersbourg,
i853; in-4°.
Positions moyennes pour l'époque de 1790,0 des étoiles circompolaires , dont
les observations ont été publiées par Jérôme Lalande dans les Mémoires de l'Aca-
démie de Paris de «789 et 1790; par M. Ivan Fedorenko, astronome surnu-
méraire à l'observatoire de Poulkova. Saint-Pétersbourg, 1 854 ï in-4°-
Positions géographiques déterminées en 1847 par le lieutenant-colonel Lemm,
dans le pays des Cosaques du Don, Mémoire de M. O. Struve. Saint-Péters-
bourg, 1 8 5 5 ; br. in-4°.
Positions géographiques déterminées en \"6!\% par le lieutenant-colonel Lemm,
dans le gouvernement de Novogorod , Mémoire de M. O. Struve. Saint-
Pétersbourg, 1 855 ; br. in-4°.
Expéditions économétriques de 1 845 et 1 846, Ire et IIe Partie; par le même.
Saint-Pétersbourg, 1 853 et 1 854 ; br. ù>4°.
Beobachtungen. . . Observations de la comète de Biela dans l'année 1 852 ; par
le même. Saint-Pétersbourg, 1 854 ; br. in-4°.
Résultats d'observations faites sur des étoiles doubles artificielles ; par le même;
br. in-8°.
Nachrichten . .. Notes sur la nouvelle comète de M. Schweizer ; par le même;
br. in-8°.
Positions du Soleil , de la Lune et des planètes observées à Dorpat depuis 1 822
jusqu'à 1 838 , calculées par MM. W. Struve et Liapounow ; Mémoire deM. W.
Struve; br. in-4°.
Sur la jonction des opérations géodésiques russes et autrichiennes , exécutées
par ordre des deux Gouvernements , parle même. Saint-Pétersbourg, 1 853 ;
br. in-8°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 19 MAI 1856.
PRÉSIDENCE DE M. IS. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
« L'Académie avait appris dans sa séance dernière, au moment de se
séparer, le malheur qui vient de la frapper dans la personne de son Prési-
dent, M. Binet. M. le Vice-Président, exerçant les fonctions de Président,
fait connaître que le Bureau et presque tous les Membres de l'Académie,
auxquels s'étaient joints un grand nombre de Membres des autres classes de
l'Institut, ont rendu, le mercredi i4, les derniers devoirs à leur illustre con-
frère. M. Lamé, Membre de la Section de Géométrie, à laquelle M. Binet
appartenait depuis treize ans, et M. Cauchy se sont rendus les interprètes
des sentiments et des regrets de l'Académie, et ont rappelé sur la tombe de
M. Binet les travaux éminents qui feront vivre son nom dans la science. »
météorologie. — Actinographe , instrument qui marque les instants de la
journée auxquels le soleil se montre ou se cache, et la durée de ses ap-
paritions ou disparitions; par M. Pouillet.
« Je m'occupe depuis quelque temps d'un travail qui touche à son terme
et que je pourrai très-prochainement présenter à l'Académie ; c'est un en-
semble de recherches sur la chaleur solaire , ou plutôt sur les radiations
solaires en général, qui fait suite à mon Mémoire de i838. J'ai été ramené
à ce sujet par les discussions météorologiques auxquelles l'Académie a prêté
une longue et bienveillante attention il y a quelques mois. Comme la sai-
C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 20.) I 2°
( 9'4 )
son continue à être très-peu favorable pour ce genre d'expériences , il m'a
semblé utile d'extraire dès à présent de ces nouvelles recherches la descrip-
tion d'un instrument qui se perfectionnera par l'usage, et qui peut, je crois,
rendre des services à la météorologie ; la question qu'il doit résoudre est
une de celles qui sont discutées dans le travail que j'annonce ; je me borne
à l'indiquer ici et à décrire l'instrument.
» Mes anciennes expériences ont fait connaître la quantité de chaleur
cpie le soleil donne au globe de la terre, dans un temps donné, et la quan-
tité de chaleur qui arrive à la surface du sol pour l'échauffer d'une manière
directe et pour y produire le développement de tous les phénomènes or-
ganiques.
» De ces deux éléments, le premier est constant, dans l'état actuel du
globe du soleil; le deuxième est variable, parce que la chaleur absorbée
par les nuages se dissipe en partie dans les espaces célestes, sans concourir
d'une manière directe aux phénomènes terrestres; et il est peu probable
que chaque année il y ait, en somme, la même quantité de chaleur arrêtée
par les nuages. Si l'ensemble varie, il doit à plus forte raison se produire
des variations considérables dans une région donnée. On ne peut pas douter,
par exemple, que dans la plus grande partie de l'Europe, la culture ne soit
d'une année à l'autre très-inégalement favorisée par la radiation solaire.
» Après les questions générales que je viens de rappeler, il se présente
donc une question plus spéciale et non moins intéressante, c'est celle de
savoir, pour chaque climat et pour chaque année, combien il y a de jours
de soleil et comment ils sont répartis.
» Cette question n'est aucunement résolue par les observations météoro-
logiques actuelles, même par celles qui représentent le mieux l'état du
ciel ; car les observateurs ne peuvent inscrire dans leurs tableaux que l'état
apparent du ciel aux heures convenues : ciel serein ou couvert, éclaircies,
nuages de diverses formes, brouillards, pluie, neige, etc., etc.
» Il est déjà bon sans doute de connaître le nombre des jours sereins et
des jours de pluie; mais c'est une approximation insuffisante.
» La quantité de chaleur, ou pour mieux dire la quantité de radiation
solaire directe qui nous arrive par intermittences ou par éclaircies quand le
ciel est nuageux, n'est peut-être en somme ni moins considérable ni moins
efficace que celle qui nous arrive par un ciel serein ; il est indispensable
d'en tenir compte.
» Il faudrait donc avoir un instrument qui pût nous apprendre chaque
jour, surtout pendant les époques de végétation active, à quelles heures le
soleil se montre, combien de temps dure son apparition; à quelles heures
(9'5)
et combien de temps il reste caché par les nuages, sans que ses rayons puis-
sent en percer l'épaisseur.
» Le problème ainsi posé, tout le monde comprend qu'il n'est pas in-
soluble, et tout le monde comprend que c'est à la photographie qu'il en
faut demander la solution.
» On pourrait y employer, comme auxiliaire mécanique, un équatorial
ou un héliostat ; mais, au lieu de rechercher une exactitude qui serait aujour-
d'hui superflue, j'ai préféré la combinaison la plus simple et la plus facile à
réaliser. L'instrument que j'ai fait construire d'après cette pensée, agit par
lui-même, sans aucune force mécanique et même sans aucun appareil op-
tique. C'est une simple boîte carrée de 20 centimètres de côté sur 10 centi-
mètres de hauteur ; elle est de bois mince, ayant le dedans peint en noir et
le dehors en blanc. Deux guides perpendiculaires au fond servent à diriger
une pièce mobile intérieure qui peut ainsi s'élever ou s'abaisser en suivant
l'axe de la boîte et en restant parallèle au fond et au couvercle; cette pièce
a 2 centimètres d'épaisseur et se fixe chaque jour à une hauteur convenable,
d'après la déclinaison du soleil.
» Cette boîte se pose et s'oriente à la manière d'un cadran solaire : deux
des côtés du fond étant dans la méridienne, et les deux autres dans la di-
rection de l'est à l'ouest ; seulement elle s'incline suivant la latitude du
lieu de manière que son axe soit parallèle à l'axe de la terre. Il en résulte
que la pièce mobile dont je viens de parler se meut parallèlement à l'équa-
teur. Au centre des trois faces latérales qui regardent le midi, l'est et l'ouest,
se trouve une ouverture carrée de 3 centimètres de côté, fermée par un
mince diaphragme de métal, portant un trou central de 4 millimètres de
diamètre.
» On conçoit, d'après cela, qu'aux jours de l'équinoxe, les rayons du soleil
doivent entrer de 6 heures à 9 heures du matin par l'ouverture du dia-
phragme de l'est et venir peindre une image ronde sur la tranche de la pièce
mobile, placée juste, pour ce jour-là, au milieu de l'épaisseur de la boîte
et vis-à-vis les centres des ouvertures des diaphragmes. Pour recevoir cette
image, la face correspondante de la pièce mobile est une portion de cylin-
dre concave de 6 centimètres de rayon , ayant son axe au centre de l'ou-
verture du diaphragme , et parallèle à l'axe de la terre. Ainsi, pendant ces
trois heures le centre de l'image parcourt sur la section moyenne de la sur-
face cylindrique un angle de 45 degrés, formant une longueur de /j7mm, 1 , ou
un peu plus de 1 millimètre par quatre minutes. La portion du cylindre doit
être plus grande pour les jours de l'été, et il convient de lui donner un peu
120..
(yi6 )
plus de 90 degrés de développement. En face des diaphragmes du midi et
de l'ouest, la pièce mobile présente des surfaces cylindriques pareilles, de
même étendue et de même rayon.
» Ainsi la face du sud commence à marquer un peu avant 9 heures
et par conséquent avant que celle de l'est ait fini ; de même celle de l'ouest
reprend un peu avant 3 heures, c'est-à-dire avant que celle du midi ait cessé
de donner son image sur la surface cylindrique correspondante.
» Le même instrument reçoit ainsi l'image du soleil dans toutes les sai-
sons et à tous les instants de la journée.
» La pièce mobile se rapproche du fond à mesure que la déclinaison bo-
réale augmente, elle se relève au contraire vers le couvercle pendant la
déclinaison australe, afin que les images frappent toujours les surfaces
cylindriques vers le milieu de leur hauteur.
» Une bande de papier photographique, d'une longueur suffisante et de
2 centimètres de hauteur, s'adapte sur les trois surfaces cylindriques des-
tinées à recevoir les images solaires ; on la met en place avant le lever du
soleil, on la reprend après son coucher et on la remplace par une bande
nouvelle : il reste seulement à fixer, par les moyens ordinaires, les impres-
sions produites par la lumière.
» Les expériences que j'ai faites avec cet instrument, et dont je mets les
résultats sous les yeux de l'Académie, démontrent que, même avec ses di-
mensions restreintes, il n'y a aucune difficulté à obtenir un enregistrement
très-fidèle de toutes les apparitions et disparitions du soleil. On peut donc
l'appeler Actinogvaplie.
» La pratique fera connaître s'il y aurait de l'avantage à augmenter ou à
réduire le diamètre du faisceau incident, s'il y en aurait à couvrir l'ouver-
ture des diaphragmes avec des verres diaphanes ou diversement colorés.
» Quant aux préparations photographiques, celles que j'ai employées se
composaient de bains anciens, plus ou moins altérés par le temps et par l'u-
sage que j'en avais fait l'été dernier : c'est là ce qui explique tout ce qui
manque aux épreuves sous le rapport de la délicatesse et de la gradation des
ombres; mais avec ces imperfections, les épreuves démontrent en quelque
sorte d'une manière plus complète combien il est facile d'empêcher que la
radiation diffuse des régions qui avoisinent le soleil et qui se prolonge pen-
dant douze ou quinze heures, ne vienne jamais se confondre avec la plus
faible radiation directe agissant à peine pendant une seconde.
» S'il y avait de l'utilité à reproduire photographiquement le résultat
annuel des observations, au lieu de le reproduire par la gravure ou par
( 9*7 )
la lithographie, il suffirait de recevoir les images sur du papier négatif con-
venable pour en tirer ensuite des épreuves positives. Douze feuilles de 3o
centimètres carrés représenteraient le tableau complet des douze mois de
l'année. A l'aspect de ces tableaux il serait facile de composer des moyennes
indiquant, soit le nombre total des heures de soleil, soit le nombre des
heures de soleil appartenant à telle saison ou à telle ou telle période de la
journée. On voit, par exemple, sur les épreuves ci-jointes que dans cette der-
nière semaine il y a eu par jour une centaine d'éclaircies plus ou moins
longues, et qu'en somme la radiation solaire diurne a été de plus de deux
heures pour les plus mauvais jours, qui étaient vendredi et samedi. »
géologie. — Sur un gisement de platine signalé dam unjilon de la pro-
vince d'Antioquia [Nouvelle- Grenade). Observations inédites sur les
alluvions aurifères et platinijkres du Choco ; par M. Boussingaclt.
« Le Dr Jervis, qui a résidé pendant longtemps dans l'Amérique
méridionale, m'a remis des minerais provenant d'un filon de la province
d'Antioquia, dans lesquels on a rencontré des grains de platine. Voici la
Note qui accompagnait les échantillons :
« En novembre 1 852, dit M. le Dr Jervis, un Indien que j'employais à
» rechercher des mines d'or m'a rapporté un minerai qui, après avoir été
» broyé, a donné par le lavage des grains d'un métal blanc offrant tous les
« caractères du platine. De plusieurs centaines de livres de ce minerai on
» a obtenu les quelques parcelles que je mets à votre disposition , en vous
» priant de constater si ces lamelles métalliques sont bien réellement du
» platine.
» Le filon d'où le minerai a été extrait se trouve sur les hauteurs de la
» Cordillère située entre la rivière de Médellin et le Cauca ; sa direction est
» de l'est à l'ouest, et la puissance de l'affleurement de 70 à 80 centimètres.
» L'altitude doit approcher de 25oo mètres. Quant aux matières trouvées
» dans l'affleurement, elles consistent principalement en un mélange de
» quartz, d'oxyde de fer hydraté [pacos), d'argile renfermant des cristaux
» de pyrites. La roche dans laquelle le filon est encaissé est un grùnstein à
» grains fins supportant, vers le fond de la vallée du Cauca, un dépôt aré-
» nacé avec couches de charbon fossile. »
» Les échantillons sont conformes à cette description. Le métal blanc,
comme je m'en suis assuré, est bien du platine. Le Dr Jervis fait re-
marquer que le terrain dans lequel on a rencontré le nouveau filon plati-
nifère est la continuation de la syénite porphyrique de SantarRosa de Osos,
(9'8)
où, « il y a bien des années, j'ai découvert un gisement en place du platine,
» que jusqu'alors on n'avait trouvé que dans les alluvions. » L'observation
à laquelle le Dr Jervis fait allusion est consignée dans une Note écrite en
avril 1836, et dont je crois devoir reproduire ici un extrait (1).
« Le terrain de Santa-Rosa de Osos est une syénite décomposée, liée à la
» même roche non altérée dont est formée la vallée de Médellin. Dans les
» filons exploités près de Santa-Rosa, l'or est disséminé dans du fer hydraté
» (pacos) mélangé de quartz et d'argile. Les minerais sont broyés et lavés;
» la quantité d'or qu'on en retire est considérable. C'est dans cet or en
» poudre sorti d'un filon que j'ai rencontré des grains de platine semblables
» par leur forme et parleur aspect à ceux qu'on apporte du Choco. Ce fait
» du gisement du platine dans un filon de fer oxydé me semble devoir
» jeter du jour sur l'origine du même métal qu'on rencontre dans les allu-
* vions. La forme de lames arrondies sur leurs bords, que présentent les
» petites pépites des terrains de transport, a fait présumer que ce métal
h avait été roulé, usé ; il est par conséquent bien remarquable que le pla-
» tine de Santa-Rosa, dégagé de sa gangue sous mes yeux, ait ce même as-
» pect. Au reste, cette apparence roulée n'est pas particulière au platine ;
» on l'observe très-souvent sur l'or en grains retiré des pacos. »
» Ainsi le platine rapporté par le Dr Jervis aurait été trouvé dans des cir-
constances géologiques absolument semblables à celles du gîte découvert à
Santa-Rosa de Osos il y a trente ans. Je dois cependant signaler une dif-
férence dont j'ai été vivement frappé. A Santa-Rosa, c'étaient seulement
quelques lamelles de platine qu'on apercevait disséminées dans un kilo-
gramme de poudre d'or; dans le nouveau gisement, au contraire, le minerai
n'a fourni que du platine. Il y a bien les matières concomitantes ordi-
naires des deux métaux précieux: le fer titane, le zircon, la cimophane, le
quartz, etc., mais pas un grain d'or. Du platine non accompagné d'or à sa
sortie de la mine était pour moi un fait tellement anormal, que je me serais
permis de douter de l'origine attribuée à l'échantillon que je présente à l'A-
cadémie, si M. le Dr Jervis n'avait pas lui-même extrait ce métal du
minerai ; mes doutes auraient été fondés sur l'étude que j'ai faite autrefois
du terrain platinifère de la Nouvelle-Grenade.
» C'est en 1829 que j'ai exploré le Choco, cette terre de l'or, forêt à peu
près impénétrable, sans espaces cultivés, sans pâturages, et n'ayant d'autres
voies de communication que les rivières, le bord des torrents et les maré-
(1) Lettre à M. de Humboldt sur le gisement du platine, Annales de Chimie et de Phy-
sique, t. XXXII, p. 204, 2e série.
( 9'9 )
cages. Les vivres tirés delà fertile vallée du Cauca sont apportés par des hom-
mes nommés cargiœros, fonctionnant à la manière des bêtes de somme. Les
tentatives faites pour établir des cultures dans l'intérieur ont constamment
échoué ; le bétail mis dans les rares éclaircies ouvertes dans les bois a été
promptement dévoré, non parles tigres, mais par les mouches {zancudos),
par ces nuées d'insectes dont la voracité n'est bien appréciée que par ceux
mêmes qui en ont souffert. Un tel état de choses a nécessairement pour
conséquence un régime alimentaire déplorable; aussi les mineurs soumis
aux plus rudes travaux sont-ils nourris avec des viandes salées, des bananes
sèches, ou du biscuit de maïs.
» Au Choco, il pleut presque continuellement. Durant les quarante-deux
jours que j'y ai passés, je n'ai pu prendre qu'une seule hauteur méridienne
du soleil, et bien que j'aie veillé pendant bien des nuits dans l'espoir d'ob-
tenir des hauteurs circumméridiennes d'étoile, le village indien de Ghami est
la seule localité dont j'aie fixé la latitude. Malgré la fréquence des pluies et la
nature marécageuse du sol, l'atmosphère possède une température assez
élevée. En février, le thermomètre a oscillé entre 24 e* 3o degrés centigrades.
» La Cordillère occidentale des Andes, placée entre le Choco et la vallée
du Cauca, est en grande partie formée de schiste argileux passant sur quel-
ques points à une grauwack parfaitement caractérisée. Dans le lit du Rio-
Timana, affluent du San-Juan, des alluvions composées de débris de syé-
nite et de syénite porphyrique reposent sur ce schiste; au Real de Minas de
Agua clara, on observe le contact du porphyre syénitique avec la roche
schisteuse. Dans cette exploitation, l'or extrait par un lavage exécuté en
ma présence renfermait par livre espagnole 6 castcllanos de platine en
grains, soit 6 pour 100. A Jgua clara comme dans toutes les mines de
transport de la Nouvelle-Grenade, les travaux des orpailleurs put pour but
d'obtenir, pour la soumettre au lavage, la partie du dépôt voisine de la
roche en place, en enlevant le terrain supérieur que généralement on ne
considère pas comme suffisamment riche pour être traité. Les assises infé-
rieures sont soumises à l'action d'un courant d'eau dans des espèces de
tables dormantes (canalones) très-grossièrement établies; on a pour résidu
du sable noir où domine le fer titane [arenilla). L'or mêlé de platine ex-
trait de ce sable lavé à la sébile (batea) est réuni et nettoyé dans une tasse
en corne ayant la forme d'une valve de coquille (concha).
» Le platine est séparé de l'or par un lavage à la sébile (batea) ; mais, quoi
qu'on fasse, la séparation n'est jamais complète. Aussi, dans la fonderie de
Novita où l'or du Choco est mis en lingots pour être envoyé à la Monnaie,
( 9*° )
on a recours à l'amalgamation pour extraire le platine que le lavage n'a pas
enlevé. Par l'action du mercure, on retire i à 2 de platine de 100 parties
de poudre d'or
» De Novita, j'ai remonté le Rio San-Juan jusqu'au point où il cesse
d'être navigable. Partout j'ai pu observer des alluvions très-productives
quand on avait de l'eau et des nègres pour les exploiter.
» Dans les environs de Tadô, les lavages {lavaderos) fournissent de l'or
beaucoup plus platinifère que celui des mines situées dans la proximité de
Novita; ainsi celui du Real de Pureto contient quelquefois jusqu'à 10 de
platine pour 100.
» La mine de Santa-Lucia, qu'on m'avait indiquée comme fournissant
l'or renfermant le plus de platine, est placée près du Rio-Platina.
» Les travaux des mineurs avaient mis à découvert un escarpement où
j'ai mesuré :
» 1 mètre de terre végétale ;
m 10 mètres de galets de toutes dimensions, comprenant un grand
nombre de variétés de syénite porphyrique ;
» om,a5 à om,32 d'un sable argileux mêlé de galets et veiné de nuances
foncées dues à la présence du fer titane et que supporte la roche en place,
sorte de grùnstein porphyrique profondément altéré dans son élément
feldspathique. C'est cette partie inférieure veinée de noir, \zcinta, le ruban
des orpailleurs, la zone en un mot, où sont accumulés les métaux précieux,
qui est l'objet principal de l'exploitation.
» On voit tout de suite, d'après cette coupe, combien, quelquefois, il faut
déplacer de terrain à peu près improductif pour rassembler un seul mètre
cube de sable destiné au lavage; mais les dépôts n'ont pas toujours une
épaisseur aussi forte, et le sable que l'on prend dans le lit des rivières est
lavé directement dans la sébile, sans aucune concentration préalable. Après
de très-grandes crues du Rio-San-Juan, la plage est recouverte d'un sable
extrêmement riche. L'or que l'on retira pendant mon séjour au Reaide Mi-
nas de Santa-Lucia renfermait, pour 100, i4 de platine, et les orpailleurs
m'assurèrent que fréquemment on y obtenait plus de platine que d'or.
» Le village de Tadô m'avait été désigné comme renfermant plusieurs mines
d'où l'on n'extrayait que du platine, ces mines n'étant d'ailleurs exploitées
qu'alors que de fortes demandes faisaient hausser le prix de ce métal. En fé-
vrier 1829 , elles étaient abandonnées; mais le curé de Tadô, le padre Ce-
rezo, voulut bien à ma prière en faire exploiter une. Le travail commença
près de l'église ; des négresses se mirent à laver à la sébile (batea) de la terre
( 9*' )
prise à environ 35 centimètres au-dessous de la surface du sol, et, en très-
peu de temps, elles obtinrent un quantité notable de platine sans mélange
de grains d'or. Je remarquai que ce n'était pas du sable d'alluvion qu'on
lavait, mais de la terre végétale très-cbargée d'humus. En continuant le
lavage de ce singulier minerai, on trouva, avec le platine, une bague en
argent et plusieurs de ces perles en verroterie qu'on échange encore aujour-
d'hui contre la poudre d'or apportée par les Indiens. Le travail terminé, je
commençai une enquête dans laquelle furent entendues un assez grand
nombre de personnes; il en résulta que le platine non mélangé d'or qu'on
rencontre très-fréquemment dans la terre végétale, se trouve seulement là
où il y a eu des habitations, lorsque ce métal, n'ayant aucune valeur, était
jeté aux ordures. Il ne faut pas oublier en effet qu'après l'année 1741 > époque
à laquelle Wood fit connaître le platine, ce métal longtemps encore est resté
sans usage; les chasseurs l'employaient quelquefois comme cendrée de
plomb, ou bien mis dans des sacs il servait de contre-poids dans les horloges.
» Ainsi, dans le Choco, l'or accompagne constamment le platine dans
les alluvions, en même temps qu'il domine généralement dans le mélange
des deux métaux. C'est ce fait que je crois parfaitement établi, qui me por-
tait à douter de la réalité du nouveau gisement de platine non mélangé d'or
de la Nouvelle-Grenade, et, comme je l'ai dit plus haut, il n'a fallu rien
moins que la déclaration du Dr Jervis, affirmant qu'il a extrait lui-même
le métal que je mets sur le bureau de l'Académie, pour dissiper les doutes
que j'avais conçus.
» Dans les contrées où l'on traite des terrains de transport aurifères, la
production du métal est étroitement liée au chiffre de la popidation des
travailleurs. C'est que l'or en poudre est surtout le résultat d'un travail
personnel : car, quoi qu'on jen ait dit , l'art , jusqu'à présent , n'a eu
que bien peu d'influence sur l'accroissement des produits des mines d'al-
luvions, et j'ai eu maintes fois l'occasion de constater que pour extraire
beaucoup d'or d'un dépôt arénacé, alors même qu'il est d'une grande ri-
chesse, il faut disposer à la fois et d'un volume d'eau considérable et de
nombreux ouvriers
» Un recensement fait vers l'année 1780, par ordre de l'archevêque Gon-
gora, vice-roi de la Nueva-Granada, portait à 3ooo les nègres orpailleurs
du Choco, retirant annuellement 1 1000 marcs de poudre d'or (1). A cette
(1) Dans celte évaluation il s'agit uniquement de l'or ayant payé le tjninto. L'or exporté
en contrebande n'est pas compris dans ce chiffre.
C. R., i856, 1" Semestre. (T. XLII, No 20.) «21
( 922 )
époque, et conformément au principe énoncé précédemment, l'Administra-
tion admettait qu'on arriverait facilement à extraire 20000 marcs de métal,
lorsque la population noire aurait doublé.
» En 1829, le travail des mines était encore exécuté par des esclaves
quoique la population noire eût diminué notablement. On attribuait cette di-
minution à la guerre de l'indépendance. L'État avait, il est vrai, donné la
liberté aux esclaves engagés sous les drapeaux, en indemnisant les maîtres.
Mais ce qui contribua le plus à ce résultat, ce furent les dispositions législa-
tives prises en 1816 par le Congrès constituant, dispositions équitables,
d'une extrême prudence dans leur application et qui permirent à un État
de l'Amérique méridionale , peu important au point de vue politique , de
devancer l'Angleterre et la France dans l'acte si éminemment chrétien
de l'abolition de l'esclavage. Toutefois, en 1829, ce n'était pas sans une
certaine inquiétude que les propriétaires des lavaderos voyaient se ma-
nifester les effets de la loi; encore quelques années, disaient-ils, et
l'on n'aurait plus que des vieillards incapables de travail, tous les esclaves
vigoureux devant bientôt atteindre l'âge fixé pour leur affranchissement.
Qu'il me soit permis, à cette occasion, de rapporter la réponse que fit, en
ma présence, à un de ces maîtres d'esclaves, mon vénérable ami le padre
Bonafonte, curé de Riosucio de Engeruma, resté pauvre au milieu des lin-
gots qu'on agitait autour de lui : ■ N'ayez aucune crainte sur l'avenir des
» mines : les blancs attachent un si haut prix à la possession de l'or, qu'un
» jour ils viendront laverie minerai à la place de ces malheureux nègres. »
» La prédiction du bon missionnaire s'accomplit. De toutes les parties
du monde, les blancs se jettent sur les contrées aurifères de l'Amérique, et
si leur migration se porte jamais vers le Choco, il est difficile de prévoir
quelles seront les quantités de métal que fourniront les vallées du San-Juan
et le bas pays de la province d'Antioquia; mais alors l'histoire aura un jour
à supputer ce que, sous l'influence de climats éminemment insalubres, cet
or aura coûté d'existences d'hommes. »
astronomie. — Lettre de M. Valz en réponse à la Note insérée dans le
Compte rendu de la séance du 5 mai dernier.
« Je viens de voir, dans le Compte rendu de la dernière séance de l'A-
cadémie, que M. Le Verrier me fait dire ce que je n'ai pas dit, et veut
bien réfuter ce que je n'ai pas prétendu. En effet, je n'ai nullement voulu
faire passer pour charlatans les astronomes qui croient devoir reproduire
(9*3)
les secondes incertaines résultant du calcul des éléments ordinaires des or-
bites; mais j'ai avancé seulement qu'on pourrait, comme le baron de Zach,
trouver un peu de charlatanerie dans les centièmes de secondes pour les
éléments provisoires : ce qui est assez différent, parce que les éléments
provisoires sont tout autres que les éléments ordinaires; que les centièmes
de secondes ne sont pas des secondes, et qu'enfin on peut bien faire un
peu de charlatanerie, ce qui arrive parfois assez naturellement à bien des
gens, sans être pour cela de vrais charlatans, des charlatans par métier.
J'ai dit aussi, en termes précis, que dans les déterminations où les de-
grés ne sont pas même certains, il devient assez inutile de courir après
les secondes : ce qui ne me paraît guère avoir besoin de démonstra-
tion; mais, pour le montrer par le fait même, je n'aurai qu'à citer les trois
déterminations du périhélie obtenues pour Léda par M. Pape, qu'on ne
saurait trop, du reste , louer du grand zèle qu'il met à calculer aussitôt que
possible les éléments provisoires des nouvelles planètes, pour en faciliter
la recherche aux astronomes, après quelques jours de mauvais temps ou
de clair de lune; en quoi il leur rend un éminent service, en leur épar-
gnant beaucoup de peine inutile et de temps perdu, qui sont toujours fort
regrettables pour les observateurs.
» Il a trouvé cette longitude :
Par les observations de janvier, de gi°33'5i",3
avec celles de février, de 126.1 8.1 3, g
avec celles de mars, de 9g. 43. 6,4
présentant ainsi une différence d'environ 35 degrés. Comment admettre
alors que les secondes et leurs dixièmes sont également indispensables
dans des éléments qui diffèrent autant ; et, tandis que la différence entre
les éphémérides qui en résultent va à 55 minutes, celle provenant des se-
condes négligées n'aurait pas la moindre importance.
» Toute l'argumentation de M. Le Verrier repose sur ce que les éléments
provisoires établis sur les premières observations ne servent qu'à repré-
senter des observations déjà faites; mais ce n'est pas là leur plus grande
utilité, qui consiste surtout à en déduire des éphémérides qui puissent guider
l'astronome observateur dans ses recherches et observations futures, et lui
épargner beaucoup de temps perdu et de peines inutiles à chercher dans
le ciel, sans de pareils secours. Bientôt cependant leur erreur devient si
grande, que la petite différence résultant des secondes négligées ou non
dans les éléments provisoires n'a plus aucune importance. Ainsi, d'après
121..
(oM)
mes observations d'hier soir, les éphémérides de la nouvelle planète de
M. Goldschmidt seraient en erreur de 26 minutes, tandis que la différence
provenant des secondes négligées n'en serait qu'une bien faible fraction.
» Il ne me reste plus, je pense, qu'à relever l'opinion émise par M. Le
Verrier, que les considérations qu'il a cru devoir présenter m'auraient sans
doute échappé, ce qui n'est, en effet, qu'une supposition toute gratuite de sa
part. »
chirurgie. — De l'application de l'autoplastie au traitement des cicatrices
vicieuses ; par M. C. Sédillot.
« Le remarquable Mémoire dont M. le professeur Jobert (de Lamballe)
a donné lecture à l'Académie des Sciences, dans la séance du 10 mars i856,
sur l'application de l'anaplastie aux brides cicatricielles, nous a rappelé
quelques faits de notre pratique, pleinement confirmatifs des avantages de
cette méthode. Les procédés que nous avons adoptés depuis plusieurs
années ne sont pas entièrement semblables à celui de notre célèbre con-
frère, et nous signalerons particulièrement trois points sur lesquels nous
ne saurions nous ralliera son opinion. Ainsi, nous hésitons à admettre l'es-
pèce de greffe du lambeau anaplastique dans l'épaisseur du tissu cicatriciel
que semble indiquer M. Jobert. Nous ne croyons pas nécessaire la section
du pédicule du lambeau. Enfin, nous doutons de la facilité de la réunion
immédiate, entre les bords du lambeau et ceux de la cicatrice.
» La première condition de succès, pour le redressement des parties dont
la forme et la mobilité sont compromises par la rétraction du tissu inodu-
laire, est sans contredit à nos yeux la division complète de ce tissu jusqu'aux
couches normales subjacentes, qui deviennent la base et le point d'appui
du lambeau. Si toute l'épaisseur du tissu modulaire n'est pas intéressée, les
difformités persistent invinciblement, et l'on reconnaît la nécessité, non-
seuleïnent de diviser la bride, mais encore de la séparer dans beaucoup de
cas par la dissection des tissus sains plus profondément situés. C'est une
corde inextensible que l'on sectionne, et il faut la couper en totalité si l'on
veut en faire disparaître les effets. Nous remarquerons en outre que la réu-
nion du lambeau au seul tissu inodulaire, si elle était obtenue, présenterait
de bien faibles éléments de vascularité, et que l'on aurait certainement à
redouter la gangrène du lambeau, après la section du pédicule. Nous con-
cluons de ces considérations, que le lambeau anaplastique doit être large-
ment mis en rapport avec des tissus sains, et que c'est le seul moyen de re-
(9*5)
médier aux difformités, de donner une base suffisante au lambeau dont
l'allongement et l'expansion deviennent possibles et d'en assurer la vitalité.
» M. Jobert est partisan de la section du pédicule du lambeau, et il en a
exposé les avantages dans ce passage : « Aucun changement appréciable ne
» se manifeste avant la section du pédicule ; mais, lorsqu'elle a été prati-
» quée, la bride s'étale, la difformité disparaît, les tiraillements cessent, et
» la partie inclinée se redresse et reprend son attitude. »
» Il nous paraît impossible que la section du pédicule ait l'influence
que signale M. Jobert, si du moins nous avons bien compris le sens
de sa phrase. En intercalant un lambeau de téguments sains entre les
deux bords d'une cicatrice du cou transversalement divisée, l'allongement
du lambeau s'opère dans le sens vertical, et ne saurait être empêché par le
pédicule, qui se trouve placé latéralement et en dehors de la sphère d'action
de la cicatrice. Nous ne voyons pas l'utilité de l'incision du pédicule, et
nous le conservons intact dans toutes nos opérations anaplastiques, relevant
des méthodes française et indienne. Avec la précaution de faire partir de
la perte de substance à combler, le bord correspondant du lambeau auquel
on imprime une légère torsion de a 5 degrés environ pour l'amener à sa
nouvelle situation, le pédicule est uni à la plaie, et s'y confond tellement,
qu'il n'est bientôt plus reconnaissable et qu'il n'y a pas de motif de le divi-
ser. Cette manière d'agir abrège et simplifie l'opération et en rend le succès
plus assuré, puisqu'on n'a plus à redouter la gangrène du lambeau par suite
de la section du pédicule, quelle que soit d'ailleurs, la rareté de ce redou-
table accident.
» Enfin, et c'est là notre troisième point de dissidence, M. Jobert an-
nonce « que la greffe animale se réunit aussi bien au tissu cicatriciel
» divisé qu'aux autres tissus , et que c'est un fait remarquable que ce
» travail ne donne lieu à aucun accès d'inflammation , et qu'il se main-
» tient dans de justes limites. » Notre expérience est en désaccord absolu
avec cette opinion, et nous avons toujours observé la fonte ulcérative de
la plus grande portion du tissu inodulaire , au contact du lambeau , dans
toutes nos anaplasties de ce genre. De là pour nous le précepte d'éviter de
multiplier les points de suture, et de n'en appliquer que le nombre indis-
pensable, pour maintenir pendant quelque temps le lambeau étalé dans la
plaie et en éviter le retrait et l'enroulement spontanés. Une très-légère
compression centrale faite au moyen de linges ployés en plusieurs dou-
bles et trempés dans l'eau froide est aussi d'un utile secours.
» L'ulcération des bords de la cicatrice nous paraît si constante, que
( 9*6 )
nous n'avions pas craint de l'annoncer sur un des malades opérés à la
clinique, dont nous donnerons l'histoire, et nous avions appelé l'atten-
tion des élèves sur ce phénomène, en signalant le peu de crainte qu'il en
fallait concevoir, attendu que le tissu inodnlaire se reforme alors avec la
même rapidité qu'il s'est détruit. Si M. Jobert n'a pas fait les mêmes remar-
ques, nous devons l'attribuer à des conditions toutes spéciales qui n'ont
pas été suffisamment révélées, et qui réclament de nouvelles recherches.
» Faits confirmatifs. — i°. Cicatrice du cou produite par brûlure",
avec flexion de la tête sur la poitrine. Heureuse application de lautoplastie
Observation recueillie par M. Picard) interne.
» Fix (Charles), mégissier, âgé de quarante-deux ans, fut admis à la cli-
nique le 12 décembre i855. Cet homme a eu dans sa jeunesse toutes les
portions droites et médianes de la poitrine , du cou et de la tête , profondé-
ment brûlées. Une bride cicatricielle, large et saillante, maintient la tête
fléchie, et le maximum de l'écartement entre le bord supérieur du sternum
et le menton est de 10 centimètres. La face est complètement asymé-
trique par défaut de développement du côté droit ; l'oreille est en partie
détruite et réduite à une espèce de moignon ; les mouvements du bras droit
ne sont pas gênés, malgré la présence d'une large cicatrice étendue sur
toute l'épaisseur de ce côté.
» Le malade se plaint d'une aggravation notable de la flexion de la tète,
qui l'empêche depuis quelques mois de se livrer à ses occupations habi-
tuelles, et il en attribue justement la cause à une ulcération du tissu modu-
laire, survenue au bord supérieur du sternum, dont un point nécrosé
est détaché et mobile au milieu d'une ulcération cicatricielle.
» M. Sédillot essaye le 18 décembre la section sous-cutanée de la partie
profonde de la bride et obtient par ce moyen un allongement immédiat de
i centimètres; mais cette amélioration avait déjà disparu au bout de vingt-
quatre heures, et la difformité était revenue au même degré.
» Le 20 décembre, M. Sédillot voulant un résultat décisif et permanent,
tailla sur la partie gauche du cou, dans un point où la peau était restée in-
tacte, un lambeau vertical de 25 millimètres de .hauteur sur 4o millimètres
de largeur, dont la base était inférieure et le sommet tourné vers le menton.
De l'extrémité droite de cette base, M. Sédillot fit partir une incision trans-
versale qui intéressa toute l'épaisseur d'avant en arrière de la cicatrice, dont
les lèvres furent disséquées en haut et en bas de manière à présenter un
écartement assez grand pour y loger le lambeau renversé de haut en bas et
de gauche à droite. Quelques points de suture en réunirent le sommet et
( 9*7 )
les bords au tissu cicatriciel correspondant. Des fomentations froides furent
appliquées, et un appareil amidonné, tel que M. Sédillot en fait usage poul-
ies plaies du cou, immobilisa la tête.
» Le 24, le lambeau, dont la face saignante et profonde est déjà adhé-
rente, offre l'état le plus satisfaisant; mais il semble isolé au milieu d'une
vaste ulcération circulaire de plus de 1 centimètre de diamètre. On continue
le pansement à plat.
» Le 7 janvier 1 856, des bourgeons charnus de bonne nature réunissent
les bords du lambeau au tissu cicatriciel environnant. Le i5 du même mois,
la cicatrisation est achevée. Le lambeau est souple, uni, sans tension ; le
pédicule à peine apparent , les mouvements de la tête beaucoup plus libres,
et le malade quitte l'hôpital. Nous avons revu l'opéré deux mois plus tard,
et il continuait à se féliciter des heureux résultats de son traitement.
» a°. Destruction de la paupière inférieure droite par une cicatrice étendue
au nez, à la joue et à une partie de la tempe du même côté. Ectropion con-.
sécutif, porté au plus haut degré, avec larmoiement et sensibilité morbide
de l'œil. Blépharoplastie par intercalation de deux lambeaux tégumentaires
dans l'intervalle du tissu inodulaire profondément divisé. Guérison défini-
tive. Observation recueillie par M. Heer, interne.
» C..., âgé de vingt-quatre ans environ, vint réclamer, au commencement
de i854> les soins de M. Sédillot, pour un ectropion de la paupière inférieure
droite, qui l'incommodait depuis son enfance et était la conséquence d'une
brûlure très-étendue de la face. La chaleur, le froid, la lumière, le vent et la
poussière provoquaient de la douleur, du larmoiement et des inflammations
douloureuses de l'œil, dont le segment inférieur restant découvert était à
peine protégé par l'abaissement momentané de la paupière supérieure.
» Le tissu cicatriciel couvrait toute la joue, depuis le nez et la lèvre su-
périeure jusqu'aux rares cils encore adhérents au bord de la paupière dont
le revêtement tégumentairen'existait plus. Après plusieurs tentatives infruc-
tueuses, dont M. Sédillot a consigné les détails dans son Traité de Médecine
opératoire, ce professeur entreprit la restauration de la paupière inférieure,
par un large lambeau emprunté au front et à la tempe, et interposé dans
l'intervalle du tissu inodulaire profondément divisé et renversé en haut et
en bas par la dissection. La mortification partielle de l'extrémité du lambeau,
qui était fort long, exigea la formation d'un second lambeau, pris sur le front
au côté interne du sourcil, et l'on réunit par la suture les bouts des deux
lambeaux l'un à l'autre. Le tissu inodulaire environnant s'ulcéra, puis se
reproduisit, et la paupière inférieure, restaurée et soutenue de chaque côté
(9*8 )
par la disposition des lambeaux, permit la libre et parfaite occlusion de l'œil.
» Depuis deux ans, je n'avais plus entendu parler de ce malade, lorsqu'il
vint me voir, il y a quelques semaines, et je profitai de l'occasion pour le
faire photographier. L'Académie pourra juger d'après l'épreuve que j'ai l'hon-
neur de lui adresser des résultats de l'opération (i). Les lambeaux sont un
peu arrondis et saillants et pourraient être rendus plus réguliers par l'abla-
tion de quelques légers plis ; mais comme le malade est très-satisfait du réta-
blissement de sa paupière et de la disparition de toute gène et de toute fai-
blesse dans l'exercice de la vision, il ne s'est pas montré disposé à subir
aucun essai de perfectionnement, et nous ne l'en avons pas blâmé.
» Quelques personnes, trompées par le titre de blépharoplastie donné à
cette observation, hésiteront peut-être à y voir un exemple d'allongement
d'une cicatrice par l'intercalation d'un lambeau tégumentaire; mais si le
but poursuivi est réellement une restauration palpébrale, on reconnaîtra
cependant que le procédé est exactement le même que dans notre première
opération, et que les seules modifications qu'on y rencontre se rapportent
à la hauteur plus grande du siège du pédicule. Nous nous étions conformé
en cette circonstance à un principe général dont nous avons depuis long-
temps démontré l'importance, et qui consiste à toujours placer l'origine
ou le point de départ des lambeaux anaplastiques du côté opposé au bord
libre des organes que l'on se propose de reconstituer. C'est une règle invaria-
ble pour les paupières et les lèvres, et nous y avons conformé nos procédés.
» Nous pourrions citer d'autres cas plus ou moins analogues aux précé-
dents, et celui entre autres d'un soldat de la garnison de Strasbourg, dont
le bras fléchi par une bride cicatricielle du pli du coude ne pouvait être,
étendu. Ce malade, dont la blessure eut un certain retentissement à cette
époque, qui remonte au moins à quatre ou cinq ans, fut l'objet d'une
consultation de tous les médecins militaires, et je proposai l'intercalation
d'un lambeau anaplastique entre les bords du tissu inodulaire transversale-
ment divisé. Cette opération ne fut pas pratiquée, et M. le Dr Sergent, alors
chirurgien-major d'un régiment d'artillerie, se chargea de donner des soins
au malade qu'une simple incision de la bride cicatricielle ne parvint pas à
guérir. Dans une autre circonstance, nous eûmes recoins au même procédé
pour faciliter le redressement du pouce fléchi d'une manière gênante par
une bride inodulaire, résultant, je crois, d'une plaie avec perte de substance
et suppuration prolongée.
(i) Cette image photographiée est mise sous les yeux de l'Académie.
( 929 )
» Je partage, comme on le voit, l'avis de M. Jobert sur la haute valeur
de l'application de l'autoplastie au traitement des brides cicatricielles, et l'on
peut espérer que nos légères objections feront surgir des faits assez nom-
breux pour éclairer le petit nombre des propositions sur lesquelles nous ne
nous sommes pas complètement rallié aux idées de notre célèbre con-
frère. »
M. le Secrétaire perpétuel communique la Lettre suivante que lui a
adressée M. Ostrogradski, récemment nommé à une place de Correspon-
dant pour la Section de Géométrie.
« Permettez-moi de recourir à votre intermédiaire pour faire agréer, par
l'illustre compagnie qui m'a honoré de son suffrage, ma profonde recon-
naissance et mes sincères remercîments. Je suis touché et pénétré de la
marque de sa bienveillante indulgence; je ferai mes efforts pour m'en
rendre digne. Je vous prie aussi, Monsieur, de transmettre mes remercî-
ments aux géomètres de la célèbre Académie que j'eus l'honneur de con-
naître personnellement : à M. Cauchy, mon illustre maître, intelligence
extraordinaire qui, embrassant les sciences mathématiques dans toute leur
étendue, en fait reculer toutes les limites comme Euler et Lagrange; à
M. Poinsot, qui eut la complaisance de m' exposer les principes de sa belle
Théorie de la Rotation, bien avant qu'elle fût publiée; à M. Binet, mon
professeur au Collège de France, géomètre célèbre et président actuel de
l'Académie; à M. Sturm, mon ami, qui dota l'algèbre et l'analyse trans-
cendante de théorèmes de la plus grande portée, et à M. Lamé, qui
agrandit la théorie des équations linéaires à différences partielles.
» Je remercie de même les géomètres que je n'ai pas connus personnel-
lement ; parmi eux figurent M. Liouville et d'autres noms célèbres et d'au-
tres hautes capacités. Je vous remercie également, Monsieur le Secrétaire per-
pétuel, vous que je ne puis me permettre de louer dans une Lettre qui vous
est adressée.
» En nommant les géomètres qui soutiennent avec éclat la grande célé-
brité de l'Académie des Sciences, je ne puis m'empècher de rappeler en
même temps la mémoire de deux morts illustres, auxquels je ne puis
penser sans attendrissement et regret : Poisson, qui m'honora de sa bien-
veillante amitié, et Fourier, qui fut mon bienfaiteur; leur souvenir et la
reconnaissance que je dois au dernier me resteront pour toujours. »
C . R . , i856 , 1er Semestre. ( T. XLH , N° 20. ; I 22
( 93o )
analyse mathématique. — Note sur les Jacteurs égaux de polynômes
entiers ; par M. Ostrogradski.
« Désignons respectivement par X, P, Q, R un polynôme entier de la
variable x, le plus grand diviseur commun à ce polynôme et à sa dé-
rivée — et les quotients
X rfX
~Ë' ~di'
"P~
Le plus grand diviseur commun aux polynômes Q et R — -^ est précisé-
ment le produit des facteurs simples du polynôme X; soient q, Q, et R,
ce produit et les quotients
q 2 i*
<?' i
Le plus grand diviseur commun aux polynômes
Q. « R,-**
sera le produit des facteurs doubles de X; désignons q{ le produit dont il'
s'agit, et faisons
Q> _ n R d^ - R
-_Q2, R,___R2.
Le plus grand diviseur commun à Q2 et Ra ^ représentera le pro-
duit des facteurs triples de X; ainsi de suite.
» J'ai démontré ces propositions dans une Note lue à l'Académie de Saint-
Pétersbourg le ro octobre 1849- Après l'impression de cette Note, j'ai re-
connu qu'on peut avoir immédiatement les facteurs du polynôme X, d'un
degré quelconque de multiplicité. En effet, les facteurs dont k est le degré
de multiplicité, forment le plus grand diviseur commun aux polynômes Q
et R — k~, il n'y aura donc qu'à rechercher ce diviseur pour avoir le
facteur dont il s'agit.
» Ainsi le produit des facteurs simples, doubles, triples, etc., seront res-
pectivement les plus grands diviseurs communs aux polynômes
Qe.R-g, Qe.R-4^«-4
(93i )
Je supprime la démonstration, qui ne présente aucune difficulté, et même
elle devient tout à fait évidente, si l'on représente le polynôme X sous la
forme
?fîf«5«-
NOMINATIONS
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Mem-
bre qui remplira, dans la Section de Botanique, la place devenue vacante
par suite du décès de M. de Mirbel.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 54,
M. Gay (Claude) obtient 23 suffrages.
M. Duchartre 22
M. Chatin. . 7
M. Trécul 2
Aucuu des candidats n'ayant obtenu la majorité absolue des suffrages,
l'Académie procède à un deuxième tour de scrutin.
Le nombre des votants étant 55,
M. Gay obtient 27 suffrages.
M. Duchartre. 25
M. Chatin 2
Il y a un billet blanc.
Aucun des candidats n'ayant encore cette fois obtenu la majorité absolue,
l'Académie procède au scrutin de ballottage.
Le nombre des votants restant 55,
M. Gay obtient 28 suffrages.
M. Duchartre 27
M. Gay (Claude), ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro-
clamé élu.
Sa nomination sera soumise à l'approbation de l'Empereur.
122.
o> )
MEMOIRES PRESENTES.
GÉOMÉTRIE. — Mémoire sur la théorie géométrique des lignes à double
courbure; par M. Paul Serret. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Chasles, Bertrand.)
« La théorie des lignes à double courbure , telle qu'elle résulte aujour-
d'hui des travaux de Monge et de plusieurs géomètres contemporains ,
comprend deux études distinctes.
» La première, qui constitue en quelque sorte l'anatomie de ces lignes,
a pour objet la recherche des propriétés que présente en chacun de ses
points une ligne à double courbure quelconque , et pour résultat des for-
mules nombreuses exprimant les diverses relations de grandeur et de po-
sition qui existent entre les éléments correspondants de la ligne considérée,
du lieu des centres de courbure , de la ligne de striction de la surface
gauche des normales , et de l'arête de rebroussement de la surface polaire.
» Dans la seconde, on considère, dans toute leur étendue, la ligne à
double courbure primitive et chacune des lignes qui en dérivent ; les déve-
loppées de cette ligne; la nature des surfaces, gauches ou développables ,
formées par des normales principales, par les droites polaires ou recti-
fiantes, etc. A cette seconde étude, enfin, se rattache essentiellement la
recherche des lignes à double courbure qui , considérées dans toute leur
étendue , jouissent en chacun de leurs points d'une même propriété , mé-
trique ou descriptive; le résultat de cette recherche étant la définition géo-
métrique de chacune de ces lignes, d'après cette propriété. On voit que ce
dernier problème, qui a pour objet, pour ainsi dire, de reconstruire d'une
seule pièce une ligne à double courbure d'après les propriétés qu'elle présente
en l'un de ses points, est l'inverse du premier qui adule précéder, et
qui devrait lui fournir les éléments de cette reconstruction. Il présente
d'ailleurs de bien plus grandes difficultés, et n'a été abordé que beaucoup
plus tard, et dans ces dernières années, par un petit nombre de géomètres,
parmi lesquels nous citerons M. Serret, qui a résolu, par une méthode ana-
lytique très-élégante , plusieurs des questions que nous aurons à étudier
géométriquement; M. Puiseux , qui a fixé le premier la nature des lignes
dont les deux courbures sont constantes, et M. Bertrand , à qui l'on doit
plusieurs propositions importantes conduisant à la classification des surfaces
(933)
gauches formées parles normales principales d'une ligne à double courbure.
» Le Mémoire que nous avons l'honneur de présenter à l'Académie
a pour objet l'exposition de la théorie, ainsi définie, des lignes à double
courbure.
» La marche que nous avons suivie est entièrement géométrique : n'em-
pruntant rien de l'analyse, nous n'emprunterons rien aussi de la théorie
des surfaces, si ce n'est quelques définitions indispensables pour caracté-
riser les lignes que nous aurons à considérer , et un théorème découvert par
M. Chasles sur la distribution des plans tangents à une surface gauche,
menés parles différents points dune même génératrice rectiligne de la surface.
» Nous ajouterons qu'une telle sobriété dans les moyens employés nous
parait due à l'intervention de certaines lignes sphériques auxiliaires, que nous
appelons indicatrices , et que nous croyons n'avoir omis aucune des pro-
priétés déjà acquises à cette partie si intéressante de la géométrie générale. »
méganique. — Note sur l'élasticité' du caoutchouc vulcanisé;
par M. P. Boileap.
(Commissaires, MM. Despretz, Séguier.)
« L'emploi du caoutchouc vulcanisé dans la construction des machines
paraissant devoir prendre une grande extension, il m'a semblé utile de faire
connaître quelques résultats d'observations que j'ai obtenus en r853 sur les
variations de son élasticité mise en jeu par la compression.
» Employé depuis dix ans environ pour la construction des tampons des
tenderset des locomotives, le caoutchouc vulcanisé a sans doute été l'objet
d'observations antérieures à celles que je vais rapporter, mais je n'en ai pas
eu communication ; il convient de remarquer d'ailleurs que le mode de pré-
paration de cette substance influe notablement sur son élasticité , et que
la sulfuration du caoutchouc est souvent effectuée par des procédés expé-
ditifs qui la rendent incomplète ou même seulement extérieure, en sorte
que les résultats des expériences , pour être comparés entre eux, paraissent
devoir se rapporter à des échantillons provenant de procédés de fabrication
identiques.
» Parmi les divers dispositifs qui ont été proposés pour la construction
des ressorts en caoutchouc vulcanisé , le plus avantageux est celui qui
consiste en une colonne cylindrique composée de rondelles de cette sub-
stance, alternées avec des disques minces en fer doux, et traversée dans toute
sa longueur par une tige directrice centrale; c'est sur un ressort ainsi
( 934 )
constitué que j'ai opéré; il appartenait à un marteau pilon à came du pre-
mier système de M. Schmerber, et le caoutchouc avait été choisi par cet
habile ingénieur chez un des meilleurs fabricants de l'Angleterre.
» Les dimensions des rondelles , au nombre de huit , étaient les suivantes
avant la compression :
Diamètre extérieur n3 mill.
Diamètre de l'œil central pour le passage de la tige directrice 3g
Epaisseur 23
Aire de la partie pleine de la section transversale 55 ">, q55
» Les disques en fer interposés avaient une épaisseur de 5 millimètres.
Les expériences ont été faites dans l'un des ateliers des chemins de fer de
l'Est, établi à Montigny; M. Tenbrink, directeur de cet atelier, a bien
voulu en favoriser l'exécution. On a d'abord fait subir aux rondelles une
compression progressive par l'intermédiaire d'un fort levier en fer chargé
sans à-coup de poids variables; puis, en diminuant progressivement ces
poids, on a produit une période de détente.
» J'ai réuni dans le tableau suivant les compressions observées pour dif-
férentes charges ; chacune de ces compressions est la somme de celles des
huit rondelles élastiques.
CHARGES EN
KILOGRAMMES.
COMPRESSIONS
observées.
CHARGES EN
KILOGRAMMES.
COMPRESSIONS
observées.
Totales.
Sur le centimèt.
carré.
(En millimètres. )
Totales.
Sur le centimèt.
carré.
(En millimètres.)
166
2>967
8,4
446
7>97'
30,9
186
3,324
9»6
466
8,328
32.0
206
3,68i
11, 1
486
8,685
33,3
226
4,o3g
12,7
5o6
9,043
34,2
246
4,396
'4,6
526
9,400
35,i
266
4,754
16,7
546
9,758
35,9
286
5,iii
18,7
566
10, 1 i5
37,1
3o6
5,469
20,5
586
10,473
37,8
326
5,826
22,2
606
io,83o
38,4
346
6,184
23,8
646
i.,545
39,o
366
6,54i
25,4
686
1 2 , 260
39,5
386
6,898
26,9
726
12,975
4»,o
406
7,256
28,3
766
13,690
4°, 5
426
7,6i3
29,6
806
4,4°4
40,9
(935 )
» Variation de la compressibilité du caoutchouc. — Afin de déterminer
ces variations , j'ai construit, à une grande échelle, une courbe ayant pour
abscisses les charges sur le centimètre carré, et pour ordonnées les compres-
sions correspondantes; puis, sur cette courbe, j'ai pris les dépressions
dues à un accroissement de charge de \ de kilogramme par centimètre
carré : les résultats de cette opération composent le tableau suivant :
ACCROISSEMENTS
ACCROISSEMENTS
PRESSIONS
de compression corres-
PRESSIONS
de compression corres-
sur le
pondants à un
sur le
pondants h un
centimètre carré.
accroissement de charge
centimètre carré.
accroissement de charge
de ok,i.
de 0^,1.
kll
mm
kll
mm
2,0
0,6o
8,5
0,63
2,5
0,64
9»°
0,60
3,0
0,70
9>5
0,57
3,5
0,85
10,0
°,49
4,0
°>99
io,5
0,32
4,5
1 ,o5
1 1 ,0
0,20
5,o
1,04
1 1 ,5
o,i5
5,5
0,98
12,0
0,14
6,0
0,90
12,5
o,i3
6,5
0,80
i3,o
0, 12
7»°
o,73
i3,5
0,11
7,5
0,70
i4,o
0, 10
8,0
• 0,66
» La courbe construite en prenant pour coordonnées les résultats de ce ta-
bleau, courbe qui représente la loi de variation de la compressibilité des
disques en caoutchouc, montre à la première inspection que cette loi n'est
ni simple, ni même constante. Le fait principal est celui d'un maximum de
compressibilité, qui s'est produit pour une charge de 4ki7°° P^r centi-
mètre carré : en deçà et au delà de cette charge, ou plutôt de celles qui lui
sont voisines, la compressibilité augmente et diminue rapidement; mais ces
deux périodes, qui s'étendent depuis la charge de 3 kilogrammes jusqu'à celle
de 7 kilogrammes, sont l'une précédée et l'autre suivie d'une phase dans la-
quelle les variations sont beaucoup moins rapides; en outre, depuis la
charge de 1 tk,5o jusqu'à. celle au delà de laquelle les rondelles élastiques
subissent une déformation permanente, le décroissement de leur compres?
(936)
sibilité est très-faible, mais cette période est précédée d'une autre dans
laquelle le contraire a lieu : de sorte que dans l'étendue des expériences, et
probablement depuis les plus petites charges jusqu'à celles qui produisent
l'écrasement, la compressibilité des rondelles en caoutchouc passe par une
succession de périodes à variations alternativement lentes et rapides.
» Cette complication de phénomènes doit provenir en partie de la consti-
tution moléculaire de la substance considérée, et le calorique mis en jeu
par la compression n'y est sans doute pas étranger, mais elle est certaine-
ment augmentée par les renflements latéraux des rondelles.
« Détente des ressorts comprimés , conditions qui s'y rapportent. —
Lorsque partant de la pression totale de 806 kilogrammes, j'ai déchargé
lentement et progressivement la colonne élastique, elle n'a pas repris exac-
tement les hauteurs correspondantes à des pressions égales dans la période
de compression, mais elle est revenue à sa hauteur primitive quand tous les
poids ont été enlevés. Cette dernière circonstance prouve que l'élasticité du
caoutchouc n'avait pas subi d'altération permanente par sa compression, et
que si auparavant les rondelles n'ont pas entièrement repris l'épaisseur cor-
respondante aux poids dont elles restaient chargées, c'est que, malgré qu'on
opérât sans précipitation, la détente des ressorts n'a pas eu le temps néces-
saire pour s'effectuer complètement.
« Il est important dans l'emploi des ressorts de limiter les pressions de
telle sorte que leur élasticité ne soit point altérée, et pour certains cas que
la détente de ces ressorts puisse reproduire intégralement les quantités de
travail absorbées par leur compression. Relativement à la première de ces
conditions, les résultats précédents montrent que la pression de i4k,4°4
par centimètre carré n'était point trop considérable; dans une autre expé-
rience effectuée postérieurement, cette charge ayant été portée à i8k,ia,
la déformation permanente des rondelles est devenue très-sensible, non-seu-
lement par leur diminution d'épaisseur, mais aussi parce que les arêtes supé-
rieure et inférieure ont été remplacées par des surfaces obliques et légèrement
courbes : ainsi, en attendant de nouvelles observations, la charge des cy-
lindres en caoutchouc vulcanisé de bonne qualité paraît devoir être limitée
à i4 kilogrammes par centimètre carré, lorsqu'elle agit sans à-coup. Dans
le cas d'actions brusques ou de chocs fréquemment réitérés, l'effort moyen
du choc ne me paraît pas devoir excéder 10 kilogrammes sur la même
unité de surface transversale.
» Quant à la reproduction du travail dynamique par la détente des res-
sorts moléculaires, il ne suffit pas, pour qu'elle ait lieu complètement, que
:( o3? )
la substance considérée soit susceptible de reprendre sa forme primitive;
l'observation présentée plus haut montre en effet qu'il faudrait, pour que
le déchet de travail dynamique fût nul, que la détente pût s'opérer très-
lentement, et d'autant plus que la masse à mouvoir serait plus considérable,
condition qui ne s'accorde pas en général avec celles des mouvements des
machines. La détente des ressorts métalliques est beaucoup plus rapide,
mais le temps qu'elle exige suivant les circonstances dans lesquelles elle
s'effectue n'a encore été l'objet d'aucune recherche précise. »
Dans la suite de son Mémoire, l'auteur examine l'influence de l'épais-
seur des rondelles, principalement d'après les résultats qui lui ont été com-
muniqués, postérieurement aux expériences dont il vient d'être question , par
M. Schmerber; il expose enfin, en terminant, les conséquences qui se
déduisent de ces recherches relativement à l'emploi des ressorts en caout-
chouc vulcanisé.
anatomie. — Recherches anatomiques et physiologiques sur les appareils
érectiles. Jppareil de l'adaptation de l'œil chez les Oiseaux , les princi-
paux Mammifères et l'homme; par M. le Dr Charles Rouget. (Présenté
par M. Claude Bernard.)
(Commissaires, MM. de Quatrefages, Cl. Bernard.)
« Dans l'intérieur du globe oculaire existe un appareil capable de pro-
duire dans les milieux dioptriques les modifications nécessaires à l'adap-
tation de la vue aux distances.
» Cet appareil se compose de parties ou d'organes musculaires, tendi-
neux ou élastiques et vasculaires, produisant par la combinaison de la con-
traction musculaire et de la tension des vaisseaux l'acte complexe propre
aux appareils érectiles.
» La forme générale de l'appareil de l'adaptation est celle d'un sac qui,
revêtu à l'extérieur par l'appareil de protection (sclérotique et cornée),
enferme et contient dans sa cavité les milieux dioptriques et l'appareil de
la sensation visuelle.
» Simple dans les régions postérieure et moyenne du globe oculaire où
il est constitué par la choroïde et le corps ciliaire, ce sac se dédouble, au
niveau de l'union de la cornée à la sclérotique, en deux lames : l'une, sim-
plement élastique, la membrane de Descemet qui s'accole intimement à la
cornée; l'autre, musculaire et vasculaire, l'iris, complète l'enveloppe active
du sphéroïde, cristallo-vitré.
C. K., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 20.) ] 23
(938)
» Dans la première partie de mon travail, j'exposerai sommairement les
faits nouveaux relatifs à la structure élémentaire et à la texture des diffé-
rentes parties de l'appareil; dans la seconde, je montrerai l'appareil en action.
» Au niveau du bord adhérent, ou dos des procès ciliaires, se montre une
couche de faisceaux à direction transversale, obliquement entre-croisés :
c'est la couche à fibres circulaires du muscle ciliaire.
» Chez les Oiseaux, cette couche est constituée en avant par des faisceaux
striés en travers, et en arrière par des fibres régulières, arrondies, très-
réfringentes, analogues aux fibres du tissu jaune élastique, mais dans
lesquelles on peut apercevoir quelquefois des stries transversales fines et
régulières .
» Chez les Mammifères, la couche circulaire du muscle ciliaire est consti-
tuée par des faisceaux de fibrilles dartoïdes, lisses et munis de noyaux allon-
gés, au milieu desquels courent des divisions plexiformes des nerfs ciliaires.
» En dehors du muscle ciliaire annulaire, on voit sortir, en quelque
sorte, du stroma de la choroïde, au bord postérieur de la région ciliaire,
les faisceaux du muscle ciliaire radié.
» Chez les Oiseaux, ces faisceaux, constitués par des fibres striées en
travers, forment au moins deux plans musculaires : l'un, externe et posté-
rieur, s'insère après un très-court trajet au bord postérieur de l'anneau
osseux de la sclérotique ; l'autre, recouvert à son origine dans la choroïde
par le précédent, se prolonge en avant jusqu'au bord antérieur de l'anneau
osseux, où s'insère une partie de ses fibres, tandis que le reste s'attache au
pourtour de la membrane de Descemet, véritable tendon élastique du plan
antérieur du muscle ciliaire radié.
» Ce muscle n'est autre chose que celui décrit par Crampton; mais
Crampton et tous les anatomistes (entre autres Brùcke) qui ont décrit ce
muscle après lui, se sont trompés sur son origine et sa véritable signification.
» Chez les Mammifères, le muscle ciliaire radié, constitué par des faisceaux
musculaires lisses dartoïdes, naît également du stroma de la choroïde, et se
termine au niveau du sillon keratosclérotical, où il se continue en grande
partie, sinon en totalité, avec la membrane de Descemet.
» L'appareil musculaire de l'iris ri est que la continuation du plan profond
[à fibres circulaires) du muscle ciliaire.
» Chez les Oiseaux, les faisceaux striés à direction transversale pénètrent
obliquement dans l'iris, et conservant dans toute l'étendue de cette mem-
brane une direction généralement circulaire, ils s'entre-croisent tous plus ou
moins obliquement.
» J'ai constaté chez tous les Mammifères que j'ai examinés (homme,
(93g)
carnassiers, ruminants, rongeurs) une disposition tout à fait analogue à
celle de l'iris des Oiseaux. Au bord antérieur du muscle ciliaire, les fais-
ceaux de la couche profonde (annulaire) de ce muscle, continuant leur
direction transversalement oblique, pénètrent dans l'iris, et là couvrant
la face externe de cette membrane et enlaçant les vaisseaux dans leurs
mailles, ils s'entre-croisent pins ou moins régulièrement les uns avec
les autres, coupent généralement sous un angle de 45 degrés la direction
des rayons du cercle irien, atteignent le bord pupillaire, et semblent, après
l'avoir franchi, former à la surface interne de l'iris l'anneau de fibres cir-
culaires (sphincter de la pupille).
» Un réseau admirable, formé surtout par les divisions et enroulements
multiples des veines de la choroïde, occupe le quart postérieur environ de
cette membrane, au pourtour de l'entrée du nerf optique. Quand ce réseau
est rempli, l'épaisseur de la membrane en ce point est plus que doublée.
Cette disposition a une complète analogie avec le réseau admirable choroï-
dien des Poissons.
» Les veines de l'iris sont tellement nombreuses, que ces vaisseaux et les
artères couvrent entièrement [la surface de l'iris, et semblent à l'oeil nu ne
laisser entre eux aucun intervalle.
» Toutes ces veines se rendent aux vasa vorticosa par les procès ciliaires,
les unes en se portant à la tête et au bord libre de ces plis, les autres en
longeant le dos, ou les intervalles des procès ciliaires, avec lesquels toutes
communiquent largement.
» On voit, d'après cela, que tout le sang apporté à l'appareil vasculaire
si riche de la choroïde et de l'iris, par les artères ciliaires courtes, par les
artères ciliaires longues, par les artères ciliaires antérieures, n'a d'autre voie
de retour que les quatre troncs où aboutissent les vasa vorticosa de la cho-
roïde, les veines ciliaires courtes, d'où résulte dans tout cet appareil une
tension constante, nécessaire à l'exercice régulier de la vision.
» Si nous considérons l'effet de la contraction des muscles de l'iris et de
la choroïde sur le système vasculaire de ces membranes, nous sommes con-
duits aux conclusions suivantes :
» Quand les fibres obliques de l'iris se contractent pour dilater la pu-
pille, elles diminuent l'étendue absolue de la membrane, dont elles compri-
ment et vident plus ou moins complètement les vaisseaux, les veines surtout.
» Quand cette contraction a cessé, l'afflux brusque du sang dans les vais-
seaux agit comme la détente d'un ressort élastique, distend la membrane
irienne, et vient en aide pour produire le rétrécissement de la pupille au
faible sphincter de cet orifice.
ia3..
( 94o )
» Dès les premiers moments de la contraction des faisceaux circulaires
du muscle ciliaire, les veines de l'iris qui les traversent pour se rendre au
vnsa vorticosa, se trouvent comprimées; dès lors tout le sang qui revient
de l'iris doit, pour se rendre aux troncs veineux de la choroïde, passer uni-
quement par les procès ciliaires, et, augmentant la tension de ces plis érec-
tiles, les appliquer fortement aux bords de la lentille cristalline et à la région
ciliaire du corps vitré.
» Mettons maintenant en action muscles et vaisseaux, contraction et
érection, pour produire l'adaptation de la vue à courte distance par l'aug-
mentation de courbure de la lentille cristalline et l'allongement de l'appareil
dioptrique cristallo-vitré.
» Le muscle ciliaire circulaire se contracte et comprime la couronne des
procès ciliaires; ceux-ci, distendus par le sang et communiquant tous en-
semble, peuvent être considérés comme un anneau liquide élastique, qui
transmet en la régularisant la contraction exercée par le muscle ciliaire aux
bords de la lentille cristalline et à la zone ciliaire du corps vitré.
» L'effet général de cette contraction annulaire, qui ne s'exerce que sur
la partie antérieure du sphéroïde cristallo-vitré, serait un refoulement ex-
centrique en arrière, surtout dans la région choroïdienne, d'une partie de la
masse dioptrique, et l'effet serait presque nul pour l'augmentation de cour-
bure du cristallin et l'allongement de l'axe de l'appareil ; mais ici intervient
l'action .du muscle ciliaire radié : la choroïde étant solidement fixée en
arrière à la sclérotique, la contraction de ce muscle a pour effet de la tendre
circulairement et de s'opposer par là au refoulement excentrique du corps
vitré dans ce sens. En même temps, cette tension redresse la courbure
de la partie antérieure de la choroïde, ce qui étend à une grande surface
la compression circulaire des milieux dioptriques; nécessairement alors la
masse de ces milieux incompressibles tend à s'échapper en avant et en
arrière, d'où allongement de l'axe et propulsion en avant de la face anté-
rieure de la lentille cristalline, dont la courbure est augmentée par la com-
pression circulaire de ses bords. Quant à l'iris, immédiatement appliqué sur
le cristallin, comme le prouve sa convexité très-prononcée chez la plupart
des animaux, il est dans l'adaptation à la vue de près et à une lumière
moyenne, contracté pour accommoder les dimensions du diaphragme à la
courbure de la lentille : il peut même jouer un rôle important pour pro-
duire cette augmentation de courbure de la face antérieure de la lentille, car
les milieux dioptriques, comprimés de toutes parts dans le sac irio-choroï-
dien, tendent naturellement à s'échapper, à faire hernie par l'orifice unique
de ce sac, la pupille.
(94i )
» Érection des procès ciliaires, contraction du muscle ciliaire circulaire,
du muscle ciliaire radié, tension de la choroïde, contraction de l'iris, voilà
sans doute bien des phénomènes mis en jeu pour produire, dans les mi-
lieux dioptriques, les changements si peu considérables que la physique
avait depuis longtemps prévus, et dont elle a pu récemment constater l'exis-
tence. (Expériences de Krâmer et d'Helmholtz, de Donders et Van Trigt.)
Mais c'est précisément parce que des éléments multiples entrent en ac-
tion, que la part de chacun d'eux et les modifications qu'il subit sont pour
ainsi dire inappréciables, et ont si longtemps échappé à l'observation.
» Les modifications que subissent pour l'adaptation la poche irio-cho-
roïdienne et son contenu sont tout à fait analogues à celles d'un muscle qui
se contracte : il n'y a ni augmentation ni diminution de masse, mais un sim-
ple changement de forme auquel se prête la sclérotique en arrière. Quant à
la chambre antérieure, la saillie du cristallin dans sa partie moyenne est
compensée par l'élargissement de la gouttière irio-cornéenne, etl'écartement
des parois du canal de Fontana. Enfin la tension augmentée des procès
ciliaires peut trouver sa compensation dans la compression du réseau admi-
rable choroïdien. »
Remarque sur le Mémoire de M. le Dr Charles Rouget.
« M. de Quatrefages prend la parole pour faire connaître à l'Académie
un résultat remarquable résultant des recherches de M. Dujardin sur la
vision chez les Insectes. D'après le professeur de Rennes, l'adaptation chez
ces invertébrés est due à la présence d'un réseau de trachées qui se
vide ou se gonfle selon les besoins. Ce réseau trachéen remplirait donc
des fonctions analogues à celles que l'auteur du Mémoire présenté par
M. Bernard attribue au réseau admirable choroïdien qu'il a découvert.
Le sang chez les Oiseaux et les Mammifères, l'air chez les Insectes, seraient
ainsi employés pour obtenir un résultat semblable. M. Dujardin n'a pas
encore publié ses recherches , mais M. de Quatrefages ne croit pas être in-
discret en prenant ainsi date pour un confrère absent. »
physique DU globe. — Note concernant la découverte des sources
de V ozone atmosphérique; par M. Scoutetten. (Communiquée par
M. J. Cloquet.)
(Commissaires, MM. Becquerel, Begnault, Cloquet.)
n Les recherches de M. Schœnbein, celles de MM. Marignac et de la
Rive, et surtout l'important Mémoire de MM. E. Fremy et Edm. Becquerel,
( 942 )
ont constaté que l'oxygène peut être électrisé positivement et constituer le
corps nommé ozone par le premier de ces auteurs. Un grand nombre d'ob-
servateurs a constaté la présence fréquente de l'ozone dans l'air atmosphé-
rique, mais la divergence de leurs opinions, l'absence de toute corrélation
entre l'existence de l'ozone atmosphérique et d'autres phénomènes de la
nature ont rendu les recherches stériles et ont faiblement attiré l'attention
des savants. C'est qu'en effet on s'était borné à signaler un fait sans en in-
diquer la cause, sans en préciser l'importance.
» Nous espérons avoir été plus heureux en découvrant que l'ozone est
formé :
» i°. Par l'électrisation de l'oxygène sécrété par les végétaux;
» u°. Par l'électrisation de l'oxygène qui s'échappe de l'eau ;
» 3°. Par l'électrisation de l'oxygène dégagé dans les actions chimiques ;
« 4°- Par des phénomènes électriques réagissant sur l'oxvgène de l'air
atmosphérique.
» L'expérience suivante constate immédiatement le phénomène signalé. On
se munit d'une cloche en verre blanc au sommet de laquelle on attache, au
moyen d'un peu de cire, une bandelette de papier ozonoscopique suspen-
due à un fil ; on pose cette cloche sur une plante quelconque, fixée au sol
ou détachée : des feuilles d'arbre suffisent même pour l'expérience ; on ex-
pose le tout à la lumière directe et l'on constate bientôt les phénomènes sui-
vants : des vapeurs d'eau se répandent dans la cloche, bientôt elles forment
gouttelettes contre les parois du vase, le papier commence à se colorer; il
est d'abord jaune-paille, il passe à la couleur chamois et, s'il y a beaucoup
d'ozone, à la couleur feuille-morte. L'expérience terminée, le papier trempé
dans l'eau prend une couleur bleue, plus ou moins foncée.
» Si l'expérience commence à sept heures du matin, le papier se colore
faiblement vers huit heures et demie ou neuf heures ; à onze heures, la colo-
ration augmente rapidement, elle progresse jusque vers trois heures après
midi ; au delà de ce temps, on ne remarque plus de progrès sensible. L'or-
dre de ces phénomènes est constant, mais ils se produisent avec plus ou
moins de rapidité et d'intensité, selon l'élévation de la température et la
vivacité de la lumière solaire. Nous avons vu la vaporisation de l'eau, et,
peu de temps après, la coloration du papier commencer vers sept heures et
d'autres fois vers dix heures du matin. Si vous répétez la même expérience
sur l'eau de source, de rivière ou de pluie contenue dans des vases posés sur le
sol ou soulevés sur des pieds en verre, vous obtenez des résultats identiques
à ceux fournis par les plantes. Une série d'expériences variées et fréquem-
ment répétées nous ont permis de constater :
(943)
» i°. Que les végétaux, ainsi que l'eau, fournissent constamment à l'at-
mosphère de l'ozone pendant le jour;
» 20. Que ce phénomène cesse pendant la nuit ;
» 3°. Qu'on le suspend pendant le jour en soustrayant l'eau ou les
plantes à l'action de la lumière directe ; qu'il suffit pour cela de mettre un
morceau de linge ou une feuille de papier sur la cloche ; qu'on le suspend
encore en se bornant à mettre l'eau ou les plantes dans un appartement où
elles ne recevraient que la lumière diffuse;
» 4°. Que l'ozone ne se produit pas lorsqu'on se sert d'eau distillée
bouillie ; qu'il en est de même lorsqu'on y met des plantes introduites dans
une cloche remplie de cette eau bouillie ; qu'on peut même se dispenser
d'eau distillée, l'expérience réussissant également avec de l'eau ordinaire
bouillie et sur laquelle on jette ensuite une couche d'huile pour empêcher
l'absorption de l'air atmosphérique;
» 5°. Que la formation de l'ozone a également lieu lorsque l'eau ou les
plantes sont enfermées dans un ballon en verre, qu'on suspend loin du sol
avec une corde en soie.
» En ce qui touche les actions chimiques, nous sommes parvenu à dé-
montrer, par des expériences rigoureuses, que l'oxygène naissant est de
l'ozone, et que c'est aux propriétés que l'oxygène acquiert par l'électrisa-
tion positive qu'il doit de former des combinaisons impossibles avec l'oxy?
gène pur. Enfin l'ozone se forme dans l'air atmosphérique sous l'influence
de courants électriques continus et invisibles, ou par une succession d'étin-
celles plus ou moins fortes ; mais ces derniers faits avaient déjà été entrevus
par plusieurs observateurs. Il décoide de ces expériences des aperçus nou-
veaux, tout à fait inattendus, éclairant tout à coup des actes nombreux de
la physiologie végétale et animale, expliquant un grand nombre de phéno-
mènes météorologiques restés obscurs, ainsi que les réactions chimiques où
l'oxygène joue le principal rôle. Nous nous réservons de présenter ultérieu-
rement les faits avec tous les développements qu'ils nécessitent et d'en tirer
les conséquences qui en sont une suite naturelle. »
Dans une Lettre qui fait partie de la Correspondance de cette séance,
M. Scoutetten prie l'Académie de vouloir bien faire ouvrir un paquet
cacheté déposé en son nom, le 5 mai dernier, et qui renferme une Note
également relative à la découverte des sources de l'ozone atmosphérique.
L'auteur demande que cette première Note et celle qu'a bien voulu com-
muniquer M. Cloquet soient renvoyées à l'examen d'une Commission ; il
joint à sa Lettre des échantillons de papier réactif, sur lesquels on peut ob-
(944)
server les effets produits par l'eau et les végétaux, et un paquet de papier
préparé pour les expériences que voudrait faire la Commission.
Les deux Notes et les pièces qui y sont jointes sont renvoyées à l'examen
d'une Commission composée de MM. Becquerel, Regnault et Cloquet.
physique DU GLOBE. — Ozone atmosphérique : son influence sur l'état sani-
taire d'un pays; Lettre de M. Wolf à M. Elie de Beaumont.
« Zurich, 16 mai i85G.
« L'Académie des Sciences a bien voulu s'intéresser aux communications
que je lui ai faites l'année dernière sur l'influence de l'ozone relativement à
l'état sanitaire. J'ai continué ces études, et je viens de trouver, par le dépouil-
lement que je viens de faire des observations de l'ozone à Berne en 1 855, pour
un Mémoire que je dois communiquer à la Société d'Histoire naturelle de
cette ville, quelques résultats que je crois assez intéressants pour en faire
une communication nouvelle à l'Académie.
» L'été de i855 a été marqué à Berne par une dysenterie épidémi-
que, qui causa , aux mois d'août et de septembre, en moyenne six à sept
décès par jour, au lieu de deux et demi, moyenne ordinaire. En comparant
avec ces faits les indications de l'ozonomètre, je viens de trouver les nom-
bres suivants :
8,46 pour la réaction moyenne de tous les soixante et un jours des mois d'août et de
septembre.
9,55 pour la réaction moyenne des trente et un jours où il avait au moins cinq décès par
dysenterie.
8,14 pour la réaction moyenne des quatorze jours avec trois à quatre décès par dy-
senterie.
7,12 pour la réaction moyenne des seize jours restants.
» Je dois en conclure que l'énergie de l'épidémie a augmenté et diminué
avec la quantité de l'ozone.
» Les observations ozonométriques faites à Saanen (village du canton de
Berne, 45o mètres au-dessus de la capitale), depuis le mois d'août jusqu'à la fin
de l'année, confirment mes conclusions. Les indications de l'ozonomètre à
Saanen surpassaient en moyenne des cinq mois d'observations celles de
Berne de 1 degré de l'échelle de Schônbein ; mais, pour les mois d'août et de
septembre, elles étaient au contraire plus faibles de 2 degrés; et pendant
la période du 6 au 10 septembre, dans laquelle moururent à Berne, en
maximum, neuf personnes de dvsenterie par jour, cette différence s'élevait
jusqu'à 5 degrés. »
(945)
physique. — Note sur la chaleur et le travail mécanique produits parla
fermentation vineuse; par M.. Dcbrcnfact. (Extrait d'un Mémoire sur la
fermentation vineuse.)
(Renvoi à la Commission précédemment nommée : MM. Payen et Peligot.)
o Les phénomènes chimiques si nombreux de dédoublements molécu-
laires, depuis le plus simple, celui des corps gras neutres, jusqu'au plus
complexe, la fermentation amygdalique, doivent être acompagnésde change-
ments tle température sensibles. Aucun de ces phénomènes n'a jusqu'à pré-
sent été l'objet d'examen à ce point de vue. Nous avons pensé qu'il pourrait
être utile de soumettre à un tel examen la fermentation vineuse, d'autant
plus que cette réaction offre la réunion remarquable de productions de
chaleur, d'acide carbonique et d'un travail mécanique appréciable. Cette
étude peut fournir l'occasion de rapprochements utiles dans un moment où
les belles observations de MM. Regnault, Joule, Seguin, Meyer, Foucault, etc.,
ramènent sur le calorique l'attention des savants et des industriels.
» L'évaluation de la quantité de chaleur développée pendant la fermen-
tation vineuse n'offre pas de difficulté sérieuse. En effet, on peut facilement
apprécier l'élévation graduelle de température qui se produit dans un liquide
sucré pendant toute la durée de la fermentation. On peut constater les quan-
tités d'alcool et d'acide carbonique qui se développent pendant la même
réaction. On peut, en outre, tenir compte avec exactitude de la quantité de
chaleur éliminée par l'acide carbonique et par les vapeurs dont il est saturé
pour sa température. Un seul élément semble échapper à l'observation di-
recte, c'est la quantité de chaleur qui se perd par rayonnement ou autrement
par les parois du vase vinaire. La formide de Newton qui donne la loi du
refroidissement pourrait être utilisée en cette circonstance; nous avons pré-
féré employer un mode d'observation directe que nous devons indiquer.
» Après avoir constaté l'élévation de température produite dans le vin pen-
dant la période de fermentation, nous avons cherché le temps qui est utile
pour ramener le liquide à sa température initiale, le milieu environnant
étant maintenu à la même température; et avec cet élément nous avons pu
tenir compte du refroidissement qui a lieu pendant la fermentation.
» La cuve sur laquelle nous avons expérimenté était placée dans un atelier
dont la température n'a oscillé qu'entre + i2et+ 1 6 degrés pendant la durée
de l'expérience. Cette cuve était construite en bois de chêne; elle était cou-
C. R., i856, i" Semestre. (T. XLII, N° 20.) I ^4
(946)
verte, elle avait la forme d'un cône tronqué; le diamètre moyen, était de
3m>07, et la profondeur de 3 mètres. Le volume du bois était de imc,4 et son
poids était de 1 1 20 kilogrammes.
» Cette cuve a été chargée de 21400 litres d'un moût fermentescible con-
tenant a559 kilogrammes de sucre cristallisable introduit sous forme de
mélasses indigènes avec les éléments utiles pour opérer manufacturièrement
une fermentation alcoolique complète en quatre jours.
» La température initiale était de + 23°, 7 ; elle s'est élevée graduellement
jusqu'à -f- 33°, 70; et le refroidissement, calculé d'après les données men-
tionnées, a été de + 4 degrés pour les quatre jours de fermentation. L'éléva-
tion de température de toute la masse eût donc été de + i4°,o5, au lieu
de io°,o5, si la cuve avait été à l'abri du refroidissement.
» La richesse du vin en alcool, prise à l'aide de l'alambic d'essai, a été
de 6,9, ce qui correspond à 1 476IU,6 ou 1 181 kilogrammes d'alcool pur pris
à la température de -4- i5 degrés. Cette production alcoolique correspond
à o,456 du poids du sucre mis en expérience; il diffère du nombre o,536
que donnent les formules. Un déficit analogue est à peu près constant dans
toutes les fermentations du laboratoire et de l'atelier (1).
» Dans les conditions où nous avons opéré, l'acide carbonique produit
a été de 1 1 56 kilogrammes, qui correspondent à un volume de 614 8o,3 li-
tres sous la pression de 760 millimètres et à la température de -t- 1 5 degrés (2).
» Avec ces éléments, voici les quantités de chaleur reconnues :
214 00 kilogrammes de vin élevés de + i4°,o5 ;= 300670 calories.
Calorique absorbé par le bois = 7280
1 1 56 kil. CO2 éliminés à la température moyenne de -+- 24°. = 6096
19236 grammes d'eau vaporisée X 565° = 10869
Total 324 9>5 calories.
» Cette quantité représente la chaleur sensible ou latente appréciées avec
les éléments connus et usités. Si l'on considère que l'acide carbonique
soulève le poids de l'atmosphère pour se dégager, et qu'il produit ainsi
un travail mécanique dans des conditions qui sont analogues à celles où
(1) C'est ce fait qui nous a autorisé à affirmer qu'on ne peut faire expérimentalement
l'équation des sucres fermentescibles avec de l'alcool et de l'acide carbonique.
(2) Le rapport de l'acide carbonique à l'alcool diffère aussi fort souvent de celui qui est
donné par les formules chimiques. Il varie surtout avec le rapport du ferment au sucre. Nous
tâcherons d'élucider toutes ces anomalies dans notre Mémoire sur la fermentation.
(947 )
plusieurs expérimentateurs ont constaté une transformation de la chaleur
en travail , on reconnaîtra qu'il convient de faire intervenir cet élément
dans la question qui nous occupe.
» En représentant parV le volume du gaz COs exprimé en mètres cubes,
et par P la pression atmosphérique exercée sur i mètre carré de surface
exprimée en kilogrammes, P X V donnent, en kilogrammètres, la valeur
du travail mécanique produit par la fermentation.
» Dans notre expérience V = 6i4mc,893; donc P x V = 6 35 1 844 kilo-
grammètres.
» En admettant avec M. Joule le nombre 437 pour équivalent mécanique
de la chaleur, on a — t4~^ = 1 4535 calories.
437
» Ce nombre, ajouté au précédent, donne 33g 45o unités pour la quantité
totale de chaleur développée par la fermentation de 2559 kilogrammes de
sucre de canne.
» Dans cette circonstance, comme dans les cas de production de travail
mécanique effectué par la détente de la vapeur d'eau, l'effet utile du calo-
rique représente à peu près — de l'effet absolu.
» Il peut être utile de rapprocher les nombres qui expriment la quantité
de chaleur dégagée par la fermentation alcoolique de ceux qui seraient
donnés par la combustion directe du carbone équivalant à l'acide carbonique
produit par la fermentation." L'expérience que nous avons décrite fournit
les éléments de ce rapprochement.
» En effet, 1 1 56 kilogrammes CO2 = 3 1 5 C.
» En admettant pour coefficient calorifique du carbone brûlé en acide
carbonique le nombre 8000, on a
3i5 X 8000 = 2 520000 calories.
•
» On reconnaît ainsi que dans le dédoublement alcoolique du sucre la
quantité de calorique développé ne représente que 0,1 34 de celle que
donne le même poids de gaz produit par la combustion directe du carbone.
Ce fait n'offre rien d'anormal ; on pouvait le préconcevoir, car la fermen-
tation alcoolique n'offre aucun caractère qui puisse l'assimiler à une com-
bustion.
» Si l'expérience de fermentation que nous venons de décrire s'était
effectuée à vase clos et sans dégagement de gaz, elle aurait pu faire naître
dans le vase une pression de trente atmosphères. Ce nombre est, en effet,
fourni approximativement par le rapport qui existe entre le volume du vin
ia4"
(948)
et le volume de l'acide carbonique produit. En faisant un pareille expé-
rience avec une proportion de sacre double, ce qui est facilement réalisable,
la fermentation pourrait développer une pression double, c'est-à-dire soixante
atmosphères environ. La limite de cet effet doit être subordonnée à la richesse
alcoolique, maxime que l'on peut donner au vin, à la température à laquelle
elle s'accomplit et aux conditions physiques dans lesquelles l'acide carbonique
peut affecter l'état liquide d'une manière permanente. Dobereiner a fixé à
vingt-huit atmosphères la limite de pression où la fermentation alcoolique
s'arrête. Nous doutons que cette donnée soit exacte et nous avons lieu de croire
qu'elle doit se produire encore sous des pressions beaucoup plus considéra-
bles. Toutes les expériences que nous avons tentées pour vérifier cette limite
ont été rendues impuissantes par la rupture des vases que nous avons em-
ployés ; nous comptons néanmoins reprendre ces expériences.
» La chaleur développée par la fermentation alcoolique du sucre doit
être bien moindre que celle que donne la fermentation des fumiers et des
foins humides. En effet, les premiers produisent une sorte.de carbonisation
dans le bois des couches des fabriques de céruses, et les autres produisent
l'incandescence et l'incendie. Si l'on considère que la chaleur développée
par la fermentation du sucre ne pourrait élever que de 1 33 degrés la tem-
pérature d'un poids d'eau égal au poids du sucre, on reconnaîtra que la
fermentation des fumiers et des foins doit être au moins quatre à cinq fois
plus considérable pour justifier les phénomènes observés. Ne devrait-on pas,
d'après ces rapprochements, tenir compte du calorique développé par la
fermentation putride et peut-être aussi par l'oxydation, quand on étudie le
rôle des engrais dans l'économie agricole ? »
chirurgie. — Observation de périnéorapkie pratiquée avec succès par la
suture entrecoupée ; par M. S. Laugier. (Extrait.)
(Commissaires, M. Velpeau, Jobert [de Lamballe].)
« J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie l'exposé d'une opération
de périnéoraphie, que j'ai pratiquée à l'Hôtel-Dieu, avec un succès com-
plet sur une femme de 34 ans, qui avait eu le périnée et la cloison recto-
vaginale profondément divisés dans un accouchement. C'était, comme on
pourra le voir par les détails que je donne dans cette Note, un des exemples
les plus fâcheux de pareilles ruptures, un de ceux dans lesquels l'art chirur-
gical échoue le plus souvent.
» Ce succès remarquable, parce qu'il est complet, après une déchirure
(949)
considérable du périnée, ne serait cependant que l'analogue des succès obte-
nus par M. Roux, s'il ne s'en éloignait par la méthode opératoire que j'ai
suivie. L'Académie ne peut avoir oublié la lecture du Mémoire qu'a faite
devant elle sur la périnéoraphie l'illustre chirurgien qu'elle regrette. Dans ce
Mémoire, M. Roux compare pour la réunion du périnée déchiré la suture
entortillée qu'il avait pratiquée d'abord à la suture enchevillée qu'il avait
fini par adopter d'une manière exclusive, bien que dans plusieurs de ses
observations la guérison n'ait pas été de son propre aveu obtenue complète-
ment, et qu'un orifice fistuleux entre le rectum et le vagin ait persisté. Quoi
qu'il en soit, on conçoit la préférence donnée par M. Roux à la suture
enchevillée sur la suture entortillée dans la réunion qu'il tentait; mais le
célèbre chirurgien n'a fait aucune comparaison entre la suture enchevillée et
d'autres sutures, qui cependant ont réussi dans le même cas, telles que la
suture entrecoupée et la suture à surjet. Il cite, il est vrai, dans son Mémoire,
les observations de Guillemeau et de Saucerotte, mais il ne s'y arrête pas et
ne repousse même pas par des raisons théoriques les procédés que ces chi-
rurgiens ont suivis. Or Guillemeau a employé la suture entrecoupée, et Sau-
cerotte la suture à surjet.
» C'est par la suture entrecoupée que j'ai traité ma malade, et cette mé-
thode m'a paru beaucoup plus sûre et plus simple que les sutures entortillée
et enchevillée; je ne comprends même pas l'application de la suture enche-
villée à la réunion de la cloison recto-vaginale; je l'admets plus volontiers
pour celle du périnée lui-même.
» Quant à la suture entrecoupée, elle est très-facile à appliquer ; elle per-
met de multiplier autant qu'il est nécessaire les points de suture, de leur
donner la situation et la direction qu'on veut; d'embrasser dans l'anse des
fils autant d'épaisseur de tissus et aussi peu qu'il semble utile de le faire. A
ces divers titres, je la crois donc préférable, et c'est à tort qu'elle a été né-
gligée.
» Une autre modification que j'ai apportée dans le mode opératoire
usité, c'est que j'ai fait l'opération en deux temps. Dans une première ten-
tative, j'ai réuni la division la plus profonde, celle de la cloison vagino-rec-
tale déchirée dans une longueur de plus de 3 centimètres. Trois points
de suture ont suffi pour cela, et le succès a été complet.
» Une seconde opération a été pratiquée au bout d'un mois. Cinq points
de suture m'ont permis de faire une réunion parfaite du périnée complè-
tement rompu. On distingue à peine la cicatrice linéaire qui maintient rap-
prochés l'un et l'autre côté de la déchirure.
(95o)
» Une des grandes difficultés de la périnéoraphie est d'obtenir à la fois la
réunion de la cloison recto-vaginale et du périnée. C'est à la base de l'éperon
de la cloison que persiste l'orifice fistuleux dans les succès partiels. En fai-
sant l'opération en deux temps, il est plus facile d'en surveiller les suites,
d'enlever les points de suture sans tiraillements dangereux pour le succès de
la réunion, et de limiter les phénomènes inflammatoires.
» En résumé, je crois préférable la suture entrecoupée pour opérer la pé-
rinéorapbie. Cette suture est d'ailleurs d'un usage général dans la restaura-
tion d'autres organes à l'aide de lambeaux autoplastiques. De plus, je crois
utile dans les divisions très-profondes du périnée de faire l'opération en
deux temps. »
chirurgie. — Nouvelle méthode opératoire delà cataracte par débridement ;
par M. Tavignot.
(Commissaires, MM. Velpeau, Jobert [de Lamballe].)
L'auteur ayant décrit avec détail dans un journal de médecine [Gazette
médicale, année 1 8 5o) l'opération sur laquelle il appelle aujourd'hui de nou-
veau l'attention , nous nous bornerons à extraire de son Mémoire le passage
suivant dans lequel il indique les cas où ce procédé opératoire lui paraît
devoir être préféré.
« L'opération du débridement, telle que nous la comprenons et telle que
nous l'avons exécutée, pourra sans doute, dans la suite, recevoir une exten-
sion plus grande ; jusqu'à présent nous n'y avons eu recours que dans les cas
de cataractes lenticulaires molles ou demi-molles existant sur des sujets
plus ou moins avancés en âge. Or on sait que cette espèce de cataracte se
prête assez mal à l'abaissement, et que le broiement qu'il faut alors souvent
improviser pour achever l'opération , n'est pas pratiqué dans des condi-
tions très-favorables; ce qui s'explique assez par l'âge du sujet, par la réac-
tion qu'amènent le plus souvent les manœuvres de l'aiguille qui a traversé
la sclérotique, enfin par la quantité même des matériaux soumis en même
temps à l'absorption. Je pense avec M.Sichelqne, dans les cas de cataractes
molles ou demi-molles, l'extraction est, en thèse générale, préférable à l'a-
baissement et au broiement ; il reste à savoir maintenant si ce que nous
appelons la métbode par débridement n'est pas elle-même préférable à l'ex-
traction dans le cas particulier qui nous occupe. Je l'ai cru et le crois en-
core ; ce n'est même plus pour moi une simple croyance, c'est une conviction
(9*i )
fondée sur des faits observés avec soin et suffisamment nombreux pour
lever tous les doutes et faire cesser les hésitations les plus légitimes.
» La méthode par débridement n'est pas, j'en conviens, une opération
brillante dans son exécution : on ne met pas le cristallin entre les mains du
malade, comme on peut le faire après Y extraction; on ne le fait pas jouir
immédiatement du bénéfice de la vision , comme on le permet quelquefois
après Y abaissement , sauf quelques rares exceptions ; ce n'est qu'après un ,
deux et trois mois que l'opéré recouvre la faculté de voir d'une manière
distincte. Même à cette période de la guérison , le succès n'est pas à l'abri
de toute critique. En effet, la pupille n'a plus sa position normale; elle
est externe et non centrale ; elle a cessé d'être contractile à l'instar de la
pupille naturelle ; dans le champ pupillaire primitif persistent des frag-
ments capsulaires opaques qui altèrent plus ou moins l'expression du re-
gard , et par suite le jeu de la physionomie. Nous convenons de tout cela,
et nous en convenons sans regret. En effet , quel problème à résoudre nous
pose tous le jours un sujet cataracte? Celui de lui rendre la vue, en em-
ployant la méthode qui offre le plus de chances favorables au succès
définitif. Tout se réduit donc à une question de chiffres , à un relevé com-
paratif des insuccès et des succès fournis par les différentes méthodes ; nous
aborderons plus tard cette question numérique, qui renferme véritablement
toute la partie pratique de notre sujet. »
i
M. Dujardin, de Lille, envoie pour le concours Montyon (prix de Mé-
decine et de Chirurgie) un Mémoire intitulé : Observation d'œdème de la
glotte guéri par la trachéotomie.
(Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.)
M. Baglian adresse de Sesia (Piémont) une Note concernant une méthode
de traitement qu'il annonce avoir employée avec succès contre la rage, et
qu'il croit devoir être également efficace contre le choléra-morbus.
(Renvoi à l'examen de la Section de Médecine constituée en Commission
spéciale pour l'examen des pièces destinées au concours du legs Bréarit. )
M. Lotiiv soumet au jugement de l'Académie un nouveau système de
chaîne galvanique destinée aux usages médicaux.
(Commissaires,, MM. Becquerel, Despretz. )
(950
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la cor-
pondance, le VIe volume de V Histoire des progrès de la Géologie, de 1 834 à
i855, par M.dArchiac, ouvrage publié par la Société Géologique de France,
sous les auspices de M. le Ministre de l'Instruction publique. Ce volume est
consacré à résumer les travaux publiés dans les différentes langues de l'Eu-
rope sur la formation jurassique. Il n'est ni moins clair ni moins ^complet
que ceux qui le précèdent; plusieurs planches de coupes y sont annexées,
et l'abondance des travaux disséminés depuis vingt ans dans tous les recueils
scientifiques a été telle, que le terrain jurassique ne pourra être terminé que
dans le volume suivant, qui paraîtra incessamment.
M. le Secrétaire perpétuel signale également la deuxième partie du t. V
des Mémoires de la Société Géologique de France. Ce volume est consacré
à deux grands travaux paléontologiques accompagnés l'un et l'autre de
nombreuses planches; le premier intitulé : « Paléontologie de l'étage infé-
» rieur de la formation basique de Ja province de Luxembourg, Grand-
» Duché (Hollande), et de Hettange du département de la Moselle, par
» M. 0. Terquem » ; et le second intitulé : « Fossiles de la craie de Meudon
» et description de quelques espèces nouvelles, par M. Hébert ».
I
M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom l'auteur qui assiste à la
séance, un ouvrage écrit en italien et ayant pour titre : « Recherches analy-
tiques sur les surfaces annulaires à cône directeur, par M. V. A. Rossi,
architecte, professeur de mécanique appliquée à l'Ecole royale militaire de
Naples, etc. »
M. le Secrétaire perpétcel enfin signale une nouvelle livraison (février
i856) des Tableaux publiés mensuellement par l'observatoire météorolo-
gique de l'Ecole polytechnique de Lisbonne.
« Le prince Charles Ronaparte informe ses confrères que M. Sclater,
ayant appris qu'il avait été fait mention, dans une de leurs dernières séances,
de la liste qu'il a rédigée des Oiseaux de Bogota, s'empresse de faire hom-
mage à l'Académie d'un exemplaire de ce travail rçcent ; c'est lui que
M. Sclater a choisi pour interprète, et c'est avec plaisir qu'il s'acquitte de
cette commission , profitant de l'occasion pour déposer en même temps
sur le bureau la Note explicative suivante de ses derniers tableaux.
(953)
Note sur les Tableaux des Gallinacés ; par le Prince Ch. Bonaparte.
« Plusieurs zoologistes m'ont exprimé le désir de connaître dès à présent
les nouvelles espèces de Gallinacés indiquées dans les tableaux que j'ai eu
l'honneur de soumettre lundi dernier à l'Académie. Je réponds à cet appel
par les courtes indications que l'on va lire et qui suffiront, j'espère, à in-
troduire légalement dans le domaine de la science les espèces en question.
i. Mon Francolinus vulgaris est celui deStephens, Gould, etc., de Sicile.
i. Fr. asiœ, Bp., est la race plus petite de l'Inde, à peine reconnaissable à
la tache blanche auriculaire moins étendue et différemment conformée.
3. Fr. henrici, Bp., est une grande race du Scinde, à ailes courtes, dont
nous devons la connaissance au Dr Henri Goidd , jeune savant enlevé à la
science et à ses amis au moment où il commençait à prouver efficacement
sa reconnaissance à son père, pour la brillante éducation qu'il en avait
reçue. Puisse ce juste tribut payé à sa mémoire faire couler des larmes
moins amères à sa famille inconsolable!
4- Fr. tristriatus ,Bp., comme son nom l'indique, se distingue parles
trois bandes blanches qu'il porte le long des côtés de la tête. Nous le devons
à M. Gaudry , qui l'a rapporté de Chypre au Muséum , avec une Perdrix à
peine différente de la véritable grœca. On sait que c'est de cette île prin-
cipalement que nous venaient les Francolins au moyen âge, et que celui
qu'a figuré Edwards en avait été apporté.
N. B. Fr. concentricus , Gr., n'est pas un Francoliné, maisbien une Hepbur-
nia. — Les Scleropterce doivent commencer après Ch.nalalensis, ce dernier
étant le seul vrai Clamator outre le type. Jamais la convenance scienti-
fique des séries parallèles n'a été mieux démontrée qu'à l'occasion des
genres Margaroperdix, Ammoperdix et Ptilopachus. Ces Perdiciens ont
tous la plus grande affinité avec les Cailles , qu'ils représentent en outre
chacun dans son groupe analogiquement. Ainsi les Ptilopachus sont les
Cailles des Slarne's; les Ammoperdix, les Cailles des Perdicés; et les
Margaroperdix , les Cailles des Francolinés. Ces dernières même n'ont
guère de Francolin que la couleur, et n'était le terme homologue qu'elles
constituent si bien * nous les rangerions parmi les véritables Coturnicés .
En tout cas, analogie et affinité sont portées chez elles l'une et l'autre à
un aussi haut degré, que ces deux sortes de rapports semblent, en ce cas par-
ticulier, se confondre ensemble.
5. La nouvelle espèce de Perdrix grise de l'Himalaia va nous être
figurée par Gould, sous le nom de P. hodgsoniœ ; elle est le parfait repré-
sentant de la nôtre. St. thoracica s'en éloigne déjà considérablement,
C. R., i856, Ier Semestre. (T. XLH, N° 20.) * 2^
( 9*4 )
et chaiiloni et scutata, que nous n'avons pas vues en nature, probable-
ment beaucoup plus encore.
6. Il est évident que sous le nom de dentatus , Temminck avait con-
fondu plusieurs Odontophorus , même et surtout le guianensis [ru/us,
Vieill.) , et le dentatus de Lichtenstein , qui le premier a séparé les deux
espèces. Quant à nous, laissant ce nom à l'espèce du Para (au nord du
lîrésil), qui provient au Muséum de l'ancienne collection de Lisbonne,
nous distinguons comme Od. capueira , la race méridionale plus sombre
en dessous; et nous appelons, avec Sir William Jardine, Od. capistratus ,
celle du Mexique dont les parties inférieures sont noirâtres, et que nous ne
concevons pas qu'on ait pu réunir aux précédentes.
» 7. Eupsichortjx sclateri, Bp., n'a pas besoin de description : c'est la
seule espèce du genre qui ait la gorge noire, et par cette circonstance et par
son aspect général elle ressemble à Lophortyx califomica et à une véritable
Ortyx.
» 8. Nothocercus bourcieri et N. julius ne forment qu'une seule espèce,
bien caractérisée par les couvertures inférieures des ailes noires, espèce
que j'ai entendu dédier, non pas à M. Jules Bourcier, mais à M. Jules Ver-
reaux! Par contre, ajoutez deux espèces à la liste déjà si nombreuse des
Crjpturés ou plutôt Tinamés :
» Crypturus megapodius , Bp., Mus. Paris., ex totofuliginoso-olivaceus,
si semblable en apparence aux Mégapodes , que son nom seul doit le faire
reconnaître. On ignore sa patrie, mais j'ai de fortes raisons de croire que
l'exemplaire unique du Muséum, qui va enfin sortir des magasins, prove-
nait de Cayenne.
» Nothura punctulata, Bp. ex Gay, du Chili, semblable à ses congénères ;
mais à bec plus recourbé et à poitrine violâtre parsemée de points blancs.
» Tinamus weddelll a été rapporté des forêts vierges de la Paz en Bolivie,
par le botaniste dont je lui ai donné le nom, et dont les travaux viennent
d'être si bien appréciés par l'Académie. C'est pourquoi nous le séparons
de T. tao avec lequel nous n'avons pas les moyens de le comparer.
» Crypturus cervinus, Bp., est la race pâle du tataupa qui provient de
Chiquitos, et se montre intermédiaire à cette espèce des environs de Bio et
a\\ parvirostris , Wagler, de l'intérieur du Brésil. Son bec est fort et ses cou-
leurs peu foncées.
» 9. Nothocernus sailœï, Bp., du Mexique (1). Statura N. delattrii vel
(1) Cette belle espèce est dédiée à l'infatigable voyageur M. Auguste Salle, qui vient
encore tout récemment de rapporter du Mexique une magnifique collection d'Oiseaux, ta-
i o55 ;
cinnamomei cui similis ; sed nigiicans, rufo-undulatus , undulis michalibus
et partium corporis posticarum vegetioribus, in cervice et vertice vice ullis;
gula alba; jugulo plumbeo; subtus cinnamomeus, lateribus cinereo-vermi-
culatis , postice nigro-undulatis: tectricibus alarum superioribus omnibus
massés principalement aux environs de Cordova dans l'État de Vera-Crux, et autour du pic
ou volcan d'Orizoba, dans l'État de Puebla. Les sexes des deux cents espèces environ dont elle
se compose s'y trouvent, pour la plupart, constatés et appareillés avec une exactitude aussi
rare qu'utile à l'Ornithologie; et les détails sur l'habitat et la manière de vivre accompagnent
les peaux dans l'état le plus parfait de conservation. Nothocercus sallœi n'est pas la seule
nouvelle espèce de la collection, qui en contient au contraire plusieurs. Nous y trouvons ainsi :
i°. Un splendide Troconien, Trogon sallœi, Bp. Aureo-viridis ; fronte, genis, gulaquc
nigris; fascia pectorali macidaque subalari alba; abdomine crissoque aurantiaeis ; lateribus
plumbeis; alis nigris [subtus plumbeis); remigibus puris; tectricibus albo-vermiculatis ; rec-
tricibus mediis viridi-aureis, fascia apicali nigra ; proximis nigris, pogonio externo tanturn,
et apice ipso e.xcepto, aureo-viridibus ; cœtcris externis nigris albo-lineatis; rostro rubro.
Fœmina ex. toto nigricans ; abdomine tanturn aurantio ; tectricibus alarum et rectricum
pogonio externo albo-lineatis; rostro fusco.
La bande noire terminale de la queue est encore très-marquée dans la femelle, le noir bril-
lant tranchant sur le noir mat.
L'excellente Monographie de Gould nous a mis à même de constater de suite la nouveauté
de ce beau Volucre. M. Salle a rapporté des mêmes contrées le Trogon xalappensis, Dubùs,
( Tr. luciani, Less. ex Bp. i83^ ), qui manque aussi dans cet ouvrage , ainsi que Trogon ramo-
nianus, Deville. Mini mus : nigro-ardesiacus ; abdomine crissoque aureo-aurantiis ; orbitis
stricte albis ; tectricibus alarum remigibusque extus albo-lim bâtis ; fiis undique nigris; rectri-
cibus extimis utrinque tribus pogonio externo albo nigro-fasciolatis, apieeque candido. Fœmina.
2°. Un Fringillide si remarquable, qu'il nous décide à fonder un nouveau genre composé
de cette espèce mexicaine que nous nommons mclanotis, et d'un autre Spizien de Colombie que
nous avons appelé dans nos notes à la collection Delattre, Passerculus geospizopsis. Ces Passe-
reaux , en effet, par la forme de leur bec très-court et trièdre, par la brièveté et la conforma-
tion de leurs ailes, dont la première rémige est si courte, et les cinq suivantes de longueur
égale, par leurs pattes si énormément développées, offrent des caractères tout particuliers.
Nous nommons le genre Geospizopsis, et l'espèce déjà décrite G. typus ; tandis que notre
G. mclanotis peut se définir ainsi :
Geospizopsis nigricans, plumis singulis margine toto rufo; superciliis latissimis albidis ;
genis et regione auriculari nigris; subtus albo- cervinus , gula pure, pectore dense striato :
cauda brevi , rectricibus angustis.
Presque intermédiaire entre les deux familles des Fringiixides et des Ictérides, notre
nouveau genre tient à la fois de Dolichonyx, Sw., tout au plus, il est vrai, le dernier des
Agélaiés, et d'£mbernagra placé, mais peut-être à tort, parmi les Pipilonés.
Nous n'étendrons pas plus loin les déterminations d'espèces nouvelles ou intéressantes con-
tenues dans la collection de M. Sajlé, puisque M. Sclater a bien voulu , à noire demande, se
charger de la rédaction d'un Catalogue raisonné et complet. Contentons-nous donc d'un coup
d'oeil rapide sur chaque Ordre.
125..
(9^6)
cinnamomeo-undulatis ; inferioribus cinereis, quarum exlernis nigricanti-
bus : remigibus unicoloribus : rectricibus rujo nigroque fasciatis : rostro
corneo : pedibus rubellis.
Dans le premier, celui des Perroquets, on remarque un beau couple de Pionut senilis, et la
jolie petite espèce de Myiopsitta, nommée un peu trop à la hâte tigrina par M. Souancé, car
c'est évidemment la prétendue Psittacula lincola , Cassin, Procced. of the Acad. Nat. Se.
Philad. V, p. 373 (i853). Faisons observer, à propos de cette espèce du Mexique et de
Venezuela à la fois, qu'une autre bien plus brillante, notre pyrilia, forme maintenant avec
Y amazonina , 0. des Murs, notre genre Pyrilia; et que cette Pyrilia typica, Bp., n'a rien
de commun avec Psittacus evops, Wagl. C'est aussi de Bogota et non pas du Pérou, comme
on l'a cru jusqu'à présent, que vient l'élégant Psittacus hueti, Temm. , type aujourd'hui de
notre genre Urochroma à substituer à Pirrhulopsis.
Le légitime Ps. hœmatogaster, Gould , malheureusement échangé en nourrice, étant le
même oiseau qu 'il a depuis nommé flaveolus, nous nous voyons obligé de proposer pour son
nouvel hœmatogaster le nom de Psephotus hœmatorrhous. Dans un précédent volume de 1 85o
de ces Comptes rendus, on nous a imprimé par erreur hœmatonotus au lieu de hœmatogaster,
ce qui n'a pas peu contribué à brouiller le sujet que nous éclaircissons ici.
Dans l'Ordre second, des Oiseaux de proie, parmi dix espèces toutes intéressantes, nous
citerons un Falconide et trois Strigides.
1. Butco insignatus, Cassin, dont on ne connaissait jusqu'à présent que le seul exem-
plaire du musée de Québec que nous avons admiré à Paris parmi les merveilles de l'Exposi-
tion. Avec l'apparence trompeuse d'une Asturina, il nous semble constituer une seconde
espèce du genre Buteola, Dubus.
2 et 3. Ces petites Chouettes de notre genre Phalœnopsis sont probablement les exem-
plaires mexicains à'infuscata et de ferruginea , d'après lesquels Lichtenstein aura fondé ses
Athenc pusio et c.innamomea.
Dans le troisième Ordre, les Passereaux, remarquons d'abord une belle série conclusive
pour la limitation de l'espèce, de huit exemplaires de Psilorhinus morio tous différents par
la couleur du bec. et du ventre.
2. Aphelocoma floridana, la même qu'aux Florides, distincte de celle à sourcils de Cali-
fornie, et des autres reçues jusqu'ici du Mexique.
3. Bananicorus affinis, Bp. ex Lawr. — 4- Caryothra listes poliogaster, Dubus. — 5. Cya-
noloxia concreta, Dubus, que nous n'avions jamais viie, et d'autant plus précieuse qu'elle
est accompagnée de E. parellina et de cœrulea. — 6. Pipilo mesoteucus, si semblable au
fusais. — 7. Embernagra rufivirgata, Lawr., apportée pour la première fois en Europe.
8. Coturniculus Iienslotvi, Aud., espèce rare aux États-Unis.
q. Passerculus alaudi nus , Bp., et ma toute nouvelle espèce P. zonarius, prise à tort pour
Pcncœa bachmanni, Audubon , puisque cet auteur la considère comme la femelle de Peucœn
lincolni : l'une et l'autre de ces espèces sont plus voisines d' Ammodromus que de Passerculus.
10. Phonipara pusilla, Bp. ex Sw. — 1 1 et 12. Chrysomitris mexicana, Sw. et la notata,
Dubus. — i3. Pyrrhuiinota hœmorrhoa , Bp. ex Licht., affublée de quatre noms, et qu'il
ne faut plus confondre &\w.frontalis, Say, aussi sauvage que l'autre est familière.
i4- Une nouvelle espèce à'Helinaja. — i5. Une autre aussi jolie que rare du groupe des
( 957 )
» On sait que dans N. julius les couvertures inférieures des ailes sont
entièrement noires : dans d'autres espèces, au contraire, elles se montrent
blanches, grises, ou même bicolores. »
Setophaga à ventre rouge. Set. sallœi, Bp. et Selater. Cœrulco-plumbea, superciliis vix
obscurioribus ; litura postoculare alba; genis gulaque plumbeis ; pectore. abdomineque cocci-
neis; lateribus postice candidis : remigibus rectricibusquc supra plumbeis, unicoloribus : rostre
validiculo, incurva.
Tous ces Passereaux appartiennent à la Tribu des Chanteurs ; celle des Volucres est
encore bien plus riche. Les Trochilides comptent à eux seuls vingt-six espèces.
Parmi ses Zygodactyles, nous avons déterminé quinze espèces, parmi lesquelles nous cite-
rons :
i . Dmmococeyx mexicana, Bp., à peine différente de l'espèce méridionale.
2. Piara viridirostris, P. Wurt., excellente espèce qui remplace au Mexique la commune
de Cayenne.
3, 4 et 5. Les très-intéressants Picus scalaris, jardinii et cancellatus.
6. Chloronerpes œruginosus, Bp. ex Licht., qu'il ne faut pas confondre avec rubiginosus
de l'Amérique du Sud, et encore moins avec celui de l'Inde.
7 et 8. Dryotomus guatemalensis <y et 0 et Dr. delattrii, Bp., à joues grises, à bec
blanc et court comme dans le scalaris, Vig. , mais à ventre rayé et à couvertures inférieures
des ailes isabelle et non jaunes.
Dans l'Ordre V, Pigeons, entrent une dizaine d'espèces; on appréciera surtout, à cause
de la localité : i. Chlorœnos flavirostris, Wagl. — 2. Chl. fasciata, Say. — 3. Peristera
geoffroyi , Temm. — 4- Oreopeleia martinica , Bp.
Il est étonnant que P. geoffroyi du Brésil se retrouve identique au Mexique, tandis que dans
les régions intermédiaires elle est remplacée par P. mondetoura. Nous nous empressons d'a-
jouter que M. Florent Prévost vient de découvrir la femelle de cette nouvelle espèce. D'après
l'exemplaire qu'il nous a montré, peut-être à la vérité très-jeune, elle diffère beaucoup plus
que l'on n'aurait pu s'y attendre et de son propre mâle, et des femelles de ses congénères. Elle
est revêtue d'un roux sombre nuage de brun, qui s'éclaircit sur le croupion, la poitrine, les
couvertures inférieures des ailes et les pennes médianes de la queue, et devient isabelle sur le
front et le crissum ; la gorge et le ventre sont blanchâtres; les pennes latérales de la queue
noirâtres, et blanches pour un demi-pouce à l'extrémité. Les belles taches alaires sont à pein?
indiquées par une teinte plus sombre.
Dans l'Ordre VI, Hcrodiones, nous n'avons que Botaurus minor, Gm. et Butoridesvircscens, L.
Dans l'Ordre IX, Gallinœ , outre le Nothocercus sallœi, Bp. , décrit ci-dessus, nous en-
registrons les Odontophorus guttatus et lineolotus, YOrtyx pectoralis et YOrtalida polioce-
phala , Wagl. , dont les trois premières manquent au Musée de Paris-.
Dans l'Ordre X, Grallœ , nous avons une Gallinago , que nous ne saurions éloigner de
notre wilsoni , mais qui a probablement servi de type à une ou à plusieurs des espèces dou-
teuses de Wagler. Nous avons trouvé, en outre, Actitis chloropygius, Bp. ex Vieill., et
Pelidna pectoralis , Bp.
Dans l'Ordre XI, Anseres finalement, M. Salle n'a rapporté que Pterocyanea eeeru-
tcata , Lichtenstein.
( 958)
ASTRONOMIE. — Lettre du P. Secchi à M. Elie de Beaumont en lui adres-
sant pour ï Académie une image photographiée d'une portion de la
lune.
« Je prends l'occasion d'un ami qui va à Paris pour adresser, par votre
moyen, à l'Académie une photographie représentant le cratère de la lune
nommé Copernicus. Ce travail, commencé pour une espèce d'amusement,
ayant assez bien réussi, je me suis résolu de le présenter aux astronomes,
comme possédant quelque intérêt en sélénographie.
» L'échelle de la figure est en proportion jj^q^Tô environ, et suffisante
pour y exprimer les parties les plus intéressantes des configurations du sol
lunaire. L'épreuve photographique n'a pas été tirée directement de la lune
par voie de photographie, ce qui a été trouvé impossible pour de pareilles
dimensions, mais on l'a obtenue d'un dessin exécuté soigneusement sur
une échelle un peu plus grande, et ayant pour base une triangulation mi-
crométrique des points principaux de la tache : les détails ont été mis à vue en
employant un grossissement de 760 à 1000 fois. La construction de ce dessin,
quoique facile en apparence, a présenté cependant des difficultés sérieuses.
Les ombres changeantperpétuellement, l'aspectdela tache se trouve différent
dans les heures successives du travail , et la libration de la lune dans des
lunaisons différentes change notablement sa forme et fait varier le rapport
apparent des distances. Pour éviter les conséquences de toutes ces difficultés,
on a fait d'abord un dessin général des masses sous le point de lumière
qu'on voit dans la figure , le plus convenable pour découvrir tout le cra-
tère, et tel qu'on a ordinairement au dixième jour d'âge de la lune. Après
cela, on a relevé les dessins partiels des détails, de manière à se mettre en état
de reconnaître leur forme véritable, et de toutes ces portions réunies en-
semble on a composé de nouveau la figure entière. La figure ainsi préparée
a été achevée et harmonisée après plusieurs comparaisons générales faites
lorsque la tache était sous le point de lumière primitif. Ce travail a ainsi
occupé un dessinateur de profession pendant sept lunaisons consécutives,
sans compter le temps employé auparavant à prendre une pratique suffisante
à cette espèce de dessin toujours fait à la lunette. La perfection du mouve-
ment parallatique de l'équatorial de Merz nous a été d'un grand service.
» Le but principal étant celui de la description du grand cratère central,
le cadre n'est pas encore tout rempli de ce qu'on pourrait y placer, surtout
près des bords ; ce qui se fera après dans des circonstances favorables. Les
(9*9)
parties surtout les plus éloignées étant placées seulement d'après des mesures
moins soignées , ne peuvent pas être regardées comme définitivement déter-
minées. Après plusieurs comparaisons très-soignées, ayant acquis la convic-
tion de l'exactitude du dessin dans tout ce qui regarde la partie principale
du grand cratère et ses accessoires, j'en ai fait tirer des copies en photogra-
phie, et je prie l'Académie d'en vouloir bien accepter une.
L'inspection même partielle de la tache fait voir une double enceinte
annulaire de montagnes. L'extérieure, qui est la plus basse, a un diamètre
moyen de 48 secondes ( i" ±s 1820 mètres à peu près), l'autre, intérieure, et
qui forme les bords du cratère, a un diamètre moyen de 38 secondes, et a
à sa partie occidentale un pic très-élevé. La place intérieure a 20 secondes.
L'intérieur du cratère, assez escarpé, présente une triple enceinte lui-même
de rochers brisés et un grand nombre de gros fragments amoncelés au pied
de l'escarpement, comme s'ils étaient des masses roulées en bas des mon-
tagnes environnantes. Le cratère présente deux grandes échancrures, ou
plutôt crevasses, aux extrémités du diamètre nord et sud, et il est remar-
quable que sur la ligne de ces échancrures se trouvent placés, au dehors
d'un côté et de l'autre, des cratères plus petits accouplés.
» A l'extérieur du grand cratère on voit une foule de lignes rayonnantes,
composées la plus grande partie de petits monticules ou cônes alignés, al-
ternant avec des ravines assez profondes. La largeur de ces lignes saillantes
ne permet pas de les croire toutes courants de lave, mais elles ont plutôt de
l'analogie avec les lignes de pente semblablement disposées qu'on voit au-
tour de nos montagnes volcaniques des environs de Rome. Vous avez déjà
vous-même indiqué cette analogie en parlant de la carte très-belle que les
officiers français ont faite des environs de Rome, et après des études ré-
pétées que j'ai eu occasion de faire dans les collines du Latium, je me suis
convaincu de la similitude parfaite qui existe, même dans les détails les plus
minutieux, entre ces volcans et les formations lunaires. La manière la plus
simple de concevoir leur formation est d'admettre que les bords des mon-
tagnes circulaires actuellement visibles ne sont que les résidus d'immenses
dômes qui se sont formés et écroulés successivement, de sorte cependant
que les dômes postérieurs ont eu un diamètre toujours décroissant. La mon-
tagne annulaire deCopernic présente la même double enceinte que le groupe
de volcans Latins, mais seulement sur une plus grande échelle. La question
de savoir si la force volcanique sur la lune est actuellement éteinte ne
pourra se résoudre que lorsqu'on aura le dessin très-exact, en grande
échelle, de l'état de la surface lunaire à une époque certaine : les travaux
(96o)
sélénographiques faits jusqu'au présent sont bien peu de chose pour nous
servir de point de départ. C'est en vue d'arriver à cette connaissance que
le travail que je poursuis pourra être utile, surtout lorsque après de nom-
breuses vérifications on l'aura corrigé et perfectionné partout où il peut
en avoir besoin.
» Je vous adresse encore un exemplaire de la description de l'appareil
Porro pour la mesure des bases , et je vous prie de présenter à l'Acadé-
mie mes remercîments pour les Comptes rendus que l'observatoire con-
tinue à recevoir. J'espère pouvoir bientôt vous envoyer une description
du nouvel observatoire, avec une suite considérable d'observations que j'ai
faites, surtout d'étoiles doubles. »
A la suite de cette communication, M. le Secrétaire perpétuel fait passer
sous les yeux de l'Académie la photographie qui est mentionnée dans la
Lettre du P. Secchi. M. le Président décide que cette photographie sera
déposée à la bibliothèque.
optique. — Sur la courbure des surfaces focales dans le cas dun objectij
composé dun nombre quelconque de lentilles en contact, traversé en son
centre de figure par des pinceaux ou faisceaux très-minces de rayons
lumineux; par M. Breton (de Champ).
« Dans la théorie ordinaire des images formées au foyer des instruments
qui servent à augmenter la puissance de la vision, on suppose que les rayons
delumière qui tombentsur l'objectif font avec l'axe de l'instrument des angles
très-petits, et par suite on considère, et il est en effet permis alors de consi-
dérer l'image d'une figure tracée dans un plan perpendiculaire à cet axe,
comme située tout entière dans le plan focal. Mais lorsqu'on veut embrasser
un champ de quelque étendue, cette théorie devient insuffisante, car il ré-
sulte de la loi mise en évidence par M. Sturm (*), à laquelle est assujettie la
forme d'un faisceau très- mince de rayons homogènes émanés d'un même
point, après un nombre quelconque de réfractions, qu'il doit exister deux
endroits, réels ou virtuels, où sa section transversale se réduit à une ligne
droite. L'une de ces lignes est située dans le plan qui passe par le point
rayonnant et par l'axe de l'appareil. La seconde est perpendiculaire à ce
(*) Mémoire sur la théorie de la vision [Comptes rendus, tome XX, pages 555-559 et
1239-1243).
(96. )
plan. Enfin toutes deux sont perpendiculaires à la direction du faisceau
émergent, en des points qui, en général, ne coïncident pas; quand ces deux
droites se rencontrent, leur point d'intersection est un foyer proprement
dit.
» Il m'a paru intéressant d'étudier de quelle manière les deux lignes de
striction dont il s'agit s'éloignent l'une de l'autre à mesure que l'obliquité
du pinceau ou faisceau incident augmente, dans le cas d'un objectif qui
n'aurait qu'une épaisseur infiniment petite, en supposant que les rayons
ne puissent s'écarter que fort peu de son centre de figure. Les rayons de
courbure des lieux géométriques des deux points où la section transversale
de chaque faisceau émergent se réduit à une ligne droite, lieux que, pour
abréger, j'appellerai les surfaces focales, sont éminemment propres à don-
ner une idée de ce qui se passe dans la région focale. Je vais faire connaître
les formules très-simples qui peuvent servir à calculer ces rayons.
» Si, dans la première équation du § II de la théorie mathématique des
effets de la lentille simple employée comme objectif de chambre obscure et
comme besicle, qui a fait l'objet d'une précédente communication (*j , on sup-
pose ACil nul, après avoir préalablement multiplié tousses termes par &l.lt
on trouve, en faisant attention que — - se réduit alors à — , la relation
1 Ar.l *■
u \A, r, pj a, \A, r, pj
En traitant de même la seconde équation, c'est-à-dire en multipliant d'a-
bord par A'c.2,, puis faisant A',.', = o, ce qui est une conséquence des hypo-
thèses Ac-4 = o, h, = o, on trouve
i / 1 _ i + 1 ) = i ( i _ i + i- V,
«. \A', r2 p'J « \A; r2 'p',/'
ajoutant membre à membre ces deux équations, il vient, toutes réductions
faites,
f.y U \ 1 I I
3 -t- - ) 7 + r = 0.
\ uJf P2 Po
Par un calcul semblable, on tire de la troisième équation du paragraphe
(*) Voir\e Compte rendu de la séance du 24 mars i856.
C. R.,^856, 1" Semestre. ( T. XLII, N° 20.) 1 2*
( 9&»)
précité et de la quatrième
(,+^7
i i
-v — -r = O.
P» Po
» Il faut se rappeler que les p' et les p" désignent précisément les rayons
de courbure cherchés, et que p'0, p"0 sont les rayons de courbure ana-
logues quand le faisceau incident a déjà cessé d'être conique et qu'il
possède des lignes de striction. La question est donc dès à présent résolue
pour le cas d'une seule lentille. Nous voyons que pour une lentille simple
les deux rayons de courbure des surfaces focales sont indépendants du rap-
port des courbures des faces antérieure et postérieure.
» Si l'on suppose -V = o, 4- = o, ce qui a lieu quand les rayons éma-
nent de points situés sur un plan perpendiculaire à l'axe de l'appareil ,
on a
/ » /
p*--- — ï* pi- rr
3H i -\
Ainsi donc les deux surfaces focales tournent alors leur concavifé vers la
lentille ou dans le sens opposé, suivant que la lentille est convergente ou
divergente.
» Les rayons de courbure sont dans tous les cas indépendants de la dis-
tance A(.
» Ces propriétés remarquables appartiennent aux objectifs composés,
pourvu que leur épaisseur soit négligeable. Appelons en effet/,, /a,..., f^
les longueurs focales des lentilles composantes et «,, ra2,..., n,,. leurs indices
de réfraction, nous aurons
0i\iii / i \ i i i
3 + -)T-t--r--:=0, I + -
"JA h - P. V "■//' p» p
2.\ii 1
"Jf, p,
i / i \ i i i
p, \ »»/ A c p*
(3 -+- — ) 7V -t- v -t-^ — = o, (i+— Y y 4--»-
V "rfS? Pa/» Pa/*-a V 'V/-4 Pua
= o:
Pa/i Pa/*— 2
ajoutant membre à membre ces deux suites d'équations, il vient
i
p'.
v «i//; \ «.//i v 'v/-^ paA
hèrt- — 15 + (i -H — J 7 + • • , nJr ( i ■+■ — ] 7 + -î 'è = o.
\ ">JA \ "ij A \- nr/f^ Pa/* P»
( 963 )
On voit que les rayons p'2 et ja2 sont, comme je l'avais annoncé, indé-
pendants de la distance A, et des rapports des courbures antérieure et pos-
térieure des lentilles composantes.
» Ces deux dernières équations étant retranchées l'une de l'autre
donnent
S» { 7 rh 7 4r • « • rh- «■ ) -t#7- -r ( 4- — -^ ) = o.
\f< f> SpJ p3/i pa/t \p, p./
» Or on a
ii ii
_ + _ + ...+ f,
F étant la longueur focale de l'objectif; d'où il résulte que, si l'on suppose
-7- = o, — = o, la différence - * — des courbures des deux surfaces
P. Pi P2/a Pa/*
focales est égale à — -• Cette différence ne peut donc jamais être nulle quand
l'objectif reçoit directement les rayons lumineux.
» On a d'ailleurs séparément, pour le même cas,
i 3 / i i i \
I I / I I I \
géologie. — Note sur la Carte géologique du département des Vosges
et sur quelques accidents géologiques figurés dans ce travail; par
M. E. de Billy, ingénieur en chef des Mines.
« Au mois de décembre i85a, l'Académie des Sciences a bien voulu
agréer l'hommage d'un exemplaire de ma Carte géologique du département
des Vosges sur l'échelle du 8o oooième. Qu'il me soit permis de lui offrir au-
jourd'hui la réduction de cette carte au aoo oooième.
» De même que la grande carte, ma réduction est un produit de l'Impri-
merie impériale.
» Afin d'y rendre les indications géologiques plus faciles à saisir, j'y ai
supprimé les indications topographiques des forêts et des mouvements
de la surface; mais on peut aisément y deviner le relief du sol d'après la
direction des nombreux cours d'eau.
« En parcourant des yeux cette carte, on est frappé de l'influence qu'ont
126..
( 964)
exercée sur le relief les soulèvements granitiques et notamment les pointe-
ments isolés de granit qui ont surgi dans les parties centrales et vers le sud-
ouest du département.
» L'étude de ces pointements suffit bien souvent pour expliquer lançon-
figuration du sol, en même temps qu'elle révèle la nature et l'épaisseur des
roches dont le granit est recouvert encore aujourd'hui.
» Dans la haute chaîne des Vosges, iious voyons les roches cristallines
presque exclusivement au contact des terrains de transition appartenant à
plusieurs époques. Quelques lambeaux de grès rouge et de grès vosgien
épars à la surface de ces roches ne sont guère que des témoins isolés consta-
tant l'ancienne extension des roches arénacées secondaires..
» Dans la région septentrionale des montagnes, nous trouvons quelques
rares petits dépôts de terrain houiller, et, d'une manière beaucoup plus
prononcée, les grès rouges en assises de puissance fort variable.
» Le contact du granit avec les grès rouges se voit également près de
Remiremont des deux côtés de la Moselle.
» Plus à l'ouest, les roches cristallines sont immédiatement recouvertes par
le grès vosgien dont l'extension a été considérable, non-seulement dans le
sens de l'axe de la chaîne, mais encore dans le sens transversal; et nous
voyons ce dépôt de grès diminuer d'épaisseur de plus en plus à mesure
qu'on avance vers l'ouest, à ce point que, dans les vallons à l'ouest dé
Darney, il a souvent moins d'un mètre de puissance et qu'il n'existe plus
du tout à Passavant, non plus qu'à Chàtilldn-sur-Saône où les pointements
granitiques n'ont amené au jour que du grès bigarré.
» Plus au sud-ouest encore, ce dernier disparaît à son tour ; c'est ainsi
que dans le département de la Côte-d'Or, entre le souterrain de Blaisy et
Malain, le granit se montre au jour immédiatement recouvert par les
marnes irisées.
» Si nous mentionnons ce dernier pointement, c'est que nous le ratta-
chons aux nombreux accidents delà surface du sol, dont la plupart signalés
anciennement par M. Elie de Beaumont, ont été observés et décrits par nous
dans les journaux de nos courses géologiques dans le département des Vosges.
Ces mouvements du sol ont été la conséquence du soulèvement de la Côte-
d'Or dontils affectent la direction; le granit de Blaisy en particulier se trouve
sur le prolongement de pointements granitiques auxquels on doit attribuer
plusieurs chaînons de collines dans la région sud-ouest du département des
Vosges, et dont l'un notamment se dirige depuis les granits de Thunimont
(vallée du Coney) par ceux du Bas-du-Mont, jusqu'à celui de Passavant
(965)
(Haute-Saône) ; c'est une ligne de fracture qui, dirigée suivant un arc de
grand cercle, s'infléchit d'un peu plus d'un degré vers le sud (E. 3S°37'N.
à E. 4o° N.) à l'approche de Blaisy et s'étend sur environ 140 kilomètres de
longueur.
» Il n'est pas moins digne d'observation que nombre de ces soulèvements
granitiques ont été accompagnés de dégagements de chaleur, dont les roches
stratifiées superposées au granit portent les traces évidentes.
» Tantôt les grès rouges ont changé de nature d'une manière plus ou
moins complète, tantôt les grès vosgiens et les grès bigarrés amenés au jour
ont été frittes, quelquefois même fondus, ce qu'on voit entre autres d'une
manière bien frappante dans certaines assises de poudingues du grès des
Vosges, comme par exemple auprès de Plombières.
» Un des faits d'altération de roches secondaires les plus dignes d'atten-
tion se voit à peu de distance de Remiremont dans les deux lambeaux du
grès rouge, situés l'un à droite et l'autre à gauche de la vallée de la Moselle.
Ces roches, que l'on a rapportées à une époque beaucoup plus ancienne,
avaient été désignées comme vieux grès rouge, bien qu'elles ne présen-
tassent ni les caractères minéralogiques , ni les fossiles de ce dernier
terrain.
» Nous citerons principalement sous ce rapport la vallée des Roches en
amont du val d'Ajol, près Plombières, où l'une des roches modifiantes ap-
paraît au jour sous la forme d'un puissant filon de quartz blanc, qui coupe
obliquement la vallée et que l'on peut faire suivre sur 25oo mètres de lon-
gueur affectant une direction d'environ E. 35° N.
» Le quartz, en remplissant la fente pratiquée dans le grès rouge, en a dé-
taché de nombreux fragments qu'on y trouve empâtés, en même temps qu'il
a pénétré dans les fissures de la roche encaissante où il constitue de nom-
breux petits filons blancs, blanchâtres ou rougeâtres. Il y a tout lieu de
penser que la formation de ce filon a été accompagnée de sublimations mé-
talliques, telles que le chlorure de fer qui par double décomposition avec la
vapeur d'eau a donné naissance au fer oligiste qu'on trouve en groupes de
petits cristaux, comme dans quelques-uns des phénomènes volcaniques
modernes.
» Et quant au grès rouge encaissant, il a été modifié d'une manière plus
ou moins complète, ayant acquis tout au moins une consistance compacte
qui ne lui est pas habituelle.
« Le granit sous-jacent traversé par le filon de la vallée des Roches,
soulevé «oit à la même époque, soit déjà antérieurement, a donné lieu à des
(966)
dénudations très-variées ; tantôt il se montre complètement à découvert ;
tantôt c'est le grès rouge qu'on voit à la surface ; tantôt ce sont des lam-
beaux épars de grès Vosgien ; tantôt enfin le grès bigarré conserve sa posi-
tion relative, n'a été que déplacé, restant superposé au grès vosgien, au
grès rouge, ainsi qu'au granit qui constituait originairement le sol de la
contrée.
» A l'occasion de la présentation de ma Carte réduite, qu'il me soit per-
mis de rappeler que, dans une Notice accompagnant ma Carte géologique
au 8ooooieme, j'avais émis l'opinion que des dépôts sédimentaires avec osse-
ments de grands mammifères , appartenaient à l'époque tertiaire la plus
moderne. Mais je n'ai pas tardé à reconnaître que cette assimilation d'âge
était une erreur; l'espèce d'éléphant dans les débris duquel M. Bayle a re-
connu YElephas primigenius , prouve que ces dépôts appartiennent à l'épo-
que diluvienne. » ,
physique du globe. — Sur le mouvement des diverses ondes dont se compose
la marée; Lettre de M. Chazaixox à M. Élie de Beaumont.
« La dernière fois que j'eus l'honneur de vous voir, vous me fîtes quel-
ques questions sur le mouvement des diverses ondes dont l'ensemble con-
stitue la marée, et ce phénomène semblait vous intéresser, même sous le
point de vue géologique. Il serait possible, en effet, que les marées aient
joué un certain rôle dans la configuration générale de la croûte terrestre
lorsque sa fluidité lui permettait de se laisser mouler en quelque sorte par
l'action du Soleil et de la Lune, et que des pluies diluviennes venaient de
temps à autre solidifier en partie la crête de l'onde. La densité relative de
cette mer de feu pouvait d'ailleurs être telle, qu'il en résultât des marées
colossales, et quelque jour sans doute le génie des mathématiques saura
faire jaillir des formules les phénomènes qui ont dû se produire.
» Quoi qu'il en soit, j'ai pensé qu'U était intéressant de présenter, pour
divers points consécutifs du littoral, Y établissement (i) des ondes dont la
période est un demi-jour, un quart de jour et un sixième de jour lunaire,
ainsi que la grandeur relative de ces divers flux.
» Les résultats suivants sont la moyenne de cinq à six journées d'obser-
vations (a) faites à l'époque des syzygies, et les formules employées sont
(i) C'est-à-dire l'heure du maximum de chaque onde le jour de la syzygie lorsque le
Soleil et la Lune sont dans l'équateur et dans leurs moyennes distances à la Terre.
(i) Pour Cadix, je n'ai pu trouver que deux journées d'observations assez complètes.
(967)
celles que j'ai données page 1 76, tome VII des Annales hydrographiques .
Seulement, comme les observations n'ont été suivies que pendant treize à
quatorze heures et non pendant un jour lunaire entier, on n'a pu éliminer
l'effet de l'onde diurne. Nous avons donc pris, pour yjx, la valeur hx et non
la moyenne de hx et hi2+z, puisque cette dernière valeur est inconnue. Elle
diffère peu d'ailleurs de la première, car nous avons choisi, autant que pos-
sible, les observations faites vers les syzygies de septembre, époque où l'onde
diurne est nulle ou très-petite.
» Afin de rendre les comparaisons plus faciles, nous avons pris le nom-
bre 1000 pour représenter, dans chaque port, la grandeur de la marée
ordinaire.
NOM DU PORT.
Cadix
Socoa
Boucaut
Cordouan
Saiut-Nazaire
Le Palais
Brest
Boscoff
Ile Brehat
Saint-Malo
Les Ecrehoux
Ile d'Aurigny
Cherbourg
La Hougue. ......
Port-eu-Bessin , . . .
Plage de Merville . .
Le Havre
Fécamp
Dieppe
Boulogne
Calais
Dunkerque
Ostende
ANNEE
de
l'obser-
vation.
1807
1826
1826
1826
182!
1820
!8i6
i837
i83o
182g
i832
i832
i832
i833
i834
i834
i834
i834
i834
i835
i836
i836
i836
ETABLISSE-
MENT
du
port.
h a
I .26
3.3o
3.53
3.53
3.47
3 34
3.46
3.52
5.5o
6. 10
6.24
6.57
7.58
8.5o
g. 10
9.45
9.53
10.44
n. 8
n .26
n. 49
12. l3
12.33
ETABLISSEMENT DE L ONDE.
f jour.
I .29
3.25
4. 6
3.44
3.56
3.34
3-47
4. 2
5.54
6.27
6.43
6.58
8. 7
9.25
g.5o
10. 5
10.22
10.40
I I . I'2
n.58
12. i5
12.47
i3. 10
-jour.
8. 9
1 1 .22
2.46
o i3
1 .26
o.3i
,.44
i.33
4.53
5. io
5.28
5.23
6 22
6.57
7.25
7.46
8.16
8.35
9 5o
10 35
io.59
1 1 .5i
12 4'
•jour.
h n
I I .42
1.34
I . O
I I .4l
1 . I
n.56
2. 5
2.45
3 42
4 4o
4.16
5.25
7.24
7.35
7.41
8. 1
7-44
8. 8
g.5o
10.21
1 1 . 3 1
12. i5
AMPLITUDE DE L ONDE.
"2 J°ur.
992
IOO7
97°
97°
980
995
980
1040
994
99°
1002
1000
1007
1010
io35
1060
io5i
ioo5
980
1009
1020
1000
960
-jour,
33
25
92
35
92
64
26
5i
33
86
•94
38
77
106
125
i3o
io5
74
100
47
134
102
67
|jour.
!9
9
34
o
18
8
8
8
l5
23
'9
35
67
1 10
9°
64
27
39
5o
53
96
(968 )
» Si l'on examine la marche de ces ondes entre la Hougue et Ostende, on
voit que le temps employé est
il m .
3.55 pour l'onde de -jour.
5.44
4.5i
2 ■
1
4
1
6
Ainsi l'onde semi-diurne se propage plus rapidement que les autres ; mais ce
fait souffre des exceptions. Il serait d'ailleurs prématuré d'en tirer quelque
conséquence générale, car vraisemblablement chacune de ces ondes est la
résultante de plusieurs autres ondes de même espèce, dont quelques-unes
peuvent se propager en sens inverse et produire ainsi des irrégularités appa-
rentes dans l'amplitude et le mouvement du flux. »
A l'occasion de celte communication, M. Élie de Beaumont signale,
parmi les pièces imprimées de la Correspondance, un Mémoire sur les
marées diurnes solaires et lunaires de la côte de l'Irlande, par M. Sa-
muel Haughton.
physique. — Note sur la température à laquelle les liquides cessent de
mouiller les vases qui les contiennent; par M. C. Wolf, professeur de
physique au lycée de Metz.
« On sait depuis longtemps que la hauteur à laquelle un liquide s'élève
dans un tube capillaire décroît à mesure que la température augmente ; mais
on n'a jamais observé la loi du phénomène au delà de la température ordi-
naire d'ébullition du liquide. Il serait cependant intéressant de savoir si la
loi se continue au delà de cette limite, et si, par conséquent, il est une tem-
pérature à laquelle la hauteur capillaire devient nulle, au delà de laquelle
l'ascension se change en dépression. C'est ce fait, intimement lié à la théorie
si controversée de l'état sphéroïdal, que j'ai essayé de vérifier.
» En admettant que la loi du décroissement de la hauteur capillaire
obtenue par M. Brunner et plusieurs autres physiciens soit vraie au delà
des limites de leurs expériences, on arrive à cette conséquence que l'eau
cesserait de mouiller le verre et de s'élever dans un tube vers 536 degrés,
l'éther sulfurique vers 191 degrés. Ne pouvant, d'après ces données, opérer
sur l'eau, j'ai tenté l'expérience sur l'éther ordinaire du commerce.
(969)
» Dans un tnbe de verre de 1 centimètre environ de diamètre intérieur,
et à parois résistantes, j'ai introduit un tube capillaire et de l'éther sulfu-
rique, puis j'ai fermé à la lampe, après avoir chassé l'air. Ce tube a été placé
verticalement dans une cloche renversée pleine d'huile de lin, à côté d'un
second tube semblable, mais ouvert et plein d'huile dans laquelle plongeait
un thermomètre. Un double agitateur servait à établir l'uniformité de tem-
pérature.
» A mesure que la température s'élève, on voit la colonne liquide
s'abaisser rapidement dans le tube capillaire, et enfin vers J90 ou 191 de-
grés disparaitre complètement. En même temps la surface de l'éther dans le
large tube, d'abord concave, s'approche de plus en plus d'être plane, et le
devient enfin à cette même température.
» Si l'on continue à chauffer, on peut apercevoir le ménisque capillaire
au-dessous du niveau du liquide dans le vase extérieur. Vers 198 degrés, la
surface de l'éther, fortement convexe, semble se couvrir d un nuage épais
et ne présente plus qu'un contour mal défini. Enfin, à 200 degrés, comme
l'a déjà observé autrefois M. Cagniard-Latour, le liquide est complètement
réduit en vapeurs. Si l'on abaisse alors la température, le liquide réapparaît
subitement, et les mêmes phénomènes se reproduisent dans l'ordre inverse.
« Il paraît donc exister pour chaque liquide une température à laquelle
il cesse de mouiller le vase qui le renferme, température variable d'ailleurs
avec la nature du liquide et celle du vase, bien supérieure à la température
ambiante pour quelques-uns, mais qui pour d'autres, le mercure et le verre
par exemple, serait de beaucoup inférieure à cette même température.
N'est-il pas permis de conclure de là que très-refroidi, le mercure, s'il res-
tait encore liquide, pourrait mouiller le verre et s'élever dans un tube ca-
pillaire, au lieu de s'y déprimer, et d'établir ainsi une liaison toute natu-
relle entre deux ordres de phénomènes jusqu'ici isolés, l'élévation et la
dépression capillaire? »
physique. — Pile voltaïque à courant constant. (Extrait d'une Lettre de
M. V. Doat, addition à la communication faite dans la séance du 5 mai.)
« Depuis la présentation de ma pile galvanique, faite par M. Becquerel
dans la séance du 5 mai, j'ai examiné l'action de mes liquides excitants
sur les divers amalgames et les métaux purs, et je suis arrivé à obtenir
des éléments de pile électrique dépassant en énergie les éléments de pile à
acide nitrique portés à leur maximum de force, sans que la constance se
C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 20.) 1 27
( 97° )
soit montrée inférieure à celle de mes couples à mercure pur, et en restant
toujours dans la condition d'une révivification prompte, facile et écono-
mique, o
M. Le Coat de Saint-Haouen, qui en novembre 1847, Pr^s ^e partir
pour le Maroc, s'était mis à la disposition de l'Académie pour les recherches
scientifiques qu'elle jugerait utile de faire faire dans ce pays, annonce l'en-
voi prochain d'un liste des oiseaux du nord de l'Afrique qu'il lui sera pos-
sible de se procurer, et une collection presque complète des œufs de ces
oiseaux. Aujourd'hui il envoie un poisson, appartenant à l'ordre des Plec-
tognathes, qu'il s'est procuré à Tanger.
(Renvoi à l'examen de M. Duméril.)
M. Raynot envoie de Bruxelles un ouvrage imprimé, sur la géométrie et
la trigonométrie considérées dans leurs applications au cadastre.
L'auteur désire obtenir le jugement de l'Académie sur ce travail, dont il
avait déjà adressé en i85i une ébauche manuscrite.
On fera savoir à M. Raynot que, d'après une décision déjà ancienne de
l'Académie, les ouvrages imprimés ne peuvent être l'objet d'un Rapport.
M. Pons adresse de Bez, près le Vigan, un Note sur l'emploi du cautère
actuel dans les cas de tumeurs blanches, et adresse à cette occasion une
demande qui ne peut être prise en considération.
L'auteur d'une Note sur la navigation aérienne demande que son nom,
écrit sous pli cacheté, ne soit découvert qu'autant que l'Académie, approu-
vant son système, voudrait en recommander l'adoption au Gouvernement.
D'après un article du règlement de l'Académie concernant les pièces
anonymes, cette communication est considérée comme non avenue.
A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures trois quarts. E. D. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 11 mai 1 856, les ouvrages dont
voici les titres :
M. Liapounov. Résultats des observations sur ta (jrande nébuleuse d'Orion ,
faites à l'aide de la grande lunette parallactique de Kazan ; Rapport de M. W.
StruvE; br. in-8°.
(970
De orbita comitœ qui anno appariât disputationem academicam permittente
Imperialis Alexandrœ Universitatis Fennicœ amplissimo Mathematicorum et
Phjsicorum Ordine Prœside Nath. Gerh. a Schullen; p. p. auctor Laur. Leonh.
Lindelôff: br. in-4°-
Almœ Universitati Dorpatensi diem XII decembris anni MDCCCLII, quo
quinquaginta annos inde ab origine féliciter perfectos célébrât, pie gratulantur
spéculas in Rossia primariœ director et astronomi. Adjecta est Othonis Struvii nar-
ratio deparallaxi stellœ a Ljrœ . Petropoli, i852 ; br. in-4°.
Rapport/ait à M. le Directeur de l'Observatoire central sur les travaux de
l'expédition de Ressarabie, entreprise en i852 pour terminer les opérations de la
mesure de l'arc du méridien ; par M. Prazmovski, astronome de l'observatoire
de Varsovie ; br. in-8°.
Ueber... Sur la détermination de la parallaxe de l'étoile d'Argelander, par
M. Wichmann; Mémoire de M. W. Dôllen. Saint-Pétersbourg, i854; br.
in-4°.
Nachricht... Note sur l'achèvement de la mesure de l'arc compris entre le
Danube et la mer Glaciale; br. in-8°.
Uber die... Sur le degré d'exactitude et les corrections à faire aux distances
d 'étoiles observées par Hevelius avec son grand sextant ; par M. Lindeloef; br.
in-8°.
Rettificazione... Rectification géométrique et rigoureuse de la circonférence
du cercle par la géométrie élémentaire; par M. J.-B. Malacarne. Vicence,
i856; br. in-8°.
Introduzione... Introduction à la mécanique et à la philosophie de la nature;
jjarM. J. Gallo; vol. I; fasc. 3à 5. Turin, i856; in-8°. (M. Regnault est
invité à en faire l'objet d'un Rapport verbal. )
Reply... Réplique aux principes de Chimie agricole de M. Liebig ; par
MM. J.-B. Lawes et J.-H. Gilrert. Londres, i855; br. in-8°.
Kurze... Courte histoire de la syphilisation ; par M. Ernst Kaufmann;
br. in-8°.
L'Académie a reçu, dans la séance du 19 mai i856, les ouvrages
dont voici les titres :
Institut impérial de France. Académie des Sciences. Discours prononcés aux
funérailles de M. Rinet, le mercredi 14 mai i856; \ feuille in-8°.
Histoire des progrès de la géologie de 1 834 à i855; par M. A. d'Archiac,
publié par la Société Géologique de France, sous les auspices de M. le Ministre
( 972 )
de l'Instruction publique; t. VI; formation jurassique; Ve Partie. Paris, i856;
in-8°.
Mémoires de la Société Géologique de France; 2e série, t. V, IIe Partie. Paris,
i855;in-4°.
Feuille d'assemblage de la carte géologique des Vosges; par M. E. DE Billy,
Ingénieur en chef au corps des Mines; 1848.
Discours prononcés sur la tombe de M. A.-Th-A. Vidal (de Cassis), le
17 avril i856; br. in-8°.
Recherche de l'origine des températures pour servir à la construction d une
échelle thermométrique complète ; par M. A.-L.***. Marseille, i856; br. in-8°.
Recherches géogéniques; par M. E.-L. GuiET. Mamers, i856; br. in-8°.
Réflexions sur la géométrie; 2e édition ; parM. F. Raynot. Bruxelles, i856;
br. in-8°.
Metodo... Mètliodc pour trouver quatre racines réelles ou imaginaires d'une
équation , numérique donnée dans un ouvrage publié à Vienne, en 1 85a, par
M. Riedlde Leuenstern; par M. B.Tortolini. Rome, i855; br. in-8°.
Ricerche... Recherches analytiques sur les superficies annulaires à cône direc-
teur; parM. A. Rossi. Naples, i85i; in-4°.
Descrizione... Description des instruments adoptés pour la mesure de la base
romaine le long de l'antique voie Appienne; par le Père SECCHI. (Corrispondenza
scientifica inRoma; nos 22-23.)
Con quali mezzi... Sur des moyens employés à partir du septième mois de la
grossesse chez les femmes affectées d'une difformité du bassin; par M. Mina
Palumbo. Messine, 1846; in- 12.
Introduzione... Introduction à l'histoire naturelle des monts Madoni (Sicile);
parle même. Palerme, 1 844 j br. in-8°.
Sugli effetti.. . Sur les effets du buse employé par les femmes; par le même .
Palerme, i84i ; br. in-8°.
Su'... Sur les cosmétiques; par le même. Palerme, 1846 ;br. in-12.
Cronaca... Histoire de l'épizoo lie varioleuse qui a frappé les bêtes ovines en
Sicile, en i85a;par le même. Palerme, i853; br. in-8°.
The solar. . . Les marées diurnes solaires et lunaires sur les côtes de l'Irlande;
par le Révérend Samuel Haughton. Dublin, i855; in-4°.
On the. . . Sur les oiseaux faisant partie de collections envoyées de Santa-Fé de
Bogota; parM. Ph. Lutley' Sclater ; br. in-8°.
«s+O+SB
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 26 MAI 1856.
PRÉSIDENCE DE M. IS. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
physique mathématique.. — Du frottement considéré comme cause de
mouvements vibratoires ; par M. Duhamel.
« Le frottement a été considéré pour la première fois comme produisant
des vibrations et des sons, dans une Note que j'ai présentée à l'Académie
en 1 836, et qui avait pour objet l'action de l'archet sur les cordes. Je me
propose ici de généraliser le principe qui servait de base à cette théorie et
d'en faire de nouvelles applications.
» Les lois du frottement n'étaient pas assez connues du temps de Daniel
Bernoulli, pour que ce grand physicien pût penser à y rattacher cette action ;
et il fut obligé d'en chercher une explication dans une sorte d'assimilation
de l'archet à une roue dentée. Je crois avoir démontré, dans un Mémoire
présenté en i83g, qu'elle ne saurait être admise; et je n'en ai pas eu d'au-
tre à réfuter, parce que tous les traités d'acoustique ou de physique élémen-
taire parlent de l'emploi de l'archet, sans chercher à rendre raison de son
action.
» Lorsque j'eus donné la véritable cause du son produit, j'en calculai les
effets, et je parvins à cette première proposition générale :
» Le mouvement de la corde par rapport à la position d'équilibre qu'elle
prendrait sous l'influence d'une force égale à celle dujrottement, est le même
C. R., i856, i«r Semestre. (T. XLII, N° 21.) I 28
( 974 )
que celui de la corde librement abandonnée à elle-même en partant d'une
position initiale, qui serait relativement à sa position en ligne droite, ce que
celle-ci est par rapport à celle d'équilibre ci-dessus déjinie.
» Il résultait d'abord de cette proposition que sous l'action de l'archet
la corde devait exécuter des vibrations de même durée que lorsqu'elle est
pincée et abandonnée librement à elle-même ; que par conséquent elle de-
vait rendre le même son daas les deux cas : ce qui est conforme à l'expé-
rience.
» Mais il se présenta immédiatement à mon esprit une autre conséquence
nécessaire qui aurait pu m'inspirer quelque doute, si je n'avais été bien con-
vaincu de l'impossibilité de toute autre explication. Cette conséquence con-
siste en ce que :
» Le mouvement de la corde pincée finissant par s'anéantir par suite des
communications avec l'air et les supports, celui de la corde frottée par l'ar-
chet pendant un temps indéfini devrait, malgré la persistance de la cause,
finir lui-même par s'anéantir.
» Or, ce fait n'ayant jamais été énoncé, et pouvant même paraître assez
peu vraisemblable, il était nécessaire de le produire ou d'abandonner ma
théorie.
» Bien assuré d'y parvenir, je n'eus à m'occuper que de la recherche des
moyens les plus simples de produire un frottement constant et d'une durée
indéfinie. Il suffit pour cela d'employer une roue ayant son axe fixe, et
parallèle à la droite qui joint les deux extrémités fixes de la corde. Le
frottement de la roue met d'abord la corde en vibration, et fait entendre
le son fondamental. Mais si on la fait mouvoir assez rapidement pour que
son mouvement relatif soit dans un sens constant, et que par suite la direc-
tion de la force de frottement soit constante, on voit bientôt le son dispa-
raître ; la corde reste écartée de sa position naturelle, et par conséquent la
force de frottement continue à s'exercer, en même temps que le mouvement
de la roue continue indéfiniment.
» Ce fait curieux, que je venais ainsi de découvrir théoriquement et de
vérifier expérimentalement, ayant fortifié mes idées sur ce point important
d'acoustique, j'en étudiai de nouveau les conséquences, et je parvins à la
découverte d'un nouveau fait, plus singulier encore que le précédent, mais
qui cependant devait être réel si mon explication était juste. Ce fait consiste
en ce que Von peut établir entre la vitesse et la pression de l'archet des rap-
ports tels, que le son produit soit plus grave que le son fondamental. Et l'ex-
périence m'a fait voir, en effet, que l'on peut, au moyen de l'archet, tirer
(975)
d'une corde une multitude de sons fort au-dessous de celui que l'on avait
regardé jusqu'ici comme le plus grave. Ainsi la théorie que je proposais ré-
sultait nécessairement de l'existence évidente de la force de frottement, et
non-seulement elle s'accordait avec les faits connus, mais encore elle avait
conduit à deux découvertes singulières, dont la Vérification expérimentale
en donnait une confirmation qui ne laissait pas place au doute.
» L'action d'un ou de plusieurs archets, ou corps frottants quelconques,
étant remplacée par des forces connues, les petits mouvements d'un sys-
tème quelconque de points soumis à des actions de ce genre rentraient dans
les questions ordinaires de mécanique ; et, d'après cela, le problème géné-
ral pouvait être considéré comme résolu. Il n'était pas inutile cependant
de reconnaître les propositions générales, auxquelles on parvient pour un
système quelconque, et d'en faire l'application à des cas simples, différents
de celui des cordes élastiques. C'est aussi ce que je fis immédiatement. Je ne
publiai rien sur ces recherches, pensant que, d'après ce que j'avais fait con-
naître, chacun pourrait faire ces généralisations, ainsi que ces applications
nouvelles. Mais personne cependant n'ayant paru s'en occuper, j'ai jugé à
propos d'appeler ici sur ce point important l'attention des physiciens et des
géomètres.
» Je dois même dire que, bien loin de chercher à aller au delà de ce que
j'avais énoncé, on n'a pas encore introduit dans l'enseignement de l'acous-
tique la force de frottement considérée comme cause de vibrations; et les
recueils académiques étant moins lus que les ouvrages élémentaires, il est
vraisemblable que beaucoup de professeurs de physique sont hors d'état de
rendre compte du son produit par un archet. Us doivent en être presque
tous au point où l'on en était avant la publication de mon Mémoire; et je me
souviens qu'un illustre physicien me disait à cette époque qu'il n'avait jamais
bien compris jusque-là comment le contact de l'archet ne déterminait pas
un nœud dans la corde, comme le contact du doigt ou d'un chevalet.
» J'ai cherché à me rendre compte du silence des auteurs sur un sujet
aussi essentiel et aussi élémentaire, et j'ai pensé que cela devait tenir aux
procédés de démonstration que j'avais employés. Je faisais usage des équa-
tions aux différentielles partielles des cordes vibrantes, et les traités de phy-
sique ne peuvent supposer au lecteur des connaissances aussi élevées en
analyse.
» Dans ce Mémoire, je considérerai la force de frottement d'une manière
générale, qui renfermera comme cas particulier ce que j'ai dit à l'occasion
de l'archet; mais je n'emprunterai aux mathématiques que le principe de la
128..
(976)
superposition des petits mouvements. J'ai donné une démonstration aussi
élémentaire que possible de ce principe dans mon Mémoire sur les vibra-
tions d'un système de points matériels. D'ailleurs il est énoncé et employé
dans tous les traités élémentaires, principalement dans la théorie de
la lumière ; il n'y a par conséquent aucune raison pour qu'on n'en fasse pas
usage dans l'acoustique.
» Après avoir exposé la théorie générale, j'en fais l'application à un phé-
nomène que je n'avais pas considéré dans mon premier Mémoire, celui du
mouvement longitudinal des verges élastiques. J'indique le moyen le plus
régulier de le produire, et je démontre que le son doit être le même que
quand la verge est abandonnée à elle-même en partant d'un certain ébran-
lement initial. Je démontre que si le corps frottant a une vitesse constamment
supérieure à celle des points de la verge qui sont en contact avec lui, le son
finit par disparaître entièrement, quoique le frottement ait constamment
lieu; j'ai vérifié ensuite par l'expérience ce phénomène, analogue à celui que
présente la corde vibrante. Quant au phénomène de la production de sons
plus graves que le son fondamental, il est bien indiqué par la théorie; mais
il doit être bien moins facile de le réaliser, parce qu'il exige que le corps
frottant ait une vitesse moindre que les points de la verge : or le mouve-
ment de ces derniers est incomparablement moindre que celui qui a lieu
dans les vibrations transversales des cordes.
» Enfin on peut encore prendre pour exemple le cas des mouvements
transversaux des verges; le frottement produisant toujours le même effet
qu'un déplacement initial sans vitesse, on devra trouver les mêmes lois
pour les sons produits par des frottements transversaux que par tout autre
mode d'ébranlement transversal. C'est aussi ce que l'expérience confirme.
Et si elle est faite avec une précision suffisante, on devra constater la prompte
disparition du son, lorsque la roue frottante aura une certaine vitesse;
comme aussi l'abaissement du son au-dessous du son fondamental, lorsque
la pression sera assez considérable, et la vitesse de la roue suffisamment
petite.
» Au reste, toutes ces confirmations, si intéressantes qu'elles puissent être,
ne sont nullement nécessaires à l'établissement de la théorie exposée dans
ce Mémoire , et si quelquefois elles ne se vérifiaient pas , il n'y aurait pas
lieu pour cela de douter de l'exactitude de cette théorie, mais simplement
de rechercher les circonstances inaperçues qui ne permettraient pas d'en
appliquer les conséquences.
( 977 )
Introduction de la force de frottement dans un système de points en équilibre stable.
» i . Lorsqu'un corps exerce une pression sur un autre et que leurs sur-
faces glissent l'une sur l'autre, il se produit sur eux deux forces tangentielles
égales et opposées, que l'on nomme forces de frottement, qui dépendent de
la nature des forces, sont proportionnelles à la pression, et indépendantes
de la vitesse du glissement. Nous admettons ce principe comme résultant
d'un grand nombre d'expériences précises, du moins dans les limites où
nous nous renfermerons.
» Cela posé, considérons un système de points très-voisins les uns des
autres, formant soit un fil, soit un corps élastique quelconque, et dans un
état d'équilibre stable. Dans une ou plusieurs parties plus ou moins éten-
dues de sa surface établissons des contacts avec d'autres corps qui les
pressent, et glissent en même temps. Il se produira alors sur la surface du
système donné des forces tangentielles, qui seront connues de direction et
d'intensité^ si l'on donne la nature des surfaces en contact, la pression et la
direction du mouvement relatif. Dans ce cas, la recherche des différents
états par lesquels passera le système rentre dans la question générale de
l'équilibre et du mouvement de ce système sollicité par des forces données.
» Ainsi, lorsque l'on promène un archet sur une corde tendue, sur une
verge, sur une plaque, ou un corps quelconque, les effets produits pour-
ront être calculés en introduisant une force tangentielle, proportionnelle à
la pression exercée, et appliquée en un des points du contact, ou plutôt ré-
partie sur toute l'étendue de la petite surface de contact. On supprimera
alors la considération de l'archet, et l'on n'aura plus qu'à chercher le mou-
vement des points d'une corde ou d'un corps élastique quelconque sollicité
par des forces connues.
» Le principe de la théorie de l'action de l'archet étant ainsi établi, il
ne restera plus qu'à effectuer les calculs dans chaque cas particulier. Mais
cette manière d'envisager ces phénomènes, conduit à des propositions géné-
rales que nous allons faire connaître, et dont la vérification expérimentale
servira de contrôle à cette théorie.
» Nous commencerons par rappeler à cet effet quelques théorèmes re-
latifs aux mouvements très-petits des systèmes.
Du principe de la superposition des petits mouvements des systèmes.
» a. Dans mon Mémoire sur les vibrations d'un système quelconque de
points matériels, j'ai démontré, sans avoir recours à aucune intégration, plu-
(978)
sieurs théorèmes généraux, dont quelques-uns serviront de base aux dé-
monstrations qui vont suivre. Je vais rappeler en peu de mots en quoi ils
consistent.
» Ier Théorème. — Considérons un système de points matériels dans un
état d'équilibre stable, soumis à leur action mutuelle et à des forces exté-
rieures indépendantes du temps, et liés par des équations entre leurs coor-
données. Si on les écarte de leur position primitive, de telle sorte que les
distances des molécules voisines aient varié de quantités très-petites relati-
vement à ces distances, et qu'on leur imprime en outre des vitesses arbi-
traires ; on obtiendra après un temps quelconque les déplacements de cha-
que point, estimés parallèlement à trois axes fixes, en faisant la somme
algébrique des déplacements qu'on obtiendrait pour ces mêmes points après
un temps égal, dans tous les systèmes en nombre quelconque que l'on for-
merait en partant de déplacements et de vitesses assujettis à cette seule con-
dition : savoir, que la somme algébrique des déplacements initiaux recompose
pour chaque point le déplacement initial proposé, et qu'il en soit de même
pour les composantes des vitesses iniales. C'est-à-dire qu'il suffit toujours
que la superposition des systèmes initiaux reproduise le système initial
proposé, pour que la superposition des états qu'ils présentent respective-
ment après un temps égal , forme l'état réel du système proposé après ce
temps.
» IIe Théorème. — Si, outre le dérangement initial, on introduit de
nouvelles forces, indépendantes des déplacements, et que même quelques-
uns des points soient maintenus invariablement dans une position voisine
de celle qu'ils avaient dans la position d'équilibre, on pourra d'abord con-
sidérer le mouvement comme décomposé en deux autres. Le premier cor-
respondra à l'état initial proposé des points mobiles, en laissant fixement
dans leurs premières positions les points qui doivent subir un déplacement
fixe. Le second se rapportera à l'hypothèse où tous les points mobiles par-
tiraient sans vitesse de leur position d'équilibre, où les points dont le dépla-
cement doit être fixe auraient pris leur nouvelle position, et où l'on aurait
introduit les forces nouvelles.
» Le premier mouvement peut être décomposé en une infinité d'autres,
comme l'exprime le premier théorème. Le second peut aussi être décom-
posé en une infinité d'autres, assujettis à la seule condition que les déplace-
ments fixes et les forces introduites dans chacun d'eux étant composés
ensemble reproduisent les proposés. Dans ces derniers mouvements on par-
tira de déplacements et de vitesses nuls. Mais rien n'empêcherait de sup-
( 979 )
poser des états initiaux qui se détruiraient par leur superposition ; car, par
une décomposition indiquée précédemment, ils poliraient être remplacés
par des systèmes où il n'y aurait dans l'état initial ni déplacement ni vitesse;
et en outre par des systèmes qui se détruiraient constamment, parce que les
états initiaux superposés se détruiraient, et aucune cause de mouvement
n'existerait.
» Remarque.— Le premier de ces théorèmes exprime le principe de la com-
position et de la décomposition des petits mouvements dans les conditions
les plus ordinaires. Le second le généralise en s'appliquant au cas où il y
a non-seulement dérangement initial, mais introduction de forces constantes
et déplacement constant de certains points. Mais ils ne donnent aucun
moyen pour ramener ce cas à celui où le mouvement est dû simplement à
nn état initial donné. Or cette importante réduction peut se faire au moyen
d'une proposition générale que nous allons établir, et qui se trouve encore
dans le Mémoire déjà cité, sur les vibrations d'un système.
Comment l'introduction de forces, constantes en grandeur et en direction, et de déplacements
constants, peut être remplacée par un simple changement dans F état initial?
» 3. Le système proposé ne sera plus en équilibre lorsqu'on y introduira
de nouvelles forces, et que quelques-uns des points seront déplacés d'une
manière permanente. Mais avec ces nouvelles conditions il existe un état d'é-
quilibre possible; et nous supposons que dans ce nouvel état toutes les dis-
tances des points aient varié de quantités très-petites par rapport à elles-
mêmes,' et que les directions aient elles-mêmes infiniment peu changé. Il
résulte de là que si l'on avait à calculer le mouvement des points par rapport
à ce nouvel état d'équilibre, on serait conduit aux mêmes équations générales
qu'en partant du premier; parce que les coefficients constants qui y entre-
raient ne différeraient des correspondants que de quantités extrêmement
petites, que l'on pourrait négliger sans erreur sensible.
» Cela posé, rapportons l'état initial proposé aux nouvelles positions d'é-
quilibre. Les composantes des vitesses initiales parallèlement aux mêmes
directions seront évidemment les mêmes; mais les déplacements étant comp-
tés à partir d'origines différentes devront être augmentés des déplacements
même de ces origines, pris en sens contraires. La question devient donc la
même que lorsqu'il n'y a ni forces nouvelles introduites, ni déplacement
fixe d'aucun point. Il n'y a qu'un simple changement à faire dans l'état ini-
tial, et les lois générales reconnues dans ce premier cas subsisteront dans
l'autre.
( 980 )
» Si maintenant on considérait, relativement à la première position d'é-
quilibre du système, un état initial identique à celui dont il vient d'être
question relativement à la seconde, les équations générales du mouvement
étant les mêmes, comme nous l'avons remarqué dans ces deux systèmes, le
mouvement de chaque point serait le même dans l'un et dans l'autre, en les
rapportant à leurs origines respectives. Et comme il est préférable de rap-
porter tous les mouvements à la position primitive donnée d'équilibre sta-
ble, nous énoncerons de la manière suivante la proposition qui vient d'être
établie :
» Lorsque les points d'un système sont très-peu écartés de leur position
» d'équilibre stable, et reçoivent de petites vitesses quelconques; que de plus
» quelques-uns d'entre eux sont maintenus fixement dans leur nouvelle posi-
» tion et que l'on introduit des forces constantes quelconques : le mou-
» ment de chaque point du système sera le même par rapport à sa nouvelle
» position d'équilibré stable, qu'il serait par rapport à l'ancienne, si on
» ajoutait aux composantes de son déplacement initial, les composantes,
» changées de signe, du déplacement de la position d'équilibre.
Action d'un archet sur un système, lorsque sa vitesse relative est toujours de même sens.
» 4- Supposons d'abord que la pression exercée par l'archet sur le corps,
soit constante, et que sa vitesse soit toujours plus grande que celles des
points qu'il touche, le frottement sera alors constant en direction et en gran-
deur, puisqu'il est indépendant de la vitesse relative. On a donc introduit
ainsi une force constante en grandeifr et en direction. Au lieu d'un seul ar-
chet, on en peut supposer un nombre quelconque, et la question rentrera
toujours dans celle que nous venons de traiter. Nous pouvons donc énoncer
la proposition suivante :
» Lorsqu'un corps élastique, de forme quelconque, est frotté par un ou
» plusieurs archets exerçant des' pressions constantes, le mouvement de
» chacun de ses points par rapport à la position d'équilibre résultant de l'in-
» troduction des forces de frottement, est le même que celui qu'ils auraient
» par rapport à la première position d'équilibre, si l'on modifiait convena-
» blement l'état initial. Cette modification, consiste simplement à retrancher,
» des composantes des déplacements initiaux des différents points, les ac-
» croissements que subissent les coordonnées de ces points en passant de
» leur seconde position d'équilibre à la première,
» Si !a pression de l'archet n'était pas constante, mais variait très-len-
tement, on pourrait la considérer comme constante pendant un intervalle
(9*i )
fini, et recevant brusquement le petit accroissement qu'elle aurait acquis à
ce moment. On rentre alors dans le premier cas.
» 5. Lorsque le système est tel, qu'un état initial quelconque produit en
général un mouvement vibratoire à période constante, l'action d'un ou de
plusieurs archets produira un mouvement vibratoire de même période.
» En effet, l'action de ces archets peut être remplacée par une modifica-
tion dans l'état initial; et, par hypothèse, cette modification n'altère pas la
périodicité du mouvement. Ainsi, par exemple, une corde élastique pincée
fait entendre le même son fondamental, de quelque manière qu'elle soit
écartée de sa position rectiligne entre ses deux extrémités fixes. Donc le
frottement de V archet sur cette corde jera encore entendre ce même son fon-
damental, pourvu toutefois que la vitesse relative de l'archet et de la corde
soit toujours de même direction. Si la pression changeait lentement, elle
pourrait être considérée comme la même pendant un assez grand nombre de
vibrations de la corde. Le son sera donc sensiblement le même pendant
toute la durée du frottement. L'expérience confirme ces indications de la
théorie.
Cessation du son malgré te mouvement de l'archet.
» 6. Lorsque la vitesse de l'archet surpasse constamment celle des points
en contact, nous avons démontré que le mouvement était le même par rapport
à la position d'équilibre sous l'influence, de la force de frottement, qu'il se-
rait par rapport à sa position primitive d'équilibre, en partant d'un cer-
tain état initial. Or dans ce dernier cas l'expérience montre que, par suite
des résistances négligées dans le calcul, le mouvement finit promptement
par s'éteindre. Il résulte donc de notre théorie qu'il en doit être ainsi du
mouvement produit par l'archet : qu'il doit s'éteindre, quoique l'archet con-
tinue indéfiniment à se mouvoir en produisant le même frottement; et que
l'état final de repos est celui dans lequel il y a équilibre entre toutes les for-
ces du système et celle que produit ce frottement.
» Ce phénomène, que rien n'avait annoncé avant cette théorie, a été véri-
fié par moi dans le cas particulier des cordes vibrantes, et indiqué dans mon
premier Mémoire. Il se trouve établi maintenant avec toute la généralité dont
il est susceptible.
Action d'un archet dont la vitesse relative n'est pas toujours de même sens.
» 7. Si, par suite de l'état initial et de la constitution du corps, il arrivait
que la vitesse des points en contact avec l'archet fût tantôt plus grande et
tantôt plus petite que celle de ce dernier, la force changerait de sens, et les
C. R., im.i" Semestre. (T. XLH, N°.2I.) l 29
(98a )
conséquences précédentes ne subsisteraient plus. Il faudrait à chaque chan-
gement concevoir le nouvel état d'équilibre correspondant, et prendre pour
état initial l'état actuel du système. C'est ainsi que l'on calculerait l'effet d'un
léger obstacle opposé au mouvement par le frottement sur un corps immo-
bile : par exemple, lorsque l'on applique légèrement le doigt sur une corde
mise en mouvement par un archet, la résistance change alternativement de
sens, et pourvu qu'elle dépasse une certaine limite, le point de contact finit
par devenir immobile, et forme ce que l'on appelle un nœud.
» Il peut encore arriver que le point de contact parvenu à la même vi-
tesse que l'archet, soit obligé de le suivre à cause de la résistance que le frot-
tement lui oppose, ou encore parce qu'il aurait atteint sa vitesse maximum.
Dans ce cas la durée de la vibration dans ce sens peut être augmentée d'une
quantité plus ou moins grande, dépendante de la pression et de la vitesse de
l'archet. Le son s'abaisse alors, puisqu'il y a moins de vibrations dans le
même temps. Cette conséquence de ma théorie a été développée dans mon
ancien Mémoire sur l'action de l'archet sur ces cordes. Je l'ai vérifiée par
l'expérience, et j'ai ainsi prévu et constaté ce phénomène inattendu, de sons
nets et fort au-dessous du son fondamental.
Vibrations longitudinales des verges.
» 8. Lorsqu'une verge vibre longitudinalement, on peut supposer ses deux
extrémités fixes, ou bien l'une fixe et l'autre libre, ou enfin toutes les deux
libres.
» Considérons d'abord le premier de ces cas, et supposons qu'on pro-
duise un frottement constant dans une partie déterminée de sa longueur,
ce qui peut être facilement réalisé au moyen de roues situées de côtés
différents de la verge et tournant autour de leurs axes respectifs, en exer-
çant sur elle des pressions invariables; plus la verge sera mince, moins il
y aura d'inexactitude à supposer que les forces résultant de toutes ces
pressions sont réparties uniformément sur toute l'aire de la section trans-
versale, au lieu de l'être seulement sur son périmètre; et l'on pourra, par
conséquent, regarder le mouvement général comme ayant lieu par sections,
et dépendant d'une seule coordonnée.
» Cela posé, les forces produites par les divers frottements exercés en
un nombre quelconque de points de la verge, en ayant égard à la fixité de
ses deux extrémités, détermineraient un état d'équilibre dans lequel, en
général, toutes les sections seraient écartées de leur position naturelle,
excepté les deux extrêmes. Or, d'après le théorème général démontré ci-
(983)
dessus, le mouvement de chaque section, par rapport à la position qu'elle
occupe dans cet équilibre, est le même qu'il serait par rapport à sa position
primitive, si on l'écartait de celle-ci d'une quantité égale et de même
sens, que celle-ci l'est de sa position dans l'équilibre dont il vient d'être
question.
» La question proposée du mouvement produit par les frottements, étant
ainsi ramenée à la question connue du mouvement des différentes sections
écartées de leur position naturelle et abandonnées sans vitesse, se trouve
complètement résolue.
» Et il en serait de même pour les deux autres cas des verges. De sorte
que les lois des sons produits par le frottement sont absolument les mêmes
que ceux que produirait toute cause qui déplacerait les tranches et leur
imprimerait une vitesse quelconque, comme par exemple un choc longitu-
dinal. L'expérience vérifie pour les verges ce résultat de la théorie,
comme elle l'avait fait pour les cordes.
» Nous supposons ici que les forces de frottement conservent chacune
leur sens et leur intensité; et il faut pour cela, non-seulement que la pres-
sion soit constante, mais encore que la vitesse relative du corps frottant et
de la partie de la verge en contact avec lui soit toujours de même direction.
On se mettra dans ces conditions, en donnant à ce corps une vitesse suffi-
sante ; mais alors il devra se présenter encore, comme dans le cas des cor-
des, ce phénomène remarquable, que le mouvement et le son devront
s'affaiblir et disparaître promptement, quoique les roues frottantes conti-
nuent leur mouvement. Les positions qu'occuperont les sections de la verge
dans cet état limite, seront précisément celles de l'équilibre sous l'action des
forces de frottement. La vérification ne peut en être faite aussi facilement
que dans le cas des mouvements transversaux des cordes, vu la petitesse
des déplacements longitudinaux ; mais la cessation du son est un phéno-
mène très-facile à constater, et V expérience a complètement confirmé les
prévisions de ma théorie.
» Enfin, pour les verges comme pour les cordes, on peut concevoir que
la vitesse de la roue ne soit pas toujours supérieure à celle que les sections
en contact tendent à prendre ; et alors il devra y avoir abaissement du son.
Mais il est peut-être un peu difficile d'assujettir la roue à un mouvement plus
lent que celui des sections ; je ne crois pas impossible d'y parvenir, mais
je n'ai pas fait usage d'appareils assez précis pour produire ce curieux résul-
tat que j'avais constaté facilement dans le cas des cordes. Je serais heureux
d'apprendre que quelque babile expérimentateur y fût parvenu.
129..
( 9»4 )
Vibrations transversales des verges.
» 9. Notre théorie, s'appliquant à tous les systèmes de points et à tous les
frottements qu'on y peut appliquer, on peut supposer la direction du frot-
tement perpendiculaire à la longueur de la verge. Les mouvements trans-
versaux qui en résulteront seront donc périodiques comme ceux qui pro-
viennent d'un écartement transversal. On aura les mêmes lois pour les sons
produits, et l'on reconnaîtra, comme pour les cordes, les phénomènes de la
disparition du son, et de l'abaissement au-dessous du son fondamental.
» 10. Remarque. — TNous avons supposé les vibrations longitudinales des
cordes ou des verges produites par des frottements exercés en des points
invariables, et il suffisait pour cela de prendre pour corps frottants des
roues tournant autour de leurs axes immobiles. Mais le plus ordinairement
on ne met pas une si grande précision dans les moyens d'exécution, et le
frottement est produit par un corps qu'on fait glisser le long de la corde
ou de la verge.
» Plaçons-nous dans ces conditions, en supposant que le contact du
corps frottant ait lieu dans une assez grande longueur, et que la vitesse de
ce corps soit très-petite. Dans un intervalle de temps très-court, mais dans
lequel cependant les sections ont pu exécuter un assez grand nombre de
vibrations, le corps frottant aura abandonné d'un côté une petite étendue
de la verge, et en aura gagné une égale de l'autre. La plus grande partie de
la longueur sur laquelle s'opère le frottement sera donc restée la même
pendant ce temps, et une petite partie des forces se trouvera seule déplacée
et portée de l'arrière à l'avant On peut donc se regarder comme étant sen-
siblement dans le cas de forces constantes appliquées à des points constants,
au moins pendant le temps nécessaire à l'accomplissement d'un grand
nombre de vibrations, et, par conséquent, ces vibrations doivent être sensi-
blement les mêmes que si le frottement avait rigoureusement lieu aux
mêmes points du corps.
» Toutefois, on doit dire que ce résultat n'est qu'approximatif; et, bien
que l'expérience ne fasse pas apercevoir en général de différence entre les
effets produits dans ces différentes circonstances, il est certain que l'éten-
due du contact et le mouvement du corps frottant pourraient être supposés
tels, que le déplacement rapide et irrégulier des points d'application des
forces ne permît pas l'établissement d'un son constant, ni peut-être même
d'aucun son. Il est au reste bien facile de reconnaître qu'on peut pendant
très-longtemps frotter une verge en changeant irrégulièrement les points
(9«5 )
de contact, sans qu'il en résulte aucun mouvement vibratoire régulier. Il
est donc à désirer que, dans les appareils destinés à des expériences pré-
cises, le frottement soit produit au moyen de roues tournant autour de
leurs axes immobiles. On aura ainsi l'avantage de produire toujours des
sons très-purs, et qui pourront être entretenus aussi longtemps qu'il sera
nécessaire. »
calcul intégral. — Note de M. Liouville.
« J'ai démontré ailleurs (*) que la considération de la première des
fonctions
,. _ df df r /• df df{,.
que l'on doit former pour développer en série suivant les puissances de x
ou de {jjc — a) l'intégrale de l'équation
peut être quelquefois utile à un autre point de vue. En effet, si un paramè-
tre a contenu dans^/'se trouve avoir disparu dans/j , cela indiquera que
est une différentielle exacte, en sorte qu'on pourra alors écrire de suite l'in-
tégrale
I .%-^idy —fdx) = constante
de l'équation différentielle proposée.
» Il y a un théorème analogue pour un système d'équations différentielles
simultanées
df Y dL~\ — — 7
dt ~ A' dt ~ '•••■ dt ~L"
quand X, Y,..., Z désignent des fonctions de t, or, y,..., z provenant d'une
même fonction S par des dérivations partielles respectivement relatives à
x, j,..., z de manière que
X = — Y=— • Z— — •
dx dy ' dz
(*) Foir\e Journal de Mathématiques, année i855, page i43.
( 9»6 )
Les premières fonctions qu'on ait à former ici pour développer x, y,.--, t
suivant les puissances de t ou de ( t — a ) sont
z_£ZrfZ£Z \ dZ
dt dx djr '" dz '
Or s'il arrive qu'un paramètre a contenu dans une au moins des fonctions
X, Y,..., Z ait disparu dans toutes les fonctions X, , Y,,..., Z, , je dis
qu'on trouvera aisément un système de facteurs P, Q,..., R rendant
P (dx - Xdt) •+■ Q (dy - Xdt) + ... -4- R(dz - Zdt)
une différentielle exacte de dy(t, x,y,..., z) et fournissant en conséquence
une intégrale
tp (t, x, y,..., z) = constante
du système d'équations différentielles posé plus haut. Il suffira de prendre
p _ dX _ rf'S „ _ £Y _ rf'S _ dZ __ rf'S
fl ' rt fi 'nf fi r* ^ fi »v f/*s f/ « An
dct dx dy. ^ da. dy du. dv dzdv.
» L'intégrale sera évidemment de la forme
-7- = fonct. (t, a) -t- C.
«a . '•■ '
» Ce théorème est surtout curieux à cause de l'usage nouveau et singu-
lier qu'il montre que l'on peut faire des fonctions X, , Y, ,..., Z, , dont le
calcul est indiqué pour un tout autre objet dans les traités élémentaires. Je
n'ôterai rien de l'intérêt que cette circonstance lui donne en ajoutant que
l'on pourra aisément, si l'on veut, le rattachera des théorèmes connus, bien
qu'il m'ait été fourni d'abord par une méthode directe fort simple. La vé-
rification à posteriori est du reste si facile, que je supprime pour le moment
toute autre démonstration.
» En premier lieu, il est clair que, pour les valeurs de P, Q,..., R don-
nées plus haut, les conditions d'intégrabilité de la formule
P(dx-Xdt) + Q(dy- Ydt) -+-...+ R{dz - Zdt)
( m )
sont remplies d'elles-mêmes quant à ce qui concerne les coefficients des dif-
férentielles dx, dy,..., dz comparés entre eux. Restent les conditions qui
naissent de la comparaison de ces coefficients avec celui de dt ; or elles peu-
vent aisément s'écrire ainsi :
da ~~ °' da ~~ °'""' da ~~ '
et, par conséquent, elles reviennent à dire avec nous que a ne doit plus en-
trer dans les fonctions X, , Y, ,..., Z,.
» On comprendra la liaison de notre théorème avec les belles recherches
de Jacobisur la mécanique, en observant que les équations
c/X, dY, rfZ,
da du da.
peuvent être remplacées par une condition unique, à savoir que la quan-
tité
„, cPS <PS dS d>S dS d'S rfS
^--r-T--r +•••+ -7-7-3-'
dtda dxda dx dyda dy dzda dz
qui peut être mise sous la forme
1 -d*idt + *\dx) +*\dr) +---+ ■>. \dt) y
ne contienne plus x, y,..., z, et se réduise à une simple fonction de t et
de a.
» Remarquons en passant que si les équations dont nous parlons, sans
avoir lieu en général, étaient vérifiées par une valeur particulière de a, ou,
ce qui revient au même, si T contenant en général x, y,..., z et t se rédui-
sait pour a = at à une simple fonction de t, notre théorème subsisterait
pour cette valeur particulière a».
» Je n'ai pas besoin d'ajouter que si d'autres constantes |3, 7,..., distinctes
de a, disparaissaient aussi dans le passage de X, Y,..., Z à X, , Y, ,..., Z, ,
cette circonstance fournirait de nouvelles intégrales, et même quelquefois
toutes les intégrales qu'on a à chercher. Mais il est bon d'observer qu'on
peut tirer le même parti du cas où une des variables t, x,y,..., z vient à
manquer dans X, , Y( ,•••> Z,. Si, par exemple,^ disparaît dans ces fonc-
tions, vous remplacerez dans l'expression des facteurs P, Q,..., R la dériva-
tion relative à a par une dérivation suivant y. Ce cas, du reste, se ramène à
celui où c'est un paramètre qui a disparu, en ajoutant à la variable une con-
( 988 )
stante arbitraire qui disparaîtra naturellement avec elle et qu'on pourra
ensuite réduire à zéro après avoir ensuite remplacé la différentiation qui
la concerne par une différentiation rapportée à la variable qu'elle accom-
pagne. »
analyse mathématique. — Note sur les fondions elliptiques; par
M. Stcrm. (Tirée des papiers de l'auteur et communiquée à l'Académie
par M. Liouville.)
« L'intégrale sous forme algébrique de l'équation
dx dy
, - + ,-l— =o
\/i — X* \ji — y' »
s'obtient aisément, comme on sait [*], au moyen d'une intégration par par-
ties. En mettant cette équation sous la forme
dx sj i — y2 4- dy \ji — x2 = o,
on en déduit
j dx s/ 1 —y2 -h l dy s] i — x2 ses constante.
Or, en intégrant par parties, on a
j dx \/i — y2 = x sji — y2 + / -=^
Jdys/i — x*= y \ji — x2 -h |<-j=
■ dy
et
xy dx
Ajoutant et observant que les termes sous le signe / donnent une somme
nulle en vertu de l'équation différentielle proposée, on trouve l'intégrale
algébrique
x \j\ — y2 ■+■ y \J i — x2 = constante.
» La constante arbitraire qu'elle contient est la valeur de y pour x = o.
[*] Voir, par exemple, Lacboix, Traité du Calcul différentiel et du Calcul intégral, tome II,
page 473.
(989)
Posons
X* dx
/ _ ; = a, xz=sma, yi — x' = cosa,
et de même
rr dy
Jo Jfr^ = P' J=sin|3, y/i- j*=cosf3.
Nous aurons
da-h dfi = o,
d'où
a + j3 = 7,
7 étant une constante. D'ailleurs, pour a = 6, on a
x = o, p = y, ^=siny.
La constante de notre intégrale est donc siny. Par suite, il vient
siny ou sin(ee ■+■ /3) = sinacos/3 -4- sin^cosa.
C'est la formule fondamentale de la théorie des fonctions circulaires.
» Le même procédé s'applique facilement à la recherche de l'intégrale
d'Euler qui donne la formule fondamentale de la théorie des fonctions
elliptiques.
» Soit, en effet,
dx dy
, , = H" , ; = O.
yi — x' yi — c2x2 v1— .r'v1 — c7x*
En multipliant parle produit des dénominateurs et divisant par 1 — c2x2j2,
on a
/\ll—y7\]i — c'y7 , C\l i — x' 1/1 — c7x~ j
2 , , , dx-h I- t~z—, — -dr = constante.
1 — c» x7y7 J i — c7 x7y7 J
Or, en intégrant le premier terme par parties , on obtient
/y/] — y7 sjt — c7y7 , x \/i — y'v'1 — c'y7
i — c'a;2/2 " 1 — c7x7y7
/{i-\- c7){i + c7x7y7) — lc7x7 ~ 7.c7y7 rfj-
W ' (i-c>x>yy ~ jTzrpfrirïy-*
C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 21.)
i3o
( 99° )
En échangeant entre elles les deux lettres x et y, on aura le second terme ;
ajoutant donc et observant que les termes sous le signe / donnent une
somme nulle en vertu de l'équation différentielle proposée, on trouvera
— — J ,,, ï = constante.
La constante du second membre est la valeur de y pour x = o.
Posons
J, , = a, âfsçS(a), y/i — x2 = C(a). \Ji — c2x2 = R(a),
0 yi — x> yi — r'x1
et de même * »
Jo sji—y^i — c'r2
Nous aurons
da + </j3 = o,
d'où
a -4- |3 = y,
y étant une constante. D'ailleurs pour a = o, on a
x=o, /3 = y, 7 = S (y).
La constante de notre intégrale est donc S (y). Par suite il vient
S(y) ou S(aH-l3)=SifflM)+igp^)
C'est la formule fondamentale de la théorie des fonctions elliptiques.
» Elle donne S (a — (3) en changeant le signe de S (/3 ). On peut aussi en
déduire C (a rt |3) et R (ait /3). »
M. Dumékil informe l'Académie que le poisson rapporté de Tanger par
M. Le Coat de Saint-Haouen, et présenté dans la séance du 19 mai i856 à
l'Académie, qui l'avait renvoyé à son examen , est YEphippium macula-
tum, Bibr., espèce fort rare, dont le Muséum ne possède qu'un individu
rapporté de Gorée.
( 991 )
astronomie. — Eléments elliptiques de la planète Harmouia;
Lettre de M. B. Valz à M. É lie de Beaumont.
« Je viens vous transmettre , en vous priant de les communiquer à l'Aca-
démie, les éléments elliptiques à'Harmonia que je viens d'obtenir, et qui
pourront être utiles pour retrouver plus facilement cette planète après la
pleine lune et les temps couverts s'ils continuent à régner comme jusqu'à
ce jour , d'autant que cette planète se trouvant vers sa station éprouve une
grande déviation dans son cours apparent. J'ai conservé les secondes don-
nées par le calcul, quoiqu'elles soient fort illusoires dans ses éléments pro-
visoires, ainsi qu'on peut le voir en les comparant avec ceux de M. Pape,
qui en diffèrent de 10 degrés environ sur le périhélie, de 9 degrés sur le
nœud, et de 12 degrés sur l'angle de l'excentricité d'après ce qui suit :
Époque 23.417 avril i856. T. M. de Marseille.
Anomalie moyenne 175° 45' 36"
Longitude du périhélie.... 24- 29. 12.
Nœud ascendant g3. 3o. fô.
Inclinaison 4- '6. 36.
Angle de l'excentricité.... 2. 4<>. 12.
Demi-grand axe 2.2709
Mouvement moyen diurne. io36",83
NOMINATIONS.
L'Académie procède par la voie du scrutin à la nomination de la Com-
mission qui sera chargée de l'examen des pièces admises au concours pour
le prix de Statistique.
MM. Bienaymé, Ch. Dupin, Mathieu, de Gasparin et Boussingault réu-
nissent la majorité des suffrages.
MÉMOIRES LUS.
travaux publics. — Moyens de forcer les torrents des montagnes à rendre
à l'agriculture une partie du sol qu'ils ravagent; par M. Rozet.
(Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Élie de Beaumont, de Gasparin, M. le maréchal
Vaillant.)
« L'établissement et l'existence d'un torrent dépendent principalement
de la constitution géologique du sol ; quand celui-ci offre à sa base des
i3o..
( 99a )
roches d'une facile décomposition, comme dans les Alpes, les torrents s'y
établissent très-facilement.
» Les grands torrents prennent généralement naissance dans des cir-
ques, sur le fond desquels il existe toujours une quantité de débris pier-
reux tombés des escarpements. Ce sont ces débris emportés par les eaux,
qui vont ravager le sol des vallées. Dans les cirques, les parois sont sillon-
nées par de nombreux ravins qui viennent aboutir à un canal creusé dans
le fond, sortant du cirque par une gorge étroite comprise entre des rochers
escarpés. L'ensemble de toutes les surfaces qui versent leurs eaux dans un
cirque et ce cirque lui-même, se nomment bassin de réception. On appelle
canal de réception celui du fond du cirque dans lequel viennent se réunir
les eaux et les pierres; lit de déjection, un espace plus ou moins étendu
au sortir de la gorge du cirque, sur lequel le torrent dépose en éventail
une partie des matériaux qu'il charrie; enfin lit d'écoulement, l'espace com-
pris entre la fin du lit de déjection et la rivière. Sur chaque côté d'une
rivière un peu considérable il existe un certain nombre de torrents présen-
tant chacun toutes ces parties.
» Le lit d'une rivière dans les montagnes présente une suite d'étrangle-
ments et de renflements. Les étranglements sont des canaux étroits, souvent
compris entre des rochers très-élevés qui s'écartent en s'élevant. Les ren-
flements offrent de grandes plages couvertes de cailloux et de quelques
dépôts limoneux. Dans ces plages, la rivière suit rarement un canal unique :
elle se divise ordinairement en plusieurs branches. C'est dans les renfle-
ments qu'il est possible de reprendre à la rivière une partie du terrain qu'elle
dévaste.
» Dans les vallées des Alpes, lors des chaleurs de l'été, les plages cail-
louteuses sont presque à sec; on n'y voit que de minces filets d'eau, qui
n'empêchent pas le piéton de passer ; les grandes rivières elles-mêmes, la
Durance, le Drac, le Verdon, etc., laissent alors à découvert une immense
quantité de terrain qu'elles inondent à la première grande pluie.
» Lors de la fonte des neiges et des pluies ordinaires, les eaux se rendant
d'une manière continue dans le canal de réception, s'y divisent en filets à
travers les débris qui l'encombrent et dont elles n'emportent qu'une petite
quantité. Mais comme une rivière un peu étendue reçoit les eaux d'un
grand nombre de torrents, il se trouve encore une assez grande quantité
de cailloux dans son lit.
» Dans les orages il tombe subitement, souvent en moins d'une heure,
une grande quantité d'eau dans le bassin de réception ; cette eau accumulée
(993 )
dans le cirque, dont la gorge étroite retarde son écoulement, forme une
masse d'une grande épaisseur, dont la poussée entraîne les débris pierreux
qui sortent, mêlés d'eau et de boue, par la gorge, avec une grande vitesse.
En s' étalant sur le lit de déjection, le liquide dépose une partie des matériaux
qu'il charrie et emporte le reste dans la rivière, dont le niveau s'élève alors
subitement. Quand la crue, après avoir traversé une gorge, arrive sur une
plage, elle la couvre d'une nappe qui a très-rarement 3 mètres d'épaisseur.
Dans le sens vertical, cette nappe se divise en deux zones distinctes : une
inférieure, dont l'épaisseur n'atteint jamais la moitié de celle totale, où se
trouvent les cailloux ; et l'autre supérieure, où il n'existe que du limon et
quelques petites pierres. Sur les plages restées à sec après les crues, j'ai con-
staté que des blocs inférieurs à un mètre cube, n'avaient point été déplacés et
avaient déterminé autour d'eux de notables dépôts de cailloux, et dans les
anfractuosités de ceux-ci, desdépôtsdelimon, dont l'épaisseur dépassait om, i .
Quand plusieurs blocs se sont trouvés assez rapprochés et disposés à la suite
les uns des autres dans la direction du courant, il s'est formé à leur pied une
bande de cailloux et, du côté opposé, une de limon.
» Ce qui précède me paraît suffisant pour l'intelligence du système de
barrages que j'ai inventé, destiné à changer complètement le régime des tor-
rents, et par suite celui des rivières dans lesquelles ils portent leurs eaux,
et faire enfin que de destructeurs qu'ils sont, ils deviennent producteurs.
» En commençant les travaux à la source et les étendant dans tout le lit
de la rivière, on diminuera la vitesse de l'eau progressivement, jusqu'à pou-
voir facilement la forcer à s'étendre en nappes peu épaisses sur les plages des
vallées. Alors à peu de frais il sera possible de la forcer à déposer, sur une
partie donnée de ces plages, le limon qu'elle transporte, et à s'écouler, d'un
autre côté, dans le lit qu'on lui aura assigné.
» D'après la description que nous avons donnée des torrents et des phé-
nomènes qu'ils présentent, on comprend que les premiers travaux doivent
avoir pour but d'empêcher, autant que possible, les débris pierreux de s'ac-
cumuler dans les canaux de réception et d'en sortir quand ils s'y sont ac-
cumulés. En disposant convenablement les gros débris qui se trouvent au pied
des escarpements sur le fond des bassins de réception, il sera possible d'ar-
rêter une grande partie des matériaux d'éboulement en les forçant à se
disposer en 'nappes coniques qui revêtent et préservent les talus marneux.
» Si, pour empêcher les pierres de franchir la gorge du cirque, on em-
ployait des digues pleines, elles seraient bientôt détruites. La gorge d'un
cirque est ordinairement formée par des rochers élevés. Au moyen de la
(994)
poudre, on peut jeter, à peu de frais, une partie de ces rochers dans le
canal, l'obstruer ainsi, dans une assez grande étendue et jusqu'à la hauteur
où il s'élargit notablement ; les quartiers tombés laisseront entre eux des
vides qui, en permettant à l'eau de passer, arrêteront les pierres qu'elle
charrie. Quand l'eau s'élèvera au-dessus de la digue, elle coulera dessus en
formant une nappe mince contenant peu de pierres et ayant perdu une
grande quantité de la vitesse initiale. Nous aurons ainsi une digue criblante
qui forcera le lit de déjection à s'établir dans l'intérieur même du cirque.
Sur les points rares où les gorges ne sont pas formées par des rochers,
on pourra remplacer ceux-ci par des blocs faits avec de la chaux hydrau-
lique et les débris pierreux qui gisent dans les canaux de réception.
» Les étranglements des vallées sont tout à fait semblables aux gorges
des cirques ; avec la poudre, nous jetterons encore dans ces étranglements
une partie des rochers qui les forment, et nous obtiendrons encore ainsi
d'énormes digues criblantes qui, arrêtant les cailloux, laisseront passer
l'eau chargée de limon. Cette eau ayant perdu une grande quantité de vitesse
en passant à travers et par-dessus les digues criblantes, il nous sera facile
de la forcer à s'étendre en nappes peu épaisses sur la portion de la plage en
aval que l'on veut rendre à l'agriculture. De tels travaux, exécutés dans
toutes les parties du cours d'une rivière pouvant lui fournir des avalanches
de débris pierreux, amèneront les eaux affluentes à ne plus transporter que
du limon qu'il sera facile de faire déposer où l'on voudra.
» Nous avons dit, plus haut, que les nappes d'eau chargées de débris
pierreux qui viennent actuellement envahir les plages, n'ont jamais 3 mètres
d'épaisseur, et que cette épaisseur présente deux étages ; nous avons dit
aussi qu'il suffisait d'un bloc de i mètre cube pour résister à l'action en-
traînante de l'eau ; c'est sur ces principes qu'est fixé mon système de barrages
pour les plages.
» La largeur du lit d'écoulement étant établie sur une plage, à partir du
débouché de la gorge, en amont, où est établie une digue criblante, en
partant d'un obstacle naturel, une masse de rochers par exemple, j'établis
une ligne de blocs parallèle à l'axe du canal que j'ai fixé pour l'écoulement
de l'eau. L'expérience m'a prouvé que les blocs pouvaient être placés jus-
qu'à 10 mètres de distance les uns des autres. En leur donnant i mètre de
base et im,5o de hauteur, ils seront capables de résister au torrent, et leur
sommet dépassera la zone des cailloux. Je me suis assuré qu'une pareille
ligne de blocs, placée sur le passage d'une masse d'eau torrentielle, en dimi-
nue assez la vitesse, en déterminant des remous, pour forcer les cailloux
(995)
à se déposer sur toute sa longueur; l'eau qui passe à travers pour aller
inonder la portion à conquérir, ne contient plus que du limon et quel-
ques petites pierres; nous aurons donc encore là une digue criblante.
En traversant la ligne des blocs, l'eau n'aura pas encore perdu assez de vi-
tesse pour déposer tout le limon dont elle est chargée ; mais on parvient
facilement à cela en établissant des traverses, élevées et distancées propor-
tionnellement à la pente du terrain. Pour ces traverses, il suffira d'ouvrir
de simples fossés, d'une largeur plus ou moins considérable, dont on re-
jettera la douve en aval, pour que les cailloux ne retombent pas dans le
fossé par la poussée des eaux. En franchissant chaque traverse, l'eau perdra
mie partie de sa vitesse et déposera une partie de son limon. Après avoir
dépassé la première, elle se trouvera entre deux, la ligne des blocs et le pied
de la montagne qui limite la plage, comme dans une caisse : position très-
favorable au départ du limon.
» Le plus souvent on ne pourra se procurer à bon marché des blocs de
i mètre cube ; mais avec la chaux hydraulique et les pierres, qui sont sur
les lieux mêmes, on construira des piliers qui remplaceront avantageuse-
ment les blocs. Quand les circonstances l'exigeront, on pourra mettre une
double ligne de blocs.
» Tous les travaux, dont je viens de parler, étant convenablement exé-
cutés le long d'une rivière torrentielle, on parviendra eh moins de deux
ans, dans les Alpes, à rendre à l'agriculture la plus grande partie des terrains
que cette rivière ravage depuis tant de siècles, et la vie à la contrée qu'elle
traverse.
» Les moyens que je propose pour arrêter les dégâts des torrents dans les
montagnes, ayant pour premier résultat de retarder considérablement
l'écoulement des eaux qui tombent dans les bassins de réception, sont de
nature à empêcher ces grandes inondations des fleuves et des rivières, qui
viennent de désoler une partie de la France. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
L'Académie reçoit un Mémoire destiné au concours pour le grand prix
de Sciences mathématiques de 1 856 ( question concernant le perfectionne-
ment de la théorie mathématique des marées). Ce Mémoire, qui a pour titre:
« Importance théorique des courants de marées, » est réservé pour être
soumis à l'examen de la future Commission qui aura à apprécier la date de
sa présentation.
( 996)
physique. — Interrupteur à double effet et perfectionnements divers appli-
qués à V appareil de Ruhmkorff) par M. l'abbé Laborde.
(Commissaires, MM. Pouillet, Despretz. )
économie rurale. — Description dun système pour augmenter les res-
sources alimentaires de la France ; par M. P. Franconi.
( Commissaires, MM. de Gasparin,' Payen. )
physiologie. — De l'influence de la crjptorchidie sur la génération ;
par M. Puech.
Ija cryptorchidie chez l'homme et les animaux domestiques ayant été
l'objet d'une communication récente de la part de MM. Goubaux et Follin
( Compte rendu, séance du a4 mars i856), M. Puech adresse quatre obser-
vations qu'il avait recueillies sur ce sujet, considéré seulement dans l'espèce
humaine.
( Commissaires, MM. Velpeau, Cloquet. )
physiologie. — Recherche éleclrophjsiologique sur les fonctions des muscles
qui meuvent le pied; par M. Duchexxe, de Boulogne.
Dans ce travail, qui se lie à ses précédentes communications, l'auteur
poursuit l'étude des fonctions des divers muscles de l'appareil locomoteur,
en déterminant, au moyen de l'électricité, la contraction de chaque muscle
isolément, et observant le mouvement qui en résulte; il profite ensuite de
ses observations pour établir le diagnostic des paralysies partielles, et savoir
précisément quelles sont les parties de l'appareil musculaire sur lesquelles il
convient d'agir.
MM. Ossian Henry fils et A. Chevalier fils adressent au concours pour
le prix dit des Arts insalubres, un Mémoire sur le phosphore, Mémoire dont
ils avaient précédemment communiqué quelques extraits: ils y joignent un
supplément contenant les résultats des recherches qu'ils ont faites posté-
rieurement à la rédaction de leur premier travail.
(Renvoi à la Commission du prix relatif aux Arts insalubres.)
M. Isidore Bourdox adresse un supplément à une précédente communi-
cation ( Compte rendu de la séance du 7 avril i850) sur les divers traite-
ments opposés au choléra et particulièrement sur les propriétés thérapeu-
tiques de la strychnine.
« J'ajoute aujourd'hui, dit l'auteur, à ce premier Mémoire et à l'analyse que
( ','97 )
j'en avais envoyée ultérieurement, une série de tableaux statistiques
sur les conditions d'étiologie aggravante, et sur les chiffres de mortalité
de l'épidémie de i85/j, mais ces tableaux ne s'étendent pas au delà du
personnel des hôpitaux militaires de Paris. J'ai profité d'une circonstance
exceptionnelle qui me donnait accès dans ces établissements, pour prendre
note exacte des âges, des lieux d'origine, villes ou campagnes, Nord ou
Midi, etc., comme aussi du régime hygiénique et du traitement des ma-
lades : éléments d'observation qu'il serait difficile de réunir avec autant
d'ensemble, avec une même certitude et la même authenticité dans les hô-
pitaux civils et la pratique ordinaire. Je joins à ces tableaux la récapitula-
tion pure et simple des résultats respectifs et de l'objet de chacun. C'est donc
quatre sortes de pièces que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de
l'Académie : un Mémoire ; le résumé et les conclusions de ce Mémoire, une
suite de tableaux statistiques qui comprennent environ 2000 malades; et
enfin, la récapitulation de ces tableaux avec quelques corollaires. »
L'Académie renvoie à la même Commission un Mémoire de M. Poggioli,
et une Note de M. Leveau se rapportant également au choléra-morbus.
M. Liégard adresse, de Gaen, pour le concours Montyon ( prix de Méde-
cine et dé Chirurgie), un opuscule imprimé ayant pour titre : « Quelques
sujets de Médecine et de Chirurgie pratique; » il y joint, pour se conformer
à une condition imposée aux concurrents, l'indication de ce qu'il considère
comme neuf dans cette publication.
(Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.),
M. Lechevaixier soumet au jugement de l'Académie une Note sur la di-
rection des aérostats.
(Renvoi à la Commission des Aérostats.)
CORRESPONDANCE.
M. le Mixistre de l'Instruction PUHMQUE adresse pour la bibliothèque
de l'Institut un exemplaire de la nouvelle édition du Commercium episloli-
eum publiée par MM. Biot et Lejort. (Voir au Bulletin bibliographique.)
C. R., iS56, Ier Semestre. (T. XLII, N» 21 . ) 1 3 I
Svs
S\
(998)
astronomie. — Eléments de l'orbite de la planète Amphitrite et Ephémé-
ride pour l'opposition de i856; par M. Yvox Villarceau. (Communica-
tion de M. Le Verrier.)
« Dans la séance du 27 novembre i854, M. Y von Villarceau a présenté
le résultat auquel l'avait conduit l'emploi de cent vingt observations de la
planète Amphitrite, faites durant la première apparition; il a publié dans
le Compte rendu, tome XXXIX, page 1064, une éphéméride très-étendue
pour l'opposition de i855. lia pu depuis comparer les observations faites
en i855 à son éphéméride, et en déduire des éléments plus approchés pour
l'opposition de i856.
» L'ensemble des observations embrassant un intervalle de plus de dix<-
huit mois, il semblait probable que l'indétermination dont sont affectés les
premiers éléments, disparaîtrait cette fois; pourtant il n'en a pas été ainsi.
» Pour obtenir le degré d'exactitude nécessaire en pareil cas, M. Yvon
Villarceau a calculé les perturbations par Jupiter et Saturne depuis l'épo-
que de la découverte d' Amphitrite jusqu'à la fin de 1 856, celles de Mars
pendant les deux apparitions de la planète, et en outre celles de Vénus et de
la Terre durant l'opposition de 1 854-
» Disposant les observations par groupes, M. Yvon Villarceau a formé
quarante-trois équations de condition qu'il a traitées par la méthode des
moindres carrés, pour en déduire les corrections des éléments, et il a obtenu
les équations suivantes, que nous rapportons afin que l'on puisse au besoin
vérifier l'indétermination qui reste encore.
-+- 96,1985 <î>! — 6,9519 fc-i-o, 57571 Sa — i5,4î6o <?'N — 0,81031 <?1 — o,oo35/| (JQ = — 1918,0
— 6,9519 Sri -+- 35, 8is3 <fj -f- 3,3i656 o"u-f- 9,6487 S'îi •+- 0,27523 SI — 0,207804 s*Q = + io52, 5
■+- 0,57571^17-1- 3 , 3 1 656 Se -t-o, 324922 Jcr-f- 0,717993 tf'N — 0,016914 S\ — 0,0261782^ = -+- 74,00
— 15,4260 Sri •+- 9,6487 Ss -+- 0,717993 Sts-h 4,539285 <J'N -t- 0,00027345 <N — o,o4/o65o^Q = -+- 529,903
— o,8io2io>i -f- 0,27522 Se — 0,016914 S a-t- o,ooo27345o""N -t- 17,97977 <?I -t- 0, i368i4 oQ = ■+• 210,27
— o,oo354<î>) — 0,207804^! — o,026i782iîct— 0,0470650 J'N -+- o,i36Si4 SI -+- o,2g8338G(?Q= -+- 10,187
» Les quantités <?yj, o*£, âts, (J"N, c?I, dÇl sont les corrections que doivent
subir les éléments considérés comme osculateurs le 0,0 mars i854- En dis-
posant verticalement ces inconnues dans la colonne à gauche, on a voulu
indiquer que les équations proviennent de la multiplication par le coeffi-
cient de l'inconnue correspondante. Si on laisse de côté la quatrième équa-
tion et que l'on déduise des cinq autres les valeurs des inconnues en fonc-
(999 )
tion de e^N, ces valeurs étant transportées dans la quatrième conduisent à
— 0,00008 <î'N = -H i",92,
équation dans laquelle le coefficient de c?'N dépendant de chiffres significa-
tifs du sixième ordre est lui-même incertain. La correction <?'N est égale à
1000 fois celle c?N du moyen mouvement héliocentrique diurne; et il est
visible que l'équation précédente est impropre à déterminer cette correction.
» En substituant d'ailleurs les valeurs obtenues dans les équations de
condition primitives, on obtient les expressions suivantes des différences
entre les positions observées et celles déduites des éléments corrigés:
1834.
Cos D ( JRobs.— jRcalc. )
D obs. — D cale.
18S8.
Co«D(jRobs.— jRcalc.)
D ob». —
9 cale.
Mais
1,5
— 0*6 — l4,3(?N
//
-+- 2,9 -+-
7,2<W
Juill.
i4,5
— 0% — j8,8<?N
— 1,0 -+-
■7,4<?N
n,5
+ 0,8 — 9,9
- 1,1 -+-
8,0
■9,5
-+- 0,1 — 15,9
— 2,5 •+-
18,2
21,5
— 1,8 — 3,8
— ',9 -t-
8,2
24,5
— 0,2 — 12,7
- 1,1 +
18,8
Avril
3i,5
io,5
— 4,6 -t- 2,9
— 4,9 ■+■ 9,2
— i,5 -4-
- i,3 -+-
7,7
7,°
Juill.
Août
29,5
3,5
- ',' - 7,8
— 1,0 -+-
"9,2
20,5
— 3,o -t- 14,0
- .,6-H
6,2
Août
8,5
— 0,4 — 2,9
0,0 -+-
'9,2
Mal
io,5
-t- 0,8 -+- 17,5
-+- 0,7 +■
5,9
i8,5
— 3,o -t- 2,9
-4- 1,7 -+-
18,5
20,5
■+ 1,7 -t- 16,4
-t-'3,6 -+-
6,4
28,5
- 2,9 ■+■ 7,6
■+■ i,9 +
'7,4
3o,5
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+ 4,3 ■+-
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Sept.
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Juin
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9,4
Sept.
'7.5)
Juill.
9>5
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— 3,6 -+-
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— 0,2 -+-
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— 0,1 ■+-
'2,7
Oct.
Nov.
12,5)
",5|-t- 7,7 + ',9
»
»
» L'examen de ces chiffres montre que c? N peut recevoir des valeurs com-
prises entre des limites assez étendues, telles que o",2 à o",»5 sans que les
erreurs deviennent inadmissibles, tant sont encore défectueuses les observa-
tions de la plupart des nouvelles petites planètes. Ainsi dix-huit mois d'ob-
servations ne suffisent pas pour déterminer le moyen mouvement à o",a
près.
» Les éléments auxquels M. Y. Villarceau est parvenu sont :
Amphitrite. — Éléments oscillateurs le 5,5 décembre i856.
Anomalie moy. le 5,5 déc. i856, t. m.deParis. 8-45.53,65 — i24,5o*N
Longitude du périhélie. 56. 6. 24, 82-4-816, 6£N / Equinoie moyen
Longitude du nœud ascendant 356.24.24,64+ 3, iÇ)33N j du '" J*nTlOT 1856
Inclinaison 6. 7.54,25+ 1 1 ,588<îN
Angle ( sin = excentricité). .. , 4- 9-56,i4+«32,48tfN
Moyen mouvement héliocentrique diurne. . . . 869,2858 + 5N
i3i..
( IOOO )
» A l'aide de ces éléments, M. Yvon Villarceau a calculé l'éphéméride
suivante pour l'opposition de 1 856 :
âphéméride des position» géocentriques apparentes de la planète AMPHITKITE pour l'oppo-
sition de 1856 , calculée au moyen des précédents éléments en y posant J N = o.
1836.
ASC. DROITE.
DÉCLINAISON.
LOG. DIST.
1836.
\SC. DROITE.
DtTLIXAÎSOX.
LOG. DIST.
T. M. de Paris.
à la Terre.
T. M. de Paris.
à la Terre.
h m s
0 / rr
h m s
° t II
Oct. 3l,5
4.19.52,33
+30. i3.28,i
0,164 54
Nov. 3o,5
3.49.24,96
+3o. 0.2g,5
0,l.'|5 42
Nov. i,5
19. 6,88
14.20,5
162 83
Dec. i,5
48.3I,2fi
+29.57.42,7
l46 o4
2,5
18.19,64
16. 4,1
161 19
2,5
47.18,42
54.49,3
,46 76
3,5
17.30,70
17.38,6
: J'i) 6l
3,5
46.16,52
5i -49,5
i47 53
148 42
4,5
16.40, 11
■9 4,'
'i58 10
4,5
45.15,66
48.43/7
5,5
4.15.47,95
-t-3o.2I 30,4
o,i56 65
5, 5
3.44.15,91
+29.45.32,5
0,149 h
fi, 5
14.54,24
23.37,1
i55 27
6,5
43.17,34
42. 16, 1
i5o 40
7,5
i3.59, i3
s3 . 24 , 6
i53 96
7,5
43.20,05
3S.55,o
i5i 5.
8,5
i3. 2,68
24-13,5
i52 72
8,5
41.34,10
35.29,7
.52 69
9,5
13. 4,95
24.5o,8
i5i 55
9,5
40.39,55
Î2. 0,5
.53 g5
io,5
4. n. 6,01
-+-3o.25.i9,4
o,i5o 45i
• io,5
3. 3g. 36, 47
+29.28.37,9
0, 1 55 27
1 1,5
10. 5 , 93
?5.37,9
'49 43
.1,5
38.44,93
24.52,3
.56 67
12,5
9- 4,77
25.46,5
i.'iS 48
.3,5
37.54,96
21.14,1
.58 ij
i3,5
8. 2,62
25,45,1
.47 61
i3,5
37. 6,6',
17.33,7
i5g 67
■4,5
6.69,56
25.33,5
146 82
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36 . so , 00
i3.5i,6
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i5,5
4. 5.55,67
+3o.2j. 1 1 ,8
II, 1 i'i II
i5,5
3.35.35,1.
+39.10. 8,2
0,162 94
ifi,5
4 . 5 1 , o5
34.39,8
145 48
i6,5
34.52,o.
6.33,9
ifi.'t 67
.7,5
3.45,8o
23.57,8
'44 93
'7,5
3.',.. o,73
■3.39,1
166 46
i8,5
2.40,03
23. 5,8
•44 46
18,5
33.3i,33
+28.58.54,2
•168 3i
'9>5
i.33,8i
32. 3,8
'44 07
'9,5
32.53,84
55. 9,7
170 31
20,5
4- 0.37,26
-t-3o . 20 . 5 1 , 9
0,143 77
20,5
3.32.18,28
+28.5i.25,8
O.172 17
21,5
3.59.20,47
ig.3o,2
i43 55
21 ,5
31.44,71
47.43,1
■74 '9
32,5
58.i3,53
17.58,9
143 42
33,5
3i . i3,i3
44- .,8
176 26
33,5
57. 6,54
16.18,3
143 37
23,5
30.43,59
40.22,4
178 38
24,5
55.59,6i
14.28,2
,43 4'
24,5
3o. 16, 1 1
3ii.. ',.;.,-.)
180 54
s5,5
3.54.52,84
+3o. 13.39,3
0,143 53
3 . 29 . 5o , 70
S. 10,5
0, 182 76
36,5
53.46,36
10.21,7
.43 74
2c;5
29-27,39
29.38,7
.85 01
27,5
52 . 4o , 22
8. 5,6
i44 «3
37,5
29. 6,18
26. .0,1
187 3.
28,5
5l.34,54
5.4i,3
■44 4'
28,5
28.47,09
23.45,1
1S9 65
29,5
50.29,42
3- 9,2
'44 87
29,5
38.3o,i3
1 9 . 23 , 8
192 o3
3o,5
3.49.24,96
+3o. 0.29,5
0,145 43
3o,5
3. ,5
3.28. .5,3.
3.28. 3,62
+38.16. 6,6
+28.12.53,7
0,194 45
0,196 90
» Qu'il nous soit permis en terminant de présenter ici des observations
méridiennes de la planète Amphitrite sur lesquelles les résultats précédents
sont en partie fondés et que M. Reslhuber, directeur de l'observatoire de
Rremsmunster, a bien voulu communiquer à M. Yvon Villarceau, en y joi-
gnant leur comparaison avec l'éphéméride insérée aux Comptes rendus,
tome XXXIX, page 1064.
( IOOI )
Observation! méridiennes de la planète AMPHXTXUTE.
i8S8.
T. MOYEN
do Kremsmunster.
ASC. DR. GÊOC.
ÉPUÉM. — &.
DÉCLIN. CÉOC.
PARALLAXE. ËPHÉM. — D.
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23.3i,34
— l5,42
—28.19. 9,66
4,29
—20,26
astronomie. — Découverte d une 41e petite planète, par M. 13.. Goldschmidt.
k ( Communiqué par M. Le Verrier. )
« J'ai l'honneur d'annoncer à l'Académie la découverte, faite le 11 mai,
par M. Goldschmidt , d'une nouvelle petite planète.
» L'auteur de la découverte a constaté approximativement les positions
suivantes du nouvel astre :
i856, Mai 22
23
25
T. m. de Paris,
h m
IO. 20
I I . 3o
11.10
Asc. droite,
h
Déclinaison.
10.22. I 5 -f- 11.11,7
10.23.37 -+- 11. 9,2
10.26. 10 -f- 11. 5., 7
» Bien que M. Goldschmidt ait témoigné le désir de ne communiquer sa
découverte qu'après s'être plus positivement assuré de sa réalité, je ne crois
pas devoir tarder de la faire connaître, attendu que la planète étant dans
une constellation que le Soleil va bientôt atteindre, il pourrait suffire de
quelques soirées de ciel couvert, pour rendre impossible la continuation
des recherches avant le retour de la Lune, et occasionner ainsi la perte
d'une nouvelle planète, si une communication faite en temps utile ne ve-
nait fournir aux astronomes le moyen d'observer la planète durant l'appa-
rition actuelle. »
Communication de M. Montagne.
« En faisant hommage à l'Académie des Sciences, au nom de M. TV.-P .
Schimper, l'un de ses Correspondants, du soixante-cinquième et dernier
( I002 )
fascicule de la Bryologie d'Europe, je me flatte qu'elle voudra bien me
permettre de profiter de la circonstance pour l'entretenir un moment de
cet ouvrage enfin achevé.
» La Brjologia Europcea, dont cette dernière livraison, impatiemment
attendue, contient la fin du CoroUarium , ne forme pas moins de six forts
volumes in-quarto, ornés de 640 planches du même format et gravées sur
pierre avec une rare perfection.
» Cet ouvrage a pour objet de faire connaître dans leur organisation et
leurs détails les plus intimes toutes les Mousses qui croissent en Europe,
centre botanique de cette curieuse et jolie famille. Il a été commencé en
1 835 par M. Schimper en collaboration avec un autre bryologiste célèbre
de Deux-Ponts, M. Bruch. Celui-ci étant mort dans l'intervalle, l'auteur
principal s'est adjoint M. Gùmbel pour le terminer.
» Quels que soient les secours que M. Schimper ait pu recevoir de ses
deux collaborateurs, nous devons reconnaître qu'il a été le promoteur
actif et, pour tout dire en un mot, l'âme de cette publication. Car, ce qui
en fait le principal mérite, c'est l'iconographie qui l'accompagne et dont il
est l'auteur. Depuis que l'on figure par le burin les plantes si variées et si
élégantes de cette nombreuse famille, on n'était pas encore arrivé à une
telle perfection, soit pour l'ensemble, soit pour les détails.
» Et, sans parler du désintéressement profond dont M. Schimper a
fait preuve , quelle persévérance ne lui a-t-il pas fallu pour continuer
pendant vingt ans un tel travail et pour en surmonter les difficultés sans
nombre?
» Comme, en présentant à l'Académie plusieurs des livraisons précé-
dentes, je me suis déjà étendu sur les différents genres de mérite de cette
publication, je bornerai à ce peu de mots ce qui me restait à en dire. Je
ne puis cependant terminer sans attirer l'attention sur l'immense et signalé
service que notre confrère M. Schimper et ses habiles collaborateurs ont
rendu à la bryologie et à ceux qui la cultivent en conduisant à bonne fin
ce remarquable et magnifique ouvrage. »
M. Claude Bernard présente, au nom de l'auteur M. Castorani, un exem-
plaire d'un opuscule ayant pour titre : De la kératite et de ses suites. « L'au-
teur, dit M. Bernard, présente dans ce travail quelques questions sous un
jour nouveau. Nous citerons, par exemple, ces réflexions sur le strabisme.
» Dans le strabisme ordinaire, l'auteur croit à la prédominance d'action,
par suite d'exercice d'un des muscles de l'œil strabique sur l'autre, et non
( ioo3 )
à sa contracture, car, s'il n'en était pas ainsi, quand on vient à recouvrir
l'œil sain, l'œil qui louche ne devrait pas se redresser. Comment donc l'œil
malade louche-t-il, quand il fonctionne avec l'œil sain? Tout simplement
par défaut de simultanéité dans la vision de deux yeux. Ainsi, dans le stra-
bisme récent, l'œil ne louche que pour la vue des objets éloignés, parce que
dans ce cas il y a myopie de l'œil faible, et que le malade ne peut exercer
alors les deux yeux simultanément pour voir de loin. De près, au contraire,
la vision simultanée a lieu; aussi les symptômes de strabisme disparaissent-
ils. Si la myopie de l'œil faible vient à augmenter au point de ne plus per-
mettre la vision des deux yeux même de près, alors on constate que le stra-
bisme existe pour la vision des objets rapprochés comme pour celle des
objets éloignés.
» Un petit chapitre spécial sur la photophobie termine le traité de la kéra-
tite. De la discussion de diverses opinions émises sur ce sujet, M. Castorani
conclut que la photophobie a son siège dans les filets de la 5e paire et
qu'elle résulte de leur état d'irritation dans la cornée, ou dans l'iris. Quant
à la rétine, il ne sait si elle a jamais pris part à sa production. Ce qui prouve
au moins qu'elle n'en est pas le siège exclusif comme on l'a avancé, c'est
que la photophobie se produit avec une grande intensité dans les affections
de la cornée et de l'iris, lors même qu'une cataracte empêche tout rayon
lumineux d'arriver jusqu'à la membrane rétinienne. »
botanique. — Observation relative à un cas d' hybridité anormale ;
par M. Ch. IVaudin.
« D'après les idées généralement reçues aujourd'hui, les végétaux hy-
brides participent toujours sensiblement des deux espèces qui leur ont
donné le jour. On admet qu'ils sont tantôt exactement intermédiaires entre
leurs ascendants, et tantôt plus rapprochés de l'un des deux, mais cepen-
dant sans que le type qui y est le plus faiblement représenté y disparaisse
d'une manière absolue. Toute plante chez qui ne se montre à aucun degré
appréciable le mélange de deux formes alliées, est censée pure de toute
hybridité.
» Que cette opinion soit exacte ou non, c'est ce que je n'examine pas
pour le moment ; ce que je tiens à établir, c'est qu'il peut arriver que, par
l'action d'un pollen étranger sur un ovaire et sur les ovules qu'il contient,
il naisse des plantes chez lesquelles les traits du père sont totalement ef-
facés, autant du moins qu'on en peut juger par le témoignage des sens,
( ioo4 )
bien que toutes les autres circonstances se réunissent pour mettre hors
de contestation l'influence de ce pollen. J'en ai eu la preuve darts un fait
que j'ai observé pendant les années 1 854 et. 1 855, et sur l'authenticité du-
quel je ne puis conserver aucun doute ; il m'a été fourni par les Datura
stramonium et ceratocaula fécondés l'un par l'autre.
» Avant d'aller plus loin, je dois dire que ces deux espèces sont, de tout
le genre, celles qui s'éloignent le plus par le faciès, et que ce n'est pas
tout à fait sans raison que plusieurs botanistes les ont séparées générique-
ment. Sans parler des différences notables qu'elles présentent dans leurs
fleurs et leurs fruits, il suffit, pour faire sentir combien elles ont peu d'af-
finité l'une avec l'autre, de rappeler que, chez le D. ceratocaula, dont les
fleurs sont axillaires, la tige est toujours simple, débile et souvent couchée
sur le sol, tandis que chez le D. stramonium elle est robuste, verticale
et divisée, ainsi que ses ramifications, en dichotomies successives, dont
l'angle est invariablement occupé par une fleur. Ces grandes dissemblances
pouvaient induire à penser qu'il n'y avait aucune possibilité de croiser
l'une de ces espèces par l'autre; l'observation que je vais citer établira
nettement le contraire.
» Pour donner plus de certitude à mes essais d'hybridation, j'ai presque
toujours eu soin de castrer et de laisser sans fécondation un certain nombre
de fleurs des plantes sur lesquelles j'opérais; c'étaient autant de témoins
auxquels je rapportais les phénomènes consécutifs de l'expérience. Lorsque
j'entrepris le croisement des diverses espèces de Datura entre elles, je fis
les contre-épreuves suivantes :
» i°. Sur divers pieds de D. ceratocaula, sept fleurs furent castrées
le 25 août 1 854, dans le bouton près de s'ouvrir, et laissées sans féconda-
tion ; il n'y eut chez aucune le moindre accroissement de l'ovaire.
» Huit autres fleurs, soumises à la même opération les 4 et 5 septembre,
reçurent en abondance du pollen de D. stramonium; un seul ovaire grossit
quelque peu, puis s'arrêta, peut-être parce que la saison était déjà trop
avancée ; les sept autres demeurèrent dans l'état où ils étaient au moment
de l'ablation des étamines.
>■> Enfin, six nouvelles fleurs, castrées le 7 septembre, reçurent, lors-
qu'elles furent complètement épanouies, du pollen de D. Jastuosa; le ré-
sultat fut nul, comme dans le premier cas.
» i°. Sur le D. stramonium, du ao août au 1 4 septembre, douze fleurs
furent castrées un peu avant leur épanouissement et laissées sans fécon-
dation; elles tombèrent toutes, dans les cinq à six jours qui suivirent, par
( ioo5 )
désarticulation de leur pédoncule. Beaucoup d'autres fleurs intactes et ri-
ches en pollen, qui s'ouvraient autour d'elles, ne modifièrent en rien les
suites de l'opération.
» Le 25 août, trois fleurs de la même plante reçurent, après castration,
du pollen de Nicandra phjsalodes ; elles tombèrent comme les précédentes.
Il en fut de même de quatre autres fleurs également castrées, sur le stig-
mate desquelles fut déposé du pollen de D. jastuosa, et d'une cinquième
qui reçut du pollen à' Hyoscyamus niger.
» 3°. Sur le Datura tatula, onze fleurs castrées le 20 août et laissées
sans fécondation, se détachèrent dans les cinq ou six jours qui suivirent.
Trois autres fleurs, également castrées et couvertes par le pollen du D. Jas-
tuosa, périrent de même, ainsi que deux fleurs qui reçurent du pollen de
Nicotianatabacum, et une autre qui en reçut du Nicotiana noctiflora.
» Au total, cinquante-huit fleurs prises sur les trois espèces que je viens
de citer, les unes laissées sans fécondation, les autres couvertes de pollens
étrangers, mais toutes dépourvues d'abri contre l'action du vent et des
insectes, restèrent stériles, sauf une seule chez qui se manifesta un commen-
cement de grossification. Ce nombre me paraît suffisant pour attester le
succès de l'expérience suivante, et légitimer les conclusions que j'en tire.
» Du 2 au 8 septembre de la même année (i854), dix fleurs de D. stra-
motiium, prises sur deux pieds différents, furent castrées dans le bouton
avant toute déhiscence des anthères. Lorsqu'elles furent épanouies, leurs
stigmates parfaitement vierges, comme il était facile de s'en assurer à
l'aide d'une forte loupe, reçurent une grande quantité de pollen de D. ce-
ratocaula. Tous les ovaires nouèrent et s'accrurent, mais beaucoup plus
lentement que ceux qui avaient été fécondés par le pollen de l'espèce. Les
dix capsules furent récoltées mûres du 3o octobre au 10 du mois suivant.
» Aucun de ces fruits n'avait atteint le volume normal; leur grosseur
variait de celle d'une noisette à celle d'une noix. A en juger à la simple vue,
les plus développés atteignaient à peine à la moitié du volume des fruits
normalement fécondés. Contrairement à ce qui se passe chez ces derniers,
leurs pédoncules avaient jauni, et leurs valves s'entre-bâillèrent à peine ;
toutefois, les graines avaient pris la teinte brune qui annonce la maturité.
» Dans ces dix capsules, le développement des graines avait été très-inégal.
Une bonne moitié au moins des ovules n'avait pas pris" d'accroissement et
se réduisait à des vésicules aplaties et ridées; les autres, en nombre variable
suivant que les fruits étaient plus ou moins gros, étaient arrivés à l'état de
graines, bien conformées extérieurement, mais de moitié plus petites que
C. R , i856, i"'Semestre. (T. XLIl, N° 81.) I 32
( ioo6 )
les graines normales et ne contenant aucun embryon dans le tissu cellulaire
périspermique qui les remplissait. Çà et là pourtant, sur des boursouflures
du placenta, s'en montraient quelques-unes, de deux à dix environ par cap-
sule, qui paraissaient être arrivées à leur complet développement. L'analyse
de deux ou trois de ces graines me fit reconnaître qu'effectivement elles
étaient embryonnées. Les dix capsules m'en donnèrent une soixantaine
que je recueillis et qui furent semées le 16 avril i855.
» De toutes ces graines, il n'y en eut que trois qui germèrent. Une des
jeunes plantes fut oubliée dans un pot trop étroit où elle resta toujours ché-
tive et ne put pas arriver à fleurir. Les deux autres furent mises en pleine
terre, à côté de plusieurs pieds de D. stramonium de race pure, qui devaient
servir de termes de comparaison. Les conditions de la culture ont été abso-
lument les mêmes pour toutes ces plantes.
» Les deux individus hybrides que, d'après les règles convenues de la
nomenclature, je désignerai par le nom de D. ceratocaulo-stramoniwn, se
développèrent avec vigueur. Par leur tige robuste, dressée et divisée dicho-
tomiquement, par leurs feuillage et plus tard par leurs fleurs et leurs fruits, ils
ne différèrent en rien des D. stramonium proprement dits, qui étaient à côté
d'eux. Aucun caractère appréciable n'y rappelait les formes du D. cerato-
caula. On aurait donc pu croire, au premier abord, que ce dernier n'était
pour rien dans leur production et que les deux plantes étaient issues d'une
fécondation opérée par le pollen de l'espèce qu'elles représentaient ; mais
outre les circonstances déjà concluantes que j'ai rapportées, elles manifes-
taient des caractères d'un autre genre qui mettaient hors de toute contesta-
tion l'illégitimité de leur naissance.
» C'est qu'effectivement les caractères par lesquels se révèle l'hybridité
sont de deux sortes. Les uns, que j'appellerai essentiels, consistent dans le
mélange des formes des deux parents, tous deux reconnaissables dans l'hy-
bride; les autres que, malgré leur importance, nous pouvons qualifier à' ac-
cessoires, parce qu'ils ne se présentent pas d'une manière constante et qu'ils
sont étrangers aux types spécifiques producteurs de l'hybride, affectent la
manière de végéter, le développement moindre ou plus grand de certains
organes, la disposition à fleurir, le degré de perfection de l'appareil repro-
ducteur, etc. Dans certains cas, les caractères essentiels seuls existent ; plus
ordinairement, ils- s'accompagnent de quelques-uns des caractères acces-
soires. Dans celui qui fait l'objet de cette Note, ces derniers seuls se sont
montrés, mais avec une évidence telle, que tous les doutes doivent dispa-
raître.
( ,007 )
» Chez les Datura hybrides, au moins chez ceux des D. stramonium et
latula, les caractères accessoires consistent, d'abord dans une taille beau-
coup plus élevée que celle des deux espèces types, ensuite dans l'avorte-
ment constant des fleurs des premières dichotomies. J'en ai eu un remar-
quable exemple dans une autre expérience qui se faisait simultanément
et sur le même terrain. A côté des deux échantillons de D. ceratocaulo-
stramonium, étaient cultivés 120 autres Datura hybrides; savoir 96 qui
provenaient du D. tatula fécondé par le D. stramonium, et 24 qui
étaient issus du D. stramonium fécondé par le D. tatula. Chez tous ces
hybrides, d'ailleurs parfaitement semblables entre eux, se trouvaient réunis
les caractères essentiels et les caractères accessoires que je viens de désigner.
Par leurs fleurs, ils* étaient sensiblement intermédiaires entre les deux pa-
rents, mais leur taille était double de celle de ces derniers, et leurs pre-
mières fleurs, au lieu de paraître dans la première, ou tout au moins dans
les secondes dichotomies, ne se sont généralement montrées que dans celles
du 5e ou du 6e degré. Presque toutes ces plantes dépassèrent 2 mètres et
ne fleurirent que tardivement et seulement à leurs sommités.
» Ce double caractère se manifesta au plus haut point dans les deux
échantillons de D. ceratocaulo-stramonium ; ils s'élevèrent à im,70 et ne
commencèrent aussi à fleurir qu'à partir des dichotomies du 5e et du 6e de-
gré. Beaucoup de fleurs d'ailleurs avortèrent encore dans celles des degrés
supérieurs, mais celles qui s'épanouirent nouèrent leurs ovaires auxquels
succédèrent des fruits de grandeur normale et remplis de graines bien con-
formées, puisque celles que j'ai semées au mois d'avril dernier m'ont donné
une quantité de jeunes plantes dont je me propose de suivre encore les
développements cette année.
» Voilà donc, à n'en pas douter, des plantes nées par voie d'hybridité,
chez lesquelles disparaissent totalement, et dès la première génération, les
les traits du type paternel. Ce fait me paraît soulever une importante ques-
tion de physiologie : on peut se demander, en effet, quel est le rôle de la
fovilla dans l'acte de la génération : se borne-t-elle à accroître la vitalité de
l'ovaire et de l'ovule , ou entre-t-elle directement dans la composition de
l'embryon? Cette dernière hypothèse semble la plus admissible, surtout
lorsqu'on se rappelle que certains hybrides se rapprochent notablement plus
du père que de la mère ; mais ne se peut-il pas aussi que, dans certaines cir-
constances, et, par exemple, dans le cas que je viens de signaler, son action
soit presque toute dynamique et comme une simple extension de l'éner-
gie vitale imprimée à l'ovule et à l'ovaire lui-même. Ce qui m'amène à faire
l32..
( ioo8 )
cette supposition, c'est que, plusieurs fois déjà, j'ai observé la grossification
d'ovaires stimulés par l'application d'un pollen étranger, sans qu'il en ré-
sultât la formation de graines embryonnées. Ce fait a été particulièrement
remarquable sur X Ecbalium fécondé par le pollen du Brjonia alba. Sous
l'influence de ce pollen, les ovaires de Y Ecbalium grossirent presque à
l'égal de ceux qui avaient été légitimement fécondés, et plusieurs d'entre
eux donnèrent un petit nombre de graines de la plus belle apparence
extérieurement, mais complètement vides. C'est exactement ce qui s'est passé
dans les ovaires du Datura stramonium fécondés par le pollen du D. ce-
ratocaula, à l'exception qu'ici, au milieu d'un nombre ;mmense de
graines vides ou restées à l'état d'ovules desséchés, il s'en est trouvé quel-
unes qui étaient véritablement embryonnées. »
physiologie. — Nouvelles recherches sur la question glycogénique ;
par M. Chapveau.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie un très-bref exposé des faits
mis en lumière par les expériences récentes auxquelles je me suis livré en
vue d'éclaircir cette question, expériences qui ont été faites, parallèlement
pour ainsi dire, sur des herbivores (ânes ou chevaux) soumis à leur régime
habituel, et sur des chiens nourris exclusivement à la viande.
» Premier fait : Pendant l'abstinence, même très-prolongée, le sucre ne
disparaît point dans le sang des vaisseaux de la grande circulation.
» Sur quatre chevaux et quatre chiens privés d'aliments depuis une épo-
que plus ou moins reculée, je retire du sang à la veine jugulaire et à l'ar-
tère carotide ; l'analyse, faite par M. le Dr Delore pour les deux premiers
chevaux, et par moi pour les autres animaux, donne les résultats indiqués
dans le tableau suivant :
Ier cheval ( ioo8r de sérum du sang artériel contiennent. . . osr,o8o de glycose.
(i2h de diète). \ Id veineux oer,o66
2e cheval j ld artériel o8r,c>73
(48h de diète). | Id veineux o8r,o68
3" cheval j Id artériel o8r,og3
(3J de diète). | Id veineux o8r,obo
4e cheval | ld... . artériel o'^ogo
(6> de diète). | Id veineux ofr,o69
( i°°9 )
iw chien ( ioogr de sang artériel contiennent oBr,o53 de glycose.
(24h de diète ). \ Id veîneux ogr,o33
2e chien j Id artériel o«r,o35
(48h de diète). ( Id veineux o*r,029
3e chien j Id artériel o*r,o5 1
(3J de diète). | Id veineux. ogr,o34
4° chien 1 Id artériel ) du glycose en quantité
(6J de diète). | ld veineux j non dosée.
» Deuxième fait : Le sucre est toujours plus abondant dans les artères
que dans leurs veines collatérales. C'est ce que prouve la comparaison
des quantités signalées dans le tableau précédent.
» Troisième fait : Le sang artériel, quel que soit le point de l'appareil
circulatoire où on le prend, renferme toujours, chez le même animal, la
même proportion de glycose.
» Je me suis convaincu de ce fait en examinant comparativement, sur plu-
sieurs animaux des espèces chevaline et canine, à jeun ou en pleine digestion,
le sang des artères coccygiennes, fémorale, carotide et celui du ventricule
gauche. La nécessité d'abréger cette Note me force à supprimer le détail
de ces analyses.
» Quatrième fait : Le sang des veines, moins celui de la veine porte
pendant la digestion des matières sucrées et amylacées, moins encore celui
des vaisseaux sus-hépatiques et de la portion sus-diaphraginatique de la veine
cave inférieure, à toutes les périodes, ne présente point non plus de diffé-
rences appréciables sous le rapport de la quantité de glycose qu'il renferme.
» Parmi beaucoup d'autres preuves, je citerai les deux analyses suivantes :
i° Un cheval est mis à la diète pendant quarante-huit heures; je retire du
sang à la jugulaire, à la saphène interne, à une veine de l'intestin grêle : le
sang du premier vaisseau donne, pour i oo grammes de sérum, ogr,o6o, de
sucre, celui du second 0^,067, et celui du troisième ogr,073 ; 20 sur un
chien en pleine digestion, je prends du sang de la jugulaire, de la saphène
externe, de la céphalique et de la veine porte : le premier fournit, pour
100 grammes, osr,o65 de glycose, le second osr,o5o,, le troisième osl\o6'j, le
quatrième ogr,64.
» Cinquième fait : Chez les animaux à jeun ou nourris exclusivement à
la viande, le sang des veines sus-hépatiques est toujours plus sucré que
( IOIO )
celui des autres vaisseaux, y compris la veine porte. Ce fait a été si bien
prouvé par les expériences de M. Bernard, que je crois pouvoir me dis-
penser de citer celles de mes analyses qui concourent à l'établir. Je ferai
seulement remarquer que les conditions dans lesquelles je me place pour
recueillir le sang qui sort du foie sont tout à fait physiologiques, et ne don-
nent prise à aucune objection, puisque j'extrais ce fluide, chez les soli-
pèdes, en pratiquant sur l'animal debout le cathétérisme des vaisseaux sus-
hépatiques par la jugulaire et les veines caves.
» Sixième jait : La quantité de sucre contenue dans le sang des deux
cœurs paraît exactement la même.
» Sur un cheval en pleine digestion, je vais chercher du sang dans le
cœur gauche, en introduisant une sonde par la carotide, et dans l'artère
pulmonaire, en ponctionnant ce vaisseau au moyen d'un trocart, à tra-
vers le quatrième espace intercostal; il y a, dans ioo grammes de sang
rouge, o8r,o75 de glycose, et ogr,07î dans une quantité équivalente de
sang noir. Sur un chien à jeun depuis vingt-quatre heures, je pratique
la même opération : je trouve dans le sang rouge o6r,73 de sucre, et
0^,072 dans le sang noir. L'analyse ne donne plus ces résultats quand
on puise le sang du ventricule droit directement dans cette cavité, au
moyen d'une sonde poussée par la jugulaire et la veine cave antérieure,
après ligature préalable du premier vaisseau; on empêche ou l'on gêne
ainsi l'afflux dans le cœur droit du sang peu sucré charrié par ces veines,
tandis que le sang très-sucré de la veine cave postérieure y arrive libre-
ment; et le fluide recueilli de cette manière donne nécessairement plus de
sucre que le sang puisé dans l'artère pulmonaire.
» Septième fait : La lymphe pure est toujours sucrée, même après une très-
longue abstinence.
» La lymphe d'un cheval recueillie douze heures après le repas, sur
un vaisseau du cou, contenait 0,102 de glycose pour 100. Celle du
cheval déjà cité, soumis à une abstinence de six jours, en renfermait
0,186 pour 100. M. Delore en a trouvé 0,093 pour 100 dans la lymphe du
cheval n° 2 de la première série de mes expériences. J'en ai découvert éga-
lement dans la lymphe des chiens de la même catégorie.
« Huitième Jait : Le sucre de la lymphe n'est pas absorbé au sein des
tissus solides par les radicules des vaisseaux blancs, car on ne trouve jamais
de glycose dans ces tissus, en exceptant toutefois celui du foie.
» De tout ce qui vient d'être exposé, je crois pouvoir tirer les conclusions
suivantes :
( ion )
» i°. Les herbivores et les carnivores se trouvent, sous le rapport du
sucre de leurs humeurs nutritives, dans le même état statique. Le glycose est
cependant plus abondant chez les premiers.
» a0. Le sucre que renferme le sang du cœur droit n'est jamais détruit
►par le poumon, du moins d'une manière appréciable, et passe intégralement
dans le cœur gauche, puis dans les artères du système aor tique.
» 3°. Une certaine quantité de glycose du sang artériel disparaît pendant
le passage de ce fluide dans les capillaires de la circulation générale. Le
sang qui est ramené des organes au cœur droit par les veines de cette même
circulation générale, est donc moins sucré que le sang du cœur gauche.
» 4°- Le sucre dont le sang s'est dépouillé en passant par les capillaires
ne sort point de ces vaisseaux pour se fixer sur les solides de l'économie.
Une partie de ce sucre filtre dans les lymphatiques, incontestablement
transvasée, par endosmose, du réseau capillaire sanguin dans le réseau
radiculaire des vaisseaux blancs, avec les autres éléments du plasma du
sang. La grande proportion relative de ce glycose lymphatique s'explique
par l'énergie du pouvoir endosmotique de cette substance. Sa quantité ab-
solue paraît, du reste, fort restreinte, si l'on considère la lenteur avec la-
quelle se meut le sang blanc, et qu'on la compare à la rapidité de la circu-
lation sanguine ; le calcul enseigne, en effet, même en partant des données
les plus exagérées sur l'activité de la circulation lymphatique, que cette
circulation ne verse, dans un temps déterminé, à l'intérieur du cœur
droit qu'une quantité de sang blanc équivalente au plus à la centième
partie du sang noir ramené par les veines à .ce même cœur. Le calcul en-
seigne également que le sucre de la lymphe ne représente qu'une partie du
glycose disparu dans les capillaires de la grande circulation. Quant à l'autre
partie, elle subit une métamorphose dont la nature reste à prouver.
» 5°. Versé dans le cœur droit, le sucre lymphatique concourt à augmen-
ter la proportion de glycose contenu dans le sang peu sucré qui afflue
de toutes les parties du corps vers cette cavité.
» 6°. Ce même sang de la circulation générale achève de reprendre la
quantité de sucre qu'il a perdue au sein du réseau capillaire, en se mêlant,
dans la veine cave postérieure et le cœur droit, avec le sang très-sucré des
veines sus-hépatiques.
» 70. L'excédant de sucre de ces derniers vaisseaux n'existant pas dans
le sang de la veine porte chez les animaux à jeun ou nourris exclusive-
ment à la viande, il faut conclure que ce fluide s'est chargé de matière gly-
( 1012 )
cosique pendant son passage à travers le foie; cette glande se trouve donc
être véritablement un organe producteur du sucre, et le seul organe de cette
nature qui existe dans l'économie. »
•
médecine. — De l'efficacité du brome dans le traitement des affections
pseudo-membraneuses; par M. Ozanam.
« Le croup et les angines pseudo-membraneuses, ordinairement assez
rares à Paris, ont pris en 1 855 un développement subit, et presque les ca-
ractères d'une épidémie. Leur gravité a presque toujours été fort grande, et
la terminaison souvent mortelle. Des familles entières ont été successivement
atteintes, et plusieurs médecins sont morts en soignant leurs malades.
Parmi eux, nous devons citer l'honorable M. Valleix, et, quelque temps
avant, le fils de M. Blàche. Il importait donc de chercher et de formuler
un traitement efficace contre une maladie si grave. Cette difficulté, je crois
l'avoir résolue; je viens proposer aujourd'hui un remède important, qui
répond à la plupart des indications, et qui, pendant cette période épidé-
mique, m'a rendu d'éminents services : je veux parler du brome.
» Le brome est le remède spécifique des affections diphtéritiques; an-
gines pseudo-membraneuses, croup, muguet. Les bromures alcalins, et
notamment le bromure de potassium, possèdent également cette propriété.
» Telles sont les propositions que je viens établir : la théorie des affec-
tions diphtéritiques et la recherche des dissolvants m'ont conduit à ce ré-
sultat. En effet, les dissolvants des fausses membranes peuvent, d'après mes
expériences, se diviser en deux classes : i° les corps fluidifiants, 20 les
corps désagrégeants.
» Les corps fluidifiants déterminent le ramollissement plus ou moins com-
plet de la fausse membrane; les alcalins ont été décrits comme tels et ils le
sont, mais plusieurs acides le sont, même à un degré supérieur, comme
l'expérience l'indique pour l'acide clflorhydrique.
» Les corps désagrégeants durcissent d'abord la fausse membrane, puis
la rendent friable au point qu'elle se réduit en poussière sous l'influence du
moindre contact.
» J'ai donné à ce phénomène, inconnu jusqu'ici , le nom de désagréga-
tion moléculaire. Le brome seul peut le produire. Le bichromate de potasse,
il est vrai, durcit légèrement la pseudo-membrane, mais sans la rendre
( ior3 )
friable. L'iode la durcit et la brunit au point de la faire ressembler à un
morceau de cuir tanné, mais elle n'en est que plus ferme. Le brome seul
détruit le force coercitive, sépare les éléments; son action se montre même
sur les pseudo-membranes d'abord traitées par l'iode, qui perdent alors
leur couleur brune et leur ténacité pour redevenir friables.
» Ne pouvant rapporter ici la série complète de mes expériences, je donne
seulement les deux suivantes, l'une sur le brome, l'autre sur le bromure de
potassium.
» action du brome sur les fausses membranes. — Une fausse membrane
de i centimètre de long sur \ de large, ferme, élastique, fut plongée dans
un verre rempli d'eau bromurée; elle y resta douze heures. Au bout
de ce temps, elle n'avait point perdu sa couleur nacrée, et tranchait sur
la teinte brune du liquide, elle paraissait même plus dure; mais lorsque je
la touchai avec un bâton de verre, pour l'attirer à moi, elle tomba tout à
coup en poussière extrêmement fine, qui s'écrasait de plus en plus, en sorte
que je ne pus en retirer qu'une très-petite quantité. J'examinai ces débris
au microscope, au grossissement de 5oo diamètres, et je trouvai lés
éléments de la fausse membrane; mais la force coercitive qui organisait
ces éléments avait été détruite, en sorte qu'ils étaient complètement dis-
sociés et réduits en un amas de granulations amorphes. Ce phénomène
se reproduisit à chaque expérience nouvelle : c'est ce que j'ai désigné sous
le nom de désagrégation moléculaire.
» Corollaire. — Le brome en solution dans l'eau ne rend point la fausse
membrane transparente, il n'agit point comme Jluidi/ïant, mais il modifie
la force vitale dans son acte organisateur pathogénique, et détermine la
désagrégation de la fausse membrane. Le brome doit donc arrêter et guérir
les affections pseudo-membraneuses.
» action du bromure de potassium. — Trois plaques diphtéritiques blan-
ches, fermes, nacrées, recueillies sur les amygdales, sont plongées dans une
solution concentrée de bromure de potassium. Au bout de douze heures
elles sont complètement transparentes, molles et déjà diffluentes, laissant
quand on les soulève de longs tractus opalins, évidemment formés par les
éléments fluidifiés de la fausse membrane. Au bout de trois jours on n'a-
perçoit plus aucun vestige de la fausse membrane, mais un dépôt blan-
châtre, granuleux, qui pendant le repos gagne le fond du vase, et qui est
formé par quelques granulations amorphes encore existantes, par des cris-
taux de bromure de potassium et par les filaments nombreux de YOidium
albicans , Mucédinée parasite décrite par Ch. Robin dans le muguet,
C. R., i856, i« Semestre. (T. X.LH, N» 21.) , I 33
( K"4 )
retrouvée constamment par moi, dans les fausses membranes de l'angine et
du croup, et dont les innombrables sporules disséminées dans l'atmosphère
à chaque expiration expliquent le contage des affections diphtéritiques.
» Corollaire. — Le bromure de potassium possédant le pouvoir fluidi-
fiant de la potasse, et la faculté de désagrégation particulière au brome, doit
arrêter et guérir les affections diphtéritiques.
» Encouragé par ces résultats, j'essayai le brome au lit du malade, en
commençant par les cas où tout autre remède avait échoué.
» L'eau bromurée récemment préparée à la dose de 5 à 5o centigrammes
par jour, dans une potion de 1 5o grammes, est la préparation la plus facile
à administrer; elle doit être conservée à l'obscurité, pour éviter la forma-
tion de l'acide bromhydrique.
» Le bromure de potassium agit très-bien aux mêmes doses.
» J'ai recueilli- depuis six ans i4 observations, toutes couronnées de
succès, savoir :
Angines pseudo-membraneuses 1 1 dont deux compliquées de scarlatine grave
et de gangrène des amygdales.
Group 2-
Muguet confluent i
« Observation I. — Enfant de cinq ans, angine très-grave, pouls à 140;
•cautérisations insuffisantes avec le nitrate d'argent etYacide chiot hydrique;
le seizième jour, symptômes de croup ; emploi du brome, guérison le vingt
et unième jour.
» IL — Jeune homme de vingt-huit ans, angine maligne, pouls à 120;
insuffisance des cautérisations avec le nitrate d'argent, suffocations et défail-
lances continuelles; emploi du brome le cinquième jour, amélioration le
sixième jour, convalescence le quatorzième jour; plus tard, signes de para-
lysie générale, guérison.
» III. — Fille de neuf ans, angine aigùe, pouls à iao; emploi du brome
le deuxième jour, convalescence le cinquième jour.
» IV. — Demoiselle de quatorze ans, angine grave, délire, pouls à i3o;
emploi du brome le cinquième jour, amélioration le sixième, guérison le
neuvième.
» V. — Femme de trente ans, angine légère prise par contage de la précé-
dente; emploi du brome le deuxième jour, guérison le cinquième jour.
» VI. — Femme de trente ans, accouchement, manie puerpérale, angine
couenneuse ; emploi du brome le troisième jour, amélioration au bout de
( ïoi5 )
vingt-quatre heures, guérison le dixième jour. (Communiquée par le
Dr Jousset. )
» VII. — Homme de trente-deux ans, angine couenneuse grave, défail-
lances et syncopes, gangrène partielle de la muqueuse buccale, pouls lent à
5o; emploi du brome le troisième jour, guérison le neuvième.
» VIII. — Homme de trente-huit ans, angine couenneuse légère; emploi
du bromure de potassium le deuxième jour, guérison le cinquième.
» IX. — Enfant de cinq ans, angine couenneuse légère; emploi du
bromure de potassium le deuxième jour, guérison le cinquième.
» X. — Jeune fille de vingt et un ans, scarlatine maligne, pouls à i3o;
gangrène des amygdales, angine couenneuse; emploi du brome le cinquième
jour, guérison de l'angine le dix-huitième jour; endocardite, albuminurie,
guérison.
» XI. — Enfant de cinq ans, scarlatine grave, gangrène d'une amygdale,
abcès énorme sous-maxillaire, angine couenneuse; emploi du brome le
quatrième jour, disparition des fausses membranes le seizième jour, conva-
lescence, guérison.
» XII. — Enfant de trois ans, croup, pouls à ii5; insuffisance des cau-
térisations avec le nitrate d'argent au | ; emploi du brome le quatrième
jour, amélioration le cinquième, convalescence le neuvième.
» XIII. — Enfant de sept ans, croup, pouls à i3o; emploi immédiat du
brome, guérison le troisième jour ; l'enrouement persiste jusqu'au neuvième.
» XIV. — Femme de soixante ans, très-débile, pneumonie grave, mu-
guet confluent; emploi du brome le quatorzième jour, guérison le dix-
huitième.
» En résumé, le brome et le bromure de potassium paraissent agir comme
spécifiques dans les affections pseudo-membraneuses. Le brome agit comme
désagrégeant, la potasse comme fluidifiant, mais dans tous les cas l'action
curative paraît appartenir plus particulièrement au brome, qui, donné
seul, s'est montré parfaitement efficace. »
physique appliquée. — Explosion foudre ayante à Gand, le 17 mai i856;
par M. Jobard. (Extrait.)
« La consternation règne à Gand, ce Manchester de la Belgique, tout
rempli de machines à vapeur et d'innombrables ouvriers qui vivent et tra-
vaillent côte à côte avec ces puissants appareils, ordinairement si dociles,
mais si terribles quand ils sont négligés.
i33..
( 1016 )
» Les dégâts occasionnés par l'explosion foudroyante de la petite ma-
chine de MM. Van Heke et Cie sont terribles. On ne sait pas encore le
nombre des rattacheurs ensevelis sons les décombres ou lancés dans le
canal ; on compte déjà neuf ou dix morts et un plus grand nombre de
blessés. Ces informes débris de métiers, de tuyaux et d'arbres de couche
rompus et pendants à travers les solives et les débris de planches, témoignent
d'une force de destruction que la poudre même ne saurait égaler.
» Le cylindre reste seul debout avec son balancier cassé en deux, près d'une
cheminée carrée qui a reçu une telle secousse à sa base, que plusieurs mètres
du sommet ont été déplacés par le choc et mis hors d'aplomb, tandis que
le reste de la cheminée pyramidale est rentré sur son assiette ordinaire. La
chaudière, de im,ao de diamètre, à calottes sphériques, s'est coupée en trois
parties à peu près d'égale longueur ; les deux extrémités ont été lancées à la
même distance, en avant et en arrière, à une centaine de mètres ; l'une a
franchi le canal, l'autre a passé par-dessus plusieurs clôtures, pour aller
s'abattre sur un arbre de moyenne grosseur qu'elle a coupé en deux, déra-
ciné et renversé. La portion du milieu est restée sur place irrégulièrement
déchirée. La chaudière s'est évidemment soulevée en s' arrachant de ses deux
bouilleurs qui gisent encore sous les décombres, dans des positions autres
que celles qu'ils occupaient; ils doivent avoir été enlevés à une certaine
hauteur avant de retomber.
» Cette chaudière était vieille ; certaines parties n'ont plus que 5 milli-
mètres d'épaisseur. A l'endroit où se réunissaient les flammes des deux car-
neaux pour entrer dans la cheminée, ilyades traces de brûlures évidentes,
qui prouvent que la chaudière manquait d'eau. On suppose que le chauffeur
n'avait pas abaissé son registre, de sorte que le feu aura continué pendant
la nuit, et que c'est seulement le matin, après l'allumage, au moment où
s'apercevant du manque d'eau, il mettait la pompe alimentaire enjeu, que
se sera produite l'explosion. Ce ne sont là que des conjectures; mais ce qu'il
y a de positif, c'est que le sifflet d'alarme ne s'est fait entendre ni la nuit,
ni le matin, et l'on m'a dit à ce propos que certains fabricants font quelque-
fois condamner le sifflet pour ne pas jeter la terreur parmi les ouvriers qui se
croient en danger dès que le sifflet joue. Le chauffeur lui-même, craignant
d'avertir les patrons de sa négligence, se charge souvent de le rendre muet,
ce qu'on devrait chercher à empêcher en le rendant inaccessible, comme
la soupape légale.
» Cette machine, de dix à quinze chevaux, était faible par rapport au
nombre de métiers qu'elle avait à conduire, et on devait, dit-on, souvent
( »oi7 )
forcer de vapeur. On prétend qu'elle était munie des appareils de sûreté
prescrits; mais cela ne sert à rien quand on peut les paralyser. Les explo-
sions foudroyantes sont assez fréquentes en Belgique et très-rares en Prusse.
Nous dirons à quoi cela tient. Quand le suçoir de la pompe alimentaire
cesse d'amener de l'eau par un accident quelconque, elle donne de l'air;
l'eau baisse, les flancs de la chaudière rougissent, et sur ces flancs vient se
coller, comme un emplâtre, l'espèce de crème formée des détritus végétaux
et animaux qui surnagent toujours l'eau des chaudières- après un certain
temps de service. On comprend que ces substances huileuses, en contact
avec les surfaces brûlantes de la chaudière, se décomposent comme du
charbon dans une cornue et produisent du gaz hydrogène, tandis que la
pompe injecte de l'oxygène et prépare le mélange détonant connu sous le
nom de grisou. La décomposition achevée, le charbon qu'elles laissent de-
vient incandescent, pyrophorique et scintillant; ce qui suffit pour enflam-
mer ce grisou comprimé et chauffé qui constitue certainement le plus vio-
lent des pyroxyles détonants. Ses effets doivent être bien supérieurs à ceux
que produit l'explosion déjà si terrible du grisou à l'air libre.
» Les fabricants qui se plaignaient des nombreuses précautions et de la
quantité de moyens préventifs qu'on leur imposait, sont unanimes en ce
moment pour en réclamer d'autres, et certes nous n'en manquons pas; le
Bulletin de la Société d'Encouragement est rempli de propositions qui n'ont
trait qu'à la marche normale de la vaporisation ; mais on n'y trouve rien
contre les causes exceptionnelles, imprévues et encore peu connues, telles
que l'état sphéroïdal, le grisou et l'électricité. Tout le mal vient, en somme,
de l'abaissement du niveau d'eau dans la chaudière. Il est urgent que l'Ad-
ministration tourne ses vues de ce côté, en exigeant des réservoirs alimen-
taires supérieurs self acting, et le placement de la pompe d'alimentation
dans une bâche remplie d'eau sous les yeux du chauffeur. Il faut interdire
de puiser l'eau au fond d'un puits ou d'un réservoir inférieur, pour la re-
fouler directement dans la chaudière; il faut donc exiger deux pompes au
lieu d'une.
» Dans la plupart des accidents graves, nous avons constaté l'absence de
cette station intermédiaire que les règlements prussiens imposent, ce qui
les a jusqu'ici préservés des explosions foudroyantes. On ne doit également
pas permettre de placer des ouvriers directement au-dessus des bouilleurs,
comme cela existait ici et existe encore dans beaucoup de petites usines. Les
fourneaux et les chaudières devraient toujours être isolés des bâtiments de
travail et établis dans des fosses en contre-bas du niveau du sol. Le chauffeur
( ioi8 )
serait alors l'unique victime, et il serait la victime de son imprudence, en*
touré, comme il le serait, de tous les instruments de sûreté qui se contrô-
lent les uns par les autres. Les accidents, on doit l'espérer, deviendraient de
plus en plus rares, si surtout un essayeur ambulant parcourait les usines et
essayait sur place chaque chaudière au moins deux fois par an, par le sim-
ple procédé de la dilatation de l'eau chauffée au-dessous de 100 degrés. Il
n'aurait besoin que d'un petit manomètre de poche de Desbordes, pour ac-
complir sa mission, sans causer aucun dérangement dans les usines; il suf-
firait de faire remplir la chaudière d'eau froide après le travail, de condam-
ner les soupapes, de visser le manomètre sur la tubulure d'attente, et de
chauffer légèrement , jusqu'à ce que la dilatation du volume d'eau ait mar-
qué le nombre d'atmosphères voulu. Gela se ferait la nuit ou le matin, sans
aucun embarras ni danger. Plusieurs essais faits par un conducteur des mi-
nes de France ont parfaitement réussi; à 60 degrés, le manomètre mar-
quait douze atmosphères et demie. »
M. Pinart annonce être parvenu à obtenir de l'antimoine plusieurs
nuances de jaune de Naples, que leur pureté et leur solidité rendent pré-
cieuses pour la peinture à l'huile ; il demande quelles sont les formes à
suivre pour obtenir de l'Académie un jugement sur ces produits.
Si l'auteur veut envoyer une description suffisamment détaillée de ses
procédés de préparation, sa Note sera renvoyée à l'examen d'une Com-
mission.
M. Gianotti adresse de Casale (Piémont) de nouvelles feuilles imprimées
faisant suite à celles que l'Académie avait reçues dans la séance du 5 mai
dernier, et qui se rapportent également à la résolution numérique de divers
problèmes de géométrie.
(Renvoi à l'examen de M. Chasles, déjà chargé de prendre connaissance
des premières parties de ce travail.)
M. Buzairies adresse un opuscule qu'il vient de publier sur l'Apiculture,
et prie l'Académie de vouloir bien le soumettre à l'examen d'une Commis-
sion.
On fera savoir à l'auteur qu'une décision déjà ancienne de l'Académie
ne permet pas de renvoyer à l'examen d'une Commission lesouvrages écrits
en français et publiés en France.
Une semblable réponse sera faite à M. Allemand Lenovy qui a adressé
( '»i9 )
de Salon (Bouches-du-Rhône), un opuscule imprimé, sur lequel il avait
espéré obtenir un Rapport. Cet opuscule est intitulé : « Recherches sur
» l'origine des températures pour servir à la construction d'une échelle
» thermométrique complète. »
M. Passot prie l'Académie de vouloir bien compléter la Commission à
l'examen de laquelle a été renvoyé son dernier Mémoire, en nommant un
nouveau membre en place de M. Binet récemment décédé.
(Renvoi à M. Liouville qui demandera, s'il le juge nécessaire, l'adjonction
d'un deuxième Commissaire.)
M. Watson adresse une Lettre écrite en anglais sur les étoiles doubles et
leur déplacement relatif qui, suivant lui, ne serait qu'apparent.
Cette communication n'a pas paru de nature à être renvoyée à l'examen
d'une Commission.
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 6 heures. F.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 26 mai 1 856, les ouvrages dont
voici les titres :
Commercium Epistolicum J. Collins et aliorum, de analysi promota, etc.,
ou Correspondance de J. Collins et d'autres savants célèbres du 1 7e siècle, relative
à l'analyse supérieure, réimprimée sur l'édition originale de 17 12 avec l'indication
des variantes de l'édition de 1 722 , complétée par une collection de pièces justifi-
catives et de documents, et publiée par M. J.-B. BlOT, membre de l'Institut, et
M. F. Lefort, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. Paris, i856;
in-4°.
Administration générale de l'assistance publique à Paris. Rapport sur le traite-
ment des maladies cancéreuses, par la méthode ditjy Landolfi, à l'hospice de la
Salpêtrière, 1 855. Paris, 1 856 ; in-4°. (Offert par M. Moissenet, rapporteur
de la Commission.)
Brjohgia europœa, seu gênera Muscorum europœorum monographia illustrata,
auctoribusBnvcn,W.-P. Schimper et Th. Gumbel. Fasciculus LXV ; in-4°.
( ioao )
Observations météorologiques faites à Nijné-Taguilsk [monts Ourals), gouver-
nement de Perm; année 1 854; br. in-8°.
Etudes sur l'Apiculture; par M. L.-A. Buzairies. Limoux, i856; broch.
in-8°.
De l'adhésion etde la spongiolie ; par M. Ch. Brame. Tours, 1 856; broch.
in-8°.
Lettres sur la rage humaine, par M. le Dr Bellenger. Bar-le-Duc, 1 852 ;
br. in-8°. (Adressé au concours Montyon, Médecine et Chirurgie.)
Quelques sujets de médecine et de chirurgie pratiques; par M. le Dr A.
Liégard. Caen, 1 856 ; br. in-8°. (Adressé au même concours.)
De la kératite et de sessuites; par M. le Dr B. Castorani. Paris, i856; br.
in-8°.
Société impériale et centrale d'Agriculture. Séance publique annuelle, tenue
le dimanche ao avril ib56; présidence de M. Chevreul. Paris, i 856; broch.
in-8°.
Nuovo... Nouvelle méthode pour faciliter les calculs, à l'usage des comptables,
administrateurs, commerçants, etc.; par M. F. Marchi. Lucques, i856; br.
in-8°.
GF imponderabili... Les impondérables, ou nouvel examen des mutations
dynamiques de l'univers; par M. BONUCCI. Florence, i856; br. in-12.
Materialen... Matériaux pour servir à la minéralogie de la Russie; pai
M. N. de Kokscharow; IIe vol., livraisons 16 à 20. Saint-Pétersbourg,
i856; texte in-8° et atlas in-4°-
■r»»o+
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 2 JUIN 1856.
PRÉSIDENCE DE M. IS. GEOFFROY-SAINT-RTLArRE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Ministre de l'Instruction puelique transmet une ampliation d'un
décret impérial, en date du 26 mai dernier, qui confirme la nomination de
M. C. Gaj à la place vacante dans la Section de Botanique, par suite du
décès de M. de Mirbel.
Il est donné lecture de ce décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. C. Gay prend place parmi ses
confrères.
mécanique. — Note sur le gyroscope de M. Foucault ; par M. J. Bertrand.
« Beaucoup d'explications ont été données des belles expériences de
M. Foucault sur le gyroscope ; en venant, après plusieurs géomètres habiles,
entretenir l'Académie de cette importante question, je ne crois pas cepen-
dant faire une chose inutile. Les travaux parvenus à ma connaissance sont
purement analytiques, et, malgré le mérite très-grand de quelques-uns
d'entre eux, et particulièrement des recherches présentées récemment par
M. Bour, aucune des explications proposées ne paraît avoir ce caractère de
simplicité qui permet de comprendre les détails de cette belle expérience,
en suivant le jeu des forces qui agissent sur l'appareil.
C. R., 1856, Ier Semestre. (T. XXII, N» 22.) l34
( IO*2 )
» C'est dans les principes découverts par M. Poinsot qu'il faut chercher
l'explication presque intuitive des phénomènes observés, et la Note que je
vais lire n'est qu'un corollaire de l'admirable Mémoire composé il y a vingt
ans par l'illustre géomètre.
» Je dois déclarer, en outre, que les explications très-simples auxquelles
je suis conduit, sont parfaitement d'accord avec les idées de M. Foucault,
et qu'en les lui exposant, j'ai pu m'apercevoir que je ne lui apprenais rien
d'essentiellement nouveau, si ce n'est peut-être les formules qui traduisaient
sa pensée.
» Le gyroscope est un instrument connu aujourd'hui de tous les savants.
Je n'en donnerai pas la description.
» Je suppose l'appareil disposé de telle sorte, que l'axe de rotation, qui
est l'axe de symétrie du tore, soit assujetti à rester sur un plan P, fixe par
rapport à la Terre. Soit o le centre de l'instrument, que nous supposerons
fixe. Ne nous occupons que du mouvement du système autour de ce point,
et réduisons, par conséquent, toutes les forces aux couples qu'elles pro-
duisent.
» Soient oA la position actuelle de l'axe de rotation dans le plan P et ol
la parallèle à l'axe du monde menée par le point o.
» Pour que l'axe o A reste en repos apparent sur le plan P, il faut qu'en
réalité il tourne autour de o\ avec une vitesse égale à celle de la Terre,
et décrive en vingt-quatre heures un cône de révolution. Soit, sur ce cône,
oA' la position infiniment voisine deoA. Dans le premier instant, le gy-
roscope tournant autour de oA, le couple qui l'anime a son axe dirigé
suivant oA et égal au produit du moment d'inertie p., par la vitesse angu-
laire w. Pour que cet axe, que nous représenterons par oG, devienne dans
l'instant suivant oG' (dirigé suivant oA'), il faut que, pendant l'instant
infiniment petit dt, le système ait été sollicité par un couple dont l'axe soit
dirigé suivant GG', et dont l'intensité soit représentée par
GG'
dt '
Or, la seule action qui s'exerce directement sur l'instrument est la réaction
du plan fixe P; cette réaction ne peut produire que des forces perpendi-
culaires au plan P, et, par suite, un couple dont l'axe sera situé dans ce
plan ; il faut donc que la droite GG' soit parallèle au plan P, et, pour cela,
que ce plan soit tangent au cône, et, par suite, perpendiculaire au plan loA.
Nous avons donc ce premier théorème :
( 1023 )
» L'axe du gyroscope étant assujetti à rester sur un plan P, il ne peut
rester en équilibre que s'il coïncide avec la projection sur le plan de la
parallèle à l'axe du monde.
» Lorsque la coïncidence dont nous venons de parler n'a pas lieu à l'o-
rigine, l'équilibre relatif est impossible, et l'instrument fait des oscillations
dont nous devons calculer les lois.
» Et d'abord remarquons que, quelle que soit la position initiale oA de
l'axe, on peut appliquer à l'instrument le couple nécessaire pour maintenir
l'axe en repos apparent sans changer la vitesse de rotation, pourvu que
l'on applique le couple égal et contraire. Or ce couple, d'après la démons-
tration du théorème précédent, a pour axe une perpendiculaire au plan IoAt
et en nommant
|x le moment d'inertie du gyroscope ;
u la vitesse de rotation de la Terre;
w4 la vitesse angulaire de l'instrument;
le moment de ce couple est, comme on le voit immédiatement,
p.(ù(,y, sinloA;
et, puisque ce couple maintient l'axe du gyroscope en repos apparent, c'est
le couple égal et contraire qui fait glisser l'instrument sur le limbe.
» Ce couple est décomposable en deux autres, l'un dont l'axe est situé
dans le plan du limbe et qui sera détruit, l'autre seul efficace, dont l'axe
perpendiculaire au plan du limbe est représenté par
JU.WU, sin!oAsin(P, IoA),
(P, IoA) désignant l'angle dièdre formé parle plan P avec le plan IoA<
Or, dans le trièdre formé par les droites oA, ol et par la projection oH
de ol sur le plan P, on a
sin IoA sin (P, IoA) = sinloH sin AoH;
et comme l'angle IoH est constant, on voit que le couple accélérateur
est proportionnel au sinus de l'écart entre la position actuelle de l'axe et sa
position d'équilibre. De là résulte que la loi des oscillations est celle du
pendule simple, et que leur durée est proportionnelle à la racine carrée du
sinus de l'angle formé par l'axe du monde avec le plan P.
» Telle est l'explication très-simple des phénomènes observés. Je dois
i34..
( >oa4 )
faire remarquer, toutefois, qu'après avoir trouvé l'expression du couple qui
pousse l'instrument, il faut encore expliquer pourquoi la vitesse acquise
tend à se conserver, car il n'y a pas là, comme dans le cas d'un point ma-
tériel, inertie proprement dite. On sait, en effet, que l'axe oA étant animé
d'un mouvement de translation sur le limbe, l'instrument ne tourne pas
rigoureusement autour de oA, mais autour d'un axe faisant un petit angle
avec oA et situé dans le plan mené par oA perpendiculairement au limbe.
Cet axe de rotation n'étant pas un axe principal d'inertie, tend à se déplacer
et à décrire un petit cône ; mais pour décrire ce cône, il lui faudrait péné-
trer à travers le limbe, dont le plan résiste et produit un couple qui le relève
et lui conserve purement et simplement sa vitesse tangente au plan P, et
que vient accroître le couple accélérateur calculé plus haut.
» J'ajouterai, enfin, que le petit angle formé par l'axe du gyroscope avec
l'axe véritable de rotation ayant été négligé, les formules trouvées ne sont
que très-approximatives, et c'est pour cela qu'elles ne coïncident pas avec
les résultats rigoureux obtenus par la méthode très-savante, mais beaucoup
plus difficile, de M. Bour. »
•
embryogénie comparée. — Note sur les développements primitifs. Formation
de l'œuf. — Vésicule ovigène et germinative. Condition primordiale de
la duplicité monstrueuse ; par M. Serres.
« Dans les Mémoires que j'ai présentés à l'Académie sur les développe-
ments primitifs des animaux, je me suis attaché à procéder de la formation
des organes à celle de l'embryon, et, par cette méthode simple et rigoureuse,
j'ai montré que ni l'embryon ni les organes n'étaient préformés dans l'œuf.
J'ai établi au contraire, non-seulement que les animaux se formaient de tou-
tes pièces des éléments constitutifs de l'œuf, mais encore que cette formation
était assujettie à des règles dont la nature ne s'écartait jamais, même dans
les écarts que nous lui supposions dans le développement de la mons-
truosité.
» Mais là ne s'arrête pas l'étude des développements primitifs des ani-
maux. Après avoir démontré que tout ce qui a vie provient d'un œuf, reste
à déterminer d'où vient l'œuf lui-même, quelle est son origine et quel est
son mode propre de formation.
m La solution de ce nouveau problème dont les prémices ont si bien été
posées par Graaff et Malpighi, intéresse au plus haut degré la zoogénie,
celle particulièrement des animaux invertébrés dont les rapports avec les
( 1025 )
vertébrés sont encore si vaguement déterminés. En rappelant que les pre-
miers termes de l'ovogénie ont été anciennement posés, on a reconnu que
nous voulons désigner le follicule de Graaff. C'est en effet ce follicule qui -est
l'organe formateur de l'œuf, et, depuis longtemps, nous lui avons donné le
nom de vésicule ovigène, afin de caractériser le rôle important qu'il remplit
dans la génération des animaux. Mais ce rôle, tout évident qu'il soit, a néan-
moins été méconnu : premièrement, par la raison que les belles vues de
Graaff tombèrent dès leur origine dans le domaine du système des préexis-
tences; secondement, parce que l'école de Haller nia la présence de l'o-
vule dans l'intérieur du follicule, pour la rapporter dans l'oviducte; et troi-
sièmement enfin, par la raison que la découverte de la vésicule germinative
absorba pendant des années toute l'attention des physiologistes et des mi-
crographes.
» A l'aide de cette découverte capitale, on éclaira d'abord la composi-
tion de l'œuf des oiseaux, puis celle de l'œuf des mammifères, des reptiles
et des poissons, puis celle de l'œuf des invertébrés jusqu'aux polypes. On
arriva ainsi, à la suite des recherches les plus persévérantes et les mieux
combinées, à reconnaître et à établir Y analogie de composition de C œuf dans
toute la série animale.
» La vésicule germinative servit de cette manière de régulateur et de
guide à l'ovologie comparée. Mais on fut trop loin, et on dépassa les limites
de l'observation microscopique, lorsque MM.Baer et Barry s'efforcèrent de
faire de cette vésicule le point générateur de l'œuf. Les observations nom-
breuses et si précises qu'ils invoquèrent à l'appui de leur opinion, firent
ressortir avec évidence l'erreur de leur interprétation. Cette erreur avait en
effet sa source, dans la négligence apportée par ces illustres embryologistes,
dans l'ordre de formation et de succession des parties constituantes de l'œuf
à l'époque où il est enclavé dans le stroma de l'ovaire. En rétablissant cet
ordre, en suivant pas à pas le développement de l'œuf ovarien, et analysant
avec soin les parties qu'il renferme dans ses divers temps déformation,
on détermine avec exactitude les parties primitives de l'œuf, de ses
parties consécutives, et, comme on va le voir, on parvient à reconnaître
que le follicule de Graaff est l'organe formateur de l'œuf ou la vésicule ovi-
gène.
» Si l'on place sous le microscope des tranches minces, coupées à la sur-
face de l'ovaire des mammifères, on remarque, à un grossissement de 200 à
3oo diamètres, une myriade de petits corps granuleux, qui sont de plus en
plus volumineux à mesure que l'on se rapproche de la surface extérieure de
( 1026 )
l'organe. Sur cette surface extérieure, et au-dessous du péritoine, on voit,
même à l'œil nu, dix ou douze de ces petits corps qui ont un aspect vésicu-
leux.
» Ces petits corps sont la vésicule de Graaff, à des degrés divers de déve-
loppement ou de maturité. Le premier degré est constitué par l'état granu-
leux; le second représente un follicule, et le troisième est l'état parfait de la
vésicule.
» Dans l'état granuleux, on ne distingue pas d'enveloppe membraneuse;
cette enveloppe est au contraire très-distincte chez le follicule, et d'une
transparence qui rappelle celle des membranes séreuses. L'intérieur du fol-
licule renferme un liquide limpide, de nature albumineuse, et des globules
particuliers ronds ou aplatis, dans lesquels Barry a aperçu un nucleus.
» Le passage de l'état folliculeux, à l'état de vésicule parfaite, est le temps
le plus remarquable de la vésicule ovigène; c'est le moment de la formation
de la vésicule germinative, le moment de la formation du vitellus, le mo-
ment, par conséquent, où les éléments fondamentaux de l'œuf se constituent.
Comment se constituent ces éléments fondamentaux de l'œuf? Par quel mé-
canisme? Par quel procédé?
» Suivons toujours la nature, et nous la verrons elle-même répondre à ces
questions.
» En effet, si, après l'apparition des globules prolifères huileux, on ob-
serve attentivement les phénomènes qui se passent dans l'intérieur de la vé-
sicule ovigène, on voit d'abord ces globules se multiplier, puis un d'entre
eux se dilater, s'éclaircir, assembler autour de lui d'autres globules et des-
siner ainsi nettement, au milieu de ces derniers, une petite vésicule incluse
dans la grande ; cette petite vésicule de nouvelle formation est la vésicule
germinative, née au milieu de la masse de globules prolifères dont l'aspect
grisâtre les fait ressembler à des gouttes d'huile, et dont quelques-uns for-
ment une double ceinture au pourtour du corps nouveau et si important qui
vient d'apparaître.
» La vésicule germinative n'apparaît donc, dans la vésicule ovigène de
Graaff, que lorsque les globules prolifères huileux se sont montrés; ceux-ci,
les globules prolifères huileux, ne se montrent qu'après le liquide transpa-
rent qui remplit la vésicule ovigène, et cette dernière enfin n'est que la trans-
formation du granule par lequel a débuté ce petit appareil.
» Chez les oiseaux, les reptiles et les poissons, le développement de la
vésicule ovigène suit le même ordre que chez les mammifères. On observe,
cnez ces animaux, les granules en premier lieu ; en second lieu, les follicules
( I027 )
avec leur liquide transparent; en troisième lien, les globules prolifères à as-
pect huileux, moins nombreux que chez les mammifères ; et en quatrième
lieu enfin, la vésicule germinative.
» Chez les invertébrés, la vésicule ovigène ne se sépare pas de son pro-
duit; elle fait partie intégrante de l'œuf, et remplit dans le développement
de leur embryon l'office de la vésicule blastodermique chez les vertébrés.
De même que cette dernière, elle est composée de trois lames, l'une séreuse
et externe, la seconde vasculaire et moyenne, et la troisième interne et
muqueuse. L'introduction de cet élément nouveau dans l'étude des dé-
veloppements primitifs des polypes, des annélides, des mollusques, des
crustacés et des insectes, nous a servi à éclairer leur embryogénie comparée.
» La vésicule germinative est donc le produit de la vésicule ovigène ; elle
prend naissance dans le fluide que renferme cette dernière vésicule, et, sitôt
après sa naissance, elle devient le centre de formation autour duquel se dé-
veloppe le cumulus prolifère, le vitellus et sa membrane propre, en un mot
l'appareil d'où provient l'embryon après la fécondation.
» Dans l'état ordinaire, il ne se développe, dans chaque vésicule ovigène,
qu'une seule vésicule germinative; par conséquent qu'un seul cumulus,
qu'un seul jaune et qu'un embryon unique. Quelquefois cependant il s'en
forme deux, trois et même quatre, très-étroitement logés dans la même vési-
cule ovigène. Or, comme chaque vésicule germinative appelle autour d'elle
son cumulus d'une part, et son vitellus de l'autre, il se forme ainsi des ovules
doubles, triples ou quadruples, contenus toujours dans une vésicule ovigène
unique.
» On conçoit la confusion qui s'établirait parmi tous ces éléments orga-
niques, si chacun d'eux ne se formait à part, ne s'attachait à la vésicule ger-
minative dont il est le satellite, pour constituer d'abord son individualité
propre. Mais on conçoit aussi qu'à raison de l'étroitesse de la loge où ils
sont renfermés, ces ovules sont facilement amenés au contact les uns des
autres, et, par ce contact, amenés également à se pénétrer et à s'unir. C'est
là, la condition physique et primordiale de la duplicité, de la triplicité et
de la quadruplicité monstrueuses.
y> Valentin a observé trois ovules dans la même vésicule ovigène ; Baer,
deux et trois chez le chien ; Barry, deux et quatre chez le même animal, deux
chez le saumon. J'en ai rencontré deux chez la poule, jamais chez l'homme.
Chez une poule qui avait pondu des œufs à doubles jaunes, j'ai rencontré
un ovule double dans le même calice, dont les deux vitellus s'étaient réunis,
quoique les deux cicatricules rapprochées fussent distinctes. Chez un pi-
( 1028 )
geon, j'ai rencontré l'inverse. Les deux cicatricules s'étaient pénétrées,
quoique les deux vitellus fussent inférieurement séparés. Ainsi l'œuf ovarien
est le produit de la vésicule ovigène. L'ordre de succession des parties
constitutives de cet appareil, indépendamment des preuves fournies par l'ob-
servation directe, est confirmé de plus par la loi de solidescence des parties.
Le fait général de cette loi est que, dans le développement de tous les orga-
nismes, la solidité des parties développées est toujours en raison directe de leur
âge, de sorte que cette solidescence représente exactement l'époque relative
de leur avènement. Pour l'appareil qui nous occupe, la solidité des tissus est
plus marquée dans les parois de la vésicule ovigène que dans le reste de l'ap-
pareil, puis vient la vésicule germinative, puis le cumulus et sa membrane,
puis le vitellus, puis enfin la zone transparente chez les mammifères.
» Ainsi : i° l'œuf est le produit de la vésicule ovigène ; a0 la vésicule ger-
minative est la première partie de l'œuf qui se développe; 3° puis autour de
la vésicule germinative apparaissent, en premier lieu, le cumulus prolifère, et
en second lieu, le vitellus et sa membrane propre ; 4° chez les vertébrés, l'œuf
se détache de la vésicule ovigène, et il se développe, ainsi que l'embryon, en
dehors de l'influence de cette vésicule ; 5° chez les invertébrés, au contraire,
la vésicule ovigène reste inhérente à l'œuf, et elle prend part à son dévelop-
pement ainsi qu'à celui de l'embryon ; 6° de la présence ou de l'absence de
la vésicule ovigène, dans la composition de l'œuf des deux embranchements
du règne animal, résultent des différences notables dans leur embryogénie
comparée, différences que nous chercherons à apprécier plus tard; 70 la
vésicule germinative est, chez les vertébrés, l'élément fondamental de l'œuf
et le radical de leur embryon : le cumulus prolifère et le vitellus sont les sa-
tellites de cette vésicule primordiale; 8° de l'unité ordinaire de la vésicule
germinative dans la vésicule ovigène, résultent l'unité du cumulus, l'unité
du jaune et l'unité de l'embryon ; 90 de la pluralité des vésicules germina-
tives, dans l'intérieur d'une même vésicule ovigène, résulte à son tour la
pluralité des cumidus et des vitellus : il y a toujours autant de vitellus et de
cumulus qu'il y a de vésicules germinatives ; io° qu'il y ait une ou plusieurs
vésicules germinatives dans la même vésicule ovigène, les développements
de l'œuf et de l'embryon s'opèrent toujours de la même manière, et d'après
les mêmes règles: seulement, dans les cas de pluralité d'ovules dans une
vésicide ovigène unique, l'étroitesse du champ des développements fait que
les ovules s'associent pour accomplir leurs évolutions: n° enfin, dans ces
derniers cas encore, la condition primordiale de l'association des ovules et
des embryons a lieu, tantôt par la réunion homœozygique des deux vitellus,
( i°29 )
tantôt par celle des deux allantoïdes, selon que la réunion s'opère par le
plan supérieur au diaphragme, ou qu'elle s'effectue par le plan inférieur à
cette cloison. »
zoologie. — Considérations générales sur les classifications en histoire
naturelle, et exposé sommaire du plan de Zlchthyologie analytique (i);
par M. Ditméril.
« J'ai l'honneur de faire hommage à l'Académie du volume que je mets
sous ses yeux, et je crois devoir saisir cette occasion pour lui présenter
quelques observations générales sur la marche qui me semble la plus con-
venable à suivre dans l'étude de l'histoire naturelle.
» Lorsqu'on se livre à l'examen des êtres nombreux qui se rencontrent sur
la terre et dans les eaux, il suffit souvent de regarder l'objet qui se présente
une première fois à l'observation, pour reconnaître qu'il est différent de
tout autre. C'est qu'on l'a comparé à ceux que l'on a déjà vus et auxquels
il paraît ressembler davantage. Au moyen de cette comparaison, on ne
tarde pas à être convaincu que le corps soumis à un examen de détail offre
quelque particularité qui le distingue et le caractérise d'une manière spé-
ciale. Cette particularité découverte sur l'objet, comme si elle y avait été
inscrite et pour ainsi dire lue, s'opposera efficacement, par la suite, à ce
qu'on puisse le confondre avec tout autre; surtout si l'on a pu constater la
réalité ou la cause formelle de cette différence.
» Pour parvenir à ce résultat, il faut connaître un peu d'avance les affi-
nités que les êtres ont entre eux, ou avoir une idée première de leurs rap-
ports de conformité, de structure ou de composition, qui doivent en auto-
riser le rapprochement. C'est un premier pas vers la méthode naturelle,
ou qui semble, du moins, y conduire, puisqu'on joint et réunit ainsi, autant
qu'il est possible, les objets qui ont entre eux la plus grande analogie. Cet
examen se trouve très-abrégé et rendu plus facile quand on est guidé, dans
ses observations comparatives, par des personnes déjà versées dans la con-
naissance des êtres, ou quand on emploie des ouvrages qui ont été rédigés
d'avance pour servir à l'étude de certaines classes de corps naturels; car les
investigations et les observations à faire doivent varier suivant la nature des
objets que l'on examine. On reconnaît alors que la plupart des formes ap-
parentes des individus sont le résultat ou la conséquence de leur structure
(i) Tome XXVII des Mémoires de V Académie , première partie.
C. R., iS56, i" Semestre. (T. XLH, N° 22.) l35
( io3a )
interne. Lorsque ces coïncidences ont été analysées avec méthode, elles
fournissent constamment l'occasion d'apprécier ces rapports et d'en faire
ressortir toute l'importance, et l'on peut ainsi mettre en opposition les re-
marques les plus frappantes auxquelles ils peuvent donner lieu.
»> Pourquoi ne dirais-je pas que je parais avoir moi-même acquis quelque
droit de faire valoir ces moyens d'analyse comparée, ou de diriger cette
marche analytique, puisque je l'ai suivie et employée d'abord pour mes
propres études, et que, selon le témoignage honorable de plusieurs natura-
listes, je l'ai appliquée avec succès dans la plupart des ouvrages que j'ai
publiés depuis l'année 1799, soit sur l'histoire naturelle en général, soit en
particulier sur les Insectes, sur les Reptiles et même sur tous les animaux,
dans l'ouvrage intitulé : Zoologie analytique , dont la date est de 1 806.
» Après plus de cinquante années de professorat au Muséum d'histoire
naturelle, qui ont exigé de moi des études persévérantes sur les animaux
de la classe des Poissons, je viens aujourd'hui présenter à l'Académie le ré-
sultat de la partie de mes travaux qui se trouve ici dirigée uniquement sur
les genres établis par les auteurs. C'est un volume in-4° de plus de
5oo pages ; il a pour titre : Ichthjologie analytique. Mon principal but a
été de rendre plus faciles la connaissance et la distinction des Poissons, à
l'aide de tableaux synoptiques qui font parvenir à la détermination des
genres, dont j'expose ensuite les caractères essentiels.
» D'après l'autorisation que j'en ai reçue de l'Académie, qui avait bien
voulu accueillir le prodrome et les considérations préliminaires dont je
lui avais donné lecture, ce travail se trouve inséré en entier dans le
XXVIIe volume de nos Mémoires, et je le soumets à votre jugement
éclairé.
« Je n'ai pas inventé le système que je propose; mais, sous de nouvelles
formes et à l'aide de l'analyse ou de la comparaison, je suis parvenu à en
faire des applications qui, je l'espère, pourront faciliter l'étude et la déter-
mination des espèces nombreuses de la classe des Poissons. J'ai surtout
cherché, et je crois y être parvenu, à rassembler les individus qui paraissent
avoir le plus de rapports entre eux par l'ensemble de leur conformation.
Cette marche naturelle, que le zoologiste est appelé presque instinctivement
à suivre, m'a conduit à prendre pour guides les notions anatomiques et phy-
siologiques pour me gouverner et arriver à la distinction raisonnée et au
rapprochement de la plupart des genres. Je ne parle au reste que de ceux
qui ont été établis jusqu'à présent, car j'ai évité d'en augmenter le nombre.
Mais, avant d'entrer dans les détails de cette classification, je crois devoir
( io3i )
faire connaître l'ordre que j'ai suivi dans la rédaction de cet ouvrage.
» Un premier chapitre contient le précis de l'histoire naturelle et physio-
logique de la classe des Poissons. Toutes les formes des organes et les modi-
fications des fonctions vitales de ces animaux y sont successivement passées
en revue. Outre les détails sur leur structure et sur les différences qu'elle
présente, cette partie du livre renferme quelques considérations nouvelles
relatives aux effets physiologiques produits par l'action des organes, de ma-
nière à en donner une idée générale, quoique très-abrégée. Ainsi on y
trouve, brièvement indiqués et décrits, les instruments de la vie destinés à
produire la locomotion et à modifier l'équilibre de la masse du corps ou de
ses parties, en raison des variations de la pesanteur hydrostatique, résultant
de l'admirable faculté dont jouissent les Poissons d'exécuter et de diriger
avec rapidité dans l'eau tous les mouvements nécessaires à leur translation
aux diverses hauteurs ou profondeurs du milieu dans lequel ils sont
plongés.
» De semblables développements ont été donnés à l'étude des organes
de la sensibilité en général, et en particulier de ceux des sens qui, chez les
Poissons, présentent nécessairement de grandes modifications exigées par
leur séjour constant et leur habitation forcée dans des espaces liquides.
Elles sont surtout frappantes, lorsque l'on compare la forme et la position
relatives de ces mêmes instruments avec ceux des animaux obligés de res-
pirer et de vivre dans l'air atmosphérique. Il en provient nécessairement
des changements dans la nature et le résultat des sensations éprouvées par
le Poisson. Ce sont principalement les organes du goût, de l'odorat et de
l'audition, qui offrent le plus grand intérêt aux physiologistes, quand
ils en observent la structure, l'arrangement et le mécanisme. On conçoit
d'avance que ces sens, dont l'action ne s'exerce plus dans un fluide
gazeux, aient été mis en relation plus directe avec les diverses qualités qui
ne peuvent se manifester que dans les liquides.
» Ce séjour forcé dans l'eau a certainement exercé aussi son influence
sur les organes et les fonctions de la vie générale, nécessaires à la conserva-
tion des individus et de leur race. Ces modifications sont faciles à observer
dans les différents actes qui servent à la respiration, à la circulation, à la
nutrition en général, et même de la reproduction, dans la classe entière des
Poissons.
» Nous avons cru devoir faire connaître avec quelques détails les résul-
tats physiologiques de cette organisation modifiée, et nous y avons attaché
une grande importance; car elle nous a servi d'abord, comme point de dé-
i35..
( io3a )
part, pour la classification générale des Poissons et ensuite pour l'établisse-
ment et la coordination de chacune des quarante-trois familles dont les
formes et les actes de la vie ont été plus particulièrement étudiés. Les dif-
férences notables que peuvent offrir les branchies dans leur structure in-
time, leur position, et même dans leur apparence extérieure, sont dénotées
par le nombre, la forme, la composition partielle des orifices destinés à
donner issue ou à laisser sortir la portion d'eau qui est sans cesse employée
pour la respiration.
» La totalité du deuxième chapitre est consacrée au développement des
procédés dont nous avons fait usage pour diriger l'observation sur les
points les plus importants de l'organisation, et pour y parvenir nous avons
eu recours à l'emploi simultané de la méthode et du système. La significa-
tion attribuée par nous aux termes dont nous nous sommes servi pour dé-
signer constamment les mêmes organes, définis une première fois, nous a
permis d'appliquer assez brièvement à l'étude collective des Poissons, la
marche combinée de l'observation et de l'analyse, à l'aide de tableaux sy-
noptiques, sorte d'échafaudage provisoire très-nécessaire d'abord, mais
qui nous devient inutile ensuite et qui doit être détruit lorsque la construc-
tion est achevée.
» Ainsi, après avoir rappelé les caractères généraux de la classe des Pois-
sons, nous insistons plus particulièrement sur les rapports et les usages
essentiels des branchies, dont l'action physiologique est liée intimement à
toute l'économie organique de ces animaux, afin de faire concevoir l'ex-
trême importance de ce mode de respiration. Ces organes, qui restent cachés
à l'intérieur et qui varient par leur structure, le nombre des lames et la
disposition de la trame vasculaire qui les constitue, sont surtout essentiels
à étudier, parce qu'ils fournissent au simple observateur naturaliste un
moven très-utile pour reconnaître et distinguer entre eux les Poissons au
premier aperçu. Les branchies sont toujours renfermées dans un sac mem-
braneux dont les parois motiles contribuent essentiellement au mécanisme
de leur action. Cette bourse charnue, visible près de la tête, présente deux
modifications principales, dont chacune correspondre la maniéré la plus
évidente, à des différences très-notables dans l'organisation des espèces.
» Les Poissons que je propose de nommer Poljclides (i) sont différents
de tous les autres par l'adhérence de leurs branchies aux parois du sac,
complètement membraneux, qui les renferme, et dont les enveloppes molles
(i) tloXuxXiiîsg , qui sert à ouvrir et à fermer plusieurs portes.
( io33 )
suffisent pour attirer et repousser la portion d'eau nécessaire à l'acte
de la respiration. C'est surtout la présence des trous, dont les poches bran-
chiales sont percées, qui nous les avait fait désigner depuis longtemps sous
le nom de Trématopnés. D'ailleurs l'ensemble de leur squelette diffère, par
sa consistance et par ses articulations, de celui des autres Vertébrés. Ce sont
des Poissons cartilagineux ou des Chonclrichthes . Ils appartiennent à une
sous-classe distincte, dont les limites et les caractères sont très-nettement
déterminés.
» Tous les autres Poissons, qui sont pour nous des Diclides (i), n'ont
que deux issues aux branchies. Ces organes respiratoires sont renfermés dans
des cavités à parois plus ou moins solides et compliquées, remplissant
l'office de panneaux mécaniques mobiles, destinés à produire alternative-
ment leur dilatation et leur contraction.
» Le peu de consistance des parties du squelette qui restent molles et
flexibles chez un grand nombre, et surtout l'absence de véritables écailles,
quelquefois remplacées par des pièces tégumentaires dures ou cornées,
mais jamais superposées, puis beaucoup d'autres particularités de leur
organisation, ont autorisé les naturalistes à former une division séparée
ou une deuxième sous-classe des espèces dites Jîbro-cartilagineuses, que
nous nommons les Chondrostés ou Chondrostichthes .
» Enfin les Poissons dont il nous reste à parler sont en nombre immense
comparativement aux espèces des deux sous-classes précédentes. Ils sont
caractérisés par un squelette plus solide ou dont les parties résistantes sont
dites osseuses; ce sont ceux que nous désignons sous le nom d' Ostichthes
ou d'IcHTHYOSTÉs. Ils diffèrent d'ailleurs de tous les .autres Poissons,
par l'ensemble de leur conformation extérieure et de leur organisation in-
terne qui varient à l'infini, quoiqu'elles soient constamment en rapport avec
les habitudes, les mœurs et le séjour ; car ces circonstances paraissent indi-
quer d'avance leurs formes particulières. Cette induction primitive, déter-
minée tout d'abord par le simple aspect de ces animaux, permet de recon-
naître des genres bien distincts, ou des réunions d'espèces ayant entre elles
beaucoup de ressemblance. Cette même analogie évidente a souvent très-
heureusement servi pour établir certaines familles que nous regardons
comme naturelles et pour les désigner, ainsi qu'on le verra, sous des déno-
minations par lesquelles nous avons cherché à les dénoter ou à les caractériser.
(i) àaiktf, i<Jo;, valva bijoris , utrinquc c/ausa : de Ai;, deux, et de K)siç, qui sert à
fermer, fores géminée.
( >o34 )
» Voici les principales divisions de la sous-classe des Trématopnés, à
ouvertures branchiales multiples, parmi les Poissons essentiellement carti-
lagineux. Nous les avons partagés en deux tribus et en quatre familles. Les
uns n'ont pas de nageoires paires, et le pourtour de la bouche est circulaire.
Ce sont nos Cyclostomes (1), comme les Lamproies; les autres ont quatre
nageoires latérales, comme les Squales et les Raies dont la bouche est élargie
en travers, et que nous avons nommés les Plagiostomes.
» Les Chondrostés, ou les Poissons fibro-cartilagineux, ont deux ouver-
tures branchiales. Tantôt, comme dans les Hippocampes, la bouche s'ouvre
à l'extrémité d'un long museau, et les branchies offrent une organisation
particulière qui les a fait appeler des Lophobranches ; tantôt, et tels sont les
Esturgeons, cette bouche est au-dessous de la tète : on les nomme Jlypo-
stomates. Ces premières particularités ne se retrouvent plus dans les autres
familles. Chez plusieurs de ces Poissons, les os des mâchoires sont tout à
fait hors de la bouche, comme dans les Quatre-dents ou Tétrodons : ce sont
des Gjmnognathes ; ou les dents sont recouvertes parles lèvres, tels sont
les Coffres et les Balistes, chez lesquels les nageoires paires sont simples et
auxquels nous conservons le nom de Sclérodermes ; ou bien ces organes,
bizarrement conformés, servent aux espèces comme des pieds; c'est ce qu'on
voit chez les Baudroies, les Cycloptères : ce sont les Ptéropodes.
n Je pourrais poursuivre cette analyse, en l'appliquant à la sous-classe
des Poissons osseux ou Ichthyostés; mais l'exposé de ces divisions ne serait
qu'une simple table de matières. Je présente ici quelques-uns de ces tableaux
synoptiques. Tout l'ouvrage a été conçu et exécuté sur ce plan. Non-seule-
ment l'analyse conduit à la distinction des familles, mais elle s'applique à
tous les genres dont quelques-unes des espèces ont été décrites et figurées
dans des ouvrages indiqués. Je regrette de n'avoir pas trouvé dans cette salle
les moyens de développer ces tableaux dans leur ensemble; mais ce simple
résumé suffira, je l'espère, pour faire connaître d'une manière générale la
marche que j'ai suivie dans ce travail.
» Je ne dois pas craindre d'avancer que cette branche de la zoologie avait
offert jusqu'ici les plus grandes difficultés, et j'ose me flatter que l'emploi
des procédés systématiques facilitera beaucoup son étude, en dirigeant vers
une classification méthodique et naturelle. »
(i) Cette distinction, établie par nous en 1800 [Anatomie comparée de Cuvier, tome Ier), a
été ensuite consignée dans la Zoologie analytique, où j'ai proposé les noms de Cyclostomes et
de Plagiostomes, qui sont aujourd'hui universellement adoptés.
{ io35 )
zoologie. — Sur une nouvelle espèce de Panthère tuée par M. Tchihatcheff
à Ninfi, village situé à huit lieues est de Smyrne; par M. A. Valencienxes.
« Les Panthères forment, dans le grand genre des Feus, une famille na-
turelle, que tout le monde reconnaît à leur pelage plus ou moins fauve,
couvert de taches noires. On confond encore ces dangereux carnassiers
sous la dénomination commune des Tigres; ils ont toujours existé en très-
grand nombre sur la surface de la terre. Leur abondance est constatée
depuis les temps les plus éloignés de nous. On sait, en effet, que les Romains
montraient les Panthères par centaines dans leurs jeux cruels ; et si de nos jours
on n'en tient plus que quelques individus dans nos ménageries, cela dépend
plutôt d'un changement d'habitudes dû à la douceur de notre civilisation,
qu'au manque de ces animaux et à la difficulté qu'on aurait d'en réunir un
très-grand nombre ; on peut en juger par la quantité considérable de peaux
de ces animaux que le commerce exporte, tous les ans, d'Afrique, des
Indes ou des grands ports d'Amérique.
» Toutes ces Panthères tachetées appartiennent-elles à une seule espèce,
ou diffèrent-elles entre elles par des caractères constants, selon les pays dont
elles proviennent. Cette question, dont la solution semblerait facile, est au
contraire si difficile à résoudre, que les plus grands naturalistes n'ont pas
encore éclairé complètement cette belle question de philosophie zoologique.
Peu à peu cependant nos maîtres en ont resserré l'étendue, et aujourd'hui,
si je n'ai pas la prétention de faire mieux qu'eux, je crois que les observa-
tions que je vais présenter faciliteront les recherches à ceux qui viendront
à s'occuper, après moi, de la distinction de ces animaux.
» Buffon a distingué d'abord, avec cette hauteur de vue qui lui a fait
traiter de l'histoire des animaux, le Tigre d'Amérique, de nos Panthères
de l'ancien monde. Si ce grand homme n'a pas donné une diagnose suffi-
sante de ces animaux, dont il ne pouvait voir qu'à des époques des indivi-
dus dans les petites ménageries de son temps, il a posé en termes précis que
les Jaguars sont américains. En lisant avec attention les admirables chapitres
de Buffon, dans lesquels il expose ses idées sur les animaux de l'ancien et
du nouveau continent, il me semble qu'on ne doit pas dire que ce grand
naturaliste n'a pas distingué le Jaguar. Mais il l'a mal connu. Quant aux
Panthères, il a bien jugé que les anciens ont confondu, à peu près comme
nous, sous les noms de Pardalis, de Pardus, de Panthera, et même de
Leopardus, tous les grands chats à corps tacheté.
( io36 )
» Cuvier n'a pas été plus heureux, quoiqu'il ait voulu paraître plus pré-
cis en cherchant à établir une diagnose pour faire reconnaître la Panthère
[Felis P ardus Lin.), le Léopard [Felis Leopardus Lin.), espèces nominales
que Linné avait aussi établies dans le Sjstema Naturce.
» La grande difficulté de ce genre de travail consiste à savoir trouver
l'organe vraiment caractéristique et sur lequel le zoologiste fixera l'examen
comparatif des espèces voisines les unes des autres. Quand on a étudié un
grand nombre d'espèces dans les classes où les familles sont très-naturelles,
on reconnaît aisément l'exactitude de cette vérité. On pourrait citer de la
classe des Oiseaux ou des Poissons plusieurs genres dont les espèces se res-
semblent par l'aspect général, par la distribution des couleurs, et qui ont
cependant un organe qui peut servir à les distinguer. Or, c'est précisément
les cas des Panthères. C'est à M. Etienne Geoffroy-Saint-Hilaire que l'on
doit cette remarque, et c'est lui qui a fixé l'attention des naturalistes sur la
facilité de caractériser ces animaux par l'examen des couleurs, non de leur
corps, mais de leur queue, et sur les rapports de longueur entre le tronc et
la queue.
» Quand M. Geoffroy eut reconnu que le Jaguar a la queue courte, moins
longue que le tronc, et que les taches noires de cet organe forment à son
extrémité deux ou trois cercles ou anneaux complets; que la Panthère a, au
contraire, la queue égale au moins à la longueur du tronc, que le dessous est
blanc et sans taches, parce que les taches ne s'étendent que sur le dos de
cet organe, l'illustre savant a indiqué aux zoologistes la partie du corps
où l'on trouverait des caractères pour donner la diagnose de ces espèces.
M. Frédéric Cuvier, suivant ces principes, a observé que les Panthères
venues de l'Inde dans nos ménageries, c'est-à-dire de la côte de Malabar,
ou de Ceylan, ont la queue plus longue encore que la Panthère de Barbarie;
et il a nommé cette espèce Panthère à longue queue ( Felis longicaudata).^
» En poursuivant ces recherches dans cet esprit, j'ai remarqué une Pan-
thère originaire du Gabon et vivante dans la ménagerie du Muséum ; elle a la
queue beaucoup plus longue encore que les espèces prénédentes, car un de
nos exemplaires mesure, de la nuque à l'origine de la queue, om,65, et la
queue a om,77 de long. Cette partie du corps est d'ailleurs couverte de
taches noires en dessous comme sur le dos. Les flancs de l'animal sont
aussi couverts d'un nombre plus considérable de taches. On peut la dési-
gner sous le nom de Panthère à queue tachetée ( Felis pœcilura Val.).
» J'ai fait la revue des variétés ou peut-être même des espèces incer-
taines qui sont réunies dans les galeries du Muséum, pour fixer les
,( i°37 )t
caractères de l'animal dont je vais donner une description succincte;
nous le devons à M. Tchihatchcff. On sait avec quelle ardeur il a ex-
ploré l'Asie Mineure pour nous faire mieux connaître ces contrées si
pleines de souvenirs. La géologie et la météorologie ont toujours appelé
l'attention de ce savant voyageur, mais il n'a rien négligé de ce qui pouvait
nous faire mieux connaître sa géographie physique.
« On savait par les récits des anciens et de quelques modernes que les con-
trées montueuses à l'est de Smyrne recèlent encore aujourd'hui desPanthères.
M. Pichon, consul de France de Smyrne, a souvent parlé à son parent M. Bron-
gniart des Panthères qui se rencontrent près de Smyrne ; mais M. Tchihatcheff
a fait plus, il a rapporté la peau d'un individu atteint dans une chasse près de
Ninfi, petit village situé à /jo kilomètres est de Smyrne. Nous avons pu faire
monter ce précieux Mammifère, et, en le comparant à notre Panthère
algérienne [Felis Pardus), nous lui avons trouvé des caractères très-distinc-
tifs. L'animal, aussi grand que nos plus grandes Panthères africaines, a le
pelage cendré ou gris légèrement roussâtre, peu chargé de taches en larges
roses ou cercles mal fermés sur les flancs ; sur les épaules et sur les cuisses
elles sont un peu plus petites; à partir du poignet ou du tarse, les taches
deviennent des gros points noirs, que l'on retrouve sur la tête et un peu
sur le cou. Les taches en roses arrondies se continuent sur le dos de la
queue. Celle-ci, très-caractéristique, est plus longue que le corps entier
de l'animal ; le poil fin qui la recouvre s'allonge de plus en plus à mesure
qu'il s'approche de l'extrémité, de sorte que le dernier tiers de la queue de
cette Panthère est plus gros ou plus touffu que la racine : c'est précisé-
ment le contraire de ce qui existe chez toules les autres Panthères indiennes
ou africaines dont nous avons parlé. La distance du bout du nez à sa racine
ou à la hauteur du nez est aussi un peu plus longue. Cet ensemble de
caractères nous paraît suffisant pour bien reconnaître cette Panthère, très-
distincte de toutes celles que nous avons signalées plus haut.
» Elle nous a vivement intéressé, en nous rappelant qu'elle a été tuée dans
une localité très-voisine de celles d'où les Romains ont tiré beaucoup de Pan-
thères pour les faire paraître dans les combats des animaux dans le Cirque.
» En effet, dans les Lettres familières de Cicéron, nous trouvons plu-
sieurs passages qui prouvent qu'à Rome il était ordinaire de faire chercher
des Panthères en Lycie, en Lycaonie ou en Cilicie. Car Cicéron, en se ren-
dant au gouvernement de cette province, traversa la Méditerranée pour
aborder à Éphèse, d'où il gagnait Laodicée pour être près de son camp,
C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 22.) l36
( io38 )
établi à Iconiurn, aujourd'hui Koni. Or Cœlius, qui briguait alors l'édilité,
ne cesse de lui demander des Panthères pour les faire paraître aux jeux qu'il
sera obligé de donner s'il est revêtu de cette charge. Il lui dit dans une
première Lettre ( i ) : « Aussitôt que vous aurez appris que je suis désigné, je
» vous prie de penser sérieusement aux Panthères. »
» Dans une autre Lettre reçue par Cicéron, arrivé à Laodicée, Cœlius (a)
lui rappelle encore les Panthères :
« N'oubliez pas non plus les Panthères, et donnez ordre aux Cibyrates
» qu'elles me soient envoyées. »
» Cœlius (3) y revient plus loin, en termes qui prouvent combien il était
ordinaire de faire prendre des Panthères en ces contrées :
« Vous n'avez pas reçu de moi une seule Lettre où je ne vous aie parlé
» des Panthères. Il serait bien honteux que Patiscus en eût envoyé dix à
» Curion, et que je n'en obtinsse pas un plus grand nombre de vous, qui
» pouvez en tirer de quantité d'endroits. Curion m'a donné celles de Patiscus
» et dix autres qu'il avait reçues d'Afrique; car sa libéralité ne se borne
» pas à donner des maisons de campagne. Pour vous, si vous avez la bonté
» seulement de vous souvenir de ma prière, et de donner des ordres aux
» Cibyrates et en Pamphylie, où l'on dit qu'il s'en prend beaucoup, vous
» m'en procurerez autant qu'il vous plaira. »
» Et Cœlius (4) reproduit encore cette demande, sous la forme de plai-
santerie :
« Mais songez qu'il serait honteux pour vous que je n'eusse pas de Pan-
» thères grecques. »
» Cicéron répond au sujet de ces demandes, dans une de ses admira-
bles Lettres confidentielles à Atticus, où il lui fait connaître son désinté-
ressement dans l'administration de sa province, et son indignation, qu'il n'a
pas manqué de transmettre à Cœlius, sur les taxes qu'il voulait faire im-
(i) Tu tamen simul ac me designatum audieris , ut tibi curae sit, quod ad Pantheras
attinet, rogo. {Ad. Div. VIII, 2.)
(2) Item, de Pantheris, ut Cibyratas arcessas, curesque ut mihi venentur. ( Ad.
Div VIII, 4.)
(3) Fere litteris omnibus tibi de Pantheris scripsi. ïurpe tibi erit, Patiscum Curioni
decem Pantheras misisse, te non multis partibus plui-es. Quas ipsas Curio mihi et alias
africanas decem donavit; ne putes illum tantum prsedia rustica dare scire Tu, si modo
memoria tenueris, et Cibyratas arcessieris, itemque in Pamphyliam litteras miseris (nam
ibi plures capi aiunt) , quod voles efficies. ( Ad. Div. VIII, g. )
(4) Turpe tibi erit, Pantheras grsecas me non habere. {Ad. Div. VIII, 6.)
( >°39 )
poser à la province du gouvernement de Cicéron : toutefois, dans une autre
correspondance avec Cœlius, Cicéron promet gracieusement de lui faire
prendre des Panthères (i) :
« Je vous fais chercher soigneusement des Panthères par ceux qui sont
accoutumés à cette chasse, etc., etc.
» De Laodicée , 4 avril , l'an de Rome 703. »
» Nous espérons que ces citations, et plusieurs autres qui pourraient être
empruntées à Pline, prouveront que les Panthères étaient abondantes dans
l'Asie Mineure; on peut remarquer qu'à Rome on distinguait et l'on dé-
sirait voir les Panthères grecques autant que les Panthères africaines. C'est
pour rappeler ces souvenirs, que je propose de donner à cette nouvelle
espèce de Panthères la dénomination de Felis Tulliana.
» Je crois que cette Notice pourra engager les consuls de notre' pa-
trie ou les hommes zélés pour les progrès de l'histoire naturelle, qui se
trouveront à Smyrne, de faire leurs efforts pour envoyer au Muséum d'His-
toire naturelle une de ces Panthères vivantes. On pourra mieux juger
encore de la constance des caractères que j'ai signalés plus haut. Ce se-
rait un vrai service rendu à l'histoire naturelle des animaux , et à celle de
cette famille des Panthères, qui embarrassera encore longtemps les natu-
ralistes. »
météorologie. — Note sur un système régulier d'observations météorolo-
giques j établi en France par les soins de V administration des lignes
télégraphiques et de l'Observatoire impérial de Paris. (Communication
de M. Le Verrier. )
« Il y a environ un an, nous avons eu l'honneur de communiquer à l'Aca-
démie quelques relevés d'observations météorologiques simultanées, recueil-
lies à la surface de la France par les soins de l'Administration des lignes télé-
graphiques. A cette époque, le but de l'Observatoire impérial de Paris et de
l'Administration des lignes télégraphiques avait été d'essayer s'il serait pos-
sible, sans nuire au service administratif, d'établir un système régulier d'ob-
servations dont une partie serait transmise chaque jour par le télégraphe. Cette
possibilité ayant été admise, les deux Administrations se sont entendues, con-
formément aux intentions du Gouvernement, et suivant les ordres de MM. les
(») De Pantheris , per eos qui venari soient, agitur mandato meo diligenter.
Scrib. Laodiceœ, prid. non. Apr. A. V. C. 7<)3. {Ad. Div. II, 11.)
i36.'.
( io4o )
Ministres de l'Intérieur et de l'Instruction publique, pour mener à bonne fin
une entreprise qui ne laissait pas que de présenter de grandes difficultés.
» Il fut d'abord reconnu qu'il importait à la régularité du nouveau
service, que les observations fussent faites dans les postes télégraphiques,
qui devraient être à cet effet munis d'instruments. Nous n'ignorions
pas que dans un certain nombre de localités, nous pouvions compter
sur le zèle de quelques amis de la science ; mais nous n'avons pas voulu leur
imposer une aussi lourde charge que celle d'une transmission quotidienne,
régulière et à heure fixe, de leurs observations aux postes télégraphiques.
Malgré le dévouement des observateurs météorologistes des départements,
il aurait été impossible, à cause de leurs autres occupations, d'arriver à
une uniformité suffisante, et des irrégularités se seraient inévitablement
produites. De plus, les observatoires particuliers ne pouvaient présenter les
garanties de durée et de permanence des stations administratives. Enfin,
l'addition des nouveaux postes présentait le grand avantage de multiplier le
nombre des stations météorologiques à la surface de la France.
» Ce premier point ayant été arrêté, il fut convenu avec M. le directeur
général DE VOUGY, que l'Administration des lignes télégraphiques ferait re-
cueillir les observations par ses agents, et les ferait transmettre à l'Observa-
toire impérial de Paris, partie par le télégraphe, partie par la poste; tandis
que, de son côté, l'Observatoire fournirait les instruments et les instructions,
réduirait les observations et les ferait publier.
» Enfin , chacune des deux Administrations chargea l'un de ses fonc-
tionnaires de mettre ce plan à exécution. L'Administration des télégraphes
a délégué M. Pouget-Maisonneuve, connu pour les importantes amé-
liorations qu'il a introduites, notamment dans les appareils électrochimi-
ques. Du côté de l'Observatoire impérial, M. Liais était naturellement
désigné.
» Les instruments ont dû remplir des conditions particulières. Il était
nécessaire qu'ils fussent aisément et rapidement observables, tout en conser-
vant la précision des instruments ordinaires. M. Liais a donc fait construire
un système de baromètre à une seule lecture, se graduant par comparaison
avec un étalon sous la machine pneumatique, et qui remplit parfaitement
le but proposé : ce baromèlre a exigé la formation de nouvelles Tables de
réduction. Les thermomètres ont été gradués sur tige, numérotés sur plaque
d'émail, ce qui les rend toujours très-aisés à lire. De plus, ils ont leur ré-
servoir couvert d'une feuille métallique destinée à diminuer les effets de la
radiation.
( io4i )
» Outre les instruments, les divers postes ont reçu des registres inscrits à
leur inventaire et dont ils conserveront toujours la collection ; en sorte que
chaque station possédera dans l'avenir l'ensemble de ses observations passées.
Indépendamment des transmissions télégraphiques, les observations sont
envoyées journellement parla poste à l'Observatoire au moyen de bulletins.
» L'instruction particulière que possèdent les employés de l'Administration
des télégraphes est un sûr garant que les observations seront bien faites :
les connaissances de ceux qui sont chargés de ces observations les porteront
à s'intéresser à une opération scientifique et utile, et déjà nous avons la
satisfaction d'ajouter que le but a été complètement atteint. Pour ne pas
trop surcharger les employés, trois observations seulement par jour ont été
ordonnées, à l'ouverture du bureau, à 3 heures et à g heures du soir, avec
invitation d'observer plus fréquemment, s il était possible. Nous sommes
heureux de dire que dans presque toutes les stations il existe plusieurs
observations supplémentaires. Le Havre, Abbeville, Strasbourg, Châlons-
sur-rMarne, Bayonne, fournissent même six observations par jour.
» Le directeur général des lignes télégraphiques, M. de Vougy, a tenu à
signer lui-même l'instruction, qui a été insérée au Recueil administratif. Elle
est ainsi devenue article du règlement.
» Les stations, au nombre de vingt-quatre, ont été réparties entre les
divers bassins du Rhin, de la Seine, de la Loire, de la Gironde et du Rhône,
de manière à faire connaître le mieux possible l'ensemble de l'état atmo-
sphérique de chacun de ces cinq grands bassins. Quoique des considéra-
tions non scientifiques, telles que le parcours des fils télégraphiques,
la multiplicité des dépêches sur certaines lignes, la situation des postes dans
les villes, ne nous aient pas toujours permis de placer nos stations sur les
points que nous aurions préférés, nous pensons que les stations désignées
rempliront le but que nous nous sommes proposé.
» Nous possédons ainsi, y compris Paris, vingt-cinq stations réparties
comme il suit, par ordre de bassins : Mulhouse, Strasbourg, Mézières, Dun-
kerque; Tonnerre, Paris, Châlons-sur-Marne, Abbeville, le Havre; Clermont-
Ferrand, Nevers, le Mans, Limoges, Napoléon -Vendée, Saint-Brieuc, Brest;
Rodez, Montauban, Bayonne, Rochefort; Besançon, Lyon, Avignon, Dra-
guignan, Narbonne.
» Treize de ces stations transmettent, par le. télégraphe, une observation
faite à l'ouverture du bureau; ce sont : Strasbourg, Mézières, Dunkerque,
Tonnerre, le Havre, Limoges, Napoléon-Vendée, Brest, Montauban,
Bayonne, Besançon, Lyon, Avignon. Ces treize stations, jointes à Paris, suf-
( IO/J2 )
firont à donner chaque jour une idée de Fétat de l'atmosphère en France.
On n'a pas cru devoir demander l'extension de la transmission télégraphi-
que à un plus grand nombre de stations, pour ne pas entraver le service
administratif.
» Des mesures vont être prises pour que, très-prochainement, ces obser-
vations soient données au public immédiatement après leur arrivée. Elles
seront en outre insérées dans plusieurs journaux et dans une forme propre
à faire ressortir les changements survenus depuis la veille.
» Malgré le bon vouloir que l'on a rencontré de toutes parts, l'organisa-
tion des stations, sur une grande étendue de pays, a été longue et difficile.
» Les baromètres surtout ayant par trop souffert, quand on les remet-
tait aux voitures publiques, il a fallu en faire porter une partie par un
fonctionnaire de l'Observatoire. D'autres ont été confiés à diverses person-
nes, à M. Caillet, examinateur de la marine, à M. Petit, directeur de l'Ob-
servatoire de Toulouse, qui ont bien voulu s'en charger. MM. les ingénieurs '
des ponts et chaussées nous ont tres-obligeamment fourni l'altitude exacte
des postes. Toutes les stations télégraphiques sont présentement en état de
fonctionner, moins Brest, dont toutefois les instruments sont prêts.
» On comprend qu'il y aurait grand intérêt à relier à l'étranger l'organi-
sation que nous venons d'établir en France. Quelques ouvertures ont déjà
été faites dans ce sens, et partout elles ont été parfaitement accueillies.
» Il nous reste à pourvoir à la publication de l'ensemble des documents
recueillis, afin que ces documents étant promptement mis entre les mains de
tous les amis de la science, leur discussion soit à la fois plus rapide et plus
fructueuse. Nous nous occupons de ce complément indispensable de la
nouvelle organisation. »
« M. Pouillet présente à l'Académie les figures des radiations solaires
.telles qu'elles ont été données par l'actinographe («oyez les Comptes rendus,
19 mai i856, page ()i3) pour chacun des quinze derniers jours. On peut re-
marquer que dans cette période il y a eu un seul jour absolument sans so-
leil, le vendredi 3o mai; qu'il y a eu quatre jours, le jeudi 22, le dimanche 23,
le jeudi 29 et le samedi 3i, pendant lesquels les rayons du soleil ont percé
les nuages pendant quelques secondes ; que tous les autres jours, y compris
le dimanche Ier mai, présentent des alternatives très-nombreuses de radia-
tions solaires et de ciel couvert. M. Pouillet a fait ces observations à sa mai-
son de campagne, Épinay (Seine). »
( io43 )
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Vice-
Président pour la fin de l'année r 856 et l'année 1857, M. Geoffroy-Saint-
Hilaire, Président désigné pour l'année 1 857, se trouvant, par suite du décès
de M. Binet, chargé des mêmes fonctions pour la fin de l'année i856.
Le choix de l'Académie doit se porter sur un Membre appartenant à l'une
des Sections de Sciences mathématiques.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 49,
M. Despretz obtient 28 suffrages.
M. Duhamel i5
M. Chasles 4
M. Bravais 1
Il y a un billet blanc.
M. Despretz, ayant réuni la majorité des suffrages, est proclamé élu.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
L'Académie reçoit une seconde addition à un Mémoire précédemment
présenté au concours pour le grand prix de Sciences physiques de i856
(question concernant le dernier théorème de Fermât).
Ce supplément, qui, de même que le Mémoire original, porte pour épi-
graphe Hoc erat in votis, sera soumis au jugement de la Commission com-
pétente avec mention de la date de l'envoi.
médecine. — Sur le typhus de Crimée; Lettre de M. Baitdexs à M. le
Président de l'Académie.
(Commissaires, MM. Velpeau, Cloquet.)
« Constantinople, 5 mai i856.
» Les nombreux documents que j'ai recueillis en Crimée et à Constanti-
nople me permettraient de traiter in extenso l'importante question du
typhus des armées. Pour le moment, je demande à l'Académie des Sciences
la permission de me borner à l'examen sommaire de l'identité et de la non-
identité du typhus et de la fièvre typhoïde. Ce point de vue divise encore la
( io44 )
science ; mais à l'armée d'Orient, on peut dire que tous les médecins sont
aujourd'hui convaincus de la non-identité.
« Étiologie. — On s'accorde généralement à reconnaître que la fièvre
typhoïde et le typhus ont pour cause le miasme organique. C'est incontes-
fable, au moins pour le typhus : il est engendré par la misère, par l'accu-
mulation, par l'encombrement dans les prisons, dans les navires, dans les
camps, dans les hôpitaux ; on pourrait le faire naître et mourir à volonté. Il
n'en est pas de même de la fièvre typhoïde, ni des maladies épidémiques,
telles que le choléra, qui, quoi qu'on fasse, apparaissent fatalement et dis-
paraissent sans qu'on sache pourquoi. Une fois né spontanément sous l'em-
pire des causes précitées, le typhus se propage ensuite par infection. La
contagion, encore mise en doute pour la fièvre typhoïde, n'est pas contes-
table pour le typhus. A l'ambulance de la première division du troisième corps,
presque tout le personnel hospitalier, presque tous les soldats entrés pour
d'autres maladies et quinze médecins sur seize ont eu le typhus. Entre la Cri-
mée et Constantinople, trente-sept médecins, vingt sœurs de Charité, huit
aumôniers, des centaines d'infirmiers, tous pleins de santé, sont morts
empoisonnés au souffle des malades typhiques.
» Qu'il y ait infection ou contagion, vraisemblablement les deux à la fois,
n'importe, le résultat est le même : l'infection, qui bien certainement a la
plus grande part, est bien plus redoutable que la contagion, puisqu'il suffit
de respirer l'air contaminé par les typhiques, dans le premier cas, tandis
qu'il n'y aurait qu'à ne pas les toucher pour être préservé dans le second.
C'est par ces propriétés contagieuses que le miasme du typhus se révèle ; il
est attesté par la propagation du fléau et une grande mortalité partout
où il a été apporté. Nos hôpitaux de Constantinople l'ont reçu de la Cri-
mée.
m La différence qu'il y a entre le typhus et les maladies épidémiques
' ordinaires, c'est que celles-ci n'ont qu'une durée passagère dépendante
de l'action et de l'état atmosphérique, tandis que le typhus dure tant
qu'on ne s'est pas rendu maître de l'infection. Aussi, tandis que le médecin
d'hôpital se borne à traiter les typhiques, le médecin en chef d'armée doit
arrêter le fléau par des mesures de haute prophylaxie. L'incubation du
miasme organique paraît être en moyenne de six jours. Mon secrétaire a
contracté le typhus sept jours après avoir visité avec moi l'hôpital russe de
la Balbec où il régnait. L'empoisonnement miasmatique a marché quelque-
fois lentement en Crimée, quand il rencontrait une très-grande puissance
de réaction, et pendant le temps qui précède son apparition complète, on
( io45 )
peut suivre sur la physionomie des médecins, où la stupeur a laissé sa trace
visible, les progrès du mal. Ces cas d'infection lente et progressive ont été
presque toujours mortels.
» Marche. — Le typhus de Crimée a offert une marche moins uniforme
et moins régulière que le typhus d'ailleurs, si bien décrit par Hildembrand.
L'irrégularité du typhus de Crimée tient à diverses causes, parmi lesquelles
il faut noter en première ligne : le scorbut, la dyssenterie, les fièvres inter-
mittentes dues surtout aux marais de la vallée de la Tchernaïa. C'est à par-
tir du 1er janvier 1 856 que le typhus, qui, l'année précédente, avait com-
mencé à poindre, a pris de grands développements ; mais dans les derniers
temps du siège de Sébastopol, la pourriture d'hôpital, ce typhus des plaies,
avait fait de grands ravages. Pour éclater, le typhus contagieux n'attendait
plus que la concentration et l'accumulation, que la rigueur de l'hiver a
amenées naturellement. Les soldats, blottis dans leurs tentes hermétique-
ment fermées, dont le sol était humide et imprégné d'impuretés, ont subi
l'empoisonnement du miasme organique.
» Le typhus régulier de Hildembrand aurait pu se montrer sur les méde-
cins, sur les aumôniers et sur le personnel hospitalier de Constantinople
dont la constitution n'était pas altérée. Ici encore l'irrégularité a été la règle;
aussi les huit périodes décrites par Hildembrand n'ont-elies peut-être pas
été observées une seule fois.
» L'état prodrcrmal : lassitude, sommeil non réparateur, douleurs lom-
baires, horripilations, tension douloureuse de la tête, vertiges, si commun
dans la fièvre typhoïde, a souvent manqué. Le typhus, assez souvent, débute
d'emblée par un frisson initial et par la période inflammatoire, marquée par
un état catarrhal, plus ou moins prononcé, des yeux, des fosses nasales et
des bronches; par une forte céphalalgie frontale, vertigineuse, comme dans
l'ivresse; par la stupeur, qui est le cachet du typhus; par un délire calme
ou furieux ; par une grande prostration des forces; par une soif intense et
souvent par un état saburral des voies digestives. La peau brûlante se couvre,
après deux ou trois jours, d'une éruption exanthémateuse qui n'a manqué
que chez les sujets déjà épuisés par d'autres maladies et qui diffère essen-
tiellement de celle de la fièvre typhoïde. Elle se montre au tronc et aux
membres par groupes irréguliers de taches arrondies d'un rouge foncé sans
relief, moins grandes qu'une lentille, ne disparaissant pas par la pression;
sans pétéchies, sans sudamina, que je n'ai vus que trois ou quatre fois sui-
des milliers de malades.
C. H., .i856, i" Semestre (T. XLII, N» 22.; I $7
( io46 )
» La continuité de la fièvre avec pouls de cent à cent trente pulsations, plus
ou moins développé ou déprimé même, soit par une débilité antérieure,
soit par une oppression réelle des forces vitales, a été souvent interrompue
par un et plus rarement par deux paroxysmes réguliers en vingt -quatre
heures, assez semblables à des accès de fièvre rémittente, qui ont donné au
typhus de Crimée un caractère particulier. Le ventre est souple, sans dou-
leur, sans météorisme, sans ce gargouillement dans la fosse iliaque droite, si
caractéristique de la fièvre typhoïde. La constipation a toujours remplacé le
flux intestinal de la fièvre typhoïde quand la dyssenterie n'existait pas déjà
avant l'invasion du typhus. Après la période inflammatoire, qui dure cinq à six
jours, survient la période nerveuse, marquée par les phénomènes ataxiques
ou adynamiques, et souvent par un mélange des deux à la fois; elle ne dure
que de quatre à cinq jours et est peu prononcée quand la convalescence
doit être franche.
» La durée du typhus a présenté des caractères bien tranchés avec ceux
de la fièvre typhoïde. La mort est survenue souvent le troisième jour, même
le deuxième et quelquefois le premier. Il était alors foudrovant, dans la
force du mot. Rarement il a persisté au delà de douze à quinze jours, à
moins de complications, telles que des congestions organiques de l'une des
trois cavités splanchniques.
» Le retour à la santé a presque toujours eu lieu dans les dix premiers
jours. Le malade passait tout à coup du trépas à la vie; le délire, la stupeur
tombaient tout d'un coup comme par magie, mais le malade conserve en-
core des cauchemars très-pénibles, de la surdité, un affaiblissement de la
vue et une perte plus ou moins complète de la mémoire. Toutefois on ne
remarque pas, comme dans la fièvre typhoïde, la chute des cheveux. Ces
heureux changements sont souvent précédés d'épistaxis, de sueurs, d'urines
critiques et quelquefois de parotidites.
» La convalescence, si lente dans la fièvre typhoïde, marche rapidement
dans le typhus, et les écarts de régime sont peu redoutables; ce qui s'ex-
plique par l'absence de plaques de lésion des follicules intestinaux et d'en-
gorgement des glandes mésentériques dont la constance est l'un des princi-
paux caractères de la fièvre typhoïde. Des centaines d'autopsies ont con-
stamment donné des résultats négatifs de ce côté, sauf des granulations
miliaires et quelques plaques pointillées de noir, comme les grains d'urj#
barbe fraîche, à la fin de l'intestin grêle.
» On trouve la rate et le foie souvent gorgés de sang et ramollis. Les pou-
mons, quand il y a eu vers eux une congestion locale, sont engoués ou hépati-
( i°47 )
ses, surtout à la partie déclive, et quelquefois le siège de petits noyaux apo-
plectiques. Les lésions les plus constantes sont du côté du cerveau : forte
injection sanguine des méninges, épanchement séreux, teinte opaline de l'a-
rachnoïde, et quelquefois avec plaques pseudo-membraneuses; substance
cérébrale piquetée, ou ramollie, ou suppurée à la surface. Les auteurs s'accor-
dent sur la non-récidive de la fièvre typhoïde. Deux médecins, MM. Lardy et
Laval, ont succombé au typhus, bien qu'ils eussent eu quatre ou cinq ans
auparavant la fièvre typhoïde, dont on a pu retrouver les traces dans la
cicatrice d'ulcères intestinaux. C'est encore là une preuve de la non-
identité du typhus et de la fièvre typhoïde.
» Traitement. — Avant tout, de l'air pur sans cesse renouvelé; respecter
la période inflammatoire comme une effort suprême de la nature pour
chasser au dehors le poison miasmatique par une poussée exanthématique
à la peau; ne saigner que si le sujet est très-fort, s'il y a menace d'apoplexie
cérébrale; préférer le plus souvent à une saignée générale, dont il faut être
très-sobre, quelques sangsues aux apophyses mastoïdes ou quelques ven-
touses entre les épaules; recourir aux mêmes moyens quand la petitesse du
pouls trahit l'oppression des forces vitales, qui se relèvent après une déplé-
tion sanguine modérée. Quand, dès le début, comme dans le typhus de
Crimée, il y a des paroxysmes rémittents, les couper par quelques doses de
sulfate de quinine pour rétablir la continuité de la fièvre qui tombe alors
d'elle-même après quelques jours, quand elle n'est pas entretenue par une
lésion organique accidentelle. Cette complication a fréquemment lieu quand
on ne prend pas soin d'anéantir tout d'abord les paroxysmes. Au début du
typhus, un éméto-cathartique est avantageux, quand surtout il existe de
l'embarras gastro-intestinal ; boissons mucilagineuses ou acidulées, et même
eau vineuse. Dans la période nerveuse, recourir aux remèdes usités contre
l'ataxie et l'adynamie. Dans ce dernier cas, les toniques, tels que le vin de
Malaga et de Porto, ont eu un grand succès.
» Tel est le traitement qui a donné les résultats les plus avantageux à
l'armée d'Orient et auquel se sont ralliés les praticiens les plus expérimen-
tés, tels que M. le médecin principal Cazalas, qui a préconisé l'un des pre-
miers le sulfate de quinine pour régulariser la période inflammatoire et la
débarrasser de l'élément palustre, qui a eu une grande influence sur les ma-
ladies de la Crimée. »
,37..
( '°48 )
balistique. — Des lois de la résistance de l'air sur les projectiles animés
de grandes vitesses ; par M. Didion. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Poucelet, Morin, M. le maréchal Vaillant.)
« La recherche des lois de la résistance de l'air a été de la part de l'Aca-
démie, en 1837, le sujet d'un grand prix des Sciences physiques, qui a valu
à MM. les généraux Piobert, Morin et à moi, la récompense la plus flat-
teuse. C'est la suite de ce travail que je présente aujourd'hui.
» Les lois de la résistance de l'air sont la base des applications de la ba-
listique au tir des bouches à feu ; leur recherche présente beaucoup de dif-
ficultés, parce que la résistance ne peut pas être mesurée directement, et
qu'on doit l'apprécier par la diminution de la vitesse des projectiles tirés à
des distances différentes sur un pendule balistique.
» Les premières expériences, faites sur des balles de fusil par Robins,
sont antérieures à 1742; sont venues ensuite celles de Hutton, en 1788 et
1 789, sur des boulets de petit calibre ; enfin, celles de Metz, en 1 83g et 1 840,
sur des boulets des plus forts calibres en usage. Euler n'a pu tirer parti des
premières ; Hutton n'est pas parvenu à formuler utilement les résultats de
ses expériences; mais celles de Metz ont fourni des résultats assez précis et
d'une application sûre.
» La loi de Newton, d'après laquelle la résistance de l'air serait propor-
tionnelle à l'aire d'un grand cercle de la sphère et au carré de la vitesse,
n'est pas applicable aux grandes vitesses des projectiles; et, si l'on divise
par le produit de ces deux quantités la résistance observée, on obtient un
coefficient variable avec la vitesse suivant une loi dont il s'agit de trouver
l'expression.
» Hutton avait mesuré les vitesses des boulets à sept distances différentes,
de 3o à 43o pieds (9™, <4 à i3i mètres), et il en avait déduit les coefficients
de résistance pour une série régulière des vitesses sans en formuler l'expres-
sion ; ce résultat a été pendant longtemps la seule base des applications de
la balistique au tir des bouches à feu. M. le général Piobert a proposé une
expression linéaire, et déterminé les coefficients des deux termes d'après ces
expériences sur de petits calibres.
» Dans les expériences de Metz en i83g et 1 84o, on tira des boulets de 8,
de 1 2 et de 24 sur un pendule balistique à une distance do 1 5 mètres, puis
à des distances de 25, 5o, 'jB et 100 mètres au delà.
» La perte des forces vives comparée à la longueur du trajet, donnait la
( i°4g )
résistance moyenne durant le trajet, et, par suite, le coefficient de la résis-
tance. On a eu de cette manière autant de coefficients que de charges de
poudre ou de vitesses .'différentes ; et, prenant celles-ci pour abscisses et
les coefficients pour ordonnées, on a eu un pareil nombre de points; il n'y a
plus eu alors qu'à rechercher la ligne qui représentait le mieux leur en-
semble. Pour cela, on a fait un groupe des plus petites vitesses, un autre
des moyennes et un des plus grandes. On a eu ainsi trois points à peu près
en ligne droite, qui ont fourni les deux termes des expressions cherchées.
De son côté, M. le général Piobert, d'après les expériences de Hutton sur
les petits calibres, trouvait le même rapport entre les deux termes, mais le
premier terme était plus grand. L'augmentation aurait pu être attribuée à la
différence des calibres. C'était un point important à éclaircir. L'observa-
tion de la trajectoire des balles de fusil et d'autres applications me portaient
cependant à croire que ce terme était indépendant du calibre du projectile.
» Dans cet état de la question, j'ai repris toutes les expériences; j'ai eu
le soin de corriger toutes les vitesses observées de l'effet du choc des gaz de
la poudre et de l'inclinaison de la trajectoire à la rencontre du pendule.
» Si l'on ne tenait pas compte du choc des gaz sur le pendule balistique,
effet qui est particulièrement sensible aux grandes charges et aux petites
distances, on arriverait à une diminution de vitesse, et par conséquent à
une résistance trop grande. D'un autre côté, lorsqu'on calcule les vitesses
sans tenir compte de l'inclinaison de la trajectoire au but, on obtient une
vitesse trop grande, et l'augmentation est d'autant plus sensible, que la vi-
tesse est plus faible et la distance plus grande ; la correction peut aller jusqu'à
une augmentation de o,o3 de la résistance à mesurer.
» Par la méthode qui a été indiquée plus haut, j'ai trouvé, pour les expé-
riences sur les boulets de 12 et de 24 (de om, 12 et om,ia de diamètre) aux
vitesses habituelles et à la densité moyenne de l'air 1 ,2o83 , v étant la vitesse
du projectile, et en prenant le mètre, le kilogramme et la seconde pour
unités, l'expression 0,027(1 +o,oo23v), laquelle doit être multipliée par
le carré de la vitesse et l'aire d'un grand cercle du projectile pour donner
la résistance. Le calibre de 24, considéré isolément, donnait un terme con-
stant un peu plus fort, et celui de 12 un terme un peu plus faible.
» En recherchant la valeur du premier terme qui, pour la vitesse initiale ob-
tenue directement, représentait le mieuxla trajectoire delà ballede fusil obser-
véesur 4oo mètres de longueur, j'ai trouvé 0,0275. Les expériences deRobins
sur des balles de om,oio, donnaient aussi à peu près 0,027. Il n'y avait donc
pas lieu, d'après cela, d'admettre une variation du premier terme avec le dia-
( io5o )
mètre des projectiles. Pour mieux le reconnaître, j'ai repris les résultats de
toutes les expériences, et j'ai employé une nouvelle méthode qui consiste à
supposer que dans l'expression Ai + - ) de la résistance, on connaît le rap-
port -des deux termes, au moins approximativement, en se réservant de le
vérifier et de le modifier s'il en était besoin. A est alors la seule quantité à
déterminer.
» En cherchant la relation entre les vitesses d'un même projectile à deux
distances différentes, on trouve que les vitesses décroissent de telle sorte, que
si les vitesses sont exactes, l'accroissement de log( i + -) est proportionnel
aux distances, et que, si l'on considère dans chaque expérience les points dé-
terminés, en prenant les distances pour abscisses et logf i + - ) pour or-
données, ceux-ci doivent être en ligne droite. L'inclinaison de cette droite,
ou le rapport de l'accroissement à la distance, multiplié par le rapport de la
masse du projectile à l'aire de son grand cercle, donne la valeur cherchée
de A. Mais, si les vitesses résultent de l'observation, elles présentent toujours
certaines inégalités ; on trace alors la ligne de manière à représenter le mieux
possible l'ensemble des points. L'inclinaison de cette ligne sur l'axe des ab-
scisses donne l'accroissement cherché, et par suite le terme A. De plus, s'il
a été fait aux mêmes distances des expériences à diverses charges de poudre,
comme il ne s'agit que d'une inclinaison à déterminer, on peut prendre
pour chaque distance, les moyennes arithmétiques des valeurs de log( i -+- -)
aux diverses charges de poudre, et obtenir une seule ligne et une seule va-
leur de A pour représenter l'ensemble de toutes les expériences avec le même
calibre.
» Par ce moyen, j'ai retrouvé, pour les expériences avec le boulet de 24,
aux vitesses habituelles, inférieures à 5oom:s, A = 0,02713 ; et pour celles
avec le boulet de 12, A = o,o26o3; le boulet de 8 a donné des résultats un
peu plus forts, et l'ensemble des expériences sur les trois calibres a donné
A = 0,02705. Lorsqu'on y comprend les vitesses de 5oom:8 et au delà, on
trouve A = 0,02682, qui diffère à peine du premier.
» En appliquant la même méthode aux expériences de Hutton sur les
boulets d'une livre (om,o5 de diamètre), j'ai trouvé A = 0,0274 aux petites
vitesses, et A = 0,0278 aux grandes vitesses.
» Cet accord, dans l'ensemble des résultats, est très-satisfaisant, et il n'y
a plus dans ceux qui proviennent des expériences de Hutton qu'une diffé-
( io5i )
rence de peu d'importance. Cette différence s'explique d'ailleurs par de pe-
tites erreurs qui proviennent de la moindre rigidité du pendule de Hutton.
Cette moindre rigidité rend compte aussi du léger excès que donnent pour A
les expériences avec les boulets de 3 livres et de 6 livres. On avait donc toute
raison de s'en rapporter, pour l'application au service de l'artillerie, à
l'expression résultant des expériences de Metz, faites d'ailleurs avec les pro-
jectiles en usage.
» Recherchant alors les coefficients de la résistance de l'air, à l'aide de la
valeur de A résultant de chaque expérience, c'est-à-dire celle de A ( i -4- - )
et les comparant entre elles, on trouve qu'ils seraient mieux représentés en
prenant - = o,oo25, ou r = /|00m:s ; on obtient alors A = 0,0260 pour les
expériences de Metz, et 0,0268 pour celles de Hutton sur le boulet de 1 livre
à toutes les vitesses. Le rapport plus simple de - a en outre l'avantage de
faciliter les calculs et l'usage des Tables de balistique.
» En résumé, le résultat des expériences de Metz en 1839 et 1840, obtenu
en premier lieu, s'est trouvé confirmé par ces nouvelles recherches, et celui
des expériences de Hutton s'est trouvé ne présenter avec les premières
qu'une très-petite différence, dont on trouve l'explication naturelle dans
la moindre perfection de la suspension du pendule employé.
» On a donc maintenant une expression simple de la résistance de l'air
sur les projectiles, et qui s'étend à tous les calibres et à toutes les vitesses.
Les expériences en cours d'exécution à Metz, qui se font avec des pré-
cautions et des moyens nouveaux, et comprennent des projectiles oblongs,
compléteront la solution de l'importante question de la résistance de l'air
sur les projectiles animés de grandes vitesses. »
physique. — applications d'un nouveau système de robinet à des machines
pneumatiques aspirantes et foulantes ; parM. J.-J. Sii.bermax.v jeune.
(Commissaires, MM. Pouillet, Regnault, Despretz.)
« J'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie un système de
pompe aspirante et foulante, que j'ai imaginée pour pouvoir, non-seulement
réunir en un seul appareil la machine pneumatique ordinaire et la pompe
de compression, mais encore pour la rendre susceptible de se prêter à toutes
les combinaisons dont les physiciens et les chimistes peuvent avoir besoin,
( io5a )
soit dans leurs recherches scientifiques, soit pour les expériences de dé-
monstration dans les cours. Ainsi elle permet de faire le vide à simple ou
à double épuisement, indifféremment sur quatre platines, et simultanément
dans un ou deux récipients. Il en est de même pour la compression.
» Il résulte, en outre, de ces dispositions, qu'on peut transvaser des
fluides de un ou deux récipients dans un ou deux autres ; et, en reliant les
récipients un à un, on peut aussi déterminer un ou deux courants de gaz.
Ces dispositions peuvent être utiles, soit pour des analyses chimiques, soit
pour plusieurs expériences de physique, touchant les propriétés des gaz ,
comme chaleur spécifique, etc., etc.
» Il ne m'a été permis de faire atteindre ces propriétés aux pompes aspi-
rantes et foulantes, que par l'emploi des propriétés de nouveaux systèmes de
robinets que j'ai imaginés, et dont l'un de ces systèmes, à parties concen-
triques, a été présenté par moi à l'Académie. Une machine à deux corps de
pompe, munie de ce robinet, se trouve sous les yeux de l'Académie. Elle a
été exécutée, ainsi qu'un petit modèle décrit plus bas, dans les ateliers de
deux jeunes et habiles constructeurs, MM. Favre et Runemann, successeurs
de M Pixii.
» Dans le but d'être utile à M. Regnault, mon illustre maître, j'imaginai,
en 1 842, pour ses recherches, une pompe plus commode que celles utilisées
jusqu'alors (1). Cette pompe était à la fois aspirante et foulante, et avait,
pour rétablir l'équilibre de pression, un robinet ordinaire, outre les deux
conduits de soupapes. J'avais confié aux soins de M. Golaz, mécanicien, la
construction de cette pompe qui est aujourd'hui très-répandue dans les la-
boratoires de physique et de chimie. Mais aspirant à faire encore mieux, je
crus inutile d'en donner communication à l'Institut. L'interversion des sou-
papes exigeait une série d'opérations que je supprime à présent par l'appli-
cation des propriétés d'une nouvelle espèce de robinet. Ce dernier n'exige
pour cela qu'une fraction de tour, et supplée à lui seul aux trois robinets
nécessaires dans les précédentes pompes.
» La machine à un seul corps de pompe se compose d'un cylindre verti-
cal, dans lequel se meut un piston plein, composé de rondelles de cuir ser-
rées entre deux disques en laiton visses contre la tige du piston. Ce cylindre
porte à sa base deux soupapes coniques, l'une d'aspiration, l'autre d'injec-
tion ou de refoulement. Chacune de ces soupapes fonctionne dans une pe-
(1) Savoir : les petites pompes aspirantes de Gay-Lussac, et les pompes de compression à
soupape latérale.
( io53 )
tite boîte vissée sur un conduit vertical traversant le boisseau d'un gros
robinet situé en dessous. L'axe horizontal de ce robiuet est parallèle à la li-
gne qui joint les centres des soupapes et dans le plan des deux perforations
précédentes.
» i°. La clef du robinet est d'abord percée diamétralement, de manière
à continuer chacun des conduits verticaux des soupapes jusqu'à la partie
inférieure du boisseau, où ils divergent horizontalement au dehors pour
pouvoir s'adapter à deux récipients.
» 2°. Outre ces deux canaux parallèles, la clef porte deux perforations
obliques à l'axe et croisées en X, mais coudées en sens contraire au milieu,
pour ne point se rencontrer. Ces trous obliques sont forés selon un plan
passant par l'axe, et formant un angle de 3o degrés avec le plan qui contient
les deux conduits précédents. Ces conduits en X servent à intervertir les
communications allant des récipients aux soupapes.
» 3°. Enfin dans un plan passant de même par l'axe du robinet et faisant
avec le précédent encore un angle solide de 3o degrés, se trouvent les ori-
fices de deux conduits parallèles à l'axe du robinet et disposés en paren-
thèses renversées f=^.
» Ces conduits, tout en interceptant la communication entre le corps de
pompe et les récipients, établissent ainsi, d'une part, la communication
entre les deux soupapes, à la partie supérieure du robinet; et, d'autre part,
à la partie inférieure, la communication entre les conduits d'aspiration et
de compression. Ces conduits servent ainsi à rétablir, au besoin, l'équilibre
de pression entre les deux récipients ou bien entre un des récipients et
l'atmosphère; car chacun des conduits parallèles à l'axe du robinet, outre
la communication bifurquée en parenthèse, peut communiquer avec l'air
extérieur : pour cela on n'a à ouvrir qu'un petit bouchon conique vissé à
l'extrémité de prolongements pratiqués au bout des conduits parallèles à
l'axe et débouchant à la face opposée à la poignée du robinet.
» Pour éviter toute méprise dans la manœuvre du robinet, la poignée est
en forme d'étoile à six rayons correspondants aux trois plans diamétraux
contenant les orifices. Sur chacun de ces rayons, se trouve gravé l'un des
signes II, X, j=J, qui indiquent ainsi le genre de communication correspon-
dant. Dans les positions intermédiaires, le robinet ferme toute commu-
nication. A la partie inférieure du boisseau du robinet, ou base de la pompe,
la continuation de chacun des conduits verticaux vient aboutir à l'extérieur,
comme il a déjà été dit, par un tube horizontal, au bout duquel se visse, à
C. R , iS5G, i« Semestre. (T. XLII, N« 22.) ' 38
( io54 )
écrou, l'ajutage pouvant établir la communication avec un récipient ou
circuit quelconque.
» Machine à deux corps de pompe. — Chacun de ces corps de pompe est
muni d'une soupape d'aspiration et de compression. Ces quatre soupapes
sont dans un même plan vertical. Les parties inférieures des conduits des
soupapes les plus rapprochées de chacun de ces corps de pompe sont reliées
entre elles par un tube ou conduit foré dans le massif de la base des deux
corps de pompe. Les conduits des soupapes les plus éloignées sont de même
reliés par un tube horizontal. Aux deux points de jo'nction de ces deux con-
duits horizontaux avec chacun des quatre conduits verticaux, se trouve un
robinet à trois issues en forme de T, reliées au moyen d'un conduit hori-
zontal avec ajutage aune platine mobile. On a ainsi, vis-à-vis de chacune
des quatre soupapes, un orifice au bout duquel on peut adapter un récipient
quelconque.
» Chaque corps de pompe est muni d'un manomètre et d'une éprouvette.
Les manomètres et éprouvettes attenant au corps de pompe sont fixés laté-
ralement à chacun des cylindres, et communiquent à l'intérieur au moyen
d'un petit conduit horizontal atteignant le conduit vertical de chacune des
soupapes, entre celles-ci et le robinet. De cette façon, les manomètres et
les éprouvettes se trouvent indépendants des interversions des robinets.
» Les tubes de ces manomètres et éprouvettes sont fixés chacun sur un
trou axial d'un petit robinet communiquant avec des conduits, transversaux
en forme de T. La boîte de ce robinet est perforée, à l'opposite du corps
de pompe, d'un trou qu'on ouvre en tournant de 90 degrés le robinet qui
porte le manomètre sur son axe. On opère de cette façon, quand il s'agit de
faire simultanément le vide ou la compression dans deux récipients à la fois.
» Le système de communication du robinet, décrit ci-dessus, peut aussi
être appliqué comme moyen de communication électrique, en substituant
au métal un corps non conducteur, et en remplissant les perforations par
des fils conducteurs.
» En développant ce système de communication sur un plan, il en résulte
encore un tiroir jouissant des mêmes propriétés que le robinet. »
géologie. — De Information et de la répartition des reliefs terrestres (troi-
sième Mémoire); par M. F. de Francq. (Extrait par l'auteur.)
( Commissaires précédemment nommés : MM. Élie de Beaumont, Dufrénoy,
de Senarmont. )
« Les sommes terrestres des grands cercles de mes roses se groupent de
( io55 )
la manière suivante sur les cent cinq grands cercles qui s'inclinent de l'équa-
teur jusqu'au 65e degré de latitude.
Grands cercles groupés par sections de sommes terrestres.
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II
29
27
78
» Ce résumé nous montre, i° que lesminima et maxima terrestres des
grands cercles se contre-balancent entre eux; 20 que les grands cercles de
moins de 102 degrés terrestres sont en nombre si dominant, qu'ils ont dû
imposer leurs exhaussements communs aux autres grands cercles, et qu'ils
ont pu les contraindre à répartir ainsi leur somme d'exhaussement sur
plus de 102 degrés.
» Les vingt-trois grands cercles dont la somme terrestre se maintient
entre 92 \ et 102 degrés qui nous offrent ainsi des sommes terrestres pres-
que normales (cette somme étant de 99 | degrés) passent si régulièrement
sur tous nos continents, qu'ils en motiveraient à eux seuls déjà les contours
généraux. Les grands cercles de moins de 92 - degrés terrestres (qui attei-
gnent tous le chiffre de 98 à 100 degrés parleurs arcs marins rectangulaires),
viennent compléter largement, à leur tour, ce premier réseau en nous pré-
sentant des triples et quadruples entre-croisements sur presque toutes les
surfaces terrestres.
» Les grands cercles de plus de 102 degrés terrestres ne forment, au con-
traire, que trois faisceaux sur mes roses.
» Le premier de ces faisceaux part à l'équateur du 90e degré est et ouest
de longitude. U présente une moyenne terrestre de 126°, 45 xz sur cinq
grands cercles qui remontent du 60e au 80e degré de latitude. Le deuxième
i38..
( io56 )
part à l'équateur du 45e degré ouest et i35e degré est de longitude. Il
présente une moyenne terrestre de i38°,88 xz sur quatorze grands cercles
qui remontent du 10e au 75e degré de latitude. Enfin, le troisième part à
l'équateur du méridien de Paris et du r8oe degré de longitude. Il présente
une moyenne terrestre de iio°,5g sur huit grands cercles qui remontent
du 25e au 60e degré de latitude.
» Le premier de ces faisceaux longe toutes les chaînes orientales de l'Asie,
depuis le Birman et l'An-Nam jusqu'au Kamtschatka ; il passe ensuite sur
l'Amérique septentrionale dont il longe tout le grand système occidental
depuis l'Amérique russe jusqu'au golfe du Mexique.
» Le deuxième de ces faisceaux longe, dans notre hémisphère, la chaîne
de la Guinée septentrionale et l'Atlas, en passant sur tout le Sahara; il
longe ensuite plus au nord l'alignemeut général formé par la Méditerranée,
la mer Noire, la mer Caspienne, le lac d'Aral, etc., celui formé par les côtes
delà Manche, de la Hollande, du Danemark et de la Suède, par la Baltique,
le golfe de Finlande et les lacs Ladoga et Onega.
» Enfin, le grand cercle qui remonte le plus au nord dans ce deuxième
faisceau, longe l'alignement formé par les Héhrides et les Shetland, par les
côtes de la Norwége, de la Laponie, etc.
» Notre deuxième faisceau suit en Asie les alignements généraux for-
més par les chaînes de l'Asie Mineure, par celles de l'Afghanistan, et enfin
parcelles de l'Himalaya ; il longe ensuite la côte orientale de l'Australie
ainsi que presque tous les alignements du centre de l'Amérique méri-
dionale.
» Le troisième faisceau, qui part à l'équateur du méridien de Paris, suit
en Asie l'alignement, i° de l'Altaï, 20 du Thia-Shan, 3° du Péling, 4° de
plusieurs chaînons du Balouchistan et du Népaul, 5° de la chaîne du
Vindhya, etc.
» Ce faisceau vient donc motiver avec le faisceau précédent la plupart
des grands alignements qui se dirigent plus ou moins de l'est à l'ouest en
Asie, tandis que le premier longe les alignements plus ou moins nord-sud
de la côte orientale de ce continent, et ceux de la côte occidentale de
l'Amérique septentrionale.
» Mes faisceaux de grands cercles polaires viennent compléter cet aperçu
des causes qui ont pu provoquer la formation des principales chaînes du
globe.
« Ces faisceaux nous montrent, ainsi, qu'il existe à l'équateur, du 80e au
iaoe degré est de longitude, une large bande de grands cercles polaires de
( lo57 )
plus de 102 degrés terrestres qui se dirigent, du nord au nord-est en Asie.
Cette bande de grands cercles, dont la moyenne terrestre est de
io5°,6,j xz sur 3 grands cercles, au 70e degré est de longitude,
ii2°,75 xz sur 5 grands cercles au 80e degré est de longitude,
i26°,45 xz sur 5 grands cercles au 90e degré est de longitude,
i4i°j6i xz sur 7 grands cercles au ioo° degré est de longitude,
i35°,64 xz sur 7 grands cercles au 119e degré est de longitude,
iii°,8i xz sur 4 grands cercles au 120e degré est de longitude,
coupe l'équateur, depuis les îles Maldives jusqu'à l'île Célèbes, et suit tout le
grand système oriental de l'Asie en passant en même temps sur toutes ses
mers cotières et sur le grand archipel de la Malaisie. Cette bande de grands
cercles longe ensuite les chaînes occidentales de l'Amérique septentrionale,
ainsi que celles de l'Amérique méridionale, en passant sur le golfe du Mexi-
que et la nier des Antilles. De nombreux grands cercles de plus de 102 de-
grés terrestres se dirigent en Asie du nord au nord-nord-ouest et occupent
également à l'équateur une base qui s'étend du 70e degré est de longitude
jusqu'au i3oe degré est de longitude. Mes faisceaux de grands cercles nous
offrent dans cette direction les chiffres suivants :
» Moyenne terrestre de :
io3°,87# sur 2 grands cercles au 70e degré est de longitude,
11 6° x sur 3 grands cercles au 80e degré est de longitude,
il 3°, cfixz sur 6 grands cercles au 100e degré est de longitude,
i2g°,o8.rz sur 6 grands cercles au 110e degré est de longitude,
i3i°,46xz sur 6 grands cercles au 120e degré est de longitude,
125° xz sur 6 grands cercles au i3oe degré est de longitude.
» Ces faisceaux longent la plupart des alignements qui se dirigent : i° du
nord au nord-nord-ouest en Asie; a° du nord au nord-nord-est dans l'A-
mérique septentrionale, et 3° du sud au sud-sud-ouest dans l'Amérique
méridionale. Ces faisceaux passent aussi dans leur parcours sur le grand
archipel de la Malaisie, sur une partie des mers qui bordent la côte orien-
tale de l'Asie, ainsi que le golfe du Mexique et la mer des Antilles. Les
grands cercles de plus de 102 degrés terrestres viennent donc motiver non-
seulement la direction des principaux alignements terrestres du globe,
mais encore la dépression des arcs marins rectangulaires que j'ai constatés
sur mes roses de grands cercles.
» Le résumé ci-joint fera ressortir ce dernier point ainsi que le rapport
qui existe entre les arcs marins rectangulaires et les actions volcaniques.
( io58 )
.Résumé des arcs marins rectangulaires de mes roses de grands cercles et des volcans qui ont été
constatés sur les alignements rectangulaires de ces arcs marins.
i°. Mer des Antilles, golfe du Mexique, etc
2°. Des iles Galapagos à l'Amérique méridionale
3°. Golfe de Californie
4°. Mer de Kamtschatka
5°. Mer d'Okhotsk
6° . Mer du Japon
7° . Mer Jaune et mer de Corée
8°. Canal de Formose, merde Chine, elc
9°. Détroit de Malacca, mer de Java, etc
io°. De la Nouvelle-Guinée aux îles Carolines, etc
ii°. De la Nouvelle-Guinée aux iles Salomon, etc
12°. De la Nouvelle-Calédonie et des iles Witi vers l'équateur, etc
i3°. Golfe du Bengale
1 4° • Canal de Mozambique , etc
i5°. Golfe d'Aden, mer Rouge et golfe Persique
i6°. Méditerranée, etc
170. Côtes occidentales de l'Europe, mer du Nord, Islande, etc...
180. Côte occidentale de l'Afrique :
Totaux
i53
ARCS MARINS
VOLCANS.
rectangulaires.
21
55
4
■9
3
2
6
54
3
i3
3
11
4
6
18
27
35
77
8
1
8
4
7
6
6
5
5
6
7
23
7
12
5
10
3
9
340
» Ce résumé nous mentionne des bassins qui nous présentent presque
tous les mêmes caractères.
» Ces bassins, dont les arcs marins terminés par des alignements rec-
tangulaires nous représentent des arcs terrestres sous tous les rapports; ces
bassins, dont les alignements rectangulaires sont toujours plus ou moins
volcaniques ; ces bassins qui paraissent n'être que des surfaces continen-
tales immergées ou des surfaces marines en voie d'exhaussement ; ces bas-
sins, dis-je, sont tous croisés, ainsi que nous venons de le voir, par de
nombreux grands cercles de plus de 100 degrés terrestres qui en motivent
la dépression. Tout semble donc nous indiquer que l'écorce terrestre est en
travail sur ces points du globe, et que les actions volcaniques ne sont que
des effets secondaires de ce travail qui tend à exhausser ou à déprimer des
bassins tout entiers. »
( 1(>59 )
mécanique céleste. — Mémoire sur le développement en série d'une partie
de Injonction perturbatrice ; par M. Bourget. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Liou-
ville, Delaunay, et M. Bertrand en remplacement de M. feu Binet.)
« La fonction que Laplace appelle perturbatrice est
-■>
. , -D XX'+YY'+ZZ' r
(0 R = v? ?>
dans laquelle
X, Y, Z, X', Y', Z' désignent les coordonnées héliocentriques,
r, r1 • » les rayons vecteurs,
p » la distance mutuelle.
» Hamilton a fait voir dans un Mémoire bien connu des géomètres (*),
qu'on peut la remplacer par la suivante :
(2) Q = —, ;(DtXD,X'+D,YDfY' + D,ZD,Z) - -,
f*(* P
dans laquelle fx, pi désignent respectivement,
1 -h m, 1 + m'.
» La substitution de £2 à R ne change rien aux formules qui donnent les
variations des éléments, et dans les deux systèmes les perturbations des
coordonnées ont les mêmes valeurs. Mais ù étant symétrique par rapport
aux deux planètes, cette substitution abrège d'une manière notable le cal-
cul des inégalités. Il paraît donc important d'ajouter au développement
de - celui de
P
(3) A = -,(D(XDtX'+DJDtY'+ DtZD,Z'),
f*P*
en une série de termes proportionnels aux sinus et cosinus des multiples
des anomalies moyennes T, T' des deux planètes.
» Si l'on applique à cette fonction la méthode ordinaire, basée sur l'em-
ploi de la série de Taylor, on obtient sans beaucoup de peine tous les termes
(*) On a gênerai methodin dynamics, Transact. philos., i834 et i835. — Ce Mémoire a
été l'objet de l'étude de M. Houel dans sa thèse présentée à la Faculté de Paris, en i855.
( io6o )
qui ne dépassent pas le quatrième ordre; mais au delà les calculs deviennent
extrêmement compliqués. J'ai cherché à effectuer ce même développement
en évitant la série de Taylor, par la méthode des quadratures. J'ai été assez
heureux pour trouver une formule générale extrêmement simple, et dont
on déduit avec la même facilité tous les termes quel que soit leur ordre.
» Pour montrer le détail de toutes les opérations à effectuer, leur symé-
trie et leur simplicité, pour donner eu même temps aux astronomes les
moyens d'utiliser dans leurs recherches la fonction perturbatrice d'Hamil-
ton, j'offre ici le tableau complet de tous ses termes jusqu'au sixième ordre.
Je prolongerais sans peine ce tableau, si le calcul de quelque inégalité à
longue période l'exigeait. De nombreuses vérifications résultent de la symé-
trie même des formules, et permettent d'affirmer l'exactitude complète des
résultats obtenus.
» Dans cette application étendue, la première qu'on ait faite de la mé-
thode des quadratures au développement série, j'ai introduit encore avec
succès les nombres N de M. Cauchy, dont j'ai formé une Table dans un
autre Mémoire (*). On peut donc affirmer que ces nombres se présentent
naturellement dans la formation des suites trigonométriques propres à repré-
senter les fonctions que l'on trouve en astronomie.
» En résumé, il me semble que l'Académie verra avec satisfaction des cal-
culs faciles, élégants, dans la résolution d'un problème où les méthodes ha-
bituelles conduisent à des opérations fastidieuses par leur complication et
par l'emploi de séries auxiliaires sans loi manifeste. »
chimie. — Note sur la préparation et les propriétés de l'acide arsénique ;
parM.E. Kopp.
(Commissaires, MM. Chevreul, Dumas.)
« Le procédé suivant a été trouvé le plus avantageux pour préparer de
grandes quantités d'acide arsénique.
» Sur /joo kilogrammes d'acide arsénieux en poudre, on fit couler très-,
lentement 3oo kilogrammes d'acide nitrique de i , 35 p. sp. On opérait dans
une citerne d'environ 1 5oo litres de capacité ; la réaction commence presque
immédiatement, la température s'élève de plus en plus, et il se manifeste une
ébullition très- vive, accompagnée d'un très-grand dégagement de vapeurs
nitreuses. Pour ne point laisser celles-ci se perdre dans l'atmosphère, où leur
abondance aurait pu exercer une action très-nuisible sur la végétation envi-
(*) Comptes rendus de l'Académie des Sciences; mars i856.
( io6i )
ronnante, on profita de l'appel énergique d'une très-haute cheminée de
fabrique pour faire passer les vapeurs rutilantes, conjointement avec de
l'air atmosphérique et de la vapeur d'eau, à travers plusieurs serpentins con-
densateurs. Ces serpentins étaient formés de très-gros tuyaux en grès remplis
de coke bien épuré, et arrosé continuellement par un filet d'eau ou d'acide
nitrique faible, provenant d'une condensation antérieure. On réussit ainsi
à reproduire un acide nitrique de i, i5 à i, 18 p. sp. et représentant des
deux tiers aux trois quarts de l'acide employé. Au bout de vingt-quatre à
trente-six heures, l'acide arsénique liquide, parfaitement limpide et ayant
la consistance de l'acide sulfurique concentré, fut soutiré de la citerne par
un siphon en plomb. Ayant eu soin de maintenir toujours un petit excès
d'acide arsénieux dans la réaction, l'acide arsénique en renfermait une petite
quantité en solution ; mais il suffit de -^ à T^ d'acide nitrique con-
centré, ajouté à la liqueur encore tiède, pour obtenir une oxydation com-
plète.
» L'acide arsénique liquide ainsi obtenu, abandonné quelque temps à
lui-même, lorsque la température extérieure ne dépasse pas 1 5 degrés cen-
tigrades, se prend souvent, surtout lorsqu'on l'agite, en masse semi-liquide,
par suite de la formation d'une quantité de cristaux limpides et trans-
parents. Ces cristaux se présentent tantôt sous forme de prismes allongés,
tantôt sous forme de lames rhomboïdales. Ils sont extrêmement déliques-
cents, se dissolvent presque instantanément dans l'eau en produisant un
froid considérable (l'abaissement de température est d'environ i5 degrés
centigrades), et renferment 24 pour 100 d'eau. Ils sont donc As205-+- 4Aq.
C'est Kacide arsénique tribasique avec 1 atome d'eau de cristallisation. J'ai
plusieurs fois obtenu de magnifiques cristallisations, ressemblant, à s'y mé-
prendre, à une belle cristallisation de sulfate sodique. Les cristaux,, chauffés
à 100 degrés, se liquéfient; de l'eau se dégage, et bientôt on voit se former
un dépôt blanchâtre qui devient plus abondant en laissant refroidir la li-
queur. Ce dépôt, ayant l'apparence d'une crème épaisse, est constitué par
une multitude de petites aiguilles qui, exprimées fortement entre des feuilles
de papier buvard, renferment environ 19 pour 100 d'eau et sont
AsaOs+3Aq.
» Cet hydrate s'obtient très-facilement, même en opérant sur de petites
quantités, en évaporant longtemps au bain-marie une dissolution quel-
conque d'acide arsénique. Il se dissout facilement dans l'eau, mais sans
produire de changements notables de température.
» Cet acide peut servir pour obtenir As2Os + 4Aq, dont la préparation
C. R., i856, Ier Semestre. ( T. XLII, N° 22.) I 39
( io6i )
en petit présente quelque difficulté. A cet effet, on évapore au bain-marie
une solution d'acide arsénique, jusqu'à ce que sa densité soit d'environ 2,2.
Par le refroidissement, As2Os -+- 3Aq se dépose abondamment sous forme
de crème blanche, au-dessus de laquelle se trouvent des eaux-mères lim-
pides et de consistance presque huileuse. On prend alors parties égales
d'eaux mères et de dépôt blanc ; on dissout ce dernier dans un peu moins
de moitié de son volume d'eau, et on verse la solution dans les eaux mères.
Au bout de quelque temps on voit se former une abondante cristallisation
de As205-h/4Aq.
» Si, au lieu d'évaporer une solution d'acide arsénique à 100 degrés, on
élève la température à 1 4.0 ou 180 degrés, on voit apparaître peu à peu une
nouvelle espèce de cristaux (paraissant former des prismes droits) durs,
brillants, adhérents fortement les uns aux autres, qui ne renferment plus
que i3,5 pour 100 d'eau et constituent l'acide As205 -+- 2Aq.
» Les eaux mères de ces cristaux ont à 16 degrés 2,365 p. sp. A 100
degrés, leur densité n'est plus que de 2,277. C'est donc une des solutions
aqueuses les plus denses.
» L'acide arsénique bihydraté se dissout encore assez facilement dans
l'eau, et produit une forte élévation de température, en opérant sur des
quantités un peu considérables. Si l'on maintient une solution très-con-
centrée de cet acide pendant quelque temps à 200 degrés, et qu'ensuite
on monte lentement vers 206 degrés, on observera à un instant donné
la transformation de l'acide bihydraté en acide monohydraté. Le li-
quide qui ne dégageait que très-faiblement de la vapeur d'eau, se
trouble tout à coup, devient pâteux et se convertit en une masse nacrée,
d'un blanc éclatant. Il se forme en même temps, après une période de pro-
jection très-courte, des espèces de cratères, par lesquels se dégage, en sif-
flant, la vapeur d'eau, avec une force considérable.
» La masse nacrée, soustraite, dès qu'elle paraît sèche, à l'action de la
chaleur, renferme environ 7,3 pour 100 d'eau, et constitue l'acide arsé.
nique monohydraté, As205 -+- Aq. Cet acide, qu'il est un peu difficile d'ob-
tenir tout à fait exempt d'acide anhydre, est lent à se dissoudre dans l'eau
froide ; en le mettant en contact avec l'eau un peu chaude, la dissolution
se fait encore assez facilement et avec un grand dégagement de chaleur.
» Dans toutes ces dissolutions, l'acide arsénique passe à l'état d'acide ar-
sénique trihydraté ordinaire.
>> Les différents acides, chauffés à une température voisine du rouge
obscur, fournissent l'acide arsénique anhydre. Celui-ci n'est plus un acide,
( io63 )
c'est un corps inerte, sans action sur le tournesol, insoluble dans l'eau,
l'ammoniaque, etc.. Il peut rester des journées entières exposé au contact
de l'air humide, sans s'humecter; cependant, à la longue, il se liquéfie
et reproduit l'acide trihydraté ordinaire. Chauffé au rouge, il se décompose,
sans fondre, en acide arsénieux et oxygène qui se dégagent. Pour le fondre,
il faut en soumettre très-brusquement une quantité notable à une tempé-
rature rouge -cerise. La majeure partie se décompose et se volatilise, mais le
reste forme un culot blanc-jaunâtre ; la présence d'une faible quantité d'al-
cali favorise extrêmement la fusibilité.
» Avant de remettre la préparation et l'usage de l'acide arsénique entre
les mains des ouvriers, j'ai cru devoir en expérimenter moi-même l'action
sur l'organisme. Voici, en résumé, ce que j'ai observé :
» L'acide arsénique hydraté, appliqué sur la peau, y produit bientôt des
ampoules, tout à fait semblables à des brûlures; les ulcères qui en sont ré-
sultés ont guéri sans la moindre difficulté.
» En laissant les mains fréquemment en contact avec une solution d'acide
arsénique, assez étendue pour ne pas agir comme caustique, on reste assez
longtemps sans rien ressentir. Peu à peu on éprouve, sous les ongles princi-
palement, une sensation pénible qui finit par devenir franchement et for-
tement douloureuse ; enfin il se déclare un gonflement considérable ; les
doigts doublent de volume, le gonflement s'étend graduellement à la
main entière et même à l'avant-bras; en même temps se déclarent des mou-
vements fébriles. En usant de précaution et surtout en lavant fréquemment
les mains dans de l'eau de chaux, ces symptômes disparaissent rapidement.
» J'ai constaté la présence de l'arsenic dans les excrétions liquides et
solides. Du reste, je n'ai éprouvé aucune altération de la santé générale ; seu-
lement, dans les deux mois pendant lesquels je maniais presque journellement
l'acide arsénique, j'observai une augmentation du poids du corps de près
de 10 kilogrammes. Ayant cessé de m'occuper de cet acide, au bout de
neuf à dix semaines le corps est revenu au poids ordinaire de ^5 kilo-
grammes. »
A la Note de M. Ropp est joint un échantillon d'étoffe de coton impri-
mée en rouge, dans laquelle les dessins blancs ont été enlevés au moyen de
l'acide arsénique.
C'est en cherchant à substituer pour cet usage industriel l'acide arsé-
nique à l'acide tartrique que M. Ropp a été conduit aux recherches dont
quelques-uns des résultats sont exposés dans la précédente Note. « La nou-
i3g..
( io64 )
velle application, quoique restreinte à un cas très-particulier et d'une im-
portance secondaire, n'en a pas moins causé, remarque l'auteur dans la
Lettre d'envoi, une consommation de plusieurs milliers de kilogrammes d'a-
cide arsénique par an. »
tératologie. — Note s ur un monstre exencéphalien ; par M. E. Gintrac.
(Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Serres, Is. Geoffroy-Saint-Hilaire, Rayer.)
« Le fœtus qui fait le sujet de cette Note était du sexe masculin, et né à
terme à l'hôpital de la Maternité de Bordeaux, à la suite d'un accouche-
ment laborieux. Il présentait une dépression considérable de la voûte du
crâne et une tumeur volumineuse, aplatie et allongée, sur le côté droit du
cou, s'étendant sur le même côté du thorax, en soulevant le scapulum.
» L'examen anatomique de cette éminence anormale a fait reconnaître
qu'elle était due à la présence d'une partie du cerveau dont les circonvolu-
tions et la texture étaient parfaitement reconnaissables. Les côtes, les muscles
intercostaux étaient recouverts par cette couche épaisse de substance céré-
brale qui s'enfonçait profondément dans la région cervicale. Là, un inter-
valle de i à a centimètres séparait la troisième vertèbre de la quatrième;
les deux artères vertébrales étaient conservées. La droite marchait au mi-
lieu de la matière cérébrale. Les nerfs cervicaux qui concouraient à la
formation du plexus brachial étaient très-distincts.
» Dans l'intervalle des troisième et quatrième vertèbres du cou se
voyaient la moelle épinière et, à son extrémité supérieure, un renflement
manifeste où il était possible de distinguer le bulbe, le mésocéphale et les
rudiments du cervelet.
» Le crâne et les trois premières vertèbres cervicales ayant été divisés sur
la ligue médiane, il devint évident qu'une portion de l'encéphale avait
conservé sa position normale : c'était l'hémisphère gauche du cerveau.
Le déplacement d'une portion considérable de cet organe mentionné dans
cette Note, n'a pu être attribué à des violences extérieures. Les tégu-
ments et le tissu cellulaire ne portaient l'empreinte d'ancune lésion. La
conservation des vaisseaux du cou, l'absence de tout épanchement sanguin
profond, prouvent bien qu'il ne s'agissait que d'une aberration congénitale.
J'ai donné à ce monstre le nom de Pleurencéphale (TrXeupa. côte, 7rM'jpxç
de côté). C'est un genre nouveau dont ce fait donne le premier exemple. »
Une figure lithographiée accompagne le Mémoire du monstre pleuren-
céphale.
( io65 )
M. Brame présente un Mémoire sur les moyens de préparer et de con-
server \esjumiers, en y appliquant des matières terreuses et même de la
marne, et faisant intervenir des pailles et ajoncs.
Le but que s'est proposé l'auteur est d'éviter la déperdition de l'ammo-
niaque et de remplir ainsi plusieurs conditions utiles à la salubrité comme
à l'économie des engrais. Il cite plusieurs faits qui lui paraissent établir les
avantages de ses procédés appliqués dans la colonie de Mettray pour la
confection des litières et la conservation des fumiers.
(Commissaires, MM. de Gasparin, Payen.)
MM. Follin et Godbakx, auteurs d'un Mémoire sur la cryptorchidie,
présenté au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie, adressent,
pour se conformer à une condition imposée aux concurrents, une indica-
tion de ce qu'ils considèrent comme neuf dans leur travail.
(Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.)
M. Avenier Delvgrée soumet au jugement de l'Académie un Mémoire
ayant pour titre : « Machine motrice en métal, en argile et en asbeste, jouis-
» sant de la propriété de produire, au moyen des gaz chauds que dé-
» veloppe la combustion, près du quadruple du travail des machines à
» vapeur et d'être beaucoup moins altérable parla chaleur. »
(Commissaires précédemment nommés : MM. Poncelet, Regnault,
Combes. )
M. Rodier adresse, du Mans, un fragment d'un ouvrage qu'il a composé
sur la chronologie égyptienne. « Cette partie, dit l'auteur, est celle qui a rap-
port aux vérifications astronomiques, et j'appellerai principalement l'atten-
tion de l'Académie sur deux formules graphiques que j'ai été obligé d'éta-
blir pour trouver, avec une approximation suffisante, les variations dans la
longueur de l'année tropique et dans la précession des équinoxes à ces
époques reculées. »
(Commissaires, MM. Delaunay, Largeteau.)
( io66 )
CORRESPONDANCE.
« M. le Secrétaire perpétuel présente à l'Académie, de la part des au-
teurs, la carte géologique de l'Europe, par sir Roderick Impey Murchison,
directeur général du Geological Survey, et M. James Nicol, professeur
d'Histoire naturelle à l'université d'Aberdeen.
» Cette carte, dressée par M. A. Reith Johnston, géographe de la Reine,
à l'échelle de i : 48i636o, est composée de quatre feuilles dont la réunion
constitue un rectangle de im,o4 * de im,27 de côté. La Russie a été figu-
rée d'après la carte géologique de ce pays publiée par MM. Murchison, de
Verneuil et de Reyserling, à la suite de leurs voyages. Il en a été de même
de la Suède, de la Norwége et du Danemark, pour lesquels, indépendam-
ment des résultats des explorations de MM. Murchison et de Verneuil, on a
encore fait usage de la carte géologique de la Suède par M. Hisinger, de
celle de la Norwége par M. Keilhau, et de celle du Danemark par M. Fors-
hammer. Pour l'Allemagne, on a employé les cartes géologiques assez nom-
breuses, publiées récemment et déjà résumées en partie dans la carte dite de
Schropp, dessinée par M. de Ruch, et dans la carte géologique de l'Europe
centrale publiée, il y a quelques années, par M. de Dechen. La Suisse a été
figurée d'après la carte géologique de MM. Escher et Studer, et la Bel-
gique d'après celle de M. Dumont. Pour les Iles Britanniques, les cartes de
MM. Greenough, Griffith, et Mac Culloch, les travaux personnels de
M. Murchison et les cartes du Geological Smvey ont fourni des matériaux
plus que suffisants. Pour la France, on a suivi la carte géologique générale
publiée par MM. Dufrénoy et Elie de Beaumont.
» L'Espagne a été coloriée d'après une carte géologique de ce rovaume
préparée par les soins de M. de Verneuil et de ses compagnons de Aroyage,
MM. Collomb et de Lorière. C'est à la suite de nombreuses excursions entre-
prises dans le but spécial d'étudier la géologie de cette péninsule, et en s'ai-
dant des travaux de MM. Casiano de Prado, F. de Lujan, Esquerra del Bayo,
Schulz, Pellico, Botella, Leplay, Paillette, Elie de Beaumont et Dufrénoy,
que M. de Verneuil et ses amis ont essayé de jeter les bases d'une carte
qu'ils ne considèrent que comme une ébauche, mais qui, malgré ses imper-
fections, donne cependant l'idée de la répartition générale des terrains. Les
voyages de M. de Verneuil ayant été consacrés principalement aux royaumes
d'Aragon, de Valence et de Murcie, la géologie de ces contrées, ainsi qu'on
peut en juger en jetant les yeux sur la carte, y est traitée avec plus de
détail.
( 1067 )
» L'Italie a été dessinée par M. Pentland, d'après les cartes publiées par
MM. de Collegno, Pareto, Sismonda, et la Sardaigne a été extraite du grand
travail de M. le général Albert de la Marmora. Pour la Grèce, on a suivi les
cartes de MM. Boblaye et Virlet et de M. Fiedler. La Turquie d'Europe a
été coloriée d'après les cartes géologiques publiées par MM. Boue et Vi-
quesnel, et les Principautés danubiennes d'après celle de M. Hommaire de
Hell.
» La carte géologique de MM. Murchison et Nicol n'est pas restreinte aux
limites de l'Europe. L'Oural y est figuré en entier d'après les recherches de
MM. Murchison, de Verneuil et de Reiserling. Pour les régions cauca-
siennes, on a employé les cartes de MM. Dubois de Montpereux, Hom-
maire de Hell, etc. ; pour l'Asie Mineure, l'Arménie, la côte méridionale de
la mer Caspienne, les travaux de MM. de Tchihatcheff, Roch et Hamilton.
La Syrie et la Palestine ont été figurées d'après les cartes de M. Russegger,
et l'Algérie d'après celle de M. Renou.
o Pour opérer le dépouillement de si nombreux matériaux, M. Murchi-
son, dont les cartes personnelles embrassaient à elles seules la moitié en-
viron de l'Europe, a trouvé un secours très-utile dans le concours d'un géo-
logue aussi exercé que M. Nicol, déjà connu par son excellent ouvrage
intitulé : Guide to the geologj of Scotland. La carte a été imprimée en
couleur par le procédé introduit en Angleterre par M. Johnston, à l'instar
de celui qui a été établi à l'Imprimerie impériale de France par M. Dere-
nemesnil. »
M. Goldschmidt annonce que la découverte de la 4ie petite planète, dont
M. Le Verrier avait entretenu l'Académie dans la précédente séance, s'est
pleinement confirmée.
géométrie. — Note sur les surfaces dont toutes les lignes de courbure sont
planes; par M. Ossian Bonnet.
« Indépendamment de la sphère dont tous les points sont des ombilics,
on sait qu'il existe une infinité de surfaces imaginaires jouissant de la même
propriété. Seulement pour la sphère les deux lignes de courbure ne se con-
fondent pas; au contraire, par chaque point de cette surface, on peut faire
passer une infinité de lignes de courbure; tandis que dans les surfaces ima-
ginaires il n'y a pour chaque point qu'une seule ligne de courbure, et les
ombilics sont de même nature que ceux que l'on rencontre dans l'ellipsoïde,
( io68 )
J'ai reconnu que ces dernières surfaces avaient leurs lignes de courbure
planes, de telle sorte que les surfaces imaginaires dont tous les points sont
des ombilics constituent une nouvelle classe de surfaces à lignes de cour-
bure planes, qu'il faut joindre à celles que j'ai fait connaître dans un Mé-
moire présenté à l'Académie le 10 janvier i853.
» x, y, z étant des coordonnées rectangles, posons
dz _ dz _ ePz _ d'z d'z _
dx~P' dP~<f' dT'~ r' l^dy — *\ dj'=t-
L'équation qui détermine les rayons de courbure principaux sera
[rt-s2) R2 - V J 4-/>2H- q2[{i + p2) t-ipqs+{i-hq2) r] R+(i -+- p2+f)2 = o;
et si l'on veut que tous les points de la surface soient des ombilics, c'est-à-
dire que les rayons de courbure principaux soient partout égaux et de même
signe, il faudra que
[(i +p')t- ■±pqs+(i + q2)r]2 = k(rt-s2)(i+p2 + q2)2,
que l'on peut écrire
[(l+^)r_(l+^),+2^(T^Lî_^]2+4f. + ^+<7ï)(^-^)2=o,
ou bien
[(,+72)r-(i+^-^7(^-^)J + 4(i + />ï+9a)(^-;-^=o.
De là on tire, soit
soit
(I+f)r-(i+p*)t=-z{l+flS-p<fr(Pq±iS!l-+-p> + q>),
les signes allant ensemble évidemment.
» Ainsi, posant pour simplifier,
{a) (i+q2)s- pqt = M, (i + 92)/--(i+/)2)f = N, -{\-hp2)s+pqr=P,
on a, pour définir les surfaces considérées, l'une ou l'autre des équations
(,) N=aMJ»?T'V.±g+j.'.
« i + <jr-
(0 N = aP^±ivI±Z±I\
( Io69 )
Maintenant l'équation des lignes de courbure est
M dy2 -+-^dxdy -+■ Vdx2 = o ;
et comme N2 = 4MP, on peut la remplacer par
îMd,/ + N^=o,
ou par
iV dx + ^dy— o,
c'est-à-dire, à cause des équations (i) et (i'),
(a) (i -Jrq2)dy + (pq q: i V1 + P2 + <72) dx = o,
(2') (1 -+■ p2)dx + (p? ±: ï'v/i +/3a+ ça) <// = o.
D'ailleurs, a cause des égalités (a), on a
dpdx -\- dq dy = o.
En effet, des égalités (a), on tire
Mr+ P< — ~Ns = o.
Or
N dy P rf^:
donc
2 rfx ' M rfxa '
refo:2 + 2iÉfaj(^+ < dy1 = 0 ou dp dx -+- dq dy = o.
Cela posé, les équations (2) et (2') donnent
(1 + q')dp- {pq+ iy/i+p*-i-q*)dq = o,
(1 4- p2)dq — (pq ± i\ji 4- p1 ■+- q2) dp = o.
Ajoutant à la première la seconde multipliée par 1, il vient
[1 ■+■ q2 ± \J 1 -h p2-h q2 — ipq]dp-hi \\-\- p2 ±\l î-\- p2 + q2 + ipq\dq = o,
ou
dp ■+■ idq _ p dp -f- q dq
Intégrant, on a
P + 'f/ I +/>2 + <7J± s/l-hp' + q'
p-h iq = c(j ±.\Ji -+-/r + q2),
C. R. i856, 1er Semestre. (T. XL1I, N° 22.) l4°
( io7° )
ou, en chassant le radical, pour réunir les deux équations résultant du
double signe ,
(p-h iq) [(i — c2)p-h (i + c2)iq — ic] = o,
c'est-à-dire l'intégrale particulière p -+- iq = o et l'intégrale générale
(3) (r — c2) /? -+- (i+ c*)iq — ic — o;
mais, en appelant R le rayon de courbure principal de la surface, on a
n y ! -+- p7 -+- q2 H \Ji -t-/>J+ q7 K ^i+p'-t-q'
les différentielles étant prises pour un déplacement effectué sur la ligne de
courbure; de plus, l'équation (3) donne
(t-(?)d -=£==+ i(i+c*)d-=â==-*cd-==
donc
(i-c!)à, + j'(i + c1)(f/+acà= o,
et, par conséquent,
(i — c*)x -+- i{\ -+- c2)j -h icz — d.
Ce qui prouve bien que les lignes de courbure sont toutes dans des plans. »
chimie générale. — Faits pour servir à l'histoire de l'éthérification;
par M. Alvaro Reynoso.
« Action de l'acide chlorhydrique sur l'alcool. — De l'acide chlorhydrique
en dissolution aqueuse fut mélangé avec un excès d'alcool, et le mélange,
introduit dans un tube scellé à la lampe, fut chauffé à a4o, à 200, à 180,
à 1 60 degrés et même seulement à 1 00 degrés. A ces cinq températures diffé-
rentes, j'ai toujours obtenu, comme résultat de réaction, de l'éther hydrique
mêlé à de l'éther chlorhydrique.
» Action des e'thers bromhjdrique et iodhjdrique sur l'alcool. — Ces
éthers, mêlés en petite quantité à un grand excès d'alcool, l'éthérifient
complètement, sans que tout l'éther bromhydrique ou iodhydrique dispa-
raisse. Une partie se décompose, tandis qu'une autre se retrouve sans avoir
subi de décomposition.
( «Q71 )
» Les proportions d'éther hydrique obtenu sont si considérables, qu'on
dirait que c'est une action qui se renouvelle plusieurs fois.
» Sulfate d'alumine. — Le sulfate d'alumine pur et cristallisé fut mêlé à
de l'alcool, et le mélange introduit dans un tube scellé à la lampe, fut
maintenu pendant huit heures à la température de 200 degrés. L'alcool
s'éthérifia complètement, et tout le sulfate d'alumine, à l'exception d'une
petite quantité qui fut transformée en sous-sulfate, se conserva sans se
décomposer et sous la forme d'une belle cristallisation.
» Aluns. — Les aluns de potasse, d'ammoniaque, de fer et de chrome
chauffés avec de l'alcool à 200 degrés, l'éthérifient complètement.
» Sulfate durane. — Chauffé à il\o degrés avec de l'alcool, il produit
une quantité notable d'éther sans subir de décomposition.
» Sulfate de peroxyde de fer. — Chauffé à a4o degrés avec de l'alcool,
il l'éthérifie en se décomposant et donnant naissance à des gaz en assez
grande quantité.
» Ethérification avec de l'acide sulfurique étendu d'eau. — De l'eau con-
tenant 10, 5 et 3^ pour 100 d'acide sulfurique, éthérifie l'alcool à des de-
grés plus ou moins considérables, à la température de 200 degrés. De l'eau
contenant 2 et 1 pour 100 d'acide produit des quantités notables d'éther,
quand on la chauffe à 200 degrés avec de l'alcool.
» Je montre, dans le Mémoire dont je présente ici un extrait, que l'acide
sulfurique, à partir de la température de 100 degrés, commence à éthérifier
l'alcool, et je fais voir l'influence de la proportion d'eau et de la tempéra-
ture sur l'énergie de cette réaction et sur les quantités d'éther obtenu. »
mécanique. — Des turbines eulériennes, et du parti qu'on en peut tirer;
Lettre de M. Ordinaire de Lacolonge.
« Quelques recherches récemment faites, en me basant sur la théorie et
sur les résultats présentés par des expériences authentiques, m'ont amené à
la conviction la plus intime sur les faits suivants.
» Les rouets volants et les roues à cuves, moteurs si fréquents dans le
Midi, peuvent être avantageusement remplacés, et à très-peu de frais, par
des turbines eulériennes, dépourvues des vannages habituellement em-
ployés par les constructeurs. Les rouets volants auraient un simple moteur,
avec un, deux ou trois injecteurs, suivant le cas, et se rapprocheraient de
la turbine de Borda. Cette idée n'est pas nouvelle. Les roues à cuves au-
raient un moteur et un distributeur ordinaires ; une simple pelle en bois,
i4o..
( *"72 )
placée, soit en amont, soit en aval de la roue, rendrait la charge d'eau,
agissant sur le moteur, constante et égale à celle pour laquelle il est calculé.
Avec cet agencement, quand la chute disponible augmente, elle n'est utili-
sée qu'en partie. En tenant compte de cette perte, le rendement n'est
cependant que de 5 à 6 pour ioo inférieur à celui que fournirait en
pareil cas une turbine à vannes partielles marchant avec orifices réduits.
» Mon Mémoire est terminé et contient, en particulier, des règles prati-
ques de construction ; mais avant de le publier, je désire faire des expé-
riences sérieuses, qui puissent me fixer sur la valeur réelle de ces recher-
ches, entreprises surtout dans le but d'être utile a l'industrie des campagnes.
Ces expériences ne pourront avoir lieu que dans quelques mois, et je désire,
en livrant ces idées à la publicité, empêcher que d'autres ne puissent pren-
dre, d'ici là, un brevet onéreux aux petits meuniers. Si cette communication
peut porter quelques esprits éminents à faire des recherches analogues, loin
de regretter d'être devancé, je serai heureux d'avoir contribué à faire mar-
cher cette question. Je n'ai jamais eu l'intention de la travailler dans un but
d'intérêt personnel.
» Le brevet de M. Fontaine (vannes partielles) étant du 22 septembre
1849. et ceuii de M. Jonval du 27 octobre 1841, sont, le premier dans le
domaine public, et le second au moment d'y tomber lui-même. La turbine
d'Euler appartient depuis longtemps à la science. Rien ne peut donc empê-
cher les constructeurs d'en faire, comme par le passé, tel usage qu'ils vou-
dront. »
M. Jobard, de Bruxelles, rappelle, à l'occasion d'une communication
récente de M. Rouget sur l' appareil dadaption de l œil des Vertébiés, qu'il
a lui-même, dans une Note lue à l'Académie le 18 juin 1 855, fait pressentir
la nécessité d'appareils servant à produire ce qu'il désignait sous le nom de la
mise au point de ïœil. M. Jobard soupçonne que l'œil est muni de divers
appareils qui le rendent propre à la vision distincte de loin comme de près ;
depuis longtemps même il a émis l'idée que les muscles moteurs de l'œil
pouvaient contribuer à produire cet effet, n'ayant pas seulement pour fonc-
tion de changer la direction de l'organe, mais agissant aussi de manière à
le modifier dans sa forme.
, M. Ramon de la Sacjka, qui avait présenté à la séance du 1 2 mai un nou-
vel acide provenant d'une plante mexicaine, et applicable à la teinture,
adresse aujourd'hui, pour être soumis à la Commission chargée de prendre
( io73 )
connaissance de ce produit, un catalogue des objets envoyés par le Mexique
à l'Exposition universelle de 1 855, catalogue qui contient, sous forme d'ap-
pendice, une Notice sur le nouvel acide fourni par la plante en question, la
Dumerilia Humboldti.
(Renvoi comme document à la Commission déjà nommée, Commission qui
se compose de MM. Chevreul et Pelouze.)
La Société batave de Philosophie expérimentale de Rotterdam remercie
l'Académie d'avoir bien voulu la comprendre dans le nombre des institutions
auxquelles elle fait don de ses Comptes rendus.
M. de Paravey présente des remarques sur le nom de tot-choux, nom par
lequel étaient désignées dans les Pyrénées, au siècle dernier, les tailles qui
servaient de registres dans beaucoup de communes rurales pour la percep-
tion de certains impôts. M. de Paravey rattache cette dénomination au nom
de Thot, divinité égyptienne que l'on trouve figurée sur les monuments
portant à la main un bâton crénelé (une sorte de taille), et à qui était
attribuée l'invention de l'écriture, des caractères numériques, etc.
M. Castorani adresse la description et la figure d'un ophthalmoscope,
instrument construit d'après ses indications par M. Soleil fils.
M. Babinet est invité à prendre connaissance de cette Note.
M. Schrœder, auteur d'une Note sur les soulèvements absolus de la sur-
face du globe, adresse aujourd'hui un nouveau travail intitulé : « Rotation
souterraine de la masse ignée, ses causes et ses conséquences. »
M. Liouville, qui avait été chargé de l'examen de la première communi-
cation, est invité à prendre également connaissance de celle-ci.
M. Le Coat de Saint-Haouen prie l'Académe de vouloir bien lui donner
des Instructions qui puissent le diriger dans les recherches d'histoire na-
turelle qu'il se propose de faire pendant son séjour dans le Maroc, où il
retourne prochainement.
On remettra à M. Le Coat un exemplaire de chacune des Instructions pré-
parées pour les voyages scientifiques par diverses Commissions de l'Acadé-
mie ; le Muséum d'Histoire naturelle pourra lui fournir aussi un exemplaire
de ses Instructions pour les voyageurs.
( 1074 )
M. Bon art envoie une courte indication relative à un moteur dont il
avait précédemment fait mention comme désirant le soumettre au jugement
de l'Académie, une roue mue par le vent, et disposée de manière à ce que
toutes les ailes, sauf une seule, se trouvent soustraites à l'action du courant
aérien.
M. Combes est invité à prendre connaissance de cette Note et à faire
savoir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport.
M. Curtault entretient l'Académie des moyens qu'il a employés avec
succès pour délivrer la vigne de l'Oïdium.
( Renvoi à l'examen de la Commission nommée pour les communications
relatives aux maladies des plantes usuelles.)
M. Compingt, qui avait exprimé le désir d'obtenir le jugement de l'Aca-
démie sur l'efficacité d'un remède qu'il emploie pour le traitement des
dartres, annonce qu'il ne peut, pour le présent, faire connaître la compo-
sition de son remède sur lequel l'Académie de Médecine est appelée à se
prononcer.
M. Rieva prie l'Académie de vouloir bien lui désigner une Commission
à l'examen de laquelle il soumettra un nouveau système d'armes à feu.
La Commission ne pourra être nommée avant que l'auteur ait fait con-
naître, par une description suffisamment détaillée, le système qu'il désire
soumettre au jugement de l'Académie.
M. Thiebriat envoie un Mémoire sur les mouvements et l'équilibre des
corps célestes.
M. Le Verrier est invité à prendre connaissance de ce Mémoire et à faire
savoir à l'Académie s'il est de nature à devenir l'objet d'un Rapport.
M. Coinze adresse un exemplaire du premier volume d'un ouvrage qu'il
publie sous le titre de « Révélation des lois de la nature, ou Science de la
vraie physique » et prie l'Académie de vouloir bien renvoyer cet ouvrage
à l'examen d'une Commission.
On fera savoir à l'auteur qu'une décision déjà ancienne, relativement aux
ouvrages écrits en français et imprimés en France, ne permet pas à l'Aca-
démie d'accéder à cette demande.
( io75 )
M. I >i i.aisi ni; soumet au jugement de l'Académie des figures relatives à la
trisection de l'angle, et sur lesquelles il désirerait obtenir un Rapport.
On fera savoir à M. Delaistre que la question dont il s'est occupé est du
nombre de celles pour lesquelles l'Académie ne nomme point de Commis-
sion .
■ M. Brachet adresse une Note relative à la construction des microscopes.
Renvoi à M. Babinet, comme l'ont été les précédentes communications
de l'auteur.
A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 6 heures. É. D. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 2 juin i856, les ouvrages
dont voici les titres :
Institut impérial de France. Académie des Inscriptions et Belles- Lettres. Dis-
cours prononcé par M. Laeoulaye, Président de l'Académie, aux funérailles
de M. Augustin Thierry, le samedi i[\ mai i856; \ feuille in~4°.
Institut impérial de France. Iclithyologie analytique, ou Essai d'une classifica-
tion naturelle des Poissons, à l'aide de tableaux synoptiques ; par M. A.-M.-C.
Duméril. Paris, i856; in-4°. (Extrait du tome XXVII des Mémoires de l'A-
cadémie des Sciences. )
Compagnie universelle du canal de Suez . L'isthme de Suez; par M. Barthé-
lemï Saint-Hilaire. Paris, i856; br. in-8°.
Réforme de la géométrie; par M. Charles Bailly. Paris, i856; 1 feuille
in-8°.
Notice historique et chronologique sur l' innocuité du phosphore rouge introduit
dans l'économie animale ; par M . A. Chevallier. Paris, i856; br. in-8°.
De la cryptorchidie chez l'homme et les principaux animaux domestiques-; par
MM. Armand Goubaux et E. Follin. Paris, i856; br. in-8°.
( 1076 ).
Révélations des lois de la nature, ou Science de la vraie physique, etc.; par
M. F.-V. Coinze; t. Ier. Metz, i855; in-8°.
Physiologie hygiénique pour bien se nourrir avec peu de nourriture, etc. ; par
M. LUTTEKBACH; br. in-12.
Catalogue des produits naturels , industriels et artistiques exposés dans la Sec-
tion mexicaine à l'Exposition universelle de 1 855. Paris, i855; br. in-8°. (Ren-
voyé comme pièce à consulter à la Commission chargée de l'examen d'un
acide végétal, présenté par M. Ramon de la Sagra, dans la séance du
11 mai.)
Congrès scientifique de France; XXIIIe session . Programmeur. in-8°-
On cystic... Sur des entozoaires cystiques du rein humain; par M. T.
Herbert Barrer. Londres, i856; br. in-8°.
Geological map. . . Carte géologique de l'Europe montrant les différents sys-
tèmes de roches, d'après les recherches les plus récentes et d'après des matériaux
inédits; par sir N.-I. Murchison, directeur général du Relevé géologique de
la Grande-Bretagne et de l'Irlande, et James Nicol, professeur d'Histoire
Naturelle à l'Université d'Aberdeen; carte dressée par M. A. Rfith JohnstON,
géographe de S. M. ; i856; 4 feuilles, format atlas.
( io77 )
PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR L'ACADEMIE PENDANT
LE MOIS DE MAI 1886.
Annales de Chimie et de Physique; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze,
BoussiNGAULT, Regnault, DE Senarmont ; avec une Revue des travaux de
Chimie et de Physique publiés à [étranger, par MM. Wurtz et Verdet ;
3e série, t. XLV1I; mai i856; in^8°.
Annales de l' Agriculture française, ou Recueil encyclopédique d Agriculture ;
t. VII, nos 8 et 9 ; in-8°.
Annales de la Propagation de la Foi; t. XXVIII, IIIe partie ; in-8°.
Annales des Sciences naturelles, comprenant la Zoologie, la Botanique, l'Ana-
tomie et la Physiologie comparée des deux règnes et l'histoire des corps organisés
fossiles; 4e série, rédigée, pour la Zoologie, par M. Milne Edwards; pour
la Botanique, par MM. Ad. Brongniart et J. DECAISSE; tome IV; n° 5;
in-8°.
Annales forestières et métallurgiques ; avril 1 856 ; in-8°.
Annuaire de la Société météorologique de France ; t. III; IIe partie. Bulletin
des séances; feuilles 27-29; in-8°.
Bibliothèque universelle de Genève; avril i856; in-8°.
Boletin... Bultetin de l'Institut médical de Valence; avril 1 856 ; in-8°.
Bulletin de la Société de Géographie; avril i856 ; in-8°.
Bulletin de ta Société de [Industrie minérale; 3e livraison ; in-8°, avec
atlas in-fol.
Bulletin de la Société d' Encouragement pour l'Industrie nationale; avril
i856; in-4°.
Bulletin de la Société française de Photographie; mai i856; in-8°.
Bulletin mensuel de la Société impériale zoologigue d'acclimatation; avril
i856; in-8°.
Journal d'Agriculture pratique ; t. V, n05 9 et 10; in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie , de Toxicologie; mai 1 856 ;
in-8°.
Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; avril i856; in-8°.
Journal de Pharmacie et de Chimie; mai i856; in-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; nos 21-24; in-8°.
La Revue thérapeutique du Midi, Gazette médicale de Montpellier ; n° 9 ; in-8°.
L'Art médical, journal de Médecine générale et de Médecine pratique; mai
1 856; in- 8°.
C. R., i856, ier Semestre. (T. XLII, N° 22.) '41
( ">78 )
Le Moniteur des Comices et des Cultivateurs; n° 7 ; in-8°.
Le Technologisle ; mai i856; in-8°.
Magasin pittoresque ; mai 1 856; in-8°.
Mémoires de l'Académie impériale des Sciences, de [ Agriculture et des Arts
de Lille. Supplément à l'année i853, et Table générale de la ire série.
Monatsbericht. . . Comptes rendus des séances de l'Académie royale des
Sciences de Prusse ; mars i856; in-8°.
Nouveau Journal des Connaissances utiles; n° 1 ;'in-8°.
Nouvelles Annales de Mathématiques, journal des Candidats aux Ecoles Po-
lytechnique et Normale ; mai i856 ; in-8°.
Pharmaceutical... Journal pharmaceutique de Londres; vol. XV, n° 11;
in-8°.
Proceedings... Procès-verbaux de la Société royale de Londres; vol. VIII;
n°9-
Proceedings... Procès-verbaux de ta Société de géographie de Londres ;
nos 1 et 2 ; in-8°.
Proceedings... Procès-verbaux de la Société zoologiquede Londres; nos 2o5-
298; in-8°.
Répertoire de Pharmacie ; mai i856; in-8°.
Revista... Revue des travaux publics ; 4e année; nos8-io; in-8°.
Revue des spécialités et innovations médicales et chirurgicales; mai i856;
in-8°.
Royal astronomical... Société royale astronomique de Londres ; vol.. .XVI,
n°6; in-8°.
Société impériale et centrale d'Agriculture. Rulletin des Séances. Compte rendu
mensuel, rédigé par M. Payen, secrétaire perpétuel; 2e série, t. XI; n°4;
in-jB°.
The Journal... Journal de la Société royale de Dublin; n° 1 ; in-8°.
The Quarterly . . . Journal de la Société chimique de Londres; vol. IX , n° 33 ;
in-8°.
La Presse Littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; n05 1 3- 1 5 ;
in-8°
L'Agriculteur praticien; nos i5 et 16; in-8°.
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; n05 8-10; in-8°.
Rulletin de l'Académie impériale de Médecine; t. XXI, n° i5; in-8°.
Astronomische... Nouvelles astronomiques ; nos 985-1008 ; in-4°-
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; Ier se-
mestre i856; nc5 18-21 ; in-4°.
( '°79 ^
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et
de leurs applications auxArtset à l'Industrie; t. VIII; \f-2ie livraisons.
Gazette des Hôpitaux civils et militaires ; nos 52-6/j.
Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; n°» 18-22.
Gazette médicale de Paris; nos 18-22.
L'Abeille médicale; nos i3-i5.
La Lumière. Revue de la Photographie; nu* 18-22.
L'Ami des Sciences ; n°* 1 8-2 1 .
La Science; nos 23-36.
La Science pour tous; n03 2 1 -25. ■
L'Athenœum français. Revue universelle de la LiUérauue, de la Science et
des Reaux-Arts; nos 18-22; accompagné du Rulletin archéologique du mois
d'avril 1 856.
Le Moniteur des Hôpitaux; n°' 52-65.
Le Musée des Sciences; n° 1 .
Le Progrès manufacturier ; nos 5i-54.
Revue des Cours publics; n°* 18-21 .
ERRATA.
(Séance du 26 mai i856.)
Page 977, ligue 5, au lieu de forces, lisez surfaces.
Page 980, ligne 4 en remontant, au lieu de en passant de leur seconde position
d'équilibre à la première, lisez en passant de leur première position d'équilibre à la
seconde. • .
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 9 JUIN 1856.
PRÉSIDENCE DE M. IS. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
A l'ouverture de la séance, M. le Secrétaire perpétuel donne des nou-
velles de la santé de M. de Gasparin, qui, frappé d'une maladie subite au
commencement delà semaine dernière, est aujourd'hui dans un état beau-
coup plus satisfaisant.
M. Rayer, qui a soigné l'honorable Académicien depuis le début de sa
maladie, est invité à lui transmettre les vœux que forment ses confrères pour
son prompt rétablissement.
chimie organique. — Sur la saponification des corps gras par les oxydes
anhydres; par M. J. Pelouze.
« On admet généralement que la saponification des corps gras ne saurait
s'accomplir sans la présence de l'eau.
» Les expériences dont j'ai l'honneur d'entretenir l'Académie prouvent
que cette opinion n'est pas rigoureusement exacte, et que les oxydes métal-
liques anhydres sont aptes à former des savons tout aussi bien que les mêmes
bases hydratées ou mêlées à l'eau.
» Le corps gras que j'ai le plus souvent employé est le suif; mais j'ai
C. R.,i856,ierSerae«w. (T. XLH, N° 23.) l4^
( io8a )
aussi opéré sur les huiles, et mes résultats peuvent être considérés comme
s'appliquant aux diverses classes des corps gras neutres.
» La chaux anhydre mêlée au suif en détermine vers i5o degrés la sapo-
nification complète. Le savon calcaire décomposé par un acide donne une
quantité d'acide gras représentant p,5 à 96 pour 100 du poids du suif soumis
à l'expérience.
» Ces acides gras mont paru en tout point identiques avec ceux retirés
du suif par M. Chevreul.
« Le même savon cède à l'eau de la glycérine mêlée avec une très-petite
quantité d'un sel calcaire formé par un acide soluble dans l'eau .dont je n'ai
pas déterminé la nature.
» Pendant la réaction, il se dégage du mélange de matière grasse et de
chaux anhydre une fumée blanche d'une odeur de sucre brûlé, dans laquelle
on distingue aussi celle de l'acétone.
» Ces vapeurs, dont le poids n'excède pas en général 1 à 3 pour 100 de
celui du suif, ont été condensées. On y a trouvé de l'eau, de l'acétone et de
la glycérine.
» Il suffit de 10 parties de chaux anhydre pour en saponifier complète-
ment 100 de suif; avec 12 ou 14, la saponification se produit avec une faci-
lité beaucoup plus grande.
» Lorsqu'on opère sur une quantité considérable de mélange, il devient
très-difficile, même en retirant la masse du feu quand le thermomètre qui
sert d'agitateur marque a5o ou 260 degrés, d'empêcher que l'action ne
devienne très-tumultueuse. Le mélange se boursoufle, répand des fumées
excessivement épaisses, la température s'élève rapidement, et la décompo-
sition prend le caractère d'une destruction ordinaire par le feu. Il ne reste
plus qu'une niasse noire carbonisée.
» La baryte et la strontiane anhydres effectuent la saponification du sud
et des huiles, comme la chaux.
» L'oxyde de plomb lui-même détermine d'une manière très-nette le
même mode de décomposition des corps gras.
» Il est très-facile, en élevant graduellement la température d'un mélange
de massicot ou de litharge et de suif, de produire un savon de plomb dont
l'acide azotique faible extrait des acides margarique, stéarique et oléique or-
dinaires, dont le poids s'élève, comme avec la chaux, à g5 et 96 pour 100 du
poids du suif.
» La formation des acides gras avec le suif et les oxydes métalliques an-
hydres est un fait nouveau et intéressant, mais qui ne change rien, je me
hâte de le dire, à la théorie de la saponification de M. Chevreul, ni aux ex-
( jo83 )
périences si nombreuses et si précises sur lesquelles elle s'appuie. En effet,
M. Chevreul, en démontrant que dans l'acte de saponification les éléments
de l'eau se fixent sur la glycérine et sur les acides gras, a envisagé ces acides
non pas dans leurs sels, mais seulement dans leur état de liberté, c'est-à-dire
après qu'ils avaient été éliminés des savons, opération pendant laquelle on
sait que les acides se combinent avec l'eau. J'ajouterai même que loin de
modifier les vues de M. Chevreul, mes expériences leur donnent en quel-
que sorte un nouvel appui.
» En effet, lorsqu'on saponifie le suif par l'oxyde de calcium, si les acides
anhydres qu'on peut supposer tout formés dans la matière grasse sont
respectés entièrement, il n'en est pas de même de la glycérine. Le suif perd
2 pour 100 au moins de son poids, et on ne peut attribuer cette perte qu'à
une décomposition correspondante de la glycérine.
» En résumé, si la saponification par les bases anhydres est complète eu
égard aux acides gras, elle indique relativement à la glycérine un ordre de
phénomènes plus compliqué.
» Les acides anhydres saponifient aussi les corps gras neutres à une tem-
pérature élevée, mais l'action est lente, difficile et incomplète.
» On a fait passer pendant plusieurs heures un courant de gaz acide
chlorhydrique sec dans du suif entretenu à 25o degrés. Il s'est produit des
vapeurs abondantes de chlorhydrine dont la découverte récente est due à
M. Berthelot. Le résidu a cédé aux alcalis la moitié environ de son poids
d'acides gras. Une partie considérable de suif n'était pas saponifiée, elle était
mêlée à des matières colorantes qui n'ont pas été examinées. J'avais pensé
d'abord que la fabrication des bougies stéariques pourrait tirer quelque
parti des observations précédentes, en ce sens que la saponification du suif
se fait beaucoup plus rapidement avec la chaux anhydre que par les procédés
ordinaires, et qu'elle exige d'ailleurs moins de chaux et subséquemmentmoins
d'acide sulfurique pour la décomposition du savon ; mais j'ai bientôt trouvé
dans la chaux éteinte ou monohydratée une autre modification aux procédés
actuels bien préférable à la précédente, et qui est appelée, si je ne me
trompe, à rendre quelque service à la belle industrie dont il s'agit.
» La chaux provenant de la cuisson de la pierre à chaux, éteinte par
l'eau à la manière ordinaire, mêlée au suif dans la proportion de 10 à la
pour ioo, en détermine entre aïo et aa5 degrés la saponification complète.
» La glycérine reste intimement mêlée avec le savon calcaire. Celui-ci
est blanc, amorphe, demi-transparent, presque incolore ; il cède à l'eau de
la glycérine. Les acides chlorhydrique et sulfurique faibles en séparent des
( io84 )
acides gras qui représentent encore 96 pour 100 du poids du suif soumis à
l'expérience.
» En opérant sur 1 kilogramme de suif et 120 grammes de chaux mono-
hydratée en poudre fine, et en maintenant le mélange vers ai 5 et 110 de-
grés, la saponification est terminée en moins d'une heure; elle n'exige que
quelques minutes si on porte rapidement la température à 25o degrés.
» Lorsqu'on force un peu la proportion de chaux éteinte et qu'on l'élève
à 1 5o grammes par kilogramme de suif, la saponification s'effectue avec
beaucoup plus de facilité encore. Ce dernier savon est plus dur, plus blanc,
plus facile à pulvériser que celui fait avec moins de chaux. Les acides en
séparent des acides gras d'une grande blancheur et d'une grande pureté.
» Exécutée à la manière ordinaire, c'est-à-dire avec un lait de chaux à la
température de l'ébullition du mélange, la saponification d'une pareille
quantité de suif n'exige pas moins de vingt à trente heures. Il y a plus : pour
l'effectuer d'une manière complète dans cette dernière condition, il serait
nécessaire d'employer une plus forte proportion de chaux.
» Dans les usines, la saponification par le lait de chaux dure ordinaire-
ment une journée entière.
» La saponification si facile, si prompte, si complète, du suif par la chaux
éteinte ne peut manquer d'exciter l'attention des fabricants de bougies.
Dans tous les cas, elle pourra être utilisée dans l'enseignement.
» Dans un précédent travail, j'ai fait voir que la saponification des huiles
dans une dissolution alcoolique de potasse ou de soude, s'effectuait en peu
d'instants. Aujourd'hui on pourra supprimer l'intervention del'alcool et sa-
ponifier en quelques minutes le suif ou une huile par la chaux monohydratée,
et rendre témoins les auditeurs d'un cours d'une saponification entière, car
le professeur pourra leur montrer non-seulement les acides gras, mais en-
core la glycérine provenant de cette opération. »
analyse mathématique. — Sur la théorie générale des équations différen-
tielles. (Note de M. Liouville.)
« On sait que les systèmes d'équations différentielles de la forme
dx
dV
dx1 __
dV
"dt
—
dx'
dt ~
dx
dy
dV
dy' _
d\
dt
2?'
dt
"d?
dt
dV
dz' _
dV
di
S"
dt "~
~ *'
( io85 )
où V désigne une fonction de t, x,y,..., z, x', y',-..', z', jouissent d'un
grand nombre de propriétés remarquables, et offrent des facilités particu-
lières pour l'intégration. Deux intégrales d'un tel système étant connues,
on pourra quelquefois en déduire une troisième, une quatrième, arriver
même à obtenir ainsi toutes les intégrales du problème. Dans certains cas
où le procédé que nous rappelons ne réussirait plus, on peut tirer un autre
parti des intégrales déjà trouvées. M. Bour a sur ce point beaucoup ajouté
aux ressources dont les géomètres disposaient avant lui. Je pense donc faire
une chose utile en indiquant un moyen très-simple de ramener à la forme
ci-dessus un système donné quelconque d'équations différentielles simulta-
nées. A la vérité, il faut augmenter pour cela le nombre des variables et
par conséquent le nombre des équations, mais cet inconvénient sera souvent*
plus que compensé par les commodités qu'offrira la forme canonique dont
nous parlons.
» Considérons donc un nombre quelconque d'équations différentielles
d'ordres quelconques entre un nombre égal de fonctions ou d'inconnues
qu'elles doivent déterminer et une variable indépendante t. On réduira
d'abord ce système à un autre où toutes les dérivées seront du premier
ordre en ajoutant, s'il le faut, comme inconnues nouvelles, les dérivées
successives des inconnues anciennes jusqu'à l'ordre inférieur d'une unité à
celui qui figure dans les équations données. Cela fait, soit
dx _ y d? — v dz — 7
dt — A' dJ— *'••" Tt — L'
le système final que l'on a à traiter, et où X, Y,..., Z représentent des fonc-
tions de t et des inconnues tant anciennes que nouvelles x,j,..., z. Dési-
gnons par x', y,..., z' des variables auxiliaires conjuguées respectivement
à x, y,..., z, et pour la détermination desquelles nous introduirons un
nombre égal d'équations différentielles : je dis qu'on peut choisir ces équa-
tions, qui sont à volonté, de telle manière qu'en les joignant à celles que
nous venons d'écrire nous ayons un groupe canonique. Prenons à cet effet
V = jc'X-h/Y+... + z'Z,
ou plus généralement
V = *'X + j'Y -K..-1-rfZ + ?(<,*,;,..,:),
et posons
dx' _ dX
tty _ dx
dz' _ dX
dt ~ "' ~" (ir '
dt ~~ rly'"'
dt ■ dt
( io86 )
Nous aurons évidemment
par conséquent
dv dv dv
A. — , > I — > • • • ; L = — , 5
rf.Z dy1 dz'
dx _dV dy _ d\ dz _ dV
~dt ~ dx''' dt ~ dy'"'""' It ~ dz1'
Nous voilà donc conduits, comme nous le voulions, au système canonique
dx_(W cte _ dv
de rfx'' dt ~ dx''
dy _dV_ df _ dV
dt dy'"' dt ~ rf/'
dz _ dy dz' _ d\
dt dz'"1 dt ~ di'
» J'ai donné ce procédé et développé diverses conséquences intéres-
santes qui en découlent, dans mes Leçons au Collège de France, 2e se-
mestre de l'année scolaire 1 852-1 853. Mon cours ayant alors pour objet
la formation et l'intégration des équations différentielles, je devais naturel-
lement m'occuper beaucoup des équations à forme canonique écrites plus
haut et dont on connaît toute l'importance dans les questions de Méca-
nique.
» A cette occasion, il est bon de rappeler que, dans les théories géné-
rales concernant de telles équations, on peut admettre sans inconvénient
que la variable indépendante manque dans la fonction dont les seconds
membres dépendent; car s'il n'en est point ainsi d'abord, on fera que cela
soit en introduisant deux variables nouvelles t et t' : la première t est sup-
posée égale à t -f- constante, en sorte que
dt
l'autre est définie par l'équation
dt' _ dv
rfr dt
Soit, en effet,
R = V -\-t'.
Comme t et t' n'entrent pas dans V qui est une fonction de t,x,y,..., z, .r',
( io87 )
/',..., z' seulement, on a
dR _ __ dt
~dl ~~ l ~Tx
D'ailleurs les dérivées de V et celles de R par rapport à t, x, y,..., z, x',
y,..., z' sont égales. Enfin dt = dt. On peut donc poser ce système
dt dR
rfT _ ~dt' '
de l
dr ~
dR
dx __ dR
d~x ~~ dx1"1
dx' _
7Ï ~
dR
dx
dy _dR
dz~ dy1'
dy> _
dt
dR
dz dR
dï=~ dz7'
dz' _
dx ~
dR
dz
et cela démontre notre assertion, puisque t, qui est ici la variable indépen-
dante, n'entre pas dans la fonction R au moyen de laquelle on forme les se-
conds membres. Comme ce système a naturellement l'intégrale
■
R ou V -+- t' = constante ,
analogue à celle des forces vives en Mécanique, on voit qu'on pourrait défi-
nir par l'équation
Y -r- 1' = constante
la variable t' qu'on n'a introduite d'abord que par une équation différen-
tielle.
» Je dirai maintenant deux mots de la Note sur l'intégration de l'équa-
tion des fonctions elliptiques
dx dy
= O
\/i — X* ^ i — c'x' \/i — y1 y/i — c'y7
insérée dans un des derniers Comptes rendus [voir page 988), bien. qu'elle
n'ait aucune liaison spéciale avec l'objet qui vient de nous occuper. Ayant
trouvé dans un très-ancien cahier cette Note écrite par M. Sturm sans indi-
cation de nom d'auteur, et voyant qu'ailleurs M. Sturm, quand il étudie un
Mémoire ou un ouvrage, cite habituellement le nom du savant qui l'a com-
posé, j'ai pensé qu'elle était son œuvre propre et je l'ai présentée comme
telle à l'Académie. Mais depuis j'ai appris que la méthode que M. Sturm y ex-
( 1088 )
pose appartient à M. Despeyrous, professeur à la Faculté de Dijon, et faisait par-
tie d'un Mémoire sur la théorie des fonctions elliptiques dont le manuscrit est
resté longtemps entre les mains de notre confrère. Élève et ami de M. Sturm,
M. Despeyrous recherchait avec raison des conseils qu'on lui donnait tou-
jours avec bienveillance, et dont il garde un souvenir profondément recon-
naissant. En lisant ce Mémoire, M. Sturm a transcrit et arrangé pour son usage
particulier le calcul par lequel M. Despeyrous arrive à l'intégrale d'Euler,
Une Lettre de M. Sturm en date du Ier avril 1849, que M. Despeyrous m'a
communiquée, ne laisse aucun doute à cet égard. Je terminerai en appelant
l'attention des géomètres sur le travail de M. Despeyrous, que M. Sturm
approuvait comme on voit, et que l'Académie de Dijon a inséré dans le
recueil de ses Mémoires. »
géométrie. — Démonstration géométrique de quelques théorèmes de
M. Gauss; par M. J. Bertrand.
« Le célèbre Mémoire de M. Gauss, intitulé Disquisitiones générales
circa superficies curvas, a ouvert dans la théorie des lignes tracées sur
les surfaces une voie entièrement nouvelle. Ce beau Mémoire est aujour-
d'hui connu de tous les géomètres; M. Liouville, en le réimprimant à la
suite de la cinquième édition de l'ouvrage de Monge, en a commenté et
simplifié plusieurs points importants; M. Bonnet a également contribué à
répandre les belles formules qui s'y trouvent, par l'usage continuel qu'il a
su en faire dans ses importantes recherches sur la théorie des surfaces ; il
existe enfin, dans le Journal de Crelle, un grand nombre de Notes et de Mé-
moires qui doivent leur origine à cette œuvre capitale de l'illustre géo-
mètre de Gottingue.
» Les résultats consignés dans ce mémorable Mémoire sont de deux
espèces : les uns se résument en propositions simples et générales qui
doivent être comptées parmi les plus belles que possède la géométrie ;
les antres consistent en un système de formules qui sont comme des
instruments préparés pour des recherches ultérieures de géométrie ana-
lytique. Mon but est de détacher, dans cette Note, les théorèmes découverts
par M. Gauss, et d'en donner une démonstration géométrique tellement
simple, qu'elle puisse être comprise immédiatement par tous ceux qui
connaissent les premiers principes de la théorie des courbes et des surfaces;
les raisonnements sont purement géométriques, et n'exigent même pas,
pour la plupart, l'emploi des infiniment petits.
( io89 )
» I. Je prendrai pour point de départ le théorème suivant dû à M. Bonnet :
» Si sur la surface d'une sphère, on trace une ligne fermée quelconque,
et qu'en chaque point de cette ligne, on mène un arc dé grand cercle tan-
gent égal à un quadrant, le lieu des extrémités de ces arcs partage la sphère
en deux parties équivalentes.
» La démonstration donnée par M. Bonnet est fort simple, mais elle ne
s'applique pas facilement au cas où le contour donné est tel, que la courbe
fournie par la construction se compose de branches qui se coupent mu-
tuellement.
» Je proposerai d'y substituer le raisonnement suivant : Soit ABCDEF un
polygone sphérique; supposons que l'on prolonge chacun des côtés AB,BC,
CD, . . . , et que l'on forme des triangles isocèles ayant pour angles les angles
extérieurs du polygone, et dont les côtés qui comprennent ces angles soient
égaux à un quadrant. En calculant la somme de ces triangles, et ajoutant
cette somme au polygone ABCDEF, on aura pour résultat quatre triangles
trirectangles, c'est-à-dire une demi-sphère. On voit tout aussi facilement, et
c'est l'avantage de ce mode de démonstration, que si le polygone a des
angles rentrants, le même résultat subsiste, pourvu que les triangles cor-
respondants soient retranchés au lieu d'être ajoutés.
» De là on passe facilement au théorème de M. Bonnet, en considérant
le contour donné comme un polygone d'un nombre infini de côtés.
» On doit observer, enfin, que si le contour proposé présentait un point
anguleux, il faudrait adjoindre à la courbe formée par les extrémités de
l'arc de grand cercle d'un quadrant tangent au contour donné, l'arc de
grand cercle décrit du point anguleux comme pôle, et terminé aux deux
arcs tangents en ce point, aux portions du contour qui s'y rencontrent.
» II. On déduit du théorème précédent la proposition suivante, l'une des
plus importantes que contienne le Mémoire de Gauss :
» Si sur une surface quelconque on considère un triangle ABC Jbriné par
trois lignes géodésiques, que par le centre d'une sphère on considère des
rayons parallèles aux normales menées à la surface par les différents
points du contour de ce triangle, les extrémités de ces rayons déterminent
sur la sphère un triangle dont la surface est égale à l'excès de la somme
des angles du triangle ABC sur deux droits.
» Pour plus de netteté, nous supposerons que la surface donnée soit
une surface. convexe. Concevons par le centre delà sphère, des parallèles
aux diverses tangentes menées aux côtés du triangle ABC, en chaque point
C. R., i856, i« Semestre. (T. XL1I, N°23.) 1 4^ .
( i°9° )
de son contour; les extrémités de ces parallèles formeront sur la sphère
trois courbes MN, PQ, RS ; joignons NP, QR, SM, par des arcs de grand
cercle de manière à former un hexagone MNPQRS, dont trois côtés seront
des arcs de grand cercle, et les trois autres des courbes à double cour-
bure. Il est facile de voir que les six angles de cet hexagone sont droits.
Considérons, en effet, l'angle N par exemple ; le grand cercle tangent à MN
est parallèle au plan oscillateur de la courbe AB au point B, et le grand
cercle NP est lui-même parallèle au plan tangent de la surface ABC au
même point; ces deux grands cercles se coupent donc à angles droits.
» Cela posé, si l'on applique à cet hexagone le théorème de M. Bonnet,
on obtiendra immédiatement la démonstration de la proposition énoncée; on
voit, en effet, que le contour qui, en vertu de ce théorème, partage la sphère
en deux parties équivalentes, se compose de neuf arcs de grand cercle et de
trois courbes à double courbure. Les neuf arcs de grand cercle correspon-
dent aux six sommets de l'hexagone et aux côtés NP, QR, SM, ils forment
trois triangles birectangles, dont les angles non droits sont respectivement
II — A, II — B, II — C; quant aux trois autres courbes qui correspondent aux
côtés MN, PQ, RS, ce sont précisément celles qui sont définies dans l'é-
noncé du théorème de Gauss , et en nommant T le triangle qu'elles forment,
on a, d'après le théorème de M. Bonnet,
n-A + n-B+n-c + T = an,
d'où
T = A + B + C-n.
» III. Si l'on trace sur une surface un contour fermé quelconque, on
nomme courbure totale de l'aire comprise dans ce contour, la portion de
la sphère comprise dans l'intérieur de la courbe, lieu des extrémités des
rayons parallèles aux normales menées à la surface par les points du contour
donné.
» On voit tout de suite que la courbure totale d'un rectangle infiniment
petit formé par quatre lignes de courbure est égale à la surface da. d$
de ce rectangle, divisée par le produit RR' des rayons de courbure de la
surface. On en conclut que la courbure totale d'une surface infiniment
petite quelconque est égale à l'aire de cette surface, divisée par le produit
des rayons de courbure au point considéré. D'après cela, si on considère
un triangle infiniment petit ABC formé par trois lignes géodésiques, on
aura deux expressions de la courbure totale, qui devront être égales entre
( io9j )
elles,
• !^_C = A + B-4-C-ri;
mais, si l'on vient à déformer la surface sans altérer les longueurs des lignes
qui y sont tracées, le triangle ABC ne cessera pas d'être formé par trois
lignes géodésiques de la surface déformée. A + B-4-C — II ne changera
pas, non plus que surf. ABC; donc BB' doit rester constant.
» Ainsi donc, quand on déforme une surface sans altérer la longueur des
lignes qui y sont tracées, le produit des rayons de courbure en chaque point
reste invariable.
» IV. Connaissant l'expression de la courbure totale d'un triangle formé
par trois lignes géodésiques, on peut en déduire immédiatement celle de la
courbure totale d'un polygone formé par de pareilles lignes. Cette courbure
est mesurée par l'excès de la somme des angles sur autant de fois deux
droits qu'il y a de côtés moins deux.
» Si l'on considère, sur une surface, deux lignes géodésiques infiniment
voisines, soient A une fonction proportionnelle à la distance qui les sépare,
et S la longueur de l'arc compté sur l'une d'elles, M. Gauss a montré que
l'on a
£A - _L A
rfS' 1 RR' '
» Pour démontrer ce théorème, il suffit de calculer la courbure totale
d'un rectangle infiniment petit compris entre les deux lignes géodésiques
et deux trajectoires orthogonales infiniment voisines, après avoir substitué
à ce rectangle l'hexagone que l'on obtient en remplaçant les deux trajec-
toires orthogonales par les lignes géodésiques menées tangentiellement à leurs
extrémités.
» Je supprime la démonstration qui exige seulement les premières no-
tions de la théorie importante à laquelle M. Liouville a donné le nom
expressif de théorie de la courbure géodésique.
» V. Si Ion considère sur une surface deux systèmes de courbes se
coupant orthogonalement et une ligne géodésique qui les rencontre, soient
MM' un arc infiniment petit de cette ligne et 0, Q' les angles qu'il forme
aux points M et M' avec deux courbes d'un même système; soient ds, ds' les
côtés du triangle rectangle MM'P dont MM' est l'hypoténuse, et les côtés
sont les courbes orthogonales menées par les points M et M'; on a, d'a-
près une formule importante de Gauss , interprétée géométriquement par
i43..
( 1092 )
î. Liouville,
».
6'-
-° = ciQ%-ai
en nommant - et — , les courbures géodésiques des deux courbes orthogonales.
Or cette formule s'obtient immédiatement en calculant la courbure totale
du triangle MM'P, et écrivant qu'elle est infiniment petite du second ordre,
et que par suite les infiniment petits du premier ordre qui figurent dans son
expression donnent une somme égale à zéro. »
embryogénie comparée. — Sur V ordre de formation de la vésicule ovigène
et de la vésicule germinative. Etiologie de la duplicité monstrueuse ; par
M. Serres.
a L'ovogénie constitue le premier terme de l'embryogénie comparée;
elle a pour objet capital de rechercher d'abord l'origine de l'œuf.
» L'œuf naît-il spontanément dans le stroma de l'ovaire? ou bien est-il
le produit d'un organisme qui le précède, le follicule de Graaf, follicule
que nous avons nommé vésicule ovigène ?
» Cette question, je l'ai résolue expérimentalement dans la Note que j'ai
présentée lundi dernier à l'Académie, et dont la conclusion est que la vé-
sicule germinative prend naissance dans le fluide que renferme la vésicule
ovigène et que, sitôt après son apparition, elle devient le centre de forma-
tion autour duquel se développent le cumulus prolifère, le vitellus et sa
membrane propre. Ce mode de formation est différent de celui exposé par
MM. Baer et Barry. Selon ces illustres embryologistes, la vésicule germina-
tive précéderait la vésicule ovigène, et, autant que j'ai pu le saisir, c'est aussi
l'opinion de l'auteur de la Note qui vient d'être lue.
» Si la vésicule germinative se forme dans l'intérieur de la vésicule ovi-
gène, comment a-t-on pu supposer le contraire? comment a-t-on pu avan-
cer que la vésicule germinalive précédait dans sa formation la vésicule
ovigène?
» L'examen de cette question éclairera peut-être ce problème si difficile
de l'ovogénie.
» Baer est le premier auteur de cette opinion, non moins préjudiciable à
l'étude des développements primitifs que ne l'a été celle qu'il a émise sur la
ligne primitive à laquelle il a donné le nom de corde dorsale.
» Toutefois, en relevant les erreurs de cet illustre observateur, devons-
( i°93 )
nous oublier que dans les sciences d'observation la difficulté capitale con-
siste à faire les premiers pas? Devons-nous oublier que la présence de l'œuf
dans l'ovaire des mammifères découverte par Graaf, il y a cent soixante-
dix ans, et confirmée par Cruisckank, avait été perdue pour faire place à
l'opinion émise par Haller que l'œuf était formé dans l'oviducte en dehors
de l'ovaire? Devons-nous oublier qu'en 1824, Prévost et Demas entrevirent
l'œuf dans cet organe, et que Baer l'y découvrit et le reconnut en 1827?
Une découverte de cette importance et dans un sujet si difficile couvre par
son importance même les erreurs que l'on peut commettre en parcourant
une route si ténébreuse. Or, pour faire produire à cette découverte les
vérités qu'elle renferme, n'est-il pas nécessaire de la dégager des erreurs qui
peuvent faire méconnaître son origine?
» Purkinjé, ouvrant, par la découverte de la vésicule germinative, 1ère
nouvelle de l'ovogénie, dit qu'elle constitue la partie primitive de l'œuf.
Pour lui, l'œuf se composant du vitellus et de sa vésicule, la vésicule ovi-
gène de Graaf était en dehors de ses recherches. Baer, croyant que l'ovule
des mammifères représentait la vésicule germinative des oiseaux, supposa
en outre qu'elle précédait la formation de la vésicule de Graaf. L'ordre de
succession de ces parties était, selon lui, la vésicule germinative d'abord,
puis, en second lieu, la vésicule ovigène. Purkinjé mit çn doute l'analogie que
Baer avait supposée entre l'ovule des mammifères et la vésicule germina-
tive des autres animaux, doute qui fut confirmé par la découverte faite par
Coste en France, par Jones en Angleterre, par Valentin et Bernhard en
Allemagne , d'une vésicule germinative entrant dans la composition de
l'ovule des mammifères. En examinant le travail de M. Coste, à qui revient
cette découverte, nous reconnûmes avec Dutrochet et M. Flourensque Baer
avait entièrement méconnu la vésicule germinative dans l'état primitif de
l'œuf de la première classe des vertébrés. Lors donc que Baer dit que la
formation de la vésicule germinative précède celle de la vésicule ovigène
de Graaf, c'est l'ovule en entier qu'il faut entendre.
» Mais que ce soit l'ovule ou la vésicule germinative qui pour Baer ne
faisait qu'un seul organisme, cet auteur l'a-t-il réellement vu précéder dans
sa formation celle de la vésicule ovigène? Nullement. Gest même après les
tentatives infructueuses auxquelles il se livra pour connaître cette succes-
sion des parties, qu'il écrivit cette phrase qui traduit son découragement :
Je doute qu'il soit jamais possible à l'homme de s'en convaincre par l'observa-
tion. Et en effet, comment l'observation pourrait-elle dévoiler à l'homme un
ordre de succession des parties qui est l'inverse de celui suivi par la nature ?
( '<%< )
Barry, néanmoins, crut pouvoir être plus heureux que Baer, et les efforts
qu'il fit n'aboutirent qu'à mettre en opposition ses observations si remar-
quables sur les premiers développements de la vésicule de Graaf, avec la
supposition qui le préoccuppait dans cette difficile investigation. Barry,
moins circonspect que Baer, comme ce dernier, suppose que la vésicule ovi-
gène,qu'il nomme ovisac, doit précéder la vésicule germinative, et aussitôt,
délaissant ce que l'observation lui a montré, il conclut en sens inverse de ce
qu'il a observé. Sa conclusion, toutefois,- renferme l'aveu de la formation
primitive de la vésicule ovigène de Graaf, tant la nature est impérieuse dans
ses commandements. On en jugera par cette citation :
« Chacun des ovisacs (vésicule de Graaf) contenait probablement, en
r> outre, des granules particuliers visibles dans leur intérieur, une partie
» cachée non visible, la vésicule germinative, qui paraît être l'élément le
» plus primitif de l'œuf. »
» En rendant à la conclusion de Barry sa légitime expression , nous pou-
vons donc la remplacer par la nôtre eu disant qu'à ce second temps de
développement la vésicule ovigène est déjà formée avec son liquide, avec
les granules contenus dans son intérieur, tandis que la vésicule germinative
n'est pas encore développée? La légitimité de cette dernière conclusion est
justifiée encore parles efforts que fait l'auteur pour expliquer l'invisibilité de
la vésicule germinative à une époque où elle n'existe pas, et le mécanisme
de son apparition quand enfin elle se développe. « Après la formation de
» l'ovisac, ajoute-t-il, la vésicule germinative est généralement cachée pen-
» dant un certain temps. Cela est dû peut-être en partie aux petits globules
» ressemblant à des gouttes d'huile, qui sont mêlés aux granules particu-
» liers de l'ovisac (vésicule ovigène) et causent une grande réfraction.
» Cependant la liquéfaction de quelques granules paraît avoir lieu, ou
» bien il s'ajoute un fluide de quelque autre source, et alors la vésicule ger-
» minative estvuedans ou près le centrede l'ovisac. » Comment, d'une part,
quelques granules épars pourraient-ils cacher et rendre invisible une vési-
cule ? et d'autre part, pourquoi supposer la liquéfaction de quelques-uns
d'entre eux pour la rendre visible ? et si cette liquéfaction rend visible la
vésicule, à quoi bon faire intervenir un fluide provenant d'une source in-
connue? Ne sent-on pas dans ces suppositions tout l'embarras de l'obser-
vateur pour se rendre compte de ce qu'il voit et de ce qu'il ne voit pas?
L'embarras devient plus grand encore quand, croyant avoir établi que la
vésicule germinative est primitive et la vésicule de Graaf (ovisac) secondaire,
( '°95 )
il cherche à expliquer la formation de cette dernière autour des granules
qui environnent la première? Ici Barry se met en contradiction avec ses
propres observations, ainsi qu'avec celles de tous les observateurs. Qui ne
sait en effet que la vésicule ovigène est contenue à l'état de granule dans
le stroma de l'ovaire des mammifères ? Qui mieux que Barry a mis ce fait
microscopique en évidence? « La surface d'un ovaire, dit-il, présente à l'œil
» nu peut-être dix, vingt ou cinquante vésicules de Graaf, tandis qu'avec
» le microscope on en voit des millions. Chez le bœuf, par exemple, un
» pouce cube de son ovaire contiendrait environ deux cents millions d'o-
» visacs ou de vésicules de Graaf. La petitesse de ces vésicules est in-
» croyable. »
» Après avoir si bien démontré l'existence primitive des ovisacs ou de la
vésicule de Graaf dans le stroma de l'ovaire, à quoi bon lui chercher plus
tard une autre origine? et la chercher, cette origine, après l'apparition de la
vésicule germinative, quand déjà vos observations la représentent toute for-
mée chez le bœuf, chez le chien, chez le pigeon avant qu'il existe aucun
vestige de cette même vésicule germinative?
» Les observations de Barry prouvent, avec la dernière évidence, qu'à
l'état granuleux primitif de la vésicule ovigène de Graaf succède l'état folli-
culeux avec son liquide transparent dans l'intérieur. Elles prouvent que
dans ce liquide transparent apparaissent en troisième lieu des globules
grisâtres ayant un aspect huileux. Elles prouvent enfin que ce n'est que
lorsque toutes ces parties se sont montrées, que les rudiments de la vésicule
germinative commencent à se développer. L'ordre de succession des parties
est donc le même que celui que nous avons énoncé, et nous pouvons éta-
blir, d'après les observations même de Barry, que, par sa destination et ses
fonctions, la vésicule de Graaf justifie le nom de vésicule ovigène que nous
lui avons donné.
» Quant à la question de l'étiologie de la duplicité monstrueuse, consé-
cutive à la duplicité de la vésicule germinative et du vitellus dans une vési-
cule ovigène unique, je l'ai si longuement traitée, il y a vingt-cinq ans,
dans le travail sur Ritta-Christina, que je me bornerai à transcrire ici quel-
ques-uns des corollaires qui en renferment les éléments. Ces corollaires
sont relatifs à l'influence qu'exercent sur la duplicité monstrueuse, la veine
ombilicale qui représente le vitellus, et les artères du même nom qui repré-
sentent l'allantoïde.
» Vous verrez (i) la duplicité de la veine ombilicale produire la dupli-
(i) Théorie des formations et des déformations organiques appliquée à l'anatomie. de Ritta-
Christina et de la duplicité moustrueuse, pages 176 et 177; i832.
( io96 )
» cité de tous les organismes du plan supérieur à l'ombilic, et l'unité des
» artères ne donner naissance qu'aux développements ordinaires dans le
» plan inférieur.
» Vous verrez, par contre, la duplicité des artères ombilicales doubler le
» plan inférieur, tandis que le supérieur restera simple, si simple est la
» veine ombilicale.
» Vous verrez encore, dans la duplicité des veines ombilicales, l'une
» d'elles, l'antérieure, presque toujours pins volumineuse que la posté-
» rieure, d'où résultera la prédominance du foie, du cœur, des poumons,
» du thorax, du col, de la tête situés en avant, et l'avortement plus ou
» moins marqué des mêmes parties situées en arrière.
» Vous verrez enfin, dans la duplicité des artères ombilicales, les anté-
» rieures plus prononcées ordinairement que les postérieures; d'où résul-
» tera, si les bassins sont coalescents, la prédominance de l'antérieur sur
» le postérieur, la prédominance de la vessie et de l'utérus situés en
» avant sur l'utérus et la vessie placés en arrière. Tous ces rapports se
» suivent.
» Or tous ces rapports ont un condition générale et commune dans la
» disposition primitive des placenta.
» Si les placenta sont libres, les deux embryons, indépendants l'un de
» l'autre, peuvent parcourir leurs évolutions respectives, et venir à terme
» bien conformés. C'est le cas des jumeaux ordinaires.
' » Ou bien, des deux embryons le plus fort peut se développer aux dépens
» du plus faible; c'est le cas si fréquent d'un enfant bien conformé, coexis-
» tant dans le même utérus avec un acéphale, et toujours avec un acéphale
» libre. Si, au contraire, les deux placenta sont confondus et coalescents,
» de cette coalescence résulte d'abord une communauté d'enveloppes, puis
» une communauté des deux cordons ombilicaux. Les deux embryons
» isolés dans le principe, sont ainsi suspendus à une tige commune.
» Or, ainsi suspendus, on conçoit qu'il est encore possible que les deux
« enfants se développent régulièrement, et que de ces enveloppes com-
» munes sortent des jumeaux bien conformés; mais ils n'en sortent et ne
» peuvent en sortir qu'à une condition, celle d'être unis par leur ombilic.
» C'est le cas des jumeaux coalescents comme les deux Siamois (Ompha-
» lo-dymes).
» On conçoit encore que de deux embryons si voisins, le plus fort atrophie
» le pîus faible, d'où résulte un enfant ordinaire et un acéphale, unis par
» l'ombilic, par l'intestin et des vaisseaux. C'est l'acéphalie parasite consti-
» tuant les hétéradelphes.
(.I097 )
» On couçoit enfin que cet acéphale resté parasite par privation de veine
» ombilicale, et venant a acquérir cette veine, rentre dans ses droits par
» cette acquisition ; il devient alors l'égal de son frère, et fournit la moitié de
» son contingent pour les organismes communs qui doivent les unir. Les
» deux enfants n'en forment plus qu'un seul. Ce sont les monstres doubles
» ou les hépato-dymes ; c'est notre Ritta-Christina. Mais, d'après ce qui
» précède, ces deux enfants sont rarement complets; le plus souvent il
» manque quelques parties à l'un et à l'autre ; l'un et l'autre, considérés à
» part, sont des monstres par défaut, dont l'association donne naissance
» aux organismes communs qui les unissent et les confondent en ramenant
» leur dualité à l'unité. »
Ces remarques font suite à la Note que j'ai communiquée dans la der-
nière séance.
Géologie. — aperçus relatifs à la théorie des gîtes métallifères ;
par M. F. Fouknet.
« Durant le cours de mes voyages dans la forêt Noire, le Palatinat, les
Vosges, le Morvan, l'Auvergne, le Rouergue, le Lyonnais, les Cévennes,
le Languedoc, les Alpes occidentales et maritimes, le Tessin, le Tyrol, l'A-
pennin étrusque, l'île d'Elbe, la Sardaigne et l'Algérie, j'ai pris note d'un
grand nombre de faits relatifs aux filons métallifères, et avant de les déve-
lopper dans un ouvrage spécial sur la matière, il me paraît convenable d'en
faire part aux hommes de science, afin de tenir compte des objections que
mes interprétations auront pu soulever. Dans le domaine de la géologie
les produits de deux laboratoires sont constamment en présence. Les agents
du premier, se trouvant établis au sein des réceptacles souterrains, envoient
leurs combinaisons vers la surface. Ceux du second, étant placés à l'exté-
rieur, les remanient incessamment en s'insinuant au travers de leurs plus
intimes interstices, de leurs pores, de leurs fissures ou cassures, pour arriver
à toutes les profondeurs qui leur sont accessibles. L'atmosphère joue le
principal rôle parmi les effets superficiels, tandis que dans les entrailles de
la terre, c'est à la chaleur qu'est dévolue la part essentielle. Mais celle-ci
pouvant opérer par la voie de la vaporisation, par l'intermédiaire des eaux
thermo-minérales, ou par le moyen de la fusion, il faut établir la part des
filons qui revient à chacune de ces manières d'effectuer les combinaisons :
je suis porté à accorder la prépondérance à la liquéfaction ignée ; les autres
C. R., i356, s" Semestre. (T. XLII, N° 25.) '44
( io98 )
géologues qui combattent en faveur de la gazéification ou des sources
chaudes, défendront les bases de leurs raisonnements : je vais m'occuper des
miennes.
» Première partie. Théorie de lajusion. — 1°. Les filons métallifères sont
associés à diverses roches plutoniques. Ce fait observé depuis longtemps par
les mineurs de l'Angleterre, par M. de Humboldt pour le Mexique, par
M..d'Aubuisson pour les Alpes, a été généralisé à la suite de mes obser-
vations faites en Auvergne, dans le Rouergue et dans la Toscane. Il a été
repris depuis sur une plus grande échelle par M. Murchison à l'occasion
des gîtes aurifères; enfin il vient d'être discuté par M. de Beust, directeur
général des mines de la Saxe.
» 20. L'association en question se traduit de diverses manières. D'abord
certaines roches éruptives sont métallifères dans toutes leurs parties. A
Chessy, quelques granulites de la syénite sont chargées de pyrites cuivreu-
ses. Je possède des protogines de la Corse dans lesquelles la galène est
disséminée à peu près aussi régulièrement que le mica. Dans la roche grani-
toïde verte et très-chloriteuse qui est en surplomb sur le lias du Champo-
léon, j'ai trouvé de la galène, du cuivre gris et de la pyrite platinifères.
Pendant mes excursions dans les Alpes, j'ai recueilli des serpentines conte-
nant du fer oxydulé ; enfin les granits stannifères, tantalifères sont géné-
ralement connus. Dans d'autres cas j'ai vu les métaux inclus au milieu même
de la roche plutonique à l'état de filets, et c'est le cas pour le molybdène
sulfuré de la syénite de Chessy. Ailleurs de grosses lentilles résultent évi-
demment de la compression d'amas développés et demeurés englobés pen-
dant la formation de l'ensemble encaissant et encaissé. Il arrive encore que
ces parties métallifères sont accolées contre l'une des parois de la roche
éruptive, et j'ai fait connaître ces relations essentielles en les désignant sous
le nom de filons de contact. Enfin, les gîtes peuvent se trouver sous la forme
de filons-fentes ou de filons-couches , plus ou moins éloignés de la roche
éruptive, mais en demeurant d'ordinaire subordonnés à sa sphère d'action.
» 3°. De ces associations il est permis de conclure que les gîtes métallifères
ont été engendrés sous les mêmes influences que les roches mères dont ils
sont pour ainsi dire des ségrégations particulières effectuées pendant les
cristallisations souterraines. En effet, la tendance générale des liquides à
opérer des dissolutions permet d'admettre l'existence de fondants quelcon-
ques, de dissolvants par la voie sèche, de liquéfacteurs plutoniques dont le
rôle est au moins aussi positif que celui des vapeurs, des gaz et des esprits
métalliques. Le travail intestin et habituel qui suit son cours pendant le
( '°99 )
refroidissement subséquent, autorise également à concevoir des éliquations
ou des ressuages en vertu desquels les éléments en excès dans les magmas
primitifs, ainsi que les divers autres corps étrangers à la masse rocheuse en
voie de se constituer, ont dû cherchera s'isoler et à former des calottes plus
ou moins distinctes, à peu près de même que les scories, les mattes et le mé-
tal se séparent dans le creuset d'un fourneau. Au surplus, divers phéno-
mènes tendent à démontrer qu'avant leur émission, non-seulement les ser-
pentines, mais encore plusieurs masses granitiques et porphyriques déjà
parvenues à un état de mollesse imparfaite, se trouvaient pourvues d'une
texture cristalline prononcée. Dès ce moment donc, les matières superflues
étant déjà éliminées, et la secousse de l'épanchement survenant, il a pu en
résulter des éjaculations, séparées ou non, de la masse génératrice, selon les
issues qui se sont présentées.
» If. A l'égard de l' infusibilité, la silice surtout a été un sujet d'embarras.
Quand j'eus développé, en i844> Ie principe de la surfusion du quartz,
M. Durocher m'attribua l'idée d'assimiler la formation du granit à ce qui
arriverait eu prenant un mélange de quartz, de feldspath, de mica, et en
élevant la température, sans permettre à la silice de réagir sur les autres
composés pour l'abandonner à un refroidissement subséquent; qu'alors les
parties quartzeuses se consolideraient avant les parties feldspathiques, bien
qu'elles pussent s'abaisser, avant de se congeler, jusqu'à une température
un peu plus basse que celle qui correspond à la liquéfaction de la silice.
Partant ensuite de cette interprétation, il fit la critique de la manière dont
j'envisageais les faits [Comptes rendus, i845). On va voir pourtant que
mon explication est précisément celle dont M. Durocher s'attribue l'inven-
tion .
» Déjà, en i838 (Correspondance des élèves brevetés de Saint-Etienne,
ae série, tome II), j'ai rappelé les données de la chimie d'après lesquelles di-
vers alliages, les dissolutions des métaux dans les sulfures, celle du carbone
dans la fonte, les excès de phosphore des phosphures, etc., se prêtent à des
séparations plus ou moins complètes, et que la disjonction des éléments du
granit, ainsi que celle des parties du porphyre, n'est qu'un phénomène du
même ordre. Partant ensuite de ces indications sommaires, j'ai procédé à
diverses applications parmi lesquelles il me faut mentionner entre autres les
ségrégations ainsi que les cristallisations du quartz et du feldspath dans cer-
taines veines de pegmatite. Après des énoncés si explicites, était-il néces-
saire de revenir à tout propos sur mes prémisses ? J'ai cru plus utile de
«44-
( I I oo )
continuer de travailler au perfectionnement de la théorie des filons que de
discuter sur des faits munis de leur date positive.
» 5°. Parmi les principes particuliers dont dispose la voie sèche, il en est
un dont la généralisation est due à l'un des plus illustres professeurs de
l'Ecole des Mines, M. Berthier. £t cependant, malgré l'importance de ce
principe pour la théorie des filons, il a été complètement perdu de vue par
les partisans des émanations gazeuses, puisque, suivant eux, la qualité ré-
fractaire de certains composés salins oblige à renoncer à l'idée de la fusion
pour recourir à l'intervention des vapeurs fluoriques, sulfuriques ou autres.
En cela, ils n'ont oublié rien moins que la facile fusibilité des sels dou-
bles ou multiples. Si, par exemple, la baryte sulfatée est peu fusible, son
compagnon ordinaire, le fluorure de calcium, bien qu'il soit à peu près éga-
lement réfractaire, suffit pour le liquéfier. Il en est d'ailleurs de même pour
le sulfate de chaux et pour tant d'autres composés du même ordre. Ainsi
donc, loin d'être dépourvu de moyens propres à produire la liquéfaction,
le géologue est plutôt dans l'embarras du choix.
» 6°. La fusion pure et simple des matières d'un filon avec ses consé-
quences naturelles satisfait à toutes les conditions de sa formation. D'abord
elle se concilie admirablement avec les effets de la pression qui maintient
dans les minéraux divers corps volatils. Ainsi, la persistance des persulfures,
des arséniures, des arséniosulfures, s'explique avec la plus grande facilité
par suite de l'obstacle que le poids et la viscosité des gangues ont dû opposer
au dégagement de leurs éléments électronégatifs. Les expériences de Hall
ont suffisamment démontré comment l'acide carbonique se maintient dans
les carbonates en les rendant en même temps fusibles, et naturellement les
conditions sont les mêmes pour certains hydrosilicates. D'ailleurs, l'eau,
divers liquides plus ou moins huileux, et en tous cas dépourvus d'affinité,
soit pour la silice, soit pour les silicates, ne pouvant entrer en combinaison
avec eux, se sont nichés dans les vacuoles des cristaux du quartz, de la
topaze, etc., qui sont devenus guttifères, anhydres, aérohydres, suivant les
circonstances. Il suffira de prendre connaissance des très-intéressantes ob-
servations de M. Brewster pour comprendre aussitôt l'influence que ces
dispersions, souvent microscopiques, ont pu exercer dans les analyses, en
faisant croire à la présence de l'eau de combinaison dans certains composés.
On comprendra également les doutes qui doivent planer sur certaines théo-
ries atomiques basées sur des recherches dans lesquelles on n'a pas tenu
compte de ces intercalations mécaniques. Enfin on se demandera si réel-
( noi )
lement, comme le supposent quelques chimistes, l'eau est intervenue d'une
manière notable dans la fusion de certains minéraux des filons.
» 70. La fusion est ordinairement suivie de la surfusion, état très-admis-
sible dans le repos des cavités souterraines, et dans lequel peuvent se main-
tenir non-seulement la silice ainsi que les silicates, corps généralement
doués d'une fluidité visqueuse, mais encore une foule de composés sulfurés,
salins, etc., d'après une suite d'observations que j'ai pu faire à cet égard.
Il y a lieu de croire que les vapeurs ne pourraient pas rendre un compte
satisfaisant des particularités occasionnées par cette circonstance.
» Pour le moment, je dois rappeler qu'il est démontré en physique qu'à
l'instant de la solidification il se produit un dégagement de calorique ca-
pable de ramener le corps surfondu à la température qu'il doit posséder
quand il est arrivé au point de sa solidification ordinaire. L'effet étant du
moins constaté pour l'eau aussi bien que pour plusieurs autres corps, il n'y
a aucune raison pour refuser la même propriété à d'autres substances. Au
surplus, tous les pyrognostes connaissent la vive ignition manifestée par
l'argent, par quelques alliages d'or et d'argent, par le phosphate de plomb,
par le titanate de soude, au moment de leur solidification. Mieux encore,
certaines coidées de laves sont également susceptibles de se réchauffer dans
un moment donné, et que le phénomène soit complexe ou non, je n'en ai pas
moins été en droit de le faire contribuer à la constitution des filons. Ainsi
l'on peut concevoir qu'il a eu pour résultat d'effectuer la refonte de diverses
matières solidifiées avant d'autres, de provoquer certains mouvements mo-
léculaires, de faire naître des ressuages, des résorptions et par conséquent
il permet d'expliquer quelques pseudomorphoses conformément à ce que
j'ai dit dans une précédente occasion. Je range dans cette catégorie les sub-
stitutions du quartz au spath fluor, au calcaire, à la barytine ; celle de
l'oxyde d'étain au feldspath et au lungstate de chaux ; celle du spath fluor
au carbonate de chaiix, etc.
» 8°. L'état vitroïde ou amorphe est un des résultats de la solidification
des masses fondues; l'état cristallin en est un autre, et l'établissement dé
celui-ci est accompagné des circonstances les plus variées. En effet, la cris-
tallisation peut faire naître les structures granitoïdes, potphyroïdes, glo-
baires, qui se font remarquer dans les gîtes métallifères, aussi bien que
dans les roches. Quelques-uns, par l'ampleur de leurs parties, sont capables
de rivaliser avec les plus belles pegmatites de l'Oural ; de même, les sphé-
roïdes de certains autres dépassent en dimension ceux des granits orbicu-
laires de la Corse. La même force produit également des textures irrégulières,,
( I 102 )
concrétionnées, et l'on en a la preuve dans l'état de certains verres et lai-
tiers dé vitrifiés.
» 90. En vertu de son essence, la cristallisation séparant les corps qui
ne sont que dissous les uns dans les autres, il reste à ajouter qu'elle permet
d'expliquer certaines juxtapositions minérales pour lesquelles l'embarras a
été tel, que Ton a cru devoir recourir à des forces nouvelles et inconnues.
Les énoncés relatifs à l'argent natif placé à côté du cuivre métallique dans
les roches du lac Supérieur sont la preuve des difficultés que l'on rencontre
dans les autres théories, tandis que dans le cas de la fusion il suffit de con-
sidérer les alliages des deux métaux en question comme n'étant que des
dissolutions. On remarquera d'ailleurs qu'il existe toute une hiérarchie à
cet égard. Le bismuth et le zinc ne s'allient guère plus que le mercure ne
s'amalgame avec le fer. Le cuivre et le plomb peuvent bien demeurer con-
fondus l'un avec l'autre quand le refroidissement est brusque; mais si peu
qu'il se prolonge, on voit dans le culot plombeux se dessiner des grenailles
cuivreuses. Les lingots de cuivre et d'or, d'argent et d'or, sont rarement
d'une richesse égale dans toute leur étendue. La difficulté d'obtenir des
bronzes homogènes est bien connue. Pourtant dans la plupart des cas sus-
mentionnés, le refroidissement devant être considéré comme rapide, il est
permis d'attendre quelque chose de plus des abaissements très-gradués de
la température, tels qu'ils se conçoivent dans les filons.
» io°. Aidé de l'intervention des aspérités ou des rugosités, la cristallisa-
tion détermine encore la condensation de certains corps contre les parois
des gîtes, de façon à faire naître une sorte de rubannernent. Par la même
raison, elle a donné naissance aux dispositions annidaires des minerais au-
tour des fragments étrangers, dispositions désignées par les mineurs alle-
mands sous le nom de ringertz. Ce qui surprendra davantage, c'est que la
même force de groupement moléculaire peut dessouder un filon au point de
le rendre parfaitement indépendant de ses parois, quand bien même le
gîte ne serait muni d'aucune lisière ou salbande argileuse. Cependant, d'a-
près les idées vulgaires, il semblerait que des matières du genre des silicates
doivent contracter avec l'encaissement une adhérence non moins parfaite
que celle du verre avec le creuset d'argile dans lequel il a été fondu. Sans
doute le simple retrait peut en cela agir dans certains cas, mais j'ai égale-
ment des preuves à l'appui du rôle de la cristallisation, de façon que je ne
confonds pas ces deux causes, quoiqu'elles puissent concourir au même but.
» ii°. La fusion n'est nullement incompatible avec l'établissement des
géodes, dont il existe d'ailleurs plusieurs espèces qui n'ont pas été suffisam-
( no3 )
ment distinguées par les géologues. Outre cela, on remarquera que dans ces
cavités hérissées de saillies cristallines ou garnies de protubérances mame-
lonnées, sont tombés les produits du ressuage de la masse des filons. Des
cristallisations adventives ont donc été semées sur les faces supérieures de
ces parties proéminentes, c'est-à-dire sur celles de leurs faces tournées vers
le ciel. Cet énoncé, je ne l'ignore pas, est en contradiction avec la théorie
de la sublimation d'après laquelle on veut que les corps additionnels en
question soient adhérents aux faces inférieures, parce qu'on les compare à
la suie d'une fumée ascendante et qui doit s'accrocher surtout en dessous.
Mais pour arriver à raisonner ainsi, on n'a pas tenu compte de la position
réelle des matières respectives, et ce n'est pas là une des moindres erreurs
avancées dans les livres.
» 1 20. Le ressuage peut faire naître des dendrites métalliques de la plus
exquise délicatesse. Il produit de même des fibrosités plus ou moins con-
tournées, enroulées, et je mentionne expressément ces circonstances, parce
que certains géologues n'appréciant pas assez le degré de subtilité auquel
peuvent atteindre les effets du calorique, déclarent que toutes les arborisa-
tions du cuivre, de l'argent natif, du nickel capillaire, etc., sont des produits
d'origine aqueuse.
» i3°. L'endurcissement, l'imbibition pierreuse, la métallisation des pa-
rois, sont encore des conséquences variées de la liquéfaction ignée. Tous les
fondeurs savent que la galène pénètre dans la pâte des creusets d'argile, que
la fonte de fer peut transsuder dans les grès dont les creusets des fourneaux
sont constitués et que la litharge s'infiltre dans les coupelles. Certains cou-
reurs de gazon ne sont pas plus difficiles à expliquer que ces métallisations
et que l'ensemble de l'organisation des autres gîtes.
» i4°- Des masses à l'état de fusion pâteuse, telles qu'ont dû l'être assez
ordinairement celles des filons, ont été capables de maintenir en suspen-
sion les fragments des parois qu'elles ont entraînés avec elles au moment de
l'injection. C'est en vertu de cette cause que parmi les gangues on remarque
si souvent des masses bréchoïdes, plus ou moins clair-semées, et placées tan-
tôt indifféremment dans toutes les parties du gîte, ou bien concentrées dans
certains rubans voisins, soit du toit, soit du mur, et quelquefois rangés
dans la partie médiane.
» 1 5°. Les effets mécaniques de l'injection ainsi que des tassements subsé-
quents ont produit les miroirs, les cuirassés, les étirements, les rubanne-
ments des filons. D'ailleurs les conglomérats de frottement fixés contre l'une
ou l'autre paroi rentrent parmi les effets du même ordre. On remarquera
( no4)
de plus que les résultats de l'étireraent sont d'ordinaire compliqués de
ceux de la cristallisation, et que par cela même les rubannements ont pu
acquérir un caractère sensiblement différent de celui des laitiers coulant sur
le sol des fonderies, ou bien encore de ceux de certains verres multicolores
étendus par l'ouvrier. Toutefois les configurations sont demeurées assez
nettes pour ne laisser aucune prise à l'incertitude.
» i6°. Imaginons actuellement des culots métalliques d'un volume con-
sidérable accumulés çà et là au milieu de gangues visqueuses. Dans ce cas,
l'étirement aura pu former les colonnes riches que l'on observe dans divers
gîtes, où elles sont étendues à diverses distances et parallèlement les unes
aux autres. M. de Beust a déduit de ces arrangements des conclusions ca-
pitales pour l'exploitation des mines de Freiberg. Je me contenterai d'ajouter
que ces colonnes peuvent être verticales, plus ou moins inclinées comme
c'est le cas en Saxe, et même presque horizontales dans d'autres cas.
D'ailleurs les miroirs indiquent de même des injections dans ces divers
sens; cependant le rapprochement de deux faits ne doit pas être poussé
jusqu'à l'absolu, car les miroirs résultent aussi de tassements subséquents,
ainsi que le démontrent leurs stries souvent dirigées dans deux sens diffé-
rents.
» 170. La combinaison des effets de l'étirage, du ressuage et de la cris-
tallisation permet de donner des explications satisfaisantes de certaines accu-
mulations minérales dans les terminaisons cunéiformes des filons. Il arrive,
par exemple, qu'une gangue plus ou moins rare dans les parties centrales d'un
gîte est concentrée sur ses extrémités. A Sain-Bel, l'orthose est dans ce cas.
A Chessy comme à Romanèche, la baryte sulfatée devient prédominante à
l'approche de la fin des lentilles. La conséquence de ces causes est que les
parties métalliques, d'ordinaire plus fusibles et plus sujettes que les autres à
se maintenir à l'état liquide, occupent l'étendue moyenne des veines; par la
même raison, elles s'accumulent dans les renflements, qui eux-mêmes sont
souvent établis vers les points de rupture, à partir desquels s'écartent des
branches obliques ou perpendiculaires, et de là le fait de l'enrichissement des
filons autour des entre-croisements.
» 1 8°. Enfin en admettant, dans un même filon, le mélange des matières
dont les unes sont capables de persister à l'état liquide, les autres étant au
contraire sujettes à se figer avec une certaine promptitude, on arrive à com-
prendre l'écoulement des premières dans une autre crevasse qui se serait
ouverte après coup. Telle esf du moins l'explication que je crois pouvoir
donner d'une observation capitale de M. Beust relativement à la constitu-
( no5 )
tion de certains gîtes de Freiberg, qui ont été enrichis de tout ce qui leur
a été cédé par d'autres. J'accepte d'ailleurs ce curieux théorème, d'autant
plus volontiers qu'il me paraît susceptible d'être appuyé par des faits pris
dans d'autres pays*
» 190. Pour clore cette série d'énoncés au sujet de la théorie delà fu-
sion, je dois faire remarquer qu'étant en partie basée sur la connexion des
filons avec les roches éruptives, il a été nécessaire de s'occuper du classe-
ment de celles-ci. A cet égard, j'ai fait une multitude de recherches qui
m'ont permis de rattacher à divers groupes des masses de structure variée.
Les granits, par exemple, ont leurs pegmatites, leurs granulites et leurs
leptynites; il en est de même des syénites anciennes et des porphyres quar-
zifères. D'un autre côté, il a fallu séparer des masses confondues ensemble.
Tels sont entre autres les basaltes et les mélaphyres du Tyrol, ceux-ci étant
le produit de métamorphisme de roches sédimentaires anciennes, tandis
que les autres appartiennent au groupe volcanique. Par suite des mêmes
études, je suis arrivé à constater l'état endomorphique de certaines masses
éruptives. Les granits bleus et variés, pinitifères ou non, qui se montrent
quelquefois si largement développés dans la chaîne vivaraise, depuis les
environs de Lyon jusqu'au Tanargue, sont des produits de ce genre; il en
est de même des spilites du Dauphiné qu'il ne faut pas confondre avec les
roches agatifères d'Oberstein. Cependant mes observations sont loin d'être
complètes;, car s'il est bien démontré pour moi qu'il existe deux syénites, il
n'en reste pas moins quelques incertitudes au sujet de la démarcation qu'il
faut établir entre les syénites anciennes et ceux jd'entre les granits dont
l'apparition date à peu près de la même période. Je n'ai pas davantage pu
mettre la dernière main à l'établissement de l'ensemble porphyrique qui
paraît présenter certaines transitions avec les granits anciens, et celles-ci se
manifestent eu Sardaigne, dans le Forez, dans leMorvan. Les serpentines me
laissent également divers doutes, en ce sens que j'arrive à croire qu'il existe
des roches de ce nom dont les unes seraient fort anciennes et les autres très-
modernes. Les protogines me semblent également susceptibles d'être distin-
guées d'après leur âge et d'après leurs caractères pétralogiques ; celles du
Mont-Blanc, par exemple, diffèrent très-notablement de celles des alentours
du Pelvoux. »
C. R., i856, i« Semestre. (T. XLH, ÏS» 23.) I 45
( no6 )
astronomie. — Détermination de l'orbite de la planète Harmonia.
(Notes de M. Benj. Valz.)
« Marseille, 3 juin i856.
» La 4 ie petite planète, ayant été découverte par M. Goldschmidt dans
sa quadrature même, s'éloigne rapidement de la Terre, et se rapproche de
plus en plus de l'horizon et du crépuscule; ce qui concourt à diminuer
plus promptement son éclat, et à rendre sa recherche et ses observations
d'autant plus pénibles. Ayant pu l'observer avec beaucoup de difficultés,
parce que sous l'apparence de la 1 2e grandeur, elle ne supporte guère
l'éclairage, les 3i mai et Ier juin, j'en ai déduit l'orbite circulaire suivante,
qui pourra être utile aux astronomes pour les guider dans sa recherche
parmi le grand nombre des étoiles de cette grandeur; mais je crains bien
qu'elle ne soit visible encore que pour bien pende temps, vu que le ierjuin
elle se trouvait bien sensiblement plus faible que la veille, et fort pénible
à reconnaître et à observer; ce qui avec le moins d'exactitude des obser-
vations ne permettra guère d'en obtenir des éléments elliptiques satisfai-
sants, qui puissent la faire retrouver, non sans de grandes difficultés, lors
de sa réapparition à venir.
Long, hélioc. dans l'orbite le 3i, 429 mai. i83°3o'
Nœud ascendant 1 78° 3^
Inclinaison 190 3g
Distance au Soleil 2,5765 (idro,i)
Mouvement moyen diurne 1 io4", 25
o Marseille, 6 juin i856
» N'ayaiit pu retrouver, comme je le craignais fort, la L\\K petite planète,
et la croyant déjà invisible avec les faibles instruments auxquels je me
trouve réduit pour des observations aussi délicates, j'ai cherché à rectifier,
autant que possible, les éléments circulaires de cette nouvelle planète, à
défaut des éléments elliptiques, qu'on ne pourra guère obtenir avec quelque
exactitude; afin que les astronomes qui ont eu le bonheur d'obtenir des
instruments plus puissants que ceux que j'emploie, puissent la trouver plus
facilement, les voici :
Long, hélioc. dans l'orbite le 31,429 mai. i85°3o'
Nœud ascendant 1800 1'
Inclinaison i7°5i'
Distance au Soleil 2 ,o83 ( 1 ± o, 1 ) dans l'ellipse
Mouvement héliocent. diurne 1 180" ,27
( "'07 )
» L'incertitude que M. Yillarceau a trouvée sur le mouvement d'Amphi-
trite après un intervalle de dix-huit mois, et qui parviendrait à atteindre les
minutes de la longitude moyenne, montre de plus en plus combien les
fractions de seconde restent incertaines. »
M. Le Verrier annonce à cette occasion qu'une /42e petite planète a
été découverte à Oxfor, le 23 mai, par M. Pogson.
géométrie. — Note sur la théorie des parallèles; par M. Vincent, Membre
de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. (Extrait par l'auteur.)
« La révision des programmes de l'enseignement universitaire m'ayant
fourni l'occasion de soumettre à un nouvel examen quelques-uns des prin-
cipes fondamentaux de la géométrie, je demande à l'Académie la permission
de lui présenter quelques réflexions sur ce sujet Je veux parler de cer-
tains mouvements des figures, dont on fait usage pour les démonstrations,
surtout dans la géométrie moderne. Je dis surtout, parce qu'il n'est pas
exact d'affirmer, comme on le fait quelquefois, qu'Euclide se soit absolu-
ment interdit ces mouvements de figure. Je ne nie pas néanmoins que ces
cas ne soient très-rares chez le géomètre grec ; mais je ne crains pas d'avancer
que l'enseignement est devenu plus simple à mesure que l'on s'est affranchi
de ce joug superstitieux.... L'étude de la géométrie, comme l'écrivait récem-
ment M. Saigey, est l'introduction naturelle et nécessaire de Celle de la
mécanique, dont le rôle est ensuite d'établir les relations de l'espace au
temps. Ainsi par exemple « déterminer la courbe engendrée par un point
» qui se meut suivant des conditions données, » c'est un problème de
pure géométrie ; et « déterminer le lieu de la trajectoire occupé par le
» point décrivant à une époque quelconque de son mouvement, » c'est le
problème de mécanique correspondant; cela me paraît incontestable.
» L'idée la plus nette que l'on ait donnée de la ligne droite est celle
d'une ligne qui ne change pas de lieu quand on la fait tourner sur elle-
même en passant constamment par deux de ses points — Au reste, l'idée du
mouvement en ligne droite résulte d'un fait d'expérience commune : mar-
cher droit au but est une expression que comprend l'homme le plus gros-
sier, et à laquelle il attache indubitablement l'idée d'y aller par le plus
court chemin. On ne se tromperait même pas, je pense, en affirmant que les
animaux ont le sentiment de la ligne droite. La ligne droite jouit de plus de
cette propriété, qu'une quelconque de ses parties peut toujours être ap-
pliquée ou transportée sur une autre partie de la même ligne droite ou de
i45..
( no8 )
tout autre , et Proclus fait remarquer que deux espèces de lignes courbes
partagent avec elle cette propriété, savoir le cercle (pourvu qu'il soit censé
toujours décrit du même rayon) et l'hélice (pourvu qu'elle ait le même
rayon et le même pas).
a Une droite assujettie à pivoter autour d'un de ses points sans sortir
d'un même plan , engendre ce que l'on nomme un angle. On n'a nul
besoin de considérer la droite comme indéfinie ; on peut supposer un seg-
ment de droite (comme serait une règle) pivotant autour d'une de ses ex-
trémités. Chaque homme porte également en soi, comme fait d'expérience,
le sentiment de ce mouvement de pivotement ou de rotation, et cela pres-
que au même degré que celui de la marche en ligne droite. L'unité naturelle
de cette espèce de grandeur est la rotation complète effectuée par la droite
lorsqu'elle est revenue à sa position initiale. Néanmoins l'unité usuelle n'est
que le quart de la rotation totale, nommé angle droit. On pourrait à la ri-
gueur considérer l'angle comme une portion de plan (ainsi que je l'avais
fait moi-même autrefois d'après Bertrand de Genève) ; mais on a reproché
à cette définition, non sans quelque raison, d'impliquer l'idée de l'infini
comme le plan lui-même, et par suite de conduire à l'impossibilité de com-
parer les angles entre eux sans comparer des grandeurs infinies. Cet incon-
vénient, qui n'existe pas- quand on considère en eux-mêmes la droite ou le
plan (parce que toutes les droites, tous les plans, sont superposables), est
réel quand il s'agit de l'angle. Aussi fait-on bien, à l'exemple de Bezout, de
définir l'angle simplement comme Yécartement de deux droites, ce qui re-
vient, comme je l'ai dit, à le considérer comme engendré par le pivotement
d'une droite ou d'une portion de droite
» La considération du mouvement de rotation, ou, ce qui est la
même chose, du mode de génération des angles, suffit pour démontrer di-
rectement que l'a somme des angles extérieurs de tout polygone convexe,
par exemple du triangle ABC, est égale à quatre droits, et que par suite la
somme des angles intérieurs de tout triangle est égale à deux droits.
( iio9 )
» En effet, i° faisons glisser la droite AB sur sa direction, de manière que
le point A vienne se placer en B; ia faisons-la pivoter autour du point B de
manière qu'elle prenne la position BC ; 3° faisons-la glisser sur sa nouvelle
direction de manière que le point B vienne se placer en C; 4° faisons- la pi-
voter autour du point C de manière qu'elle prenne la position CA ; 5° fai-
sons-la derechef glisser sur elle-même de manière que le point C vienne de
nouveau se placer en A; enfin 6° faisons pivoter la droite autour du point
A de manière qu'elle reprenne la position AB. Or cette position est identi-
quement sa position primitive ; donc la droite a nécessairement exécuté une
rotation entière, c'est-à-dire une somme de rotations partielles égale à quatre
angles droits. De là évidemment la somme des angles intérieurs égale à
deux droits.
» Je ne m'arrête point à cette objection, qu'à la vérité la droite, consi-
dérée en quelque sorte comme matérielle, a bien pivoté autour d'un seul et
unique de ses points qui s'est transporté successivement de A en B, puis en
C, puis enfin est revenu en A, mais que ce point ne demeure pas en position
identique sur le plan de la figure, et que l'on n'aurait pas le droit d'ajouter
ainsi des angles dont les sommets sont différemment situés. Je ne m'arrête
point, dis-je, à cette objection ; car. si elle pouvait avoir quelque valeur, il
s'ensuivrait qu'on ne pourrait non plus considérer les trois angles inté-
rieurs du triangle comme faisant une somme unique égale à deux droits; en
un mot, l'énoncé même de la proposition serait un non-sens (i). C'est au con-
traire un avantage propre à notre manière de considérer les angles, de per-
mettre d'en placer le sommet et le plan partout où l'on veut dans l'espace.
En un mot, la question n'est pas de savoir, à ce qu'il me semble, si les so-
phistes de Socrate n'eussent rien trouvé à dire sur notre théorie, mais
simplement si elle est accessible aux intelligences les plus ordinaires, aux
notions les plus vulgaires du sens commun.
» De là on déduit rigoureusement, comme tout le monde le sait, ce
que l'on nomme la théorie desr parallèles, au sujet de laquelle, dans ses
leçons modèles à l'École Normale, Laplace dit qu'elle laisse peut-être quel-
que chose à désirer du côté de la rigueur, mais que l'on doit en abandonner
la discussion aux métaphysiciens géomètres, du moins jusqu'à ce quelle ait
été suffisamment éclaircie.
» Pouvons-nous, Messieurs, nous flatter d'avoir réalisé le vœu de Laplace?
(i) L'angle, dit avec beaucoup de raison M. Poinsot, est un nombre et non une quantité*
( «no )
Il me semble du moins que nous avons ici allié la rigueur à la simplicité.
Nous serions donc bien loin d'avoir mérité le reproche d'abaisser le niveau
de l'enseignement. Et que l'on me permette de faire une profession de foi
qu'autorise peut-être de ma part une étude particulière des géomètres de
l'antiquité : c'est que je regarde comme un véritable bienfait pour l'ensei-
gnement des sciences, ou du moins de la géométrie en particulier, de se
trouver affranchi des formes sophistiques qui, sans rien ajouter en réalité à
la rigueur du raisonnement, ne font qu'entraver la marche de l'esprit et
paralyser son initiative. D'ailleurs, je ne manquerais pas d'exemples si je
voulais prouver que, tout en croyant raisonner bien rigoureusement, il est
arrivé souvent, aux géomètres modernes tout aussi bien qu'aux anciens, de
se faire illusion sur la véritable logique de la sience, sur la rigueur et l'effi-
cacité de certains procédés de démonstration, et de poser comme principe
absolu telle proposition qui n'était en réalité qu'un véritable postulation ,
admissible, il est vrai, dans la plupart des circonstances, mais radicalement
faux dans telle autre. Que l'on me permette d'en citer un cas, celui du prin-
cipe admis comme fondement de la théorie des limites, que deux grandeurs
sont égales quand on peut prouver que leur différence est moindre que toute
quantité assignable . J'ai démontré il y a longtemps (i) la fausseté de cette
proposition, fausseté qui avait beaucoup frappé un célèbre géomètre de cette
Académie, Lacroix, mon maître, auquel on ne peut contester le mérite d'a-
voir établi l'enseignement mathématique sur des bases véritablement lo-
giques. Le principe que je viens de rappeler est vrai, incontestable, pour les
grandeurs variables, dès qu'elles sont soumises, dans leur variation, à la
loi de continuité ; mais il est impropre à établir par lui-même la continuité
dans chaque cas; de sorte que son emploi pour cette fin se réduit à un vé-
ritable cercle vicieux. La continuité d'une fonction peut être considérée
comme une de ces choses que le calcul vous rend quand on les y a mises d'a-
vance; mais sa raison d'être ne se trouve point ailleurs que dans le mode
de génération de la fonction. La continuité^ quand elle existe) est avant tout,
que l'on me passe le mot, une vérité- de sentiment ,• on doit l'admettre
purement et simplement quand il n'apparaît aucune raison pour qu'elle
n'existe pas; de sorte qu'ainsi ce n'est pas la continuité qui a besoin d'une
démonstration, mais que tout au contraire c'est la discontinuité. «
(i) Annales de Gergonne (1824, tome XV, paj;e 2,5).
( *»I )
MÉMOIRES LUS.
chimie organique. — Sur les combinaisons des matières sucrées avec les
acides, deuxième Mémoire : Mannite ; par M . Berthfxot.
(Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Peligot.)
«... .4- Si j'ai été conduit à étendre aux matières sucrées les résultats
obtenus avec la glycérine, c'est en raison des caractères suivants, communs
pour la plupart à la glycérine et aux matières sucrées : toutes ces substances
sont neutres, sucrées, très-solubles dans l'eau. La chaleur, les alcalis, l'a-
cide nitrique les décomposent d'une manière semblable. Le carbone con-
tenu dans leur équivalent est un multiple de 6 ; elles renferment environ
moitié de leur poids d'oxygène, et l'hydrogène s'y trouve, tantôt dans la
proportion convenable pour produire de l'eau avec l'oxygène du com-
posé, tantôt en léger excès sur cette proportion. Toutes les matières
sucrées forment avec les bases énergiques des combinaisons particulières.
J'ajouterai que les matières sucrées s'unissent aux acides en plusieurs pro-
portions, de façon adonner naissance à des combinaisons neutres, analogues
aux corps gras : les combinaisons neutres de l'ordre le plus élevé renfer-
ment en général un équivalent d'acide pour chaque double équivalent de
carbone contenu dans la matière sucrée.
» D'après cet ensemble de propriétés, les substances sucrées, leurs dérivés
et les corps neutres essentiels du règne végétal auxquels elles se rattachent,
me paraissent constituer un groupe naturel de composés chimiques, ana-
logue au groupe des corps dérivés des carbures d'hydrogène et des alcools.
<> 5. Les matières sucrées peuvent se partager en deux grandes catégories au
point de vue de leur stabilité : la première catégorie comprend la glvcérine,
la mannite, la dulcine, la pinite, la quercite, l'érythroglucine, etc., tons
composés assez stables, en général plus ou moins volatils, susceptibles de
résister à l'influence d'une température de aoo à 25o degrés, ainsi qu'à l'ac-
tion des acides et des alcalis puissants à la température de i oo degrés. Toutes
ces substances renferment un excès d'hydrogène sur la proportion néces-
saire pour former de l'eau avec leur oxygène.
» La seconde catégorie renferme les sucres fermentescibles au contact
de la levure (sucre de canne, sucre de fruits, giucoses, sucre de lait, lactose,
mélitose, etc.), et les corps isomères, non susceptibles d'éprouver la fer-
mentation alcoolique au contact de la levure (sorbine, eucalyne. etc.).
( ma)
Toutes ces substances sont détruites sous l'influence d'une température
de aoo degrés; les acides minéraux énergiques les décomposent à ioo de-
grés, et la plupart sont altérées à la même température sous l'influence des
alcalis. Tous ces corps renferment l'hydrogène et l'oxygène dans les pro-
portions convenables pour former de l'eau.
» 6. Dans le présent travail, je décrirai seulement les combinaisons que
forment les acides avec la mannite, l'une des substances sucrées du premier
groupe.
» Mes recherches sur la mannite comprennent les objets suivants : his-
toire chimique de la mannite (CH'O8), de la mannitane (C6 H6 Os), du
mannide (CH'O4); description d'une mannite acétique, de deux mannites
butyriques, d'une mannite palmitique, d'une mannite oléique, de deux
mannites stéariques, de deux mannites benzoïques, d'une mannite chlorhy-
drique (G8 H5 Cl O3) composé volatil et cristallisable, d'un acide mannitar-
trique tribasique (C'° H15 R3 O35) (i), d'un acide manniphosphorique et d'une
éthylmannite. Sans m'étendre ici sur l'histoire individuelle de ces composés,
que j'ai déjà signalés pour la plupart [Comptes rendus , séance du 17 sep-
tembre i855), je vais exposer le résumé et les conclusions de mon travail :
» i°. Les composés mannitiques s'obtiennent par l'union directe de leurs
deux principes : acide et mannite. L'union de ces composants s'opère en
général sous l'influence d'un contact prolongé en vases clos avec le concours
d'une température comprise entre 200 et 25o degrés. Ces conditions sont
exactement les mêmes que celles dans lesquelles j'ai préparé les corps gras
neutres et les éthers. — Les composés mannitiques se forment également
dans la réaction de la mannitane sur les acides.
» i°. Tous les composés mannitiques se dédoublent dans les circonstances
les plus variées et notamment sous l'influence des alcalis, de l'eau ou de
l'alcool mêlé d'acide chlorhydrique : on reproduit par là l'acide primitif et
la mannitane avec fixation des éléments de l'eau.
» La formation de la mannitane dans la décomposition des combinai-
sons mannitiques est un fait général : seulement à la longue la mannitane
régénérée fixe de l'eau et se transforme en partie en mannite cristallisée. On
voit que c'est la mannitane qui joue réellement le rôle de la glycérine : les
formules des composés mannitiques confirment d'ailleurs cette manière
de voir. . . .
» 3°. D'après les faits qui précèdent, les composés mannitiques présen-
(1) J'ai également préparé les acides glucotartrique et glucocitrique.
( "<3 )
tent l'analogie la plus frappante avec les corps gras neutres. Les propriétés
tant physiques que chimiques des combinaisons formées avec un même
acide, soit par la glycérine, soit par la mannite, sont tellement analogues,
qu'on pourrait les confondre.
« 4°- • • Ces divers faits établissent un rapprochement étroit entre les
composés mannitiques, les corps gras neutres et les éthers : formation
directe de corps neutres à 200 degrés par l'union d'un acide et de l'alcool,
de la glycérine ou de la mannitane, avec séparation simultanée des éléments
de l'eau ; régénération de l'acide et de l'alcool, de la glycérine ou dé la
mannitane, sous l'influence des alcalis, de l'eau ou des acides; enfin décom-
position des corps gras neutres et des composés mannitiques par l'alcool
avec formation équivalente d'un éther et mise en liberté du corps sucré
lui-même, tels sont les phénomènes qui établissent, tant par l'analyse que
par la synthèse, une extrême analogie de constitution entre les éthers, les
corps gras neutres et les composés mannitiques.
» Toutefois, si la mannite vient se ranger à côté de l'alcool par la nature
générale des combinaisons auxquelles les acides donnent naissance, l'exis-
tence de plusieurs composés neutres formés entre la mannite et un même
acide établit entre la mannite et l'alcool une différence profonde ; mais de
là même résulte entre la mannite et la glycérine un nouveau rapproche-
ment. En effet, tandis que l'alcool ne forme avec les acides qu'une seule
série de combinaisons neutres, la mannite produit trois séries distinctes,
analogues aux trois séries glycériques.
» L'une de ces séries est analogue aux éthers, comme eux elle est formée
par l'union de 1 équivalent d'acide et de 1 équivalent de mannitane
avec perte de 2 équivalents d'eau : mannites monobutyrique, monoben-
zoïque, chlorhydrique, etc. Une autre série résulte de l'union de 2 équi-
valents d'acide et de 1 équivalent de mannitane; avec séparation soit de
4, soit de 2 équivalents d'eau : mannites dibutyrique, distéarique, etc.
» La troisième série, analogue aux corps gras naturels, est formée par
l'union de 3 équivalents d'acide et de 1 équivalent de mannitane, avec
élimination de 6 équivalents d'eau : mannites tristéariqne, tribenzoïque;
acide mannitartrique.
» Ces faits montrent que la mannite, de même que la glycérine, présente
vis-à-vis de l'alcool précisément la même relation que l'acide phosphorique
vis-à-vis de l'acide azotique. En effet, l'acide azotique ne produit qu'une
seule série de sels neutres : les azotates, monobasiques; tandis que l'acide
C. R., i856, itr Semestre. (T. XLII, N° 85.) 1 4^
( i"4)
phosphorique donne naissance à trois séries distinctes de sels neutres : les
phosphates ordinaires, tribasiques ; les pyrophosphates, bibasiques, et les
métaphosphates, monobasiques. Ces trois séries de sels, décomposés par les
acides ou par les alcalis énergiques en présence de l'eau, reproduisent un
seul et même acide phosphorique.
» De même, tandis que l'alcool ne produit qu'une série d'éthers neu-
tres, la mannite donne naissance à trois séries distinctes de combinaisons
neutres. Ces trois séries par leur décomposition totale en présence de l'eau
reproduisent un seul et même corps, la mannitane : la mannitane est donc
comme la glycérine une sorte d'alcool triatomique, pourvu que l'on veuille
bien me permettre de donner ce nom d'alcool à toute substance susceptible
de former avec les acides des corps neutres distincts des sels et analogues
aux éthers.
» La théorie des éthers acquiert par là une variété et une complexité
tout à fait imprévues : en effet, ou est conduit à admettre que la mannite,
la glycérine et les matières sucrées analogues, peuvent donner naissance à
des séries aussi nombreuses et plus variées peut-être que celles des amides
et des alcaloïdes, dont l'ammoniaque est le point de départ. C'est par là
qu'aux matières sucrées se rattachent un grand nombre de composés natu-
rels dont la suite des présentes recherches permettra de fixer la constitu-
tion. Sans m'étendre plus longuement sur ces divers points, il me suffira de
remarquer dès à présent que si la mannite et la glycérine sont des alcools
triatomiques, les composés de leur première série, formés par l'union de
i équivalent d'acide et de i équivalent de mannite ou de glycérine, peuvent
être regardés jusqu'à un certain point comme des alcools biatomiques (i);
et chacun des composés de la deuxième série formée par l'union de
i équivalents d'acide et de i équivalent de mannite ou de glycérine, peut
être envisagé, dans le sens indiqué plus haut, comme une sorte d'alcool
monoatomique, analogue à l'alcool ordinaire.
» Je développerai bientôt l'application de ces mêmes idées aux combi-
naisons que forment les acides avec les diverses matières sucrées, ainsi
qu'avec un grand nombres d'autres principes immédiats neutres, de
nature organique. »
(i) L'existence de la benzochlorhydrine, de la stéarochlorhydrine, de la butyrochlorhy-
drine, celle de l'oléomargarine naturelle, etc., confirment cette manière de voir.
( iMS')
physique du GLOBE. — Observations ozono métriques Jattes avec le papier
Schœnbein, autour de la caserne de Saint- Cloud (du 6 octobre au 5 no-
vembre i855); par M. Békigny, de Versailles.
(Commissaires, MM. Becquerel, Cl. Bernard, J. Cloquet.)
« Je dois dire d'abord que j'ai choisi ce lieu d'expérimentation, parce
que ce bâtiment me présentait intérieurement et extérieurement des condi-
tions d'un grand intérêt scientifique, à cause des différents états météorolo-
giques qu'il m'offrait par ses expositions diverses, par l'état hygrométrique
dépendant du cours de la Seine, et par l'agglomération d'hommes logés dans
ce bâtiment.
» La caserne de Saint-Cloud se compose de quatre étages donnant une
hauteur totale de ai mètres : le premier est à n mètres au-dessus du
sol : le troisième est à I7ra,70 au-dessus de ce même niveau. Je fais mention
de ces deux étages seulement, parce que je n'ai placé mes appareils qu'à ces
deux altitudes. Il m'a semblé que ces deux positions pouvaient embrasser
les conditions de l'air de l'étage intermédiaire. Quant au rez-de-chaussée,
il est formé par des écuries qui occupent toute la longueur des deux bâti-
ments de la caserne. Voyons ce qui concerne les appareils, et les résultats
qu'ils ont donnés.
» Quatorze appareils ont enveloppé, pendant trente et un jours, la ca-
serne de Saint-Cloud, et j'ai renouvelé toutes les douze heures, ainsi que le
conseille M. Schœnbein, les papiers ozonométriques contenus dans ces
appareils ou abris. Sur la cour, à chacune des deux ailes du bâtiment, quatre
appareils établis au premier étage, quatre autres situés au troisième, parta-
geaient en parties égales la longueur de chacune des deux ailes. Sur la
façade regardant la Seine, même disposition des appareils ; mais sur la façade
faisant face au sud-ouest, je n'ai pu établir des appareils, attendu qu'au
moment où nous faisions nos expériences, la construction de la nouvelle
caserne, située derrière cette aile, nécessitait un bitumage qui développait
toute la journée une grande quantité de fumée.
» Chaque appareil était suspendu à l'extrémité d'une tige ayant 70 centi-
mètres de longueur, l'autre extrémité de cette tige était fixée dans les baies
des croisées, de sorte que chaque appareil faisait saillie de 1 5 centimètres en
dehors des fenêtres. Cette disposition avait été choisie afin que les papiers
fussent autant que possible sous l'influence de l'air qui entrait par les fe-
nêtres. Maïs pour que les expériences fussent complètes, il fallait aussi con-
146..
( • • «6 )
naître l'influence de l'air du milieu de la cour, c'est pourquoi j'ai pensé
qu'il était urgent de l'éprouver en cet endroit. En effet, il n'était pas indif-
férent de savoir si l'air atmosphérique du milieu de la cour était de même
nature que celui qui glissait le long des murs de la caserne, et qui pénétrait
même dans l'intérieur. Et, pour que toutes nos expériences fussent compa
râbles entre elles, nous avons fait placer, à 23 mètres de la grande aile du
bâtiment, et à l\,-j mètres de la petite, un mât, le long duquel ont été hissés
deux appareils correspondants au niveau de chacun des deux étages auxquels
nous opérions. Seulement, après onze jours d'observations, j'ai cru devoir
abaisser l'appareil n° 1, celui qui était placé au niveau du premier étage, de
façon à ce qu'il ne fût plus qu'à 3 mètres du sol ; je désirais m'assurer
par ce moyen si l'influence du sol se ferait sentir sur le papier ozonomé-
trique, et c'est précisément ce qui a eu lieu.
» Il résulte des expériences que nous avons faites :
» i°. Qu'il y a plus d'ozone le jour que la nuit, lorsque l'on opère sans
tenir compte de l'exposition des papiers ozonométriques.
, J -'*»} Différence o,25.
Pour la nuit 6 , 70 )
» a°. Que l'on trouve, au contraire, plus d'ozone la nuit que le jour du
côté de la Seine.
Pour le J'0ur 5'6* | Différence o ni
Pour la nuit 6,38 j umerence °>74-
» 3°. Qu'il y a, comme dans le premier cas, plus d'ozone le jour que la
nuit du côté de la cour.
^0Ur!ej°Ur ''56 I Différence o,65.
Pour la nuit 6,91 )
» Si maintenant nous examinons les résultats que fournissent nos expé-
riences par rapport aux deux altitudes auxquelles nos appareils étaient
situés, nous constatons les suivants :
» i°. Qu'il y a moins d'ozone au premier qu'au troisième étage, lorsque
l'on opère sans tenir compte de l'exposition des papiers ozonométriques.
Premier
Troisième
1er étage, la cour et la rivière ensemble 6,77 ) ... „
, , , . ., ., 1 Différence o,23.
leme étage, la cour et la rivière ensemble 7 ,00 )
» 20. Que si, au contraire, nous recherchons les résultats fournis sépa-
■
(
( »"?))
rément du côté de la cour et du côté de la rivière au premier et au troisième
étage, nous trouvons :
» 3°. Qu'il y a dans les deux cas plus d'ozone au troisième qu'au premier
étage.
Du côté de la cour au premier étage 7 , i5 ) ,..„,
, , , . .. , „ ) Différence 0,17.
Du cote de la cour au troisième étage 7 , il )
Du côté de la Seine au premier étage 5,82 ) _„, „_
,,,,„. . . . , n i Différence o , 38.
• Du cote de la Seine au troisième étage ....... 0, 20 )
» Pendant que nous examinons le rôle que joue l'ozone par rapport à
l'altitude des appareils et aux diverses situations qu'ils occupent, je rappel-
lerai que précédemment nous avons dit qu'après onze jours d'observations
nous avions abaissé l'appareil n° 1 placé le long du mât, de telle sorte qu'il
fût plus rapproché du sol. Voici les différences que j'ai obtenues dans ce
cas :
Premier cas, 1 1 mètres au-dessus du sol 8 , 38
Deuxième cas, 3 mètres au-dessus du sol 6, 38
» Ici, comme dans tous les cas qui concernent l'altitude, nous retrou-
vons la même loi qui démontre que plus on s'élève, plus on rencontre
d'ozone.
» Une preuve qui vient à l'appui de l'influence que l'ozone exerce sur la
santé se trouve dans l'examen d'un état indiquant le nombre des malades
survenus depuis le 12 septembre jusqu'au 3i octobre dernier. Cet état, que
j'ai fait établir de telle sorte qu'il indique la situation des malades par étage,
fournit les résultats suivants sur 49 malades :
Pour le premier étage 21 |
Pour le deuxième étage 12 „ , ,
„,..,. } Total 4q.
Pour le troisième étage 12 l ~
Pour le quatrième étage 4 /
» D'où il suit que le nombre de ces malades a été beaucoup plus fort au
premier étage qu'au troisième.
» J'ai voulu m'assurer si la marche de l'ozone à Saint-Cloud était la
même que celle de Versailles, et pour atteindre ce but, j'ai choisi, afin que
les résultats fussent comparables, celui des appareils de Saint-Cloud qui,
par sa situation, me paraissait le mieux placé pour être en harmonie avec
celui de Versailles; l'appareil n° 2, hissé au haut du mât, m'a semblé réu-
nir ces conditions. M. Richard a tracé un plan graphique représentant ces
( "'S)
deux courbes-rapproches, et il résulte de ce rapprochement que la marche
de l'ozone, à très-peu d'exceptions près, est exactement la même à Saint-
Cloud qu'à Versailles. Ce fait est important, parce qu'il prouve que la pré-
sence de l'ozone subit la même loi que les autres phénomènes météorolo-
giques, en s'exerçant également dans un certain rayon. »
M. Rambossox lit une Note intitulée : Recherches sur l'enseignement
de la parole aux sourds-muets : moyen simple et facile probablement em-
ployé par les premiers inventeurs de cet art. (Extrait.)
(Commissaires, MM. And rai, Cl. Bernard.)
« Les résultats que l'on obtient de nos jours dans l'enseignement de la
parole aux sourds sont, dit l'auteur, si peu satisfaisants, qu'on est d'abord
porté à croire qu'il y a eu de l'exagération dans ce qu'on nous rapporte des
succès obtenus par les premiers inventeurs. Cependant, en y réfléchissant,
j'ai été porté à croire véritables les récits qui nous ont été transmis, et à sup-
poser seulement qu'on avait oublié d'y mentionner des circonstances qui
avaient une grande importance sur la réussite de l'enseignement.
» Lorsque j'étais chargé de la direction de l'Institution royale des
Sourds-Muets à Chambery, je remarquai que les sourds-muets les plus jeunes
arrivaient sans beaucoup d'efforts à prononcer des mots; mais pour ceux
qui étaient déjà d'un certain âge, c'était une perte de temps et une peine
incroyable pour arriver à presque rien.
» Ce fait m'ayant frappé, je m'informai ensuite, dans les différentes insti-
tutions que je visitai, lorsque j'entendais un sourd-muet parler un peu mieux
que les autres, à quel âge on avait commencé à lui enseigner la parole; et il
se trouva, sans aucune exception, que la parole avait été enseignée à ces sourds-
muets dès la première enfance. J'entrevis tout de suite ce qui empêchait
l'essor de cet enseignement. Je m'empressai d'aller visiter l'établissement de
M. Dubois, rue de Courcelles, à Paris. M. Dubois père, homme admirable
de dévouement, et dont les amis des sourds-muets pleurent la mort récente,
m'ouvrit les portes de l'établissement avec la plus grande obligeance, fit
exercer les élèves, et me permit de les exercer moi-même. J'eus de nouveau
la satisfaction de voir la justesse de mon observation.
» Je fis part de mes réflexions à ce maître distingué ; elles se trouvèrent
en parfaite harmonie avec sa manière de voir. Il me cifa plusieurs faits qui
vinrent les corroborer, entre autres celui de l'éducation de son fils, qui est
sans doute, pour le moment, le sourd-muet du monde qui parle le mieux.
( »»9)
Il est lui-même professeur d'articulation à l'Institution impériale des Sourds-
Muets de Paris. Son éducation pour la parole fut commencée aussitôt
qu'on se fut aperçu qu'il était sourd-muet. J'ai fait, dit M. Dubois, quelques
autres éducations de sourds-muets pour la parole, en les prenant dès la plus
tendre enfance, à l'âge où les autres enfants commencent à parler; elles
ont aussi et sans beaucoup de peine parfaitement réussi.
» A l'âge où l'on commence en général l'éducation du sourd-muet, les
résultats que l'on obtient par tant de travaux sont peu de chose, si on les
compare à ceux obtenus dans un âge plus tendre. Ce serait à la mère,
lorsqu'elle tient son petit enfant sur ses genoux, ou à ceux qui la rempla-
cent dans les soins maternels, à commencer cet enseignement. C'est là, sans
aucun doute pour moi, les moyens employés par les premiers inventeurs
de l'art, et la solution de ce problème si plein d'intérêt. »
M. Gomès de Souza commence la lecture d'un Mémoire intitulé : Addition
à un Mémoire sur la détermination des fonctions inconnues qui rentrent
sous le signe d'intégration définie.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Liouville, Lamé, Bienaymé.)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. Dufrénoy présente au nom de MM. Chatoney, ingénieur des Ponts et
Chaussées, et Rivot, ingénieur des Mines, la première partie d'un Mémoire
intitulé : Considérations générales sur les matériaux employés dans les
constructions à la mer.
« Leur Mémoire est divisé en deux parties : la première comprend les
procédés d'analyse, les résultats numériques et la discussion théorique des
résultats obtenus; elle est due plus spécialement à M. Rivot.
» Dans la seconde partie, M. Chatoney fera connaître les résultats des
expériences pratiques, entreprises au Havre, et les précautions nécessaires
dans la préparation et la mise en œuvre des différents matériaux hydrau-
liques.
» Les analyses des nombreux échantillons et la discussion des résultats
analytiques conduisent aux conclusions suivantes :
» Les calcaires argileux ou siliceux, les mélanges artificiels de calcaire,
( i\ao )
de sable fin, de silex porphyrisé ou d'argile, ne peuvent donner par la cuis-
son des produits de bonne qualité, chaux hydrauliques ou ciments, qu'à
la condition d'une très-grande homogénéité. Un> grand nombre de bancs
calcaires, facilement exploitables, présentent une très-grande hétérogénéité
dans la dissémination du sable et de l'argile. On ne peut utiliser les produits
de l'exploitation qu'après les avoir pulvérisés et rendus homogènes par des
procédés mécaniques; ces opérations doivent précéder la cuisson.
» Les mortiers et les ciments ne peuvent être stables que s'ils présentent
une texture assez compacte, et en même temps, vers les surfaces des con-
structions, une proportion de carbonate de chaux assez grande, pour que
l'eau de mer ne puisse pas se renouveler facilement dans leur intérieur. Les
conditions à remplir présentent des difficultés variables avec la nature des
constructions et avec la composition de l'eau de mer dans les différents
ports.
» On ne peut déterminer les conditions pratiques les plus convenables,
la meilleure composition chimique des matériaux à employer, que par des
expériences spéciales faites dans les localités elles-mêmes, dans des condi-
tions très-voisines de celles dans lesquelles les constructions seront placées.
Les expériences dans des cuves ne peuvent donner que des indications
incomplètes. Les précautions pratiques dans la mise en œuvre ont une im-
portance au moins aussi grande que la composition chimique des matériaux.
» Les chaux hydrauliques siliceuses, analogues à celles du Theil, font
prise par l'hydratation du silicate de chaux, produit par la cuisson ; l'hy-
drosilicate a une composition nettement définie, représentée par la formule
SiO3+30aO + 6HO.
» Les précautions qu'il faut prendre dans l'emploi de ces chaux hydrau-
liques sont relatives à la proportion de chaux libre contenue. Elle doit être
en excès d'autant moins grand, que l'eau de mer contient moins d'acide
carbonique et d'hydrogène sulfuré.
» On peut obtenir d'excellentes chaux hydrauliques artificielles en sou-
mettant à une cuisson modérée un mélange intime de calcaire à peu près
pur avec du sable fin, avec du silex porphyrisé, dans les proportions de 20
à 25 de silex ou sable fin, et 80 à 75 de calcaire. Ori obtiendra des produits
d'autant meilleurs, qu'on aura pris plus de soins pour rendre le mélange
intime et homogène.
» Les chaux hydrauliques qui proviennent de k cuisson des mélanges
naturels ou artificiels de calcaire et d'argile et dans lesquelles la chaux
( H21 )
est encore en excès, présentent un peu plus de difficultés dans l'emploi.
» Les chaux hydrauliques artificielles peuvent être au moins aussi
bonnes que les chaux naturelles; elles sont même beaucoup meilleures dans
certains cas; quand les bancs calcaires sont hétérogènes et quand on ne
prend pas les précautions nécessaires pour établir l'homogénéité parfaite
avant la cuisson, les chaux naturelles sont nécessairement de très-mauvaise
qualité.
» La proportion de ao à 21 d'argile pour 80 de calcaire paraît être la
plus convenable dans la plupart des cas.
» Dans la composition des mortiers on peut introduire du sable un peu
argileux, dans le cas seulement où la chaux hydraulique employée contient,
un trop grand excès de chaux, libre. Les mortiers ont plus de liant, sont
plus compactes après la prise et résistent mieux à l'action de la mer. Un
excès d'argile serait très-nuisible; par conséquent, ce n'est qu'avec une
grande prudence, et en s'appuyant sur des expériences spéciales, qu'on doit
employer le sable argileux.
» Les ciments à prise rapide, obtenus à une température modérée, sont
toujours d'un emploi difficile à la mer. Le composé qui détermine princi-
palement la solidité est l'hydrosilicate de chaux, pour lequel les analyses
indiquent encore la composition :
SiOs + 3CaO-+- 6HO.
» Les ciments rapides ne contiennent pas de chaux libre, et par suite ne
peuvent être préservés de la pénétration de l'eau de mer que par leur com-
pacité ou par des circonstances extérieures.
» On peut les employer avec plus de certitude en les^nélangeant avec une
certaine proportion de chaux hydratée et faisant digérer le mélange pen-
dant un temps assez long.
» Les ciments naturels ou artificiels fortement cuits et ne contenant
qu'une faible proportion de chaux libre, analogues à ceux de Parker, Mé-
dina, Portland, doivent principalement la solidité qu'ils acquièrent sous
l'eau à l'hydrosilicate de chaux Si03-4- 3CaO+ 3HO Ce composé ren-
ferme moins d'eau que les combinaisons correspondantes auxquelles don-
nent lieu les chaux hydrauliques et les ciments portés dans la cuisson à une
température moins élevée.
» Les ciments fortement cuits ont donné de bons résultats pour les
blocs constamment immergés; dans des constructions exposées sur leurs
deux parements à des charges d'eau très-différentes ou variables, les mêmes
ciments ne résisteraient peut-être pas aussi bien.
C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N» 25.) l47
.:
( I 122 )
Les pouzzolanes artificielles peuvent très-rarement donner des résultats
favorables. Avec les pouzzolanes naturelles on doit employer les chaux
grasses de préférence aux chaux hydrauliques. Les réactions qui déterminent
la prise sont assez complexes, et ne peuvent être régularisées que par une
très-longue digestion préalable de toutes les matières intimement mélangées
en présence d'une très-petite quantité d'eau.
» Cette précaution est adoptée par les ingénieurs hollandais et paraît être
la condition indispensable de la stabilité des mortiers à pouzzolanes.
» L'eau de mer exerce sur les mortiers et les ciments des actions très-
différentes de celles de l'eau douce, non-seulement par suite des mouve-
ments plus répétés et plus violents des marées et des vagues, mais encore,
et principalement, en raison des sels, de l'acide carbonique, et quelquefois
de l'hydrogène sulfuré qu'elle tient en dissolution.
» Le sel marin retarde en général la prise des ciments et des mortiers ; les
sels de magnésie exercent une action faible, et sensiblement la même dans
tous les ports, sur la chaux non combinée et sur raluminate de chaux.
L'acide carbonique et l'hydrogène sulfuré existent en proportions très-va-
riables dans les différentes localités; ils agissent depuis le premier moment
de l'immersion jusqu'à la décomposition complète, ou bien jusqu'à ce que
les mortiers ou ciments soient devenus solides et imperméables. Leur action
se porte d'abord sur la chaux libre, et ensuite sur la chaux combinée avec
l'alumine et avec la silice.
» Les cas de décomposition des mortiers à la mer n'ont été bien constatés
que depuis un petit nombre d'années, à la suite d'un emploi plus général
des grandes masses de béton. Les différences d'action de l'eau de mer et de
l'eau douce ne sont^tas d'une nature telle, qu'on puisse admettre que les
fondations en béton, employées maintenant en eau douce, soient à l'abri de
tout danger. »
Le Mémoire de MM. Chatoney et Rivot est renvoyé à l'examen d'une
Commission composée de MM. Chevreul, Poncelet, Dufrénoy, et de M. le
Maréchal Vaillant.
économie rurale. — Du pain et de sa préparation; par M. Mègf.-Moiriès.
(Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Pelouze, Payen, Peligot.)
« Poursuivant des recherches que l'Académie a encouragées il y a trois ans,
en adoptant les conclusions d'un Rapport de M. Chevreul, je suis parvenu
( na3 )
à faire du pain blanc irréprochable avec tonte la substance assimilable du
froment. Ce résultat, si intimement lié à l'intérêt public, vient de l'applica-
tion des observations suivantes faites sur le froment et sur la panification.
» Le froment est composé de trois enveloppes : i° l'épicarpe, tégument
ligneux et très-léger, pesant i pour ioo du poids du blé; i° l'endocarpe,
recouvert par les débris du sarcocarpe chargé de matière extractive jaune
et d'huile essentielle; cette membrane pèse 3,2 pour 100; 3° l'épisperme
adhérent, très-azoté et incolore, pesant 3,3; 4° l'embryon et l'endosperme
farineux, plus friable au centre qu'à la circonférence, complètement assi-
milables et donnant ensemble 91, 5 pour 100.
» La farine de première qualité vient du centre de l'endosperme et ne
contient qu'un millième de débris de son ; les farines inférieures sont pro-
duites par la zone voisine de l'épisperme plus dure et plus riche en gluten ;
elles contiennent de 8 à 12 millièmes de ces débris de pellicules.
» Le son est composé dé Tépicarpe, de l'endocarpe et de l'épisperme
qui retient toujours de la substance farineuse. L'épisperme le rend très-
azoté et peu nutritif.
» Du pain bis. — Les farines inférieures ne produisent du pain bis que
parce qu'elles entraînent inévitablement des débris du péricarpe et de
l'épisperme; le premier agit par son huile essentielle et sa matière extractive
jaune très-altérables ; le deuxième par la céréaline qu'il retient à sa surface
interne. Ce principe, décrit dans la première partie de ce travail, est un
double ferment lactique et glucosique. C'est sous l'influence de ces causes
que la farine s'altère et produit les pains inférieurs caractérisés par l'aci-
dité, la couleur brune, le mauvais goût, l'état pâteux et hygrométrique, ainsi
que par sa faiblesse alimentaire.
» La céréaline, comme ferment lactique des plus- puissants, fait prédo-
miner la fermentation acide et fait aigrir la pâte et le pain.
» Le gluten, désagrégé et en partie dissous par l'acide au milieu des fer-
ments en activité, se décompose en produisant de l'ammoniaque, dont la
formation explique dans les pains bis la présence des sels ammoniacaux
qui n'existent pas dans les farines qui les produisent.
» Le gluten dénaturé se transforme aussi en ferments vineux ou lacti-
ques. C'est sur cette altération qu'est fondée la fabrication des levains,
c'est cette perte souvent considérable qui fait d'une farine riche en gluten
un pain bis peu nourrissant.
» La matière extractive jaune se transforme en une matière brune ana-
logue à ce qu'on a appelé acide ulmique; ce changement est plus rapide à
147..
( »ia4 )
l'air et à la chaleur : c'est pourquoi la croûte est toujours noirâtre, indé-
pendamment de sa densité et de sa sécheresse, tandis que la mie a une cou-
leur brune plus légère.
» L'huile essentielle si douce du froment semble, par des modifications
successives, prendre une odeur herbacée et contribuer à donner au pain
bis la saveur qu'on lui connaît.
» Au four, la céréaline jouant le rôle du ferment glucosique transforme
entre 5o et 80 degrés centigrades une partie de l'amidon en dextrine et en
glucose. La présence du glucose rend le pain pâteux et hygrométrique, et
la décomposition partielle de l'amidon et du gluten empêche le pain bis
de se gonfler dans l'eau ou dans le bouillon.
» Les gaz et les vapeurs qui soulèvent la pâte brisent ses cellules au lieu
de les élargir, parce que le gluten altéré et en partie dissous ne lui commu-
nique plus l'élasticité nécessaire pour obéir à l'expansion du gaz ; de là
vient l'état compacte et serré de ce pain.
» Ces par ces réactions qu'une petite quantité de farines impures dans
la pâte suffit pour changer entièrement la nature et la qualité du pain.
» Du pain blanc, — La différence qui existe entre le pain blanc et le pain
bis provient de ce que la farine de première qualité ne contenant que des
traces de péricarpe, ce pain ne brunit pas et la croûte reste jaune; elle pro-
vient aussi de ce que la céréaline n'existant pas, grâce à l'absence de l'épi-
sperme, elle ne contient que de la caséine végétale, ferment lactique faible
et ferment glucosique nul ; l'absence du glucose et surtout la faiblesse de la
fermentation lactique épargnent une plus forte partie de gluten; la pâte
peut prendre au four tout $00 développement, et le pain conserver plus de
force alimentaire.
» Il faut donc, pour empêcher les farines impures de produire du pain
bis, i° prévenir la formation de la matière brune; a° enlever à la céréaline
ses propriétés de ferment glucosique et de ferment lactique; 3° séparer les
débris de pellicules par une opération mécanique.
» On parvient à ce résultat en partageant le blé broyé en trois parties :
le son qu'on rejette, la farine de. première qualité et les gruaux impurs.
Aces gruaux ou fait subir une fermentation vineuse à basse température
dans quatre parties d'eau acidulée; on tamise le liquide et on s'en sert de
levain pour faire la pâte avec la farine de première qualité. On peut par ce
moyen faire du pain blanc avec toute la substance assimilable du grain,
moins 4 à 5 pour 100 adhérents au son, c'est-à-dire élever le rendement du
blé en farine de première marque de 70 à 88 pour 100 ; supprimer les pains
( na5 )
bis; élever de 20 pour 100 environ la production du pain blanc, et donner
à tous du pain de première qualité avec une économie assez forte pour
atténuer les effets des récoltes insuffisantes. »
anatomje comparée. — De l'appareil circulatoire sanguin chez le
serpent Python; par M. Jacqcart. (Extrait par l'auteur présenté par
M. de Quattefages.)
(Commissaires, MM. Duméril, Serres, de Quatrefages.)
« J'ai injecté et disséqué trois Pythons Molures, tous trois de forte taille.
C'est dans le laboratoire de M. le professeur Serres, et aidé de ses conseils,
lorsqu'il occupait encore la chaire d'Anthropologie, que j'ai exécuté ces
préparations. Sur l'une d'elles, en collaboration avec M. le Dr Duméril
fils, nous avons disséqué le système nerveux que nous devons publier plus
tard. Dans le résumé que je présente, je ne ferai pas de bibliographie. On
la trouvera tout entière dans mon opuscule qui a pour titre : « De l'appareil
circulatoire sanguin chez le Python. » Forcé de condenser en un petit es-
pace la substance de mon Mémoire, je ne retracerai que les points les plus
importants.
» Dans la description du cœur, que j'ai éclaircie par huit figures, je si-
gnale dans le ventricule droit une disposition valvulaire que je crois avoir
découverte le premier. C'est celle de la valvuve qui ferme l'entrée du sinus
formé par la veine cave postérieure, et la jugulaire droite qui réserve un
tiers environ de son étendue pour abriter et fermer aussi la jugulaire
gauche, dont l'orifice est adossé à celui du sinus veineux précédemment
indiqué. Ainsi trois orifices veineux fermés par une seule valvule! Quel
procédé simple et ingénieux! Je doute qu'on puisse trouver une plus heu-
reuse application de la loi d'économie exposée par M. le professeur Milne
Edwards, dans son ouvrage intitulé : « Introduction à la zoologie générale. »
Plus d'une fois, dans le cours de ce Mémoire, nous aurons l'occasion de
déférer à cette loi. A priori ne devait-on pas s'y attendre? Chez les Ophi-
diens, les organes resserrés, pressés les uns contre les autres par la forme
allongée à laquelle ils sont soumis, ont pu recevoir directement des bran-
ches artérielles uniques, placées dans leurs intervalles, ou réunir en un seul
tronc les veines qui en rapportent le sang. Mais je reviens à l'anatomie du
cœur, et j'indique ici seulement les points que je crois nouveaux ou plus
complètement étudiés qu'on ne l'avait fait jusqu'alors.
» Le ventricule droit fixe surtout notre attention. Une colonne charnue
( 1126 )
s'étendantde la pointe du cœur vers sa base, soudée par son côté supérieur,
libre par l'inférieur, le divise en deux loges, une supérieure, où prennent
naissance les deux aortes, l'autre inférieure, d'où part l'artère pulmonaire.
La loge inférieure est beaucoup plus grande que l'autre, et sillonnée par dés
colonnes charnues peu marquées. L'autre, au contraire, à parois très-
épaisses, est rétrécie par des piliers musculeux très-forts. Puis ensuite se
présente un ventricule gauche qui communique avec l'oreillette pulmo-
naire, mais il n'en part aucun vaisseau.
» J'ai cherché à décrire avec soin et à bien faire connaître les valvules
auriculo-ventriculaires droite et gauche, ainsi que le passage qui fait com-
muniquer les deux ventricules. Mais ces détails ne sauraient trouver place ici.
L'épaisseur des parois du ventricule gauche produit un effet qui n'a pas été
suffisamment apprécié. 11 est bien vrai qu'au moment où la communication
interventriculaire s'ouvre, les deux ventricules en train de se contracter sont
également pleins, l'un de sang artérialisé venant des poumons, l'autre de sang
veineux. Si les deux ventricules étaient aussi épais, il auraient la même force
d'impulsion, et le sang ne tendrait pas plus à passer du ventricule gauche dans
le droit que de celui-ci dans le gauche. Mais ce dernier, beaucoup plus épais,
lance par l'ouverture interventriculaire dans la loge supérieure du ventricule
droit le sang artérialisé, qui balaye en quelque sorte le sang veineux qui s'y
trouve, le chasse de cette loge vers celle de l'artère pulmonaire, d'où l'uti-
lité d'une communication entre elles, et il s'engage dans les deux aortes qui
sont situées tout près de l'ouverture interventriculaire. Il y a cependant
mélange partiel des deux sangs. Ainsi chez les Ophidiens et les Mammifères
les oreillettes, à part quelques détails de minime importance, sont calquées
sur le même modèle. Même structure de parois, mêmes rapports de formes
et de dimensions, mêmes vaisseaux qui viennent s'y aboucher, mêmes
communications avec les ventricules! Puis quand il s'agit de ceux-ci, qui
ont conservé cependant avec les oreillettes leur position et leur épaisseur
respectives, toute analogie semble rompue ! Le ventricule gauche ne fournit
aucun vaisseau, les deux aortes qui devraient en provenir prennent leur
origine dans le ventricule droit, et celui-ci, par contre, donne naissance en
même temps à l'artère pulmonaire.
» Mais ne serait-il pas possible de démontrer que cette infraction à la loi
d'unité de plan n'est qu'apparente? Supposons pour un instant que la cloi-
son incomplète du ventricule droit des Ophidiens représente la paroi inter-
ventriculaire complète des Mammifères, ainsi modifiée, pour des raisons
que nous avons déjà fait pressentir. Alors tout s'explique. L'unité de plan
( i,27 )
n'est plus détruite : il y a seulement variété dans l'unité; et la loi des con-
nexions vient nous aider à ressaisir les analogies qui nous échappaient. La
loge inférieure du ventricule droit, d'où naît l'artère pulmonaire, représente
le ventricule droit tout entier des Mammifères. La loge supérieure de ce
ventricule droit n'est plus qu'un diverticulum ou appendice du ventricule
gauche, divisé en deux compartiments, bilobé en quelque sorte, rétréci,
comme étranglé au niveau du passage interventriculaire, par des nom-
breux piliers charnus qui traversent sa cavité.
» Le ventricule gauche recouvre les origines de vaisseaux aoftiques.
C'est qu'ici, comme chez les Mammifères, le ventricule gauche empiète sur
le droit en arrière, tandis qu'en avant c'est le droit qui couvre en partie
le gauche. Ce qui vient encore appuyer cette vue, c'est que les valvules de
la base des ventricules étant relevées, ces cavités communiquent entre elles,
non plus par une ouverture rétrécie, mais par un passage assez large, qui
rend admissible l'hypothèse d'un rétrécissement entre les deux loges du
ventricule gauche.
» Ainsi pour nous le cœur des Ophidiens peut être ramené à celui des
Mammifères, dont la cloison interventriculaire ne se serait pas soudée par
son bord inférieur aux parois du cœur, et dont le ventricule gauche serait
divisé en deux loges communiquant ensemble par un passage rétréci.
» Pressé de terminer, pourrai-je esquisser ici quelques-uns des faits les
plus saillants sur le reste du système circulatoire ? montrer toutes les artères
de la tête fournies par un seul tronc, la carotide commune? faire voir com-
ment cette artère, arrivée à la tète, se divise en deux troncs, dont l'un con-
tinue son trajet et l'autre, passant de l'autre côté, s'y distribue en maintenant
ainsi la loi de symétrie ? Devons-nous trouver là une des applications les
plus remarquables de la loi d'économie? Ne serait-ce pas plutôt un effet de
la dégradation dans l'échelle des êtres, par défaut de division du travail,
comme M. le professeur Milne Edwards, ouvrage cité, chap. III, nous
l'indique. Je n'oublierai pas non plus les anastomoses entre les veines portes
rénales et la veine porte hépatique, si nombreuses et si volumineuses, qu'on
peut dire qu'il n'y a pas seulement anastomose, mais presque fusion des
deux systèmes avec mélange partiel du sang qu'ils charrient. Je signalerai,
en outre, le défaut de parallélisme des ramifications des nerfs pneumogas-
triques avec les vaisseaux pulmonaires, et enfin je me demanderai avec
M. le professeur Serres, si la partie beaucoup plus considérable de ces pou-
mons qui n'est ni vasculaire, ni aréolaire, outre ses usages comme réser-
( 1128 )
voir aérien, ne pourrait pas être considérée pour le grand poumon chez la
femelle, par son contact avec l'ovaire correspondant, comme un appareil
d'incubation? a
embryogénie. — Sur les monstres doubles. Extrait d'une Note de
M. ScHULTZE.
(Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.)
« L'intérêt qui s'attache à l'importante question de l'origine des monstres
doubles, intérêt qui s'est manifesté au sein de l'Académie des Sciences par
les discussions qui ont eu lieu dans les séances de mars et avril 1 855 entre
les hommes les plus éminents en embryogénie et en tératologie, m'a porté à
taire hommage à l'Académie de deux opuscules que j'ai publiés sur ce sujet
et à lui présenter un petit résumé de l'ensemble de mes recherches.
» Partant de ce principe que l'embryogénie pathologique est le seul fon-
dement de la tératologie, j'explique les monstres doubles par la duplicité
totale ou partielle de la bande primitive [Bandelette embryonnaire Lere-
boullet, Axenplatte Remak). Il ressort évidemment des observations de
MM. Jacoby, V. Baer, Reichert, Valentin, Coste, sur les œufs des poissons,
des oiseaux et des crustacées, que cette double disposition des organes de
l'axe embryonnaire se forme à la surface d'un seul vitellus.
» En outre, il est prouvé, par une observation d'Etienne Geoffroy et un
tait rapporté par moi, que chez les oiseaux, et probablement aussi chez les
reptiles, dont les œufs, sortant de l'ovaire sans chorion, s'enveloppent dans
les oviductes d'une coque dure, qu'il y a une seconde condition pour la for-
mation des monstres doubles, c'est que deux vitellus soient renfermés dans
une seule coque.
» Tous les animaux dont l'œuf quitte l'ovaire enveloppé du chorion, les
mammifères, y compris l'homme, les amphibies et les poissons, manquent
des conditionsd'une fusion secondaire de deux vitellus ou de deux em-
bryons s'y formant; des monstres doubles ne peuvent naître chez eux que
sur un seul vitellus.
» Quelles sont donc les conditions sous l'empire desquelles une bandelette
embryonnaire en partie ou entièrement double se montrera dans un vitel-
lus? Un tel vitellus diffère-t-il de l'ordinaire, et par quoi ? Déjà F.-W. Beneke,
dans sa Disquisitio de ortu et causis monstrorum, propose l'hypothèse que
la coexistence de deux vésicules germinatives dans un vitellus devient la
( ii*9 î
cause de la naissance d'un monstre double. Moi je l'ai prononcé pour la
première fois avec assurance dans mon traité : Ueber anomale Duplicitat
der dxenorgane (douzième résultat) que les monstresdoubles naissent par
une différenciation primitive et simultanée dans des œufs dont le vitellus
contient deux vésicules germinatives. M. Coste, dans la séance de l'Académie
du 16 avril 1 855, s'est prononcé pour la même opinion. Des faits embryolo-
giques dissipent tous les doutes qui pourraient rester à ce sujet. La grande
importance de la vésicule germinative pour la segmentation et pour la for-
mation de l'embryon est reconnue par tous lesembryologistes. Des vitellus
sans vésicule germinative ne sont pas fécondables. La manière dont la vési-
cule germinative se répartit dans tous les globules de fractionnement du
vitellus n'a été observé qu'une seule fois par M. J. Muller chez V Entoconites
mirabilis. Ordinairement la vésicule germinative n'a pu être observée dès le
commencement du phénomène de segmentation. Chez les animaux dont une
partie seulement du vitellus subit la segmentation, chez la plupart des pois-
sons, chez les reptiles et les oiseaux, c'est celle qui entoure la vésicule ger-
minative, et la bande primitive occupe précisément la place de la vésicule
germinative. 11 est très-probable que chez les amphibies, les mammifères,
et, parmi les poissons, chez les pétromyzons dont les œufs éprouvent une
segmentation totale, la fonction de la vésicule germinative est encore la
même pour la formation de l'embryon.
» D'après cela, il semble évident que la place de la vésicule germina-
tive doit être plus tard le centre de la formation de l'embryon. Dans le
blastoderme d'un œuf, dans lequel se développe un monstre double,
existent deux centres de formation plus ou moins rapprochés ou éloignés.
La fonction de la vésicule germinative pour le développement normal étant
prouvée, il en résulte la preuve de l'existence de deux vésicules germi-
natives dans les œufs où naissent des monstres doubles. L'existence pa-
thologique de deux vésicules germinatives dans un œuf est souvent obser-
vée, tandis que le développement de ces œufs ne l'a été jamais; cependant
l'anatomie comparée nous fournit un fait qui s'y rapporte : les œufs d'une
petite turbellariée, du Vortex balticus} qui contiennent deux vésicules
germinatives, produisent toujours deux embryons, selon les observations de
Max Schultze.
» Chez tous les animaux dont le développement des œufs a été observé, la
vésicule germinative est la première formation et la plus essentielle de l'œuf.
Chez les vertébrés, une partie des cellules de l'ovaire embrvonnaire se dé-
veloppe en vésicules germinatives, tandis que le reste forme le parenchyme
C. R. i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 85.) '48
( n3o )
de l'ovaire. L'espace autour de la cellule germinative s'agrandit et forme
le follicule de Graaf. Autour de la vésicule se dépose le vitellus, et autour
de celui-ci naissent la membrane vitelline çt les autres formations secon-
daires. Si des cellules primitives deux qui sont très-rapprochées se changent
en vésicules germinatives, ou si en général le développement du paren-
chyme n'a pas lieu entre deux vésicules, elles seront situées dans un seul
follicule. Ici elles peuvent encore se développer en deux œufs. Mais si elles
sont couchées assez près l'une de l'autre, un seul vitellus les enveloppera,
une seule membrane vitelline et un seul oolemma en fera un seul œuf, dans
lequel cependant, s'il est fécondé, deux centres de formation se montreront.
Par conséquent, il y naîtra un monstre double.
» La position primitive des vésicules germinatives aura une grande in-
fluence sur le degré et l'espèce de la duplicité, parce qu'elle détermine la
place des centres de formation. Sur les œufs dans lesquels par leur figure
même on peut remarquer des axes différents, l'embryon est toujours paral-
lèle à un même axe de l'œuf. Par conséquent, les deux bandes primitives
qui composent le monstre double seront opposées ou par leurs têtes ou
par leurs queues, si la ligne qui joint les deux vésicules germinatives est
parallèle à cet axe; elles seront couchées parallèlement l'une près de l'autre,
si cette ligne est perpendiculaire à cet axe.
» Il faut supposer aussi qu'un certain axe de la vésicule germinative déter-
mine la position de l'embryon. Quand même il n'y aurait pas d'observations
à ce sujet, cet axe pourrait être reconnu, parce que la tache germinative est
située toujours près de la paroi de la vésicule. Normalement, il faut que cet
axe soit parallèle à l'axe embryonnaire de l'œuf. Quand, au contraire, ces
axes de deux vésicides germinatives situées l'une à côté de l'autre sont des
obliques qui s'écartent également de l'axe embryonnaire de l'œuf, de ma-
nière que les queues sont rapprochées, il se formera une queue simple et
moyenne et une tête double dont les extrémités seront divergentes; quand
les tètes des axes sont convergentes, une simple tète et une double queue se
formeront. Delà différente grandeur de l'angle formé par les axes des vé-
sicules germinatives et de la distance plus ou moins grande entre les vé-
sicules se déduisent deux séries de formes différentes de la bande primitive
double. Si nous y ajoutons les positions des axes déterminées plus haut,
tous les monstres doubles s'expliqueront facilement.
» En effet, dans les observations dont nous avons fait mention, la bande-
lette embryonnaire a toujours montré une des trois formes nommées plus
haut. Par leurs modifications expliquées par moi et réduites aux différentes
( >i3« )
positions des vésicules germinatives, la forme extérieure et toute l'organi-
sation des monstres doubles connus jusqu'à ce jour, s'expliquent d'après les
lois du développement normal, comme je l'ai fait voir dans les Mémoires
imprimés qui accompagnent cette Note. C'est ainsi que j'ai montré comme
tous les monstres doubles autositaires, y compris ceux à deux ombilics, en
outre, tous les parasitaires, y compris les endocymiens difficiles à expli-
quer, naissent sur un seul vitellus.
» En adoptant les noms donnés par les tératologistes, nous dirons que les
monstres doubles se rangent, eu égard à leur genèse, dans les trois séries
mentionnées plus haut, de la manière suivante : Première série, duplicité
antérieure; deuxième série, duplicité postérieure ; troisième série, duplicité
parallèle. »
L'auteur considère successivement ces trois cas. Le défaut d'espace ne
nous permet pas de reproduire cette partie de la Note.
»
physique. — Des courants induits, considérés relativement à leur pouvoir
chimique : application à V électricité employée comme force motrice; par
M. E. Lacombe.
(Commissaires, MM. Duhamel, Despretz.)
chimie. — Action dés acides azotique et chlorhjdrique sur le chlorure de
barium et l'azotate de baryte; par M. E. Baudrimont.
(Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Pelouze.)
chimie organique. — Considérations sur la génération des produits orga-
niques par leurs éléments simples, le carbone, l'hydrogène et l'azote;
par M. E. Baudrimont.
(Renvoi à la même Commission.)
M. Joire prie l'Académie de vouloir bien admettre au concours pour les
prix de Médecine et de Chirurgie, un opuscule dont il lui a précédemment
offert deux exemplaires, et qui a pour titre : « Études sur la circulation ».
(Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.)
M. Liegard adresse une nouvelle analyse d'un recueil de Mémoires sur
diverses questions de médecine et de chirurgie pratique, précédemment
présenté au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie.
(Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.)
i48..
( Ïl32 )
M. Lecuevallier envoie un complément à sa précédente communication
sur la navigation aérienne.
(Renvoi à la Commission déjà nommée. )
M. Bouniceau soumet au jugement de l'Académie la VIIIe partie de ses
recherches sur le mode de propagation de la sangsue médicinale.
(Renvoi à la Commission nommée.)
ML Cadet envoie de Rome une nouvelle série de corrections relatives
à ses précédentes communications sur le choléra-morbus et sur les ento-
zoaires observés dans les déjections des cholériques.
(Renvoi à l'examen de la Section de Médecine constituée en Commission du
prix du legs Bréant. )
M. Rioolo adresse de Bédizzole, canton de Brescia, royaume Lombardo-
Vénitien, une Note écrite en italien sur la maladie de la vigne.
L'auteur, d'après les résultats des essais qu'il a faits dans ses propriétés,
et les renseignements qu'il a pu se procurer sur les tentatives faites dans les
différents pays pour arrêter la marche de l'oïdium, est arrivé à conclure
que tous les moyens employés jusqu'ici sont absolument insuffisants, et que
le seul qui présente des chances de réussite, c'est la plantation de nouvelles
vignes après extirpation des anciennes, extirpation indispensable non-seule-
ment dans les lieux où s'est montrée la maladie, mais encore dans tous ceux
où les ceps n'offrent pas un aspect vigoureux. Il pense que les Sociétés sa-
vantes rendraient un grand service à l'économie rurale en proposant comme
sujet de prix la recherche des moyens les plus propres à obtenir ce renou-
vellement des vignobles.
M. Tacpinard soumet au jugement de l'Académie une Note ayant pour
titre : « Nouvelle manière de mesurer les distances au moyen de la vitesse du
son. »
L'auteur pense qu'on peut tirer parti de ce moyen, en campagne, dans
beaucoup de circonstances où l'on a besoin d'évaluer la distance d'un point
inaccessible, et où l'important est d'obtenir promptement cette mesure,
non de l'obtenir avec une grande exactitude.
(Renvoi à l'examen d'une Commission composée de M. Despretz et de
M. le Maréchal Vaillant.)
( n33 )
CORRESPONDANCE.
La Société royale des Sciences de Gœttingue adresse, pour la biblio-
thèque de l'Institut, le volume VI de ses Mémoires, et remercie l'Académie
pour l'envoi de deux nouveaux volumes des Mémoires et des Savants étran-
gers.
Les Curateurs de l'Université de Leyde adressent, au nom des Univer-
sités Néerlandaises et des Athénées d'Amsterdam et de Deventer, un exem-
plaire de leurs Annales pour l'année i85i-5a.
•
physique. — Sur un appareil destiné à démontrer et mesurer la différence
de conductibilité du bismuth cristallisé; Note de M. Ch. Matteucci.
(Extrait.)
« Dans la séance du 6 mars i855, j'ai eu l'honneur de communiquer
à l'Académie l'extrait d'un Mémoire (i) sur les propriétés physiques du
bismuth cristallisé et principalement sur la différence de conductibilité
pour le courant électrique. Les tiges de bismuth étaient coupées sur des
masses de bismuth cristallisé, distinguées en deux catégories, suivant que
les plans du clivage principal étaient perpendiculaires ou parallèles à la
longueur des tiges. J'ai trouvé que le rapport de la conductibilité des pre-
mières à celle des secondes était i : 1,16. Afin de pouvoir opérer sur des
tiges assez longues, j'avais été obligé de réunir bout à bout plusieurs tiges
de la même catégorie. Les extrémités des tiges étant amalgamées, l'union
était établie par l'interposition d'une couche excessivement mince de mer-
cure entre une tige et l'autre. Quoique je me fusse assuré que cette union
était parfaite, j'ai néanmoins désiré de vérifier mes résultats, n'ayant recours
qu'à une seule tige. J'ai réussi dernièrement à obtenir des tiges longues à
peu près de 5i millimètres, et qui étaient d'une structure homogène dans
toute leur longueur. Ces tiges ont été réduites aux mêmes dimensions à l'aide
d'un comparateur de M. Froment qui donne distinctement jj-Js de milli-
mètre. Une bonne manière de s'assurer de l'homogénéité de la structure
de ces tiges est de les suspendre à un fil de cocon entre des armatures très-
(i) Nuovo Cimento, tomel, page 26.
( n34)
larges, en fer doux, d'un fort électro-aimant; il faut que ces armatures ren-
ferment en quelque sorte les tiges qui se trouvent ainsi dans un champ
que MM. Faraday et Verdet ont appelé d'égale intensité magnétique. Les
tiges qui ont les clivages en travers doivent se placer axialement suivant
la ligne des pôles, et les tiges qui ont les clivages longitudinaux se placent
équatorialement, et cela avec plus de force lorsque les clivages sont verti-
caux. »>
M. Matteucci donne ensuite ici la description d'un petit appareil qui
lui sert à démontrer l'inégale conductibilité des tiges de bismuth axiales ou
équatoriales. Cet appareil passe sous les yeux de l'Académie; mais quoiqu'il
soit très-simple, il serait difficile d'en faire comprendre les dispositions sans
l'aide d'une figure. On'se contentera de dire que l'expérience consiste essen-
tiellement à introduire une tige de bismuth dans chacune des branches d'un
courant bifurqué, d'ailleurs parfaitement égales, et enroulées en sens con-
traire sur un galvanomètre.
L'appareil permet de placer et de déplacer très-facilement les tiges de
bismuth, ou même de les remplacer par deux tiges de cuivre. Après s'être
préalablement assuré de l'égalité parfaite des deux circuits dérivés au moyen
de ces tiges de cuivre, on les remplace par des tiges de bismuth toutes deux
axiales ou toutes deux équatoriales, et le galvanomètre continue à demeu-
rer immobile. Si, au contraire, l'une est axiale, l'autre équatoriale, on obtient
des déviations galvanométriques de 3o degrés et plus, et ces déviations
changent de sens lorsqu'on échange les tiges de situation relative.
astronomie mathématique. — Note sur In condition de convergence des
séries qui se présentent dans la théorie du mouvement elliptique des
planètes; par M. J.-A. Sekret.
« Laplace a démontré le premier que le rayon vecteur d'uue planète,
l'anomalie excentrique et l'anomalie vraie sont développables en séries con-
vergentes ordonnées suivant les puissances croissantes de l'excentricité de
l'orbite, toutes les fois que cette excentricité ne dépasse pas une certaine
limite dont la valeur approchée est o,66io,5 M. Cauchy a retrouvé en-
suite ce résultat par une méthode qui lui est propre, et M. Puiseux y est
arrivé de son côté par des considérations du même genre. Mon attention
ayant été appelée sur cet objet à l'occasion du Cours dont je suis chargé
en ce moment à la Faculté des Sciences, j'ai reconnu qu'en se fondant sur
( n35 )
les théorèmes généraux dus à M. Cauchy, on pouvait établir la condition
de convergence trouvée par Laplace beaucoup plus simplement qu'on ne
l'a fait jusqu'ici. C'est ce que je me propose de montrer dans cette Note.
» Soient Ç une constante réelle donnée et z une variable réelle ou ima-
ginaire; l'équation transcendante
(i) u — zsinw = £,
a une infinité de racines qui dépendent de z et 'deux de ces racines devien-
nent égales, lorsque z prend une valeur telle que l'équation (i) puisse être
satisfaite en même temps que sa dérivée relative à u, savoir
(a) i — z cosm = o.
Cela posé, si le module de z reste inférieur au plus petit des modules qu'd
faudrait attribuer à cette variable pour que les équations (i) et (a) pussent
avoir une racine commune, celle des racines u de l'équation (i) qui se réduit
à Ç pour z = o, sera une fonction parfaitement déterminée de z ; et, d'après
un théorème de M. Cauchy, cette quantité u et les fonctions continues de
u seront développables en séries convergentes ordonnées suivant les puis-
sances croissantes de z. Lorsque z est réel, l'équation (i) coïncide avec celle
dont dépend la détermination des éléments du mouvement elliptique des
planètes, z est alors l'excentricité, Ç désigne l'anomalie moyenne et u l'a-
nomalie excentrique ; enfin l'anomalie vraie et le rayon vecteur sont des
fonctions continues de u.
» Des équations (i) et (2), on tire
(3) u — tangw = £,
(4) z = — ,
v ' cos«
et la question qui nous occupe se réduit évidemment à déterminer quelle
est celle des racines de l'équation (3 ) à laquelle répond le plus petit module
de z.
» Posons
u = x -+- y\j — i>
x et y étant deux variables réelles; l'équation (3) se décompose en deux
autres débarrassées d'imaginaires et que l'on peut comprendre dans la for*
mule suivante :
-_, sin2x eV — e~v ey .+-<>-»/
(5) == = COS2.T H -j
v / x — Ç 7. y 2
(i486)
où e désigne la base des logarithmes népériens. En outre, on tire de l'équa-
tion (4)
(mod. z)2 =
2 2
et, d'après la formule (5),
ev — irv
(6) (mod. zf ■=. i
2X2J , (î/)1 , (2^)'
1.2.3 1 .1. ..5
On voit que la plus petite valeur de (mod. z) correspond à la plus grande
des valeurs de y ; donc, pour résoudre dans toute sa généralité la question
que nous avons en vue, il nous faudrait trouver celle des racines de l'équa-
tion (3) dans laquelle le coefficient y de \J— i a la plus grande valeur. Mais
si l'on veut seulement connaître, ce qui est le point essentiel, le maximum
de toutes les plus grandes valeurs de y qui répondent aux diverses valeurs
de la constante £, il suffira de comparer entre elles les valeurs dey qui sont
telles qu'on puisse tirer des équations (5) des valeurs réelles de x et de Ç.
Comme les équations (5) donneront toujours pour Ç une valeur réelle, si
ki valeur de x est elle-même réelle, on peut se borner à considérer cette
dernière variable. On tire immédiatement de la formule ( 5 )
et +-e~r Ver-*- e~r «T — err'\ er ■+■ e~rV sr' 4r* 1
1 L 2 2/J 2 |_I.2.3 1.2. ..5
& — e-r fer + er? 0 — é~r 1 ttr — r9 \~ r' 3.T4 5 r6 1
cos'ar = y = i — —f —r. — ... •
7.y 2 2 J 2jr L !-2 '"*4 l«"8
La valeur de sin2 x est toujours positive ou nulle ; donc pour que x soit
réel, il suffit que cos2.r ne soit pas négatif, et la condition pour qu'il en soit
ainsi est que la fonction
Y = i ^ 3r' 5y°
1.3 I .2.3-4 I . • .6
soit positive ou nulle. Cette fonction Y est constamment décroissante et elle
n'a, par suite, qu'une seule racine positive; on trouve aisément que la
valeur de cette racine est égale à 1,1996.... On voit ainsi que 1,1996...
est la plus grande des valeurs de y auxquelles répondent des valeurs réelles
de x et de £; en donnant à y cette valeur dans l'équation (6) on ob-
tient
mod. z == 0,66195...,
( "37 )
en sorte que si le module de z reste inférieur à cette limite, l'équation (i)
n'aura point de racines égales, quel que soit Ç.
» Il est démontré par ce qui précède que si l'excentricité de l'orbite d'une
planète est inférieure à 0,66 ig5 — l'anomalie excentrique, l'anomalie vraie
et le rayon vecteur seront développables en séries convergentes procédant
suivant les puissances croissantes de l'excentricité. »
Géométrie. — Note sur la courbure géode'sique ; par M. Ossian Bonnet.
« On connaît l'importance de l'élément que M. Liouville a nommé cour-
bure géodésique. Cet élément qui remplace la courbure ordinaire, lorsqu'on
considère une ligne comme tracée sur une surface déterminée, a été mis
sous différentes formes. Je me propose de faire connaître une forme nou-
velle qui, en raison de son élégance et de sa symétrie, me semble offrir
quelque intérêt.
» Soient u, v les deux variables indépendantes au moyen desquelles on
fixe les différents points de la surface, et supposons, comme d'habitude, l'é-
lément linéaire ds de la surface déterminé par l'égalité
ds' = Edu2 -f- lYdudv + Gdv*.
Considérons deux séries de lignes orthogonales représentées respectivement
par les équations
a = const. , jS = const.
Posons, pour simplifier,
da = mdu + ndv, d(ï = pdu -f- qdv,
nous aurons, k étant un certain facteur
(1) i(E«-F/n) = />, i(F«-Gm)=î,
d'où
(2) E«* - aFmrc + Gm* = EG^.F,(Eg* - zFpq + Gp2).
» Or, s et t étant les arcs des courbes a = const., ]3 =5 const., la caracté-
ristique da indiquant les différentielles prises en laissant /3 constant et fai-
C. R., i856, i« Semestre. (T. XXII, JV> 93.) l49
( "38 )
sant varier aàeda, et la caractéristique d? les différentielles prises en lais-
sant a constant et faisant varier /3 derf/3, on a, d'après une formule connue,
pour la courbure géodésique - des courbes a = const.,
d d.s
a S
p d s.d t
Mais
d2s=z.-JMEïllL d t== foG-F'r/s
V^È>— aF/^-f-G/T'' .? ^E««— aFmii-hG/»''
donc
JL — y/FTy'- 2FW + G^ y/ËT^- 2 F»;/? + G/t>' y/EG - F'
PK (EG— F'jrfa "«
\/F.7'— aF/^ + G^'
et, en se rappelant l'égalité (2),
J En!- 2Fran + Gm' j
P«" ^FG-F'rf*" "7Ê«'-aFiW« + G»i''
D'ailleurs
aV/E«!-2Fm/!+Gm! ^T att H f ff*v.
-_,/-•_•, ■ ; — (1~u _i 1 _
puis
#»efK u -t- «r/K i>= da,
pd„. u -+- qda v = o,
d'où
d u = ~ y^a — — (F« — G/«)rfq
N/> — «y " E/i'— 2F/n/i-f-Gm''
d v — pda (En — F m) do,
np — mq~ E««— aF/Hn-t-Gw"2'
On a donc encore
Efl — Fm __y/E//'— 2F//»« -+- G/
* rfe
F/< — Gw ^/En'-2F»w+G»i:
pK \Zeg-fj ^
( n39)
ou bien enfin
Pu \/m — f
en remarquant que
[En — Fm Fn—Gm ~1
v'Es'-îFw/i + Gra' \JEri1 — afron + G m* I
d~(En — ¥m) d-(Fn — G m)
n fi
dv du
Si les courbes a == const. sont des lignes géodésiques, leur courbure géodé-
sique est nulle en chaque point. Donc
En— Fin , Fn — Gm
d — d-
v/Ë/i'— 2Fm«+Gffl! sJEn1— 3.Fmn+~Gm*
dv du
Ainsi on connaît alors le facteur qui rend intégrable l'équation
(En — Fm)du + (En — Gm)dv = o
des trajectoires orthogonales des courbes considérées a = const. »
physiologie végétale. — Recherches sur l'accroissement en grosseur des
Dicotylédones ligneux; par fit. V. Mathieu. (Extrait.)
« Les discussions qui eurent lieu il y a quelques années, dans le monde
savant, relativement à la question de l'accroissement en diamètre des Dico-
tylédones ligneux, avaient retenti jusque dans ma province, et comme de
ces discussions n'était pas sortie pour moi une solution bien claire de la
question, je fus conduit à chercher de mon côté. En cherchant, j'ai trouvé
et je ferai voir que, contrairement à une certaine école (celle du cam-
bium se dédoublant), un corps étranger passé dans le liber, ou entre le
liber et l'aubier, se retrouve toujours entre deux couches. d'aubier. Ce
phénomène a été visible, même au bout de dix jours. Ce que je passais
était ordinairement une bande de papier de 2 centimètres de large, et,
pour la recouvrir, le ligneux procédait souvent du bas comme du haut
pour se joindre vers le milieu, en passant non au contact du papier, mais
entre deux feuillets de liber, et en y pénétrant comme par les mailles d'un
filet. Plus tard, je donnerai une description détaillée du phénomène, de son
mécanisme et de l'arrangement des tissus.
i49..
( i'4o )
» En cherchant, j'ai trouvé encore qu'une surface d'écorce étant parfai-
tement isolée par l'enlèvement d'un cercle de cette même écorce, et cette
surface étant parfaitement lisse et sans bourgeons, des couches ligneuses et
corticales n'en ont pas moins continué à se former sans le secours ni du haut,
ni du bas, ni latéralement. Le tronc de l'arbre lui-même a donc émis laté-
ralement et horizontalement tout ce qui était nécessaire à la continuation
de son accroissement en diamètre. Ce mode de grossissement me paraît
bien contraire à la théorie de M. Dupelit-Thouars.
» Bien plus, j'ai vu plusieurs fois une décortication assez étendue se
cicatriser sans le secours des parties environnantes et par la formation
d'îles corticales et puis ligneuses. Point de scions ni de radicules, point de
liber, point de cambium — »
hydraulique. — Note sur le lac de Genève, à l'occasion des inondations
de la vallée du Rhône; par M. L.-L. Vallée, inspecteur général des
Ponts et Chaussées, en retraite.
« Les malheurs qu'éprouve en ce moment la vallée du Rhône me rappel-
lent un projet que l'Académie a vu avec intérêt par plusieurs communica-
tions que j'ai eu l'honneur de lui faire depuis les débordements de ce fleuve
en i84o. C'est la création d'une réserve du Rhône dans le lac de Genève,
projet qui est décrit dans mon ouvrage intitulé : Du Rhône et du lac de
Genève. Des questions graves préoccupaient alors (fin de 1840); et entre
autres, pour Genève, celle de savoir si les fortifications seraient démolies.
On pensait aussi à rendre le Rhône navigable du lac à Seyssel. Ces préoc-
cupations empêchèrent que j'achevasse la mission qui m'avait été donnée
officiellement de me concerter avec les autorités suisses ; je fus rappelé, et on
ajourna mon projet. Aujourd'hui il n'est plus question de rendre le Rhône
navigable du lac à Seyssel, et la démolition des fortifications de Genève est
décidée. De là, un moyen de rendre la réserve du lac beaucoup plus avan-
tageuse, en dérivant, dans les moments d'inondation, l'Arve dans le lac par un
canal de 2000 mètres de longueur, partant de l'amont de Carotige et allant
en ligne droite dans le Léman par les fortifications de l'est de la ville. L'exé-
cution de ce canal est parfaitement praticable.
» L'ensemble des ouvrages ne coûterait au plus que 3 millions, y com-
pris une digue dans le lac, laquelle serait un grand embellissement pour le
pays, et deux barrages mobiles, l'un à Genève et l'autre à Carouge.
( "4« )
» Avec ces ouvrages, sur les ordres télégraphiques donnés de Lyon,
en raison des circonstances pluviales, les eaux du Rhône seraient arrêtées à
Genève ; celles de l'Arve, jetées dans le lac, le seraient également ; Lyon, au
lieu de recevoir par le Rhône 5ooo mètres d'eau par seconde, n'en recevrait
que 4ooo> et Avignon qui en reçoit 12000 n'en recevrait que 11000.
» Or, d'après les calculs et les détails très-développés donnés dans mon
ouvrage, il est aisé de voir :
» i°. Qu'à Lyon, en supposant la vitesse moyenne du fleuve de 3 mètres
et sa largeur de 25o, la hauteur des eaux aurait été diminuée d'envi-
ron im,45;
» 20. Que, vers Avignon, la vitesse étant supposée aussi de 3 mètres et la
largeur de 5oo, la hauteur de la crue aurait été diminuée de om,iy8;
» 3°. Que la superficie du lac étant de 600 millions de mètres carrés,
l'arrêt à Genève de 86,400,000 mètres cubes d'eau en un jour .( 1000 mètres
par seconde), n'aurait gonflé le lac que d'une hauteur de i44 millimètres,
et que son plein en été, qui s'élève quelquefois jusqu'à 2m,95 au-dessus de
son plus bas niveau, n'arrivant que du 16 juillet au 29 septembre, l'arrêt
aurait pu, dans la saison où nous sommes, se prolonger pendant un temps
de beaucoup plus long que la durée des maux qui viennent de désoler et de
dévaster le pays.
» De cet aperçu et de mon ouvrage il suit qu'avec une dépense de 3 mil-
lions, en soulageant les riverains du lac que les hautes eaux gênent dans
le pays de Vaud et dans le Valais, en améliorant la navigation du Léman,
défectueuse auprès de Genève en basses eaux, en embellissant Genève, en
donnant une bonne navigation sur le Rhône français pendant l'automne et
l'hiver, on réduirait toutes les grosses eaux de ce fleuve à des crues
inoffensives jusqu'à Lyon, inclusivement, et presque inoffensives au-des-
sous; car c'est la dernière goutte qui fait déborder le vase. Tel est le ser-
vice immense qui peut être rendu à la France et à la vallée du Rhône. Jamais
peut-être les circonstances ne seront aussi favorables qu'aujourd'hui à l'exé-
cution de ce projet, tant à cause de l'état des choses à Genève, qu'à cause de
la sollicitude éclairée du Gouvernement pour les besoins des populations
souffrantes.
» Il y a pour le Rhône un lac de Genève, avantage que n'a malheureu-
sement pas la Loire; la mission providentielle de ce lac est au grand jour,
le zèle paternel des autorités fera le reste ! »
( H42 )
météorologie. — Relation entre les inondations en France et le Siroco
d'Afrique; par M. Fabre. (Extrait.)
« Par une Note de novembre 1 852 , j'ai eu l'honneur d'appeler l'attention
de l'Académie sur la relation qui paraît exister entre les débordements de
nos fleuves et ces puissantes émissions de vent chaud, connues dans toutes
les contrées qui avoisinent la Méditerranée sous le nom de Siroco. Je pense
que ce vent, si sec en Afrique, et que rend visible la fine poussière dont il
est chargé, enlève, en traversant la mer, une quantité considérable de va-
peur, arrive, avec cette vapeur pénétrée de la chaleur qu'il a partagée avec
elle, jusqu'à nos montagnes du centre, de l'est et du midi, et, là, donne
lieu à d'immenses effluves, soit par l'eau qu'il abandonne en se refroidis-
sant, soit par la fusion de neiges qu'il provoque. Aussi ce météore me pa-
raît-il être surtout redoutable à l'entrée et à l'issue de l'hiver, quand il
rencontre, sur les Alpes, les Cévennes et les Pyrénées, des neiges molles
dont il entraîne de grandes quantités à la fois. Il est moins à craindre en
plein été, quand la température de nos contrées du nord s'est élevée et
que la saison a fait écouler les neiges qui ne sont pas éternelles.
» Que l'Académie veuille bien me permettre d'appeler de nouveau son at-
tention sur cette question : les désastres qui nous affligent donnent à cette de-
mande une douloureuse opportunité. Nous sommes, je lésais trop, bien loin
encore des possibilités pratiques d'attaquer le fléau à son origine ; mais on
peut les entrevoir, et s'il en est ainsi, la science doit entreprendre dès à
présent l'étude des redoutables phénomènes qui font l'objet de la présente
communication. D'ailleurs, nous allons être en correspondance électrique
avec les contrées où le Siroco prend naissance. N'est-ce donc rien qued'ètre
avisé de sa venue trois ou quatre jours à l'avance, et si la relation que
j'ai cru reconnaître existe en effet, n'est-ce rien que de prévoir, d'après la
température et l'intensité du vent, d'après la température et l'état de nos
montagnes, le fléau qui menacerait nos vallées?
» Les observateurs intelligents et dévoués qui tiennent des à présent des
journaux météorologiques en Algérie se feraient un devoir, j'en suis cer-
tain, de ne rien négliger de ce qui peut nous instruire sur la marche du
Siroco et sur ses effets, si l'Académie leur désignait cette étude comme
utile. »
La Note de M. Fabre est renvoyée à l'examen de M. Le Verrier.
( n43 )
M. Darlu présente quelques considérations sur les inondations et sur
les moyens dont l'effet serait le plus prompt pour empêcher le retour de
désastres semblables à ceux qui marquent si tristement cette année.
« On parle, dit-il, de reboisements, d'endiguements, etc. Les reboisements
retarderont les futurs atterrissements; les endiguements s'opposeront à un
subit envahissement des eaux; mais ces palliatifs n'empêcheront pas le lit
des rivières de s'exhausser insensiblement. Il faut des mesures qui aient des
effets beaucoup plus prompts. Qu'on recherche donc d'abord les barrages
naturels survenus dans les courbes des fleuves et qu'on les dégage. Il ne
s'agit pas de draguer un chenal sous les eaux tout le long des rivières : ce ne
pourrait être l'œuvre d'un petit nombre d'années. Mais on peut commencer
par surmonter les obstacles les plus imminents ; plus tard on calculera les
moyens d'abréger, par l'addition de canaux formant la corde des arcs en-
gravés, l'écoulement des eaux envahissantes, de déblayer les barrages inu-
tiles, et si la navigation en réclame d'artificiels, de les fermer par des écluses
faciles à ouvrir en tout temps, car les glaces en France ne sont pas un em-
barras invincible. »
médecine. — Note sur Vanesthésie du sens du goût; par M. Guyot. (Extrait.)
« La chirurgie fait un fréquent usage de la glace , de mélanges réfrigé-
rants employés comme anesthésique local. Ces réfrigérants, qui abolissent
la sensibilité à la douleur, sont-ils aussi propres à étendre la sensibilité
spéciale, celle du goût, par exemple? A priori, on est porté à le croire ainsi,
mais aucune expérience, à notre connaissance du moins, ne l'a encore
démontré. C'est le hasard qui nous a fait reconnaître qu'un morceau de
glace, conservé dans la bouche, enlève presque complètement aux mu-
queuses linguale et buccale leur aptitude à percevoir les saveurs. C'est là un
résultat qui peut, si nous ne nous trompons, avoir son application pratique.
» Ainsi, chacun sait que le Colombo est doué d'une grande amertume.
Or, au moyen de la glace conservée dans la bouche avant de prendre ce
médicament et pendant qu'on en fait la déglutition, on ne sent que très-
peu son amertume, et il est probable qu'on ne la sentirait pas du tout si,
au lieu de glace commune, on employait quelque mélange d'une tempé-
rature plus basse. »
M. Piorry prie l'Académie de vouloir bien comprendre dans le nombre
des pièces admises à concourir pour les prix de Médecine et de Chirurgie
( "44 )
un Mémoire qu'il a lu dans la séance du 3 mars, et qui a pour titre : « du
Dessin des organes, ou de l'Organographisme ».
( Renvoi à la Commission des prix de Médecine et Chirurgie. )
M. Oedry présente divers spécimens d'applications électro-métallurgiques
sur le fer, la fonte et le bois, tant applications immédiates, qu'applications
au moyen d'un enduit intermédiaire.
Ces produits, n'étant point accompagnés d'un Mémoire descriptif, ne peu-
vent être renvoyés à l'examen d'une Commission.
M. Pietricola adresse de Laterza, province d'Otrante, un Mémoire écrit
en latin sur la trisection de l'angle, Mémoire sur lequel il sollicite le juge-
ment de l'Académie.
On fera savoir à l'auteur que cette question est du nombre de celles que
l'Académie, d'après une décision déjà ancienne, ne prend point en consi-
dération.
M Korilski entretient de nouveau l'Académie de la possibilité de con-
naître assez longtemps d'avance la constitution météorologique d'un pays à
une époque donnée.
La séance est levée à 5 heures un quart. F
ERRATA.
(Séance du i juin i856.)
Page 1023, ligne 23, au lieu de sin(P, IoA), lisez cos(P, IoA).
» ligne 27, au lieu de sin(P, IoA), lisez cos(P, IoA),
» ligne 27, au lieu de sinloH, lisez cosIoH.
» ligne 32, au lieu de sinus, lisez cosinus.
►»«■«■<
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 16 JUIN 1856.
PRÉSIDENCE DE M. IS, GEOFFROY-SAINT-HILAIRR
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
théorie des nombres. — Sur la représentation des nombres entiers par
la forme quadratique x2 -+- aj2 -t- bz2 -+■ abt2. Note de M. Lioitville.
« La forme quadratique à quatre indéterminées,
x2 -+- a y2 -t- bz2 ■+■ abt2,
jouit, comme on sait, de la propriété de se reproduire par la multiplication,
aussi bien que la somme de quatre carrés qui n'en est qu'un cas particu-
lier. Si l'on veut que cette forme, où nous supposerons a et b entiers et
positifs, a étant au plus égal à b, représente tous les nombres i, 2, 3,
4, etc., sept cas seulement seront possibles, savoir ceux de a = 1 et b = 1,
2 ou 3, et de a = 2, b = 2, 3, 4 ou 5. Les nombres 2 et 3 empêchent
d'aller plus loin; l'un d'eux au moins cesserait d'être exprimable par la
forme indiquée, si l'on prenait pour aoui des valeurs plus grandes. Le
premier cas [a = 1, b = 1) répond au théorème sur la décomposition des
nombres en quatre carrés au plus que Lagrange a démontré dans les Mé-
moires de V Académie de Berlin pour 1770. Le cinquième (celui de a = 2,
6 = 3), qui répond au théorème tiré d'abord par Jacobi de la théorie des
fonctions elliptiques, que tout nombre M est de la forme
x2 4- 2 y 2 4- 3z2 + 6t2,
C. R., i856, Ier Semestre. (T. XL», No 24.) I 5o
( n46)
se ramène au premier et vice versa, ainsi que je l'ai fait voir ailleurs (*).
On peut en dire autant du deuxième, du quatrième et du sixième : la déduc-
tion est même plus facile encore. Pour traiter le troisième cas et prouver
que l'équation
M = x2+j2 + 3z2 -f lt*
est toujours possible, on pourra se servir, pour ainsi dire sans y rien chan-
ger, de la méthode même que Lagrange donne pour le premier cas dans le
Mémoire cité plus haut. Cette méthode un peu modifiée fournirait aussi une
démonstration directe du théorème de Jacobi : elle s'appliquerait égale-
ment au deuxième, au quatrième et au sixième cas. Mais le septième et
dernier cas lui échappe : j'ai pu seulement en conclure que tout nombre ou
son double est de la forme
JC2 -4- 7.J2 -+■ OZ2 ■+■ lOt2.
mécanique analytique. — Expression remarquable de la quantité qui,
dans le mouvement d'un système de points matériels à liaisons quelcon-
ques, est un minimum en vertu du principe de la moindre action. Note
de M. Lioitville.
« Le principe de la moindre action n'est applicable que dans les systèmes
où l'intégrale des forces vives a lieu. Soient donc m, m', m",... les masses
des points matériels qui forment un système donné remplissant cette con-
dition, v, t/, v",... leurs vitesses, ^mv2 la force vive totale, et U la fonc-
tion des forces. L'intégrale des forces vives pourra s'écrire
^mc2 = 2(U + K),
K. étant une constante qui dépend de la force vive initiale. Nous supposons
cette constante déterminée, et nous suivons le système depuis son départ
d'une certaine position (i) jusqu'à son arrivée à une autre position (a).
Dans la position (i) la force vive est connue par hypothèse, et dès lors dans
la position (2), comme dans toutes les autres, elle peut se calculer au moyen
de la fonction des forces.
» Soit ds l'élément décrit pendant l'instant infiniment petit dt par le
(*") Journal de Mathématiques, cahier d'avril 1 84-5 , page 16g.
( "47 )
point matériel m. On aura
ds
" = *•
Substituant cette valeur dans l'intégrale des forces vives, on en tirera ensuite
^ = \/2(U + K)'
ce qui permettra d'éliminer partout où on le jugera convenable l'élément dt
du temps.
» La quantité que l'on considère dans le principe de la moindre action
est l'intégrale, prise depuis la position (i) jusqu'à la position (2), delà
somme des produits mvds de la quantité de mouvement de chaque point
matériel par l'élément ds qu'il décrit pendant chaque instant dt sur sa tra-
jectoire. C'est donc
' mvds,
ou
/2'
/
dtS
mv
2
en remplaçant ds par vdt. Mais pour se faire une idée vraiment nette du
principe dont nous parlons, il faut remplacer "S mv2 et dt par leurs valeurs
ci-dessus. On a de cette manière
dt ^ mv1 = i/a (U + K) J mds* 5
et c'est l'intégrale de cette dernière quantité
i/a(U + K)2""fc2
que le principe de la moindre action concerne proprement. Il faut comparer
la valeur qu'elle prend dans le mouvement réel qui transporte le système de
la position (1) à la position (2) aux valeurs qu'elle pourrait prendre dans tout
autre mouvement fictif propre à effectuer ce même transport. Imaginons
qu'on ait exprimé les coordonnées des divers points du système au moyen
d'un certain nombre de variables indépendantes a, /3,..., 7, de manière à
vérifier les équations de condition fournies par les liaisons: a, |3,..., 7 va-
rieront ensemble dans le passage, tel qu'il s'opère en effet, de la position (1)
pour laquelle on a
a = a,, /3 = p,,..., 7 = 7,,
i5o..
( n48)
à la position (a) pour laquelle
a = a», P — /32,..., y = y2.
On pourra regarder ces quantités comme des fonctions de l'une d'elles a,
en sorte que
/9 = f(a),..., y =/(a).
Les fonctions {,..., J dépendent, je le répète, de la loi du mouvement qui
s'exécute; elles sont parfaitement déterminées. En mettant pour /3,..., y leurs
valeurs en a dans la quantité
i/a(U-t-K.)2*»Kfr»
cette quantité prendra la forme
X(a)f/a,
et son intégrale sera "s
X(â) da.
a,
» Maintenant, dans cette même quantité
y/a(u + K)2wi</r»,
faisons
|3 = <p(a),..., 7 =4. (a),
les fonctions <p,..., ^ donnant toujours /3 = /3, ,..., y = y, pour cc = a, ,
et |3 = |32,..., y=ya pour a = a2, mais étant d'ailleurs différentes de
f,..., y, et répondant par conséquent, non plus au mouvement réel, mais à
un mouvement fictif, entre les mêmes positions extrêmes. Nous aurons une
autre différentielle
Ts(a)da
et une autre intégrale
zs{a.)dct..
«i
» Or le principe de la moindre action consiste en ce que l'intégrale
est moindre que toutes les autres
Ts{v.)da.;
( n49)
ou plutôt, il consiste en ce que c'est pour |3 — f (a),..., y =f(a) que
l'intégrale de
i/2(U + K)Jrf,
prise de la position (i) à la position (a), a une variation nulle, les variations
provenant du changement des fonctions par lesquelles on exprime arbitrai-
rement p,..., y en fonction de a dans l'intervalle indiqué.
» Cela posé, je me propose de mettre la quantité
a(U -I- ^JoiA*,
dont la racine carrée figure dans l'énoncé précédent, sous une forme re-
marquable de laquelle naîtront des conséquences intéressantes et des théo-
rèmes nouveaux.
» Les coordonnées des points m, m', m",... du système étant exprimées
au moyen des variables indépendantes a, |3 ,..., 7, il est clair que
>* mas*
est une fonction homogène du second degré des différentielles da , r//3,...,
dy. Représentons donc sa valeur par
Eda* ■+■ iYdad$ + Gdfi* -+- -ïHdixdy ■+-....
Comme elle est essentiellement positive, on pourra la mettre sous la forme
d'une somme de carrés:
(Prf'a H- Qrf|3 + ...+ Rdyf + (V'da H- Q'rf/3 +...+ R'dyY + ...,
P, Q, etc., étant comme E, F, etc., des fonctions de a, /3,..., 7.
» Désignons par p,q,..., r, p', q',..., /', etc., d'autres fonctions de a,
/3,..., 7 liées à P, Q, etc., au moyen d'équations de deux formes distinctes,
les unesà lettres semblables,
Vp+ P'// +...= F, ■
Q9+QV +..= 1,
Br+ R' #•'+...= 1,
ayant pour second membre l'unité, et les autres à lettres dissem-
( u5o )
blables,
vq -+- py -+-... = o,
Pr + PV -+-... = o,
Qp ■+■ Q'P' + . . . = o,
dont le second membre est zéro. On peut toujours satisfaire à ces équa-
tions, dont on verra plus bas l'origine.
» Posons
Vda +QJ/3 -h... + Rdy = l,
V'dcr. + Q'r/p + . . . + R'dy = l',
Vda + Q"dp + . . . -t- R"dy = /",
et
d<, d'j
dQ
,dQ ,dQ
,dB
„dO ,,dô
L_ W'd6
Q désignant une fonction de a, jS,..., y. D'après la manière dont nous avons
pris les coefficients p, q,..., r, p', q',..., r',..., on aura
ni 4- n'V + n"l" + ... = dQ,
et c'est en exprimant que le premier membre égale identiquement le second
membre développé
dQ , dQ Ja
qu'on obtient entre p, q, . . . et P, Q, . . . les relations admises plus haut.
» Actuellement prenons pour Q une solution complète de l'équation aux
différences partielles
/ d9 d9 d9\-> ( ,dQ ,d& ,dQ\' ,. u.
c'est-à-dire de l'équation
n» + n'2 + n"2 -+-... = 2 (U -+- R).
( "5. )
Cela étant, et puisque déjà l'on a
2 mds* = l* + l'2 + r ■+■ ■ ■ ■ *
le produit
deviendra
(9i + „" + „«» + . . .) (# + fi + £i + ...),
par suite
(»Z + «'/' -+- /2"/" 4- ■■■)* -+- ("/'- /«')2 + {ni"- ln"f + («7" - /'«")*+ ...,
ou enfin
(</5)2 -t- (ni - In')2 -+- (ni" - In") '■+ («'/" - l'n"f -4- . . . .
» Les carrés qui viennent après (dQ)a s'annulent tous si l'on pose
l V l"
D'après les valeurs de l, /', /",..., n, «', «",..., les équations que je viens
d'écrire sont des équations différentielles du premier ordre qui donneraient
par l'intégration les valeurs de a, /3,..., y en fonction de l'une de ces va-
riables, a par exemple. Or si vous les joignez à l'intégrale des forces vives,
vous aurez précisément ce que M. Hamilton nomme les intégrales intermé-
diaires des équations dijférentielles du second ordre, que la mécanique ana-
lytique fournit pour le mouvement du système de points matériels dont nous
nous occupons. Nos équations an premier ordre ne sont qu'en même nom-
bre que ces équations du second ordre : aussi contiennent-elles, outre la
constante K, les constantes arbitraires A , B, e»c., que S doit renfermer
pour fournir une solution complète de l'équation aux différences partielles
l M d® d0V ,TT U\
(^+^+-"- + r^) +--- = 2(U+K).
En les différentiant, et éliminant les constantes K, A, B, etc., on retrouve-
rait les équations du second ordre, telles que Lagrange les a données. C'est
ce qu'on pourrait vérifier sans peine; mais il est plus simple encore d'établir
directement nos équations du premier ordre par le principe même de la
moindre action, en profitant de la forme commode que nous venons de
donner à l'expression de la quantité
V'
a (U + R) 2 mds*i
dont l'intégrale doit être un minimum, ou plutôt doit avoir une variation
nulle en vertu de ce principe.
( ii5a )
» On fera qu'il en soit ainsi, en posant les équations
L L - il
n ~ ri ~ ri7 '
parce que dd étant une différentielle exacte, la variation de son intégrale en-
tre des limites fixes est égale à zéro. On n'a du reste aucun besoin de recourir
ici aux règles du calcul des variations, et tout peut s'obtenir sans calcul, par
un raisonnement facile qui s'offre de lui-même. Toutefois, pour être entiè-
rement clair et rigoureux, il faudrait entrer à ce sujet dans quelques expli-
cations. Mais, dans le désir d'abréger, j'abandonne pour le moment ces
détails à la sagacité du lecteur. J'y reviendrai dans une autre occasion.
J'ajoute seulement que les conditions exigées aux limites, savoir que
/3 = /3,,..., 7 = 7, pour a = a,, et f3 = /3a,..., 7 = y2 pour «=«.,,
seront remplies en disposant pour cela des constantes arbitraires introduites
par l'intégration des équations différentielles
/ _ V_ l"
n~ ri ~ ri1 '
et des constantes A, B,..., que la fonction $ contient, comme nous l'avons
déjà remarqué.
» Un théorème de Jacobi permet de passer aisément des intégrales
intermédiaires d'un problème de dynamique aux intégrales finales entre
les seules variables a, /3, . . . , 7. Je me borne à écrire ces intégrales finales,
qui sont
Jl = A f J» = B » etC-
•
Pour déterminer a, j3,..., 7 en fonction de t, on y joindra l'intégrale des
forces vives qui donne dt, et par suite t, au moyen d'une quadrature, quand
on a exprimé /3,..., 7 en a. C'est ainsi qu'il faudra nécessairement opérer,
si la fonction 6 n'a été obtenue que pour une valeur donnée de K. Mais si K
reste dans 6 sous forme algébrique, on obtiendra t au moyen de la dérivée
partielle de 6 par rapport à K.
» En voilà assez sur ce sujet. Au fond je ne me proposais qu'un seul but,
et il est atteint : je voulais appeler l'attention des géomètres sur l'expres-
sion curieuse
{d9f f (ni' - In')3 + . . . ,
que j'ai trouvée pour le produit
2 (U -+- K) 2 mds\
( n53 )
et qui rendant, pour ainsi dire, intuitives les propriétés de l'intégrale à la-
quelle le principe de la moindre action se rapporte, ouvre les voies à une
étude plus approfondie. On comprendra aisément qu'on peut en tirer un
théorème nouveau de minimum concernant la quantité
i{V + K)]? mds»,
si, partant d'une position (a, /3,..., -y) pour aller à une autre position infi-
niment voisine, et prenant dQ constante, on veut rendre l'expression citée
la plus petite possible; les valeurs de da, d(Z,..., dy propres au minimum
seront évidemment fournies par les équations de la Dynamique
1 -. l' -. l"
n ~~ ~n~' ~~ V' ~ * ' ' '
et par celle qui exprime que dQ a la valeur assignée; de même, si l'on se
donnait la somme
{dey -h {rd' - In')2 + ...,
c'est encore aux équations
L L il
n ~~ n' ~ n"
qu'il faudrait recourir pour rendre dQ un maximum.
» J'ai développé longuement cette théorie dans mon cours au Collège de
France (année scolaire i852-i853). Mais elle m'était connue, et je l'avais
communiquée à plusieurs de mes amis longtemps avant cette époque. L'idée
d'introduire la fonction Q pour exprimer
2(U+K)2mé2
par une somme de carrés dont le premier terme soit le carré d'une diffé-
rentielle exacte, m'est venue en lisant (en 1847) un Mémoire manuscrit de
M. Schlaefli (*), professeur à l'université de Berne, où ce géomètre distin-
gué donnait une forme semblable au carré de l'élément de longueur d'une
ligne géodésique sur l'ellipsoïde. Je suis heureux de reconnaître ce que je
dois à M. Schlaefli et de rendre hommage à son haut mérite. Toute-
(*) Voir un extrait de ce Mémoire, Comptes rendus, tome XXV, page 391 . Voir aussi le
Journal de Crelle , tome XLIII , page 23.
C. R., i856, 1" Semestre. (T. XLII, N» 24.) l5l
( i>54 )
fois sa méthode est fort différente de la mienne, et moins générale. Je ne
sache pas, en effet, que M. Schlaefli ait jamais songé à se servir de la
fonction 6 et de l'équation aux différences partielles qu'elle vérifie. Cette
fonction, dont l'importance est connue aujourd'hui de tous les géomètres,
grâce aux travaux de M. Hamilton et de Jacohi, joue au contraire dans ma
méthode le plus grand rôle. »
Mathématiques. — Observations au sujet de L'écrit intitulé : Note sur la
théorie des parallèles, lu par M. Vincent, flans la dernière séance
de l'Académie, et inséré dans le Compte rendu de la séance; par
M. Chasles.
« Je regrette beaucoup d'avoir à exprimer ici l'étonnement et le senti-
ment pénible que m'a causé la lecture de cet écrit. J'aurais cru naturelle-
ment que l'auteur l'aurait supprimé, d'après le conseil très-positif que lui
en avait donné, après la séance, le juge si éminemment compétent dans
ces matières, notre illustre confrère M. Poinsot, ou du moins qu'il aurait
pu s'abstenir des réflexions qui accusent le jugement de ceux qui ont cultivé
les sciences mathématiques jusqu'à ce jour, réflexions qui tendraient à jeter
du doute sur les principes mêmes qui leur servent de bases.
» Sans parler du raisonnement proposé comme levant la difficulté inhé-
rente à la théorie des parallèles, raisonnement qui probablement n'a pas
plus d'avenir que beaucoup d'autres tentatives semblables qui ont toujours
échoué, je relèverai seulement la censure que notre confrère s'est cru en
droit de prononcer contre les géomètres anciens et modernes qui, jusqu'à ce
jour, auraient entouré la science de formes sophistiques, se faisant illusion
sur la véritable logique qui lui convient, et sur la rigueur et l'efficacité de
certains procédés de démonstration dont ils ont fait usage.
» On pensera sans doute que, dans tous les temps, il n'a guère appartenu
qu'aux géomètres eux-mémes(et il faut entendre par ce mot ceux qui ont cul-
tivé la science à fond et l'ont enrichie de vérités nouvelles), d'apprécier les
premières notions et les principes qui l'ont constituée à l'état de véritable
science, et en ont fait le plus sûr auxiliaire de l'esprit humain »
a Après cette lecture, M. Poinsot prend la parole et déclare qu'il approuve
les observations présentées par M. Chasles. Il s'élève alors à des considéra-
tions plus générales, et, développant en peu de mots sa pensée, s'attache à
bien marquer le vrai caractère de la géométrie et de toute la science mathé-
matique. »
( n55 )
« A la suite de cette discussion, M. Le Verrier déclare qu'ayant été
chargé, il y a plusieurs mois, d'examiner le livre de géométrie qui a donné
lieu au débat actuel, il n'avait point été d'avis que les principes sur lesquels
il repose, pussent être recommaudés aux professeurs des établissements
d'instruction publique. »
Réponse de M. Vincent.
« Je regrette beaucoup l'incident auquel j'ai donné lieu. En traitant une
question de méthode, je n'avais aucune intention d'incriminer qui que ce
soit; et la date du travail que j'ai cité (1824 *) m^ justifie surabondamment
de la pensée que M. Chasles (dont personne plus que moi n'estime les belles
recherches) a dû me supposer pour parler comme il l'a fait au sujet de ma
communication.
» Derechef je demande pardon à l'Académie d'être venu l'occuper d'un,
sujet qui est, je le reconnais, peu en rapport avec ses travaux habituels.
Mon excuse est dans les graves questions soulevées par la révision du pro-
gramme des études mathématiques, sur lequel des personnes fort bien pla-
cées pour le savoir m'avaient induit à penser que l'Académie pouvait se
trouver appelée à prononcer ; et cette assertion était assez conforme à la
haute position de l'Académie et à sa dignité, pour être acceptable.
» L'idée de l'angle et celle du parallélisme sont certainement plus com-
plexes que celle de la droite isolée; aussi, depuis Euclide le père de la
science, a-t-on eu constamment recours à un postulatum pour en établir
la théorie. L'idée si simple de la rotation, qui a déjà fourni en mécanique à
la doctrine des couples une base aussi solide qu'ingénieuse, nous a paru
avoir le même avantage en géométrie pour la théorie précitée ; et nous la
maintenons comme préférable à toutes celles qui ont pu être proposées
pour le même but, et qui ont été plus ou moins justement critiquées. Libre
à chacun d'être d'un avis différent , même à ceux dont nous avons cru ne
faire que partager les idées.
» On nous avertit que nous ne sommes pas les premiers à entrer dans
cette voie ; nous en accueillerons la preuve avec une véritable satisfaction, car
ce n'est point une découverte que nous avons eu la prétention d'apporter
à l'Académie. Une simple notion empruntée au domaine du sens commun
* Voyez aussi dans les Mémoires de Lille pour i832 : Recherches sur l'analyse des fonc-
tions exponentielles et logarithmiques.
i5i..
( n56 )
était à la portée de tout le monde; l'habitude de procéder différemment
pourra seule en retarder l'adoption. Au reste, la question, n'ayant pu être
ici discutée à fond, ne sera suffisamment éclaircie que par le livre où sont
exposées nos méthodes. »
physique du globe. — Mémoire sur les alluvions des fleuves dans le bassin
de la Méditerranée et notamment sur les atterris sements du Rhône;
par M. Texier. (Extrait par l'auteur.)
« Des trois périodes de la formation du globe signalées par les géolo-
gues, la période plutonienne, la période neptunienne et la période dilu-
vienne, le deux premières ne se manifestent plus par des phénomènes
actuels ; la seconde a pris fin du moment que les bassins actuels des mers
se sont constitués, et l'auteur regarde comme un fait acquis en géologie le
synchronisme des bassins actuels. Ainsi le Bosphore, les Dardanelles, le
détroit de Gibraltar appartiennent à la période géologique qui a vu former
les continents. Mais les côtes maritimes sont toujours soumises à la loi des
atterrissements; c'est l'étude des alluvions fluviales du bassin de la Méditer-
ranée qui fait l'objet de ce Mémoire.
» Après ayoir examiné le régime de l'Euphrate et du Tigre, et décrit
les travaux faits par les anciens peuples pour se mettre à l'abri des inon-
dations, l'auteur s'exprime ainsi au sujet du Nil :
» Outre le Delta qu'il a formé et dont l'étendue s'accroît chaque année,
le Nil a accumulé tous les bancs sous-marins qui s'étendent jusqu'à Alexan-
drie. Cinq de ses embouchures sont aujourd'hui comblées au point qu'on en
cherche en vain la trace positive. Les sables charriés par le Nil se déposent
à son embouchure et forment une barre qui s'accroît au point d'obstruer
l'entrée du fleuve. Les mariniers du Nil ont une expression pour désigner
cet état de choses; ils disent : Il y a boghaz (canal) quand on peut passer,
ou : Il n'y a pas boghaz. Dans d'autres moments, sous l'influence de cer-
tains vents et de certains courants, la barre est en partie enlevée et le canal
est praticable.
» Pour se mettre à l'abri des inondations trop fortes, les Égyptiens
avaient creusé le lac Mœris qui avait une étendue immense et qui recevait
l'excédant des eaux du fleuve.
» La ville d'Hippone-Regius, à laquelle a succédé la ville de Bône en
Algérie, avait autrefois un vaste port ; mais les atterrissements formés par
la rivière la Seibouse ont non -seulement comblé ce port, mais formé la
( n57)
plaine de Bône qui, selon toute apparence, n'existait pas dans l'antiquité.
» L'auteur signale ensuite les atterrissements qui ont formé la plaine de
la Métidja, près d'Alger, et réuni au continent le massif du Sahel qui, à une
époque reculée , formait une île. Il donne pour preuve un phénomène ana-
logue qui s'accomplit à La Calle.
» L'auteur décrit en détail les alluvions qu'il a observées sur les côtes
d'Asie, et signale en même temps les magnifiques ports de Marmarice,
Macri, Antiphilo, etc., qui ne sont pas ensablés.
» La côte d'Afrique était, dans le principe, aussi échancrée que la côte
d'Asie; mais sous l'influence des vents du nord, régnant pendant huit mois
de l'année, les alluvions ont pris sur la côte d'Afrique un développement tel,
que tous les ports, golfes ou criques qui recevaient des cours d'eau ont été
comblés.
» L'auteur décrit les mouvements des terres qui ont changé la physio-
nomie des côtes dans certaines provinces d'Asie.
» Il cite des ports comblés, et il ajoute : L'Hermus charrie dans le golfe
de Smyrne une telle quantité de limon, que, si l'on ne fait pas de travaux
pour s'y opposer, le golfe de Smyrne sera ensablé avant peu d'années. Les
côtes d'Italie sont ensuite l'objet d'un examen détaillé. L'auteur établit qu'à
l'embouchure du Tibre, en 1 750 années, les terres d'alluvion se sont éten-
dues dans une profondeur de 1780 mètres.
» Le régime du Rhône est ensuite soumis à un examen non moins minu-
tieux.
» Il est établi que des auteurs anciens ont compté cinq embouchures du
Rhône, puis trois, puis deux.
» Par sa nature torrentueuse, le Rhône doit être rangé dans la classe des
fleuves dont le lit est sujet à s'exhausser; recevant l'eau provenant de la
fonte des neiges, les grandes crues ont toujours lieu pendant l'été.
» Les terrains qu'il parcourt, composés de cailloux roulés, sont d'une dés-
agrégation lacile, les terres sont portées à l'embouchure, où elles se dépo-
sent sous forme de barre, les galets restent dans le lit du fleuve qu'ils ten-
dent à exhausser.
» Les anciens ont parfaitement connu ce régime, et ont fait de grands
travaux pour y remédier.
» Les villes anciennes, notamment Lyon, Vienne, Avignon, etc., étaient
bâties sur des hauteurs, et à l'abri des inondations; ce n'est que dans le
moyen âge que leshabitants sontdescendus dans la presqu'île. Les travaux de
Perrache,en prenant les terrains du lit du Rhône, ont commencé à rendre le
( n58 )
danger des inondations plus grand; les ponts et les viaducs qu'on a jeté*
sur le fleuve, depuis vingt-cinq ans, en arrêtant les galets tendent à exhaus-
ser le lit du fleuve.
» Le moyen de parer à cet inconvénient serait, selon l'auteur, d'enlever,
au moyen de dragues, la barre du Rhône, et de creuser le lit du fleuve; les
terres enlevées serviraient à faire des levées sur ses rives. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, parla voie du scrutin, à la nomination d'une Com-
mission qui sera chargée de l'examen des pièces admises au concours poul-
ies prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation Montyon.
MM. Rayer, Velpeau, Andral, J. Cloquet, Cl. Bernard, Jobert (deLam-
balle), Duméril et Flourens réunissent la majorité des suffrages.
MEMOIRES LUS.
physique. — Recherches sur le dégagement de l'électricité dans les piles
voltaïques. Première partie : Force électromotrice ; pareil. E. Becquerel.
(Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Pouillet, Despretz.)
« Depuis la découverte de la pile, il y a peu de sujets qui aient plus at-
tiré l'attention des physiciens que celui qui est relatif au dégagement de
l'électricité lorsque deux corps sont en présence et peuvent réagir chimique-
ment l'un sur l'autre; mais, malgré les travaux importants publiés sur cette
question, principalement en ce qui concerne la force électromotrice, il y
a beaucoup de points qui ne sont pas erfcore éclaircis.
» D'après la théorie actuelle de la pile voltaïque, il y a deux sortes d'élé-
ments à prendre en considération dans l'étude des effets produits : i° la
force électromotrice ou la force en vertu de laquelle la production de l'é-
lectricité a lieu dans chaque couple; elle résulte en général de plusieurs
réactions donnant lieu, chacune séparément, à un dégagement d'électricité;
a° la résistance à la conductibilité qui suit des lois régulières, dépend delà
nature, de l'état physique et des dimensions des conducteurs, et qui paraît
indépendante de, l'intensité du courant électrique et des réactions produites
( "59 )
dans l'intérieur de la pile, pourvu que la composition et la température des
liquides ne varient pas.
» J'ai dû étudier séparément ces deux sortes d'éléments, et le travail dont
j'ai l'honneur de communiquer l'extrait à l'Académie est uniquement rela-
tif à l'examen de la force électromotrice ; il forme la première partie des
recherches que j'ai entreprises sur le dégagement de l'électricité dans les
piles voltaïques.
» Après avoir étudié les différentes méthodes proposées jusqu'ici pour
comparer les forces électromotrices des piles, il a été facile de reconnaître
qu'elles ne pouvaient permettre d'analyser complètement les phénomènes,
soit parce que la force électromotrice n'était pas la seule variable donnant
lieu aux résultats observés directement, soit parce que l'unité de comparai-
son n'était pas suffisamment fixe, soit enfin parce que l'on ne pouvait éva-
luer l'influence de la polarisation électrique qui se présente souvent sur les
électrodes des couples. Je me suis alors arrêté à un procédé d'expérimenta-
tion auquel ces objections ne peuvent être adressées et conduisant rapide-
ment, et d'une manière précise, à la comparaison des forces électromotrices.
Ce procédé est fondé sur l'emploi de la balance électromagnétique imagi-
née par mon père, et qui permet de rapporter les actions des courants aux
effets de la pesanteur; les résultats obtenus de cette manière donnent di-
rectement la mesure des forces électromotrices comprises entre des limites
très-éloignées de l'échelle des intensités électriques, puisque les effets sont
toujours proportionnels aux poids nécessaires pour ramener le fléau de la
balance à la même position d'équilibre, et que l'on peut comparer directe-
ment l'action exercée par une pile thermo-électrique, et celle que produit
une pile de Bunsen de cinquante à soixante éléments.
» Les phénomènes de polarisation électrique qui jouent un rôle si impor-
tant dans les effets de décomposition électrochimique, ont été examinés
d'abord avec détail; ils sont cause, comme on le sait, delà diminution ra-
pide dans l'intensité des courants des couples simples, tels que ceux de Volta
et de Wollaston ; en les détruisant, on forme les piles à courant constant.
On a trouvé, par l'application delà méthode décrite plus haut, que la force
électromotrice résultant du transport électrochimique d'une couche ga-
zeuse sur des lames métalliques, peut acquérir une valeur assez forte (jusqu'à
deux éléments d'une pile à acide nitrique), mais qu'elle dépend, non-seu-
lement de la nature de l'élément transporté, mais encore de la nature et des
dimensions des lames sur lesquelles les couches gazeuses se déposent, et
( u6o )
de l'intensité du courant électrique qui traverse le liquide sur lequel on opère.
» Ainsi, le courant secondaire inverse qui se manifeste dans un voltamètre
à eau, dont les lames sont en or ou en platine, après le passage d'un courant
initial d'une intensité déterminée, varie avec cette intensité ; en général, plus
le courant électrique est intense, plus l'effet de la polarisation est énergique.
Si l'on examine séparément les effets dus à la présence de l'hydrogène et
de l'oxygène, on trouve qu'avec l'oxygène ils sont très-variables, tandis
qu'avec l'hydrogène ils sont compris dans des limites plus restreintes.
» A intensité électrique égale, les métaux se polarisent différemment, et
quand on opère avec des lames à surface polie et avec l'hydrogène, c'est l'or
qui offre les effets les plus marqués, et le zinc qui donne l'action la moins
énergique.
» Le chlore présente, comme l'oxygène et l'hydrogène, des effets de
polarisation, mais à un plus faible degré. D'autres corps transportés électro-
chimiquement à la surface des lames métalliques, offrent des réactions ana-
logues.
» En examinant l'influence de la chaleur sur la puissance électromotrice de
différents métaux, on a reconnu que la faible augmentation observée quand
la température varie de o à ioo degrés, tient plutôt aux changements qui
ont lieu dans les dissolutions salines en contact, qu'au changement dans la
force électromotrice produite dans la réaction exercée sur le métal.
» L'action des liquides entre eux exerce sur le dégagement de l'électricité,
une influence plus grande qu'on ne le suppose habituellement, malgré les re-
cherches déjà publiées sur ce sujet, et dans les piles à deux liquides, l'effet qui
en résulte forme une partie notable de l'action totale observée. Le procédé
d'expérimentation employé dans ces recherches a permis d'évaluer cette ac-
tion dans toutes les circonstances, et indépendamment de la polarisation élec-
trique des lames métalliques ; on a trouvé alors des résultats dépendant de
la nature des liquides, et qui sont rapportés dans ce Mémoire. Pour se bor-
ner à citer quelques exemples, on peut dire qu'avec la pile à acide nitrique
et eau acidulée séparée par un vase poreux, l'action des deux dissolutions,
l'une sur l'autre, est environ le ~ de celle du couple, et s'ajoute à l'action de
l'acide sulfurique sur le zinc; avec la pile à eau acidulée par l'acide sulfuri-
que et sulfate de cuivre, l'action des liquides au contraire n'est que leyj-de
l'action totale, à la température ordinaire, et a lieu en sens inverse de celle
qui s'exerce sur le zinc. D'un autre côté, la pile à deux liquides ayant pour
dissolution du persulfure de potassium et de l'acide azotique, offre l'exem-
( n6i )
pie d'une pile dans laquelle la nature du métal positif influe peu sur l'inten-
sité électrique du couple, puisque avec le zinc ou le platine dans le sulfure
les deux résultats obtenus ne diffèrent environ que de i; dans ce cas,
l'action des liquides entre eux forme donc plus de^ de l'action totale du
couple.
» On doit faire observer toutefois que la force électromotrice due
aux réactions, change non-seulement avec la nature et la concentration
des liquides en présence, mais encore avec leur température ; elle con-
stitue la partie éminemment variable de la force électromotrice des cou-
ples, et surtout des couples à deux liquides, nommés couples à courant con-
stant.
» On n'a pas eu égard assez généralement à ces actions, et c'est pour ce
motif que la plupart des résultats obtenus par les physiciens qui se sont oc-
cupés des phénomènes de polarisation présentent entre eux des différences
assez notables.
« D'après ces résultats, et comme cela se déduit des recherches de mon
père, il est facile de comprendre comment, à la surface de la terre, les
actions mutuelles des dissolutions d'inégale composition qui humectent
différents terrains donnent lieu à un dégagement continuel d'électricité,
et cela avec une intensité d'action plus considérable qu'on ne saurait le
croire.
» On a comparé ensuite dans ce travail les effets électriques dus aux réac-
tions exercées par diverses dissolutions sur les métaux plus ou moins altéra-
bles, et sur les amalgames; dans les tableaux d'observations, les résultats
sont rapportés à l'effet produit par une dissolution normale sur le zinc pur
fondu. On reconnaît aisément, comme cela devait être, que l'action chimi-
que est la cause prédominante du dégagement de l'électricité, puisque toute
les fois que l'action chimique est plus vive la force électromotrice est plus
grande.
» Les causes productrices du dégagement de l'électricité dans les piles
voltaïques ayant été étudiées séparément, on a déterminé les forces électro-
motrices des couples formés par deux lames de métaux différents plon-
gés dans des liquides également différents, et il a été facile de montrer
que l'action totale est la résultante des effets partiels déterminés séparé-
ment.
» On sait que, d'après les lois du dégagement de la chaleur par suite du
passage de l'électricité dans les circuits fermés, les nombres exprimant les
C F.., i856, Ier Semestre. (T. XI.II. N<> 24.) I 5î
( n6a )
forces électromotrices devraient être proportionnels à ceux qui représentent
les quantités de chaleur dégagée dans les combinaisons chimiques des équi-
valents des corps ; bien que les recherches sur le dégagement de la chaleur
ne conduisent pas en général à des nombres proportionnels aux forces élec-
tromotrices, cependant on peut remarquer que, relativement à plusieurs
métaux, cette proportionnalité existe. Il serait nécessaire de déterminer di-
rectement les quantités de chaleur dégagées lors des reactions chimiques
produites dans les couples voltaïques eux-mêmes, cardans bien des cas il se
manifeste plusieurs réactions donnant lieu à des dégagements de chaleur dif-
férents, surtout quand on opère avec des métaux offrant plusieurs degrés
d'oxydation. Ce sujet mérite d'autant plus d'être examiné, que les effets
dont il s'agit sont relatifs aux causes productrices des agents physiques et
chimiques les plus puissants, et qu'ils semblent montrer quelles sont les
relations intimes qui existent entre eux.
» La seconde partie de ce travail, que j'aurai l'honneur de présenter
dans quelque temps à l'Académie, est relative à la conductibilité des piles
voltaïques et à l'intensité des courants électriques que ces appareils peu-
vent développer quand on fait varier leurs dispositions et leurs dimen-
sions. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
L'Académie reçoit une addition à un Mémoire précédemment présenté
au concours pour le grand prix des Sciences physiques. Cette addition
contient, avec une partie manuscrite rédigée en latin, une série de planches
en couleur exécutées avec le plus grand soin.
(Renvoi à la future Commission. )
L'Académie reçoit également une troisième addition à une Note envoyée
au concours pour le grand prix des Sciences mathématiques (question
concernant le dernier théorème de Fermât).
(Renvoi à la future Commission.)
L'Académie renvoie à l'examen de la même Commission, mais non comme
pièce de concours, un Mémoire adressé par M. Maris, professeur de mathé-
matiques à Saint-Dizier , qui, n'ayant pu en terminer la rédaction en temps
utile, avait déclaré d'avance que son seul désir était d'obtenir sur ce travail
le jugement de l'Académie.
( n63 )
travaux publics. — Canal de l'isthme de Suez. (Extrait d'une Lettre
de M. Ferdinand de Lesseps.)
(Commissaires, MM. Cordier, Diipiii, Élie de Beaumont, Duf'rénoy,
Du Petit-Thouars.
« J'ai l'honneur d'adresser à l'Académie des Sciences une série d'échan-
tillons qui proviennent des sondages exécutés dans l'isthme de Suez par
ordre de S. A. le vice-roi d'Egypte. Ces sondages avaient pour but de re-
connaître la nature des terrains dans lesquels, devra être creusé, entre Suez
et Péluse, le canal de jonction des deux mers.
» Je joins à cet envoi : i° un cahier donnant pour chaque forage l'épais-
seur des couches traversées et leur niveau relativement à celui de la Médi-
terranée ; i° un plan de l'isthme sur lequel est indiquée la position de ces
différents forages; 3° les procès-verbaux des travaux de la Commission in-
ternationale d'ingénieurs, où se trouvent (page 25) les résultats de l'explo-
ration qu'elle a faite dans l'isthme entier; 4° enfin le profil en long du canal
projeté de Suez à Péluse.
» Quoique le voyage de la Commission internationale eût surtout pour
but de vérifier le tracé du canal maritime entre la mer Rouge et la Médi-
terranée, j'ai pensé qu'il était bon de ne pas laisser perdre une occasion
aussi précieuse pour la science. La géologie de ces pays, si elle n'est pas
tout à fait ignorée, est certainement peu connue. Elle paraît cependant cu-
rieuse; et j'espère que les échantillons que je vous transmets contribueront
à la faire connaître davantage. Il est assez facile, même dans ces solitudes,
de recueillir les matériaux qui sont à la surface du sol, mais la composition
du sous-sol est bien moins accessible. Plus tard, quand les travaux du grand
canal seront en pleine activité, j'aurai soin que l'on conserve avec vigi-
lance tout ce que les déblais poiirront faire découvrir; mais en attendant,
je n'ai pas voulu laisser perdre les renseignements réels qu'on a déjà pu
recueillir; et je désire que cette communication soit de nature à intéresser
l'Académie. »
GÉOLOGIE. — Note sur la constitution géologique de l'isthme de Suez; par
M. Renaud, membre de la Commission de l'isthme de Suez.
« L'état physique de l'isthme de Suez est connu. On sait que sa plus
grande élévation au-dessus de la Méditerranée n'est pas de plus de 16 mè-
tres, et encore ne présente-t-il cette hauteur que sur une étendue de quel-
l52..
( n64 )
ques kilomètres. Entre cette partie élevée et le golfe de Suez, sur la mer-
Rouge, il présente deux dépressions, l'une d'environ 4o kilomètres de lon-
gueur, d'une largeur variant entre 2 et 12 kilomètres, et d'une superficie
de 33o 000 000 de mètres carrés, connue sous le nom de bassin des lacs
amers, et l'autre, le lac Timsah, d'une superficie d'environ 2000 hectares.
Le bassin des lacs amers est à sec, mais le lac Timsah a de l'eau qu'y vient
verser le Nil, à l'époque de ses grandes crues, par la vallée de l'Ouadée-
Toumilah.
» Ces deux bassins sont séparés par un seuil élevé d'environ 1 1 mètres
au-dessus des basses mers de la Méditerranée, et le bassin des lacs amers
n'est lui-même séparé du golfe de Péluse que par une élévation d'environ
9 mètres.
» Dans toute l'étendue de l'isthme, qui est d'environ 1 13 kilomètres, me-
surés suivant une ligne droite, joignant la partie la plus septentrionale du
golfe de Suez au fond du golfe de Péluse, on ne rencontre à la superficie
que des sables, plus ou moins mélangés avec du gravier et plus ou moins
stériles.
» En partant de Suez et jusqu'à environ 6 kilomètres de cette ville, les
sables sont sans mélange de galet et paraissent avoir été, sinon déposés, au
moins étendus par les eaux de la mer. En avançant vers le nord, le gravier
se montre peu à peu et devient assez abondant vers la partie la plus élevée
du seuil qui sépare la mer Rouge du bassin des lacs amers : mais il ne se
trouve à peu près qu'à la surface ; on le retrouve encore, mais déjà plus
petit, dans le bassin des lacs, et surtout au pourtour de ces bassins où il
forme des bourrelets qu'ont laissé autrefois les eaux. Au fur à mesure que
l'on avance vers le nord, il devient de plus en plus petit, et disparaît com-
plètement à la hauteur du lac Ballah.
» Le sol est de la stérilité la plus complète dans toute la partie méridio-
nale de l'isthme jusque vers le milieu des lacs amers. Dans l'autre partie,
il produit en plus ou moins grande abondance l'espèce de végétation par-
ticulière au désert et qui sert de nourriture aux chameaux. Aux abords du
lac Timsah, dans les parties desséchées de son lit et dans le lit du canal ou-
vert autrefois dans la vallée de I'Ouadée-Toumilah, les tamarins croissent en
assez grande abondance.
» Les sables présentent partout une grande fixité, excepté en quelques
points aux abords du lac Timsah et dans le sud du lac Ballah, où il existe
des dunes mobiles. Cette fixité est attestée par les traces encore parfaite-
( n65 )
ment visibles de travaux exécutés avant la domination grecque, par l'état
de conservation des dignes de l'ancien canal ouvert par les rois égyptiens et
recreusé par les califes, enfin parla forme même des ondulations très-allon-
gées que présente le terrain, forme qui diffère essentiellement de celle que
le vent donne aux dunes ou sables voyageurs.
» On trouve aussi en quelques points :
» i°. A la surlace du sol, du sulfate de chaux soit en lames, soit en
rhomboïdes disséminés, soit en dépôts de i5 à /jo centimètres d'épaisseur,
cristallisés en aiguilles ;
» 2°. Sur le seuil compris entre Suez et le bassin des lacs amers, des
moellons calcaires dispersés à la surface des sables ;
» 3°. Sur le sommet de quelques monticules de sable, une ou deux cou-
ches d'un calcaire ayant toute l'apparence du silex.
» Pour connaître d'une manière aussi certaine que possible les terrains
de l'isthme dans lesquels sera creusé le canal de jonction des deux mers, des
forages au nombre, de dix-neuf ont été exécutés entre Suez et Péluse et ont
été poussés au moins à 8 mètres au-dessous des basses mers de la Méditer-
ranée. La position de ces forages et la nature des terrains constatés sont
indiqués sur le profil en long levé sur l'axe du canal et joint à la présente
Notice.
» On peut voir que le seuil qui sépare le bassin des lacs amers de la met-
Rouge, présente au-dessous du sable des argiles compactes, des argiles sa-
bleuses, du sable et du gravier, des argiles feuilletées, etc. Le sondage n° i
accuse un banc calcaire sur un banc de sable qui se trouve en face de Suez
de l'autre côté du port. On a trouvé l'argile marneuse dans le sondage n° 3 ;
mais en général les autres argiles font à peine effervescence avec les acides.
On retrouve également les argiles dans la première partie du bassin des lacs
amers; ces argiles sont plus ou moins marneuses. Au delà du grand bassin
des lacs amers, on ne trouve que dessables, à/ l'exception du sondage n° 19
qui a accusé des bancs de marne.
» Les terrains de l'isthme appartiennent donc incontestablement à la
formation tertiaire qui constitue le sol de toute la basse et la moyenne
Egypte, et tout le grand plateau du désert Libyque.
» On trouve dans le bassin des lacs amers des coquilles de l'espèce de
celles que produit la mer Rouge; des Hélices, des Spondilles, des Rochers,
mais surtout des Mactra. Ces dernières en tapissent littéralement le fond
sur des étendues plus ou moins considérables. Ces coquilles ont-elles con-
( n66 )
tinué à vivre dans ces lacs, après leur entière séparation de la mer Rouge?
Cela est peu probable, parce que sous le ciel brûlant de l'Egypte ces lacs ont
dû assécher promptement. Il est vrai qu'au temps de Strabon et même très-
probablement à l'époque où Hérodote visitait l'Egypte, les lacs amers con-
tenaient de l'eau, mais c'était de l'eau douce qu'y amenait du Nil le canal
de jonction de ce fleuve avec la mer Rouge.
» Une question fort controversée est celle de savoir si, à l'époque où les
Hébreux fuyaient de l'Egypte, sous la conduite de Moïse, les lacs amers
faisaient encore partie de la mer Rouge. Cette dernière hypothèse s'accor-
derait mieux que l'hypothèse contraire avec le texte des livres sacrés, mais
alors il faudrait admettre que depuis l'époque de Moïse (1-471 ans avant
Jésus-Christ) le seuil de Suez serait sorti des eaux.
» Dans la partie septentrionale du bassin des lacs amers, qui est en
même temps la plus profonde, on trouve un dépôt de sel marin qui a été
trouvé de 7m,5o d'épaisseur au sondage n° 10. Il repose sur des vases qui
paraissent venir du Nil. Ce sel a vraisemblablement été amené par des eaux
de source qui l'y ont déposé en s'évaporant. On retrouve également ces sels
au sondage n° 9, mais recouverts par une couche de sulfate de chaux cris-
tallisé en très-fines aiguilles.
» Les rivages de la mer ne paraissent pas plus que le sol de l'isthme avoir
éprouvé de notables changements depuis les temps les plus reculés. Ainsi
dans le golfe qui s'étend au sud et à l'ouest de Suez, le dépôt sableux de
soulèvement diffère entièrement d'aspect et de forme de celui que la mer a
ajouté au rivage, et ne peut être confondu avec lui. Il contient d'ailleurs
une quantité considérable de coquilles qui ne se trouvent pas, même en
petite quantité, dans le premier. Ces sables ainsi rapportés par la mer n'ont
nulle part, dans tout le développement du golfe, plus de iqo mètres de
longueur.
» La stabilité du rivage a été encore plus grande dans le golfe de Péluse.
Toute la plaine qui entoure les ruines de cette ville antique est formée d'al-
luvions du Nil : elle est séparée de la mer par un lido ou cordon littoral de
sable qu'il est impossible de confondre avec elle. La largeur de ce lido varie
de 80 à 120 mètres; comme elle ne pouvait être sensiblement moindre
dans les temps anciens pour protéger la plaine moins élevée qui est en ar-
rière, il faut bien en conclure que les choses sont sensiblement aujourd'hui
dans l'état où elles étaient autrefois. Cette observation s'applique à toute
l'étendue du cordon littoral qui borde le lac Manzalch. Ainsi se trouvent
( "67 )
vérifiées les conclusions auxquelles est arrivé M. Elie de Beaumont, dans
son Cours de Géologie pratique, relativement à la stabilité des rives du
Delta. »
Ce Mémoire, accompagné des pièces mentionnées dans la Lettre précé-
dente de M. F. de Lesseps, est renvoyé à l'examen d'une Commission com-
posée de MM. Cordier, Dupin, Elie de Beaumont, Dufrénoy et Du Petit-
Thouars.
géologie. — Recherches sur les produits des volcans de V Italie
méridionale ; par M. Ch. Sainte-Claire Deville.
(Commissaires précédemmeut nommés.)
« Me disposant à retourner dans l'Italie méridionale pour y poursuivre
mes études sur les formations volcaniques de cette contrée, je désire pré-
senter à l'Académie le résumé très-succinct des recherches encore inachevées
que j'ai entreprises cet hiver sur les matériaux recueillis dans mes deux
premiers voyages.
» Ces recherches ont porté sur deux points principaux.
» Un premier travail, consacré à l'étude des substances gazeuses, et exé-
cuté avec la collaboration de MM. Leblanc et Lewy (i), a eu pour objet
l'examen des gaz suivants :
» i°. Gaz recueillis en mai, juin, septembre et octobre i855, sur divers
points du courant de lave sorti du Vésuve le ier mai de la même année. Il
résulte de nos analyses que le gaz qui accompagne les fumerolles que j'ai
appeléesfumerolles sèches, et qui entraîne uniquement des chlorures alcalins
anhydres et une petite quantité de sulfates, est un courant d'air pur ou privé
peut-être d'une faible proportion d'oxygène, la teneur de ce dernier gaz
ayant varié, dans les diverses prises de gaz, entre ao,i et ao,6 pour ioo.
La même conclusion s'applique au gaz qui s'exhalait, en octobre, des por-
tions inférieures de la lave en même temps que le chlorhydrate d'ammo-
niaque et la vapeur d'eau.
i°. Gaz recueillis en septembre, dans celles des fumerolles du cratère
supérieur du Vésuve qui, placées dans la petite plaine centrale, donnaient
(i) Tous les gaz, sans exception, ont été analysés par M. Leblanc et moi, au moyen de
l'appareil de M. Doyère; en outre, pour quelques-uns d'entre eux, mon ami M. Lewv a bien
voulu mettre à ma disposition sa grande expérience de l'eudiomètre de M. Regnault.
( n68 )
issue à de la vapeur d'eau, accompagnée de soufre et d'une trace presque
imperceptible d'acide sulfhydrique et dont la température variait de 60
à 79 degrés. Deux échantillons de ce gaz ont donné, l'un 3,5i, l'au-
tre 9,26 pour 100 d'acide carbonique. Le reste était de l'air sensible-
ment pur ou privé d'une faible proportion d'oxygène. Ce dernier résultat
me paraît offrir quelque intérêt, car c'est la première fois, si je ne me
trompe, que l'on a indiqué la présence du gaz acide carbonique au som-
met du Vésuve. Il vient, en outre, à l'appui de la classification que j'ai éta-
blie, dans mes précédentes communications, entre les divers ordres de
fumerolles, qui peuvent, à un moment donné, se localiser en divers points
d'un même appareil volcanique en activité. On en peut conclure avec cer-
titude que certaines fumerolles du cratère du Vésuve, en 1 855, présentaient
une composition analogue à celle que M. Boussingault a signalée dans les
cratères des volcans de la Nouvelle-Grenade en i83o, tandis que d'autres
étaient riches en acide chlorhydrique, gaz qui, d'après ce savant voyageur,
était alors étranger aux émanations des volcans américains.
» 3°. Gaz recueillis, en septembre et octobre, dans celles des fumerolles
qui, au sommet de l'Etna et du Vésuve, présentaient un mélange de vapeur
d'eau, d'acide chlorhydrique et d'acide sulfureux, s' échappant à de hautes
températures (90,12^ et 180 degrés). Ce gaz était uniquement composé
d'air atmosphérique, paraissant présenter toujours un léger défaut
d'oxygène.
» /j°. Gaz recueillis, en septembre, sur le pourtour supérieur du cône
d'éruption de l'Etna en i85a. Ce bord supérieur donnait encore issue, au
mois de juin, à d'abondantes fumerolles chlorhydrosulfureuses, à une tem-
pérature de 83 degrés. En septembre, elles se réduisaient à de faibles quan-
tités de vapeur d'eau à 61 degrés, ne réagissant ni sur le papier de tournesol,
qi sur l'acétate de plomb, et le gaz qui les accompagnait était aussi de l'air
atmosphérique.
» La présence constante de l'air atmosphérique en proportions considé-
rables dans toutes les émanations du sommet, que ces émanations contien-
nent de l'acide carbonique, du soufre et de l'acide sulfhydrique, ou les
acides chlorhydrique et sulfureux, prouvent, ce qu'on pouvait prévoir
à priori, qu'un dôme fissuré comme celui du Vésuve ou comme celui de
l'Etna, et présentant, dans son intérieur ou à sa base, des points incandes-
cents ou au moins doués d'une très-haute température, peut être assimilé à
une véritable cheminée d'appel, pour le milieu atmosphérique qui l'entoure.
La même conclusion s'applique aux laves rejetées par les volcans.
a
( 1169)
5°. Gaz recueillis, les 5 et 22 octobre, dans le lago di naftia ou lac de
Palici, en Sicile. L'analyse a donné pour ces deux gaz la composition sui-
vante :
5 octobre. 21 octobre.
Acide carbonique » 5 ,00
Oxygène i7>36 15,77
Azofe 82,64 79>23
100,00 100,00
et confirme exactement ce que j'avais annoncé (1) sur la variabilité de
composition du gaz de Palici, d'après les recherches faites par moi sur les
lieux.
» Dans ce dernier gaz, comme du reste dans tous les précédents, nous
avons recherché, M. Leblanc et moi, les gaz combustibles, mais toujours
inutilement. Nous nous proposons de soumettre à l'Académie un Mémoire
clans lequel seront exposées les méthodes suivies pour l'analyse des gaz,
aussi bien que les moyens qui ont été employés pour les recueillir.
>• Dans un second travail, j'ai entrepris d'examiner les produits solides
de l'éruption de i855, comparés entre eux et avec les autres matériaux four-
nis à diverses époques par le Vésuve ou par d'autres bouches volcaniques.
Ce travail est encore inachevé, et je n'indiquerai ici que quelques-uns des
résultats que j'ai obtenus.
» i°. J'ai analysé comparativement les deux variétés de laves sorties en
i855, que j'ai distinguées dans mes précédentes communications. Les nom-
bres fournis par l'analyse n'auront un intérêt réel que lorsque les compa-
raisons dont il s'agit pourront être faites : je me bornerai à citer deux cir-
constances qui s'y rattachent.
» Des deux variétés de laves, celle sortie la dernière, qui présente une
couleur foncée et qui a comme un enduit vitreux, n'agit pas sur l'aiguille
aimantée, tandis que l'autre, grise, plus cristalline, est fortement magnétique.
Ces deux variétés, quoique à peu près également riches en fer, ne contien-
nent donc pas ce corps au même état moléculaire.
» Toutes deux m'ont donné une proportion notable d'acide phospho-
rique : l'une contient i ,4, l'autre 2,2 pour 1 00 de phosphate de chaux.
» Toutes deux présentent une petite quantité de chlore, dont une partie
au moins est à l'état de chlorure soluble et en mélange, pour ainsi dire,
(1) Lettre à M. Dumas sur quelques produits d'émanations de la Sicile [Comptes rendus,
tome XLI, page 887 ).
C. R , i856, i« Semestre. (T. XL1I, N°24,) '53
( n7o )
moléculaire. Pour en citer un exemple, 6gr,77 de la lave noire sub-
vitreuse, pulvérisés et bouillis avec l'eau distillée, ont donné ogr,oa2 de
chlorure d'argent, correspondant à osr,oo55 de chlore ; cette même poudre,
soumise quatre fois de nouveau à la porphyrisation et lavée après chacune
de ces opérations, a toujours donné une liqueur qui se troublait par le ni-
trate d'argent. Enfin, agr,5 du dernier résidu, chauffés avec le bisulfate de
potasse, ont laissé ogr,o2D de chlorure d'argent, ou ogr,oo6 de chlore. La
lave contenait donc en tout, probablement à deux états différents, un peu
plus des trois millièmes de son poids en chlore.
» La présence concomitante, dans ces laves, du chlore et du phosphore,
me paraît un fait digne d'intérêt. Elle me semble expliquer l'une des expé-
riences que j'ai faites l'année dernière sur les fumerolles de la lave in-
candescente, et dont j'ai rendu compte dans ma première Lettre à M. Élie
de Beaumont [Comptes rendus, t. XL, p. 1228). Ayant exposé à l'action de
ces émanations un vase contenant de l'eau de chaux, j'ai obtenu de très-
petits cristaux blancs, solubles sans effervescence dans l'acide chlorhydrique,
donnant par le chlorure de barium un précipité soluble dans l'acide. Il de-
vient infiniment probable que cette substance, qui était en trop petite quan-
tité pour être analysée, était un phosphate de chaux ou un chlorophos-
phate de chaux, analogue à celui qui est fixe dans la lave. La petite quantité
de fluor décelée aussi dans l'une de mes expériences sur la lave joue vrai-
semblablement un rôle du même genre. Il s'était sans doute déterminé au
contact de la chaux une réaction semblable à celle par laquelle M. Daubrée
a reproduit l'apatite dans ses ingénieuses recherches sur la formation des
minéraux. La présence du phosphate de chaux, et probablement du chloro-
phosphate de chaux ou de l'apatite dans les laves, semble un fait presque
général. Je l'ai signalée, dès 1 845, dans les laves anciennes de Fogo ( Voyage
aux Jntilles et aux îles de Te'néiiJJe et de Fogo, t. I). Depuis, le phos-
phate de chaux a été retrouvé dans les laves de Niedermendig. Enfin, dans
quelques expériences récentes, j'en ai reconnu qualitativement l'existence, au
moyen du molybdate d'ammoniaque, dans plusieurs produits volcaniques,
entre autres dans la roche du Puracé, recueillie par M. Boussingault, et dans
la lave rejetée par l'Etna en 1 853. Des deux variétés de la lave sortie du
Vésuve en i855, c'est la variété cristalline qui paraît être la plus riche en
phosphate.
» J'ai trouvé aussi le chlore, soit en très-petites proportions, soit en quan-
tités assez notables, dans la roche du Puracé, dans une couche amphigé-
nique de la Somma et dans une assise scoriacée de cette dernière montagne,
( "71 )
mais surtout dans la lave rejetée par l'Etna en i85a. Celle-ci en contient les
deux millièmes de son poids.
» a°. J'ai fait quelques recherches pour déterminer la nature du minéral
blanc en petites masses arrondies, d'apparence dodécaédrique, mais ne pré-
sentant jamais aucune face de cristallisation qui, dans les laves du Vésuve,
joue le rôle de feldspath. Je l'ai examiné concurremment dans la lave de
i855 et dans une des plus anciennes laves du Vésuve, qui paraît même avoir
été épanchée avant la formation ou du moins avant l'approfondissement du
Fosso-Grande dont elle forme en grande partie le bord gauche. La densité des
petits fragments du minéral extrait de ces deux laves est 2,48, c'est-à-dire
celle de l'amphigène. Le rapport de l'oxygène de l'alumine à celui de la si-
lice est, d'après la moyenne de quatre analyses, 3'. 8,2; c'est-à-dire sensi-
blement le rapport qui caractérise l'amphigène. Mais dans les deux analyses
où j'ai dosé les protoxydes, j'ai toujours trouvé pour leur oxygène un nom-
bre supérieur au tiers de l'oxygène de l'alumine. La difficulté très-grande
avec laquelle on extrait ces petits fragments ne permettant pas toujours de les
avoir entièrement dégagés de la roche environnante, il pourrait se faire que
l'excès des bases provînt d'un mélange. Néanmoins, certaines anomalies du
même genre, que j'ai constatées depuis longtemps, mais que je n'ai point
encore publiées, sur les feldspaths des roches du Chimboraço, del'Antisana,
du Puracé, du volcan de l'île Bourbon, me laissent encore quelques doutes,
que je me propose de lever par de nouvelles recherches sur des matières
irréprochables. Dans tous les cas, si, comme il est probable, le feldspath des
laves du Vésuve est un amphigène, il diffère notablement de celui de la
Somma, où l'on n'a jusqu'ici signalé que des traces ou de très-petites quan-
tités de soude : car dans le minéral de la lave de 1 855 l'oxygène de la soude
est à celui de la potasse comme 2, 09: 1 ; dans le minéral de la lave du Fosso-
Grande, comme 8,21:1; enfin, dans les cristaux d'amphigène parfaitement
terminés, rejetés par ce volcan le 22 juin 18/17, et dont je dois à M. Damour
l'obligeante communication, comme 1,67: 1. »
médecine. — Sur des cas de typhus observés à l'hôpital de Neufchâteau
(Vosges) chez des soldats revenant de Crimée. (Extrait d'une Note
de M. Garcin.)
(Renvoi à l'examen des Commissaires nommés pour un Mémoire de
M. Baudens, sur le typhus de Crimée : MM. Velpeau, J. Cloquet.)
« Dans le Compte rendu de la séance de l'Académie des Sciences du
2 juin courant, je viens de lire la Lettre qui vous a été adressée par M. l'in-
i53..
( 'i72 )
specteur Baudens sur le typhus de Crimée. Veuillez me permettre de vous
présenter, à cette occasion , quelques observations qui ne sont peut-être pas
dépourvues d'intérêt, et que j'ai eu tout récemment l'occasion de re-
cueillir sur cette maladie, dans mon service à l'hôpital de Neufchâteau,
chez des soldats du 64e régiment d'infanterie de ligne.
» Ce régiment s'est embarqué à Balaclava le 29 avril. Après une tra-
versée non interrompue, il est arrivé à Marseille le 10 mai, puis à Ville-
franche le 12 au moyen du chemin de fer, et enfin, à pied, le 16, à Chalon-
sur-Saône, où le débordement des eaux l'obligea à séjourner pendant
quatre jours. Depuis le départ de Crimée jusqu'au it\ mai, aucun cas de
typhus ne s'était déclaré ; mais à dater de ce jour le colonel dut abandonner,
à chaque étape, de nouveaux malades, et en arrivant à Neufchâteau l'hô-
pital en reçut neuf, chez qui l'on observait, à un haut degré, tous les carac-
tères indiqués par la Lettre de M. l'inspecteur Baudens. Un dixième soldat,
du 62e de ligne, qui avait fait la traversée en même temps que le 64e, avait
été admis par moi dès la veille, également affecté de typhus.
» La maladie datait de un à trois jours lors de leur entrée à l'hôpital de
Neufchâteau le 28 mai. On observait chez tous les symptômes suivants :
stupeur, céphalalgie intense, surdité, vertiges, prostration des forces (la plu-
part ne pouvaient se tenir debout) ; pouls fréquent et dépressible, peau brû-
lante, soif intense, voix éteinte (à peine s'ils pouvaient parler); état sabur-
ral très-prononcé des voies digestives, plus tard langue sèche et noire, pas
de gargouillements dans la fosse iliaque droite. Dans quatre cas, la maladie
avait débuté par des accès de ^fièvre intermittente, qui se sont renouvelés
deux ou trois jours de suite avec frissons, chaleur et sueurs, et dans deux
autres, par un état catarrhal des voies respiratoires. Trois ont eu du délire,
dont un furieux pendant quatre jours; deux, des épistaxis; et deux seule-
ment quelques rares pétéchies; trois ont éprouvé des douleurs abdominales
et du dévoiement; les autres étaient constipés.
» J'avais donné tout d'abord à cette maladie le nom de typhus, ne pou-
vant la rattacher à un autre genre ; mais deux jours après, la dernière co-
lonne de ce régiment arriva à Neufchâteau (sans nous laisser de malades);
je priai M. le médecin aide-major de venir faire la visite avec moi, et il re-
connut immédiatement le typhus de Crimée. En voyant ces militaires si gra-
vement atteints, il me dit : « Vous serez bien heureux si vous n'en perdez
que quatre ou cinq. » Ce pronostic ne s'est heureusement pas confirmé.
» Dès le premier jour je prescrivis à tous: eau de Sedlitz, à laquelle on
dut revenir plusieurs fois chez la plupart des malades; application d'eau
( "73)
fraîche sur la tête, incessamment renouvelée; solution de sirop de groseilles,
et boissons mucilagineuses pour ceux qui étaient affectés de bronchite ; la-
vements et cataplasmes; enfin, sinapismes et vésicatoires aux membres
inférieurs, chez ceux qui avaient du délire ou un état comateux très-prononcé.
Je n'ai eu recours ni aux saignées ni aux sangsues; la nature de la maladie
et la dépression du pouls m'ont paru contre-indiquer ces moyens. Je pen-
sais faire usage du sulfate de quinine, mais les purgatifs ont fait justice de
l'intermittence qui s'était manifestée chez quatre malades.
» Aucun de ces militaires n'a succombé, malgré l'intensité de cette affec-
tion, ce qu'il faut attribuer surtout, je crois, à l'éloignementdu foyer d'in-
fection, à l'influence favorable de l'air natal, et aussi aux soins de tous les
instants qui leur ont été prodigués par les Sœurs de notre hôpital. La conva-
lescence a marché rapidement; du huitième au douzième jour, les yeux des
malades se rouvrirent; la figure reprit de l'expression, et la parole redevint
facile; puis l'appétit se prononça; enfin, aujourd'hui 1 3 juin, seize jours
depuis l'entrée à l'hôpital, notre dernier malade a pu être levé pendant
quelques heures, et j'espère pouvoir incessamment leur faire rejoindre leur
régiment, en garnison à Phalsbourg. »
chimie appliquée. —Études sur les céréales ; par M. Duvivier, de Chartres.
(Commissaires, JMM. Pelouze, Payen.)
Ce Mémoire devant être l'objet d'un prochain Rapport, nous nous bor-
nerons pour le présent à en reproduire les conclusions, que l'auteur pré-
sente dans les termes suivants :
« Il résulte des recherches exposées dans ce Mémoire que la partie
extérieure de l'enveloppe des céréales est récouverte de matières grasses et
de matières odorantes et azotées, dans un état particulier de combinaison,
n'ayant aucun rapport avec les enduits qui se trouvent sur les feuilles et à
la surface des fruits, et qui paraissent être toutes différentes de celles que
contient la farine avec lesquelles elles ne doivent pas être confondues;
le son ne doit donc plus être considéré comme contenant seulement des
matières azotées et des quantités variables de cellulose et de farine.
» Mais il importe moins de savoir en quel état se trouvent ces matières
à la surface des grains que de chercher à connaître le rôle qu'elles jouent,
tant dans l'économie domestique que dans l'économie végétale des céréales.
Dans l'emploi des céréales, comme base principale de la nourriture de
l'homme, elles sont presque entièrement éliminées avec le son. Les ani-
( "74)
maux, au contraire, les absorbent en totalité en recevant comme nourriture
le son et les grains. Ces matières sont toutes assimilables : les éléments des
corps gras, la chaux et le fer, sont destinés à alimenter à la fois les parties
graisseuses, les os des animaux, et à donner à leur sang une vitalité nor-
male. Elles forment sur les grains un enduit naturel, très-tenace, leur ser-
vant de préservatif en même temps qu'elles leur communiquent une odeur
particulière sui generis. Ce sont elles qui donnent au blé sa valeur vénale ;
ce sont elles qui rehaussent sa couleur, qui lui donnent ce brillant, cet
onctueux, connus des marchands sous les noms techniques d'œil et de
main, que possèdent, au suprême degré, les qualités supérieures, et qui
forment le pivot des transactions et en favorisent la vente, et, sous ce rap-
port, ces matières sont d'un grand intérêt. Cela est si vrai, que le blé gardé
trop longtemps perd cet aspect qui le fait rechercher; il devient terne et
rude au toucher par une longue dessiccation de ces matières; alors il est
moins estimé. »
anatomie comparée. — Mémoire sur la dentition des Cétacés;
par M. Em. Rousseau.
•
Une partie considérable de ce travail est relative à la Baleine franche et
à la position qu'occupent les fanons dans la bouche de ces Cétacés. L'au-
teur y joint comme pièces justificatives cinq Lettres écrites par des naviga-
teurs avant une grande expérience de la pêche de la Baleine, et dont les
témoignages confirment, quant aux rapports des fanons et de la mâchoire
inférieure, l'opinion soutenue par M. Rousseau, opinion qui est d'ailleurs
celle des naturalistes les plus illustres, les Cuvier, les Camper, etc.
(Commissaires, MM. Duméril, Serres.)
M. Oudry adresse une description des procédés au moyen desquels il
obtient les applications électrométallurgiques dont il avait présenté des
spécimens dans la dernière séance et qu'il met de nouveau sous les yeux
de l'Académie.
(Commissaires, MM. Becquerel, Pouillet, De Bonnard, Du Petit-Thouars. )
M. Lostalot-Bachoue envoie de Lembége (Basses- Pyrénées) une Note
sur un système agricole qu'il dit avoir appliqué avec grand succès depuis
dix ans et qui aurait, suivant lui, l'avantage non-seulement d'augmenter d'un
( "75 )
tiers environ le produit des domaines ruraux , mais encore d'écarter pour
le pays le danger des inondations.
M. Pitheki adresse une Note sur les résultats auxquels il est arrivé en ré-
pétant des expériences de M. Fremy sur les, fluorures.
Cette Note est renvoyée à l'examen des Commissaires désignés pour le
Mémoire de M. Fremy : MM. Thenard, Chevreul et Pelouze.
M. Poujade présente au concours pour le prix du legs Bréant un Mé-
moire imprimé ayant pour titre : « Recherches théoriques et pratiques sur
l'affection typhoïde intense, générale, dite choléra épidémique. »
(Commission du legs Bréant. )
M. Marigny soumet au jugement de l'Académie un Mémoire sur la navi-
gation aérienne.
(Commission des aérostats.)
M. Cauchy est adjoint à la Commission chargée d'examiner un Mémoire
présenté par M. Gomès de Souza dans la séance précédente.
CORRESPONDANCE.
M. Cl. Rernabd présente un Mémoire imprimé de M. Denis, de Commercy,
ayant pour titre : « Nouvelles études chimiques, physiologiques et médicales
sur les albuminoïdes qui entrent comme principes immédiats dans la com-
position des solides et des fluides organiques tant animaux que végétaux. »
M. Bernard donne de vive voix une idée de ce travail, qui est destiné
par l'auteur au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie.
M. Recquerel présente au nom de M. du Moncel le premier volume de
la seconde édition d'un ouvrage ayant pour titre : « Exposé des applications
de l'électricité. »
« Dans la première édition, dit M. Becquerel, l'auteur avait omis les ren-
seignements technologiques ayant rapport aux moyens d'exécuter et à la
réalisation de certains effets particuliers aux applications. Le premier vo-
lume de la nouvelle édition est consacré à l'exposition de ces rensei-
gnements. »
( "76)
M. le Secrétaire perpétuée présente, au nom de l'auteur M. Darcy , un
exemplaire d'un ouvrage récemment publié, et ayant pour titre : Les Fon-
taines publiques de la ville de Dijon
« Cet ouvrage, dit l'auteur dans la Lettre d'envoi, comprend à la fois
l'exposition et l'application des principes à suivre et des formules à employer
dans les questions de fourniture d'eau. L'utilité de semblables travaux a été
depuis longtemps proclamée par l'illustre Arago, par lord Brougham; et,
à l'occasion de la fourniture d'eau de Dijon, un savant académicien,
M. Chevreul, a publié une brochure, véritable cours d'hygiène à l'usage des
cités populeuses. C'est sous l'autorité de ces trois noms que j'ai cru devoir
entrer eu matière.
» Mon ouvrage se compose d'une introduction, de quatre parties dis-
tinctes et d'un appendice. L'introduction énumère la série des questions à
résoudre par l'ingénieur chargé d'une distribution d'eau.
» Dans la première partie, j'ai cru devoir analyser d'abord tous les efforts
tentés à Dijon pour arriver au but proposé, dans les temps anciens : la des-
cription et l'évaluation des travaux jadis exécutés m'ont permis de faire
connaître comment on entendait, à cette époque, les questions de four-
niture d'eau; j'ai rappelé accessoirement les moyens de rapporter au taux
actuel les évaluations des anciens marchés.
» J'ai ensuite indiqué quelle devait être la formule générale d'où l'on
pouvait déduire la quantité d'eau nécessaire à l'alimentation d'une ville, et
j'ai trouvé pour l'expression de ce volume par habitant :
90 litres + ïj(ï+/e)'
- représentant le rapport du développement des rues à la population; v le
volume débité par minute et par borne-fontaine; t la durée de l'écoule-
ment; m un coefficient dépendant du nombre de bornes à placer pour une
longueur déterminée de ruisseaux; l la largueur moyenne des rues; e l'é-
paisseur de la lame d'eau affectée aux arrosages par jour et par mètre carré.
» La recherche de la valeur du rapport -» dans une soixantaine de villes
étrangères et françaises, m'a conduira des résultats assez curieux sur une ques-
tion d'économie publique : j'ai trouvé que le rapport du développement des
rues au chiffre de la population variait entre o,/|0 et 2,43; les chiffres limites
o,4o et 2,43 s'appliquent d'une part à Paris, et de l'autre à Versailles, c'est-
( «i77 )
à-dire à la population condensée dune ville qui progresse et à la population
restreinte d'une ville qui décroît. L'accroissement de la population et les
enceintes fortifiées sont, on en comprend aisément les motifs, les conditions
qui tendent le plus à affaiblir le rapport - > lequel, dans le plus grand nombre
de cas, est à peu près égal à l'unité. La discussion de cette formule m'a con-
duit à trouver pour le volume qu'il est nécessaire de distribuer par habitant
le nombre cent cinquante litres par jour.
» Je passe ensuite aux qualités que doit présenter l'eau potable, à sa na-
ture chimique, à sa température, à son degré de limpidité. La question de
température m'a fourni l'occasion de présenter des expériences que j'ai faites
relativement à la permanence de température des grandes masses d'eau. Celle
de la_ limpidité m'a engagé à étudier les procédés de filtration en usage ; je
reviendrai tout à l'heure sur cette question.
» On avait songé à Dijon à alimenter la ville au moyen de puits arté-
siens. . . ; j'ai donc dû examiner avec soin les questions que la théorie de ces
derniers comporte. J'aicherché à déterminer, un puits artésien étant donné,
si le volume qu'il débite pouvait être négligé en présence du produit de la
nappe aquifère, ou si, par son importance, ce volume se rapprochait du
produit précité; j'ai indiqué aussi les lois suivies par l'accroissement de
débit d'un puits lorsqu'on abaisse son niveau de déversement, ainsi que
l'influence exercée sur ce débit par l'accroissement du diamètre du forage.
Le forage que l'on exécute en ce moment à Passy pour l'alimentation des
bassins du bois de Boulogne donne à cette question une sorte d'actualité.
» La deuxième partie de cet ouvrage concerne les travaux exécutés à
Dijon.
» La troisième renferme l'exposition et l'application des formules à em-
ployer dans les questions de distribution d'eau. Cette partie comprend de
nombreuses expériences faites au moyen des conduites et des réservoirs de
Dijon, et notamment des recherches ayant pour objet de déterminer l'effet
de la résistance de l'air sur les jets d'eau.
» Dans la quatrième partie, j'ai présenté la solution des questions admi-
nistratives et judiciaires que rencontre habituellement l'ingénieur chargé
d'une distribution d'eau.
» L'appendice qui termine cet ouvrage contient plusieurs notes sur les-
quelles je ne. m'arrêterai point. Je dirai quelques mots seulement de la
note relative au filtrage.
» La question de filtrage des eaux m'a fourni l'occasion de rechercherqueile
C. R., i856, i« Semestre. (T. XLH, N° 24.) ' ^4
( "78 )
était la loi de l'écoulement de l'eau à travers une couche sablonneuse ; et j'ai
trouvé que le débit était proportionnel à la charge et en raison inverse de
l'épaisseur de la couche. Les ingénieurs anglais nient en général l'influence
de la pression sur les filtres ; d'autres ingénieurs admettent qu'elle est seu-
lement proportionnelle à la racine carrée de la pression. Je n'ai pas besoin
de faire remarquer l'importance que la loi précitée expérimentée dans les
plus larges limites présente en ce qui concerne la question de filtrage des
eaux destinées à l'alimentation d'une grande ville. Elle est telle, que l'on peut
regarder le filtrage en grand comme une opération facilement praticable.
Ainsi une cuve filtrante, telle que je la décris dans mon ouvrage, et d'un
rayon de 7 mètres, peut filtrer i5ooo mètres cubes en vingt-quatre heures,
volume nécessaire à une population de 100000 âmes. Or, dans le système
anglais où les filtres débitent seulement 4 mètres cubes par mètre ca#é et
par vingt-quatre heures, on voit que, pour arriver au résultat ci-dessus, une
superficie de terrain égale à 4ooo mètres serait nécessaire.
» Je présente aussi dans cette note des considérations générales sur les
sources, et je cherche à déterminer la loi que suit l'augmentation de leur
produit par l'abaissement de leur niveau et celle de leur décroissement, à
partir de leur étale. »
télégraphie. — M. i.e Maréchal Vaillant signale à l'attention de l'Aca-
démie un nouveau télégraphe fondé sur l'emploi des rayons solaires. Ce
télégraphe, présenté aux Ministères de la Guerre et de l'Intérieur par
M. Leseurre, fonctionnaire du service télégraphique d'Algérie, a été, par ordre
des deux Ministères, étudié et expérimenté à l'Observatoire impérial, sous la
direction de M. Le Verrier.
« Le succès complet des expériences permet d'affirmer que l'Algérie
trouvera dans ce système un télégraphe peu coûteux, rapide, et partout apte
à franchir directement les plus longues distances. Le sud de l'Algérie, qui
se refuse à l'établissement des autres télégraphes, est, au contraire, parfaite-
ment approprié à celui-ci. Les postes pourraient être situés à vingt lieues
les uns des autres dans les oasis qui dominent ces plaines de sable.
» La rapidité d'installation et le peu de poids des appareils en font d'ex-
cellents télégraphes ambulants.
» Nous extrayons du Mémoire de l'auteur et du Rapport du Directeur
de l'Observatoire la description et les résultats suivauts :
» Le système repose sur la réflexion du soleil par un miroir plan . Trois choses
( "79 )
sont à considérer : i° l'intensité de la lumière réfléchie à longue distance;
20 la facilité de direction de cette lumière vers un point donné; 3° la nature
des signaux.
» L'intensité de la lumière est celle que donnerait une portion du disque
solaire égale au miroir et mise à sa place.
» Le faisceau réfléchi formant un cône de 32', diamètre apparent du
soleil, offre un champ assez grand pour que de petites erreurs dans l'orien-
tation soient sans inconvénient. Pour reconnaître la direction du faisceau
émergent, on place dans son intérieur une petite lunette astronomique
dont l'oculaire projette, sur un écran fixé en arrière, l'image du soleil réflé-
chi et les fils croisés du réticule. La position relative du disque solaire pro-
jeté et du point de croisée des fils correspond à celle du faisceau par rapport
à l'axe optique de la lunette. Si le point de croisée est au centre du disque,
c'est que l'axe optique de la lunette occupe l'axe du cône émergent. Si ce
point de croisée est sur le bord du disque, c'est que l'axe optique est voisin
de la surface du cône.
» Si donc on connaît la direction de l'axe optique de la lunette d'épreuve,
on jugera de la position du faisceau réfléchi. Dans ce but, la lunette d'é-
preuve est montée sur une plus forte lunette, à la, manière des chercheurs.
Les deux lunettes ont leurs axes optiques parallèles, mais regardant en
sens inverse. Lorsque l'on voudra diriger l'axe optique de la lunette d'é-
preuve vers un point, on visera ce point avec la forte lunette. L'orientation
de la lunette d'épreuve se trouvera par là même effectuée, et à la seule in-
spection de l'écran on verra à quel moment le point visé est enveloppé par
le cône de lumière, à quel moment il en sort.
» La question de direction est tellement simplifiée, par ce procédé, qu'une
fois la lunette d'épreuve bien placée, le miroir peut être dirigé à la main,
ou pour plus de commodité monté sur un pied et mû par deux vis tan-
gentes.
» Dans les triangulations de l'État-Major, il suffirait d'ajouter aux instru-
ments de chaque brigade une glace de quelques décimètres carrés pour
faire des mires visibles à de très-grandes distances.
» Vocabulaire. — Les signaux sont composés de séries d'éclairs brefs ou
longs que l'on forme en écartant pendant des temps courts ou prolongés un
écran qui intercepte habituellement le faisceau réfléchi. Dans l'écriture, les
éclairs brefs sont représentés par des points, et les longs par des barrés,
comme dans le système électrique Morse, auquel on peut emprunter, du
reste, complètement son alphabet. Le soleil pourrait, sans doute, peindre
1 54- -
( 1180 )
lui-même ces points et ces lignes sur un papier photographique glissant
d'un mouvement uniforme au foyer d'un objectif.
» Tel qu'il vient d'être indiqué, le télégraphe solaire souffre une objec-
tion : c'est que vers le lever et le coucher du soleil, le quart de l'horizon
opposé à cet astre ne peut recevoir que des éclairs très-faibles. Car la surface
du miroir, qui forme alors un angle trés-aigu avec les rayons réfléchis, ne
présente plus qu'une surface apparente presque insensible.
» On y remédie par l'addition d'un second miroir. Cette complication
apparente simplifie par le fait la manœuvre de l'appareil et présente d'im-
p*ortantes ressources.
» L'appareil forme alors un héliostat à deux miroirs, dont l'un, mobile,
réfléchit les rayons du soleil dans la direction polaire; l'autre, fixe, reçoit ces
rayons et les renvoie dans la direction voulue.
» En avant de ce second miroir est placée la lunette d'épreuve ; comme
elle accuse la direction finale du faisceau émergent, elle dispense de toute
précision dans l'orientation de l'arbre du premier miroir. Le seul inconve-r
nient d'une orientation inexacte serait de forcer à recourir de temps à autre
à la vis de déclinaison pour ramener le disque solaire sur le point de croisée
des fils. »
» La première réflexion peut être dirigée vers le pôle boréal ou vers'le
pôle austral ; on choisit celle des deux qui fait avec la seconde réflexion un
angle aigu.
» Dans le cas d'une ligne télégraphique fixe, l'orientation de l'arbre s'ob-
tient très-approximativement par l'observation des astres; le reste de l'instal-
lation présente peu de difficultés. L'interrupteur est formé par une per-
sienne métallique à lames très-minces, ajustées à tourillons dans leurs mon-
tants, de façon à pouvoir tourner toutes ensemble au moyen d'une tige qui
les relie. Cette persienne, fixée sur l'arbre tournant, arrête habituellement
l'arrivée des rayons solaires sur le miroir mobile. Lorsqu'on veut produire
un éclair, on presse du doigt la tige. Les lames se présentent de champ
au soleil qu'elles laissent pénétrer et reviennent à leur position première
dès que la pression cesse. Les glaces ne sont ainsi exposées au soleil que
pendant le temps très-court des éclairs.
» Une expérience faite le 3o mars i856, à 3 heures, entre la tour de
Saint-Sulpice et la tour de Montlhéry, en présence de MM. Le Verrier, di-
recteur de l'Observatoire, Liais, astronome au même Observatoire, etStruve,
astronome de l'Observatoire russe de Poulkova, a donné les résultats sui-
vants :
( n8i )
» Éclairs presque éblouissants à l'œil nu, malgré les brumes de la saison.
Correspondance rapide et sans aucune hésitation. Lueur sensible à l'œil nu,
très-brillante à la lunette, lorsque le soleil était voilé par des nuages
blancs.
» Les miroirs étaient des glaces du commerce de omq, 1 2, exposées depuis
quatre mois à toutes les intempéries, et montées sur de grossiers appareils
exécutés par un serrurier et un charpentier.
» Le télégraphe portatif pèse 8 kilogrammes, se monte sur un trépied
eu bois et s'oriente à l'aide d'une boussole et d'un niveau à bulle adaptés à
l'appareil. Son installation prend à peine une minute. Pour simplifier, on
supprime l'interrupteur que l'on remplace corrAne il suit : le miroir fixe est
habituellement éoarté de la position d'éclair par un petit ressort, on l'y
amène par la pression du doigt qui le fait buter contre un arrêt fixe ; sui-
vant que la pression est courte ou prolongée, un éclair bref ou long se pro-
duit.
» Deux personnes placées en vue l'une de l'autre, à dix lieues de distance
et ignorant leurs positions respectives, peuvent à l'aide de cet appareil se
reconnaître, puis entrer en correspondance. La disposition de l'appareil
permet, en effet, de placer verticalement l'un des axes de rotation du se-
cond miroir, en rendant horizontal l'arbre du premier. La lumière solaire,
réfléchie horizontalement par le premier miroir, tombe sur le second qui,
en tournant autour d'un axe vertical, couvre de lumière une zone horizon-
tale d'un demi-degré de hauteur. On peut ainsi balayer tout l'horizon et
éveiller l'attention de la personne que l'on cherche. Celle-ci reconnaît le
point d'où partent les éclairs, s'oriente sur ce point, et lui envoie un éclair
fixe sur lequel on peut s'orienter à son tour.
» Dans cette recherche, on est encore guidé par la lunette d'épreuve qui
corrige toutes les erreurs d'une installation précipitée.
» Ce télégraphe portatif, expérimenté à l'Observatoire, en présence de
M. le Ministre de la Guerre, de M. le directeur général des lignes télégra-
phiques et du directeur de l'Observatoire, a donné les plus heureux
résultats. »
hydraulique. — Note sur la réserve du lac de Genève;
par M. L.-L. Valide.
« Je n'ai pas parlé dans la Note que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Aca-
démie, le 9 de ce mois, d'un avantage important de la réserve du lac. Cet
avantage résulterait de ce que le produit du Rhône en basses eaux serait
( n8a )
considérablement augmenté à Lyon, et même en aval de Lyon, ce qui don-
nerait au fleuve, pour s'approfondir, une grande puissance.
» La Loire, à Roanne, donne 5ooo mètres par seconde en grosses eaux,
et en basses eaux 5 seulement (un millième). Or, dès qu'une crue est on
décroissance, les vitesses diminuent et les sables se déposent; mais vers les
sources, où les déclivités sont fortes, elles continuent d'amener des allu-
vions qui s'accumulent de Digoin à Orléans et au-dessous, ce qui oblige à
exhausser les levées et rend les malheurs de plus en plus redoutables.
» Le Rhône est plus heureux, parce que son produit à Lyon, grâce au
lac tel qu'il est, se trouve en basses eaux du vingt et unième de son pro-
duit dans les grandes crues*C'est cet avantage qui serait augmenté par un
approvisionnement d'eau à former dans le lac d'un milliard de mètres cubes.
De là une puissance de curage immense; car elle agirait de Genève à la mer
sur un parcours dont la pente totale est de 37 5 mètres, et pendant une
durée d'environ cent jours, ce qui donnerait une force de 1 17,400,000 che-
vaux travaillant pendant vingt-quatre heures.
» On peut dire que, en peu d'années, soit qu'on eût recours à des moyens
d'action qui commencent à s'employer et qui sont très-susceptibles d'être
améliorés, soit qu'on abandonnât, comme aujourd'hui, la force draguante du
courant à ses effets naturels, le régime du fleuve deviendrait tout autre qu'il
n'est, et de beaucoup plus avantageux à la navigation et aux propriétaires
de la vallée en cas d'inondations.
» Des avantages aussi manifestes ont pu malheureusement être négligés
eu 1840; Us doivent aujourd'hui être pris en grande considération. »
analyse mathématique. — Sur les racines imaginaires de l équation
u — tang u = Ç; par M. J.-A. Serret. (Addition à une Note insérée dans
le Compte rendu de la séance du 9 juin i856.)
a Dans une Note insérée au Compte rendu de la dernière séance, j'ai dit
que celle des racines u de l'équation u — z siuu = £, qui se réduit à la
constante réelle £ pour z = o, est développable en série convergente or-
donnée suivant les puissances croissantes de la variable réelle ou imagi-
naire 2, tant que le module de z reste inférieur à la racine carrée de la
quantité _, ; e désigne la base des logarithmes népériens, et^ le coef-
ficient de \/— 1 dans celle des racines x + y \f*— 1 de l'équation
(0 " — tangM==£,
( u83 )
pour laquelle la valeur de y est la plus grande. Pour l'objet que j'avais en
vue, il n'était pas nécessaire de connaître le nombre total de ces racines
imaginaires; mais il n'est pas sans intérêt de remarquer que l'équation (i),
qui a, comme on sait, une infinité de racines réelles, n'a en outre que deux
racines imaginaires, lesquelles sont conjuguées l'une* de l'autre et se ré-
duisent à zéro pour Ç = o.
» En mettant x -+-y y/— i au lieu de u, l'équation (1) se décompose dans
les deux suivantes :
(a) — *?= — : = cosa.r-4-
— W3 -S xAs T ,
X — Ç 2/ 2
supposons Ç variable, et considérons y et Ç comme des fonctions de la va-
riable indépendante x\ on obtiendra aisément les valeurs suivantes :
t%\ rfÇ_2V"
^> dx~ W"'
dy 2sin2x
dx~ y\" '
en posant, pour abréger,
e1/ — (TV
V = — — = i +
îX 2J
1.2.3 ' 1.2. ..5^
•
dV d'V
et en désignant par V et V" les dérivées — et — •
» Pour chaque valeur réelle de x, l'équation
e,r— er'r e'r -t- e~7r
(A) cos 2.X =
donne deux valeurs réelles de y égales et de signes contraires ; mais nous
considérons seulement la valeur positive.
» La valeur de Ç reste finie tant que la variable x n'est pas infinie, et la
dérivée -j- n'est jamais négative; il s'ensuit que Ç est une fonction constam-
ment croissante de x; ce qui montre que l'équation (i) ne peut avoir
qu'un seul couple x ±y\J — i de racines imaginaires.
» La formule ( a ) montre que x et Ç se réduisent en même temps à o, - >
71, — » 2 7r, etc. ; si x et Ç croissent de o à - » -—- est constamment positive,
et y croît depuis zéro jusqu'à sa valeur maxima, qui est i , 1996. . . ; si x et £
croissent de - à %\ -j- devient négative, et y décroît de 1,1996... à zéro;
les mêmes variations se reproduisent périodiquement. Il suit de là que l'é-
( i.84)
quation (i) a effectivement un couple x±y\j—\ de racines imaginaires;
toutefois la partie imaginaire s'évanouit, lorsque Ç devient égal à zéro ou à
un multiple de n. »
analyse algébrique. — Note à l'occasion d'un théorème de M. Serret;
par M. E. Catalan.
« La Note très-intéressante de M. Serret, communiquée à l'Académie
dans la dernière séance, m'a paru susceptible de deux simplifications aux-
quelles l'auteur n'a peut-être pas songé, et que je va^indiquer en peu de
mots.
» M. Serret prouve que le rayon vecteur, l'anomalie excentrique et l'ano-
malie vraie sont développables suivant les puissances de l'excentricité, toutes
les fois qu'une certaine variable y ne surpasse pas la racine positive de
l'équation
I .2 I .2.5.4
» Pour trouver le maximum p. de l'excentricité, M. Serret substitue la
valeur approchée de cette racine, dans l'équation
^(mod.z)^;^^.
Or, i° l'équation Y = o équivaut à cos2 x = o, c'est-à-dire à l'équation
(A) e2'-+- i -^e*r—I)y = Q,
ou encore à celle-ci
\y
(B) <iy — lJ—^-=o.
» 2°. De
..i
i[
on tire, à cause de cos2 x = o,
^ "" i r «V+e->/
cos ix ■'
2
puis, au moyen de l'équation (A) ,
(€) ^ = sir*
i.
( n85)
» Conséquemment, quand on aura calculé la racine positive de l'équa-
tion (B), la formule (C) donnera le maximum [i de l'excentricité.
» Le calcul de jr devient très-rapide si l'on remplace les logarithmes
népériens par des logarithmes vulgaires : on obtient
J= ','99678-->
et, par suite,
|x = 0,662742. . . .
1
physiologie, — Etude de l'œil sur le vivant; Note de M. Walleb.
« J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie une description très-
succincte d'un procédé qui permet d'observer sur l'œil de l'animal vivant
les images des objets lumineux qui se forment sur le fond du globe ocu-
laire, et d'examiner dans les vaisseaux de l'iris, du corps et des procès
ciliaires et dans la choroïde, la circulation du sang sous le microscope.
» Pour observer les images du fond de l'œil, je produis Y exophthalmose
artificielle du globe de l'œil, ce qui se pratique aisément sur le lapin, le co-
chon d'Inde et le surmulot, en écartant fortement les paupières. Sur l'œil
luxé, en présentant obliquement devant lui un objet lumineux, on aperçoit
aisément, à travers la sclérotique, son image renversée dont les mouvements
en sens opposé correspondent à ceux de l'objet extérieur. On reproduit à
volonté sur le même animal cette expérience, qu'il est facile de varier de
différentes manières pour apprécier les effets de l'éloignement sur l'inten-
sité lumineuse de l'objet.
» En maintenant l'œil dans un état immobile, il est très-adapté pour
toutes les expériences physico- physiologiques sur ces images.
» Pour observer la circulation du sang sous le microscope dans les vais-
seaux de l'œil, le surmulot convient beaucoup mieux que le lapin et le
cochon-d'Inde, à cause de la grande transparence de la sclérotique et de
la forte convexité de l'iris. Sur cet animal, j'ai pu employer jusqu'à des
grossissements de 4°° diamètres pour observer l'état des vaisseaux. Les
procès ciliaires qui se distinguent depuis leur origine près de Yoraserrata
jusqu'à leur extrémité antérieure, et dont l'ensemble forme une enceinte
circulaire autour de l'iris, la circulation du sang, si active dans les conduits
vasculaires afférents et efférents de l'iris contenu dans cette enceinte, le jeu
alternatif de la pupille, et les changements qui se produisent dans la forme
des vaisseaux, constituent dans leur ensemble un des plus beaux objets de
la microscopie; en même temps, l'importance scientifique et pratique de
C. R., i85G , i«r Semestre. (T. XLII, N° 24.) I 55
( .i86)
l'étude de l'organe de la vue excusera peut-être l'empressement avec lequel
j'ai envoyé cette courte Note à l'Académie.
» A une époque très-prochaine je communiquerai dans un Mémoire plus
détaillé les résultats que j'ai obtenus sur la circulation dans les canaux
veineux et artériels dans l'iris depuis son bord pupillaire jusqu'à sa grande
circonférence; sur l'état de ces vaisseaux suivant la constriction et la dila-
tation de la pupille ; sur les canaux veineux et artériels du corps ciliaire et
de la membrane choroïde. »
physique. — Note sur la construction du baromètre et Vébullition du
mercure dans le vide; par M. Taupesot.
« Pour bien purger d'air un tube barométrique, il faut que le mercure
soit maintenu en ébullition pendant quelques minutes sur toute la longueur
du tube. Dans la méthode ordinaire, décrite aujourd'hui encore dans tous
les traités de physique, on recommande avec raison de fractionner l'opéra-
tion en trois parties. On fait bouillir un premier tiers, puis un second, et
l'on remplit avec du mercure bouilli. L'opération est longue, et il y a un in-
convénient à ne pas faire bouillir le dernier tiers comme les deux autres. La
couche d'air, adhérente au verre, peut donner des bulles qui, après quelque
temps, par suite des secousses imprimées à l'instrument, arrivent jusque
dans la chambre barométrique. En outre, l'ébullition du premier et du se-
cond tiers demande assez de précaution pour peu que le verre soit épais et
d'un faible diamètre intérieur. La haute température à laquelle il faut porter
le verre, les fortes oscillations de la colonne mercurielle qui passe sur des
parties ou plus chaudes ou plus froides, déterminent souvent la rupture du
tube. Les éprouvettes de machine pneumatique présentent surtout de gran-
des difficultés sous ce rapport.
» Tous ces inconvénients disparaissent, ou sont au moins grandement
diminués, si l'on fait le vide sur le mercure pendant l'ébullition. Avec cette
précaution, il n'est plus besoin de scinder l'opération en trois parties : on
peut remplir entièrement le tube, et si l'on veut faire bouillir jusqu'à l'ori-
fice même, ce qui est une bonne précaution et n'allonge que très-peu l'opé-
ration, on prend un tube ayant 10 à i5 centimètres en plus de la longueur
habituelle; on le façonne à la lampe si cela est nécessaire, par exemple si
on le destine à une cuvette de Fortin, et l'on pratique un ou deux étran-
glements dans la partie supplémentaire de 10 à i5 centimètres, qui doit être
coupée plus tard. Cette précaution, qui n'est pas d'ailleurs indispensable,
a pour but de gêner les oscillations du mercure quand on arrive à faire
bouillir les portions supérieures.
( n»7)
» Ayant rempli le tube jusqu'au premier étranglement, c'est-à-dire un peu
au-dessus de l'endroit où il doit être coupé, on adapte à l'extrémité ouverte
un tube de caoutchouc communiquant avec la machine pneumatique. Le
tube plein de mercure étant d'ailleurs disposé, comme à l'ordinaire, sur
une grille inclinée, on fait le vide et l'on chauffe la partie inférieure du
tube. L'ébullition se produit promptement, presque sans oscillations ni
soubresauts, et on la conduit de proche en proche avec une telle facilité,
qu'en moins de vingt-cinq minutes l'opération est complètement terminée.
» On gagne aussi à cette manière d'opérer d'être moins exposé à oxyder
le mercure. Il est bon de prévoir qu'en cas de rupture du tube tout le mer-
cure qui serait au-dessus de la rupture serait porté jusque sous les pistons
de la machine. Quoique les chances d'accidents soient beaucoup moindres
que dans la méthode ordinaire, puisque l'on n'a pas besoin d'une tempéra-
ture aussi élevée, et que les soubresauts sont à, peine sensibles, il est bon
cependant de prendre une précaution très-simple qui consiste à placer vers
le milieu du tube de caoutchouc, supposé coupé en deux parties, un tube
cylindrique de verre un peu gros et étiré aux deux bouts, comme, par
exemple, une pipette maintenue verticalement. Le caoutchouc venant du
tube barométrique est ajusté à la partie inférieure et celui de la machine
pneumatique à la partie supérieure de cette pipette. Le mercure, s'il était
refoulé, arriverait dans le tube, où il se logerait, et serait traversé par l'air,
comme cela arrive dans les tubes ordinaires de sûreté.
» La raréfaction de l'air au-dessus du mercure donnant réellement de
grandes facilités pour la construction du baromètre, il devenait intéressant
de déterminer à quelle température se produit alors l'ébullition : pour cela,
, on a employé un appareil simple consistant en un long tube de verre, fermé
d'un bout et assez effilé à l'autre, pour y pouvoir adapter un tube de caout-
chouc. Ce tube de verre était assez large pour contenir deux thermomètres
disposés en sens contraire, c'est-à-dire de manière que le réservoir de l'un
reposait au fond, tandis que celui de l'autre était à l'opposé. Ayant versé un
peu de mercure pour recouvrir le réservoir du premier thermomètre, on a
fait le vide, puis produit l'ébullition du mercure jusqu'à ce que les thermo-
mètres fussent devenus stationnaires. Correction faite de l'indication du
premier thermomètre, il est résulté pour la température de l'ébullition du
mercure sous la pression de 8 à io millimètres une différence de 90 degrés
environ avec la température de l'ébullition à l'air libre. Ce résultat est assez
conforme à ce qu'indiquait par avance la loi de Dalton, bien que cette loi
ne soit pas exacte quand on s'écarte beaucoup des températures d'ébullition
à l'air libre. »
i55..
( n88 )
MM. Guérijï et Eue Robert, en adressant un exemplaire d'un ou-
vrage qu'Us ont publié en commun, sous le titre de « Guide de l'éleveur de
vers à soie », appellent l'attention de l'Académie sur les efforts qu'ils n'ont
cessé de faire depuis plusieurs années pour répandre parmi les petits édu-
cateurs, c'est-à-dire parmi les hommes qui produisent les neuf dixièmes de la
soie récoltée en France, les connaissances qui doivent rendre plus profitable
pour eux ce genre d'industrie.
« C'est dans ce but que nous avons publié un Manuel dont le prix fût
accessible au moindre paysan ; et la même idée a présidé à la fixation du prix
du thermomètre guide des magnaniers, qui deviendra ainsi, nous l'espé-
rons, un instrument populaire. Ayant remarqué surtout que les gens des
campagnes attachaient peu d'importance à un changement de température
de deux ou trois degrés, parce que, dans les thermomètres ordinaires, chaque
degré est à peine visible, nous avons imaginé d'en faire construire un, spécia-
lement destiné aux petits éducateurs, et ne marquant que les températures
qu'ils ont besoin de bien connaître pour conduire sûrement leurs vers à
soie, ce qui a permis d'avoir des degrés de près d'un centimètre de longueur.
Au moyen de ces grandes divisions, le magnanier verra toujours, même à dis-
tance, s'il doit chauffer ou raffraîchir son atelier, et une instruction impri-
mée, placée sur la tablette de son thermomètre, lui rappellera constamment
ce qu'il a à faire pour bien conduire son éducation. Avec ce petit livre et ce
thermomètre, tout agriculteur, dans quelque condition qu'il se trouve,
pourra conduire une éducation de vers à soie, et la mener à bien, s'il suit
les conseils qui lui sont donnés, et s'il imite ainsi la pratique simple et facile
au moyen de laquelle nous faisons constamment réussir les éducations chez
les agriculteurs que nous pouvons visiter. »
M. Tricaud, qui avait soumis au jugement de l'Académie un Mémoire sur
un moteur à air comprimé et dilaté par la vapeur, demande que la Com-
mission qui a été chargée de l'examen de ce Mémoire veuille bien attendre,
pour présenter son Rapport sur cette invention, des éclaircissements impor-
tants qu'il lui fera très-prochainement parvenir.
(Renvoi à la Commission nommée, Commission qui se compose de
MM. Morin, Combes et Séguier.)
M. Ritz adresse de Dûren, près d'Aix-la-Chapelle, une nouvelle Lettre
relative à son Mémoire sur la direction des aérostats par le moyen de l'hélice.
(Renvoi à l'examen de la Commission des aérostats, Commission qui se
compose de MM. Poncelet, Piobert, Séguier.)
( n89)
M. Leveau renouvelle une demande qu'il avait déjà adressée en annon-
çant des expériences destinées, suivant lui, à jeter du jour sur les causes du
choléra-morbus. Il avait exprimé le désir qu'à la Section de Médecine ,
Commission commune pour prendre connaissance de toutes les communi-
cations relatives au prix Bréant, on adjoignît, pour juger ses expériences,
un Membre de la Section de Physique. Il n'avait pas été donné suite à cette
demande, l'Académie laissant à la Section le soin de demander l'adjonction
d'un nouveau Membre si elle le jugeait utile. Toutefois, à l'occasion de la
nouvelle demande, qui indique la nature des expériences projetées, M. Serres
ayant déclaré que le concours d'un physicien lui paraîtrait en effet dési-
rable, M. Babinet est invité à s'adjoindre à la Section de Médecine pour
l'examen dés expériences de M. Leveau.
M. Landois annonce l'intention de soumettre au jugement de l'Académie
une découverte relative aux causes de la coloration des corps, et à la nature
du principe colorant.
Si M. Landois adresse une exposition suffisamment détaillée des obser-
vations qui l'ont conduit à la découverte annoncée, sa Note sera renvoyée,
s'il y a lieu, à l'examen d'une Commission.
M. du Margat demande quelles sont les formalités à suivre pour le dépôt
d'un paquet cacheté.
On fera savoir à l'auteur de la Lettre que la seule condition à remplir con-
siste à apposer sa signature sur l'enveloppe du paquet cacheté, qu'il fera
parvenir, de la manière qui lui semblera la plus sûre, au Secrétariat de
l'Institut.
M. Schrœder adresse une Lettre relative à ses précédentes communica-
tions sur l'état intérieur du globe terrestre, et prie l'Académie de vouloir-
bien lui faire savoir si ces communications ont été jugées de nature à être
soumises à l'examen d'une Commission.
(Benvoi à M. Liouville, qui a été consulté par l'Académie sur oette
question.)
Un réfugié polonais, dont la signature n'a pu être lue, présente des con-
sidérations sur les corps célestes , et sur les changements auxquels on peut
les supposer soumis dans la suite des temps.
La séance est levée à 5 heures et demie. E. D. B.
( i>9° )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 9 juin i856, les ouvrages
dont voici les titres :
Nouvelles études chimiques, physiologiques et médicales sur les albumi-
noïdes, qui entrent comme principes immédiats dans la composition des solides et
des fluides organiques, tant animaux que végétaux; par M. P.-S. Denis (de
Commercy). Paris, i856;in-8°. (Présenté au nom de l'auteur par M. Claude
Bernard et destiné au concours Montyon, Médecine et Chirurgie.)
Essai sur l'emploi médical et hygiénique des bains; par M. £. OssiAN Henry.
Paris, i855; in-4°.
Note sur la composition de certains dépôts qu'abandonnent les eaux minérales
de Luxeuil ; par le même. Paris, i856; br. in-8°.
Monographie de la famille des Batistides; par M. Hollard (suite et fin);
br. in-8°.
Notice biographique sur Edouard Adam; par M. J. Girardin ; ie édition.
Rouen, i856; br. in-8°.
Discours prononcé aux obsèques de M. Amussat, le 1 6 mai 1 856 ; par M. le ba-
ron H. Larrey, au nom de l'Académie impériale de Médecine. Paris, i856;
br. in-8°.
Nouveau Manuel simplifié de photographie sur plaque, verre et papier, albu-
mine et collodion, suivi d'un petit Traité sur les instruments d'optique appliqués à
la photographie ; par M. Ed. DE Latreille ; nouvelle édition. Paris, i856;
in-180.
Société d'Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du département de la
Marne. Séance publique tenue à Châlons, le i^aoûl i855. Travaux divers de
i855. Rapport sur les travaux du congrès des délégués des Sociétés savantes de
France (session de i856). Année i855. Châlons, 1 856 ; in-8°.
Rapport sur les travaux du Conseil central d' hygiène publique et de salubrité
du département de la Loire-Inf érieure , pendant i année i854- Nantes, i855;
br. in-8°.
Société d 'Agriculture , Belles-Lettres, Sciences et Arts de Poitiers. Séance pu-
blique du 14 mai i856. Poitiers, i856; br. in-8°.
Flora balava; 179e livraison.
Academia Lugduno-Batava . Annales academ ici. Année i85i-i85a; in-4°.
Almanaque... Almanach nautique pour 1857, calculé par ordre de S. M. à
l'observatoire de la marine de la ville de San Fernando. Cadix, 1 856 ; in-8°.
( nQi )
Nuovo... Nouveau remède antiscorbutique; par M. Grimelli. Modène,
i856; br. in-8°.
Lettere... Lettres sur un moyen prophylactique contre le choléra; par le
même; br. in-8°.
Calore. . . Chaleur et froid appliqués à la guérison du choléra ; par le même ;
br. in-8°.
Il mal di mare. .. Le mal de mer; par le même ; br. in-8°.
Abhandlungen... Mémoires de la Société Royale des Sciences de Gôltingue;
t. VI, i853-i855; in-4°.
Uber die. . . Sur les changements déformes produits par les mouvements mo-
léculaires dans les corps inorganiques ; par M. J.-F.-L. Hausmann. Gôttingue,
i856;in-4°.
Ùber die... Sur la duplicité anormale des organes de l'axe; par M. B.
Schultze. Berlin, i855; br. in-8°.
Ùber die... Sur la genèse des monstres doubles; par le même. Berlin,
i856;br. in-8°.
L'Académie a reçu, dans la séance du 16 juin i856, les ouvrages dont
voici les titres :
Les Fontaines publiques de la ville de Dijon. Exposition et application des prin-
cipes à suivre et des formules à employer dans les questions de distribution d'eau;
ouvrage terminé par un appendice relatif aux fournitures d'eau de plusieurs
villes, au filtrage des eaux et à la fabrication des tuyaux de fonte, de plomb-
de tôle et de bitume; par M. Henry Darcy. Paris, j856; i vol. in-4°, avec
Atlas in-fol. oblong.
Exposé des applications de l' électricité ; par M. le vicomte Th. Du Moncel ;
t. Ier : Notions technologiques ; ae édition. Paris, i856; in-8°.
Mémoire sur la maladie de la vigne; par M. Mares. Paris, 1 856 ; broch.
in-8°.
Du progrès en thérapeutique par V homœopathie ; deuxième Lettre adressée en
réponse au Dr Perry ; par le Dr Audouit. Paris, 1 856 ; br. iu-8°.
Moyens de libérer les céréales et la pomme de terre de l'impôt en nature pré-
levé sur elles par l'industrie; par MM. Thirierge et Dr REMlLLY(de Versailles) ;
br. in-8°.
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 23 JUIN 1856.
PRÉSIDENCE DE M. IS. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
physiologie végétale. — Note sur la composition immédiate de l'épiderme
et de la cuticule épidermique des végétaux ; par M. Payew
« Parmi plusieurs lois générales de la composition chimique des tissus
des plantes et de la distribution des matières minérales dans des organismes
spéciaux, j'avais indiqué la présence constante et les proportions notables
de matière azotée et de silice dans l'épiderme et dans la cuticule épider-
mique des racines, tiges, feuilles, poils, et généralement dans toutes les
parties superficielles et jusqu'à une certaine profondeur de l'intérieur des
stomates (i).
» En signalant œs faits à l'attention des physiologistes, je faisais remar-
quer que la forte cohésion des pellicules ou tissus superficiels contribuait,
avec la silice et la matière azotée, dont la cellulose se montrait injectée dans
ces parties, à faire résister la cuticule et l'épiderme à certaines réactions
chimiques capables de désagréger toutes les parties des tissus sous-jacents ;
(i) Voyez tome IX des Mémoires présentés à l'Académie des Sciences par divers savants,
pages n4 à 123, et tome XX des Mémoires de l'Institut de France, pages 5n-5i2, et
tome XXII, page 527 et PI. I, fig. io et 1 1.
C. R., i856,i« Semestre. (T. XLII,N°23.) I 56
( "94 )
qu'il était facile de mettre à profit ces différences dans les effets des réactifs
pour discerner plus nettement qu'on n'avait encore pu jusqu'alors le faire,
sous le microscope, les limites entre les parties épidermiques douées de ces
caractères et les cellules sous-jacentes qui ne les possédaient pas. J'avais
montré enfin que l'application successive de l'iode en solution et de l'acide
sulfurique isolait la cuticule ou l'épidémie résistants et colorés en jaune, des
tissus internes désagrégés, et souvent bleuis par la réaction qui caractérise
la cellulose pure ou faiblement injectée, en la transformant par degrés en
matière amylacée, dextrine et glucose.
» Ces faits et les moyens mis en usage pour les observer ont été constatés
et étendus par plusieurs savants physiologistes, notamment MM. Brongniart,
de Mirbel, Hugo, Mohl, Trécul, etc.
» De mon côté, je me suis occupé en maintes occasions de vérifier et de
compléter les premiers résultats que j'avais obtenus en étudiant les lois
générales de la composition des végétaux, et je me propose de commu-
niquer à l'Académie les faits nouveaux que j'ai observés dans cette direc-
tion.
» En ce qui touche la constitution chimique de la cuticule et de l 'épi-
derme, j'ai reconnu que toujours la première, ainsi que les cellules épider-
miques caractérisées par la coloration jaune et la résistance à l'action com-
binée de l'iode et de l'acide sulfurique,'renferment à l'état normal, outre la
cellulose, la silice et la matière azotée, des sels calcaires et alcalins, plus
une matière grasse qui augmente sa résistance aux agents extérieurs (i).
» Les mêmes caractères se remarquent dans la cellulose superficielle de
tous les organismes extérieurs des plantes; je les ai observés dans la pel-
licule externe des fruits vésiculeux du Colutea arborescens et de divers
(i) On sait que M. Chevreul a découvert dans le liège (voyez Annales de Chimie,
tome XCV-XCVI, page i4')> couche subéreuse sous l'épiderme du Quercus suber, une
résine et plusieurs matières grasses, et dans les feuillets péridermiques sous l'épiderme du
bouleau, une substance résinoïde, labétuline, qui joue un rôle important relativement à la
production, à une certaine température, de la matière aromatique propre au cuir de Russie,
ainsi que l'a démontré notre confrère (l'impératrice Joséphine avait pour cette odeur aroma-
tique développée dans le produit de labétuline torréfiée une prédilection toute particulière).
Les feuilles de diverses plantes et les tiges des Cactées offrent en général, sous la cuticule
superficielle, des cellules épidermiques formées de cellulose peu injectée, qui se désagrège
et bleuit dans ces circonstances, laissant apparaître les saillies anguleuses de la cuticule entre
les joints des cellules qu'elles recouvrent et montrant la pénétration de la cuticule dans les
stomates.
( "95)
autres fruits, dans la cuticule des poils et des glandes, dont la membrane
enveloppante se compose ordinairement de deux parties : l'une externe,
résistante, et l'autre interne, douée d'une cohésion moins forte, susceptible
de se désagréger en se gonflant et prenant une coloration bleue ou verdâtre,
lorsque l'acide sulfurique assez concentré pénètre après l'iode jusqu'à
elle(i).
» J'ai retrouvé encore ces caractères dans les membranes externes des cel-
lules que l'enlèvement de la cuticule ou de l'épiderme avait exposées à l'air
et qui, sous l'influence de la végétation, s'étaient injectées de matières miné-
rales de substances grasses et azotées.
» Des caractères distinctifs semblables se sont nettement prononcés sur
la cuticule des excroissances coniques développées par suite de la piqûre
d'un insecte à la surface des feuilles de tilleul; je les ai retrouvés encore sur
les poils implantés à l'extérieur de ces excroissances.
»> J'ai repris à cette occasion avec MM. Vilain et Thiboumery l'analyse
quantitative de la cuticule épidermique d'une tige de Cactus peruvianus, et
de l'épiderme de la pomme de terre dite patraque jaune. Nous avons trouvé
les nombres suivants pour ioo parties à l'état sec :
Azote ou mat. azotée.
M. grasse. Silice.
Sels.
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6,67
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3,4o (2) 1 ,i35
10,40 (3)
Cuticule du Cactus
Epidémie de la pomme de terre.
» La proportion de cellulose, déduite par différence et calculée égale-
ment sur 100 parties, serait représentée par 68,58 pour la cuticule du
Cactus, et par 76,03 relativement à l'épiderme de la pomme de terre.
» Ces nouvelles observations confirment, tout en les complétant, mes
premières recherches sur la composition immédiate de l'épiderme et de la cu-
ticule épidermique des végétaux ; elles étendent la loi générale de cette com-
position aux parties superficielles de productions anormales accidentellement
développées sur les feuilles. »
(1) La couleur verte résulte du mélange de matières azotées jaunies par l'iode avec la cel-
lulose plus abondante bleuie par les mêmes réactifs.
(2) La matière grasse de cet épiderme était colorée en jaune.
(3) La quantité trop faible de matière n'a pas permis de doser les sels calcaires et alcalins,
parmi lesquels on a reconnu la présence des phosphates.
i56.
( "96)
chimie industrielle. — Note sur les huiles employées à la fabrication du
rouge turc; par M. J. Pelopze.
« Les huiles fixes ne sont pas toutes également propres à la prépara-
tion des teintures connues sous le nom de rouge turc ou de rouge d' An-
drinople.
» Celles employées généralement à cet usage sont des huiles d'olive pro-
venant, pour la plus grande partie, des États du Levant, de l'Italie ou du
midi de la France. On les distingue des autres corps gras par la dénomina-
tion à' huiles tournantes, qui rappelle la propriété qu'elles présentent, étant
mêlées à une faible dissolution alcaline, de produire une émulsion lac-
tescente. Une huile de cette nature est d'autant plus estimée que cette émul-
sion est plus parfaite, et que sa partie grasse met plus de temps à se séparer
du liquide aqueux. Pour distinguer une huile tournante d'une huile ordi-
naire ou flambante, il suffit d'en laisser tomber une ou deux gouttes dans
un verre à expérience en partie rempli d'une dissolution de soude causti-
que marquant i {àa degrés : la première devient opaque, la seconde reste
transparente. C'est le procédé que suivent ordinairement les industriels qui
vendent ou qui achètent les huiles tournantes, et ils jugent, d'après le plus
ou moins d'opacité des gouttes oléagineuses, si la propriété qu'ils recher-
chent est plus ou moins développée dans l'échantillon d'huile soumise à
l'essai.
» Les huiles propres à la fabrication du rouge turc étant d'un prix très-
élevé, on a cherché à les remplacer par des huiles de qualités inférieures et
d'une valeur vénale moindre, en mêlant celles-ci au jaune d'œuf, en les
traitant par l'acide nitrique, etc., etc.; mais il ne paraît pas que ces essais
aient été suivis de succès, car l'industrie des toiles peintes en rouge d'An-
drinople consomme encore aujourd'hui des quantités énormes d'huiles
d'olive naturellement tournantes.
» Lorsque j'ai eu l'honneur, en mars 1 855, de présenter à l'Académie un
travail dans lequel j'ai fait voir qu'il suffit d'abandonner à elles-mêmes les
graines broyées, pour que les corps gras neutres qu'elles renferment se
changent en acides, j'ai annoncé une prochaine application de ces huiles
partiellement acidifiées à la fabrication du rouge turc. Je savais déjà que les
huiles tournantes du commerce n'étaient autre chose que des mélanges
d'un corps gras neutre avec un corps gras acide; mais je voulais que la
question industrielle fût jugée industriellement, c'est-à-dire en fabrique.
( "97 )
Aujourd'hui que j'ai reçu les renseignements qui me manquaient, je m'em-
presse de communiquer à l'Académie mes expériences, dont je n'avais
retardé la publication que pour les rendre complètes au point de vue de leur
application à l'art de la teinture.
» Je me suis procuré des huiles d'olive tournantes provenant de divers
pays; je les ai traitées par l'alcool, et je me suis assuré que toutes lui cèdent
une quantité notable d'acides oléique et margarique. La proportion de ces
acides varie" de 5 à 1 5 pour ioo. On retire également ces acides des mêmes
huiles en faisant chauffer celles-ci pendant quelques minutes avec un
alcali.
» L'huile d'olive ordinaire, celle qui sert aux usages de la table, ne
contient pas d'acide gras, ou n'en contient que des quantités insignifiantes;
il est facile de s'en assurer en les traitant comme il vient d'être dit pour
l'huile tournante.
» Les faits que j'ai fait connaître sur la saponification spontanée des corps
gras permettent d'expliquer facilement la composition différente des deux
huiles d'olive dont je viens de, parler. Les huiles pures s'obtiennent par la
division et la compression immédiate des olives arrivées à leur point de
maturité.
v Le remaniement des tourteaux et autres résidus, la fermentation des
olives en tas, ou toute manipulation qui aura pour effet de multiplier les
points de contact de l'huile avec les matières qui l'accompagnent, et de
prolonger ce contact, déterminera l'acidification de l'huile, et celle-ci de-
viendra tournante.
» Indépendamment des huiles tournantes naturelles, on trouve depuis
quelques années, dans le commerce, des huiles de diverses espèces égale-
ment propres à la fabrication du rouge turc. Ces dernières sortent de la
maison de MM. Boniface frères, de Rouen, la seule en France qui sache pré-
parer artificiellement des huiles tournantes. Ces négociants n'.ont pas fait
connaître les procédés à l'aide desquels ils arrivent à ce résultat important.
» J'ai constaté dans les huiles provenant de l'usine de MM. Boniface des
proportions très-notables d'acide oléique et margarique. Il est résulté pour
moi, de ces diverses expériences, la conviction que la seule différence entre
les deux catégories d'huiles commerciales, considérées au point de vue de
l'art de la teinture, tient à ce que, celles dites tournantes sont mêlées à des
acides gras, tandis que les autres en sont exemptes.
» M. Chevreul a fait, il y a plus de vingt ans, une observation qui cadre
parfaitement avec cette manière de voir. Il a extrait du coton teint en rouge
( "98 )
d'Andrinople deux matières huileuses, l'une neutre au tournesol, l'autre qui
le rougit et qui est formée d'acides oléique et margarique, c'est-à-dire des
mêmes acides dont je viens de signaler la présence dans les huiles employées
à la fabrication du rouge turc.
» Si l'huile d'olive tournante est presque exclusivement employée à la
préparation du rouge d'Andrinople , cela tient surtout à ce que les olives
se prêtent mieux que les graines oléagineuses à la réaction qui donne nais-
sance aux acides gras ; mais aujourd'hui que le rôle de cette huile est bien
connu , il sera facile de la remplacer avec économie par des huiles à bas
prix , telles que celles d'ceillette , de sésame, de colza, de palme, etc. Il
suffira de broyer les graines ou les amandes qui les contiennent et de les
abandonner un certain temps à elles-mêmes avant d'en extraire l'huile. Un
second moyen, plus simple encore, consiste à ajouter directement aux huiles
ordinaires quelques centièmes de leur poids d'acide oléique et margarique
provenant des fabriques de bougies stéariques.
» Je recommande ce dernier moyen aux fabricants de rouge turc , il a
réussi entre les mains de M. Steiner, qui en a fait faire l'essai dans sa fa-
brique de toiles peintes de Manchester. Personne en Europe ne fabrique au-
tant de rouge turc que cet habile industriel, et personne n'était mieux placé
que lui pour juger du mérite de l'application que je propose à l'art de la
teinture en rouge.
» Je joins aussi à ma Note une Lettre de MM. Henry et fils, fabricants
de rouge turc à Bar-le-Duc, dans laquelle les personnes que cette industrie
intéresse trouveront d'utiles renseignements sur la substitution des huiles
acidifiées artificiellement aux huiles tournantes naturelles.
« Les applications que je viens d'indiquer n'auront pas seulement un ré-
sultat économique au point de vue de la fabrication des toiles peintes en
rouge, elles permettront encore de remplacer par des huiles indigènes des
huiles dont la plus grande partie nous vient de l'étranger.
» J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie des échantillons
de tissus de coton teint en rouge turc. La couleur a été appliquée sur les uns
avec de l'huile d'olive tournante, sur les autres avec des mélanges d'huiles
neutres et d'acide oléique.
» Des juges plus compétents que moi, des fabricants de tissus très-habiles,
ont déclaré qu'ils ne trouvaient pas de différences sensibles entre ces divers
échantillons.
» Je joins à ces tissus un échantillon de coton filé, préparé à Bar-sur-
( \m }
Seine avec de l'huile de colza mêlée d'acide oléique, qui a été également
reconnu d'une bonne nuance et d'une bonne qualité commerciale.
» En résumé, il résulte de mes recherches :
» i°. Que les huiles propres à la fabrication du rouge turc, et qu'on
connaît sous la dénomination commerciale d'huiles tournantes, sont des
mélanges d'huiles neutres et d'acides gras ;
» 2°. Qu'on peut obtenir des huiles semblables et également propres à
la fabrication du rouge turc, soit par l'acidification spontanée des huiles
en présence des seules matières qui les accompagnent dans les graines, soit
par le mélange direct des huiles neutres du commerce et des acides gras ,
particulièrement de l'acide oléique provenant des fabriques de bougies
stéariques.
» Il est extrêmement probable que le traitement de certaines huiles et
plus particulièrement de celle de colza, par quelques centièmes de leur
poids d'acide sulfurique, donnerait naissance à des mélanges d'huiles neu-
tres et d'acides gras qui, bien lavés, seraient propres à la fabrication du
rouge turc. »
Lettre de MM. Henry et fils à M. Pelouze, sur le rouge turc.
« Savonnières devant Bar-le-Duc, 12 juin i856.
» Nous sommes heureux de vous faire connaître les résultats satisfaisants
que nous venons d'obtenir en suivant les indications que vous nous avez
données pour faire tourner différentes sortes d'huiles, c'est-à-dire pour
leur donner la propriété des huiles d'olive dites tournantes servant à la
teinture du rouge d'Andrinople, par l'addition d'une certaine quantité
d'acide oléique.
» La proportion de l'acide oléique varie suivant les huiles ; nous avons
fait tourner avec une addition de 5 parties de ce dernier produit pour ioo
d'huile. I)ans d'autres circonstances, cette proportion a dû aller jusqu'à io
ou i5 pour ioo, et quelquefois une addition de 2 pour ioo a suffi pour
rendre tournante*l'huile expérimentée. L'expérience seule peut indiquer la
proportion ; car une trop grande quantité d'acide oléique empêche l'huile de
bien tourner. Nous avons remarqué aussi qu'il fallait employer des huiles
ayant subi déjà .un certain degré d'épuration, et que des huiles brutes ainsi
préparées se coupaient moins bien avec la lessive de soude.
» Nous vous adressons un échantillon de fil de coton teint en rouge d'An-
drinople au moyen d'huile ainsi préparée ; l'essai fait en petit sur io kilo-
( 1200 )
grammes de cotons filés a donné une bonne nuance moyenne et courante,
et proportionnée au poids de garance employé; pour cette petite partie,
nous avons employé 3 kilogrammes d'huile de colza épurée et 60 grammes
d'acide oléique, c'est-à-dire seulement 2 pour 100. Nous sommes convaincus
que nous pourrons aussi bien réussir en grand. »
travaux publics. — Note touchant l'action saline de Veau de mer sur les
composés hydrauliques en général; par M. Vicat.
« Dans l'ouvrage que je viens de publier à ce sujet, j'ai été conduit par
des expériences suivies avec constance pendant treize ans à distinguer trois
classes de composés hydrauliques par rapport à l'action saline (page 81),
savoir :
» i°. Ceux qui résistent par l'effet d'un changement de constitution chi-
mique intégral ou limité en profondeur, que la mer y opère spontanément,
et qui n'ont par conséquent besoin d'aucun enduit préservateur;
» 20. Ceux qui ne subsistent et ne peuvent subsister que sous la protec-
tion de ces mêmes enduits ;
» 3°. Ceux enfin sur lesquels ces enduits ne peuvent se maintenir et qui
périssent par l'effet même des transformations chimiques que la mer tend à
y introduire.
» Les premiers, ai-je dit, peuvent être reconnus et appréciés par certaines
expériences de laboratoire, à l'aide desquelles on exerce sur eux une action
purement saline, c'est-à-dire indépendante des éléments conservateurs que
renferme la mer libre; on peut donc, quand ils résistent à cette épreuve,
conclure à jortiori qu'ils résisteront en mer libre, puisqu'ils y trouvent des
auxiliaires qui viendront ajouter à leur valeur intrinsèque.
» Quant aux composés de la deuxième et de la troisième catégorie, ai-je
dit encore (page 81), les essais de laboratoire ne peuvent que les classer par
ordre de stabilité, attendu que l'eau de mer naturelle ou artificielle que l'on
y emploie ne possède plus cette espèce de vitalité qui produit les végétations
sous-marines et les sécrétions d'origine animale dont eile enveloppe les
corps immergés. Donc, pour ces derniers, il n'y a que la mer, dans toute
la liberté de ses courants et de son agitation et avec tous ses éléments hété-
rogènes, constants ou accidentels, qui puisse répondre aux questions de
stabilité ou de non-stabilité.
» Dans cette longue série d'expériences, j'ai passé en revue : i° toutes les
pouzzolanes volcaniques de Rome, de Naples et de France; i° toutes les
( 1201 )
pouzzolanes artificielles que fournissent les argiles, depuis les terres à briques
jusqu'aux argiles exemptes de fer et de carbonate de chaux, c'est-à-dire aux
argiles blanches réfractaires ; 3° tous les ciments actuellement dans le com-
merce ; 4° et enfin toutes les variétés possibles de chaux hydrauliques ; et
dans cette grande diversité de matériaux élémentaires des composés hy-
drauliques, je n'ai trouvé d'absolument capables de résister à l'action des-
tructive de la mer, et sans exception, que les silicates doubles d'alumine et
de chaux fournis par la combinaison de 1 5 à 20 parties de chaux caustique
avec 100 parties de ces pouzzolanes artificielles peu cuites, fournies par les
argiles blanches, et par exception par quelques argiles ocreuses d'une ori-
gine géologique particulière, et de plus quelques ciments.
» Je ne puis donc en conscience laisser passer cette assertion de MM. Ri-
vot et Chatoney, que je trouve dans le Mémoire qu'ils ont présenté à l'Aca-
démie (Compte rendu de la séance du 9 juin courant, page 1122), savoir
« que les pouzzolanes artificielles peuvent très-rarement donner des résul-
tats favorables. »
•
» Aucune de celles qui m'ont été fournies par les nombreuses variétés
d'argiles pures que j'ai essayées n'a fait exception à la règle; et je conserve
en eau de mer, dans les circonstances où sa puissance destructive a le plus
d'intensité, et depuis plus de dix ans, des silicates composés comme je l'ai
dit tout à l'heure, parfaitement intacts dans leur cohésion physique, et cela
par l'effet de cette substitution de principes dont je parle (pages 81, 82 et
89), et qui, sans nuire en rien à leur stabilité, en élimine presque toute la
chaux attaquable qu'elle remplace par la magnésie et l'acide carbonique. En
voici deux exemples pris entre plusieurs autres :
Composition initiale des silicates Composition définitive des silicates
avant leur immersion. après transformation complète.
S Chaux 1 3 , 90 \ I Chaux combinée avec
Silice 55,65/ R l la pouzzolane. .. . 2,231
| Alumine et traces de |9J>9 ^0 ,_ /Carbonate de chaux. 3,87)99,32
fer 3o,43/ I Magnésie 7>42'
\ Pouzzolane 85 ,80 ;
Chaux 1 3 , o^ \ / Chaux combinée avec
Silice 42>64j 1 la pouzzolane. .. . 2,43 J
Alumine et traces de N° 2. 1 Carbonate de chaux. 2,61 \ 99,97
fer 28,3ir99'99 Klagnésie 6,37!
Magnésie 2,00 1 ( Pouzzolane 88,56 J
Sable de l'argile 14,00/
» On a fait abstraction de l'eau dans ces analyses.
C. R., i856, ier Semestre. (T. XLII,N°2S.) 1^7
?ï°2
( iaoa )
» C'est sur cette remarquable propriété des silicates composés avec les
pouzzolanes d'argiles blanches très-peu cuites que je fonde la solution gé-
nérale du problème de résistance des composés hydrauliques à l'eau de
mer (i), solution dont l'importance ne serait contestée par personne.
» On trouvera d'ailleurs, page 90 de l'ouvrage récemment adressé par
nous à l'Académie, lequel ouvrage est aussi entre les mains de queiques-uns
de ses honorables Membres, mon opinion sur l'emploi d'autres composés
hydrauliques attaquables dans le laboratoire, et que néanmoins la mer libre
peut respecter par des moyens dont elle est dépourvue quand on l'enferme
dans les cuves ou baquets.
» Je n'insisterai pas sur le procédé proposé (page 1 120 des Comptes ren-
dus) par MM. Chatoney et Rivot pour obtenir d'excellentes chaux hydrau-
liques; ce moyen n'est évidemment pas pratique et ne le sera jamais, à moins
qu'on ne trouve tout formé dans la nature du quartz porphyrisé et en quan-
tité convenable.
» Je dois vivement regretter que les nombreuses occupations de la Société
d'Encouragement pour l'industrie nationale ne lui aient pas encore permis de
s'occuper du Mémoire que je lui ai transmis en 1 854, touchant cette épineuse
question de l'action saline sur les constructions sous-marines, Mémoire dont
la quatrième partie de ma récente publication n'est qu'un extrait très-suc-
cinct ; je pense que si la Commission désignée pour l'examen du travail de
MM. Chatoney et Rivot le désirait, la Société d'Encouragement ne refuserait
pas de lui communiquer momentanément les recherches qui dans leur en-
semble complet jettent une vive lumière sur toutes les phases du problème
en s' appuyant sur des exemples empruntés aux travaux antiques et modernes
exécutés en mer libre, tant sur l'Océan que sur la Méditerranée. »
astronomie. — Eléments elliptiques de la l\ie petite planète; Lettre
de M. Valz.
« Marseille, le 19 juin i856.
» D'après une observation du 6 juin de la 4«e petite planète, j'ai pu en
calculer les éléments elliptiques suivants; mais comme les observations,
difficiles à faire, ne sauraient avoir une assez grande rigueur, et que les
intervalles de temps ne sont pas non plus assez considérables, ces éléments
(i) Ces argiles sont, en effet, très-répandues; on en compte en France de nombreux gise-
ments; io à 12 centièmes de sable quartzeux n'en altèrent pas sensiblement les qualités.
( i ao3 )
îe peuvent avoir loute l'exactitude désirable, et ne pourront être de quel-
pie utilité qu'à défaut d'autres établis sur de plus grands intervalles de
emps, ce qui est bien à craindre.
Epoque 3i ,429 mai i856 T. M. de Marseille.
0 o ' "
Anomalie moyenne 343.38. 9
Longitude du périhélie 247 . 7 • 4a
Nœud ascendant 180.37.12
Inclinaison 1 3 . 3g. 5i
Angle de l'excentricité 1 o . 1 3 . 48
Demi grand axe 2 . 3905
Mouvement moyen diurne 966" ,g6
M. le Secrétaire perpétuel annonce que M. DemidoffdL demandé à être
porté, comme Correspondant de l'Académie, sur la liste de l'Institut, dans
la souscription pour les inondés. M. Jaimez, correspondant de M. Demi-
doff, fait savoir qu'une somme de 2000 francs lui a été remise pour cette
destination.
r
NOJMEXATIOIVS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com-
mission appelée à décerner le prix d'Astronomie (fondation Lalande) pour
l'année i856.
MM. Liouville, Laugier, Mathieu, Delaunay et Le Verrier obtiennent la
majorité des suffrages.
L'Académie procède, également par la voie du scrutin, à la nomination
de la Commission appelée à juger les pièces adressées au concours pour le
prix de Physiologie expérimentale (fondation Montyon).
MM. Cl. Bernard, Flourens, Rayer, Serres, Milne Edwards, obtiennent
la majorité des suffrages.
L'Académie avait nommé, dans sa précédente séance, la Commission des
prix de Médecine et de Chirurgie. Dans cette Commission, qui se compose
de neuf Membres, le premier des noms, celui de M. Serres, a été omis à
l'impression. La liste complète doit donc être lue ainsi qu'il suit :
Commissaires, MM. Serres, Rayer, Velpeau, Andral, J. Cloquet, Cl. Ber-
nard, Jobert de Lamballe, Duméril et Flourens.
157..
( I204 )
MÉMOIRES LUS.
physique du globe. — Note sur la grande inondation de la Loire;
par M. Rozet.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Élie de Beaumont,
de Gasparin, M. le Maréchal Vaillant.)
« Persuadé que les désastres dont la vallée de la Loire vient d'être le
théâtre, m'offriraient de nombreux faits à l'appui du Mémoire que j'ai lu le
26 mai dernier à l'Académie des Sciences, « Sur les moyens d'arrêter les dé-
vastations des torrents dans les montagnes, et de prévenir les grandes inon-
dations des fleuves et des rivières, » je suis allé visiter une partie de cette
malheureuse contrée, la plus horriblement dévastée de toutes celles qui
viennent de l'être par les débordements de nos grands cours d'eau.
» Ce n'est qu'au-dessous de Blois que j'ai commencé .mes études. Immé-
diatement en aval de cette ville, les eaux, qui avaient débordé, çà et là, sur
la digue de la rive droite, sans la rompre, s'étaient précipitées de l'autre
côté, en lames minces, et avaient inondé le terrain plat situé au-dessous,
sans renverser un seul mur, bien qu'elles se fussent élevées à 4 mètres de
hauteur, jusqu'aux toits des maisons. Dans les jardins et les vergers en-
clos de haies, les arbres paraissaient tous morts, bien qu'ils n'aient pas été
déracinés. Le sol de ces enclos était recouvert d'une couche de limon, plus
épaisse que celle qui couvrait les champs contigus. Ce fait est le résultat
de l'amortissement du courant par les haies. Nulle part je n'ai remarqué de
dépôts de graviers : l'eau n'avait pas eu la force de les monter par-dessus
la digue.
» La première brèche que j'ai rencontrée est celle d'Onzain, moitié che-
min entre Blois et Amboise. Elle s'est ouverte en face la station du chemin
de fer. Il en est sorti un énorme cône de déjection formé de pierres, de gra-
viers et de sables, qui s'étend jusqu'au delà des bâtiments de la station. A
l'ouest de ce cône, un petit bois taillis, dont les plants n'ont pas 3 mètres de
haut, a suffi pour arrêter les graviers ; ceux-ci ne l'ont pas envahi sur une
largeur de plus de 10 mètres. Mais le cône de déjection, en suivant deux
lisières perpendiculaires, s'est étendu fort loin à l'ouest et au nord. Dans le
bois, au delà des graviers, il s'est formé un dépôt limoneux ayant plus de om, 1
d'épaisseur. Près du chemin de fer, à l'est des graviers, une vigne les a en-
( 1205 )
core arrêtés, et ses ceps l'ont fait recouvrir d'une couche de limon presque
aussi puissante que celle du bois. Les graviers et les sables sont venus se dé-
poser contre les haies du chemin de fer, qui n'ont pas 1 mètre de hauteur,
en formant une longue bande dans le sens du courant. Les dépressions qui
séparaient les sillons des champs, perpendiculaires à ce même courant,
ont été comblées par des dépôts de limon et de sable, tandis que celles qui
se trouvaient dans sa direction ont été creusées. Les colzas, les blés eux-
mêmes, ont été recouverts d'un dépôt de limon, déterminé par la faible ré-
sistance de leurs tiges.
» A Amboise, une immense brèche s'est ouverte, encore en face de la
station ; le flot qui l'a traversée à emporté vingt maisons qui avoisinaient la
gare, fait crouler plusieurs bâtiments de celle-ci, détruit la voie ferrée en
l'affouillant sur une grande longueur et en se creusant un lit profond, que
l'on ne pourra peut-être jamais dessécher. Ici le lit de déjection est im-
mense, il se compose de pierres, de débris de murailles, de graviers et de
sables, sur une longueur de plus de 4oo mètres. A côté de ce cône, se trou-
vent des vignes et des jardins bordés de haies, recouverts d'un dépôt limo-
neux, et dans l'intérieur desquels des maisons sont restées debout.
» Près le viaduc de Mont-Louis, une vaste brèche s'est ouverte sur la
rive gauche du fleuve, et, au-dessous, les cultures sont enfouies sous une
masse de pierres, de graviers et de sables.
» A Saint-Pierre-des-Corps, à l'embouchure du canal qui joint la Loire et
le Cher, l'eau, passant sous le pont, se précipite dans le canal, en affouillant
les culées, et pratique une large brèche dans la digue de la Loire. Le flot, ar-
rêté par la première écluse qui était fermée, s'élève rapidement entre les deux
digues qui contiennent le canal. Une masse de travailleurs était alors occu-
pée à consolider celle de l'occident, dont la destruction eût inévitablement
entraîné celle de Tours. Malgré tous les efforts, cette digue croulait, quand
avec un fracas épouvantable celle de l'est céda, en donnant passage à une
montagne d'eau, qui se précipite sur le village et emporte dix maisons. Le
courant, amorti par les haies des jardins, inonda les autres jusqu'aux toits
sans les renverser. Suivant alors la levée, l'eau s'étendit dans la plaine jus-
qu'aux remblais du chemin de fer d'Orléans ; mais venant à rencontrer celle
du Cher, qui avait passé par la brèche de Roche-Pinard, il s'ensuivit un
exhaussement considérable : les deux ondes réunies tombent dans le canal,
le comblent et crèvent en deux endroits la levée de l'occident. Tout est
rasé en face des brèches, d'où partent maintenant deux cônes de déjection.
( I20Ô )
Ici encore de simples haies, de 2 mètres de haut, ont préservé des mai-
sons et déterminé de puissants dépôts de limon dans les enclos qu'elles
limitent. La Loire et le Cher réunis couvrent la Varenne jusqu'à la levée
de Grand-Mont, route de Bordeaux ; la belle gare de Tours est inondée
jusqu'à 3 mètres de hauteur, et l'eau pénètre dans la ville par plusieurs
issues. Quand un mur s'oppose à son passage, elle s'élève contre, le ren-
verse et anéantit la maison qui est derrière; c'est ainsi que plusieurs mai-
sons du faubourg Saint-Etienne ont été emportées : deux ont été tellement
affouillées, qu'il existe à la place de profondes excavations remplies d'une
eau noire et puante.
» La levée de Grand-Mont résistant à la fureur du flot, il la suit et va se
précipiter sous l'arcade du chemin de fer de Nantes. En affouillant les
culées, il renverse le pont et s'ouvre un passage de 80 mètres de large.
Toute la plaine de Saint-Sauveur et le faubourg Saint-Eloys sont aussitôt
dévastés, le chemin de fer est détruit sur plus de 3oo mètres, toutes les
constructions qui existaient devant la brèche sont emportées, et leurs
débris gisent maintenant dans le cône de déjection qui en est sorti. A
100 mètres au-dessous, une petite pépinière entourée d'une haie qui n'a
pas im,5o de haut, a détourné les graviers du cône, qui se sont jetés à
droite en décrivant une courbe ; il s'est formé dans son intérieur un puis-
sant dépôt de limon, et une cabane en bois, qui s'y trouve encore, a été pré-
servée. Au-dessous, les haies des jardins ont encore sauvé des maisons, bien
qu'elles aient été inondées jusqu'aux toits : elles ont empêché les affouil-
lements.
» Sur la levée de la route de Chinon, entre le pont Saint-Sauveur et le
hameau de Pont-Cher, des peupliers qiii ont om,4 à om,5 de diamètre, plantés
sur le bord oriental de cette levée, l'ont tellement préservé, en déterminant
des remous, que l'herbe n'a pas même été enlevée. Du côté opposé, l'eau se
précipitant d'une hauteur de t\ mètres, la levée a été fortement excavée et
les maisons qui se trouvaient au-dessous en partie détruites. Sur les deux
levées du canal de Saint-Pierre- des-Corps, où les arbres ne sont pas- plus
gros que le bras, les remous n'ayant pu se produire, le sol a été profondé-
ment raviné.
» Ces divers obstacles, qui viennent de produire de si grands effets, sont
bien inférieurs aux blocs et aux piliers de pierre que je propose d'établir
le long des torrents, avec des traverses de cailloux, pour en arrêter les dé-
gâts et les forcer à colmater le sol. Mes digues criblantes, placées dans les
( i2°7 )
gorges des bassins de réception et dans les étranglements des '-vallées, empê-
cheront certainement l'eau de s'élever subitement dans le lit en aval,
comme il arrive actuellement à la suite des pluies. Les moyens décrits dans
mon Mémoire peuvent donc non-seulement prévenir les grandes crues, mais
aussi diminuer les dégâts qu'elles causent dans les plaines, quand ces
moyens n'auraient pas été employés dans les montagnes d'où sortent les
cours d'eau.
» Il n'y a eu de grands désastres dans la vallée de la Loire que sur les
points où les digues ont crevé ; à Savonnière, à Villandry, à la Chapelle-sur-
Loire où plus de cent maisons ont été rasées, et jusqu'à Nantes, ils proviennent
de la même cause. Puisque c'est le système d'endiguement employé depuis
tant de siècles qui produit de si grands maux, il faut l'abandonner complè-
tement. Je ne doute point que celui que j'ai eu l'honneur de proposer à l'Aca-
démie, appliqué au cours de la Loire, ne préservât ses rives des grandes inon-
dations et ne rendît ce fleuve navigable, pendant toute l'année, sur des points
que de légers bateaux ne peuvent pas maintenant franchir en été. De plus, il
permettrait de cultiver une assez grande partie du sol compris entre ses di-
gues, et de celui dévasté dans les montagnes par le fleuve et ses affluents,
pour payer, au delà, toutes les dépenses qu'entraîneraient les travaux. »
hydrographie. — Carte hydrographique souterraine de la ville de Paris ;
par M. Delesse. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Dumas, Élie de Beaumont, Pelouze.)
« La ville de Paris est traversée par quatre nappes d'eau superficielles :
la Seine, la Bièvre, le ruisseau de Ménilmontant et le canal Saint-Martin.
Le ruisseau de Ménilmontant, dont le cours est tracé sur les anciens plans
de Paris, descendait de la colline qui porte le même nom ; il se dirigeait
vers la rue des Filles-du-Calvaire, et, décrivant de ce point un arc de cercle
autour du centre actuel de Paris, il allait se jeter dans la Seine, au quai de
Billy. Les travaux exécutés dans Paris ont complètement changé le régime
de ce ruisseau; il est d'ailleurs dissimulé par les constructions qui le re-
couvrent, mais il continue à couler dans le grand égout de ceinture en le-
quel il a été transformé. La Bièvre et l'ancien ruisseau de Ménilmontant
sont renfermés dans une cuvette parfaitement étanche, et par conséquent
ces deux cours d'eau ne donnent lieu à aucune nappe d'infiltration.
( 1208 )
» Indépendamment des nappes superficielles , il existe des nappes souter-
raines qu'on rencontre lorsqu'on pénètre dans l'intérieur de la terre ; ce
sont elles qui alimentent les puits. Elles ont déjà été étudiées par Buache,
Bonami, Girard, ainsi que par MM. Mary, Belgrand et de Fourcy.
» La carte que je présente à l'Académie fait connaître d'une manière
complète les nappes souterraines des puits ordinaires de Paris. Elle les re-
présente pour une époque d'étiage de la Seine, le i5 mars ï854-
» La surface supérieure de ces nappes souterraines est déterminée par
des courbes horizontales tracées de mètre en mètre. Des cotes indiquent
la hauteur des courbes au-dessus du niveau moyen de la mer.
» La nappe souterraine en communication immédiate avec la Seine est ce
que l'on appelle sa nappe d'infiltration. Cette nappe s'étend sous Paris, et
c'est elle qui fournit même de l'eau à presque tous les puits. Ses courbes
horizontales sont des lignes ondulées à peu près parallèles : elles sont dispo-
sées symétriquement sur chaque rive de la Seine, et elles vont se raccorder
avec la nappe superficielle; elles se coupent d'ailleurs deux à deux sous des
angles très-aigus qui s'engagent l'un dans l'autre, et qui ont leurs sommets
dirigés vers l'amont.
» Le niveau de la nappe d'infiltration est généralement supérieur à celui
de la Seine; il s'élève à mesure qu'on s'éloigne des bords du fleuve. Près
de ces bords, il s'abaisse jusqu'à ijm,5 en amont de Paris, à la barrière de
la Gare, et même jusqu'à 25m,5 en aval, près de la barrière de la Cu-
nette. Sur la rive gauche, la différence de niveau, entrg le point le plus
haut et le point le plus bas de la nappe souterraine, est au plus de 5 mètres.
Sur la rive droite, cette différence s'élève jusqu'au double.
» La pente moyenne, à la surface de la nappe souterraine, est supérieure
à om,ooi par mètre. Dans les parties contiguës à la Seine, elle est beaucoup
plus grande et elle atteint même ora,oi . La pente moyenne de la Seine, dans
la traversée de Paris, est seulement de om,oooa ; par conséquent, elle est bien
moindre que celle de la nappe d'infiltration. Cette différence dans les
pentes des deux nappes tient à ce que l'eau ne peut s'écouler qu'avec de
très-grandes difficultés, même à travers les terrains les plus perméables.
» La nappe d'infiltration reçoit bien Teau d'infiltration de la Seine qui
s'y répand à l'époque des crues, mais elle est surtout alimentée par les eaux
provenant des collines qui environnent Paris. Les nappes souterraines qui
se trouvent à un niveau supérieur y déversent aussi leurs eaux.
» La forme de la nappe d'infiltration dépend essentiellement de la Seine.
( iao9 )
Elle change lorsque la Seine s'élève ou s'abaisse ; elle reproduit toutes ses
variations. Elle dépend également, bien qu'à un moindre degré, d'éléments
constants qui sont : le bassin hydrographique avec lequel elle communique,
le relief du sol, et la disposition des couches imperméables sur lesquelles
elle repose. La nappe d'infiltration a donc une origine très-complexe.
» Les îles Saint-Louis et Notre-Dame ont une nappe souterraine distincte,
qui est également une nappe d'infiltration. Ses courbes horizontales sont
concentriques et à peu près parallèles à leurs contours. La nappe souter-
raine forme par conséquent une surface qui s'élève vers la partie centrale
de chaque île, et qui s'incline au contraire sur ses bords. La pente de cette
nappe est d'ailleurs très-considérable, car elle dépasse om,oi par mètre.
» Près de la barrière Blanche, quelques puits de Paris sont alimenté.s par
une nappe souterraine dont la cote est supérieure à l\i mètres. Cette nappe
est toute différente de la nappe d'infiltration de la Seine : on retrouve cette
dernière au-dessous, à la cote de 32 mètres.
» Près des barrières Rochechouart et de Fontarabie, des nappes souter-
raines s'élèvent à la cote de 37 mètres; elles sont également au-dessus de la
nappe d'infiltration.
» La carte hydrographique montre comment s'opère l'écoulement des
eaux dans les nappes souterraines. Si l'on considère, par exemple, la nappe
d'infiltration de la Seine qui s'étend partout au-dessous de Paris, il est visi-
ble que l'eau se dirigera nécessairement d'un point plus élevé vers un point
plus bas; par conséquent elle se déversera des barrières vers la Seine. Sa
pente est surtout très-grande sur les bords du fleuve. Ainsi^ bien que cela
puisse paraître paradoxal au premier abord, la Seine joue, à l'égard de la
nappe souterraine, le rôle d'un canal de dessèchement; elle détermine l'é-
coulement de ses eaux et elle opère le drainage de la ville de Paris.
» Les eaux qui tombent sur la surface d'un cimetière pénètrent à travers
des cadavres en décomposition et se réunissent ensuite aux eaux de la nappe
souterraine qui est la plus rapprochée de la surface. Malgré la filtration na-
turelle à laquelle elles sont soumises, qui les débarrasse rapidement de la
plus grande partie des matières qu'elles tiennent en suspension, ces eaux
sont nécessairement très-impures et peuvent être nuisibles à la salubrité.
Il était donc utile de rechercher dans quelle direction s'écoulent les eaux
qui ont traversé les immenses ossuaires de Paris. Un coup d'œil jeté sur la
carte fait voir que le choix de l'emplacement de ces ossuaires laisse
à désirer; car les eaux du cimetière Mont-Parnasse, par exemple, s'é-
C. R. i856, i« Semestre. (T. X.LII, N° 23.) I 58
( iaio )
coulent dans la nappe d'infiltration de la Seine, et il est visible qu'elles se
rendent ensuite clans le fleuve, en traversant une partie du faubourg Saint-
Germain.
» Les indications précédentes suffisent pour montrer que la carte hydro-
graphique de Paris permet de résoudre un grand nombre de questions im-
portantes qui sont relatives à la salubrité, aux inondations, au drainage, à
l'écoulement des eaux, à l'établissement deségouts et à l'exécution de tous
les travaux souterrains. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
chimie organique. — Mémoire sur les produits de la transformation de la
fécule et du ligneux sous Vinjluence des alcalis, du chlorure de zinc
et des acides (i); par M. A. Béciiamp. ( Extrait par l'auteur. )
(Commissaires, MM. Biot, de Senarmont. )
« Ce travail est divisé en deux parties. Dans la première je me suis pro-
posé de démontrer les propositions suivantes :
» I. L'insolubilité de la fécule est indépendante de l'état organisé de
cette substance; mais la propriété qu'elle possède de former de l'empois,
dépend de son organisation naturelle.
» En effet, sous l'influence de dissolutions concentrées de potasse caus-
tique ou de chlorure de zinc, la fécule se transforme en empois; par l'action
de la chaleur, cet empois se liquéfie de plus en plus, au point de traverser
les filtres de papier et de produire des dissolutions transparentes. De ces
dissolutions on retire de la fécule désorganisée qui est insoluble dans l'eau
bouillante, et qui ne forme plus d'empois. Si la formation de l'empois est
due à un gonflement des grains de fécule, il est clair que la liquéfaction
de cet empois doit être attribuée à la destruction de la cause qui détermine
sa formation sous ces influences, savoir l'organisation. J'ai donc raison de.
dire que les dissolutions alcalines se bornent à désorganiser la fécule.
(i) Quelques-uns des résultats de cette étude ont déjà été consignés dans une Note insérée
au Compte rendu de la séance de l'Académie du 2 octobre i854- Après la présentation de
celle Note, j2ai été assez heureux pour recevoir les conseils bienveillants de M. Biot et de
M. Regnault. Ces conseils ont donné l'étendue d'un Mémoire au travail que je soumets au-
jourd'hui au jugement de l'Académie, travail qui ne devait avoir que quelques pages.
( >a" )
» II. La fécule se modifie insensiblement sans changer de nature pour
passer de l'état insoluble à un état particulier où elle est capable de se
dissoudre dans l'eau.
» III. i°. Que la fécule soluble est un principe particulier qui possède
toutes les propriétés de la fécule, moins l'insolubilité ; i° que cette substance
diffère de la dextrine.
» IV. Lorsque la fécule a été transformée en dextrine, celle-ci subit à
son tour des modifications insensibles pour se transformer finalement en
sucre.
» En effet, ces trois propositions sont démontrées par les faits suivants :
» i°. La fécule à l'état d'empois se liquéfie brusquement sous l'influence
de l'acide sulfurique étendu ou de la diastase et de la chaleur. Le résultat de
la liquéfaction a été appelé dextrine. Or, en analysant le phénomène avec
soin, je suis parvenu à saisir : i° l'instant de la désorganisation où la fécule
est encore insoluble ; 20 son passage insensible à un état particulier carac-
térisé par une solubilité que je discute, par la propriété de bleuir par l'iode,
et surtout par la grandeur constante de son pouvoir rotatoire qui est de 2 1 1
à 2 1 2 degrés ; 3° le passage insensible de ce produit à l'état de dextrine,
c'est-à-dire à l'état d'un composé ne bleuissant plus par l'iode et possédant
un pouvoir rotatoire plus petit que celui de la modification précédente :
4° enfin la transformation de cette dextrine en un produit non fermentes-
cible qui en diffère notablement et en sucre.
« 20. Les acides sulfurique et nitrique concentrés conduisent, sui-
vant la durée de leur action à la température ordinaire, à des résultats
analogues.
» 3°. L'acide acétique déconcentration moyenne, entre 100 et i3o de-
grés de température, modifie la fécule sans la transformer en sucre, ce qu'a-
vaient déjà reconnu M. Biot et M. Persoz. J'ai obtenu un produit ou des pro-
duits non fermentescibles et non colorables en bleu par la teinture d'iode.
Pour étudier cette action, j'ai formé une liqueur acétique qui contenait
ogr,846 de fécule pure et séchée à 1 20 degrés sur 1 o centimètres cubes. Cette
liqueur a été partagée dans huit tubes qui ont été scellés. Le tableau sui-
vant résume l'expérience. Pour calculer le pouvoir rotatoire on a, en se
servant de la formule (a)y= &j- de M. Berthelot,
p = 0,846, v = iocc à £=I2°,
et pour ctj les nombres du tableau.
i58..
( iaia )
NATURE DE LA LIQUEUR
et circonstances qui lai sont particulières.
A. Chauffé pendant ih à ioo°. Li-
queur encore un peu louche que
la tiltration n'éclaircit pas com-
plètement
B. Chauffé pendant a*1 à ioo°. Liq.
transparente
C. Chauffé pendant 4h à ioo°. Liq.
transparente
D. Chauffé pendant 8h à ioo°. Liq.
limpide et fluide comme de l'eau.
E. Chauffé pendant I2h à ioo0/Liq.
limpide
F. On a mis du CICa dans le bain et
on a continué de chauffer, I2*1 à
100° et 2*1 entre no et 1200. . . .
G. Chauffé encore pendant 6h entre
120 et i3o°
H. Chauffé encore pendant 8*1 entre
1 20 et 1 3o°
ACTION
de la
teinture d'iode.
Bleu franc .
Id.
Id.
Bleu tr.-peu violacé
Id.
Violet rougeàtre.
Brun jaunâtre.
Id.
ACTION DE L'ALCOOL,
25cc sur iocc
de liqueur.
Précipité abondant.
Id.
Id.
Id.
Id.
Trouble peu abond
Ne trouble plus.
Id.
I
DEVIATION
relative
à la teinte
de passage,
; = 200"".
35,64
35,35
35, 11
34,9i
34,9'
a7)38
26,88
26,88
POUVOIR
rota loi re
relatif
à 100— .
210,63^
208,92
207.50
206,32
206,32
161,82^
i58,86
i58,86
DIFFÉRENCES
consécutives
des pouvoirs
rotatoires.
',7'
1,42
1 , 18
0,00
44, 5o
2,96
» Le produit de H a été évaporé et desséché à 1 10 degrés; mis en contact
avec la levure de bière en présence d'une quantité convenable d'eau et
sous l'influence d'une température de 25 à 3o degrés, il n'a pas fermenté.
Le pouvoir rotatoire de la fécule soumise à l'action des acides peut donc
baisser sans qu'il se forme du sucre; avant de se transformer en sucre, la
fécule peut donc engendrer des produits dont la solubilité va sans cesse en
augmentant, tandis que le pouvoir rotatoire devient de plus en plus petit.
» 4°- Lorsque l'on saccharifie la fécule par l'acide sulfurique étendu, une
partie de la dextrine résiste. En reprenant par l'alcool des glucoses de di-
verses provenances, j'en ai toujours séparé un produit non fermentescible,
voire même deux produits caractérisés par un pouvoir rotatoire relativement
petit, et par la propriété d'attirer l'humidité. Je donne dans mon Mémoire
un tableau des pouvoirs rotatoires de diverses dextrines, compris entre i8r
et iï5 degrés, d'où il paraît résulter qu'il existe au moins deux produits
différents distincts de la fécule soluble.
» En relisant avec attention les Mémoires où M. Biot a traité la ques-
tion qui m'occupe, il m'a paru évident que j'appelle fécule soluble le produit
( i>i3)
que- l'illustre doyen de l'Académie des Sciences a appelé dextrine, et dont
le pouvoir rotatoire est de -f- 212 degrés. Par conséquent la dextrine, dans
l'ordre historique de sa découverte, est le composé dont le pouvoir rotatoire
est de 212 degrés. Cependant comme toutes les méthodes qui m'ont fourni
un produit de transformation à pouvoir rotatoire aussi élevé, me l'ont fourni
bleuissant par l'iode, comme d'ailleurs tous les ouvrages de chimie présen-
tent la dextrine comme un composé ne bleuissant pas par l'iode, je conser-
verai le nom de fécule soluble au produit à pouvoir très-élevé
» Dans la deuxième partie de ce travail, j'étudierai le ligneux sous le
même point de vue.
» Les acides concentrés, tels que le sulfurique ou le chlorhydrique, dis-
solvent le coton après l'avoir transformé en une masse pultacée. Suivant la
durée de l'action de l'acide sulfurique, on peut obtenir divers produits fa-
ciles à caractériser : i° le ligneux désagrégé et dissous par l'acide sulfurique
ou le chlorhydrique peut en être séparé par l'eau sous la forme d'une masse
gélatineuse insoluble; 2°le ligneux, sans perdre ses propriétés essentielles,
peut être séparé de l'acide sous la forme d'une masse gélatineuse soluble
dans l'eau froide; c'est ce produit, analogue à celui que j'ai appelé fécule
soluble, sans me prononcer sur la nature de la solution, que je propose
d'appeler ligneux soluble; 3° le ligneux peut engendrer un deuxième pro-
duit soluble, que Braconnot avait appelé une gomme, que l'on a confondu
plus tard avec la dextrine, mais qui en diffère par un pouvoir rotatoire
beaucoup plus petit, je l'appelle dextrine de ligneux; If ces produits solu-
bles peuvent se transformer en sucre sous l'influence de l'acide sulfurique
étendu et de la chaleur. Le ligneux peut donc engendrer une série parallèle
à celle de la fécule.
» Mais ce qu'il y a de remarquable et de très-digne d'être noté, c'est que
tandis que le pouvoir rotatoire de la fécule soluble est le plus grand qui
soit connu, le pouvoir rotatoire du ligneux soluble est nul, dans des limites
assez étendues de concentration des liqueurs et de longueur des tubes. Et
ce qui n'est pas moins remarquable dans l'histoire des pouvoirs rotatoires,
le ligneux soluble, corps optiquement inactif, devient actif vers la droite
en se transformant en dextrine et en sucre. L'inactivité paraît appartenir
au ligneux insoluble lui-même ; car une dissolution de coton dans l'acide
chlorhydrique fumant, d'où l'eau sépare du ligneux insoluble sous forme
gélatineuse, ne dévie pas le plan de polarisation. »
( iai4 )
météorologie. — Observations sur les tempêtes } les coups de vent et les
orages, dans la partie de la mer Méditerranée comprise entre les côtes
de France et celles de l'Algérie; par M. Lartigce.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Pouillet, Duperrev,
Le Verrier, Bravais.)
o Pendant l'été, les vents polaires du nord au nord-ouest dominent
entre les côtes de France et les îles Baléares : alors le temps est beau, le
baromètre élevé, quoique par intervalles ces vents acquièrent une grande
intensité. Entre les Baléares et les côtes de l'Algérie, le temps est beau, les
vents sont modérés; ils soufflent le plus ordinairement du nord, près de ces
îles, du nord-est à mi-canal, et de l'est-nord-est à l'est près des côtes
d'Afrique. Les vents de toute autre direction qui, dans ces parties de la
Méditerranée, remplacent ceux du nord-ouest au nord ou du nord à l'est,
sont rarement forts, et les orages qui s'y élèvent n'ont donné lieu à aucune
observation importante.
» Les vents secs et brûlants du sud-est nommés sirocco régnent par inter-
valles sur les côtes de l'Algérie; parfois ils parviennent sur les côtes de
France. Il semblerait exister quelque relation entre ces vents et ceux de
même direction observés dans les orages les plus violents qui se font ressen-
tir dans la partie nord-ouest de la France.
» Pendant l'hiver, les vents du nord au nord-ouest soufflent sou-
vent sur les côtes de France, en même temps que ceux du nord au nord-est
régnent sur les côtes d'Italie et dans le golfe de Gènes. A la même époque ,
les vents tropicaux sont fréquents sur les côtes de l'Algérie; leur direction
est toujours plus près de l'ouest sur la partie occidentale de ces côtes que
sur la partie orientale; assez souvent même ils varient entre le sud et le sud-
est du côté de Bone, lorsqu'ils soufflent entre le sud et le sud-ouest du côté
d'Oran. Ils s'étendent plus ou moins près des côtes de France, et si, lors-
qu'ils ont une certaine force, ils rencontrent des vents polaires intenses,
ils peuvent déterminer soit un coup de vent, soit une tempête (i). Dans ce
cas, les veuts de toutes directions augmentent d'intensité à mesure qu'ils se
rapprochent les uns des autres, et ils acquièrent leur plus grande force sur
les points vers lesquels ils convergent ; de manière que les vents peuvent ne
( i) Exposition du système des vents, par M. Lartigue, 2e édition, page 3 1 .
( I2l5 )
pas être très-forts sur les côtes, et souffler en tempête au milieu de la Médi-
terranée. Au surplus, il est reconnu que les tempêtes se font assez rare-
ment ressentir en même temps, dans toutes les parties de mer comprises
entre la France et l'Algérie : souvent, lorsque les vents sont violents entre la
France et les Baléares, ils sont modérés entre ces îles et l'Algérie; récipro-
quement, lorsqu'ils sont violents dans cette dernière partie de mer, ils peu-
vent ne pas être très-forts entre les Baléares et la France (i).
» Assez souvent, en hiver, les vents tropicaux ne rencontrent les vents
polaires que dans l'intérieur de la France : alors les premiers peuvent être
modérés sur les côtes et souffler en coup de vent ou en tempête aux points
où ils se trouvent en contact avec les vents polaires, qui eux-mêmes augmen-
tent aussi d'intensité à mesure qu'ils se rapprochent de ces points.
» La dépression du baromètre est en rapport avec la force du vent ; dans
quelques cas même, elle peut indiquer approximativement la distance à la-
quelle la tempête souffle avec plus de violence : ainsi lorsque, sur les côtes
de France, la dépression est considérable avec des vents du nord au nord-
ouest, la tempête est peu éloignée; mais elle est à une grande distance,
quand avec ces mêmes vents le baromètre est élevé.
» Lorsque les vents qui concourent à déterminer la tempête ont à peu
près la même intensité, le point de leur grande violence se rapprochera
tantôt des côtes de l'Algérie, tantôt de celles de France ; mais s'il y a une
différence sensible d'intensité, le foyer de la tempête se transportera dans
la direction soit du vent le plus fort, soit de la résultante des vents qui sont
en lutte.
» Dans les tempêtes, les vents soufflent du nord au nord-ouest ou entre
l'est-sud-est et le sud-sud-ouest, sur les côtes de France, entre le nord-ouest
et le nord-est sur celles de l'Algérie ; mais au large des côtes, les vents peu-
vent varier du nord-ouest au nord-est ou de l'est-sud-est au sud-sud-ouest :
les vents de nord-ouest sont souvent très-forts sur la partie de côte comprise
(1) Les tempêtes de la mer Noire sont produites, comme celles de la Méditerranée, par la
rencontre des vents polaires du nord-ouest au nord-est avec les vents tropicaux du sud-ouest
au sud-est; elles se font rarement ressentir en même temps dans toutes les parties de la
mer Noire. Lorsque les vents soufflent en tempête sur les côtes d'Europe, ils sont souvent
modérés sur celles d'Asie, et réciproquement. Il se peut aussi, quand la tempête est au milieu
de la mer Noire, que les vents ne soient pas très-forts sur lt's deux côtes opposées. La tem-
pête du i4 novembre i854, entre Balaclava et Eupatoria, paraît avoir été déterminée parle
conflit de ces mêmes vents; mais les effets produits démontrent que ceux du sud au sud-
ouest étaient les plus forts.
( iai6 )
entre le cap Lardier et l'embouchure du Var ; mais ils acquièrent rarement
la violence de la tempête.
» Quelquefois sur les" côtes de'France et aux environs de la Sardaigne,
le mouvement des nuages indique les vents qui déterminent les tempêtes.
Si ces vents soufflent du nord-ouest, on aperçoit assez souvent des nuages
chassant du sud-ouest : la tempête est alors produite par les vents du nord-
ouest et du sud-ouest ; d'autres fois les nuages chassent du sud-est : dans ce
cas, la tempête est causée par les vents de cette direction en conflit avec ceux
du nord-ouest.
» Souvent, au-dessus des nuages poussés par les vents de sud-est, il
existe une autre couche de nuages se dirigeant vers le nord-est : alors la tem-
pête est déterminée par les vents du nord au nord-ouest, à leur rencontre
avec ceux du sud-est au sud-ouest. Parfois, lorsque la tempête souffle de
l'une de ces dernières directions, les nuages accusent des vents de nord-
ouest dans les régions élevées.
» Pendant la durée des tempêtes, qui sont toujours accompagnées de
pluies très-abondautes, souvent d'éclairs et de tonnerre, et quelquefois
même de neige, les vents supérieurs tendent à se rapprocher de la surface
de la terre, souvent même ils y remplacent les vents inférieurs, qui alors
vont souffler dans les régions élevées (i). Ce changement ne s'opère pas de la
même manière sur toutes les parties de la Méditerranée dont il est ici ques-
tion : dans certains cas, principalement loin des côtes, les vents se suc-
cèdent à la surface par un revirement plus ou moins brusque; leur violence
ne diminue pas, lorsque ce sont les vents polaires qui remplacent les vents
tropicaux ; tandis que d'ordinaire il se manifeste, dans l'intervalle, un affai-
blissement considérable, sinon un calme complet, quand ce sont les vents
tropicaux qui remplacent les vents polaires (a).
» Parfois, aux divers points où s'opère le changement, il se forme des
tourbillons occupant chacun tres-peu d'étendue, mais susceptibles de dé-
terminer, en certains cas, des effets désastreux, quoiqu'ils ne paraissent
pas, en hiver surtout, de même nature que les tourbillons observés dans les
ouragans.
» Quelquefois les vents du nord au nord-est qui régnent souvent en
hiver sur les côtes d'Italie et dans le golfe de Gênes, parviennent sur les
côtes de Provence; si alors les vents du sud au sud-est soufflent du côté de
(1) Exposition du système des vents, page 64. »
(2) Exposition du système des vents, pages 28, 29, 48 et 64-
( I217 )
Bone, et ceux du sud au sud-ouest du côté d'Oran, les vents du nord au
nord»est varient à l'est-nord-est et à l'est, à mesure qu'ils avancent vers le
sud et vers l'ouest : ils tournent ensuite vers le nord-ouest, soufflant alors
de l'est au sud-est dans le golfe de Lyon. S'ils ne rencontrent aucun obstacle,
ils continuent ainsi jusqu'à l'Océan; là ils remontent graduellement vers
le nord et le nord-est, de manière à former un courant circulaire oc-
cupant une grande étendue (i). Dans ce cas, les vents n'acquièrent pas
une grande puissance; mais si, comme cela arrive fréquemment dans
cette saison, les vents du nord à l'ouest-nord-ouest régnent le long des
Pyrénées, l'espace occupé par le courant se resserre (2), et les vents de
toute direction, mais principalement ceux du sud-est à l'est, peuvent de-
venir violents. Au surplus, dans le golfe de Gênes, sur les côtes d'Afrique,
sur celles d'Espagne, ainsi que sur celles de la Sardaigne, les vents peuvent
ne pas être très-forts; mais ils augmentent progressivement de force à
mesure qu'ils avancent vers les côtes de France, en même temps que leur
direction se rapproche de celle du sud-est ou de l'est.
» Des courants circulaires, semblables aux précédents, s'établissent sur
divers points de la côte d'Europe dans la Méditerranée, souvent même dans
l'intérieur de la France; ils se forment d'une manière analogue, et sont
soumis aux mêmes lois. Les vents n'y acquièrent pas une très-grande inten-
sité lorsqu'ils ne rencontrent pas d'obstacle, mais ils deviennent violents
s'ils sont contrariés dans leur course.
» Ces courants diffèrent essentiellement de ceux qui constituent les ou-
ragans ou les tempêtes tournantes : dans le premier cas, les vents qui suivent
le cours ordinaire de l'air (3) tendent plutôt à se rapprocher du sol qu'à
s'en éloigner; dans le second cas, les vents tournent en sens inverse du
mouvement naturel de l'air, en même temps qu'ils s'élèvent en tourbillon-
nant, de manière à produire une aspiration plus ou moins puissante. Toute-
fois les tempêtes qui se manifestent dans la Méditerranée, quelle que soit
d'ailleurs la manière dont elles se produisent, sont quelquefois plus vio-
lentes que certains ouragans. »
(i) Exposition du système des vents, pages 29 et 3o-
(2) Une partie de ce courant, ainsi resserré, est figurée sur la carte des vents dominants
en hiver.
(3) Exposition du système des vents, pages 1S, 16 et 34.
C. R, i856, i« Semestre. (T. XLII, N» 28.) M*$
( «2l8 )
anaïOMIE. — Réclamation de priorité adressée par M. Henry Miller
à l'occasion d'une communication récente sur l'appareil d'adaptation de
l'œil.
(Renvoi à l'examen des Commissaires nommés pour la communication de
M. Rouget : MM. de Quatrefages, Cl. Bernard.)
« Dans la séance du 19 mai, M. Cl. Bernard a présenté à l'Académie des
Sciences un Mémoire de M. Ch. Rouget sur l'appareil de l'adaptation de
l'œil. Le résumé de ce Mémoire [Compte rendu eu 3o mai i856) contient
entre autres la description d'un muscle ciliaire annulaire, qui se montre
au niveau du bord adhérent des procès ciliaires en dedans des faisceaux du
muscle ciliaire radié. La description de ce muscle paraissant donnée dans
ce résumé comme un fait nouveau, je me vois obligé à adresser à l'Académie
la réclamation suivante :
» La partie annulaire du muscle ciliaire a été découverte par moi en
automne i855. Le a4 du mois de novembre, je fis une première communi-
cation sur ma découverte à la Société Physico-Médicale de Wurzbourg,
qui se trouve mentionnée dans les comptes rendus de la Société {voyez
tome VI, cahier 3, p. xxvi, publié au mois d'avril i856) dans les termes
suivants .* « M. H. Mùller communique une Note sur une couche annulaire
dans le muscle ciliaire de l'homme qui, d'après son opinion, est d'une impor-
tance spéciale pour l'accommodation de l'œil. Cette couche est couverte
de faisceaux longitudinaux ou radiaires du muscle ciliaire et située sur la
partie antérieure du corps ciliaire. » Donc je me crois en droit de réclamer
formellement la priorité de ce muscle dont l'importance pour le mécanisme
de l'adaptation est si évidente.
» Quant aux autres détails contenus dans la communication de M. Rou-
get, je crois devoir attendre la publication de son Mémoire, et je me con-
tente aujourd'hui de constater les faits suivants :
» Dans la séance de la Société Physico-Médicale du i5 décembre i855,
j'ai donné une exposition détaillée du mécanisme de l'accommodation chez
l'homme; et dans la séance du 26 avril i856, j'ai décrit l'appareil de l'ac-
commodation dans l'œil des oiseaux. Les comptes rendus de ces séances
vont être publiés.
» Le 7 du mois d'avril i856, j'ai envoyé deux Mémoires, qui traitent
des mêmes sujets, à M. Graefe, à Berlin, pour les faire insérer dans la cin-
quième livraison des Archives dOphthalmologie qui sera publiée sous peu.
( i2i9 )
» La communication de M. Rouget n'ayant été faite que le 19 du mois
de mai i856, je me crois autorisé, à regarder toutes les observations conte-
nues dans mes Mémoires, sinon comme antérieures, au moins comme datant
v de la même époque et indépendantes de celles de M. Rouget. »
analyse mathématique. — Seconde addition au Mémoire sur la détermi-
nation des Jonctions inconnues qui entrent sous le signe d intégration
définie ; par M. Gomez de Souza.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Cauchy, Liouville, Lamé,
Bienaymé.)
Dans la Lettre qui accompagne cet envoi, l'auteur demande l'autorisa-
tion de reprendre trois Notes présentées par lui le 16 juillet i855. Ces Mé-
moires n'ayant pas été l'objet d'un Rapport, l'auteur est autorisé à les
reprendre.
M. Lion soumet au jugement de l'Académie une Note sur un moyen de
communication télégraphique directe entre des personnes parlant des lan-
gues différentes.
(Commissaires, MM. Pouillet, de Senarmont.)
M. Ch. 15 ully adresse une Note sur de nouvelles solutions de quelques
problèmes de géométrie élémentaire.
M. Chasles est invité à prendre connaissance de cette Note, et à faire sa-
voir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport.
M. Zaliwski présente une nouvelle rédaction de son Mémoire ayant
pour titre : « Attraction universelle des corps, au point de vue de l'élec-
tricité ».
(Renvoi à l'examen des Commissaires nommés dans la séance du
24 septembre 1 855 : MM. Biot, Babinet, Bravais.)
M. Joire, auteur d'un Mémoire imprimé, présenté au concours pour les
prix de Médecine et de Chirurgie ( « Études sur la circulation chez l'homme
et chez les animaux »), adresse, pour se conformer à une des conditions im-
posées aux concurrents, une indication de ce qu'il considère comme neuf
dans son iravail.
15g..
( 1220 )
31. Ayre envoie, de Hull (Angleterre), un opuscule imprimé, destiné au
concours pour le prix du legs Bréant. •
Cet opuscule se compose : ip d'une Lettre en français, adressée aux Mem-
bres de la Section de Médecine et de Chirurgie sur sa méthode de traite-
ment du choléra par l'administration du calomel à petites doses répétées
fréquemment pendant toute la période de collapsus; 5s0 de documents rela-
tifs aux résultats obtenus de cette méthode en diverses parties de la Grande-
Bretagne et des États-Unis d'Amérique; 3° d'un certain nombre d'observations
prises sur des sujets de différents âges (depuis dix-huit mois jusqu'à quatre-
vingt-dix ans).
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie, constituée en Commission
spéciale pour le concours du prix Bréant.)
M. Siccahd prie l'Académie de vouloir bien comprendre ses travaux sur
le Sorgho à sucre de la Chine parmi ceux qui seront discutés à l'occasion
du concours pour le prix triennal.
L'auteur joint à cette Lettre plusieurs exemplaires d'un opuscule dans
lequel il a exposé les résultats de ses recherches sur ce Sorgho.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics
adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, un exemplaire du LXXXIV vo-
lume des brevets d'invention pris sous l'empire de la loi de 1791 , et un du
XXIe volume des brevets pris sous l'empire de la loi de 1 844-
M. le Ministre d'Etat consulte l'Académie sur l'utilité que peut avoir un
vernis de l'invention de M. Duchier, vernis présenté par l'inventeur comme
propre à préserver de l'action des flammes les toiles peintes dont l'emploi
dans les théâtres est si général et expose à de si grandes chances d'incendie.
M. le Ministre envoie avec sa Lettre divers échantillons de papiers et de
toiles enduites du vernis en question. Avant de renvoyer ces produits à l'exa-
men d'une Commission, on informera M. le Ministre que l'Académie,
d'après un article de son règlement, ne doit point s'occuper des produits
dont les auteurs ne font pas connaître la composition.
M. Antonini, Ministre du roi des Deux-Siciles à Paris, transmet divers
( 122! )
spécimens d'écriture tracés avec une encre que l'inventeur, M. Tito Angelli,
pharmacien napolitain, considère comme indélébile, et qu'il désire sou-
mettre au jugement de l'Académie.
On fera connaître à M. le Ministre des Deux-Siciles l'article du règlement
de l'Académie qui ne permet pas qu'on s'occupe des spécimens adressés par
M. Angelli, tant qu'il n'aura pas fait connaître la composition de son encre.
L'Académie royale des Sciences de Bavière remercie l'Académie pour
l'envoi d'une nouvelle série des Comptes rendus, et indique quelques la-
cunes qui se trouvent dans sa collection des diverses publications de l'Insti-
tut. Elle annonce en même temps l'envoi de nouveaux volumes de ses Mé-
moires et de divers opuscules offerts par quelques-uns de ses Membres.
M. Auer, directeur de l'Imprimerie impériale de Vienne et Membre de
l'Académie, adresse un exemplaire de la Flore autrichienne exécutée au
moyen d'un nouveau procédé iconographique, par MM. d'Ettingshausen
et Pokornj. {Voir au Bulletin bibliographique.)
« Cet ouvrage, dit M. Auer, est le premier qui ait été exécuté par le pro-
cédé de l'impression naturelle, procédé qui a été inventé par l'Imprimerir
impériale de Vienne. Cet établissement attacherait une valeur infinie à
l'opinion qu'une compagnie aussi illustre que l'Académie énoncerait sur les
avantages que cette méthode peut présenter pour la science, et j'ose vous
prier de bien vouloir faire nommer une Commission pour examiner, d'après
la Flore autrichienne, le procédé dans son application aux publications
d'histoire naturelle. »
L'ouvrage est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de
.MM. Pouillet, Decaisne et Payer.
analyse mathématique. — Nouveau théorème servant pour le calcul des
racines comprises entre deux nombres donnés. (Extrait d'une Note de
M. Rouget.)
« Fx représentant un polynôme privé de facteurs multiples, le
nombre des racines positives de l'équation Fx = o est*égal au nombre
des fois que la disparition des variations s'opère une par une, ou, plus
généralement, par voie de nombre impair, dans la suite des fonctions Fx,
F'x, F"x, F'"x, etc., etc., lorsque l'on fait passer x par degrés insensibles
de zéro à la limite supérieure des racines.
( 1222 )
» Pour abréger, il est loisible de ne considérer avec F x qu'un nombre de
fonctions égal au nombre des variations de l'équation. Ces fonctions sont :
la -première des dérivées successives de F.r qui présente une variation de
moins que Fa:, la première des dérivées successives de Fx qui présente
deux variations de moins que F x, la première des dérivées successives de
Fx qui présente trois variations de moins que Far, et ainsi de suite.
« A l'aide de ce théorème, et de la règle des signes de Descartes dont il
est un complément, on peut procéder au calcul des racines comprises entre
deux nombres donnés. »
TOxrcoLOGiE. — addition à une précédente communication sur des cas
d empoisonnement qu'on avait cru pouvoir attribuer à la racine de l'A-
tractjlis gummifera. (Extrait d'une Lettre de M. Bouros. hoirie Compte
rendu de la séance du 28 avril 1 855.)
« M. Sartoris, pharmacien de la Cour, homme très-versé dans la connais-
sance de la Flore grecque, a été envoyé à l'île de Myconos pour y recueillir
des renseignements exacts sur toutes les circonstances relatives à l'empoison-
nement des trois enfants, et y faire des recherches botaniques sur les plantes
qui poussent à l'endroit où cet accident avait eu lieu. Il résulte de ses infor-
mations que, outre les symptômes relatés par le médecin de la commune,
les enfants avaient tous présenté du délire et des convulsions. Quant
à la plante qui avait donné la mort à ces enfants, M. Sartoris, après un
examen soigneux, a trouvé que, parmi les plantes reconnues comme toxiques,
il ne pousse à l'endroit indiqué que la Mandragora vernalis L. et VEuphorbia
paralias L. Outre ces plantes vénéneuses, il y a trouvé une grande quantité
à'Echinops viscosus, ainsi que V Atractylis gummifera L.
» M. Sartoris .pense que niV Atractylis gummifera ni VEuphorbia n'ont
été la cause de la mort : il n'est point possible de manger de l'Euphorbia ; et
pourl'Atractylis, il croit qu'à l'époque où l'accident avait eu lieu, elle n'avait
encore poussé ou du moins n'était pas encore assez développée. On ne
saurait donc soupçonner qiie l'Echinops ou la Mandragore. M. Sartoris a
apporté de Myconos une grande quantité d' Echinops viscosus; j'en ai fait
préparer un extrait aqueux et un extrait alcoolique; on a administré à un
jeune chien de fortes doses des deux extraits sans en obtenir des effets
toxiques. Encouragé par ces expériences, un vétérinaire a avalé une cuil-
lerée à bouche d'extrait aqueux sans éprouver le moindre dérangement.
» Il résulte de ces expériences que ce n'est pas probablement à l'Atrac-
( iaa3 )
tylis, mais bien à la Mandragore que l'on doit attribuer la mort des trois
enfants, ce qui me paraît d'autant plus vraisemblable qu'à la suite de l'in-
gestion de la plante vénéneuse, tous ces enfants avaient été pris de délire et
de convulsions. »
hygiène publique. — De l'emploi de la chaux comme moyen de dessécher
et d'assainir les lieux ravagés par l'inondation ; par M. Moride.
M. La vallée adresse une « Note sur des canaux d'infiltration à exécuter
dans le but de prévenir les inondations ».
L'auteur a pensé qu'on pourrait profiter des cours d'eau souterrains pour
faire écouler une partie de l'eau qui coule à la surface. Il pense qu'on ob-
tiendrait ce résultat en creusant des tranchées d'une certaine étendue dans
les terrains au travers desquels s'infiltre l'eau qui va alimenter les eaux
souterraines.
M. Tekquem adresse des objections contre une partie de la Note sur
la théorie des parallèles, lue par M. Vincent dans la séance du 9 juin
dernier.
M. Lecot, à l'occasion d'une communication récente de M. Rambossoît,
rappelle un travail sur l'éducation des sourds-muets qu'il a 5*0110148 pré-
cédemment au jugement de l'Académie, et sur lequel il espère pouvoir
obtenir prochainement un Rapport.
(Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés :
MM. Rayer, Velpeau, Cl. Bernard.)
M. ue Bryas prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Com-
mission qui a été chargée de faire un Rapport sur sa Note concernant la
qualité des terres propres à la fabrication des tuyaux île drainage.
(Renvoi à la Commission nommée, Commission qui se compose de
MM. Boussingault, de Gasparin, Payen, Decaisne, Rayer et Peligot.)
M. Petit-Jean, qui avait présenté en septembre 1 855 une Note sur un
moyen supposé propre à empêcher la vigne de geler, prie aujourd'hui
l'Académie de vouloir bien remplacer par un autre Membre, dans la Com*
( iaa4 )
mission chargée de l'examen de sa Note, M. de Gasparin, que l'état de sa
santé empêche momentanément de prendre part aux travaux de ses con-
frères.
La Note ayant été, à l'époque de sa présentation, renvoyée à l'examen de
la Section d'Economie rurale, il n'y a évidemment pas lieu de prendre en
considération la demande de M. Petit-Jean.
M. Ccrtault adresse une nouvelle Lettre relative à des questions de viti-
culture. Cette nouvelle communication n'a pas paru plus que celle du a juin
dernier de nature à être renvoyée à l'examen d'une Commission.
M. Lesecq présente des considérations sur la nature des astéroïdes et sur
les effets qui peuvent résulter de leur entrée dans l'atmosphère terrestre.
M. Hitette, qui adresse régulièrement chaque année un relevé des obser-
vations météorologiques qu'il fait à Nantes, envoie le tableau des observa-
tions de l'année i855.
M. Millot-Brelé demande et obtient l'autorisation de reprendre une
Note d'arboriculture présentée par lui, « Découverte du bouton opposé » ,
Note sur laquelle il n'a pas été fait de Rapport.
M. Coinze demande de nouveau que son livre intitulé : a Révélation des
lois de la nature », soit renvoyé à l'examen d'une Commission.
L'Académie n'a pas trouvé dans les nouveaux motifs allégués par
M. Coinze de cause suffisante pour faire une exception à la règle qu'elle
s'est imposée relativement aux ouvrages écrits en français et imprimés en
France.
M. Kouyi.sk i prie l'Académie de vouloir bien renvoyer à l'examen de
M. Le Verrier ses communications précédentes, relativement à la possibilité
de prévoir assez longtemps d'avance l'état météorologique d'un pays déter-
miné.
Cette Lettre est renvoyée à M. Le Verrier, qui se fera représenter, s'il le
juge nécessaire, les précédentes communications de l'auteur.
M. A. de Robiano adresse, de Vilvorde (Belgique), des figures annoncées
( 1225 )
comme une « construction générale de tous les polygones réguliers, avec la
génération des voûtes ogivales qui en découle. »
La Lettre qui accompagne cette planche ne faisant pas suffisamment con-
naître le but que s'est proposé l'auteur dans ces constructions, il n'a pas
paru qu'il y eût lieu à nommer une Commission.
M. Brachet adresse une Note concernant la presse hydraulique.
A 5 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 6 heures. F.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 16 juin i856, les ouvrages dont
voici les titres :
Dell'orologio. . . De l'horloge à pendule de GalUée et de deux suppositions ré-
centes-concernant le mécanisme imaginé par lui; br. in-8°. (Extrait du volume
de Supplément aux Œuvres complètes de Galilée, éditées par E. Alberi.)
Memoirs... Mémoires de la Société Royale astronomique de Londres;
vol. XXIV. Londres, i856; in-4°.
Monthly... Bulletin mensuel de la Société astronomique de Londres; vol. XV.
Novembre 1 854 à juin i855;in-8°.
ïhe nature... Sur les grandeurs relatives des planètes; sur la grandeur abso-
lue du Soleil et, par suite, sur la fausseté des opinions admises par les astronomes
relativement aux dimensions de ces corps; par M. A. Habpur. Dublin, i856;
br. in-8°.
Die Salzsauerlinge. . . Sur la fabrique d'acide hydrochlorique de Neuhaus; par
M. Aloys Martin (de Bamberg). Munich, i856; br. in-8°.
C. R., il>56, i« Semestre. (T. XLII, N° 25.
160
( I22Ô )
L'Académie a reçu, dans la séance du 23 juin i856, les ouvrages
dont voici les titres :
Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d'invention ont
été pris sous le régime de la bi du 5 juillet i844j publiée par les ordres de
M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics; t. XXI.
Paris, i855; in-4°.
Description des machines et procédés consignés dans les brevets d'invention,
de perfectionnement et d'importation dont ta durée est expirée, et dans ceux dont
la déchéance a été prononcée; publiée par les ordres de M. le Ministre de l'Agri-
culture, du Commerce et des Travaux publics; t. LXXXIV. Paris, i855;
in-4°.
Comptes rendus des séances et Mémoires de la Société de Biologie. Tome il
de la 2e série; année i855. Paris, i856; in-4°. (Présenté par M. Rayer.)
Monographie de la canne à sucre de la Chine, dite Sorgho à sucre; par M. le
Dr Adrien Sicard. Marseille, i856; br. in-8°.
Essai d ' ichthyologie des côtes océaniques et de l'intérieur de la France, ou Dia-
gnose des poissons observés; par M. A.-N. Desvaux. Angers, i85i ; broch.
in-8°.
De l'ablation curative des loupes , lipomes et tumeurs analogues, sans opéra-
tion sanglante; par M. A. Legrand. Paris, i856; in-8°.
Lettre sur le traitement du choléra; par M. le Dr Ayre ; br in-8°. (Renvoyé
à l'examen de la Section de Médecine et Chirurgie, constituée en Commis-
sion du prix Bréant.)
Illustrationes plantarum orientalium ; par M. le comte Jaubert et M. Ed.
Spach; 48elivraison; in-4°.
Lezioni... Leçons orales de Chimie générale professées en l'année i84o,-i85o;
parM. le professeur Cav.-G. Taddei; vol. IV. Florence, i853; in-12.
Monografia... Monographie du Bombjx Mori; par M. E. Cornalia. Milan,
i856; 1 vol. in-4°- Mémoire couronné par l'Institut lombard des Sciences,
Lettres et Beaux-Arts. (M. Milne Edwards est invité à faire de cet ouvrage
l'objet d'un Rapport verbal.)
Memoria... Mémoire sur la vraie valeur des fonctions d'une variable qui se
présente sous la forme -, — ; par M. P.-D. Marianini. Modène, i855; br.
in-4°.
Sopra... Sur une manière devoir avec facilité les coideurs accidentelles; par
M. Stef. Marianini. Modène, i855; br. in-4°.
( 1237 )
Physiotypia plantarum austriacarum... Flore d'Autriche exécutée par le
procédé de gravure naturelle; par MM. D'ETTINGSHAUSEN et AloiS POKORNY.
Vienne, i856; i vol. in-4°, avec un atlas en 5 vol. in-folio.
Fôrhandlingar... Travaux de la Société des Sciences naturelles de Scandina-
vie; 6e session annuelle tenue à Stockholm, du 1 1 au 19 juillet i85i ; 1 vol. in-8°.
Gelehrte... Notices scientifiques publiées par l'Académie royale des Sciences
de Bavière; XL et XLP vol. ; in-4°-
Abhandlungen . . . Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Bavière;
Classe d'Histoire; t. VII, partie III. Munich, i855; in-4°.
Abhandlungen... Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Bavière;
Classe de Philosophie et Philologie ; t. VII, partie III. Munich, 1 855 ; in-4°.
Ueber.. . De la division des populations du royaume de Bavière; discours pro-
noncé par M. F.-B.-W. DE Hermann, dans la séance du 28 novembre i855.
Munich, i855;br. in-4°.
Dr Lorentz Hùbner's... Notice biographique du Dr Laurent Hubner; par
M. Joseph Wissmayr. Munich, i855 ; br. in-4°-
Rede... Discours prononcé à la séance publique tenue le 28 novembre i855
par [Académie Boyale des Sciences de Bavière, sur la classification des Sciences;
par le même. Munich, i855;br. in-4°.
Rede... Discours prononcé par M. F. DE Thiersch dans la séance publique
du 28 mars i855. Munich, 1 855 ; br. in-4°.
Jahresbericht... Compte rendu annuel de la Société physique de Francfort-
sur- le-Mein, pour l'année scolaire 1 854-1 855; br. in-8°.
Anmàrkningar. . . Bemarques sur l'antrum pylori chez l'homme et chez
quelques animaux; par M. A. Retzius. Stockholm, i855; br. in-8°.
Ueber... De la déformation artificielle du crâne dans l'ancien monde; par le
même; br. in-8°.
Cranium, . . Sur un crâne d'Indien Pampas; par le même ; br. in-8°.
Ueber. . . Des grosses gouttes de graisse contenues dans les œufs des poissons;
par le même ; br. in-8°.
Om... Dissertation sur l'os luz; parle même; br. in-8°.
ERRATUM.
(Séance du 16 juin i856.)
Page 1 175, ligne 7, au lieu de M. Poujade lisez M. Pujade.
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 30 JUIN 1856.
PRÉSIDENCE DE II. IS. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
A l'ouverture de la séance, M. le Secrétaire perpétuel annonce que la
santé de M. de Gasparin est notablement améliorée : vine Lettre de
M. Agénor de Gasparin , qui renvoie un Mémoire resté entre les mains de
son père, donne à l'Académie cette nouvelle, qui a été reçue avec une
grande satisfaction.
« M. Le Verrier annonce que M. Chacornac, chargé par M. Goldschmidt
de donner un nom à la 41e petite planète, a choisi le nom de Daphné.
» M. Le Verrier fait ensuite remarquer que le Bulletin météorologique
des divers points de la France, recueilli par voie télégraphique, est main-
tenant complet , et qu'il est publié chaque jour dans le journal du soir
la Patrie. »
géométrie. — Note relative à la démonstration des théorèmes de M. Gauss
présentés dans une séance précédente ; par M. J. Bertrand.
« J'ai reçu, à l'occasion de ces démonstrations, une Lettre dans laquelle
M. O. Terquem m'indique une seconde Note relative à cette théorie, insérée
par Jacobi dans les Nouvelles astronomiques de Schumacher pour îiSfri.
Cette Note, comme le remarque judicieusement M. Terquem, contient une
démonstration qui diffère peu de celle que j'ai proposée pour le premier
théorème de Gauss, dont je déduis ensuite tous les autres. J'aurais pu y
C. R., iS56, i«r Semestre. (T. XL», N° 26.) l6 I
( ia3o )
renvoyer si j'en avais eu connaissance; je pense, néanmoins, que l'inter-
vention du théorème de M. Bonnet rend la démonstration plus simple et
plus nette. Ce théorème est d'ailleurs équivalent à une proposition énoncée
par Jacobi à la fin de la Note citée par M. Terquem; mais il me semble
précisément qu'il y a un avantage de simplicité. à le placer au commen-
cement pour en déduire la proposition de Gauss comme un corollaire
immédiat. »
physique du globe. — Recherches sur les variations que l'eau de la mer
Morte semble subir dans sa composition; par M. Bocssixgault. (Extrait.)
« La mer Morte, ou lac Asphaltite, ainsi nommée parce que son degré de
salure ne permet pas aux poissons de vivre dans ses eaux, et que de temps
à autre on voit flotter de l'asphalte à sa surface, est la limite d'une énorme
crevasse dans laquelle le Jourdain coule à un niveau bien inférieur à celui
de l'Océan. Cette profonde dépression du sol sur un point assez étendu de
la Syrie méridionale, à une distance de 60 milles de la Méditerranée, est,
comme l'a dit M. de Humboldt, un phénomène si extraordinaire, que
ceux-là même qui l'ont constaté ont tout d'abord douté de l'exactitude
de leurs observations.
» Dans sa longueur, dirigée du nord au sud, la mer Morte a près de
4i milles marins, et 9 milles dans sa plus grande largeur. Un promontoire,
détaché de la côte orientale, forme un détroit de 2 milles de large, à peu
de distance de l'extrémité sud, près de la montagne de sel d'Usdum.
« Dans- les vingt dernières années, plusieurs tentatives de navigation ont
été faites par de hardis voyageurs, malgré le proverbe arabe qui dit : « Celui
» qui tient à la vie ne doit pas s'aventurer sur cette mer. »
» En i835, un Irlandais, M. Cottigan, exécuta des sondages sur une
barque avec laquelle il avait descendu le Jourdain. Après cinq jours de
navigation, Cottigan alla mourir d'épuisement à Jérusalem. A la fin de
mars 1837, MM. Moor et Beek conduisirent avec des peines infinies, de Jaffa
à Jéricho, le canot dans lequel ils naviguèrent jusqu'au 1 7 avril ; c'est à eux
que l'on doit la première notion de la dépression du bassin de la mer Morte,
que leur avait révélée la température de l'eau bouillante. Abandonnés des
Arabes, accablés par la maladie, ils furent forcés de renoncer à leurs pro-
jets d'exploration. M. Moor passa en Egypte.
» M. de Bertou, que le hasard mit en relation avec M. Moor, vérifia en
1837 et i838, par des observations barométriques, la dépression qu'avaient
signalée les deux voyageurs anglais. Ensuite, le lieutenant Symond de la
marine britannique, par une triangulation terminée en 1841, a définitive-
( ia3i )
ment adopté 4°° mètres pour la différence de niveau entre les deux mers.
» L'année 1847 v^ une nouvel'e tentative et compta une nouvelle vic-
time, le lieutenant Molyneux, qui, après avoir fait de nombreux sondages,
mourut de la fièvre, bien qu'il n'eût passé que quelques jours sur le lac
Asphaltite> Mais l'expédition qui a jeté le plus de lumières sur le climat et
la topographie de la mer Morte, est, sans aucun doute, celle que comman-
dait le lieutenant Lynch de la marine des Etats-Unis, et je ne saurais mieux
faire que de citer quelques passages du journal tenu par cet habile officier.
» C'est le 18 avril 1847 ^ue l'expédition, montant deux canotsen métal,
entra du Jourdain dans la mer Morte, alors violemment agitée. Les marins
furent bientôt couverts d'un enduit salin, dont l'âcreté causait une sensation
pénible, presque intolérable sur les lèvres et dans les yeux. Malgré une
tempête des plus violentes dans une enceinte resserrée de montagnes noires
et arides d'où coulent des eaux sulfureuses d'une extrême fétidité, l'équi-
page ne perdit pas courage, car, comme l'écrit le lieutenant Lynch, l'éton-
nement frappe, mais n'épouvante pas. La mer se calma aussi rapidement
qu'elle s'était déchaînée, et, quand elle fut en repos, on put vérifier la res-
semblance d'aspect avec le plomb fondu que les Arabes lui attribuent.
» Le 20 avril, dans la matinée, par une légère brise du sud, la tempéra-
ture de l'air était 27°,8 centigrades; la mer avait l'apparence d'un miroir,
tant elle était tranquille. A ioh 3om du matin, sous une tente dressée sur la
côte, le thermomètre marquait 3i°,7 ; un peu de vent du nord le fit tomber
à a6°,7.
» Entre 8 et 9 heures du soir, la nuit étant très-obscure, la mer se cou-
vrit d'une écume phosphorescente, et les vagues en se brisant éclairaient
d'une lumière sépulcrale le bois mort et les blocs de roche épars sur la
plage. Phénomène d'autant plus remarquable, qu'on n'a pas découvert d'a-
nimalcules dans l'eau du lac Asphaltite.
» La sonde, et ce fait s'est reproduit plusieurs fois, rapporta des cristaux
cubiques de sel marin, mêlés au sable ou à l'argile du fond.
» Le 21 avril, on trouva, sur la côte occidentale, une source d'eau douce
ayant une température de 23°, 9; c'était près de Ain-Turabeh où croissent
des Pistachia terebent.hinus . Le sable supportait un dépôt de soufre.
» Dans la nuit on sentait assez fréquemment une odeur sulfureuse, et
comme l'eau du lac est absolument inodore, le lieutenant Lynch attribue
cette odeur aux sources sulfureuses et aux marais environnants. Le 24 avril,
dans le jour, le vent étant très-faible, on sentit l'odeur sulfureuse ; la tem-
pérature était de 33°,3 centigrades, a et chacun de nous, » dit le lieutenant
Lynch, « eut à résister à un profond sentiment d'abattement ; on voyait
161..
( i23a )
» l'embouchure de l'Arnou, dont les eaux coulent sur du grès rouge. Le
» 26, à 4 heures du matin, le thermomètre marquait 3o degrés. On était
» alors à une petite distance de la montagne d'Usdum en présence d'une
» scène de désolation ; d'un côté l'imposante masse de sel gemme, de l'autre
» les roches stériles de Moab ; au sud la plaine de sel où plusieurs fois les
» Israélites défirent leurs ennemis, et au nord la mer, que voilait un brouil-
» lard pourpre, recouvrait les ruines de Sodome et de Gomorre. L'éclat de
» la lumière blessait la vue, et l'on respirait péniblement dans une atmo-
» sphère embrasée. Pas un oiseau ne fendait cet air raréfié, pas un pois-
» son ce mystérieux élément sur lequel nous voguions et qui, seul de
» toutes les œuvres du Créateur, ne contient pas un être vivant. »
» Dans cette localité, l'attention des équipages fut attirée par une sorte
de colonne de sel, rappelant le pilier mentionné par l'historien Josèphe
comme étant, d'après la tradition, la statue de la femme de Loth. M. de
Saulcy, qui a visité Usdum, fait observer que, sans chercher beaucoup, on
trouverait probablement plus de deux cents femmes de Loth, les blocs de
sel isolés et cylindriques étant assez communs dans le voisinage des grands
dépôts salifères analogues à celui d'Usdum.
» Entre 3 et 4 heures de l'après-midi, la chaleur devint oppressive. La
température de l'air atteignit 39 degrés; celle de la mer, prise à la surface,
3 a0, 2. Les rameurs étaient épuisés de fatigue ; on débarqua au sud du pro-
montoire, près de Wady-Humeir, l'endroit le plus triste où jamais l'on ait
campé. Les armes, les boutons des uniformes étaient brûlants. A 8 heures
du soir, le thermomètre, placé à 5 pieds au-dessus du sol, marquait 4'°>I
centigrades. A 4 heures du matin, le 27, l'équipage se plaignit du froid, la
température étant descendue à 28 degrés.
» Le 28, l'expédition campa près Engaddi. Au coucher du soleil on
trouva qu'un cheval pouvait se soutenir dans le lac sans chavirer, sans être
jeté sur le côté. Un homme vigoureux surnagea, plongé jusqu'à la poitrine,
sans faire le moindre effort pour se maintenir sur l'eau salée.
» Le 4 mai, la sonde indiqua, à peu près au milieu du lac, une profon-
deur de 194 fathoms.
» Des observations, faites avec un thermomètre enregistreur, montrèrent
l'existence d'une couche d'eau froide entre la surface et le fond
A la surface, température 24°>4
A 18 mètres i5,o
A 3i8 mètres 16,7
( iî33 )
» La plus forte température de l'air a été observée le 8 mai ; à midi, elle
était, à l'ombre, de 43°, 3.
» Les nombreux torrents alors desséchés reconnus par l'expédition
prouvent que la mer Morte reçoit, à certaines époques de l'année, une
quantité considérable d'eau douce. Les rivières qui ne tarissent pas éprou-
vent de très-grandes crues dans la saison pluvieuse. Le Jourdain devient une
mer, comme disaient les Arabes à M. de Bertou.
« Le lieutenant Lynch a vu, près du Wady-Mukaddam, une marque in-
diquant que le niveau du lac avait dû monter de 7 pieds anglais au-dessus
du point où il se trouvait le 22 avril.
» Si l'on considère combien la mer Morte peut s'étendre vers le nord
en regorgeant dans la vallée basse du Jourdain, et vers le sud en inon-
dant la plaine salée, on comprend quelle énorme masse d'eau elle doit re-
cevoir avant que son niveau s'élève de 2 mètres.
» L'exploration de la mer Morte étant terminée, l'expédition se dirigea
sur Beyrout, non sans avoir payé son tribut à l'insalubrité du climat. Un
des officiers les plus actifs, le lieutenant Deale, près d'arriver au port, suc-
comba à la maladie dont il avait contracté le germe dans cette mémorable
campagne. C'est un nom de plus à inscrire sur cette longue liste de voya-
geurs morts pour la science.
» L'analyse la plus ancienne de l'eau de la mer Morte a été faite en 1 788
par une Commission de l'Académie des Sciences, formée de Lavoisier,
Macquer et Sage. Dans cette eau envoyée par le chevalier Tolès, les Com-
missaires trouvèrent :
Sel marin , à base de magnésie 21 ,786
à base de chaux 16, 32g
Sel marin ordinaire 6 , 25o
44,375
Eau. ... 55,625
— «
100,000
» En #807, Marcet publia une nouvelle analyse. La densité de cette eau
était 1,211 : aussi les sels trouvés dans 100 parties ne sont plus 44i
comme dans les résultats donnés par les académiciens, mais 24, 5 seu-
lement.
» En 180g, Klaproth examina une eau dont la densité était 1,245, et il
constata ^1,6 pour 100 de sels secs.
» De l'eau de la mer Morte, prise en octobre 18 17 par le comte Forbin
( i*34 )
pendant son voyage dans le Levant, fut analysée par Gay-Lussac: elle avait
une densité de i,2283, et renfermait, sur 100 parties, 26,24 de matières
salines. Sa composition différait d'ailleurs très-notablement de celle qu'a-
vait donnée Marcet.
Marcet. Gay-Lussac.
Chlorure de magnésium 10, 246 1 5 , 3 1
Chlorure de sodium »..* io,36o 6,q5
Chlorure de calcium 3, 920 3, 98
Chlorure de potassium o ,000 traces
Sulfate de chaux o , o54 traces
24,58o 26,24
Eau ;. 75,420 7^76
100,000 100,000
» Frappé de la grande différence de ces résultats, Gmelin crut devoir
entreprendre "une nouvelle analyse de l'eau de la mer Morte, puisée au
printemps de 1822 par M. Jacob Leutzen . Cette eau, pesant 1,212, laissa
sur 100 parties, 24, 54 de sels secs.
» Gmelin y constata la présence du brome que M. Balard venait de dé-
couvrir, et il conclut d'expériences exécutées avec un grand soin que cette
eau ne renfermait pas de nitrates. Quant au résultat de son analyse, il n'est
d'accord ni avec celle de Marcet, ni avec celle de Gay-Lussac.
» Depuis Gmelin, les chimistes ont continué à s'occuper de la mer
Morte. L'eau rapportée par le lieutenant Lynch, d'une densité de 1, 2274,
contenait, d'après MM. Booth et Muckle, 26,42 sur 100 de sels.
» Dans de l'eau prise par M. Dunoyer sur là rive occidentale du lac
Asphaltite, le 2 avril i85o,MM. Boutron-Charlard et O.Henry n'ont trouvé,
sur 100 parties, que i4?9^ de sels; il est vrai que la densité de cette eau
ne dépassait pas 1 ,0992.
» Enfin, M. Moldenhauser vient de donner une analyse faite sur de l'eau
puisée en juin i854, dont la densité était 1, 1 160 ; de 100 parties d'eau on
obtint i3, 88 de substances salines.
» Il est certainement très-singulier que huit analyses faites su^nne eau
prise à la même source, par des chimistes dont on ne saurait contester
l'habileté, ne s'accordent pas mieux entre elles. Le motif qui avait porté
Gmelin à entreprendre l'examen de l'eau de la mer Morte subsistait donc
toujours. J'avais d'ailleurs un autre motif pour faire une nouvelle étude de
cette eau.
» Depuis que la présence de l'acide nitrique dans les rivières a été dé-
( 1235 )
montrée par les intéressants travaux de MM. Bineau et Sainte-Claire Deville,
il nie parut bien extraordinaire qu'une eau de mer, et particulièrement
l'eau de la mer Morte, à cause de la constitution géologique de son bassin,
ne contînt pas de nitrates, ainsi que Gmelin l'avait reconnu; et, sans
élever le moindre doute sur la netteté des résultats annoncés par cet ana-
lyste éminent, je désirais vivement vérifier un fait dont l'importance au-
jourd'hui est évidemment plus grande qu'elle ne l'était en 1826.
» L'eau que j'ai examinée a été rapportée par un jeune Américain,
M. Domingo Arosamena; elle est sans odeur et très-limpide.
» Mon analyse s'accorde assez bien avec celle de Gmelin .
Densité de l'eau
Chlorure de magnésium.
Chlorure de sodium. . . .
Chlorure de calcium . . .
Chlorure de potassium. .
Bromure de magnésium.
Sulfate de chaux
Sel ammoniac
Chlorure de manganèse.
Chlorure d'aluminium. .
Nitrates
.Iodures
Eau
Boussingault.
Gmelin.
!>!94
1 ,212
10,7288
11,7734
6, 4964
7,0777
3 , 55g2
3,2l4'
1 ,6110
1,67 38
o,33o6
o,43g3
0 , 0424
0,0527
o,ooi3
0,0075
0,0000
0,2117
0,0000
0 ,08961
0,0000
0 , 0000
0,0000
0,0000
22,7697
24,5398
77,23o3
75,4602
100,0000
100,0000
» Pour rechercher les nitrates dans l'eau du lac Asphaltite, je me suis
arrêté à l'emploi du sulfate d'indigo. Dans mes premiers essais'je m'étais
servi de l'or, comme l'avait fait Gmelin, et même pendant quelque temps
je l'ai cru préférable au protosulfate de fer et à l'indigo pour découvrir des
nitrates mêlés à des chlorures alcalins; mais je n'ai pas tardé à reconnaître
que les iridiées fournis par ce métal pouvaient être erronés, parce que l'acide
chlorhydrique concentré, considéré comme pur et tel qu'on le'prépare dans
les laboratoires, l'attaquait quelquefois. Les remarques que j'ai faites à ce
sujet méritent, je crois^ d'être consignées, et je soupçonne que pour avoir
échappé à certains observateurs, on a pu signaler des nitrates là où il n'y
en avait pas, ou évaluer trop haut ceux qu'on a dosés d'après la production
du chlorure d'or.
( 1236 )
» Ainsi, en laissant une lame d'or dans 5 centimètres cubes d'une disso-
lution saturée de sel marin, mélangée à 5 centimètres cubes d'acide chlor-
hydrique concentré et considéré comme pur, la liqueur, au bout de quel-
ques jours, avait acquis une teinte jaune, très-faible à la vérité, mais assez
prononcée cependant pour conclure à la dissolution d'une faible quantité
du métal, et, par suite, à la présence de nitrates dans le sel marin, si l'on
n'eût pas été certain de sa pureté. Cette expérience a été répétée maintes
fois, et toujours on put reconnaître des indices évidents de la dissolution
de l'or.
» En colorant par quelques gouttes de sulfate d'indigo un mélange formé
de volumes égaux d'eau distillée et d'acide chlorhydrique considéré comme
pur, la teinte bleue s'est effacée graduellement.
» Dans l'acide chlorhydrique dont je disposais, acide préparé d'ailleurs
par les procédés ordinaires, il y avait donc un principe capable de déterminer
la dissolution de l'or et la destruction de l'indigo ; était-ce du chlore, était-ce
un composé nitreux ? Cette dernière supposition paraîtra la plus probable,
si l'on considère dans quelles circonstances l'acide chlorhydrique est pro-
duit.
» L'acide sulfurique intervient toujours, et l'on sait que dans la plupart
des cas, c^t acide renferme des composés nitreux, quelquefois même en
très-notable proportion. Aussi est-ce une précaution en quelque sorte élé-
mentaire que de commencer par priver l'acide sulfurique de ces composés
avant de l'employer soit à dessécher, soit à purifier un courant de gaz;
autrement le gaz entraînerait des vapeurs nitreuses, pour si peu qu'il en
existât dans l'acide purificateur.
w Au reste, je n'ai pas déterminé le principe qui rend l'acide chlorhy-
drique impropre à déceler les nitrates; je me suis uniquement assuré qu'on
l'élimine très-facilement, puisqu'il suffit de faire bouillir l'acide jusqu'à ce
qu'il ait éprouvé une réduction d'environ un quart de son volume. L'acide
chlorhydrique bouilli n'a pu décolorer l'eau teinte par le sulfate d'indigo,
et l'on peut dès lors en faire usage conjointement avec ce dernier réactif
pour rechercher les nitrates dans une dissolution de chlorures alcalins.
» C'est à M. Liebig que l'on doit l'application de l'indigo comme réactif
des nitrates, et l'on admet qu'il est possible par ce moyen de découvrir dans
un liquide —^ d'acide nitrique. En suivant la méthode décrite dans mon
Mémoire, je crois pouvoir affirmer que la sensibilité du réactif est, pour
ainsi dire, illimitée; ainsi on décèle dans i centimètre cube d'eau salée l'a-
cide équivalent à oBr,ooooo3i de nitrate de potasse. De nombreuses expé-
( i*37 )
riences synthétiques ne laissent aucun doute à cet égard; cependant je n'ai
pu, à l'aide. de ce réactif rendu si sensible, trouver le moindre indice de
nitrate dans l'eau de la mer Morte. Néanmoins, lorsqu'il s'agit de substances
que la mer pourrait tenir en dissolution, s'il est permis d'indiquer une
limite, il ne faut pas, à cause de l'immensité du dissolvant, prononcer l'ex-
clusion dune manière absolue.
» L'absence des nitrates dans l'eau de la mer Morte m'a porté à recher-
cher si le réactif indigo indiquerait ces sels dans l'eau d'une autre mer.
M. Bineau, dont l'exactitude est bien connue de l'Académie, a dosé dans un
litre d'eau puisé sur la côte d'Aigues-Mortes, une quantité de nitrates repré-
sentant ogt,ooi de nitrate d'ammoniaque, tandis qu'il n'a point rencontré
de nitrates dans l'eau du port de Marseille.
» L'eau de mer que j'ai examinée avait été prise, le 8 mai, par M. Reiset,
sur la plage de Dieppe, assez loin du port pour éviter l'influence de la
rivière d'Arqués.
» Dans cette eau réduite au dixième par l'évaporation, l'indigo a indiqué
de la manière la plus nette une très-faible proportion de nitrates, à peu
près ogr,ooo3 pour un litre d'eau.
» Il résulte des essais multipliés auxquels je me suis livré depuis quelques
mois, que le sulfate d'indigo, convenablement appliqué, est, non-seulement
d'une extrême sensibilité comme réactif qualitatif, mais qu'il offre encore
comme agent de dosage des avantages incontestables, puisqu'on détermine
avec une précision suffisante et presque sans appareils les nitrates contenus
dans l'eau des mers, l'eau des rivières, les eaux pluviales et les eaux sortant
des draines. C'est ce que je me propose d'établir dans une instruction spé-
ciale que je publierai prochainement.
» Par une belle série d'expériences, MM. Malaguti, Durocher et Sarzeatt
ont prouvé que l'Océan renferme du chlorure d'argent; ioo litres d'eau pui-
sée à plusieurs lieues de la côte de Saint-Malo, ont donné i milligramme
de métal. Un savant du plus grand mérite, M. Forchammer, de Copen-
hague, a confirmé le fait en opérant sur l'eau de la Baltique.
» Comme l'eau de la mer Morte est beaucoup plus chargée de sels que
l'eau de l'Océan, il y avait quelque raison pour croire qu'elle contiendrai!
une plus forte proportion de chlorure d'argent. J'ai prié, en conséquence,
mon savant confrère M. Becquerel d'y rechercher l'argent au moyen des
procédés électrochimiques; et quoiqu'il n'ait pas été possible d'obtenir un
dépôt métallique sur un des électrodes, la question n'est cependant pas
C. F,., 1856, i« Semestre. (T. XLII, N° 26.) I 62
( i*38 )
résolue, par la raison que l'essai n'a pu être tenté que sur trop peu de ma-
tière. C'est un sujet d'observation que je me permets de recommander à
ceux qui pourront se procurer quelques litres d'eau de la mer Morte.
» Ce qui caractérise l'eau de cette mer, c'est la forte proportion de brome
qu'elle renferme, puisque i mètre cube contiendrait, d'après l'analyse,
3 à 4 kilogrammes de bromure de magnésium. Si un jour le brome trou-
vait une large application industrielle, c'est dans la mer Morte qu'il fau-
drait l'aller chercher.
» Pline rapporte que de riches habitants de Rome, que d'ailleurs il taxe
d'extravagance, faisaient apporter pour se baigner de l'eau du lac Asphaltite,
à laquelle ils attribuaient des vertus médicinales. Galien remarque que ces
baigneurs se seraient épargné bien de l'embarras, en dissolvant du sel
dans de l'eau douce; mais il semble hors de doute qu'en raison de la dose
considérable de brome qui s'y trouve, cette eau doit nécessairement être
douée de certaines propriétés thérapeutiques.
» L'analyse semble donc établir que l'eau de la mer Morte n'a pas la
même composition à toutes les époques de l'année, et que les substances
salines qu'elle tient en dissolution varient, non-seulement sous le rapport
de la quantité, ce qu'expliquerait la plus ou moins grande affluence des
eaux douces, mais encore dans leur nature. Au reste, pourrait-on affirmer
aujourd'hui que l'Océan n'éprouve pas des changements du même ordre?
Est-il certain que ses eaux conservent, pendant toute l'année, la même con-
stitution ; que leur composition est la même en pleine mer et près des côtes,
dans les régions polaires comme sous la zone équatoriale, à la surface
comme à une grande profondeur? Ces questions ne seront résolues que
lorsque la chimie sortant du laboratoire, interviendra plus qu'elle ne l'a
fait jusqu'à présent dans l'étude de la physique du globe. »
géométrie. — Note de M. Vincent en réponse aux observations présentées
dans V avant-dernière séance par M. Chasles.
« Je me fais un devoir de reconnaître devant l'Académie l'exactitude d'un
renseignement que notre confrère M. Bienaymé a bien voulu me donner,
relativement au postulatum sur la somme des angles du triangle. Le tome XV
des archives de Grunert (page 36 1 et suivantes) contient un Mémoire du
docteur en théologie Germar (de Heide) relatif à l'objet qui m'a occupé, et
où cet auteur rapporte à un professeur nommé Thibaut une démonstration
identique à celle que j'ai proposée. D'après la traduction que je dois à la
( i*3q )
complaisance de M. Alf. Maury, la seule différence consiste en ce que Thi-
baut écartait l'objection déduite de la différence des centres de rotation,
par une considération tirée des mouvements relatifs des corps célestes, ce
qui donne à sa théorie une teinte de mécanique concrète, tandis que je me
suis tenu dans la pure abstraction mathématique. Cette coïncidence, dont
je me félicite sincèrement, prouve que l'idée n'est pas aussi déraisonnable
qu'on a paru le croire. Pourquoi n'a-t-elle pas eu plus de succès? C'est ce
que la nature du débat actuel suffit peut-être à expliquer. Mais c'en est
assez sur ce sujet.
» Je ne puis laisser passer cette occasion sans témoigner à mon tour
V étonnement et le sentiment pénible que m'a fait éprouver la lecture du
Compte rendu contenant la Note de M. Chasles. Je n'avais pas bien saisi à
l'audition le sens et la portée des paroles de notre confrère, car j'y aurais
répondu autrement. Comment M. Chasles, qui avait ma communication
sous les yeux, qui avait eu huit jours pour rédiger ses observations, peut-il
dire que mes réflexions « accusent le jugement de ceux (ce qui ne pour-
» rait s'entendre que de tous ceux) qui ont cultivé les sciences mathéma-
» tiques jusqu'à ce jour? » et plus loin : que « j'ai prononcé une cen-
» sure contre les géomètres anciens et modernes (ce qui signifierait,
» encore une fois, contre tous les géomètres, sans aucune exception), » et
cela quand j'avais dit simplement : « Je ne manquerais pas d'exemples
» si je voulais prouver qu'il est arrivé souvent aux géomètres...)» M. Chasles
raisonne comme si ma proposition eût été absolue et universelle, et ensuite,
ce qui n'est pas plus admissible , comme si toutes les démonstrations
précédemment tentées étaient également irréprochables, ce qui implique
une contradiction. Je ne veux point insister sur cet objet auquel je
pourrai revenir ailleurs : je me borne à dire et à répéter ici que je n'ai
prétendu parler que d'auteurs de géométrie élémentaire et classique, dont
aucun n'est vivant, ce qui n'empêche pas que plusieurs d'entre eux ne
soient encore des auteurs modernes; et j'étais complètement dans mon
droit en critiquant leurs doctrines.
» Que dire ensuite de cette assertion : que mes réflexions « tendraient à
» jeter du doute sur les principes mêmes qui servent de base aux sciences
» mathématiques? » Et depuis quand donc des vérités, bien prouvées d'ail-
leurs, se trouveraient-elles compromises dès l'instant seulement qu'un
mauvais logicien en aurait proposé une fausse démonstration?
» Mais une prétention contre laquelle je regarde par-dessus tout comme
un devoir de protester au nom de la raison publique, est la prétention for-
162..
( <24o )
muléede mettre un interdit sur les principes philosophiques de la science,
et de soutenir que, pour avoir le droit de les discuter , il faut avoir fait acte
de grand géomètre. La géométrie, a dit avec beaucoup de raison M . Poinsot,
dont je regrette de ne pouvoir reproduire dans leur véritable texte les hautes
considérations, est comme un arbre dont les rameaux s'étendent vers l'in-
fini, mais qui par son pied touche et commence à la terre. Rien n'est plus
vrai. Je reconnais que les branches et les fruits appartiennent aux grands
géomètres qui ont su s'y élever; mais le pied appartient à tout le monde, et
surtout à ceux qui y sont restés enchaînés toute leur vie. Sans avoir suivi
la voie qui conduit à la géométrie supérieure, on peut très-bien savoir
qu'il est pour y arriver des moyens plus rapides et plus hardis que ceux
d'Euclide.
» Enfin, comment qualifier le procédé par lequel, au sujet d'une commu-
nication plus ou moins digne d'attention, on est venu mettre à l'index un
ouvrage dont il n'avait en rien été question dans le débat, et qui ne contient
même pas la démonstration proposée, et attaquée bien que conforme aux
principes établis dans le programme des études?... Mais autre chose est d'é-
tablir des principes, et autre chose d'en poursuivre les conséquences — »
« Après cette lecture, M. Chasles dit qu'il s'en réfère aux observations
mêmes qu'il a présentées à l'Académie, et qu'un seul point de la communi-
cation actuelle de M. Vinceut lui donne lieu de prendre la parole. Il veut
simplement faire remarquer que ses observations se rapportaient exclusive-
ment à l'écrit lu par M. Vincent sous le titre de Note sur la théorie des
parallèles, et qu'il n'a fait allusion, en aucune manière, à l'ouvrage publié
récemment par son confrère.
» M. Vincent s'empressant de déclarer qu'en effet le passage dont veut par-
lerM. Chasles nele concerne pas, M. Chasles répète qu'il n'a rien à ajouter. »
M. Floubens, en faisant hommage à l'Académie d'un volume qu'il vient
de publier, s'exprime dans les termes suivants :
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie un exemplaire du premier
volume des Eloges historiques, que j'ai lus dans ses séances publiques.
» Ce volume contient, après une Introduction sur l'Histoire de l'Aca-
démie et sur Fontenelle, les éloges de George Cuvier, Blumenbach, Geof-
froy-Sain t-Hilaire, Blainville et Léopold de Buch.
» Le second volume est sous presse, et paraîtra bientôt.
( i*4i )
» En écrivant ces éloges, je me suis imposé la loi de rechercher, dans la
vie des hommes illustres auxquels ils sont consacrés, tout ce qu'il y a eu
de plus honorable et de plus digne d'être conservé, et dans leurs écrits tout
ce qu'il y a de vrai.
Quid verum atque decens euro et rogo et omnis in hoc sum. »
M. Éme de Beacmont présente, au nom de l'auteur M. J. Plateau, un
exemplaire d'un opuscule publié par le savant Correspondant de l'Acadé-
mie sous le titre de « Recherches expérimentales et théoriques sur les
figures d'équilibre d'une masse liquide sans pesanteur » .
NOMINATIONS.
L'Académie procède , par la voie du scrutin , à la nomination de la
Commission qui aura à examiner les pièces admises au concours pour le
prix fondé par M. de Montyon , et destiné à récompenser les inventions
tendant à rendre un métier ou une profession moins insalubre.
MM. Rayer, Dumas, Chevreul , Pelouze et Roussingault réunissent la
majorité des suffrages.
L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin , à la no-
mination de la Commission qui aura à décerner le grand prix des Sciences
mathématiques ( question concernant la théorie mathématique des phéno-
mènes capillaires).
(Commissaires, MM. Pouillet, Despretz, Biot, Regnault et Duhamel.)
MÉMOIRES LUS.
hydraulique. — Note relative aux inondations ; par M. Baisse.
(Renvoi à la Commission nommée précédemment pour les Mémoires de
M. Rozet, et à laquelle M. Poncelet est invité à s'adjoindre [i].)
« Encouragé par l'accueil que l'Académie vient de faire à deux commu-
nications de M. Rozet touchant les inondations, je désire d'autant plus lui
soumettre aussi sur ce sujet quelques réflexions, qu'elles sont d'accord
(i) Cette Commission se trouvera ainsi composée de MM. Poncelet, Élie de Beaumont,
de Gasparin, M. le Maréchal Vaillant.
( 124» ) t
avec les conclusions de mon savant camarade. C'est, du reste, le simple
résumé de ce que j'ai eu à exposer, le 16 de ce mois, au Conseil général des
Ponts et Chaussées, que je réclame l'honneur de lire ici.
. » Les inondations surprenantes qui se répètent depuis 1840 et causent
de si grandes et de si douloureuses pertes, provoquent naturellement la
question de savoir si la science ne peut pas conjurer ce fléau dans l'avenir
et d'abord si l'on est bien dans la voie pour cela.
» On construit beaucoup de digues nouvelles, on en entretient, on en
relève d'anciennes plus étendues encore, le tout, comme on sait, à grands
frais pour l'Etat et les riverains ; mais, après avoir plus ou moins longtemps,
de la sorte, préservé nos vallées et nos villes, voici que des crues de plus
en plus hautes surpassent toutes ces digues dites insubmersibles (c'est le
nom usuel, consacré, de celles que j'ai en vue) et commettent, à proportion
même de la hauteur donnée aux digues, de plus grands ravages.
» Non-seulement nul ne proteste contre la qualification qui vient d'être
rappelée, mais de vastes projets/récemment adoptés, s'exécutent sous nos
yeux suivant ce système de plus en plus dominant et toujours ainsi désigné.
» Et aujourd'hui encore, quelle leçon sortira des événements?. . . En
refaisant à la hâte les digues emportées, ne va-t-on pas, sur ces points et
partout ailleurs, les relever de nouveau de quelques pieds de plus, et peut-
être, au demeurant, après bien des discussions éphémères, en rester là ?
» C'est du moins ainsi qu'on s'est engagé toujours davantage dans ce sys-
tème des digues ou levées insubmersibles qu'il est temps, je crois, de recon-
naître pour illusoire, ruineux, funeste.
» Oubliant la portée des mots, on ne prend pas garde qu'on encourage
par celui qui désigne expressément le système dont il s'agit ici, les contruc-
tions qu'on voit se multiplier dans nos vallées endiguées; et l'on fait d'ail-
leurs soi-même, dans celles surtout où la plupart des crues nuiraient encore
aux récoltes, non plus par débordement sur les digues, mais par infiltra-
tion en dessous, de grands canaux d'assainissement qui supposent , en effet,
l'insubmersibilité des digues ; car ils seraient autrement un nouveau lit tout
préparé pour la rivière à son premier débordement imprévu, nouveau lit
qu'elle pourrait bien, l'élargissant et l'achevant en vingt-quatre heures,
s'approprier et garder.
» C'est assez dire qu'il y a sur ce point un examen radical à faire, et
qu'avant d'aller si loin, d'urgence en urgence, dans le malheureux système
de l'endiguement excessif des rivières, on eût bien dû se demander s'il
y a une limite assignable à leurs plus grandes crues : question première et
( ia43 )
capitale, quoique presque puérile à force d'être naturelle, et que pourtant
je puis dire en toute sincérité n'avoir jamais vu poser par personne.
» Considérons celle de nos rivières qu'on a le plus longtemps observée :
la Seine, à Paris.
» La plus grande crue qu'elle présente depuis qu'on note chaque jour sa
hauteur, c'est-à-dire depuis 1777, ou près de quatre-vingts ans, est la
crue du 3 janvier 1802, qui monta à 7m,45 à l' hydromètre du pont de la
Tournelle, auquel les hauteurs dont il s'agit ont toujours été prises.
» La moyenne des 80 maxima annuels, ou la crue moyenne, n'est que de
4m,56 : elle est donc de beaucoup (de près de 3 mètres) inférieure à la crue
de 1802.
» Mais il y a eu dans le passé des crues bien plus hautes. En effet, celle
du 25 décembre 1740 est montéeà 7m,o,o; celle du ier mars i658, jusqu'à
8m,8o, et la plus grande dont on ait conservé la mesure, celle du 1 1 juillet
1 61 5, plus haut encore de om,24, ou jusqu'à o,m,o4 :"hauteur qui va, comme
on voit, à peu près au double de la crue moyenne.
» Une telle crue donne : im,5o d'eau sur la place de l'Hôtel-de-Ville;
im,o5sur la place du Palais-Royal; im,33 sur la place de la Concorde à
l'entrée de la rue Royale ; 2 mètres au commencement du Cours la Reine
(Champs-Elysées); 3m,25 près la petite entrée du palais du Corps législatif,
par la rue de Bourgogne; 2™, go entre les palais delà Légion d'honneur
et de la Cour des Comptes, rue Bellechasse; 2m,8o devant le milieu du
palais du Conseil d'État, rue de Poitiers; im,77 rue du Bac, à la rencontre
des rues de Lille et de l'Université; 2m,i2 à l'angle des rues Bonaparte et
Jacob; 2m,7g à l'angle des rues de Seine et des Marais; om,76 sur le seuil
de la porte de l'Institut donnant sur le quai.
» Ma statistique des rivières de France, dont l'Académie a daigné cou-
ronner les premiers essais en i84o, et qui toucherait à son terme si je n'é-
prouvais d'indicibles difficultés à faire les vérifications et corrections qu'elle
exige, montre que sur toutes les rivières et sur tous les points de leur cours,
un fait pareil à celui qui vient d'être cité pour la Seine a été constaté; c'est-
à-dire que sur toutes on a vu des crues presque sans rapport avec les états
ordinaires de ces rivières.
» Sans doute, ces crues démesurées sont rares, mais il n'en est pas moins
vrai que nul ne sait la cause ou la loi de leur apparition. L'Isère en a eii
cinq dans le XVIIIe siècle: en 171 1, 1733, 1740, 1764 et 1778. Dans notre
siècle, elle a présenté deux crues, sinon aussi fortes, du moins encore trop
mémorables : en 1816 et tout récemment. La crue de 18 16 est montée, à
( 1244 )
Grenoble, à 3m,7o; celle de i856 vient de s'élever à 3m,8o. Mais la crue
de 1778 alla à 5m,io et donna im,7o d'eau à l'entrée de l'Hôpital. Dans
d'autres quartiers, il y en eut davantage.
» La crue moyenne n'est que de am,4o.
» Ces quelques faits posés, je demande pourquoi nous ne revenions pas
des crues aussi hautes ou même plus hautes que celles de 1718 pour l'Isère,
ou que celle du 1 1 juillet 161 5 pour la Seine ?
» Le climat n'a pas changé, que l'on sache, et, pour ce qui concerne
l'Isère, son lit a été, sur plus de i5 lieues de longueur, rien qu'en amont
de Grenoble, resserré entre de hautes digues; au lieu d'une vaste plaine
où elle faisait lac à chaque crue, elle n'a plus ainsi qu'un canal étroit entre
d'énormes levées.
» D'où proviennent les crues?
» De pluies abondantes qui se prolongent et embrassent une région
étendue, et auxquelles se joignent parfois de rapides fontes de neige; pluies
et fontes de neige qui résultent elles-mêmes de certains vents dont personne
n'oserait affirmer que la durée n'eût pas pu être de douze ou vingt-quatre
heures plus longue qu'à l'époque des crues les plus hautes.
» En juillet 1 85 r , uri vent de sud-ouest apporta, quarante-huit heures
durant, contre les cimes calcaires voisines de la Grande-Chartreuse, un air
humide et tiède venant d'Afrique et ayant rasé la Méditerranée : le refroi-
dissement que cette masse d'air, qui se renouvelait sans cesse, éprouvait à la
rencontre de ces montagnes, les plus hautes et conséquemment les plus
froides qu'elle eût trouvées jusque-là sur sa route à travers notre conti-
nent, produisait une précipitation d'eau tellement abondante, que ce n'é-
taient plus des gouttes grosses et pressées qu'on voyait tomber, mais de
véritables filets d'eau continus — Je ne rappelle pas les désastres qu'occa-
sionna cette pluie torrentielle; j'observe seulement que si le vent qui l'ap-
portait eût persisté douze heures ou vingt-quatre heures de plus, nous eus-
sions vu assurément recommencer un véritable déluge, sans qu'aucune loi
physique connue s'y opposât le moins du monde.
» Mémorable exemple, d'où je tire cette conséquence bien simple, bien
incontestable, et néanmoins inaperçue jusqu'ici, quoique d'une immense
importance : à savoir qu'il n'y a pas de limite assignable aux grandes crues
de nos rivières, et partant que les levées de la Loire, comme celles du
Rhône, du Pô et autres, ne sont point insubmersibles comme on les sup-
pose aveuglément toujours, et comme on a le tort de les nommer.
» Je pourrais citer une vallée dans laquelle nos pères se contentaient de
( 1245 )
fixer les berges, et puis, à une plus ou moins grande distance, de part et
d'autre, d'élever des bourrelets de terre un peu au-dessus des crues ordi-
naires. Entre les bourrelets et les rives étaient les cultures qui craignent le
n^oins une immersion passagère ; derrière les bourrelets, les cultures plus
délicates. Les grandes crues, qui sont les plus chargées de limon, cou-
vraient tout. Sans doute, elles avariaient quelquefois les récoltes, mais
comme elles laissaient un engrais qui dispensait, les années suivantes, de
fumer la terre inondée, les dommages causés aux récoltes, une année sur
dix ou sur vingt, se trouvaient plus que compensés.
» Plus tard, poussé à relever les digues d'un cran de plus à chaque nou-
veau débordement, on en est venu à ne vouloir plus rien risquer du tout, c'est-
à-dire aux prétendues digues insubmersibles, avec ces canaux d'assainisse-
ment qui sont le complément et la perfection du système dans les cas les plus
rebelles. A la vérité, le prix de ces digues colossales et de ces canaux fait
payer une seconde fois la terre ; leur entretien est un impôt écrasant, et
il n'y a plus d'engrais naturel de temps à autre; mais parfois, et au-
jourd'hui même, des ravages désastreux, que le modeste système de nos
pères eût évités.
» Alors aussi les lits délaissés qu'on trouve dans toutes les vallées se
comblaient peu à peu et finissaient par devenir cultivables, tandis qu'avec
les digues insubmersibles ils demeurent d'éternels marais, en même temps
que les terres basses et froides sont dans l'impossibilité de s'élever jamais.
» Je pourrais citer, toujours dans la même vallée, une presqu'île que les
crues ont colmatée d'elles-mêmes et exhaussée de près de i mètre en cin-
quante ans, et qui, au lieu des joncs et vernaies qu'elle donnait uniquement
autrefois, produit aujourd'hui des blés et des chanvres magnifiques, très-
rarement atteints par les crues.
» Dans la partie inférieure de la vallée du Rhône, l'espace compris entre
la berge du fleuve et la haute levée qui couvre de vastes terrains, a un nom
particulier, celui de ségoneaux. Eh bien, ces ségoneaux sont aujourd'hui,
rien que par l'effet du colmatage naturel, beaucoup plus élevés que la plaine
close ; ils donnent de beaucoup plus riches récoltes et le fonds se vend moitié
plus et même deux fois plus que les fonds préservés. Ce fait, avec beaucoup
d'autres non moins concluants, a été cité à l'Académie par l'un de ses
Membres les plus éminents, M. de Gasparin, dans un remarquable travail
dont cette Note n'est qu'un faible écho (Comptes rendus, séance du 22 jan-
vier 1 844)-
» Lors de l' avant-dernière inondation de la plaine d'Avignon, les pro-
C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 26.) ■ 63
( 1*46 )
priétaires éperdus jetèrent les hauts cris et obtinrent de l'État d'abondants
secours: ce qui n'empêcha pas que, les années suivantes, le limon laissé par
le Rhône leur donnât, sans nul engrais, de merveilleuses récoltes. Je tiens
ce fait curieux de M. l'inspecteur général Mallet.
» Or non -seulement les digues dites insubmersibles privent les vallées
de ces limons, engrais naturels généralement très-féconds, mais lorsqu'elles
sont rapprochées, ce que veulent les derniers progrès du système, elles aug-
mentent extrêmement la hauteur des crues ; et lorsqu'elles sont en même
temps trop sinueuses, disposition qui leur a été longtemps imposée par prin-
cipe, elles ont à essuyer, dans les grandes eaux, le choc de courants violents
qui souvent les culbutent sans avoir besoin pour cela de les surmonter : je
m'abstiens des preuves encore patentes.
» Dans l'ancien système, au contraire, les crues, s'étendant sur toute la
plaine, sont diminuées à proportion de sa largeur, et les cultures, les haies,
les arbres, les bourrelets transversaux surtout, si l'on en fait, comme en
Egypte depuis de longs siècles, modèrent la vitesse de la nappe d'inonda-
tion, et celle-ci, loin de raviner le sol, ne fait qu'y laisser un dépôt précieux.
» Qu'on garde donc désormais les digues insubmersibles, en les faisant,
autant que possible, véritablement telles, pour les villes, bourgs, villages
malheureusement bâtis dans des lieux trop bas : là, il y va de la vie des
hommes, il n'y a pas à balancer; mais que pour les vallées elles-mêmes on se
contente de digues arrasées à la hauteur des berges, les fixant et redressant
convenablement, et réservant un lit ni trop, ni trop peu large; et puis qu'à
une certaine distance de ce lit, la plus grande possible, on élève des bour-
relets de terre jusqu'un peu au-dessus des crues ordinaires; qu'on re-
nonce, s'il le faut, à certaines cultures ou qu'on les restreigne aux terrains
les moins exposés ; s'il y a des affluents torrentiels qui risquent d'encom-
brer la rivière, qu'on ait grand soin d'allonger leur cours afin de les faire
aboutir presque parallèlement à la rivière et avec une pente peu différente
de la sienne, et qu'on les jette pour cela, autant qu'il se peut, dans les lits
délaissés; que les redressements soient étudiés avec grand soin dans cette
vue et non sans avoir longuement entendu les riverains qui savent seids
une foule de faits dont il importe extrêmement de tenir compte : jamais
autrement on ne saurait tous les prévoir et les prendre en considération
comme il faut.
» Et puis enfin que, pour parer aux risques inévitables résultant des
grandes crues, le Gouvernement favorise la formation de compagnies d'as-
surance mutuelle. L'homme ne possède rien ici-bas qui ne soit sujet à au-
( ,247 )
cune chance, et il en est des récoltes qu'il attend de sa terre comme de
tous ses autres biens. S'évertuer contre une telle loi immuable, et deman-
der à la scieuce de l'effacer, selon moi , c'est errer.
» Dira-t-on que tout ceci peut être bon pour les vallées encore sans
digues, mais que pour celles qui en ont, et au nombre desquelles sont les
principales, c'est autre chose?
» Je réponds qu'il faut d'abord, pour la vallée de la Loire, par exemple,
conserver très-soigneusement le jeu de la digue de Pinay, qui, à chaque crue
de la haute Loire, fait de la plaine du Forez comme un lac , et rechercher
toutes les autres applications possibles de cet admirable palliatif.
» Il faut voir les parties marécageuses ou basses , étendues et de moindre
rapport , que peuvent présenter les plaines endiguées , et en faire des réser-
voirs , qu'on ouvrirait aux crues à certain moment.
» Il faut, en général, loin de se contenter d'une digue unique, les mul-
tiplier diversement, comme on le fait dans la vallée du Pô.
» Il faut tâcher de réaliser la pensée de M. Elie de Beaumont , qui vou-
drait qu'on élargît le canal de Savière pour jeter les crues du Rhône supé-
rieur dans le lac du Bourget.
>• Il faut voir si les Genevois voudront consentir à recevoir dans leur lim-
pide Léman, comme M. Vallée le leur demande, le torrent d'Arve, malgré
ses eaux troubles et tous les cailloux qu'il entraîne.
» Il faut chercher toutes les applications qu'on peut faire de l'idée de
M. Rozet, de retarder le cours supérieur des affluents de nos fleuves, dans
les défilés rocheux où la mine pourrait aisément entasser blocs sur blocs,
pour obstruer leur passage.
» Il faut rechercher les localités qui peuvent se prêter à des moyens
quelconques de retenir ou ralentir les crues des cours d'eau qui les tra-
versent.
» Il faut surtout reboiser et gazonner, tant qu'on pourra, les terrains en
pente, et même le roc, comme on l'a entrepris, non sans succès, dans les
Hautes-Alpes ; parce que c'est là , sans nul doute , le plus général et le plus
puissant de tous les palliatifs.
» Mais il faut par-dessus tout, selon moi, peu à peu, en revenir au sys-
tème économique , simple, raisonnable , que je viens de signaler, et se bien
garder de recourir encore aux digues insubmersibles.
m Et puis enfin , là où il n'y a moyen de mettre à couvert les habitations,
il faut soigneusement proscrire les constructions peu solides , comme l'Ad-
i63..
ia48 )
ministration vient de le faire pour le pisé, dans la plaine basse auprès de
Lyon. Il faut même examiner s'il ne conviendrait pas de renouveler ces ha-
bitations et de relever leur sol , comme l'ont fait les rois de l'antique Egypte
pour des cités tout entières; car là, bien qu'on n'eût jamais négligé de
s'établir au-dessus des plus grandes crues du fleuve , le continuel exhausse-
ment du lit et de la vallée annuellement inondée , rendit ce parti jusqu'à
trois ou quatre fois nécessaire en trente ou quarante siècles.
» Je me résume :
» Depuis trente-six ans que je suis du métier, je n'ai jamais vu faire cette
remarque, pourtant bien simple, que les grandes crues de nos rivières n'ont
pas de limite assignable. Conséquemment le système des digues dites insub-
mersibles est illusoire en même temps que ruineux et funeste, pour plusieurs
raisons dont j'ai cité quelques-unes. Il suffit de fixer le lit des rivières au
moyen de digues arrasées à la hauteur des berges et complétées par des
bourrelets de terre préservant des crues ordinaires les cultures qui craignent
le plus l'immersion. Ainsi les vallées profitent des troubles des rivières, c'est-
à-dire du véritable or qu'elles roulent toutes, et qui autrement va se perdre
dans la mer. Ainsi seulement le lit et la vallée des fleuves se maintiennent
dans un convenable rapport de hauteur. Le système économique et simple
que je propose prévient les catastrophes que l'autre système, au contraire, pré-
pare à coup sûr et d'autant plus désastreuses que les levées ont été portées à
Tine plus grande hauteur. Il n'y a qife les assurances mutuelles à opposer aux
dommages causés de temps à autre par les crues extraordinaires, dommages
que diminueront, mais ne préviendront jamais entièrement tous les palliatifs
imaginables. Les digues hautes et vraiment insubmersibles doivent être ré-
servées pour mettre à tout prix à couvert les populations qui ont fait
la faute de s'établir sur des lieux bas. Enfin, là où de hautes digues exis-
tent, il faut bien étudier tous les moyens praticables d'atténuer les crues,
mais il faut aussi, et surtout, peu à peu et en toute occasion favorable,
passer d'un système à l'autre.
« Si l'Académie veut bien envisager, d'une part , les difficultés que la
routine, les préjugés, l'intérêt opposent en toute chose aux changements même
les plus motivés et les plus désirables, et, d'autre part, l'impression
extraordinaire que les derniers débordements ont produite et les chances
inouïes de succès que donnerait en ce moment la vive et puissante sollici-
tude du Souverain, j'aime à espérer qu'elle daignera prendre en considéra-
tion cet écrit, quelque sommaire et imparfait qu'il soit. »
( ia49 )
M. Brandt, Membre de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pé-
tersbourg et Directeur du Musée zoologique de l'Académie, présente divers
Mémoires qu'il a publiés sur des questions d'histoire naturelle et en indique
le sujet dans les termes suivants :
« C'est avec la permission de M. le Président et de MM. les Secrétaires
que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie impériale des Sciences quel-
ques Mémoires récemment publiés par moi.
» Ces Mémoires se rapportent à trois catégories : les uns sont réunis sous
le titre général de Beitrage; un autre forme l'Appendix d'un Voyage , et un
troisième constitue un ouvrage à part.
» Sous le titre Beitrage zur nahern Kenntniss der Saugethiere Russ-
lands , j'ai publié :
» i°. Une description zoologique très-détaillée de la marte zibeline (Mus-
tela zibellina), d'après les exemplaires du Muséum de Saint-Pétersbourg,
accompagnée de trois planches représentant les différentes variétés de cet
animal tant estimé.
•» 2°. Un second Mémoire offre une énumération des chauves-souris de
la Russie, sous le rapport de leur distribution géographique.
» 3°. Un troisième Mémoire prouve les différences nombreuses cranio-
logiques qui existent entre le Castor de l'Europe et celui de l'Amérique.
» 4°- Un quatrième Mémoire traite de la grande variabilité de forme des
os du crâne dans le genre Castor, et augmente le nombre des exemples qui
se rapportent à la variabilité individuelle des crânes des Mammifères.
» 5°. Un cinquième Mémoire expose l'histoire de la classification de
l'ordre des Rongeurs, et surtout du genre Castor chez les différents peuples
anciens et modernes.
» 6°. Un sixième Mémoire s'occupe de la craniologie , de la classification
et de l'affinité des différents genres de l'ordre des Rongeurs. .
» 70. Le septième Mémoire contient des recherches sur le nom du Castor
et du Castoréum chez plusieurs souches des peuples Ariens , Sémites , Mon-
gols et Finnois.
» 8°. Le huitième Mémoire s'occupe des connaissances que les Arabes
avaient sur le Castor. Audit Mémoire est ajouté un autre par M. Stanislas Ju-
lien, sur la connaissance des Loutres chez les Chinois.
» Un Appendix zoologique du Voyage de M. Hofmann dans l'Ural, donne
( ia5o )
un aperçu de la zoologie géographique des Vertébrés desdites contrées. J'y
ai ajouté de nombreuses remarques sur la distribution générale des Mammi-
fères en Russie.
» J'espère que l'appendice en question pourra fournir de nombreux
matériaux relativement à la patrie des Mammifères les plus répandus de
l'Europe et de l'Asie boréale.
» Un Mémoire sur la distribution géographique du tigre royal en con-
tient non-seulement la statistique, ainsi que ses relations physiques et biolo-
giques et les types généraux des animaux vertébrés qui l'accompagnent,
mais il offre en même temps des recherches très-détaillées sur les rapports
dans lesquels se trouvaient ou se trouvent encore avec lui les différentes
tribus des peuples Ariens, Sémites, Indiens et Chinois; et prouve en même
temps combien le combat contre ce redoutable ennemi exerça d'influence
plus ou moins considérable sur le développement de la culture.
» En général il résulte de ces recherches que c'est le tigre qui, parmi
tous les animaux sauvages que nous connaissons, possède au plus haut
degré la capacité de supporter les changements les plus considérables du
climat, car on le rencontre depuis le ciel ardent de Java jusqu'à Nertschinsk,
où l'on voit souvent geler le mercure.
» Je me permets d'ajouter à ces communications quelques remarques sur
un animal qui fut extirpé par les hommes, et dont quelques restes ne se
trouvent qu'au Muséum de Saint-Pétersbourg.
» Les zoologistes savent, qu'outre les genres des Dugongs et des Manatis,
il existait autrefois dans l'océan Pacifique boréal un autre genre de Cétacés
herbivores dépourvus de dents, observés par Steller près de l'île de Behring
(Novi Comm. Petrop., tome II, page 294), genre dont les derniers restes
furent détruits vers le milieu du xvme siècle, selon les recherches de
M. de Baer (Mémoires de l'académie de Saint-Pétersbourg, viesérie, Sciences
naturelles, tome III, page 58). Mes propres recherches sur le genre Rhytina
(Mémoires de l'Académie de Saint-Pétersbourg, 1846) ont ajouté aux ob-
servations de Steller, outre la connaissance exacte de la lame palatine cornée ,
la description d'un fragment du crâne.
» Plus tard , le Muséum de l'Académie de Saint-Pétersbourg reçut par
M. Wosnezerski , l'un des élève9 du Laboratoire zoologique, qui a voyagé
pendant une dizaine d'années dans les colonies russes de l'Amérique , un
crâne complet de l'animal en question , dont j'ai l'honneur de présenter à
l'Académie des dessins exacts, ainsi que plusieurs figures de deux vertèbres,
d'un atlas et d'une vertèbre du cou.
( I25l )
» On observe, en général, ce que j'ai déjà remarqué dans mes Spicile-
gia Sirenologica, que le crâne de la Rhytine ressemble à celui d'un Manati;
mais comme la Rhytine avait, selon Steller, la queue semblable à celle du
Dugong, elle devrait être considérée comme forme édentée intermédiaire
entre les Dugongs et les Manatis. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. le Ministre de l'Instruction publique transmet un Mémoire « sur
la résolution des équations d'un degré quelconque » , adressé d'Alger par
M. Piarron de Mondésir.
Ce Mémoire est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de
MM. Lamé et Bertrand.
M. C.-J. Serret continue à envoyer la suite de ses Recherches sur les
grandes perturbations du système solaire ; il annonce une communication
prochaine qui complétera enfin le Mémoire.
(Renvoi à l'examen des Commissaires nommés à l'époque de la présen-
tation des premières parties de ce travail : MM. Mathieu, Liouville,
Laugier.)
GÉOLOGIE . — Remarques sur les gîtes métallifères et sur la disposition re-
lative des cristaux de quartz et de feldspath dans les roches granitiques ;
par M.. J. Durocher.
(Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés :
MM. Berthier, Elie de Beaumont, Dufrénoy, de Senarmont.)
« Dans le Mémoire qu'il vient de présenter à l'Académie (séance du 9 juin
i856), M. Fournet émet des assertions qui me concernent personnellement,
et que je nepuism'abstenir de rectifier. Dans mon dernier Mémoire [Comptes
rendus, tome XLI1, page 85o), j'ai rappelé que les gîtes métallifères ont été
produits de différentes manières, les uns par voie de fusion ignée, les
autres, soit par des sublimations, soit par des sources thermominérales. Je
ne chercherai point à discuter tous les raisonnements que développe
M. Fournet pour faire voir que l'on doit considérer comme ayant été à
l'état de fusion ignée la généralité des filons métallifères, même ceux que
l'on a appelés concrétionnés ; je vais seulement exposer quelques faits pour
( I25a )
montrer que les résultats de l'observation et de l'expérience ne semblent
pas favorables aux vues du savant professeur de la Faculté de Lyon.
» Comparons, en effet, les caractères des filons concrétionnés avec ceux
des filons que l'on pourrait appeler massifs, et dont l'origine par voie d'in-
jection est généralement admise ; examinons s'il n'y a pas des différences
assez graves pour entraîner une dissimilitude d'origine. En France et en Alle-
magne, de même qu'en Angleterre, il est rare de voir des filons métallifères
qui soient évidemment le produit d'injections ; mais, pendant mes voyages
dans le nord de l'Europe, j'ai observé quelques centaines de gîtes, soit de
fer oxydulé, soit de fer chromé, dont l'origine ignée est difficile à contester.
Or leurs caractères ne justifient pas les conceptions de M. Fournet : ainsi,
par la cristallinité que l'on remarque dans toute leur masse, par la disposi-
tion relative du minerai et des gangues, qui semblent s'être séparés d'un
magma pâteux, et qui présentent la texture des roches de granit ou de
porphyre, par la nature de ces gangues qui, pour la plupart, sont des sili-
cates, et dont l'ensemble est assez facilement fusible, par leur soudure avec
les parois encaissantes, ces gîtes sont tout à fait comparables à des masses
plutoniques, à des filons de phorphyre ou de basalte, et c'est ce qui a con-
duit à leur attribuer une origine analogue. En eux tout indique une forma-
tion simultanée, un dépôt en masse, tandis que les caractères les plus sail-
lants des gîtes concrétionnés manifestent une formation par dépôts succes-
sifs, comme l'ont admis la plupart des observateurs depuis Werner : je n'ai
qu'à citer cet isolement si fréquent des diverses gangues et des minerais, par
couches successives, lequel donne à la masse une disposition rubanée, dont
n'approchent point les effets de ségrégation qui ont eu lieu dans les véritables
gîtes d'injection, de même que dans beaucoup de roches ignées. Je men-
tionnerai, en outre, l'existence d'espaces restés vides dans la partie mé-
diane des veines, et auxquels on ne saurait comparer les géodes que peuvent
offrir les masses ignées; je ferai aussi remarquer la séparation des gîtes
concrétionnés d'avec les roches encaissantes, séparation qui a lieu fort sou-
vent par une salbande ou couche argileuse, et qu'il me semble impossible
d'envisager comme une dessoudure produite soit par retrait, soit par cris-
tallisation. Cette hypothèse d'une dessoudure avancée par M. Fournet est
opposée aux faits, car ce qu'il y a de remarquable dans les filons de fer
oxydulé produits par injection, c'est leur parfaite soudure avec les roches
encaissantes.
» A l'objection de l'infusibilité de certaines substances existant abon-
damment dans les filons, M. Fournet a répondu en faisant observer, ce qui
( IÀ63 )
est admis sans conteste, que beaucoup de ces substances deviennent fusibles
par leur association, ainsi le sulfate de baryte par le mélange de fluorure de
calcium : mais il faudrait que ces substances, dont le mélange est fusible,
fussent constamment réunies ou du moins placées à peu de distance, et dans
de telles proportions, que leur liquéfaction eût pu avoir lieu. Or il y a
beaucoup de filons dont la masse totale serait infusible, du moins à la tem-
pérature de nos fourneaux, parce qu'ils sont composés d'une ou de deux
gangues, dont la réunion n'est pas fusible : ainsi les filons si communs de
galène à gangue presque exclusivement quartzeuse, ceux à gangue de sul-
fate de baryte et de spath calcaire, sans spath-fluor, etc. De plus, même
parmi les filons où l'ensemble de la masse pourrait être considéré comme
susceptible de fusion, beaucoup se décomposent en colonnes d'une assez
grande épaisseur, qui, prises individuellement, sont à peu près infusibles.
» D'ailleurs, comment concevoir que des fragments de la roche encais-
sante, plus ou moins fusible, se trouvent souvent englobés au milieu des
filons et ne présentent aucune trace de ramollissement ou de modification,
s'il est vrai que ces gîtes aient été à l'état de fusion ; beaucoup d'exemples
de ces faits sont offerts par les filons qui traversent des roches de schiste et
de grauwacke facilement fusibles, comme le filon de Poullaouen en Bre-
tagne ; dans les fragments de schiste qui y sont empâtés, les feuillets ne
sont ni contournés, ni modifiés, comme cela a lieu dans l'empâtement par
des roches ignées. On sait, d'ailleurs, que l'on trouve quelquefois même
des débris d'êtres organisés dans les fragments des roches encaissantes qui
se trouvent à l'intérieur des gîtes métallifères.
» Voici une autre objection non moins grave : Si les filons concrétionnés
avaient possédé un état de liquidité ignée, concevrait-on que l'action de la
pesanteur n'eût exercé aucune influence sur la disposition relative de ma-
tières aussi différentes par leur densité que les minerais métalliques et la
plupart des gangues pierreuses? Les molécules qui composaient ces filons
ont dû jouir d'une grande mobilité, si la cristallisation et autres forces in-
voquées par M. Fournet ont pu opérer des séparations assez prononcées
pour produire le rubanement des filons. Or, en présence de toutes ces ac-
tions qui écartaient à leur gré les particules minérales, est-il admissible que
la pesanteur seule soit restée impuissante ; que, sans aucune trace d'oppo-
sition, elle ait laissé se produire des effets qui lui étaient directement con-
traires, tels que la concentration du minerai, c'est-à-dire des parties les plus
denses sur le toit de certains gîtes. Tous les faits de ce genre n'ont rien
que de très-naturel pour ceux qui regardent les matières métalliques comme
C. R., i856, 1er Semestre. (T. XL1I, N° 26.) • °7j
( >254 )
ayant été apportées par des vapeurs ou des sources thermales, car le dépôt
a eu lieu graduellement et successivement, à mesure que chaque particule
se détachait du r.ourant gazeux ou de la dissolution, pour prendre la forme
de grains cristallins.
» D'ailleurs, dans la théorie que j'ai donnée des filons, un observateur
impartial se rend bien pins clairement raison de l'excessive inégalité de ri-
chesse des filons concrétionnés et de l'irrégularité apparente qu'y offre la
distribution des sulfures métalliques : sans entrer dans des développements
qui m'entraîneraient trop loin, je me borne à rectifier une assertion qui
me semble peu fondée. M. Fournet affirme (p. i io4) que, « dans les filons,
» les parties métalliques, d'ordinaire plus fusibles et plus sujettes que les
« autres à se maintenir à l'état liquide, occupent l'étendue moyenne des
n veines », et ce géologue cherche à expliquer par là l'accumulation du mi-
nerai dans les renflements, les entre-croisements, etc. Mais le fait qui sert
de base à ces raisonnements n'a pas le degré de généralité que lui attribue
M. Fournet, car le minerai se trouve dans les filons aussi souvent concentré
près des parois que dans la partie médiane ; tantôt il est couché sur le mur,
tantôt il est accolé au toit, et, quant à son accumulation aux points d'entre-
croisement, on l'explique avec la plus grande clarté en l'attribuant à deux
sortes d'émanations qui s'élevaient suivant des conduits différents et dont
la réaction a dii avoir son siège principal aux points d'intersection de ces
conduits.
» M. Fournet cite, d'après M. Beust, un autre fait consistant dans l'en-
richissement d'un filon aux dépens de son voisin, et il cherche à l'expliquer
en supposant le déversement de la matière métallique en fusion d'un filon
dans l'autre. Un tel enrichissement, dont j'ai cité des exemples il y a déjà
sept ans à propos des mines de Kongsberg ( annales des Mines, 4e série,
t. XV, p. 35g, 1849), est bien plus facile à comprendre dans ma manière
de voir; car s'il y a communication entre plusieurs fentes voisines, le long
desquelles se meuvent des courants métalliques, il est évident que le dépôt
du miserai aura lieu principalement dans la portion de ces fentes qui aura
contenu la plus forte proportion de principes fixateurs, tels que le soufre et
l'arsenic, principes dont le concours était nécessaire pour arrêter dans leur
marche ascendante les particules métalliques.
» Je m'abstiens de beaucoup d'autres considérations, par lesquelles je
pourrais faire ressortir la concordance de mes vues théoriques avec les
observations recueillies dans l'exploitation des mines; je me bornerai à un
dernier argument, dont la valeur est capitale, c'est la preuve par l'expé-
( 1255 )
rience : jusqu'à ce jour, parmi les substances contenues dans les filons
métallifères il en est bien peu que l'on soit parvenu à produire artificielle-
ment, par voie de fusion, avec les caractères physiques des minéraux natu-
rels; tandis que les partisans de la production des filons par des sources
thermominérales et par des vapeurs, en suivant de point en point les indi-
cations de leur ,théorie, ont pu former une grande partie des substances
minérales contenues dans les filons, et avec les mêmes caractères que nous
offrent les produits de la nature. »
anatomie comparée. — Réponse dé M. Ch. Rouget à une réclamation de
priorité, adressée par M. Mûller à l'occasion du Mémoire sur V appareil
d'adaptation de ïœil, présenté à la séance précédente.
(Commissaires précédemment nommés : MM. de Quatrefages, Cl. Bernard.)
« M. H. Mùller réclame pour lui la découverte du muscle ciliaire annu-
laire chez l'homme, que j'ai, dit-il, donné comme un fait nouveau.
» Je ne connaissais pas les recherches de M. H. Mùller (publiées seule-
ment en avril i856), néanmoins je n'ai jamais prétendu m'attribuer la dé-
couverte du muscle ciliaire annulaire : cette découverte n'appartient en
effet, ni à M. Mùller ni à moi, mais bien à Clay Wallace, et à Van Reeken.
Dès i836 Clay Wallace a nettement indiqué les deux couches du muscle ci-
liaire sous les noms de muscle ciliaire externe (outer ciliaiy muscle), et
muscle ciliaire interne (inner ciliary muscle).
» Au commencement de l'année 1 855, six mois au moins avant l'époque
que M. Mùller assigne lui-même à sa découverte, Van Reeken donnait une
description détaillée, et des figures exactes du muscle ciliaire annulaire
(juillet i855. Physiologisch laboratorium der Utrechtsche Hoogschool). Ce
que j'ai d'ailleurs annoncé comme faits nouveaux, ce n'est pas l'existence
du muscle ciliaire annulaire chez l'homme, objet de la réclamation de
M. Mùller, c'est : i° l'étude de ce muscle chez différents ordres de mammi-
fères^et chez les oiseaux;
» 2°. La continuité des faisceaux de ce muscle avec ceux du muscle obli-
que de l'iris;
» 3°. Les rapports des veines irio-chloroïdiennes avec le même muscle,
rapports d'où résultent leur compression et l'érection des procès ci-
liaires.
» M. Mùller annonce ensuite qu'il a fait, à la Société Physico-Médicale de
164..
( ia56 )
Wùrtzbourg, différentes communications sur l'accommodation de l'œil chez
l'homme et les oiseaux, et oppose la date de ces communications ( i5 dé-
cembre 1 855 et 2f> avril i856) non encore publiées à la date de ma commu-
nication publiée dans les Comptes rendus de l'Académie ( 19 mai 1 856).
0 Je réponds qu'antérieurement à ma communication à l'Académie, j'ai
fait connaître le résultat de mes recherches sur l'adaptation, à la Société de
liiologie de Paris, dans les séances du 10 novembre 1 855, du 26 avril et
3 mai 1 856, et que les Comptes rendus de ces séances vont être publiés.
» Il résulte évidemment de la comparaison de ces dates, que lors même
que les résultats obtenus par M. Millier seraient, ce que j'ignore, complète-
ment identiques à ceux que j'ai annoncés, nos travaux n'en sont pas moins
complètement indépendants, et que ni l'un ni l'autre dé nous n'est fondé à
réclamer la priorité. »
M. de Lamotte Tarchand soumet au jugement de l'Académie un Mémoire
" sur les aurores polaires » .
(Commissaires, MM. Babinet, Bravais.)
M. Valadier présente au concours, pour le prix du legs Bréant, une Note
« sur la nature et le traitement du choléra-morbus ».
(Benvoi à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie, constituée
en Commission spéciale. )
M. Moquin -Tandon , qui avait été chargé, conjointement avec M. Jobert
de Lamballe , de l'examen d'un Mémoire de M. Maisonneuve « sur la désar-
ticulation de la mâchoire inférieure » , dépose sur le bureau ce Mémoire,
qui, ayant été imprimé depuis l'époque de sa présentation, ne peut plus,
d'après les usages de l'Académie, devenir l'objet d'un Bapport.
M. Moquin-Tandon remet également, comme ne nécessitant pas un Bap-
port, une Lettre adressée, il y a quelques mois, par M. Frôhlich, et qui
avait été renvoyée à l'examen de la Section de Botanique.
L'auteur, ainsi qu'il a été dit dans le Compte rendu de la séance du 7 avril
dernier, faisait, à l'occasion d'un Mémoire de M. Chatin « sur la structure
des Orchidées » , la remarque que cette organisation avait été étudiée et
décrite par plusieurs savants allemands, particulièrement par Link (1824)
et par Meyer (1828 et i83o). Pour l'exactitude historique, ajoute M. Mo-
(juin-Tandon , il convient d'ajouter qu'une partie de ces faits mêmes avait
été vue un peu auparavant par Dutrochet ( Mém. du Mus., t. VII ).
( '257 )
CORRESPONDANCE .
M. l'amiral Du Petit-Thouars fait hommage, au nom de l'auteur sir
Edw. Bclcher, d'un exemplaire de la relation publiée par cet officier d'une
expédition aux régions arctiques exécutée sous son commandement.
Cet ouvrage a pour titre : « Les derniers voyages aux régions "arctiques,
relation de l'expédition faite parle navire de S. M. l'Assistance, commandé
par le capitaine sir Edw. Belcher, à la recherche de sir John Franklin du-
rant les années i852-53-54, avec des Notes sur l'histoire naturelle, par
MM. Richardson, Owen, Th. Bell, Salter et Lovell Reeve. 2 vol. in-8° avec
Atlas. »
M. Du Petit-Thouars et M. Babinet sont invités à faire de cet ouvrage
l'objet d'un Rapport verbal.
M. le Secrétaire perpétuel offre, au nom de l'auteur M. Miniscalchi
Erizzo, un exemplaire d'un ouvrage publié récemment à Venise sous le
titre de « Histoire des découvertes arctiques » .
Cet ouvrage, qui est transmis par M. Pentland, est destiné à faire con-
naître les découvertes successives qui ont été faites dans ces régions à par-
tir des temps les plus reculés.
M. le Secrétaire perpétuel présente encore, au nom de M. Ferd. de
Lesseps, deux volumes in-8°, intitulés : « Percement de l'isthme de Suez ;
exposé et documents officiels publiés par M. F. de Lesseps ». Paris, i855-
i856.
Ces deux volumes sont renvoyés, à titre de documents, à la Commission
précédemment nommée pour les communications relatives au même sujet.
La Société Géologique de Londres remercie l'Académie pour l'envoi d'une
nouvelle série des Comptes rendus.
L'Académie royale des Sciences de Rerlin adresse un exemplaire du
supplément au volume de ses Mémoires pour l'année 1 854- Elle signale
une lacune qui existe dans sa collection des Comptes rendus.
( ia58 )
géologie. — Sur le puits foré de Tamerna {Algérie). Lettre deM. Rozet
à M. Elie de Beaumont.
« Vous savez que l'on doute généralement des déductions tirées des ob-
servations géologiques qui n'ont pu être confirmées. Il vous souvient
qu'en i83o, après avoir étudié les terrains des environs d'Alger, à la suite
de notre belle conquête, j'allai étudier ceux du bassin de Médéa, au sud
de la première chaîne de l'Atlas , marchant avec la division de l'armée fran-
çaise, qui, après avoir vaincu le bey de Titerie au col de Ténia, s'empara
de cette ville. Dans cette expédition , ayant vu le terrain tertiaire sub-atlan-
tique, si développé sur le littoral, remplir tous les intervalles que les divers
chaînons de l'Atlas laissent entre eux, depuis la Métidja jusqu'au delà de
Médéa , tant que j'avais pu avancer vers le sud avec de faibles escortes,
les différents rapports stratigraphiques des roches m'avaient dès lors porté
à conclure que ce sont les sables de l'étage supérieur du terrain sub-atlan-
tique qui doivent constituer le sol du grand désert du Sahara, à dix jours
de marche au moins des points que j'avais pu visiter. Cette première con-
clusion a été ensuite vérifiée par tous les géologues qui ont eu le bonheur
d'aller jusqu au désert de Sahara. A mon retour en France, je communi-
quai mes observations à la Société Géologique, qui en consigna les princi-
paux résultats dans son Bulletin (i). En i83a, je les publiai toutes dans les
Nouvelles Annales du Muséum d'Histoire naturelle. On peut lire dans ce
recueil (a) :
« D'après le mode de formation du terrain tertiaire, par bassins et sur
» les rivages , le grand développement de ce terrain , au nord et au sud
» du petit Atlas, et les renseignements qui m'ont été donnés par M. Bené
» Caillé , je crois pouvoir dire que c'est lui qui constitue le sol du grand
» désert du Sahara. Les grès et les calcaires tertiaires sont là en couches
» horizontales , et recouverts par une grande masse de sables qui ne sont
» autre chose que ceux que l'on trouve à la partie supérieure du terrain
» sub-atlantique; seulement, au sud du grand Atlas, ces sables ont pris un
» développement extrêmement considérable.
» La marne argileuse, qui doit exister à la partie inférieure du terrain
» tertiaire, aussi bien dans le Sahara qu'entre les Atlas, retenant facilement
(i) Tome II, ire série, page 364-
(2) Tome II, page 3i4-
( >a59 )
» les eaux, il est probable qu'en creusant à une certaine profondeur on
» obtiendrait des sources abondantes : on pourrait peut-être établir des
» puits forés? Ce serait un immense avantage pour cette malheureuse con-
» trée et les caravanes qui sont obligées de la traverser. »
» Il a fallu vingt-six ans pour vérifier cette prévision. Enfin elle vient
d'être complètement confirmée , à ma grande satisfaction !
» Le Moniteur du a5 juin contient un Rapport du général Desvaux, com-
mandant la subdivision de Batna, au gouverneur général de l'Algérie, où
il est dit : « Le 9 juin , à trois heures de l'après-midi, l'eau a jailli du
» forage de Tamerna, dans le Sahara. La profondeur du puits est de
» 60 mètres; il donne 36oo litres d'eau à la minute. Un tel événement,
» dit le général, démontre mieux que tout ce que l'on pourrait dire, les
» grands progrès accomplis en Algérie depuis quelques années, qui pro-
» mettent, dans un avenir prochain, les plus merveilleuses transforma-
» tions. »
» Pendant l'année i852, lorsque j'exécutais des travaux géodésiques dans
la partie des Etats-Romains occupée par nos troupes , la présence du même
terrain tertiaire qu'en Algérie, au pied sud de l'Apennin, m'avait aussi fait
concevoir la possibilité d'établir des puits forés dans toute la zone comprise
entre cette chaîne de montagnes et la Méditerranée. Je proposai alors au
général Gémeaux de faire venir de France un. équipage de sonde, pour
tenter des essais aux environs de Civita-Vecchia , dans le but d'alimenter
cette place, qui manque de bonne eau pendant l'été, et d'arroser sa cam-
pagne, qui deviendrait ainsi très-fertile ; mais il ne fut donné aucune suite
à ma proposition. Je suis toujours persuadé qu'il est possible d'établir des
puits forés dans la bande de terrain sub-apennin comprise entre Rome et la
frontière de Toscane. »
chimie moléculaire. — lsomorphisme entre des corps isomères , les uns
actifs, les autres inactifs sur la lumière polarisée ; par M. L. Pasteur.
« Le travail que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie fait connaître
une exception remarquable à la loi des corrélations de l'hémiédrie et du
phénomène rotatoire moléculaire, établie par mes précédentes recherches.
L'Académie se rappellera peut-être que l'étude des formes cristallines des
corps actifs sur la lumière polarisée m'avait conduit à reconnaître que ces
formes offraient toutes une dissymétrie que j'ai caractérisée par l'expression
hémiédrie non superposait le, parce que leur image ne peut leur être superpo-
( i '.«6o )
sée, pas plus que le gant de la main droite ne s'adapteraità la main gauche.
En d'autres termes, ces formes n'ont pas de plan de symétrie. Tous les
tartrates, tous les malates, un grand nombre d'autres produits, le sucre de
canne, le sucre de lait, la tartramide, l'asparagine,... possèdent de pareilles
formes. Certains corps actifs ne m'ayant pas présenté habituellement ce
genre d'hémiédrie , et présumant que ce n'était là qu'un accident, j'ai cher-
ché à faire apparaître les faces hémiédriques, en modifiant les conditions
de la cristallisation ; et, dans tous les cas où j'ai poursuivi cette étude, je suis
arrivé à déterminer diverses circonstances qui ont provoqué l'hémiédrie
non superposable.
» Jusque-là, par conséquent, la loi de la corrélation du phénomène rota-
toire et de l'hémiédrie paraît générale. Est-elle nécessaire ? Une substance
peut-elle être, quoique active, homoédrique de forme et de structure? On
sait que l'inverse est possible. Un corps peut avoir une forme et une struc-
ture cristalline hémiédriques, sans posséder le pouvoir rotatoire molécu-
laire. Le quartz est dans ce cas. Il en est de même du formiate de strontiane
et du chlorate de soude de MM. Rammelsberg et Marbach. Se peut-il inver-
sement que le pouvoir rotatoire moléculaire existe et que la forme et la
structure cristallines ne l'accusent pas? On comprend tout l'intérêt que peut
offrir la découverte de semblables produits. Le travail que je soumets à
l'Académie donne le premier exemple d'une substance active, privée de
l'hémiédrie non superposable dans les formes cristallines de ses combi-
naisons. Cette propriété appartient à l'alcool amylique actif.
» J'ai prouvé l'année dernière que l'alcool amylique qui jusqu'à présent
a fait le sujet des études des chimistes, était un mélange à proportions va-
riables de deux alcools isomères, l'un actif sur la lumière polarisée, l'autre
inactif comme tous les alcools connus. J^a similitude profonde de ces deux
alcools s'étend à toutes leurs combinaisons. Ce que l'on fait avec l'un, on
peut le produire avec l'autre dans les mêmes circonstances. Leurs tempé-
ratures d'ébullition et celles de tous leurs dérivés volatils sont si voisines,
qu'il est impossible de les séparer par des ébullitions fractionnées. Le seul
moyen de les isoler consiste à préparer une grande quantité de sulfamylate
de baryte avec l'alcool du commerce rectifié, et de soumettre à des cris-
tallisations répétées le sulfamylate brut. On accumule ainsi dans les eaux
mères le sulfamylate actif, qui est plus soluble que l 'inactif; et celui-ci reste
dans les dernières cristallisations. Au lieu de sulfamvlate de barvt e, on peut
choisir d'autres sulfamylates ou d'autres dérivés cristallisables des deux
alcools, mais le sel de baryte est préférable.
( 1201 )
» Cela posé, voici la particularité curieuse de tous ces corps cristallisa-
bles, actifs et inactifs. Le corps actif a toujours la même forme cristalline
que le corps inactif correspondant, sans que l'hémiédrie vienne apporter la
moindre différence. Dans mes recherches antérieures j'avais déjà rencontré
des corps actifs et inactifs isomères, de même forme cristalline; par exemple
les bimalates de chaux et les bimalates d'ammoniaque. Mais les bimalates
actifs se reconnaissent à un ensemble de faces qui, sur le cristal, tombent
plus d'un côté que de l'autre, tandis que dans les bimalates inactifs ces faces
sont redressées. En un mot, les actifs ont l'hémiédrie non superposable ; les
inactifs ne la possèdent pas : c'est là toute leur différence.
» Dans les sulfamylates actifs et inactifs l'identité des formes est au con-
traire absolue; circonstance d'autant plus remarquable que l'identité des
formes cristallines ne s'était montrée jusqu'à présent que dans des produits
où l'arrangement moléculaire était le même, c'est-à-dire dans les corps iso-
morphes. Ici l'arrangement moléculaire diffère et la forme ne l'accuse pas ;
et cette identité de formes et de composition chimique coïncide avec des dif-
férences de solubilité qui vont du simple au double et au triple.
» Mais une objection se présente tout de suite. J'ai rappelé moi-même en
commençant cette lecture que l'hémiédrie dans les corps actifs n'était pas
toujours accusée naturellement; que souvent, pour la faire apparaître, j'avais
été obligé de modifier les conditions de leur cristallisation, afin de provoquer
la naissance de nouvelles faces dans l'ensemble desquelles se trouvaient des
faces hémiédriques. On pourrait donc objecter que si les formes des combi-
naisons amyliques ne m'ont pas offert l'hémiédrie géométrique, leur struc-
ture cristalline ne possède pas moins la dissymétrie que cette hémiédrie
géométrique accuse le plus ordinairement. Il n'en est rien. En effet, une con-
séquence de l'existence de la structure hémiédrique dans un produit organi-
que, jointe à l'absence de ce caractère dans le produit isomère correspondant,
paraît être l'impossibilité d'une association des molécules individuelles de ces
corps, en diverses, ou en toutes proportions. Supposons, par exemple, que les
bimalates actifs et inactifs de chaux, isomères, soient mélangés en dissolution,
et qu'en cristallisant leurs molécules individuelles se réunissent à la manière
de celles de deux corps isomorphes. Il faudra dès lors que l'hémiédrie de la
forme nouvelle accuse la nouvelle structure, non plus comme fait, mais
comme valeur et comme proportion. On ne voit pas à priori qu'il y ait
impossibilité nécessaire de pareilles conditions dans la cristallisation. Ce
serait néanmoins un fait bien inattendu dans l'état actuel de nos connais-
sances. Quoi qu'il en soit, c'est à l'expérience de répondre. J'ai donc essayé
C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 26. ) 1 65
( I2Ô2 )
de faire cristalliser ensemble des corps actifs et inactifs, isomères et de
mêmes formes cristallines, sauf la différence due à l'hémiédrie, et j'ai vu
que dans tous les cas ils se séparaient l'un de l'autre, comme se séparent en
cristallisant deux sels différents, non isomorphes, qui obéissent aux lois
de leurs solubilités respectives. On dirait même que le plus souvent ces
corps actifs et inactifs se repoussent. Quand l'un se dépose, l'autre reste
dissous. Ce n'est pas qu'il ne puisse cristalliser, car si l'on vient à décanter
l'eau mère, encore bien qu'on ne l'évaporé pas de nouveau, on voit l'autre
corps se déposer rapidement, et fournir en quelques instants une abon-
dante cristallisation.
» Or il arrive, au contraire, que toutes les combinaisons amyliques actives
et inactives correspondantes ont la même composition, la même forme cris-
talline, et montrent l'isomorphisme le plus absolu, le plus décidé. Non-seu-
lement les sulfamylates de baryte sont dans ce cas, il en est ainsi de ceux de
plomb, de strontiane, et des aluns d'amylamine active et inactive, qui, pour
le dire en passant, ne se sont jamais offerts dans mes expériences sous la
forme d'octaèdres réguliers, comme on l'a annoncé, je crois par erreur, il
y a quelques années.
» Je conclus de cet isomorphisme absolu des dérivés amyliques actif et
inactif que la structure hémiédrique n'existe pas dans les produits actifs.
Mais cette preuve ne suffit pas encore. La structure hémiédrique pourrait
exister dans les conditions que j'assignais tout à l'heure par raisonnement.
La forme restant la même, cette structure varierait dans ses proportions avec
les proportions des deux corps qui se combinent, et une face hémiédrique
pourrait l'accuser par une inclinaison variable sur les faces restantes et fixes
du cristal. Les difficultés que présente l'étude des formes cristallines des
sulfamylates de baryte et des aluns d'amylamine, dont les cristaux sont des
lames minces où plusieurs faces échappent forcément à l'examen, me fai-
saient tin devoir d'aller beaucoup plus loin dans les preuves d'un phéno-
mène de chimie moléculaire aussi imprévu que celui qui fait l'objet de mon
travail.
» J'ai cherché alors à produire forcément l'hémiédrie dans le sel prove-
nant de la réunion des deux amyliques actif et inactif, non plus seulement
par le fait du groupe amylique, mais par celui d'un autre corps. L'hémiédrie
du groupe amylique, si elle existe, devrait sans doute se montrer dans le nou-
veau produit, soit matériellement, soit en empêchant l'isomorphisme des
deux groupes amyliques. Or les choses ne se sont point passées selon ces pré-
visions. J'ai réussi à préparer des cristaux bien déterminables de sulfamy-
( 1263 )
lates de cinchonine, c'est-à-dire d'une base active, qui a l'habitude de com-
muniquer à ses dérivés, comme la plupart des corps actifs, l'hémiédrie de
forme et de structure. Les sulfamylates actif et inactif de cinchonine ont en-
core eu les mêmes formes exactement, et il ont présenté aussi l'isomorphisme
absolu des autres sulfamylates à bases inactives ; toutefois, avec cette particu-
larité très-démonstrative que ces sulfamylates sont toujours hémiédriques,
que leur hémiédrie est constamment la même, accusée par les mêmes faces,
quelle que soit la proportion des deux sels réunis. Evidemment l'hémiédrie
est ici le fait seul de la cinchonine, et le groupe amylique n'intervient pour
aucune part dans la structure hémiédrique de tous ces cristaux.
» Enfin, comme je ne dois rien omettre dans un sujet aussi délicat de
tout ce qui peut faire penser que je ne me suis pas trompé, je suis heureux
de pouvoir ajouter que les sulfamylates de cinchonine qui m'ont servi lors-
qu'ils sont préparés avec tous les soins que j'indiquerai, sont des sels admi-
rables par la limpidité, la régularité et le volume de leurs cristaux. L'A-
cadémie pourra en juger par les échantillons que je mettrai prochainement
sous ses yeux.
» C'est vraiment une chose bien digne de remarque que de voir des cris-
taux absolument identiques par leurs formes, correspondre à des arrange-
ments moléculaires très-dissemblables qui varient, pour ainsi dire, à volonté
dans leur dissemblance, et dont la solubilité diffère également d'une ma-
nière progressive entre des limites très-éloignées.
» En résumé, de même que des corps dépourvus de toute dissymétrie
dans l'arrangement atomique de leurs molécules, le quartz, le formiate de
strontiane, le chlorate de soude, peuvent s'agréger de façon à avoir une
structure cristalline et une forme hémiédriques, de même, inversement,
des corps peuvent ne montrer ni structure ni forme hémiédriques et être
pourtant constitués par des groupes moléculairement dissymétriques. Dans
le cas du quartz, du formiate de strontiane et du chlorate de soude, nous
nous représentons les molécules de silice, de formiate ou de chlorate se
groupant au moment de leur cristallisation suivant des dispositions dissy-
métriques. L'édifice, c'est-à-dire le cristal, est lui-même alors dissymétrique,
mais les matériaux qui ont servi à le construire ne le sont pas. Et ce qui le
prouve, c'est que, dans la dissolution, lorsque le cristal n'existe plus, toute
dissymétrie disparaît, et la recristallisation de cristaux de formiate ou de
chlorate, exclusivement droits ou exclusivement gauches, donne les deux
sortes de cristaux droits et gauches.
» De même et inversement, dans les nouveaux produits que je viens de
i65..
( 1264 )
faire connaître, les chimistes et les physiciens verront sans doute des mo-
lécules individuellement dissymétriques (le pouvoir rotatoire de leur disso-
lution le manifeste) qui s'agrègent au moment de leur cristallisation par
groupes secondaires, lesquels se disposent suivant les lois de la structure ho-
moédrique, de telle manière que la forme et la structure de l'édifice ou du
cristal n'offrent plus aucune dissymétrie. C'est ainsi, par exemple, que l'on
pourrait figurer un cube ou toute autre forme homoédrique avec des tétraè-
dres irréguliers. Mais vient-on à détruire l'édifice par dissolution, les
matériaux qui le composent manifestent leur dissymétrie individuelle dans
leur action optique sur la lumière polarisée. »
PHYSIQUE. — Note sur les propriétés 'électriques de la tourmaline;
par M. J.-M. Gacgain.
« De nombreuses recherches ont été faites sur les propriétés électriques
des tourmalines; mais les physiciens qui se sont occupés de ce sujet ont,
en général , opéré sur des cristaux isolés ( ne communiquant pas avec le
sol ), et il résulte de cette circonstance qu'ils n'ont mis en évidence qu'une
très-petite partie de l'électricité que les tourmalines sont susceptibles de
développer.
» On sait que la tourmaline devient électrique quand on la refroidit ou
qu'on l'échauffé entre certaines limites de température ; mais je me suis
exclusivement occupé d'abord du développement d'électricité qui accom-
pagne le refroidissement. Le mode d'expérimentation que j'ai adopté est
très-simple : je suspends à deux supports isolants la tourmaline que je veux
étudier au moyen de deux fils fins de platine ou de cuivre enroulés sur
les extrémités du cristal ; puis, après avoir mis l'un de ces fils en commu-
nication avec un électroscope à feuille d'or ordinaire, et l'autre fil en com-
munication avec le sol, j'échauffe la tourmaline d'une manière quelconque,
et la laisse ensuite refroidir à l'air libre. Si le cristal mis en expérience a
été porté à une température très-élevée, les feuilles d'or restent immobiles
pendant quelques instants; mais dès que la température de la tourmaline
s'est abaissée au-dessous d'une certaine limite, elles commencent à diver-
ger, s'écartent de plus en plus, finissent par atteindre les tiges métalliques
destinées à les décharger, puis, après s'être dépouillées de l'électricité qu'elles
possédaient, retombent dans la position verticale, pour diverger de nou-
veau. Ce mouvement se continue jusqu'à ce que le refroidissement soit
complet, et le nombre des décharges effectuées peut mesurer avec assez
( ia65 )
d'exactitude la quantité d'électricité développée dans des conditions déter-
minées. Si l'on répète l'expérience que je viens de décrire après avoir sup-
primé la communication établie entre le sol et la tourmaline, les feuilles
d'or ne bougent pas, ou si elles divergent, leur angle d'écartement ne dé-
passe pas cinq ou six degrés.
» M. Becquerel, dans un de ses Mémoires sur la pyro-électricité [Ann.
de Chim. etdePhys., ae série, tome XXXVII, p. 10), a exprimé l'opinion que
la tourmaline ne laisse point échapper d'électricité ni n'en prend aux corps
environnants, et il fonde cette manière de voir sur ce fait, qu'il n'a pu
parvenir à charger un excellent condensateur de Volta au moyen d'une
tourmaline dont il élevait la température. On ne réussit pas, en effet, à
charger d'une quantité notable d'électricité un condensateur même excel-
lent, lorsqu'on se borne à mettre l'un des pôles de la tourmaline en rap-
port avec l'un des plateaux du condensateur; mais on parvient aisément à
charger non-seulement un condensateur de Volta, mais même un conden-
sateur à lame isolante de verre (un carreau fulminant), lorsqu'on met les
deux pôles en communication respective avec les deux plateaux; on peut
même, au moyen d'une combinaison que je vais indiquer tout à l'heure,
obtenir des charges assez fortes pour produire des étincelles de deux à trois
millimètres.
» Quand on opère sur une tourmaline isolée, on ne trouve d'électricité
sensible qu'aux deux pôles, toute la région moyenne du cristal paraît
être à l'état naturel; mais les choses se passent différemment quand on
établit une communication entre la tourmaline et le sol. Si l'on met une
tourmaline en rapport avec un électroscope, au moyen d'un fil métallique
enroulé sur le milieu du cristal, on n'observe pendant le refroidissement
aucun signe d'électricité tant que la tourmaline reste isolée ; mais en tou-
chant l'un ou l'autre de ses pôles, on peut charger à volonté l'électroscope
d'électricité vitrée ou d'électricité résineuse.
» L'analogie qui existe entre une tourmaline qui se refroidit et une pile
thermo-électrique, m'a tout naturellement conduit à essayer de former des
piles de tourmalines; j'ai accouplé d'abord un certain nombre de tour-
malines, en les réunissant bout à bout par leurs pôles de noms contraires,
de manière à former ce qu'on a coutume d'appeler une pile de tension; j'ai
trouvé que cette espèce de pile produit à peu près autant d'électricité que
l'un des éléments qui la composent, lorsque ces éléments, pris séparément,
peuvent fournir eux-mêmes des quantités égales d'électricité , mais que
dans le cas où l'on associe des tourmalines qui ont des propriétés électri-
( rc*66 )
ques très-différentes, la pile donne moins d'électricité que ceux de ses élé-
ments qui sont les plus énergiques.
« J'ai formé en second lieu des piles de quantité en réunissant un certain
nombre de tourmalines par leurs pôles de même nom : de cette manière j'ai
obtenu un accroissement d'effets très-considérable; quand le nombre des
tourmalines associées est de trois ou quatre seulement, la quantité d'élec-
tricité développée par la pile est sensiblement égale à la somme des quan-
tités que peuvent fournir les éléments séparés. Lorsqu'on réunit un nombre
plus considérable de tourmalines, la quantité d'électricité développée con-
tinue à croître, mais elle cesse d'être égale à la somme des quantités que
produiraient les éléments séparés, et s'écarte d'autant plus de cette somme
que le nombre des éléments employés est plus considérable. C'est en em-
ployant une pile formée de quinze cristaux que je suis parvenu, comme je
l'ai dit plus haut, à charger un petit carreau fulminant de manière à produire
des étincelles.
» Une longue tourmaline pouvant être considérée comme le résultat de
l'association de plusieurs tourmalines plus courtes, il paraissait résulter de mes
observations sur les piles de tension que la longueur des cristaux doit être
sans influence sur la quantité d'électricité produite; cette conclusion n'a
pas été justifiée par l'observation directe. J'ai brisé quatre échantillons de
tourmalines appartenant à des variétés différentes, et j'ai toujours trouvé
que les fragments d'un cristal développaient moins d'électricité que le cris-
tal entier; j'ai constaté, en outre, que dans le cas où les fragments d'un
même cristal étaient inégaux, le plus long était celui qui fournissait le plus
d'électricité : il me paraît donc certain que la quantité d'électricité déve-
loppée croît avec la longueur des cristaux.
» La quantité d'électricité que développe une tourmaline ou une pile
de tourmalines ne dépend pas seulement de la variation de température à
laquelle elle se trouve soumise. J'ai constaté , par un grand nombre d'ob-
servations, que la quantité d'électricité correspondant à un refroidissement
de n degrés peut varier entre des limites très-étendues , suivant que la
vitesse du refroidissement est plus ou moins grande.
» On a dit que les tourmalines brunes sont les plus électriques; ce sont,
au contraire, les tourmalines du Brésil vertes ou bleues qui, toutes choses
égales d'ailleurs, m'ont fourni les plus grandes quantités d'électricité, et en
général j'ai trouvé que, dans les échantillons de la même teinte, les plus
limpides et les plus volumineux étaient ceux qui donnaient les effets les
plus marqués.
( i*67 )
» J'ai fait quelques expériences dans le but d'apprécier la conductibilité
des tourmalines à diverses températures, et j'ai trouvé que cette conducti-
bilité, presque nulle à la température ordinaire, va en croissant rapidement
à mesure que la température s'élève. Lorsqu'une tourmaline est assez for-
tement échauffée pour ne plus donner de signes électriques, sa conducti-
bilité est telle, qu'elle peut décharger instantanément un électroscope élec-
trisé d'avance, lorsqu'on l'emploie comme intermédiaire pour établir une
communication entre l'électroscope et le sol; ce fait explique tout natu-
rellement la disparition des signes électriques aux températures élevées.
En supposant, en effet, qu'à une haute température le refroidissement con-
tinuât à développer de l'électricité, il est clair que cette électricité ne
serait pas manifestée par l'électroscope, puisqu'elle pourrait immédiatement
s'échapper dans le sol.
» J'ai essayé de comparer la quantité d'électricité qui résulte d'un
échauffement de n degrés, à celle qui provient d'un refroidissement égal;
mais cette comparaison offre d'assez grandes difficultés, et je me propose
d'étudier ultérieurement ce point délicat. »
chimie. — Note sur un hyposulfite double de soude et de cuivre;
par M. W. Schùtte.
« En ajoutant une dissolution assez concentrée d'hyposulfite de soude à
une dissolution ammoniacale d'un sel cuivrique, il se dépose un sel bleu
violacé. Ce sel se forme à froid, mais plus rapidement à chaud, à mesure
que l'ammoniaque se volatilise. 11 cristallise en petites aiguilles prisma-
tiques, dont il a été impossible de déterminer exactement la forme cristal-
line. On obtient le même sel en versant une dissolution d'hyposulfite de
soude dans une dissolution d'un sel cuivrique, et ajoutant après de l'ammo-
niaque, ou en traitant une dissolution ammoniacale de protochlorure de
cuivre par l'hyposulfite de soude. Dans ces deux cas, le sel bleu, plus ou
moins violacé, se forme en absorbant l'oxygène de l'air, et présente géné-
ralement une nuance plus foncée que le même sel obtenu par la première
méthode, surtout lorsqu'on avait opéré à chaud ou avec des dissolutions
fort concentrées.
» J'ai trouvé par l'analyse, outre l'acide hyposulfureux, la soude, l'am-
moniaque et l'oxyde cuivrique, une proportion considérable d'oxyde cui-
vreux. Il est très-probable que le protoxyde et le deutoxyde de cuivre s'y
remplacent l'un l'autre, ce qui explique les différences de nuances du sel
( ia68 )
provenant de diverses préparations, et les résultats obtenus par l'analyse
quantitative. Le sel est anhydre et inaltérable à l'air. Chauffé à 100 degrés,
il brunit en dégageant de l'ammoniaque, mais sans perdre de l'eau. A une
température plus élevée, de l'ammoniaque, du sulfite ammonique et du
souffre se dégagent, et il se forme une masse noire contenant du sulfure de
cuivre et du sulfate de soude. Le sel se décompose avec l'eau froide. Il se
dissout dans l'eau chaude; mais en chauffant quelque temps, on précipite
tout le cuivre à l'état de sulfure. Les acides le décomposent à la température
ordinaire en précipitant du soufre et en dégageant de l'acide sulfureux, ce
qui prouve la présence de l'acide hyposulfureux.
» L'analyse quantitative a présenté quelques difficultés à cause du peu de
stabilité à la fois de l'acide et de la base, et de la sulfuration facile du cuivre
par l'acide hyposulfureux. Le soufre, le cuivre, la soude et l'ammoniaque
ont été dosés d'après des procédés connus ; mais la détermination des pro-
portions relatives d'oxyde cuivrique et cuivreux a présenté pour ce sel des
difficultés particulières. On a été obligé de changer par l'hydrogène sulfuré
les oxydes cuivreux et cuivriques en sulfures correspondants dont l'analyse
a permis de conclure aux proportions relatives des oxydes.
» Voici la moyenne de plusieurs analyses :
NH* = 9,897
NaO = i5,758
S*02 = 47,689
Cu20 = 22,63
CuO = 4>°°7
99' 98 '
Elle correspond le mieux à la formule suivante :
4S2 O2, NaO + 3S*02, Cu2 O 4- S202, CuO 4- 4NH»,
qui exige :
NH3 = 8,3
NaO — 14,9
S202 = 46,a
Cu20 = 25,8
CuO = 4,8
100,0
» La différence existant entre la quantité d'oxyde cuivreux trouvée par
( ^69 )
l'analyse et celle calculée, s'explique en observant que la substitution
d'oxyde cuivrique, par l'oxyde cuivreux, produit le remplacement de
i équivalent de cuivre par a équivalents du même corps. La notation sui-
vante représente la constitution de ce sel d'une manière à la fois simple et
rationnelle :
S202, NaO+S202 j^u2°|-f-NH8.
( Cn O j
physique du globe. — Sur la présence de l'ammoniaque dans certaines
eaux minérales ; par M. Jules Bons.
« En cherchant à me rendre compte des diverses hypothèses émises sur
la formation des eaux sulfureuses , j'ai été amené à me demander s'il ne
serait pas possible de fournir à la science une donnée de plus pour cette
discussion, en déterminant la quantité d'ammoniaque que les eaux naturelles
peuvent contenir; car, dans mon opinion, certaines eaux devaient en être
exemptes.
» Cette question, qui intéresse si vivement les physiciens et les géologues,
n'aurait certainement pu être abordée si j'avais dû recourir aux procédés
ordinaires pour doser l'ammoniaque; mais M. Boussingault s'était déjà oc-
cupé de cette détermination à un autre point de vue, et je ne pouvais avoir
un meilleur guide. Aussi ai-je suivi avec la plus scrupuleuse exactitude sa
méthode si simple, si rapide et si précise. Je dois même ajouter que pour tous
mes essais je me suis servi de l'appareil même dont M. Boussingault a fait
usage, et que ce savant a bien voulu mettre à ma disposition.
» Ce procédé, comme on le sait, consiste à distiller l'eau que l'on veut
soumettre à l'analyse avec une dissolution de potasse, à recueillir les pre-
miers produits de la distillation et à doser l'ammoniaque par les méthodes
alcalimétriques. La grande habitude de ces essais, que depuis plusieurs an-
nées j'ai acquise auprès de M. Peligot, m'autorise à dire que l'on peut ré-
pondre de la quantité d'ammoniaque contenue dans i litre d'eau à -~ de
milligramme près.
» J'ai commencé par examiner les eaux thermales sulfureuses des Pyré-
nées, et comme type j'ai choisi des eaux sortant directement des terrains plu-
toniques bien caractérisés, comme on les rencontre à Olette, Amélie-les-Bains,
Vernet, etc. Ces eaux renferment en dissolution des proportions assez con-
sidérables d'une matière organique azotée dont j'ai déjà entretenu l'Acadé-
mie, et l'on aurait pu craindre que cette substance azotée, en présence de la
C. R. i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 26.) !66
( 127° )
potasse, ne vînt jeter le trouble dans les résultats en fournissant de l'ammo-
niaque ; mais il n'en a point été ainsi, comme on le verra par les nombres
suivants, et d'ailleurs on aurait remédié à cela en remplaçant la potasse
par la chaux ou la magnésie. L'absence totale d'ammoniaque dans ces eaux
puisées récemment ou conservées à l'abri de l'air depuis longtemps prouve
encore que la substance azotée n'a pas subi d'altération apparente, et je serai
bientôt en mesure de vérifier si les mêmes eaux conservées au contact de
l'air se comportent de la même manière.
» Je représente sous forme de tableau les résultats de quelques essais faits
sur les eaux sulfureuses.
NOM DES LOCALITES
des sources.
AMMONIAQUE
par litre.
SATURE DES TERRAINS.
Olette
mllllgr
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
0,53
o,58
I ,25
5,06
11,96
Terrain granitique.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Peu éloigné des ophytes , près des couches de
sel gemme et de gypse.
Terrain schisteux de transition.
Terrain tertiaire gypseux.
Id.
Id.
Cauterets ( la Raillère).
Eaux-Bonnes
Challes, en Savoie. . .
» L'inspection du tableau indique, parmi les eaux des Pyrénées, de très-
petites quantités d'ammoniaque dans les Eaux-Bonnes et dans celles de
Labassère. Ce résultat, en apparence contradictoire, trouve son explication
dans la nature des eaux et dans la différence des terrains d'où elles sour-
dent. En utilisant les renseignements très-précis fournis sur ces sources
par M. Filhol, nous observons avec cet auteur que les Eaux-Bonnes ne res-
semblent pas, sous le rapport chimique, aux autres eaux sulfureuses de
la chaîne. Elles sont remarquables par la forte proportion de chlorure
de sodium, de sulfate de chaux et par leur faible alcalinité. Elles se trouvent
dans le voisinage des sources salées de Salies, en Béarn, et M. Filhol sup-
pose, je crois avec raison, qu'elles renferment du sulfure de calcium pro-
( '27i )
venant de la décomposition du sulfate de chaux, sous l'influence de la
matière organique.
» Quant à l'eau de Labassère, M. Filhol nous l'apprend encore, « elle sort
» d'un terrain schisteux de transition, portant alternance de schiste carbo-
» nifère éclatant et de calcaire avec le sulfure ferrugineux, quelques cris-
» taux de macle monochrone et beaucoup d'alun en efflorescence. » L'eau
de Labassère, quoique renfermant du sulfure de sodium et du carbonate
de soude, se distingue encore par la faible proportion de silice et la forte
proportion de chlorure de sodium.
» La différence qui vient d'être signalée dans la quantité d'ammoniaque
se trouve bien plus marquée si l'on passe à l'examen des eaux sulfureuses
que nous voyons, pour ainsi dire, se former sous nos yeux ; et comme inter-
médiaire nous citerons l'eau de Challes en Savoie. Cette eau diffère encore
par sa composition des eaux de la chaîne des Pyrénées; elle sort d'un ter-
rain tertiaire gypseux , et sa sulfuration , d'après les observations de
M. O. Henry, a doublé depuis sa découverte, au détriment des sulfates,
qui ne s'y trouvent plus qu'en très-faibles traces.
» Enfin, dans la dernière catégorie j'ai pris pour type les eaux d'Enghien
et quelques-unes du bassin parisien ; parmi ces dernières, je ferai une men-
tion spéciale d'une eau très-sulfureuse depuis peu découverte aux portes
de Paris, aux Thèmes. M. Beaude, médecin inspecteur des eaux de la
Seine, a bien voidu m'en remettre une bouteille sur laquelle j'ai fait une
détermination d'ammoniaque; j'ai trouvé umilh,96 par litre d'eau.
» Les eaux de cette classe sont toutes chargées de sulfate de chaux, et
leur sulfuration est due, d'après la majorité des chimistes, à la décomposi-
tion d'une partie du sulfate par les matières organiques des terrains avec
lesquels elles sont en contact. Elles contiennent toutes une proportion
d'ammoniaque, relativement considérable, et des expériences que j'ai en-
treprises me portent à admettre que la proportion d'alcali est d'autant plus
forte que l'eau est plus chargée de sulfure; c'est du moins ce que j'ai déjà
constaté sur les eaux d'Enghien et des Batignolles examinées à différentes
époques de l'année.
» Toutes ces eaux, comme l'a fort bien remarqué M. O. Henry, offrent,
à côté de l'odeur hépatique , une odeur marécageuse ; mais c'est surtout
dans les produits de la distillation avec la potasse qu'elle acquiert une
intensité telle, que l'on est porté à l'attribuer à un de ces alcaloïdes dont
l'existence nous a été révélée par M. Wurtz.
» Pendant l'ébullition de l'eau, il se produit une mousse abondante qui
166..
( I272 )
peut gêner l'opération, et le liquide distillé renferme une petite quantité
d'une matière huileuse qui empêche le verre d'être mouillé par l'eau.
» J'ai commencé l'examen des eaux ferrugineuses et des eaux alcalines,
et je pense que l'on pourra leur appliquer des observations analogues aux
précédentes, si je me base sur les résultats obtenus avec les eaux de Plom-
bières, Vichy, Saint-Galmier, d'une part; Contrexeville, Niederbronn, Pou-
gues, Auteuil, Passy, de l'autre.
» Au moment où les établissements d'eaux minérales sont visités par les
savants de tous les pays, il n'est peut-être pas inutile d'appeler leur atten-
tion sur cette question importante de physique du globe que je formule de
la manière suivante :
» I. Les eaux thermales sulfureuses ne contiennent pas la moindre trace
d'ammoniaque, lorsqu'elles sortent directement des terrains granitiques.
(Olette, Amélie-les-Bains, la Preste, Vernet, Baréges, etc.)
» II. Les eaux sulfureuses, même dites naturelles, mais dont la sortie
hors du sol n'a pas lieu directement du granit et qui contiennent une pro-
portion de chlorures et de sulfate de chaux plus forte que les eaux de la
première série, renferment des proportions diverses d'ammoniaque. (Eaux-
Bonnes, Labassère.)
» III. Les autres eaux sulfureuses sortant de terrains bien moins anciens,
et dont l'origine doit être attribuée à la réaction des sulfates sur les matiè-
res organiques, contiennent des proportions notables d'ammoniaque; tel est
le cas d'Enghien, de Belleville, des Thèmes, etc.
» Ces expériences sur la présence ou l'absence de l'ammoniaque dans les
eaux minérales tendent à démontrer, en ce qui concerne les eaux sulfu-
reuses, que si pour un certain nombre on peut admettre que leur sulfure
provient de la décomposition des sulfates par des matières organiques, cette
hypothèse ne peut s'appliquer aux véritables eaux sulfureuses naissant di-
rectement des roches primitives. »
travaux publics. — Sur les moyens employés dans les Pays-Bas pour
combattre les inondations. (Extrait d'une Lettre de M. deParavey.)
« Dans la Hollande et Nord-Hollande, aux endroits les plus menacés
par la mer ou les fleuves, un syndicat, bien organisé en ces lieux, fait
établir des briques en gazonnage, faciles à transporter et à placer les unes
à côté des autres, pour exhausser la levée, lorsque les vagues vont la sur-
( "373 )
monter, par l'effet d'une tempête. A côté de ces approvisionnements en
briques de gazon, sont des voiles de rebut ou de grosses toiles, goudron-
nées et roulées en cylindres, faciles aussi à transporter, comme les briques
taillées en gazon. Lorsqu'un danger est signalé, le syndic convoque tous
les paysans valides du sol menacé, qui, réunis sur la digue, y forment
un mur suffisamment élevé, avec ces briques de gazonnage. La mer, en le
frappant, renverserait bientôt ce mur provisoire ; mais, sur ce mur de gazon-
nage, on déroule les cylindres de forte toile goudronnée. Dès lors, la digue
ancienne et le mur provisoire qui la surmonte forment une masse inébran-
lable, et les propriétés des habitants des polders, enlevées à la mer, sont pré-
servées des ravages de cette mer furieuse du Nord.
» A Jargeau, près à' Orléans, des terres, des fascinages, n'ont pas eu
cette cohésion, étant apportés et remués à la hâte; et si, après la rupture
des levées en cet endroit, MM. les ingénievirs d'Orléans avaient connu
et employé les procédés usités en Hollande, ce riche pays, à peine cultivé
de nouveau, n'aurait pas vu récemment ses champs de nouveau ravagés
et rendus encore une fois stériles. »
Dans une autre Lettre, l'auteur s'occupe d'astronomie ancienne à l'occa-
sion de la découverte récente d'un manuscrit égyptien en écriture démotique,
qui a donné les noms de plusieurs planètes et des signes des constellations
zodiacales : on y apprend que la figure d'un coutelas remplaçait le signe
de nos almanachs qui représente la croupe et la queue du Lion de la sphère
grecque. M. de Paravey tire de ce fait, et des renseignements fournis par les
livres chinois, un argument à l'appui de la thèse qu'il soutient relativement
à l'origine des sciences de la Chine, sciences qui y auraient été apportées,
suivant lui, de la Chaldée et de l'Egypte.
analyse mathématique. — Exposition d'une nouvelle méthode qui permet
d'obtenir avec telle approximation que Von veuille, les coefficients des
facteurs du second degré correspondant à ce qu'on appelle les racines
imaginaires des équations numériques ; par M. Rouget.
M. Legkand prie l'Académie de vouloir bien comprendre dans le nombre
des pièces admises à concourir pour les prix de Médecine et de Chirurgie,
un Mémoire sur l'ablation des tumeurs sans opération sanglante, Mémoire
dont il a récemment adressé un exemplaire.
Dans cette Lettre, l'auteur signale, pour se conformer à une condition
( 1274 ) •
imposée aux concurrents, ce qu'il considère comme neuf dans la méthode
de traitement qu'il cherche depuis plusieurs années à répandre et qui fait le
sujet de cet écrit.
(Renvoi à la Commission de Médecine et Chirurgie.)
M. Boum adresse une semblable demande pour son opuscule « sur le
traitement des adénites cervicales au moyen de l'électricité localisée ».
M. de Hedocville demande et obtient l'autorisation de reprendre des
pièces qu'il avait précédemment soumises au jugement de l'Académie,
concernant une invention destinée à prévenir le déraillement des véhicules
marchant sur chemins de fer.
M. Marigny adresse, de Domfront, une Note et plusieurs Lettres relatives
à un moyen qu'il a imaginé pour la direction des aérostats.
(Renvoi à la Commission des Aérostats.)
M. Pons présente des considérations sur les avantages divers qu'offri-
raient les éducations de vers à soie faites en automne, et spécialement en
tant qu'elles tendraient, suivant lui, à rendre les races plus robustes et
moins sujettes aux maladies.
(Renvoi à l'examen de M. Milne Edwards. )
Une seconde Lettre de M. Pons, relative à diverses questions de phy-
sique générale, de physique du globe et de météorologie, est renvoyée à
l'examen de M. Babinet.
M. Schrœder, en adressant un opuscule intitulé : « La rotation souter-
raine de la masse ignée, ses causes et ses conséquences », prie l'Académie
de remarquer que ce travail ne doit pas être considéré comme étant publié,
et qu'il ne l'a fait imprimer que pour en mettre plus aisément des exem-
plaires à la disposition des Membres de l'Académie.
(Renvoi à M. Liouville, déjà chargé de prendre connaissance des commu-
nications manuscrites de l'auteur sur le même sujet. )
A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret.
( '*75 )
COMITE SECRET.
La Section de Géométrie propose de déclarer qu'il y a lieu d'élire, à
la place vacante dans son sein, par suite du décès de M. Binet.
L'Académie va au scrutin sur cette proposition.
Sur 35 votants,
Il y a 34 oui
Et 1 non.
En conséquence, la Section est invitée à présenter, dans la prochaine
séance, une liste de candidats.
La séance est levée à 6 heures É. D. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 3o juin i856, les ouvrages dont
voici les titres :
Eloges historiques, lus dans les séances publiques de V Académie des Sciences ;
par M. P. FLOURENS; Ire partie. Paris, i856; in-ia.
Percement de l'isthme de Suez, exposé et documents officiels; publiés par
M. Ferdinand de Lesseps. Paris, 1 855- 1 856; 1 vol. in-8°.
Expédition dans les parties centrales de l'Amérique du Sud, de Rio-de- Janeiro
à Lima et de Lima au Para, exécutée par ordre du Gouvernement français, pen-
dant les années 1 843 à 1847, sous ^a direction du comte Francis de Castel-
NAU; VIe partie. Botanique, 3e livraison; in-4°; VIIe partie. Zoologie, i5e à
1 8e livraisons ; in-4°-
Des moyens de reconnaître les empoisonnements par le phosphore; par
M. Victor Meurin. Toulouse, i856; br. in-8°.
Traitement des adénites cervicales chroniques au mojen de l'électricité loca-
lisée; parM. le DrBouLU. Paris, i856; br. in-8°. (Adressé pour le concours
Montyon, prix de Médecine et de Chirurgie.)
( '276 )
Notions générales de paléontologie végétale; traduit de l'allemand du Dr M.
Seubert;parM. A.-P. DE BORRE; br. in-8°.
Moyen facile et économique d'obtenir cette année, dans le courant de l'au-
tomne, une quantité de produite alimentaires de deux à [quatre fois supérieure à
celle qu'eussent donnée sur les mêmes terrains les récoltes détruites par l'inonda-
tion ; par M. V. Chalet, de Vire ; { de feuille.
Sur la culture des pommes de terre précoces; par le même ; \ de feuille.
Lettre de M. Bréon à M. Chalet ; \ de feuille.
Symbolœ sirenologicœ quibus prœcipue rhjtinœ historia naturalis itlustralur;
auctore Joanme-Frederico Brandt. Petropoli, 1846; in-4°.
Beitrage. . . Matériaux pour servir au perfectionnement des connaissances sui-
tes Mammifères de la Russie; par M. Brandt, membre de l'Académie des
Sciences de Saint-Pétersbourg, directeur du Musée zoologique de l'Acadé-
mie. Saint-Pétersbourg, 1 855 ; 1 vol. in-4°.
Untersuchungen... Recherches sur l'étendue du parcours géographique du
Tigre et sur les conséquences de ce fait par rapport à l'homme; par\e même.
Saint-Pétersbourg, t856; br. in-4°- .
Bemerkungen.. . Remarques sur les Vertébrés des parties septentrionales de la
Russie, principalement du nord de l'Oural; par le même; br. in-4°.
Posvonotclmuia... Les animaux vertébrés du nord de la Russie d'Europe et
en partiadier de l'Oural septentrional ; par le même; br. in-4°.
Le scoperte... Histoire des découvertes arctiques ; par M. le comte F. Minis-
calchi Erizzo. Venise, 1 855 ; 1 vol. in-8°; accompagné de quatre cartes
géographiques.
Notomia... Anatomie morale, ou Calcul de probabilité des sentiments hu-
mains;parM. Jos. Mastriani. Naples, i855; a vol. in-ia.
Un numéro détaché de /'Indicatore contenant les éléments de la planète
Léda.
Description... Description de la lunette zénithale réflexe de l'observatoire
royalde Greemvich ; parM. G. BlDDEL-AlRY. Londres, i856; br. in-4°-
Account. . . Exposition des expériences du pendule entreprises dans le charbo-
nage de Harton, pour la détermination de la densité moyenne de la Terre; parle
même. Londres, 1 856 ; br. in-4°.
Address... Discours de [astronome royal aux membres du Comité d'inspection
de l'observatoire royalde Greenwich , prononcé te 18 octobre 1 855, et Rapport
( i277 )
au Comité lu à la visite annuelle de l'observatoire, le 7 juin i856; br. in-4°.
The last... Le dernier des voyages arctiques. Narration de l'expédition du
navire de S. M. l'Assistance commandé par le capitaine sir Edouard Belcher :
Voyage à la recherche de sir John Franklin, pendant les années 1 852-1 854;
publié avec l'autorisation de l' Amirauté , par sir Ed. Belcher. Londres, i855;
a vol. in-8°.
Abhandlungen... Mémoires de V Académie royale de Berlin; année i854;
Ier supplément. Berlin, i856; in-folio.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES REÇUES PAR l'aCADEMIE PENDANT
LE MOIS DE JUIN 1836.
Annales de l' Agriculture française , ou Recueil encyclopédique d'Agriculture;
t. VII, n° 10; in-8°.
Annales forestières et métallurgiques ; mai 1 856 ; in-8°.
Annuaire de la Société météorologique de France; t. II ; II* partie. Tableaux
météorologiques; feuilles '5r]-li\ ; in-8°.
Bibliothèque universelle de Genève; mai i856; in-8°.
Boletin. .. Bulletin de l'Institut médical de Valence; mai «856; in-8°.
Bulletin de l'Académie royale des Sciences , des Lettres et des Beaux-Arts de
Belgique; t. XXIII, n° 4; in-8°.
Bulletin de la Société d' Encouragement pour l'Industrie nationale, mai
i856; in-4°.
Bulletin de la Société française de Photographie; juin i856; in-8°.
Bulletin de la Société Géologique de France; t,e série; t. XIII, feuilles 8-i4
(3 décembre 1 855-4 février i856) ; in-8° ; accompagné de la liste des membres
de la Société.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse ; n° i34; in-8°.
Bulletin mensuel de la Société impériale zoologique d'Acclimatation; mai
i856; in-8°.
Il nuovo Cimento... Journal de Physique et de Chimie pures et appliquées;
mars et avril 1 856 ; in-8°.
C. R., i856, >" Semestre. (T. XLU, N»26.) (67
( '278 )
Journal a" Agriculture pratique; t. V, n°* 1 1 et 11; in-8°.
Journal de Mathématiques pures et appliquées, ou Recueil mensuel de Mémoires
sur les diverses parties de mathématiques; publié par M. JOSEPH LiOUVlLLE;
avril et mai i856; in-4°.
Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; mai i856; in-8°.
Journal de Pharmacie et de Chimie ; juin i856; in-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; n°' a5-27; in-8°.
Hv Aôyvouç io.xpw.ri p.ùi<77a... L'abeille médicale d' Athènes ; ire série, t. III;
mai i856; in-8°.
La Revue thérapeutique du Midi, Gazette médicale de Montpellier; nos 10
et 1 1 ; in-8°.
Le Technologiste ; juin i856;in-8°.
Magasin pittoresque ; juin 1 856; in-8°.
Monatsbericht. . . Comptes rendus des séances de l'Académie royale des
Sciences de Prusse ; avril et mai i856; in-8°.
Nachrichten... Nouvelles de l'Université et de l'Académie des Sciences de
Gôtlingue; n° 6 à 8 ; in-8°.
Pharmaceutical... Journal pharmaceutique de Londres; vol. XV, n° ia;
in-8°.
Proceedings... Procès-verbaux de la Société de géograpfiie de Londres;
n°3; in-8°.
Répertoire de Pharmacie; juin i856; in-8°.
Revista... Revue des travaux publics ; 4e année; nos 1 1 et 12; in-8°.
Royal âstronomical... Société royale astronomique de Londres; vol. XVI,
n° 7; in- 8°.
The Qnarterly... Journatde la Société Géologique de Londres ; vol. XII, par-
tie II; n°46;in-8°.
La Presse Littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; n05 16-18;
in-8°
L'Agriculteur praticien; n°* 17 et 18; in-8°.
Revue de Thérapeutique médico- chirurgicale ; n° 1 1 ; in-8°.
Rulletin de l'Académie impériale de Médecine; t. XXI, n°* 16 et 17; in-8°.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; 1" se-
mestre i856; nos 22-a5; in-4°-
( "»79 )
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et
de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; t. VIII; 22e- 25e livraisons.
Gazette des Hôpitaux civils et militaires ; n°9 65-76.
Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; nos 23-20.
Gazette médicale de Paris; nos 23-26.
L Abeille médicale; n09 16-18.
La Lumière. Revue de la Photographie; n*9 23-26.
L'Ami des Sciences; n09 22-26.
La Science; n09 37-48.
La Science pour tous ; n°5 26-29.
L'Athenœum français. Revue universelle de ta Littérature; de la Science et
des Beaux- Arts ; nos 23-26; accompagné du Bulletin archéologique du mois
de mai 1 856.
Le Moniteur des Hôpitaux; nos 66-77.
Le Progrès manufacturier; nos 5 5- 5g.
Réforme agricole , scientifique , industrielle; n° 89.
Revue des Cours publics; n09 22-26.
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COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
TABLES ALPHABÉTIQUES.
JANVIER — JUIN l856. m m
TABLE DES MATIÈRES DU TOME XUU.
Pages.
Acabiis du cheval. — Nouvelle espèce d'Acarus
pouvant transmettre la gale à l'homme;
Note de MM. Bourguignon et Delqfond... ll\l
Acide arsénique. — Note de M. Kopp sur la
préparation et les propriétés de cet acide. 1060
Acide formique. — Sur la préparation de cet
acide ; Note de M. Berthelot 447
Acide hippurique. — Sur les causes qui chan-
gent les proportions de cet acide dans
l'urine de cheval ou en déterminent l'ab-
sence ; Note de M. Roussin 583
Acide iodbydriooe. — Son action sur l'argent ;
Note de M. H. Sainte-Claire Deville.... 894
Acide nitrohématique. — Sur l'identité de cet
acide et de l'acide picramique; Note de
M. Girard 5g
Acide picramique. Voir l'article précédent.
Acide tartrique. — Note sur l'acide tartri-
que et les solutions tartroboriques; par0
M. Dubrunfaut lia
Acoustique. — Remarques de M. IVertheim
à l'occasion d'une Note de M. Zamminer
sur les mouvements vibratoires de l'air
dans les tuyaux 4g3
— Etudes expérimentales sur le mouvement
des fluides élastiques : Théorie nuuvelle
des instruments à vent; Mémoire de
M. Masson 636
Actinocraphe , instrument qui marque les in-
stants de la journée auxquels le soleil se
montre ou se cache , et la durée de ses ap-
paritions ou disparitions; communica-
tions de M. Pouillet 91 3- et 1042
Action de présence. — Transformation de di-
vers acides organiques due à une action}
C. ». i856, i« Semestre. (T.XLII.)
Page».
de présence; Note de M. Desaignes (écrit
par erreur Lassaigne) 494
Aéronautique. — Lettre de M. Piffer, concer- .
nant la direction des aérostats '4 'a
— Lettre de M. Porge sur le même sujet. . . . 49&
— Lettre de M. L'Aigle des Masures sur un
moyen de faire monter et descendre à vo-
lonté les ballons sans perte de lest et
sans perte de gaz 5i2
— Notes de M. Marques, concernant un moyen
de diriger les aérostats par une action de
recul , 5ia et 597
— Note intitulée : « Essais aéronautiques et
hydronautiques basés sur l'étude des ani-
maux qui se meuvent dans l'air et dans
l'eau » ; par M. A. Morel 797
— Sur la direction des aérostats; Notes de
M. Lechevallier 997 et 1*3»
— Lettres de M. Ritz , concernant son Mé-
moire sur la direction des aérostats au
moyen de l'hélice^ 4" et "88
— Note et Lettres de M. de Marignr sur la di-
rection des aérostats. ... 699, 117a et 1274
— Lettres de M. Brachet 498 et ^97
Aimantation. Voir l'article Électricité.
Alduminoïdes (Substances) entrant comme
principes immédiats dans la composition
des fluides ou des solides des êtres orga-
nisés. Un ouvrage de M. Denis, de Com-
mercy, sur ces substances, est présenté
par M. Cl. Bernard ... 1176
Alcools. — Recherches sur une nouvelle classe
d'alcools ; par MM. Cahours et Hojffmann. 217
-»■ Sur l'huile essentielle contenue dans l'al-
cool de garance; Note de M. Jeanjean.. 857
l68
( I
Pages.
Alcools. — Remarques de M. Biot à l'occasion
de la communication de M. leanjean sur
l'huile essentielle contenu dans l'alcool
de garance 85g
— Considérations générales sur le mode de
constitution des alcools et des éthers; par
M. Ch. Blondeau 885
Alimentaires (Substances). — M. Patentait
hommage d'un exemplaire de la 3e édi-
tion de son ouvrage sur les substances
alimentaires 4>5
— Poudre destinée à remplacer le café : spé-
cimen adressé par M. Tcermer 344
— Mémoire intitulé : « Description d'un sys-
tème pour augmenter les ressources ali-
mentaires de la France »; par M. Fran-
coni 996
Aluminium. — Préparation et propriétés du fluo-
rure d'aluminium; Mémvire de M. 11.
Sainte-Claire Deville 49
— Remarques de M. de Senarmont à l'occa-
sion de cette communication 5a
Alun. — Caractères chimiques des vins rouges
additionnés d'alun; par M. Lassaignc . \io
Analyse chimique. — Comparaison de l'analyse
minérale avec l'analyse organique immé-
diate, et conséquence qu'on en peut dé-
duire pour établir une méthode de cette
dernière analyse; Mémoire de M. Chevreul. 873
Analyse mathématique. — Sur une formule
très-simple et très-générale qui résout
immédiatement un grand nombre de pro-
blèmes d'analyse déterminée et d'analyse
indéterminée; Mémoire de M. Cauchy... 366
— Note sur un théorème de M. Puiseux ; par
le même 663
— Remarques sur deux Mémoires de Poisson;
par M . Liouville 465
— Détermination des valeurs d'une classe re-
marquable d'intégrales définies multiples,
et démonstration nouvelle d'une célèbre
formule de Gauss, concernant les fonc-
tions gamma de Legenure ; par le même. . 5oi
— - Mémoire >ur la réduction de classes tfètf*
.•tendues; (l'întegraJea tatdtipïesj par le
même j'i5
— Note sur le calcul intégral; par le même., ç>o";
— Note sur la théorie générale des équations
différentielles; pur le même iu84
— Note sur la représentation des nombres
entiers par la forme quadratiqin? :
jr'-t-a.r'-l-ta'-r-a&f' ;
par le même 1 145
— Note sur les fonctions elliptiques (ex-
traite des papiers de feu M. Siurm ).... g88
■•— M. Liouville annonce que cette Note, qu'il
avait -trouvée écrite de la main de
M, Sturm, et qu'il lui avait ainsi attri-
a8a )
Page».
buée, fait réellement partie d'un Mémoire
sur les fonctions elliptiques dont l'auteur
est M. Despeyrous 1087
Analyse mathématique. — Démonstration géo-
métrique de quelques théorèmesdeGauss;
Note de M. Bertrand 1088
— Sur les facteurs égaux des polynômes en-
tiers ; Note de M. Ostrogradski g3o
— Sur les racines imaginaires de l'équation
u — tangu = Ç; Note de M. Serret 1181
— Note de M. Catalan à l'occasion d'un théo-
rème de M. Serret 1 184
— Sur la décomposition des polynômes de
degré pair en facteurs rationnels du second
degré ; Mémoire de M. Bouget a3
— Note sur un nouveau théorème servant pour
lo«calcul des racines comprises entre deux
nombres donnés ; par le même iaai
— Nouvelle méthode permettant d'obtenir,
avec tel degré d'approximation qu'on vou-
dra, les coefficients des facteurs du se-
cond degré correspondant aux racines
imaginaires des équations numériques;
par le même 1373
— Sur les restes produits par la recherche
du plus grand commun diviseur entre
deux polynômes ; Note de M. Faa de
Bruno 4°7
— Additions à un précédent Mémoire sur
la détermination des fonctions inconnues
qui rentrent sous le signe d'intégration dé-
finie; par M. Gomez de Souza. 11 19, 1 175 et 1219
— Sur la résolution des équations d'un degré
quelconque ; Mémoire de M. Piarron de
— Lettre de M. Collins , concernant une pré-
cédente communication sur une ques-
tion d'analyse mathématique 356
AnAtomie. — Sur les variations anatomiques
et pathologiques du poids de l'utérus ;
(■Mémoire de M. Gariel 586
— tSote sur l'encéphale de l'aptérix; par
M. Doreile 861
Recherches anatomiques et physiologiques
curies appa ■ tiles : appareil d'a-
'Lii'I.iIhmi de lVil chei les vertèbres a
. iiaud ; Meuioae de M. Rouget..'. . 9:17
— A l'occasion de cette communication.
M. de Quatre/âges mentionne des obser-
vations de M. Djfjardin, concernant un
appareil d'adaptation pour l'œil des in-
sectes 941
— Réclamation de priorité adressée, à l'occa-
sion du même Mémoire, par M. Huiler. 1218
— Réponse de M. Bouget à la réclamation de
M. Muller '^55
— De l'appareil circulatoire sanguin chez le
serpent Python ; Mémoire de M. Jaefuart. liai
ànatomie. — Mémoire sur la dentition des
Cétacés ; par M. Em. Rousseau 1174
— Planches d'aria tomie omalographique don-
nant les positions respectives dos organes
telles que les montrent les sections pra-
tiquées sur le cadavre soumis à la congé-
lation; présentées par M. Legendre 586
Anémomètres. — Communications de M. Tau-
penot, concernant un anémomètre enregis-
treur de son invention et autres appareils
analogues :..... 497» 55i et 586
— Description d'un anémométrographe in-
scrivant électriquement la direction et la
vitesse du vent pour chaque instant de la
journée; Mémoire de M. Salleron 694
— De la résistance de l'air au mouvement
oscillatoire du pendule, principe d'un
nouvel anémomètre ; Mémoire de M. Gi-
rault 5l 1
Animaux domestiques. — Sur les moutons de
Car'amanie donnés à la Société d'Acclima-
tation par M. le Maréchal Vaillant; Note
de M. Texier 80
— Des principales races françaises de l'espèce
bovine et de leur amélioration ; Mémoire
de M. Magne. 794
— Lettre de M. Regnault, concernant son Mé-
moire sur les causes de la gangrène trau-
ma tique, et son Mémoire sur la question
du typhus du gros bétail. — Lettre concer-
nant son Mémoire sur l'absorption des
virus 587
Anonymes (Mémoires) adressés pour des con-
cours pour lesquels les auteurs ne doi-
vent pas se faire connaître :
— Mémoire écrit en latin sur la question
proposée pour le grand prix de Sciences
physiques de i856 (Métamorphoses et re-
production des Infusoires).; i3 et 1162
— Mémoire écrit en allemand adressé pour le
même concours i3
— Mémoire adressé au concours pour legrand
prix des Sciences mathématiques de i856
(question concernant la théorie mathé-
matique des phénomènes capillaires).. . . 438
— Mémoire destiné au concours pour le grand
prix de Sciences mathématiques de 1856
(question concernant le dernier théorème *
de Fermât) 837, 1043 et 1162
— Mémoire destiné au concours pour le grrfnd
prix de Sciences mathématiques de i856
( question concernant le perfectionnement •
de la théorie mathématique des" ma-
rées). g95
— Mémoire destiné au concours pour le prix
de Mécanique, et dont l'auteur, par igno-
rance des conditions de ce concours, a
écrit son nom sous pli cacheté j3o
( ia83 )
P«|M.
Anonymes (Mémoires) . — Hemarques touchant
la condition imposée aux concurrents de
ne pas se faire connaître; Lettre de
M. Gros, concernant un Mémoire adressé
par lui pour un de ces concours 356
Anthropologie. — Note sur les Touariks ; par
M. Serres 188
— Proportions physiques du corps humain
exprimées en mesures métriques; Note
de M. Silbermann 454 et 495
•«- M. Babinet présente un portrait gravé de
' ienkins, batelier anglais qui a atteint l'âge
de cent soixante-neuf ans 473
Antimoine (Composés de t'). — Sur la précipi-
tation du protochlorure d'antimoine par
l'eau ; Note de M. Baudrimont 863
— M. Pinart annonce avoir obtenu de l'anti-
moine plusieurs nuances très-pures et
très-Bolides de jaune de Naples 1018
Appareils divers — Description et figure d'une
machine à mouler les pâte^céramiques ;
par M. Huait 45
— Opuscules imprimés de M. Moysen, concer-
nant divers instruments aratoires de son
invention 58g et 694
— Description et figure d'une nouvelle grilla
fumivore ; par M. Bordone 636
— Appareil destiné à produire de la chaleur
par le frottement; présenté par MM.
Beaumont et Mayer. (Rapport sur cet ap-
pareil ; Rapporteur M. Uorin.) 719
— Réclamation adressée par MM. Beaumont
et Marer . , , 802
— Remarques de la Commission, concernant
cette réclamation 8o3
— Manomètre destiné à faire connaître le de-
gré de profondeur qu'nji bateau sous-
marin ne doit pas dépasser; Note de
M. Cochaux., 746
■— Lettre de M. Perreaux accompagnant la
présentation d'une machine à diviser. . . . 797
— Communication de M. Chasles en présen-
tant un opuscule de M. Babbage sur la
machine à calculer de M. Scheutz 798
— Remarques de M. Ch. Dupin à l'occasion
de cette communication 800
— Application d'un nouveau système de robi-
nets à des machines pneumatiques aspi-
rantes et foulantes ; Note de M. Silber-
mann i io5l
— Figure et description d'un ophlhalmo-
scope j par M. Castorani.. ..." 1073
Argent. — Traitement des minerais argenti-
fères; Mémoire de M. Poumarède, trans-
mis par M.» le Ministre de l'Instruction
publique : 362
— Sur la production artificielle, et par voie
168..;
( 1
PagfS.
humide, de l'argent chloruré; Note de.
M. Kuhlmann ■' 3?4
Argent. — Action de l'acide iodhydrique"sur
l'argent; Note de M. //. Sainte-Claire
Veville 89',
Arithmétique. — Lettre de M. Gautier, rela-
tive à ses précédentes communications
sur la numération duodécimale 3or
Lettre de M. Riedl de Leuenslcrn, concer-
nant ses précédentes communications sur
les nombres polygonaux 865
Arts militaires. — Sur un moyen destiné à
protéger les hommes de guerre contre les
hlessures faites par les armes blanches et
les armes à feu ; Mémoire de M. Basset. 498
— Lettre de M. Rieva, concernant un système
d'armes à feu de son invention 1074
Aspdïxie. — Mémoire de M. Faure 586
Astéroïdes. — Sûr leur nature et les effets qui
peuTcnt résulter de leur entrée dans l'at-
mosphère terrestre ; Note de M. Leseca. 1234
Astronomie. — M. Le Verrier annonce que
M. Goldschmidi a fait sur une étoile va-
riable une suite d'observations propres
à en déterminer la période 441
— Communication de M. Le Verrier en pré-
sentant le tome Ier des « Annales de
l'Observatoire impérial de Paris » 6o5
— Remarques de M. Le Verrier, à l'occasion
d'un passage d'une Lettre de M. Vah,
concernant l'indication des secondes dans
les éléments provisoires des planètes... 817
— Note de M. Valz, relative aux remarques
de M. Le Verrier 92a
— Sur la parallaxe et le mouvement d'un
nouveau bolide ;^)ote de M. F. Petit.... 82a
— Note de M. E. Liouville sur deux étoiles
variables ."',;;
284)
P«se«.
Astronomie. — Observations sur la scintilla-
tion des étoiles; par M. Ch. Dufour 634
— Noie sur la scintillation des étoiles ; par
M. Vallée 85g
— Lettre sur les étoiles doubles et leur dé-
placement apparent; par M. Watson... ioig
— Mémoire ayant pour titre : « Sur une va-
riation de la vélocité du soleil, qu'on a
attribuée à une oscillation du périgée so-
laire; par M. S.-E. Coues » 739
— Formules graphiques pour trouver par ap-
proximation les variations dans la lon-
gueurde l'année tropique pourde3 époques
très-reculéas ; Mémoire de M. Rodier. . . . io65
— Sur les mouvements et l'équilibre des
corps célestes ; Mémoire de M. Thierriat. 1074
Voir aussi l'article Planètes.
Astronomie nautique. — Rapport sur une
Note de M. Wils Brovm : nouvelle mé-
thode pour le calcul des distances lunaires
observées en mer; Rapporteur M. Bravais. 474
— Lettre de M. Terquem, à l'occasion de ce
Rapport 54l
Voir aussi l'article Géographie.
Atracttlis ci'mmifera. — Nouveaux faits d'em-
poisonnement, et réclamation de priorité
relative à la constatation des propriétés
Uniques de cette plante; Mémoire de
M. Bouros 80g
— Renseignements - ultérieurs sur les cas
d'empoisonnement qu'on avait d'abord at-
tribués à la racine de l'Atractylis ; par le
même • laaa
Attraction. — Nouvelle rédaction d'un Mé-
moire intitulé : « Attraction universelle
des corps, au point de vue de l'électri-
cité »; par M. Zaliwski iai9
Aurores bc;\éales. — Mémoire de M. de La-
motte Tarchand sur les aurores] polaires. ia56
Balistique. — Des lois de la résistance de
l'air sur les projectiles animés de grandes
vitesses ; Mémoire de M . Didion 1048
Barium (Composés du). — Action des acides
azotique et chlorhydrique sur le chlorure
de harium et l'azotate de baryte ; Note
de M. Baudrimont tl3l
Baromètres. — Sur la construction du baro-
mètre et l'ébullilion du mercure dans le
vide ; Note de M. Taupenot 1186
Bismuth. — Sur un appareil destiné à démon-
trer et mesurer la différence de conducti-
bilité électrique du bismuth cristallisé;
Note de M. Matteucci n33
Botanique. — Communication de M. Monta-
gne en présentant sa Cryptogamie de la
^iuyane française 5oS
— Sur deux algues nées pendant les expé-
riences de M. Boussingault, relatives à l'ac-
tion du salpêtre sur la végétation ; Note
de M. Hlonlagne j56
— M. Montagne, en présentant au nom de
M. Schimper la dernière livraison de la
Bryologia Europœa, donne quelques dé-
tails sur cette importante publication... root
— Sur l'existence de deux types symétrique»
distincts chez les plantes diplostémones
Mémoire deM. Chatin l3
( ia85 )
Botanique. — Mémoires «ur l'ordre des Cus-
cutacées et celui des Cassythacées ; par
M. Chatin^ 26g et 339
— Mémoire sur les genres Orobanche et
• Phelipœa ; par le même 488
— Fragments de géographie botanique du
Chili; par M. C. Gar 83o
— Monographie de là famille des Urticées;
par M. Weddell 726 et 786
— Retour simultané de la descendance d'uni;
plante hybride au* types paternel et ma-
ternel ; Mémoire de M, Naudin ^6a5
— Observation relative à un cas d'hybridité
anormale ; par te même ioo3
— Lettre de M.Courhon, relative à un herbier
P»g«
qu'il a formé dans les environs de Monté-
vidéo et dans Pile Saint-Gabriel 4"
Botanique. — M. Courbon envoie la descrip-
tion de cet herbier \<) 1
Voir au^si les articles Organographie
végétale et Economie rurale. .'
Bromures. — Sur la préparation des chlorures
et des radicaux organiques par l'action du •
protochlorure et du protobromure do
phosphore sur les acides monohydratés
correspondants; Note de M. Réchamp,.. aa4
— Sur le bromure de titanium ; Note de
M. Hoffmann 35a
Bulletin bicliographique. — 62, 117, 246, 3oa,
359, 4!>9, 499, 5a4, 598, 65g, 700, 746,
811,867,1911,970, 1019,1075,1190, 1225 et 1375
Cit. — Influence de la proportion de phos»
phate de chaux contenu dans les aliments
sur la formation du cal; Note de M. A.
Milne Edwards G3i
Calendrier. — Mémoire intitulé : « Projet
pour la correction définitive du Calen-
drier grégorien ; par M. //. Ifascio 607
Candidatures. — M. Germain de Saint-Pierre
prie l'Académie de vouloir bien le com-
prendre dans le nombre des candidats
pour la place vacante dans la Section de
Botanique 24
— M. Cl. Gay adresse une semblable de-
mande an
— M. J. Bertrand prie l'Académie de vou-
loir bien le comprendre dans le nombre
des candidats pour la place vacante dans
la Section de Géométrie, par suite du
décès de M. Sturm. 3^7
— MM. Vallée, Serret et Ossian Bonnet
adressent chacun une semblable demande.
3ç)9 et 49'
— M. Ehrmann prie l'Académie de vouloir
bien le comprendre dans le nombre des
candidats pour une place vacante de Cor-
respondant ( Section de Médecine et de
Chirurgie ) an
— M. Chazallon, M. Keller et M. Darondeau
demandent, chacun séparément, à être
considérés comme candidats pour uno
place vacante de membre adjoint au Bu-
reau des Longitudes 498 et 810
— M. Dudouit se présente comme candidat
pour une place vacante dans la Section
de Géométrie 811
Cannelle ( Essence de ). — Sur la formation ^
artificielle de cette essence; Note de
M. Chiosza,,. .......... ,.,,.., 22a
Caoutchouc. — Recherches sur l'élasticité du \ .
caoutchouc vulcanisé; par M. lk)ileau... g3 5
— Sur les accidents que développe, chqz Içs ,
ouvriers en caoutchouc, l'inhalation des
vapeurs de sulfure de carbone; Mémoire
de M. A. Dclpech .... 586
Capillarité. — Sur la température à laquelle
les liquides cessent de mouiller les vases
qui les contiennent; Note de M. C. Wolf. gG8
Chaleur. — Kote sur le calcul de la chaleur
latente des vapeurs ; par M. Legrund a^3
Chaleur animale. — Sur la température
moyenne des oiseaux palmipèdes du nord
de l'Europe; Note de M:Martins 5i5
Champignons. — Etudes chimiques du cham-
pignon comestible, suivies d'observations
sur sa valeur nutritive; par M. /. Le/ort.. go
— Collection de champignons en cire colo-
riée préparés et décrits par MM. Buchner
et Kirsch 1 iG
Chauffage. — Rapport sur les appareils pro-
posés pour le chauffage sans combusti-
ble; par MM. Beaumont et Majer; Rap-
porteur M. Morin 71g
— Réclamation adressée au sujet de ce Rap-
port par MM . Beaumont et Mayer ■ 802
— Remarques d'un Membre de la Commis-
sion relativement à cette réclamation.. . 8oî
Chaux. — Son emploi pour la conservation du
jus de betteraves; Note de M. Maùmené.. 645
— Emploi de la chaux pour dessécher et as-
sainir les lieux inondés; Note de M. Mo-
nde •• 1323
Chemins de fer. — Sur un moniteur électrique
pour les chemins de fer ; Note de M. Per-
nelet • 37
— Mémoires ayant pour titre : « Les chocs
rendus impossibles sur les chemins de
( 1
p«l«.
fer au moyen de l'interrupteur kilomé-
trique » ; par M. Bellemare 45
Chemins de fer. — Sur un moyeu destiné à
permettre d'arrêter en peu de temps et
sans secousse un train en marche sur un
chemin de fer; Note de M. Perreul a45
— Mémoire sur. un frein agissant par pres-
sion verticale; modifications apportées au
système de M. Laignel; par le même 685
— Réclamation adressée par M. Laignel à
l'occasion de cette communication , 8g ■
— Sur divers moyens tendant à prévenir les
déraillements sur les chemins de fer; Note
de M. Carré (écrit par erreur Barré). , . . 344
— Dispositif destiné à permettre aux voya-
geurs sur chemins de fer de se mettre à
volonté en communication avec le con-
ducteur du train ; Note de M. Filippi. . . . 399
— Lettre de M. Paquerée, concernant diverses
inventions destinées à diminuer les dan-
gers des chemins de fer 5a3
— Lettre de M. Hedouville, concernant ses in-
ventions pour prévenir les déraillements
sur les chemins de 1er 12-4
Chirurgie. — Nouveau procédé de chéiloplas-
tie, par transport du bord libre de la
lèvre saine sur la lèvre restaurée; Mé-
moire de M. Sédillot 189
— Note sur un nouveau procédé qui permet,
dans les opérations de bec-de-lièvre et de
chéilopastie , d'augmenter à volonté la
hauteur de la lèvre; par le même 678
— * Note sur l'application de l'autoplastie au
traitement des cicatrices vicieuses; par
le même 924
— Sur une opération de périnéoraphie suivie
de complète guérison; Note de M. Lau-
gùr 948
— Sur les propriétés du tissu cicatriciel et
l'application dé l'autoplastie aux brides;
Mémoire de M. Jobert, do Lamballe 47^
— Sur la désarticulation de la mâchoire in-
férieure appliquée à l'extirpation des tu-
meurs profondes du pharynx , de la lan-
gue et du voile du palais ; Mémoire de
M. Maisonneuve. . . , 691 et ia56
— Ablation totale de la mâchoire inférieure
pratiquée par suite du développement,
dans l'intérieur de cet os, d'une énor-
me tumeur fibreuse ; par le même ....... 887
— Sur un nouveau procédé opératoire pour le
paraphimosis; Note de M. Malgaigne... 744
— Traitement des adénites cervicales par un
nouveau procédé d'acupuncture; supplé-
ment à un précédent travail présenté par
M. Boulu... 398
— Sur l'emploi du cautère actuel dans le
cas de tumeur» blanches; Note de M. Pons. 970
a86 )
Page».
Chirurgie. — Lettre de M. Baudeloeque con-
cernant un moyen d'abréger les douleurs
de l'accouchement 522
— Nouvel urétrotome pour pratiquer l'uré-
trotomie d'avant en arrière et sans dila-
tation préalable; présenté par M. Boinet. 586
— De l'heureux emploi, pour le traitement
des brûlures , d'une préparation de collo-
dion au tannin; Note <lc M. Aubrée 657
— Sur les tumeurs et les fistules lacrymales,
nouveau procédé de traitement ; Mémoire
de M . Reybard. 5n
— Nouvelle méthode opératoire de la cata-
racte par débridem'ent; Mémoire de
M. Tavignot 950
~ Communication de M» Bernard en présen-
tant un opuscule de M. Castorani sur la
kératite 1002
— M. Castorani adresse la description d'un
ophlhalmoscopc construit d'après ses in-
dications par M. Soleil^. 1073
— Observation d'un œdème de la «lotte guéri
par la trachéotomie; Note de M. Dujar-
d:n g5i
Chloroforme. — Analyse du sang d'une femme
morte par suite d'inhalation du chloro-
forme ; Note de M . Jackson 4"
Chlorures. — Sur la préparation des chlo-
rures et des bromures des radicaux orga-
niques par l'action du protochlorure et
du protobromure de phosphore sur les
acides monohydratés correspondants;
Note de M. Réchamp 224
— Sur la production artificielle et par voie
humide de l'argent chloruré; Note de
M» Kuhlmann 374
— Action des acides azotique et chlorhydri-
que sur le chlorure de bariuni et l'azotate
de baryte; Note de M. E. Baudrimont.. . n3i
Cuoi.éi'.a-.Morbls. — Sur l'eflicacité des bains
généraux chauds de chlorure de calcium
dans le traitement du choiera asiatique;
Mémoire de M. Sabbatini ....^. ...... a3
— Recherches analytiques sur le sang de
personnes mortes du choléra ; par M. Be-
reUi, ... 89
— Sur djxers traitements opposés au choléra
et particulièrement sur les effets théra-
peutiques de la strychnine ; Mémoire de
M. Isid. Bourdon 637 et 996
— Recherches sur les causes du choléra , du
typhus et des fièvres de marais , d'après
des observations recueillies dans le Ve-
nezuela; Mémoire de M. Beauperthuy... 69a
— « Recherches théoriques et pratiques sur
l'affection typhoïde générale, intense,
dite choléra épidémique » ; Mémoire de
HM. Pu jade (écrit par erreur Poujade).... 1175
( ia87 )
P.R».
Choléra-Mordus. — Lettre de M. Leoeau, con-
cernant des expériences ayant poor objet
de jeter du jour sur les causes du choléra-
morbus • •• '189
— Lettre de M. Ayre aux Membres de la Sec-
tion de Médecine, sur le traitement du
choléra -inorbus par remploi du calomel
à petitcB doses fréquemment répétées
pendant toute la période de collapsus... 1220
— Mémoire intitulé : «Découverte des sources
de l'ozone organique, suite du Mémoire
sur la cause secondaire du choléra »; par
M. Billiard 885
Ciments. — Mémoire sur les matériaux à em-
ployer dans les constructions à la mer;
par JIM. Chatoney et Rivot Il 19
— De l'action saline de l'eau de mer sur les
composés hydrauliques en général ; Note
de M. Vicàt adressée à l'occasion de la
précédente communication 1200
Classifications. — Considérations générales
sur les classifications en histoire natu-
relle ; et exposé sommaire du plan de
l'Ichthyologie analytique ; communica-
tion do M. Duméril 1029
Climatologie. — Etudes climalologiques sur
l'Asie Mineure; par M. P. de Tchihatcheff. 262
— Rapport sur ce travail ; Rapporteur
M. Becquerel 777
— Remarques de M. Elie de Beaumont sur
l'ensemble des travaux dont fait partie le
Mémoire qui a été l'objet du précédent
Rapport 786
Voir aussi l'article Météorologie.
Combustion spontanée. — Rapport fait en ré-
ponse à une question posée par M. le Mi-
nistre de la Guerre, concernant la possi-
bilité d'une combustion du foin en balles
pressées ; Rapporteur M. Slorin 34
Commission administrative. — MM. Chevreul
et Poncelet sont nommés Membres de
cette Commission pour l'année i8i>6 3
Commissions mm p«ii.— 1 ommission du grand
prix (fa Sciences physiques de i856 (lois
de la distribution îles corps organisés l'os-
sites dans- les différents terrains sédimen-
taires) : Commissaires, MM. Elie de
Beaumont, Flourens, Geoffroy, Bron-
gniart , Milne Edwards 829
— Commission du grand prix de Sciences phy-
siques de l856 (métamorphoses et repro-
duction des Infusoires proprement dits) :
Commissaires, MM. Milne Edwards,
Flourens, de Quatrefages, Duméril, Va-
lenciennes Ibid.
m Commission du prix de Statistique : Com-
missaires, MM. Bienaymo, Ch. Dupiu,
Mathieu, da Gasparin, Boussingault.. ., 991
P«g«.
Commission des prix. — Commission des prix
de Médecine et de Chirurgie : Commis-
saires, MM. Serres, Rayer, Velpeau,
Andral, Cloquât, Bernard, Jobert, Du-
méril, Flourens n58et no3
— Commissioitdu prix d'Astronomie (médaille
Lalande): Commissaires, MM. Liouville,
Ijaugier, Mathieu, Delaunay, Le Verrier, iloî
— Commission du prix de Physiologie ex-
périmentale : Commissaires, MM. Ber-
nard, Flourens , Rayer, Serres, Milne
Edwards Ibid.
— Commission du prix dit des Arts insalu-
bres : Commissaires, MM. Rayer, Dumas,
Chevreul, Pelouze, Boussingault 1241
— Commission du grand prix de Sciences
mathématiques de i856 (théorie mathé-
matique des phénomènes capillaires) :
Commissaires, MM. Pouillet, Despretz ,
Biot, Regnault, Duhamel Ibid.
— Commission chargée de proposer le sujet
du grand prix des Sciences naturelles pour
l'année 1867 ; Commissaires, MM. Flou-
rens, Geolfroy-Saint-Hilaire, Milne Ed-
wards, Duméril, Brongniart 12
— Commission chargée de la rédaction du
. programme pour le concours concernant le
perfectionnement de la navigation : Com- .
missaircs,MM. Dupin, Combes, Poncelet,
Duperrey, Regnault 37
— Commission chargée de proposer une ques-
tion pour le sujet du prix Bordin (Sciences
naturelles) : Commissaires , MM. Flou-
rens, Geoffroy -Saint-Hilaire, Milne Ed-
wards, Elie de Beaumont Ibid.
Commissions spéciales. — Due Commission
formée par la réunion des trois Sections
de Géométrie, d'Astronomie et de Navi-
gation,'présento la liste suivante de can-
didats pour une place de Géographe va-
cante au Bureau des Longitudes par
lit mort de M. Beautenips- Beaupré :
i° M. Daussv ; u° MM. Begat et Peytier ;
3* MM. Chaxallou et Lieossou 357
Couleurs des corps naturels. — Lettre da
M. Landais, concernant une découverte
qu'il dit avoir laite sur les causes de la
coloration des corps 1 189
Couleurs pour la peinture à l'huile. — Lettres
de M. Dosnon, relatives à des couleurs à
base de fer qu'il prépare pour la peinture
à l'huile 657, 698 et 909
— Lettre de M. Pinart, concernant la prépa-
ration de plusieurs nuances de jaune de
Naples obtenues de l'antimoine 1018
Couleurs vour la teinture. Voir au mot Tein*
ture.
Cristal Li.xa (fc'oiuit). — Recherches sur les
formes cristallines de quelques composés
chimiques; par M. C. Marignac 28S
Cristalline (Forme). — Note sur la forme cris-
talline du silicium ; par M. de Senarmont. 3l3
( 1288 )
l'ig».
Cuivre (Composé do ). — Note sur un hypo-
sulfite doublejjde soude et de cuivre; par
M. Schiitte , 1267
Décès de Membres et de Correspondants de VA»
cadémie. — M. Geqffroy-Sainl-Hilaire, à
l'ouverture de la's.vince du 12 mai, an-
nonce à l'Académie que son Président,
M. Binet, est dangereusement malade ;
au moment où elle allait se séparer, l'A-
cadémie apprend que M. Binet vient de
mourir 873
— M. Geoffroy-Sain l-Hilaire, dans la séance
du 19, rend compte des obsèques de
M. Binet. MM.Cauchy et Laméy ontporté
la parole au nom de l'Académie gl3
Décrets impériaux. — M. le Ministre de l'In-
struction publique transmet les amplia-
tions des décrets' confirmant la nomina-
tion deSj Académiciens dont les noms
suivent :
- La nomination de M. Jobert, de Lamballe
(Section de Médecine et de Chirurgie), en
remplacement de M. Magendie 6o5
— De M. /. Bertrand (Section de Géométrie),
en remplacement de M. Sturm 81 3
— De M. Cl. Gay (Section de Botanique), en
remplacement de M. de Mirbel ioai
Dextrine. — Sur les produits de la transfor-
mation de la fécule et du ligneux sous
l'influence des alcalis, du chlorure de
zinc et des acides; Mémoire de M. Bé-
champ • 1210
Diphtérautographie, transport sur parchemin
d'une écriture sur papier. (Rapport fait
sur un procédé imaginé, dans ce but, par
M. Lachave ; Rapporteur M. Seguier.) .. 36
Drainage. — Lettre de M. de Bryas, concer-
nant sa Note sur les terres propres à la
fabrication des tuyaux de drainage 811
Eaux de la mer Morte. — Recherches sur les
variations que ces eaux semblent présen-
ter dans leur composition ; Mémoire de
31. Boussingaull ia3o
Eaux minérales. — Sur les eaux thermales de
Nauheim; Mémoire de M. Rotureau.... jJ38
— Lettre de M. Filhol, concernant ses travaux
sur la composition chimique et les pro-
priétés médicales des eaux sulfureuses
des Pyrénées .' 5S8
— Sur la présence de l'ammoniaque dans les
eaux minérales ; Note de M. Bouis 1269
— Lettre de M. Gez, concernant un Rapport
fait en 181 1 à l'Académie snr des eaux
minérales de la commune de Siradan
(Haute-Garonne) 28
Eaux potables. — M. Elie de Bcaumont, en
présentant un ouvrage d#M. Darcy sur
les fontaines publiques de Dijon, donne,
d'après la Lettre d'envoi , une idée du
plan de l'ouvrage 1176
Économie rurale. — Mémoire de M. Thirault,
concernant la maladie de la vigne 344
— Documents imprimés à l'appui des com-
munications de M. Tortella sur la mala-
die de la vigne 5l3
— Méthode pour la culture de la vigne; pièces
adressées par M. Trouillet pour le con-
cours du prix triennal ^35
Economie rurale. — Sur un procédé agricole
destiné à prévenir le développement de la
maladie de la vigne ; Note de M. Carentin. 637
— Lettres de M. Curtault, concernant ses
procédés pour combattre la maladie de
la vigne 1074 et 1224
— Note de M. Ridolo sur le même sujet n3a
— Lettre de M. Petit-Jean, concernant une
précédente communication sur un moyen
destiné à empêcher la vigne de geler... 1223
— Fabrication d'une liqueur vineuse avec les
tiges du topinambour; Note de M. De-
charmes ., 438
— Sur la conservation du blé dans les silos
souterrains) Mémoire de M. Herpin 4^9
— Sur la conservation des grains dans des
silos souterrains en maçonnerie et à dou-
ble enceinte ; Mémoire de M. Carmignac
Descombes 44*
— Etudes sur les céréales ; par M. Duvivier. 1173
— Conservation du jus de betterave par la
chaux ; Note de M. Maumené » 645
— Recherches sur la distribution des matiè-
res azotées dans les diverses parties de la
betterave; Mémoire de M. Isid. Pierre... 715
( «*89 )
Kconomie reiule. — Sur un fait relatif à lacul-
turedola garance; INoiede M. de Gasparin. S 1 3
— Rapport adri'ssc à l'Empereur par M. le
Ministre de la Guerre, le Maréchal Vail-
lent, sur la culture du coton en Algérie.. 694
— Lettre de M. Lostalnt-Bachoué, concernant
un système agricole qu'il annonce avoir
mis en pratique avec succès depuis plu-
sieurs années ' '74
— Lettre de .M. de Bryas, concernant sa Note
sur les terres propres ù la fabrication des
tuyaux de drainage 1223
— Addition à une précédentecommunication
de M. Moysen sur son râteau mécanique.. 8t)4
— Lettre de M. Millot, concernant sa précé-
dente communication sur une méthode
d'arboriculture 5:">l
— Sur la préparation et la conservation des
fumiers ; Note de M. Brame Io'i5
— Sur le guano des ilesChincha elles oiseaux
qui le produisent ; Note de M. Raimondi. . ^35
— De l'amélioration des espèces végétales;
Mémoire de M. Malingre 491
— Sur les moulons de Caramanie donnés à la
Société d'Acclimatation par M. le Maré-
chal Vaillant ; Note de M. Texier 80
— Mémoiie sur les laines de l'Algérie; par
M. Baudement... 264
— Des principales races françaises de l'espèce
bovine et de leur amélioration ; Mémoire
de M . Mngne 794
— Sur l'emploi des feuilles de vigne, d'orme
et de peuplier comme fourrage ; Mémoire
de M. Is. Pierre 3 [7
— Note sur le rempoissonnement des cours
d'eau ; par M. Millet 209
— Empoissonnement des eaux du bois de
Boulogne ; Note de M. Caste 3i2
Élasticité. — Recherches sur l'élasticité du
caoutchouc vulcanisé; par M. Boileau... 933
Elections. — L'Académie choisit par la voie
du scrutin les deux candidats qu'elle est
appelée à présenter pour une place de
géographe vacante au Bureau des Longi-
tudes : en 1" ligne M. Daussy,ea a« ligne
M . Pejrtier 377
Voir aussi l'article Nominations.
Electricité. — Sur quelques-unes des prin-
cipales causes de l'électricité atmosphé-
rique ; Mémoire de M. Becquerel. ...... 661
— Expériences sur celte question : le cou-
rant de la piie peut-il traverser l'eau sans
la décomposer; Note de M. Desprett... . 707
— Remarques de M. A. de la Rive à l'occasion
de ceLte communication 710
— Communication de M. A. de la Rire en
présentant le 11e volume de l'édition an-
glaise de so;i ou vrage sur l'électricité.. . . 611
C. R., 1S66, Ier Semestre. (T. XLII.)
P-s<.
Électricité. — M. Becquerel présente en son
nom et celui de son fils le IIIe volume du
Traité d'Électricité et de Magnétisme
qu'ils publient en commun 29
-- De J'électricité dégagée par le frotte mer! t ;
Note de M. Edm. Becquerel 4^
— Recherches sur le dégagement de l'électri-
cité dans les piles voltatques. Première
partie: force éleptromotrice ; par le même. u58
— Sur les soupapes électriques ; Note de
M. Gauçain 17
— Réclamation adressée par M. Riest ù l'oc-
casion de la précédente Note 299
— Sur la force électromotrice des pi'esdans
lesquelles on emploie des métaux amal-
gamés; Note de M. Gaugain £!•
— Note sur l'électricité de la tourmaline;
par le même 1264
— Sur un aimant temporaire obtenu au
moyen de la seule action du magnétisme
terrestre ; Note de M. Giardini 37!
— Sur l'association de plusieurs condensa-
teurs entre eux pour manifester les fai-
bles doses d\ loctricité ; Lettre de M. Vol-
picelli 402
— Sur un procédé d'aimantation dit par con-
densation ; Note de M. Laurent. 585
— Pile vollaïque construite sur un nou-
veau principe; analyse d'un Mémoire de
M. Doal par M. Becquerel 855
— Pile voltaïque à courant constant ; Noteda
M . Doat 9S9
— Sur une nouvelle machine électrique;
Note de M.J.Thore 864
— Suppression du fil de cuivre couvert en
soie pour les spirales des multiplicateurs;
Note de M. Bonelli 885
— Interrupteur à double effet, et perfection-
nements divers apportés à l'appareil de
RuhmkorfT; Mémoire de M. l'abbé Laborde. 996
— « Des courants induits considérés relati-
vement à leur pouvoir chimique: applica-
tion à l'électricité employée comme force
motrice ; » Mémoire de M. Lacombe. . . . ii3i
— Sur un appareil destiné à démontrer et me-
surer la différence de conductibilité du
bismuth cristallisé; Mémoire de M. Mat-
teucci 1 1 33
— Etudes sur l'emploi des appareilsd'induc-
tion; effets des machines multiples; Note
de M. FoucauU 21 5
— M. Despreli demande que l'appareil de
M. Ruhmliorff, pour mettre le feu aux mi-
nes, soit admis an concours pour le prix
dit des Arts. insalubres 694
— Sur un nouveau système d'horloges électri-
ques se réglant d'elles-mêmes; Note de
M. du Moncet 5g5
169
( '29° )
Pages.
électricité. — Note sur un nouveau système de
relais rhéotomiqties destiné à transmettre
simultanément, à travers un même lil, une
- dépêche à plusieurs appareils télégraphi-
ques différents; par M. du Sloncet 697
— Sur un moniteur électrique des chemins
de fer; Note do M. Pernelet 27
— Recherches électro-physiologiques sur les
fonctions des muscles qui meuvent le
pied ; Mémoire de M. Duchenne, de Bou-
logne 996
— Lettre et NotedeM. A. Breton, concernant
une pile électrique de son invention des-
tinée à l'usage médical . 356 et 53o,
— Note et Lettre sur la composition d'une
pile voltaïque portai ivo destinée à l'u-
sage médical; par M"e Behrens. . 3()() et 552
— Chaîne galvanique destinéeà l'usage médi-
cal ; présentée par M. Lonlin (écrit par
erreur Lolin) ç)5l
— Note intitulée : « Elude du fluide magné-
tique, de ses attributs et de ses fonctions
dans la nature » ; par M. Decken 5o,8
Voir aussi les articles Magnétisme ter-
restre et Galvanoplastie.
. Embryogénie. — Sur les développements pri-
mitifs: formation de l'oeuf, vésicule ovi-
gène et germinative, condition primor-
diale de la duplicité monstrueuse; Mé-
moires de Al. Saies. 10.24 et 109a |
P.g««.
Embryogénie. — Sur le développement des
pétromyzons; Nute de M. Schullge 336
— Déclaration de M. Duméril à l'occasion de
celte communication 5io
Encres inoelerii.es. — Lettre de M. Dubois... 69S
— Lettre de M. le Ministre du royaume des
Deux-Siciles, concernant une encre com-
posée par M. T. Angelli 1220
Épigékies. — Sur la production artificielle et
par voie humide de l'argent chloruré, et
sur diverses épigénies par réduction
d'oxyde ou de sels métalliques naturels;
Note de M. Kuhlmann 3j4'
Épizooties. — Fièvre typhoïde détruisant la
plus grande partie des lièvres d'un parc ;
Note de M. A. Becquerel , présentée par
M. Moquin-Tandon 312
Errata. — Page 340, ligne 7, au lieu de Guil-
lon, lisez Guyon. Voir aussi aux pages 120,
_ 3<>4, 463, 524, 747, i"7* 1144 et 1227.
Éthérification. — Sur l'huile douce du vin et
sur les produits secondaires qui prennent
naissance à la suite de réiherificalion ;
Mémoire de M. Blondeau 44°
— Faits pour servir à l'histoire de l'élhérifica-
tion; Mémoire de M. A.Rernoso. 686 et 1070
— Considérations générales sur la constitu-
tion des alcools et des éthers; par M. Ch.
Blondeau 88»
Farines. — De l'examen des farines et des
pains ; Note de M. itiVot 633
Fécule. — Sur les produits de la transforma-
tion de la fécule et du ligneux sous l'in-
fluence des alcalis, du chlorure dp zinc et
des acides; Mémoire de M. Béchamp.... 1210
Fer (Composés du). — Rapport sur un Mémoire
de M. Pean de Saint-Gilles, concernant les
hydrates m acétates ferriques; Rapporteur
M. Thenard 3l
Fermentation vineuse — Sur la chaleur et la
force mécanique produites par la fermen-
tation vineuse; Note de M. Dubrunfaut.. gj5
Fluorures. — Note de M. Pttheki, concernant
les résultats auxquels il est ai rivé en ré-
pétant des expériences de M. Fremy sur
les flurrures II75
Forages. — Sur le forage artésien pratiqué à
Passy par M. Kind; Note de M. Al-
phand , 332
— Remarques de M. Éliede Beaumont à l'oc-
casion de cette communication 336
Forestière (Propriété). — Mémoire sur la si-
tuation de la propriété forestière en
France; par M. Becquerel (fuite) |85
Fossiles (Restes orcaniques). — Communica-
tion de M. Geoffroy Saint- Hilaire à l'oc-
casion de la présentation d'un nouvel œuf
d'Epyornis 3»5
— Sur l'exploitation du gllc fossilifère de Pi-
kermi ( Allique); par M. Gaudry 291
— Observations sur le Pecten glaber; par
M. d llombres- Fumas 612 et 874
— Description d'un nouveau genre de co-
quilles bivalves fossiles provenant de la
grande oolithe du département du Calva-
dos; par M. Eudes Drslongchamps 719
— Coiispectus de la faune fossile du Brésil;
par M . Bravard 885
Frottement. — Du frottement considéré comme
cause de mouvements vibratoires; Mé-
moire de M. Duhamel 9j3
Fumiers. — Expériences sur la putréfaction et
sur la forma lien des fumiers; par M. Reiset. 53
— Sur la préparation et la conservation des
fumiers; Note de M. Brame «o65
( Ia9' )
Pago
GAlVA!«>r>USTi0CE. — M. Babinet présente des
bronze» en ronde bosse obtenus pur M . Le-
noir au moyen delà galvanoplio-lique.. . . a63
»■ Rapport sur les procèdes au moyen des-
quels M. Lenoir a obtenu ces brome»;
Rappoiteur M. Becquerel. . 4'5, 4'(> et 618
— Réclamations adressées à l'occasion de ce
Rapport, par M. Guerton cl par M. Zier.
41/2) 5i 1 et 5ia
— M. Becquerel dépose le Mémoire dan» le-
quel M . Lenoir a décrit ses procédés 621
— Applications électro-métalliques; commu-
nications de M. Oudry 1 1 44 et 1174
Garance. — Sur un fait relatif à la culture de
la garance; Note de M. de Gasparin ... 8i3
— Sur l'huile essentielle contenue dans l'al-
cool de garance; Note de M. Jeanjean.. 85^
— Remarques de M. Biol à l'occasion Je cotte
communication 85y
Gaz. — Expériences sur la durée comparative
de l'écoulement des gaz; par M. £. Bau-
drimont 398
Géographie. — Détermination de la latitude
par les azimuts extrêmes- de deux étoiles
circompolaires; Note do M. Babinet . . 6
— Solution trigonométrique de la méthode de
M. Babinet pour la détermination des la-
titudes ; Note de M. Housel io3
— Sur le calcul de la latitude par la méthode
de M. liabinet; Note de M. Catalan 287
— Sur la résolution des équation» auxquelles
donne lieu la méthode de M. Babinet pour
la détermination des latitudes; Note de
M . Tissot lbid.
— Sur la position géographique de quelque»
lieux dans le sud de l'Algérie; Note de
M. GoeUe 3gg
— Altitudes de ces stations déterminées par
les hauteurs comparées du baromètre;
Note de M. Benou 45a
— M. Daussy présente la Table des positions
géographiques des principaux lieux du
globe extraite de la « Connaissance de»
Temps pour i858 » 818
— M. l'Amiral du Petit-Thouars présente, au
nom de l'auteur M. le capitaine Bclcher,
la Relation de l'expédition faite sous son
commandement à la recherche du capi-
taine Franklin ia57
— M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom
de l'auteur M. Miniscalcki Erizzo, une
Histoire des découvertes dans le» région»
arctiques lbid.
— Feuilles de la carte de la Prusse Rhénane
P«50«.
de M. dé Dechen, présentées par M. Élie
de Beaumont. . . .. loo
Géographie. — Carte de l'Ile de Suez, par
M. de Lesseps; présentée par M. Jumard. 4^
Géolocie. — Do la formation et de la réparti-
tion des relief» terrestres ; Mémoire» de
M. de Franco 378, 535 et Io54
— Etudes sur l'orographie et sur la constitu-
tion géologique du Chili; recherche» sur
les systèmes de soulèvement de l'Amé-
rique du Sud ; par M. Pissis 3ç)I
— Notice minéralo<»iqiie sur le cercle de La-
ghotiat; par M. Ville 3c/5
— Sur le gisement, l'âge et le mode de for-
mation des terrains a meulières du bassin
de Paris ; Note de M. Meugy 6a8
— Du terrain jurassique dans le» Pyrénées
françaises ; Mémoire de M. Lcymerie . . . . 730
— Note sur la carte géologique du départe-
ment des Vosges; par M. de Billy g63
•— Sur les alluvions des fleuves dans le bassin
de la Méditerranée, et notamment sur les
alterrissements du Rhône; Mémoire de
M. Texier II 56
— • Sur la géologie de l'isthme de Suez; Mé-
moire de M. Renaud Il63
— Recherches sur les produits des volcans de
l'Italie méridionale; par M. Ch. Sainte-
Claire Deville 1167
— Mémoires et Notes de M. Schroeder sur
la rotation souterraine delà masse ignée
du globe terrestre, ses causes et ses con-
séquences 55i, 1073, ii8jet W74
— M. Éliede Beaumor.t appelle l'attention sur
un ouvrage de M.J. Barande, intitulé:
« Parallèle entre les dépôts siluriens de
Bohême et de Scandinavie » 639
— M. Élie de Beaumont, en présentant le
VIe volume de « l'Histoire des Progrès de
la Géologie depuis i834»> Par M. d'Ar-
chiac , et le V" volume, "ie partie, dos
Mémoires de la Société Géologique de
France, donne une idée du contenu de ces
deux volumes 953
— M. Élie de Beaumont présente, au nom de
MM. Murchison et JSicol , un exemplaire
de leur carte géologique de l'Europe I06S
Voir aussi l'article Minéralogie.
Géouétkie. — Note sur la théorie des paral-
lèles ; par M . Vincent 1 107
— Remarque de M. Chasles à l'occasion de
celte communication ii5.|Ct 1240
— M. Poinsot déclare qu'il approuve les ob-
servation» présentées par M. Chasles... . Il54
169..
( i*9
Pages •
Géométrie. — M. Le Verrier est d'avis que les
priwipes qui ont donné lieu à ce débat
ne peuvent être recommandés pour l'en-
seignement Ii55
— Réponses de M. Vincent aux remarques
faites sur sa Note. ii55, iq38 et 12^0
— Remarques adressées par M. Terquem à
l'occasion de la même communication.. 133}
— Noie sur la mesure des triangles; par
M Ch. Bailly 117
— Nouvelles sol. liions de quelques problè-
mes de géométrie élémentaire; par le
même 1219
— Nolede M. l'abbé liondon, ayant pour titre :
n Les neuf partages égaux de la surface de
la sphère». — Lettres relatives à cette
communication ?.\~, toi et \\-<.
— Note sur une construction graphique par
laquelle on obtient directement, à une
très-petite fraction près, le côté du carré
équivalent à un cercle donné; Note de
M. Willich 3g8
— Sur la mesure des surfaces paraboliques et
autres surfaces à périmètre curviligne;
Mémoires de M. Sasku 117 et 729
— Résolution numérique de divers problèmes
de géométrie et de trigonométrie; par
M. O. Gianotti 855
— Lettre concernant la mesure des solides à
formes géométriques ; par M. Duhamel (de
la Charente-Inférieure) 866
— «Construction générale de tous les poly-
gones réguliers, avec la génération des
voûtes ogivales qui en découle»; commu-
nication de M. de Robiano ' l'2'i\
Géométrie analytique Démonstration géo-
métiique de quelques théorèmes de
M. Gauss; Note de M. i. Bertrand. ..
io83 et 1239
— Sur les trajectoires orthogonales d'une
sphère mobile. — Sur les surfaces dont
les 1 11; ues de Tune des courbures sont
spheriques; Notes de M. Serret, io5 et 109
i ) .
Géométrie analytique.— Snr les surface* pour
lesquelles la somme des deux principaux
rayons de courbure est épale au double
de la normale; Note de M . O. Bonnet . . no
— Sur les surfacesdont les lignes de l'une des
courbures sont spheriques. — Sur les sur-
faces dont les lignes de l'une des courbu-
res sont planes; No.es de V. Serret, tijoct ig4
— Note sur un genre particulier de surfaces
réciproques; par M. O. Bonnet ^85
— Nouvelles remarques sur les surfacesà aire
minima; pai le même. 533
— Sur la théorie geoméirique des lignes à
double courbure; Mémoire de M. Serret. 933
— Sur les surfaces dont toutes les lignes de
courbure sont planes; INotedeM. Bonnet. 1067
— Note sur la courbure géodésique; par le
même 1137
Glucose. — Sur la rotation variable du glu-
cose mamelonnéde raisin; Nolede M. Du-
brunfaut ; 73q
Voir aussi au mot Sucres,
Gras (Coups). — Sur la saponification des
corps gras par les oxydes anhydres ; Note
de M. Pelouse 1081
— Emploi du sulfure de carbone pour l'ex-
traction du suif des os et de l'huile des
graines oléagineuses, et pour le dégrais-
sage des laines ; Mémoire de M. Deiss. . . 307
— Mémoire intitulé : « De la faculté assimi-
lalrice des corps gras »; par M. Bcrthè. . . 890
Gravure obtenue par l'inlermediaire de l'ac-
tion photographique. Voir au mot Photo-
graphie.
Gravure naturelle, procédé employé à l'Im-
primerie impériale de Vienne pour l'At-
las de la Flore autrichienne; Lettre de
M.Auer accompagnant l'envoi de cet Alla». 1221
Guano — Mémoire sur le guano des lies de
Chincha et les oiseaux qui le produisent;
par M. Baimondi 7Î5
Gïroscope. — Note de M. /. Bertrand sur le
gyroscope de M. Foucault 1021
H
Histoire des sciences. — M. Biot annonce la
réimpression du Commercium epistolicum
et de ses annexes, livre qu'il publie avec
la collaboration de M. Leforl 6o5
— M. le Minisire de l'Instruction publique
adresse, pour la bibliothèque de l'Insti-
tut, un exemplaire dû celle nouvelle edi-
tion 997
— Sur un passage de Proclus indiqué comme
se rapportant aux ponsmes; Note de
M. Breton, de Champ .j'10
Histoire des sciences. — Sur le nom de Pléiades
appliqué parfois à la constellation de la
grande Ourse ; Note de M. de Paravey. . . 3oo
— Remarques sur l'origine ancienne du nom
par lequel on désignait au siècle dernier,
dans lesPyrénée», les tailles employées
comme registres pour la perception de
certains impôts ; par le même. 107 3
Huiles.— Sur les huiles employées à la fabri-
cation du rouge turc; Nolede M. Velouté. 1 196
Hciles essentielles. — Sur la production ar-
( 9
P*$f.
tilicielle de l'essence de cani elle ; Noie de
M. Cli-oss* 223
Huiles essentielles. — Effets de l'inhalation
do l'es»*,!)** de térébenthine ; Note de
M. Lelellier 243
— Sur l'huile essentielle contenue dans l'al-
cool d« garance; Note de M. Jeanjean. . 85j
— Remarques de M. Biol à l'occasion de celte
communication 85g
Hydrauliques ( Moteurs). — Des turbines eulë-
riennes et du parti qu'on en peut tirer;
ÎNote de M. Ordinaire de Lacolonge 1071
— Mole de M. l'abbé Basiaco sur un moteur
hydraulique de son invention S54
— Lettre de M. Mazeran, concernant i.n mo-
teur hydraulique de son invention 357
0»)
Hydrauliques ( Moteurs ). — M. Thomas est au-
torisa à reprendre une précédente Note
sur des roues hydrauliques et autres mo-
teurs de son invention. tjio
Hydrauliques (Ciments). Voir au mot Ciments.
HydrograI'Uie. — Carte hydrographique sou-
terraine de la ville de Paris ; communica-
tion de M.-Delesse 1207
Hygiène — Falsification des vins par l'alun :
caractères chimiques que présentent les,
vins rouges dans lesquels on a introduit
une petite quantité de ce sel; Note de
M. Lassaigne. 4 10
— Sur des appareils et procédés nouveau!
pour le blanchissage à. la vapeur libre et
sans pression ; Mémoire de M"le Charles. 586
Incendies. — Documents adressés par M. Du-
jardin, de Lille, concernant l'emploi de
la vapeur d'eau pour éteindre les incen-
dies 37
— Sur la question de possibilité d'une com-
bustion spontanée dans du foin en balles
pressées. (Rapport fait en réponse à une
question posée par M. le Ministre de la
Guerre ; Rapporteur M. Marin) 34
Inondations. — Moyens de forcer les torrents
des montagnes de rendre à l'agriculture
nno partie du sol qu'ils ravagent; Mé-
moire de M.. Bojei ggi
— Note sur la grande inondation de la Loire;
par le même 1204
— Note sur le lac de Genève, à l'occasion des
inondations de la vallée du Rhône; par
M. Vallée 1140
— Note sur la réserve du lac de Genève ; par
le même 1181
— Note relative aux inondations ; par
M . Dausse 124'
— Relation entre les inondations de la
France et le siroco d'Afrique; Lettre de
M. Foire 1143
— Sur les moyens de prévenir le retour des
grandes eaux; Lettre de M. Darlu.. . . . . 1 1 ^3
— Emploi de la chaux pour dessécher et
assainir les lieux inondés ; Nota de
M. Moride 1 3j3
Inondations. — Etablissement de canaux d'in-
filtratious, moyen proposé comme pou-
vant contribuer à diminuer la violence
de» inondations; Note de M. Lavallée... Ibid.
— Sur les moyens employés dans les Pays-Ras
pour combattre les inondations ; Note de
M. de Paravey 1273
Inhline. — Note sur l'inuline; par M. Vubrun-
faut 8o3
— M. l'hipson, à l'occasion de celte commu-
nication, rappelle ce qu'il a publié d'a-
nalogue dans un ouvrage récent sur la
fécule et sur les substances qui peuvent la
remplacer pour l'industrie £65
Istiiue DE Suez. — M. Ferd. de Lesseps adresse
uue série d'échantillons provenant des
sondages exécutés dans l'isthme, et diver-
ses pièces manuscrites, cartes et plans,
concernant le canal projeté entre Suez et
Peluse u63
— M. Ferd de Lesseps fait hommage à l'Aca-
démie d'un ouvrage en deux volumes in-
titulé : « Percement de l'isthme de Suez ». 1357
— Mémoire sur la constitution géologique de
l'isthme de Suez ; par M. Renaud 116J
Lait. — Lettre de M. Labourdetle, concer-
nant un moyen destine à rendre médica-
menteux le lait ile< ruminants sans nuire
à la santé des animaux 597
Legs Bf.éant. — L'Académie a reçu et renvoyé
à l'examen de la Section de Médecine,
constituée en Commission spéciale, des
communications sur le cholera-morbus
adressées par les auteurs dont les noms
suivent: MM. Sabbatini, Erssartier, Gi-
rard de Vallonné , Onèsime Simon , Be-
rrtli, Delfrayssè, Cadet, Tironi , Leveau ,
l'abbé Carmentrez, Hansotte, Bourdon,
Beauperlbuy, Millière, Baleguer,Compingt,
Baglian, Poggioli, Leveau, Pu jade (écrit
par erreur Poujade) , Valadier.
23, 62, 89, 210, 344, 5 12, 552, 637, 692,
797» 8<A <fôl> 997- io74» Il32> "75 et
LiCNEtx. — Sur les produits de la transforma-
( «94 )
Page».
1256
P»J»..
tion de la fécnle et du ligneux sons l'in-
fluence des alcalis, du chlorure de zinc
et des acides; Mémoire de M. Béchamp. . uio
Lits d'hôpitaux et de casernes. — Nouveau sys-
tème de literie proposé par M Gariel. . . 586
Longévité. Voir l'article Anthropologie.
LiTMiÈr.E. Voir les articles Optique et Vision,
Lune. — Lettre du P. Secchi, accompagnant
l'envoi d'une image photographique du
groupe annulaire de montagnes de la lune
designé sous le nom de Copernic g5$
M
Machines avapevr. — Note do M. Lemonnier
de la Chennaye, relative à une machine à
vapeur construite par M. Sauvage, ma-
chine dont la chaudière est entretenue
par l'eau résultant de la condensation de
la vapeur "6
— Note de M. Jobard sur l'explosion fou-
droyante survenue à Gand, le ijmai i856. ioi5
Magnétisme terrestre. — Communication de
M. te Verrier, relative à un travail do
MM. Goujon et Liais pour la détermina-
tion des éléments magnétiques a l'Obser-
vatoire impérial de Paris 74
— IN'ole sur quatre observations de la décli-
naison magnétique faites à Paris en 18Î4,
sur le contour de l'enceinte continue:
comparaison de ces observation» avec dif-
férentes déclinaisons mesurées en 1 855 à
l'Observatoire impérial; Mémoire de
M. Laugier, première partie 1^3
— Remarques de M. Le Verrier à l'occasion
de cette communication a5o
■» Réponse de M. Laugier 257
Deuxième partie du Mémoire de M. Lau-
gier (Observations de la déclinaison ma-
gnétique faites à Paris en i8j4) 3o5
— Remarques de M . Le Verrier à l'occasion
de cette dernière communication 3io
— Sur le changement qu'éprouve la boussole
dans sa direction lorsqu'on la transporto
d'un point à un autre de l'Observatoire
impérial de Paris; Mémoire de M. Le
Verrier 36l
— Remarques faites, à l'occasion delà précé-
dente communication, par M. Mathieu, en
l'absence de M. Laugier 365
— Résultats obtenus au moyen d'instruments
magnétiques enregistreurs établis à l'Ob-
servatoire impérial, par M. Liais; com-
munication de M. Le Verrier 749
— Etat actuel des éléments du magnétisme
terrestre à Paris et dans ses environs; par
Mahmoud-Ej/endi go5
Magnétisme terrestre.— Observations de l'ai-
guille aimantée ; Lettre de M. d'Âbbadie
à M. Élie de Beaxmont 61s
— Sur un aimant temporaire obtenu au moyen
de la seule action du magnétisme ter-
restre ; Note de M. Giardini 3^3
Manganèse (Composé dc). — Recherches sur
les oxydes et acides dc manganèse , les
manganates et hypermanganales ; Mé-
moire de M. P. Thenard 38a
Marées. — Sur le mouvement des diverses
ondes dont se compose la marée; Lettre
de M. Chazallon à M. Elie de Reaumont. g66
— M. Elie de Beaumont signale à cette occa-
sion, parmi les pièces imprimées de la
correspondance, un Mémoire de M. Sa-
muel Haughton sur les marées diurnes,
lunaires et solaires, observées sur les
côtes de l'Irlande 968
Mécanique. — Rapport sur un Mémoire de
M. l'hillips, concernant le calcul de la ré-
sistance des solides prismatiques soumis
& l'action d'une charge en mouvement;
Rapporteur M. Combes • 3î5
Mécanique analytique. — Expression remar-
quable de la quantité qui, dans le mou-
vement d'un système de points matériels
à liaisons quelconques, est un minimum
en vertu du principe de la moindre ac-
tion ; Mémoire de M. Liouville 1146
— Noie sur lo gyroscope de M. Foucault; par
M. /. Bertrand I03J
— M. Delaunay, en présentant un exemplaire
du Traité de Mécanique rationnelle qu'il
vientde publier, fait connaître le but qu'il
s'est proposé en écrivant cet ouvrage 349
• Sur le calcul de l'effet des machines ; Note
de M. Burdin 9
— Mémoire sur les mouvements relatifs ; par
M. Bour 383
— Note sur les mouvements lelatifs; par
M. Quct 5tfl
— Des lois de la résistance de l'air sur les
( i295 )
P«6«s .
projectiles animes de grandes vitesses;
Mémoire du M. Didion 10 \8
Mécanique céleste. — Sur le mouvement de
la terre autour de son centre de gravité;
Mémoire de M. lullien aa
— Sur le développement de la fonction per-
turbatrice; Mémoire de M. Bourget. 53oel io5g
— Note sur la condition de convergence des
séries qui se présentent dans la théorie
du mouvement elliptique des planètes;
Mémoire de M. J.-A. Serret u34
— Suite des recherches sur les grandes per-
turbations du système solaire; par le
mAne ia5i
Médaille frappée en l'honneur de Gauss. —
Lettre de M. le Minisire de l'instruction
publique et Lettre de la Société royale des
Sciences de Gœttingue, relativement à
cette médaille 89,4
Médecine. — Lettre de MM. Bourguignon et
Deta/ànd, concernant leur travail sur la
pathologie comparée de la gale 6t
— Lettre de M. Raciborski, accompagnant l'en-
voi de son ouvrage sur la menstruation.. Ibid.
— Mémoire sur l'ulcère simple de l'estomac ;
par M . Cruveilhicr Si et 421
— Recherches expérimentales sur la produc-
tion d'une affection convulsive épilepli-
forme, à la suite de lésions de la moelle
épinière; Note de M. Brown-Séquaid., 86
— » Emploi des vapeurs d'acide sulfureux
contre la teigne faveuse de l'homme et
contre la muscardinc des vers à soie;
Notede M. Grun a38
— Sur la curabilité de la phthisie ; Mémoire
do M. Kœnig 345
— Empoisonnements causés dans les pays
tropicaux parla chairde certains poissons ;
Note de M. Guyon ,* 340
— Sur les symptômes cl le traitement du co-
ryza des nouveau-nés ; Noie do M. Bou-
chut 354
— Action du levain de bière sur un diabé-
tique; Note de M. E. Baudrimont 355
— Essai sur la médecine préventive; par •
M. Rochat 540
— Histoire de diverses épidémies qui ont ré-
gné en i855 dans quelques communes de
l'arrondissement de \illefranche; par
M. Mai tin Duel aux 6g3
— Observations concernant des cas de rhuma-
tisme et de sciatique , recueillies à la cli-
nique de l'hôpital de la Charité , par
M . l'oggioti 72g
— Lettres de M. Compingt, concernant un re-
mède de son invention pour le traitement
des dartres 745, 8o,3 et 1074
P«g«.
Médecine. — Traité de l'angine de poitrine,
d'après la découverte de son siège orga-
nique; Mémoire de M. Massart 797
— Lettre de M. Niepce, concernant un médi-
cament qu'il emploie contre le goitre.. . . 865
— Théorie de la phthisie; par M. Billiard.. 885
— De l'emploi do l'acide arsénicux dans les
congestions apoplectiques ; par M. La~
marre-l'icquol 89»
— De l'eflficacilé du brome dans le traitement
désaffections pseudo-membraneuses; Mé-
moire de M. Ozanam 1013
— Etude sur le typhus de Crimée; par
M.Baudens Io43
— Cas de typhus observés chez des soldats re-
venant de Crimée ; Lettre de M. Garcin. 1171
— Sur l'emploi du froid pour produire l'a-
neslhésiede la langue; Notede M. Guyot. i>43
— Ouvrages, manuscrits ou imprimés présen-
tés au concours Montyon: analyses en-
voyées par les auteurs dont les noms sui-
vent :
— M. Beaupoil ( Entéropalhie métallique)., aïo
— M. Renault (divers Mémoires de médecine
vétérinaire et de physiologie) 587
— MM. Marie, Duplay et Verga (diverses
Recherches d'anatomie et de physiologie). Ibid.
— M. Knapp (Scorbut des nourrices ) 588
— M. Fonssagrives (Traité d'hygiène navale).
588 et 810
— M. Leroy, d'Eliolles (Mémoires relatifs à la
lithotritie) 588
— M. Godard (Recherches sur les monor-
chides et les cryptorchides chez l'homme). 637
— M. Noua (Sur la cicatrisation des artères
à la suite de la ligature) Ibid.
— M. Herpin (Du chlorate de potasse contre
la salivation mercurielle) 638
— M. Isambert (Emploi thérapeutique du
chlorate de potasse ) 8g3
— M. Schweitser (Traité de galvanocaustlque
de M. Middcldorpf) 638
— M. Bertherand ( Médecine et hygiène des
Arabes) 6g3
— M. Liégard (Sujets divers de médecine et
de chirurgie pratiques) 997 et ll3l
— M. Joire (Circulation chez l'homme et cher
certains animaux) Ii3i et 1319
— M. Lcgrand( Ablation des tumeurs au moyen
des caustiques ) U73
— Boulu (Traitement des adénites cervicales
par l'électricité localisée.) 1274
Mesures françaises et étrangères. — Lettre
de M. J-.J. Stuart, concernant des Tables
qui donneraient les rapports de ces me-
sures entre elles 865
Métallurgie. — Mémoire de M. Poumarède
sur le traitement des minerais argentt-
( Ia96 )
P rrs
fères; transmis par M. le Ministre (le
l'Instruction publique aGa
Métaux. — M. Thenard, au nom de la Com-
mission chargée d'examiner un Mémoire
de M. Ti/fereau, ayant pour titre, « Les
métaux no sont pas des corps simples »,
déclare que ce Mémoire ne sembl" pas de
nature à devenir l'objet d'un Rapport. . . 4?^
— Lettre de M. Tif/ereau à l'occasion de cette
déclaration 5a3
— Etnd'-c sur la production artificielle des
minéraux et sur les conséquences qui en
résultent relativement à la géologie et
spécialement h la théorie des dépôts mé-
tallifères ; Mémoire de M. Durocner.. . . 85o
— Aperçus relatifs à la théorie des gîtes mé-
tallifères ; Mémoire de M. Eournet 1097
— Remarques sur les gîtes métallifères et sur
la disposition relative des cristaux de
quartz et de feldspath dans les roches
granitiques ; Note de M. Durocher 1331
Météores iimirEcx. — Sur un météore observé
au Havre le 7 janvier i85fi ; Lettre de
M. Lecadre Gl
— Observation du même météore à Caen;
Lettre de M. Eudes Dnlongchamps à
M. Elie de Beanmont 78
— Sur un bolide v-j à l'Observatoire impé-
rial de l'aria dans la soirée du 3 février
18M} Note de M. Dien 23r
— Observation du môme bolide faite, égale-
ment à l'Observatoire i'npérial , par
M. Besse-Bergier (communiquée par M. Le
Verrier) 279
— M. Elie de Beaumont communique diver-
ses Lettres qui lui ont été adressées con-
cernant ce même bolide 281
— Sur un halo lunaire observé en Ukraine ;
deuxième Note de M. Ardrighetli aj3
— Bolide observé le 29 février i85fi, par
M. Saigey ; Note de M. Coulvier-Gravier. 4°4
— Mémoire sur les aurores polaires ; par
M. de Lamotte-Tarehand 1256"
Météorologie. — Note sur les marronniers
précoces des Tuileries ; par M. Elie de
Beaumont • foi
— M. Elie de Beaumont met sous les yeux de
l'Académie des branches qui ont été
rompues par l'action du vent sur les ar-
bres chargés de. verglas; Notes concer-
nant ce phénomène par M. Champigny et
par M. Chantreau 274
— Résultats obtenus par M. Liais au moyen
d'instruments magnétiques enregistreurs
établis à l'Observatoire impérial; com-
munication de M. Le Verrier 7^9
— Sur un système régulier d'observations
météorologique.! établi en ï'runce par les
H»S»
soins de l'Administration des Télégra-
phes et de l'Observatoire impérial de
Paris ; communication de M. Le Verrier. 1039
Météouolocie. — M. Le Verrier annonce que
le Bulletin météorologique des divers
points de la France, recueilli p.ir lit voie,
du télégraphe, se publie chaque jour. . 1229
— Sur les tempêtes, les coups de vent et les
orages dans la partie de la Méditer-
ranée comprise entre les côtes de France
et celles de l'Algérie; Mémoire de
M. Larligue ... 12.14
— M. le Secrétaire perpétuel présente des ta-
bleaux météorologiques et autres docu-
ments Fcientifiques que publie l'Observa-
toire météorologique de Lisbonne a3
— M. Êliede Beaumont, en présentant, au nom
de M. Pouriau, un exemplaire des «Etu-
des météorologiques relatives au climat
de la Saulsaie», donne une idée des con-
séquences qui se déduisent de ces obser-
vations 63j)
— Observations pluviomctriques faites à la
Havane ; par M Casûseca 6fo
— Sur If. quantité de pluie tombée à Mont-
pellier, du 11 au 20 mars i856; Note de
M. Marlins 59}
— Sur un bruit dans les airs entendu, sans
cause apparente, à Pau et dans les envi-
rons; Lettre de M. de lajonquiere 356
— Sur certaines habitudes des araignées en
rapport avec l'étal présent ou prochain
de l'atmosphère; Note de M. Caraguel .. . 457
— Sur la possibilité de prévoir quelque
temps a l'avance la constitution météoro-
logique d'un pays à une époque donnée;
Lettres de M. Korylski 1144 et I2ï4
— Lettre île M. Pons sur diverses questions
concernant la météorologie et la physique
du globe.' 1274
MÉTÉouotociguEs (Obseiwatioss) faites à l'Ob-
servatoire impérial de Paris pour
Janvier i856 748
Février 812
Mars 1 0S0
Avril ngî
Mai 1228
Juin.
1280
— Tableau des observations recueillies en |8.Î5
à Constanlinople; adressé par M. Grel-
lon 5s3
— Lettre de M. Jomard, en adressant un ta-
bleau des courbes représentant, les phéno-
mènes de l'atmosphère dans l'océan At-
lantique, tableau dressé par M. Maury, de
l'observatoire de Washington 5 jt
— Observations météorologiques faites à Nan-
tes pendant l'année l8">5 ; par M. Huette. il'. \
( M
Pag.-..
Minéralogie. — Sur diverses épigénies par ré-
duction d'oxydes ou de sels naturels; Note
de M . Kuhlmann 3^4
— Notice minéralogique sur le cercle de La-
;;houal ; par M. Ville 396
— Sur la présence de zircons dans les sables
tertiaires (le Saurcl; Note de J\3. Marcel
de Serres .' . 4^4
Minéraux (Phodcction artificielle des). —
Etudes sur la production artificielle des
minéraux et sur les conséquences qui en
résultent pour la géologie ; Mémoire de
M. Durocher S5o
Moti it.s. — Etudes sur l'emploi des appareils
d'induction : effets des machines multi-
ples ; Note de M. Foucault 21 5
— Addition à une précédente Note sur un
moteur électromagnétique ; par M. Mo-
ror 855
97 )
Puin
Moteirs. — Moteur à air comprime et di-
laté 'par la Tapeur; Note et Lettre de
M. Tricaud 273 et 1 18N
— -(Sur une nouvelle force motrice dont l'em-
ploi doit conduire à la suppression des
machines à vapeur » ; Mémoire adressé au
concours pour le prix de Mécanique et
portant le nom de l'auteur sous pli ca-
cheté • . 7^0
— Note et Lettre de M. Roucart, concernant
un moteur de son invention dans lequel
l'air remplace la vapeur 865 et 107/1
— Mémoire sur un nouveau moteur à air
chaud ; par M. Ai'rnier-Delagrêc Iofi5
Voir aussi Partiels Hydrauliques ( Mo-
leurs).
Moi'VF.ment perpétuel. — Lettre do M. Man-
chet. . 5a3
Nitrates. — Rapport sur un Mémoire de
M. fille, ayant pour litre : Quel est le
rôle des nitrates dans l'économie des
plantes? De quelques procédés nouveaux
pour doser l'azote des nitrates en pré-
sence des matières organiques; Rappor-
teur M. Pelouze 679
Nominations de Membres et de Correspondants
de l'Académie. — M. Jobert, de Lamballe,
est nommé Membre de l'Académie, Sec-
lion de Médecine et de Chirurgie, en
remplacement de M. Magendie 578
— M. Bertrand est nommé Membre do l'Aca-
démie, Section de Géométrie, en rempla-
cement de M. Slurm 786
— M. Gar (Claude) est nommé Membre de
l'Académie. Section de Botanique, en
remplacement de M. de Mirbel i)3'
Nominations. — M. Guron est nommé Corres-
pondant pour la Section de Médecine etde
Chirurgie,enremplacementdeM.iVttnW/e. .178
— M. Osirogradsti est nommé Correspondant
pour la Section de Géométrie, en rempla-
cement de M. Lejeune-Dirichlct, devenu
Associé étranger de l'Académie 4'6
— M. l'Amiral de PFrangell est nommé Cor-
respondant pour la Section de Géographie
et Navigation, en remplacement du capi-
taine Parry 5io et 618
— M. Gerhardt est nommé Correspondant de
l'Académie, Section de Chimie, en rem-
placement de M. Rraconnot 725 et 718
o
Œil. — Appareil de l'adaptation de l'oeil
chez, les oiseaux, les principaux mammifè-
res et l'homme; Mémoire de M. Rouget. 937
— M. de Quatre/ages mentionne à cette occa-
sion les observations de M. Dujardin,
concernant un appareil d'adaptation pour ,
les yeux des insectes 9.^1
— Remarques de M. Jobard a l'occasion du
même Mémoire 1072
— Réclamation de priorité adressée, égale-
ment à l'occasion de la communication
de M. Rouget, par M. H. Muller 121S
— Etude de l'œil sur le vivant; Note de
M. ÏVnller Il85
C. t!., iS5(i, i« Semestre. (T. XI.II.j)
OEufs. — Sur les œufs à plusieurs jaunes
contenus dans la même coque; Note de
M. Valenciennes 3
Optique. — Recherches sur la double réfrac-
tion ; Note de M. de Senarmont 65
— Description d'un nouvel appareil de re-
cherches fondé sur les interférences;
Note de M. famln ^Sl
— Isomorphisme entre des corps isomères,
les uns actifs, les autres inactifs surla lu-
mière polarisée ; Note do M. Pasteur 12^9
— Sur les conditions auxquelles il faut satis-
faire dans la construction des appareils
optiques pour obtenir des images exemp-
170
( •
l'aï".
tes de déformation ; Mémoire de M. lire-
ton, de Champ 4^S
Optique. — Théorie mathématique des effets
de la lentille simple employée comme
objectif de chambre obscure et comme be-
sicle; par le même 5^2 et J^l
— Snr la courbure des surfaces focales dans
le cas d'un objectif composé d'un nombre
quelconque de lentilles en contact, tra-
versé en son centre de figure par des
pinceaux ou faisceaux très-minces de
rayons lumineux; par le même 960
— Production des anneaux colorés au moyen
d'un procédé particulier, application de
en piocédé à la fabrication d'un papier à
couleurs changeantes; Note de M. Car-
rère 689
— Sur la construction des microscopes ; Note
de M. Rrachet I0j5
Orcaniques (Sit.stauces). — Propriété des so-
lutions aqueuses saturées de sulfate de
zinc pour la conservation des substances
animales; Note de M. Slrauss-Durckheim. 808
— Sur la génération des produits organiques
par leurs éléments simples, le carbone,
l'hydrogène, l'oxygène et l'azote; Note de
M. F. Daudrimonl 1 13 1
Okcanocrapiiie végétale. — Note sur l'appa-
reil reproducieur multiple des Hypoxy-
lécs; par M. Tulasne 701
— Sur la composition immédiate de l'épiderme
et de la cuticule épidermique des végé-
taux ; Note de M. Payen ug3
— Sur les plantes aériennes epidendres; sur
la structure des racines des Orchidées;
Mémoire de M. Chatin 40
— Sur la structure des racines des Orchidées
epidendres; Note adressée, à l'occasion
de la précédente communication , par
M.Frohlich 636 et i25G
— OrganograpbiedesCuscutacées et des Cas-
sythacées; Mémoire de RI. Chatin. 361) et 329
,98 )
Pagrs.
Or.r, vnocrapiuf. végétale. — Organograpliic des
Orobnnchées ; par M. Chatin 70,2
— Ue la direction ascendante considérée
comme caractère distinctif des tiges :
observation de tiges présentant normale-
ment la direction descendante; Mémoire
de M. Germain de Saint-Pierre ^U
— Deuxième série d'observations sur la di-
rection descendante de certaines tiges;
par le même 833
— Recherches sur le nombre type des parties
constituant les divers cycles hélicoïdaux,
et rapport qui existe entre ce nombre et
le nombre type des diverses parties flora-
les des Dicotylédones ; Rlémoire de
M . Fermond 19I
— Ntote de RI. Trêcul sur les biforines sG5
— De la cuticule à l'intérieur des végétaux;
par le même. 837
— Mémoire sur l'origine de la cuticule; par
le même 579 et C21
Organograpiiisme ou dessin des organes con-
sidéré au point de vue du diagnostic et
du traitement ; Mémoire et Lettre de
RI. Piorry 426 et Il43
Ozone. — Note de M. Scoute «en, intitulée :
ci Découverte des sources de l'ozone at-
mosphérique ». — Lettre relative à une
Note sur le même sujet, précédemment
adressée sous pli cacheté 941 et 94J
— Influence des proportions d'ozone sur
l'état sanitaire d'un pays; Note de
M. Wolf. 944
— Observations ozonométriques faites avec le
papier Schœnbein autour de la casernede
Saint-C'oud; Rlémoire de M. Dérigny... m5
— Mémoire intitulé : «Découverte des sources
de l'ozone organique, ouiie du Mémoire
sur la cause secondaire du choléra » ; par
M. Rillard 835
Pais. — De l'examen des farines et des pairs;
Note de M. Rivot 633
— Lettre concernant l'application du gluten
fraisa la fabrication du pain ; parRI. Ring. 909
— Du pain et de sa préparation ; Mémoire de
M. ilège-Mouriès 1 12Q
Paléo.xtolocie Voir l'article Fossiles (Restes
organiques).
Papier. — Fabrication de papiers et de cartons
dans lesquels entre pour une grande por-
portion le tan épuisé; Note de îA.Couiwier. 3q8
Papier. — Papiers irisés par la fixation de
lames minces; procédé de M. Carrère. .. 689
Paquets cachetés. — M. Nic/ilès obtient l'au-
torisation de reprendre un paquet cacheté
précédemment déposé par lui 8to
— Mlle Danger obtient l'autorisation de re-
prendre des paquets cachetés présentés
par son père, maintenant décédé 909
— Lettre de M. du Margat, concernant les
conditions à remplir pour le dépôt d'un
paquet cacheté 1 1 S.j
( I
Page».
Pendule. — Recherches sur le pendule co-
nique ou régulateur à force centrifuge;
par M . Mahislre 387
— Recherches sur la loi des oscillations du
pendule à suspension, à lames, îles chro-
nomètres fixes ; Mémoire de M. llesal. . . . 3go
— De la résistance de l'air dans le mouve-
ment oscillatoire du pendule; principe
d'un nouvel anémomètre ; Mémoire de
M. Ch. Girault 5i 1
— Expériences faites avec un pendule désigné
sous le nom de pendule irrigaleur; Notes
de M. Ed. Gand 355, l\\o, in\ et 597
Pénitenciers. — Sur le régime des pénilen-
ciers; Mémoires de M. Noiret... 2?3 et 729
Pesanteur. — Sur les variations do la pesan-
teur dans une petite étendue de la surface
terrestre, et sur quelques effets qui en
résultent; Mémoire de M. Puiseux 683
Phares. — M. Elie de Beaumont présente un
opuscule de M. L. Reynaud, concernant
une réclamation de priorité élevée par
M. Stevenson pour l'application de la ré-
flexion totale aux feux tournants 63g
Pbosphop.es. — Sur la purification du phos-
phore amorphe; Note do M. Nicklès... . 646
— De l'action que le phosphore rouge exerce
sur l'économie animale; Mémoire de
MM. Orfilaet Rigout aoi
— Emploi du phosphore amorphe ; réclama-
tion adressée, a l'occasion de la précé-
dente communication, par M. A. Che-
vallier 27a
— Sur le phosphore et ses préparations; ré-
clamation de MM. A. Chevallier fils et
0. Henry fils, à l'occasion de la même
communication 341
— Réclamation de M. Duchesne à l'occasion
du même Mémoire 437
— M. Thenard, au nom de la Commission
chargée de prendre connaissance de ces
deux réclamations , déclare que dans
l'état actuel des choses il n'y a pas lieu à
en faire l'objet d'un Fapport 4?5
— Mémoire sur te phosphore ; par MM. Os-
sian Henry fils et A. Chevallier fils 996
Photographie. — Emploi de la photographie
pour les instruments magnétiques enre-
gistreurs ; communication de M. Le Ver-
rier, sur les résultats obtenus do ces in-
struments m\(\
— Report sur pierre des épreuves photogra-
phiques ; Note de M. Poitevin commu-
niquée par M. Becquerel 20
— M. Valenciennes présente deux planches
ainsi obtenues par M. l'oitevin sur des
négatifs de M. L, Rousseau 32
299 )
P.gn.
Photographie. — Communication de M. Flou-
rens en présentant au nom de l'auteur,
M. Van Moncklioven, un « Traité de pho-
tographie théorique et pratique ■> 693
— Nouveau procédé de fixage pour les épreu-
ves photographiques au moyen du chlo-
rure acide de platine; Note de M. Ca-
ranza 344
— Emploi de l'iodure de plomb pour la pho-
tographie ; Note de M. Roussin 636
— Moyen d'obtenir, d'une épreuve photogra-
phique sur verre ou sur inétal, une gra-
vure a l'eau -forte propre à donner des
épreuves en taille -douce; Lettre de
M. Gueyton 694
— Epreuves photographiques adressées de
Rome par M. Volpicelli. ., 61
Physiologie. — Sur les développements primi-
tifs : formation de l'œuf. — Vésicule
ovigèno et germinative. Condition pri-
mordiale de la duplicité monstrueuse;
Mémoire de M. Serres... 1024 et 1092
— Sur la contractilitc tendineuse; Mémoire
de M./. Guérin 416
— M. Flourens, à l'occasion de cette commu-
nication, indique le résultat de ses pro-
pres recherches relativement à la sensi-
bilité des tendons 42'
— Action du sucre sur les alcalis dans l'éco-
nomieanimale; Note de M. Poggiale.... 198
— Recherches sur la faculté attribuée à la
peau d'absorber l'eau et les dissolutions
aqueuses ; Mémoire de M. Poulet 435
— Lettre de M. Duriau à l'occasion de celte
communication 5n
— Opuscule intitulé : « Recherches expéri-
mentales sur l'absorption et l'exhalation
par le tégument externe» ; par M. Duriau. 55i
— De l'influence de la proportion du phos-
phate de chaux contenu dans les aliments,
sur la formation du cal ; Note de M. Alph.
if Une-Edwards 63l
— Sur la température moyenne des oiseaux
palmipèdes du nord de l'Europe; Note
de M. Ch. Martins 5l5
— Recherches sur les phénomènes physiques
et chimiques de la contraction muscu-
laire; Mémoire de M. Matlcucci 648
— Du sulfocyanure de potassium considéré
comme un des cléments de la salive;
Note de M. Longet 480
— Recherches sur la sécrétion biliaire; par
M. Oré 497
— De la faculté assimilatrice des différents
corps gras; Note de M. Berthé 890
— Etudes sur l'œil vivant ; Note de M. Wal-
ler -u85
I70..
( i3oo )
Pages
Physiologie. — Application du compteur à gaz
à la mesure de la respiration ; Mémoire
de M. Bonnet 8î5
— Notes sur les causes de la circulation du
sang; par M. Vanner 244 et jfô
— Effets produits sur le sang fraîchement
tiré de la veine par diverses infusions vé-
gétales; Noies de M. Leclerc. 456, 690 et 798
— Réclamation adressée par M. Clauzure à
l'occasion de la première Note de M. Le-
clerc 585
— Nouvelles recherches sur l'origine du sang
existant dans l'économie animale; par
M. Chauvcau 1 008
— Lettre de M. Girard accompagnant son ou-
vrage intitulé : a La vie au point de vue
physique » 5l4
Physiologie végétale. — Du rôle des nitrates
dans l'économie des plantes. (Rapport sur
un Mémoire de M. Ville ; Rapporteur
M. Pelouze.) G79
— Recherches expérimentales sur la respira-
tion ik's plantes ; par M. Duchartrc 3j
— Recherches expérimentales sur les rapports
des plantes avec l'humidité atmosphéri-
que ; par le même 428 et 790
— Recherches expérimentales sur le pouvoir
d'absorption, par rapport à l'eau, des ra-
cines des plantes aérienne» ; Mémoire de
M. Chatin 84l
— De la direction ascendante comme ca-
ractère distinclif des tiges : bulbes des-
cendants du Muscari comosum, de l'Agra-
phis nutuns et de VA. campanulata ; par
M. Germain de Saint-l'ierre 42 et 833
— Retour simultané de la descendance d'une
plante hybride aux types paternel et ma-
ternel ; Note do M. Naudin 6ï5
-m Observations relatives à la fécondation in-
complète et à ses conséquences dans les
végétaux phanérogames ; par le même.. . . 845
— Observation relative à un cas d'hybridité
anormale ; par le même Ioo3
— Observations relatives à l'accroissement eu
diamètre des Dicotylédones; Note de
M. Mathieu 1 r .', ;
Physique du globe. — Sur certains laits at-
tribues à un exhaussement graduel du ni-
veau de la mer; Note de M. Lauie 3oo
— Sur les eaux thermales de Nauheim, et sur
la cause de leur jaillissement ; Mémoire
de .M. Rotursau 438
— Sur le mouvement des diverses ondes dont
se compose la marée ; Lettre de M. Cha-
tallon à M. Élie de Beaumont 1)66
— A l'occasion de ceue Lettre, M. Elie de
Beaumont signale parmi les pièces im-
primées do la correspondance un Mé-
Pa6=i.
moire de M. Samuel Haughton sur les
marées diurnes solaires et lunaires des
côtes de l'Irlande 96S
Voir aussi les articles Géologie et Mé-
téorologie.
Physique générale. — Lettre de M. Gallo ac-
compagnant l'envoi de la ire partie d'un
ouvrage intitulé : «Introduction à l'élude
de la physique et de la mécanique » 910
— Lettre de M. Coinze accompagnant l'envoi
d'un volume intitulé : « Révélation des
lois de la nature, ou science de la vraie
physique > >°74
Planètes. — M. Le Verrier annonce la dé-
couverte d'une nouvelle petite planète
faite à l'Observatoire impérial par
M. Chacornac, dans la soirée du 12 jan-
vier i850 3i
— M. Le Verrier annonce la découverte, faite
par M. Chacornac, le 8 lévrier ib56, d'une
nouvelle petite planète. — Observations
faites à Liverpool de la planète du ^jan-
vier i856 (Léda) 279
— M. Le Verrier annonce que la planète dé-
couverte le 8 février |S")6, par 31. Cha-
cornac, portera le nom de Lœlitia 5ot
— Observations de la planète (39) faites à
Vienne par M. Littrow, et à Florence par
M. Donali (présentées par M. Le Verrier). 4i)3
— M. LcjeuneDirichlet présente des observa-
tions de la planète (39) faites à. l'Obser-
vatoire de Gœttingue; par M. Klinker-
Jues 589
— M. Le Verrier présente des observations de
la planète Léda, calculées par M. Pape.. 590
— M. Le Verrier annonce la découverte de la
4oe planète faite à Paris, le 3i mars , par
M. Goldschmidt 638
— M. Le Verrier annonce que cette planète a
reçu le nom tTHarmonia 817
— Eléments provisoires de celte planète ; par
M. Valt 71S
— M. Lejeune-Dirichlet communique des ob-
servations méridiennes des planètes Léda
et Laetitia laites à Geellingue par M.K/in-
kerfues 638
— Eléments elliptiques de la planète flar-
monia; par M. Valt 991
— Détermination de l'orbite de celte pla-
nète ; par le même 1 1 06
— M. Le Verrier communique, au nom du
M. Yuon Villarceau, les éléments de l'or-
bite de la planèie Amphilrite et l'éphé-
méride pour l'opposition de 1 856 5,98
— M. Le Verrier annonce la découverte d'une
4ie petite planète par M. Goldschmidt... luot
— M. Goldschmidt confirme la réalité de cette
découverts 106;
( i3oi
PsBM.
Planètes. — Eléments elliptiques de la 4lc pc-
tilc planète ; par M. Vali noi
— M. Le Verrier annonce que la 4'e petite
planète de M. Goldschmidta reçu le nom
de Dnphné , 1 229
— M. Le Verrier annonce qu'une 42° petite
planèlo a été découverte à Oxford, le
23 mai iS56, par M. Pogson 1 107
— Note du P. Secchi sur les anneaux de Sa-
turne • 28a
Platine. — Sur un gisement de platine si-
gnalé dans un filon de la province d'An-
tioquia (Nouvelle-Grenade); Mémoire de
M. Boussingault 917
Poids et Mesures*. — Note de M. Durand sur
une subdivision proposée pour le kilo-
gramme 117
— Lettre de M. /.-/. Smart, concernant les
Tables do concordance des mesures fran-
çaises et étrangères 865
Porcelaine. — Note de M. Chevreul sur la pu-
blication faite par M. Stanislas Julien d'un
Traité de la fabrication de la porcelaine
en Chine 4-0
Pouzzolane. — Note sur un gisement récem-
ment découvert dans la Haute-Saône; par
M; Bertrand, de Lom 55o
Présidence de l'Académie. — M. Binet, Vice-
Président de l'Académie pendant l'année
i855, passe aux fonctions de Président.
M. Isidore Geoffroy-Saint- Hilaire est élu
Vice-Président pour l'année 1 856 1
— Par suite du décès de M. Binet, M. Geqf-
frof-Suint-Ililuire passe aux fonctions de
Président, qu'il occupera jusqu'à la fin
de 1857. — M. Despreu est nommé Vice-
Président pour le même espace de temps. io43
Prix décernés dans la séance du 28 janvier
i856 (concours de l'année i855) :
— Prix d'Astronomie (fondation de Lalande),
— Médailles décernées, pour la décou-
verte faite en i855 de quatre nouvelles
planètes, savoir : à M. Chacornac , pour
la découverte de la planète Circé; à M. Lu-
ther, pour la planète Leucothée et la pla-
nète Fides; à M. Goldschmidt, pour la pla-
nète .liai, inlr 121
— Prix de mécanique (fondation Monly on). —
Prix décerné à T\\.Boileau, pour ses recher-
ches expérimentales sur l'hydraulique. . . 122
— Prix de Statistique. — Prix donné sur les
fonds de i85/j, à M. Le Play, pour son
ouvrage intitulé : « les Ouvriers euro-
péens ». — Prix donné sur les fonds de
i855, à M. Vicat, pour ses « Recherches
statistiques sur les substances calcaires à
chaux hydraulique et à ciment naturel».. ia3
— Mentions honorables: à M. Jiemay, pour sou
Pi
l'âge».
ic Histoire de la ville de Belleville et de
ses accroissements » ; à M. Giraudet, pour
sa ■ Statistique do la ville de Tours, de
i632à 1S47»; kM.Grangez, pour son «Pré-
cis historique et statistique des voies na-
vigables en France »; à M. deWatteville,
pour son « Rapport sur l'administration
des bureaux de bienfaisance cl sur la si-
tuation du paupérisme en France » 134
IX DÉCERNÉS. — Prix Jondé par M'nc la mar-
quisede Laplace. — Le prix a été obtenu
par M. J.-tt. Guy, sorti le premier de l'E-
cole Polytechnique le 20 septembre 1 855 . 137
Prix de Physiologie expérimentale. — Prix
décerné à M. Brown- Séquard, pour ses
expériences concernant la transmission
des impressions sensitives de la moelle
épinière 137
Prix relatifs aux Arts insalubres. — Prix
de 2,5oo francs, décernés M. Duntery, pouf
son appareil fumivore. — Prix de 2,000 fr.,
à M. Sorel, pour ses flotteurs d'alarme,
appareils de sûreté des machines à va-
peur.— PWx.le 2,000 francs, à MM. Bou-
tron et Baudet, pour leur moyen de déter-
miner la proportion des sels à base de
chaux dans les eaux des sources et des ri-
vières au moyen d'une liqueur savonneuse
titrée. — Encouragement de la valeur de
5oo francs, à M. Thibaut, pour son tuyau
respiratoire, appareil de sauvetage pour
porter secours à des noyés ou asphyxiés.. 141
. Prix de Médecine et de Chirurgie. — 11 n'y
a pas de prix décerné ; dix récompenses
ont été données, savoir : Récompenses de
la valeur de i,5oo francs, à M. Hannover,
pour ses « Recherches sur l'analomie,
la physiologie et la pathologie de l'oeil »;
à M. Lehmann, pour son « Traité de chi-
mie physiologique »; à M. Bouquet, pour
son « Mémoire sur l'analyse des eaux du
bassin de Vichy »; à M. Beau, pour se»
■ «Éludes de physiologie et de pathologie
sur l'appareil splénique » ; àM. Corvisart,
pour ses « Recherches sur l'action théra-
peutique de la pepsine » ; à M. Beraud,
pour ses « Recherches d'anatomie et de
pathologie sur les voies lacrymales ». —
Récompenses de la valeur de 1,000 francs:
à M. Cazeaux, pour son « Mémoire sur la
chloro-anémie des femmes enceintes »; a
M. Dareste , pour son travail « Sur les
circonvolutions cérébrales»; à M. Tar-
dieu, pour son ouvrage « Sur l'hygiène
publique et la salubrité » ; à M. Foissac,
pour son u Traité de météorologie dans
ses rapports avec l'hygiène et la médecine
publique » i47
( '3
Pages.
Prix proposés (séance publique annuelle du
■j8 janvier iS56).
Grand prix de Mathématiques, proposé pour
1SO6 Iâ5
— Grand prix de Mathématiques, proposé pour
iS.î.'i et remis à i856 lhid.
— Grand prix de Mathématiques , déjà remis
au concours pour i853, et prorogé jus-
qu'en i85(i l56
— Grand prix de Mathématiques, déjà remis
au concours pour 1 853, et prorogé jus-
qu'en iS">7 lhid.
— Grand prix de Mathématiques, proposé pour
1857, puis pour i85/|, et remis à 1857... i5;
— Grand prix de Mathématiques, proposé pour
i855, et remis au concours pour 1857... lhid.
— Prix extraordinaire de 6, 000 francs sur l'ap-
plication de la vapeur à la marine militaire,
proposé pour 1 857 ■ *>8
— Prix d'Astronomie. (Fondation de Lalande.) 139
— Prix de Mécanique. (Fondation Montyon.) lhid.
— Prix de Statistique. (Fondation Monlyon). 1G0
— Prix Dordin (Sciences mathématiques),
pour Tannée i856 lhid.
— Prix fondé par M"" la marquise de Laplace. 161
— Grand prix des Sciences physiques , proposé
pour 1837 lhid.
— Grand prix des Sciences physiques, proposé
en i854 pour iS56.. i63
DO
Pages.
Paix proposés. — Grand prix des Sciencet phy-
siques, proposé en iS5o pour i853, et re-
mis au concoms pour i856 164
— Grand prix des Sciences physiques, proposé
en 1847 pour 18Î9, remis au concours
pour |853, et de nouveau pour i85(> lhid.
— Prix de Physiologie expérimentale. (Fon-
dation Montyon.) i65
— Divers prix du legs Montyon lhid.
— Prix Cuvier 1 66
— Prix Alhumberl (Sciences naturelles), pro-
posé en 1854 pour i856 lhid.
— Prix Bordin (Sciences naturelles), pour
18.57 '6?
— Prix quinquennal (Fondation Uorogucs), à
décerner en i863 168
— lîapport de la Section de Médecine et de
Chirurgie sur le legs Iiréanl lhid.
— Condition commune à tous les concours.. 17a
Proeïi.éne. — Note de MM. Berthelot et de
Luca sur le propylêne iodé. 233
Puits forés.— Lettre de M. llozet sur le puits
foré de Tamerna (Algérie) 1258
— Sur le forage artésien pratiqué à Passy par
M. Kind ; Note de M. Alphand 33a
— Remarques de M. Elie de Beaumont à l'oc-
casion de cette communication 336
Punaises. — Sur un moyen employé avec suc-
cès pour la destruction des punaises ; Note
de M. Chapoteau 5aa
Quadrature ddcercie. — Note de N.Stauffer. 357
— Lettre de M. Pienos 4%)
Quadrature du cercle.— Lettre deN.Anghera. 5a4
— Note de M. Taupinard gio
K
Remèdes secrets. — L'Académie n'a point
qualité pour en autoriser l'emploi, et ne
peut prendre en considération «ne de-
mande adressée à cet effet par M. Cohendt-
Martin 81 T
RoTATlOX DIURNE DU GLOBE TERRESTRE. N.BltSSy
envoie un exemplaire d'un opuscule pu-
blié en 1754 par M. de Grante sur des ex-
périences supposées analogues à celles de
M. Foucault 810
Rotatoirb (Pouvoir). — Sur la variation du
pouvoir rotatoire dans le sucre de lait;
Note de M. Duhrunfaut 228
Rotatoire (Pouvoir). — Note de M. Pasteur
, sur le sucre de lait 347
— Remarques M. Biot à l'occasion de la pré-
cédente communication 35l
— Sur la variation du pouvoir rotatoire du
sucre de fécule; Note de M. Béchamp. . . . 64o
— Sur la cause de la variation du pouvoir ro-
tatoire du sucre de fécule, et sur l'existence
probable de deux variétés de glucose
am orphe ; par le me'me 896
— Sur la rolation variable du glucose mame-
lonné de raisin; Note de M. Dubrunfanl, j3g
— Note sur le sucre interverti ; par le même. 901
( i3o3 )
Pages.
Sangsues. — Sur la reproduction do ces An-
nélides; Mémoires de SI. Bounieeau. .
345, 585 et u32
Saponification. — Sur la saponification des
• corps gras par les oxydes anhydres ; Noie
de M. Pelouse 1081
Sections or. l'Académie. — La Section de Mé-
decine et de Chirurgie propose de décla-
rer, et l'Académie décide, qu'il y a lieu
de pou voir au remplacement de feu
M . Magendie 499
— La Section présente la liste suivante de
candidatst Médecine, en première ligne :
MM. Cruvcilhier et Longet; en deuxième
ligne :MM.Piorryct Poissuillc.— Chirur-
gie, en première ligne : MM. Jobert , do
Lamballc, et Jules Guérin; en deuxième
ligne: MM.Baudens, Laugier, Malgaigne. 55a
— La Section de Géométrie propose de décla-
rer, et l'Académie décide, qu'il y a lieu
d'élire à la place vacante p.ir suite du décès
de M. Sturrn 699
— La Section présente la liste suivante de
candidats : i° M. J. Bertrand; 2° M. Her-
mite; 3° M. Serret; 4° MM. Bonnet et
Puiseux , ex œquo "J^6
— La Section de Botanique propose, et l'A-
cadémie décide, qu'il y a lieu d'élire
a la place vacante par suite du décès de
M. de Mirbcl 8G6
— La Section présente la liste suivante de
candidats : i° M. Ducbartre; 2° MM. Cba-
tin, Lestiboudois, Weddell, ex cequo-
3° M M . Gay, Trécul, ex œquo ; 4° M . Ger-
main de Saint-Pierre 910
— La Section de Géométrie présente la liste
suivante de candidats pour une place de
Correspondant vacante parsuiledela no-
mination de M. Lejcune-Dirichlet a une
place d'Associé étranger : i° M. Oslro-
gradski ; a0 et par ordre alphabétique :
MM. Bour, Cayley, Gommer, Richelol,
Rosenhain, Sarrus, Sylvester, Thomson. 4la
— La Section de Médecine présente la liste
suivante de candidats pour une place de
Correspondant vacante par suite du dé-
cès de M. Prunelle : i° M. Guyon;
2° M. Bally ; 3° M. Denis, de Commercy ;
4° MM. Ehrmann et Gintrac; 5° M.For-
get 357
— La Section de Géographie et de Navigation
présente la liste suivante de candidats pour
la place de Correspondant vacanteparsuite
P.ifes
du décès de M. le capitaine Parry. En
première ligne : M. de Wr.ingell; en
deuxième ligne, M. Wilkes; en troi-
sième ligne, M. Lutké; en quatrième li-
gne, M. Beechey; en cinquième ligne,
M. Maury 4grj
Sections de l'Académie. — La Section de Chi-
mie présente la liste suivante de candi-
dats pour une place vacante de Correspon-
dant : i° M. Gerhardt; 2° M. Pasteur;
3° MM. Bincau et Desaignes, ex œquo.. 699
Sélénocraphie. — Lettre du P. Secchi accom-
pagnant l'envoi d'un dessin photographi-
que du groupe annulaire de montagnes de
la lune désigné sons le nom de Copernic. 9r>8
Sels doubles. — Sur un hyposuWitc double de
soude et de cuivre; Note do M. Schiilte. 1267
Silicium. — Sur un nouveau moyen d'obtenir
le silicium ; Lettre de M. Wôliler à M. Du-
mas 48
— Du silicium et du charbon cristallisés;
Mémoire de M. H. Sainte-Claire Deville . . 49
— Remarques de M. de Scnarmont à l'occa-
sion do celte communication 5s
— Lettre de M. Barse à l'occasion d'un Rap-
port sur son Mémoire concernant un pro-
cédé supposé propre à faire distinguer
par des réactions spéciales le silicium et
le tungstène d'avec l'argent 241
Soie. — De la présence de la chaux dans la
soie, et de ses inconvénients dans l'opéra-
tion du décreusage; Note de M. Guinon. . 23g
Son (Vitesse du) — Considérée comme moyen
de mesurer des distances ; Note de M. Tau-
pinard 1 1 3a
Sorgho. — Lettre de M. Siccard, concernant
ses travaux sur le sorgho sucré 1710
Soude artificielle. — Rapport fait au nom
de la Section de Chimie en réponse à une
question posée par M. le Ministre de
l'Instruction publique, concernant la dé-'
couverte de la soude artificielle; Rap-
porteur M. Dumas 553
— M. Chevreul, Membre de la Commission,
lit une Note dans laquelle il expose son
opinion particulière sur la question dé-
battue fi^G
Soufre — Observation nouvelle sur le sou-
fre mou; par M. Ern. Baudrimont 80S
Sourds -muets. — Sur le moyen de rendre
facile l'enseignement des sourds-muets ;
Note de M. Ramhosson 1118
— A l'occasion de cette communication,
( <
M. l'abbé Lecot rappelle un travail qu'il
a antérieurement présenté sur l'éJucation
des sourds-muets 1223
Spbéroidal (Etat). — Note intitulée: « Sur
le mouvement de rotation d'un corps à
l'état sphéroidal, autourd'un point fixe»;
par M. Boutigny. 6g3
Statistique. — Sur la situation de la pro-
priété forestière en France; Mémoire de
M. Becquerel, deuxième partie i85
— Sur les causes commerciales et adminis-
tratives de l'insuffisance et de la surabon-
dance périodiques de la production du
blé en France; Mémoire de M. Herpin.. 584
— Mémoires sur le régime des prfsons et des
pénitenciers; par M. Noiret. .. 2}3 et 729
Sucres. — Action des alcalis sur le sucre dans
l'économie animale; NoledeM. Poggiale. 198
3o4 )
Sucres. — Sur la cause de la variation du
pouvoir rotaloire du sucre de fécule et
sur l'existence prohable de deux variétés
de glucose amorphe ; par M. Béchamp.
64o et 896
— Sur les combinaisons des matières su-
crées avec les acides : deuxième partie,
Mannite; Mémoire de M. Berthelot. . . im
— Note de M. Duhrun/aut sur le sucre de lait. 228
— Note sur le sucre interverti ; par le même. . 901
— Note de M. Pasteur sur le sucre de lait.. 347
— Remarques de M. fiiot par suite de
cette communication 35i
Sulfures. — Emploi du sulfure de carbo-
ne pour l'extraction du suif des os, de
l'huile des graines oléagineuses, etc.; Mé-
moire de M. Deiss 207
Tau. — Emploi du tan épuisé pour la fa-
brication de papiers et cartons con-
venables à diverses industries; Note de
M. Couturier 3gS
Teintures. — Sur les huiles employées à la
fabrication du rouge turc; Note de M. Pe-
louse 1196
— Lettre de MM. Henry à M. Pelouse sur
le rouge turc "99
— Études théoriques et pratiques sur la fixa-
tion des couleurs dans la teinture; Mé-
moire de M. Kuhlmann ... (iy3 et 711
— Sur un nouvel acide provenant d'une plan-
te mexicaine, et applicable a la tein-
ture; Note de M. Bamon de la Sagra... 873
— M. Bamon de la Sagra transmet une No-
tice imprimée contenant une analyse
chimique de cet acide 1073
Télégraphie. — M. le Maréchal Vaillant si-
gnale à l'attention de l'Académie un
nouveau télégraphe fondé sur l'emploi des
rayons solaires, inventé par M. Leseurre. M78
— Sur un moyen de communication télégra-
phique directe entre des personnes parlant
des langues différentes, Note deM. Lion. 1119
Température animale. — Du degré constant
de la chaleur animale considérée dans
l'homme comme loi de la santé; Mémoire
de M. Vanner 54°
Tératologie. — Condition primordiale de la
duplicité monstrueuse ; Mémoires de
M. Serres 1024 et 1092
— De la cryptorchidie chez l'homme et les
principaux animaux domestiques; Mé-
moiredeMM. Goubaux et Follin. 540 et io65
Tératologie. — Recherches surlesmonorchidos
et les cryptorchides chez l'homme; par
M.Godart 637
— De l'influence de la cryptorchidie sur la
génération ; Note de M. Puech 996
— Recherches sur les monstres doubles ; par
M. Schultse •.. 1128
— Sur deux nouveaux genres tératologiques,
les genres Ischiomèlc et Agnathocéphale ;
Note de M. loly 342
— Remarques de M. Geoffroy-Saint-Hilaire
par suite de cette communication 343
— Sur un monstre double appartenant à la
fois aux genres Dérodyme, Dérencéphale
et Dromèlc; addition à un précédent tra-
vail de M. Puech 343
— Sur un monstre exencéphalien (pleurcncé-
phalc) ; Note de M. Gintrac 1064
Térébenthine. — Effets de l'inhalation des va-
peurs d'essence de térébenthine; Note de
M. Letellier 2 J3
TiTANiLM. — Note de M. Hoffmann sur lo
bromure île titanium 35a
Torrents. — Moyens de forcer les torrents
des montagnes de rendre à l'agriculture
une partie du sol qu'ils ravagent; Mé-
moire de M. Bozet 991
Toxicologie. — Réclamation de priorité relative
à la constatation des propriétés toxiques
de l'Atraclylis gummi/era : nouveaux cas
d'empoisonnement produit par la racine
de cette plante; Mémoire de M. Bouros. 80g
— Doutes concernant l'espèce végétale que
l'on peut considérer comme cause ie ces
accidents; Lettre de M. Bouros 1222
( 1
Papes.
Toxicologie. — Empoisonnements causés,
dans les pays tropicanx, par la chair de
certains poissons; Note de M. Guyon.. . 34o
Tremblements de terre. — Sur le tremble-
ment de terre qui en août i853 a ren-
sé la ville de Thèbes; Lettre de M. A.
Gaudry .... 24
— Sur les tremblements de terre ressentis
dans l'Empire Ottoman en iS55 ; Mémoire
de M . Verollot g3
— Tableau des tremblements de terre à Con-
stantinople pendant les quinze dernières
années ; par le même ''; ! >
3o5 )
Pi|e».
Trisection de l'angle. — Communication de
M. Delaistre io?5
— Note de M. Pietricola. ...: u4't
Tlbf.s f.n fer. — Note de M. Pacaud sur des
tubes en fer doublés de plomb , et réci-
proquement » •
Tungstène. — Recherches sur ce métal et sur
quelques-unes de ses combinaisons; par
M. Riche , 3o3
Turbines. —Des turbines eulériennes et du
parti qu'on en peut tirer; Note de N. Or-
dinaire de Lacolonge 107 1
18
u
Uranium. — Note sur la préparation de l'alnminium; par M. Peligot ............... 7^
Vapeur d'eau. — Documents adressés par
M. Dujard'n, de Lille, concernant les
heureux effets de la vapeur d'eau em-
ployée pour éteindre les incendies 27
— Sur la loi de progression, suivant la tempé-
rature, de la tension de la vapeur d'eau ;
Mémoire de M . Ch. Nesmond 636
Vapeurs. — Note sur le calcul de la chaleur
latente des vapeurs ; par M. Legrand. ... 2l3
Vents. — Sur les tempêtes , les coups de vent
et les orages dans la partie de la Médi-
terranée comprise entre les -côtes de
France et d'Algérie; Mémoire de M. Lar-
tigue I2 '4
Verglas. — Action du vent sur des branches
d'arbres chargées de verglas ; spécimens
recueillis par M. A. de Campagne; Notes
de MM. Champigny et Chantreau (commu-
niqué par M. Elie de Beaumont) 574
Vernis ininflammable présenté par l'inventeur,
M. Duchier, comme propre à écarter une
des chances d'incendie les plus communes
dans les théâtres. — M. le Minisire d'Etat
consulte l'Académie sur la valeur de celte
invention 1230
Vers a soif. — Emploi des vapeurs d'acide
sulfureux contre la muscardine des versa
soie; Note de M. Grun 238
— Lettre de M. Guérin-Méneville accompa-
gnant l'envoi d'un exemplaire du «Guide
de l'éleveur de vers à soie » qu'il a publié
en commun avec M. Eug. Robert 1 188
— Lettre de M. Pons, concernant les avan-
tages des récoltes d'automne "/4
C. B., i856, Ier Semestre (T. XLII.1
Vibratoires (Mouvements). — Du frottement
considéré comme cause de mouvements
vibratoires; Mémoire de M. Duhamel. . . 973
Vins. — Moyen de constater dans les vins
rouges la falsification par addition de pe-
tites quantités d'alun; Note de M. Las-
saigne 410
Vision. — Sur l'appareil d'adaptation de l'œil
chez les oiseaux, les principaux mammi-
fères et l'homme ; Mémoire de M. Rouget. 937
— M. de Quatrefages mentionne à cette occa-
sion les observations de M. Dujardin,
concernant un appareil d'adaptation pour
les yeux des insectes .... 941
— Remarques de M. Jobard à l'occasion de
la communication de M. Rouget 107»
— Réclamation de priorité adressée, à l'occa-
sion de la même communication , par
M. H. Muller 1218
— Nouvelle Note de M. Verstraete, concer-
nant sa théorie de la vision 373
— Note de M. Ruisson sur une théorie de la
vision et de la lumière qui lui est
propre 58ij
Volatiles (Combinaisons). — Méthode géné-
rale pour la production de quelques
corps simples fixes au moyen de leurs
combinaisons volatiles; Mémoire de
M. H. Sainte-Claire Deville 49
— Remarques de M. de Senarmont à l'occasion
de cette communication 52
Volcans. — Renseignements relatifs à deux
volcans et à une solfatare de l'île de Java,
I7I
d'après les observations récentes des Hol-
landais; Note de M. Perrey n5
— Recherches sur les produits des volcans de
l'Italie méridionale; par M. Ci. Sainte-
Claire Deville.* 1167
Voyages^ scientifiques. — Lettre de M. de
llumboldi à M. Elie de Beaumont sur le
( i3o6 )
Pages
voyage de MM. Schlagintweit frères dans
l'Inde 61 1
Voyages scientifiques. — M. Le Coat de Saint-
Haouen demande des instructions pour
les recherches d'histoire naturelle qu'il se
proposede faire pendant son séjour dans le
Maroc • 10^3
Zoologie. — Considérations générales sur les
classifications en histoire naturelle, et
plan sommaire de l'ichthyologie analy-
tique; communication de M. Dumèril... 1029
Sur une nouvelle espèce de panthère tuée
à Ninfi , près de Smyrne; Note de M. Va-
lenciennes lo35
— Communication de M. Dumiril en présen-
tant au nom de son fils uue « Description
des reptiles nouveaux ou imparfaitement
connus du Muséum d'histoire naturelle de
Paris» 80»
— Communication faite par M. Moquin-Tan-
don en présentant le premier volume de
son « Histoire des Mollusques terrestres et
fluviatiles de France foi
Sur les perdrix d'Europe; Lettre de M. le
Prince C'A. Bonaparte à M. Geoffroy Saint-
Hilaire 5og
— Espèces nouvelles d'oiseaux d'Asie et d'A-
mérique, et tableaux paralléliques des
Pélagicns ou Gaviœ; par le même 764
Tableaux paralléliques de l'ordre des
Gallinacés, et Note explicative de ces ta-
bleaux; par le même 8^4 et g5a
— Observations sur la Zoologie géographique
de l'Afrique, et description d'un nouveau
genre et de nouvelles espèces d'oiseaux;
par le même 819
— Communication de M. le Prince Ch. Bonn-
/>ai(eonprésentant un ouvrage deM. Gray
sur les Chcloniensdu Musée Britannique. 5i3
— Sur les caractères zoologiques des cétacés;
Note de M. Pucheran, !\\j
Zoologie. — Sur trois espèces de Dauphins
du haut Amazone ; Note de M. Gervais. . 8ùG
— Essai d'une monographie des Chéiroptères
sud américains; par M. Gervais. 547 et ^90
— Note sur la mammalogie de l'Algérie; par
M. Pomel > . 65a
— Indication donnée par M. Brandt des
questions de zoologie traitées dans divers
opuscules dont il fait hommage à l'Aca-
démie 1249
— Sur les poissons du Don , du Dnèpre, du
Dnestre et du Boug; Note de M. P. de
Tchihalchef. 4 V
— Lettre de M. Le Coat de Saint-Haouen,
concernant l'ornithologie du nord de
l'Afrique : présentation d'un poisson
rapporté de Tanger 970
— M. Dumèril fait connaître ce poisson
comme appartenant à l'espèce rare nom-
mée Ephippium maculatum 99°
— Sur un nouvel acarus du cheval pouvant
transmettre la gale de ce solipède k
l'homme; Note de MM. Bourguignon et
Delafond *4l
— Sur un nouveau genre d'Annélide tubicolé
perforant, le genre Stoa ; Note de M. Mar-
cel de Serres 356
— Sur certaines habitudes des araignées en
rapport avec l'état présent ou prochain de
l'atmosphère; Note de M. Caraguel 4-"7
— Lettre de M. Butin accompagnant l'envoi
de nids d'hirondelle salangane 74&
( i3o7 )
TABLE DES AUTEURS.
■H. F«8"-
ABBADÏE (d'). — Sur des observations d'in-
clinaison de l'aiguille aimantée faites
dans la commune d'Urrugue; Lettre à
M. Élie de Beaumont 6ia
ACADÉMIE DE NANCY (t') adresse un
exemplaire du volume de ses Mémoires
pour l'année l854 346
ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES DE
BAVIÈRE (l'). — Motifs qui lui font dé-
sirer d'obtenir en double série les publi-
cations des Sociétés savantes. — Indica-
tion de quelques lacunes qui se trouvent
dans sa collection des publications de
l'Institut 61 et 1221
ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DE
BERLIN (l') adresse un exemplaire du
Supplément au volume de ses Mémoires
pour l'année i854 1257
ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DE
MADRID (l') envoie deux nouvelles li-
vraisons de ses Mémoires 312
ALLEMAND LENOVY. — Mémoire inti-
tulé : « Recherches sur l'origine des tem-
pératures pour servir à la construction
d'une échelle thermomélrique complète». 1018
ALPHAND. — Sur le forage artésien pratiqué
à Passy par M. Kind 332
ANDRAL est nommé Membre de la Comniis-
mm. p*8"-
sion du concours pour les prix de Mé-
decine et de Chirurgie n58 et iaoî
ANGELLl, inventeur d'une encre supposée
indélébile «2aI
ANGHERA. — Lettre concernant des précé-
dentes Notes sur la quadrature du cercle. 5î4
ANONYMES (MÉMOIRES). Voir à la table
des matières au mot Anonymes.
ANTON1NI (Ministre du roi des Dcux-Sici-
les) transmet divers spécimens d'écriture
tracés avec une encre que l'inventeur,
M. Angelli, considère comme indélébile, 1220
ARDR1GHETTI.— Addition à une précédente
communication sur un halo lunaire ob-
servé en Ukraine »7^
ARNUT. — Lettre concernant sa Note sur un
appareil destiné à la transmission des
forces 245
ATJBRÉE. —Sur le traitement des brûlures
par l'emploi d'un collodiondans lequel il
entre du tannin 657
ATJER. — Lettre accompagnant l'envoi d'un
exemplaire de la Flore autrichienne, ou-
vrage dont l'Atlas a été exécuté par le
procédé dit d'impression naturelle 1221
AVENIER-DELAGRÉE. — Mémoire sur un
moteur à air chaud do son invention io65
AÏRE envoie un opuscule imprimé destiné
au concours pour le prix du legs Bréaut.. 1220
BABINET.— Détermination de la latitude par
les azimuts extrêmes de deux étoiles cri-
coœpolaires «
M. Babinet fait hommage à l'Académie
d'un exemplaire du second volume de ses
« Études et lectures sur les sciences d'ob-
servation et leurs applications pratiques». 077
M Babinet présente des bronzes en ronde
bosse obtenus par M. Lenoir au moyen de
la galvanoplastie 263
— M. Babinet met sous les yeux de l'Académie
un portrait gravé de ienkins, l'homme cité
comme l'exemple le plus remarquable de
longévité 473
BAGLIAN. — Note destinée au concours pour
le prix du legs Bréant q5i
BAILLY ( Ch. ). — Note sur la mesure des
triangles , n>
— Note sur de nouvelles solutions de quelques
problèmes de géométrie élémentaire iaig
171-.
( I
MM. Pages.
BALARD communique l'extrait d'une Lettre
quelui a adressée M. 1. Barse, à l'occasion
du Rapport fait dans la séance du 17 dé-
cembre i855 241
BALEGUER adresse plusieurs opuscules qu'il
a publiés dans l'Inde relativement à l'ori-
gine et au traitement du choléra-morbus. 8g3
BALLY est présenté par la Section de Méde-
cine et de Chirurgie comme l'un des can-
didats pour une place Tacante de Corres-
pondant • .* 358
BARHE(Cn), écrit par erreur pour Carré.
Voir à ce nom.
BARSE. — Lettre à M. Balard, à l'occasion
d'un Rapport l'ait dans la séance du 17 dé-
cembre i855 , sur un travail présenté par
lui aijt
BASIACO (l'adbé). — Note sur un moteur
hydraulique de son invention 854
BASSAGET. — Lettre concernant un Mémoire
qu'il avait adressé à l'Académie, mais qui
n'a pas été reçu 5a4
BASSET. — Sur un moyen destiné à dimi-
nuer, pour les hommes de guerre, les
chances de blessures . 498
BAUDELOCQCE. — Sur un moyen d'abréger
les douleurs de l'accouchement 5m
BAUDEMENT. — Mémoire sur les laines
d'Algérie 264
BAUDEINS. — Etude sur le typhus de Crimée. io43
— M. Baudens est présenté par la Section de
Médecine et de Chirurgie comme l'un des
candidats )>o;ir la place vacante par suite
du décès de M. Magendie 55a
BAUDRIMONT ( E.). — Sur certains phéno-
mènes observés chez un jeune diabétique
soumis à l'action du levain de bière 355
— Expériences sur la durée comparative de
l'écoulement des gaz 398
— Observation nouvelle sur le soufre mou. . . 808
— Sur la précipitation du prolochlorure d'an-
timoine par l'eau . . 863
— Action des acides azotique et chlorhydrique
sur le chlorure de barium et l'azotate de
baryte Il3l
— Considérations sur la génération des pro-
duits organiques par leurs éléments sim-
ples, le carbone, l'hydrogène, l'oxygène
et l'azote Ibid.
BEAU. — Une récompense lui est accor lée
pour ses Eludes analytiques de physiologie
et de pathologie sur l'appareil splenn-hé-
patique ( concours pour les prix de Méde-
cine et de Chirurgie de l'année i855).... i5o
BEAUMONT et Mayer. — Appareils proposés
pour le chauffage sans combustibles, au
moyen d'une force perdue ou non em-
3o8 )
P»6«>-
7«9
802
8o3
631
ployée. (Rapport sur ces appareils; Rap
porteur M. Morin. )
«* MM. Bcaumont et ifayer adressent un opus-
cule qu'ils ont publié à l'occasion du pré-
cédent Rapport
— Remarques d'un des Membres de la Com-
mission sur cette publication
BEAUPERTHU Y.- Recherches sur les causes
du choléra, du typhus et des fièvres de
marais, d'après des observations recueil-
lies dans le Venezuela
BEAUPOIL. — Analyse de son Mémoire in-
titulé : « De l'entéropathie métallique ». aïo
BECHAMP. — Sur la préparation des chlo-
rures et des bromures des radicaux orga-
niques par l'action du protochlorure cl
du prolubromure de phosphore sur les
acides monohydratës correspondants.... 224
— Sur la variation du pouvoir rotatoire du
sucre de fécule G40
— Sur la cause de la variation du pouvoir
rotatoire du sucre de fécule, et sur l'exis-
tence probable de deux variétés de glucose
amorphe 896
— Sur les produits de la transformation de la
fécule et du ligneux sous l'influence des
alcalis, du chlorure de zinc et des acides. 1 jio
BECQUEREL. — Suite de son Mémoire sur
la situation de la propriété forestière en
France, appréciée d'après des résultats
statistiques 1 8 j
— Extrait d'un Mémoire sur quelques-unes
des principales causes de l'électricité at-
mosphérique 661
— Rapport sur un perfectionnement apporté
par M. Lenoirk la reproduction des rondes
bosses pai la galvanoplastie. 4 '5)476 et 61S
— M. Becquerel dépose un Mémoire dans le-
quel M. Lenoir a décrit ses procédés 6'Jt
— Rapport sur un travail de M. Tchihalchef
ayant pour titre : « Études climatologiques
sur l'Asie Mineure » 777
— M. Becquerel présente, en son nom et celui
de son fils, le troisième et dernier volume
du « Traité d'Electricitéel de Magnétisme»
qu'ils ont publié eu commun 39
— M. Becquerel met sous les yeux de l'Aca-
démie une pile construite sur un nouveau
principe; par M. Doat 85 j
— M. Becquerel présente , au nom de M. du
Moncel, le premier volume de la seconde
édition d'un ouvrage ayant pour titre :
<c Exposé des applications de l'électri-
cité » 11^5
BECQUEREL (Edm. ). — Noie relative au dé-
gagement de l'électricité par frottement. 4^
— Recherches sur le dégagement de l'éleciri-
( i3o9 )
MM. P'ges-
cité dan» les pile» voltaïqucs. Première
partie : Force électromotrice n58
BEECHEY est présenté par la Section de
Géographie et de Navigation comme l'un
dis candidats pour une place vacante de
Correspondant 499
M. BÉGAT est présenté comme l'un des can-
didats pour une place de géographe va-
cante au Bureau des Longitudes . . . 357
'BEHRENS (M11"). —Notes sur la composi-
tion d'une pile voltaïque destinée à l'usage
médical ^99 et 552
BEKKER. — M. Geoffroy-Saint-Iîilaire , en
présentant un opuscule de M. Bckker sur
l'ongle de la queue du lion , donne une
idée de ce travail 3^5
BELLEMARE. — Mémoire ayant pour titre:
« Les chocs rendus impossibles sur les
chemins de fer au moyen de l'interrupteur
kilométrique i> 43
BÉRAUD. — TJne récompense lui est accordée
pour ses « Recherches d'Anatomie et de
Pathologie sur les voies lacrymales » (con-
cours pour les prix de Médecine et de Chi-
rurgie de i855) i5i et 498
BÉRE1NGER, Président de l'Institut pour
l'année i856, rappelle que la première
séance trimestrielle des cinq Académies
doit avoir lieu le mercredi a avril 4^5
— M. le Président de l'Institut transmet deux
pièces imprimées qui lui ont été adressées,
et qui sont destinées par leur auteur,
M. Trouillet, au concours pour le prix
triennal 7^5
BERETTI. — Recherches analytiques sur le
sang de personnes mortes du choléra. ... 89
BÉRIONY. — Observations oznnométriques
faites avec le papier Schœnbein , autour
de la caserne de Saint-Clond Iil5
BERNARD (Ci..). — Rapport sur le concours
pour le prix de Physiologie expérimentale
de i855.. i37
— Rapport sur le concours pour les prix de
Médecine et de Chirurgie de i855 147
— Rapport de la Section de Médecine et de
Chirurgie sur le legs Bréant 168
M. Bernard présente un opuscule de M. Cas-
torani sur la kératite 1002
— Et un Mémoire sur les albuminoïdes, par
M. Denis, de Commercy 1175
— M. Bernard est nommé Membre de la Com-
mission du concours pour les prix de Mé-
decine et de Chirurgie 11 58 et iao3
— Et de la Commission du concours pour le
prix de Physiologie expérimentale. .... iîo3
BERTHÉ. — « De la faculté assimilatrice des
différents corps gras » 890
MM. ''»«'■■
BERTHELOT. — Sur le propylèno iodé (en
commun avec M. de Laça ) 233
— Nouveau procédé pour préparer l'acide for-
mique r\\l
— Sur les combinaisons des matières sucrées
avec les acides nu
BERTHERAND. — Analyse de son ouvrage
sur la médecine et l'hygiène des Arabes. . 6;)3
BERTRAND (J.). — Note sur le gyroscope
de M. Foucault 1021
— Démonstration géométrique de quelques
théorèmes de M. Gauss 1088 et 1229
— M. Bertrand prie l'Académie de vouloir
bien le comprendre dans le nombre des
candidats pour une place vacante dans la
Section de Géométrie 347
— M. Bertrand est présenté par la Section de
Géométrie comme l'un des candidats pour
la place vacante 746
— M. Bertrand est nommé Membre de l'Aca-
démie des Sciences, Section de Géomé-
trie , en remplacement de M . Sturm 786
— Décret impérial confirmant sa nomina-
tion 8i3
BERTRAND, de Lom. — Sur un gisement
de pouzzolane récemment découvert dans
la Haute-Loire 55o
BIENAÏMÉ est nommé Membre de la Com-
mission du concours pour le prix de Sta-
tistique 991
BILLIARD. — Théorie de la phlhisie. —Dé-
couverte des sources de l'ozone organique.
— Cause secondaire du choléra 885
BILLY (de). — Note sur la carte géologique
du département des Vosges , et sur quel-
ques accidents géologiques figurés dans
ce travail 96'
BINEAU est présenté par la Section de Chimie
comme l'un des candidats pour une place
vacante de Correspondant 699
B1NET. — M. Binet, Vice-Président duraut
l'année i855, passe aux fonctions de Pré-
sident pour l'année i856 1
— La mort de M. Binet, arrivée le 12 mai
i856 1 est annoncée le même jour à l'Aca-
démie 3^3
— Obsèques de M. Binet : MM. Lamé el Cau-
chj y ont parlé au nom de l'Académie
des Sciences gi3
B1NG. — Lettre concernant l'application du
gluten frais à la fabrication du pain. ... 909
BIOT. — Remarques à l'occasion d'une com-
munication de M. Pasteursur le sucre de
lait 35i
— Remarques à l'occasion d'une communica-
tion de M. Jean Jean sur l'huile essentielle
contenue dans l'essence de garance 85<)
( i3
■H. Pages.
— M. Biot annonce la réimpression du Com-
mercium epistolicum et de ses annexes ; il
publie ce livre en collaboration avec
M. Lefort 6o5
— M. Biot est nommé Membre de la Commis-
sion du concours pour le grand prix de
Sciences mathématiques de i856 (ques-
tion concernant la théorie mathématique
des phénomènes capillaires) \ï\\
BLANCHET. — Lettre concernant le mouve-
ment perpétuel 523
BLONDEAU. — Sur l'huile douce du vin et
sur les produits secondaires qui prennent
naissance à la suite de l'éthérification. . . 44°
— Considérations générales sur le mode de
constitution des alcools et des éthers. .. 885
BOILEAU. — Le prix de Mécanique de la fon-
dation Monlyon lui est accordé pour ses
<t Recherches expérimentales sur l'hydrau-
lique) 123
Recherches sur l'élasticité du caoutchouc
vulcanise g33
BOINET. — Nouvel urétrotome pour prati-
quer l'urétrotomie d'avant en arrière et
sans dilatation préalable ' 586
BONAPARTE (le Prince Ch.). - Note sur
les Perdrix d'Europe 5og
Espèces nouvelles d'oiseaux d'Asie et d'A-
mérique, et tableaux paralléliquesdes Pé-
lagicns ou Gavia , 764
Observations sur la zoologie géographique
de l'Afrique , et Description d'un nouveau
genre et de nouvelles espèces d'oiseaux . . 819
Tableaux paralléliques de l'ordre des Gal-
linacés 874 et 952
M. lePrinceCA. Bon«/M;feprésente,aunom
de M. Grar, un exemplaire du Catalo-
gue des Reptiles chéloniens existant dans
la collection du Muséum britannique. . .. 5i3
— Et au nom de M. Sclater, un opuscule sur
les Oiseaux compris dans les collections
envoyées de Sanla-Fé de Bogota. ....... g5ï
BONELLI. — Suppression du fil de cuivre
couvert en soie pour les spirales des mul-
tiplicateurs 885
BONNET (O.). — Note sur les surfaces pour
lesquelles la somme des deux rayons de
courbure principaux est égale au double
delà normale 110
— Noie sur un genre particulier de surfaces
réciproques 4°^'
— Nouvelles remarques sur les surfaces à
aire minima 53a
— Sur les surfaces dont toutes les lignes de
courbure sont planes 1067
— Note sur la courbure géodésique 11 37
— M. Bonnet prie l'Académie de vouloir
bien le comprendre dans le nombre des
IO)
MM.
Pages.
candidats pour une place vacante dans la
Section de Géométrie 491
— M. Bonnet est présenté par la Section de
Géométrie comme l'un des candidats
pour la place vacante par suite du décès
de M. Stmm 545
BONNET, de Lyok. — Sur l'application du
compteur à gaz à la mensuration de l'air
respiré 8a5
BORDONE. — Description et figure d'un
nouveau système de grilles fumivores. . . 636
BOUCART. — Lettre et Note relatives à un'
nouveau système de moteurs, dans lequel
l'air remplace la vapeur 865 et 1074
BOUCHOT. — Sur les symptômes et le trai-
tement du coryza des nouveau-nés 354
BOUDET et Boutron. — Un prix leur est
accordé pour leur moyen de déterminer
la proportion des sels à base de chaux
dans les eaux des sources et des rivières,
au moyeu d'une liqueur savonneuse titrée
(concours pour le prix dit des Arts insa-
lubres, année i855) 141 et 3oo
BOU1S. — Sur la présence de l'ammoniaque
dans certaines eaux minérales 1260
BOULU. — Traitement des adénites cervi-
cales, par un nouveau procédé d'acu-
puncture 3gg et 1274
BOUN1CEAU. — Recherches sur VHirudo san-
guisuga et son mode de reproduction ..
245, 585 et n3a
BOUQUET. — Une récompense lui est ac-
cordée pour son Mémoire sur l'analyse
des eaux du bassin hydrologique de Vi-
chy ( concours pour les prix de Méde-
cine et de Chirurgie de l'année i855).... i5a
BOUR. — Mémoire sur les mouvements re-
latifs 383
— M. Bour est présenté par la Section de
Géométrie comme l'un des candidats
pour une place vacante de Correspon-
dant 4Ia
BOURDON (Isid.). — Mémoire sur divers
traitements opposés au choléra, et plus
particulièrement sur les effets thérapeu-
tiques de la strychnine 637 et 996
BOURGET. — Mémoire sur le développe-
ment de la fonction perturbatrice 53o
— Mémoire sur le développement en série
d'une partie de la fonction perturba-
trice io5g
BOURGUIGNON et Deiafond. — Lettre con-
cernant leur travail sur la pathologie com-
parée de la gale 61
— Note sur un nouvel acarus du cheval, pou-
vant transmettre la gale de ce solipèda
à l'homme s4*
( i3i
MM. Pajd.
130UR0S. — Réclamation de priorité relati-
vement à la constatation des propriétés
toxiques de VAtractylis gummi/eru. Nou-
veaux faits d'empoisonnement par Ja ra-
cine de cette plante 8og
— Dis renseignements ultérieurs sur ces der-
niers cas d'empoisoanc.Tieuts portent à
attribuer l'action toxique a arie plante
autre que VAtractylis 1223
BOUSSINGAULT. — Sur un gisement de
platine signalé dans un filon de la pro-
vince d'Antioquia (Nouvelle-Grenade). . . 917
— Recherches sur les variations que l'eau de
la mer Morte semble subir dans sa com-
position n3o
— M. Boussingault e"st nommé Membre de la
Commission du concours pour le prix de
Statistique 991
— lit de la Commission du concours pour le
prix dit des Arts insalubres i'2.'\i
BOUT1GNY. — Note ayant pour titre : «Sur
le mouvement de rotation d'un corps à
l'état sphéroïdal autour d'un point fixe ». 693
BOUTRON et Bocdet. — Un prix leur est
accordé pour leur moyen de déterminer
la proportion des sels à base de chaux
dans les eaux des sources et des rivières
au moyen d'une liqueur savonneuse titrée
(concours pour le prix dit des Arts insa-
lubres de l'année it>55). ....... 141 et 3oo
BRACHET. — Lettre et Note concernant
l'aéronautique 49^ e' ^97
— Note sur des instruments d'optique 1075
— Note concernant la presse hydraulique. . . 1225
BRAME. — Sur la préparation et la conser-
vation des fumiers lo65
BRANUT, en présentant divers Mémoires
de Zoologie, en indique sommairement
le sujet 1249
BRAVAIS. — Rapport sur une Note de
M. Wils-Brown : «Nouvelle méthode pour
le calcul des distances lunaires observées
en mer » 4?4
— M. Bravais, en présentant, au nom de
til.Siljestrom, un volume intitulé : « Dis-
sertation sur des matières de physique et
de philosophie », donne une idée du con-
tenu de cet ouvrage 274
BRAVARD. — Conspectus de la faune fos-
sile de l'Amérique du Sud 885
BRETON (A.). — Lettre et Note concernant
une pile électrique de son invention des-
tinée à l'usage médical 356 et 53g
RRETON, de Champ. — Sur un passage de
Proclus qui a été indiqué récemment
comme se rapportant aux porismes ...... 4§°
n
MM. IV.-k.
BRETON, deCbamp. — Mémoires sur les con-
ditions auxquelles il faut satisfaire dans
la construction des appareils d'optiqua,
pour obtenir des images exemptes de
déformations fô$
— Théorie dos effets de la lentille simple em-
ployée comme objectif de chambre obscure
et comme bcsicle 542 et 741
— Sur la courbure des surfaces focales dans
le cas d'un objectif composé d'un nom-
bre quelconque de lentilles en contact,
traversé en son centre de figure par des
pinceaux oa faisceaux très-minces de
rayons 1 umineux 960
BRONGNIART est nommé Membre de la
Commission chargée de proposer le sujet
du grand prix des Sciences naturelles,
pour l'année 1857 13
— Et de la Commission du grand prix des
Sciences physiques de îojij (question
concernant les lois de la distribution des
restes organiques dans les terrains de sé-
diment) 829
BROWN (VVils-). — Nouvelle méthode pour le
calcul desdistances lunaires observées en
nier. (Rapport sur ce Mémoire; Rappor-
teur, M.. Bravais.) 4/4
BROWN-SEQUARD. — Recherches expéri-
mentales sur la production d'une affec-
tion eonvulsive, épileptiforme, h la suite
de lésions de la moelle épinière 86
— Le prix de Physiologie expérimentale lui
est décerné pour ses expériences concer-
nant la transmission des impressions
sensitives de la moelle épinière (con-
cours de i855) i37
— Lettre concernant une erreur typogra-
phique qui le concerne dans le Compte
rendu de la séance du 3 décembre i855. . 3oi
BRYAS (de). — Lettres concernant sa Note
sur les terres propres à la fabrication des
tuyaux de drainage 811 et 122Ï
BUISSON. — Considérations sur la lumière
et sur la vision 4->8
BURDJ.N. — Sur le calcul des effets des ma-
chines 9
BUSSY transmet un opuscule publié en 1754
par M. de Granle, sur des expériences
supposées analogues à celle par laquelle
M. Foucault rend sensible aux yeux le
mouvement de rotation de la terre 810
BDZAIR1ES.— Demande concernant un opus-
cule qu'il vient de publier sur l'agricul-
ture ie>8
( l3l2 )
«■• Pas«.
CADET, — Supplément à de précédente»
coininumcalions sur le choléra-morbu»
et sur la classification des corps naturels.
210, 344 et Uj'j
CAHOURS. — Recherches sur une nouvelle
classe d'alcools (encommunavecM. Hoff-
mann} 217
CANCALON. — Lettre concernant son Mé-
moire sur les modifications éprouvées par
le climat de l'Italie, de la France et de
l'Amérique 55i
CARAGUEL. — Observations sur certaines
habitudes des araignées en rapport avec
l'état de l'atmosphère 4^7
CARANZA. — Nouveau procédé de fixage
pour les épreuves photographiques au
moyen du chlorure acide de platine 344
CARENTIN. — Sur un procédé agricole uti-
lement employé en Algérie pour préve-
nir le développement de la maladie de la
vigne 637
CARMEINTREZ (l'abbé). — Nouvelle Note
relative aux moyens de prévenir l'inva-
sion du choléra-morbus 344 et 5l2
CARMIGNAC-DESCOMBES père. — Per-
fectionnement apporté à un procédé de
conservation pour les céréales. ... 44°
CARRÉ (Ch.). — Mémoire sur divers moyens
tendant à empêcher les déraillements sur
les chemins de fer 344
CARRÉRE. — Sur la production des anneaux
colorés par un procédé particulier, et sur
l'application de ce procédé à la forma-
tion d'un papier à couleurs changeantes. 689
CARRET. — Nouvel appareil pour le traite-
ment des fractures des membres 1 o3
CAS ASECA. — Observations pluviomélriques
faites à laHavane, du ier janvier iS55 au
ier janvier i85G G55
CASTORANI. — Son Mémoire intitulé : k De
la kératite et de ses suites », est présenté
et analysé par M. Cl. Bernard 1002
— Description et figure d'un ophthalmoscope. 1073
CATALAN. — Sur le calcul de la latitude par
la méthode de M. Babinet 287
— Note à l'occasion d'un théorème de M. Ser-
ret 1184
CAUCrTY. — Sur une formule très-simple
et très-générale qui résout immédiate-
ment un grand nombre de problèmes
d'analyse déterminée et d'analyse indéter-
minée 3(i0
— Note sur un théorème de M. l'uiseux.. .. CG3
mm. Pas„.
— Déclaration de M. Cauchy à l'occasion
d'une demande de Rapport adressée par
M. Passot ... 189
— M. Cauchy est adjoint à la Commission
chargée d'examiner un Mémoire présenté
par M. Gomcz de Sousa dans la séance
du 23 juin i85S 1175
CAYLEY est présenté par la Section de Géo-
métrie comme l'un des candidats pour
une place vacante de Correspondant. . . . 412
CAZEAUX. — Une récompense lui est accor-
dée pour son Mémoire sur la chloro-ané-
mie des femmes enceintes (concours
pour les prix de Médecine et de Chirurgie
de i855) i5i
CHACORN AC. — Découverte d'une nouvelle
petite planète faite à l'Observatoire de
Paris , le 1 1 janvier 1 856 3l
— Découverte d'une nouvelle petite planète
faite le S lévrier |85G (communication
de M. Le Verrier) 278
— Une médaille du prix d'Astronomie de la
fondation de Lalande lui est décernée
pour sa découverte de la planète Circè . . . 172
CHAMP1GNY. — Note sur un verglas singu-
lier observé dans les environs de Chàtel-
lerault ( Vienne) 2-5
CHANTREAU. — Effets du verglas dan» cer-
tains cantons du département des Deux-
Sèvres 276
CHAPOTEAU. — Sur un procédé employé
avec succès pour détruire les punaises. . . . 5a»
CHARLES (Mme). —Sur des appareils et pro-
cédés de son invention pour le blanchis-
sage à la vapeur libre et sans pression.. 586
CHASLES. — Remarques à l'occasion d'une
Note de M. Vincent sur la théorie des
parallèles 1 154 et 1240
— M.Chasles communique une Lettre que lui
a adressée M. Catalan, sur le calcul de la
latitude par la méthode de M. Babinet.. 287
— M. Cn«j/ej présente au nom de M. Babbaçe,
une Notice imprimée sur la machine à
calculer de M . Scheutz 798
CHATIN. — De l'existence et des caractères
de deux types symétriques, distinct» chez
les plantes diplostémones iî
— Sur les plantes aériennes épidendres; sur
la structure des racines des Orchidées. . 4°
— Sur Tordre des Cuscutacées 2G9
— Anatofnle des Cassylhacées 3ay
— Mémoire sur les genres Orohanche et l'he-
lipœa ...•»• 4"^
( i3i3 )
MM. ÎW«.
CHATIN.—Organographio des Orobanchéos. 79a
— Recherches expérimentales sur le pouvoir
d'absorption, par rapport à Peau, des
racines des plantes aériennes 8}i
— M. Chatin est présenté par la Section de
Botanique comme l'un des candidats pour
la place vacante par suite du décès do
M. de Mirbel 910
CHATONETt. — Mémoire sur les matériaux
à employer dans les constructions à la
mer ( en commun avec M . liivoi ) Mtg
CHALVEAU. — Nouvelles recherches sur la
question glycogénique. 1O0S
CHAZALLON. — Sur le mouvement des di-
verses ondes dont se compose la marée. 96G
— il. Chazallon est porté sur la liste des can-
didats qui peuvent être proposés pour la
place de géographe vacante au Bureau des
Longitudes, par suite du décès de M. Beau-
iemps-Beituprê 35^
— M- Chazallon prie l'Académie de vouloir
bien le comprendre dans le nombre des
candidats pour une place vacantode mem-
bre-adjoint au Bureau des Longitudes... 4&8
CHEVAL. — Mémoire intitulé : a Nouveau
procédé pour la conservation des bois-
sons au moyen de la pression du liquide
sur et par lui-même » 58g
CHEVALLIER (A.). — Emploi du phosphore
amorphe ; réclamation de priorité à l'oc-
casion d'uneNoledeMM.Or/i/aet/i/gou«. 272
— Sur le phosphore et ses préparations (en
commun avec M. O. Henry).... 34' ct 99^
CHEVREUL. — Rapport sur le concours pour
le prix relatif aux Arts insalubres pour
l'année i855 l4'
— Comparaison de l'analyse minérale avec
l'analyse organique immédiate, et consé-
quence qu'on en peut déduire pour établir
une méthode de cette dernière analyse.. 8j3
— Communication de M. Chevreul , en pré-
sentant, au nom de M. S. Julien, un Traité
de la fabrication de la porcelaine en Chine. 47°
— M. Chevreul, Membre delà Commission
chargée de répondre a une question po-
sée par M. le Ministre de l'Instruction
publique, concernant la découverte de la
soude artificielle , lit une Note dans la-
quelle il expose son opinion particulière
sur la question débattue 5?6
— M. Chevreul est nommé Membre de la
Commission administrative pour l'année
i85G 3
— Et. Membre de la Commission du concours
pour le prix dit des Arts insalubres 1241
CHIOZZA. — Sur la production artificielle de
l'essence de cannelle a.a
C. R., 1856, i« Semestre. (T, XLII.)
MM, P'gU.
CLAUZURE. — Réclamation à l'occasion
d'une Note de M. Leclerc , relative à l'ac-
tion des infusions végétales sur le sang
veineux fraîchement tiré de la veine 585
CLOQUET (J. ) présente un Mémoire de
M. Longet sur les liquides digestilsde l'é-
conomie animale 4$°
— M. Cloquet est nommé Membre de la
Commission du concours pour les prix
de Médecine et de Chirurgie.. . 1 i5S et iao3
COCHAUX. — Manomètre destiné à l'aire
connaître le degré de profondeur qu'un
bateau sous-tnarin ne doit pas dépasser. 746
COHENDT MARTIN. — Leltre concernant
un médicament composé dont il dit avoir
obtenu d'excellents résultats 811
COINZE. — Lettres concernant un livre in-
titulé : « Révélations des lois de la nature,
ou Science de la vraie physique». 1074 B' iaï4
COLLINS. — Leltre concernant une précé-
dente Note sur une question d'analyse
mathématique 355
COMBES. — Rapport sur un Mémoire de
M. l'hillipps, concernant le calcul de la
résistance des solides prismatiques sou*
mis à l'action d'une charge en mouve-
ment 3a5
— M. Combes est nommé Membre de la Com-
mission chargée de la rédaction du pro-
gramme pour le concours concernant le
Perfectionnement de la Navigation 37
COMP1NGT. — Lettres concernant un remède
de son invention pour la guérisou des
dartres 745 , 893 et «074
CORBON, écrit par erreur pour Courbon.
Voir à ce nom.
CORV1SART. — Une récompense lui est ac-
coraée pour ses recherches sur l'action
thérapeutique de la pepsine (concours
pour les prix de Médecine et de Chirurgie
de i855.) i53
COSTE. — Note sur l'empoissonnement des
eaux du bois de Boulogne 3i3
COUES (S.-E.). — Mémoire sur une variation
de la vélocité du soleil, qu'on a attribuée
à une oscillation du périgée solaire 739
COOLVIEK-GRAV1ER. — Bolide observé le
29févier i856 454
COURBON prie l'Académie de faire examiner
une collection qu'il a faite des plantes
croissant dans les environs de Montevideo. 4"
— Mémoire sur la flore des environs de Mon-
tevideo et de l'île de Saint-Gabriel jrji
COUTURIER. — Note sur l'emploi du tan
épuisé pour la fabrication de papiers ou de
carions convenables à diverses industries. 3g8
CRUVEILHIER. — Mémoire sur l'ulcère sim-
ple de l'estomac........... 81 et 4-1
17a
( i3i4 )
MM. Pages.
— M. Cruveilhier est présenté par la Section
de Médecine et de Chirurgie comme l'un
des candidats pour la place vacante par
suite du décès de M . Magendie 55a
CURATbURS DE L'UNIVERSITÉ DE
LEYDE (les) adressent, au nom des Uni-
Tersitcs néerlandaises et des Athénées
HM. WBM.
d'Amsterdam et de Deventer, un exem- '
plaire de leurs Annales pour l'année i85i-
i85î u33
CURTAULT. — Sur des moyens employés
par lui avec succès pour délivrer la vigne
de l'oïdium 1074 e' ,334
DANA adresse l'Atlas de son ouvrage sur les
Mollusques observés dans le voyage de
circumnavigation exécuté par ordre des
Etals-Unis d'Amérique dans les années
i838-i8^2 q7
DANGER (M11") demande et obtient l'autori-
sation de retirer quatre paquets cachetés
présentés par feu son père et par M. Flan-
din • 9°9
DARCY. — En présentant son ouvrage sur les
fontaines publiques de la ville de Dijon,
M. Élie de Deaumont donne, d'après la
Lettre d'envoi, une idée du travail rela-
tif à l'approvisionnement en eau de cette
ville iij6
DARESTE. — Une récompense lui est accor-
dée pour son travail sur les circonvolu-
tions cérébrales (concours pour les prix
■de Médecine et de Chirurgie de i855 ). . . 149
— Note sur l'encéphale de l'aptéryx 861
DARLU. — Sur les moyens de prévenir le
retour des grandes inondations Il43
DARONDEAU prie l'Académie do vouloir
bien le comprendre dans le nombre des
candidats pour une place vacante de Mem-
bre adjoint au Bureau des Longitudes. . 810
DAUSSE. — Note relative aux inondations. vi\i
DAUSSY présente à l'Académie la Table des
positions géographiques des principaux
lieuxdu globe, extraite de la Connaissance
des Temps pour i858 S18
— M. Daussy est porté sur la liste des candi-
dats qui peuvent être présentés pour la
place de géographe vacante au Bureau des
Longitudes par suite du décès de M. lieau-
temps-Beauprè 35?
— M. Daussy est désigné par la voie du scru-
tin comme le candidat qui sera présenté
en première ligne par l'Académie pour la
place vacante 37*
DECHARMES. — Fabrication d'une liqueur
alcoolique avec les tiges de VHelianihus
luberosus (topinambour) /J38
DECHEN. — Carte géologique de la province
Rhénane et de la province de Westphalie ;
M. Elie de Beaumont résume les rensei-
gnements fournis par cette carte 100
DECKEN. — Note intitulée : « Etudes du
fluide magnétique, de ses attributs et de
ses fonctions dans la nature» 5q8
'DEISS. — Mémoire sur l'emploi du sulfure de
carbone comme moyen d'extraction du
suif des os, de l'huile des graines oléagi-
neuses et pour le dégraissage des laines . 307
DELAFOND et Bourguignon demandent l'au-
torisation de reprendre un travail sur la
pathologie comparée de la gale 61
— Note sur un nouvel acarus du cheval pou-
vant transmettre la gale de ce solipède à
l'homme 341
DELAISTRE. — Sur la trisection de l'angle. 1075
DE LA JONQUIÉRE. — Sur un phénomène
atmosphérique, un bruit sans cause con-
nue, qui a été observé à Pau et dans les
environs 356
DE LAMOTTE-TARCHAND. — Mémoire
sur les aurores polaires ia56
DE LA RIVE (Atc. ) présente à l'Académie
le second volume de l'édition anglaise de
son ouvrage sur l'électricité 6ti
— Remarques à l'occasion d'une communica-
tion de M. Despreti sur cette question :
Le courant de la pile peut-il traverser
l'eau sans la décomposer? 710
DELAUNAY, en présentant un exemplaire
d'un Traitéde Mécanique ralionnellcqu'U
vient do publier, fait connaître le but
qu'il s'est proposéen écrivant cet ouvrage. 349
— M. Delaunay est nommé Membre de la
Commission appelée à décerner le prix
d'Astronomie (fondation Lalande) pour
l'année io56. .. I3û3
DELESSE. — Carte hydrographique souler-
raino de la ville de Paris 1307
DELFRAYSSÉ. — Note sur le traitement du
choléra épidémique 89
DELPECH. — Sur les accidents quedéveloppe
chez les ouvriers on caoutchouc l'inhala-
tion des vapeurs de sulfure de carbone.. 586
DE LUCA. — Sur le propylène iodé (en com-
mun avec M. Berthelot) a33
DEM ANDRE (l'abbé) transmet une demande
que l'auteur ne peut présenter dirtete-
ment, se proposant de concourir pour un
( i3i5 )
MM. l'agw.
des prix où Tune des condilions imposées
aux concurrents est de ne pas faire con-
naître leur nom avant le jugement de la
Commission ; 65?
DEMAY (V.-P.).— Une mention honorablo
lui est accordée pour son « Histoire do la
vil le de Bel levi Ile et de ses accroissements,
ou Examen des divers rapports de la ban-
lieucdc Paris avec la capitale» (concours
de Statistique pour l'année 1 855) i34
DENIS, de Commercy. — Nouvelles études
chimiques, physiologiques et médicales
sur les albuminoïdes qui entrent comme
principes immédiats dans la composition
des corps organisés 11^5
— M. Denis est présenté par la Section de Mé-
decine et de Chirurgie comme l'un des can-
didats pour une place vacante de Corres-
pondant 358
DESA1GNES. — Transformation de divers
acides organiques due à une action de
présence (Mémoire inscrit par erreur
sous le nom de Lassaigne) 49Î e^ 5-*4
— M. Desaignes est présenté par la Section do
Chimie comme l'un des candidats pour
une place vacante de Correspondant .... 699
DESLONGCH.AMPS (Ecdes). — Lettre à
M. Êlie de Beàumont sur le météore lumi-
neux du 7 janvier iN56 78
— Description d'un nouveau genre de coquil-
les bivalves fossiles (Eligmus), provenant
de la grande oolithe du département du
Calvados.. .' 51g
DESPEYKOUS est reconnu pour auteur d'une
Note sur les fonctions elliptiques d'abord
attribuée à feu M. Sturm, dans les papiers
de qui elle avait été trouvée 988 et 1087
DESPRETZ .— Quelques expériences sur cette
question : Le courant de la pile peut-il
traverser l'eau sans la décomposer? 707
— M. Desprelz demande que l'appareil em-
ployé par M. Ruhmkorjf pour mettre le feu
aux mines soit admis au concours pour le
prix dit des Arts insalubres 1 . . . 6 )4
— M. Desprelz présente un Mémoire de
M. Ga'ugain sur la force électromolrice
des piles dans lesquelles on emploie des
métaux amalgamés [fio
— M. Desprelz est élu Vice-Président en rem-
placement de M. Geqffroy-Saint-Hilaire,
qui, par suite du décès de M. Binet , est
appelé aux fonctions de Président i©43
— M. Desprelz est nommé Membrede laCom-
mission du grand prix des Sciences ma-
thématiques de 18Ï6 (question concer-
nant la théorie mathématique des phéno-
mènes capillaires) ia4l
DEVILLE. Voira SainteXlaire Deville,
UM. f.EC.
DE VRIJ rappelle une demande qu'il a précé-
demment adressée au nom de la Société
de Physique expérimentale do Rotterdam. 497
DIDION.— Dos lois de la résistance de l'air sur
les projectiles animés de grandes vitesses. 1048
DIEN. — Sur un bolide vu à l'Observatoire
impérial de Paris dans la soirée du 3 fé-
vrier i856. 337
DIRECTEUR DU JOURNAL LA SCIENCE
(le) prie l'Académie de vouloir bien le
comprendre dans le nombre des personnes
auxquelles elle accorde les Comptes rendus. 745
DOAT. — Pile construite sur un nouveau
principe 855
•.— Pile vol laïque à courant constant 969
DON ATI. — Observation faite à Florence de
la planète (3<)) 4ï)3
DONON. — Sur des couleurs à base de fer
destinées aux usages de la peinture. 698 et 909
DOSNON , écrit par erreur pour Donon. Voir
l'article ci-dessus.
DOYÈRE.— Lettre accompagnant l'envoi d'un
exemplaire de son Mémoire sur l'ensilage. 864
DOUBLET DE B01STH1BAULT. — Obser-
vation faite à Chartres du bolide du 3 fé-
vrier iS'iO 28a
DUBOIS. — Lettre écrite avec une encre de
sa composition supposée inaltérable.... 698
DUBRUNFAUT.— Note sur l'acide tarlrique. lia
— Note sur le sucre de lait. aaS
— Note sur la rotation variable du glucose
mamelonné de raisin 739
— Note sur l'inuline 8o3
— Note sur le sucre interverti 901
— Note sur la chaleur et la force mécanique.
produites parla fermentation vineuse.. 945
DUCHARTRE. — Recherches expérimentales
sur la respiration des plantes 3y
— Recherches expérimentales sur les rapports
des plantes avec l'humidité atmosphé-
rique. . ., 42$ e' 79°
— M. Duchartre est présenté par la Section
de Botanique comme l'un des candidats
pour la place vacante par suite du décès
de M. de Uirbel 910
DUCHENNE. — Recherches éleclrophysio-
logiques sur les fonctions des muscles
qui meuvent le pied 996
DUCHESNE. — Réclamation de priorité à
l'occasion d'un passage du Mémoire de
MM. Orjila et Rigout sur le phosphore
rouge et l'empoisonnement par le phos-
phore 4^7
DUCLAUX (Martin). — Histoire des épidé-
mies de lièvre muqueuse, de variole, de
rougeole et de coqueluche qui ont régné
en i855 dans quelques communes de l'ar-
rondissement de Villefraoche 6g3
I73..
( 1
MM. Pag«.
DDOOUIT. — Bemarques relatives au pro-
gramme de l'un des prix de Mathéma-
tiques proposés pour l'année i85(î 4Ia
— M. Dudouit demande à être compris dans
le nombre des candidats pour une place
vacante dans la Section de Géomrtt ie. . . 81 1
DUFOUR (Cb.) — Premierrosultatdesesob-
servations sur la scintillation des étoiles. 634
DUFRENOY prësenleun Mémoire de MM. M-
vot et Chatoney sur les matériaux em-
ployés dans les constructions à la mer.. 1119
DUHAMEL. — Du frottement considéré com-
me cause de mouvements vibratoires... 973
— Présentation du 1er volume des Eléments
de calcul infinitésimal de M. Duhamel... igo
— M. Duhamel est nommé, Membre d« la
Commission du grand prix de Sciences
mathématiques de i85G (question con-
cernant la théorie mathématique des phé-
nomènes capillaires) 124
DUHAMEL, de la Charente-Inférieure. —
Lettre concernant la mesure des solides
à forme géométrique S66
DUJAHDIN adresse une pièce à l'appui de ses
précédentes communications sur l'emploi
de la vapeur pour éteindre les incendies. 27
DUJAHDIN. — Observation d'œdème de la
glotte guéri par la trachéotomie g5r
DUMAS. — Rapport fait au nom de la Sec-
tion de Chimie en réponse à une question
posée par M. le Ministre de l'Instruction
publique, concernant la découverte de la
soude artificielle 553
— M. Dumas communique une Lettre que lui
a adressée M. Wôhler sur un moyen nou-
veau d'obtenir le silicium 48
— Et une Note de M. H. Sainte-Claire Deville
sur le silicium et sur la préparation du
fluorure d'aluminium 49
— M. Dumas présente une Note deM. Alphand
sur le forage du puits artésien de Passy. 33a
— Et une Note de M. Maumenè sur la con-
servation dujusde betterave par la chaux. 645
— M. Dumas est nommé Membre de la Com-
mission du concours pour le prix dit des
Arts insalubres I2j4i
DDMÉIUL. — Détermination spécifique d'un
poisson rapporté de Tanger par M. Le
Coat de Saini-Haouen ngo
— Considérations générales sur les classifica-
tions en histoire naturelle : exposé som-
maire du plan de Plein hyologie analytique. 1029
— Remarque faite au nom de la Commission
nommée pour une communication de
M. Schulise sur le développement des Pé-
tromyzons 5,0
— M. Duméril présente au nom de son fils
une « Description des reptiles nouveaux
3i6 )
MM. P.|tt.
ou imparfaitement connus de la collec-
tion du Muséum d'Histoire naturelle de
Paris, et remarques sur la classification
et les caractères de cette classe d'ani-
maux » 801
— M. Duméril est nommé Membre de la Com-
mission chargée de proposer le sujet du
grand prix des Sciences naturelles pour
l'année i85;. ... 12
— Et de la Commission du concours pour les
prix de Médecine et de Chirurgie de i856.
1 158 et iQo3
DUMÉRY.— Un prix lui est accordé pour son
appareil fumivore (concours pour le prix
dit des Arts insalubres de l'année i855). • 44
DU MONCEL. — Nouveau système d'horloge
électrique se réglant d'elle-même 5g3
— Nouveau système de relais rhéotomique
destiné à transmettre simultanément à
travers un même fil , une dépêche à plu-
sieurs appareils télégraphiques différents
placés en dehors delà ligne télégraphique. 697
DUPERREY est nommé Membre de la Com-
mission chargée de la rédaction du pro-
gramme pour le concours concernant le
Perfectionnement de la Navigation 37
DDPETIT-THOUAliS (l'Amiral) fait hom-
mage, au nom de l'auteur, Sir Edw. Bel-
cher, d'un exemplaire de la relation du
voyage aux régions arctiques exécuté sous
le commandement de cet officier 1257
DUPIN. — Rapport sur le concours pour le
prix de Slastitique de i855 123
— Remarques à l'occasion de la présentation
d'une Notice imprimée, de M. Bahbage,
sur la machine à calculer de M. Scheuts. 800
— M. Dupin est nommé Membre de la Com-
mission chargée de la rédaction du pro-
gramme pour le concours concernant le
Perfectionnement delà Navigation 37
— Et de la Commission du concours pour le
prix de Statistique 991
DUPLAY. — Analyse de deux Mémoires sur
l'appareil spermatique et sur le sperme. 58;
DURAND. — Note sur une subdivision pro-
posée pour le kilogramme 117
DUUIAU. — Recherches expérimentales sur
l'absorption et l'exhalation cutanées, etc.
( Analyse d'un ouvrage destine au con-
cours Montyon.) 5il et 55i
DUROCH12K. — Éludes sur la production
artificielle des minéraux et sur les consé-
quences qui en résultent pour la géologie. 85o
— Remarques sur les gîtes métallifères et sur
la disposition relative des cristaux de
quartz et de feldspath dans les roches
granitiques I25i
DDVIVIER. - Études sur les céréales 1173
( i3i7 )
E
MM. P«gM.
EI1RMANN prie l'Académie de vouloir bien
le considérer comme candidat pour une
place de Correspondant vacante clans la
Section de Médecine 3! I
— M. Ehrmann est présenté par la Section de
Médecine et de Chirurgie comme l'un
des candidats pour la place vacante de
Correspondant 358
ÉLIE DE BliAUMONT donne des nouvelles
satisfaisantes de la santé de M. de Gas-
parin 1229
— Remarques à l'occasion d'une communica-
tion de M. Alphand sur le forage artésien
pratiqué à Passy 336
— Communication relative aux marronniers
précoces des Tuileries 47'
— Remarques sur l'ensemble d'un travail de
M. Tchihatchef ayant pour ti tre : «Etudes
climatologiques sur l'Asie Mineure»... 786
— M. Élie du Beaumont présente des extrait»
de Lettres qui lui ont été adressées, con-
cernant le bolide du 3 février 281
— M. Élie de Beaumont met sous les yeux de
l'Académie des branches et lêtes d'arbres
rompues par l'action du vent sur ces ar-
bres chargés de verglas. Ces spécimens,
recueillis par M. A. de Campagne près
Châtellerault (Vienne), sont accompa-
gnés d'une Note de M. Champigny, notaire
à Châtellerault, et d'une Lettre de M. Chan-
treau sur les effets de ces verglas dans une
partie du Poitou et de la Vendée 2?4
— M. Élie de Beaumont signale deux récla-
mations adressées, l'une par M. Guey-
ton, l'autre par M. Zier, à l'occasion du
Rapport fait à l'Académie sur les procé-
dés galvanoplastiques de M. Lenoir Ç92
— M. Élie de Beaumont communique, d'après
sa correspondance privée, des extraits des
Lettres adressées par les auteurs dont les
noms suivent :
— M. de Humboldt, sur le voyage dans l'Inde
de M M . Schlaginlweil frères 611
— M. Eudes Deslongchamps, sur l'observation
faite à Caen du météore lumineux du
7 janvier i856 j8
— M.d'Abbadie, sur des observationsd'in-
clinaison de l'aiguille aimantée 612
— M. Valc, cléments elliptiques de la pla-
nète liai monta 091
— M. Gaudry, sur l'exploration du gîte fos-
silifère de Pikermi ( Allique) 191
— M. Pissis, sur l'orographie et la constitu-
ai!. P.6M.
tion géologique du Chili. — Sur les sys-
tèmes de soulèvement de l'Amérique du
Sud ''.iji et 3gi
— M. Jackson, sur la décomposition du sang
par le chloroforme 4 • '
— M. Terquem, sur une méthode proposée pour
le calcul des distances lunaires observées
en mer 5^1
— M. Wolf, sur l'ozone atmosphérique et
son importance pour l'état sanitaire d'un
pays 944
— Le P. Secchi, sur les anneaux de Saturne.
— Sur la configuration de certaines por-
tions de la surface lunaire (Lettre accom-
pagnant l'envoi d'une photographie de la
lune).. 282 et g58
— M. Rozet, sur le puits foré de Tamerna
(Algérie) 1258
— M. Elie de Beaumont signale des tableaux
météorologiques et autres documents scien-
tifiques, publiés périodiquement par l'ob-
servatoire météorologique de l'École po-
lytechnique de Lisbonne, sous la direction
de M. Dias Begado 2j, 492 et gSa
— M. Elie de Beaumont met sous les yeux do
l'Académie des feuilles de la carte géolo-
gique de la Prusse Rhénane, qu'il vient
de recevoir de M. de Dechen 100
— M. Elie de Beaumont signale parmi les
pièces imprimées de la correspondance
une Lettre de M. L. Beynaudt concernant
une réclamation de priorité élevée par
M. Stevenson relativement à l'application
de la réflexion totale au feux tournants. . 63g
— M. Élie de Beaumont appelle l'attention de
l'Académie sur un ouvrage de M. J. Ba-
rande ayant pour titre : « Un parallèle
entre les dépôts siluriens de Bohême et
de Scandinavie » Ibid.
— En présentant, au nom de M. l'ouriau ,
un exemplaire des « Etudes météorologi-
ques relatives au climat de la Saulsaie
(Ain) », M. Elie de Beaumont donne,
d'après la lettre d'envoi, une idée des
principaux résultats de ces observations. Ibid.
— M. Elie de Beaumont signale, parmi les
pièces imprimées delà correspondance,
un nouveau fascicule des Mémoires se rat-
tachantau relevé géologique de la Grande-
Bretagne ;3o
— A l'occasion d'une Note de M. Chaialton
sur le mouvement des diverses ondes dont
se compose la marée , M. Elie de Beau-
■II.
mont mentionne une pièce imprimée ap-
partenantàla correspondance de la rr.ême
séance, un Mémoire de M. Samuel Haugh-
ton sur les marées diurnes, solaires et lu-
naires des côtes d'Irlande g68
— En présentant un ouvrage de M. Darcy
sur les fontaines publiques de Dijon,
M. Elie de Beaumont donne, d'après la
Lettre d'envoi , une idée du plan de l'ou-
vrage 1176
— M. Êlie de Beaumont met sous les yeux de
l'Académie divers volumes des publica-
tions faites par l'Académie impériale des
Sciences de Vienne 49'
— M. Êlie de Beaumont fait hommage, au
nom des auteurs, des ouvrages suivants:
— Synopsis des roches paléozoïques de la
Grande-Bretagne; par M. Sedgwick loa
— Eléments de Géologie; par M. L.-R. Lecanu. 855
— Histoire des progrès de la Géologie depuis
■ 834, par M. d'Archiac, VIe volume. —
Mémoires de la Société Géologique de
France, Ve volume, ae partie. — Recher-
ches analytiques sur les surfaces annu-
laires à cône directeur, par M. -t. Rossi.. g5l
— Carte géologique de l'Europe; par MM. Ni-
col et Murchison 1066
i3i8 )
Page». MM. p.,,,.
— Recherches expérimentales et théoriques
sur les figures d'équilibre d'une masse li-
quide sans pesanteur; par M. 1. Plateau, 1241
— Histoire des découvertes arctiques ; par
M . Miniscalchi Erizzo 1257
— Percement de l'isthme de Suez ; par
M. Ferd. de Lesseps iq5t
— M. Êlie de Beaumont est nommé Membre
de la Commission chargée de proposer
une question pour suj?t du prix Bordin
de i856 (Sciences naturelles) 3j
— Membre de la Commission du grand prix
des Sciences physiques de i856 (ques-
tion concernant les lois de la distribution
des corps organisés fossiles dans les dif-
férents terrains sédimenlaires suivant
leur ordre de superposition) 829
ELUS, au nom de l' Administration du Mu-
séum britannique, remercie l'Académie
des Sciences pour l'envoi d'une nouvelle
série des Comptes rendus 51i
ELWART transmet des documents à l'appui
des précédentes communications de
M. Tironi sur le traitement du choléra-
morbus 210 et 552
EYSSARTIER. — Mémoire sur le traitement
du choléra-morbus a3
FAA DE BRUNO. — Sur les restes produits
par la recherche du plus grand commun
diviseur entre deux polynômes 4°7
FABRE. — Relation entre les inondations en
France et le siroco d'Afrique 1142
FAIRBAIRN. — M. Poncelet présente, au
nom de M. Fairhairn, un ouvrage inti-
tulé : « Renseignements utiles pour les
ingénieurs » 99
FAURE. — Recherches sur l'asphyxie 586
FERMOND. — Recherches sur le nombre
type des parties constituant les divers cy-
cles hélicoïdaux, et rapport qui existe
entre ce nombre et le nombre type des
diverses parties florales des Dycolylé-
dones 195
FIGUIER prie l'Académie d'admettre au
concours pour les prix de la fondation
Montyon ses deux ouvrages intitulés :
«l'Alchimie et les Alchimistes » et « Ex-
position et Histoire des principales dé-
couvertes scientifiques modernes» 587
— Analyse de son Mémoire sur l'origine du
sucre contenu dans le foie , et sur la pré-
sence normale du sucre dans le sang de
l'homme et des animaux 587
FILHOL. — Lettre concernant ses divers tra-
vaux relatifs à la composition chimique
et aux propriétés médicales des eaux sul-
fureuses des Pyrénées 588
FILIPPI (de). — Note sur un dispositif des-
tiné à établir, à un instant quelconque,
la communication entre toute personne
voyageant par chemins de fer et le con-
ducteur du train 3gg
FLOURENS. — Eloge historique de Leopotd
de Buch 172
— M. Flourens fait hommage à l'Académie
d'un exemplaire de l'Eloge historique de
Léopold de Buch, qu'il a prononcé dans
la séance publique du 28 janvier 349
— M. Flourens fait hommage à l'Academio
d'un exemplaire du 1er volume de ses
Eloges historiques 134a
— A l'occasion d'une communication de
M. /. Guérin sur la contraclilité tendi-
neuse, M. Flourens indique le résultat
de ses propres recherches relativement à
la sensibilité des tendons 411
— M. Flourens donne des nouvelles satisfai-
santes de la santé de M. de Gasparin...^. 1081
— M. Flourens annonce que M. Demidoff
( i3i
t. p.g«..
demande à être porté, en sa qualité de
Correspondant do l'Académie, sur la liste
de l'Institut, pour la souscription au pro-
fit des inondés laoî
M. Ftourens présente au nom de M. Rayer,
président de la Société de Biologie, un
exemplaire des Mémoires de cette So-
ciété an
M. Flourens présente, au nom de M. Duha-
mel, le Ier volume de ses «Eléments de
calcul infinitésimal » 190
M. Flourens communique l'extrait d'una
Lettre de M. Girard, de Washington,
accompagnant l'envoi d'un ouvrage inti-
tulé : « La vie au point de vue physique ». 5i4
M. Flourens appelle l'attention de l'Acadé-
mie sur une publication de la Société
d'Hydrologio médicale de Paris 345
M. Flourens présente, au nom de l'auteur,
un exemplaire du Rapport adressé à l'Em-
pereur par M. le Maréchal Vaillant, Mi-
nistre de la Guerre, sur la culture du
colon en Algérie 694
M. Flourens présente un Mémoire adressé
du Venezuela (Amérique du Sud), par
M. Bcaupcrthuy, concernant les causes
du choléra- morbus, de la fièvre jaune et
des fièvres de marais 692
M. Flourens présente, au nom des auteurs,
les ouvrages dont les titres suivent :
Histoire des épidémies du nord de l'A-
frique ; par M. Guyon 345
Expériences sur les plantes épiphyles , et
conséquences qui en découlent relative-
ment à la culture de ces plantes; par
M. Duchartre 5>4
Traité de Photographie théorique et pr«-
tique; par M. Van Monckhoven Gg5
La conquête d'Alger; par M. Nettement.. 696
- Lois générales de divers ordres de phéno-
mènes dont l'analyse dépend d'équations
linéaires aux différences partielles ; par
M. Ménabréa 696
• Lettre de MM. Beaumont et Mayer à l'oc-
casion du Rapport fait dans la séance du
ai avril i856, sur leur appareil pour
produire de la vapeur au moyen du frot-
tement 80a
• M. Flourens est nommé Membre de la Com-
mission chargée de proposer le sujet du
9)
MM. Pige»,
grand prix des Sciences naturelles pour
l'année 1807 1%
— Membre de la Commission chargée de pro-
poser une question pour sujet du prix
Bordin de i856 (Science* naturelles).. . . 37
— ■ Membre des Commissions des deux grands
prix des Sciences physiques pour i856
(question concernant la répartition des
restes organiques fossiles dans les diffé-
rents étages de3 terrains de sédiment; —
question concernant les métamorphosai
et la reproduction des infusoires) 8ao
— Membre de la Commission du concours
pour les prix de Médecine et de Chirur-
gie-- i!58etuo3
— Et delà Commission du concours pour le
prix de Physiologie expérimentale iao3
FOISSAC. — Une récompense lui est accor-
dée pour son « Traité de la Météorolo-
gie dans ses rapports avec la Médecine et
l'Hygiène publique» (concours pour les
prix de Médecine ctde Chirurgie de i855). i53
FOLLIN. — De la cryptorchidie chez l'homme
et les principaux animaux domestiques
(en commun avec M. Goubaux). 5/(o et io65
FONSSAGRIVES. — Analyse de son Traité
d'hygiène navale 588 et 810
FORGET est présenté par la Section de Méde-
cine et de Chirurgie comme l'un des can-
didats pour une place vacante de Corres-
pondant 358
FOUCAULT. — Etudes sur l'emploi des ap-
pareils d'induction ; — effets des machines
multiples 2|5
FOORNET.— Aperçus relatifs à la théorie des
gites métallifères l°Çf}
FRANCK. , comme fondé de pouvoirs de
M. de Leuenstern , demande et obtient
l'autorisation de reprendre un Mémoire
de cet auteur sur les nombres polygo-
naux 3oo
FRANCONI. — Exposition d'un système ten-
dant à augmenter les ressources alimen-
taires de la France gg6
FRANCQ(de). — De la formation et de la
répartition des reliefs terrestres
378, 535 et io54
FROHLICH. — Note sur la structure des ra-
cines des Orchidées épidendres ; remar-
ques adressées a l'occasion d'une commu-
nication de M. Chatin 636
GALLO. — Lettre concernant l'ouvrage qu'il
publie sous le titre de « Introduction à
la Mécanique et à la Physique » 910
GAND(Ed.). — Expériences faites avec un
pendule désigné sous le iroin do pendule
irrigateur 355, 44°j tr- ' el
5ç)7
( i3
MM. ,. Pa;c>.
GARCIN. — Surdes cas de typhus observés à
Neufchâteau (Vosges), chez des soldats re-
venant de Crimée 1 171
GARIEL. — Sur les variations anatomiques
et pathologiques du poids de l'utérus. . . . 536
— Sur la literie des hôpitaux et des casernes. 586
GASPARIN (de). — Note sur un fait relatif
à la culture de la garance 8|3
— M. de Gasparin est nommé Membre de la
Commission du concours pour le prix de
Statistique i);)i
GAUDRY. — Sur le tremblement de terre qui,
en août i853 , a renversé la ville lie
Thèbes 24
— Sur l'exploitation du gite fossilifère de
Pikermi ( Attique) 391
GAUGAIN. — Note sur les soupapes élec-
triques 17
— Note sur la force électromotrico des piles
dans lesquelles on emploie des métaux
amalgamés ] 3o
— Note sur les propriétés électriques de la
tourmaline 1264
GADT1ER. — Lettre relative à se* précé-
dentes communications sur la numéra-
tion duodécimale 3oi
GAY (Cl.). — Fragments de géographie bo-
tanique du Chili SjO
— M. Gay prie l'Académie de vouloir bien le
comprendre dans le nombre des candi-
dats pour une place vacante dans la Sec-
tion de Botanique 311
— M. Gay est présenté par la Section do
Botanique comme l'un des candidat;
pour la place vacante Qio
— il. Gay est nommé Membre de l'Académie,
en remplacement de M. de Mirbel g3i
— Décret impérial confirmant sa nomination. 1021
GAY ( J.-B. ). — Prix fondé par Mme la Mar-
quise de Laplace, accordé à M. J.-B, Gay,
sorti le premier de l'Ecole Polytechnique,
le 20 septembre i85ï 137
GEOFFROY- SAINT - H1LAIRE (Isid. ) —
Communication à l'occasion de la pré-
sentation d'un nouvel oeuf d'Epyornis. . . 3i5
— Remarques au sujet d'une communication
de M. Joly, sur deux nouveaux genres té-
ratologiques , les genres Ischiomèle et
Agnalhocéphale 3^3
— M. Geoffroy - Saint - Hilaire présente un
opuscule allemand de M. Bekker, sur les
appendices cornés existant à l'extrémité
de la queue de divers mamrnitères, et ac-
compagne celte présentation de quelques
remarques 345
— M. Geqffroy-Sainl-Hilaire présente , au
nom de l'auteur, 7)1.' P. de Tchihatchef,
une Noie sur la chèvre d'Angora 346
20 )
— M.Geoffroy-Saint-Hilaire est nommé Vice-
Présidentdel'Académiepourl'année i856. 1
— M. Geqffroy*Saint-Hilaire annonce, en sa
qualité de Vice-Président , la maladie,
puis la mort de M. Binel 873
— Par suite de ce décès, M. Geqffioy-Saint-
Hilaire passe aux fonctions de Président,
qu'il remplira jusqu'à la fin de décem-
bre 18.57.. io43
— M. Geoffroy -Saint-Hilaire rend compte des
obsèques de M. Binel, dans lesquelles
MM. Lamé etCauchy ont parlé au nom de
l'Académie gi3
— M. Geoffroy -Saint- Hilaiire est nommé
Membre de la Commission chargée de
proposer le sujet du grand prix des
Sciences naturelles, pour l'année 1857.. 11
— Et de la Commission chargée de proposer
une question pour sujet du prix Bordin
de i85G (Sciences naturelles) 37
— M. Geoffroy -Saint - Hilaire est nommé
Membre de la Commission du concours
pour le grand prix des Sciences physiques
de i856 (question concernant les lois de
la distribution des corps organisés fossiles
dans Us divers étages de terrains séili-
mentaires) 82g
GERHARDT est présenté par la Section de
Chimie comme l'un des candidats pour
une place vacante de Correspondant. . . . 699
— M. Ocrhardt e6t nommé Correspondant de
l'Académie, en remplacement de M. Bra-
connot 7^5
— M. Gerhardt adresse ses remercîments à
l'Académie 798
GERMAIN DE SAINT-PIERRE.— De la di-
rection ascendante considérée comme ca-
raclèi •(• distiuctif des tiges ; observation»
de liges présentant normalement la di-
rection descendante 4'J
— Deuxième série d'observations sur la di-
rection descendante de certaines tiges :
bulbes descendants du Muscari comosum,
de VAgraphis nutans et de l'A. campanulata. 833
— M. Ceimain de Saint-Pierre fait hommage
à l'Académie des deux premières livrai-
sons d'un ouvrage qu'il publie sous le
titre de « Archives de Biologie végétale ». 837
— M. Germain de Saint-Pierre prie l'Aca-
démie de vouloir bien le comprendre
dans le nombre des candidats pour une
place vacante dans la Section de Botani-
que, et adresse une Notice sur ses tra-
vaux botaniques '4
— M. Germain de Saint-Pierre est présenté
par la Section de Botanique comme l'un
des candidats pour la place vacante par
suite du décès de M. de ilirbel 910
( i3a
■H. l'uges.
GERVAIS. — Documents pour servir à la mo-
nographie des Chéiroptères de l'Améri-
que du Sud 547 et. 5go
— Sur trois espèces de Dauphins qui vivent
dans les régions du haut Amazone S06
GEZ. — Lettre concernant la composition des
eaux minérales de Sainte-Marie-de-Sira-
dan (Haute-Garonne) j8
GIANOTTI. — Résolution numérique de di-
vers problèmes de géométrie et de trigo-
nométrie 855 et 1018
GIARD1NI. — Sur un aimant temporaire ob-
tenu au moyen de la seule action du ma-
gnétisme terrestre 2^3
GINTRAC — Note sur un monstre esencé-
phalicn ( pleurencéphale ) 1064
— M. Gintrac est présenté par la Section de
Médecino et de Chirurgie comme l'un des
candidats pour une place vacante de Cor-
respondant 358
GIRARD. — Note sur l'identité des acides
nitrohématique et picramique 5n
GIRARD, de Washington. — M. Flourens , en
présentant un ouvrage de ce médecin,
communique, d'après la Lettre d'envoi,
une observation relative à la structure de
la fibrine du caillot sanguin 5i4
GIRARD DE VALBONNE. — Lettre concer-
naut son ouvrage sur l'origine, la marche
et lo traitement du choléra épidémique. . 6a
G1RADDET. — Une mention honorable lui
est accordée pour sa « Statistique de la
ville de Tours, ou Recherches historiques
et statistiques sur le mouvement de sa
population depuis i63a jusqu'en 1847 "
(concours de t855) i35
G1RAULT (Cb.)— De la résistance de l'air
dans le mouvement oscillatoire du pen-
dule : principe d'un nouvel anémomètre. 5n
GODARD. — Analyse de ses recherches sur
les monorchides et les cryptorchides chez
l'homme 637
GOETZE. — Sur la position géographique de
quelques lieux dans le sud de l'Algérie.. 399
GOLDSCHMIDT. — Une des médailles de
la fondation Lalande lui est accordée pour
sa découverte de la planète Atalante.. . . 122
— M. Goldschmidt adresse ses remercîments
à l'Académie 3oo
— Découverte de la 40e petite planète faite à
Paris, le 3i mars i856 638
— Découverte faite le aï mai i856 d'une nou-
velle petite planète 1001 et 1067
— M. le Verrier annonce que M. Goldschmidt
a fait sur une étoile variable une suite
d'observations propres à en déterminer
la période A 441
C. R., 1856, 1» Semestre. (T.XLII.)
I )
GOMEZ DE SOUZA. — Addition à un pré-
cédent Mémoire sur la détermination des
fonctions inconnues qui rentrent sous le
signe d'intégration définie 1 119 et 1219
GOUBAOX. — De la cryptorchidio chez
l'homme et les principaux animaux do-
mestiques ( en commun avec M. Follin)..
540 et io65
GOUJON. — M. Le Verrier communique un
travail de MM. Liais et Goujon, relatif
à la détermination des éléments magné-
tiques à l'Observatoire impérial de Paris. 74
CHANGEZ (E.). — Une mention honorable
lui est accordée pour son n Précis histo-
rique et statistique des voies navigables
de la France » (concours de i855) i34
GRELLON. — Tableau des observations mé-
téorologiques recueillies à Constantinople
en i855 5^3
GROS. — Lettre relative à un travail adressé
par lui pour un concours 356
GRUN. — Sur l'emploi des vapeurs d'acide
sulfureux contre la teigne faveuse de
l'homme etcontrela muscardine des vers
à soie * a38
GUÉRIN-MÉNEVILLE. — Lettre accompa-
gnant l'envoi d'un exemplaire du « Guide
de l'éleveur de vers à soie 11, ouvrage qu'il
a publié en commun avec M. E. Bobert. 1188
GUEJUN (J.). — Mémoire sur la conlractilité
tendineuse ^(j
— M. /. Guerin est présenté par la Section de
Médecine et de Chirurgie comme l'un des
candidats pour la place vacante par suito
du décès de M. Magendie 552
GUEYTON. — Réclamation de priorité à l'oc-
casion d'un Rapport fait dans la séance du
3 mars i856, sur les procédés galvano-
plas tiques de M. Lenoir £na
— Note relative à ses procédés de moulage
galvanoplastique, adressée à l'appui de la
précédente réclamation 5ll
— Lettre sur un moyen d'obtenir, d'une
épreuve photographique sur verre ou sur
métal, une gravure à l'eau-forte suscep-
tible de donne des épreuves en taille-
douce 6g4
GU1LLON , écrit par erreur pour Guyon.
Voir à ce nom.
GUINON. — Delà présence de la chaux dans
la soie, et de ses inconvénients dan»
l'opération du décreusage j3q
GUÏON. — Empoisonnements causés par
certains poissons dans les pays tropicaux. 34o
— M. Guyon est présenté par la Section de
Médecine et de Chirurgie comme l'un
des candidats pour une place vacante do
Correspondant 35g
.73
( l322 )
Page»
M. Guyon est nommé Correspondant de
l'Académie, Section de Médecine et de
Chirurgie, en remplacement de M. Pru-
nelle
378
MU. Paie».
— M. Guyon adresse ses remercîmenls à l'A-
cadémie 5|3
GUYOT. — Note sur l'anesthésie du sens du
goût it43
H
HAIDINGER remercie l'Académie qui l'a
nommé un de ses Correspondants pour la
Section de Géologie 24
HANNOVER. — Une récompense lui est
accordée pour l'ensemble de ses re-
cherches sur l'anatomie, la physiologie
et la pathologie de l'oeil ( concours de
i85ri) '47 et 441
HANSOTTE. — Lettrée meernant un remède
contre le choléra dont il a envoyé précé-
demment un échantillon 344
HEDOUVILLE (de) obtient l'autorisation de
reprendre des pièces précédemment pré-
sentées, concernant une invention desti-
née à prévenir les déraillements sur che-
mins de fer I274
HENRY et Fils. — Lcilre sur le rouge turc. 1199
HENRY (O.). — Sur le phosphore et ses pré-
parations (en commun avec M. A. Che-
vallier ) 341 et 99G
HERMITE est présenté par laSection de Géo-
métrie comme l'un des candidats pour la
place vacante par suite du décès do
M. Sturm jlfî
HERPIN (Cb.). — Analyse de son Mémoire
sur le chlorate do potasse, comme spéci-
fique contre la salivation mercurielle. .. G38
HERPIN. — Sur la conservation du blé dans
les silos souterrains ]'• j
— Des causes commerciales et administra-
tives de l'insuflisance ou de la surabon-
dance périodique de la production du blé
en France 584
HESSE adresse une collection de champignons
imités en cire coloriée , et décrits par
MM. Bùchner et Kirsch 116
HESSE. — Remarques concernant l'extrait
qui a été donné dans les Comptes rendus
de son Mémoire sur les Ancées 4->8
HOFFMANN. — Recherches sur une nou-
velle classe d'alcools (en commun avec
M. Cahours ) 217
— Note sur le bromure de titanium 35a
HOMBRES-F1RMAS (d'). — Observations
sur le Pecten glaber 612 et 874
HOUSEL. — Solution trigonométrique delà
méthode de M. Babinet pour la détermi-
nation des latitudes io3
HOART. — Figure et description de sa ma-
chine pour lo moulage des pâtes céra-
miques 45
HOETTE. — Tableau des observations mé-
téorologiques faites à Naites pendant
l'année ib.')5 1224
HUMBOLDT.— Sur le voyage dans l'Inde de
Mùl.Schlagintweit frères ; Lettre à M. Élie
de Bcauniont. 611
HUTIN. — Lettre accompagnant l'envoi de
quatre nids d'hirondelle salangane 745
ISAMBERT. — Analyse de ton Mémoire sur l'emploi thérapeutique du chlorate de potasse 8g3
JACKSON. — Analyse chimique du sang
d'une femme morte à la suite de l'inha-
lation du chloroforme 4' '
JACQUART. — De l'appareil circulatoire
sanguin chez le serpent Python 1 ia5
JAMIN, — Description d'un nouvel appareil
rta recherches, fondé aur les interférence», 4,82.
ÏEANJEAN. — Note sur l'huile essentielle
contenue dans l'alcool de garance 857
JOBARD. — Explosion foudroyante survenue
aGand, le 17 mai i856 ioi5
— Remarques à l'occasion d'une communi-
cation de M. Rouget sur l'appareil d'adap-
tation de l'ouil ches les Vertébrés. , . , . . 1072
( i3a3 )
Page»
JOBERT, di Lawialle. — Mémoire sur les
propriétés ilu i issu cicatriciel et l'appli-
cation de l'autoplastic aux brides. 476
— M. Jobert est présenté par la Section de
Médocine et de Chirurgie comme l'un des
candidats pour la place vacante par suite
du décès de M. Magendie 55a
— M. Jobert est nommé Membre de l'Acadé-
mie, Section de Médecine et de Chirur-
gie 5;8
— Décret impérial confirmant sa nomination. 6o5
— M. Jobert est nommé Membre de la Com-
mission du concours pour les prix de
Médecine et de Chirurgie i58 et i2o3
JOIRE. — Lettre et Note concernant son ou-
vrage intitulé: « Études sur la circula-
tion » u.'ii et 1219
MM. PagM.
JOLY. — Sur deux nouveaux genres tératolo-
giques, les genres Ischiomèle et Agnatho-
eéphale 34a
JOMAUD présente, au nom de M. Ferdimn.û
de Lesseps , une carte de l'isthme de
Suez 45
— M. lomard transmet un tableau des cour-
bes représentant les phénomènes de l'at-
mosphe e dans l'océan Atlantique, par
M. Slaurr, do l'observatoire de Washing-
ton.'. 54 1
JULIEN (Stanislas). — M. Chevreul entre-
tient l'Académie d'un ouvrage chinois sur
la porcelaine traduit par M. Stanislas Ju-
lien et annoté par M. Salvétat 47°
JULLIEN. — Mémoire sur le mouvement de
la terre autour de son centre de gravité. . M
KELLER prie l'Académie de vouloir bien le
comprendre dans le nombre dos candidats
pour une place vacante de Membre ad-
joint au Bureau des Longitudes 49^
K.LINK.ERFUES. — Observations faites à
Gcettingue de la planète (3g) 58g
— Observations méridiennes des planètes
Le du et Lœlitia 638
KNAPP. — Opuscule sur le scorbut des nour-
rices, ou anémie puerpérale 588
KOENIG. — Lettre concernant son Mémoire
sur la curabilité de lapbthisie '2 p
KOPP. — Note sur la préparation et les pro-
» ' prictés de l'acide arsénique 1060
KOR'ÏLSKl.— Sur la possibilité de connaître
d'avance la constitution météorologique
d'un canton à une époque donnée, n'i'iet 1224
KUHLMANN (F.). — Note sur la produc-
tion artificielle et par voie humide d'ar-
gent chloruré; sur 'liverscs épigénies
par réduction d u\> iks ou de sels métalli-
ques naturels 3^4
— Études théoriques et pratiques sur la fixa-
tion des couleurs dans la teinture. G73 et 711
KUHN. — Observation faite à Niederbronn
(Bas-Rhin) du bolide du 3 février i856.. 281
K.UMMER est présenté par la Section de Géo-
métrie comme l'un des candidats pour
une place vacante de Correspondant 41 x .
EABORDE ( l'abbé). — Interrupteur à double
effet et perfectionnements divers appli-
qués à l'appareil de Ruhmkorff 996
LABOORDETTE. — Lettre concernant les
moyens d'obtenir un lait médicamenteux
sans nuire à la santé des animaux qui
fournissent ce lait 597
LACHAVE. — Transport sur vélin d'une
écriture tracée sur papier. ( Rapport sur
cette invention ; Rapporteur M. Seguier.) 36
LACOMBE. — Des courants induits considé-
rés relativement à leur pouvoir chimique;
application à l'électricitéemployéecomme
force motrice Ii3i
L'AIGLE DES MASURES. — Note sur u»
moyen de faire monter et descendre à vo-
lonté les ballons sans perle de lest et sans
perte de gaz 5i2
LAIGNEL. — Réclamation adressée à l'occa-
sion d'un Mémoire de M. Perreul sur un
frein pour les ehemins de fer 89»
LAMARUE-PICQUOT. — Emploi thérapeu-
tique de l'acide arsénieux contre les con-
gestions apoplectiques 8;)2
LAN DOIS. — Lettre concernant une décou-
verte qu'aurait faite l'auteur relative- "^
ment aux causes de la coloration des corps. i#8q
LARTIGUE. — Sur les tempêtes, les coups
de vent et les orages dans la partie de la
Méditerranée comprise entre les côtes de
France et celles de l'Algérie Ul^
LASSAIGNE. — Des caractères chimique»
173..
( î
"*• p.g„.
que présentent les vins rouges additionné»
d'alun, et application de ces caractères à
la constatation de petites quantités de ce
sel introduites dans le vin 4'0
LAUGIhR. — Rapport sur le concours pour
le prix d'Astronomie de iH5:> 121
— Note sur quatre observations de la décli-
naison magnétique faites à Paris en 18.Î4
sur le contour de l'enceinte continue.
Comparaison de ces observations avec
différentes déclinaisons mesurées en i855
à l'Observatoire impérial 173 et 3o5
— Réponse aux remarques faites, a l'occasion
deceitocommunication, par M. Le Verrier. o.5-j
— M.Laugier est nommé Membre de la Com-
mission du prix d'Astronomie (fondation
de Lalande) pour l'année i856 1203
LAUGIER (Stanislas). — Note sur une opé-
ration de périnéographie suivie de com-
plète guérison qj8
— M. Laugier est présenté par la Section de
Médecine et de Chirurgie comme l'un des
candidats pour la place vacante par suite
du décès de M. Magendie 55a
LAURE. — Sur certains faits qui sembleraient
indiquer un exhaussement graduel du ni-
veau de la mer 3oo
LACRENT. — Note sur un procédé d'aiman-
tation par condensation 585
LAVALLEE. — Note sur des canaux d'infil-
tration à exécuter dans le but de prévenir
les inondations 1223
LECADRE. — Sur un météore lumineux ob-
servé au Havre le 7 janvier i856 61
LECHEVALL1ER. — Note sur la direction
des aérostats 997 et ii3î
LE CLERC. — Effets produits sur le sang vei-
neux par différentes infusions végétales. . 456
— Nouvelles recherches sur le même sujet;
réponse à une réclamation de M. Clauzure. 690
— Recherches concernant les 'substances qui
agissent sur le sang veineux; action du
cby'e 798
— Lettre accompagnant l'envoi d'un opus-
cule intitulé : « De la médication cura-
tive du choléra asiatique » 909
LE COAT DE SAINT-HAOUEN. — Lettre
concernant l'ornithologie du nord de l'A-
frique. — Poisson de l'ordre des Plecto-
gnathes venant de Tanger 970
— M. Le Coat demande k l'Académie des in-
structions qui puissent le diriger dans les
recherches d'histoire naturelle qu'il se
propose de faire pendant son séjour dans
le Maroc ,0-3
LECOT. — Lettre concernant une précédente
communication sur l'éducation des sourds-
muet 1223
3^4)
LEFORT ( J. ). — Etudes chimiques du cham-
pignon comestible, suivies d'observations
sur sa valeur nutritive go
LEGENDRE. — Anatomie omalographiquc
donnant les positions respectives des or-
ganes telles que les montrent des sections
pratiquées sur le cadavre soumis à la con-
gélation 586
LEGRAND. — Note sur le calcul de la cha-
leur latente des vapeurs aiî
LEGRA1SD. — Lettre concernant ses recher-
ches sur l'ablation des tumeurs au moyen
des caustiques .... 1273
LEHMANN. — Une récompense lui est accor-
dée pour son « Traité de Chimie physio-
logique » ( concours pour les prix de Mé-
decine et de Chirurgie de i855).. 149 et 346
LEJEUNE-DIRICHLET présente des obser-
vations de la planète (3g), faites à l'obser-
vatoire de Gottingue par M. Klinkerfues. 58g
— Et des observations méridiennes des pla-
nètes Lé.da et Lœiilia , faites à Gottingue
par M. Klinkerfues 638
LEMONNIER DE LA CHENNAÏE. — Note
relative à une machine à vapenr construite
par M. Sauvage, dans laquelle la chaudièra
est alimentée par l'eau résultant de la
condensation de la vapeur u0
LEP»OIR. — Communications de M. Babinet
relatives aux moulages galvanoplastiques
de M. Lenoir 263
— Rapport sur un perfectionnement apporté
par M. Lenoir à la reproduction des ron-
des bosses par la galvanoplastie; Rap-
porteur M. Becquerel 4'5et 618
— M. Becquerel dépose un Mémoire dans le-
quel M. Lenoir a décrit ses procédés gal-
vanoplastiques 6at
LE PLAY. — Le prix de Statistique lui est ac-
cordé pour son ouvrage intitulé : '< Les
Ouvriers européens » 123 et 399
LEROY, d'Étiolles. — Lettre accompagnant
trois Mémoires imprimés relatifs au
moyen d'extraire de la vessie les corps
étrangers autres que les pierres ou leurs
débris 588
LESECQ. — Sur la nature des astéroïdes et
sur les effets que peut amener leur en-
trée dans l'atmosphère terrestre 1224
LESSEPS (Ferd. de) adresse une série d'é-
chantillons provenant des sondages exé-
cutés dans l'isthme de Suez, et diverses
pièces manuscrites, cartes et plans se
rapportant au canal projeté entre Suez
et Péluse n63
LESTIBOUDOIS est présenté par la Section
de Botanique comme l'un des candidats
( 132
M*. Page».
pour la place vacante par suite du décès
de M. de Mirbel 910
LETELL1ER. — (Effets de l'inhalation des
vapeurs d'essence de térébenthine 243
LETELLIER prie l'Académie de vouloir bien
lui accorder la parole pour présenter un
exposé de sa Théorie du langage. . , 4^8
LEVEAU. — Lettres et Note relatives a une
précédente communication sur le traite-
ment du choléra-morbus 210, 997 et 1 189
LE VERRIER. — Communication relative à
un travail de MM. Goujon et Liais pour
la détermination des éléments magnéti-
ques à l'Observatoire impérial de Paris. 74
— Remarques à l'occasion d'un Mémoire de
M. Laugier sur des observations de la dé-
clinaison magnétique faites à Paris en
i854 25o
Réponse à M. Laugier dans le cours de la
discussion sur le sujet de la déclinaison
magnétique 3io
— Sur le changement qu'éprouve la boussole
dans sa direction lorsqu'on la transporte
d'un point à un autre de la terrasse de
l'Observatoire impérial de Paris 36l
— Résultats obtenus au moyen d'instruments
magnétiques enregistreurs, établis à l'Ob-
servatoire de Paris par M. Liais 749
— Sur un système régulier d'observations
météorologiques établi en France par les
soins de l'Administration des Télégraphes
et de l'Observatoire de Paris 1039
M. Le Verrier annonce que le Bulletin mé-
téorologique des divers points de la France,
recueilli par voie télégraphique, sepublie
chaque jour dans un journal du soir 1229
— M. Le Verrier annonce la découverte d'une
nouvelle petite planète laite à l'Observa-
toire impérial par M. Chacornac dans la
soirée du 12 janvier i856 3l
— M. Le Verrier annonce la découverte d'une
petite planète faite à l'Observatoire im-
périal de Paris, par M. Chacornac, le
8 février i856. — Observations de cette
planète. — Observations faites à Liver-
pool de la planète du 12 janvier i855
( Lida ) a; 8
— M. Le Verrier annonce que le nom de
Laetitia a été donné à la planète décou-
verte par M . Chacornac, le 8 février 1 856. 5oi
— M. Le Verrier présente des observations de
la planète (39), faites à Vienne par M. Lit-
trow, et à Florence par M. Donati 493
— M . Le Verrier présente les éléments et une
éphéméride de la planète Léda calculés
par M. Pape 5go
— M. Le Verrier annonce la découverte de la
5)
MM. F«Ç'«.
planète (4o), faite à Paris le 3r. mars par
M. GoUschmidl 638
— M. Le Verrier annonce que, chargé par
M. Goldschmidt, auteur de la découverte
de la planète (/|0), de donner tin nom à
cet astre, il Va nommé Harmonia 817
— Le Verrier communique les éléments de
l'orbite de la planète Amphitrite et l'éphé-
méride pour l'opposition de 1856, par
M. Yvon Villarceau 998
— M. Le Verrier annonce la découverte de la
planète (41) parM.H. Goldschmidt 1001
— M. Le Verrier annonce que la planète (4»)
découverte par M. Goldschmidt a reçu le
nom de Daphné 1729
— M. Le Verrier annonce que la planète (42)
a été découverte à Oxford le 23 mai par
M. Pogson 11 07
— M. Le Verrier annonce que M. Goldschmidt
a fait sur une étoile variable une suite
d'observations propres à en déterminer la
période 441
— M. Le Verrier communique une observa-
tion du bolide du 3 février, faite à l'Ob-
servatoire par M. Besse-Bergier 179
— Note à l'occasion dune Lettre de M. Valt
sur le degré d'approximation à donner
aux éléments provisoires des orbites des
astres nouveaux 817
— Remarque à l'occasion d'une Note de
M. Vincent sur la théorie des parallèles. . n55
— M. Le Verrier présente à l'Académie le
tome 1er d'une nouvelle publication ayant
pour titre : « Annales de l'Observatoire
impérial de Paris a 6o5
— M. Le Verrier est nommé Membre de la
Commission appelée à décerner le prix
d'astronomie ( fondation Lalande) pour
l'année i856 !2o3
LEYMER1E. — Du terrain jurassique dans
les Pyrénées françaises 730
LIAIS. — M. Le Verrier communique un tra-
vail de MM. Goujon et Liais pour la dé-
termination des éléments magnétiques à
l'Observatoire impérial de Paris 74
LIEGARD. — Analyse d'un opuscule sur di-
vers sujets de Médecine et de Chirurgie
pratique, présenté au concours pour les
prix de la fondation Montyon... 997 et n3i
LIEUSSOU est présenté comme l'un des can-
didats pour une place de Géographe va-
cante au Bureau des Longitudes 357
LION. — Sur un moyen de communication
télégraphique directe entre des personnes
parlant des langues différentes 1219
LIOU VILLE. — Sur la représentation des
nombres entiers par la forme quadratique
x' ■+■ ay' ■+■ bi' -+- aU* » i45
( i326 )
LI0UV1LLE. — Expression remarquable de
la quantité qui, dans le mouvement d'un
système de points matériels à liaisons
quelconques , est un minimum en vertu
du principe de la moindre action 1 1 :jG
Note sur deux Mémoires de Poisson <j65
— Détermination des valeurs d'une classe re-
marquabled'intégrales définies multiples,
et démonstration nouvelle d'une célèbre
formule deGauss concernant les fonctions
gamma de Legendre 5oi
— é Mémoire sur la réduction de classes très-
étendues d'intégrales multiples 5a5
— Note sur le calcul intégral g85
— Sur la théorie générale des équations diffé-
rentielles 1084
— M. Liouville est nommé Membre de la
Commission du concours pour le prix
d'A6tronoroie (fondation Lalande) de
l'année i856 iao3
LIOUVILLE (E.). — Sur deux étoiles varia-
bles 54«
HTTROW. — Observation faite à Vienne de
la planète (3g) 493
MM. Page.
LONGET. — Du sulfocyanure de potassium
considéré comme un des éléments nor-
maux et constants do la salive !fto
— M. Longel est présenté par la Section de
Médecine et de Chirurgie comme l'un des
candidats pour la place vacante par suite
du décès de M. Magendie 55î
LONTIN. — Nouveau système de chaîne gal-
vanique destinée aux usages médiiaux. . . g5t
LOSTALOT-BACHOUÉ. — Note sur un sys-
tème agricole destiné à augmenter les pro-
duits du sol et à écarter le danger des
inondations 117 J
LOTIN , écrit par erreur ponr tonlin. Voir à
ce nom.
LUTK.E (Fred.) est présenté par la Section de
Géographie et de Navigation comme l'un
des candidats pour une place vacante de
Correspondant 499
LCTHER. — Une médaille de la fondation
Lalande lui est accordée pour sa décou-
verte des planètes Leucothée et Fides. ... 123
— M. Luther adresse ses remerciments à l'A-
cadémie 3oo
M
MAC-ARTHUR adresse, au nom de l'auteur
M. Threlkeld, deux ouvrages sur la langue
des habitants de la Nouvelle-Hollande . . 244
MAGNE. — Des principales races françaises
de l'espèce bovine et de leur améliora-
tion 794
MAHISTRE. — Mémoire sur le pendule co-
nique, ou régulateur à force centrifuge.. 387
MAHMOUD-EFFENDI. — État actuel des
éléments du magnétisme terrestre à Paris
et dans ses enviions go5
MAISONNEUVE. — Note sur la désarticula-
tion de la mâchoire inférieure appliquée
à l'extirpation des tumeurs profondes du
pharynx, de la langue etdu voiledu palais. 691
— Ablation totale de la mâchoire inférieure,
pratiquée par suitedu développementdans
l'intérieur de cet os d'une énorme tumeur
fibreuse 887
MALGAIGNE. — Sur un nouveau procédé
opératoire pour les cas graves de paraphi-
mosis. ^44
— M. Malgaigne est présenté parla Section de
Médecine et de Chirurgie comme l'un des
candidats pour la place vacante par suite
du décès de M. Magendie 55a
MALINGRE. — Mémoire ayant pour litre :
« De l'amélioration des espèces végétales». 491
MARCEL DE SERRES. — Sur un nouveau
genre d'Annélide tubicolé perforant, le
genre Stoi 356
— Sur la présence des zircons dans les sables
tertiaires de Sauret 4-H
— De l'époque géologique à laquelle on doit
rapporter le dépôt des spinelles et des
zircons dans les sables marins de Sauret,
près de Montpellier 827
MARGAT (do). — Lettre concernant les for-
malités pour le dépôt d'un paquet ca-
cheté .... 1189
MARIE. — Analyse de deux opuscules relatifs
à la physiologie et à la pathologie chi-
rurgicale, présentés au concours pour les
prix de la fondation Montyon 58?
MARIE demande qu'un Mémoire qu'il vient
de terminer soit soumis à l'examen de la
Commission du gTand prix de Sciences
mathématiques de i856 (question con-
cernant le dernier théorème de Fermât),
bien que ce Mémoire ne puisseêtre com-
pris parmi les pièces de concours, n'ayant
pas été envoyé en temps utile 83j
MARIGNAC (C). — Recherches sur les for-
mes cristallines de quelques composés
chimiques 288
MAR1GN Y. — Mémoires sur la navigation aé-
rienne, et Lettre relative a l'envoi d'un
MM.
( i32? )
P=8ei.
premier Mémoire qui n'est pas parvenu à
l'Aca.lémie 699, 1175 et 1274
MARQUES (F.)'— Notes sur un moyen d'im-
primer aux ballons une impulsion dans
une direction voulue 5t2 et 597
MART1NS. — Sur la température moyenne
des oiseaux palmipèdes du nord de l'Eu-
rope.
5i5
— Sur la quantité de pluio tombée à Mont-
pellier du 1 1 au 20 mars t856 5g3
MASSART. — Traité théorique et pratique
de l'angine de poitrine, d'après la décou-
verte do son siège organique 797
MASSON . — Etudes expérimentales sur le
mouvement des fluides élastiques : Théo-
rie nouvelle des instruments à vent 636
MATHIEU , en l'absence de M. Laugier, ré-
pond à M. Le Verrier pour ramener à 6on
véritable objet la question relative aux
observations de déclinaison magnétique
faites à Paris en i854 365
— M. Mathieu est nommé Membre de la Com-
mission du concours pour le prix de Sta-
tistique 99 1
— Et de la Commission du concours pour le
prix d'Astronomie de l'année i856 iao3
MATHIEU. — Observations relatives à l'ac-
croissement en diamètre des Dicotylé-
dones njy
MATHIEU.— Observation du bolide du 3 fé-
vrier i856, faite à Vitry en Perthois
(Marne); communiquée par M. Élie de
Beaumont 281
MATTEUCCI (Ch.). — Becherches sur les
phénomènes physiques et chimiques do la
contraction musculaire 648
— Sur un appareil destiné ù démontrer et
mesurer la différence de conductibilité du
bismuth cristallisé Ii33
MAUMENÉ. — Conservation du jus de bette-
raves par la chaux 645
MAURY (F.). — Tableau des courbes repré-
sentant les phénomènes de l'atmosphère
dans l'océan Atlantique 541
— M.Maury est présenté par la Section de
Géographie et de Navigation comme l'un
des candidats pour une place vacante de
Correspondant 499
MAYER et Beabmont. — Appareils proposés
pour le chauffage sans combustible au
moyen d'une force perdue ou non em-
ployée. (Rapport sur ces appareils ; Rap-
porteur M. Marin.) '. 719
— Opuscule publié par MM. Mayer et Beau-
mont à l'occasion de ce Rapport S02
— Remarques sur cette publication par un
des Membres de la Commission ,,,,,.,, 80?,
MM. H.jw.
MAZERAN.— Lettre concernant une précé-
dente communication sur un moteur hy-
draulique de son invention 357
MÈGE-MOURIÊS. — Mémoire intitulé : « Du
pain et de sa préparation » naa
MELLER (V.). — Note ayant pour titre :
« Proposition relative aux courants at-
mosphériques et aux nuages » 38
MENABREA. — Lettre accompagnant l'envoi
d'un Mémoire imprimé sur diverses ques-
tions de physique mathématique 696
MEUGY. — Sur le gisement, l'âge et le mode
de formation des terrains à meulières du
bassin de Paris 638
MILLET.— Note sur le rempoissonnement
des cours d'eau 109
MILLIÉKE. — Note destinée au concourspour
le prix du legs Bréant 797
M1LLOT-BRULÉ. — Lettres concernant sa
Note intitulée : « Découverte du bouton
opposé » 55 1 et 1224
M1LNE EDWARDS est nommé Membre de
la Commission chargée de proposer lo
sujet du grand prix des Sciences natu-
relles pour l'année 1857 1*
— Membre de la Commission chargée de
proposer une question pour sujet du prix
Bordin de i856 ( Sciences naturelles ). . . . 37
— De la Commission du grand prix des
Sciences physiques de i856 (question
concernant la répartition des fossiles or-
ganiques dans les divers étages des ter-
rains sédimentaires) 829
Et de la Commission du concours pour le
prix de Physiologie expérimentale iao3
MILNE-EOWARDS (Alph.). — De l'influence
de la proportion du phosphate de chaux
contenu dans les aliments sur la forma-
tion du cal 63 1
MINISTRE DE LA GUERRE (ut) annonça
qu'il a maintenu MM. Poncelel et Le
Verrier comme Membres du Conseil de
perfectionnement de l'Ecole Polytech-
nique , au titre de l'Académie des
Sciences • 99
— M. le Ministre adresse, pour la bibliothèque
de l'Institut, un exemplaire du tome XIV
de la deuxième série du Recueil des Mé-
moires de Médecine , de Chirurgie et de
Pharmacie militaires 345
Voir aussi l'article Vaillant (le Maré-
chal).
MINISTRE D'ÉTAT (le) consulte l'Académie
sur l'utilité que peut avoir un vernis de
l'invention de M. Duchier, pour préserver
de l'action de» flammes les décors de»
théine», ,..i,,ii.„,.„l.,'»tvfn IMf.
( I
WV. Pages.
MINISTRE DEiLA MARINE (le) met à la
disposition de l'Académie une série de
spécimen* du fond de la mer, recueillie
par M. Benham , du corps du Génie des
Etats-Unis, avec l'indication des parages,
un tableau des coquilles microscopiques
trouvées dans la mer, et une Notice ex-
plicative 5^0
MINISTRE DE L'AGRICULTURE ET DU
COMMERCE (le) adresse, pour la biblio-
thèque de l'Institut, un exemplaire du
Catalogue des brevets d'invention pris en
i854i — un exemplaire du LXXXlVe vo-
lume des brevets d'invention pris sous
l'empire do la loi de 1791, et un du XXIe
volume des brevets pris sous l'empire de
la loi de 1844 ai 1 et 1220
— M. le Ministre adresse des billets pour la
séance de distribution des prix qui doit
avoir lieu à Poissy à ls suite du concours
d'animaux de boucherie iyi
— Lettre de M. le Ministre, concernant un
Mémoire de M. Cheval, intitulé : c Non-
veau procédé pour la conservation des
boissons » 58i)
— M. le Ministre adresse pour les Membres de
l'Académie des exemplaires des tomes III
et VII duRapportde la Commission fran-
çaise du jury international de l'Exposi-
tion universelle de Londres 798
MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLI-
QUE (le) approuve le choix du jour in-
diqué par l'Académie pour sa séance an-
nuelle qui, en conséquence, aura lieu le
lundi 28 janvier 99
— M. le Ministre invite l'Académie i»lui pré-
senter deux candidats pour la place va-
cante , au Bureau des Longitudes , par
suite du décès de M. Beautemps- Beaupré. Ibiâ.
— M. le Ministre autorise l'Académie à pré-
lever sur les fonds restés disponibles di-
verses sommes destinées à augmenter
trois des prix afférents à l'année i85.î, et
à couvrir les frais de divers travaux scien-
tifiques an, 274, 5ia et 540
— M. le Ministre de l'Instruction publique ac-
cuse réception d'une amplialion du Rap-
port fait à l'Académie dans la séance du
3i mars i856 sur la découverte de la
soude artiuciellc par Nicolas Le Blanc. . . 798
— M. le Minisire transmet une ampliationde
décrets impériaux confirmant les nomi-
nations suivantes faites par l'Académie :
— Nomination de M. Jobert, de Lamballe, à
la place vacante par suite du décès de
, Migendie Go")
— Nomination de M. Bertrand à Ja place
3a8 )
»*■ P.ge..
vacante dans la Section deGéométrio par
suite du décès de M. Sturm 8i3
— Nomination de M. Claude Gay à la place
vacante dans la Section de Botanique par
suite du décès de M. de Mirbel 1021
— M. le Ministre transmet les Mémoires dont
les titres suivent :
— Mémoire de M. Onésime Simon sur le trai-
tement du choléra inorbus au moyen d'un
remède de son invention 80
— Mémoire de M. Ch. Girault ayant pourti-
tre : « De la résistance de l'air dans le
mouvement oscillatoire du pendule : prin-
cipe d'un nouvel anémomètre» 5ll
— Mémoires de M. Billiard, ayant pour ti-
tres , l'un : « Théorie de la phthisie »;
l'autre, « Découverte des sources de l'o-
zone organique; suite du Mémoire sur la
cause secondaire du choléra » 885
— Mémoire intitulé: «Conspectus de la faune
fossile de l'Amérique du Sud » ; par
M. Bravard , , Hid.
— Mémoire de M. Piarron de Mondcsir, sur
la résolution des équations d'un degré
quelconque xiSi
— M. le Ministre adresse, pour la bibliothèque
de l'Institut, un cxemplaire'de la nouvelle
édition du Commercium ûpistolicum t pu-
bliée par MM. Biot et Le fort 997
— M. le Ministre transmet un opuscule inti-
tulé : « Résolution numérique de divers
problèmes de géométrie et de trigono-
métrie )) , par M. 0. Gianotti, de Casale. 855
— M. le Ministre annonce l'envoi fait à l'Aca-
démie des Sciences de la médaille frap-
pée en l'honneur de Gauss par ordre du
roi de Hanovre 894
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
(le) transmet un Mémoire sur le traite-
ment des minerais argentifères, par
M. Poumarède 36a
MINISTRE DES DEUX-SICILES(M. le), à
Paris, transmet trois exemplaires des Mé-
moires de l'Académie de Palerme, et di-
vers documents imprimés relatifs à la sta-
tistique de quelques établissements pu-
blics de la même ville 5i4
MONTAGNE. — Note sur deux algues nées
pendant les expériences de M. Boussin-
gaull relatives à l'action du salpêtre sur
la végétation j56
— M. Montagne fait hommage à l'Académie
de sa Ciyptogamie de la Guyane fran-
çaise 5o8
— M. Montagne, en présentant au nom de l'au-
teur, M. Schimper la dernière livraison
( i3ag )
**• Ptge».
de la Bryologia Europψ, donne quelques
détails sur cette importante publication, iooi
MOQUIN-TANDON. — Déclaration relative
à un Mémoire do M. Maisonneuve, qui ne
peut plus être l'objet d'un Rapport, ayant
été imprimé depuis l'époque de sa pré-
sentation. — Déclaration relative à une
Lettre de M. Frôhlich , concernant des
travaux déjà anciens sjir l'organisation
des Orchidées 1256
— En présentant un Mémoire de M. A. Bec-
querel, sur le développement de la fièvre
typhoïde chez des animaux (lièvres),
M. Moquin-Tandon donne une idée de ce
travail 212
— M. Moquin-Tandon fait hommage à l'A-
cadémie du premier volume de son « His-
toire des Mollusques terrestres et lluvia-
tiles de France» iji3
MOREL (A.). — «Essais aéronautiques et
hydronauliques basés sur l'étude des or-
ganes des animaux qui se meuvent dans
l'air et dans l'eau » 797
MORIDE. — De l'emploi de la chaux comme
moyen de dessécher et d'assainir les lieux
ravagés par l'inondation , 1223
MM. P»(!".
MORIN. — Rapport fait en réponse à une
question poséo par M. le Ministre de la
Guerre sur la combustion spontanée du
foin en balles pressées 34
— Rapport sur les appareils proposés pour
le chauffage, sans combustible, au moyen
d'une force perdue ou non employée, pré-
sentés par MM. Beaumont et Mayer 719
MOROT. — Addition à une précédente Note
sur un moteur électromagnétique 855
MCTXSEN. — Opuscules imprimés ou autogra-
phiés concernant divers instruments ara-
toires de son invention 58g
— Note et figures servant de complément à
sa « Description du râteau mécanique
pour arracher le chiendent »... . 694 et 8g{
MULLER (H.). — Réclamation de priorité'
adressée à l'occasion d'une Note de
M. Rouget sur l'appareil d'adaptation de
l'œil tai8
MURCHISON. — Communication de M. Élie
de Beaumont, en présentant la carte géo-
logique de l'Europe par MM. Murchison
et Nicol. 10G6
N
NASCIO (H. ). — Mémoire intitulé : « Projet
pour la correction définitive du calendrier
Grégorien » 657
NAUDIN (Ch.) Observations constatant
le retour simultané de la descendance
d'une plante hybride aux types paternel
et maternel 625
— Observation relative à un cas d'hybridité
anormale ioo3
— Observations relatives à la fécondation in-
complète et à ses conséquences dans les
végétaux phanérogames 845
NESMOND ( P.-Ca. ) . — Sur la loi de progres-
sion suivant la température de la tension
de la vapeur d'eau..... 636
N1COL. Voir plus haut l'article Murchison.
N1CKLÈS (E. ). — Sur la purification du
phosphore amorphe 646
— M. Nicklès demande et obtient l'autorisa-
tion de reprendre un paquet cacheté dont
l'Académie avait accepté le dépôt 810
NIEPCE priel'Académie de vouloir bien faire
constater par une Commission les bons
effets d'un médicament quïl emploie
contre le goitre 865
NOIRET. — Mémoire sur les pénitenciers.. 273
— Mémoire sur les prisons 729
NOTTA. — Résumé de ses recherches sur la
cicatrisation des artères à la suite de la
ligature 63;
o
ORDINAIRE DE LACOLONGE.— Mémoire
intitulé : « Des turbines eulériennes et du
parti qu'on en peut tirer » 107 1
ORE. — Recherches sur la sécrétion bi-
liaire j 497
ORF1LA. — Note concernant l'action que le
phosphore rouge exerce sur l'économie
animale (en commun avec M. Rigout). 201
C. R., i856, i« Semeitret (T. XLH.)
OSTROGRADSKI est présenté par la Section
de Géométrie comme l'un des candidats
pour une place vacante de Correspon-
dant 413
—■ M. Ostrogradski est nommé Correspondant
de l'Académie en remplacement de M. Le
jeune-Dirichlet, élu à une place d'Associé
étranger 41 G
174
( i33o )
■M. PiS<».
— M. Ostrogradski remercie l'Académie , et
lui envoie une Note sur les facteurs égaux
des polynômes entiers i.y.ç) el g3o
ODDRY présente divers spécimen» d'applica-
tion éloctrométallurgique sur le fer, la
fonte et le bois 1144
P»gM.
MM.
OODRY.— Description des procédés employés
pour ces applications électrométallur-
giques 1 «74
OZANAM. — De l'efficacité du brome dans
le traitement des affections pseudomem-
braneuses ion
PACACD soumet au jugement de l'Académie
des tubes en fer doublés en plomb, et ré-
ciproquement j8
PAPE. — Eléments et éphémérides de la pla-
nète Lèda 5oo
PAQUEREE. — Appareils de son invention
destinés à prévenir certains accidents
communs sur les chemins de fer 5a3
PARAVEY (de). — Demande et obtient l'au-
torisation de reprendre diverses Noies
qu'il a successivement adressées à l'Aca-
démie et qui n'ont pas été l'objet de Rap-
ports „7
— Sur le nom de Pléiades désignant parfois
la constellation de la grande Ourse 3oo
— Rapprochement établi entre le nom du
dieu Thot et le mot Tot-choun employé
dans les Pyrénées pour désigner les tailles. 1073
— Sur les moyens employés dans les Pays-
Bas pour combattre les inondations; sur
l'origine des sciences delà Chine 127a
PASSOP. — Lettres concernant une commu-
nication sur laquelle il n'a pas encore été
fait de Rapport 6a, 458, 658 et 1019
PASTEUR. — Note sur le sucre de lait 347
— Isomorphisme entre des corps isomères,
les uns actifs, les autres inactifs sur la
lumière polarisée . laSg
— M. Pasteur est présenté par la Section de
Chimie comme l'un des ;candidats pour
une place vacante de Correspondant.... 699
PAYEN. — Note sur la composition immé-
diate de l'épiderme et de la cuticule épi-
dermique des végétaux ng3
— M. l'ayen fait hommage à l'Académie d'un
exemplaire de la 3e édition de son ouvrage
j sur les substances alimentaires {i5
PEAN DE SAINT-GILLES — Mémoire sur
l'hydrate et l'acétate ferriques. (Rapport
sur ce Mémoire; Rapporteur M. Thenard.) 3i
PELIGOT. — Note sur la préparation de l'u-
ranium 03
PELOUZE. — Note sur les huiles employées
à la fabrication du rouge turc 1196
— Bapport sur un Mémoire de M. George
Tille, ayant pour titre. « Quel est le rôle
des nitrates dans l'économie des plantes?
De quelques procédés nouveaux pour
doser l'azote des nitrates , en présence
des matières organiques.» , 679
PELOUZE. — Sur la saponification des corps
gras par les oxydes anhydres 1081
— M. Pelouze lit au nom de M. Thenard, ab-
sent pour cause de santé, un Rapport sur
un Mémoire de M. Péan de Saint-Gilles. 3l
— M. Pelouze est nommé Membre de la Com-
mission du concours pour le prix dit des
Arts insalubres ia4i
PERNELET. — Note sur un moniteur élec-
trique des chemins de fer 27
PERREAUX prie l'Académie de vouloir bien
faire examiner par une Commission une
machine à diviser qu'il lui présente. . . . 797
PERREUL. — Note sur un moyen permettant
d'arrêter rapidement et sans secousse un
convoi en marche sur un chemin de fer. a45
— Sur un frein agissant par pression verti-
cale; modification apportée au système
Laignel. .■ 685
PERREY. — Renseignements relatifs à deux,
volcans et à une solfatare de l'île de Java,
d'après les observations faites par des
Hollandais lia
PETIT. — Note sur la parallaxe et le mou-
vement d'un n&m eau bolide 8aa
PETIT-JEAN. — Lettre concernant une
précédente communication sur un moyen
pour empêcher la vigne de geler iaa3
PEYilER est compris dans le nombre des
candidats qui peuvent è'.re présentés pour
la place de Géographe vacante au Bureau
des Longitudes, par suite du décès de
M . Bcautemps-Beaupré 357
— M. Peytier est choisi comme l'un des can-
didats que présente l'Académie pour cette
place 377
PHILLIPPS. — Mémoire sur le calcul de la
résistance des solides prismatiques sou-
mis à l'action d'une charge en mouve-
ment. (Rapport sur ce Mémoire; Rap-
porteur M. Combes. ) 3*5
PHIPSON adresse, à l'occasion d'une Note de
M. Vubrunfaut sur l'inulinc, un exem-
plaire d'un opuscule qu'il a publié récent-
( i33i )
Pa|et
ment sur la fécule et les substances qui
peuvent la remplacer dans l'industrie. . . 865
PIARRON DE MON DÉSIR. — Mémoire sur
la résolution des équations d'un degré
quelconque » >a5i
PIENOZ annonce avoir adressé à l'Académie
une Note 6ur la quadrature du cercle. .. 4^9
PIERRE ( Isidore ). — Sur l'emploi des feuil-
les de vigne, d'orme et de peuplier comme
fourrage 3i7
— Recherches sur la distribution des matières
azotées dans les diverses parties de la
betterave "j ' ■ '
PIETRICOLA. — Mémoire sur la trisection
do l'angle "44
PIFFER annonce avoir construit le modèle
d'un appareil destiné à diriger les aérostats
et dans lequel il fait usage de l'hélice ... 412
P1NART annonce être parvenu à obtenir de
l'antimoine plusieurs nuances de jaune
de Naples ioiS
PIORRY. — Du dessin des organes considéré
au point de vue du diagnostic et du traite-
ment ,, 42(> et "43
— M. Piorry est présenté par la Section do
Médecine et de Chirurgie comme l'un
des candidats pour la place vacante par
suite du décès de M. Magendie. 55a
PISSIS. — Eludes sur l'orographie et sur la
constitution géologique du Chili. — Re-
cherches sur les systèmes de soulèvement
de l'Amérique du Sud 3gt et 3g2
PITHEKI fait connaître les résultats auxquels
il est arrivé en répétant des expériences
de M. Frémy sur les fluorures 11^5
PLATEAU (J. ), — Recherches expérimen-
tales et théoriques sur les figures d'équi-
libre d'une masse liquide sans pesanteur. 1241
POGGIALE. — Action des alcalis sur le sucre
dans l'économie animale. 198
POGGIOLI — Lettre relative, à une récla-
mation de priorité dans laquelle l'Acadé-
mie ne peut intervenir 28
— Observations recueillies à la clinique de
l'hôpital de la Charité, concernant des cas
de rhumatisme et de sciatique 729
— Mémoire sur le choléra-morbus 997
POGSON — M. Le Verrier annonce qu'une
4ae petite planète a été découverte à Ox-
ford le 23 mai i856, par M. Pogson 1 107
POINSOT déclare qu'il approuve les observa-
tions présentées par M. Chastes à l'occa-
sion d'une Note de M. Vincent sur la
théorie des parallèles 1 1:">4
POISEUILLE est présenté par la Section de
Médecine et de Chirurgie comme l'un des
candidats pour la place vacante par suite
du décès de M. Magendie ,, 55a
MU. I'â|e..
POITEVIN. — Report 6ur pierres des épreu-
ves photographiques (communiqué par
M. Becquerel) !M>
POMEL (A.). — Notes sur la mammalogie
de l'Algérie 65a
PONCELET est nommé Membre de la Com-
mission administrative pour l'année i856. 3
— Et de la Commission chargée de la rédac-
tion du programme pour le concours con-
cernant le Perfectionnement de la Navi-
gation 37
— M. Poncelet, au nom de M. Fairbairn, fait
hommage à l'Académie de l'ouvrage inti-
tulé : « Renseignements utiles pour les
ingénieurs » 99
PONS. — Note sur l'emploi du cautère actuel
dans les cas de tumeurs blanches 970
PONS. — Sur les avantages divers qu'offri-
raient les éducations de vers à soie faites
en automne ; sur diverses questions de
physique du globe et de météorologie. . . U74
PORGE annonce l'intention do soumettre à
l'Académie un système qu'il a imaginé
pour la direction des aérostats 498
PODILLET. — Actinographe, instrument
qui marque les instants de la journée
auxquels le soleil se montre ou se cache,
et la durée de ses apparitions ou dispari-
tions , . . qi3
— M. Pouillet présente les ligures des radia-
tions solaires telles qu'elles ont été don-
nées par l'actinographe pour chacun des
quinze derniers jours de mai 104a
— M. Pouillet communique une Lettre de
M. Volpicclli sur l'association de plu-
sieurs condensateurs pour manifester de
faibles doses d'électricité 402
— M. Pouillet est nommé Membre do la Com-
mission chargée de décerner le grand prix
des Sciences mathématiques 1341
POUJADE, écrit par erreur pour Pujade. Voir
à ce nom.
POULET. — Recherches expérimentales sur
cette question : « L'eau et les substances
dissoutes sont-elles absorbées par la
peau»? 435
POUMARÈDE. — Mémoire sur le traite-
ment des minerais argentifères a6a
PRESIDENT de l'Académie. Voyez aux noms de
M. Binet et de M. Geofjroy-Saint-Hilaire.
PUCHERAN. —Note sur les caractères zoolo-
giques de quelques espèces de Cétacés. . 445
PCECH. — Sur un monstre double apparte-
nant à la fois aux genres Dérodymes,
Dérenccphale et Uromèle (deuxième par-
tie) 343
— De l'influence de la cryptorchidie sur la
génération 996
174.
""■ Pages.
PUISEUX. — Mémoire sur les variations de
la pesanteur dans une petite étendue de
la surface terrestre, et sur quelques effets
qui en résultent 683
— M. Puiseax est présenté par la Section de
Géométrie comme l'un des candidats
( i33a )
HH.
Pages.
pour la place vacante par suite du décès
de M. Sturm j46
PDJADE. — Mémoire ayant pour titre : <t Re-
cherches théoriques et pratiques sur l'af-
fection typhoïde intense, générale, dite
choléra épidémique » 1 175
QCATREFAGES (de), à l'occasion d'un Mé-
moire de M. Rouget sur l'appareil de l'a-
daptation des yeux chez les oiseaux, rap-
pelle les observations de M. Dujardin sur
l'appareil d'adaptation des yeux des in-
sectes
94'
— M. de Quatre/ages présente l'extrait d'un
Mémoire de M. iacauan sur l'appareil
circulatoire du serpent Python na5
QUET. — Note sur les mouvements relatifs.. 5iç>
RACIBORSKI. — Lettre jointe à l'envoi de
son ouvrage intitulé : a Rôle de la
menstruation dans la pathologie et la
thérapeutique » 61
RAIMONDI. — Mémoire sur le guano des
lies de Chincha , et les oiseaux qui le
produisent y35
RAMBOSSON. — Sur le moyen de rendre
facile l'enseignement de la pa oie aux
sourds-muets Il 18
RAMON DE LA SAGRA. — Sur ur nouvel
acide provenant d'une plante mexicaine
et applicableà la teinture 873
— Envoi d'un opuscule ou se trouvent des
recherches sur cette substance tinctoriale, 107a
RAYER présente, au nom de l'auteur
M. Luschka, six opuscules sur autant de
points de l'anatomie humaine j3o
— M. Rayer est nommé Membre de la Com-
mission du concours pour les prix de Mé-
decine et de Chirurgie n58 et !2o3
— Membre de la Commission du concours
pour le prix de Physiologie expérimentale. iao3
•- Et de la Commission du concours pour le
prix dit des Arts insalubres la^i
RAYNOT. — Lettre accompagnant l'envoi
d'un opuscule imprimé ayant pour titre :
« Réflexions sur la Géométrie » 070
REGNAULT. — Avant de quitter le fauteuil
de la Présidence , M. Regnault rend
compte de ce qui s'est fait pendant l'an-
née i855, relativement aux publications
de l'Académie 1
— M. Regnault présente, au nom de M. Belle-
mare, un Mémoire portant pour titre :
« Les chocs rendus impossibles sur les
chemins de fer au moyen de l'interrup-
tcur kilométrique » 4$
— M. Regnault est nommé Membre de la
Commission chargée de la rédaction du
programme pour le concours concernant
le Perfectionnement de la Navigation. .. 37
— Et de la Commission du concours pour le
grand prix de Sciences mathématiques de
i856 ( question concernant la théorie ma-
thématique des phénomènes capillaires). 1241
REIGNATJLD demande et obtient l'autorisa-
tion de reprendre une Note précédem-
ment présentée sur un nouveau mode de
cautérisation 2^5
REISEX. — Expériences sur la putréfaction
et sur la formation des fumiers 53
RENAUD. — Mémoire sur la constitution
géologique de l'isthme de Suez 1 163
RENAULT. — Lettres concernant son Mé-
moire sur une des causes de la gangrène
traumatique, sur la question du typhus
contagieux du gros bétail, et sur l'absorp-
tion des virus 587
RENOU. — Altitudes de quelques lieux dans
le sud de l'Algérie, déterminées par les
hauteurs comparées du baromètre 4-*2
RÉSAL. — Recherches sur la loi des oscil-
lations du pendule à suspension, à lames,
des chronomètres fixes 3go
REYBARD. — Mémoire sur les tumeurs et
les fistules lacrymales ; nouveau procédé
de traitement 5il
REYNOSO (Alvaeo). — Faits pour servir à
l'histoire de l'éthérification 686 et 1070
RICHE. — Recherches sur le tungstène et
quelques-unes de ses combinaisons.. . .. ao3
( i333 )
Pa|«s
ira.
RICHELOT est présenté par la Section de
Géométrie comme l'un des candidats
pour une place vacante de Correspon-
dant 4'3
RIDOLO. — Note sur la maladie de la vigne. 1 1 3a
RIEDL DE LEUENSTtiRN demande et ob-
tient l'autorisation de reprendre deux
Mémoires sur les nombres polygonaux,
précédemment déposés par lui 865
RIESS. — Lettre à l'occasion d'une Note de
M. Gaugain sur les soupapes électriques. 299
KIEV A. — Lettre concernant un nouveau
système d'armes à feu l0>4
R1GODT. — Note concernant l'action que le
phosphore rou2e exerce sur l'économie
animale (en commun avec M. Orfila)... 201
R1TZ. — Lettres concernant sa Note sur la
direction des aérostats au moyen de l'hé-
lice 4" et "88
RIVOT. — Mémoire sur les matériaux à em-
ployer dans les constructions à la mer
(en commun avec M. Chatoney) H'9
— De l'examen des farines et des pains 633
ROBERT (E.). - Guide de l'éleveur de vers
à soie ( en commun avec M. Guérin-
MéneWlle) 1 188
ROB1AINO (de). — Mémoire intitulé : « Con-
struction générale de tous les polygones
réguliers, avec la génération des voûtes
ogivales qui en découle » 1234
ROCHAT. — Essai sur la médecine préven-
tive 54o
RODIER. — Formules graphiques donnant
avec une approximation sullisante les va-
riations dans la longueur de l'année tro-
pique, pour les époques les plus reculées
de l'histoire égyptienne 10Ô5
RONDON (l'abbé). — Notes ayant pour titre :
« Les neufs partages égaux de la surface
du globe » 245, 3oi et 4ia
"M. Plgtf.
ROSENHAIN est présenté par la Section de
Géométrie comme l'un des candidats
pour une place vacante de Correspon-
dant 4'2
ROTUREATJ. — Sur les eaux thermales de
Nauheim ^38
ROUGET. — Recherches anitomiques et phy-
siologiques sur les appareils érectiles;
appareil de l'adaptation de l'œil chez les
oiseaux , les principaux mammifères et
l'homme g3^
— Note en réponse à une réclamation de prio-
rité adressée, à l'occasion de cette com-
munication, par M. Huiler 1255
ROUGET. — Nouvelle méthode pour obte-
nir, avec telle approximation que l'on
veuille, les coefficients des facteurs du
second degré correspondant a ce qu'on
appelle les racines imaginaires des équa-
tions numériques i2t3
— Mémoire sur la décomposition des poly-
nômes de degré pair 011 facteurs ration-
nels du second degré a3
— Nouveau théorème servant pour le calcul
des racines comprises entre deux nom-
bres donnés 1221
ROUSSEAU (Em ). — Mémoire sur la denti-
tion des Cétacés u»i
ROUSSIN. — Sur l'absence de l'acide hippu-
rique dans l'urine de cheval..' 583
ROUSSIN.— Note intitulée : « De l'iodure de
plomb photographique » 636
ROZET. — Moyens de forcer les torrents des
montagnes à rendre à l'agriculture une
partie du sol qu'ils ravagent ggi
— Note sur la grande inondation de la
Loire 1204
— Sur le puits foré de Tamerna (Algérie)., 1258
SABEATINI. — Sur l'efficacité des bains gé-
néraux chauds de chlorure de calcium
dans le traitement du choléra asiatique..
SAINTE-CLAIRE UEV1LLE (H.). — Du si-
licium et du charbon cristallisés. Méthode
générale pour la production de quelques
corps simples fixés au moyen de leurs
combinaisons volatiles. Préparation et
propriétés du fluoré d'aluminium
— Action de l'acide iodbydrique sur l'argent.
SAINTE-CLA1RE DEVILLE (Cfl.). — Re-
cherches sur les produits des volcans de
l'Italie méridionale ,..,.,.. 11G3
33
49
894
SALLERON. — Description d'un anémomé-
trographe inscrivant électriquement la
direction et la vitesse du vent pour chaque
instant de la journée 6g4
SARRUS est présenté par la Section de Géo-
métrie comme l'un des candidats pour
une place vacante de Correspondant 4*a
SASK.U. — Mémoire écrit en latin sur la me-
sure des surfaces paraboliques 73g
— Note sur la quadrature des surfaces à pé-
rimètre curviligne 117
SCBROEDER. — Notes sur les soulèvements
absolus de la surface du globe 55i
9*4
36
( ï334 )
»■• Pages.
SCHROEDER. — Note intitulée : « Rotation
souterraine de la masse ignée, ses causes
et ses conséquences » et Lettres relatives
àcetleNote.. 1073, 1189 et 1274
SCHULTZE. — Note sur le développement
des Pétromyzons 336
— Recherches sur les monstres doubles 1 128
SCHUTTE. — Note sur uu hyposulûte dou-
ble de soude et de cuivre 1267
SCHWEITZER.— Lettre concernant unTraité
de galvanocaustique par M. Middeldorpf. 638
SCLATER. — Opuscules sur les oiseaux
compris dans les collections envoyées de
Sa nia -Fé de Bogota g5a
SCOCTETTEN. — Note sur la découverte
des sources de l'ozone atmosphérique.. . oii
— Lettre relative à un paquet cacheté déposé
le 5 mai dernier, et envoi d'échantillon»
de papier réactif g^3
SECCHI. — Sur les anneaux de Saturne 282
— Lettre accompagnant l'envoi d'une image
photographique du groupe annulaire des
montagnes de la lune désigné sous le nom
de Copernic q58
SECRÉTAIRES PERPÉTUELS (MM. les).
Voyez les articles de MM. Flourens et
Elie de Beaumont.
SEDGWICH. — M. Élie de Beaumont pré-
sente, au nom de ce géologue, une clas-
sification des roches paléozoïques de la
Grande-Bretagne ." 1 02
SEDILLOT. — Nouveau procédé de chéilo-
plastie, par transport du bord libre de la
lèvre saine sur la lèvre restaurée 189
— Nouveau procédé permettant d'augmenter
à volonté la hauteur de la lèvre dans les
opérations de bec-de-lièvre et de cliéilo-
plastie 678
— Application de l'jutoplastie au traitement
des cicatrices vicieuses
SËGTJIER. — Rapport sur une invention de
M. Lachave pour le transport sur vélin
d'une écriture tracée sur papier.;
SENARMONT (de). — Recherches sur la
double réfraction g5
— Note sur la forme cristalline du silicium, 3i3
— Remarques à l'occasion d'une communica-
tion de M. H. Deville , sur les fluorures
d'aluminium 52
SERRES. — Note sur les Touariks 188
— Note sur les développements primitifs.
Formation de l'œuf. Vésicule ovigène e(
germinative. Condition primordiale de la
duplicité Ioa;j
— Sur l'ordre de formation de la vésicule
ovigène et de la germinative. Etiologie de
Ja diiplicito monstrueuse 109a
— M. Serres est nommé Membre de la Com-
mission du concours pour les prix de Mé-
decine et de Chirurgie
— Et de la Commission du concours pour le
prix de Physiologie expérimentale
SERRET (Cb.-J.), — Suite à ses précédentes
communications sur les grandes pertur-
bations du système solaire
— Note sur la condition de convergence des
séries qui se présentent dans la théorie
du mouvement elliptique des planètes. . .
SERRET ( J.-A.). — Sur les trajectoires or-
thogonales d'une sphère mobile
— Sur les surfaces dont les lignes de l'une
des courbures sont sphériques. . 109 et
— Sur les surfaces dont les lignes de l'une
des courbures sont planes
— Sur les racines imaginaires de l'équation
u — tangn = Ç
— M. Serret prie l'Académie de vouloir bien
le comprendre dans le nombre des can-
didats pour la place vacante dans la Sec-
tion de Géométrie
— M. Serret est présenté par la Section de
Géométrie comme l'un des candidats pour
la place vacante par suite du décès de
M. Sturm
SERRET ( P. ). — Mémoire sur la théorie
géométrique des lignes à double cour-
bure..
SICCARD prie l'Académie de vouloir bien
comprendre ses travaux sur le sorgho à
sucre de la Chine» parmi ceux qui seront
discutés par la Commission du concours
pour le prix triennal ,
SILBERMANN. — Proportions physiques ou
naturelles du corps humain exprimées en
mesures métriques , 454 et
— Applications d'un nouveau système de ro-
binets à des machines pneumatiques aspi-
rantes et foulantes \
SIMON (Onesime).— Mémoire sur le traite-
ment du choléra-morbus au moyen d'un
remède de son invention
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE LONDRES
(la)- remercie l'Académie pour l'envoi
d'une nouvelle série des Comptes rendus..
SOCIÉTÉ DE PHILOSOPHIE EXPÉRI-
MENTALE DE ROTTERDAM (la)
remercie l'Académie d'avoir bien voulu
la comprendre dans le nombre des insti-
tutions auxquelles elles fait don de ses
Comptes rendus.
SOCIÉTÉ ROYALE DES SCIENCES D'UP-
SAL (la) adresse à l'Académie le pre-
mier volume d'une troisième série de ses
Àcta
1203
Ibid.
I25l
n34
10S
190
'94
1182
399
746
93a
495
io5i
89
1257
1073
(I
Ml. P»ge«.
SOCIÉTÉ D'AMSTERDAM POUR SE-
COURS A DONNER AUX NO^ÉS (la)
adresse un exemplaire en langue française
d'un Aperçu historique sur la Société,
publié par un de ses Membres 697
SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE
D'ACCLIMATATION (la) adresse les
deux premiers volumes du Recueil qu'elle
publie, et exprime le désir d'obtenir de
l'Académie ses Comptes rendus . . . 5l4
— La Société remercie l'Académie qui l'a com-
prise dans le nombre des institutions
auxquelles elle fait don de ses Comptes
rendus « 696
— La Société régionale pour la zone du nord-
est de la France adresse plusieurs exem-
plaires d'un opuscule sur les noms à im-
poser aux animaux nouveaux, acclimatés
ou supposés acclimatables io3
SOCIÉTÉ IMPÉRIALE DES NATURALIS-
TES DE MOSCOU, (la) envoie deux nou-
veaux numéros de son Bulletin 212
SOCIÉTÉ ROÎALE DES SCIENCES DE
GOTTINGUE (la) annonce à l'Académie
l'envoi de la médaille frappée en l'hon-
neur de Ga'uss par ordre du roi de Hanovre. 89^
— La Société adresse pour la Bibliothèque
de l'Institut le volume VI de ses Mémoi-
res, et remercie l'Académie pour l'envol
de deux nouveaux volumes, l'un des Mé-
moires et l'autre du Recueil des Savants
étrangers 1 133
)
H*. P«gu.
SOCIÉTÉ D'HORTICULTURE DE LON-
DRES (la) remercie l'Académie pour
l'envoi de deux nouveaux volumes des
Comptes rendus 864
SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE LONDRES (la)
envoie la continuation des procès-verbaux
de ses séances , et remercie l'Académie
pour l'envoi d'une nouvelle série des
Comptes rendus 31a
SOREL. — Cn prix lui est accordé pour ses
flotteurs d'alarme, appareils de sûreté des
chaudières à vapeur ( concours pour le
prix dit des Arts insalubres, de l'année
i855) i/,4
STAUFFER. — Note sur la quadrature du
cercle 357
STRAUSS-DURCKHE1M. — Propriétés de»
solutions aqueuses saturées de sulfate
de zinc pour la conservation des substan-
ces animales 808
STUART (J.-J.). — Lettre concernant les
rapports des mesures françaises avec les
mesures étrangères 865
STDRM. — Note sur les fonctions ellipti-
ques ( tirée des papiers de l'Auteur et
communiquée par M. Liouville) 988
SYLVESTER est présenté par la Section de
Géométrie comme l'un des candidats
pour une place vacante de Correspon-
dant. 4ia
TARDIEU. — Une récompense lui est ac-
cordée pour sou ouvrage sur l'hygiène
publique et la salubrité (concours de
Médecine et de Chirurgie pour i855).... i53
TAUPENOT. — Lettres concernant un ané-
momètre enregistreur, établi par lui au
Prytanée militaire de la Flèche.. . /J97 et 55i
m r Description de diversinstrumentsanémo-
métriques de son invention 586
— Note sur la construction du baromètre et
sur l'ébullition du mercure dans le vide.. 1186
TAUPINARD. — Note sur la quadrature du
cercle et la trisection de l'angle 910
— Note sur la mesure des dislances au moyen
de la vitesse du son ii32
TAVIGNOT. — Nouvelle méthode opératoire
de la cataracte par débridement g5o
TCHIHATCHEF (P. de). — Études climato-
logiques sur l'Asie Mineure 36a
^. Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur
M. ifec^uercl... ...... ..,,....,, 777
TCHIHATCHEF (de). — Note sur la chèvre
d'Angora 346
— Considérations sur les poissons du Don,
du Dnèpre, du Dnestre, du Boug et du
Danube 44 '
TERQUEM. — Lettre relative an Rapport fait
dans la séance du 10 mars i856, sur une
méthode proposée pour le calcul des dis-
tances lunaires observées en mer 54<
— Remarques à l'occasion d'une Note de
M. Vincent sur la théorie des parallèles.. iaa3
TEX1ER. — Sur les moutons de Caramanie
donnés à la Société d'Acclimatation par
M. le Maréchal Vaillant 80
— Sur les alluvions des fleuves dans le bas-
sin de la Méditerranée, et notamment sur
les atterrissemenls du Rhône Ii56
THENARD Rapport sur un Mémoire de
M. L. Péan de Saint-Gilles sur l'hydrate et
sur l'acétate ferriques. • 3l
— $&.\Thenardt au nom de la Commission char-
( i336 )
P.ge»
6a i
38a
gée d'examiner un Mémoire de M. Tif-
Jereau ayant pour titre : « Les métaux ne
sont pas des corps simples », déclare
qu'il n'y a pas lieu à faire de Rapport sur
cette communication tflb
— M. Thenard, au nom de la Commission
saisie d'une réclamation de MM. A. Che-
vallier fils et O. Henry fils, à l'égard de
MM. Orfila et Rigout, déclare qu'il n'y a
pas lieu, dans l'état actuel des choses, de
faire un Rapport lbid.
Remarques à l'occasion du dépôt d'un
Mémoire contenant la description des
procédés galvanoplastiques de M. Lenoir
pour la reproduction des rondes bosses. .
THENARD (P.). — Conclusions d'un travail
sur les oxydes et acides du manganèse,
les manganates et les hypermanganales.
THIBOUT. — Un encouragement lui est ac-
cordé pour son appareil de sauvetage des-
tiné à porter secours aux asphyxiés (con-
cours pour le prit dit des Arts insalu-
bres, année i855) i45
TH1ERRIAT. — Mémoire sur les mouve-
ments et l'équilibre des corps célestes... 1074
TH1RAULT. — Nouveau Mémoire concernant
la maladie de la vigne 344
THOMAS demande et obtient l'autorisation
de reprendre une Note et des dessins con-
cernant des roues hydrauliques et autres
moteurs de son invention 910
THOMSON est présenté par la Section de
• Géométrie comme l'un des candidats pour
une place vacante de Correspondant ... . 4ia
THORE(J.). — Nouvelle machine électri-
que : électricité du papier chauffé 864
MM. Pas".
TIFFEREAU. — Réponse à des remarques
faites par la Commission chargée de l'exa-
men de ses Mémoires sur les métaux con-
sidérés comme des corps composés 523
TIREMOIS (de) signale une erreur de nom
qui a été commise à son égard dans un
des premiers volumes des Comptes rendus. 698
TIR0N1. — Documents à l'appui de précéden-
tes communications sur le traitement du
choléra-morbus 5ia
T1SS0T. — Sur la résolution des équations
auxquelles conduit la méthode de M. Ba-
binet pour la détermination des latitudes. 287
TCERMER. — Sur une poudre supposée pro-
pre à remplacer le café 344
TORTELLA. —Documents imprimés à l'ap-
pui de précédentes communications sur
la maladie de la vigne 5ia
TRÉCUL. — Note sur les biforines a65
— Mémoire sur l'origine et le développement
de la cuticulo 579 et 621
— De la cuticule à l'intérieur des végétaux.. 837
— M. Trécul est présenté par la Section de
Botanique comme l'un des candidats pour
la place vacante par suite du décès de
M. de Mirbel 910
TRICAUD. — Moteur à air comprimé et di-
laté par la vapeur 273 et 1188
TRIQUET demande et obtient l'autorisation
de reprendre son Mémoire sur les polypes
de l'oreille 5a3
TROUILLET. — Méthode pour la culture de
la vigne 735
TDLASNE. — Note sur l'appareil reproduc-
teur multiple des Hypoxylées (Pyrénomy-
cètes,Fr.) 701
VAILLANT (le Maréchal) signale un nou-
veau télégraphe fondé sur l'emploi des
rayons solaires dont l'inventeur est M. Le-
seurre II -8
VALAD1ER. — Note sur la nature et le trai-
tement du choléra-morbus ia56
VALENCIENNES. — Sur les œufs à plu-
sieurs jaunes contenus dans la même
coque 3
— Sur une nouvelle espèce de panthère tuée à
Ninfi près de Smyrne lo35
— A l'occasion d'une communication de
M Poitevin, relative au transport sur pierre
des épreuves photographiques, M. Valen-
tiennes met sous les yeux de l'Académie
deux planches ainsi obtenues par M. Poi-
tevin sur des négatifs de M. L. Rousseau.. 32
VALLÉE. — Note sur la scintillation de»
étoiles 85q
— Note sur le lac de Genève, à l'occasion dos
inondations de la vallée du Rhône 11 '|0
— Note sur la réserve du lac de Genève 1181
— M. Vallée prie l'Académie devouloir bien le
comprendre dans le nombre des candidats
pour la place vacante dans la Section de
Géométrie 399
VALZ. — Eléments provisoires de la pla-
nète (4o), Harmonia, de M. Goldschmidt. 718
— Note concernant la discussion sur le degré
d'approximation à donner aux éléments
provisoires des orbites des astres nou-
veaux 932
— Éléments elliptiques de la planète Ham o-
nia 99>
(i3
MM. P» <ff-
VALZ.— Détermination de l'orbite de la pla-
nète Harmonia I toG
— Eléments elliptiques de la 4'° petite pla-
nète 1203
VALLER , écrit par erreur pour Waller.
Voir à ce nom.
VANNER. — Supplément à une précédente
Note sur les causes de la circulation du
sang 244
— Note ayant pour titre: «De la capillarité,
théorie de la circulation sanguine » •}!£>
— Du degré constant de la chaleur animale
considérée, dans l'homme, comme loi de
la santé : effets morbides produits par les
variations de cette chaleur, et applica-
tions à en déduire pour la thérapeutique. 5^0
VELl'EAU présente, au nom de M. Cartel, un
appareil nouveau pour le traitement des
fractures des membres , et dépose sur le
bureau un ouvrage de M. Pettenhqfer, où .
l'auteur résume ses recherches sur la mar-
che du choléra-morbus io3
— M. Velpeau est nommé Membre de la Com-
mission du concours pour les prix de Mé-
decine et de Chirurgie n58 et iao3
VERGA ( A. ) adresse pour le concours Mon-
lyon un recueil de Mémoires anatomi-
ques 588
VEROLLOT Sur les tremblements de terre
ressentis dans l'Empire Ottoman en l855. g3
— Tableau des tremblements de terre à Con-
stantinople pendant les quinze dernières
années ag3
VERSTRAETE. — Note faisant suite à une
précédente communication sur la nature
de la lumière , 373
-7)
«M. P.gM.
VICAT. — Un prix do Statistique lui est ac-
cordé pour ses Recherches statistiques sur
les substances calcaires à chaux hydrau-
lique et à ciment naturel ia3
— M. Vicat adresse sas remercîments à l'Aca-
démie au
— Note touchant l'action saline do l'eau de
mer sur les composés hydrauliques en
général 1200
— M. Vicat fait hommage à l'Académie d'un
exemplaire de son Traité pratique et théo-
rique de la composition des mortiers, ci-
ments et gangues a pouzzolanes, et de
leur emploi dans toute sorte de travaux. 82g
VILLARCEAU (Yvoti). — Éléments de l'or-
bite de la planète Amphitrite, et éphé-
méride pour l'opposition de i856 998
VILLE (G.). — Du rôle des nitrates dans l'é-
conomie des plantes. De quelques pro-
cédés nouveaux pour doser l'azote des
nitrates, en présence des matières orga-
niques. (Rapport sur ce Mémoire; Rap-
porteur M . Pelouze ) 67g
VILLE. — Notice minéralogique sur le cercle
de Laghouat ' 3gG
VINCENT. — Remarques relatives à un pré-
cédent Mémoire sur la théorie de la
gamme 30
— Note sur la théorie des parallèles 1107
— Réponses aux remarques dont cette Note
a été l'objet n55, 1 238 et 1240
VOLPICELLI adresse de Rome deux épreuves
photographiques 61
— Note sur l'association de plusieurs con-
densateurs entre eux pour manifester les
faibles doses d'électricité 40a
W
WALLER. — Études de l'oeil sur le vivant.. n85
WANNER, écrit par erreur pour Vanner. Voir
à ce nom.
WATSON. —Lettre sur les étoiles doubles et
sur leur déplacement apparent inio
WATTEV1LLE (de).— Une mention hono-
rable lui est accordée pour son • Rapport
sur l'Administration des Bureaux de bien-
faisance et sur la situation du paupérisme
en France » (concours de Statistique de
•855) l36
WEDDELL. — Monographie de la famille des
Urticées _ag
— De la distribution géographique des Urti-
céos 78Q
— M. Weddell est présenté par la Section de
C. R., i856, i«r Semestre. (T. XLII.)
Botanique comme l'un des candidats pour
la place vacante par suite du décès de
M. de Mirbel gio
WERTHEI M . — Remarques à l'occasion d'une
Note de M. Zamminer sur le mouvement
vibratoire de l'air dans les tuyaux 4g3
W1LKES (Cn.)est présenté par la Section de
Géographio et de Navigation comme l'un
des candidats pour une place vacante de
Correspondant /qq
WILLICH. — Note sur une construction gra-
phique par laquelleon obtient, à une très-
petiie fraction près, la longueur du côté
du carré équivalent à un cercle donné. . . 3g8
WOIILER. — Sur un nouveau moyen d'obte-
nir le silicium. , xq
i75
( i338 )
Pages.
WOLF. — Influence îles proportions d'ozone
sur l'état sanitaire d'un pays 944
WOLF (C). — Note sur la température à
laquelle les liquides cessent de mouiller
les vases qui les contiennent 960*
WRANGELL (Ferd. de) est présenté par la
Section de Géographie et de Navigation
MM, Pages.
comme l'un des candidats pour une place
vacante de Correspondant 499
— M. de Wrangell est nommé Correspondant
de l'Académie en remplacement de feu
M. Parry 5l0
— M. de Wrangell adresse ses remerciments
à l'Académie 618
ZAL1WSRI. — Nouvelle rédaction de son
Mémoire ayant pour titre : « Attraction
universelle des corps au point de vue de
l'électricité. » 1219
ZIER. — Réclamation de priorité adressée à
l'occasion d'une communication sur les
moulages galvanoplastiques en ronde
bosse exécutés par M. Lenoir 499
— Note à l'appui de cette réclamation 5ia
PARIS.- t- IMPRIMERIE DE MALLET-BACHEXIER,
rue du Jardinet, ia.
I*'